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VP Ann CH FR 1986
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V. PONTIKIS
1. INTRODUCTION
La simulation a L'ordinateur des phenomenes physiques constitue une appro-
che compLementaire aux etudes theoriques traditionnelles et experimentales, qui
s'est deveLoppee durant Les trente dernieres annees. La dynamique moleculaire
(OM) est une methode de simulation a l'ordinateur mise au point par Alder et
Wainwright (1) pour des systemes de spheres dures et par Rahman (2) et Verlet
(3) dans Le cas des potentiels d'interaction continus. De nombreuses etudes par
DM ant ete consacrees a l'etude des proprietes d'equilibre (statiques) des liqui-
des. De ce point de vue elle est equivaLente a la methode de Monte Carlo intro-
duite par Metropolis et al. (4). Cependant, L'etude des proprietes dynamiques
des Liquides ou des solides ne peut etre effectuee que par la DM car elle seule
permet La determination de la trajectoire du systeme etudie dans L'espace des
phases. La methode de Monte Carlo permet le calcul des proprietes thermodynami-
ques en realisant un echantillonnage de l'espace des configurations du systeme,
mais ne donne aucune information sur l'evolution temporelle de celui-ci.
Tires a
part : V. PONTIKIS, SRMP, Centre d 1 Etudes Nucleaires de Saclay,
91191 GIF-SUR-YVETTE CEDEX, FRANCE
29
La DM conserve toute la complexite du systeme etudie, li~a la nature du
modele, des forces d'interaction et de la structure, a L'oppose de L'approche
theorique traditionnelle dont Le souci permanent est la reduction des variables
afin de pouvoir traiter le probleme d'interet. C'est pourquoi La DM peut servir
de test aux modeles theoriques et permet L'etude des consequences de Leurs hypo-
theses de depart. Les proprietes d'equilibre des solides cristallins calculees
par DM (5) ont ete comparees, dans cette optique, aux resultats de la theorie
thermodynamique de perturbation (6) et le facteur de structure dynamique S(k,w)
aux predictions de la theorie de phonons self-consistente (5). Un autre aspect
interessant de la DM est qu 1 elle permet l'etude de la structure et des mecanis-
mes de diffusion a l'echelle atomique, difficilement ou pas accessibles par
l'experience. Finalement, sous reserve que l'on dispose d'un modele satisfaisant
pour decrire Les forces interatomiques, l'etude des solides et des liquides aux
fortes pressions et densites et aux temperatures elevees peut etre realisee par
La DM.
Les surfaces et plus generalement Les defauts des solides cristallins per-
turbent fortement la densite atomique et electronique a leur voisinage et ren-
dent, de ce fait, l'etude de leur structure et de leurs proprietes difficile.
De nombreuses etudes theoriques et Les calculs de OM reposent sur L'utilisation
de potentiels de paires effectifs qui constituent une approximation simplifica-
trice des forces d'interaction reelles. Si pour L'etude de certaines proprietes
des surfaces cette approximation est mauvaise, d'autres, tels Les phenomenes de
transport, permettent de s'en contenter. Selan La demarche usuelle, Les surfaces
sont etudiees par la DM a l'aide de potentiels de paires. La comparaison des re-
sultats obtenus avec ceux issus de l'experience indique alors si cette approxi-
mation est satisfaisante ou bien si i l faut affiner Le modele d'interactions
utilise, pour obtenir un meilleur accord entre simulation et experience.
Dans ce qui suit nous decrivons brievement la methode de DM dans l'approxi-
mation de la mecanique classique et nous discutons ses principales Limites. Son
application pour l'etude des surfaces est ensuite illustree par la presentation
des resultats de travaux recents concernant respectivement : a) Les proprietes
de vibration des surfaces, b) L'evolution de La structure atomique en fonction
de la temperature, c) Les mecanismes de diffusion superficiels et la transition
commensurable-incommensurable du krypton adsorbe sur le graphite.
2. DESCRIPTION DE LA METHODE
La premiere etape d'une simulation par la DM est la definition du modele
geometrique. On calcule Les coordonnees des N atomes du modele arranges sur un
reseau compatible avec la structure choisie (cubique, hexagonale, etc •• ) et l'on
introduit eventuellement des defauts,i.e..: defauts ponctuels, dislocations OU
joints de grains. Le nombre maximum de particules, N, qu'un modele de OM peut
prendre en compte depend de La capacite memoire et de La vitesse de l'ordinateur.
Sa valeur pour Les ordinateurs Les plus performants actuellement disponibles est
N ~ 100 000 particules. Pour Le systeme Le plus grand que L'on peut done simuler,
Les effets de surface sont loin d'etre negligeables. C'est pourquoi des condi-
tions aux limites periodiques sont generalement utilisees. Lorsque la condition
de periodicite aux limites est levee suivant une direction, nous obtenons un
cristallite d'extension "infinie" delimite par deux surfaces libres normales a
celle-ci. Un tel systeme sera utilise pour la simulation par la OM de La struc-
ture et des proprietes de transport superficielles.
Dans une deuxieme etape on doit preciser la nature des interactions atomi-
ques. Generalement des potentiels effectifs de paires sont utilises,mais d'au-
tres modeles plus complexes peuvent l'etre egalement.
Finalement, Les systemes des 3N equations newtoniennes de mouvement
d2x.
10(
m.
1 d t2
- F.
1 O<
(i = 1, N et a = 1, 3) [ 1]
30
Etude des surfaces par la dynamique moleculaire
31
3.3. Le potentiel
L'etude des surfaces par la OM requiert un modele de forces d'interaction
31
satisfaisant a la fois pour le volume et au voisinage des surfaces dont la pre-
sence perturbe la ·densite atomique et electronique. De tels modeles n'existent
pas actuellement. De ce fait Les etudes de simulation font appel a des poten-
tiels de paires semi-empiriques ou empiriques dont Les parametres sont determi-
nes a partir des valeurs des constantes physiques des materiaux. Les resultats
de calculs de DM peuvent etre tres eloignes de l'experience :
32
Etude des surfaces par la dynamique moteculaire
33
s
1
(a)
I
I
• I
l
I
( b) I
0.5 . I
I
I
I
I
I
(c)
I
I _!_fusionc-
cp
0.38
~
Fig.1 Fig. 2
l/"1
FIG. 1. - Instabilite d'une surface cfc (110) avant le point de fusion. Configu-
rations instantanees des deux premieres couches de surface. Potentiel Lennard-
Jones (12-6) pour l'argon. Ca) T = 40 K; Cb) T = 56 K; (c) T = 77 K (d'apres
La ref. C19)).
(a)
{ b)
( c)
FIG. 3. - Mecanismes d'echange pour la migration d'adatomes sur une face (110)
de la structure cfc. Positions atomiques instantanees, avant (a) et apres (c)
le saut, et configuration de col (b).
sont en faveur d'une organisation des parois selon une structure en "nid d'abeil-
le", Les autres prevoyant une structure en parois paralleles C26-27). L'expe-
rience ne permet pas malheureusement de trancher entre ces deux possibilites par
manque d'informations detaillees a l'echelle atomique.
Recemment Koch et al. (28) ont pu montrer par OM que la phase incommensura-
ble s'organise en parois formant un reseau "nid d'abeille". Cette structure res-
te stable lorsque La temperature augmente. L'epaisseur des parois est indepen-
dante de la temperature mais leur forme est diffuse aux temperatures elevees.
Ces resultats constituent un exemple illustrant la maniere dont la simula-
tion, en apportant des informations auxquelles l'experience n'a pas acces,
permet de trancher entre differentes predictions theoriques.
5. REMARQUES ET CONCLUSION
La simulation a l'ordinateur est un outil puissant pour L'etude des pheno-
menes physiques et l'elaboration de modeles, mais, neanmoins, un certain scepti-
cisme est souvent exprime a son encontre (29). Les experimentateurs doutent de
son interet, car "elle ne pourra pas remplacer l'experience" et, quant aux theo-
riciens, ils considerent que c'est une mauvaise approche pour L'etude des pheno-
menes physiques. Cette situation resulte probablement d'une meconnaissance de
L'approche et de ses potentialites et est deja en train d'evoluer rapidement.
Par certains aspects la simulation a l'ordinateur est tres proche de l'experien-
ce. Le systeme etudie est "prepare" et uobserve" pour en etudier Les proprietes.
C'est pourquoi certains designent la simulation par le terme "experience" a
l'ordinateur. La demarche suivie pour extraire l'information pertinente de la
grande quantite de donnees resultant de la simulation est quant a elle similaire
a l'approche theorique.
Finalement, le risque de faire de mauvaises ou d'inutiles simulations est
aussi grand que le risque de faire de mauvaises experiences ou d'elaborer des
theories sans interet.
IL est certain que Les developpements, presents et futurs, des ordinateurs
entraineront L'utilisation de plus en plus frequente des techniques de simula-
tion notamment en Sciences des Materiaux.
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