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Radiographie Generale
Radiographie Generale
Radiographie Generale
Méthodes de
radioprotection en
radiographie générale
Avis de radioprotection
Dans ce document, les termes « doit » ou « doivent » sont utilisés pour indiquer aux
technologues qu’il s’agit d’une exigence essentielle qui doit être appliquée ou maitrisée
afin de satisfaire aux normes de pratique et de radioprotection reconnues.
Méthodes de radioprotection en radiographie générale Septembre 2018
Comme le démontre le tableau de dose efficace moyenne1 suivant, les examens réa-
lisés en radiographie générale ont pour avantage de transmettre moins de dose que
celles en tomodensitométrie (TDM). Les valeurs de risques radio-biologiques sont
représentées par la dose efficace moyenne en mSv.
DOSE EFFICACE
EXAMENS RADIOLOGIQUES
MOYENNE (E MSV)
Poumons (2 incidences) 0,05
Abdomen (3 incidences) 1,2
Colonne lombaire (3 incidences) 2,4
Pelvis (1 incidence) 1,2
Hanche (2 incidences) 0,35
TDM Tête 3,0
TDM Thorax 5,8
TDM Abdomen-Pelvis 17,2
TDM Thorax-Abdomen-Pelvis 18,5
L’imagerie numérique permet d’améliorer grandement la pratique, mais elle est suscep-
tible d’augmenter les doses transmises aux patients. Il ne faut pas perdre de vue que
des surexpositions peuvent survenir sans altérer la qualité des images compte tenu de
la plage dynamique plus large du système de traitement et de sa capacité à corriger
électroniquement l’image.
Comme les images sont habituellement de bonne qualité en imagerie numérique, il est
facile pour les technologues de perdre leurs balises et d’avoir tendance à augmenter
inutilement les doses transmises aux patients. Ainsi, une dose plus élevée au patient ne
sera pas nécessairement perceptible sur l’image. Il est donc important pour le techno-
logue de vérifier l’indice d’exposition qui permet de définir le niveau de radiation optimal
pour chaque image réalisée. C’est pourquoi les fabricants (DR ou CR) rendent dispo-
nibles ces indices d’exposition afin de respecter les niveaux de référence de doses pour
les examens radiologiques. Étant donné que tous les examens réalisés ne requièrent
pas le même niveau de qualité d’image, une concertation entre technologues et radio-
logistes est nécessaire afin de déterminer le niveau de qualité requis pour chaque type
d’examen réalisé puisque « qualité d’image » et « dose transmise au patient » sont
directement liées (principe ALADA2).
1
INSTITUT DE RADIOPROTECTION ET DE SÛRETÉ NUCLÉAIRE. Doses délivrées aux patients en
scanographie et en radiologie conventionnelle - Rapport DRPH/SER N 2010-12, p. 23-24
2
As Low As Diagnostically Acceptable
3
Méthodes de radioprotection en radiographie générale Septembre 2018
Dans leur pratique, les technologues doivent se rappeler que les systèmes d’imagerie
numérique font en sorte que les images sont faciles à obtenir et faciles à reprendre, ce
qui peut signifier plus de radiographies inutiles pour le patient.
Pour les patients, les moyens de radioprotection doivent être utilisés avec discernement,
c’est-à-dire qu’ils doivent contribuer à diminuer de façon significative la dose absorbée
par le patient. Les méthodes de radioprotection à utiliser s’appliquent au rayonnement
primaire et au rayonnement diffusé externe. Ainsi, les caches ou écrans protecteurs ne
sont pas utiles pour réduire l’exposition au rayonnement diffusé interne3.
L’utilisation d’un temps court peut avoir des effets bénéfiques sur l’image radiologique
en ce sens que plus le temps d’exposition est court moins on a de possibilités que le
patient bouge et que l’image soit influencée par le flou de mouvement involontaire
provenant des organes (ex. : battements cardiaques, péristaltisme intestinal) ou de la
circulation sanguine.
3
DANIELS, Cupido, PhD, FCCPM, et Elizabeth FUREY, MD. « The Effectiveness of Surface Lead
Shielding of Gonads Outside the Primary X-ray », Journal of Medical Imaging and Radiation Sciences,
39(4), 2008, p. 189-191
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Méthodes de radioprotection en radiographie générale Septembre 2018
Toutefois, des inconvénients liés à l’appareillage utilisé peuvent survenir suite à l’utilisa-
tion de temps très courts (< 10 ms) puisque le système radiologique doit être assez
puissant pour supporter des charges élevées et le système de minuterie doit, pour sa
part, être très précis.
Des problèmes peuvent aussi apparaitre sur l’image si la grille mobile utilisée n’a pas
suffisamment de temps pour fonctionner adéquatement. Des lignes de grille peuvent
alors apparaitre et gêner la visualisation de fines structures anatomiques. Il n’est pas
toujours nécessaire d’utiliser le temps d’exposition le plus court disponible dans la
mesure où celui-ci permet d’éviter le flou causé par les mouvements involontaires (ex. :
cardiaques et circulatoires). Ainsi, en radiographie pulmonaire, la limite de temps d’expo-
sition à ne pas dépasser est de 80 ms4.
MAS MA MS
200 50
10
50 200
Donc, pour un même mAs, l’utilisation d’un temps d’exposition court ne permet pas de
réduire la dose transmise au patient. La meilleure façon de réduire la dose transmise au
patient, avec un temps plus ou moins court, est de diminuer le mAs.
La CIPR a établi des facteurs de pondération tissulaire pour la plupart des organes ou
tissus composant le corps humain. Ainsi, les organes ou tissus du corps humain ne sont
pas tous « sensibles » avec la même intensité lorsqu’ils sont irradiés. Pour tenir compte
de cette disparité de radiosensibilité et à partir des extrapolations aux faibles doses, une
« échelle » de radiosensibilité a été établie où chaque organe se voit attribuer un facteur
de pondération tissulaire (W T). Ce W T caractérise l’importance réelle de chaque organe.
4
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE RADIOLOGIE, et INSTITUT DE RADIOPROTECTION ET SÛRETÉ
NUCLÉAIRE. Les procédures radiologiques : Critères de qualité et optimisation des doses, Radiographie
du thorax
5
COMMISSION INTERNATIONALE DE PROTECTION RADIOLOGIQUE. Radiological protection in
paediatric diagnostic and interventional radiology : Publication 121, p. 30
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Méthodes de radioprotection en radiographie générale Septembre 2018
ou tissu à subir un dommage provoqué par irradiation. La somme de ces W T est égale à
1, ce qui correspond au détriment global d’une irradiation pour le corps entier.
Le tableau6 suivant porte sur les facteurs de pondération tissulaire. Parmi l’ensemble
des organes ou tissus considérés par la CIPR, les gonades ne sont plus les organes les
plus sensibles à l’irradiation. En radioprotection, il faut aussi prendre en considération la
radiosensibilité des autres organes ou tissus irradiés selon la région examinée.
TISSU WT WT
Moelle osseuse (rouge), côlon, poumons, estomac,
0,12 0,72
sein, tissus restants*
Gonades 0,08 0,08
Vessie, œsophage, foie, thyroïde 0,04 0,16
Surface osseuse, cerveau, glandes salivaires, peau 0,01 0,04
Total 1,00
* Tissus restants : surrénales, région extrathoracique (ET), vésicule biliaire, cœur,
reins, ganglions lymphatiques, muscle, muqueuse buccale, pancréas, prostate (♂),
intestin grêle, rate, thymus, utérus/col de l’utérus (♀)
Compte tenu des facteurs de pondération tissulaire actuels, il est inapproprié de consi-
dérer les gonades comme la structure anatomique à protéger, peu importe le type
d'examen. Par exemple, lors de radiographies du crâne, les organes les plus radio-
sensibles à protéger sont les cristallins, la thyroïde et les seins. Les technologues ne
doivent donc pas fournir aux patients un écran protecteur pour les gonades en guise de
protection psychologique, puisque d'autres organes ayant une radiosensibilité plus
élevée sont situés dans l’axe ou à proximité de la zone irradiée.
Il faut garder à l’esprit que les moyens de radioprotection utilisés pour le patient lors d’un
examen radiologique doivent contribuer à diminuer la dose absorbée par celui-ci sinon,
ils sont inutiles.
6
COMMISSION INTERNATIONALE DE PROTECTION RADIOLOGIQUE. Recommandations 2007 de la
Commission internationale de protection radiologique : Publication 103, p. 68
7
As Low As Reasonably Achievable
8
As Low As Diagnostically Acceptable
6
Méthodes de radioprotection en radiographie générale Septembre 2018
Protéger les organes radiosensibles compris dans la zone irradiée et ceux situés
à moins de 5 cm du faisceau primaire avec un cache protecteur, et ce, sans nuire
aux informations diagnostiques requises;
Utiliser une distance foyer-peau (DFP) la plus grande possible;
Utiliser une filtration adéquate du faisceau primaire;
Appliquer la collimation le plus sévèrement possible de façon à ce que le champ
de rayonnement ne couvre que la dimension de la structure à démontrer;
Utiliser une grille antidiffusante lorsque la structure à radiographier mesure plus
de 10 à 12 cm d’épaisseur 9 ou lorsque le rayonnement diffusé devient trop
important;
Utiliser un temps d’exposition court afin de minimiser les reprises de radio-
graphies dues au flou de mouvement produit par le patient;
Privilégier l'utilisation d'un bas mAs et ajuster les facteurs techniques en fonction
d’un kilovoltage optimal selon la structure à radiographier;
Choisir les facteurs techniques (mAs et kVp) et utiliser le système d'exposition
automatique (SEA) de façon judicieuse.
La radiographie des membres similaires en une seule exposition apporte des problèmes
de précision de l’image, augmente la dose de rayonnements rétrodiffusés au patient et
limite l’optimisation de la radioprotection.
Prenons l’exemple d’une radiographie des hanches en une seule exposition suite à la
mise en place d’une prothèse totale de hanche (PTH). Le premier élément à considérer
est la justification de l’examen. À cet effet, les PTH sont mises en place par des
orthopédistes qui, en prescrivant la radiographie des deux hanches en une seule
exposition sur la même image, désirent établir une comparaison entre les deux hanches
visualisées. Donc, du point de vue médical, cet examen est justifié par l’orthopédiste et
les technologues doivent réaliser l’examen selon le protocole établi au service.
Lors d’une radiographie des deux genoux en une seule exposition à la suite de la mise
en place d’une prothèse totale du genou (PTG), l’examen est justifié médicalement. Pour
l’optimisation de la radioprotection, il n’y a pas vraiment de problèmes associés aux
organes radiosensibles situés dans l’axe ou à proximité de l’irradiation puisqu’il s’agit
9
LONG, Bruce W., Jeannean HALL ROLLINS et Barbara J. SMITH. Merrill's Atlas of Radiographic
Positioning and Procedures, 13th Edition, volume 1, p. 38
7
Méthodes de radioprotection en radiographie générale Septembre 2018
Lorsqu’il est nécessaire d’obtenir des informations comparatives pour des membres
similaires en orthopédie et en pédiatrie (ex. : âge osseux), le protocole établi par les
autorités médicales du service doit encadrer ces pratiques afin de respecter les
principes fondamentaux de radioprotection.
L’utilisation des SEA n’est pas recommandée en pédiatrie (grande variabilité des épais-
seurs, faibles niveaux de doses). Les technologues doivent utiliser le réglage manuel
des paramètres d’exposition.
L’utilisation de caches protecteurs doit se faire en tenant compte d’une plus grande
proximité des organes entre eux. Il est essentiel de s’assurer que le cache protecteur ne
nuise pas à la qualité d’image diagnostique. La Commission internationale de protection
radiologique (CIPR) recommande de protéger la poitrine, les gonades et la thyroïde
lorsqu’ils se retrouvent à moins de 5 cm du faisceau primaire, lorsque cela est possible,
et ce, sans nuire à la collecte des informations diagnostiques requises10.
10
CENTRE D'EXPERTISE CLINIQUE EN RADIOPROTECTION. Recommandation du CECR : Exposition
des patients aux rayonnements ionisants en imagerie médicale, [En ligne]
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Méthodes de radioprotection en radiographie générale Septembre 2018
Les rayonnements ionisants doivent être considérés avec attention plutôt qu’avec
crainte. Les premiers responsables de la radioprotection sont les utilisateurs eux-mêmes
(technologues et médecins). Les meilleures méthodes de radioprotection commencent
par une utilisation optimale des paramètres techniques et elles concernent l'emploi de
moyens efficaces pour réduire les doses transmises à des niveaux sécuritaires pour les
patients et le personnel.
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Méthodes de radioprotection en radiographie générale Septembre 2018
10
Méthodes de radioprotection en radiographie générale Septembre 2018
Sources
CENTRE D'EXPERTISE CLINIQUE EN RADIOPROTECTION. Bulletin CECR, [En
ligne], mars 2016. [www.chus.qc.ca/fileadmin/doc_chus/Volet_academique_RUIS/
CECR/bulletin/CECR_Bulletin_mars_2016.pdf] (Consulté le 27 juillet 2016).
LONG, Bruce W., Jeannean HALL ROLLINS et Barbara SMITH. Merrill's Atlas of
Radiographic Positioning and Procedures, 13th Edition, Evolve, 2016, volume 1.
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