L3 Linguistique S5 3
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CHAPITRE 3 : GRAPHIE
Attention : Ce chapitre ne peut être compris que si vous avez préalablement assimilé le
contenu du chapitre 2.
INTRODUCTION
Les langues sont fondamentalement et essentiellement orales ; l’écriture n’est qu’un moyen
de transcrire, pour la conserver, cette réalité orale. Mais il n’y a aucun lien de nécessité
entre le langage humain et l’écriture ; d’ailleurs, certaines langues dans le monde sont des
langues sans écriture.
Cependant, la plupart des langues se sont dotées d’une écriture, d’un modèle de
représentation graphique, qui peut varier selon les langues, en fonction de critères
historiques, pratiques, politiques, etc. Mais d’autres systèmes graphiques auraient été
possibles et rien n’empêche qu’une même langue utilise divers systèmes d’écriture, comme
le montre l’exemple du serbo-croate, que les Serbes écrivent avec des caractères cyrilliques
et les Croates avec des caractères latins.
Les langues indo-européennes sont transcrites au moyen d’une écriture alphabétique (avec
notation des consonnes et des voyelles) ; elle sert à transcrire les sons, ou, tout au moins, et
comme on va le voir, une partie des caractéristiques de ces sons. D’autres langues ont des
systèmes graphiques différents ; certains des signes utilisés en chinois, par exemple, sont
des idéogrammes.
L’orthographe, au sens d’ensemble des normes qui déterminent la valeur et l’usage correct
des graphèmes (les lettres), est une invention relativement récente. Il ne peut y avoir
d’orthographe que s’il existe une autorité, c’est-à-dire une institution considérée comme
légitime, pour l’imposer. En Espagne, comme en France, c’est l’Académie qui joue ce rôle. Or
la création de la Real Academia de la Lengua Española (RAE) date de 1713. En espagnol
médiéval, il n’y a donc pas, à proprement parler, d’orthographe, mais simplement des
tendances plus ou moins largement acceptées et il n’est pas rare qu’un même mot soit écrit
de différentes façons, y compris, parfois, dans un même manuscrit.
En outre, il est important de comprendre que la graphie est un système conventionnel, c’est-
à-dire qu’il y règne une certaine part d’arbitraire. D’autres choix auraient pu être faits. Par
exemple, on voit que le même son peut être transcrit différemment selon les langues : <ñ>
en espagnol et galicien (España), <gn> en français et italien (Espagne, Spagna), <ny> en
catalan (Espanya) ou encore <nh> en portugais (Espanha).
Les écritures alphabétiques, dans leur principe, sont des modes de transposition graphique
très subtils, qui reposent sur une analyse phonologique, au moins implicites. Elles se révèlent
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vite d’une grande complexité, tenant notamment à l’ambivalence des graphèmes : <c>, par
exemple, note tantôt /k/ tantôt /θ/, et /b/ peut être noté par <b> ou par <v>. D’autre part,
certains graphèmes n’ont pas de valeur phonologique mais servent simplement à relier le
mot à son étymon latin : hombre < HOMINEM. Enfin, on peut ajouter que, parfois, le
graphème note la réalisation phonétique et non la valeur phonologique de l’unité : le <m>
de hombre ne transcrit pas l’archiphonème /N/ mais la réalisation nasale bilabiale.
1- CONSIDÉRATIONS HISTORIQUES
Dès les débuts de la langue espagnole, les graphies latines sont apparues inadaptées et
insuffisantes. En effet, la principale divergence entre le système consonantique latin et le
système consonantique roman a été l’apparition d’une série de palatales, pour lesquelles il a
fallu trouver des solutions graphiques. Les textes médiévaux montrent de nombreuses
hésitations dans la transcription de ces palatales :
[λ] : <li, il, lg, gl, lig, ll, l, ill, lli, llg>
[ɲ] : <ni, in, ng, gn, nn, n, nig, ingn, ngn, nni, inn>
[ʃ] : <x, sc, isc, s, ss, sç, sz>
[Ʒ] : <g, j, gi, i>
[t͡s] : <ç, z, c, cc, sc, sç>
[d͡z] : <z, ç>
[t͡ʃ] : <g, gg, ih, x, ch, cc, cx, cxi>
(d’après Echenique Elizondo & Martínez Alcalde, 2005: 73-76)
Cette diversité des graphies est partiellement réduite grâce au travail d’Alphonse X (1260-
1290) et de ses collaborateurs, qui sélectionnent un certain nombre de graphèmes, sans
toutefois éliminer toutes les variations. On a parfois dit qu’Alphonse le Sage avait été le
premier à imposer une norme graphique. En réalité, on ne peut pas parler de norme pour
cette époque, notamment parce qu’il n’existe aucune autorité pour l’imposer (il faudra
attendre la fondation de la Real Academia Española en 1713). En revanche, il est certain
qu’Alphonse X, poursuivant la tâche de son père, Fernando III, et qui a personnellement
dirigé les travaux de traduction pendant les périodes 1260-1270 et 1280-1290, a fait preuve
d’une préoccupation formelle, qui a débouché sur une plus grande uniformisation
graphique. Il faut ajouter que cette uniformisation graphique est variable selon les œuvres et
surtout, que les caractéristiques linguistiques de ses collaborateurs ont eu une influence sur
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la plus ou moins grande différentiation des graphies servant à transcrire les sourdes et les
sonores (ceux qui avaient déjà perdu le critère de sonorité pour les fricatives) pouvaient
difficilement le transcrire).
Nous allons donc étudier comment sont graphiés un certain nombre de phonèmes dans les
manuscrits médiévaux, en nous appuyant sur les textes au programme.
En position intervocalique, il existe une opposition pertinente entre deux phonèmes fricatifs
alvéolaires, l’un sourd /s/, l’autre sonore /z/. Dans les autres positions, cette opposition
étant neutralisée, seule la réalisation sourde [s] de l’archiphonème fricatif alvéolaire /S/ se
rencontre. Dans ce cas-là, le graphème <s> convient et ne pose aucun problème : sueltan
(Cid, 10), cristianas (Cid, 29).
Exemples :
/s/ : PRESSA > priesa (Conde Lucanor), VERSUS > vieso (Apolonio, 17c) + tous les subjonctifs
imparfaits en -se (< -SSEM), + pronom réfléchi se enclitique ;
/z/ : QUAESIVIT > quiso (Amadís), MENSURAM > mesura (mesurado, Cid, 7)
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Comme pour les fricatives, c’est en général l’étymologie qui nous permet de savoir quelle est
la réalisation phonétique des graphèmes <c> et <ç>. Il faut déterminer s’il s’agit d’un mot
composé (prononciation sourde) ou d’un mot simple et, dans ce dernier cas, il faut regarder
si l’étymon comporte un groupe consonantique ou une consonne double (dans ce cas la
prononciation est sourde) ou une consonne simple (dans ce cas, la prononciation est sourde
si le mot est savant ou semi-savant, sonore dans les autres cas, hormis quelques exceptions,
comme coraçón et cabeça).
Exemples :
[d͡z] : deçir (Apolonio, 5d) < DICERE, facer (et toutes les formes conjuguées de ce verbe) <
FACERE, pedaço (Lucanor) < PITTACIUM.
[t͡s] : braço (Ultramar) < BRACCHIUM, cabeça (Celestina) < CAPITIAM (mot simple, consonne
simple, exception), açiertas (Libro de Buen Amor) (mot composé, formé à partir de a +
cierto), espaçiando (Ultramar), dérivé de espaçio < SPATIUM (mot semi-savant), etc.
Le phonème affriqué alvéolaire sourd est parfois transcrit par les graphèmes <-sc->, ou
<-sç->, qui sont, à l’origine, une survivance des verbes inchoatifs. Inchoatif signifie « Qui
indique le déclenchement ou la progression graduelle d'une action » (TLFi, s.v. « inchoatif »).
Le verbe conosçer, par exemple, vient du latin vulgaire *CONOSCERE (latin classique
COGNOSCERE). Dès le latin tardif, l’occlusive vélaire [k] suivie d’une voyelle palatale (c’est-à-
dire [i] ou [e]) donne l’affriquée alvéolaire [t͡s]. Dans CONOS-CERE, [ke] devient [t͡se] et il y a
ensuite simplification du groupe [st͡se] en [t͡se] : [kognoskeɾe] > [konost͡seɾ] > [konot͡seɾ].
La graphie conocer est alors suffisante, mais on lui préfère parfois la graphie conoscer (ou
conosçer) qui conserve le souvenir de l’étymon latin. L’explication vaut pour tous les verbes
latins en -SCERE, qui sont relativement fréquents, le suffixe -SC étant un suffixe « inchoatif »,
c’est-à-dire qui marque le commencement (cf. nascer, anochescer, crescer, etc.).
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Dans le cas des fricatives et affriquées alvéolaires, le problème qui se posait était celui d’une
graphie unique pour deux phonèmes distincts. Cette fois le problème est celui de la
répartition de deux graphies <b> et <v> (ou <u>) pour transcrire le phonème labial sonore
qui se caractérise par ses deux variantes combinatoires, ses deux réalisations phonétiques,
l’une occlusive [b], l’autre fricative [β].
Vous aurez constaté que certains mots ont une graphie différente au Moyen Âge, alors que
la prononciation n’a pas changé. Par exemple, boluer (Apolonio) s’écrit aujourd’hui volver,
mais la prononciation est restée exactement la même : [bolber]. Il s’agit donc bien d’un
problème de graphie.
C) En position initiale ou après consonne, le son labial fricatif [β-] issu de [w-] est refusé très
tôt et remplacé par la variante occlusive [b].
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Exemples : vio (Cid, 3) < VIDERE ; voluntat (Apolonio, 7b) < VOLUNTATEM ; palabra (Cid, 26)
< PARABOLAM ; sabían (Apolonio, 4c) < SAPERE
– une graphie que l’on pourrait qualifier de « phonétique », dans laquelle le graphème <v>
ou <u> sert à transcrire la fricative (en postion intervocalique ou entre une voyelle et [l, r]) et
le graphème <b> l’occlusive, quelle que soit la graphie latine. Cette tendance se rencontre au
Moyen Âge.
Exemples : nueua [nweβa] (Apolonio, 1c) < NOVUS ; deuiera [deβjeɾa] (Apolonio, 3d) <
DEBERE ; boluer [bolbeɾ] (Apolonio, 6b) < VOLVERE ; bozes [bodz͡ es] (Ultramar, 24) <
VOCEM ; etc. Toutes les terminaisons d’imparfait des verbes du 1er groupe suivvent aussi
une graphie phonétique : -ava [aβa] < -ABAT (tornava, estávalos, etc.). C’est également le
cas des différents temps de aver [aβeɾ] < HABERE.
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L’opposition entre la vibrante simple /ɾ/ et la vibrante multiple /r/ n’est pertinente qu’en
position intervocalique. Au Moyen Âge comme aujourd’hui, on transcrit la vibrante simple
/ɾ/ par <r> : pero (Apolonio, 7d) ; pusieron (Buen Amor, 50a) ; ora (Tamorlán, 1) et la vibrante
multiple /r/ par <rr> : tierra (Cid, 14 ; Ultramar, 26) ; querríavos (Milagros, 2b) ; perro
(Celestina, III-19).
Mais parfois, en position initiale, on trouve aussi une graphie phonétique, c’est-à-dire que
l’on transcrit ce que l’on entend (une vibrante alvéolaire multiple [r]) : rriendas (Cid, 10) ;
rrazón (Cid, 19) ; rrey (Cid, 22) ; rrecabdo (Cid, 24) ; rrogava (Cid, 53) ; rribaldo (Buen Amor,
46c), rromano (Buen Amor, 46c) (mais romano, 51b), rrespondió (Buen Amor, 60b), rrazones
(Buen Amor, 68a).
Le graphème <h> était déjà une lettre muette en latin, d’où des emplois hésitants dès le
latin. Ce graphème, qui ne transcrit aucun son, aucun phonème, a des origines multiples.
– [f-]
En position initiale, il est souvent la trace d’un [f-] initial latin qui a disparu, c’est-à-dire qui a
cessé d’être prononcé (voir infra, §8) : huían (Amadís, 10) < FUGERE; hermosura (Celestina, I-
3), dérivé de hermoso < FORMOSUM ; hazer (Celestina, III-1) < FACERE ; hilo (Celestina, III-
13) < FILUM ; hazienda (Celestina, III-17) < FACIENDAM ; humo (Amadís, 12) < FUMUS ;
holgança (Amadís, 10), dérivé de holgar < FOLLICARE.
– <H>
Une deuxième origine possible est celle d’un <H> déjà présent en latin : ha (Cid, 42 ; Lucanor,
19, 22), houo (Apolonio, 7c), havía (Amadís, 1, 3, etc.) < HABERE ; hora (Apolonio, 18d) <
HORAM ; hombre(s) (Amadís, 11 ; Celestina, II-2), honbre (Victorial, 22) < HOMINEM, honra
(Buen amor, 58d ; Victorial, 2) < HONORARE, huertas (Tamorlán, 3) < HORTUS.
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Au Moyen Âge, il était fréquent que ce <h> initial disparaisse : ombros (Cid, 13) < HUMERUS ;
omne (Milagros) < HOMINEM ; ora (Tamorlán, 1) < HORAM. C’est particulièrement le cas
pour le verbe haber (à tous les temps), qui est le plus souvent écrit sans <h> : aver, ay,
avemos (= habemos i.e. hemos), avié (= había), aya, ayades (= hayáis), ove (= hube), ovo,
ovieron, oviesse, etc.
– <h> anti-étymologique
Enfin, il arrive que le mot présente un <h> dit explétif, c’est-à-dire qui n’est pas
étymologique : hun (Apolonio, 1c), huna (Apolonio, 4b) < UNUM ; ha [préposition] (Apolonio,
5c, 6c, 7a) < AD ; hera(n) (Vicorial) < ERA(N)T ; horden (Victorial, 17) < ORDINEM ; henojo
(Victorial, 18), dérivé de enojar < INODIARE ; hueca (Ultramar, 20), dérivé du verbe ocar <
OCCARE ; huessos (Amadís, 23) < OSSUM.
8- F- INITIAL
Le substrat cantabrique ignorant le [f-], les locuteurs ont parfois eu du mal à rendre le [f-]
latin. Plusieurs solutions ont été apportées :
1) dans les milieux les plus cultivés et dans la partie sud de la péninsule, il y a conservation
du [f-] (norme tolédane) : FARINAM > [faɾina] ;
2) au Nord de l’Espagne, les locuteurs accommodent ce son et le rendent par une aspiration
[h] : FARINAM > [haɾina].
Ensuite, la perte du [f-] s’étend peu à peu vers le Sud (la norme du Nord l’emporte) et au
bout de quelques générations (fin du XVe), on constate la répartition suivante :
– d’abord une aspiration [h-], puis aucun son, devant une voyelle syllabique FARINAM >
[haɾina] > [aɾina], sauf dans certains mots semi-savants où [f-] se maintient (fatiga);
– [f-] devant un son asyllabique i.e. une consonne ou une semi-consonne (flor, fuente).
On opposera donc :
a) les mots dans lesquels la graphie <f-> transcrivait soit une fricative labiale (norme
tolédane), soit une aspiration (norme cantabrique) et a été remplacée ensuite par un <h> :
fallóla (Cid, 32) [aujourd’hui halló] ; ferida (Cid, 38) [herida] ; figueras (Milagros, 4b) ;
fermoso (Milagros, 6d) ; fija (Apolonio, 2c) ; fincar (Apolonio, 15a) ; fasta (Ultramar, 2) ; falló
(Ultramar, 3 ; Lucanor, 14) ; folgar (Ultramar, 12) ; fablava (Lucanor, 1) ; falagó (Lucanor, 4) ;
fondas (Tamorlán, 8) ; + toutes les formes de fazer (hacer) ;
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– parce qu’elle transcrivait une fricative labiale devant une consonne ou une semi-
consonne : fuertemientre (Cid, 24) ; fuerça (Cid, 34) ; fuesse (Cid, 61) ; flores (Milagros, 2c) ;
frías (Milagros, 3d) ; fructas (Milagros, 4c) ; frutales (Tamorlán, 7) ; flaco (Amadís, 15) ;
– parce qu’il s’agit d’un mot semi-savant, où la fricative labiale [f-] s’est également
maintenue : formar (Milagros, 7d) ; firmado (Buen Amor, 49b) ; falssedat (Buen Amor, 69b) ;
felicidad (Celestina, I-15) ; fieles (Celestina, III-14) ; fuego (Celestina, III-17) [à comparer avec
huego (Amadís, 13)].
Elle est parfois phonétique : ombros [ombɾos] /oNbRos/ (Cid, 13) ; nombre [nombɾe]
/noNbRe/ (Apolonio, 3c) ; tiempo [tjempo] /tieNpo/ (Lucanor, 19) ;
Les manuscrits médiévaux préféraient souvent le <y> au <i> car le premier, avec son
jambage, était plus facile a repérer et à identifier que le <i> (ce dernier ne portait pas
toujours de point), qui était également utilisé, parfois, pour transcrire la fricative palatale
sonore /Ʒ/ (oios, Cid, 1 ; aguiió, Cid, 37 ; conseio, Apolonio, 12b).
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Le <y> peut transcrire le i] atone ou tonique : vyda (Apolonio, 13c) ; ayrado (Apolonio, 13c) ;
raýz (Apolonio, 17a) ; ynfanta (Ultramar, 1) ; rybera (Ultramar (3) ; sy (Ultramar, 5) ; desyerto
(Ultramar, 11) ; reyno (Victorial, 3) ; oýdo (Victorial, 30).
Parfois, la graphie espagnole imite la graphie latine sans qu’il y ait de nécessité phonétique :
on parle alors de graphie cultivée ou graphie savante.
– <ll> pour transcrire [l] (au lieu de <l>) : pielles [pieles] (Cid, 4) < PELLEM ; ell (Apolonio, 13a)
< ILLE, allegratvos (Apolonio, 9d) < ALECREM (donc graphie faussement savante, puisqu’il n’y
a pas de double <l> en latin)
– <qu> pour transcrire [kw] (au lieu de <cu>) : quál (Lucanor, 7) < QUALEM ; quanto
(Lucanor, 11) /vs/ cuantas (Lucanor, 26) < QUANTUS ; quando (Buen Amor, 46d) < QUANDO
– <pt> pour transcrire [t] : escripto [eskɾito] (Cid, 1259) < SCRIPTUM
– <ct> pour transcrire [t] : sanctas [santas] (Cid, 48) < SANCTUM ; fructas (Milagros, 4c) <
FRUCTUM
– <ch> pour transcrire [k] : Antiocha [antjoka] (Apolonio, 3b) ; Antiocho (Apolonio, 6c) /vs/
Antioco (Apolonio, 3a)
– <th> pour transcrire [t] : cathedra (Buen Amor, 53c) < CATHEDRAM ; cathólica (Amadís, 18)
< CATHOLICUM
– consonnes doubles : offresçido (Celestina, I-7) < OFFERIRE ; commo (Cid, 3 ; Ultramar, 6) <
QUOMO.
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