VB III - VILLEDIEU Chap VII
VB III - VILLEDIEU Chap VII
VB III - VILLEDIEU Chap VII
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LA VIGNA BARBERINI
III
LA CENATIO ROTUNDA
ISBN 978-2-7283-1504-8
VII. PROPOSITIONS POUR UNE RESTITUTION DE L’ÉDIFICE
ET DE SON ENVIRONNEMENT
1
Villedieu 2019, p. 26-27 ; 2020, p. 29-32. mais elle a livré ces informations beaucoup trop tard pour
2
Villedieu 2007, fig. 45. que nous puissions les intégrer, notre contribution ayant déjà
3
Antonia Arnoldus-Huyzenveld a publié les résultats de été confiée à l’éditeur. Notre collègue a redonné la même
ces carottages dans l’ouvrage où nous présentons la restitu- carte dans un article que l’on trouve en ligne : http://archeo-
tion précédente (Arnoldus-Huyzenveld 2007, fig. 460, p. 399), palatino.uniroma1.it/it/content/geomorfologia.
342 L’ÉDIFICE NÉRONIEN
Fig. 292 – Restitution de l’orographie sur laquelle apparaissent les contours de la terrasse fla-
vienne et le plan de la cenatio rotunda élaboré à partir des données recueillies en 2009 et 2010
(auteur J. Schodet, 2010).
4
Des couches géologiques dégagées en plusieurs points more (Cecamore 2002), pl. II. Par ailleurs, nous avons uti-
dont l’un se situe à 25,83 m d’altitude, ainsi que les restes de lisé des données recueillies par le biais de carottages effec-
l’époque archaïques mis au jour dans la salle 10 ont permis tués par la Surintendance, grâce auxquels le niveau du
d’entrevoir la morphologie originelle du terrain : Saguì 2009, sol naturel a pu être établi en quelques points du site non
p. 237-238 ; Quondam 2011 ; Saguì – Cante – Quondam 2014, touchés par les fouilles : https://www.researchgate.net/publi-
p. 117 ; Saguì – Cante 2015, p. 39, fig. 3 et fig. 32. cation/255711348_Assetto_geologico_e_idrogeologico_del_
5
Panella 2006, p. 271 ; Coarelli 2012, p. 31 et 105 ; Colle_Palatino_-_Valutazione_delle_pericolosita_geologiche:
Panella 2014a, p. 163-164. Description de la formation et des rapport publié en ligne en 2013.
transformations progressives de cette voie : Panella – Zeggio 7
Panella – Zeggio 2004, p. 67 ; Panella 2013b, p. 18 (les pre-
2004, p. 68. mières traces d’occupation au voisinage de l’arc de Constan-
6
La restitution du réseau viaire se fonde sur les don- tin ont été repérées à la cote 9,50 m) ; Panella 2014, p. 164 ;
nées publiées par l’équipe de la Sapienza Université de Rome Ferrandes 2014, fig. 22-23, 29-31.
(Panella – Zeggio – Ferrandes 2014, fig. 7) et par C. Ceca-
PROPOSITIONS POUR UNE RESTITUTION DE L’ÉDIFICE ET DE SON ENVIRONNEMENT 343
dernière prouve que les deux éléments fonc- n’est pas connue et seule une de ses limites
tionnent en même temps et cela nous semble se dessine à l’ouest. Au-delà, sont attestés des
fragiliser le raisonnement de nos collègues restes de l’époque républicaine.
qui considéraient cet aménagement comme Si, à partir du mur qui délimite la domus,
un dispositif lié à la réalisation du chantier on trace une ligne qui le prolonge vers le nord,
flavien, dans le cadre duquel je ne saisis pas on observe qu’elle rejoint un mur en moellons
quel pourrait avoir été son rôle11. Peut-on y de basalte antérieur à la construction des
voir un couloir de service reliant des secteurs soutènements nord, mais qui a été conservé
différents d’un même ensemble, antérieur à la et qui marque une césure au sein de ces der-
terrasse ? Cet aménagement avait été claire- niers (fig. 6)13. La distance entre les deux est
ment exploré avant que ne commencent nos importante et le mur de basalte n’apparaît
fouilles : en témoigne le creusement pratiqué qu’en coupe, ce qui ne permet pas de déter-
dans la fondation 2057. Contraints par les miner précisément son orientation : les deux
consignes de sécurité Yvon Thébert et Henri éléments n’ont vraisemblablement aucun lien
Broise n’ont repris que superficiellement son l’un avec l’autre, mais cette ligne pourrait avoir
dégagement et, en conséquence, les infor- un sens. En effet, à l’ouest du mur de basalte,
mations disponibles sur l’aspect originel des les soutènements flaviens sont formés par plu-
parements, sur la présence d’un éventuel revê- sieurs alignements parallèles qui créent une
tement, manquent actuellement, ce qui nous structure solide. À l’est, en revanche, bien que
prive de données qui seraient utiles pour en le dénivelé ait été plus important, les construc-
définir la fonction. teurs se sont limités à réaliser une seule série
Le changement d’orientation que subit la de travées qui habille le front nord de la ter-
galerie U.S. 2392 suggère qu’elle mettait en rasse. Quelques détails de la construction
relation des corps de bâtiment disposés sur permettent de penser que derrière ce second
des axes différents. Le second tronçon allait-il secteur des soutènements ont été laissées en
rejoindre la domus augustéenne remise au place des constructions antérieures conser-
jour dans le secteur méridional de la Vigna vées en élévation. La partie de ces édifices qui
Barberini ? La question ne sera probablement occupait l’emplacement des soutènements a
jamais réglée grâce aux fouilles, car entre les certainement été abattue et cela doit les avoir
deux ensembles se trouve l’ample massif de fragilisés. C’est ainsi que nous expliquons les
fondation du temple sévérien. Quoi qu’il en empreintes d’étais observés dans le mur du
soit, la domus fait partie de l’environnement fond des soutènements datant de l’époque
bâti de la cenatio rotunda, car elle semble flavienne, dans plusieurs travées proches de
être restée en usage jusqu’à la fin du règne la cenatio rotunda. Elles appartiennent prin-
de Néron. À plusieurs reprises dans le passé, cipalement à des madriers de grande taille
tant Jean-Paul Morel, qui avait dégagé son qui étaient inclinés vers le nord et qui tra-
péristyle, que moi-même, avons suggéré que versaient entièrement le mur flavien. Dans le
cette riche demeure, bâtie dans les années 30 secteur correspondant à ces travées, il est donc
av. J.-C., avait peut-être été intégrée à la rési- possible de localiser des constructions pré-fla-
dence de Néron12. Cette hypothèse sort renfor- viennes et donc éventuellement néroniennes,
cée à la lumière des découvertes récentes. Il et on supposera que d’autres pouvaient être
n’en demeure pas moins difficile de définir les présentes entre cet espace et le mur de moel-
détails de l’aménagement des pentes qui enca- lons de basalte.
draient la cenatio rotunda car la moitié nord Les fouilles réalisées depuis 2009 apportent
de la terrasse n’a été que très peu explorée. également un témoignage de la présence de
L’extension de la domus d’époque augustéenne constructions contemporaines de la cenatio
rotunda, situées apparemment à proximité, cette partie du site qu’en deux points, dans le
et cela par le biais des remblais employés cadre du sondage F16, au sud, et dans un très
pour colmater son soubassement. En effet, petit sondage effectué par l’équipe du secteur
dans l’espace central délimité par le mur B, le A dans l’une des salles des soutènements occi-
colmatage a été obtenu au moyen de gravats dentaux17. Dans les deux cas les quelques restes
produits par la démolition de maçonneries en de constructions entrevus (non en place dans
tous points semblables à celles de l’édifice mis le deuxième) appartiennent à l’époque républi-
au jour14. L’élévation de l’édifice ne peut avoir caine. Pourtant, il semble que la limite de la
produit une telle quantité de débris de maçon- parcelle ait été déplacée à la suite de l’incendie
neries et il faut donc supposer que ceux-ci pro- de 64 : la fondation de la façade occidentale de
venaient d’autres bâtiments contemporains, la terrasse flavienne reprend, croyons-nous, un
dont des parties devaient se dresser à l’empla- alignement néronien. Notons toutefois que cet
cement des soutènements ou bien au-dessus élément n’a pas été examiné directement au
du niveau de la nouvelle terrasse. cours de nos recherches, car il se situe hors des
Sur la base de ces divers indices, nous pro- limites de la Vigna Barberini, approximative-
posons de localiser un corps de la résidence ment sur le tracé du mur qui borde à l’ouest la
de Néron sur les pentes de la colline et nous Via di San Bonaventura. Le tracé a été restitué
pensons qu’il était vraisemblablement lié aux par nos soins à partir d’une fondation située
aménagements de la pente orientale décrits sous l’arc de Titus et de celle que Giacomo
plus haut, ainsi qu’à la cenatio rotunda, dans Boni a vue lorsqu’il a fouillé les restes de l’arc
ce dernier cas selon un schéma que l’on trouve dit de Domitien18.
parfois sur des peintures15. Sur plusieurs des Peut-on imaginer que l’espace compris entre
exemples de ces dernières réunis par Mathilde cette fondation et l’alignement oblique, que
Carrive, il est fréquent que les édifices appa- paraissent dessiner les quelques indices relevés,
rentés à celui de la Vigna Barberini soient asso- est resté libre de constructions avant l’interven-
ciés à des corps de construction rectilignes. tion flavienne ? La situation observée dans le
Nous imaginons que c’est à partir d’une aile secteur des « Terme di Elagabalo » encourage à
de ce type que l’on pouvait accéder à la salle à le penser, car là aussi les fouilles n’ont pas remis
manger. Il est encore trop tôt pour proposer de au jour d’aménagements néroniens derrière le
reconnaître dans les structures mises au jour portique établi le long de la rue19. Les deux
sur la limite la plus méridionale de la fouille espaces, qui pouvaient communiquer, étaient
un reste de ce bâtiment : les maçonneries en peut-être occupés par des jardins.
question n’ont pu être suffisamment dégagées Au-delà du vicus Curiarum, se dressait le
et leur examen est resté trop superficiel (murs vestibule-atrium, dont l’emprise au sol a été
n° 25-27, pl. IV). restituée par plusieurs chercheurs dont nous
Jusqu’où s’étendait cette aile du palais vers reprenons les conclusions20. Les modèles tri-
l’ouest ? Au-delà de la limite correspondant dimensionnels le représentent encadré de por-
aux deux murs décrits ci-dessus, dont l’un tiques et occupé en son centre par le Colosse.
fixe l’extension de la domus augustéenne dans Du haut de la cenatio rotunda on devait jouir
cette direction et l’autre semble définir une d’un excellent point de vue sur ce « géant » et les
partition de l’espace, les fouilles n’ont pas livré deux éléments, approximativement de hauteur
de traces de constructions néroniennes (voir similaire, ont dû paraître dialoguer durant le
les fig. 2 et 6). Il est vrai qu’elles n’ont touché temps fort court de leur cohabitation.
14
Voir supra, p. 25-27. scavo ha dimostrato che la nostra area non fu investita dal-
15
Voir l’étude de M. Carrive p. 307-318. fervore edilizio seguito all’incendio del 64 e la monumentale
16
Pergola et. al. 1995, p. 493-494. via porticata fece evidentemente soltanto da schermo ad uno
17
Villedieu 2007, p. 65. spazio inedificato ». Mêmes espaces vides derrière une partie
18
Toutes ces données et nos raisonnements ont été expo- des portiques bordant la Via Sacra : Ippoliti 2019, p. 117.
sés dans Villedieu 2007, p. 101-108. 20
Fondamentale sur ce sujet l’étude de Medri 1996,
19
Saguì 2013, p. 138 ; Saguì – Cante 2015, p. 41: « lo p. 172-180. Voir également Fabiani – Fraioli 2010.
346 L’ÉDIFICE NÉRONIEN
En fond de vallée et sur les premières pentes et où on ne trouve, à l’heure actuelle, aucun
de la Velia et du Palatin, un aménagement en indice en faveur de cette solution.
terrasses, des remblaiements et des construc- Sachant que l’eau employée pour animer
tions associées à ces opérations réalisées après le mécanisme n’était certainement pas souil-
l’incendie de 64 ont été analysés par l’équipe lée à l’issue de son passage sur la roue, il faut
de la Sapienza Université de Rome21. sérieusement considérer l’idée qu’elle puisse
La forme du relief et la présence du avoir été redirigée vers d’autres aménage-
vestibule, au nord, suggèrent de localiser ments qui en avaient l’usage. Compte tenu de
le « front » du soubassement de la cenatio sa proximité, le candidat favori en ce sens est
rotunda du même côté. On découvrait celle-ci le stagnum, mais on peut également penser à
à partir des axes de circulation situés dans des fontaines. Pour cela, l’eau aurait dû être
le voisinage. Cette disposition justifie la loca- convoyée par le biais de tuyaux. Dans cette
lisation des installations techniques dans la hypothèse, il faut apparemment exclure la
partie postérieure. La position du mécanisme candidature des fistulae remises au jour par
paraît due à la nécessité de le placer entre les fouilles de la Sapienza Université de Rome
deux arcs ce qui excluait l’axe sud-nord du dans le secteur des Curiae veteres, qui semble-
bâtiment qui coïncide avec celui des arcs n° 4 raient dater du principat de Claude plutôt que
et 11. Elle pourrait aussi avoir été dictée par des années 54-6425. En revanche il faut peut-
l’organisation de l’alimentation en eau de la être penser ici aussi à un itinéraire ouest-est
machina22. traversant des espaces encore inexplorés.
Un autre aspect de la question concerne
l’évacuation de l’eau employée pour assurer la 2. L’édifice néronien :
rotation du plancher de la salle de banquet23. interprétations et hypothèses
Sur ce point, il faut considérer deux options
possibles : l’eau était peut-être simplement L’analyse des vestiges inspire plusieurs
évacuée et convoyée dans un égout, ou bien remarques. Il convient tout d’abord de rap-
elle était réutilisée dans le voisinage. Dans peler l’indigence de certaines des données
le premier cas, son cheminement ne peut disponibles, une circonstance qui va lourde-
s’être fait vers le nord, dans l’axe de la cena- ment conditionner les interprétations et les
tio, car aucun collecteur de cette période n’a hypothèses que l’on tente d’avancer ci-dessous,
été identifié dans les fouilles des « Terme di ainsi que dans d’autres parties de cet ouvrage.
Elagabalo ». Dans la ruelle qui longe ce bâti- Une telle situation, ordinaire en archéologie,
ment, à l’est, se trouve un grand collecteur mis est aggravée ici par les attributs exceptionnels
au jour par l’équipe qu’a dirigée Clementina de la réalisation, qui apparaît actuellement
Panella ; son emplacement aurait pu convenir comme un unicum. Le recours aux confron-
pour évacuer l’eau ayant servi à faire fonction- tations et aux parallèles, qui sous-tendent bien
ner la machina, mais l’enquête menée par nos des raisonnements dans notre discipline, n’est
collègues n’a pas identifié de phase néronienne que rarement praticable dans ce cas, du moins
au sein de cet aménagement, créé à l’époque pour le soubassement. La seule issue possible
flavienne et fortement remanié par la suite24. est de poursuivre les recherches sur le terrain,
Cette piste devant être abandonnée, si l’on mais cette voie elle-même est parfois barrée
reste dans l’hypothèse d’une évacuation de par la présence de structures postérieures,
l’eau par le biais d’un égout, il faut imaginer comme les fondations et les égouts sévériens
que le conduit suivait une direction ouest-est, qui bornent l’aire de fouille au nord et à l’est.
en traversant un espace qui n’a pas été exploré Le sens à donner aux décrochements observés
21
Ferrandes 2006, p. 40-43 ; Panella 2013c, p. 82-85 ; 24
Ferrandes 2006, p. 46, fig. 8 ; Saguì – Cante – Quondam
Ferrandes 2014, p. 190-197 ; Pardini 2016, p. 129-130. 2014, fig. 2 ; Brienza 2019, fig. 4, U.S. 5008.
22
Voir l’article de M. et D. Gabay, p. 323-325. 25
Pardini – Nonnis 2014.
23
Sur le recours à la force hydraulique, voir infra, p. 347.
PROPOSITIONS POUR UNE RESTITUTION DE L’ÉDIFICE ET DE SON ENVIRONNEMENT 347
sur le court tronçon du mur n° 1a deviendra dont il semble difficile d’attendre un service
probablement plus clair lorsque sera exploré garantissant un mouvement ininterrompu27.
l’espace situé à l’ouest du secteur fouillé en Le recours à une machine à vapeur ne peut
2009, 2010 et 2014, où l’on peut espérer déga- être exclu, mais l’utilisation de la force hydrau-
ger un tronçon important du même mur et lique semble plus vraisemblable, en premier
connaître ainsi son épaisseur et le dessin de lieu parce qu’elle était d’un usage infiniment
son pourtour. La forme dessinée par le péri- plus répandu dans l’antiquité. La fouille four-
mètre du mur A n’est en effet pas connue et nit un argument qui renforce cette position.
nous ignorons l’entité exacte du décrochement En effet, lorsque nous avons enlevé les restes
observé sur le tronçon n° 1 : se manifeste-t-il de la démolition de la partie supérieure du
sur toute l’épaisseur du mur en faisant écho à massif D, à l’ouest de celui-ci, nous avons
un aménagement visible en façade ? Ou s’agit-il retrouvé deux fragments de dalles de travertin,
d’un dispositif lié à l’organisation interne du dont l’une des faces est recouverte par une fine
couloir annulaire ? L’insuffisance des données couche de calcite. Ces dépôts présents sur des
pèse lourdement dans ce cas. éléments provenant du secteur du mécanisme
L’existence d’un plancher tournant a été évoquent clairement une circulation d’eau.
déduite de l’observation de certains des restes Enfin, il faut invoquer en faveur de cette thèse
inscrits dans la maçonnerie au sommet du le fait que le secteur nord-est du Palatin devait
soubassement, à savoir la cavité centrale et être parmi les bénéficiaires de l’alimentation
les creusements hémisphériques. Cette plate- en eau assurée par le bras de l’Aqua Claudia
forme devait nécessairement être entraîné par construit sous le règne de Néron, apparem-
un mécanisme, installé pensons-nous dans le ment dès l’an 6228. Les études réalisées par
massif D, où les traces et vestiges observés Pier Luigi Tucci et Andrea Schmölder-Veit
semblent correspondre au système de fixation permettent de supposer que l’eau convoyée
des roues d’un engrenage ayant servi d’une part par cette branche de l’aqueduc parvenait sur le
à conduire vers le plancher une force créée par Palatin au sud du site de la Vigna Barberini et
un dispositif placé à la base du soubassement, qu’elle devait transiter par une citerne située à
mais également à moduler la même force l’emplacement ou à proximité de l’actuel cou-
dans le but de produire un mouvement lent et vent de San Bonaventura, à une centaine de
régulier. Pour déterminer la nature de la force mètres en amont de la cenatio rotunda29. Les
motrice animant le mécanisme, il faut exami- conditions paraissent donc plaider en faveur
ner toutes les solutions possibles, en partant de de la restitution d’un mécanisme hydraulique,
ce que l’on sait des technologies en usage chez C’est dans cette direction que se sont déve-
les Romains. On est ainsi amenés à prendre loppées les réflexions de Matthieu et Daniel
en considération trois options qui sont d’en Gabay, ainsi que d’Edoardo Gautier, exposées
attribuer l’origine soit à l’exercice d’une force plus haut dans cet ouvrage30. Notons que, sur
animale ou humaine, soit à la transformation ce point, la poursuite des recherches sur le ter-
de l’énergie thermique de la vapeur d’eau, soit rain est susceptible de livrer d’autres éléments
enfin à l’emploi d’une roue hydraulique. utiles à la compréhension du système adopté.
Le témoignage de Suétone, qui affirme La cenatio rotunda a été bâtie dans une
que la salle de banquet « tournait sur elle- conque, sur les pentes inférieures du Palatin,
même, jour et nuit, en imitant le mouvement et l’on peut imaginer que le terrain environ-
de la voûte céleste »26, encourage à écarter nant s’élevait rapidement au sud (fig. 294).
l’idée que le mécanisme ait pu être actionné Toutefois, nous supposons que la fondation
par des esclaves ou en utilisant des animaux, devait former un massif homogène, couronné
26
Svet., Nero, 31, 3. 29
Sur la liaison entre le Caelius et le Palatin : Tucci 2006.
27
Cette solution a toutefois été proposée, en parti- Schmölder-Veit 2011 fournit par ailleurs un cadre plus géné-
culier par Prückner – Storz 1974, p. 323-339 et Caran- ral de l’alimentation en eau du Palatin. Voir également, ici,
dini – Bruno – Fraioli 2011, p. 144-147. M.A. Tomei, p. 373-390 et F. Coarelli, p. 426-432.
28
Coates-Stephens 2004, p. 65-66. 30
Dans ce volume, p. 320-331 et p. 331-340.
348 L’ÉDIFICE NÉRONIEN
Le plan incliné E et la fosse G étant placés La différence de niveau existant entre l’ex-
de part et d’autre du massif D (voir fig. 143), trados de l’arc n° 36 et le seuil de la baie est de
il est tentant de les mettre en relation avec ce 18 cm, une épaisseur qui devrait correspondre
dernier, sans pour autant exclure d’autres solu- à celle du plancher à cet endroit. Sur la même
tions éventuellement liées à un ou des usages épaisseur, sur le parement interne du mur B,
des espaces situés sous le niveau de la salle sont présentes 5 cavités alignées, 4 sur le tron-
à manger sans rapport direct avec le mouve- çon nord (mur n° 2e ; fig. 165), 1 à droite de
ment du plancher tournant. De fait, le champ la baie qui met l’espace central en communi-
des possibles restera ample tant que l’on ne cation avec le couloir annulaire (fig. 171). En
parviendra pas à déterminer la nature des dis- revanche le fait qu’il n’y en ait pas à gauche
positifs installés à leur emplacement. du seuil, entre l’arc n° 36 et l’arrachement du
Le cas des dispositifs F’ et F’’ nous paraît muret n° 39, est surprenant.
légèrement moins mystérieux, car nous Les 4 premières cavités, qui ont reçu des
sommes en mesure d’avancer quelques pro- bois de section rectangulaire, se différencient
positions à leur sujet, sans toutefois nourrir nettement des trous de boulin dans lesquels
beaucoup d’illusions sur le bien-fondé de ces ont généralement été logés des bois de section
dernières. Notons tout d’abord qu’il est pos- circulaire ; la distinction n’est pas aussi immé-
sible d’exclure l’existence de deux autres amé- diate dans le cas de la cinquième, moins bien
nagements similaires si l’on admet que ceux-ci conservée. L’idée qu’il puisse cependant s’agir
étaient disposés orthogonalement. En effet, d’empreintes de bois ayant servi à ancrer un
l’examen que l’on a pu faire du court tronçon échafaudage est difficile à défendre. En effet,
de parement interne du mur n° 2c situé entre dans ce cas les cavités auraient dû se trouver un
les arcs n° 9 et 10 ne révèle rien de comparable. peu plus bas, pour faire en sorte que leur som-
Dans la partie inférieure, sur le fond du met soit aligné sur celui des arcs, afin d’utiliser
renfoncement F’, les deux négatifs de poteaux également ces derniers comme appui. En outre,
verticaux font penser au support d’un petit il semblerait logique que l’on ait réalisé le plan-
monte-charge (fig. 165 et 166) et nous imagi- cher immédiatement après avoir construit les
nons que ce détail pourrait correspondre à la arcs, afin de pouvoir disposer d’une plate-forme
fixation de la base d’un appareil que l’on avait commode pour poursuivre la construction.
besoin de hisser ou d’abaisser. Compte tenu Nous supposons donc que ces cavités ont
de l’emplacement des deux renfoncements servi à loger les poutres d’un plancher dans les
nous pensons qu’ils auraient pu accueillir un espaces séparant les arcs. L’absence d’aména-
dispositif servant à immobiliser la plate-forme gements similaires en correspondance des arcs
pivotante et/ou à la soulever pour dégager conduit à penser que d’autres poutres étaient
un espace utilisé par le personnel de service posées directement au sommet de ces derniers.
chargé de l’entretien des galets placés au-des- Il n’y a pas non plus de logements prévus
sous. La seconde solution séduit parce qu’elle pour les poutres autour du pilier et nous sup-
semble répondre à ce qui était certainement posons donc que celui-ci était cerclé au moyen
une nécessité, mais il serait plus facile de la d’un anneau, en bois ou en métal, sur lequel
défendre s’il y avait quatre renfoncements de elles pouvaient être fixées.
ce type et non pas deux.
La circulation, à hauteur du 1er étage, était 2.1.2. Dans le couloir annulaire
garantie par la présence de la baie H’ mettant
l’espace central en communication avec le La présence des blocs de travertin au
couloir annulaire. Nous avons dit plus haut sommet des murs du couloir annulaire invite
qu’une seconde porte (H’’) pourrait éventuel- à restituer un plancher et ce détail a orienté
lement assurer l’accès au même couloir à l’est nos réflexions. Examinons tout d’abord les
du massif D31. données disponibles.
31
La poursuite des fouilles devrait permettre de dégager
cette baie ou bien de démentir notre hypothèse.
350 L’ÉDIFICE NÉRONIEN
Six blocs ont été repérés sur le mur B et Notons par ailleurs que les deux blocs
deux sur le mur A. Pour restituer ceux qui conservés de part et d’autre du secteur D n’ont
n’ont pas encore été dégagés et ceux que les de raison d’être que si on leur attribue des
constructions postérieures ont fait disparaître, homologues dans le mur A et ceux-ci doivent
Nathalie André a essayé de retrouver le pro- nécessairement être restitués au-dessus du
jet de construction géométrique qui pourrait secteur D. Nous sommes donc amenés à sup-
avoir guidé leur mise en place. Les deux solu- poser que le système auquel appartiennent les
tions qu’elle suggère et les étapes du raisonne- blocs se développait en partie ou en totalité
ment sont illustrées par la figure 295. Dans le au-dessus du secteur D.
premier cas, elle est partie de deux blocs pla- Les blocs dégagés ne sont pas fixés dans le
cés en position symétrique de part et d’autre mur en position parfaitement radiale ce qui,
de l’axe médian du secteur du mécanisme, s’ajoutant au fait qu’ils ne sont pas décorés,
puis elle a subdivisé la portion de la circonfé- conduit à affirmer qu’ils n’appartiennent pas à
rence du mur B située au-delà de ces blocs la décoration de l’édifice et ne devaient être vus
de manière à faire coïncider les quelques cas que par le personnel de service fréquentant le
attestés avec les blocs restitués (fig. 295, 1a). soubassement.
Elle obtient ainsi 32 blocs disposés à 1,47 m Leur plan supérieur se trouve à environ 85
l’un de l’autre, d’axe en axe. Elle a ensuite pro- cm au-dessous du sommet du mur annulaire
cédé de même sur la circonférence interne du B, et il s’agit là de la seule altitude connue, le
mur A, en ancrant la restitution sur les deux mur A étant cassé plus bas sur les deux tron-
blocs actuellement mis au jour. Elle obtient çons actuellement dégagés. Sur les courts pans
ainsi 41 blocs situés à 1,50 m de distance, de mur qui les surmontaient, du moins ceux
d’axe en axe (fig. 295, 1b). La seconde solu- que l’on a pu examiner, sur le mur B, aucune
tion se fonde sur l’hypothèse selon laquelle, trace particulière n’a été relevée ; les pare-
si on divise le cercle dessiné par le mur B en ments offrent à cet emplacement exactement
16 secteurs angulaires, le nombre de blocs le même aspect que dans le reste de l’édifice.
devrait toujours être de 2 sur chacun des Un examen très attentif des blocs eux-mêmes
arcs ainsi définis (fig. 295, 2a). On obtient n’a mis en évidence aucun signe d’usure, de
ainsi un total de 30 blocs, dont l’entraxe est frottement.
de 1,57 m. En prolongeant les secteurs angu- Partant de ces données, nous supposons
laires jusqu’au mur A et en attribuant 3 blocs que les blocs ont servi d’appui à une charpente,
à chacun d’eux, on arrive à un total de 43 destinée à supporter éventuellement une toiture
blocs (fig. 295, 2b). Cette seconde solution, couvrant le couloir annulaire, ou bien plus vrai-
certainement plus satisfaisante si on se place semblablement un pavement. Il est surprenant
sous l’angle de la construction géométrique toutefois, si l’on envisage la seconde option, que
du projet, correspond toutefois moins bien le couvrement du couloir n’ait pas été réalisé au
à l’existant, les blocs restitués étant parfois moyen d’une voûte à berceau tournant, comme
décalés par rapport à ceux qui ont été vus. à l’étage inférieur. Cette différence de parti
Les blocs ayant certainement supporté des pourrait constituer un indice dont on devra
pièces de charpente, on peut également suppo- tenir compte pour restituer l’aménagement
ser que leur nombre était identique de part et installé au sommet du soubassement.
d’autre du couloir annulaire, afin de garantir On observe des blocs similaires insérés de
un support solide aux poutres transversales. même dans des murs incurvés dans d’autres
Dans ce cas de figure, on obtient une distribu- constructions antiques, parmi lesquelles le
tion des blocs sur le mur A plus lâche que sur Colisée, ainsi que l’amphithéâtre de Pouzzoles,
la paroi en vis-à-vis, la distance entre chacun ce dernier offrant l’exemple le plus proche de
d’eux étant plus importante. la situation observée sur le Palatin32. Dans
32
Dans les souterrains du Colisée, les blocs sont en tra- les blocs mesurent 34 cm de largeur, 26 de hauteur et 28 de
vertin et ils avancent de 40 cm par rapport au nu du mur : longueur : Dubois 1907, p. 321.
Beste 2001, p. 279. À Pouzzoles, on a utilisé du basalte et
PROPOSITIONS POUR UNE RESTITUTION DE L’ÉDIFICE ET DE SON ENVIRONNEMENT 351
Fig. 295 – Hypothèses pour la restitution des blocs de travertin insérés au sommet du couloir annulaire, dans les murs A et B.
les deux cas, ces blocs sont localisés dans les lisées pour déplacer les animaux33. Il recon-
galeries souterraines situées sous l’arène. À naît toutefois que cette solution ne corres-
Pouzzoles, les vestiges ont fait l’objet d’une pond pas parfaitement aux témoignages des
reconstruction proposée par Charles Dubois, auteurs anciens, ceux-ci laissant supposer
qui restitue un système employant des grues que la machinerie employée ne devait pas
au niveau de l’arène pour hisser les cages uti- être vue par les spectateurs34. Cet objectif est
parfaitement atteint dans le Colisée grâce aux sont de deux types, les unes tendent vers une
systèmes de monte-charges que Heinz-Jürgen forme carrée, les autres sont plus nettement
Beste a pu restituer à partir d’une étude minu- rectangulaires. Au premier type appartiennent
tieuse des vestiges et des traces encore conser- trois cavités, relativement bien conservées,
vés dans les sous-sols35. Là aussi, l’emploi de observées sur la face interne du mur n° 1a
blocs apparentés à ceux de la cenatio rotunda (fig. 157 et 158). Elles mesurent en moyenne
est lié à l’installation de planchers et à celle de 18,5 cm de hauteur et 24 cm de largeur ; leur
machineries utilisées pour ouvrir les trappes profondeur, irrégulière, atteint au maximum
et manœuvrer les monte-charges servant à 5 cm (fig. 296). Des cavités similaires sont pré-
hisser les acteurs des spectacles – hommes sentes sur le tronçon n° 2a, au-dessus de la
et fauves – jusqu’au niveau de l’arène. Le rôle porte qui met en communication l’espace cen-
des blocs du couloir annulaire de la cenatio tral et le couloir annulaire (fig. 172: les trous
rotunda doit être uniquement celui de sup- de boulins sont tramés en noir, tandis que les
porter un plancher. Le parallèle qu’ils nous creusements décrits ici sont en grisé). Deux
ont conduit à établir avec les aménagements sont apparemment alignées verticalement et
souterrains des amphithéâtres est toutefois la troisième est placée très légèrement plus
intéressant et suggestif. En effet, nous avons haut que la plus basse des deux premières. La
noté plus haut que l’emploi d’un plancher, ici, profondeur est ici aussi très réduite et elle se
est surprenant. Une voûte annulaire semblable situe aux alentours de 1,2 cm, le fond n’étant
à celle qui relie les deux mêmes murs à hau- jamais parfaitement plan. Ces trois cavités,
teur du 1er étage aurait présenté des avantages contrairement à celles qui sont décrites plus
importants en assurant une meilleure liaison haut, ont été endommagées et leurs contours
entre les deux éléments. S’il y a emploi du bois,
c’est donc pour un motif précis, qui pourrait
être la volonté de pratiquer des ouvertures fer-
mées par des trappes dans la couverture de
ce couloir. La restitution du système adopté à
Rome, dans le Colisée, prévoit que les trappes
s’abaissent, en masquant donc l’opération
au public, tandis que les monte-charges éle-
vaient les acteurs, ou les cages dans lesquelles
étaient enfermés les animaux, pour les porter
de plain-pied avec le sol de l’arène. Pourrait-on
imaginer un système similaire, ou du moins
apparenté, utilisé pour hisser des personnes
et/ou des décors jusqu’à hauteur du plancher
tournant ? Certes les parties de la construc-
tion dégagée à ce jour ne livrent pas de traces
pouvant être mises en parallèle avec celles
qui ont été analysées dans les espaces souter-
rains de l’amphithéâtre romain. Toutefois, on
observe sur les deux tronçons des parois des
murs annulaires dégagés à ce jour, la présence
de cavités qui ont été creusées dans un deu-
xième temps, lorsque le chantier de construc-
tion était achevé. Ces parois sont celles des Fig. 296 – L’une des cavités du premier type pratiquée
tronçons 1a et 2a (fig. 158 et 172). Les cavités dans le tronçon du mur annulaire A no 1 a.
35
Beste 2001. Voir en particulier p. 290, où l’auteur sug- fixées sur les poutres soutenant le plancher de l’arène : une
gère que les poulies servant à hisser les cages devaient être solution que l’on pourrait avoir adoptée ici ?
PROPOSITIONS POUR UNE RESTITUTION DE L’ÉDIFICE ET DE SON ENVIRONNEMENT 353
ne sont pas nets ; on peut toutefois estimer que faut restituer une épaisseur très importante
leur hauteur est égale ou supérieure à 16 cm à la charpente supportant le premier. Certes
et leur largeur à 18 cm. cette épaisseur pouvait éventuellement être
Le second type est représenté, sur la face exploitée en relation avec un système d’as-
interne du mur n° 1a, par deux cavités mesu- censeur ou monte-charge, mais l’insuffisance
rant 8 à 9 cm de hauteur et 15 cm de largeur des données nous condamne à rester dans le
pour une profondeur d’environ 5,5 cm. Elles domaine des conjectures, sans tenter de tra-
sont alignées verticalement et placées à 1,11 m duire cette idée graphiquement. Les quelques
l’une de l’autre. indices disponibles à ce jour ne suffisent pas
Par ailleurs, on relève la trace d’un arra- pour restituer le système adopté, si l’hypo-
chement qui a entraîné la formation de deux thèse que l’on avance à propos de l’utilisation
saignées sur le même parement du mur n° 2a. du couloir annulaire pour mettre en scène
Les deux creusements sont séparés sur l’épais- des spectacles au niveau de la tholos pouvait
seur d’une brique, mais ils sont apparentés. être retenue36. Les spectacles offerts – danse,
Placés sur une ligne légèrement ondoyante, musique, représentations théâtrales, mimes,
ils sont peu profonds et leur profil interne est acrobaties…– aux invités faisaient partie
irrégulier. Ces caractéristiques, associées à la des composantes essentielles du convivium
totale absence d’une empreinte susceptible romain, mais l’on se trouverait ici face à une
de suggérer la nature de l’objet qui pourrait interprétation originale de cette pratique37. La
y avoir été logé, nous ont empêché jusqu’à ce scène qu’offrirait le couloir annulaire dans
jour d’en deviner la destination. l’hypothèse que nous avançons peut toutefois
On observe aussi que trois des cavités du être mise en parallèle avec le theatridion avium
premier type et les saignées se trouvent dans installé entre les deux colonnades de la tholos
l’espace où est aménagée la fosse maçonnée de la volière de Varron, bien qu’évidemment
n° 40 (fig. 143, G). Peut-être faut-il leur cher- le spectacle ait été d’une tout autre nature38.
cher une fonction en liaison avec ce dernier L’hypothèse que l’on vient d’exposer tente
dispositif ? de croiser les divers indices recueillis à ce jour,
Les cavités carrées et rectangulaires à savoir la présence de traces d’aménagements
semblent avoir été créées pour loger des sur les murs du couloir annulaire et celle des
poutres, dont le rôle ne peut avoir été de sup- blocs. La dénivellation existant entre le som-
porter des poids très importants compte tenu met de ces derniers et le niveau que l’on resti-
de la faible profondeur des creusements. Ces tue au sol de la salle à manger pourrait justifier
poutres pourraient-elles appartenir à ce sys- d’autres interprétations telles que la restitution
tème dont nous soupçonnons l’existence ? En d’un espace de circulation, certes peu élevé,
faveur de cette hypothèse, il convient de noter mais assurant un accès au personnel de ser-
que les creusements affectant le parement vice chargé de contrôler la rotation de la plate-
interne du mur 1a sont beaucoup trop éloignés forme tournante. C’est là l’hypothèse avancée
du massif D pour que l’on tente de les mettre par Edoardo Gautier39. Nathalie André a pour
en relation avec le mécanisme. sa part imaginé que dans cet espace pourrait
Le sommet des blocs de situe à près de avoir été installé un rail servant à guider des
deux mètres au-dessous du sol restitué de la roues placées sur le pourtour de la plate-forme
salle à manger. Idéalement le sol du couloir mobile. Ces deux hypothèses impliquent d’at-
devrait être sur le même plan que le plancher tribuer au plancher un diamètre supérieur à
mobile, mais pour atteindre cette altitude il celui du mur annulaire B, qui aurait donc été
36
La solution adoptée pourrait être apparentée aux ana- Dunbabin 2008 ; Wiseman 1985, p. 45-47 et, dans ce volume,
piesmata, qui « semblent avoir été des trappes mobiles, qui P. Gros, p. 405-407.
élevaient mécaniquement les personnages jusqu’à la surface 38
Des Anges – Seure 1932 ; Fleury 2005, p. 279-280 ;
du sol » : Navarre 1877-1919 , p. 1476-1477 ; Millin 1806, Etienne 2006.
art. anapiesma, p. 32. 39
Voir p. 332-333.
37
Sur ce goût des Romains, voir en particulier Jones 1991 ;
354 L’ÉDIFICE NÉRONIEN
masqué dans ce cas. Pour l’heure, nous avons du niveau qu’il a été possible d’atteindre au
écarté cette solution, car elle implique de cours de la campagne de 201440.
restituer à la tholos une seule série de sup-
ports placés sur le mur annulaire externe. 2.2. Restes conservés de l’élévation
Nous n’excluons pas toutefois de reconsidé-
rer cette hypothèse dans le futur, la présente 2.2.1. Les sols
publication n’ayant pas l’ambition d’épuiser
le sujet. Le plan du soubassement conduit à res-
tituer une tholos à son sommet, mais les
rares traces conservées ne concernent que les
2.1.3. La circulation dans le soubassement
planchers. Il vient d’être question de celui qui
Nous l’avons dit plus haut, sur la base des dut être installé dans le couloir annulaire et
données recueillies à ce jour, il faut écarter nous avons vu plus haut qu’il convient d’en
définitivement l’idée que les participants aux restituer un autre dans l’espace circonscrit
banquets, mais probablement aussi le person- par le mur B. Le second est nécessaire non
nel assurant le service à table, aient pu accéder seulement pour fermer les espaces vides
à la salle à manger à partir du soubassement. séparant les arcs, mais aussi pour riveter les
Ce dernier pouvait donc éventuellement servir galets dont il sera bientôt question. Comment
de coulisses pour des mises en scène et des était-il fixé ? Le sommet de la face interne du
spectacles, si l’on retient une des hypothèses mur B n’est conservé que sur un tronçon trop
exposées ci-dessus, et il était certainement court pour que l’absence de logements desti-
réservé en premier lieu à l’entretien et au nés à des poutres employées pour le soutenir
fonctionnement du mécanisme générant la puisse impliquer qu’il n’y en avait pas. Les
rotation du plancher de la salle à manger, à indices d’un ancrage dans la maçonnerie
l’utilisation des dispositifs techniques F’ et F’’ pourraient évidemment avoir disparu, mais
et éventuellement à des activités annexes. un détail conduit à envisager une autre solu-
tion. Observant que l’angle aigu formé par les
2.1.4. Position de la roue hydraulique arcs n° 10 et 11 a été endommagé au moment
de la démolition, nous avons imaginé que le
La roue hydraulique employée pour entraî- plancher pourrait avoir été posé directement
ner le mécanisme devait se trouver derrière le sur les arcs et fixé au moyen de pièces de
mur annulaire A, hors de l’emprise du soubas- menuiserie logées dans les encoignures. Cette
sement, car les vestiges de ce que nous inter- solution est par ailleurs plus conforme à l’opi-
prétons comme le logement des roues d’engre- nion que nous avons des solutions adoptées
nage occupent presque toute la longueur du pour fixer les galets correspondant aux cavi-
massif D. La roue était probablement installée tés hémisphériques présentes au sommet de
dans cette aile du palais dont nous soupçon- la maçonnerie : placer le plancher environ
nons l’existence et que nous supposons liée à 15 cm plus haut imposerait d’attribuer à ces
la salle à manger. Il est tentant d’imaginer que galets des dimensions excessivement impor-
ce secteur constituait une annexe du soubasse- tantes et, en outre, ne correspondrait pas à
ment et que les deux communiquaient au rez- la forme des cavités hémisphériques remises
de-chaussée. La hauteur à laquelle devait se au jour.
situer la roue ne peut être déterminée à partir Le revêtement ne devait pas être très
des données disponibles actuellement. Pour ce épais et les planches reposaient vraisem-
faire, il faudrait pouvoir identifier la base de la blablement directement sur le sommet des
machina, qui se situe certainement au-dessous arcs. Cet ouvrage, en effet, n’était pas des-
40
Il est certainement possible de poursuivre l’enquête
dans ce secteur et nous espérons que l’équipe qui a repris
les recherches sur le terrain le fera.
PROPOSITIONS POUR UNE RESTITUTION DE L’ÉDIFICE ET DE SON ENVIRONNEMENT 355
tiné à supporter un poids important, mais appartenaient. Celle-ci est formée par une base
en revanche il devait permettre d’éviter toute en bois, circulaire, mesurant environ 90 cm
translation horizontale. de diamètre, au-dessus de laquelle se trouve
une autre pièce de bois de même dimension,
2.2.2. Le pivot central articulée autour d’un pivot (fig. 297). Sur la
face inférieure de la seconde pièce de bois sont
Nous supposons que le plancher fixe était fixés les galets de bronze constitués d’un corps
percé en correspondance de la cavité placée sphérique de 4,5 cm de diamètre prolongé
au centre du pilier où pourrait avoir été ins- latéralement par deux ailettes servant d’axe de
tallé un pivot. Il s’agissait vraisemblablement guidage ; l’ensemble mesure 11,5 cm de lon-
d’une pièce métallique, mais nous ne sommes gueur. En correspondance de chaque sphère,
pas en mesure d’en reconstruire la forme et le support de bois est creusé d’une cavité
les dimensions. La cavité conservée (n° 350) hémisphérique et les deux ailettes ont permis
ne correspond sans doute qu’à une tige pla- de riveter les galets pour les maintenir dans
cée à la base du dispositif et servant à l’ancrer ce logement. Le mouvement résultait d’une
solidement dans la maçonnerie. Au-dessus, ce simple pression exercée sur la pièce de bois
dispositif devait être nettement plus large et
se développer en hauteur sur toute l’épaisseur
du plancher fixe, des galets et sur une partie
de celle de la plate-forme tournante. Nous
ignorons quel système avait été adopté pour
garantir et faciliter la rotation de l’axe qui, fixé
à l’élément mobile, venait s’introduire dans
le pivot. Les deux couples de cavités repérés
à proximité de la cavité centrale pourraient
avoir été utilisés soit pour mettre en place
cette pièce du système, soit pour la fixer, mais
nous n’avons pas trouvé de solution suscep-
tible de justifier leur existence et d’en illustrer
clairement le rôle41.
43
L’ensemble du chapitre Vitr., 10, 2 traite du sujet, mais question dans sa contribution au présent volume : voir
c’est dans le paragraphe 10 qu’est exposé le cas considéré p. 413-414.
ici. Pierre Gros analyse les sources disponibles sur cette
PROPOSITIONS POUR UNE RESTITUTION DE L’ÉDIFICE ET DE SON ENVIRONNEMENT 357
fixer et immobiliser une calotte métallique et tivement, nous n’avons pas suivi ici cette piste
la seconde (pellicule blanche) pourrait s’être de réflexion, les éléments à disposition nous
formée au contact du métal. Le limon présent encourageant à attribuer un diamètre plus
dans le remplissage atteste la présence de ce modeste à ce sol.
matériau ailleurs que sur la paroi de la cavité. Pour assurer la rigidité d’un disque mesu-
De fait, plusieurs dépôts ont été retrouvés sur rant donc 12 m ou plus de diamètre, il faut
le niveau supérieur du soubassement, associés lui attribuer une épaisseur que nous estimons
aux rares traces de la démolition. Le même entre 0,50 et 1 m, ainsi qu’une structure faite
matériau était donc peut-être utilisé comme d’un assemblage de bois relativement com-
lubrifiant entre la sphère et la calotte qui habil- plexe. Nous supposons que les charpentiers
lait la cavité44. ont su choisir des bois à la fois résistants et
légers pour la réaliser. La nécessité de limiter
2.2.4. Le sillon le poids de l’ensemble a certainement conduit
à revêtir la face supérieure de cet ouvrage de
La nature et la fonction de l’objet logé matériaux légers et précieux (bois, ivoire…).
à l’origine dans la cavité de forme allongée
U.S. 8650 n’ont pu être déterminées (fig. 210). 2.3. Restitution de l’architecture : premières
Nous avons pensé à un frein ayant servi à hypothèses
immobiliser le plancher mobile. À ce jour la
question reste ouverte. 2.3.1. Le plan du soubassement
44
Par deux fois nous avons confié à des responsables de a encore été communiqué.
la Surintendance des échantillons de cette matière limoneuse 45
M. Gabay, ci-dessus, p. 322-323.
pour qu’ils les fassent analyser, mais aucun résultat ne nous 46
Ci-dessus, p. 353-354.
358 L’ÉDIFICE NÉRONIEN
jet, la forme circulaire concentrique des diffé- vestiges et la projection en plan de l’ensemble
rentes structures incite à penser que le projet des coupes horizontales effectuées entre les
géométrique élaboré par l’architecte avait pour altitudes 36 m et 41 m (fig. 299). La recherche
point de départ le centre de l’édifice. Son atten- de dimensions correspondant à des multiples
tion s’est donc focalisée en premier lieu sur le d’un pied romain de 29,6 cm a mis en évidence
pilier, dont la circonférence est presque entiè- le fait que les arcs mesurent 5 pieds de largeur,
rement dégagée au 1er étage du soubassement, que l’épaisseur du mur B équivaut à 7 pieds,
ce qui lui a permis de déterminer le centre de son diamètre interne à 40 pieds et le diamètre
la construction avec une précision supérieure de sa circonférence externe à 54 pieds et,
à celle qu’apporte la position du pivot sur la enfin, que le diamètre du cercle que dessine
partie supérieure. Le centre du pilier établi à la paroi interne du mur A est de 74 pieds.
partir de sa circonférence coïncide avec celui L’analyse entreprise en utilisant le nuage de
des deux cercles que dessinent le noyau et le points a également permis d’observer, sur l’en-
mur de l’escalier hélicoïdal. semble de la construction, une remarquable
De grandes dimensions circulaires ne maîtrise de la verticalité, car l’écart relevé sur
peuvent être mesurées directement sur le ter- 5 m de hauteur entre les différent traits de
rain et, pour les obtenir, la solution choisie a coupe rabattus en plan excède rarement 2 cm.
été d’effectuer une série de coupes horizon- Tentant de retrouver le schéma de compo-
tales tous les 6 cm dans le nuage de points sition du plan originel, Nathalie André a fait
du modèles photogrammétrique (fig. 298). appel aux catégories de connaissances qui pou-
Cela a permis de fixer à 3,846 m la dimen- vaient faire partie du bagage des architectes
sion moyenne du diamètre du pilier pour la contemporains de Néron (fig. 300). Parmi les
partie parementée du 1er étage, observée sur modèles géométriques connus dans l’anti-
3 m de hauteur entre les altitudes 37,72 m et quité, celui qui semble le mieux correspondre
40,78 m. Cette dimension équivaut à 13 pieds aux données disponibles pourrait avoir été
romains de 0,296, soit 3,848 m. construit à partir d’un triplet primitif pythago-
Les murs A et B n’étant conservés que par- ricien. Parmi ces ensembles de trois nombres
tiellement, il a fallu ensuite procéder par tâton- entiers naturels non nuls, vérifiant la relation
nement sur un plan regroupant le relevé des a2 + b2 = c2, ceux qui n’ont pas de facteurs
Fig. 298 – Coupes horizontales effectuées dans le nuage de points du modèle photogrammétrique entre 36 m et 41 m d’altitude
(logiciel CloudCompare®).
PROPOSITIONS POUR UNE RESTITUTION DE L’ÉDIFICE ET DE SON ENVIRONNEMENT 359
Fig. 299 – Projection en plan de l’ensemble des coupes horizontales réalisées pour déterminer les diamètres des murs circulaires.
360 L’ÉDIFICE NÉRONIEN
diviseurs communs constituent les triplets dits présentant ces caractéristiques peuvent être
primitifs. Au sein de ces derniers, celui dont inscrits dans le plan du pilier où leur hypoté-
les termes sont 5-12-13 possède deux valeurs nuse correspond au diamètre et le plus petit
que l’on retrouve dans la construction néro- côté au point d’appui des arcs (fig. 300, b) 48.
nienne : 5 pieds pour la largeur des arcs et 13 L’hypoténuse de chacun des huit triangles
pieds pour le diamètre du pilier. En outre, son permet par ailleurs de tracer autant de direc-
angle obtus mesure 22,62°, soit une valeur très trices et celles-ci ont servi à tracer trois octo-
proche de l’angle de 22,5° formé par un hui- gones tels que les côtés de deux d’entre eux
tième de cercle, que l’on retrouve dans chaque sont tangents aux parois internes des murs A
série de 8 arcs47. et B et le troisième est inscrit dans le cercle
À tout triplet pythagoricien peut être asso- correspondant à la paroi externe du mur B
cié un triangle rectangle, qui dans notre cas (fig. 300, c). La distance séparant les deux
possède des côtés mesurant 5 et 12 pieds, et octogones inscrits dans l’épaisseur du mur B
une hypoténuse de 13 pieds. Huit triangles est à nouveau de 5 pieds. À ce stade, nous pro-
posons de tracer un second octogone autour utilisé comme module dans toute la construc-
de celui qui est tangent à la face interne du tion. Nous obtenons ainsi un mur mesurant
mur A, à la même distance de 5 pieds, puis 8,5 pieds d’épaisseur, soit 2,52 m (fig. 301).
de tracer le cercle qui passe par les sommets Les structures mises au jour actuellement
du plus grand octogone. Le diamètre d’un tel sont toutes réalisées en opus testaceum, mais
cercle est de 91 pieds, soit exactement sept un détail observé sur le tronçon 1a du mur
fois le diamètre du pilier, qui semble avoir été annulaire A (pl. IV et fig. 157-158) révèle que
ce type de maçonnerie s’interrompait par le supposer. En effet, durant la fouille ont été
endroit pour faire place à des secteurs qui repérées des manifestations d’affaissements
pourraient avoir été construits en grand appa- importantes dans la partie orientale de l’espace
reil. Les informations dont nous disposons sur exploré et ces mouvements du terrain pour-
ce point se limitent au détail observé et à cer- raient être dus à l’existence d’une interrup-
taines caractéristiques de la stratification du tion similaire de la maçonnerie, les remblais
site. Partant du premier, nous avons reproduit non soutenus ni contenus par des murs ayant
par rapport à l’axe de symétrie du bâtiment le apparemment subi des tassements plus sen-
profil que dessine cette interruption (fig. 302), sibles à cet endroit. L’hypothèse semble renfor-
et défini ainsi une section de la circonférence cée par les premières observations faites dans
interne du mur n° 1 dont la corde mesure envi- le secteur que l’équipe d’Alessandro D’Alessio
ron 8 m au niveau du premier gradin, 6 m à a commencé à explorer en 2018, à l’ouest de
hauteur du second. En plan, les limites supé- notre aire de fouille. Là aussi, les traces pro-
rieures de cet aménagement sont proches de duites par un affaissement conséquent des
la bissectrice de l’angle formé par les axes de remblais se concentrent dans un espace qui
deux arcs. semblerait faire écho à celui que l’on recons-
Au stade actuel de nos connaissances, il truit au nord. Les mouvements de terrain
est difficile sinon impossible de déterminer suggèrent donc la présence d’un vide corres-
comment pouvait être traitée cette interrup- pondant à une partie de la construction dans
tion de la maçonnerie en opus testaceum. Tout laquelle, sur toute l’épaisseur du mur, devaient
d’abord, nous ignorons si elle affectait le mur être insérés des blocs qui ont été récupérés
sur toute son épaisseur, bien que les indices au moment de l’abandon du bâtiment. Sur le
que nous allons examiner nous encouragent à plan de la fig. 302 ont été localisés les trois
secteurs qui pourraient être concernés par ces
traitements. Au sud, la présence du massif D
conduit à exclure l’existence d’un quatrième
secteur similaire. Cette absence encourage à
penser que ces secteurs accueillaient des amé-
nagements à caractère décoratif, sur la partie
du pourtour du bâtiment visible en aval.
En quoi pouvaient consister ces « incrus-
tations » ? Ignorant la forme complète de l’in-
terruption, nous devons donner libre cours à
l’imagination, d’autant que, pour l’heure, la
recherche d’exemples d’aménagements simi-
laires au sein d’architectures antiques s’est
révélée vaine. Aurait-on employé des blocs de
pierre ou de marbre pour renforcer la struc-
ture ? Dans certaines constructions de plan cir-
culaire – en particulier des sépultures, grandes
tombes et mausolées – des blocs sont insérés
dans le blocage pour armer la construction et
ancrer les revêtements49. Toutefois, dans tous
les cas que nous avons examinés, les blocs
Fig. 302 – Localisation hypothétique des secteurs du mur
A où semblent se trouver des interruptions de la maçon- sont disposés selon des alignements verticaux
nerie en opus testaceum. Ils sont signalés par des points et/ou horizontaux et donc d’une manière bien
d’interrogation qui matérialisent nos questionnements. différente de celle que suggèrent les gradins
49
Citons à titre d’exemples le mausolée de Casal Rotondo
et celui de Cecilia Metella sur la Via Appia Antica, le mauso-
lée d’Auguste, ainsi que le Trophée de La Turbie.
PROPOSITIONS POUR UNE RESTITUTION DE L’ÉDIFICE ET DE SON ENVIRONNEMENT 363
de l’édifice considéré ici. De plus, on note que peut tracer à partir des piliers qui supportent la
le tableau vertical du premier gradin est pare- coupole de la salle de l’Oppius. D’autres concor-
menté de brique, alors que dans les exemples dances apparaissent sur le tracé du mur A. La
précédents les blocs sont ennoyés dans le ressemblance existant entre les deux corps de
blocage. De même, dans les constructions bâtiment est remarquable.
associant grand appareil et opus testaceum, La parenté est plus difficile à établir lors-
c’est toujours ce dernier qui va prendre appui qu’on passe sur un plan vertical. La hauteur
contre les blocs et non le contraire. On ne de la tholos de la cenatio rotunda devait être
peut donc simplement proposer de restituer différente de celle de la salle octogonale, car
des blocs là où s’interrompt la maçonnerie de cette dernière est intégrée au sein d’autres
brique. Au stade actuel de nos connaissances, structures, elle ne possède pas de soubasse-
nous sommes dans l’impossibilité de proposer ment et elle n’était pas destinée à être vue
une solution convaincante. de l’extérieur. Ce parallèle ne peut donc être
utilisé pour restituer le corps supérieur de
2.3.2. L’élévation l’édifice de la Vigna Barberini. Par ailleurs
nos réflexions sont également privées du sup-
Le point de départ des réflexions portant port que seraient susceptibles d’apporter les
à la restitution d’une tholos installée au som- dimensions d’éléments ayant appartenu à sa
met du soubassement est fourni par les deux construction ou à sa décoration architecturale,
murs annulaires, qui suggèrent de lui attri- la fouille n’en ayant pas livré50. Pour élaborer
buer deux séries de supports concentriques. une proposition de restitution de l’élévation
L’idée que l’édifice n’ait pu compter qu’une Nathalie André a donc dû utiliser uniquement
colonnade placée sur le mur externe et que les données métriques disponibles (fig. 304)51.
cette colonnade ait pu supporter une coupole Son raisonnement prend en compte, comme
mesurant environ 27 m de diamètre paraît donnée de départ, le module de 13 pieds qui
devoir être écartée, en particulier parce que correspond en plan au diamètre du pilier et
l’absence d’une liaison maçonnée entre les que l’on retrouve aussi dans l’élévation de l’es-
deux murs, à leur sommet, créé une fragilité calier dont l’hélicoïde dessiné par les marches
et semble incompatible avec cette solution. En se développe sur 4 tours de 13 pieds de hau-
outre, la position du mécanisme et les traces teur chacun.
relevées au sommet du soubassement plaident Elle propose d’attribuer aux colonnes, chapi
en faveur de la présence d’un support – mur teau inclus, une hauteur correspondant à trois
percé de baies ou colonnade – entre d’une modules, soit 11,55 m. Le demi-cercle de 91 pieds
part l’espace central occupé par le plancher de diamètre, projeté en élévation, passe alors
tournant et d’autre part le couloir annulaire. exactement au sommet des chapiteaux, sur l’axe
Mais quelle hauteur et quelle forme doit-on des colonnes installées sur le mur B. Au-dessus
attribuer à cette tholos ? de ces dernières, sur une hauteur correspondant
Faisons tout d’abord un bref retour en à un autre module, se dresse le mur contre
arrière pour constater les très étroites simili- lequel va prendre appui la couverture du por-
tudes existant entre le plan du soubassement tique périphérique. L’ensemble est surmonté
de la cenatio et celui de la salle octogonale du par la coupole qui se développe sur la hauteur
pavillon de la Domus Aurea qui se dressait de deux modules. Évidemment nous avons
sur l’Oppius (fig. 303). L’octogone inscrit dans pleinement conscience du fait que ces propo-
le cercle correspondant à la paroi externe du sitions, basées sur les raisonnements développés
mur B se superpose exactement à celui que l’on plus haut, sont totalement conjecturales.
50
L’analyse de la séquence stratigraphique conduit à au-dessous des niveaux atteints par les fouilles.
penser que si quelque reste de la tholos peuvent avoir été 51
D’autres solutions sont envisageables, que N. André se
abandonnés sur place, ils doivent se trouver à la base du réserve de développer ultérieurement.
remblai flavien et, dans le meilleur des cas, à 14 m environ
364 L’ÉDIFICE NÉRONIEN
Fig. 303 – Superposition des plans du soubassement de la cenatio et de la salle octogonale du pavillon de la Domus Aurea
situé sur l’Oppius (plan de la salle octogonale : dessin de F. M. Martines, fig. 4. 8. b, dans Martines 2015).
Cette proposition, avancée ici à titre pro- nant de la salle de banquet, sa construction
visoire, doit encore faire l’objet de calculs de ne nécessitait pas de prendre en considération
résistance des matériaux par des ingénieurs les forces produites par ce mouvement. Sur le
afin de valider ou non la faisabilité construc- plan statique, toutes ces forces étaient absor-
tive. bées par le soubassement dont la puissance
Dans cette hypothèse, la tholos étant fixe et remarquable tient compte certainement de
entièrement indépendante du plancher tour- cette exigence.
PROPOSITIONS POUR UNE RESTITUTION DE L’ÉDIFICE ET DE SON ENVIRONNEMENT 365
52
Voir l’article et le catalogue richement illustré que cet ouvrage, p. 283-318.
Cl. Devoto et B. Spigola ont consacrés à ces monnaies dans 53
M. Carrive, p. 316 et fig. 272.
366 L’ÉDIFICE NÉRONIEN
Fig. 305 – Propositions pour la restitution de la cenatio rotunda et d’une aile du palais accolée au sud.
ci-dessus. D’autres indices, tels que l’orogra- avions pu affirmer qu’il s’agissait d’une réalisa-
phie et le vague aperçu que l’on a de l’espace tion néronienne compte tenu tout d’abord de la
environnant incitent également à positionner position du bâtiment au sein de la stratification
cette aile au sud de l’édifice mis au jour. et en invoquant l’étroite parenté que l’on peut
La forme et le plan de cette aile du palais établir entre les parements de ses murs et ceux
resteront sans nul doute hypothétiques tant de certaines maçonneries du pavillon de l’Op-
que l’espace où elle devrait s’être dressée pius. Nous avions également attiré l’attention
n’aura pas été exploré. La coupe de la figure sur des signes indiquant que cet édifice était
305 évoque ce rapport entre la cenatio rotunda resté peu de temps en usage avant de dispa-
et une aile du palais dressé au sud. raître sous les remblais de la terrasse artificielle
créée au début de la période flavienne54. Depuis,
3. Quand fut construite la cenatio rotunda ? les éléments recueillis ont chassé les doutes
qui planaient au début à propos de son iden-
Le terrain n’a pas livré d’informations per- tification avec la cenatio rotunda décrite par
mettant de préciser la datation de la construc- Suétone55. La présence d’un mécanisme, celle
tion. Au lendemain de la découverte nous des galets placés au sommet du soubassement
sous le sol de la tholos, l’absence de communi- cette attitude prudente. La domus augustéenne
cation entre la tholos et son soubassement et le a probablement été incorporée très tôt au com-
fait que celui-ci ait servi principalement sinon plexe palatial, et Néron semble simplement
exclusivement à assurer l’entretien et le fonc- l’avoir maintenue telle qu’elle lui avait été léguée
tionnement du mécanisme assurant la rotation par ses prédécesseurs, sans y entreprendre des
du plancher, tous ces indices ont permis d’écar- transformations remarquables. Tout au plus
ter peu à peu les objections et de gommer les peut-on supposer que des peintures furent réa-
réticences56. lisées sous son règne, ainsi que le suggèrent
À quel moment fut entreprise la construc- quelques fragments retrouvés dans les remblais
tion de cet édifice dont les caractéristiques, en postérieurs à sa démolition60.
particulier la hardiesse des solutions archi- Placés dans le prolongement de la domus
tectoniques alliée à la complexité des instal- augustéenne, pour le moins partiellement
lations techniques, évoquent immédiatement à l’emplacement d’autres domus contempo-
les compétences exceptionnelles de Severus et raines de cette dernière – des maisons dont
Celer, les magistri et machinatores que Tacite57 les débris furent utilisés dans les maçonneries
associe à la réalisation de la Domus Aurea ? néroniennes – la cenatio rotunda ainsi que le
De prime abord, la salle à manger semble- ou les corps de bâtiment installés dans son
rait entrer pleinement dans le programme de voisinage immédiat pourraient-ils relever du
construction de cette domus. programme de la Domus Transitoria ou n’ont-
Pourtant, de par sa situation topogra- ils été introduits que durant la réalisation de
phique, on ne peut a priori exclure que l’es- la Domus Aurea ? Actuellement, les repères
pace où fut dressée la cenatio rotunda puisse chronologiques disponibles ne permettent pas
avoir été touché par les travaux antérieurs à de répondre à cette question.
l’incendie. Il se trouve en effet sur les pentes Suivant en cela la description de Suétone,
du Palatin, juste au-dessus de la vallée occu- la plupart des experts tendent à scinder nette-
pée plus tard par le Colisée, exactement sur ment, autant dans le temps que dans l’espace,
la ligne que dessinent dès le départ les inten- le projet de construction du palais de Néron,
tions de Néron d’étendre sa résidence dans un en différenciant ainsi la Domus Transitoria,
espace allant du Palatin à l’Esquilin58. que l’incendie de 64 aurait fait entièrement
C’est en partant de la même observation que, disparaître, de la Domus Aurea, postérieure à
très tôt, tant Jean-Paul Morel que moi-même cet événement.
avions soupçonné que la domus augustéenne Il convient toutefois de reprendre ici la
de la Vigna Barberini pouvait avoir été intégrée question de l’incendie de 64 qui, aux dires de
dans la résidence de Néron59. Toutefois, les Suétone, aurait détruit la Domus Transitoria et,
preuves nécessaires pour l’affirmer manquaient selon Tacite, dévoré le Palatin, les habitations,
alors. La découverte de l’édifice identifié ici à la ainsi que les alentours, des affirmations qui
cenatio rotunda, ainsi que la reconstruction que justifient une vision tranchée de la séquence
l’on peut faire, à très grands traits, d’un corps des constructions61. L’incendie représente incon-
de bâtiment dont elle aurait constitué l’extré- testablement un sujet incontournable et déter-
mité, nous autorisent aujourd’hui à abandonner minant dans ce contexte.
56
Beaucoup, tels que Coarelli 2012, p. 504 et p. 509, fecit, quam primo « transitoriam », mox incendio absumptam
avaient toutefois accepté immédiatement cette identifica- restitutamque « auream » nominauit (il se fit d’abord bâtir une
tion. Dans l’introduction, nous avons donné un aperçu des maison s’étendant du Palatin à l’Esquilin et l’appela d’abord
hypothèses de localisation proposées avant cette découverte « le Passage », puis un incendie l’ayant détruite, il la recons-
p. 1. truit sous le nom de « Maison dorée. Trad. H. Ailloud, Les
57
Tac., ann., 15, 42, 1. Voir également, dans cet ouvrage, Belles Lettres, 1996). Tac., ann., 15, 39, 1 : neque tamen sisti
F. Coarelli, p. 419-423. potuit quin et Palatium et domus et cuncta circum haurirentur
58
Svet., Nero, 31, 1 ; Tac., ann. 15, 39, 1. Voir ci-dessous, (On ne put toutefois arrêter l’incendie avant qu’il n’eût dévoré
note 61. le Palatium, les habitations et les alentours. Texte établi et
59
En particulier Morel – Villedieu 2002. traduit par H. Goelzer, Belles Lettres, 1962). Citons parmi les
60
Maurina 2001. contributions récentes : Beste – Hesberg 2013, p. 324.
61
Svet., Nero, 31, 1: domum a Palatio Esquilias usque
368 L’ÉDIFICE NÉRONIEN
Guidée par les sources littéraires, Clementina laissant supposer que cette partie de la colline
Panella a cartographié la progression des aurait été la proie des flammes en 64 n’a été
flammes et accepté la thèse d’une destruction relevé au cours des recherches menées dans
totale du Palatin, avant de nuancer ce point de les divers secteurs du site. Ils sont totalement
vue et de noter qu’il n’y eut pas de dommages absents, aussi bien dans la partie méridionale
dans le secteur des temples de la Victoire et que sur le front oriental du site. Il est particu-
de la Magna Mater62. Les fouilles réalisées au lièrement intéressant de noter que, en réalisant
cours des dernières décennies sur les marges leur sondage D 3 situé à proximité immédiate
septentrionales du Palatin, dans la vallée, des vestiges de la cenatio rotunda, Yvon Thébert
tant entre l’arc de Titus et le Forum Romain et Henri Broise n’en ont pas trouvé de témoins
qu’à l’est du même arc, ont remis au jour des lorsqu’ils ont analysé une stratification qui
traces extrêmement nettes de cet incendie couvre largement la période considérée et
sous forme d’épaisses strates cendreuses et de remonte jusqu’au IIe siècle av. J.-C.68.
vestiges d’édifices anéantis par le feu63. Sur le Force est donc de constater que les fouilles
Palatin, des indices relevés par Giacomo Boni ne renvoient pas une image de la situation
ont conduit à imaginer que le nymphée dit de reproduisant exactement celle que décrit
la Domus Transitoria avait été abandonné à la Tacite. Nous ne disposons pas de données
suite de cet événement64. Dans ce cas, il ne archéologiques illustrant la progression des
semble pas toutefois que les vestiges du bâti- flammes sur la colline et les quelques témoi-
ment portent des traces nettes d’une dégrada- gnages recueillis attestent que le feu ne l’a pas
tion due aux flammes. La même remarque vaut totalement investie. Le secteur occupé plus
pour les annotations de Gianfilippo Carettoni tard par la terrasse de la Vigna Barberini ayant
à propos du pavement en opus sectile conservé clairement été épargné, pourrait-on admettre
au niveau supérieur, au-dessus du nymphée65. que la cenatio rotunda aurait pu être conçue et
Les fouilles récentes tendent toutefois à iden- réalisée avant 64 et avoir ainsi fait partie de la
tifier une seconde intervention néronienne dans Domus Transitoria ?
ce secteur, ce qui confirmerait la thèse de Boni66. À cette question, le terrain ne fournit pas
Dans le présent volume, Maria Antonietta Tomei de réponse et les bribes d’informations recueil-
rappelle que d’autres traces d’incendie ont lies ailleurs ne permettent pas de trancher.
été observées dans des salles souterraines Les experts qui se sont penchés sur la ques-
de la Domus Tiberiana67. Sur le site de la Vigna tion s’accordent pour attribuer à la Domus
Barberini, on ne peut interpréter comme des Transitoria principalement le nymphée situé
traces du grand incendie les vestiges très isolés au sommet de la colline, éventuellement cer-
de petits foyers allumés probablement par les taines structures mises au jour sous la Domus
terrassiers participant à la démolition des édi- Flavia et ce que l’on suppose être les restes
fices anciens et au remblaiement ayant servi à de la demeure de Cn. Domitius Ahenobarbus,
créer la terrasse flavienne. De fait, aucun indice le père de Néron69. Compte tenu de sa posi-
mer, mais simplement d’élargir le champ des l’originalité des partis adoptés, illustrent par-
réflexions. faitement ce caractère audacieux des créations
On s’accordera aisément, en revanche, pour voulues par Néron et réalisées par ses collabo-
reconnaître la valeur novatrice de cette magni- rateurs, qui jusqu’à présent avait été observé
fique réalisation architecturale et technique. principalement dans le pavillon de l’Oppius76.
La complexité des formes, leur puissance,
76
À propos de sa relation avec architectes et ingénieurs, c’est dans le pavillon de la Domus Aurea que les possibilités
L. Ball (2003, p. 24) juge que : « Nero was an enthusiastic révolutionnaires de l’opus caementicium furent pour la pre-
innovator » qui sut encourager la créativité de ses collabo- mière fois pleinement exploitées.
rateurs. Bien avant, Ward-Perkins 1989, p. 63, observait que
TABLE DES MATIÉRES
Première partie
4. L’époque sévérienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
4.1. Le chantier initial et les premiers aménagements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
4.1.1. Les vestiges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
4.1.2. Datation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
4.2. Les réalisations de la deuxième campagne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
4.2.1. Les vestiges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
4.2.2. Datation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
7. Note sui frammenti architettonici dal riempimento della fossa US 48 (R. Montalbano) . 188
Deuxième partie
L’ÉDIFICE NÉRONIEN
III. L’édifice néronien : analyse des vestiges (F. Villedieu, N. André) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
2. Di alcuni tituli picti sui laterizi della struttura neroniana (M. Fedeli) . . . . . . . . . . . . . . . . 267
2.1. I mattoni angolari . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267
2.2. I tituli . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272
2.3. Osservazioni su iscrizioni dipinte e attività di cantiere . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 279
2. Catalogo delle monete a legenda MAC AVG (B. Spigola) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 294
2.1. Zecca di Roma . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 295
2.2. Zecca di Lugdunum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 301
3. Comprendre l’architecture de la cenatio rotunda : l’iconographie antique comme source
d’inspiration (M. Carrive) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 307
3. La macchina della cenatio rotunda neroniana (Suet., Nero, 31), ipotesi di ricostruzione
(E. Gautier di Confiengo) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 331
3.1. Introduzione . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 331
3.2. Struttura della praecipua cenatio rotunda. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 332
3.3. Modalità di funzionamento della cenatio. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 333
3.4. Cenatio trasformata in isola. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 334
3.5. La macchina motrice e i relativi ruotismi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 337
3.6. Conclusioni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 339
VII. Propositions pour une restitution de l’édifice et de son environnement (F. Villedieu,
N. André) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 341
1. L’environnement naturel et bâti . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 341
2. L’édifice néronien : interprétations et hypothèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 346
2.1. À l’intérieur du soubassement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 348
2.1.1. Le premier étage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 348
2.1.2. Dans le couloir annulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 349
2.1.3. La circulation dans le soubassement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 354
2.1.4. Position de la roue hydraulique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 354
2.2. Restes conservés de l’élévation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 354
2.2.1. Les sols . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 354
2.2.2. Le pivot central . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 355
2.2.3. Les galets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 355
2.2.4. Le sillon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 357
2.2.5. Le plancher mobile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 357
2.3. Restitution de l’architecture : premières hypothèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 357
2.3.1. Le plan du soubassement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 357
2.3.3. L’élévation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 363
2.3.2. Un corps du palais relié à la cenatio rotunda . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 365
3. Quand fut construite la cenatio rotunda ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 366
Troisième partie
VIII. Palatino. Nota sull’approvvigionamento idrico del Palazzo imperiale da Augusto a Nerone
(M.A. Tomei) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 447