Prospective Maroc 2030 - Energie 2030, Quelles Options Pour Le Maroc
Prospective Maroc 2030 - Energie 2030, Quelles Options Pour Le Maroc
Prospective Maroc 2030 - Energie 2030, Quelles Options Pour Le Maroc
PRSENTATION
Sous le Haut Patronage de Sa Majest le Roi et dans le cadre dune approche rnove de la planification du dveloppement conomique et social du pays, le Haut Commissariat au Plan conduit une rflexion prospective sur le Maroc lhorizon 2030 privilgiant une approche stratgique conforme aux nouvelles donnes dune conomie nationale ouverte la comptition internationale. Cette rflexion, qui vise lexploration des futurs possibles du pays, a t structure autour dateliers participatifs, forums, sminaires, confrences-dbats, appuys par des tudes thmatiques et sectorielles et des enqutes de terrain. Ces activits ont trait des problmatiques caractre gnral portant sur lenvironnement gostratgique et goconomique, rgional et mondial de notre pays, les structures de son conomie, les sources historiques et potentielles de sa croissance, les permanences, changements et enjeux de notre socit, ou encore les modles clairant les rapports entre croissance conomique et dveloppement humain. Lensemble de ces travaux a constitu pour le systme Maroc ce que les spcialistes de la prospective appellent la base . Il sagit dune srie de donnes, danalyses et de rflexions sur le pass, le prsent et les volutions tendancielles de chacune des composantes du systme permettant den dgager les forces et les faiblesses, les tendances et les facteurs de changement. Par ailleurs, le cadrage macroconomique et socital ne pouvait se passer dclairages sur des secteurs spcifiques de lactivit conomique. A cet effet, trois secteurs ont t soumis cette dmarche prospective. Ceux-ci ont t choisis en raison soit de leur poids actuel et futur sur lvolution de notre pays cest le cas en particulier de lagriculture soit du caractre prioritaire que leur confre lorientation de la politique gouvernementale cest le cas videmment du tourisme soit, enfin, de la dimension quils revtent dans notre pays en raison des contraintes quils constituent pour le dveloppement durable et la comptitivit de notre conomie, cest le cas typique de lnergie. Procdant de cette rflexion, un plan stratgique de dveloppement conomique et social couvrant la priode intermdiaire 2007-2015 a t labor. Ce plan prsente des scnarios de politiques conomiques sarticulant autour des vecteurs de la croissance et du dveloppement humain. Lensemble de ces travaux a fait lobjet dun processus dit de restitution dans des ateliers ouverts, au niveau national et rgional, aux chercheurs, oprateurs conomiques et acteurs de la socit civile, en vue dlargir le dbat sur les problmatiques et les scnarios du futur du Maroc pour en permettre, justement, lappropriation par le spectre le plus tendu possible de lopinion publique. A en juger par lintrt suscit, travers le pays, par la prsentation des diffrents scnarios, ce processus de restitution semble devoir rpondre lattente de plusieurs milieux soucieux de lavenir du pays. Il constitue, par l mme, une contribution laccrditation auprs de lopinion publique de la prospective comme dmarche loigne de toute prdiction ou futurisme pour tre une invitation lexploration des futurs possibles et au choix parmi 3
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des futurs souhaitables. A ce titre, elle constitue un processus dinitiation la libert o lavenir nchappe pas la volont des hommes et leur capacit den matriser le cours. Quel autre domaine que lnergie peut, cet gard, mieux illustrer cette imprieuse ncessit pour une collectivit nationale de matriser son avenir en simposant le devoir de mesurer la pertinence de ses choix immdiats la lumire de leurs consquences sur les gnrations futures ? Lnergie constitue, de toute vidence, un facteur stratgique pour le dveloppement conomique et social. Souligner son impact sur lefficience conomique, lquit sociale et lquilibre cologique, cest relever la centralit de la place quelle occupe dans le concept de dveloppement durable par lequel la communaut internationale exprime les exigences du souhaitable socital de la modernit. Cest aussi apporter un clairage significatif quelques-uns des grands enjeux gostratgiques. Ltroite relation entre nergie et croissance explique laugmentation croissante de la demande dnergie, dans certaines tapes du dveloppement, lorsque les besoins de produits industriels et dquipements de transport sintensifient, cette demande peut mme crotre plus vite que la croissance de lconomie. Ce phnomne cre une pression considrable sur des ressources nergtiques non renouvelables et un besoin croissant dinvestissements massifs. Les pays qui nen disposent pas ou pas suffisamment sur leur territoire voient ainsi augmenter leur dpendance vis--vis de lextrieur. Cest dans ce contexte que la problmatique de lnergie est devenue une source permanente dalimentation de nombreux conflits internationaux. Lusage de lnergie a, par ailleurs, des consquences environnementales dont on na pas encore identifi parfaitement les effets long terme, mais qui affectent dj la qualit de vie dans de nombreux territoires. La problmatique de lnergie dborde ainsi le cadre conomique et touche directement de nombreux aspects politiques, sociaux et environnementaux qui conditionnent la vie humaine sur notre plante. Le poids de ces contraintes est ainsi lorigine du consensus, de plus en plus large au sein de la communaut internationale, pour la mise en uvre de politiques actives visant rduire le contenu nergtique de la croissance conomique et modifier la structure de la consommation des vecteurs nergtiques au profit des nergies renouvelables. Cette double action a, en outre, vocation accrotre les exigences cologiques de la demande des biens et services exportables et sa sensibilit leur contenu en nergie. Ds lors, les rapports entre intensit nergtique, dun ct, et croissance conomique et bien-tre social, de lautre, devraient avoir tendance perdre de leur rigidit en fonction des niveaux de recours aux diffrents vecteurs nergtiques primaires. Ces volutions constituent une illustration de la forte corrlation entre modle nergtique et choix socitaux. Elles montrent galement que les marges de manuvre de laction collective en faveur du dveloppement durable restent, malgr tout, suffisamment larges. Il faut cependant dire que la lourdeur des investissements requis par le dveloppement des structures de production et de distribution de lnergie influence pendant longtemps les conditions territoriales de celles-ci. Le capital productif dnergie requiert, en effet, plusieurs dcennies pour tre amorti. Aussi, quelles que soient les marges de manuvre, la politique nergtique sinscrit ncessairement dans la dure. Un pays est ainsi libre de choisir son cadre nergtique, mais il ne peut le modifier substantiellement quau bnfice des gnrations futures. Tout dbat sur la politique nergtique devient, par dfinition, un dbat sur des enjeux davenir et renvoie des choix de modle de socit auxquels aspire une collectivit nationale. Do lintrt de la prospective pour lui donner une consistance utile. 4
Sagissant du Maroc, il est vident quil ne dispose pas en tout cas pas encore de ressources significatives en matire dnergie primaire. Il a, en outre, un systme de production et de consommation encore peu dvelopp. Il est appel faire face, au cours des vingt-cinq prochaines annes, au dfi de lmergence conomique tellement ncessaire pour satisfaire les aspirations au bien-tre de sa population dans un contexte de globalisation et de comptitivit internationale. Ses performances vont, de toute vidence, dpendre, en grande partie, de ses choix nergtiques. Ces choix sont aujourdhui particulirement ouverts dans la mesure o le pays peut encore opter, moindre cot en comparaison avec les pays soumis la force dinertie des infrastructures du pass pour des solutions qui rduisent la consommation dhydrocarbures en agissant notamment sur les rseaux de transport ou en dveloppant la production lectrique dorigine nuclaire, solaire ou olienne, rduisant du mme cot les missions de gaz effet de serre et renforant les objectifs du dveloppement durable. La prsente tude Energie 2030 : quelles options pour le Maroc ? consacre aux enjeux nergtiques du Maroc lhorizon 2030 vise, avant tout, apporter de nouveaux clairages prospectifs aux dcisions collectives en matire de politique nergtique quimpliquent les choix de socit oprs par notre pays et, au-del, contribuer une prise de conscience des consquences possibles de ces choix. Cest dans les limites de cette dmarche que trouve son sens llaboration des scnarios en tant quinstruments privilgis par lesquels la prospective essaie dexplorer, sur la base dhypothses plausibles, les futurs possibles, compte tenu des atouts et contraintes multiples, quelles soient conomiques, sociales, technologiques ou financires. Trois scnarios ont t construits. Chacun deux identifie une situation possible assez diffrente de la situation actuelle afin dclairer ltendue du champ dcisionnel relevant des autorits institutionnelles. Pour faciliter la rflexion sur les futurs possibles caractre alternatif et qui sont au nombre de deux lun dit scnario du volontarisme nergtique et lautre dit scnario du rgionalisme ouvert , un scnario de rfrence est prsent en premier lieu. Il est bas sur un ensemble de considrations rputes fort probables dans les milieux experts et qui relvent de ce qui est souvent appel le savoir conventionnel . Il faut dire que le scnario de rfrence est beaucoup plus proche dun exercice dextrapolation des tendances passes. Ce scnario de rfrence ou tendanciel se situe, en effet, dans la logique dune croissance tendancielle de l'ordre de 4 %, de la poursuite de la globalisation conomique avec des difficults de coopration maghrbine et euro-mditerranenne et d'un prix futur lev de l'nergie (pouvant se situer au-del de 100 $/baril lhorizon 2030). La demande totale d'nergie associe ce scnario est, sous lhypothse du maintien de son lasticit par rapport la croissance (1,6), de l'ordre de 48 millions de TEP (4 fois la consommation nergtique actuelle), soit un accroissement annuel moyen de 5,6 %. Deux piliers du dveloppement durable sont alors affects : le social, par l'impact des prix de l'nergie sur la population vulnrable, et l'environnement, par la pollution gnre par la consommation des hydrocarbures. Ces effets ngatifs sur le dveloppement durable devraient tre sensiblement corrigs si l'on incorporait un important dveloppement de la production d'nergie renouvelable propre. La faisabilit de ce scnario requiert des investissements importants et des efforts substantiels en matire de recherche et d'innovation technologique et pourrait constituer un facteur stimulant pour l'activit productive du pays. Cependant, l'accs l'nergie resterait, comme l'accs l'eau ou la connaissance, une source de fracture sociale. Le Maroc, tout 5
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en achevant une performance conomique raisonnable, serait encore trs loign des niveaux de bien-tre des voisins europens. Le scnario alternatif S2, volontarisme nergtique , quant lui, est conu sur la base dune logique de croissance conomique forte dpassant 5 % et dune amlioration des indicateurs de dveloppement humain pour les porter au niveau des standards des pays avancs. La consommation d'nergie atteindrait le niveau de 84,3 millions de TEP, multipliant par 7 la consommation de 2005. Ceci requiert le dveloppement d'une capacit autochtone de production d'nergie mme d'apporter un facteur additionnel de comptitivit extrieure, pour soutenir la croissance conomique tendancielle et aller au-del, ce qui impliquerait le recours l'nergie nuclaire. Cette option constituerait un nouveau moteur de dveloppement et de croissance rapide, car autour de cette activit se formeraient des clusters d'entreprises industrielles et de services favoriss par l'abondance de lnergie et par ses prix comptitifs. Ce scnario qui requiert un partenariat public-priv actif sur le plan interne et un partenariat international renforc en matire dinvestissement, de financement et de technologie, prsente plusieurs atouts pour les trois composantes dun dveloppement durable : conomique (croissance comptitive), sociale (effets distributifs de l'accs l'nergie un moindre cot) et environnementale (nergies propres renouvelables avec rduction des missions de CO2). Le troisime scnario S3, rgionalisme ouvert , repose sur une redfinition positive et stimulante des relations Sud-Sud (UMA ractive) et Nord-Sud en Mditerrane, et, en particulier, en Mditerrane occidentale (Initiative 5+5 de coopration largie). Les deux processus s'largissent pour introduire une ide plus ambitieuse de co-dveloppement qui incorpore un amnagement commun d'une nouvelle gographie conomique de l'ensemble rgional et une solution cohrente aux grands problmes de la Mditerrane occidentale (l'nergie, l'eau, l'environnement, l'urbanisation du littoral, les transports, les tlcommunications, la culture et la connaissance). Le Maroc pourrait trouver, dans cette option, l'encadrement ncessaire pour un dveloppement durable et une croissance conomique acclre. Le PIB crotrait un taux dpassant celui du scnario prcdent (soit 6 %), avec une croissance annuelle de la consommation d'nergie primaire de l'ordre de 9 %, portant la consommation en 2030 106 millions de TEP. Loption de lnergie nuclaire du scnario S2 serait, galement, envisageable dans ce scnario. Celui-ci satisfait pleinement aux impratifs du dveloppement durable (respect des standards europens). Toutefois, l'importance des choix politiques et sociaux rend complexe son dveloppement pratique, ce qui le fait apparatre comme un scnario "ncessaire" pour le Maroc afin d'affronter avec succs la grande transition nergtique des prochaines dcennies. Ce troisime scnario de rgionalisme ouvert mrite dtre tudi bien quil soit actuellement peu probable, car il suppose un transfert dune partie de la souverainet conomique des pays de la rgion vers des institutions supranationales. Les trois scnarios confirment que les marges de manuvre pour les politiques nergtiques marocaines restent trs ouvertes un horizon de vingt-cinq ans. La demande dnergie peut varier du simple au plus que le double. A la base de ces marges de libert se situent dimportants choix de socit traduits en actions publiques et prives. LEtat et les entreprises se trouvent confronts, long terme, des choix complexes, obligs de prendre des dcisions qui portent en elles la fois des bnfices et des cots. 6
Les choix, dans ces domaines, doivent se faire partir dune actualisation des cots et bnfices et, dans ces cas, le taux descompte est primordial ; laction court terme est privilgie par un taux descompte lev avec lequel les revenus nets futurs ont une valeur relativement faible dans le prsent ; laction qui engage les scnarios long terme est celle dune socit qui croit en son futur et applique ses projets un taux descompte bas. Jusqu quel point la socit marocaine croit-elle en son projet davenir ? Jusqu quel point attribue-t-elle de la valeur aux rendements long terme ? Cest sur ce plan que se situe le dbat national sur lnergie au Maroc. Cest un vritable dbat de socit dans lequel se posent des questions essentielles : Quel est le niveau de dpendance extrieure tolrable dans ce domaine de lnergie, au-del duquel la vulnrabilit du Maroc est trs leve ? Jusqu quel point peut-on assumer des risques technologiques pour obtenir des niveaux de bien-tre plus levs ? Quels devraient tre les rles du march et de la rgulation publique de lnergie pour augmenter lquit sociale ? O doit-on situer leffort public et les priorits des dpenses entre activits nergtiques (comme llectrification rurale) et dautres activits sociales effet redistributif (comme lducation primaire) ? Ces questions sont des exemples qui montrent limportance dun dbat national ouvert sur lnergie, et cest la prparation de ce dbat que la prospective et, en particulier, les scnarios sont utiles. En conclusion de ces scnarios, on peut aussi se poser la question de savoir sil est possible dacclrer dores et dj le processus de transition nergtique, tout en restant dans le cadre des contraintes du scnario de rfrence ? La rponse semble avoir t dj donne pour le gouvernement marocain, dont la politique est devenue sensiblement plus active devant la pression des vnements extrieurs et, notamment, celle due laugmentation du prix du ptrole. Une stratgie moyen terme conforme aux Hautes Orientations de Sa Majest le Roi a ainsi t dfinie. Elle rejoint les principales rponses donnes par les pays consommateurs. Elle cre les bases pour une libralisation du secteur nergtique qui facilitera la ralisation de partenariats publics privs dans tous les domaines allant de llectricit au gaz. Elle met en place un ambitieux plan de dveloppement des nergies renouvelables et un plan pour lefficacit nergtique. Cependant, le moment est opportun, si la porte devait rester ouverte aux scnarios alternatifs S2 et S3, pour mettre lordre du jour loption nuclaire et en uvre le processus de sa concrtisation, forcment long et complexe. Mais cest aussi le moment de commencer dessiner une stratgie concerte dans lensemble maghrbin et euro-mditerranen. Prendre du retard sur ces questions compromettrait probablement dune manire ou dune autre la voie de lmergence conomique dans la globalisation et retarderait la convergence conomique avec les pays industriels avancs. Car la prsente tude Energie 2030 : quelles options pour le Maroc ? le confirme : au stade actuel du dveloppement du Maroc, il ny aura de croissance acclre sans une forte croissance de la consommation dnergie. Miser sur sa restriction reviendrait compromettre la croissance et le dveloppement humain durable qui lui est associ.
Ahmed LAHLIMI ALAMI Haut Commissaire au Plan
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Prsentation Introduction CHAPITRE 1 : LE RLE DE L'NERGIE DANS LES SYSTMES CONOMIQUES ET SOCIAUX 1. Le rle dterminant de l'nergie dans le circuit conomique 2. Les contraintes et les risques associs l'nergie 3. L'nergie et le dveloppement durable 4. La politique nergtique et la spcificit marocaine CHAPITRE 2 : L'VOLUTION DU CADRE GOSTRATGIQUE DE L'NERGIE : SAVOIR CONVENTIONNEL, INCERTITUDES ET RISQUES 1. Les perspectives nergtiques mondiales 1.1. Les perspectives de loffre nergtique 1.2. Les perspectives des besoins mondiaux en nergie 2. Principaux dfis stratgiques de l'nergie 2.1. La lutte contre les effets de serre et la responsabilit des Etats 2.2. Le dcalage entre l'offre et la demande d'nergie et les besoins en investissements 2.3. L'instabilit de certaines rgions productrices d'hydrocarbures 2.4. La scurit du fonctionnement du march mondial du ptrole 3. Approches gostratgiques 3.1. L'approche des pays industrialiss 3.2. L'approche des pays mergents (cas de la Chine et de l'Inde) 3.3. L'approche des pays en dveloppement 3.4. L'approche de l'Afrique et du Maghreb CHAPITRE 3 : NERGIE AU MAROC : SITUATION, TENDANCE ET FACTEURS DE CHANGEMENT 1. Le contexte nergtique marocain : situation actuelle 2. Stratgie nergtique et dveloppement durable 3. Les tendances lourdes de lnergie au Maroc 3.1. Au niveau de la demande d'nergie 3.2. Au niveau de l'offre d'nergie 4. Les facteurs de changement du systme nergtique marocain 4.1. L'avance sur le plan institutionnel 4.2. La position gographique privilgie 4.3. Les potentialits en nergies renouvelables 4.4. Lefficacit et la matrise de lnergie
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CHAPITRE 4 : LES FUTURS ALTERNATIFS : LES SCNARIOS 2030 1. Postulats et choix des scnarios 2. Le scnario de rfrence S1 : savoir conventionnel 2.1. Consistance du scnario 2.2. Critres de comparaison 3. Le scnario du volontarisme nergtique S2 3.1. Consistance du scnario 3.2. Critres de comparaison 4. Le scnario du rgionalisme ouvert S3 4.1. Consistance du scnario 4.2. Critres de comparaison CONCLUSION : DE LA PROSPECTIVE LA PROACTIVIT ANNEXES LISTES DES FIGURES, ENCADRS ET TABLEAUX RFRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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INTRODUCTION
Toute tude prospective dun systme conomique et social moderne, comme celle entreprise dans le cadre de Maroc 2030 , requiert un traitement spcifique du rle de lnergie dans ce systme. Lconomie et la socit consomment de lnergie sous diffrentes formes, dont lintensit et la qualit dpendent de lusage fait des diffrents vecteurs nergtiques primaires (charbon, gaz ou ptrole) ou secondaires (lectricit). Lnergie est donc un facteur essentiel du dveloppement de lactivit humaine, et sa disponibilit revt un caractre stratgique. La proccupation civile pour le dveloppement durable est directement relie la conscience des limites plantaires de la disponibilit de certaines sources dnergie primaires. Cette proccupation justifie les actions politiques en vue de rduire les contenus nergtiques de la croissance conomique ou de modifier la structure de la consommation des vecteurs nergtiques en accordant plus dimportance aux nergies renouvelables. Que ce soit la consquence de politiques publiques diffrentes, de modles culturels propres chaque territoire ou encore dun dveloppement conomique diffrenci, le fait est que ces consommations dnergie par tte ou par unit de valeur ajoute dans la production sont trs diffrentes dun pays lautre et que la relation entre lnergie consomme et le bien-tre nest pas identique. Mme dans des pays ayant des niveaux de revenu et des conditions de vie assez similaires, comme par exemple dans les pays nordiques europens, les consommations spcifiques dnergie peuvent varier du simple au double (tableau 1, voir le Danemark et la Finlande). Ceci revient dire que lnergie consomme est en grande partie le rsultat dun choix de socit et que les marges de manuvre pour laction collective sont trs grandes. Tableau 1 Consommation dnergie pour un panel de pays : des marges importantes pour des choix de socit
Consommation dnergie par tte (TEP/hab) 2003 Sude Finlande Danemark Suisse USA Maroc
Source : AIE.
Consommation dnergie par PIB (TEP/PIB 1000$) 2003 0,21 0,30 0,13 0,11 0,22 0,25
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Introduction
Toutefois, le dveloppement des structures de production et de distribution de lnergie requiert des investissements lourds qui fixent pour longtemps les conditions territoriales de loffre et de la demande dnergie. Le capital productif dnergie ncessite plusieurs dcennies pour tre amorti. De ce fait, la politique nergtique est par dfinition une politique de long terme. La socit est libre de choisir son cadre nergtique, mais elle ne peut le modifier substantiellement que pour les prochaines gnrations. Ouvrir un dbat sur la politique nergtique cest ncessairement dbattre du futur, do lintrt de la prospective comme lment central de ce dbat. Dpourvu dabondantes ressources primaires dnergie et possdant un systme de production et de consommation encore peu dvelopp, le Maroc devra faire face au cours des vingt-cinq prochaines annes aux exigences de son dveloppement conomique en vue de satisfaire les besoins croissants de sa population, dans un contexte de globalisation et de comptitivit internationale. La russite dpendra en grande partie des choix qui seront faits en matire nergtique. Le but de Energie 2030 : quelles options pour le Maroc ? est dapporter de nouveaux clairages prospectifs aux dcisions collectives quimpliquent ces choix. La prospective devra mme aller plus loin : pour pouvoir choisir parmi des futurs alternatifs, il faut aussi avoir conscience des consquences de ces choix qui, tout en tant ouverts, ne sont pas entirement libres ; ils doivent satisfaire des contraintes financires, des contraintes extrieures telle que la possibilit dun accs privilgi des ressources nergtiques primaires maghrbines ou africaines et des contraintes technologiques pour dvelopper notamment des centrales lectriques solaires. La prospective Maroc 2030 sinscrit ncessairement dans le contexte de la politique conomique et sociale du prsent. En matire dnergie, un dbat national sur lnergie (Skhirat, 30 octobre 2006) encadre le lancement du Programme national de dveloppement des nergies renouvelables et de lefficacit nergtique et met en relief les efforts entrepris en matire de prospection minire, ainsi que le souci politique de modernisation et de libralisation du secteur lectrique marocain. Cest dans ce dbat en cours que lexercice de prospective initi, avec un sminaire sur les enjeux et les dfis de la prospective nergtique du Maroc (Casablanca, 9-10 juin 2006), prend tout son sens. Le prsent rapport qui constitue une nouvelle pice apporte aux dossiers qui alimentent le dbat socital marocain sur les grands choix nergtiques du futur, est structur en quatre chapitres. Le premier chapitre de ce rapport tablit des dfinitions indispensables pour la clart de ce dbat national ; il vise prciser le rle de lnergie dans le systme conomique et social global. Le second chapitre, ncessaire pour comprendre limportance de la contrainte externe, condense le contenu gostratgique de lnergie lchelle mondiale partir des travaux de prospective nergtique qui abordent cette dimension spatiale. Cest dans ce contexte gostratgique que le Maroc devra prendre les dcisions du prsent. Dans le troisime chapitre, lattention se concentre sur les tendances lourdes de lnergie au Maroc, surtout du ct de la demande et des processus qui dfinissent ses caractristiques : croissance conomique et dmographique, urbanisation, structure agricole et industrielle, etc. 12
Dans le quatrime chapitre, les tendances lourdes permettent dtablir un scnario tendanciel qui sert de rfrence pour la description de deux scnarios alternatifs : un scnario avec une forte croissance des investissements lourds en matire de production lectrique et un scnario avec un relachement de la contrainte extrieure (avec un codveloppement caractre rgional). Les scnarios se comparent suivant de nombreux critres dont la durabilit, la scurit, la technologie, leffort financier ou lacceptabilit sociale. Les conclusions rsument lapport possible de la rflexion prospective au processus dlaboration des politiques nergtiques et recommandent des procdures permettant au dbat public sur lnergie de devenir un facteur de dynamisation de laction publique et prive dans ce secteurcl de lconomie marocaine.
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Le dveloppement durable est au cur de la conceptualisation du souhaitable par la socit contemporaine, si lon entend par durabilit un ensemble multidimensionnel de facteurs conomiques, sociaux et cologiques qui incluent linnovation, la comptitivit et la dmocratie et qui aboutissent, en fin de compte, la protection de lenvironnement et la conservation des ressources naturelles. Lnergie est au cur de cette problmatique ; elle fixe des prix essentiels pour le fonctionnement des marchs ; elle tablit des normes importantes du bientre ; elle gnre des nuisances et consomme des ressources. Source dexternalits positives et ngatives, la gestion de lnergie est dterminante pour la durabilit des systmes conomiques modernes. En mme temps quelle fait face au dfi du dveloppement durable, la socit contemporaine doit aborder la problmatique de la globalisation dans ses multiples dimensions : globalisation de la finance, qui fait que par-dessus les frontires nationales, lpargne mondiale est, aujourdhui, si abondante que lopportunit de financer les projets en fonction de leur rentabilit conomique est grande ; globalisation de lindustrie et de la technologie qui rend possible le saut dtapes autrefois essentielles dans les processus productifs ; globalisation de lenvironnement avec, par exemple, de graves consquences sur le changement climatique. Dans le processus de la globalisation, lnergie est aussi au cur du dbat avec les risques et incertitudes associs aux diffrentes sources dapprovisionnement, avec les forces cartellaires et les oprations spculatives qui affectent les prix et les marchs ou avec les pollutions de lair, des mers ou des sols. Avant daborder lexercice de prospective Energie 2030 , il est opportun danalyser en dtail les caractristiques de lnergie qui lui confrent une position si centrale et dterminante au sein des circuits conomiques, dans la dfinition des contraintes et des risques systmiques et dans la conceptualisation du dveloppement durable. Ces considrations dordre gnral, assorties dlments essentiels de la diffrenciation de la situation nergtique du Maroc, permettront de dlimiter le champ conomique et social de prospective Energie 2030 .
La microconomie de lnergie se caractrise par lexistence dimportantes conomies dchelle qui rendent peu plausibles les marchs de concurrence parfaite ; de plus, du ct de la demande dnergie, les lasticits prix sont faibles court terme, ce qui renforce la domination des producteurs et oblige souvent une rgulation publique leve des marchs. Lnergie est de ce fait, dans tous les pays et dans toutes les circonstances, un ensemble complexe de biens et services dont les marchs sont soumis dinnombrables interventions publiques. Les tudes macroconomiques ont montr le rle dterminant de lnergie dans la fonction de production agrge des conomies contemporaines et la faiblesse des possibilits de choix entre le capital et le travail. Lnergie est un facteur indispensable pour la croissance conomique. Cest au niveau msoconomique que le rle de lnergie peut tre le mieux peru, tant sur le plan du dveloppement institutionnel que sur celui de lconomie spatiale et, plus particulirement, sur celui des interdpendances sectorielles. Si lon partitionne un systme conomique et social (reprsent par une matrice de comptabilit sociale) entre un sous-systme nergie (SE) et le reste de lconomie (RE), limportance des interdpendances devient vidente. Figure 1 Matrice de comptabilit sociale partitionne
Energie (SE) Reste du systme (RE)
Energie (SE)
SE SE
SE RE
RE SE
RE RE
Alors que la matrice SE-SE reproduit les interactions lintrieur du secteur conomique, interactions parmi lesquelles la production dnergie secondaire lectrique partir de ressources primaires occupe un lieu prpondrant, la matrice SE-RE montre les utilisations dnergie finale par les entreprises et les mnages dont le spectre est trs vaste : des carburants pour le transport et le chauffage jusqu llectricit pour lclairage ou pour les moteurs. Cette demande dnergie finale du reste de lconomie est celle qui mobilise les investissements nergtiques et structure la production des diffrents vecteurs nergtiques. Mais la relation entre le reste de lconomie et le sous-systme nergtique nest pas unidirectionnelle ; linterdpendance se rtablit dans le retour impos par les demandes propres au sous-systme nergtique. Dans la matrice RE-SE sexpriment les besoins dimportation des nergies non satisfaites par les productions locales ainsi que les besoins de biens et services, de travail et de capital des producteurs dnergie en vue de rpondre leurs activits de production et dinvestissement. Ces demandes du sous-systme nergtique activent la dynamique de lconomie releve dans la matrice RE-RE, avec ses effets acclrateurs et multiplicateurs, et son tour cette dynamique conomique entrane de nouvelles demandes dnergie dans la matrice SE-RE. 16
Lnergie est le principal rouage du circuit conomique dans lequel toute activit est la fois cause et consquence de la croissance.
Efficience
Equit
Equilibre cologique
Politiques intgres
Prix
Valeurs
INSTRUMENTS
Technologies
Une nergie compatible avec les objectifs du dveloppement durable est sur le plan des prix une nergie qui internalise les cots externes quelle gnre et en particulier qui intgre le cot final pour lhumanit de lutilisation des ressources fossiles plantaires. Cest donc une nergie chre, dont le prix doit tre cadr sur celui de la ressource solaire inpuisable. Sur le plan des valeurs, une nergie compatible avec le dveloppement durable prconise des styles de vie conomes en nergie et opposs au gaspillage. Sur le plan des technologies, le dveloppement durable demande des innovations permettant de remplacer les hydrocarbures qui interviennent dans les moyens de transport par de nouveaux combustibles renouvelables et non polluants ou offrant de meilleurs rendements de lexploitation de lnergie solaire. Que ce soit sur le plan des prix, sur celui des valeurs ou encore sur celui des technologies, lvolution est encore lente, les changements sont volutifs, et les modles de production et de consommation de lnergie sont pour le moment peu enclins la durabilit. Lmergence de nouveaux pays, comme la Chine, en suivant les modles nergtiques des pays plus avancs, a dj montr les aspects critiques des quilibres globaux associs ces modles. La non-durabilit du modle nergtique plantaire actuel a t confirme par les ruptures qui se sont produites sur les marchs du ptrole ou du gaz et par la monte des tensions mondiales. Par-del des processus de libralisation souvent indispensables pour un meilleur fonctionnement des marchs, la durabilit impose des contraintes qui requirent de nouvelles formes de rgulation ; cest de cette ncessit que sont nes les taxes spcifiques sur certaines nergies ou encore les marchs de droits dmission de gaz effet de serre, les normes techniques sur les missions industrielles ou les mesures financires dencouragement linstallation de panneaux solaires.
problmatique justifie lintrt prioritaire que doit lui attribuer une tude de prospective nationale comme Maroc 2030 . Dans le cas du Maroc, une problmatique spcifique au pays rend encore plus urgente et ncessaire la prospective nergtique. Certaines activits fortes consommatrices dnergie dans les pays industriels avancs sont encore relativement peu dveloppes au Maroc (cest le cas du transport automobile ou de la climatisation). Llectrification rurale ou laccs au butane ne sont pas totalement achevs. Une brche nergtique persiste au sein de la socit marocaine, au mme titre quil y a une brche digitale dans les technologies de linformation. Dans ce contexte spcifique du Maroc, alors que le pays est dj fortement dpendant de lextrieur en matire nergtique, de grands choix se posent en matire de projets structurants. Ce sont des choix relatifs aux investissements (par exemple dans le domaine lectrique), et aussi la rgulation, au rle du march et aux mcanismes de gnralisation de laccs lnergie. Paralllement la recherche de lefficacit nergtique, la poursuite de la libralisation et de la scurit nergtique, qui simposent, quels choix et arbitrages stratgiques entre les diffrentes filires et quels sauts technologiques simposeront au Maroc ? Le dveloppement des nergies renouvelables, encore chres aujourdhui mais disposant dun march porteur de plus en plus sr avec le raffermissement de la proccupation cologique, reposerait sur une politique volontariste, soutenue et de co-dveloppement dans un cadre euro-mditerranen construire et pour lequel le Maroc devrait davantage simpliquer. Le dveloppement du gaz est une opportunit indniable pour le pays. Il requiert des implications sur le plan gopolitique pour asseoir, terme, une coopration rgionale et mditerranenne dans un contexte de partenariat largi, ce qui appellerait prparer, moyen terme, le cadre institutionnel et linfrastructure portuaire ncessaires. Pour le nuclaire, le pays serait interpell pour un signal fort en direction de tous les partenaires conomiques et sociaux pour les fixer sur le sort rserv cette option et leur donner plus de visibilit. Dans ce cadre, il y aurait lieu dtre attentif un certain nombre de domaines qui, tant donn les risques spcifiques, devraient tre traits avec attention et matrise. Ils concernent notamment les risques financiers, lorganisation du rseau lectrique de distribution, le traitement des dchets nuclaires et la mise en place dune autorit de sret rellement indpendante qui impose deux vertus majeures, garantes de bonnes performances : la transparence et lacceptation des contrles. Le nuclaire est une industrie de haute technologie prsentant certains risques connus et identifis. Elle est donc exigeante en comptence, en savoir-faire et en matrise organisationnelle. La russite dune implantation de racteurs ncessite une volont politique maintenue dans la dure, des partenariats troits avec lAgence internationale de lnergie atomique (AIEA), avec des pays ayant une grande exprience des racteurs nuclaires et avec des firmes industrielles fortement impliques dans la russite du projet. Ce sont tous ces choix qui, devant tre ouverts au dbat public, requirent la transparence quoffrent les scnarios prospectifs.
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Le monde a vcu pendant un sicle et demi avec une nergie abondante et bon march. Cette poque est rvolue. Avec lpuisement des rserves, on va vers un monde o l'nergie sera plus chre. Depuis 2004, la question de l'nergie est indissociablement lie la question de l'environnement et du changement climatique. C'est un phnomne nouveau, de plus en plus fort et global, de plus en plus proccupant et, en mme temps, plein de risques et dincertitudes.
Les dlais de construction et de mise en service des centrales nuclaires tant de lordre de 10 15 ans, le nombre de projets actuels semble devoir limiter les prvisions moins de 1 GTEP en 2020 (0,6 en 2005). Par ailleurs, les problmes d'acceptation par le public pourraient entraner une rvision en baisse. Bien quen forte progression en termes de taux de croissance, les nergies renouvelables ne reprsenteront quune faible part du bilan nergtique dans 20 ou 30 ans. Les nouvelles filires dnergie renouvelable, olienne, solaire et biomasse, devraient au plan mondial se situer en de de 1 GTEP. La consommation dnergie non commerciale, essentiellement constitue de bois, de dchets vgtaux et animaux, est estime environ 1,5 GTEP actuellement. Sa consommation devrait voluer en fonction de la croissance dmographique et du prix des nergies concurrentes dans les pays en voie de dveloppement. Dans ce contexte, le monde nergtique est devenu compltement global, d'une tonnante complexit avec des risques et beaucoup d'incertitudes et o la dcision stratgique des entreprises et les politiques nergtiques des gouvernements sont devenues beaucoup plus difficiles qu'elles ne pouvaient l'tre il y a une vingtaine d'annes. Certains conomistes prdisent que l'ajustement de la demande et de l'offre d'nergie se fera, comme par le pass, par les prix au dtriment cependant des plus pauvres de la plante. La plupart des spcialistes pensent plutt que nous sommes un tournant particulier de l'histoire, car la demande crot, le peak oil sera atteint dans quelques annes et les rserves en hydrocarbures s'puiseront dans un demi-sicle.
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Dans ce scnario, lnergie fossile (charbon, ptrole, gaz) resterait prpondrante dans la demande globale, passant de 80 % en 2002 82 % en 2030. La part des nergies renouvelables passerait presque 13 %, alors que celle de lnergie nuclaire voluerait de 6,7 % 4,5 % sur la mme priode. Avec un taux de croissance annuel moyen de 1,6 %, le ptrole resterait dominant dans le mix nergtique, passant de 35,5 % (77 millions de barils par jour en 2002) 35,7 % (121 millions de barils par jour) en 2030. Lusage du ptrole serait concentr dans le secteur des transports hauteur de 54 % en 2030 (47 % en 2002 et 33 % en 1971). La demande en gaz naturel augmenterait au rythme annuel moyen de 2,3 % sur la priode, soit une consommation en 2030 en augmentation de 90 % par rapport celle de 2002. Sa part dans le mix nergtique passerait de 21 % en 2002 25 % en 2030. Le secteur de llectricit serait responsable pour 60 % de cette croissance, et sa part dans la demande de gaz passerait de 36 % en 2002 47 % en 2030. Cette tendance est gnrale pour tous les pays, principalement pour ceux en dveloppement o la demande en lectricit connatrait une croissance plus rapide. Le charbon enregistrerait une augmentation annuelle moyenne de la demande de 1,5 % au cours de la mme priode, soit une augmentation globale de 50 % par rapport 2002 et une part en 2030 dans le mix nergtique proche de 22 %. La Chine et lInde constitueraient les deux tiers de la demande cet horizon. La demande globale de nuclaire, de biomasse et dautres nergies renouvelables verrait leurs parts passer respectivement de 7 % 5 %, de 11 % 10 % et de 0,5 % 1,5 % entre 2002 et 2030. Lintensit nergtique globale, exprime par la consommation dnergie primaire par unit de PIB, connatrait un taux de croissance moyen annuel de 1,5 % sur la priode, avec des rythmes diffrents selon les rgions du monde, refltant le niveau de leur dveloppement conomique, les prix de lnergie, le climat, la gographie, la culture et les modes de vie. Pour les pays en dveloppement, ce taux passerait de 0,9 % pour la priode 1971-2002 1,6 % pour la priode 2002-2030, alors quil chuterait drastiquement pour les conomies en transition, suite une amlioration continue de leur efficacit nergtique et dont la structure conomique voluerait dune industrie lourde une industrie lgre et de services. Figure 4 Intensit de lnergie primaire
0,7 0,6 0,5 TEP pour mille $ du PIB (PPA) 0,4 0,3 0,2 0,1 0 1970 1980
OCDE
1990
2000
2010
2020
2030
Economies en transition
Pays en dveloppement
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Entre 2002 et 2030, la demande nergtique mondiale, proviendrait pour ses deux tiers des pays en dveloppement, 26 % des pays de lOCDE et 8 % des pays en transition. La part des pays de lOCDE et des pays en transition dans la demande mondiale dnergie baisserait respectivement, entre 2002 et 2030, de 52 % 43 % et de 10 % 9 %, pendant que celle des pays en dveloppement crotrait de 38 % 48 %. Laugmentation de cette dernire traduirait la croissance rapide de leur conomie et de leur population, booste par lindustrialisation et lurbanisation. Figure 5 Structure de la demande nergtique mondiale (2002-2030)
2002 Pays en dveloppement
38 % 10 %
OCDE
52 %
OCDE
43 %
Mtoe : Millions of tonnes oil equivalent (Millions de tonnes quivalent ptrole) Source : AIE, World energy outlook 2004.
Les secteurs des transports et de la production dnergie absorberaient plus de 60 % de la demande globale dnergie lhorizon 2030, cette part tant en 2004 de 54 %. La demande nergtique, en relation avec lvolution de la mobilit et des besoins en services, faisant appel llectricit, crotrait en fonction du PIB, mais un rythme moindre que par le pass. La demande des secteurs des transports, de lindustrie, des mnages, des services et de lagriculture voluerait un taux annuel moyen de 1,6 % entre 2002 et 2030, soit un taux similaire celui de la demande globale. Figure 6 Structure sectorielle de la demande nergtique mondiale (1971-2030)
100% 80% 60% 40% 20% 0% 1971 2002 2010
Autre transformation Autres
2030
Transports
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La consommation mondiale de llectricit va presque doubler entre 2002 et 2030, et sa part va passer de 16 % 20 %. La part de la consommation de ptrole va galement crotre de 43 % 45 %, corrlativement avec la croissance rapide de la demande des transports, spcialement dans les pays en dveloppement. Tableau 3 Consommation finale mondiale (en millions de TEP)
Rubriques Charbon Ptrole Gaz Electricit Cognration Biomasse Autres nergies renouvelables Total 2002 502 3 041 1 150 1 139 237 999 8 7 075 % 7 43 16 16 3 14 0 100 2010 516 3 610 1 336 1 436 254 1 101 13 8 267 % 6 44 16 17 3 13 0 2030 526 5 005 1 758 2 263 294 1 290 41 % 5 45 16 20 3 12 0 100 2002-2030* en % 0,2 1,8 1,5 2,5 0,8 0,9 6,2 1,6
100 11 176
* Taux de croissance moyen entre 2002 et 2030. Source : AIE, World energy outlook 2004.
Ces performances long terme, labors rcemment par lAgence internationale de lnergie, reposent sur des analyses approfondies des tendances rcentes et refltent le savoir conventionnel des meilleurs experts conomiques mondiaux. Le monde en 2030 se trouvera dans un contexte nergtique encore plus tendu que celui que nous vivons aujourdhui.
Le grand problme du sicle est d'arriver concilier toutes les demandes d'nergie et toutes les technologies pour, notamment, dvelopper les pays du Sud pour lesquels 2 milliards d'individus n'ont pas encore accs aux ressources d'nergie modernes, tout en faisant face aux problmes de changements climatiques et d'environnement. C'est la premire fois dans l'histoire de l'humanit que l'on se rend compte que l'on a affaire un bien public collectif appartenant 6 milliards d'individus (9 milliards avant la fin du sicle) et qu'une gestion collective de ce bien s'impose de plus en plus, ce qui n'exclut pas une remise en cause des fondements conomiques eux-mmes. Les grands dfis de lnergie se dclinent en quatre axes : la lutte contre les effets de serre et la responsabilit des Etats ; le dcalage entre l'offre et la demande d'nergie et les besoins importants en investissements ; l'instabilit de certaines rgions productrices d'hydrocarbures ; la scurit du fonctionnement du march mondial du ptrole.
9 417 16 771
12 446 15 833
2 444 3 501
23 579 38 214
Le ptrole serait responsable pour 37 % de l'augmentation des missions de CO2 au cours de la priode 2002-2030 contre 33 % pour le charbon et 30 % pour le gaz naturel qui, bien que ses missions augmenteraient plus rapidement et doubleraient, limiterait sa part 24 % en 2030 contre 21 % en 2002, pendant que celles du ptrole et du charbon passeraient respectivement de 41 % 39 % et de 33 % 36 %. 26
30 000
20 000
10 000
2000
Fuel
2010
Gaz
2020
2030
Plus des deux tiers de l'augmentation des missions de gaz proviendraient des pays en dveloppement qui rattraperaient, ds 2020, l'OCDE principal responsable des missions globales. Ces manations, qui en 2002 reprsentaient les deux tiers de celles de lOCDE, dpasseraient en 2030 ces dernires de 16 %. La part respective des missions de lOCDE, des pays en transition et des pays en dveloppement, qui tait de 54 %, 10 % et 36 % en 2002, passerait en 2030 respectivement 42 %, 9 % et 49 %. La forte croissance conomique de la Chine et lintense utilisation du charbon dans lindustrie et la production dlectricit chinoises conduiraient une augmentation, pour ce seul pays, de 3 837 millions de tonnes dmissions de CO2, soit plus du quart de l'augmentation des missions mondiales. D'autres pays asiatiques, notamment lInde, contribueraient galement une forte augmentation des missions globales. Figure 8 Evolution des missions de CO2 par catgorie de pays (1970-2030)
20000
14000
12000
8000
OCDE
Economies en transition
Pays en dveloppement
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La limitation 2 C du rchauffement climatique au cours de ce sicle imposerait de diviser par deux les missions de gaz effet de serre dici 2050. La prise en charge de cette contrainte par les seuls pays dvelopps leur ferait obligation de diviser par quatre leurs missions sur cette priode. Encadr 1. Propositions de Princeton : Rfrence pour la lutte contre leffet de serre
14 filires dintervention large chelle ont t dgages pour lutter contre leffet de serre, chacune ayant un potentiel de rduction des missions de carbone dun milliard de tonnes par an, soit peu prs 3,5 milliards de tonnes de CO2 lhorizon 2050, lquivalent de 1/7e des missions actuelles. Parmi ces solutions : le remplacement de 1 400 grandes centrales charbon par des centrales gaz naturel de 1 GW chacune ; le remplacement de 700 centrales charbon par des centrales nuclaires d'une capacit double de celle du parc actuel ; la diffusion des plus rcentes technologies dconomie dnergie lensemble des logements et difices commerciaux pour la rduction de 25 % des missions de ce secteur ; la production de 34 millions de barils par jour de biocarburants, soit l'utilisation de 250 millions dhectares de terres, l'quivalent du sixime des superficies mondiales ; linstallation de 2 millions doliennes dans le monde, soit 50 fois la capacit actuelle ; la multiplication par 700 du nombre de panneaux solaires installs ; la division par 2 de la consommation moyenne des vhicules ; la squestration de CO2 de 800 centrales lectriques charbon.
La lutte contre leffet de serre reprsente pour lensemble de la communaut internationale un projet extrmement coteux. Qui supporterait donc cette charge ? Les pays dvelopps, responsables en deux sicles dindustrialisation de ltat prsent de notre atmosphre ? Les pays mergents, dont le dveloppement pse dj et pourrait peser de plus en plus lourd dans laggravation du changement climatique ? Sans oublier certains pays du Sud-est asiatique avec les consquences de lusage intensif du charbon sur la scurit alimentaire des populations et des missions de soufre qui dtruisent les rcoltes de riz et polluent leau.
forte intensit capitalistique. Malgr leur hausse, les prix du march ne sont pas encore compatibles avec la ralisation de nombreux nouveaux investissements, et leur volatilit augmente lincertitude pour les investisseurs. Do la situation actuelle, o les investissements raliss se trouvent en de du seuil ncessaire pour rpondre la demande croissante des besoins nergtiques. Figure 9 Les besoins en investissements nergtiques (de 2002 2030)
OCDE Amrique nord OCDE Europe OCDE Pacifique Economies en transition Chine Autres pays dAsie Moyen Orient Afrique Amrique latine 0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500
billions $ (2000)
Charbon Fuel Gaz Electricit
(1) Le volume des crances accumules sur l'tranger expose les pays asiatiques au risque d'effondrement du dollar. Une dvaluation de 25 % engendrerait, par exemple pour la Chine, des pertes suprieures 10 points de son PIB, ce qui appelle ces pays s'manciper de cette surexposition ce risque. La banque populaire de Chine a dj annonc son intention d'abandonner ce systme d'ancrage fixe au dollar au profit d'un flottement vis--vis d'un panier de devises. Par ailleurs, l'conomiste Martin Feldstein, de l'universit de Harvard, grand spcialiste du systme montaire et expert influent sur la politique amricaine, approuve qu'un ajustement d'au moins 40 % du dollar serait requis et suggre le passage d'un dollar fort un dollar comptitif.
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lAmrique latine et toutes les rgions o lampleur des investissements chinois risque, la longue, de se heurter aux intrts dautres grands pays consommateurs. Une bonne partie de la solution au dfi de l'approvisionnement nergtique du monde est lie la nature du march ptrolier lui-mme. En effet, le ptrole restera incontournable et constituera encore entre 35 et 40 % de lnergie primaire consomme sur la plante. Or, le ptrole reprsente un march mondial, largement intgr, sans march rgional captif. Lquilibre entre loffre et la demande sy tablit par le prix du baril, qui chappe tout autre arbitrage que celui du march spot. Il en rsulte que la scurit de lapprovisionnement de tout pays dpend dabord de la scurit du fonctionnement du march mondial lui-mme, qui est de la responsabilit collective de tous les Etats.
3. Approches gostratgiques
Les tensions sur les prix peuvent aboutir une aggravation des tensions sociales mondiales, des ingalits et donc un environnement violent avec des conflits et des guerres, ce que ne souhaiterait probablement pas la communaut internationale et, en tout cas, n'honorerait pas ceux qui s'en seraient servis. Il y a donc une srie d'incertitudes conomiques, technologiques et de rgulation qui interpellent les diffrents niveaux de dcision et de pouvoir pour une prise en compte responsable, juste et quitable de la proccupation environnementale et du changement climatique, une transparence dans l'utilisation des recettes du ptrole et une rgulation mondiale et rgionale. Les dangers dun climat conflictuel grandissant dans le domaine de lnergie ont aujourdhui acquis une dimension plantaire. L'nergie est, certes, un secteur qui fait appel de plus en plus une coopration internationale. Historiquement, celle-ci fut initie lors des premires exportations de ptrole russe en Europe la fin du XIXe sicle par Ludwig et Robert Nobel. Aprs moult tensions dans les relations entre pays exportateurs de ptrole et pays consommateurs depuis le premier choc ptrolier, celles-ci se sont modifies, notamment au dbut des annes 90. Le dialogue entre producteurs et consommateurs, entre lAgence internationale de l'nergie et lOPEP, s'est amlior et poursuivi pendant prs de dix ans, sous le nom actuel de Forum mondial de lEnergie . Le dialogue est ax sur lchange de donnes, la transparence accrue des informations relatives loffre et la demande, la coopration entre les pouvoirs publics et lindustrie ptrolire et une meilleure comprhension des deux cts du march. En 1990, le Conseil de lUnion europenne a tabli le trait et le protocole sur la Charte de lnergie visant promouvoir la coopration industrielle entre les pays de lEurope de lOuest et ceux de lEurope de lEst et de lex-URSS, en instituant des garanties juridiques dans les domaines de l'investissement, des transports et du commerce. Plus rcemment, la coopration entre les Etats-Unis et la Russie sest renforce. En 2002 et 2003, deux sommets sur lnergie commerciale ont runi de grandes socits russes et amricaines de ptrole et de gaz afin d'tudier les possibilits dinvestissement en Russie et damlioration de linfrastructure nergtique. La coopration politique dans le secteur de lnergie est alle crescendo, donnant lieu ces dernires annes des projets prometteurs financs par des socits, tels que loloduc BakouCeyhan, entrepris par la socit BP du Royaume-Uni, la socit ptrolire tatique de la Rpublique dAzerbadjan et les socits Unocal des tats-Unis et Statoil de la Norvge, qui 31
permet aujourd'hui de relier la production ptrolire de la mer Caspienne lEurope, grce des installations dexportation situes Ceyhan (Turquie). En perspective, il est prvu dexporter du gaz naturel de lle russe Sakhaline vers le Japon, ventuellement vers la Chine et peut-tre mme vers la cte ouest des tats-Unis. Dans le monde entier, les marchs nationaux et rgionaux de lnergie ont t globalement plus ouverts quils ne lont jamais t au commerce, la concurrence et aux investissements trangers. Mme des pays comme lArabie saoudite ou le Mexique, dont lindustrie ptrolire reste nationalise, ont coopr avec des socits trangres dans le cadre de projets dexploitation du gaz naturel. Si le Mexique sassocie des socits dexploitation internationales dans le cadre daccords de contrat de louage de services, lArabie saoudite fait appel des investissements trangers dans le secteur du gaz naturel pour la premire fois depuis la nationalisation de son secteur ptrolier en 1975. Ces socits viennent du monde entier, de Russie et de Chine, dItalie, dEspagne, du Royaume-Uni et de France. Actuellement, on assiste un changement significatif du paysage nergtique. La libralisation des marchs se ralentit paradoxalement et, selon de nombreux investisseurs, les marchs ne sont finalement pas si ouverts qu'on le pensait pour parvenir une transparence suffisante et une vritable concurrence. On se demande, aujourd'hui, comment le march peut vritablement concilier les besoins divergents des diffrents intervenants et favoriser la coopration qui a commenc progresser au cours des dernires annes.
privilgies avec des pays producteurs de ptrole et de gaz et maintenir une indispensable industrie nuclaire. LEurope donnerait-elle la priorit une politique nergtique commune, et donc laborerait-elle, avant l'chance de 2012 fixe par le Protocole de Kyoto, une politique de lnergie qui tienne compte des tensions nergtiques, du dsordre international et aussi des avantages qu'elle a en matire de recherche et dveloppement dans les domaines du nuclaire et des autres sources dnergie ? Les Etats-Unis, membres de l'OCDE et du Forum mondial de l'nergie, sont des acteurs importants dans la stratgie nergtique mondiale. Ils ont labor une politique nergtique de grande porte pouvant tre considre comme une feuille de route pour la communaut internationale. Pour eux, la scurit nergtique est base sur la conciliation entre la croissance de la production et une utilisation plus importante de sources dnergie propres et rendement lev, le renforcement des rapports avec les pays consommateurs et producteurs, le dveloppement et la diversification des sources dapprovisionnement et lencouragement de la prise de dcision fonde sur la concurrence et sur une politique stimulant lefficacit. La politique est surtout axe sur l'utilisation d'un systme nergtique de pointe, bas sur de nouvelles technologies qui promettent une modification en profondeur de la faon de produire et de consommer lnergie, ainsi que sur lutilisation de technologies moins polluantes et meilleur rendement. Linitiative amricaine Freedom CAR and Hydrogen Fuel promet prcisment cela. Lhydrogne pourra tre produit partir des nergies renouvelables, du nuclaire ou des combustibles fossiles, notamment du mthane hydrat ou du charbon. Cette initiative reprsente un engagement envers une conomie fonde sur lhydrogne qui a dj suscit un grand enthousiasme dans le secteur nergtique et chez les constructeurs dautomobiles, le secteur des transports tant la deuxime activit mettrice de gaz effet de serre, aprs llectricit. Le projet FutureGen est une deuxime initiative amricaine qui porte sur la conception, la construction et lexploitation de la premire centrale au charbon sans mission de carbone. En collaboration avec le secteur priv, ce programme fera appel aux technologies les plus rcentes pour la production de llectricit et de lhydrogne et pour la squestration du carbone. La collaboration internationale est un lment essentiel de la stratgie dans le domaine de la technologie. Dans ce cadre, les Etats-Unis ont t lorigine de la formation du Partenariat international pour lconomie de lhydrogne (International Partnership on the Hydrogen Economy, PHE) dans le but de coordonner et accrotre les programmes multinationaux de recherche sur lhydrogne. Par ailleurs, le Multilateral Carbon Sequestration Leadership Forum tablit un cadre de coopration internationale sur les technologies de squestration du carbone. Les 16 pays membres de ce Forum sont invits participer au projet FutureGen. Quant au nuclaire, le programme Gnration IV (Generation IV International Forum) du ministre amricain de lnergie, auquel participent 10 partenaires trangers, porte sur la conception de nouveaux racteurs fission susceptibles de produire de nouveaux combustibles comme lhydrogne. Les Etats-Unis ont dj annonc en 2003 leur disposition sassocier au projet de racteur thermonuclaire exprimental international (ITER).
sino-africain (FOCSA) et la visite de grands responsables du rgime en gypte, au Gabon, en Algrie et dans plusieurs pays africains dont le Nigeria, le Cap-Vert, la Libye et le Mali. Indiscutablement, la Chine voit dans l'Afrique un vritable rservoir de matires premires nergtiques et minires indispensables sa croissance conomique. Elle a dmarr son implantation ptrolire dans des tats en litige avec la communaut internationale (Soudan, Libye puis Angola), travers une association dans le cadre de consortiums avec la China National petroleum Corporation (CNPC). En 2005, la CNPC a acquis en Mauritanie 65 % du bloc 20 (zone de prospection de presque 11 000 km2 situe le long de la frontire terrestre avec le Sngal, 200 km au sud de la capitale). Au Mali, la production de ptrole pourrait dbuter avant 2010 et le bassin de Taoudeni, la frontire avec la Mauritanie, suscite les plus grands espoirs. L'tablissement de relations diplomatiques avec le Sngal en 2005 devrait faciliter les prospections des socits ptrolires de la Chine qui souhaite largir sa prospection ptrolire l'ensemble de l'Afrique, notamment au golfe de Guine. En 2006, une visite de Li Zhaoping au Nigeria a permis la signature de plusieurs contrats. La CNOOC (China National Offshore Oil Corporation, entreprise nationale charge de la prospection offshore) a acquis une participation de 45 % dans le gisement d'Akpo, dont elle est devenue l'oprateur principal, aux cts de Total et de Petroleo Brasileiro. Paralllement lexploration et l'exploitation des hydrocarbures, la Chine sintresse leur acheminement. Les projets d'oloduc sont encore prmaturs, mais le Bnin, disposant de plusieurs atouts, pourrait prochainement devenir un point de passage cl pour le ptrole d'Afrique de l'Ouest. La Chine dploie en lAfrique beaucoup d'efforts afin d'obtenir de nouvelles concessions ptrolires, toujours par le biais du mme modus operandi, la conjugaison dun appui financier et dun appui diplomatique. Elle apporte ses fournisseurs une importante assistance conomique, technique et commerciale dont la construction dinfrastructures routires, ferroviaires et hydrauliques. La Chine assure un appui diplomatique de premier ordre, de nombreux dirigeants africains trouvant en elle le protecteur peu exigeant quant la nature de leur rgime et un pourvoyeur darmes. L'Inde, deuxime grand pays mergent de lAsie, devrait devenir, avant la fin de la dcennie, le troisime consommateur mondial de ptrole, aprs les tats-Unis et la Chine. Depuis 2003, la socit nationale Oil and Natural Gas Corporation (ONGC), par le biais de sa filiale ONGC Videsh Limited (OVL), a multipli les investissements l'tranger, principalement en quateur, au Myanmar et dans l'le de Sakhaline en Russie. Paralllement son grand intrt pour la mer Caspienne et l'Asie centrale, elle a surtout nou dtroites relations avec le Venezuela et l'Iran. Mais lInde a poursuivi sa diversification en se tournant, depuis deux ans, vers l'Afrique o elle conduit une diplomatie ptrolire particulirement active, notamment en Afrique orientale, o les prsences amricaine et chinoise restent limites. En Tanzanie, au Kenya, en Ouganda et Madagascar, les recherches gologiques effectues par les Indiens semblent courronnes de succs. Au Soudan, ONGC a profit du dpart de la socit canadienne Talisman pour lui racheter ses parts dans les champs de Heglig et de Unity, et une autre entreprise indienne prive, Videocon, a sign avec le gouvernement soudanais un accord l'autorisant raliser des forages offshore. En Libye, ONGC a galement investi et possde une participation de 49 % dans les blocs NC-188 et NC-189. Cette compagnie est galement implante en Cte d'Ivoire, o la prospection s'avre prometteuse, et en gypte, o elle a obtenu le droit de 34
prospection dans la rgion de Ramadan, proximit du golfe de Suez, en association avec l'amricain IPR Energy Red Sea. Dans l'Afrique francophone, l'initiative la plus importante est dnomme Team-9, projet de coopration technique, lance en 2004, o l'Inde sengage vis--vis de huit pays d'Afrique de l'Ouest (le Ghana, le Burkina Faso, le Tchad, la Cte d'Ivoire, la Guine quatoriale, la Guine-Bissau, le Mali et le Sngal) accorder un demi-milliard de dollars sous forme de crdits, d'aides et de transferts de technologie. LInde a propos la Guine-Bissau, en 2005, un prt de 70 millions de dollars (sur vingt ans, un taux prfrentiel de 1,7 %). Pour amliorer son image de marque, lInde dsire promouvoir un partenariat quilibr avec ses fournisseurs africains en multipliant les investissements dans dautres secteurs conomiques (textile, industrie pharmaceutique, raffinage) et en contribuant leurs exportations. L'Inde est dsormais le premier client du Sngal.
comme au Mali ou en Cte d'Ivoire, le ptrole rcemment mis en valeur a surtout attis les rivalits politiques. Au Tchad, le gouvernement actuel est confront une opposition marque et la multiplication dactes de rbellion. Les frontires maritimes dans le delta du Niger et le golfe du Bnin font l'objet de multiples litiges. La presqu'le de Bakassi, occupe par le Nigeria, est revendique par le Cameroun. La Guine quatoriale a galement plusieurs litiges maritimes frontaliers avec le Gabon sur l'lot Mbani et avec le Nigeria concernant la dlimitation exacte des frontires maritimes. En change d'une troite coopration, les grandes puissances souhaitent influencer la politique trangre des pays africains. Les tats-Unis, en particulier, comptent largir leur influence politique au-del de l'Afrique anglophone, notamment avec l'initiative Pan Sahel visant mieux protger les frontires poreuses des pays d'Afrique de l'Ouest et combattre les mouvements islamistes. Face ces dfis, les Etats producteurs de ptrole dAfrique dploient des efforts pour renforcer leurs capacits de ngociation avec les firmes ptrolires trangres travers une meilleure connaissance de leur industrie ptrolire. Le dernier forum ddi ce sujet a dj permis de faire une critique constructive des pratiques en vigueur dans la rgion et de demander aux autorits de penser lavenir, notamment celui des gnrations futures, en particulier quant lutilisation des revenus gnrs par le ptrole. Dans cette optique, lEurope peut jouer un rle en se rapprochant des pays du continent et en participant la conception des interconnexions, en construction ou futures, des rseaux doloducs gaziers et ptroliers reliant notamment les pays du golfe de Guine et le Maroc via la Mauritanie, dont les rcentes dcouvertes nergtiques augurent dun avenir prometteur. Au niveau maghrbin, les Nations Unies, et particulirement la CNUCED et le PNUD, sont disposes cooprer avec les pays de la rgion pour examiner les dfis scuritaires de la zone. Elles partagent l'ide de la concrtisation de la scurit nergtique par le biais de lintgration nergtique de lAfrique, dans loptique dune stratgie de dveloppement humain durable et sous une structure formelle et des bases institutionnelles concrtes. Les conditions s'y prtent, la coopration nergtique entre les pays d'Afrique du Nord ayant dmarr dans les annes 50, dans le cadre du protectorat, avec la connexion des rseaux lectriques d'Algrie et de Tunisie. En 1975, le Maroc, l'Algrie et la Tunisie ont cr le "Comit Electricit du Maghreb", auquel ont adhr en 1989 la Libye et la Mauritanie. En 1990, l'Union du Maghreb Arabe a mis en place des commissions spcialises dans l'nergie pour tudier un planning gnral et la conservation de l'nergie, les ressources en ptrole et en gaz, l'lectricit, les nergies renouvelables, la gologie et les mines. Une tude ralise en 1995 par l'UMA a dj mis en vidence le besoin d'une intgration de l'nergie et insist sur la ncessit d'un change d'informations et sur l'introduction de mesures rgulatrices afin de favoriser l'intgration et la mise en place d'un March maghrbin de l'nergie. Ainsi, l'infrastructure nergtique de lAfrique du Nord, en ce qui concerne les secteurs de l'lectricit en particulier, semble dj raisonnablement bien intgre et se prte convenablement un march intgr plus large, celui de l'Euro-mditerrane. En effet, les rseaux lectriques des pays du Maghreb arabe sont interconnects dans le contexte du schma ELTAM (Egypte, Libye, Tunisie, Algrie et Maroc). Une connexion Libye-Egypte de 220 kV est entre en service en 1998. Une connexion Libye-Tunisie de 220 kV a dmarr en 2001. La liaison de 220 kV entre la Tunisie, l'Algrie et le Maroc fonctionne en synchronisation avec le systme europen UCTE (Union pour la coordination de la transmission dlectricit) 36
depuis 1997 grce un cble sous-marin de 400 kV entre l'Espagne et le Maroc. Les lignes de 220 kV reliant l'Egypte au Maroc passeront 400 kV ou 500 kV pour accrotre les capacits de transfert partir de 2007. Pour la Mauritanie, pays de l'Afrique de l'Ouest ayant des liens nergtiques avec le Mali, une interconnexion avec le Maroc est l'tude, sous l'gide de l'UMA. Paralllement, les rseaux lectriques des pays du Mashreq arabe sont interconnects selon le schma EIJLST (Egypte-Irak-Jordanie-Liban-Syrie-Turquie). Depuis 1999, l'Egypte et la Jordanie sont connectes par des cbles terrestres et sous-marins de 400 kV 500 kV entre Suez (Egypte) et Aqaba (Jordanie). La Jordanie, la Syrie et la Turquie sont interconnectes par des liaisons 400 kV. L'interconnexion entre la Jordanie et la Syrie est entre en service en 2001, celle entre la Syrie et la Turquie en 2002. Le systme nergtique turc est connect au systme UCTE par des liaisons 400 kV travers la Bulgarie. Une connexion additionnelle de 400 kV est prvue entre la Turquie et la Grce. A lavenir, la Turquie aura un rseau synchronis avec le systme UCTE soit par sa connexion avec la Grce, soit par la Bulgarie. En dfinitive, les pays de l'est et du sud de la Mditerrane, qui s'tendent de la Turquie au Maroc, seraient connects au systme europen UCTE par la liaison Espagne-Maroc ou par les connexions via la Grce et la Bulgarie. Ces liaisons fourniront la base d'un Pool mditerranen de l'nergie (MPP) et renforceront le commerce de l'nergie rgionale en Afrique du Nord et dans le bassin mditerranen. Concernant le gaz, les principaux producteurs d'Afrique du Nord (Algrie, Libye et Egypte) sont relis par des pipelines qui traversent la Tunisie et le Maroc aux marchs situs de l'autre ct de la Mditerrane et de la Mer rouge. Un pipeline reliant lEspagne lAlgrie vient dtre mis en service la fin de 2006. En 2002, le Nigeria et l'Algrie ont accept le principe de ralisation d'un gazoduc trans-saharien long de 4 000 km, le NIGAL, qui reliera trois pays et deux rgions et ventuellement les marchs europens, via le Maroc et l'Espagne ou via la Tunisie. Les gazoducs entre la Libye et la Tunisie et plus tard entre la Libye et lEgypte sont en cours dtude. En matire de raffinage dans le nord de l'Afrique, l'intgration promet dindniables conomies. Pour cela, l'Egypte et la Libye projettent la concrtisation d'un pipeline pour transporter le ptrole brut de Tobrouk jusqu'aux grandes raffineries d'Alexandrie. Encadr 3. Inquation de la coopration internationale mene jusqu prsent et ncessit de sa radaptation
Jusqu' prsent, l'Europe n'a pas concrtement contribu au co-dveloppement, en bonne et due forme, des pays maghrbins. Elle a tabli des relations de coopration avec les pays du Maghreb sparment, cherchant en priorit ses propres intrts dans le cadre de la complmentarit pour contrecarrer la concurrence amricaine et asiatique. Les dialogues sur l'nergie qui s'oprent sur plusieurs chiquiers, dans le cadre du Forum mondial sur l'nergie, au niveau de l'Union europenne ou au sein du GATS l'OMC, perptuent tous la logique et les rapports de force du pass. L'nergie a de tout temps t considre comme un bien changeable quelconque, sur un march domin par les grandes puissances conomiques. Elle n'a pas, en gnral, servi les intrts des peuples en dveloppement, les recettes quils en tiraient ayant souvent t trs mal utilises. Pour de nombreux pays pauvres ou sous-dvelopps, dots de ressources nergtiques, l'nergie a mme t une maldiction plutt qu'une bndiction. Aujourd'hui, nous sommes un tournant particulier de l'histoire o, l'chelle plantaire, les enjeux stratgiques de l'nergie pour le prsent et surtout pour le futur remettent en cause les fondements mmes du fonctionnement de l'conomie mondiale.
37
Lnergie est 65 % un facteur de production de biens et de services et s'impose, de ce fait, en tant que vecteur du dveloppement conomique. Elle contribue hauteur de 7 % dans le produit intrieur brut et de lordre 12,5 milliards de dirhams dans les recettes fiscales. Les investissements nergtiques raliss en 2005 ont atteint 10 milliards de dirhams contre 7 milliards en 2004. Elle est galement un vecteur du dveloppement social (35 % de la consommation nationale) travers, notamment, la gnralisation de llectrification rurale et le dveloppement de lutilisation des gaz de ptrole liqufi (GPL), qui rpond une demande de plus en plus importante. Au Maroc, lnergie contribuerait la rsolution des problmatiques de la scheresse, du dessalement des eaux et de la dforestation. En prvision du tarissement des ressources et du retard dans la mise en place des nergies de substitution, elle pourrait tre un facteur darbitrage dans le choix des activits du futur et, par consquent, un dterminant de la croissance de lconomie marocaine, arbitrage qui pourrait tre catalys par le choix du consommateur lchelle mondiale, dont le rle gagne en puissance et qui devient de plus en plus intransigeant sur le volet environnemental, la traabilit des produits et le contenu en nergie des biens exportables.
80 %
60 %
40 %
20 %
0% 1961 1970
Charbon
1986
1989
2000
Gaz naturel
2004
2005
2006
Produits ptroliers
Electricit hydraulique
Le raffinage La capacit de stockage stratgique nationale slve 1 600 000 m3 pour les carburants et 180 000 tonnes pour les gaz de ptrole liqufis GPL. La SAMIR, socit de raffinage dune capacit de 7,75 millions de tonnes, assure la quasitotalit des besoins du pays en carburants et environ 20 % en gaz butane. Un peu moins de la moiti de la quantit produite concerne le gasoil et prs de 35 % le fuel oil, dont une grande partie est exporte. Depuis juillet 2002, le systme qui garantit la protection de l'industrie du raffinage volue progressivement vers une libralisation totale des importations, prvue pour 2009, avec une suppression graduelle des garanties de marges de raffinage. Pour faire face la croissance de la demande des produits ptroliers, et compte tenu du taux d'utilisation des units de raffinage qui atteint 94 %, des investissements sont programms par la SAMIR pour accrotre sa capacit de production et se mettre aux normes internationales de qualit. Figure 11 March national des produits ptroliers en 2006
Produit
Propane Butane Essence super Ptrole lampant Carburacteur Gasoil Fuel oil Total
Consommation
en 1000 tonnes mtrique 1 153 400 365 8 394 550 000 850
Fuel-oil 26 % Butane 18 % Essence super 5% Ptrole lampant 0,1 % Carburacteur 5% Gasoil 46 %
3 2 7
40
Le secteur de la distribution des produits ptroliers (16 socits) est marqu par la prdominance des socits trangres. Il dispose de capacits de stockage de 744 000 tonnes et de 2 100 points de vente. Lutilisation des GPL au Maroc dispose de la logistique suivante : 34 centres emplisseurs (capacit 1,2 MT) ; 34 millions de bouteilles de butane en circulation ; 1,5 MT/an en termes de capacit demplissage ; 176 000 tonnes (48 jours) en termes de capacit de stockage ; des infrastructures rception/stockage (SOMAS), etc. Le gaz naturel Il ne reprsente que 3,5 % de la consommation d'nergie primaire au Maroc. La production locale de ptrole et de gaz ne dpasse pas les 45 000 TEP (tonnes quivalent ptrole) en 2005. Elle est fournie par les gisements de Sidi Ghalem Essaouira et de Sidi Fili dans la rgion du Gharb. Mais lutilisation industrielle du gaz naturel, proprement dite, a t amorce par la mise en service de la centrale de Tahaddart qui fonctionne au gaz de redevance (500 millions de m3) partir du Gazoduc Maghreb-Europe (dont la capacit est passe de 8,5 milliards de m3 12,5 milliards de m3 en 2005) et qui contribue prs de 12 % de la consommation lectrique nationale. Avec la mise en service, en 2008, de la centrale thermos-solaire dAn Beni Mathar dune capacit de 250 MW et qui ncessiterait 300 millions de m3 de gaz par an, la consommation du Maroc passerait 600-700 millions de m3/an. Le march potentiel du gaz partir de 2012 serait de 3,75 milliards de m3 (20 % du bilan nergtique) dont 1,85 milliard pour llectricit, 1,1 milliard pour le raffinage et 800 millions pour lindustrie. Actuellement, le projet de loi concernant linfrastructure gazire et son dcret dapplication sont en cours de finalisation. Le charbon Le charbon reprsente 29 % des besoins en nergie primaire. Les quantits consommes se situent plus de 5,3 millions de tonnes dont plus de 81 % sont employes par les centrales lectriques. Le reste, soit plus de 16 %, est consomm principalement par les cimenteries. Le charbon constitue 10 % de la facture nergtique du pays. L'lectricit Le parc de llectricit est constitu de centrales lectriques dune puissance installe totale de 5 283 MW (dont 3 489 MW exploits par lONE et 1 794 MW par des oprateurs privs) contre 4621 MW en 2004 et 4 420 MW en 2000. Ce parc est compos de centrales thermiques totalisant une puissance installe de 3 561 MW, de centrales hydrauliques dune puissance installe de 1 273 MW, dune station de transfert de l'nergie par pompage (STEP) de 463 MW et dun parc olien de 54 MW. La capacit de linterconnexion lectrique Maroc-Espagne est passe de 700 MW 1 400 MW en juin 2006. Le renforcement de linterconnexion avec lAlgrie est en cours de ralisation, travers la mise en place dune troisime ligne de 400 KVA qui portera la capacit des changes 1 700 MW. 41
L'nergie totale appele en 2006 a t de 21 105 GWh, soit une progression de 8,1 % par rapport l'anne 2005. Cette demande est satisfaite principalement par lOffice national de llectricit (31,6 %), les centrales de Jorf Lasfar Energy Company (JLEC), la Centrale lectrique du Dtroit (CED), la station de Tahaddart (62,4 %) et les changes avec lEspagne et lAlgrie (6 %). Tableau 5 Ventilation de la satisfaction de la demande par origine (en GWh en 2006)
Production hydraulique Dont turbinage STEP Production thermique Charbon Jorf Lasfar Mohammedia Jerada Gaz naturel (cycle combin de Tahaddart) Fuel-oil Mohammedia Knitra Tag + Layoune Production olienne Pompage de la STEP Echanges Tiers nationaux Usines autonomes Auxiliaires et compensateurs Energie appele nette
Source : ONE.
1 585,3 602,5 18 009,3 12 901,7 10 472,7 1 560,0 869,1 2 512,3 2 595,2 1 317,1 808,5 469,7 183,2 728,1 2 026,8 39,5 44,5 55,9 21 104,6
Sur les 2 468 MW de puissance additionnelle prvue sur la priode 1999-2005 pour satisfaire la demande moyen et long termes (avec un scnario de croissance de 6 % de cette demande), seuls 1 682 MW ont t raliss (alors que la demande est passe de 6 % 8 % en 2003). Ceci a eu pour consquences une dpendance accrue linterconnexion lectrique avec lEurope (qui devait servir en principe comme solution dappoint), une sollicitation plus grande du parc de production, ce qui contribue lacclration de son vieillissement et, enfin, un recours aux centrales de secours dont les cots de production dlectricit sont plus levs. Ce dficit en capacit de production est appel saccentuer pendant la priode 2006-2008 notamment, cause du retard dans la mise en service de Tahaddart II et de An Beni Mathar. Pour y remdier, lONE a mis en place un plan B consistant en une nouvelle configuration de la centrale de Ain Beni Mathar dans le sens dune augmentation de sa puissance de 250 MW et un dveloppement dun parc de 400 MW en moyens de production de pointe. 42
En 2006, la production nationale dlectricit a atteint 19 861,8 GWh, soit 94,1 % des besoins et les ventes dlectricit se sont leves 19 257,7 GWh. Tableau 6 Structure des ventes de llectricit (2006, en %)
Distributeurs Clients THT-HT Ventes distribution ONE Moyenne & Basse tension
Source : ONE. THT : Trs haute tension, HT: Haute tension.
Le taux de l'lectrification rurale est pass de 18 % en 1995 46 % en 2000 et 90 % en juin 2007. La quasi-gnralisation de laccs llectricit dans le monde rural est prvue pour 2007 avec un objectif de taux dlectrification rurale de 98 %. Ainsi, le PERG, lanc en 1996, aura permis laccs llectricit 35 600 douars totalisant 1 892 000 foyers, soit 12 millions dhabitants. Le nombre de villages et de foyers ayant bnfici de llectrification rurale, toutes techniques confondues, a atteint respectivement 21 402 villages et 1 362 602 foyers en 2005. La recherche des hydrocarbures Le Maroc dispose dnormes rserves de schistes bitumineux. Le gisement de Timahdit renferme des rserves certaines et trs probables de 20 milliards de tonnes de schistes bitumineux avec une teneur en huile de 73 litres par tonne. Le gisement de Tarfaya a des rserves prouves de 73 milliards de tonnes avec une teneur moyenne de 5,7 %, soit 4,5 milliards de tonnes dhuile. La priode 2000-2005 a t marque par un dynamisme en matire de recherche et dexploration ptrolires grce, notamment, lamendement du code des hydrocarbures en 2000 qui rduit le taux de participation de lEtat dans le permis de recherche et la concession dexploitation un maximum de 25 %, contre 50 % au moins auparavant, et qui accorde une exonration globale de limpt sur les socits pour une priode de 10 ans partir du dbut de la production. Les investissements dans lexploration ptrolire ont atteint 600 millions de dirhams en 2006 contre 320 millions en 2000. Le nombre de socits oprant au Maroc dans le domaine de lexploration et de la production ptrolire slve 20 (contre 10 en 2000), le nombre de permis de recherche dlivrs a t de 86, dont 71 en offshore, et celui des autorisations de reconnaissance de 6, dont 1 en offshore. 43
Les diffrentes tudes gologiques, gophysiques et gochimiques ralises dans les bassins sdimentaires, aussi bien en onshore quen offshore, ont mis en vidence un potentiel ptrolier favorable laccumulation dhydrocarbures dans le sous-sol marocain. Les permis et autorisations de reconnaissance s'talent sur prs de 362 227 km2, dont 85 % en offshore. Cependant, le nombre de puits fors en onshore et en offshore reste trs limit puisque la densit de forage nest que de 0,04 puit/100 km2 contre une moyenne lchelle mondiale de 8 puits/100 km2. Encadr 5. Principales socits participant aux recherches
Ce sont des majors comme Shell et Total ou des compagnies de moindre envergure comme Cabre, Taurus, Vanco, Lasmo, Enterprise Oil, Kerr Mc Gee, Energy Africa, Anshuts, Conocco et Maghreb Ptroleum Exploration. La Samir est la seule socit marocaine participer aux explorations. 16 concessions d'exploitation sont en cours dont 13 dans la rgion du Rharb-Prrif.
Dans le cadre de la valorisation des ressources nergtiques nationales, lONE compte raliser une unit de production dlectricit de 20 MW et 110 GWh Tarfaya, partir des schistes bitumineux, en utilisant une technologie de chaudires lits fluidises. Une tude de dfinition des spcifications conceptuelles des diffrentes composantes de cette unit est en cours.
Le nuclaire
Le positionnement sur le crneau nuclaire sest amorc avec la mise en place du Centre national des tudes, des sciences et des techniques nuclaires (CNESTEN) et le dmarrage du Centre nuclaire de la Mamora. Un texte sur la gestion des dchets radioactifs a t approuv dans le cadre de la Commission rglementation nuclaire, institue auprs du Conseil national de l'nergie nuclaire (CNEN). Le Maroc a sign la convention de Vienne relative la responsabilit civile en matire de dommages nuclaires en 1984 et le Protocole additionnel l'Accord avec l'AIEA en 2004, en vertu du trait sur la non-prolifration nuclaire. La mise en place dune premire centrale nuclaire dune capacit de 900 MW est envisage par lONE lhorizon 2017. Sa localisation est prvue Sidi Boulbra, sur la cte atlantique, mi-chemin entre Essaouira et Safi. Dans ce cadre, il a t procd, avec lassistance de lAIEA, 44
la conduite dune tude de faisabilit sur des racteurs techniquement prouvs et commercialement disponibles, notamment le PWR 1000 MW, le VVER 1000 MW et le CANDU 700 MW.
Grce au potentiel important que recle le Maroc en matire de ressources solaires, oliennes, hydrauliques et en conomie d'nergie, dimportants programmes nationaux dans le domaine des nergies renouvelables ont t initis, notamment : Le Programme d'lectrification de puissance concernant la ralisation de programmes oliens (113 MW oprationnels, 140 MW en cours de lancement et 350 MW en prparation), de
(2) Banque mondiale : Rapport 25992MOR, Evaluation du cot de la dgradation de lenvironnement, 30 juin 2003.
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la centrale thermos-solaire cycle combin intgr (472 MW en prparation) et de la prospection de valorisation nergtique en matire de biomasse et de cognration. Le programme d'lectrification rurale dcentralise. Il sagit du dploiement des services nergtiques durables en milieu rural, au moyen d'applications solaires photovoltaques, microhydrauliques et petits oliens. Dans le cadre du Programme d'lectrification rurale global (PERG) au profit de 150 000 foyers, un programme intgrant les services sociaux de base a t lanc. Lefficacit nergtique a t initie par la ralisation de programmes pour l'amlioration et la rationalisation de la consommation nergtique dans le secteur rsidentiel (programme de dveloppement des chauffe-eau solaires PROMASOL qui vise l'installation de 400 000 m2 de capteurs solaires), dans le secteur de l'industrie (une conomie annuelle de 360 000 TEP est ralisable) et dans le secteur tertiaire (une conomie de 150 000 TEP est ralisable) ainsi que dans le secteur du transport. Un autre programme d'amlioration de l'efficacit nergtique a concern les fours de hammams (2 000 units) et les fours de potier (100 units). Encadr 7. Une perce de lnergie olienne annonciatrice dun dveloppement futur plus important
Sil est possible aujourdhui de considrer lnergie olienne comme une nergie conomique, cest grce aux politiques menes par certains pays du Nord depuis les annes 80. Les milliers de petites oliennes installes en Californie ont permis de lancer une technologie qui connat aujourdhui une croissance annuelle mondiale, de plus de 20 %. En reconnaissance de son avantage environnemental, plusieurs pays du Nord ont subventionn cette technologie dans le but den stimuler le march et de diminuer le cot. Avec lobligation pour les compagnies lectriques de produire un certain pourcentage dlectricit partir dnergies renouvelables (Renewables Portfolio Standard au Texas, Non Fossil Fuel Obligation au Royaume-Uni, Green Electricity en Italie), les crdits dimpts avec des fonds environnementaux faible taux dintrts (Hollande) ou encore les lois sur les nergies renouvelables qui fixent un prix lev du kilowattheure olien (Allemagne, Espagne et, plus rcemment, la France), lnergie olienne a connu une forte croissance et une relle rvolution technologique durant ces dix dernires annes. Ces politiques ont fait aujourdhui de lnergie olienne la plus avance, techniquement et conomiquement, de toutes les nergies renouvelables. Selon un bilan rcent du Renewable Energy Policy Network (REN21) et des conclusions du rapport du PUNE, plus de 39 milliards de dollars ont t investis dans le secteur des nergies renouvelables en 2005 (contre 30 milliards en 2004), contribuant ainsi l'installation d'une puissance globale de 182 GW (contre 160 GW en 2004), soit plus de 4 % de la capacit nergtique mondiale. Les nergies renouvelables sont devenues un lment significatif de l'conomie mondiale. Aussi le march des renouvelables est-il caractris par une forte progression, toutes filires confondues. La progression annuelle entre 2000 et 2005 varie et 60 % pour la filire photovoltaque, 28 % pour l'olien et 17 % pour le chauffage solaire. Cette tendance devra tre acclre dans les annes venir, en raison des mutations rapides et profondes que connat actuellement dans le monde le secteur de l'nergie. La production d'lectricit base dnergies renouvelables reprsente 19 % de la production mondiale d'lectricit, part suprieure celle de la filire nuclaire (15,8 %) mais largement infrieure celle de la filire thermique classique (65,8 %). Les filires bio-massiques et oliennes dtiennent plus de 81 % de la production totale des ER (hors la grande hydraulique), avec respectivement 54 % et 27 %.
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Le Maroc dispose dun grand potentiel d'exportation d'nergie propre vers le march europen. Ceci repose notamment sur le dveloppement d'une solidarit Nord-Sud pour rsoudre le problme de lintermittence de ce type d'nergie. Cette approche permettra au Maroc de contribuer la prservation de son environnement et de devenir exportateur dlectricit verte et l'Europe de remplir son contrat vis--vis du Protocole de Kyoto.
Une facture nergtique en croissance continue Le prix international du ptrole a emprunt une trajectoire haussire partir du second semestre 2003, en liaison avec la reprise conomique mondiale qui a suscit une forte demande de ptrole. Selon lAgence internationale de lnergie, la croissance de la demande globale de ptrole brut sest tablie 3,8 % en 2004 contre 1,9 % en 2003, 0,5 % en 2002 et une moyenne annuelle de 1,5 % depuis 1985. Le rle stratgique du ptrole dans lconomie mondiale et la concentration de sa production dans un nombre limit de pays ont fortement contribu la volatilit de son march. Audel des facteurs conjoncturels comme la constitution de stocks de scurit ou les temptes tropicales dans le golfe du Mexique, plusieurs paramtres expliquent la hausse des prix du ptrole : la croissance de la demande, la persistance de la domination du ptrole et du gaz dans la structure de la consommation mondiale, le niveau des rserves et la faiblesse des capacits de raffinage. La hausse des prix est largement dpendante de lexplosion de la demande des pays mergents, notamment la Chine, dont les importations ont progress de 34,8 % en 2004, faisant delle le deuxime importateur mondial derrire les Etats-Unis sans que les consommations soient proches (20,5 millions de barils (bl) par jour pour les Etats-Unis et 6,4 millions bl/j pour la Chine en 2004). Lenvole du cours du ptrole sexplique galement par linsuffisance des investissements des compagnies ptrolires dans lexploration cause du faible niveau des cours au milieu des annes 80 (il existe un lien entre le cours du brut et le ratio rserves sur production (R/P), cest--dire la dure de vie de ces rserves au rythme de la production) et par le manque de visibilit long terme. La hausse rampante des cours du ptrole a boulevers lconomie mondiale depuis lanne 2004. Le prix moyen du brut import est pass de 16,51$/bl en 1995 12,57$/bl en 1998, a franchi les 55$/bl en 2005, avec un record de prs de 77$/bl en juillet 2007, suite aux inquitudes des marchs relatives aux risques de fortes perturbations de loffre. En raison des contraintes budgtaires de lEtat et face la flambe des cours du ptrole sur le march international, le Maroc a remis en application le systme dindexation des prix intrieurs des 48
produits ptroliers sur les cours internationaux. Ce systme est entr en vigueur en fvrier 2006, aprs sa suspension en 2000. Avec l'augmentation de la demande et la flambe des prix, la facture nergtique pse de plus en plus sur la balance des paiements et entrane pour la Caisse de compensation un fardeau de plus en plus insupportable (7 milliards de dirhams en 2006). La tendance laugmentation de la facture nergtique, associe la tendance la dpendance, sera renforce lavenir par la perspective dune augmentation constante du prix mondial de lnergie. Figure 13 Evolution du prix moyen annuel dachat du ptrole brut par le Maroc (en dollar par baril)
60 50 40 30 20 10 0 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Une contribution relative de l'hydraulique en baisse continue La contribution de lnergie hydrolectrique la consommation globale est en baisse continue. Le potentiel de mobilisation des eaux de surface reste faible par rapport celui de la demande en lectricit. Cette contribution est d'ailleurs passe de 21 % en 1956 3 % en 2006. Une libralisation continue et irrversible du secteur nergtique Face une demande croissante en nergie et un besoin important en investissement dans les installations nergtiques, l'intgration au march libre de l'lectricit en Europe est inluctable ainsi que l'implication des oprateurs privs et trangers. Encadr 8. Pralables la mise en uvre dune libralisation efficiente du secteur de llectricit
Augmentation des capacits de production dans le cadre de contrats dachat dlectricit long terme. Diversification des sources dapprovisionnement notamment par la promotion du charbon propre et du gaz naturel liqufi. Initiation dune rflexion dsormais avance sur la contractualisation des changes entre les oprateurs du secteur lectrique et principalement entre transporteurs et distributeurs. Promotion des nergies renouvelables impliquant les autoproducteurs. Promotion des activits visant lutilisation rationnelle de lnergie Demand Side Management en vue damnager la courbe de charge. Rflexion sur une stratgie efficiente de restructuration de lONE pour faire face lrosion de sa valeur conomique, notamment le dsquilibre de sa structure financire.
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Vitesse moyenne du vent 40 m 7,97 m/s 7,76 m/s 10,6 m/s 9,89 m/s 9,39 m/s 8,62 m/s 7,62 m/s 7,44 m/s 7,03 m/s 6,35 m/s 5,86 m/s
crotre avec le dveloppement conomique et social, mais des mesures d'amlioration de l'efficacit nergtique simposent delles-mmes. Cet objectif passe par la lutte contre linertie des systmes nergtiques qui ont tendance perptuer les comportements du pass, les marchs consacrant lhgmonie du court terme et ne permettant pas eux seuls doprer les bons choix collectifs au moment opportun. Dans ce domaine, des progrs notoires ont t enregistrs plusieurs niveaux. Concernant lclairage fluorescent, le nombre dampoules importes par habitant, aprs avoir suivi une volution erratique jusquen 1999, a commenc en 2000 crotre de 14,8 % par an. Dans le domaine du btiment, un premier programme a dj t adopt, visant la prise en compte des paramtres nergtiques lors de ldification des btiments destins aux secteurs de la sant, du tourisme ou usage collectif. En matire dnergie usage professionnel, la stabilit du rapport performances conomiques par kilogramme quivalent ptrole, entre 1999 et 2004, tmoigne dun effort permanent des professionnels pour la matrise de lnergie. Dans le secteur des transports, le Gouvernement a rserv une dotation de 560 millions de dirhams destine appuyer les efforts de renouvellement du parc de camions et vhicules de transport public, en vue damliorer lefficacit nergtique des transports et rduire les missions polluantes.
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Lexploration du futur requiert une interprtation des grandes tendances et des facteurs de changement du systme nergtique marocain identifis au chapitre 3 et une valuation des marges de manuvre dont disposent les agents institutionnels qui interviennent dans le systme. Linstrument privilgi pour cette exploration du futur est le scnario . En effet, la procdure suivie ressemble celle de llaboration dune uvre thtrale qui dcrit une suite dvnements possibles impliquant des acteurs mus par des finalits qui leur sont propres. Les scnarios du systme nergtique ne peuvent tre dvelopps sans le recours des rflexions prospectives relatives dautres systmes plus vastes couvrant lconomie et la socit au Maroc et dans le reste du monde. Lnergie marocaine ne peut tre isole de ce contexte et ne peut pas non plus se concevoir comme un systme indpendant de lnergie mondiale, car ce domaine est bien parmi ceux pour lesquels la tendance la globalisation est la plus vidente. On pourrait mme affirmer que la dpendance extrieure nergtique tant trs leve, les marges de manuvre des agents nationaux sont trs rduites. Cest propos des marges de manuvre que la distinction entre planification et prospective devient essentielle. Alors que la planification a un horizon court et moyen termes avec lequel les contraintes sont particulirement rigides, la prospective plus long terme a pour objet didentifier des tats possibles assez diffrents de la situation prsente qui largissent le champ dcisionnel des agents institutionnels. Pour faciliter lanalyse de ces futurs possibles caractre alternatif, la demande prospective inclut en gnral un scnario de rfrence, par rapport auquel peuvent tre compars le reste des scnarios alternatifs. Le Scnario de Rfrence est souvent trs voisin dun scnario dextrapolation de tendances, mais en fait il sidentifie surtout avec la notion de savoir conventionnel , cest--dire un ensemble de considrations acceptes aujourdhui comme tant fort probables dans les milieux experts. Il est normal que le savoir conventionnel soit en gnral trs proche de lextrapolation de tendances passes, en particulier les plus rcentes. Les futurs possibles sont infinis en nombre : le monde extrieur peut changer de manire radicale, et le Maroc lui-mme peut suivre des sentiers de croissance et dorganisation conomique et sociale trs diffrents. Pour procder lexploration de scnarios alternatifs, il s'agit donc de simplifier l'extrme les lments variables de ces alternatives pour les rendre facilement interprtables par les analystes et les dcideurs qui, dans ce domaine de lnergie, incluent en fait lensemble des agents conomiques et sociaux, mnages, entreprises ou administrations publiques. 53
En ce qui concerne les variables externes, deux sont retenues pour llaboration de scnarios : la premire se rfre lvolution du prix mondial de lnergie (qui dpend videmment de la structure future de loffre et de la demande dnergie dans le monde) ; la seconde se rfre aux relations extrieures du Maroc, et en particulier lvolution de son intgration dans diffrents contextes rgionaux, une volution qui dpend la fois des politiques marocaines et des politiques des pays partenaires. Cette variable est particulirement dterminante pour le futur du systme nergtique marocain qui souffre dune insuffisance notoire de ressources primaires dans ce secteur.
En ce qui concerne le prix mondial de lnergie, la simplification adopte est la rduction de lalternative deux solutions : prix lev et prix bas. Lhistorique de lvolution passe du prix mondial de lnergie, identifie avec celle du prix du ptrole, est bien connu : prix trs bas pendant la priode de reconstruction aprs la Seconde Guerre mondiale, jusquaux crises ptrolires dclenches par les interventions de lOPEP; prix rels en baisse par la suite aboutissant aux importantes hausses observes dans les marchs ces deux dernires annes. Lalternative se rfre au maintien, voire laugmentation en termes rels des prix actuels ( prix lev ) ou un retour moyen et long terme des prix plus bas, de lordre de ceux pratiqus avant la dernire crise ptrolire ( prix bas ). Aucune projection quantitative du prix futur du ptrole nest adopte. Le prix lev fait partie du savoir conventionnel actuel : en effet, cette vision sappuie sur la tendance la forte croissance de la production en Asie, qui devrait se maintenir long terme. Le prix bas sappuie sur la mise en route du processus de substitution du ptrole du type de ceux qui furent dclenchs aprs la premire crise du ptrole (nuclaire, renouvelable, conomie) et de la mise en exploitation de nouvelles extractions dhydrocarbures conduisant terme un excdent doffre et de capacit installe. Enfin, les relations extrieures du Maroc dans les diffrents scnarios se rfrent loption entre globalisation et rgionalisation, situant dans le contexte de globalisation une disposition un degr lev dautonomie dcisionnelle, et dans le contexte de rgionalisation une cession dlments de souverainet des organisations rgionales Sud-Sud ou Nord-Sud. Pour comprendre les nuances de cette distinction, on considrera que la situation actuelle, malgr lexistence de lUMA et les accords mditerranens avec lUE, est en fait un schma de globalisation, alors quune rgionalisation Nord-Sud inclurait des relations dintgration avec lUE et une rgionalisation Sud-Sud impliquerait, par exemple, la cration de marchs intgrs dans des secteurs stratgiques comme celui de lnergie, dans lespace maghrbin. Le scnario de rfrence, ou scnario du savoir conventionnel , se situe fin 2006 dans la logique dun prix futur lev de lnergie qui est de plus en plus admise dans les stratgies nergtiques des pays industrialiss ; dans ce scnario, le climat marocain est au dsenchantement en ce qui concerne la fois la coopration maghrbine et la coopration euro-mditerranenne, et le Maroc joue la carte de la globalisation, avec, par exemple les accords de libre commerce avec les Etats-Unis ou avec des pays du Golfe persique. Le choix des scnarios alternatifs requiert dautres considrations, et leur nombre dpend de la nature des explorations que lon souhaite raliser. 54
Rgionalisme ouvert
Dans Energie 2030 et faisant suite des runions dexperts de la prospective marocaine et du systme nergtique mondial, deux scnarios alternatifs ont t dvelopps, qui sont tous les deux des scnarios de rupture. Le premier (S2) propose un modle de croissance intensif en nergie au Maroc (scnario de volontarisme nergtique), scnario qui est compatible avec le souhait de convergence du Maroc avec les pays mergents forte croissance conomique. Le second (S3) fait appel la coopration rgionale et au codveloppement (scnario de rgionalisme ouvert) comme rponse aux problmes de dpendance et de scurit poss par le prix lev de lnergie mondiale. Le choix des scnarios, sur la base de la contrainte nergtique extrieure et de la rponse stratgique de la politique de relations internationales du Maroc, laisse au processus dcriture des scnarios la possibilit de dvelopper dautres alternatives internes, faisant en quelque sorte des sous-scnarios ou variantes sur des points concrets de chaque scnario. Les dimensions retenues pour le processus dcriture des scnarios sont les suivantes : durabilit, au sens de la prise en compte dans les scnarios des composantes conomiques et sociales du dveloppement durable (comptitivit et efficience du systme productif, quit et cohsion sociale, et protection de lenvironnement et des ressources naturelles) ; effort conomique ncessaire pour le dveloppement du scnario, en particulier sur le plan des investissements et des formules de partenariat public priv dans son schma de dcision et dexcution ; besoins technologiques, ncessit de recherche et dveloppement ; implications du scnario sur le plan politique et sur celui de la scurit extrieure, sur la socit et ses valeurs, ainsi que sur les comportements des citoyens. Dans le domaine de lnergie, les donnes quantitatives jouent un rle primordial, tant donn la capacit de structuration que ce secteur a sur le reste du systme conomique et social. Cest ainsi que la planification nergtique doit inclure des programmes dtaills dinvestissement en fonction dvaluations ralistes des demandes futures dnergie : des erreurs sur lestimation de la demande peuvent avoir en peu dannes des consquences macroconomiques importantes sur la croissance et son financement. Dans la prospective long terme, la prcision quantitative perd une bonne partie des exigences de la planification, mais il nen reste pas moins que des approximations restent ncessaires. 55
Cest dans le cadre du scnario de rfrence que ces approximations quantitatives seront essentiellement dveloppes, laissant aux scnarios alternatifs la tche de commenter la sensibilit aux nouvelles hypothses de ces projections de base. Cest donc dans un contexte de flexibilit et dapproximation que les trois scnarios choisis sont dcrits ci-dessous, et cest partir de ces scnarios que les ventuels besoins dexploration dautres alternatives seront identifis, que les lments pour un dbat de socit seront dfinis, et que les bases seront tablies pour des politiques de planification adaptes aux grands choix du futur. Parmi les facteurs de changement identifis dans cette tude, il est noter lefficacit et la matrise de lnergie qui doit tre recherche comme mesure commune tous les choix, un pays comme le Maroc ne pouvant se permettre le gaspillage dnergie.
Pour les 25 prochaines annes, le scnario de rfrence S1 ne considre pas une vritable mergence du Maroc avec une forte croissance moyenne, mais reste sur un savoir conventionnel qui adopte une attitude relativement optimiste en vue dune certaine acclration de la vie conomique marocaine, assez similaire en ordre de grandeur celle observe entre les premires et les dernires annes de la priode 1980-2005. Cest donc un taux de croissance annuel du PIB rel de lordre de 4 % pour les 25 prochaines annes qui sera retenu dans le scnario de rfrence, ce qui, compte tenu dune augmentation de population de lordre de 0,9 % par an, situe le taux de croissance du revenu par tte environ 3,1 % en termes rels (taux qui serait probablement plus bas si lon adoptait une mesure de pouvoir dachat international dans un contexte probable de dprciation montaire long terme). On peut, sur le plan macroconomique, qualifier ce scnario de rfrence de raisonnablement optimiste , tout en tant conscient quil ne rpond pas de manire satisfaisante aux aspirations du peuple marocain pour une convergence rapide vers les niveaux de bien-tre des socits avances. 56
La demande totale dnergie associe ce scnario est directement relie la croissance conomique par lintensit dnergie ncessaire pour produire les biens conomiques. Toutes sources nergtiques confondues, la consommation dnergie au Maroc, qui tait de 4,69 millions de TEP en 1980 et 6,49 millions de TEP en 1990, a atteint en 2005 12,31 millions de TEP ; au cours des 25 dernires annes, elle a t multiplie par 2,6, soit un taux de croissance annuel moyen de 4,2 %. Si on compare les taux de croissance du PIB et de la consommation dnergie, on constate que llasticit nergie/PIB est trs leve ; tant suprieure 1, llasticit reflte une intensit de lnergie contenue dans le systme conomique marocain qui augmente rapidement. On nobserve aucun signe de ralentissement de ce processus au cours des dernires annes de la priode. Tableau 8 Consommation totale dnergie pour un panel de pays (en TEP/hab, 2004) Maroc Espagne Portugal France 0,4 3,48 2,55 4,47 Turquie Chine (2003) Inde (2003) Monde 1,15 1,09 0,52 1,6
Le Maroc vient de confirmer que dans les conomies modernes, lmergence et le dveloppement conomique vont de pair avec une trs forte utilisation de lnergie et que ce nest que dans les pays trs avancs que la saturation de la demande peut tre atteinte et pousse les lasticits Energie/PIB en dessous de 1. Alors que le ralentissement de la demande par saturation est normal dans les pays qui ont dj atteint un trs fort niveau de consommation dnergie par tte, il est vident que dans les pays en voie de dveloppement le ralentissement de la consommation dnergie est synonyme de dcroissance conomique et que parvenir assumer ce ralentissement tout en continuant crotre demanderait un norme effort dinvestissement et de changement des structures productives. Il est clair quune conomie base industrielle a un plus grand niveau de consommation nergtique quune conomie domine par les secteurs tertiaire et quaternaire, mais ce nest que trs exceptionnellement que des pays peuvent sauter dans leur dveloppement ltape ncessaire de lindustrialisation (cas exceptionnel des petits pays touristiques ou des places financires internationales).
Taux de croissance du PIB (1) 2005-2030 (lasticit constante) 2005-2030 (croissance constante de lnergie, 1990-2005) 4%
4%
5,6 %
1,4
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Les comparaisons internationales montrent lcart qui spare la consommation nergtique par tte, au Maroc, de celle des pays de son voisinage europen. Dans le contexte des hypothses du scnario de rfrence S1 sur la croissance conomique , la demande totale dnergie serait de lordre de 58,1 millions de TEP si llasticit Energie/PIB tait maintenue et de lordre de 48,1 millions de TEP si lon se limitait extrapoler la tendance de la progression gomtrique observe au cours des 15 dernires annes (ce qui impliquerait une lasticit Energie/PIB de 1,4). Nous nous retrouvons, en tout cas, dans une fourchette raisonnable dont la limite infrieure semble impliquer presque le quadruplement de la consommation actuelle dnergie. Comme on la vu au chapitre 3, la dpendance actuelle du Maroc vis--vis du reste du monde est trs leve ; avec la hausse du prix du ptrole, on estime le cot des importations dnergie en 2006 44,9 milliards de dirhams, ce qui reprsente 42 % des exportations marocaines. En termes dunits physiques, les importations nergtiques en TEP ont reprsent, en 2005, 13,26 millions de TEP. Laugmentation du prix des importations nergtiques a impliqu, partir de 2003, une augmentation du cot (calcul selon le nouveau systme harmonis des Nations Unies base 1998) quivalent 2,7 % en 2005 et 3,4 % en 2006 du PIB. On ne dispose pas destimations rcentes de lvolution des gains de la productivit totale des facteurs au Maroc, mais lexprience internationale confre un caractre exceptionnel des augmentations suprieures 2 % du PIB par an. Tout semble indiquer que les augmentations du prix international des produits nergtiques a exerc sur lconomie marocaine une ponction de ressources relles voisine des gains de productivit de lconomie, ce qui limite sensiblement la multiplication interne des ressources et la croissance du pays. Le scnario de rfrence tant par hypothse un scnario de prix levs de lnergie, mme si les augmentations des prix ne devraient plus tre aussi brusques, elles devraient tout de mme se poursuivre, au moins un taux comparable celui de la croissance conomique mondiale (ce qui semblerait raisonnable pour une ressource naturelle finie comme le ptrole). Avec un taux de croissance de 3,1 % par an (estimation AIE), le prix du ptrole augmenterait de 75 % en 25 ans et se situerait au voisinage de 100 $/bl en 2030. Cette exploration hypothtique met en vidence une certaine incohrence du scnario de rfrence : avec un taux de croissance du PIB long terme de 4 % qui provoque un quadruplement de la demande dnergie, une offre de lnergie au Maroc maintenant la dpendance actuelle vis--vis de lextrieur entranerait (dans une hypothse de prix lev de lnergie) une ponction des surplus de productivit totale du systme qui aurait comme consquence une diminution du rythme de croissance conomique. Devant cette incohrence interne du scnario, deux pistes correctrices sont envisageables : La premire consiste revoir lhypothse du prix lev externe de lnergie. Il sagirait alors de considrer comme futur plus vraisemblable le dveloppement dun processus acclr de remplacement du ptrole et du gaz lchelle mondiale, acclration induite par le fait que dans une plus ou moins grande mesure tous les pays consommateurs (y compris lUE et les Etats-Unis) souffriraient de fortes ponctions sur leurs excdents de productivit et engageraient donc dimportants investissements dans la production dnergie nuclaire et de sources renouvelables. Cet effort des consommateurs, agissant ensemble avec la mise en exploitation de nouveaux gisements dnergie fossile rendus rentables par les prix levs,
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provoquerait assez rapidement des excdents doffre relchant la contrainte du prix exerce sur la demande mondiale. Ce processus serait probablement accompagn par un changement dans le comportement des conomies et des consommateurs, au niveau mondial, voluant vers plus defficacit et dconomie dnergie. Figure 15 Le cycle du prix du ptrole
Nouveaux investissements dexportation et de production Prix levs du ptrole Economies dnergie des consommateurs Nouveaux investissements en nergies renouvelables et nuclaires Baisse de la demande
La seconde consiste considrer une rduction sensible de la dpendance extrieure du Maroc en agissant dans la direction qui vient dtre voque pour lensemble des pays importateurs dnergie, cest--dire la production dnergies renouvelables, en dveloppant lnergie nuclaire ou en dveloppant une activit marocaine dextraction dnergies fossiles. Cette considration est dj retenue par lactuelle stratgie du Centre de dveloppement des nergies renouvelables dont lobjectif est de porter la part de ces nergies dans la consommation du Maroc de 0,24 % en 2000 10 % en 2012, rduisant ainsi sensiblement le volume des importations dnergie. Elle est aussi cohrente avec les tudes dj ralises pour une installation de production dnergie lectrique dorigine nuclaire et avec les espoirs placs dans les permis et autorisations de reconnaissance accords pour lexploration ptrolire. Comme parade auxiliaire la flambe des prix, le Maroc pourrait galement uvrer dans le sens dune meilleure efficacit et matrise de lnergie qui ont commenc caractriser la demande nergtique et dont le potentiel dconomie est estim 15 %, notamment au niveau du secteur rsidentiel et des activits tertiaires. Lefficacit nergtique serait aussi synonyme de loptimisation du mix nergtique, ce qui cadre avec lorientation du Maroc, pays bnficiant du statut avanc dans le cadre de la politique europenne de voisinage et qui envisage louverture de son march dlectricit pour bnficier des baisses de prix, assurer la scurit de lapprovisionnement sur le march et optimiser le dimensionnement de son parc national et son bouquet nergtique, ce qui reposerait galement sur la disponibilit dune offre consquente en nergie nuclaire et en nergie renouvelable. Lefficacit nergtique est galement synonyme de meilleure gouvernance, invitant une coordination, une hirarchisation une harmonisation et une mise en synergie des actions entre les diffrents intervenants publics et privs.
On adoptera dans le scnario de rfrence ces deux pistes correctrices qui, par ailleurs, sont aussi retenues par le savoir conventionnel de nombreux spcialistes de lnergie : sil est 59
clair qu long terme le renchrissement des hydrocarbures est invitable, laugmentation de leur prix sera conditionne par le rythme du dveloppement des sources dnergie non fossiles, dont le cot est peut-tre encore relativement lev de nos jours, mais qui pourra baisser avec les conomies dchelle et le dveloppement technologique. La grande transition nergtique est en marche depuis 1973, mme si elle a t ralentie pendant les deux dernires dcennies par les mcanismes de substitution mis en place au moment des premires crises ptrolires et la consquente baisse du prix mondial des hydrocarbures ; elle devra se poursuivre jusquen 2030, et le Maroc sera immerg dans ce processus de transition.
Les trois piliers du dveloppement durable sont en effet affects ngativement : le pilier conomique serait affect, comme on vient de le voir, par la ponction de ressources (due au renchrissement du cot de lnergie) sur le surplus de productivit, rduisant le potentiel de croissance du pays ; le pilier social serait affect par les effets ngatifs de laugmentation des prix de lnergie sur les revenus les plus bas de la population marocaine et par laugmentation (probablement difficile financer) du cot des politiques publiques destines rendre plus ais laccs llectricit et au gaz des zones dshrites du pays ; le pilier environnemental, enfin, serait affect par les effets polluants de la consommation des hydrocarbures. Ces effets ngatifs sur le dveloppement durable sont sensiblement corrigs dans la version du scnario de rfrence qui desserre la contrainte extrieure des prix levs de lnergie et rduit aussi la dpendance nergtique extrieure, et qui en plus incorpore un dveloppement soutenu de la production dnergie propre renouvelable. Dans ce nouveau contexte, lextrapolation de tendances de la croissance conomique (4 % de croissance annuelle du PIB jusquen 2030) devient plus raliste ; leffort dj entrepris pour rduire les disparits sociales peut se poursuivre, et laugmentation de production des nergies renouvelables rduit la pollution de lair. 60
Effort conomique Le secteur de lnergie est trs gourmand en capital. Les investissements ncessaires sont extrmement importants. Chez les producteurs dnergie fossile, les investissements dexploration et dextraction dominent, alors que dans les pays consommateurs, ce sont les investissements en transformation et distribution de lnergie lectrique qui sont particulirement levs. Au Maroc, par exemple, les investissements de la production, du transport et de la distribution de llectricit reprsentent 7 milliards de dirhams annuellement ces dernires annes, soit 6,3 % de la formation brute de capital fixe. Dans le scnario de rfrence S1, la variante adopte inclut un effort dinvestissement sans prcdent en matire de production lectrique de source olienne ou solaire (le CDER mentionne la ncessit de drainer des investissements de lordre de 19 milliards de dirhams lhorizon 2010 pour atteindre une production renouvelable permettant de rduire les importations ptrolires de 2 millions de TEP). Toutefois, dans le contexte plus gnral de la globalisation financire, le problme du financement de cet effort sera moins important que celui de pouvoir offrir des conditions techniques et financires comptitives pour les nouveaux projets dinvestissement. La vision de lEtat de porter la production solaire et olienne 20 % de la consommation dnergie au Maroc peut paratre excessivement optimiste, si lon considre que lAIE estime 4 % le potentiel de production dnergies renouvelables dans le monde en 2030. Toutefois, comme il a t tabli au chapitre 3, le potentiel de la production base solaire et olienne est exceptionnellement lev au Maroc et lexemple de lEspagne (qui produira en 2010 plus de 45 000 GWh de source olienne, cest--dire le double de la production actuelle dlectricit du Maroc) montre que ce potentiel peut tre rapidement activ si les conditions conomiques daccs au rseau sont convenablement dfinies. Si ces conditions qui tablissent la rentabilit des projets sont acquises, le scnario de rfrence S1, en ligne avec la globalisation financire, trouvera dans les entreprises et lpargne du reste du monde le financement ncessaire pour la transition nergtique. Besoins technologiques Dans ce scnario de rfrence, loption envisage de rduction de la dpendance nergtique oblige un important effort de recherche et dinnovation technologique. En effet, le dveloppement des nergies renouvelables est en volution technologique constante, et cette volution est centrale pour la baisse des cots et laugmentation de la rentabilit ; mme si les technologies initiales venaient tre importes, cest un domaine dans lequel il est relativement ais de se situer rapidement en pointe avec un effort de recherchedveloppement (R&D) bien orient. Le scnario prvoit donc une participation active de la recherche technologique marocaine en nergies renouvelables (olienne et solaire, mais aussi biomasse, en liaison avec la transformation de lagriculture marocaine). On retrouvera aussi dans la R&D marocaine une capacit de suivi scientifique et technologique pour la suite des composantes de la transition nergtique (hydrogne). De mme, limportant potentiel dconomies dnergie dans les utilisations domestiques et industrielles requiert un dveloppement dinnovations technologiques dans des domaines dans lesquels il est relativement ais datteindre des niveaux de connaissance initiale comparables ceux des pays plus industrialiss. 61
Le scnario de rfrence est donc caractris par un effort de recherche marocain trs appliqu, trs proche des connaissances de lingnieur, qui est particulirement bien adapt la nature du capital humain marocain. Cet effort de recherche est une pice fondamentale du succs de ce scnario. Considrations politiques et sociales Le scnario de rfrence ne laisse pas de place dventuelles cessions de la souverainet conomique nationale envers dautres institutions supranationales. Il considre le Maroc comme un pays qui volue en faisant appel ses ressources et celles qui lui sont accessibles dans un systme conomique globalis ; il subit de mme individuellement les chocs qui se produisent dans ce systme mondial. Les tendances des vingt-cinq dernires annes se poursuivront pendant les vingt-cinq prochaines annes. Le pays transforme lentement ses structures conomiques et sociales et absorbe la transition dmographique avec de srieux problmes de distribution de revenus et avec lmigration. Laccs lnergie reste, comme laccs leau ou la connaissance, une source de fracture sociale. Dici 2030, avec des taux de croissance annuels moyens de 0,9 % pour la population, de 4 % pour le PIB et de 5,6 % pour lnergie, dont les deux derniers sont mme sensiblement suprieurs ceux de longue priode et le premier rduit le poids de la pression dmographique, le Maroc, tout en ralisant une performance conomique raisonnable, sera encore trs loign des niveaux de bien-tre des voisins europens. Le phnomne de la globalisation gnre des contraintes qui psent sur les pays en voie de dveloppement, et ces contraintes sont spcialement lourdes pour des pays qui, comme le Maroc, ont ax leur conomie sur des sources nergtiques qui chappent totalement leur contrle. Leffort envisag dans le scnario de rfrence peut constituer un facteur stimulant pour lactivit productive du pays pour rduire cette dpendance. Mais, ce scnario, ax sur lanalyse des tendances du pass et sur le savoir conventionnel actuel, nest pas enclin un optimisme exagr.
Dans les deux modles, limpratif de comptitivit impos par la globalisation intervient la fois comme atout (pour le dveloppement du commerce et de linvestissement) et comme contrainte (pour la stabilit macroconomique). Aucun des deux modles, ni mme celui dcoulant de la combinaison des deux, nest facile enclencher. Au Maroc, ces dernires annes, lamlioration du cadre macroconomique na pas t suffisante pour attirer massivement les investissements trangers et dvelopper les exportations. Il y a videmment un grand nombre dexemples dans lconomie marocaine de ce double processus, mais, pour le moment, le mcanisme na pas encore acquis lampleur ncessaire pour augmenter sensiblement les perspectives de croissance. Le scnario de rfrence a dj montr que la croissance acclre du Maroc sera entrave par la contrainte forte quimpose la dpendance nergtique dans un monde caractris par des prix du ptrole levs. Cest donc dans le domaine de lnergie que le scnario S2 va devoir retrouver la force motrice dun dveloppement conomique acclr. Dans ce scnario alternatif, la question qui se pose est : pourrait-on dvelopper au Maroc une capacit autochtone de production dnergie capable dapporter un facteur additionnel de comptitivit extrieure par les prix et de mobiliser un financement international en assurant lpargne mondiale une nouvelle confiance dans lavenir du pays ? La globalisation financire, en accentuant le contact direct entre lpargne et linvestissement lchelle plantaire, contraint les pays mergents dvelopper des projets rentables moyen et long terme sur la base de visions capables de donner confiance aux milieux conomiques. A premire vue, le scnario S2 parat peu viable. Les modles de croissance par lexportation et par la consommation intrieure ne semblent pas avoir une force dynamique suffisante, et un modle ax sur lnergie ne semble pas convenir un pays qui na pas de rserves prouves dhydrocarbures. Toutefois, les analyses des facteurs de changement et le scnario de rfrence ont dj mis en vidence lexistence dun potentiel dnergies renouvelables qui pourrait soutenir la croissance conomique tendancielle. Aller au-del implique vraisemblablement le recours lnergie nuclaire. Les dveloppements technologiques de lnergie nuclaire qui ont permis la fois une augmentation des conditions de scurit et une rduction relative des cots dinvestissement font de llectricit nuclaire une alternative raliste et comptitive, surtout lorsque les prix du ptrole et du gaz se situent des niveaux levs. Ces volutions expliquent le regain dintrt pour le nuclaire lchelle mondiale, et cette voie sinscrit de plus en plus naturellement dans la rponse des pays consommateurs aux perspectives de hausse mondiale des prix des nergies primaires. Le Maroc a dj mis ltude dans un pass rcent ltablissement dune premire centrale nuclaire et, quoique le projet soit gel pour le moment, sa concrtisation reste dans le domaine du possible. Dans le scnario S2, lnergie lectrique nuclaire nest pas conue uniquement comme une rponse dfensive contre lexcessive dpendance nergtique extrieure ; cest une partie essentielle dun nouveau moteur de dveloppement et de croissance rapide. En effet, autour de cette activit se forment des clusters dentreprises industrielles et de services en amont et en aval. En particulier, la disponibilit dnergie lectrique des prix comptitifs permet la fois llectrification dimportants secteurs de consommation (en particulier, celui des transports) et un processus dindustrialisation susceptible de dvelopper les exportations marocaines dans de nouveaux secteurs. 63
Elle permet aussi de renforcer les services aux entreprises, tels que le conseil technique ou la maintenance, qui constituent aujourdhui des composantes essentielles pour les facteurs de localisation dindustries technologiquement avances (robotique, instruments de mesure, microlectronique). Un dveloppement intensif en nergie, appuy sur le nuclaire et sur les nergies renouvelables (dcoulant des volutions tendancielles du scnario de rfrence), ncessite un effort de formation suprieure dans les disciplines scientifiques et de formation spcifique dans des mtiers techniques qui favorisent la cration dentreprises.
Taux de croissance du PIB (1) 2005-2030 5% Taux de croissance de la consommation dnergie (2) 8% Elasticit moyenne Energie/PIB (3) = (2) / (1) 1,6
On trouve ainsi dans cette nouvelle forme dindustrialisation soutenue par labondance dnergie la justification pour une croissance conomique plus leve. Dans ce scnario, llasticit moyenne nergie/PIB slve au-dessus de la tendance historique, se rapprochant de taux observs ces dernires annes dans les pays mergents comme la Chine, atteignant 1,6 pour la priode 2005-2030. Le taux de croissance de lconomie (5 %) est alors le rsultat de lhypothse adopte en matire de croissance de la consommation dnergie (8 %). Lhypothse de croissance de la consommation dnergie situe cette dernire au niveau de 84,3 millions de TEP, multipliant par 7 la consommation de 2005. Est-ce un rsultat comparativement vraisemblable ? Comme la consommation dnergie en TEP par habitant est aujourdhui, par exemple en Espagne, 9 fois suprieure celle du Maroc, on peut signaler que cette augmentation est cohrente, selon un processus de convergence long terme, avec les niveaux de bien-tre des pays europens et nest pas contradictoire avec une utilisation efficiente de lnergie. Dans tout processus de dveloppement, laugmentation de la consommation nest pas le rsultat dun gaspillage, mais bien celui dune volution ncessaire de la production de secteurs productifs moins intensifs des secteurs plus intensifs en nergie, qui sont aussi ceux plus haute valeur ajoute.
Effort conomique Le scnario S2 demande un effort dinvestissement dans le domaine nergtique et dans dautres secteurs, beaucoup plus important que celui du scnario de rfrence S1; il est donc difficilement compatible avec la capacit dpargne interne du Maroc. Par consquent, il introduit un modle de dveloppement dans lequel les investissements directs trangers jouent un rle primordial. La globalisation financire doit accompagner dans ce cas la globalisation productive avec larrive massive de capitaux et dentreprises du reste du monde, ce qui contraint le secteur public fixer des conditions favorables aux marchs et, dans la mesure du possible, rechercher des partenariats avec le secteur priv (national ou tranger). La formule des partenariats publicsprivs acquiert dans ce scnario un rle central. Besoins technologiques Lentre dans lindustrie de lnergie nuclaire vient sajouter dans ce scnario aux besoins dtects dans le scnario de rfrence. La technologie nuclaire nest pas dun accs facile et ne peut tre obtenue au dpart que sur la base dune troite collaboration avec les pays et les entreprises qui ont accs aux derniers dveloppements des filires technologiques caractristiques de ce domaine. Laccs cette technologie nest toutefois pas possible sans un renforcement de la capacit technologique nationale qui demande aussi dimportants investissements publics pour laccumulation de capital humain spcialis. Considrations politiques et sociales Lexploration du scnario S2 de forte croissance nergtique montre que le droulement de ce scnario, dont les ventuels obstacles en matire de dveloppement durable, deffort conomique et de besoins technologiques pourraient tre rsolus (non sans efforts en matire daction publique), peut rencontrer des obstacles plus srieux sur les plans politique et social. Dans de nombreux pays, les initiatives nuclaires ont trouv une srieuse rsistance de la part de la population pour des motifs divers, dont le sentiment dinscurit associ aux risques nuclaires (pollution, radiations, dchets). Pour les pays qui ne sont pas encore membres du groupe des pays ayant dj accs aux technologies nuclaires, les obstacles politiques associs aux liaisons possibles de ces technologies civiles avec les technologies permettant la production darmes de destruction massive rendent ncessaires des choix stratgiques nationaux sur le plan de la politique extrieure qui peuvent toucher la souverainet nationale. En dautres termes, le scnario S2 ne devient raliste qu partir du moment o il peut sappuyer sur une forte cohsion sociale et une politique autour du processus de modernisation du Maroc, et sur lexistence de liens troits et de rapprochement avec certaines grandes puissances capables de faciliter laccs aux capitaux et aux technologies ncessaires son succs.
Cest un scnario qui repose sur une redfinition positive et stimulante des relations Sud-Sud et Nord-Sud en Mditerrane, en particulier en Mditerrane occidentale. En effet, le point de dpart du scnario S3 se situe dans lhypothse dune continuation du processus dintgration europen et dune nouvelle emphase sur le dveloppement dun rle global de lUE et dune relation privilgie avec les pays qui constituent son voisinage. Cette hypothse renforce limportance pour lUE du bon fonctionnement de lensemble de sa politique euro-mditerranenne. En partant de cette hypothse, le scnario S3 privilgie un renforcement des liens spcifiques entre les pays riverains de la Mditerrane occidentale. Cette possibilit est dj envisage, aujourdhui, avec la coopration renforce qui existe en matire de politique de dfense entre la France, lItalie, lEspagne, le Portugal, Malte, la Libye, la Tunisie, lAlgrie, la Mauritanie et le Maroc (Initiative 5+5 de coopration des ministres de la Dfense). Dans ce scnario S3, ce dveloppement est accompagn dun processus dintgration conomique du Maghreb dans le cadre dune UMA rnove. Alors que, pour le moment, le processus 5+5 sadresse essentiellement la Dfense et que lintgration maghrbine se proccupe des liberts commerciales en ligne avec les intrts pour le libre-change des projets euro-mditerranens, dans le scnario S3, les deux processus slargissent pour introduire une ide plus ambitieuse du codveloppement qui incorpore lamnagement dune nouvelle gographie conomique de lensemble rgional. On considre, en particulier, un amnagement commun du territoire et une solution cohrente des grands problmes de la Mditerrane occidentale (lnergie, leau, lenvironnement, lurbanisation du littoral, les transports, les tlcommunications, lducation ou la culture et la connaissance). Figure 17 Lnergie dans la Mditerrane 5+5
Renouvelables
France Espagne Portugal Mauritanie Maroc Algrie Italie
Nuclaire
Rseaux
Gaz
Ptrole
Lnergie est au centre de cet amnagement commun. En effet, on retrouve dans la rgion deux grands producteurs de ptrole et de gaz (la Libye et lAlgrie), une premire puissance europenne en matire dnergie nuclaire (la France) et le deuxime producteur mondial dnergie propre (lEspagne). Cette exceptionnelle configuration de ressources attribue la zone un caractre pionnier lchelle mondiale pour organiser long terme la grande transition nergtique. Toutes les comptences et toutes les ressources sont disponibles. En particulier, mme dans les pays qui, comme le Maroc ont une dpendance extrieure extrme pour satisfaire leurs besoins nergtiques, les ressources naturelles solaire et olienne sont abondantes. 66
Dans le scnario S3, la coopration 5+5 incorpore donc une mise en commun des savoirs et des sources dnergie assure par une activit dinvestissements publics et privs en matire de centres de production et de rseaux de transport et de distribution. Cest cette interconnexion des rseaux (dlectricit et dhydrocarbures) qui permet, dans le scnario S3, le dveloppement de projets communs structurant le territoire. Le scnario S3, tout comme le scnario S2, a un caractre essentiellement normatif, avec la diffrence que dans le scnario S2 ctait la socit marocaine qui tait spcifiquement concerne dans le dessein du futur, alors que le scnario S3 est conditionn par la volont de plusieurs pays et notamment par la politique dune grande puissance supranationale, lUnion europenne.
Lvolution du contexte euro mditerranen confre dornavant un grand espoir au scnario S3 qui est dun grand intrt pour le Maroc, qui pourrait y trouver lencadrement ncessaire pour un dveloppement durable et une croissance conomique acclre. La formule 5+5 largie devrait fournir les bases ncessaires pour faire du Maghreb et de la Mditerrane occidentale, dans son ensemble, une des grandes zones mergentes du monde au mme titre que la Russie, le Brsil, lInde ou la Chine. La proximit du grand march europen et la rapide croissance de la population magrbine renforcent les deux modles de dveloppement par le commerce extrieur et par la consommation intrieure. 67
La croissance conomique devrait donc tre dans ce scnario encore plus leve que celle propose dans le scnario S2, et il en irait de mme de la consommation dnergie.
Taux de croissance du PIB (1) 2005-2030 6% Taux de croissance de la consommation dnergie (2) 9% Elasticit moyenne Energie/PIB (3) = (2) / (1) 1,5
Stimule par le processus dmergence du Maghreb, le PIB crot dans le scnario S3 un taux annuel moyen de 6 %, avec une lasticit nergie/PIB maintenue constante par rapport au pass rcent. Cela conduit une croissance annuelle de la consommation dnergie primaire de lordre de 9 %, portant la consommation, en 2030, 106,2 millions de TEP. Le projet dnergie nuclaire considr dans le scnario S2 retrouve sa place dans le scnario S3 du fait de la croissance encore plus forte de la demande dnergie dans ce deuxime scnario alternatif, mais il nest plus aussi indispensable. En effet, il serait possible dassumer un rle plus important pour le gaz et le ptrole dans le contexte de lintgration maghrbine, quoique dans une optique plus long terme, ce ne serait quune solution de transition vers un systme futur dans lequel les solutions nuclaires de toute nature auront probablement un rle important jouer.
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Les trois scnarios dvelopps au chapitre 4 ont confirm que les marges de manuvre pour les politiques nergtiques marocaines restent trs ouvertes sur un horizon de vingt-cinq ans. La demande dnergie peut varier du simple au double, voire davantage. A la base de cette marge se situent dimportants choix de socit traduits par des actions publiques et prives. LEtat et les entreprises se trouveront confronts, long terme, des choix complexes, obligs de prendre des dcisions qui portent en elles la fois des bnfices et des cots. Les choix se font en actualisant ces cots et bnfices, et dans ce contexte le taux descompte est primordial ; laction court terme est privilgie par un taux descompte lev, avec lequel les revenus nets futurs ont une valeur relativement faible dans le prsent ; laction qui engage les scnarios long terme est celle dune socit qui croit en son futur et applique ses projets un taux descompte bas. Jusqu quel point la socit marocaine croit-elle en son projet davenir ? Jusqu quel point attribue-t-elle de la valeur aux rendements long terme ? Cest sur ce plan que se situe le dbat national sur lnergie au Maroc. Cest un vritable dbat de socit dans lequel se posent des questions essentielles : quel est le niveau de dpendance extrieure tolrable dans le domaine de lnergie, au-del duquel la vulnrabilit du Maroc est trs leve ? jusqu quel point peut-on assumer des risques technologiques pour obtenir des niveaux de bien-tre plus levs ? quels devraient tre les rles du march et de la rgulation publique de lnergie pour augmenter lquit sociale ? o doit-on situer leffort public et les priorits des dpenses entre activits nergtiques (comme llectrification rurale) et dautres activits sociales effet redistributif (comme lducation primaire) ? Ces questions sont des exemples pour montrer limportance dun dbat national ouvert sur lnergie, et cest la prparation de ce dbat que la prospective, en particulier les scnarios, sont utiles. Le scnario de rfrence S1 a montr que la poursuite dun processus de croissance conomique modre comme celui qui a t observ au cours des 25 dernires annes va tre trs difficile et mme, dans certains contextes, pratiquement impossible. Si le prix du ptrole continue monter au cours des prochaines annes, il sera mme ncessaire de rduire cette modeste ambition de croissance du pays. Il est esprer que la raction sur le plan de loffre et de la demande dnergie des grands pays consommateurs fera inflchir le prix du ptrole vers une croissance plus tolrable pour 69
le Maroc, mais cette considration chappe au pouvoir dintervention dun pays isol de taille moyenne, mme sil lui est possible de sengager fond dans cette rponse des pays consommateurs. Tableau 9 Rcapitulatif des trois scnarios
Scnario de rfrence S1 Croissance conomique Relations internationales Consommation dnergie en 2030 Dveloppement durable Effort conomique Nouvelles technologies Facteurs politiques et sociaux Mthodologie prospective Tendancielle (4 %) Globalisation 48 millions de TEP Difficile Normal Eolien, biomasse, solaire Scnario de volontarisme nergtique S2 Forte (5 %) (endogne) Globalisation 84 millions de TEP Positif Exceptionnel Eolien, biomasse, solaire, nuclaire Scnario de rgionalisme ouvert S3 Forte (6 %) (exogne) Rgionalisation 106 millions de TEP Trs positif Partag dans la rgion Eolien, biomasse, solaire, nuclaire Europisation + Maghrbisation Normatif
Cest donc dun important effort conomique national quil sagit lorsquon veut rpondre positivement au dfi de lnergie, et cest cet effort qui est considr dans les scnarios alternatifs S2 et S3. La diffrence fondamentale entre les scnarios S2 et S3 est que, dans le premier, le Maroc affronte seul le dfi nergtique, alors que, dans le second, il le fait en compagnie dautres pays, notamment ses voisins maghrbins et europens. La comparaison entre les scnarios montre que la seconde option est plus intressante pour le Maroc sur de nombreux plans. Elle abaisse les cots de la transition nergtique, largissant le territoire de loptimisation des projets et ouvre la porte au concept de codveloppement, rponse essentielle pour la convergence des niveaux de bien-tre. Elle favorise mme un modle de dveloppement plus durable laide de lvolution des prix, des valeurs et des technologies et contribue dfinir une nouvelle gographie conomique de la Mditerrane occidentale compatible avec le processus de globalisation financire et conomique. Actuellement, les conditions institutionnelles ne sont pas remplies pour le choix en faveur de la maghrbisation et de l europisation quimpose le scnario S3. Ni lUMA, ni les accords euro-mditerranens noffrent pour le moment un cadre appropri pour cette option. Une rflexion commune est dsormais indispensable pour relancer le processus dintgration de la Mditerrane occidentale si lon veut, dans le cas du Maroc, faire partie dune zone rgionale mergente du globe. Cette relance et cette redfinition des termes de lintgration rgionale en Mditerrane occidentale (appuyes peut-tre par une formule europenne de coopration renforce sur 70
la voie de lInitiative 5+5 sur la dfense, largie en particulier aux domaines de lnergie et de lenvironnement) demandent du temps. De mme, mettre en place le processus dinvestissements massifs en nergie que requiert le scnario S2 prend aussi du temps. Energie 2030 : quelles options pour le Maroc ? a un horizon raisonnable pour le dveloppement des scnarios alternatifs S2 et S3, mais il faut quelques annes de parcours le long du scnario S1 de rfrence pour prparer cette grande transition nergtique. S3 S2 S1 2005 2030
Est-il possible dacclrer dores et dj le processus de transition nergtique, tout en restant dans le cadre des contraintes du scnario de rfrence ? La rponse est dj donne pour le gouvernement marocain, dont la politique est devenue sensiblement plus active devant la pression des vnements extrieurs, notamment par suite de laugmentation du prix du ptrole. Une stratgie moyen terme conforme aux hautes orientations de Sa Majest le Roi a ainsi t dfinie, qui couvre les principaux piliers de la rponse donne par les pays consommateurs. Elle cre les bases pour une libralisation du secteur nergtique qui facilitera la ralisation de partenariats publics et privs dans tous les domaines allant de llectricit au gaz. Elle met en place un ambitieux plan de dveloppement des nergies renouvelables et un plan pour lefficacit nergtique. La stratgie nergtique nationale vise assurer la scurit dapprovisionnement, la diversification des formes et des sources dnergie, la disponibilit de lnergie au meilleur cot, la gnralisation de laccs lnergie, la prservation de lenvironnement et le renforcement de la scurit et du contrle technique des installations nergtique ainsi que la matrise de lnergie. Cest probablement le moment, si lon veut laisser ouverte la porte des scnarios alternatifs S2 et S3, de remettre ltude le dveloppement ventuel dune centrale nuclaire. Mais cest aussi le moment de commencer dessiner une stratgie densemble pour lnergie du Maghreb et de lEurope voisine. Prendre du retard sur ces deux plans serait probablement se fermer la porte de lmergence conomique dans la globalisation et rester lcart de la convergence conomique avec les pays industriels avancs. Au stade actuel du dveloppement du Maroc, comme le confirme la prsente tude, on ne peut envisager de croissance acclre sans une forte croissance de la consommation dnergie. Devoir contraindre cette consommation reviendrait contraindre aussi la croissance et le dveloppement humain et durable qui lui est associ.
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ANNEXES
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Annexes
3 889,90 4 959,10 6 541,40 8 433,70 11 056,7 12 225,4 11 337,0 11 125,9 12 034,6 13 258,2 18,90 162,20 295,80 222,50 63,10 614,4 2 614,9 6 373,3 1 454,1 406,6 3 389,1 6 750,9 1 678,8 362,0 3 360,9 5 942,3 1 671,8 373.9 3227,2 4290,9 3233,9 399,1 3657,4 5671,1 2307,0 211,6 3812,9 6561,7 2672,0 809,10 1 274,70 449,00 1 617,80
4 686,00 5 156,40 6 486,00 8 012,30 397,20 371,20 51,80 126,30 317,10 223,80 662,50 1 095,60 1 633,40 71,80 43,30 11,00
9 775,2 10 361,8 10 509,1 10 793,3 11 516,0 12 316,8 818,2 2 684,5 6 234,6 37,9 686,8 3 472,5 6 164,9 37,6 634,0 3 398,9 6 444,7 36,4 804,7 3272,6 6680,9 35,1 866,8 3620,0 6984,2 42,0 632,80 3716,0 7582,0 386,0
Annexe 2 Ventes des produits ptroliers selon les socits distributrices (en tonnes, 2004)
Rubriques Ptrom Shell Total Afriquia Somepi Mobil Oil C.M.H. Atlas-Sahara Ziz CPHM Somap Ptromin P.N.A. Petrom Sahara Petrosud Inov Ptrole Source : HCP, Annuaire statistique. Carburacteur 95 375 1 328 118 056 32 805 73 708 Fuel-oil 328 508 28 983 120 422 425 183 89 665 1 350 110 520 29 867 55 912 284 024 14 066 29 594 21 823 Gas-oil 246 953 698 472 486 421 446 133 326 721 251 428 201 510 136 735 175 094 29 534 39 298 110 499 69 164 12 083 19 186 37 501 Ptrole lampant 252 1 146 1 149 2 408 1 084 880 634 5 012 120 3 255 318 Essence ordinaire 1 070 4 528 17 501 5 826 5 497 5 320 5 123 2 079 3 112 2 411 57 23 Essence Super 24091 94845 46048 38088 20191 34501 24021 17627 10665 3448 1357 8014 5931 1167 50 42
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Annexes
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Annexes
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Rfrences bibliographiques
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