Wa0004.
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Encadré par :
Réalisé par :
Pr: MAATOUK Salah Eddine
AISSAOUI Samira
AKACHHOUN Wissame
AZIZI Houda
EDDAOUDY Jamal
GOUMIRI Yassine
HAYSSOU Hicham
MADDAH Chaimae
RTAILI Abdslam
Année universitaire
2023/2024
Remerciement
Monsieur le Professeur MAATOUK Salah Eddine,
Nous vous exprimons notre plus profonde gratitude pour votre encadrement rigoureux
et votre soutien constant lors de la préparation de notre exposé "L'histoire du droit pénal aux
États-Unis". Votre expertise et votre passion ont enrichi notre travail, nous permettant
Votre disponibilité et votre approche pédagogique ont été précieuses, nous guidant à
travers les complexités du droit pénal avec des conseils avisés. C'était un honneur de
bénéficier de votre encadrement, et nous espérons que notre travail reflète l'engagement et
Merci pour votre patience, votre encouragement et votre dévouement à notre réussite
académique et personnelle.
Respectueusement,
Il n'en demeure pas moins qu'associer histoire et droit pénal semble surprenant tant les
relations entre les deux disciplines semblent se limiter à ce constat d'évidence.
Les origines du droit pénal américain remontent à la période coloniale, lorsque les
colons britanniques ont importé leur système de Common Law. Cependant, le droit criminel a
rapidement pris une forme distinctive, façonné par les réalités spécifiques de la vie en
Amérique.
Après l'indépendance, la Constitution et le Bill of Rights ont jeté les bases du droit
pénal fédéral, avec des garanties procédurales importantes pour les accusés, comme le droit à
un procès équitable par un jury. Cependant, le droit criminel est resté largement du ressort des
États, chacun développant son propre corpus législatif et ses propres pratiques.
[1]
Tout au long du 19e siècle, le droit pénal a dû s'adapter à l'expansion de la frontière, à
l'industrialisation et à l'immigration massive. De nouvelles lois ont été adoptées pour réprimer
le crime organisé, contrôler les armes à feu et lutter contre la corruption. Cette période a
également vu l'émergence de la prison comme principale forme de sanction.
Aujourd'hui, le droit pénal américain reste un sujet de vifs débats, notamment sur des
questions comme la peine de mort, la durée des peines, la réforme du système carcéral et le
rôle de la race et de la classe sociale dans l'application de la justice pénale. Son évolution
continue à refléter les transformations de la société américaine.
Il s’agit donc de se demander sur : Dans quelle mesure les influences historiques, les
transformations législatives et les enjeux sociaux et contemporains ont-ils contribué à
façonner le développement et l'évolution du droit pénal aux États-Unis ?
Pour y répondre, un plan binaire sera adopté. La première partie tâchera de mettre en
lumière les origines du droit pénal américain, tandis que la seconde traitera les évolutions
récentes du droit pénal.
[2]
Chapitre 1: Les Fondements Historiques
Le premier chapitre repose sur les racines du droit pénal américain en explorant deux
aspects principaux. D'une part, il examine les influences profondes du droit anglais et colonial
sur les premières lois criminelles en Amérique du Nord, soulignant ainsi les héritages
juridiques qui ont façonné le système pénal initial. D'autre part, ce chapitre met en évidence
l'impact significatif de la Constitution et de la Déclaration des Droits, notamment la Bill of
Rights, dans l'établissement des principes et des normes fondamentaux du système de justice
pénale américain. En combinant ces éléments, le chapitre offre un aperçu complet des
fondements historiques qui ont guidé l'évolution du droit pénal aux États-Unis.
Au 18ème la Common Law va acquérir une meilleure image, car elle conçu à l'époque
comme un héritage commun aux peuples de langue anglaise, ceci étant valorisé par la volonté
de lutter contre l'influence française grandissante. En outre les conditions de vie s'améliorent
et le besoin d'un droit moins rudimentaire et plus complexe va se faire ressentir.
La première moitié du 19ème sera donc une période de flottement entre codification
et Common Law. Quelques états se doteront d'un code pénal et de codes de procédure pénale
et criminelle. Pour autant ces états ne tomberont pas dans la tradition civiliste car beaucoup
d'état hispanique comme le Texas et la Californie se rallieront à la Common Law 3.
Ce dernier est avant tout, à l’image du droit anglais, un droit jurisprudentiel reposant
sur un corpus d'innombrables précédents judiciaires, eux-mêmes tirés des principes de
common law et d'equity solidement ancrés dans le droit anglo-saxon Malgré tout, et cette fois
bien davantage qu'en Angleterre, le domaine occupé par la loi ne cesse de s'étendre. Il y a
d'abord la Constitution écrite des États-Unis d'Amérique, référence juridique suprême, à
laquelle il faut ajouter la Déclaration des droits (Bill of Rights), ferment indiscutable des
libertés publiques (civil rights). En troisième lieu, la présence de codes - dans nombre d’États
3cairn.info introduction-aux-droits-anglais-et-americain-cours-de-droit.net.droit-americain-common-law
books.openedition.org
[3]
et au niveau fédéral- renforce le caractère épars et peu hiérarchique des sources du droit
américain. En matière de précédents, il convient de faire état d'un principe général et de
l'application qui en est faite par les juges américains.
Dès la période coloniale, les lois et procédures pénales des treize colonies étaient
largement calquées sur celles en vigueur dans la mère patrie, notamment en ce qui concerne
les peines de mort et d'emprisonnement. Cette influence britannique s'est également
manifestée dans la structure et les procédures des tribunaux pénaux, calquées sur le modèle
anglais. Ainsi, les fondements du droit pénal aux États-Unis plongent leurs racines dans la
tradition juridique anglaise, qui a été transplantée et adaptée dans les colonies puis dans le
jeune pays indépendant, façonnant durablement la justice criminelle américaine.
Bien que la Constitution ne traite pas directement du droit pénal, elle établit des bases
importantes telles que le droit à un procès équitable 4, l'interdiction des peines cruelles et
inhabituelles (huitième amendement) et d'autres protections des droits individuels.
4 https://www.conseil-constitutionnel.fr/nouveaux-cahiers-du-conseil-constitutionnel/
[4]
interdisant les lois pénales qui criminalisent certaines formes d'expression
protégée.
Cependant, ces avancées ont été réalisées au détriment des populations autochtones,
qui ont été expulsées, déportées et massacrées. Parallèlement, les États-Unis ont connu
plusieurs vagues d’immigration européenne, donnant naissance à la notion de melting pot
culturel6.Sur le plan politique, les États-Unis ont consolidé leur démocratie originale, avec les
premiers amendements à la Constitution de 1787 garantissant la séparation des pouvoirs et les
5https://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/1424-lexpansion-des-etats-unis-et-la-conquete-de-louest.html
6Gabrielle Brousseau,”L’immigration à New York de 1860 jusqu’au début du XXe siècle”.Revue histoire.20/02/2023
[5]
libertés publiques. Enfin, la conquête du territoire a eu un impact majeur sur l’environnement,
avec la mise en avant de la notion de “wilderness”, ou nature sauvage.
Les premiers efforts pour la codification des lois du Congrès ont été entrepris par des
éditeurs privés ; ils facilitaient la recherche de loi, mais n'avaient pas de valeur légale. Le
Congrès a entrepris une codification officielle appelée la Revised Statutes (en) approuvée le
22 juin 1874, pour les lois en effet au premier décembre 1873. Le Congrès a adopté à nouveau
7 Prune Decoux .”Codes, codification et presse américaine : une rencontre en demi-teintes”. Littératures populaires
du droit. Le droit à la portée de tous, L. Guerlain et N. Hakim (dir.), LGDJ, coll. Contextes, Paris, 2019. ffhal-
03152103
8 S. HERMAN, « Historique et destinée de la codification américaine », Revue internationale de droit comparé, vol.
47, n°3, juillet-septembre 1995, pp. 707-735. Voir également S. DRU, « Costs of Codification », University of Illinois
Law Review, vol. 1, 2014, p. 1139
[6]
une version corrigée en 1878. Les statuts révisés ont été adoptés en droit positif, mais
certaines lois n'ont pas été incorporées dans le code officiel (Statutes at Large).
9Jonathan O’Hara,”La réforme administrative de la fin du XIXe siècle en Amérique : un nouvel énoncé de
la pensée hamiltonienne”, Revue Internationale des Sciences Administratives 2009/1 (Vol. 75), pages 199
à 223.
[7]
Unis. Cette période a vu des changements profonds dans la perception du
monde par les États-Unis et dans la perception des États-Unis par le monde.
10 https://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=CITE_020_0031&download=1
11https://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9minisme_aux_%C3%89tats-Unis
[8]
• Lois sur le statut des femmes : L’histoire du droit américain est émaillée de lois
qui avaient pour ambition de protéger les intérêts des femmes, mais qui
contribuèrent en réalité à limiter leur autonomie et leur appartenance à la
communauté constitutionnelle en naturalisant leur exclusion des droits et
libertés civiques.
I.2.2.1 Le Mouvement des Droits Civiques et ses Répercussions sur le Droit Pénal :
Le mouvement des droits civiques des années 1950 et 1960 a été une période charnière
dans l'histoire du droit pénal américain. Sous l'égide de leaders emblématiques tels que Martin
Luther King Jr. et Rosa Parks, ce mouvement a exposé les injustices systémiques subies par
les Afro-Américains dans le système judiciaire, mettant en lumière la discrimination raciale
rampante dans les arrestations, les procès et les peines. En réponse à ces pressions, le
gouvernement a promulgué des lois historiques telles que le Civil Rights Act de 1964 et le
Voting Rights Act de 1965, qui ont éliminé les barrières légales à l'égalité raciale et ont
contribué à réformer le système pénal en abolissant les pratiques discriminatoires.
[9]
sensibiliser le public et d'influencer les politiques pour créer un système pénal plus équitable
et plus efficace.
Au XXe siècle, le système de justice pénale a été profondément transformé par des événements
tels que l’ère de la Prohibition et la guerre contre la drogue. La Prohibition des années 1920 a
entraîné une augmentation de la criminalité organisée, révélant les limites du contrôle législatif
sur la consommation d’alcool. Plus tard, la guerre contre la drogue des années 1970 a intensifié
les taux d’incarcération, soulevant des questions sur l’efficacité et les conséquences sociales de
ces politiques répressives. Aujourd’hui, ces défis historiques influencent les réformes
contemporaines de la justice pénale, qui visent à corriger les dysfonctionnements systémiques,
réduire les peines pour infractions mineures et adopter des approches plus humanitaires. En
parallèle, les efforts pour traiter les disparités raciales et socio-économiques restent
fondamentaux, cherchant à garantir une justice équitable pour tous.
Le XXe siècle a été une période de transformations profondes pour le système de justice pénale
aux États-Unis. Deux périodes marquantes, l’ère de la Prohibition et la guerre contre la drogue,
ont eu des impacts durables sur la législation et l’application de la loi.
La prohibition est réapparue comme une force politique significative à peu près en
même temps que l’émergence du mouvement populiste aux États-Unis en fin du XIXe siècle.
Lors d'une deuxième vague d'interdiction étatique, plusieurs Etats ont adopté de nouvelles lois
interdisant la fabrication, la vente et le transport de boissons enivrantes. Cependant, cette
deuxième vague a également reculé et, en 1893, le nombre d'États dotés de lois d'interdiction
est de nouveau tombé à trois.
Dans les années 1890, un nouveau groupe, l’Anti-Saloon League, émerge pour diriger
la campagne politique des prohibitionnistes. Est inébranlable engagée en faveur de la
prohibition, mais toujours pratique dans l'élaboration de tactiques, l'Anti-Saloon League a
obtenu la promulgation de lois prohibitives dans vingt-six États et l'adoption d'une loi fédérale
interdisant le transport d'alcool enivrant dans un État en violation de l'État loi. La Ligue a
également mené avec succès la bataille pour la prohibition nationale, en s'appuyant d'abord
sur la ferveur patriotique pour obtenir la promulgation d'une interdiction en temps de guerre,
puis en persuadant le Congrès de proposer le dix-huitième amendement et les États de le
ratifier environ treize mois après son adoption.
[11]
En fin de compte, cependant, l'interdiction nationale s'est avérée être une expérience
qui a échoué, car le dix-huitième amendement n'est resté en vigueur que treize ans. Dans la
première moitié des années 1920, la prohibition nationale semblait bénéficier d’un soutien
public important. Divers éléments de preuve confirment que la prohibition était initialement
populaire auprès du peuple américain : la ratification rapide du dix-huitième amendement, la
marge extrêmement favorable du vote de ratification dans les législatures des États ,
l'adoption rapide de la loi Volstead relativement stricte (officiellement connue sous le nom de
comme la National Prohibition Act) par lequel le Congrès a exercé son pouvoir d'appliquer le
dix-huitième amendement, et la croissance du nombre de partisans de la prohibition lors des
élections au Congrès après l'adoption du dix-huitième amendement.
Au début des années 1930, les opposants à la prohibition gagnèrent en force. Après le
krach de 1929, les partisans de la prohibition étaient de plus en plus isolés et leurs opposants
affirmaient désormais que son abrogation créerait des emplois tout en protégeant la liberté
personnelle. En fait, un éminent historien du New Deal rapporte que la plus grande ovation à
la Convention démocrate de 1932 a eu lieu à la lecture de la planche préconisant l'abrogation
du dix-huitième amendement. Après l'élection, le Congrès lameduck qui s'est réuni en
décembre 1932 a soumis l'amendement d'abrogation sans attendre la nouvelle administration
démocrate. Agissant dans des conventions spéciales élues dans le seul but d’envisager son
abrogation, les États ont ratifié le vingt et unième amendement encore plus rapidement qu’ils
n’avaient ratifié le dix-huitième13.
13Kenneth M. Murchison, Prohibition and the Fourth Amendment,V 73 J. Crim. L. & Criminology 471
1982
[12]
II.1.1.2 Les conséquences de la prohibition
« Tant qu’il sera illégal de fournir des produits très demandés, des réseaux criminels
d’une sorte ou d’une autre seront inévitables. » William Chambliss
La prohibition est généralement considérée comme une expérience désastreuse car elle
a été beaucoup plus coûteuse que prévu. Le taux de meurtres a fortement augmenté après
l'adoption du dix-huitième amendement, est resté élevé pendant quatorze ans, puis, après
l'abrogation et l'adoption du vingt-huitième amendement. Premier Amendement, refusé
pendant onze années consécutives. Une fois l’alcool réglementé retiré du marché, les décès et
les maladies graves dus à l’alcool maison frelaté sont devenus épidémiques. Pendant ce
temps, les dossiers judiciaires criminels étaient submergés, et, compte tenu de la difficulté
d’obtenir des condamnations contre les participants dans les transactions volontaires, les
procureurs ont eu recours à des sanctions disproportionnées contre les contrebandiers, allant
jusqu'à la prison à vie dans certains cas. En fait, les origines du système carcéral de masse
américain remontent à l'époque de la Prohibition, lorsque le nombre de prisons fédérales a dû
être doublé. Pourtant, la production et la consommation illégales d’alcool constituaient un «
crime respectable ». Comme la présence de femmes dans les bars, il est devenu socialement
acceptable, pour la première fois, d’être vu en état d’ébriété en public. Plus tristement célèbre,
la corruption parmi les forces de l’ordre est devenue endémique, en partie à cause du grand
nombre de responsables à tous les niveaux du pouvoir exécutif, y compris à la Maison
Blanche, qui étaient eux-mêmes « prêts à boire tout ce qui brûle, tout en rendant grâce à Dieu
». Ces effets involontaires a influencé l’opinion publique contre la prohibition et a produit un
réexamen de la politique au niveau national 14.
• Social :
14Seth Harp, Globalization of the U.S. black market: prohibition, the war on drugs. New YORK UNIVERSITY LAW
REVIEW 2010
[13]
• Économique :
Sur le plan économique les États-Unis ont vécu une période assez noire durant la
prohibition. La fermeture de centaines d’établissements mena des milliers d’américains au
chômage et la prohibition fut certainement un élément parmi tant d’autres qui mena les
américains à vivre une crise économique importante en 1929. Le gouvernement américain
remet l’alcool légal en 1933.
• Criminel :
La demande d’alcool n’étant pas diminuée par la prohibition, un marché noir s’installa
au États Unis et naturellement contrôler par le crime organisé. La mafia italienne prit le
contrôle de la production et la distribution de cet or liquide. Le monde criminel roulait sur
l’or, mais les américains buvaient de l’alcool de piètre qualité, des guerres de territoires ont eu
lieux. Etc….On peut imaginer l’impact négatif sur la santé et la sécurité publique qu’eut la
prohibition. Tous se rappelle du plus célèbre mafioso de cette époque, le très renommé « Al
Capone ».
• Politique :
En 1933 face à l’évidence que la prohibition était un échec sur tous les plans, le
gouvernement américain revient sur sa décision et légalise à nouveau l’alcool 15.
[14]
années 1920. Cette période tumultueuse a non seulement mis en lumière les limites de la
réglementation des substances psychoactives, mais a également jeté les bases de la politique
antidrogue moderne.
Avant même la prohibition de l'alcool, des efforts avaient été déployés pour
réglementer certaines substances. Le Harrison Narcotics Tax Act de 1914, par exemple, visait
à contrôler l'usage des opiacés et d'autres narcotiques, marquant ainsi le premier pas
significatif vers une politique antidrogue fédérale aux États-Unis 17 (Musto, 1999).
La Marihuana Tax Act de 1937 a ajouté une nouvelle dimension à cette politique en
imposant des restrictions sévères sur la marijuana. Cette législation a non seulement exacerbé
la stigmatisation entourant cette substance, mais elle a également renforcé l'arsenal
réglementaire dans la lutte contre les drogues illicites (Bonnie & Whitebread, 1999) 18.
16 Kerr, K. A. (2004). Prohibition: Thirteen Years That Changed America. Chelsea House Publishers.
17 Musto, D. F. (1999). The American Disease: Origins of Narcotic Control. Oxford University Press.
18 Bonnie, R. J., & Whitebread, C. H. (1999). The Marihuana Conviction: A History of Marihuana Prohibition in the
[15]
Dans ce contexte, la déclaration emblématique de Nixon en 1971 annonçant la "guerre contre
la drogue" a marqué un tournant décisif (Baum, 1997)21. Motivée par des pressions politiques
croissantes et une inquiétude grandissante concernant la sécurité publique, cette déclaration a
défini une approche ferme de la politique antidrogue (Baum, 1997). Les politiques et discours
subséquents de Nixon ont consolidé cette vision, avec la mise en place d'initiatives
législatives et réglementaires visant à combattre le trafic de drogue et à endiguer son influence
sur les communautés américaines (Musto, 1999). En 1973, la création de la Drug
Enforcement Administration (DEA) a été l'aboutissement de cette stratégie, établissant une
agence fédérale dédiée à la lutte contre le trafic de drogue et à la mise en œuvre des politiques
antidrogue du gouvernement américain 22 (McWilliams, 1990).
21 Baum, D. (1997). Smoke and mirrors: The war on drugs and the politics of failure. Little, Brown and Company.
22 McWilliams, J. C. (1990). The protectors: Harry J. Anslinger and the Federal Bureau of Narcotics, 1930-1962.
University of Delaware Press.
23 Massing, M. (1998). The Fix: How Nations Survive and Thrive in a World in Decline. Simon & Schuster.
24 Tonry, M. (1995). Malign Neglect: Race, Crime, and Punishment in America. Oxford University Press.
25 Beckett, K., & Sasson, T. (2004). The Politics of Injustice: Crime and Punishment in America. Sage Publications.
26 Alexander, M. (2010). The New Jim Crow: Mass Incarceration in the Age of Colorblindness. The New Press.
27 Mauer, M. (2006). Race to Incarcerate. The New Press.
[16]
II.1.2.4 Les critiques et les conséquences de la guerre contre la drogue
La guerre contre la drogue aux États-Unis a été vivement critiquée pour son
inefficacité et ses coûts financiers exorbitants, malgré des décennies de politiques répressives
qui n'ont pas réussi à réduire de manière significative la consommation et le trafic de drogues
(Musto, 1999). En réponse, de nombreux experts plaident pour la décriminalisation et la
légalisation, arguant que ces approches pourraient mieux atténuer les dommages liés à la
drogue, alléger les systèmes pénal et judiciaire, et générer des revenus fiscaux pour financer
des programmes de prévention et de traitement (Alexander, 2010).
Ces politiques ont conduit à des taux d'incarcération élevés parmi les minorités,
alimentant la pauvreté et la marginalisation, et créant un climat de méfiance envers les
institutions de justice. En somme, la guerre contre la drogue, loin de créer une société plus
sûre, a souvent aggravé les problèmes qu'elle était censée résoudre, poussant à la recherche de
solutions plus efficaces et humaines (Musto, 1999).
[17]
vers des politiques plus équilibrées et humaines. Ces évolutions promettent de réduire les taux
d'incarcération, de diminuer les disparités raciales et d'améliorer la santé publique globale
(Alexander, 2010; Musto, 1999).
En guise de conclusion, la guerre contre la drogue a été marquée par des succès limités
et des échecs significatifs. Les politiques répressives ont conduit à une surpopulation carcérale
et à des inégalités croissantes, sans réussir à résoudre durablement les problèmes liés aux
drogues. Les réformes récentes signalent un changement d'approche vers des politiques axées
sur la santé publique et la prévention. En tirant des leçons des échecs passés, les États-Unis
peuvent envisager une politique antidrogue plus équilibrée et humaine, intégrant la réduction
des méfaits, le traitement des addictions et l'éducation. Vers une approche intégrée, la société
peut espérer des résultats plus durables et justes pour l'avenir.
28
Jean CEDRAS, droit pénal Américain, 1 édition : 1997, mai, Presses Universitaires de France.
[18]
conditions de détention, sont souvent critiquées pour être inhumaines et soulèvent des
questions sur les droits de l'homme et la réhabilitation des détenus.
[19]
La technologie et le cyber sécurité posent des défis majeurs pour le droit pénal aux
États-Unis. Ces défis incluent la protection des données personnelles, la prévention des cyber
crimes, et l’adaptation des législations pour suivre l’évolution rapide des technologies.
Les efforts de réforme doivent inclure la mise à jour des législations, le renforcement
des infrastructures de cyber sécurité, la sensibilisation et la formation, ainsi que la coopération
internationale. Un engagement soutenu et une adaptation rapide aux nouvelles menaces sont
essentiels pour assurer la sécurité et la justice dans l’ère numérique.
La réforme de la justice pénale aux États-Unis est un processus continu et multi facette
qui nécessite un engagement à long terme de la part des décideurs politiques, des praticiens du
droit, des défenseurs des droits de l’homme et de la société dans son ensemble. En adoptant
une approche holistique et axée sur les droits de l’homme, il est possible de construire un
système pénal plus juste, plus équitable et plus respectueux des droits de l’homme pour tous
les individus 29.
29
Vroom Cynthia. États-Unis. In: Annuaire international de justice constitutionnelle, 26-2010, 2011. Constitutions et
droit pénal Hiérarchie(s) et droits fondamentaux.
30
Pamela K. Lattimore1, Reflections on Criminal Justice Reform: Challenges and Opportunities, American Journal
of Criminal Justice (2022),
[20]
Ces disparités raciales et socio-économiques dans le système de justice pénale
contribuent à la marginalisation et à l’exclusion des communautés de couleur et défavorisées
d’une part. D’autre part, les inégalités socio-économiques et les disparités raciales dans le
système de justice pénale alimentent un cycle de criminalité et de récidive, perpétuant ainsi
les problèmes de discrimination et d’injustice.
Les individus qui ont été injustement traités par le système de justice pénale sont
souvent marginalisés et exclus de la société, ce qui les expose à un risque accru de récidive.
31
Alexandre FRAMBÉRY-IACOBONE, thèse de doctorat, La recherche de l’intention en droit pénal contemporain
(XIXe-XXe siècles), Soutenue le 15 décembre 2022, école doctorale droit (ED 41) spécialité histoire du droit,
Université de bordeaux, 2022. Français.
[21]
peuvent être affectés de manière disproportionnée par les erreurs et les biais des systèmes
d’IA32.
Ces défis montrent à quel point le droit pénal américain doit constamment évoluer
pour répondre aux nouvelles réalités et attentes de la société.
32
Clarisse VALMALETTE, L’algorithme de dangerosité pénale aux États-Unis : vers une érosion des droits
fondamentaux du procès, Annuaire International de Justice Constitutionnelle 2019
[22]
Conclusion :
L'exploration des origines et de l'évolution du droit pénal aux États-Unis révèle une
transformation significative influencée par diverses forces historiques, politiques et sociales.
Initialement façonné par les traditions du droit anglais et les fondements posés par la
Constitution et la Déclaration des Droits, le droit pénal américain a subi une série de réformes
fondamentales au XIXe siècle, caractérisées par la codification et les mouvements de réforme.
Au XXe siècle, le système de justice pénale a été profondément marqué par des
périodes clés telles que l'ère de la Prohibition et la guerre contre la drogue, qui ont chacune
laissé des impacts durables sur la législation et l'application des lois. Ces périodes ont mis en
lumière les tensions entre les politiques de contrôle social et les droits individuels.
Dans le contexte contemporain, le droit pénal américain fait face à de nouveaux défis,
notamment la nécessité de réformes de la justice pénale pour corriger les dysfonctionnements
systémiques et les inégalités persistantes. Les questions de justice sociale et de discrimination
continuent d'exiger une attention particulière, soulignant l'importance d'un système de justice
pénale équitable et inclusif.
[23]
En somme, l'évolution du droit pénal aux États-Unis reflète un parcours complexe
d'adaptation et de réforme, visant à répondre aux besoins changeants de la société tout en
cherchant à maintenir un équilibre entre ordre public et justice sociale.
Références bibliographiques
Articles et Livres
Alexander, M. (2010). The New Jim Crow: Mass Incarceration in the Age of
Colorblindness. The New Press.
Baum, D. (1997). Smoke and mirrors: The war on drugs and the politics of failure.
Little, Brown and Company.
Beckett, K., & Sasson, T. (2004). The Politics of Injustice: Crime and Punishment in
America. Sage Publications.
[24]
Decoux, P. (2019). Codes, codification et presse américaine : une rencontre en demi-
teintes. Littératures populaires du droit. Le droit à la portée de tous, L. Guerlain et N. Hakim
(dir.), LGDJ, coll. Contextes, Paris. ffhal-03152103
Gonzalez, R. (2018). The rise and fall of American counterculture: From the 1960s to
the 1980s. Routledge.
Harp, S. (2010). Globalization of the U.S. black market: prohibition, the war on drugs.
New York University Law Review.
L'histoire et le droit pénal, Marion Le Lorrain. Sous la direction d'Yves Mayaud. URL.
Massing, M. (1998). The Fix: How Nations Survive and Thrive in a World in Decline.
Simon & Schuster.
McWilliams, J. C. (1990). The protectors: Harry J. Anslinger and the Federal Bureau
of Narcotics, 1930-1962. University of Delaware Press.
Musto, D. F. (1999). The American Disease: Origins of Narcotic Control (3rd ed.).
Oxford University Press.
[25]
Musto, D. F. (1999). The American Disease: Origins of Narcotic Control. Oxford
University Press.
Tonry, M. (1995). Malign Neglect: Race, Crime, and Punishment in America. Oxford
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Sites Web
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americain-common-law. books.openedition.org
https://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9minisme_aux_%C3%89tats-Unis
https://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=CITE_020_0031&download=1
https://www.conseil-constitutionnel.fr/nouveaux-cahiers-du-conseil-constitutionnel/
https://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/1424-lexpansion-des-etats-unis-et-la-
conquete-de-louest.html
[26]
Table des matières :
Remerciement ---------------------------------------------------------------------------------------------------2
Introduction ------------------------------------------------------------------------------------------------------1
Partie I : Les Origines et l'Évolution du Droit Pénal aux États-Unis ---------------------------------2
Chapitre 1: Les Fondements Historiques ------------------------------------------------------------------3
Section 1: Les influences du droit anglais et colonial --------------------------------------------------------- 3
Section 2 : La constitution et la déclaration des droits (Bill of Rights) ------------------------------------ 4
I.1.2.1 La constitution de 1776 : -------------------------------------------------------------------------------------------------- 4
I.1.2.2 Bill of Right (1791) : --------------------------------------------------------------------------------------------------------- 4
I.1.2.3 Premier Amendement ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 4
I.1.2.4 Deuxième Amendement -------------------------------------------------------------------------------------------------- 5
I.1.2.5 Quatrième Amendement ------------------------------------------------------------------------------------------------- 5
[27]
I.2.2.1 Le Mouvement des Droits Civiques et ses Répercussions sur le Droit Pénal : ------------------------------ 9
I.2.2.2 Le Mouvement pour la Réforme de la Justice Pénale : ----------------------------------------------------------- 9
Conclusion : ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 23
Références bibliographiques ------------------------------------------------------------------------------- 24
Table des matières : ------------------------------------------------------------------------------------------ 27
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