Cardiomyopathie Restrictive
Cardiomyopathie Restrictive
Cardiomyopathie Restrictive
M. le Président, messieurs les Membres du Jury, nous nous présentons Dr Rakotoarimanana Solofonirina,
cardiologue. Nous avons l'honneur de soumettre à vos appréciations la leçon d'aujourd'hui qui s'intitule:
C'est une leçon de pathologie médicale destinée aux étudiants en médecine de 4 ème année, qui sont censés
avoir acquis des notions d'anatomie, de physiologie et de séméiologie cardiaques.
Objectifs / Au terme de cette leçon, l'étudiant doit être capable === TRANSPARENT
De poser le diagnostic de CMR;
D'en déterminer les principales étiologies;
D'en distinguer les principales formes cliniques;
D'en assurer la prise en charge.
Pour atteindre ces objectifs, nous allons adopter le plan suivant === TRANSPARENT
1. Introduction: définition, intérêt, épidémiologie, anatomo-pathologie, physiopathologie,
2. Signes: type de description, formes cliniques;
3. Diagnostic de CMD: positif, étiologique, différentiel;
4. Traitement: buts, moyens, indications, surveillance;
Conclusion
CARDIOMYOPATHIES RESTRICTIVES (CMR)
1 – INTRODUCTION
1 – 1 – Définition :
La cardiomyopathie restrictive (CMR) est une maladie du myocarde caractérisée par un processus infiltratif de
l'endocarde et/ou du myocarde touchant habituellement les 2 ventricules, réalisant une gêne au remplissage
diastolique ventriculaire, avec une réduction du volume diastolique alors que l'épaisseur pariétale, la fonction et
le volume systolique restent normaux.
1 – 2 – Intérêt
La CMR est rare. C'est la plus rare des cardiomyopathies. En Europe et en France, elle est rare chez l'adulte et
exceptionnelle chez l'enfant. Elle est fréquente en Afrique tropicale.
1 – 3 – Epidémiologie
1 – 4 – Anatomie pathologique
Histologie :
fibrose interstitielle endomyocardique
o Touche essentiellement l’endocarde, épaissi en couenne blanc nacré prédominant au niveau
des chambres de chasse et à l’apex des ventricules
o Myocarde épicardique et péricarde peuvent être touchés par le processus inflammatoire
signes propres aux différentes étiologies: infiltration tissulaire spécifique de la maladie causale.
1 – 5 – Physiopathologie
La fonction diastolique est altérée du fait d'un trouble de la compliance ventriculaire, elle-même due à une
augmentation de la rigidité ventriculaire.
La conséquence est une augmentation des pressions d'amont alors même que la fonction systolique
ventriculaire est normale.
2 – SIGNES
2 – 1 – Type de description: CMR primitive idiopathique de l'adulte avec insuffisance cardiaque globale
2 – 1 – 1 – Signes cliniques
2 – 1 – 1 – 1 – Circonstances de découvertes:
Examen cardiovasculaire
Signes d'IVD
- hépatalgie d'effort et à la palpation;
- hépatomégalie douloureuse, à bord inférieur mousse;
- turgescence des veines jugulaires;
- reflux hépato-jugulaire;
- ascite;
- souffle systolique d'insuffisance tricuspide à l'auscultation;
- épanchement pleural (d'origine mécanique ou par hyperpression veineuse);
Signes d'IVG
- râles crépitants à l'auscultation pulmonaire;
- galop B3 (parfois B4);
- insuffisance mitrale fréquente (Souffle systolique d'IM);
2 – 1 – 2 – Examens complémentaires
2 – 1 – 2 – 1 – Radiographie thoracique:
Sensiblement normale ou
Augmentation modérée de la silhouette cardiaque par dilatation cavitaire (auriculaire)
et/ou par épanchement péricardique;
Epanchement pleural liquidien uni ou bilatéral;
Dans les formes à prédominance gauche : dilatation de l'OG et surcharge vasculaire pulmonaire
Dans les formes à prédominance droite : dilatation de l'OD et aspect de sous perfusion pulmonaire
Echographie BD et TM:
o Fibrose endomyocardique:
Comblement de la pointe du VG et/ou du VD (à différencier d'un thrombus ou faux
tendons dans le VG, ou d'une bandelette ansiforme dans le VD);
Echos denses à la surface endocardique ;
Dilatation auriculaire droite ou gauche;
Dilatation veineuse (VCI, veines sus-hépatique);
Cavités ventriculaires de taille, d'épaisseur, de contraction et de fonction systolique
normales ou subnormales ;
Recherche de thrombus intracavitaire;
Doppler cardiaque:
o Recherche d'une dysfonction diastolique constante :
Ventriculaire gauche
Doppler transmitral :
o Dysfonction diastolique du VG de type restrictif (onde E >> onde A)
2 – 1 – 2 – 5 – Biologie
NFS : hyperéosinophilie
Fer sérique, ferritinémie
Ionogramme sanguin, bilan hépatique, fonction rénale…
2 – 1 – 3 – Evolution, complications
L'évolution se fait vers l'aggravation progressive avec poussées d'insuffisance cardiaque. L'adiastolie évolue
progressivement avec une anasarque et une ascite irréductibles.
Sclérodermie:
o CMR gauche, atteinte de la microcirculation coronaire (mauvais pronostic);
o HTAP;
Maladie de Loëffler: de pronostic sévère.
o Echocardiographiques
Degré d'hypertrophie septale ;
Dilatation du VD ;
Au Doppler mitral : restriction sévère avec un rapport E/A 2,1
2 – 2 – 3 – Formes étiologiques : Les formes idiopathiques ou primitives sont les plus fréquentes.
2 – 2 – 3 – Formes symptomatologiques
Formes gauches ;
Formes droites ;
Formes avec insuffisance cardiaque globale
2 – 2 – 4 – Formes évolutives
3 – 1 – Diagnostic positif
3 – 2 – Diagnostic étiologique
La fibrose endomyocardique constitue la cause la plus fréquente de CMP restrictive dans les régions tropicales
tandis que la maladie de Loëffler se rencontre surtout en Europe.
3 – 3 – Diagnostic différentiel
4 – TRAITEMENT
4 – 1 – Buts du traitement:
4 – 2 – 1 – Règles hygiénodiététiques:
- Repos
- Régime hyposodé.
4 – 2 – 2 – Traitements médicaux:
Oxygénothérapie : 3 à 8 l/mn
Les bêta-bloquants :
o Carvédilol comprimés à 6,25 mg, 12,5 mg et 25 mg: 3,125 à 50 mg/j
o Bisoprolol comprimés à 10 mg: 1,25 mg à 10 mg/j
o Métoprolol succinate comprimés 100 mg et 200 mg: 12,5 mg à 200 mg/j
Les anticoagulants
o Héparine standard : 400 UI/Kg/24h pendant 4 à 6 jours, relayée dès le premier jour
par :
o les antivitamines K :
Acénocoumarol (sintrom) comprimé à 4 mg: 1 – 8 mg /j
Fluindione (préviscan) comprimé à 20 mg: 5 – 20 mg/j
Efficacité thérapeutique avec un International normalized ratio (INR) entre 2 et
3.
Les antiarythmiques:
o Les médicaments de classe I doivent être éviter en raison de leur effet inotropes
négatifs et de leur action pro-arythmogène.
o Le traitement des arythmies ventriculaires graves fera appel:
à l'amiodarone comprimé à 200 mg
dose de charge (per os) :
o 30 mg/Kg puis demi-dose le lendemain
o ou 3 cp/j pendant 8 j
dose d'entretien (per os) : 1cp / 2j à 2cp / j + fenêtre thérapeutique de
2j / semaine.
ou aux bêta-bloquants,
Voire parfois au défibrillateur automatique implantable.
4 – 2 – 3 – Traitement chirurgical
Fibrillation auriculaire
Digoxine Amiodarone
Anti-arythmique de la classe Ic (flécaïnide)
+ Anticoagulation efficace
4 – 3 – 5 – Traitement spécifique:
Sarcoïdose ; corticoïdes
Sclérodermie : corticoïdes et/ou immunosuppresseurs
Hémochromatose : saignées et ou chélation
Amylose :melphalan, corticoïdes et colchicine
Fibrose endomyocardique avec ou sans hyperéosinophilie:
Inefficacité des corticoïdes et immunosuppresseurs
Résection chirurgicale du tissu endocardique oblitérant les cavités ventriculaires
(mortalité opératoire : 15 à 25 %)
Remplacement valvulaire mitral si nécessaire
4 – 4 – Eléments de surveillance
L'évolution sera suivie sur la clinique et les examens paracliniques (ECG, radiographie thoracique, surtout
échocardiographie Doppler).
5 – CONCLUSION
Le diagnostic est évoqué par la clinique (adiastolie). Il est confirmé par les signes échocardiographiques
et la biopsie endomyocardique.