E Milieu Naturel de La D'Ivoire: Office de Recherche Scientifique
E Milieu Naturel de La D'Ivoire: Office de Recherche Scientifique
E Milieu Naturel de La D'Ivoire: Office de Recherche Scientifique
AVENARD
M. ELDlN
G. GIRARD
J. SIRCOULON
P. TOUCHEBEUF
J.L. GUILLAUMET
E. ADJANOHOUN
A. PERRAUD
&E MILIEU NATUREL
DE LA CÔTE D'IVOIRE
ET TECHNIQUE OUTRE-MER
L E MILIEU NATUREL
DE LA &TE D’IVOIRE
ì
La loi du 11 mars 1957 n’autorisant? aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d‘une part, que les (( copies ou repro-
ductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées & une utilisation collective )) et, d’autre part, que les
analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, (( toute représentation ou reproduction intégrale,
ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants-droit ou ayants-cause, est illicite )) (alinéa lerde l’article 40).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée
par les articles 425 et suivants du Code Pénal B.
Q O.R.S.T.O.M. 1971
MÉMOIRES ORSTOM no 50
L E MILIEU NATUREL
DE L A C ô T E D’IVOIRE
ASYECT DE LA GEOMORPHOLOGIE
J.M. AVENARD
LE CLIMAT
M. ELDIN
LA VÉGÉTATION
J.L. GUILLAUMET, E. ADJANOHOUN
LES SOLS
A. PERRAUD
ORSTOM
PARIS
1971
PRÉFACE
i d’une incroyable diversité. Les caractères propres à la nature ivoirienne font que le
déterniinisnie écologique des biocénoses apparaît beaucoup plus clairement qu’ailleurs ;
ils expliquent aussi que la mise en valeur du pays soit si diversijîée :toutes les cultures
tropicales de faible altitude sont possibles et les magnifiques forêts du Sud et du Centre
sont une mine, malheureusement épuisable car de superficie liinitée, de bois convenant
à de nombreux usages.
I
Le gouvernement ivoirien, conscient de la nécessité de connaître exactenient
les ressources naturelles du pays, a$n de les exploiter rationiiellenient en préservant
le précieux capital qu’elles représentent, en a ordonné le recensement. Aux cliercheiirs
de I’ Ofice de la Recherche Scientijîque et Technique Outre-Mer (Centre ORSTOM
d’Adiopodoud) , il a été demandé d’assumer la responsabilité d’une partie de cette
tâche, celle de décrire le milieu naturel de la Côte d’Ivoire, sori modelé géographique,
son climat, ses SOIS, ses cours d’eau, sa couverture végétale, c’est-à-dire celle de rassembler
toutes les données nécessaires à la protection des sols et de guider les essais de reboise-
ment. Le livre que j’ai l’honneur de commenter ici est le résultat des études de ces cher-
cheurs, sur le terrain et au laboratoire. Avant eux, de nombreux géographes, liydrologues,
pédologues, botanistes, forestiers, avaient conzniencé le travail et l’avaient considérable-
ment avancé. L e domaine de la climatologie, toutefois, restait vierge. Aux auteurs de
ce livre revient, d’une part tout ce qu’ils apportent de nouveau par des investigations
-_ conduites suivant les méthodes les plus modernes, d’autre part la remarquable synthèse
:kz~lig-
1 - ---
i[s-sg!;t
- -
parvenus.
~.
Cette synthèse est I’œuvre collective de jeunes chercheurs coopérant très étroite-
ment, avec l’aide de camarades bérzévoles et de techniciens. On ne saurait trop insister
stir l’intime collaboration qui n’a cessé d’exister entre les membres de I’équipe ; la
lecture de chaque chapitre révèle que ses rédacteurs ont une connaissance précise de
ce qu’ont réalisé les auteurs des autres chapitres, qu’ils ont confionté leurs résultats et,
tous ensemble, les ont longuemerit discutés. Les textes, abondamment illustrés par des
cartes partielles, des diagraimies, des photographies, sont complétés par des cartes
générales hors texte et en couleurs :deux cartes climatologiques à I’échelle du rnillio-
nième, établies d’après les dé8cits hydriques cumulés et la durée de la saison sèche, les
valeurs de celle-ci et de ceux-là étant objectivement définis, non par la considération
d’un montant pluviométrique, mais par la balance de I’évapo transpiration potentielle
et de la pluviométrie ;une carte des sols, une carte des groupements végétaux, toutes
deux à l’échelle de 1/500 O00 (quatre feuilles couvrant l’ensemble du territoire), et
urze planche en rioir de données hydrographiques.
Tout ce très riche ensemble de textes et de documents cartographiques, nunié-
riques, analytiques, photographiq~res,bibliographiques, révèle, de la part des auteurs,
une grande compétence scientiJque et technique et aussi, compte tenu de l’étendue de
Ia région étudike, des dificultés de Ia prospection et du nombre très élew! d’aizalyses de
laboratoire approfondies, un réel courage. La synthèse de toutes les données acquises sur
le milieu et la végétatioii est intéressante au plus haut point. Elle éclaire l’action des
facteurs écologiques sur la composition des peuplemen f s végétarrx. Il était a priori prévi-
sible que les forêts denses des tropiques humides sont soumises à un déterminisme écolo-
gigue : dam ces forêts, comme dans n’impor te quelle grande formation végétale, les
espèces n’ont pas toutes les mêmes préférences vis-à-vis du milieu et sont donc réparties I
11 juin 1971
ASPECTS DE LA GÉOMORPHOLOGIE
1
Par
J.-M. AVENARD*
* -
Géographe Centre ORSTOM Adiopodoumé, BP 20, Abidjan (Côte d’Ivoire).
SOMMAIRE
INTRODUCTION., ................................................................... II
.
1 LES GRANDS TRAITS DES PAYSAGES GÉOMORPHOEOGIQUES
ASPECTS GÉNÉRAUX ........................................................... 13
L A RÉPA RTITION DES RELIEFS ................................................. 15
LA RETOMBÉE ORIENTALE DE LA DORSALE GUINÉENNE ............................... 15
LES PLATEAUX DU NORD ................................................................ 19
LA ZONE DE TRANSITION : GLACIS MÉRIDIONAUX ET MARCHE CENTRALE ........... 20
LES BAS PAYS INTÉRIEURS ............................................................... 24
LA FRANGE LITTORALE .................................................................. 25
.
2 LES CONDITIONS D’ÉLABORATION
L E C A DR E STRUCTURAL ......................................................... 27
HISTOIRE GÉOLOGIQUE DE LA COTE D’IVOIRE .......................................... 21
ESQUISSE D’UNE RÉPARTITION DES FORMATIONS LITHOLOGIQUES ET PÉTROGRAPHIE 29
.
3 LES TYPES DE MODELES
L A DIFFÉRENCIATION DES MODELÉS .......................................... 54
LES MODELÉS DU N O R D ....................................................... 56
LES MODELÉS DU SUD ......................................................... 62
BIBLIOGRAPHIE ........................................................... 68
I N T R O D UCTION
S’inscrivant grossièrement dans un carré dont les côtés seraient les coordonnées de 4’30 et 10’30 de
latitude nord, 2”30 et 8’30 de longitude ouest, la République de Côte d’Ivoire est un pays de l’Afrique de
l’ouest dont la limite méridionale est constituée par une partie du golfe de Guinée. Elle est entourée à l’est
par le Libéria et la Guinée, au nord par le Mali et la Haute-Volta, à l’ouest par le Ghana.
Il serait illusoire de chercher à définir la Côte d’Ivoire à partir de critères d’ordre topographique.
Certes, çà et là, les frontières s’appuient bien sur un fleuve de quelque importance comme le Cavally ou la
Volta ’Noire ou sur une crête montagneuse comme le massif du Nimba, mais ceci reste l’exception, un
marigot de faible importance étant la règle générale. Sa façade atlantique est la seule frontière naturelle. En
effet (( édifiée aux hasards d’une histoire politique lointaine, cernée à coups de compétitions exploratives
et d’arrangements diplomatiques ou administratifs, la Côte d’Ivoire ne peut être tenue pour un tout. Mais
les pièces qui la composent demeurent elles-mêmes floues dans les formes comme dans les hommes ).) (l).
Les 322 O00 km2 qui constituent son territoire sont partagés entre les deux unités physionomiques
que sont la forêt et la savane, mais l’observateur lointain oublie trop souvent que la savane occupe
210 O00 km2. En fait, les formations végétales sont variées et nuancées, passant de la forêt dense humide
sempervirente au sud à la savane soudanaise au nord. On retrouve une semblable diversité dans les autres
éléments du milieu : le climat passe du type équatorial au type tropical à une seule saison des pluies, les
roches sont surtout métamorphiques, mais aussi volcaniques et sédimentaires...
Le relief par contre semble beaucoup plus impersonnel. Si, comme cela a souvent été fait, on repré-
sente l’Afrique de l’Ouest comme une longue toiture surbaissée, entre un pignon sénégalais et un pignon
tchadien, la Côte d’Ivoire occupe une partie des panneaux méridionaux plongeant vers le Golfe de Guinée.
Son relief est celui d’une pénéplaine dont l’altitude varie de 400 m environ au nord à moins de 50 m au
sud, entrecoupée de chaînes de collines orientées SSW - NNE. Le massif de Man est la seule région monta-
gneuse dont certains sommets dépassent 1 O00 m, tandis que la frange littorale se nourrit des formes liées
à une évolution quaternaire.
Présenter un essai de synthèse géomorphologique de la Côte d’Ivoire, au même titre que celle de la
pédologie, de la botanique ou de la climatologie, serait une gageure que nous ne pourrions tenir. Nous
devons limiter nos ambitions à un objectif plus modeste : présenter quelques faits et observations avec çB
et là un début d’interprétation. En effet, la connaissance de la géomorphologie de la Côte d’Ivoire en est
encore au stade des rudiments à travers quelques études (souvent de détail) disséminées de façon anar-
chique sur certaines parties du territoire (’). De véritables trous existent dans cette toile pourtant déjà
bien lâche : il n’y a pratiquement rien sur le nord, ou sur la zone forestière du sud-ouest...
Certes la très belle étude de M. ROUGERIE sur le N Façonnement des modelés en Côte d’Ivoire
forestière )) est une heureuse exception qui apporte des données essentielles dans bien des domaines du
milieu forestier. Les autres travaux de M. ROUGERIE ainsi que ceux de MM. TRICART, RIOU,VOGT ou LE
BOURDIEC ont permis depuis une quinzaine d’années de débrouiller, sinon de résoudre, d’importants
problèmes, mais il ne s’agit encore que de phases préliminaires et il faudra sans doute de nombreuses
autres monographies avant de pouvoir passer à une interprétation plus générale et plus élaborée, surtout
dans le domaine de la paléogéographie et de l’évolution géomorphologique. Comme nous le verrons plus
loin, un effort est actuellement fait dans ce sens, et une exploration plus systématique est en cours.
Mais dans le méme temps, et devant cette carence de la géomorphologie, certaines disciplines comme
la pédologie ont pris conscience du rôle que pouvait jouer cette science dans leurs prospections et se sont
(( forgées D une géomorphologie. Certains de leurs apports ne sont pas à négliger.
Pour les raisons que nous venons d’invoquer, ce sont des données d’ensemble que nous essaierons
de rassembler ici, en esquissant tout d’abord les grands traits des paysages géomorphologiques avant
d’examiner quelques unes des conditions de leur élaboration. A ce stade nous ferons une place à part au
cadre structural puisque la géologie ne sera pas traitée dans les autres chapitres de cet ouvrage avant de
passer aux processus morphogénétiques et aux variations paléoclimatiques. Un dernier paragraphe donnera
une esquisse des types de modelés.
1. LES GRANDS TRAITS DES PAYSAGES GÉOMORPHOLOGIQUES
ASPECTS GÉNÉRAUX
La Côte d’Ivoire, comme une grande partie de l’Afrique et l’essentiel de l’Afrique de l’Ouest
représente le (( triomphe de l’horizontalité )).Peu de choses distinguent ses paysages des autres paysages de
la plateforme ouest africaine. L’unité, la planité d’ensemble qui s’en dégagent, sont évidemment associées
à l’allure générale du socle qui s’incline du nord vers le sud en direction de l’Atlantique avec une pente
régulière, mais font qu’il est difficile de définir de grands ensembles. Certes cette retombée méridionale ne
se fait pas d’un seul bloc, et des panneaux plus ou moins affaissés se sont créés, et la Côte d’Ivoire semble
en recouvrir trois : le plus élevé serait le plus occidental, autour de Man, le plus affaissé étant celui qui
est actuellement occupé par les pays des lagunes. Mais la majeure partie du modelé est ondulée, carac-
térisée par une succession de collines subaplanies et en définitive très monotones, bien que parfois entre-
coupées de reliefs résiduels plus élevés, comme posés sur la pénéplaine.
Du nord au sud, on passe d’un paysage de plateaux développés en glacis à celui d’une plaine au
réseau hydrographique peu ou pas organisé, avec une zone intermédiaire plus ou moins bien développée,
et dont le caractère de marche est visible dans le paysage.
Et au-delà de cette impression de continuité, l’observateur est vite dérouté, car comme le dit Rou-
GERIE : (( dans l’uniformité et la monotonie du bloc ouest africain, définir des pays n’est pas chose aisée :
reliefs difficilement circonscrits, formations géologiques interminablement développées passant d’un terme
à l’autre par transitions insensibles, bassins fluviaux faits d’éléments disharmonieusement accolés )).
Bien plus, dans le détail apparaît souvent une impression de micro-cloisonnement, d’évolution en
ordre dispersé et en définitive de discontinuité et de morcellement. Tout ceci tend à donner un pays tout en
nuances, un peu comme les taches d’une peinture impressionniste...
C’est qu’en fait, d’autres influences se font sentir et viennent relayer les données structurales : il
est de plus en plus évident que les variations climatiques, au moins celles du quaternaire, ont profondément
marqué ces paysages ; il est certain aussi que des différences se font jour selon que l’on se trouve dans une
province schisteuse ou granitique. Enfin, que la présence de la forêt ou de la savane en soit une cause ou
une conséquence, il est indéniable que les paysages sont marqués par une certaine opposition selon que
l’on se trouve dans l’une ou l’autre de ces formations végétales.
Uniformité d’ensemble, grande profusion des nuances dans le détail sont donc les traits caracté-
ristiques des reliefs de Côte d’Ivoire. Pourtant si des unités régionales ne peuvent être circonscrites avec
exactitude, divers Cléments permettent cependant d’organiser les reliefs en de grands domaines : les pla-
teaux du nord et les plaines qui leur font suite vers le sud avec une zone intermédiaire que l’on pourrait par
endroits qualifier de marche centrale. Deux unités sont par ailleurs plus facilement décelables, à savoir la
frange littorale donnant des formes particulières quoique variées, et l’ouest qui correspond à la retombée
de la dorsale guinéenne et que nous allons décrire tout d’abord.
Echelle
l
O 200 km
100
0 O-5Om 300-400m
n 50 - 100 m 400 - 5 0 0 m
500-900111
LA a P A R T I T I O N DES RELIEFS
L’extrémité du bourrelet des hautes terres qui prolonge vers l’est le Fouta-Djalon et marque la
ligne de séparation entre les eaux se dirigeant vers le bassin du Niger au nord et le drainage atlantique au
sud, atteint la Côte d’Ivoire dans sa partie nord et ouest. Cet ensemble, appelé dorsale guinéenne se présente
comme une succession de hauts et moyens plateaux, avec a quelques-uns des reliefs les plus spectaculaires
de l’Afrique occidentale )) (ROUGERIE : la Côte d’Ivoire, coll. Que sais-je). On retrouve ces deux déments
(montagne et plateau) en Côte d’Ivoire. Mais alors que le socle essentiellement granitique se maintient
aux alentours de 500 à 600 m d’altitude en Guinée (localement même autour de 700 m), il se trouve à son
entrée en Côte d’Ivoire vers 400 m pour s’abaisser lentement tant au nord qu’au sud très exactement selon
une ligne NE-SW. La partie sud de cet ensemble comporte encore quelques reliefs plus importants qui
semblent jaillir de ces plateaux et être sans liens apparents avec eux ; vraie montagne aux formes hardies
comme le Nimba ou lourdes croupes plus molles comme le massif de Man. C’est peut-être dans cette région
de Côte d’Ivoire qu’il est le plus aisé de définir un certain nombre de subdivisions. En effet le cours supérieur
de Sassandra et son affluent la Ferédougouba permettent une division en trois grands compartiments qu’on
peut redécouper en unités plus petites.
A la convergence des trois frontières, la silhouette rectiligne du Nimba s’aperçoit de loin avec sa
terminaison vers le nord. Elle émerge (( sans reliefs précurseurs au-dessus d’un bas pays et monotone, et
domine la zone forestière de près de 1 300 m, s’élevant d’un seuljet à plus de 1 700 m B (’).
++
m
u
Retombée Dorsale
Guinéenne S . L.
Plateaux du Nord.
-
O
b14
V
A
Echelle
100
Zone de transition.
Plaines intérieures.
200 km
0 Frange littorale.
I1 s’agit d’une haute chaîne appalachienne, présentant une remarquable adaptation à la structure :
ce massif est étroitement lié à une série sédim-entaireplus ou moins métamorphique redressée à la verticale
et qui affleure au milieu de régions cristallines ; la zone axiale est (( moulée sur la tranche d’une puissante
barre de quartzites à magnétites qui constitue le terme principal de la série )) (1).
Muraille dressée au-dessus du piedmont, ce massif révèle dans le détail un musée de formes : (( flancs
burinés ou rigides. cimes rabotées par une surface d’érosion en ruban, ou crêtes en dents de scie, vallées
intérieures longitudinales selon l’axe de l’ensemble, balcons cuirassés perchés vers 1 300 m, hautes (( mesas ))
également cuirassées formant socle vers 800 m, au-dessus de 500 m, de basses terres meubles parfois
marécageuses. Modelés évocateurs de formes tempérées en haut, de style tropical soudanien au-dessous et
modelés tropicaux humides tout en bas D (”.
Le piedmont sud-est de la chaîne, aux formes flasques et meubles, au drainage dense et anarchique,
se raccorde insensiblement au reste de la Côte d’Ivoire des glacis.
Le massif de Man est loin de constituer une zone homogène, puisque trois unités s’en dégagent.
Une zone centrale, occupée par le Bafing, plus déprimée, sépare une partie sud montagneuse d’une partie
nord de hautes collines.
apparentée aux vieux massifs des mondes tempérés. C’est un paysage très mamelonné, un foisonnement de
lourdes croupes comprises pour la plupart entre 1 100 et 1 200 mètres, avec des vallées montagnardes, des
cols, des ballons. Ici point de reliefs d’allure insulaire, séparés les uns des autres par d’immenses piedmonts
plats, mais un ensemble complexe, cohérent dont les Cléments ont entre eux des relations ... C’est là un
ensemble original, qui doit certes beaucoup à la variété locale du matériel rocheux de la famille des granites
à hypersthène, mais assurément aussi à des vicissitudes d’ordre tectonique qui semblent avoir perturbé,
jusqu’à une date assez récente, les conditions d’équilibre entre façonnement des modelés et évacuation des
débris )) (2).
I__--
M, ROUGENE,
(1) LAMOTTE 1952.
(2) G. ROUGERIE,
1960.
ia LE NA LIEU NATUREL DE LA cô= D’IVOIRE
Ces hautes collines doivent leur origine à des intrusions de dolérites perpendiculaires à la direction
structurale du socle éburnéen (NE-SW). En contrebas de ces chaînons s’étendent des plateaux granitiques
qui restent assez accidentés et qui sont souvent cuirassés ;ils se terminent vers l’est sur la grande gouttière
méridienne du Sassandra, et au sud sur la dépression occupée par le Bafing.
Ce sous-compartiment qui s’étend entre Borotou et Boundiali s’exhausse à une altitude légèrement
supérieure à 500 m. Les plateaux sont plus accidentés et à des altitudes plus diversifiées. Les reliefs indi-
viduels prennent une plus grande importance dans le paysage : alignements de collines soulignant des
passées de gneiss, de quartzites et de dolérites au nord de Tiémé, ensemble d’inselbergs et de dômes cris-
tallins de Séguélo et le long de la limite orientale, s’étendant sur une centaine de kilomètres.
- ASPECTDE LA GÉOMORPHOLOGIE
J.-M. AVENARD 19
Cette unité qui se place au sud-est de la région correspond à un ensemble assez homogène de pla-
teaux s’abaissant modérément du nord vers le sud entre 400 et 300 m, et débordant en ce sens de la dorsale
guinéenne proprement dite : elle fait transition avec les plateaux du nord.
Mais sur un substratum essentiellement granitique, avec une large tache porphyroïde, s’est déve-
loppée entre Séguéla et Mankono une remarquable série de dômes cristallins qui sont des inselbergs
typiques. Ils dominent fortement l’ensemble de la pénéplaine, et s’opposent à ceux de l’unité de Boundiali
par leurs flancs abrupts et dénudés et leurs angles basaux sans éboulis.
Deux autres caractères définissent cette unité :
- les cours rectilignes et parallèles des principaux cours d’eau, leurs tracés à angles droits fréquents,
en (( baïonnette D, marquent la rigidité du socle et son rejeu en horst et graben à une époque peut-être
relativement récente.
- des zones déprimées sont empruntées par certains cours d’eau comme la Marahoué (Bandama
rouge) le Bou ou le Béré sur une partie de leur cours : elles correspondent à des bandes schisteuses s’insérant
entre les granites.
Enfin la longue barre rocheuse qui se situe à l’ouest de Séguéla (Monts Fouimba, Monts Goma)
correspond à un massif de roches vertes qui culmine vers 700 m d’altitude.
Bordée par la frontière nord de la Côte d’Ivoire dans sa partie centrale et orientale, la région
comprise entre les dernières rides de la dorsale guinéenne à l’ouest et la Volta à l’est, est le domaine de
l’extension méridionale des glacis qui se développent dans une grande partie de l’Afrique de l’Ouest.
D’allure souvent tabulaire, ils peuvent se rattacher à la famille des plateaux comme le fait remarquer
G. ROUGERIE : si le caractère général est la planité, le trait qui se dégage ensuite est l’étagement de ces
plateaux. (( Plutôt que d’un plan unique, le paysage est fait d’une superposition de surfaces individualisées
les unes par rapport aux autres ;les versants au regard d’elles sont une forme mineure. Ils n’en constituent
pas moins un élément original. Ce sont davantage des escarpements que des versants, car leur développe-
ment est minime et leur profil rigide. Ils laissent plus l’impression d’un hiatus entre les plans que d’un
raccord ... Chaque forme semble vivre d’une vie pour l’essentiel indépendante... B (G. ROUGERIE, la Côte
d’Ivoire, op. cité).
De ces plateaux émergent certains reliefs qui ne semblent pas avoir de rapports avec la surface
générale : collines qui se groupent en chaînons ou barres, buttes souvent tabulaires coiffées de cuirasses
ferrugineuses, reliefs en dômes surbaissés ou au contraire aux flancs escarpés, où la roche saine, afHeurante
semble (( crever la surface du plateau N.
Ce monde des glacis peut être divisé en deux grands ensembles par <( une limite remarquable qui
court de nord-est en sud-ouest sur plus de 400 km, depuis la Haute Comoé jusqu’entre Sassandra et
Bandama inférieurs )) (ROUGERIE), donc au-delà de la zone des glacis proprement dit. La différence est
d’ordre pétrographique : pays granitique à l’ouest, pays essentiellement schisteux à l’est. Mais ceci n’est
qu’une vue schématique simpliste, car dans le détail des bandes schisteuses apparaissent à l’ouest, tandis
que des zones granitiques se retrouvent dans l’est. Essayons de caractériser ces deux ensembles.
les cotes de 450 et 400 m près de Boundiali jusqu’à moins de 300 m au sud-est dans la vallée de la moyenne
Comoé. Les niveaux atteignant 400 m d’altitude deviennent très rares et se résolvent en étroites lanières
dans les parties axiales des interfluves ou soulignent quelques dômes isolés.
Bien que présentant une grande monotonie d’ensemble, les glacis se développent néanmoins avec
un certain nombre de nuances grâce à la disposition particulière des formations géologiques (alternance
de bandes schisteuses et granitiques d’axe NE-SW) :
- les glacis sur granites (ou migmatites) présentent des formes moins rigides que sur les schistes et
des lignes plus fuyantes. Ils sont soit à des altitudes plus élevées et forment alors des points de divergence
du réseau hydrographique comme dans le compartiment entre Nzi et Bandama, soit dominés par des
dômes cristallins (Korhogo, Niangbo).
- Sur les séries schisteuses, les glacis sont au contraire plus rigides, et relativement déprimés par
rapport aux granites environnants. Ils présentent par ailleurs, la plupart du temps, une marche d’escalier
avec des buttes cuirassées qui sont l’Clément majeur des paysages àl’est de Korhogo ou au nord de Kong.
Quelques reliefs isolés interrompent par place la planité des plateaux, mais sont toujours étroitement
localisés à des affleurements de roches particulières :
- dômes cristallins sur granite (Korhogo, Niangbo),
- lignes de collines ou de buttes cuirassées de Siemurgo, de Kasséré, de Sirasso, de Dikodougou,
collines de Fétékro).
Enfin une mention spéciale doit être faite de la (( guirlande de relief D qui dans la zone entre Comoé
et Nzi atteint localement 600 m d’altitude (Monts Gorohoui, alignement de buttes situées au sud-est de
Dabakala). Les formes y soni tabulaires, établies sur des roches vertes cuirassées avec des bandes étirées
de quartzites.
LE NORD-EST (II-2)
A l’est des Monts Gorohoui, s’établit une grande gouttière schisteuse empruntée par la Comoé et
qui s’élargit au nord-ouest de la zone. Autour de Bouna, au nord et à l’est de Bondoukou, c’est au contraire
un pays granitique qui s’installe : on y rencontre en fait des formations géologiques alternées qui intro-
duisent un relief plus différencié.
Sur les schistes, et plus particulièrement le long de la frontière voltaïque, des plateaux rigides,
cuirassés, cernés de corniches forment la majeure partie du paysage.
Des barres rocheuses, dominant les glacis de 100 à 200 m se moulent exactement sur des alignements
N-S de roches vertes (chaîne de Yérélé et de Wabélé près de Ouangofitini à l’ouest, de Téhini au centre).
Elles surplombent soit les surfaces rigides des glacis sur schistes, soit les vallées incisées par les affluents
de la Comoé.
Au sud, enfin, une écharpe de formations birrimiennes (schistes, roches vertes, quartzites, dolérites),
dont la direction n’est pas conforme à l’orientation classique puisqu’elle est NW-SE ou N-S, provoque
l’exhaussement important des Monts Boutourou. Là se retrouve une succession de buttes cuirassées dépas-
sant localement 500 m d’altitude.
Autour de Bouna, et au nord et à l’ouest de Bondoukou, ce sont au contraire des plateaux arénacés
qui s’installent sur un substratum granitique, à une altitude légèrement supérieure à 300 m.
Approximativement entre les 8‘ et 6” parallèles (si l’on excepte la région ouest de Man et du Nimba),
se développe une région confuse dans le détail, dont les caractères de glacis sont encore manifestes, bien
- ASPECTDE LA GÉOMORPHOLOGIE
J.-M. AVENARD 21
que n’ayant plus l’ampleur de ceux du nord. Le trait principal est un abaissement en direction de la mer,
plus sensible que dans la zone du nord, comme si les panneaux du socle avaient été G basculés vers le sud ))
(ROUGERIE) :
- les surfaces restent à peu près tabulaires mais les interfluves s’effilochent et les collines et vallon-
nements deviennent plus fréquents au fur et à mesure’que l’on va vers le sud : les actions erosives d’origine
atlantique ne se font pas sentir sur l’ensemble du paysage mais les grands cours d’eau enfoncent leurs
vallées dans la surface des plateaux et des éléments de terrasses se multiplient dans ces vallées ;
- les surfaces subhorizontales sont encore dominées par des buttes ou reliefs résiduels (hautes
buttes cuirassées comme I’Orumbo-Boka, chapelet de collines du centre et de l’ouest), tout comme les
plateaux du nord et façonnées par les mêmes processus d’ablation, mais ces buttes perdent de leur ampleur,
et les reliefs individuels disparaissent.
La limite méridionale de cet ensemble correspond à une frange festonnée et dentelée qui se situe aux
environs de la courbe des 200 m. En dessous les glacis disparaissent.
Tous ces caractères font de cette région une zone de bas-plateaux et un secteur de transition :
pourtant là aussi des nuances apparaissent : moins sensible à l’ouest et à l’est oh une certaine continuité
semble de rigueur, le caractère de gradin ou de longues G marches H paraît mieux s’appliquer au centre.
Nous réserverons le terme de (( glacis méridionaux ).) pour les bordures ouest et est, et donnerons au centre
celui d’une G marche centrale D.
La forme en glacis semble la mieux conservée dans l’ouest, et occupe deux zones de part et d’autre
du Sassandra :
- le nord de l’interfluve entre Sassandra et Cavally, jusqu’à la latitude de Taï, oh prédominent des
surfaces granitiques aplanies, gravillonnaires, souvent même arénacées, iqdiquant des retouches dans le
système des glacis.
- le grand interfluve entre Sassandra et Bandama, jusqu’à la latitude d’une ligne passant à peu
près par Soubré et Divo. Des glacis aplanis indifféremment établis sur schistes ou sur granites s’abaissent
de 300 vers 200 m d’altitude, et couvrent la majeure partie de cette unité ; plusieurs nuances peuvent
cependant être dégagées :
- dans la partie nord-est, entre Zuenoula et Bouaflé des bandes schisteuses orientées NE-SW
ont permis I’étalement de Ia Marahoué (Bandama rouge) en une large dépression occupée par une longue
série de méandres ;
- dans la partie nord-ouest, une zone plus aplanie et relativement déprimée, avec un ennoyage
généralisé, correspond au bassin de la Lobo entre Vavoua et Daloa.
- plus au sud, les surfaces subhorizontales autour de Gagnoa s’abaissent aux environs de 200 m
d’altitude, tandis que la région de Divo présente un modelé plus différencié, du fait que l’on arrive à
l’extrémité sud de ces glacis, avec début de l’action des fleuves côtiers. Un substratum de roches vertes,
prolongeant la guirlande des collines traversant la Côte d’Ivoire en écharpe est souligné par des reliefs
tabulaires, cuirassés, assez vigoureux, formant massif près de Hiré-Oumé et au nord-ouest de Divo (Kazo).
Ils ne sont en fait que les prolongements de I’Alebouma-Boka et du Kokoumbo-Boka de la zone centrale.
22 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
les bas pays schisteux de l’ouest entre Tiébissou et le Bandama d’une part, ceux de l’est qui bordent
le Nzi d’autre part,
- l’ensemble des collines birrimiennes du Yaouré et de Marabadiassa,
- enfin la chaîne qui s’étire du Kokumbo-Boka à Fétékro.
Le massif granitique central est entouré par des formations birrimiennes schisteuses, intrusives, qui
donnent des paysages sensiblement différents.
L’ Ouest (a)
I1 est possible de distinguer deux sous-unités :
- Entre le massif de Yaouré proprement dit et Béoumi, s’étend un pays schisteux où les plateaux
cuirassés, les pentes fortes, les versants rectilignes, les bas-fonds plus étroits donnent un modelé beaucoup
plus contrasté.
- Au nord-ouest, près de Marabadiassa, le paysage est très voisin du précédent, mais les plateaux
cuirassés sont mieux dégagés encore.
L’Est (b)
Ce pays est constitué par la bande Singrobo-M’Bahiakro. Autre grand ensemble schisteux, son
modelé ne diffère guère de ceux de l’ouest, et on y retrouve les mêmes systèmes de pente, et quelquefois les
mêmes plateaux cuirassés, mais il présente une certaine originalité dès que l’on rencontre la zone fores-
tière : les pentes y sont plus fortes, la cuirasse disparaît pour laisser la place à des sols gravillonnaires.
Au sud du 6” parallèle, et plus précisément en-dessous de la ligne marquant les 200 m d’altitude,
on entre dans un monde différent, qui échappe à la vieille plateforme africaine : pays de collines, de vallon-
nements, de manielonnements où les interfluves sont caractérisés par des plateaux mal élaborés s’élevant
entre 150 et 120 m et par des plaines dont le caractère de grande monotonie est encore accentué par le
couvert forestier.
Cette zone qui correspond au front d’attaque de l’érosion atlantique est en effet beaucoup moins
régulière que les plateaux : c’est un (( paysage difficile à appréhender, sans grandes lignes directrices. Tout
est flou, mal enlevé, enseveli sous un empâtement d’ensemble )) (ROUGERIE).
Deux caractères généraux s’en dégagent : la faible importance des volumes et la présence des eaux
stagnantes.
- Les bossellements n’engendrent pas de dénivellations importantes puisque les zones en reliefs ne
dominent que rarement de plus de 20 m les zones déprimées. Partout une épaisse couverture d’altérites et
de sols empâte un modelé largement ondulé. Les accidents ne sont que des exceptions trouant ce paysage
ouaté : rares dômes cristallins comme le Mont Nienokoué dans l’arrière pays de Tabou, les Monts Haglé
ou les collines de Céchi, de Binao, de Brafouédi, buttes cuirassées comme I’Angbanou au nord d’Agboville
ou le Boka Kpri près d’Aboisso.
- Partout l’eau est présente, sous des aspects divers et souvent de façon temporaire. Mais ces eaux
semblent avoir des difficultés à se frayer un chemin, se rassemblant dans des zones marécageuses et dépri-
mées à certaines saisons de l’année, ou empruntant une grande densité de talwegs à sec la plupart du temps.
Plus que leur présence, c’est peut-être l’absence d’un organisme de drainage hiérarchisé qui frappe au
premier abord, et les grandes rivières semblent traverser cette zone en étrangères, le réseau local étant fait
de pièces et de morceaux D.
Ici plus qu’ailleurs, le substratum géologique parait déterminant : le façonnement différentiel joue
à fond, en fonction des variétés de schistes et de granites, et la topographie enregistre ces moindres varia-
tions. Ces différences dans le détail se retrouvent à plus grande échelle :
- ASPECTDE LA
J.-M. AVENARD GÉOMORPHOLOGIE 25
- l’ouest plus granitique présente un paysage où les caractères de confusion sont à leur comble
avec des mamelonnements informes et une quasi-absence de réseau hiérarchisé.
- l’est plus schisteux s‘ordonne mieux autour d’un chevelu hydrographique plus dense mais aussi
plus structuré, ce qui provoque des vallonnements.
L’OUEST(IV-1)
Au sud d’une ligne Taï-Soubré-Lakota-Divo, la plaine essentiellement granitique s’étend sur 250 km
de long et 150 km de profondeur en moyenne. Mamelonnée, elle est assez uniforme, confuse, sillonnée de
nombreux cours d’eau très ramifiés ; elle s’incline, d’altitudes variant entre 175 et 150 m vers Taï à une
altitude de 80 m vers Grabo (le long de la frontière libérienne).
Quelques passées schisteuses aux vallonnements plus accentués apportent des nuances dans le détail,
comme par exemple les dépressions drainées par deux tributaires du Cavally : le Hana et la Méno.
Enfin, une lanière de roches vertes relaie les Monts granitiques du Nienokoué (600 m) et se prolonge
jusqu’aux abords du Cavally pour séparer cette plaine des petits bassins côtiers.
LE CENTRE ET L’EST(IV-2)
La partie orientale de ces plaines intérieures est plus profonde puisqu’elle atteint parfois près de
200 km. Domaine essentiellement schisteux, elle englobe les pays de la moyenne et basse Conioé, de la
moyenne Bia, ainsi que ceux qui se développent depuis une ligne passant un peu au nord du confluent
Nzi-Bandama jusqu’à l’arrière pays d’Abidjan.
Les vallées des grands fleuves découpent des interfluves de faible altitude mais très vallonnés en
une série de bandes méridiennes (Bandania, Agnéby, Mé, Comoé). Ceux du Bandama et de 1’Agnéby sont
les plus classiques et les plus monotones, tandis que ceux situés à l’est de la Comoé sont plus nuancés ; en
effet le socle schisteux est parsemé de taches granitiques sur lesquelles s’étendent des plateaux aux formes
plus adoucies. Mais, par ailleurs, quelques matériaux de type éruptif et d’âge birrimien sont responsables
de reliefs accusés (souvent cuirassés) dans les régions d’Ayamé et d’Aboisso. Ces reliefs s’ordonnent
suivant quatre barres rocheuses parallèles orientees NE-SW, et séparent de larges couloirs à fond occupés
par les schistes.
(( Les grandes plaines intérieures deviennent rarement plaines littorales )> (ROUGERE-). Les raisons
en sont sans doute différentes selon que l’on se place à l’ouest d’une part, au centre et à l’est d’autre part :
- à l’ouest, les (( seules basses terres qui parviennent à la mer sont d’étroites langues insinuées
entre des collines cristallines le long des cours d’eau. Lorsque des plaines de très faible altitude existent dans
l’arrière pays, elles y forment des expansions continentales que barrent le long du littoral des lignes de
hauteurs )) (I). La côte y est essentiellement rocheuse.
- au centre et à l’est, un nouvel élément vient interrompre les pays schisteux : il s’agit de la cou-
verture argilo-sableuse tertiaire du Continental Terminal, tandis que les lagunes doublent une côte sableuse.
(1) ROUGERIE
G., 1964.
26 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
des rapides et quelques plaines intérieures remblayées. Ils forment des élargissements en arrière des sables
littoraux qui barrent plus ou moins leurs embouchures : c’est typiquement une côte à (( limans D. Le reste
de la côte est rocheux à l’ouest du Sassandra, plus varié à l’est oÙ alternent des zones rocheuses et des
zones sablo-argileuses. Surélevé, bordé d’escarpements plutôt que de falaises vives de Tabou 8. l’embou-
chure du Sassandra, ce rebord d’une vingtaine de mètres de commandement est souvent couvert de sols.
Les redents et les caps semblent s’appuyer sur des orientations structurales et donnent au tracé de la côte
un aspect original.
Cette disposition générale se retrouve avec des nuances de détail dans les diverses subdivisions que
l’on peut dégager : la région de Tabou où la côte est plus rocheuse, celle de Grand-Béréby San Pédro où
les plaines littorales s’ouvrent plus largement, enfin celle autour de l’embouchure du Sassandra et vers
Fresco, où les premiers témoins d’une couverture du Continental Terminal annonce la zone centrale,
malgré des falaises encore importantes.
LE CENTRE ET L’EST(V-2)
- ceux séparés par les apports alluviaux du Bandama qui s’étirent sur près de 200 km avec à l’ouest
le système complexe de Grand-Lahou et à l’est celui de la lagune Ebrié,
- celui tout aussi important de l’est avec le système Abi-Tendi-Ehi.
- enfin toute une série d’étangs parsemant le reste du pays.
Un cordon littoral isole ces systèmes lagunaires de l’océan, et est constitué de sédiments quater-
naires. La rive lagunaire sinueuse, encombrée d’îles et de golfes plus ou moins colmatés avec des marécages
et un développement important de la mangrove, s’oppose à une côte maritime sableuse, basse et régularisée.
Comme dans l’ouest des variations locales apparaissent. Ces nuances se placent surtout au niveau
des types de rivières débouchant dans les lagunes et construisant des deltas plus ou moins importants.
Elles permettent un découpage perpendiculaire au littoral, avec des unités se plaçant autour du Bandama,
de I’Agnéby, de la Comoé, et une unité plus frappante encore autour du bassin de la Bia. D’autres nuances
sont enfin dues 8. la plus ou moins grande extension des plaines quaternaires (marais de 1’Agnéby par
exemple).
- ASPECTDE LA
J.-M. AVENARD GÉOMORPHOLOGIE 27
On ne peut nier que les différents éléments du relief, tels qu’ils viennent d’être définis, doivent
beaucoup à la structure. Mais chemin faisant nous avons entrevu d’autres facteurs tout aussi importants :
d’une part les processus d’évolution géomorphologique en relation avec le climat actuel, d’autre part
ceux liés aux oscillations paléoclimatiques.
Ce sont ces différents éléments qu’il nous faut reprendre maintenant afin de préciser les modalités
de la naissance et de I’évolution de ces reliefs. Une remarque s’impose cependant. Il serait logique de déve-
lopper ici les facteurs qui sont à la base de bien des processus morphogénétiques : le climat, les sols, les
formations végétales. Nous ne le ferons évidemment pas puisque ces facteurs et aspects du milieu seront
traités dans les chapitres suivants. Seules, quelques références fondamentales seront évoquées dans les
processus morphogénétiques. Par contre, nous insisterons davantage sur les données structurales qui ne
feront pas l’objet de développements ultérieurs.
LE C A D R E STRUCTURAL,
Nous verrons tout d’abord l’histoire géologique de la Côte d’Ivoire avant de donner une esquisse
de la répartition des formations lithologiques.
Son socle (environ 2 O00 millions d’années) est très rigide ; sa couverture a presque complètement disparu
et (( n’est plus représentée que par des formations sédimentaires secondaires et tertiaires )> qui constituent
un petit bassin bordant le sud de la Côte d’Ivoire sur 30 km de profondeur environ. Entre ces deux forma-
tions existe une grande lacune de près de l 900 millions d’années, avec une seule incursion due au volca-
nisme qui est réduit aux corps filoniens de dolérite de l’ouest.
Grâce aux mesures d’âge absolu établies par les méthodes Rubidium/Strontium ou Potassium/
Argon, on peut distinguer autour d’un vieux noyau situé en Guinée-Libéria et datant de 2 900 à 2 700
millions d’années, une semi-plateforme et une province éburnéenne :
(1) TAGINIB., 1965. Esquisse géotectonique de la Côte d’Ivoire. Rapport no 107 de la SODEMI, Abidjan, 94 p. ronéo.
(2) B. TAGINI rappelle que les (< plateformes s’opposent aux géosynclinaux par les activités tectoniques très faibles.
Elles ont surgi au cours de l’évolution de la croûte terrestre sur l’emplacement des formations antérieures, d’oh I’existence
dans toute plateforme de dew étages structuraux :
- le socle plissé, composé d’association de roches formées dans des zones mobiles,
- Ia couverture, nettement différente du socle, formée durant toute l’histoire de la plateforme n,
28 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
La semi-plateforme, semi-rigide (ce qui peut expliquer l‘existence des corps filoniens de dolérite)
est nettement métamorphique, (pyroxénites, amphibolites, quartzites ferrugineuses du Simandien qui
subsistent en petits lambeaux à cause de la granitisation) et très ferrifère (quartzites à magnétites et itabi-
rites).
La province de Man serait un lambeau du vieux socle constitué de granites à hypersthène qui est
resté protégé de la migniatisation générale de l’Ouest Africain. Cette région est limitée à l’est par le Sas-
sandra qui constitue le trait structural fondamental de la Côte d’Ivoire (ligne tectonique de 300 km de
long avec des mylonites).
La province ébuniéenne, mise en place entre 2 030 et 1 830 millions d’années, est caractérisée par
une structure rectiligne, linéaire qui constitue de grandes bandes (250 à 300 km de long sur 30 à 50 km
de large) de direction générale N-NE/S-SW. Toutes ces bandes se ressemblent et constituent le géosyn-
clinal éburnéen qui se différencie de la semi-plateforme par sa (( mobilité D. Cette unité propre au précam-
brien se divise en intragéosynclinal qui comprend la structure de la bande et en intragéanticlinal qui est
compris entre deux bandes. L’intragéosynclinal plus mobile contient des laves, des sédiments, des granites,
l’intragéanticlinal plus rigide contient des granites et des migmatites.
- L’intragéosynclinal (I.G.S.) dont la structure est symétrique est formé d’une zone Eugéosyn-
clinale composée de flysch.
Les flysch sont des roches métamorphiques d’origine sédimentaire qui se sont déposées en période
de comblement avant d’être mises en relief très doucement. Ils sont constitués de schistes, d’arkoses et
de quartzites feldspathiques ; il existe aussi des flysch très grossiers (conglomérats polygéniques).
Les laves sont à l’origine du complexe Volcano-Sédimentaire. C’est un mélange intime de matériel
volcanique et sédimentaire qui joue le rôle de zone charnière entre les I.G.S. et les I.G.A. Ce sont les roches
vertes bien connues de Côte d’Ivoire auxquelles sont associées des sédiments schisteux, tufacés quartzi-
tiques.
Les flysch des zones miosynclinales sont à l’extérieur des structures volcano-sédimentaires et occu-
pent en particulier le panneau sud-est de la Côte d’Ivoire. Les arkoses et les schistes arkosiques reposent
directement sur les granites. Le complexe volcano-sédimentaire est absent.
- l’intragéanticlinal (I.G.A.) constitue l’dément positif du géosynclinal. Les I.G.A. ont condi-
tionné la sédimentation, ils ont pu être à leur tour recouverts par des flysch et ont joué un rôle de serrage.
Les migmatites et les granites de composition calco-alcaline de la plateforme antébirrimienne
ont été fissurés et ont été repris par l’orogénie éburnéenne (2 030 à 1 830 millions d’années) au cours de
laquelle a eu lieu la granitisation éburnéenne.
On distingue cependant :
o Les granites éburnéens vrais des massifs médians de plateforme, indifférenciés.
o Les granites postectoniques discordants dans les formations plissées. Ils présentent un léger
métamorphisme de contact, les contours sont nets. A l’intérieur les granites sont homogènes, non orientés,
les Pegmatites sont rares.
o Les granites concordants d’intragéosynclinaux se sont mis en place au milieu du matériel dans
lequel on les trouve. Ils sont issus de la transformation d’un matériel préexistant (schistes par exemple).
Ils sont très divers et renferment de nombreuses Pegmatites.
Dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire se produit un phénomène supplémentaire qui est l’envahisse-
ment total par les migmatites.
- En conclusion, l’histoire géologique de la Côte d’Ivoire est assez simple : un noyau cratonique
très ancien non rajeuni s’est accru pour donner la zone de semi-plateforme et la zone géosynclinale ébur-
néenne.
-
J.-M. AVENARDASPECTDE LA GÉOMORPHOLOGIE 29
Le cycle géosynclinal est normal, complet (il comprend les laves, les flysch et les granites) et ultime
car rien n’est venu le perturber. Le début de la sédimentation des formations de couverture se produit à
la fin du crétacé après une très longue lacune (1 900 millions d’années).
Nous ne développerons pas ce paragraphe qui sera repris plus loin lors de l’étude des sols, dans
((les roches et les matériaux originels des sols D. Nous nous contenterons ici de donner une répartition
très grossière, en empruntant l’essentiel à l’ouvrage de G. ROUGERIE sur la Côte d’Ivoire (Que sais-je ?
no 1137).
La moitié nord du pays, approximativement celle qui se situe au nord du 8‘ parallèle et qui corres-
pond aux savanes est très largement cristalline, tandis que la moitié sud, forestière, est à dominante cris-
talline à l’ouest, schisteuse à l’est.
Des failles ayant entraîné le jeu de compartiments sont sans doute à la base de cette disposition
(( I’érosion ayant dégagé le tréfonds dans les zones soulevées et respecté la superstructure ailleurs D.
LE NORD
Le nord se présente comme un gigantesque clavier en touches de piano où alternent régulièrement
de larges blocs cristallins (granites, gneiss, migmatites) et de minces bandes phylliteuses (schistes passant
localement aux flysch et roches vertes, accessoirement migmatites et granites post-tectoniques).
Cinq grands massifs, correspondant (( assez exactement aux interfluves entre grands axes de drai-
nage N se succèdent ainsi dans cette zone : (( entre la frontière guinéenne et l’axe Bagoé-Marahoué celui
d’odiénné-Boundiali relativement riche en gneiss et migmatites et se différenciant vers le sud en deux
faciès originaux, à hypersthène vers Man-Touba, porphyroïde vers Séguela-Mankono ;jusqu’au Bandama
supérieur celui de Korhogo, comportant aussi des migmatites : jusqu’au Nzi supérieur celui de Ferkéssé-
dougou, exempt de migmatites et constitué du type granite baoulé à deux micas ;jusqu’à la Comoé celui
de Dabakala, particulièrement riche en migmatites ; jusqu’à la Volta noire celui de Bouna où, à côté de
quelques migmatites, se signalent de petits batholites de granite postectonique de type Bondoukou B.
Par contre-coup, les séries phylliteuses (( s’alignent préférentiellement sur les cours d’eau. L’essentiel
du matériel est constitué d’un complexe de schistes sériciteux ou chloriteux redressés à la verticale et
finement interstratifiés avec des grauwackes ; il est interprété comme un flysch. Associés à lui et assez
systématiquement disposés en bordure, des affleurements de roches vertes s’étirent conformément au
canevas structural : ce sont, à des degrés divers, des roches volcaniques basiques ou neutres ultérieurement
métamorphisées... B.
L’OUEST
Comme le nord, l’ouest est un pays essentiellement granitique, mais la disposition en clavier n’existe
plus : (( les systèmes phylliteux sont présents mais ils ne soulignent pas une division du pays en compar-
timents cristallins, ils s’étirent, beaucoup plus dispersés, sur le contexte granitique, en minces bandes ou
écharpes qui flottent çà et là : ainsi les rubans filiformes de la moyenne Sassandra, de Vavoua, de Tabou
et de Gagnoa, les larges affleurements de Grabo à Issia, d’Hiré à Fettekro, ou l’ample ensemble du Yaouré,
au nord de Bouaflé B.
30 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
LE SUD
K A Usud du 8‘ parallèle, la bande de flysch de la Comoé supérieure se poursuit en direction du
sud ouest par la grande diagonale formant charnière entre basse Côte d’Ivoire granitique et basse Côte
d’Ivoire schisteuse. Dans l’une comme dans l’autre, les orientations structurales s’incurvent... D.
L’EST
La province orientale semble beaucoup plus simple (( Ici la superstructure schisteuse occupe presque
toute la place. Elle est simplement crevée, çà et 18, essentiellementdans la région d’Agboville à Abengourou,
par les pointements de granites à biotite ou à deux micas, conformes à la structure et souvent cernés d’une
auréole métamorphique de micaschistes n.
CARACT~RES
GÉNÉRAUX
La situation de la Côte d’Ivoire sur le globe en fait un pays de la zone intertropicale, c’est-à-dire
de la zone chaude et humide. C’est là une caractéristique essentielle, tout aussi importante que celle de
son appartenance à un pays du socle : les processus morphogénétiques revêtent des aspects originaux,
en fonction de cette chaleur et de cette humidité et par l’intermédiaire des conséquences biologiques qu’en-
traînent ces conditions.
Décrire la morphogenèse en .Côte d’Ivoire reviendrait donc à reprendre en détail l’ensemble des
processus caractéristiques de cette zone. Nous renvoyons pour cela à des manuels de base comme ceux
de P. BIROT(*),de J. TRICART et A. CAILLEUX ( 3, pour le doniaine
(z), ainsi qu’à la thèse de G . ROUGERIE
forestier ; nous ne rappelons ici que quelques-unes des grandes lignes applicables à la Côte d’Ivoire.
CONDITIONS
CLIMATIQUES
Comme pour l’ensemble de la zone chaude, si la chaleur est le point commun, l’humidité intervient
en Côte d’Ivoire pour apporter des subdivisions dont rendent bien compte les types de régimes définis
par Ch. PEGW:
- Régime équatorial de transition, avec une de ses variétés (type Kinsasha, ex Léopoldville)
largement représentée en Côte d’Ivoire et caractérisée par la persistance d’un minimum secondaire encore
bien marqué qui reçoit moins de précipitations que le douzième annuel. Par exemple Abidjan (total
1 983 mm) (4) a une petite saison sèche bien marquée (septembre 59,2 mm, août 44,l mm) et une grande
saison sèche également nette (décembre 66,6 mm, janvier 28,7 mm, février 64 mm).
(1) BIROTP., 1965. Géographie physique générale de la zone intertropicale cours CDU, 5 place de la Sorbonne,
Paris, 290 p..
(2) TRICARTJ., CAIUEUXA., 1965, (très nombreux exemples pris en Côte d’Ivoire).
(3) ROUGERIE G., 1960,
(4) Tous les chiffres cités proviennent des données de I’ASECNA et sont la moyenne calculée sur 10 ans (1959-1968
inclus), sauf pour Touba 27 ans, et Grabo 19 ans (chiffres arrétés en 1965).
-
J.-M. AVENARDASPE& DE LA GÉOMORPHOLOGIE 31
Toutes les transitions existent avec le climat équatorial pur (succession dans l’année de 4 saisons
avec deux saisons des pluies séparées par une petite saison sèche et une grande saison sèche). Le sud-ouest
marque bien ces transitions. Tabou (total 2 190,3 mm) a une petite saison sèche peu marquée (août
109,6 mm) et une grande saison sèche de trois mois (janvier 61,2 mm, février 39,4 mni, mars 72,4 mm).
Grabo (total 2 330 mm) possède une petite saison sèche plus accusée, (juillet 80 mm), tandis que la grande
saison sèche s’atténue (janvier 97 mm, février 101 mm). Enfin, à Sassandra (total 1 818,8 mm) les deux
saisons sèches s’accentuent (août 22,5 mm, septembre 44,O mm, octobre 89,5 mm et décembre 87,6, janvier
21,9, février 23,7, mars 51,3 mm).
- Régimes tropicaux caractérisés par l’alternance d’une saison humide et d’une saison sèche :
o régime tropical uniformisé comme à Man (Total 1 717,5 mm) où la saison sèche occupe les mois
de novembre 54,4, décembre 17,7 mm, janvier 10,O nim, février 42,4 mm).
o régime tropical à long hivernage où la saison sèche s’accentue, par exemple vers Touba (total
1 351 mm), avec un maximum secondaire peu marqué (juin 267 nini) mais une longue saison sèche de
5 mois (novembre 39 mm, décembre 15 mni, janvier 12 mm, février 33 mm, mars 67 mm).
o régime tropical à court hivernage, caractérisé à la fois par des totaux pluviométriques plus faibles,
et une saison sèche plus longue et plus accentuée. Ce régime est esquissé dans le nord par Ferkéssédougou
(total 1 350 mni) avec pour octobre 94,9 mm, novembre 22,5 mm, décembre 8,8 mm, janvier 0.6 mm,
février 11,l mm, mars 44,5 mm).
CONSÉQUENCES
DE LA CHALEUR ET DE L’HUMIDITÉ
L’importance de l’eau
C’est l’eau {( qui assure l’hydrolyse des minéraux, les mises en solution, les exportations ou les
déplacements des produits, les accumulations et les déperditions, c’est elle qui par gonflement des minéraux
attaqués entraine la dissociation des roches )) (ROUGERIE).
Mais cette eau a besoin d’un contact prolongé et intime pour pourrir la roche, c’est-à-dire que le
détrempage est une condition essentielle des altérations poussées. Généralement bien réalisée sous forêt
humide, cette condition se retrouve jusqu’en milieu tropical sec, dans le nord de la Côte d’Ivoire, dans les
dépressions où l’eau se rassemble et persiste une bonne partie de l’année.
C’est aussi, pour une part importante, l’eau qui est responsable de différences dans les migrations
d’oxydes de fer en forêt et en savane. Sous forêt, l’abondante humidité, et en particulier l’engorgement des
horizons profonds peut favoriser le départ des sesquioxydes qui persistent cependant dans les horizons
supérieurs. En savane, au contraire, le sol se dessèche saisonnièrement et les migrations s’arrêtent, faisant
place à une précipitation des hydroxydes au moins dans des sites favorables, ce qui explique en particulier
un des aspects du cuirassement.
C’est l’eau enfin qui détermine en grande partie le type d’altération argileuse, si importante dans le
comportement géomorphologique des roches et là encore des différences apparaissent entre climat humide
et climat plus sec.
Cette eau est donc une eau qui imbibe, et qui n’est pas restituée immédiatement aux organes de
drainage, du moins pour une partie importante de la Côte d’Ivoire, celle qui appartient au modelé tropical
humide.
des vallées sont dus à l’étalement d’une bonne part de la charge arrachée aux versants par abattage )).
G . ROUGERIE fournit enfin une conclusion assez convaincante :
(( on pourrait parler d’un ennoyage subéquatorial des formes’sous leurs propres produits (meubles
et fins) de décomposition et pro parte sous des apports plus colluviaux qu’alluviaux étalés par creeping ou
solifluxion et qui restent accumulés par la suite de la déficience du drainage )>.
IMPORTANCE
DES FACTEURS (( ROCHE B ET (( TOPOGRAPHIE D
Il paraît évident que les mécanismes s’exercent de manière différente en fonction des types de roches
ce qui provoque en définitive les phénomènes d’érosion différentielle. Mais, comme le rappellent TRICART
et CAILLEUX (op. cité), ce relief d’érosion différentielle n’est pas toujours net dans le paysage des régions
chaudes << par suite de l’importance de l’altération qui fait généralement disparaître la roche en place sous
une Cpaisseur de plusieurs mètres de produits meubles. Une sorte de ouatage du modelé en résulte et
on peut comparer les différences entre le modelé d’une région chaude suffisamment humide et celui d’une
région semi-aride, à celles qu’introduit dans un paysage une couverture de neige d’épaisseur moyenne.
Bien entendu, les effets de ce ouatage varient suivant les subdivisions morphoclimatiques dela zone chaude,
en fonction des conditions plus ou moins favorables offertes à l’altération >).
Deux facteurs importants interviennent : la nature pétrographique et la texture des roches.
a Nature de Ia roche
L’importance de la nature de la roche est liée à la quantité d’argile que cette roche est susceptible
de libérer, ce qui se répercute sur les caractéristiques des altérites ; ces dernières commandent à leur tour
les conditions d’infiltration de l’eau (donc d’imbibition) et les processus d’érosion (ruissellement, repta-
tion).
Mais la nature de la roche détermine aussi d’autres phénomènes : (( il est reconnu que les phéno-
mènes de ferruginisation sont plus intenses sur roches mélanocrates et ceux d’arénisation essentiels sur
roches leucocrates )) (ROUGERIE).
b Texture de la roche
J. PRUNET (1) est en Côte d’Ivoire <( l’un des auteurs qui a le plus souligné le jeu de ce facteur,
il n’hésite pas à écrire qu’il se constitue un véritable relief souterrain en rapport avec l’altération des zones
de moindre résistance D. Les observations de G . ROUGERIE (2) confirment l’importance de ces conditions
de texture dans les granites : (( Sur la falaise littorale à Sassandra, le cristallin se présente sous un remar-
quable aspect réticulé de blocs encore sains enserrés dans des mailles de produits d’altération développés
à la faveur des diaclases. Le processus aboutit, dans des ravins à Danané, à l’isolement total des boules
rocheuses enveloppées d’écailles concentriques de roche pourrie et noyées dans un sol déjà profondément
évolué. A l’extrême, ces boules elles-mêmes finissent par s’altérer et se présentent comme des fragments
aberrants de N zone de départ B au sein d’horizons d’accumulation (entre Abidjan et Tiassalé par exemple) B.
(1) PRUNETJ., 1949. Hydrogéologie et captage des eaux souterraines en Côte d’Ivoire. Bull. Dir. Mines AOF,2, Dakar.
(2) ROUGERIE, 1960, op. cité., p. 151. Pour plus de précisions nous renvoyons par ailleurs aux pages 138 et suivantes
de cet ouvrage (les ensembles rocheux éburnéens et les conditions de l‘altération normale).
34 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
La topographie
Dès qu’un certain relief apparaît, disons pour simplifier, un sommet de colline plus ou moins
étendu, un versant et un bas fond, l’évolution géomorphologique tend à se différencier, et en même temps
à diversifier les types de pédogenèse. Il est fréquent en Côte d’Ivoire, de trouver (( qu’un parallélisme assez
rigoureux s’établit presque toujours entre couleurs et Cléments du relief: rouge sur les sommets, jaune
sur les pentes, blanchâtre dans les fonds )) (ROUGERIE, thèse). Ces différences de couleur représentent en
fait une évolution différente :
- sur les sommets prédominent les processus illuviaux puisque I’érosion y est moindre et les SOIS
se développent plus profondément ou subsistent de périodes antérieures : ils pourraient être tenus pour
les plus représentatifs du type d’altération lié aux données climatiques locales, mais ils correspondent
souvent à la somme des paléopédogenèses n.
- sur les pentes, les processus d’érosion l’emportent et les sols sont tronqués par le haut, ne serait-ce
que par simple reptation ou colluvionnement : (( le résultat est souvent une pédogenèse inachevée )) (Rou-
GERIE); nous dirions plutôt un perpétuel recommencement sans que les conditions climatiques changent.
- dans le bas fonds, les actions mécaniques viennent se superposer aux actions physico-chimiques,
tandis qu’un facteur devient déterminant dans l’évolution des sols : la présence de l’eau.
Cette notion de catena maintenant utilisée couramment par les pédologues ne doit cependant pas
l’être dans le seul sens d’une catena topographique, mais plutôt dans celui d’une (( catena d’évolution
géomorphologique différentielle, due à la topographie D.
Les deux milieux particuliers que constituent la forêt et la savane, présentent des conditions géomor-
phologiques différentes qu’il nous faut maintenant synthétiser.
PROCESSUS
EN FORÊT
Les processus sont liés à la profonde personnalité du domaine forestier : (( il existe des arbres dans
d’autres horizons africains, les régions soudanaises sont souvent fortement arbustives ou arborées, mais
le monde végétal n’y domine pas impérieusement le paysage, il l’orne ; ce n’est pas un monde clos : on
ne pénètre pas en savane, quelque aborée qu’elle soit )) (ROUGERIE, thèse).
Elle crée un micromilieu particulier à la surface du sol, bien différent de celui qui, dans les mêmes régions,
existe à la surface du sol nu. C’est pourquoi la destruction de la forêt modifie radicalement l’équilibre
pédogénétique et morphogénétique (I).
La forêt est en effet un (< puissant écran, un véritable filtre climatique n, mais elle joue aussi le rôle
d’écran pour les eaux de pluie, et semble avoir un rôle t( régulateur, atténuant les conséquences immédiates
des chutes de pluies N (ROUGERIE).
(1) TRICART J., 1961. Caractéristiques fondamentaIes du système morphogénétique des pays tropicaux humides,
Information Géographique, T. XXV, pp. 155-169.
- ASPECTDE LA
J.-M. AVENARD GÉOMORPHOLOGIE 35
de l’évolution sous forêt, et expliquent en définitive l’importance des phénomènes d’altération chimique.
Nous n’insisterons pas longuement sur les processus engendrant cette altération, renvoyant pour cela à
la thèse de G. ROUGERIE et aux ouvrages de base de J. TRICART et A. CAILLEUX,ou de P. BIROT:
- Fourniture, mais aussi rapide décomposition de la matière organique.
- Persistance d’une certaine teneur en humus favorisant l’infiltration (structure favorable, porosité
des agrégats, etc.).
- Conservation d’une humidité suffisante en surface, mais aussi horizon sous-jacent oh de fortes
variations hydriques peuvent se produire (horizon de concrétionnement).
- Lenteur du développement des altérites, mais aussi leur protection par la forêt, etc.
I1 nous semble cependant important de préciser le sens dans lequel se fait cette altération, en repre-
nant les explications de G . ROUGERIE (thèse) : (( l’altération chimique ne doit pas être confondue avec la
dissolution. Cette action d’altération joue sur des réactions, se traduit par des transformations, pas forcé-
ment par des soustractions. Des substances peuvent être déplacées au cours des processus chimiques, on
n’a pas le droit de postuler leur disparition. L’expression juste est celle (( d’altération chimique )) et c’est
la pédogenèse. Que cette altération soit extraordinairement profonde, primordiale au point d’orienter
toute la morphogenèse, c’est là notre thèse ; mais nous nous sommes toujours refusé à la confondre avec
une perte généralisée de substance D.
b. Types de ruissellement
I1 a paru très longtemps étonnant de parler de ruissellement en forêt, car les études trop théoriques
ont négligé la réalité : (( un sous-bois de forêt tropicale humide n’est pas un sous-bois tempéré ; le sol est
libre, et plus la forêt est dense, et plus il est dégagé )) (ROUGERIE,
thèse).
Il a fallu les patientes observations de G. ROUGERIE pour montrer que le phénomène existait et
qu’il était général dans les forêts de Côte d’Ivoire. Ruissellement diffus et ruissellement concentré ont été
largement décrits dans son ouvrage sur le façonnement actuel des modelés en Côte d’Ivoire forestière.
- ASPECTDE LA
J.-M. AVENARD GÉOMORPHOLOGIE 37
I
a. Rejaillissementsaux points d'impact.
(b
dechaussemen
deco
de pa
IC
I
c. Ruissellement sur sol arénacé (a gauche) et sur sol finement texture (à droite).
FIG.3. - 1960).
- Processus mécaniques en forêt (d'après G. ROUGERIE
38 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
PROCESSUS EN SAVANE
La place de la savane
En règle générale, la savane est très mal considérée par les Phytogéographes : elle forme accroc
dans la parure arborée de la planète, et comme telle ne devrait son existence qu’à un accident ( 2 ) . Pour
la plupart des botanistes, c’est la conséquence des méfaits humains. Bien que nous ne puissions entièrement
souscrire à cette thèse, nous ne discuterons pas ici du caractère naturel ou artificiel de la savane et de son
origine, renvoyant pour cela à une autre publication (3). Nous devons seulement constater que le monde
des savanes est (( le plus vaste paysage végétal de l’Afrique de l’ouest, barrant le bloc d’ouest en est sur une
largeur de 800 km entre les 13 - 15‘ parallèles et les 7 - S e , localement jusqu’au 5’ )) ( 2 ) et que les processus
morphogénétiques y sont différents de ceux rencontrés en forêt. Partie intégrante de ce bloc, dans sa limite
sud, les savanes de Côte d’Ivoire offrent ainsi un paysage dont il faut tenir compte pour les processus
d’évolution géomorphologique.
(1) N. LE NEUF,^^^^.
(2) ROUGERIE, 1960, p. 68.
(3) AVENARD J.-M. Réflexions sur I’état de la recherche concernant les contacts forêts-savanes. Initiations Docu-
mentations Techniques no14. ORSTOM, Paris.
- ASPECTDE LA
J.-M. AVENARD GÉOMORPHOLOGIE 39
b. inportarice du euirassement
Les fortes oscillations saisonnières sont à l’origine d’un mécanisme original : le cuirassement. Ce
dernier, en retour, détermine une évolution particulière : (( les cuirasses ont par leur genèse une signification
géomorphologique précieuse. Mais elles constituent aussi un matériau qu’attaque I’érosion )) (TRICART,
CAILLEUX).Développer ce point nous entraînerait cependant trop loin, puisqu’il faudrait reprendre tant
les mécanismes de formation des cuirasses que leurs caractéristiques. Nous renvoyons donc aux ouvrages
de base.
Les termites par leur action de brassage du sol interviennent de plusieurs manières dans l’évolution
géomorphologique :
- ils construisent un véritable micro-relief chaotique, qui par la suite, lors de l’abandon de la
termitière, est le siège du ruissellement réétalant le matériel.
- ils modifient localement la pédogenèse, en particulier en remontant les argiles des horizons
profonds du sol.
40 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
- ces plages argileuses sont ensuite un milieu favorable oil des bosquets d’arbres peuvent s’installer,
modifiant ainsi les conditions de la morphogénèse.
- ils ont un rôle important dans l’évolution des cuirasses, etc.
En Côte d’Ivoire où peu d’études ont été faites sur ce sujet, le phénomène existe, et les témoins ne
manquent pas pour qui parcourt les savanes éburnéennes, mais il est difficile de lui donner son importance
exacte : il semble lié plus précisément aux zones de contact forêt-savane, en particulier dans le (( V baoulé D,
mais se retrouve aussi dans les zones du nord, d’Odienné à Ferkéssédougou.
a. Le ririssellement
Les conditions offertes dans les zones de savane ont pour effet de faciliter le ruisellement ;celui-ci est
surtout actif au début de l’hivernage comme nous l’avons déjà signalé, mais il dépend en grande partie des
formations superficielles sur lesquelles il s’exerce ; d’autre p,art la rapide décomposition de l’humus et la
mauvaise structure des sols de savane le renforcent ; enfin et surtout, il s’appuie sur des averses violentes
(intensité supérieure à 20 mm). Par exemple, les études effectuées par I’ORSTOM dans le nord de la Côte
d’Ivoire sur le bassin de la Flakoho (région de Kerkéssédougou) ont montré que des averses de 90-100 mm
fournissent un ruissellement de 20 - 25 %.
Ce ruissellement prend plusieurs aspects en fonction de la topographie comme l’a montré J. TRICART
dans la région de Bouna :
- au sommet des interfluves, ((une zone de ruissellement diffus, commençant par des mares
coalescentes lors des fortes averses, puis passant à un balayage en nappe ruisselante. Généralement il y a
concentration en surface des quartz et des gravillons ferrugineux qui sont difficilement déplacés. Les pentes
sont caractérisées par une ample convexité sommitale puis par un profil largement concave D.
- sur versants courts, des pentes raides de 25 - 30” peuvent se maintenir, comme par exemple au
pied des corniches de cuirasse, mais (( habituellement l’inclinaison est moindre, de 5” dans le bas à 10 - 20”
dans les secteurs rectilignes de raccordement D. Des différences apparaissent en fonction de la Ethologie.
- (( à la rencontre de versants convergents, qui forment les têtes extrêmes des vallées, une zone de
ruisellement concentré. D On y trouve des lits individualisés, véritables petits oueds au fond sableux, aux
berges vives... la vigueur de ce ruissellement concentré succédant au ruissellement diffus dépend de la
dégradation de la végétation et de la raideur générale du relief D.
(1) ROUGERIE
G., 1961.
- ASPECT
J.-M. AVENARD DE LA GÉOMORPHOLOGIE 41
Le caractère de transition des pays de savane est très bien marqué en Côte d’Ivoire : il y a association
de formes ressemblant soit à celles d’un modelé tropical humide (vallées et alvéoles) soit à celles élaborées
dans des régions plus sèches (glacis).
- les glacis : une part très importante revient aux oscillations paléoclimatiques dans le genèse des
glacis de la Côte d’Ivoire ; en particulier les grands glacis cuirassés et plus ou moins démantelés ont dû
être élaborés sous des climats plus secs ou du moins à saisons plus alternées.
Certains glacis sont néanmoins actuels ou subactuels, et se façonnent par ruissellement en nappe.
Beaucoup moins amples, ils se développent en contrebas des anciens glacis cuirassés (région de Korhogo
et de Bouna par exemple), et au pied des reliefs formés par les roches vertes ou des inselberge (Boundiali,
Séguéla par exemple).
- les zones déprimées : les zones déprimées, vallées, bas fonds ou alvéoles plus ou moins endo-
réiques, caractérisées par une G submersion saisonnière qui permet un détrempage du sol et une altération
importante )) (TRICART,CAILLEUX), offrent des conditions d’évolution très proches de celles des régions
intertropicales humides pendant une plus ou moins grande partie de l’année.
Ces différences dans les modes de façonnement tendent évidemment à différencier plus encore
l’évolution des interfluves et des vallées.
- les bordures des inselberge : (( Les inselberge, comme les pédiplaines, ne sont pas une forme de
relief spécifique des régions chaudes à saison sèche accentuée. On les retrouve, avec des différences de
détail, dans les régions sèches et dans les pays chauds et humides )) (TRICART,CAILLEUX). Les inselberge
de Côte d’Ivoire n’ont aucun caractère particulier qui les distingueraient des inselberge des régions voisines.
Par contre, l’évolution de leur pied nous semble revêtir deux formes, que nous avons pu observer dans la
région de Séguela (entre Séguela et Béoumi).
42 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
o Une première forme, décrite en Guinée par ROUGERIE (I), semble classique : une zone relativement
déprimée, parfois soulignée par un liseré de végétation arbustive entoure l’inselberg. (( Cela va parfois
jusqu’au véritable drainage subséquent, cela demeure souvent une gouttière non drainée volontiers maré-
cageuse D. L’explication fait appel à des faits d’altération. La base de l’inselberg est une zone plus humide,
collectant les eaux superficielles ruisselant sur les dalles à nu. Cette humidité tend à altérer plus profondé-
ment cette zone, mais cette altération permet à son tour une meilleure rétention d’eau et le phénoméne
se nourrit de lui-même. Cette dépression semble bien développée lorsque la base de l’inselberg plonge
verticalement dans le sol (fig. 5 a).
o Une autre forme apparaît lorsque le dôme a une pente moins forte vers sa base, et que la roche
dure affleurante se raccorde en oblique avec le piedmont. La dépression marécageuse n’existe plus et est
remplacée par un simple glacis à pente forte, formant un angle plus ou moins prononcé avec le pied de
l’inselberg (fig. 5 h).
a b
FIG. 5.
(1) ROUGERIE
G., 1961.
(2) MAYMARD
J., 1954.
J.-M. - ASPECTDE LA GÉOMORPHOLOGIE
AVENARD 43
des pentes faibles (3 76) mais longues (500 m) sans doute parce que la perméabilité du sol y est particu-
lièrement basse... le sol s’amincit, devient blanchâtre ..., il faut faire intervenir le travail du sol qui mélange
le niveau sablograveleux à la couche profonde D.
L’érosion en rigole apparaît lorsque s’amorce la concentration des eaux : elle est favorisée, dans les
terrains de culture, par le billonage, en savane, par les sentiers des hommes et du bétail, à proximité des
villages, par l’apport d’eau important ruisselant sur le sol piétiné D.
Savanes de Dabou : Ces savanes sur sable sont situées en basse Côte d’Ivoire, près d’Abidjan, et
ont une origine paléoclimatique. ROOSEE. (1) donne une bonne description de l’érosion qui s’y est produite
à la suite d’une mise en exploitation : (( des plantations de palmiers à huile ont été entreprises sur une
vaste échelle (35 O00 ha en 5 ans). Des champs de plusieurs centaines d’hectares d’un seul tenant ont été
défrichés et labourés avant le semis des plantes de couverture, sans tenir aucun compte de la pente et du
danger d’érosion ... Ces légumineuses sont lentes à démarrer si bien que le sol est resté pratiquement nu
pendant la grande saison des pluies.
L’érosion en nappe et rigole a été si importante qu’elle a emporté les graines sur les versants, et
déposé une couche de 20 à 50 cm de sable grossier et stérile au bas des collines. Deux ans après, on note
encore une différence manifeste de végétation entre cette plantation et la voisine, qui, plantée quelques mois
plus tôt, a beaucoup moins souffert de l’érosion et de la sècheresse. Dans le cadre d’une agriculture exten-
sive, ce retard ne sera jamais rattrapé ... D
L’existence de plusieurs variations climatiques n’est plus à démontrer en Côte d’Ivoire : en forêt,
des cuirasses et des nappes de gravillons, des alluvions grossières et des graviers dans les terrasses des prin-
cipaux cours d’eau mais aussi dans des affluents, indiquent le passage de périodes plus sèches ; en savane,
l’étagement des lambeaux cuirassés, les profils de sols tronqués, les recouvrements au-dessus de nappes
grossières sur versants, montrent une alternance de climats plus secs et plus humides ; dans la zone litto-
rale enfin le relief caractérisé par la dissection poussée des plateaux, la fréquence des vallées profondes et
en partie sèches oh les versants raides s’expliquent difficilement dans les conditions morphoclimatiques
(1) ROOSE E., 1967. Quelques exemples des effets de l‘érosion hydrique sur les cultures. Comm. au Congrès sur la
fertilité des sols tropicaux, Tananarive (nov. 67). Ronéo ORSTOM - Centre d’Adiopodoumé, 18 p.
44 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
actuelles. A côté de ces preuves directes, non exhaustives, certaines preuves indirectes peuvent aussi être
avancées comme par exemple les savanes résiduelles de Basse Côte d’Ivoire qui se sont maintenues sur des
sols moins favorables à la forêt, mais qui sont envahies progressivement par cette dernière, du moins
lorsque l’homme ne contrecarre pas ce dynamisme naturel.
Ces variations s’inscrivent évidemment dans le contexte plus large de l’Afrique de l’ouest et peuvent
être rapprochées de celles qui ont été décrites ailleurs, en particulier au Sénégal (1). Mais en Côte d’Ivoire,
la chronologie exacte est encore souvent incertaine et les observations sont trop dispersées pour qu’il
soit possible d’établir un schéma général. Nous en sommes encore réduits à faire des hypothèses, d’une
part, pour la succession des épisodes dans une même région, d’autre part pour les corrélations entre les
diverses régions de Côte d’Ivoire, et leur raccord avec l’ensemble de l’Afrique de l’ouest.
Parmi les problèmes qui se posent, il en est un qui est particulièrement délicat, mais dont la résolu-
tion apporterait certainement une clé importante :il s’agit du raccord entre l’évolution du littoral, liée aux
oscillations eustatiques, et les niveaux intérieurs. Or, la disposition particulière des bassins fluviaux avec les
coupures dues aux rapides ne facilite pas les choses. Certaines régions ont pu en effet évoluer presque en
bassins fermés, à partir d’un niveau de base local s’appuyant sur un rapide ; mais comme d’autre part cet
rapides n’ont pas toujours occupé la même place au cours de l’évolution, il en est résulté des emboîtemenss
et des différences de niveaux qu’il n’est pas toujours possible de suivre, et qui n’ont pas forcément une
valeur générale.
Les travaux concernant les oscillations paléoclimatiques et le Mio-quaternaire de Côte d’Ivoire
semblent pouvoir être séparés en deux ensembles : les travaux pionniers et les travaux actuels.
Dispersion et pointillisme pourraient assez bien caractériser les travaux qui ont été effectués jusque
vers 1962-1964. En dehors de quelques études régionales portant essentiellement sur la zone littorale et
son arrière pays (2)’ ce sont des notes et observations succinctes qui ont apporté quelques éléments cepen-
dant non négligeables (3). Si quelques synthèses ont été tentées pour l’ensemble de l’Afrique de l’ouest (9,
très peu ont porté exclusivement sur la Côte d’Ivoire (5), ce qui se conçoit fort bien à la suite de ce qui
précède. Un rapide survol de la bibliographie va nous permettre de dégager quelques uns de ces aspects
essentiels, en séparant, pour la commodité de l’exposé, les observations faites à l’intérieur (interfluves et
vallées) de celles concernant le littoral et les basses plaines.
(1) en dernier lieu, pour ne citer que les travaux les plus récents :
MICHELP., 1968. Genèse et évolution de la vallée du Sénégal de Bake1 à l’embouchure (Afrique OCC.)Zeitsch.
géomorph., vol. 12, no3, pp, 318-349.
MICHELP., 1969. Les grandes étapes de la morphogénèse dans les bassins des fleuves Sénégal et Gambie pendant
le quaternaire. Bull. IFAN, A, t. 31, no2, pp. 293-324.
(2) ROUGERIE G., 1951.
LE BOURDIEC P., 19586.
(3) par exemple, RIOUG., 1961.
(4) DRESCHJ., 1952.
TRICART J., 1956. Tentative de corrélation des périodes pluviales africaines et des périodes glaciaires, C.R. Som,
Soc. Géol. Fr, pp. 164-167.
LAMOTTE M., ROUGERIE G., 1956. Les niveaux d’érosion intérieurs dans l’Ouest africain, Congrès Inter. de
Géographie, Rio de Janeiro, pp. 262-269 (texte repris plus en détail en 1961 dans Recherches Africaines, Conakry, no 4,
pp. 51-70).
VOGT J., 1959a.
(5) ROUGERIE G., 1958.
- ASPECTDE LA GÉOMORPHOLOGIE
J.-M. AVENARD 45
RÉGIONSIWTÉRIEURES
a. Les vallées
Les observations de J. VOGT(1959) sur les grands axes de drainage, puis sur quelques affluents (1)
ont été reprises et confirmées par plusieurs auteurs. Le schéma général, sur la Comoé, le Nzi, le Bandama
ou le Sassandra peut être résumé de la façon suivante :
par gros pans au fur et à mesure du sapement des graviers à peine cimentés.
o des graviers de petit calibre, peu usés, en lentilles, présentant des inclinaisons de l’ordre de 25”,
épais de 2 à 3 m.
o des graviers grossiers plus usés, homogènes sur plusieurs mètres ou alternant avec des lentilles et
lits de gravillons et de sables D (VOGTJ.).
Si les matériaux siliceux sont prédominants, la nature pétrographique est cependant variable,
indiquant des apports latéraux importants et un engorgement du fond de vallée.
La mise en place de cette basse terrasse s’est faite sous un régime différent de l’actuel : chenaux
instables entre des bancs de sables et de galets, du type chenaux anastomosés, ce qui implique d’une part un
important transport en nappe, d’autre part une prédominance de l’érosion mécanique sur l’érosion chimique
et une couverture végétale peu dense. Localement cette basse terrasse est marquée par d’anciens bourrelets
de berge et de petits niveaux intermédiaires.
Flats allui~iaux
Cette basse terrasse domine par un talus souvent net un ensemble de flats alluviaux actuels et sub-
actuels. Recouverts de formations de texture plus fine que celles des alluvions de la basse terrasse (sableuse
à argilo-limoneuse), ces flats ont en profondeur une nappe alluviale plus grossière, appelée <( graviers sous
berge n par les prospecteurs miniers (ce sont de très bons placers de diamants, or ou minéraux radioactifs).
A cette dernière étape correspond sur les Cléments précédents (( la mise en place d’un réseau d’entaille
hiérarchisé, se substituant dans une large mesure aux phénomènes d’écoulement en nappe ainsi que le
vigoureux creusement des fleuves dont le lit n’évolue plus dans des matériaux d’altération mais pénètre
dans la roche saine M Les étapes successives seraient :
o l’entaille des fleuves, avec apparition des obstacles que sont les rapides ;
o individualisation en biefs dans lesquels se déposent une nappe d’alluvions grossières (provenant
du lit pour la fraction non usée, du remaniement des alluvions anciennes pour la fraction usée) ;
o recouvrement ultérieur d’une grande épaisseur de sables et de limons. I
Cependant, la mise en place de ces graviers sous berge n’est pas encore complètement élucidée :
((si elle matérialise une coupure de tout premier ordre dans l’organisation du réseau hydrographique et la
succession des systèmes d’érosion, il n’est pas certain qu’elle corresponde à une phase climatique. En parti-
culier la faiblesse du transit alluvionnaire, ainsi que le caractère torrentiel de certains affluents font songer
à une brève période de transition climatique, caractérisée par d’abondantes précipitations et une végétation
encore clairsemée ne se développant que difficilementpar suite de la destruction des sols )) (J. VOGT).
Niveaux crrirussés
Si les niveaux cuirassés sont souvent mentionnés, peu d’études examinent leur emboîtement et leurs
rapports mutuels. Pourtant J.M. BRUGIÈRE, dès 1948, avait décrit trois niveaux de cuirasses :
(( o une première coiffant les hauteurs, homogène, dans l’ensemble souvent très gravillonnaire, mais
aussi parfois compacte et pseudo-lamellaire... c’est la cuirasse la plus ancienne dont I’âge de formation
doit être très éloigné.
o une seconde, à mi-pente, d’allure toute différente : elle est souvent bréchique, c’est-à-dire obtenue
par recimentation de blocs ferrugineux (provenant sans nul doute de la dalle supérieure) et amenée par
érosion... Elle est moins épaisse que la première et d’âge plus récent.
o une troisième de bas de pente, surplombant de quelques mètres les thalwegs, elle a le même
aspect que celle de mi-pente... elle n’est pas cependant de formation actuelle )) (*). Cet auteur interprétait
ces cuirasses dans le cadre de variations du niveau de base ou de changements climatiques.
Par la suite, les diverses études (essentiellementpédologiques) n’ont jamais été aussi loin et se sont
contentées de mentionner Ia présence de ces cuirasses dans le paysage sauf peut-être MAYMARD J. ( I ) .
Les observations de LAMOTTE M. et ROUGERIE G. ( 2 ) au pied du Nimba, ont montré plusieurs
phases d’apports détritiques grossiers séparés par des apports moins grossiers et des apports essentiellement
chimiques, mais elles n’ont pas de signification paléoclimatique précise, parce que, dans ce milieu riche en
fer, le cuirassenient peut se faire dans des conditions climatiques assez variées. Par contre, dans ce même
article, des descriptions détaillées de diverses cuirasses en Côte d’Ivoire sont du plus haut intérêt bien
qu’elles n’aient pas été reliées à des épisodes climatiques. Nous mentionnerons enfin les éléments apportés
par J. TRICART (3) dans le sud-ouest ou par G. ROUGERIE ( 4, dans le sud-est.
Storte-line
Les problèmes posés par la (( stone-line )) ou (( ligne de gravats D n’ont guère été abordés en Côte
d’Ivoire : G. ROUGERIE dans sa thèse, n’envisage pratiquement pas l’aspect paléoclimatique. N. LENEUF(5)
dans une note succincte, observe bien (< cette accumulation de graviers, de cailloutis de qualités diverses
décrivant une ligne festonnée, ondulée, B mais ne parle que des matériaux hérités issus de surfaces anciennes
ou de filons de quartz mis en affleurements à des époques antérieures, sans pouvoir préciser davantage.
C’est G. RIOU(6) qui semble le mieux avoir replacé ces nappes dans un contexte paléoclimatique, du moins
en posant le problème : N l’étude des éléments grossiers composant la nappe de pierres montre que cette
nappe ne résulte pas de processus purement pédologique, mais qu’elle est le témoin d’une phase d’érosion
majeure qui a séparé deux pédogenèses différentes )) l’auteur poursuit plus loin (( ...entre les deux parties
des profils existe presque toujours une nappe plus ou moins épaisse d’éléments grossiers. Cette formation
est de composition hétérogène, de vieux galets de quartz plus ou moins usés en constituant l’essentiel. Leur
disposition évoque souvent un système d’érosion à saisons fortement contrastées et à pluies violentes. Elle
comprend également des gravillons ferrugineux... Cette composition et la <( topographie )) de la nappe
supposent une période d’érosion active à nuance sèche B.
Dernièrement les pédologues de Côte d’Ivoire ont attaché une plus grande importance à ces sols
tronqués et remaniés (7).
C’est dans cette zone de Côte d’Ivoire que les travaux ont été les plus nombreux et les plus élaborés.
Le schéma le plus complet a été proposé par P. LE BOURDIEC (’) ; si certaines datations sont à revoir (en
particulier la place et la dénomination même de <( I’Ouljien B) à la suite des travaux et datations absolues
du Sénégal par exemple, la séquence ne semble pas devoir être profondément modifiée. Résumons là
brièvement :
- Climat semi-aride déterminant le dépôt d’une nappe d’épandage recouvrant soit le sode, soit
le crétacé supérieur ou l’écocène marin ; gauchissement de la surface et subsidence : (( Mio-pliocène ))
- mise en place d’une série débordant sur le Continental Term., climat plus humide à alternances
saisonnières : remaniement et légère entaille du mio-pliocène : nappe moins grossière venant recouvrir le
compartiment affaissé : apparition de phénomènes de cuirassement : (( Quater. ancien 1)
- régression marine, niveau marin à 80 m. Climat plus humide qu’au Quaternaire ancien, plus sec
que l’actuel : érosion mécanique intense, et recul de la forêt. Plateaux entaillés par réseau hydrogr.,
développement d’un niveau à une altitude voisine de 40 m ; épandage de matériel à la surface du plateau
continental : (( Préouljien ))
- régression marine, niveau à -60 m. Climat sec et contrasté. Entaille de profondes vallées et
développement de ravins importants, avec versants abrupts. Dans l’arrière pays, déblaiement des for-
mations superficielles meubles d’altération et attaque mécanique de la roche saine, avec étalement de ce
matériel frais : (( Préflandrien ))
+
- transgression marine faible, niveau marin à 1 ou 2 m. Climat chaud et humide (plus sec que
l’actuel). Début de réinstallation de la forêt qui fixe les versants. Etoffement du cordon littoral, édification
de deltas comblant partiellement les lagunes, colmatage partiel des vallées préflandriennes ennoyées,
actions éoliennes modérées sur le littoral (petites dunes actuellement fixées) : (( Dunkerquien ))
- légère régression actuelle. Emersion des basses plaines marécageuses édifiées en deltas sous-
aquatiques lors de la transgression, et des surfaces d’abrasion lagunaires : (( Subactuel et actuel ))
Les travaux actuels, s’ils sont encore trop dispersés et trop peu nombreux, sont marqués par un
désir de plus grande coordination (entre géographes, pédologues et géologues de I’ORSTOM et géologues
de l’Université). Ils s’appuient aussi sur des données établies dans les régions voisines, surtout à la suite des
remarquables travaux des équipes du Sénégal.
Les études menées en amont des problèmes d’altération et de concentration supergène du manganèse
dans la région de Toumodi ont précisé l’évolution morphologique du secteur et notamment la séquence
cuirassée composée de cinq niveaux distincts.
Les trois plus anciens (niveau bauxitique, niveau intermédiaire, haut-glacis) correspondent à la
réalisation de modelés spécifiques ayant permis l’immobilisation des sesquioxydes sur des surfaces dont
les portions conservées et les éléments de démantèlement permettent de reconstituer la vaste extension.
Les deux plus récents (bas-glacis, cuirasses des plaines alluviales) apparaissent comme des phénomènes
relativement mineurs dont la marque ne sera pas conservée à long terme dans le paysage et dont des
équivalents ont pu être réalisés entre les niveaux anciens observés. Cette séquence, avec des variations en ce
qui concerne les rapports en altitude des différents niveaux, la puissance et l’extension actuelle des cuirasses,
le type de démantèlement, se retrouve dans différentes régions de Côte d’Ivoire ( 2 ) et peut être mise en rela-
tion avec les séquences décrites au Sénégal et en Guinée ainsi qu’en Haute-Volta ( 3 ) .
(I) Etudes entreprises par le Laboratoire de Géologie de I’ORSTOM. Cette partie a été rédigée par G. GRANDIN.
Elle résume et complète deux publications récentes :
DELVIGNE G., GRANDIN G., 1969.
GRANDIN G., DELVIGNE J., 1969.
(2) Des observations ont été faites, à l’occasion de I’étude des concentrations manganésifères, dans les régions de
Grand-Lahou, de Guitri, Hiré, Korhogo, Bondoukou en Côte d’Ivoire, ainsi que dans la région de Dori en Haute-Volta.
(3) Par exemple : DAVEAUS., LAMOTTEM., ROUGERIE G., 1962. Cuirasses et chaínes birrimiennes en Haute-Volta,
Ann. de Géogr. sept-oct. LXXXI, 387.
BOULETR., 1968. Etude pédologique de la Haute-Volta, Région centre-nord.
ORSTOM, Dakar, multigr. 351 p., ainsi que les travaux du Sénégal de P. MICHEL,H. FAURE,P. ELOUARD, etc.
- ASPECTDE LA GÉOMORPHOLOGIE
J.-M. AVENARD 49
C' A C C B C
300-
100-
dolérite schiste et quartzite I rhyolithe basalte
o
A C
f
400
300
200
100- A A A Ä A
schiste et quartzite basalte
O
o o5 1 2 3 km
I ,
O 05 1 km
, I I
FIO.6. - Coupes de la chaîne birrimienne au Nord de Toumodi (extrait C.R.Acad. Sci. Paris, oct. 1969-D, 369, pp. 1474-
1477).
a. Coupe du Blafo.
b. Coupe du Guéto.
La cuirasse bauxitique (dont la dénomination ne doit pas cacher qu’elle est autant - et souvent
plus - une accumulation d’oxydes de fer qu’une accumulation d’alumine) coiffe un puissant profil ferral-
litique sur une surface très évoluée dont l’aplanissement est le fait d’une altération en période de stabilité
du niveau marin relatif plus que d’une érosion. La réalisation de cette surface, de sa couverture altérée,
de son armature par une cuirasse dépassant souvent 15 m d’épaisseur implique une longue stabilité des
phénomènes morpho-climatiques dont l’histoire ultérieure n’offre pas d’équivalent.
Les deux niveaux suivants correspondent à des glacis - localement emboîtés - développés au
pied des témoins de la surface supérieure. Leur façonnement suppose le réseau hydrographique réduit
aux drains majeurs c’est-à-dire un climat relativement aride. Protégé par la cuirasse bauxitique qui empêche
le décapage des sommets, l’énorme stock de matériaux altérés est libéré progressivement, par tranches ver-
ticales. I1 s’éboule sur les pentes, ennoie les piémonts, migre le long des glacis qui sont autant des formes
colmatées qu’abrasées. Seul, il permet aux glacis de disposer, dès le retour vers un climat humide, d’impor-
tantes quantités de fer libre qui fossilisent par l’aval ces formes monoclinales à pente faible favorables à
la concentration et l’induration du fer, avant que leur démantèlement par le réseau hydrographique qui
se réorganise ne soit trop avancé. Les cuirassements de la surface intermédiaire puis du haut-glacis, quelles
que soient leurs différences, apparaissent donc d’abord comme des réactions secondaires à un phénomène
cardinal : le cuirassement bauxitique.
Le bas glacis, d’entension limitée au sud et à l’est de la Côte d’Ivoire, plus développé au nord,
n’est bien cuirassé que lorsqu’il hérite du haut-glacis - par démantèlement et par lessivage oblique.
Les cuirasses des plaines alluviales sont des cuirasses de nappe, généralement fonctionnelles, qui mani-
festent l’existence actuelle d’un transit du fer des cuirasses anciennes vers les zones basses et d’une évacua-
tion par le réseau hydrographique, le piégeage dans la zone de battement des nappes, localisé, ne pouvant
être que partiel.
Dans le cadre de la section de Pédologie de I’ORSTOM, une étude a été entreprise dans la région
de Tanda, au nord-est de la Côte d’Ivoire (7” 48 lat. N, 3” 10 long. W). L’importance de l’évolution géo-
morphologique dans les facteurs de la pédogenèse a tout naturellement conduit vers une étude de cette
évolution afin de déterminer le cadre dans lequel s’inscrit la répartition actuelle des sols.
Les traits dominants de la géomorphologie de cette région sont les suivants :
a. II existe trois siirfaces d’aplanissemeiit distiiictes
- la surface S I, à une altitude de 700 m peut être rattachée à la (( Grande surface africaine ))
datant de 1’Eocène. Elle est constituée de témoins bauxitiques placés en position d’inversion de relief par
les cycles d’érosion postérieurs.
- la surface S II, à une altitude de 450-500 m pourrait dater du Mio-pliocène. I1 n’en subsiste
- que de rares témoins formant des épaulements aux flancs des collines de roches vertes, et de débris de
cuirasse au sommet de buttes témoins sur grès.
- la surface S III, 8. une altitude de 260-300 m semble dater du quaternaire ancien. Elle est repré-
sentée par des glacis cuirassés ceinturant les collines de roches vertes.
b. Les relations entre ces surfaces sont complexes
En particulier le glacis S III est composite. Sur une même verticale sa partie inférieure est composée
des produits du démantèlement de la surface cuirassée S II (blocs et gravillons ferrugineux) et sa partie
supérieure provient d’un apport colluvial issu des collines de roches vertes et des buttes-témoins gréseuses.
1901
Gres de yomia
(1) Travaux de l’Université d’Abidjan, en collaboration avec le Centre de Recherches Océanographiques. Cette
partie résume l’article de : ASSEMIENP., FILLERON J.C., MARTINL., TASTETJ.P., 1969.
- ASPECTDE LA
J.-M. AVENARD GÉOMORPHOLOGIE 53
o des zones deltaïques, ainsi que des zones marécageuses ou à sables lessivés, provenant de l’enva-
sement par des dépôts fluviatiles ou lagunaires, et dont 1’3ge peut varier du maximum de la dernière trans-
gression à l’actuel.
b. Les érudes de sédimentologie soirs-marine, sur le plateau continental, ont un grand intérêt, car elle sont
montré, à l’inverse de ce qui était supposé jusqu’à présent, que la subsidence ne s’est certainement pas
poursuivie au quaternaire : (( les tourbes datées (1) ne sont recouvertes que par 2 m de sédiment et les
zones à sédimentation vaseuse intense apparaissent en relief par rapport au profil normal du plateau conti-
nental D.
c. les déterminations polléniques de ces tourbes ont montré qu’il s’agissait de tourbes littorales, et que
la végétation de certaines périodes anciennes était plus clairsemée qu’actuellement.
AUTRESTRAVAUX
D’autres travaux sur les problèmes d’évolution géoniorphologique sont actuellement en prépa-
ration dans le cadre de l’étude du contact forêt-savane (thème de la section de Géographie de I’ORSTOM).
Ils concernent l’Ouest (région de Man-Touba-Séguéla) et le Centre (région de Dimbokro).
a. L’ouest
Si de nombreuses observations ont déjà été effectuées au cours de nos propres recherches, et si
plusieurs hypothèses sont en cours de vérification, il ne nous semble pas encore possible de faire une syn-
thèse comparable à celles qui précèdent (’).
’ (1) MARTINL., 1969. Datation de deux tourbes quaternaires du Plateau Continental ivoirien. C.R. Acad. des Sc. t. 269
série D, no20 pp. 1925-1927 (datation au C.14 : l’une date de 23 O00 plus ou n i o h 1 O00 ans, l’autre de 11 900 plus ou moins
250 ans B.P.).
(2) VARLETF., 1958. Le régime de I’atlantique près d’Abidjan (C. d’Ivoire). Etudes Eburnéennes, VII, IFAN,
pp. 97-222.
(3) Une publication est prévue dans le premier semestre de 1971, avec cartographie à 1/50 000.
54 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
3 ’
le modelé étant plus étroitement conditionné par ce que nous appelerons (( l’héritage des formes H. Le
modelé actuel se superpose en effet à des formes déjà existantes, et se trouve ainsi, soit en continuation,
soit en opposition avec ces dernières. Les modelés de Côte d’Ivoire paraissent bien illustrer ce rôle de
l’héritage :
- au nord, ils se façonnent à partir de formes héritées, et résultent d’une reprise d’érosion,
o à partir d’anciennes surfaces cuirassées, dont les reliques arment encore le paysage. Sous le
climat actuel et les processus morphogénétiques qui lui sont liés, ces buttes plus ou moins réduites et
démantelées alimentent en dépôts des pentes longues et faiblement inclinées qui s’élaborent en contre-bas
en formant des glacis,
o à partir de dômes granitiques ou d’inselberge,
- au sud, les modelés n’ont pas ou n’ont plus guère à tenir compte de la topographie héritée.
L’épais manteau d’altération permet un moulage qui ne se heurte pas à des formes préexistantes.
- le centre joue une fois encore le rôle de transition. Les plateaux cuirassés alternent avec les
molles ondulations.
Ces différences se répercutent sur l’amplitude des ondulations :
- au nord, de longues pentes, presque rectilignes, raccordent des collines subaplanies et des
plateaux. Elles sont dominées çà et là par des buttes (véritables tables ou G mesas D) ou par des inselberge.
- au centre, cette amplitude est encore assez importante, la distance entre deux sommets variant
de 1 tì 3 km mais il existe aussi d’assez nombreux plateaux.
- en Basse Côte d’Ivoire par contre l’amplitude devient plus faible, la distance entre deux sommets
de collines variant de 400 à 1 200 m environ, quelles que soient les dénivellations entre sommets et bas-
fonds. Ces d6nivellations sont d’ailleurs faibles et généralement comprises entre 30 et 50 m.
Certes, l’énoncé de ce qui précède n’est qu’une moyenne assez grossière, un cadre général suscep-
tible d’être nuancé dans le détail :
- certaines cuirasses résiduelles sous forêt interrompent la monotonie du modelé en vallonnements
dans le sud ;
- en bordure des lagunes, les entailles dues aux variations quaternaires du niveau marin redonnent
une importance non négligeable aux forines héritées :
- les chaînes de collines dont l’armature est formée par le complexe volcano-sédimentaire entraî-
nent un modelé plus accidenté. Sur roches vertes, les pentes sont fortes, les sommets réduits et disséqués.
Des cuirasses épaisses coiffent généralement les sommets alors qu’un glacis cuirassé entoure souvent la base.
- les modelés issus de granites et de schistes sont assez différents dans une même région de Côte
d’Ivoire :
o En Basse Côte d’Ivoire, l’amplitude du modelé sur schistes est plus faible que sur granites. Sur
schistes, les sommets sont réduits, les pentes courtes et relativement fortes, les pentes inférieures sont
inexistantes. Sur granites au contraire, les sominets sont arrondis et peuvent même former des plateaux
plus ou moins larges, les pentes sont plus longues, convexes, les pentes inférieures plus développées ;
par ailleurs le raccordement avec les bas-fonds est progressif, ces derniers étant plats.
o Dans le nord, les processus d’induration qui se sont traduits par la présence de cuirasses sur les
plateaux ou replats, et qui entraînent actuellement un cuirasseinent de bas de pente (ou de nappe), sont
plus fréquents sur schistes que sur granites.
Essayons de caractériser plus en détail ces différents modelés, essentiellement à partir de schémas.
56 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
Les modelés les plus fréquents s’ordonnent autour des résidus de surfaces cuirassées, tandis que
quelques zones sont sous la dépendance des inselberge.
SCHÉMAG É N ~ R A L
La cuirasse joue un rôle identique à celui d’un banc de roche résistante et arme Véritablement
le paysage. Le modelé actuel ne peut ainsi s’expliquer qu’à partir de ces surfaces cuirassées et de leur
évolution dont il n’est en fait que le prolongement actuel, sous des conditions climatiques légèrement diffé-
rentes il est vrai. 11 importe donc de le replacer dans le cadre général de l’évolution paléoclimatique.
b. Evolution de détail
Le détail des modelés dépend de l’évolution de trois zones, à savoir la surface des cuirasses, leur
rebord et les glacis.
o surfaces cuirassées.
En dehors d’une évolution sur place décrite ailleurs en détail ( 1 ) et qui est marquée par un durcisse-
ment progressif de certaines zones, un léger abaissement sur place, ou l’acquisition d’une topographie
légèrement ondulée, les surfaces cuirassées peuvent se démanteler par exemple à la suite d’un abaissement
cuirasse eo
cuirasse démantelée 6]
.:..:.-. SOI gravillonnaire
I
I
Phase I I I Phase I I I
--..
Déblayage complet du relief.
Relief et développement I
Morcellement du glacis I Individualisation des buttes CUiraSSéeS.
d'un glacis cuirassé I et diminution du relief l qui forment les nouveaux reliefs.
I I
I I
FIG.10. - Inversion de relief en zone cuirassée.
I
I
.,
n
_ - _ _ _/
___- .....
,...........
- 2.- .....;
m ...-..
........f-;."",
--
...
d 1
I
du niveau de base et d'une phase climatique plus humide. Le modelé à profil convexo concave qui en résulte
est directement lié à cette évolution comme l'a montré V. ESCHENBRENNER dans la région de Tanda dans
le nord-est de la Côte d'Ivoire (fig. 11) (I).
a rebord des cuirasses et des bowé.
L'évolution maintes fois décrite est résumée dans la figure 12. Ce détail du modelé a une grande
importance dans la répartition des formations végétales, puisque la zone de cuirasse éboulée, plus humide
et aussi plus argileuse permet à la forêt de s'installer.
cuirasse fissurée
a glacis.
Les glacis qui se développent en contrebas des surfaces cuirassées forment les plans de raccorde-
ment avec les dépressions. Ils sont généralement sableux et/ou gravillonnaires en surface et présentent
souvent un carapacement à leur base (cuirasse de nappe) ou aux deux tiers inférieurs de la pente. Ils sem-
blent s'élaborer par ruissellement diffus et en nappe décapante.
Selon qu'ils se développent sur schistes ou sur granites, les modelés présentent des variations assez
sensibles, la grosse différence provenant de la proportion des surfaces en plateaux qui sont plus fortes
sur schistes que sur granites.
(1) BCHENBRENNER
V., 1969.
- ASPECTDE LA GÉOMORPHOLOGIE
J.-M. AVENARD 59
+ herbeuse
I savane arbustive savane arbustive
plateau type
3.
1replat 1
(peu développé)
.
pente faible
(1 3 70)
/
courte et forte
(= 10 70) bas-fond plat
RÉGIONSDES INSELBERGE
En dehors des inselberge dont la dépression périphérique est bien marquée et que nous avons déjà
décrits, deux types de modelés se rencontrent à leur pied en Côte d’Ivoire :
60 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
- le premier rencontré dans la région de Boundiali, et sans doute le plus fréquent, montre une
zone en pente forte passant à un glacis à altération relativement profonde, puis à un versant de raccorde-
ment à pente assez forte (7 à 10 %) dominant un bas-fond peu marqué (fig. 15a).
- le second, dans la région de Séguéla, semble lié à une tectonique plus récente qui a entraîné un
encaissement des vallées dans des berges assez étroites. Le glacis relativement plat est interrompu brusque-
ment par l’entaille du marigot (fig. 1%).
QUELQUES
TYPES DE FONDS DE VALLÉES
Bien que ces zones soient à la limite des zones non cuirassées, puisque des cuirasses de nappes
apparaissent parfois, il paraît intéressant d’en donner ici quelques coupes transversales. Elles ont été
établies d’après une étnde de N. LENEUF dans divers types de vallées et vallons du Nord de la Côte
d’Ivoire (1) (fig. 16).
(1) N. LENEUF, 1954. Etude pkdologique des sols de rizière du nord de la Cóte d’Ivoire. ORSTOM, Centre d’Adiopo-
doumé, 28 p. multigr. et annexes.
- ASPECTDE LA
J.-M. AVENARD GÉOMORPHOLOGIE 61
a plateau cuirassé
le Baoulé
nappe alluviale
J+ .1
a , ,
.‘ ,’L.
I
’-
-_._ I
f’+
hydromorphie hydromorphie temporaire
prolongée.
J- - hydromorphie
_-_ hydromorphie
_---
-.-- temporaire prolongée
b
alluvions argileuses plateau cuirassé
C
plateau alluvions avec concrétions inondations
cuirassé et cuirasse ferrugineuse fréquentes
FIG. 16. - Modelés de fonds de vallées. Nord de la Côte d’Ivoire (d’après N. LENEUF - 1954).
a. Terrasses alluviales hautes avec dépression latérale. (Marigot (( Baoulé D, Nord-Ouest).
b. Talweg étroit, avec marigot temporaire latéral. (Lagoué, près de Ferkéssédougou).
c. Terrasse alluviale avec cuirasse de nappe (Plaine de Papara, Boundiali).
62 LE hlILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
LES MODELES DU S U D
K Les régions méridionales se présentent comme un monde de formes floues, ensevelies sous un
manteau universel de produits meubles, d’aspect désordonné, d’où est absente toute hiérarchisation
harmonieuse, et dans lequel des eaux précaires semblent en difficulté. Là oh les conditions récentes d’une
évolution cyclique ont imposé le facteur en apparence déterminant d’une reprise d’érosion, des affouille-
ments se sont produits et la vallée tend à prendre une place accrue dans le paysage ; mais cela sans rigueur
progressive, l’ensemble demeurant dominé par une succession d’ombilics et de rétrécissements... Un monde
au total anarchique, dont les différenciations se traduisent avant tout par la plus OLI moins grande mise en
valeur et l’allure des volumes, suivant le substratum qu’ils surmontent (1) 1).
Cette longue citation nous semble parfaitement résumer les conditions qui président à l’élabora-
tion des modelés du sud de la Côte d’Ivoire.
L’originalité du modelé des versants est sans aucun doute l’angle relativement accusé qui marque
le raccordement de la base avec les bas-fonds, de même que la distribution confuse était celle des reliefs.
I1 semble cependant qu’il faille y ajouter une autre caractéristique à savoir l’importance des planchers
horizontaux qui forment les bas-fonds.
Mais au-delà de ces aspects communs, ce sont les phénomènes d’érosion différentielle qui président
à la mise en place des modelés, étant entendu qu‘il s’agit d’abord d’une érosion chimique, provenant d’une
différence dans l’altérabilité des roches et dans l’aptitude de celles-ci à donner tel ou tel produit d’altéra-
tion ; l’érosion mécanique n’intervient que par la suite.
Les différents modelés ont été largement décrits par G. ROUGERIE dans sa thèse, pages 459-486 ;
nous n’en rappelerons que les caractéristiques essentielles.
Dans les régions granitiques, la forte altération qui se développe donne aux formations superfi-
cielles des caractères particuliers : elles sont puissantes, fortement arénacées, poreuses et par conséquent
très perméables. L’eau percole bien, permettant l’individualisation de niveaux d’accumulation, parfois
gravillonnaires, et la constitution de nappes en profondeur.
Le raccordement des versants avec les dépressions se fait par une pente très accusée, tandis que les
profils sont convexes et résultent de la combinaison de plusieurs facteurs :
- au sommet et sur les pentes, la perméabilité du matériel réduit le ruissellement au profit de
l’infiltration. La réptation superficielle est certes parfois manifeste comme dans le cas de filons fauchés
en surface dans le sens de la pente, mais il n’y a pas d’engorgement des débris à la base du versant.
- plus bas, la cohésion du matériel est plus forte, tandis que le versant est armé par une plus forte
proportion de gravillons ferrugineux.
- à la base, les eaux infiltrées sont restituées par les nappes souterraines et les sourcins : elles
exercent un soutirage du matériel qui crée un appel au vide, engendrant un profil convexe. Ces eaux
permettent par ailleurs une exportation importante de matières dissoutes, mais l’altération isovolumétrique
limite l’influence de ces départs sur le modelé.
Des nuances dans les modelés peuvent être dégagées en fonction de deux variétés de granites.
N.B. : L’élargissemnent des interfluves vers le nord est un fait genéral. (D’après les cartes de pentes sup. et id., photointerpr.
de P. DE LA SOUCHÈRE et L. BADARELLO).
64 LE hlILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
a. les granites gneissiques et alcalins des régions des plaines (littorales et intérieures) et des bas plateaux
donnent des reliefs confus et vallonnés. Le modelé y revêt deux aspects :
- ou bien des mamelons très étroits s’élèvent difficilement au-dessus des dépressions dont les
planchers n’ont pas la planité que l’on rencontre généralement. C’est d’après G . ROUGERIE (( probable-
ment une topographie particulièrement vieillie, où l’ennoyage tropical humide sous les produits colluviaux
arrive à l’emporter sur le déblaiement des bas-fonds )) .(Région de Divo, de Guitri, de Taï, arrière pays
de Fresco et de Sassandra...).
- ou bien des volumes à flancs convexes dominent des vasques largement évasées. Vers le nord,
les mamelons prennent une place plus grande et occupent une plus grande surface (fig. 17).
b. Les granifes à hjpersfhène de la région de Man et les granodiorites de la région d’Aboisso forment le
substratum de régions plus accidentées, et le modelé devient plus heurté, tout en restant dans le style des
pays granitiques. Le problème posé par ces reliefs n’est pas entièrement résolu, mouvements tectoniques
et paléoclimats moins humides avec formation de cuirasses ayant permis une meilleure résistance du relief,
peuvent être invoqués à titre d’hypothèses.
Les pays schisteux de plaines et de plateaux du sud de la Côte d’Ivoire possèdent, comme dans les
pays granitiques, une épaisse couverture d’altération, mais leur originalité provient de trois différences
essentielles :
- le matériel est constitué d’déments plus fins ; la roche s’altère en effet en argiles, et lorsqu’il
y a des micas, les oxydes de fer abondants par ailleurs peptisent ces argiles.
- les horizons des sols sont moins tranchés, en particulier les horizons de surface ne sont guère
plus perméables que le reste du profil.
- les nappes d’eau affleurantes sont rares, et le chevelu hydrographique est mieux développé,
la densité des talwegs étant plus forte,
Ces caractéristiques se répercutent sur les modelés par l’intermédiaire des agents de façonnement :
- le ruissellement semble en effet jouer un plus grand rôle que dans les pays granitiques ;la perméa-
bilité est suffisante pour entraver le ruissellement concentré, mais permet un ruissellement diffus très
important.
- ce ruissellement diffus est accru par le faible espacement des talwegs donnant des versants courts,
o il entraîne un décapage généralisé qui commence très haut sur les versants,
o il apporte une assez grande quantité de matériel au pied des versants, par colluvionnement,
et le raccordement du bas du versant et du bas fond se fait par une concavité.
- la solifluxion est davantage favorisée par les éléments limono-argileux : des bourrelets appa-
raissent sur les pentes. Pourtant le phénomène semble limité par la nature des argiles. Celles-ci sont en effet
ferrugineuses, ce qui diminue leur plasticité et porte leur limite de liquidité à une valeur trop élevée pour
qu’elle soit franchie. Les grands décollements sont donc rares, et seules des petits arrachements se pro-
duisent.
- Par ailleurs, l’absence fréquente de bas-fonds marécageux où les eaux stagnent, a un double
rôle sur le façonnement des versants et sur celui des bas-fonds :
o les sapements sont inexistants ce qui empêche les versants de garder une convexité médiane ;
- ASPECTDE LA GÉOMORPHOLOGIE
J.-M. AVENARD 65
FIG. 18. - Types de modelés sur Schistes (Echelle approchée 1/63 000).
En haut : Région de Labbé (au nord d’Abidjan).
En bas : Région de Beki (au sud d’Abengourou).
N.B. : Comme sur granites, l’élargissement des interfluves vers le nord est un fait général (D’après les cartes des lignes de
pentes supérieure et inférieure, photointerprétation de P. DE L A SOUCHÈRE et L. BADARELLO).
66 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
o les inondations moins fréquentes étalent moins les matériaux dans les bas-fonds, d’où engorge-
ment.
Enfin, la nature de la roche est peu favorable à une altération irrégulière : les fonds ont ainsi un
profil plus régulier (fig. 18).
Les sables tertiaires bordant le littoral apportent une originalité dans les modelés du sud de la Côte
d’Ivoire ; ils forment des bas plateaux dominant les lagunes et la mer vers le sud, mais aussi très souvent
en relief au-dessus des plaines granitiques et schisteuses vers le nord. A la place des vallonnements ou des
mamelonnements des schistes et des granites, on trouve ici des plateaux aux sommets horizontaux, à
l’allure festonnée sur leur pourtour, et coupés par des talwegs mieux hiérarchisés, mais non drainés. Les
versants sont doux, légèrement convexes en haut, concaves à la base.
Ces vallons prennent une forme différente sur la périphérie et plus particulièrement en bordure des
lagunes : fortement incisés, ils sont à fonds plats et proviennent d’une reprise d’érosion récente.
L’origine du modelé particulier est à rechercher dans la nature même de ce matériel essentiellement
quartzeux : l’altération y est faible : (( elle n’impose pas une orientation à I’évolution morphogénétique.
Pour Line fois, son efficacité passe après celle des agents d’érosion mécanique N (I).
Cependant, cette altération existe néanmoins et fractionne en particulier les sables en éléments
plus petits, de la taille des sables très fins et des limons. Ces éléments (( sont entraînés par les eaux d’infil-
tration et viennent colmater les vides de la formation dont ils diminuent la perméabilité : suffisamment
altérés, les sables, surtout lorsqu’ils sont ferrugineux à l’origine, donnent des formations superficielles
relativement compactes durcissant à la sécheresse et assez imperméables pour permettre le ruissellement )) ( 2 )
Le processus est lent et ne se développe sur sur des pentes faibles, mais il peut expliquer d’une part les
différences entre les plateaux et les incisions de la bordure dues à une reprise d’érosion rapide, d’autre part
le ruissellement important qui passe au ravinement comme dans le cas de la plantation industrielle sur les
sables de la région de Dabou, citée au paragraphe précédent. I1 faut ajouter cependant que quelques passées
argileuses peuvent avoir le même rôle.
Enfin, il faut bien voir que ces phénomènes n’empêchent pas complètement l’infiltration des eaux ;
mais cette eau infiltrée descend très profondément et alimente des nappes qui sont à une trop grande
profondeur pour former des émergences dans les bas-fonds. Les actions de sapements dues à la stagnation
de l’eau dans des marécages n’existent donc pas ici.
Y
Un dernier point mérite d’être signalé : ce sont les nombreuses dépressions fermées circulaires qui
occupent les surfaces des plateaux, et qui ont été étudiées par F. HUMBEL(’). Localisées essentiellement en
bordure des plateaux, elles sont sans doute dues à des tassements et affaissements d’un niveau argileux
sous-jacent, avec des phénomènes de soutirage (fig. 19).
FIG. 19. - Type de modelé sur Sables tertiaires (Echelle approchée 1/63 000).
Région en bordure de la Comoé (Plantations de Bongo) (D’après les cartes de lignes de pentes, photointerprétation
de P. DE LA SOUCHÈRE et L. BADARELLO).
Nettement repérables dans le paysage actuel, les formes qui sont liées aux roches vertes du Birrimien
dominent franchement les plateaux ou les plaines par de hautes buttes dont le commandement est souvent
de 300 à 400 m. Ces buttes à sommets souvent tabulaires, cuirassés, et à flans rigides et irréguliers dans le
détail sont en fait de forme complexe et correspondent aux reliefs que nous avons déjà décrits dans le
nord. Même sous forêt les G séquelles du passé dominent encore l’évolution morphogénétique )) (ROUGERIE),
et celle-ci n’apporte en fait qu’une modification de détail :
68 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
- les cuirasses du sommet sont attaquées par une déferruginisation exercée par les matières orga-
niques forestières, disloquées par les racines et la chute des arbres ; elles s’éboulent sur leurs fronts par
suite d’un sapement de la base par les eaux souterraines, etc. Elles forment des corniches qui dominent
les versants.
- les versants évoluent par ruissellement, avec parfois une solifluxion par décollements.
- les parties basses de ces versants sont par contre déjà mieux adaptées à la morphologie tropicale
humide, mais l’influence de la raideur des pentes perturbe encore son action.
La teneur en argile du matériau d’altération favorise la solifluxion et le ruissellement diffus en
surface. G . ROUGERIE pense que ces actions sont responsables des légères convexités qui marquent souvent
les deux tiers inférieurs des versants : G après une concavité sommitale, on voit en effet les pentes passer à
des valeurs croissantes vers le bas, de 10 à 15”, puis de 15 à 20, puis supérieures à 20”) D.
Mais les pentes fortes et longues permettent aussi un ruissellement concentré qui se manifeste sur
les versants par des sillons d’érosion au profil en V, sans élargissement des fonds.
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LE CLIMAT
Par
M. ELDIN'k
* Maître de Recherches en Bioclimatologie, Centre ORSTOM Adiopodoumé, BP 20, Abidjan (Côte d'Ivoire).
SOMMAIRE
i. PRÉSENTATION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Située dans le carré constitué par le 4‘ et le 11’ degré de latitude N et par le 2’ et le 9” degré de
longitude W, la Côte d’Ivoire présente deux zones climatiques principales en correspondance avec les deux
types de paysages rencontrés : savane et forêt claire au nord, forêt dense et humide au sud.
Le climat du sud de la Côte d’Ivoire se caractérise par l’existence de deux saisons des pluies : la
plus intense et la plus longue présente un maximum en juin, la plus courte est centrée sur octobre. Elles
sont séparées par la petite << saison sèche B d’août-septembre*. La grande saison sèche, telle qu’elle est
définie plus loin, dure en moyenne de 3 à 5 mois, comprenant décembre, janvier et février.
Le climat du nord de la Côte d’Ivoire ne présente qu’une seule saison des pluies ayant son maximum
d’intensité en août. L’unique saison sèche dure de 6 à 8 mois et son intensité augmente assez régulièrement
avec la latitude entre le 8’ et le 11e degré de latitude N.
I1 est intéressant de savoir quelles sont les causes de cette succession des saisons sèches et pluvieuses,
et pourquoi l’on passe d’un régime à 4 saisons dans le sud de la Côte d’Ivoire à un régime à 2 saisons
dans le nord.
Bien que la nature et le moteur de la circulation générale de l’atmosphère dans la zone intertropicale
soient encore très mal connus et prêtent à des thèses différentes, la plupart des auteurs [l] [2]** s’accordentà
reconnaître l’existence, dans cette partie du globe, d’une zone de confluence entre deux masses d’air. La
première est humide, d’origine océanique, de secteur SW, appelée a mousson D, mais n’est autre que
l’alizé de l’hémisphère austral dévié sur sa droite par la force de Coriolis après franchissement de l’équateur.
La deuxième est sèche, d’origine continentale, de secteur NE ; c’est l’alizé de l’hémisphère boréal.
Cette zone de confluence est appelee Front Intertropical (F.I.T.) ou ceinture intertropicale ou encore,
de façon plus exacte, zone de convergence intertropicale [3]. En effet, la confluence des deux masses d’air
n’étant pas accompagnée d’une augmentation de leurs vitesses, se traduit par un phénomène de convergence
qui va engendrer à son tour une ascendance de l’air avec formation de nuages [4].
Ces masses d’air, et, par suite, le F.I.T. lui-même, se déplacent sous l’effet principal des gradients de
pression. La dépression thermique saharienne située entre l’anticyclone des Açores et la cellule anticy-
clonique lybienne joue le rôle moteur principal. Quand elle remonte en latitude, elle crée un appel de mous-
son qui repousse le F.I.T. vers le nord et inversement quand elle descend vers l’équateur.
Le F.I.T. se caractérise par un déplacement lent et par une pente s’élevant très doucement vers le
sud. L’alizé continental boréal, appelé (( harmattan N, qui le gravite est un air très sec, et plus chaud que
* Tout au long de ce chapitre nous emploierons, par opposition à (( saison des pluies )), les termes commodes de
saison sèche B et de (( mois sec n, parfaitement impropres, car l’humidité de l’air reste très élevée en Basse Côte d’Ivoire,
même en saison (( sèche H. I1 faudrait parler de (( saison peu pluvieuse >> ou (( moins pluvieuse B.
** Les nombres entre crochets renvoient aux références bibliographiques citées en fin de chapitre.
78 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
l’air de mousson qu’il surmonte. Ainsi s’explique le fait que le F.I.T. en lui-même n’est le siège d’aucun
effet dynamique [5]. Par contre, défini comme zone de confluence entre deux masses d’air très différentes,
on conçoit qu’il corresponde à la limite entre deux types de temps bien distincts (fig. 1).
Q=== HARMATTAN
-
FIT
( a i r sec, chaud )
MOUSSON
Epaisseur de l a mousson en A ( a i r humide, relativement froid 1
v
s. w. A trace du N.E.
F I T au sol
FIG.1.
De plus, la trajectoire courbe des alizés austraux, qui de secteur SE avant le franchissement de
l’iquateur prennent l’orientation SN puis SW - NE dans l’hémisphère boréal et à laquelle le Dr
MORTHa donné le nom de (( Drift Equatorial )) [6],s’accompagne d’une variation continue dans la conver-
gence de cette masse d’air en mouvement. On peut ainsi distinguer schématiquement au sud du F.I.T.,
4 zones de convergence variable dont les caractéristiques sont donntes par le schéma I.
La masse d’air concernée (mousson) étant humide, donc particulièrement instable, la convergence
va provoquer par détente, des formations nuageuses à développement vertical qui se traduisent, soit par
des pluies abondantes si la convergence est seulement modérée, soit par des orages, des coups de vent, ou
des grains, si la convergence est forte [7].
Avec la zone située au nord du F.I.T. (zone A du schéma I) où règnent les alizés boréaux, ce sont
donc 5 zones principales qui se déplacent parallèlement au F.I.T. lui-même et qui, par leur défilement sur
une région déterminée, vont engendrer la succession des différents types de temps ou de saisons.
Ainsi la détermination du temps (du climat si l’on s’en tient à l’aspect moyen du temps pour une
période déterminée et en un lieu donné) apparaît étroitement liée au déplacement de ces zones climatiques,
c’est-à-dire, en fin de compte, au déplacement du F.I.T.
Dans un premier temps, nous ne considérerons le déplacement du F.I.T. qu’en fonction de sa cause
principale, c’est-à-dire, en fonction du déplacement de la dépression thermique saharienne. Cette étude
nous donnera des renseignements sur les positions moyennes du F.I.T. aux différentes périodes de l’année.
Nous verrons ensuite comment les grands centres d’action de l’hémisphère austral (Anticyclone de St.-
Hélène) ou de l’hémisphère boréal (Anticyclone des Açores et de Lybie, dépression d’Europe Occidentale,
activité du front polaire ...) provoquent des perturbations par rapport aux positions moyennes du F.I.T.
Les déplacements de la dépression thermique saharienne sont liés au balancement apparent du
soleil de part et d’autre de l’équateur. C’est au cours de la période entourant le solstice d’été boréal,
lorsque la déclinaison positive du soleil atteint son maximum, que le plus fort rayonnement solaire est
reçu par la masse continentale saharienne. Compte tenu de la grande inertie thermique de cette dernière,
la température maximale est obtenue avec un déphasage dans le temps de l’ordre d’un mois et demi,
c’est-à-dire en août. La dépression thermique atteint à ce moment là sa position la plus septentrionale. Il
en est de même du F.I.T. qui se trouve alors au voisinage du 20 ou 21” parallèle N.
SCHÉMA I
Désignation et Caractéristiques Types de temps Types de saisons Dates moyennes Dates moyennes
épaisseur de la zone des massa d’air provoqués en Côte d’Ivoire d’entrée et de sortie d’entrée et de sortie
des zones à des zones à
Abidjan Ferkéssédougou
Forte subsidence des basses Alizés boréaux maritimes ou Intérieur de la grande NORD NORD
Zone A couches atmosphériques. continentaux (Harmattan). Ail saison sèche (période
sec, chaud le jour, froid la nuit de l’Harmattan).
Brume sèche. 15/1 15/11
-
FRONT INTERTROPICAL
I
~ -
Zone B Convergence trek faible Beau temps. Bonne visibilité. Grande saison sèche 15/1 15/11
(300 à 350 km)* Brouillards matinaux. (début et fin).
(Stabilité atmosphérique). 1513 15/10
~~ ~ - -
Zone C Forte convergence Averses orageuses. 1513 15/10
(450/550km)* Formation de lignes de grains Intersaison 15/4 1/10
(NTornades n).
Coups de vent. 15/4 1/10
15/5 1519
Saison
Zone D Convergence modérée Forte humidité des pluies 15/5 1519
(450/550km)* Ciel très chargé de nuages bas et (Grande et petite)
moy. Pluies très abondantes
(presque continuelles). 1517
Lorsque la déclinaison du soleil diminue, pour devenir ensuite négative, la dépression thermique
saharienne descend en latitude, pour atteindre, vers la fin janvier, sa position la plus méridionale. Le F.I.T.
se trouve alors aux environs du 5e ou 6e degré de latitude N.
La position moyenne du F.I.T. et, par suite celles des diverses zones climatiques adjacentes, à une
période donnée de l’année, peuvent donc être déterminées. C’est ainsi que nous avons pu mentionner
dans les 5’ et 6” colonnes du schéma I, les dates moyennes d’entrée et de sortie à Abidjan et à Ferkéssédou-
gou de chacune des zones considérées, c’est-à-dire les dates moyennes du commencement et de la fin des
principales saisons en ces deux régions extrêmes de Côte d’Ivoire.
En décembre, janvier, février et mars, quand le F.I.T. se déplace entre le 5‘ et le IO” degré de lati-
tude N, toute la Côte d’Ivoire est dans les zones A et B du schéma I, c’est-à-dire, en saison sèche.
Quand le F.I.T. atteint, au cours du mois de janvier, sa position la plus méridionale, entre le 5’ et
le 6” degré de latitude N, la Côte d’Ivoire est toute entière soumise à un régime d’harmattan, vent sec de
secteur NE. La trace au sol du F.I.T. n’atteint Abidjan (5” 20‘) qu’une dizaine de jours par an ; mais,
lorsque le F.I.T. est plus au nord, compte tenu de sa pente très faible (fig. I), I’épaisseur de la mousson
reste peu importante et il est courant à Abidjan d’observer de la (( brume sèche D en altitude, au cours des
mois de décembre et janvier. Le ciel est alors uniformément couvert, de couleur gris-plomb, du fait de la
présence de fins grains de sable emportés par l’harmattan qui gravite le F.I.T.
Ensuite, ce dernier remonte progressivement en latitude pour atteindre vers le 15 avril les parages
du 11e parallèle N. La basse Côte d’Ivoire est alors dans la zone C. C’est une zone à forte convergence
caractérisée par des averses orageuses, des coups de vent et par le passage de grains.
Le défilement de cette zone correspond à une période, d’environ 2 mois, intermédiaire entre la
saison sèche et la saison des pluies. Les pluies sont très abondantes et généralement excédentaires par rap-
port aux besoins des végétaux, si bien que, du point de vue du seul bilan hydrique, cette période est à
rattacher en partie à la grande saison des pluies (cf. schéma I>.
Pendant le même temps, la Haute Côte d’Ivoire, en zone B, est encore en saison sèche.
Du 15 mai au 15 juillet, la Basse Côte d’Ivoire subit le passage de la zone D, caractérisée par une
convergence modérée, génératrice, avec le concours de la mousson chargée de vapeur d’eau, de pluies
quasi-continuelles, qui, malgré des intensités moins fortes qu’en zone C, finissent pas être très abondantes
(700 mm en juin dans la région d’Abidjan).
Pendant ce temps, la zone C recouvre d’abord le centre puis le nord de la Côte d’Ivoire (début de
l’unique saison des pluies dans la moitié nord du pays).
Le F.I.T. continue ensuite sa remontée vers le nord pour atteindre en août sa position la plus
septentrionale entre 19 et 22 degrés de latitude N.
Entre le 15 juillet et le 15 septembre, la zone D remonte sur le nord de la Côte d’Ivoire oÙ elle
provoque des pluies très abondantes (350 mm en août à Odienné), pendant que la zone E s’étend sur la
Basse Côte d’Ivoire.
C’est une zone à convergence nulle ou même légèrement négative (divergence). De ce fait, la pré-
sence de la mousson ne se traduit que par quelques pluies rares et peu abondantes, ce qui explique en
partie (Cf. Q 3) l’existence d’une petite saison sèche dans la moitié sud du pays.
Du 15 août au 15 janvier, le F.I.T. redescend alors en latitude entraînant en un point donné, la
succession des zones précédemment étudiées mais en sens contraire (cf. schéma I). La descente du F.I.T. en
latitude semble s’effectuer plus vite que sa montée sans doute pour des raisons liées au déplacement des
grands centres d’action dans l’hémisphère austral et dans la zone tempérée de l’hémisphère boréal.
I1 faut noter que le F.I.T. ne remonte généralement pas assez haut pour entraîner la zone E au-delà
de Bouaké, et la moitié nord de la Côte d’Ivoire ne connaît pas de petite saison sèche centrée sur août,
mois qui correspond, au contraire, au maximum des pluies dans cette région.
M. ELDIN- LE CLIMAT 81
On passe donc d’un régime à 2 saisons sèches et à 2 saisons des pluies dans le sud, à un régime à une
seule saison sèche (octobre h mai) et une seule saison des pluies (juin à septembre) dans le nord. La bande
de territoire qui s’étend de part et d’autre de Bouaké, entre le 7’ et le 9” degré de latitude N, est une zone
de transition, qui, suivant les années, subira un régime à 2 ou à 4 saisons et où, par suite, les prévisions
concernant le climat annuel sont particulièrement difficiles.
Le schéma qui a été présenté ci-dessus correspond au déplacement moyen du F.I.T., c’est-à-dire
au climat le plus fréquemment observé en une région donnée. I1 a été établi en supposant que le F.I.T. se
déplace de façon continue, soit vers le nord, soit vers le sud, parallèlement à l’équateur, et en fonction
seulement du balancement de la dépression thermique saharienne. I1 convient de dire que les choses ne se
passent pas exactement ainsi :
Tout d’abord le F.I.T. ne coïncide que rarement avec un parallèle mais présente fréquemment des
ondulations plus ou moins amples.
D’autre part, le F.I.T. se déplace le plus souvent par oscillations autour d’une position moyenne.
Ces oscillations, qui peuvent se produire au cours d’une journée, n’intéressent parfois qu’une portion
seulement du F.I.T.
I1 n’est pas rare de constater, au cours d’un mois donné, des déplacements du F.I.T. tantôt vers le
nord, tantôt vers le sud sur une bande correspondant à 3 ou 4 degrés de latitude (330 à 440 km) ce qui
entraîne une alternance des différents types de temps au cours d’un même mois, en un même lieu.
Enfin, ces déformations ou ces oscillations du F.I.T. sont le fait de l’activité des grands centres
d’action dans l’un ou l’autre hémisphère. Les situations que l’on retrouve le plus souvent sont les sui-
vantes :
- Quand les hautes pressions issues des Açores ou d’Europe Occidentale s’étendent en une vaste
dorsale sur l’Afrique du nord, le Sahara et la Lybie, le F.I.T. est refoulé vers le sud.
- Au contraire, lorsque la dépression saharienne se renforce entre l’anticyclone des Açores et
celui de Lybie, il peut se produire des appels de moussons repoussant le F.I.T. vers le nord dans sa partie
centrale. A l’est et à l’ouest, l’activité des cellules anticycloniques entretient la présence d’harmattan et
d’alizés maritimes de secteur N empêchant la progression vers le nord des parties orientales et occidentales
du F.I.T. Ce type d’ondulation du F.I.T. est très fréquemment observé [8].
Lorsqu’un couloir dépressionnaire, plus ou moins NS, se forme sur le continent africain, entre
l’anticyclone des Açores et celui de Lybie, reliant la dépression d’Europe Occidentale aux basses pressions
intertropicales, des masses d’air polaire s’écoulent par ce couloir vers le Sahara pouvant atteindre le Mali,
la Hte-Volta et même le nord de la Côte d’Ivoire où elles provoquent de petites chutes de pluies en pleine
saison sèche, entre décembre et février généralement, connues sous le nom de a pluies des mangues B.
Lorsque, vers le mois d’août, la ceinture des dépressions polaires est basse en latitude, il en résulte
un affaiblissement de la dépression thermique saharienne, la position du F.I.T. est plus méridionale que de
coutume. La zone E du schéma I ne remonte pas sur le sud de la Côte d’Ivoire, oh, par suite, la petite
saison sèche est inal caractérisée, et parfois totalement absente (année 1968, par exemple).
Au contraire, lorsque les hautes pressions australes (Anticyclone de St-Hélène) remontent sur la
côte méridionale d’Afrique de l’ouest, (ce qui est fréquent au mois de juillet et août), elles repoussent le
F.I.T. encore plus au nord et permettent ainsi l’installation de la petite saison sèche au sud du 8”parallèle N.
L’étude précédente met en évidence l’importance de l’activité des grands centres d’action dans les
zones tempérées des deux hémisphères sur le déterminisme du climat dans la zone intertropicale.
Les éléments de la circulation générale de l’atmosphère exposés ci-dessus, permettent de prévoir,
ou du moins de comprendre schématiquement, la raison d’être des différents types de temps obtenus en
Côte d’Ivoire. Voyons maintenant comment se caractérisent climatiquement ces différents types de temps.
82 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
Considérant qu’une description du temps est beaucoup plus facilement atteinte par la consultation
de cartes que par la lecture d’un texte, généralement fastidieux, nous nous en tiendrons ici aux traits
principaux des différentes saisons rencontrées en Côte d’Ivoire‘:’.
Une région de Côte d’Ivoire est en grande saison sèche lorsqu’elle subit l’influence des zones A ou B
du schéma I, ce qui conduit à diviser cette grande saison sèche en deux périodes bien distinctes.
1. GRANDESAISON SBCHE AVEC HARMATTAN (cf. tableau I). Elle est due à la présence de la zone A.
Dans le nord du pays, elle est ressentie pendant les mois de décembre, janvier et février. L’air est
sec, chaud dans la journée à cause de son origine saharienne et de son long parcours sur des zones déser-
tiques ou sahéliennes, froid la nuit B cause de sa faible teneur en eau (vapeur et liquide) qui autorise un
rayonnement terrestre nocturne très important.
I
TABLEAU
Abidjan*
Janvier a : Ferkéssédougou Bouaké (harmattan non
permanent)
--
* Nous nous permettons de signaler la prochaine parution d’un Atlas de Côte d’Ivoire préparé par I’ORSTOM et
l’Institut. de Géographie tropicale de l’université d’Abidjan, comportant de nombreuses planches climatologiques.
** Les définitions exactes de mois sec et de saisons sèches ou pluvieuses sont données plus loin (paragraphe 4). Nous
admettons pour l’instant les acceptions courantes de ces termes : il y a sécheresse climatique quand les besoins maximaux en
eau des végétaux ne sont pas couverts par les précipitations.
M. ELDIN- LE CLIMAT 83
Dans le sud, ce type de saison sèche ne dure que quelques semaines, en janvier généralement.
L’harmattan y est moins chaud le jour et moins froid Ia nuit que dans le nord.
Moins chaud le jour, car une partie de la chaleur qu’il transporte est utilisée pour la vaporisation
de l’eau à son passage sur la forêt.
Moins froid la nuit, car la proximité de la mer, des lagunes, et d’une façon générale de l’air humide
de la mousson, se traduit par une humidité déjà plus grande des basses couches atmosphériques, qui
diminue le rayonnement terrestre.
Les commentaires précédents sont illustrés par les données du tableau I. Ces données climatiques
ainsi que celles des tableaux suivants sont extraites des publications de 1’ASECNA (9, lo].
Les différences obtenues pour les amplitudes thermiques quotidiennes moyennes sont particulière-
ment nettes et méritent d’être soulignées comme facteur de différenciation climatique possible.
H % ............... 84 66 61 43
Les différences enregistrées à Ferkéssédougou pour les 2 types de saisons sèches sont beaucoup plus
importantes que celles obtenues pour Ferkéssédougou, Bouaké, et Abidjan au cours d’un même type de
saison sèche (sans harmattan), bien qu’il s’agisse de données correspondant à des mois différents et à des
latitudes diffkrentes.
84 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
III
TABLEAU
* 0M 0m .A0 e e H% ETP**
L’ETP”::: du mois de mars à Abidjan est à peu près d’eux fois plus forte que celle du mois d’août.
Ces valeurs qui intègrent, entre autres facteurs climatiques, l’effet cumulé du rayonnement global, de la
température moyenne, et de la richesse de l’atmosphère en vapeur d’eau, résument parfaitement les diffé-
rences existantes entre la petite et la grande saison sèche en basse Côte d’Ivoire.
* Il s’agit peut-être, simplement, d’une remontée d’eau froide profonde vers la surface de l’océan.
** Evapotranspiration potentielle (ETP). Cf.définition en 4-B.
M. ELDIN- LE CLIMAT 85
rement aux trombes terrestres d’Amérique Centrale qui, elles, méritent le nom de tornades. Ces lignes de
grains se déplacent généralement d’est en ouest à l’intérieur de la zone C .
c La ligne de grains constitue la limite antérieure (occidentale) d’une bande de quelques dizaines de
kilomètres formée de cumulonimbus presque soudés, avec des orages et de très fortes averses. Cette bande
est suivie d’une autre plus étendue (de l’ordre d’une centaine de kilomètres) où la pluie de plus en plus faible
provient d’une nappe de nuages moyens. La forte turbulence qui se manifeste dans la zone orageuse
contraste avec l’accalmie qui lui fait suite dans la zone de pluie faible. Au-delà de cette dernière, le temps
redevient normal. La discontinuité du vent de part et d’autre de la ligne de grains est très nette : à l’avant,
S.W. faible ou calme, en arrière N.E. fort avec rafales (10 à 30 m/s). Les vents forts persistent dans toute
la zone orageuse puis diminuent très rapidement dans la zone postérieure, où ils deviennent variables et
très faibles avant de s’orienter au S.W., à l’extérieur de la perturbation 9) (d’après GENBVE) [I 11.
La moitié méridionale de la zone C , dans laquelle la convergence est en diminution, apporte géné-
ralement des pluies excédentaires par rapport aux besoins maximaux des végétaux et, à ce titre, mérite d’être
considérée comme génératrice de saison des pluies.
La moitié septentriomale engendre des pluies très variables d’une année à l’autre : elle correspond à
une période qui se rattache tantôt à la saison sèche, tantôt à la saison des pluies, et que nous avons appelé
G intersaison )) (Schéma r).
La zone D, caractérisée par une convergence modérée, correspond aux chutes de pluie les plus
abondantes.
Ces fortes pluies durent de juillet à fin septembre dans la moitié nord du pays (unique saison des
pluies) avec un maximum en août (Ferkéssédougou : 300 mm ; Odienné : 350 mni).
Dans le sud du pays, il faut distinguer:
- Maximum de la grande saison des pluies : mai-juin-juillet avec maximum maximorum en juin.
(Abidjan : 700 mm ; Tabou : 600 ; Sassandra : 500 ; Gagnoa : 250).
- Maxiinum de la petite saison des pluies : octobre (Abidjan : 190 mm ; Tabou : 250 ; Sassandra :
120 ; Gagnoa : 170).
TABLEAU
IV
* -
OM Om A0 0 e H%
Les données du tableau IV montrent à quel point les diverses saisons des pluies se traduisent dans
l’ensemble du pays par des caractéristiquesclimatiques homogènes.
Elles ne se différencient guère que par des chutes d’eau plus ou moins abondantes. En ce qui concerne
la moitié sud du pays, l’influence de la mousson va, sauf exception, en diminuant des côtes vers l’intérieur
86 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
des terres et, parallèlement, la pluviométrie mensuelle maximale de la saison pluvieuse (grande ou petite),
décroît.
Il faut cependant signaler les incidences régionales sur la pluviométrie de deux facteurs géographiques
importants :
1. ORIENTATION
DE LA COTE : (Climat de Sassandra - Grand-Lahou)
Les vents de mousson, de secteur S.W. presque saturés de vapeur d’eau, engendrent des précipita-
tions plus abondantes quand ils rencontrent des obstacles (côte ou relief) qui les obligent à s’élever.
D’une façon assez régulière, tout au long du Golfe de Guinée, du Libéria jusqu’au Nigéria, on
remarque que les pluies sont d’autant plus intenses sur la côte, que cette dernière a une direction plus
voisine de la perpendiculaire au vent. Aubréville [I21 a proposé une explication schématique (fig. 2) en
faisant remarquer que, dans une région où le vent est homogène (même vitesse, même humidité), des
c tranches D de vent d’épaisseur égale, transportent la même quantité de vapeur d’eau condensable, et
que la côte arrosée par une de ces (( tranches D de vent, le sera d’autant moins en un point que sa longueur
est plus grande, c’est-à-dire qu’elle s’éloigne de la perpendiculaire à la direction du vent.
CONTINENT
A/
FIG.2
M. ELDIN- LE CLIMAT 87
Pendant une même période, AB reçoit la même quantité de pluie que BC. Comme A B # 3 BC,
il pleut 3 fois plus sur la côte BC que sur la côte AB.
On peut voir là l’explication des gradients pluviométriques que l’on observe entre la zone relati-
vement peu pluvieuse de Sassandra - Grand-Lahou (respectivement 1 600 et 1 670 nini par an) et des deux
pôles de fortes précipitations qui se situent aux extrémités est et ouest du littoral ivoirien (plus de 2 200 mm
par an).
2. RELIEF(LE V BAOULÉ)
A latitude égale, il pleut d’autant plus que le relief est plus accentué. C’est ainsi que l’ouest de la
d‘ôte d’Ivoire avec les Monts des Dan, les Monts des Toura et le Nimba, est beaucoup plus arrosé que
l’est (Région comprise entre Agnibilékrou et Bondoukou).
Mais pour une même altitude, et à l’intérieur d’une même zone de convergence du schéma I, les
pluies diminuent au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la mer.
On peut y voir un affaiblissement de l’influence de la mousson, qui perd de son humidité par conden-
sations successives lorsqu’elle pénètre dans les terres.
C’est ainsi que nous expliquons la sécheresse relative du V Baoulé qui apparaît nettement lorsqu’on
examine le dessin des isohyètes mensuelles dans cette région, en particulier pour les mois relativement secs
(décembre à avril). (cf. carte des données pluviométriques).
Les vents humides de S.W. qui finalement vont parvenir au-dessus du pays Baoulé, entre M’Bribo
et Tiébissou, commencent par perdre une grande partie de leur humidité au contact de la côte entre Harper
et Sassandra ; ils abordent ensuite (cf. fond orographique de la carte des déficits hydriques, les contre-
forts de l’espèce de plateau, entre 200 et 300 m d’altitude, qui s’étend dans le triangle Taï-Divo-Zuénoula
pour venir perdre ce qui leur reste d’eau condensable sur les collines ayant plus de 300 ni d’alti-
tude, qui bordent le Bandama sur sa rive orientale. Le V. Baoulé, sous le vent des lignes de relief précé-
dentes, est tout naturellement une zone à faibles précipitations relatives. Les mêmes vents humides de
S.W. qui attaquent la côte entre Sassandra et Grand-Lahou viennent provoquer des pluies relativement
importantes sur les collines du quadrilatère Bougouanou-Ouellé-Agnibilékrou-Abengourou, à l’est du
V. Baoulé, car, d’une part, ils ont attaqué la Côte avec un angle d’incidence plus grand (faible pluviométrie
sur le littoral entre Sassandra et Grand-Lahou) et, d’autre part, ils n’ont rencontré aucun reliefà plus
de 200 m, susceptible de provoquer d’importantes chutes d’eau.
Cette thèse est controversée. Certains météorologistes voient dans le V. Baoulé un effet de la
circulation de l’atmosphère à beaucoup plus grande échelle : (( Les Massifs du Hoggar et de l’Air, créant
une lacune dans la dépression thermique saharienne, il en résulterait deux zones privilégiées pour la for-
mation des lignes de grains. Une de ces lignes de grains aboutirait sur les contreforts orientaux du Fouta-
Djalon. A l’avant de cette ligne de grains il y aurait une zone à moindre convergence qui correspondrait
en partie au V Baoulé (d’après B. HAUDECGUR) [5].
Enfin certains auteurs voient dans ce V de savanes guinéennes qui pointe vers le Sud, le résultat
d’un paléoclimat sec. Son maintien en savane serait le résultat de l’activité humaine (défrichements, cul-
tures, feux de brousse) et son climat relativement sec une conséquence et non une cause de sa végétation.
88 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
S’il est possible d’opposer le nord de la Côte d’Ivoire, qui subit une longue saison sèche avec har-
mattan (air sec, forte amplitude de température, pluviométrie très faible), au sud du pays où la saison sèche
est morcelée en deux périodes, toutes deux sous l’influence presque continue de la mousson (air humide,
faible amplitude de température, pluviométrie mensuelle déficitaire mais ne descendant que pendant un
seul mois en dessous de 40 mm), il est difficile, à l’intérieur de ces deux grandes zones, de différencier des
climats sans faire appel à une classification objective basée sur la variation numérique d’un ou plusieurs
indices climatiques.
On peut toujours établir une infinité de classification climatiques en choisissant comme critère,
les valeurs prises par tel ou tel facteur ou combinaison de facteurs climatiques. L’intérêt d’une quelconque
de ces classifications est a priori douteux. Autrement dit, une classification ne peut être conçue qu’en
fonction d’un objectif précis.
Nous nous proposons ici d’établir une classification en liaison avec la vie végétale, c’est-à-dire
qui permette, compte tenu des facteurs non climatiques, de comprendre la répartition des groupements
végétaux naturels, et de prévoir où et dans quelle mesure, une culture dont on connaît les exigences écolo-
giques, pourra trouver un milieu climatique favorable h une bonne activité biologique.
La question se pose alors du choix des paramètres climatiques susceptibles de permettre une classi-
fication répondant au problème posé. I1 est clair que ce choix est, en principe, spécifique de chaque espèce
végétale, ou du moins, de chaque groupe de plantes ayant des exigences climatiques identiques. Nous vou-
lons ici une réponse globale, valable pour l’ensemble de la végétation ivoirienne et, de ce fait, la classifi-
cation proposte ne pourra être que grossière.
Les principaux facteurs climatiques susceptibles d’intervenir sont :
- le rayonnement solaire par sa quantité, sa qualité et sa durée.
- le rayonnement atmosphérique par sa quantité.
- la température de l’air par sa moyenne, ses amplitudes moyennes (quotidienne et annuelle),
ses extrema absolus.
- l’humidité de l’air et du sol.
- le vent par sa vitesse instantanée (dégats possibles) et surtout par sa vitesse moyenne (transport-
turbulence).
- Les précipitations et condensations comme sources premières de l’alimentation en eau.
Deux possibilités de classification sont envisageables :
1o Etablir une classification du genre dichotomique, dans laquelle les divers facteurs retenus entre-
raient en ligne de compte, les uns après les autres par ordre d’importance. Outre le fait que cet ordre
aurait un caractère arbitraire (pas forcément le même pour deux espèces végétales différentes), cette façon
de faire conduirait à une classification beaucoup trop complexe, dont l’intérêt pratique serait faible.
M. ELDIN- LE CLIMAT 89
2” Essayer de trouver un paramètre climatique dont la grandeur et les variations intègrent le plus
possible celles des principaux facteurs climatiques retenus. Pour que le poids de ces derniers dans le para-
mètre choisi n’ait pas un caractère trop arbitraire, il y a intérêt à prendre un paramètre correspondant à
une fonction biologique commune à l’ensemble du monde végétal supérieur (transpiration, respiration,
photosynthèse. ..).
Cette façon de procéder a, en outre, l’avantage de conduire à l’établissement d’une donnée numé-
rique à variation continue susceptible de recevoir une représentation cartographique facile.
Nous avons retenu cette deuxième solution ; la fonction biologique choisie est l’évapotranspiration
d’un couvert végétal, c’est-à-dire l’ensemble des pertes en eau du couvert par évaporation directe à la
surface du sol ou du feuillage et par transpiration végétale. Le paramètre de classification retenu est le
déficit hydrique climatique cumulé. Les schémas II et III résument la façon dont ce paramètre intègre
les principaux facteurs climatiques. La compréhension de ces schémas nécessite le rappel de quelques
définitions.
La définition de cette grandeur est facilitée par l’étude de la causalité de l’évapotranspiration réelle.
Le schéma II constitue une tentative pour résumer cette causalité. Cette dernière est assez complexe,
car les différents facteurs interfèrent les uns sur les autres et les causes et les effets sont souvent confondus
(l’humidité de l’air au-dessus de la surface, par exemple, est un des facteurs qui conditionnent directement
l’évapotranspiration mais c’est aussi, en partie, une conséquence de cette dernière). Aussi, ce schéma
n’a-t-il pas la prétention d’être complet, ni parfaitement exact. Son but est de montrer de façon synoptique
comment l’évapotranspiration de la feuille intègre la plupart des facteurs climatiques principaux du milieu.
2” De la valeur des résistances à la diffusion de la vapeur d’eau à travers les stomates (pour la
feuille seulement) et à travers la couche d’air qui avoisine la surface d’échange (pour la feuille et pour le
sol). Cette couche d’air, appelée couche limite de l’objet (feuille ou sol), correspond à la zone dans laquelle
l’écoulement de l’air est perturbé par la présence de l’objet.
Les deux conditions de la production de vapeur d’eau constituent deux facteurs limitants extrême-
ment importants de I’évapotranspiration. A ces deux facteurs limitants correspondent deux définitions
particulières de l’évapotranspiration :
* Nous faisons allusion ici à la <( thermovaporisation B, étudiée en particulier par E.A. BERNARD
[13].
r----
,I Précipitations
condensations
sous-stomatiques
OU espaces intercellulaires
LÉGENDE: r-------
I Facteur climatique;
I
L
principal
--------I
non climatique
1- Facteur limitant
de l’évapotranspiration
1. L’I?VAPOTRANSPIRATION
RÉELLE (ETR)
2. LYVAPOTRANSPIRATION
POTENTIELLE (ETP)
L’évapotranspiration d’un couvert végétal est dite potentielle quand l’énergie disponible pour la
vaporisation est le seul facteur limitant de cette première.
A cette définition théorique, on peut associer une définition c opérationnelle )) (qui permet une
mesure facile) : 1’ETP représente la quantité d’eau maximale susceptible d’être évaporée par un couvert
végétal abondant, couvrant bien le sol, en phase active de croissance, et alimenté en eau de façon optimale.
A cette quantité d’eau correspond l’énergie d’origine climatique captée par le couvert végétal pour en
assurer la vaporisation. Les conditions imposées dans la définition opérationnelle de l’ETP, ont pour but
d’éliminer les facteurs d’ordre physiologique ou pédologique qui pourraient limiter l’alimentation en
eau des surfaces évaporantes du couvert végétal, en sorte q u e l’énergie d’origine climatique disponible
pour la vaporisation soit totalement consommée et, par suite, qu’elle constitue le seul facteur limitant
de l’évapotranspiration.
De fait, l’expérience montre que des couverts végétaux différents, placés dans des conditions aussi
voisines que possible de celles de la définition opérationnelle de I’ETP consomment à peu près la même
quantité d’eau. Cela justifie le principe de la mesure de I’ETP en tant que grandeur uniquement climatique”,
traduisant par la demande en eau qu’elle détermine, l’action combinée (schéma II) du rayonnement global,
du rayonnement atmosphérique, de la température de l’air, de la vitesse du vent et des gradients de tem-
pérature et de pression de vapeur d’eau autour de la surface.
Ces derniers interviennent aussi dans le rapport de BOWEN (ß) c’est-à-dire dans la partition de
l’énergie calorifique captée en chaleur sensible ((9) et en chaleur latente de vaporisation ( Lx ETP) :
ß=--- Q -
P.Cp
x-
ST/dz
LXETP E ’ L aelaz
où :
P = pression atmosphérique
Cy = chaleur spécifique de l’air à pression constante.
E = densité de la vapeur d’eaujair sec.
L = chaleur de vaporisation de l’eau.
aT/& et aelaz = gradients verticaux de température et de pression de vapeur d’eau au-dessus du
couvert végétal.
A l’intégration des facteurs climatiques réalisée par 1’ETP s’ajoute celle réalisée, suivant le schéma
III, par le déficit hydrique climatique cumulé. Les précipitations et la durée de la saison sèche sont intégrées
à leur tour :
* En toute rigueur, l’énergie disponible pour la vaporisation d’un couvert dépend aussi de certaines caractéristiques
(albedo, rugosité ...,) de ce dernier. Mais l’influence du couvert est faible par rapport à celle des facteurs climatiques dans la
détermination de l’énergie disponible pour la vaporisation. Aussi, dans le cadre de cette étude, l’approximation t r b commode,
consistant à considérer I’ETP conme une grandeur ztiziquement climatique est tout B fait acceptable.
92 LE MILIEU NATUREL DE LA &TE D’IVOIRE
potentielle (ETP)
climatique (ETP-P)
Précipitations
et condensations-(]?)
Déficit hydrique
climatique cumul6
Durée de la saison sèche
-
Le déficit hydrique climatique (ETP P) est calculé pour une période quelconque (décade ou mois, par exemple).
Le déficit hydrique climatique criinrilé sur la durée de la saison sèche s’obtient en additionnant les déficits hydriques climatiques
de toutes les périodes incluses dans la durée de la saison sèche.
Le critère de classification adopté est ainsi bien défini, mais il reste à préciser ce que nous entendons
par G saison sèche D.
Quelle quantité minimale d’eau doit-il tomber pendant un mois pour que celui-ci ne soit pas un
mois {( sec N ? I1 est clair que cette question n’a pas de sens (sauf peut-être pour une petite région clima-
tiquement homogène), car elle suppose que les besoins en eau sont les mêmes en tous temps et en tous lieux.
L’apparition de l’état de sécheresse est liée au résultat d’un bilan entre une certaine demande clima-
tique en eau traduite par I’évapotranspiration potentielle (ETP), et une certaine offre traduite par la pluvio-
métrie (P).
Le déficit hydriqzie clinzatiqzie (D)défini par D = ETP -P, exprime le résultat de ce bilan (schémaII1).
Une période sera dite sèche lorsque ETP > P soit D > O.
Elle sera dite c pluvieuse )) si ETP < P soit D < O (excédent hydrique).
La << saison sèche )) sera définie comme la suite des périodes consécutives présentant un déficit
hydrique climatique.
Illustrons ces définitions par quelques exemples :
ETP en août à Adiopodoumé = 90 mm.
ETP en août à Odienné = 150 mm.
ETP en mars à Odienné
c = 180“.
Ainsi 100 mm de pluie en août correspondent à un mois humide à Adiopodoumé, mais sec à Odien-
né ; 150 mm de pluie à Odienné correspondent à un mois humide en août mais sec en mars.
* Ce paragraphe et les suivants (5 et 6)reprennent en partie le texte de la notice des cartes cliniatologiques de C.I.
rédigé en collaboration avec A. DAUDET 1151.
M. ELDIN- LE CLIMAT 93
La notion de déficit hydrique climatique permet de mieux réaliser combien il est arbitraire de
définir une sécheresse par la simple considération d’un montant pluviométrique.
Considérons maintenant un couvert végétal qui ne dispose pas de suffisamment d’eau pour répondre
à la demande climatique traduite par 1’ETP ; nous avons vu qu’il utilise une partie seulement de l’énergie
disponible et son évaporation est dite réelle (ETR), avec forcément ETR < ETP.
Nous dirons qu’il y a sécheresse écologique dès que ETR < ETP.
On peut objecter qu’un couvert végétal ne présente pas forcément des signes extérieurs de souffrance
par sécheresse sous un régime d’ETR correspondant il une fraction seulement de 1’ETP.
Cependant, il est maintenant bien établi que, tout autre facteur que l’alimentation en eau étant
égal d’ailleurs, le rythme métabolique le plus intense d’un couvert végétal est obtenu en régime d’ETP,
c’est-à-dire pratiquement lorsque ETR # ETP.
En particulier, le décrochage de I’ETR par rapport à 1’ETPentraîne une diminution de la production
de matière sèche, (fermeture plus ou moins prononcée des stomates) qui, conséquence d’une alimentation
hydrique insuffisante, traduit bien un début de sécheresse du couvert végétal.
Il est donc logique de considérer que ETR < ETP est la manifestation d’un état de sécheresse
écologique, d’autant plus prononcée que la différence ETP- ETR est plus grande.
L’absence de sécheresse étant caractérisée en tout lieu et en tout temps par ETR = ETP, il est
possible de chiffrer le degré de sécheresse atteint par un couvert végétal à la fin d’une période sèche par
la différence (A) entre la quantité d’eau qu’il aurait fallu pour assurer 1’ETP en permanence, et celle ( Q )
dont le couvert a pu effectivement bénéficier pendant la même période :
A = ETP-Q
Pour la saison sèche, on peut donc écrire, sans risque de grosse erreur
Q =P+Ro
d’où A ETP-P-Ro = D-Ro
Par analogie avec D , nous donnerons à A le nom de déficit hydrique eficace de la saison sèche.
I1 est possible de cumuler les déficits hydriques mensuels sur toute la saison sèche. NOUSdéfinissons
ainsi un déficit hydriqlre climatiqire eunidé ( C D ) et un déficit hydrique efficace cumulé (C A).
Ona:
C A = C(ETP)-CP-Ro = C D-Ro
En effet, la réserve R o n’intervient qu’une fois, même si elle est partiellement reconstituée au cours
de la saison sèche considérée, car la quantité d’eau qu’elle stocke ainsi est alors comprise dans C P.
On constate que le déficit hydrique clinzatique cumulé (C O)correspond grosso-modo au déficit
hydrique efficace cumulé (C A) augmenté de la réserve en eau utile du sol, c’est-à-dire à une mesure con-
tinue d’un degré de sécheresse écologiqiie.
Ainsi il s’avère que le déficit hydrique climatique cumulé est un paramètre intégrant la plupart
des facteurs climatiques du milieu et que sa grandeur est en relation étroite avec la physiologie de l’eau
du couvert végétal. Nous nous proposons donc d’établir une carte des déficits hydriques climatiques
cumulés (et, parallèlement, de la durée de la grande saison sèche) pour servir de base à une classification
des climats en relation avec la végétation.
Avant d’expliquer comment cette carte a été établie, une remarque doit être faite :
Parmi les facteurs climatiques principaux cités en début de chapitre comme susceptibles de condi-
tionner la présence ou l’absence de certaines espèces végétales, il en est deux qui n’ont pas été intégrés dans
le déficit hydrique climatique cumulé, à savoir :
I Dans le nord et dans le sud du pays en relation avec la présence durable ou l’absence d’harmat-
O
-
tan.
2” En altitude (zone montagneuse entre le Nimba et Man).
Pour les espèces végétales sensibles au thermopériodisme, ou qui ont besoin d’atteindre un certain
seuil de température pour l’initiation d’un processus biologique important, il y aurait lieu d’établir une
classification spéciale qui consisterait à n’appliquer le critère de différenciation précédemment défini
qu’à l’intérieur de zones géographiques dans lesquelles les conditions de température sont relativement
semblables.
M. ELDIN- LE CLIMAT 95
Elle comporte en fait 14 cartes à 1/4 O00 O00 : 12 cartes des isohyètes mensuelles, 1 carte des iso-
Iiyètes annuelles et 1 carte de la pluviométrie maximale moyenne pendant 30 jours consécutifs de l’année.
Cette dernière, qui n’a pas de rapport direct avec notre sujet, a été établie à cause de l’intérêt qu’elle pré-
sente dans les études d’érosion et de lessivage des sols.
Les données pluviométriques mensuelles ont été traitées de la façon suivante :
- Il n’a pas été tenu compte des postes ayant moins de 17 ans d’ancienneté.
- Pour les postes ayant 17 ans d’ancienneté ou davantage, les données correspondant aux années
antérieures à 1950 ont été éliminées dans un premier temps, de façon à ce que toutes les moyennes retenues
correspondent aux mesures recueillies sur 17 ans, de 1950 à 1966 inclus. Elles portent donc sur un ensemble
* Sous-entendu a dimatique >), lorsqu’il n’est pas précisé qu’il s’agit du déficit hydrique eflcace.
96 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
d’années consécutives identiques par leur nombre et par leur nature. Ces moyennes permettent de comparer
les stations les unes aux autres et, en particulier, pour les stations voisines, de calculer les rapports entre
moyennes.
Dans un deuxième temps, il a été accordé un (( poids N plus grand aux stations dont les moyennes
portent au moins sur 30 ans, mais en respectant les rapports déjà calculés. Cette façon de procéder est
connue en statistique sous le nom de (( réduction des moyennes à certaines périodes standard u [18].
Les moyens pluviométriques ainsi traitées ont conduit au dessin des isohyétes mensuelles et annuel-
les.
1. FOND
TOPOGRAPHIQUE A 1/1 O00 O00
I1 est issu de la carte aéronautique OACI et complété par la ligne de niveau 500 m dont le
tracé a été relevé sur des cartes de 1’IGN à 1/200 000, puis réduit à 1/1 O00 000. Dans la partie du Liberia
limitrophe de la Côte d’Ivoire, non couverte sur la carte OACI, les courbes de niveau ont été reconstituées
(de façon sans doute assez grossière) à partir d’une carte du relief d’un atlas de l’Afrique.
Ce fond topographique est en couleurs : huit trames teintées correspondent aux zones d’altitude
suivantes ; O à 100 my 100 à 200 my200 à 300 my 300 à 500 m y500 à 600 my 600 à 900 my900 à 1 200 my
et au-dessus de 1 200 m.
2. CLIMATOLOGIE
Les données climatiques de base qui ont été utilisées sont celles publiées par I’ASECNA complétées
par celles qui nous ont été communiquées par certains instituts de recherches installés en Côte d’Ivoire.
Nous avons utilisé en particulier les renseignements fournis par les stations de Lamto (station géophy-
sique), de La Mé (IRHO), et d’Azaguié (IFAC).
culées par la formule de TURClaissaient supposer que cette dernière conduisait à une sous-estimation
d’environ 15 % des ETP mensuelles.
Des études plus récentes ont montré que si la formule de TURCconduit à des ETP mensuelles
pouvant s’écarter de & 20 % des valeurs mesurées, il ne semble pas possible de conclure à une sous-
estimation systématique.
Des comparaisons effectuées à Abidjan, pour la période 65-69, conduiraient même à conclure
en faveur d’une surestimation de la formule de TURCpendant les mois de la grande saison sèche.
Pour un mois donné, les variations de la valeur moyenne de 1’ETP d’une station à une station
voisine sont assez faibles.
On peut donc, sans risque important d’erreur
1. Considérer que I’ETP mensuelle calculée en un point est valable pour toute une zone l’envi-
ronnant (sauf variations topographiques importantes).
2. Interpoler proportionnellement à la distance entre deux stations voisines où l’on peut calculer
1’ETP.
Sur ces bases, en tenant compte du relief et de la grandeur des écarts entre postes voisins, la Côte
d’Ivoire a été divisée en 18 zones, dont les contours et les numéros sont indiqués sur la carte I ci-après,
et à l’intérieur desquelles les ETP mensuelles sont considérées comme identiques (zones d’égale ETP
mensuelle).
Les règles de N zonalisation )) de I’ETP, définies ci-dessus, ne s’appliquent pas à la très basse Côte
d’Ivoire. En effet, une variation rapide de 1’ETP se manifeste au voisinage de la côte lorsqu’on s’éloigne
de celle-ci vers l’intérieur du pays. Une étude comparative faite entre les stations de Port-Bouet (ASECNA),
Adiopodoumé (ORSTOM), La Mé (IRHO) et Azaguié (IFAC) a montré que le gradient Nord-Sud de
1’ETP redevient très faible dès que l’on s’éloigne de plus de 20 ou 30 km de la côte. Par contre, la chute
d’ETP sur ces 20 à 30 km est de l’ordre de 15 %. Elle est due principalement à une insolation nettement
plus grande sur le bord de mer qu’à l’intérieur des terres. Nous avons obtenu les résultats suivants :
ETP (zone IV) # ETP (Azaguié) # ETP (La Mé) -5 % # ETP (Port-Bouet) - 15 %.
Par analogie, nous avons admis :
ETP (zone V) = ETP (Tabou) - 15 % car la station de Tabou, comme celle de Port-Bouet et
de Sassandra, est située à proximité immédiate de la mer.
Les moyennes de La Mé présentant une bonne sécurité, (12 années de mesure de l’insolation),
nous avons finalement retenu pour I’ETP de la zone IV la définition suivante :
TABLEAU
V
J F M A M J J A S O N D Totalannuel
ZoneI(Tabou) .......... 148 154 164 154 125 95 97 100 98 132 145 133 1545
ZonneII(Sassandra) ..... 145 146 159 156 135 105 108 114 121 147 148 143 1627
ZonneIII(Port-Bouet) .... 132 144 162 153 128 100 109 108 117 137 151 144 1585
ZoneIV (La Mé) ........ 122 129 142 141 124 93 94 93 95 118 128 120 1399
ZoneVflabou) .......... 126 131 139 131 106 81 82 85 83 112 123 113 1312
ZoneVI(Gagnoa) ........ 130 131 148 148 136 107 99 93 112 125 130 123 1482
ZoneVII(Lamto) ........ 142 144 153 149 148 115 113 95 107 130 143 135 1574
ZoneVIII (Abengourou) .. 133 141 152 150 136 109 105 95 102 127 133 139 1512
ZoneIX(Bondoukou) .... 345 153 163 162 148 126 117 98 109 135 138 139 1633
ZoneX (T3ouaké) ........ 130 140 153 147 138 108 92 87 109 128 125 121 1478
ZoneX1 (Man) .......... 144 144 149 138 132 107 89 87 115 138 129 130 1502
ZoneXII(Touba) ........ 149 159 169 153 136 123 123 128 139 142 141 137 1699
ZoneXIII (Katiola)...... 138 146 159 153 145 119 102 96 115 136 134 129 1572
ZoneXTV (Dabakala) .... 146 153 165 157 147 127 109 98 117 142 143 138 1642
ZoneXV (Tafiré) ........ 152 156 170 164 160 142 121 113 127 152 153 143 1753
ZoneXVI (Bouna-Bole) ... 161 167 176 166 161 143 122 103 121 153 162 155 1790
Moyennes .............. 142 148 160 153 140 116 109 103 115 136 141 135 1598
Pour chaque poste pluviométrique. les déficits hydriques mensuels moyens ont été calculés en
utilisant les indications des cartes d’isohyètes. de la carte des zones d’égale ETP mensuelle. et du tableau V .
II a été figuré en rouge, sur les cartes d’isohyètes mensuelles, les courbes joignant les points où, pour
le mois considéré, la pluviométrie est égale à 1’ETP. D’un côté de cette courbe (zone hachurée sur les
cartes), la pluviométrie est supérieure à I’ETP et il y a excédent hydrique, de l’autre côté, la pluviométrie
est inférieure à I’ETP, il y a déficit hydrique et le mois considéré est donc (( sec )) dans la zone non hachurée.
Pour les moís de la grande saison sèche, ces courbes, agrandies à 1/1 O00 O00 ont été reportées,
également en rouge, sur la carte des isodéficits hydriques cumulés, où elles définissent ainsi des zones d’égale
durée de la saison sèche. Les limites de zones correspondent, suivant le sens dans lequel on les traverse, à
l’apparition ou à la disparition d’un nouveau mois présentant un déficit hydrique.
Le nom de ce mois est inscrit en marge de la carte, sur la limite considérée. II est accompagné
d’une flèche indiquant le sens d’apparition de ce mois dans la durée de la saison sèche. A l’intérieur de ces
zones, les grands chiffres romains correspondent au numéro du premier et du dernier mois de la grande
saison sèche de la région étudiée (Exemple : X-IV : grande saison sèche commençant en octobre et se
prolongeant jusqu’en avril inclus, soit 7 mois consécutifs (( secs D).
La carte des données pluviométriques et la carte des déficits hydriques cumulés et de la durée de la
saison sèche fournissent pour un point quelconque de Côte d’Ivoire les données principales concernant le
bilan hydrique naturel. Tout autre facteur non climatique du milieu étant égal par ailleurs (facteurs éda-
phiques en particulier), la connaissance du déficit hydrique climatique cumulé, du nombre et de la nature
des mois consécutifs sur lesquels se cumule ce déficit, doit permettre dans de nombreux cas (cf. 4-A)
d’expliquer la présence ou l’absence, dans la région considérée, de telle ou telle association végétale, OLI
bien de préconiser la culture ou la plantation de telle ou telle espèce cultivée ou forestière.
Dans d’autres cas, pour des raisons d’ordre physiologique (début et durée du cycle végétatif,
importance d’une phase particulière du développement à l’intérieur du cycle végétatif, etc...) il est possible
que seulement une partie du déficit cumulé de la saison sèche ait une action prépondérante. I1 importe
alors, que l’utilisateur de ces cartes puisse calculer le déficit hydrique pour un OLI plusieurs mois qui I’inté-
ressent particulièrement. C’est la raison pour laquelle nous avons donné sous forme de cartes ou de tableaux
les valeurs des précipitations et des ETP mensuelles.
En fait, les facteurs édaphiques sont rarement constants; en particulier, la réserve en eau utile du sol
peut varier considérablement d’un type de sol à l’autre. Cette réserve qui se constitue en période d’excédent
hydrique, est utilisée pour I’évapotranspiration dès qu’un déficit hydrique climatique se manifeste. L’appa-
rition du début de l’état de sécheresse est d’autant plus retardée que cette réserve est importante. Pour la
mise en valeur agronomique, il serait donc intéressant de faire une carte des déficits hydriques efficaces
cumulés, c’est-à-dire des déficits hydriques climatiques cumulés, diminués en chaque point de la valeur de la
M. ELDIN- LE CLIMAT 101
réserve en eau utile du sol (supposée intégralement reconstituée au début de la saison sèche). C’est une
quantité d’eau àpeu près égale au montant de ce déficit hydrique efficace cumulé qu’une irrigation éventuelle
devrait théoriquement apporter, en moyenne, à chaque saison sèche. La valeur de la réserve en eau utile
du sol, joue le rôle de volant hydrique, et détermine, en première approximation, le rythme adéquat de
cette irrigation.
L’élaboration d’une carte des déficits hydriques efficaces cumulés est donc conditionnée par celle
d’une carte des réserves en eau utile des sols. La réalisation de cette dernière se heurte :
1) à des difficultés d’ordre pratique: grand nombre de types de sols différents, hétérogénéité
verticale et horizontale des horizons, superposition en un lieu donné de plusieurs horizons différents, etc...
2) à des dificultés d’ordre théorique : quelle profondeur standard adopter ? Elle est déterminée en
principe par la profondeur du système racinaire de l’espèce végétale étudiée, augmentée de l’épaisseur de
sol sur laquelle peuvent s’effectuer des remontees d’eau par capillarité.
Pour l’instant, on ne dispose pas pour l’ensemble de la Côte d’Ivoire des éléments nécessaires pour
dresser une telle carte, même grossière, et il appartient à chaque utilisateur d’évaluer, en fonction des sols
et des plantes étudiées, les réserves en eau utile des zones considérées, et de calculer pour ces dernières les
déficits hydriques efficaces cumulés.
I1 convient enfin d’insister sur le fait que les grandeurs numériques portées sur ces cartes ont surtout
une valeur relative. Elles permettent de définir et de comparer des zones climatiques naturelles. En valeur
absolue, l’erreur sur la grandeur du déficit hydrique climatique cumulé peut sans doute atteindre -I 20 %
dans certains cas ; parmi les principales causes d’erreur, il faut citer :
- Incertitude sur les valeurs de base qui ont servi au calcul des moyennes de précipitations, des
températures et des insolations relatives (erreurs de mesures).
- Pour certains postes, nombre insuffisant d’années sur lesquelles les moyennes ont été établies
(La (( réduction des moyennes pluviométriques )) pallie partiellement cette insuffisance).
- Erreur de la valeur de I’ETP mensuelle due à la nature empirique et par conséquent approxima-
tive de la formule de TURC,qui reste néanmoins, à notre avis, l’une des moins mauvaises formules clima-
tiques simples donnant I’ETP.
- Les erreurs faites sur les moyennes mensuelles des précipitations et de 1’ETP peuvent s’ajouter
dans le calcul du déficit hydrique mensuel :
- Les erreurs sur les déficits hydriques mensuels se cumulent en même temps que ces derniers.
- Une erreur systématique est introduite par le fait que les déficits hydriques cumulés moyens ont
été calculés sur une durée inoyenne de la saison sèche (définie à partir des moyennes mensuelles de pluie
et d’ETP) c’est-à-dire en faisant la somme des déficits 11-ydriques nieizszrels moyens pour les mois de cette
saison sèche nioyeiaie. .
Ainsi les années à saison sèche anormalement courte, sont prises en considération, car les pluviomé-
tries mensuelles relativement fortes des mois (( secs N de ces années interviennent dans le calcul des moyennes
pluviométriques des mois de la saison sèche nqojlenne, donc aussi sur les déficits hydriques mensuels moyens
et, par suite, sur la valeur du déficit hydrique cumulé moyen.
Par contre, les années à saison sèche anormalement longue, c’est-à-dire les années où les mois exté-
rieurs à la saison sèche moyenne présentent un déficit hydrique mensuel positif, n’interviennent pas dans
le calcul du déficit hydrique cumulé moyen.
102 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
Les déficits hydriques cumulés qui ont été calculés dans Je présent travail sont donc systématique-
ment sous-estimés. A cause de la grande variation des pluviométries mensuelles d’une année à l’autre,
cette erreur par défaut, heureusement assez régulière, pour les postes de Côte d’Ivoire, est de l’ordre
de 20 % pour l’ensemble du pays.
On peut supprimer cette erreur en calculant pour chaque poste les déficits hydriques ezrmirlt;s,
année par année, et en prenant la valeur moyenne de ces déficits czmzrrlés comme déficit cumulé m o p w du
poste considéré ; cette façon de procéder, plus exacte, est aussi beaucoup plus longue, et nous y avons
renoncé provisoirement, en attendant de pouvoir travailler sur ordinateur::.
Cette erreur systématique de -20 compense en partie l’erreur systématique de i-15 % due à
la majoration des valeurs mensuelles de I’ETP calculée par la formule de TURC.Cette majoration avait
été effectuée à tort au moment oh les documents cartographiques ont été établis (cf. 5.B.2.~).
Ainsi les déficits hydriques cumulés tels qu’ils ont été cartographiés pêchent vraisemblablement par
défaut d’environ 5 %. Cette erreur systématique est de peu d’importance par rapport aux erreurs aléatoires
qui atteignent sans doute +20 %, et ne modifie en rien la position relative des courbes, ni, par suite celle
des différentes régions à sécheresse plus ou moins accusée.
Cette carte peut donc servir de base pour une classification climatique.
La question qui se pose est de savoir comment arriver à diviser la Côte d’Ivoire en quelques zones
climatiques principales à partir du tracé des lignes d’isodéficits hydriques cumulés. Ce paramètre ayant été
choisi (cf. 4.) pour une classification en relation avec la végétation, il est normal de se tourner vers la carte
des groupements végétaux naturels (cf. chapitre et carte sur la végétation de la Côte d’Ivoire) pour savoir :
1. S’il y a coïncidence entre certaines lignes d’isodéficit hydrique cumulé et les grandes frontières
végétales naturelles.
2. Si oui, quelles sont les valeurs critiques de ce déficit hydrique cumulé qui semblent jouer un rôle
biologique important.
NOLEavons reproduit sur la carte botanique ci-jointe (qui résulte d’une réduction au 1/4 O00 O00
et d’une simplification de la carte de la végétation présentée par ailleurs) les lignes d’isodéficits hydriques
cumulés correspondant à 150, 250,400, 600 et 850 mm (cf. carte 2).
Ces valeurs particulières d’isodéficit hydrique cumulé ont été choisies à cause de la correspondance
qui existe entre elles et les limites de huit zones principales de végétation définies (d’après la carte de la
végétation) de la façon suivante :
- Zone 1 : Secteur Soudanais
- Zone 2 : Secteur Sub-Soudanais
- Zone 3 : Elle regroupe Ia savane guinéenne et la forêt à Arrbrevillea kerstingii et Khaya grandgolia
qui sont étroitement imbriqués.
- Zone 4 : Reste du secteur mésophile savoir : type à Celtis spp. et Triplochiton scleroxylon
et sa variante 8. Nesogordonia papaverifera et Khaya ivorensis.
* C’est chose faite, au moment où ce texte est mis sous presse. Une nouvelle carte des déficits hydriques climatiques
cumulés, calculés par cette méthode, a été dressée par l’auteur. Elle sera publiée, courant 1971, dans le cadre de l’Atlas de
Côte d’Ivoire (Cf: note page 82).
M. ELDIN- LE CLIMAT 103
II I I I I I II
H A U T E - V O L T A
7 0
I'
DOMAINE SOUDANAIS DOMAINE GUINEEN
SECTEUR S O U D A N A I S SECTEUR MESOPHILE (forêt dense humide semi-décidue)
Savane boisée, arborée ou arbustive etiou forêt claire Savane guinéenne et forêt à Aubrevil/ea kerstingii et Khaya
SECTEUR S U B SOUDANAIS grandifolia
Le tableau VI résume les correspondances entre zones de végétation et zones climatiques. Le degré
d’exactitude de ces correspondances apparaît sur la carte 2 ci-jointe. Elle n’est pas toujours bonne, ce qui
est normal, car, nous l’avons vu (cf. 4), I’état de sécheresse que peut supporter une végétation est en
liaison avec le déficit hydrique cumulé eflcace et non pas climatique.
Autrement dit, il faut tenir compte de la réserve en eau utile des sols dans les régions où elle s’écarte
considérablement, en plus ou en moins, d’une valeur moyenne établie pour l’ensemble du pays.
TABLEAU VI
(cf. également carte 2)
ZONESCLIMATIQUES ET VÉGÉTATION
~~
Végétation Climats
Désignation
Correspondances botaniques des climats Limites géographiques
1. Zone de la réserve de Bouna, sur sols ferrugineux tropicaux sableux à très faible capacité de
rétention.
La présence de cette zone pédologique peut expliquer l’inflexion brutale vers le sud de l’extrémité
orientale de la limite secteur soudanais - secteur sub-soudanais par rapport à la ligne d’isodéficit 850 mm.
2. Descente de la savane sub-soudanaise au N.E. de Bouaké, en liaison avec la présence de sols
dérivés de roches basiques, à point de flétrissement élevé.
3. Ces mêmes sols sur roches basiques, se retrouvent à l’ouest du V baoulé, entre M’Bribo et
Bouaflé. De plus, l’effet de la pente (nombreuses collines à plus de 300 m et lignes de crêtes dominant les
vallées du Bandama et de ses affluents), qui occasionne des pertes importantes d’eau de pluie par ruissel-
lement, vient s’ajouter à la nature des sols pour augmenter les déficits hydriques efficaces. On peut expliquer
ainsi que dans cette région la ligne d’isodéficit climatique cumulé 400 mm passe au N de la limite entre les
zones de végétation 3 et 4.
C’est le cas des zones à sols sur schistes, présentant une bonne profondeur et une texture fine qui
leur confèrent une réserve en eau nettement plus grande que celle des sols sur granite.
1. On explique ainsi !a remontée de la forêt mésophile (zone de végétation no 4) à l’est du V baoulé,
bien au nord de la ligne d’isodéficit cumulé 400 mm.
2. On retrouve toujours à l’est du pays, mais un peu plus au sud, le même phénomène concernant
cette fois la limite du secteur mésophile et du secteur ombrophile qui passe un peu au nord de la ligne
d’isodéficit cumulé 250 mm.
3. Le débordement de la zone 6 (Forêt ombrophile, très hygrophile ) par rapport à la ligne d’iso-
déficit cumulé 150 mm, dans le sud-est du pays, de la frontière ghanéenne jusqu’au nord de Fresco, semble
lui aussi lié à l a présence des sols sur schistes ajoutant leur bonne réserve en eau àl’effet des déficits hydrique
cumulés climatiques déjà faibles (< 250 mm). Il est en effet remarquable que la limite sud de cette tache
de forêt à Diospj~rosspp. et Maparria spp. suive exactement la frontière entre sols sur schistes et sols sableux
du continental terminal, et que la limite nord suive fidèlement le tracé de la ligne d’isodéficit cumulé
250 mm.
Cependant, il faut bien reconnaître que la zone climatique F, au sud de la ligne d’isodéficit 250 mm
ne correspond, semble-t-il, à aucune végétation spécifique. De même, la remontée de la végétation ombro-
phile à l’ouest du Sassandra jusqu’au 8” parallèle, ne peut s’expliquer à partir de la carte des déficits
hydriques cumulés.
Il est vraisemblable que cette absence de corrélation est imputable en partie à une mauvaise esti-
mation des déficits hydriques.
106 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
Dans la zone littorale, entre San Pédro et Abidjan, les ETP ont été calculées pour des stations du
bord de mer (Sassandra) ou pour des stations nettement à l’intérieur des terres (Gagnoa-Lanito).
Le gradient N.S. de cette grandeur a été estimé à partir de ce qui se passe dans la région d’Abidjan
où il existe de plus nombreux points de niesure. Ce gradient est sans doute plus fort encore dans la partie
du littoral comprise entre San Pédro et Grand-Lahou, et il est probable que la zone à déficit hydrique
cumulé inférieur à 400 nim n’intéresse qu’une toute petite région s’étendant à une trentaine de kilomètres
autour de Sassandra, et que la ligne d’isodéficit 250 mm passe en fait beaucoup plus près de la côte, par
rapport à son tracé initial.
Sur la carte 2, incluse dans le présent texte, nous avons figuré en traits fins continus les anciens
tracés des lignes d’isodéficits et en traits interrompus les tracés correspondant aux corrections ci-dessus.
Enfin, le fait qu’aux déficits hydriques cumulés > 250 mm de la zone climatique F, ne correspondent
pas le même type de végétation que dans la zone C (zone de végétation mésophile no 4) s’explique vrai-
semblablement par la proximité de la mer et l’influence de la salure (halophytes).
Dans la région montagneuse de Man, entre le Sassandra et la frontière libéro-guinéenne, l’absence
de poste climatologique (hormis Man), laisse la place à bien des hypothèses.
La plus vraisemblable, à la lumière des données fournies par les expéditions effectuées dans cette
région, en particulier sur le Mont-Nimba [19], consiste à supposer que la végétation spécifique de cette zone
résulte d’un effet combiné de l’altitude (à partir de 300 ou 400 ITI) et de la latitude (Nord de Toulepleu),
c’est-à-dire traduit l’effet d’un climat particulier oil les basses températures (altitude) joueraient un rôle
physiologique important sur des espèces végétales ombrophiles ne supportant pas des déficits hydriques
cumulés supérieurs à 300 mm (latitude).
De plus, le tracé des lignes d’isodéficit cumulé dessiné initialement apparaít également douteux dans
cette région. Les pluies y sont vraisemblablement plus importantes et les ETP plus faibles que prévues à
cause de la grande humidité de l’air, du rayonnement solaire global réduit par la nébulosité (sauf peut-
être sur les sommets à plus de 1 O00 ni), et des basses températures. Les lignes d’isodéficits cumulés
doivent en réalité (cf. corrections apportées sur la carte 21, avoir des allures de demi-cercles centrés sur
le Nimba et être inférieur à 300 mm.
Ainsi aux zones climatiques A, B, Cl, C2, D l et D 2 définies à partir des seuls déficits hydriques
cumulés, nous avons été amenés, dans la mesure où la végétation ne cadrait plus avec la classification
proposée, et conformément à la remarque faite à la fin du paragraphe 4, à considérer deux zones clima-
tiques supplémentaires E et F, hors classification. Autrement dit, inversant l’ordre des facteurs, et consi-
dérant la végétation naturelle comme l’intégrale dans le temps et dans l’espace de très nombreux facteurs
climatiques, nous avons été conduit à penser qu’à un type de végétation bien particulier et bien localisé
devait vraisemblablement correspondre un climat bien particulier, lui aussi, s’expliquant par l’intervention
de facteurs climatiques non pris en considération dans les critères initiaux de classification (non intégrés
par le déficit hydrique cumulé, en l’occurrence). I1 s’agit de l’influence de l’air maritime (climat F) sur des
plantes relativement résistantes à la sécheresse (déficit hydrique cumulé > 250 mm) et de l’influence de
l’altitude (climat E) sur des plantes relativement hygrophiles (déficit hydrique cumulé < 300 mm). Le fait
qu’un nouveau facteur climatique entre en jeu, n’implique pas, bien sûr, que les autres (déficits hydriques
cumulés) n’interviennent plus.
Le tableau VI1 donne les principales caractéristiques des zones climatiques précédemment définies.
A la lecture de ce tableau, il se confirme que les Cléments de différenciation climatique sont principalement
le déficit hydrique climatique cumulé, la durée de la saison sèche, et les moyennes, les amplitudes et les
extrema de température.
M. ELDIN- LE CLIMAT 107
vu
TABLEAU
* (C’ 2 et 3).
On peut regretter que l’étude climatique présentée ici soit basée uniquement sur des moyennes. La
grande variabilité dans le temps des précipitations mensuelles, par exemple. rend délicate, pour l’utilisateur,
l’interprétation des cartes établies et en limite un peu la portée. I1 est clair qu’une analyse fréquentielle
des pluies et des déficits hydriques apporterait une donnée complémentaire d’une grande utilité pour
I’établissement de projets de mise en valeur comme pour la classification des climats. Si, par exemple,
on admet que la sécheresse est le facteur limitant de l’extension de la forêt ombrophile vers le nord, la
considération de la valeur moyenne du déficit hydrique cumulé a vraisemblablement moins de signification
que celle des valeurs exceptionnelles qu’il peut prendre.
108 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
En d’autres termes, il serait intéressant qu’à ces cartes de moyennes puissent s’ajouter dans l’avenir,
des cartes des déficits hydriques cumulés quinquennaux ou décennaux“’.Leur élaboration ne présente pas
de difficulté théorique considérable mais nécessite une étude statistique assez longue qui justifierait large-
ment l’emploi d’un ordinateur et supposerait la mise des données climatiques de base sur support mécano-
graphique.
[l] QUENEY(P.), 1956. - Mise au point des théories récentes sur les grands phénomènes atmosphériques. Will. Assoc.
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par
.
2 DONNÉES PLUVIOMÉTRIQUES ET CLIMATOLOGIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
2.1. LES PRÉCIPITATIONS .................................................................... 118
2.1.1. HAUTEURS DES PR~CIPITATIONS ANNUELLES............................................... 119
2.1.2. HAUTEURS MOYENNES DES PRÉCIPITATIONS MENSUELLES ..................................... 120
2.1.3. LESPRÉCIPITATIONS JOURNALIBRES ...................................................... 124
2.2. EVAPORATION .......................................................................... 128
2.3. TEMPÉRATURE - INSOLATION - HUMIDITÉ .............................................. 129
.
3 LES RÉGIMESHYDROLOGIQUES ET LEURS ÉLÉMENTS ......................... 129
3.1. CLASSIFICATION DES RÉGIMES .... ....................... 129
3.1.1. RÉGIMETROPICAL DE TRANSITION ............. ..................................... 129
3.1.2. RÉGIMEBQWATORTAL DE TRANSITION ................................... 130
3.1.3. RÉG~WEÉQUATORIAL DE TRANSITION ATTÉNUÉ ............................................. 130
3.1.4. R6GIME DE .......
MONTAGNE ................................... 130
3.2. L’ABONDANCE ANNUELLE .......... ................................... 131
3.2.1. LESMODULES ANNUELS (ou DÉBITS MOYENS ANNUELS) ...................................... 131
3.2.2. MODULES SPÉCIFIQUE~ ET LAMES D’EAU ÉCOULÉES ......................................... 132
3.2.3. IRRÉGULARITÉ INTERANNUELLE ......... ............................................. 136
3.2.4. LESDÉFICITS D’ECOULEMENT ........................................................... 136
3.3. LES VARIATIONS SAISONNIÈRES DES ÉCOULEMENTS .................................. 139
3.4. LES DÉBITS DE CRUE .................................................................... 140
3.4.1. LESCRUES SUR LES PETITS BASSINS REPR~ENTATIFSDE COTE D’IVOIRE. . ............ 142
3.4.2. DÉTERMINATION DES CRUES DE FAIBLE FRBQUENCE AUX STATIONS DU RÉSEAU ................... 147
3.5. LE TARISSEMENT ET LES DÉBITS D’ÉTIAGE . . . . . . . . . . . . . . 149
3.5.1. LESTARISSEMENTS ....... ........................................................ 150
3.5.2. LESVALEURS DES DÉBITS D’ÉTIAGE ..................................................... 151
ANNEXE
1, RESEAU HYDROGRAPHIQUE DE CôTE D’IVOIRE
Le Cavally prend sa source en Guinée, au nord du Mont Nimba, à une altitude voisine de 600 m.
Long de 700 km, son lit sert de frontière entre le Libéria et la Côte d’Ivoire dans son cours moyen (un
peu au sud de Toulépleu) et dans son cours inférieur.
Le bassin versant a une superficie de 28 800 km2 à Taté, station hydrométrique située à 60 kni de
l’embouchure.
Deux stations ont été installées sur le cours supérieur : Taï (superficie du bassin versant 12 400 km2),
et Flampleu (2 200 km2).
La Côte d’Ivoire ne possède que 15 O00 km2 environ de bassin versant.
A Ia source, le Cavally se nomme Djougou ; il reçoit en rive gauche le Dire. Jusqu’à Toulepleu,
il ne reçoit que de très petits affluents.
Avant la zone des rapides de Taï, le Cavally reçoit en rive gauche, le Doui, le Goin, le Doué, le
Débé, et en rive droite le Dren. A Taï, il reçoit le NTé, et une zone de rapides commence et s’étend jusqu’à
Grabo. Le Hana et le Neka viennent grossir le Cavally en rive gauche et le Douobé, le Gbeh et le Ci en
rive droite.
La pente moyenne est de 0,85 m par km ;elle atteint, dans la zone des rapides, environ 1 m par km.
A noter les chutes de Sélédio qui ne dépassent pas 1 m de hauteur.
Au point de vue hypsométrie, seulement 16 % du bassin se trouvent au-dessus de 400 m, 27 %
au-dessus de 300 m ; plus de la moitié du bassin est au-dessus de 200 m.
Le Sassandra prend sa source dans la région de Beyla en Guinée, sous le nom de Féroudougouba.
Son bassin couvre une superficie d’à peu près 75 O00 km2. A Soubré, le bassin versant est de 62 O00 km2.
Long de 650 km, le Snssandra reçoit deuxaffluents importants en rive droite : le Bafing et le N’Zo.
I
FIG.1. - LE CAVALLY. Profil en long. FIG.3. -LE CAVALLY. En amont de Tiboto (Grabo).
Courbe hypsométrique.
Le premier affluent reçu est, en rive gauche, le Boa dans lequel se jette le Tiemba. Après ce confluent,
la pente est faible, sans rapides. En rive droite, se jette le Bafing dont le bassin versant à Tabala est de
6 O00 km2. Après le confluent du Bafing, le lit du Sassandra est parsemé d’îlots et présente de nombreux
méandres.
Après Guessabo, le Sassandra reçoit, en rive droite, le N’Zo, dont le bassin versant à Guiglo a
environ 7 O00 km2. I1 faut remarquer le Drou, affluent du Koh, lui-même affluent du N’zo, qui a fait
l’objet d’une étude particulière. Des rapides coupent le lit du Sassandra : rapides Bale, Broudé, Barakué,
Poutopotou, Bola. Puis il reçoit, en rive gauche, le Lobo. Enfin, vers Soubre, avec les chutes Naoua,
commence une série de rapides qui s’étendent jusqu’au Davo, dernier affluent en rive gauche.
On note deux secteurs de fortes pentes, l’un dans le cours supérieur et l’autre dans les 60 km qui
viennent en aval de SoubrC.
Au point de vue hypsométrie, près de la moitié du bassin est à une cote idérieure à 300 m. Seule-
ment 20 % du bassin sont au-dessus de 500 m. Le potentiel énergétique du bassin n’est donc pas très
grand.
La pente moyenne est de 0,50 m par km.
Le Bandama est formé du Bandama Blanc et du Bandama Rouge ou Marahoué. Ils prennent
tous les deux leur source dans la région de Boundiali.
Le Bandama a une longueur de 1 050 km. Son bassin versant total est de 97 000 km2 environ,
dont 24 300 pour le Marahoué et 35 500 pour le N’zi.
Coulant d’abord d’ouest en est pendant près de 200 km, le Bandama, àpartir de la route de Korhogo
à Ferkéssédougou, prend la direction N-S. Son lit comporte alors beaucoup de méandres. Les affluents
sont jusque-18, le Solomougou et le Bou, en rive droite, le Badénou et le Lokopho en rive gauche. Vers
Marabadiassa, le Bandama présente des chutes d’un à deux mètres.
Au droit de KOSSOU, la vallée du Bandania se resserre notablement. Peu après, le Bandama Blanc
reçoit en rive droite le Marahoué, long de 550 km. Ensuite, sa direction s’infléchit vers le sud-est jusqu’au
N’zi, affluent de rive gauche, long de 725 kin. Avant le N’zi, nous avons la zone des rapides d’Oumé
avec 100 m de dénivellation pour 100 km de cours. Il faut noter aussi le Kan et le Téné en rive droite,
et les deux Kan de rive gauche.
Le profil en long révèle pour le Bandama une pente un peu plus forte entre Kossou et Brimbo :
0,80 in par km. La pente moyenne n’est que de 0,40 m par km. Seuls 5 % du bassin sont au-dessus de
500 m’et 56 % au-dessus de la cote 250.
La Comoé prend sa source dans la région de Banfora (Haute-Volta). Avec un cours de 1 160 km,
c’est le plus long fleuve de Côte d’Ivoire.
Son lit draine un bassin versant de 78 O00 km2 environ.
I1 coule dans une direction N-S et ne comporte aucun affluent important. Pour mémoire, on peut
citer, en rive gauche, le Diore, le Ba grossi de l’Ifou, le Béki et le Manzan, et, en rive droite, le Kossa.
De la source à Sérébou, le lit de la Comoé est coupé par quelques seuils rocheux qui donnent des
rapides peu importants.
En descendant de Sérébou à Bettie, on rencontre de petits rapides apparents aux basses eaux et
noyés aux hautes eaux. Une seule dénivellation est intéressante pour un éventuel aménagement hydro-
électrique : les rapides entre Attakro et Aniassué, qui donnent quelques mètres de chute.
d a m i linbrrlvrr m h.
d
On note, en amont de Malamalasso, des rapides étendus sur quelques kilomètres, totalisant 30
ou 40 m de dénivellation et quelques petits rapides en aval, mais peu intéressants. A part une forte pente
à la source, la pente moyenne est assez faible : 250 m de dénivellation pour 1 050 km, soit 0,25 m par km.
Au point de vue hypsométrique, 39 % du bassin sont situés au-dessus de 250 m et 94 % au-dessus
de 125 m. La moitié du bassin se trouve au-dessus de 225 m.
Les principaux fleuves côtiers sont, de l’ouest à l’est : le Tabou, le San Pédro, le Niouniourou,
le Boubo, l’Agnéby, la Mé et la Bia. Nous ne retiendrons que les quatre derniers.
Le Boubo
Il a 130 km de long, prend sa source vers Zarékro B la cote 230. Le bassin versant est de l’ordre
de 5 100 km2. I1 reçoit en rive droite deux affluents importants : la Do et le Loulo. Sa pente, modérée
en amont de Divo, augmente dans la section de son cours comprise entre le pont de Divo et le pont de
Guitry. Sur les premiers 26 km, la pente moyenne est de 3 m par km ; c’est dans ce tronçon que sont
situées les chutes de Ménokadié.
Sur les 5 100 km2 du bassin, 2 050 sont en dessous de 150 m ; le point culminant du bassin est à
la cote 415.
L’Agnéby
L’agnéby prend sa source à Agoua, à l’altitude 250 m. Le bassin versant a une surface de 8 900 km2
pour 200 kni de lit. L’Agnéby reçoit trois affluents importants en rive droite : le M’pébo, le Kavi et le
Séguié. Dans son cours inférieur, 1’Agnéby coule dans des marais. Le profil en long est assez régulier et
la pente moyenne est de 1,25 m par km. Une grande partie du bassin se trouve en dessous de 100 m ;
l’altitude moyenne est de 105 m.
La Mé
La Mé, avec un bassin versant de 4 300 km2 et une longueur de 140 km a une faible pente. Son
affluent principal est le Mafou. La Mé se jette dans la lagune Potou.
La Bia
La Bia prend sa source au Ghana, au nord de Chemraso. Sur les 290 km de son cours, seulement
120 km sont en Côte d’Ivoire. A son entrée en territoire ivoirien, le lit est à la cote 115 m. La Bia reçoit
un seul affluent important au Ghana, le Sui, en rive gauche. Deux autres affluents notables, le Tamin en
rive droite, et la Tionia en rive gauche, se jettent dans la retenue du barrage d’Ayamé I.
De Bianouan à Ayamé, elle franchit une zone de rapides dont la partie réellement intéressante
se situe entre Ayamé et Aboisso : à 3 km de l’ancien village d’Ayamé (submergé par le barrage d’Ayamé I),
on trouve des rapides qui, sur 1,5 km, donnent une dénivellation de 25 m. En amont d’Aboisso, on observe
une série de rapides donnant, sur 300 my 25 m de dénivellation. A Aboisso même, on note des rapides
dus à une dénivellation de 4 ni. La Bia se jette dans la lagune Aby. L’altitude moyenne du bassin versant
se situe autour de 180 m.
118 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
Le Baoulé
Le Baoulé coule, pendant 330 km, de sa source à la frontière de la Côte d’Ivoire et du Mali. I1
prend sa source vers Lengo, à la cote 600. I1 reçoit, en rive gauche son principal affluent, le Douni, au
nord d’odienné.
La Bagoé
Longue de 230 k m en Côte d’Ivoire, elle prend sa source vers Kokoum. Son principal affluent
est, en rive droite, le Niangboué. A Kouto la Bagoé draine un bassin de 4 740 km2. En amont de Kouto,
l’altitude moyenne est de 425 m.
Les régimes pluviométriques peuvent être caractérisés par une série de paramètres dont les plus
utilisés sont :
- les hauteurs de précipitations moyennes annuelles et leurs écarts-types,
-- les hauteurs de précipitations moyennes mensuelles et généralement leurs écarts-types. Elles
donnent la répartition des précipitations au cours de l’année,
P. TOUCHEBEUF
G. GIRARD.J . SIRCOULON. .HYDROLOGIE 119
2.1.1. HAUTEURS
DES PRÉCIPITATIONS ANNUELLES
La pluviométrie de la Côte d’Ivoire est comprise. en année moyenne. entre 2 500 et 1 050 nim .
Les isohyètes interannuelles. dont le tracé approximatif a été représenté sur la carte 2. vol . II cartes.
affectent dans l’ensemble la forme de U inclinés vers le nord-est et axés sur une ligne qui traverse la
Côte d’Ivoire en diagonale. en passant par Grabo. Bouaké et Bouna .
Les précipitations diminuent progressivement du sud-ouest vers le nord-est en suivant cet axe.
Par contre. elles augmentent lorsqu’on s’en éloigne. aussi bien vers le nord-ouest que vers le sud.est .
Ce schéma général subit cependant quelques irrégularités. Sur la côte en particulier. on note une
décroissance anormale des précipitations entre Sassandra et Grand.Lahou . Le massif de Guinée provoque
également dans la région de Danané une augmentation très sensible de la pluviosité.
TABLEAU
I
HAUTEURS
DES PR~CIPITATIONS ANNUELLES POUR DIFFÉRENTES RÉCURRENCES
Nbre
Stations Moy . 1/100 1/50 1/20 1/10 1/5 Méd . 1/5 1/10 1/20 1/50 1/100 d’an- K3
nées
~~~~~
Abengourou ............... 1368 865 915 994 1068 1160 1353 1567 1688 1790 1912 1997 46 1.58
Adzopé ................... 1469 954 1004 1086 1160 1257 1454 1670 1 794 1898 2 O20 2 104 21 1. 55
Agboville ................. 1438 865 921 1010 1O91 1 197 1420 1667 1 803 1930 2072 2 168 38 1.64
Azaguié ................... 1779 1 147 1210 1309 1400 1518 1761 2 030 2 178 2 305 2459 2 563 31 1. 55
Béoumi ................... 1222 785 828 896 961 1042 1210 1394 1497 1586 1690 1765 27 1.56
Bondoukou ............... 1226 757 804 876 945 1030 1211 1411 1527 1624 1737 1819 34 1.61
Bouaflé ................... 1362 884 932 1007 1078 1166 1349 1550 1665 1761 1875 1955 42 1.54
Bouaké ................... 1213 769 813 882 946 1029 1200 1389 1496 1587 1694 1769 40 1.58
Bouna .................... 1158 662 709 785 855 948 1140 1359 1483 1591 1720 1810 43 1.74
Boundiali ................. 1423 919 969 1048 1 120 1213 1408 1621 1 740 1841 1964 2048 40 1.55
Dabakala ................. 1184 778 819 883 932 1O18 1173 1344 1439 1521 1620 1686 43 1.54
Daloa .................... 1423 942 991 1067 1138 1226 1410 1 610 1 723 1820 1930 2012 44 1.51
Dimbokro ................. 1217 781 825 891 956 1038 1204 1389 1490 1580 1684 1758 44 1.56
Ferkéssédougou ............ 1360 870 920 995 1068 1158 1344 1553 1667 1770 1885 1967 39 1. 56
Gagnoa ................... 1486 912 970 1059 1141 1248 1468 1716 1851 1972 2117 2212 43 1.62
Guiglo .................... 1722 1163 1220 1310 1391 1494 1709 1940 2073 2180 2313 2400 35 1.49
Korhogo .................. 1410 800 857 950 1038 1 150 1388 1657 1810 1941 2 100 2207 27 1.74
Man ...................... 1 760 1 173 1232 1 342 1 411 1 520 1745 1990 2 126 2 243 2 366 2 478 42 1.50
Mankono ................. 1274 771 820 897 970 1063 1259 1475 1599 1704 1830 1918 27 1.64
Mbahiakro ................ 1 175 718 763 853 900 985 1 161 1359 1 468 1 564 1 678 1756 21 1.63
Odienné .................. 1640 1100 1154 1240 1320 1420 1627 1850 1978 2084 2208 2300 43 1.50
Oumé .................... 1330 834 882 960 1033 1125 1313 1527 1645 1750 1870 1958 21 1.59
Seguéla ................... 1359 891 939 1O11 1O80 1167 1346 1542 1650 1747 1857 1935 43 1.52
Soubré .................... 1 631 1 134 1 187 1266 1 339 1430 1619 1 822 1 937 2 033 2 146 2227 26 1.45
Tiassalé ................... 1318 768 820 905 984 1084 1299 1536 1674 1792 1930 2 030 40 1.70
Touba .................... 1403 922 970 1047 1117 1208 1390 1592 1705 1800 1913 1993 20 1. 53
Toulépleu ................. 1 858 1 114 1 188 1300 1408 1545 1833 2 153 2336 2497 2 680 2 804 41 1.66
120 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
Dans le nord-ouest du pays, les isohyètes tendent à s’incurver vers le nord, puis le nord-ouest,
pour se raccorder au réseau des isohyètes du Mali et de la Guinée, orientées d’est en ouest.
Pour la majorité des stations pluviométriques de Côte d’Ivoire, le nombre d’années d‘observations
est supérieur à 20 années et souvent dépasse 40. La détermination de l’kart-type et du coefficient de varia-
tion des hauteurs des précipitations annuelles demande qu’une loi de probabilité de répartition des hau-
teurs annuelles soit ajustée à la série des valeurs observées.
Pour les stations pluviométriques assez éloignées de la Côte Atlantique, la loi de PEARSON III
tronquée utilisée par Y . BRUNET-MORET a permis d’évaluer les hauteurs des précipitations annuelles
de diverses fréquences.
Le tableau I donne, pour les stations ayant plus de 20 années d’observations, les hauteurs annuelles
sèches et humides, de fréquences centennale, cinquantennale, vicennale, décennale, quinquennale, ainsi
que les valeurs moyennes et médianes.
L’utilisation de la loi de PEARSON III tronquée conduit à des ajustements dans l’ensemble très
satisfaisants. Les résultats du tableau I présentent donc de bonnes garanties de précision.
Le rapport d’irrégularité des précipitations annuelles K 3, calculé à partir de ces résultats, varie
relativement peu pour toutes ces stations : de 1,45 à 1,75. Sa valeur médiane est de 1,56 et, pour 80 % des
stations, il reste compris entre 1,50 et 1’65. La variabilité des hauteurs des précipitations annuelles à cha-
cune de ces stations peut être considérée comme commune en première approximation.
Pour les neuf stations pluviométriques situées le long de la Côte Atlantique, l’essai d’ajustement
n’a pas donné de résultats satisfaisants. Les hauteurs des précipitations annuelles de probabilité décennale
ont été estimées uniquement au vu du rangement en ordre décroissant des hauteurs annuelles observées.
Le rapport KJ, évalué de cette manière avec moins de précision, varie de 1,62 à 2,20. Sii valeur
médiane est de 1,84.
L’irrégularité interannuelle est ainsi plus élevée le long de la Côte Atlantique que dans l’ensemble
de la Côte d’Ivoire.
Les écarts-types des précipitations annuelles présentent une variation spatiale semblable à celle
des hauteurs moyennes des précipitations annuelles.
Les coefficients de variation (rapports de I’écart-type à la moyenne des précipitations annuelles)
varient de 0,153 pour Soubré à 0,282 pour Grand Lahou (tabl. 11). On note que ces coefficients ont des
valeurs élevées pour les stations proches de la Côte Atlantique, comprises entre 0,20 et 0,282. Pour toutes
les autres stations, ils oscillent entre 0,160 et 0,180.
2. I .2. HAUTEURS
MOYENNES DES PR~CIPITATIONS MENSUELLES
On trouvera en annexe le tableau donnant pour chaque station pluviométrique les hauteurs moyen-
nes brutes des précipitations annuelles.
Aucune homogénéisation des données n’ayant été effectuée, ces valeurs peuvent présenter, pour
les stations récentes, des différences non négligeables avec les résultats obtenus sur une longue période
d’observation.
Pour caractériser les différents régimes pluviométriques ces valeurs sont toutefois suffisamment
représentatives, bien que les moyennes calculées sur plusieurs années estompent certaines variations
saisonnières, telles que la durée effective d’une petite saison sèche ou bien l’inexistence de cette saison au
cours d’une année particulière.
J . SIRCOULON.
G. GIRARD. P . TOUCHEBEUF
.HYDROLOGIE 121
TABLEAU
II
ECART.TYPE.
COEFFICIENT D’IRRBGULARITÉ ET COEFFICIENT DE VARIATION DES HAUTEURS DE PRÉCIPITATIONS ANNUELLES
La carte 2. vol. I1 cartes. présente pour chaque station pluviométrique de longue durée un graphique
des variations des précipitations moyennes mensuelles. Le tableau III donne également pour quelques
stations ces mêmes moyennes mensuelles.
I1 est possible de donner une idée plus complète de la répartition saisonnière des précipitations
d’une station en présentant. pour chaque mois de l’année. les hauteurs de précipitation correspondant à
des fréquences données (10 .25 .50 .75 et 90 %).
Le graphique (fig. 9) indique. par exemple. qu’au mois d’août à Bouna la précipitation inensuelle
peut être égale à celle de septembre. bien qu’en moyenne elle lui soit inférieure de moitié .
122 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D'IVOIRE
TABLEAU
III
C’est le régime de la partie méridionale de la Côte d’Ivoire, située au sud de la ligne Abengourou-
Toumodi-S oubré .
I1 est caractérisé par :
- une saison des pluies d’avril àjuillet qui, contrairement à ce que l’on observe dans le régime
précédent, est toujours plus importante que la seconde,
- une petite saison sèche, généralement de juillet à septembre,
- une seconde saison des pluies de septembre à novembre très irrégulière,
- une grande saison sèche de décembre à mars.
Lorsqu’on se rapproche de la Côte, le maximum de juin s’accentue, la petite saison sèche devient
plus marquée et se décale légèrement sur août ou septembre. La deuxième saison des pluies est généra-
lement un peu plus tardive.
Dans ce régime équatorial de transition, les hauteurs des précipitations annuelles varient de 1 400
à 2 500 nim.
Régime de montagne
C’est le régime pluvioniétrique des massifs montagneux de l’ouest de la Côte d’Ivoire, dans lcs
régions de Man, Danane, Toulepleu.
Malgré la situation assez méridionale de son domaine, il se rattache davantage au réginle soudanais
qu’au régime baouléen, car il ne comporte que deux saisons bien individualisées. La saison sèche est
cependant assez courte (novembre à février), tandis que la saison des pluies s’étale de mars à octobre avec
un paroxysme de précipitation en septembre.
Les chutes de pluies annuelles sont égalenient plus abondantes que celles du régime soudanais.
Elles varient de 1 400 à plus de 2 300 mm.
Remarque
La classification des régimes pluviométriques exposée ci-dessus peut être mise en correspondance
avec la classification adoptée par M. ELDINpour I’étude des climats de la Côte d’Ivoire :
- Le régime tropical de transition (climat soudanais) correspond aux climats A et B.
- Le régime équatorial de transition atténué (climat baouléen) correspond aux climats C1 et CZ.
124 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
Au début de la saison des pluies on peut considérer que les précipitations journalières correspondent
à des averses orageuses ou (( tornades D.
TABLEAU
IV
NOMBRE
MOYEN DE JOURS DE PLUIE
~ ~~~ ~~
J F M A M J J A S O N D Année
k00 mm
J F M A M J J A S O N D J
FIG. 9. - Champs des fréquences des précipitations mensuelles 2 Boum (Côte d’Ivoire)
. Au maximum on observe 150jours de pluie par an sur la côte et au minimum 90 dans le nord-ouest
de la Côte d’Ivoire.
Des valeurs nettement plus faibles sont notées, mais bien souvent bon nombre de précipitations,
de l’ordre du millimètre de hauteur d’eau, ne font pas l’objet de relevés.
Dans le tableau V les hauteurs des précipitations journalières calculées pour diverses fréquences
sont comparées aux valeurs observées. On remarque que ces hauteurs ont une certaine relation avec la
hauteur moyenne des précipitations annuelles.
Ainsi, dans le cas des précipitations de’fréquence décennale, on observe :
- que la hauteur 115 mm correspond grossièrement aux isohyètes 1 200 mm - 1 300 mm,
- que la hauteur 125 mni correspond à peu près à I’isohyète 1 600 mm (sauf dans la région de
Man où le relief crée une augmentation sensible de la hauteur annuelle sans répercussion importante
sur les précipitations de fréquences rares),
- enfin, à la hauteur 130 mm, observée dans les régions de Grabo et de Danané, correspond
I’isohyète 2 O00 mm.
Sur la frange littorale, d’une vingtaine de kilomètres de largeur, bien que les données d’observations
soient peu fournies, il semble que les hauteurs décennales soient comprises entre 200 et 230 mm suivant
les régions.
-
Le graphique (fig. 10) présente les hyétogrammes-types des deux genres principaux d’averses que
l’on peut observer en Côte d’Ivoire.
I
160-
IL0%
120-
100-
80-
8
f
100 ?
6 O-
40-
20-
O-
20 21 22 23 2L 1 2 3 ‘17 8 9 10 11
TABLEAU
V
JOURNALIBRES
PRBCIPITATIONS DE DIVERSES FRBQUENCES
Probabilités
calc . obs. calc . obs. calc. obs. calc . calc . calc. calc.
Abengourou ............. 45 1371 72. 9 72. 8 85.2 84. 2 101.6 112.2 114. 1 126.6 143.3 156.0
Adzopé ................. 20 1 474 73. 4 77.4 85. 9 85.O 102.5 103.4 115.2 127.9 144.9 157.8
Agboville ................ 38 1 440 69. 3 71. 9 80. 5 83. 3 95.4 96. 9 106.8 118.2 133.3 144.8
Agnibélékrou ............ 12 1084 63. O 60. 7 74. 5 68. 5 89. 9 101.8 113.7 129.6 141.7
Azaguié ................. 28 1 794 78.O 79. 5 90. 5 94. O 107.2 105.8 120.o 132.3 149.8 162.7
Béoumi ................. 25 1236 81. 5 81. O 96. 5 104.3 116.7 114.4 132. 1 147.6 163.8 184.0
Bondoukou ............. 33 1198 67. 7 65. 7 79. O 74. 6 94. 1 96. 7 105.6 117.2 132.5 144.1
Bongouanou ............ 15 1291 75. 4 89. 5 89. 5 90. 5 108.5 123J 137.9 157.6 172.6
Bouaflé .................. 40 1351 76. 6 78. 2 89. 7 90. O 107.3 105.6 120.7 134.1 152.O 165.5
Bouaké .................. 42 1199 71. 2 68. 6 83.7 88. 5 100.5 107.8 113.3 126.2 143.8 156.3
Bouna .................. 44 1139 69. 3 70.O 81. 1 84. 5 96. 7 98.O 108.6 120.5 136.3 148.3
Boundiali ............... 36 1433 77.4 78.O 90. 1 88.7 107.O 100.O 119.7 132.6 149.6 162.5
Dabakala ............... 42 1177 69. 9 69. O 81. 7 81.4 97. 3 99. 7 109.1 120.9 136.5 148.4
Daloa .................. 42 1 427 76. 9 78. 4 90. 3 93. 2 108.4 106.4 122.2 136.1 154.6 170.2
Danané ................. 18 2 269 97. 8 101.O 114.O 119.1 135.8 153.1 169.2 191.5 208. 5
Dimbokro .............. 43 1 209 70. 9 73. 1 83. 5 86. 4 100.4 95.O 113.3 126.3 143.5 156.6
Divo .................... 15 1612 76. O 76. 9 88. 2 83. 5 104.4 116.8 129.2 145.7 158.2
Ferkéssédougou .......... 37 1357 77. 2 78. 4 91.O 91. 4 109.5 114.3 123.6 137.8 156.8 171.2
Gagnoa ................. 42 1489 73. O 74.2 85.2 90. 5 101.4 102.4 113.8 126.2 142.7 155.3
Grabo .................. 11 2 401 85.4 84. 7 98. 6 116.2 129.6 143.O 160.1 174.5
Guiglo .................. 35 1717 86.7 83. O 101.3 103.7 120.7 127.2 135.5 150.4 170.2 185.3
Katiola .................. 14 1 192 73. 2 75. O 86. 3 85. 7 103.8 117.1 130.5 148.3 161. 8
Korhogo ................ 23 1 404 79. O 84. 2 92.4 96. 7 110.2 110.2 123.8 137.5 155.6 169.3
Lalcota ................. 14 1 547 71. 2 71. 9 82. 1 81. 2 96. 6 107.5 118.5 133.O 144.0
Larasso ................. 14 1 342 68. 5 66. 7 79. 6 78. 2 94. 2 105.4 116.5 131.3 142.6
Man ................... 41 1 765 78. 9 81.O 91. 5 95. 2 108.4 109.2 121.2 134.1 151.2 164.2
Mankono ................ 26 1280 84.7 84. O 100.6 102.5 121.9 138.2 154.7 176.5 193.2
Mbahiakro .............. 20 1173 69. 3 69. 8 81. 2 857 96.9 94. 5 108.8 120.8 136.7 148.8
Odienné ................ 20 1687 82. 1 83. 1 96. 2 94. 6 115.2 129.7 144.3 163.8 178.6
Ouangolodougou ........ 14 137s 76. 9 80. 6 89. 1 91. 1 105.3 117.5 129.8 145.9 158.2
Oumé .................. 20 1334 71. 7 70. 1 84. 1 77. 5 100.7 113.4 126.2 143.2 156.1
Séguéla.................. 42 1356 78. 4 82.O 92. 3 100.O 110.8 113.O 125.1 139.3 158.3 172.8
Soubré .................. 25 1 639 74. 7 74. 8 86.9 86. 1 103. 1 105.5 115.5 128.o 144.5 157.1
Taï ..................... 13 1885 88. 1 87. O 102.6 102.O 121.9 136.6 151.4 171.O 185.9
Tengrela ................ 10 1 463 85. 6 85.O 101.4 107.4 122.7 139.O 155.5 177.5 194.2
Tiassalé ................. 37 1295 74. 1 75.O 87. O 90.O 104.2 104.9 117.4 130.6 148.2 161.6
Touba .................. 19 1406 72. 3 70. 6 83. 7 84.O 98. 9 110.3 121.8 137.1 148.6
Toulépleu ............... 37 1880 82. 9 80. 8 95. 7 97. 9 112.8 113.8 125.7 138.7 155.8 168.8
Vavoua ................. 11 1287 71. 5 73. 5 83. 3 87. 6 99. O 111.o 122.9 138.8 150.8
128 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
2.2. ÉVAPORATION
TABLEAU
VI
MOYENNES
MENSUELLES DES ÉVAPORATIONS SUR BACS (en “/jour)
COLORADO
Station Evaporation
et période J F M A M J J A S O N D totale
d’observation annuelle
(”)
Bacs enferrés :
Bambous (Agneby) .... 1959-1963 3,O 3,4 3,7 3,7 2,9 2,3 2,3 23 2,5 3,O 2,8 3,l 1070
Guessigué ............. 1959-1962 2,6 3,5 3,9 3,4 3,l 33 2,3 2,2 2,5 2,2 2,3 2,7 1 010
Tiassalé ............... 1962-1965 3,3 3,7 3,9 3,4 3,3 2 3 2,3 2,5 3,O 3,3 3,7 3,2 1 170
Kotobi ............... 1959-1962 4,O 5,O 5,O 4,6 4,l 3,4 3,O 2,6 3,l 3,7 3,5 3,4 1375
Man ................. 1961-1965 4,O 4,6 4,7 4,4 4,l 3,7 3,5 3,6 3,7 3,9 4,O 3,9 1460
Man (Forêt) .......... 1957-1959 3,4 3,5 4,O 3,6 3,5 2,9 2,2 1,6 1,9 2,7 2,8 3,3 1075
Boundiali ............. 1962-1963 6,O 6,6 73 8,1 6,O 5,3 4,7 4,2 4,3 5,5 5,4 5,7 2 115
Korhogo .............. 1963-1965 5’7 6,6 7,O 5,8 5,4 4,5 3 3 4,4 4,4 4,s 5,8 6,5 1960
Ferkéssédougou ........ 1957-1959 53 7,3 7,7 7 3 5,9 5,7 5,O 3,7 3,5 4 3 4,7 5,O 2020
Doropo ............... 1964-1965 5,6 7,2 7,5 7,4 5,8 5,2 4,7 3,6 4,2 4,5 4,6 4,7 1975
Bac flottant :
Ayamé ................ 1962-1965 3,2 3,7 4,l 4,O 3,9 3,4 2,9 3,O 3,O 3,l 3,3 3,2 1240
J. SIRCOULON,
G. GIRARD, - HYDROLOGIE
P. TOUCHEBEUF 129
L’évapotranspiration potentielle est bien représentée par l’évaporation mesurée sur des bacs
évaporatoires de classe c A N à un coefficient constant près. Comme seuls les bacs Colorado ont été utilisés,
I’évapotranspiration sera mieux connue lorsque les coefficients de relation entre ces deux types de bacs
seront connus.
Le tableau VI donne les moyennes mensuelles (en “/jour) des évaporations sur bac Colorado en
divers points de Côte d’Ivoire.
Les variations saisonnières suivent relativement bien celles de la température et de l’humidité
relative. L’évaporation annuelle sur bac passe de 1 O00 mm au sud à 2 O00 mni au nord. L’influence de
l’altitude et de la végétation est très sensible (région de Man).
Les variations saisonnières de ces facteurs climatologiques sont bien connues pour la Côte d’Ivoire.
Les annuaires et bulletins de la Météorologie présentent toutes les caractéristiques moyennes de ces facteurs.
La valeur de l’évaporation, intégrant l’action combinée de ces trois facteurs et de l’action du vent,
a l’avantage d’être représentative des conditions climatiques qui interviennent dans les processus hydro-
logiques.
Le débit des cours d’eau dépend de nombreux facteurs, tels que le relief, la végétation, la nature du
sol, la structure du réseau hydrographique, l’évaporation, etc. mais l’influence des précipitations est nette-
ment prépondérante.
De ce fait, les régimes hydrologiques s’apparentent assez étroitement aux régimes des précipitations.
Pour caractériser l’abondance et les variations saisonnières des cours d’eau de Côte d’Ivoire, on
peut donc encore distinguer quatre régimes hydrologiques principaux.
La crue annuelle résulte toujours soit d’une succession de pluies de valeurs normales, soit d’une
chute d’eau exceptionnelle en 2 ou 3 jours consécutifs ; elle atteint une certaine ampleur et inonde souvent
de grandes étendues.
Les étiages sont très marqués et sont alimentés essentiellement par les nappes des plaines alluviales.
Sur les petits bassins versants de 10 à 100 km2, on observe de brèves pointes de crues dès le mois
d’avril ou mai, mais la période de l’écoulement continu et soutenu s’étend de juillet B septembre. Le
tarissement complet a lieu à la fin de l’année. Rares sont les petits bassins dont le débit n’est pas nul à la
fin du mois d’avril.
Le domaine de ce régime s’étend sur la partie méridionale de la Côte d’Ivoire, au sud de la ligne
Abengourou-Toumodi-Soubré. La végétation y est du type forestier (forêt dense humide sempervirente,
secteur. ombrophile du domaine guinéen).
Sur les bassins versants importants tels que 1’Agnéby (aval) et la Bia, le régime équatorial de transi-
tion se caractérise par le dédoublement de la crue annuelle, qui s’explique aisément par la répartition
saisonnière de5 pluies.
La première période de hautes eaux, prédominante, se situe en juin-juillet et la seconde en octobre-
novembre.
Une période de basses eaux s’observe en août-septembre et une autre, bien plus marquée, s’étend
de décembre à mars.
Sur les petits bassins versants, les précipitations d’avril et mai donnent lieu à un ruissellement notable
mais ce sont celles de juin-juillet et parfois celles d ’octobre-novembre qui engendrent les fortes crues.
L’affaiblissement des débits en aoiit-septembre est très net ;les étiages sont sévères en février-mars.
Appartiennent à ce régime les cours d’eau de la région centrale de la Côte d’Ivoire, limitée par les
axes de Ferkessédougou-Touba et Abengourou-Soubré. Cette région est couverte de savane boisée, sauf
à ses extrémités sud-ouest et sud-est (de part et d’autre du <( V Baoulé D) où domine la forêt (savane gui-
néenne et forêt dense humide semi-décidue, secteur mésophile du domaine guinéen.
Le régime N équatorial de transition atténué D, qui est bien représenté par le Nzi à Ziénoa et le Kan à
Tiébissou, est intermédiaire entre les deux régimes précédents. La saison des moyennes et hautes eaux
s’étale de mai à novembre, mais le dédoublement de la crue annuelle n’est plus toujours nettement marqué.
I1 est nécessaire que la pluviosité de la deuxième saison des pluies soit très faible pour que la pointe de
juin-juillet devienne prédominante par rapport à celle de septembre-octobre.
Sur les petits bassins versants les précipitations de la première saison des pluies peuvent donner lieu
à des crues aussi importantes que celles de la deuxième saison, mais bien souvent elles ne servent qu’à
reconstituer les réserves hydriques du sol.
Ce régime s’observe dans la partie montagneuse de l’ouest de la Côte d’Ivoire, c’est-à-dire dans les
régions de Man, Danané, Toulépleu, Taï où les précipitations annuelles varient de 1 600 à 2 500 mm et
oh la végétation est presque partout forestière (type montagnard, secteur ombrophile du domaine guinéen).
L’influence orographique se traduit par des débits spécifiques élevés. La saison des moyennes et
hautes eaux s’étend d’avril à octobre. Les crues atteignent leur maximum en septembre, mois le plus
pluvieux, comme dans le régime tropical de transition.
J. SIRCOULON,
G. GIRARD, - HYDROLOGIE
P. TOUCHEBEUF 131
Ainsi pour la Comoé à Aniassué l’intervalle de confiance à 95 du module interannuel est de 200
à 3 17 m 3/s. I1 est de 258 à 346 m 3/s pour le Sassandra à Guessabo.
Pour un même cours d’eau, ou pour des bassins versants contigus, les corrélations entre modules
annuels de deux stations sont étroites. Le graphique (fig. 13) présente les corrélations pour les modules de
la Comoé à Aniassué et à Sérébou.
L’examen du tableau VI1 montre que les modules interannuels des quatre grands fleuves Ivoiriens,
Cavally, Sassandra, Bandama et Comoé varient entre 224 et 313 m3/s aux stations situées le plus en aval
132
I O
1
O 2 I 300 LOO o
-
Jsssandra a’ GUFSSABD m%
I l I I I I
/
sur leurs cours. Mais ces stations drainent des bassins versants de dimensions fort différentes, comprises
entre 13 750 kmz pour le Cavally à Taï et 66 500 kmz pour la Comoé à Aniassué.
Compte tenu de la superficie totale des bassins versants, on peut estimer que l’abondance moyenne
des quatre grands fleuves décroît d’Ouest en Est suivant la situation géographique de leurs embouchures.
Le Cavally, avec un bassin total d’au moins 30000 km2 (la partie Libériane du bassin est mal
connue), doit en année normale apporter à l’Océan un débit moyen égal ou supérieur à 600 m3/s, tandis
que le Sassandra (75 O00 kmz), le Bandama (97 O00 km2) et la Comoé (78 O00 kmz) doivent écouler en
moyenne à la mer des débits respectivement de l’ordre de 575,400 et 300 m3fs (estimations grossièrement
approximatives).
Les autres stations portées dans le tableau VI1 ont des modules interannuels très variables, qui sont
compris entre 1 et 184 m3/s suivant la superficie des bassins versants et le régime des cours d’eau. Pour
établir d’utiles comparaisons il vaut mieux éliminer l’influence de la superficie du bassin et considérer les
modules spécifiques ou les lames d’eau écoulées, comme on le fera au paragraphe qui suit.
Le tableau VI1 donne les modules spécifiques en années médiane et centennale, ainsi que les lames
écoulées pour les années décennale sèche, médiane, décennale et centennale humides.
Les modules spécifiques interannuels augmentent tout naturellement avec la précipitation annuelle,
mais ils dépendent également de la répartition saisonnière des précipitations. Toutes choses Bgales par
G. GIRARD,
J. SIRCOULON, - HYDROLOGIE
P.TOUCHEBEUF 133
ailleurs, le régime tropical de transition est de ce point de vue plus favorisé que le régime équatorial de
transition, car pour le premier les fortes averses se groupent sur trois mois, tandis que pour le second
elles s’étalent sur deux saisons distinctes, et offrent ainsi plus de prise à l’évapotranspiration.
La couverture végétale influence aussi indirectement l’alimentation des cours d’eau. La forêt dense
équatoriale donne lieu à des pertes par évapotranspiration sensiblement égales à l’évapotranspiration
potentielle, même pendant les deux ou trois mois de saison sèche au cours desquels l’insuffisance des pré-
cipitations est compensée par les réserves hydriques du sol. Les pertes par évapotranspiration sous forêt
équatoriale présentent donc une valeur maximale. Elles sont sensiblement plus faibles dans les régions à
savane boisée plus ou moins clairsemée, non pas que l’évapotranspiration potentielle y soit plus faible,
au contraire, niais l’absence d’une couverture végétale dense favorise l’érosion des sols, ce qui réduit
leur capacité de rétention et augmente leur aptitude au ruissellement, ce qui soustrait à l’évapotranspi-
ration une plus grande part des eaux pluviales.
Il faut d’ailleurs noter que la végétation dépend de la pluviosité annuelle et de sa répartition sai-
sonnière. La forêt nécessite, en particulier, des précipitations suffisamment abondantes et bien réparties.
Elle peut subsister avec une pluviométrie annuelle de 1 200 à 1 300 mm, mais à condition que la capacité
de rétention du sol soit suffisante et que la saison sèche ne soit ni trop prolongée, ni tout à fait exempte
de petites pluies.
x Sossondra
o Maruhoué
57 O
7x 57
annueLLe en mm
I _
1100 1200 1300 1LOO 1500 1600 1700 1800 1900
Dans le cas du climat tropical de transition où, au contraire, la sécheresse est pratiquement absolue
pendant plus de cinq mois, la savane boisée se substitue à la forêt, même si les précipitations annuelles
dépassent 1 500 mm. C’est ce que l’on observe, par exemple, dans la région d’Odienné.
D’autres facteurs interviennent dans l’alimentation des cours d’eau. En dehors des facteurs clima-
tiques (insolation, vent, température et humidité de l’air) et de leurs particularités locales (micro-climats)
qui influencent les phénomènes d’évaporation, on doit surtout citer le relief et la nature du sol.
Le relief, s’il est suffisamment accentué, favorise le ruissellement des eaux de pluies et tend à aug-
menter les modules spécifiques.
La nature du sol a une influence plus complexe. D’une façon schématique, un sol perméable et
bien drainé (par exemple, arènes peu développées sur substratum granitique avec pente suffisante) tendra
à augmenter l’abondance annuelle. Au contraire, un sol argilo-sableux à grande capacité de rétention,
mal drainé et soumis en permanence à une forte évapotranspiration tendra à réduire l’alimentation des
cours d’eau.
L’influence de ces différents facteurs plus ou moins interdépendants est très complexe et ne peut
être actuellement appréciée que d’une façon purement qualitative. Les considérations qui précèdent
permettent toutefois de comprendre l’importance des écarts considérables que l’on constate entre les di-
verses valeurs des modules spécifiques interannuels portés dans le tableau VIl.
A l’exception du Nko, les valeurs les plus fortes (16,3 à 27,4 I/s*km2)s’observent sur le bassin
du Cavally : la couverture forestière donne lieu à une évapotranspiration importante, mais celle-ci est
largement compensée par la hauteur des précipitations annuelles qui avoisinent ou même dépassent
2 O00 mm. L’influence du relief du massif guinéen est également perceptible.
Sur le bassin du Sassandra la forêt règne de façon moins absolue et cède la place à la savane boisée
dans la partie septentrionale. L’évapotranspiration est un peu plus faible que précédemment, mais les
précipitations décroissent davantage (1 350 à 1 800 mm) : le module spécifique tombe ainsi à une valeur
voisine de 9 I/s*km2. I1 reste cependant compris entre 11 et 14 l/s*km2 sur les affluents Bafing et Nzo
qui descendent du massif guinéen, et atteint même 29 I/s*km2sur le petit bassin très accidenté et arrosé
du Nko à Man.
Les précipitations continuent à décroître lorsqu’on aborde le bassin du Bandama. La savane
boisée domine alors largement et malgré une baisse corrélative de I’évapotranspiration, les modules
spécifiques diminuent encore pour s’établir généralement entre 4,s et 6,5 l/s.kni2. Sur le Kan et le Nzi,
sous-affluent et affluent de rive gauche du Bandama, on constate toutefois une nouvelle chute brusque des
modules spécifiques qui se situent entre 2,3 et 2,9 l/s .km2. 11 faut en chercher principalement l’explication
dans la diminution progressive des précipitations vers l’est et leur étalement en deux saisons distinctes,
ainsi que dans la réapparition de la forêt à l’est du G V Baoulé D.
Le bassin de la Comoé a une pluviométrie moyenne très voisine de celle du Nzi, mais étant en partie
soumis à un climat équatorial de transition très atténué ou à un climat tropical de transition et étant
couvert d’une savane plus ou moins boisée, son module spécifique se relève légèrement et atteint 3,s ou
3,9 l/s*km2, sauf à la station de Karfiguéla située en Haute-Volta à l’extrémité supérieure du cours. Cette
station bénéficie de conditions particulières (9 l/s*km2), car elle est en partie alimentée par des nappes
souterraines (grès de Banfora) dont le bassin de réception est peut-être sensiblement plus étendu que celui
des eaux de surface.
L’Agnéby, petit fleuve côtier assez proche d’Abidjan, a un module spécifique très modeste sur son
cours supérieur (2,5 I/s.km2 à Agboville et 0,6 I/s*km2 à Kotoby). Plusieurs conditions défavorables s’y
trouvent réunies :précipitations annuelles n’excédant pas 1 400 mm et réparties sur deux saisons prolongées,
couverture forestière dense, relief peu accentué. L’augmentation très sensible des précipitations vers l’aval
doit augmenter le module spécifique jusque vers 6 ]/s.km2 sur le cours inférieur.
1
300
!
...
200
100
O.
FIG. 13. - Lame écoulée annuelle en fonction de la pluie FIG. 14. - Lame écoulée annuelle en fojlction de la pluie
moyenne Bassin du CAVALLY à FLAMPLEU. moyenne. Bassin du NZI B ZIENOA.
B
E
2
.f
4
300
+64
/
t
63
ZOO.
I +65
+53
6
62
loo.
O.
$ I IWO no0 i200 1300 1 1 1500
FIG. 15. -
Lame écoulée annuelle en fonction de la Dluie FIG. 16. - Corrélation entre les modules de la COMOÉ à
moyenne. Bassin du BANDAMA à BRIMBO. ANIASSUÉ et de la COMOÉ à SEREBOU.
136 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
La Bagoé, sous-affluent du Niger, débite à Guinguérini 15 l/s * km‘ et se classe ainsi parmi les cours
d’eau bien alimentés de la Côte d’Ivoire. Elle bénéficie, en effet, d’un climat tropical de transition à plu-
viométrie assez élevée (1 500 mm environ) et concentrée sur quelques mois. Son bassin versant, couvert de
savane boisée, est, en outre, assez accidenté.
A l’extrémité nord-est de la Côte d’Ivoire, le Gougoulo à Doropo a un module spécifique (3,5 l/s. km2
un peu plus supérieur à celui du Nzi et du Kan, bien que son bassin soit un peu moins arrosé. Ce fait est
sans doute dû principalement à un meilleur groupement des fortes pluies.
TABLEAU
VI1
ABONDANCE
ANNUELLE
Cavally Flampleu 29 48 63 (78) 12,60,262 2,l 19,4 31,5 370 612 805 1 O00 2475 10
- Taï 130 224 310 77 0,343 2,4 16,3 29,O 298 514 710 13750 10
Ncé Taï 15 34 55 14.5 0,426 3,6 27,4 381 865 1400 1240 10
Sassandra Guessabo 170 313 430 (530) 85 0,271 2,5 8,s 15,O 151 270 384 473 35400 15
Bafing Badala 45 68 95 8,50,125 2,l 11,O 229 346 485 6200 6
Nzo Guiglo 30 88 150 (205) 39 0,443 5,O 13,s 32,O 148 435 735 1020 6410 12
Nko MaIl 2,7 4,5 6,9 2,6 29,4 556 927 1420 153 4
Bandama Ferkéssé-
dougou 18 46 70 (94) 23,3 0,506 3,9 6,5 13,5 81 208 316 425 7000 9
- Béoumi 80 162 245 (315) 65,3 0,403 3,O 6,2 96 19.5 295 26200 14
- Brimbo 120 300 500 123 0,408 4,2 58 90 162 262 60200 15
0,75 2,71 5,9 (9,5) 1,860,6877,9
-Kan
- Tiébissou 2,3 7,9 20 71 1o5 250 1200 9
Yarani Ségubla 9,7 15,6 21,6 4,2 0,26 2,2 52 104 164 228 3000 s
Marahoué Bouaiié 40 94 170 45,6 0,485 4,3 44 64 150 270 19800 10
Nzi Fétékro 25,5 2.4
- Ziénoa 28 97,4 180 (270) 54 0,554 6,4 2,9 8,l 27 84 171 257 33150 15
Agniby Agboville 2,O 11,3 25,2 6,70,593 12,6 2.5 14 77 173 4600 13
- Kotoby (OJ) (0,441 (149 10,O 0,6 4 19 42 750 3
Conioé Karfiguéla* 5,4 7,5 9,7 4,40,59 1,s 9,2 210 290 377 812 9
- Sérébou 40 184 315 (430) 98 0,53 7,9 3,s 8,s 26 118 203 276 49000 8
- Aniassué 90 260 430 (570) 114 0,44 4,s 3,9 8,6 43 123 213 271 66500 15
Bagoé Guinguérini 8,6 15,6 22,5 (29) 6,20,40 2,6 15,O 262 472 680 870 1042 12
~ ~~
Gougoulo Doropo 0,18 l,o 1,81 10,o 3,5 20 111 200 285 3
~ ~~ ~ ~ ~~ ~
des précipitations ponctuelles de même fréquence, ce qui est approximativement exact pour un bassin de
superficie assez faible (Nzo à Guiglo, Kan à Tiébissou). La lame écoulée de même fréquence est évaluée
statistiquement. Les déficits obtenus sont portés dans le tableau de la page suivante.
On trouve un déficit maximal de l’ordre de 1 400 mm pour le Nzo et de 1 500 mm pour le Kan.
La limitation du déficit d’écoulement est une caractéristique commune à tous les bassins versants.
On conçoit d’ailleurs que le déficit d’écoulement ne puisse jamais excéder l’évapotranspiration potentielle,
dont une valeur approchée (à un coefficient de réduction près) est fournie par les mesures d’évaporation sur
138 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
Année
Nzo a Guiglo :
Précipitation (mm) ................. 1 400 1 720 2 100 2 425
Lame écoulée (mm) ................ 148 435 735 1 020
Déficit (mm) ...................... 1 252 1385 1365 1 405
Kan ri Tiébissoii :
Précipitation (mm) ................. 946 1210 1496 1 769
Lame écoulée (mm) ................ 20 71 105 25e
Déficit (mm) ...................... 926 1139 1 391 1519
Les variations saisonnières des débits ont déjà été esquissées dans l’examen des différents régimes
hydrologiques de la Côte d’Ivoire. Elles sont indiquées de façon plus précise par le tableau VIII, qui donne
les débits niensuels, valables en année moyenne, pour une vingtaine de stations dont les périodes d’obser-
vations sont arrêtées à fin 1967.
Les débits mensuels sont beaucoup plus variables d’une année à l’autre que les niodules et leurs
moyennes interannuelles sont, de ce fait, plus difficiles à évaluer lorsque les périodes d’observations sont
brèves. I1 n’est guère possible de s’appuyer sur les données pluviométriques, car à l’échelle du mois les
phénoniènes de rétention superficielle ou souterraine enlèvent toute signification précise au déficit d’écou-
lenient. C’est pourquoi, dans l’ensemble, les données du tableau VIII sont un peu moins précises que celles
du tableau VII.
Tous les cours d’eau de Côte d’Ivoire ont leurs plus basses eaux pendant les premiers mois de l’année.
L’étiage absolu se situe en février lorsque les précipitations annuelles sont abondantes et lorsque l’influence
équatoriale de transition ou l’influence de montagne est prédominante (Cavally, Ncé, Bafing, Nzo, Nko,
Agnéby, Manso). Il est un peu plus tardif dans les bassins du Sassandra, du Bandama et de la Conioé où,
presque partout, il a lieu en mars. Enfin, lorsque l’influence tropicale de transition est très nette, le taris-
sement des basses eaux se prolonge jusqu’en avril-niai (Haut-Bandama, Bagoé).
Le maximum annuel survient en septembre pour beaucoup de stations, ou en octobre dans le cas des
grands bassins versants (Taï, Brinibo, Tiassalé). Quelques stations, soumises à un régime équatorial de
transition plus ou moins pur, ont deux pointes annuelles, l’une en juin ou juillet et l’autre en octobre. Ce
sont la Ncé, le Nzi à Ziénoa, 1’Agnéby et le Manso.
L’irrégularité saisonnière, que l’on peut caractériser par le rapport du débit mensuel le plus fort au
débit mensuel le plus faible, varie considérablement d’un cours d’eau à l’autre.
D’une façon générale, elle augmente rapidement lorsque le module spécifique diminue et également
lorsque décroît la superficie du bassin versant. Toutes choses égales par ailleurs, elle est nettement plus
accentuée pour le réginie tropical de transition que pour les autres régimes (sauf sur la Haute-Comoé à
cause de l’influence d’importantes nappes souterraines).
On retiendra que l’irrégularité saisonnière s’établit :
- entre 10 et 35, pour le Cavally, la Ncé, le Sassandra, le Bafing, le Nko et la Comoé à Karfiguela
- entre 25 et 50, pour le Nzo et le Manso,
- entre 50 et 100, pour le Bandama (sauf à Ferkessédougou), le Marahoué à Bouaflé, le Nzi à
Ziénoa et la Conioé à Aniassué,
- entre 100 et 200, pour le Yarani, 1’Agnéby et la Conioé à Sérébou,
- entre 650 et 825, pour le Kan, le Nzi à Fétékro et la Bagoé à Guinguérini.
Pour presque tous les cours d’eau, le débit mensuel est supérieur au module pendant 4 à 5 mois de
l’année. Ce nombre tombe cependant à 3 pour le Haut Bandama et s’élève 8.6 pour le Nzi à Ziénoa.
En résumé, les variations saisonnières des débits suivent un schéma assez simple, dont l’évolution
progressive se traduit par un étaleinent puis un dédoublement de la période de hautes eaux, lorsqu’on passe
du régime tropical de transition aux régiines équatoriaux de transition atténué et pur. La période de basses
eaux, par contre, s’amenuise ; quant à l’amplitude des variations saisonnières, si elle est très marquée dans
le régime tropical de transition, elle tend à s’atténuer sensiblenient sous l’influence équatoriale.
140 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
VI11
TABLEAU
Cavally Flampleu . . . . . . . . . 12,3 9,7 12,7 17,6 20,4 33,6 76,6 86,O I23 104 53,3 24,2 48
- Taï .............. 68,l 39,9 67,5 74,9 107 216 248 259 517 622 301 160 224
Neé .
Taï . . . . . . . . . . . . . 9,O 5,6 13,s 7,9 12,s 37,l 44,9 35,O 86,6 97,5 37,3 15,O 33,7
Sassandra Guessabo ......... 76 51 49 65 80 140 295 558 1075 818 377 156 313
Bafing~ . .. ..
Badala.. . . . . . 18,2 13,O 16,7 22,7 29,2 55,4 70,2 110 195 153 78 35 66,7
Nzo Guiglo ............ 18,4 8,4 10,6 15,6 20,7 51,7 99,4 153 299 250 91 42 88
Nko .. ..
Man . . . . . . . . . 1,l 0,76 0,81 1,7 1,s 43 6,l 8,6 13,2 8,7 4,s 2,3 4,5
Bandama Ferkessédougou .... 7,7 3,9 1,9 1,6 1,5 3,5 15,s 100 222 137 40 15,4 46
Béoumi .......... 31,3 15,5 8,96 12,s 17,3 43,l 100 281 634 545 179 71,4 162
Brimbo .......... 53,O 27,7 19,9 30,9 45,s 129 218 439 1050 1067 372 130 299
- Tiassalé . .. ....... 62 32 24 45 77 250 375 565 1275 1400 525 160 400
Kan Tiébissou ... .. .. .. 0,lO 0,05 0,OI OJO 1.03 3,33 4,74 3,60 8,25 8,lO 2,43 0,67 2,71
Yarani Séguéla . . . . . . . . .. 2,s 1,l 0,4 0,4 1,0 4,3 11,l 29,s 71,3 42,s 17,2 5,6 15,6
Marahoué Bouaflé .......... 11,3 5,4 3,9 7,4 8,5 26 61 131 383 336 118 39 94
Nzi .
Fétékro . . . . . . . . . 0,s 0,3 0,2 1,s 4,4 13,3 17,6 30,7 133 85 16 3 25,s
Nzi Ziénoa. ........ ... 8,68 3,43 3,58 13,2 30,8 119,7 154,9 120,7 215 320 147 26 97,4
Agn6by . .
Agboville . . . . . . . 0,6 0,35 0,9 3,29 8,71 31,O 45,O 9,2 10,2 16,7 8,lO 2,51 11,3
Comoé . .
Sérébou . , , . . . . . 14,4 6,l 4,8 6,9 13,s 38,9 119,s 341 820 656 184 . 42,9 184
- .
Aniassué.. . . . . . . , 26,O 11,9 11,7 20,3 35,l 81,3 215 433 986 941 279 79,3 260
- .. .
Karfiguéla . . . . . 4,5 4,l 3,6 3,5 3,7 4,7 7,9 21 15,9 9,s 6,l 5,l 7,s
Bagoé Guinguérini . . , , . . . 1,7 0,9 0,I 0,l 0,2 2,1 16,s 43,6 65,2 37,6 16,O 4,O 15,6
Manso ..
Guessigué . . . . . . 0,30 0,II 0,13 0,9 1,43 4.53 4,47 1,21 2,51 3,4 2,44 0,96 1,87
Le débit maximal observé chaque année sur les cours d’eau de Côte d’Ivoire pendant la ou les deux
saisons de hautes eaux dépend de multiples facteurs (intensité des précipitations ou des séries d’averses,
perméabilité et épaisseur des diverses couches de sol, densité de la couverture végétale, iniportance du relief)
dont les influences respectives sont délicates à analyser dans le détail. Sur de petits bassins versants repré-
sentatifs (3 à 100 km2) présentant des caractéristiques sensiblement homogènes (Ferkessédougou, Bouaké,
Guessigué, Boundiali, Odienné, Bouna, Tiassalé, Man, Daoukro) les études de ruissellement exécutées
depuis une décennie ont permis de mettre en évidence et d’évaluer quantitativement l’influence des divers
facteurs. Ces résultats d’analyses très fructueux n’ont pas encore été étendus à des bassins versants de
1 O00 à 100 O00 km2 qui présentent des conditions beaucoup plus complexes. Cependant les modèles
matriciels de détermination des crues présentés par P. DUBREUIL et M. ROCHEpermettront, grâce aux
observations de longue durée des précipitations, de reconstituer les débits de crue, après avoir réglé auto-
matiquement le modèle pour la période d’observation commune aux précipitations et aux débits.
Actuellement cette méthode est en cours d’essai sur des bassins témoins et pour cette note la déter-
mination des crues rares ou exceptionnelles aux stations principales sera basée uniquement sur l’étude
statistique des crues effectivement observées.
On présentera, dans ce chapitre, les données obtenues pour les crues des petits bassins versants
représentatifs, les valeurs des crues de faible fréquence aux stations du réseau hydrométrique et une des-
cription des différents facteurs agissant sur le ruissellement et de leurs interactions.
G. GIRARD, - HYDROLOGIE
P. TOUCHEBEUF
J. SIRCOULON, 141
rm5 I
I
I
l
I Ø
J
I
l I F H A U J I A S O N D
FIG. 17. - Débits moyens mensuels. Le MANSO à GUES- FIG. 18. - Débits moyens mensuels. Le NZI à ZIÉNOA.
SIGUE.
FIG. 19. - Débits irloyens mensuels. Le CAVALLY FIG. 20. - Débits moyens mensuels. La BAGOÉ h GUIN-
FLAMPLEU. GÉRINI.
142 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
3.4.1. LES CRUES SUR LES PETITS BASSINS REPRÉSENTATIFS DE CÔTE D’IVOIRE
Le tableau IX présente les caractéristiques physiques des bassins versants étudîés et les données
générales permettant de faire certaines constatations sur les débits de crue des divers bassins.
On remarque que le rapport des débits spécifiques des crues médiane et décennale tend généralement
à décroître de l’amont vers l’aval sur un bassin équipé de plusieurs stations de mesure.
IX
TABLEAU
CARACT~RISTIQUES
DES BASSINS ET DES CRUES &DIANES ET DÉCENNALES
Nion à Station 2 12,l 1770 71,5 330 T.T. à 3 8,s 11,5 1 OOOà 22 26OOà 28 forêt granite
E.T. 1 200 2 800 claire calco
magnés.
Nion à Station I 75,O 1 770 19,7 330 T.T. à 3 16 I5 220à 40 600à forêt -
E.T. 250 700 claire
IX (suite)
TABLEAU
CARACTÉRISTIQUES
DES BASSINS ET DES CRUES MÉDIANES ET DÉCENNALES
Bafo 26,8 1700 6,5 315 E.T. 3 34,9 24 900 45 49 1800 65 forêt schistes
Sitou 28,8 1700 5,4 315 E.T. 3 29,l 28 1 O00 50 57 2000 70 forêt arko-
Manso (près 92,5 1700 3,2 315 E.T. 7 145 55 600 40 128 1400 60 forêt siques
Agbovìlle) 100 %
Faladoua à 9,3 1420 310 T.T. 3 18,6 11 1200 15 28 3000 35 savane schistes
Ponondougou boisée 100 %
Lodala à Ponon-
dougou (près 48,8 1420 310 T.T., 3 20,O 14,5 300 12 45 925 30 savane -
Boundiali) boisée
forêt sable
Agbéby à 11 2000 10,O 550 E. Pur 2 287 2,6 236 6 6 550 8 60 % argileux
B.D.M.T. culture 100 %
40 %
Losserigué à 3,63 1400 15,4 295 T.T. 3 25,2 17,5 4800 24 25,4 7000 28 culture -
Waraniene ou
Losserigué à 56,7 1400 295 T.T. 2 105 1900 190 3 400 jachère -
Dielikaha 90 % arènes
0-35 m
Losserigué à granite
Natiokaha 10,9 1400 295 T.T. 2 51,5 30 2750 49 4500 26 - altéré
~~
(près Korhogo) 100 x
Douni B 5,25 1630 395 T.T. 3 3,8 5,3 1 O00 11,8 2200 savane granite
Ziévasso arborée et gneiss
Douni à Bassé- 30,3 1630 395 T.T. 3 12,9 9,9 330 22 750 I 100 %
kodougou
Douni à Pt 398 120 1 630 8,3 395 T.T. 3 50 38 320 70 580 - -
Douni à
Gbahalan 204,4 1630 6,8 395 T.T. 3 50 245 90 440 - -
(près Odienné)
TABLEAU
IX (suite)
Amitioro 2,75 1 500 225 E.T. 2 3,l 2,8 1020 13 4,6 1680 15 forêts schistes
(près Tiassalé) 80 100 %
170,4 1500 3,3 225 E.T. 2 53,7 48 281 20 65 380 20 forêt -
0,02 1500 225 E.T. 2 0,l (0,5) (2 500) @,I) (5 000) forêt -
E.T.A. : Equatorial de transition atténué.
T.T. : Tropical de transition.
Pour des superficies de quelques dizaines de kilomètres carrés ce rapport est de 1,7 à 2 sous forêt. I1
peut dépasser 2 dans les régions à fortes pentes (région de Man).
En savane, il est de 1,6 à 2 dans les zones très cultivées où les valeurs spécifiques de la crue médiane
sont déjà élevées ; il atteint fréquemment ou même dépasse 3 en savane arborée.
Les plus forts débits spécifiques de crue décennale, pour une superficie de l’ordre de 10km2, s’observent
dans la zone de Korhogo, en savane très cultivée et sur granite : 3 500 à 5 O00 I/s*km2 ; les débits sont
compris entre 2 O00 et 3 O00 I/s.km2 en savane arborée, sur granite, sauf dans la région de Bouna où la
hauteur pluviométrique annuelle est inférieure à 1200 mm et où le débit spécifique s’abaisse à 1 300 l/s * km2.
En forêt les valeurs observées sur substratum granitique sont voisines de 1 500 I/s*km2; elles dépas-
sent ce chiffre dans les régions à relief accusé (2 800 l/s-km*sur les bassins du Tonkoui) ; elles lui sont net-
tement inférieures sur les sables tertiaires (550 l/s * km2 pour 1’Agnéby) et sur les schistes (250 à 400 I/s. km2
dans la boucle du Cacao, plus faibles valeurs observées en Côte d’Ivoire).
Caractéristiques de l’hydrogramme-type
Forine de l’l~ydsogramnie-t~pe
La forme de l’liydrogramnie de crue unitaire est en liaison avec les Cléments de cet hydrogramme,
débit de pointe, temps de montée et temps de base. Par suite du couvert forestier, la pointe de l’hydrogramme
de crue se trouve retardée et nettement atténuée. Ce décalage de la pointe peut, dans le cas d’un bassin à
zones de débordement, être tel que le temps de décrue de l’hydrogramme soit très faible.
Les caiactéristiques de l’hydrogramme unitaire sont fonction des facteurs géomorphologiques et
plus particulièrement de la couverture végétale. Pour les petits bassins couverts de forêt ou de savane
boisée, la détermination de I’hydrogranime unitaire nécessite l’observation d’une ou plusieurs crues impor-
tantes survenues au moment où le sol est bien humidifié et provoquées par des pluies réparties defaçon
Suffisamment homogènes sur le bassin. Pour les bassins versants de superficie supérieure à 50 ou 100 kni2
aucune détermination de I’hydrogranime n’est raisonnablement possible, de même que pour un bassin
plus petit quand les précipitations restent insuffisantes pour obtenir une bonne humidification du sol. I1
apparaît ainsi une limite des possibilités d’emploi de la méthode des hydrogrammes unitaires pour la déter-
mination des débits de crue.
146 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
Coefficient de ruissellement
Le calcul des crues exige également la connaissance du coefficient de ruissellement K,, rapport du
volume de ruissellement au volume des précipitations. Le coefficient de ruissellement dépend de plusieurs
facteurs :
- répartition des précipitations dans le temps et secondairement répartition spatiale de ces préci-
1
pitations,
- capacité d’infiltration, variable dans l’espace et dans le temps, des divers sols de bassin. Pour
un sol donné elle varie, en l’absence de précipitation, en fonction de la durée de la sécheresse et du type
de sol. Au cours des chutes de pluie elle varie en fonction de l’intensité des précipitations, de leur répartition
dans le temps et de l’état initial du sol avant les précipitations.
I1 convient d’ajouter comme facteurs secondaires Ia couverture végétale et les caractères géomor-
phologiques du bassin, qui modifient l’influence des facteurs principaux.
Le coefficient de ruissellement reste très variable dans le temps. A I’échelle d’une saison des pluies,
il peut être rattaché à la précipitation totale (caractère principal), à la nature du sol, à la couverture végétale
et aux caractéristiques géomorphologiques (caractères secondaires). A I’échelle d’une journée, il est rattaché
à la précipitation journalière et à l’état du sol et de la végétation (caractères principaux). Par exemple, sur
un sol imperméable, des averses comparables donneront un ruissellement du même ordre d’importance ;
par contre sur un sol perméable, des averses comparables et successives donneront un ruissellement crois-
sant, cela par suite de la saturation progressive du sol aux diverses profondeurs. A saturation complète
une même averse provoquera un ruissellement comparable à celui obtenu sur sol imperméable. I1 importe
donc de faire intervenir comme facteur principal du coefficient de ruissellement les précipitations anté-
rieures et d’introduire comme facteurs secondaires les caractéristiques pédologiques du sol, de la surface à
la roche en place, et le niveau de la nappe phréatique.
Ainsi le coefficient de ruissellement varie d’une averse à l’autre en fonction de l’intensité et de la
durée des précipitations et en fonction de l’état d’humidification du sol, caractérisé par un indice repré-
sentatif de la résultante des précipitations antérieures et des échanges d’eau sol - air et sol - nappe.
Différentes formes d’indice d’humidité I, ont été utilisées pour représenter cette résultante :
IH = CPae-“‘“
ou
ou I, = ~ ( ~ a - l re-Kra
)
bassins tropicaux de transition pour les crues rares, puisqu’à ce moment l’effet d’humidification aura joué
au maximum. I1 en résulte un écart plus important entre crue médiane et crue décennale sur les bassins du
type équatorial de transition atténué que sur les autres bassins.
3.4.2. DJ~TERMINATION
DES CRUES DE FAIBLE FRÉQUENCE AUX STATIONS DU RhSEAU
Elle est basée uniquement, comme nous l’avons dit, sur l’étude statistique des crues effectivement
observées.
Pour chacune des stations principales du réseau hydrométrique de Côte d’Ivoire nous avons porté,
par ordre décroissant, la série des débits maximaux annuels observés depuis l’installation de la station et le
numéro de classement ri de chacun de ces débits.
La fréquence expérimentale au dépassement a été calculée par la formule : F % = n x 100/(N+ 1)
N étant le nombre total d’années d’observations.
Sur un graphique à coordonnées gausso-logarithmiques, on porte les débits de crue sur l’échelle
logarithmique et la fréquence correspondante sur l’échelle gaussique, puis on ajuste aux points expé-
rimentaux ainsi obtenus une courbe de fréquence, linéaire ou non.
C’est l’extrapolation de cette courbe qui permet d’évaluer le débit maximal des crues de fréquences
rares. Implicitement on suppose que la loi de répartition aléatoire des crues connues reste valable pour les
crues rares. Cette hypothèse plus ou moins approximative conduit à une certaine imprécision dans l’éva-
luation des crues centenaires, surtout lorsque l’irrégularité des crues est forte et que le nombre d’années
d’observation est faible.
Pour les stations dont le bassin versant est compris entre 100 et 50 O00 km2, l’ajustement d’une droite
se fait généralement de façon assez satisfaisante et permet de considérer comme acceptable cette méthode
de détermination des crues de fréquences rares.
Cependant dans le cas où le bassin versant présente de vastes zones de débordement, la courbe
d’ajustement n’est plus linéaire. L’amplitude des crues de faible fréquence paraît être limitée par les débor-
dements. On peut se demander quel poids il faut accorder aux crues observées qui, tout en étant relati-
vement fortes, se situent néanmoins nettement au-dessous d’une droite d’ajustement s’appuyant uniquement
sur les crues petites et moyennes. L’effet des débordements parvient-il à s’estomper en cay de crue excep-
tionnelle écoulant un volume d’eau énorme ? On doit tenir compte de cette éventualité dans l’extrapolation
de la courbe de fréquence.
Le tableau X donne, pour les principales stations de Côte d’Ivoire, les débits de crue de fréquences
médiane, décennale et centenale en valeurs absolues et en valeurs spécifiques.
Les débits spécifiques des crues annuelles médianes se classent comme suit :
Bassin du Nzi et du Kan : 13à 27l/s-km2
Bassin du Bandama, de I’Agnéby, de la Comoé et du Marahoué inférieur : 25à 50l/s*km2
Bassin du Sassandra, du Marahoué supérieur et du Bafing : 40à 50l/s*km2
Bassin du Cavally inférieur : 60 l/s.km2
Bassin du Cavally supérieur et du Nzo : 70à 80I/s*km2
Bassin de la Haute Bagoé et du Ncé : 130 à 160 l/s.km2
Le Nzi a des crues particulièrement faibles : le régime des pluies et leur abondance très modérée, une
couverture végétale assez dense, un relief peu marqué et une nature de sol relativement perméable en sont
les causes principales.
La Comoé a également des crues très modestes : la forme allongée de son bassin, relativement peu
arrosé, n’est guère favorable, semble-t-il, à une forte concentration des débits de ruissellement.
148 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
Compte tenu de la superficie respective des bassins versants. les débits spécifiques de crue tendent à
croître lorsqu’on passe du Bandama au Sassandra. puis au Cavally. c’est-à-dire lorsqu’on s’approche des
régions pluvieuses et accidentées de í’Ouest de la Côte d’Ivoire.
TABLEAU
X
Cavally à Flampleu ..... (150) (200) (300) (60) (80) (120) 2 2 475
Cavally a Taï ......... 500 800 1250 36. 4 58.2 90.9 2.5 (I 700) 13 750
Ncé à Taï ............ 87 170 270 70. 1 137 218 3. 1 (420) 1 240
Sassandra à Sémien .... 900 1 200 1 700 30. 7 40. 9 58 1. 9 2 200 28 800
Sassandm à Guessabo ... 1 100 1 500 1 900 31. 8 43. 5 55 1.73 2 500 35400
Bafing à Badala ........ 180 280 450 29 45 72 2. 5 6 200
Nzo à Guiglo .......... 300 480 620 47 75 97 2. 06 1 100 6 410
Bandama à Ferkéssédou-
gou ................ 300 330 500 21 47 110 5. O 900 7 O00
Bandama à Béoumi ..... 520 840 1 150 19.8 32 44 2.2 (2 700) 26 200
Bandama à Brimbo .... 1 000 1 516 2 200 16.6 25.2 36. 6 2. 2 3 700 60 200
Kan à Tiébîssou ........ 4 15 65 3 12.5 54 16 115 1 200
Yarani à Séguéla........ (70) 105 (175) 23. 3 35 58. 5 2. 5 290 3 O00
Marahoué à Bouaflé .... 410 650 1 O80 20. 7 32.9 553 2. 63 1740 19 800
Marahoué à Béoumi .... 300 530 900 24 42. 5 72 3. O 1400 12530
Nzi à Fétékro .......... 60 284 460 5. 7 27. O 44 7. 7 10 500
Nzi à Mbahiakro ...... 80 356 595 531 22. 7 38 7.4 950 15 700
Nzi à Ziénoa .......... 160 440 750 4. 8 13.2 22. 6 4. 7 1 150 33 150
Agnéby à Agboville ..... 17 97 178 3. 7 21 39 10.5 4 600
Agnéby à Kotoby ....... 3 10 17 4 13.4 22. 6 5. 7 750
Comoé à Sérébou ...... 330 1 200 2 O90 67 24. 6 42. 7 6. 3 3 100 49 O00
Comoé à Aniassué ...... 560 1 520 2 410 8. 4 22. 9 36.2 4. 3 3 670 66 500
Comoé à Karfiguéla ..... 50 110 170 61. 5 136 210 3.4 280 812
Bagoé à Guinguérini .... 70 163 260 67 157 250 3. 8 425 1 042
Gougoulo à Doropo .... 1 10 100 3. 5 35 350 100 285
La Bagoé. de par son régime tropical de transition. sa pluviométrie assez élevée. son relief marqué
et sa végétation de savane boisée. présente des crues aiguës.
.. L’irrégularité des crues peut être définie d’une façon analogue à celle des modules par le coefficient
K rapport des crues décennale humide et décennale sèche.
La valeur de K J est comprise entre 1.7 et 3. 1 pour les bassins du Cavally. du Sassandra et une partie
de celui du Bandama .
G. GIRARD,J. SIRCOULON, - HYDROLOGIE
P. TOUCHEBEUF 149
Elle varie de 3,4 à 7,7 pour le Haut-Bandama à Ferkessédougou, pour le Nzi, le Haut-Agnéby, la
Comoé et la Bagoé.
Elle atteint 10,s sur 1’Agnéby à Agboville, 16 sur le Kan et s’élève jusqu’à 100 pour le petit bassin de
Gougoulo.
On constate en gros que l’irrégularité des crues tend à augmenter d’abord lentement, puis ensuite
très rapidement, lorsque la pluviométrie moyenne du bassin versant et sa superficie décroissent.
Les débits d’étiage, pour être parfaitement connus, nécessitent non seulement l’observation correcte
des hauteurs d’eau journalières aux stations mais égalenient la correspondance exacte entre hauteurs d’eau
et débits. La première de ces conditions est relativement facile à satisfaire, mais la seconde demande des
mesures de débits correctes à des cotes rapprochées au cours d’une même année et répétées chaque année,
afin de s’assurer de la stabilité de la station en basses eaux. L’exécution des mesures de débits d’étiage
exige la recherche d’une bonne section d’écoulement, parfois assez loin en amont ou en aval de l’échelle
limnimétrique.
Les erreurs ou les anomalies constatées sur les débits d’étiage sont souvent nombreuses et impor-
tantes en valeur relative. Leur élimination demande une surveillance permanente du réseau hydrométrique
et l’exploitation systématique des renseignements obtenus. L’exploitation tardive ne peut que constater les
observations douteuses et ne permet pas une amélioration immédiate des données. Elle facilite seulement la
recherche des valeurs brutes concordantes et acceptables.
Les valeurs des débits d’étiage sont essentiellement liées aux régimes pluviométriques et aux possi-
bilités de rétention des bassins versants. En l’absence des précipitations, les débits d’étiage sont, en effet,
alimentés exclusivement par la vidange des nappes alluviales et souterraines. Les premières sont d’autant
plus développées que le bassin versant est plus grand et les pentes plus faibles ; les secondes sont plus
intimement liées au substratum. Les nappes souterraines ont une certaine extension dans les régions au
substratum granitique, mais sont, par contre, très peu développées ou inexistantes lorsque le sous-sol est
schisteux.
Dans la région côtière Dabou-Aboisso, où la couverture sédimentaire du tertiaire continental est
formée de sable, les nappes souterraines sont très puissantes et les débits d’étiage ne varieront pratiquement
pas d’une année à l’autre au cours de la saison sèche.
L’abondance pluviométrique joue un rôle important sur la valeur des débits d’étiage et la phase
tarissement. I1 va de soi que plus les précipitations sont abondantes et moins elles sont irrégulièrement
réparties dans l’année, plus les débits d’étiage sont élevés. A ce point de vue, les régimes équatoriaux de
transition pur ou atténué sont mieux favorisés que le régime tropical de transition.
Le volume des réserves d’eau mobilisables (volume qui s’écouleräit à la station si le tarissement
suivait la loi théorique exponentielle depuis une date fixe jusqu’à un temps infini) est, pour un bassin donné,
fonction des précipitations de la précédente saison des pluies.
La carte 3 (vol. II, cartes) tirée d’une étude hydrologique de J. HERBAUD, sur le bassin du Solomou-
gou, montre les valeurs successives des réserves d’eau mobilisables, exprimées en mm, au cours des années
1961, 1962 et 1963 pour des précipitations annuelles à Korhogo de 811, 1 411 et 1 560 mm, ainsi que la
répartition dans l’espace de ces réserves. La région de Korhogo donne lieu à des réserves particulièrement
fortes dues à la capacité de rétention des granites fortement altérés sur une grande épaisseur (15 à 30 mètres).
150 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
TABLEAU
XI
TARISSEMENT
DES COURS D’EAU
Qo
N .- Nombre de jours tel que le débit Qt devienne égal à -
10
.
G. GIRARD,J. SIRCOULON, - HYDROLOGIE
P. TOUCHEBEUF 151
Pour les bassins versants de 10 à 100 kinz, les débits d’étiage en fin de saison sèche sont toujours
nuls, sauf si la capacité de rétention de ces petits bassins versants est suffisante pour que subsiste un faible
écoulement, de l’ordre de 1 à 2 l/s.kmZ. Bien souvent cet écoulement cesse progressivement avec l’aug-
mentation de surface du bassin, par suite de l’évaporation des eaux du lit mineur et de l’évapotranspiration
de la végétation des rives.
Pour des bassins de plus de 10 O00 kmz, le tarissement des nappes alluviales importantes assure
un débit souvent permanent, même à la suite d’une année pour laquelle les précipitations ont été très
faibles.
Le tableau XII donne, pour les principales stations de Côte d’Ivoire, les valeurs caractéristiques
des étiages absolus :
- étiage en année décennale sèche (m3/s),
- étiage moyen annuel (moyenne des étiages observés),
- étiage en année décennale humide,
- les valeurs correspondantes exprimées en débit spécifique (l/s * km2),
- le rapport KJ des débits d’étiage de fréquence décennale en année humide et en année sèche
(coefficient d’irrégularité interannuelle),
- la superficie du bassin versant (kmz).
Les débits spécifiques d’étiage absolu moyen peuvent être comparés aux diverses stations. Ils
s’échelonnent comme suit :
- plus de 1 500 x 10-3 l/s kmz pour le Haut-Cavally, pour les petits cours d’eau prenant nais-
sance dans la zone côtière sédimentaire du tertiaire continental (affluents du Bas-Agnéby) et pour la
Haute-Comoé alimentée par une importante nappe souterraine,
- entre 1 500 et 400 x 10-3 l/s. kmz pour les cours d’eau des régions pluvieuses de l’ouest et
du sud-ouest de la Côte d’Ivoire (bassins du Cavally et du Sassandra) et quelques petits cours d’eau de
la région de Korhogo,
- vers 180 x 10- 3 l/s.kmz pour le Bandama à Brimbo,
- entre 50 et 85 x 10- 3 l/s-kmZ pour la Comoé et le Bandama supérieur et moyen,
- entre 10 et 50 x 10-3 l/s.kmz pour le Yarani, le Marahoué et le Nzi,
- moins de 5 x 10- 3 l/s-kmz pour la Bagoé et les bassins versants recevant moins de 1 300 mm
par an (Haut-Agnéby, Kan, Gougoulo).
Le coefficient K J traduit bien l’irrégularité interannuelle des débits d’étiage qui est beaucoup plus
marquée pour le Haut-Bandama et le Nzi (80 à 200) que pour les cours d’eau de l’ouest et sud-ouest de
Côte d’Ivoire (3 à 20).
Ce coefficient KJ doit être compris entre 1,l et 1,5 pour certains petits cours d’eau de la zone côtière.
Notons pour le haut bassin de la Comoé en Haute-Volta, une valeur également tr& faible de K3 (1,3)
due à la vidange des eaux contenues dans les grès du bassin.
D’une façon générale, l’irrégularité des débits d’étiage reste d’autant plus faible que la précipi-
tation moyenne annuelle sur le bassin est plus élevée. Cette irrégularité devient très atténuée pour des
bassins versants recevant des précipitations annuelles quelconques mais dont le sol est essentiellement
constitué de formations à forte rétention.
152 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D'IVOIRE
TABLEAU
XII
Postes J F M A M J J A S O N D Total
Abengourou ............... 12.4 41. O 121.3 144.5 204. 4 229. O 131.O 64. 6 132.9 185.8 73. 7 18.3 1 358. 9
Abidjan-Aéro .............. 29. 2 42. 2 115.1 155.2 355.4 595. 2 226. 1 29. 8 55. 3 139.3 186.5 108.6 2 087.9
Abidjan-Cocody" .......... 22. O 45. 4 76. O 130.6 210. 8 602. 2 419. 5 34.2 52. 5 126.7 92. 3 64.2 1 876. 4
Abidjan-Port+ ............. 7. O 37. O 114.7 144.O 144.3 606. 3 448. O 23. 3 42. 8 74.O 118.8 44. 3 1 803.5
Abidjan-Ville .............. 29. 9 52. 7 105.8 127.4 333. O 596. 3 246.9 39.6 63.2 183.1 172.7 83. 5 2 034.1
Aboisso .................. 33. 8 69. 3 122.2 159.2 236.3 386. 5 207.2 84. 6 137.6 221.2 162.3 75. 3 1 895. 5
Adiaké ................... 33. 6 60. O 135.O 169.7 292. O 584. 5 228. 7 47. 2 96. 9 210. 1 169.8 80. 3 2 107.8
Adiopodoumé ............. 31. 8 52.4 108.3 140.O 306. 2 670. 7 282. 3 31.4 81.1 177. 1 155.6 88. 2 2 125.1
Adzopé .................. 24. 2 44. 3 103.3 175.2 199.3 279. 3 170.6 57. 8 124.5 168.3 91. 2 33. 7 1471. 7
Agboville .................. 22. 9 43. 4 118.9 143.3 194.4 265. 4 127.9 55. 3 110.2 170.5 129.9 40. 2 1 422. 3
Agnibilékrou .............. 10.4 27. 4 105.6 144.9 149.5 172.6 113.6 70. 7 123.5 174.7 45. 5 13.1 1151. 5
Alépé ..................... 43. 3 51. 7 153.4 132.7 190.7 395. 4 234. 3 41. 6 82. 4 185.4 151.O 76.O 1 737. 9
Azaguié ................... 32. 6 54. 3 136.O 151.3 245. 3 302. 1 170.O 61.3 127.8 222. 5 186. 1 77. 5 1 766. 8
Banco .................... 42. 9 52. 7 111.4 129.3 296. 4 616. 9 273. 2 54. 8 99. 8 194.9 174.3 83.4 2 130.0
Béoumi ................... 11.7 55. 1 100.O 124.1 129.6 150.9 103.1 114.1 223. O 125.O 52.9 26. 2 1215.7
Bocanda .................. 8. 9 32. 6 110.5 153.1 128.3 168.1 91. 9 75. 1 131.5 143.1 49.4 20. 2 1 127.1
Boli ...................... 9.4 30. 5 93. 1 114.9 92. 1 150.5 78. 6 64. 6 125.4 83. 2 34. 6 9. 2 886. 1
Bondoukou ............... 15.O 43. O 74.O 131.4 168.7 166.O 79. 8 64. 5 186.1 177.O 51. 5 17.5 1 174.5
Bongouanou . . . . . . . . . . . . . . 9. 3 31. 1 110J 169.5 153.8 238. 8 123.8 73. 5 141.4 146.1 56. 3 19.O 1 272. 8
Bouaflé .................... 20. 2 62. 1 123.5 150.3 167.1 193.3 88. 3 973 222. 3 139.2 53. 2 33. 5 1 350. 5
Bouaké-Adro .............. 13.6 45. 1 90. 2 140.5 145.8 149.4 98. 1 104.8 213.4 130.O 37. 8 20. 5 1 199. 2
Bougousso+ . . . . . . . . . . . . . . . O. O 21. 5 65. 5 53. O 136.5 209. O 276. 5 338. 3 335.O 201. 7 10.O 9. O 1 656. 0
Bouna .................... 5. O 20. 2 53. 5 103.7 136.8 153.9 130.9 138.6 246.4 105.3 36. O 8. 3 1 138. 6
Boundiali ................. 9. 3 16.5 41. O 84. 3 117.6 162.2 254. 8 317. 6 248. 1 135.O 42. 1 10.O 1438.5
Brimbo* .................. 19.9 82. O 196.2 156.8 172.6 326. 8 181.O 61.9 136.7 172.7 103.1 33. O 1 642. 7
Céchi .................... 15.5 44. 4 124.5 199.4 193.8 314. 8 128.4 64. 6 107.7 163.4 57. 1 37. 9 1451. 5
Dabakala ................. 10.9 38. 9 68. 8 126.5 140.2 146.5 96. 7 139.2 230. 3 135.O 37. 2 13.O 1 183.2
Dabou .................... 34. 4 41. 6 122.O 160.7 284. 5 587.4 287. 3 29. 9 75. 9 190.2 152.6 100.9 2 067.4
Daloa .................... 19.1 63. O 113.2 155.4 150.9 178.6 115.4 119.4 266. 3 179.9 58. 2 13.3 1432. 7
Danané ................... 24. 5 68. 3 127.3 171.4 179.6 304. 9 346. 9 346. 6 407. 8 217. 1 75. 5 35. 2 2 305.1
Daoukro .................. 7.O 42. 9 120.8 172.3 152.2 182.6 91.O 70. 1 108.O 130.1 39. 1 15.9 1132.0
Dembassof ................ 6. 6 15.2 29. 2 79. 8 114.1 147.4 200. 2 377. 2 259. 8 128. 6 47. 6 12.8 1418.5
Dimbokro ................ 16.6 46.4 123.O 150.7 181.9 184.O 95. 2 60. 3 137.9 130.2 63. 5 19.4 1 209. 1
Divo ...................... 27. 5 78. O 161.8 186.5 214. 8 307.2 138.8 62. O 166.9 215. 4 120.4 68. 5 1 747. 8
Duékoué .................. 15. 8 33. 2 163.5 149.2 166.8 203. 6 128.3 200. O 311. 3 186.8 56. 5 36. 8 1 6528
Ferkéssédougou ............ 5. O 19.3 47. 5 91. 4 139.7 158. 1 185.7 299. 5 251. 3 112.3 31. 7 9. 7 1 351. 2
Gagnoa ................... 32. 2 62.4 145.7 163.2 185.1 221. 3 98. 7 64. 5 174.9 161.O 102.9 47. 3 1459.2
Grabo .................... 88.5 100.9 175.8 200. 4 292.6 383.9 89.8 89.4 217. O 318. 3 214. 8 139.3 2 310.7
Grand-Lahou .............. 20. 3 35. 6 80.O 119.7 288. 4 494. 3 186.2 23. 9 49. 3 115.9 170.6 90.2 1 674. 4
Guiglo .................... 16.7 51. 6 121.8 140.O 179.2 286. 8 150.6 161.9 343. 8 221. 3 65. 9 28. 5 1 768. 1
Guitry+.................... 25. 8 33.4 74. 6 136.2 138.4 316. 8 147.8 51. 6 92.O 145.2 118.4 84.4 1 391. 6
Jacqueville" ............... 37. 5 24. O 100.5 125.8 212. 8 634. O 343. 2 15.4 28. 7 56.7 93. 8 54. 2 1 726. 6
Katiola .................... 10.9 37. 9 61. 3 150.9 127.3 170.4 102.2 147.2 216. 3 127.9 36. 6 27. 8 1216. 7
Korhogo .................. 7.4 13.9 48. 9 99. 3 89. 2 160.9 190.8 320. 9 265. 6 130.7 39.2 13.5 1 380. 3
Kotobi+ .................. 24. 5 22. 8 95. 5 158.O 176.8 242. 5 89.3 73. 3 72. 8 74. 3 41. 8 43. 8 1 115.4
Kouto+ .................. 19.8 8. 4 31. 6 88. 8 80. 5 168.8 223. 6 362. 4 215.4 115.2 22.6 24. O 1361.1
Lakota ................... 38. 1 81.7 148.3 156.7 193.6 278. 8 102.8 54.4 176.4 204. 6 1180 77. 3 1 630. 7
L a M é .................... 35. 3 63. 3 129.7 142.5 265. 7 479. 5 218. 7 40. 2 99. 6 189.7 1775 84.2 1 925. 9
Lamto* ................... 4. 2 45. 8 148.8 162.8 151.2 210. 7 152.5 68.7 131.O 134.5 665 43. 8 1319.9
Madinani .................. O. O 2. 2 14.2 90. O 95. 2 187.5 247. 2 340. 3 226. 8 122.2 28. 2 2. 5 1 356. 3
Man-Aéro ................ 16.2 57. O 116.2 158.7 158.9 214.O 207. 5 260. 4 319. 8 169.7 56.4 21. 7 1 756. 5
Maninian' ................ 2. 7 10.5 20. 7 73. 2 134.2 218. 5 344. 7 446. O 364. 7 202.O 69. 3 22. 3 1 908. 8
Postes J F M A M J J A S O N D Total
Mankono .................. 16. 1 37. 7 74. 3 113. 9 128.5 150. 8 139.O 184. 9 241. 8 125. 3 35. 9 12.9 1259
Mbahiakro ................ 14.2 43. O 113.7 169.O 147. 6 172.2 76. 8 87. 9 144.3 144. 1 38. 2 11.8 1 162. 8
Ndouci" .................. 14.8 58.4 89. 2 155. 6 159. 8 239. 4 132.2 58. 6 120.2 82. O 70. 2 67. 6 1248. 0
Niakaramandougou* ....... 11.2 74. O 55. O 99. 2 168. 6 122.4 161. 6 220. 6 183. 8 163. O 44. 2 13. 8 1317. 4
Odienné .................. 3. 3 13. 6 39. 1 76. O 118.5 175. 6 289. 1 382. 7 292. 1 164.4 54. 2 10.4 1 619. 0
Ouangoloudougou ......... 2. 7 16.2 42. 8 95. 4 117. 1 161. 8 202. O 326. 4 219. Y 104.7 18. 1 10. 8 1317. 9
Ouellé .................... 6. 4 26. 4 100. 6 140.6 100.O 145. 5 83. 1 66. 8 100.2 136. 6 29. 4 16. 3 951. 9
Oumé .................... 22. 1 62. 4 143. O 148. O 191. 9 211. 8 85. 9 543 143.O 145. 7 79. 6 45. 9 1 333. 8
Sassandra ................. 23. 2 24. 4 74. 3 104. 2 295. 5 510. 6 156. 9 22. 8 48. O 100. 1 142.4 87. 4 1 589. 8
Séguéla.................... 18.O 39. 5 97. 2 103.9 135. 3 147.O 130.6 172.O 259. 8 182.6 57. 6 22. 1 1365. 6
Sinfra+ ................... O. O 74. 5 243. 5 229. O 402. 5 258. O 83. O 79. 5 201. O 109.O 60. O 543 1 794. 5
Soubré .................... 33. 5 55. 6 139.O 166. 1 173. 1 245. 2 107. 2 100. 6 220. O 191. 1 119. 9 53. 8 1 605. 1
Tabou .................... 52. 9 47. 8 88. 2 133. 9 415. 5 533. 4 155.7 82. 6 220. 6 203. 1 195. 1 145.2 2 274. 0
Tafiré .................... 8. 5 18. 1 554 73. 1 109. 8 130.7 145. 6 217. 5 241. 1 109. 6 51. 4 21. 1 1 181. 9
Taï ....................... 20. 8 45. 7 162.2 158. 3 220. O 296. 9 159. 8 126. 6 319. 1 244. 6 122. 1 46. O 1 922. 1
Tengréla .................. 4.6 5.O 23. 7 65. 4 109.4 161. 2 302. 9 360. O 269. 1 97. 6 38. 9 7. 8 1445. 6
Tiassalé .................. 20. 7 54. 9 125. 7 148. 6 166.4 223. 7 112. 5 54. 8 111.4 159. 6 101. 3 40. 1 1 319. 7
Tiébissou ................. 18.9 61. 3 116. 9 145.2 139. 6 167.4 87. 1 60. 6 126.4 122. 6 44. 5 29.1 1 119. 6
Tiémé+ .................... 2. 7 2. O 18. 7 87. O 147. 5 170. 5 243. O 440. O 329. 5 217. O 25. O O. O 1 682. 9
Touba .................... 11.5 30. 6 67. 9 122. 5 146. 1 161.4 173. 5 205. 7 270. 5 116. 3 38. 6 16. 7 1361. 3
Toulépleu ................. 17. 2 57. 8 129. 8 155. 3 204. 4 238. 3 169.O 179.4 338.2 213. 2 78. 4 35. 9 1816. 9
Toumodi* ................. 17. 4 56. 5 84. O 135.6 145. 6 172. 8 87. 2 84. 2 106. 6 113. 2 26. 4 33. 4 1 062. 9
Vavoua ................... 11. 7 67. 7 99. O 127. 1 128. 1 165.4 90. 3 132. 5 243. 7 157. 5 543 10.7 1288. 2
Yamoussoukro+ ........... 8. 3 38. 7 87. O 189.7 99. 3 219. 5 73. 5 553 113.5 55. 8 64. 3 35. 3 1 040. 4
J.-L. GUILLAUMET*
et
E. ADJANOHOUN**
La carte de la végétation de Côte d’Ivoire à 1/500 O00 représente la situation actuelle de la végé-
tation et son dynamisme : ce mémoire apporte les compléments d’information nécessaires.
Cette réalisation n’eut pas été possible sans les travaux de tous nos prédécesseurs, et on peut la
considérer comme le point des études relatives à la végétation effectuées à ce jour en Côte d’Ivoire.
Nous sommes heureux de remercier tous ceux qui nous ont apporté aide et conseil dans la réalisation
de ce travail :
- notre Maître, Monsieur le Professeur G. MANGENOT, initiateur des études sur la végétation
de Côte d’Ivoire, n’a cessé de nous encourager et de nous conseiller ;
- Monsieur le Professeur R. NOZERANqui fut le principal promoteur de cette étude ;
- Monsieur M. Luc, Directeur du centre ORSTOM d’Adiopodoumé, a toujours eu 6. cœur la
réalisation de ce travail ; son expérience, son appui ont été des plus eEcaces ;
- Messieurs les Professeurs A. AUBRÉVILLE, L. EMBERGER, P. REY, R. SCHNELL,G. LEMÉE
nous ont conseillés dans la mise en œuvre de ce travail ;
- nos collègues du centre ORSTOM d’Adiopodoumé ;
- les agents du centre Forestier Tropical d’Abidjan, dirigé par Monsieur DE LA MENSBRUGE
et en particulier Messieurs HUETet GLORIOD :
- Monsieur LEFEBVRE du Bureau pour le Développement et la Production Agricole en Côte d’Ivoire.
GÉNÉRALITÉS
Les unités de végétation sont d’abord décrites physionomiquement. Ce sont des forinations. Cette
définition implique une réalité floristique que nous rappelons dans le texte. Ensuite, nous faisons appel
à des critères floristiques pour distinguer des types parmi ces formations. Pour les nommer, nous avons
utilisé des noms d’espèces, choisies pour leur représentativité, nous rendant parfaitement compte avec
A. AUBRÉVILLE (1957-1958) qu’il n’y a aucune raison de distinguer (( dans l’important groupement des
espèces représentatives de la formation D, mais il faut bien un nom à ce que l’on décrit.
Bien qu’utilisant en partie les méthodes de relevé utilisées par les phytosociologues de 1’Ecole
Zuricho-Montpelliéraine, nous n’avons ni décrit, ni représenté des associatioris mais des groupements
vége‘taux : ensemble de plantes réunies dans une même station, par suite d’exigences écologiques identiques
ou voisines, à compositicn floristique relativement constante dans des stations comparables, organisé
d’une manière précise dans l’espace (distribution horizontale et verticale) et dans le temps (périodicité
annuelle), se transformant progressivement de telle façon que plusieurs groupements peuvent se succéder
en un même lieu suivant un processus dépendant en partie des conditions du milieu (P. OZENDA,1964).
Les groupements forestiers climatiques que nous avons décrits répondent à la conception d’asso-
ciation de G. MANGENOT (1955)’ si bien résumée par A. AUBRÉVILLE (1957-1958) en ces termes:
G L’association (conception MANGENOT) fondamentale se confond avec un type pédoclimatique
de forêt, considérablement étendu spatialement, constitué par de nombreuses espèces caractéristiques
diversement combinées d’une station à une autre (polymorphe) )) et ajoute A. AUBRÉVILLE
:
a Cette association fondamentale polymorphe et couvrant de grandes surfaces est pour moi, étant
floristiquement, écologiquement, biologiquement et physionomiquenient défini, un type de formation
forestière, un climax à faces multiples ; question de mots donc B.
2. DYNAMISME
Les unités de végétation ont été considérées du point de vue dynamique et figurées sur la carte
en série progressive dont le groupement climatique est le stade ultime.
Cette évolution a été étudiée dans le texte et représentée sous forme de tableaux.
3. PHYSIONOMIE
Les types physiononiiques représentés sur la carte et mentionnés dans la notice répondent aux
définitions de la Réunion de Yanganibi (1956) :
- Forêt dense humide : (( peuplement fermé, pluristrate, constitué d’une strate supérieure de
grands arbres ; tapis graminéen généralement absent et, s’il est présent, formé d’espèces à larges feuilles D.
ex. : les forêts climaciques du domaine guinéen.
164 LE MILIEU NATUREL DE LA cÔ= D’IVOIRE
- Forêt dense sèche : (( peuplement fermé, plmistrate, de stature moins élevée que le type précé-
dent ; la plupart des arbres des étages supérieurs perdent leurs feuilles ; le sous-bois arbustif est soit sem-
pervirent, soit décidu et le tapis graminéen généralement discontinu D.
C’est la forêt à Anogeissus leiocarpus, du secteur sub-soudanais.
- Fourré : (( type de végétation arbustif, fermé, sempervirent ou décidu, généralement peu péné-
trable, souvent morcelé, à tapis graminéen absent ou discontinu D. (Sur la carte ne sont représentés que
certains fourrés littoraux).
qui influence une strate inférieure ; graminées à feuilles planes, basiliaires et caulinaires, ordinairement
brûlées annuellement ;plantes ligneuses ordinairement présentes D.
- Les trois autres types ont été également confondus : savane arborée (( arbres et arbustes dissé-
minés D, savane arbustive (( arbustes disséminés )) (J.-L. TROCHAIN,1957), savane herbeuse G arbres et
arbustes ordinairement absents )). Celles-ci sont généralement édaphiques : savanes littorales, savanes
inondées ou sur cuirasses dénudées.
- Les bosquets, les galeries forestières et forêts ripicoles en zone de savane ont été représentés
symboliquement.
- La prairie, ce (( terme, considéré comme non ambigu, n’a pas été défini par la Réunion )) (J.-L.
TROCHAIN,1957). Cet auteur propose la définition suivante : type de végétation fermé, constitué princi-
palement de Graminées et Cypéracées avec, comme déments accessoires du cortège, des plantes herbacées
ou semi-ligneuses. Accidentellement, il peut s’y introduire quelques arbustes D.
Nous avons représenté deux types principaux de prairie : la prairie aquatique et la prairie alti-
montaine.
- Enfin, un certain nombre de groupements spéciaux, sur rochers dénudés, sur cuirasses nues,
sur sables et rochers littoraux ont été représentés, plus ou moins symboliquement.
4. L’ACTIONHUMAINE
Nous avons confondu en un vaste ensemble tout ce qui dépend de l’activité agricole: champs
annuels ou permanents, jachères, quel que soit leur âge, forêts secondaires (I), plantations sous forêt de
type verger de caféier ou de cacaoyer.
Ce domaine a été représenté sous forme d’une trame dans la teinte de la forêt climacique. La des-
cente des déments de forêt semi-décidue dans les formes de reconstitution a été indiquée.
Les (( savanes )) à Pennisetunt purpureum, cas particulier de la reconstitution du climax forestier
et forme de dégradation de celui-ci, ont été traitées spécialement.
(1) Anciennes forêts secondaires à sous-bois climaciques et forêts climaciques qu’il n’est pas possible de séparer sur
photographies aériennes ne sont pas distinguées.
E. ADJANOHOUN
J.-L. GUILLAUMET, -
LA V É G ~ A T I O N 165
Les principales cultures de type industriel ont été portées sur la carte, affectées d’un symbole repré-
sentant la plante cultivée. Nous avons mentionné les grands projets qui n’en sont encore qu’aux stades
préparatoires : défrichements, pépinières...
Les grands blocs de plantation d’essences forestières, pures ou en layon ont été indiqués par une
surcharge.
Nous estimons que l’exploitation forestière modifie suffisamment la végétation naturelle pour que
les zones qui y sont soumises, ou y ont été, soient mentionnées globalement.
I1 n’existe de limite précise entre deux groupements que lorsqu’au moins un facteur écologique
varie brutalement de l’un 8.l’autre ; si les conditions du milieu varient progressivement suivant un gradient,
il y a continuum dans la végétation.
Ainsi, la limite est nette entre forêt marécageuse et forêt sur sol drainé, entre un champ et le grou-
pement intact voisin, entre la forêt et la savane parcourue par les feux, entre la forêt sur sable marin et
la voisine sur le socle ancien, entre la mangrove soumise 8.l’action des marées et les groupements adjacents
qui y échappent...
Mais il y a continuum quand la limite est climatique ou altitudinale, quand ce n’est entre deux
sols qu’une différence légère ou entre deux endroits brûlés qu’une différence d’intensité dans les feux.
Les limites liées à des solutions de continuité sont matérialisées sur la carte, elles ne le sont pas
dans le cas d’un continuum.
6. SUBDIVISION
DE LA CÔTE D’IVOIRE
Suivant l’exemple de nos prédécesseurs dans l’étude de la végétation de l’Ouest africain (voir
l’historique de cette question dans R. SCHNELL, 1952) nous avons subdivisé la Côte d’Ivoire en domaines
et secteurs basés non seulement sur les formations prédominant dans le paysage, mais aussi sur leur dyna-
misme actuel, ce qui nous amène à distinguer :
- Domaine guiiiéeit
- secteur ombrophile
- secteur mésophile
- secteur littoral
- secteur montagnard
- Domaine soudanais
- secteur subsoudanais
- secteur soudanais.
7. MÉTHODECARTOGRAPHIQUE
Nous nous sommes largement inspirés des méthodes utilisées dans l’établissement de la carte de
la végétation de la France au 1/200 000. La réalisation de.la minute s’est déroulée en plusieurs étapes :
166 LE hlILTEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
8. REPRÉSENTATION CARTOGRAPHIQUE
Le souci de représenter l’état actuel de la végétation et son dynamisme joint à I’échelle utilisée,
nous ont amenés à utiliser conjointement trois critères principaux : physionomie, composition floristique 1
et dynamisme. I1 va sans dire que ces trois aspects sont étroitement liés. Ils se retrouvent dans la repré-
sentation cartographique : la physionomie est représentée par la trame, la composition floristique par
la couleur, la succession des trames dans une même couleur indique le dynamisme. Enfin nous avons
essayé dans le choix des couleurs de suivre les conventions de H. GAUSSEN utilisées dans les différentes
cartes de la végétation rédigées sous sa direction.
LE DOMAINE GUINÉEN
(1) On trouvera en annexe les références des missions photographiques et des fonds cartographiques utilisés.
J.-L. GUILLAUMET, - LA VÉGÉTATION
E. ADJANOHOUN 167
I. LE SECTEUR OMBROPHILE
A . GÉNÉRALITÉS
Le climax dominant est la forme sempervirente de la forêt dense humide, c’est-à-dire que la défeuil-
laison n’en affecte jamais l’ensemble. Des espèces renouvellent leur feuillage perpétuellement (Diospyos
spp., Trichilia heudelotii, Turraeantlius africanw, ...), d’autres, si elles perdent saisonnièrement leurs feuilles,
ne sont jamais nues, car elles en forment des jeunes en même temps (Uapaca guineensis, U. esculenta,
Trichilia lanata,. ..) ; quelques-unes enfin se dénudent completemelit (Terminalia ivorensis, Ricinodendron
heudelotii, Combretodendron macrocarpimi, ...).
La forêt sempervirente est liée à un climat du type équatorial ou subéquatorial caractérisé par une
saison sèche peu marquée n’excédant pas 4 mois déficitaires en eau, une pluviosité annuelle élevée, supé-
rieure à 1 700 mm environ, et un déficit hydrique annuel ne dépassant pas 300 mm. Elle peut cependant
s’échapper de ces limites si les caractéristiques édaphiques compensent la relative sécheresse climatique :
sur schistes, le long des pentes et cours d’eau, dans la région située en dessous et à l’Ouest de Man jusqu’à
la vallée du Bafing où elle présente des caractères floristiques intermédiaires avec la forêt semi-décidue.
C’est dans cette zone que le substratum géologique est le plus varié: grès et sables quelquefois
argileux du continental terminal, roches métamorphiques, schisteuses et roches du complexe volcano-
sédimentaire, granites éburnéens et migmatites diverses. La variété texturale des sols, commandant leur
capacité de rétention en eau, imprime des variations floristiques profondes dans la composition de la forêt
sempervirente, qui peut être ainsi décomposée en plusieurs types.
Les sols ferrallitiques issus de ces différentes roches sont tous fortement désaturés. Leur horizon
humifère est peu épais, médiocrement pourvu en matière organique et plus acide que les horizons sous-
jacents. Leurs propriétés physiques sont par contre très variables et sont fonction de la nature de la roche
mère et du modelé.
Le groupe des sols remaniés (horizon gravillonnaire ou granuleux épais) est le plus fréquent, il
occupe les modelés plus ou moins ondulés issus des granites, des schistes et des roches basiques. La nature
de la roche mère influe sur la texture des sols :fine sur roches basiques et schistes, plus grossière sur granites.
La diversité et la répartition des types de sol en fonction du modelé permet aussi de mieux différencier les
sols issus de granites et de schistes. Les groupes typiques ou rajeunis sont localisés sur les modelés plus
accidentés qui correspondent aux roches plus basiques. Le groupe appauvri en argile est limité aux sols
issus des sables du continental terminal.
Les variations de climat liées à la latitude ajoutent encore à l’hétérogénéité.
Enfin, l’histoire passée de l’Ouest africain, avec les fluctuations du massif forestier, a réparti certains
Cléments floristiques de manière si originale qu’on doit distinguer dans l’Ouest du pays un faciès sassan-
drien.
B. L’OCCUPATION HUMAINE
marchands de bois : entre Bia et Comoë, le long du Bandama, la rive droite de la Niouniourou, la rive
gauche du Sassandra en aval de Soubré, l’immense massif de Taï entre Sassandra et Cavally, la région
comprise entre la route Guiglo-Taï et la frontière libérienne, le nord de la route Guiglo-Toulepleu, une
partie du massif des Dans.
A côté des activités de ramassage, pêche et chasse importantes encore dans les régions les moins
peuplées, l’homme pratique pour ses cultures vivrières, riz, manioc, banane ou taro selon les régions, une
agriculture caractérisée par une jachère forestière plus ou moins prolongée, jusqu’h 9 ans dans l’Ouest,
succédant à un an ou deux de cultures. L’introduction du café et du cacao a donné lieu à I’établissement
de vergers privés fixes. Dans l’Est du pays, en pays Abey, Attié et Ebrié, on trouve aussi des vergers de
colatiers. Les Adioukrous, région de Dabou, entretiennent de grandes palmeraies d’Elaeis grrineensis.
Des particuliers, collectivités et sociétés, ont entrepris des plantations de type industriel : caféier,
cacaoyer, ananas, bananier, hévéa, palmier à huile, agrumes, surtout dans la région d’Abidjan et autour
des principaux centres urbains : Sassandra, AIépé, Aboisso, Dabou, principalement aux dépens des savanes
lagunaires et du domaine classé. Les palmeraies et plantations d’hévéas sont en pleine extension, et les
prochaines années les verront s’implanter dans l’Ouest où de vastes programmes sont prévus.
L’élevage est pratiquement inexistant dans le secteur de la forêt sempervirente, cependant, les ves-
tiges de savanes lagunaires sont régulièrement incendiés chaque année.
Depuis sa création, le Service des Eaux et Forêts de Côte d’Ivoire a entrepris un grand nombre de
reboisements en forêts classées, selon des techniques diverses : layons, cultures pures après abattage ou
empoisonnement des grands arbres. Près de 15 O00 hectares ont été plantés entre 1926 et 1964. Cet effort ne
fera que s’accroître dans les années à venir.
La première grume d’acajou (Khaya ivorensis) de Côte d’Ivoire arriva en France en 1880, expédiée
par la Maison Verdier de Côte d’Ivoire. L’exploitation proprement dite, débute en 1885 (P. TERVER, 1947) ;
depuis, elle n’a fait que s’accroître, avec des ralentissements durant les périodes de guerre. Actuellement,
l’ensemble de la forêt sempervirente a été exploitée ou est en cours d’exploitation, à l’exclusion du massif
de Taï et du sud-ouest de Guiglo. Durant les neuf premiers mois 1969, il a été exporté 2 347 911 m3 de
bois en grumes et débités (Bois et Forêts des Tropiques, 1969). Il n’est pas possible de faire la part de
ce qui revient à la forêt sempervirente. Cependant, sur les 18 principales essences exploitées, certaines
ne se rencontrent que dans cette zone : avodiré (Tzrrraeantlzwafricanus), niangon (Tarrietia zrtilis), acajou
Bassam (Khaya ioorensis), framiré (Terminalia ivorensis), dibetou (Lovoa trichilioides), doussié (Afzelia
bella var. gracilior) ; d’autres débordent plus ou moins sur la forêt semi-décidue : bossé (Guarea cedrata),
fromager (Ceiba pentandra), ilomba (Pycnanthus angolensis), iroko (Chlorophora excelsa), makoré (Tieghe-
mella heckelii), sipo (Entandrophragma utile), tiama (E. angolense) ; un petit nombre d’essences d’impor-
tance secondaire appartiennent aussi aux forêts sempervirentes : faro (Daniellia thurifera), bodioa (Ano-
pyxis klaineana),. ..
Les forêts classées sont très nombreuses dans cette zone qui compte aussi quatre réserves botaniques :
Yap0 (en partie), Kro, Tiapleu et Sangouiné, et deux Parcs nationaux : celui du Banco, créé en 1924 sur
3 O00 ha, lié à 1’Ecole Forestière avec arboretum, plantations expérimentales et étang de pisciculture :
celui de Taï, 425 O00 ha érigés en (( Reserve of Sassandra )) par la Convention de Londres en 1933.
1. PHYSIONOMIE
Nous n’insisterons pas sur les caractères physionomiques bien connus des forêts denses humides
sempervirentes.
Nous avons fait déjà allusion à la persistance du feuillage, caractère important pour le cycle de la
matière organique et la constance du microclimat intérieur. Rappelons la présence de plusieurs strates,
J.-L. GUILLAUhfET, - LA VÉGÉTATION
E. ADJANOHOUN 169
Cinq types de forêts sempervirentes ont été pris en considération, dont les différences floristiques
s’expliquent par des variations écologiques :
- forêt à Ereiizospatlia rilacrocarpa et Diospyros niarznii
- forêt à Diospyros spp. et Mapania spp.
- forêt à Turraeanthus africanus et Heisteria paruijolia
- forêt à Uapaca esculenta, U. guineensis et Chidlowia sanguinea
- forêt à Tarrietia utilis et Chrysophyllum perpulchruin.
On peut distinguer pour chacun d’eux :
- les espèces communes à l’ensemble des forêts denses humides semi-décidues et sempervirentes,
- les espèces propres aux forêts denses humides sempervirentes,
- les espèces caractéristiques de chaque type.
Existe-t-il des espèces communes à toutes les forêts denses humides de type climacique ? R. SCHNELL
(1950), suivant les règles de la nomenclature zuricho-montpelliéraine, a fait de l’ensemble de ces forêts la
classe des Pjmanthetea, caractérisée par Pycnmithus angolensis. Position critiquée par J. LEBRUN et G.
GILBERT (1954), qui font remarquer justement que cette espèce (< appartient manifestement aux forêts
secondaires dont elle est un élément important D. Nous pensons qu’il n’y a pas de grands arbres communs
aux différentes forêts cliniaciques sur sols drainés du domaine guinéen. Par contre, il en existe dans les
différentes formations forestières édaphiques et secondaires. Une grande partie des arbres des stades
dégradés de la forêt sempervirente vient de la forêt semi-décidue : Morus nzesozygia, Triplochiton sclero-
xylon,. ..
Néanmoins, il y a, parmi les espèces de sous-bois, des herbes, lianes et arbustes communs grâce à la
protection des strates supérieures. G. MANGENOT (1955) en a donné quelques-unes dont nous retiendrons :
Baphia nitida, Castanola paradoxa, Cola caricaefolia, Diospyros heudelotii, Dracaena siircuIosa, Hugonia
platysepala, Landolphia spp., Neuropeltis unirniriata, Piper guineense, Rinorea elliotii, Piptadeniastruni
africanunz, Sphenocaitrinw jollyanum, Xiliacora dinklagei, Thomiingia sanguinea, qui semblent être régu-
lièrement réparties du Nord au Sud. Nous y ajouterons trois grands arbres : Lovoa trichilioides, Guarea
cedrata, Entandrophragma angolense.
Alors que d’autres présentent un maximum d’abondance dans un secteur, sans être absentes de
l’autre : Loniariopsis guineensis est très abondant en forêt sempervirente, rare en forêt semi-décidue, OIyra
latijòlia et Leptaspis rochleata présentent la répartition inverse.
I1 est également intéressant que des espèces proches se remplacent d’un type à l’autre : Funtun?ia
elastica, Antiaris africana remplacent au Nord F. africana, A . welwitsclzii de forêt sempervirente.
170 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D'IVOIRE
*% MALI
+ x+*+*
+ f "u+*
t
z
c
% Odiénnéu J
La forêt dense humide sempervirente est caractérisée par un ensemble d’espèces de types biologiques
variés, à tel point que sa définition physiononique recouvre une réalité floristique.
A. AUBRÉVILLE (1957-58), G. MANGENOT (1955), R. SCHNELL (1952) ont donné des listes d’espèces
caractéristiques, le premier parmi les arbres seulement, les deux derniers comprenant toutes les fornies.
Nous ne les répéterons pas, mais ferons seulement quelques remarques sur ces travaux :
A. AUBRÉVILLE insiste sur la richesse en Légumineuses des strates supérieures. Ajoutons que les
représentants arborescents de plusieurs familles ne se trouvent que là en Côte d’Ivoire : Humiriacées,
Irvingiacées, Octoknematacées, Scytopetalacées, Combrétacées, Lecythidacées,... Les strates inférieures
sont particulièrement riches en Rubiacées, Euphorbiacées, Ochnacées, Aracées, Acanthacées, Ebénacées,
Guttifères, Annonacées, Mélastomacées, ...
R. SCHNELL prend Lophira procera (= L. alata) comme Caractéristique de l’ordre des Loplziretalia
procerae. La même critique qu’à propos du choix de Pycnantlncs angolensis vaut ici : Lopkira alata est une
espèce de lumière, et il est préférable, si on veut suivre cette nomenclature, de prendre Uapaca esculenta et
U. guineensis, vraies essences d’ombre, pour définir l’ordre des Uapacetalia (G. MANGENOT, 1950). Lophira
alata est en Côte d’Ivoire, caractéristique des vieilles forêts secondaires, précédant immédiatement le climax.
lieri, Drypetes ayltneri, Soq‘atrxiaJloribu~ida,Cephaelis yapoensis sont des arbustes ou arbrisseaux ;Tarrietia
zitilis un grand arbre exploité sous le nom de niangon.
On peut y ajouter Acridocarpus longifolius, Cephaelis biaurita, Coffea Iiirinilis, Dicranolepis persei,
Eugenia miegeana, Lasianthus batangensis, Neostenanthera gabonensis, Palisota barteri, Renealrnia maculata,
Chytranthus nzangenotii, Placodiscus pseudostipiilaris dans les sous-bois, Triclioscypha beguei, Deinbollia
cuneifolia pour les strates supérieures. L’assemblage de ces espèces, leur vitalité sont caractéristiques de
ce type de forêt entre Sassandra et Cavally.
Un arbuste, Scaphopetalum ainoeirum est très caractéristique de cette forêt, mais il n‘est pas répandu
partout, seulement en petits peuplements denses dont il exclue pratiquement toutes les autres espèces, sauf
les grands arbres (J.-L. GUILLAUMET, 1967).
Ce type de forêt présente la plus grande diversit6 floristique de tous les groupements ivoiriens.
La répartition dépend étroitement de la topographie : Scaphopetaluin anioenurn est presque toujours sur
les pentes, Tarrietia utilis ne se trouve pratiquement jamais sur les sommets gravillonnaires, mais sur les
pentes et les parties basses non inondables où il se mêle à différents palmiers-lianes.
Ce type de forêt est caractérisé par l’ensemble floristique suivant : Uapaca guineense, U. esculenta,
Amphiinas pterocarpoïdes, Pentacletlira inacropli-vlla, Rkaphidopliora africana, Cephaelis ombroplrila,
Napoleoiia leonensis, Cercestis afielii, Geophila obuallata,... de forêt sempervirente, dont n’existent pas les
représentants les plus hygrophiles : Saecoglottis gabonensis, Eremospatlia macrocarpa, Clirysopliyllum
perpulckrimm, Celtis spp., Triplochiton scleroxylon, Stereospermuin acuiiziriatissinium, Nesogordonia papa-
vergera, Bosquiea angoleiisis, Dracaena arborea, Drypetes priiiciprrm, Diospyros uiridicans,... de forêt
semi-décidue, à l’exclusion de Sterculia rhiiiopetala, Mansonia altissima, Aningueria altissiina, A . robusta,...
Cette forêt est à rapprocher de la zone 1 distinguées par G. MANGENOT (1955) dans les forêts à
Celtis. Elle est en partie la zone d’élection des deux grandes essences exploitables : le bossé (Guarra cedrata),
le makoré (Tiegheinella hech-eliì). Le sipo (Eiztandrophragina utile), première essence en tonnage exporté,
abonde aussi dans cette zone.
Le terme de (( Sassandriennes N a été utilisé par G. MANGENOT en 1956, pour désigner les espèces qui
confèrent aux c forêts hygrophiles de l’Ouest du territoire, un faciès particulier D. Leur chorologie, leur
extension en Côte d’Ivoire et leur origine ont été étudiées par l’un d’entre nous (J.-L. GUILLAUMET, 1967).
Plus de 160 espèces ont été reconnues comme sassandriennes, parmi lesquelles plus de 70 % sont
des arbres, arbustes ou lianes (7 %), près de 20 % des chaméphytes, le reste se partageant entre les géophytes
(5,5 %), les épiphytes (2 espèces), les hémiparasites et parasites (2 espèces). Près des 3/4 sont des espèces
forestières de terre ferme, aucune ne se trouve dans les formations dégradées par l’homme, c’est dire le
caractère original qu’elles confèrent aux forêts. Elles ont été réparties en 5 groupes, dont nous retiendrons
que trois ne se trouvent en Côte d’Ivoire que dans l’Ouest, soit 118 espèces, une quarantaine d’autres se
trouvant également dans l’extrême Sud-Est, vers la frontière du Ghana.
Dans l’Ouest, le centre d’abondance maximale des Sassandriennes est la basse vallée du Cavally, de
Tabou à Taï, avec le massif collinéen de Grabo. Au-delà, les espèces vont en se raréfiant, pour disparaître
presque toutes sur la rive gauche du Sassandra.
J.-L. GUILLAUMET, - LA VÉGÉTATION
E. ADJANOHOUN 175
G . MANGENOT et J. MIÈGE, sur une esquisse de la végétation de la Côte d’Ivoire restée inédite, mais
reprise par N.LENEUFet G. MANGENOT (1960), ont placé la limite occidentale du faciès sassandrien, un
peu au-delà de la rive gauche du Sassandra, jusqu’à Soubré, pour ensuite la faire atteindre Man et contour-
ner par le nord le massif des Dans. Sur notre esquisse au 1/500 000, nous figurons le faciès sassandrien en
tenant compte de son intensité. La présence d’espèces sassandriennes dans le Sud-Est nous amène égalenient
à représenter un faciès, qu’il serait mauvais d’appeler sassandrien, et que nous proposons d’appeler
ghanéen.
Les Sassandriennes sont surtout présentes dans la forêt à Diospyros spp. et Mapania spp. : Cephaelis
mangenotii, C. spatkacea, Ouratea duparquetiana, Polyceratocarpus parv$orus, Dracaena snzithii, Ixora
aggregata, Guarea leonensis, Scytopetaluin tiegkemii, Trichoscypha beguei,. .. Elles sont presque toutes
exclusives de la forêt sempervirente, plutôt pour des causes géographiques (essaimage à partir d’îlots
forestiers refuges), que pour des causes écologiques. Elles apparaissent comme élément normal des forêts à
Uapaca esculenta, U. guineensis, Cliidlowia sanguinea et à Tarrietia utilis, Chrysophyllum perpulchruin.
TABLEAU
I
D~TERMINISME
BCOLOGIQUE DES TYPES DE FORSTDENSE HUMIDE SEMPERVIRENTE
11. DÉTERMINISME ÉCOLOGIQUE DES DIFFÉRENTS TYPES DE FORÊT SEMPERVIRENTE ET LEURS RELATIONS
Les passages entre deux types en contact ne sont tranchés que quand les caractéristiques édaphiques
montrent une solution de continuité importante : une telle limite n’existe donc qu’entre la forêt à Diospyros
spp. et Mapania spp. et celle à Ticrraeanthusaficanics et Heisteria parvifolia ;partout ailleurs, ce ne sont que
transitions progressives selon des continuums.
D’après les données floristiques, on pourrait admettre que la forêt à Ereinospatlia nzacrocarpa et
Diospyros mannii représente le groupement fondamental diversifié selon les conditions écologiques. Le
type à Diosp-vros spp. et Mapania spp. doit être considéré comme composé d’espèces très exigeantes en
eau édaphique et atmosphérique, alors que celle du type à Tarrraeanthus africanus et Heisteria parvifolia se
contentent de conditions relativement difficiles.
12. RECONSTITUTION
DE LA FORfiT SEMPERVIRENTE
Bien que la reconstitution de la forêt à la suite d’un défrichement n’ait jamais été étudiée expérimen-
talement, et qu’en particulier, on ignore tout du laps de temps nécessaire au rétablissement du climax,
beaucoup d’observations ont été faites que nous résumerons ici.
Physionomiquement, on peut distinguer trois étapes : recrû herbeux, fourré secondaire et forêt
secondaire, termes correspondant aux appellations anglaises de (( forb regrowth B, {( regrowth thicket )), et
(( secondary forest )) (P. AHN, 1958). Le colloque de Yangambi n’a fait qu’effleurer le problème des formes
de dCgradation : G Forêt secondaire - faciès de dégradation des types précédents (forêt dense humide sem-
pervirente et semi-décidue) : recrû, jachère forestière, forêt remaniée )), avec l’exemple de la parasoleraie à I
a. Recrûs herbeux
En partant d’un sol nu, il y a d’abord l’installation d’espèces pionnières herbacées totalement
héliophiles, plus ou moins rudérales. Parmi les plus répandues, nous citerons : Ageratum conyzoides,
Euphorbia hirta et E. prostrata, Sida spp., Portulaca spp., Alternantliera repens, Boerhauia spp., Amarantus
spp., Eleusine indica, Sporobolus pyramidalis, Eragrostis cilìaris, Cynodon dactylon, Chloris pilosa,. .. L’iroko,
Chlorophora excelsa, sensible à la compétition des lianes et arbustes, pousse de préférence sur ces endroits
nus.
Après une culture, outres les espèces cultivées qui peuvent subsister quelques temps (manioc,
piment, gombo,...), ce sont de grandes herbacées sous-ligneuses et des lianes qui dominent aux dépens des
précédentes : Rottboellia exaltata, Sorghum arundinaceuni, Brillantaisia lamiuni, Fleurya aestiians, Maran-
tacées et Zingibéracées diverses, Triumfetta spp., Solanum spp., Aspilia africana, Mikania cordata, Melan-
thera scandens,... ;très souvent, c’est une espèce qui domine : Solanum toruirrn sur les sols brûlés non suivis
de cultures, Triunfetta rhomboidea après épuisement du sol dû à une culture prolongée, Aspilia africana et
les Composées lianescentes dans les champs frais.
b. FourrQ secondaires
Sous l’ombre des espèces précédentes ont déjà commencé à germer des plantes ligneuses qui vont
bientôt les supplanter. Ces fourrés ont une composition floristique de base commune, avec des différences
J.-L. GUILLAUMET, - LA VÉGÉTATION
E. ADJANOHOUN 177
individuelles liées aux états antérieurs et à leur avenir climacique. Tous ces groupements ont été hiérar-
chisés par R. SCHNELL (1952) selon les règles de la nomenclature zuricho-montpélliéraine.
Il est peut-être plus simple de reconnaître un groupe à aptitude écologique très large : Alchornea
cordijòlia, Harungaria madagascariensis, Macaranga hurifolia, Bridelia niicrantha, RauvolJia vomitoria,
Trema guineensis,... associé à de5 espèces plus spécialisées ; Palisota hirsuta, Sniilax kraussiana, Scleria
barteri, Tliaurnatococcus danielli,..., dans les fourrés secondaires de la forêt à Turraeanthus africanus et
Heisteria parvifolia, ou à Vernonia sp., Dissotis niult@ora, Afranioinuin Iongiscapuni,..., dans la série
évoluant vers le groupement à Diospj)ros spp. et Mapariia spp.
Dans ces brousses appartenant à la forêt dense humide sempervirente peuvent descendre des
espèces de forêt semi-décidue : Mallotus oppositifolius, Acacia pennata, Nephrolepis undulata,...
Ces fourrés créent un microclimat échappant aux conditions générales et où vont germer et croître
des espèces encore héliophiles, mais qui demandent une certaine protection. En surcimant une partie du
fourré, l’autre partie continuant sa croissance, elles vont donner une physionomie forestière aux stades
postérieurs.
c. Forêts secondaires
On y reconnaît deux phases essentielles : jeune forêt secondaire et vieille forêt secondaire.
Les jeunes forêts secondaires sont encore encombrées d’espèces des états antérieurs, les arbres sont :
Pycnantlius angolensis, Ceiba pentandra, Ficus exasperata, Myrianthiis spp., Antliocleista nobilis, Albizia spp.,
Fagara spp., Musanga cecropioides, Ricinodendron keudelotii... Le parasolier, Musanga cccropioides,
forme des peuplements mono-spécifiques sur les sols les plus argileux, dont la végétation évolue vers la
forêt à Diospyros spp. et Mapania spp. ; il est dispersé ailleurs. La très belle Mélastomacée arborescente,
Sakersia afiieana, est égalenient caractéristique de cette série.
Les vieilles forêts secondaires sont caractérisées par la présence, dans les strates supérieures,
d’espèces héliophiles venues des stades précédents abritant un sous-bois floristiquement climacique oÙ
elles ne peuvent se renouveler. Ce sont : Pycnaiithus angolensis, Ceiba pentandra, Elaeis guineensis, Cliloro-
phora excelsa, Tenninalia ivorensis, Canariurn schweiilfirrtliii, Ricinodendron heudelotii, Lophira alara,
Strombosia glaucescens var. lucida, ... Des espèces de forêt semi-décidue climacique s’infiltrent dans ces
vieilles forêts secondaires du secteur ombrophile, grâce aux conditions microclimatiques : Moriis mesozygia,
Triplochiton scleroxjdon, Terminalia superba, Nesogordonia papaverifera ... La composition des sous-bois
montre clairement le type de forêt vers lequel ces vieilles forêts secondaires évoluent.
Le déroulement des stades de reconstitution est très strict. Comme l’a dit A. AUBRÉVILLE (1947)
(( la facilité de la régénération naturelle ne signifie pas nécessairement facilité de régénération artificielle D.
Ceci est extrêmement important pour les arbres de brousses secondaires N très mal connus et plus souvent
inconnus quant à leurs propriétés mécaniques, chimiques et technologiques D et qui pourtant recouvrent
des surfaces de plus en plus importantes et devraient être appelés àjouer un très grand rôle dans I’économie.
a. Caractéristiques écologiques
Ce sont les savanes situées au nord des lagunes, sur les sables du continental terminal dans la région
forestière de Basse Côte d’Ivoire (carte 3). Elles comprennent de l’est à l’ouest, les savanes d’Adiaké,
3. - Savanes littorales et prélagunaires avant leur mise en culture.
CARTE
Savanes littorales :
Groupement à Rhytachne rottboelioides et Pobeguinea arrectu
Savanes prélagunaires
Groupement à Brachiuriu brachylopha
Forme à Loudetia umbiens III[IIIIIIQ
Faciès à Pobeguineu arrecta %Y:?;.%:.
b. Physionomie
D’importantes plantations de Palmiers à huile et d’Hévéas sont réalisées ou en cours de réalisation
par le Gouvernement ivoirien sur l’ensemble de l’aire couverte par ces savanes, surtout Bingerville, Dabou,
Toupah, Cosrou, Bandama, N’Zida. A l’heure actuelle, les superficies non loties sont faibles et constituent
les seules reliques pouvant renseigner sur les anciens paysages végétaux de ces savanes en voie de dispa-
rition.
I1 y a dix ans (carte 3), on avait affaire à une formation herbeuse très vigoureuse dans laquelle
l’Clément arbustif à l’exception des rôniers (Borassus aethiopum) était fort dispersé. Quelques îlots fores-
tiers, forêts-galeries et palmeraies interrompaient de temps à autre son uniformité. Des peuplements plus
ou moins denses de rôniers (savanes de Cosrou, du Bandama ...) donnaient une physionomie particulière
des plus pittoresques et des plus saisissantes à ces savanes. Le paysage caractéristique constitué par ces
arbres se modifiait et devenait des plus désolants à proximité de certains villages oh la plupart des rôniers
étaient écimés par suite de la récolte du vin de palme. La végétation herbeuse, souvent interrompue par
de gigantesques termitières comportait deux strates : une supérieure (jusqu’à 2,50 m) dominée par un
cortège d’Andropogonées des genres Hjparrhe~iaet Andropogon et une inférieure (jusqu’à 0,70 m) avec
des Cypéracées et des Graminées diverses.
Ces types physionomiques caractérisaient les savanes sèches ou drainées, de loin les plus impor-
tantes ; des savanes humides ou marécageuses existaient dans les bas-fonds à proximité des nappes phréa-
tiques. Ces dernières étaient presque exclusivement herbeuses à deux synusies.
c. Composition floristique
L’unique groupement caractéristique des sols drainés est celui à Brachiaria bracliylopha qui occupe
tous les sols issus des sables du Continental terminal, sableux ou sablo-argileux ; il comporte des carac-
téristiques herbacées : Brachiaria bracliylopha, Hyparrhenia diplandra, Bulbostylis aphyllanthoïdes, Hypar-
rhenia dissoluta, Hyparrhenia chrysargyrea, Andropogon pseudapricus, Paniczini jìrlgens. Les quelques
arbres et arbustes sont Borassus aethiopum, Bridelia ferruginea, Ficus capensis, Dichrostachys glonierata,
Nauclea latifolia.
I1 comprend une forme à Loirdetia ambiens qui englobe les savanes entre Orbaf, Toupah, Cosrou
et une partie de la savane du Bandama où il semble localisé à l’intérieur des courbes de 50 m sur les pla-
teaux du Continental terminal et deux faciès : le faciès à Pobeguinea arrecta sur les sols à hydromorphie
temporaire gris clair ou ocres et sur les sols hydromorphes sableux et le faciès à Schizacliyrium senziberbe
sur les plateaux argilo-sablonneux gravillonnaires.
Sur les sols hydromorphes de marécage, le groupement caractéristique est celui à Loudetia phrag-
mitoides comportant en outre Sauvagesia erecta, Panicum parvifoliuni, C-vperus haspan, Diplacrum afri-
canunz.
d. Evolution et dynamisme
On observe frtquemment la présence de nombreux rôniers, essence de pleine lumière ou des endroits
découverts, étouffés par la végétation forestière environnante, ce qui indique une avance substantielle
de la forêt dans la savane.
180 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
Le terme ultime de dégradation provoquée par les cultures successives en savane est le groupement
à Imperata cylindrica en peuplement presque pur parsemé de rudérales dont les plus communes sont
Vernonia cinerea, Oldenlandia corymbosa, Ageratum conyzoides, Erigeron Joribundiis, Digitaria uelutina, ...
Le climax doit être la forêt sempervirente à Turraeanthus africanus et Heisteria parvifolia.
a. Caractéristiques écologiques
Il s’agit de deux petites savanes situées sur la rive gauche de la Néro, à moins de 2 km de la côte
et d’une superficie totale d’environ 350 ha. Elles sont installées sur des sols hydromorphes issus d’allu-
vions argileuses de la Néro ; ces sols sont plus ou moins inondés en période de crue et sont recouverts
d’une savane de type marécageux. Quelques buttes de plus de 10 m d’altitude portant des sols drainés
issus de migmatites rompent la monotonie de cette basse plaine alluviale. La végétation herbeuse des buttes
est très semblable à celle des sols drainés des savanes prélagunaires.
b. Physionomie
La physionomie de l’ensemble des groupements herbeux est marquée par les rôniers qui poussent
partout sur sols drainés ou inondables.
Sur les sols drainés, le long des pentes des buttes, la savane comporte les quatre strates classiques
des savanes guinéennes les plus typiques ; c’est-à-dire :
- une strate arborée dominée par Borassus aethiopum,
- une strate arbustive avec Bridelia ferruginea, Ficus capensis, Dichrostachys g lomerata, Nauclea
latifolia, espèces parfois groupées avec des espèces forestières en bosquets,
- une strate herbacée supérieure pouvant atteindre 2,50 m de haut, luxuriante,
- et une strate herbacée inférieure allant jusqu’à 0,70 m de haut.
Une particularité de ces savanes est le groupement à Imperata cylindrica sur sol imparfaitement
drainé, formant des taches. Cette Graminée est favorisée par les feux réitérés et remplace les espèces sava-
nicoles fragiles dans les conditions actuelles d’isolement et d’exiguïté de ces savanes.
Sur les sols inondables plus ou moins argileux n’existe qu’une seule strate herbacée dominée par
Anadelpliia Iongifolia dont les souches étalées, à l’exception des chaumes florifères, ne dépassent pas 40 cm
de haut.
c. Composition floristique
d. Evolution et dynamisme
L’étude comparative des savanes de la Néro avec les autres savanes incluses montre qu’elles sont
non seulement plus réduites que les savanes pré-lagunaires, mais elles sont plus frustres et floristiquement
plus pauvres. Elles représentent un terme de dégradation extrême. Comme dans les savanes prélagunaires,
de nombreux rôniers sont isolés en forêt et marquent l’avance de celle-ci. De plus, les bosquets sont encom-
brés d’espèces forestières. Ces savanes n’ont jamais été cultivées de mémoire d’homme ; le groupement
à Imperata cylindrica remplace les groupements typiques de la savane et évolue vers une brousse forestière.
Les savanes de la Néro sont en voie de disparition : leur reforestation est retardée par l’édaphisme parti-
culier des sols hydromorphes issus d’alluvions et les feux utilisés pour entretenir les sentiers qui les tra-
versent. Elles appartiennent à la série dont le terme ultime est la forêt i Erernospatlia macrocarpa et Diospy-
ros manrtii.
1. LA FORBT MARÉCAGEUSE
a. Caractéristiques écologiques
Les groupements marécageux sont localisés aux bas-fonds mal drainés et à hydromorphie perma-
nente, où l’accumulation de matière organique peut former une véritable tourbe (sols hydroniorphes
organiques tourbeux et sols humides à gley).
Les plus grandes surfaces se trouvent dans la région des lagunes : est de la lagune Ehi, nord des
lagunes Adjin et Aby, cours inférieur de l’Agneby, alluvions du Bandama, puis entre Sassandra et Cavally,
dans toute la région côtière sur socle continental o h l’eau des petits fleuves côtiers est retenue, en saison
sèche, par une langue de sable barrant leur embouchure. A l’intérieur, ces formations, très souvent pré-
sentes le long des cours d’eau, sont particulièrement nombreuses en pays granitique, sans cependant y
acquérir une grande ampleur et une grande homogénéité.
b. Physionomie
Le groupement caractéristique des forêts marécageuses est le groupement à Mitragyna ciliata
et Syrnpltonia g Iobulvera. Sa physionomie est très différente de celle des forêts de terre ferme : stratification
simple avec une strate arborée, homogène, peu élevée, dense ; sous-bois riche en grandes herbes ; peu de
lianes : absence de contreforts, mais abondance de racines échasses et pneumatophores, peu d’épiphytes,
sinon à la base des troncs, quelques-uns parmi les plus sciaphiles (Lomariopsis palustris), qui peuvent être
aussi terrestres (Nephrolepis biserrata) ; absence presque totale de petites espèces sur le sol, spongieux,
troué de flaques d’eau et couvert de débris végétaux ; enfin, abondance de plantes à grandes feuilles :
Mitragyna ciliata, Ruphia spp., Gilbertiodendron splendidum, Marantacées, ...
c. Composition floristique
Les espèces sont très spécialisées : Mitragyna ciliata, Symphonia globulfera, Rhaptopetaliun beguei,
Uapaca paludosa, Raphia spp., parmi les arbres ; Halopegia azurea, Marantochloa purpurea, Costus schlecli-
teri, ... parmi les herbes. D’autres sont communes à tous les sols hydromorphes : 2xyZopia rzibescens, Cala-
nius deerrutus, Crudia klainei, Carapa procera, Spoildianthus preussii, ... Elles sont d’autant plus nom-
breuses que l’engorgement du sol est important.
182 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
2. LA FORÊT RIPICOLE
a. Caractéristiques écologiques
Cette forêt est liée au bourrelet de berge. Elle est très uniforme le long de toutes les rives des lagunes
et des cours d’eau, non seulement du secteur ombrophile, mais de tout le domaine guinéen. Bien que
proche du plan d’eau, elle ne subit que des inondations de courte durée. Les radiations, renforcées par
I’albedo du plan d’eau, sont intenses (J. LEBRUN et G.GILBERT, 1954).
J.-L. GUILLAUMET, - LA VÉGÉTATION
E. ADJANOHOUN 183
b. Physionomie
Ce groupement se présente comme un ruban n’excédant pas une dizaine de mètres, fermé vers l’exté-
rieur par un rideau de lianes, surplombant la surface aquatique, et passant sans transition au groupement
de l’intérieur des terres. Les arbres peuvent atteindre 30 à 40 m, les strates moyennes sont bien représentées,
les herbacées presqu’absentes. Les épiphytes descendent à la périphérie pour s’approcher très près de l’eau.
c. Composition floristique
Parmi les arbres et arbustes, Uapaca heudelotii, Xylopia parvij?ora, Cathormion altissiinurti, Crudia
klainei, Hexalobus crispfloriu, Pterocarpus santalinoides, Millettia spp. sont partout caractéristiques ;
Cleistopholis patens, Carapa procera, Gilbertiodendron limba peuvent se trouver sur les autres sols hydro-
morphes. Les lianes sont abondantes : Strychnos spp., sauf S. aculeata et canzptoneura, Ancistrocladus
abbreviatus, Leucoinphalos capparideus caractéristiques comme celles-ci ; ou plus ou moins ubiquistes :
Quisqualis indica, Landolphikes spp., Mussaenda spp., ... Les herbes sont rares, représentées surtout par
divers Hypolytrum et Crinum. Certaines espèces sont localement dominantes : Cathormion altissimum,
Cruda klaiiiei, ...
d. Variante géographique
Le faciès sassandrien est marqué par la présence de Polysteiizoriarithus dinklagei, Gilbertiodendron
ivorense, G. robertianum, Stachyotlzyrsiv stapfiana, Calorzcoba brevipes, ...
a. Caractéristiques écologiques
Les groupements forestiers occupent des endroits inondables le long des cours d’eau sur des allu-
vions généralement sablo-argileuses ou argilo-sableuses. Les inondations sont irrégulières, une ou deux
fois par an, selon les régimes des fleuves. Le drainage est bon, ce qui explique le prompt ressuyage du sol
qui ne reste pas engorgé d’eau.
Des stations de ce genre n’ont jamais une grande étendue en Côte d‘Ivoire, mais les groupements
semblent y être très variés floristiquement, selon les caractéristiques texturales des sols. Comme le font
remarquer J. LEBRUN et G. GILBERT (1954). (( le pouvoir d’atterrissement de ces forêts est faible D, et
nous ne connaissons pas les termes évolutifs qui mènent au climax.
b. Principaux types
La forêt d Hymenosteg ia afzelii et Heteropterìs leona
Cette forêt est caractérisée dans ses strates supérieures par l’abondance de Hymenostegia afzelii,
Sacoglottis gabonensis, Cola lateritia, Parkia bicolor, Pentacletlira macropltylla. Les arbustes sont, parmi
les plus fréquents : Callichilia subsessilìs, Ptyckope talum anceps, Rinorea illicifolia, Cola reticulata, Neos-
184 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
Ioetiopsis kamerunensis et Rinorea breviracernosa qui dominent localement, Heisferia parofolia abondant
sur les sols les plus sableux. Parmi les lianes, nous retiendrons : Heteropteris leona, Flabellaria punicarlata,
Acridocarpus smeathmanii, (trois Malpighiacées), Ancistrocladus abbrevìatus, A. barterì, Calamus deerratus
dans les cuvettes où l’eau stagne, puis des Strychnos, Salacia .Les herbes sont rares ; comme dans la forêt
ripicole, nous retrouvons diverses espèces de Crinuvi et Hl’polytruni, mêlées à Psychotria obscura et Adian-
tum vogelii, extrêmement constants.
Etant donné les caractéristiques des sols, et bien que l’on ignore leur dynamisme exact, les brousses
à Marantacées des sols beiges à hydromorphie de profondeur et les fourrés à Alchornea cordijìolia et Com-
bretum racewiosurn des alluvions sablo-argileuses doivent être considérés comme des formes de recons-
titution de ces forêts.
Les premières sont si étendues dans l’ouest, qu’elles ont été figurées sur la carte. Leur existence
est toujours due à une mise en culture antérieure.
Cette végétation se présente comme un fourré très dense et impénétrable de tiges de Marantacées
s’élevant jusqu’à 2,50 m environ, sous lequel il ne pousse rien. Les arbustes et grands arbres sont rares,
Albizia spp., Ceiba pentandra, Distem”ithus bentlianiianus, Pycnanthus angolensis, Dracaena arborea,
Trema guineensis, ... ; ils sont recouverts d’un manchon d’Hypselodelphys violacea, mêlé d’Acacia pennata
et divers Dioscorea.
Les fourrés à Alchornea cordijìolia et Combretiim racemosum sont moins originaux. On y trouve les
espèces secondaires habituelles des sols hydromorphes, avec cependant quelques caractéristiques : Orino-
carpirm verrucosum, Enfada scelerata, Flabellaria paniculata, Heteropteris leona, Isonema snieathmanii.
1. LES ÉPIPHYTES
a. Caractéristiques écologiques
Les épiphytes, indépendants des conditions édaphiques, sont liés à l’humidité atmosphérique et
à la luminosité. Trois groupes sont généralement distingués :
- LA V É G ~ A T I O N
E. ADJANOHOUN
J.-L. GUILLAUMET, 185
II
TABLEAU
FORETS
DE TERRE FERME
+ épiphytes, groupements des rochers apparition des dif- tendance à l’homo- composition floris-
et talus ombragés. férentiellesclima- généisationfloris- tique dépendant
Les groupements accessoires découverts ciques dans le tique des conditions lo-
sont indépendants des autres groupe- sous-bois des cales et des cul-
ments végétaux vieilles forêts tures précédentes
secondaires
+- += -+(défrichement)
-
FORÊT MARBCAGEUSE --f
Reniarque :les groupements accessoires à la forêt sont pratiquement inexistants dans les forêts sur sols hydromorphes.
186 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
b. Composition floristique
Les épiphytes héliophiles se rencontrent, par ordre d’importance, chez les Orchidées, les Fougères,
les Lycopodiacées ; on pourrait y inclure les Loranthacées hémi-parasites. Les épiphytes mésophiles comp-
tent encore quelques Orchidées, mais surtout des Fougères, puis des Bégoniacées et Mélastomacées. Les
sciaphiles sont uniquement des Fougères, dont les fragiles Trichonzanes.
Les épiphytes sont nombreux en espèces et en individus dans les différents types climaciques de
forêt sempervirente, avec un minimum dans celui à Uapaca esculenta, U. guineensis, et Childowia sanguinea
et à Tarrietia utilis et Chrysophyllunzperpulchruz. Ils sont rares, sinon absents, dans les formes secondaires
et les groupements sur sols hydromorphes.
a. Caractéristiques écologiques
Les rochers ombragés bénéficient du microclimat forestier. Absents des sables du continental
terminal, ils sont fréquents dans les régions de collines (Grabo, Soubré) et le massif des Dans.
b. Composition floristique
Ce sont des fougères (Asplenium spp.), des Mélastomacées (Caluoa spp.), Solenostemon repens,
Elastostema paiuaenum, Nervilia spp., Begonia spp. Dans la région de Man, on y trouve des espèces peut-
être d’affinités montagnardes : Antrophyiini mannianuni, Argostemma pumilum, deux Gesnériacées : Epi-
thenia tenue et Streptoearpus nobilis, ...
a. Caractéristiques écologiques
Les talus de forêts, ravins et bords de cours d’eau, sont sous la dépendance du même microclimat
intraforestier.
b. Composition floristique
Beaucoup de fougères dont Cyathea camerooniana et Marattia fraxinea, diverses espèces de Sela-
ginella, Chlorophytiim, Begonia, ...
J.-L. GUILLAUMET, - LA VÉGÉTATION
E. ADJANOHOUN 187
a. Caractéristiques écologiques
Isolés ici et là, Mont Niénokoué, rocher de Brafouédi, ou groupés par famille (région de Duékoué-
Toulepeu) se dressent en forêt sempervirente, des dômes granitiques hébergeant une végétation très spé-
ciale, sans affinité avec celle qui l’entoure, mais sans pour autant de spécialisation particulière due à l’alti-
tude. Les facteurs édaphiques prépondérants sont le manque total ou l’insuffisance des sols liés à la déclivité
et oh la rétention en eau est pratiquement nulle et l’insolation directe qui provoque des élévations de tempé-
rature très fortes pouvant atteindre 60 “C sur la roche.
De telles stations se trouvent le long de certains cours d’eau en zone schisteuse ou le long des routes.
La végétation de ces talus est constituée pour une part, de véritables pionnières : Dicraizopteris linearis,
Lycopodium ceriiziuni, Selaginella n~j~osurzis,pour l’autre part, d’espèces secondaires banales.
Les eaux calmes sont représentées tout d’abord par le vaste ensemble lagunaire qui s’étend sur plus
de 250 km, ce qui représente plusieurs centaines de kilomètres de rivage. I1 faut aussi mentionner les
embouchures, formant limons, de tous les petits fleuves côtiers, une quantité de mares, étangs et lacs
naturels ou plus rarement, artificiels.
I1 est évident que toutes ces stations présentent une grande diversité de conditions écologiques
où cependant, les grands traits du peuplement végétal sont reconnaissables. De la pleine eau à la rive,
on distingue :
- une zone externe à hydrophytes libres Leinna paucicostata, Wolfia arrhiza, Pistia stratiotes,
Azolla petmata, Utricularia iiiflexa var. stellaris, Ceratophylluiti demersuin, Najas Iiberiensis, ...
- une zone moyenne à hydrophytes fixés nympho’ides : Nyiilphea spp., Nymphoides indica, ... ou
rubanés quand l’eau n’est pas entièrement dormante : Crimm natans, ...
188 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
- une zone interne qui est la prairie aquatique oh dominent les grandes Graminées flottantes :
Echinochloa pyramidalis, Oryza barthii, plus rarement Vossia cuspidata (estuaire de la Comoé). Leurs rhi-
zomes enchevêtrés forment un radeau mouvant, festonné sur les bords, dont les morceaux se détachent
parfois : éphémères îles flottantes sur la lagune. D’autres hydrophytes y sont mêlés : Jussiaea repens,
Leersia hexandra, Paspalidiuni geminatuni, ...
Ce schéma représente la plus belle succession qui existe sur certaines rives lagunaires. Selon les
conditions locales, les zones s’interpénétrant, l’une disparaît au profit des autres. Selon R. PORTÈRES
(1950), la compétition est grande au sein de ces groupements et il ne saurait y avoir association entre
Echinocldoa pyramidalis et Oryza barthii, mais élimination par sévère concurrence. De même, alors que
Njvnphaea lotus et N . niacirlata peuvent coexister, ils sont rapidement supplantés par N . micrantha qui
serait avantagé par ses bulbilles.
La prairie aquatique ne se trouve pas ailleurs que sur les lagunes, les deux zones externes passent
alors à une ceinture d’hydrophytes junciformes et foliacés qu’il est malaisé de distinguer des hélophytes :
Cyperirs articiilatus, Cyrtospernia senegalense, Eleocharis spp., Lininophyton abtusifoliunz (région de Man), ...
Là aussi il existe une grande diversité de milieu, selon la nature des fonds, le couvert, la profondeur
du cours d’eau, son régime, la vitesse de son débit. On peut distinguer trois catégories de stations princi-
pales : les rapides et sauts des fleuves et grandes rivières au régime contrasté et ne circulant pas sous le
couvert forestier ; les chutes et cascades des ruisseaux de type torrentiel circulant à l’intérieur de la forêt
des régions de collines (Grabo, Massif des Dans) ; les ruisseaux lents ensoleillés, à fond meuble. Sous
forêt, les ruisseaux lents n’ont pas de plantes supérieures.
- Rapides et sauts des grandesJleirves : de telles stations sont abondantes dans le secteur ombro-
phile, essentiellement en pays granitique : Cavally, Sassandra, surtout, et les petits fleuves côtiers. On
distingue une zone àhydrophytes adnés sur les rochers : diverses espèces de Podostémonacées et de plantes
amphibies à souches vivaces dans les crevasses : H-vgrophila odora, Lepidagathis alopecuriodes, Portiduca
foliosa, Eragrostis Jluviatilis, Ficus asperifolia, ... Toutes sont soumises à l’alternance de submersion et
d’émersion. La saison défavorable aux premières est l’étiage, aux secondes, la crue.
Sur les bancs graveleux, on a une végétation spéciale : Dyschoriste perrottetti, Crotoiz scarciesii,
Kanahia IaniJZbra,Psychotria psychotroides, Eugenia coronata, ... soumise aussi au rythme des crues. Signa-
lons que les petits arbres y sont couverts d’épiphytes.
- Chutes et cascades des torrents : à côté de la Podostémonacée, Tristicha trifaria, peu caracté-
ristique, et de Poh1iellaJlabellata une sassandrienne de l’extrême sud-ouest, on notera : Bolbitis heudelotii,
Anubias lanceolata, Asplenium variabile,.. Toutes ces espèces sont mêlées à des rupicoles d’ombre. Dal-
zielia oblanceolata, joue le même rôle sur les cailloutis ombragés que Kanahia lunz@lora dans les cours
d’eau ensoleillés.
- Ruisseaux lents ensoleillés : Criniirn natans, Anubias gigantea, Ottelia uluifolia, Heteranthera
callijòlia, ... sont caractéristiques de ces stations. Elles sont mêlées à des Nymphéas et autres hydro- ou
hélophytes.
La limite entre les secteurs ombrophile et mésophile est climatique, il n’y a donc pas une transition
nette, mais un passage plus ou moins progressif suivant les conditions locales. La carte 4 montre la réparti-
tion de quelques espèces caractéristiques de chaque secteur. Nous y avons figuré les limites septentrionales
J.-L. GUILLAUMET, - LA VÉGÉTATION
E. ADJANOHOUN 189
de Uapaca escrilenta, U. guineensis, Sacoglottis gabonensis et Lophira alata qui, bien qu’espèce de forêt
secondaire, est caractéristique du secteur ombrophile, et les limites méridionales de h4airsonia altissima,
Celtis adolJi-friderici, C. zeFikeri, C. mildbraedii. Nous avons fait abstraction des aires isolées. La zone de
recouvrement est représentée en hachures, c’est la zone de transition qui participe aux deux secteurs, mais
différemment selon les régions. Nous avons rattaché les forêts à l’ouest de la ligne Biankouma-Guiglo à la
forme sempervirente (type à Uapaea esculenta, U. guineensis et Chidlowia sanguinea et type à Tarrietia
utilis et Chrysophyllum perpulchrum) parce qu’elles sont très proches de celles-ci, alors qu’au contraire
dans l’Est les caractéristiques floristiques rapprochent la zone Abengourou-Agboville de la forêt semi-
décidue. Dans la partie centrale du pays, nous conservons la zone de transition.
A . GÉNÉRALITÉS
Le climax prédominant est la forêt dense humide semi-décidue, caractérisée physionomiquenient par
la chute quasi simultanée des feuilles des grands arbres. Les espèces des strates inférieures, dépendantes du
microclimat forestier interne aux contrastes amoindris, sont sempervirentes.
Cependant, la forêt senii-décidue n’occupe pas tout le secteur mésophile, une grande partie de sa
surface est en savane qualifiée de guinéenne : (( les savanes guinéennes sont des étendues de hautes herbes
enclavées dans les forêts denses ou comprises entre les forêts denses et les forêts claires ; elles sont parse-
mées d’arbres et de rôniers ; elles sont parcourues par de nombreuses forêts-galeries et contiennent des
îlots reliques de forêts denses ; sans brûlis, elles évoluent en forêts denses de type semi-décidu ; elles sont
pauvres en faune de mammifères.
Ces savanes forment une étroite bande plus ou moins discontinue sur le pourtour du massif forestier
guinéo-congolais D. (E. ADJANOHOUN, 1964).
On y distinguera les savanes incluses dans la forêt le long de ses marges septentrionales et les savanes
préforestières.
Les savanes guinéennes doivent être considérées comme une étape dans une série évoluant actuel-
lement vers la forêt dense humide semi-décidue, mais maintenue par les feux annuels provoqués par l’homme.
En première approximation, on peut prendre le 8“ parallèle comme limite septentrionale de ce sec-
teur, et par conséquent, du domaine guinéen. I1 y a moins de 7 mois consécutifs déficitaires en eau, et moins
de 600 nim de déficit hydrique annuel cumulé, la pluviosité annuelle, augmentant d’Est en Ouest, est tou-
jours supérieure à 1 200 mm. De part et d’autre du 8“ parallèle, les oscillations de la limite sont dues à des
causes climatiques ou édaphiques. La remontée du secteur mésophile à l’Ouest de Touba est due à une
pluviosité élevée dans cette région, les avancées méridionales du secteur sub-soudanais, entre Séguéla et
Mankono ou vers Fétékro, à la présence de petits massifs collinéens cuirassés et de chaos granitiques.
Enfin, la forêt semi-décidue remonte gräce aux sols dans les vallées du Sassaiidra et du Bandama, et surtout
spectaculairement le long de la Comoë, à la faveur d’une longue bande birrimienne.
Les roches métamorphiques schisteuses et les roches basiques du complexe volcano-sédimentaire
occupent la partie orientale et quelques bandes plus ou moins larges orientées E.N.E.-O.S.O., responsables
des massifs de collines du centre. Partout ailleurs, le soubassement géologique est ganitique (granites
éburnéens G baoulés D) avec, à l’ouest dans le massif des Touras, les granites à hypersthène. Nous verrons
l’importance de ce substrat dans la répartition de la forêt et de la savane.
c
++
Les sols ferrallitiques issus de ces différentes roches sont pour la plupart moyennement désaturés,
ils se caractérisent aussi par leur horizon humifère peu épais mais riche en matière organique, faiblement
acide et bien structuré. Le groupe des sols remaniés est comme dans le secteur ombrophile le plus répandu,
aussi bien sur granites que sur schistes ; les processus d’induration se produisent déjà, en particulier dans
les sols issus de schistes. Cependant sur les sols issus de granites (région de Daloa-Bouaflé-Sinfra) un faciès
de sols remaniés profonds, avec recouvrement, présente des caractères de fertilité supérieurs. De même sur
les granites intrusifs du Sud-Est, les sols du groupe typique profonds sont dominants. Dans le couloir du
Nzi, les sols ferrugineux tropicaux, remaniés, drainés ou hydromorphes sont issus de colluvions sableuses
dérivées de matériaux ferrallitiques.
Les formations édaphiques sont très semblables à ce qu’elles sont en forêt senipervirente ;nous indi-
querons seulement les variantes. Le faciès sassandrien est plus atténué.
Nous avons distingué dans le secteur niésophile, une zone forestière opposée à une zone de savane,
et traité ensemble les groupements accessoires.
B. L’OCCUPATION HUMAINE
Favorisée et diversifiée par la présence de forêt et de savane, l’occupation humaine est particuliè-
rement dense. I1 n’y a de région inhabitée de quelque importance que sur la rive gauche du Sassandra, en
amont de la route Daloa-Duékoué, ouverte récemment à l’exploitation forestière.
Les savanes préforestières sont bien peuplées ; la densité moyenne de la population est supérieure
à 20 habitants au km2 pour Béoumi, Bouaké, Tiébissou et Zuénoula ; elle est inférieure à 10 pour Bondou-
kou, Katiola, M’Bahiakro, Séguéla, Touba et Vavoua ; elle est comprise entre 10 et 20 pour Bocanda,
Bouaflé, Dimbokro, Man et Toumodi. Les défrichements et les feux pratiqués par l’homme, aboutissent
à un appauvrissement de la flore originelle et à une chute de la fertilité des sols ;le développement croissant
des populations entraîne une importante dégradation de la végétation et des sols.
Les cultures, leur conduite, sont pratiquement les mêmes qu’en Basse Côte, mais il y a ici moins de
plantations industrielles, quoique la culture caféière et cacaoyère soit intensive vers Gagnoa, Oumé et
Singrobo. En savane, oh l’igname est la culture de base, les champs et vergers sont essentiellement installés
aux dépens des galeries forestières et des bosquets ou îlqts boisés, plus rarement dans les formations her-
beuses. L’élevage des bovins est important : deux ranchs, l’un vers Toumodi, l’autre à l’Ouest de Biankou-
ma, accueilleront, en charge maximale, une dizaine de milliers de têtes.
Les ressources en bois d’exploitation de la forêt sont importantes : samba (Triplochiton scleroxylon)
surtout qui compte environ pour le quart du bois exporté pendant les dernières années, mais aussi l’ako
(Antiaris africaiza), l’assaméla (Afrormosia elata), le bété (Mansonia altissima), enfin le sipo (Entandrophrag-
ina utile) dont au moins une part de la production viennent de la forêt semi-décidue. Des essences d’impor-
tance secondaire jusqu’à ce jour kotto (Pterygota macrocarpa), wawabrina ou lotofa (Sterculia rhinopetala),
assan (Celtis zenkeri), lingué (Afielia africaiia), difou (&forus mesozygia),... trouvent un débouché dans les
industries locales de transformation, Des reboisements ont été tentés en espèces indigènes et exotiques
(Aiiacardiurn occidentale, Tectona grandis, Cassia sianiea).
Le domaine classé est important ; dans quelques cas (Bamoro et Kokondékro aux environs de
Bouaké), il a permis une protection intégrale vis à vis des feux, riche d’enseignements quant au dynamisme
de la savane guinéenne. Huit réserves botaniques y existent (forêts classées de Divo, Bamoro, Orumbo-
Bocca, Bouaflé, Sinfra, Tankesé, Singrobo et Kassa), une réserve intégrale (Lamto-Pakobo = 2 600 ha),
et deux parcs nationaux (la Marahoué, environ 125 O00 ha à partir des forêts classées de Zuénoula, Senin-
lego et Bouaflé et Mont-Péko, au Nord de Duékoué, avec 35 O00 ha), sont en voie de réalisation.
192 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
C. LA ZONE FORESTIÈRE
a. Physionomie
Outre la chute des feuilles momentanée d’une partie des grands arbres, la physionomie des forêts
semi-décidues est différente de celle des forêts sempervirentes : la stratification est plus simple, mieux
marquée, les lianes moins nombreuses, les palmiers rotins absents, la strate herbacée est bien représentée,
mais si les Graminées et Acanthacées y sont abondantes, les petites Rubiacées chaméphytes ont disparu,
les épiphytes sont rares.
g. Le faciès sassandrien
Les Sassandriennes sortent assez peu du secteur ombrophile, aucune est spéciale au secteur mbo-
phile. Cependant, certaines, à diffusion septentrionale, lui impriment un cachet indéniable. En particulier,
Chidlowia sarigzrinea, si abondant jusque vers Gagnoa, et aussi Lychirosdiscus danariensis, Adhatoda niaculata
et A. robusta, Calcopalyx aubrevillei, Gymnostenion zaizou. Breviea Ieptosperitra,...
--_-- Limite des Domaines Guinden e t Soudanais
........... Limite septentrionaze de Zu f o r ê t dense humide
CARTE 5. - Répartition des espèces utilisées dans la nomenclature des types de forêt semi-décidue.
+
Limite méridionale des Celtis 1 Station isolée
de Mansonia altissima 2 Station isolée x
de Nesogordonia papaverifera 3
de Afielia ufricancc 4
de Airbredlea kerstirigii 5
h. Le faciès à Scliini~ariniopli~toii
probleiiiaticum et Hymeiiostegia airbrevillei
Nous avons décomposé la forêt dense humide sempervirente en trois types principaux présentant un
cortège d’espèces communes et des différentielles floristiques. Leur déterminisme n’est plus seulement éda-
phique et climatique conime il l’est pour la forêt sempervirente ; il s’y ajoute un élénient dynamique dû
vraisemblablement à une transformation actuelle du climat vers une plus forte humidité.
- Type à Aubrevillea kerstiiigii et Kliaya grand[foliola. C’est le groupement qui, actuellement, gagne
sur la savane et annonce le groupement suivant, plus riche en espèces, mais moins dynamique.
- Type à Celtis spp. et Triylockitoii scleroxylori. Groupement stable, dans les régions qui reçoivent
1 600 et 1 200 inni de pluie annuelle, répartis sur 8 à 6 mois de l’année, avec un déficit hydrique cumulé
annuel n’excédant pas 600 mm.
- Variante à Nesogordoiiia papaverifeva et Khaya ivoreiisis. Groupement intermédiaire entre forêt
senipervirente et forêt semi-décidue, se présentant comme une forme appauvrie de celle-ci, et étroitenient
localisée dans l’Est du pays, entre 1 SOO et 1 400 mm de pluviosité annuelle.
La reconstitution de la forêt semi-décidue est semblable dans ses grandes lignes, à celle de la forêt
sempervirente. Elle est cependant plus rapide puisque les grands arbres constitutifs de la voûte sont des
espèces héliophiles et peuvent pousser dans les fourrés, voire les recrûs herbeux. La composition floristique
cliniacique est très vite atteinte, en particulier le stade de vieille forêt secondaire avec sous-bois primaire est
pratiquement escamoté. La flore est très uniforme, quoiqu’on ait un appauvrissement du sud vers le nord
à peine compensé par l’apparition de quelques espèces spéciales à la lisière.
Recrlis herbeux
Leur composition est très semblable à ceux de la forêt seinpervirente et se trouve, comme eux,
conditionnée par les précédentes cultures et leur durée. Deux formes sont cependant caractéristiques par
leur fréquence dans le secteur mesophile :
- stade à Imperata cylimlrica, <( association fugace qui se détruit d’elle-même après un nombre
assez grand d’années D (J. MIBGE, 1955), en partie parce que les souches vivantes restées en place étouffent
par leur ombrage cette Graininée (E. ADJANOHOUN, 1964). Formé à partir de la savane comme de la forêt,
après l’abandon des champs, ce groupement qui supplante rapidement les premières annuelles, est envahi
à son tour par des herbes souvent dominantes (Aspilia africaiia, Erigeronfloribundirs, ...) et des lianes herba-
cées (Ipomoea iiivolircrata, A4ikaiiia cordata, Abrus canesceizs, PassiJ¶ora foetida,...).
- les savanes à Pemiisetcm purpureuiii. I1 s‘agit de savanes post-culturales d’un type très particulier,
suffisamment étendues, dans lesquelles l’herbe à éléphant est abondante et domine l’ensemble du groupe-
ment qui ne comporte, en général, qu’un très petit nombre d’espèces. Elles sont nombreuses dans la région
de Man. L’une des mieux connues est celle de Kouibly ; on peut également citer celle de Yabrasso et celle
de Takikroum à la frontière du Ghana. Elles comprennent plusieurs strates d’importance inégale :
TABLEAU
III
FORÊT CLIMACIQUE
I
4
I
I
\1 I
1
SAVANE ARBUSTIVE
+
I
I
I
1
RECRÛ HERBEUX
à FOURRÉ SECONDAIRE
Pennisetuni purpureuin
A A 4
I
I
I
I
V V V
t
DÉFRICHEMENTS : cultures, villages, etc.
J.-L. GUILLAUMET, - LA VÉGÉTATION
E. ADJANOHOUN 197
- une strate arborescente, très sporadique, le plus souvent absente, constituée par quelques méso-
phanérophytes isolés,
- une strate arbustive également insignifiante, composée de quelques microphanérophytes,
- une strate herbacée supérieure, la plus importante, haute de 2 à 3 m, dominée par l’herbe à
éléphant,
- une strate herbacée inférieure d’environ 1 m de haut qui comporte essentiellement Imperata
cylindrica ; cette Graminée se développe abondamment après le passage des feux de brousse, niais finit
par être éliminée par l’herbe à éléphant.
Fourrés secondaires
I1 existe un fond commun d’espèces aux fourrés secondaires mésophiles et ombrophiles. Cependant,
certaines s’y dispersent et même disparaissent de celles-là : Musanga cecropioides, Anthocleista spp. ;
d’autres, au contraire, y font leur apparition : Mussaenda erytliropliylla, Conibreturn spp., Grewia carpini-
folia, ... ; enfin, des Cléments autrement septentrionaux y apparaissent : Bridelia ferruginea, Dichrostachys
glomerata, Wissadula amplissima, Lonchocarpus cyanescens, ... (G. MANGENOT, 1955).
Forêts secondaires
Là aussi, il y a plus de ressemblance que de différence entre les forêts secondaires mésophiles et ombro-
philes ; nous avons vu précédemmxt que beaucoup d’espèces de forêt semi-décidue descendaient dans les
stades dégradés du secteur sempervirent. Nous citerons comme arbres caractéristiques : Fagara parvifolia,
Lannea welwitscliii, Cliristiana africana, Spathodea carnpanulata, Caloncoba g ilg iana, Stereosperinuni acunzi-
natissimnn, Markhaniia tomentosa, Bonibax spp., Ceiba pentandra, ...
a. La forêt marécageuse
I1 n’y a plus dans le secteur mésophile de grandes forêts marécageuses ; par contre, elles sont très
abondantes le long des cours d’eau, dans la région de Daloa ou d’hbengourou. Elles ont la même compo-
sition floristique globale que dans le secteur ombrophile. Mais, à leur limite septentrionale, Mitragyna
stipulosa se mêle à M. ciliata, puis le remplace tout à fait ; une Anacardiacée, Pseirdospondias nricrocarpa,
est très caractéristique des formations hydromorphes de ce secteur. En bordure des raphiales, dans les
endroits éclairés, jamais très éloignés des savanes, Tlialia wehvitschii et Voacanga thouarsii se mêlent aux
hélophytes de forêt : Sinfra, Bouaflé, Daloa, Duékoué, ...
Quelques rivières, entre Daloa et Duékoué, ont de vastes zones d’inondation recouvertes d’une
mosaïque de groupements végétaux, forêts périodiquement inondées, forêts et brousses marécageuses,
marais herbeux, trous d’eau libre, répartis selon la topographie locale. Il y a là tout l’éventail des plantes
aquatiques de la zone forestière.
Ces rizières, toujours installées dans les bas-fonds en région de Daloa, donnent une jachère les
premières années, extrêmement dense, assez peu élevée, à Visiriiagrrineensis, Panicuni maximum, Alcliorjiea
cordfolia, Triun$etia rliomboidea, Scleria spp., Allopliylus spicatus, Paullinia pinnata, Calamus deer raius,
Uïicaria talbotii, Acacia pennata, Entada scelerata, Dioscorea sndacifolia, D. minutiflora, Glypkaea brevis,
Hjpselodelpliys violacea, Sorghunz ariindinaceuni,... Ces brousses sont extrêmement fréquentes et très
visibles sur photographies aériennes.
198 LE MILIEU NATUREL DE LA CÓTE D’IVOIRE
b. La forêt ripicole
Quelques espèces communes en secteur ombrophile se raréfient ou disparaissent complètement en
secteur mésophile : Uapaca heudelotii, Crirdia klainei, Cathormion altissimum,... D’autres par contre, les
remplacent, qui sont rares au Sud et deviendront très abondantes dans les forêts-galeries : Parinari congen-
sis, Cynometra megalophylla, Munilkura niultinervis, ...
a. Caractéristiques écologiques
La détermination écologique des ces savanes est liée à celle de la limite entre les forêts denses et les
savanes guinéennes préforestières. La frontière entre les deux formations dessine une ligne en forme de V
(le V Baoulé) dont la physionomie est bien différente suivant que l’on considère les branches est ou ouest.
Le long de la branche orientale du V, le contraste entre savanes et forêts denses est d’autant plus ac-
cusé que les premières sont installées sur des sols ferrugineux dérivés de colluvions granitiques, tandis que
la forêt coïncide avec des sols ferrallitiques issus de schistes. Les quelques savanes incluses dans cette forêt,
sont des savanes de marécages ou de bowals qui pour la végétation forestière, représentent des milieux plus
difficiles à conquérir. Au niveau de la branche occidentale du V Baoulé, savanes et forêts sont établies sur
d-s sols ferrallitiques issus de granites ou de schistes ; la limite entre les deux formations n’est pas nette et
représente une zone dans laquelle la forêt, inconstante sur les sols issus de granite est parsemée de petites
savanes sur sols drainés sableux.
b. Physionomie
Ces savanes incluses sont réparties en trois groupes :
1. Les savanes à rôniers (Borassrrsaetliiopimi). Elles sont répandues au nord de Singrobo et se retrou-
vent vers Bocanda, Bondoukou, entre Yamoussokro et le Bandama et vers Vavoua. Elles comportent
une strate arbustive plus importante ; les herbes, pour la plupart des Graminées, sont réparties suivant une
ou deux strates selon que les sols sont plus ou moins hydromorphes ou plus ou moins drainés (sols ferru-
gineux, remaniés concrétionnés ou hydromorphes dérivés de colluvions granitiques).
2. Les savanes arbustives sans rôniers. Elles se trouvent dans la région de Bouaflé, entre Séguéla et
Man et au Nord-Ouest de Man. Elles sont généralement établies sur sol drainé (sols ferrallitiques, remaniés,
appauvris en argile) et comportent, en dehors de la strate arbustive plus ou moins serrée, une strate herbacée
supérieure et une strate herbacée inférieure bien différenciée.
J.-L. GUILLAUMET, - LA VÉG~TATION
E. ADJANOHOUN 199
3. Les savanes herbeuses, strictement édaphiques. Elles sont établies sur les cuirasses dénudées
(bowals ou bowé), les sols hydromorphes issus d’alluvions, limoneux, compacts, périodiquement inondés
ou les sols marécageux à hydroniorphie permanente.
Sur cuirasse, on observe une pelouse remarquable par la rareté des arbres et l’abondance des
termitières qui abritent une végétation plus luxuriante. Ces cuirasses incluses se rencontrent surtout entre
Bondoukou et M’Bahiakro, Toumodi et Oumé, Zuénoula et Vavoua, Séguela et Man.
- Les basses plaines alluviales les plus importantes sont crées par les crues du N’Zi entre Dimbokro
et M’Bahiakro et celles du Sassandra, au Sud de Sémien. La végétation herbacée comportant de hautes
Graminées s’étend à perte de vue, à peine interrompue par quelques essences ligneuses généralement instal-
lées sur des buttes plus ou moins érodées.
- Le seul type de savane marécageuse constamment humide est la savane de Sinfra (encore appelée
Plaine des éléphanis) qui est très polymorphe. Elle est liée à une galerie paludicole et comporte des îlots
de Raphia ou de Plioenix ; on y observe également des mares à Tltalia welwitscliii et des savanes herbeuses
à Loudetia yhraginitoides avec parfois quelques rôniers isolés et le groupement à herbe à éléphant (Pemii-
setunz purpureuni).
c. Composition Aoristique
Ces différentes savanes marginales incluses dans la forêt non loin des savanes guinéennes préfo-
restières sont strictement affines de ces dernières, Les mêmes groupements végétaux se retrouvent de part
et d’autre, ceux des savanes incluses représentent le plus souvent des formes frustres de leurs homologues.
Les deux premiers groupes de savanes incluses sont caractérisés par le groupement à Loudetia
sitnplex, le groupement à Loirdetia arufidiiiacea, le groupenient à Panicum phragmitoides sur les sols sablon-
neux drainés, et le groupement à Lotrdetia phragiizitoides sur les sols sablonneux temporairement hydro-
morphes. Le troisiènie groupe de savanes se différencie par des groupements essentiellenient herbeux à
Sporobolus pectinellus et Cyanotis lartata sur cuirasses dénudées ou à Vetiveria riigritaria formant les basses
plaines alluviales des grands fleuves. inondées en période de crue. Les savanes de Sinfra comportent
plusieurs groupements hydrophytiques dont celui à Loudetiaphragn~itoi~es et les mares à Tlialia welwitschii ;
sur leur pourtour, à certains endroits, subsiste le groupement à Patiiczmi plzragmitoides sur sols drainés ;
notons également le groupement à Pennisetinn yzrrpureinn qui est localisé dans les lieux frais ou humides ou
certaines bordures drainées.
Les autres espèces caractéristiques de ces différents groupements seront mentionnées dans I’étude
des savanes guinéennes préforestières.
d. Evolution et dynamisme
La plupart de ces savanes incluses et plus particulièrement celles sur cuirasse latéritique ou sur sols
hydromorphes ne sont pas cultivées, mais sont brûlées pendant la saison sèche. Cette action du feu s’ajoute
à I’édaphisme particulier et favorise leur maintien en retardant la reforestation.
D. LA ZONE PRÉFORESTIÈRE
Les limites de cette formation dont la superficie est évaluée à près de 6 millions d’hectares, sont
précisées sur la carte au 500 000‘. La partie méridionale au contact de la forêt dense humide dessine dans
200 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
la région médiane de part et d‘autre de l’axe Katiola-Singrobo, un grand V communément appelé V Baoulé
dont l’ouverture s’étend approximativement entre les longitudes de Séguéla et de Dabakala. La séparation
entre forêt et savane est plus précise au niveau de la branche Est du V : elle correspond exactement au pas-
sage des granites, sous savane, aÙx schistes sous forêt. Les frontières extrême-Ouest (région de Man) et
extrême-Est (région de Bondoukou) sont également marquées par des V d’importance moindre plus ou
moins évasés. Nous avons vu précédemment la limite septentrionale.
2. GÉNÉRALITÉS
- La presque totalité des savanes préforestières en Côte d’Ivoire centrale est soumise au climat
tropical humide, le même que celui de la forêt dense humide serni-décidueméridionale déjà défini.
- Le sous-sol se compose de vastes massifs granitiques et de roches métamorphiques schisteuses
disposées en longues chaînes orientées NNE-SSO (Oumé-Fétéltro, Bouaflé-Béoumi,.. .).
- De nombreux types de sols sont juxtaposés dans ces savanes, en particulier les sols ferrallitiques
remaniés plus ou moins indurés des régions de Béoumi, typiques des régions de Séguela-Mankono et
Nassian : les sols ferrugineux tropicaux des régions de Dabakala et du couloir du Nzi ; les sols bruns
tropicaux des régions humides associés aux sols ferrallitiques plus ou moins indurés des chaînes de collines
orientées NNE-SSO : les sols hydromorphes liés aux fluctuations de la nappe phréatique ou aux crues des
rivières, aux bas fonds et aux plaines alluvides.
Ces savanes, comme l’a observé G. MANGENOT (I 955), comportent un couvert de hautes Graminées
parmi lesquelles émergent, plus ou moins dispersés ou rassemblés en petits bois, des arbres de dimensions
médiocres, parfois tortueux, dont les feuilles relativement petites et dures, ne donnent qu’une ombre
légère. Les cours d’eau qui traversent ces étendues herbeuses sont généralement encadrés par deux bandes
étroites, densément boisées, les forêts-galeries oh l’on observe des arbres et des lianes ligneuses des
grandes forêts denses. Des îlots boisés offrant d’évidentes affinités floristiques avec ces mêmes forêts
existent aussi çà et là. Les dômes granitiques en relief et les cuirasses ferrugineuses ou latéritiques affleurant
en surface portent une végétation herbeuse d’un autre type.
a. Les forêts-galeries
Caractéristiques écologiqrres
Les savanes guinéennes préforestières dans lesquelles coexistent des espèces appartenant aux forêts
denses humides et aux forêts claires occupent une région cliniatiquement limite entre les deux formations
forestières. Cette région représente la zone de transition entre les climats sub-équatoriaux à deux saisons
pluvieuses et les climats tropicaux à une seule saison des pluies. Le facteur humidité commence à y jouer
un rôle primordial. Les forêts-galeries liées aux cours d’eau trouvent sur leurs berges des conditions d’hu-
midité suffisante pour leur plus ou moins grand développement à travers les savanes. Elles sont d’autant
plus réduites que l’on s’éloigne des forêts denses vers les forêts claires.
Physionovliie
Suivant l’importance des cours d’eau, on peut distinguer les forêts riveraines ou ripicoles et les
galeries forestières proprement dites ; les premières, plus importantes, couvrent les berges des grands
fleuves, les secondes, plus étroites mais plus nombreuses et plus répandues sont liées aux ruisseaux. Les
unes et les autres possèdent une organisation structurale comparable.
J.-L. GUILLAUMET, - LA VÉGÉTATION
E. ADJANOHOUN 20 1
- Les forêts riveraines sont caractérisées par une strate arborescente supérieure constituée par les
hautes cimes plus ou moins isolées des mégaphanérophytes parini lesquels dominent les fromagers (Ceiba
pentandra), les irokos (Chlorophora excelsa, C. regia), les sambas (Triplochiton scleroxylon) et d’autres
essences typiques des grandes forêts denses semi-décidues comme Celtis hrowiei, Holoptelea grandis,
Mansonia altissiina, toutes remarquables par leurs fûts droits et nus.
- Une strate arborescente inférieure de mésophanérophytes et de niicrophanérophytes divers
formant une zone de frondaison serrée très dense dont le recouvrement est maximum : parmi les essences
les plus communes, citons, à titre indicatif, outre certaines moins développées de la strate précédente,
Sterculia tragacantha, Antiaris africana, Markliainia tonisitosa, Bequaertiodendron oblanceolatuni, Pseu-
dospondias microcarpa,. ..
- Un sous-bois, encombré de nombreux troncs d’arbres, de nanophanérophytes (Psycliotria
obscura,...), de chaméphytes (Crossandra ilava,.,.). d’hémicryptophytes (Palisota barteri, ...) et de géophytes
(Anchoniunes difforinis, ...). Quelques lianes (Motandra guineensis,. ..) relient entre elles les différentes
strates. Les épiphytes sont très rares.
Les galeries forestieres présentent les particularités suivantes : la strate arborescente supérieure est
souvent dominée par Cola cordifolia dont le feuillage, vert sombre, se reconnaît de loin ; la strate arbo-
rescente inférieure est remarquable par l’abondance des palmiers à huile au tronc inince et très allongé, des
Carapa procera dont les nouvelles feuilles sont fortement colorées en rose rouge ou des Pyciianthus ango-
leiisis avec leurs puissants rameaux plagiotropes ; le sous-bois est plus éclairé et plus riche en plantes
herbacées. Des interruptions des galeries forestières favorisent parfois l’installation d’une végétation à
herbe à éléphant ; celle-ci peut s’étendre le long de ces galeries forestières et les border sur une bande de
quelques mètres de largeur.
Conipositionfloristique
A part les espèces composant les différentes strates, déjà citées, signalons le cortège des espèces des
berges (zones d’avancée ou de recul des eaux) avec Herderia truncata, Leptochloa coerulescens, Alloteropsis
yaniculata, Panicum laxuni, Chloris robusta,... et le cortège des espèces de talus (bande de quelques mètres
inondés durant les grandes crues) avec les caractéristiques préférentielles suivantes : Cola Iairrifolia, Ptero-
carpus saritalitiaides, Myriai~thusserratus, Parinari congemis, Pachystela brevipes, P. pobegiriniana, C ~ , n o -
metra megalopliylla, Psophocarpus palustris, Hexalobirs crisp@orus, ikforelia setlegalemis, Miniosa pigra,
Manilkaru multinervis, Psychotria vogeliana.
Caractéristiques kologiques
Les principaux îlots forestiers inclus en savane sont localisés sur le complexe volcano-sédimentaire
composé principalement de schistes et de roches basiques : les îlots forestiers du Yaouré, de Bouaflé, de
Marabadiassa, de Fétékro et du sud-est de Dabakala sont situés sur des sols ferrallitiques remaniés-
modaux, issus de schistes ;l’important massif forestier de l’Oruniboboka, de même que les îlots forestiers
entre Toumodi et Tiébissou se trouvent sur les roches basiques (roches vertes). Les sols sur ces substrats
sont caractérisés par une forte teneur en argile et une humidité élevée, ce qui permet aux forêts denses d’y
vivre plus facilement dans cette région de savane. La végétation forestière est peu stable sur le socle grani-
tique dont les dômes ne portent parfois qu’un humble lambeau forestier. Les îlots forestiers situés à proxi-
mité des villages sont, indépendamment du substrat, maintenus et protégés par l’homme qui les utilise
conime pare-feu, forêts fétiches ou cimetières.
202 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
Physioiionzie
La physionomie et la structure de ces îlots forestiers sont comparables à celles des grandes forêts
denses humides semi-décidues. L’étude du spectre biologique de deux d’entre eux montre la dominance
des essences de la futaie continue (mésophanérophytes et microphanérophytes = 42 7:); viennent ensuite
les arbrisseaux caractéristiques du sous-bois (nanophanérophytes = 25 %), puis les lianes (1 5 %), les très
grands arbres (mégaphanérophytes = 7 %) et les plantes herbacées dont les chamtphytes (4 %), les
cryptophytes (4 %), les hémicryptophytes (2 %) ; les épiphytes sont rares (1 %).
Composition jloristique
Les îlots forestiers qui caractérisent les savanes guinéennes préforestières sont ceux dont la compo-
sition floristique est la plus proche de celle des forêts à Celtis (G. MANGENOT, 1955). Il existe également
des îlots forestiers plus au nord, dans le secteur des forêts claires, localisés sur des substrats variés, le plus
souvent chisteux ou lits aux forêts-galeries ; ceux-ci bien que possédant encore des liens structuraux et
floristiques avec les forêts denses continues du sud, sont néanmoins plus pauvres en espèces caractéristiques
des forêts à Celtis et s’enrichissent en espèces d’affinité soudanaise. Ces îlots forestiers constituent les
forêts denses sèches.
c. Evolution et dynamisme
L’homme installe de préférence ses cultures dans les boisements denses qui sont défrichés et brûlés
progressivement. A la longue, ils sont remplacés par une végétation herbacée à herbe à éléphant ou à
liilperafa cylindrica. Le groupement à herbe à éléphant sur sol drainé occupe toujours l’emplacement des an-
ciennes cultures sur forêt; il possède encore des souches vivantes d’espèces forestières dont la croissance était
retardée par l’action humaine. Dans le cas d’une protection totale, ces souches émettront de nombreux
rejets ; des arbres de lumière arriveront à pousser, et une forêt secondaire s’installera peu à peu. L’expan-
sion relativement faible de ce groupement plaide en faveur de sa précarité et de son envahissement plus
ou moins rapide par la forêt environnante. De même, le groupement à Imperata cylidrica est très fugace
et est rapidement élimine par l’ombrage créé par les recrûs forestiers (tabl. 3).
4. LES SAVANES
a. Déterminisme écologique
Les savanes proprement dites sont réparties suivant trois types écologiques : les savanes qui occu-
pent les plateaux et les pentes convenablement drainés et non rocheux, les savanes marécageuses et les
mares qui sont liées à l’hydromorphie plus ou moins prolongée des sols sablonneux ou limoneux et les
formations saxicoles suivant qu’elles se trouvent sur dômes granitiques ou sur cuirasses dénudées et que
nous étudions dans les groupements accessoires. Ces différents types de savanes comportent de nombreux
groupements végétaux bien définis.
b. Physionomie
Sur les sols drainés, on peut distinguer quatre types physionomiques :
- les savanes à rôniers qui occupent toute la poche du V Baoulé de Singrobo à l’axe Yamoussokro-
Bocanda, qui se retrouvent par lambeaux plus ou nioins importants dans d’autres régions : Tiébissou,
entre Sakasso et Bouaké, Katiola, entre Prikro et M’Bahiakro (route de Bouaké), entre Fétékro et Satama-
Sokoura, Bondoukou. La répartition des rôniers est centrale et orientale ; elle coïncide assez souvent
J.-L. GUILLAUMET, - LA VÉGÉTATION
E. ADJANOHOUN 203
avec la présence de sols ferrugineux dérivés de colluvions granitiques sableuses (couloir du Nzi, région
de Touniodi) ou de sols ferrallitiques très appauvris en argile, les quelques rares rôneraies observées dans
le secteur occidental des savanes préforestières sont situées sur sols hydromorphes (Vavoua-Vaou).
- les savanes arborées à Daniellia oliveri, Lopliisa lariceolata et Teriiiirialiaglaucescetis se partagent
le reste des sols ferrallitiques remaniés et typiques. Elles sont remarquables par l’absence des rôniers ( 1)
et la dominance parfois exclusive de l’une de ces essences. On trouve çà et là. des savanes à Daiziellia oliveri
dominant (entre Bouaké et Katiola ou Séguéla), des savanes à Lophira lariceolata dominant (Yamoussou-
kro 2 Tiébissou, Bouaflé, Séniien à Vaou), des savanes à Ternziiialia glaiicesceris dominant (Man-Sipilou).
Ces essences, toutes remarquables par leur port sont souvent grégaires. Les bosquets que l’on rencontre
de temps à autre dans ces savanes se forment, en général, sur des monticules de terre ou tout autour de
la butte d’une termitière géante. Ils sont constitués par un petit nombre d’espèces savanicoles en niélange
avec des espèces forestières qui profitent de ce microclimat particulier pour s’installer dans les savanes.
- les savanes arbustives sur sols drainés sont généralement des reliquats de culture. Certaines
sont installées sur les flancs de rocher à sol peu profond.
- les savanes herbeuses sur sols drainés sont également post-culturales et d’étendue faible.
La stratification des savanes arborées les plus typiques sur sol drainé comprend:
- une strate arborescente dont Ia hauteur varie entre 8 m et 20 m, rarement plus, et dont les
principaux constituants sont : Borassus aethiopuin, Daniellia oliveri, Lophira lanceolatu, Ternzirialia glau-
cesceiis, Parkia biglobosa, Ficus platyphylla, Vitex doniaria ; le recouvrement peut atteindre 35 %.
- une strate arbustive de 2 à 8 m de haut constituée par les jeunes individus des espèces de la
strate précédente auxquelles s’ajoutent principalement : Ficus capensis, H.yiiieiiocardia acida, Afiorniosia
laxflora, Nauclea latifolia, Piliostigina thoiiiiiiigii, Erythrins seitegaleizsis, Fugara zantlioxyloides, Dichros-
tacliys glonzerata ; elle est déjà plus importante et peut avoir 50 % de recouvrement.
- une strate herbacée supérieure, qui dépasse rarement 2,50 m de haut et peut couvrir le sol à
100 % pendant l’optimum de végétation. Les principaux composants sont les grandes Andropogonées
auxquelles s’associent, parfois, des sufFrutex et des nanophanérophytes, tels Antioiia setiegalerisis, Lippia
niirltiJora, Cochlosperniiinz plamhoni, Psorospestnuni glaberrimim, Pseudarthria spp.
- une strate herbacée inférieure dont la hauteur moyenne varie autour du mètre, dominée par des
Graminées, des Cypéracées et des Légumineuses diverses ; son recouvrement à la reprise de la végétation
au début de la saison des pluies varie de 10 à 90 %.
Les savanes marécageuses se répartissent entre deux types :
- les savanes situées sur sols hydroniorphes sablonneux liés à. des nappes phréatiques bien ali-
mentées et proches de la surface. Elles sont très répandues à proximité des galeries forestières, mais elles
ne couvrent jamais de grandes surfaces. Elles constituent le groupement à Loirdetia phragilzitoides qui
comportent de nombreux hélophytes herbacés formant un tapis continu. Les quelques rares arbres ou
arbustes qu’on y rencontre sont isolés à l’exception des dattiers sauvages (Phoenix recliitata) très souvent
groupés en boqueteaux ;
- les savanes herbeuses qui recouvrent les basses plaines alluviales des grands fleuves, déjà évo-
quées, représentent le deuxième type de savanes marécageuses. Leur grande étendue permet, Contrairement
aux précédentes de les figurer sur la carte au 500 000.
(1) I1 y a des savanes à rôniers associés avec Daniellia, Loplripa et Teniiiitalia (Boudoukou).
204 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
c. Variations saisonnières
La saison sèche dure de novembre à février. Tout au long de cette période, les savanes sont brûlées
d’une région à une autre. Un mois après le passage du feu de brousse, en l’absence parfois même de toute
pluie, ce qui mérite d’être souligné, de nombreux géophytes fleurissent ; la plupart émettent leurs inflo-
rescences avant de développer leur appareil végétatif (Eulopliia spp., Haemanthus niultflorus, Birlbostylis
aphyllanthoides, Iinperata cylindrica, ...). Les arbres se dépouillent de leurs feuilles durant la saison sèche ;
la grande majorité fleurit après la chute des feuilles qui s’effectue indépendamment des feux de brousse.
Le grand démarrage de la végétation commence en mai, après la chute des premières pluies ; la floraison
des thérophytes se situe à cette époque ; celle de la majorité des hémicryptophytes et des chaméphytes
a lieu en septembre-octobre. En novembre, les plantes disséminent leurs graines et se dessèchent progressi-
vement avant de devenir la proie des flammes.
Les feux de brousse constituent un immense brasier qui n’épargne aucune plante herbacée ; après
leur passage, il ne reste que des souches noircies ; les arbres, les arbustes et les arbrisseaux ont leur rhyti-
dome calciné superficiellement ; leurs rameaux sont desséchés, mais provisoirement. Seuls restent indemnes
les vieux rôniers aux stipes nus ; quant aux jeunes, leurs feuilles vertes peuvent être atteintes, mais leur
bourgeon terminal, bien protégé, reste intact.
d. Composition floristique
NOLIS indiquons ici les espèces caractéristiques des différents groupements identifiés dans ces savanes.
Seuls les PIUS étendus figurent sur la carte au 500 000.
Sur les sols drainb s’observent quatre groupements ou associations végétales appartenant à un
même grand type de savane ou une même alliance. Ces groupements sont :
- le groupement à Loirdetia siinplex qui occupe l’extrême pointe du V Baoulé de Singrobo aux
environs de Toumodi et s’étend vers l’est sur une bande d’environ 20 km de large jusqu’au niveau de
Bocanda. C’est le groupement de la pénéplaine granitique située entre l’orumboboka et Toumodi sur
les sols ferrugineux sableux relativement peu concrétionnés qui deviennent hydromorphes en position
de pente inférieure à cause de la nappe phréatique, le plus souvent peu profonde. I1 se retrouve dans les
petites savanes incluses dans la forêt entre Singrobo et Bongouanou, à Yabrasso, à l’ouest de Sémien.
- le groupement à Loirdetia arundiizacea qui s’étend de part et d’autre du Kan (affluent d u N’Zi),
entre Toumodi et Tiébissou. I1 se trouve dans une région où les roches basiques constituent l’ossature
des chaînes de collines qui traversent le pays de Groh à Pranoua et de nombreuses croupes surbaissées
formant une succession monotone. Les sols de texture argilo-sableuse à argileuse, gravillonnaires par
endroits, sont peu profonds : proximité de la roche-mère souvent affleurante ou présence de carapaces
plus ou moins indurées en surface ou en profondeur.
- le groupement 8. Panicuin phragmitoides qui fait suite au précédent et constitue le groupement
végétal le plus étendu sur les sols ferralitiques remaniés ou typiques issus de granites. Son aire dépasse
au nord la limite septentrionale présumée des savanes préforestières. I1 se retrouve également dans les
nombreuses petites savanes incluses dans la forêt, en particulier le long de la branche ouest du V Baoulé,
généralement sur sols sableux plus ou moins riches en Cléments grossiers.
- le groupement à Andropogon macrophyllus localisé dans la région au nord de Man sur les Monts
Sipilou et du Toura, de part et d’autre du Bafing ; sa limite septentrionale est à quelques kilomètres de la
latitude de Touba :il est bien représenté à l’ouest de l’axe Man-Touba. I1 est situé sur les sols dérivés des
granits à hypersthène (norite). Ce sont des sols ferralitiques fortement désaturés typiques ou remaniés
qui présentent un faciès humique caractérisé par un horizon humifère épais.
Chaque groupement se différencie par un cortège d’espèces caractéristiques. Parmi les espèces
communes à l’ensemble des groupements, les plus constantes sont : Hjparrhenia chrysargyrea, Hypar-
rhenia dplandra, Hyparrhenia dissoluta, Panieaiin jìrlgens, Vernonia guineensis, Tephrosia elegans, Bulbo-
J.-L. GUILLAUMET, - LA VÉGÉTATION
E. ADJANOHOUN 205
sty lis aphyIlan thoides, Borreria octodoti, Indigofera polysphaera, Schizachyriuni plu typliyIlutn , A j a n i oi7iunz
Iatifolium, Cteiiiunz iiewtonii, Andropogon pseudapricw, Beckeropsis irniseta, Monocyriibiirni ceresiiforine,
Aspilia lielianthoides, Eriosema g lomeratinn, pour les herbacées et Crossopteryx febrifitga, Ciissoriìabarteri,
Vitex doniana, Terniinalia glaircescens, Bridelia ferruginea, Ficus capensis, Atinoiia senegalensis, Nauclea
latifolia, Afrorinosia IaxiJlora, Pseudarthria hookeri, pour les plantes ligneuses.
- espèces différentielles du groupement à Loirdetia simplex : Loirdetia simplex, Brachiaria bra-
chylopha, Borassus aethiopuni.
- espèces différentielles du groupement à Loirde fia arundinacea : Loudetia arunditiacea, Schiza-
cliyrium sanguineuin.
- espèces différentielles du groupement à Paniciinz phragmitoides ; Panicum phragmitoides, Digi-
taria zinìglumis var. major, Lophira lanceolata, Parinari curatellifolia, Daniellia oliveri.
- espèces différentielles du groupement à Andropogon inacrophyllus : Andropogon n~aerophyllus,
Andropogon tectoruni, Phylfanthus discoideus.
Sur les sols drainés s’observent également les groupements post-culturaux dont les principaux
sont ceux à Loudetia hordeiformis, Pennisetutn purpiirerini et Iiiperata cyliìidrica dans lesquels ces espèces
sont exclusives ou prédominent.
Sur les sols marécageux existent deux groupements essentiels :
- le groupement à Loudetia phragmitoides sur les sols hydromorphes, sableux.
- le groupement à Vetiveria nigritatia sur les sols hydromorphes des terrasses alluviales.
- espèces différentielles du groupement à Loudetia pliragmitoides : Loirdetia phragmitoides, Loudetia
atnbiens, AtiadeIphia long ifolia, Scleria lzirtelfa,Liparis guimensis, Paiiicutii lindfeyanwn,Paiiicum congoense,
Sauvagesia erecta, Sacciolepis chevalieri, Eiilophia angolensis, Pobeguinea arrecia, Aristida recta, Rotala
mexicana, Dissotis amplexicaulis, Diplacruriz africanunz.
- espèces différentielles du groupement à Vetiveria nigritana ; Vetiveria nigritana, Panicirni pilgeri,
Setaria anceps, Borreria compressa, Andropogon africanus, Hydrolea glabra, Crinutit ornatiitn, Striga bau-
niannii, Hibiscus squamosus, Rhyncliospora tr@ora, Heliotropium baclei, Caperonia senegalensis.
TABLEAU
IV
D~TERIMINISME
ÉCOLOGIQUE ET LOCALISATION G~OGRAPHIQUEDES GROUPEMENTS HERBEUX DE SAVANE
SAVANES SÈCHES
à Parzicunz phragtnitoides Sols ferrallitiques moyennement désaturés, remaniés Domaines guinéen et soudanais
et typiques, bien drainés
à Loudetia siinplex Sols ferrugineux sableux ou légèrement engorgés par Domaine guinéen extrémité
une nappe phréatique peu profonde et dérivés de méridionale du V baoulé et
colluvions granitiques savanes incluses
à Loudetia avwidiiiacea Sols ferrallitiques, argilo-sableux, peu profonds, gravil-
lonnaires et indurés, issus de roches basiques et de Idem
schistes
à Andropogori tlZa~~OphJ~//ltS Sols ferrallitiques fortement désaturés, typiques et Domaine guinéen : N et N-W
remaniés, & faciès humique, issus de granite à de Man, région de Sipilou
hypersthene
~~
SAVANES MARÉCAGEUSES
à Lotidetia phragmitoidrs Sols hydromorphes sableux Domaine guinéen et soudanais
à Vetiveria nigritaiza Sols hydromorphes des terres alluviales inondées Principalement dans le domaine
soudanais
206 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
e. Evolution et dynamisme
I1 n’existe dans les savanes guinéennes intérieures de Côte d’Ivoire aucune forme de transition
établissant la liaison entre les brousses secondaires les plus dégradées par les cultures et les savanes gra-
minéennes même les plus frustres. Les défrichements dans les boisements denses aboutissent à l’heure
actuelle au groupement à Pemiisetinn pzirpirreimi ou à Imperata c-vlindrica, l’un et l’autre susceptibles de
se transformer en forêt secondaire ; de même, les défrichements dans les savanes arborées aboutissent au
groupement à Imperata cylindrica également susceptible de se transformer en forêt secondaire (tabl. 3).
Divers faits d’observation ou expérimentaux montrent qu’actuellement toutes les savanes sous
climat forestier sont envahies peu à peu, malgré l’action destructrice de l’homme, par la forêt dense qui
tend à conquérir l’ensemble de son domaine naturel.
a. Les épiphytes
I1 y a très peu d’épiphytes dans le secteur mésophile, tant en nombre d’individus que d’espèces :
Platycerium angolense prend la place de P. stemaria, comme le fait en partie Nephrolepis undulata aux dépens
de N. biserrata. Par contre, les figuiers étrangleurs sont abondants : Ficus dekdekena, F. cljalonensis,
F. elegans, F. lingua, F. Iyrata, F. polira, F. sagittifolia, ... Ils sont particulièrement rares en savane pro-
prement dite.
Les caractéristiques écologiques y sont les mêmes qu’en secteur ombrophile, mais en plus accentuées.
Physioiiom ie
La végétation herbacée est surtout constituée par Eriospora pilosa (une Cypéracée de type chamé-
phyte graminéen). Elle se présente sous forme de plages herbeuses dépassant rarement 60 cm de haut.
Au sommet, Eriospora pilosa occupe les vasques, les surfaces horizontales, les dépressions plus ou moins
profondes. Lorsqu’il existe une forêt sommitale, le tapis herbacé forme une ceinture autour de celle-ci.
Sur les pentes, il s’étale en nappe et occupe les diaclases ouvertes par l’érosion ;il peut coloniser des pentes
très raides presque verticales. Les lisières de la forêt sommitale et de la forêt de bas de pente, différentes
par leur position écologique, sont caractérisées par une autre végétation herbacée comportant des géophytes,
des chaméphytes et des hémicryptophytes, pour la plupart des Monocotylédones et des Ptéridophytes.
Compositioii jloristique
Les principaux groupements sont :
- le groupement à Eriospora pilosa plus ou moins drainé avec en outre Loudetia arzindiiiacea,
Loudetia simplex, Sporobolus dinklagei, Virectaria multijlora, Solenostemon graiiiticola, Cyariotis IaFiata,
Fimbristylis dichotoma, Polystachia ìnicrobatnbusa, Plectrelminthus cazidatus, Dolichos torikouiensis, Vigila
gracilis, Ceropegia Iiilotica var. nilotica, Gynirra sarmentosa, ...
- le groupement des micro-marécages sur dôme granitique est celui à Isoetes nigsitiana, et Ophio-
glossurn gomeziaiiimi ; les autres caractéristiques locales sont Utricularia arenaria, Drosera indica, Xyris
straniinea, Utricularia subulata, Ophioglossuni costatuin, Neurotlieca loeselioides, Mesaritliemuni prescot-
tiamrn, Opkioglossurn thomasii, Eriocaulon pulchellum, Micrageria jïliformis, Sopubia parv flora, Ascolepis
capensis, Brachiaria distacliyoides. ...
- le groupement des lisières avec Cyanotis lanata, Sansevieria liberica, Microgramma Iycopo-
dioides, Oleandra distenta, Pellea doiiiaiia, Ceropegia iiilotica, ...
Evolutiorz et dyiianiisnie
Eriospora pilosa est une plante conquérante qui s’installe sur les roches dénudées par l’érosion
ou la déforestation. La protection intégrale des groupements à Eriospora pilosa devrait aboutir dans cer-
taines circonstances, à une reforestation à plus ou moins long terme. Malheureusement, les inselbergs
accessibles sont fréquentés par les animaux domestiques et l’homme qui les exploite. Le recul de leur végé-
tation sous l’action des feux est connu.
Les petites stations temporairement inondées se différencient par le groupement à Dopatriuin sene-
galense et Marsilea polycarpa qui comporte en outre Scirpus praelongatus, Juncellus pustulatus, Sacciolepis
ciliociiicta, Cyperus microlepis, Hygrophila senegalensis, Eriocaulon plumale, Eriocaulon afielianum, Bra-
chiaria lata, Rhytachne gracilis, C-yperus compressus, Eriocarrlon togoense, Bitriiatia enneandra, Oryza
breviligidata, Dopatriuni macranthuni.
Pour les formations saxicoles, les différences qui existent entre celles des savanes incluses et celles
des savanes préforestières sont d’ordre mineur et intéressent plus spécialement la flore qui s’enrichit en
espèces soudanaises. Les îlots de forêt dense sur inselberg sont rares : les arbustes qu’on y observe parfois
sont d’origine savanicole et sont installés dans les fissures, les replis de roches ou les chaos de dalles ;
les plantes herbacées, principalement les Graminées, les Cypéracées et certaines Foug6res se trouvent dans
les anfractuosités et les parties concaves ou planes des rochers en pente faible. Des stations marécageuses
à végétation luxuriante pendant la saison pluvieuse s’observent également dans certaines dépressions
de ces rochers.
A. GÉNÉRALITÉS
La zone littorale n’excède pas 7 à 8 km sur le cordon lagunaire oì1 elle est le mieux représentée ;
elle est réduite à quelques centaines de mètres à l’ouest de Fresco.
Le climat y est nettement plus sec que dans l’intérieur du pays : saison sèche plus longue et déficit
hydrique annuel plus élevé. Cette sécheresse est encore accentuée par la nature des sols qui, très perméables,
ont une capacité de rétention en eau extrêmement faible.
Les sols sont issus des sables marins d’origine récente : sols peu évolués d’apport sur les sable;
dunaires, pseudopodzols de nappe dans lesquels la nappe phréatique oscille fortement. Les sols hydro-
morphes sont bien représentés dans la région des lagunes et correspondent à des dépressions parallèles
à la côte. Enfin les sédiments meubles d’origine fluviatile donnent des sols hydromorphes salés soumis
aux régimes des marées. Dans la partie occidentale du pays, il faut remarquer les caps rocheux et quelques
falaises.
J.-L. GUILLAUMET, - LA VÉGÉTATION
E. ADJANOHOUN 209
La diversité des conditions édaphiques et leur stabilité font que, sur une petite surface, il y a une
grande complexité dans les groupements végétaux. I1 n’y a pas de climax prédominant, bien que la forêt
littorale représente l’achèvement optimal des conditions écologiques, mais une mosaïque de groupements
édaphiques.
B. L’OCCUPATION HUMAINE
Le secteur littoral est très habité, même quand l’arrière pays est désert comme entre Sassandra
et Cavally. L’activité des villageois est essentiellement agricole. La culture vivrière principale est celle
du manioc, répandu partout aux dépens du fourré littoral surtout. Les cocoteraies, traditionnelles tout
le long de la côte, ou industrielles (Grand Bassam, Nganda-Nganda), sont prises sur le fourré, la savane
et la forêt. Dans ce secteur, les forêts sont en voie de disparition rapide, elles sont mises en culture ou
exploitées en bois de feu autour d’Abidjan (Abou-Abou, Ile Boulay...). On compte plusieurs forêts classées
en voie de destruction, la réserve botanique de Nganda-Ngnada en majeure partie couverte de savane est
amenée à disparaître.
1. LA FORÊT LITTORALE
a. Caractéristiques écologiques
b. Physionomie
Formation forestière fermée, avec une strate arborée lâche, les deux strates inférieures étant au
contraire très denses. La strate arbustive est toujours riche, par contre le recouvrement herbacé est très
faible, souvent inexistant, il n’y a aucun des petits chaméphytes herbacés rampants de la forêt sur terre
ferme.
c. Composition floristique
La forêt littorale est surtout remarquable par l’absence de nombreuses espèces qui pourraient
exister sous ce climat, mais que les conditions édaphiques extrêmes excluent.
210 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
On reconnaît :
- un groupe d’espèces caractéristiques ; Afrolicariia elaeosperina, Strychnos dinklagei, Cephaelis
abouabouensis, Drypetes afrainensis, ...
- des forestières particulièrement abondantes : SacogIottis gabonensis, Salacia baumannii, Ochna
multiJlora, Ouratea glaberriina, Cola maclaudii, Cuviera acutiJlora, Strychnos nigritana, Hynienostegia
afzelli, ...
- des forestières partout répandues : Baphia nitida, Tabernaemontana crassa, Uapaca guineensis,
Lophira alata, ...
La physionomie et la composition floristique de la forêt littorale en font une forêt typiquement
sempervirente, proche du type à Turraeanthus africaiizrs et Heisteria paroifolia. Ce qui s’explique puisque
dans les deux cas les sols ont des teneurs élevées en sable grossier.
2. LE FOURRÉ LITTORAL
a. Caractéristiques écologiques
Le fourré littoral est situé au contact de la mer sur les sols peu évolués issus des sables littoraux
ou sur les falaises plus ou moins abruptes de l’ouest.
b. Physionomie
Variable selon les conditions édaphiques locales. Le fourré littoral se présente soit comme une
formation fermée, avec une strate supérieure protégeant une strate interne sciaphile qui peut être très
réduite quand le sol est inondé temporairement, soit comme une formation très ouverte pénétrée jusqu’au
sol par les radiations solaires qui permettent aux épiphytes de descendre à ras du sol.
c. Composition floristique
Les espèces sont presque toutes spéciales à ce groupement : Chrysobala~tusorbicularis, C. ellipticus,
Diospyros tricolor, D.ferrea, Mayteiius ovatus var. ovatus forma pubescens, Eugenia whytei, Capparis
erythrocarpos, ...
Ixora laxiflora se trouve aussi en forêt sempervirente, NapoIeona vogelii en forêt semi-décidue,
Phoenix reclinata en savane guinéenne.
d. Evolution et dynamisme
La forêt et le fourré sont très largement cultivés. La flore des formes de reconstitution comporte
outre un ensemble de plantes communes 2 toutes les formes secondaires, des caractéristiques présentes
ailleurs, mais très abondantes ici : Aniseia martinicensis, Merreniia tridentata subsp. angustifolia, Catha-
ranthus roseus, Spilanthes costata, Eragrostis gangetica, Waltheria indica, Cnestis,ferruginea, ..., des espèces
introduites : Argemone mexicana, Terminalia catappa, Datura metel, Agave sp., ... et des Cléments littoraux.
a. Caractéristiques écologiques
Situés sur les sables littoraux non fixés ou en voie de fixation, les groupements herbacés littoraux
reçoivent des embruns et sont soumis à une insolation sévère.
J.-L. GUILLAUMET, - LA VÉGÉTATION
E. ADJANOHOUN 21 1
b. Physionomie
C’est une végétation ouverte, unistratifiée, dont le recouvrement s’intensifie quand on s’éloigne
de la mer. Les plantes sont à stolons, en coussinets, crassulescentes.
c. Composition floristique
La composition floristique est remarquablement constante : Ipomoea pescaprae subsp. brasilìensis,
I. stolonifera, Scaevola yhmiieri, Alternantliera niaritirna, Diodia serrirlata, D. vaginalis, Cyperus rnari-
tirnus, Scliyzacliyriurn pulchelluni, Canavallia rosea, ...
Des rudérales peuvent s’y introduire : Boerhavia repens, Einilia coccìnea, Catharantliiis roseus, ...
qui se retrouvent dans toutes les régions littorales dégradées.
4. LESSAVANES LITTORALES
a. Caractéristiquesécologiques
Les savanes littorales sont établies sur des pseudo-podzols dont l’horizon humifère est pratiquement
inexistant, l’horizon lessivé blanc est en surface, et où la nappe phréatique remonte jusqu’en surface pen-
dant une partie de l’année.
b. Physionomie
La hauteur de la nappe phréatique liée au microrelief entraîne une diversité étonnante du paysage
végétal.
Ce sont des zones plates portant essentiellement un peuplement herbacé, comportant trois strates
herbacées, jusqu’à 180 cm, dont aucune ne dépasse 40 % de recouvrement. La végétation ligneuse est
insignifiante et ne comporte que quelques rares arbustes, arbrisseaux et sous-arbrisseaux, isolés ou groupés
en îlots, originaires des forêts marécageuses ou littorales, périphériques.
On y remarquera des zones relativement sèches, essentiellement graminéennes, des zones plus ou
moins humides comportant des touffes de Graminées isolées ou groupées sur des monticules de terre,
ménageant de petites dépressions, enfin des mares couvertes de plantes aquatiques.
c. Composition floristique
Les zones plates sont couvertes de Rhytachne rottboellioides et Pobeguinea arrecta avec Aridropogon
auriculutus en bordure.
Les zones déprimées, humides, recèlent entre les touffes des Graminées : Mesantliemum radicans,
Panicum parvifolium, decipiens, X.aizceps, Neurotheca loeselioides, Sauvagesia erecta, Lycopodium
afine, ...
A prédominance marécageuse, hydromophie quasi permanente du sol due à des nappes phréatiques
bien alimentées et très proches de la surface, l’association hélophytique à Setaria anceps et Eulophia ango-
leiisis (E. ADJANOHOUN, 1962) y domine, mêlée aux groupements précédents et avec, en outre, des prairies
aquatiques à Echinochloa pyramidalis, des bosquets de Pamlanus candelabruiii, Phoenix reclinata, Raphia
hookeri, Anthocleista iiogelii ou A . yrocera, et des plages plus ou moins bien drainées à Borassus aefhiopum.
D. LES MANGROVES
Les mangroves ou forêts sur sols hymorphes à gley, salés, issus des alluvions soumises au régime des
marées sont assez réduites en Côte d’Ivoire. Elles se trouvent sur les rives plates des estuaires : San Pedro,
Bolo, Sassandra, Comoé et dans les lagunes d’eau saumâtre : Potou, Ebrié. La teneur en éléments fins est
très variable, le pH est très acide souvent inférieur à 4, la salinité est aussi très variable.
1. Physionomie
Les racines échasses des Rhizophora, les pneumatophores dressés des Avicennia sont bien connus.
La mangrove, pauvre en espèce, est une formation monotone, interrompue ici et là par des plages vaseuses
couvertes de Paspalrim raginatmi et des touffes dressées d ’Acrostichum aitreuni.
2. Composition floristique
Les palétuviers rouges et blancs, Rhizophora raceinosa et Aviceiiiiia africana, jouent le rôle essentiel,
puis par place Acrostichum aureuni, Paspalm vaginatimi, Hibiscus tiliacerrs, Conocaipus erectus, Dalbergia
ecastaphyllum.
3. Evolution et dynamisme
Rhizophora raceniosa grâce à ses racines en arceaux avance du côté libre de la mangrove. Les autres
plantes profitent du sol qu’il a fixé. Quand il disparaît, exploité pour son bois ou son écorce riche en tanin,
Paspaluni vaginatuin, Acrostichum airreum et les autres plantes héliophiles s’installent à la faveur de l’éclaircie.
De Fresco au Cap des Palmes, les pointements rocheux ne portent aucune flore phanérogamique
spéciale, mais seulement quelques espèces peu exigeantes des sables : Alternaiifliera mnritiina, Sporobolus
virginicus, Paspaluni vaginatimn~Par contre, à I’étage littoral, au-dessous du niveau des hautes mers, sur
ces rochers, quelques îlots et l’enrochement artificiel du canal de Vridi se développe toute une végétation
d’algues dont les espèces les plus fréquentes appartiennent aux genres Bryopsis, Enteroniorpha, Uloa,
Corallina, Sargassum, Grateloupia, Padina.
Les simples trous d’ea~ien savane ou en forêt marécageuse sont couverts de Njmphaea spp., Utricu-
laria spp., Eleocharis naumaimiana,... et bordés d’ Oryza barthii, Eulophia caricifolia, Eleoeharis mutata,
Dissotis cornifolia.
J.-L. GUILLAUMET, - LA VÉGÉTATION
E. ADJANOHOUN 213
V
TABLEAU
Les quelques grands lacs, h l’Ouest du canal de Vridi, les lacs Lallié, Bakié, le plus grand atteint 8 km
de long et àl’Ouest de Grand Bassam, les lagunes Kodioboué, Hébé, ... recèlent une très belle flore d’hydro-
d e s Cyperzrs articiilatus,.. .
phytes : Njvnphaea spp., Nepturiia olesacea, N ~ ~ n ~ p h o iindica,
Les forêts marécageuses occupent sur le cordon lagunaire les sols hydromorphes des dépressions
qui se présentent sous la forme de longues bandes étroites parallèles au rivage. Elles ne sont pas différentes
des forêts marécageuses h Syniphonia globidifera et Mitragyiia ciliata de l’intérieur du pays que nous avons
traitées en détail dans le secteur ombrophile. Signalons seulement l’abondance en bordure ou au milieu
de la savane de fourrés marécageux h ClappertoniaJicifolia et Sabicea afi.icatia abritant à Moossou et Grand
Lahou des petits peuplements de Sphagiiuni alhicans.
Le forêt littorale est, dans la majorité des cas, séparée des forêts sur terre ferme par une ligne de
marécages.
214 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
L’arrière mangrove s’enrichit en arbustes et lianes : Hibiscus tiliaceus, Annona glabra, Phoenix
reclinata, Calamis deerratw, Alchornea cordifolia. Ce fourré cède la place à la forêt marécageuse ou direc-
tement àla forêt de terre ferme.
IV. LE SECTEUR M O N T A G N A R D
A. GÉNÉRALITÉS
Suivant A. AUBRÉVILLE
(1949) et R. SCHNELL
(1952), nous avons fixé la limite inférieure de la forêt
à Parinari excelsa à la courbe de 1 O00 ni. I1 est bien évident que la limite n’est pas nette, les caractéristiques
écologiques dues à l’altitude variant progressivement. Dès 700 ou 800 mètres, la forêt acquiert des carac-
tères physionomiques et floristiques montagnards, pour, au-dessus de 1 000 m, arriver à sa plénitude. De
même, la flore montagnarde descend assez bas le long des ravins et des pentes encaissées, si bien que déjà à
basse altitude certains groupements spéciaux du massif des Dans ont un faciès montagnard.
C. L’OCCUPATION HUMAINE
Les villageois ne font pas de cultures au-dessus de 1 O@@ m, bien que les plus fortes pentes ne les
effrayent pas. Les groupements herbeux ne sont pas incendiés si ce n’est par hasard au passage de quelque
chasseur.
Le sommet du Mont Tonkoui comprend, outre des installations de communication à longue dis-
tance, une station agricole intéressante par les espèces qui y ont été introduites : quinquina (Cinchona
Iedgeriana, C. oficinalis et C. succirubra), théier (Tliea siriensis), pins (Pinlis sylvestris, P. patula, P. khasya),
Podocarpiis et Araucaria divers, rosiers, hortensias, cotoneasters, cyprès, vigne, choux, pomme de terre,
framboisiers, ...
a. Caractères écologiques
Cette forêt représente le climax sur les sols ferralitiques rajeunis et les randers tropicaux au-dessus
de 1 O00 m, sa présence est due aux caractéristiques spéciales du climat à cette altitude.
b. Physionomie
La strate supérieure de la forêt montagnarde est remarquablement homogène, constituée essentiel-
lement de Purinari excelsa. Elle se situe entre 25 et 35 m. I1 n’y a pas d’émergents. Les frondaisons disposées
selon des coupoles surbaissées, creuses, presque jointives, réservent un sous-bois dégagé, avec de très
nombreuses Acanthacées, Fougères, Nervilia,... I1 y a peu de lianes dans ces forêts, aucune n’en semble
être caractéristique, si ce n’est Popowia nimbanu.
Les branches des arbres sont entourées de manchons d’épiphytes, leurs troncs ceinturés par des
figuiers étrangleurs ou les très abondants Schefjera barteri.
Les mousses, hépatiques et lichens sont abondants sur les affleurements rocheux et les arbres qu’ils
tapissent d’un mince revêtement presque toujours gorgé d’eau et propices à l’installation de minuscules
épiphytes ou rupicoles : Utricularia spp., Disperis togoensis,...
Les Ptéridophytes sont également nombreux tant sur les arbres que sur le sol. Plusieurs sont carac-
téristiques, en particulier Cyafhea inanniana, grande fougère arborescente des ravins ensoleillés, Asplenium
dregeanuin, Tectariafernandensis, T.puberula, Elaphoglossuin spp., Polypodiirm spp.,...
216 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
c. Composition floristique
d. Reconstitution
Nous avons dit qu’au-dessus de 1 O00 m, l‘activité humaine était inexistante, sauf au sommet du
Mont Tonkoui où il existe plusieurs installations permanentes. Nous ne connaissons donc pas d’exemple
de forêt en voie de reconstitution seulement des groupements rudéraux et brousses herbacées ou arbustives.
Les herbes dominantes sont Setaria chevalieri et Pteriditrin aquilinum. L’originalité est apportée par
des représentants de groupes répandus dans les régions tempérées et inexistantes en plaine : Dryniaria
cordata (Caryophyllacées), Rubus pinnatus, Rubus fellatae (Rosacées), Oxalis colniculata (Oxalidacées)
espèce rare en plaine vers Daloa et Néromer, Clematis spp. (Ranunculacées) mentionnée aussi du sud-ouest
de la Côte d’Ivoire ; Harimgana madagascariensis et Trenia guineensis jouent le rôle essentiel et dominent
largement dans les fourrés secondaires. Thiinbergia chrysops est très caractéristique. Enfin manquent des
espèces des niveaux inférieurs : AIchornea cordifolia, Paxicum maximum, Musanga cecropioides,...
a. Caractéristiques écologiques
Quand le sol s’amenuise (sols lithiques et randers tropicaux), dans les hauts de ravins, sur les pentes
fortes et certains pitons, la forêt haute à Parinari excelsa tend à disparaître progressivement pour laisser la
place à une végétation floristiquement et physionomiquement individualisée.
b. Physionomie
Ce sont des formations ne dépassant guère, à l’extrême, PIUS de 5 ou 6 m de petits arbres aux troncs
minces et contournés. Les lianes y sont presque inexistantes. La strate herbacée y est parfois assez abon-
dante. Les mousses et lichens recouvrent toutes les parties ligneuses et le sol d’un manteau continu. Les
J.-L. GUILLAUMET, - LA YÉGÉTATION
E. ADJANOHOUN 217
épiphytes sont plus dispersés que dans la forêt à Parinari excelsa, mais descendent jusqu’au sol. Diverses
espèces d’ Usnea pendent en grandes draperies.
c. Composition floristique
Le nombre d’espèces est assez faible, niais il y a localement dominance de certaines d’entre elles :
Linociera africana, Memecylon fasciculare, Ochna nienibranacea, Olea hochstetteri, Bysocarpits coccineus, .. .
Beaucoup viennent du sous-bois de la forêt à Parinari excelsa ; certaines sont de vraies montagnardes
(Olea hochstetteri, Ochna niembranacea) ; d’autres doivent plutôt être considérées comme des saxicoles
qui s’avancent en bordure des granites (rocher du Sacrifice au Mont Tonkoui)
(HZ’nieiio~vctioiiJribiiI~diiI~i~
couverts d’Eriospora pilosa.
Nous avons conservé pour nommer ce type de végétation les deux espèces utilisées par R. SCHNELL
(1952) dans son association arborescente xérophile : Meniec~~leto-Eugeiiietitriz
leonensis des crêtes N.E. du
Nimba.
1. LA PRAIRIE ALTIMONTAINE
a. Caractéristiques écologiques
En Côte d’Ivoire, on ne trouve de prairie altimontaine que sur le massif du Nimba dont les sols
soumis ti une érosion intense sont très peu épais : sol peu différencié réduit à quelques centimètres sur cui-
rasse ou sol lithique. Il faut voir dans cette prairie un climax édaphique de montagne et non une forme de
dégradation due ti l’homme.
b. Physionoinie
C’est un groupement exclusivement composé d’espèces herbacées d’un mètre de haut environ.
Quelques petits arbres peuvent y pénétrer en bordure des forets basses.
c. Composition floristique
R. SCHNELL (1952) a fait de cette prairie pluqieurs associations dont la plus originale est 1’Eriosenzo-
Loztdetietuni kagerensis.
Si on considère l’ensemble de la flore prairiale d’altitude, 011 pourra considérer plusieurs Cléments :
- espèces à large amplitude indifférentes à l’altitude : Loudetia arzrndinacea ;
- espèces vicariaiites d’espèces planitiaires : Pliyllaiitlitis alpestris, Striga aeguinoctìalis, Vernonia
nimbaensis, ...
- montagnardes vraies : Euphorbia depaiprata, Thesiilin tenuissimiim, Drymaria cordata.
Notons la présence d’Osmiiiida regalis dans une dépression humide en bordure de forêt basse.
Sur tous les sommets du massif des Dans, l’érosion a dénudé de larges surfaces du socle granitique
et niigmatitique. Ces rochers ont une telle importance qu’on doit considérer leur végétation comme une des
21 8 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
formations principales du secteur montagnard, équivalente sur ce substrat à la prairie altimontaine sur
schistes du Nimba.
a. Caractéristiques écologiques
Ce sont les mêmes que pour les rochers découverts de plaine, mais profondément modifiées par la
présence de brouillard et d’humidité sur une très longue partie de l’année. Cependant, bien que courte, la
saison sèche est nkanmoins bien marquée.
b. Physionomie
La physionomie rappelle beaucoup celle des rochers découverts de basse et moyenne altitude avec
cependant une grande abondance de lichens, Parmelia et Cladonia spp., Usnea spp. entre les touffes de
plantes supérieures et sur les pentes fortes.
c. Composition floristique
La flore identique dans son ensemble à celle des autres rochers guinéens, possède plusieurs monta-
gnardes lui conférant une originalité certaine : Dissotisjacqiresii, Polystachya reflexa,...
Eriosporapilosa est la plante dominante et caractéristique ; elle abrite entre ses touffes toute une vé-
gétation minuscule très hygrophile, de diverses espèces d’ Utricularia, Xjjris, Eriocaulon, Burmannia, ...
Nous considérerons seulement les groupements épiphytiques, de rochers et ravins ombragés et ceux
de lisières.
1. CARACTÉRISTIQUES
ECOLOGIQUES
Tous ces groupements sont conditionnés par les mêmes facteurs écologiques généraux qu’aux
altitudes inférieures, l’humidité et les brouillards favorisant encore les épiphytes et rupicoles.
2. LES ÉPIPHYTES
Nous avons déjà parlé à propos des forêts de montagne de la répartition des épiphytes. Grâce à
l’humidité ambiante les épiphytes poussent indifféremment sur les arbres ou sur les rochers et des plantes
normalement terrestres germent et poussent sur les troncs : au Mont Momy, sur un petit Parinari excelsa
des touffes d’Eriospora pilosa, Acidanthera aeguinoctialis, Mesanthemum jaegeri, ... ; au Mont Tonkoui,
Hymenodjlction floribundum sur Parinari aussi.
Nombreux en individus et en espèces, les épiphytes appartiennent aux familles suivantes : Aracées,
Orchidées parmi les Monocotylédones, Araliacées, Bégoniacées, Cactacées, Lentibulariacées, Mélasto-
matacées, Moracées, Urticacées pour les Dicotylédones, et un grand nombre de Ptéridophytes. Un certain
nombre d’espèces ne sont connues que de ce secteur ou rares ailleurs : Lycopodium warneckei, Scliefflera
barterì, Reinusatia oiuipara, Dorstenia astyanac 2 is, Preussklla chevalieri, Medinilla mannii, Begonia spp., ...
Les ravins, les amas de rochers sont évidemment nombreux dans les régions de montagnes au-dessus
et au-dessous de 1 O00 m. I1 est difficile de dire la part de 1’élément montagnard et celle de l’élément commun
J.-L. GUILLAUMET,
E. ADJANOHOUNLA VÉGÉTATION- 219
à toutes ces stations. Reniarquons cependant que dans le massif des Dans on trouve plusieurs plantes
inconnues à ce jour des ravins de basse altitude de Grabo, nombreux pourtant et recélant quelques endé-
miques. Nous citerons Cyatliea inanniana qui, bien que descendant à 500 ou 600 m, montre ses plus beaux
peuplements au-dessus de 1 O00 m dans le massif du Tonkoui, puis Argostenznza pinniluni, Antrophyurn
mannianunz, tous les deux fréquents en forêt de Tiapleu à basse altitude, niais remontant aussi le mont
Momi.
TABLEAU
VI
D ~ E R M I N I SÉCOLOGIQUE
ME ET DYNAMISME DES GROUPEMENTS D U SECTEUR MONTAGNARD
(évolution progressive +=, dégradation +l.
LE DOMAINE SOUDANAIS
I. GÉNÉRALITÉS
La zone soudanaise en Côte d’Ivoire septentrionale se subdivise en deux secteurs : le secteur sub-
soudanais le plus important, qui s’étend de la limite nord de la zone guinéenne aux frontières du Mali et
de la Haute Volta ; le secteur présumé soudanais n’entame que peu cette zone subsoudanaise à l’extrême
nord du pays, suivant une ligne Férédougou (au nord d’odienné), Ferkessédougou, Nassian (au sud de la
réserve de Bouna), Farako.
Le secteur subsoudanais est soumis au climat tropical subhumide (subsoudanien de transition). Le
déficit hydrique annuel cumulé varie entre 700 et 800 mni et se fait sentir sur 7 (Odienné) à 8 mois (parties
centrale et orientale).
220 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
La pluviosité oscille entre 1 O00 et 1 600 mm. A peine supérieure à 1 100 mm dans une large zone
orientale entre Dabakala, Bondoukou, Bouna et Nassian, elle augmente au fur et à mesure que l’on va
vers l’ouest, jusqu’à dépasser 1 600 mm dans la région d’Odienné où les isohyètes se redressent et se rappro-
chent. L’influence du climat soudanien, de plus en plus marquée vers le nord, se traduit par un rappro-
chement des deux maximums pluviométriques et corrélativement la disparition progressive du minimum
intermédiaire, dont la valeur, toujours élevée ne permet plus, comme dans la zone guinéenne, l’installation
d’une véritable saison sèche. La courbe des précipitations tend vers un sommet ; le maximum est enregistré
en août. Les maximums et minimums de l’humidité relative sont respectivement supérieurs à 80 % et
compris entre 30 et 70 %.
Dans le secteur soudanais, le climat est tropical semi-aride (soudanien) ; l’unique saison sèche est
comparable à celle du secteur subsoudanais, mais le déficit hydrique annuel peut être supérieur à 900 mm.
De plus, l’harmattan, vent chaud et sec du nord-est, est responsable de la baisse brutale de l’humidité
relative au cours de la saison sèche ; les minimums sont inférieurs à 20 %, les maximums sont compris
entre 45 % et 75 %. Les caractéristiques de ce climat sont réalisées surtout au nord-est de la Côte d’Ivoire
(région de Bouna) où la pluviosité demeure suffisamment faible.
Les granites occupent la plus grande partie de la région nord. Ce sont principalement des granites
ébmnéens vrais ou granites baoulés, calcoalcalins, mais de très nombreux types peuvent être distingués ;
les granites concordants se distinguent par la présence de très nombreux filons de Pegmatites.
Les schistes sont représentés comme dans le reste de la Côte d’Ivoire par des bandes PIUS ou moins
larges et orientées SSO-NNE (Boundiali, Ferkessédougou, Haute Comoé) ou par des massifs plus compacts
(Bondoukou, Monts Bouroutou). L’ossature des collines est formée par des roches basiques.
La différence des modelés sur schistes et sur granites est très marquée dans le nord de la Côte
d’Ivoire, l’amplitude du modelé sur schistes est plus faible que sur granite, les pentes sont par contre plus
fortes ; les phénomènes d’induration plus fréquents sur schistes que sur granite se traduisent par la pré-
sence de cuirasses de plateaux et de replats (buttes témoins et bowals) et de cuirasse de bas de pente.
La pénéplaine est dominée soit par les collines au modelé accidenté issues de roches basiques soit
par des inselbergs granitiques (région de Madiani - Mankono - Séguela). Au pied de ces dômes se dévelop-
pent des glacis parfois très étendus.
Les sols ferrallitiques moyennement désaturés occupent la majeure partie du centre et du nord de la
Côte d’Ivoire. Le groupe des sols remaniés gravillonnaires est le plus fréquent, l’induration est impor-
tante, la dégradation due aux cultures se traduit par un enrichissement en Cléments grossiers et un appau-
vrissement en argile. Cependant de larges zones sont occupées par le groupe des sols typiques profonds
dont les caractères de fertilité élevés permettent la mise en culture intensive (Mankono - Madinani - Nassian-
Dabakala).
Les sols ferrugineux tropicaux dérivés de matériau ferrallitique sont de texture souvent sableuse ;ces
sols sont très sensibles à l’érosion et à l’induration. Ces sols sont localisés principalement dans le nord-est
de la Côte d’Ivoire (Kong - Dabakala - Bouna).
Les sols bruns eutrophes tropicaux sont assez fréquents dans les chaînes de collines de la Haute
Comoé.
Les sols indurés et les surfaces carapactes ou cuirassées sont assez nombreuses et caractérisent les
paysages du nord de la Côte d’Ivoire.
Les sols hydromorphes se rencontrent sur les alluvions des terrasses des fleuves et des bas-fonds. De
nombreux sols ferrugineux très sableux situés en pente inférieure subissent une hydromorphie importante
due aux fluctuations de la nappe phréatique.
J.-L.. GUILLAUMET, -
E. ADJANOHOUNLA VÉGÉTATION 22 1
La Côte d’Ivoire septentrionale est le domaine des forêts claires et des savanes qui en dérivent.
Comme dans la zone des savanes guinéennes préforestières existent des forêts-galeries et des îlots forestiers
denses d’un type plus sec. Ces formations ont été profondément modifiées pas l’homme qui continue à les
cultiver et à les brûler. A l’heure actuelle, les forêts claires typiques, en dehors des forêts classées et du Parc
national de Bouna, ne se trouvent que sporadiquement, par petits lanibeaux développés aux dépens de sites
particuliers montagneux ou chaotiques. Les secteurs les plus peuplés où l’action de l’homme est importante
sont Odienné (surtout vers le nord), Boundiali (nord et sud-est), Khorogo. Mises à part les cultures vivrières
dominées par celles des céréales comme le lid et le sorgho, c’est la culture du coton qui se développe de
plus en plus, un peu partout. Les villages sont installés sur les plateaux et sont généralement signalés par
des forêts plus ou moins denses dont le dessein est de les protéger contre les feux de brousse.
Une autre particularité de certains hameaux est leur environnement dominé pas des groupements
d’espèces utiles protégées, organisées en vergers ou en parcs ;il s’agit du karité (Butlrospeniiiiniparadoxunz
subsp. pai-kii) dont on consomme les fruits et dont on utilise la graine pour extraire le beurre de karité,
principale matière grasse du nord de la Côte d’Ivoire ; du néré (Parkiabiglobosa) dont les fruits sont mangés
et les graines, riches en aliments azotés, sont employées comme condiments (soumara) ; du baobab (Adan-
sorzia digitata) qui fournit ses feuilles et ses fruits (pain de singe) à l’homme. 11faut ajouter à ces plantes les
manguiers (Matisifera indica) qui fructifient abondamment dans le Nord.
Comme dans les savanes guinéennes, les défrichements et les feux pratiqués par l’homme abou-
tissent à un appauvrissement de la flore originelle et à un amoindrissement de la fertilité des sols. Le ternie
de cette action sera analysé dans le paragraphe Evolution et dynamisme D.
Comme nous l’avons déjà écrit, la Côte d’Ivoire septentrionale est le domaine des forêts claires et
des savanes qui en dérivent.
En Côte d’Ivoire, la limite méridionale de la formation ainsi définie correspond à la limite septen-
trionale des savanes guinéennes préforestières déjà déterminée. I1 ne s’agit pas d’une ligne nette et bien
tranchée, mais d’une véritable zone parfois difficile à définir, altérée par l’action humaine ou le passage
individuel des espèces de forêt claire dans la zone guinéenne. Au nord de cette limite, toute savane inté-
gralement protégée devient une forêt claire typique : au sud de cette limite, toute savane protégée de la même
façon devient une dorêt dense de type senii-décidu. Cette limite est une limite climatique qui sépare le
groupe climatique II (forêts claires et savanes soudaniennes) et le groupe climatique III (forêts denses
semi-décidues et savanes guinéennes) (G. MANGENOT, 1951). La limite ainsi définie correspond à la limite
méridionale des forêts claires et savanes subsoudanaises. Nous devrions de la même façon décrire la limite
septentrionale de celles-ci, correspondant à la limite méridionale des forêts claires et savanes soudanaises. I1
s’agit d’un passage entre deux formations très comparables physionomiquement ; cette limite peu tranchée
est moins évidente et se caractérise essentiellement par la limite sud de certaines espèces strictement souda-
niennes (carte 6). De sorte que nous avons traité ensemble des secteurs sub-soudanais et soudanais. Le
premier étant caractérisé, outre sa flore plus pauvre que le second, par la forêt dense sèche.
Ces îlots forestiers denses d’un type particulier ou forêts sèches denses d’A. AUBRPVILLE (1959) se
rencontrent çà et là dans l’ensemble de l’aire couverte par les forêts claires. Ils ne sont jamais très étendus
et sont surtout localisés sur les plateaux, à proximité des villages dont ils indiquent souvent l’emplacement.
Existent également des forêts-galeries dont les espèces sont exclusives ou affines de celles des îlots forestiers,
mais dont l’importance diminue sensiblement vers le Nord. A la faveur d’une exposition plus favorable.
certains îlots forestiers rejoignent les galeries forestières.
222 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
Le sous-bois herbacé héliophile des forêts claires et la saison sèche de longue durée favorisent les
feux de brousse qui finissent par éliminer les plantes ligneuses OLI herbacées les moins résistantes. I1 existe
donc tous les termes de passage entre les forêts claires typiques et les savanes herbeuses édaphiques ou
anthropiques, à savoir les savanes boisées, les savanes arborées et les savanes arbustives.
Nous avons d’abord traité des forêts claires, des savanes, puis des boisements denses, peu impor-
tants dans le paysage, enfin des groupements accessoires. Nous avons porté l’accent sur leur originalité
par rapport aux unités végétales du domaine guinéen, déjà traitées, sans insister sur tout ce qu’ils possèdent
en commun.
A. PARTICULARITÉS DE LA FLORE
L’ensemble de la flore des forêts claires est caractérisé par la dominance des espèces des familles des
Légumineuses et des Graminées, de loin les plus nombreuses. Viennent ensuite les Cypéracées, les Rubiacées
et les Composées. Les affinités biogéographiques, indiquent un très fort pourcentage des espèces soudano-
zambéziennes (77 %) et un assez fort pourcentage des espèces plurirégionales (1 8 2) ; la flore comporte peu
d’espèces guinéo-congolaises (4 %). Ces considérations montrent que la majorité des plantes est liée B cette
formation régionale. Les affinités sont nombreuses entre les forêts claires et les autres régions de savanes en
Côte d’Ivoire. Sur le nombre total des espèces recensées dans l’aire des forêts claires, 26,5 % y sont stricte-
ment localisées ; 45,2 % pénètrent dans les savanes guinéennes préforestières ; 14,4 % pénètrent dans les
forêts denses humides ; 7,3 % pénètrent dans les savanes incluses prélagunaires ; 6,3 % pénètrent dans les
savanes littorales.
1. Caractéristiques écologiques
Les forêts claires représentent une formation climatique. Leur distribution varie suivant les pro-
priétés physiques des différents sols qui les portent. Les plus belles sont situées sur des sols ferralitiques
drainés profonds et de texture assez fine, typiques sur granites et remaniés-modaux sur schistes.
2. Physionomie
En Côte d’Ivoire, le terme de forêt claire est essentiellement appliqué B la formation à deux strates,
l’une arborescente à petits arbres de 8 à 15 m, rarement plus hauts, à cimes plus ou moins jointives et aux
feuilles relativement petites et dures, l’autre herbacée comportant surtout de hautes Graminées à touffes
plus ou moins contiguës, en mélange ou non avec des géophytes ou des suffrutex. Ce type de forêt claire est
le plus répandu ; il est le mieux conservé dans les régions montagneuses impropres à la culture (Mankono,
sites de Kouroukourounga, Touba, Niangbo, ...), dans la réserve de Bouna ou certaines forêts classées
(Pallakas près de Ferkessédougou, Ponondougou près de Boundiali, Dienguélé près d’Odienné...). I1 est
donc caractérisé par un cortège d’espèces ligneuses et herbacées. A titre indicatif, une récente étude sur
l’inventaire floristique des forêts claires subsoudanaises et soudanaises en Côte d’Ivoire septentrionale par
E. ADJANOHOUN et L. AKÉ ASSI(1967) a montré la dominance des thérophytes (49,2 %) ;viennent ensuite
les phanérophytes (29,2 %) comportant les microphanérophytes (1 3 %), les nanophanérophytes (6,5 %), les
lianes ligneuses (5,6 y<), les mésophanérophytes (3,7 %) et les mégaphanérophytes (0,4 %); puis, les
cryptophytes (16,2 7;) avec les géophytes (9,5 %) et les hydrophytes (6,7 %) ; le pourcentage des hémi-
cryptophytes est relativement faible (0,6 %) et les épiphytes (0,4 %) sont pratiquement nuls.
3. Composition floristique
Les espèces les plus répandues représentatives de la strate ligneuse sont : Isoberlinia doka, Uapaca
togoensis, Daniellia olioeri, Terminalia glaircesceris, Cussonia barteri, Vitex doniana, Crossopteryx febrifuga,
J.-L. GUILLAUMET, - LA VÉGÉTATION
E. ADJANOHOUN 223
Y Gagnoa
ABIDJAN / +
4. Evolution et dynamisme
Dans toute la zone subsoudanaise et soudanaise étudiée, les savanes sur sol drainé sont souvent
d’origine secondaire ; les plus dégradées sont remarquables par l’abondance de l’Ii?lperara cylindrica.
Mais cette Graminée, laissée à elle-méme sans possibilité de rebouturage, ni de feu, ni de coupe, ni d’aucune
action qui la régénère se détruit progressivement et le groupement qu’elle forme devient fbgace. A sa place,
s’installe une végétation ligneuse qui évolue vers le climax. L’expérience montre à Pallakas (près de Ferkés-
sédougou) où l’action des feux précoces et tardifs a été étudiée, que les feux précoces n’empêchent pas la
reforestation de la savane, mais mieux encore, que la protection intégrale de la savane contre tout feu
aboutit à la reconstitution d’une forêt claire typique.
c. LES SAVANES
Les mêmes types écologiques de savanes se retrouvent dans le nord, à savoir les savanes drainées
et les savanes marécageuses.
Les groupements végétaux qui les constituent sont pour la plupart analogues à ceux observés dans
les savanes guinéennes. La différence essentielle réside dans la richesse floristique des savanes subsouda-
naises et soudanaises.
1. Physionomie
Sur les sols drainés, la savane, suivant l’importance ou l’absence du peuplement forestier, prend
le nom de : savane boisée, savane arborée, savane arbustive, savane herbeuse. Ces différents types, à
l’exception de la savane boisée, elle-même très voisine de la savane arborée, ont été étudiées dans la zone
guinéenne préforestière. Les strates sont floristiquement plus variées ou plus riches, mais elles gardent
la même physionomie. Noter ici l’absence de savanes à rôniers dans l’aire des climats tropicaux subhumide
ou semi-aride de la Côte d’Ivoïre septentrionale ; on ne voit jamais de rôniers spontanés sur les sols drainés ;
les plus nordiques se trouvent dans les galeries forestières profitant d’un micro-climat plus humide, per-
mettant encore leur développement. I1 en est de même pour le groupement à Pennisetum purpureum.
Les divers types de savanes marécageuses, sont également physionomiquement comparables.
2. Composition floristique
Le groupement à Panicum phragmitoides, le plus développé des savanes guinéennes, déborde large-
ment le cadre de celles-ci et constitue l’unique groupement caractéristique de l’ensemble des savanes
J.-L. GUILLAUMET, - LAVÉGÉTATION
E. ADJANOHOUN 225
drainées sous climax de forêt claire. Ce groupement s’enrichit en espèces herbacées héliophiles dont cer-
taines sont localisées, suivant que l’on s’élève en latitude. Les plus caractéristiques sont: Elionuriis euchaetus,
Cteniuni canescens, Cymbopogon proxiinus, Setaria spliacelata, Andropogorz ivorensis, Avistida IongiJora,
Cteniiini elegans, Elionurus pobeguiiiii, Hyparrhenia gracilescens, Loudetia superba, Urelytruni aiiniiim,
U. muricatirin, Cyperus margaritaceus var. pseudonivea, ...
Pour les espèces ligneuses, à part les plus communes, s’ajoutent certaines de ceux déjà cités au
chapitre des forêts claires.
Les mêmes groupements s’observent avec de nouvelles acquisitions dans les savanes marécageuses,
les mares et les formations saxicoles.
- au groupement à Loudetia phragniitoides, sur sol sableux hydromorphe, il faut ajouter : Hq’gro-
phila brevituba, Sebaea purnila, Hydrolea nzacrosepala, Hyptis lanceolata, Jussiaea spp., BacopaJEoribunda,
B. hamiltoniana, Craterostignza schweiifurthii, Striga linearifolia, Torenia tliouarsii, Crinuni hurnile, Cyperus
nuerensis, Lipocarpha spp., Andropogon tenuiberbis, Phragmites vulgaris, Bracliycorythis sudanica, Liparis
rifina, Habenaria cornuta, Platycoryne paludosa, ...
- au groupement à Vetiveria nigritana sur sols hydromorphes des terrasses alluviales, il faut
ajouter : Kosteletzkya buettneri, Mitragyna inerinis, Tracliypogon spicatus, Vetiveria fiilvibarbis, ...
3. Evolution et dynamisme
Le groupement à Panicum phragniitoides sur sol drainé comportant tous les types physiononiiques
de savanes, sous protection intégrale évoluera à la longue vers la forêt claire. Quant aux autres groupements
dont certains sont strictement édaphiques, ils semblent être en équilibre plus ou moins stable avec le climat
et les feux de brousse ; leur évolution vers le climax, sous protection intégrale, n’est pas évidente.
D. LESBOISEMENTS DENSES
1. Caractéristiques écologiques
Les îlots forestiers sont particulièrement abondants et remontent assez haut à l’est de Dabakala
à la faveur des sols ferralitiques issus des schistes situés de part et d’autre de la Como& Ils occupent géné-
ralement une position de plateau, Contrairement aux forêts-galeries qui bordent les vallées et sont direc-
tement liées aux cours d’eau.
2. Physionomie
Elle diffère peu de celle des îlots forestiers de la zone préforestière des savanes guinéennes, surtout
lorsque ces îlots sont proches du 8” parallèle. Ils sont caractérisés par trois strates :
- une strate arborescente haute à grands arbres dont les cimes sont plus ou moins isolées, pouvant
atteindre 30 ni de haut ; les essences les plus constantes sont : Ceiba pentandra, Ariogeissus Ieiocarpus (I),
Cola cordijolia, An tiaris africana, Clzlorophora excelsa ;
(1) Anogeissus leiocarpus est fréquemment associé aux essences typiques de forêt claire, mais il estplus ou moins
sensible aux feux de brousse et n’atteint son optimum de croissance que dans les îlots forestiers protégks contre les feux ou
dans les galeries forestières.
226 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
- une strate arborescente moyenne avec des arbres de 8 à 15 m, à cimes plus ou moins jointives,
de composition floristique très variable, comportant quelques arbres des forêts claires typiques en mélange
avec quelques autres des forêts denses comme Blighia sapida, Sterculia tragacantha, Malacantha abiifolia,
Trichilia prieureana ;
- un sous-bois clair pratiquement dépourvu de Graminées savanicoles, caractérisé par des géo-
phytes des genres Anchomanes, Haemanthus, Stylochiton, Amorphophallus, Nervilia, Urginea, ou des nano-
phanérophytes comme Uvaria chamae, Cliaetacme aristata, Polysphaeria urbusc~da.Ces différentes sinusies
sont encombrées de lianes de dimensions modestes dont les plus répandues sont : Strophanthus spp., Dios-
corea spp., Lonchocurpiis cyanescens, Landolphia owariensis, Tliunbergia togoensis, Apodostigma pallens,
Eiitada walilbergii.
Les forêts-galeries sont de dimensions plus modestes vers le nord où elles sont parfois pratiquement
inexistantes. La distinction entre forêt riveraine et galerie forestière envisagée dans la zone des savanes
préforestières se justifie moins dans la zone subsoudanaise ou soudanaise oh de nombreuses espèces des
forêts denses humides semi-décidues ont été relayées par des espèces de forêt claire. Ces dernières se déve-
loppent dans les forêts-galeries avec un port nettement plus vigoureux que celles isolées en savane.
I1 n’y a pas de forêt marécageuse typique sous régime de forêt claire, mais certaines zones basses à
hydromorphie permanente de forêts-galeries portent une formation comparable très pauvre en espèces
groupant : Ficus congensis, Mitragyna stipiilosa, Calamirs deerratus, Raphia sudanica, Voacanga thoirarsii.
A ces stations sont parfois liées des mares permanentes.
3. Composition floristique
La plupart des espèces caractéristiques des îlots forestiers viennent d’être citées dans l’examen
des différentes strates de ceux-ci. Quant aux forêts-galeries, mises à part quelques ripicoles de la zone
guinéenne qui remontent assez haut, elles se singularisent par un certain nombre d’espèces particulières
parmi lesquelles nous citerons : Sorindeia juglandfolia, Suba thonipsonii, Pararistolochia goldieana,
Dregea abjmiiiica, Cordia guineensis, Crateva religiosa, Berlinia grand@ora, Parainacrolobium eoerulewn,
Connarus thonningii, Santaloides afzelii, Anthostema senegalense, Bridelia speciosa, Canscora decussata,
Canscora difiisa, Garcinia oualifolia, Mimosa pigra, Samanea dinklagei, Embelia djaloneiisis, Psophocarpiis
monopliylliw, Creniaspora trij?ora, Gardenia sokotensis, Mzissaenda arcuata, Thecorclzus waiiensis, Clero-
dendrum tliyrsoideum, Raphia sudanica.
4. Evolution et dynamisme
Les îlots forestiers souvent considérés comme climaciques, possèdent des affinités floristiques et
structurales avec les forêts-galeries environnantes mais à une échelle moindre avec les forêts claires typiques.
A l’heure actuelle, il ne semble pas que ces îlots forestiers soient en équilibre avec le climat ; leur répartition,
leur situation topographique, leur faible extension et leur petit nombre indiquent qu’ils sont plutôt éda-
phiques. Les galeries forestières ont disparu en maints endroits surtout vers l’extrême nord où de nom-
breux petits cours d’eau se tarissent durant la longue saison sèche et sont remplacés par plusieurs types
de savanes, suivant qu’il s’agisse de sol drainé ou hydromorphe.
Ici, comme en savane guinéenne, les épiphytes sont pratiquement absents. I1 n’y a plus de rochers
ni de talus ombragés. Par contre, les stations arides s’enrichissent.
- au groupement à Thalia welwitschii des mares, il faut ajouter : Hydrolea floribunda, Utricularia
reflexa, Lobelia djurensis, Nymphaea maculata, N. micrantha, N. rufescens, Polygonum limbatum, Spheno-
J.-L. GUILLAUMET, - LA VBGBTATION
E. ADJANOHOUN 227
clea zeylanica, Sagittaria guayaneiisis, Aponogeton vallisiierioides Eleocliaris dulcis, Rlyiichospora gra-
cillima, Echiiiochloa crus-pauoiiis, Oryza puiictata, OtteIia itlvfolia, Lemma pauciscostata, Eichornia natans,
Monockoria brevipetiolata,
- au groupement à Sporobohrs pectiiiellus et Cyanotis Ianata des bowals, il faut ajouter : Xysina-
lobiuin heudelotiaiiuin, Andropogon curvifoliiis, Dilieteropogoii ainplecteris var. cataiigeiisis, Paraliypar-
rheriia aniiua, ...
- au groupement à Eriospora pilosa des dômes granitiques, il faut ajouter : Melantlzera abyssiiiica,
Verrioniaposkeana var. elegaritissiiiia, Solenosternon rnonostacliyus subsp. lateriticola, Ficus lecardii, Crota-
laria ononoides, Indigofera deightoiiii, Erioseina pulcherririiurn, Mitnusops kuinmel, Bulbostylis andon-
gerisis var. glabra, Dioscorea abyssinica, Elymandra subulata, ...
- au groupement à Dopatriiun seilegalense et Marsilea polycarpa des micro-marécages de bowal,
il faut ajouter : Hydrolea glabra,
- au groupement à Isoetes iiigritiana et Ophioglossum goineziaiiuin des micro-marécages des dômes
granitiques, il faut ajouter : Djaloriiella yjwilostyla, Lobelia sapiriìì, Rotala stagiiina, Jussiaea 1iyssopifolia,
Rliynckospora eximia.
228 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
BIBLIOGRAPHIE
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2. BONVALLOT (J.), DUGERDIL (ïM.), DUVIARD (D.), 1970.- Recherches écologiques dans la savane de Lamto (Côte d’Ivoire) :
répartition de la végétation dans la savane pré-forestière. La Terre et la Vie, 1, pp. 3-31.
3. CACHAN (P.), 1967. - Etude des limites et des différents aspects du domaine de la forêt dense en Afrique de l’ouest. Bull.
Ec. Nation. SIV.agro. Nancy, 9, pp. 35-49.
-
4. LAMOTTE(M.), 1967. Recherches écologiques dans la savane de Lamto (Côte d’Ivoire) : présentation du milieu et du
programme de travail. La Terre et la Vie, 114, no 3, pp. 197-215.
5. LANZY(J.-P.), 1969. - Régression de la forêt dense en Côte d’Ivoire. Bois et Forêts des Tropiques, na 127, pp. 45-60.
-
6. MIEGE(J.), 1966. Observations sur les fluctuations des limites savanes - forêts en Basse Côte d‘Ivoire. Univ. Dakar,
Ann. Fac. Sc., 19, no 3, pp. 149-166.
7. MONNIER (Y.), 1968. - Les effets des feux de brousse sur une savane pré-forestière de Côte d’Ivoire. Etudes hrnéemzes
IX, 260 p.
8. ROLAND (J.-C.), 1967. - Recherches écologiques dans la savane de Lamto (Côte d’Ivoire) : données préliminaires sur le
cycle annuel de la végétation herbacée. La Terre et Ia Vie, 114, no 3, pp. 228-248.
9. SARLIN (P.), 1969. - Répartition des espèces forestières de la Côte d’Ivoire. Bois et For& des Tropiques,no 126, pp. 3-14.
10. DUGERDIL (M.), 1970. - Recherches sur le contact for&-savane en Côte d’Ivoire.
I. Quelques aspects de la vkgktation et de son évolution en savane préforestière. Candollea, 2511, pp. 11-19.
II. Note floristique sur des îlots de forêt semi-décidue. Candollea, 2512, pp. 235-243.
PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES
PLANCHES 235
PLANCHE I -
PLANCHE II
PLANCHE III
PLANCHE IV
PLANCHE V
PLANCHE VI
PLANCHE VI1
PLANCHE VI11
PLANCHE IX
PLANCHE X
I
PLANCHES 245
PLANCHE XI
PLANCHE XII
Photo 23. - Savane herbeuse, très faiblement buissonnante, sur dalle latéritique
et incluse dans la forêt. Entre Bouaflé et Angovia.
PLANCHES 247
PLANCHE XII1
PLANCHE XIV
Photo 26. - Savane arborée. Parc national de Bouna, entre Bama et la Comoé.
PLANCHE XV
Photo 29. - Forêt claire à Uacapa som& dominant. Entre Botro et Marabadiassa.
. +c ***- ”
**
9
250 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
PLANCHE XVI
PLANCHE XVII
Photo 31. - Forêt dense sèche à Anogeisszrs leiocarpus. Parc national de Bouna,
entre Bania et la Comoé.
Photo 32. - Terrasse humide le long des cours d’eau à Criizum glaucziin, Raphia
sudaiiica et Mitragyna stipidosa. Entre Bouna et Bondoukou.
252 . LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
PLANCHE XVIII
Photo 33. - Basse plaine alluviale à Vetivevia nigrifana. Rive de la Comoé à Séribou.
Photo 34. - Mare à Thnlia wehvitschii et galerie forestière. Entre Sifié et Touba.
INDEX
Abrus canescens Welw. ex Bak. Aningeria altissima (A. Chev.) Aubrév. et Pellegr.
Acacia albida Del. robusta (A. Chev.) Aubrév. et Pellegr.
dudgeoni Craib ex Holl. Aniseia martinicensis (Jacq.) Choisy
gourniaensis A. Chev. Annona arenaria Thonn.
pennata (Linn.) Willd. glabra Linn.
Acidanthera aequinoctialis (Herb.) Bak. senegalensis Pers.
Acridocarpus longifolius (G. Don) Hook. Anogeissus leiocarpus (DC.) Guill. et Perr.
smeathmannii (DC.) Guill. et Perr. Anopyxis klaineana (Pierre) Engl.
Acrostichum aureum Linn. Anthocleista spp.
Adansonia digitata Linn. nobilis G. Don.
Adhatoda maculata C.B. C1. procera Lepr. ex Bureau
robusta C.B. CI. vogelii Planch.
Adiantum vogelii Mett. Anthonotha fragrans (Bak.) Exell et Hillcoat
Afraegle paniculata (Schum. et Thonn.) Engl. Anthostema senegalense A. Juss.
Aframomum latifolium (Afzel.) K. Schuni. Antiaris africana Engl.
longiscapum (Hook. f.) K. Schum. welwitschii Engl.
Afrolicania elaeosperma Mildbr. Antidesma membranaceum Müll. Arg.
Afromorsia elata Harms Antrophyum mannianum Hook.
laxiflora (Benth. ex Bak.) Harms Anubias gigantea A. Chev.
Afzelia africana Sm. lanceolata N.E. Br.
bella Harms var. gracilior Keay Apodostigma pallens (Planch. ex Oliv.) R. Wilczek
Agave sp. Aponogeton vallisnerioides Bak.
Ageratum conyzoides Linn. Araucaria sp.
Albizia spp. Argemone mexicana Linn.
coriaria Welw. ex Oliv. Argostemma pumilum Benn.
Albuca sudanica A. Chev. Aristida longiflora Schum.
Alchornea cordifolia (Schum. et Thonn.) Müll. Arg. recta Franch.
Allophyllus spicatus (Poir.) Radlk. Artanema longifolium (Linn.) Vatke
Alloteropsis paniculata Stapf Ascolepis capensis Ridl.
Alstonia congensis Engl. Aspilia africana (Pers.) C.D. Adams
AIternanthera maritima (Mart.) St.-Hil. helianthoides (Schum. et Thonn.) Oliv.
repens (Linn.) Link. Asplenium spp.
Amaranthus spp. dregeanuin Kunze
Amorphophallus spp. variabile Hook.
Amphimas pterocarpoides Harms. Aubrevillea kerstingii (Harms) Pellegr.
Anacardium occidentale Linn. platycarpa Pellegr.
Anadelphia longifolia Stapf. Avicennia africana P. Beauv.
Anchomanes spp. Azolla africana Desv.
difformis (Bl.) Engl.
Ancistrocladus abbreviatus Airy Shaw Bacopa floribunda (R. Br.) Wettst
barteri Sc. Elliot hamiltoniana (Benth.) Wettst
Andropogon spp. Baphia nitida Lodd.
africanus Franch.
Beckeropsis uniseta (Nees) K. Schum.
auriculatus Stapf
curvifolius W.D. Clayton Begonia spp.
ivorensis Adjanohoun et Clayton Bequaertiodendron oblanceolatum ( S . Moore) Heine et
macrophyllus Stapf J.M. Hemsley
pseudapricus Stapf Berlinia spp.
tectorum Schum. grandiflora (Vahl) Hutch. et Dalz.
tenuiberbis Hack. Biophytum talbotii (Bak. f.) Hutch. et Dalz.
254 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
J. I
M . LI -c+
Z %+ 4. +*
+ f?".+z
+ + Z
++++
+
+
a++ +.i.
2
*Z
Bouna 2
+"*
7 Z
1 -I
Echelle
o 40 ao izo 160 200km
I I
100
:-X
ANNEXE 2
2. TABLEAU D'ASSEMBLAGE DES DOCUMENTS CARTOGRAPHIQUES UTILTSfiS.
II $ 1
t
i *+
2
18
i DALO
i
Echelle
O 40 EO 120 160 200kn
34
Echelle du 11500 O00
I. BOUGOUNI NC 29 N E 1963 III. ODIE"$ NC 29 SE 1956 V. ABIDJAN N D 30 SO 1965
II. BOBO-DIOULASSO N C 30 NO 1962 IV. KATIOLA NC 30 SO 1957
Echelle du 1/200 O00
14.
15.
16.
17.
18.
19.
20.
21.
22.
23,
24.
LES SOLS
Par
A. PERRAUD”
SOMMAIRE
INTRODUCTION ..................................................................... 269
.
i PÉDOGENÈSE .................................................................... 270
.
2 CLASSIFICATION ET DESCRIPTION DES PRINCIPALES UNITES SIMPLES . . . . . . . 279
2.1. L E S SOLS FERRALLITIQUES ............................................... 280
SOUS-CLASSES DES SOLS FORTEMENT ET MOYENNEMENT DÉSATURÉS ............... 280
2.1.1. LE GROUPE APPAUVRI ................................................................. 280
2.1.2. LE GROUPE REMANIÉ .................................................................. 283
2.1.3. LE GROUPE TYPIQUE ................................................................. 296
2.1.4. LE GROUPE RAJEUNI ................................................................... 300
SOUS-CLASSE DES SOLS FAIBLEMENT DÉSATURÉS ..................................... 303
2.2. L E S SOLS FERRUGINEUX ................................................. 304
2.3. LES SOLS BRUNS EUTROPHES DES P A Y S TROPICAUX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 306
2.4. L E S SOLS HYDROMORPHES ............................................. 310
2.4.1. LES SOLS HYDROMORPHES ORGANIQUES ET MOYENNEMENT ORGANIQUES ........................ 311
2.4.2. LESSOLS HYDROMORPHES PEU HUMIFÈRES ou MINÉRAUX ................................... 312
2.5. LES PSEUDOPODZOLS DE NAPPE ......................................... 317
2.6. LES SOLS PEU ÉVOLUÉS D’APPORT MARIN ............................... 318
.
3 RÉPARTITIONDES SOLS .......................................................... 318
3.1. PRINCIPES DE CARTOGRAPHIE-LÉGENDE ................................ 318
3.1.1. PRINCIPESDE CARTOGRAPHIE .......................................................... 318
3.1.2. LBGENDES .......................................................................... 319
3.1.3. REPRÉSENTATION CARTOGRAPHIQUE DES PRINCIPALES UNIT& ............................... 322
3.2. DESCRIPTION DES PRINCIPALES UNITÉS CARTOGRAPHIQUES .......... 323
3.3. RELATIONS - CLIMAT - VÉGÉTATION - SOL ............................... 372
......................................................................
3.3.1. AVANT-PROPOS 372
CLIMAT-SOL ...............................................................
3.3.2. RELATIONS 372
SOL-VÉG~ATION ...........................................................
3.3.3. RELATIONS 374
.
4 APTITUDES CULTURALES ET FORESTIERES DES SOLS DE LA COTE D’IVOIRE .. 379
4.1. Z O N E S FAVORABLES A LA MISE EN CULTURE ............................ 380
4.1.1. LAFERTILITÉ DES SOLS DE BASSECOTED’IVOIRE.......................................... 380
4.1.2. LA FERTILITB DES SOLS DE MOYENNE COTED’IVOIRE FORESTIÈRE ............................. 382
PRÉFORESTIÈRE .................................
4.1.3. LA FERTILITÉ DES SOLS DE LA COTED’IVOIRE 384
4.1.4. LAFERTILITÉ DES SOLS DE LA COTED’IVOIRESUBSOUDANAISE ............................... 385
4.1.5. LESSOLS HYDROMORPHES FAVORABLES A LA MISE EN CULTURE ............................... 386
4.1.6. LESSOLSPEU ÉVOLU~D’APPORT ........................................................ 387
4.2. Z O N E S DIFFICILES A METTRE E N CULTURE ............................... 387
4.2.1. ZONES AVEC DANGER D’ÉROSION IhlPORTANT .............................................. 387
4.2.2. ZONES AVEC DANGER D’INDURATION IMPORTANT .......................................... 388
4.2.3. ZONEDES SOLS TRÈS GRAVELEUX ET CAILLOUTEUX .......................................... 389
4.2.4. Z O N E DE SOLS HYDROMORPHES ET DE PSEUDOPODZOLS DE NAPPE ............................. 389
BIBLIOGRAPHIE ............................................................ 390
INTRO D UCTION
La carte pédologique 1/2 O00 O00 de la Côte d’Ivoire accompagnée d’une notice explicative, établie
par B. DABIN,N. LENEUF et G . h o u avait fait le point des connaissances sur les sols de la Côte d’Ivoire
en 1960. Elles utilisait la classification de G. AUBERTet Ph. DUCHAUFOUR de 1959.
Depuis cette date, de nombreux travaux de cartographie semi-détaillée (échelle à 1/50 000) et
détaillée (échelle 1/20 O00 - 1/10 000) ont été entrepris par les pédologues de la Section de Pédologie du
Centre ORSTOM d’Adiopodoumé, à la faveur de convention d’études. En particulier :
- Etude de la bande côtière du sud-ouest comprise entre Sassandra et San Pédro par A. PERRAUD
et P. de la SOUCH~RE(1962-64).
- Etude pour la reconversion des cultures de caféier. Carte pédologique à 1/800 O00 par B. DABIN
(1963).
- Etude de la région de Korhogo par J. MAYMARD et P. de la SOUCHÈRE (1964).
- Etude des différentes régions riveraines du Bandama par A. PERRAUD,J.-M. RIEFFEL,G.
RICHE(1965).
- Etude pédologique du Bassin sédimentaire de Côte d’Ivoire par E. ROOSEet M. CHEROUX
(1966).
- Etude pédologique dans la région de Ferkessedougou-Sogetha par P. JONGEN (1967).
La convention d’étude pour le Reboisement et la Protection des sols avait pour but de cartographier
500 O00 ha de sols de forêt répartis en douze zones dans la Côte d’Ivoire Forestière. La nouvelle classifi-
cation des sols ferrallitiques de G. AUBERTet P. SEGALEN (Cah. ORSTOM Vol. IV, no 4, 1966) a été
utilisée pour ce travail.
- De même, toutes les études citées plus haut ont été reprises dans l’optique de cette nouvelle
classification.
- Enfin toutes ces études ont été reliées par des cheminements SUI la majeure partie du réseau
routier de la Côte d’Ivoire qui est très dense. Ces cheminements ont permis de préciser les limites entre
les unités cartographiques déterminées par les études de cartographie détaillée.
- Ce travail n’a été possible qu’avec le concours de toute l’équipe de la section de pédologie du
Centre ORSTOM d’Adiopodoumé.
- Mes remerciements vont tout particulièrement à Monsieur G. AU~ERT qui m’a conseillé tout
au long de ce travail et à Monsieur N. LENEUF qui m’a initié à la pédologie en Côte d’Ivoire.
270 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
i. PÉDOGENÈSE
1.1. INFLUENCE
DES FACTEURS D ’ÉVOLUTION
MAJEURS : CLIMAT ET VÉGÉTATION
La diversité des Cléments du milieu est grande. Le climat varie du climat équatorial au climat tro-
pical humide à une seule saison des pluies ; la végétation passe de la forêt dense humide sempervirente à la
savane soudanaise ; les roches sont surtout plutoniques et métamorphiques, mais les roches volcaniques
et sédimentaires sont présentes ; le relief est celui d’une pénépplajne dont l’altitude varie de 400 m environ
au nord à 50-100 m au sud, entrecoupée de chaînes de collines orientées S-SW-N-NE, le massif de Man
est la seule région montagneuse dont certains sommets dépassent 1 O00 m.
Les facteurs d’évolution majeurs - climat et zGgge‘fation-permettent de délimiter plusieurs grandes
régions naturelles.
La pluviométrie annuelle, la durée de la saison sèche et la présence d’une ou deux saisons des pluies
sont les principaux facteurs climatiques qui, associés aux types de forêt dense (humide, semi-décidue,
sèche) et de savanes, permettent de distinguer les grandes régions suivantes :
- La Basse Côte d’Ivoire forestière occupe les massifs forestiers du sud et du sud-ouest auxquels
se rattache le massif montagneux de Man. Elle est limitée au nord par la ligne Bianouan-Agboville-Guitry-
Soubré-Duékoué qui remonte le long du Sassandra jusqu’au niveau du massif de Man. Cette région est
couverte d’une forêt dense humide sempervirente, dont le climat se caractérise par une pluviométrie supé-
rieure à 1 600 m et par l’alternance de deux saisons des pluies et de deux saisons sèches dont la plus longue
a un déficit hydrique cumulé inférieur à 250 mm réparti sur trois à quatre mois (décembre à mars).
- La Moyenne Côte d’Ivoire forestière, située au nord de la Basse Côte, est limitée au nord par
les deux branches du (( V Baoulé D, à l’ouest par le Sassandra et à l’est par la frontière du Ghana. La
limite est plus diffuse dans la branche ouest du (( V D que dans la branche est et nord-est.
Cette région est couverte d’une forêt dense semi-décidue, dont le climat se caractérise par une pluvio-
métrie comprise entre 1 200 et 1 600 mm et par l’alternance de deux saisons des pluies et de deux saisons
sèches dont la plus longue a un déficit hydrique cumulé compris entre 250 et 500 mm réparti sur 4 à 5 mois
(novembre à mars).
- La Côte d’Ivoire Préforestière occupe d’une part le ({ V Baoulé D et d’autre part une bande
centrale située au-dessus de la forêt mésophile et limitée au nord par la ligne Nassian-Kani.
Des blocs et des îlots de forêt dense humide mésophile et de forêt dense sèche sont inclus dans une
savane plus ou moins boisée appartenant aux savanes guinéennes et subsoudaniennes.
Le climat se caractérise par une pluviométrie annuelle assez faible qui varie de I 100 à 1 400 mm
et surtout par l’alternance de deux saisons des pluies et de deux saisons sèches dont la plus longue a un
déficit hydrique cumulé compris entre 400 et 600 mm réparti sur 6 mois (novembre à avril).
- La région Nord de la Côte d’Ivoire, située au-dessus de la ligne Kani-Nassian est couverte d’une
savane de type subsoudanais où subsistent encore des îlots de forêt dense sèche et plus au nord et surtout
au nord-est par une savane de type soudanais dans lesquelles les savanes arbustives sont plus nombreuses.
Le climat se caractérise par l’existence d’une seule saison des pluies et d’une saison sèche unique
et très longue dont le déficit hydrique cumulé est compris entre 600 et 900 mm répartis sur 7 à 8 mois,
mais la pluviométrie annuelle est très variable et permet de subdiviser aisément trois secteurs : le secteur
d’Odienné avec 1 600 mm, le secteur de Korhogo avec 1 400 mm, et le secteur de Bouna avec 1 100 mm.
- LESSOLS
A. PERRAUD 27 1
1.2. PROCESSUS
D’I~OLUTION FERRALLITIQUE ET FERRUGINEUSE
Les climats et les types de végétations anciens ont permis au processus de ferrallitisation de se
développer avec une intensité plus ou moins forte sur l’ensemble du territoire de la Côte d’Ivoire.
- Le processus de ferrallitisation se caractérise par :
o Une altération complète des minéraux primaires (feldspath, micas, amphibole, pyroxène...)
avec possibilité de minéraux hérités (illite...) abondance de quartz résiduel ; élimination de la majeure
partie des bases alcalines et alcalino-terreuses, d’une grande partie de la silice.
La présence en abondance des produits de synthèse suivants :
o
- Silicates d’alumine 1 = 1 famille de la Kaolinite.
- Hydroxydes d’alumine -(gibbsite, rarement boehmite et produits amorphes).
- Hydroxydes et oxydes de Fer (goethite, hematite et produits amorphes).
Un profil A B C ou A(B) C comprend :
- L’horizon A oh la matière organique est bien évoluée et bien liée à la matière minérale.
- L’horizon B le plus souvent épais o Ù les minéraux primaires autres que les quartz sont rares
et où les minéraux secondaires sont essentiels.
- L’horizon C le plus souvent très épais mais variable en fonction de la roche mère est caractérisé
par des minéraux complètement altérés très friables.
o L’abondance de la pluie chaude détermine l’apparition des caractéristiques physicochimiques
suivantes :
- Une capacité d’échange faible due aux constituants kaoliniques et aux sesquioxydes.
- Une quantité de bases échangeables faible.
- Un pH acide.
- Un taux de saturation variable, généralenient faible, surtout dans l’horizon B.
Cette ferrallitisation s’est développée sous un paléo-climat comparable au climat actuel, mais dont
les variations étaient différentes.
Plusieurs cycles de climat tropical humide et de climat tropical sec se sont succédés avant l’avène-
ment du climat actuel. Le climat actuel conserve et continue le processus de ferrallitisation sur la majorité
du territoire mais les variations actuelles sont importantes : ainsi l’indice de drainage calculé d’HENIN-
AUBERTqui reflète surtout la pluviométrie annuelle puisque la température annuelle élevée, varie très
peu entre le nord et le sud de la Côte d’Ivoire ; il est supérieur à 750 mm pour la Basse Côte d’Ivoire
(P > 1 600 mn), voisin de 450 mm pour les régions de Moyenne Côte d’Ivoire et de Côte d’Ivoire préfo-
restière (P voisin de 1 400 inni) ; et inférieur à 300 min dans le nord-est (P < 1 200 mm) pour des sols
de perméabilité moyenne.
Le rapport moléculaire SiOJAl,O, qui rend compte de l’élimination de la silice et la présence
d’alumine est compris entre 1,7 - 1,9 dans la majorité des horizons B des sols de Côte d’Ivoire issus de
schistes ou de granite. Seules des conditions spéciales de drainage (relief important) et de roches riches en
minéraux ferromagnésiens abaissent le rapport jusqu’à des valeurs nettement inférieures à 1 (sols de la
région de Man et du sud-ouest).
Ce rapport devient supérieur à 2 dans le cas de sols très sableux, jeunes, issus d’une arène granitique
(sols ferrugineux tropicaux) ou dans le cas des sols issus de roches basiques (sols bruns eutrophes).
- Dans le nord-est et dans le couloir du Nzi une évolution de type ferrugineux se surimpose dans
le matériau ferrallitique initial, grâce :
272 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
o à la texture assez sableuse des matériaux ferrallitiques remaniés et appauvris en argile, issus et
dérivés de granite ;
au climat à une seule saison des pluies avec une plnviométrie annuelle voisine de 1 100 mm,
qui permet une individualisation et ensuite une induration actuelle des hydroxydes et oxydes de fer (for-
mation de concrétions et de carapaces) pendant la longue saison sèche.
o au modelé très peu ondulé qui se traduit par un mauvais drainage général.
o et enfin à la végétation constituée de savanes très peu boisées.
Cette évolution de type ferrugineux se traduit en particulier par la différenciation des horizons
supérieurs, un horizon de structure massive, d’aspect spongieux malgré sa texture sableuse (macroporosité
forte), se développe sous l’horizon humifère. Les phénomènes d’accumulation (taches et concrétions)
et d’induration des hydroxydes et oxydes de fer se développent dans l’horizon sous-jacent qui est fré-
quemment sur les sommets, l’horizon BC du sol ferrallitique tronqué ; ces phénomènes se confondent
sur les pentes moyennes et inférieures avec les phénomènes d’hydromorphie dus au mauvais drainage
général.
La désaturation du complexe abordant dans l’horizon B permet de distinguer les différentes sous-
classes des sols ferrallitiques.
Elle se caractérise par l’ensemble des trois valeurs :
S somme des bases échangeables
V taux de saturation
pH réaction physicochimique du sol.
- En Basse Côte d’Ivoire forestière et dans la région de Man :
S est inférieur à 1 mé
v - - 20 %
pH - - 5’5
Ces trois valeurs caractérisent Ia sous-classe des sols ferrallitiques fortement désaturés (dans l’hori-
zon B).
- En Moyenne Côte d’Ivoire forestière
S est compris entre 1 et 3 mé
v - - 20 et 50 76
PH - - 4’5 et 6
Ces trois valeurs caractérisent la sous-classe des sols ferrallitiques moyennement désaturés (dans
l’horizon B) mais certains sols peuvent déjà faire partie de la sous-classe faiblement désaturés.
- En Côte d’Ivoire Préforestière sous la ligne Nassian-Kani
S est compris entre 2 et 4-5 mé 7;
v - - 20 et 70 %
PH - - 5 et 6
- LESSOLS
A. PERRAUD 273
Ces trois chiffres caractérisent les sous-classes des sols ferrallitiques moyennement et faiblement
désaturés, les sols moyennement désaturés sont de beaucoup les plus fréquents.
- Dans le Nord de la Côte d’Ivoire, ces trois valeurs sont liées en partie aux variations de la pluvio-
métrie annuelle :
o Dans le secteur nord-ouest les sols sont fortement et moyennement désaturés.
o Dans le secteur centre-nord les sols sont moyennenient et faiblement désaturés.
o Dans le secteur nord-est les sols sont moyennement et parfois faiblement ou fortement désaturés.
- En conclusion, seuls les sols fortement désaturés sont étroitement liés aux conditions climatiques
(P > 1 600 mm et déficit hydrique cumulé faible) ; leur limite nord coïncide avec celle de la forêt dense
humide sempervirente. Cependant on retrouve des sols fortement désaturés plus au nord et en particulier
dans la région nord-ouest d’Odienné oÙ la pluviométrie annuelle est voisine de 1 600 mm.
Les autres sols fortement désaturés, issus principalement de schistes ( Agnibilékrou-Prikro et la
Hte-Comoé), témoignent de l’intensité très forte de la ferrallitisation des climats humides anciens.
Cette influence des paléoclimats explique l’hétérogénéité des résultats obtenus sur le complexe
absorbant des horizons B des sols de la Côte d’Ivoire, seul le climat actuellement pluvieux de la Basse
Côte, paraît suffisamment actif et lixiviant ; il permet de fixer une limite nette aux sols fortement désaturés.
Les désaturations des horizons humifères sous végétation naturelle vont nous permettre de préciser ces
limites.
En Basse Côte d’Ivoire forestière, l’horizon humifère des sols ferrallitiques possède des caracté-
ristiques physicochimiques dont les valeurs sont à peine supérieures à celles de l’horizon B malgré la pré-
sence de la magière organique. Le pH est même souvent plus acide en surface qu’en profondeur. La teneur
en matière organique est médiocre 2 à 3 %. Le rapport C/N est moyen compris entre 10 et 15, le rapport
AF/AH (acides fulviques - acides humiques) nettement supérieur à 1 et le pourcentage d’acides humiques
gris voisin de 30 % caractérisent un humus acide très pauvre en acides humiques polymérisés. Ces rapports
augmentent fortement en profondeur et subissent de fortes variations pendant l’année. L’épaisseur de
cet horizon est faible, de 3 à 5 cm, la structure grumeleuse peu développée est de cohésion faible. La tran-
sition avec les horizons sous-jacents non humifères est rapide : l’horizon de pénétration humifère est peu
épais (10 cm) et sa teneur en matière organique est déjà faible, de I à 1,2 %.
En Moyenne Côte d’Ivoire forestière, sous forêt semi-décidue, l’horizon humifère possède au con-
traire des caractéristiques physicochimiques nettement plus élevées que celles de l’horizon B.
Le pH est faiblement acide, le taux de saturation voisin de 60 %, atteint parfois 80 à 100 %, la
somme des bases échangeables est très variable et souvent élevée. La teneur en matière organique varie
entre 3 et 6 (valeur moyenne 4,5 %), le rapport C/N est faible, voisin de 10 et parfois inférieur à 10 :
le rapport AF/AH voisin de 1, et le pourcentage d’acides humiques gris voisins de 40 % caractérisent un
humus faiblement acide relativement riche en acides humiques polymerisés. Ces rapports varient assez
peu au cours de l’année.
L’épaisseur de cet horizon est faible (5 à 6 cm) mais l’horizon de pénétration humifère qui fait la
transition entre l’horizon de surface et l’horizon €3 est encore assez bien pourvu en matière organique
(1,5 à 2 %) ; la structure grumeleuse est le plus souvent bien développée et de cohésion moyenne.
En Côte d’Ivoire Préforestière, il faut distinguer les boisements denses et les savanes.
274 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
o Sous-forêt dense humide semi-décidue et sous forêt dense sèche, l’horizon humifère possède
des caractéristiques physicochimiques comparables ou légèrement supérieures à celles de la Moyenne
Côte d’Ivoire.
La teneur en matière organique est de 3 à 6 y<, le rapport C/N est faible à moyen compris entre 10
et 15, le rapport AF/AH nettement inférieur à 1 et le pourcentage d’acides humiques gris, supérieur à 50 %
caractérisent un humus faiblement acide, riche en acides humiques polymérisés. Ces rapports varient peu au
cours de l’année.
L’épaisseur de l’horizon est toujours faible (5 à 7 cm), la structure grumeleuse fine est très bien
développée, de coh6sion forte à I’état sec : l’horizon de pénétration humifère est bien différencié = la strut-
ture grumeleuse est plus grossière mais toujours bien développée et la teneur en matière organique est
x.
encore élevée, 2 à :1
o Sous savane, l’horizon humifère possède des caractères morphologiques différents de ceux des
horizons humifères de forêt : la couleur est plus grise que brune, la pénétration se fait beaucoup plus profon-
dément (30 cm environ) et plus progressivement, la structure grumeleuse assez peu développée est en partie
due à la texture souvent sableuse des horizons supérieurs.
La teneur en matière organique est médiocre, celle de l’azote est souvent faible ce qui donne un
rapport C/N assez élevé compris entre 15 et 25, le rapport AF/AH nettement inférieur à 1 en surface
augmente rapidement en profondeur : 1 à 2,5.
Dans le Nord de la Côte d’Ivoire : sous savane, les caractères de l’horizon humifère sont
semblables à ceux de la région précédente mais la pénétration de la matière organique en profondeur est
importante et bien visible dans les sols sableux du nord-est où une évolution de type ferrugineux se surim-
pose sur un matériau ferrallitique.
Développement du profil
En Basse Côte d’Ivoire, les sols sont caractérisés par une très grande épaisseur (de 10 à 40 m) et
par la présence d’un horizon d’argile tachetée épais (plusieurs mètres) qui traduit des conditions de drainage
médiocres et quelquefois imparfaites en profondeur. L’épaisseur du matériau originel est toujours très
importante.
En Moyenne Côte d’Ivoire, l’épaisseur des sols est beaucoup plus variable. Des fragments de maté-
riau originel reconnaissables apparaissent souvent à moins de 2 m de profondeur dans un horizon bariolé
qui se distingue de l’argile tachetée des sols de Basse Côte d’Ivoire par un meilleur drainage. Enfin, la durée
de la saison sèche se traduit par des phénomènes d’induration qui affectent les taches rouges (concrétions)
et les fragments de roche altérée (pseudoconcrétions) de l’horizon bariolé, une carapace peut alors se former.
En Côte d’Ivoire Préforestière, et au sud de la ligne Kani-Nassian l’horizon bariolé est assez souvent
induré en particulier dans le V baoulé. Dans la région de Séguéla et Nassian de nombreux inselbergs et
afleurements de granite réduisent l’épaisseur du sol, et l’induration en profondeur est plus rare.
Dans le Nord de la Côte d’Ivoire, le développement est toujours important et comparable à celui de
Moyenne Cóte d’Ivoire, mais l’horizon bariolé est plus proche de la surface, plus induré, et se transforme
souvent en carapace et en cuirasse : (saison sèche unique et longue).
Ce sont les buttes témoins en position de plateau et de sommet et les bowé en position de glacis et
de replat qui caractérisent le paysage du nord de la Côte d’Ivoire.
o De très nombreux affleurements et inselbergs de granite existant entre Odienné et Boundiali et
vers Korhogo, donnent des sols moins développés qui présentent des phénomènes d’induration faibles et
irréguliers.
- LESSOLS
A. PERRAUD 275
o Dans l’extrême nord et le nord-est sur granite, de vastes recouvrements sableux plus ou moins
épais reposent sur un horizon bariolé qui contient une fraction importante de matériau originel et même de
roche mère plus ou moins altérée en voie de carapacement et de cuirassement.
Le développement du sol devient faible (2 - 3 ni) sur les affleurements granitiques assez nombreux
(sol ferrugineux peu lessivé -jeune).
1.4. INFLUENCE
DES CONDITIONS LOCALES
L’effet des conditions locales, modelé et roche mère, qui détermine les différents processus évolutifs,
permet de différencier les sols au niveau du groupe, sous-groupe et famille.
Processus de remaniement
Un des caractères les plus remarquables et le plus souvent observé dans la majorité des sols ferral-
litiques de la Côte d’Ivoire est la présence d’un horizon riche en élénielits grossiers (débris de cuirasse,
gravillons ferrugineux, graviers et cailloux de quartz plus ou moins émoussés et ferruginisés).
L’épaisseur, la profondeur, la densité et la nature des éléments grossiers de cet horizon sont liées,
d’une part à la nature de la roche mère, d’autre part à la position topographique dans le modelé.
L’origine de cette nappe d’éléments grossiers peut être due, soit à des remaniements locaux et super-
ficiels (glissement lent, fauchage de filons de quartz, action de la faune, action de I’érosion superficielle,
chute des arbres...), soit à des remaniements de plus forte amplitude = déniantellement d’anciennes sur-
faces plus ou moins cuirassées et redistribution sur le nouveau modelé des éléments résiduels (horizons
supérieurs allochtones).
Suivant l’importance et la position dans le profil de cet horizon gravillonnaire et graveleux et la
présence d’un horizon de recouvrement également issu du remaniement, plusieurs sous-groupes et faciès
de sols remaniés sont définis.
Le premier sous-groupe de sols remaniés : reiilailié niodal est formé par les sols dont l’horizon riche
en éléments grossiers est proche de la surface. Cet horizon n’est recouvert que par un horizon humifère
peu épais dépourvu d’éléments grossiers. L’épaisseur de l’horizon gravillonnaire et graveleux est de
60-100 cm en moyenne, le passage aux horizons sous-jacents en place B2, B3 ou BC est progressif. Ces sols
sont développés sur un modelé ondulé ou peu ondulé (collines arrondies et subaplanies) qui représente la
majorité des formes de relief de la pénéplaine de la Côte d’Ivoire.
Un faciès particulier de ces sols remaniés : reiilailié inodal avec recouvrement est caractérisé par un
horizon riche en éléments grossiers (( enterré D. L’horizon gravillonnaire est recouvert SUT une épaisseur
variable (supérieure à 40 cm) d’un horizon dépourvu d’éléments grossiers et de texture comparable à celle
de l’horizon situé sous l’horizon gravillonnaire. Ce recouvrement paraît contemporain de la mise en place
des éléments grossiers. Ces sols sont développés sur un modelé peu ondulé ou plat, avec de larges plateaux
et des pentes longues, qui n’est représenté que dans certaines zones granitiques de la Moyenne Côte d’Ivoire
forestière.
Le deuxième sous-groupe des sols remaniés : rentanié collucionné est composé des sols situés en
pente inférieure, dans la partie concave du versant.
L’horizon riche en éléments grossiers est recouvert par un horizon de colluvions plus ou moins
appauvris en argile et de plus en plus épais à mesure que la pente diminue.
Ce colluvionnement est subactuel et paraît s’effectuer actuellement sous forêt dense.
D’autres sous-groupes sont définis par l’influence de processus secondaires :
Sous-groupe appuiruri : élimination de l’argile des horizons supérieurs sans qu’il y ait un horizon
d’accumulation net en profondeur. La texture doit être moins argileuse dans les 40 premiers centimètres,
276 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE.
l’indice d’appauvrissement en argile est compris entre 1/1,4 et 1/1,2. En effet, la plupart des sols ferral-
litiques de la Côte d’Ivoire sont appauvris en argile dans les 15 premiers centimètres.
Sous-groupe inché : durcissement et cristallisation des hydroxydes et oxydes de fer et d’aluminium
dans les taches rouille des horizons B et BC et prise en masse de ces horizons. Cette induration est notée
au niveau du sous-groupe si elle se manifeste à moins de 80 cm de profondeur.
Sous-groupe rojeuni : la troncature des profils due à l’érosion se traduit par la présence de la roche
mère à peu près en place et en voie d’altération entre 80 et 120 cm de profondeur.
Sous-groupe Iiydromorphe : présence d’un horizon de pseudogley à moins de 80 cm de profondeur.
Processus de rajeunissement
Le processus de rajeunissement affecte les sols des régions dont le modelé est accidenté : régions
montagneuses ou accidentées de Man, du sud-ouest, de Bongouanou-Daoukro, du bassin de La Bia et des
chaînes de collines du complexe volcanosédimentaire orientées S-SW/N-NE dont les principales sont la
chaîne d’Hiré-Fettekro, 13 chaîne de la Haute-Comoé, la chaîne de Boundiali. Le rajeunissement est dû
principalement à une érosion ancienne et actuelle très forte (troncature) qui maintient l’horizon d’alté-
ration plus ou moins proche de la surface malgré la forte intensité de cette altération ; cette érosion est
naturellement accompagnée de remaniements qui peuvent affecter des matériaux évolués ou en cours
d’évolution (sol pénévolué).
Ce processus est noté le plus souvent au niveau du sous-groupe des groupes remaniés ou typiques et
plus rarement au niveau du groupe (présence de la roche mère en place en voie d’altération avec de5 teneurs
en bases totales relativement importantes à moins de 80 cm de profondeur).
Dans les régions où le modelé est ondulé, la troncature des horizons supérieurs des profils se mani-
feste par la présence des horizons d’argile tachetée (Basse Côte d’Ivoire) ou d’horizons bariolés (Moyenne
Côte d’Ivoire) à faible profondeur. Si cette profondeur est inférieure à 50 cm, la troncature est notée au
niveau du faciès.
Processus d’appauvrissement
Le processus d’appauvrissement en argile, affecte très souvent les horizons superficiels des sols des
groupes typiques et remaniés, en particulier ceux issus de granites ; ce processus est le plus souvent noté
au niveau du sous-groupe : l’appauvrissement affecte les 40 premiers centimètres et le rapport de la teneur
moyenne en argile de cet horizon par rapport à l’horizon le plus riche en argile est au moins de 1/1,2.
L’appauvrissement en argile est cependant noté au niveau du groupe lorsque toujours, pour les
40 premiers centimètres, le rapport précédent est d’au moins 1/1,4, dans le cas des sols sableux à sablo-
argileux de pente inférieure et bas de pente issus de granite, l’hydromorphie de profondeur qui est générale
dans ces sols est notée au niveau du sous-groupe.
De même, les sols issus des sables néogènes du bassin sédimentaire de Côte d’Ivoire ont été classés
dans le groupe appauvri. Le processus d’appauvrissement est sensible dans ce cas sur plus de 40 cm.
Le groupe typique
Les sols appartiennent au groupe Typique lorsque le processus de ferrallitisation n’est modifié par
aucun processus secondaire important qui sert à caractériser les autres groupes. Le profil est formé de la
succession normale des horizons A.B.C. d’un sol (( en place D.
- LESSOLS
A. PERRAUD 277
Aux sous-groupes définis précédemment, s’ajoute le sous-groupe remanié : les sols typiques -
remaniés se caractérisent par un horizon assez riche en Cléments grossiers (composés le plus souvent de
graviers et de cailloux de quartz émoussés) proche de la surface, peu épais (voisin de 40 cm) et surtout
discontinu (sols faiblement remaniés).
Cet horizon n’affecte qu’une partie réduite du profil et ne le modifie pas d’une façon importante.
Ces sols ne se développent que dans certains cas particuliers de roche mère et de modelé en Basse
Côte et Moyenne Côte d’Ivoire forestière :
o Sols issus des granites intrusifs, des granodiorites en particulier dans le sud-est de la Côte d’Ivoire.
o Sol issus de granites et niigmatites à hypersthène des régions montagneuses ou accidentées de
Man et du sud-ouest de la Côte d’Ivoire.
o Sols issus des pitons ou collines sur roches basiques.
Les sols du groupe typique sont par contre beaucoup plus développés dans la Côte d’Ivoire préfo-
restière située au sud de la ligne Kani-Nassian, et en particulier dans les régions de NasFian, Dabakala et de
Séguéla-Mankono-Kani oh les affleurements de granite sont assez fréquents.
Les principaux sous-groupes représentés sont les sous-groupes modaux, appauvris et remaniés,
l’induration n’intervient que d’une manière irrégulière et assez peu importante.
La roche mère intervient au niveau de la famille niais elle a une influence indirecte importante à tous
les niveaux de la classification.
Sous l’influence du climat du nord-est de la Côte d’Ivoire et gr2ce à la texture assez sableuse du
matériau ferrallitique renianié issu de granites, l’évolution actuelle du sol est du type ferrugineux (niveau
de la classe).
Par sa composition chimique, elle influe sur la desaturation du complexe absorbant (niveau dela
sous-classe) en particulier dans le cas des sols faiblement désaturés qui existent par place. C’est le cas en
particulier de certains sols issus de roches basiques du complexe volcanosédimentaire et aussi de sols issus
de granites mésocrates.
Par sa dureté et sa résistance à l’altération elle influe sur le processus de rajeunissement (niveau du
groupe et sous-groupe) (granites et migmatites à hypersthène de Man et du Sud-Ouest).
Par sa richesse en sesquioxydes, elle influe sur le processus d’induration (niveau du sous-groupe).
Les phénomènes d’induration et les surfaces cuirassées (cuirasses anciennes, buttes témoins et bowe)
sont plus fréquents dans les sols issus de schistes et roches basiques que dans les sols issus de granite.
Enfin l’influence de la roche mère est très importante sur la diversité et la nature des sols rencontrés
dans les chaînes de sols.
Les principales roclies riières qui constituent le soubassement de la Côte d’Ivoire sont
Les granites
Les granites et les niigmatites occupent les 2/3 environ de la Côte d’Ivoire, Ils sont très variés et
souvent hétérogènes.
278 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
On distingue :
o Les granites éburnéens vrais ou granites (( Baoulé D. Ce sont des granites calcoalcalins de types
variés :granites à muscovite, granites à 2 micas, granites à amphibolite et biotite, granodiorites. Les granites
enrichis en minéraux ferromagnésiens ont une répartition aléatoire àl’intérieur des granites plus leucocrates.
o Les granites concordants se distinguent des granites éburnéens vrais par la présence de très
nombreux filons de Pegmatites.
o Les granites discordants, homogènes et non orientés donnent un matériau d’altération ou donii-
nent les sables grossiers (grains de quartz).
o Les granites à hypersthène du vieux socle ou charnockite de la province de Man, plus résistants
à l’altération sont souvent proches de la surface.
o Les migmatites du sud-ouest de la Côte d’Ivoire qui ne se distinguent pratiquement pas des
granites éburnéens comme roche mère sauf lorsqu’elles sont enrichies en hypersthène (Béréby), ou très
micassées (San Pédro).
Les roches métamorphiques schisteuses occupent le panneau sud-est et les parties centrales des
chaînes de collines des Intragéosynclinaux (en particulier ceux de la Bagoé - du Haut-Bandama - du Haut
Nzi - de la Haute Comoé-d’Oumé Fettekro - de Bondonkou - de Duékoué - de la Hana-Lobo-de San-
Pédro). Ce sont principalement des schistes arkosiques ou argileux, des arkoses et des quartzites qui
conservent encore une tendance schisteuse.
Les matériaux issus de l’altération sont souvent riches en graviers et cailloux de quartz. Les sols sont
riches en éléments fins argileux et la fraction sableuse est à dominance de sables fins.
Les a roches vertes )) comprennent des amphibolites et des schistes amphibolitiques dérivées de
diverses roches basiques, dolérites et gabbros. Résistantes à l’érosion, elles forment l’ossature des chaînes
de collines des intragéosynclinaux. L’altération de faible épaisseur, donne des éléments fins (texture
argileuse à argilo-limoneuse).
Les sables tertiaires plus ou moins argileux du bassin sédimentaire, sont des dépôts détritiques
sablo-argileux et sableux avec quelques lentilles argileuses et peu d’éléments grossiers. Les sables argileux
forment la plus grande partie des formations superficielles, la teneur en argile est le plus souvent inférieure
à 30 :d mais peut être dépassée.
Les formations ferrugineuses (cuirasses ou nappes de gravillons plus ou moins remaniées) sont
fréquentes 8. l’ouest d’Abidjan en bordure nord et sud. Des grès ferrugineux à grains de quartz anguleux
sont très localisés (carrières de Bingerville en particulier).
Les sables marins quaternaires et actuels constituent le cordon littoral. Ce cordon littoral plus OLI
moins développé (O, 1 à 8 km) est séparé des sables tertiaires par le système lagunaire ou s’y rattache par des
plaines marécageuses. Epais d’environ 60 m il se compose :
o d’une plage actuelle de sables roux
- LESSOLS
A. PERRAUD 279
d’une plage ancienne composée de plusieurs levées successives sur 500 à 1 O00 ni
de zones basses plus ou nioins marécageuses, parallèles à la côte et reliées ou non à la lagune
o de zones plus hautes (mais toujours inférieures à 20 m) formées de sables légèrement plus argileux,
brun jaune à ocre.
Les alluvions anciennes et récentes des fleuves et des grandes rivières sont caractérisées par leur
texture très variable, depuis des argiles plastiques compactes jusqu’à des sables grossiers graveleux.
Cependant les terrasses d’une extension suffisante présentent une sédimentation régulière et hoino-
gène. On peut même distinguer plusieurs niveaux de terrasses dans les plaines alluviales des grands fleuves.
A l’embouchure de certains fleuves ou rivières des accumulations importantes de matière organique se sont
produites.
La classe des sols la plus représentée est celle des sols ferrallitiques dont les différentes subdivisions
en sous-classes, groupes et sous-groupes ont été présentées dans le paragraphe précédent.
Morphologiquement, ces sols se caractérisent par la faible différenciation et par la consistance
friable de leurs horizons et par le très grand développement de l’ensemble du profil.
La classe des sols ferrugirieux se distingue par la différenciation morphologique des horizons supé-
rieurs, par leur structure massive à l’état sec et par la présence d’un horizon d’accumulation de profondeur
où peuvent s’indurer les taches de concentration des hydroxydes de fer.
Les autres classes de sols qui existent en Côte d’Ivoire sont beaucoup moins représentées et leur
présence est toujours liée à un facteur d’évolution bien particulier :
Dans la classe des sols à mull des pays tropicaux les sols bruas eufrophes sont liés à une roche mère
basique et à un modelé accidenté.
La classe des sols Iijidromorpkes est liée à l’effet d’un excès d’eau dû à un engorgement de surface ou
à la remontée d’une nappe phréatique dans les bas fonds et les plaines alluviales. Si l’hydromorphie ne se
manifeste qu’en profondeur ces sols sont classés parmi les sols peu évolués d’apport, sous groupe hydro-
morphe.
La classe des sols podzolisés est représeiitée par les pseudoyodzols de riappe développés sur les sables
quaternaires des cordons littoraux.
- La description des principales unités simples a pour but de fournir pour chaque unité :
- les principaux caractères morphologiques et analytiques des horizons de ces sols ; si l’unité est
importante une description complète d’un profil est jointe
- la répartition de ces sols
- les caractères de fertilité.
280 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
Les sous-classes fortement désaturées et moyennement désaturées sont représentées par de nom-
breuses unités simples qui couvrent la plus grande partie de la Côte d’Ivoire.
La sous-classe des sols faiblement désaturés correspond à certains sols issus de granites enrichis
(juxtaposés aux sols de la sous-classe moyennement désaturés dans le Centre de Ia Côte d’Ivoire) et aux sols
issus de roches basiques (juxtaposés aux sols bruns eutrophes et aux sols lithiques).
Chaque sous-classe est représentée par une couleur : rouge violacé, rouge et brun rouge pour les
sous-classes fortement, moyennement et faiblement désaturés en B.
Les mêmes unités simples se retrouvent dans les deux sous-classes. La désaturation de l’horizon B
permet de déterminer la sous-classe ; dans d’assez nombreux cas l’horizon B proprement dit (B2) est très
réduit, l’horizon gravillonnaire repose directement sur l’argile tachetée ou sur l’horizon bariolé ; la désa-
turation de la partie inférieure de l’horizon gravillonnaire sert alors pour déterminer Ia sous-classe.
Le passage de la sous-classe fortement désatmé à la sous-classemoyennement désaturé est progressif.
La désaturation de l’horizon humifère permet de mieux définir ce passage.
Les sols fortement désaturés possèdent un horizon humifère fortement désaturé dont le pH est
inférieur à celui de l’horizon de profondeur. Les sols moyennement désaturés possèdent un horizon humi-
fère moyennement ou faiblement désaturé dont le pH est supérieur à celui des horizons de profondeur.
Les sols qui font la transition possèdent un horizon humifère moyennement à faiblement désaturé, dont
le pH est plus élevé que celui des horizons de profondeur mais la désaturation de l’horizon B de profondeur
est encore forte. Cette transition est confirmée par l’existence de sols moyennement désaturés situés en
pente inférieure et associés aux sols fortement désaturés de pente supérieure et de sommets. Des bandes de
couleur alternées traduisent sur l’esquisse ce passage et l’existence de deux sous-classes dans le même com-
plexe de sols.
Dans chaque sous-classe, 4 groupes sont distingués : typique, appauvri, remanié et rajeuni.
Pour le dessin de la carte, chaque groupe est représenté par une trame différente dans la couleur de
la sous-classe.
Les sols du groupe appauvri se caractérisent par une texture sableuse à sablo-argileuse dans les
horizons supérieurs. La teneur en argile augmente avec la profondeur sans présenter un maximum qui
indiquerait un horizon d’accumulation. L’appauvrissement doit être sensible sur au moins 40 cm et le
gradient de la teneur en argile de cette couche 0-40 cm par rapport à celle de l’horizon le plus argileux
doit être au moins de 1/1,4.
-
Sols appauvris sous groupe modal
Les sols du bassin sédimentaire de la Côte d’Ivoire développ6s sur un recouvrement néogène cons-
titué de sables plus ou moins argileux sont classés dans ce groupe.
- LES SOLS
A. PERRAUD 28 1
Le sol appauvri sous-groupe modal est sableux à sablo-argileux en surface, la teneur en argile
atteint 20-30 vers 1 à 2 ni une légère hydroniorphie peut se produire à ce niveau si la teneur en argile
est plus élevée. Ces sols localisés sur les plateaux et les pentes faibles (inférieure à 3 :d) comprennent
deux séries : une série sa.bleuse et une série sablo-argileuse, ces deux séries ne sont pas séparées sur l’es-
quisse seul le sol appauvri sous-groupe modal est noté. Les sols de pente (pente forte) sont plus argileux
dans le haut de la pente et très sableux dans la pente inférieure (colluvionnement), ces sols ne sont pas
mentionnés sur l’esquisse.
Les caractères de fertilité de ces sols sont moyens, grâce li la profondeur du sol, bien que ses pro-
priétés physicochimiques soient très faibles dès que l’on descend en dessous des quelques centimètres de
l’horizon humifère.
Sol ferranitique fortement dCaturE. Appauvri-modal, sur sables tertiaires (continental terminal)
Sol brun beige sableux à jaune ocre sablo-argileux et argilo-sableux profoiid
Prélèvements : Banco 1 : O- 4 c m
- 2 : 10- 20cm
- 3 : 60- 70 cm
- 4 : 140-160 cm
- 5 : 240-260 cm
- 6 : 340-360 cni
Vers l’ouest les plateaux sont plus dissequés et des niveaux de gravillons, de fragments de cuirasse
et de grès ferrugineux sont fréquents, ces sols gravillonnaires ont été cartographiés et sont classés en sols
appauvris sous-groupe renianib. La proximité de ces niveaux graveleux diminuent considérablement les
caractères de fertilité de ces sols.
A l’ouest de Sassandra quelques plateaux très dissequés dominent le paysage en bordure de la mer.
Une cuirasse ferrugineuse à moyenne puis A très faible profondeur a protégé ces plateaux contre I’érosion :
ces plateaux se trouvent au-dessus du niveau des collines issus de migmatite ou de schistes. Ces sols sont
cartographiés et classés en sols appauvris sous-groupe iiidiiré avec cuirasse.
282 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D'IVOIRE
FICHE ANALYTIQUE
.
Profil Banco . Echantillons 1 2 3 4 5 6
Granulométrie IO-%
Refus "i,
Argile ...................................... 10.O 12.6 18.8 21. 5 36. 6 36. 2
Limon fìn 2-20 p ............................. 2. 6 23 2. 6 3. 9 3.4 393
Limon grossier 20-50 p ....................... 3. 2 227 2. 4 3. 6 3. 1 2. 7
Sable fin 50-200 p ............................ 37. 2 23. 8 16.5 24. 1 17.O 18.7
Sable grossier ................................ 43. 1 57. 9 59. 6 46. 7 39. 7 39.O
Matière organique
Matière organique ....... ..................... 65. 5 13.4 6. 57 3. 67
Carbone .................................... 38. O 7. 80 3. 81 2. 13
Azote ................. ..................... 2. 63 O. 79 O. 42 O. 32
C/N ........................................ 14.5 9. 9 9.2 695
Acides humiques ........ ..................... 2. 27 1.39 O. 31
Acides fulviques ........ ..................... 1. 13 1.o1 O. 70
AF/AH ................ ..................... o. 5 o. 7 2. 2
.
C humifié ................................ 9. 0 30.7 26. 5
Complexe absorbant
Bases échangeables mé
Calcium .................................... O. 74 O. 17 O. 15 O. 13 o. 08 O. 06
Magnésium .................................. O. 43 O. 05 o.02 o. 11 o. 11 O. 04
Potassium ................................... O. 09 O. 03 O. 03 O. 03 o.02 O. 06
Sodium ..................................... o. 12 O. 06 O. 05 O. 05 o. 11 o.08
.
S bases Cchangeables ......................... 1.38 O. 31 O. 25 O. 32 O. 32 O. 44
Capacité d'échange ........................... 12.1 4. 69 4. 72 2. 77 3. 99 3.O0
SIT ........................................ 11.4 66 5. 3 11.6 8. 0 820
pH eau 1/2.5 ................................ 4. 4 4. 8 496 530 4. 9 430
-
Sols appauvris sous-groupe hydromorphe
Les sols de pente inférieure, issus de granite, lorsque les colluvions sableuses sont épaisses, sont
classés dans le groupe appauvri. Le sol est caractérisé par la texture sableuse de presque tout le profil
- en profondeur la texture peut devenir sablo-argileuse et même argilo-sableuse dans un horizon où se
développent des phénomènes d’hydromorphie temporaire. Ces sols profonds sont notés dans les associa-
tions de sols issus de granite des régions du centre et du nord de la Côte d’Ivoire. Ce sont des sols ferral-
litiques moyennement désaturés mais leur somme de bases échangeables est faible. Ces sols sont classés
appauvris sous-groupe hydromorphe.
Les caractères de fertilité médiocres sont fonction de l’épaisseur des horizons sableux et de l’inipor-
tance des phénomènes d’hydromorphie. Faciles à travailler, ils sont très recherchés pour les cultures
vivrières sur buttes.
Ce groupe est caractérisé par l’existence d’un horizon gravillonnaire et/ou graveleux, d’une épaisseur
de 60 à 100 cm, comprenant 40 à 60 % de gravillons ferrugineux, de débris plus grossiers de cuirasse,
de fragments de roche ferruginisés (pseudoconcrétions) de graviers et de cailloux de quartz plus ou moins
émoussés et ferruginisés.
Cet horizon est assez souvent subdivisé en deux à cause de la texture et de la consistance ; l’horizon
a une texture sablo-argileuse et une consistance friable dans sa partie supérieure, argilo-sableuse et ferme
dans sa partie inférieure. La structure polyédrique fine ne se développe que si la texture est assez argileuse
et si le pourcentage d’Cléments grossiers n’est pas trop élevé. La couleur de cet horizon est vive le plus
souvent ocre ou rouge.
Le passage avec l’horizon sous-jacent est toujours progressif, le pourcentage d’éléments grossiers
diminue et on passe soit à l’horizon d’accumulation B 3, soit à l’horizon bariolé BC ou bien encore direc-
tement à l’argile tachetée Bg.
Ces horizons se caractérisent surtout par leur structure polyédrique fine à moyenne, bien développée
et par leur consistance assez friable. Le développement de cette structure est lié à la texture argileuse et
à la richesse en hydroxydes et oxydes de fer.
C’est le groupe de sols le plus représenté sur le modelé ondulé de la pénéplaine de Côte d’Ivoire,
dont il occupe les parties hautes. I1 est le plus souvent associé ou juxtaposé h d’autres groupes de sols
ferrallitiques.
L’horizon gravillonnaire n’est recouvert que d’un horizon humifère peu épais de texture sablo-
argileuse ou argilo-sableuse, et de structure grumeleuse moyennement développée mais de cohésion faible.
Dans l’horizon gravillonnaire, la texture est rapidement argilo-sableuse à argileuse (35 à 45 % d’argile)
et la structure est polyédrique assez développée, malgré la présence des Cléments grossiers.
Ces sols se différencient par leur texture et par la nature des éléments grossiers ; le pourcentage
d’argile et limon et la proportion de sables fins par rapport aux sables grossiers est plus élevée dans les
sols issus de schistes que dans les sols issus de granite, les graviers de cailloux de quartz sont plus abondants
dans les sols issus de schistes. La nature des éléments grossiers est notée sur l’esquisse par des surcharges G
(gravillons principalement) Q (graviers et cailloux de quartz). Les sols issus de roches basiques sont argileux
dès la surface et bien structurés malgré des pourcentages importants d’éléments grossiers.
284 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
Prélèvements FSA 21 : O - 15 cm
- 22: 45 - 55 cm
- 23 : 95 - 105 cm
- 26 : 245 - 255 cm
- 210 : 445 - 455 cm
- 213 : 595 - 605 cm
Les caractères de fertilité de ces sols sont très variables : ils dépendent de l’épaisseur et du pour-
centage d’éléments grossiers de l’horizon graveleux ;faibles si l’horizon graveleux a plus d’un mètre d’épais-
seur avec 60 % d’Cléments grossiers, moyens si celui-ci n’a que 40-50 cm et moins de40 cm d’éléments
grossiers. Les propriétés chimiques interviennent en second lieu : les sols fortement désaturés seront plus
adaptés aux cultures du palmier à huile et de l’hévéa, qui peuvent compenser la pauvreté des réserves
minérales (somme des bases totales voisine de 3 mé %) par un volume d’exploitation important, tandis
que les sols moyennement désaturés seront plus favorables aux cultures plus exigeantes arbustives comme
le caféier et le cacaoyer ou annuelles comme le cotonnier.
Un faciès particulier de ces sols remaniés est le faciès a i m recozmrement, qui est caractérisé par :
A . PERRAUD
.LES SOLS 285
FICHE ANALYTIQUE
Granulométrie 10-2
Refus % .................................... 37 45
Argile ...................................... 32. O 50. O 64. 3 55. 5 43. 3 28. 5
Limon fin 2-20 p .............................. 5. 3 798 990 14.O 26. 8 30. 8
Limon grossier 20-50 p ...................... 2. 7 2. 0 198 4. 9 82 823
Sable fin 50-200 p ............................ 18.6 8.9 5. 9 898 10. 1 13. 3
Sable grossier ................................ 37. 2 28. 8 17. 2 13.7 11.4 17. 1
Matière organique
Matière organique ............................ 24. O 14.O
Carbone .................................... 13. 9 894
Azote ...................................... 1.4 o. 4
C/N ........................................ 10.O 20. o
Acides humiques .............................. 1. 1 o. 3
Acides fulviques.............................. 4. 2 232
AF/AH .................................... 3. 8 7. 1
.
C humifié % ................................ 38 30
Complexe absorbant
Bases échangeables mé %
Calcium .................................... O. 42 O. 14 O. 15 O. 06 O. 09 o. 09
Magnésium .................................. O. 14 O. 09 o. O8 O. 09 O. 03 O. 06
Potassium .................................. O. 05 O. 05 O. 05 O. 05 O. 03 O. 03
Sodium .................................... O. 02 o. o1 o. o1 o. o1 0.01 o o1
S . bases échangeable ........................ O. 67 O. 28 O. 29 o. 21 O. 16 o. 19
Capacité d’échange .......................... 4. 72 2. 15 4. 11 3. 33 3. 68 3. 10
SIT ........................................ 14 13 7 6 4 6
pH eau 1/2. 5 ................................ 3. 8 4. 2 4. 3 493 4. 4 494
Bases totales mé %
Calcium .................................... O. 30 o. 12 o. 20
Magnésium .................................. 1.10 O. 82 O. 79
Potassium .................................. O. 69 O. 96 O. 46
Sodium .................................... O. 86 1.05 O. 52
S. bases totales .............................. 2. 95 2. 95 1.97
Prélèvements : OU 911: O - 5 cm
- 912: 10 - 20 cm
- 913 : 30 - 40 cm
- 914: 60 - 70 cm
- 915 : 120 - 130 cm
- 916: 180 - 200 cm
o un horizon gravillonaire et graveleux dont la matrice est argileuse. Les Cléments grossiers peuvent
être hétérogènes et de dimensions très variables (présence de blocs de cuirasse).
o un horizon dépourvu d’Cléments grossiers qui recouvre l’horizon précédent. La texture est
fine, argilo-sableuse à argileuse de couleur vive rouge ou ocre mais son caractère essentiel demeure une
structure assez bien développée grumeleuse puis polyédrique fine.
L’épaisseur de la phase fine est très variable. Ce recouvrement n’a été noté au niveau du faciès
que si I’épaisseur est supérieure en moyenne à 40 cm, elle est souvent supérieure à 1 m. L’horizon gravil-
lonnaire enterré apparaît presque général. Le contexte pédologique de l’environnement amène parfois à
cartographier des sols très profonds du groupe typique dans ce faciès.
Ces sols s’étendent le plus souvent au centre des plateaux larges dans un modelé mollement ondulé
sur granites (les sols remaniés modaux occupant les bordures de plateau et les pentes), mais aussi en posi-
tion de replat sous les buttes cuirasSées avant la rupture de pente sur les schistes.
A . PERRAUD
.LES SOLS
FICHE ANALYTIQUE
Granulométrie 10-2
Refus .................................... 22 49 18 15 9
A4rgile ...................................... 22. 9 27. 5 39.9 52.8 59. O 28.8
Limonfin2-20p .............................. 11.4 7.0 5.0 8. 1 799 22. 9
Limon grossier 20-50 p ........................ 3. 6 3.4 198 2. 4 299 64
Sable fin 50-200 p ............................ 18.2 12.4 438 8.4 7. 2 11.7
Sable grossier ................................ 34.O 48. 6 47. 8 25. 6 22. 5 27. 4
. .
Matière organique 10-3
Matière organique . .......................... 112.o 20. 6
Carbone ................................... 64. 9 12.o
Azote ........... .......................... 5. 61 O. 90
C/N ............. .......................... 11..6 13.2
Acides humiques . .......................... 2. 59 O. 74
Acides fulviques ... .......................... 3. 07 1.07
AF/AH ......... .......................... 1.2 1.4
C. humifié % ..... .......................... 9 15
Complexe absorbant
Bases échangeables mé "/o
Calcium ..................................... .24.30 2. 36 1.88 1.74 O. 54 o. 11
Magnésium .................................. 3.05 O. 75 O. 75 O. 86 O. 54 O. 30
Potassium .................................. O. 42 O. 14 o.08 O. 07 O. 13 o. 11
Sodium ................. ................... O. 04 O. 05 o. 08 O. 05 o. 04 O. 03
.
S bases échangeables ..... ................... 27. 81 3.30 2. 79 2. 72 1.25 O. 55
Capacité d'échange .......................... 24. 2 744 7. 42 6.42 6. 15 6.47
SIT ..................... ................... 100 44 38 42 20 9
pH eau 112.5 ................................ 7. 1 6. 1 53 595 52 5J
Bases totales mé %
Calcium .................................... 38. 30 2. 80 2. 20 1.95 O. 85 O. 35
.Magnésium .................................. 5.40 2. 10 1. 92 2. 10 2. 18 . 41. 0
Potassium .................................. 1.15 O. 50 O. 40 O.44 O. 82 O. 45
Sodium .................................... O. 40 O. 35 O. 40 O. 26 O. 45 O. 34
S. bases totales .............................. 45.25 5. 75 4. 92 4. 75 4. 30 2. 54
Eléments totaux
Perte au feu ................................ 9. 24 939
Résidu ...................................... 34.4 30. O
Silice ........................................ 25. 7 28. 6
Alumine .................................... 20. 7 23. 3
Fer ........................................ 7. 30 6. 10
Titane ...................................... O. 67 1.05
Fer libre .................................... 5. 83 4. 63
~ ~ 0 ~ 1 ....................................
0-3 o.98 O. 38 o.20 O. 19 O. 13 o. 11
SiOa/AlaOY .................................. 2. 10 2. O8
Fer libre/Fer total "/o .......................... 79 75
288 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
Sur le plan chimique ces sols sont moyennement désaturés et l’horizon de surface est généralement
bien pourvu en bases.
Prélèvements : MAB 41 : O - 6 cm
- 42 : 30 - 40 cm
- 43 : 60 - 70 cm
- 44 : 100 - 100 cm
- 45 : 160 - 170 cm
Les caractères de fertilité sont très élevés, le seul facteur limitant est la profondeur de l’horizon
de recouvrement. Ces sols constituent les meilleures terres à cacao de la région de Daloa et servent de
base pour la constitution de blocs de cultures industrielles. Dans le centre et le nord les sols issus de schistes
sont les plus favorables à la culture du cotonnier.
FICHE ANALYTIQUE
.
Profil MAB 4 Echantillons 41 42 43 44 45
Granulométrie lo-’
Refus % .................................... 28
Argile ....................................... 26. O 57. 3 57. 8 59. 5 15.6
Limon fin 2-20 p ............................ 9.O 725 537 838 7. 6
Limon grossier 20-50 p ...................... 12.7 5. 0 735 990 597
Sable fin 50-200 p ............................ 26. O 14.3 14.6 15.4 16.7
Sable grossier ................................ 24. 7 14.7 13.9 13.5 52. 1
Matière organique
Matière organique ............................ 32. 1 891
Carbone ................ .................... 18.6 497
Azote ....................................... 291 04
C/N .................... .................... 8.9 73
Acides humiques ........ .................... 1.22
Acides fulviques.......... .................... 1.50
AF/AH ................ .................... 1.2
C. humifié ”/, ................................. 15
~
Complexe absorbant
Bases échangeables mé %
Calcium .................................... 6. 69 1.91 1.74 1. 16 o.80
Magnésium .................................. 2. 24 1.04 1.23 1.27 1.57
potassium .................................. 0;21 O. 05 O. 05 o.o1 o. o1
Sodium .................................... O. 05 o. 02 O. 07 O. 05 O. 06
S . bases échangeables ........................ 9. 19 3. 02 3. 09 2.48 2.44
Capacité d’échange .......................... 11.51 5. 59 6. 12 6. 02 5. 91
SIT ........................................ 79 54 50 41 50
pH eau 1/2.5 ................................ 5. 9 5. 4 5. 4 5. 4 5s
Bases totales mé
Calcium .................................... 630 2. O8 1.68 1.18 1.03
Magnésium .................................. 3.44 4. 77 4. 72 1.92 2. 20
Potassium .................................. O. 98 1.65 1.60 O. 85 1.25
Sodium .................................... O. 25 O. 50 o.20 O. 25 0 9
.
S bases totales .............................. 11.47 9. O0 8.20 4. 20 4. 88
Prélèvements : OU 241 : O - 10 cm
--I 242 : 20 - 30 cm
- 243 : 60 - 70 cm
- 244 : 110 - 120 cm
Sur schistes ces sols sont assez répandus et sont cartographiés en unités simples ou juxtaposés avec
des sols du sous-groupe modal dans la sous-classe fortement désaturés : ils sont caractérisés par un horizon
graveleux très dense constitué par des graviers et des cailloux de quartz (souvent plus de 60 % d’éléments
grossiers), dont la matrice est sablo-argileuse sur environ 40 cm, le passage à une matrice argilosableuse
est assez rapide. Cet horizon graveleux repose directement sur un horizon d’argile tachetée, plus ou moins
hydromorphe suivant la position topographique. Ces sols ont un potentiel de fertilité faible.
Sur granites, ces sols le plus souvent moyennement désaturés, sont caractérisés par une texture
sableuse à sablo-argileuse à sables très grossiers aussi bien dans l’horizon humifère que dans l’horizon
gravillonnaire. Les caractères de fertilité restent donc faibles, bien que les propriétés physico-chimiques
soient dans certains cas moyennes.
Ces sols sont souvent associés aux sols du groupe appauvri, issus de granites intrusifs.
Ces sols se caractérisent par la proximité de l’horizon d’altération : cet horizon doit être à moins
.
de 1,20 m de la surface pour que l’on en tienne compte au niveau du sous-groupe.
La proximité de l’horizon d’altération est due dans la majorité des cas à la dureté et à la résistance
à l’altération de la roche mère et au modelé accidenté qui engendre une érosion forte. Ces sols sont donc
rarement issus de schistes et plus fréquemment de granites plus ou moins enrichis et de roches basiques.
A. PERRAUD- LES SOLS 29 1
FICHE ANALYTIQUE
Granulométrie 10-2
Refus % ........................................ 10 37 12
Argile .......................................... 27,5 44,2 51,2 34,5
Limon fin 2-20 p. ................................. 5,6 4,6 1,5 65
Limon grossier 20-50 p . . .......................... 4,3 33 3,3 5,o
Sable fin 50-200 p ................................ 11,7 9,9 798 21,l
Sable grossier .................................... 48,4 36,9 34,3 31,1
Matière organique
Matière organique ................................ 29,9 .
Carbone ........................................ 17,3
Azote .......................................... 1,65
C/N ............................................ 10,5
Acides humiques ................................ 1,28
Acides fulviques. ................................. 1,66
AF/AH ......................................... 1,3
C. humifié % ............................. ........ 17
Complexe absorbant
Bases échangeables nié %
Calcium ........................................ 3,04 1,18 0,54 0,51
Magnésium ...................................... 1,o2 0,54 0,72 0,56
Potassium ...................................... 0,18 . 0,16 0,07 0,02
Sodium ........................................ 0,03. 0,04 0,06 0,03
S. bases échangeables ............................ 4,27 1,92 1,39 1,12
Capacité d’échange .............................. 8,46 6,90 6,31 5,40
S/T ............................................ 50 28 22 21
pH eau 1/2,5 .................................... 52 4,s 5,1 52
Bases totales, mé %
Calcium ........................................ 3,42 1,15 0,90
Magnésium.. .................................... 2,95 3,25 2,65
Potassium ...................................... 0,80 0,95 0,74
sodium ........................................ 0,34 0,45 0.45
S . bases totales .................................. 7,51 5,80 4,74
Eléments totaux
Perte au feu .................................... 8,36 9,29
Résidu .......................................... 41,7 32,s
Silice............................................ 22,l 26,l
Alumine ........................................ 20,9 21,s
Fer ............................................ 5,90 7.70
Titane .......................................... 0,40 0,53
Fer libre ........................................ 4,36 7,02
PeOe 10-3.. ...................................... 0,42 0,17 0,15
SiOs/&03 ...................................... 1,79 2,03
Fer libre/Fer total .............................. 74 91
292 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
Les horizons supérieurs de ce sol sont de texture argilo-sableuse à argileuse dès la surface et la
structure est bien développée. Le drainage interne est bon et l’on n’observe pas d’horizon d’argile tachetée.
On passe rapidement de l’horizon riche en déments grossiers très hétérogènes, (débris de cuirasse de
dimensions très variables, gravillons, pseudoconcrétions nombreuses, cailloux de quartz) au matériau
originel où la structure et les minéraux de la roche sont reconnaissables. Les propriétés physicochimiques
des sols de la sous-classe fortement désaturés sont le plus souvent identiques à celles des sols remaniés
sous-groupe modal qui leurs sont juxtaposés, la proximité du matériau originel n’enrichit pas toujours
les horizons supérieurs, cependant les racines des plantes prolifèrent dans l’horizon d’altération quand elles
peuvent l’atteindre. Le potentiel de ces sols reste médiocre et le modelé accidenté est un facteur défavorable
supplémentaire.
Ces sols sont localisés principalement dans le massif de Man et dans les régions accidentées du
sud-ouest.
Les sols de la sous-classe moyennement désaturés grâce à leurs propriétés chimiques plus élevées
ont un potentiel de fertilité plus élevé et sont localisés en particulier dans la chaîne de collines de Bongoua-
nou.
Des sols remaniés indurés s’observent également sur roches basiques en particulier sur les sommets
du modelé accidenté du bassin supérieur de la Bia, et des chaînes de collines du complexe volcanosédimen-
taire aussi bien en forêt qu’en savane.
Sur la carte les intensités d’induration sont figurées par les trames différentes = traits verti-
caux espacés pour l’induration faible, traits verticaux plus denses et suppression de la trame oblique pour
l’induration forte.
La présence de buttes cuirassées et de sols lithiques sur cuirasses ou carapaces est indiquée par des
traits obliques entrecroisés dessinés en surcharge.
On constate que le gradient de l’intensité de l’induration est très progressif ce qui confirme que ce
processus est subactuel et non pas fossile. Cependant en remontant du sud vers le nord l’induration apparaît
plus rapidement dans les sols issus de schistes que dans les sols issus de granites ce qui explique la présence
de sols remaniés indurés issus de schistes dans la région d’Abengourou alors que dans la région de Daloa
située à la même latitude, les sols développés sur les granites sont plus rarement indurés.
D’autre part, les sols typiques modaux indurés issus de granites de la région de Nassian sont situés
au nord des sols remaniés issus de schistes de la région de Priko.
Les caractères de fertilité de ces sols sont fonction de la profondeur à laquelle se trouve l’horizon
induré ;
o si l’induration est faible (faciès induré) les caractères de fertilité ne sont que légèrement diminués
par rapport à ceux du sol remanìé modal :
o par contre si l’induration est forte (sous-groupe induré) les caractères de fertilité peuvent devenir
faibles et très faibles.
Sol ferrallitique fortement desaturé. Remanié (Colluvionné) appauvri issu de schistes arkosiques
Sol jaune sableux à argilo-sableux graveleux et caillouteux à moyenne profondeur
Prélèvements : PR 431 : O - 10 cm
- 432 : 60 - 70 cm
IR 433 : 80 - 90 cm
- 434 : 125 - 135 cm
- 435 : 150 - 160 cin
Dans des conditions de drainage imparfait l’horizon d’argile tachetée acquiert des caractères
d’hydromorphie très marqués (pseudogley à moins de 80 cm de profondeur) notés au niveau du sous-groupe
sols remaniés sous-groupe hydromorplze.
L’appauvrissement en argile plus ou moins marqué des horizons supérieurs permet de distinguer les
faciès modaux et appauvris. L’appauvrissement en argile est de plus en plus marqué et le phénomène
d’induration apparaît dans les sols de pente inférieure de la région préforestière, (faciès appairvri et induré),
enfin dans la région nord les sols du groupe appauvri sous-groupe hydromorphe et induré, occupent les
pentes inférieures.
Les caractères de fertilité de ces sols sont moyens grâce à leur profondeur et à leur friabilité, malgré
des propriétés chimiques faibles. Ces sols conviennent surtout aux cultures vivrières ; ils sont cependant
recherchés pour le cacaoyer à cause de leur profondeur et de leur humidité et pour la constitution de blocs
de cultures industrielles lorsque leur extension est importante.
A . PERRAUD.LESSOLS 295
FICHE ANALYTIQUE
.
Profil IR 43 Echantillons 43 I 432 433 434 435
Granulométrie
Refus % .................................... 13 56 39 45
Argile ...................................... 9. 3 30.2 41. 6 38.6 40. 9
Limon fin 2-20 p ............................. 2. 2 6.2 9.0 12.1 14.8
Limon grossier 20-50 p ....................... 12.7 12.0 10.4 10.6 9. 6
Sable fin 50-200 p ............................ 55. 8 34.2 29. 4 25. 5 19. 8
Sable grossier ................................ 18.7 13.2 9. 1 12.5 1.1.6
Complexe absorbant
Bases échangeables mé :d
Calcium .................................... O, 21 O, 06 O, 05 o,08 O, 04
Magnésium .................................. O, 13 O, 06 O, 04 O, 04 O, 07
Potassium ................................... O, 09 o,02 o,02 O, 03 O, 04
Sodium ..................................... O, 06 O, 05 O, 03 O, 09 O, 07
.
S bases échangeables ......................... O, 49 O, 19 O, 14 0 3 o,22
Capacité d’échange ........................... 5,83 4, 10 4,65 4,25 3,93
SIT ......................................... 8 5 3 6 6
pHeau 1/2,5 ................................ 4,5 5,0 5,0 5,3 5,3
.-
I
Bases totales mé 96
Calcium .................................... O, 22 O, 25 O, 25
Magnésium .................................. O, 50 o,88 2,34
Potassium ................................... O, 34 O, 70 2, 80
Sodium ..................................... O, 32 O, 59 O, 94
S . bases totales .............................. 1,38 2,42 6,33
- -.
Eléments totaux
.
Le profil est formé de la succession normale des horizons A B C d’un sol (( en place D. Ce profil
peut être modifié par des phénomènes secondaires : remaniement, appauvrissement, rajeunissement.
Le sol typique modal est caractérisé par l’absence d’Cléments grossiers qui ne préjugent pas de rema-
niements anciens : ces remaniements n’ont pas laissé de traces visibles à la suite d’une troncature du profil ;
l’horizon bariolé BC est souvent proche de la surface dans les sols de ce groupe.
Prélèvements : ASSO 31 : O - 10 cm
- 32 : 40 - 50 cm
- 33 : 90 - 100 cm
- 34 : 140 - 150 cm
A. PERRAUD- LESSOLS
FICHE ANALYTIQUE
Granulométrie
Refus %
Argile .......................................... 15,l 28,7 41,6 37,s
Limon fin 2-20 p ................................. 5,o 4,6 4,3 62
Limon grossier 20-50 p ........................... 4,4 4,6 3,5 5.1
Sable fin 50-200 p ................................ 29,3 22,2 14,4 13,7
Sable grossier .................................... 45,s 37,l 35,O 35,5
Complexe absorbant
Bases échangeables mé "/u
Calcium ........................................ 3,24 0,87 0,56 0,94
Magnésium ...................................... 1,07 0,34 0,27 0,49
Potassium ....................................... 0,32 0,14 0,09 0,13
Sodium ......................................... 0,03 0,02 0,04 0,05
S. bases échangeables ............................. 4,66 1,37 0,96 1,61
Capacité d'échange ............................... 6,08 6,17 536 6,22
S/T.. ........................................... 76 22 16 26
pH eau 1/2,5 .................................... 5,6 5,1 5,o 5,3
Bases totales mé %
Calcium ........................................ 4,16 0,89 0,58 1,18
Magnésium ...................................... 2,05 1,47 1,35 2,47
Potassium ....................................... 0,70 1,lO 0,90 0,95
Sodium ......................................... 0,46 0,45 0,38 1,O4
S . bases totales .................................. 7.37 3.91 3,21 5,64
Elements totaux
Perte au feu ..................................... 64 74
Résidu .......................................... 51,s 36,3
Silice ........................................... 20,3 25,l
Alumine ........................................ 17,9 223
Fer ............................................. 1,6 2,6 236 795
Titane .......................................... 0,76 0,72
Fer libre ........................................ 192 1.5 1,7 4,9
Pz05 ....................................... 0,26
Sioz/Al203 ...................................... 1,93 1,90
Fer libre/Fer total 7 6 . . ............................ 75 57 66 65
298 LE hlILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
Prélèvements : PS 111 : O - 15 cm
- 112: 45 - 55 cm
- 113 : 90 - 100 cm
- 114 : 140 - 150 cm
Ces sols sont situés sur les sommets et les pentes supérieures des collines. Cartographiés rarement en
unités simples, ils sont le plus souvent, soit associés à des sols typiques appauvris et appauvris hydro-
morphes situés sur les pentes moyennes et inférieures, soit juxtaposés à des sols typiques remani& et appau-
vris et même à des sols remaniés situés également en position haute.
Les caractères de fertilité de ces sols sont élevés. Ils sont favorables à toutes les cultures, la plupart
sont cependant situés Ccologiquement dans la zone des cultures vivrières et cotonière (Côte d’Ivoire
préforestière, en particulier régions de Séguéla - Mankono - Kani et de Nassian-Dabakala).
Le remaniement se traduit par un horizon peu épais, proche de la surface ;le plus souvent discontinu
cet horizon a une épaisseur irrégulière et la densité des éléments grossiers surtout constitués de graviers de
quartz est variable. Les horizons sous-jacents sont identiques à ceux du sol typique sous-groupe modal,
cependant l’horizon bariolé peut se trouver directement sous 1’horizon graveleux et présente dans ce cas
une tendance fréquente à l’induration allant parfois jusqu’au stade de la carapace.
En surface, l’horizon qui recouvre l’horizon remanié est peu épais : de quelques centimètres à 30-
40 cm. La structure grumeleuse est peu développée car l’appauvrissement en argile est très fréquent dans
ces horizons supérieurs. La structure devient alors particulaire avec un débit polyédrique moyen anguleux.
Ces sols sont donc souvent associés ou juxtaposés avec les sols typiques, sous-groupe appauvri.
- LESSOLS
A. PERRAUD 299
FICHE ANALYTIQUE
*
Profil. PS 11, Echantillons 111 112 113 114
Granulométrie
Refus % ........................................ 28 14
Argile .......................................... 8,6 31,3 34,4 25,l
Limon fin 2-20 p ................................. 7?2 5,6 9,9 11,l
Limon grossier 20-50 p ........................... 5,4 323 8,l 5,1
Sable fin 50-200 p ................................ 26,l 14,l 14,l 14,9
Sable grossier .................................... 51,6 45,5 33,6 43,4
-
Matière organique 10-3
Matière organique ................................ 24,2 15,O
Carbone ........................................ 14,O 8,7
Azote ........................................... 1J 03
C/N ............................................ 13,6 11,2
Acides humiques ................................. 1,48
Acides fulviques ................................. 0,91
AF/AH ......................................... 0,6
C. humifié % .................................... 17
Complexe absorbant
Bases échangeables mé %
Calcium ............................... .:. ...... 2,92 1,20 2,41 . 2,42
Magnesium ...................................... 1,75 0,55 1,34 1,26
Potassium ....................................... 0,30 0,16 0,17 0,13
Sodium ......................................... 0,Ol 0.03 0,04 0,04
S . bases échangeables ............................. 4,98 1,94 -. 3,96 3,851
Capacité d’échange ............................... 6,90 9,02 9,17 6,42
S/T ............................................. 72 22 43 62
pHeau 1/2,5 .................................... 6,7 53 5,6 5,8
Elements totaux
Perte au feu ..................................... 337 433 833 7,80
Résidu .......................................... 85,20 66,05 40,90 43,66
Silice ........................................... 5,49 13,80 23,49 22,13
Alumine ........................................ 4,38 11,36 21,84 21,19
Fer .............................................. 1,50 3,OO 5,lO 5,lO
Titane ..........................................
Fer libre ........................................
p& 10-3.. ..................................... 0,30
sioz/b&03 ...................................... 2,13 2,14 1,82 1,77
Fer libre/Fer total %. .............................
300 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
Ces sols le plus souvent juxtaposés aux sols typiques modaux sont également moyennement désa-
turés et issus de granites mais ont des caractères de fertilité plus faibles à cause des horizons de surface
(appauvrissement en argile et présence d’Cléments grossiers) et sont surtout favorables à l’arboriculture
fruitière dans le centre et le nord de la Côte d’Ivoire.
Ces sols sont caractérisés par une texture sableuse à sablo-argileuse sur au moins 40 cm, dépourvus
d’éléments grossiers dans l’ensemble du profil. Le passage à l’horizon argilo-sableux non induré sous-
jacent est progressif. Si la consistance reste friable dans les horizons inférieurs non appauvris en argile, par
contre on observe dans les horizons supérieurs une consistance plus dure à l’état sec qui rend compte d’une
tendance à la structure massive.
Si l’épaisseur des horizons sableux diminue l’horizon de profondeur argilo-sableux peut s’indurer
jusqu’à former une carapace dans les régions préforestières et nord de la Côte d’Ivoire sous savane. Le
sol typique sous-groupe appauvri, faciès induré est alors l’intermédiaire entre les sols ferrallitiques typiques
appauvris et les sols ferrugineux.
Ces sols, associés aux sols typiques sous-groupe modal, ont des caractères de fertilité moyens à
médiocre suivant l’épaisseur des horizons sableux.
i
Ils sont caractérisés par une faible profondeur. L’horizon d’altération et souvent la roche altérée
se trouvent à moins de 80 cm. Des débris de roche altérés et ferruginisés se retrouvent dans tout le profil.
Lorsque la roche saine est très proche de la surface (moins de 20 cm), on passe soit à des sols lithiques, soit
à des rankers tropicaux (en altitude).
Sous un horizon humifère assez épais se développe un horizon B argileux friable niais assez souvent
graveleux (fragments de roche plus ou moins altérés, débris de cuirasse et graviers et cailloux de quartz
plus ou moins abondants en fonction de la roche mère). Ils s’étendent en effet aussi bien sur les schistes, les
granites ou les roches basiques.
- LESSOLS
A. PERRAUD 301
Malgré sa présence à faible profondeur la richesse chimique de la roche influe généralement assez
peu sur la saturation du complexe absorbant. Dans la région très pluvieuse de Man et du sud-ouest les
sols sont le plus souvent fortement désaturés. Cependant dès que la pluviométrie diminue ces sols sont
moyennement ou faiblement désaturés.
Sol ferrallitique fortement désaturé. Rajeuni par érosion-faciès humique issus de granites B hypersthene
Sol brun B brun ocre, argilo-limono-sableux ; très humifère ; peu profond
Prélèvements : MH 11 : O - 5 cni
- 1 2 : 5 15cm -
- 13 : 40 50cm -
-
- 14 : 150 160 cm
Ces sols se rencontrent sur les sommets et les pentes fortes des massifs de Man, du sud-ouest (gra-
nites et migniatites à hypersthène et amphibolites), dans les chaînes de collines de Bongouanou (schistes) et
du complexe volcanosédimentaire principalement sur celles d’Hiré-Fetekro de Bondoukou et de la Haute-
Comoé.
Sur la carte les sols rajeunis par érosion et remaniement sont associés avec des sols remaniésrajeunis
et typiques rajeunis dans le cas des sols issus de granites et de schistes ou juxtaposés avec des sols bruns
eutrophes dans le cas des sols issus de roches basiques.
Les caractères de fertilité de ces sols dépendent principalement de la profondeur du sol. I1 est assez
souvent moyen mais le modelé très accidenté rend l’utilisation de ces sols difficile ou impossible.
Les sols de la région de Man (sols rajeunis par érosion et remaniement associés à des sols remaniés/
rajeunis et typiques/remaniés et rajeunis) ceux de la région de Biankounia (typiqueslremaniés et rajeunis) et
ceux de la région de Sipilou (typiqueslremaniés et appauvris) sont caractérisés par un horizon humifère le
plus souvent épais 20 à 30 cm et assez riche en matière organique (3 à 5 yd). Cette accumulation de matière
organique se produit sur des sols fortement désaturés en bases (dans les horizons non humifères), issus
presque tous de granite 2i hypersthène ; le modelé est très accidenté et l’altitude élevée supérieure à 500 m.
Sur la carte cet horizon humifère épais a été noté au niveau du faciès.
302 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
FICHE ANALYTIQUE
Profil. MH 1. Echantillons 11 12 13 14
Granulométrie
Refus :d ........................................ 17 56 29
Argile .......................................... 23. 5 21. 2 34.3 25. 5
Limon fin 2-20 p ................................. 29. 5 28.4 18.6 21. 5
Limon grossier 20-50 ........................... 2. 7 5.9 8.0 7. 3
Sable fin 50-200 p ................................ 428 5. 5 7.0 11.3
Sable grossier .................................... 26. 9 27. 3 25.4 33.5
Complexe absorbant
Bases échangeables mé %
Calcium ........................................ 2. o1 O. 39 O. 06 o.02
Magnésium ...................................... O. 75 O. 30 o. 11 O. 04
Potassium ....................................... O. 34 o.22 O. 05 o. o1
Sodium ......................................... O. 03 O. 13 OJO o.o1
.
S bases échangeables ............................. 3. 13 1.04 O. 32 o.08
Capacité d’éch ange ............................... 32.93 28. 56 19.77 5. 72
S/T ............................................. 995 4 2 1.5
pH eau 1/2,5 .................................... 4. 5 433 5. 3 5.6
Bases totales mé %
Calcium ........................................ 5. 80 >.48 o. 12 O. 52
Magnésium ......................................
Potassium .......................................
Sodium .........................................
5. 65
1. 60
O. 56
.
6. 70
1 O0
O. 38
2. 85
O. 74
o.20
1. 05
O. 28
O. 48
S . bases totales .................................. 13.61 9. 56 3.91 2. 33
Eléments totaux
Perte au feu ..................................... 30.91 27. 61 19.13 21. 56
Résidu .......................................... 18.50 20. 38 21. 29 7. 54
Silice ........................................... 8. 73 8.45 6. 91 6. 17
Alumine ........................................ 20. 57 22. 22 29. 85 32.07
Fer ............................................. 14.70 16.20 19.80 26. 95
Titane .......................................... 1.17 1.71 1.85 2. O8
Fer libre ........................................
p205 10-3 ....................................... O. 68 O. 61 O. 59
SiOz/A1~03...................................... O. 72 O. 64 O. 39 O. 33
Fer libre/Fer total % ..............................
- LESSOLS
A. PERRAUD 303
Les sols de cette sous-classe sont étudiés à part car leur répartition est particulière.
Ils sont :
o soit juxtaposés à des sols moyennement désaturés. Leur répartition est dans ce cas aléatoire car
le type de roche mère plus mésocrate lié à des enrichissements localisés en minéraux ferromagnésiens ne
sont pas notés sur les cartes géologiques ;
o soit juxtaposés à des sols bruns eutrophes et des sols lithiques. Ils occupent les chaînes de collines
du complexe volcanosédimentaire.
Dans le premier cas, ces sols appartiennent le plus souvent au groupe remanié sous-groupe modal
mais aussi au groupe typique sous-groupes modal et remanié. L’horizon humifère est épais et possède une
bonne structure mais pratiquement aucun caractère morphologique ne distingue ces sols des sols de la sous-
classe moyennement désaturés.
Ils sont notés sur la carte en surcharge en particulier dans les unités cartographiques de Mankono,
Séguéla, Bouaké et Ferkéssédougou.
Certains sols, à cause d’une plus faible teneur en argile de l’ensemble du profil ont un pH et un taux
de saturation élevés bien que la somme des bases reste moyenne, et sont classés faiblement désaturés. Ils
sont généralement juxtaposés à des sols moyennement désaturés.
Les caractères de fertilité de ces différents sols sont bons car ces sols possèdent des propriétés
chimiques exceptionnelles pour des sols issus de granites ou de schistes.
- Dans le second cas, ces sols constituent un complexe comprenant plusieurs groupes de sols :
o sols rajeunis par érosion et remaniement sur certains sommets et les pentes très fortes ;
o sols remaniés modaux et rajeunis sur les pentes fortes et moyennes et typiques rajeunis sur les
pentes inférieures en dessous des bowés ;
o sols remaniés indurés juxtaposés aux sols remaniés modaux sur les pentes plus faibles et les glacis.
Tous ces sols ferrallitiques faiblement désaturés sont juxtaposés avec des cuirasses (sols lithiques) en
position de sommet (cuirasses anciennes) ou plus souvent en position de glacis (bowés) et avec des sols
bruns eutrophes dont la proportion augmente vers le nord de la Côte d’Ivoire.
Le pourcentage de sols indurés et de cuirasse paraît être fonction de la végétation : sous forêt
moins de 50 %, sous savane généralement plus de 50 %, mais dans la chaîne de la Haute Comoé, ce pour-
centage diminue et la proportion des sols bruns augmente fortement.
Ces sols ont des caractères morphologiques assez semblables à ceux décrits pour les deux autres
sous-classes mais ils s’en différencient par des propriétés chimiques nettement supérieures. Malgré une
structure polyédrique fine très bien développée, certains sols très faiblement désaturés, deviennent diffi-
ciles à classer comme sols ferrallitiques et pourraient constituer le groupe des sols rouges tropicaux de la
sous-classe fersiallitique.
Les remaniements sont fréquents mais sont différents de ceux des sols du modelé ondulé g cause des
fortes pentes. Les matériaux grossiers sont très hétérogènes : gros blocs de cuirasse pouvant atteindre 30
à 40 cm mêlés à des gravillons ferrugineux et des caillous de quartz enrobés dans une matrice argileuse bien
structurée.
L’induration est importante à cause de la concentration élevée en fer du matériau originel.
o les cuirasses de glacis, subhorizontales, forment des bowés,
304 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
o les sols remaniés indurés sont la conséquence d’un processus d’induration subactuel et actuel.
Le processus de rajeunissement joue un rôle très important, soit directement par la présence de la
roche mère à faible profondeur, soit indirectement par la richesse chimique des matériaux remaniés.
Les caractères de fertilité de ces sols sont variables. Ils dépendent essentiellement de la profondeur
du sol qui est fonction de la densité des Cléments grossiers et du niveau de l’induration. Toutefois, la mise
en valeur est rendue difficile par le modelé très accidenté et souvent, seuls, les sols de pentes inférieures
présentent des caractères de fertilité élevés et sont susceptibles d’être utilisés pour les cultures.
La différenciation des horizons supérieurs est le caractère morphologique qui a servi à distinguer
les sols ferrugineux. Celle-ci est due à une alternance de pédoclimat sec, lié à la texture à dominance sableuse
des horizons supérieurs, au climat tropical à une seule saison des pluies et à la végétation constituée de
savanes soudanaises et de pédoclimat humide, díi à un engorgement lié au mauvais drainage général.
Cette différenciation se traduit par :
o un horizon humifère finement sableux de couleur grise assez épais de structure à tendance gru-
meleuse à cause des racines de graminées mais avec des agrégats de cohésion faible. La pénétration humi-
fère peut atteindre 40 cm et la structure est à débit polyédrique moyen de cohésion faible ;
o un horizon de couleur claire beige de texture à dominance sableuse avec une structure massive
ou présentant une porosité tubulaire élevée (aspect de pierre ponce) ;
o un horizon d’accumulation qui se reconnaît par des taches et des traînées d’hydroxydes de fer ;
l’induration des taches sous l’influence d’un climat à longue saison sèche aboutit à la formation de concré-
tions. I1 peut y avoir également accumulation d’argile.
On distingue deux groupes en fonction de la nature du matériau originel constitué, soit par un
matériau ferrallitique remanié issu de granites, soit par une arène d’altération granitique sableuse.
Dans la majorité des cas, ces sols se développent sur un matériau remanié assez sableux d’origine
ferrallitique, dans les zones granitiques à modelé peu ondulé ou plat. Un recouvrement le plus souvent
sableux 9 sablo-argileux repose sur des horizons de sols ferrallitiques plus ou moins profonds. Suivant
l’importance de la troncature de l’ancien sol ferrallitique on observe différents types de sols.
Dans la zone du couloir du Nzi limitée à l’ouest par la chaîne des collines Hiré-Fetekro et à l’est
par le grand panneau schisteux du sud-est de la Côte d’Ivoire la troncature est très importante et paraît
liée à l’altitude des différentes collines.
Si l’altitude des collines est inférieure à 200 m environ (zone de Toumodi), le recouvrement repose
le plus souvent directement sur le granite sain.
- LES SOLS
A. PERRAUD 305
Si l’altitude des collines est supérieure à 200 m ce recouvrement sableux existe surtout sur les
pentes et sur les sommets, les sols ferralllitiques remaniés modaux souvent indurés subsistent. Un horizon
sableux peut également recouvrir les sommets : il repose alors directement sur une cuirasse qui protège
les horizons du sol ferrallitique ancien.
Sur les pentes supérieures et les sommets, ces sols remaniés sont, soit graveleux, soit profonds,
avec des taches et des concrétions.
En pente inférieure, ces sols sont sableux sans Cléments grossiers et présentent une hydroniorphie
importante à moyenne ou faible profondeur liée à une remontée de la nappe qui engorge ces sols pendant
les deux ou trois mois de la saison des pluies (mauvais drainage d’ensemble et proximité de la roche saine).
Les caractères de fertilité de ces sols sont faibles. En effet, ils sont très sableux et pauvres en bases ;
I’hydromorphie est un facteur limitant pour la majorité des cultures perennes. Les sols de bas de pente
dont les horizons supérieurs sont humifères et friables, peuvent cependant convenir aux cultures vivrières.
Seul le cocotier ou des pâturages extensifs peuvent être envisagés dans les sols bien drainés.
Dans la région nord-est de la Côte d’Ivoire la troncature est moins forte et l’horizon bariolé (BC)
où le matériau originel C apparaît à moyenne profondeur.
C’est dans ces horizons que se produit l’accumulation d’oxydes et d’hydroxydes de fer qui provoque
l’induration de l’horizon bariolé à cause de la longue saison sèche, jusqu’à former une carapace.
Les horizons supérieurs sont le plus souvent sableux, graveleux et d’épaisseur faible sur les sommets
et les pentes supérieures, dépourvus d’Cléments grossiers et épais sur les pentes inférieures.
L’augmentation du taux d’argile dans les horizons d’accumulation est due d’une part à la nature
du matériau ferrallitique et d’autre part à l’appauvrissement en argile des horizons supérieurs lors du
remaniement.
Dans ce groupe remanié les sous-groupes sont définis en fonction des caractères morphologiques.
e Soirs groupe indure‘ si la carapace est à moyenne ou faible profondeur : position de sommet et
haut de pente ;
o Sous-groupe concrétionné en position de pente ;
o Sous-groupe Iiydromorphe en position de pente inférieure.
Les limites sur les pentes entre ces différents sous-groupes sont souvent marquées par des petits
ressauts constitués par de la carapace mise à nu.
Du point de vue chimique ces sols sont pauvres en bases niais le complexe est assez saturé (texture
appauvrie en argile). La désaturation moyenne des horizons d’accumulation confirme celle des sols ferral-
litiques qui leur sont juxtaposés.
Les caractères de fertilité sont faibles pour les sols indurés et concrétionnés et médiocres pourles
sols profonds de pente inférieure.
Le passage des sols ferrugineux remaniés de Côte d’Ivoire aux sols ferrugineux remaniés et lessivés
de Haute-Volta se fait progressivement et eli relation étroite avec le modelé. A mesure que le niodelé
s’aplanit (mauvais drainage général) les phénomènes d’induration sont plus importants sur les sommets
et les pentes (sols ferrugineux remaniés indurés) les phénomènes d’hydromorphie et la différenciation
des horizons plus nettes dans les sols de pentes inférieures (sols ferrugineux lessivés à taches et concrétions).
306 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
Ces sols sont développés à partir d’une arène granitique peu profonde ; la texture est sableuse
avec un très léger accroissement du taux d’argile en profondeur, l’horizon d’accumulation est marqué
par une consistance moins friable et des traînées de taches rouille ferrugineuses. Vers deux mètres apparaît
l’arène sableuse qui repose sur le granite altéré. Ces sols sont situés sur les collines au modelé caractéris-
tique en demi-orange où les affleurements de granites sont nombreux.
Les caractères de fertilité de ces sols sont médiocres grâce à leur profondeur et à leur friabilité,
malgré leur texture très sableuse et leur pauvreté en bases.
Ces sols se développent sur des matériaux issus de roches basiques et sur un modelé en général
accidenté. La fraction argileuse est composée non seulement de kaolinite mais aussi d’illite et de montmo-
rillonite ce qui se traduit analytiquement par un rapport silice/alumine > 2. La présence de montmo-
rillonite est due en partie à des conditions d’hydromorphie temporaire d’origine pétrographique ou de
position topographique.
- LESSOLS
A. PERRAUD 307
FICHE ANALYTIQUE
Granulométrie
Refus % ........................................ 4 7 21 35
Argile .......................................... 6,O 7,1 4,1 27,6
Limonfin2-20p. ................................. 3,7 3,9 10,3 8,7
Limon grossier 20-50 p ........................... 3,2 2,2 32 323
Sable fin 50-200 IL ................................ 19,3 19,O 16,5 13,7
Sable grossier .................................... 67,4 67,6 65,3 46,6
Matière organique
Matière organique ................................ 9,6 897
Carbone ........................................ 595 58
Azote ........................................... 0,37 0,31
C/N ............................................ 14,9 16,4
Acides humiques ................................. 098
Acides fulviques ................................. 03
AF/AH ......................................... 0,6
C.humifié % .................................... 23
Complexe absorbant
Bases échangeables mé %
Calcium ........................................ 1,58 1,19 0,64 1,50
Magnésium ...................................... 1,07 0,90 0,47 1,40
Potassium ....................................... 0,08 0,06 0?05 0,22
Sodium .................... ..................... 0,03 0,03 0,03 0,05
S. bases échangeables ............................. 2.76 2,18 1,19 3,17
Capacité d'échange ............................... 3,66 3,36 3,28 4,72
S/T ........................ ..................... 75 65 36 67
pH eau 1/2,5 .................................... 6,3 64 6J 6,O
Bases totales mé %
Calcium ........................................ 2,oo 2,80 4,65 2,oo
............................... 4,40 5,lO 4.48 9,40
........................... 0,50 0,49 1,42 2,40
Sodium ..................................... 0,20 0,28 0,18 0,28
S. bases totales .................................. 7.10 8,67 10,73 14,08
Eléments totaux
Perte au feu ......................... 1,96 2,35 6,20
Résidu .............................. 86,52 85,36 48,51
Silice ........................................... 4,32 4,88 5,27 18,70
Alumine ........................................ 3,88 4,21 434 17,71
Fer ................ 130 1,60 2,lO 7,65
Titane ..................... ........... 0,28 0,28 0,37 0,44
Fer libre ................. ...........
P%O510-3 .......... ................ 0,27 0,15
SiOz/AlsOs ......... .................. 1,89 1,91 1,97 1,79
Fer libre/Fer total %.
308 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
Le principal caractère morphologique de ces sols réside dans le très bon développement de la struc-
ture grumeleuse dans l’horizon humifère, polyédrique subangulaire moyenne dans l’horizon B et polyé-
drique plus grossière à cubique en profondeur avec une sur-structure prismatique. La consistance friable
dans les horizons supérieurs devient ferme en profondeur malgré le taux élevé d’argile dès la surface. Les
déments grossiers sont constitués de fragments de roches plus OLI moins altérés et ferruginisés répartis
dans tout le profil et de petites concrétions noires et rondes du type (( plomb de chasse >).
L’altération de la roche basique est 8. faible profondeur et se produit sur une épaisseur réduite ;
cortex d’altération réduit à quelques centimètres sur les blocs en position drainée ; l’horizon d’altération
verdâtre argilo-limoneux plus ou moins hydromorphe avec présence de modules calcaires au-dessus de
l’horizon d’altération en position basse.
Les sols saturés en surface sont très faiblement désaturés en profondeur : la somme des bases est
très élevée 20 i 40 mé./100 g et le pH est neutre ou faiblement acide.
L’horizon de surface brun foncé est très riche en matière organique et en azote avec rapport
C/N < 10 ; le rapport acides fulviques/acides humiques < 1, la somme des bases échangeables très
élevée, le taux d’argile supérieur à 30 % expliquent le développement exceptionnel de la structure grume-
leuse moyenne à nuciforme et la cohésion assez forte des agrégats.
Les réserves en eau sont importantes mais si l’eau utile est élevée (10 - 15 %) le point de flétrisse-
ment est également très élevé 20 à 30 %. Ces sols qui possèdent une macroporosité importante risquent
d’être physiologiquement secs dès que l’on supprime le couvert végétal naturel.
FICHE ANALYTIQUE
.
Profil. OU 103 Echantillons 1031 1032 1033
Granulométrie
Refus % ......................................... 5 21
Argile ................................................. 42.O 26. 3
Limon fin 2-20 p ................................... 25.6 22. 8
Limon grossier 20-50 p ........................................ 11.6 11.8 10.7
Sable fin 50-200 p ............................................ 12.1 10.7 18.9
Sable grossier ....................................... 8. 3 8. 7 20. 9
Coniplexe absorbant
Bases échangeables mé %
Calcium ...................................................... 18.06 16.51 11.51
Magnésium ........................... .................... 10.20 12.05 15.15
Potassium ........... .................... o. 11 o.os O. 05
Sodium ...................... ............................. O. 03 O. 06 O. 16
.
S bases échangeables................. ........................ 28. 40 28. 70 26. 87
Capacité d'échange ........................... 31. 39 27. 91 24. 82
S/T .......................................................... 90 100 100
pH eau 112.5 ....................................... 7. 3 793 7. 7
Bases totales mé %
Calcium ...................................................... 23. 20 21.O0
Magnésium .................................................... 68. 50 75.O0
Potassium ..................................................... 1.10 O. 85
Sodium ....................................................... O. 65 1.22
.
S bases totales ................................................ 93. 55 98.07
Eléments totaux
Perte au feu .............. ........................... 9. 13 7. 96
Résidu .................. ........................... 32. 84 31. 57
Silice.................... ........................... 26. 11 27. 92
Alumine . . . . . . . . . . . . . . . . ........................... 13.16 14.70
Fer .................... ........................... 12.60 11.60
Titane .................. ........................... 1.41 1.41
Fer libre . . . . . . . . . . . . . . . . ........................... 2.44 1.87
PSOS 10-3 ................ ........................... O. 82
SiOS/A1%03.............. ........................... 3.4 3.2
Fer libre/Fer total y.< . . . . . . ........................... 20 16
310 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
turés le plus souvent indurés. Dans la chaîne de la Haute-Comoé ces sols prennent une extension beaucoup
plus importante.
Les caractères de fertilité de ces sols sont très élevés.
- En forêt le seul facteur limitant est la topographie qui conditionne à la fois la profondeur du
sol et la possibilité de mise en culture. L’hydromorphie est rarement un facteur limitant.
Pour des cultures autres que le cacaoyer (cultures vivrières en particulier) il est nécessaire de pro-
téger le sol pour éviter la dessication des horizons et la rupture des racines.
- Sous savane seuls les sols bruns en position basse et sur pente faible peuvent être utilisés pour
la culture du coton, les cultures vivrières et maraîchères, le tabac ; le facteur limitant est l’eau utile pour
les plantes.
c Ce sont des sols dont les caractères sont dû à une évolution dominée par l’effet d’un excès d’eau
par suite d’un engorgement temporaire de surface, de profondeur ou d’ensemble ou par suite de la pré-
sence ou de la remontée d’une nappe phréatique )) (G. AUBERT).
La présence de l’eau est liée à des conditions topographiques basses et planes :
o zones à écoulement difficile (bas-fonds, fonds de vallées, dépressions lagunaires) ;
o zones inondables par les eaux de crues de fleuves (terrasses alluviales) ;
o zone où la nappe phréatique peut varier facilement (sables littoraux).
L’excès d’eau, si l’hydromorphie est totale, peut conduire à l’accumulation de matière organique,
soit sous une forme grossière (sols tourbeux), soit sous forme évoluée (sols humiques).
A. PERRAUD - LES SOLS 311 ’
Si la teneur en matière organique est inférieure à 8 % sur 20 cm les sols hydromorphes sont peu
humifères ou minéraux.
L’hydroniorphie s’exprime par la présence dans l’horizon situé juste en dessous de l’horizon
humifère ou dans certains cas seulement dans les horizons de profondeur de taches de composés réduits
et réoxydés (taches grises et rouille) ou de redistribution d’oxydes de fer et de manganèse en milieu réduit
(teintes gris-bleuâtre).
Les différents groupes de sols tourbeux et sols humiques sont le plus souvent associés.
Ils résultent d’une accumulaiion de matière organique issue d’une forêt marécageuse à Raphia,
Symphonia et Mitragyna. Elle s’effectue dans un milieu engorgé d’eau et la décomposition de la matière
organique est très lente. L’accumulation sur une plus ou moins grande épaisseur est liée à la profondeur
à laquelle se trouvent les alluvions argileuses anciennes qui sont peut-être aussi le siège de mouvement
de subsidence.
Les principales tourbières sont localisées dans les plaines alluviales de la Basse Côte d’Ivoire :
Comoé, Agnéby, Bandama et Cavally.
Différents groupes de tourbes peuvent être distingués d’un point de vue morphologique : tourbes
seniì-Jibreuses (tourbes fines) plus ou moins fibreuses de couleur brune associées à un chevelu de fines
racines en surface avec des débris végétaux partiellement décomposés et une teneur en argile variable ;
tourbesjbreirses (tourbes grossières) non ou peu décomposées, fibreuses (Raphia) ou feuilletées (Symphonia
et Mitragyna) de couleur rouge superficielles ou profondes : tourbes altérées (argiles organiques) assez
fluides sauf si elles sont en surface, gris foncé avec des rares débris végétaux ; la matière organique est
assez bien décomposée.
Les profils sont constitués par la superposition de ces différentes tourbes:
o tourbes semi-fibreuses sur tourbes fibreuses.
o tourbes fibreuses profondes.
o tourbes fibreuses ou semi-fibreuses sur tourbes altérées à plus ou moins grande profondeur.
o tourbes fibreuses, semi-fibreuses ou altérées sur argile compacte.
- Le pH et le pourcentage de colloïdes (par rapport à la tourbe humide) permettent de séparer
ces différentes tourbes :
o pH inférieur à 3,8 et pourcentage de colloïdes très faible pour les tourbes fibreuses,
o pH compris entre 4 et 4,2 et pourcentage de colloïdes voisin de 10 pour les tourbes semi-fibreuses ;
o pH coinpris entre 4,2 et 4,5 et pourcentage de colloïdes compris entre 10 et 25 pour les tourbes
altérées.
Les autres caractères chiniques s’expriment par des valeurs très variables mais souvent élevées :
azote total compris entre 1 et 2 z,rapport C/N entre 15 et 30, la somme de bases échangeables entre 1
et 8 mé./100 g (par rapport à la tourbe sèche).
Le potentiel de fertilité de ces tourbes est fonction de la présence de tourbe semi-fibreuse ou de
tourbe altérée à plus ou moins grande profondeur. Un amendement et un drainage sont nécessaires pour
que le pH remonte de 0,5 à 1 unité et que la matière organique puisse s’humifier.
312 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
Ces sols sont caractérisés par la présence de taches d’hydromorphie dans l’horizon humifère ou
dans l’horizon sous-jacent ; en profondeur un pseudo-gley (horizon tacheté gris rouille et ocre jaune)
qui traduit une alternance des conditions réductrices puis oxydantes ou un gley (horizon gris bleuté plus
ou moins marbré) qui traduit des conditions réductrices peuvent se développer.
Les sols à pseudo-gley (à taches et concrétions) et le plus souvent à gley (lessivés ou d’ensemble)
se développent dans les bas-fonds et les fonds de petites vallées sur matériau colluvio-alluvial. Dans les
plaines alluviales les sols à pseudo-gley sont plus fréquents et sont associés à des sols peu évolués d’apport
modaux et hydromorphes sur matériau alluvial.
Les sols de bas-fonds et des petites vallées ont une texture hétérogène et assez grossière dans les
horizons supérieurs, la nature des sables reflète souvent celle du matériau originel. La structure est toujours
faiblement développée. A moyenne profondeur (vers 1 m) un niveau des sables grossiers ou de cailloux
et graviers de quartz où la nappe circule pendant la plus grande partie de l’année est fréquent. II repose sur
un horizon d’altération gleyfié.
Les variations de texture des horizons supérieurs des sols de bas-fonds de Basse Côte d’Ivoire,
de Moyenne Côte d’Ivoire et du nord de la Côte d’Ivoire sont liées aux différents types de modelé.
o texture grossière dans les bas-fonds étroits de Basse Côte d’Ivoire,
o texture assez grossière mais fine en surface dans les bas-fonds de Moyenne Côte d’Ivoire (Daloa),
o texture assez fine souvent argileuse dans les bas-fonds plus ou moins larges du nord de la Côte
d’Ivoire.
Les propriétés chimiques sont fonction d’une part des caractères texturaux et d’autre part du niveau
de désaturation des colluvions et alluvions. Elles sont :
o faibles en Basse Côte d’Ivoire ; les sols sont fortement désaturés avec un horizon humifère
très mince et des teneurs médiocres en Carbone et Azote ;
o médiocres à moyennes en Moyenne Côte d’Ivoire : les sols sont assez bien pourvus en bases,
en Carbone et Azote niais avec un horizon humifère peu épais,
o moyennes à bonnes dans le nord de la Côte d’Ivoire ;
o bonnes à très bonnes pour les sols sur colluvions-alluvions de roches basiques qui déterminent
une texture argileuse dès la surface et une richesse chimique élevée.
- LESSOLS
A. PERRAUD 313
Sol hydromorphe minéral h gley de profondeur sur matériau alluvio-colluvial issu de granite
Sol gris fonce, argilo Iiniono-sableux i blanc grisatre sableux à sables grossiers
Prélèvements : BF 321 : O - 15 cm
- 322 : 30 - 40 cm
- 323 : 90 - 100 cm
- 324: 120 - 130 cm
Les caractères de fertilité de ces sols sont donc très variables et sont liés à I’hétérogénéité des pro-
priétés physico-chimiques.
Faibles en Basse Côte d’Ivoire où seules les cultures vivrières en buttes et localement la culture
du bananier après drainage dans les bas-fonds à texture plus fine issus de schistes (Azaguié) peuvent &re
pratiquées. Cependant les sols de bas-fonds, issus de colluvions et alluvions de sables tertiaires qui débou-
chent dans la lagune Ebrié sont intéressants : leur texture est fine avec accumulation de matière organique
en surface ; ils sont faciles à drainer et 2 irriguer (culture du bananier) grâce aux petites rivières à régime
permanent qui les traversent.
Moyens en Moyenne Côte d’Ivoire : la largeur des bas-fonds et Ia présence en surface d’un recou-
vrement fin permettent d’envisager la culture mécanisée, en particulier du riz pluvial.
Moyens à bons dans le nord de la Côte d’Ivoire où les sols de texture argileuse peu perméables à
faible profondeur sont favorables à toutes les cultures irriguables.
Très élevés pour des sols de bas-fonds issus de colluvions et alluvions de roches basiques mais
l’extension de ces derniers est toujours limitée.
Du point de vue cartographique ces sols qui occupent les bas-fonds généralement étroits mais très
nombreux n’ont pu être représentés niais le réseau hydrographique du fond de carte renseigne sur leur
densité.
314 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D'IVOIRE
FlCHE ANALYTIQUE
.
Profil. BF 32 Echantillons 321 322 323 324
Granulométrie lod2
Refus %, ........................................ 70
Argile ..........................................
Limon fin 2-20 p ................................
Limon grossier 20-50 p ............................
36. 3
17.1
10.4
27. 2
14. 1
64
.
14.9
10
08
12.9
390
3. 1
Sable fin 50-200 p ................................ 21.O 26. 1 11.7 46. 6
Sable grossier .................................... 10.5 25.2 70. 9 34. 6
Complexe absorbant
Bases échangeables mé 7;
Calcium ........................................
Magnésium ......................................
7.03
3. 80
.
1 07
O. 75
.
1 05
O. 55
o. 90
O.61
Potassium ....................................... O. 42 o. 09 o.09 O. 07
Sodium ......................................... O. 04 O. 03 O. 03 O. 05
S. bases échangeables............................. 11.29 1.94 1.72 1.63
Capacité d'échange ............................... 17.38 9.08 4. 18 4. 90
SIT ............................................ 65 21 41 33
pH eau 1/2. 5 .................................... 5. 3 4. 7 533 5. 4
Bases totales mé %
Calcium ........................................ 8.25 1.40 1. 25
Magnésium ...................................... 6. 57 2. 27 2. 29
Potassium ...................................... 2. 18 o. 88 O. 64
Sodium ......................................... O. 44 O. 28 O. 35
.
S bases totales .................................. 17.44 4.83 4. 53
Elements totaux
Perte au feu ......................... .............
Résidu ............................. .............
Silice............................... .............
Alumine ........................... .............
Fer ............................... .............
Titane ............................. .............
Fer libre ........................... .............
Pz05 10-3 ........................... .............
SiOz/A1305 ......................... .............
Fer libre/Fer total ................. .............
- LESSOLS
A. PERRAUD 315
Prélèvements : NG 41: O - 10 cm
- 42: 25 - 35 cm
- 43 : 50 - 60 cm
- 44 : 90 - 100 cm
- 45 : 160 - 170 cm
316 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D'IVOIRE
FICHE ANALYTIQUE
.
Profil. NG 4 Echantillons 41 42 43 44 45
Granulométrie
Refus ....................................
Argile ...................................... 16.7 26. 6 31.2 28. o 26. 4
Limon fin 2-20 p .............................. 10.6 10.1 9. 2 10.o 12.6
Limon grossier 20-50 p ........................ 991 9. 9 896 6. 5 56
Sable fin 50-200 p ............................ 49. 9 41. 4 43. 5 47. 9 46. 2
Sable grossier ................................ 10.3 839 62- 5.7 62
I
Matière organique
Matière organique ............................ 21.4 793
Carbone .................................... 12.4 42
Azote ...................................... 1.08 O.49
C/N ........................................ 11.4 8.6
Acides humiques ............................ O. 66 O. 36
Acides fulviques .............................. 1.27 o. 81
AF/AH ..................................... 13 2. 2
.
C humifié ................................ 16 28
Complexe absorbant
Bases échangeables mé <:
Calcium .................................... 3. 05 1.29 o. 99 O. 49 O. 39
Magnésium .................................. O. 95 O. 85 o. 90 O. 55 O. 50
Potassium ................................... O. 09 O. 04 O. 04 O. 04 O. 04
Sodium ..................................... O. 05 o.08 OJO o. 09 OJO
.
S bases échangeables ........................ 4. 14 2. 26 2. 03 1. 17 1.03
Capacité d'échange ........................... 9.79 5. 91 5. 92 5.54 5. 30
S/T ......................................... 42 38 34 21 19
pH eau 312.5 ................................ 5. 6 592 5.6 593 593
Bases totales mé
Calcium .................................... 3. 68 1. 76 1.20 O. 72 O. 70
Magnésium .................................. 6.16 6. 92 6.30 7. 75 9. 15
Potassium ................................... 1.20 1.66 1.63 2. 24 2.50
Sodium ..................................... O. 64 O. 46 O. 35 o. 7a O.45
.
S bases totales .............................. 11.7 10.8 9.48 11.4 12.8
Ces sols hydromorphes sont associés à des sols peu évolués d’apport. En effet la sédimentation
homogène d’alluvions conduit à des profils de sols du type A-C dans lesquels les horizons sont peu diffé-
renciés et l’hydromorphie assez profonde. Suivant la profondeur de l’hydromorphie ces sols sont classés
dans le sous-groupe modal ou le sous-groupe hydromorphe.
Ces sols se développent sur les bourrelets de berge, sur les berges de petites rivières au lit encaissé
et sur les moyennes terrasses dans lesquelles l’hydromorphie est trop profonde pour que l’on puisse classer
ces sols en sols hydromorphes.
Les caractères de fertilité de ces sols sont très variables : les propriétés chimiques ont une grande
influence mais la structure de ces sols, généralement profonds et de texture fine à très fine, paraît être le
caractère qui conditionne le drainage et le travail de ces sols.
Cette association est représentée sur la carte mais son extension a été dans la plupart des cas exa-
gérée pour plus de clarté.
Le milieu très perméable constitué par les sables grossiers quartzeux du cordon littoral, la forte
pluviométrie, la présence d’une nappe phréatique permanente à faible profondeur dont le niveau est suscep-
tible d’atteindre la surface du sol suivant les fluctuations saisonnières des lagunes, favorisent un lessivage
maximum de la zone de déplacement de la nappe et assure une évolution de type nettement podzolique
(N. LENEUF,1956).
Le podzol typique présente les horizons suivants :
o une couche d’humus brut peu épaisse repose sur un horizon sableux légèrement humifère de
10 à 30 cm,
o un horizon sableux blanc particulaire très boulant épais de 50 cm à 2 m (horizon AZ),
o un horizon d’accumulation humique puis ferrugineux, noirâtre puis brun rougeâtre qui peut
dans certains cas se consolider dans sa partie supérieure pour former un véritable alios,
o le matériau originel constitué de sables blancs ou roux dans lequel la nappe phréatique se situe
en période sèche.
Ces sols très sableux, très perméables dont la fraction minérale est presque exclusivement constituée
de sables grossiers quartzeux présente une richesse chimique pratiquement nulle.
Seul l’horizon humifère dont la matière organique à un rapport C]N très élevé possède quelques
éléments minéraux.
Le potentiel de fertilité est très faible. Cependant la culture du cocotier est possible avec des apports
d’azote et de potassium à condition que la nappe soit profonde.
Ces sols sont limités à la zone inférieure du cordon littoral. L’horizon d’accumulation devient plus
profond et moins épais à mesure que l’on remonte vers la côte dans la zone des sables roux peu évolués
d’apport récent. Progressivement la nappe devient plus profonde et n’affecte plus les horizons supérieurs.
Des sols hydroniorphes humiques occupent les zones déprimées qui sont localisées en bandes
étroites et allongées dans la partie centrale du cordon littoral ou en bordure de la lagune.
Tous les intergrades entre ces sols hydromorphes et les pseudopodzols de nappe existent dans toutes
les zones basses du cordon littoral vers la lagune. Ces sols podzoliques à gley n’ont pas été cartographiés
318 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
séparément et sont associés aux pseudo-podzols de nappe et aux sols ferrallitiques fortement désaturés
appauvris issus de colluvions de sables tertiaires qui occupent les positions relativement hautes (quelques
mètres) du cordon littoral.
Ce sont les sols formés sur sables marins récents ou actuels et qui ne couvrent que quelques cen-
taines de mètres de large le long de la côte.
Ces sols sont peu différenciés, de texture sableuse à sables grossiers homogènes sur plusieurs mètres
avec un léger enrichissement en matière organique sur 25 à 30 cm.
La nappe phréatique est très profonde. Ces sols très pauvres en Cléments minéraux conviennent
cependant très bien au cocotier si l’on apporte une fumure azotée et potassique.
3.1.1. PRINCIPES
DE CARTOGRAPHIE
A l’échelle de 1/500 000, il n’est pas possible de cartographier les différents types de sols étudiés,
aussi les unités qui sont cartographiées sont le plus souvent des complexes de sols et rarement des unités
simples.
La répartition des sols dépend en grande partie du modelé et de la position topographique dans le
modelé.
Les sols se situent sur les pentes des collines suivant des lois de répartition très générales : chaîne
ou séquence de sols.
La longueur, la régularité et le pourcentage des pentes ; l’existence de sommets plus ou moins
aplanis ou de plateaux ; la largeur des bas-fonds ; la différence d’altitude entre le sommet et le bas-fond
et la distance entre deux collines conditionnent la diversité et la nature des sols étudiés dans les différentes
toposéquences ou chaînes de sols.
Cette répartition régulière le long des pentes liée au modelé ondulé très monotone, est un caractère
très général.
Les sols sont classés jusqu’au niveau de la famille qui indique le matériau originel, de nombreuses
limites pédologiques sont de ce fait confondues avec les contours géologiques.
Dans la légende de l’esquisse les unités simples sont indiquées séparément, même si dans le dessin
de l’esquisse elles sont associées ou juxtaposées.
- LESSOLS
A. PERRAUD 319
3.1.2. LÉGENDES
UNITÉSSIMPLES
i
sur granites
Sous-groupe modal
sur schistes
faciès iiiduré sur roches basiques
sur granites
Sous-groupe appauvri sur schistes Rla
sur roches basiques
320 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
sur granites
Sous-groupe faiblement
sur schistes R/raj .
rajeuni
sur roches basiques
Sous-groupe induré
i sur granites
sur schistes
sur roches basiques
sur granites
R/i
Groupe RAJEUNI
Sous-groupe avec érosion
et remaniement
i sur granites
sur schistes
sur roches basiques
Raj/érosion
IX - SOLS FERRUGINEUX TROPICAUX (Ces sols sont représentés sur la carte par la couleur
orange).
Groupe REMANIÉ
Sous-groupe 8. concrétions
sur matériaux ferrallitiques appauvris issus
hydroillorplies
de granites.
induré
VI1 - SOLS A MULL DES PAYS TROPICAUX (Ces sols sont représentés sur la carte par la couleur
brune).
Groupe SOL BRUN EUTROPHE TROPICAL
Sous-groupe modal
hydromorphe vertique ‘ sur roches basiques
COMPLEXES
A. Associatiori de sols
Les sols font partie d’une chaîne ou d’une séquence de sols. Le sol placé au-dessus du trait de frac-
tion occupe les parties hautes du modelé.
R/m
R(coll)/a
B. Juxtapositiori de sols
Les sols sont répartis d’une manière aléatoire :
1. Un des sols est dominant :
ex: T/i/R/:
Raj/érosion/R/i
m
T/:aj + Sol
-
II Autres complexes
Sols ferrallitiques
Seuls les sols du groupe typique sont représentés par une teinte aplat, que ce soit en plages continues
dans le cas d’association de sols typiques, ou en bandes alternées dans le cas de juxtaposition avec des
sols du groupe remanié.
Les sols du groupe remanié sont au contraire représentés par des trames :
o trame claire à pointillé oblique pour les sols remaniés-appauvris dominants ;
o trame plus dense à traits continus obliques pour les sols remaniés-modaux dominants ;
o la surcharge de bâtonnets noirs sur une trame à traits obliques plus serrée et orientée en sens
inverse des précédentes, indique la juxtaposition de sols remaniés-rajeunis et de sols du groupe rajeuni
aux sols remaniés-modaux ;
o l’induration des sols plus ou moins intense et à plus ou moins grande profondeur est indiqué
par :
- Une trame à traits verticaux espacés par dessus la trame à traits obliques des sols remaniés-
modaux lorsque l’induration est faible et en profondeur : sols remaniés-modaux faciès indurés (sols avec
induration et carapaces à moyenne profondeur).
- Une trame à traits verticaux serrés sans la trame à traits obliques, lorsque l’induration est forte
en profondeur ou en surface : juxtaposition de sols remaniés-indurés et de sols remaniés modaux.
Les sols remaniés modaux avec recouvrement dont l’horizon gravillonnaire est enterré sont repré-
sentés par une trame à traits obliques très épais qui permet de les différencier très nettement des autres sols
remaniés et de donner une teinte foncée qui les rapproche des sols du groupe typique.
Les sols du groupe appauvri sont représentés par des trames à points ; points fins pour les sols
appauvris-modaux, points plus grossiers et espacés pour les sols appauvris remaniés.
Sols ferrugineux
Les sols ferrugineux sont tous représentés par des trames :
- La trame à traits obliques indique des sols ferrugineux remaniés concrétionnés et hydromorphes
sans induration.
- La trame à traits verticaux indique des sols ferrugineux remaniés concrétionnés et hydromorphes
avec induration.
- La trame à traits horizontaux et verticaux indique des sols ferrugineux remaniés indurés, concré-
tionnés et hydromorphes avec induration forte.
- LESSOLS
A. PERRAUD 323
Ces sols sont représentés par une teinte aplat brune : ils sont juxtaposés à des sols ferrallitiques
faiblement désaturés, rajeunis par érosion, remaniés-indurés, typiques rajeuni ... avec une proportion
variable de sols lithiques sur cuirasse (bowe) et de cuirasses sommitales.
La localisation des zones les plus indurées est indiquée par une surcharge : traits noirs obliques
entrecroisés. Les cuirasses sommitales localisées sont représentées par une surcharge de traits noirs épais
et serrés entrecroisés.
Pour rendre moins fastidieuse et plus synthétique la description des principales unités cartogra-
phiées les différentes associations de sols sont présentées sous forme de graphiques.
Dans ces graphiques sont regroupées les clonnées suivantes :
- La classe et la (ou les) sous-classes des sols.
- La localisation approximative de la (ou les) séquence de sols.
- La composition de cette (ou ces) séquence.
- La description de la végétation en se référant aux types de végétation définies par J.L. GUILLAUM-
MET et E. ADJANOHOUN
dans la carte de la végétation à 1/500 000.
- La description du modelé : type de modelé - longueur moyenne des ondulations (L : distance
du sommet de la colline au bas-fond) - dénivellation approximative (H) - indication des pentes en % -
altitudes maxima et minima, approximatives.
- Les profils de sols sont placés dans leur position topographique dans le modelé. Ils sont repré-
sentés graphiquement tous à la même échelle (1/20) avec des signes conventionnels (explicités dans la
légende).
- En-dessous de chaque profil, le groupe, le sous-groupe et la série du sol sont indiqués.
- Enfin dans le bas du graphique, quelques résultats analytiques sont rassemblés pour deux ou
trois horizons de chaque profil décrit. I1 s’agit du carbone total en %, du pourcentage d’argile, des caracté-
ristiques du complexe absorbant (somme des bases échangeables S en mé %, taux de saturation V = S/T
et la réaction du sol, pH) de la soninle des bases totales ST en mé %, du rapport moléculaire Si0 z/AlzO 3
et du Fer total en %.
Les différentes unités cartographiées sont regroupées suivant les quatre grandes zones écologiques
définies dans les chapitres précédents :
-
b l a p r è s les cartes &dologiques ( A Perraud P de la Souchère ) e t climatologiques ( M Eldin- A Daudet ) r&alis&s
I ' O R S T O M dans le cadre de la convention d'&de
par
pour le reboisement et la protection des sols
Granites Grès
Migmatites 0
.:... Sables tertiaires
Sables quaternaires
Granite hypersthene
Roches basiques -
Dressée par A. Perraud et P. de la Souchère dlaprès la c a r t e géologique
Alluvions recentes
--
DURÉE DE L A SAISON &CHE DEFICITS HYDRIQUES CUMULES
400 Lignes d’lsod6ficit hydrique cumulé (mm)
2 3 4 5 6 7 8mois
IO<
9c
8(
7'
1"
DOMAINE GUINEEN
SECTEUR MESOPHILE (dense humide semi decidue)
SECTEUR OMBROPHILE (dense humide sempervirente)
a
~ Forêt dense sèche
Savane boisée,arbore'e ou arbustive et/ou forêt claire
a Savane bois&,arbor&e .ou arbustive et/ou forêt claire
D'après la cärWbotanique (J.L. Guillaumet et E.Adjanohoun) rhalisée par I!ORSTOM dans le cadre de la convention Tétude
p o u r le reboisement e t la protection des sols
Texture sableuse
Texture sablo-argileuse
Texture argilo-sableuse
Texture argilo-limoneuse
Texture argileuse
Pseudoconcrétions (ferruginisation d'un matériau préexistant OLI d'un fragment de roche altérée)
I-[ I I
Accumulation localisée de fer ferrique - horizon de pseudogley - g
Horizon de gley G. -
330 -1-
Végétation : forét dense humide sempervirente, type h Turraeaiithrcs afiicaizris et Heisterin parv$dia.
Modelé : larges plateaux, pentes fortes et courtes, vallées sèches et bas fond.
(H = 40 h 50 m, altitude 80-100/40-50)
Plu teau
TA.8
c "lo.
...................... 10,o 16,O 12,o
A % ....................... 9,7 22,3 24,4 22,6 9,1 11,5
S mé :d .................... 0,65 0,40 0,66 0,47 0,57 0,42
. V .......................... 13,2 10,9 10 12 11 12
pH ......................... 42 499 4,6 590 4,6 54
-2- 33 1
Complexe de sols podzoliques - podzols de nappe - sols ferrallitiques et sols peu évolués issus de sables
quaternaires (secteur littoral).
Coupe transversale du cordon littoral en pays Alladian au niveau de Grand-jack.
40
. . .
120
Al C Al B2 Al Bg Al B1
0-20 100-120 0-10 80-90 0-20 80-100 0-20 100-120
Bas. Fond
So\ ocre j a u n e
gravr\eur rt caillou t u x h
moyenne profondeur -
profondeur
Al B1 B2 Al B2 Al A3 B2v Al A3G
0-10 60-70 100-110 0-10 65-75 0-10 60-70 125-135 0-10 70-80
.......................
Co/oo 19,2 5,3 4,l 19,O 10,6 3,3 23,2
A % ....................... 13,7 41,6 42,8 13,l 49,6 9,3 30,2 38,6 11,2 30,9
S iné % ..................... 0,9 0,25 0,29 1,69 1,17 0,49 0,19 0,24 1,54 0.23
v .......................... 13 4 5 23 22 8 5 6 19 8
pH ......................... 4,6 4,5 5,4 5,l 5,2 4,5 5,O 5,3 4,4 5
ST mé &: .................. 1,74 2,89 3,17 3% 1,38 2,42 6,33 3,77 11,4
SiOz/AhOs.. ................ 1,6 1,9 1,8 1,9 1,9 28
Fer total .................... 2,O 5,15 12,O 1,50 4,lO 10,4 0,55 2,35
-4- 333
Végétation : forêt dense humide sempervirente, type à Diospyros spp. et Mupaniu spp.
Modelé : ondulé et accidenté (L : 400-600 m, H : 20 m, alt. : 160-140 ni).
c o l l i n e s leledes
a u x pentes F o r t e s
-
Remani6.modal
PE 62 PE 65 PE 81
Al B2 Al B2 BC Al B2 B3V
0-5 80-100 0-5 40-60 120-130 0-5 75-95 130-150
Smé ..................... 4,86 0,89 7,28 0,31 0,20 0,79 0,17 0,12
v .......................... 29 9 39 4 2 6 2 1
pH ......................... 4,6 43 4,6 5,1 5,o 4,1 4,7 4,7
S~m% é ................ 944 6,98 5,33 3,41 2,97
SiOa/Ala03 ............... 1,9 199 13 1,s 13
Fer total ................. 15,4 14,s 15,O 10,2 13,9
334 - 5 -
T
j:/
Séquence de sols d'Irobo. Association de sols -
/';y,
Végétation : forët dense humide sempervirente.
Modelé : ondulé (L : 200 m, H : 25 m, alt. : 60-35 m).
5omm3 dc. c o ~ i n c .a r r o n d i e
IR 19
25
2,5 y R 418
+ 1 0 y ~716
80
140
I :i:?:\-
Typique-appauvri
A1 B3V B2 Al A3 B3 Al CG A1 Bg
0-15 100-110 50-60 0-10 60-70 90-110 0-10 110-120 0-3 75-90
C a/oo ...................... 16,7 2,0 7,4 20,9 3,O 4,4 20,4 15,s 1,s
A % ....................... 25,9 48,l 45,l 8,6 27,4 33,4 9,9 34,l 4,8 25,1
S m é % ..................... 0,97 0,44 0,55 0,82 0,91 1,74 0,57 4,11 2,79 1,40
v .......................... 14 8 8 19 19 34 10 34 67 65
pH ......................... 4,9 5,3 5,O 4,9 5,3 5,4 4,s 5,3 5,4 5,8
S ~ m é ................... 3,63 3,18 4,27 2,23 3,03 8,02 1,58 8,05 3,40
SiOz/Ah03 .................. 1,9 2,1 1,9
Fer total .................... 8,75 2,45 5,35
-6- 335
Végétation : forêt dense humide sempervirente, type & Ereinospatlza nzacrocarpn et Diospyros tna~~nii.
Modelé : modelé ondulé (L : 300 m, H : 30 m, alt. : 120-130/90-100 m).
S m é % ..................... 2,75 0,47 0,36 1,72 2,26 1,23 0,28 0,71 2,59 0,25
V .......................... 52 14 4 35 44 39 13 20 48 4
pH ......................... 4,s 4,8 5,O 4,6 5,l 4,7 4,9 5,2 4,7 4,s
SY mé % ................... 5,90 2,Ol 2,80 3,78 3,26 4,09 1,70 2,13 6.70 0,97
SiOa/&03 .................. 1,8 1,9 1.7 1,9 1,s
Fer total .................... 3,30 7,lO 5,50 3,05 6,85
336 -7-
Région sud-ouest
Végétation : forêt dense humide sempervirente, type à Erernospatha nfiicaiia et Diospyros rnannii. Faciès Sassandrien.
Modelé : ondulé, collines subaplanies, plateau, pentes au profil en S (L : 300-400 m, H : 35 m, alt. : 160-120/130m).
sommrk de o o l l i n e Subaplan¡&
Bi
80
82
OpPQUVRl
So[ocre argileux
tr;s graviIionnaiPe Soi i n u n e
a Fa;ble profondeur. sabio n r g i l c u x &
Reman¡b.moda¡
Indork profondeur- arg;lo s a b l e u x ,
q r a w i llohnairc 501ocre a r g i l e u r
Al B2 Al A3 I31 Al CG Al B1 Al B1 B2
0-5 100-110 0-10 15-25 40-60 0-10 60-70 0-10 30-40 0-15 45-55 95-105
C "/.................... 31,4 8,7 6,l 6,O 570 22,7 7,6 13,9 8,4
A % ................... 19,9 64,s 20,2 36,6 50,2 10,2 5,3 19,O 40,5 32,O 50,O 64,3
Smé % ................. 0,76 0,52 1,93 0,19 0,24 6,23 0,45 0,93 0,54 0,67 0,28 0,28
v ...................... 7 6 28 3 4 53 12 8 7 14 13 7
pH ..................... 4,2 5,2 4,7 4,7 5,l 6,O 5,9 4,5 4,9 3,8 4,2 4,3
STm6 ............... 2,45 2,24 2,97 1,87 3,53 4,86 3,84 2,95
SiOa/Ala03 .............. 2,O 1,s 1,9 1,6 1,6 1,s 119
Fer total ................ 3,lO 4,30 5,50 2,50 4,50
-8- 337
Végétation : forEt dense humide sempervirente, type à Dìospyros spp. et Mapaizia spp. Faciès Sassandrien.
Modelé : ondulé, collines arrondies, nombreux pitons, pentes convexes (L : 350-500ni, H : 40-50 m, alt. : 100-40/60in)
'- H BI
10yR 518
81 82
60 821
70
Bz B22
S ~ 518
R
f40
7,5 R 414
+ 2 , 5 yR 118
-.
Typiquc.remani6
(tronqué)
Sol b r u n ocrc. So\o c r e SDI ocrc argileux
argileux grnv¡\\on- argdo sableur G s groireleo* en
51 o c r e j a u n e à ocre naire. c a r s p a c e
8 1
\egkremenrgraw;llon- serface - ati-érnFiL,,
argileux & argileux \ o w d , en p r o F o n d e u r . n a i r e ehsurFsc-.. drs m ; c a s c h ~ f k s E, 1,Sm
graviIlor,naire. sur u n r
grande É p i s s e u r -
Smé % ................. 0,70 0,25 0,24 3,41 0,27 1,40 0,57 0,60 0,65 0.17 0,12 0,24
v ...................... 12 5 4 45 8 33 20 21 9 2 2 6
pH ..................... 4,0 4,O 4,2 4,5 4,6 4,4 4,6 4,7 4,5 5,O 5,1 5,5
/
8
40 Pen k F o r k 80%
\ NG 66 (IOO~)
Glacis de
bas de pente.
120
tr&
Rajeuni -époiion
et rcmonlement
So\ b r u n
argi\eu*.
ocre
llo y
Remanié.raJeuni
Preksener d e blocs& S 0 \ 4 r u n ocre
de c a i l l o u ? dhmph; argil0 sab\cu%
bo\;te. dans tout le & argileux ,
proF¡l g r o u i I\onnaire
P e n h Fortes lO-20%
ElB2
-1- - -I
Typique. remanié C
Al B2 B3 Al B1 B2
0-15 95-105 245-255 0-10 40-60 80-100
Végétation : forêt dense humide semi-décidue, type à Celtis spp. et Triplochiton Scleroxyloa.
Modelé : ondulé à moyennement ondulé, parfois accidenté (inselbergs) (L : 500-800m, H : 20-40m, alt. : 260-220m).
PD 21
PD 51
D 56
80
p
h
82
Remanié-modal 150
Sol brunocre.
orgilo sableux b
deor-
Sol bci3e j a u n c
Remanii-collivionné Sabloarqilrur,
Al B21 B22 Al B1 B2 AI B2 Al A3 A l B1 Al B2 BC
0-5 70-90 150-170 0-5 30-50 90-100 0-5 120-130 0-5 30-40 0-5 40-60 0-5 45-60 110-120
Végétation : forêt dense humide sempervirente, type h Uapaca esculenta, U. guineeitsis et Chidloivia suiguinea.
Modelé : ondulé et accidenté.
Penk h o cnne
Y
821
70 75
B22
BC
IO5
B3
140 Ed
832
c . . . . . . . . 58,l
o/oc 19,s 51,7 26,l 62,4
A "i, ......... 3Y,7 41.8 23,7 16.4 31,2 26,6 4Y,1 56,5 54,7 67,s 50,O 32.3 31,s 21,O
S m é % . . . . . . . 2,12 0,09 0,06 0,47 0,15 5,12 0,21 0.15 1,53 0,17 0,28 7,42 0,59 0,41
v ............ 11 2 1 6 2 2 4 2 2 14 3 5 42 9 8
pH ........... 4,O 4,9 4,9 4,O 4,4 4,4 5,O 5,O 4,4 4,Y 4,6 5,O 4,s 4,6
S ~ m% é ...... 1,59 5,76 1,79 4,45
SiO~/Alz03.... 1,s 1,7 194
Fer total ...... 15,2 15,2 25,4
342 - 13 -
-
Secteur montagnard région de Man
Sols ferrallitiques fortement désaturés issus de granites à Izypersthèi~e.
Rajlérosion faciès
Mont Tonkoui et région de Man. Association de sols
R/raj/T/iaj humique
Végétation : forêt dense humide sempervirente, type à Tarrietia utilis et ClwysoplgVlliinz perpulchrurtz.
Modelé : tres accidenté (H : 700 m, alt. : 1 100-400 m).
All A12 B3 Al B2 BC Al B2 Al B2
0-5 5-15 40-50 0-5 80-90 180-200 0-10 80-100 0-10 100-120
C "loo ...................... 113 85,O 47,7 74,O 8,9 3,O 29,6 39,7
A % ....................... 23,5 21,2 34,3 27,3 33,7 20,7 47,l 57,3 39,2 48,3
S m é % ..................... 3,13 J,04 0,32 J9,5 0,21 0,34 1,38 0,75 3,75 0,56
v .......................... 10 4 2 76 3 JO 11 8 14 7
pH ......................... 4,5 4,3 5,3 5,4 5,2 5,6 5,l 5,7 5,O 6,4
S ~ m% é .................... 13,6 9,56 3,91 25,7 2,43 1,93 10,6 8,60 5,83
SiOz/A1~03.................. 0,7 0,6 0,4 0,7 0,5 0,3 1,5 1,7 1.5
Fer tota1 .................... 14,7 16.2 19,8 17,6 22,75 24,1
- 14 - 343
Sols hydromorphes minéraux et sols peu évolués d'apport. Juxtaposition de sols issus des alluvions des
fleuves et grandes rivières.
Confluent Nzi-Bandama-région de Mbrimbo.
Végétation : forêt dense humide semi-décidue, type à Celtis spp. et Triplocl~itotzSderoxylon dégradée, forst riveraine.
Modelé : terrasses du Bandama, pentes très faibles (L : 1 000-3O00 m, H : 10-15m, alt. : 50-35m).
m o y e h n c terrasac
Basse t e r r a s r C
( 2 0 0 - 400 In)
O0 6
30
55
80
120
BG
450
I I S ~ \ j a u nsra b \ e u x
Peu évplué dlappor!
Peu évolu6 d'appor1 eeu arg;,eux 150 coIIuvIo-alluvial
hydromorphc
\EU proFond e
P e u evolue dlappor!
Cgalets ct ~ m u i c r s hydromorphe s o \ ocre
Sol beige jaune-
sableur Fin d d e quarks) - sabloarqi~suxb Hydromorphcm¡niral
0-10 40-60 0-10 80-100 0-10 40-60 0-10 80-100 0-10 40-60 0-10 40-60
Smé ................. 4,42 1,95 5,02 0,29 7,98 4,49 4,90 2,62 3,50 0,78 4,26 3,81
V ...................... 73 53 81 31 80 63 84 62 57 17 52 46
pH ..................... 5,2 44 6,4 5,6 5,6 4,8 5,8 5,l 4,6 5,l 4,5 4,5
344 - 15 -
Sols hydromorphes organiques issirs d’alluvions et d’accimtulations orgnniqires. Tourbes de 1’Agnéby.
Végétation : forêt dense humide marécageuse, type à IMitragj~nueiliata et Syinphoiiia globidifera et vaphias spp.
Modelé : marecage (L : 1 000-6 O00 m, H : 5 m).
L1 P 2 3 LI PlO LI PS Ll Pa
C ‘loo ...................... 28,9 32,8 27,7 31,l 29,7 21,7 26,l 5,4
N ....................... 1,5 à 2 1 à 1,5 1,5 à 2 1,5 à 2
3.2.2. MOYENNE
CÔTE D'IVOIRE FORESTIÈRE
Végétation : forêt dense humide semi-décidue, type à Celtis spp. et Triplochiton Scléroxylon.
Modelé : moyennement ondulé (L : 600-700m, H : 20-30m, alt. : 140-110 m).
avec recouvrement
sol ~ arg;lrur
D U ~ G
proFond , h D r i y n
grav;llonn&re en kr.
rG'& -(30m -
-
Végétation ; forêt dense humide semi-décidue, type à Celtis spp. et Triplochiton Scleroxylon.
Modelé : moyennement ondulé (L 700-800 III,. H : 30 m, alt. : 160-130 m).
Plateau
BK 15
Sol rouge- a r g i l r u x
gravi llonnairr-
. I
Indur- en uarapacc.
e t cuira=& O.
Faible profondedr
(bac-) . modal
Faciès tronqué
Al BC Al B3 Al B1 Al B1 Al B2 Al B2
0-5 60-70 0-5 90-100 0-4 40-50 0-4 60-80 0-3 70-80 0-5 70-90
- -- -
C "1.. ................. .lo9 73,7 58,9 19,O 26,2 25,7
A % ................... 28,3 42,s 24,3 29,4 19,2 18,6 6,2 10,5 17,3 54,O 20,9 38,O
Smé ................. 31,2 2,45 24,3 1,12 18,3 0,84 4,07 2,04 6,55 3,46 3,79 3,26
V ...................... 85 29 95 11 77 13 51 45 66 41 26 50
pH ..................... 5,s 5,O 6,3 4,9 5,s 4,s 4,9 4,7 6,O 53 422 5s
S/Tmé ............... 4 9 3 11,3 35,7 14,6 37,2 7,91 11,05 9,82 14,7 11,6 6,72 10,9
SiOa/&03 .............. 1,9 1,s 293 2,O 1,3 220 294 13
Fer total ................ 17,7 13,O 1,lO 8,40 3,OO 7,OO 5,35 10,6
- 18 - 347
Végétation : forêt dense humide semi-décidue, type à Aubrevillea kerstiïigii et Kliaya ivovetisis.
Modelé : ondulé (L : SOO-1 O00 m, H : 35 m, alt. : 255-220 m).
Hi .pente. et jachkre
PA 62 (?som) PA, 65 .
Penkc 10%
. .
4 u r - I \
0 2
Reman&-rajeuni
Sol o c r e
sah10 argileux B argileux
qravillonnaire s u r u n e
Faiblr épai 5seur-roche
a\terke O. 100 cm -
Al B2 Al B2 Al A3 B1
0-5 70-SO 0-5 50-70 0-5 35-45 70-90
Plokea,,
Pente. in PLr ie u r e
Bt
B21
115
Typlquc-modal
Typique-appauv ri
Typique-modal
So1 beige sc,blrurh
Sol o c r L ocre argila s a b l o u ~
argilo s s b l w r proFond, kach&
profond - ã p a r t i r d e 90cm.
Végétation : foret dense humide semi-décidue, type à Celtis spp. et Triplocliitoii Sclero.xyIoiz.
Model6 : largement ondule (L : 800-1 200 m, H : 30 ni, alt. : 170-140m).
sommd de butte
Pente s u p d r i e u r e
HB2
Remani&appouvri
Appauvri- hydromorphe
Sol b&9g sableur,grnveleux ai-
tach&, hydromorphie eh proFon
deur
PA 86 PA 84 P A 82
Al A3 B2 Al B2 Al B2 B3
0-5 30-50 120-140 0-5 60-80 0-5 40-50 80-100
Végétation : forêt dense humide semi-décidue, type à Aubrevillea Kerstingii et Khaya ivorensis
Modelé : largement ondulé (L : 1 500 m, H : 30 m, alt. : 250-220 m).
P l a t eau
Rupture dc. pcntc
B21
70
B22
110
Remanié-modal
Sol b r u n ocre
arg¡ \ E U x
tre5 gravi \ \ o n n o ¡r e -
sol ocre da'tr Sol b r u n J a u n e
S&IO argileur , rab\eu x h ocre
h o r i30n grauil. argilo sableor
lonnsirc enterre'. proFond -
PE 21 TE 12 PE 16 PE 24
Al B21 B3 Al BI C AI B21 BC Al A3 B1
0-5 40-60 140-160 0-5 70-80 120-130 0-5 50-65 140-150 0-5 25-35 80-100
~ ~~
~~~
25
*\
I2
90
W
B3
10yR 616
+2,5yR 4/6
I80
Reman¡&nodal
hydromorphe-m¡niml
501 j a u n k ocre
argileux, profond - Rcman¡67colluv¡onnb
Appauvrl-hydromorphe Sol gris beige limen
sableux tâ pseudc+y
Al B2 Al B2 1 Al A3 Al B2g
0-5 60-70 0-5 70-80 0-5 70-80 0-5 90-100
Végétation : forêt dense humide semi-décidue, type à Celtis spp. et Triplochiton Scleroxylon.
Modelé : largement ondulé (L : 1 O00 m, H : 30 m, alt. : 270-240 m).
S a u n n e incluse
For;\- maricpgcuno O. bas de p-nkc
02
70
Bs
140
180
Reman& recouvrement
modal 180
Remanié-modal Remanié-appauvri
faciès tronqué faciès tronqué
soi brunocra ñ.
ocre rouge Sol ocre rougr.
Al B2 B3 Al B2 Al B2 Al A3 Al A3
0-5 40-60 150-160 0-4 40-50 0-5 35-45 0-15 90-100 0-5 50-60
Végétation : forêt dense humide semi-décidue, type à Aubr’esillea Ker’stingii et Khaya ivoremis.
Modelé : modelé accidenté (chaîne de collines et glacis sommet 300 m, pente très forte 240-300 m, pente inférieure
200-240 m, glacis 200-160 m.
Sol brun r o u p
argil0 limoneus
Sol b r u n rouje
argil0 \imohQvx
Brun eutrophe-hydromorphe
peu proFond.
Sol brun grisb- Sol r o u g e Sambre.
brun v e r d â t r c
Remanié-modal
or9;\0 %bleus &.
limonosab\eur, argtleur proFond.
CaneritiohnL - 501 brun vouge
carapPcL 6 partir S o m b r e arg;\-
de 80cm - saueur.
gravi I \ o n n a i re.
Al B2 Al B2 BC Al Blg Al B2 Al B2
0-15 40-50 0-15 20-30 70-SO 0-20 50-60 0-8 40-50 0-10 90-100
- - -
C .......................... 25,6 6,1 21,s 19,5 48,l 34,3
A % .......................... 36,9 54,4 31,l 42,O 26J 19,7 23,5 26,4 44,s 21,l 58,7
S m é % ........................ 14,7 4,95 28,4 2S,7 26,9 11,2 5,04 29,3 7,33 15,2 4,13
V ............................. 87 46 90 1O0 100 93 52 1O0 87 100 58
pH ............................ 7.1 6,O 7,3 7.3 7,7 6,s 6,4 777 7,l 7.0 7.0
ST mé % ...................... 25,5 11,2 76.4 93,5 98,O 39,3 59,s 50,2 12,3 77,6 10,o
SiO~/Als03..................... 2,3 231 310 394 3.2 2,2 2,1 2,1 2,2 1,s 28
Fertotal ....................... 16,7 18,7 11,5 12,6 11,6 4,15 4,75 11,7 17,O 4,20 6,lO
354 - 25 -
3.2.3. COTE D'IVOIRE PF&FORESTIÈRE
Centre préforestier
Sols ferrallitiques faiblement et moyennement désatusés issus de granites
Végétation : forit dense humide semi-décidue; type à Aiibrevillea Kerstingii et Khaya isorerisis. Savane guinéenne 2
paniertinphragmitoïdes.
Modelé : largement ondulé (L : 1 000-1 500 m, H : 30 m, alt. : 270-240 m).
ForQde Bamoro 5auane a r b o d e savane a r b u a b i v e
Plateau
cuirasse hautdepantc. savane herbache
Pl0,teau pente Faible 2-3%
DiAM 5
PC22
Bi b45
40
-
Fond
83
BCi
4O0
-. I
Re mani& duri
Remanié-modal ~~~WLIC.UY
c a r a PQCC & Sem. Sol gris sablaur a So\gris sableur
SC\ brun rouge m r c rougt- argilo ¿oi
c.rcjaunc
dmanié-appauvr; nrgilo s a b \ w r
at indure'
y a v i llonoai re
Solj a u n e 3 gravc\eur.
carapace O. ta&& nappe d e 3a\& a psrudogley sabb arqi\cur tackbc' ch
S o l beiga Ilocm. a b l o argileux. o\equart:,ãqhrr,. reposant Sur gravillonnmirc. profondeur.
sabluur , psu~dogleyen de5 sab\rs carapacr b moyen.
concr;tLonnl proFondeur. gossiers . n e proFondpur.
mrapaer ä IbOcm.
Ti; -I-T/raj
Séquences de sols de Séguéla. Association de sols
R(coll)/a
Végétation : savane guinéenne, arborée et arbustive.
Modelé : largenient ondulé et glacis d'inselbergs (H : 20-30 m, alt. : 340/320-310 m).
+ Plateau
+
+
822
10YR 514
Al B21 B22 Al B2 AI A3 Al BC Al B2
0-15 50-60 110-120 0-10 70-SO 0-10 50-60 0-10 130-140 0-15 90-100
Végétation : forêt dense humide semi-décidue, type à AubrevilIea Kerstingii et Khaya isor.ensis.
Modelé : largement ondulé (L : 700-800 in, H : 40 m,zalt. : 230-19O:mj.
PC 14
s a v a n e indus- b
PIateau
tc inF¿rieure Lou detia.
PC 11
Air
Ar 2
A3 50 ElB1
Br 82
8 3
I DO
I 2 O B
Remanié-modal
0c
Reman¡;-colluvionné Remasi-modal
S o l brun h r o u g e appauvri-induré Induré
argilru*, uvionn; So\ b r u n OcrC
9rav~llonnsircet Sol beige jaune. %b\o arg¡ \eux
Romonii-rajeuni
3raweleu.~ ~ 501 b r u n j a u n e %bleu* d. s a b l a à o c r c argilo
Sol brun o c r e h Z ocre a r g i l e u s & sables %b\eus ,
ocre srgilosahlrur sablo arqileurb f;ns , grau; Il0 nnairc
cì sabks Fins, sables F i n s . camposc. d sa cm . carolpace Im.
gravi I l o n n o i r e ,
chid des al&&
l l u s o u m o i n s Fcrru-
g;nise(s d i s 45cm.
Al B2 Al B2 Al A3 B3 Al A3 Al B2
0-5 40-60 0-5 45-60 0-5 20-30 90-110 0-5 30-40 0-5 60-70
..........................
C "/.. 31,O 34,6 5,4 44,2 7,6 2!5 15,2 32,O
A % .......................... 24,O 45,9 13,l 17,4 17,9 31,3
S m é % ........................ 13,O 1,99 8,36 0,23 12,2 0,53 0,74 8,12 1,74 19,9 4,44
V ............................. 78 21 70 5 74 8 22 90 34 100 50
pH ............................ 6,O 5,7 5,9 5,4 6,O 5,O 5,1 6,s 5,s 7,l 5,s
e Fort\ densr s i c h e +
Savone arbor& bu t k
cui rasse c IC teau
Penkc. infdrirure
Al B2 B3g A1 B2 BC Al B2 B3
Smé .................... 10,7 4,02 3,41 10,ll 4,02 4,18 8,66 0,94 1,34
V ......................... 87 47 51 82 42 58 54 11 17
pH ........................ 6,6 5,7 62 6,6 53 62 5,9 5,4 526
S ~ m 7;é .................. 18,4 12,l 12,O 16,4 9,18 11,l 20,3 7,84 5,21
SiOa/A1~03................. 1,9 13 118 1,5 13 1,s 1,5
Fer total ................... 4,20 7,90 9,50 13,6 20,2 21,5 15,3 17,4 17,9
- 30 - 359
Sols ferrallitiques faiblement et moyennement désaturés issus de schistes et sols bruns issus de roches
basiques.
Séquence de sols de Boka-Kouamékro-Fettèkro. Juxtaposition de sols
raj/érosion R/i +
S01s bruns
T/raj/R/m Sols bruns vertiques
Végétation : savane guinéenne de divers types, îlots de fordt dense humide semi-décidue.
Modelé : accidenté (collines culminent b 350-380 m, les glacis cuirassés se situent vers 250-280 m les fonds de vallées
sont k 220-230 m d'altitude).
Al B2 Al. B1 Al B2 BC A l B Bg Al B2 C Al B2
0-20 40-50 0-8 8-20 0-20 50-60 90-100 0-20 40-50 90-100 0-15 50-70 160-180 0-5 70-80
.sommrt de c o l l i n e
PS 31 SG 13
35
\P5 32
Bas cl= p r n k
75
I 4
BC
115
..........................
Co/oo 49,6 4,s 17,4 5,2 ' 28,2 9,9 13,8
A % .......................... 30,4 23,4 37,7 15,5 33,6 31,6 33,O 43,3 39,l 43,3 58,l
S m é 7; ........................ 30,9 12,9 25,O 16,9 8,5 24,O 25,O 32,2 30,5 32,2 40,4
V ............................. 100 90 100 100 86 97 100 100 100 100 100
pH ............................ 6,6 5,s 6,4 7,4 6,9 6,O 6,5 7,O 7,5 8,2 8,2
STmé % ...................... 90,1 45,s 136 20,3 66,5 106 125 88,6 91,2 119
SiO~/A1?03..................... 2,3 1,9 2,3 2,5 2,5 2,4 2,2 2,o
Fertotal ....................... 8,O 14,3 12,s 13,3 10.0 11,7 9,9 7,9 8,6 9,5
- 32 - 361
Ouest préforestier
R l ?1
Séquence de sols de Sipilou. Association de sols faciès humique.
Sol b r u n r o u 3 e
a r g ¡ leur gravillon-
naire d¿s \ a Remanié recouvrement.modal
S u r F a a,surune Sol brun r o u s e
grandc dpaisawr. argi\eUr ä ocre.
pdnitral-ibn hum;. gravillonnoirr rk
F i r c t l ; ~imiortante. graucleur, p¿n;trah& S o l b r u n jaune a r s i l o
hum;&c t r i s 'imlortan\.c. sablrur & C I C ~ Ca r g i \ c u r
propond .
Al B2 A l l A12 B2 B3 A l l B21 B22 A l l B21 B23 Al B2
0-5 25-40 0-5 20-30 40-60 150 0-5 40-50 SO-100 0-10 40-50 60-80 0-20 55-SO
Plateau
S0”Q.t dc s o m m r t dr
PO 71 bu ttc CO Ilinc
PO 81 C5-?Om
Ail
A12
A3
PO 75 BI BI
80 824 Ba
I32
90
110
822
BC 82
140- ,140
160 Typique-modal
C Sol ocre
Typique-modal lcus
Sal ocre
profand
ar9& sableus I .
I------I
Remanié-mo dal
TypiqUe-oppQUVrl
proFohd 9rahil-e
a\&L à pa&r de Sol ocre Sol occc
Spblo a r q i \ c u r b arq;\eur
\\Dam.
argtlo s a b \ e u r gravi I\,nnoire,
profond. qranik issu de %rank
al\;rC 3 hydromor- a hypersthihr.
phic Z p r H r de 90cm .
Al B2 Al B2 Al B1 Al B21 Al B2
0-5 80-100 0-5 50-60 0-5 50-60 0-5 50-70 0-5 90-110
Est préforestier
Sols ferrallitiques moyennement désaturés et sols ferrugineux peu lessivés issus de granites.
F o r z t dsnoe. siche
P 1akenil
NA23
... ~
NA 5
\ o n g u r et F a i b l c
Ba
Remanié-mo dal
Typique-modo1
So\ bron rouge
argileux, Sol b r u n h
gravi I l o n n a i r e . ocre r o u g e w
Typique-oppauvri
Sab\o a r g ; ; c u ~ i
argilrur , Sol gris brig-
proFond . sableur à ocrc
too3e argilo %-
bleus, profond,
concrebionnr ment
e n broFon deur ocrc r 0 0 9 ~argilo sableur bariole'.
Al B2 Al B2 Al B21 B3 Al B2 B3 Al A3 B2
0-3 30-50 0-5 45-100 0-5 60-70 120-140 0-5 60-70110-120 0-10 40-70 140-160
Nord
Sols ferrallitiques moyennement désaturés issirs de granites.
R/m -I-R/i
Séquence de sols de Waraniene (Korhogo). Association de sols R
r e p l a t sous Plateau
e u i r a s s e de ~ c n supdricure
k
BI
B2
65
95
Reman¡& recouvrement
modal
Sol 9 i 5 blm- I.
Re Aanii colluvlorln:
chbfrc sublrux 501 grif. hydromorphc
e .
Al B2 Al B2 B3 Al B2 BC1 AI B2 Al A3 Al B2
0-10 40-50 0-10 20-30 50-60 0-10 0-10 70-100 0-10 40-50 0-10 50-60
R/j;r / v i
Séquences de sols de Ferkéssedougou. Juxtaposition de sols
R(coll)/?
Végétation : savane subsoudanaise, arborée et arbustive.
Modelé : largement ondulé (L : 1 000-2 O00 m, H : 30 m, alt. : 330-300).
botte
Som met de PlclFeau timo;n Cu;.
colline sommet de col lin^ ~mbe&
.,I r a s e
Panke 3-670
. . .7.
PU PK2 1
bas de p e n k
BI
haute t e r r a s s e . 30
d u Bandama 821
50
B22
5 y R 416
90 io5
BC
I
Reman¡é-modal
Al B2 AI A3 B2 AI B2g Al B2 AI B2 BC
0-20 40-50 0-15 25-35 60-70 0-20 50-70 0-10 50-70 0-5 30-50 110-130
PO
. 31 Pente savant arbushue
Pente inférieure
PO 33
15
55
105
Bnz
B3
501jounr &Llo
argi l e u s
-
gravrlrvr
c o r s p u i COc-.
160
p
k
&
Remani6 collyvionn6
Solocre.
-
orgilo sableur,
-
Sol ocre jaunr
-appauvri earapcei 7&m. .çabIo argileux Sol brun ocre
hydromorphic ’ 6 orgilo sableux, argilrur growil-
sol g r i s o c r e ã ocr- O. I Z O cm - mropace h lonnairc d-grove..
robloarg;lrux i arsilo 90cm. -
~ W K hydromor.
PO 31 PO 33 PO 42 PO 41
AI B2 BC AI B1 B3 Al B1 Al B2
0-5 40-60 160-180 0-5 40-60 140-150 0-5 50-70 0-5 30-50
\ P e n h forte /
\PO I
I
SOI
20
V a
30
BI
45
80
120
120
AI B2 AI B2 Al B2 Al B2
0-15 40-60 0-5 40-70 0-5 50-70 0-5 80-100
Smé ..................... 6,19 5,06 1,52 0,44 2,32 2,19 10,63 3,19
v .......................... 57 55 29 7 52 39 85 59
pH ......................... 625 63 61 5,6 62 596 6,s 620
Nord-est
Sols ferrallitiques moyennement désaturés et sols ferrugineux sur matériaux ferrallitiques remaniés, issiis
de grunites.
I
Séquences de sols de Kong. Association de sols
Platad
sommrt d e collinr
Pente supérieure
PB 95
Ponte
PB 98
... 82
Ferrugineux
Riman;é induré
Typique-appauvri Sol b r u n ocre
Sol aris b r i s e
d I
orgilrur d&
Fer pu gin$ux
Remani6 hydromorphe OcTe
30.2- -
sobleus ci ocre granite. a\tLrLà
ocrr arg;losablrw Frm-t argilsux. Sol b e i p ocrc orgilo sab\cwr f a i b l r proFondaur
fachtk; .hydromor. caropoc- ä Im. sableus profond
phir M profondeur. hydromorphic
hrttr profon.
dsur -
Al B2 Al A3 B2 Al A3 Al A3 Al B2 B2 BC
0-5 70-90 0-5 20-35 70-90 0-5 70-90 0-5 40-60 0-5 90-110
Sols ferrallitiques faiblement désaturés et sols ferrugineux sur matériau ferrallitique remanié issus de
granites.
Penkc inf¿rirur
..
75 EiB2 B3
Al A3 E33 Al B1 BCi Al A3 BG Al A3 B2 Al B2 B3
0-10 20-30 60-70 0-5 30-40 50-70
............. 8,l
C "loo 6,6 40,2 5,2 7,s 21,7
A y< ............. 9,4 40,3 33,6 6,7 10,s 17,5 5,O 9,5 45,2 5,2 3,s 31,5 17,7 34,2 37,l
Smé % ........... 4,98 1,05 0,85 6,83 4,77 2,18 3,28 2,21 2,33 5,05 1,21 3,31 12,46 5,79 7,94
V ................90 15 12 93 68 38 93 58 90 93 53 60 90 63 70
pH ............... 7,O 5,4 5,5 6,6 5,7 5,9 6,6 6.1 5,9 6,6 6,4 5,s 6,5 5,9 6,1
:(
S ~ m é .......... 8,69 7,75 7,11 12,5 17,s 18.8 6,80 4,78 21,4 10,5 21,7
Si0-2/Ala03 ........ 2,1 1,9 2,5 2,2 2,3 1,9 2,2
Fer total .......... 5,50 6,50 0,75 1,15 3,35 3,OO 5,60
370 - 41 -
Végétation : forêt dense sèche et savane subsoudanaise. Forêt claire et savane arborée et arbustive.
Modelé : ondulé, larges plateaux, bowe (L : 1 000-3 O00 ni, H : 50 m, alt. : 300-250).
Fortt dchse
For2tcla'ire et s a v a n e a r b o r & skche.
Al B21 B22 Al A3 B2 Al A3 AI B2
0-5 30-50 90-110 0-5 25-40 60-70 0-5 30-40 0-5 50-60
Pente b r E s
sol b r u h Fonck
ar+ l e u r lourd -
pseudog\ey 6 gocm.
3.3.1. AVANT-PROPOS
Dans ce paragraphe qui sert de conclusion au chapitre sur la répartition des sols, la confrontation
des différentes données et des cartes du climat de la végétation, des sols et des roches mères, permet de
définir certaines relations générales climat-sol et sol-végétation.
La simplification et la réduction à la même échelle des cartes du climat, de la végétation et des sols
de la Côte d’Ivoire ci-jointes permet de les comparer plus aisément.
Les lignes d’isodéficit hydrique cumulé et les isohyetes moyennes annuelles sont reportées respec-
tivement sur les cartes de la végétation et des sols pour faciliter ces comparaisons.
On ne reviendra pas sur les relations climat végétation qui sont traitées dans le fascicule climat,
par contre les relations sol-végétation traitées au fur et à mesure de la description des associations végé-
tales dans le fascicule végétation sont présentées plus synthétiquement, regroupées et illustrées par les
graphiques du paragraphe 32 et sont complétées par les relations végétation-sol.
3.3.2. RELATIONSCLIMAT-SOL
L’abondance des précipitations (pluviométrie annuelle), la durée et l’importance de la saison sèche
(déficit hydrique cumulé) et les alternances répétées de périodes humides et sèches ont une action prépon-
dérante sur trois caractères des sols :
o la lixiviation des bases, mesurée par la désaturation du complexe absorbant dans l’horizon B et A.
o l’induration des horizons Bf et BC.
o la nature des matières organiques des horizons humifères.
I1 existe une bonne coïncidence sur les cartes entre la zone dont la pluviométrie annuelle est supé-
rieure à 1 600 mm et les sols ferrallitiques fortement désaturés en B. Cette coïncidence est aussi bonne si
l’on considère la pluviométrie maximale moyenne des 30 jours les plus pluvieux supérieure à 400 mm.
La désaturation très forte paraît donc liée aux très fortes pIuies des mois de juin-juillet qui tombent
sur un sol déjà humide et déclenchent ainsi les phénomènes de lessivage vertical et oblique.
Des sols fortement désaturés en B sont cependant fréquents dans tout le panneau schisteux de l’est
de la Côte d’Ivoire qui remonte dans la Haute Comoé jusqu’aux confins de la Haute-Volta dans des régions
où la pluviométrie s’abaisse jusqu’à 1 200 mm. Cette désaturation importante du complexe absorbant
des horizons B ne peut être que d’origine paléoclimatique. Dans ces sols, les horizons humifères sont moyen-
nement ou faiblement désaturés et la réaction (pH) est nettement supérieure à celle des horizons B.
La relation entre la pluviométrie et la désaturation est meilleure si l’on considère la désaturation
de l’horizon B et de l’horizon humifère A. la réaction des horizons humifères fortement désaturés est
même plus acide que celle des horizons de profondeur.
Cependant la limite nord des sols ferrallitiques fortement désaturés dont les horizons humifères
possèdent une réaction plus acide que les horizons de profondeur passe au sud du massif de Man. Les sols
fortement désaturés en B du massif de Man et de la région d’Odienné pour lesquels la pluviométrie est
- LESSOLS
A. PERRAUD 373
-
nettement supérieure à 1 600 mni ont en effet des horizons humifères faiblement acides et moyennement
ou faiblement désaturés pour des raisons différentes : accuniulation de matière organique dans le massif
de Man due à une température plus basse et une humidité toujours très élevée (sols à faciès humique).
Végétation de savane et importance de longueur de la saison sèche dans la région d’odienné.
La ligne d’isodéficit hydrique cumulé de 250 mm, déficit réparti sur moins de quatre mois (décembre
à mars) coïncide à peu près dans l’est de la Côte d’Ivoire avec la limite nord des sols fortement désaturés,
mais reste nettement en dessous de cette limite dans l’ouest.
Lorsque la pluviométrie annuelle est inférieure à 1 600 mm, les sols sont par contre indifféremment
moyennement ou faiblement désaturés et peuvent même être fortement désaturés, dans les horizons B.
Si la pluviométrie devient inférieure à 1 200 mm la surimposition d’une évolution de type ferrugi-
neuse, peut se produire. Elle se traduit par la différenciation des horizons supérieurs, des matériaux ferral-
litiques tris appauvris en argile.
Les variations de la somme des bases totales des horizons B confirme celle des bases échangeables :
cette somme est faible, inférieure ou égale à 3-4 mé <: pour les sols fortement désaturés en B ; elle est
nettement supérieure, 10 à 15 mé % dans les sols moyennement ou faiblement désaturés.
Induration
L’induration se manifeste dans les horizons les plus riches en hydroxydes et oxydes de fer. Elle
commence dans les horizons tachetés et bariolés dans lesquels une ségrégation du fer s’est produite (hori-
zons B et BC) ;les taches rouges et rouilles s’indurent en premier. L’ensemble de l’horizon peut se prendre
en masse, il est plus ou moins consolidé (carapace et cuirasse).
Cette induration actuelle représentée sur l’esquisse au l/500 O00 par les sols remaniés-modaux
faciès induré et les sols remaniés-indurés se déclenche dans les zones ou la pluviométrie annuelle est infé-
rieure à 1 400 mm et le déficit hydrique cumulé, réparti sur plus de quatre mois, supérieur à 400 mm.
Les horizons de profondeur ne sont pas régulièrement réhumectés chaque année. L’induration
est d’autant plus intense que la saison sèche est plus longue.
On constate donc une proportion plus grande de sols avec induration à mesure que l’on remonte
vers le nord de la Côte d’Ivoire.
Cette induration se déclenche plus facilement dans les sols issus de schistes plus riches en fer que
dans les sols issus de granite.
L’érosion et les défrichements accélèrent ces phénomènes, aussi aboutit-on, surtout dans les zones
de savane, à la présence en surface ou très proche de la surface de carapaces et de cuirasses qui sont des
horizons B ou BC fortement indurés : ces sols carapacés ou cuirassés sont représentés par une surcharge
de traits obliques entrecroisés sur l’esquisse au 1/500 000.
Une pluviométrie annuelle supérieure à 1 600 mm et un déficit hydrique cumulé faible réparti
sur moins de quatre mois, permettent de séparer très nettement deux types d’horizons humifères forestiers :
o Dans la zone très humide, le mull forestier tropical oligotrophe de forêt dense humide semper-
virente, très peu épais, pauvre en matières organiques faiblement polymérisées, acide (pH inférieur à 5 )
et fortement désaturé (taux de saturation inférieur à 25 %).
o Dans la zone moins humide, le mull forestier tropical eutrophe, de forêt dense humide semi-
décidue, peu épais, riche en matières organiques moyennement à fortement polymérisées, faiblement acide
et moyennement désaturés.
314 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
Les alternances très répétées de périodes sèches et humides, un déficit hydrique cumulé supérieur
à 400 mm réparti sur plus de cinq mois consécutifs, permettent de subdiviser les mull forestiers eutrophes
par leur richesse en acides humiques gris les plus polymérisés. On retrouve ainsi la séparation botanique
du secteur forestier mésophile en type fondamental et type dynamique.
L’influence de la végétation déjà importante pour les matières organiques des sols forestiers devient
prépondérante pour les sols de savane : les teneurs en matière organique sont nettement plus faibles et
réparties d’une façon plus homogène dans les horizons humifères. La nature des matières organiques
montre que les alternances répétées et brutales de périodes sèches et hnnides et la durCe de la saison
sèche, (400 à SOO mm de déficit hydrique cumulé répartis sur 6 à S mois) augmentent encore la proportion
des acides humiques et leur polymérisation.
Résumé
En résumé, seul le climat subéquatorial de Basse Côte d’Ivoire paraît avoir une influence actuelle
sur les caractères des horizons de profondeur des sols. Par contre le climat a une influence très nette sur
les caractères des horizons humifères (désaturation et nature des matières organiques) et sur l’induration
des horizons B.
3.3.3. RELATIONS
SOL-VÉGÉTATION
La végétation et le climat ont une influence très importante sur les caractères des horizons humifères
et en particulier sur la nature de l’humus. Les différents types d’humus forestiers sont spécifiques des
grands secteurs forestiers, ombrophile et mésophile et même de certains types de forêt. La savane couvre
et protège beaucoup moins le sol contre les variations climatiques que la forêt, les phénomènes d’indu-
ration et-d’appauvrissement en argile y sont beaucoup plus fréquents.
Les relations sol-végétation sont très nombreuses, la plupart sont citées par J.L. GUILLAUMET
dans le fascicule végétation. Dans ce paragraphe ces relations sont regroupées, complétées et illustrées en
renvoyant aux graphiques correspondants du paragraphe 32.
Domaine guinéen
Secteur oinbrophile
Les limites nord des sols ferrallitiques fortement désaturés en B et du secteur ombrophile sont
communes à deux exceptions près :
- les sols fortement désaturés en B situés au nord du massif de Man et dans la région d’odienné
sont sous savanes guinéennes et subsoudanaises ;
- les sols fortement désaturés en B issus de schistes de la région d’Abengourou et Prikro sont
sous forêt du secteur mésophile.
La coïncidence est meilleure si l’on tient compte aussi de la désaturation des horizons humifères A.
Les limites nord sont alors communes à l’exception du massif de Man (sols à faciès humique, accumulation
de matières organiques).
Dans le détail cette relation se révèle encore plus précise :
e sur les sols sablo-argileux à sables grossiers issus de granite se développe le type fondamental
à Ereniospatha africana et Diospyros inanii (graphiques 4 - 5 - 6 - 7 - 12).
o sur les sols argilo-sableux à sables fins à argileux issus de schistes ou de granites enrichis se déve-
loppe le type : Diospyros spp. et Mapaitia spp. (graphiques 3- S - 9).
- LESSOLS
A. PERRAUD 375
o sur les sols argileux, humifères issus de granite à hypersthènie se développe le type à Tarrieti
utilis et Chrysophylhrm perpulchrurn (graphique 13).
a sur les sols sableux à sablo-argileux issus de sables tertiaires se développe le type à Tzaraeantlius
africanus et Heisteria parvifolia (graphique 1).
o sur les sols hydromorphes humiques et organiques (tourbes) se développe une forêt marécageuse
à Mitragyna Ciliata et Syniphonia globulifera (graphique 15).
o sur les sols hydromorphes minéraux et les sols peu évolués d’apport à hydromorphie de pro-
fondeur issus de colluvions et d’alluvions se développe les forêts périodiquement inondées (graphique 14).
Les savanes à l’ouest dir Sassandra : ces savanes sont localisées sur les sols hydromorphes issus des alluvions
argileuses de la Néro. Ces sols sont régulièrement inondés chaque année. Le maintien de ces savanes n’est
pas seulement du à l’action de l’homme qui est faible dans ce cas (quelques feux pour chasser et nettoyer
les pistes à pied) mais surtout édaphiques.
Deux groupements principaux sont décrits :
- Dans la plaine alluviale, groupement à AnadeIphia longifolia.
- Sur les buttes isolées, groupement à Hyparrhenia chrysargyrea (voisin du groupement à Bra-
chiaria brachylopha).
Secteur niésopliile
Forêt dense hurnide semi-décidue
Le type fondariiaital à Celtis spp. et Triplochiton scleroxylon recouvre indifféremment les sols
ferrallitiques issus de schistes ou de granites.
Cependant les propriétés physiques des sols et en particulier leur profondeur conditionne le déve-
loppement de la forêt :
376 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
o Les sols profonds issus de granites de la région de Bouaflé-Sinfra portent une très belle forêt
(graphique 23).
o Les sols gravillonnaires sans induration issus de granite ou de schistes (graphiques 22 et 16)
ou profonds issus de granites intrusifs (graphiques 19 et 20), portent les forêts bien développées de la
Sangoué (Gagnoa) et de la Seguié (Cechi).
o Les sols gravillonnaires irrégulièrement indurés issus de schistes de la région d’Abengourou
portent une forêt hétérogène (graphique 17).
o Les sols gravillonnaires indurés, peu profonds issus de schistes de la région d’Ouellé-Prikro
portent des forêts très dégradées (graphique 18).
Le type dj~narniqueà Aubrevillea kerstingii et Khuya ivorensis est situé au nord du type fondamental.
Sa limite avec les savanes guinéennes coïncide le plus souvent avec des changements de sols et son exten-
sion plus ou moins importante vers le nord est liée à la présence de certains types de sols : la présence
de ce type de forêt de part et d’autre de la Comoé (jusqu’à la hauteur du 8“ parallèle et même au-dessus) et
du Bandama (jusqu’au niveau de Béoumi) ainsi qu’au nord des Monts Yaouré est due aux propriétés
physiques des sols ferrallitiques issus de schistes. Ces sols sont généralement très peu appauvris dans les
horizons supérieurs et sont relativement plus argileux que ceux issus de granite, leur capacité de rétention
en eau est élevée (graphique 28).
Le passage des sols ferrallitiques issus de schistes aux sols ferrallitiques issus de granite et aux sols
ferrugineux dérivés de matériaux ferrallitiques remaniés coïncide avec la limite est et nord-est du G V
Baoulé N entre les forêts du secteur mésophile et les savanes guinéennes. Dans le cas du couloir du Nzi
(sols ferrugineux très sableux) la limite est brutale (graphique 26).
Cependant la limite forêt-savane dans le domaine guinéen et particulièrement dans la branche
ouest du {( V Baoulé )) semble être due aussi à l’occupation humaine et à l’utilisation des sols - en effet,
peu de caractères différencient les sols situés dans la même position topographique sous forêt et sous savane
si ce n’est un appauvrissement en argile et une tendance à l’induration sous savane et bien sur, les carac-
tères des horizons humifères (graphique 25).
L’action des feux de brousse est prédominante ; après les défrichements dus à l’homme les feux
empêchent les espèces forestières de se réinstaller et maintiennent des savanes plus ou moins riches en
espèces arborées résistantes au feu : l’expérience de la station C.T.F.T. de Kokondekro (Bouaké) est très
significative.
Depuis 1938, une savane arborée développée sur un sol ferrallitique remanié-appauvri est partagé
en trois parcelles : la première est entièrement protégée du feu, les deux autres sont brulées chaque année,
l’une par des feux précoces l’autre par des feux tardifs. Au bout de trente ans de protection totale, la
forêt a repris possession du terrain, les graminées ont disparues totalement et la forêt se reconstitue assez
bien, le sous-bois est clair, les lianes nombreuses et les espèces arborées augmentent régulièrementt Les
feux précoces ont conservés une savane arborée et même par endroits boisée. Les feux tardifs ont détruit
la savane arborée, une savane arbustive et même herbeuse par endroits s’est installée. La répartition
naturelle, que l’on observe actuellement, des lambeaux de forêt sur les sommets de colline et de la savane
sur les pentes (sols appauvris en argile) montre bien la tendance de la colonisation de la savane sous l’in-
fluence dégradante de la culture des sols et du maintien de la forêt sur les sols les plus argileux.
La zone de transition caractérisée par un déficit hydrique cumulé compris entre 400 et 600 mm
répartis sur 6 à 7 mois et une pluviométrie comprise entre 1 100 et 1 600 mm répartie sur deux saisons
des pluies, est couverte soit de boisement denses (forêt dense humide semi-décidue de type à Aiíbrevillea
kerstingii et Kliaya ivorensis) soit de savanes guinéennes.
Les boisements denses, malgré l’influence humaine qui est le principal facteur de leur disparition,
sont liés aux facteurs édaphiques :
o Les îlots forestiers sont liés le plus souvent à la présence de sols ferrallitiques issus de schistes
ou de roches basiques, riches en argile.
- forêts des Monts Yaouré, de Marabadiassa (graphique 28) ;
- forêts de Fettekro, de l’orumboboka (graphique 30).
Ces îlots sont aussi présents sur les sols issus de granite mais sont peu stables (graphique 35).
o les forêts galeries sont liées à l’hydromorphie des sols, ainsi que les forêts riveraines le long des
grands fleuves.
Les savanes guinéennes. Les relations entre les sols et les groupements végétaux sont très étroites.
o L’ensemble des sols ferrallitiques remaniés ou typiques issus de granite est couvert du groupement
à Pariicuin phragiiiitoïdes (graphiques 25 - 27).
0 Les sols ferrugineux sableux, dérivés de matériaux ferrallitiques remaniés, issus de granite (cou-
Secteur littoral
Le pédoclimat relativement sec entraîne des relations assez étroites entre sol et végétation (gra-
phique 2).
La plage et les dunes sur lesquelles se développent des sols peu évolués d’apport marin sont colo-
nisés par des groupements herbacés et par le fourré littoral.
Les pseudopodzols dont l’horizon lessivé blanc est très proche de la surface sont couverts de savanes
littorales essentiellement herbeuses avec quelques petites mares permanentes. La nappe phréatique remonte
jusqu’en surface pendant une partie de la saison des pluies. Les savanes de MOOSOU, Abouabou, Adiaké
sont de ce type.
La savane de Grand-Lahou par contre, est marécageuse et très hétérogène. Sur des sols hydro-
morphes issus des alluvions du Bandama et des sols peu évolués hydromorphes issus de sables marins
s’est développée une prairie aquatique avec des bosquets et quelques zones drainées à rôniers.
378 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
Les sols ferrallitiques appauvris-modaux qui occupent les parties les plus élevées du cordon littoral
et aussi certains sols podzoliques sont couverts par la forêt sublittorale à Afiolicania elaeosperrna et Dry-
petes aframensis.
Sur des sols hydromorphes à gley salés, issus d’alluvions, soumis au régime des marées se développe
dans certains estuaires des grands fleuves, une mangrove à rhizophora et avicenia.
Secteur montagnard
Le pédoclimat très humide et relativement frais entraîne une accumulation de matière organique
et les sols bien que fortement désaturés en B sont grâce au faciès humique mieux pourvus en bases dans
les horizons de surface que les sols de plaine (graphique 13).
Les sommets, les pentes fortes et les ravins à partir de 700-800 m d’altitude sont couverts par une
forêt dense humide sempervirente d’un type particulier, forêtà Parinari excelsa. Si le sol est trop peu épais
(sols lithiques sur certains pitons et dans les pentes très fortes) une forêt basse apparaît. Une formation
herbeuse, la prairie altimontaine du Mont Nimba recouvre des sols lithiques et des cuirasses.
Les lambeaux de forêt dense sèche à trois strates sont situés en position de plateau ou de sommet
de colline sur des sols ferrallitiques typiques-modaux (profonds et non appauvris en argile) issus de granite
(graphique 34) et remaniés-modaux (gravillonnaires mais de texture fine) issus de schistes (graphiques
29-41).
La forêt claire à deux strates est la formation climacique, les plus belles forêts claires sont cependant
localisées sur des plateaux dont les sols sont profonds et peu appauvris en argile et dans les zones peu peu-
plées. Les glacis situés au pied des inselbergs de la région de Madinani en particulier portent de très belles
forêts claires, les sols sont en effet des sols ferrallitiques typiques profonds (graphique 38). Dans les zones
peu peuplées, les forêts claires sont fréquentes, en particulier dans la réserve de Bouna, les forêts claires
sont bien développées surtout sur les sols issus de schistes (graphique 41).
Les savanes, groupement à Pariicunz phragmitoïdes, subdvisées suivant l’importance du peuplement
arboré en savanes boisée, arborée, arbustive et herbeuse, occupent la majeure partie des sols.
La diminution du peuplement arboré (en dehors de l’occupation par les cultures) semble due à
l’appauvrissement en argile des positions de plateau et surtout de pente.
- Savane arborée : graphiques 37 - 38.
- Savane arborée et arbustive : graphiques 35 - 36.
- Savane arbustive et herbeuse : graphiques 39 - 40.
Les savanes herbeuses sont liées à :
o La dégradation très poussée due à l’occupation des sols par la culture : sols très sableux.
o L’apparition des phénomènes d’hydromorphie en position de pente inférieure et bas de pente
(groupement à Loudetia phragmitoïdes) (graphiques 39 - 40).
o L’hydromorphie des sols de bas fonds et des terrasses alluviales (groupementà Vetireria nigritana).
o La présence d’horizons fortement indurés très proches de la surface ou en surface : affleurement
de carapaces ou de cuirasse (groupement à Cochlospermlmz tinctorium).
- LESSOLS
A. PERRAUD 379
Les différences entre les domaines Subsoudanais et Soudanais sont surtout liées au facteur climat :
on passe du climat tropical subhumide au climat tropical subaride.
On observe une différence de groupement dans le type de forêt dense sèche : forêt à Ceibaperrtadra
et Clzlorophosa excelsa dans le domaine subsoudanais, forêt à Anogeissus leiocarpus et Cola cordfolia
dans le domaine soudanais. De même, le type différentiel à Elionurus spp. et Cynibopogon proxiinus du
groupement de savane à Panicurn phragmitoïdes est répandu dans le domaine soudanais.
La présence de plus en plus marquée des buttes cuirassées et des sols lithiques sur cuirasse et cara-
pace dans le domaine soudanais se traduit par une végétation très spécialisée surtout dans le nord-est
du pays : groupement à Coclzlosperinunr tinctorium sur les sols lithiques drainés, les petites mares sont
envahies par Hjjgrophila senegalensis et Dopatriunz spp.
Les quatre grandes zones écologiques définies dans le premier chapitre servent de base pour la
définition des aptitudes culturales et forestières des sols.
Le tableau ci-dessous rappelle les principaux caractères du climat de la végétation et des sols de
ces zones :
Basse Moyenne
Côte d'Ivoire Côte d'Ivoire
CGte d'Ivoire Côte d'Ivoire
Forestière Forestière Préforestière Subsoudanaise
Végétation . .. ....... Secteur ombrophile Secteur mésophile Secteur mésophile et Secteur soudanais et
subsoudanais subsoudanais
Climat . .. .. .. ...... . 2 saisons des pluies, 2 saisons des pluies, 2 saisons des pluies, 1 saison des pluies,
P > 1 600". P comprise entre P comprise entre P comprise entre
1200 et 1 600 mm. 1 O00 et 1 600 mm. 1 O00 et 1600 mm.
Sol . . . . .. . ... . . .... . Ferrallitique, forte- Ferrallitique moyen- Ferrallitique moyen- Ferrallitique moyen-
ment désaturé. nement désaturé. nement et faiblement nement désaturé et
désaturé. ferrugineux.
Les principales aptitudes culturales et forestières sont déterminées dans chaque zone pour les
cultures vivrières, les cultures arbustives et l'arboriculture fruitière, les cultures industrielles et le reboise-
ment.
380 LE MILIEU NATUREL DE LA CôTE D’IVOIRE
Basse Moyenne
Côte d’Ivoire Côte d’Ivoire
Côte d’Ivoire Côte d’Ivoire
Forestière Forestière Préforestière Subsoudanaise
Culture vivrières .., . Manioc, riz pluvial, Igname, manioc, riz Igname, maïs, riz plu- Mil, igname, maïs, riz
bananier, plantain. pluvial, maïs, bana- vial. pluvial, riz irrigué.
nier plantain.
Cultures industrielles. . Palmier à huile, hévéa, Cotonier, ananas. Cotonier, canne à su- Cotonier, canne à su-
ananas, bananier. cre. cre, riz irrigué.
Reboisement . .. . . . . . Acajou, niangon, fra- Sipo, teck. Teck. Teck, gmelina (protec-
miré, fraké, okoumé. tion des sols).
Indépendamment de ces zones écologiques, les propriétés physiqiies des sols interviennent pour
définir :
- d’une part, des zones favorables à la mise en ciilture, dans lesquelles les propriétés physiques
sont, soit :
- bonnes : sols profonds pas ou peu gravillonnaires ;
- médiocres à moyennes : sols profonds gravillonnaires.
- d’autre part des zones &ficiles à mettre en cidture, dans lesquelles les propriétés physiques sont
médiocres et mauvaises à cause :
- du relief accidenté : sols peu profonds et danger d’érosion ;
- de la texture sableuse : sols à pédoclimat sec et danger d’érosioa même avec des pentes
faibles ;
- de l’induration : des sols peu profonds avec carapace ou cuirasse à faible ou moyenne
profondeur.
La fertilité des sols de Basse Côte forestière (zone I> est le plus souvent médiocre, les propriétés
physiques sont très variables et la richesse chimique est toujours faible et parfois même très faible : sols
ferrallitiques fortement désaturés en B. L’horizon humifère peu épais est souvent fortement désaturé et
son pH très acide est inférieur à celui des horizons de profondeur.
p r o p r i e t e s physiques bonnes
I Basse C ô t e d l l v o i r e F o r e s t i è r e 0 sols profonds ou peu gravillonnaires
physiques m é d i o c r e s à moyennes
a Moyenne C ô t e d * l v o i r e F o r e s t i è r e
0 Propri&&
s o l s gravillonnaires
4.1.2. FERTILITÉ
DES SOLS DE MOYENNE COTE D’IVOIRE
FORESTIÈRE
La fertilité des sols de la Moyenne Côte d’Ivoire forestière (zone 11) est déterminée pour une part
plus importante, par les propriétés chimiques du sol et en particulier par celles de l’horizon de surface
(sols ferrallitiques moyennement désaturés). Leurs propriétés physiques restent cependant très impor-
tantes ; elles sont d’ailleurs assez variables du fait de la présence dans les sols du groupe remanié, du faciès
avec recouvrement (sols profonds dépourvus d’éléments grossiers en surface) et de l’induration possible
des horizons de profondeur.
- Les sols remaniés-modaux issus de schistes localisés dans le massif du Yaouré entre Zuenoula
et Tiébissou ; (région périphérique du lac de Kossou) sont recouverts de forêt et occupent les pentes et
sommets des collines. Leur horizon graveleux est cependant souvent quartzeux, mais leur texture est
argileuse dès la surface. Ces sols conviennent principalement aux cultures arbustives perennes (caféier
et cacaoyer) car leur extension est souvent limitée. Ces sols sont en effet juxtaposés avec des sols remaniés-
indurés sur les sommets et des sols remaniés-colluvionnés faciès induré sur les pentes (sous savane). Malgré
tout, le reboisement (plantation de tecks, de Matiemba) est possible à condition de trouver des surfaces
suffisantes où dominent les sols remaniés-modaux.
Les sols rajeunis par érosion et typiques-remaniés et rajeunis issus de roches basiques du complexe
volcanosédimentaire sont des sols ferrallitiques faiblement désaturés qui possèdent donc des propriétés
chimiques nettement supérieures à celles des sols environnants. Des sols bruns eutrophes tropicaux modaux
ou hydromorphes vertiques se développent sur des Amphibolites et des Dolérites.
Ces sols dont l’extension est le plus souvent limitée à quelques collines aux pentes fortes ont un
potentiel de fertilité très élevé mais ne sont utilisables que lorsque la topographie le permet, les cultures
arbustives pérennes (cacaoyer) paraissent être la meilleure utilisation de ces sols (zones de Hiré - Oumé et
Yaouré).
La fertilité des sols favorables à la mise en culture de la Côte d’Ivoire préforestière (zone III) est
déterminée essentiellement par les propriétés physiques qui sont très variables d’un groupe de sols à l’autre,
les propriétés chimiques sont médiocres à moyennes et ne présentent pas de grandes variations (sols ferral-
litiques moyennement désaturés).
Les sols typiques-modaux juxtaposés à des sols typiques-remaniés et associés à des sols typiques-
appauvris issus de granite représentent la majorité des sols cultivables des régions de Séguéla, Mankono,
Kani, de Dabakala et de Nassian.
Ces sols sont profonds et bien drainants, leur potentiel de fertilité est directement lié à la teneur
en argile des horizons supérieurs, les propriétés chimiques sont moyennes. Ces sols sont favorables à
la culture des plantes vivrières (maïs, igname) et à la culture industrielle du coton. De plus l’existence de
deux saisons des pluies permet encore de faire deux récoltes différentes dans la même année.
Dans la région de Séguéla, les sols colluvionnés argileux profonds occupent les glacis situés aux
pieds des nombreux inselbergs, les sols typiques-modaux et remaniés occupent les collines environnantes.
Dans la région de Kani, Dianra, Mankono, les sols typiques-remaniés sont assez nombreux, l’hori-
zon graveleux pas très épais est surtout constitué de graviers de quartz et de fragments de matériau originel
indurés plus ou moins roulés en proportion toujours assez faible.
- LESSOLS
A. PERRAUD 385
Ces sols ont un potentiel de fertilité plus faible que les sols typiques-modaux mais sont encore
cultivables : l’arboriculture convient très bien à ce groupe de sols.
Dans la région de Nassian, sous les reliques forestières de forêt dense sèche en position de plateau
se développent des sols ferrallitiques typiques-modaux ou remaniés de bonne fertilité. Les sols typiques-
appauvris en position de pente sous savane qui occupent la plus grande surface ont encore une fertilité
moyenne. Les sols ferrugineux jeunes, peu lessivés en fer, issus de granite, où l’arène granitique est à
moyenne profondeur, situés sous les collines où affleurent de nombreux blocs de granite sont cependant
cultivables en particulier pour les plantes vivrières à gros tubercule comme l’igname.
Dans la région de Dabakala les sols ferrallitiques typiques sont juxtaposés avec des sols ferrugineux
sur matériau ferrallitique sableux, dérivés des granites qui sont sensibles à l’érosion et à l’induration et
sont difficilement cultivables.
La fertilité des sols favorables à la mise en culture de la Côte d’Ivoire subsoudanaise (zone IV)
est déterminée essentiellement par leurs propriétés physiques en particulier par leur profondeur et leur
texture (rétention en eau).
Dans la région d’odienné, les sols remaniéslmodaux sont moyennement gravillonnaires, les pro-
priétés physiques sont médiocres à moyennes. Les sols remaniés/colluvionnés sont d’autre part assez
fréquents, bien que les propriétés chimiques soient plus faibles, le potentiel de fertilité reste moyen à
médiocre. Des cultures vivrières et la culture du coton sont possibles dans cette région.
Entre Odienné et Boundiali une zone montagneuse, où les inselbergs et les affleurements de granite
sont nombreux est très bien individualisée. Les sols de glacis, moyennement désaturés, typiqueslmodaux et
appauvris et les sols remaniés/colluvionnCs sont associés à des sols rajeunis et remaniés/rajeunis sur les
pentes fortes.
Les sols de glacis profonds et argileux à faible profondeur sont favorables aux cultures vivrières
et à la culture du coton.
La culture du riz pluvial est possible dans de nombreux bas-fonds en pays granitique en particulier
et dans la région de Daloa-Sinfra.
La culture du riz irrigué nécessite par contre une surface facilement planable, une alimentation en
eau importante et des sols qui possèdent un niveau assez imperméable à mayenne profondeur : en dehors
des grandes vallées alluviales difficilement aménageables (Kourou Kellé - Bagoué - Solomougou - Bandama
’
Comoé...), ces sols, assez nombreux dans les bas-fonds de la région de Korhogo sont beaucoup moins
fréquents dans les bas-fonds du reste du pays à l’exception des bas-fonds situés à proximité des sols issus
de roches basiques.
Les sols des grandes plaines alluviales des fleuves et des principales rivières de la Côte d’Ivoire sont
des sols peu évolués d’apport modaux et hydromorphes associés à des sols hydromorphes minéraux à
pseudogley et gley. Les basses terrasses favorables à la culture du riz et du bananier sont assez souvent
difficiles à aménager.
Les moyennes terrasses sont cultivables sans aménagements, la culture de la canne à sucre est
possible entre autre, sur les terrasses des deux Bandama à la hauteur de Bouaflé. Les vallées alluviales des
rivières assez importantes du nord sont favorables à la culture du riz pluvial et des cultures maraîchères.
Les sols peu évolués d’apport marin sont localisés sur le cordon littoral sur quelques centaines de
mètres de large le long de la côte. Ces sols sableux, profonds, bien drainés, très pauvres chimiquement,
conviennent à la culture du cocotier.
La forêt naturelle joue parfaitement son rôle de protection, mais lorsque ces sols sont cultivés
(cultures perennes), ils résistent assez bien à l’érosion malgré la forte pluviométrie et les fortes pentes.
Les sols ferrallitiques rajeunislérosion associés à des sols bruns eutrophes tropicaux issus de roches
basiques couvrent les nombreuses chaînes de collines orientées SSW/NNE du complexe volcanosédi-
mentaire aussi bien sous forêt que sous savane. Ces sols sont juxtaposés aux sols remaniéslindurés et
aux nombreux replats cuirassés (bowé) issus de schistes.
Des cultures intensives pérennes sont localisées sur les sols bruns et les sols de pente inférieure. La
forêt naturelle ou la savane protège les sols rajeunis de forte pente.
Les sols ferrugineux concrétionnés ou indurés et hydromorphes sur matériau ferrallitique remanié
(colluvions sableuses dérivées de granite) occupent de grandes surfaces dans la région de Toumodi d’une
part et dans le nord-est de la Côte d’Ivoire, régions de Kong et Bouna, d’autre part.
Les sols ferrugineux qui occupent les pentes longues et faibles et parfois même les sommets des
collines aplanies, sont associés à des sols ferrallitiques remaniés indurés ou appauvris situés sur les pentes
supérieures et les sommets des collines plus élevées.
Dans la région nord-est (Kong et Bouna), ces sols sont juxtaposés aux sols ferrallitiques typiques,
faiblement remaniés ou appauvris issus de granite, favorables à la mise en culture.
Si les sols ferrugineux sont mis en culture, ils sont soumis, d’une part, à une érosion très forte même
sur des pentes faibles 2 à 5 %, et d’autre part, le fer libéré des sols ferrallitiques des sommets qui niigre
le long des pentes donne naissance, à cause d’une dessication plus intense et plus prolongée, à des carapaces
et cuirasses de pente et bas de pente.
o Les sols ferrallitiques remaniéslindurés et modaux issus de schistes et les cuirasses (bowé) sont
juxtaposés aux sols ferrallitiques rajeunis ou remaniés et aux sols bruns des chaînes de collines et des massifs
du complexe volcanosédimentaire.
Ces sols sont recouverts par la forêt naturelle, ou par la savane, les bowé portent une savane herbeuse
très maigre avec quelques rares arbustes même en zone forestière. La forêt naturelle de protection ou la
savane naturelle paraissent être la meilleure utilisation de ces sols.
o Les sols ferrallitiques remaniés/indurés juxtaposés aux sols remaniés/modaux issus de schistes, en
position de plateau et de sommet de collines subaplanies sont situés dans la partie nord du massif forestier
de l’est de la Côte d’Ivoire : régions de Ouellé, Prikro, Koun.
La forêt naturelle de protection paraît être la meilleure utilisation de ces sols, les conditions clima-
tiques étant limites pour les cultures arbustives pérennes.
o Les sols ferrallitiques remaniéslindurés avec de nombreux affleurements de cuirasse sont localisés
sur les plateaux et les sommets de collines du modelé très accidenté du bassin versant de La Bia dans la
région d’Ayamé.
o Les sols ferrallitiques remaniéslmodaux et indurés issus de granite et de schistes sont localisés sur les
buttes témoins et sur de nombreux plateaux de la région Nord et Nord-Ouest de la Côte d’Ivoire (Ferkessé-
- LESSOLS
A. PERRAUD 389
dougou, Korhogo, Boundiali, Odienné). Ces sols sont justaposés aux sols ferrallitiques remaniés/modaux et
typiqueslremaniés.
La lutte contre l’érosion et les besoins en bois de chauffe particulièrement dans la région dense de
Korhogo nécessite des opérations de reboisement, mais celui-ci est difficile à cause du pourcentage d’élé-
ments grossiers et de la faible profondeur du sol.
Ce sont les sols dont l’horizon tacheté BC est à moyenne profondeur. Les taches rouille s’indurent
et l’ensemble de l’horizon peut se consolider et former une carapace sous l’influence d’un défrichement,
d’une mise en culture prolongée et de l’érosion.
Les sols fërrallitiques remaniéslmodaux avec induration à moyenne profondeur, issus de schistes
occupent les pentes et les sommets des collines des régions d’Abengourou, Daoukro, Bocanda sous forêt.
Les sols ferrallitiques remaniéslmodaux et indurés et typiqueslremaniés issus de granite dont
l’horizon BC est proche de la surface, occupent les sommets et les pentes des collines de la région du (( V
Baoulé B sous forêt et sous savane (région périphérique du Lac de Kossou).
Cependant l’induration de ces sols est plus ou moins forte et sur une même colline la répartition des
sols avec et sans induration est aléatoire. Le reboisement est possible et paraît une solution pour la mise
en valeur en dehors de la forêt naturelle de protection.
Ce sont les sols remaniéslmodaux et appauvris issus de schistes arkosiques fortement désaturés
situés dans la partie sud et sud-est de la Basse Côte.
Ces sols comportent un épais horizon graveleux, constitué de cailloux et de graviers de quartz peu
émoussés ; cet horizon, surtout lorsque la matrice est appauvrie en argile, est un obstacle sérieux à l’enra-
cinement des arbres et des cultures arbustives pérennes.
Si le modelé est ondulé, les sols de pente inférieure colluvionnés plus profonds sont peu représentés
et la forêt de protection est la meilleure utilisation de ces sols. Si le modelé est moins accidenté (proximité
d’axes de drainage importants) les sols remaniéslcolluvionnés sont mieux représentés et des cultures
industrielles (plantation de palmier à huile) ou de reboisement sont possibles (zones de Labbé et d’Irobo à
proximité du Bandama).
Les sols des bas-fonds étroits très sableux sont difficiles à mettre en culture, à cause de leur texture
et de leur pauvreté. I1 n’est évidemment pas possible de les figurer sur une carte générale et ils existent dans
toutes les régions de Côte d’Ivoire
Certains sols tourbeux et les sols hydromorphes humiques théoriquement utilisables principalement
pour la culture bananière sont difficilement aménageables : drainage difficile ou pratiquement impossible
(marécages du Bas-Bandama et la Basse-Comoé).
Les sols du cordon littoral ou de la bordure côtière sont sur les parties les plus élevées des sols peu
évolués d’apport marins, et sur les parties plus basses des pseudo-podzols de nappe et de sols hydromorphes
qui n’ont aucun intérêt agricole à cause de leur pauvreté et de la présence d’une nappe très mobile.
390 LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
BIBLIOGRAPHIE
La liste chronologique des études pédologiques effectuées par le Service Pédologique du Centre ORSTOM d’Adio-
podoumé durant la période 1947-1966 a fait l’objet d’un recueil publié en 1967.
Les travaux cités dans cette notice sont choisis parmi les plus récents et comportent tous des cartes pédologiques de
semLdétai1ou de détail qui ont servi de bande témoin au même titre que les zones vulnérables de l’étude pour le reboisement
et la protection des sols.
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Adiopodoumé. 44 p. texte et 62 p. annexe ronéo. 4 cartes h 1/50 000.
PERRAUD (A.), RIEFFEL(J.-M.), RICHE(G.). - Etude pédologique des différentes régions riveraines du Bandama. 8 zones :
- - - -
Mbrimbo Singrobo Sokrobo Bakanda Zambakro - Toumbokro - Bas-Bandama-Bouaflé.
Texte 131 p. Annexes 529 p. 8 cartes pédo à 1/10 000.
- LES SOLS
A. PERRAUD 39 1
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