Archéologie du paysage

La notion de frontière a beaucoup évolué au cours de l’Histoire. Si elle a pu être considérée, au début du
Moyen Âge, comme une zone inculte, imprécise, située aux marges de l’espace habité, elle devient par la suite une
terre de conquête agricole, d’échanges et même de peuplement.
Ce bouleversement profond des campagnes trouve son origine dans l’action conjuguée des rois, des
seigneurs et des monastères. De milieu naturel répulsif, la frontière devient un élément moteur de l’économie
rurale. Le Laboratoire d’Archéologie Médiévale (devenu l'E.A. 4284 TrAme) de l’Université de Picardie Jules
Verne (Amiens) conduit depuis 1995 un programme de recherche pluridisciplinaire sur ce thème de « la frontière
médiévale ».

Réflexion sur l'apparition du village médiéval et de la forme radioconcentrique aux environs de l'an Mille (XIème siècle), avec laquelle on prétend contribuer à la connaissance de ces deux objets médiévaux dans la région du Bas Mondego. En complément d'une approche plus générale, l'auteur prend en exemple l'actuelle ville de Ega (Condeixa-a-Nova, Portugal), dont l'origine est liée à l'Ordre du Temple, au XIIème siècle. Dans une perspective interdisciplinaire, il défend le dialogue entre l'Archéologie, l'Histoire et la plus récente discipline, l'Archéogéographie

Nanteuil-le-Haudouin (Oise, Hauts-de-France) est un bourg aux origines fort anciennes qui possède la particularité historico-géographique d'être placé en situation de confins à bien des égards. Confins géographiques entre le plateau fertile du Multien, les vallons humides du bassin de la Nonette et le plateau accidenté et sablonneux de la Gombrie ; ligne de partage des eaux entre les bassins-versants de l'Oise et de la Marne ; confins historiques durant l'Antiquité, et peut-être avant, entre la cité des Meldi et celle des Sulbanectes ; confins au Moyen Âge entre le comté de Valois et le comté de Senlis et entre le bailliage de Crépy-en-Valois et celui de Senlis ; confins à l'époque moderne entre la généralité de Paris et celle de Soissons. Même aujourd'hui, étonnante permanence de l'histoire, les limites du Parc Naturel Oise-Pays-de-France et celles de la communauté de communes du Pays de Valois passent tout près à l'ouest de Nanteuil ! Nanteuil-le-Haudouin est également un important point de passage, du fait de la nature même du relief, dont les vallons en pentes douces favorisent le franchissement des plateaux jusqu'aux vallées. C'est cette double singularité qui nous amène à nous interroger sur cette intéressante situation et plus particulièrement à recourir à la méthode de l'archéologie spatiale ou « archéogéographie » ou encore « géographie historique » pour étudier le territoire de Nanteuil-le-Haudouin et de ses environs. Il nous a paru intéressant de faire certaines vérifications afin de corriger plusieurs croyances bien enracinées à propos de ces périodes anciennes peu documentées. Il n'est pas question ici de critiquer tel ou tel chercheur d'autrefois, qui a travaillé avec les connaissances et les méthodes dont on disposait à son époque. Avec le recul, il est possible de repérer les erreurs d'hier, tout en sachant que « nos certitudes d'aujourd'hui seront nos erreurs de demain » !

L'étude géographique de l'espace vivrier de l'abbaye chef-d'ordre de Grandmont (Haute-Vienne, France) permet de préciser le cadre dans lequel se situent les vestiges archéologiques de l'abbaye. Il apparaît que, dans les limites qui ont été choisies pour l'étude fine, c'est à dire la franchise de Grandmont (854 hectares) et de Muret (220 hectares), trois géosystèmes bien distincts ont été individualisés qui font de l'espace vivrier grandmontain une véritable interface entre plateaux et montagnes. Chaque milieu est complémentaire des autres et fonctionne en réseau. On distingue Le Muret, Grandmont et la partie méridionale de la franchise. Si le Grand Muret représente l'implantation du premier ermitage sur une hauteur dominant des marécages, isolée mais proche
de grands axes et d'un bourg, Grandmont, dans les montagnes et à l'écart des axes représente davantage l'idéal de désert. Quant à la basse franchise de Grandmont, elle représente le grenier des moines qui y ont implanté leur grange.

Cet article souhaite exposer la manière dont sont étudiés les réseaux routiers en archéogéographie depuis une vingtaine d’années. Délaissant l’approche par tronçons et par périodes isolées les unes des autres, l’accent est porté sur une lecture diachronique, systémique, multiscalaire et complexe, fondée sur une différenciation des niveaux composant ces réseaux. Il en ressort une analyse et une interprétation renouvelées des réseaux routiers historiques, dont les résultats intéressent de ce fait tout autant l’historien que le géographe ou l’aménageur contemporain. Après un rappel des principales étapes historiographiques qui ont permis ce renouveau des études, seront présentés la méthodologie et un exemple dans le sud de la Vendée.

Parmi les nombreuses techniques mises en œuvre par les archéologues, les historiens, les géographes et, surtout, les archéogéographes, il en est une qui offre un excellent potentiel d'informations sur la morphologie des parcellaires, sur les territoires et sur les anthroposystèmes. Il s'agit de la technique dite de la carto-interprétation.
La carto-interprétation est l’analyse des documents planimétriques, anciens ou récents, à des fins archéologiques, géographiques ou historiques. Elle consiste en un relevé, une compilation et une interprétation de formes planimétriques ponctuelles, linéaires ou surfaciques, inscrites sur les cartes et les plans, mais aussi de toute autre information utile à la compréhension des formes visibles (toponymie, vues cavalières ou axonométriques…).

Mots-clés : seigneurie de Mayenne (XIe-XIIIe siècle) - petite aristocratie laïque - sites fossoyés (localisation, morphologie, contexte d'occupation antérieur, familles et domaines fonciers associés) - donations foncières - mise en valeur de l'espace rural - paysage - systèmes de délimitations naturels et anthropiques - systèmes d'exploitation (terre/bois/eau).

La nature en ville dans un contexte de densification, étude portant sur l'archéologie de l'écologie urbaine. Comportant une analyse comparative des processus d'urbanisation au 19ème et de gentrification au 21ème. Une recherche sur la biopolitique mineure (résistance, négociations, participation) et sur la nature sauvage et rudérale : la friche.

RURAL DEVELOPMENT DYNAMISM FROM THE 8 TH TO THE 16 TH CENTURY
IN PASSAGE AND TRANSITION AREAS Exemple of the Rouanne basin (Oise)
The global study of medieval rural lands via the relationships established between man and his immediate environment has developed vigorously in the past few years thanks to an evermore frequent use of efficient pluridisciplinary methods. This precise kind of archeological study is the one used here to understand and give us a precise picture of how the Rouanne area (Oise) was peopled and developed in the Middle Ages. This study was fruitful, despite the paucity of written sources, thanks to the precise knowledge of the territory obtained by cross-checking different prospective methods such as geographical study, archeological survey, map and photo interpretation, architectural study, study of plot-size development and toponymy. Thanks to this method, an extraordinary precision has been reached which enables us to understand and describe the evolution of this very special area’s peopling as well as to develop three different yet indissociable themes :
· The implementation of human settings in the early Middle Ages was the direct consequence of some local particularities such as an exceptional peopling density in the previous periods and the structuring role played by the antique Flanders Way, of the Royal Praedium and of the historical border of the Rouanne area.These elements made this area into a passage and border zone. The Rouanne area met a vigorous economical and human development in the mid-Middle Ages, thanks to the combined efforts of the civil Lords (those in charge of Royal beverages or ordinary noblemen), the monks and the kings. This development, which was furthered by the exchanges on the Flanders Way, is shown by extensive building on previously peopled areas and more particularly by the conquest of new lands on the Royal forest border· The end of the Middle Ages showed a late but severe regression of human activity along the Flanders Way, whose role became negative, followed by a patient but incomplete recovery of lost lands.

La problématique de cette recherche consiste à étudier les processus de regroupement des hommes, la formation et la morphologie des villages, la naissance de l’ethnopaysage dans le terroir du Rouanne (Oise) et à les comparer avec les zones rurales de la France septentrionale. Cette recherche a cherché à savoir pourquoi, contrairement à ce qui se rencontre le plus souvent dans la France du Nord, la zone étudiée a échappé aux phénomènes d’encellulement et de concentration, privilégiant au contraire un paysage de type ouvert (donc sans bocage) mais à l’habitat polynucléaire.

Afin d’étudier la (ou les) naissance(s) des villages, il a fallu démontrer et comprendre la grande mobilité de la population rurale au Moyen Âge, en décrivant, en datant et en expliquant le plus précisément possible la succession de phases de dilatation et de contraction de l’espace peuplé et valorisé par les hommes.
Il a également fallu analyser la dispersion de l’habitat rural, au travers de l’action des différents acteurs de l’aménagement du sol, rois, seigneurs laïques, clergé régulier et séculier, paysans, etc.
Il a enfin été nécessaire d’analyser cette répartition originale de l’habitat à la lumière des facteurs de dispersion : milieu physiogéographique très varié, dispersion des ressources, existence d’une ligne-frontière, d’une marge-frontière, d’une voie commerciale, d’un fisc royal. …

Le village et son évolution ont donc été placés au centre de la réflexion. Village de l’archéologue, étudié grâce aux vestiges de la culture matérielle (mobilier, bâti…) mais aussi village de l’historien, étudié au travers des liens qui ont été tissés par les différentes communautés rurales (paroisses, seigneuries, villages neufs…). Le village, s’il n’a pas ici pris la forme d’un village groupé, a tout de même une réalité, il représente  parfaitement ce que Daniel Pichot a nommé le « village éclaté ».

Cette étude archéogéographique d'un espace rural médiéval apporte un certain nombre de réponses à la problématique posée au départ. Cette problématique s’articule autour de la polynucléarisation : dans cette région du Nord de la France, au bâti groupé en villages-tas, le terroir du Rouanne présente un habitat semi-dispersé très original. La zone étudiée a-t-elle toujours connu cet état de semi-dispersion ? Peut-on en connaître les raisons ? Et peut-on savoir pourquoi ce terroir a échappé aux habituels phénomènes de concentration, présentant au contraire jusqu’à nos jours un paysage original, de type ouvert (sans bocage) mais au bâti semi-dispersé ? Il a été possible de répondre à ces questions, malgré la relative indigence des sources écrites, grâce à la connaissance précise du terrain obtenue en croisant différentes méthodes prospectives : étude géographique, prospections archéologiques (en labour, en sous-bois, aérienne), carto- et photo-interprétation, études architecturales, métrologie des parcellaires, toponymie, histoire… La méthodologie choisie est celle que l’on nomme archéologéographie.  Un des apports de ce travail a donc été de vérifier la validité de cette méthode mais aussi ses limites.

The places of Ega, Arrifana and Picota can be found at the Baixo Mondego landscape, on the hinge between the ground terrains and the hills terrains, articulated, considering this case, by the Mouros river, an important affluent on the south bank of the Mondego. Within this dissertation in the field of Modern and Medieval Archaeology, a morphologic analysis is carried out considering these three places. Such analysis is perfomed on a long-term development logic, in order to better understand the occupation and exploitation of the field. Thus, this thesis focuses itself on planimetrics.

This dissertation underlines the landscapes building processes, considering the scale of these places, but going beyond when necessary, for instance, on the road network case, which, although immeasurable by the scale of traditional disciplines, allows to trace down with considerable coverage the development of the researched area. Hence, the research demonstrates the ability of this kind of analysis to perfom a contribution, an autonomous one, to the enlightenment of different social, political, territorial and economic issues of human societies.

L'espace vivrier de l'abbaye chef-d'ordre de Grandmont (Haute-Vienne, France) fait l'objet, depuis 2013 d'une étude d'archogéographie au tour de Gandmont et dans les 854 hectares de sa franchise. La recherche s'est attachée à tenter de relier ces éléments concrets du paysage avec les documents textuels, photographiques ou cartographiques en notre possession au moyen de l'analyse régressive. Les textes et cartes du XIXe s. forment un point de départ, précieux par leur précision et par leurs mentions toponymiques oubliées depuis. Grâce à leur utilisation, les terriers, dénombrements et autre procès verbaux de bornage datant des XVe, XVIe et XVIIe siècles nous deviennent plus intelligibles.
En troisième lieu, il a été possible, à ce stade de l'inventaire, de commencer à réfléchir à un SIG du site de Grandmont et de sa franchise et de réaliser des cartes thématiques à des échelles adaptées, plus grande pour le site de Grandmont, plus petite pour la franchise. Ces cartes s'articulent autour de trois thématiques : les aménagement hydrauliques, le bâti, les circulations. Elles nous permettent de mieux
comprendre les étapes et les modalités de l'appropriation et de l'exploitation de Grandmont par les frères grandmontains en fonction des ressources et des contraintes du milieu géographique. La synthèse que nous proposons confronte les résultats de la prospection terrestre-inventaire des années 2013-2015 aux mentions éparses dans les textes du XVe siècle et des siècles suivants. Cette synthèse s'attachera tout d'abord à rappeler les étapes de la constitution de la franchise de Grandmont, étudiées par ailleurs, puis à y relier les différents aménagements humains de l'espace grandmontain, que ce
soient les habitats, le réseau viaire, les aménagements hydrauliques, les constructions remarquables ou les défrichements.

Depuis quelques années, l'étude des terroirs ruraux est abordée par les chercheurs, au moyen des méthodes de l' « archéogéographie ». L'objet d'étude de cette discipline novatrice est le milieu, l'espace, le paysage du passé. Elle associe pour cela trois disciplines qui travaillent habituellement séparément, la géographie, l'histoire et l'archéologie, avec leurs techniques respectives. L'archéogéographie revisite également les liens avec d'autres disciplines comme la sociologie, l'ethnographie, l'histoire de l'art, l'anthropologie, les sciences naturalistes… Cette discipline a pour but la reconstitution hypothétique de l'« anthroposystème » et des modalités d'appropriation du sol par l'homme dans les sociétés anciennes. Une des principales difficultés qui guette l'archéogéographe dans ses tentatives d'étudier l'espace rural médiéval est de définir le sens qu'il faut donner aux différents mots décrivant le milieu, le paysage, l'environnement, dans les textes écrits au Moyen Âge. L'extraordinaire variété des termes, et, pour un même terme, la prodigieuse variabilité de sens en fonction non seulement du lieu, mais aussi de l'époque et même de l'origine du rédacteur rend la description de l'anthroposystème médiéval très hasardeuse. Il faut à chaque instant se garder de plaquer à la fois notre vision actuelle du paysage et le sens actuel du vocabulaire descriptif de l'espace sur des réalités médiévales toujours fort différentes. Nombreux sont les contresens sources d'erreur, tel l'exemple bien connu du terme de « masure », défini classiquement comme correspondant à une bâtisse quelconque avant le XV e siècle, mais qui désigne une bâtisse en ruine après et qui correspond en fait, dans l'exemple que nous étudierons ci-dessous, à une parcelle de 800 m² en moyenne, parfois plantée (vignes, fruitiers), non close et située près de l'habitat ! On le voit, de maison à ruine et à jardin, les possibilités de confusions sont grandes et la prudence est de mise pour décrire le paysage rural médiéval à partir des seuls textes d'époque. L'objectif de cet article n'est pas de dresser l'inventaire des termes décrivant l'espace géographique médiéval et d'indiquer pour chacun d'eux leur sens le plus fréquent. D'excellent ouvrages existent sur ce sujet (LACHIVER, LAMBERT, TOUATI…, voir bibliographie) et nous invitons le lecteur à s'y référer. Il peut en revanche être utile de faire le point sur les termes les plus fréquemment rencontrés dans les textes concernant la Picardie au Moyen Âge, et de tenter, lorsque la précision des textes le permet, de donner une définition sûre bien que forcément contextuelle. Pour y parvenir, nous avons relevés tous les termes descriptifs de l'espace dans les textes médiévaux concernant le canton de Pont-Sainte-Maxence (Oise). Cet espace a auparavant été étudié finement au moyen des techniques de l'archéogéographie, ce qui a souvent permis de situer dans l'espace actuel les éléments glanés dans les textes.

Based on her own research and on that of her colleagues, equally archaeogeographers, the author wishes to outline the position and ideas of a new discipline, Archaeogeography, by showing its originality in relation to agrarian and rural Geography and historical Geography. This paper therefore starts by pointing the differences and commonalities between Archeogeography and ancient and modern Geography. In a second step, it discusses the specificities of Archeogeography in relation to other geohistorical disciplines or approaches. Finally, the author provides an overview of the objects and institutional status of the discipline. Beyond the strict case of Archeogeography, we can see the emergence of a vast field of research : the rediscovery of the Earth and the complexity of its legacies.

Les chanoines de Saint-Corneille de Compiègne se constituent dès le haut Moyen Âge un très vaste temporel grâce aux riches donations royales. Dans la région de Longueil-Sainte-Marie, ce temporel très dense et cohérent est rigoureusement organisé par la suite par les moines. Pourquoi se sont-ils installés là plutôt qu'ailleurs ? Quelle est la part d'opportunité dans leur implantation ? Il est possible de comprendre la « politique rurale » de Saint-Corneille de Compiègne en étudiant tout d'abord la nature de son temporel, et en particulier ses maisons : dans la région de Longueil-Sainte-Marie, elles se répartissent à intervalles réguliers, tous les 3 km, afin de faciliter la surveillance des terres et la perception des impôts et taxes. Il faut également dresser un inventaire des éléments géographiques, naturels ou non, que les moines ont trouvé utile d'inclure dans leur temporel : voies de communications, ressources variées, contrôle sur le pouvoir religieux et administratif, financements, main d’œuvre abondante, industries de transformation des produits agricoles… Enfin, il est intéressant de constater que les rapports que Saint-Corneille entretient avec les autres monastères possèdent une incidence certaine sur l'implantation géographique du temporel : une véritable stratégie de « sphères d'influences » est mise en place, permettant d'éviter une concurrence néfaste et des conflits inutiles.

Dans les régions de l’ouest de la France, le poids de cet objet est tel que toutes les études menées sur les paysages semblent devoir s’y rapporter.
L’archéologie et les sciences paléoenvironnementales par le nombre des données nouvelles qu’elles apportent et l’archéogéographie par le travail épistémologique de fond qu’elle a entrepris (Chouquer 2007), permettent de dire quels sont les nouveaux objets qui émergent et remplacent en grande partie, avec profit, ce concept mal adapté de bocage pour l’étude des paysages dans la longue durée.

Approche archéogeographique des centuriations romaines proposées pour le territoire de Conimbriga (Condeixa-a-Nova, Portugal) dans le contexte d'un Master en Archéologie et Territoire soutenu à l'Université de Coimbra (Portugal). L'auteur prétend que les éléments qui étayent des propositions antérieures sont insuffisants, le thème méritant un débat interdisciplinaire.

Support de présentation de ma recherche, dans le cadre du séminaire de Nicolas Verdier et Sandrine Robert à l’EHESS, en 2014.
Je recherche les traces toponymiques du vocable latin quintana qui semble avoir désigné la place du marché dans le langage courant de l’empire romain aux premiers siècles de notre ère.
Ces toponymes pourraient être des marqueurs géographiques du développement des lieux du commerce au moment de la naissance des villes.
Ils interrogent également l’étymologie de mots tels que : cantine, canton, encan...  qui pourraient être issus de quintana.

"Although the megalithic phenomenon in southern Iberia has been studied since the mid-nineteenth century, little attention has been paid to the role that megalithic structures played in the organization of prehistoric landscapes. Just as in other areas of Europe, however, southern Iberian megalithic structures must have played complex roles in the social organization of landscapes that go far beyond their use as funerary containers. Using examples from our work in southern Iberia, we employ GIS-based spatial analysis to explore for the first time various aspects of the landscape dimension of these monuments. We discuss three case-studies for which fresh field data have been recently made available. In the first (Almadén de la Plata) we find patterns of association between medieval transhumance routes and megaliths, and we use cost-surface modelling to suggest that medieval routes may reflect earlier, prehistoric patterns of movement which in turn suggest that megalithic structures functioned in this area as waypoints within an emerging mobility system for people and livestock. In the second case (Aroche) we show correlations between the locations of megaliths and theoretical territories defined by isochrones and contrast this pattern with the distribution of nonmegalithic funerary sites of the Early Bronze Age, concluding that the spatial distribution of megaliths in this region may relate to their role as landmarks. Lastly we describe a far more specific relationship which we have encountered in the Antequera region, where we believe we have identified a relationship between the orientation of the megalithic structure of Menga, a prominent natural feature and several newly discovered prehistoric sites. Together, these three examples suggest that the current focus on typology, chronology and contents in the study of Iberian megaliths needs to be matched with efforts to identify and interpret the often highly complex structure of the prehistoric landscapes of which they form an integral part."

La création de villages neufs dans la région de Senlis, comme ailleurs, répond à des motifs avant tout économiques et politiques. Nous sommes dans le domaine royal, et les implantations humaines créées soit directement par le roi soit par les monastères comme Saint-Nicolas d’Acy ou Saint-Corneille de Compiègne renforcent le poids de l’autorité du monarque et de ses officiers (les Bouteillers par exemple) face aux puissants vassaux comme les seigneurs de Crépy. L'étude de Villeneuve sur Verberie est intéressante d'abord parce que les villeneuves sont rares dans la région de Senlis, et que le rôle politique de Villeneuve-sur-Verberie est important, c’est une des seules à exister dans le domaine royal, ensuite parce cette fondation entraîne la mise en place d’un paysage médiéval planifié à la périphérie d’un terroir organisé depuis longtemps, le terroir du Rouanne. Nous verrons également que les essartages semblent ici particulièrement précoces. Il est nécessaire en premier lieu de déterminer quand a été créée cette villeneuve, puis nous tenterons de comprendre comment s’est formé le plan de la partie bâtie, le réseau viaire et le paysage rural qui l’entoure. Il faudra ensuite comprendre les raisons, politiques ou autres, qui ont fait choisir le site de Villeneuve avant de replacer la fondation de la villeneuve dans le mouvement d’essartages qui touche la région à cette époque. Enfin,
il faudra déterminer le rôle joué par le roi dans cette implantation.

Plan de la conférence :
1. L’archéogéographie : mise en perspective historiographique
2. L’interprétation historique classique des formes des paysages
3. La bifurcation épistémologique que représente l’archéogéographie
4. De nouvelles exigences méthodologiques et épistémologiques
5. Conclusion : une discipline de la mémoire des lieux

Toute société grecque était étroitement attachée à son territoire et au paysage qui le caractérisait. Les cités revendiquaient un territoire propre, s'ancraient dans son sol et leurs citoyens s'identifiaient à ce territoire (Guettel-Cole 2004, 1, 7). Le paysage spécifique de chaque cité semble avoir marqué les habitants par sa morphologie, son aspect, ses particularités. Parmi les éléments constituant le paysage, l'eau était peut-être le plus important selon les critères grecs : tout comme le sol, l'eau provenant des sources territoriales constituait une référence pour la formation de l'identité locale (Guettel-Cole 2004, 194) ; son impact sur les sociétés s'exprimait à plusieurs niveaux dans leur fonctionnement et dans leur espace. Dans une tentative de saisir tout cela à partir de la réalité des vestiges archéologiques, il m'a semblé utile de réunir, dans le cadre d'une recherche plus générale encore inédite, les données disponibles concernant une cité précise, Abdère en l'occurrence. Mon objectif est de croiser ces données afin de déceler des relations, des interférences et des nuances dans les croyances, ainsi que dans les pratiques en différents domaines et dans le fonctionnement d'ensemble de la cité. Ici, je me limiterai à l'étude d'un exemple, la tombe d'une jeune fille, afin de détecter des liens entre le monde religieux et le monde funéraire, en faisant attention de ne pas projeter un monde sur l'autre. Cette démarche s'appuie sur le fait que les nécropoles nous offrent des informations plus précises et plus individualisées concernant la population d'une cité ancienne que les sanctuaires de la même cité. Dans la cité d'Abdère, ville construite dans la partie est de l'embouchure du Nestos, sur une ancienne péninsule, l'eau est particulièrement présente tant par la mer que par le fleuve. Le Nestos a été, sans doute, à l'origine de la prospérité de cette cité grâce à l'agriculture, mais également à l'origine de la destruction de la ville archaïque par ses crues. Selon les études paléographiques récentes (Syrides et Psilovikos 2004, 351-59), les changements continus du lit du Nestos 2 et l'interaction terre-mer ont fini par faire du côté ouest de la chora d'Abdère, bordée auparavant par une baie, un paysage marécageux et lacustre. Ce paysage (que l'excursion à Abdère vous a permis de découvrir vous-mêmes) évoque, comme je le développe ailleurs, l'importance possible d'un culte d'Artémis dans cet espace, son lien profond avec le milieu humide étant bien connu. Nous savons déjà qu'Artémis était honorée à Clazomènes 3 et à Téos, les deux métropoles d'Abdère. Nous connaissons aussi les liens étroits et continus qu'Abdère avait su garder avec sa métropole Téos (Herrmann 1981 ; SEG 31 [1981] 985 ; Graham 1992, 44-73 ; Loukopoulou et Parissaki 2004, 305-310), où Artémis avait Dionysos pour parèdre (Lévêque et Séchan 1970, 296). Enfin, en ce qui concerne plus particulièrement Abdère, nous avons des mentions concernant le culte d'Artémis et des monnaies sur lesquelles elle fut représentée au revers (Chryssanthaki 1995, 171). 4 Cette divinité secourable et redoutable, gardienne des confins, des « eschatiai », ces terres instables en modification continue, là où les frontières entre le sauvage et le civilisé s'avèrent 1 Mes remerciements les plus chaleureux vont à Y. Morizot, F. Poplin et J.-F. Lauginie, pour avoir lu ce texte et m'avoir aidée par leurs conseils précieux et leurs corrections. 2 Str. 7 fr. 43 : Οὐ μένει δ' ὁ Νέστος ἐπὶ ταὐτοῦ ῥείθρου διὰ παντός, ἀλλὰ κατακλύζει τὴν χώραν πολλάκις. 3 Graf 1985 : à Clazomènes furent honorés : Zeus, Poséidon, Athéna, Artémis, Apollon, Hermès, Dionysos, Déméter, Asclépios, Héraclès, Méter, Hermotimos, Agamemnon, les dieux égyptiens, puis l'empereur. 4 Je remercie vivement l'auteur de m'avoir donné accès à son mémoire inédit.

Francesca Lui, "Le tableau du grand et le pittoresque". Cassas en voyage dans l'Italie du Nord, in Voyages en Italie de Louis-François Cassas 1756-1827, a cura di Sophie Join-Lambert e Annie Gilet, Tours, Musée des Beaux-Arts, Cinisello Balsamo, Milano, Silvana Editoriale, 2015, pp. 94-99; 106-109; 112-115.

ISBN 9788836631636 8836631630
OCLC 952866004

En étudiant l’histoire médiévale du terroir rural compris entre Verberie et Pontpoint (Oise, Hauts-de-France), on est frappé par la fréquente occurrence d’allusions à un village disparu dénommé Tilio. Cette implantation humaine, mal localisée, a toujours été confondue par les historiens avec les villages voisins. Les mentions en ce lieu d’une ecclesia, d’un mansio, d’une terra arabilis (citée en 1152), d’une aula (1265), d’une domus, d’une justicia (1295), d’un hôtel et d’une chapelle
(1444), semblent indiquer que nous sommes en fait en présence d’un chef lieu de paroisse et de seigneurie, et qu’une activité agricole s’y est développée. De même, l’existence d’une " Croix-des-Trois-Evêques " en un point où ne se rencontrent à l’époque moderne que deux diocèses nous amènent à nous interroger sur l’existence, à proximité, d’une paroisse disparue appartenant à un troisième diocèse. Les mentions de Tilio se multiplient aux XIIe et XIIIe siècles, jusqu’en 1444, date à laquelle on apprend " qu’il n’y habite personne ".
Où se trouvait situé ce village et pourquoi s’était-il implanté en ce lieu ? Quelle forme a pris l’aménagement du terroir ? Pourquoi et quand a-t-il disparu ? Une étude archéogéographique qui aura recours à la
fois à l’histoire, à la prospection systématique, à la toponymie et à l’étude des cartes anciennes pourra tenter de trouver une réponse à ces questions.

Cet essai de géographique antique du rivage nord du Golf des Pictons est réalisé de part et d'autre d'une voie gallo-romaine Rom -Océan atlantique via Niort, Le Langon. Réalisé avant 1994, il s'appuie dans une première partie sur un inventaire des vestiges connus et dans une seconde partie esquisse le  paysage anthropisé antique et ses orientations cadastrales.

Mi trabajo de investigación busca comprender cómo las personas que viven cerca de los escombros de la ciudad de Armero se relacionan con estos residuos y cómo éstos producen un paisaje fragmentado, que incorpora restos de la violencia colonial con vestigios recientes y que hechiza, enriquece, y maldice a las personas que habitan en él. En un recorrido por los residuos de la avalancha de 1985 que " arrasó con Armero " , me encuentro con calaveras " de indios " que hechizan hombres, con pilas de escombros que se destruyen ante el paso de la maquinaria en los campos de producción de arroz y con mapas vacíos que marcan el espacio marginal, ilegible, de los escombros en Armero. El resultado es una etnografía fragmentada, que conecta diferentes formas de relacionarse con la negatividad del espacio destruido y desacoplado, y los sorprendentes poderes de los restos en medio de paisajes producidos, destruidos y reincorporados.

Résumé de la thèse de doctorat : « Dynamique du peuplement rural en zone de passage et de frontières, de l'Antiquité au début de l'époque moderne, l'exemple du bassin –versant du Rouanne (Oise) », thèse de doctorat dirigée par Ph. Racinet,
Le paysage rural du Val du Rouanne, au bâti semi-dispersé, trouve son origine au haut Moyen Âge, époque à laquelle se mettent en place les cadres paroissiaux, castraux et paysans ,en bordure du domaine royal. Le paysage évolue ensuite tout au long du Moyen Âge, multipliant les habitats dispersés durant les périodes de prospérité, concentrant au contraire l'habitat pendant les périodes de plus mauvaise conjoncture. Cependant, grâce à la technique de l'archéogéographie, on apprend que jamais les habituels paradigmes de l'encellulement, de l'incastellamento, de la naissance du village ... ne pourront s'appliquer ici. La présence de plusieurs pouvoirs forts, monastiques et seigneuriaux et l'existence, en périphérie du terroir, d'un fisc royal, empêcheront la concentration de l'habitat qui reste donc semi-dispersé jusqu'à nos jours, avec des églises, des édifices élitaires et des hameaux agricoles isolés les uns des autres, sans solution de continuité.

Dans un petit groupe de communes des Hautes Vosges s’observait autrefois, ou s’observe encore un paysage très peu ordinaire, dont l’origine est liée à des modalités anciennes de mise en valeur des communaux dans le cadre d’une économie essentiellement pastorale. Ces formes paysagères méritent une attention particulière par leur originalité et leur valeur patrimoniale ; pourtant, elles n’ont encore fait l’objet d’aucune étude ou publication spécialisée à la hauteur de leur intérêt, si ce n’est en marge de travaux de portée plus large (Savouret 1942, 1985 ; Garnier, 2004).
Les cartes et plans anciens montrent bien l’organisation générale de ce qui s’apparente à un système d’infield-outfield (se référer à la figure jointe à cette proposition). Sur une matrice de pâturages communaux ou « pâquis » (outfield), se détachaient les îlots arrondis formés par les domaines-blocs d’appropriation privée, essentiellement composés de prés (infield). A proximité des habitations, sur fond de pâturages, se dispersait une multitude de micro-parcelles arrondies (2 à 4 ares), closes de murets, appelées « essarts » ou « beurheux ». Il s’agissait de cultures sur parcelles communales, généralement soumises à une jachère plus ou moins longue, voire à une succession culture-pâture. Ces parcelles détachées une à une du pâturage commun sont restées arrondies et non jointives, probablement du fait de l’outillage utilisé et des dispositions d’usage obligeant à respecter systématiquement un passage pour les troupeaux lors de tout défrichement. On comptait par exemple un peu plus de 3900 essarts dispersés dans les communaux de Cornimont à la fin du XIXe siècle.
Cette communication s’attachera à présenter l’origine de ces pâquis et essarts, bien lisible dans les archives du XVIe au XVIIIe siècle, leur évolution, et leur mode d’exploitation, notamment lors de leur âge d’or au temps des ouvriers-paysans ; sera ensuite abordée leur évolution récente, ainsi que leur état actuel à travers un recensement des formes encore observables. Les pâquis essartés ont largement subi les reboisements du XXe siècle. Ce qui n’a pas été boisé s’enfriche rapidement ou, loué en bloc à des éleveurs, prend l’allure de pâtures tout à fait ordinaires. Dans de nombreux secteurs, presque plus rien ne reste des anciens essarts, si ce n’est quelques vestiges de murets arrondis, à peine visibles. Mais à l’inverse, dans la vallée du Chajoux, sur la commune de La Bresse, subsiste encore le dessin bien lisible du parcellaire ancien. Ce dernier vestige substantiel d’un paysage singulier n’est à ce jour ni protégé, ni valorisé.

"Archéologie hydraulique: Approches et territoires"

The General Union of Arab Archaelogists; The Fifteen Conference Book Of The General Of Arab Archaeologists
Part 2
The fourteenth Scientific Seminar on Studies on the Arab World monuments

International audienceThe research carried out since 2010 on the granitic plateaus of the Haute-Combraille, in the west of the department of Puy-de-Dôme, as part of the MINEDOR program (Archaeological and palaeo-environmental characterization of Arverni’s gold mines in Haute- Combraille) of the Clermont-Ferrand MSH, have highlighted the key role of mining in the process of turfigenesis at the origin of peatland formation. One of the main objectives of this interdisciplinary research program was to characterize the ancient gold mining phases through their environmental impact, by coupling palynological and isotopic analyzes of samples taken in peat bogs. However, it appears that all peatlands identified and analyzed are closely connected to gold mines, whether they are in the immediate vicinity or even inside these mines, the oldest of which date back to the Second Iron Age. Indeed, mining works have the effect of disrupting local drainage networks, either voluntarily for the needs of the extraction (tanks, washery), or indirectly during their abandonment (accumulation of water in the cavities, clogging ditches due to the erosion of the dumps). While highlighting this phenomenon has important methodological (and even epistemological) consequences for palaeoenvironmental analyzes, it also opens up new perspectives by showing the fundamentally anthropogenic nature of many wetlands. From a landscape history point of view, the close link between mines and peatlands is a result whose scope will have to be measured, as peatlands, which are considered as “natural environments” to be preserved for their natural resources and their biodiversity, appear here as the consequence of highly polluting activities. However, they could play a key role in trapping paleo-pollutions, thus avoiding their diffusion into the environment.Les recherches conduites depuis 2010 sur les plateaux granitiques de la Haute-Combraille, dans l’ouest du département du Puy-de-Dôme, dans le cadre du programme MINEDOR (Caractérisation archéologique et paléo-environnementale des mines d’or arvernes de Haute-Combraille) de la MSH de Clermont-Ferrand, ont mis en évidence le rôle déterminant des exploitations minières dans le processus de turfigenèse à l’origine de la formation des tourbières. L’un des objectifs prioritaires de ce programme de recherche interdisciplinaire était de caractériser les phases d’exploitation aurifère anciennes à travers leur impact environnemental, en couplant analyses palynologiques et isotopiques d’échantillons prélevés dans des tourbières. Or il apparaît que toutes les tourbières identifiées et analysées sont étroitement connectées à des aurières, qu’elles se situent à proximité immédiate ou à l’intérieur même de ces mines dont les plus anciennes datent du Second Âge du Fer. En effet, les travaux miniers ont pour effet de désorganiser les réseaux de drainage locaux, soit volontairement pour les besoins de l’exploitation (réservoirs, laveries), soit indirectement lors de leur abandon (accumulation d’eau dans les cavités, colmatage des fossés du fait de l’érosion des haldes). Si la mise en évidence de ce phénomène a d’importantes conséquences méthodologiques (et même épistémologiques) pour les analyses paléoenvironnementales, elle ouvre aussi de nouvelles perspectives en montrant le caractère fondamentalement anthropique de bon nombre de zones humides. Du point de vue de l’histoire des paysages, le lien étroit entre mines et tourbières est un résultat dont il faudra mesurer la portée, car les tourbières, qui sont considérées comme des « milieux naturels » par excellence, à préserver pour leur ressource en eau et leur biodiversité , apparaissent ici comme la conséquence d’aménagements liés à des activités en l’occurrence très polluantes. Toutefois, elles ont pu jouer un rôle essentiel dans le piégeage des paléo-pollutions, évitant ainsi leur diffusion dans l’environnement