Roman Policier

Dorothea Tanning’s Fatala (1947) reveals a solitary a female figure reaching her hand through a door which is also a book.  Even as it animates this arrested space with a sentient female presence, Tanning’s canvas borrows from Giorgio de Chirico's Metaphysical images, which formed one of Surrealism’s most prominent—and fraught—precedents.  Tanning’s painting also conjures up another set of aestheticized fatalities by yet another of the Surrealists’ elected forebears: Marcel Allain’s series of detective fiction books, titled Fatala: Grand roman policier (1930–31).  Tanning’s Fatala reveals the ambivalent centrality of women to Surrealism’s development: not simply as femme enfant or femme fatale, but as inventive agents in spaces –  psychic, literary, and pictorial – plotted by men.

Cette étude a pour objet de déceler les caractéristiques littéraires de "Pars vite et reviens tard" afin de définir ce que Vargas appelle « rompol ». Dans un premier temps, on expose les points en commun de ce roman par rapport à la plupart des romans policiers et noirs, et dans un deuxième temps, on parle des caractéristiques propres de Fred Vargas afin de dévoiler le renouveau de ce genre littéraire de la plume de l’auteure. À la fin de ce travail, on récapitule tous les éléments en commun que ce roman a avec les genres littéraires du roman noir et du roman policier, et ce qui distingue F. Vargas des autres auteurs de ces deux genres. Ainsi, on finit par proposer le genre littéraire du néo-polar pour ce roman, vu qu’il « excède les frontières du genre policier » (Consiglio & Le Bras, 2017 : 48).

Le roman policier était un objet de fascination pour les Nouveaux Romanciers. La liste des ouvrages qui s’approprient les thèmes, les personnages ou la structure narrative du polar est longue, et comprend des textes de Robbe-Grillet, Simon, Pinget et Butor. La forme fixe du polar, et le thème dominant de la restitution de l’ordre à l’aide de la raison et de la vérité, se sont avérés irrésistibles pour un mouvement littéraire qui visait à remettre en question toute présupposition esthétique ou épistémologique de la fiction romanesque. Comment caractériser ce rapport d’imitation entre le Nouveau Roman et le roman policier, qui ne semble pas être une parodie hostile, mais qui n’est pas exactement non plus un éloge du genre ?

the article proposes to reflect on how the kidnapping of the Lindbergh baby was a famous but also problematic criminal case, because of the lack of a satisfactory outcome of the media sequence it gave rise to. We will see how narrative fiction has tried to bring to this traumatic incident the closing that was missing in it. Through the example of Agatha Christie's novel inspired by this case, Murder on the Orient Express, we will consider how detective fiction can then be the place where a compensatory speech is set up.

« Temperance Brennan et Kay Scarpetta : la scientifique et la mort. » dans Claire Bazin et Marie-Claude Chenour ed, Textes et Genres II : Sens et Figures de la Marge dans la littérature féminine de langue anglaise. Université Paris X - Nanterre : FAAAM, 2006.

Dirigé par Daniel Compère ce "Dictionnaire du roman populaire francophone" présente les principaux auteurs du domaine, connus ou moins connus, les principaux personnages, les éditeurs, les collections, ainsi que les particularités de l'édition populaire.

Основной вопрос, на который отвечает автор статьи: возможно ли существование постмодернистского детектива в ситуации жанрового и стилевого плюрализма? Какие основные различия постмодернистского детектива от классических образцов жанра, возникших в эпистемологическом поле модернистской культуры? На примере функции "переписывания" (réécriture) показаны пути жанровой трансформации от классического детектива к постмодернистскому в разных национальных литературах.

Arabic fiction has thematized crime ever since the classical period. However, the existence of detective stories or, more generally, of crime fiction as a genre within Arab culture has yet to be fully acknowledged. This book therefore offers both a theoretical reflection on this genre in its context and a set of studies on instances of crime fiction in the Arab world. Covering a vast historical and geographical range, it tackles famous writers as well as authors of young adult fiction, deals with the current practitioners of noir as well as with classical detective stories, and also focuses on the adjacent fields of film and television production.
Arabic Crime Fiction / Le récit criminel arabe thus fills a theoretical and historical gap in current scholarship. Bringing together specialists of Arab literature and cinema and/or crime fiction, it provides an overview of a rich and varied genre, at the crossroads between the narrative, philosophical, and legal traditions of the Arab world, the realities of contemporary society, and the international forms of crime fiction. It thus demonstrates that Arabic crime fiction does, indeed, exist, even though it is not yet fully recognized by the publishing market and academic institutions.

Les fictions du monde arabe font la part belle aux faits criminels, depuis la période classique jusqu’à nos jours. Pourtant, l’idée que le roman policier ou, plus généralement, le récit criminel existe comme genre au sein de la culture arabe n’est pas encore pleinement admise. Cet ouvrage propose donc à la fois une réflexion théorique sur la reconnaissance de ce genre dans son contexte et un ensemble d’études sur des exemples de fiction criminelle, qui couvre un vaste champ historique, géographique et médiatique, incluant des écrivains célèbres aussi bien que des auteurs de fiction pour la jeunesse, et qui s’intéresse aussi bien aux principaux praticiens actuels du roman noir qu’à ceux du roman à énigme, ainsi qu’à certaines productions cinématographiques et télévisuelles contemporaines.
Le récit criminel arabe / Arabic Crime Fiction comble ainsi une lacune théorique et historique. Regroupant plusieurs spécialistes de la littérature et du cinéma arabes et/ou du roman policier, ses différents chapitres dessinent une première vision d’ensemble d’un genre riche et varié, situé au carrefour entre les traditions narratives, philosophiques et juridiques du monde arabe, les réalités de la société contemporaine et les formes internationales du récit criminel. L’ouvrage Le récit criminel arabe / Arabic Crime Fiction démontre ainsi que le récit criminel arabe existe, même s’il n’est pas encore identifié comme tel par le marché de l’édition et n’a pas encore pleinement accédé à la reconnaissance de l’institution universitaire.

The underlying conception of this bachelor thesis is a notion of the game with a reader, as well as with the rules of a detective novel in the book „La Bibliothèque de Villers “ by Benoît Peeters. The theoretical basis of the work defines three types of the detective novel. The analytic part examines to what extent the author respects the rules of the detective novel, afterwards the characters, the time, the space and the looking for the offender represent a subject of analysis. Finally, the intertextual dimension is examined, in the framework of which we will search for the similarities with the style of Agathe Christie, as well as the other authors, which Benoît Peeters refers to.

Alors que la série San-Antonio  peut apparaître  comme une sorte d'épopée sexuelle d'arrière-garde,  tout à la gloire de représentations et de valeurs masculines aussi datées que peu problématisées et jamais remises en question, cet article montre ce que révèle une  lecture plus précise de la série dans sa longue durée.  Les aventures de San-Antonio racontent une masculinité en pleine crise où s'exhibent, dans les multipes représentations d'obsessions, de phobies et de pathologies du désir  des "troubles dans le genre" mis en scène de manière souvent très explicite.

« Je ne me remettrai jamais de mon enfance. Je suis le gérant d'un théâtre d'ombres et toutes ces ombres viennent de mon enfance ».
Frédéric Dard, « Boîte au lettre », FR3, 21 octobre 1985

"Hands up". J'avais pas dix berges que je lisais ça dans les fascicules policiers que j'achetais dans la petite boutique de Mme Buéner, la marchande de journaux-papeterie de notre quartier. L'odeur qui flottait dans son estanco me rendait fou. Rien que pour respirer ces fragrances de papier journal et d'encre fraîche, je passais lui dire bonjour.
San-Antonio, Le silence des homards, Fleuve Noir, 1992, p. 192

Intertextuality in the Detective Fiction of P.D. James. Clues (Fall-Winter 2001) Bowling Green University Press.


Among the British intellectual and political elite, the art of juggling literary references was, at least until the beginning of World War II, a widespread game. It was a useful tool for cultured people, having graduated from either Oxford or Cambridge, to recognize one another and, in a way, to exclude the vulgum pecus from the serious problems in society. Frequently citing the great classics was thus a sign of solidarity for a class of people from the same socio-cultural background.
However, with the progressive percentage decline in the power structure of this elite in government institutions, literary reference games were significantly curtailed. If they have nearly disappeared in these official circles, they continue to flourish in the works of detective fiction writers.

April 2002. "Text and Intertext in Daniel Pennac’s Malaussene Novels".  Roman Policier Italien et Français Conference. Institute of Romance Studies, Senate House, London.

The semiotic notion of intertextuality introduced by Julia Kristeva  is associated primarily with poststructuralist theorists. Kristeva referred to texts in terms of two axes: a horizontal axis connecting the author and reader of a text, and a vertical axis, which connects the text to other texts. This study will deal with both of these axes.
In Palimpsestes, Gérard Genette studied several types of intertextual relationships: the simple allusion to another text, the quotation and plagiarism.
Intertextuality, or the reference within a text to other texts that the readers may or may not know, is a very common feature in detective fiction. Very often, it is a means of underlining the literary quality of the genre, which is often denied by critics.
It may also be a game with the reader, a way of sharing a common imaginary universe, of making dead and gone writers come to life again. In his Le Crime de Mr. Hyde (1998) and Les Hommes de Cire (2002), Jean-Pierre Naugrette intertwines the world of Sir Arthur Conan Doyle and that of Robert Louis Stevenson. In Le Crime de Mr. Hyde, Sherlock Holmes and Doctor Watson (more precisely their investigation into The Sign of Four) suddenly appear within the story of Doctor Jekyll and Mr. Hyde.
It may also be part of a puzzle, a way of setting the reader on the right track, of helping him or her solve the enigma. Agatha Christie often resorted to famous poems such as Lord Alfred Tennyson's Lady of Shalott (in The Mirror Crack'd from Side to Side ) or the clown’s song from Shakespeare’s Twelfth Night (in Sad Cypress ), to Greek mythology (The Labour of Hercules) or to nursery rhymes (in One, Two, Buckle My Shoe, Ten Little Indians/ And Then There Were None, Crooked House, Five Little Pigs, Hickory Dickory Dock, Mrs. McGinty's Dead, A Pocket Full Of Rye…)
Other writers, such as Jean-Hugues Oppel in Ambernave (1995), place their characters under the patronage of famous literary characters in order to stress the weight of their destiny. A quotation from Of Mice and Men by John Steinbeck (1937) provides the epigraph to the whole novel. Also, Emile constantly refers to Of Mice and Men as the key to understanding life. At the end of the novel, he is faced with a truth: there is no escaping Fate, there is no saving Joe from his own brutish force. From the very beginning, the reader knows that the characters are doomed. There will be no happy end.
Daniel Pennac, in Comme un roman (Reads Like A Novel), conveys his love for reading and for helping others enjoy reading. As a teacher of literature, Pennac takes his role as a guide very seriously. In many ways his fiction reflects the philosophy he expressed in Reads Like A Novel. He therefore tries to make reading something pleasurable, a happy conversation with writers who may be dead and gone - or not.
His five Malaussène novels (Au Bonheur des ogres/ The Scapegoat, 1985; La Fée carabine/ The Fairy Gunmother, 1987; La petite marchande de prose/ Write to Kill, 1989; Monsieur Malaussène, 1995; Aux Fruits de la passion/ Passion Fruit, 1999) are perfect examples of intertextual references, parodies and self-parodies.
This series, set in the popular district of Belleville, in the Paris East side, tells of the adventures of the "Malaussène tribe": Benjamin Malaussène, his partner, Julie Corrençon, his half brothers and sisters (whenever she falls in love, the mother leaves Paris, with Benjamin in charge of the family, and generally comes back pregnant). Moreover, each child has adopted a grandfather (The Fairy Gunmother) and the family has a very large number of friends, including a certain number of police inspectors who had first come into contact with them in their line of duty, Benjamin Malaussène being a regular suspect for murder cases. The friends of the family represent most of the ethnic and cultural groups present in Paris (French, Arabs, Asians, Slavs, etc.) All these characters belong to the "Malaussène tribe".

Ce qu'il est convenu d'appeler « l'affaire Loeb-Leopold », qui a constitué un jalon important dans l'histoire de la réflexion sur la peine de mort aux États-Unis, s'articule autour de l'un des crimes les plus célèbres de la chronique judiciaire de ce pays. Les faits peuvent se résumer ainsi : en 1924 Richard Loeb et Nathan Leopold, deux garçons de 18 et 19 ans appartenant à la grande bourgeoisie juive de Chicago, enlèvent un adolescent de 14 ans de leur voisinage, appelé Bobby Franks, et l'assassinent après avoir toutefois demandé une rançon à la famille. Finalement confondus, ils expliquent avec force détails, au cours d'un procès suivi avec passion par la presse et la population, qu'ils ont voulu s'élever au-dessus de la morale ordinaire en commettant un meurtre à la fois parfait et gratuit. Enfants précoces et étudiants exceptionnellement brillants, les deux garçons arguent de leur lecture de Nietzsche, et de leur adhésion à la figure d'un individu supérieur, librement amoral : un homme « de grand style », un « surhomme » affranchi des dispositions pusillanimes de la doxa, exempt de sensibilité paralysante et de ce respect idolâtre de la vie qui est au fondement du discours religieux. Il importe finalement peu que ce soit là une lecture ridiculement littérale d'une rêverie philosophique et d'une métaphore critique qui n'était nullement destinée à devenir un précepte pour l'action : le nom de Nietzsche, transformé en icône d'une intellectualité noire et criminelle, est resté indissolublement attaché à l'affaire. Ceci explique en partie, sans doute, que le cas Loeb-Leopold ait durablement fasciné journalistes, artistes et écrivains : peu de crimes, dans l'histoire, ont fait l'objet d'une telle prise en charge littéraire et cinématographique, comme si le filtre esthétique pouvait, à destination d'une société à la fois horrifiée et fascinée, éclairer l'énigme psychologique et morale qu'il constitue. Dès 1929, Patrick Hamilton écrit la pièce Rope (La Corde), qu'Alfred Hitchcock rendra célèbre en l'adaptant à l'écran en 1948, livrant son film le plus expérimental. Le romancier Meyer Levin, qui fut un témoin direct de l'affaire, rassemble ses souvenirs et analyses dans un « roman-documentaire » de 1956, intitulé Compulsion, dont il tire peu après, lui aussi, une pièce de théâtre à

Nous proposons ici une esquisse de comparaison entre les romans de Marie Redonnet (Candy Story et Nevermore) et Yves Ravey (Moteur, Enlèvement avec rançon, L’Épave et Un notaire peu ordinaire).
Ces romans s’articulent autour d’une énigme, pour une progression de l’écriture tendue vers un dévoilement rétrospectif du passé. Ils obéissent ainsi à une double contrainte à la fois diégétique et structurelle qui fonde l’un des traits définitoires du roman policier, et mobilisent aussi les tropes de l’écriture noire sur lesquels s’appuie l’horizon d’attentes du lecteur. Ce geste s’inscrit apparemment dans la continuité du mouvement esquissé depuis les années 1980 de retour sur les normes et les héritages romanesques par le biais, notamment, de l’intertextualité. Toutefois, ces deux auteurs mettent en œuvre depuis l’exercice ludique auquel ils se prêtent un rapport quasi-conflictuel avec la bibliothèque. Sous le masque du roman policier et par ses voies (l’enquête, les stratégies de retardement et le travail de la chute), ils posent une voix polémique qui porte le soupçon sur le discours et laisse le lecteur pantois, déconcerté par une violence qui s’étend de l’intrigue à l’acte de lecture même, pour une écriture du saisissement.
Notre réflexion s’attachera donc à décrire leurs emprunts au roman policier et les gauchissements qu’ils lui imposent. Par cette entrée générique, nous proposons d’analyser la voix romanesque paradoxale et insituable, soumise aux aléas de la narration et à l’indécidabilité du sens, que posent nos auteurs sur ce terrain familier au lecteur. Les affinités de ces romans avec le genre policier relèveraient d’un parti pris plus général de la fiction contemporaine, qui cherche à fonder une éthique de l’incertitude sur un terrain déjà tendu de paradoxes.

Revue critique de fiXXIon française contemporaine, "Le roman policier français contemporain", No10, juin 2015.

Publié dans Karine Hildenbrand, Figures de femmes assassines – Représentations et idéologies. Nice : Cycnos, volume 23 n°2, 2006


Rupture of the Social Contract, or Female Killers in the Works of P.D.
James
Delphine Cingal (Assistant Professor, University Panthéon-Assas-Paris II)
Biography:
Delphine Cingal is Senior Lecturer at the Université de Panthéon-Assas-Paris II. She defended a PHD thesis on P.D. James at the Sorbonne in 2000. She is the author of numerous articles in the realm of police novels. She is currently working on the image of the body in British literature in the XIX° and XX° centuries.

In brief:
This article analyses the attitude of women assassins in the works of P.D. James in relationship to their masculine equivalent. It shows as well how the police inquest thus becomes an interpretation of feminine expression in the most violent sense of the term. Finally, it delves into the echo of this violence on the female novelist as well as on the female reader: is there a feminine way of writing and reading violence? Is the police novel a means of assassination by proxy, without actually doing it, a catharsis of female killer urges ?
The XIX° century sees the emergence of a new literary genre: the detective novel. Little by little, in the criminal narrative, theft, kidnapping, and missing persons relinquish their place to a systematization of the most extreme physical  violence: that of murder.

Dans « la trilogie de la crise » de Pétros Markaris (Liquidations à la grecque, Le Justicier d’Athènes, Pain, Éducation, Liberté), l’intrigue criminelle se concentre moins sur la découverte de l’identité de l’assassin que sur l’anatomie d’un pays passé au scalpel d’une fiction au caractère socio-politique prononcé. À l’opposé des romans policiers divertissants mais apolitiques de Yannis Maris (le pionnier du genre en Grèce), les « polars » de Markaris (notamment les trois derniers) sont très en prise sur la réalité sociale et politique du pays. Quelle image donnent-t-ils de la société hellénique, alors que cette dernière est confrontée à l’une des crises les plus profondes de son histoire récente ? Celle d’un pays au bord du chaos ? Ou celle d’une nation prête à renaître de ses cendres ? Et quels sont les véritables responsables de la « crise grecque » pour l’auteur ? Les dirigeants politiques étrangers ou bien la génération de l’École polytechnique ? Dans ses trois derniers romans policiers, Pétros Markaris propose une vision personnelle de la « crise grecque ».

Tout comme le roman policier, la bande dessinée demeure longtemps cantonnée dans les marges de la littérature et de la critique. Or, d’une paralittérature à l’autre, le roman graphique policier fait aujourd’hui partie des réussites du genre.
De 2009 à 2014, Manu Larcenet publie la série Blast en quatre tomes salués unanimement par la critique et le public. Mélangeant voyage initiatique, délire onirique hallucinatoire et récit policier, cette œuvre teintée de noirceur et de nihilisme cache, à travers de multiples narrations subjectives et lacunaires, la clé de l’enquête dans l’objet de la quête du protagoniste. L’auteur-dessinateur bouleverse les codes des genres, évide les lieux communs, souvent en les grossissant, et accorde une fonction narrative originale à l’enquête policière.
Nos réflexions ne se limiteront pas aux genres paralittéraires, car l’œuvre de Larcenet invite à élargir l’horizon comparatiste. Blast multiplie en effet les renvois à la peinture, à la musique et au roman, voire à l’art culinaire et aux médias. L’hybridité poétique et picturale de ce roman graphique va ainsi outre la correspondance entre le texte et l’image et nivelle les influences de la littérature et du roman, suggérant ainsi – paradoxalement en la déconstruisant narrativement – l’existence d’un genre policier transmédial et transartistique.

Dans le cadre d’une réflexion à propos de l’utilisation renouvelée des ressources narratives que font les fictions contemporaines, l’article étudie comment le roman de Jorge Volpi exploite le genre du policier à énigme pour accompagner la réflexion à propos de la science et de la connaissance que l’œuvre met en place. Le genre policier à énigme joue dans cette œuvre un rôle presque de métonymie, en introduisant les paradigmes cognitifs dérivés de la science positiviste. D’autre part, il active des conventions lectoriales qui, en dernière instance, participent pleinement de la construction de sens.

Hommage (sous forme de conférence à un colloque tenu à Cerisy-la-Salle en 2016) rendu à Jacques Le Goff (1924-2014), le grand médiéviste, sous un ton très personnel. Les grande parties : Du maître à l'ami; Jacques Le Goff et sa passion pur le football; l'organisateur de colloques (et leu adversaire); Le "Saint Louis" (1996)

Nul n’ignore que Fred Vargas écrit des romans policiers — des “ rompols ” dit-elle — , désormais  reçus de façon élogieuse par la critique — “ star du polar ”, “ reine du polar à la française ”, “ le dernier Vargas est plus qu’excellent. Il est génial ” —  et régulièrement primés — prix du Roman policier du Festival de Cognac, prix du Polar de la ville de Saint Nazaire, prix des libraires, prix des lectrices de Elle… Nul n’ignore non plus que, sous un autre nom — le “ véritable ”  —  Frédérique Audoin-Rouzeau est archéologue. Cette variation identitaire est d’ailleurs indiquée sur la quatrième de couverture du roman qui nous intéresse : “ l’une des valeurs sûres de la littérature policière française ”, “ archéologue, spécialiste du Moyen Âge ”. De cette double appartenance, temporellement distribuée — écrire des romans policiers durant l’été, faire de l’archéologie le reste de l’année — Fred Vargas/Frédérique Audoin-Rouzeau  nous dit qu’elle lui est nécessaire sous peine de tomber dans un statut d’écrivain qui en la paralysant dans son acte d’écriture introduirait les germes de sa propre destruction — ne plus être qu’un écrivain qui ne pourrait plus l’être. C’est cette double appartenance que nous voudrions interroger à partir de l’un de ses romans, Pars vite et reviens tard publié en 2001, puis édité en poche en 2004, sans pour autant nous interdire d’en convoquer certains autres quand cela pourra nous paraître utile.
A propos de ces opérations de rabattement et de passage entre l’une et l’autre notre intérêt se portera plus particulièrement et successivement à l’objet du transport, aux glissements et fragmentations de ce qui est transporté, enfin aux modalités de production de la connaissance du passé dans le roman.

Retrouvé en 2008, le manuscrit du Mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux recèle des indices précieux pour démonter la « machine » de ce polar avant la lettre. Nous nous proposons de réaliser une étude comparée de ce document et de la première publication du Mystère, qui parut en 1907 en feuilleton sur le supplément du magazine L’Illustration. Nous essayerons de mettre en relief les interventions qui ont conféré à l’ouvrage la structure d’une histoire de détective : une attention croissante aux traces du délit, l’idée du drame « en deux phases », l’insistance sur les lieux des crimes se sont en effet avérées décisives pour que Leroux devienne le premier représentant du « roman policier archaïque ». Cependant, l’écrivain ne résistera pas à la tentation de replonger dans les plis du « drame familial », comme l’indiquent les chapitres finaux du feuilleton. Ici, l’artiste prolonge considérablement le manuscrit tout en anticipant le sequel de l’affaire de la chambre jaune : Le Parfum de la dame en noir.