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Ministère de l’enseignement République du Mali

Supérieur et de la recherche un peuple un but une foi

Scientifique

USTTB

Université des sciences, des techniques et des technologies de Bamako

Faculté de Médecine et odonto stomatologie

FMOS

Année académique : 2017-2018

MEMOIRE

Le déroulement et issue de la grossesse chez les drépanocytaires majeures SS,


SC, et Sβ contexte de suivi pluridisciplinaire dans le service de Gynécologie
obstétrique CHU du Point G à propos de 186 cas 2014-2017

Présenté et soutenue le……/……./……...

Devant la faculté de médecine et d, odonto- stomatologie

Par :

DR TOGO Etienne

Pour obtention du Diplôme d’études spécialisées en Gynécologie –Obstétrique

Jury :

Président : Pr Mamadou Traoré

Membres : Pr Téguété Ibrahima

Directeur de Mémoire : Dr sima Mamadou

Codirecteur de Mémoire : Dr Touré Boubacari

1
Remerciements

Avant de passer à l’analyse de mon thème, j’estime que c’est un devoir sacré
pour moi d’exprimer ma profonde reconnaissance à tous ceux qui ont
contribué à la poursuite de mes étude en générale et la mise à jour de cet
mémoire en particulier.

2
HOMMAGES AUX MEMBRES DU JURY

A NOTRE

MAÎTRE ET PRESIDENT DU JURY

Professeur Mamadou Traoré

Professeur Agrégé de Gynéco-Obstétrique ;

Chef de service du Centre de Sante de Reference de la commune V

Médaillé du mérite de la santé

Cher Maître

Nous sommes très honorés que vous soyez le président du jury de ce


mémoire. Au cours de votre enseignement de gynécologie dont nous avons
bénéficié, nous avons beaucoup apprécié votre rigueur scientifique, votre sens
de la perfection et soyez rassuré que nous nous en servirons durant toute
notre vie de la méthodologie de travail que vous nous avez enseignée.

Trouvez dans ce travail qui est le vôtre, l’expression de notre admiration et


de notre profonde reconnaissance.

3
A NOTRE

MAÎTRE ET MEMBRE DU JURY

Dr Mamadou SIMA

Gynécologue obstétricien

Maitre-assistant a la Faculté de médecine et odontologie

Praticien hospitalier au service de Gynéco-Obstétrique

Cher maître, c’est un grand honneur et un réel plaisir pour nous de vous
compter parmi les membres du jury

Votre abord facile, la qualité de votre enseignement ne peuvent que soutenir


et rehausser l’amour pour la gynécologie– obstétrique. L’immensité de votre
savoir, votre compétence, la clarté de votre enseignement, votre rigueur dans
la démarche médicale font de vous un maitre exemplaire.

Recevez dans ce travail l’expression de notre profonde gratitude.

4
A NOTRE MAÎTRE ET CO- DIRECTEUR DE MEMOIRE

Dr Boubacari Ali TOURE

Assistant en hématologie à la faculté de médecine et d’odontostomatologie de


Bamako.

Ce qui frappe de prime abord chez vous, c’est la simplicité avec laquelle vous
accueillez les autres. Les échanges qui suivent permettent à toute personne
qui vous rencontre de comprendre l’intérêt que vous accordez à la recherche.
Vous nous avez montré, à travers ce travail, quel homme de science
rigoureux vous êtes. Vous nous avez apporté des contributions qui ont
énormément enrichi ce document.

Nous vous remercions pour votre disponibilité, votre gentillesse et votre


patience.

5
SIGLES ET ABREVIATIONS

AINS: Anti-inflammatoire non stéroïdien

ALD : Affection de longue durée

AMM : Autorisation de mise sur le marché

ANAES : Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé

AT : Autorisation Temporaire d’utilisation

BN : Brain Natriuretic peptide

BU : Bandelette Urinaire

BW : Bodet et Wassermann

CFH : Concentration en Fer Hépatique

CHU : Centre Hospitalier Universitaire

CMV : Cytomégalovirus

CP : Comprimés

CRLD : Centre de Recherche et de Lutte contre la Drépanocytose

CRP : C-Réactive Protéine

CVO : Crise Vaso-Occlusive

DLCO : Coefficient de Diffusion du CO

DPI : Diagnostic Pré-Implantatoire

DPN : Diagnostic Prénatal

ECBU : Examen Cytobacteriologie des urines

ECG : Électrocardiogramme

EPO : Erythropoïétine

FMOS : Faculté de Médecin et Odontostomatologie

FAPH : Faculté de Pharmacie

GR : Globule Rouge
6
HAS : Haute Autorité de Santé
Hb : Hémoglobine

HbS : Hémoglobine S

HPLC : Chromatographie en Phase Liquide à haute performance

HTAP : Hypertension Artérielle Pulmonaire

HTLV : Human T-lymphotropic Virus (rétrovirus)

IEC : Inhibiteur de l’Enzyme de Conversion

IMG : Interruption Médicale de Grossesse

IRM : Imagerie par Résonance Magnétique

IV : Intraveineuse

IVG : Interruption Volontaire de Grossesse

LDH : Lacticodéshydrogénase

OILD : Organisation Internationale de Lutte contre la Drépanocytose

ONA : Ostéonécrose Aseptique

PBH : Ponction-Biopsie Hépatique

PCA: Patient Controlled Analgesia

PNDS : Protocole national de diagnostic et de soins

Rx : Radiographie

SC : Sous-cutanée

SDM : Syndromes drépanocytaires majeurs

SFBC : Société Française de Biologie Clinique

STA : Syndrome Thoracique Aigu

TDM : Tomodensitométrie

USTTB : Université des Sciences des Techniques et des Technologies de Bamako

VGM : Volume globulaire moyen


7
VHB : Virus de l’hépatite B

VHC :virus hépatite C

VIH : virus de l’immunodéficience humaine

8
SOMMAIRE

Pages

INTRODUCTION……………………………………………………………1

I. OBJECTIFS ……………………………………………………………..3

II. GENERALITES………………………………………… ……………….4

III. TRAVAIL PERSONNEL………………………………… ……….…27

IV. RESULTATS…………………………………………....................35

V. COMMENTAIRES & DISCUSSION………………………………52

VI. CONCLUSION…………………………………………………………..63

VII. RECOMMANDATIONS……………………………………………….64

VIII. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES……………………………65

IX. ANNEXES………………………………………………………………70
INTRODUCTION.

INTRODUCTION  :

La drépanocytose est une maladie génétique de l’hémoglobine avec une anémie


hémolytique congénitale. Elle est caractérisée par la présence de l’hémoglobine anormale
S dans le globule rouge liée à une mutation ponctuelle au niveau du 6 ième codon du gène
qui commande la synthèse de la chaine β de la globine située sur le chromosome 11, où
l’acide glutamique est remplacé par la valine en position 6 [3].

Selon l'OMS, près de 5% de la population mondiale, sont porteurs d'un gène responsable
d'une anomalie de l'hémoglobine [1].

La majorité des personnes atteintes de cette maladie, vivent en Afrique noire avec des
prévalences variant entre 10 et 40% selon les régions et les ethnies, de 5 à 20% en
Afrique de l’Ouest [6].

Au Sénégal, 1 personne sur 10, sans distinction d'ethnie, d'origine géographique ou de


classe sociale, porte le gène de la drépanocytose. La majorité ne l'a hérité que d'un des
parents et ne présente aucun signe. Ce sont les porteurs du trait drépanocytaire (AS) [6]

On dénombre 12000 cas de drépanocytose majeure en France. Leur répartition


géographique était alors disparate avec une très nette prédominance pour la région
parisienne, et reste inchangée. La prévalence à la naissance est de 1 / 500 en région
parisienne, soit un peu plus de 400 nouveaux nés par an [10]

Au Mali, les différentes études réalisées situent le portage sain du gène de l’hémoglobine
autour de 12 % avec des fréquences variables du nord au sud allant de 6,1 % pour les
régions du nord pour atteindre 15 à 20 % dans certaines régions du sud.
Le criblage néonatal estime le nombre de naissances d’enfants drépanocytaires entre 5
000 à 6 000 par an [3 ; 14]

Sur le plan clinique, les sujets hétérozygotes pour la maladie, ne s’expriment pas ou
s’expriment peu.

En revanche, les sujets ayant le gène de la drépanocytose en double (drépanocytaires


homozygotes SS) ou associé à une autre hémoglobinopathie (drépanocytaires doubles
hétérozygotes S/C, S/β thalassémiques, S/D Pundjab, S/O Arab, S/C Harlem, S/PHHF
hétérocellulaire, A/S Antilles), souffrent de complications de la maladie [4].

Selon le rapport annuel de l’OMS, le taux de mortalité maternelle était de 587 pour 100
000 naissances vivantes en 2015[12].

La part liée à l’hémoglobinopathie de façon générale ou spécifique aux SDM est peu
étudiée.

10
La drépanocytose est responsable de 5% de décès d’enfants de moins de cinq ans sur le
continent ; la proportion passe à plus de 9 % en Afrique de l’Ouest et atteint jusqu’à 16 %
dans certains pays de cette partie de l’Afrique [11]

L’Hémoglobinopathie SS est une des formes des 3 principaux syndromes graves


drépanocytaires (ss, sc, sβ thalassémie), gène récessif ; elle est transmise à la fois par le
père et la mère. La transmission de la drépanocytose est autosomique et récessive.

Véritable maladie invalidante, la drépanocytose a une évolution caractérisée par des


complications aiguës et des complications chroniques ; associée à la grossesse peut être
l’origine d’accidents aigus de micro thromboses compliquant ainsi le déroulement de la
grossesse : l’anémie, les infections, les avortements, de survenue d’hématome retro
placentaire, mort fœtale, décès maternel

La première description des complications liées à la grossesse date de 1941. Les études
publiées en particulier en Afrique retrouvent plusieurs facteurs responsables de
l’aggravation de la maladie au cours de la grossesse et qui influent négativement sur
l’issu de la grossesse. Ainsi au Nigéria, une étude comparant le déroulement de la
grossesse chez 75 femmes homozygotes SS et 150 femmes enceintes avec phénotype
hémoglobinique normal, retrouve que la drépanocytose est significativement associée à
une mortalité maternelle élevée (5,6% contre 0%), une anémie sévère (5,3% contre 0%) et
une rupture prématurée des membranes(4,2% contre 0%). Considérant la voie
d’accouchement, les femmes enceintes ont très souvent accouchés par césarienne et en
situation d’urgence (respectivement 38/20 et 33/18). Dans cette étude la mortalité
périnatale était nettement supérieure si le nouveau né était de mère drépanocytaire (18,7
versus 8,8%) [3]. Au Ghana, les nouveau-nés issus d’une grossesse drépanocytaire
avaient un poids de naissance significativement plus bas que ceux nés d’une mère à
phénotype hémoglobinique normale

Les progrès réalisés dans la connaissance de la maladie et dans l’organisation des soins
ont permis d’augmenter de façon significative l’espérance de vie des malades
drépanocytaires et surtout de réduire les risques liées à l’état gravide. En effet plusieurs
études ont démontrées que la grossesse constitue un facteur aggravant de la maladie
drépanocytaire de la mère avec un impact négatif sur le déroulement et l’issu de la
grossesse. Mais le suivi bien organisé de la femme drépanocytaire, permet de mener à
bien une grossesse

La pratique de nombreux gynécologues et obstétriciens qui prennent en charge des


gestantes drépanocytaires ne sont pas compatibles en général avec les directives
recommandées de prise en charge de la drépanocytose. [16]

Au Mali, la prise en charge globale de la drépanocytose est assurée depuis 2010 par le
Centre de Recherche et de Lutte contre la Drépanocytose. C’est dans ce contexte qu’une
collaboration avec le Centre Hospitalier Universitaire du Point G à travers le service de

11
gynécologie-obstétrique, a permis la mise en œuvre d’un protocole de prise en charge de
la femme drépanocytaire enceinte. Ce travail rapporte un des résultats de ce protocole de
suivi multidisciplinaire spécifique à l’homozygote SS.

12
I. OBJECTIFS

1. Objectif général :

Evaluer le déroulement et l’issue de la grossesse chez une femme enceinte drépanocytaire


homozygote SS, au Mali dans un contexte de suivi pluridisciplinaire.

2. Objectifs spécifiques :

a. Décrire les caractéristiques sociodémographiques : âge, secteur d’activité, niveau


scolaire des femmes enceintes drépanocytaires.

b. Déterminer leurs caractéristiques cliniques : les antécédents drépanocytaires, et


obstétricaux.

c. Déterminer les données biologiques et évolutives de la grossesse chez la


drépanocytaire.

d. Déterminer les besoins transfusionnels au cours de la grossesse chez la femme


drépanocytaire.

e. Décrire les complications liées à l’accouchement, au post partum ainsi que le devenir
du nouveau-né.

II. GENERALITES SUR LA DREPANOCYTOSE


13
Définition
La drépanocytose est une maladie héréditaire de la structure de
l’hémoglobine caractérisée par le remplacement de l’acide glutamique par la
valine en position n° 6 sur la chaine β de la globine, ce qui aboutit à la
synthèse d’une hémoglobine anormale <<Hb S>>.
Physiopathologie [3, 26].
Les premières descriptions de la maladie ont été publiées il y a
100 ans. L’hémoglobine S a été découverte en 1949 et les premiers schémas
physiopathologiques cohérents et détaillés ont émergés entre les années 1960
et 1970. La physiopathologie de la maladie est basée sur la polymérisation de
la désoxy-hémoglobine S avec formation de grandes fibres à l’intérieur du
globule rouge, qui le déforment et le fragilisent. Plusieurs mécanismes sont
impliqués dans la survenue des manifestations cliniques et des complications
en particulier la vaso-occlusion : (1) une adhérence accrue des globules
rouges drépanocytaires aux cellules endothéliales vasculaires, (2) un
environnement vasculaire pro inflammatoire, (3) une activation exacerbée des
polynucléaires neutrophiles, (4) des voies de signalisation dans le globule
rouge susceptibles d’être modulées par le stress, l’hypoxie et la réponse
inflammatoire, (5) des transporteurs ioniques impliqués dans la
déshydratation du globule rouge drépanocytaire, (6) un syndrome de
dysfonctionnement endothélial complexe impliquant les anomalies du
métabolisme du monoxyde d’azote (NO).
Polymérisation de l’hémoglobine S : elle est caractéristique de
l’hémoglobine S désoxygénée (désoxy-HbS). Le remplacement de l’acide
glutamique hydrophile par une valine hydrophobe fait que cette dernière
établit des liaisons hydrophobes avec d’autres résidus hydrophobes sur la
chaîne β d’une autre molécule de désoxy-HbS. Un polymère se forme et
s’allonge en fibres hélicoïdales qui se regroupent, se rigidifient, et provoque la
falciformation, déformation cellulaire caractéristique des globules rouges
classiquement en forme de faucille. Dans le globule rouge SS, cette
polymérisation dépend de sa concentration en Hb, de l’importance de la
désoxygénation, de la composition de l’Hb, de la saturation en oxygène, de la
température, du pH, de l’équilibre ionique et de la teneur en 2,3-
diphosphoglycérate. Le processus initial est réversible mais devient
rapidement autocatalytique si les conditions environnementales qui l’ont
induit se pérennisent. La formation des polymères aura pour conséquence :
(1) une réduction de la déformabilité des globules rouges, (2) une
augmentation de la rigidité des globules rouges, (3) une augmentation de la
viscosité sanguine, (4) une rupture et une fragmentation des érythrocytes, (5)
une augmentation de la perméabilité cationique du globule rouge induisant
sa déshydratation.
14
Déshydratation des globules rouges : l’hydratation des globules rouges
dépend de trois systèmes de transports ioniques transmembranaires : (1)
canaux de Gardos: canaux K+ dépendants du Ca2+ (concernent des globules
rouges de densité déjà élevée), (2) co-transport K +/Cl- via la concentration en
Mg2+ (concernent principalement les réticulocytes et les globules rouges SS de
faible densité : génération de globule rouge dense), (3) pompe Na +/K+. La
polymérisation de l’HbS augmente de façon non sélective la perméabilité de la
membrane du globule rouge aux cations (Na +, K+, Mg2+, Ca2+), avec un risque
important de déshydratation du globule rouge. Cette perméabilité non
sélective est réversible avec la ré oxygénation. Elle favorise également l’entrée
de Ca2+ extracellulaire qui active les canaux K+, rejetant ce dernier hors de la
cellule. La perte de KCl et d’eau induite par la déshydratation conduit à
l’acidification du globule rouge. La concentration intra érythrocytaire de Mg 2+
est un des régulateurs du transport K+/Cl- : l’augmentation de la
concentration globulaire de Mg2+ induit une baisse de l’activité de transport
KCl et de la perte d’eau, favorisant ainsi l’hydratation du globule rouge. C’est
sur cette base physiopathologique que l’utilisation du Mg dans des essais
thérapeutiques a été récemment rapportée. Les cellules contenant de
grandes quantités d’ HbF réduisent ou préviennent la falciformation en
modifiant les processus de déshydratation et de perméabilité induits par la
polymérisation [26].
Adhésion endothéliale : il existe une adhérence accrue des globules rouges
drépanocytaires à l’endothélium, en particulier les globules rouges jeunes dits
« réticulocytes de stress », qui, prématurément sortis de la moelle osseuse,
expriment à leur surface des protéines d’adhérence dont le rôle normal est de
les maintenir dans la moelle. Cette adhérence serait le facteur essentiel du
ralentissement de la vitesse sanguine dans la microcirculation laissant le
temps à la désoxy-HbS de se polymériser. L’adhérence des globules rouges
jeunes favoriserait l’agrégation secondaire des cellules denses peu
déformables et le blocage de la microcirculation.
L’adhérence endothéliale met en jeu différents protagonistes : vascular cell
adhesion molecule (VCAM)-1, le fibrinogène, le facteur vWF, la fibronectine, la
thrombospondine, l’integrin cellular adhésion molécule (ICAM)-1. La situation
varie selon les territoires vasculaires, par exemple VCAM-1 est spécifique de
l’endothélium de la microcirculation, le facteur von Willebrand interviendrait
au niveau des gros vaisseaux. D’autres facteurs vasculaires sont impliqués :
le tonus, le flux et la dynamique microvasculaire.
Métabolisme du monoxyde d’azote (NO) : la régulation du tonus vasculaire
dépend d’un équilibre subtil entre des médiateurs produits par l’endothélium
tels l’endothéline-1 (ET-1), à action vaso-constrictrice, et le NO, à action vaso-
dilatatrice. Dans la drépanocytose, le NO est abaissé et l’ET-1 est augmentée,
particulièrement lors des crises vaso-occlusives. Il en résulte un état vaso-
15
constrictif susceptible de participer aussi au ralentissement du flux
circulatoire et au maintien voire la précipitation de la vaso-occlusion.
L’hémoglobine libre détruit le NO mille fois plus rapidement que l’Hb dans le
globule rouge. L’hyper hémolyse au cours de la drépanocytose est
responsable d’un déficit en NO, qui s’accompagne d’un ensemble
d’anomalies : la perte du potentiel vasodilatateur, une facilitation de
l’activation plaquettaire et un dysfonctionnement endothélial avec anomalie
d’expression des molécules d’adhérence.
L’anémie : l’anémie de la drépanocytose est une anémie hémolytique
intravasculaire et intratissulaire régénérative. La durée de vie moyenne d’un
globule rouge SS dans la circulation est de 12,5 jours contre 25 à 30 jours
pour un globule rouge normal. La réponse érythropoïétique est insuffisante
chez le drépanocytaire. La réponse des progéniteurs érythroïdes dépend des
taux d’EPO (érythropoïétine), eux-mêmes dépendants de récepteurs
tissulaires à l’O2, selon le niveau d’Hb circulante. L’HbS à une faible affinité
pour l’O2 liée d’une part aux polymères de désoxy-HbS, d’autre part à la
réponse physiologique du métabolisme glycolytique érythrocytaire à l’hypoxie.
Cette faible affinité entraîne une libération accrue d’O2 aux tissus, masquant
l’hypoxie réelle liée à l’anémie, réduisant ainsi la sensibilité des récepteurs à
l’O2 et la synthèse de l’EPO.
De la crise osseuse douloureuse : le ralentissement ou l’arrêt de la
vascularisation des os est à l’origine d’un infarctus osseux provoquant la
douleur. Le phénomène peut être dû à la séquence des événements,
adhésion des globules rouges drépanocytaires à l’endothélium, engorgement
de la lumière vasculaire, ralentissement circulatoire. On admet aussi qu’il
peut être initié par un réflexe neurovasculaire provoqué par le froid, l’effort, le
stress, etc., qui expliquerait le caractère multifocal de certaines crises
douloureuses.

Des infections : la sensibilité aux infections ne répond pas aux mêmes


mécanismes selon les types d’infection et les germes en cause :
- septicémies et méningites : les cellules drépanocytaire provoquent un
engorgement de la circulation splénique et des infarctus itératifs qui
altèrent la fonction de défense antiinfectieuse de la rate. Ainsi, comme chez
tout patient splénectomisé, les malades drépanocytaires sont exposés au
risque d’infections graves post-splénectomie, notamment les septicémies
les méningites dues à des germes encapsulés, Streptococcus pneumoniea et
Haemophilus influenzae.
- ostéomyélites : chez les patients drépanocytaires, les ostéites sont
volontiers multifocales et rapidement extensives. Dans plus de la moitié des
16
cas, elles sont dues à des salmonelles dites mineures : Typhim murium,
Typhim panama, etc., puis aux staphylocoques, colibacilles, etc. Le
mécanisme admis de ces infections est le suivant : à l’occasion d’une
bactéremie, le germe survenant dans une zone osseuse non ou mal
vascularisée en raison d’un phénomène de vaso-occlusion va se développer
et être à l’origine de l’ostéomyélite.
- Des atteintes organiques :
• Complications aigues : la séquestration aigue des hématies
drépanocytaires dans la rate, le foie ou le corps caverneux est à
l’origine des syndromes de séquestration aigue splénique ou
hépatique et du priapisme. L’oblitération aigue de l’artère centrale de
la rétine provoque l’amaurose. Les nécroses papillaires rénales sont
dues à des défauts de perfusion des artères des pyramides rénales
(vasa recta). Les accidents ischémiques cérébraux sont la
conséquence de l’obstruction des artères cérébrales. Le syndrome
thoracique aigu correspond à plusieurs causes
(vasculaires, infectieuse, thrombo-embolique…) ; l’origine vasculaire
étant due à l’oblitération de la microcirculation pulmonaire par les
drépanocytes.
• Complications chroniques : le défaut de perfusion chronique de
certains tissus et organes est à l’origine de leur dégénérescence ou de
leur nécrose. C’est ainsi que l’on explique les ulcères de jambe, la
rétinopathie, les nécroses osseuses vasculaires notamment de la
hanche, les altérations du rein, du poumons, du cœur, à l’ origine d’
insuffisances chroniques intéressant ces différents organes.
Épidémiologie
La drépanocytose est la maladie génétique la plus fréquente au monde. Les
migrations contraintes ou spontanées ont rendu cette maladie ubiquitaire.
Deux foyers majeurs d’origine restent dominants : l’Afrique subsaharienne et
un arc arabo-indien (Iran, Pakistan), mais des foyers ont été identifiés en
Afrique du Nord, en Sicile, en Italie, au nord de la Grèce. Le nombre de
porteurs du trait drépanocytaire dans le monde est estimé à 120 millions. En
Afrique, c’est dans une zone comme s’étendant du Sahara au Zambèze que
la drépanocytose pose un véritable problème de santé publique. La
distribution du gène de l’hémoglobine est variable dans cette zone de l’Afrique
allant de 10 à 30 %. Les premières enquêtes épidémiologiques ont été en
majorité faites par des scientifiques occidentaux. Les premiers travaux datent
de 1949 et pratiquement, ils ont tous porté sur des séries courtes de
quelques centaines d’individus et n’avaient donc pas de valeurs
épidémiologiques. Une enquête réalisée par une équipe belge en République
Démocratique du Congo (ex-Congo belge), au Burundi et au Rwanda qui a
17
concerné près de 20 000 sujets en milieu urbain et plus de 30 000 en milieu
rural, montre une fréquence du gène de l’ HbS de 25 à 30 %, laissant
présumer la naissance de 1 à 2 % d’enfants SS. L’usage, depuis quelques
années, d’un dépistage néonatal fournit, en matière d’épidémiologie, des
données qui, sans être complètes, s’approchent davantage de la réalité. Au
Mali, les différentes études réalisées situent la prévalence du gène de la
drépanocytose autour de 12 % dans la population avec des différences en
fonction des régions allant de 6,1 % pour les régions du nord à 15 à 20 %
dans certaines régions du sud. Un dépistage néonatal portant sur 1000
naissances conduites dans les cinq maternités situées de part et d’autre du
fleuve Niger a rapporté que 0,8 % des enfants naissent avec un syndrome
drépanocytaire majeur à Bamako. Une étude expérimentale de faisabilité du
dépistage néonatal de la drépanocytose (travail non publié) conduite sous
l’égide de l’OILD dans quatre capitales africaines en plus de Bamako a permis
de montrer respectivement :0,5% de syndrome drépanocytaire majeur sur
1000 naissances à Dakar, 0,9 % de syndrome drépanocytaire majeur sur
1186 naissances à Brazzaville et 0% sur 1329 naissances à Tunis[9]. Un des
aspects particuliers de l’épidémiologie de la drépanocytose est l’association
drépanocytose et grossesse. Cette particularité épidémiologique réside dans le
fait que la grossesse est l’unique opportunité de propagation de cette maladie
mais aussi une triste occasion où la drépanocytaire peut faire perdre la vie en
donnant la vie, en n’étant pas sûre que son enfant survive.

III. ASSOCIATION DREPANOCYTOSE - GROSSESSE.


La grossesse chez la femme drépanocytaire est devenue plus fréquente
comme conséquence directe de l’amélioration de la survie des patientes
secondaires due aux avancées des soins médicaux et aux interventions qui
commencent dès la naissance. Ces interventions comprennent la détection
précoce de la drépanocytose par le dépistage néonatal, l’institution d’une
antibio-prophylaxie avec la pénicilline, la vaccination contre les bactéries
encapsulées et plus récemment la recommandation par le National Institute of
Health (NIH) des États-Unis de l’administration de l’hydroxyurée du fait de
son efficacité avérée sur la maladie. Beaucoup de travaux se sont intéressés à
l’évaluation des complications au cours de l’association drépanocytose et
grossesse. Il est bien connu que la grossesse et la drépanocytose ont des
influences réciproques l’une sur l’autre. Les nombreuses modifications
physiologiques de la grossesse, souvent bien tolérées chez la femme non
drépanocytaire, peuvent exacerber ou compliquer les multiples lésions

18
d’organes qui caractérisent la drépanocytose. La dégradation de l’état
maternel qui en découle ne peut être que préjudiciable à la grossesse.
L’influence de la grossesse sur la drépanocytose se traduit par une anémie
hémolytique quasi constante, des crises douloureuses vaso-occlusives de
sièges multiples, qui sont surtout plus fréquentes dans le troisième trimestre
et le péripartum. Les crises aiguës de déglobulisation engageant le pronostic
materno-fœtal ont été rapportées. Le risque infectieux est également majoré.
Dans une série de 189 grossesses recrutées entre 1979 et 1984, Koshy et al.
avaient rapporté 10,6 % d’infections urinaires, 7,6 % de syndromes
thoraciques majeurs, 3,8 % d’insuffisances cardiaques congestives et 2 %
d’insuffisances rénales chroniques. Les variabilités de ces taux en fonction du
génotype sont largement rapportées dans la littérature [28]. L’influence de la
drépanocytose sur la grossesse se traduit par un risque plus accru de pertes
du produit de conception : fausses couches spontanées, menaces
d’accouchements prématurés et accouchements prématurés. La fréquence de
l’hypertension, notamment celle de la pré-éclampsie, est accrue. L’infection
de la sphère urogénitale est plus fréquente en cas d’association grossesse et
drépanocytose. Cette morbidité élevée rend la femme enceinte drépanocytaire
à risque accru de décès maternel. Le fœtus également paye un lourd tribut à
l’association grossesse et drépanocytose par la survenue fréquente d’un
retard de croissance intra-utérin, d’hypotrophie, de prématurité, de mort
fœtale in utero et de décès néonatal.

a. Influence de la grossesse sur la drépanocytose.

Anémie. Il s’agit d’une anémie chronique, généralement bien tolérée,


qui s’aggrave avec la grossesse, avec l’augmentation de la masse
sanguine mais aussi avec une carence en acide folique ou martiale.
L’anémie chez la drépanocytaire est généralement normocytaire. Une
microcytaire devrait faire rechercher une carence martiale et
l’inflammation ou une association à une autre hémoglobinopathie
type thalassémie. L’anémie est souvent aggravée par des crises
hémolytiques d’origine infectieuse.

Infections : elles sont fréquentes. En effet, la diminution des défenses


immunitaires de ces patientes associée à l’anémie chronique et à
l’état de grossesse les rend très vulnérables. Il s’agit le plus souvent
19
d’infections urogénitales (infections vaginales, pyélonéphrites) à
l’origine d’accouchements prématurés. Mais il peut s’agir de
pneumopathies quelque fois graves, à l’origine de troubles
respiratoires et d’hypoxie.

Syndrome thoracique aigu (STA). Il s’agit d’une complication


redoutable qui survient le plus souvent en fin de grossesse ou dans
le post-partum. En Guadeloupe, de 1993 à 1997, à l’issue d’une
étude conduite chez 68 femmes drépanocytaires enceintes, le
syndrome thoracique aigu touchait tous les génotypes avec une plus
grande fréquence chez les SS (21%) que chez les SC (3,3%). La
physiopathologie du STA est très complexe. De nombreux facteurs y
contribuent : vasoobstruction, thrombose micro vasculaire, ischémie
des tissus, hémolyse, crises douloureuses vaso occlusives osseuses à
localisation thoracique (costales, rachidiennes) entrainant une
sidération thoracique et hypoventilation régionale et quelque fois une
atélectasie, hypoxie et falciformation dans les capillaires pulmonaires
à l’origine des zones d’infarctus. D’autres facteurs contribuent : des
phénomènes infectieux, une embolie graisseuse, une embolie
cruorique des gros vaisseaux…. Le syndrome thoracique aigu
associe : des signes cardiaques et respiratoires (douleurs
thoraciques, tachycardie, dyspnée, râles sibilants ou toux), à une
hyperthermie supérieure à 38° C et des images radiologiques
récentes. Il s’agit de la première cause de décès en dehors de la
grossesse. Le syndrome thoracique aigu doit être dépisté dès les
premiers signes, la prévention doit être mise en place devant toute
situation à risque : l’accouchement, la césarienne, par une
kinésithérapie incitative respiratoire systématique. La douleur doit
être soulagée. L’utilisation des morphiniques n’est pas contre-
indiquée mais il faut éviter la dépression respiratoire qui peut
engendrer une hypoventilation et donc un syndrome thoracique.

D’autres complications moins fréquentes, ne doivent pas être négligées car


pouvant être aussi dramatique.

i. Risque de thromboses plus élevé en fin de grossesse et dans le post-


partum ;

ii. Risque de cholécystite aiguë chez les femmes ayant une lithiase
vésiculaire ;
iii. Séquestration hépatique et splénique, de pronostic extrêmement grave ;

20
iv. Mort maternelle et plus particulièrement dans le postpartum.

b. Retentissement de la drépanocytose sur la grossesse.

1. Retentissement maternel.

a. Sur le plan gynécologique. L’âge d’apparition des premières règles


est retardé (18 ans en moyenne contre 11 ans en général), compte
tenu de l’état clinique (anémie, amaigrissement, crises vaso-
occlusives avec atteinte de l’axe hypothalamo-hypophysaire).

b. Sur le plan obstétrical. Les complications obstétricales sont plus


graves chez les gestantes SS, doubles hétérozygotes composites SC
ou Sβ-thalassémiques. Ces complications sont :

Hypertension artérielle, prééclampsie. La prééclampsie est définie


par la pression artérielle élevée (systolique 130 et / ou diastolique
80 mmHg) plus une protéinurie positive (++ ou 300mg/24 heures).
Sa survenue est d’autant plus fréquente qu’il existe d’autres
facteurs de risque (néphropathies, hypertension artérielle
chronique, paludisme au cours de la grossesse, …). Les lésions
vasculo-rénales occasionnées par la falciformation en sont les plus
grandes pourvoyeuses, surtout en cas d’homozygotie. La gravité
du pronostic maternofoetal impose un dépistage rigoureux de
cette complication au cours des consultations prénatales (CPN).
Hématome Retro Placentaire (HRP). Il s’agit des Métrorragies de
sang noirâtre du 3ème trimestre de la grossesse + absence de bruits
du cœur + hypertonie utérine. Sa survenue est beaucoup plus
précoce (au 2ème trimestre de la grossesse), compte tenu de
l’ischémie utéro placentaire plus marquée.

Infections. Elles sont fréquentes chez toutes les femmes enceintes,


en raison de l’augmentation considérable du nombre d’infections
urinaires. Les femmes drépanocytaires, qui sont déjà issues d’une
population à risque élevé d’infections urinaires et générales, sont
exposées, pendant la grossesse, à l’aggravation de ce risque avec
l’éventualité de formes sévères et de CVO surajoutées. De ce fait,
il est conseillé de réaliser un dépistage systématique par un
examen cytobactériologique des urines (ECBU) au cours des CPN
(1 ECBU mensuel) ; le but étant de prévenir une chorioamniotite
aux conséquences gravissimes.

21
2. Retentissement fœtal. Le retentissement fœtal est majeur, la
morbidité et la mortalité sont élevées. Les complications décrites sont
les suivantes :

a. Fausses couches spontanées (risque évalué dans une étude


prospective jamaïcaine à 36%, contre 10% dans une population
témoin);

b. menace d’accouchement prématuré avec des taux qui varient


selon les séries entre 9 et 45 % dans la littérature
c. Retard de Croissance Intra-utérin (RCIU) : l’hypotrophie serait en
rapport avec l'insuffisance placentaire, l'anémie, la toxémie. Les
taux retrouvés par les différents auteurs vont de 10% à 21%;

d. accouchement prématuré, dans une série de 68 cas


Leborgne et al. avaient rapporté 21% ;

e. mort fœtale in utero, est plus élevé que dans la population


générale avec des taux qui s’échelonnent entre 1% et 4%.

c. Prise en charge.

La prise en charge d’une telle grossesse n’est concevable que lorsqu’elle


est coordonnée par un médecin référent pour la drépanocytose, dans un
établissement de santé, comprenant, outre une équipe de gynéco-
obstétriciens, des anesthésistes formés à la pathologie drépanocytaire,
une réanimation adulte et la collaboration avec l’équipe de transfusion
sanguine. Une coopération étroite entre les différents intervenants est
indispensable et la formation des équipes est nécessaire. En effet la
diminution du risque passe par un suivi rapproché, des mesures
préventives, et le traitement précoce des complications.

Avant la conception, ou à défaut en début de grossesse :

a. Conseil génétique : il consiste à faire une étude de l’hémoglobine du


conjoint dès que la grossesse est connue. Si un risque de syndrome
drépanocytaire majeur de type SS ou Sβ°thalassémie, existe pour l’enfant,
il faudra proposer au cours d’une consultation de conseil génétique, la
réalisation d’une biopsie de trophoblaste dés la 11 éme semaine
d’aménorrhée (SA), ou une amniocentèse dés la 17 éme
semaine
d’aménorrhée. Ce diagnostic prénatal n’est justifié que si le couple

22
souhaite une interruption de grossesse en cas de détection d’une
drépanocytose homozygote ou Sβ°
Thalassémie.
1. Diagnostic prénatal

Il est proposé à tous les couples se trouvant dans la situation

où un risque existe de donner naissance à un enfant porteur d’un


syndrome drépanocytaire majeur, c’est-à-dire essentiellement une
drépanocytose homozygote ou hétérozygote composite Sβ0 thalassémie,
qui restent, malgré les progrès thérapeutiques, des maladies graves et
pénibles.

La drépanocytose hétérozygote composite SC n’est pas considérée comme


relevant du diagnostic prénatal en raison de sa sévérité clinique réduite par
rapport à celle de la drépanocytose homozygote. Le principe de l’information
génétique qui précède le diagnostic prénatal repose sur l’explication claire du
risque au couple, afin qu’il puisse décider librement selon ses convictions
morales, philosophiques et religieuses. Il est surtout fondamental d’expliquer
les conséquences éventuelles de la maladie chez l’enfant à naître, en tenant
compte de la difficulté posée par la variabilité et l’imprévisibilité de
l’expression phénotypique. Il faut qu’il soit clair que le diagnostic prénatal,
parce qu’il fait courir un risque faible de complication, n’est proposé qu’aux
couples qui souhaiteraient une interruption médicale de grossesse dans le
cas où une drépanocytose serait retrouvée. b. Bilan.

Clinique : recueil et analyse des antécédents et des atteintes organiques


liés ou non à la drépanocytose : atteinte cardiaque, rénale, et
ophtalmologique, syndrome thoracique, difficultés transfusionnelles,
évaluation psycho-sociale.

Biologique.

1. Groupe sanguin Rhésus avec phénotype étendu, recherche d’agglutinines


irrégulières, actualisation des consignes transfusionnelles et recherche de
résultats immunohématologies antérieurs.

2. Numération formule sanguine, réticulocytes. Noter le taux d’hémoglobine de


base.

3. Créatininémie, uricémie, transaminases, gamma GT,


phosphatases alcalines, calcémie, ferritinémie, LDH.

23
4. Bandelette urinaire systématique complétée ou non par une protéinurie de 24
heures.

5. Etude Cytobactériologique des urines, prélèvement vaginal

6. Sérologie VIH, CMV, hépatites B et C, HTLV 1 et 2, Toxoplasmose, Rubéole,


Syphilis, Erythrovirus(B19).

Résultats récents de : consultation ophtalmologique, échographie cardiaque,


épreuves fonctionnelles respiratoires

c. Vaccination contre la pneumonie et l’hépatite B si nécessaire, avant la grossesse.

Surveillance de la grossesse. Elle doit être rapprochée et alternée entre


l’obstétricien et le médecin référent pour la drépanocytose. L’intervalle
entre deux consultations ne doit pas excéder deux à quatre semaines, et le
rythme doit devenir hebdomadaire dés la 36 éme semaine d’aménorrhée. En
cas de survenue d’événements pathologiques intercurrents (crise vaso-
occlusive, menace d’accouchement prématurité), le suivi doit être encore
plus rapproché. Le suivi comprend plusieurs examens :

o Clinique : rechercher la survenue de douleur évoquant une crise


vaso-occlusive. Par ailleurs, surveillance habituelle d’une
grossesse.
o Biologie : numération formule sanguine, réticulocytes,
créatininémie, uricémie, transaminases, LDH, RAI, recherche de
protéinurie tous les mois.

o Bactériologique :

bandelette urinaire tous les 15 jours, et en cas de


positivité, examen cytobactériologique urinaire.
prélèvement vaginal trimestriel

o Une échographie cardiaque au 3éme trimestre est nécessaire, de


même que des épreuves fonctionnelles respiratoires si l’examen de
référence était anormal.

o Une échographie fœtale à visé morphologique et biométrique à 22


SA avec la réalisation d’un doppler ombilicale et un doppler utérin.
Selon les circonstances le rythme des surveillances de la biométrie
et de doppler peut être augmenté.

24
Prévention des complications.

• Règles hygiéno-diététiques : repos, hydratation orale de 2


à 3 litres par jour. Eviter les expositions au froid, à
l’hypoxie, à l’alcool et au tabac.

• Traitement systématique par o Acide folique : 02

comprimés par jour (10 mg)

o Vitamine D, 100000 UI en dose unique administrée au début de la


grossesse ou au moins au 6e mois, systématiquement aux femmes
qui s’exposent peu au soleil ou en cas de port de vêtement
couvrants ou de faible apport alimentaire et pour les grossesses qui
se développent en hiver
o Kinésithérapie respiratoire incitative régulière par exemple à l’aide
de RespiflowR.

o La supplémentation en fer ne doit pas être systématique du fait de


la surcharge martiale fréquente chez ces patientes.

• Transfusion sanguine : elle représente un élément clef de la


prévention et du traitement des complications chez les patientes
drépanocytaires enceintes.

a. Indications de la transfusion variables selon les équipes et


fonction du phénotype hémoglobinique

i. Pour les patientes drépanocytaires SS ou Sβ° thalassémiques il s’agit :

Soit d’un programme transfusionnel systématique mis en place à


partir de la 22éme semaine d’aménorrhée (plus tôt en cas d’ATCD
d’accident transfusionnel avec ou sans anticorps retrouvés).

Soit d’un programme transfusionnel dès le début de la grossesse dont


les indications sont dictées par :

- Les antécédents de la patiente :

o Syndrome thoracique aigu.

25
o Atteinte organique préexistante (cardiaque, rénale,
hypertension artérielle pulmonaire, syndrome restrictif sévère
…).

o Pré-éclampsie, RCIU, mort fœtale in utero.

o Vasculopathie cérébrale.

o Poursuite d’un programme transfusionnel débuté avant la


grossesse.
- La survenue d’une complication au
cours de la grossesse.

Anémie inférieure à 8 g/dL d’hémoglobine (Hb).

Survenue au cours de la grossesse d’une crise vaso-occlusive ou


d’un syndrome thoracique aigu.

Systématiquement juste avant l’accouchement sauf si la


patiente est peu anémique et asymptomatique depuis
plusieurs années.

ii. Pour les drépanocytaires SC ou Sβ+ thalassémiques. Généralement,


le taux d’Hb est plus élevé que chez les drépanocytaires
homozygotes toutefois les mêmes complications sévères peuvent
survenir. En cas de transfusions programmées, elles débuteront
plus tardivement, vers 30 semaines d’aménorrhée. Chez ces
patientes, en raison d’un chiffre d’hémoglobine basale plus élevé, il
faut particulièrement éviter le risque d’aggravation clinique par
élévation de la viscosité sanguine. L’Hb post-transfusionnelle ne
doit jamais dépasser 12 g/dL. La surveillance et la prise en charge
sont par ailleurs identiques.

b. Modalités. L’appréciation de l’efficacité se fait sur la clinique, le


taux d’hémoglobine A et S (qui sont à déterminer avant chaque
transfusion). L’objectif minimal de cette approche est d’obtenir à
l’accouchement :

i. Un taux hémoglobine entre 9 à 11 g/dL (ou proche de


l’état basal pour les patientes qui ont un taux d’hémoglobine basal
plus élevé)

26
ii. Un taux d’hémoglobine S inferieur à 50% (valeur à diminuer
éventuellement en fonction des complications) pour les patientes
drépanocytaires homozygotes SS ou
Sβ° thalassémie,

iii. Un taux d’hémoglobine A à 30%( valeur à augmenter en fonction des


complications) pour les patientes doubles hétérozygotes SC et Sβ +
thalassémie.

Pour obtenir ces objectifs, il faudra un rythme transfusionnel de 2


concentrés de globule rouge (CGR) toutes les 3 à 4 semaines en cas d’échange
manuel et de 5 à 6 semaines en cas d’érythrapherèse. Un antécédent
d’accident transfusionnel hémolytique retardé avec ou sans anticorps retrouvé
ou d’une allo-immunisation complexe, fera discuter les indications
transfusionnelles au cas par cas avec le médecin référent drépanocytaire.

Médicaments contre-indiqués lors de la grossesse : certains


médicaments sont contre-indiqués et d’autres doivent faire l’objet de
précaution particulière si leur utilisation devient indispensable.

C’est ainsi que les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les chélateurs de fer,
les diurétiques, les β-mimétiques, les antidiabétiques oraux, les solutés
hypertoniques, les prostaglandines, la benzodiazépine, l’acétazolamide sont
formellement contre-indiqués

Les corticoïdes eux peuvent être utilisés sous réserve de précautions


particulières car pouvant déclencher des crises vasoocclusives, parfois
sévères. S’il existe une indication formelle à leur utilisation (en cas de
nécessité de maturation pulmonaire fœtale si MAP), il faudra réaliser au
préalable un échange transfusionnel ou vérifier le respect du calendrier
d’échange transfusionnel durant la grossesse.

En ce qui concerne l’ hydroxyurée : il ne doit pas être introduit durant la grossesse.


Pour les femmes qui reçoivent ce traitement au long cours, il doit être arrêté si
possible trois mois avant la grossesse à cause du risque potentiel de toxicité fœtale
du produit ; parfois un relais est pris par un programme transfusionnel. Il
conviendra de suivre les enfants exposés à l’ hydroxyurée avant leur naissance et à
long terme.

Traitement des complications : les complications de la drépanocytose


seront traitées selon les modalités classiques (conforme au traitement des
crises vaso-occlusives et du syndrome thoracique aigu). Prévenir les
pédiatres des médicaments utilisés chez la mère en cas d’imminence de
27
l’accouchement (morphine). La surveillance devra être très rigoureuse. Le
transfert dans un service de soins continu ou USI voir de réanimation
doit être envisagé dés l’apparition des signes de gravité, notamment en
cas de suspicion de syndrome thoracique aigu, sepsis ou éclampsie.
L’utilisation de la spiromètrie incitative doit être large.

L’accouchement : certaines mesures sont très importantes : assurer un


réchauffement de la patiente, oxygénation par au moins 4 litres/minutes
d’oxygène, hydratation optimale, analgésie locorégionale (ALR) et si
nécessaire générale, y compris par des morphiniques. L’analgésie
péridurale (APD) sera précoce, dès le début du travail ou dés que les
contractions utérines sont douloureuses en cas de maturation du col
pour déclenchement. L’antibioprophylaxie selon les recommandations
habituelles chez toute femme enceinte. En cas de risque hémorragique
cérébral (anévrysme ou Moya Moya), ou de décollement de rétine, il faut
discuter une césarienne et/ou d’une stratégie d’accouchement sans effort
expulsif (APD de bonne qualité, permettant un forceps d’aide à
l’expulsion).

Le post-partum : le post-partum immédiat représente une période à très


haut risque. Le suivi doit donc être strict, notamment dans les 48
premières heures, éventuellement dans un service de surveillance
continue, voire de réanimation. Traitement anticoagulant préventif
pendant 7 jours. L’hydratation importante si allaitement (3 à 4 litres par
jour, dont 1 litre de Vichy) .

Contraception : toutes les formes de contraception peuvent être


proposées en respectant leur contre-indication habituelle.

1. Contraception hormonale orale.

Oestro-progestatifs : largement prescrits bien que l’on ne dispose


d’aucune étude sur leur sécurité et leur efficacité chez la femme
drépanocytaire. Il existe un risque théorique d’aggravation de CVO
qui conduit à l’utilisation préférentielle de produits microdosés. Ils
ont aussi un intérêt dans les CVO provoquées par les
menstruations.

Progestatifs purs : peuvent aussi être utilisés mais on ne dispose pas


de données scientifiques validées.

Autres contraceptifs hormonaux :


28
-acétate de médroxyprogestérone : progestatif retard administré par
voie intramusculaire (150 mg tous les trimestres). Seul contraceptif étudié
contre placebo chez des patientes atteintes de drépanocytose, son efficacité a
été documentée. Il pourrait améliorer les CVO.

-progestatif implantable en intradermique, d’une durée d’effet de 3 ans,


pratique pour ce type de patientes. Contre-
indications de ces contraceptifs : antécédents thromboemboliques, insuffisance
hépatique sévère.
-Dispositif Intra-utérin (DIU). Il n’est pas contre-indiqué chez les
patientes drépanocytaires mais nécessite une vigilance accrue par rapport au
risque infectieux (augmenté chez ces patientes) et aux ménorragies. On
préfèrera un DIU imprégné de progestatif qui diminue l’abondance des règles
chez ces patientes déjà anémiques.

Contre-indications formelles : Nulliparité et valvulopathies.

-Contraception du lendemain. Elle peut être prescrite chez les patientes


drépanocytaires en conseillant une bonne hydratation et le repos au calme
après la prise orale afin de prévenir une éventuelle CVO.

Interruption de la grossesse : le type d’interruption doit être discuté


avec le médecin référent pour la drépanocytose. Il est préférable que les
patientes soient surveillées durant 24 heures après le geste. Un échange
transfusionnel est systématiquement effectué en cas d’interruption
médical de grossesse au 2 éme trimestre ou en fonction des antécédents de
la patiente.

29
Tableau 1 : Modalités pratiques des échanges transfusionnels

Taux d’ Hb Volume de la Volume de la Transfusion


1 ére
saignée 2éme
saignée

< 7g/dL 0 0 2 à 3 CG

7,5 g/dL 0 150 ml 3 CG

8 g/dL 0 200 ml 2 CG

8,5 g/dL 0 250 ml 2 CG

9 g/dL 200 ml 200 ml 2 CG

9,5 g/dL 200ml 250 ml 2 CG

10 g/dL 250 ml 300 ml 2 CG

10,5 g/dL 300 ml 300 ml 2 CG

11 g/dL 300 ml 350 ml 2 CG

11,5 g/dL 350 ml 350 ml 2 CG

12 g/dL 350 ml 350 ml 2 CG

IV. TRAVAIL PERSONNEL

30
1. MALADES ET METHODES

Lieu de l’étude :

Le Centre de Recherche et de Lutte contre la Drépanocytose et le service de gynéco-


obstétrique du CHU du Point-G ont servi de lieu de recrutement des dossiers et de
suivi des malades.

Type d’étude :

Il s’agit d’une étude prospective conduite sur les observations médicales des femmes
drépanocytaires majeures enceintes homozygote ss ayant bénéficié d’un suivi à la
fois par le gynécologue obstétricien et le médecin référent de la drépanocytose.

Période d’étude :

L’étude a inclus les dossiers des femmes drépanocytaires suivies entre le 1 er Janvier
2014 au 31 Décembre 2017 soit 4 quatre années d’activité.

Présentation des lieux d’étude :

Le centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose :

Situé dans le quartier du point G, en commune III du district de Bamako. C’est le


premier centre de référence en matière de la prise en charge de la drépanocytose au
Mali.

Ce centre a été créé en 2008 grâce à une volonté politique appuyée par des
partenaires techniques et financiers (PTF) dont la coopération internationale de
Monaco et la fondation Pierre Fabre. Inauguré le 21 janvier 2010, le CRLD a
commencé ses activités le 15 mars 2010 avec comme mission principale :

- améliorer la qualité et l’espérance de vie des drépanocytaires.

Il compte actuellement 09 médecins dont 03 hématologistes et deux pédiatres,


quatre pharmaciens, dont un pharmacien biologiste, quatorze (14) techniciens de
santé et des personnels administratifs.

31
Il est composé de quatre départements :

Département d’administratif

Département de formation et recherche

Département de communication

Département médical avec quatre (4) unités :

- une pharmacie,

- Unité de consultations et exploration fonctionnelle

- Unité d’hospitalisation,

- Un laboratoire

Le service de gynécologie obstétrique du CHU du Point G :

Le service de gynéco-obstétrique du CHU du Point G a été créé en 1912. Il était


dirigé d’abord par les chirurgiens expatriés français puis par des chirurgiens
maliens.

Actuellement dirigé par un Maître de Conférences en gynécologie obstétrique, le


service reçoit les gestantes du district de Bamako et de l’intérieur du pays (cas de
références), dans le cadre des consultations prénatales et des accouchements
programmés ou non.

Le personnel du service de gynéco-obstétrique se compose de 36 agents dont :

6 gynécologues obstétriciens

1 étudiants en formation au DES de gynécologie- obstétrique ???

1 médecin généraliste,

Des étudiants en année de thèse d’exercice

32
14 sages-femmes

3 techniciens de santé

2 aides-soignantes

Une secrétaire

1 assistant médical

7 Garçons de .Salles dont 3 au bloc opératoire

Le personnel assure :

Cinq (5) jours de consultation externe par semaine, quatre jours d’interventions
chirurgicales par semaine une garde quotidienne assurée par une équipe
comprenant :

- un étudiant en formation au DES de gynécologie obstétrique,


- un médecin, deux étudiants hospitaliers,
- une sage-femme,
- une aide-soignante,
- un technicien supérieur en anesthésie.
- deux jours de consultations prénatales 

Une visite générale aux malades tous les jours

Deux jours d’enseignement du planning familial

Un jour pour le dépistage du cancer du col.

La journée commence par le staff dirigé par le chef de service ou l’un de ses
assistants. Il a pour but de discuter des dossiers des malades reçus pendant la
garde.

En plus des activités de routine à savoir la prise en charge des urgences gynéco
-obstétricales et des affections gynécologiques courantes souvent évacuées des
structures du District et de l’intérieur du pays, les activités de 3 ème référence

33
programmées sont en voie de réalisation avec l’appui de la direction générale
conformément à l’organigramme élaborée.

Critères d’inclusion

Etaient inclues, toutes patientes drépanocytaires majeures homozygote ss enceintes


dont le profil a été confirmé par HPLC, vues en consultation ou hospitalisées dans
les deux services durant la période d’étude,

Critères de non-inclusion

Les femmes enceintes drépanocytaires majeures dont les prises en charge ont été
effectué en dehors de la période d’étude ou les patientes pour lesquelles le
diagnostic de drépanocytose n’a pu être retenu de façon formelle.

Les femmes enceintes drépanocytaires des autres formes que homozygote SS, SC,

Echantillon

Toutes les patientes drépanocytaires majeures enceintes homozygote SS, SC, Sβ


suivies dans le Centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose et dans le
service de Gynécologie-obstétrique du CHU du Point « G » pendant la durée de
l’étude du 1er janvier 2014 au 31 Décembre 2017, une période de 4 ans 

Gestion et Analyse des données

A l’aide d’une fiche d’enquête les données suivantes ont été recueillies :

• les données sociodémographiques : l’âge, le secteur d’activité, le niveau de


scolarité

• les données cliniques : antécédents drépanocytaires, complications aigues graves


et chroniques ;

• les données biologiques : taux d’hémoglobine, phénotype hémoglobinique ; • les


antécédents obstétricaux : gestité, parité, avortement ; • suivi de grossesse : âge de

34
la grossesse à la première consultation, nombre de consultations au cours de la
grossesse, nombre de crises au cours de la grossesse, nature de la complication
aigue au cours de la grossesse. Le logiciel SPSS dans sa version 20 utilisé pour
l’analyse des résultats. Les résultats ont été présentés sous forme de tableaux.

Procédure de suivi de la femme enceinte drépanocytaire majeure au CRLD

Les activités suivantes ont été conduites autant que possible au cours du suivi :

• une consultation tous les 30 jours à la fois chez le gynécologue-obstétricien et le


médecin hématologue du CRLD. Un bilan mensuel comportant une numération
formule sanguine avec dosage du taux des réticulocytes, une bandelette urinaire
avec ECBU si elle est positive.

• la mise en route d’un programme transfusionnel mensuel à partir de la 30ème


semaine d’aménorrhée ou avant, en fonction du taux d’hémoglobine, des
antécédents drépanocytaires et obstétricaux de la patiente.

• un bilan pré partum à la recherche de complications chroniques liées à la


drépanocytose pouvant contre indiquer un accouchement par voie basse : un bilan
ophtalmologique et cardiaque.

• devant toute crise douloureuse une hospitalisation est demandée avec évaluation
fœtale.

• Le traitement médical oral comportait une administration de:

- Acide folique à la posologie de 5mg par jour en continue

- Paracétamol 500 mg à la posologie de 60mg/kg de poids en trois ou quatre prises


par jour en cas de douleur ;

- la Sulfadoxine pyrimethamine suivant les recommandations du programme


national de lutte contre le paludisme

- Zinc 15 mg par jour 5 jours par mois

35
Bilan demandé systématiquement :

Hémato-immunologique : numération formule sanguine, groupage sanguin dans les


systèmes ABO et rhésus et phénotype érythrocytaire limité (Rh et Kell), recherche
d’agglutinines irrégulières, phénotype hémoglobinique par l’étude de l’hémoglobine
en HPLC.

Non hématologique : sérologie HIV, recherche de l’AgHBs, sérologie de l’hépatite C,


BW, Rubéole, Toxoplasmoses échographies obstétricales;

Examens para cliniques en fonction de l’existence ou non d’une complication :


échographie abdominale, écho-doppler cardiaque, radiologie osseuse, examen
ophtalmologique.

La procédure de recrutement des volontaires :

Le recrutement des volontaires s’est déroulé dans les deux services sus- citées.

Le consentement écrit a été administré par un le gynécologue chargé de la


consultation après une formation initiale à la procédure d’administration du
consentement.

Le consentement a été administré à l’issu d’une consultation prénatale (au plus


tard, l’avant dernière consultation prénatale avant la date prévue de l’accouchement
de manière à donner le temps aux gestantes d’échanger avec leur partenaire).

Une liste des femmes ayant consenti était dressée et communiquée à une Sage-
femme maitresse qui les mettait régulièrement à la disposition des équipes de la
salle d’accouchement.

2. RESULTATS.

36
Durant la période d’étude les femmes drépanocytaires majeures enceintes
ont bénéficié d’un suivi conjoint.

1) Données socio démographiques

Tableau I : Distribution de la population d’étude en fonction de l’âge

Tranches d’âge Effectifs Pourcentage


15 - 20 ans 29 15,6
21 - 30 ans 123 66,1
La tranche d’âge 31 - 40 ans 33 17,7 de 21- 30 ans
40 et plus 1 0 ,6
était la plus Total 186 100,0 représentée

avec 66,1 %.

L’âge moyen était de 27 ans avec des extrêmes de 15 et 40 ans.

1.2 Secteur d’activité :

Tableau II : Répartition de la population d’étude selon les secteurs d’activité.

Profession Effectifs Pourcentage


Ménagère 81 43,5
Etudient/ Elèves 48 25,8
Fonctionnaire 37 19,9
Commerçante 12 6,5
Autres 8 4,3

Total 186 100,0

La majorité des patientes était des ménagères suivies d’élève ou étudiant


fonctionnaires

Tableau III : Répartition de la population d’étude en fonction du

37
niveau de scolarité

Niveau scolaire Effectifs Pourcentage


Non scolarisée 34 18,3
primaire 31 16,7
fondamental 38 20,4
secondaire 41 22,0
supérieur 42 22,6
Total 186 100,0

.
Vingt-deux pour cent (22 ,6%) de nos parturientes avaient un niveau d’étude
supérieure et vingt-deux pour cent de niveau secondaire.

2) Données cliniques :

.1 Antécédents drépanocytaires.

2.1.1 Nombre de crises annuelles avant la grossesse :

Tableau IV: répartition de la population d’étude en fonction du nombre de


crises, par an avant la grossesse.

Nombre de crises Effectifs Pourcentage


par année
aucune 164 88,2
1 20 10,8
2 1 0,5
4 1 0,5
Total 186 100,0
La majorité des
femmes soit 88,2%,
avaient une expression modérée de la maladie drépanocytaire.

2.1.2 Les complications chroniques :

38
Tableau V : Répartition de la population d’étude en fonction de la
présence ou non de complications chroniques et du siège des
complications.

Complicatio Effectifs Pourcent


ns age
chroniques

Rétinopathie 9 4,8
s
drépanocyta
ires

Ulcère de 2 1,1
jambe avec
amyotrophie

Ostéite 2 1,1

Aucune 93
complication 173

Neufs patientes avaient une rétinopathie drépanocytaire. Pour deux autres les
complications étaient l’ulcère de la jambe avec amyotrophie, l’ostéite.

3) Données biologiques

3.1 Tableau VI : Phénotype hémoglobinique :

Phénotype Effectifs Pourcentage


HB
SS 69 37,1
SC 94 50,5
Sβ ° 6 3,2
Sβ + 17 9,1
39
Total 186 100,0
La population detude est dominée par les SC a 50,5% suivi SS a 37,1%

3.2 Taux d’hémoglobine à l’inclusion :

Tableau VII : répartition de la population d’étude en fonction du taux


d’hémoglobine et de statut hémoglobine

Statut taux d’hémoglobine Total


Hémoglo 4 - 6g/dl 7 -8g/dl 9 - 10g/dl 11 - SUP
binique 12g/dl 13g/dl
SS 2 14 43 9 0 68
SC 0 12 63 18 1 94
Sβ ° 0 1 4 1 0 6
Sβ + 0 2 11 3 1 17
SS 0 0 0 1 0 1
Total 2 29 121 32 2 186

La marge du taux d’hémoglobine 9 - 10g/dL était la plus représentée, homozygote


SS présente beaucoup de cas d’anémie que les autres.
4) Antécédents obstétricaux :

4.1 Gestité :

Tableau VIII : Répartition de la population d’étude selon le nombre de


grossesse.

Nombre de Effectifs Pourcentage


grossesse
Primigeste 73 39,2
Paucigeste 93 50,1
Multigeste 17 9,1
Grande
3 1,6
Multigeste
Total 186 100,0
40
La majorité de nos parturientes étaient des Paucigeste avec 50,1%

Parité :

Tableau IX : Répartition de la population d’étude selon la parité.

Parité Effectifs Pourcentage


Nullipare 84 45,2
Paucipare 64 34,4
Multipare 25 13,4
Grande
13 7,0
multipare
Total 186 100,0

La majorité des femmes étaient nullipares (45,2%)

4.2 Avortement :

Tableau X: répartition de la population d’étude en fonction du nombre


d’avortements spontanés.

Nombre Effectifs Pourcentage


d’avortement
0 152 81,7
1 24 12,9
2 6 3,3
3 2 1,1
7 1 0,5
10 1 0,5
Total 186 100,0

41
Douze virgule neuf pourcent (12.9 %) des patientes inclues dans notre étude
avaient eu au moins un antécédent d’avortement spontané et une patiente avec
dix avortements.

5) Suivi de la grossesse

5.1 Age de la grossesse à la première consultation :

Tableau XI: répartition de la population d’étude en fonction de l’âge de la


grossesse à la première consultation.

Age de la grossesse CPN1 Effectifs Pourcentage


Premier trimestre 47 25,3
Deuxième trimestre 110 59,1
Troisième trimestre 29 15,6
Total 186 100,0
La majorité des patientes avait consulté pour la première fois qu’au deuxième
trimestre soit la moitié avec 59,1% et 15,6% au troisième trimestre

5.2 Nombre de consultations au cours de la grossesse :

Tableau XII : Répartition de la population d’étude en fonction du nombre de


consultations au cours de la grossesse

Nombre de CPN Effectifs Pourcentage

cpn 0 6 3,2
cpn 1 5 2,7
2 - 3 cpn 34 18,3
4 - 5 cpn 96 51,6
6 - 7cpn 45 24,2
total 186 100,0

Cinquante un virgule six pour cent de nos gestantes de notre population


d’étude ont été vues 4 à 5 fois et vingt-quatre virgule deux pour cent vues 6
voire 7 fois en consultation.
42
5.3 Crises au cours de la grossesse :

Tableau XIII : répartition de la population d’étude selon le nombre de crises au


cours de la grossesse.

Nombre de crises Effectifs Pourcentage


pendant la grossesse
0 142 82,8
1 28 15,1
2 3 1,6
4 1 ,5
Total 186 100,0

L’expression clinique de la drépanocytose était modérée chez la majorité de


femmes soit 82%

5.4 Nature des complications aigues au cours de la grossesse :

Tableau XIV : répartition de la population d’étude en fonction de la nature


des complications aigues au cours de la grossesse.

Effectifs Pourcentage
Aucune crise 157 84,4
Anémie décompensée 7 3,8
Crises vaso occlusives 18 9,7
Préeclampsie 2 1,1
Rétinopathie drépanocytaire 1 ,5
Syndrome thoracique aigu 1 ,5
Total 186 100,0

La crise vaso occlusive était la complication la plus fréquente avec 9,7%, 3,8%
d’anémie décompensée, une forme compliquée de STA.

43
Tableau XV : Hémoglobinique / Nombre de crise pendant la
grossesse

Profil hémoglobine Nombre de crise pendant la grossesse Total


0 1 2 4
SS 44 21 2 1 68
SC 90 4 0 0 94
Sβ ° 4 1 1 0 6
Sβ + 15 2 0 0 17
SS 1 0 0 0 1
Total 154 28 3 1 186

Vingt une gestantes des SS ont au moins manifesté une crise

5.5 Importance de la transfusion au cours du suivi :

Tableau XVI : Répartition de la population d’étude en fonction de


l’administration de produit sanguin au cours de la grossesse

Effectifs Pourcentage
oui 33 17,7
non 153 82,2
Total 186 100,0

Dix-sept virgule sept pour cent des gestantes ont été transfusée au cours de
leur suivi.

44
6) Accouchement et post partum :
6.1 Tableau XVII : Age de la grossesse à l’accouchement :

Age de la grossesse à Effectifs Pourcentage


l’accouchement
Terme 162 87,1
Prématuré 24 12,9
Total 186 100,0

Douze virgule neuf (12,9%) patientes sur 186 ont accouché avant la 37eme semaine
d’aménorrhée.

6.2 Mode du début du travail et la Voie d’accouchement :

Tableau XVIII: Répartition de la population d’étude en fonction du mode de


début du travail de la voie d’accouchement

Mode de début du travail voie d’accouchement Total


voie basse césarienne
Déclenchement 63 11 74
Spontané 41 2 43
césarienne d'urgence 0 43 43
césarienne prophylactique 0 26 26
Total 104 82 183

Soixante de nos parturientes ont accouché par voie basse sur 71 cas de
déclenchement dont 11 fois de recours à la césarienne

Tableau IX :

Statut Hémoglobinique voie d’accouchement Total


voie basse césarienne
SS 33 36 69
SC 57 37 94
Sβ ° 4 2 6
Sβ + 10 7 17
TOTAL 104 82 186

45
33 parturientes SS sur 69 ont accouché par voie basse soit par travail

Spontané ou de déclenchement.

6. 3 Complications en postpartum :

Tableau XX: Répartition de la population d’étude selon la nature des complications en


post partum.

Nature des crises en post Effectifs Pourcentage


partum
Aucune crise 180 96,8
Anémie décompensée 3 1,6
Crises vaso occlusives 2 1
Syndrome thoracique aigu 1 0,5
Total 186 100,0

Les complications du post-partum ont été dominées par la décompensation de


l’anémie, de crises vaso-occlusives avec, la survenue d’un STA.

Complication a type hémorragie du post partum

Tableau XXI: Statut Hémoglobinique * Hémorragie du post


partum

Statut Hémoglobinique Hémorragie du post Total


partum

Oui Non
SS 3 66 68
SC 0 94 94
Sβ ° 0 6 6
Sβ + 1 16 17
Total 4 178 186

Quatre cas d-hémorragie du post partum dont trois du SS et une Sβ thalassémie

46
Nouveau-né :

7.1 Devenir du nouveau-né

Tableau XXII : répartition de la population d’étude selon l’état du nouveau-


né à la naissance.

*poids du nouveau APGAR du Nouveau-né Tot


ne en grammes al
Bo Mauvais Morbide
n

1000-1500 2 1 1
4

1600 - 2400 33 7 2
42
2500 - 3900 116 10 7 133
4000 g et plus 5 2 0 7
Total 156 20 10 186

L’étude a enregistré 46 cas de petit poids de naissance avec 30 cas avec un apgar
mauvais ou morbide pour 10 CAS

Tableau XXIII : Réanimation nouveau-né et le devenir

Réanimation nouveau-né et le devenir Effectifs Pourcentage


Oui 30 16,1
Non 151 81,1
décès néonatal précoce 4 2,2
décès néonatal tardif 1 0,5

Le suivi en post natal a permis de constater parmi les 19 nouveaux nés réanimés
4 figurent parmi les décès néonataux précoces et 1 tardif

47
8. Données analytiques :

8.1 Relation entre le profil hémoglobine et le terme de la grossesse l’accouchement

Tableau XXIV: répartition de la population d’étude selon le profil hémoglobine et le


terme de la grossesse a l’accouchement

Statut Hémoglobinique Nature d'accouchement Total


Terme Prématuré
SS 62 7 69
SC 78 16 94
Sβ ° 6 0 6
Sβ + 1 1 17

162 24 186
Total

L’étude a récolté 24 cas de prématurité dont SC et Ss sont majoritaire

Tableau XXV: Répartition de la population d’étude en fonction du statut

Hémoglobine et le temps de séjour au service

Statut Durée de séjour Total


Hémoglobinique
1jour 2j 3j 1 sem. 2 sem. 3 sem.

SS 9 17 20 18 1 1 66
SC 31 4 13 14 3 0 65

Sβ ° 2 0 2 2 0 0 6

Sβ + 8 0 4 3 0 0 15
Total 50 21 39 37 4 1 152

48
Tableau XXI : Tableau comparatif des résultats de notre étude avec ceux d’autres
études sur certains paramètres liés à la grossesse.

Auteurs Nayama Leborgne Y Omo A Téguété Badiaga Notre


M [3] Etude
[19] [23] [18]
[22]
Pays Niger Guadeloupe Benin Mali Mali Mali

Périodes 1998- 2000 2000- 2003- 2010- 2014-


2000 2004 2010 2011 2017

Taille 21 (SS) 68(SS=33 ; 42 (SS= ; 71(SS= 21 45(SS=20 SS : 69 ;


échantillon SC=30 ; SC= ; Sβ=) ; SC= 45; ; Sβ : 23

Sβ+=5) SC= 23 SC : 94


(phénotype
Sβ =5)
+

Hb) Sβ= 02)

Age moyen 25,5 26 ans 25 ans 29 ans 27ans 27 ans


patientes ans

Morbidité 85,4% 85% 23,8% 88,7% 86,7% 26,9%


maternelle

Mortalité 14,3% 0% 4,76% 2,81% 0% 0%


maternelle

RCIU 9,5% 15% 0% 0% 0% 0%

PPN 45% 0% 0% 26,8% 20% 24,8%

Avortement 0% 0% 0% 0% 15,6% 12,9%

Mort-né 0% 0% 0% 7,5% 4,4% 5,3%

Césarienne 28,6% 48% 20% 52,1% 28,9% 44%

Accouchement 71,4% 52,0% 80% 47,9% 71,1% 56%


par voie basse

V. C0MMENTAIRES ET DISCUSSION
49
Le suivi de la grossesse d’une femme drépanocytaire doit être
pluridisciplinaire. Ce suivi doit intégrer l’information constamment
réitérée des patientes et de leur famille sur la drépanocytose et ses
complications, la prise en charge précoce des complications aiguës et
chroniques, le diagnostic néonatal, la prise en charge précoce des
nouveau-nés drépanocytaire issues des femmes drépanocytaires.

Limite de l’étude : L’étude a été menée au Centre de Recherche de lutte


contre la Drépanocytose (CRLD) et au service de Gynécologie
obstétricale du CHU du Point G. Les données analysées ont été
recrutées rétrospectivement à partir de dossiers médicaux et
obstétricaux. La méconnaissance de l’intérêt du suivi pluridisciplinaire
de la grossesse chez les malades drépanocytaires majeures et les
praticiens en particuliers, les sages-femmes et les médecins généralistes
constitue une des principales difficultés dans la prise en charge. Le
faible niveau économique de vie de la population générale, les
représentations particulières de la maladie font que certaines patientes
n’ont pas fait correctement un bon suivi conjoint de la maladie
drépanocytaire. Les facteurs limitant l’adhésion à ce suivi conjoint n’ont
pu être explorés dans cette étude et la faible taille de l’échantillon sur
quatre ans constitue une limite pour répondre à certaines questions
relatives à la grossesse chez la femme drépanocytaires dans notre
contexte.
1- Données sociodémographiques

o L’Age : l’âge moyen observé dans notre série a été de 27 ans avec des
extrêmes de 15 et 40 ans et une classe modèle correspondant à la
tranche d’âge de 21-30 ans était la plus représentée. Ces résultats
sont similaires de ceux rapportés par le CRLD [3] et dans la
littérature occidentale [17].

o Secteur d’activité : Nos parturientes étaient en majorité des


ménagères (43,5%). Les élèves et étudiantes représentaient 25,8%
de notre population d’étude. Nos observations sont identiques de
celles rapportées par Téguété et al [18] sur deux périodes différentes
50
et dans deux structures différentes où les femmes enceintes
drépanocytaires étaient en majorité des ménagères. Cette similitude
pourrait s’expliquer par le fait que la majorité des parturientes de
notre étude étaient des ménagères.

o Niveau de scolarisation : la majorité de nos patientes avait atteint


le niveau d’études supérieures. Ceci pourrait constituer un atout
majeur dans la compréhension de la maladie et sa prise en charge
surtout en période gravidique.
2- Données cliniques :

o Antécédents drépanocytaires.

Nombre de crises par an avant la grossesse: 10,8% des femmes


drépanocytaires majeures avaient fait au moins une crise majeure
par an en l’absence de toute grossesse. Mais de façon globale, on
peut considérer que la population étudiée était pour l’essentiel,
peu expressive.

Complications chroniques drépanocytaires : les complications


chroniques observées chez nos patients regroupaient 9 cas de
rétinopathie drépanocytaires, 2 cas d’ulcère de jambe avec
amyotrophie du membre et 2 cas d’ostéites en 4 ans ces éléments
clinques sont bien différents de ceux observés en un an dans la
même structure [3].

La survenue d’une grossesse sur de tels terrains sans


programmation dénote que les patientes n’avaient pas bénéficié
d’un suivi spécialisé

o Antécédents obstétricaux

Gestité : Les paucigestes dépassaient la moitié de l’effectif avec


50,1% et y figurent trois patientes grandes multigestes

Ce résultat est proche de celui rapporté par Clarisse Bonkian et al


dans la population drépanocytaire soit une gestité moyenne de

51
2,37 [19], mais inférieur à celui dans une population générale non
drépanocytaire où la gestité moyenne était de 3.6 [20],

Parité : Les nullipares représentaient 45,2% des femmes suivies.


Au Niger Nayama et al [21] ont rapporté une fréquence élevée des
nullipares dans une série de 21 drépanocytaires majeures. Ce
résultat comparé à celui de la population générale reste très faible
surtout dans un pays à forte natalité..

o Avortement : 24 patientes sur 186 avaient au moins un antécédent


d’avortement spontané, soit 12,9% de cas. Ce résultat est presque le même dans
la population générale de femmes non drépanocytaire au Mali avec 12%.

L’étude retient une gestante avec 10 avortements spontanés en partie


consécutive à la maladie drépanocytaires dans sa forma majeure

o Déroulement et suivi de la grossesse :

Age de la grossesse à la première consultation : dans notre


étude 59,1% des 186 des patientes ont été vues au deuxième
trimestre, différentes des 21 patientes de la série de Nayama au
Niger environ 30% ont été vues au premier trimestre [21].

Au Mali Téguété et al [18] ont rapporté que 30% des patientes


ayant fait l’objet de leurs études, ont été vues pour une
consultation prénatale au premier trimestre de leur grossesse,
mais cette consultation rentrait dans le cadre d’une consultation
de suivi d’une grossesse normale. Par contre Leborgne et al ont
rapporté dans une série de patientes drépanocytaires majeures
suivies pour leur grossesse, que 81% des patientes ont été vues
pour la première fois avant 13 semaines d’aménorrhée [22]. Ce
retard dans la consultation pour un suivi spécialisé de la
grossesse chez la femme drépanocytaire pourrait s’expliquer par
l’absence d’un programme spécifique de suivi de la
drépanocytose en général et de la grossesse en particulier, mais
aussi par le faible niveau de connaissance des praticiens du
premier niveau de la pyramide sanitaire du Mali, associé à
52
l’ignorance des parturientes sur les risques qu’elles en courent
en période de gestation malgré qu’ elles aient atteint une
scolarité appréciable.

Nombre de consultations réalisées au cours de la grossesse :


le nombre de consultations réalisées a varié entre 1 et 7. Les
patientes qui ont réalisé au moins 4 ou 5 consultations
prénatales (nombre de consultations prénatales recommandées
pour les grossesses à faible risque selon les politiques, normes et
procédures en santé de la reproduction en vigueur au Mali)
étaient les plus nombreuses et constituaient 51,6 % de
l’ensemble (96/186). Ce résultat montre que toutes les patientes
n’ont pas adhéré au programme mensuel de suivi systématique
proposé par le CRLD et laisse supposées des difficultés d’accès à
ses programmes ;

Nombre et nature des crises au cours de la grossesse :


vingt-huit pourcent (28%) des patientes suivies au niveau du
Centre ont présenté une complication aigue au cours de la
grossesse soit 15,1%, trois gestantes ont fait deux crises et une
gestantes ayant fait quatre épisodes de crises.
La crise vaso occlusive a été la complication aigue la plus
fréquente, observée chez 9,7% des 186 patientes suivies suivie
de décompensation d’anémie avec 3,8%. Nayama et al ont
rapporté à une proportion plus importante dans leur série 65%
de crises vaso occlusives suivies par les infections qui étaient le
plus souvent urinaires [22]. Téguété et al, ont rapporté 46% de
crises vaso-occlusives, 58% de cas d’anémie sévère, et 15%
d’infections urinaires [18].
Par ailleurs parmi les 186 patientes suivies au Centre, 1 a
présenté un syndrome thoracique aigu au cours de sa grossesse
et 1 autre en post-partum. Il apparaît donc que ces
complications à haut risque mortel sont fréquentes et
constantes du début de la gestation jusqu’ en post partum mais
en régression considérable sur 4 ans dans notre étude, fruit de
53
l’implication et d’interaction des deux services avec la mise en
place d’un programme transfusionnel mensuel et la
supplémentation systématique en acide folique.
Les crises concernaient préférentiellement le phénotype SS parmi
les 69, 21 ont fait une crise, une gestante avec 4 épisodes de
crises

Nombre de transfusions au cours de la grossesse et nature


des produits sanguins administrés :

33 patientes sur 186 ont bénéficié d’une transfusion Les


transfusions programmées consistaient soit en une transfusion
simple, soit à un échange transfusionnel en fonction du taux
d’hémoglobine du jour. Le produit sanguin transfusé était du
concentré de globules rouges phénotypes. Ce programme
d’échange transfusionnel ou de transfusion a été réalisé par
Leborgne et al et constitue une recommandation dans la prise en
charge de la grossesse chez le drépanocytaire [22]. Dans les
séries publiées dans la littérature africaine, les transfusions ont
été très souvent réalisées en urgences, cela pourrait s’expliquer
par le fait que les gestantes ne sont pas incluses dans un
programme de suivi [23].

3. Données biologiques

Phénotype hémoglobinique : dans notre étude les doubles


hétérozygotes SC représentaient la majorité des patientes (50,5%)
presque identiques à ceux observé par Mr Badiaga [3]. Les formes
homozygotes SS à 37% soit 69/186 et la forme hétérozygote composite
Sβ+ thalassémie représentaient respectivement 3,2% et 9,1%. Ce
résultat est différent de celui de Téguété et al [18] qui retrouvaient
42% d’homozygotes SS, et 38% d’hétérozygotes composites SC.

Taux d’hémoglobine à l’inclusion :

54
La marge du taux d’hémoglobine 9 - 10g/dL était la plus représentée,
homozygote SS présente beaucoup de cas d’anémie que les autres.

celui des hétérozygotes composites SC était de 10 g/dL. Ce résultat


est

proche de celui de Moussaoui et al, ayant porté sur des homozygotes

[23].Ce taux semble constant avec ceux observé par MR Badiaga [3]

en un an avec 45 patientes

4. Accouchement, post-partum et le nouveau-né.

Terme de la grossesse à l’accouchement : 87 ;1% % des patientes ont


accouchés à terme, vingt-quatre patientes ont accouché avant 37
semaines d’aménorrhée. . Dans leurs séries, Téguété et al ont
retrouvé 18cas/113 d’accouchement avant terme [18]. Nayama dans
sa série rapporte 15 cas d’accouchement avant terme [21].

Voie d’accouchement : sur les 186 femmes enceintes, 104 ont


accouché par voie basse et 82 ont bénéficié d’une césarienne. Les
indications de la césarienne étaient principalement d’ordre
obstétrical. Sur une cohorte de 25 parturientes, Nayama rapporte 19
accouchements par voie basse et 6 césariennes [21]. Sur une
première série de 42 parturientes drépanocytaires, Téguété rapporte
15 cas de césarienne [18]. Le mode de début du travail ne semble
modifier la voie d’accouchement 74 cas SS de déclenchement sur
186, nous avons récolté 63 accouchement par voie basse dont 11 cas
de césarienne d’urgence
Evolution en post partum :
Les complications du post-partum ont été dominées par la
décompensation de l’anémie, de crises vaso-occlusives avec, la
survenue d’un STA, «  cas hémorragie du post partum relevant ses SS
Aucun de décès maternel enregistré

55
Poids du nouveau-né à l’accouchement :

L’étude a enregistré 140 nouveau-nés avec un poids de naissance


normal. Un petit poids de naissance a été observé chez 46 nouveau-nés.
Cette complication a été observée chez des nouveau-nés issus de mères
ayant présenté au moins une crise drépanocytaire au cours de la
grossesse dans leurs séries, Téguété et al ont rapporté 8 cas/42 et 19
cas/71 de petit poids de naissance [18]. Le nombre de crises
drépanocytaires au cours de la grossesse était plus élevé dans leurs
séries. Abudu. O et al ont rapporté un poids moyen de 2,58 ± 0,15 kg
dans une série de 35 nouveau-nés issus d’une grossesse chez une femme
drépanocytaire homozygote. Ils ont expliqué ce faible poids par une
diminution ou une absence d’expansion du volume intra vasculaire à
l’origine probablement de l’insuffisance utéroplacentaire [25].

Devenir du nouveau-né : dans notre étude 156 nouveaux nés avaient


t un bon apgar, 30 nouveau nés réanimés et leur suivi a permis de
constater 4 cas décès néonataux précoce et un cas de décès
neonataltardif

5. Etude des associations :

L’étude des associations de paramètres dans cette étude a permis de faire les
constats suivants :

- de façon surprenante, le nombre de consultations n’était pas influencé par le


niveau de scolarité des patientes.

- il n’existait pas d’association statistiquement significative

entre la voie d’accouchement et le phénotype hémoglobinique. Leborgne


et al qui retrouvent un taux de césarienne plus élevé chez les femmes
drépanocytaires homozygotes [22].
- le poids à la naissance du nouveau-né n’était pas statistiquement associé au
phénotype hémoglobinique de la mère. Une étude réalisée au Ghana chez des
nouveau-nés de mères homozygotes, retrouvait un poids de naissance

56
significativement plus bas dans cette population par rapport à la générale non
drépanocytaire. Ce constat était celui rapporté par Leborgne et al [22].

- Le terme n’est pas lié au phénotype mais une question de qualité de suivi
prénatal

- Les formes SS ont une durée de séjour important et plus quand il s’agit
d’accouchement par césarienne

57
VI. CONCLUSION
Cette étude rétrospective portant sur le suivi multidisciplinaire d’une
population de femmes drépanocytaires enceintes constituée
majoritairement de sujets SC et SS, Sβ à expression clinique modérée
permet de tirer les conclusions suivantes :

- la grossesse chez cette population de drépanocytaires survient à un âge de


la vie génitale ordinaire comme dans la population générale ;

- la grossesse survient fréquemment sur des complications chroniques ;

- une des complications aigues fréquentes à risque vital important au cours


de la grossesse et en post-partum est le STA ;

- la morbidité maternelle est élevée ;

- aucun décès maternel n’a été observé malgré les complications pré
partum, per partum et post partum;

- le pronostic fœtal peut être assez mauvais.

- ces résultats soulignent l’urgente nécessité de conduire des études


complémentaires explorant l’ampleur des difficultés et facteurs limitant
l’accès à un suivi multidisciplinaire régulier de la grossesse chez la
drépanocytaire au Mali.

58
VII. RECOMMANDATIONS
Au terme de notre étude nous formulons les recommandations suivantes.
Aux autorités
- Renforcer les capacités du centre de référence pour la prise en charge de
la drépanocytose,
- Subventionner la prise en charge de la drépanocytose
- Appuyer et encourager la mise en place des unités de compétence dans les
structures régionales et locales
- Mettre en place une politique nationale de prise en charge de la
drépanocytose,
- Inclure les femmes drépanocytaires enceintes dans un programme de
prise en charge de grossesse à risque.
Au CRLD
- Conduire des études prospectives sur la prise en charge de la grossesse
chez les drépanocytaires en collaboration avec les obstétriciens,
- Assurer la formation continue des praticiens à tous les niveaux sur la
drépanocytose en général, sur la grossesse en particulier,
- Créer et assurer le fonctionnement des unités de compétence pour la prise
en charge de la drépanocytose au niveau régional et local.
A l’AMLUD
- Informer et sensibiliser la population sur la maladie drépanocytaire,
- Encourager les malades drépanocytaires et leur famille pour un suivi
régulier,
- Appuyer l’Etat et le CRLD dans leur mission de communication pour un
changement de comportement.

59
VIII. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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