Expériences Proches de La Mort (NDE) Et Autres États de Conscience Modifiés: Difficultés, Besoins Et Intégration
Expériences Proches de La Mort (NDE) Et Autres États de Conscience Modifiés: Difficultés, Besoins Et Intégration
Expériences Proches de La Mort (NDE) Et Autres États de Conscience Modifiés: Difficultés, Besoins Et Intégration
Delphine Métrailler
ASC, PT 04
Mémoire de fin d’études 16.03.2009
Sommaire
Résumé ___________________________________________________ 2
Remerciements _____________________________________________ 3
1. Introduction____________________________________________ 4
1.1. Présentation du mémoire______________________________________4
1.1.1. Préalable __________________________________________________ 4
1.1.2. Sujet _____________________________________________________ 4
1.1.3. Question de départ __________________________________________ 5
1.1.4. Plan ______________________________________________________ 6
2. Construction de l’objet de recherche _________________________ 7
2.1. Les états de conscience modifiés________________________________7
2.1.1. Définition _________________________________________________ 7
2.1.2. Types d’états de conscience modifiés ___________________________ 8
2.1.3. Expériences de transformations spirituelles_______________________ 9
2.1.4. Recherches principales sur les ECM ____________________________ 10
2.1.5. Répercussions remarquées sur les personnes vivant des ECM ______ 11
2.2. Les expériences proches de la mort ____________________________11
2.2.1. Définition ________________________________________________ 11
2.2.2. Historique et structures mises en place _________________________ 12
2.2.3. Recherches effectuées ______________________________________ 13
2.2.4. Répercussions remarquées sur les personnes vivant une NDE ______ 20
3. Problématique, question de départ et hypothèses______________ 29
3.1. Problématique _____________________________________________29
3.2. Difficultés pouvant survenir avec l’intégration des états de conscience
modifiés __________________________________________________30
3.3. Question de départ et hypothèses______________________________38
4. Méthode ______________________________________________ 39
4.1. Cheminement et outils _______________________________________39
4.2. Le centre Noêsis____________________________________________41
4.2.1. Historique ________________________________________________ 42
4.2.2. Fonctionnement et bénéficiaires ______________________________ 44
4.2.3. Activités _________________________________________________ 45
4.3. Limites de la méthode _______________________________________47
5. Analyse de données _____________________________________ 48
5.1. Données récoltées lors des entretiens avec les expérienceurs ________48
5.2. Les activités du centre Noêsis _________________________________49
5.3. Les séances de groupe de parole ______________________________52
5.4. L’écoute et l’empathie _______________________________________57
6. Synthèse _____________________________________________ 59
6.1. Vérification des hypothèses ___________________________________59
6.2. Limites de la recherche et difficultés ____________________________61
7. Conclusion ____________________________________________ 62
7.1. Réponse à la question de départ _______________________________62
7.2. Enseignements retirés _______________________________________63
7.2.1. Pour l’activité professionnelle _________________________________ 63
7.3. Pistes d’action______________________________________________64
7.4. Réflexions personnelles ______________________________________65
7.5. Compétences mobilisées _____________________________________65
8. Bibliographie __________________________________________ 67
8.1. Ouvrages _________________________________________________67
8.2. Enregistrements DVD ________________________________________68
8.3. Documents électroniques_____________________________________69
8.4. Conférences _______________________________________________71
9. Annexes ______________________________________________ 72
9.1. Définitions des expériences liées aux ECM _______________________73
9.2. Extrait de la conférence « La conscience dans tous ses états : des
expériences de mort imminente aux sorties hors du corps » ________74
9.3. Témoignages de NDE________________________________________75
9.4. Tableau des différentes composantes d’une NDE __________________85
9.5. Echelle d’évaluation clinique de Greyson_________________________86
9.6. Etude anglaise du Dr Sam Parnia ______________________________88
9.7. Non-voyants, malvoyants et voyants, tous égaux devant une NDE ___90
9.8. Témoignage de NDE avec sortie hors-du-corps ___________________92
9.9. Informations complémentaires sur l’opération de Pam Reynolds _____94
9.10. Témoignage de Pam Reynolds_________________________________94
9.11. Distinction entre la transformation spirituelle et l’urgence spirituelle __96
9.12. Distinction entre urgence spirituelle et psychose __________________98
9.13. Principaux critères diagnostiques des épisodes maniaques __________99
9.14. Formulaire destiné aux témoins_______________________________100
9.15. Questionnaire destiné aux témoins ____________________________102
9.16. Cinq points à suivre pour aider le rescapé par P.M.H Atwater ______107
9.17. Quelques points importants pour aider le rescapé par R. Moody ____108
Résumé
Malgré l’ouverture qui s’est créée depuis le début des années 80, de nombreuses
personnes ne connaissent pas les états de conscience modifiés, ne comprennent pas
ce qui semble leur arriver et n’osent pas en parler, de peur d’être folles ou qu’on les
prenne pour telles. Comment ces expériences sont-elles acceptées ? Quels sont les
difficultés et les besoins des personnes qui disent les vivre ? Comment parviennent-
elles à intégrer ces phénomènes dans leur quotidien ? Que peuvent leur apporter les
associations ? Autant de questions qui ne peuvent être répondues que par les
témoins eux-mêmes et ceux qui les ont rencontrés.
Etudier les états de conscience modifiés, écouter les témoins et leur apporter le
soutien nécessaire, ce sont les buts principaux que s’est fixé le centre Noêsis basé à
Genève, à travers lequel l’enquête de terrain pour ce mémoire a été effectuée.
Cette recherche répertorie les changements provoqués par le vécu d’un état de
conscience modifié, les besoins qui découlent de ces changements et les moyens
dont disposent les témoins pour intégrer ces expériences. Une présentation du
centre Noêsis et de leurs apports pour les témoins y figure également.
Remerciements
Merci de tout cœur aux témoins qui m’ont accordé leur confiance en acceptant de
partager leurs expériences et leurs émotions.
Merci enfin à tous ceux qui de près ou de loin, mes proches, collègues, amis, etc.
m’ont encouragée, relue et épaulée.
1. Introduction
1.1.1. Préalable
Est nommée "témoin" ou "expérienceur", une personne qui affirme avoir vécu un ou
plusieurs états de conscience modifiés ou une ou plusieurs expériences proches de la
mort. Le second terme provient de l’anglais "experiencer". Quand je parle des
expériences proches de la mort, on trouve également le synonyme "rescapé".
1.1.2. Sujet
Le sujet de ce travail de mémoire est basé sur les états de conscience modifiés
(ECM) que de nombreuses personnes déclarent expérimenter une fois dans leur vie
ou régulièrement. Les expériences proches de la mort en font partie mais sont plus
complètes et en général uniques dans une vie, c’est pourquoi je les traite un peu à
part des ECM. Le fait de vivre de tels états provoque de nombreuses répercussions
sur les expérienceurs et peut avoir des conséquences négatives si la personne ne
trouve pas l’aide adéquate pour les intégrer. La recherche et les témoignages de ce
mémoire définissent quels sont les besoins des témoins et les moyens dont ils
disposent pour y parvenir. Parmi ceux-ci, des associations ont été créées dans le but
d’étudier les états de conscience modifiés et soutenir ceux qui affirment les vivre. De
là, découle une analyse des apports de ces associations et de l’importance de
l’écoute.
L’intérêt pour le thème de ce mémoire n’est pas nouveau. En effet, j’ai découvert les
expériences proches de la mort lors de la lecture d’un ouvrage d’Elisabeth Kübler-
Ross, "La mort est un nouveau soleil"1, il y a 8 ans. Cet ouvrage m’a fait connaître
des faits exceptionnels et a éveillé ma curiosité. Depuis, j’ai lu d’autres livres sur le
sujet, me suis renseignée à l’aide de différents moyens tels qu’internet, conférences,
etc. Ainsi, le travail de mémoire était pour moi une occasion d’approfondir mes
connaissances et d’approcher les associations oeuvrant pour les expérienceurs.
Avant de commencer cette recherche, la question s’est posée de savoir quels liens
pouvaient être établis avec le travail social. Mais d’après ce que j’ai pu lire et
constaté sur le terrain, je pense que les associations et certains professionnels qui en
font partie ont des rôles et des moyens rejoignant passablement ceux des
travailleurs sociaux (ce point est plus amplement défendu en fin de mémoire). Tout
d’abord il y a l’écoute, capacité essentielle pour créer des liens et aider la personne
en souffrance. Ensuite, il y a la recherche sur les phénomènes et l’étude des
comportements, la mise en place de dispositifs facilitant la communication à
1
KUBLER-ROSS, E. La mort est un nouveau soleil, Ed. du Rocher, 1988
J’ai choisi de baser mon mémoire sur la question suivante : Quels sont les besoins
des expérienceurs après le vécu d’un état de conscience modifié et quels rôles joue
l’association Noêsis au niveau de l’intégration ?
m’ont permis d’effectuer un repérage pour poser les bases de mon travail, la
question de départ et les hypothèses.
1.1.4. Plan
Dans le quatrième chapitre figureront les analyses des données récoltées sur le
terrain provenant des différents entretiens (expérienceurs et professionnels du centre
Noêsis), et des participations aux séances de groupe de parole. A la fin, quelques
paragraphes seront consacrés à l’importance de l’empathie et de l’écoute vis-à-vis
des témoins.
Le cinquième chapitre met en lien les besoins des expérienceurs et les activités du
centre Noêsis et permet de vérifier les hypothèses émises dans le deuxième chapitre.
Les limites de la recherche et les difficultés rencontrées sont évoquées ici.
2.1.1. Définition
Selon mes recherches et les différentes explications provenant des lectures et sites
internet, on peut définir un état de conscience modifié comme suit : Un état de
conscience modifié est un état mental différent de l’état d’éveil ordinaire. Ces états
sont polymorphes et peuvent être vécus de façon spontanée. Il se peut également
qu’ils soient provoqués par des techniques thérapeutiques spécifiques ou utilisés
dans certaines méthodes de développement personnel. La rêverie et la méditation
sont des ECM, mais aussi l’extase, la transe, l’hypnose, etc.
Il existe toutes sortes de méthodes pour explorer d’autres états de conscience, sans
produits nocifs et autres techniques tels que drogues, gaz, alcool, chocs électriques.
Il suffit tout simplement de s’endormir pour changer de rythme cérébral et ouvrir la
porte à d’autres niveaux de conscience, quelque chose que nous faisons tous et qui
nous est vital.
On peut également trouver d’autres appellations pour les ECM : "états de conscience
modifiée" (ECM), "états non-ordinaires de conscience" (ENOC), "états de conscience
non-ordinaires" (ECNO) ou "état de conscience élargie" (ECE).
De nombreux témoignages sont disponibles sur internet et dans les ouvrages. Voici
deux extraits qui donnent un aperçu d’ECM :
« Je résume rapidement : par une ballade de ski de fond en tant que débutant, je
suis tombé souvent sur le derrière (coccyx), la marche étant difficile, la respiration
s’est donc accélérée. Au fur et à mesure que le temps passait, une sensation étrange
s’installait en moi. D’abord un bien-être et une paix profonde m’envahissaient, une
clarté se dégageait de moi, de plus en plus lumineuse, mille soleils brillaient en moi
mais ne m’aveuglaient pas. Je ne ressentais plus mon corps mais j’étais lumière
baignée dans un Amour immense, indescriptible, sans pareil. En rentrant chez moi,
ma femme me trouva tout illuminé, tellement je dégageais, mon parler était bizarre,
des réponses émergeaient à toutes les questions et bien même avant de les poser :
j’avais accès à toutes connaissances. Je suis resté dans cette extase pendant trois
jours, à fond et puis l’intensité a baissé de jours en jours. (…) »2
« Une nuit, il y a environ 2 mois, mon mari ronflant, j’ai décidé de dormir sur mon
canapé dans ma salle à manger. J’ai donc commencé par somnoler quand j’ai senti
mon corps léger et voulant "partir". Dans ma tête, ma pensée profonde, je me suis
dit "d’accord je sors". Je me suis sentie décoller, j’ai traversé la fenêtre, et je me suis
retrouvée dans une villa pavillonnaire je ne sais où, puis je me suis agrippée à un
2
Témoignage visible sur le forum du site Notre Expérience : http://www.notre-
experience.net/article.php3?id_article=37
rebord me prosternant devant une statue noire, on aurait dit un militaire. Je n’ai pas
manqué de remercier Dieu pour cette "aventure" qu’il m’a fait connaître, peut-être
une grâce. Je ne me suis pas vue mais j’étais légère comme une petite flamme et me
déplaçant instantanément. Je me suis ensuite "reposée" dans mon corps où j’ai
instantanément ressenti des douleurs dans les jambes. Ma légèreté avait disparu. On
aurait dit une "visite guidée" car je n’ai pas été maîtresse de ma sortie et rentrée
dans mon corps mais accompagnée je pense en confiance. Alors rêve ou réalité je ne
le sais pas mais je pense que j’ai ressenti ce que pouvait être un esprit. »3
Les ECM sont multiples et polymorphes. Le plus courant est le fait de simplement
rêver. On trouve entre autres :
- Les états hypnotiques : Etats de conscience qui se situent entre la veille et le
sommeil et sont provoqués par l’influence des paroles d’une tierce personne.
- Les états sophroniques : Etats ou le participant est conscient de son schéma
corporel et des capacités de son cerveau, utilisés dans la sophrologie.
- Les états hypnagogiques : Etats de conscience qui s’installent juste avant
l’endormissement.
- Les états érotiques : Etats provoqués par la stimulation sexuelle.
- Les états de relaxation : Etats produits à l’aide de différents procédés ou
techniques (par exemple yoga, exercices de respirations, sophrologie, méditation,
hypnose, etc.) qui consistent à relâcher le conscient et se détendre.
- Les états intuitifs : Etats où l’on permet à l’intuition de s’exprimer, où l’on sait
immédiatement, sans recourir à un raisonnement.
- Les états de transe : Etats (hors de l'état d'éveil, de sommeil et de l’état de rêve)
d’exaltation d’une personne transportée hors d’elle-même.
Dans son ouvrage intitulé "L’autre rive"4, Yvonne Kason, médecin spécialisée dans ce
domaine, a répertorié les expériences liées aux ECM qu’elle a rencontrés dans sa
pratique. Elle les nomme "expériences psychiques" et en fournit des définitions,
fondées sur celles qu’a développées l’Institute for Intuitive Studies de Californie.5 Elle
précise bien que la liste n’est pas complète, seules les plus courantes y figurent, qui
sont l’intuition abstraite, le voyage astral, l’écriture automatique, la clairaudience, la
clairsensivité, la clairvoyance, la guérison psychique ou spirituelle, l’expérience hors
du corps6, le rappel de vies antérieures, la précognition, la psychométrie, la
communication avec des esprits guides, la télékinésie, la télépyrokinésie (aussi
appelé pyrokinésie), la télépathie, et la transe de "channeling".
3
Témoignage visible sur le forum du site Notre Expérience : http://www.notre-
experience.net/article.php3?id_article=94
4
KASON, Y. L’autre rive, de Mortagne, 1996, p. 134
5
Les définitions sont visibles en annexe 9.1.
6
Lors d’une de ses conférences, Sylvie Déthiollaz du centre d’étude et de recherche noétique Noêsis,
a présenté ce sujet qu’on nomme aussi OBE (Out of body experience). Voir un extrait en annexe 9.2.
Parmi les ETS, on trouve les expériences mystiques. Parmi celles que j’ai pu
répertorier à travers les ouvrages et sites internet, on trouve le sentiment d’union
avec l’univers ou avec une divinité, le sentiment d’expansion de la conscience jusqu’à
englober tout l’univers, la renaissance spirituelle (par exemple conversion religieuse
ou éveil spirituel soudains), et l’illumination.
7
KASON, Y. L’autre rive, op.cit., pp. 55-56
8
Pour de plus amples informations sur le sujet de la kundalini, voir la page du site internet
Sahajayoga suisse http://www.sahajayoga.ch/french/f_kundalin.html
Depuis que les êtres humains savent qu’ils possèdent une conscience, ils l’ont
explorée par de nombreux moyens pour tenter de percer ses mystères. Les
approches utilisées sont diversifiées (chamanisme, méditation, spiritualité, etc.),
comme tous les objectifs qui y sont liés (unité, détente, guérison, etc.).
Si l’on prend la définition de base des ECM, ceux-ci touchent tout le monde puisque
tout le monde rêve. Cependant, il existe des ECM plus spectaculaires, sortant de
l’ordinaire et qui ne sont pas vécus par le commun des mortels. C’est là que se pose
la limite entre le "normal" et le "paranormal", limite très difficile à fixer, comme dans
tous les phénomènes qui se rapportent aux humains. Ce qui arrive couramment et
est connu pour un groupe de personnes ou un individu est jugé "normal". Tout
dépend des critères qui sont posés et de l’habitude qu’on en a. Par exemple, dans les
pratiques hindouistes ou tibétaines, le fait de vivre une sortie du corps est fréquent
et même recherché car il fait partie du développement de la spiritualité de l’individu.
Par contre, dans notre société qui n’inclut pas ces pratiques dans ses mœurs, cela
est perçu comme anormal et n’est pas compris ni connu par la plupart des gens.
Certains ECM sont utilisés dans des thérapies comme l’hypnose, la sophrologie, la
relaxation ou la méditation. Cela prouve que l’intérêt pour les ECM s’accroît et que
les mentalités s’ouvrent de plus en plus à ces phénomènes. Mais ces thérapies ne
concernent qu’une petite partie des ECM et les expériences y sont maîtrisées pour
atteindre un but thérapeutique. Alors que tous les états de conscience modifiés qui
surviennent spontanément ne sont pas maîtrisés et n’ont pas de but en soi à
première vue.
9
Pour plus d’informations sur ces sujets et les résultats de certaines études, vous pouvez visiter les
sites internet suivants : http://www.paranormal-info.com ; http://www.metapsychique.org
Comme pour chaque événement se produisant dans la vie d’un individu, chacun
réagit différemment face à ce qui lui arrive. Un tel peut visualiser le désordre
psychique comme un défi à surmonter pour accéder à un mieux-être et un autre se
laissera submerger par ces difficultés. Toutes les réactions peuvent être vécues de
différentes manières et à différents degrés.
2.2.1. Définition
10
notamment KASON Y., L’autre rive, op.cit. et JOURDAN J.-P., Deadline dernière limite, Les 3
Orangers, 2006
Les NDE sont certainement aussi vieilles que l’être humain mais les techniques de
réanimation et la médecine n’étant pas aussi évoluées qu’aujourd’hui, peu de
personnes pouvaient revenir après avoir frôlé la mort.
Des textes anciens montrent que les NDE existaient déjà bien avant notre époque.
Plusieurs sites internet11 et de nombreux ouvrages comme "La mort transfigurée"12
parlent du mythe "Le mythe d'Er le Pamphylien" (République, X, 613e6-621d3), du
philosophe Platon (427 à 348 avant J.-C.), qui relate le voyage qu’a fait Er, un soldat
laissé pour mort sur un champ de bataille qui revient plus tard pour raconter son
expérience. Selon le mythe, les juges des âmes l’ont fait revenir à la vie pour être un
messager de l'au-delà. Er a pu observer ce que deviennent les âmes après la vie et
même avant la vie.
Le livre des morts tibétains13 a été découvert autour des années 1350. Ce livre est un
texte provenant du bouddhisme tibétain qui décrit les différents états de conscience
et les perceptions se déroulant entre la mort et la renaissance. Il contient des notions
qui s’apparentent aux récits de NDE. Parmi elles, dans la première phase, l’individu
ne sait pas que le conscient est détaché du corps physique (OBE). Plus tard, il fait
l’expérience de la lumière. Dans la deuxième phase, il va revoir tout ce qui a été fait
et pensé durant la vie terrestre (revue de vie).
Plus tard, dans les années 70, Elisabeth Kübler-Ross, psychiatre d’origine suisse, est
la première personne à faire émerger les vécus d’expériences proches de la mort.
C’est la pionnière dans les domaines des soins palliatifs et de l’accompagnement des
mourants et de leurs proches. Elle a beaucoup étudié auprès de ceux-ci, a recueilli
de nombreux témoignages et a fait connaître l’importance de la fin de vie dans la
prise en charge des personnes.
Bouleversé par le sujet des expériences proches de la mort après avoir pris
connaissance des récits d’Elisabeth Kübler-Ross, Raymond Moody, Dr en philosophie
et psychiatre américain, souhaite approfondir le sujet. C’est ainsi qu’il va mener des
recherches durant plus de vingt ans et recueillir énormément de témoignages sur les
EMI. C’est lui qui les a baptisées NDE et a écrit le premier ouvrage sur le sujet : "La
Vie après la Vie"14, paru en 1975. Ce livre fait connaître les EMI à grande échelle
parmi la population. John Audette, sociologue américain, crée le concept d’une
association étudiant les NDE en 1976, après une série de rencontres et de
conversations avec le Dr Moody. Les chercheurs et les gens sont tellement intéressés
après la sortie de l’ouvrage, qu’il a l’idée de créer une association permettant de
poursuivre les recherches. En novembre 1977, Audette réunit tous les grands
chercheurs connus dont le Dr Moody, Dr Kenneth Ring (professeur en psychologie
11
notamment la page http://plato-dialogues.org/fr/tetra_4/republic/er.htm
12
Ouvrage collectif paru en 1992 aux éditions Belfond, réunissant les contributions de 17 scientifiques
français et américains, sous la direction de IANDS-France.
13
Bardo Thodöl : Le Livre des morts tibétain ou les expériences d'après la mort dans le plan du Bardo.
14
MOODY, R. La vie après la vie, Laffont, 1977
Mis à part IANDS, d’autres centres, instituts, fondations et associations qui recueillent
des témoignages et étudient les NDE se sont créés. En Suisse se trouve Noêsis, un
Centre d’Accueil et de Recherche fondé en 1999 par Sylvie Déthiollaz, docteur ès
sciences. Celui-ci est consacré aux expériences de mort imminente et autres
expériences liées à un état de conscience modifié. C’est à travers ce centre que j’ai
effectué mon travail de recherche. Parmi les sites internet en partie ou totalement
francophones, on trouve le Centre d’Etude des Expériences de Mort Imminente
(CEEMI)16 et Near Death Experience Research Foundation (NDERF = Fondation de
recherche sur les expériences de mort Imminente)17.
15
Infos provenant de la page http://www.iands.org/about_iands/iands/history.html du site
http://www.iands.org/
16
Pour plus d’informations, voir le site http://www.europsy.org/ceemi/
17
http://www.nderf.org/French/index.htm
18
Tiré de MOODY R., La Vie après la vie, op.cit.
19
Dans les ouvrages que j’ai lus et les témoignages que j’ai recueillis, les expérienceurs utilisent des
termes différents pour définir "la lumière" qu’ils ont rencontrée. Ceux qui reviennent le plus souvent
sont : Etre de lumière, La Source, Le Divin, L’Amour inconditionnel, L’Absolu, La Grande énergie, Dieu
ou le royaume de Dieu (suivant la religion : Allah, Bouddha, etc.), La puissance universelle d’amour et
le Soi ou le Moi véritable.
- L'"être de lumière" vous pose une question sur la valeur de votre vie, et
instantanément, tout votre passé se déroule devant vos yeux comme un film.
- Vous vous voyez approcher d'une barrière (apparemment la frontière entre la vie
d'ici-bas et l'au-delà) mais vous prenez conscience qu'il vous faut faire demi-tour:
Votre vie n'est pas terminée.
- Vous résistez, mais vous êtes obligé de réintégrer votre corps et vous reprenez
conscience.
Les recherches qui ont suivi ont démontré que les étapes ne sont pas toutes vécues
par tous les expérienceurs, ni vécues toutes dans le même ordre. Les expériences
varient et chacune est unique.
Après la parution des écrits de Raymond Moody, Kenneth Ring a recueilli une
centaine de témoignages dans des milieux hospitaliers afin de vérifier les
découvertes de celui-ci. Dans son ouvrage "En route vers Oméga"20, il ressort les
éléments qui peuvent être vécus et ressentis durant l’expérience :
- Incroyable vitesse et sentiment éprouvé à l’approche de la lumière.
- Lumière qui brille d’un immense éclat sans pour autant éblouir la personne.
- En présence de la lumière : sentiment d’amour pur, d’acceptation totale, de
pardon de tout péché.
- Sentiment de retour à la maison, à la source. Les qualités de la lumière pénètrent
en quelque sorte l’essence de l’individu, ce qui le mène à une union complète
avec elle.
- Communication avec la lumière instantanée, non-verbale.
- Transmission par la lumière d’un savoir universel et possibilité de voir et de
comprendre la vie entière afin que ce qui compte réellement dans la vie leur soit
montré.
- Perception de musiques transcendantes.
- Visions de lieux paradisiaques, de villes de lumière.
- Envie de rester avec la lumière pour l’éternité.
- Les témoins déclarent que le temps n’existe pas dans ces expériences mais qu’il y
a un sentiment de progression.
Les recherches ont montré que toutes les expériences ne contiennent pas tous les
éléments recensés par le Dr Ring. Il y a divers degrés de profondeur et si tous ces
éléments sont présents, on parle de NDE profonde, totale ou complète.
20
RING, K. En route vers Oméga – à la recherche du sens de l’expérience de mort imminente, Laffont,
1991
21
Tableau présenté en annexe 9.4.
22
Questionnaire présenté en annexe 9.5.
Fréquence et causes
Selon un sondage Gallup mené en 1982, huit millions d'Américains auraient vécu une
NDE, ce qui équivaut environ à une personne sur vingt.
Je n’ai trouvé aucune statistique effectuée en Suisse mais je suppose que les
résultats correspondent à ceux des autres pays européens.
Pim Van Lommel, un cardiologue néerlandais, a mené une grande étude durant
treize ans, dans dix hôpitaux des Pays Bas. Cette étude a été publiée dans la revue
scientifique médicale britannique The Lancet , en 2001. Il l’a également rapportée
lors des premières rencontres internationales sur l’EMI à Martigues.24
Il a mené son étude avec 344 survivants d’arrêts cardiaques pour étudier la
fréquence, la cause et ce que contiennent les NDE. Parmi les nombreux éléments
ressortant de cette enquête, les résultats ont montré que 282 patients (soit 82%)
n’ont aucun souvenir de leur période d’inconscience et que les 62 autres patients
(soit 18%) ont rapporté une expérience proche de la mort avec les éléments
"classiques" décrits plus hauts. La comparaison entre les deux groupes démontre que
les éléments suivants n’ont pas d’influence sur la fréquence, la cause ou le contenu
de la NDE : durée de l’arrêt cardiaque, temps où la personne est inconsciente,
intubation, médicaments, peur de la mort avant l’arrêt cardiaque, sexe, religion,
éducation, connaissances sur les NDE avant l’expérience. L’échelle de Greyson
montre que 12% (41 patients) ont vécu une EMI caractérisée et que 6% (21
patients) ont rapporté des éléments d’une EMI légère. Van Lommel confirme que les
EMI des non-voyants sont semblables aux autres.
23
Infos tirées de la page internet http://www.elsaesser-valarino.com/-FAQ,19-.html#statistics
24
Infos tirées de L’expérience de mort imminente. S17 PRODUCTION. (réal.) Berre L’Etang Cedex,
2008. [DVD] (100 min.)
25
Le résumé de son étude est disponible en annexe 9.6.
les réponses des personnes rapportant des souvenirs avec les réponses de celles qui
n’ont pas gardé de souvenirs. Les résultats ont montré que 11,1% des 63 survivants
rapportaient des souvenirs, dont la majorité avaient des caractéristiques communes
avec les NDE. Les données recueillies montrent que la NDE se produirait pendant la
période d’inconscience, au moment précis où le cerveau est hors d’état de
fonctionner et où les souvenirs et autres expériences personnelles ne devraient pas
se dérouler et ne pas être mémorisées. Cette constatation est surprenante et soulève
l’hypothèse d’un accès à quelque chose sans l’usage des fonctions cérébrales.
Durant cette étude, des cibles ont été cachées au plafond pour tester les déclarations
sur d’éventuelles sorties hors-du-corps. Aucun patient recensé n’ayant vécu d’OBE, le
test des cibles n’a pas pu être vérifié.
NDE négatives
On parle volontiers des NDE et de tout le positif qui en ressort. Cependant, il existe
des NDE négatives, à caractère effrayant ou désespérant. Maurice Rawlings,
cardiologue américain, est le premier à en avoir parlé dans son ouvrage "Au-delà des
portes de la mort"26, en 1979. Les informations qui suivent sur les NDE négatives
proviennent d’un dossier écrit par Evelyn Elsaesser-Valarino, disponible sur internet à
l’adresse suivante : http://elsaesser-valarino.com/IMG/pdf/Elsaesser_Valarino-
Publication-NDE_Negative-2001-FR.pdf
Comparé aux NDE dites positives, peu de cas sont recensés actuellement et il y a
peu d’estimations sur leur nombre. En 1999, Kenneth Ring estime qu’elles
représentent 5% des cas de NDE. Peut-être que le nombre est plus élevé car les
individus qui vivent ce type d’expérience osent encore moins en parler que les NDE
positives. Souvent, ils ont honte et se sentent coupables de l’avoir vécue car ils
croient la mériter. De plus, ils peuvent refuser d’en parler pour ne pas la revivre et y
"replonger". Les chercheurs ont également plus de difficulté à se pencher sur ces
NDE car elles effrayent et ne sont pas rassurantes sur les idées qu’on peut se faire
de la vie après la mort, contrairement aux NDE positives.
26
RAWLINGS, M. Au-delà des portes de la mort, Pygmalion, 1979
27
Tiré de la page web http://www.paranormal-info.com/Une-autre-NDE-negative.html
énergie extraordinaire pour revenir en arrière sans me rappeler avoir fait des
mouvements particuliers. »
Quelques hypothèses ont été émises pour les expliquer : la première est que
l’expérience se finirait trop tôt, lors de la décorporation et de la vision du corps qui
peuvent être effrayants, et le sujet n’aurait pas le temps d’expérimenter la suite. La
seconde, expliquée par Dr Bruce Greyson et son assistante, est que l’expérienceur ne
parvient pas à lâcher prise et refuse de mourir ou est terrifié par cette idée. Cela
induit que toutes les composantes de la NDE qui sont vécues positivement dans la
plupart des cas sont inversées et deviennent terrifiantes.
A l’aide d’une assistante, Kenneth Ring a mené une étude en 1997 qui consistait à
savoir si les aveugles pouvaient vivre des EMI et quelles étaient leurs perceptions
durant ces dernières. Cette enquête a été menée avec 31 témoins.28
Les résultats ont montré que les personnes non-voyantes et même les aveugles de
naissance peuvent vivre des EMI classiques, comme celles vécues par les gens
voyant correctement. Ce que ces personnes ont vu durant leur expérience a pu être
vérifié.
Les aveugles de naissance qui disaient avoir pu "voir" ont eu de la peine à définir ce
que c’était car cette perception leur était inconnue jusqu’alors. Ces visions ne
peuvent pas être comparées à des rêves car selon les études menées à ce sujet, il
n’y a aucune imagerie visuelle dans les rêves des aveugles de naissance, de même
pour ceux qui le sont devenus avant leurs cinq ans.
Les personnes à la vision normale déclarent souvent que ce qu’elles ont perçu était
différent de la vue qu’elles ont habituellement. Ainsi, même si les témoins déclarent
avoir "vu", ils ont de la difficulté à définir leur mode de perception. Voilà ce que les
auteurs de l’étude ont conclu :
« En résumé, ce que nous avons appris de nos témoins est que bien que leurs
expériences puissent parfois être exprimées dans un langage qui est celui de la
vision, une lecture attentive de leurs déclarations suggère plutôt quelque chose qui
s’approcherait d’une perception synesthésique aux multiples facettes, impliquant
beaucoup plus qu’une analogie avec la vision physique. Nous ne voulons pas dire
qu’il ne puisse y avoir en plus de cette prise de conscience aucune sorte d’imagerie
visuelle ; nous soutenons seulement que cela ne doit pas être pris de manière
simpliste comme constituant une vision au sens où nous l’entendons
normalement. »29
28
De plus amples informations concernant cette étude se trouvent en annexe 9.7.
29
JOURDAN, J.-P. Deadline Dernière limite, Les 3 Orangers, 2006, p. 137.
Une étude effectuée par le médecin-pédiatre urgentiste américain Melvin Morse est
parue en 1990. Celle-ci montre que les enfants vivent également des NDE. En effet,
parmi les enfants ayant témoigné, huit sur douze ont vécu une expérience de mort
imminente.
Les NDE d'enfants seraient plus simples que celles des adultes et moins mystiques.
On y retrouve un noyau commun : sortie hors-du-corps, vision du corps physique,
obscurité, tunnel, retour dans le corps obligé ou décidé. En général, les aspects
revue de vie, modification de la perception du temps, sensation de détachement, et
transcendance ne sont pas présents. Après avoir analysé les croyances familiales des
enfants témoins en ce qui concerne la mort et la religion, le Dr Morse n'a pas
constaté de liens significatifs. Il en conclut qu'il y aurait un noyau primaire de la NDE
qui apparaît chez les enfants et un processus secondaire qui se développe chez les
adultes avec la dépersonnalisation : revue de vie, modification de la perception du
temps, sensation de détachement et transcendance.
Depuis sa première recherche, le Dr Morse s’est spécialisé dans le domaine des EMI
et des enfants. Il possède son propre site internet en anglais30 et a publié plusieurs
ouvrages31.
30
http://www.melvinmorse.com/light.htm
31
notamment "Des enfants dans la lumière de l'au-delà : témoignages d'enfants sur leur voyage
spirituel aux frontières de la vie", Laffont, 1992 ; La divine connexion, Le jardin des Livres, 2002
32
De plus amples informations sur cette étude sont disponibles à la page internet
http://www.swissinfo.ch/fre/archive.html?siteSect=883&sid=8135768&ty=st
33
Conclusion et informations supplémentaires disponibles sur la page web
http://www.blogparanormal.com/consciencereves/lexperience-mystique-examinee-au-scanneur/
En 1983, le Dr Michaël Sabom a publié une étude sur les OBE durant les EMI. Il a
demandé à un groupe de 25 patients, qui connaissaient les appareils de réanimation
lors d’arrêts cardiaques et qui n’avaient pas vécu d’EMI, de décrire ce qu’ils auraient
pu voir s’ils avaient suivi leur opération. Ensuite il a comparé les descriptions avec les
affirmations des autres patients qui avaient vécu une EMI avec OBE. Il s’est avéré
que les descriptions du groupe "sans EMI" contenaient des erreurs importantes sur
les procédures de réanimation, alors que les témoins "avec EMI" les avaient très
justement décrites. Ceci démontre que malgré l’état de mort apparente, le groupe
des EMI avait parfaitement observé les opérations.35
Un cas célèbre, celui de Pam Reynolds, est la plus grande preuve de l’existence des
NDE obtenue jusqu’à présent. En 1991, cette femme a subi une opération pour ôter
un anévrysme (malformation au niveau de la paroi d’une artère, formant une poche
pouvant se rompre à tout instant) à la base du cerveau. Pour l’opération, on l’a
placée en hypothermie afin de ralentir le métabolisme cellulaire et éviter des lésions
cérébrales en lien avec le manque d’oxygène. Son cœur a été arrêté puis on a
procédé à une circulation de sang extracorporelle. Pendant plus d’une heure, aucune
goutte de sang n’a circulé dans le cerveau de cette femme. Tout a été surveillé et on
sait avec certitude que les ondes cérébrales de Pam Reynolds étaient complètement
plates et que l’activité au niveau de son tronc cérébral était nulle. Cette femme était
donc morte selon les critères de la médecine : plus aucun battement de cœur et plus
aucune activité cérébrale.36
34
Un témoignage illustre ce phénomène en annexe 9.8.
35
Cette étude est décrite dans l’ouvrage suivant : JOURDAN, J.P. Deadline Dernière limite, op.cit.,
pp. 137-147
36
Un complément d’informations concernant l’opération se trouve en annexe 9.9.
37
Le témoignage se trouve en annexe 9.10.
boîte d’accessoires est tout à fait semblable à une boîte à outils, peinte en blanc
et le cambouis en moins.
- Le dialogue entre chirurgien et cardiologue que la patiente dit avoir perçu a
effectivement eu lieu, le rapport enregistré de l’intervention a permis de le
vérifier. »38
Le plus exceptionnel est que les enregistrements ont permis de situer ces
événements dans le temps et ils se sont déroulés au moment où la pression
sanguine était nulle dans le cerveau et les ondes cérébrales totalement plates. Il est
prouvé que toutes les activités du cerveau étaient stoppées à ce moment-là et que
les perceptions de Pam Reynolds ne peuvent pas provenir d’une activité cérébrale.
Comme pour les autres ECM, l’impact qu’ont les expériences varie d’un individu à
l’autre. Certaines réactions ont un résultat bénéfique et d’autres moins. Lorsqu’un
individu ferait l’expérience de la NDE, « c’est comme une graine qui se plante dans
un terrain. Alors il y en a qui ne feront rien, il y en a qui vont faire un arbre, une
autre, l’arbre va mourir au bout de trois ans. »39 Cela dépend de beaucoup de
facteurs indépendants de l’expérience (personnalité, environnements, culture,
éducation, etc.)
Les nombreuses réactions qui surgissent après ces expériences touchent différents
domaines, notamment le comportement et les manières de penser, l’orientation
professionnelle, les relations, les croyances, les centres d’intérêts et parfois le
physique ou les perceptions de la personne. J’énumère ici la plupart des
répercussions que j’ai trouvées dans les ouvrages, ainsi que celles que j’ai entendues
durant les séances de groupe de parole au Centre Noêsis et durant les entretiens.
Leur façon de penser est moins radicale, ce n’est plus "tout blanc ou tout noir" : « Je
ne perçois plus seulement le noir et le blanc, ça me plaît ou pas, quand il y a
quelqu’un qui vient et me dit « c’est comme ça », je fais l’avocat du diable encore
plus qu’avant. Donc je ne peux plus dire que les choses sont noires ou blanches,
parce que l’important c’est de voir l’ensemble et de savoir que chaque chose a une
importance. Sans le bien, le mal n’existerait pas et sans le mal, le bien n’existerait
pas. »
L’impression d’être relié à tout dans l’univers est une chose que les expérienceurs
ressentent très fortement après l’expérience. De cette impression découle un respect
de la vie en général et une vision plus écologique pour l’environnement. Ils ont
également une plus forte empathie pour l’humanité et les êtres vivants : « Si on
veut, cette expérience m’a rendue tellement sensible à tout ce qui se passe au
38
JOURDAN, J.P. Deadline Dernière limite, op.cit.p. 64
39
M. Claude-Charles Fourrier, psychothérapeute du Centre Noêsis.
monde que tout m’est douloureux. Donc je cherche tout ce qui peut faire du bien et
j’essaye de parler le plus possible de ce qui peut permettre de faire du bien et de
connaître les chemins qui sont possibles et donner les pistes. » « Pour améliorer
l’avenir, nous devons nous rendre compte de l’impact de nos actes. » « On se rend
compte qu’il y a tout qui est vivant, qui bouge, qui nous donne des signes, des
symboles, je ne comprends pas intellectuellement ce que ça veut dire, j’entends juste
et je dis ok, je reçois le message, on verra ce que ça donne. »
En acquérant une force intérieure, ils parviennent à se forger leur propre opinion et
être critiques face à la société et à leur mode de vie, sans faire confiance
aveuglément à ce qui est dit dans les médias. Certains ont un sens des
responsabilités plus développé après la NDE et prennent conscience des
comportements malsains qu’ils avaient jusque là. Un témoin que j’ai rencontré
exprime ses nouvelles convictions envers son expérience : « Je suis ouverte à tout et
je veux voir la vérité où elle est. C’est une idée qui peut changer le monde et pas
une personnalité, mais une idée peut, quand elle est bonne et bien dite au bon
moment, changer quelque chose. Je suis persuadée que maintenant, par rapport à
nos expériences, au congrès de Martigues, c’est le moment de les dire et de savoir
qu’on est responsable, de savoir qu’on peut changer les règles, qu’on a de
l’importance. De savoir qu’il y a quelque chose après, c’est important. » Elle
poursuit : « Si on prend en compte ces expériences-là, si on veut les entendre, le
bien que ça peut faire par rapport à la maladie de la société. Et je crois qu’on a tous
besoin de vérité. Une vérité simple, de savoir qu’on a une destinée humaine et
qu’elle a de l’importance, et qu’on est aimé, je crois que tout le monde peut
l’entendre. » « Je crois que tout changement existe par la réflexion. Qu’est-ce que je
fais moi ? pour les autres ? pour moi-même ? et là aussi, j’ai dû apprendre pas mal
de trucs, je faisais tout pour les autres mais pas pour moi. » Une autre parle de ces
changements de comportement par rapport à l’influence extérieure : « Je ne crois
plus ce qu’on me raconte… un peu moins… il y a des choses qui sont bonnes, il n’y a
pas tout à jeter, il faut trier. Aujourd’hui je trie beaucoup plus. Je crois qu’il faut
croire en soi et croire à ce qu’on vit à l’intérieur de nous, c’est hyper important. Ca
aussi a changé, j’écoute moins les autres, j’écoute plus ce que j’entends et j’essaye
de réfléchir sur ce que ça me dit vraiment. » Un autre fait de même : « J’ai appris
l’écologie de l’esprit. Je suis ouverte au monde et en même temps, j’évite tout ce qui
pollue mon esprit. Trop d’infos, je n’écoute pas la TV depuis des années et je ne lis
pas les journaux tout en sachant à peu près ce qui se passe dans le monde. Les
pensées négatives, j’évite. Je me préserve de toutes les pollutions. Dès qu’il y a la
moindre irritation, évidemment ce n’est pas chouette qu’il y ait la guerre, qu’il y ait la
pollution et tout ça mais si je m’irrite, c’est mon problème. C’est ma pollution et c’est
mes guerres. Si je ressens de l’irritation et que je veux combattre contre ça, c’est
mon histoire. J’intègre, j’accepte et ça ne m’empêche pas d’agir. » Cette même
personne explique la manière dont elle aménage son quotidien pour correspondre à
ses convictions : « Aux jours d’aujourd’hui, je me sens comme une chamane, une
Indienne d’Amérique, même si je dois faire avec le fait que je suis dans une ville.
Mais j’ai aménagé ma vie pour. Alors c’est vrai que j’ai une vie un peu originale, je
me suis aménagé une vie pour ici. Je serais en Asie ça passerait tout à fait. Mes
consultations, je les fais soit à domicile, soit ici pour ne pas avoir la charge d’un
cabinet, donc je n’ai pas besoin de faire une centaine de consultations par mois pour
tourner, j’ai un mode de vie très simple, je prends le temps, je suis à vélo, j’ai un
mode de vie qui me convient très bien. »
Ils peuvent se sentir moins touchés par ce que les autres pensent d’eux car ils ont
plus de respect pour eux-mêmes et un grand respect pour leur expérience. Voici un
extrait d’entretien que j’ai recueilli, démontrant l’envie de ne pas forcer les autres à
croire à leur expérience : « J’ai envie de dire avec tous ceux qui ont vécu ça, ce type
d’expérience, quand on parle d’amour, on le ressent. Et le bien-être qu’on a, on a le
goût donc on ne peut pas l’oublier, on ne peut pas douter. Je sais que pour les
autres, ils peuvent douter, ils peuvent ne pas y croire, je l’accepte et je n’ai pas envie
de… Les gens qui s’intéressent ok, mais sinon il ne faut pas forcer. » Un autre
témoignage montre le besoin d’authenticité : « Maintenant j’arrive mieux à percevoir
l’importance des choses. Ce que les gens peuvent dire ou être. Mais si on veut,
quelqu’un qui cherche à paraître ou qui n’est pas authentique, je communique avec
lui un moment mais je ne me laisse plus atteindre. Donc j’aime les gens
authentiques. » Un témoin parle de vouloir rester honnête malgré ce que pense les
autres : « Moi, aujourd’hui, j’ai envie d’être honnête avec moi-même et honnête avec
les gens autour parce que c’est comme ça qu’on vit. C’est difficile parce que tu
deviens vulnérable, attaquable à tout bout de champ, il faut accepter les gens qui ne
sont pas d’accord avec toi, que les gens ne peuvent pas comprendre, et que tu
puisses quand même vivre ce que tu peux vivre. Ca c’est le truc : ne pas se taire
parce qu’on a une pensée différente des autres. » Cet échantillon de témoignage
exprime la difficulté entre le fait de ne pas vouloir convaincre et le fait de vouloir
transmettre la joie de ce qui s’est passé : « Je n’ai pas envie de convaincre, je n’ai
rien à prouver. C’est juste que voilà, il s’est passé quelque chose de fabuleux dans
ma vie. » Un autre témoin passe au-delà du regard des autres pour exprimer ce dont
elle a envie : « Aller au-delà de l’incompréhension des autres, c’est incompréhensible
pour les autres, et encore de le manifester, de l’assumer et de le partager, je sais
que je peux passer pour une douce dingue. Je sais qu’on peut me prendre pour une
folle mais j’y vais quand même. »
Le sens moral peut s’accroître et la personne pourra ressentir un désir d’être plus
vraie et de vouloir s’approcher des notions contenues dans son expérience
(compréhension, amour, vérité, harmonie, etc.). Dans les témoignages suivants
figurent les notions de modestie et de respect : « Etre modeste, c’est une qualité que
j’ai envie d’acquérir. Mais j’aime aussi parler, j’aime aussi échanger, je ne me tais pas
dans un certain sens. » « Je suis moi-même et je ne dis pas des conneries mais je ne
veux plus choquer les gens et j’arrive à m’éclipser. » « En mettant en lumière les
expériences des autres, je vois que la mienne est différente et qu’on fait partie d’un
tout et qu’on tourne autour de tout. Donc en sachant ça, j’accepte les autres et je
m’accepte aussi. » « On a tous quelque chose, on a tous de l’importance pour soi-
même et le reste de l’humanité. » Le fait d’être positif et de transmettre le positif
ressort dans les témoignages : « Tout ce qui est positif, je le prends. Et tout ce qui
est positif doit être transmis. » « L’amour que j’ai ressenti dans l’expérience, je ne
peux pas l’effacer. Moi j’évolue toujours en étant le plus vraie possible. J’essaye de
bien choisir mes pensées, les pensées ont un poids, j’essaye de les faire positives. »
« Je cultive les belles pensées, les bons sentiments. Ca je ne connaissais pas du tout
avant. » « Un sentiment de joie tout le temps, même quand… il m’arrive d’être triste,
d’avoir des colères ou des émotions, ça m’arrive encore, mais tout en dessous il y a
une joie et ça, ça ne bouge pas. » Enfin, le fait d’être plus honnête avec soi-même et
les autres : « J’ai changé au niveau de ce que je dégage. J’étais plus superficielle.
Même si j’étais honnête, sincère, je faisais du mieux, j’ai toujours été quelqu’un de
bien, il y a quelque chose qui ne jouait pas et je le ressentais, ça me créait des
souffrances et ça se reflétait à l’extérieur. » En parlant avec un témoin de l’après-vie,
j’ai recueilli ces paroles : « Ce que j’espère c’est le goût de l’amour et chaque fois
que je peux en parler, en dehors des religions, des dogmes et tout ça, je me sens
reliée. Et d’accepter avec amour ce qui m’est arrivé, même si ce n’était pas évident,
c’est important. »
Durant l’expérience, il se peut que la personne découvre qui elle est vraiment et n’ait
plus peur de perdre le contrôle de sa vie. Voici deux extraits de témoignages qui
l’exprime : « Je remarque que tout a changé mais en même temps rien n’a changé,
dans le sens où je continue d’évoluer, la vie continue de me mettre face à des
situations pour que je continue d’évoluer. La différence c’est que je ne me cherche
plus. Je sais qui je suis, je sais d’où je viens, je sais où je vais, et je sais le sens de
mon intervention. Donc j’ai la direction, je ne me perds plus. » « Après, on devient
vraiment créateur de sa vie. Avant, ce n’est presque pas possible de créer sa vie si
on n’a pas trouvé cette liberté intérieure. Et en fait, au fur et à mesure de ma
purification, mon nettoyage intérieur, l’univers a aussi reflété ça. Maintenant je suis
dans un état où je sais que la réalité extérieure est le parfait miroir de qui je suis, de
comment je suis, je crée vraiment tout. »
L’orientation professionnelle
Si le travail qu’exerce la personne n’est plus en adéquation avec ce à quoi elle aspire
après la NDE et si elle n’a pas le sentiment de s’y accomplir, elle va remettre en
question ses conditions de travail pour les modifier ou va changer d’emploi : B. était
soignante. Elle a changé de travail après son expérience car sa prise de conscience
ne correspondait plus avec ses activités : « Avant je faisais ce travail pour le plaisir et
jusqu’à ce que ça m’arrive, je n’avais pas de difficulté à suivre les autres, tel et tel
médicament, les médecins étaient comme des bons dieux. Et après, de devoir
travailler, de distribuer des médicaments, de voir des gens qui s’enfermaient dans :
40
MOODY, R. La lumière de l’au-delà, Laffont, 1988, p. 93
c’est le médecin qui a dit que les anti-dépresseurs ce serait mieux que de prendre
conscience des choses, de traverser le village et de voir que là y a tel et tel qui est
mort, etc. Je ne pouvais pas parler de mon expérience avec eux par rapport à la
mort, je l’ai fait une fois et ce n’était pas forcément bien vu, donc c’est comme un
trop plein, j’ai besoin de santé, de vie, pas forcément d’accompagnement. Là ce que
je vais dire c’est dur mais je te le dis… d’accompagnement dans la décrépitude ça me
fait mal. C’est pour ça que j’ai arrêté. Pendant la nuit t’entendais ces grands-mamans
de 89 ans dire : « mais pourquoi on ne peut pas mourir ? » et tu regardais la table
de nuit pleine de médicaments… Comment être authentique face à ça ? Si tu ne peux
pas être authentique, ça ne vaut pas la peine. Aimer ce que tu fais ou tu ne le fais
pas. » O. a eu envie de devenir thérapeute après sa NDE : « Je voulais faire quelque
chose où j’utilisais mes mains et je voulais devenir thérapeute. La formation de
thérapeute psychocorporelle en biodynamique41 est une formation féminine et ça
j’adore parce qu’elle consiste à ne pas forcer les gens à quoi que ce soit mais à
laisser venir les choses. Et à inviter en fait les gens à se sortir d’eux-mêmes, à
donner ce qu’ils ont en eux-mêmes, d’une part leurs difficultés mais aussi leurs joies.
C’est très peu invasif, on peut travailler sur différents points. Parce que la plupart des
thérapies sont masculines : je fonce, je vais sur le point. Tandis que là tu fais le tour
de la douleur, du point de douleur pour arriver au centre et tu ne commences pas au
centre parce que c’est trop douloureux. » S. a cessé son travail et est devenue
thérapeute par la suite : « En tant que thérapeute, j’accompagne les gens dans ce
processus. C’est magnifique d’assister à l’accouchement de soi-même des autres.
C’est toujours dans cette notion de partage, de dire : « je l’ai fait, faites-le, c’est
fabuleux. » ».
Les relations
L’individu peut changer ses relations ou les améliorer, régler des conflits ou mettre
fin à des relations qui ne sont plus en adéquation avec ce à quoi il aspire. Les trois
témoignages suivants parlent des relations familiales et amicales auxquelles les
témoins ont mis un terme : « Ce qui a changé aujourd’hui certainement c’est la
relation, l’envie de relation qui est différent. Parce que j’ai eu un vécu difficile, je ne
le savais pas, avec le temps on sait. La vie de famille qu’il ne me fallait pas, la guerre
totale tout le temps, il fallait gagner, juste pour dire : « Tout ce que tu fais est
mauvais, si tu fais comme moi tout est bon. ». J’ai eu beaucoup de peine avec ça
parce que cet amour-là, t’as envie de le vivre et tu n’as pas envie d’attendre ta mort
à quelque part. » « Il y a des relations que j’ai arrêtées automatiquement. Du côté
de ma famille, ça s’est très mal passé, je n’ai absolument plus de contacts et je ne le
désire pas franchement. Je le désire si je ressens une sincérité, oui, mais si c’est
pour renier le passé, les mauvaises choses de la vie ou simplement détruire l’autre,
41
Plus d’informations concernant cette thérapie se trouvent sur le site web de l’Association
professionnelle de psychologie biodynamique à la page http://www.appb.org/prespb2.htm.
non. Je suis un peu plus sensible et un peu plus catégorique. Il y a pas mal de gens
avec qui j’ai rompu. » « Les amis, on n’a plus forcément les mêmes amis ou on en a
beaucoup moins qu’avant parce qu’avec mon thème, si on veut, je ne peux pas nier.
Je n’ai pas envie de me taire dans le sens que j’ai perçu tellement de choses,
tellement le sens de l’importance de la conscience, que si je ne suis pas honnête
avec les gens qui me demandent ce que je sais, je renie et ça fait mal. J’ai coupé des
liens parce que ce n’est pas dans leur chemin de vie et ce n’est pas des questions
qu’on a envie de se poser et je les comprends très bien. Et puis je ne cherche plus à
nouer des relations comme ça, parce que ça ne m’intéresse pas de jouer la
comédie. » Les témoignages suivants parlent de l’échange avec les autres : « C’est
assez mystérieux dans le sens de savoir quels sont les gens avec qui tu pourrais
échanger, et avec le temps, j’ai rencontré beaucoup de gens qui ont tous quelque
chose d’autre à raconter. Et je suis sûre que chaque personne sur terre à une grande
chose à découvrir. » « Plus l’envie de partager. Avant, si je partageais, c’était pour
ma personnalité. Maintenant quand je partage, c’est vraiment l’envie de diffuser,
c’est intraduisible. Tous les gens qui l’ont vécu, c’est vraiment l’expérience mystique
et c’est vraiment un goût, une saveur, un ressenti, une sensation et en même temps,
c’est un devoir de liberté de tout faire pour planter des graines. Mais que quand c’est
le bon moment pour les autres. » Un témoins explique sa nouvelle gestion des
conflits : « Comme je ne suis plus en conflit avec moi-même, personne ne peut
entrer en conflit avec moi. Quelqu’un vient et me dit les pires trucs négatifs, on
imagine. Ben je dirai « ok, je ne le ressens pas comme ça, je reconnais que c’est ton
ressenti, je trouve dommage que tu me voies comme ça parce que moi je ne me
ressens pas comme ça. » Après je ne pense pas que ce sera cultivé une relation
comme ça mais je ne me sentirai pas en conflit. »
Les croyances
un mot de ce qu’ils disaient. Et ça je n’ai plus envie. » B. n’a pas changé ses
croyances religieuses car elle ne s’affiliait pas à un culte religieux rigide : « J’ai
toujours été croyante. Si on veut, ma religion, avant j’étais catholique mais je n’ai
jamais cru à l’église, ça m’a toujours écorché la bouche de dire : « Je crois en une
seule ». J’ai toujours aimé la liberté, c’est ce qui était le plus important pour moi. »
Un autre témoin a changé sa vision de Dieu : « Je crois que j’ai trouvé une paix, pour
moi-même et avec les autres. J’ai dû casser cette image d’un dieu d’amour, il est
amour complètement, sûr et certain, mais il y a des moments où il faut aussi casser
certaines choses, l’amour ce n’est pas que la douceur fantastique, magnifique qui
nous fait la vie toute rose, c’est pas ça, c’est aussi de vouloir se battre pour quelque
chose, c’est la passion de vivre, et sans rage il n’y a pas de passion. »
Celui qui vit une telle expérience n’a plus peur de la mort et la voit plutôt comme une
"transition" ou un "retour à la source". En général, cela signifie qu’ils n’ont plus peur
de l’effacement du soi, comme le démontrent ces extraits de témoignages : « Voilà,
quelque soit les aléas de la vie, je sais que je viens de là, je sais que j’y retourne,
donc c’est plus facile. » « Il n’y a pas eu de grands changements, sinon que pendant
une année, je n’avais plus peur de la mort. La peur est revenue petit à petit avec les
années. J’ai le courage pour affronter l’au-delà mais le comment mourir, le passage,
la souffrance respiratoire qu’on ne maîtrise pas, ça me fait terriblement peur.
Autrement, le changement que je pourrais citer c’est que la NDE m’a confirmé
l’existence d’une nature plus profonde de l’être humain, un esprit subtil qui n’est pas
mesurable pour l’instant. Ce qu’on appelle le mystère s’est un peu dévoilé lors de
cette expérience. » « Maintenant, comme je sais que je suis un être spirituel incarné
pendant un temps qui retournera à la maison après, tout est différent. Et je ressens
la matière et je connais son but. Même ma matière, je sais que mon corps s’est
transformé. » « Selon moi, on est là pour cette renaissance de l’esprit. Avant, on est,
mais on n’est pas relié. »
Ceux qui ont rencontré l’"être de lumière"42 reviennent persuadés de l’existence d’un
esprit supérieur. La religion à laquelle ils étaient affiliés avant l’expérience peut
influencer l’identité de cet esprit (Dieu, Jésus, Bouddha, etc.). Dans un de ses
ouvrages, Kenneth Ring a pu sortir sept points caractéristiques relatifs aux croyances
des expérienceurs après la NDE43 :
1. la tendance en soi à se définir comme spirituel plutôt que religieux
2. le sentiment d’être intérieurement proche de Dieu
3. une diminution de l’importance accordée aux aspects formels de la vie religieuse
et du culte
4. une conviction qu’il y a une vie après la mort, quelles que soient les croyances
religieuses
5. une ouverture à la doctrine de la réincarnation (et en général une sympathie à
l’égard des religions orientales)
6. une croyance dans l’unité essentielle sous-jacente à toutes les religions
7. le désir d’une religion universelle qui réunirait toute l’humanité
42
Je nomme ainsi la lumière rencontrée par les expérienceurs durant les NDE car ce terme est celui
qu’ils utilisent le plus souvent. De plus, il est neutre par rapport aux différentes religions.
43
RING, K. En route vers Oméga : à la recherche du sens de l’EMI, op. cit., p. 178.
Durant son enquête, il a remarqué que les adeptes des courants majeurs du
christianisme étaient plus ancrés dans leurs croyances religieuses et manifestaient
moins de changements que ceux qui n’étaient pas affiliés aux courants de religion
chrétienne. Il a remarqué également que les expérienceurs ont la conviction que le
noyau central de toutes les religions est le même et qu’ils souhaiteraient une religion
universelle.
Parmi les expérienceurs que j’ai rencontrés, l’intérêt pour les médecines
complémentaires, les thérapies douces, l’ouverture aux théories ayant trait au
paranormal et à la psychologie était très présente. De même que pour les
explications qui incluent l’esprit et la conscience et tout ce qui a trait à l’écologie
(biologie pour cultiver, méthodes anti-pollution, etc.).
Le côté spirituel peut prendre une plus grande place dans la vie des témoins.
Beaucoup pratiquent la méditation, lisent des ouvrages ayant trait à la spiritualité,
etc. En général, ils s’intéressent à plus de choses, cherchent à comprendre les
événements, à accroître leurs connaissances. Certains développent leur créativité.
Tous les témoins que j’ai rencontrés ont exercé leur créativité sous différentes
formes (poèmes, écriture, peinture, décoration intérieure, jardinage, etc.)
Le physique
Sur le plan physique, la plupart voient leur corps comme un outil dans le monde
matériel. Ainsi, ils se soucient moins de l’opinion des autres sur leur apparence. Par
contre, ils deviennent plus attentifs à préserver leur corps et leur santé (nourriture,
symptômes, soins, etc.) comme le témoignent ces extraits d’entretiens : « Je crois
que je suis devenue un peu plus consciente de mon corps. Dans le sens où je fais
plus attention à ma vie dans tous les sens du terme. » « Je ressens les choses
beaucoup plus physiquement maintenant et ça c’est bien. Ca peut paraître bizarre
mais ça fait du bien. Je dois moins courir après n’importe quelle thérapie et n’importe
quel régime. Je n’ai qu’à écouter mon ventre et l’histoire est claire. » Ces deux
témoins ont un autre rapport avec leur corps : « Au niveau physique aussi j’ai
changé, beaucoup plus douce, beaucoup plus posée, beaucoup plus calme. Avant
j’étais très énergique, très yang, j’allais comme un boulet de canon, j’avais une
énergie dingue mais qui se dirigeait n’importe où. » « J’ai perdu des kilos, des kilos
qui me camouflaient, j’ai senti tout mon corps qui changeait, je me sens rajeunie. »
Un autre témoin a aperçu un changement au niveau de son écriture depuis sa NDE :
« Je n’arrive plus à faire les "a" de la même façon. Mon écriture a changé, sinon non,
je suis la même. »
La phase transcendante
Des témoins que j’ai rencontrés parlent de cette transcendance : « J’ai appris à ne
plus me laisser guider par d’autres sens. Plus du tout par la raison et l’éducation mais
beaucoup par l’intuition, par la connexion, par la transcendance. Je ne pouvais pas
avancer si je ne me connectais pas plus avec l’univers on va dire et en fait tout a été
posé, tout a été ajusté quand la connexion a été grandie. » « J’ai retrouvé la source,
j’ai regoûté à la source et à l’origine et au but, cette boule de feu d’amour. »
44
JOURDAN, J.-P. Deadline dernière limite, op.cit., pp. 152-153
3.1. Problématique
Actuellement, les états de conscience modifiés sont peu connus au sein de notre
population. Comme ils ne sont pas connus, ils ne font pas partie de ce qui est
considéré dans la norme actuelle. Ceci n’est pas le cas dans d’autres cultures comme
celles de l’Inde, du Tibet, d’Amérique du Sud, et les anciennes civilisations
(Amérindiens, Aborigènes, etc.), qui ont intégré ces phénomènes dans la vie
quotidienne.
Pourtant, tout le monde s’est déjà trouvé dans un état de conscience modifié,
puisque tout le monde rêve, même ceux qui ne s’en souviennent pas. La différence
est que le rêve est un phénomène commun et connu de tous. En revanche, si
quelqu’un exprime avoir la faculté de voir des personnes décédées par exemple, ce
phénomène n’est pas commun et comme il n’est pas connu ni encore expliqué, il va
induire une certaine peur et ne sera pas accepté par la plupart des gens. A ce
moment, si la personne en parle, le risque est grand qu’elle soit diagnostiquée de
folle ou étiquetée de pathologiquement souffrante. Ces constatations peuvent mener
à une médication voire même à un internement qui auraient pu être évités si les
personnes avaient la connaissance des états de conscience modifiés. Dans l’ouvrage
le Voyage interdit45, les auteurs décrivent la réaction générale du corps médical :
« L’altruisme médical sait qu’il va vous tirer d’affaire. (...) Evitez seulement de
l’exciter avec des expressions du genre « J’ai vu la lumière » ou pire : « Je n’ai pas
besoin de médicaments ! » (Des témoins ont même été acculés à simuler une
guérison pour échapper à l’internement et aux psychiatres.) Mais alors, direz-vous,
que faire ? Le choix est mince entre se taire et ne pas parler... ».
Ceci est un cercle vicieux car les individus n’ayant pas eu connaissance de ces
phénomènes auparavant, ont eux-mêmes la sensation d’être fous et n’osent pas
parler de ce qu’ils ont ressenti et aperçu. Ainsi, il y a de nombreux dangers et
difficultés qui peuvent surgir, liés au mal-être de ne pas pouvoir comprendre ce qui
leur arrive, ne pas savoir que d’autres gens vivent la même chose qu’eux et de ne
pas bénéficier des moyens nécessaires pour réussir à vivre avec ces phénomènes.
45
MERCIER, E.-S., VIVIAN, M. Le voyage interdit : vivre son expérience de mort imminente (NDE),
Belfond, 1995, p. 254
Si j’avais vraiment voulu suivre l’ordre des choses, j’aurais rédigé la partie concernant
les difficultés avant celles qui traitent des changements. Cependant, ce qui ressort en
premier dans les témoignages et dans les ouvrages, c’est aussi ce dont les gens
parlent plus volontiers : les changements qui s’avèrent positifs par la suite. C’est
pourquoi je tiens à relever ici que les changements positifs ne surviennent pas le
lendemain des expériences comme si l’on usait d’une baguette magique. Un travail
sur soi qui peut durer des années et une aide extérieure sont nécessaires pour la
grande majorité des expérienceurs. Il ne faut pas écarter non plus le risque de
rencontrer des individus aux intentions mauvaises qui profiteraient de certaines
difficultés pour manipuler l’expérienceur et peut-être le conduire dans des
mouvements sectaires malsains.
Entre autre, il faut savoir que ces changements ne sont pas tous vécus par tout le
monde. Il se peut aussi que rien ne se passe. De même, le temps d’intégration varie
entre chaque individu. Une partie va se remettre plus vite que les autres et va
accepter plus facilement "le retour". Tout dépend de l’idée qu’ils s’en font (un défi à
relever, la recherche du but de leur existence, etc.). Il se peut également que
certains ne parviennent pas à se remettre.
Parmi les changements négatifs qui ressortent chez les témoins, le plus courant est
l’inflation de l’ego. En effet, lorsque des personnes vivent des expériences hors du
commun, elles peuvent croire qu’elles sont spéciales, elles seules ayant vécu cela. De
même, celles qui acquièrent des dons psychiques peuvent croire qu’elles possèdent
un don très rare, étant les seules à l’avoir. Cela peut entraîner, pour ceux qui ont des
dons, le fait d’affirmer à n’importe qui et à n’importe quel moment ce qu’ils ont
perçu, sans prendre garde à l’impact de leurs révélations.
Il arrive régulièrement que les personnes qui vivent des ECM, y compris les NDE,
reviennent avec des dons ou des capacités psychiques. Certaines les remarquent tout
de suite et d’autres les développent après un certain temps. Tout dépend de la
personne, de son acceptation vis-à-vis de ses dons, si elle s’en rend compte et si elle
s’y intéresse, etc. Il arrive qu’une personne refuse son don car elle ne saurait pas
Un autre problème que rencontrent trop souvent les expérienceurs est le manque de
compréhension, d’écoute et la difficulté d’en parler librement. Certaines réactions
peuvent les pousser à se taire ou à s’isoler pendant une période qui peut durer
jusqu’à des dizaines d’années. Dans "Lumières nouvelles sur la vie après la vie",
Raymond Moody écrit : « Par la suite, lorsqu’il tente d’expliquer à son entourage ce
qu’il a éprouvé entre-temps, il se heurte à différents obstacles. En premier lieu, il ne
parvient pas à trouver des paroles humaines capables de décrire de façon adéquate
cet épisode supraterrestre. De plus, il voit bien que ceux qui l’écoutent ne le
prennent pas au sérieux, si bien qu’il renonce à se confier à d’autres. Pourtant cette
expérience marque profondément sa vie et bouleverse notamment toutes les idées
qu’il s’était faites jusque-là à propos de la mort et de ses rapports avec la vie. »46
Dans son ouvrage47, P.M.H. Atwater, chercheuse et écrivain américaine, déclare :
« La réponse type de l’entourage se résume à : « Faites appeler un psychologue,
prévenez un psychiatre, dites à cette personne de se taire ou convainquez-la, d’une
manière ou d’une autre, qu’il ne s’agit que d’un rêve, d’une vision ou d’une
hallucination. » L’expérienceur s’entend dire qu’il faut oublier. Mais cette expérience
ne se laisse pas oublier. On ne parvient pas à l’évacuer. Elle a une trop grande réalité
pour n’être qu’un rêve ou une vision. Elle est trop cohérente pour une
46
MOODY, R. Lumières nouvelles sur la vie après la vie, Laffont, 1988, p.
47
ATWATER, P.M.H. Retour de l’après-vie : les répercussions de l’expérience de mort imminente, Ed.
du Rocher, 1992, p. 41
hallucination. » A ce sujet, Sylvie Déthiollaz déclare : « Il est probable qu’il y ait dans
les hôpitaux psychiatriques des personnes qui ont été fortement perturbées par le
vécu d’un ou de plusieurs EMC, mais qui ont été diagnostiquées à tort comme des
cas pathologiques. Par la suite, la puissance des traitements reçus (neuroleptiques
etc.), ainsi que la conviction d’être malade finit par les rendre véritablement
malades ». Un témoin, présent au sein du groupe de parole du centre Noêsis, affirme
sentir le corps d’autres personnes et leurs mouvements dans son propre corps. Il a
déclaré qu’après avoir vécu ses premières expériences, il a consulté un psychiatre.
Celui-ci lui a donné des médicaments contre les hallucinations. Après avoir pris ces
médicaments, il a remarqué la différence entre la réalité de ses expériences et les
états hallucinatoires que provoquaient les médicaments.
Parfois, les expérienceurs ne peuvent pas en parler car ils ne savent pas eux-mêmes
de quoi il s’agit, comme illustre bien les paroles de ce témoin que j’ai rencontré : « Je
ne savais pas ce qui m’arrivait, je ne pouvais pas me situer avec ça, je n’avais pas
l’impression d’avoir rêvé, d’avoir rêvé sans plus, ce n’était pas quelque chose qui
était défini. » Ce n’est que le jour où son mari lui a rapporté une émission radio qu’il
avait entendue sur les NDE qu’elle a pu identifier son expérience, commencer à en
parler et lire des ouvrages sur ce sujet. Ainsi, l’individu peut subir une anxiété liée au
fait de ne pas savoir ce qu’il vit lorsqu’il a un ECM, ne pas connaître sa signification
et de quoi il provient. La peur de devenir fou ou de l’être déjà revient très souvent.
Chez les personnes qui croient aux mauvais esprits, c’est la peur d’être possédé qui
peut surgir. L’expérienceur peut rester fixé sur l’expérience et penser à cela sans
arrêt. Il peut également avoir peur de perdre le contrôle de sa vie et de ses actes,
surtout si les ECM sont spontanés et qu’il ne les a pas recherchés.
Une autre difficulté que rencontrent tous les témoins est qu’il n’existe pas de mots,
dans le langage humain, pour décrire l’expérience. Ce constat est évident puisque ce
qu’ils ont perçu et ressenti n’est pas perceptible par les cinq sens. Ils doivent se
contenter d’images, d’interprétations et d’à peu près pour tenter de faire ressentir
aux autres leur expérience. Mais comme toutes ces sensations sont impossibles à
percevoir sans les avoir soi-même vécues, malgré tous les efforts d’empathie et
d’imagination, il est évident que les témoins n’ont pas les moyens, ni les
comparaisons pour relater leur expérience de manière à ce que nous la comprenions
vraiment. Voici un témoignage48 illustrant cette difficulté : « Les souvenirs sont
fidèles à ce que j’ai vécu. J’ai l’impression que c’était hier, que ce n’est donc pas un
souvenir. L’expérience est, tout simplement. Par contre, les mots de notre
vocabulaire ne permettent pas de décrire les choses correctement. On reste toujours
en deçà. C’est d’ailleurs très frustrant parce que j’ai du mal à expliquer les choses.
J’ai l’impression que ce que je dis n’est pas fidèle à ce que j’ai vécu. C’est plus terne,
cela manque de tout. C’est difficile de trouver les mots. Les mots sont trop fades,
toujours en dessous de la réelle intensité de ce que j’ai vécu. Je n’arrive pas à décrire
vraiment les choses. Je sais que c’est vrai mais c’est comme si pour décrire un film
en couleur, je n’avais que le noir et blanc. C’est très frustrant. Et puis, c’est tellement
incroyable déjà pour moi, que c’est difficile de le raconter aux autres. »
48
Tiré de JOURDAN, J.-P. Deadline dernière limite, op.cit., p. 273
Par rapport à l’intégration des expériences et à l’aide que les témoins peuvent
rechercher, il y a une différence entre les NDE et les ECM. Comme les ECM sont
souvent à répétition par rapport à la NDE qui possède en général un caractère
unique dans une vie, les personnes vivant des ECM sollicitent plus facilement l’aide
extérieure. A ce propos, M. Claude-Charles Fourrier, psychothérapeute du centre
Noêsis, déclare : « « Il peut y avoir un côté thérapeutique dans l’accompagnement
que l’on propose à Noêsis et aussi souvent un côté développement personnel. Par
exemple, quelqu’un qui vit des EMC « à répétitions » a l’opportunité d’avoir des
prises de conscience entre chaque expérience et de faire évoluer ses perceptions
d’une fois à l’autre. Par contre pour ceux qui ont vécu une NDE, c’est différent car il
n’y a pas de fois suivante prévue. Leur expérience est quelque chose qui appartient
au passé et qui du coup reste figée dans le passé. Il pourrait y avoir une possibilité
d’évolution et de développement personnel s’ils se confrontaient à des regards
extérieurs. Hors, souvent ils ne le font pas car les regards extérieurs sont ceux des
médecins souvent fermés à ces choses là, ou de la famille qui, au bout d’un moment
est dépassée par tout ça… Ils ne peuvent pas vraiment raconter ce qu’ils ont vécu,
par conséquent ils ne peuvent pas s’en servir pour évoluer. Et en même temps, ils
croient détenir un joyau, ce qui est vrai, mais ce trésor reste stérile ».
En général, les premiers effets de la NDE sont souvent négatifs. Les extraits de texte
suivants49, rédigés par le Dr Sylvie Déthiollaz, résument ce qu’implique le fait de vivre
une NDE. « Vivre une NDE signifie en général vivre une transformation profonde et
durable accompagnée d’effets secondaires typiques positifs, revêtant même dans
certains cas un caractère thérapeutique : changement de valeurs, sentiment de
renouveau personnel, plus grande confiance et estime de soi, altruisme, soif de
connaissance, réveil philosophique ou spirituel, détachement des biens matériels et
diminution, voire disparition de la peur de la mort sont les termes les plus souvent
rapportés. » « Dans certains cas extrêmes, la NDE peut même jouer le rôle de
véritable "psychanalyse accélérée" en permettant la prise de conscience de
traumatismes psychiques anciens et profondément enfouis. De manière générale, la
NDE est ressentie par beaucoup comme une seconde "naissance". »
« Même sans parler des NDE négatives, dont le contenu terrifiant peut provoquer un
état dépressif accompagné d’anxiété, de cauchemars récurrents et d’une peur
exacerbée de la mort (qui sont les signes d’un syndrome de stress post-
traumatique), le témoin ressort dans un premier temps fortement fragilisé et
perturbé par une telle expérience, même si elle était "positive". Un repli sur soi, une
grande fragilité émotionnelle, une susceptibilité exacerbée, des difficultés à
communiquer, des problèmes relationnels et une instabilité tant sur le plan affectif
que professionnel sont en effet souvent observés. La NDE représente un point de
rupture dans la vie d’une personne et cette transition sera plus ou moins bien vécue
selon la personnalité et le profil psychologique de l’individu. »
49
Tirés de la page web http://www.noesis.ch/ecm/nde/newsletter du site www.noesis.ch
« Alors qu’elles ne comprennent pas ce qui leur est arrivé, ces personnes rencontrent
en général une incrédulité totale si elles se risquent à en parler autour d’elles. Elles
se sentent seules, car leur entourage a du mal à comprendre et à accepter leurs
changements de personnalité, ainsi que leurs nouvelles valeurs et convictions. De
sorte que l’assimilation et l’intégration totale de cette expérience peuvent prendre
des années. »
Il est difficile pour les expérienceurs de revenir dans ce monde quand, d’après les
récits, ils n’ont fait qu’un avec la source, rencontré un être parfait qui est l’"être de
lumière", connu l’amour inconditionnel, etc. Au départ, ce monde va leur paraître
ingrat, avec tous les problèmes qu’il contient (violence, influence néfaste des médias,
incompréhension entre les humains, non-respect de l’environnement, etc.). Tout est
en décalage avec ce qu’ils ont ressenti : l’amour le plus pur. Après l’expérience, il y a
un réel désespoir que celle-ci ait pris fin et qu’il ne soit pas possible de la reproduire.
Souvent, après les réanimations, les témoins éprouvent une réelle colère envers ceux
qui les ont fait revenir. Voici un témoignage que j’ai recueilli à propos de ces
difficultés : « Ca m’a complètement échappé mais j’ai vécu assez mal après parce
que j’ai fait de la dépression, aussi dans le sens où je voulais retrouver cet amour à
quelque part, là j’étais hyper mal psychologiquement, j’avais envie de me suicider, je
me suis retrouvée des fois quand je me levais « Je vais me suicider », c’est affreux,
« Maintenant j’ai trois enfants, mais qu’est-ce que je fais là ? » c’était l’horreur. » Le
Dr Déthiollaz du centre Noêsis a déjà rencontré ce problème : « Ils ont vu certaines
choses et ont ressenti des valeurs. Cependant, dans la vie quotidienne, il est difficile
d’être en adéquation avec ce qu’ils ont ressenti durant l’expérience. ».
50
JOURDAN, J.-P. Deadline : dernière limite, op.cit., p. 213
Vu leur expérience qui paraît hors du commun, les témoins peuvent être persuadés
qu’ils sont des privilégiés et qu’on leur a confié une mission. Certains peuvent
manquer de patience et même devenir arrogants car ils sont certains de tout savoir.
Ainsi, leur ego peut devenir surdimensionné, entraînant la volonté de transmettre à
tout le monde ce qu’ils ont vécu, à prêcher des bonnes paroles, sans mettre de
limites et sans se demander si les autres sont prêts ou non à entendre ces choses et
à entrer en dialogue avec eux. C’est une des raisons qui créent l’isolement chez les
expérienceurs, car ceux-ci sont parfois rejetés, voir ridiculisés par ceux qui ne se
sentent pas concernés. Voici les dires des témoins que j’ai rencontrés qui démontrent
l’envie de reproduire ce qu’ils ont ressenti : « C’était difficile de revenir avec ce que
j’avais ressenti, le transmettre à qui, comment et pourquoi, et quelle utilité ? Je
devais être fidèle à cet amour que j’avais ressenti, j’avais envie de l’être. C’était très
fort. » « Au tout début, j’avais l’impression d’être comme à Woodstock : « Ah, je vais
partager avec tout le monde ! » et j’en parlais n’importe comment, avec n’importe
qui, je me reprenais n’importe quelle réaction mais c’était comme une enfant qui
voulait partager sa joie et ce n’était des fois pas adéquat. » « J’ai compris qu’il y a
des gens qui ne comprennent rien du tout, ça ne vaut pas la peine de leur dire, pour
eux c’est n’importe quoi, il manque la connaissance, l’envie de savoir. Et j’ai eu
beaucoup de peine avec ça. Et en plus, cette souffrance-là a fait souffrir toute ma
famille parce que je n’ai pas réussi à lâcher prise. Je voulais enfin qu’ils
comprennent, qu’on puisse avoir une relation meilleure, quelque chose de beau.
J’étais complètement en décalage par rapport à eux et moi-même je ne comprenais
pas. » Jusqu’au jour où un déclic se fait et permet le changement : « Un jour, j’ai été
faire de l’homéopathie et la dame m’a dit : « Arrêtez d’en parler de votre NDE, je ne
veux plus vous en entendre parler. » Et j’ai pris conseil. Et je crois que depuis là,
j’allais mieux. Je vivais quelque part dans une vision, je parlais de choses que les
autres ne comprenaient pas. Je crois que j’ai aussi changé de langage, j’étais très
accroché quand même à toutes morales et j’ai dû décrocher à un moment donné de
tout ça. C’était un mélange entre un discours moraliste, dire ce que les autres
devaient faire ou ne pas faire, mais je devais revenir et me dire « si tu veux faire
quelque chose, c’est à toi de le faire, pas à quelqu’un d’autre. » » « Il faut arrêter
d’en parler, tu bombardes les gens avec des trucs qu’ils ne peuvent pas entendre.
Alors ça fait dix ans de déprogrammation, et j’y suis encore… »
s’ils restent prudents face à ce sujet, s’ils ne l’ont pas vécu eux-mêmes ou une
personne de leur entourage. » « Ce ne sont que les personnes les plus proches qui
sont au courant de mon expérience. Puisque j’en parle avec des personnes amies, je
ressens de la compréhension même si le phénomène leur échappe complètement.
C’est une question de confiance. » Parfois, l’incompréhension subsiste malgré les
efforts et les liens peuvent se briser : « Tu essayes d’aimer les tiens, tu essayes de
les comprendre, et en même temps tu te rends compte que eux ne comprennent
pas. Et c’est hyper douloureux. » « Au niveau de la famille, je ne les côtoye plus. Je
n’ai pas pu communiquer. Par rapport à mes amis, j’ai trouvé des gens qui me
correspondent beaucoup plus. Au départ, j’étais très solitaire. Je crois que j’avais
deux ou trois amis avec qui je pouvais partager. C’était la période où je me
déconditionnais de tout alors plus de TV, plus de journaux, plus d’influence
extérieure. Je voulais me déconditionner pour retrouver ma liberté et ma nature
profonde. »
Par rapport aux proches, d’autres difficultés peuvent apparaître. Parfois, l’expérience
est tellement forte pour le témoin que le sentiment d’amour reste gravé longtemps
dans sa tête. Le sentiment de vide qu’il qui s’installe après peut lui donner
l’impression de ne plus vraiment aimer car, selon les rescapés, l’amour humain sur
terre n’est pas comparable à celui qu’ils ressentent durant l’expérience. Ainsi,
l’entourage peut reprocher un manque d’affection. D’après plusieurs témoignages, il
arrive également que durant la NDE, l’expérienceur préfère rester dans cet amour
plutôt que de retourner auprès de ses proches. Une fois de retour dans son corps
physique, il peut se sentir coupable d’avoir préféré délaisser ceux qu’il aime.
Dans son ouvrage51, Yvonne Kason fait une distinction entre ce qu’elle nomme la
transformation spirituelle et l’urgence spirituelle, liées à l’état psychologique des
personnes et à la gestion des difficultés pouvant survenir après les expériences. Ces
distinctions sont visibles en annexe 9.11. En résumé, malgré les périodes de crises
que peut rencontrer l’expérienceur, la transformation spirituelle se fait de manière
plus douce et plus positive que l’urgence spirituelle. Cette dernière est plutôt
perturbatrice et beaucoup plus difficile à vivre. Un des témoins que j’ai rencontré a
vécu des crises d’urgence spirituelle : « Les changements, ça n’a pas été facile,
beaucoup de résistances intérieures, ça s’est fait par crises, ça n’a pas été facile. Par
contre, je sentais que c’était fondamental, profond, je ne savais pas où j’allais mais
je sentais l’appel, je savais que je devais faire ces choses-là sinon j’allais passer à
côté de moi. La face de changement a été chaotique, tout était confus. (…) Quand
c’était au plus fort de ça, j’avais l’impression que même les objets bougeaient, que
tout était vivant. Tout était étrange, bizarre, mais j’ai quand même pu gérer,
continuer à travailler un minimum. C’est comme s’il n’y avait plus de différence entre
la réalité extérieure et la réalité intérieure. En fait c’est mon monde extérieur qui
reflétait mon monde intérieur. L’étagère bougeait parce que moi j’avais l’impression
de ne pas être stable. (…) C’était comme si je me battais avec mes démons
intérieurs. Ce n’était pas seulement dans la tête, c’était aussi le corps qui était pris
par moments, c’était comme de la folie, j’avais fait des études de psycho avant et
même en en ayant fait, vraiment des moments de folie. Mais en même temps, j’avais
totale confiance, je ne sais pas pourquoi, j’avais totale confiance, je savais que c’était
de la folie, ça n’avait aucun sens au niveau humain mais j’avais confiance de
continuer. Je voulais trouver la paix intérieure, j’en avais ras le bol de cette prison
dans laquelle j’étais. »
51
KASON, Y. L’autre rive, op.cit., pp. 313-315
52
KASON, Y. L’autre rive, op.cit., p. 316
Elle déclare également que certains de ses patients ont développé une manie aiguë :
« Certains de mes patients ont glissé d’un état d’urgence spirituelle grave à la
psychose et ont temporairement manifesté des symptômes de schizophrénie
paranoïaque. Cependant, la vaste majorité d’entre eux ont plutôt développé une
manie aiguë. »53 Les principaux critères diagnostiques des épisodes maniaques
qu’elle a répertoriés sont visibles en annexe 9.13.
Lorsque j’ai demandé à un témoin ce qui était le plus important pour lui après avoir
vécu sa NDE, il m’a répondu : « C’est d’être arrivé au point d’acceptation où je ne me
pose plus la question : « Pourquoi ça m’est arrivé ? ». Mais arriver à ce point-là, ce
n’était pas évident. C’est comme une maturité, comme un fruit qui mûrit, chaque
jour sa dose de soleil ou de pluie. »
La question de départ est donc la suivante : Quels sont les besoins des expérienceurs
après le vécu d’un état de conscience modifié et quels rôles joue l’association Noêsis
au niveau de l’intégration ?
53
KASON, Y. L’autre rive, op.cit., p. 318
4. Méthode
A part les ouvrages, j’ai visité de nombreux sites internet et forums qui m’ont permis
de trouver des contacts, des dates de conférences, d’autres liens utiles et toutes
sortes d’informations. Une des difficultés que j’ai relevée par rapport à la
bibliographie est que beaucoup d’études sont rédigées en anglais. Il est donc
nécessaire de bien maîtriser la langue pour les comprendre, ce qui n’est pas mon cas
malheureusement. Ainsi, j’ai souvent dû me référer aux sites français qui décrivaient
ou traduisaient les études et leurs résultats.
Après avoir renoué avec le sujet, il fallait que je trouve un terrain d’enquête. J’ai
alors cherché sur internet, différentes associations comme IANDS France, CEEMI, et
Noêsis. Je les ai contactées par e-mail, en expliquant ma formation, mon travail de
mémoire et en sollicitant leur collaboration. Certains sites français n’ont pas souhaité
collaborer et d’autres ne m’ont pas répondu. La seule association ayant répondu
positivement à ma demande est le centre Noêsis. J’ai patienté plusieurs semaines
avant de pouvoir obtenir un entretien car les deux professionnels du centre avaient
une grande charge de travail à ce moment-là. Mais cette attente en a valu la peine
car ils m’ont offert suffisamment de temps en répondant à de nombreuses questions
et en m’accordant plus tard, un second entretien.
A part les entretiens, j’ai eu l’idée de m’inscrire sur des forums56 et de lancer le débat
sur les contacts avec les associations. Il s’est révélé que la majorité des personnes
qui communiquent sur ces forums n’ont pas eu de contact avec des associations et je
n’ai pas obtenu de réponse, mis à part l’encouragement d’une des modératrices.
Celle-ci m’a indiqué que les personnes qui participent sont régulièrement les mêmes
et qu’à sa connaissance, ils n'ont pas eu de contacts avec l'une ou l'autre association.
D’après elle, beaucoup d'autres lisent le forum mais n'interviennent pas.
54
Ce texte est visible en annexe 9.14.
55
Ce document est visible en annexe 9.15.
56
Notre Expérience Expérienceurs NDE et ECM http://notreexperience.actifforum.com/, Les
Chroniques de l’Au-Delà http://outre-vie.forumactif.com/forum.htm, et Forum paranormal
http://www.paranormal-info.com/forum/index.php
57
Elle a créé son site internet à l’adresse suivante : http://www.elsaesser-valarino.com/fr/index.html
hors-du-corps" par Sylvie Déthiollaz, qui définissait les états de conscience modifiés
(y compris les NDE), des recherches à ce sujet et ce qui pouvait se produire alors.
Tout au long de la recherche, j’ai continué à lire des ouvrages et consulter les sites
internet. Mon directeur de mémoire a été également une aide précieuse car il m’a
guidée et orientée tout au long du travail, m’a apporté les commentaires nécessaires
à l’amélioration de celui-ci et m’a fourni diverses références.
C’est ainsi que, en Suisse également, différents dispositifs comme les associations et
les activités liées à l’écoute et au partage ont été mis en place : « Pour répondre à
cette souffrance nouvellement identifiée, des dispositifs se sont mis en place en
58
FASSIN, D. Des maux indicibles : sociologie des lieux d’écoute, La découverte, 2004, p. 8
59
Ibid, p. 9
60
Ibid, p. 9
France dans la seconde moitié de la décennie 1990. Le terme générique qui les
désigne est "lieux d’écoute". (…) Afin de pouvoir entendre la souffrance, il faut donc
l’écouter. Se crée ainsi une relation sociale qui, renouant avec une pratique ancienne
de la compassion, installe la souffrance à proximité. Pour l’Etat qui institue ces
dispositifs, assister les "publics en difficulté" suppose désormais de se mettre à
l’écoute de "la plainte remontant du terrain", (…). A l’inverse, des victimes de
l’injustice sociale, on attend qu’elles soient en mesure sinon de raconter, du moins
d’exprimer verbalement leur "souffrance" devant ceux que l’on nomme de plus en
plus ordinairement des "écoutants". »61 Les lieux d’écoute se trouvent maintenant
dans de nombreuses structures (écoles, cliniques, certaines entreprises, hôpitaux,
lignes téléphoniques, centres, …). Certaines sont reconnues par l’Etat et bénéficient
de fonds pour leur activité, d’autres ont les mêmes objectifs mais ne sont pas
reconnues : « En effet, au-delà de la diversité des formules institutionnellement
imaginées, au-delà même des différences d’école, ces lieux ont en commun de
promouvoir une disposition généralisée à écouter le malheur. Plus que des
structures, ce sont des attitudes qui sont recherchées, une attention à l’égard de
l’autre souffrant, une capacité à reconnaître derrière des symptômes divers une
fragilité intime, une manière au fond de "se tenir à l’écoute". C’est à l’ensemble de
ces pratiques sociales qui mettent aux prises un "écoutant", doté de compétences
caractérisées par une empathie cultivée plutôt que par un métier spécifique, et un
"écouté", défini par sa souffrance supposée en rapport avec une situation sociale,
que l’on s’intéresse ici. »62
Parmi les structures qui offrent une aide aux expérienceurs, je me suis tournée vers
Noêsis, la seule existant en Suisse. C’est une association indépendante à but non-
lucratif, définie comme un Centre d'Etude et de Recherche Noétiques. Ce centre est
consacré aux expériences de mort imminente et à toutes autres expériences liées à
un état de conscience modifié (OBE, etc.). Il a été fondé en 1999 par Mme Sylvie
Déthiollaz, docteur es sciences. Depuis 2004, M. Claude-Charles Fourrier a rejoint le
centre en tant que psychothérapeute. Le centre possède son propre site internet :
www.noesis.ch.
4.2.1. Historique
61
FASSIN, D. Des maux indicibles : sociologie des lieux d’écoute, op. cit., p. 10
62
Ibid, p. 11
63
VAN EERSEL, P. La source noire, B. Grasset, 1986
assez frustrée et déçue car je ne voyais pas d’autre alternative et tout à coup voilà
qu’on me parle des NDE. J’ai immédiatement su que c’était la direction dans laquelle
je voulais aller. Tout en gardant une démarche scientifique, ces expériences
représentaient le moyen d’étudier la conscience sous un angle plus large, obligeant à
garder toujours à l’esprit des questions d’ordre existentiel ».
Pourquoi "Noêsis" ? J’ai posé cette question au Dr Déthiollaz qui m’a répondu que
"Noêsis" signifie "l’acte de penser" en grec ancien.
Les débuts n’étaient pas de tout repos pour la créatrice de l’association. Elle a frappé
à de nombreuses portes et a essayé de se faire connaître. Noêsis a été créé sur son
temps libre et ses vacances, à côté d’un travail de rédactrice scientifique : « Je
faisais des conférences à droite à gauche, je me déplaçais, j’allais en France, je
faisais des congrès, etc. Tout cela en plus de mon travail "officiel". C’était très lourd.
Jusqu’au jour où j’ai reçu des financements. A partir de ce moment, j’ai pu lâcher
mon travail et m’occuper de Noêsis à plein temps. ». La date de création de Noêsis
est 1999 mais il a fallu attendre 2000 pour que les choses démarrent réellement.
64
Aux frontières de la mort Near Death Experience. GILLIAND, D. (réal.) PCT – TSR, 2002. [DVD]
(52 min.)
Pour l’instant, le centre est en partie financé par la Fondation Odier de Psycho-
Physique qui se trouve à Genève. Cette Fondation a été créée pour étudier tous les
phénomènes relevant d’une interaction entre l’esprit et la matière.65
Parmi les personnes qui prennent contact avec Noêsis, seuls environ 20 % ont vécu
une NDE, alors que les 80% restants ont vécu un autre état modifié de conscience.
C’est pourquoi, assez rapidement après sa création, le centre a élargi ses activités à
l’ensemble des états modifiés de conscience, liés ou non à l’approche de la mort. La
plupart des expérienceurs viennent de Suisse romande et de France, souvent de
petits villages. A ce propos, Sylvie Déthiollaz déclare : « Ils en parlent peut-être plus
facilement que dans les grandes villes où il y a la peur du "qu’en dira-t-on" ou peut-
être un à-priori plus intellectuel. Nous avons quelques témoins de Genève, mais peu
comparé à la taille de la ville. » Au sujet du public ciblé, Didier Fassin déclare dans
son ouvrage : « La réalité est pourtant plus complexe et le problème se pose, dans
chaque lieu d’écoute, à la fois du public auquel la structure est destinée et de celui
qui la fréquente effectivement. (…) La représentation du public en termes de "déficit"
est certainement la plus commune (…) »66 Pour les expérienceurs, le "déficit" est le
manque de compréhension et d’écoute, le manque de sécurité par rapport à l’état
mental et tous les différents manques déjà cités qui sont retenus pour former le
public ciblé du centre. Cependant, le centre est ouvert à toutes les personnes qui
s’intéressent de près ou de loin aux ECM. En ce qui concerne le nombre total de
personnes ayant pris contact avec Noêsis, il n’est pas possible de faire un
recensement précis car les contacts se font parfois sous forme de simples échanges
téléphoniques ou d’e-mails. Selon Sylvie Déthiollaz, le nombre de contacts, qui se
chiffre quand même à plusieurs centaines, a augmenté depuis le congrès de
Martigues.
65
Plus d’informations sur cette Fondation se trouvent sur le lien suivant :
http://psiland.free.fr/savoirplus/associations/fmmopp.html
66
FASSIN, D. Des maux indicibles : sociologie des lieux d’écoute, op. cit., pp. 66-67
4.2.3. Activités
Les activités du centre Noêsis sont basées essentiellement sur l’écoute des témoins
et l’attention qui leur est donnée. Mis à part les nombreuses rencontres et entretiens
avec toutes personnes touchées ou intéressées par les ECM, Sylvie Déthiollaz et
Claude-Charles Fourrier s’investissent dans différents domaines d’activité.
Parfois, il arrive que l’écoute et les échanges ne soient pas des aides suffisantes. Il
est alors proposé à la personne des séances de soutien psychothérapeutique avec M.
Fourrier. Ces séances ont lieu dans une des pièces du centre. Aucune méthode
suscitant l’imagination (comme la sophrologie) n’est utilisée en renfort. En effet, il est
nécessaire de rester dans la plus grande simplicité pour permettre aux expérienceurs
de "reprendre pieds sur terre". En dehors du cadre de Noêsis, M. Fourrier reçoit
également des personnes ayant d’autres problématiques qui ne sont pas forcément
en lien avec un vécu d’ECM.
Il arrive que les témoins aient besoin de rencontrer d’autres personnes ayant un
vécu similaire. Dans ce cas, Noêsis peut mettre en contact les expérienceurs qui le
désirent. Depuis septembre 2007, un groupe de parole a été créé. Les réunions ont
lieu en général un jeudi par mois, de 18h à 21h. Elles sont définies comme "portes-
ouvertes", c’est-à-dire que tous ceux qui s’intéressent à la conscience et aux ECM
sont les bienvenus, qu’ils aient vécu des expériences de ce type ou non.
Un autre ouvrage est en cours de préparation. Celui-ci sera rédigé à partir d’une
recherche non-expérimentale cette fois. Il sera basé sur les rencontres des gens avec
qui les professionnels de Noêsis ont travaillé et présentera les réflexions et
observations qui en découlent.
Les professionnels de la santé sont souvent les premiers vers qui se confient les
témoins. En effet, de nombreuses expériences sont vécues lors d’opération, de
réanimation ou d’urgences, et les premières personnes présentes lors du réveil sont
généralement celles du corps médical. Les thérapeutes sont également susceptibles
de se voir confier des témoignages de personnes voulant obtenir des informations
sur leur expérience ou leur état de santé mental. C’est pourquoi, Noêsis a mis sur
Afin de faire connaître à la population l’existence des ECM et les résultats des
différentes recherches effectuées, Sylvie Déthiollaz participe à de nombreuses
conférences, notamment à Genève et en France. Elle était intervenante aux
premières rencontres internationales de Martigues, en France, le 17 juin 2006. Cette
manifestation a été organisée par Sonia Barkallah, directrice de la société S17
Production68, afin de réunir différents chercheurs pour les 30 ans de recherche sur
les EMI. Plus de 2000 personnes sont venues entendre des témoignages
d’expérienceurs et assister aux conférences de Dr Raymond Moody, Dr Pim van
Lommel, Dr Sam Parnia, Dr Mario Beauregard, Dr Jean-Pierre Jourdan (médecin et
chercheur auprès d’IANDS France), Dr Jean-Jacques Charbonier (anesthésiste-
réanimateur français), Evelyne-Sarah Mercier (anthropologue et présidente d’IANDS-
France), Patrice van Eersel (rédacteur en chef et auteur de "La source noire"69) et Dr
Sylvie Déthiollaz. Un ouvrage70 ainsi que deux DVD71 contenant les actes du colloque
sont parus.
A côté des conférences, Sylvie Déthiollaz participe à des interviews comme elle l’a
fait lors de l’émission « Les Aventuriers de l’Etrange » sur "SUD RADIO"72, le 10
novembre 2007. « Les Aventuriers de l’Etrange » ont eu lieu les vendredis et samedis
de 22h à minuit, du 18 mars 2006 au 29 mars 2008. Parmi elles, treize ont été
consacrées aux NDE73 et par la suite, un livre a été publié sous forme de recueil74. La
responsable de Noêsis apparaît également dans le documentaire télévisé de Temps
présent « Aux frontières de la mort »75 pour parler du point de vue scientifique sur
les NDE.
67
Les détails concernant cette formation continue sont disponibles sur le lien internet suivant :
http://www.noesis.ch/agenda/formation_continue_sur_les_emc/.
68
Plus d’informations sur cette société se trouvent sur le site
http://www.s17production.com/component/option,com_frontpage/Itemid,1/lang,fr/.
69
VAN EERSEL, P. La source noire, op.cit.
70
S17 Production. L'Expérience de Mort Imminente : Premières rencontres internationales, Actes du
Colloque Martigues, 2006
71
Continuité de la conscience dans les expériences de mort imminente : conférence enregistrée lors
des Premières Rencontres Internationales sur l’Expérience de Mort Imminente. BARKALLAH, S. (réal.)
Berre l’étang : S17 Production, 2006. [DVD] (83 min.) ; L’Expérience de Mort Imminente : Les
premières rencontres internationales, Congrès de Martigues du 17 juin 2006. BARKALLAH, S. (réal.)
Berre l’étang : S17 Production, 2006. [DVD] (100 min.)
72
Voir le site internet http://www.sudradio.fr/.
73
Pour écouter ces émissions, il est possible de se rendre sur le site internet
http://psiland.free.fr/sud_radio/index.html et de sélectionner les émissions des dates suivantes :
(01/04/06)(11/06/06)(04/11/06)(20/01/07)(03/02/07)(11/03/07)(15/04/07)(28/09/07)(09/11/07)(10/
11/07)(11/01/08)(18/01/08)(16/02/08).
74
BENHEDI, L., MORISSON, J. Les NDE : Expériences de mort imminente, Dervy, 2008
75
Aux frontières de la mort Near Death Experience. GILLIAND, D. (réal.) [DVD] op.cit.
Cette méthode de recherche est basée essentiellement sur des témoignages et non
sur des données quantitatives. De cette façon, j’ai voulu me rapprocher de ce que les
expérienceurs affirment ressentir après un ECM, ou de ce que les proches peuvent
ressentir auprès de quelqu’un ayant vécu un tel phénomène. Cela était important
pour le repérage des besoins et demandes des expérienceurs. C’est pourquoi, je ne
me suis pas attelée à mener une étude quantitative. Je trouve que les chercheurs
réputés en ont effectué suffisamment pour démontrer le grand nombre d’ECM
existant. Cependant, il serait intéressant de pouvoir connaître le nombre
d’expérienceurs en Suisse et plus particulièrement en Valais, dans une prochaine
étude.
Au niveau géographique, les témoins que j’ai rencontrés habitaient les cantons de
Vaud, Genève, Jura et Berne. Je n’ai pas obtenu de témoignage d’une personne
Valaisanne, je ne peux donc pas vérifier si les besoins des expérienceurs sont les
mêmes chez nous que dans les autres cantons. Je n’ai pas non plus d’élément en ce
qui concerne l’acceptation et la tolérance vis-à-vis des récits d’états de conscience
modifiés dans notre canton. Ainsi, je ne peux que supposer que les besoins et les
problèmes rencontrés par les expérienceurs Valaisans sont identiques.
Les témoignages que j’ai recueillis représentent un échantillon réduit parmi le grand
nombre de personnes ayant pris contact avec le centre Noêsis. D’après les dires des
témoins que j’ai rencontrés, ils sont parvenus à en parler à l’extérieur seulement
lorsqu’ils sont devenus plus ou moins à l’aise avec leur expérience. C’est pourquoi, il
n’est pas simple d’obtenir des témoignages. Avec cette méthode, je n’ai pas obtenu
l’avis de toutes les personnes ayant côtoyé le centre Noêsis et aucun des témoins
que j’ai interviewés n’a pratiqué la psychothérapie au sein du centre. La méthode
utilisée ne permet donc pas d’avoir des avis détaillés sur chaque activité pratiquée
dans le centre mais plutôt une appréciation générale.
5. Analyse de données
Avec l’analyse des données, je souhaite savoir comment les témoins perçoivent le
centre Noêsis, ce que celui-ci leur apporte, quels sont ses buts et quelles réponses il
offre aux besoins des expérienceurs. Pour cela, j’ai répertorié ici des données
provenant des entretiens avec les témoins que j’ai rencontrés, des données récoltées
durant les entretiens avec les professionnels du centre Noêsis, d’autres ressortant
des séances de groupe de parole, et finalement des données concernant l’écoute et
l’empathie.
Lors des entretiens, je demandais aux expérienceurs de quelle manière ils avaient
pris contact avec le centre Noêsis. Une personne l’a fait lors d’une conférence
publique donnée par Noêsis, les autres par e-mail ou par téléphone.
Quand je leur ai demandé ce que leur apportait Noêsis, j’ai eu différentes réponses.
La sécurité par rapport à l’état mental revient souvent : « Beaucoup, justement une
sécurité par rapport au fait que ce que tu vis, ce n’est pas quelque chose de fou, ça
c’est important. » « Pour savoir si j’étais normale, bien qu’au fond de moi-même j’ai
toujours été persuadée de l’être. Mais c’est une expérience tellement spéciale et
forte que le doute est légitime. ». La sécurité contre le rejet et la liberté de pouvoir
parler de l’expérience est un des autres besoins recherchés chez Noêsis : « J’aime
beaucoup venir à Noêsis. On n’a plus la même sensation face à la société, c’est
comme retrouver un pays où on peut parler de choses qui nous sont
importantes. Plus il y a de choses, plus on peut ouvrir la conscience, mieux c’est. Vu
que j’ai vécu quelque chose qui me semblait impossible à croire, je veux bien croire
ce que racontent les gens. Mais ce n’est pas à qui raconte l’histoire la plus folle, ce
n’est pas ça du tout. ». L’authenticité des personnes rencontrées est importante pour
les témoins et leur donne confiance : « Quelqu’un qui cherche à paraître ou qui n’est
pas authentique, je communique avec lui un moment mais je ne me laisse plus
atteindre. Donc j’aime les gens authentiques. Et à Noêsis, on le montre bien, ça a
beaucoup d’importance. J’espère qu’ils me feront toujours une petite place. ».
Certains vont chercher chez Noêsis, une confirmation de leur expérience : « Il
s’agissait, pour moi, de savoir si mon expérience était bien une NDE. Jusque-là,
c’étaient les livres du Dr Moody qui étaient mes références. Mais la série de tests
faits au centre Noêsis m’a apporté la réponse scientifique dont j’avais besoin. ».
D’autres y vont essentiellement pour l’écoute : « C’est très difficile à intégrer tant
qu’on n’a pas l’écoute attentive. La rencontre à Noêsis a été capitale. J’ai attendu
vingt ans avant de trouver quelqu’un à qui en parler vraiment. C’est une expérience
difficile à partager, on comprend sans comprendre. Il y a de l’empathie, de la
sympathie mais ça reste du chinois pour les gens. ». Le fait de parler des ECM, de les
faire connaître et de réunir des gens autour de ce sujet est également apprécié :
« Ca permet, par exemple Martigues, de réunir les gens. Comme Sylvie a tellement
bien parlé à Martigues, de parler des expériences négatives, de parler aussi de ce qui
se passe durant les opérations, tout ce qui peut se passer, prendre conscience de ça,
je pense que c’est capital. ». La connaissance est également une motivation : « Ca
m’a apporté quelque chose, rien que la rencontre avec les gens. J’ai été aussi à une
ou deux conférences, ça m’a apporté de savoir, de connaître des gens. Et il y a eu
cette rencontre au Sud de la France, après trente ans d’expériences, après trente ans
de découvertes et d’analyses, des gens qui étaient très touchants et c’était super
intéressant, ça m’a beaucoup apporté. »
En général, les personnes qui ont trouvé une thérapie qui leur convient sont moins
en demande par rapport à Noêsis : « Si tu veux, je n’ai pas été une demandeuse
parce que j’étais déjà en thérapie. J’avais déjà des gens autour de moi. Donc, je ne
crois pas que j’ai été une grande demandeuse. Ce qui m’a fait du bien c’est de savoir
que je n’étais pas une folle, ou qu’un peu (rire), pas complètement et que
finalement, oui ça m’a aidé dans le cheminement, de savoir que ça fait partie de
cette vie-là, qu’il y en a d’autres qui sont en recherche. ».
J’ai demandé à quelques témoins si le fait de passer par Noêsis était essentiel pour
intégrer leur NDE. Voici leurs réponses : « Oui, la rencontre à Noêsis a été capitale. »
« Non, mais ça aide beaucoup. » « Non, pour moi en tout cas pas, parce que j’ai
aussi convenu que d’autres personnes avaient ce vécu-là et si tu veux, aujourd’hui,
je le vois beaucoup plus comme un phénomène de vie sur plein d’autres. Je crois que
c’est toujours un bout de chemin, mais je ne le prends pas comme quelque chose qui
me fait différente des autres. Un temps, je me sentais différente, beaucoup oui. Mais
aujourd’hui, je sens que je fais partie de ce monde, avec ces difficultés-là, cette
expérience-là. Est-ce qu’elle vaut mieux qu’une autre expérience ? Je n’en sais rien,
je ne peux pas juger ça. Et je n’ai pas envie de juger, de mettre une valeur plus ou
moins. Je pense qu’il y a des gens plus proches de Genève où c’est plus important,
moi j’ai pu en parler autour de moi, avec des gens autour de moi, avec des gens qui
avaient envie de savoir. Si tu veux, pour moi, aujourd’hui, ce n’est pas l’expérience
qui compte, dans le sens où l’expérience doit m’apporter dans l’avenir, m’apporter
quelque chose à transmettre. » « Essentiel peut-être pas, mais important oui. ».
Les ECM sont dans certains cas de réels traumas, si j’utilise la définition suivante :
« D’après le vocabulaire de la psychanalyse, le trauma est : « un événement de la
vie du sujet qui se définit par son intensité, l’incapacité où se trouve le sujet d’y
répondre adéquatement, le bouleversement et les effets pathogènes durables qu’il
provoque dans l’organisation psychique » »76. C’est pourquoi, une psychothérapie est
parfois nécessaire pour intégrer les expériences et venir à bout des traumatismes
qu’elles peuvent engendrer : « Lorsqu’elles sont transitoires, les perturbations ne
vont guère affecter le sentiment de continuité du sujet : en général, au bout de
quelques semaines, le patient parle l’événement comme un fait marquant de son
histoire, sans que celui-ci ait fait rupture. Par contre, le bouleversement profond
76
VITRY, M. L'écoute des blessures invisibles : comment la prévention du handicap psychique permet
de se réapproprier son histoire et de s'inscrire dans la vie sociale, L'Harmattan, 2003, p. 32
(…) A l’image du "guide", le thérapeute est dans une première période devant le
patient, il lui montre le chemin pour l’aider à revenir vers le monde des vivants. Il est
ensuite à côté de ce dernier lors de la deuxième étape pour le travail d’élaboration
du changement. Enfin, pendant la dernière phase, il se situe derrière le patient qui
peut se penser comme sujet et penser sa vie parmi celles de ses concitoyens. »78
77
VITRY, M. L’écoute des blessures invisibles : comment la prévention du handicap psychique permet
de se réapproprier son histoire et de s'inscrire dans la vie sociale, op.cit., p. 45-46
78
Ibid, p. 166-167
Noêsis est un lieu où les personnes qui affirment avoir vécu des ECM peuvent se
confier, être éclairées sur ce sujet, voir même comprises, ce qui n’est souvent pas le
cas dans bien d’autres milieux. L’approche psychologique est importante dans ce
domaine. Ainsi, « "L’écoute" apparaît comme un principe de l’intervention, qu’il
s’agisse de recueillir des discours et des symptômes dans le cadre de consultations
formelles, des récits fragmentaires en situation banalisée d’accueil, des confidences
échappées en marge de l’activité du groupe ou encore des interactions fugaces
auxquelles on cherche à donner un sens a posteriori. »79 Lorsque le témoin raconte
ce qui lui est arrivé, les professionnels du centre éclairent quelques points de son
récit. Ils aident les personnes qui sont en questionnement et en souffrance par
rapport à leur expérience. Quand les expérienceurs ont des difficultés avec leur don,
ils les aident à mieux vivre avec, comme l’indiquent ces propos du Dr Déthiollaz : « à
mieux le gérer, mieux le maîtriser, à ne pas se laisser envahir, mais pas à les
développer. ». Ils sont également là pour soutenir les personnes qui sont dans une
optique de développement personnel après leur expérience. A ce sujet, M. Fourrier
précise : « Le développement de la personne, l’évolution de l’être humain ne passent
pas forcément par une NDE. Il faut qu’il y ait des événements pour qu’il y ait des
prises de conscience qui se fassent. Un deuil est aussi un événement qui peut
conduire à ce développement. Pourtant, tout comme une personne qui vit un deuil,
une personne qui vit une NDE n’est pas forcément dans une optique de
développement personnel. ». Mais eux aussi rencontrent des difficultés. Parfois, ils
ne parviennent pas à faire prendre conscience de certaines choses aux
expérienceurs : « Notre but à Noêsis est de leur faire comprendre qu’ils ont la
possibilité d’utiliser leur NDE pour leur propre développement personnel, mais cela
n’est pas toujours facile. La plupart du temps, ils pensent que ce qu’ils ont vécu est à
prendre au pied de la lettre. Il n’est pas toujours aisé de leur faire comprendre
l’impact des conditionnements de leur mental sur le contenu de leur expérience.
Généralement, ils ne posent pas de question, à moins qu’ils ne soient dans une réelle
souffrance ».
La formation continue sur les états de conscience modifiés organisée par Noêsis
permet de sensibiliser et de prévenir une partie des professionnels sur les récits qu’ils
peuvent rencontrer pendant leur pratique. Ainsi, ces professionnels obtiennent les
outils nécessaires leur permettant d’accueillir au mieux les témoins et leurs
témoignages. Ils sauront reconnaître un ECM, rassurer leurs patients par rapport à ce
phénomène, et les diriger vers des centres ou associations pour partager leur
expérience.
79
FASSIN, D. Des maux indicibles : sociologie des lieux d’écoute, op. cit., pp. 59-60
professionnels de Noêsis sont, en général, ouverts aux interviews qu’on leur propose,
notamment pour les travaux d’étudiants. A ce propos, Sylvie Déthiollaz déclare : « Ca
fait partie des objectifs du centre d’aider la recherche des étudiants dans la mesure
de nos disponibilités. ».
J’ai posé la question suivante à M. Fourrier : « Quels sont les éléments primordiaux
qui permettent à un expérienceur de vivre au mieux avec sa ou ses expériences ? »
Celui-ci m’a répondu : « Qu’il puisse échanger avec une ou des personnes qui soient
ouvertes à ce sujet et avec lesquelles il va pouvoir parler librement. Ces personnes
peuvent être un thérapeute, un conjoint ou quelqu’un qui puisse le comprendre. »
« Souvent, le fait que la personne puisse "raconter" peut lui donner une autre vision
de ce qu’elle a vécu. Il faut que la personne en face ait justement "les pieds sur
terre". Cela ne signifie pas qu’elle va réfuter l’expérience mais plutôt la recadrer,
aider l’expérienceur à assumer, etc. ».
Dans l’ouvrage "Au fil de la parole, des groupes pour dire dans le secteur
psychosocial", l’auteur parle de la diversité des groupes de parole (abrégés GdP)
existants : « Le Net permet une prise en compte de cette diversité. En effet, un
sondage élaboré à partir de l’item "groupe de paroles" identifiés par les différents
moteurs de recherche conduit à repérer autant de GdP que de problèmes rencontrés
dans une vie humaine. » 80. Parmi le grand nombre de GdP, on trouve notamment les
thèmes sur l’évolution de la famille (parents d’adolescents, enfants d’un parent
souffrant d’Alzheimer, …), sur la sexualité (homosexuels, addictions, …), sur la vie de
couple (violence conjugale, adoption, divorce, …), sur les situations difficiles
(problèmes d’alcool, personnes séropositives, anorexie, handicap, …) ou les
difficultés sociales (immigration, chômage, …). Selon le même auteur : « La
démarche est la suivante : un problème commun rassemble des personnes
lesquelles, autour d’un noyau de militants fondateurs, forment une association.
L’objectif est souvent d’obtenir une certaine reconnaissance sociale de leur problème
et de montrer à la cité et aux politiques la gravité de ce qu’elles vivent. Au bout d’un
certain temps, il y a demande de la part des éléments du groupe associatif d’un GdP
avec recours à un professionnel formé aux techniques de prise de parole dans un
collectif mais aussi ayant une expérience des GdP. »81. « Le GdP se situe en amont
de la pratique thérapeutique en ne faisant que regrouper sur une question commune
des personnes qui désirent parler de cette question en présence d’un tiers médiateur
professionnel. »82
80
DE CAEVEL, H., BASS, D. Au fil de la parole, des groupes pour dire dans le secteur psychosocial,
Erès, 2005, p. 78
81
DE CAEVEL, H., BASS, D. Au fil de la parole, des groupes pour dire dans le secteur psychosocial,
op.cit., p. 78
82
Ibid, p. 81
Lorsqu’un groupe de paroles se crée, il convient d’y définir certaines règles d’écoute
et de respect. Cet extrait illustre ces différentes notions : « Dès lors nous pouvons
retenir comme définition d’un GdP ce texte extrait d’un site internet :
Si les groupes de paroles existent, c’est également parce qu’ils diffèrent d’une simple
discussion avec, par exemple, un ami proche, comme le définit cet extrait :
« Cependant, on peut proposer l’idée que de "passer par la parole" avec un ami, une
personne dans l’intimité, un confident, est profondément différent que de faire la
même chose dans un groupe de parole, avec des personnes plus ou moins anonymes
et sous le regard et l’écoute d’un professionnel. Et qu’il y a bien l’idée d’une plus
grande efficacité de cette technique par rapport à une discussion avec un
"intime". »84 Le but des groupes est d’aider chacun à bien vivre sa différence, de
parler des difficultés rencontrées et de les dépasser. Dans un groupe de parole, on
se rend compte qu’on n’est pas seul dans ce cas, et qu'il est possible de bien vivre
cette situation. La force est multipliée, la compréhension renforcée. En face
d’inconnus qui connaissent les mêmes difficultés, on ose exprimer ce qu’on vit et ce
qu’on ressent, sans avoir le souci de voir le regard que l’autre porte sur nous se
transformer.
83
Ibid, p. 80
84
Ibid, p. 94
Depuis septembre 2007, les professionnels du centre Noêsis ont mis sur pied des
réunions portes-ouvertes, à raison d’une soirée par mois en règle générale, de 18h à
21h. Ces réunions se déroulent sous forme de séances de groupe de parole. Ces
séances ont lieu dans une grande pièce du centre où les participants sont assis sur
des chaises ou des canapés, en cercle. Le décor est simple, meubles blancs, étagère
avec ouvrages, plantes vertes. Une grande peinture, oeuvre de M. Fourrier, est
étendue sur un des murs. C’est une réalisation abstraite représentant un voile qui se
déchire au milieu, ouvrant sur quelque chose d’autre : une figuration des états de
conscience modifiés. Aux réunions, tout le monde peut participer, expérienceur ou
non. Durant la dizaine de séances auxquelles j’ai participé, entre quinze et vingt
personnes étaient présentes. Certaines revenaient à d’autres séances, d’autres ne
sont venues qu’une seule fois. Parmi les participants, on trouvait notamment des
expérienceurs, des thérapeutes, des psychiatres, d’autres personnes qui avaient
contact avec des expérienceurs dans leur métier et des étudiants comme moi.
Claude-Charles Fourrier et Sylvie Déthiollaz menaient les réunions.
Pour analyser les réunions de Noêsis, je me suis basée sur l’ouvrage "Création d’un
groupe de parole"85, qui contient les données nécessaires à la mise en place d’un
groupe de parole. La demande de créer un groupe de parole au centre Noêsis
provenait des expérienceurs et d’autres personnes intéressées. Les professionnels du
centre ont répondu à cette demande et ont réfléchi à la structure et aux bases du
groupe auparavant.
Avant chaque séance, un mail d’information est envoyé au répertoire de Noêsis, dans
lequel figurent notamment la date, le lieu, l’horaire et le fait que la séance est
ouverte à tous. La durée de vie du groupe dépend des possibilités des professionnels
et de l’intérêt des témoins. Les gens peuvent participer aux réunions gratuitement.
Cependant, amener un peu de nourriture pour le goûter qui clôt les séances est
bienvenu. Le principe du groupe de parole repose sur l’échange et la découverte,
comme précise Sylvie Déthiollaz : « Une après-midi par mois avec des discussions,
ouverte à tout le monde pour mélanger les personnes qui ont vécu une expérience et
celles qui n’en ont pas vécu. Ce concept vise à ouvrir les discussions et à éviter la
formation d’une image de "ghetto". »
Aux réunions, chacun vient avec ce qu’il a vécu, peut se confier et décrire ses
expériences. C’est sur la base des témoignages que les discussions se poursuivent.
Elles sont nourries par les expériences de chacun, les questions des participants et ce
qu’ils connaissent. Comme les personnes présentes varient à chaque rencontre, M.
Fourrier annonce à chaque nouvelle réunion que le GdP n’existe pas pour juger, pour
tenter de donner des explications ou convaincre les autres mais que c’est un moyen
d’échanger sur les expériences. Une notion de respect et d’écoute est imposée à ce
moment-là. De même, il est précisé que ce qui est dit dans cette réunion doit rester
85
FONDATION DE FRANCE. Création d'un groupe de parole pour le soutien des soignants et des
bénévoles : qu'est-ce qu'un groupe de parole? préalables et fonctionnement, Fondation de France,
1994
J’ai remarqué que la première réunion était quelque peu tendue, avec des pointes
d’agressivité parfois. De la part des expérienceurs, les causes sont certainement la
peur d’être jugé, vouloir défendre ses opinions et ne pas se laisser prendre pour des
fous. Une personne est venue prôner une théorie basée sur des croyances en
voulant convaincre les autres participants. Ses propos n’ont pas été bien accueillis et
les participants le lui ont fait remarquer. Au fur et à mesure des séances, un climat
sain s’est installé et l’atmosphère s’est détendue. Mis à part quelques altercations et
un peu de gêne de la part de certains, les échanges se faisaient plus aisément.
M. Fourrier et Mme Déthiollaz animaient les réunions. Ils étaient ouverts aux
discussions, favorisaient la prise de parole des participants en le leur proposant et en
les mettant à l’aise, apportaient leurs connaissances dans le but d’aider à l’analyse de
certains propos, faisaient des liens entre les expériences et les éléments apportés par
d’autres personnes pour faciliter la compréhension et alimenter les discussions.
Les séances de groupe de parole sont également une opportunité de partage pour
des personnes qui vivent ensemble. Ce témoin m’a fait part de sa motivation : « Si
mon compagnon est là, c’est aussi pour partager avec lui. Il y a des fois où l’on
n’arrive pas à se comprendre et dès qu’on est avec d’autres, c’est comme si on
comprend des choses de l’autre parce qu’il y a d’autres personnes. Donc je sais que
j’y vais aussi pour mieux apprendre à le connaître. »
Un témoin que j’ai rencontré n’a pas apprécié la séance de groupe de parole à
laquelle il a participé : « J’ai l’impression que des gens ont mal vécu leur expérience
et que leur ego est énorme. Ca me dérange quand ils commencent à jouer les
maîtres, à enseigner. C’est chouette l’unité, tout ça, mais j’ai envie de leur dire :
« Prends ça et jette-le à la poubelle. » La fois où je suis venu à la rencontre de
groupe chez Noêsis, je suis parti à cause de cela. » Une autre personne n’a pas
trouvé là ce qu’elle cherchait réellement : « J’ai participé deux fois. Ca fait loin pour
moi et je ne sais pas, j’ai toujours eu une certaine réticence à ce niveau parce que
j’ai entendu souvent, c’est peut-être ça aussi, on parle beaucoup de ce qu’on devrait
faire, il y a une grande philosophie derrière, mais moi j’avais besoin de l’entourage,
plus près, des gens qui me prennent dans les bras, et ça je ne l’ai pas trouvé. Je ne
l’ai pas cherché chez eux non plus, c’est trop loin, deux heures et encore une heure
et demi pour chercher une place de parc, ça m’était trop difficile. »
Une notion des plus essentielles qui ressort dans la presque totalité des témoignages
est de trouver une écoute. Un témoin ayant participé aux séances de groupe de
parole s’exprime à ce propos : « C’est capital. Ca donne un sens, ça nourrit l’âme
d’écouter. La dernière fois, quand on m’a posé des questions, j’étais un petit peu
dérangée parce que je ne m’attendais pas à ce qu’on me pose autant de questions.
Pour moi, ce n’est pas capital de causer. L’important, c’est de partager et de
ressentir, de percevoir ces réalités différentes et de faire partie pour nourrir cette
conscience des choses qui sont, qui pourraient répondre à toutes les difficultés de la
vie actuelle. ». Un autre témoin que j’ai rencontré déclare : « Je crois que l’essentiel
c’est une écoute de quelqu’un, avoir la possibilité d’en parler. C’est absolument
essentiel. C’est le plus grand manque dans notre vie. C’est que nous sommes là en
train de raconter toutes nos philosophies et tout ce que l’on devrait faire et nous
sommes incapables de le faire. Nous devons apprendre cette capacité. ».
Cette écoute doit venir d’une personne de confiance ouverte et positive, ou sans
jugement à l’égard des expériences. A ce sujet, Michèle Vitry écrit dans son
ouvrage : « L’écoute est avant tout un lieu où la personne sait qu’elle peut parler
sans être ni évaluée, ni conseillée, ni dirigée, sans se sentir ni critiquée, ni jugée,
mais simplement écoutée. »86 La nécessité de la confiance est également décrite par
Maurice Bellet : « Si je suis écouté, purement écouté, « j’ai tout l’espace pour moi, et
pourtant il y a quelqu’un ». M’est donné le lieu absolument sans danger ; en sorte
que peut hurler tout le dangereux qui est en moi – sans danger. (L’écoute pure est
sans peur). Tout peut venir au jour. Je puis habiter la part de moi-même dont je
craignais la folie – le chaos. (…) L’écoute est sans jugement. Elle est sans jugement
sur l’autre, de quelque ordre que ce soit : moral, médical, culturel, politique,
religieux, etc. Oreille nue ! Rien ne précède l’écoute pure. Elle est sans catégories,
sans classement, sans hiérarchie, sans comparaison – que ce soit à des normes, à
des modèles, à tel autre. ».87
Si l’écoute est aussi importante aux yeux des personnes, c’est qu’elle possède de
nombreux pouvoirs, autant pour celui qui parle que celui qui écoute. Dans les
ouvrages cités précédemment, les auteurs ont répertorié les différentes utilités de
l’écoute. Je rapporte ici celles qui se réfèrent à cette étude : « Ecouter une personne,
c’est lui permettre de penser tout haut pour relier ce qui a été momentanément ou
durablement délié en lui-même, pour se relier à son histoire et se sentir à nouveau
relié aux autres humains. L’écoute est un lieu de reconnaissance : beaucoup de
personnes souffrent de ne pas être reconnues, de ce que leurs blessures invisibles ne
sont pas reconnues. »88 « L’écoute donne à qui est écouté de pouvoir s’écouter lui-
même. Il n’y a plus en lui, au cœur, la parole étrangère qu’il n’entend pas mais qui
pourtant lui commande. Et qui peut être en son corps, en les maladies de son corps,
86
VITRY, M. L’écoute des blessures invisibles : comment la prévention du handicap psychique permet
de se réapproprier son histoire et de s'inscrire dans la vie sociale, op.cit., p. 58
87
BELLET, M. L’écoute, Desclée de Brouwer, 1992, p. 23-25
88
Idem note 79
ou les imagine qui le hantent ou occupent ses nuits, en les comportements qu’il ne
maîtrise pas : ou, tout aussi bien, dans son idéal, son savoir, sa volonté et tout ce
qu’il met naïvement en avant, croyant que c’est lui-même. (…) Il n’y a donc, en ce
qui se dit à l’écoute, rien d’absurde ou d’indécent, rien d’inepte ou de méprisable ;
rien qu’il soit interdit de reconnaître en soi-même et laisser se dire. L’écoute pure
peut entendre ce qui, pour celui qu’elle écoute, est en lui-même inaudible. (…) Même
le délire mérite d’être écouté. Qui nous dit qu’il n’est pas délire pour nous, et parole
ailleurs ? L’écoute est alors ce lieu où pourra parler ce qui est sans mots parce que la
culture – les langages disponibles – ne lui donne absolument pas de quoi se dire. (…)
Pour l’écoute pure, tout est vrai. Il ne peut y avoir de mensonge, car le mensonge
même – venant à l’écoute – est une façon de dire une vérité. »89 L’écoute permet de
légitimer une souffrance : « Ecouter, c’est reconnaître le bien-fondé de la plainte,
c’est autoriser la reconstruction d’une identité. »90
L’idéal pour le témoin qui veut être écouté, est que celui qui l’écoute (un ami ayant
déjà parlé d’un ECM, un parent qui lui donne des adresses utiles, etc.), en plus des
notions ci-dessus, connaisse bien les ECM et puisse le guider pour l’intégration de
l’expérience. Cette personne peut également être un thérapeute. Il s’agit là pour la
personne qui écoute d’accueillir celui qui vient se confier et lui offrir une confiance et
une liberté d’être. Dans l’ouvrage "Des mots pour vivre", l’auteur écrit sur ce sujet :
« La transformation passe par l’engagement à vivre l’expérience de sa véritable
identité. Le thérapeute, lui, est là pour éveiller l’autre à ce qu’il possède déjà, à tout
ce qui vibre en lui, à tout ce qui l’habite. L’accueil thérapeutique est une tâche
d’initiation, mais dans l’humilité, qui nous confronte à la fragilité de l’homme, et à la
nôtre. On ne peut aider celui qui ne le désire pas. Aussi faut-il savoir attendre, laisser
l’autre aller son rythme, lui accorder ce temps qui n’appartient qu’à lui, le temps qui
lui permettra de choisir entre conserver sa souffrance ou l’abandonner. Ce n’est que
par l’humilité, l’absence de pouvoir sur l’autre, que je peux lui permettre de s’écouter
lui-même et d’accepter ses sentiments les plus cachés. Refuser d’exercer un pouvoir
sur l’autre, c’est lui permettre d’accéder à son propre pouvoir, celui qu’il exerce sur
lui-même. En cela donc il s’agit d’accueillir la personne dans son entier, de lui offrir
une confiance totale en l’un des moments pourtant les plus chaotiques de sa vie.
Cette considération, c’est un regard détaché de tout jugement et de tout esprit
critique, une acceptation totale de l’être, là où il se trouve, de l’être tel qu’il est,
traversé par ses sentiments : colère, peur, amour, orgueil, haine, etc. Alors, cet être,
« s’il trouve quelqu’un qui l’écoute et qui accepte ses sentiments, devient peu à peu
capable de s’écouter lui-même. » »91. Une interprétation ne doit pas être imposée à
celui qui se confie, comme le décrit M. Bellet : « Cela n’empêche point de
« comprendre » ou « d’interpréter ». Au contraire : c’est au principe de toute bonne
compréhension ou interprétation. Ce qui se montre en ceci : que l’interprétation peut
demeurer en suspens ; que, si elle est dite, elle est seulement offerte, proposée.
Jamais elle n’est un savoir sur l’autre ; car c’est à l’autre de faire, pour lui et par lui,
la vérité. »92
89
BELLET, M. L’écoute, op.cit., p. 24-25-26
90
FASSIN, D. Des maux indicibles : sociologie des lieux d’écoute, op. cit., p. 26
91
MAZET, M. Des mots pour vivre : accompagner par l’écoute, Desclée de Brouwer, 2000, p. 17-19
92
BELLET, M. L’écoute, op.cit., p. 40
6. Synthèse
Dans cette synthèse, je vais reprendre les besoins des expérienceurs que j’ai
répertoriés et les comparer avec les activités que propose le centre Noêsis, afin de
pouvoir vérifier les hypothèses émises.
La première hypothèse est la suivante : Les besoins des expérienceurs sont liés à
leur(s) expérience(s) et aux changements qu’elle(-s) induit(-sent). Effectivement, les
besoins des expérienceurs découlent des changements induits par leur(s)
expérience(s). Cependant, certaines difficultés comme le manque de reconnaissance
et le doute par rapport à l’état mental ainsi que les besoins associés pourraient être
amoindris si les ECM étaient considérés par la société comme une autre
problématique telle que le chômage de longue durée, les difficultés liées à
l’immigration, etc. : « Ces registres ne sont pas exclusifs les uns des autres. Si celui
de la souffrance et de l’écoute est apparu dominant dans les années 1990, il importe
de comprendre comment il s’articule avec les autres et, par exemple, comment,
selon la perspective adoptée, le "sauvageon" devient un jeune "en souffrance", ce
qui n’a pas les mêmes conséquences sur le regard que la société, la police, la justice,
l’école posent sur lui et sur les réponses que ces institutions apportent à un acte
déviant qu’il aura commis. »93 Si Noêsis ou toute autre personne contribue à changer
la vision de la société en faisant connaître les ECM, alors il y a des chances pour que
ceux-ci soient perçus différemment. Avec une nouvelle vision, les rôles peuvent
changer. L’expérienceur n’est plus un "illuminé" mais un individu vivant des ECM et
qui peut en souffrir. C’est le même principe pour d’autres sujets : « Le chômeur n’est
plus celui qui ne cherche pas de travail, mais celui qui ne peut pas en trouver ; le
toxicomane n’est plus le rebelle qui rejette l’ordre, mais le jeune qui va mal. La
"misère du monde" devient le nouveau paradigme de lecture des inégalités sociales.
C’est la société qui est maintenue pour responsable, mais, pour les exclus, il n’y a
d’autre réponse que la compassion dont elle peut leur témoigner. »94 Pour y
contribuer, Sylvie Déthiollaz et Claude-Charles Fourrier organisent des formations
continues pour les professionnels de la santé, présentent des conférences,
participent aux émissions radio et TV, publient des articles et des ouvrages, etc. A ce
sujet, il serait intéressant de mener un sondage auprès de la population afin de
connaître l’impact des informations sur les ECM. Les professionnels du centre ont
également prévenu quelques préjugés qui pourraient empêcher ceux-ci de se rendre
à Noêsis. Dans son ouvrage, Didier Fassin expose les difficultés en lien avec le public
des associations : « Il est dans la logique même de tous les dispositifs
spécifiquement mis en place dans les interstices des politiques sociales et institutions
assistancielles, de ne pas aisément trouver leur public. Les raisons sont
probablement multiples : déficit d’information et de visibilité, décalage entre le public
projeté et la population réelle, risque de stigmatisation, inadéquation aux
93
FASSIN, D. Des maux indicibles : sociologie des lieux d’écoute, op. cit., p. 14
94
Ibid, p. 26
besoins. »95 Pour Noêsis, le public cible est bien présent mais il est nécessaire que le
centre se fasse connaître pour espérer être répertorié dans les adresses de
professionnels d’autres domaines (médecine, hôpitaux, psychiatrie, etc.), afin qu’ils
puissent orienter adéquatement les expérienceurs. Par rapport à la stigmatisation, le
fait que le centre soit ouvert à tous empêche que s’installe une image de "ghetto".
95
Ibid, p. 70
96
FASSIN, D. Des maux indicibles : sociologie des lieux d’écoute, op. cit., pp. 116-117
97
Ibid, p. 31
et le fait de pouvoir mettre un nom sur ce qu’ils ont vécu les rassure fortement. En
diffusant des informations sur les ECM, les associations telles que Noêsis jouent un
rôle préventif pour les personnes vivant ce genre de phénomènes ou qui pourraient y
être sujettes dans le futur. En effet, pour les gens qui ne l’ont pas encore vécu, il est
toujours bénéfique de connaître les effets d’une expérience avant de l’avoir subie.
Cela peut éviter de nombreux dangers comme entrer dans une secte, faire exploser
son ego, s’isoler complètement, etc.
Avant tout, je tiens à préciser que ce mémoire n’est pas destiné à prouver l’existence
des ECM comme une réalité, ni à convaincre ceux qui pensent que ce sont des
hallucinations. En effet, je ne suis pas scientifique de métier et les débats sur le sujet
sont déjà suffisamment nombreux, c’est pourquoi je laisse le soin de mener ces
démarches à d’autres. Cette étude se rapporte à mon domaine, le travail social.
La recherche était basée sur les besoins et les associations telles que Noêsis. Comme
je n’ai pas obtenu de contact avec les associations d’autres pays que la Suisse, je n’ai
pas pu savoir si elles fonctionnent comme le centre Noêsis. De même, je n’ai pas
mené une étude qui détermine si les expérienceurs des autres pays ont les mêmes
besoins que les Suisses.
7. Conclusion
La question de départ était : Quels sont les besoins des expérienceurs après le vécu
d’un état de conscience modifié et quels rôles joue l’association Noêsis au niveau de
l’intégration ?
Les difficultés causées par les ECM font partie des problématiques liées à la norme
de la société, comme le chômage ou l’immigration. La grande différence par rapport
aux autres problématiques est que les ECM sont "inexplicables" et nous mettent au
dépourvu. Il est très difficile de s’imaginer vivre un ECM. On peut plus facilement
s’imaginer vivre les impacts du chômage car cela se passe plus près de nous, ce
phénomène est plus concret, visible. Un ECM, mis à part les rêves ou d’autres vécus
plus couramment comme la relaxation, ne peut pas être ressenti si on n’en a jamais
vécu, ce n’est pas visible et parfois ils sont même définis comme "incroyables". Mais
finalement, une chose des plus importantes à retenir est que l’écoute est essentielle.
L’écoute permet de soulager beaucoup de souffrances, de libérer beaucoup
d’émotions qui peuvent nous détruire de l’intérieur. Qu’importe le vécu, que ce soit
un ECM, de la violence ou un sentiment de rejet parce que l’on vient d’un autre pays,
si on est écouté sans jugement, c’est là que la "guérison" peut commencer.
Chaque événement vécu peut être utilisé comme outil de développement personnel.
Mais pour qu’il le devienne, il faut que celui qui l’ait vécu le prenne comme tel et
accepte de travailler sur lui. Si l’expérience est perçue comme une réalité immuable
et que la personne reste fixée là-dessus, il n’y a pas d’espoir de développement
personnel et l’événement ne portera pas ses fruits.
Il se peut donc qu’un expérienceur ne souhaite pas qu’on l’aide, même s’il en a
besoin. Comme pour tous les problèmes psychologiques, maladies ou autre, il ne sert
à rien de forcer un individu qui ne veut pas se faire aider. On peut seulement le
mener à prendre conscience de ses difficultés.
En tant que travailleurs sociaux, l’empathie et l’écoute sont très importants, surtout
si les personnes avec qui nous travaillons ont des problèmes ou des traumas. En
travaillant auprès des personnes âgées, je peux être confrontée à ce qu’elles
souffrent d’angoisses. Parfois, des événements du passé peuvent ressurgir et leur
causer beaucoup de souci. Pour beaucoup, la fin de vie leur fait prendre conscience
de toutes les choses qu’ils n’ont pas encore réglées. A ce moment-là, je saurai les
écouter et peut-être qu’elles pourront se libérer de leur poids.
98
ATWATER, P.M.H. Retour de l’après-vie : les répercussions de l’expérience de mort imminente, op.
cit., p. 230
99
MOODY, R. La lumière de l’au-delà, op. cit., pp. 61-63
Même s’ils engendrent des symptômes de souffrance comme les autres sujets, les
ECM ne sont pas encore répertoriés dans les problèmes de la société actuelle. Leur
reconnaissance est une des missions que s’est donnée Noêsis. Il faut trouver des
solutions pour faire face à ces symptômes qui permettent de les décrire : peur d’être
fou, isolement, difficultés d’intégration, ego surdimensionné, incompréhension, etc.,
comme le dit Didier Fassin : « Vocabulaire qui n’est ni celui de l’inégalité sociale ni
celui de la maladie mentale, mais qui suggère une lecture des affects, l’exploration
d’une intériorité souffrante. »101 Plus il y aura de personnes oeuvrant pour leur
reconnaissance et plus il y a de chance de faire changer les choses, comme les
visions ont changé depuis les années 1990 : « Si nous pouvons admettre que les
psychologues ont raison, d’une façon générale, lorsqu’ils disent que les sans-domicile
fixe et les jeunes toxicomanes souffrent, nous devons aussi nous souvenir qu’il n’y a
pas si longtemps, cette souffrance ne leur était pas reconnue ; et qu’on les
considérait plutôt comme des déviants, oisifs pour les premiers, délinquants pour les
seconds. »102
100
DE CAEVEL, H., BASS, D. Au fil de la parole, des groupes pour dire dans le secteur psychosocial,
op.cit., p. 149
101
FASSIN, D. Des maux indicibles : sociologie des lieux d’écoute, op. cit., p. 31
102
Ibid, p. 46
Pour ma part, je pense que les actions de Noêsis sont importantes pour le bien-être
de notre société. Si les techniques médicales et de réanimation continuent de se
développer, il y aura toujours plus de personnes qui rapporteront des ECM. Celles-ci
ont besoin de gens, d’associations et de groupes qui reconnaissent leur
problématique et la prennent en compte.
Pour moi, Sylvie Déthiollaz et Claude-Charles Fourrier, à travers les activités qu’ils
mènent pour les expérienceurs, sont de vrais travailleurs sociaux, en plus d’être
Dr en biologie moléculaire et psychothérapeute.
J’ai analysé les situations lors des séances de groupe de parole, des différents
entretiens et repéré les problématiques existantes avec les ECM. Les dires des
témoins m’ont permis d’identifier les difficultés et les souffrances qui se dissimulent
derrière leurs expériences. J’ai pu mettre en parallèle les difficultés des témoins et
les normes de la société, afin de faire émerger une remise en question de son
fonctionnement. Ces éléments et les informations que j’ai recherchées en
supplément, ont permis de justifier l’intervention professionnelle de Noêsis et de
réfléchir à des pistes d’action pour le futur.
Avec les entretiens et les séances de groupe de parole, j’ai initié et développé une
relation professionnelle avec les personnes que j’ai rencontrées. Pour ce faire, j’ai
explicité mon travail, leur rôle dans cette recherche, j’ai mis de côté mes a priori et
fait preuve d’une grande capacité d’écoute pour comprendre au mieux leur ressentis.
Bien que je ne sois pas toujours parvenue à rendre mes travaux aux dates que
j’avais fixées avec mon directeur de mémoire, j’ai su planifier des périodes pour
avancer ma recherche, en dehors du travail et des activités personnelles. J’étais
ponctuelle aux rendez-vous fixés pour les entretiens et les rencontres avec mon
directeur de mémoire. Lorsque j’avais des doutes, je me suis adressée à lui pour
obtenir des conseils et des informations.
Avec l’aide de mon directeur de mémoire, j’ai pu prendre de la distance face à mes
convictions et mes jugements. J’ai également su me contenir pour rester bien ancrée
dans le social sans partir vers le paranormal. Je me suis bien préparée lors des
voyages pour les entretiens dans d’autres cantons et j’ai su gérer la charge de travail
pour éviter un burn-out.
8. Bibliographie
8.1. Ouvrages
NDE et ECM
JOURDAN J.-P. Deadline : Dernière limite. Paris : Les 3 Orangers, 2006. 636 p.
KASON, Y. L’autre rive : Guide pratique destiné aux personnes ayant vécu des
expériences de mort imminente. Boucherville (Québec) : Mortagne, 1996, 486 p.
MERCIER E.-S. [et al]. La mort transfigurée, recherches sur les expériences vécues
aux approches de la mort (NDE). Paris : L’Age du Verseau, 1992. 525 p.
MOODY, R. Lumières nouvelles sur la vie après la vie. Paris : R. Laffont, 1978. 156 p.
VAN EERSEL, P. La source noire : révélations aux portes de la mort. Paris : Grasset,
1986. 445 p.
DE CAEVEL, H., BASS, D. Au fil de la parole, des groupes pour dire dans le secteur
psychosocial. Ramonville Saint-Agne : Erès, 2005. 299 p.
FASSIN, D. Des maux indicibles : sociologie des lieux d’écoute. Paris : La découverte,
2004. 198 p.
MAZET, M. Des mots pour vivre : accompagner par l’écoute. Paris : Desclée de
Brouwer, 2000. 164 p.
Sciences sociales
Aux frontières de la mort Near Death Experience. GILLIAND, D. (réal.) Genève : PCT
– TSR, 2002. [DVD] (52 min.)
Sites web
CEEMI. Centre d’étude des expériences de mort imminente [En ligne]. Adresse URL :
http://www.europsy.org/ceemi/ (Page consultée le 17 juillet 2007)
ELSAESSER VALARINO, E. Bienvenue sur mon site internet [En ligne]. Adresse URL :
http://www.elsaesser-valarino.com/fr/index.html (Page consultée le 10 mars 2007)
IANDS. The International Association for Near-Death Studies, Inc. Building Global
Understanding of Near-Death Experiences [En ligne]. Adresse URL :
http://www.iands.org/ (Page consultée le 17 février 2007)
SUD RADIO. SUD RADIO Show et Info [En ligne]. Adresse URL :
http://www.sudradio.fr/ (Page consultée le 20 mars 2008)
Pages web
IANDS. « History and Founders ». In IANDS. The International Association for Near-
Death Studies, Inc. Building Global Understanding of Near-Death Experiences [En
ligne] Adresse URL : http://www.iands.org/about_iands/iands/history.html (Page
consultée le 17 février 2007)
8.4. Conférences
9. Annexes
L’OBE est un ECM avec la sensation d’être hors du corps et spectateur. Certains ont
une liberté de mouvement à leur guise, par leur volonté ou par la pensée. D’autres
n’ont aucun contrôle et vont dans des endroits inconnus.
Les OBE ne sont pas rares ni récentes. Environ une personne sur dix en vit au moins
une dans sa vie. Environ les ¾ des cultures non-occidentales ont développé leurs
propres techniques.
Les circonstances dans lesquelles peuvent se produire ces sorties de corps sont
notamment :
J’ai été fauché par une voiture à 50 km/h. Je ne ressentis aucun choc, mais comme
une électrocution, puis le noir. Deux secondes plus tard j'étais propulsé au centre
d'une sorte de tunnel pendant quelques secondes, puis tout à coup je stoppais net,
j'étais à quelques centaines de mètres du choc, de l'accident, au dessus de la Seine,
je flottais ; la sensation était très étrange, comme si j’avais du mal à respirer, mais je
cherchais mon souffle alors que je n’en avais plus besoin. Je mis un moment à me
stabiliser, je sentais une énergie très étrange comme si l'air vibrait et était plus dense
et cette énergie je compris que c'était la vie, c'était comme s'il y avait des courants
de chaleurs qui circulaient dans tous les sens, plus de pesanteur, ni chaud, ni froid.
Un certain bien être m’envahit.
- "Qu'est-ce que je fais là !" J'allais au boulot. "Mais qu'est-ce que je fais là ?"
Mais je découvrirai plus tard que les contraintes physiques de l'espace et du temps
non plus. Je n'en croyais pas mes "yeux", toute ma vie avait été tellement rattachée
à ces contraintes et mon manque total de foi en l'existence de l'âme et encore moins
en un Être supérieur... J'allais me prendre une grosse claque...!
L'euphorie de cette trouvaille passée, je me redisais sans cesse "M... je suis vraiment
mort, m... je suis vraiment mort, m... je suis vraiment mort", tout en regardant
autour de moi et essayant de capter un signe qui trahirait un simple rêve. "Peut être
que je me réveillerai dans mon lit, m... je suis vraiment mort". "Bon ben c'est fini"
me dis-je, n’en revenant pas que je continuais à être moi-même, mais encore plus
étonné que nous n’étions pas que biologie, persuadé que l’énergie que nous
produisions venait de notre existence même dans cet univers et que
malheureusement cette énergie disparaissait après la mort, malgré ma curiosité
naturelle pour toutes les religions.
Je commençais à penser à ma famille ; à tous, "un par un" je repensais à tout ce qui
faisait leurs caractères et ce que je ressentais, ce sentiment de proximité, était bien
plus intense qu’avant, mais je sentais que malgré moi je m’éloignais. Puis maman,
elle va penser "quel malheur, il part au boulot le matin, et à 14h il meurt", la douleur
qu'elle allait ressentir me plongeait dans une peine et un désespoir que je ne
connaissais pas, un tel sentiment d’impuissance.
Puis me disant, avec une certaine couardise, que je n'étais pas le premier mort et
qu'elle comprendrait, que c'est la vie, puis surtout avec l’égoïsme qui me
caractérisait, j'avais un autre projet. Maintenant que je pouvais accélérer, je voulais
savoir à quel vitesse et puis vers le haut, cela me semblait plus facile que vers toute
ses lueurs d’en bas. Puis j'avais trop envie de voir la terre depuis l'espace, je me
disais que je n'aurais plus besoin de manger ni dormir, plus de froid de chaud et
avec l'accélération j'imaginais pouvoir voyager dans la galaxie sans limite de temps ni
de distance. Ma décision était prise, tel le Surfeur d’argent, "Je pars", je pense
profondément en moi "Adieu maman, adieu humanité qui m'avait tant déçu et adieu
à moi qui n'ai pas eu le courage de m'opposer à ces inégalités chroniques entre les
humains face à la douleur et la souffrance. J'en ai honte aujourd'hui, mais avec un
certain dégoût, je me tourne vers le haut et je me penche en avant et l'accélération
commence mais cette fois j'essaye de la contrôler et j'arrive à accélérer plus
progressivement. C'était incroyable, je n'arrêtais pas de me dire, "Mais je rêve",
"Mais je rêve", "Mais je rêve". Je me voyais déjà parcourir le cosmos, quand une
force infiniment puissante et ferme m'attrape par en dessous, mais sans me faire de
mal, et me tire vers le bas. Je me retrouve "face à face" avec un visage très diffus,
en plein ciel, je voyais juste le visage. Il me dit avec un humour et une gentillesse
inouïs, alors que je me sentais si triste et résigné, ce qui me fit ressentir une hilarité,
une joie sans nom:
Se référant à une petite excroissance que j'avais derrière la tête à l'endroit où serait
un sac que l'on porterait sur les épaules, n’ayant pas ressenti cette excroissance
avant, en me tournant, je sentis que j’avais accès, c’était comme des sauvegardes de
souvenirs sur toute ma vie, comme des icônes. Il suffisait d’en regarder un pour
visionner le souvenir sous forme de petits films, mais en le touchant je pouvais
entrer dedans aussi, et je ressentais l’émotion du souvenir. Je me dis "v’la autre
chose" cachant ma surprise, je ne sais pourquoi.
Puis il regarda tout mon sac, tout ce que j'avais emporté comme souvenirs ou plutôt
nous regardâmes ensemble. J'éprouvais une certaine gêne, mais il me rassurait en
permanence. Je sentais qu'il n'attachait aucune véritable importance à ce qu'il voyait,
il regardait juste ce qu'il y avait et il ne portait aucun jugement sur quoi que ce soit.
Je n’ai toujours pas compris pourquoi il ne fallait rien emporter, mais sinon je
suppose que je ne pourrais plus en témoigner aujourd’hui, mais plus je parlais avec
ce visage plus mes souvenirs me semblaient puérils et sans réel intérêt. Je n’avais
pas idée de la grandeur.
Après un certain temps, où j'ai eu l'impression d'avoir perdu le cours des choses,
comme un blanc, je relevais "la tête" me retrouvant instantanément prosterné au sol,
comme si on me maintenait dans cette position de prosterné au sol avec force,
impossible de me redresser malgré plusieurs essais (j’ai toujours été un peu rebelle).
On aurait dit une très forte force de gravité ou un poids intangible énorme qui
m’écrasait au sol. Puis soudain, cette pression s’arrêta net.
En tout cas cette sensation-émotion était multipliée par 100, c'était un orgasme
émotionnel indescriptible. Là, j’ai vraiment cru mourir, mais de plaisir. C’était à la
limite du supportable, ça m'a totalement submergé, pourtant j'ai senti qu’il s’agissait
d’une infime partie de ce dont il était capable, et qu’il faisait très attention, mais pour
moi ça dépassait tout ce que je pouvais concevoir.
Je compris que c'était ce que, "lui", ressentait, que je sentais et non pas une émotion
à moi et cet amour si intense était celui qu'il portait à toute l'humanité et non pas à
moi. Qu'un être aussi puissant puisse nous aimer, à ce point, nous, des êtres aussi
primitifs, me sidérait, surtout un athée comme moi, qui croyait que ce qu’il voyait, et
qui croyait que les religions étaient juste le témoignage ancestral d’une quête de
l’homme pour expliquer son incompréhensible existence.
Il m’expliqua sans mot, mais avec voix, c’était très bizarre et sa voix était d’une
douceur immense, mais étrangement, une force incommensurable s’en dégageait. Je
sentais une puissance en lui hors limites, mais surtout sa volonté je sentais qu’elle
était vraiment très puissante en moi, le poids de chaque mot qu’il disait était comme
implacable, il dégageait une puissance inouïe.
Il dit que ce n’était pas grave du tout, que c'est nos intentions qui comptent le plus à
leurs yeux. C’est la question qu’ils posent systématiquement. Quelle était ton
intention ?
Croyez-moi sur parole, quelque soit votre religion, ils voient tout. Mais surtout ils
sont beaucoup plus indulgents que certaines Sociétés et Obédiences, pourtant bien
terrestres, quant à la faiblesse de notre état charnel ici-bas. Une chose que j'ai
ressentie fortement aussi c'est qu'ils n'apprécient pas du tout le suicide, sans avoir
de très sérieuses raisons de le faire. Leur sens de l’empathie est infini.
Ensuite, j'ai pas tout compris encore aujourd'hui, tout à coup je n'étais plus cette
vapeur luminescente, mais moi, dans mon corps, mais 20 ans plus tôt et avec moi,
Il me demandait ça à moi, alors que je n’avais rien fait, mais je compris qu’en fait, ce
qu’il voulait dire c’était pourquoi cette scène était si présente en moi. Je ne savais
pas pourquoi moi-même.
Je me sentis tellement bête sur le coup, n’osant pas lui dire que je le savais, mais il
était si gentil. Il m'embarqua dans une visite complète de ma vie à une vitesse telle
que j'avais à peine le temps de voir et de ressentir les passages les plus marquants,
c'était incroyable, c'est comme s’il était connecté en réseau avec moi. Toujours avec
une vitesse étonnante, rien à voir avec un rêve où la vitesse des images est
tellement lente en comparaison. C'est comme passer de 20Mhz à 20Ghz (pour les
connaisseurs d'ordi), je n’arrivais pas à suivre la vitesse des déplacements. Après
m'être fait ballotter dans tous les sens, tout s'arrêta net.
Je relève la tête. Je distinguais que j'étais au centre sur une sorte de plateau ovale
avec des bords arrondis blancs. Tout était blanc. Je sentais qu'il y avait beaucoup
d'autres choses autour, des présences très joyeuses et rieuses et gentiment
moqueuses. Je ressentis que mon cœur avait envie de les toucher. C'est comme si
une petite voix me disait que je connaissais tout ça, mais on ne me permettait pas
de les voir.
Je suis à nouveau devant cet Être lumineux que j'appelle aujourd'hui Mon Seigneur,
car Mon Seigneur, Il est. A ce moment-là, je sentis qu'il se détachait de moi comme
s'il parlait à quelqu'un d'autre, mais il restait immobile devant moi, il était comme un
soleil de rayonnement égal et de même couleur. Je pouvais très difficilement
distinguer une très vague forme "humanoïde", mais dès que j'essayai de voir plus,
pour distinguer ses formes derrière ce rayonnement, il m'apparut si plein d'amour
que je fus obligé de renoncer tellement cet amour m'a ébloui, pas les yeux, mais
l'esprit. C'est comme s'il fallait avoir un amour égal pour pouvoir supporter le sien et
voir plus loin. J'étais loin d'être à la hauteur, c'est comme si j'étais obligé de
m'incliner et de renoncer à mon envie de comprendre tellement son amour était
désarmant et me plongeait dans un état d'émerveillement. Je n'avais pas d'autre
choix que de le regarder et ne pas chercher plus loin. Tout était si blanc. Nous
restâmes face à face 2 ou 3 minutes. Je ne sentais plus rien de lui, ça me parut long
Mais, comme il ne me "tenait" plus, je retrouvais peu à peu mes esprit, me rappelant
tout, l'accident, les voyages, ma première rencontre avec lui, comme il m'a attrapé
quand je voulais partir voir l'espace et - comme apparemment sa conversation
semblait se prolonger - j'étais maintenant "bien réveillé", enfin, malgré toutes ses
images qui tourbillonnaient encore. Me sentant tout seul, à ce moment-là, j'essayais
de dire quelque chose, mais je ne savais pas comment parler, en tout cas j'avais
l'impression qu'aucun son ne sortait. Puis j'ai repensé à l'accélération. En fait, il
suffisait juste de le vouloir et au prix d’un effort intense pour sortir un son, la seule
chose que je trouvais à dire c'est :
Sans rien dire, d'un geste, de ce qu'on aurait dit sa main lumineuse, j'étais à
nouveau dans un tunnel d'accélération et 1 seconde après je rentrais dans mon
corps avec la même violence que j’en étais sorti. Je repris connaissance
instantanément, j'étais allongé au milieu de la rue, incapable de bouger, la voiture
était sur le trottoir encastré sur un poteau. La chose la plus étonnante c'est que le
chauffeur serait tout de suite sorti de sa voiture pour voir si j'étais encore vivant,
mais quand j'ai ouvert les yeux il n'était pas encore sorti de la voiture, en fait, cette
aventure, ce rêve, je ne sais toujours pas, avait duré moins de 5 secondes c'est le
temps que le chauffeur a mis pour sortir de sa voiture.
Trois mois de convalescence plus tard, ma vie intérieure est radicalement changée et
ma foi en l’humanité aussi, mais depuis j’ai toujours un peu froid et je me sens
souvent un peu seul, même en groupe car je n’ai jamais raconté cette histoire à
personne.
Je n'avais jamais entendu parler de ces expériences ou peut-être une fois, dans le
"Cosby Show", dans un épisode il y avait Bill Cosby assis sur son sofa qui disait être
dans un tunnel et la petite lui disait de ne pas aller vers la lumière (rire), ça me
semblait débile.
Je pensais que j'étais le seul à avoir fait ce que je considérais comme un délire ou un
rêve hyper ultra réaliste ou une expérience très privilégiée, c'est pour ça je pense
que j'ai gardé ça pour moi.
Quand j'ai entamé mes recherches sur le net, j'ai explosé en sanglots en comprenant
qu'il y avait plein de témoignages identiques, mais je pense qu'il faut quand même
une bonne résistance psychique pour vivre avec dans cette société. Mais pas de
pouvoir psychique, ni médiumnique, juste quelques ombres, j’ai rendez-vous chez
l’ophtalmo.
Peut-être un message d'espoir sur la nécessité de prier fort, si nous avons besoin
d’aide, quand je repense à Mon Seigneur je ressens comme une douce chaleur
envahir mon corps de l’intérieur, chose que je n’avais jamais ressenti avant.
Nous aimer les uns les autres, c’est sûr, même si c'est impossible et moi le premier,
que nous nous aimions autant que Eux nous aiment.
J’étais plutôt contente et bien dans ma peau car l’entretien était favorable pour des
vacations (des missions ponctuelles où l'on anime des sessions de formation). Il
devait être 12H30 et j’ai pensé à téléphoner à mon ami pour le prévenir de mon
arrivée imminente mais je ne l’ai pas fait car j’ai songé que cela était dangereux de
chercher mon téléphone portable et de téléphoner en voiture. De toute façon, je
n’étais plus très loin, peut-être une dizaine de kilomètres tout au plus... Et puis
soudain, ma vie s’est brusquement arrêtée contre un arbre.
J’ai alors vu un très beau gazon vert, d’un vert parfait, lumineux, harmonieux.
L’herbe était parfaitement taillée, c’était très beau, cette herbe verte semblait
vivante, intense, comme animée d’une sorte de conscience. Il m’a semblé avoir été
propulsée à une vitesse vertigineuse dans ce lieu. Et j’avais la sensation d’être "à
l’envers"… J’ai fait ce qui pourrait se décrire comme une roulade (sur Terre) pour me
mettre dans le bon sens. J’étais là mais je ne me voyais pas, en fait je n’avais pas de
corps.
Et puis des "êtres" blancs plus ou moins définis dans leur forme apparurent au loin
dans cette clairière et ils s’avancèrent vers moi en riant. Ils étaient environ une
dizaine ou douze peut-être. Il y avait devant, sur "une première ligne" si l’on peut
dire, des êtres de petite taille. On aurait pu dire des "enfants" et derrière eux un peu
plus loin, des êtres grands, peut-être des "adultes". Ils n’étaient pas vraiment avec
un corps comme nous mais une sorte de forme qui ressemblait à un corps. Ils étaient
d'un blanc transparent, lumineux et ils étaient très beaux non dans leur apparence
mais dans leur énergie, dans ce qu’ils dégageaient.
Les mots ne peuvent dire ce que j’ai connu dans ce moment ineffaçable de ma
mémoire. Les sensations sont si puissantes et en même temps si difficiles à expliquer
avec notre vocabulaire ici sur Terre. C’est une expérience inoubliable de l’Amour
inconditionnel et de la Joie. Je voulais rester avec eux pour toujours.
Je ne les "connaissais" pas au sens de membres connus sur la Terre mais bien sûr je
les connaissais d’une autre façon. Je n’ai pas du tout eu peur. Au contraire, j’étais
comme retournée chez moi, dans notre vraie demeure. L’émotion connue ce jour là
est d’une intensité indescriptible avec les mots. C’est le plus beau cadeau que je n’ai
jamais eu de ma vie, connaître cette énergie d’Amour absolu et cette Joie
rayonnante qu’ils dégageaient. Ils m’ont beaucoup donné dans le temps de notre
brève rencontre. Je dis brève en utilisant le cadre de référence terrestre car même si
cette expérience n’a duré peut-être que quelques minutes, elle est aujourd’hui mon
expérience Sacrée et la plus merveilleuse que j’ai connue… c’est un trésor intérieur.
Pour ce qui est de mon retour dans mon corps, je pense - mais c'est ma supposition
– que ce sont les pompiers qui ne m'ont pas lâchée et donc pas laissée partir
vraiment là-bas... ils me harcelaient pour que j’ouvre les yeux, pour que je regarde…
j'ai vu le volant tout déformé de ma voiture, la douleur immense m'a totalement
submergée avec une violence horrible dans tout le dos, les omoplates, le cou et je
n'avais qu'une envie : refermer les yeux et repartir dans le monde merveilleux d’où je
revenais... Mais durant tout le temps de la désincarcération, un pompier était dans
l'auto avec moi sous une couverture (pour les débris de verre m'avait il expliqué) et il
me tenait la main et me répétait d'ouvrir les yeux encore et encore. C'est à ce
moment je crois que je suis vraiment revenue dans mon corps terrestre…
Le retour à la réalité fut très long et très difficile pour moi, la souffrance physique a
été plus qu’intense. Je n’aurais jamais cru qu’on pouvait supporter tant de douleurs
en tant qu’humain. D’abord j’ai dû être soignée et cela a pris un an entre l’hôpital et
la rééducation puisque j’ai frôlé la tétraplégie (fractures de vertèbres multiples et
instables, épanchement au poumon gauche et dix côtes cassées). Je n’étais pas
opérable et on a dû laisser faire la Nature. Je crois que j’ai parlé de mon expérience
à ma mère à l’hôpital une fois au tout début en soins intensifs. Puis c’est comme si
j’avais tout oublié. En tout cas, j’ai mis tout cela dans un coin lointain de ma tête.
Personne n’a vraiment pu m’aider pendant longtemps car je n’osais pas y penser ni
même en parler.
Puis en 2005, les choses sont revenues fortement à mon esprit d’autant que j’ai
connu encore des épreuves : rupture sentimentale, licenciement pour inaptitude
physique, statut de travailleur handicapé, dépression, perte de revenus… La vie sur
Terre n’avait aucun intérêt pour moi et j’ai été très nostalgique de ces êtres et de cet
Amour total et merveilleux.
Puis une fête m’a beaucoup aidée à ressentir que la vie sur Terre peut être autre
chose que ce que la société actuelle nous propose (voir nous impose) : c’est les
journées de la Paix, fête libre et sans contexte religieux. J’ai vu la vie sous un angle
enfin beau, avec la vie qui, simplement s’écoule dans la nature, avec les cercles de
paroles pour échanger entre êtres humains… Cela m’a fait un déclic et je me suis
rapprochée – dans mes lectures et centres d’intérêts – des premiers peuples
autochtones en particulier les Amérindiens que je trouve extraordinaire dans leur
sens du Sacré et leur connexion à la Terre. C’est eux qui m’ont redonné le courage
d’essayer de vivre encore ici sur cette Terre. J’ai été longtemps perplexe et même en
colère d’être "revenue" sur Terre car je n’avais pas de raison particulière d’avoir
choisi de revenir. Je me demande encore aujourd’hui si j’ai fait ce choix réellement
ou si "ils" ont décidés qu’il fallait que je revienne pour faire quelque chose sur la
Terre. Dans mon souvenir, je voulais rester avec eux pour toujours, l’énergie
d’Amour reçue est si belle.
En décembre 2006, une amie m’a parlé du livre du Dr Moody "la vie après la vie" sur
les NDE. Je l’ai acheté pour mon Noël et cela m’a permis de mettre un mot sur mon
expérience. Cela m’a bien sûr rassurée de savoir que je ne suis pas seule aussi à
avoir vécu cela, car même si c’est une expérience extraordinairement belle à vivre, le
retour sur la Terre est extraordinairement dur à subir. C’est comme quelqu’un qui
connaît un bonheur immense et qui perd ce ou la personne qui lui a fait vivre ce
bonheur merveilleux. Le choc est total, un vrai traumatisme émotionnel puissance
Amour Infini !
L’impact de cette expérience est énorme même si je pense que je n’en mesure pas
encore toutes les conséquences à venir. Mes valeurs ont tout à fait changées et
l’argent n’est plus un centre d’intérêt majeur, ni donc la réussite sociale. Pour moi,
cela est terminé, ce n’est plus ma quête. Je suis très orientée vers les thérapies, ce
qui peut guérir l’être humain et j’ai commencé en septembre 2005 une formation
pour devenir sophrologue et donc changer de métier. J’ai aussi travaillé sur un
mémoire à l’université de Montpellier III sur l’impact des émotions.
Mes relations ont évolué aussi et je suis plus intéressée qu’elles soient équilibrées,
dans le partage équitable du donner et du recevoir alors qu’avant je me laissais
parfois embarquer à donner sans recevoir grand-chose (en amitié). Avec ma famille,
je pense que les évènements - accident presque mortel et NDE - ont été choquants
et que cette NDE est encore un peu "mystérieuse" pour certains.
Mes centres d’intérêts ont évolué et je m’oriente nettement vers les traditions
chamaniques dans lesquelles je trouve, pour l’heure, une grande inspiration et une
grande aide pour concevoir la Vie de façon beaucoup plus vaste qu’une pauvre vie
isolée. C’est important pour moi de trouver l’authenticité et ce qui est juste.
La mort pour moi n’était déjà à priori pas une fin en soi. Aujourd’hui, au vu de ce que
j’ai vu et connu, il est clair que la Mort n’est pas du tout une fin. Au contraire, c’est le
passage vers un nouvel état. Peut-être (sûrement) une conscience aiguë des
énergies qui nous aident comme l’énergie de l’Amour au sens noble et pur de ce
terme qui est tant malmené ou utilisé pour manipuler l’autre sur terre. Je n’avais pas
peur de la mort avant cette expérience et maintenant bien sûr, je n’ai plus aucune
crainte de mourir. Par contre je crains toujours la souffrance physique qui pourrait
précéder la mort… La mort pour moi est presque la récompense de passer à un autre
état d’être et de côtoyer cet Amour immense de l’autre côté du voile…. Cela dit, je
n’ai pas d’idées morbides même si je peux me languir de ces êtres très
régulièrement. Je me dis qu’il y a une raison à mon retour sur Terre et que je vais la
découvrir.
Ce qui me semble prioritaire est d’être sincère et de parler vrai avec tous les gens
que je rencontre, de ne pas être dans un rôle social, d’être juste moi, qui je suis
maintenant avec mon vécu même s’il est lourd à porter parfois. Je ne veux plus être
une image ou répondre aux projections des autres pour moi, je veux juste tenter
d’être libre et vraie.
Je parle encore plus facilement avec des inconnus parce qu’une parole éclairante
peut être essentielle pour quelqu’un qui en a besoin. J’essaie de ne pas subir mes
peurs et de trouver la Voie du Cœur dans mes choix aujourd’hui et non plus celle de
la pure raison qui est triste et limitée, je crois.
Méthode employée : Sur une période de un an, tous les survivants à des arrêts
cardiaques ont été interviewés, moins d’une semaine après leur accident, sur les
souvenirs de leur période d’inconscience. Les souvenirs rapportés ont été évalués
suivant l’échelle de NDE de Greyson. Les rôles supposés des facteurs physiologiques,
psychologiques et transcendantaux ont été étudiés. Les paramètres physiologiques
tels que le taux d’oxygène ont été tirés des notes médicales. Les convictions
religieuses des patients ont été documentées au cours des interviews et des cibles
cachées au plafond ont été utilisées pour tester les théories transcendantales sur les
éventuelles déclarations de sortie hors du corps. Les personnes rapportant des
souvenirs ont été comparées à celles qui n’avaient pas de souvenirs.
Résultat : 11,1% des 63 survivants ont témoigné de souvenirs. La majorité avait des
caractéristiques communes avec les NDE. Aucune différence n’est apparue au niveau
des paramètres physiologiques mesurés à l’exception de la pression partielle
d’oxygène durant l’arrêt cardiaque, qui était plus élevée dans le groupe qui a
témoigné de NDE.
Discussion : Cette étude prospective nous amène à penser que la fréquence des
souvenirs suivants un arrêt cardiaque et une réanimation est de 11,1%. Parmi ceux-
ci, 6,3% ont eu des souvenirs lucides et un état mental similaire, compatible avec les
NDE précédemment décrites avec des résultats de 7 voir plus sur l’échelle des NDE
de Greyson. Les caractéristiques étaient différentes de ceux qui ont eu des
hallucinations confuses, elles étaient très structurées et avaient un style très narratif,
les patients s’en souvenaient facilement et elles étaient claires. 4,8% ont eu des
souvenirs qui n’ont pas permis d’atteindre les critères de Greyson (résultat inférieur à
7) et parmi ceux-ci 1,6% avait un souvenir qui ne présentait aucun trait commun
avec la NDE, souvenirs apparaissant davantage comme des épisodes de trouble.
Dans cette étude, les facteurs physiologiques possibles n’ont pas pu être étudiés de
manière adéquate, compte tenu du nombre relativement restreint de patients dans le
groupe d’étude c’est à dire les sept NDE. Néanmoins, il était intéressant de noter que
les patients du groupe d’étude avaient un taux d’oxygène plus élevé que ceux du
groupe contrôle. Cela peut être simplement un résultat biaisé dû au petit nombre de
patients (résultat non significatif). Il peut également indiquer que les patients qui ont
vécu une NDE avaient une meilleure oxygénation durant la phase de réanimation,
permettant une meilleure fonction corticale. Si on suppose que les niveaux d’oxygène
dans le sang reflètent les niveaux d’oxygène dans le cerveau, les découvertes
laissent ici penser que, dans ce modèle d’arrêt cardiaque, l’anoxie cérébrale peut être
un facteur important dans l’apparition de ces expériences et peut évidemment en
"freiner" leur survenue. Certains patients semblent avoir obtenu des informations
qu’ils n’ont pas pu obtenir durant leur période d’inconscience. Dans ce cas, cela
suggérerait qu’une partie de la conscience humaine soit capable de se séparer du
corps et d’obtenir des informations à distance. Cependant il n’est pas exclu que les
informations rapportées aient pu être obtenues par le biais de sources sensorielles
tout à fait ordinaires. Dans cette étude, aucune expérience de sortie hors du corps
n’a été décrite. Les auteurs ne connaissent aucune étude prospective ayant permis
de clarifier ce point. Les données recueillies suggèrent, dans ce cadre d’étude (arrêt
cardiaque), que la NDE se produirait durant la période d’inconscience. Ceci est une
conclusion surprenante car à ce moment précis le cerveau est hors d’état de
fonctionner (patient dans un coma profond), et les structures cérébrales à la base
des expériences subjectives et des souvenirs devraient être alors sévèrement
affaiblies. Des expériences complexes de l’ordre de celles rapportées au cours de
NDE ne devraient pas pouvoir se produire, ni être gardées en mémoire. On pourrait
plutôt s’attendre à ce que de tels patients n’aient aucune expérience subjective
(comme c’était le cas pour 88,8% des patients de cette étude) ou tout au mieux ne
rapporter qu’un état confus si une partie de leurs fonctions cérébrales est malgré
tout conservée.
Conclusion : Les souvenirs qui suivent la réanimation d’un arrêt cardiaque sont rares
(11.1%). La majorité de ceux qui sont rapportés ont des traits communs avec les
NDE et sont de caractère plaisant. L’apparition de NDE au cours d’arrêts cardiaques
amène des questions sur la relation possible entre l’esprit et le cerveau. Des études
plus approfondies et sur une plus large échelle sont nécessaires pour nous permettre
de comprendre l’étiologie et la véritable signification des NDE.
Kenneth RING s’est attelé à cette tâche avec la collaboration de Sharon COOPER. Le
résultat de cette étude est décrit dans un chapitre de l’ouvrage Lessons from the
Light d’Evelyn Elsaesser Valarino et dans une étude plus académique intitulée
Mindsight.
Les personnes ainsi sélectionnées ont été contactées par les deux chercheurs. Lors
d’un premier appel téléphonique, ils ont apprécié le degré de cécité du sujet et
déterminé si, selon les critères qu’ils avaient établis au préalable, il avait
effectivement vécu une NDE ou une OBE qui, elle, n’était pas liée à un état de mort
imminente.
16 de ces sujets avaient vécu une NDE, 5 sujets avaient vécu une NDE et, à d’autres
occasions, une ou plusieurs OBE. Ainsi, 21 personnes en tout avaient vécu une NDE
et une ou plusieurs OBE. En plus, 10 sujets avaient seulement expérimenté une ou
plusieurs OBE.
Nous sommes en présence d’un total de 24 NDE puisque trois personnes ont vécu
deux NDE qui sont comptées séparément. La majorité des OBE est intervenue en
situation de relaxation et de repos corporel, mais quelques-unes ont été provoquées
de manière violente par des chutes ou des viols.
(Source : JOURDAN, J.-P. Deadline Dernière limite, Les 3 Orangers, 2006, pp. 85-87)
« C’était en 1967, dans le Midi. A la suite de mes deux enfants, c’était à mon tour de
prendre ma douche, dans une petite pièce basse de plafond et mal aérée que mes
parents avaient transformée en mini salle de bains, faisant l’erreur d’installer le
chauffe-eau à gaz à l’intérieur. Quand je me suis rendue compte que je commençais
à étouffer, j’ai voulu ouvrir la petite fenêtre, mais je n’en ai pas eu le temps, je me
suis évanouie et ma tête a tapé sur le bord du bac.
Puis j’ai entendu quelqu’un rentrer dans la pièce, c’était mon mari qui venait se laver
les mains. Il m’a vue par terre, a appelé mon frère et à eux deux ils m’ont tirée à
l’extérieur. C’est à ce moment-là que j’ai eu l’impression d’être hors de mon corps. Je
voyais tout ce qui se passait comme si j’étais à la hauteur d’un premier étage et que
je regardais en bas.
A ce moment-là, je me suis dit : « mince, mon frère me voit toute nue, ça me gène
un peu ! » … Ils m’ont sortie dans le jardin et ont essayé de me ranimer, aidés par
ma belle-sœur qui essayait de me faire boire quelque chose, peut-être un alcool. Je
voyais toujours la scène depuis la hauteur d’un étage, je savais que j’étais concernée
mais en même temps cela m’était assez indifférent, j’étais plutôt comme une
spectatrice. Puis les pompiers sont arrivés, et alors je me suis dit : « tiens, c’est
bizarre, la voiture des pompiers est bleue, d’habitude elle est rouge ! », puis ils m’ont
emmenée. En cours de route, j’ai vu les pompiers qui m’entouraient, le premier tout
noir et l’autre avec des cheveux oranges, vraiment comme s’il avait une épaisse
tignasse orange. C’était assez bizarre, je n’avais jamais vu ça !
Puis à un moment, ils ont stoppé, et ils ont dit : « Ah, quand même, si c’était un
vieux grigou, ça serait égal, mais une petite jeune comme ça, c’est vraiment
malheureux, quand même ! » Et moi je me demandais « mais qu’est-ce qu’ils
racontent ? » Je me trouvais totalement bien, mais il y avait un décalage, je ne
saurais pas comment expliquer ça. Je regardais la scène d’en haut en sachant que
c’était moi mais sans me sentir vraiment concernée.
Ce qu’il y a de drôle, c’est qu’on a une vision très élargie des choses. C’était comme
si je me trouvais en plusieurs lieux en même temps. Après leur douche, mes enfants
étaient montés au village, chez ma grand-mère qui habitait une maison faisant face à
la nôtre, de l’autre côté d’une grande combe, à peu près à 800 mètres, et qui
regardait souvent ce qui se passait chez nous avec des jumelles. Donc, dans le
même temps, je me trouvais aussi chez ma grand-mère, qui disait : « Ah, il a dû se
passer quelque chose chez les parents, parce que les pompiers sont là… » Elle
regardait avec les jumelles, les enfants regardaient avec elle par la fenêtre et moi,
j’étais derrière eux ! C’est très curieux comme impression, on voit tout très lumineux,
très clair, et puis on a un sens aigu, une perception beaucoup plus aiguë des choses,
on voit tout, on entend tout, et on est dans le coma, pratiquement.
A notre arrivée à l’hôpital, les pompiers m’ont sortie de leur véhicule, j’ai vu une
infirmière arriver en courant et demander : « Elle est dans le coma depuis combien
de temps ? » Et moi je me suis dit : « Elle est folle, celle là ! Je suis bien, mais ils ne
voient pas que je suis bien ? … Où est-ce qu’ils voient que je suis dans le coma ? »
Puis ça a été le néant total, je n’ai plus rien vu, rien entendu jusqu’à mon réveil le
matin à l’hôpital.
A partir de ce moment-là, ça m’a vraiment posé des problèmes. J’ai été élevée en
dehors de tout contact religieux, mes parents étaient athées, et moi aussi. Et alors je
me suis demandée : « mais alors, il y a peut-être quelques chose qui existe… » Etant
athée, je ne croyais en rien du tout, on était mort et puis c’était terminé ! Cette
expérience m’a fait un peu réfléchir : « Mais non, il y a quand même quelque chose
qui se passe. On n’est pas mort quand il se passe ces choses-là, et malgré tout
quand on est dans le coma on ne devrait pas avoir conscience de quoi que ce soit ! »
Et ce qui m’a le plus frappée, c’est avec quels yeux j’ai bien pu voir et entendre tout
ça partout à la fois…
Après, j’ai voulu vérifier un certain nombre de choses : les couleurs n’étaient pas
ordinaires, elles étaient beaucoup plus brillantes, un peu métallisées, comme ce
pompier que j’avais vu avec des cheveux oranges, c’est un garçon qui est blond
platine et même très très fade. Celui qui était noir était un petit monsieur brun pas
très mince, ni très grand… Mais ils ont bien dit ce que j’ai entendu, et mes enfants
étaient bien chez ma grand-mère, à la fenêtre et elle était bien en train de regarder
ce qui se passait chez nous.
Tout ça n’avait rien d’un rêve, c’était tout à fait comparable à la réalité ordinaire, ce
sont des faits réels que j’ai pu voir comme s’il ne s’agissait pas de moi. Comme si
j’étais un spectateur qui assistait à la scène ou qui aurait été dans la voiture. Les
personnes, je les ai bien vues et entendues.
Depuis cette expérience, ma sensibilité s’est développée, je fais parfois des rêves
prémonitoires : en mai 84 et en mai 85, j’ai rêvé que mon plus jeune fils était mort
et qu’on l’enterrait à G.. En mai 86 ce cauchemar est devenu réalité. Très souvent je
décide d’appeler ma mère ou ma fille, ou je pense qu’elles vont m’appeler, et dans
les minutes qui suivent j’ai un coup de fil. J’ai aussi fait plusieurs sorties hors du
corps depuis, en général quand je suis fatiguée, faible ou malade. » (A.L)
(Source : JOURDAN, J.-P. Deadline Dernière limite, Les 3 Orangers, 2006, p. 63)
(Source : JOURDAN, J.-P. Deadline Dernière limite, Les 3 Orangers, 2006, pp. 62-63)
« J’ai entendu un bruit mécanique. Ca m’a fait penser à la fraise du dentiste. C’était
comme si le bruit me poussait, et finalement je suis sortie par le haut de ma tête.
Dans cet état, j’avais une vision extrêmement claire de la situation. J’ai remarqué
que mon médecin avait un instrument dans la main qui ressemblait à une brosse à
dents électrique. Il y avait un emplacement en haut, ça ressemblait à l’endroit où on
met l’embout. Mais quand je l’ai vu, il n’y avait pas d’embout. J’ai regardé vers le bas
et j’ai vu une boîte. Elle m’a fait penser à la boîte à outils de mon père quand j’étais
enfant. C’est là qu’il rangeait ses clés à douilles. A peu près au moment où j’ai vu
l’instrument, j’ai entendu une voix de femme, je crois que c’était la voix de ma
cardiologue. Et la voix disait que mes veines étaient trop étroites pour évacuer le
sang… et le chirurgien lui a dit d’utiliser les deux côtés.
Je ne suis pas restée là plus longtemps, j’ai soudain senti une présence, et quand je
me suis retournée, j’ai vu un minuscule point lumineux. Il semblait très très éloigné.
Et quand je m’en suis approchée, j’ai entendu ma grand-mère m’appeler. Je suis
aussitôt allée vers elle, et elle m’a gardée tout près d’elle. Et plus je me rapprochais
de la lumière plus je commençais à voir des gens que je connaissais. J’étais
impressionnée par le fait que ces gens avaient l’air merveilleux. Ma grand-mère
n’avait pas l’apparence d’une vieille femme. Elle était radieuse. Tout le monde avait
l’air jeune, sain, fort. Je dirais volontiers qu’ils étaient de la lumière, comme s’ils
portaient des vêtements de lumière, ou comme s’ils étaient faits de lumière. Je n’ai
pas été autorisée à aller très loin, ils me gardaient près d’eux. Je voulais en savoir
plus sur la musique, sur le bruit d’une chute d’eau, sur les chants d’oiseaux que
j’entendais, et savoir pourquoi ils ne me laissaient pas aller plus loin. Ils ont
communiqué avec moi. Je n’ai pas d’autres mots pour exprimer cela, car ils ne
parlaient pas comme vous et moi. Ils pensaient et j’entendais. Ils ne voulaient pas
que j’entre dans la lumière, ils disaient que si j’allais trop loin ils ne pourraient plus
me relier à mon moi physique. Puis mon oncle m’a ramenée en bas, à travers le
tunnel. Pendant tout le voyage j’ai intensément désiré retourner dans mon corps.
Cette idée ne me posait pas de problème ; je désirais revenir vers ma famille. Puis je
suis arrivée à mon corps, et je l’ai regardé, et franchement, il avait l’air d’une épave.
Il avait l’air de ce qu’il était : mort. Et je n’ai plus voulu y retourner. Mon oncle m’a
communiqué que c’était comme sauter dans une piscine. Vas-y, saute dans la
piscine ! J’étais toujours réticente à le faire, et puis il s’est passé quelque chose que
je ne comprends toujours pas aujourd’hui. Il a accéléré mon retour dans le corps, me
donnant une sorte de coup. Comme quand on pousse quelqu’un dans la piscine. Et
quand j’ai touché le corps, c’était comme un bassin d’eau glacée, et je n’oublierai
jamais, mon corps a fait comme ça… ». (Elle a un sursaut)
Bien que le voyage spirituel de chaque personne soit unique, les personnes qui
vivent un processus de transformation relativement doux – même s’il peut être
ponctué de périodes difficiles ou de crises – ont en commun un certain nombre
d’impressions et d’attitudes globales.
Ces personnes fonctionnent bien en société et détiennent souvent des emplois et des
postes à responsabilité. Sur le plan mental, elles sont fermement ancrées dans la
réalité, comprennent clairement comment les autres voient la réalité et sont
conscientes que leurs propres expériences paranormales peuvent apparaître bizarres
ou « folles » aux yeux des autres.
Comme ces personnes maintiennent une juste perspective, elles ne s’enflent pas la
tête et ne développent pas d’idées de grandeur à leur propre sujet ou au sujet de
leurs expériences. Leur fonctionnement intellectuel est généralement clair – ou
même amélioré – et elles prennent des décisions logiques. Faire la différence entre
les réalités intérieure et extérieure ne leur pose aucun problème. Leurs réponses
émotives sont appropriées et elles ont des relations interpersonnelles solides et
saines. (…)
Les personnes qui vivent une urgence spirituelle trouvent difficile ou impossible
d’accomplir leurs tâches quotidiennes. Au mieux, elles ont l’impression que leur vie
émotionnelle ou spirituelle est déséquilibrée. Au pire, elles sont sujettes à des
périodes de dépression ou d’anxiété, ou à des fluctuations de leur état d’esprit.
Même si ces personnes ont généralement des réponses émotionnelles appropriées,
elles peuvent devenir hypersensibles et elles ont parfois des réactions émotives
exagérées. De temps en temps, elles peuvent avoir de la difficulté à juger si leurs
réactions et leurs comportements sont adéquats.
sujet. (…) Dans certains cas, des tendances paranoïaques peuvent apparaître et
amener la personne à croire qu’une force ou un autre individu malveillant est
responsable de l’expérience perturbatrice, par exemple. L’enflure de l’ego et les
tendances paranoïaques sont cependant temporaires. La personne est capable de se
reprendre et, finalement, de les écarter en usant de sa logique et de sa pensée
rationnelle.
Les personnes en état d’urgence spirituelle peuvent également, par moments, avoir
l’impression qu’elles sont à la veille de perdre le contrôle, vivre avec la peur d’être en
train de « devenir folles », ou avoir du mal à faire la distinction entre les réalités
intérieure et extérieure. Par ailleurs, il arrive que certaines personnes aient des
visions d’horreur ou entendent intérieurement des éclats de voix torturants.
Habituellement, elles se rendent compte que toutes ces expériences sont passagères
et ne sont pas fondées sur une réalité physique, et cela leur permet de les supporter
jusqu’à ce qu’elles disparaissent.
1. Une période nettement délimitée avec une humeur exaltée, expansive ou irritable
et ce de manière anormale et persistante qui dure au moins une semaine.
2. Au cours de cette période de perturbation de l’humeur, au moins trois des
symptômes suivants (quatre s’il s’agit d’humeur irritable) ont persisté avec une
intensité suffisante :
a) augmentation de l’estime de soi (ou enflure de l’ego) ou idées de grandeur ;
b) réduction du besoin de sommeil (la personne se sent reposée après seulement
trois heures de sommeil) ;
c) la personne est plus volubile que d’habitude ou insiste pour continuer à
parler ;
d) des idées qui se bousculent ou l’expérience subjective que les pensées vont
très vite ;
e) distraction (l’attention est trop aisément attirée vers des stimuli extérieurs
sans importance ou insignifiants) ;
f) augmentation des activités axées sur des objectifs (sociaux, professionnels,
scolaires ou sexuels) ou agitation psychomotrice ;
g) implication excessive dans des activités agréables, mais à potentiel élevé de
conséquences dommageables (les personnes se lancent sans retenue dans
des achats inconsidérés, des conduites sexuelles impudiques ou des
investissements commerciaux déraisonnables).
Le thème que j’ai choisi pour mon mémoire est l’apport des associations étudiant les
états de conscience modifiée (expériences proches de la mort inclues) abrégés
"ECM", pour les personnes ayant vécu ce type d’expérience.
Pourquoi ce thème ?
J’ai découvert l’existence des expériences de mort imminente (NDE) il y a quelques
années et ce phénomène m’a toujours intriguée, faisant émerger en moi de
nombreuses questions. Je me suis donc documentée et j’ai pu remarquer que la
plupart des ouvrages traitent de l’expérience en elle-même mais pas de ce qui se
passe chez l’individu après avoir vécu une NDE. De plus, beaucoup de personnes
vivent des expériences sortant de l’ordinaire qui ne sont pas des NDE mais qui sont
des ECM, ainsi nommés par les scientifiques. En effectuant ce mémoire, je souhaite
me pencher principalement sur les changements pouvant survenir chez les individus
qui vivent des états de conscience modifiée et qu’est-ce que les associations leur
apportent.
La recherche
Pour mener mon enquête de terrain, je me suis dirigée vers l’association Noêsis qui
est, à ma connaissance, le seul centre en Suisse au service des "expérienceurs" et
proposant des psychothérapies.
Ainsi, je souhaite obtenir des informations sur la création de cette association, ses
buts, son impact, le nombre de personnes qui la fréquente, etc. De même, j’aimerais
pouvoir repérer et répertorier les besoins qu’ont les "expérienceurs" pour intégrer le
vécu de leur(s) ECM dans leur quotidien, afin de comparer ces besoins avec les
activités proposées par l’association. Enfin, j’aimerais m’entretenir avec des
personnes ayant fait appel à l’association pour intégrer leur expérience, afin de
connaître quel parcours elles ont effectué, pour quelles raisons elles se sont tournées
vers Noêsis, quels sont les éléments que l’association leur a apportés et plus
spécifiquement le fait de suivre une psychothérapie ou de participer à un groupe de
parole.
Vos réflexions, suggestions, idées ou références sur ces sujets sont évidemment les
bienvenues car elles me seraient très utiles dans l’avancement de mon travail de
recherche.
Si vous acceptez de témoigner, il est bien entendu que certaines règles s’appliquent
en ce qui concerne vos droits et la protection des données :
- Vous pouvez interrompre à tout instant votre participation – libre et volontaire – à
cet entretien.
- Personne, à part vous et moi, ne peut avoir accès aux données que je recueille
durant l’entretien. Ces données, rendues anonymes, seront utilisées pour rédiger
mon mémoire.
- En aucun cas vos coordonnées ne paraîtront dans le mémoire, l’anonymat de ces
données est garanti.
- L’entretien est enregistré pour éviter de déformer vos propos lors de l’analyse des
données. Les bandes magnétiques seront détruites dès la fin de l’étude.
Une fois l’entretien terminé, je reste à disposition si vous avez des questions
concernant mon travail de mémoire. De même, il se peut que d’autres éléments ou
données vous viennent à l’esprit. Si vous souhaitez me contacter, voici mes
coordonnées :
Delphine Métrailler
Adresse
079.
(adresse e-mail)
Questionnaire destiné aux personnes vivant ou ayant vécu des états de conscience
modifiée et ayant vécu une ou des expérience(s) proche(s) de la mort
Madame, Monsieur,
Le thème que j’ai choisi pour mon mémoire est l’apport des associations étudiant les états de
conscience modifiée "ECM" ainsi que les expériences proches de la mort "NDE" (Near-death
experience en anglais), pour les personnes ayant vécu ce type d’expérience. Dans ce
questionnaire, j’ai choisi de séparer les NDE et les ECM, bien que les NDE fassent partie des
ECM, afin de savoir si l’impact est le même lorsqu’il y a risque de mourir ou non.
Afin de clarifier ce que j’entends par ECM et par NDE, voilà les définitions sur lesquelles je
me base pour ma recherche :
ECM ou états de conscience modifiée : Etats psychiques différents de l’état de veille
ordinaire dite réflexive (dans lequel on peut réfléchir), tels que : rêve, transe, hypnose, états
engendrés par la privation sensorielle, relaxation, hypnose, etc. Ces états sont également
nommés "états de conscience modifiée" (ECM), "états non-ordinaires de conscience"
(ENOC), "états de conscience non-ordinaires" (ECNO) par les scientifiques.
Pour mener mon enquête de terrain, je me suis dirigée vers l’association Noêsis qui est un
centre suisse au service des "expérienceurs" et proposant des psychothérapies. Ainsi, je
souhaite obtenir des informations sur cette association, ses buts, son impact, etc. De même,
j’aimerais pouvoir répertorier les besoins qu’ont les "expérienceurs" pour intégrer le vécu de
leur(s) ECM dans leur quotidien, afin de comparer ces besoins avec ce que propose
l’association. Enfin, j’ai créé ce questionnaire pour des personnes ayant fait appel à Noêsis,
afin de connaître quel parcours elles ont effectué, pour quelles raisons elles se sont tournées
vers Noêsis, quels sont les éléments que l’association leur a apportés et plus spécifiquement
le fait de suivre une psychothérapie ou de participer à un groupe de parole.
Comme certains proches sont également touchés par ces expériences vécues par leur ami,
collègue, conjoint, frère, etc., ce questionnaire leur est également destiné.
Si vous acceptez de remplir ce questionnaire, il est bien entendu que certaines règles
s’appliquent en ce qui concerne vos droits et la protection des données :
- Personne, à part vous et moi, ne peut avoir accès aux données que je recueille à l’aide
de ces questionnaires.
- Je vous garantis que ces données resteront anonymes et qu’elles seront utilisées
uniquement dans le but de rédiger mon mémoire.
Si les espaces de rédaction sont trop restreints ou que vous souhaitez ajouter des
commentaires, n’hésitez pas à joindre d’autres feuilles ou à écrire au verso (merci d’indiquer
les numéros de questions).
Une fois le questionnaire rempli, vous pouvez le retourner à l’adresse ci-dessous. Je reste à
disposition si vous avez des questions concernant mon mémoire ou ce questionnaire. De
même, il se peut que d’autres éléments vous viennent à l’esprit. Dans ce cas, n’hésitez pas à
me contacter :
Delphine Métrailler 079.489.35.31
Route des Giettes 24 delphmetr@bluewin.ch
1871 Choëx
En vous remerciant d’avance pour votre précieuse collaboration, je vous présente, Madame,
Monsieur, mes salutations les meilleures.
Si oui, dans le(s)quel(s) des domaines suivants cela a-t-il provoqué des
changements ? Par rapport à vous-mêmes ? (Merci de mettre une croix et
d’indiquer sur l’échelle correspondante le degré de changement)
1 = peu de changement 5 = complètement changé
1 2 3 4 5
Relations :
1 2 3 4 5
Travail
1 2 3 4 5
Famille
1 2 3 4 5
Amis
1 2 3 4 5
Autres : ____________________________
1 2 3 4 5
Personnalité
1 2 3 4 5
Croyances
1 2 3 4 5
Physique
Autres : _____________________________________________________________
________________________________________________________________ 1 2 3 4 5
4. Qu’est-ce que ces changements ont induit dans votre vie ? (modifications,
réadaptations, etc.)
________________________________________________________________________
________________________________________________________________________
________________________________________________________________________
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________________________________________________________________________
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6. Les personnes dont vous vous sentez le plus proche sont-elles au courant de
ce que vous avez vécu ? Si non, pouvez-vous me dire pourquoi ?
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9. Si vous avez pris contact vous-mêmes directement avec Noêsis, qu’est-ce qui
vous a poussé(e) à le faire ?
Inquiétude par rapport à votre état mental ou celui de votre proche
Besoin d’écoute
Besoin d’être rassuré(e)
Besoin d’avoir des réponses, comprendre l’expérience
Besoin d’entendre d’autres récits
Autres : _____________________________________________________________
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11. Quelles étaient vos attentes en faisant appel ou en venant chez Noêsis ?
Ecoute Etre rassuré(e)
Explications de l’expérience Compréhension de l’expérience
Autres : _____________________________________________________________
_____________________________________________________________
16. Si oui, pouvez-vous me décrire quels sont les apports de ce groupe de parole
pour vous ?
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17. Qu’est-ce que le centre Noêsis vous apporte ou vous a apporté d’autre que
les points cités à la question 12 ?
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19. Pensez-vous que de faire appel à une association telle que Noêsis est ou a
été une aide essentielle pour intégrer une NDE ou ECM dans votre vie ou
celle de votre proche ?
Oui Je ne sais pas
Non Cela facilite mais n’est pas indispensable
Merci ! ☺
Delphine Métrailler, ASC, HES 04 106
Mémoire de fin d’études 16.03.2009
Laissez-lui la liberté d’explorer toutes sortes d’idées et de poser des questions sans
honte et sans se sentir coupable ou ridicule.
Conseillez-lui une thérapie quelconque. Une discussion familiale peut en tenir lieu,
pourvu qu’elle n’implique aucun jugement. La thérapie de groupe avec d’autres
survivants représente la solution idéale. A condition qu’elle se déroule en présence
de professionnels ou de gens de coeur, capables de renvoyer des feed-back clairs.
Les expérienceurs ont besoin d’opinions et de points de vue autres que les leurs,
mais il ne faut pourtant pas les en accabler.
Faites en sorte qu’il ait accès à autant d’informations que possible sur les NDE et
leurs répercussions, y compris à des livres et à des articles scientifiques. Ils se
réinséreront d’autant plus facilement dans la société et se stabiliseront d’autant plus
vite qu’ils comprendront que leurs problèmes sont normaux et naturels, étant donné
ce qu’ils ont vécu.
Rassurer la personne sur le fait que son expérience n’est pas unique : il faut lui dire
que ce type d’expérience est très répandu. Il faut aussi lui dire que l’on ne comprend
pas vraiment pourquoi cela arrive, mais que les nombreuses personnes qui ont connu
cela en sont sorties plus fortes.
Dire de quoi il s’agit : des millions de gens ont eu une NDE, mais peu savent
seulement comment cela s’appelle. Il faut leur expliquer qu’ils ont eu une expérience
de mort rapprochée. Quand ils peuvent mettre un nom sur leur expérience, les gens
ont un outil pour penser cette aventure bouleversante et inattendue.
Ne pas laisser la famille à l’écart : L’évolution qu’entraîne la NDE chez le sujet est
souvent difficile à supporter pour son entourage. (...) Il est important d’encourager le
dialogue à l’intérieur de la famille ; c’est à cette condition que les réactions de
chacun viendront au jour et pourront être discutées avant de provoquer une fissure
dans la structure familiale.
Rencontrer d’autres personnes qui ont eu une NDE. Très souvent, quand j’ai un
nouveau cas de NDE, je fais rencontrer à la personne des « anciens » de la NDE. (...)
J’invite fréquemment les conjoints à ces séances de groupe car cela les rassure de se
retrouver avec d’autres couples qui connaissent la même situation. (...) Les gens qui
se trouvent nouvellement confrontés à cette situation peuvent, en rencontrant
d’autres couples, savoir comment ceux-ci ont intégré la NDE dans leur vie familiale.
Le but est d’aider la personne à intégrer sa NDE dans sa vie courante et à utiliser les
changements occasionnés dans un sens constructif et positif.