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Annexe 2 Offensive - Lait - CEDEAO

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COMISSÂO DA CEDEAO

ECOWAS COMMISSION COMMISSION DE LA CEDEAO

Département de l’Agriculture, de l’Environnement et des Ressources en Eau

Accélérer la mise en œuvre de l’ECOWAP/PDDAA

Note d’orientation de l’étude de faisabilité de


l’offensive régionale pour la promotion du lait local
en Afrique de l’Ouest

Avril, 2017

En collaboration avec : Avec la facilitation du :


Table des matières

1 Le contexte général de l’offensive régionale pour la promotion des chaines de valeur du lait

local en Afrique de l’Ouest ............................................................................................................................................. 3

2 Les enjeux du secteur laitier ouest africain .................................................................................................. 5

3 Justification de l’offensive régionale pour la production du lait local. .............................................. 6

4 Les défis des chaines de valeur du lait local. ................................................................................................ 8

5 Les opportunités des chaines de valeur du lait local ................................................................................ 9

6 Les orientations de l’offensive régionale pour la promotion du lait local ....................................... 9

7 Les axes potentiels d’intervention ................................................................................................................. 10

8 Les résultats attendus de l’offensive régionale pour la promotion du lait local ......................... 10

9 Les parties prenantes au processus de définition de l’Offensive lait ............................................... 11

10 Le cadre institutionnel de pilotage du processus de formulation de l’offensive régionale

pour la promotion des chaines de valeur du lait local ..................................................................................... 12

11. Stratégie et principes de mise en œuvre 12

12 Principales étapes du processus de formulation de l’Offensive ................................................. 134

13 Estimation grossière du budget du processus .............................. Erreur ! Signet non défini.5

2
1 Le contexte général de l’offensive régionale pour la promotion des chaines de valeur du
lait local en Afrique de l’Ouest

1. En Janvier 2005, à l’issue d’un processus participatif et inclusif, la Communauté Economique des Etats
de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est dotée de sa politique agricole : l’ECOWAP/PDDAA. Elle est
conçue comme le cadre de référence des interventions dans le secteur agricole en Afrique de l’Ouest et
constitue une des politiques sectorielles promues pour renforcer le processus d’intégration régionale,
accélérer la croissance et promouvoir le développement économique et social de la région.

2. Depuis 2008, en réponse à la crise alimentaire, née de la flambée des prix des produits de base,
l’ECOWAP a connu une accélération dans sa mise en œuvre, en s’appuyant non seulement sur deux
catégories de programme ( les Programmes nationaux d’investissement agricoles à l’échelle des pays et
le Plan Régional d’investissement agricole à l’échelle de la Communauté ), mais aussi sur un dispositif
institutionnel qui permet de distinguer les institutions de pilotage, de celles de concertation et d’exécution
technique. L’opérationnalisation de l’ECOWAP a reposé également sur un certain nombre de
programmes et initiatives majeurs : réserve régionale de sécurité alimentaire, programmes de
renforcement des capacités des acteurs, offensive régionale pour la relance durable de la production du
riz.

3. Le bilan réalisé en 2015 après dix années de mise en œuvre de l’ECOWAP a fait un certain nombre de
constats majeurs. Ainsi, au point de vue de l’efficacité externe, des résultats probants ont été enregistrés,
notamment l’augmentation de la production de la quasi-totalité des produits agricoles et du bétail,
augmentation du volume des échanges régionaux des produits agroalimentaires, atténuation de la cruauté
et de la fréquence des crises alimentaires, même si des poches importantes de vulnérabilité et de pauvreté
subsistent. Du point de vue de l’efficacité interne, le bilan est plus mitigé. En effet si le renforcement du
leadership de la CEDEAO, la création et le fonctionnement de l’Agence Régionale pour l’Agriculture et
l’Alimentation, constituent des acquis majeurs, le retard qu’accuse la mise en place du fonds régional
pour l’Agriculture et l’Alimentation a quelque peu contribué à atténuer la portée des résultats.

4. Dans le même sillage, le bilan de l’ECOWAP +10 a mis en relief l’importance de la dépendance
croissante de la région d’un certain nombre de produits agroalimentaires. En effet au cours des vingt
dernières années, selon les statistiques de la CEDEAO, la valeur des importations alimentaires de la
région a été multipliée par 3,5, passant de 4 407 millions de dollars US en 2001-2003 à 15 839 en 2012-
2014. Cette poussée de la dépendance alimentaire est tributaire de l’augmentation des importations des
céréales dont la valeur a été multipliée par 4 au cours de la période et celles des produits laitiers qui ont
bondi de 371 millions de dollars en 2001-2003 à 968 millions en 2012-2014.

5. Fort de ce bilan, la CEDEAO a identifié quatre défis majeurs à relever par la politique agricole régionale
à l’horizon 2025 : (i) assurer la sécurité et la souveraineté alimentaires et couvrir les besoins nutritionnels
de la population; (ii) moderniser les exploitations familiales, accroître leur résilience et mieux les intégrer
aux marchés; (iii) promouvoir des itinéraires d’intensification des systèmes productifs durables et adaptés
aux changements climatiques (AIC); (iv) structurer et développer des chaines de valeur efficientes.

3
1.1 Les orientations de la politique agricole régionale à l’horizon 2025

6. Au regard des orientations de la déclaration de Malabo en 2014, des Objectifs du Développement


Durable, des défis régionaux énumérés ci-dessus, la vision de la politique agricole régionale est fondée
sur « Un secteur agro-sylvo-pastoral et halieutique moderne et compétitif, inclusif et durable,
garant d’emplois décents, de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et de la souveraineté
alimentaire ».

7. La politique agricole régionale se fondera sur sept priorités au cours des dix prochaines années: (i)
assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et la souveraineté alimentaire, (ii) mieux intégrer la
dimension nutritionnelle, (iii) affirmer et développer la complémentarité/spécialisation des agricultures
dans l’espace régional, (iv) promouvoir des modèles d’intensification durable, réduire les impacts sur le
climat et s’adapter aux changements climatiques, (v) accroitre la résilience des exploitations familiales,
(vi) mieux hiérarchiser les priorités au niveau régional, (vii) gouverner les dimensions intersectorielles.

8. Le document d’orientation stratégique dont le programme régional d’investissement agricole, de sécurité


alimentaire et nutritionnelle (PRIASAN) constitue le principal instrument d’opérationnalisation, assigne
à la politique agricole l’objectif général de « contribuer de manière durable à la satisfaction des
besoins alimentaires et nutritionnels de la population, au développement économique et social
et à la réduction de la pauvreté dans les États membres, ainsi que des inégalités entre les
territoires, zones et pays », et quatre objectifs spécifiques, constituant les axes stratégiques
d’intervention :

a. OS1. « Contribuer à accroître la productivité et la production agro-sylvo-pastorales et halieutiques


via des systèmes de production diversifiés et durables, et à réduire les pertes post production » ;
b. OS2. « Promouvoir des chaines de valeurs agricoles et agro-alimentaires contractuelles et
inclusives orientées vers la demande régionale et internationale, et inscrites dans une perspective
d’intégration du marché régional » ;
c. OS3. « Améliorer l’accès à l’alimentation, la nutrition et la résilience des populations vulnérables» ;
d. OS4. « Améliorer l’environnement des affaires, la gouvernance et les mécanismes de financement
du secteur agricole et agroalimentaire ».

9. Le plan régional d’investissement agricole, de sécurité alimentaire et nutritionnelle de seconde génération


combine des investissements, des réformes et mesures de politiques publiques. Le Plan régional
d’investissement complète les Plans Nationaux d’Investissement Agricole, de sécurité alimentaire et
nutritionnelle (PNIASAN), prend en charge les dimensions régionales, gère les interdépendances entre
les pays et organise leur coopération sur des questions communes.

10. Si le riz, le maïs et le manioc auxquels s’ajoutent désormais les légumes et les fruits sont toujours
considérés comme des produits stratégiques pour la sécurité et la souveraineté alimentaire, une attention
particulière est accordée aux produits animaux (lait et viande). Pour ces deux catégories de produits, la
politique agricole prescrit des actions fortes, des initiatives décisives pour réduire la dépendance de la
région vis à vis des importations extrarégionales.

11. L’initiative « offensive régionale pour la promotion des chaines de valeur du lait local » participe de
l’ensemble des stratégies visant à opérationnaliser, non seulement la politique agricole, mais surtout à
mettre en œuvre le Plan Régional d’investissement Agricole, de sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Elle se veut un cadre et un instrument qui fédèrent, coordonnent et accompagnent toutes les

4
initiatives en cours dans l’espace communautaire, en matière de développement des chaines de
valeur du lait local.

2 Les enjeux du secteur laitier ouest africain

12. Le lait occupe une place importante dans l’économie agricole et alimentaire de l’Afrique de l’Ouest. Son
importance est étroitement liée à celle du cheptel domestique. Le cheptel ouest africain constitue l’un
des plus importants de l’Afrique, bien qu’on ne connaisse pas exactement son effectif. L’Afrique de
l’Ouest est créditée de quelques 60,5 millions de têtes de bovins, 160 millions de petits ruminants : ovins
et caprins (CSAO, 2012). Son taux de croissance (2,7%) est voisin de celui du croît naturel (2,2%) de la
population (CSAO, 2012).

13. L’élevage représente plus de 5% du Produit Intérieur Brut des Etats de la région. Ce taux peut atteindre,
voire dépasser 10 à 15% dans certains pays comme le Mali, le Burkina-Faso, le Niger. La part des produits
d’élevage représente environ 25% du Produit Intérieur Brut agricole Régional en Afrique de l’Ouest.
Cette contribution est bien supérieure dans les pays sahéliens : 35% du PIB du secteur agricole du
Burkina-Faso, 28% au Mali, 30 % au Niger.

14. Selon les statistiques de la CEDEAO, la production régionale de lait est estimée à quelques 5 millions
de tonnes en 2013. Cette production véhicule de nombreuses caractéristiques :

a. Plus de 70 % de l’offre domestique est fournie par l’élevage pastoral qui constitue le système
dominant. Le reste est fourni par les systèmes agropastoraux et les systèmes intensifs d’élevage ;
b. Cinq pays occupent le peloton de tête de la production laitière régionale. Il s’agit du Nigeria, avec
environ 32% de l’offre domestique de lait, du Mali, du Niger, du Burkina Faso et du Sénégal. La
production laitière est faible, voire marginale dans les autres pays de la communauté ;
c. La production ne couvre qu’une faible partie, certes variable selon les pays, des besoins en lait de
la région. Ces besoins se sont accrus ces dernières années sous les effets conjugués de la croissance
démographique, de l’urbanisation et de l’amélioration du pouvoir d’achat d’une classe moyenne
en pleine expansion. En effet, si dans les pays sahéliens qui disposent d’un cheptel important, la
production locale couvre les besoins à hauteur d’au moins 50 à 80 %, dans les pays côtiers, le
déficit est plus profond1. Ces derniers ont recours à des importations massives de produits laitiers,
notamment du lait en poudre, pour satisfaire leur besoin domestique.

15. Le lait joue un rôle économique, social et alimentaire très important dans tous les pays. L’accroissement
des importations au cours des vingt dernières années est la marque du caractère stratégique de ce produit.
En effet, le lait contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations, en constituant une
des principales sources de protéine animale des populations. Mieux, son importance économique n’est
plus à démontrer, car il constitue une source appréciable de revenu, non seulement pour les ménages
des éleveurs et des pasteurs, notamment les femmes, mais aussi des autres acteurs des chaines de valeur
(transformateurs et distribution).

16. Cette importance justifie l’intérêt que les acteurs et les pouvoirs publics accordent à la promotion du lait
local. Ainsi à la suite du Burkina Faso, et du Mali qui se dotés de politique nationale de lait local, l’Union

1
Au Nigeria, en 2013, l’offre intérieure de lait était estimée à 591 470 tonnes, alors que la demande de lait était estimée à
1,7 millions de tonnes, soit environ 1,2 million de tonnes de plus que le lait produit dans la Fédération

5
Economique et Monétaire Ouest Africaine a également adopté un plan d’actions en la matière en 2013.
Les réseaux des éleveurs et des pasteurs consacrent des activités entières de leur plan stratégique à la
promotion du lait local, dans la perspective de renforcement de la résilience des populations pastorales.

3 Justification de l’offensive régionale pour la production des chaines de valeur du lait


local.

17. En dépit du potentiel de l’Afrique de l’Ouest, (importance du cheptel local, savoir faire des populations
en matière de transformation du lait en divers sous-produits, existence d’un marché solvable), les filières
laitières domestiques sont confrontées à de nombreuses difficultés, dont trois apparaissent comme
cruciales : (i) la faible productivité des vaches laitières locales et la saisonnalité de la production locale,
qui rendent l’offre domestique structurellement insuffisante, (ii) les difficultés liées à la collecte du lait
frais et la transformation, (iii) la concurrence des produits importés, principalement du lait en poudre,
concurrence favorisée par la faible protection du marché régional.

3.1. La faible productivité des vaches laitières.

18. La faible productivité des vaches laitières et la saisonnalité de la production locale constituent
une des contraintes majeures au développement des filières laitières locales. En effet, certaines races
locales de bovins et autres espèces ovines et caprines ont un faible potentiel laitier. Cette situation est
aggravée par les difficultés que rencontrent les éleveurs pour assurer une alimentation décente et des
soins vétérinaires adéquats aux animaux. L’accès au pâturage devient de plus en plus difficile, du fait de
la forte compétition sur les ressources naturelles. L’accès aux soins de santé vétérinaire est également
difficile du fait des coûts parfois élevés des produits et de la concentration des praticiens dans les zones
urbaines. Il en résulte une faible capacité productive des animaux : les races bovines locales n’ont qu’une
capacité productive de 0,5 à 2 l/vache/jour. Au Mali par exemple, « la production laitière
commercialisable est estimées à 110 litres en moyenne par lactation de 180 jours » (GRET, 2016). Au
Niger, certaines races comme le Zébu Goudali ont un potentiel de production laitière moyenne pouvant
varier entre 1000 à 1100 kg en 230 jours. De même, la production laitière est irrégulière et fortement
marquée par une grande variation saisonnière. Alors qu’elle est à son maximum, pendant les périodes
d’hivernage en lien avec l’abondance de pâturage, elle est très faible en saison sèche (déplacement des
troupeaux et rareté des pâturages)

19. Ce niveau de productivité explique très largement la faiblesse de l’offre domestique du lait, qui est estimée
à environ 600 millions de litres au Nigeria, 500 millions au Mali, 350 millions au Niger, 200 millions au
Burkina Faso, quelques 217 millions de litres au Sénégal, 85 millions de litres au Bénin, etc.

3.2. La difficulté de collecte du lait local

20. Vue la saisonnalité de la production, les quantités collectées par les centres de collecte, les mini laiteries
et laiteries urbaines n’atteignent pas 10% de la production régionale. L’extrême atomicité de l’offre ne
facilite pas les opérations de collecte. Cette opération est aussi contrariée par l’insuffisance, voir
l’inexistence des infrastructures adéquates (énergie, route et pistes praticables) et moyens de transport,
de réfrigération et de conservation, dans les bassins de production. Il en résulte, non seulement une faible
capacité de collecte, mais aussi des pertes élevées des produits destinés aux mini laiteries et aux laiteries
industrielles. La majeure partie du lait produit continue d’alimenter les besoins des ménages, des veaux
en système allaitant et la transformation artisanale. Dans bien des cas, la poussée de la collecte est

6
impulsée par l’existence de centres multiservices promus par des coopératives d’éleveurs et des
opérateurs privés et la mise en œuvre de mesures incitatives, notamment du lait contre des aliments pour
bétail, dans les zones urbaines ou dans les bassins d’élevage.

3.3. La transformation du lait

21. La transformation du lait a passé par de nombreuses expériences depuis les années soixante. Sous forme
cyclique, la région a connu jusqu’à la fin des 1970 une sorte de gloire avec l’installation de nombreuses
unités industrielles de transformation. Les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix ont été marquées par
le déclin de l’industrie laitière régionale. Le tissu industriel a été ruiné par les politiques d’ajustement
structurel et les subventions des exportations européennes, et surtout le poids de l’aide alimentaire. Il a
fallu atteindre les années 2000 pour assister à une sorte de regain de l’industrie laitière dans les pays de
la communauté,

22. De nos jours, le tissu de transformation est constitué d’aux moins trois grandes catégories de modèles :

a. La transformation artisanale, encore très largement dominée par les femmes, tant des éleveurs et
pasteurs, que de celles qui s’approvisionnent auprès d’elles pour produire du fromage et autres
dérivés. Les produits issus de cette catégorie d’unités de production sont commercialisés sur les
marchés locaux ;
b. De petites unités de transformation : les mini laiteries promues par des coopératives et les
Groupements d’Intérêt économique, souvent appuyés lors des phases de démarrage par des
partenaires techniques et financiers. La plupart de ces unités sont installées dans les zones
périurbaines ou dans les bassins de d’élevage où elles bénéficient d’un accès relativement facile au
lait frais local. Cette catégorie a également recours à du lait en poudre importé du marché
international ;
c. Des grandes unités industrielles de production, qui fonctionnent dans les zones urbaines et
périurbaines. Leur matière première est constituée pour l’essentiel du lait en poudre importé du
marché international. Certaines sont l’œuvre de grands groupes laitiers internationaux qui réalisent
des investissements nouveaux ou rachètent les anciennes unités publiques.

23. La multiplication des deux dernières catégories renforce le tissu industriel laitier, le modernise, tout en
développant de nouvelles formes de coordination entre les acteurs en présence. Elle permet aussi de
mettre en place des stratégies pour maximiser la collecte du lait frais. Des expériences prometteuses de
partenariat entre producteurs et industriels existent 2 au Sénégal (LDB dans le bassin de Dagana et
Richard Toll), en Mauritanie (Tiviski dans les régions du Trarza, Brakna et Gorgol au niveau de la vallée
du fleuve), au Niger (SOLANI avec les centres de collecte de Hamdalaye et Kollo). Les capacités de
collecte de ces 3 industries réunies sont de 85 000 litres/jour, alors que les quantités collectées en haute
saison oscillent entre 3 000 (SOLANI) et 10 000 (LDB), voir 30 000 pour Tiviski.

24. Les collecteurs indépendants qui fournissent ces laiteries offrent aux producteurs des prix peu attrayant
du fait des longues distances qu’ils doivent parcourir et des risques qu’ils prennent avec une marchandise
fragile. Les centres de collecte multiservices constituent un modèle intéressant aussi bien pour les
producteurs, les collecteurs que les industriels. Ils permettent aux producteurs d’accéder à un marché qui
leur offre un revenu régulier tout en leur permettant d’accéder à l’aliment bétail, au conseil et à la
formation, ce qui leur permet d’entretenir un noyau productif, levier important pour la résilience de leurs
exploitations. Les collecteurs, pour la plupart des jeunes éleveurs sortis ou non du système, augmentent

2
Voir liste complète en annexe

7
leurs revenus, améliorent leur positionnement social et sont plus à même de faire face à des crises liées
aux chocs climatiques. Les industriels accèdent à un produit de qualité (microbiologique et physico
chimique) leur permettant de diversifier leur gamme de produits et d’investir de nouveaux marchés de
niche.

25. La collecte formalisée permet une organisation des acteurs de la chaîne valeur de lait : une collaboration
entre éleveurs, collecteurs, transformateurs ou industriels. La collecte du lait s’accompagne de nouvelles
stratégies selon les contextes pour promouvoir la filière surtout l’amélioration de la productivité des
vaches laitières en saison sèche : l’approvisionnement en aliment et l’amélioration de l’alimentation des
vaches laitières, l’accès aux soins vétérinaires, l’hygiène de la traite et de la collecte, la mise en place de
microcrédit. La contractualisation permet aux éleveurs de s’éloigner de l’informel et de mieux organiser
la production de lait. Cependant une attention particulière doit être portée sur l’amélioration de la
viabilité technique, économique et sociale (la question de la place et du rôle de la femme), la gouvernance
et la gestion financière des centres de collecte portés par les producteurs. Il est indispensable aussi de
renforcer les capacités des producteurs à négocier des contrats plus justes marqués par des prix d’achat
du lait plus rémunérateurs.

3.4. Le marché du lait

26. Malgré la prédominance actuelle 3 du lait en poudre dans le marché compte tenu de ces avantages
amplifiés par une très forte publicité à travers les médias et autres supports de communication, le lait
frais local connait une certaine notoriété et serait certainement plus acheté, si sa disponibilité était
renforcée par un prix correspondant aux prix psychologiques (entre 375 et 450 F le litre en fonction de
la ville ciblée). Au Sénégal le lait caillé associé aux céréales bénéficie d’un marché important à Dakar. Le
beurre clarifié est un produit de niche car, il est rare dans les marchés urbains où sa demande est très
forte. Des stratégies commerciales bien réfléchies (autour de quels produits, quels marchés, quels prix,
et quelles périodes) sont indispensables pour permettre aux mini laiteries et centres de collecte
d’augmenter leurs parts de marché. La viabilité technique et la professionnalisation de la gestion de ces
initiatives portées par les producteurs sont aussi fondamentales pour consolider les acquis sur tous les
maillons de la chaîne de mise en marché du lait et de ses produits dérivés.

4 Les défis des chaines de valeur du lait local.

27. Le développement qui précède montre que le défi de la filière lait local est intimement lié à celui de la
sécurisation des systèmes d’élevage, notamment de l’alimentation de l’élevage pastoral qui fournit la
majeure partie du lait actuellement en Afrique de l’Ouest. En effet pour l’Afrique de l’Ouest, le défi est
double: (i) augmenter significativement la production domestique, (ii) être en capacité de collecter la
majeure partie du lait local, la transformer en des produits objets de la demande des acteurs.

28. A ce défi majeur, se rattachent aussi ceux liés:

3 Bien que le lait soit classé comme produit stratégique à promouvoir pour la sécurité et la souveraineté
alimentaire, il fait l’objet d’une protection différenciée selon la nature du produit. Alors que les produits
laitiers importés en détail sont taxés à 20 % de droit de douane, la poudre de lait conditionnée dans des sacs
de plus de 25 Kilogrammes, est considérées comme une matière première pour les industries locales

8
a. Au choix des systèmes d’élevage à promouvoir, incluant des systèmes intensifs basés sur la
création de fermes ou de ranch d’élevage ;
b. Aux politiques en matière d’aliments bétail et d’accès aux produits vétérinaires ;
c. Aux modèles de centres ou mécanismes de collecte du lait : coopératives, GIE, entreprises privés,
centres de collecte multiservices, circuit journalier etc. ;
d. Aux modèles d’industrialisation des chaines de valeur lait pour mieux sécuriser l’emploi et la place
des femmes ;
e. A la professionnalisation des acteurs, à travers la promotion de cadres interprofessionnels
fonctionnels ;
f. A la régulation du marché, pour sécuriser d’importantes parts du marché domestique au lait et
produits laitiers issus de la production locale ;
g. Aux formes de partenariat à mettre en place pour : (i) encourager les investissements privés, (ii)
préserver les intérêts des éleveurs et pasteurs.

5 Les opportunités des chaines de valeur du lait local

29. Elles sont de trois ordres :

a. La première opportunité est relative à l’engagement des pouvoirs publics et des acteurs pour
promouvoir les chaines de valeur lait local. Le Plan régional d’investissement agricole, de sécurité
alimentaire et nutritionnelle de l’ECOWAP, a formellement recommandé la dotation de la région
d’un programme majeur : une offensive régionale pour la promotion des chaines de valeur du Lait
local. Le lait est considéré comme un produit sensible ;
b. La tendance à l’augmentation continue de la demande en produits laitiers des consommateurs de
l’Afrique de l’Ouest. Cette demande, bénéficie d’un marché solvable en lien avec l’émergence
d’une classe moyenne qui a un pouvoir d’achat de plus en plus élevé ;
c. L’intérêt que les grands groupes et autres investisseurs directs étrangers portent aux chaines de
valeur du lait en général et du lait local en particulier. Cet intérêt constitue une opportunité pour
nouer des partenariats gagnant-gagnant, renforcer les capacités des professionnels régionaux.

6 Les orientations de l’Offensive régionale pour la promotion des chaines de valeur du lait
local

30. La consommation actuelle du lait et produits laitiers, n’est couverte par la production domestique qu’à
concurrence de 40 à 70 % selon les pays. Deux problèmes majeurs minent le développement des chaines
de valeur : l’insuffisance quantitative de la production et les difficultés liées à la collecte du lait frais pour
les unités industrielles, des volumes réellement produits. Ces deux problèmes sont la cause essentielle de
l’accroissement de la dépendance régionale, source, non seulement d’importantes pertes de devises
étrangères, mais surtout d’insécurité alimentaire et nutritionnelle potentielle.

6.1. Finalité de l’offensive régionale pour la promotion du lait local.

31. L’offensive poursuit la même finalité que celle des politiques agricoles régionales (PAU et ECOWAP) :
celle de contribuer de façon décisive à : (i) la réalisation de la sécurité et de la souveraineté alimentaires
des populations, (ii) l’amélioration des revenus des ruraux, et (iii) la lutte contre la pauvreté et le
renforcement de la résilience des populations vulnérables. Elle a pour ambition de contribuer à la
promotion des chaines de valeur du lait local, en vue de réduire de façon substantielle la dépendance

9
régionale des approvisionnements extérieurs en produits laitiers. L’offensive s’inscrit dans le cadre global
des stratégies, programmes, projets concourant à la réalisation des Objectifs de Développement Durable
et plus spécifiquement de l’ECOWAP à l’horizon 2025.

6.2. Objectif général


32. L’objectif général de l’offensive est de « contribuer à la promotion des produits stratégiques pour
la sécurité et la souveraineté alimentaires ». Elle vise à renforcer la sécurité alimentaire et
nutritionnelle des populations, au moyen de l’augmentation substantielle de la production, de
l’amélioration de la collecte et de l’environnement du marché régional du lait local.

6.3. Objectif spécifique


33. L’offensive a pour objectif spécifique d’accompagner toutes les initiatives et stratégies de développement
des chaines de valeur du lait local, afin de :
• Augmenter de façon substantielle la production locale du lait frais en améliorant la
productivité du cheptel ;
• Améliorer l’approvisionnement de l’industrie laitière régionale au moyen de la collecte d’au
moins 25 % de la production régionale de lait local à l’horizon 2025 ;
• Promouvoir un environnement incitatif au développement des chaines de valeur du lait
local.

7 Les axes potentiels d’intervention

34. Trois axes potentiels d’intervention peuvent être suggérés :

• Axe1. Améliorer la productivité du cheptel local. Cet axe vise principalement à augmenter la
production régionale du lait local. Il devra intervenir sur un ensemble de leviers incluant : (i) la
sélection et l’amélioration génétique des races bovines, ovines, caprines et des camelins, (ii) la
sécurisation de l’accès à l’aliment du bétail, (iii) l’amélioration de la surveillance épidémiologique et
de l’accès aux soins de santé vétérinaire et des bonnes pratiques d’hygiène de la traite ;

• Axe2: Améliorer l’approvisionnement de l’industrie locale en lait frais. Cet axe est centré
essentiellement sur le déploiement d’un ensemble de stratégies pour augmenter substantiellement,
au moins à hauteur de 25 %, le volume du lait local collecté par les unités industrielles, toutes
catégories confondues. Il inclut: (i) la promotion des centres multi services de collecte et de
traitement conservation du lait, (ii) la capitalisation et la mise à l’échelle de mesures incitatives pour
encourager la collecte, (iii) le désenclavement des nœuds de production à travers la construction de
pistes de production pour drainer le lait vers les centres urbains, principaux marchés du lait en
Afrique de l’Ouest, (iv) l’investissement opérationnels dans l’outil industriel de transport, de
transformation et de distribution ;

• Axe 3: Promouvoir un environnement favorable à la promotion des chaines de valeur de lait local.
Cet axe vise à mettre en place un environnement règlementaire favorable au développement des
chaines de valeur du lait local. Il inclut les actions spécifiques relatives : (i) aux reformes de la fiscalité
aussi bien interne, que de porte, (ii) à la règlementation des arrangements contractuels entre les
éleveurs pourvoyeurs de lait et les industriels, (iii) à la promotion des investissements privés et du
crédit et (iv) aux normes réglementaires des produits importés et locaux.

8 Les résultats attendus de l’offensive régionale pour la promotion du lait local

35. Les résultats attendus de l’offensive régionale peuvent être de 3 ordres :

10
• Résultat 1: la production du lait frais des bassins d’élevage et des systèmes intensifs périurbains est
accrue d’au moins 15% à l’horizon 2025 ;

• Résultat 2: au moins 25% de la production du lait local sont collectées par les différentes catégories
d’industries laitières ;

• Résultat 3: la fiscalité sur le lait et produits laitiers et les normes réglementaires (barrière non
tarifaires) sont incitatives pour le développement des chaines de valeur du lait local.

9 Les parties prenantes au processus de définition de l’Offensive lait

36. Les enjeux économiques, sociaux, alimentaires et nutritionnels du lait local, exigent la présence de toutes
les parties prenantes au processus de formulation de l’Offensive régionale pour la promotion des chaines
de valeur du lait local. Parmi les acteurs les plus en vue, on peut retenir :
• Les Communautés Economiques Régionales, notamment la CEDEAO et l’UEMOA, qui sont
porteuses des politiques agricoles et alimentaires régionales d’une part, de stratégie de promotion
de l’élevage et parfois de programmes ou plans d’actions visant la promotion des filières lait locales
(cas de l’UEMOA). Ces deux institutions assureront le pilotage politique de l’offensive : définition
des orientations générales, formulation et validation des textes règlementaires et autres protocoles ;

• Les quinze Etats membres de la Communauté, qui sont de plus en confrontés aux effets et impacts
budgétaires et économiques des importations des produits laitiers. Plusieurs, notamment ceux du
Sahel ont développé des politiques et stratégies visant la promotion des filières lait ;
• Les institutions techniques régionales et internationales qui sont porteuses de programmes et
stratégies visant le développement de l’élevage : cas du CILSS qui vient d’adopter sa stratégie
régionale de développement de l’élevage et qui gère le programme d’appui au pastoralisme dans le
sahel ; du CORAF/WECARD qui travaille sur les technologies alimentaires ; de la FAO qui a un
savoir-faire en la matière ;

• Des institutions techniques spécialisées de la CEDEAO, notamment le Centre de Santé Animale


installée à Bamako, l’Agence Régionale pour l’Agriculture et l’Alimentation installée à Lomé ;

• Des éleveurs, agro-éleveurs et pasteurs, à travers leurs organisations : le Réseau Billital Maroobé,
l’APESS, le CORET et le Cadre Elevage du ROPPA. Ces organisations qui regroupent les
bénéficiaires directs de l’offensive ont acquis des expériences avérées dans le domaine de la
promotion des filières lait local dans les Etats de la région ;

• Les petites et grandes unités industrielles de production et/ou de transformation laitières


(coopératives, GIE, Société Anonyme, etc.) africaines et étrangères ;

Les grandes unités industrielles de production d’aliment pour le bétail ;

• Les organisations de la société civile dont les actions touchent les chaines de valeur du lait
local (formation et renforcement des capacités des acteurs, transformation et distribution du lait et
des produits laitiers), notamment l’AFAO et le groupe genre de la CEDEAO, les associations de
consommateurs ;

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• Les partenaires techniques et financiers, notamment la Banque Mondiale qui finance le PRAPS, la
Coopération Suisse qui travaille déjà avec les OP et qui est en train de développer un programme
sur le marché régional du bétail, l’Union Européenne, la Coopération danoise et son Alliance Milky
Way, l’AFD, etc.

10 . Le cadre institutionnel de pilotage du processus de formulation de l’offensive régionale


pour la promotion des chaines de valeur du lait local

37. Conformément à la jurisprudence qui préside la formulation des choix publics (politiques, stratégies,
programmes et projets majeures, initiatives), le dispositif de pilotage sera inclusif, et participatif. Le
processus de formulation sera piloté par deux instances aux compétences complémentaires :
• Un comité de pilotage dit TASK FORCE présidé par la CEDEAO et l’UEMOA et composé des
représentants de l’ensemble des représentants des parties prenantes identifiées ci-dessus. Il a pour
mission de définir les orientations générales de l’Offensive, de conduire le processus jusqu’à la
production d’un document à soumettre à l’approbation et validation du comité ministériel
technique spécialisé agriculture, alimentation de la CEDEAO. Les travaux de la TASK FORCE,
ainsi que l’ensemble du processus seront facilités par le HUB RURAL, plateforme multi acteurs de
concertation et de dialogue sur les politiques agricoles et alimentaires au service de l’Afrique de
l’Ouest et du Centre.

• Un comité technique, composé de personnes ou institutions régionales ayant une compétence


avérée dans les chaines de valeur du lait. Ce comité est chargé d’accompagner les dimensions
techniques du processus de formulation de l’Offensive. Ce comité travaillera avec des personnes
ressources ou consultants chargés de l’appuyer dans la documentation, la déclinaison des
orientations en stratégies, objectifs, résultats et activités, budgétisation de l’offensive.

11. Stratégie et principes de mise en œuvre

38. La mise en œuvre de l’offensive reposera sur le principe de partenariat entre les parties prenantes,
notamment entre les institutions publiques, les Etats et le secteur privé, d’une part et entre les
différentes catégories du secteur privé : les éleveurs, pasteurs, les coopératives de collecte et les
investisseurs régionaux ou internationaux d’autre part du secteur laitier et de l’alimentation du
bétail. La mise en œuvre des activités relatives à des investissements opérationnels relèvera du
secteur privé et des banques d’investissement l’Etat et les institutions publiques se chargeront des
investissements structurants, des reformes et de la mise en place de mesures incitatives pour
améliorer l’environnement des affaires.
39. . L’Offensive pour la promotion des chaines de valeur de lait local sera aussi mise en œuvre en
s’appuyant sur les institutions régionales qui ont développé des compétences avérées dans chacun
des axes d’intervention, selon le principe de subsidiarité et de complémentarité.

40. Le dispositif institutionnel va inclure : (i) un comité de pilotage présidé par la CEDEAO, (ii) une
cellule souple de gestion logée dans une institution spécialisée publique ou privée qui aura la charge
de la coordination et du suivi des activités déployées par les autres parties prenantes.

41. Au démarrage, l’offensive se dotera d’un cadre de résultat en cohérence avec celui de l’ECOWAP
et du PDDAA, d’une part et d’une stratégie de communication qui permet de rendre visibles ses
résultats.

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12. Principales étapes du processus de formulation de l’Offensive

42. Le tableau ci-dessous présente les principales activités à réaliser dans le cadre du processus de
formulation du document de l’offensive régionale pour la promotion des chaines de valeur du lait local.

Activités Responsable Parties prenantes Produits attendus Echéance

Proposition de l’avant- HUB RURAL CEDEAO et Cadre de Avant-Projet de note Avril 2017
projet de note d’orientation concertation des OP d’orientation

Constitution du Groupe HUB RURAL CEDEAO et Cadre de Composition du groupe Mi-Mai 2017
technique d’appui concertation des OP technique

Examen et amendement de HUB RURAL Groupe technique Projet de note Fin mai 2017
l’avant-projet de la note d’appui d’orientation
technique d’orientation

Elaboration des TDR du HUB RURAL Groupe technique TDR du Consultant Fin Juin 2017
Consultant chargé de la d’appui
formulation du projet de
document de l’offensive
régionale

Validation du projet de note HUB RURAL Task Force multi Note d’orientation de Septembre 2017
d’orientation acteurs l’offensive

Recrutement du consultant HUB RURAL Groupe technique contrat du consultant Septembre 2017
ou des personnes d’appui
ressources chargées de la
formulation

Elaboration du projet de Consultant Groupe technique et Projet de document Début


document de l’offensive HUB RURAL Octobre2017
régionale

Examen du projet de HUB RURAL Groupe technique et projet de document de Début décembre
document par le groupe HUB RURAL l’Offensive 2017
technique d’appui Consultant

Finalisation du projet de HUB RURAL Groupe technique et Projet de document Fin Décembre
document HUB RURAL 2017
Consultant

Soumission du projet de Groupe technique Task Force Document à soumettre Janvier 2018
document à l’appréciation et HUB RURAL à la validation du CMTS
de la Task Force /AA de la CEDEAO

Validation du document de Task Force Comité ministériel Document de l’offensive PM


l’offensive technique spécialisé Validé

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