Cuningham Et Pina Bauch
Cuningham Et Pina Bauch
Cuningham Et Pina Bauch
Jeu
Revue de théâtre
Hommage
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Publisher(s)
Cahiers de théâtre Jeu inc.
ISSN
0382-0335 (print)
1923-2578 (digital)
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Merce : dans son temps et à sa place Chacun sait la rencontre déterminante et la longue complicité
personnelle et artistique, depuis 1937, de Merce Cunningham et
de John Cage, l’influence de la philosophie zen dans leur par-
Une chose existe en soi dans son temps et à sa place,
cours du dépouillement, et leur sens de l’humour ! Chacun sait
sans besoin de renvoyer à autre chose dans la réalité
également l’importance des expériences et des collaborations
ou dans le symbole. Une chose est ce qu’elle est1.
amorcées dès 1948, au Black Mountain College, creuset inter-
disciplinaire de l’avant-garde américaine tant picturale, littéraire que
musicale, sous l’égide d’un transfuge du Bauhaus, Josef Albers.
1. Merce Cunningham, « L’art impermanent» (1955), dans David Vaughan,
Merce Cunningham. Un demi-siècle de danse, traduit de l’anglais par Denise Luccioni, C’est là que le chorégraphe fait la connaissance du compositeur
Paris, Éditions Plume, 1997, p. 86. David Tudor, des peintres Willem et Elaine De Kooning, de Robert
Merce (si peu) à Montréal Des séquences de cette pièce seront par la suite intégrées aux
Si proche du Québec, Cunningham ne fera que de rares appa- fameux events, « œuvres ouvertes » à la variabilité du temps, de
ritions sur la scène locale, alors qu’il sera un abonné des grands l’espace et du nombre de danseurs.
festivals à travers le monde, un invité régulier de la France dès
les années 60, ainsi que l’un des premiers chorégraphes Ce n’est qu’en 1977 que le Groupe Nouvelle Aire le fera revenir
contemporains à créer pour les danseurs de l’Opéra de Paris. pour un court stage stimulant, offert, entre autres, à la jeune gé-
nération des Fortier, Laurin, Léveillé, Lock (qui se souviennent
Cependant, rendons grâce au compositeur Pierre Mercure. Ce d’un souper bien arrosé chez Fortier et du rire de Merce !). Mais
dernier, également réalisateur à Radio-Canada, commande à il faudra attendre le premier Festival international de nouvelle
Cunningham, en 1961, à l’aube de la mythique Révolution tran- danse en 1985 pour revoir la compagnie sur scène avec des
quille, sa première chorégraphie pour la télévision : ce sera Suite créations récentes, puis celui de 1999, pour le magnifique
de danses, composition musicale de Serge Garant, costumes Biped créé la même année, ainsi qu’une œuvre de 1958, sans
de Jasper Johns, diffusée en juillet. En août de la même année, une ride : Summerspace.
pour le Festival de musique actuelle de Montréal dont Pierre
Mercure assurait la direction artistique, Cunningham crée, à la C’est pourquoi nous nous réjouissons de la venue de Nearly
Comédie canadienne, Æon. John Cage y exécute en direct pour 902 en 2010 au FTA, à l’occasion de l’ultime tournée de la com-
la première fois de la musique électronique, et la machine ani- pagnie qui prendra fin dans deux ans. Ainsi en a décidé le Maître.
mée, les objets et les costumes sont de Robert Rauschenberg.
6. Leonetta Bentivoglio, Raphaël de Gubernatis et Guy Delahaye (photos), Pina Bausch, 10. Titre exact : En écoutant un enregistrement de l’opéra le Château de Barbe-Bleue
Malakoff, Solin, 1985, p. 10. de Béla Bartók.
7. Film de Pedro Almodovar, 2002. 11. Ibid.
8. Film de Federico Fellini, 1983. 12. Élisa Vaccarino, « Bausch, un monde, un langage, tant de questions », Pina Bausch.
9. Un des thèmes donnés aux danseurs lors des répétitions de Viktor (1986), cité par Parlez-moi d’amour. Un colloque, Paris, L’Arche, 1995, p. 15.
Brigitte Gonthier, le Langage chorégraphique de Pina Bausch, Paris, L’Arche, 2008, p. 91. 13. Jochen Schmidt, « De la modern dance au Tanztheater », ibid., p. 86.