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Revec 0249-7395 2017 Num 72 4 1904 t7 0442 0000 4

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Revue d'Écologie (La Terre et La Vie)

Sapp, J.— Coexistence. The ecology and evolution of tropical


biodiversity. Oxford University Press, Oxford. 2017
Chr. Érard

Citer ce document / Cite this document :

Érard Chr. Sapp, J.— Coexistence. The ecology and evolution of tropical biodiversity. Oxford University Press, Oxford.
2017. In: Revue d'Écologie (La Terre et La Vie), tome 72, n°4, 2017. pp. 442-443;

https://www.persee.fr/doc/revec_0249-7395_2017_num_72_4_1904_t7_0442_0000_4;

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de produire au bénéfice de la société dans son ensemble et non pas seulement du monde souvent trop fermé de la communauté
scientifique. Il sera consulté avec grand profit certes par quiconque se rendant en région néotropicale mais aussi par un très
large lectorat intéressé par les tropiques ou, plus généralement, par la biodiversité.

Chr. ERARD

MITCHELL, D.— Birds of Europe, North Africa and the Middle East. An annotated checklist. Lynx Edicions, Barcelona.
2017. 336 pages. ISBN 978-84-941892-9-6 (relié).

L’ornithologie de terrain s’est considérablement développée durant les cinq dernières décennies d’une part en raison
des facilités de plus en plus grandes de voyager et d’autre part suite à la prise de conscience des profondes variations et
modifications, plus souvent en mal qu’en bien, dans la distribution et les abondances des espèces d’oiseaux en réponse aux
impacts de l’homme sur leurs habitats et, d’une manière générale, aux changements environnementaux, notamment
climatiques. Par ailleurs, les développements de la génétique et de la systématique moléculaire ont profondément bouleversé
la taxinomie ornithologique, multipliant le nombre des espèces et refondant les regroupements génériques et familiaux. Il
s’en est suivi un engouement général pour la réévaluation du statut des espèces et une accumulation de données sur leur éco-
éthologie et leur répartition aux diverses étapes du cycle annuel. C’est ce qui avait donné lieu à une série de « handbooks »
comme ceux de l’Ouest du Paléarctique, de l’Afrique ou de l’Australie, pour ne citer que ceux-là, sans oublier bien sûr celui
maintenant très célèbre des oiseaux du monde (HBW) édité par Lynx Edicions. Les mises à jour de ces traités ne sont pas
aussi rapides que l’on souhaiterait (néanmoins certains sites comme HBW Alive sont à ce sujet efficaces) aussi est-il bon que
des listes systématiques soient régulièrement publiées, tenant compte des avancées taxinomiques et des données les plus
récentes sur le statut des espèces. Certes une excellente et importante liste illustrée et annotée des oiseaux du monde a
récemment été publiée par Lynx mais, eu égard au fait que bon nombre des ornithologistes de terrain sont dans l’ouest-
paléarctique, région qui avait besoin d’une liste actualisée, il est donc opportun et utile que Dominic Mitchell ait produit cet
ouvrage.
Cette nouvelle liste couvre la vaste zone, limitée au sud par le parallèle 20° N à travers l’Afrique et qui s’étend, au nord :
de Franz Joseph à Svalbard, à l’ouest : de l’Islande aux Açores et îles du Cap Vert, et à l’est : de la Nouvelle-Zemble à la
Caspiennes, l’Iran, et la Péninsule arabique comprise. Tenant compte des données disponibles à la fin décembre 2013, elle
fait état d’un total de 1148 espèces appartenant à 104 familles, dont 87 espèces endémiques (dont la distribution tout au long
de l’année reste dans les limites de la zone couverte) et 306 espèces d’occurrence irrégulière, occasionnelle voire
exceptionnelle. La nomenclature suit la liste établie par le Congrès international d’Ornithologie. Chaque entrée spécifique
donne le nom scientifique, le nom anglais officiel (et d’autres lorsqu’il y en a), de succinctes notes taxinomiques, et précise
la distribution de l’espèce et de ses sous-espèces en Europe, Afrique du Nord et Moyen-Orient, indiquant le statut de
conservation selon les critères de l’UICN. Une imposante bibliographie renseigne sur les sources des informations prises en
compte dans la réalisation de cette liste.
Cette nouvelle publication sera utile aux ornithologues et aux éco-éthologues ; elle devrait les inciter à poursuivre leurs
efforts de prospection et aussi à ne pas se contenter de « cocher » les espèces mais à se pencher en détail sur leur biologie qui
demeure insuffisamment connue pour beaucoup d’entre elles, en particulier celles qui résultent du « splitting » de la
systématique moléculaire. Elle intéressera également ceux qui se soucient de l’état de préservation de la biodiversité.

Chr. ERARD

SAPP, J.— Coexistence. The ecology and evolution of tropical biodiversity. Oxford University Press, Oxford. 2017. X + 322
pages. ISBN 978-0-19-874534-8 (broché)

Les forêts tropicales ont fasciné et fascinent toujours par l’exubérance de leur végétation, l’extrême diversité des espèces
animales et végétales, de leurs formes et de leurs couleurs, ainsi que par les mythes et légendes qu’ont colportés les
navigateurs et voyageurs qui les ont jadis explorées. Une telle richesse spécifique, tout aussi importante aux échelles tant
régionales que locales, pose certes la question de son déterminisme mais surtout celle de comment toutes ces espèces peuvent-
elles coexister quand on observe qu’un seul hectare de forêt tropicale héberge plusieurs centaines d’espèces végétales, voire
d’espèces d’arbres et qu’une telle biodiversité existe dans le domaine marin sur les récifs coralliens. Pour retracer l’histoire
des recherches conduites afin de répondre à cette question, Jan Sapp, historien des sciences, s’appuie sur l’histoire de la
célèbre station biologique de Barro Colorado, établie sur une île du canal de Panama, dont la création au début du 20 e siècle
et les activités ont indéniablement et profondément stimulé et influencé la recherche scientifique dans les forêts tropicales et
sur les récifs coralliens, jouant un rôle majeur dans son développement et ses orientations.
S’appuyant sur les documents archivés et sur des interviews des personnes ayant été des acteurs ou de proches témoins
de cette grande aventure scientifique, l’ouvrage relate l’évolution de Barro Colorado depuis la petite station de terrain créée
par des naturalistes passionnés et plus ou moins fortunés (faisant largement appel au mécénat) comme Thomas Barbour,
James Zetek, David Fairchild et Franck Chapman, jusqu’au maintenant célèbre Smithsonian Tropical Research Institute
(STRI) qui s’est développé en dépit des diverses et graves crises sociopolitiques qui se sont succédées entre les États-Unis et
Panama et surtout grâce aux deux remarquables et excellents directeurs administratifs et scientifiques qu’ont été Martin

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Moynihan puis Ira Rubinoff qui ont su, souvent dans la tourmente, trouver des financements (avec le soutien de personnalités
comme S. Dillon Ripley), attirer des chercheurs de qualité, porteurs d’idées originales (dont la plupart ont acquis une grande
notoriété en écologie) essentiellement éco-éthologistes et botanistes travaillant isolément au début puis, progressivement,
développant des programmes pluridisciplinaires intégrant botanistes, zoologistes, paléontologues, molécularistes et
microbiologistes. Tout au long de son texte, l’auteur retrace l’apparition et le développement des idées et des théories
susceptibles d’expliquer l’extrême biodiversité tropicale et de comprendre les mécanismes qui contribuent à son maintien. Il
fait revivre les débats, parfois très vifs (notamment chez les botanistes et entre ceux-ci et les zoologistes), entre les tenants et
opposants des diverses hypothèses, chacun apportant des arguments allant dans son sens, débats qui se sont amplifiés quand
Stephen Hubbell a proposé sa « unified neutral theory of biodiversity and biogeography », très contestée mais a grande valeur
heuristique. On ne peut s’empêcher de noter que maints scientifiques recherchent un peu trop vite le « graal », une explication
unique applicable à tous les organismes, quête qui se justifierait si la biologie (incluant histoire évolutive, écologie,
physiologie, génétique) de toutes les espèces était bien connue, de même que les interactions entre les espèces aux diverses
échelles spatio-temporelles, ce qui n’est pas encore le cas, et si tous les facteurs susceptibles de jouer étaient identifiés (les
développements technologiques en matière de microbiologie, génétique et accès à la voûte forestière (la canopée) en révèlent
de nouveaux). En dehors de l’imposante somme de connaissances que ces recherches menées à Barro Colorado ont apportée
sur la forêt tropicale et les récifs coralliens du Panama, l’impact du STRI a également été de susciter des recherches sur ces
écosystèmes à l’échelle mondiale, non pas uniquement pour comprendre leur origine et leur fonctionnement mai aussi pour
les protéger des effets négatifs croissants des activités humaines et assurer leur préservation.
La lecture de ce livre, qui rappelle fort utilement la nécessité en biologie d’études pluridisciplinaires et de suivis réguliers
sur le long voire très long terme, est à recommander à tous ceux qui s’intéressent au domaine tropical et à la biodiversité
d’une manière générale.

Chr. ERARD

SCHMITZ, O.J.— The new ecology. Rethinking a science for the Anthropocene. Princeton University Press, Princeton &
Oxford. 2017. XVI + 236 pages. ISBN 978-0-691-16056-6 (relié).

L’espèce humaine, dont la population mondiale explose littéralement, qui développe des villes de plus en plus grandes
et nombreuses, qui fait disparaître, fractionne ou transforme une multitude d’habitats terrestres et aquatiques qu’elle pollue
de manière inconsidérée, exerce une influence qui se fait sentir partout sur la planète, même dans les espaces les plus reculés
et inaccessibles car cet impact anthropique, si insidieux, se manifeste de manière autant directe qu’indirecte. Le phénomène
s’est tellement amplifié depuis la seconde moitié du 19e siècle et s’accroît toujours de plus en plus fortement que l’Homme
est maintenant considéré comme l’espèce qui exploite et modifie le plus profondément l’environnement planétaire au point
de susciter bien des inquiétudes sur l’avenir de la biosphère. C’est ce qui a amené beaucoup de biologistes et d’évolutionnistes
à considérer que la Terre est entrée dans une nouvelle ère dominée par l’action de l’Homme : l’Anthropocène. Cette prise de
conscience à laquelle adhèrent de plus en plus de personnes de toutes origines amène à rechercher des solutions pour au
moins ralentir les processus évolutifs engagés et assurer la durabilité du fonctionnement de la biosphère. Tout naturellement
l’écologie est mise à contribution, ce qui l’a amenée durant les dernières décennies non pas à se remettre en question mais à
revoir son champ d’action, à se montrer beaucoup plus pluri- et interdisciplinaire, en intégrant davantage les sciences
humaines, de manière à casser cette opposition Homme/Nature, en considérant que l’Homme est une espèce parmi d’autres
et, qu’en tant que tel, il peut exploiter les ressources de son milieu mais il doit aussi, comme les autres espèces, s’intégrer et
participer au fonctionnement résilient et durable des systèmes écologiques.
C’est manifestement dans cet esprit qu’Oswald J. Schmitz, spécialiste bien connu des écosystèmes (à qui l’on doit, entre
autres, le fort intéressant « Resolving Ecosystem Complexity » chez le même éditeur), a écrit ce livre qui n’est pas un nouveau
manuel d’écologie mais une réflexion personnelle, basée sur une grande expérience en matière de recherche et
d’enseignement, sur cette évolution de l’écologie qu’il qualifie de nouvelle eu égard à ses nouvelles orientations. Il montre
combien l’écologie n’est pas une science d’activisme environnemental contre le progrès humain mais qu’il faut dépasser le
clivage Homme/Nature et constituer des systèmes socio-écologiques où Sociétés et Nature interagissent. D’où il apparaît
important de conserver la diversité spécifique qui garantit (à l’image d’un portefeuille d’actions financières mais qui,
toutefois, une fois épuisées, ne se renouvelleraient pas) la résilience des écosystèmes soumis à des perturbations, et qui
doivent en outre faire face aux changements climatiques, de manière à ce que ces écosystèmes délivrent de manière
permanente les services environnementaux qu’ils rendent et dont dépend l’Homme.
Il décrit l’enjeu que représente le fonctionnement durable des écosystèmes, insiste sur le fait qu’il ne faut pas privilégier
certaines espèces au détriment d’autres (il faut maintenir la biodiversité dans son intégrité) afin de ne pas entraîner de
distorsions dans le fonctionnement et la durabilité des écosystèmes, et menacer la fourniture des nombreux et importants
services nécessaires à l’Homme qu’ils délivrent. Il ne faut pas non plus surexploiter les ressources naturelles (exemple de la
pêche hauturière, notamment au travers du cas de la morue dans l’Atlantique Nord). Tout en soulignant le rôle des espèces-
ingénieurs il insiste sur le fait que les avancées technologiques humaines sont certes utilisables mais ont des limites (cas de
l’expérience Biosphère2). Décrivant les développements de l’écologie industrielle et de l’écologie urbaine, notamment dans
leur recherche de solutions respectueuses de l’environnement, il montre la nécessité que l’Homme se comporte en intendant,
établissant un économat construit autour d’une éthique environnementale et qui réponde davantage aux besoins qu’aux désirs
des sociétés. Il préconise de penser en termes de systèmes socio-écologiques : actuellement l’économie est linéaire alors

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