Tpe Economie Agroalimentaire
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UE : ECONOMIE AGROALIMENTAIRE
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LICENCE III
OPTION : Economie agricole et management des entreprises (EAME)
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Table des matières
INTRODUCTION..............................................................................................................................2
I - CADRE THEORIQUE..................................................................................................................3
1 - Contexte et problématique............................................................................................................3
2 - Objectifs de l’étude.......................................................................................................................4
3 - Hypothèses...................................................................................................................................4
II - THEORIE ET REVUE DE LA LITTERATURE........................................................................4
1 –LES THEORIES............................................................................................................................4
a – Théorie du contrôle de pollution agricole.....................................................................................4
b– Théorie PIGOUVIENNE...............................................................................................................5
2 - CHANGEMENT CLIMATIQUE.................................................................................................7
a - Manifestations et causes................................................................................................................7
b - Conséquences du changement climatique....................................................................................8
c - Lutte et adaptation contre le changement climatique....................................................................9
3 - SECURITE ALIMENTAIRE.....................................................................................................12
a- La disponibilité et l’accessibilité..................................................................................................12
b - La stabilité...................................................................................................................................13
4- impacts du changement climatique sur la sécurité alimentaire.....................................................13
a - Impacts négatif des changements climatiques.............................................................................14
b - Impacts positifs des changements climatiques............................................................................17
CONCLUSION................................................................................................................................19
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES..........................................................................................20
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INTRODUCTION
Les changements climatiques constituent une des grandes préoccupations du monde
aujourd’hui non seulement du fait de leurs impacts potentiels sur l’environnement, mais aussi
pour leurs effets négatifs sur la production agricole menaçant ainsi la sécurité alimentaire des
populations. En Afrique sub-saharienne, cette préoccupation est encore plus prononcée. En
effet, dans cette partie du monde, l’agriculture joue un rôle social et économique de premier
plan. Elle contribue à la sécurité alimentaire dans les ménages, à la création d’emplois et de
richesse et au maintien de la paix social (FOMEKONG et al. 2014). En Afrique les besoins
alimentaire dépendent en partie aux aléas climatiques (sécheresse, inondations, baisse de la
pluviométrie, etc.). La dépendance des pays africains à l’égard des rendements de
l’agriculture contribue à sa vulnérabilité aux effets du changement climatique. Ces effets sont
déjà très visibles (réduction de la production agricole, détérioration de la sécurité alimentaire,
incidence accrue des inondations et de la sécheresse, propagation des maladies et
augmentation du risque de conflits en raison de la raréfaction des terres et de l’eau). Durant
notre travail, nous montrerons comment le climat affecte directement ou indirectement la
sécurité alimentaire. Ainsi, nous parlerons du changement climatique et de la sécurité
alimentaire de façon respective.
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I - CADRE THEORIQUE
1 - Contexte et problématique
Dans les pays du Sahel, le climat, de par sa variabilité et ses manifestations extrêmes (chocs
climatiques), est l’une des principales entraves à la réalisation des conditions d’une sécurité
alimentaire durable. Dans cette région, il existe une corrélation entre les années de mauvaise
pluviométrie et les années de crises alimentaires. L’érosion des sols, la baisse des rendements,
les pertes des récoltes, la destruction des infrastructures agricoles, l’éclosion de ravageurs des
cultures (criquets, chenilles) sont certaines des répercutions de la variabilité et des extrêmes
climatiques qui sont à la base de l’insécurité alimentaire au Sahel (PANA du Niger, 2006 ;
PANA du Burkina Faso, 2007). L’Extrême-Nord est l’une des zones particulièrement
concerné par les incidences du climat sur la sécurité alimentaire. C’est donc dire que pour le
L’Extrême-Nord, si rien n’est fait, les changements climatiques, qui vont perturber le régime
des précipitations, augmenter les fréquences et l’intensité des chocs climatiques, auront des
impacts majeurs pour le développement humain et tout particulièrement pour la sécurité
alimentaire. Ces impacts attendus sur la sécurité alimentaire sont mis en évidence dans le
quatrième rapport du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC, 2007) qui
indique pour l’Afrique une baisse de rendement de l’agriculture pluviale de l’ordre de 50%
d’ici 2025. Toujours selon ce rapport, la superficie des terres arides et semi-arides pourrait
augmenter de 5 à 8% d’ici à 2080, selon plusieurs scénarii climatiques. Désormais, dans les
pays du Sahel, la réalisation des conditions d’une sécurité alimentaire ne peut plus être
envisagée sans une gestion des risques liés aux changements climatiques. Il s’agit d’élaborer
et de mettre en œuvre dès maintenant une réponse aux changements climatiques. Une telle
réponse comportera trois dimensions qui sont la recherche scientifique pour la prise de
décision, le développement technologique pour des processus de sécurité alimentaire résilients
au climat et une gouvernance de la sécurité alimentaire qui intègre les considérations liés aux
changements climatiques (BADOLO, 2011). Ce travail vise à identifier de manière
participative avec les acteurs concernés, les principaux risques climatiques, leurs impacts sur
la sécurité alimentaire et les stratégies de réponses à apporter pour une réduction de la
vulnérabilité à court, moyen et à long termes.
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2 - Objectifs de l’étude
L’objectif général est d’analyser la relation entre changement climatique et sécurité
alimentaire dans l’Extrême-Nord Cameroun. Il s’agit spécifiquement de
3 - Hypothèses
Les hypothèses formulées pour notre étude sont les suivantes :
La sécheresse est le risque climatique actuel majeur pour la sécurité alimentaire dans
l’Extrême-Nord et la modification du climat est susceptible d’exacerber ce risque dans
le long terme ;
La sécurité alimentaire présente une vulnérabilité face aux risques climatiques actuels
et futurs ;
La réduction de la vulnérabilité de la sécurité alimentaire aux risques climatiques
actuels et futurs sur la sécurité alimentaire dans l’Extrême-Nord nécessite de mettre en
œuvre dès maintenant des actions dans les domaines scientifique, technologique et de
la gouvernance de la sécurité alimentaire.
b– Théorie PIGOUVIENNE
Trois conditions essentielles doivent être satisfaites : (1) identifier et mesurer les externalités à
prendre en compte, (2) évaluer si une action sur les prix est préférable en situation
d'information imparfaite et (3) se coordonner au niveau international.
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En effet, à la différence de ce que l'on observe dans le domaine de l'environnement, où une
unité de CO2 a la même contribution unitaire à la pollution, l'importance systémique d'une
institution (c'est-à-dire de la capacité à créer du risque systémique) est variable et dépend de
différents facteurs : du réseau dans lequel se situe chaque institution, de sa situation de
solvabilité ou de liquidité, etc. (Shackelford et al., 2010). La mesure de sa contribution
marginale au risque systémique est donc délicate. Or la mise en place d'une taxe « à la Pigou
» exige que le coût marginal social soit suffisamment uniforme entre établissements pour
donner lieu à un taux unique. Sinon la population des assujettis doit être découpée en sous-
groupes, ce qui l'éloigne des formules habituelles de droit d'accise à taux unique et est plus
coûteux à gérer sur le plan administratif.
De plus, le risque systémique est variable dans le temps : particulièrement prononcé durant la
crise de 2007-2009, il baisse par la suite, avec plusieurs phases de tension, plus ou moins
durables, selon la plupart des indicateurs disponibles [3]. Cela rend difficile le maniement de
l'arme fiscale, d'autant que l'importance systémique d'une institution dépend aussi de facteurs
qui sont hors de contrôle de l'institution, ce qui rend la fiscalité inopérante.
Enfin, s'il n'est pas forcément évident de mesurer le risque systémique, les outils disponibles
ne présentent pas non plus de bonnes performances en prévision (Cont, 2010), ce qui rend peu
efficace l'imposition de taxes pour réduire le risque systémique, notamment en regard du délai
de leur mise en place.
Vérifier, en situation d'information imparfaite sur les institutions, si une taxation « à la Pigou
» est l'instrument optimal en termes de bien-être social.
Dans les cas où l'intervention publique apparaît nécessaire, plusieurs approches sont
possibles, soit le contrôle des quantités (en fixant des quotas, en contrôlant les entrées dans la
branche ou en interdisant certaines activités), soit en fixant les prix (y compris via la taxation).
La réglementation prudentielle et l'imposition de normes de gestion (ratios de solvabilité ou
de liquidité) sont dans une situation intermédiaire par rapport à ces deux approches (cf.
troisième partie). Pour Weitzman (1974), l'approche par les prix et celle par les quantités sont
équivalentes en l'absence d'incertitude sur les coûts privés de l'intervention et les coûts
sociaux. Mais en situation d'incertitude, ce qui est le cas le plus fréquent, l'approche par les
prix doit être privilégiée lorsque l'avantage social marginal de la réglementation augmente
moins vite que son coût privé marginal. C'est uniquement dans ce cas qu'une taxe « à la Pigou
» se justifie. Haldane (2010) explique, par exemple, que la déréglementation financière des
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années 1980, conduisant à un rôle accru des variables de prix et de taux d'intérêt, avait été
justifiée par la perception de la faiblesse des pertes de bien-être liée à la libéralisation en
termes de stabilité financière, alors que la situation antérieure engendrait des obstacles
importants sur l'offre de produits financiers (avec des pertes d'efficacité au niveau privé).
S'assurer de la coopération internationale en matière fiscale, même si cela n'impose pas une
harmonisation parfaite
Dans la mesure où le risque systémique est pour une large part international, il est difficile de
taxer au niveau national sans accord au niveau mondial. Or, alors qu'au niveau prudentiel il
existe un niveau élevé de coopération au sein du Comité de Bâle pour les banques ayant une
activité internationale, un accord international en matière de fiscalité est quasiment hors
d'atteinte. Ainsi la plupart des initiatives de taxe « à la Pigou » portent sur les expositions
nationales, ce qui défavorise les firmes nationales et avantage les firmes étrangères. Comme
indiqué plus haut, c'est l'évolution que connut le bank levy au Royaume-Uni, conduisant à une
dilution du mécanisme
2 - CHANGEMENT CLIMATIQUE
a - Manifestations et causes
Les changements climatiques sont causés par les modifications de l’atmosphère qui résulte
de sa transformation chimique par les gaz à effet de serres. Cette perturbation de l’équilibre
atmosphérique s’exprime par une augmentation des températures moyennes sur la terre
modifiant ses caractéristiques physiques, chimiques et biologiques.
Les causes du changement climatique sont principalement les gaz à effet de serre et la
déforestation.
Selon le GIEC (2007), les changements climatiques actuellement en cours sont d’origine
anthropique. Les émissions mondiales de Gaz à effet de serre (GES) imputables aux activités
humaines ont augmenté depuis l’époque préindustrielle. Les rejets annuels des gaz à effet de
serre anthropiques et plus particulièrement de dioxyde de carbone (CO2) ont progressé.
L’homme a énormément contribué au phénomène par un certain nombre d'activités qui
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provoquent l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Les
activités humaines, pour la plupart, nécessitent la combustion des combustibles fossiles,
comme le pétrole, le charbon et le gaz naturel. Ces activités provoquent une hausse du taux du
dioxyde de carbone (CO2) dans un environnement marqué par la disparition du couvert
végétal (AMOUKOU, 2003 cité par Rodrigue DIMON 2008).
Selon PNUD (2003), la déforestation est aussi l’une des causes des perturbations climatiques
dans les régions tropicales. Au Cameroun, le bilan énergétique reste dominé par la biomasse-
énergie prélevée sur les forêts naturelles. La biomasse (bois de feu et charbon de bois) reste la
principale source d’énergie par les ménages pour la cuisson des aliments. Parmi les causes
anthropiques du réchauffement global et du phénomène de la désertification, figure en très
bonne place la déforestation généralisée, imposée par les besoins croissants des populations
en terres agricoles et en divers produits ligneux (MEPN, 2008). Il ressort clairement que les
principales causes des changements climatiques sont les GES, et les grands producteurs de ces
gaz sont les pays industrialisés (OGOUWALE, 2006). L’atmosphère n’ayant pas de barrière,
tous les pays subissent les conséquences, aussi bien les pays pauvres que les pays riches
industrialisés
Conséquences sanitaires
Les impacts sanitaires seront probables, tout particulièrement dans les zones géographiques
où l’on sera en présence ou à proximité de présence d’eau (eau de mer ou eau douce).
Concernant les micro-organismes pathogènes, les bactéries Vibrio spp et Aeromonas spp,
peuvent se développer à la faveur d’une augmentation de 1 à 2°C de l’eau de mer, et ainsi
augmenter le potentiel de transmission à l’homme. Par ailleurs, la douceur du climat pourrait
favoriser le développement de vecteurs de maladies. Une variation de la température et des
régimes de précipitations entraîne la modification des aires de répartition des maladies
transmises par des insectes, des tiques, et des réservoirs.
Selon la FAO, les émissions de gaz à effet de serre provenant de la forêt et des secteurs de
l’agriculture contribuent actuellement pour 30 pour cent des émissions totales annuelles
(déforestation et dégradation des forêts : 17,4 pour cent, agriculture : 13,5 pour cent).
Cependant, l’agriculture, par le biais d’une meilleure gestion des écosystèmes, une diminution
du changement d’utilisation des terres et du déboisement apparenté, l’emploi de variétés plus
rentables, un meilleur contrôle des incendies de forêt, des aliments plus nutritifs pour le bétail
ruminant, une meilleure gestion des déchets animaux, une gestion biologique des sols, une
agroforesterie et agriculture et de conservation, peut aussi contribuer à réduire les émissions
de gaz à effet de serre et leurs impacts. De plus, des systèmes de culture et de pâturages bien
gérés peuvent stocker des quantités importantes de carbone. Quarante pour cent de la
biomasse dans la terre, et donc de carbone biologique, sont gérés directement ou
indirectement par les agriculteurs, les forestiers ou les éleveurs. Il va de leurs intérêts
d’adopter des systèmes de gestion qui combinent l’atténuation et l’adaptation, améliorant
ainsi la sécurité locale et mondiale.
La gestion durable du bétail peut réduire les émissions de gaz à effet de serre
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Selon la FAO (2017) les terres utilisées pour la production de bétail, y compris les pâturages
et les terres cultivables destinées à la production d’aliments pour bétail, représentent
approximativement 70 pour cent des terrains agricoles du monde. Le surpâturage est la plus
grande cause de dégradation des prairies. Les pratiques de gestion améliorée des terres
pourraient contribuer à créer une balance entre les demandes concurrentielles d’aliments pour
le bétail et le maintien de l’environnement. La gestion améliorée des pâturages et des
systèmes sylvo-pastoraux sont des moyens efficaces pour préserver l’environnement et
atténuer les changements climatiques. Récemment, la relation qui s’est établie entre les
programmes et politiques de régénération des parcours et les systèmes intégrés
cultures/pâturages/ bétail sans labour au Brésil paraît prometteuse tant pour les agriculteurs
que pour l’environnement. L’intensification durable et la gestion améliorée du fumier sont
autant d’options supplémentaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre par unité
de produit animal, et l’utilisation de biogaz généré par les déchets animaux peut réduire la
dépendance locale envers l’énergie fossile.
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pratiques de gestion peuvent renforcer la sécurité alimentaire et par la même occasion la
préservation de l’environnement au niveau des sols.
Biodiversité
Selon FAO (2017) La biodiversité agricole sera un élément important dans le développement
de stratégies de production destinées à affronter les défis des changements climatiques en
augmentant la résilience au changement des conditions environnementales et au stress
(sécheresse, salinité, inondations). Le maintien de l’écosystème (tel que les ressources
génétiques, la formation du sol ou le cycle des éléments nutritifs) favorise des mesures
importantes de résistance et d’atténuation du risque dans le secteur agricole
Environ 13 millions d’hectares de forêts selon la FAO (2017) sont perdus annuellement à
cause du déboisement. La gestion durable des forêts, la réduction des émissions résultant de la
déforestation et de la dégradation des forêts (REDD), le boisement/reboisement et la remise
en état des forêts, de même que le développement de matériaux forestiers ligneux produits de
manière durable qui remplacent des matières et combustibles plus gourmands en carbone, sont
d’importantes options pour l’atténuation. Les changements climatiques affectent la santé des
forêts car ils augmentent les incendies et favorisent l’apparition d’animaux nuisibles et de
maladies. Les mesures d’adaptation, non seulement réduisent la vulnérabilité des forêts et des
personnes qui dépendent des forêts dans le monde, mais elles peuvent aider à protéger l’eau et
les ressources ainsi que la biodiversité du sol. Cependant, sans motivations, entre autres
économiques, et sans volonté politique, il sera difficile de freiner le déboisement et la
détérioration des forêts et de mettre en œuvre des mesures d’adaptation et d’atténuation
durables.
Le Cameroun en particulier, pour y faire face aux effets des changements climatiques, a
ratifié tous les traités internationaux y relatifs. L’opération de reboisement et la structuration
du secteur de l’élevage, a été mis en œuvre pour une meilleure gestion du foncier pastoral
dans la partie septentrionale du pays. Afin de combler le déficit notable de la production des
céréales, des politiques agricoles (opération sahel vert, avenir rose, subventions diverses aux
populations, etc.) ont été mis en œuvre. Le Cameroun envisage également la création d’un
Observatoire National sur les changements climatiques. Cette structure aura pour missions
d’évaluer les impacts socio-économiques et environnementaux des changements climatiques
et de proposer des mesures d’atténuation et/ou d’adaptation. C’est dans cette mouvance que
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l’Institut National de la Statistique du Cameroun a créé en son sein la Cellule de la
Cartographie et des Statistiques de l’Environnement qui a entre autre pour mission de
collecter et d’analyser les données environnementales (FOMEKONG et al. 2014).
3 - SECURITE ALIMENTAIRE
Dans son approche conceptuelle, beaucoup d’auteurs se réfèrent à la définition de la FAO de
la sécurité alimentaire qui exige que « tous les hommes, en tout temps, ont un accès physique
et économique à une alimentation saine et nutritive qui répond aux besoins diététiques et aux
préférences alimentaires pour une vie saine et active » (FAO, 1996). Maxwell et Smith (1990)
repris par AHMADOU (2014) explicitent la définition de la FAO en notant qu’elle renvoie à
« une nourriture qui atteint les besoins calorifiques nécessaires pour une vie saine et active ;
l’accès à la nourriture défini comme le droit à la production, à l’achat, à l’échange, ou à la
réception en tant que présent ; la sécurité définie comme l’équilibre entre la vulnérabilité, le
risque et l’assurance ; et le temps, où l’insécurité alimentaire peut être chronique, transitoire
ou cyclique ». Ainsi, il existe deux types d’insécurité, à savoir l’insécurité alimentaire
chronique et celle transitoire (cyclique). Elle semble être un concept complexe et
multidimensionnel, difficile à capter suivant un seul angle ou indicateur (SULO ET
CHELANGAT, 2012 repris par AHMADOU (2014)). Sa mesure en est tout autant difficile
lorsqu’il s’agit d’en évaluer les causes et les conséquences qui en découleraient. La sécurité
alimentaire s’évalue sur trois dimensions. La sécurité alimentaire est assurée quand toutes les
personnes, en tout temps, ont économiquement, socialement et physiquement accès à une
alimentation suffisante, sûre et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs
préférences alimentaires pour leur permettre de mener une vie saine et active (Sommet
mondiale de l’alimentation, 1996 cité par Karim ZOUAQ 2020). La sécurité alimentaire est
donc un droit qui interpelle tous les acteurs de la vie (politique, sociale, économique,
culturelle). C’est l’ensemble des efforts déployés par un Etat et ses partenaires (nationaux et
internationaux) pour assurer la disponibilité des aliments, leur stabilité, leur accessibilité et
leur bonne utilisation (FAO, 2006).
a- La disponibilité et l’accessibilité
A l’Extrême-Nord, les céréales constituent la base de l’alimentation. Deux conditions
essentielles doivent être satisfaites pour que l’accès à une alimentation saine et abondante soit
en permanence garanti aux populations : un approvisionnement correct des points de
distribution et un revenu suffisant pour les ménages. L’approvisionnement dépend de
plusieurs facteurs dont : l’existence de points de vente ou de distribution, de capacités de
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stockage et de conservation et de moyens et infrastructures de transports. La deuxième
condition fait référence aux revenus du ménage, particulièrement au pouvoir d’achat
déterminé, pour une large part, par l’emploi et le niveau de rémunération qui permet
d’accéder aux denrées alimentaires. A l’Extrême-Nord, où la majorité de la population active
est paysanne, l’agriculture joue un rôle central dans l’approvisionnement des ménages. Car,
mise à part l’autoconsommation supportée par les cultures vivrière, les revenus dépendent
fortement de l’agriculture commerciale en milieu rural. L’accessibilité alimentaire est ainsi
doublement dépendante des performances de l’agriculture et des conditions du marché
mondial des produits agricoles, aussi bien à l’exportation qu’à l’importation (FOMEKONG et
al. 2014)..
b - La stabilité
La stabilité de la production d’une année à une autre est aussi une condition essentielle à la
sécurité alimentaire dans un pays. L’existence de stocks de sécurité permet d’absorber les
effets d’un choc brutal (péjoration climatique, perturbation du marché mondial, conflit …) Le
survol des dimensions de la sécurité alimentaire a permis de montrer que l’alimentation joue
un rôle fondamental dans le développement humain. La santé, la vigueur, la longévité en
dépendent tout comme la capacité à apprendre. En outre, le changement climatique, par ses
effets potentiels sur l’agriculture, peut durablement affecter la sécurité alimentaire. La
dégradation des terres, la survenue de sécheresses fréquentes menacent l’agriculture. La perte
de production agricole a des effets négatifs sur les disponibilités céréalières et sur les revenus
des populations qui dépendent des cultures de rentes. De même, la menace du changement
climatique étant globale, les effets des phénomènes extrêmes sur les zones de productions des
céréales et des produits d’importation risquent de créer des perturbations sur le marché
mondial. Par ailleurs, les pratiques agricoles héritées du système colonial ont eu des
conséquences environnementales qui amplifient, si elles n’en sont pas les causes, les
dérèglements climatiques. Le déboisement massif, l’utilisation d’engrais chimiques et de
pesticides ont eu pour résultat la dégradation des terres, l’érosion des sols, la réduction des
capacités des terres à piéger le carbone, contribuant ainsi à l’augmentation des émissions de
gaz à effets de serres (FOMEKONG et al. 2014).
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émissions continues de gaz à effets de serres provoquent sur le long terme d’importantes
altérations en termes de température et de précipitation, ce qui rend les terres moins propices à
l’agriculture. Le changement climatique influence également la capacité des ménages à
acheter de la nourriture à travers un effet sur le revenu réel et les prix. Il affecte aussi la
consommation de micronutriments en réduisant le rendement des cultures. Il a par conséquent
un impact direct sur la santé dans la mesure où il détériore la capacité des individus à utiliser
des aliments de façon efficiente. En effet, il altère les conditions de la sécurité alimentaire et
crée un cadre propice au développement d’origine alimentaire et hydrique. Enfin, des
conditions climatiques négatives nourrissent l’instabilité des rendements agricoles et de
l’offre alimentaire locale, d’où une insécurité alimentaire chronique ou transitoire.
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qualité de l’air et les réactions adaptatives. Même si une plus forte teneur en dioxyde de
carbone peut favoriser la croissance et le rendement des cultures, cet avantage ne compense
pas toujours les effets néfastes de la chaleur excessive et de la sécheresse (GIEC, 2007). Les
secteurs les plus affectés par les changements climatiques sont ceux des ressources en eau, de
l’énergie, des zones côtières, de la santé, de l’agriculture et de la foresterie (MEPN ,2008).
Des travaux d’Aho et al. (2006) il ressort que les effets néfastes des risques climatiques et les
conséquences subies par les populations et les ressources se présentent comme suit :
Les impacts directs et indirects vécus des sécheresses sur la sécurité alimentaire sont
multiples. Ils comprennent par exemple la baisse de la disponibilité des productions agricoles
locales, la baisse de l’accessibilité économique à l’alimentation, la détérioration de
l’approvisionnement des marchés en production locale et une augmentation de la
malnutrition. Ces impacts résulteraient essentiellement de la dégradation des conditions de
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production du fait de la sécheresse et de la hausse des prix des produits alimentaires sur les
marchés.
Les impacts directs et indirects perçus des inondations sur la sécurité alimentaire par les
acteurs sont une baisse de la disponibilité, une difficulté de l’accessibilité physique aux
denrées alimentaires et une détérioration de l’approvisionnement des marchés. La baisse de la
disponibilité est surtout due à la perte de stocks de productions (greniers ou infrastructures de
stockage inondées), la destruction des moyens de production (barrages, digues) et l’érosion
des sols. L’approvisionnement et l’accessibilité physique aux marchés sont souvent affectés
par la destruction des infrastructures routières (ponts, routes) et des crues de barrages.
Les vagues de chaleur entrainent une baisse de la disponibilité et de façon indirecte une baisse
de la qualité nutritionnelle des aliments. Ces impacts sont la résultante de la baisse des
productions de cultures maraîchères et de contre saison, et de la détérioration des produits
alimentaires liés aux conditions de stockage
Des papiers de 1992 (Tobey, Reilly et al. 1992) et 1994 (Reilly, Hohmann et al. 1994) ont
conclu que les impacts du changement climatique sur l'agriculture seraient, dans certains cas,
positifs et seraient gérables à l'échelle mondiale. Le réchauffement climatique ne devrait pas
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sérieusement perturbé les marchés agricoles mondiaux. Les effets d'un revenu négatif dans les
régions céréalières tempérées compensés par des ajustements interrégionaux dans la
production et la consommation. Un premier postulat clé stipule qu'une partie des pertes de
production due aux températures et précipitations serait compensé par l'effet fertilisant du
CO2. Un second postulat clé mentionne qu'une libération des échanges commerciaux
agricoles engendrerait un système agricole plus résistant face aux incertitudes climatiques.
Une publication de 2004, largement citée, (Parry. Rosenzweig et al. 2004 : 66), basé sur une
modélisation plus complexe du climat et de l'agriculture utilisant les résultats du 3è rapport du
GIEC (AR3) a été encore relativement optimiste concernant la production mondiale de biens
alimentaires mais avec davantage d'avertissement que dans les précédentes publications. «...
les expériences combinées du modèle et du scénario démontrent que le monde semble en
grande partie capable de subvenir à ses besoins selon les scénarios SRES jusqu'à la fin de ce
siècle. Ceci s'explique car la production des pays développés profite généralement du
changement climatique, compensant les baisses prévisionnelles des pays en développement.
Alors que la production mondiale parait stable, des variations régionales dans les rendements
des récoltes s'annoncent de plus en plus marqué avec le temps, jusqu' en polarisant de manière
significative les effets avec les hausses substantielles du risque de famine dans les pays les
plus pauvres. Et cela particulièrement dans le cas de scénarios à forte inégalité (AIFI et A2) .
Ces résultats sont fortement influencés par les conséquences présumées de la fertilisation au
CO2 de plus de 10% pour le blé, le riz, et le germe de soja, et de 5% pour le maïs. Sans effet
fertilisant du CO2, le pronostic est plus réservé. Une étude de 2007(Reilly, Paltsev et al.
2007), qui simule la réponse agricole au changement climatique et intègre des effets
économiques d'équilibre général, trouve que les rendements augmenteraient probablement
dans toutes les régions, avec des profits moins importants dans les régions tempérées que dans
les modèles précédents, ces résultats sont fortement conditionnés par l'effet fertilisant du CO2.
De plus, les hypothèses concernant le comportement biologique des récoltes face au
changement climatique et autre modification sont assez importantes.
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CONCLUSION
Il était question pour nous de faire une étude théorique en passant en revue la littérature sur le
changement climatique et la sécurité alimentaire. Il en ressort de nos recherches à travers des
données secondaires que le changement climatique qui est manifeste dans la région de
l’Extrême-Nord est principalement à l’émission des gaz à effet de serre et à la déforestation.
Ce changement climatique entraine plusieurs effets sur la disponibilité, l’accessibilité et la
stabilité des aliments pouvant causer une insécurité alimentaire. Tout ceci nous pousserait
donc à étudier la relation entre changement climatique et sécurité alimentaire dans l’Extrême-
Nord Cameroun.
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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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