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Capes 2008 M1 Enonce
Capes 2008 M1 Enonce
Capes 2008 M1 Enonce
Introduction
Dans ce problème, on s’intéresse aux fonctions à variations bornées. Cette notion
a été introduite en 1881 par Jordan 1 pour étendre un théorème de Dirichlet 2 sur
la convergence des séries de Fourier 3 . Il est composé de sept parties A, B, C, D, E,
F et G.
Dans la partie A on établit quelques propriétés élémentaires relatives aux fonc-
tions à variations bornées. En introduction de la partie B, on définit une notion de
longueur bornée et de longueur pour les fonctions à valeurs dans R. Son objectif est
d’établir des propriétés générales sur cette notion : une inégalité triangulaire, une
relation de Chasles... Dans la partie C on établit l’équivalence entre “être de longueur
bornée sur tout segment” et “être à variations bornées”. La partie D se consacre au
cas des fonctions de classe C1 . On y démontre qu’elles sont toujours de longueur
bornée et on donne une formule pour calculer leur longueur. La partie E s’intéresse
au cas des fonctions périodiques. La partie F est consacrée à l’étude d’un exemple.
Dans la partie G, on étend les définitions et les propriétés présentées précédemment
aux cas des fonctions à valeurs dans Rn . Sauf mentions contraires explicitées dans
le texte, les parties de ce sujet ne sont pas a priori indépendantes.
Notations et définition
• Pour n ∈ N∗ et A ⊆ R, F(A, Rn ) désigne l’ensemble des fonctions de A vers Rn .
Pour tout f ∈ F(A, Rn ) et B ⊆ A, f |B désigne la restriction de f à B.
• Dans tout le problème, I désignera un intervalle de R non vide et non réduit à un
point.
• Pour f ∈ F(I, R), on dit que f est à variations bornées lorsqu’il existe
g ∈ F(I, R) croissante et h ∈ F(I, R) décroissante telles que f = g + h.
A. Premières propriétés
A1 Établir que toute fonction monotone définie sur I est à variations bornées.
A2a Montrer que l’ensemble des fonctions à variations bornées définies sur I est un
sous-espace vectoriel de F(I, R).
A2b Établir que ce sous-espace est engendré par l’ensemble des fonctions croissantes
sur I.
Dans la fin de cette partie, on considère f ∈ F(I, R) une fonction à variations
bornées, et a et b deux éléments de I tels que a < b.
A3 Soit α ∈ I. Démontrer qu’il existe k ∈ F(I, R) croissante et l ∈ F(I, R) dé-
croissante telles que f = k + l et k(α) = 0.
1
Camille Marie Ennenmond Jordan, mathématicien français, Lyon 1838 – Paris 1922.
2
Gustav Peter Dirichlet, mathématicien allemand, Düren 1805 – Göttingen 1859.
3
Joseph Jean-Baptiste Fourier, mathématicien français, Auxerre 1768 – Paris 1830.
1
A4 On écrit f = g + h avec g croissante sur I et h décroissante sur I. Prouver que :
On dit que f est de longueur bornée sur le segment [a, b] lorsqu’il existe
Λ ∈ R tel que pour tout σ subdivision de [a, b] on ait `(σ, f ) < Λ. Si f est
de longueur bornée sur [a, b], on définit alors Lba (f ), la longueur de a à b
de f , par :
Lba (f ) > 0.
B2 On suppose que f est de longueur bornée sur [a, b]. Montrer que :
B3 On suppose que f et g sont de longueur bornée sur [a, b]. Établir que f + g est
de longueur bornée sur [a, b] et que :
B4 On suppose que f est de longueur bornée sur [a, c] et sur [c, b]. On considère
une subdivision σ = (σk )06k6p de [a, b] et on pose :
2
B4a Justifier l’existence de q et de r.
On définit alors les suites finies σ 0 et σ 00 par :
σj0 = σj si j ∈ {0, . . . , q}
0
σq+1 =c
σ000 = c
B4b Montrer que σ 0 est une subdivision de [a, c] et que σ 00 est une subdivision de
[c, b].
B4c Montrer que `(σ, f ) 6 `(σ 0 , f ) + `(σ 00 , f ).
B4d Prouver que f est de longueur bornée sur [a, b] et que :
Lba (f ) 6 Lca (f ) + Lbc (f ).
B5b Montrer que f est de longueur bornée sur [a, c] et sur [c, b] et que :
Lba (f ) > Lca (f ) + Lbc (f ).
1 1
f (t) + Ltλ (f ) f (t) − Ltλ (f )
g(t) = et h(t) =
2 2
Prouver que g est croissante sur I et que h est décroissante sur I.
3
C3 En déduire que f est à variations bornées si et seulement si f est de longueur
bornée sur tout segment de I.
D4 Conclure.
D5 Établir que f est à variations bornées.
4
Pour x ∈ R, on note [x] la partie entière de x. On rappelle que [x] est l’unique
élément de Z vérifiant
[x] 6 x < [x] + 1.
On rappelle également que la fonction partie entière h xest
i croissante. On considère
T ∈ R∗+ et on définit la fonction p sur R par p(x) = .
T
E1 Pour tout x ∈ R, montrer que x − p(x)T ∈ [0, T [.
E2 Pour a et b deux réels tels que a 6 b, établir que :
5
F. Un exemple de fonction dérivable et bornée
mais non à variations bornées
Les premières questions de cette partie peuvent se traiter indépendamment des
parties précédentes.
On étudie dans cette partie certaines propriétés de la fonction f définie pour
x ∈ R par :
1
f (x) = x2 sin 2 si x 6= 0
x
f (0) = 0.
un
Z
1 1
F3c Prouver alors que la série de terme général cos 2 dt (n > 1) est di-
un+1 t t
vergente.
u1
Z
1 1
F3d En déduire que l’intégrale cos 2 dt est divergente.
0 t t
Z 1
F4a Montrer que l’intégrale f 0 (t) dt est convergente mais qu’elle n’est pas abso-
0
lument convergente.
Z 1
F4b Que vaut lim+ |f 0 (t)| dt ?
x→0 x
F5 Soient a et b deux réels tels que a < b et ab 6 0. Prouver que f n’est pas de
longueur bornée sur [a, b].
F6 Soit J un intervalle de R non vide et non réduit à un point. Démontrer que
l’application f |J est à variations bornées si et seulement si 0 6∈ J.
6
G. Généralisation au cas
des fonctions à valeurs dans Rn
Dans cette partie, on considère un entier n > 2 et on munit Rn de sa structure
euclidienne canonique ; la norme euclidienne k·k associée est donc définie, pour x =
(x1 , . . . , xn ) ∈ Rn , par v
u i=n
uX
kxk = t x2 . i
i=1
On dit que f est de longueur bornée sur le segment [a, b] lorsqu’il existe
Λ ∈ R tel que pour tout σ subdivision de [a, b] on ait `(σ, f ) < Λ. Si f est
de longueur bornée sur [a, b], on définit alors Lba (f ), la longueur de a à b
de f , par :
Lba (R ◦ f ) = Lba (f ).
G2 On suppose que f est de longueur bornée sur [a, b]. Montrer que pour tout
i ∈ {1, . . . , n}, la fonction fi est de longueur bornée sur [a, b] et que :
G3 On suppose que pour tout i ∈ {1, . . . , n}, fi est de longueur bornée sur [a, b].
Démontrer que f est de longueur bornée sur [a, b] et que :
i=n
X
Lba (f ) 6 Lba (fi ).
i=1
7
G5 On suppose maintenant que f est de longueur bornée sur tout segment de I.
Soient α, β, γ dans I. Établir l’égalité :
G10 Soit h ∈ F([a, b], Rn ) une fonction de classe C1 sur [a, b[ telle que l’intégrale
Z b
h0 (t) dt soit absolument convergente. On veut montrer que h est de longueur
a
bornée sur [a, b] et exprimer Lba (h). On considère ε ∈ R∗+ .
G10a Prouver que h|[a,b[ admet une limite finie en b. On notera H cette limite.
G10b Soit x ∈ [a, b]. Montrer que :
Z b
kh(x) − h(b)k 6 kH − h(b)k + kh0 (t)k dt.
x
8
G10d Montrer qu’il existe d ∈ ]a, b[ tel que :
Z b
ε
kH − h(b)k − 6 kh(d) − h(b)k − kh0 (t)k dt.
2 d
G10g Conclure.
G11 Soit h ∈ F([a, b], Rn ) telle que h soit de classe C1 sur [a, b[ et que l’intégrale
Z b
h0 (t) dt ne soit pas absolument convergente. Soit A ∈ R.
a
Z c
G11a Démontrer qu’il existe c ∈ [a, b[ tel que kh0 (t)k dt > A + 1.
a
G11b Montrer qu’il existe une subdivision σ de [a, b] telle que `(σ, h) > A.
G11c Prouver que h n’est pas de longueur bornée sur [a, b].
FIN DE L’ÉPREUVE
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