Pierre Thévenin
Pierre is a permanent full-time researcher at the French Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) and an adjunct professor at the Ecole Normale Superieure Paris-Saclay.
He holds a joint PhD in law and philosophy from Roma III University and the Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales in Paris. Published in 2017, his dissertation looked at the textual technique of "allegation" and its role in the scolastic devising of legal fictions, in Medieval Italy.
He was an ERC Postdoc at Sciences Po Law School in Paris, an assistant to the Chief Justice at the French Supreme Court, a research fellow at the Ecole Française de Rome (2012-2016) and an ERC Marie Curie Research Fellow (2006-2009) at the London School of Economics, the Istituto Italiano di Scienze Umane in Florence and the Max Planck Institut for European Legal History in Francfort.
Pierre’s research interests lie at the crossroads between two areas: legal history and philosophy, on the one hand; contemporary poetics, media studies and music, on the other hand.
He is now an adjunct researcher at STMS / Ircam, with a project on law and music.
With a funding by the Labex Les Passés dans le présent (2022-2024), he is running a project on sound poetry, together with anthropologist Anthony Stavrianakis.
He has translated some literature into French (Thomas Bernardt, Mina Loy, Bern Porter) and was classically trained as a saxophonist by Frédéric Juranville, getting a DEM from the Orleans CRD in 2001. As a musician, he has practiced free improvisation with Frantz Loriot, Silvia Tarozzi, Deborah Walker, Cyprien Busoloni, and Nicholas Richardson.
He has been teaching a variety of courses in French, English and Italian at the Scuola Normale di Pisa, the University Paris Descartes, the University of Roma III, the EHESS and the Ecole Normale Supérieure Paris-Saclay.
He holds a joint PhD in law and philosophy from Roma III University and the Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales in Paris. Published in 2017, his dissertation looked at the textual technique of "allegation" and its role in the scolastic devising of legal fictions, in Medieval Italy.
He was an ERC Postdoc at Sciences Po Law School in Paris, an assistant to the Chief Justice at the French Supreme Court, a research fellow at the Ecole Française de Rome (2012-2016) and an ERC Marie Curie Research Fellow (2006-2009) at the London School of Economics, the Istituto Italiano di Scienze Umane in Florence and the Max Planck Institut for European Legal History in Francfort.
Pierre’s research interests lie at the crossroads between two areas: legal history and philosophy, on the one hand; contemporary poetics, media studies and music, on the other hand.
He is now an adjunct researcher at STMS / Ircam, with a project on law and music.
With a funding by the Labex Les Passés dans le présent (2022-2024), he is running a project on sound poetry, together with anthropologist Anthony Stavrianakis.
He has translated some literature into French (Thomas Bernardt, Mina Loy, Bern Porter) and was classically trained as a saxophonist by Frédéric Juranville, getting a DEM from the Orleans CRD in 2001. As a musician, he has practiced free improvisation with Frantz Loriot, Silvia Tarozzi, Deborah Walker, Cyprien Busoloni, and Nicholas Richardson.
He has been teaching a variety of courses in French, English and Italian at the Scuola Normale di Pisa, the University Paris Descartes, the University of Roma III, the EHESS and the Ecole Normale Supérieure Paris-Saclay.
less
InterestsView All (12)
Uploads
PhD by Pierre Thévenin
Papers by Pierre Thévenin
In this short text, I gather personal memories of Michaël Stolleis, who headed the Max Planck Institut in Frankfurt am Main when I visited as a PhD student, in 2008.
Le format médiéval du livre d’heures sert au poète Henri Chopin, aidé du médiéviste Paul Zumthor, à investir l’alphabet d’une valeur originale. Les Riches Heures de l’alphabet, qui marquent en 1993 l’aboutissement de leur collaboration, offrent une relance originale de la poésie sonore. La voix se trouve alors inscrite dans une boucle anachronique, qui met au contact l’une de l’autre la vocalité de la lyrique médiévale et « l’événement acoustique » des poèmes par les moyens de la musique électronique.
L’article rapporte l’analyse du concept moderne de fait, lié à la révolution scientifique du XVIIe siècle, à l’histoire longue de sa signification juridique, depuis la redécouverte médiévale des procédures d’enquête tirées du droit romain, jusqu’à l’essor du réalisme juridique au XXe siècle, invitant à considérer le droit comme un fait.
In this short text, I gather personal memories of Michaël Stolleis, who headed the Max Planck Institut in Frankfurt am Main when I visited as a PhD student, in 2008.
Le format médiéval du livre d’heures sert au poète Henri Chopin, aidé du médiéviste Paul Zumthor, à investir l’alphabet d’une valeur originale. Les Riches Heures de l’alphabet, qui marquent en 1993 l’aboutissement de leur collaboration, offrent une relance originale de la poésie sonore. La voix se trouve alors inscrite dans une boucle anachronique, qui met au contact l’une de l’autre la vocalité de la lyrique médiévale et « l’événement acoustique » des poèmes par les moyens de la musique électronique.
L’article rapporte l’analyse du concept moderne de fait, lié à la révolution scientifique du XVIIe siècle, à l’histoire longue de sa signification juridique, depuis la redécouverte médiévale des procédures d’enquête tirées du droit romain, jusqu’à l’essor du réalisme juridique au XXe siècle, invitant à considérer le droit comme un fait.
Les débats historiographiques récents sur l’existence d’un ordre juridique médiéval mettent aux prises plusieurs opinions historiques, mais aussi plusieurs manières de pratiquer l’histoire du droit. Pour tenter d’apporter un éclairage théorique sur une tension révélée par ces controverses, mais qui n’a probablement jamais cessé d’habiter cette discipline depuis qu’on l’a divisée entre une histoire interne et une histoire externe des institutions (Taranowsky « Leibniz und die sogenannte äussere Rechtsgeschichte », ZSS. Rom. Abt., 1906, p. 190-233), j’aimerais proposer quelques éléments de réflexion générale sur la temporalité propre des formes juridiques.
Il est entendu que la double nature des normes juridiques, qui sont à la fois de l’ordre du fait et de l’ordre du droit, les soumet à deux régimes distincts de temporalité. Par leur cause impulsive — comme disaient les glossateurs médiévaux du droit romain (Meijers, « Les théories médiévales concernant la cause », Etudes IV, 118) — les normes de droit positif tirent leur origine d’un cas d’espèce, d’une décision ou d’une promulgation qui est aussi une réalité historique, au sens philosophique du terme qui renvoie à la cognitio ex datis, c’est-à-dire à la connaissance du particulier. Attachées à un fait datable et observable, les normes peuvent naître et mourir. Elles participent à ce que Kelsen nomme le « règne de l’être » et par là même apparaissent dans le temps ¬— que l’on veuille concevoir philosophiquement celui-ci à la façon d’une forme a priori de la sensibilité, comme chez Kant, ou d’une forme des choses elles-mêmes, comme chez Wittgenstein (Jacques Bouveresse, « Les énigmes du temps » In : Essais III. Wittgenstein & les sortilèges du langage, Marseille, Agone, 2003).
Par leur forme même en revanche, les normes semblent confiner à une sorte d’éternité. Sans parler des lois explicitement tenues pour éternelles par la tradition du droit naturel, chaque norme effectivement valide dégage une forme qui, en tant que telle, semble annuler le temps, pour devenir contemporaine de la série globale de toutes les autres formes juridiques possibles, passées, présentes et futures. En ce sens l’anachronisme habite en profondeur l’histoire de la pensée juridique, non seulement depuis le paradoxe d’un droit romain actuel, proposé par Savigny au début du XIXe siècle, mais depuis cet événement fondateur qu’Aldo Schiavone avait nommé l’ « excarnation du préceptif », c’est-à-dire depuis le moment où l’on a donné aux normes de droit un degré d’indépendance logique à l’égard de la personne qui les a posées ou des circonstances particulières qui ont conduit à leur adoption (Aldo Schiavone, Ius. L’invention du droit en Occident, Paris, Belin, 2005, p. 174). Inscrites dans cet espace de projection anhistorique, qui les prépare à subir toutes les manipulations rationnelles (analogiques, métonymiques, déductives…) qui constituent la prestation spécifique du juriste de métier, les formes juridiques semblent alors posséder cette sorte de comprésence dont Jacques le Goff avait fait un trait structurant de la civilisation médiévale, et dont les historiens de l’art du moyen âge tardif redécouvrent aujourd’hui l’intérêt heuristique (Nagel and Wood, Anachronic Renaissance, Zone books, 2010).
En parlant de « temporalité multiple », j’aimerais proposer une réflexion générale sur les frictions qui résultent de ces deux assignations temporelles antithétiques. Il s’agira par là non seulement de proposer une clé de lecture possible pour l’interprétation philosophique de certaines controverses actuelles en histoire du droit — qu’il s’agisse du fait coutumier, de l’essor des droits subjectifs ou de la souveraineté du corps législatif dans la France révolutionnaire — mais encore d’interroger le primat implicite, en histoire du droit, du fil linéaire des chronologies continues. La dimension stéréotypique, récursive et cyclique de la vie des idées juridiques, capables d’être réactivées à des siècles de distance et pour des emplois distincts, n’appelle-t-il pas des analyses positivement anachroniques, capables de rompre sciemment avec la fameuse « flèche du temps » ? Au-delà des polémiques méthodologiques récurrentes entre un usage intéressé de l’histoire — ou l’anachronisme ne serait que la retombée honteuse de la visée dogmatique — et une approche savante arc-boutée sur sa prétention à cultiver une connaissance purement désintéressée du passé, il s’agirait d’interroger la possibilité de désigner l’instabilité temporelle comme un trait distinctif du mode d’existence des normes juridiques, considérées sous l’aspect de leur forme.
Pour tenter d’envisager la spécificité de la perspective que le Moyen-Âge latin offre sur ces questions, je présenterai quelques aspects de la réception médiévale de la procédure civile, accusatoire, des actions de la loi (actiones legis). Par contraste avec la procédure moderne, dans laquelle il suffit au demandeur d’avancer sa prétention subjective à travers un simple récit des faits, cette procédure ancienne, tirée de l’ancien droit romain et du droit formulaire en particulier, supposait que le demandeur fasse le choix d’une actio précise. Manifesté par un acte d’énonciation codifié (editio actionis), ce choix avait la force (virtus) non seulement d’initier l’instance, mais d’en déterminer le cours, en contraignant à la fois le défendeur et le juge à suivre la procédure particulière déterminée par l’action (aquilienne, en revendication etc.)
À travers la présentation de ce dossier, il s’agira de se demander non seulement si l’actio legis représente un type d’énoncé paradigmatique de la conversion « éthico-politique » de la théorie des speech acts, mais de suggérer que le droit d’ancien régime pouvait bien receler quelques éléments pertinents, pour mettre en perspective historique l’effort de la philosophie contemporaine de l’action qui vise à penser l’action indépendamment de la question de sa détermination subjective (George Henrik von Wright, Norm and Action, Londres, Routledge and Kegan Paul, 1963).
Son organisation reposait sur deux règles. La première était que les doctorants séjournent un an dans trois pays européens dont ils n’étaient pas originaires, pour y être accueillis par des institutions de recherche nationales. Dans mon cas, j’ai étudié pendant un an tour à tour au SUM de Florence (aujourd’hui rattaché à la Scuola Normale de Pise), au département de droit de la London School of Economics, et au Max Planck Institut für europäischen Rechstgeschichte de Francort sur le Main. Pour ceux qui n’étaient pas Français, ils ont pu passer un an à l’EHESS, où Yan Thomas pilotait le programme, qui reposait donc sur un partenariat avec chacune de ces trois institutions. La seconde règle de ce programme prévoyait qu’à chacune de ces étapes, nous pratiquions la langue nationale de chacun de ces pays, en immersion dans le fonctionnement normal des institutions. Nous suivions donc à Florence des séminaires en Italien, à Londres des séminaires en Anglais, à Francfort des séminaires en Allemand, et à Paris des séminaires en français. À Francfort, nous avons suivi la formation indigène : la Max Planck Research School for Comparative Legal History, qui tout en portant un nom anglais « auf die Brochüre » fonctionnait exclusivement en allemand.
Ces deux principes de pérégrination savante et d’immersion linguistique déterminaient l’organisation des écoles d’été qui nous rassemblaient chaque année à l’Université de Rome III. Une trentaine de participants, parmi lesquels autant de doctorants que de professeurs invités se réunissaient pendant deux semaines à Rome pour discuter tour à tour le travail de chacun des doctorants. Il était exigé que chacun sache l’anglais, l’italien, le français et l’allemand, au moins passivement. En principe, chacun s’exprimait dans sa langue (ou dans l’une de ces langues pour ceux dont la langue maternelle était le mandarin, le finnois, l’espagnol, le néerlandais, le portugais ou l’estonien). Ce modèle de travail, repris de la tradition d’étude des sciences de l’antiquité, était ainsi étendu à des domaines scientifiques qui n’y sont guère habitués.
philosophie contemporaine manque pourtant de s’en
aviser. Les tribunaux de la raison et de l’histoire ont mis sous
scellé idéal le « temple de justice », offusquant la manière
originale dont ses officiants, les magistrats, concevaient
les faits. Passant outre, cette étude fouille les archives de
la pensée juridique européenne. Au titre de la protection
du fait possessoire, elle explore le monde que les écoles
de droit médiévales avaient façonné sur mesure, et que
le romantisme allemand referma sur lui-même, ou plutôt
sur le sujet, aux seules fins d’agiter la question agraire.
Si le droit pénal tend à minorer la place du toucher dans la définition des violences, pour élargir le champ des violences psychologiques, le contact continue de jouer un rôle prépondérant dans la caractérisation des
violences sexuelles. En nous penchant sur le phénomène du toucher agressif, nous essaierons de déterminer dans quelle mesure la psychologie du « toucher social » et la philosophie de la perception peuvent éclairer le lien qui unit l’expérience du toucher à l’intégrité du sujet de droit.
Après deux premières séances consacrées à la vue et à l’ouïe, nos travaux porteront sur la protection juridique des formules de la parfumerie fine. Si le droit de la concurrence organise cette protection à travers la répression du parasitisme, plusieurs voix s’élèvent pour réclamer que les compositions de parfumerie soient assimilées à des œuvres de l’esprit. Le droit peut-il accueillir une telle évolution ? Pour poser la question, nous placerons la propriété intellectuelle en regard de la réalité chimique du travail des formulateurs et de l’histoire des maisons de parfumerie.
la valeur d’un enjeu de recherche, le séminaire « le droit en tous
sens » suit la thématique générale des cinq sens pour aborder des
questions concrètes et d’actualité, tant pour les juristes de différentes
spécialités que pour d’autres acteurs de la communauté scientifique
de l’Université Paris-Saclay.
Consacrée à la vue, la première séance s’efforcera de croiser l’enjeu
scientifique et l’analyse juridique du déploiement, par l’industrie
spatiale, de milliers de mini-satellites en orbite basse terrestre. En
effet les sillons lumineux que laissent ces satellites sur leur passage
affectent non seulement la pratique amateure de l’astronomie, mais
sa conduite scientifique. Si la communauté des astrophysiciens a déjà
alerté sur ce phénomène, que peut apporter la recherche en droit à
la compréhension de ses enjeux, d’une part, et à la prévention des
menaces qu’il recèle, d’autre part ?
enjeu de recherche, le séminaire « le droit en tous sens » suit la thématique
générale des cinq sens pour aborder des questions concrètes et d’actualité,
tant pour les juristes de différentes spécialités que pour d’autres acteurs de
la communauté scientifique de l’Université Paris-Saclay.
Penchés sur l’ouïe, après une première séance consacrée à la vue, nos
travaux porteront sur le développement des implants cochléaires. La
promesse technique de remédier à certaines pathologies sévères de
l’audition s’est parfois heurtée à la revendication, au sein des
communautés sourdes, d’une identité sociale définie par la pratique de
langues minoritaires, les langues signées. Le droit peut-il aider à décrire
ces tensions et à les balancer ?