Régionalisation
Régionalisation
Régionalisation
Le modèle marocain de régionalisation avancée s'inscrit clairement dans le cadre d'un Etat
démocratique décentralisé et marque un bond qualitatif dans le processus de démocratisation
de la société.
Cette nouvelle conception de régionalisation requiert des collectivités territoriales élues ayant
une légitimité démocratique et dotées des mécanismes nécessaires à même de renforcer la
participation des citoyens, hommes et femmes, dans la gestion de la chose publique.
Cette initiative nécessite l'attribution de prérogatives décisionnelles et exécutives élargies aux
conseils régionaux pour qu'ils soient capables de s'acquitter au mieux de leur rôle, toute en
mettant en place des mécanismes de contrôle et de comptabilité de nature à rétablir la
confiance des citoyens dans les institutions.
Dans le cadre de ce projet, le rôle de la région serait de contribuer de façon effective au
développement économique, politique, social, culturel et environnemental, sachant que cette
entreprise ne peut se concrétiser sans la mobilisation de nouvelles ressources, la mise à niveau
des ressources humaines et la mise en place de fonds de soutien financier ayant pour objectif
de réduire les disparités entre les régions.
Pour faire aboutir ce chantier de réforme, la CCR a proposé un découpage régional
fonctionnel capable de contribuer au renforcement de la démocratisation de l'Etat et d'amorcer
une nouvelle conception de la relation qui lie la région à l'Etat et aux collectivités territoriales.
Ce découpage régional a fixé le nombre des régions à 12.
La région Tanger-Tétouan-Al Hoceima est l’un des douze laboratoires pour mettre en place la
régionalisation avancée.
La nouvelle loi organique n° 111-14, relative aux régions, dicte une réorganisation des
pouvoirs au sein de cette entité territoriale. La région dispose désormais d’une personnalité
morale et de l’autonomie financière. Ce statut s’accompagne par un soutien financier, car tout
transfert des compétences de l’État aux régions doit être accompagné du transfert des
ressources leur permettant d’exercer ces compétences, comme le stipule ce texte.
Côté opérationnel, la loi organique met à la disposition des régions des outils de gestion. Pour
mener à bien ses projets, la région disposera d’une agence régionale d’exécution des projets.
La région a la possibilité de créer des sociétés de développement régional et fixation de la
souscription au capital de ces sociétés.
Pour atteindre ces objectifs ambitieux, le nouveau texte prévoit dans l’article 86, des
ressources supplémentaires pour la région. Elles se composent d’une affectation par l’État, de
manière progressive, de 5% de l’IS et de l’IR ainsi que 20% de la taxe sur les contrats
d’assurance, en plus des dotations du budget général pour atteindre 10 milliards de dirhams à
l’horizon 2021.
Ces nouveaux fonds permettront d’assurer les nouvelles prérogatives transférées par l’État
aux régions. Il s’agit principalement de l’équipement et la gestion des infrastructures à
dimension régionale dans les domaines de l’industrie, de la santé, du commerce, de
l'éducation, de la culture, du sport, de l'énergie, de l'eau et de l'environnement (article 94). La
loi organique sur les régions prévoit tout de même une étape transitoire avant de faire passer
ces lourdes tâches du pouvoir central aux régions. «Il faut prendre en compte l’aspect graduel
et différencié dans ces transferts entre les régions», peut-on lire dans l’article 95 de ce texte.
Des territoires forts et équilibrés et un développement durable qui bénéficiera aux générations
présentes et futures. Tel est le credo de la régionalisation avancée !
Des territoires forts et équilibrés et un développement durable qui bénéficiera aux générations
présentes et futures. Tel est le credo de la régionalisation avancée ! La régionalisation
constitue un prélude à une profonde réforme de la gouvernance publique, à travers un
processus graduel de déconcentration et de décentralisation. Elle positionne les acteurs
territoriaux au cœur de l’action. Les pouvoirs publics, les organes élus, le secteur privé et la
société civile ont pris conscience, collectivement, de l’importance de l’approche territoriale.
Les acteurs territoriaux devront ainsi, de manière progressive et graduelle, être à même de
définir leur stratégie de développement, de planifier et de mettre en œuvre les actions y
afférentes en puisant dans les ressources et les potentialités propres à leurs territoires.
L’attractivité des territoires se mesure, à notre sens, à travers la capacité d’un espace donné à
offrir de bonnes conditions de vie à ses habitants et à créer de la richesse. L’objectif ultime est
de garantir le bien-être des citoyens et la compétitivité économique.
C’est dans cette optique qu’a émergé l’idée de réaliser un baromètre d’attractivité des villes
marocaines. Ce baromètre se présente sous forme d’un classement des plus importantes villes
du Royaume. Il s’agit des 51 villes de plus de 50 000 habitants.
Le baromètre d’attractivité des villes marocaines prend bien en compte les deux dimensions
majeures de l’attractivité des territoires, à savoir la qualité de vie pour le citoyen et la
compétitivité économique pour l’entreprise ; chacune étant mesurée sur la base d’un ensemble
d’indicateurs de développement économique, social et environnemental. Afin de conserver
toute objectivité, seuls des indicateurs quantitatifs ont été retenus.
Ce baromètre, qui sera réalisé chaque année et qui s’inscrit dans une démarche scientifique et
indépendante, se veut un outil d’aide à la décision au service des collectivités territoriales et
autres acteurs locaux.
Aujourd’hui, la réussite du chantier de la régionalisation est liée à «son appropriation par tous
les intervenants». Le CESE propose que cette «phase d’appropriation responsable» soit
coordonnée par «une instance de haut niveau en charge du pilotage stratégique». Elle doit
s’assurer que les structures de gestion de la région sont en place et que les plans de
développement régionaux et les schémas régionaux d’aménagement du territoire sont
élaborés, mis en œuvre et évalués dans une logique participative.
Le rapport du CESE dresse une série de pistes à explorer pour assurer un développement
socioéconomique durable au niveau des régions. En tête, la nécessité d’élaborer une charte de
coopération économique, réunissant l’Etat, les collectivités territoriales, le secteur privé, les
chambres professionnelles et les syndicats. Elle doit être accompagnée d’une stratégie de
marketing territorial, à même de renforcer l’attractivité des régions. Le Conseil de Nizar
Baraka appelle à mettre à contribution des structures déjà existantes. Les agences de
développement des provinces sont appelées à déclencher leur mue pour devenir des agences
régionales chargées de l’exécution des projets. Le développement de la valeur ajoutée locale
devra aussi passer par l’instauration d’un mécanisme de préférence régionale, permettant aux
entreprises locales d’être plus impliquées dans les marchés publics. Les CRI doivent ainsi
jouer un rôle décisif dans cette dynamique. Mais cela reste lié à «l’élargissement de leurs
compétences et au renforcement de leurs moyens».
Doper les ressources
Les projets de décrets publiés par le SGG révèlent que la nomenclature budgétaire qui sera
adoptée pour les entités territoriales a entre autres objectifs de simplifier la présentation du
budget et la protection des informations qui lui sont liées.
,LE MATIN 02 Septembre 2015 - 16:09 2890 Facebook Tweet Google + Linkedin
Dans son discours du 20 août 2015, S.M. le Roi a réaffirmé l'importance de la réforme
territoriale, en l'occurrence la régionalisation avancée, en assimilant sa mise en œuvre à une
nouvelle révolution que le Maroc est en passe d'entamer au lendemain des élections du 4
septembre prochain. Le thème de la régionalisation est récurrent dans les discours royaux
depuis le discours du 6 novembre 2008, prononcé à l'occasion du 33e anniversaire de la
Marche verte dans lequel le Roi a affirmé sa volonté d'engager la régionalisation avancée en
tant que réforme structurelle de fond, mais il ne sera solennisé que dans le discours du 3
janvier 2010 prononcé par le Roi à l'occasion de l'installation de la Commission consultative
de la régionalisation (CCR).
Notre modèle, qui s'inscrit dans le sillage des États unitaires décentralisés avec quelques
spécificités propres au système juridique marocain, rejette toute construction régionale
statique ou figée, pour emprunter la gradualité et la progressivité en tant qu'alliées nécessaires
à son déploiement et redéploiement dans le temps et la durée. Dans son discours du 20 août
2010, le Roi a indiqué, tout en relevant l'importance des enjeux en termes d'unité, de
démocratie et de développement, que la régionalisation avancée, constitue «le point de départ
d'un processus long et ardu, exigeant une action résolue», «le but étant d'assurer une mise en
œuvre judicieuse et graduelle de ce projet, avec la contribution des instances qualifiées et
compétentes et la mobilisation des mécanismes institutionnels et d'autres instruments de
développement adéquats et efficients».
La progressivité qualifie au fond une méthode d’action motivée par l’idée que la
régionalisation est en premier une pratique dont la réussite dépend intimement du degré de
qualification des élus régionaux. Évoquée plus souvent comme méthode d’action, la
progressivité n’a pas véritablement le rang d’un principe juridique. L’analyse normative laisse
entrevoir une règle qui demeure insaisissable du point de vue juridique. Chose qui met en
cause son opposabilité ou encore le degré de rationalité des démarches qui la préconisent.
Toutefois, en dépit de telles imperfections, elle peut être opérée comme règle incontournable
pour la réussite du processus de régionalisation. L’objectif de la démarche est de permettre
leur application en fonction de l’évolution des institutions décentralisées et leur ancrage dans
le dispositif institutionnel de l’État.
Cette notion de prééminence acquiert toute sa pertinence avec la nouvelle Constitution qui a
remplacé l'expression «collectivités locales» par celle de «collectivités territoriales» qui met
l'accent sur un élément important de leur définition, qui est précisément le territoire. Le
vocable «local» se réfère plus aux vertus d'une gestion de proximité qui est, à titre essentiel,
celle de la commune, qu'à la nouvelle mission qui est conférée à la régionalisation avancée,
tandis que le «territorial» renvoie plus à la spécialisation des compétences des différents
échelons qu'à l'organisation concomitante de leurs interventions.
Une simple lecture des trois lois organiques relatives à la région et aux autres collectivités
territoriales fait ressortir que le législateur a effectivement réparti les compétences entre les
trois niveaux selon la vocation propre de chaque territoire. Ce nouveau schéma de
gouvernance se présente globalement comme suit :
c) La commune, enfin, est l'acteur de proximité, producteur des infrastructures de base, des
équipements collectifs, et prestataire des services publics de proximité (eau, électricité,
transport...)
. Managérialement, les capacités et les pouvoirs exécutifs des présidents des Conseils
régionaux ont été largement renforcés grâce à la nouvelle nomenclature des compétences –
propres, partagées et transférées – attribuées aux régions et à travers la constitutionnalisation
des principes tels que la libre administration (article 136), la subsidiarité (article 140), la
solidarité (article 142), la coopération (article 143), la mutualisation des projets et des moyens
(article 144), l'exercice du pouvoir réglementaire local (article 140) et la notion de
prééminence du Conseil régional (article 143). De surcroît, et afin de séparer l'organe
délibératif du Conseil régional de l'organe exécutif, il sera institué, au niveau de chaque
région, une Agence régionale d'exécution des projets (AREP) chargée d'apporter l'assistance
juridique, l'ingénierie technico-financière et d'assurer l'exécution des projets et programmes
de développement économique intégré et durable.
.La gouvernance territoriale, en tant que levier au service de la régionalisation avancée, doit
être raffermie, car elle est prise en considération à différents niveaux : représentativité,
responsabilité, concertation, participation, solidarité et gestion des ressources humaines. Dans
son discours du 3 janvier 2010, le Roi rappelle : «Nous ne voulons pas que les régions du
Maroc de la bonne gouvernance soient des entités purement formelles ou bureaucratiques,
mais plutôt des institutions représentatives d'élites qualifiées et aptes à gérer au mieux les
affaires de leurs régions respectives.»
La gouvernance, référentiel sans aucune valeur normative, est consacrée par la nouvelle
Constitution de 2011, notamment dans son titre XII. La doctrine la définit comme étant un
ensemble de règles, de processus et de pratiques de gestion qui influent considérablement sur
l'exercice du pouvoir. La science administrative anglo-saxonne l'assimile au nouveau
management public. La gouvernance territoriale peut être définie comme étant la prise en
charge des affaires régionales, en toute responsabilité, par les gestionnaires représentatifs dans
un cadre concerté, participatif et solidaire, en veillant à optimiser l'emploi des ressources
mobilisables et à en rendre compte.
Dans son discours du 20 août 2015, S.M. le Roi a souligné que les prochaines élections seront
décisives pour l'avenir du Maroc, surtout au regard des vastes compétences que la
Constitution et la loi réservent aux Conseils des régions et aux collectivités locales. La mise
en œuvre et la réussite de ce grand chantier qualifié par le Roi de «déterminant», de
«structurant» et de «tournant majeur» dépendent de plusieurs préalables et de la mise en
œuvre de nombreuses mesures d'accompagnement, notamment :
3. L'émergence et la forte implication des élites politiques locales imprégnées des valeurs
démocratiques et des principes de la bonne gouvernance et dévouées au service de l’intérêt
général.
Dans son discours du 20 août 2015, S.M. le Roi a souligné, en s'adressant aux partis politiques
et aux candidats, que «les élections ne devraient pas avoir pour objectif d'obtenir des postes,
mais elles devraient être dédiées au seul service du citoyen»… «Le vote doit être en faveur du
candidat qui remplit les conditions de compétence, de crédibilité et de disponibilité à se mettre
au service de l'intérêt général».
Publication: 14/03/2016 13h54 CET Mis à jour: 15/03/2017 10h12 CET MAROC DRAPEAU
RÉGIONS - Réunis il y a quelques jours dans le cadre d'un forum-débat à l'Institut National
d'Aménagement et d'Urbanisme, les présidents des régions du Maroc ont été unanimes sur le
retard de la mise en œuvre du chantier du siècle, en l'occurrence, la réforme de notre
millefeuille institutionnel de la gouvernance territoriale: la régionalisation avancée. Quels sont
les obstacles sur lesquels bute la mise en place de la régionalisation avancée? La
régionalisation avancée est-elle victime d'un marketing-média et/ou de l'inaction du
gouvernement?
Au lendemain de l'adoption de la constitution du 1er juillet 2011, les Marocains qu'ils soient
acteurs politiques, économiques, sociaux ou simples citoyens ont vu en cette réforme des
institutions de l'Etat la naissance d'un Maroc 2.0. En effet, dans son préambule, la constitution
rappelle que "le Royaume du Maroc poursuit résolument le processus de consolidation et de
renforcement des institutions d'un État moderne, ayant pour fondements les principes de
participation, de pluralisme et de bonne gouvernance", et consacre tout un chapitre aux
régions et aux collectivités territoriales.
Ainsi, avec l'adoption de l'acte III de la régionalisation avancée, une nouvelle configuration
des espaces et territoires a vu le jour, pour former une armature nationale de 12 espaces
régionaux équilibrés et complémentaires, nonobstant les inquiétudes soulevées par des
politiques et collectifs d'ONG des régions ayant fait l'objet de fusion avec d'autres territoires,
notamment Meknès, Settat, Safi et Kénitra.
Consacrée dans la loi organique n°111-14 adoptée en mai 2015, la mise en place de la
régionalisation piétine à cause de la non promulgation des décrets d'application. Aujourd'hui,
aucune région n'a mis en place les structures administratives et exécutives prévues par ladite
loi, encore plus, et faute de visibilité, les régions ne disposent pas d'un plan de développement
régional, soit la feuille de route pour les six années à venir. Pour les présidents de régions, le
temps technique n'est pas le temps politique, car en tant qu'élus, ils sont redevables aux
électeurs à mettre en œuvre le projet de développement sur lequel ils se sont engagés durant
leur mandat.
Pour cela, le principe de libre administration, prévu par l'article 136 de la constitution, doit
être le leitmotiv de l'action des régions. Un principe qui permet à ces collectivités territoriales
d'être autonomes sur le plan financier, de recruter ou de supprimer des emplois et gérer leur
personnel, de tisser des contrats et partenariats sans subir la pesanteur de la tutelle.
Des sorties médiatiques sur la régionalisation ont mis le curseur au plus haut niveau
Il importe de souligner que pendant trois ans, les sorties médiatiques des politiques et des
experts n'ont cessé de faire l'éloge de cette nouvelle réforme institutionnelle des collectivités
territoriales. Et chacun de ces protagonistes est allé puiser dans le jargon de la facilité pour
faire croire aux citoyens que la régionalisation est le "vaccin-miracle" de tous les maux des
territoires, allant du développement socio- économique à la création de la richesse et de
l'emploi.
Dès lors, les présidents des régions issus du scrutin du 4 septembre 2015 se sont trouvés face
à des doléances de toutes sortes. Et ce forum-débat a été une occasion pour eux d'inviter le
ministère de l'Intérieur à mettre fin à cet attentisme qui risque à leurs yeux de les
décrédibiliser face aux attentes de la population.
A mon humble avis, un Maroc fort est dans des régions fortes par leur autonomie de décision
et de moyens humains et financiers. Pour cela, le gouvernement a tout intérêt à accélérer le
processus de la mise en place de la régionalisation avancée, et ce pour permettre à ce nouveau
palier de gouvernance de relever les défis du développement territorial régional, et ainsi
permettre au gouvernement de se consacrer aux politiques et stratégies sectorielles et à la
réalisation des grands chantiers d'infrastructures et d'équipement à rayonnement national,
voire international.
Dans les grandes traditions démocratiques, ces "gouvernements" ou collectivités territoriales à
échelle intermédiaire entre le gouvernement central et le gouvernement local (collectivité
locale) sont créées pour gérer des problématiques territoriales qui se situent entre l'infra-
national et le supra-local. De nos jours, il n'est plus permis de faire remonter à l'échelle
centrale de décision des problèmes locaux. Un Etat est fort lorsqu'il apporte des solutions aux
grands problèmes (croissance économique, chômage, éducation, grands infrastructures, etc.),
et en contrepartie, il (le gouvernement) se noie quand tous les problèmes du local remontent à
l'échelle centrale de décision.
Or, le discours des présidents de région lors du débat ne laisse personne indifférent, certains
expriment un sentiment "d'abandon en pleine mer houleuse", d'autres "estiment que les élus
ont été jetés dans une piscine sans eau et on leur demande de nager". Pour corroborer ces
dires, il y a quelques jours, le président du Conseil économique, social et environnemental
(CESE) a appelé à la "nécessité d'accélérer la mise en œuvre de la régionalisation avancée, à
travers la mobilisation des ressources humaines et financières des régions, la création
d'agences régionales afin de mettre en place des projets de développements et le renforcement
de la déconcentration". Et d'ajouter que, "la réforme est nécessaire pour renforcer la
démocratie participative au Maroc et approcher les centres de décision des citoyens".
Prévues par la loi organique sur la régionalisation avancée, les structures administratives
(Direction des Services et Direction des Affaires du conseil régional) et exécutives (Agence
Régionale d'Exécution des Projets ou Société(s) de Développement Régional) tardent à se
mettre en place. Ainsi, certains présidents de régions sont revenus sur les conditions
d'adoption de la loi marquées par la précipitation et l'absence de concertation sur le coût
financier de sa mise en œuvre et l'efficience de son modus operandi.
Ce qui, finalement, nous ramène à la question triviale qui demeure d'actualité, peut-on faire
l'économie de la mise en cause de l'exécutif si l'on veut jeter les bases solides de la
régionalisation avancée? A vrai dire, la question n'est pas tranchée, c'est ce qui fait l'intérêt de
l'expérience marocaine de la réforme des régions depuis l'adoption des actes I et II de la
régionalisation respectivement en 1971 et 1997: l'inertie face au changement.
Consécration d'une véritable démocratie locale basée sur des ressources humaines capables de
gérer la chose publique régionale
La régionalisation avancée, un chantier structurant pour une gouvernance locale optimale
La nouvelle Loi fondamentale de 2011 consacre ainsi tout un chapitre et pas moins de 12
articles aux collectivités locales (régions, provinces, préfectures et communes) à même d'en
faire des instances décentralisées dotées des mécanismes, des outils et des moyens juridiques
et financiers à même de jouer pleinement leur rôle de principale locomotive du
développement.
Afin de créer une nouvelle dynamique pour cette réforme institutionnelle profonde, l'Etat a
veillé à mettre en œuvre le principe de la régionalisation avancée en tant qu'orientation
décisive pour le développement et la modernisation des structures de l'Etat et pour la
promotion du développement intégrée.
Ce projet intervient également dans le cadre de la mise en œuvre des Hautes orientations
Royales pour la mise en place de régions autonomes et viables à travers des concepts réalistes
et rationnels d'un tout nouveau système régional et sur la base des propositions de la
commission consultative de la régionalisation.
Le gouvernement a adopté dans sa démarche à cet effet des critères basés sur l'efficience et
l'efficacité en tant que facteurs clés pour la délimitation territoriale des régions, de façon à
assurer un meilleur maillage des différentes composantes humaines et géographiques au
niveau national et à adopter un modèle de pôles urbains. Des critères qui prennent également
en considération la réduction des disparités territoriales en matière de développement et
d'équipement, les réalités démographiques et l'optimisation de la proximité et de la mobilité
dans l'espace de la région.
Dans ce cadre, des élections des conseils communaux, régionaux, préfectoraux et provinciaux
ont été organisées à partir du 4 septembre dernier afin de mettre sur pied les institutions
nécessaires pour la mise en œuvre du projet de la régionalisation avancée, notamment les 12
conseils régionaux couvrant l'ensemble du territoire du Royaume qui sont dotés de nouvelles
prérogatives et des capacités financières nécessaires à même de répondre aux attentes des
citoyens.
La participation massive des habitants des provinces du Sud aux dernières élections (un taux
de 79 %) a envoyé un message éloquent aux ennemis de l'intégrité territoriale du Royaume en
témoignant de l'attachement de ces populations à l'unité de la mère-patrie et leur
détermination à adhérer aux institutions nationales capables de mettre en œuvre les
mécanismes de la régionalisation avancée.
Ces élections, organisées dans 33 communes urbaines et rurales dans les régions de Dakhla-
Oued Eddahab et Laâyoune-Sakia El Hamra, se sont déroulées en présence de centaines
d'observateurs internationaux qui ont suivi de près l'opération électorale dans ces régions. Ces
élections ont été remportées par 467 conseillers communaux et 12 d'entre eux ont été élus
membres de la Chambre des conseillers, ce qui leur permettra d'examiner et de débattre des
questions et des attentes des citoyens dans un cadre régional qui leur octroie les outils de
gestion de leurs affaires locales.
En parallèle, le projet de loi de Finances 2016 prévoit d'augmenter les budgets destinés aux
investissements dans les 12 régions afin de répondre aux attentes des citoyens, de présenter
une réponse tangible concernant la mise en œuvre du cadre de la régionalisation avancée en
tant que véritable pari qui renforce la dimension d'une gouvernance territoriale efficiente et
concrétise le principe de la cohérence, de l'interaction et de la complémentarité régionale
escomptée.
Le gain du pari de ce chantier institutionnel prometteur est une condition fondamentale pour
l'émergence de régions viables contribuant, à travers leurs prérogatives et leurs ressources, à
promouvoir le développement régional intégré et la bonne gouvernance territoriale.
Dans ce sens, les nouveaux projets de décrets prévoient la mise en œuvre de guides qui
déterminent les attributions de ces entités. Au niveau de la région par exemple, le projet de
décret relatif à la détermination des mécanismes et outils nécessaires pour l’accompagnement
et l’assistance de l’Etat à la région précise que ces guides concernent le processus financier, la
préparation du plan régional d’aménagement du territoire, du programme de développement
régional, du plan régional de la formation continue et de la gestion des ressources humaines.
Le projet de décret fait également référence à la mise en œuvre d’un processus pour la
présentation des consultations pour le président du conseil de région. Quant à la gestion
administrative, le texte prévoit également le renforcement des capacités administratives et
organisationnelles de l’entité territoriale et l’amélioration de la rentabilité de ses ressources
humaines. Dans la même lignée, le projet de loi en question prévoit également l’élaboration
d’un guide qui englobe les principes du contrôle et de l’audit interne. Il indique également la
méthode adoptée pour l’analyse des risques enregistrés.
Par ailleurs, les projets de décrets publiés par le SGG révèlent que la nomenclature budgétaire
qui sera adoptée pour les entités territoriales a entre autres objectifs de simplifier la
présentation du budget et la protection des informations qui lui sont liées. Elle permet
également une meilleure lisibilité des choix financiers effectués. Dans ce sens, elle met en
avant les priorités fixées par l’entité territoriale et vise à harmoniser le budget avec les
exigences d’utilisation des ressources financières. Plus en détails, cette nouvelle nomenclature
dispose d’indicateurs mesurant les résultats attendus afin de s’assurer des conditions
d’efficacité, d’efficience, de suivi et de reddition des comptes, indiquent les projets de décrets
signés par le ministre de l’intérieur Abdelouafi Laftit.
Quant aux conseils d’arrondissements, la loi relative aux communes précise, pour rappel,
qu’ils sont constitués de dotation globale attribuée à l’arrondissement pour l’exercice des
attributions qui lui sont conférées. Cette dotation constitue une dépense obligatoire pour la
commune. Ainsi, le total des dotations globales au profit des arrondissements afférent à la
commune ne doit pas être inférieur à 10% du budget de celle-ci. Dans cette logique, une part
de cette dotation est réservée à l’animation locale. Le seuil minimum est ainsi fixé à 3% de la
dotation globale dédiée à l’arrondissement par le projet de décret fixant le seuil minimum de
l’animation locale dédiée aux arrondissements.
GEOPOLIS
Régionalisation avancée
,LE MATIN 02 Juillet 2015 - 19:00 13592 Facebook Tweet Google + Linkedin la
régionalisation avancée est perçue comme un nouvel instrument de développement
économique et social de par l’importance qu’elle accorde aux acteurs locaux, à la
participation des citoyen au processus régional de prise de décision ainsi qu’au rôle la
régionalisation avancée est perçue comme un nouvel instrument de développement
économique et social de par l’importance qu’elle accorde aux acteurs locaux, à la
participation des citoyen au processus régional de prise de décision ainsi qu’au rôle
Il faut préciser, d’emblée, que le projet marocain de régionalisation avancée s’inscrit dans un
cadre global lié à la révision du mode de gouvernance qui a prévalu jusqu’alors. En effet, il se
donne pour objectif la modernisation de l’État et l’amélioration de son efficacité par une
valorisation de ses territoires et la gestion de proximité.
De plus, aussi bien d’un point de vue économique que social, les régions marocaines
deviennent, vu les réformes en cours, le moteur de l’économie nationale de demain. En effet,
nombre de projets à vocation nationale sollicitent la contribution directe des régions dans leur
mise en place. Ceci est largement perceptible dans le cadre de l’Initiative nationale de
développement humain et les plans sectoriels concrétisés par la mise en place des pôles de
compétitivité tenant des spécificités économiques de chaque région, des universités, des ports
et aéroports. Autant dire que la région devient un élément indispensable et structurant dans la
définition d’une nouvelle vision de développement.
• Libérer davantage l’esprit d’initiative et les énergies créatives des citoyens et de leurs élus.
Toutefois, pour que la région puisse jouer un rôle moteur dans l’exécution des politiques
publiques territoriales et la promotion du développement territorial, il faudra dans le cadre
d’une contractualisation avec l’État qu’elle soit investie de réels pouvoirs de décision et
d’initiative.
Ainsi, le renforcement du rôle des régions passera nécessairement par une réforme électorale
afin que les membres du conseil régional puissent être élus au suffrage universel direct.
L’objectif étant de substituer les élus du peuple aux élus des élus. De cette manière, l’exécutif
de la région sera élu directement. Ce qui peut être considéré comme une avancée majeure
dans la gouvernance territoriale. En effet, les élus de la région auront à rendre compte
directement à leur électorat régional.
La régionalisation avancée, tout en tenant compte des préalables énumérés dans le tableau ci-
dessus, est considérée une nouvelle gouvernance territoriale dans la mesure où elle repose sur
les éléments suivants :
• Un découpage qui donne aux régions une véritable cohérence économique et une
convivialité humaine.
Toutefois, et comme souligné plus haut, la mise à niveau sociale des régions est perçue
comme un préalable à l’opérationnalisation du nouveau modèle de gouvernance territoriale.
En effet, nombre de régions accusent des déficits énormes en tous points de vue (social,
économique, infrastructurel et culturel). Les politiques d’aménagement du territoire mises en
place auparavant ne sont pas arrivées à bout de ces déficits. Cependant, l’Initiative nationale
pour le développement humain, mise en place depuis 2005, se donne pour objectif principal
de réduire les inégalités régionales, communales et, partant, l’amélioration de l’indicateur de
développement humain par une forte mobilisation des acteurs locaux et une implication
directe de l’État, aussi bien financière qu’en matière d’élaboration des politiques de lutte
contre la précarité, la vulnérabilité et la dotation de certaines régions ou communes des
infrastructures nécessaires. Cependant, des inégalités intolérables persistent à la fois entre les
régions et entre celles-ci et les communes se situant dans leur périmètre. D’où l’importance
d’une nouvelle politique d’aménagement du territoire afin de garantir à toutes les régions le
même point de départ. En effet, des politiques d’équité territoriales s’avèrent la condition sine
qua non à la réussite de nouveau modèle de régionalisation avancée.
La nouvelle gouvernance territoriale en gestation nécessite une conjugaison des efforts entre
les acteurs locaux et nationaux afin de donner naissance à de nouveaux projets de
développement économique, social et culturel.
Toutefois, si la nouvelle réforme territoriale traduit une émancipation juridique des territoires
marocains, qu’en est-il de leur émancipation pratique ? Dit autrement : les acteurs locaux
marocains sont-ils conscients des nouveaux défis qu’ils sont appelés à relever ? Ont-ils les
aptitudes et les compétences nécessaires leur permettant de s’inscrire dans les nouvelles
dynamiques territoriales à l’œuvre ?