Ethique Kluwer
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Dossier
Il semble difficile aujourdhui dignorer la question thique qui traverse notre socit et laquelle lentreprise
nchappe pas. Sagit-il dune vague thique qui dferle ? Dune mode ? Dun questionnement qui surgit la
suite dun scandale ou, de manire plus gnrale, quand les choses ne se passent pas bien ? Sagit-il dun
nouveau management ? Dveloppement durable, responsabilit sociale, management thique, les noms sont
diffrents, les pratiques et les attentes peuvent varier ou tre semblables. Tous les secteurs de lentreprise sont
touchs : finance, marketing, production et ressources humaines, toutes les parties prenantes de lentreprise
sont concernes : ceux qui y travaillent ou la gouvernent, les clients, les fournisseurs, les concurrents, les voisins,
les associations diverses, le politique. Quel est le rle des responsables ressources humaines ? De quelle manire
sont-ils concerns ? Aprs avoir voqu le cadre gnral, nous tenterons de proposer des lments de rponse.
la globalisation ;
Lentreprise citoyenne,
l engagement
communautaire
La notion dentreprise citoyenne sintgre
totalement dans la conception amricaine et
protestante qui encourage la russite conomique et
la recherche de profit mais galement le fait de
rtrocder une partie de ce que lon gagne la
communaut. Ce qui nest pas ncessairement le cas
en Europe ou dans certains pays europens plus
particulirement o il est mal vu dafficher sa russite
conomique et o la philanthropie prsente moins
dimportance que dans les pays anglo-saxons.
Ce nest pas la seule diffrence entre les Etats-Unis et
lEurope comme nous le montrerons en soulignant les
diffrents courants thoriques lorigine de lthique.
Cependant, si aux Etats-Unis, la conception
philanthropique reste importante vis--vis dactions
strictement charitables, il semble que de plus en plus
dactions soient lies au business de lentreprise. IBM,
pour ne citer quun seul exemple, investira dans une
srie dactions favorisant laugmentation des
comptences des jeunes en matire dutilisation de
nouvelles technologies. (Ibidem, p. 195).
On constate quen France ce type de dmarche est
moins rpandu et reste encore exceptionnel,
lintrt gnral est laffaire de lEtat et les incitants
fiscaux insuffisamment dvelopps (Ibidem, p. 200)
la libert dassociation
la ngociation collective
Concepts
La morale et lthique
Lthique
Diffrentes thories
Nous pouvons citer diffrentes thories, chacune tant
susceptible de trouver des applications en entreprise :
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vis--vis de lenvironnement ;
Diffrentes approches
Lapproche amricaine : responsabilit
et performance sociales de lentreprise
Le premier modle : celui de responsabilit
sociale de lentreprise
Ce modle comprend trois niveaux :
le premier niveau correspond aux responsabilits
conomiques de base de lentreprise : produire,
employer, etc. ;
le second concerne les normes et valeurs sociales :
respect de lenvironnement ou les relations avec
les employs, les conditions de travail, etc. ;
le troisime intgre des responsabilits nouvelles
que lentreprise peut assumer , au-del des
obligations lgales, notamment lamlioration des
conditions sociales et environnementales. Cette
responsabilit discrtionnaire est le plus souvent
Lcole franaise
Lcole franaise constitue une cole dans le sens o
il existe et se dveloppe une certaine spcificit
mme sil sagit plutt un ensemble de travaux, sans
rfrence commune (Ibidem, p.200). Elle semble
trouver des repres la fois auprs de lcole
amricaine de la Business Ethics et de lcole
allemande de la discussion (Ibidem).
Selon Pesqueux et Ramantsoa (1995),expliquent Ballet
et De Bry, quatre spcificits du dveloppement de
lthique par les auteurs franais peuvent tre notes :
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Lcole allemande
Lcole allemande se rfre lthique de la discussion
dveloppe par J. Habermas. Les salaris sont au
premier chef parties prenantes de cette thique. En
effet, loriginalit de cette thique de la discussion
rside dans la constitution de normes morales partir
dun dialogue tablissant un consensus sur ce quil
convient de faire (Ibidem, p. 197).
La discussion ne donnera naissance une rgle
morale qu la condition que stablisse entre les
participants une discussion impartiale () La
procdure dargumentation se doit dtre exempte de
manipulation et fonde sur un quilibre des pouvoirs
de ngociation et dargumentation. Les normes ainsi
tablies deviendront valides et pourront tre mises en
pratique (Ibidem, p. 198).
Les limites de cette approche :
Les valuations
Depuis plusieurs annes, on assiste la mise en place
de certifications, de normes et de pratiques
dvaluations sociales internes et externes : normes
ISO, SA8000, label social belge.
Ces normes bases sur la prsence dindicateurs
sociaux reprennent notamment les critres de lOIT
concernant les conditions de travail.
Prenons deux exemples : la norme SA 8000 et le label
social belge.
La norme SA8000
La SA 8000 a t cre en 2000. Elle se base sur les
textes de lOrganisation Internationale du travail et des
Nations Unies, sur la Dclaration des Droits de
lhomme. Elle est reconnue en Europe, Asie et
Amrique. En plus des critres de lOIT, elle ajoute
celui du management. Celui-ci doit respecter la norme,
assurer une amlioration continue, informer de
manire transparente les parties prenantes de la
responsabilit sociale des entreprises et des conditions
de travail.
Les organismes certificateurs sont des organismes
internationaux.
Les tapes daccrditation sont :
Le rle de la fonction
ressources humaines
Prciser les demandes des managers pour y
rpondre plus adquatement
Les demandes des managers , lgard de lthique,
sont multiples. Certains managers cherchent des
certitudes, dautres veulent des rgles suivre,
dautres, des valeurs qui encadrent ou des stratgies
qui signalent au march leur bonne volont, dautres
encore essaient dexprimer des aspirations qui
saccordent davantage avec leur conception dune vie
bonne (T. Pauchant et al., p. 32). Les attentes
sont varies, les dfinitions galement : droit,
dontologie, murs, valeurs, morale (Ibidem). Il sagit
de prciser ces attentes et de construire une
dmarche thique en accord avec la stratgie de
lentreprise puis de transmettre cette adquation aux
diffrents niveaux de lentreprise. Plus llaboration de
la dmarche est participative, plus limplication de
lensemble de lentreprise sera acquise.
Limage du leader
La perception que le personnel a de son leader
comme leader moral est importante. Cela incite le
personnel suivre le leader et permet un processus de
changement. Le rle du leader est darticuler et de
personnifier les valeurs et les standards auxquels
lorganisation aspire, dinspirer et de motiver les
employs suivre leur leader . Si lon pense en
premier lieu au manager de lentreprise, chacun, son
niveau de responsabilit est amen aujourdhui jouer
un rle de leader. Le personnel a besoin de
reconnatre les caractristiques morales du leader: son
honntet, son intgrit . Cela permettra au leader
de concentrer lattention de lorganisation sur lthique
et les valeurs et de diffuser dans lorganisation les
principes qui guideront les actions des employs (A.
Crane & D. Matten, p. 174).
l apprentissage organisationnel ;
un systme de leadership
transformationnel (Ibidem, p. 106).
Formation
Dans quelle mesure lthique de la firme est-elle un
moyen de communiquer les valeurs et dinitier un
sentiment dappropriation de ces valeurs ?
Gestion du personnel
Comment reprer sil existe des conflits dintrts
entre des personnes en interne et/ou en externe ?
Communication
Un vritable outil de
gestion
Nous voudrions, titre dexemple, citer quelques
extraits dune charte dentreprise. Il sagira ensuite de
souligner toute limportance que cette pratique
prsente aujourdhui tant elle semble tre devenue
habituelle.
Notre mission : Contribuer la performance de
lentreprise par lpanouissement et la promotion des
hommes. Nos engagements : Favoriser de bonnes
conditions de travail. Veiller la bonne mise en place des
rgles concernant lhygine et la scurit et leur respect.
Elaborer avec les Instances reprsentatives du personnel
une relation de partenariat. Etre disponible et lcoute
de chaque collaborateur. Promouvoir le dialogue et la
responsabilit () Dcider () sans aucune
discrimination (). Respecter la vie prive. Respecter le
devoir de confidentialit. Sinscrire dans une dmarche de
dveloppement durable (J. Benot, pp. 379-380).
Bibliographie
BALLET Jrme. et DE BRY Franoise, Lentreprise et
lthique, Paris, Seuil, Points, 2001.
BENOIT Jacques, Pdagogie de lthique, Editions EMS,
Management et Socit, 2005.
BOYER Andr, Limpossible thique des entreprises,
Editions dOrganisation, 2002.
CHAUVEAU Alain et ROSE Jean-Jacques, Lentreprise
responsable, Editions dOrganisation, 2003.
CRANE Andrew et MATTEN Dirk, Business Ethics,
New York, Oxford, 2004.
DEJEAN Frdrique et GOND Jean-Pascal, La
responsabilit socitale des entreprises : enjeux
stratgiques et stratgies de recherche , Les notes du
Lihre, n 382, juin 2003.
ETCHEGOYEN Alain, La valse des thiques, BOURIN
B Franois, 1991.
PAUCHANT Thierry C., COULOMBE Caroline,
GOSSELIN Christiane, LEUNENS Yasline et
MARTINEAU Jo, Deux outils pour encourager des
pratiques morales et thiques en gestion in Gestion.
Revue internationale de gestion, vol. 32, n1, Printemps
2007, pp. 31-38.