Réflexion Sur La Théorie de Soin
Réflexion Sur La Théorie de Soin
Réflexion Sur La Théorie de Soin
Jérôme Pellissier
Dans Gérontologie et société 2006/3 (vol. 29 / n° 118), pages 37 à 54
Éditions Fondation Nationale de Gérontologie
ISSN 0151-0193
DOI 10.3917/gs.118.0037
© Fondation Nationale de Gérontologie | Téléchargé le 12/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 105.154.190.22)
JÉRÔME PELLISSIER
CHERCHEUR ET FORMATEUR EN PSYCHO-GÉRONTOLOGIE
LA « THÉORIE HENDERSON-MASLOW »
étonnantes (la sexualité, par exemple, ne fut pas inclue par Virgina
Henderson parmi les besoins fondamentaux des humains) peu-
vent s’expliquer par le poids du contexte social et d’un héritage
religieux alors pesant, d’autres éléments interrogent directement
la conception de l’Homme sous-jacente.
Une même pyramide, censée être valable pour tous les humains,
et ne distinguant pas ce pour quoi tous les besoins et les manières
de vivre les besoins peuvent être essentiels et fondamentaux ne
peut que conduire à une vision uniformisante et totalisante de la
personne humaine et donc à un prendre-soin qui risque d’être
dépersonnalisant.
Priver une personne de ce qui lui est nécessaire pour être une per-
sonne, c’est-à-dire de sa manière à elle d’être vivante et d’être
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Que les besoins sont dans l’ordre mais qu’en fait l’ordre peut ne
pas être vraiment dans ce sens là ; que cette hiérarchie est valable
« pour la majorité » des humains mais pas pour tous ; que les
besoins sont bien représentés séparés mais qu’il y a quand même
des liens entre eux ; que ça a l’air simple mais qu’en fait c’est com-
plexe ; qu’il faut imaginer que chaque niveau de la pyramide est
en réalité relié aux autres par des « boucles oscillatoires et récur-
sives » ; que les liens entre les besoins ne sont pas les mêmes selon
les personnes ; que le besoin d’autonomie est essentiel bien qu’on
ne sache pas trop où il se cache dans la pyramide…
Et comme avec tout cela, on n’a toujours pas appris au futur soi-
gnant à penser, on lui donnera de précieux conseils, pour éviter
tout accident, de type : « Bien que le besoin de sécurité émerge
après les besoins physiologiques, il faut reporter le repas si la per-
sonne est dans une position qui risque de l’amener à tomber »…
Sans commentaire.
dans la personne malade, dans son unicité, dans le fait que le pro-
fessionnel doit avant tout être à l’écoute, dans l’attention à l’autre,
et aider la personne à s’aider elle-même, en fonction de son his-
toire, de ses désirs, de ses conflits résolus ou non, etc.
DE L’HOMME À LA PERSONNE
Il manquait au modèle de Peplau sur les relations interperson-
nelles dans les soins de pouvoir s’appuyer sur une philosophie de
soins, sur une conception de l’être humain centrée sur la recon-
naissance de la nature complexe de l’Homme, naturellement
sociale et culturelle, orientée vers le développement de la « per-
sonne ». La philosophie de soins développée par Yves Gineste et
Rosette Marescotti sous le terme de « Philosophie de l’humani-
BIBLIOGRAPHIE SYNTHÉTIQUE
MASLOW A. (1993). Vers une psycholo- PEPLAU H.-E. (1995). Les relations
gie de l’être. Fayard. interpersonnelles en soins infirmiers.
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GINESTE Y., PELLISSIER J. (2007). premier art de la vie. Masson.
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soins infirmiers. InterEditions.