THESE Grace Yepez 2011
THESE Grace Yepez 2011
THESE Grace Yepez 2011
THÈSE
Présentée à
L’UNIVERSITÉ BORDEAUX 1
Par
Grace YEPEZ-SALMON
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Résumé
Ce travail s‟inscrit dans les enjeux actuels liés à l‟environnement urbain ; il vise à définir ce qu‟est
un écoquartier, à partir de l‟étude de projets de référence en premier lieu mais surtout à partir de
l‟opérationnalité et ses contraintes spécifiques. Dans ce cadre pratique l‟évaluation environne-
mentale se positionne au cœur de l‟opérationnalité comme un outil d‟aide à la décision essentiel
pour les acteurs de la conception de la ville face aux préoccupations du développement urbain
durable. La finalité est de proposer une méthode d‟évaluation environnementale des écoquar-
tiers pour un projet urbain en phase esquisse (AVP).
La première partie établit les enjeux liés à l‟urbanisme et propose une étude historique des mo-
dèles urbains pour la ville idéale. Il y est proposé un regard sur les principes et évolutions de cette
notion afin de situer et comprendre le concept de ville durable. La deuxième partie établit la per-
tinence du quartier comme une échelle d‟expérimentation, propose une définition de
l‟écoquartier et analyse certains cas de référence à travers leurs typologies, leur forme urbaine et
leurs réponses techniques. La troisième partie propose un éclairage général sur différents outils
d‟analyse des processus de conception et d‟évaluation des écoquartiers. Cette analyse souligne
notamment la non existence de l‟outil absolu, et conclue au besoin de développer des outils
d‟évaluation en complément des outils d‟aide à la conception déjà existant. Une analyse des
systèmes d‟indicateurs est proposée, elle permet de montrer l‟utilité de ces approches dans le
contexte d‟un projet urbain. La quatrième partie propose une analyse de la pratique opération-
nelle du contexte français et propose une démarche opérationnelle de mise en œuvre d‟un éco-
quartier. Cette dernière introduit le développement de l‟outil d‟évaluation NEST qui a constitué la
partie finale de ce travail. L‟outil s‟appuie sur la technique d‟analyse de cycle de vie (ACV) pour
évaluer les impacts environnementaux du quartier. Pour cela les éléments physiques du quartier
(bâtiments, espaces publics, espaces verts, infrastructure), tels que définis dans une phase pré-
coce du projet urbain (phase AVP), sont intégrés dans l‟outil. Il calcule alors 7 indicateurs environ-
nementaux pour évaluer le projet, ces résultats étant rapportés à l‟usager du quartier pour en
assimiler toute l‟importance. Dans cette dernière partie une expérimentation opérationnelle de la
démarche proposée et de l‟outil d‟évaluation est présentée sur la ZAC de Kleber à Biarritz pour
montrer l‟apport de l‟outil pour une conception des projets urbains dans l‟objectif de constituer
un écoquartier.
Introduire le concept de développement durable dans l‟urbanisme demande, en plus d‟une ap-
proche environnementale, sociale et économique, une compréhension technique de la ville et
de ses composants urbains, comme un système fermé qui consomme des ressources et en cela
génère un impact. Comprendre la ville comme un système pour établir des objectifs et des stra-
tégies pour arriver à transformer la ville en une ville durable demande l‟implication des acteurs de
la décision, de la conception et de l‟usage de la ville. Ce travail apporte au final une réflexion et
des propositions pragmatique sur les modalités de mise en œuvre de telles opérations, en
s‟appuyant sur les nouvelles dynamiques de travail entre acteurs de ce type de projet et sur des
outils développés spécifiquement pour ces nouveaux besoins.
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Abstract
The present work is focused on the current stakes related to the urban environment; it aims at de-
fining what is a sustainable neighborhood, starting from the study of reference projects and inte-
grating strongly field process requirements and constraints; Within this framework, environmental
evaluation is positioned in the earth of the neighborhood design process as a tool for decision-
making aid, allowing city stakeholders to inscribe their project in the concerns of sustainable urban
development. The finality is to propose a method for evaluating the environmental impact of sus-
tainable neighborhoods projects in the first design phase.
This thesis is integrated in a CIFRE convention with the Nobatek company (technological Center
working on sustainable construction and planning) and the GRECAU laboratory (Group of re-
search in environment architectural and urban design). It proposes an analysis of the urban prac-
tice, defines the requirements for specific tools for the planning of sustainable urban projects and
proposes a tool for environmental evaluation. The research work here presented is conducted for
pragmatic objectives, as required by the collaboration with the company nobatek, i.e. closed to
the reality of the planning process.
The first part establishes the dependent stakes with town planning and proposes a historical study
of the urban models for the ideal city. It is proposed there a glance on the principles and evolu-
tions of the concept of ideal city in order to locate and include/understand the concept of sus-
tainable city. The second part establishes the relevance of the district as the best scale of experi-
mentation and proposes a definition of the sustainable neighborhood and analyzes various refer-
ence cases through their typologies, their urban form and their technical solutions. The third part
proposes an overview of various tools allowing the analysis of the processes of design and evalua-
tion of the sustainable neighborhoods. This analysis underlines in particular the non existence of the
“absolute tool”, and concluded with the need to develop particular tools for evaluation, com-
plementary to those already existing focused on design assistance and based on qualitative ap-
proaches. An analysis of the existing set of indicators is proposed, it shows their utility for an urban
project as well as their limits. The fourth part proposes an analysis of the operational practice of
town planning in the French context and proposes an operational approach of implementation of
sustainability in such process. The latter part introduces the development of the tool for evaluation
called NEST which constituted the final part of this work. The tool is based on the technique of life
cycle analysis (ACV) to evaluate the environmental impacts of the district to be created. The
physical elements of the district (buildings, public spaces, green areas, infrastructures), such as
defined in an early phase of the urban project, are integrated in the tool. It calculates then seven
environmental indicators to evaluate the project, these results being brought back to the stake-
holders of the district planning process. An operational experimentation of the process proposed
and the use of the evaluation tool is also eventually presented, based on the ongoing Kleber
neighborhood project in Biarritz (Fr). It shows the contribution of the tool for the design of such dis-
trict with the goal to set up there a sustainable neighborhood.
Introducing the concept of sustainable development into town planning requires, in addition to
environmental, social and economic approaches, a technical comprehension of the city and its
urban components, as a closed system which consumes resources and as a consequence gene-
rates impacts. To understand the city as a system, in order to establish objectives and strategies to
manage and transform it to sustainable, requires the implication of the stakeholders involved in the
decision-making, the design and the use of the city. This work brings several hypotheses on the
current possible approaches and proposes pragmatic solutions for the implementation of such
operations.
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Remerciements
Al terminar un trabajo hecho con tanta curiosidad por querer entender y saber sobre este tema se me
hace difícil escribir mis agradecimientos. Creo fuertemente que las gracias se las dan en el camino a
todas aquellas personas que nos han acompañado de una u otra manera. Espero haberlo hecho y en
caso que no, quisiera decirles a todos, mi familia, mis amigos y colegas muchísimas gracias por todo.
Este trabajo tiene mucho de las experiencias humanas que pude encontrar en estos últimos casi cuatro
años. La gente con quien trabaje y colabore. La gente que encontré y que me dieron un tiempo valio-
so. Gracias por ese tiempo a todos los actores del urbanismo de las ciudades en las que pude trabajar
los políticos, los habitantes, los arquitectos, los ingenieros, los urbanistas, los técnicos, los investigado-
res…
Gracias a las entidades que apoyaron mi trabajo, a la convención CIFRE, al Consejo general 64 à la
Universidad de Bordeaux 1, à la escuela doctoral des Science physiques et de l‟ingenieur, a la escuela
de arquitectura y de paisaje de Bordeaux.
Gracias a Nobatek, al director Sr. Jac Tortos, por su fuerza, su convicción, su mirar profundo y sincero,
su español que me hizo sentir en casa al inicio y en el transcurso de esta aventura. Por su exigencia, su
apoyo y solidaridad, muchísimas gracias.
Al laboratorio GRECAU, a la Sra. Catherine Semidor la directora de este trabajo, por su tiempo, sus re-
marcas y exigencias. Gracias por haber aceptado dirigir este trabajo complejo y ambicioso que pa-
recía ser interminable, que varias veces nos confronto, nos desconcertó, nos gratifico, pero sobre todo
nos dio la oportunidad de conocernos y compartir un poco de su vida y de la mía. Un gran gracias a su
Padre por su relectura y a toda su familia por su paciencia en la línea final de este trabajo.
Muchísimas gracias a André De Herde y a Youssef Diab los dos evaluadores de este trabajo por su
disposición, su análisis técnico, sus remarcas y su evaluación profesional del contenido aquí propuesto.
Gracias a los miembros del Jurado Frederic Bos, Agnes Berlan-Berthon y a Phillippe Lagiere por su genti-
leza, su observación et evaluación. Gracias por sus puntos de vista y por darme sus comentarios de un
gran valor profesional y humano.
A todos mis compañeros de trabajo, especialmente a Maria Dubroca, Frederique Betbeder, Dominique
Lasteri, Maddi Barreix, Caroline Coste, Jeremie Guillorit, Antoine Dugue, Claudia Valderrama, Chris-
tophe Cantau, Jêrome Lopez, Julie Crepin, Helene Doyhenard, Isabelle Iratchet gracias por su interés
en mi trabajo y su apoyo.
Gracias à Nicolas Salmon, Lucie Duclos, Laettitia Belaube, Fabien Fillit por su colaboración, su conoci-
miento y esplendido trabajo. Por ayudarme en mi locura de ecobarrios y a encontrar juntos la luz à la
aventura de integrar el ACV al trabajo de un arquitecto-urbanista… QUE IDEA! Gracias por su interés y
tenacidad. Lo hicimos bien y probamos que la pluridisciplinaridad funciona.
A mis colegas de laboratorio, Andres Moreno, Belal Abdelatia, Dahmane Djellali, Charles Ouedraogo
Mohannad Haj Hussein, Héloïse Pagnac-Baudry por su apoyo.
Agradezco a la distancia en Ecuador el apoyo de mi gran familia Yépez-Villareal y todas sus derivacio-
nes, a cada uno de sus miembros del más pequeño al más grande. A la memoria de mis abuelitas
Doña Olguita y Doña Leonor por su ejemplo y su amor incondicional. A mi padre Don Victor Yépez y a
mi madre Doña Carmen Madruñero por su amor y su empuje. A mí querida hermana Doña Monica
Yépez por su dulzura y su apoyo.
Gracias a mi familia aquí en Francia, a Guillaume, Françoise, Charlotte, Michael, Tryn, Marion, Jhonny,
a todos los tios, tias, primos, a Tata y a la memoria de toton por su apoyo. Un millón de gracias a mis
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queridos suegros Marcelle et Guy Salmon por su cariño incondicional y por hacerme sentir parte de la
familia.
Gracias por sus mensajes de apoyo a Giuseppe y Giovanni Ruso en Italia à Shirley Machado, a Vicente
Santillan, a todos mis amigos y colegas en Ecuador y à mi pequeña canelle un personaje en el trans-
curso de redacción.
Y quiero para terminar, agradecer particularmente a mi esposo por ser como es y por estar junto a mí
en esta aventura con su alegría, su apoyo, su paciencia, su curiosidad, su buen francés, sus horas in-
terminables de relectura, de correcciones, por la pertinencia y lucidez de sus remarcas.
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TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION ...................................................................................................................................... 23
Le contexte ............................................................................................................................................ 24
1.3.1 ECONOMIE............................................................................................................................. 41
1.5 Les commandes publiques en mutation pour un aménagement urbain durable ......... 47
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Chapitre 2 - Vers une ville idéale .................................................................. 55
2.1 La recherche des "modèles" urbains pour la ville idéale ...................................................... 55
4.1.1 Le quartier comme objet d‟étude pour l‟urbanisme durable .................................. 108
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4.4.2.5 Type 5 : Iles urbaines écologiques ........................................................................... 123
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PARTIE III: Evolution des outils pour la pratique de l'urbanisme et la
conception des écoquartiers
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Chapitre 9 - Systèmes d’indicateurs du développement urbain durable
207
9.1 Qu‟est ce qu‟un indicateur? .................................................................................................... 207
9.2.3 Les indicateurs des plus grandes villes nordiques ........................................................ 218
10.2.5 Vers l‟évaluation des projets urbains et la labellisation des écoquartiers en France239
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11.2.4 Les enjeux environnementaux ......................................................................................... 255
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Chapitre 13 - Évaluation environnementale des quartiers : conception d’un
outil d’analyse de cycle de vie du quartier NEST (Neighborhood evaluation for
sustainable territories)........................................................................................... 313
13.1 Le besoin d‟évaluation environnemental d‟un écoquartier ............................................. 313
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LISTE DES FIGURES
Figure 1-1 Les chiffres clés des travaux BTP et les investissements BTP dans les principales agglomérations de
l’Aquitaine en 2006. Source CEBATRAMA, http://www.cebatrama.org 26
Figure 1-1 : Images satellites de la Terre nocturne: 1970 et 2000 (© NASA GSFC) 36
Figure 1-2 Tableau sur la consommation d’énergie finale en France (corrigée des variations climatiques). 37
Figure 1-3 Emission nationales de GES. Source : Citepa 2006 38
Figure 1-4 : Les villes et les dangers actuels liés au climat. Source : basé sur de Sherbinin, 2007 46
Figure 1-5 Organisation de la maîtrise d’ouvrage avec un expert développement durable 48
Figure 1-6 : Relations des principaux acteurs d’un projet urbain 53
Figure 2-1 : Vue aérienne du Familistère de Godin, 1859, source : fr.academic.ru 57
Figure 2-2 Diagramme de la cité jardin de Howard, 1902 58
Figure 2-3 Diagramme sur les unités de la cité jardin 58
Figure 2-4 Diagramme de la cité jardin de Howard, 1902 58
Figure 2-5 : Three Magnets, 1898 59
Figure 2-6 : Plan de la cité jardin à Letchworth 1904 (Raymond Unwin et BarryParker) 60
Figure 2-7 Plan et vue du quartier d’Hampstead, le numéro 1 représente le parc dans le plan et dans la vue
aérienne prise en 1950 61
Figure 2-8 : Master Plan d’Amsterdam Sud, 1914 62
Figure 2-10 : Vues de l’ilot C à Spaarndammerburt 63
Figure 2-9 Axonométrie d’îlot C à Spaarndammerbuurt 63
Figure 2-13 : Vues de la gare 65
Figure 2-11 : image extraite d'une visite en temps réel de la cite industrielle ©map-aria 65
Figure 2-12 : Perspective de la gare dans son environnement urbain 65
Figure 2-14 : L’école verte 66
Figure 2-15 : Les maisons individuelles 66
Figure 2-16 : L’industrie 66
Figure 2-17 : Les pilotis pour libérer le sol aux piétons 66
Figure 2-18 : E. May : Principes introduis dans l’organisation urbaine de Siedlung Westhausen (1932) 67
Figure 2-19 : L’axe héliothermique d’Ernest May 67
Figure 2-20 : Ernst May, Schémas illustrant l‟évolution de l‟îlot urbain (D.n.F.1930) 68
Figure 2-21 : Walter Gropius, Etude d’ensoleillement pour la construction horizontale, verticale ou de hauteur
intermédiaire 68
Figure 2-22 Siedlung Dammerstock 70
Figure 2-23 Le Corbusier : Plan Voisin, 1925 71
Figure 2-24 : Le Corbusier : Plan de Chandigarh 1950 73
Figure 2-25 : Photomontages d’Alain Bublex sur le Paris du plan voisin de Le Corbusier (exposition « Air de
Paris » Centre Pompidou 2007) 74
Figure 2-26 : Frank Lloyd Wigth: Broadacre city, 1958 77
Figure 2-27 : Fuller : Projet Midtown Manhattan, 1960 79
Figure 2-28 : Harlem Nord city, 1964 79
Figure 2-29 : Tetrahedronal City, 1965 80
Figure 2-30 : Archigram - Ron Herron: Walking City. 82
Figure 2-31: Plung-in city, Peter Cook, 1964 82
Figure 2-32 : M3 Instant country/cartoon, Peter Cook 1971 83
Figure 2-33 Plan et détails du Nouveau Gourna, Hassan Fahty achevée entre 1946-1952 85
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Figure 2-34 : Nouveau Gourna, UNESCO 2010 http://whc.unesco.org/fr/activites/637/ 85
Figure 2-35 : ARCOSANTI, Paolo Soleri, 1970 87
Figure 3-1 : Comparaison des chartes d’Athènes 1933 et d’Aalborg 1994, Cyria Emelianoff, 2004 95
Figure 4-1 : localisation des écoquartiers dans le monde 116
Figure 5-1 Exemples de supports d’information utilisés 127
Figure 5-2 Image aérienne du cœur d’ilot Hedebygarde (Vesterbrö) 133
Figure 5-3 Comparaison d’un écoquartier et d’un quartier «moderne» avec le même modèle urbain 133
Figure 5-4 Photo aérienne de l’espace vert central de l’écoquartier Riesfeld 134
Figure 5-5 Forme urbaine complexe qui limite l’accès de la voiture, exemple de l’écoquartier BO01 134
Figure 5-6 Traitement de circulation et stationnement dans l’écoquartier BO01 135
Figure 5-7 Traitement des espaces publics, semi-privés et privés, Ecoquartier GWL 135
Figure 5-8: Exemples de traitement du sol et de place de la voiture, quartier BO01 à Malmö 136
Figure 5-9: Exemple du traitement différentié des surfaces des sols et parking périphériques, Ecoquartier BO01
136
Figure 6-1 Exemples des écoquartiers pour réhabiliter des quartiers anciens. 141
Figure 6-2 Photo de l’écoquartier Hammarby, photo du compteur des consommations du quartier Vauban et
des indicateurs environnementaux de l’îlot Hedebygade 142
Figure 7-1 Exemples de méthodologies environnementales existantes pour la construction des bâtiments 159
Figure 7-2 Présentation de quelques méthodologies urbaines durables de par le monde, 2010 160
Figure 7-3 : Extrait du tableau de comparaison des outils sur le thème "énergie" 169
Figure : 7-4 Phases du projet urbain durable avec la possible utilisation des outils étudiés 173
Figure 8-1 Recherche de la solution optimum (Brunner et Starkl 2004) 180
Figure 8-2 Images de synthèse pour les plugins SKETCHUP Urban developper 185
Figure 8-3 Images de synthèse pour les plugins SKETCHUP MODELUR 188
Figure 8-4 Processus de conception incluent l’utilisation de CITYCAD, source www.Holisticcity.co.uk 189
Figure 8-5 Captures écrans de Citycad et ses rendus. Source www.Holisticcity.co.uk 189
Figure 8-6 L’empreinte écologique par composante, 1961-2003, source : Rapport Planète vivante de la WWF,
2007 193
Figure 8-7 Profil Développement durable d’un quartier : analyse des objectifs DD. Source: La Calade, 2004 195
Figure 8-8 Profil développement durable pour un quartier, exemple d’une analyse de cible pour un quartier.
Présentation par histogramme et Figure 8-9 : Profil établi par le modèle INDI. Source : Charlot-Valdieu et
Outrequin,2004 195
Figure 8-10 Valeurs cibles pour plusieurs quartiers en France: min and max. Source: La Calade 2004 195
Figure 8-11Evolution du profil développement durable. Source: La Calade 2004 196
Figure 8-12 Présentation histogramme de l’évolution d’un quartier. Source: La Calade 2004 196
Figure 8-13 Principales caractéristiques du quartier à saisir. Source : La Calade 2004 197
Figure 8-14 Représentation graphique du quartier. Source : La Calade 2004 197
Figure 8-15 Impact d’un scénario sur les différentes variables environnementales d’un quartier. Source : La
Calade, 2004 198
Figure 8-16Exemple des résultats du modèle ASCOT [Morck.2004] 199
Figure 8-17 Résultats de l’évaluation des deux alternatives de quartier, Source : Projet ADEQUA Rapport final
déc. 2006, 201
Figure 8-18 Chaînage des entrées/sorties entre les outils d’évaluation Source : Projet ADEQUA, Rapport final
déc. 2006. 202
Figure 8-19 Saisie des espaces publics, ARIADNE . 202
Figure 8-20 Vue d’ensemble de l’îlot A du quartier Lyon confluence évaluée avec les outils du projet ADEQUA,
Source : Projet ADEQUA, Rapport final, 2006 203
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Figure 8-21 : Vue de la modélisation de l’îlot A et du bâtiment D avec ALCYONE. Les masques crées pour les
autres bâtiments sont considérés. Les couleurs correspondent aux différentes zones dans le bâtiment D
203
Figure 8-22Résultat aboutis des hypothèses pris en compte pour l’îlot A 203
Figure 8-23 Comparaison entre les alternatives 204
Figure 8-24 Comparaison des variantes de l’espace public 204
Figure 8-25 Tableau récapitulatif des émissions produit pour les variantes du quartier (espace public et
bâtiments) 205
Figure 8-26 Capture d’écran du quartier Sud du projet Espace Gare (Outils SIG : SOUNDPLAN, SOLENE). Source :
Colloque ADEQUA, Chambéry 2006. 205
Figure 9-1 Structure pyramidale d’agrégation des données vers les indices. Source Étude RECORD N°03-
1011/1A 208
Figure 9-2 Terminologie de l’indicateur vers l’outil, Source : Projet CRISP 213
Figure 9-3 : Indicateurs projet CRISP (1999-2004). Source : Rapport Final EVK4-CT 1999-2002. Coordinateur Luc
Bourdeau 216
Figure 9-4 Analyse statistique des indicateurs du projet CRISP. Source : Rapport Final EVK4-CT 1999-2002 217
Figure 10-1 Cartes des écoquartiers en France. Sources : (1) Revue durable, avril 2008. (2) Le MEDDAT 2009 237
Figure 10-2 Capture d’écran du site de l’écoquartier GIMKO à Bordeaux, Bouygues Immobilier 2011 238
Figure 10-3 : Carte de France des Ecoquartiers créé par Cleantech Republic.com, 2011 238
Figure 11-1 CAS Localisation des projets d’étude dans le territoire. Source AUDAP, 2009 243
Figure 11-2 CAS D’ETUDE. Source : Plan SCOT de l’Agglomération de Bayonne et du Sud Landes. Séminaire du
20 février 2010, AUDAP 244
Figure 11-3 CAS D’ETUDE. Source : Vue Google des sites d’étude. 245
Figure 11-4 Répartition de population au Pays Basque (au 31/12/2006). Source : CRDP 2007 246
Figure 11-5 Part des résidences secondaires dans le territoire. Source INSEE,2006 248
Figure 11-6 Valeurs immobilières dans les communes d’étude. Source Notaires de France, Perval, 2008 248
Figure 11-6 Concentration d’emploies dans les secteurs d’étude 249
Figure 11-8 Les flux d’échanges. Source : Agence d’urbanisme Adour Pyrénées, 2007 250
Figure 11-9 L’évolution de la tache urbaine (1998-2008). Source : l’AUDAP 2010 252
Figure 11-10 L’évolution de l’aire urbaine de Bayonne 1968-1999, AUDAP 2009 254
Figure 11-11 Entités paysagères des Pyrénées Atlantiques, AUDAP 2009 255
Figure 11-12 Occupation du sol des Pyrénées Atlantiques, AUDAP INSEE 2009 256
Figure 11-13 Evolution de l’occupation du sol entre 1990-2006. IFEN, Corine Land Cover 1990-2006 257
Figure 11-13 Réseau hydrographique, IGN/Agence de l’eau/AUDAP 2009 257
Figure 11-14 Utilisation de l’eau prélevée dans le territoire en 2006. IGN Agence de l’eau, 2006 258
Figure 11-16 espaces naturels protégés ou gérés dans le territoire. Diren Aquitaine 2009 ; CG 64 ; CG40 ; IGN
agence de l’eau, BD Cartage ; AUDAP 2009 260
Figure 11-17 Eléments historiques, paysages protégés et entités du milieu naturel du territoire. AUDAP 2009
261
Figure 11-18 Risques naturels et technologiques dans le territoire. Base GASPAR, services de l’Etat ; IGN Agence
de l’eau, BD Carthage, 2009 262
Figure 11-19 Emissions par secteur de tonnes équivalent CO2 de la CABAB 265
Figure 11-20 Tableau sur l’axe 3 du volet patrimoine et services du plan climat de la CABAB. Source :
www.aglocotebasque.fr, 2009 268
Figure 11-21 Tableau sur l’axe 4 du volet patrimoine et services du plan climat de la CABAB. Source :
www.aglocotebasque.fr, 2009 269
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Figure 11-22 Image de synthèse du projet lauréat du concours Ecoquartier Maharin. Cabinet Babled-Nouvet-
Reynaud, 2010 271
Figure 11-23 Vue aérienne de l’ensemble de la ZAC. Source : Architecte Duncan Lewis, 2010 271
Figure 11-24 Vue aérienne de l’ensemble de la ZAC. Source : Samazuzu Architectes, 2009 272
Figure 11-25 Image du projet proposé. Source : DM architectes, 2008 273
Figure 11-26 Image du projet proposé. Source : Architectes Duhourcau & Cillaire, 2008 275
Figure 11-27 Image du projet proposé. Source : Samazuzu architectes, 2008 277
Figure 11-28 Image du projet proposé. Source : Cabinet Duncan Lewis Architecture, 2009 279
Figure 11-29 Image du projet proposé. Source : LEIBAR SEIGNEURIN architectes, 2010 281
Figure 11-30 Schéma du contexte des outils réglementaires qui affecteront la mise en œuvre dans les cas
d’étude. Source doc.sciencespo-lyon.fr 286
Figure 11-31 Schéma des étapes de la phase 1 287
Figure 11-32 Processus de mise en œuvre d’un projet urbain dans des cas d’étude 287
Figure 11-33 Schéma du travail de l’équipe de maîtrise d’œuvre dans la phase 2 288
Figure 11-34 Processus de construction d’un profil environnemental avec la démarche du DREIF, 2010 289
Figure 11-35 Schéma de la phase conception depuis le cahier de charges à l’évaluation 291
Figure 11-36 Processus d’un projet avec l’intégration d’une évaluation comme un outil d’aide à la décision dans
les phases AVP et PRO 296
Figure 11-37 Schéma simplifié des acteurs et des outils de mise en œuvre dans les projets étudiés 297
Figure 11-38 Schéma de notre approche pour comprendre la problématique et les besoins vers des
propositions opérationnelles de mise en œuvre et évaluation de projets type écoquartier 298
Figure 12-1 Processus de mise en œuvre proposé 301
Figure 12-2 Schéma de l’application de la méthodologie proposé 302
Figure 13-1 Hypothèses sur les formes urbaines des projets et son impact 314
Figure 13-2 Processus de réflexion pour le développement d’un outil d’évaluation environnementale de
quartiers 315
Figure 13-3 Indicateurs et résultats d’un premier outil d’évaluation expérimentée dans le cas Bassussarry 316
Figure 13-4 Images des résultats de certaines références de l’état de l’art sur l’évaluation des projets urbains
318
Figure 13-5 Cycle de vie d’un produit. Source Didier Lanquertin-JF Patingre, 2009. 320
Figure 13-6 Schème simplifie d’un quartier. Source : Fabien Fillit, Nobatek 2010. 321
Figure 13-7 Création de la base de données d’outil NEST à partir des pratiques des écoquartiers et expériences
opérationnelles 325
Figure 13-8 Information nécessaires pour le fonctionnement de l’outil NEST 326
Figure 13-9 Processus simplifie du calcul interne de l’outil NEST 326
Figure 13-10 Schéma des indicateurs réalisés sur la base de l’ACV et développés à travers autres moyens 328
Figure 13-11 Extrait de l’onglet « Scénario » (à renseigner par l’utilisateur) 332
Figure 13-12 Localisation de la ZAC Kleber dans la ville de Biarritz 344
Figure 13-13 Limite de la ZAC de Kleber 345
Figure 13-14 Données d’entrée, Outil NEST 350
Figure 13-15 Résultats par indicateur et par scenario, Outil NEST 351
Figure 13-16 Résultats par indicateurs en comparaison avec différents scenarios, Outil NEST 353
Figure 13-17 Figures de synthèse de l’évaluation du projet 354
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thode systémique de mise en œuvre de la ville durable – Grace Yépez, 2011
20
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 5-1 : Echantillon des écoquartiers analysés. Données issues de diverses sources bibliographiques. 128
Tableau 5-2 : Tableau de critères de comparaison 129
Tableau 5-3 : Récapitulatif des informations sur la morphologie des écoquartiers étudiés. Données issues de
diverses sources bibliographiques. 130
Tableau 5-4 : Classification des écoquartiers étudiés dans les typologies proposées (paramètres rapportés à 1
ha pour la comparaison) 131
Tableau 5-5 : Typologies proposées et caractéristiques urbaines 132
Tableau 5-6 : Information sur les composants urbains des écoquartiers étudiés(en gris des quartiers pour
lesquels l’information n’était pas complète ou pas validée). Données mesurées tel que spécifié en 5.2 137
Tableau 5-7 : Information recueillies sur le nombre de logements, population et distance dans les écoquartiers
étudiés 138
Tableau 5-8: Informations sur les performances environnementales des écoquartiers étudiés(en gris la
thématique a été traitée mais l’objectif chiffré n’est pas précisé) 139
Tableau 6-1 Thématiques des écoquartiers. Quartiers durables, guide d’expériences européennes, ARENE,
2005 146
Tableau 6-2 Extrait pour la thématique énergie des tableaux des solutions techniques abordées dans les
écoquartiers étudiés. 148
Tableau 6-3 Indicateurs environnementaux des certains quartiers étudiés 150
Tableau 6-4 Indicateurs sur la qualité de vie des écoquartiers BEDZED, Vauban et Hammarby 151
Tableau 6-5 Indicateurs sur la thématique énergie dans certains écoquartiers étudiés 151
Tableau 6-6 Tableau récapitulatif des données disponibles sur les coûts approximatifs des opérations
d’écoquartiers en Europe. Energie–cites.eu, 2010 153
Tableau 7-1 Les trois catégories de méthodes 165
Tableau 7-2 Regroupement des méthodes selon leur approche 166
Tableau 7-3 Rapprochement de méthodes 171
Tableau 7-4 Les méthodes les plus intéressantes 172
Tableau 7-5 Définition et caractéristiques des étapes de la phase de conception d'un projet d'aménagement
durable 174
Tableau 8-1 184
Tableau 9-1 Indicateurs européens communs. Source : Quartiers durables-Guide d’expériences européennes
ARENE-Ile-de-France- IMBE- Avril 2005 211
Tableau 9-2 Les indicateurs des plus grandes villes nordiques 219
Tableau 10-1 Informations recherchée par la Revue Durable en 2008 pour l’analyse des18 écoquartiers en
France 229
Tableau 10-2 Tableau des écoquartiers en France répertoriées par la revue Durable en 2008. 230
Tableau 10-3 : Thèmes du concours ECOQUARTEIR du MEDDAT 2008-2009, Source :
http://www.developpement-durable.gouv.fr/ DGALN_notice_ecoquartier_V3_cle219718.pdf 234
Tableau 10-4 Système d’évaluation pour le concours Ecoquartier du MEDDAT, 2008 235
Tableau 11-1 Type de transport utilisé dans les sites d’étude. Source : Agence d’urbanisme Adour Pyrénées,
2007 250
Tableau 11-2 Voitures dans les zones d’étude. Sources des données : INSEE, Seloger.com, Habitants.fr 251
Tableau 11-3 Flux domicile travail dans la zone urbaine de Bayonne. Sources des données : INSEE-Recensement
de la population 1999 251
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21
Tableau 11-4 : Artificialisation des sols du territoire, AUDAP 2010 253
Tableau 11-5 Type de logement dans les zones d’étude. Sources des données : INSEE, Seloger.com, Habitants.fr
253
Tableau 11-6 Nombres des pièces pour logement dans les zones d’étude. Sources des données : INSEE,
Seloger.com, Habitants.fr 253
Tableau 11-7 : Prix de l’eau dans les communes des projets d’étude.
Source :http://adourgaronne.eaufrance.fr/carto/maCommune?symfony=5fa2f6649f4183db251b469600f0
4c39&communeId=64122&submitCommune=Acceder+%C3%A0+la+fiche 259
Tableau 11-8 Synthèse de l’analyse des composants des documents Agenda 21 des communes Bayonne, Anglet
et Biarritz, 2011 270
Tableau 12-1 Type d’analyses pour l’approche multicritères proposé 305
Tableau 12-2 Thématiques et Objectifs pour le processus propose 307
Tableau 12-3 indicateurs mixtes développés par le DREIF 310
Tableau 12-4 Indicateurs d’impact environnemental (Analyse des écoquartiers) 311
Tableau 13-1 Tableau des indicateurs de l’outil NEST 327
Tableau 13-2 Objectifs environnementaux de la CABAB pour 2013 347
CONSTRUCTION D‟UN OUTIL D‟EVALUATION ENVIRONNEMENTALE DES ECOQUARTIERS : vers une mé-
thode systémique de mise en œuvre de la ville durable – Grace Yépez, 2011
22
INTRODUCTION
La ville est l‟habitat créé pour les hommes par les hommes, elle a été surtout une réponse à
ses évolutions sociétales et technologiques.
Le mot « ville » est particulièrement imprécis et son contenu est variable d‟une époque à une
autre et d‟un état à un autre. Les définitions créées par chaque discipline des sciences so-
ciales apportent leur contribution à définir cet habitat complexe. Ci-dessous quelques défini-
tions :
La ville désigne une forme d‟organisation politique des sociétés (polis ou cité)
La ville est une forme d‟organisation sociale
La ville est productrice de richesses
La ville est « un système dans le système de villes » [Briand Berry, 1964] et représente
l‟organisation hiérarchisée du peuplement des sociétés à deux échelles, celle du terri-
toire de la vie quotidienne (la ville) et celle des territoires du contrôle politique et éco-
nomique (les réseaux de villes)
La ville est un groupement permanent de population sur un espace restreint, c‟est un
contexte qui modifie les biographies individuelles et les comportements.
La ville est encore la conjonction de deux éléments – une concentration d‟habitants
en un espace géographique restreint.
Si l‟on considère « l‟objet ville » nous le définissons comme un habitat artificiel a priori limité,
un ensemble complexe produit de l‟addition d‟objets (bâtis et vides) et de systèmes (infras-
tructures et réseaux).
La ville est un organisme qui consomme des ressources et produit des résidus. Plus elle est
grande et complexe, plus elle est dépendante des secteurs environnants et plus importante
est aussi sa vulnérabilité face au changement de son environnement.
Notre pratique professionnelle est obligée aujourd‟hui de répondre à une demande publique
et privée ayant un objectif affiché de projet urbain soutenable.
Dans notre étude, la première hypothèse est que la ville et le quartier sont considérés comme
des objets urbains qui doivent répondre de la meilleure façon à un cahier de charges, à des
objectifs et aux exigences demandées. Nous sommes conscients qu‟à la différence de pro-
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thode systémique de mise en œuvre de la ville durable – Grace Yépez, 2011
23
duits industriels, la ville ne se conçoit pas uniquement par la technique ; les aspects sociaux,
économiques et culturels sont en effet une partie structurante de la conception. Mais
l‟exigence de maitriser l‟impact des propositions urbaines nous oblige à intégrer au travail de
conception urbaine une approche technicienne de l‟environnement.
Celle-ci nous impose une approche quantitative et technique de la ville à partir de mesures
de ces composants, des flux associés, des ressources en jeu et des effets générés.
Le contexte
Ce travail de thèse a été encadré par une convention CIFRE avec l‟entreprise Nobatek qui
est un centre de ressources technologiques sur la construction et l‟aménagement durables.
Nobatek s„appuie sur les compétences d‟une équipe pluridisciplinaire composée de près de
40 ingénieurs, docteurs et techniciens menant des projets pour le compte d'entreprises
et organismes publics. Nobatek travaille en étroite relation avec de multiples centres techno-
logiques européens dont en particulier la Fondation TECNALIA1.
Créé en 2004, Nobatek dispose de deux implantations à Anglet (64) et Talence (33 - Universi-
té de Bordeaux ENSAM). Nobatek développe ses activités de recherche appliquée et ses
prestations de service dans les domaines de la construction durable et l‟aménagement, tra-
vaillant sur une large échelle depuis le matériau jusqu‟au territoire.
Nobatek intervient auprès des maîtres d'œuvre et maîtres d'ouvrage, publics et privés, pour
les accompagner sur la prise en charge des thématiques environnementales dans des opé-
rations de construction. D‟autre part Nobatek accompagne les industriels dans leurs dé-
marches d'innovation et recherche et développement. Nobatek est labellisé Centre de Res-
1 TECNALIA, Corporation technologique Espagnole, avec 6 centres technologiques pluridisciplinaires avec 1378
salaries, 216 docteurs et plus de 3000 clients en Espagne et en Europe.
CONSTRUCTION D‟UN OUTIL D‟EVALUATION ENVIRONNEMENTALE DES ECOQUARTIERS : vers une mé-
thode systémique de mise en œuvre de la ville durable – Grace Yépez, 2011
24
sources Technologiques, ce qui certifie son aptitude à répondre de manière professionnelle
aux besoins R&D des PME-PMI.
Nobatek a initié ses travaux sur le sujet de l‟urbanisme durable en 2006, à travers une collabo-
ration avec Tecnalia dans le cadre des projets AUZENER (efficience énergétique des quar-
tiers) et EKURBA (Coopération transfrontalière Aquitaine-Euskadi sur la mise en place des
écoquartiers).
A travers ces deux projets, Nobatek a pu identifier en détail les problématiques liées à
l‟urbanisation des villes, spécialement pour la thématique énergétique. Ces travaux ont ou-
vert un intérêt particulier pour les modèles d‟écoquartiers déjà existants au nord de l‟Europe
(type BEDZED, BO1, ou encore VAUBAN) et pour les nouvelles pratiques de mise en œuvre
associées à ces réalisations. Nobatek souhaitait connaitre plus exhaustivement ces modèles
et comprendre les démarches pour leur mise en œuvre en France, avec l‟objectif
d‟introduire ces nouveaux concepts dans ses pratiques sur le territoire Aquitain, sa principale
zone d‟activités à ce moment là.
Pour comprendre mieux l‟importance de la construction en Aquitaine, un focus sur cette ré-
gion est nécessaire. L‟Aquitaine est une région dynamique représente 4,5% du PIB national
(6éme rang des régions Françaises) le secteur de la construction est plus fort qu‟au niveau na-
tional. Le bâtiment est un secteur florissant avec une nette augmentation des mises en cons-
truction de logements individuels et collectifs. Les autorisations de programme progressent
encore de 23% sur un an [INSEE, mars 2005] et les mises en chantier de 20%. [Aquitaine
Horizon 2020]. Pour montrer la dynamique du secteur au début de la thèse, quelques élé-
ments graphiques sur le secteur du BTP en 2006, Cf. Figure 1-1. (Source : Cellule économique
des bâtiments, des travaux publics et de matériaux de construction d‟Aquitaine).
CONSTRUCTION D‟UN OUTIL D‟EVALUATION ENVIRONNEMENTALE DES ECOQUARTIERS : vers une mé-
thode systémique de mise en œuvre de la ville durable – Grace Yépez, 2011
25
Figure 1-1 Les chiffres clés des travaux BTP et les investissements BTP dans les principales agglomérations de
l’Aquitaine en 2006. Source CEBATRAMA, http://www.cebatrama.org
Nobatek est un des acteurs importants dans le secteur de la construction durable dans la
région, ses expériences locales, nationales et européennes lui ont permis d‟observer et parti-
ciper aux évolutions insufflées par le développement durable vers des constructions plus
adaptées et respectueuses de l‟environnement et de définir et proposer des innovations pour
répondre à ces nouvelles demandes.
CONSTRUCTION D‟UN OUTIL D‟EVALUATION ENVIRONNEMENTALE DES ECOQUARTIERS : vers une mé-
thode systémique de mise en œuvre de la ville durable – Grace Yépez, 2011
26
dans les domaines de l‟architecture et de l‟urbanisme ont été une base importante pour
identifier et analyser les besoins pour la planification des quartiers.
C‟est à partir de ces points que la proposition de ce travail de thèse a été formalisée, avec
l‟objectif de créer au sein des deux structures la connaissance et l‟expertise sur l‟urbanisme
durable, et particulièrement sur les écoquartiers, pour les porter ensuite auprès des acteurs
de la filière.
Considérant que la thématique était alors en France encore à ses débuts, cette thèse devait
éclairer sur la mise en œuvre des écoquartiers. La première piste de travail a ainsi été la for-
malisation d‟un référentiel, ceci évoluant petit à petit vers une proposition plus innovante.
Problématique et objectifs
Pour aborder de façon optimale notre problématique nous avons formulé les hypothèses
suivantes :
Hypothèse 1 : pour limiter son impact le projet urbain doit répondre à une démarche envi-
ronnementale.
CONSTRUCTION D‟UN OUTIL D‟EVALUATION ENVIRONNEMENTALE DES ECOQUARTIERS : vers une mé-
thode systémique de mise en œuvre de la ville durable – Grace Yépez, 2011
27
Hypothèse 2 : l‟impact doit être évalué en phase esquisse de la conception du projet à tra-
vers des indicateurs pour assurer un niveau maitrisé de qualité environnementale.
Par ailleurs pour considérer au mieux la spécificité de la demande de Nobatek pour ce tra-
vail de thèse, nous avons limité notre recherche aux thèmes environnementaux.
Pour répondre à ces hypothèses et atteindre nos objectifs nous avons établi le plan de tra-
vail suivant:
- Phase 1 : Etat de l‟art sur l‟urbanisme durable, les écoquartiers et les outils de mise en
œuvre dans le contexte international et national
- Phase 2 : Analyses des écoquartiers de référence et compréhension du concept. Dé-
finition des principales caractéristiques
- Phase 3 : Participation localement dans des projets urbains d‟aménagement (cas
d‟étude) à l‟échelle d‟un quartier pour observer la pratique dans ce type de projets
et identifier les problématiques et les besoins des acteurs face au développement du-
rable (plus spécifiquement dans les thématiques environnementales).
- Phase 4 : Analyser les cahiers de charges et programmes vis-à-vis des écoquartiers et
outils étudiés, établir les différences dans la demande et dans les résultats.
- Phase 5: Choisir et expérimenter dans le temps réel d‟un projet urbain différents types
de démarches en différenciant les démarches « engagées sur les objectifs » (type AEU
ou OPL) de celles orientées résultats et indicateurs (type LEED Quartiers).
- Phase 6 : Proposer un processus de mise en œuvre
- Phase 7 : Proposer un processus d‟évaluation
Dans le contexte du travail Nobatek de cette thèse, nous avons choisi des projets à une
échelle de quartier (entre 2 et 20 ha) où la notion d‟aménagement durable a été deman-
dée de façon claire ou implicite. Nous avons choisi deux types de projets : avec une dé-
marche environnementale et sans démarche. Les projets doivent être dans une phase très
en amont de leur mise en œuvre et de leur conception.
Nous avons choisi des projets portés par un architecte dans une équipe de maîtrise d‟œuvre.
Les développements réalisés dans ce travail de thèse ont été évalués dans les projets sui-
vants :
Les résultats de cette évaluation pour le cas de Kleber seront décrits dans ce mémoire à titre
d‟exemple.
CONSTRUCTION D‟UN OUTIL D‟EVALUATION ENVIRONNEMENTALE DES ECOQUARTIERS : vers une mé-
thode systémique de mise en œuvre de la ville durable – Grace Yépez, 2011
28
PARTIE I : Introduire le concept
de développement durable dans
l‟urbanisme
« Il n’existe pas moins que le sentiment populaire, confus et mo-
deste, que la planète « détraquée, déréglée » est à prendre en
considération » (François Bigot)
CONSTRUCTION D‟UN OUTIL D‟EVALUATION ENVIRONNEMENTALE DES ECOQUARTIERS : vers une mé-
thode systémique de mise en œuvre de la ville durable – Grace Yépez, 2011
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32
Chapitre 1 - Les enjeux liés à
l‟urbanisme
L‟urbanisation s‟est effectuée à un rythme sans précédent durant ces deux derniers siècles
en réponse à une augmentation considérable de la part de la population urbaine dans la
population globale de 2% en 1800, puis 13% en 1900, celle-ci est passée à 50% en 2007 et
devrait atteindre les 60% d‟ici à 2030 [Véron 2006].
L‟explosion démographique mondiale, fait majeur du XXème siècle, est venue amplifier le
phénomène. Les études les plus fiables ont mesuré en termes absolus que la population ur-
baine mondiale est passée de 732 millions en 1950 à 3,4 milliards aujourd‟hui ; elle devrait
atteindre les 6,4 milliards d‟individus en 2050 [UNFPA, Etat de la population mondiale
2007."Libérer le potentiel de la croissance urbaine" 2007]. La population urbaine s‟incrémente
de 250 000 personnes par jour ce qui équivaut à l‟apparition d‟un nouveau Londres chaque
mois [Rogers 2004] ou une ville comment Bordeaux par jour.
La population urbaine augmente dans le monde deux fois plus vite que la population rurale,
[Rekacewicz 2010]. En Europe près de 80% des citoyens vivent en ville. Les tentatives passées
d‟estimation de population n‟avaient pas prévue une telle explosion. (2)
Les exemples les plus frappants de l‟urbanisation du monde sont les mégacités de 10 millions
et plus d‟habitants. En 1975, il n‟existait que quatre mégacités ; en 2000 il y en avait 18. Et
d‟ici à 2015, l‟ONU estime qu‟il y en aura 22. Dans ces processus d‟urbanisation, l‟essentiel de
la future croissance n‟aura toutefois pas lieu dans ces immenses agglomérations mais dans
les petites et moyennes villes [United Nations Human Settlements Programme 2009].
La dynamique des villes génère une consommation croissante de ressources rares non re-
nouvelables (pétrole) ou renouvelables (air, eau, bois de chauffe) et pour ces dernières selon
un rythme supérieur au cycle de reconstitution naturel des stocks (eau ou bois par exemple).
Les écosystèmes locaux, régionaux et mondiaux sont directement affectés par l‟empreinte
écologique que la ville génère sur son environnement [Claude de Miras, 2009].
L‟enjeu principal du processus d‟urbanisation du territoire est que l‟espace occupé par les
agglomérations urbaines augmente plus rapidement que la population urbaine elle-même.
De 2000 à 2030, celle-ci doit augmenter, au niveau mondial, de 72 %, alors que la superficie
bâtie des villes de 100 000 habitants et plus pourrait s‟accroître de 175 %. [Sheppard, et Civ-
co, 2005].
2 La population a été estimée à 6,788 milliards en octobre 2009, alors qu‟elle n‟était envisagée qu‟à 5 milliards en 2025
dans le rapport sur la situation des établissements humains publié en 1995 par le Département de l‟information des
Nations Unies.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
33
Selon le rapport « Urban sprawl in Europe, the ignored challenge » de l‟agence européenne
pour l‟environnement (EEA) publié en 2006, l‟étalement urbain menace, par sa rapidité et sa
constance, l‟équilibre environnemental, social et économique de l‟Europe. Ce rapport si-
gnale que plus du quart du territoire de l‟Union Européenne est déjà affecté par
l‟urbanisation, entre 1990 et 2000, plus de 800 000 hectares ont été urbanisés. En France,
entre les deux recensements nationaux, la population a augmenté de 3% et la tache urbaine
de 10%, au détriment d‟espaces naturels (Insee Premier). Ce phénomène d‟étalement urbain
se manifeste lorsque le taux de changement d‟occupation des terres excède le taux de
croissance de la population.
En considérants différents études scientifiques cette expansion est, en soi, néfaste. Étant don-
né que beaucoup de villes sont implantées au cœur de terres agricoles prospères ou
d‟autres écosystèmes à riche biodiversité, l‟expansion du territoire urbain est perçue comme
une réduction supplémentaire des terres productives et comme un empiètement sur des
écosystèmes importants. L‟urbanisation s‟accompagne d‟une perte de biodiversité en re-
créant des espaces de moindre qualité écologique.
En autre, l‟expansion urbaine a des impacts bien au-delà de la terre consommée et la perte
de biodiversité. Ses impacts sont directement liés à la construction des infrastructures et aux
modes de vie. En effet l‟étalement renforce :
Parallèlement, il présente un certain nombre d‟avantage,s vu pour les habitants, qui fortifie le
phénomène:
3 Dans les nouvelles zones, type lotissement, il est difficile de recourir au chauffage urbain, par exemple.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
34
4. Disponibilité des espaces ouverts et verts
La maîtrise de l'étalement urbain est un objectif souhaité [Martin CAHN, 2003]. Mais atteindre
cet objectif est un grand défi. Il est important de remarquer que les dimensions de la superfi-
cie consacrée à l‟usage urbain sont moins importantes que la façon dont les villes
s‟étendent. L‟expansion urbaine mondiale absorbe bien moins de terres que les activités
produisant des biens de consommation (tels que les aliments, les matériaux de construction
ou les ressources minières), plus de 50% de ces biens étant consommés par les villes.
1.2.1 ENERGIE
Les villes sont de grandes consommatrices d‟énergie et sont responsables pour 60% à 80% de
la consommation mondiale d‟énergie (4). Elles sont de plus en plus nombreuses et deman-
deuse d‟énergie. (cf. Figure 1-1). En France en 2009 les études de répartition des consom-
mations précisent que le secteur résidentiel et tertiaire consomme 44% de l‟énergie finale, les
transports 32%, l‟industrie 21%, et l‟agriculture 3% [ADEME, 2009].
4 (http://www.nouvelle-europe.eu/geographie/est-ouest/energie-et-villes--quels-enjeux-.html 2009)
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
35
Figure 1-1 : Images satellites de la Terre nocturne: 1970 et 2000 (© NASA GSFC)
Les deux secteurs les plus consommateurs se trouvent ainsi directement liés aux modes de
vies, de travailler et d‟habiter [Anne Grenier -ADEME 2007], (cf. Figure 1-2).
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
36
Figure 1-2 Tableau sur la consommation d’énergie finale en France (corrigée des variations climatiques).
Source : SOeS, bilan de l’énergie 2009
Selon les estimations dans l‟union européenne en 2005 la consommation d‟énergie (5) par
habitant est de 3,5 tep (tonne équivalent pétrole)(6).
1.2.2 CO2
Bien qu'aucune étude fiable n‟ait été entreprise jusqu'à présent afin de mesurer le poids des
villes dans les émissions globales de gaz à effet de serre (GES), plusieurs études s‟alignent sur
le fait que ce poids représenterait 70% à 80% des émissions de CO2, alors qu‟elles n‟occupent
que 2,8% (7) de la surface terrestre [UNFPA, Etat de la population mondiale, 2007].
5 Définition: La consommation énergétique est la quantité d‟énergie - liquide, solide, gazeuse ou électrique - con-
sommée par habitant pour une année et une zone géographique donnée.
6 Une tonne équivalent pétrole = 11600 kWh
7 Ce chiffre concerne les établissements urbains, y compris leurs espaces verts et non occupés; il a été calculé en
mesurant l‟éclairage nocturne, avec certains ajustements. Il a été fourni par le Global Rural-Urban Mapping Pro-
ject, version alpha (GRUMP alpha), le Center for International Earth Science Information Network (CIESIN), Colum-
bia University; l‟Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), la Banque mondiale et le
Centro Internacional de Agricultura Tropical (CIAT) (2004), Gridded Population of the World, version 3, avec réallo-
cation urbaine (GPW-UR). Palisades (New York) : Socioeconomic Data and Applications Center (SEDAC), Colum-
bia University. Site web : http://sedac.ciesin.columbia.edu/gpw, consulté en 2007.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
37
En France, chaque ménage émet 15,5 tonnes de CO2 par an. Cf. Figure 1-3. Un Français
moyen émet 2800 kg équivalent CO2 par an (8). A l‟origine de ces émissions, l‟usage direct
d‟énergie lié :
Mais n'oublions pas qu'un ménage consomme des biens issus de l'activité industrielle et agri-
cole. Il participe donc aussi, de manière indirecte, aux émissions de CO2 liées à la fabrication
et au transport des produits et services soit, pour:
8 Le chiffre de 2800 kg équivalent Carbone est obtenu en divisant le total des émissions brutes de gaz à effet de serre
ayant lieu chaque année sur le territoire français par le nombre d'habitants de ce territoire. Il représente donc le
total des émissions annuelles brutes de gaz à effet de serre d'un citoyen français en moyenne.( BILAN CARBONE,
ADEME 2010)
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
38
La maitrise des émissions de GES est un des enjeux importants pour les années à venir. Selon
les scénarios leur concentration augmenterait la température de la planète entre 1,4 et 5,8
°C d‟ici à 2100 et s‟accompagnerait d‟une plus forte probabilité d‟exposition des populations
à des risques locaux (inondations, canicules…).
Contenir la hausse globale de température entre 1,5 et 3,9 °C supposerait de limiter la con-
centration en CO2 à 450 ppm et reviendrait à diviser par 2 les émissions mondiales de 1990
d‟ici 2050. La moyenne acceptable pour éviter sa concentration est de 1,8 t de CO2 par
habitant et par an.
1.2.3 EAU
En 1996, on estime que la population mondiale utilisait 54 % de toute l'eau douce accessible
dans les cours d'eau, les lacs et les nappes souterraines [Holmes,1996]. On prévoit que la
seule croissance démographique portera ce pourcentage au-delà de 70 % en 2025 [Postel
1996] ; l'accroissement sera beaucoup plus prononcé si la consommation par personne con-
tinue d'augmenter à sa cadence actuelle. Au fur et à mesure que l'humanité consomme de
plus en plus d'eau, il en reste d'autant moins pour les écosystèmes essentiels dont nous
sommes également tributaires (9) [Bergkamp, 1998].
D‟autre part le traitement des eaux usées et la dépollution de l‟eau restent des problèmes
non maitrisés : « chaque année, environ 450 kilomètres cubes d'eaux usées sont déchargés
dans les fleuves, les rivières et les lacs. Pour diluer et transporter ces eaux sales avant qu'on
puisse les réutiliser, on a besoin de 6.000 kilomètres cubes supplémentaires d'eau pure soit un
volume égal aux deux-tiers environ de l'ensemble du ruissellement annuel d'eau douce utili-
sable dans le monde. Si les évolutions actuelles se poursuivent, on aura besoin, au milieu du
prochain siècle et d'après une estimation de l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et
l'agriculture, de la totalité du débit stable des cours d'eau pour simplement transporter et
diluer les polluants » [Hinrichsen 1998] (10).
9 Information retenue de la présentation intitule “Optimization of water resources management through maintaining
the functioning of ecosystems »; présenté dans la conférence : Water and Sustainable Development, Paris, Mars.
19-21, 1998. p. 1-6.
10 Pour plus d‟informations sur la thématique eau : http://info.k4health.org/pr/prf/fm14/fm14chap4_1.shtml#top
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
39
- 50 euros pour la traiter et la rendre potable ;
- 200 euros pour la distribuer aux habitants ;
- 570 euros pour collecter les eaux usées ;
- 350 pour épurer les eaux usées et les rejeter.
Soit au total 3700 euros pour un appartement de trois personnes, soit environ 2,5% du prix ini-
tial du logement » [Camdessus 2004].
Le secteur du BTP est amené, lors des opérations de construction, de réhabilitation et surtout
de démolition, à rejeter d'importantes quantités de déchets. La production de déchets de
démolition, estimée à 23 millions de tonnes par an en France, est supérieure à celle des dé-
chets ménagers. Au niveau européen, la production moyenne de déchets de démolition se
situe autour de 500 kg/habitant/an (la moyenne pour les ordures ménagères oscille entre 200
et 500 kg/habitant/an). La réutilisation de ces déchets transformés en matières primaires est
encore un grand défi.
Dans cette réflexion de flux de matières qui rentrent et sortent, les villes ne consomment pas
uniquement des matériaux mais aussi d‟autres types de ressources, ce qui leur vaut d‟être
qualifiées par les écologues de systèmes hétérotrophes 11 [Odum, 1975], voire d‟écosystèmes
parasites, puisqu‟elles sont entièrement dépendantes de l‟extérieur pour leur approvisionne-
ment et la gestion de leurs excréta. La gestion des excrétas repose aujourd‟hui sur l‟utilisation
de techniques dites end-of-pipe (à l‟extrémité du tuyau)(12) qui s‟avèrent peu efficaces.
11 Cité aussi dans Ecology and our endangered life-support systems. Sunderland, Sinauer Associated Inc. Pub., 1989.
Et par Holt, Reinhart & Winston, New York, 1975.
12Très bien illustré par la gestion des eaux usées, spécialement au XXe siècle : des impératifs de salubrité conduisent
à leur collecte dans un réseau d‟égout qui se déverse dans le milieu aquatique ; ceci règle le problème de la sa-
lubrité urbaine, mais entraîne la dégradation de la ressource en eau et la difficulté de l‟approvisionnement urbain.
Une station d‟épuration est construite ; la qualité de la ressource est améliorée, mais un sous-produit est engendré :
la boue d‟épuration. La qualité des boues rend leur épandage risqué : une usine de traitement des boues est mise
en place. Les émissions atmosphériques dues au traitement des eaux et des boues provoquent des nuisances : on
traite aussi les rejets gazeux. In fine, on a multiplié les équipements – engendrant à chaque fois de nouveaux sous-
produits et externalités négatives – et augmenté le coût de traitement, pour des résultats souvent médiocres
(faibles rendements d‟épuration notamment) [Sabine Barles, 2010]
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
40
À titre d‟exemple, l‟agglomération parisienne consomme aujourd‟hui, toutes matières con-
fondues (mais eau exceptée) et pour l‟ensemble de ses activités, 11 t/hab/an (Paris et petite
couronne) ; elle rejette 6 t/hab/an de déchets solides, liquides et gazeux, seul l‟équivalent de
1% du total est recyclé. [Sabine Barles 2010]
1.3.1 ECONOMIE
L‟urbanisation a à la fois des effets positifs et négatifs sur les habitants ; la ville est un centre
d‟activités économiques, une concentration de capitaux, une source d‟emplois et
d‟échanges commerciaux. Son attractivité économique est son principal atout même si la
qualité de vie est déficitaire dans certains cas. Les habitants choisissent les villes pour profiter
des avantages que les zones urbaines offrent.
Dans la ville les modes d‟habiter et de consommer sont différents de ceux des campagnes
même si dans les pays développés les modèles de consommation rural et urbain sont de plus
en plus similaires. Mais il résulte que la pression démographique dans les villes et le mode de
vie urbain font que les habitants payent économiquement directement ou indirectement les
conséquences. Deux exemples :
- Les travaux liés à l‟urbanisation et à la rénovation de la ville ont un coût élevé, qui est
payé directement ou indirectement par les impôts correspondants que les habitants
règlent chaque année et qui augmentent suivant des ajustements définis par
l‟administration locale. Ils peuvent dans certains cas être rapportés aux prix de
l‟immobilier. En France la taxe foncière et la taxe d‟habitation sont parmi les princi-
pales sources de financement de projets dans la ville (nouveaux équipements, réha-
bilitation de quartiers, des jardins, etc...). Le coût d‟urbaniser est rapporté à l‟habitant,
ce coût « moyen » est calculé pour tous les habitants et le plus souvent lissé dans le
temps [Vilmin, 2008].
- Habiter dans la ville est aussi une source de dépense ; le transport individuel, les trans-
ports en commun, les loyers, les services (électricité, gaz, chauffage, gestion des dé-
chets…), l‟éducation, la santé et les loisirs ont un poids considérable dans l‟économie
des habitants. Les besoins d‟alimentation et des vêtements sont aussi une dépense
forte. Les villes sont de plus en plus dépendantes de la production de territoires éloi-
gnés et les prix dans les villes souffrent d‟une augmentation non négligeable.
L‟autonomie alimentaire et manufacturière est presque impossible pour la ville.
Tous les habitants payent, propriétaires ou non, bénéficiaires ou non. Ces charges sont consi-
dérables pour l‟économie des foyers. Le contexte actuel d‟épuisement de ressources et
d‟étalement urbain accentue les effets sur l‟économie des habitants avec un impact direct
sur les charges et les dépenses qui sont plus élevées.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
41
L‟inégalité dans la ville est grandissante, les différences de revenu entre habitants sont en
partie une source de discrimination. Les inégalités sont un élément intrinsèque et fonctionnel
du marché urbain et un facteur de renforcement des pauvretés, [Olivier Coutard, 2010].
1.3.2 SANTE
A priori la ville et ses éléments jouent un rôle décisif dans l‟état de santé des habitants.
Chaque individu passe la majeure partie de sa vie à l‟intérieur de locaux (logements, écoles,
lieux de travail, de loisirs par exemple), le reste traversant la ville pour aller d‟un lieu à un
autre. Pour une faible partie de son temps l‟habitant profite d‟autres activités à l‟extérieur ou
en dehors de la ville.
"Les villes sont encore l’objet de préjugés négatifs récurrents sur la santé et ancrés
dans les mentalités, elles ont la réputation de lieux délétères, tant dans les domaines des ma-
ladies liées aux multiples agents pathogènes et au manque d’hygiène (tuberculose, choléra,
etc.), que dans celui de la pollution et du stress (cancers, maladies cardiovasculaires, santé
mentale). Cette réputation vient des villes antiques critiquées par les anciens pour leur pro-
miscuité, des villes médiévales pestilentielles, des villes modernes pathogènes, des villes con-
temporaines lieux d’excellence des solitudes et de perversion suprême de l’environnement "
[DORIEIR-APPRIL, 2006].
Même si l‟accessibilité aux services médicaux s‟est amélioré en ville, actuellement, la santé
en milieu urbain est aussi caractérisée par l‟occurrence relativement élevée de la tubercu-
lose ; des maladies respiratoires et cardiovasculaires, du cancer, de l‟obésité chez les adultes
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
42
et les enfants, de la malnutrition, du tabagisme, de troubles psychologiques, d‟alcoolisme,
des consommation de drogue, des maladies sexuellement transmissibles (comme le SIDA),
ainsi que de la peur de la criminalité, des crimes, des violences, des blessures et de décès
accidentels [Roderick Lawrence, Ecologie urbaines ,2010], [O. Coutard, 2010].
L‟adaptation des villes au changement climatique est aujourd‟hui un autre paramètre impor-
tant à intégrer dans l‟urbanisation. Les effets des ilots de chaleur, des pollutions de l‟air, des
inondations sont quelques paramètres essentiels pour la santé des habitants en ville.
Dans le domaine de la promotion de la santé, celle-ci n‟est pas considérée comme une
condition abstraite mais comme la capacité d‟un individu à atteindre son potentiel et de
répondre positivement aux défis de la vie quotidienne. Cette interprétation souligne le fait
que les conditions environnementales, économiques et sociales dans certaines zones ur-
baines peuvent influer sur les relations humaines, induire une situation de stress et avoir des
conséquences positives ou négatives sur l‟état de santé des groupes sociaux, des ménages
et des individus qui y résident [R. Lawrence 1999], [O. Coutard, 2010].
1.3.3 SOCIAL
La ville en elle-même répond à une organisation sociale et à ses besoins spécifiques dans un
temps de continuelle évolution dans un espace adapté. La question sociétale se posait
avant l‟existence formelle de l‟urbanisation même si, avec le temps, l‟intégration des habi-
tants dans les décisions urbaines est en retrait par rapport à la décision politique.
Dans l‟urbanisme progressiste qui construit les villes, l‟habitant « type » est un composant de
plus de la planification sans avoir une compréhension plus approfondie de ses besoins, de ses
caractéristiques, de ses modes de vie. Dans cette ignorance, l‟urbanisme a créé des bâti-
ments, des ilots, des quartiers et des villes où les habitants sont déracinés, sans repères, sans
sentiments d‟appartenance, dans une uniformité qui minimalise les habitants à de simples
usagers.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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La ville fragmentée, étalée, ségrégationniste et chère a facilité l‟accroissement du commu-
nautarisme, les tensions sociales, les différences entre les habitants du centre et la périphérie,
ainsi que l‟isolement.
Comme nous l‟avons déjà vu antérieurement les villes sont responsables jusqu‟à 70% des
émissions de gaz à effet serre. A l‟échelle mondiale, les transports produisent 23% des GES,
l‟énergie 13%, les activités industrielles 19%. Selon les estimations du GIEC, les émissions mon-
diales provenant des bâtiments résidentiels et commerciaux s‟élèveraient à 10,6 milliards de
tonnes d‟équivalent CO2 par an, soit 8% du total des émissions de gaz à effet de serre et la
part des émissions imputée aux déchets est de 3 %. Ces émissions sont directement liées au
changement climatique.
Le rapport intitulé “Cities and Climate Change: Global Report on Human Settlement 2011”,
de l‟ONU-Habitat, fait l‟étude de la contribution des villes au changement climatique, des
impacts de ce changement sur les villes et de la façon dont les villes atténuent ces impacts
et s‟y adaptent.
« La contribution des villes aux émissions de gaz à effets de serre (GES) d’origine hu-
maine (ou anthropiques) pourrait être de l’ordre de 40 à 70 % si l’on se fonde sur les chiffres
de la production (c’est-à-dire les chiffres obtenus en additionnant les émissions de GES
d’entités situées dans les villes). Ce chiffre est à comparer au pourcentage élevé de 60 à
70 % obtenu lorsque le calcul est effectué à partir de la consommation de biens (c’est-à-dire
les chiffres obtenus en additionnant les émissions de GES provenant de la production de tous
les biens consommés par les citadins, indépendamment de l’emplacement géographique
de leur production). Les principales sources d’émissions de GES en milieu urbain sont les
combustibles fossiles consommés13 » [ONU-Habitat 2011].
Le rapport conclut qu‟il est impossible de donner des chiffres exacts en ce qui concerne
l‟importance des émissions de par l‟inexistence de méthode universelle pour en déterminer le
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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volume. Mais il signale l‟importance de comprendre l‟impact des centres urbains et leur fragi-
lité face au changement climatique.
Pour mieux cerner et localiser l‟impact des villes et du changement climatique, le rapport
recense les principaux facteurs contribuant aux émissions totales et par habitant de CO2 en
milieu urbain :
• Situation géographique de la ville - elle influe sur la quantité d‟énergie requise pour le
chauffage, le refroidissement et l‟éclairage;
• Nature et densité de l‟implantation urbaine – les villes étalées ont tendance à enregistrer
des taux d‟émission par habitant plus élevés que dans des environnements plus compacts;
• Économie urbaine – les types d‟activité économique et les quantités d‟émissions de gaz à
effet de serre qu‟elles produisent;
On fait valoir dans le rapport qu‟en raison d‟une urbanisation croissante, il deviendra de plus
en plus nécessaire de comprendre les incidences des changements climatiques sur les mi-
lieux urbains. Il s‟avère que les changements climatiques posent des problèmes inédits aux
zones urbaines et à leurs populations dont les effectifs vont croissant. Ces incidences résultent
des changements ci-après :
Fréquence accrue du nombre de jours et de nuits plus chauds sur la plupart des terres
émergées;
Diminution du nombre de jours et de nuits froids dans de nombreuses régions du
monde;
Plus grande fréquence des périodes/vagues de chaleur sur la plupart des terres
émergées;
Fréquence accrue d‟épisodes caractérisés par de fortes précipitations dans la plu-
part des régions;
Augmentation des superficies touchées par la sécheresse;
Plus grande activité cyclonique tropicale dans certaines régions du monde;
Plus grande incidence d‟une très grande élévation du niveau de la mer dans cer-
taines régions du monde.
Au-delà des risques physiques présentés par les changements climatiques ci-dessus, certaines
villes auront du mal à fournir les services de base à leurs habitants. Les changements touche-
ront l‟alimentation en eau, les infrastructures physiques, les transports, les biens et services
écosystémiques, la fourniture d‟énergie et la production industrielle. Les économies locales
seront perturbées et les populations perdront leurs biens et leurs moyens d‟existence. (cf. Fi-
gure 1-4).
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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Figure 1-4 : Les villes et les dangers actuels liés au climat. Source : basé sur de Sherbinin, 2007
Le rapport signale aussi la difficulté que constitue le fait que les intervenants à tous les ni-
veaux doivent œuvrer dans des délais courts pour protéger au niveau mondial des intérêts à
long terme et de grande portée qui peuvent paraître, au mieux, lointains et imprévisibles.
Parallèlement dans le rapport, il se fait valoir que des mesures au niveau local sont indispen-
sables pour que puissent être tenus les engagements nationaux pris dans le cadre des négo-
ciations internationales en matière de changement climatique.
À cet effet, les autorités locales urbaines devraient procéder à des études de vulnérabilité en
vue de déterminer les risques communs et différenciés auxquels sont exposés leurs plans de
développement urbain et décider de leurs objectifs et des moyens permettant de réduire
ces risques. En autre, il faut obliger les responsables de développements futurs (architectes,
urbaniste, maitrise d‟ouvrages, etc.) à apporter une réponse dans les projets urbains en pers-
pective du changement climatique, faciliter la participation communautaire et l‟intégration
des groupes de résidents, ONG et partenariats du secteur privé.
Le rapport signale que si les villes sont le centre névralgique du pouvoir économique, poli-
tique et législatif et de l‟innovation technologique, c‟est dans les villes que seront conçues et
testées de nouvelles solutions pour la réduction ou l‟atténuation des émissions de gaz à effet
de serre. Poids lourds du développement économique et social, les centres urbains ne sont
pas simplement un élément du problème, ils peuvent faire partie de la solution.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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1.5 Les commandes publiques en mutation
pour un aménagement urbain durable
Les commandes pour l‟aménagement urbain dans le contexte local sont en pleine mutation.
D‟une part le concept de développement durable dans les commandes est désormais un
point commun entre tous à des degrés différents, mais évoqué dans toutes les commandes.
Par ailleurs, nous avons observé que ces mutations ont lieu à des degrés divers et par diffé-
rents facteurs d‟évolution :
Nous observons que tous ces facteurs jouent un rôle de plus en plus déterminant sur la nature
de la commande, les conditions d‟élaboration et la mise en œuvre de ce type de projet.
La plupart des commandes des cas d‟études sont passées par des appels à la concurrence
à travers divers moyens ; marchés de définition (qui n‟existe plus), concours, appel à projet.
Ces appels demandent des équipes pluridisciplinaires (architectes ou urbanistes, BET, spécia-
liste en environnement, sociologues, paysagistes…,) la mise en place d‟une démarche envi-
ronnementale (spécialement la démarche AEU de l‟ADEME) et de plus en plus l‟intégration
d‟un approche en coût global.
Nous avons pu distinguer dans certains cas un accompagnement plus technique (profes-
sionnels de l‟aménagement, spécialistes environnementaux, bureaux d‟études, et des entre-
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
47
prises spécialistes en concentration). Cet accompagnement a été continu tout au long du
processus et s‟est parfois transformée en une maitrise d‟ouvrage déléguée.
Dans certains cas, une équipe maîtrise d‟ouvrage avec une expertise en développement
urbain durable à été créée comme le montre la figure 1-5.
Certaines demandes ont obligé à la constitution des « équipes de maitrise d‟œuvre » plus
élargies. C‟est notamment dans ce cadre que Nobatek intervient aux côtés de différentes
équipes d‟architectes et urbanistes pour participer aux projets.
D‟après les architectes, la demande actuelle multiplie le travail, mais pas la rémunération des
équipes. Cette œuvre collective nécessite une maîtrise d‟ouvrage forte qui décide et fi-
nance, des compétences pluridisciplinaires et des intervenants capables d‟interagir dans des
délais très courts, très fermes dans leurs convictions créatrices, très souples dans leur manière
de travailler.
Au sein des équipes de maitrise d‟œuvre des nouvelles réunions de travail sont apparues afin
de comprendre la demande et structurer les réponses. Une segmentation des tâches est
alors systématique pour préparer la candidature, « l‟offre », avec une mise en commun réali-
sée par les architectes.
Il est important de remarquer que dans ces équipes la position de chaque membre n‟est pas
égalitaire et dépend spécifiquement de la demande et du « travail fourni ». Même si tous les
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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48
membres des équipes se mettent d‟accord et que les apports de tous sont importants pour
aboutir à un projet dit de développement durable, les architectes et l‟ingénierie (VRD) ont
une rémunération plus importante, les sociologues à l‟inverse étant souvent les plus à la
marge dans cette répartition.
Avec quelques exceptions, nous avons constaté une crise dans la gestation des projets du à
cette pluridisciplinarité nouvelle qui requiert de trouver de nouvelles formes d‟organisation du
travail où l‟architecte garde encore la maitrise, mais souvent avec une certaine incapacité
de gestion de l‟équipe.
Les commandes ambitieuses de certains de ces projets ont demandé des équipes à la « hau-
teur » des enjeux. Au sein de l‟équipe de maitrise d‟œuvre cela a mis en évidence des pro-
blèmes de droit d‟auteur, de responsabilités, ou encore de réglementations (assurance par
exemple) par rapport à l‟œuvre.
A. La maîtrise d’ouvrage
L‟aménageur du projet est un maître d‟ouvrage publique ou privé qui a en charge la re-
cherche, l‟étude, l‟acquisition, la viabilisation et la vente de terrains urbanisables (terrains
équipés et constructibles). Il est l‟agent économique qui prend la responsabilité opération-
nelle, intellectuelle et financière de l‟aménagement.
Il peut être un operateur public, semi-public ou privé. Les operateurs publics dans nos cas
d‟étude ont été les villes ou villages. Dans certain cas des partenariats ont été créés, concré-
tisés pour l‟essentiel par des SEM (sociétés d‟économie mixte) présidées par des élus et en
général avec la Caisse des dépôts.
Nous avons rencontré également au niveau de la maîtrise d‟ouvrage des partenariats pu-
blic/ privé avec une demande forte et convergente entre maitrise d‟ouvrage publique et
promotion privée pour avoir des cadre d‟intervention clairs et cohérents. Nous avons consta-
té que les collectivités locales veulent contrôler en amont la forme urbaine, les programmes
et la qualité architecturale qui seront réalisés par les acteurs privés. Cette possibilité permet à
la maîtrise d‟ouvrage de conserver un contrôle sur le projet et de s‟assurer d‟une réponse à
ses demandes.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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B. Les maitres d’œuvre
Ils sont des prestataires de service que la maîtrise d‟ouvrage va choisir pour étudier, conce-
voir et participer à la réalisation du projet d‟aménagement. Cette équipe dépend de la de-
mande de la maîtrise d‟ouvrage et de la difficulté du projet. Certains des professionnels qui
forment l‟équipe de maitrise d‟œuvre ont été définis ainsi par Pascal Reyset:
Un autre aspect significatif qui a fait apparaître de nouveaux professionnels dans la concep-
tion d‟un projet urbain est la prise en compte des habitants.
Pour communiquer et transmettre les idées de manière plus pédagogique et ludique des
professionnels de la modélisation et du réalisme virtuel sont intégrés. Ils donnent vie aux pro-
positions et montrent en images de synthèses ou vidéos les idées fortes des projets.
Cette spécialisation procure certains désavantages concurrentiels mais entraîne une pro-
fonde modification et une réorganisation de la profession d‟exécution et de conception des
projets urbains et du rôle de l‟architecte au sein de la maîtrise d‟œuvre.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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1.6.2 Autres acteurs
A. Les concessionnaires
Ils sont soit de grandes entreprises semi publiques (EDF, GDF, France Télécom), soit des entre-
prises privées (eau potable, eaux usées, énergies renouvelables) sous le contrôle de syndicats
ou de collectivité. Ils sont des interlocuteurs incontournables puisqu‟ils alimentent le projet en
services et dans certains cas en réseaux. L‟impact de ces servitudes sur les sites peut parfois
être déterminant dans le projet compte tenu de l‟incidence financière d‟une approche faite
à la légère de ces services. Le choix du type d‟énergie est primordial pour le projet avec des
incidences sur le bilan et la dynamique commerciale de l‟opération et de l‟exploitation.
Les concessionnaires d‟eau potable demandent une approche technique, pour assurer un
bon service, et une approche financière pour définir au mieux les coûts de cette prestation.
C‟est la collectivité qui négocie ces paramètres pour obtenir un bon rapport qualité-prix.
La gestion des eaux usées impose une approche technique sur le projet et sur les points de
raccordement à l‟égout et les taxes de raccordement à payer par l‟aménageur. La gestion
des eaux de pluie est plus complexe : d‟une part la législation permet maintenant la récupé-
ration et certaines utilisations (arrosage de jardins, nettoyage de voiries, eau de toilettes, utili-
sation dans les lave-linge…) mais le stockage, les réseaux et le traitement de ces eaux sont
des problèmes complexes et cette difficulté fait que les systèmes de ce type ne sont souvent
pas mis en place au niveau du quartier ou réduits à des usages uniquement d‟arrosage.
Ils regroupent plusieurs services sur la commune. Leur mission générale consiste à entretenir et
valoriser le patrimoine communal. Des réunions spécifiques sont établies pour la présentation
du projet et le recueil des remarques de ces services au niveau des matériaux proposés, de
l‟entretien, de la sécurité, des installations, ou encore des usages.
C. Les riverains
Ils sont l‟ensemble des habitants concernés directement ou indirectement par le nouveau
projet. Ce sont les citoyens qui s‟intéressent au projet parce qu‟il est susceptible de changer
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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leur environnement proche et leur apporter des solutions ou des problèmes. Ils présentent
leurs besoins et dans certains cas sont les porte-paroles des futurs habitants. Ces habitants
sont les futurs usagers et consommateurs directs les plus réels du projet. Leur avis est de plus
en plus pris en considération directe dans les projets. Les récentes exigences des écoquar-
tiers ou des projets partagés en terme de prise en compte des usagers ont obligé à une évo-
lution dans la forme et les manières de prendre en compte ces besoins.
D. Les habitants
Ils sont souvent peu ou pas représentés de manière claire dans les comités de pilotage ou
d‟organisation des projets.
E. Les promoteurs
Professionnel, maître d‟ouvrage qui prend le risque financier d‟un projet d‟aménagement, il
peut être promoteur foncier ou immobilier. Il réalise ou fait réaliser les opérations de construc-
tions (bâtiments collectifs, maisons, équipements publics ou privés).
- Promoteurs sociaux ; sociétés d‟HLM (le Comité Ouvrier du logement COL, l‟Office 64
de l‟habitat) très exigeantes dans le cadre des opérations, et parfois pionnières pour
les performances des ouvrages d‟un point de vue énergétique, des charges et de
coût global. Ils sont très sensibles à l‟équilibre financier du projet et au type de loge-
ments à créer. Il est important de remarquer que ce sont ces promoteurs qui parlent
des projets sans différence de qualité entre les logements sociaux et privés. Ils choisis-
sent souvent des professionnels et des entreprises locaux.
- Promoteurs privés ; Ils se consacrent pour l‟essentiel à l‟accession à la propriété dans
le cadre de financements aidés ou des financements privés
- Promoteurs spécialistes dans les opérations commerciales, les bureaux, les résidences
pour personnes âgées, etc..
Nous avons pu observer tout au long de ce travail, une évolution de ces promoteurs vers le
développement durable dans la majorité des cas sous la pression de la maîtrise d‟ouvrage.
Au début de ce travail les critères de développement durable étaient mal connus, les Agen-
da 21 moins encore et les écoquartier pas du tout. En revanche touts les promoteurs connais-
sent à minima les bâtiments HQE®, H&E, et les bâtiments passives.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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à la mise en place de démarches (type AEU) qui ont comme objectif l‟aide aux maîtrises
d‟ouvrage et d‟œuvre pour la prise en compte de certains points clé. Mais un manque
d‟outils opérationnels a été une constante dans tous les projets. A chaque projet une ma-
nière de faire, d‟adapter et de comprendre l‟écoquartier. A chaque équipe ses outils : d‟un
coté la maîtrise d‟ouvrage avec des tableaux de bord et les grilles et de l‟autre l‟architecte
avec ses moyens pour faire comprendre le projet sans aucun autre outil que le projet et les
notices descriptives pour comprendre les réponses aux besoins exprimés.
Chaque acteur porte avec lui sa vision du projet. La maîtrise d‟ouvrage apporte la vision
concrète de l‟aménagement mais aussi une vision du rêve. La maitrise d‟œuvre a une vision
poétique et pratique. Les prestataires de services, les promoteurs et les entreprises apportent
leur savoir faire et la concrétisation du projet. Les riverains et les habitants, les « clients » de
l‟aménagement, jouent un rôle d‟évaluateurs qui en tant qu‟électeurs et usagers ont un rôle
de plus en plus décisif.
Le schéma (fig. 1-6) reprend la figure proposé par Pascal Reyset sur les relations principales
des acteurs:
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
53
1.7 Conclusion
On sait aujourd‟hui que les populations urbaines et leur environnement s‟affectent mutuelle-
ment. Les habitants changent leur environnement à travers la construction de leur habitat,
leur consommation et leur mode de vie.
La commande publique et les acteurs concernés dans les projets urbains de la ville sont en
pleine mutation. Un manque d‟outils opérationnels est une constante. Aujourd‟hui
l‟aménagement est singulièrement déterminant pour le territoire où les élus et
l‟administration, n‟ont pas droit à l‟erreur tant les enjeux liés à l‟aménagement sont impor-
tants.
C‟est dans la ville que nous devrons agir. Nous pouvons comprendre que la complexité de la
question de l‟environnement urbain ne peut donc se résumer à un problème technique. Mais
il conviendrait de résoudre de façon « artificielle » certains de ces problèmes où la technique
peut apporter des solutions en s‟assurant que la réponse soit socialement et économique-
ment acceptable. Elle doit également considérer que ces solutions ne contraignent pas les
individus et respectent leur aspiration à un meilleur cadre de vie et le respect de
l‟environnement.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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Chapitre 2 - Vers une ville idéale
2.1 La recherche des "modèles" urbains
pour la ville idéale
Il y a environ 5000 ans, dans les plaines alluviales du Proche Orient, quelques villages se trans-
forment en ville [Benevolo, 2000]. La ville demeure une création historique particulière ; elle
n‟a pas toujours existé mais est apparue à un certain moment de l‟évolution des sociétés. Elle
est une des résultantes des grands changements survenus dans l‟organisation de la produc-
tion qui ont transformé la vie quotidienne des hommes et femmes et ont provoqué chaque
fois un bond de la croissance démographique et la transformation du territoire.
L‟approche ville - environnement a été une constante dans toutes les villes historiques. Les
villes ont adapté le territoire pour s‟implanter et se sont adaptées au territoire pour survivre.
Au travers de l‟histoire, le besoin de la ville idéale adaptée à chaque société a été une expé-
rimentation continue et une recherche de « modèles ». Par ce terme nous entendons souli-
gner à la fois la valeur exemplaire des constructions proposées et leur caractère reproduc-
tible [Choay, 1979].
Elles sont entourées d‟un mur et d‟un fossé qui les défendent et qui séparent, pour la pre-
mière fois, l‟environnement ouvert naturel de l‟environnement fermé de la ville. La cam-
pagne environnante est elle aussi transformée par l‟homme : les marais et le désert sont rem-
placés par un paysage artificiel de champs, de pâturages et de vergers, parcourus de ca-
naux d‟irrigation. Dans la ville, les temples se distinguent des simples maisons par leur masse
plus imposante et plus élevée : ils comprennent, en effet, outre le sanctuaire et la tour-
observatoire, des ateliers, des entreponts et des boutiques où vivent et travaillent différentes
catégories de spécialistes.
La superficie de la ville est alors divisée en propriétés individuelles entre les citoyens, tandis
que la campagne est administrée collectivement pour le compte du Roi.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
55
Les Romains nommaient ainsi la ville réellement constituée, c'est-à-dire, la ville entourée
d‟une enceinte. Ils utilisèrent fréquemment le mot d‟ « Urbs17 » pour désigner Rome elle-
même, la « ville ». C‟est ainsi l‟enceinte qui crée la ville, qui marque sa différence avec le
reste du territoire. Il n‟y a donc pas, en théorie du moins, de grande ou de petite ville et
d‟éléments qui nous permettent de dégager l‟aspect qualitatif du quantitatif. Les villes
grandes ou petites sont des villes.
La ville romaine, l‟ « urbus », se constitua soit comme ville étape militaire, soit comme un car-
refour de voies. Cette origine, qui se retrouve dans de nombreuses civilisations, place en son
cœur le principe important de la rencontre, de l‟échange :
- c‟est le commerce mais aussi l‟échange des idées, le mélange des personnes.
- c‟est aussi le conflit, le risque et l‟attirance.
17 François Bigot décrie que le mot latin « URBS » à façonné les deux termes, urbanisation et urbanisme.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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2.1.2 Les villes jardin
Les maladies épidémiques ont été successives dans les villes, créant un problème majeur
pour les administrations. Les hommes de science et philanthropes dénoncèrent l‟insalubrité
des logements qu‟ils suspectaient d‟être des foyers d‟infection. Les découvertes médicales
de Pasteur et de Koch ont montré l‟influence de l‟air et de la lumière sur le bacille de la tu-
berculose et mis en avant l‟ensoleillement comme facteur microbicide.
C‟est dans ce contexte d‟extrême insalubrité des villes industrielles qu‟une ardente mobilisa-
tion du soleil et de la ventilation va s‟installer en architecture et en urbanisme. Ces conditions
vont provoquer aussi une tendance du « vert pour la santé » et, de la même façon, les pro-
blématiques sociales vont générer un besoin d‟équilibre social. En réponse à ces demandes,
différents modèles urbains et architecturaux sont proposés.
Les utopies sociales de Robert Owen en 1817 et Charles Fourier en 1843 reposent sur un plan
d‟une colonie communautaire idéale.
Vers 1859, un industriel, Jean-Baptiste-André Godin, nourri des pensées de Fourier et de Saint-
Simon, met en pratique la première expérience d'utopie sociale à grande échelle en asso-
ciant à un lieu de travail - l'usine Godin, toujours en fonctionnement - un Palais sociétaire pour
former une société harmonieuse : habitation collective, piscine, économats, jardin, nurserie,
écoles et le théâtre, temple de la communauté familistérienne. (cf. Figure 2-1). Cette expé-
rience durera, sous une forme coopérative, jusqu'en 1968.
Par ailleurs, les propositions urbaines d‟Ebenezer Howard avec la ville jardin ou Idefonso Cer-
da avec son plan de réforme et agrandissement pour la ville de Barcelone dénotent une
réflexion sur les recherches d‟une ville plus vivable.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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57
Enenezer Howard est une des figures repré-
sentatives de cette époque, en 1898 il pu-
blie Tomorrow - A peaceful path to real
reform18. Il propose la création d‟un
veau type de villes de banlieue, qu‟il ap-
pelle les cités jardins « garden–cities », des
villes parfaitement indépendantes gouver-
nées et régies par un conseil
d‟administration et des citoyens en ayant
un intérêt économique pour assurer le fi-
nancement du développement et une
bonne maintenance.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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Figure 2-4 Diagramme sur les types de voiries proposées dans la cité jardin. Source: The social City in its more limited
realization in Garden Cities of Tomorrow, 1902.
http://www.myoops.org/ans7870/11/11.001j/f01/lectureimages/6/image1.html
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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Ces trois projets ont des caractéristiques communes qui viennent de l‟application du con-
cept de cité jardin (centre et quartiers, boulevards, ceinture verte, espaces verts), tous sont
localisés dans des petites villes dans la zone au nord de Londres, connectés à la capitale par
un chemin de fer.
Figure 2-6 : Plan de la cité jardin à Letchworth 1904 (Raymond Unwin et BarryParker)
Conçue après Lechworth, Hampstead (1909) est une cité jardin de par sa conception origi-
nale et sa localisation à la périphérie de Londres.
Le projet propose de configurer une communauté idéale dans sa forme et dans son fonc-
tionnement avec des normes pour l‟intégration sociale de ses résidents. Avec une densité
maximum de 20 maisons par hectare, entourées de végétation, avec de grandes voiries qui
éloignaient les façades de 16.50 m et avec une architecture soignée, elle a rapidement été
transformée en une zone exclusive.
Le grand parc est l‟élément structurant des rues, de la localisation, et de l‟orientation des
maisons. (cf. Figure 2-7).
La typologie de maisons est diversifiée : on retrouve des maisons isolées, jumelées, ou mi-
toyennes, qui forment une structure urbaine intéressante par rapport aux relations de compo-
sition : espace urbain, espace vert et environnement paysager. La forme et l‟image urbaine
ne transmettent pas la complexité d‟un ensemble urbain.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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Figure 2-7 Plan et vue du quartier d’Hampstead, le numéro 1 représente le parc dans le plan et dans la vue aérienne
prise en 1950
Dans les études réalisées par Panerai, Castex et Depaule, dans l‟ouvrage « Formes urbaines :
de l‟îlot à la barre » en 1977, il est mentionné que ;
A notre avis le projet montre plus d‟éléments : la basse densité permet d‟avoir une structure
urbaine en équilibre entre nature et espaces verts, les rues suivent les courbes de niveaux et
favorisent l‟ensoleillement des bâtiments. Dans les espaces verts, Luthyens a introduit des ef-
fets pittoresques qui enrichissent le paysage urbain, créent des synergies entre le naturel et le
construit, où le parc acquiert une position fondamentale dans l‟aménagement. Les espaces
publics et privés sont bien délimités et traités différemment mais avec une certaine unité
d‟ensemble [Benevolo, 2000].
Welwyn est une des propositions qui réunit le plus grand nombre de similitudes par rapport
l‟idée original de ville jardin (autogestion et forte relation entre l‟urbain et le rural), au moins
au début. Sa planification a servi d‟exemple pour 25 quartiers (« New towns ») qui ont entouré
Londres après 1945.
Le tracé des voiries considérait les traces existantes et sa connexion au train a été significa-
tive pour son emplacement. La proposition de zones vertes pour les logements est élevée et
l‟ensoleillement des bâtis optimum pour les multiples orientations possibles.
Mais rapidement Welwyn a été transformée en une banlieue satellite, avec très peu de po-
pulation et une faible activité productive, limitant par la même la possibilité d‟en faire une
ville autosuffisante.
Les postulats de la ville jardin sont adaptés à d‟autres types de structures urbaines très signifi-
catives comme le quartier jardin, le village jardin ou les maisons avec potager entre autres.
A Amsterdam entre 1914 et 1917, Hendrick Petrus Berlage propose dans le plan
d‟Amsterdam sud (cf. Figure 2-8) un quartier jardin où les espaces verts sont la colonne ver-
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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tébrale et l‟élément qui structure tout l‟aménagement, avec des bâtiments de différentes
densités et des voiries très hiérarchisées mais éloignées des compositions urbaines anciennes
(médiévales ou pittoresques).
Le projet était réfléchi en trois dimensions avec des perspectives qui permettent de com-
prendre et identifier les éléments les plus remarquables de la composition. Le point fort de la
proposition repose sur trois typologies différentes : unifamiliales de basse densité pour 20 ha
de la superficie totale, logements jumelés de densité moyenne sur 70 ha et puis logements
collectifs de grande densité sur les 190 ha de la surface restante. Les bâtiments avec un pa-
tio apparaissent comme un type préférentiel ; puisqu‟ils peuvent être transformés en verger,
en place ou en jardin, ces espaces permettent aussi un contrôle microclimatique bénéfique
pour les logements. Les ilots, de 40 à 50m de longueur de façade, contiennent deux loge-
ments superposés sur quatre niveaux qui répondent au besoin des habitants. Ces caractéris-
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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tiques sont très importantes, puisque d‟une part elles intègrent les postulats de la ville jardin et
d‟autre part la densité y est considérée comme la clé pour créer la complexité, la diversité et
la variété d‟un point de vue social comme urbain.
Ce projet est considéré comme une référence pour l‟urbanisme moderne. Ainsi les proposi-
tions de Berlage sur le village jardin ou sur le quartier jardin ont eu une grande influence sur le
plan non exécuté du Grand Helsinki (1918) de Gottlieb Eliel Saarinen, qui a combiné les pro-
positions de Sitte19 avec les idées de Howard.
Enfin à Vienne en 1924, Peter Behrens propose dans le « hoff » de Vienne un « super bloc »
avec des équipements basiques dans les niveaux bas et un grand équilibre entre la haute
densité et le grand espace central. D‟autres développements de ce modèle sont proposés
par Karl Sitz Hoff et H. Gessner (1926) avec une grande exèdre semi-circulaire ou le Karl Marx
Hoff de Karl Ehn (1927), un ilot de grandes dimensions dans lequel l‟espace construit occupe
à peine 20% de la surface du sol du terrain. Ces structures peuvent être définies comme
quartiers jardins ou quartier parc (de 5000 habitants) où il existe une grande importance pour
19 Camillo Sitte (1843-1903), architecte et historien auteur du livre « l‟art de bâtir les villes ».
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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l‟esthétique des bâtiments, les espaces centraux arborés et les services pour la communauté
qui l‟habite.
Ces visions d‟unités urbaines plus adaptées aux exigences sociales et environnementales
étaient en avant-garde pour l‟époque. Elles ont souvent été mal reçues dans une société de
production et d‟industrialisation. Ces modèles « utopiques » ont été de particulière impor-
tance dans l‟intégration entre ville et environnement ; ces apports théoriques et pratiques ont
montré un nouveau modèle de ville et de quartiers.
Ces concepts proposent une ville moins dense et de nouvelles relations entre maison et site,
ville et paysage.
Les réflexions de Howard et d‟autres penseurs de cette époque sont encore une référence,
ils ont introduit dans le discours urbain de nouveaux concepts tels que la banlieue jardin,
l‟unité de voisinage, la ceinture verte, les secteurs environnementaux, les unités d‟habitation
avec potager et jardin privatifs, le logement social, le familistère, le jardin ouvrier, etc.
La réponse de la ville jardin proposait des unités résidentielles autonomes, mises en rapport
avec la campagne et avec un équilibre entre secteurs résidentiels, industriels et équipements
urbains. Elle proposait de combiner le meilleur de la ville (diversité, opportunités, loisirs, socia-
bilité, etc.) avec le meilleur de la campagne (espaces verts, tranquillité, air propre, etc.).
L‟évolution de ces principes de base sur la ville jardin se traduit en 1946 par le «New Town
Act » pour la création de nouvelles villes environnant Londres. En Amérique, cela se traduit
par les mouvements « City Beautiful » ou « New Town for America » de Clarence Stein qui
consolident l‟urbanisation dispersée. Les expériences des New Towns ont mis en évidence le
paradoxe de son principe de base, qui au début propose des modèles de basse densité
pour retrouver l‟équilibre entre bâti et nature et termine en postulant la nécessité d‟une
haute densité urbaine.
Ce nouveau modèle, un rêve pour les habitants de la ville, s‟accentue avec l‟accès que
permet la voiture, promeut l‟urbanisation étalée dans le territoire et accentue la création de
banlieues satellites détachées de la ville centre. Les maisons isolées avec jardin privatif sont la
nouvelle typologie attendue par tous et les besoins de connexions et la mobilité qu‟elles gé-
nèrent sont des problématiques de plus en plus coûteuses. Ces types de ville consomment
des sols et leur maintenance revient chère aux habitants et aux administrations. Les cités jar-
din ont d‟ailleurs été analysées et critiquées par le mouvement moderniste pour être des
modèles trop chers et inadaptés dans une époque de crise économique et sociale.
Mais ces modèles ouvrent une optique différente sur l‟environnement urbain et naturel et
mettent en évidence la nécessité d‟une symbiose entre le construit et le naturel pour amélio-
rer la qualité de vie des habitants. Dans les propositions hollandaises, on voit une intégration
des postulats de la ville jardin et de la densité pour créer de nouveaux modèles plus aboutis
pour créer de la complexité, de la diversité et de la variété d‟un point de vue social comme
urbain.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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2.1.3 La ville industrielle
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Les quartiers d'habitation, où se trouvent les écoles
primaires, sont groupés sur un plateau orienté au
sud, à l'abri des vents du nord et des émanations de
l'usine ; ils sont entrecoupés de vastes espaces verts
non clôturés, qui permettent la libre circulation des
piétons. Cf. figure 2-14
ront développées par Le Corbusier, notamment lors Figure 2-17 : Les pilotis pour libérer le sol aux
des CIAM. piétons
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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2.1.4 Les villes du mouvement moderne
Apres Garnier et sa ville industrielle entre 1929-1931, Ernst May propose dans le Siedlung Wes-
thausen un équilibre avec une densité modérée en construisant des bâtiments en rangées
de quatre étages avec jardins privés et passages communaux verts, et avec une orientation
des logements sur la base des concepts héliothermiques. (20) Les balcons sont placés au coté
est. (cf. Figure 2-18).
Figure 2-18 : E. May : Principes introduis dans l’organisation urbaine de Siedlung Westhausen (1932)
20 La théorie héliothermique, supposée conduire à une optimisation solaire des tracés urbains
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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Cette réflexion de principe hygiéniste et social a apporté en plus les bases d‟un nouveau
concept : la préservation de la nature et l‟importance de la symbiose architecture- paysage,
considérant son importance pour la santé physique et mentale des hommes.
Le mouvement moderne proposait une ville comme unité fonctionnelle, où la nature est un
composant important pour la composition urbaine mais pas déterminant, où le paysage a
une fonction de « bien être pour réconforter l‟homme après son travail », les espaces verts
étant sujets à répondre à un besoin dans le système fonctionnel de la ville.
L‟aménagement avait alors comme objectif principal de créer des logements bien ensoleillés
et ventilés qui répondent à de nouvelles exigences hygiéniques et sanitaires. Le mouvement
propose ainsi un quartier fonctionnel. (cf. Figure 2-20)
Figure 2-20 : Ernst May, Schémas illustrant l’évolution de l’îlot urbain (D.n.F.1930)
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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ligne sur une aire verte, avec une distance entre blocs calculée en relation à leur
hauteur et une orientation déterminée selon les axes héliothermiques, préférentielle-
ment en direction nord-sud.
3. La concentration des services collectifs dans les marges du tissu résidentiel.
4. L‟intégration du concept de série du montage constructif : plusieurs panneaux for-
ment une cellule, plusieurs cellules un bloc en ligne, plusieurs bloc un quartier, ceci
jusqu'à l‟échelle de la ville.
Dans cette période, l‟idée de cité jardin est abandonnée par la grande majorité des urba-
nistes.
Un net revirement s‟opère autant dans leurs écrits que dans leurs projets. Ils vont surtout se
préoccuper de la réorganisation de la ville, en implantant des superstructures et ils s‟efforcent
de rendre le sol de la ville aux piétons et de réaliser l‟objectif premier, c‟est-à-dire fournir air,
lumière et verdure à chacun.
Dans ces années, la théorie des bâtiments en hauteur, conçus avec les diagrammes hélio-
thermiques pour calculer l‟exposition solaire des façades, devient la norme.
Les logements sont contenus dans de grands blocs, les propositions doivent éviter qu‟aucune
façade ne soit orientée au nord, la solution étant d‟avoir une trame voirie orientée nord-sud
pour avoir des bâtiments orientés plutôt est-ouest afin de profiter du soleil du matin et de
l‟après-midi.
L‟inconvénient de cette orientation est que les bâtiments ont de la lumière mais ils ne profi-
tent pas du potentiel thermique de la façade sud.
Après guerre, le parc automobile ne va cesser de croître à un rythme que nul n'avait soup-
çonné. La voiture est l‟objet fétiche symbole de modernité et « liberté » et tous les plans de
développement des villes s‟adaptent à elle, en lui donnant une place très importante.
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Figure 2-22 Siedlung Dammerstock
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2.1.5 Les villes nouvelles
En 1922, Le Corbusier fait sa première proposition de plan pour « une ville contemporaine de
trois millions d'habitants ». Il prétend notamment remplacer le centre traditionnel de la plu-
part des grandes villes européennes par un ensemble de 24 gratte–ciel de bureaux de 60
étages, bâtis sur plan cruciforme, qui accueilleraient chacun de 10 000 à 50 000 employés, le
tout au centre d'un vaste espace vert.
Bien qu'il anticipe sur les futurs centres d'affaires du type La Défense, Le Corbusier s'inspire de
Manhattan, mais aussi, d'ailleurs sans s'en cacher, des villes–tours d'Auguste Perret, dans les-
quelles tout l'habitat est concentré verticalement. Autour du centre sont construites des uni-
tés d'habitation d'une douzaine d'étages, dotées de services collectifs, ainsi que des « im-
meubles–villas » renfermant des espaces verts, tous ces principes découlant, là encore, de
propositions déjà formulées par d'autres avant lui.
C'est en 1925 que Le Corbusier reprend son projet pour en faire le « plan Voisin » pour Paris.
(cf. Figure 2-23). Il y propose l'implantation de 18 tours de bureaux de 200 mètres de haut en
plein cœur de Paris, face à l'île Saint–Louis, ce qui obligerait à raser une bonne partie du Ma-
rais.
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Cette solution radicale de la « tabula rasa » ne se préoccupait ni d‟histoire, ni de culture, ni
de contexte. Avec le plan Voisin son concepteur crée le mythe moderniste selon lequel la
concentration de l‟activité dans des hautes tours permettait au sol naturel d‟être à nouveau
consacré aux espaces verts, aux parcs et aux jardins pour les habitants. Les tours de son plan,
encadrées par des autoroutes à multiples voies, sont devenues réalité en différentes latitudes,
créant des paysages en béton, stériles et bien connus, remarquablement identique quel que
soit leur contexte. Les exemples se retrouvent en Bulgarie, à Buenos Aires ou à Riyad.
En 1947, Le Corbusier propose une nouvelle forme de cité en créant un village vertical à
Marseille avec son projet de Cité Radieuse, un immeuble d‟habitation de 337 appartements
en duplex distribués par des rues intérieures sous la forme d‟un parallélépipède sur pilotis.
Le Corbusier adapte son concept urbain de la ville radieuse pour créer la capitale indienne
Chandigarh avec une capacité de 500 000 habitants dans le Pendjad Oriental. (cf. Figure
2-24). C‟est la proposition la plus approfondie en matière de ville nouvelle, qui considère aussi
le contexte climatique et les restrictions budgétaires.
Le contexte climatique impose aussi une approche détaillée depuis le choix de matériaux de
masse thermique suffisante pour supporter la chaleur, l‟application institutionnelle du toit-
parasol jusqu'à l‟orientation des rues, situées en-dessous du niveau du sol, afin de protéger au
mieux du soleil les futurs automobilistes, même si ce pays en était relativement dépourvu à
cette époque.
Il dessina donc le plan d'ensemble de la ville en créant le plus d'ombre et de courants d'air
possibles. Les magasins, construits du côté ombragé de la rue, permettent la flânerie sans
l'incommodité de la chaleur et évitent de traverser continuellement les voies de circulation.
Les toits des habitations ont été étudiés en fonction de la possibilité d'y dormir lors des nuits
très chaudes.
La ville était divisée en secteurs de 5.000 personnes. Formée d'unités autonomes pour éparg-
ner les longs trajets. Chaque quartier possède en effet ses écoles, parcs, commerces, clubs,
etc. Pour éviter l'isolement, ces quartiers étaient reliés à trois grands centres : un centre ad-
ministratif, un centre commercial et un centre intellectuel.
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Figure 2-24 : Le Corbusier : Plan de Chandigarh 1950
Pour promouvoir ces idées encore mal acceptées, Le Corbusier et d‟autres architectes orga-
nisent la première rencontre des plus grands architectes et urbanistes internationaux en 1928
à Sarrez : les CIAM (Congrès Internationaux d‟Architecture Moderne). Cette première ren-
contre est basée sur l‟habitat comme une fonction qui doit être rationalisée. Les CIAM II et III
seront centrés sur l‟architecture de l‟habitat moderne et la construction de groupements
d‟habitations ; Grophius, Jose Luis Serte et Neutre participeront avec des apports théoriques
et techniques significatifs pour l‟industrialisation de l‟habitat.
En 1932 se réalise le IVème CIAM, le plus significatif dans son histoire, avec pour thème la ville
fonctionnelle. Résumant ce quatrième congrès, Le Corbusier écrit un des documents les plus
marquants du XXème siècle pour l‟urbanisme : « la Charte d‟Athènes », publiée pour la pre-
mière fois en 1943.
Il s'agissait essentiellement d'une version condensée des idées et des principes fondamentaux
de l'architecture moderne et de l'urbanisme des CIAM, qui a appelé à une refonte totale des
villes dans le monde industriel des années 30, pour les rendre plus efficaces, rationnelles, et
hygiéniques.
Concept de zonage qui permet de répartir les espaces urbains selon 4 fonc-
tions ; Habiter, Travailler, Récréer, Circuler.
Dissociation entre bâti et voirie
Voies hiérarchisées (voies rapides, dessertes locales puis voies d‟accès aux bâ-
timents ou cheminement piétonniers)
Bien-être accessible à tous, relatif égalitarisme
Les constructions en hauteur sont privilégiées, la nécessité d‟aérer l‟espace
urbain est affirmée ainsi que celle de sauvegarder les conditions
d‟ensoleillement et d‟éclairage.
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Des équipements scolaires, sportifs et de loisirs doivent être implantés à proxi-
mité des habitations
Les zones industrielles ne doivent pas être trop éloignées des habitations pour
limiter le temps de transport, elles sont séparées de la ville par des zones de
verdure
La Charte d'Athènes a eu un grand impact sur les politiques urbaines du monde. Elle a été
largement diffusée après la guerre et en particulier entre les gouvernements européens qui
cherchaient à reconstruire les villes dévastées et les millions de maisons des citoyens sans-
abri.
Elle est également devenue par la suite un plan pour les villes américaines de toutes sortes
face à la pauvreté urbaine causée par la guerre et la réduction progressive de l'économie
qui générait la perte d‟emplois. Elle est devenue un modèle pour le monde communiste dans
les années 1950, 60, 70 et 80, en particulier dans l'URSS et chez ses alliés d'Europe orientale,
qui ont cherché la façon la plus rationnelle et efficace de planifier le logement. Et enfin, elle
est devenue un modèle pour de nombreux pays en développement qui cherchèrent à
s‟industrialiser après leur indépendance, sans pour autant répéter les erreurs de la ville cons-
truite pour l'industrialisation européenne du 19eme siècle.
Le Corbusier à Chandigarh, Lucio Costa et Oscar Niemeyer à Brasilia ou encore Auguste Per-
ret au Havre, proposèrent des modèles de villes nouvelles, témoins de réflexions urbaines
modernistes du XXème siècle où les préoccupations sur l‟ensoleillement et la ventilation natu-
relle ont occupé un rôle essentiel comme catalyseur d‟une vie humaine saine, mais où il
manquait en revanche une réflexion sur l‟épuisement des ressources et sur l‟impact des villes
sur l‟environnement.
Des terrains vierges ont été urbanisés, les villes ont été transformées, certains tissus anciens ont
été modifiés et même détruits pour créer ces villes nouvelles qui sont le début des villes
d‟aujourd‟hui. Voici-dessous des photomontages d‟Alain Bublex qui se réapproprie le plan
Voisin de 1920 pour le matérialiser dans le Paris d‟aujourd‟hui. (cf. Figure 2-25).
Figure 2-25 : Photomontages d’Alain Bublex sur le Paris du plan voisin de Le Corbusier (exposition « Air de Paris »
Centre Pompidou 2007)
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2.1.6 Les villes futuristes
En 1935 Frank Lloyd Wright proposait son projet Broadacre City, un modèle de ville de réfé-
rence de la ville du futur, fondée sur le principe du croisement d'axes autour desquels sont
connectés les services automobiles et les industries. La grille permet d'organiser, de position-
ner les bâtiments et de s'orienter. Le damier est l'outil logique pour irriguer l'ensemble du terri-
toire. Il n'y a pas de zonage déterministe, les fonctions sont dispersées. La maquette réalisée
en 1932 est le moyen d'unifier dans un tout cohérent le travail de Wright. Elle représente un
morceau de 10 km2, qui permet l'établissement de 1400 familles en comptant 5 personnes ou
plus par famille, ce qui fait 7000 habitants. Elle ne suggère aucune centralité, ni concentra-
tion.
Dans ce projet, les autoroutes, prévues larges et confortables, unifient et séparent en même
temps des séries sans fin d'unités diversifiées : fermes, écoles, usines, bureaux, habitation, ma-
gasin, théâtre, église, marchés routiers. Les unités fonctionnelles sont intégrées les unes aux
autres. C'est une ville territoire qui ne peut exister sans les moyens de communication comme
la voiture, le téléphone, et d'informations comme la radio, et en anticipant la télévision et
l'ordinateur multimédia. La force électrique devait permettre la décentralisation et l'équilibre
entre l'industrie et l'agriculture, en posant les bases d'un ruralisme démocratique. Broadacre
City est une collection d'objets. C'est un patchwork de parcelles et de petits bâtiments posés
ici ou là, presque au hasard. Il n'y pas de bâtiments identiques, la standardisation ne produit
pas la répétition, mais permet au contraire l'expression d'une esthétique individuelle. C'est
une préfabrication organique qui offre qualité et variété. Un second réseau de voies con-
necte le reste des services et équipements. Parallèlement à l'artère principale, on trouve une
bande de vergers et de vignobles, bordée d'un côté par un grand parking et de l'autre par
un centre commercial. Cette bande travaille comme un filtre au bruit qui sépare la partie
habitable de la partie publique et communautaire. L'habitat occupe la bande centrale dans
laquelle sont disposés de part et d'autre de façon parsemée les services de proximité.
Parallèlement à cette bande se situe un grand lac où on trouve le club de sport, les bureaux,
et le stade. Dans la même bande sont implantés l'aquarium, le zoo, le jardin botanique et le
bâtiment de recherche agronomique. Cette bande s'arrête au pied d'une colline, qui abrite
des maisons luxueuses de "l'aristocratie" de Broadacre. La taille des maisons est donnée par le
nombre de voitures qu'elle peut accueillir : maison pour une voiture, maison pour deux voi-
tures, jusqu'à une maison pour cinq voitures.
L'automobile devient le signe de richesse et de liberté individuelle. Broadacre City abrite au-
tant de centres qu'il y a de maisons. La maison usonienne est l'atome de la ville et de la so-
ciété de Broadacre City. C'est un idéal domestique, qui mixte habitat et travail. La maison
accueille une sorte de laboratoire atelier en plus du module principal d'habitation. C'est une
version moderne de la cabane primitive, qui se construit en totale continuité avec la nature.
Un mur aveugle sépare l'intimité domestique de la rue et s'ouvre sur le jardin. La maison abri
n'est plus que l'enclos habité d'un jardin.
75
On retrouve dans la maquette des éléments récurrents de son travail, comme l'horizontalité,
qui s'exprime dans la construction avec ses toits plats aux larges débords, désolidarisés des
murs par une fenêtre bandeau. Il n'y pas de réel espace public au sens classique. La rue de-
vient route et n'est pas un lieu social ou un lieu d'échange. Pour Wright la route était une véri-
table culture qu'il portait au rang de monument. C'est pour lui un système d'embellissement. Il
dit à ce propos :
" Imaginons de vastes autoroutes, bien intégrées dans le paysage, sans aucune coupure, des
autoroutes dépouillées de toutes vilaines superstructures (poteaux télégraphiques et télé-
phoniques), libres de toutes les affiches criardes. "
Pour les habitants de Broadacre City le point de rencontre et de convergence est le centre
communautaire. Les marchés sont les organes vitaux de la cité. C'est en quelque sorte l'es-
quisse du futur centre commercial moderne.
Vastes aires d'agrément, les espaces de marchés, situés à proximité d'une route, constitués
de grands et superbes pavillons, seront conçus comme des lieux d'échange non seulement
de produits commerciaux mais aussi de productions culturelles.
Ces marchés pourraient en fait ressembler à nos foires de campagne et s'articuler stratégi-
quement sur les grands axes de trafic. Ces belles caractéristiques du futur sont déjà en train
de faire leur apparition de façon embryonnaire. Bien que négligées et sous-estimées, elles
indiquent la fin de la concentration. Apparues déjà dans les stations de ravitaillement sur les
bords des grandes routes, elles sont probablement le point de départ de futurs centres de
cultures parallèles directement installées et appropriées par les populations.
Ces centres commerciaux offrent de grandes facilités de parking. S'ajoutent aux pro-
grammes commerciaux, des Iieux pour le divertissement et le passe-temps : concerts à ciel
ouvert, cabarets, cafés, théâtres.
Broadacre est un projet synthèse où l'on retrouve des variantes typologiques de la maison sur
la prairie, ou de la tour de bureaux en porte à faux (cf. Figure 2-26). En 1958, Wright para-
chève Broadacre City dans un second livre d'urbanisme intitulé « La Ville Vivante ».
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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Figure 2-26 : Frank Lloyd Wrigth: Broadacre city, 1958
Pendant ces années 50 et au début des années 60, alors que nait l‟utilisation de l‟énergie
nucléaire pour des usages civils, s‟initie sérieusement la recherche sur les sources d‟énergie
qui pourrait remplacer un jour les combustibles fossiles. Mais l‟urbanisme est resté dans les
modèles proposés par le mouvement moderne, sans une grande évolution malgré une cons-
tante critique sur la ville et une acceptation moyenne de la population des modèles qui sont
considérés comme étant de plus en plus invivables.
Avec Fuller apparaît une nouvelle échelle de la ville, la mégapole et la mégalopole, la ville à
l'échelle mondiale, que l'architecte tente de maîtriser soit par l'objet architectural disséminé
ou l'objet ville, la mégastructure. Fuller fut un des premiers concepteurs du XXème siècle à
remarquer l'importance du mouvement et de la mobilité de masse. C'est un des premiers
architectes avec Frank Lloyd Wright, à anticiper la forme urbaine périphérique de la fin du
XXème.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
77
Chez Fuller la nature doit rester vierge. Le lien symbiotique entre la nature et l'homme est
rompu. C'est une vision fataliste de la technologie qui procure une autre conception du rap-
port au naturel. L'homme est un éternel nomade déraciné. Il ne possède rien sur terre.
L'habitat de l'homme doit être un service éphémère à l'image des dômes géodésiques, utili-
sés par l'armée comme moyen de déterritorialisation et par les hippies comme instrument
nomade.
Fuller cherche à comprendre et à mettre au point une structure géodésique itinérante, et s‟il
n'est pas l'inventeur des dômes géodésiques proprement dit, c'est lui qui a su leur donner un
usage architectural sans précédent. Il appliqua son concept pour la fabrication en série de
bâtiments mobiles, notamment des hangars pour l'US Marine Corps.
Le paroxysme des potentialités des structures géodésiques est atteint avec le projet de cou-
verture de Midtown Manhattan en 1960, par un dôme de 1,6 km de rayon. Il pouvait être mis
en place par 16 hélicoptères, et ne nécessitait que trois mois de travaux. Fuller met en équa-
tion les limites admissibles des structures (cf. Figure 2-27).
Un dôme de 3 km de diamètre ne pèse que 4t et son prix était estimé à 200 millions de Dol-
lars. Le dôme de Manhattan peut recouvrir une surface de cinquante blocks. Il permet la
protection et la régulation climatique. Les rejets polluants des usines Edison et New York
Steam non loin de là seraient filtrés par cette membrane. Seuls des véhicules électriques au-
raient été autorisés à circuler dans cette zone.
En 1964, Fuller est appelé pour un projet de redéveloppement de Harlem Nord à Manhattan
(cf. Figure 2-28). Il s'agit de reloger 110000 résident dans 15 tours de 100 étages incorporant
des services communautaires, ainsi que des parkings. Le projet fait encore une fois référence
à des projets antérieurs, comme la tour garage 4D proposée pour l'exposition universelle de
Chicago en 1933. Le projet fait également incontestablement référence à la ville radieuse de
Le Corbusier et à son plan Voisin. Les tours sont disséminées à intervalle plus ou moins régulier
sur toute la surface nord de Manhattan et reliées entre elles par des ponts haubanés. Le sys-
tème de block Manhattanien est entièrement nié. De vastes parcs et aires récréatives se su-
perposent sur la grille urbaine et remplacent progressivement les rues.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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Figure 2-27 : Fuller : Projet Midtown Manhattan, 1960
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En 1965 Fuller et Sadao dessinent le projet "Tetrahedronal City" dans la baie de San Francisco
(cf. Figure 2-29). C'est une ville lacustre en forme de pyramide recouverte de panneaux so-
laires afin d‟avoir l'énergie nécessaire à son fonctionnement. Ce projet est le point de départ
d'un projet plus réaliste nommé "Triton City", une recherche financée par l'état Fédéral et le
département de l'habitat et du développement urbain en 1968. Il s'agit de vérifier la faisabili-
té technique et économique de villes satellites lacustres. La cité satellite devait s'amarrer sur
l'eau à proximité d'une grande métropole existante.
Triton City était conçue comme une cité évolutive par agrégations de modules de voisi-
nages. Chaque quartier de Triton City pouvait accueillir 3500 à 6500 habitants. Deux typolo-
gies de bâtiments coexistent avec des modules linéaires pour 1000 habitants et des modules
pyramidaux pour 6500 habitants. Les agrégations de ces quartiers pouvaient composer une
ville de 15 à 30000 habitants. Les écoles ainsi que les services sont construits à distance pié-
tonne des appartements.
Au niveau technologique, Triton City s'inspire des principes de la plate forme off shore. Les
modules de Triton City seraient produits industriellement par préfabrication dans des chantiers
navals à sec. Ces idées eurent de grandes influences au Japon où la mer est une voie pos-
sible d'extension urbaine. Et des projets d'îles artificielles flottantes sont en construction au-
jourd'hui.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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Buckminster Fuller avait une génération d'avance sur les questions d'écologie et les pro-
blèmes environnementaux. Il prônait déjà à l'époque une gestion écologique globale de la
planète, à la manière de la théorie de Gaïa (21) apparue dans les années 70.
Parallèlement entre 1961 et 1974 le groupe anglais Archigram développe des propositions
théoriques futuristes de la ville et de l‟architecture qui reprend l‟influence du Pop art, les mass
médias, l‟univers électronique et informatique ainsi que la conquête spatiale.
L‟habitat devient – comme les concepts appliqués à la ville – jetable, ludique, consom-
mable, éphémère, préfabriqué et évolutif ; leurs projets urbains combinent réseaux, câbles,
structures gonflables, mobile home, drive-in, informatique, robotique et reflètent la société de
consommation hyper-technologique qui se développe. Ils prétendent également revenir aux
fondements de l'architecture moderne (deuxième partie du XXe siècle) et remettent la vie
au cœur de la cité.
Pour eux, ce qui fait une ville c‟est avant tout les gens et leurs inter-relations. Ils y associent
comme les Situationnistes ou les Métabolistes les principes d‟indétermination et de mobilité et
reprennent à leur compte les mégastructures mais avec une vision poétique, ironique ou
provocatrice. Ils développent ainsi l‟idée d‟une circulation dans laquelle viennent se greffer
des cellules. Celles-ci se « pluggent », se branchent les unes aux autres. La ville est itinérante
et elle suit les flux de l‟événement et de la circulation de l‟information.
Une nouvelle époque est ouverte pour repenser les villes du futur. Le groupe Archigram
commence à repenser la ville et l‟imagine pour un monde où la ville doit survivre à une ca-
tastrophe nucléaire. Ce groupe de recherche architecturale a publié ses prototypes dans le
magazine du même nom.
Une des propositions est leur «Walking city», elle dépeint une ville géante avec des jambes
comme les insectes qui se promèneraient à chaque fois que ses habitants le souhaitent. La
Walking City de Ron Herron est le "symbole d'une capitale mondiale qui se déplacerait au-
tour de la planète". (cf. Figure 2-30). Le concept l'emporte ici sur la réalisation.
21 la théorie Gaïa a tout d'abord été décrite en tant qu'hypothèse (l'Hypothèse Gaïa) par James Lovelock, chimiste
britannique et Lynn Margulis, une microbiologiste américaine en 1974. Un modèle assez simple fréquemment utilisé
pour illustrer l'hypothèse originelle est celui de Daisyworld. L'hypothèse originelle repose sur le concept
d'homéostasie et soutient que les formes vivantes d'une planète hôte associées avec leur environnement, se sont
comportées et se comportent encore comme un système autorégulateur. Ce système naturel inclut la biomasse,
l'atmosphère, la pédosphère et une mince couche de la lithosphère. De multiples formes de ce concept coexis-
tent, bien que controversées, et une partie au moins en est plus ou moins admise par la communauté scientifique.
Ces théories se veulent aussi très significatives pour l'écologie politique.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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Figure 2-30 : Archigram - Ron Herron: Walking City.
Leur "Plug-in City" représente une ville assemblée à partir d‟unités spatiales détachables des-
tinées à une variété d'utilisations, telles que copropriétés, bureaux et magasins (cf. Figure
2-31).
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Figure 2-32 : M3 Instant country/cartoon, Peter Cook 1971
Après les années 50 le monde s‟urbanise, les villes sont d‟importants centres d‟activités et de
développement, la population rurale émigre et les villes grandissent. La population du
monde double et devient urbaine, son activité industrielle et économique augmente expo-
nentiellement. L‟exploitation des ressources et ses effets sur la planète commencent à inter-
peller.
La considération de la nature dans les projets urbains des années 60-70 prend une position
« de refuge », elle est pour les hommes une source de bien être. Le retour à la nature est une
réponse antisystème, le mouvement hippy et les mouvements écologistes sont nés et mieux
organisés.
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Dans l‟urbanisme des modèles expérimentaux commencent à voir le jour, certains en amont
des crises du pétrole. La terminologie commence à produire différents concepts et mots pour
expliquer ces nouvelles réflexions. Ci-dessous nous avons choisi trois exemples remarquables
qui démontrent ces évolutions dans différentes parties du monde.
En Egypte, Hassan Fathy propose de nouvelles villes dans le désert, inspirées de l‟architecture
traditionnelle locale. Construit entre 1946-1952 le Nouveau Gourna est un village-modèle de
terre très moderne. (cf. Figure 2-34).
Chaque maison est spacieuse, clairement organisée, protégée du soleil, bien ventilée et
adaptée pour héberger le bétail de chacune des familles. Les enfants disposent d'une
grande école. Il y a également un théâtre pour les représentations de spectacles à but pé-
dagogique et une aire de jeux pour les divertissements folkloriques. Un marché pour les pro-
duits artisanaux sur la place centrale et un marché pour les denrées agricoles près de l'entrée
principale constituaient les deux pôles économiques du village. Le village devait donner de
la dignité à ses habitants. Il devait être le lieu de la résurgence des savoir-faire artisanaux tra-
ditionnels, dont la vente pouvait procurer des revenus supplémentaires (cf. Figure 2-33 et Fi-
gure 2-34).
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Figure 2-33 Plan et détails du Nouveau Gourna, Hassan Fahty achevée entre 1946-1952
Hassan Fathy y fait état de la nécessité de revenir aux matériaux traditionnels pour des rai-
sons économiques et climatiques ; il explique sa redécouverte de la technologie de la terre
crue, décrit comment il implique les Gournis dans le dessin de ce nouveau village selon les
usages de leurs tribus et à leurs mesures et comment il leur apprend avec l'aide de maîtres-
maçons nubiens la fabrication et la mise en œuvre des briques séchées au soleil.
Cette expérience a été traduite 40 ans après dans un livre intitulé « Construire avec le
peuple(22) » en 1971. Cet ouvrage a fait le tour du monde et propose une architecture et un
urbanisme sensible aux ressources locales.
22Hassan Fathy proclame dans cet ouvrage : "si un homme ne peut pas construire seul une maison, dix hommes
ensemble peuvent faire dix maisons".
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990 logements, proche du centre ville, inspiré des anciennes structures urbaines d‟Europe, du
Moyen Orient, d‟Asie et aussi du mouvement de la cité jardin. Les principes de ce projet sont
de créer un quartier résidentiel avec une bonne qualité de vie, protéger les ressources éner-
gétiques, combiner les bâtiments à haute densité avec des bâtiments d‟une échelle plus
petite (comme les maisons à un étage) et créer des espaces ouverts, dessinés et utilisables
individuellement. Dès le début du projet, le transport en commun est réfléchi, la voiture est
limitée, les voiries dessinées constituent une trame dense de cheminement pour les piétons et
vélos qui traverse tout le quartier dans toutes les directions et crée un espace urbain
agréable et sûre pour les habitants.
Les prix des logements restent accessibles sans aucune subvention spécifique. Les bâtiments
sont orientés pour profiter de l‟énergie solaire. Le bruit et autres nuisances sont minimisés, les
eaux pluviales sont infiltrées (matériaux perméables) et récupérées (noues et bassins paysa-
gers) et intégrées dans le paysage urbain pour améliorer le paysage naturel et rafraichir
l‟ambiance en été. Des actions pour promouvoir l‟intégration des usagers à la préparation
du projet sont réalisées. Il se pratique enfin la séparation des déchets et la transformation en
engrais.
En 1970 aux Etats-Unis, Paulo Soleri commence la construction d‟Arcosanti, un village solaire
sans voiture. Cette fameuse expérience architecturale, décrit le concept de «arcologie» (ar-
chitecture + écologie = archéologie) (cf. Figure 2-35).
En d'autres termes, le projet applique les principes de la nature pour concevoir les espaces
urbains. Le projet a pour double objectif d'aider ses habitants à moins gaspiller, ainsi qu‟à
améliorer leur qualité de vie.
Étonnamment, 40 ans après le début, le projet est encore en construction. Le projet était ini-
tialement prévu pour 5000 personnes dans un segment de 25 acres d'une terre de 4.000 hec-
tares à préserver. Ses bâtiments sont conçus pour un usage multiple, orientés pour permettre
le chauffage solaire optimal, l'éclairage naturel et le refroidissement.
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Figure 2-35 : ARCOSANTI, Paolo Soleri, 1970
Les années soixante-dix lancent la deuxième vague de recherche sur les sources énergé-
tiques non fossiles. Les crises du pétrole des années 70 accélérèrent et généraliseront la de-
mande de solutions plus écologiques.
Cette vague est plus une réponse politique et géostratégique qu‟une réponse pour chercher
à diminuer la dépendance du monde occidental aux ressources énergétiques des pays éloi-
gnés et instables. Cette préoccupation produit une convergence éphémère entre différents
acteurs : politiques, environnementalistes, scientifiques et philosophes.
Le mot « écologie » est alors défini, connu et utilisé, même sur-utilisé. La société commence à
se créer une conscience sur la fragilité de la planète.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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2.2 Conclusion:
Les réflexions sur l‟urbanisme et sur la nature ont, en parallèle, grandement évolué dans
l‟histoire, mais la problématique d‟un modèle de développement non soutenable vient au-
jourd‟hui les réunir pour trouver des solutions communes et concrètes.
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Chapitre 3 - La ville durable
3.1 La notion du développement durable
Cette mise en garde de la communauté internationale est relayée en 1972 à Stockholm lors
du premier sommet de la terre, conférence mondiale sur l‟environnement organisée par
l‟ONU. Ce sommet donne naissance au Programme des Nations Unies pour l'Environnement
(PNUE) qui vise à coordonner les activités des Nations Unies dans le domaine de l'environne-
ment et encourager l‟écodéveloppement. Celui-ci prône un mode de développement inté-
grant les contraintes environnementales.
Certaines expériences suggèrent des solutions, par exemple, en 1983, Balkrishna Doshi, archi-
tecte indienne, réconcilie le modernisme occidental avec la sensibilité à l‟égard de
l‟environnement dans son projet de logement à Aranya à Madhya. Pour ce prototype urbain
qui vise à répondre à la pénurie de logements, il étudie les quartiers insalubres et utilise leurs
principes comme principes directeurs pour sa nouvelle colonie. Il découvre les richesses des
espaces urbains de ces quartiers : la rue comme espace d‟échange et de rencontre et pro-
pices pour les commerces.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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Les résidences reprennent les principes d‟orientation optimale (lumière, ventilation et contrôle
climatique) avec une possibilité d‟évolution des locaux à des fins commerciales, ce qui offre
aux familles de meilleures perspectives économiques.
D‟autres architectes créent à cette époque de nouveaux bâtiments issus d‟une plus grande
sensibilisation aux questions environnementales. Entre les années 1960 et 1970 émerge un
nouveau courant high-tech qui s‟en remet à la science pour répondre aux questions de ges-
tion et d‟intégration de l‟environnement. Les travaux de Richard Rogers, Norman Foster, Mi-
chael Hopkins, Nicolas Grimshaw sont des exemples. Même si ces projets sont des exemples
de haute technicité, ils tentent d‟adapter certaines technologies traditionnelles aux nouvelles
approches sophistiquées et ces projets font finalement évoluer les idées sur les bâtiments.
Edward Mazria prétend alors que l‟accumulation solaire passive constitue le véritable poten-
tiel de l‟énergie solaire. Dans son ouvrage publié en 1980 « The Passive Solar Energy Book »
Mazira détaille ses observations, mises par la suite en pratique par exemple avec la maison
Stockebrand. Ces idées ont aussi été étudiées en Europe et des bâtiments de plus en plus
performants et économes en énergie sont construits dans les pays du Nord de l‟Europe et en
Amérique du Nord. Ainsi un premier label certifiant ce type de projet est créé en Allemagne
en 1988.
Les résultats de ces expériences prouveront que l‟emploi rationnel de la lumière naturelle et
l‟accumulation solaire qui en résulte peuvent considérablement réduire la quantité d‟énergie
utilisée pour l‟éclairage et le chauffage d‟un bâtiment.
Les normes allemandes des bâtiments ainsi que les normes suédoises ou danoises très exi-
geantes et adaptées aux pays froids vont évoluer fortement et la construction passive de-
vient petit à petit un standard de qualité dans plusieurs pays (Allemagne, Suisse et pays nor-
diques notamment).
A la fin des années 80, à l‟échelle de l‟ilot, les premiers projets d‟ensembles de bâtiments per-
formants se construisent au nord de l‟Europe de manière expérimentale.
En 1987, Gro Harlem Brundtland, présidente du CNUED, soumet à l‟assemblée générale des
Nations Unies un rapport intitulé : « Our commun future » Ce texte introduit la notion de déve-
loppement durable ainsi définie : « Le développement durable répond aux besoins du pré-
sent sans compromettre les capacités des générations futures de répondre aux leurs ». Il pré-
sente la protection de l‟environnement comme une priorité internationale, exigeant de ré-
former le système économique. Le développement durable entre alors véritablement dans la
sphère politique » [Gourdon, 2001]
Dans les années 90 les mouvements écologistes ont cessé d‟être des mouvements isolés, au
contraire, la préoccupation et l‟information sur les problématiques de la nature sont diffusées
dans la majorité des pays industrialisées.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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3.2 De la notion de développement
durable à la ville durable
A l‟échelle européenne dès la fin des années 1980, les dimensions et problématiques ur-
baines sont intégrées au sein des politiques d‟environnement et dans le quatrième pro-
gramme communautaire d‟actions dans cette matière.
L‟expression de « ville durable» apparait à la suite d‟une résolution votée par le parlement
européen en 1988 et intégrée dans le « livre vert sur l‟environnement urbain ». Celui-ci est
considéré comme l‟un des premiers documents remarquables (23) sur ce thème, adopté par
la commission européenne en 1990 [D. Pumain, 2006].
En 1991, le «Livre vert» est publié sur l'environnement urbain. Il apporte une contribution impor-
tante au débat en cours sur l'avenir des villes et des agglomérations urbaines d‟Europe. Il
préconise l‟abandon de la voiture individuelle au profit des transports collectifs, du vélo et de
la marche. Il recommande d‟adopter « un système multiple complémentaire de trans-
port plutôt que la concurrence entre différents modes de transport et de réduire les besoins
en déplacement plutôt que de privilégier la réduction de la durée des trajets ».
De 1993 à 1996 l‟OCDE lance un plus vaste programme de recherches portant sur « La ville
écologique ». Dans la même mouvance, dès 1990, le Centre des Nations Unies pour les Éta-
blissements Humains initie un programme intitulé « Cités durables » qui se fixe comme objectif
d‟élever les capacités de planification urbaine et de gestion environnementale des villes des
23 Le livre vert sur l‟environnement urbain fait l‟état des lieux de l‟urbanisation en Europe et les problèmes liés à la ville
et à son développement. Des thématiques comme l‟eau, l‟énergie, la pollution, les déchets sont exposés et des
préconisations sont proposées. Nous voulons remarquer l‟avancement de ces propositions et leur temps.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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pays en voie de développement (PED). Parallèlement, les Nations Unies soutiennent la créa-
tion du Conseil International pour les Initiatives Locales en Environnement (ICLEI - International
Council for Local and Environmental Initiatives) dont le champ d‟action est mondial. L‟ICLEI
délivre en effet un message de sensibilisation au développement urbain durable qui
s‟adresse à l‟ensemble des collectivités locales dans le cadre de trois programmes de travail:
Action Locale 21 (AL21), Villes pour la protection climatique et Campagne Eau.
A partir des années 90, principalement en Europe, des projets urbains à l‟échelle des quartiers
sont construits et intègrent les problématiques environnementales et les concepts de sym-
biose et écologie urbaine. La densité, la mobilité, l‟énergie et la gestion de l‟eau et des dé-
chets sont les thématiques abordées. Les quartiers solaires, les éco-villages, les éco-aldées et
les éco-communautés sont nées à la fin des années 80 et au début des années 90.
En 1992 à Rio de Janeiro au Brésil, 173 pays se réunissent dans la première conférence mon-
diale sur l‟environnement. Cette conférence sera marquée par l‟adoption d‟un texte fonda-
teur de 27 principes, intitulé « Déclaration de Rio sur l‟environnement et le développement »
qui précise et lance le concept de « développement durable » issu du rapport Brundtland. Il
précise :
« Les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable.
Ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature. » (Principe 1), « Pour
parvenir à un développement durable, la protection de l‟environnement doit faire partie
intégrante du processus de développement et ne peut être considéré isolément. (Principe
4) ».
la santé,
le logement,
la pollution de l‟air,
la gestion des mers, des forêts et des montagnes,
la désertification,
la gestion des ressources en eau et de l‟assainissement,
la gestion de l‟agriculture,
la gestion des déchets.
La section III du rapport de la Conférence de Rio met l‟accent sur le rôle des différents ac-
teurs dans la mise en œuvre du développement durable : femmes, jeunes et enfants, popu-
lations autochtones, ONG, collectivités locales, syndicats, entreprises, chercheurs et agricul-
teurs.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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Les Agendas 21, issus d‟Action 21 appliqué aux villes, sont nés lors du sommet de Rio en 1992
et ses recommandations sur les établissements humains et les « villes viables ». Comme le
développement durable, un agenda 21 englobe la prise en compte des paramètres éco-
nomiques, sociaux et environnementaux.
Un agenda 21 consiste en une démarche politique qui mobilise la localité et ses habitants en
vue d‟assigner des objectifs de développement durable à leur ville. A partir d‟un choix de
priorités, un plan d‟actions est élaboré dans la perspective du XXIème siècle. Le concept de
l‟agenda 21 peut être appliqué à l‟échelle d‟une agglomération, d‟une région, d‟un territoire
ou même d‟un pays.
L‟Union Européenne agit sur plusieurs plans pour intégrer le développement durable en tant
qu‟objectif politique majeur. C‟est d‟abord le cas au sein du Traité de Maastricht en 1992 et
avec le « Livre Blanc » publié en 1993, qui préconise un modèle de développement basé sur
l‟amélioration conjointe de l‟emploi et de la qualité de vie. Notons également le livre vert
publié en 1991 qui préconise une coopération ainsi que des échanges d‟informations entre
villes européennes, mais qui recommande aussi d‟adopter une conception holistique des
problématiques et solutions en termes de développement urbain durable. On passe alors de
la « ville écologique » à la « ville durable ».
Un groupe de travail de la Commission Européenne a organisé deux conférences sur les villes
durables, à Aalborg au Danemark en 1994 et à Lisbonne en 1996.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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La charte d’Aalborg promeut les principes des villes durables :
Cette première conférence sur les villes durables et sa charte participent largement à une
remise en question de l‟urbanisme moderne qui s‟impose partout dans le monde dans le sil-
lage des travaux de Le Corbusier.
La vision et les pratiques de la ville dessinée par la charte d‟Aalborg retournent les principes
fondamentaux de la charte d‟Athènes élaborée en 1933 lors de l‟IVème CIAM. Cyria Emelia-
nof propose une comparaison de ce retournement des principes (Cf. figure 3-1).
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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Figure 3-1 : Comparaison des chartes d’Athènes 1933 et d’Aalborg 1994, Cyria Emelianoff, 2004
Aujourd‟hui plus de 200 villes ont ratifié la charte et un guide des bonnes pratiques a été pu-
blié. L‟expression semble relever davantage de l‟incitation politique qu‟elle ne donne lieu à
des concepts clairs en termes scientifiques, ce qui témoigne encore de la difficulté à faire
naître une véritable écologie urbaine [Nicole Mathieu, 2005].
C‟est dans cette même ville qu‟est lancée la campagne des villes durables européennes
constituant un réseau fédérant des villes et soutenue par la Commission européenne.
En 1996 à Istanbul, lors du Sommet Habitat, il est accordé aux villes et leurs autorités politiques
une place politique significative pour faire changer le développement vers un développe-
ment urbain durable.
L‟adoption de l‟Agenda 21 « global » par l‟ensemble des pays concernés, est à l‟origine de la
création des commissions nationales du développement durable qui impulseront la construc-
tion des stratégies aux échelles nationales et locales du développement durable. Cette
étape marque encore un peu plus la notion d‟agir local pour répondre global puisqu‟elle
montre que les seules initiatives à l‟échelle globale ne suffisent pas et que les actions devront
se concrétiser à une échelle locale, voir micro-locale.
C‟est dans cette dynamique que le SDEC (le Schéma de Développement de l'Espace Com-
munautaire) de 1999 décline cinq points stratégiques qui sont autant de défis à relever pour
que la durabilité urbaine prenne corps dans les années à venir.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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Il s‟agit en effet de réfléchir sur:
Le SDEC trace enfin des pistes pour la mise en place d‟une stratégie multisectorielle et inté-
grée de développement urbain prenant acte que les stratégies et les instruments de promo-
tion d‟un développement urbain durable dépendent largement des contextes nationaux,
régionaux et locaux. L‟échange d‟expériences urbaines est donc largement préconisé entre
tous les États membres, ce qui expliquera la montée en puissance du réseau des villes du-
rables européennes.
Nous pouvons dire qu‟entre 1990 et 2000 le développement durable entre dans les dé-
marches urbaines. Les premières expérimentations ayant pour objectif d‟intégrer ces con-
cepts se font à l‟échelle du quartier. Les villes du monde entier se tournent vers la réflexion et
l‟expérimentation des projets pour la ville du XXIème siècle et les premiers écoquartiers sont
construits.
L‟objectif est une ville plus juste et en harmonie avec l‟environnement. A savoir aller vers une
ville durable.
Dix ans après le Sommet de Rio et l‟Agenda 21, l‟accent est mis au sommet de Johannes-
burg sur la coopération décentralisée et sur le rôle des collectivités territoriales et de la socié-
té civile, notamment des entreprises présentes aux cotés des dirigeants politiques. A Aalborg
en juin 2004 l‟attention des élus locaux se déplace de l‟écogestion de la ville durable à
l‟élaboration de projets urbains durables respectueux des dix engagements adoptés par les
2500 villes européennes signataires (36 en France) de la charte formulée dès 1994 [Lefévre
2008].
En 2005, on comptait environ 400 Agendas 21 engagés en Espagne, 850 en Italie, 2500 en
Allemagne et seulement 150 en France. En Suède, à la fin des années 1990, toutes les com-
munes sans exception avaient mis en place un Agenda 21.
En 2006, lors du troisième Forum mondial à Vancouver sur le thème « Passer des idées à
l‟action » des centaines d‟idées pratiques sont proposées, décrites et échangées. Elles servi-
ront de point de départ à un dynamisme et un engagement envers un développement ur-
bain durable et inclusif.
En 2007, lors du conseil informel de Leipzig, la Charte de Leipzig est adoptée par les 27 mi-
nistres des Villes. Cette Charte rappelle non seulement le rôle économique, social et culturel
des villes, mais met également l'accent sur l'assistance aux villes dans la lutte contre l'exclu-
sion sociale, les changements structurels, le vieillissement de la population, le changement
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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climatique et la mobilité et annonce que le développement urbain durable constitue une
avancée significative pour les collectivités territoriales.
Dans cette charte le développement durable urbain intégré est présenté comme la condi-
tion indispensable à la réussite de la ville durable.
Les ministres des Etats membres en charge de l‟urbain s‟engagent à tirer profit des approches
d‟une politique de développement urbain intégrée. Dans le cadre de cette politique, ils met-
tent en avant les stratégies d‟action suivantes en vue de renforcer la compétitivité des villes
européennes :
Les ministres soulignent également l‟importance d‟accorder un intérêt particulier aux quar-
tiers urbains défavorisés dans le contexte de l‟ensemble des villes concernées. Dans cette
perspective, ils mettent en avant les stratégies suivantes :
Pour finir, les ministres souhaitent que la politique de développement urbain soit ancrée au
niveau national. Les villes jouent un rôle important lorsqu‟il s‟agit de réaliser des objectifs au
niveau national, régional et communal. Ils soulignent également l‟importance d‟un échange
systématique et structuré d‟expériences et de connaissances dans le domaine du dévelop-
pement urbain durable (création d‟une plateforme européenne : http://www.eukn.org s.d).
En 2008, pour la première fois dans l‟histoire, plus de la moitié de la population du monde vit
en zone urbaine et selon les projections courantes, ceci augmentera jusqu‟à 70% pour 2050
[United Nations Human Settlement Programme, 2009].
Dans le cadre de la Présidence française de l‟Union européenne, le « Forum des Villes » est
organisé à Montpellier autour de la construction d'un cadre européen de référence de la
ville durable et solidaire en application de la Charte de Leipzig.
Deux tables rondes de ce forum retiennent notre attention : la table ronde 9 traitant « des
écoquartiers, avant-garde de la ville durable et solidaire ? » et la table ronde 10 sur « quels
indicateurs de développement de la ville durable et solidaire ? ».
Dans ces tables rondes, l‟écoquartier est présenté comme un concept à développer en dé-
gageant les principes clés qui fondent sa notion dans sa complexité. Différentes expériences
y sont présentées, des quartiers neufs et des rénovations.
Il est intéressant de remarquer la mise en garde sur les effets pervers ou contradictoires que le
développement du concept peut porter, comme l‟augmentation des consommations
d‟énergie annihilant l‟essor dans une moindre proportion des énergies renouvelables ou en-
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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core comme l‟amélioration de la mobilité douce en ville largement compensée par un ac-
croissement des déplacements à longue distance qui sont plus polluants. Notons également
qu‟une attention particulière est accordée aux « démarches apprenantes ».
En 2009, le programme des Nations Unies pour l‟habitat publie le rapport « Planning sustai-
nable cities ; global report on human settlement ». Ce rapport présente les problématiques
de l‟urbanisme et du haut niveau d‟urbanisation, il décrit pourquoi il est devenu nécessaire
de reconsidérer le futur des villes.
Il est important dès lors de remarquer que la croissance urbaine rapide est un problème dans
le monde. Celui-ci est présenté comme un enjeu principal que la planification devra traiter
en particulier dans des villes petites et moyennes et dans les pays en voie de développement
où la croissance démographique aura lieu.
Le rapport décrit l‟urbanisme comme un problème mais aussi comme un phénomène positif.
Une planification urbaine bien adaptée peut être un moyen efficace pour améliorer l‟accès
aux services, la réactivité économique et la résolution de certaines problématiques sociales.
Les concepts d‟environnements urbains idéaux, d'une part, et les réalités de l'urbanisation
rapide de l'autre, sans la considération du changement environnemental, ont rendu et ren-
dent beaucoup de systèmes de planification inefficace et parfois destructive. Par ailleurs la
plupart des systèmes d‟urbanisme n‟ont pas intégré la surveillance et l‟évaluation comme
partie déterminante de leurs opérations. Le rapport suggère donc que les projets
d‟urbanisme devraient intégrer la surveillance et l‟évaluation en tant que dispositifs perma-
nents, avec des indicateurs clairs qui soient alignés avec les objectifs et les stratégies du plan.
La nature sérieuse de tous ces défis urbains exige l'action et l'urbanisme représente un outil
potentiel qui peut être réformé, en cas de besoin, pour contribuer à trouver des solutions à
ces problèmes. Le rapport souligne qu‟il n‟existe pas de modèle absolu et que l‟urbanisme
doit s‟adapter et innover à chaque contexte pour répondre aux problèmes locaux sans ou-
blier les impacts globaux.
Enfin la Commission européenne crée une nouvelle distinction, le titre de « capitales vertes »,
pour reconnaitre et récompenser les efforts des villes pour intégrer le développement du-
rable dans leur développement urbain et promouvoir les échanges de bonnes pratiques.
Chaque année, une ville sera ainsi choisie pour ses réalisations et ses objectifs en matière
d‟environnement.
En 2010 Stockholm et Hambourg ont reçu ce titre de capitales vertes pour 2010-2011. A
Stockholm l‟émission de gaz à effet de serre par habitant a été réduite de 25% depuis 1990 et
est désormais inferieure de moitié à la moyenne nationale. Hambourg a réduit les émissions
de CO2 par habitant de 15% depuis 1990 et s‟est fixé pour objectif une réduction de ses émis-
sions de 40% d‟ici à 2020.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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3.3 La Ville durable
La notion de développement durable interroge les sociétés urbaines sur leurs modes
d‟organisation de l‟espace, leur mode d‟habiter et de se déplacer, les nouvelles technolo-
gies de production et de communication, la gestion des ressources naturelles, les conditions
d‟existence et la qualité du cadre de vie des citadins [Antoine Da Cunha, 2005]. Cette no-
tion se décline à toutes les échelles du territoire. Ce concept a une validité générale qui
trouve sa pertinence dans les particularités de son adaptation locale.
Différentes études sur la ville durable réalisées ces dernières années ont mis en évidence
l‟évolution du concept et des exemples pratiques ayant fait la preuve de leur efficacité. Ces
études ont mis en avant un certain nombre d‟attributs qui caractérisent la ville durable. Ils
sont regroupés en quatre catégories :
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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un processus de comparaison (très utile dans l‟évaluation qui nous intéresse sur
le territoire) et de sentiment perçu individuellement [Adams, 1965].
« La notion de ville durable est plus large que celle de ville écologique », elle pense les im-
pacts sociaux et les dégradations écologiques et engage une transformation des modes de
production, de consommation et de vie. La ville durable ne rejette pas la ville encombrée et
polluée, elle la requalifie et la transforme, alors que la ville écologique rejette la ville existante
et cherche un cadre de vie proche de la nature (ce qui tend à nourrir l‟étalement urbain au
détriment de la campagne).
Enfin la ville durable est avant tout une utopie et une finalité, et il est important de remarquer
que la ville durable est un objectif et pas un modèle urbain. Déjà le qualificatif « durable » a
été conçu à l‟origine pour définir les visées d‟un mode de développement et non pour ca-
ractériser un territoire proprement dit. Selon les termes d‟Olivier Soubeyran : Comment con-
cevoir alors un développement « qui ne produit pas ce qui le détruit » ?
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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3.4 Conclusion :
L‟intégration du développement durable dans les démarches urbaines a bouleversé les pra-
tiques. Les villes qui se sont lancées dans des opérations qui intègrent le développement du-
rable sont des témoins et des exemples à suivre.
Au sein de ces espaces urbains, le développement durable sera dans le futur une obligation
incontournable. Lier formes urbaines, modes de vie et métabolisme urbain soutenables est
un des plus passionnants défis pour les acteurs de l‟aménagement et en particulier pour les
concepteurs de la ville.
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PARTIE II : Les écoquartiers une source
d‟évolution pour l‟urbanisme durable
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Chapitre 4 - Le quartier comme
une échelle d‟expérimentation
L‟analyse des propositions historiques étudiées montre que les cas construits sont réduits à
trois échelles d‟intervention;
Même si dans certaines propositions l‟objectif est la création d‟un nouveau modèle de ville,
ces trois échelles permettent d‟avoir une représentation concrète des propositions concep-
tuelles à modèle réduit et maîtrisables par l‟administration locale, les équipes de concep-
teurs, les constructeurs et les habitants.
Le développement urbain durable exige une connaissance et une maîtrise de l‟objet urbain
conçu. Les architectes, les urbanistes, les ingénieurs et toutes les équipes techniques, qu‟elles
soient de responsabilité administrative ou politique, participent à la conception, construction
et exploitation du quartier. Tous ces acteurs sont fortement sollicités pour élaborer, adapter et
intégrer l‟innovation pour maitriser l‟impact de l‟urbanisation.
La ville durable a besoin de terrains d‟expérimentation à une échelle intermédiaire plus maî-
trisable que celle de l‟agglomération. La complexité de l‟évaluation d‟un projet croît naturel-
lement en fonction de l‟élargissement de la zone d‟étude. L‟importance d‟avoir des objets
maîtrisables qui introduisent le développement durable permet la concrétisation du concept
sur un objet précis qui peut être étudié dans sa complexité. Ainsi à l‟échelle des villes, il a fallu
des années pour que les politiques adaptatives et réflexives de développement urbain du-
rable débouchent sur des expérimentations concluantes à plus petite échelle, celle du quar-
tier. Le développement durable à cette échelle prend tout son sens pour les opérations de
conception, de rénovation ou réhabilitation vers une ville durable.
Le quartier est une échelle légitime pour expérimenter un urbanisme durable à travers
l‟implication des habitants. Il est l‟unité urbaine pour laquelle on peut retrouver une clôture
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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de la vie sociale, une certaine autonomie des activités, des ressources et enfin une prédomi-
nance des relations de proximité dans la structuration des réseaux de sociabilité [A. Humain-
Lamaure, 2006]. Les quartiers sont des espaces de vie au quotidien (logement, fréquentation
d‟espaces publics, de commerces et d‟équipements), qu‟ils soient investis ou désinvestis. Il est
un espace de vie, d‟usage et de la participation citoyenne, à l‟opposé du territoire qui, lui,
ne se vit pas puisqu‟il est imposé. Le quartier est un espace du territoire vécu comme propre,
la ville comme collectif et le bâtiment comme privé. Ainsi à cette échelle la concertation est
facilitée entre les élus, les futurs habitants, les associations, l‟aménageur, l‟urbaniste et les dif-
férents bureaux d‟études [F. Cherqui, 2006].
Les aspirations concernant les quartiers sont étonnamment communes à des personnes aux
styles de vie très différents. Nous voulons tous des quartiers qui soient attractifs, sécurisés, sains
et non pollués, avec des équipements locaux de haute qualité, accessibles, proches des
espaces verts et avec un raccordement excellent à d‟autres secteurs ; des quartiers qui facili-
tent les échanges conviviaux, l‟activité sociale et l‟amitié ; des quartiers qui répondent aux
besoins particuliers des habitants, des personnes âgées et des jeunes ; un cadre idéal pour la
santé et le bien-être.
Le quartier constitue un ensemble de vie cohérent et qui est le plus pertinent pour traiter cer-
taines questions clés, telles que la collecte de déchets ou la limitation des nuisances [F.
Cherqui et al, 2004]. Au niveau environnemental, le quartier est l‟échelle intermédiaire des
innovations, leurs effets sont alors mesurables et leur impact qu‟il soit positif ou négatif, peut
être renforcé par rapport à une approche bâtiment par bâtiment [H. Fuchs, 2008].
Cette échelle implique en revanche une étude plus vaste que celle du bâtiment et sa par-
celle. Elle considère d‟une part l‟importance des espaces publics et des réseaux urbains et
d‟autre part les causes et effets des phénomènes créés par l‟interaction entre les bâtiments
et l‟usage que font les habitants de l‟espace construit.
Enfin il demeure essentiel de conserver à l‟esprit que les quartiers sont des éléments constitu-
tifs de la ville, qu‟en tant que tels ils doivent lui répondre et que la ville doit inclure le quartier
dans ses objectifs de développement durable.
Le quartier a longtemps été un espace mal défini. Au XXème siècle, des visions simplistes ont
été proposées pour décrire le quartier comme une « fraction d‟espace », reposant sur des
logiques de contigüité et d‟homogénéité fonctionnelle ou sociale. Le quartier a été aussi
interprété comme le cadre de vie d‟un groupe sociodémographique identifié, un lieu
d‟épanouissement face à la ville démesurée et déstructurante [Comby 1964, Lazzarotti 1971].
Dans les définitions existantes, trois postulats résument bien le concept du quartier : un es-
pace de la vie sociale du voisinage, une certaine autonomie des activités et des ressources
et enfin une prédominance des relations de proximité dans la structuration des réseaux de
sociabilité.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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Dans les années 1900-1930 l‟application du concept de ville jardin produit des quartiers et
des ilots jardins comme projets d‟expérimentation d‟un urbanisme ouvert à la nature. Le
mouvement moderne pour sa part propose des quartiers plus techniques et rationalistes,
comme des modèles à industrialiser pour reconstruire les villes.
Entre 1930-1970 le quartier est un espace peu exploré, les études référenciées sont limitées à
des aspects sociaux. Entre 1970-1980 le quartier joue un rôle subalterne dans les pratiques
urbaines et sociales. Avec l‟urbanisme moderne et la sectorisation de la ville, le quartier tend
à disparaitre comme échelle intermédiaire. Durant ces années une démarche est menée
par des urbanistes, anthropologues et géographes pour dénoncer une structuration trop réti-
culaire de l‟espace urbain qui rendrait caduque toute logique de proximité dans la construc-
tion des pratiques et des identités urbaines.
Parallèlement, à partir des années 70, le quartier est considéré comme un objet de re-
cherche pour lequel on peut distinguer deux courants :
Un premier courant s‟inspire directement d‟une partie des travaux de l‟école de Chi-
cago réédités dans les années 1960 et exportés en France où le quartier est analysé
dans son rapport fonctionnel et sociologique.
Parallèlement, un second courant de recherche se développe, plus qualitatif, fondé
sur la notion de territoire, comme résultat de l‟interaction entre espace et société.
Le quartier se transforme en sujet de toutes les études et des toutes les interventions pour tra-
vailler l‟image de la ville, retrouver des formes urbaines plus adaptées et créer des espaces
générateurs de liens entre les habitants.
L‟intégration des agendas 21 et des différents textes sur le développement durable dans les
documents d‟urbanisme sont le levier pour la construction des écoquartiers. En outre des
financements spécifiques européens et locaux permettront l‟expérimentation dans ces quar-
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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tiers en recherche de nouvelles solutions urbaines plus adaptées aux attentes sur les problé-
matiques environnementale, économique et sociale.
Entre 1990 et 2000 il existe déjà au nord de l‟Europe une quinzaine d‟opérations remar-
quables. A partir des années 2000 le concept d‟écoquartier est reconnu dans toute l‟Europe.
Ces projets ont produit les premiers retours d‟expérience sur l‟application de l‟urbanisme du-
rable à l‟échelle du quartier. Ces résultats ont généré un intérêt international pour reproduire
ces modèles dans le monde.
A partir de 2006 l‟apparition des études sur l‟empreinte écologique, le bilan carbone, le pay-
sage sonore [Catherine Semidor] ou encore le cycle de vie adapté à l‟échelle du quartier -
entre autres démarches - sont menées pour évaluer la durabilité des projets urbains vers la
« durabilité du territoire », ouvrant ainsi un nouveau niveau d‟approche du quartier.
Entre 2006 et 2009 la forme urbaine du quartier et ses réponses environnementales se sont
généralisées. L‟écoquartier est transformé en modèle urbain à reproduire. Cette période se
caractérise par la création d‟un nombre important de démarches spécifiquement adaptées
au quartier : outils pour la mise en œuvre, pour l‟aide à la conception et à la réalisation. La
recherche d‟un modèle plus accessible a également été initiée. En outre la construction des
« écoquartiers » et la valeur marketing de l‟appellation ont créé une demande croissante de
labels et certifications et, en conséquence, de méthodes et d‟outils pour l‟évaluation des
projets à travers des indicateurs qualifiant leurs réponses aux échelles locale et globale.
Toutes ces évolutions ont questionné l‟urbanisme à toutes les échelles du territoire mais parti-
culièrement à l‟échelle du quartier, celui-ci étant l‟espace de vie des habitants. On com-
mence ainsi à intégrer dans les démarches urbaines des cahiers des charges plus précis avec
des objectifs sur les thématiques du développement durable. Le quartier est en effet au-
jourd‟hui un objet urbain qui doit répondre aux besoins des habitants, aux enjeux globaux et
locaux en termes sociaux, économiques et environnementaux.
Notons enfin que les projets d‟aménagement de quartiers restent une activité menée par
l‟architecte – urbaniste comme chef d‟orchestre. L‟approche systémique de l‟architecte et
sa capacité à traduire un besoin en un espace restent le point clé de la bonne conduite
d‟un projet. Néanmoins les enjeux environnementaux, et le développement durable de ma-
nière plus générale, interpellent fortement son savoir faire. La rénovation et la construction
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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dans la ville passe par la conception des quartiers. De ce fait c‟est l‟échelle que nous avons
choisi d‟étudier et plus précisément celles des écoquartiers.
Pour notre étude la définition de l‟écoquartier est un passage indispensable puisqu‟il s‟agit
de l‟objet de départ de notre travail. En France, notre recherche s‟est cependant confrontée
à un débat sur la définition de l‟écoquartier.
Au début de cette thèse en 2007 le terme était peu connu dans le milieu professionnel asso-
cié au travail de Nobatek (petites et moyennes collectivités, élus, techniciens de la ville et
agents territoriaux, urbanistes et architectes) en région Aquitaine.
Lors de ces premières années de recherche nous avons pu constater que le terme « éco-
quartier » était également inconnu ou peu clair pour certains architectes 24. Mais les exemples
comme Vauban ou BEDZED étaient déjà connus comme des exemples d‟urbanisme soute-
nable et comme une référence architectonique et urbaine supplémentaire, sans aucun qua-
lificatif ou définition spécifique.
Dans la bibliographie française, deux ouvrages étaient répertoriés sur les écoquartiers en
2007 :
24 15 architectes ont été questionnés sur la thématique écoquartier dans le contexte du travail réalisé à Nobatek
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- Le guide d‟expériences européennes, quartiers durables, de l‟agence régionale de
l‟environnement et des énergies de l‟ile de France (ARENE), 2005.
Dans ces ouvrages, les projets analysés ne sont pas différenciés, tous sont présentés comme
des quartiers durables et exemplaires. Ce n‟est que dans des ouvrages apparus plus tardi-
vement que les concepts d‟écoquartiers et de quartiers durables sont différenciés.
Dans la bibliographie en espagnol et en anglais que nous avons consultée, les définitions de
« sustainable neighbourhoods » et « barrio sostenible » sont les mêmes ; il n‟existe pas de diffé-
rence entre quartiers durables et écoquartiers. Tous les quartiers étudiés sont considérés
comme étant un écoquartier avec des niveaux différents dans le traitement des thématiques
développées. Dans tous les ouvrages consultés, les quartiers de l‟Europe du Nord sont cités
comme exemples de l‟urbanisme soutenable. Il nous semble alors que les exemples sont
clairs mais que la terminologie ne l‟est pas dans le contexte français.
Après notre analyse il nous apparait qu‟étant donné la finalité et les enjeux auxquels se pro-
posent de répondre l‟écoquartier et le quartier durable, ce sont un seul et même concept.
A partir de ce constat dans notre étude les appellations écoquartier et quartier durable se-
ront utilisées sans distinction.
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4.3 Ecoquartier : une approche théorique
Pour comprendre au mieux ce qu‟est un écoquartier, nous avons analysé le concept à tra-
vers son approche théorique, son modèle urbain et sa typologie, sa réponse technique et ses
moyens pour démontrer sa performance environnementale.
Pour retrouver une définition pertinente pour notre étude nous avons réalisé à la fois une re-
cherche théorique sur le concept et une analyse typologique des écoquartiers de référence
dans le monde. Notre recherche s‟est basée sur une analyse de la littérature, d'internet et
des visites de certains écoquartiers.
La première approche, que l‟on appelle « généraliste », est proposée par les spécialistes de
la thématique avec un certain niveau d‟expériences dans la mise en œuvre des écoquar-
tiers ou dans la recherche sur les thématiques urbaines soutenables. De manière quasi una-
nime dans la littérature francophone, les écoquartiers sont présentés comme des laboratoires
ou des espaces témoins, des lieux où penser et tester la ville durable à venir [Souami, 2009 ;
Lefèvre, Sabard, 2009 ; Charlot-Valdieu, Outrequin, 2009].
Certains auteurs énoncent que le projet d‟écoquartier se caractérise par la mise en œuvre
d‟une démarche-projet visant à répondre, à son échelle :
Dans le cas de la seconde approche, dite « administrative », la définition est établie par les
administrations nationales, régionales et locales pour encadrer la production des écoquar-
tiers. On parle alors plus de concepts et d‟objectifs à atteindre comme un idéal sans aucune
obligation de résultats.
Bruxelles Environnement, en 2009, propose pour les écoquartiers dans la région de Bruxelles
capitale la vision suivante :
« Le concept de « quartier durable » n’est pas celui d’un quartier autonome : il n’a de
sens qu’en s’inscrivant dans une ville existante et qu’en rendant celle-ci globalement plus
« durable ». En ce sens, un « quartier durable » cherche à s’inscrire de manière ambitieuse
dans une série d’objectifs qui touchent à la fois la qualité écologique de son périmètre, son
maillage social et sa soutenabilité économique ».
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113
Au niveau européen, une référence pour la définition de l‟écoquartier vient de l‟accord de
Bristol de 2005 où l‟écoquartier est définit comme :
D‟autre part les villes où l‟on retrouve ces projets autoproclament leurs quartiers exemplaires
comme « écoquartiers ». Les administrations définissent ainsi l‟écoquartier comme :
« Quartier urbain exemplaire construit comme une vitrine des savoir faire locaux, affi-
chant les inventions technologiques pour limiter l’impact environnemental du quartier » [Le-
fèvre 2008], [ARENE, 2005].
Un des acteurs européens dans la promotion de modèles urbains plus durables est Energy
Cities, association européenne d‟autorités locales qui inventent leur futur énergétique, créée
en 1990 et représentant maintenant plus de 1000 villes dans 30 pays. Elle propose sur son site
www.energycities.eu que la planification de quartiers durables ait pour objectif de fonder un
quartier sur des principes environnementaux, économiques et sociaux en mettant l‟accent
sur les points suivants :
Gouvernance : des quartiers bien gérés par une participation efficace et globale,
une représentation et une direction.
Transport et mobilité : des quartiers bien connectés grâce à de bons services et
moyens de transport permettant aux habitants d‟accéder à leur lieu de travail et aux
services (santé, éducation, loisirs, centres commerciaux, etc.). Les habitants devraient
être en mesure d‟effectuer le plus de trajets possibles à pied depuis leur lieu de rési-
dence. Le plan des rues devrait prendre la forme d‟un réseau continu reliant les lieux
entre eux. Une bonne infrastructure de transport public est essentielle à la limitation de
la voiture.
Environnement : offrir aux habitants l‟opportunité de vivre dans le respect de
l‟environnement (bâtiments basse consommation ou à énergie positive, limitation des
déchets, recyclage, utilisation de matériaux naturels et écologiques, limitation de la
consommation d‟eau, etc.) et de profiter d‟un cadre de vie propre et sûr.
Economie : une économie locale vivante et florissante.
Services : mise à disposition de services publics, privés, communs et volontaires acces-
sibles à tous les habitants.
Equité : juste pour chaque habitant, à la fois pour les générations actuelles et futures
(habitations décentes à des prix abordables, services accessibles à tous et espaces
publics ouverts à tous).
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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Diversité : développer des quartiers diversifiés et à cohésion sociale par la mixité des
catégories sociales (mixité de l‟offre de logements, des opportunités d‟emplois, par-
tage des activités) et la mixité des générations.
Mixité des fonctions : différence majeure avec les quartiers suburbains existants qui
connaissent souvent un zonage (séparant les zones résidentielles des zones indus-
trielles et commerciales) : un quartier durable offre une mixité des fonctions (lieu
d‟habitation, de travail, de loisirs et de commerces).
Identité : active, globale et sûre avec une forte culture locale et un partage des acti-
vités de quartier ; apporte le sentiment d‟appartenance au quartier que beaucoup
d‟habitants recherchent. Chaque quartier nécessite par conséquent un centre bien
défini (un endroit où les habitants peuvent trouver des commerces et pratiquer des
activités culturelles ou sociales, etc.).
Participation des citoyens et des habitants, coopération et engagement : les habitants
doivent communiquer entre eux et être impliqués dans la co-création de leur quartier.
Ils doivent pouvoir exprimer leur avis sur la manière dont le quartier est géré. Les habi-
tants des quartiers urbains sont plus actifs que les habitants de lotissements en périur-
bain ; ils représentent le support pour de plus larges activités, offrant beaucoup de
services sociaux qui permettent de lier les individus entre eux et de faire naître un sen-
timent d‟appartenance au quartier.
Sur la base de ces observations, nous citerons donc dans ce document le quartier durable et
l‟écoquartier sans distinction, avec cette définition :
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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4.4 Les écoquartiers : les modèles urbains
Les écoquartiers sont avant tout des objets urbains avec certaines caractéristiques dans leur
mise en œuvre et dans les innovations qu‟ils contiennent : savoirs faire, gouvernance et
technologies. Ces caractéristiques ont permis de qualifier ces quartiers d‟exception en éco-
quartiers. Ils ont par ailleurs été créés dans des contextes sociaux, économiques et environ-
nementaux qui ont encadré leurs réponses aux exigences locales et globales. Une étude
plus approfondie de ces premiers modèles peut nous éclaircir sur la question de la concréti-
sation de l‟écoquartier.
Nous avons répertorié durant la période 2007-2010 les écoquartiers phares existants dans le
monde (230 projets identifiés dans le monde) :
La carte ci-dessous (figure 4-1) localise les différents projets répertoriés avec les années cor-
respondant à leur conception :
Dans un premier temps nous avons répertorié tous les projets qualifiés comme écoquartiers
détectés pendant nos recherches. Nous y avons ensuite ajouté d‟autres projets en fonction
de deux critères déterminants :
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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La capacité de récupération et la valeur des informations recueillies nous ont permis de limi-
ter encore le nombre de cas. D‟autres quartiers, a priori intéressants à analyser, ont été identi-
fiés et répertoriés mais n‟ont pas été retenus pour la suite de l‟étude, car les informations les
concernant se sont avérées incomplètes ou insuffisantes pour comprendre leur réel intérêt.
Mais même après ce premier classement, tous les écoquartiers étudiés présentent des infor-
mations « déséquilibrées ». Pour certains il est possible d‟accéder à des données très détail-
lées au niveau des performances techniques, alors que pour d‟autres cas les informations
disponibles concernent la démarche suivie ou le retour d‟expérience dans l‟organisation du
projet, ou encore des informations plus générales sur les thématiques les plus abouties et les
réponses techniques mises en place.
Apres cette délimitation des objets d‟étude, nous en avons réalisé une analyse des caracté-
ristiques liées à deux aspects clé :
- le contexte de conception
- les typologies d‟écoquartiers
Soixante-dix pour cent des écoquartiers étudiés sont des projets menés à l‟échelle du quar-
tier. Les autres sont des planifications plus grandes au niveau du secteur ou d‟une zone plus
large. Tous intègrent une approche développement durable où les trois piliers sont traités à
différents degrés.
Plus de 60 % sont des projets neufs. Ils sont localisés en zones urbaines, périurbaines et rurales,
liés aux pôles d‟activité proches ou aux centres villes à travers des axes de transports en
commun (train, tramway, bus). Leur surface varie entre 1.7 ha et plus de 200 ha avec une
population allant de 250 à 50000 habitants. Dans les 148 projets répertoriés en Europe, 90 ont
été identifiés en France (N.B. cela vient au moins autant de la facilité à disposer
d‟informations concernant les initiatives françaises qu‟une réelle propension en France à
produire plus d‟écoquartiers qu‟ailleurs en Europe).
Dans tous les cas, les écoquartiers sont initiés dans un contexte intégrant les problématiques
socioéconomiques locales comme un moyen ou comme une opportunité de travailler
l‟image et l‟identité locales et extraire les sites concernés, et plus largement les villes, de leurs
représentations passées.
Dans le cas des premiers écoquartiers, spécialement au nord de l‟Europe, le principal pré
requis pour la construction de ces quartiers a été la sensibilisation des habitants, élus et pro-
fessionnels, depuis de nombreuses années, au développement durable. Nous avons aussi
constaté dans notre recherche que le cadre réglementaire dans ces pays avait évolué pour
intégrer les principes du développement durable dans l‟aménagement urbain à travers lois,
réglementations, chartes, agendas 21 et aides financières spécifiques. Ces évolutions ont
permis la mise en œuvre des innovations ainsi que l‟organisation de la planification urbaine
en partenariat avec d‟autres acteurs (scientifiques, universités, centres technologiques, asso-
ciations de citoyens, etc.).
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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La majorité des quartiers durables aujourd‟hui pris en exemple a été initiée au début des an-
nées 1990, soit en pleine explosion de la bulle immobilière et au cœur des crises écono-
miques locales. Le contexte national ou international était donc peu propice et les moyens
mobilisables pour des réalisations urbaines exceptionnelles, tels que les écoquartiers, ont été
plutôt rares. Les contextes locaux où les écoquartiers ont été conçus n‟étaient pas toujours
favorables [Souami, 2009].
Dans le sud de l‟Europe on peut voir que les écoquartiers créés sont plutôt des projets isolés,
dans un contexte moins sensibilisé au développement durable. Très peu de villes disposaient
d‟un agenda 21 ou d‟un contexte réglementaire spécifique au moment de la fabrication
des quartiers. Ces écoquartiers sont plutôt une adaptation du modèle nord européen mais
avec un décalage dans l‟approche, ces projets d‟exception répondant de manière plus
ciblée à des thématiques concrètes comme le bio-climatisme ou l‟énergie par exemple. La
participation citoyenne est moindre et la planification des projets reste une affaire fermée
entre les élus et les concepteurs.
Dans ces pays, c‟est plus l‟écoquartier qui fait évoluer le cadre réglementaire et le savoir
faire local que l‟inverse, avec une importation des techniques, matériaux et approches du
nord de l‟Europe (qui dans certains cas peuvent se révéler peu adaptés aux contextes du
sud).
Une autre particularité dans la production des écoquartiers est le nombre important de dé-
marches expérimentales créées pour aider à l‟organisation, conception et construction des
écoquartiers. C‟est le cas par exemple de la démarche HQE²R élaborée dans le cadre d‟un
projet européen sur des expériences concrètes menées en Europe. Plus qu‟ailleurs, en France
les projets sont le plus souvent « encadrés » avec différentes démarches : AEU, HQE Aména-
gement, Charte des éco-maires, etc. Mais cette particularité française s‟est étendue dans le
monde en 2008, la recherche d‟une certification et la labellisation « écoquartier » n‟est dé-
sormais qu‟une question de temps.
Aux USA et au Canada, les écoquartiers répertoriés sont des projets certifiés LEED Neighbor-
hood. En Chine la même démarche a été utilisée pour certifier trois des quartiers répertoriés.
Les projets Masdar City aux Emirats Arabes Unis, Dongtan en Chine, Lyon Confluence en
France et BEDZED en Angleterre sont quant à eux certifiés par le WWF à travers sa démarche
One Planet Living (OPL).
Au final notre analyse nous permet de classifier les écoquartiers en trois groupes, selon le con-
texte qui les a vus naitre :
- Les projets qui répondent à une vision et adaptation locale du développement ur-
bain durable
- Les projets leviers d‟expérimentation et d‟innovation
- Les projets qui répondent à un effet de mode, de marketing et de communication
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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4.4.2 Typologies des écoquartiers
En Europe jusqu'à présent, tout aménagement urbain durable à l‟échelle du quartier n‟a pas
obéi à une norme stricte, ni à une démarche type, ni à un concept clairement défini. C‟est
ce qui a permis à des collectivités qui ont aménagé un quartier de l‟auto-déclarer « quartier
durable ».
Même si dans certains pays les premiers écoquartiers étaient conçus avec l‟idée de créer un
modèle reproductible, les écoquartiers ne sont pas un modèle urbain spécifique à répliquer
et multiplier. Leur propre nature n‟en fait pas un « modèle unique », il est une proposition
ponctuelle pour répondre aux enjeux locaux et globaux en limitant son impact.
Pour confirmer cette remarque, il suffit d‟observer que le concept d‟écoquartier s‟est cons-
truit dans les 30 dernières années à travers une grande diversité de réponses et de modèles.
L‟histoire des écoquartiers nous permet de les catégoriser et de comprendre pourquoi il
n‟existe pas de modèle préétabli et reproductible de manière absolue.
Certains auteurs – [Souami, 2009] [Barton H, 2000] [Lefèvre, 2008]- proposent une typologisa-
tion pour les premiers écoquartiers.
Ces propositions de catégorisation peuvent être regroupées à travers deux tendances que
nous allons explorer dans les paragraphes suivants :
Les auteurs [Souami, 2009] [Barton H, 2000] parlent de types de quartiers en se basant sur des
critères quasi similaires : localisation, échelle, fonction et agencements.
Pierre Lefèvre [Lefèvre, 2008] propose une catégorisation par type d‟aménagement urbain.
Elle se base sur 4 modèles d‟aménagement urbain préexistants :
- L‟urbanisation linéaire : quartier qui se structure à partir d‟un axe linéaire ou qui s‟étire
entre deux points d‟intérêt.
- L‟urbanisation radioconcentrique : quartier qui se structure à partir d‟un centre urbain
(secondaire) de façon radioconcentrique
- L‟urbanisation de secteur : quartier qui s‟organise pour une fonction spécifique
- La cité jardin : quartier qui se structure autour des espaces verts cultivés ou qui permet
une présence prédominante des espaces verts
Dans les deux cas il n‟existe pas de modèle urbanistique unique pour les écoquartiers.
Si l‟on considère les projets construits dans les trois décennies où ce concept d‟écoquartier
s‟est développé et les études réalisées par différents auteurs sur ce sujet, on peut leur faire
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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correspondre un type d‟écoquartier et catégoriser les écoquartiers selon 7 types 25 proposés
par Hugh Barton.
Les types de projets analysés par Hugh Barton sont à la fois des projets ruraux et des projets
urbains. La distinction clé pour les projets ruraux est que ceux-ci sont des projets qui reposent
sur deux piliers essentiels : le territoire (demandes d‟associations d‟habitants) et les moyens de
télécommunications.
Tous les projets intègrent une sensibilisation au développement durable. On peut, sur ce
point, différencier trois tendances :
Il est important de remarquer que cette catégorisation reste arbitraire, et certains projets ne
rentrent pas dans ces catégories ou se positionnent à la fois dans plusieurs d‟entre elles.
Au cours des années 1970 et 1980 quelques proto-écoquartiers apparaissent aux Etats-Unis,
en Angleterre, en Autriche, aux Pays-Bas et en Allemagne. Ce sont des projets de villages ou
hameaux basés sur le territoire, l‟agriculture, la constitution de petites entreprises et sur le tou-
risme local.
On retrouve dans ces projets la recherche de cycles de ressources fermés (énergie / eau /
nourriture).
Simon Fairlie [Fairlie, 1996] distingue deux niveaux d'éco-village. Le premier est le « village
fermier » (terme original inventé dans Sustainable Settlements, [Barton et autres, 1995]) où un
groupe d‟habitants partage des possessions et des équipements d‟une exploitation agricole,
mais aussi les soins des enfants, la production de la terre et les moyens de transport. L'autre
25 Définition de Type : Modèle idéal, défini par un ensemble de traits, des caractéristiques essentielles ; Ensemble de
traits correspondant à une sorte de modèle générique ; Catégorie formée par un ensemble de propriétés, de
traits généraux ; Personne ou chose qui réunit en elle toute les caractéristiques d‟une catégorie ; Modèle d‟une
série d‟objets identiques, qui la définit (Dictionnaire Larousse http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/type)
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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est le village durable (soutenable), suffisamment grand pour soutenir la vente au détail de
base et les équipements sociaux. Ces éco-villages sont la concrétisation de démarches ci-
toyennes participatives ayant un engagement fort pour la « permaculture » et le dévelop-
pement à « faible impact ». Souvent ces éco-villages sont créés de leur propre initiative par
un travail communautaire.
Engagés politiquement, inscrits dans des mouvements dits alternatifs, ces fondateurs de proto
écoquartiers adoptent d‟abord la démarche avant de choisir le site. Une fois le projet de
quartier conçu en termes généraux, ils partent à la recherche d‟un lieu susceptible
d‟accueillir et de mettre en application leurs idées. L‟organisation sous forme communau-
taire ou associative est souvent utilisée pour regrouper les habitants intéressés, en vue de réa-
liser le projet et d‟organiser les espaces communs. Cristal Waters26 (Australie) est un exemple
type d‟éco-village basé sur la « permaculture ».
Il est important de remarquer que l‟on peut retrouver dans ces projets des initiatives basées
sur des éco-communautés fortement engagées dans des principes écologiques, mais éga-
lement fortement influencées par les exigences réglementaires et la réalité des modes de vie
contemporains.
L‟essentiel de ces initiatives rurales correspond à un modèle basé sur une économie locale et
sur la terre, mais ce modèle n‟est pas toujours possible. L‟expérience a démontré que cela ne
fonctionne que sous la condition d‟avoir un engagement fort des habitants à travailler la
terre qu‟ils occupent.
A l‟inverse du précédent, ce modèle, plutôt rural ou semi-rural, n‟est pas forcement basé sur
le territoire mais sur les télécommunications. Le télé-village est plus susceptible d‟être créé
par le marché (promoteurs) que par des habitants engagés dans une démarche de déve-
loppement durable. Ce sont souvent des extensions d‟universités ou des bureaux locaux qui
proposent la possibilité du télétravail. L‟idée du télé-village est séduisante et basée sur l‟idée
de substituer les déplacements par les télécommunications.
26Cristal Waters a été initié par un groupe d‟habitants dans les années 1970 et est toujours en développement.
Localisé en zone rurale à plus d‟une heure de la ville et à 27 km du village le plus proche, l‟éco-village a comme
objectif à long terme l‟autonomie (ce n‟est pas encore le cas). 20% de la ferme de 259 ha est occupé par 83 loge-
ments et 2 zones commerciales. Les 80% restant sont des terres productives de propriété commune. Dans le petit
centre de l‟éco-village se sont développées des activités commerciales, de la petite industrie, le tourisme et les
activités éducatives. Le management et la gouvernance sont réalisés à travers une coopérative très active des
habitants.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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rable mis en place dans les espaces ruraux, en général basées sur une forte dimension lo-
cale. Un exemple connu de télé-village est Little River, en Nouvelle Zélande
Ce sont des projets expérimentaux souvent produits dans le cadre de compétitions ou impul-
sés par des objectifs de recherche initiés par les gouvernements locaux ou nationaux.
Ils tombent souvent dans les catégories « projets architecturaux et innovation technolo-
gique » et on les retrouve le plus souvent dans des sites urbains périphériques ou sensibles
(sites pollués ou anciennes friches). Ce sont les projets les plus connus et les plus diffusés.
Ces projets sont l‟occasion pour les techniciens et les responsables de tester, valider et corri-
ger certains choix ; ils sont considérés comme des lieux d‟apprentissage. Ce sont des projets
de démonstration intéressants pour générer des ruptures dans les savoir-faire et pour sensibili-
ser et accepter de nouvelles propositions.
En revanche, ils peuvent parfois donner l‟impression d‟être refermés sur eux-mêmes et de
diffuser l‟idée que l‟écoquartier passe par la construction nouvelle. Les montages institution-
nels et financiers sont alors exceptionnels, voire inédits.
Au niveau des partenariats, les collectivités créent le plus souvent pour ce type
d‟écoquartiers des collaborations avec des aménageurs, des promoteurs privés, des sociétés
de logements sociaux, des operateurs de services urbains (énergie, eau, etc.), des groupe-
ments d‟experts et de nombreuses maîtrises d‟œuvre.
Notons enfin que l‟échelle est souvent insuffisante pour accueillir les équipements et pour
minimiser les coûts de la mobilité.
Les projets les plus intéressants sont ceux situés au cœur des zones urbaines. Ils sont cepen-
dant peu nombreux. En effet les programmes de génération urbaine et les initiatives de créa-
tion d‟écoquartiers sont souvent séparés.
Parmi les exemples connus, on peut noter celui d‟Ecocolonia au Danemark, ou BO01 en
Suède, entre autres.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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Elles sont apparues dans les pays les plus libertaires comme le Danemark avec des projets de
20-30 unités associant des espaces de propriété privée et des espaces de propriété parta-
gée, ou plus ou moins communs.
Elles permettent une vie communautaire, avec un support mutuel et augmentent les possibili-
tés de style de vie pour les habitants (individuel et/ou collectif).
Cela permet une gestion commune de certaines problématiques locales liées à l‟énergie,
l‟eau, les eaux usées, le compost ou encore le transport, ce qui peut aboutir à une optimisa-
tion de l‟écologie de ce système.
Ces projets peuvent être coûteux et difficiles à mettre en place en raison de problèmes bu-
reaucratiques, exigent de forts engagements politiques et beaucoup de patience ; ceci ex-
plique le faible nombre de ce type de projets.
Un exemple de ce type d‟approche est l‟Ithica Eco-village dans l‟état de New-York aux USA.
Les iles urbaines écologiques sont des développements urbains de grande échelle « nou-
velles villes » basés sur la circulation et la mobilité (en anglais « TODs » : Transit Orientated De-
velopments).
Ce sont des projets de villes impliquant nécessairement des partenariats entre autorités lo-
cales et nationales et le secteur de l‟aménagement et de la construction.
Ces projets se concentrent sur une forte accessibilité piétonne, complétée par une accessibi-
lité régionale par des transports publics. Ce sont des quartiers qui tendent à être plus denses,
plus divers socialement et avec une mixité urbaine plus importante que dans les aménage-
ments traditionnels. Ils sont basés sur une conception soignée des espaces publics qui aide à
créer un environnement de vie et de travail attractif. Ils peuvent incorporer des technologies
liées à l‟énergie et la gestion de l‟eau, mais ce n‟est pas systématique.
En revanche ces modèles particulièrement développés aux USA et en Australie sont souvent
des iles écologiques isolées dans un océan de non écologie basé sur la voiture et
l‟étalement. Cela est en particulier amplifié par les forts développements commerciaux que
l‟on retrouve très souvent dans ces projets et qui rayonnent sur un territoire bien plus large
que le seul TODs.
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Les unités urbaines écologiques abordent systématiquement, au contraire des autres typolo-
gies, les problématiques écologiques à l‟échelle de la ville à travers des objectifs clairement
établis. Les villes de Delft, Fribourg ou encore Odense ont mené des initiatives remarquables
dans ce sens, mais peu se sont développées avec une mise en œuvre effective d‟une stra-
tégie de développement durable complète et intégrée.
Ces initiatives très innovantes se multiplient mais restent difficiles à mener. En effet, plus
l‟aménagement est large et plus le nombre de problématiques et d‟acteurs est important, en
conséquence les projets deviennent plus complexes à maîtriser.
Au cours des années 1970 et 1980 les quelques premiers quartiers de ce type apparaissent
aux Etats-Unis, en Angleterre, en Allemagne, en Suède et aux Pays Bas. On les retrouve au-
jourd‟hui notamment dans le nord de l‟Europe
Les objectifs à atteindre sont plutôt inscrits dans une réponse ponctuelle à l‟une ou l‟autre
des thématiques généralement abordées dans les écoquartiers, sans une exigence de per-
formance élevée. Ces objectifs sont plus liés aux moyens disponibles qu‟à la recherche de
performance et d‟innovation technique.
Ces projets, souvent de dimensions similaires ou moindres que les prototypes nord européens,
s‟inscrivent dans des durées plus longues. Dans cette typologie on voit des quartiers ordinaires
aller vers l‟objectif de se transformer en quartiers durables.
Les inflexions qu‟ils y apportent produisent des changements substantiels dans la durée. Ces
changements s‟institutionnalisent moins par l‟exemplarité que par une production de normes
d‟action implicites. Ils sont les leviers pour l‟expérimentation du savoir faire des acteurs et pour
l‟évolution des règlements locaux.
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4.5 Conclusion
Nous pouvons conclure que les écoquartiers s‟inspirent de modèles urbains préexistants. Ils ne
représentent pas un nouveau modèle sorti de l‟imaginaire des concepteurs. Ils sont plutôt
une réponse plus réfléchie et améliorée de divers modèles urbains ayant fait leur preuve pré-
cédemment. La valeur ajoutée dans ces quartiers découle de l‟adaptation de l‟innovation
technologique dans un cadre urbanistique connu avec une attention spécifique pour
l‟hétérogénéité, la diversité et la complexité dans une unité urbaine par ailleurs homogène.
Mais certaines caractéristiques restent partagées. Par exemple l‟écoquartier est urbain, or-
ganisé en R+4 le plus souvent et intègre une réflexion sur les systèmes (infrastructures et ré-
seaux) pour diminuer son impact sur la base d‟un modèle de cité jardin (équilibre entre zone
bâti et espaces verts cultivés). Cela se traduit notamment par des ilots différents sur des as-
pects clés : les typologies de bâtiments, l‟aménagement des espaces vert et minéraux, le
langage architectural ou la simple disposition des espaces liés au piéton ou à la voiture.
Cette diversité de composants urbains travaillés au détail humain et adaptés aux habitants
permet que ces derniers établissent une appartenance à leur îlot et à leur quartier.
L‟approche développement durable permet alors d‟une part une forme plus adaptée à
l‟humain et d‟autre part impose une forme urbaine comprise, réfléchie et maitrisée dans ses
plus petits détails. Il en résulte dans tous ces quartiers un paysage urbain à la fois unifié et di-
versifié.
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Chapitre 5 - L‟écoquartier : analyse
de sa forme urbaine
Beaucoup d‟informations sur les écoquartiers et leurs performances sont disponibles au-
jourd‟hui. Comme nous l‟avons vu, différents auteurs proposent une catégorisation des éco-
quartiers à travers une analyse générale de leurs caractéristiques, leur contexte, les innova-
tions qu‟ils intègrent ou leurs modèles d‟urbanisation. En revanche ces travaux restent géné-
ralistes et peu de détails sont disponibles quant aux composants urbains et leurs principales
caractéristiques.
Nous avons réalisé une analyse détaillée des caractéristiques urbaines d‟écoquartiers à tra-
vers un travail de mesure de ces principaux composants (espaces bâtis, voiries, espaces
verts, etc.). Cf. figure 5-1.
Dans notre répertoire, nous avons choisi un échantillon représentatif de ces modèles urbains
en considérant :
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L‟analyse de cet échantillon d‟écoquartiers permet de les comparer et d‟en dégager les
principales caractéristiques urbaines, morphologiques et fonctionnelles, afin de détacher les
typologies, permettant d‟éclairer la conception d‟un écoquartier.
Dans le cadre de ce travail, 10 écoquartiers de référence ont été étudiés selon une trame
commune et sont présentés succinctement dans les paragraphes suivants. L‟ensemble du
travail a été résumé sous la forme d‟un tableau pour une lecture facile de l‟analyse compa-
rative (Annexe 1).
Comme évoqué précédemment, chapitre 4, nous avons identifié plus de 200 écoquartiers
de par le monde. Pour entrer dans les détails, nous avons recentré notre étude sur l‟Europe
du nord pour trois raisons :
- plus de 50% des quartiers sont déjà construits,
- le premier écoquartier date de 1990, donc ce sont des quartiers avec au moins cinq
années de vie
- les premiers retours d‟expériences ont été réalisés et publiés.
Parmi ces projets, nous en avons sélectionné dix, selon un critère simple : la disponibilité
d‟information la plus complète et précise possible. (Cf. Tableau 5-1).
Type
Construction d‟aménagement Localisation surface
Ilot Hedebygade
1 Vesterbrö Copenhague DK 1998 2003 x 1 ,1
Tableau 5-1 : Echantillon des écoquartiers analysés. Données issues de diverses sources bibliographiques.
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5.2 Méthode d‟analyse et critères de
comparaison
Le principe de l‟étude est de simplifier la forme urbaine du quartier et d‟en mesurer ses com-
posants.
Pour cela, nous avons identifié la vue satellite de chaque quartier à l‟aide de Google Earth,
exporté cette image vers Google Sketch-up pour en redessiner les contours ainsi que les prin-
cipales surfaces et réaliser les mesures.
Différents paramètres sont mesurés, ils sont précisés dans le tableau 5-2 selon deux catégo-
ries : paramètres morphologiques et paramètres fonctionnels. Les paramètres morpholo-
giques permettront de définir des typologies d‟écoquartier en fonction des utilisations du sol
dans ces projets. Les paramètres fonctionnels permettront de définir la performance environ-
nementale de chaque projet. L‟un par rapport à l‟autre, les paramètres morphologiques et
fonctionnels permettront de définir les caractéristiques de chaque projet.
Pour avoir du sens, ils seront comparés aux paramètres d‟un quartier urbain classique, afin de
faire ressortir les aspects morphologiques qui les différencient.
Emissions de CO2
Densité habitants/ ha
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5.3 Résultats de l‟analyse morphologique et
fonctionnelle
Le tableau 5-3 reprend les principaux paramètres mesurés pour chaque quartier. Ces résul-
tats sont interprétés dans les paragraphes suivants.
URBAIN PERIURBAIN
Ilot
Vasträ EVA- Bed
GWL- Hammarby Eco-
Hedebygarde Hamnen Vauban Kronsberg Rieselfeld
Terrein Lanxmeer ZED Sjöstad Viikki
Malmö
Vesterbrö
Nombre logements 300 625 3000 1400 250 6000 82 4200 10000 600
Population 480 1500 2200 5000 800 15000 250 12000 35000 1700
Distance TC28 (m) 200,0 300 300 250 300 600 100 300 200 à 400 600
Espace vert (ha) 0,2 1,6 4,5 19,0 10,1 21,6 0,5 57,9 50,8 10,1
Densité (Hab/ha) 436 250 122 132 27 214 147 171 175 73
Tableau 5-3 : Récapitulatif des informations sur la morphologie des écoquartiers étudiés. Données issues de diverses
sources bibliographiques.
Afin de réaliser une confrontation et une comparaison des écoquartiers, les données de
chaque quartier ont été rapportées à 1 ha. Nous obtenons 7 typologies de quartier définies
sur la base de leur localisation, leur type d‟aménagement et leur forme. Les typologies éta-
blies sont :
27 CV : Centre ville.
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130
4. Quartier urbain diffus neuf
5. Quartier neuf dense périurbain
6. Petit ilot neuf diffus périurbain
7. Quartier neuf diffus périurbain
Le tableau 5-4 présente les caractéristiques moyennes issues des mesures sur les 10 quartiers
de référence selon les typologies proposées :
URBAIN PERIURBAIN
Numéro de typologie 1 2 3 4 5 6 7
Petit ilot x X x
Quartier x x x x
Très dense X
Dense x x x x
Diffus x x
Espace vert (ha) 0,4 0,2 0,5 0,4 0,4 0,3 0,3
Tableau 5-4 : Classification des écoquartiers étudiés dans les typologies proposées (paramètres rapportés à 1 ha
pour la comparaison)
28 TC : Transport en commun
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131
Les quartiers étudiés sont classés suivant les typologies proposées dans le tableau 5-5 :
TYPOLOGIES 1 2 3 4 5 6 7
Des échelles
Similitude dans les Typologie Typologie Typologie différentes mais Typologie Typologie
Pourquoi caractéristiques propre à ce propre à ce propre à des similitudes propre à propre à
des projets projet projet ce projet dans les caracté- ce projet ce projet
ristiques
Urbain
Urbain réhabilita- Urbain Urbain Périurbain Périurbain Périurbain
Type réhabilita-
tion réhabilitation Nouveau Nouveau nouveau Nouveau
tion
Les espaces verts occupent une place importante dans l‟espace urbain en réhabilitation,
représentant de 20 à 50% de la superficie. (Cf. figure 5-2).Concernant l‟espace périurbain,
cette valeur reste importante également, mais plus constante (de 30 à 40%).
Les groupes 4 et 7, qui présentent des densités très faibles, n‟offrent pas pour autant des sur-
faces en espace vert supérieures à la moyenne. Cela peut s‟expliquer par la typologie des
bâtiments construits : logements individuels ou bâtiments de faible hauteur.
Le groupe 2 est à l‟inverse très dense et offre très peu d‟espace vert. Néanmoins la bibliogra-
phie mentionne que ces espaces sont de grande valeur pour les habitants qui se les sont
appropriés en leur donnant des caractéristiques spécifiques. On peut observer cet usage
spécifique des espaces verts dans les photographies aériennes de ces quartiers.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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132
Figure 5-2 Image aérienne du cœur d’ilot Hedebygarde (Vesterbrö)
Les groupes 1 et 3 sont également denses mais offrent tout de même 40% d‟espace vert. La
densité est recherchée dans ces projets à travers la hauteur et la compacité des construc-
tions.
A partir de ces résultats nous pouvons dire que ces écoquartiers, sur ces critères de densité et
d‟espace vert, restent dans les modèles urbains déjà connus sans proposer de nouveau
schéma ou de composantes urbaines différentes. Mais dans le détail de la composition et
du design urbain, on voit une différence intéressante avec les modèles urbains « modernes » :
la diversité dans l‟unité, l‟hétérogénéité dans l‟homogénéité comme dans » « l‟ancienne
ville ». Cf. figure 5-3.
Il existe une caractérisation et une adaptation très spécifiques pour les piétons et des es-
paces qui leur sont destinés, spécialement les cœurs d‟îlot, les espaces verts et les espaces
minéraux.
Figure 5-3 Comparaison d’un écoquartier et d’un quartier «moderne» avec le même modèle urbain
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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133
Les espaces verts ont des fonctions et une variété remarquables. Tous ces espaces sont
« conquis » pour des fonctions destinées aux habitants. Cf. figure 5-4. Souvent ces espaces
ont un usage réservé et sont par ailleurs très soignés pour créer un espace de qualité et un
lien avec la nature afin de sensibiliser la population à l‟environnement, à la création, au res-
pect de la biodiversité locale, pour inciter à l‟autonomie alimentaire ou encore pour la ges-
tion des eaux de pluie.
Une autre différence se situe dans la limitation et la maîtrise de l‟impact de la voiture dans
l‟urbain. Nous avons pu distinguer des voiries avec une conception spécifique et des implan-
tations de bâtiments limitant naturellement l‟usage de la voiture. Cf. figure 5-5.
Figure 5-5 Forme urbaine complexe qui limite l’accès de la voiture, exemple de l’écoquartier BO01
Les parcours cyclables sont également bien différenciés, ils traversent tout le quartier et les
parkings vélos sont avantagés sur la voiture, ils sont plus proches des habitations, des com-
merces et des équipements. Cf. figure 5-6.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
134
Figure 5-6 Traitement de circulation et stationnement dans l’écoquartier BO01
La proposition des espaces de transition entre espaces publics et privés est un élément re-
marquable dans ces projets, on peut distinguer ce type d‟espaces dans chaque îlot.
L‟implantation des bâtiments forme majoritairement des îlots fermés avec un cœur d‟îlot que
l‟on peut traverser. Dans certains quartiers on trouve une urbanisation de grands îlots avec
une diversité de bâtiments qui crée de la complexité dans la composition urbaine. Cf. figure
5-7. Il existe ainsi des bâtiments isolés en composition avec un espace public et une trame
parcellaire différenciée. Pour ce dernier cas, il s‟agit le plus souvent de bâtiments
d‟équipements publics ou de bâtiments phares du quartier.
Figure 5-7 Traitement des espaces publics, semi-privés et privés, Ecoquartier GWL
Autre particularité, on retrouve dans les axes viaires du quartier une grande présence du vé-
gétal ; elle se traduit souvent par une ligne arborée dans les axes importants. Le revêtement
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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135
de sol fait également souvent l‟objet d‟un traitement spécifique, très soigné, avec une varié-
té importante dans les types de sol utilisés. Des sols unifiés de couleurs plus claires et en conti-
nu pour les espaces piétons et des sols différents pour les voitures. Cf. figure 5-8.
Figure 5-8: Exemples de traitement du sol et de place de la voiture, quartier BO01 à Malmö
La répartition des espaces parking en surface répond à une localisation stratégique : ils sont
situés dans les « portes » ou en limite des quartiers, et dans certains cas la voiture reste à la
périphérie de chaque îlot. Souvent il existe des « poches » de voitures réparties dans tout le
quartier et deux à trois emplacements éventuellement à l‟intérieur du quartier pour permettre
l‟accès exceptionnel de la voiture. Cf. figure 5-9.
Figure 5-9: Exemple du traitement différentié des surfaces des sols et parking périphériques, Ecoquartier BO01
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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136
5.3.4 Superficie
Les écoquartiers étudiés révèlent une grande variété de superficie. On retrouve des quartiers
entre 1 ha et 200 ha, on peut les regrouper selon quatre types :
Dans ces quartiers les espaces verts correspondent à une superficie comprise entre 20 et 60%,
les espaces bâtis entre 10 et 50%, la voirie entre 8 et 30%, les espaces et cheminements pié-
tons entre 8 et 40%, et la surface de parking en superficie entre 2 et11%. Dans les cas des l‟îlot
Hedebygarde et GWL-Terrein la voirie est en périphérie du quartier. Le tableau 5-6 présente
les résultats détaillés pour chaque quartier.
surface totale m² 10523 100% 18246.68 100% 55680.54 100% 204774.71 100% 529912.93 100%
espace vert m² 2270.39 22% 7955.21 44% 16066.68 29% 38578.87 19% 300095.7 57%
espace bâti m² 4123.78 39% 5044.4 28% 16385.96 29% 55635.59 27% 46692.84 9%
voirie voiture m² 0 0% 1853.07 10% 0 0% 17120.19 8% 68954.24 13%
voirie piétons m² 3315.49 32% 1529.59 8% 21859.6 39% 81675.99 40% 100512.04 19%
parking en 813.05 8% 1449.77 8% 1368.3 2% 11764.07 6% 13658.11 3%
surface m²
surface totale m² 414761,32 100% 248342,22 100% 662738,32 100% 698990,77 100% 2131045,7 100%
espace vert m² 189721,32 46% 101153,84 41% 215677,43 33% 578796,46 83% 508393,92 24%
espace bâti m² 84951,79 20% 45656,2 18% 115306,51 17% 120194,31 17% 336908,55 16%
voirie voiture m² 33971,15 8% 24719,89 10% 61721,15 9% 630555,8 30%
voirie piétons m² 92407,93 22% 59935,77 24% 196966,95 30% 608784,57 29%
parking en 13709,13 3% 16876,52 7% 73066,28 11% 46402,83 2%
surface m²
Tableau 5-6 : Information sur les composants urbains des écoquartiers étudiés(en gris des quartiers pour lesquels
l‟information n‟était pas complète ou pas validée). Données mesurées tel que spécifié en 5.2
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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137
5.3.6 Densité
Les écoquartiers analysés sont dans l‟ensemble denses, densité comprise entre 30 et 300 ha-
bitants par hectare, et majoritairement compacts. En les classant de par leur capacité ré-
ceptive de population nous avons quatre catégories :
- petit quartier (îlot) avec une capacité entre 250 et 1000 habitants
- quartier de taille moyenne avec une capacité entre 1000 et 5000 habitants
- grand quartier avec une capacité entre 5000 et 15000 habitants
- quartier –secteur avec une population entre 15000 et 35000 habitants
Les projets en zones urbaines sont bien connectés au centre ville avec un éloignement
moyen de 2 à 3 km. En zones périurbaines les écoquartiers étudiés se situent entre 3 et 8 km
du centre pour les plus proches et entre 10 et 15 km pour les plus éloignés. Tableau 5-7.
ha 1.1 1.7 6 18 30
nb logement 300 82 625 3000 250
population 480 250 1500 2200 800
Distance cv (km) 2 15 3 2.5 2
Distance TC (m) 200 Limite quar- 260 max 300 max 300 max
tier
ha 38 23 70 70 200
nb logement 1400 600 6000 4200 10000
population 5000 1700 15000 11000 35000
Distance cv (km) 3 8 10 3 4
Distance TC (m) 250 600 max 270 max 300 200-400 max
Tableau 5-7 : Information recueillies sur le nombre de logements, population et distance dans les écoquartiers étu-
diés
Tous ont des accès proches des transports en commun. Du point le plus éloigné du quartier,
le transport en commun se situe au plus entre 200 et 300 m en zones urbaines et entre 200 et
600 m en zones périurbaines. Majoritairement, en zones urbaines les quartiers sont desservis
par tramway, en zone rurale ils sont desservis par le bus et exceptionnellement le train.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
138
5.3.8 Performances environnementales
Tous les écoquartiers étudiés ont fait l‟objet d‟une approche environnementale. A minima les
thématiques ont été traitées mais les informations sur les chiffres réels des projets (objectifs et
résultats) ont été plus difficiles à trouver. Les informations les plus complètes proviennent des
retours d‟expériences des écoquartiers BedZED, Vauban, BO01 et l‟îlot Hedebygarde Vestre-
brö. Tableau 5-8.
petit moyen grand
Performances Îlot Hedeby- Bedzed GWL- Vasträ EVA- Vauban Eco- Kronsberg Rieselfeld Hammarby
environnementales garde Vesterbro Terrein Hamnen Lanxmeer Viikki Sjöstad
Malmö
Population (hab.) 480 250 1500 2200 800 5000 1700 15000 12000 35000
espace vert 4,7 20,0 16,1 45,0 126,3 37,9 59,5 14,4 48,2 14,5
(m²/hab.)
énergie totale 257 71 105 65 55 120
(kWh/an/m²)*
consommation 110 87 200 115 50 100
d'eau
(l/personne/jour)
déchets recyclés 26 25 80
%
déchets compos- 10
tés %
Production de 266 4,5 325 303 128
déchets
(Kg/an/hab.)
Emissions CO2 1,1 9,9 9,4 9,9 1,7
(tonnes / an /hab)
*Donnes hétérogènes : énergie primaire à minima chauffage et ECS
Tableau 5-8: Informations sur les performances environnementales des écoquartiers étudiés(en gris la thématique a
été traitée mais l’objectif chiffré n’est pas précisé)
Tous les quartiers étudiés sont denses avec des espaces verts plantés d‟au minimum 4 m²/hab
(cas de l‟îlot Hedebygade) entre 14 et16 m²/hab dans le reste de quartiers les plus urbains et
de 20 à 50m²/hab dans les autres cas périurbains avec une exception dans le cas d‟EVA-
Lanxmeer qui intègre plus de 100m² d‟espace vert par habitant. La consommation énergé-
tique est très performante même dans le cas de la rénovation de l‟îlot Hedebygarde à 250
kWh.m²/an. La performance dans les quartiers neufs variés entre 55 et 120 kwh.m²/an. Ce qui
est un bon niveau puisque la construction de ces quartiers a été initiée avant l‟année 2000.
La consommation d‟eau est assurément faible dans la plupart des quartiers, en particulier
pour BedZed et Eco-Viikki. A titre de comparaison, la consommation moyenne en France
d‟environ de 150 à 225 l/jour/personne (soit entre 54 à 82 m3 par an) et la moyenne euro-
péenne de consommation d‟eau est de 541 m3 par an et par habitant (29).
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
139
Au niveau des déchets, les informations ont été difficiles à trouver, mais les données recueil-
lies nous ont permis d‟observer que la production des déchets, comprise entre 128 et 325
kg/an/hab. est inférieure à la moyenne européenne et nettement inférieure à la production
de déchets en France qui est de 700 kg/an/hab. Un effort intense de gestion et d‟incitation
au tri et au compostage avec des objectifs chiffrés en pourcentage expliquent ces bons
résultats.
En termes d‟émissions de CO2, les écoquartiers sont très performants avec des émissions mai-
trisées entre 1,1 et 9,9 tonnes/an/hab.
5.4 Conclusion
Les écoquartiers sont aujourd‟hui la formalisation d‟un urbanisme en évolution avec de nou-
velles idées et propositions qui répondent à des exigences et des aspirations de projets ur-
bains plus respectueux de l‟environnement et dans un nouveau rapport à la nature.
Ils sont d‟abord une réponse urbaine, responsable dans un contexte de dégradation plané-
taire et où l‟innovation, la technologique et le bon sens, sont les principales caractéristiques.
Ils promeuvent la coexistence entre espace naturel et densité urbaine, l‟importance accor-
dée à la lutte contre la consommation énergétique urbaine, à la gestion des eaux et à la
protection des écosystèmes.
L‟écoquartier est un concept innovant avec des principes qui doivent s‟adapter à différents
contextes et non un modèle à multiplier.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
140
Chapitre 6 - L‟écoquartier : la re-
cherche de réponses techniques
Les écoquartiers étudiés ont eu un rôle fort dans l‟aménagement du territoire en cherchent à
faire évoluer la pratique urbaine locale. Nous pouvons distinguer deux objectifs primaires
auxquels ils doivent répondre : faire des propositions pour contrôler l‟étalement urbain et pour
minimiser l‟impact environnemental des modes de vie.
Parmi les réponses proposées pour contrôler l‟étalement urbain, les écoquartiers ont innové
dans la gouvernance, les aspects sociaux et la qualité de vie.
C‟est le cas par exemple pour le quartier de Vestrebro à travers une réflexion menée dans la
ville existante et au final une réhabilitation de quartiers anciens. Cf. figure 6-1.
Figure 6-1 Exemples des écoquartiers pour réhabiliter des quartiers anciens.
Pour minimiser l‟impact environnemental des modes de vie les écoquartiers revisitent la ques-
tion de la densité, mais en intégrant une nouvelle donnée : l‟empreinte écologique. Ils consi-
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
141
dèrent ainsi les flux et l‟écologie urbaine et expérimentent des technologies innovantes mais
aussi des savoir-faire locaux et le bon sens.
On en retrouve de bons exemples dans les quartiers de Hammarby, BO01, Bedzed et Vestre-
brö. Pour ces projets, il a été choisi de concevoir la ville comme un système fermé, où les en-
trées sont optimisées et où chaque sortie est une ressource nouvelle.
Pour entrer dans le détail des réponses techniques, rappelons au préalable que l‟écoquartier
arrive à produire des réponses pertinentes à son cahier des charges grâce à quelques prin-
cipes clés évoqués en 4.3.
C‟est un quartier urbain, conçu de façon à minimiser son impact sur l‟environnement tout en
assurant la qualité de vie des habitants. Il vise un fonctionnement à long terme, une autono-
mie fonctionnelle et une intégration cohérente à la ville. Cf. figure 6-2. Ce quartier corres-
pond à un espace urbain bien défini, avec un centre et des limites clairement identifiables.
C‟est un quartier à la fois compact et complet, qui permet des échanges sociaux et une vie
de quartier. Il favorise les courtes distances et est intégré et/ou connecté à la ville par trans-
port en commun. Enfin la nature y trouve une place essentielle, avec l‟objectif de sensibiliser
les habitants et de créer des liens homme-nature forts.
Figure 6-2 Photo de l’écoquartier Hammarby, photo du compteur des consommations du quartier Vauban et des
indicateurs environnementaux de l’îlot Hedebygade
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
142
Les réponses techniques que l‟on retrouve dans ces quartiers sont possibles par deux actions
déterminantes :
Ces deux actions se déclinent ensuite par thématiques et par une suite d‟actions et d‟outils
qui peuvent être mis en œuvre.
L‟aménagement urbain des quartiers est une source majeure d‟impacts, les écoquartiers
représentent en cela une source d‟opportunités nouvelles. Les réponses sont très variées et à
différents niveaux : environnemental, socio-économique, culturel, spatial et technique. Pour
comprendre les solutions proposées dans les écoquartiers, nous pouvons les regrouper sous
cinq thématiques listées ci-après.
Objectif : Réduction des émissions30 de GES (Gaz à Effet de Serre) et préservation des res-
sources
30 Dans le contexte du réchauffement climatique, l‟Union Européenne s‟est engagée à diviser les émissions de Gaz à
Effet de Serre de l‟ensemble des états membres par 4 d‟ici 2050 ,(Facteur 4), par rapport à 1990.
31 Enjeu majeur particulièrement mis en exergue par le sommet de la Terre de Rio en 1992.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
143
Des trames d‟espaces verts aménagées (ou conservées)
Des espaces verts pour assurer les continuités entre milieux naturels permettant aux
espèces de circuler et d‟interagir et aux écosystèmes de fonctionner.
Objectif : Préservation des sols et des territoires agricoles. Stopper l‟étalement urbain.
Objectif : créer un quartier agréable à vivre, confortable pour ses habitants et usagers, assu-
rant la qualité de vie et la santé de ses occupants.
Objectif : intégrer le volet social comme une composante à part entière du quartier.
proposer à ses habitants et usagers une qualité de vie durable, qui se traduit, dans la
dimension sociale, par des objectifs de mixité, diversité, équité et solidarité à at-
teindre dès le départ
l‟intégration du quartier au sein de la ville, en relation avec les quartiers avoisinants
et en créant une attractivité pour le reste de la ville.
la diversité des logements, à la fois en termes de typologie et de taille, ainsi qu‟en
termes de statuts d‟occupation et modalité d‟accès.
envisager une offre de services, commerces et équipements publics répondant aux
besoins du quartier (intégrant une réflexion plus globale sur les équipements existants
à l‟échelle de la ville),
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
144
une mixité fonctionnelle du quartier
un accès pour tous aux équipements et services de proximité, facteur d‟équité so-
ciale.
des espaces publics conçus comme des éléments fédérateurs, constitue des lieux
de vie et de rencontre, participant à la mixité sociale et intergénérationnelle.
Objectif : développer l‟attractivité économique du territoire. Un équilibre doit être créé entre
le développement de l‟économie locale et l‟économie globale.
Les solutions mises en œuvre dans les écoquartiers sont les suivantes :
Au sein des quartiers étudiés, l‟ensemble des thématiques environnementales évoquées pré-
cédemment sont effectivement et quasi systématiquement traitées, mais à des niveaux diffé-
rents.
Les thématiques traitées peuvent être mises en commun comme le montre le « Guide
d’expériences européennes de l’ARENE » dans son tableau de synthèse 6-1, ci-dessous :
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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145
QUARTIERS BEDZED Bo01 VESTERBRO VAUBAN KRONSBERG HAMMARBY
THEMATIQUES
Transports x x x x x x
Energie x x x x x x
Eau x x x x x x
Déchets x x x x x x
Matériaux de construc-
tions x x x x x x
Equipements
Services
Commerces x x x x x x
Culture
Action sociale
x x x x
Santé
Tableau 6-1 Thématiques des écoquartiers. Quartiers durables, guide d’expériences européennes, ARENE, 2005
Des thématiques telles que la qualité de l‟air ou le bruit sont indirectement traitées à travers
d‟autres domaines comme, par exemple, celui du transport. Les deux dernières thématiques
du tableau intègrent des préoccupations économiques et sociales.
Toutes les thématiques sont développées en intégrant des modes d‟organisation innovants
et la formation des acteurs, à la fois sur des savoir-faire spécifiques et sur de nouvelles mé-
thodes de gestion de projets.
En outre, le suivi des performances dans ces thématiques permet une évaluation et une in-
formation permanentes. Les résultats de ces suivis sont le support de communication pour
sensibiliser les acteurs et les habitants dans l‟évolution et l‟atteinte des objectifs fixés.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
146
Une particularité est que les écoquartiers intègrent comme objectif des réponses techniques
et des niveaux chiffrés associés pour montrer leur performance en comparaison à une ap-
proche locale ou nationale de référence.
Ce sont souvent les solutions techniques abordées par thématiques dans les écoquartiers qui
marquent la différence avec un quartier traditionnel. Nous avons synthétisé les réponses pro-
posées dans les quartiers étudiés dans les tableaux de l‟annexe 2. Un extrait pour la théma-
tique énergie, Tableau 6-2.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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147
bitants
- Conception optimisant la lumière
naturelle (baies vitrées, lucernaires..)
- Ampoules électriques basse con-
sommation
- Equipements ménagers basse con-
sommation
- Ventilation passive qui élimine les
besoins de ventilation électrique ou
de ventilateurs
- Serres
Tableau 6-2 Extrait pour la thématique énergie des tableaux des solutions techniques abordées dans les écoquar-
tiers étudiés.
Dans les écoquartiers étudiés, les approches ont été très variées et créées spécifiquement
pour chaque quartier. Le temps de « fabrication » est en moyenne de 4 à 10 ans, mais dans
certains cas il se prolonge jusqu‟à 20 ans. Une grande majorité des écoquartiers a été cons-
truite en plusieurs phases (deux ou trois phases en moyenne).
L‟histoire de chaque écoquartier lui est propre, avec des phases plus ou moins longues de-
puis la programmation jusqu‟au vécu quotidien par ses habitants. En revanche le processus
de mise en œuvre de ces différents quartiers se révéle similaire.
Phase 1 : Sensibilisation sur les enjeux de la planète au niveau des décideurs et des habitants
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
148
Phase 3 : Mise en place d‟un plan d‟action et d‟objectifs locaux (grands principes, Agenda
21, lois, normes…)
Phase 5 : Décision engagée pour la construction d‟un projet exemplaire dans les principes du
développement durable (Gouvernement local ou organisation de citoyens)
Phase 7 : Usage et vie du quartier ; suivre les performances réelles du quartier, identifier les
problématiques, assurer des modes de réparation cohérents et adaptés
L‟évaluation et le suivi régulier est incontournable dans un projet d‟aménagement d‟un éco-
quartier, pour orienter et réorienter la stratégie initiale et garantir une amélioration continue.
Dans la majorité des cas étudiés, ils se sont dotés de moyens pour collecter et traiter les don-
nées de suivi. Par ailleurs certains quartiers ont réalisé des enquêtes auprès des acteurs et des
habitants.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
149
Ces indicateurs expriment les évolutions de l‟opération dans le temps, du traitement des dif-
férentes thématiques et de la gestion des projets. Dans certain cas comme à BEDZED il est
proposé une prospective de l‟évolution des performances selon différents scénarios (par
exemple une empreinte carbone de 1.1 tonnes de CO2 à l‟horizon 2050).
Interpréter les résultats issus de ces indicateurs est une étape essentielle qui permet, à partir
d‟une même base de données qui peut être traitée et combinée, de générer un message
adapté aux cibles visées.
Tous ces indicateurs quantitatifs ou qualitatifs permettent d‟évaluer les aspects techniques et
« humains » des quartiers, que ce soit d‟un point de vue technicien ou d‟un point de vue
d‟habitant.
Pour illustrer plus clairement les différences entre ces types d‟indicateurs, nous proposons
dans les tableaux 6-3, 6-4 et 6-5 des exemples d‟indicateurs, qualitatifs et quantitatifs. Cette
comparaison permet de voir les niveaux de détail ou de simplicité d‟un indicateur. Dans le
cas des écoquartiers, il apparait clairement qu‟il est possible d‟établir des unités de mesure à
travers des indicateurs bien choisis.
A titre d‟exemple, dans les quartiers étudiés, nous avons repéré les indicateurs suivants:
Indicateurs ENVIRONNEMENTAUX
Indicateurs ÉNERGIE 19 3 4 2 2
Indicateurs EAU 13 1 2 1 1
Indicateurs TRANSPORT 2 - 3 - 1
Indicateurs MATERIAUX 4 - 3 - -
Indicateurs de COÛT 10 - 1 - 1
Indicateurs DECHETS 1 1 2 - 1
TOTAL 59 5 21 3 19
Dans les tableaux 6-4 et 6-5, quelques exemples d‟indicateurs mise en place :
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
150
Indicateurs QUALITE DE VIE
Distance à pied pour aller à l'hypermar- Équipements pour “autogestion” Temps passé par un enfant avec ses
ché (centre citoyen) parents en grandissant.
Distance à pied pour aller chez le méde- % des rues accueillant les jeux d'en- Nombres de personnes actives dans
cin ou dans un centre médical fants les ONG.
Tableau 6-4 Indicateurs sur la qualité de vie des écoquartiers BEDZED, Vauban et Hammarby
Indicateurs ÉNERGIE
Tableau 6-5 Indicateurs sur la thématique énergie dans certains écoquartiers étudiés
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
151
Nous avons confronté les indicateurs des écoquartiers pour mettre en évidence la variété de
ces indicateurs et observer que pour les thématiques environnementales les indicateurs sont
du même ordre et pour les indicateurs type qualité de vie chaque quartier a élaboré des
indicateurs différents d‟un cas à un autre. Tous adaptés à son contexte, ses habitants et ses
besoins.
A partir de certains retours d‟expérience, les écoquartiers ont un surcoût initial de 13% à 17%
par rapport à un quartier traditionnel mais le surinvestissement est réduit par les économies à
faire sur l‟exploitation du quartier et aussi en minimisant les dépenses dans le projet comme
par exemple sur la voirie, en créant un chauffage collectif, des parkings mutualisés, etc. Il y
aussi de quartiers comment Vauban où le coût global du quartier est estimé à 500 Mo €, ce
qui ne représente que 3-5% de plus qu‟un chantier traditionnel.
Néanmoins voici ci-dessous un tableau récapitulatif (tableau 6-6) des données disponibles sur
les coûts approximatifs des opérations d‟écoquartiers en Europe 32[Energie-cités.eu]
Ecoquartiers Coûts Nombres Commentaires
d’habitants
BedZED, Au total 17 millions Dépassement de 30% du bud-
Environ 220
Sutton, Royaume-Uni d‟euros get prévisionnel
Hammarby 1,6 à 2,25 milliards Environ 10 000 per-
La fin du programme est prévue
Söjstad, Stockholm, d‟euros sonnes
pour 2016
Suède
Kronsberg, Environ 15 000 habi- Projet qui va s étaler a priori
2,2 milliards d‟euros
Hanovre, Allemagne tants à terme jusqu‟en 2015
Rieselfeld, Environ 10 000 à
La fin du chantier est
Fribourg-im-Brisgau, 145 millions d‟euros 12 000 habitants à
prévue pour 2010
Allemagne Terme
Vauban,
Objectif affiché de Achat du terrain et
Fribourg-im-Brigsau, 50 millions d‟euros
5000 habitants infrastructures publiques
Allemagne
Vesterbrö, Coût de la rénovation
6 500 habitants
Copenhague, Dane- dépasse d‟environ 30%
2 280 euros/m2 concernés
mark ceux d‟un quartier
traditionnel
Weingarten,
Rénovation terminée en
Fribourg-em-Brigsaü, 30 millions d‟euros 2 500 habitants
2005
Allemagne
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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152
Scharnhauser Park, Environ 6 000
Fin des travaux en 2012
Ostfildern, Allemagne 1,5 milliard d‟euros habitants
Tableau 6-6 Tableau récapitulatif des données disponibles sur les coûts approximatifs des opérations d’écoquartiers
en Europe. Energie–cites.eu, 2010
Dans ces écoquartiers les pouvoirs publics ont le plus souvent mis en place des financements
spécifiques ou circonscrits dans les thématiques traitées pour subventionner les solutions
techniques liées aux économies d‟énergie, aux gestions et économies d‟eau, à la gestion
des déchets, à la mobilité ou la gouvernance, à la concertation et à la sensibilisation des
habitants. Ces financements ont créé une dynamique de motivation, de développement et
d‟innovation dans de nouveaux produits et services. Dans certains cas cela peut générer une
vrai élan économique pour tout un territoire.
Dans ces écoquartiers, on parle plutôt du coût global et non seulement du coût
d‟investissement. Cette approche implique un montage complexe de dossier de finance-
ment, des justifications de dépenses, une rigueur financière et une certaine transparence.
Dans certains cas, ce surcoût est justifié par la mise en place et l‟expérimentation de nou-
velles solutions. Dans les nouveaux projets, ce surcoût est de plus en plus restreint car
s‟appuyant sur des technologies plus abordables et l‟utilisation du bons sens pour atteindre
les objectifs fixés.
6.3 Conclusion
Les écoquartiers ont permis une évolution technique et humaine dans la pratique urbaine
locale. La prise en compte d‟objectifs ciblés a obligé tous les acteurs concernés à avoir un
engagement fort et une obligation de résultats vis-à-vis des besoins et des enjeux. Ce sont
des projets portés par des villes qui se dotent d‟une politique climatique ambitieuse et sont
pionnières dans la recherche des nouvelles solutions.
Cette obligation de résultats et une forte demande de compétences pour y arriver, a fait
évoluer la conception urbaine vers un travail pluridisciplinaire intéressant qui a mis en évi-
dence le besoin d‟une approche plus complexe pour la conception de quartiers plus respec-
tueux de l‟environnement et qui répondent au désir des habitants d‟un meilleur cadre de vie.
Ces quartiers restent des quartiers urbains qui proposent des solutions innovantes pour contrô-
ler l‟étalement urbain d‟un part et d‟autre part des propositions pour minimiser l‟impact envi-
ronnemental des modes de vie.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
153
Les réponses techniques de ces quartiers mettent en évidence la possibilité d‟améliorer les
savoir faire en termes d‟aménagement et modifier les formes d‟habiter la ville. Le coût reste
encore un problème à régler, ces projets restant chers à l‟investissement mais les premiers
retours d‟expérience montrent un grand intérêt à l‟exploitation.
Ces expériences sont au final une grande mosaïque de solutions qui permettent d‟envisager
de nouvelles alternatives dans d‟autres projets similaires ou pour la ville existante.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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154
PARTIE III : Evolutions des outils pour
la pratique de l‟urbanisme et la
conception des écoquartiers
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Chapitre 7 - Outils d‟aide à la con-
ception
L‟apparition des outils d‟aide à la conception des écoquartiers résulte d‟une dynamique
« développement durable » initiée notamment sur la base de mouvements internationaux et
nationaux en la matière. L‟engagement de certains pays envers la problématique environ-
nementale globale et la problématique énergétique a été le levier pour que de multiples
réglementations et lois voient le jour en matière de construction, d‟urbanisme et
d‟environnement.
Cette évolution a obligé les acteurs de la construction de la ville à répondre à ces nouvelles
exigences. Les outils sont dans certain cas une réponse pour aider à faire évoluer les pra-
tiques et arriver à des projets qui répondent aux objectifs fixés en la matière.
Un premier pas essentiel a été réalisé par le développement des méthodes pour la concep-
tion et labellisation des bâtiments de haute performance environnementale (Cf. figure 7-1) ;
méthodes qui ont révolutionné le secteur de la construction dans les pays où elles sont mises
en œuvre.
Figure 7-1 Exemples de méthodologies environnementales existantes pour la construction des bâtiments
Par ailleurs, à partir des résultats intéressants des premiers écoquartiers face aux probléma-
tiques liées à l‟urbanisme moderne, la demande en nouveaux écoquartiers a explosé.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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159
Ces nouveaux aménagements exigent des supports spécifiques et des outils thématiques
pour être menés à bien et atteindre leurs objectifs. Des outils ont ainsi été créés pour ré-
pondre aux besoins et aux intérêts des élus ou autres acteurs locaux, pour encadrer les pro-
jets urbains, pour aider à concevoir un aménagement adapté, mais aussi pour obtenir la
labellisation comme marque de qualité et pour bénéficier d‟aides et de subventions.
Certains de ces outils sont une adaptation ou une évolution des méthodes créées pour les
bâtiments « verts », ou la transcription en méthodes des pratiques utilisées dans les écoquar-
tiers de référence.
Figure 7-2 Présentation de quelques méthodologies urbaines durables de par le monde, 201033
Au niveau urbain ces méthodes34 et outils sont plus récents, le plus ancien datant de 2006.
Certains d‟entre eux sont une suite des méthodes définies pour les bâtiments comme LEED
NB, BREEAM ou HQE aménagement. En France un nombre important d‟outils a été proposé,
que ce soit par des services de l‟état (ministères, services, etc.), des collectivités territoriales,
des chercheurs, ou des associations.
Nous avons répertorié et analysé certains de ces outils, qu‟ils soient approches, méthodes,
référentiels ou grilles d‟analyse. Cette analyse est présentée dans les paragraphes suivants.
33 Nous avons utilisé l‟image nocturne de la terre pour montrer aussi que les démarches existantes ont été mise en
place dans les pays les plus consommateurs d‟énergie et des ressources.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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160
7.1.1 Analyse des outils répertoriés
Nous avons analysé ces premiers outils d‟aide à la conception pour identifier et comparer
leurs principales caractéristiques. Ils ont été sélectionnés de par la disponibilité d‟information
les concernant. Ce travail a porté au final sur 19 outils, présentés succinctement ci-dessous.
Nous avons préalablement établi une grille d‟analyse basée sur les piliers du développement
durable et les thématiques traitées dans les écoquartiers. Cette grille permet une lecture fa-
cile de l‟analyse comparative. Seuls les piliers environnementaux et sociaux ont été regardés,
les aspects économiques ne sont pas abordés ici. Ce sont ainsi 18 thèmes, incluant environ
120 lignes d‟actions, 160 indicateurs généraux et 70 indicateurs références, qui ont été recen-
sés.
Le choix d‟attribution d‟une ligne d‟action à un outil a parfois été le résultat d‟une interpréta-
tion personnelle, car certains outils auraient été alors très « pauvres » en ligne d‟action alors
que leur approche est plutôt complète dans le cas réel (par exemple la méthode OPL).
▫ Ecocity : méthode résultant du projet ECO-City qui a pour but de mettre en avant des con-
cepts énergétiques intégrés innovants. Le projet se focalise sur : la forme urbaine, les flux
énergétiques et de matériaux, le transport et les aspects socio-économiques.
▫ Ecomaires : C‟est une charte signée par les collectivités souhaitant promouvoir le dévelop-
pement durable à l‟échelle du quartier ; le quartier étant un territoire qui, par sa création ou
sa réhabilitation, s‟intègre dans une démarche volontariste. Elle se présente sous forme de
grille, avec 4 familles : une conception et une gestion intégrant les critères environnemen-
taux ; un développement social urbain équilibré favorisant la valorisation des habitants, la
mixité sociale et des lieux de vie collective ; des objectifs de développement économique,
de création d’activités et d’emplois locaux ; les principes de la gouvernance que sont la
transparence, la solidarité, la participation et le partenariat.
▫ RST02 : La grille RST(02) appartient à la famille des instruments d‟analyse multicritère destinés
à intégrer les objectifs du développement durable. C‟est un outil de questionnement et
d‟analyse vis-à-vis de critères du développement durable. C‟est également une grille pour
évaluer tout type de projets, selon 7 thématiques : Gouvernance et démocratie participa-
tive, Dimension sociale, Interface équitable, Dimension économique, Interface viable, Di-
mension environnementale, Interface vivable.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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161
▫ Qualité environnementale : C‟est une adaptation de la méthode HQE pour
l‟aménagement. Comme la RST 02, c‟est une grille d‟analyse thématique, sous forme de
questionnaire. Les thèmes abordés sont : Formes urbaines/utilisation rationnelle de l'espace,
Déplacements/accessibilité, Energie/Climat , Eau, Déchets et rejets, Contexte social
Usages/mixité, Bruit et nuisances, Climatologie/géographie, Paysage et biodiversité, Sol.
▫ SHE (Sustainable Housing in Europe) : L‟objectif du projet SHE était de générer des exemples
d‟opérations de logements sociaux innovantes et reproductibles afin d‟aider les bailleurs so-
ciaux européens à intégrer le développement durable dans leurs démarches et méthodes. A
notre connaissance la démarche développée a été utilisée uniquement dans le cadre du
projet. La démarche abordait : la prise en compte de la qualité environnementale des bâti-
ments et de la santé des futurs occupants – l’évaluation des projets en coût global – le suivi
des opérations.
▫ One planet living (OPL) de la WWF: C‟est une approche singulière intégrant les modes de
vie, les modes de production et les infrastructures par une modélisation des usages. Elle est
basée sur 10 principes, qui permettent de définir des stratégies, déclinées en objectifs chiffrés
et en plans de mise en œuvre. Ces principes sont : zero carbone, zero déchets, transport du-
rable, matériaux durables, gestion durable de la nourriture, gestion durable des déchets, ha-
bitat-faune et flore, culture-patrimoine, équité et commerce équitable, bonheur et santé.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
162
exceptionnelles, les économies de ressources naturelles, le cadre de vie et la participation du
citoyen.
▫ HQE²R : résultat d‟un projet européen, cette méthode propose une démarche ainsi que des
outils et des recommandations opérationnels concernant l‟analyse des problèmes,
l‟évaluation des solutions, l‟élaboration de plans d‟actions et de cahiers des charges pour la
transformation durable d‟un quartier. Elle est structurée autour d‟un système d‟objectifs de
développement durable (le système Isdis – Integrated Sustainable Development Indicateur
System), et des indicateurs mesurables classés par cibles puis par objectifs avec des valeurs
définies. Les 5 objectifs sont : Préserver et valoriser l'héritage et conserver les ressources - Amé-
liorer la qualité de l'environnement local - Améliorer la diversité - Améliorer l'intégration - Ren-
forcer le lien social.
▫ Référentiel des agences du sud : C‟est une méthode créée afin de disposer d‟un référentiel
d‟indicateurs et d‟un outil d‟aide à la décision permettant d‟évaluer le développement des
territoires du sud-est de la France en termes de durabilité. Le but étant d‟apprécier
l‟évolution des territoires dans le temps, de disposer d‟un outil pour guider les politiques pu-
bliques, de définir des objectifs et élaborer des stratégies d‟actions et enfin de construire une
base de travail et une méthodologie d‟évaluation environnementale commune des SCOT.
5 thèmes sont traités : lutte contre le changement climatique et protection de l'atmosphère, -
préservation de la biodiversité ; protection et gestion des milieux et des ressources ; accès à
une bonne qualité de vie ; emploi ; cohésion sociale et solidarité ; dynamisme de dévelop-
pement suivant des modes de production et de consommation responsables.
▫ ARPE : La méthodologie a pour but de maîtriser les impacts environnementaux des opéra-
tions d'aménagement, d'accroître leur qualité globale, ainsi que celle des futures construc-
tions, dans une perspective de développement durable. La méthode propose des indica-
teurs. Les lignes d‟actions sont : respect des équilibres écologiques, - développement social,
développement économique, gouvernance.
▫ URGE : Le but du projet européen URGE est d‟améliorer la capacité et l‟offre d‟espaces
verts dans les villes, à la fois de façon quantitative et qualitative, pour rendre meilleure la
qualité de vie de la population et contribuer au développement durable des villes euro-
péennes. Un des objectifs principaux est d‟augmenter les connaissances disponibles sur les
interactions des systèmes -nature- économie- social, dans l‟environnement urbain. URGE est
construit à travers une grille de 4 thèmes : quantité d’espaces verts; qualité des espaces
verts ; l’usage des espaces verts ; le développement, la planification et la gestion des es-
paces verts.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
163
▫ Leed ND : Le fonctionnement du programme de certification LEED comprend des séries de
points ou crédits qui sont attribués en fonction de critères précis de conception ou de cons-
truction. LEED ND fournit ainsi une large batterie d‟indicateurs techniques et précis permet-
tant de guider au mieux les choix d‟aménagement. Cette méthode poursuit plusieurs objec-
tifs: réduire l’étalement urbain, diminuer la dépendance face à l’automobile, promouvoir
une utilisation efficace de l’énergie et de l’eau, encourager les activités pédestres, améliorer
la qualité de l’air et protéger l’environnement.
▫ BREEAM : (qui signifie "BRE Environmental Assessment Method") C‟est la méthode d'évalua-
tion de la performance environnementale des bâtiments développée par le BRE 35. Elle privi-
légie, comme la HQE®, une approche « système » basée sur un référentiel transversal qui
prend en compte le management, le transport, les matériaux, l‟implantation, etc.. 8 thèmes
sont traités : le changement climatique et l’énergie, la forme urbaine, la communauté et
cohésion sociale, l’écologie, le transport, les ressources, l’économie et les bâtiments.
▫ La Charte de développement durable : Elle vise à définir les grandes options qui rendent la
ville vivable et désirable. C‟est un document qui sert de référence tout au long de la réalisa-
tion du projet, notamment au cours des phases majeures des opérations : conception, réali-
sation, exploitation. Elle aborde tous les thèmes essentiels au développement durable : Ener-
gie, eau, espace, matériaux, patrimoine et nature, paysage, qualité des logements, hygiène
et santé, sécurité et risques, qualité de l'air, nuisances sonores, déchets, diversité de la popu-
lation, diversité des fonctions, diversité du logements, éducation et formation, accessibilité,
intégration à la ville, mobilité, participation, solidarité.
7.1.2 Catégories
La classification par catégorie permet d‟étudier avec précision les outils et d‟identifier les
points communs entre eux. Plusieurs types de classement sont alors envisageables.
35 Le BRE est un centre indépendant de recherche et certification des bâtiments performants en Angleterre
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
164
A. Classement par type de contenu
Les 20 outils étudiés peuvent être regroupés et classés dans les 3 catégories suivantes (Cf.
tableau 7-1) :
-ECOCITY
-ECOMAIRES -Plutôt axés « aide au montage d‟opération »
-AEU,
-Portant sur des axes de réflexion et des thé-
Outils
-RST02, matiques à traiter
d’encadrement
-Qualité environnementale -Reprennent de façon très sectorisée les pi-
> Aide à la définition
-MEEDDAT, liers sociaux, environnementaux et écono-
des objectifs
miques
-SHE,
-OPL,
-Diagnostic territorial
Il est possible de regrouper également les outils selon leurs approches (Cf. Tableau 7.2). Ainsi,
on trouve :
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
165
Approche Méthodes Caractéristiques générales
-ECOCITY
-AEU
-MEEDDAT
-SHE
-URGE
-LEED
-BREEAM
-ECOMAIRES
-HQE²R
-RST02
-HQE aménagement
-Charte de Développe-
ment Durable
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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166
B. Classement par modalités d’engagement: «back»
ou «for casting»
Une autre alternative majeure permet de classer les outils à travers leur modalité
d‟engagement. L‟étude « Quartier durables, pistes d‟action pour l‟action locale » d‟Etopia
en 2006 propose une catégorisation en ce sens :
Les méthodologies dites de « back casting » reposant sur une obligation de résultats : pas
de démarche précise, fréquentes dans les pays anglo-saxons, elles fixent d‟abord des
objectifs à atteindre puis définissent les étapes à franchir et enfin les méthodes pour y
parvenir. Cette obligation de résultats ou de performances se traduit par des définitions
de standards de qualité (par exemple au niveau environnemental : « indice E » qui rai-
sonne en terme d‟énergie primaire) ou des cibles précises (Zéro émission comme c‟est le
cas à Bedzed…).
>Démarche flexible - cahier des charges « contraignant »
Les méthodologies dites de « for casting », reposant souvent sur des bases très théorisées
et visant une obligation de moyens : elles définissent des méthodes à respecter et non
des objectifs à atteindre. Même si en France habituellement existe une obligation de ré-
sultats plutôt que de moyens ces types de méthodologies sont particulièrement utilisés
(par exemple: HQE2R, AEU, HQE aménagement) et développées.
>Démarche contraignante- cahier des charges « faible »
Cette différenciation dans les méthodes permet d‟en apprécier la pertinence par rapport
aux besoins lors des différentes étapes de la programmation-conception d‟un quartier du-
rable, par exemple pour :
Il est clair que les méthodes de « for casting » ne rendent pas compte à elles-seules de la réa-
lité sur le terrain de la création d‟un quartier durable. Leur application reste problématique
en considérant le temps et le budget destinés par la phase conception de ce type de projet.
Pour comprendre plus en profondeur les caractéristiques des outils répertoriés nous les avons
intégrées dans un tableau comparatif. Nous avons analysé chaque outil pour les théma-
tiques environnementales et sociales ; les thématiques économiques ont été négligées
puisque dans certains outils le thème n‟est pas traité de manière significative et la comparai-
son reste insuffisante pour avoir des résultats exploitables.
Le tableau permet de voir les lignes d‟action exigées ou proposées pour chaque thématique
et de regrouper les outils selon leur utilité :
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
167
- pour apporter des réponses,
- ou pour définir des indicateurs de suivi
En outre il permet de voir les indicateurs proposés et la référence ciblée ou chiffrée. A travers
cette analyse, on constate que l‟on peut regrouper les outils en fonction de leur contenu. On
s‟aperçoit alors qu‟ils ont pour la plupart des thématiques et des lignes d‟actions communes.
Un grand nombre d‟indicateurs se retrouve donc d‟un outil à l‟autre.
Le tableau comparatif étant de très grande taille (Annexe 3), nous n‟en présentons ici qu‟un
extrait (Cf. figure 7-3) :
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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Figure 7-3 : Extrait du tableau de comparaison des outils sur le thème "énergie"
ue iq
techn
Outil/enjeux outil/ indicateur
OUTILS
LIGNE D'ACTION
THEME
Ad aménagement dreif
INDICATEUR général Grandeur référence/chiffre
HQE aménagement
MASDAR (OPL)
Diag territorial
Ecomaires
MEEDDAT
RESPECT
ECOCITY
BREEAM
HQE²R
RST02
ARPE
Leed
urge
AEU
SHE
éclairage public
1 _production locale d'énergie renouvelable _ECS/chauff inf à 120kWh/m².an
kg éq CO2 _favoriser puits carbone (plantation)
_bilan carbone en TeqC _émissions de GES en tonne CO2eq
qualité du bâti (chauffage, ventilation, électricité)
1 1 1 1 1
MJ eq _poids des installations solaires dans le parc de
nombre d'équipements d'énergie renouvelable kWh/(an.hab) logements
choix de matériel économe nombre de logements raccordés au réseau de chaleur
1 nombre de kWh économisé en équivalent carbone économisé
Sobriété énergetique et Energie renouvelable : diversifier nombre de logements classés en A, B, C...(DPE)
la production locale de l'énergie + performances des nombre de batiments équipés en ENR
équipements
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
surface de panneaux solaires thermiques et photovoltaïques
nombre de logements chauffés par la chaufferie bois
energie non renouvelable
Ad aménagement dreif
ressources naturelles
nuisances et risques
HQE aménagement
MASDAR (OPL)
Diag territorial
forme urbaine
changement
Ecomaires
biodiversité
MEEDDAT
RESPECT
climatique
ECOCITY
économie
BREEAM
bien-être
adequa
HQE²R
RST02
locaux
ARPE
urge
Leed
AEU
SHE
acv
dd
total 24 39 70 58 56 60 76 19 9 21 22 13 47 16 16 27 18 0 25 26 10 19 13 11 10 15 7 19 19 24
environnement 24 38 42 33 52 45 44 6 9 10 22 7 37 11 12 23 5 0 21 19 5 10 10 11 8 6 6 16 18 14
social 0 1 28 25 4 15 32 13 0 11 0 6 10 5 4 4 13 0 4 7 5 9 3 0 2 9 1 3 1 10
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170
Une centaine d‟indicateurs a été listée, avec plus ou moins de pertinence. Les plus intéressants pré-
sentent des ordres de grandeur clairs ou alors une unité d‟évaluation d‟impact (appelés « réfé-
rence » dans le tableau). Les autres restent assez généraux (appelés « indicateur » dans le tableau).
Dans le détail, il y a peu d‟indicateurs concernant la gouvernance. Les thèmes énergie, eau, mobili-
té et mixité sont eux les plus utilisés et les plus précis. Le thème « bruit » ne s‟avère pas très pertinent
au vu des indicateurs et lignes d‟actions qui le composent.
D‟autres points peuvent être dégagés : les dimensions urbanistiques sont intégrées, mais elles sont
très proches des critères et des enjeux à l‟échelle du bâtiment et non pas du quartier. On en déduit
que ces outils sont principalement tirés des méthodes bâtiments puis adaptés à l‟urbanisme et à
l‟aménagement.
La qualité de vie n‟est pas abordée de manière précise, mais il existe des thématiques qui
l‟abordent de manière partielle ou via des indicateurs qui lui sont liés, comme le m² d‟espace vert
ou la distance minimale aux espaces verts ou services.
Les thématiques liées à la forme urbaine ne sont pas clairement abordées. La qualité de la forme
urbaine est traitée via la qualité et mixité des bâtiments et les aspects liés au confort des habitants
sont traités à travers les expositions aux risques et l‟accès aux espaces verts et aux services.
Des rapprochements entre les méthodes peuvent être faits, ils sont présentés dans le tableau 7-3 :
-MEEDDAT
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7.1.4 Utilisation des outils
Cette étude a montré qu‟il existait plusieurs types d‟outils, avec différents enjeux et différentes ap-
proches intéressantes. Leur application dans des projets concrets reste cependant le point faible de
ces outils. Aucun de ces outils ne permet de manière absolue de programmer, concevoir, construire
et suivre un projet d‟écoquartier. Cela s‟explique par leur complexité et par le temps qu‟ils deman-
dent face aux délais courts de la programmation et conception du projet urbain.
Le tableau 7-4 reprend les démarches les plus abouties et les plus utilisables au moment de leur ap-
plication réelle :
Méthodes Commentaires
36Le Système de Management Environnemental « est la composante du système de management global qui inclut la struc-
ture organisationnelle, les activités de planification, les responsabilités, les pratiques, les procédures, les procédés et les res-
sources pour élaborer, mettre en œuvre, réaliser, passer en revue et maintenir la politique environnementale ».
37 L'Assistance à Maîtrise d'Ouvrage est un contrat selon lequel un maître d'ouvrage public fait appel aux services d'une per-
sonne publique ou privée pour faire les études nécessaires à la réalisation d'un projet. Il a pour mission d‟aider le maître d'ou-
vrage à définir, piloter et exploiter le projet réalisé par le maître d'œuvre. L‟assistant a un rôle de conseil et de proposition, le
décideur restant le maître d'ouvrage. Il facilite la coordination de projet et permet au maître d‟ouvrage de remplir pleine-
ment ses obligations au titre de la gestion du projet.
38 Le Système de Management de l‟Opération est un document managérial qui permet d‟organiser une opération de cons-
truction ou de rénovation de façon à s‟assurer l‟atteinte des objectifs de la Qualité Environnementale du Bâtiment
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Ces méthodes peuvent constituer une riche boite à outils qui prend tout son sens lorsqu‟on arrive à
connecter les outils entre eux et les intégrer dans les sous-phases de la programmation-conception.
Pour construire cette boite à outils, il faut dans un premier temps déterminer les étapes clés dans la
programmation-conception d‟un projet urbain, ainsi que leur enchaînement, puis définir quels outils
peuvent intervenir pour chaque phase.
Notre expérience nous indique que ces outils sont essentiellement utilisables en phase programma-
tion, phase AVP (Avant projet) et pour quelques uns en phase PRO (Projet).
PROJET
PRO AVP
Figure : 7-4 Phases du projet urbain durable avec la possible utilisation des outils étudiés
Pour les phases de validation, construction et suivi du projet, les outils se font rares. Certains principes
peuvent être repris mais ils restent très théoriques et limités. Par ailleurs, même s‟il existe un grand
nombre d‟outils pour l‟aide à la conception, l‟évaluation et la validation de la forme urbaine res-
tent limitées.
Chaque étape est nommée selon son action. Pour donner une idée de leur rôle, une brève défini-
tion des étapes clés est proposée ci-après, cf. tableau 7-5.
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ETAPE DU PROJET DEFINITION CARACTERISTIQUES
-Construire le projet
-Des indicateurs de suivi, relatifs à un
-Dresser un bilan de
territoire ou à un secteur
l‟aménagement (chantier)
Réalisation
-Des actions correctives
-Pointer les faiblesses et atouts
pour orienter les éventuelles modi-
fications à effectuer
Tableau 7-5 Définition et caractéristiques des étapes de la phase de conception d'un projet d'aménagement durable
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7.2 Conclusion
Les outils d‟aide à la conception sont dans leur majorité des démarches ou des méthodologies de
mise en œuvre d‟un écoquartier. Il n‟existe pas à notre avis, de démarche complète ou absolue,
nous croyons dans l‟interaction de ces démarches : utiliser certaines pour les premières phases du
projet et d‟autres pour la conception et évaluation des actions.
Nous avons pu montrer aussi la similitude de ces démarches et nous avons pu voir les limitations de
chacune d‟entre elles. Le point faible essentiel est que ces démarches restent très générales au
stade de l‟orientation. Elles pourront ainsi être utilisées pour un projet d‟aménagement sans pour
autant arriver à un projet d‟écoquartier.
Certaines d‟entre elles sont plus précises et proposent une obligation de résultats à travers des indi-
cateurs et références établies.
La labellisation peut être la voie d‟évolution de ces démarches. A travers des labellisations, un éti-
quetage sans contenue solide serait alors l‟enjeu de demain.
La mise en place de ces démarches demande un travail parallèle tout le long du projet et une for-
mation des équipes et des acteurs concernés pour comprendre et adopter ces nouveaux outils.
Nous croyons qu‟une simplification sera nécessaire pour une intégration dans la pratique opéra-
tionnelle. Cela pourrait se traduire par une démarche simplifiée avec une obligation de résultats
bien ciblée. Cette simplification permettrait d‟intégrer les objectifs généraux de ces démarches « le
développement durable » et la conception d‟un écoquartier. Il resterait tout de même à s‟assurer
de l‟intensité des réflexions et engagements pour avoir une qualité minimum (seuil d‟excellence ou
exemplarité) pour le projet. Autre possibilité, une utilisation de type « boite à outils » pourrait être
envisageable via le recours à des experts qui les maitrisent.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
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Chapitre 8 - Outils d‟aide à
l‟évaluation
En raison de la diversité des réponses face aux enjeux de la planète et aux besoins exprimés par les
acteurs impliqués dans un projet urbain durable, l‟utilisation d‟outils d‟évaluation devient nécessaire
[United Nations Human Settlements Programme, 2009] [Cherqui, 2005] [Boulanger, 2004]. Cepen-
dant, même si l‟évaluation est incontournable dans un projet d‟aménagement durable, elle est
aujourd‟hui encore très rare dans le contexte français [Chaillot 2009].
Pour les projets menés en Europe et dans les écoquartiers de référence étudiés, nous avons identifié
l‟existence d‟outils spécifiques qui ont été développés ou adaptés pour faciliter l‟évaluation. Dans
certains cas ces outils concernent un domaine plus large comme la ville. Un des objectifs de ces
outils est de permettre l‟implication de l‟ensemble des acteurs concernés et faciliter la compréhen-
sion des réponses et des performances du projet urbain.
- Une analyse quantitative des objectifs quantitatifs qui concernent des paramètres physiques
liés à la construction et aux aménagements ou des variables de comportements.
- Une analyse coût/efficacité qui se définit comme l‟analyse du coût des actions qu‟il est né-
cessaire de mettre en œuvre pour atteindre certains objectifs d‟efficacité demandés.
- Une analyse qualitative qui est une analyse du bien vivre ensemble, de la qualité de vie et
de la satisfaction des habitants et des acteurs concernées.
L‟évaluation doit être faite au démarrage du projet, pendant la réalisation et au fil du temps [Chail-
lot 2009].
En amont du projet, l‟évaluation est davantage un outil d‟aide à la décision, deux types
d‟évaluation sont possibles :
- Evaluation d‟impact, pour prendre en compte les contraintes du site et faire un diagnostic,
- Evaluation pour déterminer les objectifs du projet au regard des enjeux de territoire.
En conception du projet, l‟évaluation est possible à travers des outils de validation plus centrés sur la
simulation multicritères pour comprendre le projet et évaluer ses faiblesses.
Au centre de la réalisation du projet, l‟évaluation sera plus basée sur des listes de contrôle, des ta-
bleaux de bord, des enquêtes et des matrices. Trois types d‟évaluation sont possibles :
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Durant l‟exploitation l‟évaluation se fera à partir d‟outils de type enquêtes et des mesures sur site.
Trois types d‟évaluation sont possibles:
- Evaluation de satisfaction,
- Evaluation de performances obtenues,
- Evaluation économique.
Certains de ces outils sont particulièrement complexes, il est très fréquemment nécessaire de faire
appel au déchiffrage et jugement d'experts, à des bases de données ou à des outils de calcul ou
de simulation [Cherqui 2005].
Pour bien comprendre ces outils nous avons réalisé un état de l‟art spécifique défini pour chacun
d‟eux un état de l‟art basé principalement sur la thèse de Fréderic Cherqui [F. Cherqui, 2006], les
ouvrages de Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin [Charlot-Valdieu, Outrequin, 2009] et
des recherches internet.
Les premiers outils identifiés ont été les listes de contrôle (Check lists) qui permettent d‟évaluer de
manière simple à travers une liste de points à contrôler les exigences du projet. Les projets pourront
être triés en excluant ceux qui ne répondent pas à la liste. Ces outils permettent de sensibiliser sur
l‟importance de certains aspects (impacts potentiels) et vérifier la prise en compte de l‟ensemble
des exigences et objectifs à atteindre. L'avantage de l'utilisation des listes est la simplicité de la mé-
thode et la rapidité d'évaluation.
- Liste simple : Enumère des points de contrôle servant à attirer l'attention du professionnel sur
l‟essentiel.
- Liste descriptive : Enumère des points de vigilance complétés d'informations sur les moyens
de contrôle et d'optimisation.
- Liste avec seuils : Enumération de points avec des valeurs seuils minimales ou maximales
permettant de les juger précisément.
- Liste avec échelle et pondération : Liste d'indices globaux calculés à partir de sous indices.
Ceux-ci dépendant des choix d‟action et sont notés de façon pondérée et bornée de 0 à 1.
Les sous indices sont en général calculés subjectivement.
- Questionnaires : Ensembles de questions et leurs réponses, regroupés par catégories. Les ré-
ponses permettent d'établir les limites de la connaissance et d'apprécier les conséquences
éventuelles du projet.
Différentes et nombreuses variantes de ces listes peuvent exister [Bussemey-Buhe 1997] et les ré-
ponses possibles pourront être très générales et simplificatrices comme "oui", "non" ou "ne sait pas"
sans rendre compte de la complexité du projet [Cherqui, 2005].
Les résultats de ce type d‟outil sont une évaluation aboutissant généralement à une estimation sub-
jective et qualitative. Les conclusions risquent de dépendre des évaluateurs. Pour minimiser la
marge d‟erreur de l‟évaluation, certaines listes comportent des seuils ou des échelles et des pondé-
rations.
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Ces listes sont facilement adaptables et permettent une évaluation simple mais nécessitent d‟être
définies par un ensemble d‟experts. Elles deviennent obsolètes faute de mise à jour, d‟actualisation
des seuils et d‟intégration de données qui se rapportent à de nouvelles connaissances.
La matrice représente une relation de cause à effet entre une action et un impact. Ces outils per-
mettent de mettre en évidence l‟interaction entre les activités d‟un projet et leurs conséquences
potentielles. Il existe de multiples utilisations des matrices [Bussemey-Buhe, 1997]. Ces matrices sont
classées en fonction des types d‟information retenus :
Ces outils permettent avoir une description plus fine du projet qu‟avec les outils check-lists, mais la
pondération des impacts implique de mesurer avec une base de données importante et difficile à
manipuler.
Ces types de méthodes permettent dans un processus d‟aménagement durable de prendre des
décisions concernant un objectif avec le meilleur compromis de choix ou actions pour y répondre.
Pour le représenter, Brunne et Stark [Brune, 2004] ont pris comme exemple une problématique
idéale dans laquelle on recherche une solution optimisant les impacts x et les coûts y des différents
types de variantes. Un seuil de coût et d‟impact maximal tolérable a été établi (zone entre a-b),
toutes les variantes qui sont hors de cette zone ont été écartées. Cet exemple est présenté ci-
après (Cf. figure 8-1):
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Figure 8-1 Recherche de la solution optimum (Brunner et Starkl 2004)
Ce type d‟outil permet d‟avoir une vision globale de la problématique et des solutions possibles
avec l‟objectif fixé et toutes les variantes. L‟utilisation de ces méthodes est justifiée dans le cas où la
recherche de la solution n‟est pas immédiate. Elles permettent également de prendre la décision
finale lors de choix à différentes alternatives. F. Cherqui identifie plusieurs méthodes d‟aide à la dé-
cision comme : la présentation de l‟information en tableau, la comparaison par critères, la méthode
ordinale et l‟aide multicritère à la décision.
Dans le cas des outils multicritères, les alternatives sont ordonnées sur la base soit d‟un critère
unique, soit de différents critères appréhendés dans la pluralité (approche multicritères), le tout en
vue de faire ressortir l‟alternative qui s‟approche le plus des objectifs recherchés.
Un intérêt particulier pour développer des outils plus adaptés aux questions urbaines est en mouve-
ment aux niveaux international, européen et national.
Un premier constat ; certains de ces outils ont été un des objectifs ou des résultats dans les con-
textes de projets de recherche dans l‟urbanisme comme le montre la liste non exhaustive ci-
dessous:
- SUNtool (Sustainable Urban Neighbourhood modelling tool), projet financé par la commis-
sion européenne qui s‟est déroulé de 1995-1997. Son but était de définir différentes typolo-
gies de formes urbaines en fonction des perspectives de planification, du microclimat et
d‟études énergétiques avec l‟objectif de diminuer les émissions de CO2.
- INVENTUR (Contraction de « inventaire » et « urbain », projet du CNRS), recensement des ty-
pologies de modèles existants dans le champ urbain, tous domaines confondus. 1998-1999.
- RUROS (Rediscovering the Urban Realm and Open Spaces), modèles et outils pour la con-
ception des espaces urbains extérieurs avec une approche bioclimatique et de toutes les
ambiances, projet européen1998-2002.
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- URGE (URban Green Environment), projet européen sur le développement des espaces verts
pour l‟amélioration de la qualité de vie dans les villes et regions urbaines. 2001-2004.
- ECOLUP ( ECOlogical Land Use planning) , projet des villes allemandes et la « Lake Cons-
tance Foundation », son but : faciliter l‟application du système de management européen
EMAS II à la planification urbaine à l‟échelle d‟une collectivité.
- PETUS (Practical evaluation Tools for Urban Sustainability), projet européen développé entre
2002-2005, les partenaires de ce projet ayant constaté un manque d‟outils d‟évaluation de
la réussite d‟un projet et de ses possibilités de transfert à une autre application. Le but de
cette étude est de proposer une méthode d‟évaluation de projets d‟infrastructure urbaine
selon un ensemble de critères et ensuite de caractériser la « transférabilité » en Europe ou
dans le monde.
- ADEQUA 2005, projet national financé par le ministère de l‟Equipement, le PUCA et l‟ADEME.
Méthode développée par Frederic Cherqui dans le cadre de sa thèse, qui permet d‟évaluer
quantitativement et de comparer différentes alternatives d'aménagement d'un quartier, à
l'aide de diagrammes radars. Cette quantification est basée sur l'utilisation d'outils de simula-
tion et sur une agrégation multicritères.
- SECURE, 2006-2008 (Sustainable Energy Communities in Urban Areas in Europe), projet euro-
péen pour trouver des solutions concrètes et actions pour surmonter les barrières non-
technologiques pour la construction de bâtiments et de communautés plus soutenables.
www.secureproject.org
- URBAN MATRIX 2006-2010, projet européen coordonné par EUROCITIES. Son objectif est de
créer une plate-forme de transfert de la connaissance pour soutenir les villes européennes
en se renseignant sur des projets de recherche et des politiques urbaines soutenables. Le
consortium de projet a élaboré une série de recommandations pour la Commission euro-
péenne pour aider au développement urbain durable. www.urban-matrix.net
- Cadre de référence pour les villes durables européennes 2008-2012. A la suite de la Décla-
ration de Marseille du 25 Novembre 2008, un groupe de travail européen a été mis en
place par la France et le ministère de l‟Écologie, de l‟Énergie, du Développement durable
et de la Mer (MEEDDM) pour développer, avec et pour les villes, un cadre de référence
pour les villes durables européennes. Ce groupe de travail a proposée, durant l‟année
2009-2010, un panel d‟outils qui pourraient aider les autorités locales, les décideurs et les
acteurs publics à prendre des décisions sur leurs stratégies, politiques ou projets. Ces outils
pourraient également aider à organiser l‟évaluation de la durabilité et le suivi des politiques
et projets. A l‟issue des phases de tests avec un large panel de villes européennes, le déve-
loppement final du prototype et son entière opérationnalité sont prévus pour la fin de
l‟année 2011 et la diffusion pour le premier semestre 2012. www.rfsustainablecities.eu
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8.4 Logiciels de simulation
Une autre typologie d‟outils importante est celle des logiciels de simulation. Dans un premier temps
ils permettaient uniquement la modélisation 3D ; aujourd‟hui et c‟est relativement nouveau, des
modèles informatiques de simulation se développent pour l‟évaluation à l‟échelle du quartier de
critères plus complexes. D‟après nos recherches, il existe deux types de modèles :
Outils de simulation
- Modèles pour la modélisation de la forme urbaine (modèle 3D)
- Modèles pour la simulation des paramètres spécifiques et ambiances physiques (si-
mulateur de vent, température, ensoleillement, etc.)
Outils d‟évaluation
- Modèles pour l‟évaluation des consommations, flux, etc.
- Modèles pour la gestion urbaine
Les outils pour la modélisation 2D et 3D sont très utilisés pour pouvoir communiquer sur une proposi-
tion et pour la visualiser. Les modèles informatiques pour la simulation spécifique de paramètres iso-
lés à l‟échelle du quartier sont nombreux (type vent, ensoleillement, acoustique, trafic..) mais ils
restent utilisés plutôt par des ingénieurs que par les concepteurs urbains.
Tous ces modèles sont une évolution des modèles de simulation créés pour le bâtiment et adaptés
pour le quartier. L‟usage de la modélisation 3D sur un projet est commun, en revanche la simulation
d‟autres paramètres reste peu courante. La tendance dans les projets urbains laisse imaginer une
utilisation croissant de ces outils pour faciliter la compréhension du projet à travers des images de
synthèse, très utilisées par les architectes, et pour simuler le comportement du projet et ses con-
sommations futures.
Ci-dessous une liste restreinte de certains de ces logiciels que nous avons identifiés:
Autocad Revit
Autocad map 3D
Vecteur works
Archicad
Google Sketch Up
Modélisation Design 2D et 3D 3d Studio Max
Autodesk Maya
ArcGis 3D analyst
Site Builder 3D
Multigen Paradign- Creator
VEGA Prime
Fluidyn
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Fluent
Dialux
Phanie
Ulysse (comatelec)
Eclairage public Applibea
Logiciel Faeber
Lighting reality
Relux informatik AG
ADMS-Urban
CadnaA
Pollution de l‟air Envi-Met (BOTWorld)
Sound Plan
Quic-Urb
CadnaA
Lima
Acoustique
Mithra-SIG
SoundPlan
Ecotect
Solene
Ensoleillement/Lumière naturelle
TownScope
Shadowpack
Mithra-REM
Electromagnétisme
Volcano
Music
Hydranet
Canoe
Evaluation et gestion
Eaux pluviales InfoWorks ICM
Mike Urban
PCSWMM France
Storm XXL
Citilabs
Mobilité Matsim
Sim walk
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183
Nous observons que ces modèles sont plus adaptés par et pour des ingénieurs que pour des archi-
tectes et leur exploitation reste marginale dans les projets concrets.
L‟architecte n‟est pas sensibilisé et pas formé sur ce type d‟outils ; la complexité des informations
demandées et des résultats affichés et une demande négligée de la part de la maîtrise d‟ouvrage,
sont entre autres les principales causes du manque d‟exploitation, d‟adaptation ou d‟amélioration
des outils existants. Mais de plus en plus l‟exigence d‟évaluer les projets urbains pour maitriser au
mieux les impacts qu‟il peut générer, fait que la tendance change. Deux outils se sont démarqués
dans l‟analyse réalisée.
Google sketch up
IES VE SketchUP
Outil d‟aide à la conception durable, Solutions intégrées de l‟environnement
Analyse de la per- plugin
formance du bâti-
ment Laboratoire national des énergies renouvelables pour le ministère de
Open Studio
l‟Energie USA (Utilisation d‟ENERGY PLUS)
Tableau 8-1
39 Plugin ou plug-in, aussi nommé en France module d‟extension, greffon ou plugiciel. C‟est un logiciel qui complète un logi-
ciel hôte pour lui apporter de nouvelles fonctionnalités. (Wikipedia)
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Voici ci-dessous à titre d‟exemple quelques images des plugings Sketchup, Urban developper et
Modelur.
Figure 8-2 Images de synthèse pour les plugins SKETCHUP Urban developper
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Processus de conception du projet urbain en phases
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Caractérisation et spécifications du contexte et des composants urbains
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Paramètre d'utilisation de parcelle pour définir
des buts d'utilisation de secteur et d'ensemble
de parcelle de terrain.
City Cad
C‟est une application informatique de conception assistée pour des masters plans. Elle est déve-
loppée principalement pour l‟Angleterre. Contrairement à d'autres outils de CAO, CityCAD a été
créé spécifiquement pour les besoins de la conception de la ville et de la planification communau-
taire et permet d‟intégrer l'analyse globale de plans directeurs urbains dans les stades de la con-
ception. Le moteur de calcul permet une évaluation de la qualité environnementale et de la viabili-
té du projet ainsi que le calcul du type de surfaces bâtiment, espaces publics, voirie, stationne-
ments, etc.
Citycad facilite:
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188
CityCAD est conçu pour être utilisé dans les premières phases d'un projet urbain : au début sur la
phase esquisse, ou juste après le premier croquis du projet. Le logiciel permet de tester de nom-
breuses variantes pour valider le concept initial. C‟est un outil d‟aide à la décision et à
l‟identification de problèmes de conceptions.
Voici les figures 8-4 et 8-5 à titre d‟exemple des rendues du logicielle :
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Etudes de faisabilité
Evaluation environnementale
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190
8.5 Méthodes d‟évaluation
Les modèles de gestion et d‟évaluation se basent sur la mise en œuvre de cadres méthodologiques
systémiques et multicritères pour une évaluation du projet urbain dans sa complexité mais adaptés
au contexte. Ces outils s‟appuient sur l‟utilisation de bases de données et d‟indicateurs de mesure.
Elaborée dans les années 1990 et présente au moment du Sommet de Johannesburg, son ap-
proche a fait changer le regard d‟un monde infini à un monde fini.
L‟empreinte écologique est un outil permettant de mesurer l'impact des activités humaines sur l'en-
vironnement. Elle évalue la superficie nécessaire pour produire tout ce que consomme un individu
ou une population (transport, logement, alimentation, etc.) et pour absorber les déchets qu'ils rejet-
tent. Elle s'exprime en hectares (ha) par personne et par an ou en planètes.
La surface d'empreinte écologique peut être calculée pour l'ensemble de l'humanité, pour un pays,
pour une région ou une ville, pour un ménage (sur la base de ce qu'il consomme), pour un poste de
consommation finale (alimentation, logement, transports...) etc.
En moyenne dans le monde l‟empreinte écologique est de 2,3 ha par habitant de la planète pour
une biocapacité de 1,9 ha/hab. La biocapacité étant la surface biologiquement productive effec-
tivement disponible dans le pays.
En France, elle est en moyenne de 5,26 ha par habitant pour une biocapacité de 2,88 ha par habi-
tant. La France utilise donc des ressources qu‟elle ne peut pas produire, donc qu‟elle importe [Don-
nées WWF].
Les résultats de cet outil semblent parlants et il est utilisé par un nombre croissant d‟acteurs. Sa cons-
truction, qui compare l‟offre et la demande de certaines ressources naturelles, soulève cependant
de fortes interrogations.
Cet instrument statistique est purement environnemental, il ne considère pas les aspects non écolo-
giques et notamment sociaux.
Simple dans son résultat et la présentation qu‟il donne, le calcul du solde écologique et donc ceux
de la biocapacité et de l‟empreinte relèvent d‟une méthodologie plus complexe.
Les fondateurs de l‟empreinte ont imaginé de pondérer chaque surface considérée par convention
pour sa fonction principale, quelle qu‟en soient le type et la localisation, selon sa productivité de
biomasse utilisable. Les surfaces sont ainsi exprimées en une unité fictive, l‟hectare global (has),
ayant une productivité moyenne mondiale.
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- Les terres cultivées nécessaires aux récoltes de produits agricoles destinés soit à
l‟alimentation des Hommes et des animaux d‟élevage, soit à la production indus-
trielle (le coton, le jute, le caoutchouc…) ;
- Les pâturages correspondant à la consommation de viande, de produits laitiers, de
cuir et de laine provenant du bétail qui occupe les pâturages de façon perma-
nente ;
- Les forêts correspondant aux surfaces de production forestière. Cela inclut tous les
produits composés de bois (le bois ou le charbon servant de combustibles sont inclus
dans l‟empreinte énergie) ;
- Les zones de pêche, surfaces nécessaires pour produire les poissons et les fruits de
mer, en tenant compte du fait que toutes les espèces de poissons ne sont pas égales
en termes de besoin en productivité biologique (production primaire de l‟océan) ;
- Les surfaces « énergie » ou « carbone » représentant les surfaces utilisées pour satis-
faire la consommation d‟énergie : combustible fossiles (charbon, pétrole et gaz natu-
rel), biomasse (bois combustible et charbon de bois) et hydraulique. Pour les com-
bustibles fossiles, il s‟agit de la superficie forestière nécessaire à l‟absorption de CO2
émis pour leur combustion ; pour la biomasse, de la surface forestière nécessaire à sa
création ; pour l‟énergie hydraulique, de la surface occupée par les barrages hy-
droélectriques et les réservoirs. L‟énergie nucléaire était incluse, jusqu‟à récemment,
dans l‟empreinte énergie.
- Les terrains bâtis (artificialisation) correspondant aux surfaces nécessaires aux infras-
tructures et à l‟urbanisation.
Le calcul de l’empreinte
Le système comptable de l‟empreinte des nations part du principe que les ressources consommées
comme les déchets sont identifiables, font l‟objet d‟un recensement exhaustif et que ces données
peuvent être exprimées en unités de mesures physiques, poids (tonnes), volume (mètre cubes) ou
unités énergétiques (MWh, joules). Deux approches sont possibles : la méthode « compound » (ap-
proche agrégée ou macro) et la méthode « component » (approche par composantes).
La méthode « compound » est une approche top-down qui part de toute la production d‟un pays,
plus les importations, moins les exportations. Elle emploie les statistiques nationales du commerce
extérieur et de production, traduites en quantités de surfaces de terre et d‟eau biologiquement
productives utilisées pour produire les ressources consommées et assimiler les déchets. Leur addition
donne la valeur de l‟empreinte totale.
La méthode « component », utilisée pour les premiers calculs d‟empreinte réalisés, est une ap-
proche « bottom-up » qui part des produits et consommations et recense les flux de matières pre-
mières et d‟énergie à partir de l‟Analyse du cycle de vie (ACV). On obtient ainsi l‟empreinte d‟un
kilo de fruits, d‟un kWh d‟électricité, d‟un kilomètre en voiture, d‟une nuit d‟hôtel, etc. Par exemple :
l‟impact d‟un pneu tourisme européen moyen sur la santé et l‟environnement se décompose ainsi
essentiellement entre 11,7% dû à la production des matières premières et à la fabrication et 86%
pour la phase d‟utilisation (la distribution, la collecte du pneu usager et le traitement en fin de vie
comptant que pour moins de 3%). On peut, dès lors, composer l‟empreinte d‟une personne. En pra-
tique cette méthode a besoin du précédent en tant que chiffre indicatif. Les ACV sont encore trop
peu nombreuses, les méthodes utilisées peuvent différer et les procédés de fabrication d‟un même
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de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
192
produit peuvent avoir des impacts très variés, de sorte que les généralisations sont difficiles. Cela
explique que cette approche ait été progressivement délaissée pour le calcul de l‟empreinte des
nations. Cette approche fine d‟impact reste très intéressante pour le calcul local d‟empreinte éco-
logique, l‟empreinte individuelle d‟un produit ou d‟une activité. Ainsi a été évoqué l‟intérêt de cet
outil pour explorer des scenarios d‟investissement au niveau des collectivités territoriales ou des en-
treprises. L‟unité de mesure reste la même que l‟empreinte écologique, le (hag). Les expériences
réalisées dans ce domaine sont souvent très riches d‟enseignements. Cf. figure 8-6.
Figure 8-6 L’empreinte écologique par composante, 1961-2003, source : Rapport Planète vivante de la WWF, 2007
La méthode du « Bilan Carbone » permet d‟évaluer, en ordre de grandeur, les émissions de gaz à
effet de serre engendrées pour l‟ensemble des processus physiques qui sont nécessaires à
l‟existence d‟une activité ou organisation humaine, dès lors qu‟il est possible de lui assigner des
frontières claires.
Cette méthode développée par l'ADEME est compatible avec la norme ISO 14064, l'initiative GHG
Protocol et les termes de la Directive "permis" n° 2003/87/CE relative au système d'échanges de
quotas de CO2.
L'outil Bilan Carbone® se décline en 2 versions : la version « entreprises » qui permet d‟évaluer les
émissions nécessaires au fonctionnement d‟une activité industrielle ou tertiaire et la version «collec-
tivités». Cette dernière version se décompose en deux modules :
- le module « patrimoine & services » qui évalue les émissions de fonctionnement de la collec-
tivité pour ses propres activités,
- le module « territoire » qui évalue les émissions de toutes les activités (industrie, tertiaire, rési-
dentiel, agriculture transport…) prenant part sur le territoire.
Chaque version ou module du Bilan Carbone® se compose d‟un manuel d‟utilisation, trois docu-
ments utilitaires d‟aide pour les calculs et d‟un tableur Excel pour effectuer le calcul des émissions
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de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
193
qui permet de comparer entre elles les émissions d'une année sur l'autre et d‟évaluer le potentiel de
diverses actions de réduction.
Le bilan carbone va donc prendre en compte les émissions engendrées directement ou indirecte-
ment par une activité : combustion en interne (procédés industriels, chauffage des locaux), fourni-
ture d‟électricité, déplacements domicile-travail des salaries ou des habitants, transport des fournis-
seurs et vers les clients, traitement des déchets, construction des bâtiments occupés et des ma-
chines utilisées, etc.
Dans le cadre du projet européen HQE²R, ont été développés différents types d‟outils d‟évaluation :
INDI et SAGA, ENVI, ASCOT, CIGAR, CGSP. Dans ces outils trois modèles permettent l'évaluation du
quartier : le modèle INDI évaluant les indicateurs du système ISDIS (Système intégré d‟indicateurs de
développement durable), le modèle ENVI qui concerne l'impact environnemental et le modèle
ASCOT permettant de comparer le coût global d'un bâtiment avec un bâtiment de référence. Ces
trois modèles sont complétés par des grilles d'analyse, pour prendre en compte l'impact croisé des
projets et pour choisir entre démolition et réhabilitation [Charlot-Valdieu et Outrequin 2004].
C‟est un modèle d‟aide à la décision pour les conducteurs de projets urbains afin de les aider à
intégrer le concept de développement durable dans le plan d‟actions pour le quartier ou le terri-
toire. INDI, (INDicators Impact), est une méthode visant à poser les questions essentielles concer-
nant l'aménagement d'un quartier. Le modèle permet de définir le profil de DD d‟un quartier dans
la phase de diagnostic puis d‟évaluer différents scénarios sur la base des indicateurs ISDIS. Sur les 61
indicateurs, 14 sont qualitatifs et les autres indicateurs sont quantitatifs ou qualitatifs selon le choix de
l'utilisateur. A l'issue de l'évaluation, le modèle conduit à l'établissement d'un "profil de développe-
ment durable" du quartier et une comparaison des différents projets ou scénarios de renouvelle-
ment urbain pour un quartier.
Les figures 8-7 à 8-12 présentent des exemples de certains diagrammes du modèle INDI.
Pour établir les objectifs du projet la méthode permet une analyse d‟objectifs, comme le montre la
figure 8-7 ci-dessous :
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194
Figure 8-7 Profil Développement durable d’un quartier : analyse des objectifs DD. Source: La Calade, 2004
La figure 8-8 ci-dessous présente un exemple de profil établi par le modèle INDI, le diagramme offre
une vision globale des 21 thèmes d'évaluation. Dans le radar l'objectif est d'obtenir des valeurs les
plus éloignées du centre.
Figure 8-8 Profil développement durable pour un quartier, exemple d’une analyse de cible pour un quartier. Présentation par
histogramme et Figure 8-9 : Profil établi par le modèle INDI. Source : Charlot-Valdieu et Outrequin,2004
Pour l‟évaluation de scenarios, le modèle permet de comparer le scenario à l‟état initial du quartier
et de voir aussi le scenario évoluer. Ci-dessous en figure 8-10, 8-11, 8-12 des exemples :
Figure 8-10 Valeurs cibles pour plusieurs quartiers en France: min and max. Source: La Calade 2004
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Figure 8-11Evolution du profil développement durable. Source: La Calade 2004
Figure 8-12 Présentation histogramme de l’évolution d’un quartier. Source: La Calade 2004
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196
8.5.3.2 Le modèle ENVI
(ENVironment Impact) 40 est un modèle d'impact environnemental des différentes actions au ni-
veau du quartier ou d‟un micro-territoire (petite ville, territoire d‟un GPV…), c'est un outil d'aide et
d'évaluation pour la maitrise d‟ouvrage, aménageurs et collectivités locales qui leur permettent de
répondre à la directive 2001/42/CE sur l'impact des projets urbains.
Les données demandées sont pour la plupart des nombres exacts mais en cas d‟information inexis-
tante, il est seulement demandé d‟indiquer une réponse dite majoritaire, qui exprime ce qui se
trouve majoritairement dans le quartier, au dire d‟expert ou d‟habitant. Le modèle retranscrit en-
suite cette information en estimation quantitative. Cf. figure 8-14.
II. Une analyse des impacts environnementaux d‟une série d‟actions pouvant être menées dans le
quartier : démolition, construction, changement d‟usage des bâtiments, économie d‟énergie ou
d‟eau, mise en place de transports en commun, de collecte sélective,…
40 Le modèle a été développe par EDF, le CSTB (Catherine Charlot-Valdieu) et la Calade. Le model ENVI vient du modèle
SILENE du EDF qui a été rebaptisé.
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197
L'évaluation est basée sur l‟impact du quartier à partir de cinq variables de sortie environnemen-
tales qui sont :
Le résultat final est un tableau de bord du scenario analysé affichant la valeur de chaque variable.
L‟utilisateur peut élaborer des scénarios qui aboutiront à modifier le fonctionnement du quartier :
évolution du nombre d‟habitants, de logements, d‟emplois, de modes de déplacements, etc. Cf.
figure 8-15.
Différents pôles (logements, déplacements, …) peuvent être traités indépendamment les uns des
autres. Dans ce cas, les impacts sont relatifs aux seuls pôles étudiés.
Figure 8-15 Impact d’un scénario sur les différentes variables environnementales d’un quartier. Source : La Calade, 2004
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8.5.3.3 Le modèle ASCOT
L‟outil est principalement prévu pour l‟usage dans la phase conception et peut être employé pour
la nouvelle construction et la rénovation. Le modèle d'ASCOT permet une comparaison entre un
bâtiment traditionnel (de référence) en rénovation et différents scénarios soutenables de rénova-
tion. Cette comparaison prend en considération l'épargne d'utilisation pendant toute la vie du bâ-
timent et fréquence du futur remplacement des composants de bâtiment et des systèmes (fig. 8-16)
L'outil d'ASCOT est caractérisé par une structure simple qui est très flexible à de futurs changements
et évolutions. Ses résultats sont faciles à comprendre. L'outil d'ASCOT sera développé, l'intention est
de couvrir tous les pays de l'Europe. Ceci signifie qu'il sera possible de présenter de nouveaux cli-
mats et d'ajuster des prix de l'énergie et des prix de composants de bâtiment sur des conditions lo-
cales. Pour le futur développement il est également prévu d‟intégrer les coûts sociaux ou environ-
nementaux et autres.
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8.5.4 Les outils d’évaluation du projet ADEQUA
ADEQUA est un projet financé par le ministère de l‟Equipement, le PUCA et l‟ADEME qui avait pour
but de définir des indicateurs d‟impacts environnementaux et de qualité d‟ambiances des projets
d‟aménagement urbain à l‟échelle d‟un quartier destinés à l‟évaluation de ces projets dans une
approche type développement durable.
Le projet ADEQUA a utilisé le système de type PSR (Pressure State Response), en définissant 4 objec-
tifs :
Le choix restreint des objectifs s‟explique par la volonté de développer des outils d‟évaluation quan-
titatifs de la qualité environnementale d‟un projet et non simplement qualitatifs, comme cela est
très souvent le cas dans les approches existantes. Dans ce projet de recherche, trois outils ont été
développés :
Développé au LEPTIAB41. Cet outil permet une analyse de la qualité environnementale et de la qua-
lification des ambiances à partir de 4 objectifs définis précédemment (PRES, ECO, AMB et RIS), cha-
cun de ces objectifs étant renseigné par un groupe d‟indicateurs (énergie, eau, sols et ressources
abiotiques épuisables par exemple pour l‟objectif PRES).
Une méthode d‟agrégation des évaluations obtenues pour chacun de ces indicateurs a également
été définie et des valeurs bibliographiques, retenues pour normaliser les valeurs. La présentation des
résultats est réalisée sous forme visuelle, à l‟aide de diagrammes radars, ce qui permet une analyse
rapide des projets. Cf. figure 8-17. Cet outil a été testé sur un cas réel en phase conception, le projet
« Espaces Gare » de la Rochelle.
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200
Figure 8-17 Résultats de l’évaluation des deux alternatives de quartier, Source : Projet ADEQUA Rapport final déc. 2006,
Développé au CEP42. Ce nouvel outil, baptisé ARIADNE complète un ensemble d‟outils développés
au niveau du bâtiment (ALCYONE, COMFIE et EQUER) et permet d‟effectuer une analyse de cycle
de vie à l‟échelle du quartier, [Peuportier, 2004] [Popovici, 2006].
L‟ACV du quartier est la base sur le chainage des entrées/sorties entre les outils d‟évaluation sui-
vants (Cf. figure 8-18):
- COMFIE- un modèle est importé d‟ALCYONE, complété par des données sur l‟utilisation du
bâtiment, puis la simulation est effectuée en utilisant des données météorologiques horaires.
Le programme calcule les besoins d‟énergie (chauffage, climatisation et éclairage) et des
températures horaires pour les différentes zones thermiques du bâtiment. Les données de
l‟enveloppe, définies par ses matériaux et leurs quantités, et les besoins d‟énergie, sont alors
transférées à l‟outil EQUER.
- EQUER- un modèle est importé de COMFIE, complété par des données sur les déchets, les
consommations d‟au, éventuellement les transports domicile-travail, puis l‟analyse de cycle
de vie est effectuée pour évaluer le profil environnemental du bâtiment.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
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201
- ARIADNE- Les résultats d‟EQUER sont importés pour chaque type de bâtiments, en précisant
le nombre de bâtiments de chaque type. Des données supplémentaires doivent être four-
nies sur les espaces extérieurs et les réseaux, ce qui permet de mener l‟ACV du quartier. Cf.
figure 8-19.
Figure 8-18 Chaînage des entrées/sorties entre les outils d’évaluation Source : Projet ADEQUA, Rapport final déc.
2006.
Cette analyse peut inclure différents types de bâtiments, les infrastructures d‟accès (routes et rue,
parcs de stationnement, espaces verts…) ainsi que les réseaux d‟eau et d‟énergie. Les substances
puisées et émises dans l‟environnement sont comptabilisées, puis des indicateurs environnementaux
sont déduits pour les 4 phases de vie du quartier, à savoir, la construction, l‟utilisation, la rénovation
et la démolition. La visualisation sous la forme de diagrammes radar permet également une analyse
aisée des résultats. Cet outil a été appliqué tout d‟abord à échelle réduite pour une opération de
réhabilitation à Montreuil puis à une échelle urbaine à Lyon (Opération Lyon Confluence). Cf. fi-
gures 8-20 à 8-22.
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202
Figure 8-20 Vue d’ensemble de l’îlot A du quartier Lyon confluence évaluée avec les outils du projet ADEQUA, Source : Projet
ADEQUA, Rapport final, 2006
Figure 8-21 : Vue de la modélisation de l’îlot A et du bâtiment D avec ALCYONE. Les masques crées pour les autres bâtiments
sont considérés. Les couleurs correspondent aux différentes zones dans le bâtiment D
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de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
203
Afin de mieux visualiser l‟intérêt d‟une variante, EQUER propose un graphique comparatif. Cf. figure
8-23.
Les affichages de résultats possibles avec la plateforme proposée dans le projet ADEQUA permet-
tent d‟également présenter les résultats d‟analyse de cycle de vie des espaces publics pour mon-
trer les avantages sur le plan environnemental des variantes choisies et voir leur impact face à un
espace public standard. Il est intéressant aussi de pouvoir indiquer les émissions moyennes des es-
paces publics et des bâtiments. Cf. figure 8-24 et 8-25.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
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204
Figure 8-25 Tableau récapitulatif des émissions produit pour les variantes du quartier (espace public et bâtiments)
Figure 8-26 Capture d’écran du quartier Sud du projet Espace Gare (Outils SIG : SOUNDPLAN, SOLENE). Source : Colloque
ADEQUA, Chambéry 2006.
En conclusion le modèle Adequa est une méthode d‟analyse de variantes d‟un projet
d‟aménagement d‟un quartier à dominante résidentielle. C‟est un outil d‟aide à la décision lors de
la réalisation ou de la réhabilitation d‟un quartier. Son but est d‟évaluer les objectifs du projet à
partir d‟un ensemble d‟indicateurs quantifiables pour permettre au professionnel de la construction,
l‟aménageur ou la collectivité de comparer différentes alternatives d‟aménagement. Les résultats
sont présentés à l‟aide de diagrammes radar qui permettent la visualisation des conséquences posi-
tives ou négatives d‟un projet. L‟optimum du diagramme radar est choisi comme la courbe exté-
rieure du diagramme.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
205
La méthode doit être utilisée dès les phases initiales du projet et elle doit pouvoir être applicable
durant l‟ensemble des phases de conception et construction du projet jusqu‟à la vie du quartier.
La méthode se base en partie sur les conséquences liées à l‟analyse du cycle de vie complète du
quartier depuis sa construction jusqu‟à sa démolition, en passant par la phase d‟utilisation (une pé-
riode de 100 ans). L‟information requise doit être concise pour permettre une vision d‟ensemble et
ne pas se résumer à une note globale unique. La difficulté étant de s‟adapter aux données dispo-
nibles et à l‟implication de tous les acteurs.
8.6 Conclusion
Dans les démarches qui relèvent du développement durable, les outils d‟aide à la conception et
d‟évaluation sont de plus en plus nombreux. Ils permettent aux acteurs concernés dans
l‟aménagement de comprendre mieux les projets mais aussi d‟en explorer tous les détails tech-
niques, économiques et fonctionnels.
La complexité de ces outils oblige le concepteur à une maîtrise minimale ou à l‟intégration dans ses
équipes pluridisciplinaires de spécialistes de ces outils. Cette intégration est fondamentale pour être
efficace dans la conception du projet.
L‟aide à la décision et à la conception à travers des outils comme ceux présentés dans ce chapitre
devient incontournables, ils sont et seront une obligation et non une exception.
La maitrise de ces outils permettra aux équipes d‟avoir un regard différent sur le projet urbain et de
prévoir et simuler des solutions pertinentes pour répondre aux besoins d‟aujourd‟hui avec une ap-
proche durable.
Nous avons vu que le point commun des outils d‟évaluation est qu‟ils sont basés sur des thématiques
cibles et des indicateurs. Les thématiques environnementales sont les plus analysées. Dans les outils
d‟aide à la conception, nous observons qu‟il s‟agit le plus souvent d‟outils de simulation de phéno-
mènes physiques, de modélisation 3D et d‟évaluation de la forme urbaine et de ses consomma-
tions.
Il reste le problème de la simplification de l‟accessibilité ; ces outils très complexes restent lourds à
mettre en place même ils sont intéressants et pertinents pour le projet.
Une autre observation est que ces outils sont plus adaptés pour une phase très en amont (phase
programmation), ou pour une phase très avancée du projet (phase PRO) où la demande de préci-
sions est obligatoire et les informations demandées sont très détaillées.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
206
Chapitre 9 - Systèmes d‟indicateurs du
développement urbain durable
L‟évaluation à travers des indicateurs est une pratique courante dans différents domaines et leurs
champs d‟application variés. Ils permettent d‟évaluer de manière simplifiée en un seul résultat des
processus qui sont complexes. Dans l‟urbanisme, ils pourront être des résultats statistiques ou agré-
gés.
Pour notre étude nous nous sommes intéressés aux indicateurs d‟évaluation urbaine.
Leur utilisation et utilité a été approuvée par l‟Union Européenne, l‟organisation pour le développe-
ment économique, Eurostat et l‟Organisation mondiale de la Santé entre autres.
Définitions
- Un indicateur est un outil simple qui permet d‟observer périodiquement les évolutions d‟un phé-
nomène, en le positionnant par rapport à des objectifs fixés. C‟est donc un instrument de mesure
(Système de management de la qualité – Indicateurs et tableaux de bord. Édition Afnor, juin 2000).
Un indicateur est un signe ou un signal utilisé pour représenter des événements ou des systèmes
complexes. Toujours défini au moyen de règles et de conventions, il fournit une interprétation empi-
rique de la réalité, à un coût moindre (données facilement accessibles) qu‟avec un système de
mesures, de modélisation et d‟interprétation. Généralement les indicateurs sont utilisés pour suivre
l‟évolution d‟un système dans le temps ou pour comparer plusieurs systèmes. Il en découle deux
caractéristiques essentielles :
Concrètement, un indicateur peut être une variable (par exemple la quantité de CO2 émis par une
industrie), ou une fonction et de variables (par exemple, le rapport entre la quantité de déchets
produits par les ménages). Le plus souvent qualitatifs, les indicateurs peuvent aussi faire intervenir
des variables qualitatives (par exemple le degré de satisfaction de la population par rapport au
niveau de bruit).
Un indicateur traduit donc un ensemble de données en une information succincte afin que celle-ci
puisse être comprise et intégrée dans l‟activité de l‟utilisateur pour lequel l‟indicateur a été conçu.
Cette utilisation peut soit se limiter à fournir de l‟information, soit, (le plus souvent) aider à la prise de
décision.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
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207
Le projet Européen PASTILLE définie deux familles d‟indicateurs:
La diversité des utilisateurs possibles, allant des experts au grand public en passant par les décideurs
politiques et économiques, demanderait idéalement de concevoir des indicateurs répondant spé-
cifiquement aux besoins et capacités de chacun d‟entre eux. En tout état de cause, chaque sys-
tème d‟indicateurs utilisé, outre sa description précise et ses limites de validité, doit être accompa-
gné d‟une présentation des valeurs et conventions implicites qui ont guidé sa construction.
Les indicateurs visent à réduire le nombre de composantes nécessaires pour rendre compte d‟une
condition ou d‟une situation, mais cette simplification peut s‟opérer jusqu'à des degrés divers. C‟est
ainsi que l‟on peut distinguer différents niveaux d‟agrégation des données constituant les indica-
teurs.
Ces indicateurs agrégés pourront être constitués de variables de nature identique et qui ne traitent
que d‟une dimension unique ou en revanche combinant des données de nature et de dimensions
différentes. On les appelle parfois « indicateurs composites ».
Les données et les indicateurs peuvent donc être représentés par une structure pyramidale au
sommet de laquelle on trouve des indicateurs très agrégés, qui sont parfois appelés « indices ». Cf.
figure 9-1.
Figure 9-1 Structure pyramidale d’agrégation des données vers les indices. Source Étude RECORD N°03-1011/1A
On constate qu‟un degré supérieur d‟agrégation facilite la lecture synthétique d‟un phénomène,
mais fait perdre des données analytiques. Une solution pragmatique à ce problème est sans doute
de présenter simultanément des indicateurs ou indices agrégés (avantage pour la communication)
et des données ou indicateurs détaillés (avantage pour l‟analyse scientifique).
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
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208
9.1.1 Quels critères doivent remplir les indicateurs?
Il y a un besoin croissant de suivre l‟évolution de notre société. Les indicateurs permettent de suivre
cette évolution d‟une manière rapide, facile et simple. Après les expériences sur leur utilisation dans
le suivi des évolutions urbaines, les indicateurs peuvent nous orienter dans la bonne direction, per-
mettre de gagner du temps et de visualiser l‟erreur.
Les indicateurs sont des outils d‟analyse, d‟évaluation et de suivi qui peuvent être utiles au cours de
différentes phases d‟un projet urbain :
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de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
209
9.2 Indicateurs d‟évaluation du
développement urbaine durable
Le débat sur les indicateurs est ouvert. Reprise dans de multiples initiatives politiques depuis plusieurs
années, dans Le Grenelle de l‟Environnement en France, la problématique de la mise en place
d‟indicateurs du développement durable a mis en évidence l’importance que ces indicateurs ont
pour répondre aux besoins des décideurs et des observateurs spécialisés mais aussi- et peut-être
surtout- pour l’information et l’éveil des consciences du plus grand nombre.
L‟objectif de cette initiative était de produire des indicateurs intégrés afin d‟aider les collectivités à
évaluer leur politique de développement durable, dans le but de promouvoir la durabilité et de
fournir des informations objectives et comparables en Europe sur les avancées sur ce thème. Cha-
cun de ces indicateurs reflète les interactions entre les aspects environnementaux, économiques et
sociaux.
Cet outil a été testé par certaines collectivités volontaires qui devaient l‟intégrer dans leur système
de gestion municipale existant, en complément des indicateurs définis à l‟échelon national ou mu-
nicipal. Cette période d‟essai a permis d‟améliorer et de faire évoluer cet instrument en fonction
des différentes remarques des participants. Voir tableau 9-1.
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210
Tableau 9-1 Indicateurs européens communs. Source : Quartiers durables-Guide d’expériences européennes ARENE-Ile-de-
France- IMBE- Avril 2005
N° Indicateurs 1 2 3 4 5 6
8 Nuisances sonores O O O
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211
9 Utilisation durables des sols O O O O
11 Empreinte écologique
O Principes considérés
*Principes en matière de durabilité sur la base desquels les indicateurs ont été choisis, extraits de la
« check-list » suivante :
1. L‟égalité et la cohésion sociale, ou comment assurer pour tous l‟accès à des services
essentiels et à des prix abordables, dans les domaines de l‟éducation, l‟emploi,
l‟énergie, la santé, le logement, la formation et le transport ;
2. La qualité du gouvernement local et de la démocratie, ou comment faire participer
tous les secteurs de la société civile à la planification locale et aux processus déci-
sionnels ;
3. La relation entre le local et le global, ou comment assurer la satisfaction des besoins,
de la production à la consommation et à l‟élimination et celle des besoins ne pou-
vant être satisfaits localement de la façon la plus durable possible ;
4. L‟économie locale, ou comment faire coïncider les compétences et les besoins lo-
caux avec les emplois disponibles en sollicitant le moins possible les ressources natu-
relles et l‟environnement ;
5. La protection environnementale par l‟adoption d‟une approche attentive aux éco-
systèmes, l‟utilisation la plus faible possible des ressources naturelles et des espaces,
la réduction de la quantité de déchets et des émissions de polluants, la protection et
le renforcement de la biodiversité ;
6. La relation entre l‟héritage culturel et la qualité de l‟environnement bâti par la pro-
tection, la préservation et la réhabilitation des valeurs historiques, culturelles et archi-
tecturales ; cette notion englobe le bâti, les monuments, le paysager, la mise en va-
leur et la sauvegarde de la qualité et de la multifonctionnalité des espaces et des
constructions.
Comme nous l‟avons vu, les indicateurs existent à des niveaux distincts mais sont combinés et cor-
respondent à des degrés d‟emboitement différents. En effet les indicateurs de niveau européen
sont agrégés et concernent des aspects plus globaux. Ils peuvent être renseignés grâce à la col-
lecte de données de niveau national ou issues de différentes collectivités, eux-mêmes alimentées
par des éléments récoltés au niveau des quartiers.
D'un point de vue terminologique, il est également important de placer le concept de l'indicateur
entre d'autres concepts comme but, objectif et outil. La table suivante clarifie la terminologie et
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
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212
montre une progression logique d'une notion générale, le but, jusqu'à l'application concrète, l'outil
(Cf. figure 9-2).
Appliqué à notre champ de travail, un indicateur peut être défini comme une variable qui aide à
mesurer un aspect donné/critères de construction soutenable.
Dans les projets d‟aménagement d‟écoquartiers les indicateurs expriment les évolutions de
l‟opération dans le temps, à la fois sur le traitement des différentes thématiques et sur la gestion des
projets. Ils guident ainsi les acteurs sur les orientations à prendre pour des résultats plus durables et
représentent un message adressé soit à des décideurs politiques, soit à des techniciens, soit encore
à l‟ensemble des habitants.
- Les indicateurs de suivi opérationnel, à destination des techniciens ou gestionnaires, sont des
indicateurs de contrôle opérationnels, techniques, quantitatifs, nécessaires au bon suivi de
l‟action.
- Les indicateurs de pilotage, à destination des élus, leur permettant de suivre les stratégies ou
les grands objectifs qu‟ils se sont fixés, de juger ainsi de l‟efficacité de leur politique, d‟ajuster
ou éventuellement de réorienter certaines actions.
- Les indicateurs de résultat mesurent l‟efficacité des actions entreprises, l‟écart entre une si-
tuation observée et un objectif à atteindre.
- Les indicateurs d’effort indiquent la pertinence de l‟action et analysent les efforts consacrés
et les moyens mis en œuvre pour parvenir à l‟objectif.
- Les indicateurs de performance évaluent l‟efficience de l‟action conduite par la collectivité
et mesurent le rapport entre les coûts et les résultats que l‟on peut lui attribuer.
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213
- Les indicateur d’état décrivent, à un moment donné, le milieu physique, le milieu naturel, le
paysage, les milieux socio-économique et le patrimoine (ex. : le pourcentage d‟espaces
verts)
- Les indicateurs de pression (ou de flux) rendent compte des prélèvements et des émissions
dans un milieu, par exemple les émissions de CO2.
- Les indicateurs de réponse (ou d‟impact) mettent en évidence les actions de protection de
l‟environnement, par exemple l‟impact de la pollution de l‟eau sur la santé publique.
- Les indicateurs d’alerte peuvent signaler l‟existence de problèmes environnementaux poten-
tiels. Ils invoquent un risque et permettent ainsi la gestion et l‟intervention sur ces problèmes,
par exemple une alerte de type Seveso.
- Les indicateurs de perception décrivent des phénomènes subjectifs liés à la perception so-
ciale. Ils permettent d‟évaluer la réussite d‟une politique environnementale pour les habi-
tants en fonction de leurs attentes et de leur ressentis. Ainsi, à Vestrebrö, en 2002, un ques-
tionnaire a été distribué aux résidents du bloc de Hedebygade afin de mesurer leur intérêt
pour l‟écologie urbaine. A Kronsberg sur le volet social, une évaluation de l‟opération de
maisons passives de Lummerlund a été réalisée auprès des habitants.
Les expériences effectuées dans le projet PASTILLE ont montré que, sans les listes d‟indicateurs de
contrôle, la définition d'une politique locale qui soutient le développement durable s‟éclipse. Les
priorités sont donc dirigées vers la création de ce type d‟outils qui pourront faciliter le contrôle local
des actions menées. Le consortium de PASTILLE suggère que les indicateurs soient employés en tant
qu'outils stratégiques pour le processus de gouvernement urbain, permettant une meilleure négo-
ciation des stratégies et des visions souvent contradictoires…
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
214
9.2.2.2 Le projet européen CRISP
Le projet CRISP a été mené pendant trois ans avec une équipe européenne de 24 membres de 16
pays. Son objectif était de recueillir et traiter les indicateurs relatifs à la durabilité pour la construc-
tion et la ville. Elle rassemble le travail d'un ensemble de 24 équipes qui apportent les résultats d‟un
éventail soigneusement choisi de projets nationaux et internationaux en Europe. Les activités princi-
pales du réseau ont été :
L‟analyse de ces systèmes et des indicateurs a signalé que, d‟une part il existe un manque de sys-
tèmes de processus et d‟indicateurs de stratégie et d‟autre part il existe un besoin réel et une de-
mande des utilisateurs de tels systèmes et indicateurs, en particulier de gestion.
Les objectifs des systèmes sont divers et bien distribués dans 4 classes (Construction category of the
systems, Purpose of the systems, Construction category of the indicator, Sustainable Development
Issue), mais l'évaluation est le but principal.
Les indicateurs traitent, dans l'ordre décroissant : bâtiments, échelle urbaine, produits, infrastructures,
processus. Dans la catégorie urbaine, la sous-catégorie du « quartier » est dominante.
Parmi les indicateurs du développement durable, les indicateurs environnementaux sont dominants,
suivi du social, puis économique. Cf. figure 9-4.
Parmi ceux-ci, la pollution et les déchets dominent, mais l'énergie, les matières premières et l'utilisa-
tion de la terre sont bien représentées également. La biodiversité est moins documentée.
Concernant les aspects sociaux, la santé et le confort sont dominants, puis l'accessibilité. L'acquis
culturel est moins documenté. Un nombre significatif d'indicateurs traite des aspects économiques,
seulement ou en association avec d'autres problématiques. Le CSTB était responsable de l'exécu-
tion de la base de données et accepte de maintenir la base de données sur le site Web public, les
nouveaux systèmes d‟indicateurs pourront être intégrés.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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Figure 9-3 : Indicateurs projet CRISP (1999-2004). Source : Rapport Final EVK4-CT 1999-2002. Coordinateur Luc Bourdeau
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Figure 9-4 Analyse statistique des indicateurs du projet CRISP. Source : Rapport Final EVK4-CT 1999-2002
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217
9.2.3 Les indicateurs des plus grandes villes nordiques
Sept grandes villes du Nord de l‟Europe (Stockholm, Malmö, Helsinki, Copenhague, Göteborg, Reyk-
javik et Oslo) ont mis en place une plate-forme d‟échanges de données et d‟expériences sur les
questions urbaines. Un des objectifs souhaités est de promouvoir les bonnes pratiques et créer une
base de comparaison des conditions environnementales de grandes villes et d‟avoir accès aux
expériences et initiatives individuelles dans une logique de benchmarking.
Un premier rapport élaboré en 2003, présente 11 indicateurs qui couvrent les échelles globales, ré-
gionales et locales des aménagements urbains mais également l‟utilisation des ressources et les
comportements écologiques. Ils ont été élaborés sur la base de certains indicateurs de la Commis-
sion Européenne « Vers un profil de durabilité locale-Indicateurs européens communs », présenté
antérieurement.
Chaque grande ville renseigne et assure le suivi d‟un ou deux indicateurs maximum.
A l‟échelle du quartier, une étude de benchmarking 43 sur différents critères, actuellement en cours
d'élaboration et d'amélioration, a été mise en place en collaboration avec plusieurs villes du nord
de l'Europe : Bo01 (Malmö- Suède), Greenwich Millenium Village (Londres - Royaume-Uni), GWL-
terrein (Amsterdam - Pays-Bas), Hammarby Sjöstad (Stockholm - Suède), Kronsberg (Hanovre - Alle-
magne), Niewland (Amersfoort - Pays-Bas), Oikos (Enschede - Pays-Bas), Viikki (Helsinki - Finlande).
Cette étude est centrée sur une comparaison qualitative de la perception et de la gestion du dé-
veloppement durable urbain dans les zones résidentielles. Elle se base sur 130 mesures mises en
œuvre dans ces quartiers, classées en 8 thèmes : espaces verts et biodiversité, transport, écoci-
toyenneté, revenu disponible, santé, ressources (entrée et sortie), elles-mêmes divisées en 5 catégo-
ries : énergie, eau, déchets, matériaux, autres. L'exercice doit aboutir à la création d'une base de
données qualitatives.
Cette base de données contribuera à l'élaboration d'un processus d'amélioration continue pour la
planification et le développement des quartiers urbains durables, à l'usage des différents acteurs
intervenant dans les projets. Un tel travail pourra également aboutir à l'élaboration d'une grille utili-
sée ultérieurement pour faciliter la comparaison entre différentes collectivités.
Dans certains pays comme au Danemark les indicateurs développés dans les villes pionnières sont
diffusés au niveau national avec le concept de « comptabilité verte ». Ils constituent également une
banque de données nationale sur l‟écologie urbaine ; chaque indicateur est mesuré annuellement
et rapporté au nombre de résidents.
43Benchmarking for Sustainable Urban Development in Malmö - Using a Structured Comparison as a Pre-Study - Malin Aberg,
MSc, Michael Sillen, BSc.
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N° Indica- Thème Indicateur Ville responsable
teur
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D‟autres collectivités ont mis en place des indicateurs de suivi et d‟évaluation de l‟Agenda 21 local,
pouvant être déclinés à l‟échelle du quartier. La ville de Stockholm a organisé ses indicateurs selon
les quatre piliers du développement durable :
Environnement
Économie
Social
• Nombre de personnes qui craignent la violence dans les rues et les jardins publics.
Gouvernance
• Pourcentage des jeunes de moins de 25 ans qui croient pouvoir influencer le développement
ou le changement de la société.
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de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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9.3 Conclusion
L‟évaluation des projets d‟aménagement à travers des indicateurs a montré ses points positifs ainsi
que ses limitations.
On peut créer tout type d‟indicateur pour qualifier les réponses des projets urbains vis-à-vis des en-
jeux ou des besoins. L‟indicateur reste une méthode facile à mettre en place et à comprendre pour
tous les acteurs, il peut être adapté à chaque acteur ou bien construit avec lui.
La base de données qui supporte l‟indicateur est son point fort, mais aussi son point faible.
L‟information doit répondre à des critères clairement définis et à des objectifs clairement établis.
L‟indicateur ne doit pas permettre d‟ambigüités et pour autant sa construction doit être faite avec
rigueur.
La création d‟indicateurs pour l‟évaluation de projets urbains a déjà montré la pertinence de ses
résultats, les grandes villes européennes en sont un bon exemple. A travers ces indicateurs, ces villes
communiquent sur leurs objectifs, leurs démarches, leurs savoir faire et sur les innovations pour arriver
à des résultats encourageants.
Le système d‟indicateurs peut ainsi s‟avérer trop complexe, « usine à gaz ». Il est essentiel que ceux-
ci conservent une relative simplicité pour être efficace, qu‟une forte adéquation aux acteurs vers
qui il sent de vecteur de communication et compression des résultats aux objectifs établies.
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PARTIE IV : Analyse de la pratique opé-
rationnelle et proposition de nouveaux
outils
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Chapitre 10 -La production des éco-
quartiers en France
La Fédération nationale des Agences d‟Urbanisme Française propose en 2009 de donner quatre
dimensions à la ville durable :
Une ville compacte favorisant les déplacements sans voiture. La FNAU préconise un projet
global de territoire englobant les espaces naturels et agricoles et le déclinant aussi bien à
l‟échelle de l‟intercommunalité que de l‟infracommunalité.
Une ville économe, neutre en énergie (consommation=production) valorisant les friches et
où les constructions et les démolitions s‟équilibrent. La ville économe doit entretenir et réha-
biliter fortement son parc de bâtiments existants.
Une ville sécurisée où les risques sont bien gérés et en particulier ceux qui traitent de l‟eau.
Une ville nature conservant des espaces naturels diversifiés en forme, en taille et en usages.
La ville nature a pour objectif la qualité paysagère et la préservation de la biodiversité.
Les agendas 21, les lois sur l‟environnement, sur le patrimoine, sur les aspects sociaux des logements,
sur les déplacements font évoluer les contextes réglementaires en faveur de l‟intégration de ces
objectifs dans les principaux documents d‟urbanisme. L‟aménagement, en dépendant de la res-
ponsabilité directe des élus locaux, est devenu un enjeu politique de première importance.
La législation française a évolué pour offrir aux élus locaux des outils réglementaires qui permettent
d‟intégrer dans les projets urbains ces préoccupations liées au développement durable.
Les principales lois et autres documents réglementaires en rapport à l‟urbanisme sont précisés dans
l‟annexe 2 : Contexte réglementaire en France, 2010.
L‟analyse de ces lois nous a permis d‟observer que le contexte réglementaire est relativement ré-
cent et évolutif vers un développement plus soucieux de l‟environnement et ce avec des engage-
ments chiffrés. Ces lois progressent d‟un contexte général au projet opérationnel.
Dans ce contexte réglementaire nous pouvons observer deux grandes lois dans la législation fran-
çaise qui ont marqué l‟opérationnalité pour la mise en œuvre du développement durable dans les
projets d‟aménagement et qui répondent à d‟importants débats de la société française :
La loi SRU née du débat français sur le thème « Habiter, se déplacer…vivre la ville » dans la
fin des années 1990.
Les lois Grenelle I et II nées du débat sur « l‟urgence d‟agir contre la dégradation de l‟état
de notre planète » dans le Grenelle de l‟environnement débuté en 2007.
En elles mêmes, ces trois lois forment un cahier des charges non négligeable pour l‟aménagement
de projets urbains.
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10.2 La mise en œuvre des écoquartiers
En France la mise en œuvre des écoquartiers a pris un retard de plus de 10 ans face à ses voisins du
nord de l‟Europe. Dans les années 2000 ont commencé à émerger de manière marginale des pro-
jets ambitieux qui explorent directement ou indirectement le concept d‟écoquartier, des ap-
proches de mise en œuvre et des innovations en matière d‟urbanisme.
Le plus ancien des projets répertoriés est le quartier Viscose à Echirolles qui date de 1982. D‟autres
projets plus anciens ont été identifiés par leurs approches intéressantes mais non dans la thématique
proprement dite des écoquartiers.
Une autre particularité de la production des écoquartiers dans le pays est l‟influence explosive en
octobre 2007 du Grenelle de l‟environnement dans la fabrication de ce type de projets. Dans le
cadre du Grenelle de l‟environnement un plan de Ville durable a été lancé. Il favorise l‟émergence
d‟écoquartiers en France. L‟objectif est la réalisation d‟au moins un écoquartier avant 2012 dans les
communes qui ont des programmes de développement de l‟habitat supérieur à 200 logements.
Nous pouvons dire qu‟il y a eu un avant et un après Grenelle. Ainsi dans certains contextes une re-
prise du retard imposée par la loi a motivé les collectivités à mettre en œuvre des pseudo-
écoquartiers.
Dans la première vague d‟écoquartiers (avant Grenelle) nous avons identifié très peu de projets et
les plus aboutis ont été répertoriés, ce sont :
Ces quartiers sont aussi, comme au Nord, autoproclamés écoquartiers par la maîtrise d‟ouvrage,
Auparavant ils étaient plutôt évoqué comme des « ZAC de référence ».
A la différence de leurs cousins, ils ne cherchent pas en absolu une performance marquée unique-
ment par la technologie, ils mettent l‟accent sur le cadre de vie, les aspects sociaux et prioritaire-
ment la performance énergétique.
Le caractère innovant des projets reste dans certains cas mitigé. On parle de performances disso-
ciées plus que d‟une performance globale. Ces réponses restent en deçà des écoquartiers de ré-
férence, mais ce sont des projets ambitieux dans le contexte français.
L‟alignement annoncé sur le modèle européen conduit souvent à des comparaisons techniques
fines et donc décevantes pour les experts de l‟urbanisme durable et pour les habitants séduits par la
publicité d‟un bouleversement profond vers une vie plus durable.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
228
C‟est par exemple, le cas de multiples projets de lotissements appelés écoquartiers qui ne propo-
sent ni d‟espaces de vie commun ni équipements de proximité et de performance environnemen-
tale restreinte uniquement à l‟énergie avec des consommations au meilleur de cas ciblé à 50
kWh/m²/an, qui pourront être considérés comme peu ambitieuses comparées aux projets alle-
mands visant les 15 kWh/m²/an.
En 2008, la revue « Durable » du mois d‟avril a réalisé un dossier complet44 sur les écoquartiers en
France. Ils ont répertorié 17 villes45 qui ont fait le choix de l‟implantation d‟écoquartiers avec 18 pro-
jets étudiés selon une grille d‟analyse qui nous permet d‟avoir trois types d‟informations intéressantes
simplifiées dans le tableau 10-1 ci-dessous :
Tableau 10-1 Informations recherchée par la Revue Durable en 2008 pour l’analyse des18 écoquartiers en France
Cette étude répertorie les projets du pays et décrit de manière simplifiée les caractéristiques de
chaque projet. L‟analyse que nous en avons fait nous a permis de sortir une radiographie des éco-
quartiers français.
44 C‟est une des études publiées les plus complètes que nous ayons retrouvées, avec des données et des caractéristiques
techniques
45Dunkerque, Lille, Douai, Le Havre, Nanterre, Paris, Limeil-Brévannes, Rennes, Angers, Nantes, Poitiers, Mulhouse, Chalon-sur-
Saône, Lyon, Grenoble, Echirolles, Narbonne.
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Les quartiers étudiés ont été classées par le nombre d‟habitants en trois catégories (Tableau 10-2) :
De 1000 à Limeil- Les temps durables Début 2008 2300 9,5 242
5000 habi- Brévannes
tants Poitiers La Mérigotte Début 2008 1200 25 48
Le plus ancien des écoquartiers répertoriés a été livré en 2007. Nous ne le considérons pas comme
étant un écoquartier puisque c‟est en réalité un projet à caractère résidentiel uniquement, édifié
dans une zone agricole. La grande majorité des projets est en construction, les travaux ont débuté
entre 2007 et 2008 et sont projetés pour être finis après le 2020, avec une période moyenne
d‟aménagement de 20 ans.
L‟implantation des quartiers se fait à 56% dans des zones en friche (anciens ports, usines, casernes,
industrie), 17% sur des terres agricoles, 21% dans des zones de réserves foncières proches du centre
ville et 6% sont des quartiers en rénovation.
La décision de créer un écoquartier est pour 50% des projets un acte politique pour le développe-
ment durable en réponse aux engagements pris à travers des Agendas 21, des plans climat, des
objectifs pour diminuer les émissions de CO2 et des objectifs pour l‟efficience énergétique. 22% des
projets sont faits dans une ambition d‟exemplarité, comme un projet de référence, 17 % comme
une réponse à l‟étalement urbain et uniquement 6% sont le résultat d‟une démarche des habitants.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
230
Il est intéressant de remarquer que certains écoquartiers sont créés après un voyage d‟étude aux
écoquartiers de référence au nord d‟Europe, spécialement Vauban et des écoquartiers en Suède.
Nous pouvons distinguer trois groupes de quartiers suivant leur superficie : de petits quartiers avec
une surface comprise entre 3.8 ha et 10 ha, des quartiers moyens avec une superficie comprise
entre 10 ha et 50 ha et de grands quartiers avec des surfaces de plus de 100 ha. L‟écoquartier le
plus grand a une surface de 240 ha.
Les écoquartiers français ont une capacité réceptive qui varie entre 300 et 25000 habitants. Plus de
50% des quartiers sont prévues pour une population comprise entre 300 et 1000 habitants, 40% pour
une population allant de 1500 à 3500 habitants, on observe très exceptionnellement des quartiers
de plus de 10000 habitants, le plus grand est prévue pour 25000 habitants.
Dans notre étude, 22% des quartiers ont une surface verte qui occupe 50% de la surface totale. 83%
proposent une variété de fonctions avec une mixité d‟usages (commerces, bureaux, équipements,
zones artisanales, etc.) et 11% sont des projets uniquement résidentiels. Dans plus de 60% des projets,
les piétons et les vélos sont les grandes priorités dans l‟aménagement. La création de voies vertes
est envisagée, 20% des projets proposent une zone à 30 km/h. L‟accès de la voiture est maîtrisé
dans une grande majorité des projets : plus de 20% des projets a diminué les places voitures de 0.6 à
1 place par logement et 20% a une politique de 1.2 à 2 places voitures avec quelques exceptions
comme à Lyon Confluence où le nombre de places répond à la norme en vigueur.
L‟impact de la voiture dans les quartiers est aussi traité : les espaces parking sont perméables avec
un aménagement paysager, les parkings sont en sous-sol, en lisière, en limite de quartier ou à
l‟extérieur du projet.
Le transport en commun est une priorité pour les écoquartiers ; tous proposent a minima un accès
au bus, pour 50% des projets le tram et l‟extension de ses lignes sont mis en avant et des solutions
diverses et variées sont proposées (bus en site propre, voitures partagées, création de nouvelles
stations, création de réseau de transports en commun train, trams, bus). Dans certains quartiers une
démarche de concertation est mise en place pour choisir le plan de mobilité et l‟emplacement des
stations.
La consommation et l‟efficience énergétique sont aussi abordées mais les exigences ne sont pas
très encourageantes si on prend en compte que les quartiers sont projetés pour être terminés en
2020. Certains de ces projets seront hors normes (Bâtiments BBC, RT2012...)
Plus de 60% des projets ont comme objectif une consommation comprise entre 60 et 130
kWh/m²/an (Energie primaire, chauffage+ ECS) et uniquement 20% affichent un objectif inferieur ou
égal à 50 kWh/m²/an. Certains quartiers ont comme objectif de diminuer la consommation entre
10% et 20% par rapport à la RT2005. Il faut remarquer deux projets : le projet de Mulhouse qui est un
quartier en renouvellement avec l‟objectif affiché de 50kWh/m²/an et le quartier du théâtre à Nar-
bonne avec l‟objectif de zéro carbone et une consommation de 50 kWh/m² /an.
A niveau des sources d‟énergie la palette de solutions proposées est très diverse : solaire, géother-
mie, éolien, bois, biomasse, etc... Plus de 50% des projets ont en commun le recours à la solution des
installations solaires thermiques pour couvrir les besoins en Eau Chaude Sanitaire (ECS) à hauteur de
30-50%. Le réseau de chaleur au bois est aussi une solution mise en place dans 44% des projets.
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de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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La thématique sur les matériaux est aussi abordée. Dans certains projets il a été mis en place une
exigence d‟utilisation en priorité de matériaux « propres », naturels et locaux. La réutilisation de ma-
tériaux de démolition ou existants sur le site est aussi demandée.
La gestion de déchets n‟est pas une thématique particulièrement traitée, elle se limite à la mise en
place de points d‟apport sélectifs ; dans 30% des projets un tri des déchets de chantier a été exigé.
La proposition la plus particulière et technique vient du quartier du théâtre à Narbonne qui prévoit
une collecte des déchets ménagers par système d‟aspiration souterraine.
La récupération des eaux pluviales est une pratique courante dans les projets, les systèmes sont in-
tégrés dans l‟aménagement paysager des espaces publics pour améliorer la qualité de vie, le con-
fort et la biodiversité. 30% de cette eau sera utilisée pour l‟arrosage des espaces verts et moins de
20% pour une utilisation dans les chasses d‟eau. D‟autres systèmes comme les hydro économes sont
exigés.
Plus de 50% des quartiers ont mis en place des initiatives pour promouvoir des modes de vie du-
rables (promotion du covoiturage, utilisation du vélo, sensibilisation et information sur la consomma-
tion énergétique, etc...)
Dans les écoquartiers analysés nous avons observé une proposition moyenne de 20% à 50% de lo-
gements à loyers modérés et de 15% à 30% de logements aidés à l'accès à la propriété. Par ailleurs
dans le projet Rives de la Haute-Deûle à Lille les chantiers engagent 7% d‟ouvriers en insertion.
Dans certains projets, des logements pour les personnes à mobilité réduite ont été programmés, de
même que l‟accessibilité aux fauteuils roulants dans les aménagements. La mixité de type de lo-
gement est généralement appliquée et des logements sociaux et « haut de gamme » sont projetés
dans les mêmes bâtiments ou secteurs du quartier.
La mise en œuvre de ces quartiers montre l‟intérêt national pour les modèles urbains durables, cha-
cune de ces villes a travaillé à l‟adaptation des concepts préexistants du nord de l‟Europe.
Cette adaptation a créé différentes interprétations du modèle et aussi une mise en œuvre souvent
très insuffisante vis-à-vis des modèles existants où les performances visées et atteintes sont au delà
des propositions Françaises.
L‟analyse de ce concours est en particulièrement intéressant pour notre étude à deux niveaux :
Le MEDDAT présente l‟écoquartier comme une forme d‟occupation de l‟espace où l‟on considère
le sol comme un bien rare et non renouvelable, au lieu de le considérer comme un actif à valoriser
à court terme, en fonction d‟opportunités foncières ou économiques.
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Un écoquartier c‟est aussi une vision à long terme, où ce que l‟on construit aujourd‟hui va condi-
tionner la vie de générations futures : il constitue ainsi le patrimoine de demain. Un écoquartier c‟est
un lieu de vie qui s‟appuie sur des ressources locales et prend en compte, à son niveau, les enjeux
de la planète. Il contribue de ce fait à la durabilité de la ville.
En enfin un écoquartier n‟est pas un ghetto pour quelques centaines de familles (plus pauvres ou
riches) : il contribue à la vie collective de la ville ou du village dans lequel il s‟intègre. Le ministère
invite par ailleurs les acteurs de l‟aménagement du territoire à travailler en partenariat.
S‟inscrivant dans les objectifs du Grenelle de l‟environnement, en 2008, dans le cadre du plan Ville
durable du ministère (MEDDAT), Jean-Louis Borloo annonçait la mise en œuvre du Plan Ville durable
et le lancement de l'appel à projets Ecoquartier et de la démarche EcoCité, à l'échelle de la ville.
Le concours vise à la constitution d‟un club opérationnel d‟écoquartiers pour capitaliser les nom-
breuses expériences émergentes dans le pays et la formalisation d‟un référentiel pour 2012. Le Minis-
tère souhaitait lancer avec des collectivités, une démarche Ecoquartier à la fois pour consolider le
contenu mais aussi pour diffuser largement le processus de projet et les procédures de montage, de
financement et de suivi des objectifs.
Le concours a été organisé autour de trois piliers du développement durable déclinés en 7 thèmes,
comme le montre le tableau 10-3.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
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233
Pilier social et sociétal Organiser la gouver- S‟organiser, s'entourer et piloter
nance Impliquer, écouter et décider
urbaine pour l'écoquar- S‟assurer que les objectifs
tier fixés seront respectés et atteints
Évaluer et préparer une gestion durable
Se respecter mutuellement et progresser
ensemble
La grande majorité des opérations proposées est encore très inaboutie, en phase de définition pour
la plupart. Il faudra donc vérifier les performances réellement obtenues plus tard. Les opérations
primées font partie de celles les plus avancées en termes de réflexion et de concrétisation.
Les lauréats du concours ont été sélectionnés à l‟aide d‟une grille de cotation. Cette grille, présen-
tée en annexe 4, avait la vocation de sélectionner et distinguer les projets qui apportent les élé-
ments les plus novateurs à valoriser. Elle a été conçue spécifiquement :
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
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pour sélectionner les projets appelés à rejoindre le club opérationnel ;
pour distinguer les 2146 lauréats du palmarès Écoquartiers exemplaires ;
pour désigner le lauréat du Grand prix national.
La cotation tenait compte du degré d‟avancement des projets et cherchait selon les cas à identi-
fier :
Le travail des experts évaluateurs des projets, avait pour but de dresser le profil des opérations. Il
s‟agissait de «coter» les intentions/ prescriptions/résultats de chacune des réponses du dossier au
regard des orientations d‟écoquartiers du MEEDDAT. L‟évaluation a été faite avec un système
d‟étoiles, délivrées par les évaluateurs sans aucune référence de base ou exigence de résultat clai-
rement différentiée. Le système d‟évaluation proposé qualifie trois types des projets, comme le
montre le tableau 10-4, ci-dessous :
- La fiche 1, permet la description synthétique du projet, à travers des données sur l‟opération
et ses points forts pour son évaluation
- La fiche 2, permet de spécifier les aspects clé pour certains critères ne faisant pas partie de
l‟évaluation « par étoiles » mais pouvant néanmoins être soulignés par chaque candidat
dans son dossier.
- La fiche 3, « la grille concours Ecoquartier » fortement inspirée de la grille RST02, est une grille
d‟expertise adaptée au concours pour évaluer les projets à utilisation exclusive des experts
pour l‟examen du dossier.
En novembre 2009 les palmarès du concours Ecoquartier a été rendu officiel. Sur 160 dossiers dépo-
sés pour l'appel à projets, 27 projets ont été sélectionnés.
A une échelle plus large, 19 collectivités locales se sont portées candidates et 13 projets ont été
retenus dans le cadre du projet Ecocités : Bordeaux (Plaine de Garonne), Rennes (Quadrant Nord-
Est), Strasbourg/Kehl (Métropole des Deux-Rives), Plaine Commune (Seine-Saint-Denis), Montpellier,
Nantes/Saint-Nazaire, Metz Métropole, Clermont-Ferrand, Grenoble, Marseille, Nice, La Réunion et le
Pays Haut Val d'Alzette (Moselle).
46 7 lauréats dans la catégorie A (moins de 500 habitants), 7 lauréats dans la catégorie B (entre 500 et 2000 habitants), 7
lauréats dans la catégorie C (plus de 2000 habitants)
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
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15 projets, ce qui représente plus de la moitie des prix, ont été lauréats dans la catégorie concer-
nent des quartiers de plus de 2000 habitants, 38% ont été décernés à des quartiers de 500 à 2000
habitants et 3 projets ont été primés dans la catégorie quartiers inferieurs à 500 habitants. Ce pal-
marès montre bien d‟une part que l‟écoquartier est un concept attractif pour les collectivités et
d‟autre part la grand différence de moyens entre les grandes et petites communes, même si on sait
que ce sont les moyennes et petites communes en France qui ont le plus haut taux d‟urbanisation
et de transformation du territoire national.
Au delà de ces commentaires sur les résultats, nous observons de notre coté que la méthode utili-
sée pour l‟évaluation reste archaïque. Elle ne permet pas d‟analyse détaillée, n‟est pas orientée
vers la notion de performance et surtout reste subjective.
La logique d‟étoile pousse à l‟agrégation de tous les objectifs, alors que cela ne se justifie pas.
En revanche l‟analyse est clairement multicritères et elle a permis de débattre sur ce que sont les
qualités intrinsèques d‟un écoquartier.
Le palmarès a récompensé 15 régions sur les 26 régions Françaises et les résultats du concours ont
occasionné certains commentaires sur :
- La classification par thématiques des résultats du concours qui « revient à nier le caractère
transversal de toute démarche de développement durable, a fortiori quand ces thèmes
appartiennent quasi exclusivement au « pilier environnemental » [Charlot-Valdieu, article du
MONITEUR, novembre 2009].
- L‟absence de réponses pertinentes dans les candidatures sur la participation citoyenne, sur
la gouvernance et sur la question de l‟évaluation est l‟une des causes de leur non prise en
compte au palmarès. [Franck Faucheux, 2eme FORUM SUR LES QUARTIERS DURABLES].
Même si ce concours a été controversé et critiqué par certains expertes sur la thématique du déve-
loppement durable urbain, il a permis de faire émerger le sujet ECOQUARTIER du concept à la pra-
tique sur le territoire français.
Le MEEDDAT a mis en place un travail d‟exploitation de la base de données constituée lors du con-
cours qui ne sera pas rendue publique. Elle est exploitée de diverses manières : catalogue de
bonnes pratiques, recherches thématiques, création d‟outils opérationnels.
Certains de ces outils ont été mis en ligne dans le site du ministère. http://www.developpement-
durable.gouv.fr
L‟objectif final du Ministère est de formuler de manière pédagogique les principes de mise en place
de quartiers durables et des outils opérationnels à disposition des aménageurs locaux avant 2012.
En janvier 2011 le deuxième appel à projets écoquartiers a été lancé par le ministère de l‟Ecologie,
394 dossiers ont été déposés par les collectivités, soit plus du double de l‟édition 2009. Ces projets
sont répartis sur l‟ensemble du territoire métropolitain et outre-mer et sont portés par des collectivités
de toutes taille, près de 90 dossiers sont présentés par des communes de moins de 2000 habitants et
environ 180 dossiers concernent des communes de 2000 à 20000 habitants [Maire-info.com, 2011].
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
236
Une grande différence avec l‟édition 2009 est qu‟une majorité des projets ont dépassé la phase
pré-opérationnelle et sont plus fréquemment construits sur des friches urbaines ou du renouvelle-
ment urbain. Le palmarès47 sera annoncé à l‟automne 2011.
La multiplication de l‟information sur les problèmes environnementaux, les solutions innovantes, les
écoquartiers et le concours des écoquartiers ont généré la mobilisation des acteurs et d‟une cer-
taine manière la démocratisation du concept.
Ce type de projets était resté marginal avant les années 2000, exceptionnel avant le 2007 - 2008 et
à la « mode » après le Grenelle de l‟environnement et le concours des écoquartiers 2008-2009. Ces
projets se sont convertis en projets attractifs pour tout le monde et dans certains cas en produit im-
mobilier vendeur de nouvelles formes d‟habiter, autoproclamés écoquartiers et sans aucune obli-
gation encadrée de résultats. Les figures 10.1 à 10.3 ci-dessous montrent quelques exemples de
l‟évolution de ces projets dans la scène nationale.
Figure 10-1 Cartes des écoquartiers en France. Sources : (1) Revue durable, avril 2008. (2) Le MEDDAT 2009
47 Les prix du concours sont : « performance écologiques », « Nature en ville », « Qualité du projet et vie du quartier » et il
ciblera également des territoires stratégiques avec des prix spéciaux « Ville moyenne », « Milieu rural » et « Renouvellement
urbain » [developpement-durable.gouv.fr, 2011].
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
237
Figure 10-2 Capture d’écran du site de l’écoquartier GIMKO à Bordeaux, Bouygues Immobilier 2011
Figure 10-3 : Carte de France des Ecoquartiers créé par Cleantech Republic.com, 2011
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de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
238
10.2.5 Vers l’évaluation des projets urbains et la
labellisation des écoquartiers en France
Il signale que l'engagement n°50 du Grenelle de l'environnement prévoit d'inscrire dans les docu-
ments d'urbanisme des objectifs chiffrés de réduction de la consommation d'espace et de déve-
lopper les indicateurs dédiés. Le COMOP confirme son souhait que les indicateurs définis nationale-
ment soient intégrés obligatoirement dans les documents d‟urbanisme.
Ci-dessous les principales propositions qui, à notre avis, montrent d‟une certaine manière les pos-
sibles engagements (futurs) de l‟État en termes d‟urbanisme et d‟aménagement. En annexe 4 les
extraits des tableaux de synthèse des propositions du comite N°9 « Urbanisme » de 2008.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
239
de se doter de documents d'urbanisme pour ces territoires aux enjeux particuliers, voire de
proposer certaines règles spécifiques aux zones rurales et s'appliquant dans le cas où elles
ne se seraient pas dotées de SCOT.
de développer une démarche expérimentale mise au point conjointement entre l‟Etat les
collectivités et les autres parties prenantes, relative à l'élaboration d'un quartier durable.
une démarche qui inclurait la définition progressive d‟une méthode et un soutien méthodo-
logique, ainsi qu‟une conditionnalité à définir concernant des aides publiques.
de définir dans le cadre d‟un bilan d‟étape un référentiel partagé afin de ne pas laisser le
concept général d'écoquartiers sans démarche de référence.
de mettre en place pour la nature en ville un système d‟aide à la décision et
d‟accompagnement méthodologique à destination des bureaux d‟étude et des élus qui
élaborent les plans d‟urbanisme, afin de contribuer à la biodiversité, en particulier au travers
de la protection de « trames vertes ».
une démarche de bilan carbone des opérations, comparant les émissions de CO2 des quar-
tiers traités avant, pendant et après les interventions
d'accroître l'implication des conseils de quartier, des associations de riverains et de déve-
loppement, et des associations professionnelles concernées (commerçants, artisans, etc.) à
la rénovation urbaine et à la gestion urbaine de proximité.
que l'ANAH pourrait prendre en charge une partie du surcoût impliqué par une éventuelle
labellisation HQE des opérations de réhabilitation urbaine
Ces concours serviront à l‟élaboration d‟outils adaptés et d‟un référentiel pour 2012. Ce référentiel
doit répondre aux besoins croissants de la plupart des acteurs concernés leur permettrant de mener
à bien ces projets. En outre, certains acteurs parlent de l‟éminence de la labellisation.
D‟une manière générale, les acteurs de la planification urbaine s'inquiètent de voir émerger un
nombre croissant de quartiers autoproclamés écoquartiers qui n'ont d'écologique que le nom et
oublient souvent que l'écoquartier ne doit pas constituer un objet séparé de la ville mais plutôt un
dispositif opérationnel de mise en valeur des principes du développement durable pour l'ensemble
de la commune.
Dans ces conditions, l‟enjeu principal consiste à être capable de rassembler en amont les compé-
tences disponibles dans les collectivités, et de se doter d‟outils méthodologiques de conception et
de suivi spécifiques à cette démarche
La difficulté est aussi que la méthode à définir devra rester transposable à l'ensemble du territoire et
reposer systématiquement sur la participation la plus large possible des habitants actuels ou futurs.
Le MEEDDAT propose également de mettre en place rapidement une démarche de type consumé-
riste, obligeant les aménageurs publics et privés à publier un noyau minimal d'informations nécessai-
rement normalisées, ce qui pourrait permettre de limiter les inconvénients des "écoquartiers auto-
proclamés", en rapide développement.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
240
Il juge également opportun d‟engager une démarche de définition et de promotion d'un label de
type « HQD-Haute Qualité Durable », basé sur des informations quantifiables et des "repères" non (ou
moins) quantifiés, sur la base d'une démarche plus large que l'actuel "HQE aménagement".
D‟autre part il est envisagé d‟établir un document unique de cohérence de toutes les politiques
publiques que l‟on appellerait « schémas 21 ».
Schéma 21
La possibilité d’élaborer le document unique resterait une simple option ouverte aux collectivités
locales en vue de simplifier les procédures et de faciliter la mise en œuvre de leur politique de dé-
veloppement et d’aménagement durables. Les dispositions des SCOT, PLH et PDU existants seraient
reprises dans ces « schémas 21 », afin de ne pas revenir sur les travaux déjà réalisés s’ils donnent sa-
tisfaction sur des périmètres plus restreints. En revanche, l’élaboration du « schéma 21 » pourrait être
imposée préalablement à celle de tout document de niveau inférieur dans les territoires non cou-
verts par un SCOT. »
La labellisation ou des outils d‟aide à l‟encadrement des démarches durables dans le territoire est
une réalité à ne pas négliger. Des moyens sont en cours de développement dans ce sens. Il reste à
espérer que les objectifs et les moyens répondent aux exigences et aux enjeux des formes urbaines
plus soutenables et ne pas uniquement à un label.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
241
10.3 Conclusion
La construction des écoquartiers en France est une démarche relativement récente et aujourd‟hui
en plein développement après le Grenelle de l‟environnement et les appels à concours Ecoquar-
tiers du MEEDDAT. La labellisation des projets devrait également voir le jour à travers une démarche
organisée par le gouvernement en 2012.
Les enjeux liés à une mise en œuvre rapide du concept sont désormais une préoccupation de tous
les acteurs. La mise en œuvre de ces projets dans le territoire a mis en évidence le manque de for-
mation et d‟information des acteurs concernés et des villes et villages sans politiques claires sur le
développement durable. Des pseudos écoquartiers ont été construits dans une interprétation indi-
viduelle et dans certains cas arbitraires, des principes des écoquartiers.
La vulgarisation du concept comme une réponse performante dans un contexte de fragilité envi-
ronnementale de la planète a été transformée aussi en marque de qualité et de marketing.
Le concept d‟écoquartier dans le contexte Français doit trouver son chemin et sortir des modèles
importés au profit de projets qui adaptent le concept par l‟appropriation de ses principes et leur
adaptation à chaque contexte. Cette démarche doit être encadrée par des politiques ambi-
tieuses de territoire, l‟écoquartier étant le levier pour atteindre les objectifs et leur donner du sens.
Certains écoquartiers français montrent le chemin et ont pris des risques pour ouvrir la voie vers une
évolution de la pratique urbaine dans le territoire. L‟intérêt des collectivités, acteurs et habitants
existe et doit être considéré comme une chance à ne pas laisser passer avec des projets sans va-
leur ajoutée.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
242
Chapitre 11 -La pratique opération-
nelle locale
Nous avons poursuivi notre démarche de recherche par la participation à des opération de pro-
duction urbaine, dans le cadre de projets menés au sein de Nobatek pour le compte de maitres
d‟ouvrage et maitres d‟œuvres, dans le but d‟observer et analyser la pratique actuelle en réponse
à une demande de développement durable, puis dans le but de proposer des outils innovants
permettant des pratiques plus efficaces.
Ce besoin étant en premier lieu celui de la maitrise d‟ouvrage, ou encore des habitants, pour en-
suite impacter directement l‟équipe de maitrise d‟œuvre et en particulier les experts en dévelop-
pement durable inclus dans le projet. Nous avons pu observer que l‟intensité de cette demande a
cru extraordinairement tout au long de ces années de thèse, au point même de transformer parfois
aujourd‟hui l‟écoquartier en un produit immobilier comme cela a été décrit dans les chapitres anté-
rieurs.
Parce qu‟il est essentiel de parfaitement maitriser le contexte des opérations au moment d‟intégrer
les principes de développement durable, nous présentons ci-après en détail celui des sites d‟étude
qui ont été nos objets expérimentaux pour l‟observation des pratiques. Ces sites sont tous dans le
sud de l‟Aquitaine et ont tous fait l‟objet de travaux « réels » d‟assistance à la conception urbaine
réalisés par Nobatek au sein de l‟équipe de conception.
Nous détaillons ensuite les processus opérationnels observés pour ce type de projet, préfigurant nos
propositions d‟optimisation présentées dans les chapitres suivants.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
243
d‟étude dans le territoire et leur niveau d‟urbanisation.
Figure 11-2 CAS D’ETUDE. Source : Plan SCOT de l’Agglomération de Bayonne et du Sud Landes. Séminaire du 20 février 2010,
AUDAP
L‟ancien B.A.B est une agglomération moyenne, de littoral, en croissance, où se concentrent habi-
tants et emplois. Les deux autres communes sont sous la pression exercée par l‟agglomération du
B.A.B. La Bastide-Clairence, une commune rurale et montagneuse, avec une démographie en dé-
clin et une population des communes voisines demandeuses de logement. Bassussarry, un territoire
périurbain, qui polarise certaines des dynamiques résidentielles actuelles. Cf. figure 11-3.
Pour ces sites d‟étude, la demande commune était basée sur un aménagement urbain pour des
quartiers d‟habitations. Des aménagements respectueux de l‟environnement, considérant le déve-
loppement durable dans des termes larges et une attention plus portée sur la gestion de l‟énergie.
Aucun de ces projets n‟était inscrit a priori dans une obligation ou une démarche d‟écoquartier à
exception de l‟écoquartier Maharin en 2009-2010.
De manière générale tous ouvrent leur territoire à l‟aménagement pour maitriser le développement
de leur commune et générer une offre logement plus accessible, offre insuffisante actuellement.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
244
Figure 11-3 CAS D’ETUDE. Source : Vue Google des sites d’étude.
En 2007-2008, début du travail de thèse, aucune de ces collectivités n‟était dotée d‟Agenda 21 ou
de charte de développement durable. Dans l‟agglomération du B.A.B tous les projets sont des ZAC
(Zones d‟Aménagement Concertée) avec aucune contrainte importante liée au PLU ou PADD,
d‟une certaine manière des zones ouvertes à propositions.
Dans les communes périurbaines et rurales, il s‟agissait plutôt de parcelles classées AU dans leur PLU.
Notons tout de même que Bassussarry a un PADD.
Par la similitude dans la demande et parce que les enjeux décrits étaient similaires pour tous ces
projets, nous avons mis en commun ces enjeux pour tous les objets d‟étude. Ils sont présentés ci-
après.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
245
11.2 Les enjeux
2 3
Figure 11-4 Répartition de population au Pays Basque (au 31/12/2006). Source : CRDP 2007
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
246
Le constat
Biarritz est aussi la plus densément peuplée avec 2578 hab./km², très au dessus de ses voisines An-
glet (1309 hab/km²), Bayonne (1850 hab/km²), Bassussarry (279 hab/km²) ou la Bastide Clairence (38
hab/km²) .
L‟agglomération du BAB est l‟unité urbaine principale du littoral basque avec services, commerces,
bureaux, etc. Près de la moitié de la population active qui y réside, y a également un emploi (48%).
Ici les terrains sont rares, sous-occupés et chers.
Avec 23,9% (+13,1% entre 1990-1999) de la population vivant en zone intermédiaire (Conseil de
développement du Pays Basque, 2001) l‟étalement urbain est une conséquence non négligeable
de cette évolution. On parle beaucoup du phénomène de « maison champignon » et de mitage
urbain.
La Bastide Clairence est localisée en zone rurale avec un solde naturel négatif et un taux annuel
moyen de variation de la population faible (+0,3% entre 1990-1999). Malgré ces données, elle con-
naît une évolution favorable dans l‟installation de nouveaux ménages et d‟artisans de l‟art.
Le mouvement migratoire compense un solde naturel globalement déficitaire, mais exerce une
pression non négligeable dans le département. La spéculation des terrains, un important nombre
des maisons secondaires et une demande grandissante ont généré un déficit de logements et une
montée des prix qui affectent principalement la population locale. Les deux figures 11-5 et 11-6 re-
prennent en détail ces données :
49La densité du département est supérieure à celle de l'Aquitaine (78 habitants/km2), mais inférieure à celle de la métropole
hors Île-de-France (95).
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
247
Figure 11-5 Part des résidences secondaires dans le territoire. Source INSEE,2006
Figure 11-6 Valeurs immobilières dans les communes d’étude. Source Notaires de France, Perval, 2008
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Avec un nombre important de logements et l‟urbanisation qui l‟accompagne, les prospectives de
développement ont été dépassées par la réalité avec une surface artificialisée de plus de 38% de
l‟agglomération, 24% dans la zone de la première couronne et 6% en zone rurbaine. Les perspec-
tives de développement conjoint pour les 10 ans à venir sont une priorité pour un développement
maitrisé, une économie de ressources et de moyens et une maitrise des impacts vis-à-vis du déve-
loppement durable et des futures générations.
Si le marché prend la main sur le développement et ne retrouve pas un foncier intéressant en zones
urbanisées, l‟habitat s‟étend sous la pression de la demande.
Pour limiter les aménagements dissipés et dortoirs, les collectivités doivent constituer de réserves
foncières sans spéculation, créer des périmètres de recomposition, réhabilitation et restructuration
urbaine pour construire la ville sur la ville.
Le constat
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
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Bastide Clairence on parcourt 31Km en environ 30min depuis le BAB. Cette facilité d‟accès a ac-
centué le phénomène de rurbanisation générale du territoire.
Figure 11-8 Les flux d’échanges. Source : Agence d’urbanisme Adour Pyrénées, 2007
Les sites étudiés répondent à une logique de « tout voiture ». Près de 80% des déplacements (tous
modes confondus) sont effectués en voiture particulière. 85% des déplacements domicile-travail se
font en voiture. 70% des déplacements internes aux communes sont réalisés en voiture (EMD 1999).
Le tableau 11-2 ci-dessous présente les types de transport utilisés dans les sites d‟étude.
Tableau 11-1 Type de transport utilisé dans les sites d’étude. Source : Agence d’urbanisme Adour Pyrénées, 2007
Dans le rapport final de l‟agence d‟urbanisme Adour-Pyrénées sur le plan de déplacements urbains
de l‟agglomération de Bayonne de 2002, nous avons trouvé les informations suivantes :
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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communes de Biarritz et de Bayonne. Dans ces deux communes, les plus urbaines, environ un quart
de la population ne possèdent pas de voiture.
Avec une moyenne de 1,34 voiture/ménage la motorisation de la population est très élevée.
Ci dessous un tableau sur le pourcentage de voiture par ménage dans les zones d‟étude. (cf. Ta-
bleau 11-2)
Nombres de voitures par ménages
Tableau 11-2 Voitures dans les zones d’étude. Sources des données : INSEE, Seloger.com, Habitants.fr
Le PTU reçoit trois fois plus d‟actifs qu‟il n‟en envoie. 43% du total des personnes travaillant dans le
périmètre viennent ainsi de l‟extérieur. Les zones d‟influence se limitent à l‟agglomération et aux
départements des Pyrénées Atlantiques et des Landes hors agglomération.
Lieu de résidence des actifs Communes cen- Reste du Couronne périur- Hors aire urbaine
Unité : nombre d'actifs trales* pôle urbain baine
Tableau 11-3 Flux domicile travail dans la zone urbaine de Bayonne. Sources des données : INSEE-Recensement de la popu-
lation 1999
Un autre phénomène à considérer est les migrations Domicile-Etudes. Les échanges sont moins
nombreux. Sur l‟ensemble du PTU, moins de 12% des élèves viennent du reste de l‟agglomération et
17% ne sont pas originaires de l‟agglomération dans sa globalité. A l‟exception des déplacements
intra-communaux, l‟essentiel se fait en direction de Bayonne, qui reçoit 4216 élèves alors que seu-
lement 642 résidant sur la commune vont en direction d‟une autre commune du PTU [SMTC de
l'Agglomération de Bayonne, 2002].
Dans le contexte actuel, avec un prix d‟essence grimpant et une fragilité dans l‟approvisionnement,
la mobilité est un problème majeur pour beaucoup de ménages dans les sites étudiés.
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de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
251
11.2.3 Les enjeux urbains
Un des principaux enjeux urbains est l‟étalement urbain favorisé d‟une part par une offre immobi-
lière plus accessible dans la zone intermédiaire et rurale et d‟autre par un accès facile en voiture.
En outre le mitage urbain dû à une surconsommation de l‟espace, est principalement lié à des
faibles densités et à une urbanisation non maitrisée. Voici ci –dessous dans la figure 11-10 des
images sur l‟évolution de la tache urbaine, étude présentée par l‟AUDAP en 2010.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
252
Ce phénomène entraine une recrudescence de la pression foncière et la surconsommation de la
ressource non renouvelable « le sol ». L‟urbanisation se fait dans une logique de surconsommation
foncière et non plus sur une logique de densification et de rationalisation de l‟espace.
L‟AUDAP, présentant le SCOT de l‟agglomération de Bayonne et du Sud des Landes en 2010 cite :
« Dans la période entre1998-2008 la tendance à l’artificialisation des sols se poursuit, mais elle ralen-
tit ».
Deux constats :
- En 2008 ils ont constaté une densité moyenne de 12 logements à l’hectare urbanisé et 85%
de la surface récemment urbanisée était destiné à l‟habitat.
- La taille des ménages se réduit dans le BAB et la maison individuelle reste le logement de
préférence dans la zone périurbaine et rurale. Apres l‟analyse des tableaux ci-dessous, une
autre cause se profile a priori, la recherche d‟espace. La tendance à avoir des logements
spacieux, majoritairement de 3 à 4 pièces, ne change pas. Cf. tableau 11-5 et 11-6.
Type de logement
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
253
Ces tendances ont produit un étalement de la tache urbaine. En analysant les cartes sur l‟évolution
de la tache urbaine de Bayonne (figure 11-11), nous constatons que l‟urbanisation a concerné tant
la bande littorale et le sud des Landes que les communes situées à proximité des grands axes de
communication. Un autre constat est que même si l‟évolution de l‟aire urbaine correspond appa-
remment à une évolution du nombre d‟habitants, la densité de la population décroît et on passe
d‟une densité de 535 hab/km² en 1968 à une densité de 284 hab/Km² en 1999.
Par ailleurs en 1999 le Pays Basque compte 146 245 logements, soit une augmentation de 15,3% du
parc depuis 1990 avec une augmentation de l‟aire urbaine de 118 Km².
Cette analyse met pour nous en évidence le problème de la maîtrise foncière et du développe-
ment incohérent du territoire. Cf. figure 11-10.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
254
11.2.4 Les enjeux environnementaux
TRANSFORMATION DES SOLS
Le territoire est riche en ressources avec une concentration d‟une grande variété de paysages. Un
territoire de relief pastoral et forestier, de collines, d‟espaces vallonnés, de montagnes, de vallées,
de grandes plages et d‟océan. Cf. figure 11-11.
Ce cadre paysager et la culture Basque sont entre autres des atouts forts pour l‟attractivité de ce
territoire.
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255
Cette attractivité, comme nous l‟avons déjà évoqué, a une conséquence sur l‟artificialisation du
territoire et pour autant des pertes importantes des sols à destination agricole, une forte urbanisation
du littoral et une consommation non négligeable de ressources. Dans le BAB comme dans les autres
sites, la préservation du paysage a été une des principales préoccupations face à une urbanisation
grandissante comme le montre le graphique ci-dessous (Figure 11-12).
Figure 11-12 Occupation du sol des Pyrénées Atlantiques, AUDAP INSEE 2009
Dans la majorité des territoires étudiés, il est évoqué que les terres agricoles de proximité sont en
péril par l‟extension urbaine et le mitage urbain. Par ailleurs la présence de la forêt, rare en zone
urbaine et donc à préserver a obligé d‟une certaine manière à mettre en évidence la fragilité de
ces espaces.
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256
En analysant l‟étude de l‟IFEN sur l‟évolution de l‟occupation du sol entre 1990 et 2006 (figure 12-14)
on peut voir que les terres agricoles ont grandi d‟environ 540 ha, les forêts et milieux semi naturels
ont diminué de 5160 ha par contre les terrains artificialisées ont augmenté.
Figure 11-13 Evolution de l’occupation du sol entre 1990-2006. IFEN, Corine Land Cover 1990-2006
Cette étude confirme la progression des terrains artificialisés avec une évolution forte de 28,3% qui
représente 4750 ha. On observe que l‟artificialisation s‟exerce au détriment des milieux semi-naturels
et de forêts plutôt que des terres agricoles, donc entraine la transformation en zones urbaines de
ces milieux fragiles à raison de 322,5 Ha par an.
GESTION DE L’EAU
257
Si on regarde en détail et si on considère que 64 % de ces prélèvements sont réalisés sur les eaux
superficielles, la ressource en eau est en réalité fragile, sensible à de possibles contaminations et à la
pénurie.
Figure 11-15 Utilisation de l’eau prélevée dans le sans considérer que dans le territoire la consommation
territoire en 2006. IGN Agence de l’eau, 2006 d‟eau potable représente 69% de l‟eau prélevée.
Mais dans les communes des projets étudiés, l‟eau potable constitue un enjeu fondamental. Des
exemples pour l‟illustrer : en 2008, sur les 2,6 millions de m3 d'eau potable consommés à Anglet par
an, 80 % proviennent de la Nive et 20 % des forages des nappes de la Barre et des Pontôts qui font
l'objet de périmètres de protection. Même si la consommation d‟Anglet est en diminution de 6% en
4 ans (tendance nationale) la consommation individuelle de 140l/j.hab reste supérieure à la
moyenne nationale (137 l/j.hab).
Biarritz ne dispose pas de ressources en eau potable, les anciens forages ayant été abandonnés
depuis longtemps du fait de la mauvaise qualité de l‟eau. Biarritz tire 100% de son eau potable de
l‟usine de la Nive. Contrairement aux autres membres du syndicat, syndicat mixte de l‟usine de la
Nive SMUN51, Biarritz a consommé 2493 580 m3 d‟eau potable en 2008, soit 16,86% de moins qu‟en
2007.
Le prix de l‟eau est aujourd‟hui et demain un important enjeu dans le budget des ménages des
communes étudiées. Biarritz a la facture la plus élevée : 3,10 euros TTC le m3 d‟eau potable sur la
commune depuis 2009 (environ 0.30 centimes de plus que le tarif 2007-2008) dont 1,87 Euros pour
l‟assainissement. Dans les communes étudiées deux types de tarif sont facturés (hiver et été) avec
une différence en moyenne de 0.06 centimes pour Bayonne et de plus de 0.50 centimes par m 3
pour Biarritz.
51 Le SMUN : 26 communes membres du syndicat ;. 11000 000m3 d‟eau potable produite par an ; 190 000 habitants perma-
nents/ 400 000 en période estivale. Augmentation de 48% de production d‟eau potable en période estivale en 2008.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
258
Prix de l’eau dans les agglomérations des sites d’étude
Consommation Distribution
Rede- Prix glo-
d’eau (m3) de l'eau Assainissement Taxes
Année Syndicat AEAP Syndicat assainissement vances bal
potable (€HT/m3) (€/m3)
(€/m3) (€/m3)
(€HT/m3)
COMMUNAUTE D'AG-
COMMUNE GLOMERATION DE
2008 2493 580 1.617 1.358 0.385 0.185 3.545
DE BIARRITZ BAYONNE ANGLET -
BIARRITZ
COMMUNAUTE D'AG-
COMMUNE GLOMERATION DE
2008 1.066 1.358 0.381 0.155 2.960
DE BAYONNE BAYONNE ANGLET -
BIARRITZ
LA BASTIDE
Sans info - - - - -
CLAIRENCE
Tableau 11-7 : Prix de l‟eau dans les communes des projets d‟étude.
Source :http://adourgaronne.eaufrance.fr/carto/maCommune?symfony=5fa2f6649f4183db251b469600f04c39&communeI
d=64122&submitCommune=Acceder+%C3%A0+la+fiche
Par ailleurs les communes sont confrontées à une demande supplémentaire d‟eau en période esti-
vale (48% en 2008). La population se duplique durant cette période et constitue un atout majeur
pour l‟économie touristique du territoire.
Les pollutions bactériologiques représentent une autre préoccupation latente. Elles sont issues des
rejets sur les rivières et l‟océan qui affectent la qualité d‟eau de baignade et peut mettre en péril
l‟attractivité touristique des communes. Tout est ainsi lié dans la gestion de l‟eau : limiter les prélè-
vements, stocker et traiter les surcharges pluviales, traiter les eaux usées et éviter leur rejet en milieu
naturel…
Les solutions dans les projets restent du cas par cas et souvent très limitées, sans se soucier de la
problématique plus large du territoire et ne s‟inscrivant pas non plus dans l‟idée d‟apporter des solu-
tions en amont pour éviter la surcharges des réseaux ou les prélèvements d‟eau.
L‟enjeu pour les années à venir sera d‟obtenir une meilleure qualité des eaux fluviales et de bai-
gnade, traiter les eaux usées, gérer le problème de surcharge des eaux pluviales pour lutter contre
les pollutions et les inondations.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
259
PAYSAGE ET BIODIVERSITE
Dans les communes des projets d‟étude le paysage et la biodiversité est désormais un seul grand
enjeu.
On y trouve des espaces naturels et des sites classés Natura 2000 et par la loi Littoral qui concerne
les 19 communes ayant une façade maritime ainsi que Bayonne et Boucau qui sont riverains de
l‟estuaire de l‟Adour.
Deux protections majeures dans le cadre de la loi sont à signaler [Atlas du territoire, 2008]:
« - les coupures d’urbanisation qui organisent l’alternance entre les espaces naturels et les espaces
urbanisés et urbanisables. Sur le littoral sableux, il s’agit de coupures significatives, dont certaines
d’intérêt régional. Pour le littoral de la côte basque, les coupures d’urbanisation sont souvent de
dimensions restreintes et plus ou moins perpendiculaires au rivage,
- les « espaces remarquables » préservent les sites, paysages ou caractéristiques du patrimoine natu-
rel et culturel du littoral. Il s’agit par exemple des zones humides en bordure des cours d’eau et
étangs, des bassins visuels de la corniche basque et des plans d’eau, des massifs dunaires boisés, de
la dune bordière, des falaises et des landes littorales,… »
Figure 11-16 espaces naturels protégés ou gérés dans le territoire. Diren Aquitaine 2009 ; CG 64 ; CG40 ; IGN agence de
l’eau, BD Cartage ; AUDAP 2009
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
260
De nombreux outils de protection et de gestion du patrimoine sont mobilisés. Ils concernent des
bâtiments mais aussi des espaces naturels (Figure 11-17). Dans les zones d‟étude nous avons retrou-
vé :
- 1ZPPAUP à Biarritz
-1 Bastide
La situation géographique, géologique et climatique permet d‟avoir, dans les sites d‟étude, une
biodiversité faunistique et floristique dans certains cas exceptionnelle, c‟est le cas notamment de la
plaine d‟Ansot de Bayonne (100 Ha), classée Natura 2000 et espace sensible au même titre que le
parc écologique Izadia d‟Anglet (14 ha) et le site Mouriscot de Biarritz (110 ha) classé Natura 2000.
Figure 11-17 Eléments historiques, paysages protégés et entités du milieu naturel du territoire. AUDAP 2009
Dans ces zones, l‟étalement et le mitage urbain sont un risque pour la protection du paysage et de
la biodiversité. Nous avons constaté que l‟aménagement prévu dans certaines communes avec le
PLU en vigueur, comme à Bassussarry, promeut les coupures du paysage naturel, facilite le mitage
urbain et permet de certaine manière la disparition des corridors écologiques nécessaires aux es-
pèces végétales et animales.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
261
LES RISQUES NATURELS ET TECHNOLOGIQUES
Les zones d‟étude sont sensibles à des risques naturels comme technologiques. La lutte contre l'éro-
sion, les inondations, les tempêtes, les pollutions bactériologiques issues des rejets de l ‟Adour et du
ruisseau Barbot nécessitent une attention particulière.
Avec le changement climatique ces problèmes s‟accentuent ; par exemple l‟érosion des
laises52demandant actuellement leur consolidation, l‟inexorable érosion des plages, la fragilité des
côtés rocheuses altérées par l‟érosion marine, etc. Des tempêtes plus fréquentes, des houles plus
fortes, une montée du niveau de la mer, sont de possibles scénarios.
Depuis 1982 le territoire d‟Anglet a fait l‟objet de dix reconnaissances de l‟état de catastrophe natu-
relle : six pour inondation, une pour sécheresse, une pour tempête et grains, une pour ruissellement
et boues et une pour actions mécaniques des vagues.
Par ailleurs l'activité du port de Bayonne, qui impacte par ses rejets l‟Adour et les populations rive-
raines, est une des installations à risque technologique à considérer comme un risque latent (Fig. 11-
18).
Figure 11-18 Risques naturels et technologiques dans le territoire. Base GASPAR, services de l’Etat ; IGN Agence de l’eau, BD
Carthage, 2009
52 En 2009 Anglet demande au cabinet Bordelais Antea la réalisation d‟une étude des travaux prioritaires de confortement
de falaises. Cette étude demande une intervention importante et couteuse pour la commune. Source : magazine Anglet
n°106
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de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
262
DECHETS
Les lois Grenelle renforcent la politique de réduction des déchets avec l'objectif de réduire de 7 %
par an les déchets ménagers d'ici 2015 et d'augmenter le recyclage (35 % de déchets recyclés en
2012 et 45 % en 2015).
En 2009, ont été collectées sur l‟agglomeration 67 240 tonnes de déchets (638 kg/habitant), dont :
38811 tonnes (368 kg/habitant) d‟ordures ménagères, 7589 tonnes (72 kg/habitant) d‟emballages et
de journaux triés ; 382 tonnes de refus de tri et 20458 tonnes (194 kg/habitant) de déchets volumi-
neux et spéciaux récupérés dans les déchetteries.
La problématique des déchets est encore plus large dans certaines communes. Par exemple Anglet
reçoit sur ses plages 240 tonnes de bois flottés et 600 tonnes de « laissés de mer » par an.
Idem pour les tonnages d‟ordures ménagères, passés de 39 955 tonnes à 38 811 tonnes. D‟où
l‟importance du geste de tri53.
Les enjeux, trier plus afin de détourner 25 % (au lieu des 16 % actuels) des tonnages d‟ordures mé-
nagères par le tri des emballages et des journaux et magazines à l‟horizon 2015, trier mieux, afin de
réduire les erreurs de tri, et de fait, le taux de refus de tri de la collecte sélective des emballages de
6 % par an.
Pour accompagner ce geste de tri, la Communauté a cumulé les opérations de communication sur
la collecte sélective, mis en place de nouveaux services dans les déchetteries.
En 1998 elle adopte la charte pour l‟environnement et le développement durable. 11000 foyers par-
ticipent à son diagnostic. En 2005, 70% des actions de la charte sont honorées et en 2008 une
commission Développement Durable voit le jour et depuis est engagée dans le plan climat territo-
rial. À ce jour, plus de 2 600 foyers de l‟agglo ont ainsi opté pour le compostage individuel des bios
déchets [Lettre de la communauté N°2, 2010].
La Communauté gère trois déchetteries et multiplie les services de collecte sélective. Dans le cadre
de sa réforme de la collecte, elle a équipé le BAB de 17 000 bacs individuels, 1 000 bacs de regrou-
pement et 350 conteneurs enterrés. D‟autres actions ont mûries dans le cadre de l‟étude
d‟optimisation en cours. Bil Ta Garbi se charge du transport et du traitement des déchets. Une fois
triés, les déchets recyclables sont confiés à des prestataires pour leur transformation et leur valorisa-
tion. Les déchets non recyclables sont stockés dans des sites d‟enfouissement spécialisés.
L‟usine de traitement des déchets de Bacheforès a fermé fin 2005. Depuis, 60 000 tonnes de dé-
chets ménagers – dont plus des 2/3 issus du BAB –, sont acheminées par camions vers le centre
d‟enfouissement de La pouyade en Gironde. Une partie des ordures ménagères est aussi traitée à
53Une famille de quatre personnes qui trie ses emballages permet d‟éviter l‟émission de 115 kg de CO2 chaque année, soit
717 kilomètres en voiture, et d‟économiser 688 kWh, soit 4 590 heures de télévision. D‟où l‟intérêt de valoriser le tri sélectif.
Source : l‟ADEME
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
263
Saint-Pée. Les encombrants, déchets de voirie, tout-venant, le sont au centre d‟Hazketa à Haspar-
ren.
Pour limiter l‟impact de ce transport des déchets, Le projet de pôle de valorisation de Batz a été
prévu pour 2013, au nord de Bayonne. Il aura pour vocation de traiter pour l‟essentiel les déchets
ménagers de l‟agglomération. Il prévoit de regrouper in situ un centre de tri des emballages collec-
tés sélectivement et une unité de traitement des ordures ménagères d‟une capacité d‟environ
54
75000 tonnes par an .
En 2010, si nous observons uniquement les ordures ménagères, ce sont 39000 tonnes de déchets
ménagers/an qui ont été collectées [lettre de la Communauté N°2, avril 2010]. Cela représente 346
kg/habitant/an (moyenne nationale : 390 kg/habitant/an). Il est important par ailleurs de remarquer
que durant la saison estivale la production de déchets augmente avec un impact sur les mois de
juillet et août de 20 et 30% pour les pics de production. Même si la production globale de déchets
se stabilise, le problème de leur gestion est un enjeu important pour toutes les communes et le tri un
facteur clé. Le taux de refus de tri reste cependant encore très élevé : en 2008 il y a eu 38% de refus
de tri.
ENERGIE ET CO2
Le Plan Climat mené par l'Agglomération et ses villes membres en 2008 est opérationnel dès 2009 et
a mis en évidence la problématique énergétique et les émissions de CO2 de l‟Agglomération. Le
diagnostic des émissions de gaz à effet de serre du Plan Climat a consisté en la réalisation d'un Bilan
Carbone® selon la méthode délivrée par l‟ADEME , Collectivités & Territoires version 5, avec 1,1 mil-
lions de tonnes équivalent CO2 émises par le territoire pour l'année 2006.
Cela correspond à 10,5 téqCO2/habitant pour la population [INSEE, 1999], en regard d'une
moyenne nationale de 8,6 téqCO2/habitant. Notons toutefois que la population estivale, fortement
impactante par ses déplacements n'est pas prise en compte dans cette moyenne.
En autre la configuration urbaine, étalée et peu dense, très peu d‟aménagements cyclables ou
pour piétons vis-à-vis des aménagements qui incitent à l‟utilisation des voitures proches des com-
merces, services, plages, des centres urbains avec un service déficient de transport en commun,
une trame viaire qui facilite la circulation de la voiture, des voies telles que le boulevard du BAB et la
RD 810, font que les habitants se déplacent aujourd‟hui à 87 % en voiture particulière (77% dans le
BAB), pour 7% des déplacements effectués à pied (17% Bayonne et 22% à Biarritz). 89% des dépla-
cements sont de domicile-travail. Anglet est la commune la moins éco-mobile avec 84% des dé-
placements en voiture particulière. Cf. figure 11-20.
Le transport et l‟habitat, représentant 72 % des 1,1 million de tonnes équivalent CO2. Les consom-
mations d‟énergie et les émissions de GES ont tendance à augmenter d‟année en année. Pour at-
teindre l‟objectif Facteur 4 en 2050, les émissions de GES devront baisser de 3,6% par an.
D‟une part afin de diminuer la dépendance à l‟automobile et augmenter les déplacements doux
(piétons ou cyclables) et le transport en commun, le plan Climat territorial vise à réduire de 20 % les
émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 et de 75 % à l’horizon 2050. Pour y parvenir, la Commu-
54 Plus de la moitié des déchets proviendra de l‟agglo. Le reste émanera de la Communauté Nive-Adour, ou de futures
communes adhérentes.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
264
nauté entend être exemplaire via une action d‟efficacité énergétique de son patrimoine et de ses
activités.
Une intéressante concertation a été mise en place pour ce projet qui a duré entre 2005 et 2006.
Dans cette démarche, un diagnostic du territoire, 4 ateliers thématiques, 5 forums et un chantier
jeune ont été réalisés. Avec ce dynamisme, un réseau local a été créé pour apporter sa contribu-
tion au projet de territoire.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
265
4 enjeux majeurs sont prioritaires dans le projet:
Le projet a été reconnu « Agenda 21 local » en 2007 par le MEEDDAT et en 2008 le programme défi-
nitif constitue le cœur du contrat territorial. Bayonne a participé dans ce projet pour expérimenter le
référentiel national d‟évaluation55. Il en est ressorti des indicateurs et questions évaluatives pour le
territoire Pays Basque.
Parmi ces opérations sont prévues entre autres : l‟organisation des filières économiques, le dévelop-
pement de l'enseignement supérieur et de la recherche/innovation, l‟expérimentation dans les
champs du dialogue social et de la responsabilité sociétale, l‟élaboration de nouvelles stratégies
pour un aménagement et une mobilité durables, un plan climat/énergie, un plan urgence loge-
ment élargi, l‟accès aux soins et une approche transversale santé/social, la politique linguistique
pour l'euskara, la gouvernance de l'eau, le plan déchets, l‟aménagement durable de la montagne
basque et du littoral, etc.
Dans l‟axe 2, le document interpelle les politiques publiques mises en place pour l‟aménagement
du territoire, il demande une maîtrise et une gestion des espaces pour limiter l‟impact de
l‟urbanisation sur l‟environnement. Les politiques mises en place devront permettre un développe-
ment urbain cohérent avec un équilibre entre zones d‟activité et d‟habitat et une offre de loge-
ment, de transport et de services publics de qualité. Trois objectifs sont visés :
55 Référentiel national pour l‟évaluation des agendas 21 locaux, accessible sur : http://www.developpement-
durable.gouv.fr/Consulter-le-referentiel-en-ligne.html
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
266
11.3.3 Le Contrat d’Agglomération de Bayonne Anglet
Biarritz
Le contrat d‟Agglomération signé pour 2009-2014 prévoit un budget estimé à 120 millions d‟euros. Il
se structure autour de l‟excellence environnementale et la valorise comme un des trois piliers de son
action. Par son biais, l‟agglomération entend poursuivre ses actions en termes d‟amélioration de la
qualité des eaux littorales et fluviales, de collecte des déchets, de mise en valeur des espaces natu-
rels sensibles. Elle porte ses efforts sur les modes de transport alternatifs et l‟intermodalité. Et elle œu-
vrera en faveur de l‟aménagement durable du littoral (Anglet-Biarritz), de la consolidation des fa-
laises de Biarritz et celles du développement des écoquartiers… Le Contrat d‟Agglomération ap-
puiera enfin les actions éco-citoyennes et du Plan climat.
Le Plan climat est le résultat abouti de la Charte pour l‟environnement et le Développement Du-
rable mise en place de 1998. La Communauté d‟Agglomération s‟engage en 2009 dans la lutte
contre le réchauffement climatique en mettant en place ce Plan Climat Territorial.
Un diagnostic et un bilan carbone réalisé et les résultats ont mis en évidence les points faibles de
l‟agglomération et leurs impacts. A l‟échelle de la Communauté d‟Agglomération, 13 400 tonnes
équivalent CO2 sont produites chaque année, émissions sur lesquelles il est possible d‟agir concrè-
tement.
Conscients que la Communauté d‟Agglomération et les trois villes, Bayonne, Anglet et Biarritz, ont
un rôle important à jouer en tant que donneurs d‟ordres dans de nombreux secteurs émetteurs de
gaz à effet de serre comme par exemple le transport et le bâtiment, ces villes ont décidé de ras-
sembler autour de la Communauté d‟Agglomération leurs moyens et leurs ambitions pour faire face
à l‟urgence de ce défit climatique. Le plan Climat vise à réduire de 20 % les émissions de gaz à ef-
fet de serre d’ici 2020 et de 75 % à l’horizon 2050.
Pour arriver à ces objectifs, deux volets d‟intervention sont proposés en cohérence avec le contrat
territorial Pays Basque:
- Volet « territoire »
- Volet « patrimoine et services »
Le programme prévu pour la période 2009-2013 du volet Territoire s‟articule autour de 6 axes de
travail et comporte 59 mesures :
Axe 1 : transports (25 actions)
Axe 2 : habitat et logement (9 actions)
Axe 3 : aménagement de l‟espace (8 actions)
Axe 4 : développement économique, innovation et recherche (6 actions)
Axe 5 : adaptation du territoire aux changements climatiques (3 actions)
Axe 6 : animation territoriale et dispositif d‟évaluation du Plan Climat (8 actions)
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
267
Le programme prévu pour la même période du volet Patrimoine et service s‟articule lui autour de 5
axes de travail et comporte 50 mesures :
Sur le volet patrimoine et services des informations sont accessibles via le site de la Communauté
d‟Agglomération56. Dans ce document les axe 3 et 4 ont retenu notre attention pour les actions
proposées et applicables dans un projet d‟aménagement local. Ci-dessous figure 11-19 et 11-20, les
détails des tableaux proposés.
Figure 11-20 Tableau sur l’axe 3 du volet patrimoine et services du plan climat de la CABAB. Source :
www.aglocotebasque.fr, 2009
56http://www.agglocotebasque.fr/fileadmin/documents/_temp_/Annexe_2actions_PClimat__P_S_CABAB_090209.pdf
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
268
Axe 4 : Production et consommation d‟énergies renouvelables et locales. Objectif 2013 :
Conso et production ENR de 8% (figure 12-21).
Figure 11-21 Tableau sur l’axe 4 du volet patrimoine et services du plan climat de la CABAB. Source :
www.aglocotebasque.fr, 2009
En termes généraux tous les agendas s‟inscrivent dans le cadre de référence national et sont des
documents complémentaires aux démarches de développement durable existantes ou en cours
localement :
Dans ces démarches un diagnostic de chaque commune a été réalisé et ainsi qu‟une analyse des
différents documents stratégiques du territoire, existants ou en cours d‟élaboration et leur prospec-
tive. (Agenda 21 du Conseil des Elus et Conseil de développement, Schéma de Cohérence Territo-
riale, Plan Déplacement Urbain, Programme Local de l‟Habitat, Plan Climat Territorial de
l‟Agglomération, Projet de Renouvellement Urbain, Plan Local d‟Urbanisme de la Ville, etc.).
Nous avons analysé les agendas 21 d‟Anglet et de Bayonne, le tableau 11-18, synthétise la compo-
sition de ces deux documents.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
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Agenda 21 Axes stratégiques Objectifs Actions Indicateurs Valeurs cibles
BAYONNE 7 23 56 85 23
ANGLET 3 11 32 56 9
BIARRITZ En élaboration
Tableau 11-8 Synthèse de l’analyse des composants des documents Agenda 21 des communes Bayonne, Anglet et Biarritz,
2011
Les valeurs cibles dans le cas de Bayonne sont d‟avantage de type social avec 17 valeurs et pour
les thématiques environnementales uniquement 6. Pour Anglet à l‟inverse ses valeurs sont plus envi-
ronnementales avec 7 valeurs et uniquement 2 pour les thématiques sociales. Dans le deux cas au-
cune valeur cible n‟a été proposée pour les thématiques économiques.
Cette analyse nous a permis d‟avoir une vision générale des objectifs au niveau du développement
durable pour les territoires des cas d‟étude dans l‟agglomération Cote Basque (ancienne CABAB).
Pour les deux autres communes des objets d‟études, la Bastide Clairence et Bassussarry, aucun
agenda 21 n‟a été mis en place à notre connaissance.
Dans le cas de l‟agglomération Côte Basque les projets de ZAC de chacune des villes ont été un
territoire d‟expérimentation qui a permis l‟évolution réglementaire et la mise en place des Agenda
21. MAHARIN (8 ha) à Anglet, KLEBER (4 ha) à Biarritz et SEQUE (15 ha) à Bayonne sont des projets
phare pour le contexte local voire national dans le cas de SEQUE lauréat du concours Ecoquartiers
2009 du MEEDDAT dans la thématique gestion de déchets. Cf figure 11-21, 11-22 et 11-23.
Kleber et Séqué sont à la base des ZAC avec une approche volontariste vers un développement
durable sans pour autant avoir mis en place de démarches spécifiques pour créer des écoquartiers.
Dans les deux cas une démarche AEU adaptée a été utilisée. Dans le cas de Maharin le projet a été
envisagé dès le départ, en phase concours, comme un écoquartier. Ici aussi, une démarche AEU a
été demandée et un processus de concertation a été mis en place.
Ces trois projets sont de grande importance pour le territoire, d‟une part pour leurs cibles mais aussi
pour leurs ambitions qui permettront à l‟agglomération d‟atteindre ses objectifs vis-à-vis du cadre
de référence national et vis-à-vis des engagements locaux liés au développement durable.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
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Ecoquartier MAHARIN
Figure 11-22 Image de synthèse du projet lauréat du concours Ecoquartier Maharin. Cabinet Babled-Nouvet-Reynaud, 2010
ZAC du SEQUE
Figure 11-23 Vue aérienne de l’ensemble de la ZAC. Source : Architecte Duncan Lewis, 2010
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ZAC KLEBER
Figure 11-24 Vue aérienne de l’ensemble de la ZAC. Source : Samazuzu Architectes, 2009
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272
11.4 Les objets d‟étude
Type d’opération :
Date : 2007-2009
Contexte : La première parcelle inscrite dans une zone d‟extension à l‟entrée sud du bourg et les
autres deux parcelles dans le nord dans une zone pavillonnaire.
Enjeux : Un patrimoine à conserver. Une pression immobilière forte et une demande grandissante de
terrains et de logements accessibles. L‟ouverture de grandes parcelles à urbaniser dans le dernier
PLU, la surface équivalait à un doublement de la surface du bourg. Peur d‟un développement non
maîtrisé et les enjeux de convertir le village en un lieu dortoir.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
273
Objectifs : Le défi majeur est la gestion durable du foncier, sa transformation urbaine et l‟impact de
cette démarche à tous les niveaux du développement durable.
Proposition :
Le projet a été conçu autour du concept de l‟écoquartier (sans pour autant l‟appliquer dans sa
globalité), l‟idée principale étant de bâtir un projet pour ses usagers. Les notions de développement
durable ont été appliquées comme des objectifs pour l‟aménagement. Nous avons mené notre
réflexion sur les 2 parcelles de manière séparée mais inscrite dans un principe global
d‟aménagement de la commune. A titre d‟exemple, nous avons imaginé une proposition de cir-
cuit de promenade, dans l‟idée de connaître le village en mettant en valeur les éléments clés (exis-
tants et proposés).
Pour l‟intégration des propositions dans le site, les principes de base d‟une bastide ont été repris,
réinterprétés pour proposer un projet actuel et concordant avec son environnement
d‟implantation.
Thématiques traitées :
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274
11.4.2 Commune de Bassussarry (64200)
Chiffres Clés de la Commune :
Figure 11-26 Image du projet proposé. Source : Architectes Duhourcau & Cillaire, 2008
Date : 2008
Enjeux : l‟aménagement d‟un secteur de 5.84 Ha que la commune souhaite aménager progressi-
vement. La consultation portait sur la partie nord-est, qui représente une surface de 1.88 ha. Le site
est partiellement boisé avec une grande valeur paysagère et naturelle. L‟enjeu majeur pour la
commune est la qualité d‟intégration paysagère et la recherche de formes architecturales et ur-
baines favorisant le respect des valeurs du développement durable plutôt que la seule exploitation
maximale des droits à construire.
Objectifs : mettre en œuvre un programme maîtrisé à la fois en termes de coûts, de formes ur-
baines, de mixité, et en cohérence avec la stratégie de développement de la commune.
Proposition :
La notion de ruralité a été exploitée avec un respect de la proportion entre espace végétal et bâti.
Comme à la Bastide le projet a été bâti autour du concept de l‟écoquartier (sans pour autant
l‟appliquer dans sa globalité). La densification maîtrisée des espaces urbanisés a été une clé de ce
projet. La réflexion a été menée pour l‟ensemble du secteur dans la perspective d‟un aménage-
ment global et durable de la zone de la Redoute.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
275
De manière globale, les trois considérations principales que nous nous sommes fixées comme objec-
tifs pour l‟aménagement de la zone ont été les suivantes :
Thématiques traitées :
- Sociales : Variétés de logements pour faciliter la mixité sociale, des prix abordables (loge-
ments sociaux, en accession, etc.), des espaces publics et des espaces de rencontre (fron-
ton, place au cœur du projet, belvédère, couloir écologique pédagogique, atelier collectif).
- Proposition 30% de logements locatifs aidés, 40% de logements en accession sociale et 30%
de logements en accession libre. Coûts maîtrisés à environ 3000 euros TTC par m² de surface
utile.
- Environnement : Énergie (bâtiments bioclimatiques, consommation à 50kWhep/m²/an, ECS
solaire) ; Eau (limitation des espaces imperméables, densification des constructions, tech-
niques pour faciliter l‟infiltration, matériaux drainant pour les espaces publics, cuves de stoc-
kage pour l‟arrosage ; Déchets (point des apports volontaires pour faciliter le tri dans
chaque bâtiment) ; Mobilité ; limitation de la voiture, espaces en vitesse limitées et très peu
de places parking extérieures. Cheminement piétons.
- Mise en place d‟un système d‟indicateurs d‟évaluation pour les impacts environnementaux
du projet.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
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276
11.4.3 Commune de Biarritz (64200)
Chiffres clés de la Commune :
Population : 30 040 hab ; Densité (1999) : 2577 hab/km²; Superficie 11.6 km².
Type d’opération :
Appel à projets de maîtrise d‟œuvre pour la réalisation des travaux d‟aménagement des espaces
publics de la ZAC Kleber
Date : 2008-2011
Contexte : La ZAC (Zone d‟Aménagement Concerté) a été créée sur le site de Kléber au Sud-est de
la ville dans une zone urbaine à requalifier.
Enjeux : Revalorisation d‟une friche d‟environ 5 ha, avec des zones polluées, proche du centre ville.
A Biarritz, le foncier est rare et cher et la demande de logements est très forte. C‟est une commune
avec une population vieillissante, en déficit de logements sociaux, qui exprime le besoin de créer
une offre plus attractive pour des jeunes ménages afin d‟équilibrer la population.
Objectifs : créer un nouveau quartier de ville avec une mixité de logements, services et commerces.
La ville de Biarritz et l‟équipe de maîtrise d‟œuvre ont souhaité orienter le projet d‟aménagement
des espaces publics de la ZAC de Kleber dans une démarche de qualité tant au niveau du respect
de l‟environnement que dans les orientations des aménagements. La mise en place d‟une dé-
marche type AEU a été demandée.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
277
Proposition :
La maîtrise d‟œuvre a proposé une analyse environnementale de la ZAC, avec une adaptation de
la démarche AEU (Approche Environnementale de l‟Urbanisme), afin d‟évaluer et établir des ac-
tions d‟amélioration ou optimisation pour les espaces publics du projet urbain proposé par le cabi-
net d‟architectes SAMAZUZU.
Thématiques traitées :
Un diagnostic du site sur les thématiques de la démarche AEU a mis en évidence les principaux en-
jeux au niveau bruit, énergie, eau, gestion et réutilisation des déchets de démolition, construction et
usage de la ZAC, déplacements et matériaux pour les espaces publics.
Une analyse du projet à travers des outils d‟aide à la décision a permis d‟évaluer l‟ensoleillement, le
bruit, le confort des espaces publics, la gestion de déchets et la gestion de l‟eau.
L‟évaluation fait avec le référentiel One Planet Living montre les mesures mises en œuvre dans le
quartier ce qui traduit l‟intégration de certains critères du développement durable lors de la con-
ception du quartier.
L‟évaluation des impacts environnementaux du quartier avec l‟outil NEST (cf. chapitre 13) révèle un
niveau de performance moyen pour le quartier, avantagé par le choix de son emplacement et la
densité de construction, mais désavantagé s‟il n‟y a pas d‟exigences sur les choix constructifs des
bâtiments (BBC + ECS solaire + Economie d‟eau+gestion déchets…) et le soutien - pouvant être
amélioré- aux déplacements doux.
Le projet n‟est pas un écoquartier mais, dans son évolution les exigences de l‟écoquartier ont été
adoptées pour certains thèmes comme l‟énergie avec une Cref moins 30% et des logements BBC,
des matériaux plus « verts », la réutilisation des déchets de démolition pour le terrassement, la récu-
pération des eaux de pluie, etc. Des mesures complémentaires efficaces et audacieuses ont été
envisagées et étudiées pour améliorer la performance, en allant par exemple vers un chauffage
urbain avec la récupération de chaleur dans les eaux usées (option non validée), le soutien aux
déplacements doux, ou encore la mise en œuvre d‟une démarche pour une gouvernance partici-
pative.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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11.4.4 Commune de Bayonne (64100)
Chiffres clés de la Commune :
Population (2004) : 44300 hab ; Densité: 1850 hab/km²; Superficie 21.68 km².
Figure 11-28 Image du projet proposé. Source : Cabinet Duncan Lewis Architecture, 2009
Type d’opération :
Assistance environnementale à la maîtrise d‟ouvrage pour l‟aménagement d‟une ZAC sur la zone
du Séqué.
Date : 2006-2012
Equipe : Ville de Bayonne et la société d‟Equipement des pays de l‟Adour (SEPA), Cabinet Duncan
Lewis Architecture
Contexte : La Z.A.C (Zone d‟Aménagement Concerté) a été créée au nord-est de la ville dans un
secteur d‟extension urbaine. La ville a donné une partie en cession à la SEPA pour son aménage-
ment.
Enjeux : Cette cession est d‟une superficie de 6ha dans une zone d‟environ 14 ha dont 6,8 ha sont
urbanisables avec une proposition urbaine pour contrôler et rééquilibrer le parc de logements de la
Rive Droite et répondre à la pénurie de logements à Bayonne.
Objectifs : La ZAC doit marquer une limite à l‟organisation urbaine sur sa frange et répondre au
mieux aux enjeux du développement durable avec un quartier d‟habitat intégrant une mixité so-
ciale.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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Proposition :
La SEPA et Nobatek ont proposé une analyse environnementale de la ZAC, avec une adaptation
de la démarche AEU (Approche Environnementale de l‟Urbanisme). Ils ont établi 6 objectifs : Définir
un paysage de « campagne habitée », Economiser les ressources en eau, Favoriser le tri de déchets.
Promouvoir les déplacements doux, Créer un « système » d‟espaces verts de qualité et un verger de
lien social, et Etablir une charte de qualité environnementale pour les promoteurs de la ZAC.
Le programme prévoit 625 logements, dont un EHPAD (Etablissement d'hébergement pour per-
sonnes âgées dépendantes). Des espaces pour accueillir des services et des équipements de
proximité sont réservés. Ils seront définis en concertation avec les futurs habitants.
Thématiques traitées :
Un diagnostic du site sur les thématiques de la démarche AEU a permis d‟établir les enjeux et les
thématiques prioritaires à traiter
Le projet intègre les besoins en économie d‟énergie dans la conception des logements à faible
consommation. L‟objectif cible est un niveau BBC, ne dépassant pas le 50kWh/m²/an.
La gestion des eaux sur le site a été abordée, avec notamment la récupération et la réutilisation
des eaux pluviales.
La gestion des déchets et leur valorisation a été une démarche mise en place pour limiter les dé-
chets à la source à travers une sensibilisation des futurs habitants pour le tri et le compostage, des
actions sur les déchets de chantier d‟un réseau de microdecheteries, des aires de compostage et
des points d‟apport volontaires avec un système de containers enterrés. Cette démarche a permis
l‟obtention du label EcoQuartier dans la catégorie Déchets dans le cadre du concours national du
MEEDDAT 2009.
La mise en place d‟un appel à idées pour des logements durables a été réalisé afin de produire des
logements à forte valeur d‟usage et de qualité de vie adaptés aux nouveaux besoins de leurs habi-
tants
Les logements seront fondés sur le principe de la mixité sociale et générationnelle à coûts maîtrisés
La présence de la voiture est minimisée et la création d‟une desserte par les transports en commun
est prévue ainsi qu‟un dispositif de covoiturage.
La concertation avec les habitants est prévue sur l‟aménagement des espaces et des équipements
collectifs.
Une évaluation environnementale à travers des indicateurs a été réalisée (cf. chapitre 13).
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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11.4.5 Commune d’Anglet (64600)
Population : 37 934 hab ; Densité (2007) : 1409 hab/km²; Superficie 26.9 km².
Figure 11-29 Image du projet proposé. Source : LEIBAR SEIGNEURIN architectes, 2010
Type d‟opération :
Date : 2009-2010
Equipe : LEIBAR SEIGNEURIN, S.HARISTOY, SCE, COBET, GRAIN, Nobatek Consultant environnemental.
Contexte : Le site du Maharin est une zone enclavée au cœur d‟Anglet à l‟état de friche. De fortes
contraintes hydrauliques sont présentes sur le site (traversée d‟un ruisseau régulièrement en cru). La
maitrise d‟ouvrage a également mis l‟accent sur l‟importance de la concertation des habitants dès
les phases amont du projet.
Enjeux : Actuellement en friche, ce site très enclavé a été très dévalorisé du fait de remblaiements.
Ce secteur couvre une surface d‟environ 9,5 ha. Au niveau foncier, il s‟agit de parcelles apparte-
nant aux collectivités publiques, sur un territoire où les terrains à bâtir se font rares et où la demande
de logement est forte. Le site montre de nombreux atouts et contraintes dont il est important de
tenir compte dans la programmation du projet pour répondre aux objectifs de développement
durable et aux principe d‟écoquartier. C‟est notamment le caractère de « zone humide » qui con-
fère au projet tout son sens écologique : un vaste panel de faune et flore s‟y est développé et im-
planté, et il convient maintenant de les protéger.
Objectifs : Créer un nouveau quartier de ville offrant une large mixité de logements. L‟équipe de
maîtrise d‟œuvre a souhaité orienter le projet d‟aménagement vers un concept résolument social à
travers des choix d‟aménagement, dans une démarche de qualité environnementale en considé-
rant 5 aspects clés et centraux et en proposant une démarche type AEU adaptée.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
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Proposition : La maîtrise d‟œuvre a proposé une analyse environnementale poussée du site du Ma-
harin, en adaptant la démarche AEU (Approche Environnementale de l‟Urbanisme) au contexte
local. 5 points clés et centraux ont ainsi été traités et intégrés dans les choix d‟aménagements pro-
posés par le cabinet d‟architecture LEIBAR SEIGNEURIN.
Thématiques traitées :
- Un diagnostic du site sur des thématiques AEU mettant en évidence les enjeux propres à ce projet,
à savoir l‟eau, la biodiversité, l‟énergie, la mobilité et le lieu de rencontre, traduit sous la forme d‟un
profil environnemental
- Des propositions techniques et des préconisations pour chaque enjeu environnemental guidant les
solutions et les optimisations à mettre en œuvre : Eau (toitures végétalisées , revitalisation du Maha-
rin, systèmes hydro-économes , récupération des eaux de pluies pour 60% d‟économie de con-
sommation d‟eau, noues de récupération, zone d‟infiltration), Biodiversité (trame d'espaces verts
publics, espaces préservés, structure sur pilotis pour limiter l'impact bâti, maintien d‟un milieu humide
et riche, respect topographie), Energie ( ENR, performances BBC, chaufferies collectives, logement
traversant, étude des ombres portées), Mobilité (80% de réseaux doux pour 10% de réseaux VL, voi-
ries en zone de rencontre et limitées à 20km/h, ouverture avec trame piétonne, revêtements de sols
écologiques et perméables, parkings vélo), Lieu de rencontre (uniformité des constructions, espaces
aménagés, zone de tri déchets, vues et perspectives, station de voitures partagées)
- Une analyse fine du projet grâce à des outils d‟aide à la décision pour évaluer l‟ensoleillement et
le confort des espaces publics.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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11.5 Le projet
Les projets choisis se sont tous inscrits dans une démarche volontariste des élus pour un aménage-
ment durable et un terrain d‟expérimentation pour de nouvelles propositions, tous sous pression im-
mobilière et des demandes fortes de logements.
Tous les projets ont été réalisés dans une démarche d‟appel public à la concurrence, souvent dans
le cadre d‟un concours, appel d‟offre et dans l‟ancienne procédure de marché de définition.
Le terme « développement durable » a été un fil rouge dans tous les documents des appels et les
projets type ZAC demandaient une démarche AEU.
Dans les procédures « type appel à concurrence » le projet était organisé de la façon suivante :
Organisation
Conception
Validation du projet
AVP (Avant projet)
PRO (Projet)
DCE (Dossiers de consultation)
Construction/réalisation
Reception de travaux
Exploitation
Nous nous sommes intéressés aux phases avant réalisation car ce sont les phases où la démarche
écoquartier est mise en œuvre et où le projet se définit. Les autres phases ne seront pas considérées
pour notre étude.
Pour analyser les phases entre un écoquartier et un cas d‟étude au niveau de leur mise en œuvre,
nous avons élaboré un tableau de synthèse qui confronte les deux démarches et permet d‟en voir
les différences. Cf. Annexe 4
La mise en œuvre est à notre avis le point clé de la réussite d‟un projet d‟écoquartier. Nous avons
vu dans les chapitres sur les écoquartiers l‟importance d‟une planification concertée et claire au
niveau des exigences et objectifs, pour aller vers des projets innovants.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
283
Pour comprendre en détail le processus de mise en œuvre, nous en expliquons dans les para-
graphes qui suivent chacune des phases, telles que nous les avons observées dans la réalité des
projets auxquels nous avons participés. Certaines de ces phases se retrouvent traditionnellement
dans tout projet d‟urbanisme mais d‟autre aspects sont en revanche plus nouveaux, de part
l‟intégration des aspects développement durable dans le processus.
Phase 1 : Organisation
Cette phase sert pour l‟organisation du projet au niveau général de la maîtrise d‟ouvrage. Dans
cette phase se décident le site, les études complémentaires, la faisabilité du projet, les atouts et
contraintes de l‟opération et le cadre du projet pour la suite de la procédure.
Le comité de pilotage se forme, les documents de l‟appel à projets et le programme sont rédigés ;
l‟assistance à la maîtrise d‟ouvrage est organisée, le cadre réglementaire et les cahiers d‟exigences
sont établis et la maîtrise d‟œuvre est choisie.
Dans cette phase la maîtrise d‟ouvrage s‟organise en interne pour établir un comité de pilotage
représentatif des acteurs concernés, établit une organisation et définit les responsabilités de cha-
cun. Ce comité décide du besoin ou pas d‟une assistance et d‟études complémentaires.
Un comité de pilotage a été créé par les collectivités dans tous les cas d‟étude, le comité préside
les réunions de présentation des réflexions, d‟avancements et de résultats. La confrontation des
équipes et des idées permet au comité de débattre et mener une réflexion collective sur les enjeux
et les besoins pour le projet.
Ces réunions sont aussi le moyen de former les élus à des nouveaux concepts comme les écoquar-
tiers et pour faire passer des informations sur des exemples venus d‟ailleurs.
Au moment de ces projets (2007-2009), les démarches de concertation étaient inexistantes dans la
majorité des cas à l‟exception du projet Maharin (2010) où une démarche de cet type a été mise
en place une fois les équipes retenues et le diagnostic présenté, avec déjà certaines orientations
d‟aménagement.
Dans le cas de la Bastide-Clairence (2007-2008) le comité de pilotage été formé avec des représen-
tants de tous les acteurs de la commune (associations, artisans, habitants, etc.)
Les programmes de ces projets demandaient une mixité fonctionnelle (logements, commerces et
services) pour créer une dynamique de quartier et non un lotissement, à l‟exception du projet de
Bassussarry où la demande portait uniquement sur des logements. La première préoccupation était
la maîtrise foncière puis la possibilité d‟une offre de logements accessibles dans une mixité sociale.
Dans tous les cas, les exigences dans le programme étaient générales et réduites à un tableau de
surfaces avec certaines informations pour les logements. Dans le processus de la démarche mise en
place, ce programme s‟est affiné avec l‟apport des équipes concurrentes dans les phases de dia-
gnostic. Les thématiques environnementales étaient plus ou moins développées mais sans aucun
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
284
objectif de résultats, uniquement d‟orientations. En comparant ces documents aux programmes de
certains écoquartiers57, nous avons observé une différence qualitative énorme.
Les cahiers des charges étaient « simples », dans certains cas les objectifs généraux étaient clairs
mais la demande n‟était pas complètement définie. Pour tous, ce type de démarche d‟urbanisme
avec des critères de développement durable était nouveau. La manque de formation sur le déve-
loppement urbain durable était évidente chez tous les acteurs et nous pensons que cela a été un
des freins pour ce type de projets.
La fonction d‟AMO a évolué dans chaque projet. Pour certains cas un membre du comité de pilo-
tage faisait le rôle d‟AMO. Ensuite des bureaux spécialisés ont été mis en place. Dans tout les cas
ces AMO ont été confrontés à gérer, les demandes des acteurs concernés. Leur rôle a été défini
mais leur contribution a pu s‟avérer dans certains cas très déficiente et les collectivités ont alors pris
le relais. Il est important remarquer le travail réalisé par les agences d‟urbanisme et les responsables
concernés du conseil General 64 dans l‟orientation de ces démarches, dans l‟idée d‟offrir un sup-
port technique important aux collectivités qui ont relevé le chalenge de faire différemment pour
l‟aménagement de leur commune.
A la différence de projets de bâtiments performants, la démarche mise en place dans ces projets
de quartiers était ouverte et non encadrée d‟objectifs précis ou d‟actions établies pour atteindre le
but affiché d‟un projet exemplaire.
Aucune traçabilité d‟évaluation et des critères objectifs n‟ont été clairement exprimés par la maî-
trise d‟ouvrage à la maitrise d‟œuvre.
Un déficit dans la mise en œuvre de ces projets a été dans tous les cas un point faible dans
l‟organisation, point faible palpable dans les documents donnés par les collectivités aux équipes
retenues.
Contexte réglementaire
Dans nos cas d‟étude les projets étaient situés dans une zone à urbaniser du PLU ou dans une limite
restreinte d‟une Z.A.C. (Zone d‟Aménagement Concerté). Les normes urbaines sont établies dans le
cadre réglementaire de la ZAC et certains articles du PLU ont été dérogés. Un PADD peut aussi exis-
ter, il établit de grands axes de réflexion, spécialement sur les trames vertes et bleues et sur la conti-
nuité et la qualité urbaine.
Le fait d‟avoir un cadre réglementaire plus ouvert, spécifique ou simplifié dans les Z.A.C, a permis
d‟expérimenter, d‟une certaine manière et de pouvoir intégrer certaines améliorations ou exi-
gences particulières dans ces projets.
Le schéma suivant (Fig. 11-31) reprend synthétiquement les documents réglementaires d‟urbanisme
et leur positionnement opérationnel.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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Figure 11-30 Schéma du contexte des outils réglementaires qui affecteront la mise en œuvre dans les cas d’étude. Source
doc.sciencespo-lyon.fr
Candidatures
Une fois les premiers documents (dossier de consultation) rédigés par la maîtrise d‟ouvrage, celle-ci
diffuse par différents moyens publics. Les équipes de maitrise d‟œuvre écrivent alors une lettre
d‟intention de participation et composent un dossier de candidature le plus souvent porté par
l‟architecte urbaniste. Tout l‟équipe participe à sa rédaction pour faire une proposition de travail,
qui inclus les livrables ou résultats, la description détaillée de l‟équipe et ses références, un planning
et une proposition budgétaire.
Si cette candidature remplit les critères de la maîtrise d‟ouvrage, elle peut donner lieu à une présen-
tation publique. Après évaluation de chaque candidature, la maîtrise d‟ouvrage retient celle
qu‟elle juge la plus pertinente au regard de ses critères.
Une fois la maîtrise d‟œuvre retenue une première réunion permet de démarrer le projet avec une
présentation des équipes et du comité de pilotage du projet, pour enchainer très vite ensuite par
une visite du site, une présentation des enjeux et besoins du projet et la possibilité d‟échanger avec
les acteurs concernés sur le dossier de consultation.
Le programme, le planning et les délais sont validés et la procédure à suivre est expliquée par
l‟assistance à la maitrise d‟ouvrage : le projet est officiellement lancé. Cf. figure 11-32.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
286
Figure 11-31 Schéma des étapes de la phase 1
A ce niveau, le projet, dans un schéma classique de conception, se base essentiellement sur la rela-
tion maitrise d‟ouvrage/maitrise d‟œuvre. Cf. figure 11-33. Le deuxième va à partir de ce moment
travailler sur les propositions de solutions envisageables dans le contexte proposé et a un contact
direct avec la maitrise d‟ouvrage qui transmet et formalise la demande. Dans nos cas d‟étude, à la
différence des écoquartiers, il n‟y a pas eu plus de relation avec les autres acteurs de la demande.
Figure 11-32 Processus de mise en œuvre d’un projet urbain dans des cas d’étude
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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Tous les projets urbains passent par différentes étapes. Pour ceux auxquels nous avons participé ces
étapes ont été réalisées avec des délais courts jusqu‟à la phase de scenarios.
La phase 2 est la plus importante, elle permet l‟analyse et la compréhension du site : identifier ses
atouts, contraintes et potentialités. Des études complémentaires peuvent parfois être demandées
dans cette phase. Elle s‟organise par des réunions de présentation et de débats par thèmes et elle
permet un échange avec les acteurs, dans certain cas avec les habitants. Cette phase permet aux
équipes d‟avoir une vision plus concrète du site et du rôle du futur projet. Cf. figure 11-34.
Dans le cas d‟un marché de définition, les équipes se confrontent dans ces diagnostics et dans leurs
interprétations du site. Elles échangent leurs points en commun et leurs contradictions, le comité de
pilotage apporte lui aussi sa vision du site et ajoute les exigences particulières et attentes pour ce
projet.
Les thématiques à traiter en priorité sont identifiées à partir des diagnostics et correspondent à une
série d‟enjeux. Dans nos cas d‟étude aucune proposition de profil environnemental n‟a alors été
évoqué, uniquement des thématiques à considérer mais sans objectifs précis.
Les documents du dossier de consultation sont le premier support mais d‟autres documents peuvent
s‟ajouter.
Dans ces documents les informations peuvent être parfois très générales et les données sur le site
restreintes à des recompilations d‟information sans aucune demande spécifique. Parmi nos expé-
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
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riences hormis une exigence sur le nombre de logements, dans la majorité de cas aucune autre
exigence clairement définie n‟a été établie.
Aucun de ces documents n‟a fait référence spécifique aux documents locaux ou nationaux (Fac-
teur 4, Pays Basque 2020, Plan Climat, Agendas 21) même si dans certains cas ces documents sont
récents. Nous avons comparé pour certaines thématiques les informations existantes dans ces do-
cuments vis-à-vis de documents similaires utilisées dans des projets d‟écoquartiers. Cf. Annexe 6
Les réunions jouent un rôle essentiel dans ce processus. Dans certains des cas, des réunions de tra-
vail ont été programmées avec une présentation de l‟analyse réalisée par chaque équipe sur des
thématiques établies par la maitrise d‟ouvrage.
Ces réunions sont une occasion de confronter les résultats des analyses et des idées pour le projet
avec les idées de la maitrise d‟ouvrage et les membres du comité de pilotage. Un document est
crée par la maitrise d‟ouvrage en reprenant les principales conclusions.
Pour cette phase importante pour le futur du projet, le DREIF propose un profil environnemental inté-
ressant qui considère toutes les étapes du projet. Voici ci-dessous (figure 11-35) leur proposition :
Figure 11-34 Processus de construction d’un profil environnemental avec la démarche du DREIF, 2010
Dans cette phase le programme est construit à partir des échanges avec les équipes et le comité
de pilotage. Les demandes très générales des cahiers de charges et les tableaux du programme
des dossiers de consultation requièrent plus de précisions. Ce n‟est le cas en général que pour la
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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partie logement, plus claire avec le nombre de logements, le type et la destination (social, acces-
sion à la propriété, aidé…). Dans certains cas, quelque équipement clé pour la maîtrise d‟ouvrage
sont plus définis. Le reste, comme les services ou autre types d‟équipements et aménagements,
sont présentés vaguement. Les équipements de proximité ne sont pas demandés spécifiquement ni
établis.
A la différence des écoquartiers le processus de projet habituel répond mais pas à celle de produire
la ville. Dans certains cas la voiture et les espaces parking sont très importants, les espaces verts sont
plutôt ressentis comme une contrainte dont il faut définir les modes de gestion et de maintenance.
Les transports en commun sont accessoires dans ces réflexions, les pistes cyclables sont négligées et
peu réfléchies dans une idée de liaison alternative. Le cheminement piéton est plutôt considéré
pour la promenade que comme un système de connexion douce pour faciliter l‟accès à pied à
d‟autres quartiers ou lieux riverains.
Les espaces publics sont résiduels ou limités et les services de proximité sont pris en compte a mini-
ma. On considère la « proximité » (2-5 Km ou plus) d‟un centre d‟activités et services comme la ré-
ponse valide. Les bureaux ne sont pas programmés à l‟exception des projets proches du centre
ville.
Les projets sont pensés « intra muros » avec certaines exceptions où la limite du projet cherche à
trouver des lieux de rencontres ou lieux de partage, mais cela est exceptionnel. Les projets sont sou-
vent refermés sur eux même avec des propriétés publiques et privées encore très marquées.
Certaines thématiques des écoquartiers ont été évoquées dans le programme, mais sans de-
mandes claires ou d‟objectifs à respecter. Par exemple la consommation d‟énergie des bâtiments
est un thème précisé mais pas la consommation de l‟éclairage public ; de même dans la gestion
de l‟eau l‟information demandée se résume à récupérer les eaux de pluie pour « l‟arrosage ». Dans
ces deux thèmes la référence est la réglementation et pour les plus exigeants la demande cible le
BBC ou les bâtiments performants « type « HQE ».
Au niveau des matériaux aucune demande spécifique. Dans les cas où cela était précisé, la pré-
conisation était « utiliser des matériaux sains ». Pas de requêtes non plus sur les déchets, ni de spéci-
ficités pour l‟aménagement paysager (type de végétaux, etc.). Pour le transport la demande va
vers des solutions pour faciliter la mobilité douce mais, contrairement aux écoquartiers, la place de
la voiture reste prédominante avec 1 place de voiture a minima par logement et aucune orienta-
tion vers la limitation de la voiture. Même si les programmes évoluent ils restent trop ouverts et géné-
ralistes et les exigences globales et locales ne sont que partiellement intégrées ou pas de tout.
Une fois le programme et les cahiers de charges validés par le comité de pilotage et la maîtrise
d‟ouvrage ces documents sont présentés aux équipes de maîtrise d‟œuvre pour la conception du
projet ou de scenarios.
L‟équipe de maîtrise d‟œuvre s‟organise pour analyser le programme, autour de l‟architecte qui
prend le rôle de chef du projet. Il va organiser le projet, définir les éléments nécessaires et les res-
ponsables des réponses par spécialité. Un premier projet est proposé par l‟architecte ou l‟urbaniste
et l‟équipe va l‟évaluer selon sa diversité d‟expertise ; le sociologue va analyser le projet vis-à-vis des
usagers, l‟ingénieur les aspects techniques, de viabilité et financiers, les spécialistes environnement
analyseront le projet pour identifier des problèmes et préconiser des améliorations. Dans certains
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
290
cas, tous les membres hors l„architecte croient que le travail d‟équipe se réduit a une consultation
et une validation des choix de l‟architecte. Cependant, plutôt qu‟un projet d‟équipe, les membres
considèrent le plus souvent leur rôle à une consultation et validation des propositions de
l‟architecte.
Les remarques peuvent donner lieu à des révisons de la proposition mais ce n‟est pas systématique.
L‟architecte peut prendre l‟initiative ou le risque de proposer une alternative particulière pour se
démarquer ou parce qu‟il est sensible à des thèmes qu‟il considère importants. C‟est ici que la for-
mation et la sensibilisation de l‟architecte va jouer un rôle important pour qu‟un projet soit un éco-
quartier ou non.
Cette phase est particulièrement rapide et contraignante pour un travail d‟équipe, une réflexion
approfondie et la validation des réponses. Mais c‟est ici que le projet se définit ou a minima que se
crée la base primaire de l‟aménagement futur.
Le projet va se centrer sur la proposition de la forme urbaine globale avec la spécification de cer-
tains points forts du projet qui sont mis en valeur dans le visuel et dans le cahier descriptif de la pro-
position. Chaque membre va contribuer à l‟écriture de ce document mais il reste un document
général. Cf. figure 11-36.
Une présentation du projet est organisée par la maîtrise d‟ouvrage. Elle peut être réalisée par
équipe, avec tous les membres, ou uniquement par l‟architecte. Cette présentation est à comité
restreint ; y sont présents le comité de pilotage, la maîtrise d‟ouvrage et dans certains cas des invités
experts. Dans d‟autres cas la présentation peut se faire avec toutes les équipes dans un processus
plus ouvert.
Dans certain cas les projets sont exposés pour le public intéressé et des supports sont créés pour
recueillir leur avis.
Dans cette partie du processus, le cahier des charges est le document fédérateur du projet et c‟est
le document commun à la maîtrise d‟ouvrage et à la maîtrise d‟œuvre. Dans ce cahier des
charges, la demande et les paramètres considérés pour l‟évaluation du projet sont décrits.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
291
L‟évaluation et la sélection du projet lauréat ne sont pas ouvertes à la maitrise d‟œuvre. Le projet
est évalué mais cela se fait souvent sans outils spécifiques et il n‟y a pas de retour d‟information ex-
plicite vers les candidats quant aux critères de valorisation des projets. Difficile avec ce système de
comprendre les points faibles et les améliorations possibles dans le futur pour un autre projet de
même type. Aucune discussion n‟est possible hormis la présentation et les questions posées lors de
la réunion de présentation. Le choix du projet est annoncé par lettre et la phase projet est lancée
dans le cas où il existe une suite.
Jusqu'à cette phase les processus sont similaires dans les procédures concours ou appel à la con-
currence, hormis certaines exceptions.
Une phase de validation est prévue une fois le projet choisi. Un nouvel appel à projet est possible
où l‟architecte lauréat peut être missionné pour l‟aménagement du quartier, les préconisations, la
rédaction des cahiers des charges et des dossiers de consultation pour les promoteurs aménageurs
des lots à construire.
Cette phase permet d‟évaluer le projet, les maîtrises d‟ouvrage et d‟œuvre redécouvrent ensemble
le projet et ses points forts et faibles. Souvent l‟évaluation, va se limiter à un ajustement du pro-
gramme au niveau des logements, stationnements, la définition de certains commerces ou des bu-
reaux et des équipements prévus.
L‟évaluation reste limitée à la forme du projet, à ses caractéristiques formels, au métrage et défini-
tion de types de matériaux, espaces publics, végétation, mobilier urbain, voiries, réseaux, terrasse-
ments. Dans un de nos cas d‟étude, une évaluation avec deux types d‟outils a été réalisée et sa
mise en place nous a permis d‟évaluer et identifier certains points intéressants.
L‟évaluation à travers ces méthodes permet d‟observer que les architectes ont des réponses aux
questions posées. Ces questionnements sont déjà intégrés dans leur méthode propre de concep-
tion qui répond plus à leur formation d‟architecte qu‟à une formation technico-pratique sur ces
questions liées aux critères environnementaux du projet. La question environnementale viendra
après les questions formelle, fonctionnelle et financière. Les outils pour cette validation sont limités,
que ce soit d‟une part les outils d‟aide à la conception type logiciels pour valider l‟ensoleillement,
ou le vent et qui pourront être utilisés dans une version basique du projet, ou d‟autre part des outils
d‟évaluation environnementale pour valider l‟impact du projet. L‟évaluation n‟est pas possible
dans certains cas les informations requises étant nombreuses et précises pour des démarches type
ACV ou Bilan carbone. D‟autres outils sont moins exigeants mais trop généralistes pour permettre
une évaluation objective et pertinente.
Dans tous les cas la pratique d‟outils permet de se rendre compte de l‟importance d‟une réflexion
approfondie et complète pour aller vers des projets performants.
Le projet, amélioré et détaillé par la maîtrise d‟œuvre, est validé par la maîtrise d‟ouvrage et son
comité de pilotage, où l‟on passe d‟un comité à des responsables internes au sein de la mairie.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
292
Phase 6 : AVP (Avant projet)
Dans cette phase le projet concours validé rentre dans une phase de formalisation et de détail.
L‟architecte travaille sur le projet au détail près. Chaque élément est objet de révision et validation
avec son équipe pluridisciplinaire et un travail plus complet en termes d‟échanges et collaboration
s‟établie. Le projet prend une forme plus technique où le chiffrage des m² de construction est bien
établi.
Le projet passe par les services techniques pour révision et validation. De nouveaux critères, plus
« terre à terre », sont proposés par les techniciens qui apporteront un regard très important pour la
durabilité du projet. Notre expérience ne permet pas dire que cette démarche est commune dans
tous les projets, mais elle est très intéressante, par les questionnements proposés aux équipes de
concepteurs, ce qui les oblige à une réflexion réaliste, réalisable et pratique dans les solutions pro-
posées.
Dans cette phase tous les acteurs concernés sont consultés pour validation ou apports au projet.
On prépare dans cette phase la consultation publique et on formalise toutes les pièces administra-
tives du projet.
Une nouvelle évaluation peut être réalisée avec plus de détails, mais les moyens restent souvent
limités et l‟évaluation passe à un second plan où les informations de précision seront plus acces-
sibles. A ce moment là tout ou presque tout est déjà validé.
Dans cette phase le projet est complément validé, le chiffrage et l‟évaluation des travaux sont
préétablis avec une marge plus ou moins grande. Tous les plans et autres pièces sont déjà créés et
les documents du dossier de consultation pourront être élaborés. Le projet passe à une phase opé-
rative et se prépare à la construction (documents administratifs, permis, etc.). L‟évaluation du projet
ne se fait pas et sera reportée pour être faite à travers les démarches de qualité environnementale
pour les bâtiments concernés.
Les autres phases sont déjà des phases de décision et de formalisation de procédures pour le projet
qui est déjà tout ou presque tout défini pour être construit.
Pour ce travail ces autre phases n‟ont pas été considérées et notre réflexion s‟arrête principalement
à la phase AVP antérieurement décrite.
Durant ce travail de thèse, nous avons participé à ce processus au sein d‟équipes de maîtrise
d‟œuvre en réponse à des appels à projets dans le cadre de concours pour l‟aménagement de
parcelles à urbaniser dans les PLU des villes concernées.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
293
Bien que nous ayons participé aux phases a posteriori de l‟élaboration de la commande, nous
avons pu interroger les membres des comités de pilotage sur la préparation de la commande. Tous
ont décrit une phase de préparation longue, d‟une part pour la récupération et formalisation des
informations du projet et d‟autre part pour des études complémentaires nécessaires et de mise au
point au sein de la maîtrise d‟ouvrage pour préparer le dossier de consultation. Par exemple, dans
le cas de la Bastide Clairence, une importante phase d‟avant-préparation a été nécessaire pour
que Monsieur le Maire arrive à créer un comité de pilotage et trouver l‟assistance nécessaire pour le
montage de son projet de marché de définition.
Chronologiquement il est intéressant de voir dans les commandes que les critères de développe-
ment durable ont été le fil rouge, sans obligation de résultats spécifiques. Par exemple en 2009, la
demande pour l‟aménagement de l‟écoquartier Maharin à Anglet était explicite ; dans aucune
autre commande jusqu‟alors il ne se parlait d‟écoquartier, mais toutes évoquaient la prise en
compte de l‟environnement58.
Nous avons vu aussi une évolution de la maîtrise d‟ouvrage vers une demande plus cadrée et tech-
nique, qui se manifeste aussi par le besoin d‟équipes de maitrise d‟œuvre renforcées avec une
structure professionnelle pluridisciplinaire.
Dans nos cas d‟étude ce sont des architectes qui ont formé ces équipes pluridisciplinaires.
Dans le cas de ce travail, maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre ont été les commanditaires princi-
paux d’une assistance pour la mise en place de démarches environnementales vers la mise en
œuvre de projets représentatifs et expérimentaux de type écoquartier.
Dans tous les cas étudiés c‟est l‟architecte qui assure le rôle de chef de projet et qui en consé-
quence en est le principal responsable. Le travail de la maîtrise d‟œuvre a été segmenté mais la
responsabilité n‟est pas partagée.
Les acteurs principaux restent dans tous les projets étudiés la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise
d’œuvre. Les autres typologies d‟acteurs intégrés à l‟équipe se sont avérés les mêmes dans tous nos
cas d‟étude, avec des différences uniquement dans l‟intensité de l‟expertise qui pouvait varier
(nombre et de pluridisciplinarité des participants).
A propos des habitants, aucune association d‟habitants n‟a participé directement dans ces projets.
Les habitants, souvent les plus importants des acteurs dans une démarche d‟écoquartier, ont été
plutôt absents, nous avons constaté un déficit clair dans les moyens et outils pour répondre à cette
nouvelle exigence de l‟intégration des habitants au projet urbain. Dans l‟unique projet où une dé-
marche de concertation a été mise en place, cela a été réalisé après le choix des équipes, le lan-
cement du projet et les premiers diagnostics, donc relativement tard. Au sein des projets, à notre
avis, cette concertation a eu des effets mais ce n‟était pas déterminant.
Dans tous les projets ils ont été incarnés par les représentants des collectivités, des élus porte-paroles
des besoins des habitants ou des petits comités improvisés de riverains.
58 Les expériences en Europe montrent qu‟une internalisation minimale de l‟expertise environnementale au sein des techni-
ciens de la mairie est nécessaire dans la conduite de ces projets. L‟enjeu est d‟assurer les liens nécessaires avec les déci-
deurs, en particulier les élus. On doit restructurer les appels d‟offres découpés en missions et en lots pour limiter un émiette-
ment de l‟expertise et les difficultés de coordination.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
294
Il est important de remarquer que l‟intégration des demandes des représentants de ces quartiers a
été évolutive, même si nous n‟avons pas pu travailler ensemble de manière réactive.
Pour citer un exemple de cette évolution, pour la Bastide-Clairence nous, maitrise d‟œuvre, sommes
allés à la recherche de témoignages ou d‟avis des habitants. Autre exemple, dans l‟écoquartier
Maharin une concertation avec la population a été mise en place par la Mairie.
Autre constatation, tous les riverains ne sont pas ouverts à l‟aménagement d‟un nouveau projet. Par
exemple sur un des cas étudiés, des groupes d‟opposition se sont formés pour obtenir la dérogation
ou modification substantielle du projet ou des compensations pour le préjudice.
Une information méticuleuse sur les atouts et contraintes des propositions a été nécessaire et la prise
en compte de ces remarques ou des besoins exprimés ont été fondamental pour l‟acceptation du
projet.
En outre pour l‟intégration des remarques des autres acteurs (Cf. Chapitre 1) dans l‟un des cas
d‟étude, des analyses particulières ont été réalisées pour la collecte et le traitement des déchets
ménagers, l‟éclairage, le nettoyage et l‟entretien des espaces verts et publics, la prévention du
vandalisme et l‟insécurité. Il était intéressant d‟observer que les soucis d‟économie, pérennité et
durabilité des ouvrages étaient alors mis en évidence par les services techniques plus que par les
équipes de concepteurs et la maîtrise d‟ouvrage, d‟où l‟importance de la participation de ces ac-
teurs techniques également dans la phase conception du projet.
La phase AVP (Avant projet) a été pour nous une de phases les plus importantes du projet
d‟aménagement. C‟est la phase où tout est possible : l‟expérimentation, les prises de risque et
l‟innovation dans les approches, les réflexions, les solutions.
C‟est une phase particulièrement riche pour l‟ensemble des acteurs ; le sujet est pour tous un point
de confluence des besoins, des réponses et des engagements. Cf. figure 11-37.
Cette phase est aujourd‟hui à notre avis mise à la marge puisqu‟on la passe rapidement et sans lui
consacrer suffisamment de temps. L‟application des outils d‟aide à la conception dans cette
phase est complexe de par les limites de la pratique opérationnelle, les contraintes de temps, de
budgets etc.
C‟est dans cette phase que nous avons centré notre observation et notre recherche pour com-
prendre le besoin en outils, en considérant le projet dans son fond et non pas seulement dans sa
partie administrative. Les démarches pour la mise en œuvre d‟écoquartiers permettent de nous
questionner sur le résultat final dans le temps. Ils proposent d‟avoir un regard global du projet dans
ses objectifs de soutenabilité.
Nous avons également ciblé cette phase pour générer une proposition adaptée pour la mise en
œuvre du concept d‟écoquartier avec ses objectifs et sa pratique d‟évaluation.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
295
Nous croyons que dans cette phase il est possible d‟insérer une démarche innovante, former et sen-
sibiliser les acteurs, et montrer les points positifs et défauts d‟un projet avant de réaliser des choix
définitifs qui l‟affecteront tout de sa réalisation.
Dans cette phase les outils à créer doivent s‟adapter à la pratique et à l‟état du projet, afin d‟aider
les acteurs à une prise de décision pour une pratique d‟amélioration continue.
Figure 11-36 Processus d’un projet avec l’intégration d’une évaluation comme un outil d’aide à la décision dans les phases
AVP et PRO
Nous avons constaté dans nos cas d‟étude que les deux acteurs principaux de l‟aménagement du
territoire n‟ont pas d‟outils communs et simples qui leur permette de facilement comprendre les
résultats du projet pourtant mesurables et visualiser le projet vis-à-vis des pratiques locales ou « clas-
sique » et vis-à-vis d‟opérations ambitieuses comme les écoquartiers. Les outils existants sont plutôt
des outils pour aider à la définition d‟objectifs et d‟actions, certain pouvant aider à prendre une
décision. Les outils d‟évaluation sont presque inexistants. Cf. figure 11-38.
La mise en place d‟outils adaptés est aujourd‟hui un champ de recherche important pour pouvoir
faciliter au mieux les nouvelles démarches et leur utilisation adéquate. Dans l‟absolu, le projet doit
être conçu et évaluer avec le même type d‟outil. La multiplication et spécification des outils ne
permettra pas de créer une base d‟échange, d‟évaluation et de suivi, qui est pourtant nécessaire à
la réussite de l‟opération.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
296
Figure 11-37 Schéma simplifié des acteurs et des outils de mise en œuvre dans les projets étudiés
11.7 Conclusion
Du fait du manque des outils d‟évaluation commun pour la maîtrise d‟ouvrage et d‟œuvre dans la
phase conception et particulièrement dans la phase AVP, nous avons observé de manière pragma-
tique la problématique globale traduite dans le contexte local. Nous avons observé que l‟échelle
du quartier est particulièrement intéressante pour la création et l‟expérimentation des réponses in-
novantes vis-à-vis des problématiques globales et locales.
Notre étude sur les écoquartiers nous a permis de comprendre le concept, de caractériser ses mo-
dèles et d‟évaluer leur performance en termes environnementaux.
Les écoquartiers nous ont montré la pratique urbaine et des méthodes de mise en œuvre abouties.
Nous en avons découvert les différents outils et nous avons proposé la piste de l‟utilisation des indi-
cateurs comme un des systèmes qui a montré sa pertinence dans certains projets de villes du nord
de l‟Europe, références dans ce type d‟innovation au niveau urbain.
Les expériences menées au sein du centre Nobatek ont nourri notre réflexion et nous ont confronté
à la pratique opérationnelle. Son équipe pluridisciplinaire nous a permis de découvrir d‟autres ap-
proches et nous a donnée la matière première pour cette recherche. Nous avons pu redéfinir alors
le système de mise en œuvre de projets urbains dans une idée d‟écoquartier, puis confronter et voir
la pertinence des outils pour une planification plus vertueuse au niveau environnemental. Nous
avons expérimenté les méthodes, et la pratique opérationnelle nous a aidée à délimiter notre plan
de travail et de recherche. Cf. Figure11-39.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
297
C‟est cette approche dans la pratique opérationnelle qui nous a permis de proposer un processus
pragmatique de mise en œuvre et un outil d‟évaluation adapté pour une phase AVP.
Nous exposerons plus en détail ces deux propositions dans les deux chapitres qui suivent.
Figure 11-38 Schéma de notre approche pour comprendre la problématique et les besoins vers des propositions opération-
nelles de mise en œuvre et évaluation de projets type écoquartier
Le territoire étudié est attractif et sensible à des changements forts pour répondre à des besoins
importants de logements, services, travail, etc. La demande des écoquartiers représente dans le
territoire d‟étude une demande croissante pour répondre, avec un aménagement moins impac-
tant que l‟actuel modèle d‟urbanisation de maisons individuelles très étalées, aux aspirations de
développement durable. Certains projets réalisés dans le territoire sont une expérimentation forma-
trice pour les acteurs locaux de l‟aménagement. Dans certain de ces cas nous avons observé des a
priori sur les nouvelles approches et un manque de formation des acteurs sur le développement
durable, les écoquartiers et les autres thèmes liés à l‟aménagement soutenable. Mais le territoire
évolue et devrait se doter petit à petit des outils nécessaires pour que les maîtrises d‟ouvrage pu-
bliques prennent en main de la meilleure façon possible les projets d‟aménagement dans l‟objectif
d‟en faire des écoquartiers.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
298
Chapitre 12 -Vers la mise en œuvre
des écoquartiers, proposition pour la
pratique opérationnelle
Apres différents essais d‟intégration d‟un outil d‟aide à la conception existant et après avoir consta-
té la difficulté d‟insérer ce type de démarches, intéressantes mais lourdes, nous avons mis en place
le processus proposé. Celui-ci vient s‟insérer dans la pratique opérationnelle classique du projet en
s‟adaptant aux acteurs, au temps et aux objectifs du projet en termes de thématiques environne-
mentales. Il permet de transformer les objectifs et principes de performance souhaités par la maî-
trise d‟ouvrage en réalité de terrain.
12.1 Objectifs
La méthodologie proposée a pour but de maîtriser les impacts environnementaux des opérations
d‟aménagement, d‟accroître leur qualité globale, ainsi que celle des futures constructions, dans
une perspective de développement durable. Elle concerne exclusivement l‟urbanisme opérationnel
à l‟échelle d‟un quartier (ZAC ou lotissement).
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
299
12.2 Processus de mise en œuvre
Le site comme principal acteur du développement durable, qui définit les atouts et con-
traintes du projet.
La collectivité, avec qui il entretient un dialogue permanent, et ce, dès le lancement de
l‟opération.
L‟équipe pluridisciplinaire, qui contribue à ses côtés à la définition du projet
d‟aménagement.
L‟usager, dont on va définir le cadre de vie, placé au cœur de la démarche qui prend en
compte l‟usage et la vie du futur quartier après la rétrocession, par le biais de la concerta-
tion.
Très importante, l‟analyse du site et la communication avec l‟ensemble des acteurs concer-
nés par l‟opération est un volet essentiel qui doit être réfléchi selon le contexte et avoir une
dimension pédagogique.
La démarche est volontaire, entreprise par les maîtres d‟ouvrage, faisant appel au bon sens,
au pragmatisme et à une certaine rigueur.
Il s‟agit de construire une démarche basée sur la pratique et le langage de l‟aménageur. La mé-
thodologie s‟est donc projetée à partir du déroulement classique d‟une opération de la phase de
dialogue avec la collectivité jusqu‟à la rétrocession des ouvrages. Cf. figure 12-1.
Par rapport à une opération classique, cette démarche demande de travailler davantage sur les
phases amont du projet en veillant à garder la maîtrise des délais propres à l‟opération.
Les deux figures suivantes présentent comment ces blocs d‟outils s‟intègrent dans la pratique opéra-
tionnelle. Ces outils vont guider, structurer, renforcer et valider le travail de réflexion mené lors de la
production urbaine, et plus particulièrement pour intégrer au mieux les objectifs environnementaux.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
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300
Opération classique
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301
Outre la qualité environnementale visée par une opération d‟urbanisme, la démarche met en lu-
mière dans l‟approche thématique la notion de coûts. Cela oblige aménageur et collectivité à se
concerter, notamment pour la gestion et l‟entretien des espaces publics. Il s‟agit d‟estimer les coûts
d‟investissement et les coûts évités par tel ou tel choix technique.
Les outils proposés pour cette démarche sont d‟une grande importance et cohérence dans le pro-
cessus de conception et construction du projet durable.
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302
12.3.1 PARTIE A : SMO, système de management de
l’opération59
L‟objectif d‟un SMO est de définir les étapes-clés a minima pour garantir l‟efficacité du suivi d‟une
opération, en maîtrisant les processus de programmation, conception, réalisation et rétrocession.
Le SMO demande:
Un diagnostic du site et des enjeux de l‟opération sont des études préalables fondamentales pour
l‟aménagement urbain durable.
Les objectifs en termes de qualité environnementale seront établis après le diagnostic du site et du
recueil des besoins et, seront définis dans le cadre d‟une Charte d‟Objectifs de qualité environne-
mentale.
Le diagnostic du site est construit à partir de son analyse et d‟une approche thématique multicri-
tères qui engendre une démarche d‟engagement, de suivi et d‟évaluation.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
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303
12.3.2.1 L’analyse du site
Cette analyse est prioritaire pour l‟aménagement durable, elle nous permet de comprendre le site
et ses interactions avec l‟environnement bâti et naturel.
L‟analyse du site est un document avec toutes les informations sur le site et ses influences sur le pro-
jet d‟aménagement.
Les informations nécessaires pour l‟analyse des atouts et contraintes du site sont :
CLIMAT
- Infrastructures industrielles
- Risques technologiques
- Nuisances acoustiques, visuelles et olfactives
- Pollution de l'air
- Infrastructures techniques
- Monuments
INFRASTRUCTURES
RESEAUX
- Electricité
- Nuisances visuelles
- Ondes électromagnétiques
- Gaz
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304
- Eau
- Assainissement
- Exploiter les possibilités d'assainissement proposées localement
- Nuisances olfactives
- Télécommunications
RESSOURCES LOCALES
- Énergie
- Exploitation préférentielle d'une énergie disponible localement, et autant que possible, exploi-
tation d'une énergie renouvelable
- Matériaux
- Exploiter les matériaux disponibles localement
- Déchets
- Gestion des déchets (de chantier et d'activité) en fonction des possibilités locales de valorisa-
tion/traitement
- Aménagement de la parcelle : gestion des déchets
SERVICES
- Transports en commun
- Aménagement du secteur : accès et circulation interne
- Déchets
- Aménagement de la parcelle : gestion des déchets
- Cohérence entre la collecte interne proposée pour le bâtiment et la collecte proposée en ex-
terne par la commune ou les prestataires privés délivrant la commune
Après l‟analyse du site et ses résultats, une approche thématique multicritères est nécessaire. Cf.
Tableau 12-1. L‟aménageur et son équipe pluridisciplinaire peuvent travailler sur le projet avec les
données du site et établir 6 types d‟analyses préliminaires qui nous aideront à établir les enjeux et
les objectifs pour l‟opération.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
305
Ces analyses compléteront le contenu des critères à travailler dans le projet urbain et établiront les
exigences et les objectifs pour chaque thématique du DD à accomplir pour le projet.
Dans le tableau 12-2 ci-dessous, les objectifs définis pour chaque thématique du développement
durable sont celles qui sont prioritaires dans une démarche environnementale d‟aménagement
durable ; ils seront complétés avec des objectifs précis adaptés à chaque projet.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre
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306
Tableau 12-2 Thématiques et Objectifs pour le processus propose
Actions
Thématiques Exigences Objectifs généraux Objectifs spécifiques
Voir (annexe)
• Renforcement de la cohésion sociale • Favoriser la mixité sociale et générationnelle • Proposer une offre de logement diversifiée
Social Thématique 2
• Qualité du cadre de vie • Tisser des liens entre anciens et nouveaux habitants • Assurer une transition avec les quartiers avoisinants
• Prise en compte des usages existants • Traitement de l‟interface entre espace public et es- • Traitements de limites
• Accessibilité pour tous aux services pace privé • Créer des espaces publics conviviaux
(équipements, commerces) • Intégrer des usages comme support de projet pour • Créer des espaces de rencontre (équipements, services, Thématique 4
travailler en intelligence avec le contexte commerces)
• Programmer la mixité fonctionnelle • Conforter voire compléter la pérennité des services et équi-
pements existants
• Prise en compte des activités écono- • Favoriser la mixité fonctionnelle (habitat et bureaux) • Créer des espaces de rencontre (équipements, services,
Economique Thématique 2
miques existantes (habitat et commerces de proximité) (habitat et ser- commerces)
• Prise en compte des flux logement vice de proximité) • Conforter voire compléter la pérennité des activités existantes
/travail • Intégrer des activités attractives pour l‟économie du
secteur Thématique 9
• Cohérence urbaine • Cohérence avec l‟agglomération et le territoire • Intégrer les formes urbaines existantes
Thématique 1
• Prise en compte des spécificités ur- (agenda 21, facteur 4..) • Travailler sur les échelles urbaines et les ambiances
baines du contexte • Cohérence avec la forme urbaine (éviter l‟étalement, • Identifier les éléments du patrimoine (paysager et urbain)
• Economie d‟espace limiter l‟urbanisation des territoires agricoles et verts) • Diversifier les typologies d‟habitat et autres activités
• Valorisation du paysage • Intégration des éléments du patrimoine existant • Diversifier les typologies d‟espaces publics Thématique 2
• Création d‟un paysage de qualité comme support de projet pour travailler en intelli- • Protection contre le vent
Environnemental gence avec le contexte • Maitrise de l‟ensoleillement
• Proposer de formes urbaines cohérentes au contexte • Mesurer l‟impact des projets sur le vent et l‟ensoleillement des Thématique 3
et variées espaces publics
• Proposer une composition urbaine qui réduise les dé- • Traiter les interfaces de l‟opération
placements • Protéger les arbres existants
• Qualification et caractérisation des espaces publics • Maitriser les vues Thématique 4
• Optimisation du confort des espaces publics • Mettre en place une trame verte
• Intégrer les structures végétales existantes dans la
composition urbaine Thématique 5
• Créer un paysage en cohérence avec le paysage • Agir sur l‟orientation de la voirie, du parcellaire et du bâtiment
Thématique 6
existant en respectant les principes bioclimatiques
• Prévoir un éclairage public économe, performant et adapté
aux besoins
• Prévoir la récupération des eaux pluviales avec systèmes col- Thématique 7
lectifs et privatifs pour l‟utilisation de l‟eau de pluie
• Favoriser les apports solaires passifs dans la construc- • Faire une étude énergétique pour un choix raisonné de
tion pour promouvoir un urbanisme et une architecture l‟énergie de desserte Thématique 8
économes
• Constructions économes
• Maîtrise économe de fonctionnement • Etude énergétique pour le choix sur les bâtiments
• Incitation à utiliser des énergies renouvelables et alter- • Travailler sur la performance des matériaux
natives
• Traitement de la vitesse
• Avoir une gestion volontaire du stationnement
• Créer un maillage lisible et efficace des liaisons
• Hiérarchiser le réseau viaire avec en priorité les piétons et les
• Maitrise des pollutions atmosphériques déplacements doux
• Réduire l‟usage de la voiture • Organiser l‟accessibilité et construire une entrée du projet li-
• Favoriser les liaisons douces sible
• Structure des déplacements en Cohérence avec
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
307
l‟agglomération et le territoire
• Limitation de l‟Impact
• Réduire l‟émission des Gaz à effet de
serre
• Prise en compte de la structure des
déplacements du contexte urbain
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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12.3.3 PARTIE C : Actions à mettre en place
A partir des objectifs DD, définis et transcrits en un Cahier d‟Objectifs de qualité environne-
mentale, une liste d‟actions organisée par thématiques doit être mise en place pour complé-
ter la réflexion et engendrer une démarche d‟engagement, de suivi et d‟évaluation de
l‟opération.
Ces actions correspondant à chacun des objectifs et permettent répondre à chaque préoc-
cupation du développement durable. (Voir fiches d‟action, Annexe_)
Les actions à mettre en place sur l‟aménagement urbain devront être suivies par
l‟aménageur tout au long de l‟opération.
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1. Indicateurs mixtes (Développés par la DREIF en région Ile de France)
Aménagement
Territoire
durable
Assurer le développement
Indice de développement humain pour la zone /
D4 humain
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œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
310
2. Indicateurs d’impact environnemental (Analyse des écoquartiers)
Indicateur Unité
E1 Energie MJ/an/habitant
Ces différents indicateurs ont été comparés aux lignes d‟actions relevées pour chaque déve-
loppement stratégique à intégrer dans la conception du quartier. Leur utilisation et la perti-
nence de leurs résultats doivent être partie intégrante d‟un outil d‟évaluation à développer.
Nous proposons un premier outil de ce type dans le chapitre suivant.
12.4 Conclusion
Elle adapte certains processus qui existent déjà dans le projet et les organise dans une lo-
gique de réflexion plus globale dans les premières phases de conception.
L‟application de ce processus dans certains des objets d‟étude nous a permis d‟intégrer de
nouvelles réflexions liées aux trois volets du développement durable. Il s‟est révélé pour nous
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œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
311
un élément clé pour suivre le projet et ses performances environnementales, mais le besoin
de créer ou adapter un outil d‟évaluation associé à ce processus en devient d‟autant plus
essentiel.
Les indicateurs proposés ne répondent pas encore à toutes les préoccupations. Les théma-
tiques de santé et de confort urbain ne sont par exemple pas abordées et de nombreux
autres aspects ne le sont traités que partiellement. Ces indicateurs ont été choisis pour ce
travail dans son contexte Cifre notamment pour répondre à la demande spécifique du mé-
tier de Nobatek.
Les indicateurs environnementaux pourront être évalués avec des données sur la consom-
mation et des données sur la forme urbaine du projet ; ces deux pistes ont été analysées et
sont développées dans le chapitre suivant.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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312
Chapitre 13 -Évaluation environne-
mentale des quartiers : conception
d‟un outil d‟analyse de cycle de vie
du quartier NEST (Neighborhood Eva-
luation for Sustainable Territories)
Comme nous l‟avons vu dans les chapitres antérieurs, la mise en œuvre des écoquartiers est
une partie essentielle pour atteindre l‟objectif de performance pour ce type de projet
d‟aménagement. L‟évaluation y prend une place très importante pour aider les concepteurs
dans leur démarche et pour communiquer la performance du projet vis-à-vis des enjeux envi-
ronnementaux.
L‟évaluation se base sur des méthodes et outils qui permettent d‟associer/comparer le projet
urbain à des références techniques ou fonctionnelles, issues de recherches sur les impacts de
l‟urbanisme et les modèles d‟écoquartiers.
Cela se traduit en particulier par des indicateurs, les outils étant des moyens de définir, calcu-
ler et analyser ces indicateurs pour un projet donné.
La technique d‟analyse de cycle de vie, développée dans divers secteurs industriels, permet
une approche globale et objective de l‟évaluation environnementale. Son application au
projet d‟aménagement a été étudiée et a mené au développement d‟un nouvel outil spéci-
fique, qui cherche à répondre à la fois au besoin de justesse et de profondeur dans
l‟évaluation et au nécessaire pragmatisme qu‟impose la pratique réelle de l‟aménagement
aujourd‟hui.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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313
13.1.1 Cas Bassussarry : première expérimentation
Le développement de l‟outil d‟évaluation vient de réflexions menées après l‟expérimentation
du processus de mise en œuvre dans les cas de la Bastide-Clairence et de Bassussarry.
Dans le premier cas le processus a permis la mise en œuvre d‟une solution d‟écoquartier
avec une démarche qui permettait des réflexions sur le projet et des réponses envisageables.
L‟évaluation était la suite normale du processus, mais les outils étaient inexistants ou trop
complexes avec une demande trop précise en informations que l‟état du projet ne permet-
tait pas de délivrer. D‟autres outils ne permettaient pas de voir la performance réelle des ré-
ponses du projet mais en proposaient uniquement un descriptif.
Nous avons alors pris le parti de la conception d‟un outil d‟évaluation avec une hypothèse
simple :
La forme du quartier est un facteur d‟impact majeur. Elle va avoir une influence décisive sur
la capacité de la proposition à devenir un projet d‟écoquartier. Cf. figure 13-1.
Figure 13-1 Hypothèses sur les formes urbaines des projets et son impact
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13.1.2 Processus de construction de l’outil
L‟objectif pour l‟outil était de s‟inscrire dans le processus opérationnel de l‟aménagement
urbain avec la possibilité d‟évaluer des scenarios en phase concours ou AVP. L‟outil devait
évaluer les impacts environnementaux de différentes alternatives du projet en visant un pro-
jet optimisé dans un processus simple de mise en œuvre. Cf. figure 13-2. Cette évaluation
devait également permettre de communiquer les réponses du projet avec les mêmes indica-
teurs, ces indicateurs devant être accessibles à tous les acteurs concernés et principalement
la maîtrise d‟ouvrage et la maîtrise d‟œuvre.
Figure 13-2 Processus de réflexion pour le développement d’un outil d’évaluation environnementale de quartiers
Le premier outil développé dans le cas de Bassussarry a été une première expérimentation.
Nous avons mesuré tout le projet et récupéré toutes les informations possibles qui nous per-
mettaient de décrire le projet et d‟en faire d‟une certaine manière une évaluation. Nous
avons mesuré l‟implantation des bâtiments, les surfaces des espaces verts, des parkings et
récupéré les moyennes de consommation pour un type de bâtiment similaire via les expé-
riences de Nobatek. A travers le constat de l‟information recueillie, nous avons proposé des
indicateurs mixtes quantitatifs et subjectifs pour une possible évaluation.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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315
Les indicateurs ont été rapportés à un système de points pour pouvoir unifier leurs valeurs, à la
base tous différents (certains résultats étaient exprimés en tonnes et d‟autres en m²).
Ce système permettait d‟évaluer le projet et de créer un graphique type radar pour visualiser
les résultats. Cf. figure 13-3. Le résultat seul ne permettait pas de voir la pertinence des ré-
ponses du projet, nous avons donc décidé d‟utiliser les mêmes indicateurs mais avec les in-
formations du lotissement riverain du projet.
Les résultats de ces deux formes urbaines permettaient alors de voir d‟une certaine manière
la performance d‟un projet type Bassussarry dans un concept d‟écoquartier face à un mo-
dèle d‟opération classique.
EXPERIMENTATION
Quartier à Bassussarry
Indicateur de grandeur
Figure 13-3 Indicateurs et résultats d’un premier outil d’évaluation expérimentée dans le cas Bassussarry
Ce premier essai nous a permis de comprendre l‟importance d‟un outil d‟évaluation en con-
sidérant la notion de performances. Une évaluation quantitative s‟est avérée très pertinente
pour l‟équipe de conception et pour la maitrise d‟ouvrage. Le fait d‟avoir des indicateurs
clairement expliqués et avec des unités compréhensibles par tous les acteurs a permis de
débattre sur le projet. Nous avons pu valider notre hypothèse de départ qu‟un projet a un
impact (en partie) mesurable et qu‟en plus il existe des réflexions et des réponses concrètes
possibles pour minimiser cet impact.
Par ailleurs, cette première expérimentation nous a montré l‟importance d‟un cas de réfé-
rence local pour comparaison. Cette possibilité permet de visualiser dans la réalité des ac-
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teurs le projet désirable ou indésirable, avec d‟une certaine manière la même base
d‟échange entre maîtrise d‟ouvrage et maîtrise d‟œuvre.
Les indicateurs proposés nous ont permis de trouver une piste pour l‟évaluation d‟impact en-
vironnemental et les indicateurs subjectifs des pistes de qualité et d‟intégration du projet
dans leur site.
La composition de ces deux types d‟indicateur permet de qualifier le projet avec une ap-
proche technique.
Une remarque importante sur cette expérimentation est le fait qu‟il existe des indicateurs dif-
férents mais avec des unités de mesure communes, par exemple les émissions de CO 2 pour
trois types d‟indicateurs qui permettent de voir l‟impact lié à l‟usage et à la consommation
de ressources.
Une autre piste importante a été l‟utilisation du territoire et la localisation du quartier qui nous
a permis d„aller vers la construction d‟un indicateur pertinent pour montrer l‟impact du choix
du site et de sa capacité réceptive. Nous avons montré que même si on arrive à faire des
bâtiments performants, l‟impact d‟un projet éloigné et de basse densité est plus important et
que les solutions possibles dans l‟aménagement du quartier sont insuffisantes pour équilibrer
l‟opération.
Pour poursuivre cette idée nous avons analysé de nouveau certains outils étudiés aupara-
vant dans notre travail afin de générer des idées d‟optimisation pour cet outil.
Comme nous l‟avons vu dans les chapitres précédents, les outils d‟évaluation de projets ur-
bains sont encore dans une phase d‟élaboration et les expérimentations sont encore dans un
stade de validation.
Deux de ces outils nous intéressent particulièrement, le Méthode ADEQUA de Frederic Cher-
qui et l‟approche de l‟analyse de cycle de vie à l‟échelle du quartier proposée par Bruno
Peuportier et son équipe du Centre Energie et Procédés de l‟Ecole des Mines de Paris. Cf.
figure 13-4. Les deux sur la base de thématiques environnementales et d‟indicateurs, inscrits
dans un processus de conception-construction de projets de quartiers.
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317
Le premier définit une méthode d‟évaluation à travers quatre familles d‟indicateurs : Res-
sources, Ecosystème, Risque et Santé et Ambiances. Ils sont évalués à travers la quantification
des indicateurs associés aux objectifs des différentes alternatives d‟aménagement d‟un
quartier, à l‟aide de diagrammes radars. La quantification est basée sur l‟utilisation d‟outils
d‟aide à la décision comme les logiciels de simulation (type Solène), sur des données et sur
des dires d‟expert.
Cette approche permet une évaluation à travers 12 indicateurs, plus scientifiques et com-
plexes. Les principales limites de l‟approche, telle que présentée par M. Peuportier dans sa
exposition aux journées scientifiques « Ecotechnologies du bâtiment, du matériau au quar-
tier » en 2009, sont le manque de données sur certains produits et procédés, des incertitudes
sur les procédés (gestion des déchets en fin de vie, mix de production d‟électricité...), des
incertitudes sur les indicateurs et l‟analyse multicritères. Le passage d‟une échelle d‟un bâti-
ment, élargie à un îlot puis à un quartier peut générer également des incertitudes que
l‟approche d‟analyse de cycle de vie ne peut pas encore évaluer.
Figure 13-4 Images des résultats de certaines références de l’état de l’art sur l’évaluation des projets urbains
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Les deux approches ont été appliquées dans des ilots du quartier Lyon Confluence. Les résul-
tats ont montré la possibilité de leur application et la pertinence de ces réponses. La difficul-
té, à notre avis, reste la complexité de la démarche et les besoins d‟une base d‟information
importante et précise sur un nombre de données non négligeable du projet à rentrer, cela
peut parfois être incompatible avec un projet en phase AVP. Il est possible que ces dé-
marches soient utilisables dans une phase avancée du projet où certaines décisions sont
prises et où l‟on peut avoir plus d‟informations sur les composants de chaque élément du
quartier. Cela reste une piste intéressante mais à valider au niveau opérationnel dans les
temps et budgets plus réels de la pratique de l‟aménagement. Les indicateurs restent par
ailleurs complexes pour les acteurs concernés et il est à notre avis difficile de communiquer
avec des indicateurs qui obligent à avoir une formation importante sur ces sujets qui sont
encore loin des formations ou compétences actuelles des acteurs de l‟aménagement.
Pour l‟élaboration de l‟outil nous avons exploré deux pistes de réflexion : d‟une part l‟éco-
conception adaptée à celle de quartiers et d‟autre part l‟approche d‟analyse de cycle de
vie d‟un quartier.
C‟est une démarche préventive qui consiste à prendre en compte l‟environnement dès la
conception des produits ou services. (Cf. figure13-5).
Son but est la réduction des impacts sur l‟ensemble du cycle de vie du produit :
L‟Analyse de Cycle de Vie (ACV) est un des outils d‟éco-conception, sa particularité est
d‟être quantitatif et multicritère (plusieurs indicateurs chiffrés).
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Figure 13-5 Cycle de vie d’un produit. Source Didier Lanquertin-JF Patingre, 2009.
Dans le cadre d'une opération de construction d'un bâtiment, l'ACV a pour but de minimiser
les coûts environnementaux pour une qualité de bâti déterminée. Elle est plus complexe que
pour des produits industriels, car chaque bâtiment est unique (souvent construit à un seul
exemplaire) et présente une forte interaction avec le site et les occupants. Il y a souvent une
phase de rénovation à prendre en compte. La durée de vie des bâtiments est en général
beaucoup plus longue que celle des produits industriels courants. Ils comportent un grand
nombre de matériaux et composants, et leur processus de conception est complexe, faisant
intervenir de nombreux acteurs.
Une difficulté fréquente est la définition des frontières du système étudié. En effet, il ne suffit
pas de décrire le bâtiment seul, il faut tenir compte de son approvisionnement en eau et en
énergie. Le système doit également être limité dans le temps. La durée de vie des compo-
sants doit être fixée, ainsi qu'une durée d'analyse pour l'ensemble du bâtiment.
Quand on considère un quartier, le système est encore plus complexe (Cf. figure 13-6). Il y a
un élargissement des éléments à prendre en compte : disposition des voiries, équipements
collectifs, espaces publics, transports…
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Figure 13-6 Schèma simplifie d’un quartier.
La méthodologie est toujours multicritères, mais à un degré plus élevé. Elle prend en compte
les consommations énergétiques, l‟usage du sol, la qualité de l‟air, l‟ambiance extérieure…
Nous sommes partis de l‟idée que l‟analyse de cycle de vie est une méthode qui peut être
applicable dans la production d‟un objet. Chaque composant de cet objet peut être analy-
sé avec une durée de vie et on peut connaitre son impact depuis l‟extraction des matières
premières jusqu‟à sa fin de vie.
Pour nous le quartier peut d‟une certaine manière être considéré comme un objet que l‟on
fabrique pour ses habitants, qui utiliseront l‟objet jusqu‟à sa fin de vie à 30 ans, 50 ans ou plus
de 100 ans. En réalité on voit de plus en plus que les quartiers construits dans les années 60 et
70 sont en phase d‟être démolis et reconstruits ou complètement rénovés aujourd‟hui.
Pour notre travail nous avons considéré que le quartier est composé d‟éléments complexes
qui sont simplifiés dans une phase AVP du projet. On parle des espaces construits et verts, des
voiries et des parkings et petit à petit on va complexifier les composants. L‟ACV du quartier se
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321
base sur l‟agrégation (pondérée) des ACV respectives de chaque composant et sous-
composant du quartier. Les schémas ci-dessous (Figures 13-7 et 13-8) présentent ce principe
de calcul par agrégation qui est utilisé traditionnellement pour l‟ACV.
ACV QUARTIER
ACV QUARTIER
(utilisable par un concepteur)
Figure 13-6 Schéma de la réflexion sur l’ACV d’un quartier pour une évaluation
ACV asphalte
ACV Voiries + ACV
ACV granulats
éclairage pub + ACV ACV Infrastructure/espace
Etc..
espaces verts public
ACV travaux
ACV matériaux + ACV +
ACV Eau ACV
usage + ACV
ACV chauffage QUARTIER
construction ACV bâtiments
Etc..
+
ACV voit usage ACV voiture + ACV
ACV bus usage bus + ACV Mob. ACV mobilité
Etc.. douce
+
ACV sol agricole + ACV trans. du sol
ACV zone urbanisée +
ACV foret
Figure 13-7 Schéma de calcul par agrégation de l’ACV pour les composants d’un quartier
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322
Sur la base de cette technique et des travaux précédemment réalisés sur la mise en œuvre
du quartier, nous avons construit un outil d‟évaluation des impacts environnementaux de
quartiers, permettant de répondre aux enjeux de l‟évaluation environnementale urbaine.
L‟objectif de l‟outil est de pouvoir évaluer l‟influence de la forme urbaine d‟un quartier, sur la
qualité environnementale.
Cet outil est destiné à des experts en environnement amenés à travailler avec des urbanistes
sur des projets de construction de quartier. Il leur permettra de faire une évaluation environ-
nementale de ces projets dès la phase « esquisse », et de faire évoluer cette évaluation tout
au long des différentes phases des projets.
Nous avons formalisé un cahier des charges pour l‟outil à développer vis à vis des besoins de
l‟entreprise Nobatek et du contexte de travail dans lequel ses équipes sont appelées pour
assister la maîtrise d‟ouvrage ou la maîtrise d‟œuvre pour la mise en place d‟écoquartiers.
Un des objectifs premier est que l‟outil soit un outil d‟évaluation d‟impact qui permette de
montrer d‟une façon claire que l‟aménagement a des impacts importants qui peuvent être
considérés dès le départ du projet. Les indicateurs doivent êtres construits à partir des mé-
thodes d‟évaluation et non pas de la pratique de l‟urbanisme qui ne permet pas d‟évaluer le
projet dans les termes demandés dans ce travail de thèse (approche environnementale,
logique de résultat/performance/impact).
Cet outil devra être créé sur la base du développement d‟indicateurs quantitatifs et, dans
une moindre mesure, qualitatifs, avec une valeur scientifique qui valide sa pertinence.
L‟outil devra mesurer l‟impact d‟un projet et ses alternatives et les comparer à des projets de
base ou standard (opération classique), ou à un projet de référence (type écoquartier que
nous avons analysé).
L‟outil ne devra nécessiter qu‟une quantité modeste d‟informations pour être utilisé dans un
projet urbain en phase conception.
Ses résultats devront être faciles à comprendre et à utiliser pour les architectes et urbanistes,
principaux acteurs de la conception urbaine, puisque pour la maîtrise d‟ouvrage, les élus,
responsables techniques, habitants… acteurs principaux pour la prise de décision de
l‟aménagement dans la ville.
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13.5 Principes pour la construction de l‟outil
Nous avons en premier lieu fait le choix d‟un outil basé sur des indicateurs. Cela vient de
notre étude sur les écoquartier de référence où chaque quartier a développé une batterie
d‟indicateurs adaptés à ses besoins de suivi et d‟évaluation.
Cette idée d‟indicateurs a été renforcée par notre étude des outils d‟aide à la conception et
évaluation des projets qui nous a montré la possibilité de quantifier les résultats des projets via
des ndicateurs et références ciblées.
Par ailleurs l‟étude de la demande et l‟analyse des projets portés par Nobatek dans le con-
texte local nous ont permis de nous confronter aux besoins opérationnels d‟outils facile de
mise en place et compréhensibles par tous les acteurs.
En outre dans ces projets nous avons observé des caractéristiques similaires pour chaque
projet et la disponibilité d‟informations s‟avérant également similaire ou presque pour
chaque proposition dans la phase AVP à laquelle nous nous sommes intéressés.
Le premier travail a été de simplifier le quartier à ses principaux composants pour la phase
AVP : voiries, bâtiments, espaces publics et espaces verts. Ensuite sur la base de l‟étude des
projets et des écoquartiers nous avons établi les différents types de composants à intégrer
dans l‟évaluation, par exemple dans les bâtiments nous avons considéré la possibilité
d‟intégrer des maisons individuelles en bande, des petits collectifs, etc. Ce travail a été réali-
sé pour l‟ensemble des composants du quartier.
Une deuxième phase a été de convertir les principes de l‟écoquartier en propositions ur-
baines, puis en données d‟évaluation. Par exemple, dans la thématique transport, les éco-
quartiers demandent de considérer des modes de transport alternatifs au principe du tout
voiture. Ce principe est exprimé en proposition dans le projet avec des pistes cyclables, des
arrêts de bus et des circuits de transport en commun. Nous avons transformé ces propositions
en des données pratiques via des scénarios d‟utilisation comme les Km parcourus en voiture,
en bus ou en vélo. Ou encore au niveau de l‟énergie, l‟écoquartier demande la conception
de bâtiments performants énergétiquement. Les propositions sont récurrentes dans les pro-
jets : des bâtiments « type BBC » ou RT2005 dans les plus anciens projets, RT2012 voire BEPOS
pour les projets plus récents, etc. Nous avons intégré dans ce cas des consommations type
leur correspondant pour chaque typologie de bâtiment en se référant au m2 SHON de cha-
cun d‟eux. Cf. figure 13-7.
Ce même procédé a ainsi été appliqué pour chacun des composants majeurs du quartier.
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PRATIQUES DES ECOQUARTIERS + Expériences Nobatek
MINI ACV
1Km voiture
1km bus
1km vélo
1m² bâtiment années 70
1m² bâtiment RT2005
1m² Bâtiments BBC
1m² voirie standard
1m² parking
1m² espaces verts
etc
Figure 13-7 Création de la base de données d’outil NEST à partir des pratiques des écoquartiers et expériences opé-
rationnelles
Une fois ces informations du quartier identifiées nous avons créé une base de données spéci-
fique afin de compiler les données nécessaires (appelées ci-dessous mini-ACV) pour le calcul
d‟impact sur leur cycle de vie. Cette base de données est le cœur de l‟outil, elle permet de
manière simplifiée d‟évaluer l‟impact de chaque composant du projet en multipliant les
données issues du « métré » du quartier par les facteurs compilés dans la base de données.
Les graphiques ci-dessous (figures 13-8 et 13-9) expliquent la démarche proposée pour la
construction de l‟outil.
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INFORMATION POUR LE FONCTIONEMENT DE L’OUTIL
Superficie: m²
Habitants : nombre
Figure 13-8 Information nécessaires pour le fonctionnement de l’outil NEST
Capacité réceptive
Habitants x m2
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Nom de
Résultat
l’indicateur
L‟indicateur donne la quantité (en m2) d‟espaces verts disponibles par usager
Lien Homme- dans le quartier.
Nature Quand on regarde le rapport espaces urbanisés/espaces verts, plus la part
d‟espaces verts est importante, plus grand sera le lien homme-nature.
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La base de données et la batterie d‟indicateurs permettent d‟évaluer les principaux impacts
environnementaux liés à la forme du quartier et d‟autres liés à son fonctionnement.
Pour créer cette base de données nous avons utilisé de multiples sources, toutes validées au
préalable scientifiquement et provenant pour l‟essentiel de moyennes de consommation, de
normes et de la base de données ACV Ecoinvent. Cf. figure 13-10.
Figure 13-10 Schéma des indicateurs réalisés sur la base de l’ACV et développés à travers autres moyens
Nous avons basé l‟évaluation du quartier sur le calcul des indicateurs suivants :
- Des impacts locaux et régionaux : occupation des sols, qualité de l‟air, consomma-
tion d‟eau, production de déchets.
- Des impacts planétaires : effet de serre, consommation énergétique, perte de biodi-
versité.
Les indicateurs « énergie » et « CO2 » reposent en partie sur des données d‟ACV (pour les
matériaux de construction, les infrastructures et le transport), mais également sur des don-
nées de consommations/émissions venant de calculs énergétiques. Les indicateurs « territoire
et biodiversité » et « qualité de l‟air » sont construits à partir de données d‟ACV. En revanche,
les indicateurs « lien homme-nature », « gestion des déchets » et « eau » ne sont fondés que
sur des quantités directement mesurées ou estimées.
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Tous sont des indicateurs d‟impact hormis l‟indicateur « Lien homme-nature » qui reflète une
notion de bien-être. Tous les indicateurs présentent un résultat par usager, car on considère
que chaque usager va être soumis aux mêmes pressions au sein du quartier.
Les données à rentrer ont été assez simplifiées, car l‟outil a pour but d‟être utilisé avant tout
en phase AVP (avant-projet), ou esquisse, alors que peu de détails du projet sont connus (on
dispose juste d‟un plan, d‟un modèle, d‟intentions...). Sur les constructions notamment, on ne
va pas connaître les matériaux utilisés mais seulement la forme du bâti et le niveau de per-
formance visé. Ainsi on ne va pas renseigner les matériaux ou les systèmes constructifs, mais
la forme du bâtiment (maison individuelle, petit collectif, grand collectif) et le niveau de per-
formance souhaité (pour le chauffage si il n‟y pas eu de STD réalisée : RT 2005, BBC, ultra-
performant ; pour la ventilation : simple ou double flux, etc.).
Pour créer cet outil, il a d‟abord fallu élaborer des bases de données à partir de diverses
sources. Les bases de données suivantes ont été créées :
Ensuite les différents contributeurs aux impacts ont été choisis, de manière à pouvoir évaluer
les impacts de la forme et de l‟usage du quartier, et mis en forme dans un onglet « scéna-
rio » :
- Localisation (le climat associé à la ville influera sur la performance des EnR)
- Nombre d‟usagers, avec différenciation entre les habitants et les salariés
- Durée de vie des infrastructures (cela permettra de ramener leurs impacts à l‟année)
- Transformation et occupation du sol (types de surfaces)
- Forme des bâtiments
- Surfaces ou performance des panneaux solaires
- Type de ventilation
- Surface de toiture végétalisée
- Besoins en chauffage pour les bâtiments, ou niveau de performance visé
- Type de chauffage et d‟ECS (% de chaque type d‟énergie)
- Types de routes (usage et structure)
- Consommation liée à l‟éclairage urbain
- Distances parcourues en voiture, bus, tram et train
- Gestion des déchets (les pratiques de valorisation feront varier les ratios de déchets
produits par usager)
- Consommation d‟eau (les pratiques de récupération d‟eau de pluie et la présence
de systèmes hydro-économes feront varier les ratios de consommation par usager)
Les valeurs rentrées pour ces différents contributeurs seront associées aux facteurs des bases
de données dans les formules de calcul, indicateur par indicateur.
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Afin de pouvoir comparer le quartier analysé à des quartiers de référence, deux scénarios
ont été créés dans deux onglets :
L‟outil se présente sous la forme d‟un tableur avec trois types d‟onglets :
- Les onglets de « scénario » (en rouge), à compléter avec les données du quartier à
analyser. Seules les cases en orange concernent les données à renseigner, les cases
blanches contiennent des informations que l‟utilisateur n‟a pas à modifier.
- Les onglets de « résultat » (en jaune), ou l‟on trouve les résultats de différents indica-
teurs d‟impacts environnementaux (un onglet par scénario et deux onglets supplé-
mentaires présentant des comparaisons des différents scénarios).
- Les onglets de « données » (en bleu), qui contiennent les bases de données servant
au calcul des indicateurs.
Dans les onglets « scénario » (Cf. figure 13-11) quatre ensembles de données sont à rensei-
gner :
1) Description du quartier :
- nom
- localisation
- localisation climatique (liste déroulante de villes types) qui servira au calcul de la pro-
duction des panneaux solaires thermiques et photovoltaïques.
- nombre d‟usagers (nombre d‟habitants + nombre d‟employés dans le quartier)
- durée de l‟analyse
- durée de vie des infrastructures
2) Aménagement :
- Transformation du territoire : type de surface avant transformation et type de surface
après transformation. Deux menus déroulants permettent de choisir les deux surfaces
parmi huit types proposés, et les m2 correspondant sont à renseigner en face.
- surface de territoire occupée (m2):
o zone construite : là aussi un menu déroulant propose 4 choix de types
d‟occupations possibles et la surface en m2 est à compléter en face.
o surface urbaine d‟espaces verts : les types d‟espaces verts peuvent être sélec-
tionnés dans 4 cases (avec, dans chacune, un menu déroulant proposant 4
types d‟espaces verts), et la surface correspondante doit être rentrée en face.
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3) Construction et utilisation :
- Bâtiments:
o surfaces (m2) des bâtiments par type (individuel, petit collectif, collectif).
o Surfaces des panneaux solaires thermiques (m2) ou performance des pan-
neaux (kWh/an)
o Type de ventilation (simple flux ou double flux)
o Surface de toiture végétalisée (m2)
- Production d‟énergie renouvelable (EnR) :
o Surface de panneaux solaires photovoltaïques (m2) ou performance des pan-
neaux (kWh/an)
o Production éventuelle d‟énergie éolienne (kWh/an)
- Chauffage :
o Besoins en chauffage (en kWh th/m2/an) provenant d‟un calcul préalable sur
un logiciel de STD (Simulation Thermique Dynamique). Si ce calcul n‟a pas été
fait, 3 valeurs par défaut sont disponibles (correspondant à trois niveaux de
performance : type RT 2005, type BBC, type ultra-performant).
o Les différents pourcentages de surfaces chauffées par chaque type de chauf-
fage (bois, gaz, électrique, fioul, pompe à chaleur) et les pourcentages
d‟utilisation des différents types d‟énergie pour l‟ECS (en complément des
panneaux solaires thermiques si il y en a).
- Déchets : préciser si la valorisation des déchets est pratiquée pour les déchets de
chantier et les déchets de collectivité, s‟il y a des composteurs individuels (domes-
tiques) et s‟il y a des objectifs de valorisation supplémentaire (en %).
- Infrastructures :
o Surface (m2) et type de petites routes/espace public minéralisé (4 possibilités),
de route moyenne (2 possibilités) et de route à grande circulation (6 possibili-
tés)
o Consommation électrique due à l‟éclairage public (kWh/an)
- Eau :
o nombre d‟équipements consommant de l‟eau (ex : blanchisserie, salon de
coiffure, piscines, hôpitaux…)
o fréquence d‟utilisation pour certains types d‟infrastructures (marchés, centres
de vacances…)
o présence ou non de systèmes hydro-économe (pour les logements, les bu-
reaux, les commerces et les infrastructures)
o pourcentage d‟utilisation d‟eau de pluie récupérée (pour les logements, les
bureaux, les commerces et les infrastructures)
o pourcentage de récupération d‟eau grise
4) Transports annuels :
Plusieurs éléments sont à renseigner pour obtenir le total des km parcourus par an, par
l‟ensemble des usagers (personnes*km) :
o La répartition (en %) des habitants par tranches d‟âge (collégiens, actifs, re-
traités…)
o Les pourcentages de modes de transport utilisé par chaque tranche d‟âge
(voiture, bus, tram, train, vélo, à pied)
o Les distances moyennes séparant les différents lieux (domicile, école, com-
merces…) parcourues en voiture et en transport collectif.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
331
Figure 13-11 Extrait de l’onglet « Scénario » (à renseigner par l’utilisateur)
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
332
13.8 INDICATEURS
Les résultats de l‟analyse du quartier sont présentés sous la forme de plusieurs indicateurs.
Pour chaque indicateur, on trouve :
Une des particularités de cet outil d‟analyse de quartier est qu‟il présente des résultats rame-
nés à l‟usager (et non au m2), car il est important de prendre en compte le fait que chaque
usager génère une pression sur l‟environnement et que tous les usagers sont exposés aux
mêmes impacts.
Dans cette deuxième partie de la notice, une fiche descriptive est proposée pour chaque
indicateur. Chaque fiche comprend :
- une définition de l‟indicateur, avec selon les cas une explication de l‟unité de me-
sure.
- Le mode de calcul de l‟indicateur : explication des diverses formules intervenant
dans le calcul. Chaque formule est numérotée (formules S pour celles qui inter-
viennent dans les onglets scénarios de l‟outil, et formules R pour celles qui inter-
viennent dans les onglets résultats), ainsi que chaque facteur permettant le la
conversion en impacts.
- Les hypothèses et sources intervenant dans le calcul : les valeurs des facteurs et
leurs sources sont précisées, ainsi que les hypothèses de scénarios et les valeurs
par défaut parfois proposées.
- Une brève description de type de résultat obtenu avec l‟indicateur.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
333
13.8.1 Energie
Energie
lement sous forme de dérivés non énergétiques (goudrons, Matériaux bâtiments 1462 8%
Résultat :
Cet indicateur donne donc la consommation d‟énergie primaire totale (MJ) du quartier par
usager (habitants et personnes qui travaillent sur le quartier) et par an. Il permet également
de voir la part de consommation des différents postes (construction des bâtiments, usage
des bâtiments, construction des infrastructures, éclairage, transports individuels et collectifs).
60
http://www.insee.fr
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334
13.8.2 CO2
Définition
CO2
52
Les facteurs de conversion en kg-eq CO2 sont déterminés sur Chauffage
Infrastructure-matériaux 3 1%
… … …
Résultat :
Cet indicateur donne donc la quantité de gaz à effet de serre (GES), en kg équivalent CO 2,
émise par usager (habitants et personnes qui travaillent sur le quartier) et par an dans le quar-
tier. Il permet également de voir la part d‟émissions des différents postes (construction des
bâtiments, usage des bâtiments, construction des infrastructures, éclairage, transports
individuels et collectifs).
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
335
13.8.3 Territoire et biodiversité
Territoire et biodiversité
Cultures permanentes 3 2%
→ La transformation représente le processus anthropique Espaces verts
80 61%
de modification de l'utilisation des terres d'un type à un urbains
Forêt / espace vert naturel 0 0%
autre, par exemple la transformation d‟une zone forestière
en une culture agricole ou la transformation de pâturages en un quartier résidentiel.
Les changements d'utilisation des terres peuvent être suivis par des changements de la quali-
té des terres, telles que des diminutions de la biodiversité, l'augmentation de la compaction
des sols, la perte d'éléments nutritifs, etc.
Il y a, cependant, des changements possibles d'utilisation des terres qui peuvent constituer un
gain écologique, par exemple si les terrains bâtis sont transformée en jardins.
→ L‟occupation représente l'utilisation continue d'une certaine superficie de terres pour une
certaine période de temps et pour un type défini d'utilisation des terres. Le temps
d‟occupation est donc un paramètre important [.G. Doka, W. Hillier, S. Kaila, T. Köllner, J.
Kreißig, B. Muys, JG.Quijano, P. Salpakivi-Salomaa, J. Schweinle, G. Swan and H. Wessman,
2002]
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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336
13.8.4 Lien homme-nature
Cet indicateur donne la surface d‟espaces verts dis- Espaces verts disponibles
101,09
ponibles. (m2/usager)
Résultat : l‟indicateur donne donc la quantité (en m2) d‟espaces verts disponibles par usager
dans le quartier.
Quand on regarde le rapport espaces urbanisés/espaces verts, plus la part d‟espaces verts
est importante, plus grand sera le lien homme-nature. Mais il faut également regarder le dé-
tail des types d‟espaces verts : la qualité du lien (qualité de vie) sera meilleure pour les es-
paces verts naturels que pour les espaces verts artificiels.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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337
13.8.5 Déchets
Gestion des déchets
La part restante n‟est pas valorisée directement et sera principalement évacuée vers des
déchetteries (où une valorisation secondaire pourra alors avoir lieu). Celle-ci n‟est pas prise
en compte ici puisqu‟elle ne relève pas de choix à réaliser lors de la conception du quartier.
Résultat :
Cet indicateur va donc montrer la quantité de déchets générés et valorisés (directement sur
le quartier) par an et par usager, et la quantité de déchets générés et non valorisés.
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338
13.8.6 Qualité de l’air
Qualité de l'air
Les impacts sont évalués en m3 d‟air toxique, en se basant sur l‟indicateur « pollution de l‟air »
de la norme NF P01 010 - « Déclaration environnementale et sanitaire des produits de cons-
truction ».
La méthode du volume critique est utilisée, sur la base de l‟arrêté du 2 février 1998 modifié :
Le principe consiste à calculer le volume fictif d‟air exprimé en m3 par lequel il faudrait diluer
chaque flux de l‟inventaire pour le rendre conforme au seuil de l‟arrêté et à faire la somme
des volumes fictifs ainsi calculés.62
Pour obtenir des volumes, les émissions dans l‟air (hydrocarbures, COV, NOx, SOx…) sont divi-
sées par les seuils spécifiés dans l‟article 27 de l‟arrêté du 2 février 1998 ou éventuellement
par les seuils de substances ayant des propriétés voisines. La somme des volumes générés par
les différentes sources d‟émission est l‟indicateur de pollution de l‟air.
Résultat : cet indicateur va donc donner le volume d‟air pollué produit par le fonctionnement
du quartier, en m3 par an par usager. Le détail des volumes produits par les deux sources
d‟émission de polluants (transports et chauffage) seront également indiqués.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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339
13.8.7 Eau
Eau
Résultat :
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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340
13.9 Récapitulatif des indicateurs de l‟outil
NEST
- éclairage
- transports
Territoire et Perte de biodi- Score de perte de Cet indicateur permet - type de sol d'origine
biodiversité versité biodiversi- d‟évaluer la perte de qui est transformé
té/an/usager biodiversité causée par
- type de sol résultant de
la construction et
la transformation
l‟usage du quartier.
- usage du sol par de
Il est important de dis-
l'espace construit
tinguer deux types
différents d'impact de - usage du sol par des
l'usage du sol : le espaces verts
changement d'utilisa-
tion des terres (trans-
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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341
formation) et
l‟occupation des terres
Qualité de Volume d'air m3/an/usager Cet indicateur repré- Emissions nocives liées:
l'air rendu nocif sente les impacts sur la
- aux transports
santé des principales
émissions locales, gé- - au chauffage
nérées au sein du
quartier, c'est-à-dire
liées au transport (indi-
viduel et collectif) et
au chauffage (au gaz
et au bois).
- les commerces
- les bureaux
- le fonctionnement et
l'entretien des infrastruc-
tures.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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342
13.10 Expérimentation et validation de l‟outil :
évaluation de la ZAC de Kleber à Biarritz
Dans la phase APS, nous avons mis en place une AEU adaptée qui, dans le cas de Kleber, a
permis de réaliser des bilans environnementaux des propositions existantes et de préconiser
des améliorations avec une action limitée aux espaces publics.
Dans la phase PRO, certaines des préconisations d‟améliorations ont été analysée et étu-
diées de façon plus approfondies, c‟est le cas pour :
Ces études ont permis dans certains cas d‟adopter les préconisations faites en phase AVP.
Pendant cette phase des réflexions sur l‟éclairage, la mise en lumière du projet et les aspects
techniques et ingénieries de la ZAC ont également été menées.
Le projet a par ailleurs évolué en fonction des demandes de la maîtrise d‟ouvrage, que ce
soit au niveau des surfaces commerciales, de la fonctionnalité des espaces publics, de
l‟augmentation des places de parking et de divers aspects techniques vis-à-vis de la mainte-
nance et exploitation de la ZAC.
Dans le cadre de la démarche de qualité adaptée pour le projet, l‟évaluation en phase PRO
a pu montrer les résultats des actions mises en place, tant au niveau du respect de
l‟environnement que dans les orientations des aménagements des espaces publics.
Cette évaluation avait donc pour objectif de confronter les réponses du projet aux exi-
gences environnementales globales et locales et mettre en évidence les points forts et
faibles du projet dans une démarche de qualité environnementale de l‟aménagement ur-
bain.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
343
C‟est cette dernière qui est ici présentée dans les pages suivantes puisqu‟elle correspond au
développement mené pendant ce travail de thèse.
13.10.1 Localisation
La ville de Biarritz a pris l‟initiative de créer une Zone d‟Aménagement Concerté sur le site de
Kléber au Sud-est de la ville dans une zone urbaine à requalifier. Cf. figure 13-12.
Ce nouveau quartier va être construit dans le triangle que forme le boulevard du BAB, la bre-
telle du Sabaou et le cimetière. Cf. figure 13-13.
La superficie de la ZAC avoisine 5 ha sur des terrains urbanisés occupés au départ pour le
centre technique municipal, la caserne de pompiers, une ancienne usine d‟incinération des
déchets, des logements (Collectifs et maisons individuels)
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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344
Figure 13-13 Limite de la ZAC de Kleber
La ZAC est localisée dans une zone urbaine proche du centre ville (à environ 1,5 Km du
centre ville) et desservie par un grand nombre de services et équipements.
L‟objectif principal de cette ZAC est la création de logements (locatifs conventionnés, loge-
ments, maisons mitoyennes en accession sociale à la propriété, logements en accession
libre), des équipements et espaces publics, des commerces de proximité, des lieux
d‟activités, des bureaux et des espaces associatifs.
Bâtiments :
Equipements 4 2700
Bureaux 1969
Commerces 1599
TOTAL 41818
Stationnements :
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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345
Programme Nombre Superficie totale (m²)
*Total approximatif
Volumétrie64
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346
13.10.3 Evaluation des impacts environnementaux
Rappelons pour situer le projet que des objectifs quantitatifs ont été approuvés aux échelles
nationales, européennes et internationales pour une réduction de la consommation énergé-
tique et pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Tout projet intégrant une
dimension environnementale doit désormais répondre a minima à ces enjeux. Plus locale-
ment, la CABAB a également fixé des objectifs environnementaux spécifiques pour son terri-
toire. Les voici résumés (Tableau 13-2) :
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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347
13. 10 .3 .1 Données d’entrée :
Transformation du
Type de transformation Unité Superficie
territoire définitions des types de surfaces
De Zones
industrielles ou m2
menus déroulants commerciales 53000
Tissu urbain
m2
Aménagement
A continu
zone construite
Tissu urbain
menu déroulant m2 36884
continu Vérifier
Espaces verts
m2 7600
urbains
panneaux photovoltaïques 0 0
centrale éolienne
Calcul STD (kWh th Ou valeurs par défaut (si pas Valeur retenue (kWh th
Chauffage
Besoins en chauffage /m2.an) de calcul Ecotect) /m2.an)
0 type BBC 10
électrique 0% 0 0 0,00
PAC 0% 0 0 0,00
bois 0% 0 0 0,00
fioul 0% 0 0 0,00
1137496
Transport en voiture personne*km
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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348
Gisement après Quantité après
Gestion des déchets Valorisation (oui/non) Unité Quantité Objectif d'optimisation
optimisation optimisation
Réduction de production
5099 0% 364
Mise en déchetterie tonne/an des déchets 7285
Déchets de chantiers Augmentation de l'objectif
Valorisation (réutilisés) : oui (30%) 2185 de valorisation (en plus des 65% 6920
oui/non tonne/an 30%)
Réduction de production
199 0% 199
Mise en déchetterie tonne/an des déchets 284
Déchets de collectivité Augmentation de l'objectif
Valorisation (réutilisation, oui (30%) 85 de valorisation (en plus des 0% 85
compostage...) : oui/non tonne/an 30%)
Encombrants, DMS...
270
(déchetterie, ou collecte) tonne/an
Augmentation de l'objectif
Déchets ménagers et 100 0% 100
Tri (collecte sélective) tonne/an de valorisation
assimilés
Ordures ménagères (collecte) tonne/an 340 Réduction des OM 0% 340
Composteurs domestiques :
oui (20%) 80
oui/non tonne/an
Eau Pourcentage
0%
Récupération d'eau grise
Consommations d'eau
oui 0%
Logements 35,42 35,42 0
oui 0%
Bureaux 8,848 8,848 0
oui 0%
Chantier - Bâtiments 903,21 903,2072 0
oui 10%
Chantier - Infrastructure 0 0
commerces
Système hydro- % d'eau récupérée à partir
Type Nb économe : oui/non d'eau de pluie Consommations d'eau (m3)
Entetien infrastructures
marchés (nettoyage) m2 nb/an oui 0,00 0 0
Nettoyage des voiries m2 3600 oui 0% 932,40 932,40 0
Terrain de sport Nb oui 0% 0,00 0 0
Arrosage m2 1100 nb/an 24 oui 50% 369,60 184,8 184,8
TOTAL 1302,00 1117,20 184,80
TOTAL GLOBAL EAU Consommation totale eau potable eau non potable
3796,48 3611,68 184,80
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349
Transport
HABITANTS DE LA ZAC Repartition nb Transport collectif
individuel
voiture Bus tram train
actifs 45% 597 66% 26% 0% 0%
enfants de maternelle 4% 50 66% 26% 0% 0%
enfants de primaire 4% 50 66% 26% 0% 0%
collégiens 4% 50 66% 26% 0% 0%
lycéens 4% 50 66% 26% 0% 0%
étudiants 6% 81 66% 26% 0% 0%
retraités 34% 452 66% 26% 0% 0%
total 100% 1328
Transport
PERSONNES TRAVAILLANT SUR LA ZAC Transport collectif
individuel
nb d'employés de bureaux 316 66% 26% 0% 0%
nb d'employés de commerce 66% 26% 0% 0%
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
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350
13.10.3.2 Résultats
Les résultats délivrés par l‟outil prennent plusieurs formes, les voici présentés ci-après pour le cas du calcul de la ZAC de Kléber
> Répartition des impacts : pour chaque indicateur, répartition par poste
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Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
352
> Comparaison : module de comparaison avec des projets de référence pour chaque indi-
cateur
tonnes/ an / usager
MJ Energie primaire totale /an /usager
1400
160,00
1000 Transport collectif
140,00
m² de surface verte/usager
Transport individuel
800 120,00
Infrastructure-éclairage
600 100,00
Infrastructure-matériaux
400 80,00
Bâtiment-usage
60,00
200 Bâtiment -matériaux
40,00
0
20,00
ZAC de SEQUE ZAC de Kleber Lotissement X Ecoquartier Z-Z
0,00
ZAC de SEQUE ZAC de Kleber Lotissement X Ecoquartier Z-Z
250
200
50
m3 / an / usager
0 Transformation du territoire 20
ZAC de SEQUE ZAC de Kleber Lotissement X Ecoquartier Z-Z
10 Eau potable
-50
0
ZAC de SEQUE ZAC de Kleber Lotissement X Ecoquartier Z-Z
45000
35000
Toxicité chauffage fioul
30000
0
ZAC de SEQUE ZAC de Kleber Lotissement X Ecoquartier Z-Z
Figure 13-16 Résultats par indicateurs en comparaison avec différents scenarios, Outil NEST
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
353
> Présentation de synthèse de la comparaison entre scénarios ou avec les quartiers de réfé-
rence
Energie 120,00
100,00
Eau CO2
80,00
0,00
Déchets Lien homme nature
Energie CO2 Territoire et Lien homme Déchets Qualtié de Eau
bidiversité nature l'air
Dans le cas de la ZAC Kleber, la principale source d‟impact est clairement la consommation
d‟énergie au sein des bâtiments. Celle-ci engendre 70% des consommations d‟énergie et
50% des émissions de gaz à effet de serre. Cet impact peut être largement diminué en pré-
conisant la construction de bâtiments basse énergie dans le quartier.
La seconde source d‟impact provient des transports individuels des usagers de la ZAC. Cet
impact est relativement faible grâce à la situation géographique du quartier, situé à proximi-
té du centre-ville. Cet impact pourra être optimisé par la mise en œuvre de solutions incitant
aux déplacements doux et collectifs, la limitation de la présence de la voiture dans le quar-
tier et la multifonctionnalité du quartier. Les matériaux utilisés pour les bâtiments et pour la
voirie ne sont qu‟une source d‟impact secondaire (sur la base de cette configuration là de
quartier, ceci peut être modifié si l‟on se dirige vers des bâtiments basse consommation).
L‟éclairage public représente quant à lui 4% de la consommation énergétique du quartier
L‟impact sur le territoire est principalement marqué par l‟utilisation du territoire et peu par sa
transformation puisque le quartier s‟implante sur un territoire qui était déjà construit. Le lien
homme nature est plutôt pénalisé quant à lui par la grande proportion de construction sur
cette zone.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
354
Les consommations énergétiques de l‟écoquartier sont quant à elles nettement plus faible
que celles de la Zac de Kleber. Les bâtiments du quartier consomment en effet tous peu
d‟énergie (standard bâtiment BBC) et puis la mixité du quartier, sa configuration et son em-
placement entraînent un recours particulièrement limité aux déplacements en voiture. Ce
modèle pourrait encore être amélioré par le recours à la production locale d‟énergie renou-
velable.
Les émissions de gaz à effet de serre suivent un profil très similaire au comparatif réalisé pour
les consommations énergétiques. Les différences d‟impacts dues aux transports y sont ac-
centuées à cause des émissions des combustibles fossiles, plus fortes que les émissions en
provenance de consommation d‟électricité. Cela tend donc à accentuer l‟impact du lotis-
sement face à celui de la Zac de Kleber. L‟écoquartier est, là aussi, nettement moins impac-
tant que la Zac de Kleber.
Au final la ZAC de Kleber présente un niveau d‟impact - pour les indicateurs énergie, gaz à
effet de serre, et utilisation de territoire – intermédiaire entre un lotissement traditionnel et un
écoquartier de très faible impact.
Au delà des résultats obtenus pour ce projet, il s‟avère que la pratique de l‟évaluation en
phase de conception s‟est révélée particulièrement enrichissante. Les données chiffrées et
détaillées ont permis de surpasser les évaluations « a priori » telles qu‟elles sont pratiquées
souvent, c'est-à-dire sans calcul précis ou de manière qualitative.
Les chiffres se sont donc révélés d‟un grand apport, que ce soit pour analyser des alterna-
tives ou pour discuter des actions par rapport aux enjeux avec l‟ensemble de l‟équipe de
maitrise d‟œuvre ainsi qu‟avec la maîtrise d‟ouvrage.
L‟outil est d‟un niveau de complexité déjà important mais encore maîtrisable, le temps de
saisie reste modeste quant on connait bien le projet à analyser. Les données requises sont
également assez accessibles en phase AVP.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
355
Utilisé seul, un tel outil serait difficilement accessible dans l‟absolu, en revanche intégré dans
une démarche globale de réflexion en phase conception l‟outil remplit son rôle d‟évaluateur
à une échelle macro, en se nourrissant des études de détail pratiquées sur des points spéci-
fiques et en nourrissant à son tour les réflexions sur les choix à réaliser.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
356
CONCLUSIONS
On sait aujourd‟hui que les populations urbaines et leur environnement s‟affectent mutuelle-
ment. Les habitants changent leur environnement à travers la construction de leur habitat,
leur consommation et leur mode de vie.
C‟est sur la ville que nous devrons agir. Nous pouvons comprendre que la complexité de la
question de l‟environnement urbain ne peut donc se résumer à un problème technique. Mais
il conviendrait de résoudre de façon « artificielle » certains de ces problèmes où la technique
peut apporter des solutions en s‟assurant que la réponse soit socialement et économique-
ment acceptable. Elle doit également considérer que ces solutions ne contraignent pas les
individus et respectent leur aspiration à un meilleur cadre de vie et au respect de
l‟environnement.
Nous avons pu observer que la recherche de « modèles » urbains adaptés à l‟évolution des
besoins économiques, sociaux et environnementaux des sociétés a été une constante dans
l‟histoire de l‟urbanisme. Les concrétisations des propositions sont plus limitées que les con-
cepts développés, mais leurs apports concrets et utopiques ont permis d‟avancer dans la
réflexion d‟un urbanisme adapté pour les habitants et l‟environnement.
Les réflexions sur l‟urbanisme et sur la nature ont, en parallèle, grandement évolué dans
l‟histoire, nous en avons présenté les principales étapes, mais la problématique d‟un modèle
de développement non soutenable vient aujourd‟hui les réunir pour trouver des solutions
communes et concrètes.
L‟intégration du développement durable dans les démarches urbaines a bouleversé les pra-
tiques. Les villes qui se sont lancées dans des pratiques qui intègrent le développement du-
rable sont des témoins et des exemples à suivre.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
357
intellectuelles. « L'Urbain définit désormais notre condition, la ville est devenue notre environ-
nement naturel et les enjeux de société possèdent, inévitablement, une forte dimension ur-
baine. La Question urbaine ne définit plus un domaine isolable. Elle n'est pas tout, mais elle
est partout » [Jacques LEVY, 2006]
Au sein de ces espaces urbains, le développement durable serait dans le futur une obligation
incontournable. Lier formes urbaines, modes de vie et métabolisme urbain soutenables est
un des plus passionnants défis pour les acteurs de l‟aménagement et en particulier pour les
concepteurs de la ville
Nous avons pu conclure que les écoquartiers s‟inspirent de modèles urbains préexistants. Ils
ne représentent pas un nouveau modèle sorti de l‟imaginaire des concepteurs. Ils sont plutôt
une réponse plus réfléchie et améliorée de divers modèles urbains ayant fait leur preuve pré-
cédemment. La valeur ajoutée dans ces quartiers découle de l‟adaptation de l‟innovation
technologique dans un cadre urbanistique connu avec une attention spécifique pour
l‟hétérogénéité, la diversité et la complexité dans une unité urbaine par ailleurs homogène.
Mais certaines caractéristiques restent partagées. Par exemple l‟écoquartier est urbain, or-
ganisé en R+4 le plus souvent et intègre une réflexion sur les systèmes (infrastructures et ré-
seaux) pour diminuer son impact sur la base d‟un modèle de cité jardin (équilibre entre zone
bâti et espaces verts cultivés). Cela se traduit notamment par des ilots différents sur des as-
pects clés : les typologies de bâtiments, l‟aménagement des espaces vert et minéraux, le
langage architectural ou la simple disposition des espaces liés au piéton ou à la voiture.
Cette diversité de composants urbains travaillés au détail humain et adaptés aux habitants
permet que ces derniers établissent une appartenance à leur îlot et à leur quartier.
L‟approche développement durable permet alors d‟une part une forme plus adaptée à
l‟humain et d‟autre part impose une forme urbaine comprise, réfléchie et maitrisée dans ses
plus petits détails. Il en résulte dans tous ces quartiers un paysage urbain à la fois unifié et di-
versifié.
Les écoquartiers sont aujourd‟hui la formalisation d‟un urbanisme en évolution avec de nou-
velles idées et propositions qui répondent à des exigences et aspirations de projets urbains
plus respectueux de l‟environnement et dans un nouveau rapport à la nature.
Ils sont d‟abord une réponse urbaine, responsable dans un contexte de dégradation plané-
taire et où l‟innovation, la technologie et le bon sens sont parmi les principales caractéris-
tiques.
Ils promeuvent la coexistence entre espace naturel et densité urbaine, l‟importance accor-
dée à la lutte contre la consommation énergétique urbaine, la gestion des eaux et la protec-
tion des écosystèmes.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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L‟écoquartier est un concept innovant avec des principes qui doivent s‟adapter à différents
contextes et non un modèle à multiplier.
Les écoquartiers ont permis une évolution technique et humaine dans la pratique urbaine
locale. La prise en compte d‟objectifs ciblés a obligé tous les acteurs concernés à avoir un
engagement fort et une obligation de résultats vis-à-vis des besoins et des enjeux. Ce sont
des projets portés par des villes qui se dotent d‟une politique climatique ambitieuse et sont
pionnières dans la recherche des nouvelles solutions.
Cette obligation de résultats et une forte demande de compétences pour y arriver, a fait
évoluer la conception urbaine vers un travail pluridisciplinaire intéressant qui a mis en évi-
dence le besoin d‟une approche plus complexe pour la conception de quartiers plus respec-
tueux de l‟environnement et qui répondent au désir des habitants d‟un meilleur cadre de vie.
Ces quartiers restent des morceaux de ville qui proposent des solutions innovantes pour con-
trôler l‟étalement urbain d‟un part et d‟autre part des propositions pour minimiser l‟impact
environnemental des modes de vie.
Les réponses techniques de ces quartiers mettent en évidence la possibilité d‟améliorer les
savoir faire en termes d‟aménagement et modifier les formes d‟habiter la ville. Le coût reste
encore un problème à régler, ces projets restant chers à l‟investissement mais les premiers
retours d‟expérience montrent un grand intérêt à l‟exploitation.
Ces expériences sont au final une grande mosaïque de solutions qui permettent d‟envisager
de nouvelles alternatives dans d‟autres projets similaires ou pour la ville existante.
Nous nous sommes ensuite intéressés aux outils d‟aide à la conception. Ils sont dans leur ma-
jorité des démarches ou des méthodologies de mise en œuvre d‟un écoquartier. Il n‟existe
pas à notre avis, de démarche complète ou absolue, nous croyons dans l‟interaction de ces
démarches : utiliser certaines pour les premières phases du projet et d‟autres pour la concep-
tion et évaluation des actions.
Nous avons pu montrer aussi la similitude de ces démarches et nous avons pu voir les limita-
tions de chacune d‟entre elles. Le point faible essentiel est que ces démarches restent très
générales au stade de l‟orientation. Elles pourront ainsi être utilisées pour un projet
d‟aménagement sans pour autant arriver à un projet d‟écoquartier.
Certaines d‟entre elles sont plus précises et proposent une obligation de résultats à travers
des indicateurs et références établies.
La labellisation peut être la voie d‟évolution de ces démarches. Mais a travers des labellisa-
tions, un étiquetage sans contenu solide serait alors l‟enjeu de demain.
La mise en place de ces démarches demande un travail parallèle tout au long du projet et
une formation des équipes et des acteurs concernés pour comprendre et adopter ces nou-
veaux outils.
Nous croyons qu‟une simplification sera nécessaire pour une intégration dans la pratique
opérationnelle. Cela pourrait se traduire par une démarche simplifiée avec une obligation
de résultats bien ciblée. Cette simplification permettrait d‟intégrer les objectifs généraux de
ces démarches basées sur « le développement durable » et la conception d‟un écoquartier.
Il resterait tout de même à s‟assurer de l‟intensité des réflexions et engagements pour avoir
une qualité minimum (seuil d‟excellence ou exemplarité) pour le projet. Autre possibilité, une
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œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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utilisation de type « boite à outils » pourrait être envisageable via le recours à des experts qui
les maitrisent.
Dans les démarches relevant du développement durable, les outils d‟aide à la conception
et d‟évaluation sont de plus en plus nombreux. Ils permettent aux acteurs concernés dans
l‟aménagement de comprendre mieux les projets mais aussi d‟en explorer tous les détails
techniques, économiques et fonctionnels. La complexité de ces outils oblige le concepteur à
une maîtrise minimale ou à l‟intégration dans ses équipes pluridisciplinaires de spécialistes de
ces outils. Cette intégration est fondamentale pour être efficace dans la conception du pro-
jet.
L‟aide à la décision et à la conception à travers des outils comme ceux présentés au cha-
pitre 8 devient incontournable, ils sont et seront une obligation et non une exception.
La maîtrise de ces outils permettra aux équipes d‟avoir un regard différent sur le projet urbain
et de prévoir et simuler des solutions pertinentes pour répondre aux besoins d‟aujourd‟hui
avec une approche durable.
Nous avons vu que le point commun des outils d‟évaluation est qu‟ils sont basés sur des thé-
matiques cibles et des indicateurs. Les thématiques environnementales sont les plus analy-
sées. Dans les outils d‟aide à la conception, nous observons qu‟il s‟agit le plus souvent d‟outils
de simulation de phénomènes physiques, de modélisation 3D et d‟évaluation de la forme
urbaine et de ses consommations.
Une autre observation est que ces outils sont plus adaptés pour une phase très en amont
(phase programmation), ou pour une phase très avancée du projet (phase PRO) où la de-
mande de précisions est obligatoire et les informations demandées sont très détaillées.
L‟évaluation des projets d‟aménagement à travers des indicateurs a montré ses points positifs
ainsi que ses limitations.
On peut créer tout type d‟indicateur pour qualifier les réponses des projets urbains vis-à-vis
des enjeux ou des besoins. L‟indicateur reste une méthode facile à mettre en place et à
comprendre pour tous les acteurs, il peut être adapté à chaque acteur ou bien construit
avec lui.
La base de données qui supporte l‟indicateur est son point fort, mais ainsi son point faible.
L‟information doit répondre à des critères clairement définis et à des objectifs clairement
établis. L‟indicateur ne doit pas permettre d‟ambigüités et sa construction doit donc être
faite avec rigueur.
Construction d‟un outil d‟évaluation environnementale des écoquartiers : vers une méthode systémique de mise en
œuvre de la ville durable: – Grace Yépez, 2011
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Le système d‟indicateurs peut ainsi s‟avérer trop complexe, « usine à gaz ». Il est essentiel que
ceux-ci conservent une relative simplicité pour être efficace, qu‟une forte adéquation aux
acteurs vers qui ils sont des vecteurs de communication et de compréhension des résultats
aux objectifs établis.
La construction des écoquartiers en France est une démarche relativement récente et au-
jourd‟hui en plein développement après le Grenelle de l‟environnement et les appels a con-
cours Ecoquartiers du MEEDDAT. La labellisation des projets devrait également voir le jour à
travers une démarche organisée par le gouvernement en 2012. Les enjeux liés à une mise en
œuvre rapide du concept sont désormais une préoccupation de tous les acteurs. La mise en
œuvre de ces projets dans le territoire a mis en évidence le manque de formation et
d‟information des acteurs concernés et des villes et villages sans politiques claires sur le déve-
loppement durable. Des pseudos écoquartiers ont été construits dans une interprétation indi-
viduelle et dans certains cas arbitraires, des principes des écoquartiers.
Nous avons remarqué la complexité de la mise en œuvre d‟un projet urbain. Chaque phase
présente sa difficulté dans l‟intégration des divers enjeux et demandes ainsi que dans la prise
en compte des divers acteurs.
Il nous est apparu que c‟est dans les premières phases où tout se joue. Le choix du site,
l‟étude des besoins, le choix des concepteurs y sont définis. Le projet se fige alors dans tout
son support technique, formel et fonctionnel.
Avec cette particularité dans la phase conception et particulièrement la phase AVP, nous
avons observé de manière pragmatique la problématique globale traduite dans le contexte
local. Nous avons observé que l‟échelle du quartier est particulièrement intéressante pour la
création et l‟expérimentation des réponses innovantes vis-à-vis des problématiques globales
et locales.
Notre étude sur les écoquartiers nous a permis de comprendre le concept, de caractériser
ses modèles et d‟évaluer leur performance en termes environnementaux.
Les écoquartiers nous ont montré la pratique urbaine et des méthodes de mise en œuvre
abouties. Nous en avons découvert les différents outils et nous avons proposé la piste de
l‟utilisation des indicateurs comme un des systèmes qui a montré sa pertinence dans certains
projets de villes du nord de l‟Europe, références dans ce type d‟innovation au niveau urbain.
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Les expériences menées au sein du centre Nobatek ont nourri notre réflexion et nous ont con-
fronté à la pratique opérationnelle. Son équipe pluridisciplinaire nous a permis de découvrir
d‟autres approches et nous a donnée la matière première pour cette recherche. Nous avons
pu redéfinir alors le système de mise en œuvre de projets urbains dans une idée
d‟écoquartier, puis confronter et voir la pertinence des outils pour une planification plus ver-
tueuse au niveau environnemental. Nous avons expérimenté les méthodes. La pratique opé-
rationnelle nous a aidées à délimiter notre plan de travail et de recherches.
C‟est cette approche dans la pratique opérationnelle qui nous a permis de proposer un pro-
cessus pragmatique de mise en œuvre et un outil d‟évaluation NEST adapté pour une phase
AVP.
En observant ensuite la pratique opérationnelle locale nous avons d‟intégrer les principales
caractéristiques de notre territoire d‟étude. Ce territoire étudié est attractif et sensible à des
changements forts pour répondre à des besoins importants de logements, services, travail,
etc. La demande des écoquartiers représente dans le territoire d‟étude une demande crois-
sante pour répondre, avec un aménagement moins impactant que l‟actuel modèle
d‟urbanisation.
C‟est ce que nous avons réalisé au terme de ce travail en développant un outil d‟évaluation
(NEST) basé sur la technique de l‟analyse de cycle de vie, adaptée à l‟échelle quartier. Sur
la base d‟un cahier des charges pratique, ce développement est une réponse aux besoins
d‟évaluation rapide et communicante pour faire avancer les réflexions environnementales
menées au sein de l‟équipe projet en cours de conception. Nous avons présenté le contenu
et le parti pris de cet outil basé sur le calcul de sept indicateurs environnementaux puis son
application au cas de la ZAC de Kleber nous a permis de démontrer son apport et son po-
tentiel. L‟outil nous permet passer d‟une évaluation subjective à une analyse quantitative
objective adaptée à l‟opérationnalité et aux acteurs concernés pour les confronter aux im-
pacts des décisions dans le projet urbain.
L‟outil va être développé plus en profondeur dans la richesse et précision de la base de don-
nées et dans la puissance et pertinence des résultats délivrés. Un module éducatif et un mo-
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dule plus avancé pour passer de l‟échelle du quartier vers le bâtiment sont également envi-
sagés.
Les indicateurs de l‟outil NEST sont ouverts a être complétées et a faire évoluer vis-à-vis des
évolutions techniques, pour sensibiliser les acteurs à la performance et à des réponses maitri-
sées ou maitrisables.
Travailler sur la corrélation des résultats aux objectifs majeurs du territoire avec une identifica-
tion des demandes vis-à-vis du développement durable est une piste de travail.
Il reste aussi les questions sur l‟impact d‟un écoquartier en zone rurale? Et la valorisation
environnementale d‟un écoquartier en centre historique?...
Cette expérience a été pour moi un challenge professionnel et personnel qui a fortement
alimenté mon regard sur la ville de demain et son aménagement auquel j‟espère continuer
à contribuer à l‟avenir.
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