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Cours Intelligence Économique 2

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Cours : Géopolitique et Intelligence Economique

Classe : MBA 1 :


Enseignant : Dr SOH Syrie Galex
Volume horaire : 30 heures

Plan du cours :

Introduction

Chapitre 1 : Intelligence économique

Chapitre 2 : Veille stratégique

Chapitre 3 : Mondialisation, géopolitique et intelligence économique

Conclusion

Introduction
Les conditions de marché fluctuent dans le contexte mouvant du monde actuel. La qualité et
le prix ne suffisent plus pour assurer la rentabilité d’une entreprise. Les changements en
cours imposent aux entreprises, en plus de ces deux caractéristiques, de réaliser
simultanément efficacité, rapidité et innovation pour se maintenir. Pour y parvenir, la
maitrise de l’environnement est primordiale.

En effet, anticiper, prévoir, observer, adapter sont entre autres, des instruments
indispensables pour tout gestionnaire. Ils reposent tous sur la collecte d’une information
fiable, une parfaite analyse afin de déboucher sur des actions appropriées qui vont conférer
à l’entreprise un avantage certain sur le marché. Ainsi, l’intelligence économique, tout
comme la veille stratégique consistent en l’organisation des informations prises dans son
environnement afin de réaliser les objectifs définis par chaque entreprise.

Avec l’intelligence économique et la veille, on peut repérer, collecter, traiter et stocker les
informations et signaux pertinents qui donneront à orienter les décisions de l’entreprise. Ces
deux concepts sont primordiaux pour l’entreprise qui veut assurer son développement face
à un environnement concurrentiel toujours croissant. Être intelligent de son environnement
pour mieux s’y adapter est un enjeu vital de l’entreprise. Dans ce contexte, l’information
s’impose clairement comme une arme stratégique. En effet, la veille stratégique est une
notion parfois complexe qui vise à permettre à une organisation d’atteindre certains
objectifs. Pour cela, elle a besoin d’outils et de techniques qui vont permettre à
l’organisation d’obtenir dynamisme, rapidité d’action et compétitivité. Cette notion est donc
à étudier et à comprendre sans jamais perdre de vue une perspective économique, puisque
c’est dans cette perspective économique que réside sa force et ses atouts.

Dans un premier chapitre, nous déblayons le champ de l’intelligence économique, ensuite


l’accent est mis sur l’exploration de la veille stratégique et de sa relation avec l’intelligence
économique. Le troisième chapitre traite de l’intelligence économique dans un contexte de
mondialisation où l’entreprise doit gérer un environnement global.

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Michael E. Potter a énoncé une règle d’or qui dit : « donner la bonne information à la bonne
personne, au bon moment, pour prendre la bonne décision ». Ceci est considéré comme un
principe fort de réussite de l’entreprise.

CHAPITRE 1 : L’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE

I - Les fondements de l’intelligence économique


I.1 : Définition
L’information stratégique est une information rare, importante et souvent difficile d’accès.
Elle doit permettre, entre autres, d'identifier les intentions et les capacités d'un concurrent.

Dans ce monde concurrentiel où chacun veut être le premier, le concept d’intelligence


économique a trouvé un bon terreau. La majorité des spécialistes du sujet la définisse
comme
« la maîtrise et la protection de l'information stratégique pour tout acteur économique ». Ce
concept naît du constat que les entreprises doivent résister à la forte concurrence qui existe
au niveau du marché mondial. Conquérir un marché nécessite d’avoir des méthodes et des
outils performants.

Le rapport MARTRE (1994) donne sa première apparition officielle au terme d’intelligence


économique en France. Elle y est alors définie comme: « l’ensemble des actions coordonnées
de recherche de traitement et de distribution, en vue de son exploitation, de l’information
utile aux acteurs économiques ». Il précise que : « la compétitivité des entreprises repose
largement sur leur capacité à accéder aux informations qui leur sont nécessaires et à traiter
celles-ci de façon efficace en interne. Il leur faut sans arrêt anticiper sur les marchés à venir,
appréhender les stratégies de leurs concurrents, diffuser correctement les informations en
interne et être ainsi à même de préserver leurs avantages compétitifs. C’est l’ensemble de
cette activité que l’on peut désigner par le terme d’intelligence économique ». L’entreprise
trouve ainsi dans l’information un enjeu vital. Savoir exploiter cette information lui promet
un avenir durable.

I.2 : Ce que l’intelligence économique n’est pas


Trop longtemps assimilée au « renseignement et à l’espionnage », l'intelligence économique
n’a pas pu prendre toute son ampleur. Elle ne doit pas être confondue avec :
- le renseignement, confiée à des services spécialisés de l'Etat.
- l’espionnage économique car l’intelligence économique utilise exclusivement des moyens
légaux.

Elle privilégie l’utilisation de sources ouvertes, représentant 95% de l’information, qu'elles


soient obtenues : par des réseaux humains (colloques, salons, …) et par des sources écrites
(principalement Internet, les bases de données, la presse ou les publications spécialisées ou
universitaires). L’exercice de l’intelligence économique doit s’inscrire dans un cadre légal
« éthique et déontologique ». Pour autant, la petite proportion d’informations utiles non
disponibles dans la littérature ouverte est souvent celle offrant la plus grande plus-value à
l’entreprise. Il est possible de la collecter par un travail de réseau et de terrain, et par un
suivi permanent de nouvelles sources d’information potentiellement utiles.
I.3 : Les outils de l’intelligence économique
Dans un contexte de compétitivité, les technologies de l’information et de la communication
jouent un rôle primordial. Accéder à l’information dans des temps réduits nécessite l’usage
et la maîtrise de moyens sophistiqués, qui deviennent de véritables atouts.

L’activité d’intelligence économique suppose donc :


- une maîtrise des outils de flux de l’information ;
- une aptitude à travailler en groupe pour analyser et exploiter cette information.

Ces outils et groupes de travail sont au service de l’intelligence économique qui vise à
surveiller son environnement pour mieux agir. Opter pour une politique d’intelligence
économique c’est vouloir éclairer le décideur en lui apportant la bonne information au bon
moment sur le bon sujet.

II – Enjeux de l’intelligence économique


Les objectifs poursuivis par une organisation qui pratique une politique d’intelligence
économique sont :
- La gestion et l’exploitation de l'information, en lui donnant du sens, pour produire de la
connaissance à visée stratégique ou opérationnelle, en vue d'éclairer le stratège ou le
décideur en lui apportant la bonne information au bon moment sur le bon sujet.
- La protection de son patrimoine immatériel : on parle souvent de « protection de
l’information » car il faut sans cesse réfléchir à la protection de ses logiciels, de ses systèmes
pour éviter que d’autres s’emparent de l’information, la détournent. La multiplication des
savoirs nous donne une forte capacité mais d’autres peuvent, à tout moment, nous
devancer.
- L’action sur son environnement (de façon pro active) : aller au-devant de son marché.
L'intelligence économique met donc en œuvre des outils et des méthodes de recherche et
de traitement de l'information et d'aide à la décision ainsi que des systèmes de protection.

Dans la pratique, il s'agit, d'une part, d'instruments permettant l'acquisition, l'exploitation et


la diffusion de l'information stratégique et, d'autre part, de moyens - techniques,
comportementaux, etc., - nécessaires à la protection optimale des données et des savoirs de
l'organisation.

Ces outils et méthodes permettent aux différents acteurs économiques de :


- détecter des opportunités susceptibles de déboucher sur des innovations, des conquêtes
de parts de marché, des gains de productivités, des partenariats.
- détecter les menaces provenant de :
 ses concurrents (offensives commerciales, avancées technologiques susceptibles de
leur donner un avantage concurrentiel, fusions/acquisitions, etc.) ;
 son environnement (évolutions réglementaires et juridiques, risques pays, etc.) afin
de prendre, au plus tôt, les mesures appropriées.
Elle contribue ainsi à procurer des avantages concurrentiels à l’entreprise, à développer sans
cesse son niveau de compétitivité. Elle invite à rentrer dans une réflexion de qui vise à
anticiper le comportement du concurrent, à deviner sa stratégie.

L’intelligence économique se veut donc offensive et défensive :


- offensive car il s’agit d’aller d’être en posture d’alerte en permanence, d’aller au-devant de
l’information et l’exploiter intelligemment.
- défensive car il faut veiller à chaque instant à la protection de ses propres informations, de
son patrimoine immatériel : être dans une attitude d’analyse des risques, c’est souvent
d’abord identifier les menaces qui pèsent sur son propre réseau informatique en assurant la
sécurité de son système et de ses données.

Un bon système d’intelligence économique implique :


- D’être sensible au facteur temps ;
- De transformer l’information en savoir pour l’action politique qui doit être menée par tous
et non par simplement par un fragment. L’Etat, et nous y reviendrons, doit travailler de
manière conséquente à sa mise en œuvre ;
- De prévoir de bons systèmes pour détecter l’information intéressante et pertinente ;
- De mettre en place des réseaux d’experts qui sauront l’analyser et la comprendre ;
- Appliquer ce savoir pour fabriquer de nouveaux produits, et ainsi acquérir de nouveaux
marchés avec des produits à haute valeur ajoutée.

Une entreprise qui entreprend de mener une politique d’intelligence économique atteindra
sans nul doute les deux objectifs suivants: être plus compétitive et être plus innovante. L’une
des clés de réussite d’une politique d’intelligence économique est l’organisation et la gestion
de groupes de travail qui agissent en fonction de leurs spécificités.
Elle a pour finalité la compétitivité de l’économie et la sécurité de l’État et des entreprises.

III – Les acteurs concernés


L’intelligence économique procède d'une volonté qui émane du « haut de la hiérarchie »
quelles que soient la nature et la taille de cette dernière - Etat, territoire, entreprises,
organismes professionnels sont concernés.

En entreprise (et quelle que soit sa taille), c’est un véritable réseau qui se met en place au
service de sa compétitivité. Trois catégories d’acteurs sont alors mobilisées :
- « les observateurs » : ils recherchent, collectent et diffusent l’information.
- « les réseaux d’experts » : ils traitent, analysent l’information reçue par les observateurs :
une des clés du succès d’une politique d’intelligence économique réussie réside dans la
création de groupes d’expertise (proposant des réflexions innovantes) qui sont en contact
étroit et permanent tant avec l’administration qu’avec les politiques et les décideurs en
entreprises. La composition et la structure de ces groupes dépendent largement de la nature
et l’organisation de l’entreprise. C’est dans ces groupes d’expert que l’information « brute »
est transformée en une information élaborée à forte valeur ajoutée. « L’analyse de
l’information » n’est souvent pas l’activité principale de ces groupes d’experts. En
conséquence de quoi, cela nécessite un investissement tout particulier de la part des cadres
de l’entreprise pour assurer le suivi de ces groupes.
- « les décideurs » : exploitent le savoir étudié pour la décision et l’action.
Ces acteurs doivent constamment avoir à l’esprit qu’il s’agit d’être informé avant les autres.

IV – Le rôle de l’Etat
Une bonne pratique de l’intelligence économique doit être accompagnée par les politiques
publiques. Il revient à l’Etat de favoriser la naissance d’une culture d’anticipation, de sécurité
économique en soutenant les efforts des entreprises. L’Etat devient de la sorte un partenaire
des entreprises.
Désormais, l'intelligence économique ne se limite plus aux entreprises, mais devient une
véritable affaire d’Etat. Il s’agit de ne pas se laisser emboutir par des concurrents qui ont des
systèmes plus performants.

Il apparaît que pour développer l’intelligence économique, un Etat doit :


- Maîtriser les technologies de l’information et développer des outils modernes et sécurisés
de recueil et d’analyse d’information ; réfléchir à la protection de ses informations ;
- Investir en recherche pour développer l’innovation ;
- Etre ouvert aux réalisations étrangères qui peuvent être source de nouvelles créations ;
- Investir temps et argent pour mener une politique volontariste pour sensibiliser et
enseigner l’Intelligence Economique, pour accompagner son développement et œuvrer à sa
promotion.

Pourquoi l’État devrait-il s’impliquer dans la démarche d’intelligence économique, alors que
nombre d’entreprises ont la capacité requise ? L’État se doit d’assurer la protection de la
sécurité publique et la sécurité économique au même titre que la défense nationale. L’État
stratège" doit discerner les secteurs dont le développement est essentiel à celui de
l’économie. Une justification supplémentaire de l’action de l’État peut aussi être trouvée
dans le besoin de donner à toutes les entreprises les moyens de lutter à armes égales (ce qui
est loin d’être facile dans un univers où ce sont les PME qui sont le moteur de l’innovation
mais n’ont pas les moyens d’assurer une politique d’intelligence économique).

Les retombées de l’application d’une politique d’intelligence économique à l’échelle d’un


pays sont considérables :
- la compétitivité du « tissu » industriel et la bonne santé de l’économie du pays grâce à des
entreprises performantes et innovantes.
- la sécurité de l’économie et des entreprises (et donc le maintien ou le développement de
l’activité et de l’emploi).

- ainsi que le renforcement de l’influence d’un pays au niveau mondial grâce à une économie
plus stable.

Un constat est fait que nombreux pays annoncent des programmes d’intelligence
économique (on parle de Competitive Intelligence) : l’Inde, la Chine, le Brésil, la Corée du
Sud, l’Australie, etc. outre les pays déjà connus dans le domaine comme les USA,
l’Angleterre, le Japon, les Pays Scandinaves.
CHAPITRE 2 : LA VEILLE STRATÉGIQUE

Dans ce chapitre, nous définissons le concept de veille stratégique, nous présentons sa


démarche et enfin ses enjeux et perspectives.

I.1 – Fondements de la veille stratégique


La veille stratégique est le processus informationnel volontariste par lequel l'entreprise
recherche des informations à caractère anticipatif concernant l’évolution de son
environnement socio-économique dans le but de se créer des opportunités et de réduire ses
risques liés à l'incertitude. Parmi ces informations figurent des signaux d’alerte précoce.
L'expression « veille stratégique » est une expression générique qui englobe plusieurs types
de veilles spécifiques telles que la veille technologique, la veille concurrentielle, ou la veille
commerciale par exemple.

De plus, la veille représente un atout stratégique pour les entreprises, de toutes tailles, qui
plus est si la concurrence est forte. Anticiper les tendances en matière réglementaire,
concurrentielle, sociale, et être en première position pour développer une innovation ou se
lancer sur un nouveau marché, sont autant d’avantages décisifs pour une entreprise. Une
veille efficace et utile exploite les ressources naturelles de l'environnement.

La veille découle d’une prise de conscience de la nécessité de mettre en place une nouvelle
forme de gestion de l’information tournée vers des notions de qualité et non plus de
quantité.
Elle a un rôle de détection tandis que l’intelligence économique a une mission de
positionnement de l’entreprise dans son environnement proche.

La veille peut être ponctuelle ou étalée dans le temps, individuelle ou organisée en réseau
de professionnels, impliquer tous les acteurs d’une entreprise. Le processus de surveillance
de l’environnement est composé de plusieurs étapes cycliques liées au cycle de gestion de
l’information. De plus, dans la perspective économique qui est celle qui nous intéresse ici, la
veille stratégique est donc une notion primordiale et centrale. Elle doit cependant réussir à
devenir une réalité là où, dans beaucoup d’entreprise, elle ne reste qu’un concept
difficilement appliqué.

Avant tout, il faut comprendre l’importance de l’environnement dans lequel évolue


l’entreprise ou l’organisation. Cet environnement a une place primordiale car il change et
évolue et l’organisation doit être capable d’évoluer avec lui. Pour cela, elle doit surveiller son
environnement et le comprendre. C’est le rôle de la veille stratégique.

En effet, cette évolution induit des changements aussi bien dans l'environnement direct que
dans les rapports de l'entreprise avec ses partenaires et ses concurrents. Toutes les décisions
reposent sur la valorisation de l’information et se fondent sur l’exploration de
l’environnement réel et de l’environnement virtuel de l’entreprise.

I.2 – Types de veille stratégique


La veille stratégique est encore appelée Surveillance. Jakobiak relève six types de
surveillance que l’entreprise doit assurer pour connaître son environnement et favoriser son
action et sa performance.

- La surveillance de l’information publiée : elle est rendue réalisable grâce aux techniques et
outils dont nous disposons actuellement. Si elle est convenablement exploitée, elle favorise
la prise de décision, l’action, la performance; si elle ne l’est pas, elle reste « simple culture
générale » ;
- La surveillance des technologies ;
- La surveillance des concurrents ;
- La surveillance des tendances du marché : la priorité est de mettre en lumière les
tendances, souvent déjà détectées dans l’observation des concurrents ;
- La surveillance des NTIC ;
- La surveillance des technologies organisationnelles.
Ces opérations de surveillance que réalise l’entreprise sont indispensables dans l’activité
d’intelligence. La quête d’information est dont le cœur de la veille stratégique. Mais
pourquoi cet intérêt pour l’information ?

Pour bien comprendre son importance, il faut connaître les cinq principes stratégiques de
l’information, mise en lumière par Samier et Sandoval :
- Toute information a un prix apparent ou caché ;
- Toute information donne un pouvoir à celui qui la détient, ce pouvoir est provisoire ;
- La mise en forme d’une information doit être liée à l’objectif recherché ;
- L’économie de l’information est une économie de troc ;
- Une information doit s’appuyer sur d’autres informations pour être utilisable.

L’objectif premier de la veille consiste à fournir la bonne information, à la bonne personne,


au bon moment, dans la perspective de lui donner ce pouvoir. Tyson définit la surveillance
comme un processus analytique qui transforme les bases d’informations en une information
importante, spécifique et profitable à l’organisation.

I.3 – Les objectifs de la veille stratégique

Les objectifs généraux de la veille stratégique sont :


- évaluer sa position par rapport aux autres et rester compétitif ;
- réduire l’incertitude afin de prendre la bonne décision, en favorisant la remontée et
la formalisation d’informations ;
- réduire le temps de réaction ;
- innover pour gagner des parts de marché et trouver des débouchés ;
- trouver de nouvelles possibilités industrielles et commerciales ;
- saisir les opportunités, identifier des niches et les signaux faibles.

II - Enjeux et perspectives
La mise en œuvre de la détection de l’information nécessite de prime abord de « cibler les
besoins ». Il ne faut pas faire de la veille pour la veille. La veille doit correspondre à un
besoin qu'il faut définir préalablement en interne, via notamment l'identification précise du
cœur du métier de l'entreprise. Une petite entreprise définira par exemple ses besoins
d'information sur les deux ans à venir, selon des ambitions réalistes, en évitant de se lancer
dans un vaste plan. Pour initier cette démarche de veille, il est essentiel de se centrer sur un
projet stratégique particulier et d'avoir une vision dynamique de la concurrence. L'entreprise
doit avoir un but précis à court terme qui va lui permettre de canaliser les personnes et les
efforts sur un objectif commun. Une stratégie qui lui permettra de mesurer les retombées de
son action.

Ensuite, il faut « identifier les acteurs ». La veille s'appuie en grande partie sur des vecteurs
d'information humains. Lorsque les besoins ont été correctement ciblés, l'entreprise doit
identifier les salariés qui sont en contact avec les différentes sources d'information possibles.
Soit par leur personnalité, soit par leur position, ces personnes représentent des relais
d'information organisés en réseau. Ces individus sont généralement très attentifs à leur
environnement et communiquent aisément pour faire remonter l'information. Le facteur clé
de succès de la veille tient dans la motivation de ces personnes, qu'il faut entretenir de
diverses manières, en proposant par exemple des bonus, des primes, des cadeaux, des
retours d'information ciblés...

Puis, il faut « récolter l'information pratique ». Pour cela, nulle obligation pour l'entreprise
d'utiliser un énorme outil technologique, surtout lorsque l'effectif se trouve entièrement
concentré sur un même site. "La machine à café, par exemple, reste un lieu d'échange non
négligeable pour la veille et l'e-mail un outil quotidien pour faire remonter l'information."
Une surveillance de l'actualité du Web, des publications virtuelles ou "papier", des
communiqués de presse des concurrents, une présence sur les salons en s'étant
préalablement renseigné sur les entreprises présentes, sont des actes de base pour la veille
stratégique. Il faut rester à l'écoute des tendances et traiter l'information de manière
structurée : cibler les thèmes, les domaines ou les types d'information à chercher et définir
le rôle de chacun pour éviter de récolter le tout-venant. Les informations récoltées seront
alors stockées de manière organisée, généralement dans une sorte de base de données.

Puis, on doit « analyser les données ». En effet, les données récoltées sont ensuite analysées
par rapport aux besoins émis au début du projet. "Ce travail doit être synthétisé dans des
livrables qui aident à la décision. Par exemple, le document peut se présenter sous la forme
d'un tableau de bord synthétique, utile à six mois. On y trouvera des graphiques ou tableaux,
les chiffres de vente ou les argumentaires de la concurrence, et un résumé de cinq
préconisations directement opérationnelles. Dans l'idéal et pour être véritablement efficace,
ce document ne doit pas dépasser une feuille A4, et surtout ne pas ressembler à un rapport
de 200 pages."

Et enfin, il faut « diffuser pour agir ». À ce stade du projet, la veille ne sert à rien si le résultat
n'est pas diffusé auprès des collaborateurs de l'entreprise qui pourront agir en conséquence.
Il faut donc que l'information digérée redescende vers les acteurs de l'entreprise. Les
résultats de l'analyse des données représentent un outil de travail pour les différents
services : marketing, recherche et développement, commercial... Pour cette raison, les
informations doivent être diffusées rapidement afin d'éviter qu'elles ne deviennent
obsolètes, et par là même tout le projet de veille. Le concept de veille stratégique ne semble
pas pouvoir être abordé sans revenir sur le concept d’intelligence économique. Même s’ils
semblent bien distincts et si nombre des spécialistes du sujet sont encore partagés sur la
question, il apparaît que les 2 termes ont un lien étroit. La veille s’intégrerait pleinement
dans le concept d’intelligence économique.

III - Champs de veille et information collectée


Archimag (2005) ressort huit champs de la veille et la nature des informations collectées
pour chacun d’eux :
- Veille sociétale : Signaux faibles sur l’évolution des comportements ;
- Veille sectorielle : Dynamique du secteur ;
- Veille concurrentielle : Chiffre d’affaires, résultats, nouveaux produits, acquisitions…
des concurrents ;
- Veille commerciale : Besoins explicites et tacites des clients ;
- Veille fournisseurs : Pérennité, technologies, savoir-faire… des fournisseurs ;
- Veille image : Eléments de perception de l’organisation par les clients, les
fournisseurs… ;
- Veille technologique : Evolutions des technologies actuelles et futures des produits et
processus de l’entreprise ;
- Veille stratégique : Tendances globales d’évolution.

Il est ainsi conclu que la veille stratégique a pour vocation de coordonner l’ensemble des
veilles afin d’en fournir une synthèse à la direction générale.

On s'aperçoit de plus en plus que la croissance des industries d’information crée une société
très dépendante de la connaissance. L’information devient la matière première pour
beaucoup d’industries, d’entreprises, d'organisations et c'est donc naturellement que cette
dépendance vis-à-vis de la connaissance va pousser les entreprises à accorder une place de
plus en plus importante à la veille ou « surveillance ».

Comment l’entreprise doit-elle procéder à la collecte et à la mise en valeur de l’information


lorsque son environnement devient très étendu ? Ceci fera l’objet de l’analyse dans le
prochain chapitre.

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