Cours Intelligence Économique 2
Cours Intelligence Économique 2
Cours Intelligence Économique 2
Plan du cours :
Introduction
Conclusion
Introduction
Les conditions de marché fluctuent dans le contexte mouvant du monde actuel. La qualité et
le prix ne suffisent plus pour assurer la rentabilité d’une entreprise. Les changements en
cours imposent aux entreprises, en plus de ces deux caractéristiques, de réaliser
simultanément efficacité, rapidité et innovation pour se maintenir. Pour y parvenir, la
maitrise de l’environnement est primordiale.
En effet, anticiper, prévoir, observer, adapter sont entre autres, des instruments
indispensables pour tout gestionnaire. Ils reposent tous sur la collecte d’une information
fiable, une parfaite analyse afin de déboucher sur des actions appropriées qui vont conférer
à l’entreprise un avantage certain sur le marché. Ainsi, l’intelligence économique, tout
comme la veille stratégique consistent en l’organisation des informations prises dans son
environnement afin de réaliser les objectifs définis par chaque entreprise.
Avec l’intelligence économique et la veille, on peut repérer, collecter, traiter et stocker les
informations et signaux pertinents qui donneront à orienter les décisions de l’entreprise. Ces
deux concepts sont primordiaux pour l’entreprise qui veut assurer son développement face
à un environnement concurrentiel toujours croissant. Être intelligent de son environnement
pour mieux s’y adapter est un enjeu vital de l’entreprise. Dans ce contexte, l’information
s’impose clairement comme une arme stratégique. En effet, la veille stratégique est une
notion parfois complexe qui vise à permettre à une organisation d’atteindre certains
objectifs. Pour cela, elle a besoin d’outils et de techniques qui vont permettre à
l’organisation d’obtenir dynamisme, rapidité d’action et compétitivité. Cette notion est donc
à étudier et à comprendre sans jamais perdre de vue une perspective économique, puisque
c’est dans cette perspective économique que réside sa force et ses atouts.
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Michael E. Potter a énoncé une règle d’or qui dit : « donner la bonne information à la bonne
personne, au bon moment, pour prendre la bonne décision ». Ceci est considéré comme un
principe fort de réussite de l’entreprise.
Ces outils et groupes de travail sont au service de l’intelligence économique qui vise à
surveiller son environnement pour mieux agir. Opter pour une politique d’intelligence
économique c’est vouloir éclairer le décideur en lui apportant la bonne information au bon
moment sur le bon sujet.
Une entreprise qui entreprend de mener une politique d’intelligence économique atteindra
sans nul doute les deux objectifs suivants: être plus compétitive et être plus innovante. L’une
des clés de réussite d’une politique d’intelligence économique est l’organisation et la gestion
de groupes de travail qui agissent en fonction de leurs spécificités.
Elle a pour finalité la compétitivité de l’économie et la sécurité de l’État et des entreprises.
En entreprise (et quelle que soit sa taille), c’est un véritable réseau qui se met en place au
service de sa compétitivité. Trois catégories d’acteurs sont alors mobilisées :
- « les observateurs » : ils recherchent, collectent et diffusent l’information.
- « les réseaux d’experts » : ils traitent, analysent l’information reçue par les observateurs :
une des clés du succès d’une politique d’intelligence économique réussie réside dans la
création de groupes d’expertise (proposant des réflexions innovantes) qui sont en contact
étroit et permanent tant avec l’administration qu’avec les politiques et les décideurs en
entreprises. La composition et la structure de ces groupes dépendent largement de la nature
et l’organisation de l’entreprise. C’est dans ces groupes d’expert que l’information « brute »
est transformée en une information élaborée à forte valeur ajoutée. « L’analyse de
l’information » n’est souvent pas l’activité principale de ces groupes d’experts. En
conséquence de quoi, cela nécessite un investissement tout particulier de la part des cadres
de l’entreprise pour assurer le suivi de ces groupes.
- « les décideurs » : exploitent le savoir étudié pour la décision et l’action.
Ces acteurs doivent constamment avoir à l’esprit qu’il s’agit d’être informé avant les autres.
IV – Le rôle de l’Etat
Une bonne pratique de l’intelligence économique doit être accompagnée par les politiques
publiques. Il revient à l’Etat de favoriser la naissance d’une culture d’anticipation, de sécurité
économique en soutenant les efforts des entreprises. L’Etat devient de la sorte un partenaire
des entreprises.
Désormais, l'intelligence économique ne se limite plus aux entreprises, mais devient une
véritable affaire d’Etat. Il s’agit de ne pas se laisser emboutir par des concurrents qui ont des
systèmes plus performants.
Pourquoi l’État devrait-il s’impliquer dans la démarche d’intelligence économique, alors que
nombre d’entreprises ont la capacité requise ? L’État se doit d’assurer la protection de la
sécurité publique et la sécurité économique au même titre que la défense nationale. L’État
stratège" doit discerner les secteurs dont le développement est essentiel à celui de
l’économie. Une justification supplémentaire de l’action de l’État peut aussi être trouvée
dans le besoin de donner à toutes les entreprises les moyens de lutter à armes égales (ce qui
est loin d’être facile dans un univers où ce sont les PME qui sont le moteur de l’innovation
mais n’ont pas les moyens d’assurer une politique d’intelligence économique).
- ainsi que le renforcement de l’influence d’un pays au niveau mondial grâce à une économie
plus stable.
Un constat est fait que nombreux pays annoncent des programmes d’intelligence
économique (on parle de Competitive Intelligence) : l’Inde, la Chine, le Brésil, la Corée du
Sud, l’Australie, etc. outre les pays déjà connus dans le domaine comme les USA,
l’Angleterre, le Japon, les Pays Scandinaves.
CHAPITRE 2 : LA VEILLE STRATÉGIQUE
De plus, la veille représente un atout stratégique pour les entreprises, de toutes tailles, qui
plus est si la concurrence est forte. Anticiper les tendances en matière réglementaire,
concurrentielle, sociale, et être en première position pour développer une innovation ou se
lancer sur un nouveau marché, sont autant d’avantages décisifs pour une entreprise. Une
veille efficace et utile exploite les ressources naturelles de l'environnement.
La veille découle d’une prise de conscience de la nécessité de mettre en place une nouvelle
forme de gestion de l’information tournée vers des notions de qualité et non plus de
quantité.
Elle a un rôle de détection tandis que l’intelligence économique a une mission de
positionnement de l’entreprise dans son environnement proche.
La veille peut être ponctuelle ou étalée dans le temps, individuelle ou organisée en réseau
de professionnels, impliquer tous les acteurs d’une entreprise. Le processus de surveillance
de l’environnement est composé de plusieurs étapes cycliques liées au cycle de gestion de
l’information. De plus, dans la perspective économique qui est celle qui nous intéresse ici, la
veille stratégique est donc une notion primordiale et centrale. Elle doit cependant réussir à
devenir une réalité là où, dans beaucoup d’entreprise, elle ne reste qu’un concept
difficilement appliqué.
En effet, cette évolution induit des changements aussi bien dans l'environnement direct que
dans les rapports de l'entreprise avec ses partenaires et ses concurrents. Toutes les décisions
reposent sur la valorisation de l’information et se fondent sur l’exploration de
l’environnement réel et de l’environnement virtuel de l’entreprise.
- La surveillance de l’information publiée : elle est rendue réalisable grâce aux techniques et
outils dont nous disposons actuellement. Si elle est convenablement exploitée, elle favorise
la prise de décision, l’action, la performance; si elle ne l’est pas, elle reste « simple culture
générale » ;
- La surveillance des technologies ;
- La surveillance des concurrents ;
- La surveillance des tendances du marché : la priorité est de mettre en lumière les
tendances, souvent déjà détectées dans l’observation des concurrents ;
- La surveillance des NTIC ;
- La surveillance des technologies organisationnelles.
Ces opérations de surveillance que réalise l’entreprise sont indispensables dans l’activité
d’intelligence. La quête d’information est dont le cœur de la veille stratégique. Mais
pourquoi cet intérêt pour l’information ?
Pour bien comprendre son importance, il faut connaître les cinq principes stratégiques de
l’information, mise en lumière par Samier et Sandoval :
- Toute information a un prix apparent ou caché ;
- Toute information donne un pouvoir à celui qui la détient, ce pouvoir est provisoire ;
- La mise en forme d’une information doit être liée à l’objectif recherché ;
- L’économie de l’information est une économie de troc ;
- Une information doit s’appuyer sur d’autres informations pour être utilisable.
II - Enjeux et perspectives
La mise en œuvre de la détection de l’information nécessite de prime abord de « cibler les
besoins ». Il ne faut pas faire de la veille pour la veille. La veille doit correspondre à un
besoin qu'il faut définir préalablement en interne, via notamment l'identification précise du
cœur du métier de l'entreprise. Une petite entreprise définira par exemple ses besoins
d'information sur les deux ans à venir, selon des ambitions réalistes, en évitant de se lancer
dans un vaste plan. Pour initier cette démarche de veille, il est essentiel de se centrer sur un
projet stratégique particulier et d'avoir une vision dynamique de la concurrence. L'entreprise
doit avoir un but précis à court terme qui va lui permettre de canaliser les personnes et les
efforts sur un objectif commun. Une stratégie qui lui permettra de mesurer les retombées de
son action.
Ensuite, il faut « identifier les acteurs ». La veille s'appuie en grande partie sur des vecteurs
d'information humains. Lorsque les besoins ont été correctement ciblés, l'entreprise doit
identifier les salariés qui sont en contact avec les différentes sources d'information possibles.
Soit par leur personnalité, soit par leur position, ces personnes représentent des relais
d'information organisés en réseau. Ces individus sont généralement très attentifs à leur
environnement et communiquent aisément pour faire remonter l'information. Le facteur clé
de succès de la veille tient dans la motivation de ces personnes, qu'il faut entretenir de
diverses manières, en proposant par exemple des bonus, des primes, des cadeaux, des
retours d'information ciblés...
Puis, il faut « récolter l'information pratique ». Pour cela, nulle obligation pour l'entreprise
d'utiliser un énorme outil technologique, surtout lorsque l'effectif se trouve entièrement
concentré sur un même site. "La machine à café, par exemple, reste un lieu d'échange non
négligeable pour la veille et l'e-mail un outil quotidien pour faire remonter l'information."
Une surveillance de l'actualité du Web, des publications virtuelles ou "papier", des
communiqués de presse des concurrents, une présence sur les salons en s'étant
préalablement renseigné sur les entreprises présentes, sont des actes de base pour la veille
stratégique. Il faut rester à l'écoute des tendances et traiter l'information de manière
structurée : cibler les thèmes, les domaines ou les types d'information à chercher et définir
le rôle de chacun pour éviter de récolter le tout-venant. Les informations récoltées seront
alors stockées de manière organisée, généralement dans une sorte de base de données.
Puis, on doit « analyser les données ». En effet, les données récoltées sont ensuite analysées
par rapport aux besoins émis au début du projet. "Ce travail doit être synthétisé dans des
livrables qui aident à la décision. Par exemple, le document peut se présenter sous la forme
d'un tableau de bord synthétique, utile à six mois. On y trouvera des graphiques ou tableaux,
les chiffres de vente ou les argumentaires de la concurrence, et un résumé de cinq
préconisations directement opérationnelles. Dans l'idéal et pour être véritablement efficace,
ce document ne doit pas dépasser une feuille A4, et surtout ne pas ressembler à un rapport
de 200 pages."
Et enfin, il faut « diffuser pour agir ». À ce stade du projet, la veille ne sert à rien si le résultat
n'est pas diffusé auprès des collaborateurs de l'entreprise qui pourront agir en conséquence.
Il faut donc que l'information digérée redescende vers les acteurs de l'entreprise. Les
résultats de l'analyse des données représentent un outil de travail pour les différents
services : marketing, recherche et développement, commercial... Pour cette raison, les
informations doivent être diffusées rapidement afin d'éviter qu'elles ne deviennent
obsolètes, et par là même tout le projet de veille. Le concept de veille stratégique ne semble
pas pouvoir être abordé sans revenir sur le concept d’intelligence économique. Même s’ils
semblent bien distincts et si nombre des spécialistes du sujet sont encore partagés sur la
question, il apparaît que les 2 termes ont un lien étroit. La veille s’intégrerait pleinement
dans le concept d’intelligence économique.
Il est ainsi conclu que la veille stratégique a pour vocation de coordonner l’ensemble des
veilles afin d’en fournir une synthèse à la direction générale.
On s'aperçoit de plus en plus que la croissance des industries d’information crée une société
très dépendante de la connaissance. L’information devient la matière première pour
beaucoup d’industries, d’entreprises, d'organisations et c'est donc naturellement que cette
dépendance vis-à-vis de la connaissance va pousser les entreprises à accorder une place de
plus en plus importante à la veille ou « surveillance ».