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Environnement Dossier ADEME Vision 2030-2050
Environnement Dossier ADEME Vision 2030-2050
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« Vision 2030-2050 »
Document technique
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INTRODUCTION 10
SYNTHESE 12
1. Méthodologie 28
1.1. Contexte de l’exercice de prospective à l’horizon 2030 28
1.1.1. Prospective ou prévision ? 28
1.1.2. La mise en commun des connaissances 28
1.1.3. Le rôle des modèles 28
1.2. Cadrage macroéconomique et démographique 29
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2.3. Evolution du secteur de l’alimentation, de l’agriculture et de l’utilisation des sols 71
2.3.1. Les besoins alimentaires 72
2.3.1.a Contexte 72
i. Quantités consommées 73
ii. Modes de consommation 75
iii. Importations et exportations 77
2.3.1.b. Vision de l’ADEME sur l’évolution des besoins alimentaires 77
i. Hypothèses retenues concernant l’ajustement des apports alimentaires aux besoins 77
ii. Hypothèses retenues concernant l’ajustement des régimes alimentaires 77
iii. Hypothèses retenues concernant le gaspillage alimentaire et les pertes évitables 78
iv. Hypothèses retenues concernant les modes de consommation 80
2.3.1.c. Bilan du scénario de l’ADEME sur l’alimentation à l’horizon 2030 81
2.3.2. Les modes de production agricoles 82
2.3.2.a. Contexte 82
2.3.2.b Vision de l’ADEME concernant les pratiques agricoles 87
i. Hypothèses retenues concernant les évolutions des systèmes de production agricole et le
développement des pratiques stockantes 87
ii. Hypothèses retenues concernant les gains énergétiques possibles 92
iii. Hypothèses retenues concernant l’évolution des élevages 93
iv. Hypothèses retenues pour le compostage 94
v. Hypothèses retenues sur l’évolution de la Politique Agricole Commune 95
2.3.2.c. Bilan du scénario de l’ADEME concernant les modes de production agricoles 95
2.3.3. L’artificialisation des sols et changements d’usage 96
2.3.3.a Contexte 96
2.3.3.b Vision de l’ADEME concernant l’artificialisation des sols 97
i. Hypothèses retenues concernant l’artificialisation des sols 97
2.3.3.c Bilan du scénario de l’ADEME sur l’évolution de l’artificialisation des sols 98
2.3.4. Principales conditions de réalisation 98
2.3.5. Bilan global du scénario de l’ADEME pour le secteur de « l’Alimentation, de l’agriculture et
de l’utilisation des sols » 101
2.4. Evolution du secteur de la production industrielle 105
2.4.1. Contexte général 105
2.4.1.a Cartographie 106
2.4.1.b. Evolution et déterminants 107
2.4.2. Vision de l’ADEME pour la production industrielle 109
2.4.2.a. Hypothèses retenues concernant les gains d’efficacité énergétique par secteur
industriel 110
2.4.2.b. Hypothèses retenues sur le recyclage 116
2.4.2.c Hypothèses retenues pour la valorisation énergétique et l’intégration des ENR 119
2.4.2.d. Hypothèses retenues pour la chimie du végétal 122
2.4.3. Principales conditions de réalisation 125
2.4.4. Bilan global du scénario de l’ADEME pour le secteur de la production industrielle 127
2.5. Le scénario ADEME 2030 : bilan total de la consommation énergétique 129
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3.2.1.a. Contexte de la ressource biomasse 131
3.2.1.b. Vision de l’ADEME pour la biomasse 132
i. Hypothèses retenues pour les combustibles solides biosourcés 133
ii. Hypothèses retenues pour la méthanisation 136
iii. Hypothèses retenues pour les biocarburants liquides 138
3.2.1.c. Principales conditions de réalisation 139
3.2.1.d. Bilan du scénario de l’ADEME pour la ressource biomasse 141
3.2.2. L’hydroélectricité 141
3.2.2.a. Contexte de l’hydroélectricité 142
3.2.2.b. Vision de l’ADEME pour l’hydroélectricité 144
i. Hypothèses retenues pour l’hydroélectricité 144
3.2.2.c. Principales conditions de réalisation 144
3.2.2.d. Bilan du scénario de l’ADEME pour l’hydroélectricité 145
3.2.3. L’éolien terrestre 145
3.2.3.a. Contexte de l’éolien terrestre 145
3.2.3.b. Vision de l’ADEME pour l’éolien terrestre 147
i. Hypothèses retenues pour l’éolien terrestre 148
3.2.3.c. Principales conditions de réalisation 148
3.2.3.d. Bilan du scénario de l’ADEME pour l’éolien terrestre 149
3.2.4. L’éolien en mer 150
3.2.4.a Contexte de l’éolien en mer 150
3.2.4.b. Vision de l’ADEME pour l’éolien en mer 150
i. Hypothèses retenues concernant l’éolien en mer 151
3.2.4.c. Principales conditions de réalisation 151
3.2.4.d. Bilan du scénario de l’ADEME pour l’éolien en mer 151
3.2.5. Le photovoltaique 152
3.2.5.a. Contexte de l’énergie photovoltaïque 152
3.2.5.b. Vision de l’ADEME pour le photovoltaïque 155
i. Hypothèses retenues pour le photovoltaïque décentralisé 156
ii. Hypothèses retenues pour le photovoltaïque centralisé (système PV > 9kW) 157
iii. Hypothèses retenues concernant l’évolution des rendements 158
3.2.5.c. Principales conditions de réalisation 158
3.2.5.d. Bilan du scénario de l’ADEME pour le photovoltaique 159
3.2.6. Le solaire thermique 162
3.2.6.a. Contexte du solaire thermique 162
3.2.6.b. Vision de l’ADEME pour le solaire thermique 165
i. Hypothèses retenues dans les bâtiments 165
ii. Hypothèses retenues dans l’industrie 165
iii. Hypothèses retenues sur les réseaux de chaleur 167
3.2.6.c. Principales conditions de réalisation 167
3.2.6.d. Bilan de la vision de l’ADEME pour le solaire thermique 168
3.2.7. La géothermie 169
3.2.7.a. Contexte de la géothermie 169
3.2.7.b. Vision de l’ADEME pour la géothermie 174
i. Hypothèses retenues pour la géothermie décentralisée 174
ii. Hypothèses retenues pour la géothermie centralisée productrice de chaleur 175
iii. Hypothèses retenues pour la géothermie centralisée productrice d’électricité 175
3.2.7.c. Principales conditions de réalisation 176
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3.2.7.d. Bilan du scénario de l’ADEME 176
3.2.8. Les énergies marines 177
3.2.8.a. Contexte des énergies marines 177
3.2.8.b. Vision de l’ADEME pour les énergies marines 179
i. Hypothèses retenues pour la filière hydrolienne 180
ii. Hypothèses retenues pour la ressource houlomotrice 180
iii. Hypothèses retenues pour le développement du marémoteur 181
iv. Hypothèses retenues pour l’énergie osmotique 181
v. Hypothèses retenues pour l’énergie thermique des mers 181
3.2.8.c. Principales conditions de réalisation 181
3.2.8.d. Bilan de la vision de l’ADEME pour les énergies marines 182
3.2.9. La récupération de la chaleur fatale des sites industriels 183
3.2.9.a Contexte 183
3.2.9.b Vision de l’ADEME pour la chaleur fatale et de récupération 184
i. Hypothèses retenues 184
3.2.9.c. Principales conditions de réalisation 186
3.2.9.d. Bilan de la vision de l’ADEME pour la chaleur fatale et de récupération 187
3.3. Le réseau électrique 187
3.3.1. Enjeux liés au mix électrique 187
3.3.1.a. Moyens de flexibilité en production 187
3.3.1.b. Moyens de stockage et potentiels de développement 188
i. Les STEP 189
ii. Technologies de stockage autres que les STEP 191
iii. Réglementation et vision globale de développement 192
iv. Les réserves 193
3.3.1.c. Capacités d’effacement 193
3.3.1.d. Interconnexions 196
3.3.1.e La gestion du réseau électrique 197
i. Intérêts des technologies Smartgrids 197
ii. Flexibilité de la consommation apportée par les technologies smartgrids 197
iii. Insertion des énergies renouvelables accrue avec les technologies smartgrids 197
iv. L’information du consommateur 198
v. Technologies smartgrids et pertes sur le réseau 198
3.3.2. Scénario ADEME 2030 : réaliser un ajustement de la consommation et de la production au
pas de temps horaire 200
3.3.2.a. Caractéristiques de l’outil de modélisation utilisé 200
i. Structure de l’outil de modélisation utilisé 200
ii. Modélisation de la consommation électrique au pas horaire 202
iii. Modélisation de la production électrique au pas horaire 205
iv. Modélisation des interconnexions 209
v. Modélisation de la production d’hydrogène et méthanation 210
3.3.2.b. Résultats de la modélisation pour l’équilibre offre-demande au pas horaire 210
3.3.5. Bilan du scénario de l’ADEME pour le réseau électrique en 2030 216
3.4. Le réseau de chaleur 218
3.4.1. Contexte 218
3.4.2. Vision de l’ADEME pour le réseau de chaleur 220
3.4.3. Principales conditions de réalisation 221
3.4.4. Bilan du scénario de l’ADEME pour le réseau de chaleur en 2030 222
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3.5 Le réseau de gaz 222
1. Méthodologie 228
1.1. Contexte de l’exercice de prospective à l’horizon 2050 228
1.1.1. Qu’est ce qu’une approche normative ? 228
1.1.2. La mise en commun des connaissances 228
1.2. Cadrage macroéconomique et démographique 229
1. Méthodologies d’estimation des impacts du scénario énergétique 2030 ADEME sur les
émissions polluantes et la qualité de l’air 283
1.1. Impacts du scénario ADEME sur les émissions de polluants en 2030 284
1.2. Impacts du scénario énergétique sur la qualité de l’air : application de modèles de qualité de
l’air en zones urbanisées types 289
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Introduction
L’exercice de prospective Vision 2030-2050 a été l’occasion pour les experts de différents
services techniques et économiques de l’Agence de mettre en commun leur expertise au
sein d’une vision globale cohérente, précise et argumentée d’un avenir énergétique plus
durable. Pour cela, l’Agence s’est appuyée sur l’ensemble des informations et données
auxquelles elle a accès.
Ce travail, réalisé en interne, offre à l’Agence l’occasion de proposer au grand public une
vision énergétique volontariste, axée sur ses deux champs de compétences : la maîtrise de
la consommation énergétique et le développement de l’offre d’énergies renouvelables. La
vision prospective proposée ne repose toutefois pas sur un changement radical de mode de
vie ou sur le pari d’une rupture technologique forte.
- proposer des améliorations des services énergétiques, de la qualité de vie pour les
ménages, notamment les plus précaires, et assurer un cadre économique et réglementaire
pérenne et stable pour les entreprises avec un maintien de notre outil industriel et le
développement croissant d’une industrie verte (ENR, bâtiment, recyclage, etc.).
L’Agence attache également une grande importance à la vertu pédagogique de son exercice
de prospective. Ainsi, pour chaque secteur, le contexte actuel est rappelé, et une attention
particulière a été portée à l’homogénéisation des unités pour rendre les éléments de tous les
secteurs comparables entre eux. Une synthèse de ce document, reprenant les principaux
déterminants et leurs conséquences, est également disponible.
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L’ADEME n’a pas souhaité se prononcer sur les éléments qui ne constituent pas son cœur
de métier. Ainsi, les hypothèses économiques ou démographiques retenues sont issues de
sources officielles externes, tout comme l’hypothèse des prix de l’énergie à l’importation.
L’ADEME ne se prononce pas non plus dans sa vision prospective sur la durée de vie des
réacteurs nucléaires, ou l’exploitation des gaz de schistes. La question de la part de l’énergie
nucléaire dans le mix électrique est ainsi déterminée exclusivement, pour 2030, par les trois
éléments suivants : (1) l’évolution de la consommation d’électricité (2) l’augmentation de
l’offre d’énergies renouvelables (3) l’ajustement électrique offre-demande aux différents pas
de temps. L’ADEME n’a pas pris position sur l’évolution du mix électrique à l’horizon 2050, et
propose trois alternatives. A cette échéance, il nous semble toutefois nécessaire de mener
des travaux complémentaires sur l’intégration d’une part très importante d’EnR intermittentes
sur le réseau électrique.
L’exercice « Vision 2030-2050 » est scindé en deux parties. L’interprétation des résultats doit
donc se faire de manière complémentaire : la perspective 2030 est à mettre en regard de
l’objectif 2050 à atteindre.
Pour l’horizon 2030, l’ADEME a souhaité établir un scénario ambitieux et réaliste d’évolution
de la consommation énergétique et de la production d’énergies renouvelables afin de porter
une vision claire, précise et argumentée d’un futur énergétique possible. Ce travail a
notamment consisté à identifier, pour chaque secteur et sous-secteur (filières industrielles,
types de véhicule, etc.), des potentiels d’efficacité énergétique atteignables, leur faisabilité
économique et les conditions de réalisation permettant de mettre en œuvre une telle
transition énergétique. Les deux indicateurs principaux sont la consommation énergétique et
les émissions de CO2. D’autres indicateurs ont toutefois également été suivis, par exemples
les autres émissions de gaz à effet de serre, l’évolution de la qualité de l’air (particules fines,
etc.) ou les déchets.
Pour l’horizon 2050, l’exercice est normatif, puisqu’il s’agit d’imaginer une vision 2050
cohérente avec l’objectif « Facteur 4 » (division par quatre de nos émissions de CO2 en
2050 par rapport à 1990). Il ne s’agit donc plus d’être sur une perspective « tendancielle
volontariste », mais de se fixer l’objectif final et d’identifier un chemin possible permettant d’y
arriver en imaginant des changements plus structurants des modes de vie (économie du
partage, réflexion sur l’organisation urbaine, etc.). Les options retenues pour le scénario
2050 résultent pour partie des visions retenues dans les feuilles de route stratégiques
réalisées par l’ADEME, en amont des appels à manifestation d’intérêt publiés dans le cadre
des « Investissements d’Avenir ».Ces feuilles de route ont pour vocation de soutenir des
expérimentations de nouvelles technologies et de nouvelles organisations des modes de vie.
En outre, les exercices sectoriels de prospective « Facteur 4», conduits depuis 2008, ont
permis d’étoffer des visions sectorielles normatives.
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Synthèse
L’exercice de prospective « Vision 2030-2050 » aboutit aux résultats suivants :
- une baisse des consommations énergétiques de 20% est possible d’ici 2030 tout en
diminuant nos émissions de GES de l’ordre de 40%, avec une contribution majeure du
secteur du bâtiment pour la baisse de la consommation énergétique et un rôle important
pour la biomasse dans la production d’énergie renouvelable.
- D’ici 2050, les consommations énergétiques peuvent être divisées par 2 et les émissions
de GES divisées par 4 avec un rôle clé joué par le secteur des transports qui divise par plus
de 10 ses émissions de GES.
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Partie A
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1. Les enjeux énergétiques et environnementaux
La démographie mondiale et la croissance économique tirent la consommation
d’énergie et de matières premières vers le haut. Or, la plupart de ces ressources ne sont pas
renouvelables. Cette réalité va rapidement contraindre les pays du monde à modifier leurs
modes de consommation et de développement pour prendre en compte des objectifs de
durabilité et de soutenabilité. Il est nécessaire d’anticiper ces changements ; pour ne pas
avoir à les subir, et éviter ainsi les conséquences négatives pour l’activité économique et le
niveau de vie des populations qui pourraient en découler
En outre, il apparaît évident que la diminution de la production des champs géants mis en
exploitation au cours du XXème siècle, et celle plus rapide encore des champs moyens et
petits, comme le rappelle l’Agence Internationale de l’énergie (AIE) dans son World Energy
Outlook (WEO) 2008, couplée à une demande croissante renforcera les tensions sur la
ressource pétrolière et pourrait menacer la plupart des économies modernes extrêmement
dépendantes du pétrole.
La mise en production rapide des réserves des gaz et pétroles de schiste dans le monde, et
notamment en Amérique du nord, ainsi que l’exploitation des ressources en charbon
pourront, pour partie et pendant une période limitée, être utilisées comme produits de
substitution à certains des usages actuels du pétrole. Si les prochaines années verront sans
doute émerger un « âge d’or du gaz », pour reprendre l’expression de l’AIE, ces ressources
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existent également en quantité limitée et leur exploitation n’est pas sans conséquence
environnementale, directe ou indirecte.
Dans le secteur des transports, la part des énergies fossiles, quasi-exclusivement le pétrole,
est prépondérante (plus de 95%).
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Le secteur des transports est fortement structuré par l’attitude des individus vis-à-vis de leur
véhicule. Longtemps symbole de richesse et de liberté, la place du véhicule particulier est en
pleine mutation en raison des charges qu’il fait peser sur le budget des ménages. La
pénétration de véhicules plus adaptés aux différents types de trajets, dotés de motorisations
spécifiques à chacun des usages ne pourra se faire que progressivement avec l’évolution du
comportement de la société vis-à-vis de ce bien. Les grandes tendances vont vers un
décloisonnement des modes de transport tels que nous les connaissons aujourd’hui,
notamment entre transport public collectif et véhicule privé individuel : une multitude de
solutions de mobilité se développeront tout le long du spectre.
Le bilan de la consommation d’énergie finale par secteur donné par le SOeS est le suivant :
Le Paquet Energie Climat et l’objectif 3x20 - Le Paquet Energie Climat a été adopté par le
Conseil européen du 12 décembre 2008. Traduisant en actions concrètes la volonté de
l’Union européenne d’intensifier ses efforts en matière climatique, il comprend un ensemble
de mesures – directives, décisions - qui doivent permettre la réalisation de « l’objectif des 20-
20-20 » à l’horizon 2020 : réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 20%
par rapport à 1990, augmentation de l’utilisation des énergies renouvelables à concurrence
de 20% de la production totale d’énergie, réduction de la consommation d’énergie finale de
20% par rapport au niveau prévu pour 2020 grâce à l’amélioration de l’efficacité énergétique.
Ainsi, si le réseau de transport d’électricité (RTE) dessert l’ensemble de la France, il est relié
au reste de l’Europe. Avec 46 lignes d’interconnexion aux 6 frontières françaises, les lignes
électriques haute-tension maillent la plaque continentale.
Avec ses homologues européens, RTE construit des dispositifs techniques et économiques
permettant d’organiser le marché européen de l’électricité, de fluidifier les échanges entre les
pays, mais aussi d'assurer en permanence la sureté du fonctionnement du système de
transport d'électricité. La coopération entre gestionnaires de réseaux de transport en
Europe accroît la sûreté des réseaux électriques et améliore la sécurité
d’approvisionnement.
Elle permet de mieux anticiper certaines situations tendues (par exemple en période de forte
consommation), ou encore de compenser immédiatement toute défaillance d'un équipement
de production ou de transport d'électricité. Les réseaux nationaux et européens étant
interconnectés, cette responsabilité s'exerce en relation avec nos homologues européens.
L'effet de serre est un phénomène naturel. Présents en petite quantité dans l'atmosphère,
certains gaz comme la vapeur d’eau, le dioxyde de carbone (CO2) ou le méthane (CH4)
retiennent une large part de l’énergie solaire renvoyée vers l’espace par la terre. Ce faisant,
ces gaz à effet de serre (GES) maintiennent l’atmosphère à une température moyenne
d'environ 15°C. Sans eux, le thermomètre descendrait à -18°C, interdisant de facto le
développement de la vie.
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Cette dépendance aux combustibles « fossiles » devrait durer encore plusieurs décennies,
estime l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). En 157 ans, l’humanité a ainsi multiplié par
145 ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Tout naturellement, la concentration de
CO2 dans l’atmosphère s’est accrue en conséquence.
Le Conseil européen de mars 2007 a souligné que la Communauté était déterminée à faire
de l’Europe une économie à haute efficacité énergétique et à faible taux d’émission de gaz à
effet de serre (GES). Elle a ainsi pris l’engagement de réduire d’ici à 2020 ses émissions de
GES d’au moins 20 % par rapport à 1990 (avec une baisse de 23% pour la France).
Les émissions françaises de GES ont évolué de la façon suivante entre 1990 et 2010 :
1990 2010
CO2 CH4 N20 Total GES CO2 CH4 N20 Total GES
Combustion 79,9 79,9 64,6 64,6
Process 25,2 23,6 48,8 17,5 2,1 19,6
0,0
Combustion 67,2 67,2 55,6 55,6
Autres 4,3 0,9 5,2 1,7 1,0 2,7
0,0
Combustion 28,7 28,7 23,1 23,1
Autres 0,0 0,0
0,0
Combustion 113,3 113,3 121,3 121,3
Autres 0,0 1,3 1,3
0,0
Combustion 8,7 8,7 8,7 8,7
Autres 51,6 36,6 88,2 44,2 35,7 79,9
62,1 6,8 68,8 64,2 1,5 65,7
1,7 11,3 1,4 14,4 1,4 12,5 1,2 15,2
1,8 1,8 1,0 1,0
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1.2. Les tensions sur les ressources
Selon le groupe d’experts de l’Union Européenne, 14 matières premières minérales
sont d’une importance critique : l’antimoine, le béryllium, le cobalt, le spath fluor, le gallium,
le germanium, le graphite, l’indium, le magnésium, le niobium, les métaux du groupe du
platine, les terres rares, le tantale et le tungstène.
Après la flambée des cours des matières premières de ces dernières années, puis
leur baisse suite à l’effondrement de la consommation causé par la crise économique et
financière de 2009, les prix des matières premières retrouvent une tendance haussière
« structurelle », se rapprochant peu à peu des plus hauts niveaux de 2008.
Les prévisions indiquent que, pour certaines de ces matières premières critiques, le
niveau de la consommation en 2030 pourrait être plus de trois fois supérieur à celui de 2006,
posant ainsi la question de la disponibilité de la ressource, de son prix, et de ses substituts.
Bien que s’étant globalement améliorée au cours des dernières décennies, la qualité de l’air
notamment dans les grandes agglomérations du territoire français ne présente toujours pas
une situation satisfaisante au regard des enjeux sanitaires.
Plusieurs travaux internationaux récents montrent les impacts de la pollution de l’air sur la
santé :
- réduire les niveaux de particules fines dans l’air des villes européennes entraînerait
un bénéfice non négligeable en termes d’augmentation de l’espérance de vie et de
réduction des coûts pour la santé (source Aphekom 2011)
La pollution atmosphérique a également des effets négatifs sur les écosystèmes et les
matériaux.
A l’heure actuelle, les valeurs limites définies dans le cadre de la directive européenne
2008/50/CE sont régulièrement dépassées sur plusieurs zones en France, plus
particulièrement pour les particules PM10 et le dioxyde d’azote (NO2). Ainsi :
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- les concentrations en particules PM10 devaient respecter la réglementation européenne
depuis 2005. Depuis le 18 mai 2011, la Commission européenne poursuit la France
devant la Cour de justice pour non-respect des valeurs limites de qualité de l’air pour les
PM10 dans 15 zones dont 12 agglomérations de plus de 100 000 habitants. Les
particules PM2,5 font également l’objet d’une réglementation. En 2011, sur 79 sites de
mesure, 6 ont enregistré des dépassements de la valeur limite européenne journalière
(25 µg/m3) et 20 des dépassements de la valeur cible issue de la réglementation
française (20 µg/m3)
- les valeurs limites relatives au dioxyde d’azote sont applicables depuis 2010. Or en
milieu urbain, les concentrations sont restées stables depuis le milieu des années 2000
alors que les valeurs réglementaires devenaient de plus en plus exigeantes. Ainsi, les
grandes agglomérations enregistrent dès 2010 des dépassements des valeurs limites
(moyenne annuelle et moyenne horaire), principalement sur les sites localisés en
proximité de voies routières (sites trafic). Selon le Bilan de la qualité de l’air en France
20111, « aujourd’hui, plus de 10% des sites ne respecteraient pas la valeur limite
annuelle applicable en 2011 ».
Beaucoup de progrès ont été faits depuis ces 20 dernières années sur la réduction des
émissions de polluants atmosphérique et notamment les émissions industrielles. Ces efforts
ne suffisent pas, il faut donc poursuivre les actions visant à limiter les émissions de polluants
dans l’air. Le sujet est cependant complexe, puisqu’on doit agir sur des émissions diffuses
comme le chauffage au bois, les transports, l’agriculture… et sur des niveaux d’émissions de
polluants faibles pour le secteur de l’industrie.
1
Bilan de la qualité de l’air en France en 2011 et des principales tendances observées au cours de la période
2000-2011 (Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie)
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Afin de lutter contre la pollution atmosphérique, plusieurs types d’actions sont requis :
- Améliorer les connaissances sur l’évolution des molécules émises dans l’air selon les
différentes sources anthropiques (transport, chauffage, industrie, agriculture)
- Limiter à moyen terme les émissions de polluants atmosphériques en combinant des
actions gagnant /gagnant en matière d’efficacité énergétique et de qualité de l’air.
- Agir à court terme pour réduire les émissions de polluants les plus problématiques
comme notamment les particules fines, les oxydes d’azote et les composés organiques
volatils.
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déclarent souffrir du froid dans leur logement. 621 000 ménages souffrent des deux formes
de précarité.
Les quatre facteurs expliquant la précarité énergétique sont les bas revenus, le coût des
énergies, la qualité énergétique des logements, et leurs localisations engendrant des
mobilités dépendantes de l’automobile. Une aide aux bas revenus est apportée partiellement
par les Fonds de Solidarité pour le Logement ; une aide aux coûts des énergies est assurée
par les tarifs sociaux pour l’électricité et le gaz naturel ; l’amélioration des logements, qui
sont souvent des « épaves énergétiques » peut être effectuée dans le cadre du
« Programme Habiter Mieux » de l’ANAH et par le biais de certaines actions de l’ADEME.
Différentes initiatives permettent dès à présent de nourrir ces réflexions territoriales et ces
changements de perspective dans un système énergétique qui s’est historiquement
largement construit et développé sur des bases centralisées:
Concrètement, cela signifie qu’il convient d’avoir une cohérence aux différents échelons
territoriaux ce qui passe notamment par une prise en compte des choix des uns et des
autres.
Ainsi, à titre d’exemple les villes doivent à la fois soutenir les initiatives et les innovations les
plus porteuses sur leurs territoires les approches citoyennes les plus propices à la transition
énergétique (initiatives autour des circuits courts d’alimentation, développement de
l’agriculture périurbaine…),; et en même temps inscrire leurs actions dans les dynamiques
engagées par les régions et l’Etat ou encore l’Europe : politique industrielle de soutien à
l’innovation sur des technologies vertes, mise en place de signal prix sur le CO2 fossile
(marché ETS, contribution énergie climat, etc.)
La part des seniors de 65 ans et plus dans la population passera de 16,6% en 2005 à 20,8%
en 2020 et 24,2% en 2030. La part des actifs potentiels (15-64ans) passera de 65,2% en
2005 à 62,2% en 2020 et 59,6% en 2030 et celle des moins de 15ans de 18,2% en 2005 à
17,0% en 2020 et 16,1% en 2030. Selon l’INSEE d’ici 2050 la population devrait se stabiliser
alors que la part des seniors de 60 ans aura plus que doublé par rapport à 2005.
La France aura donc un certain nombre de défis à relever au cours des prochaines
décennies : réduire sa dépendance aux énergies fossiles, recréer de l’emploi via des
investissements verts et diminuer son empreinte écologique et ses émissions de gaz à effet
de serre. Ces défis ne pourront être relevés que par la mise en place de politiques globales
ambitieuses et volontaristes. C’est ce que le scénario de l’ADEME tachera de mettre en
évidence.
Il impose aux États de la zone euro d’avoir à terme des budgets proches de l’équilibre ou
excédentaires. La France prévoit un tel retour à l’équilibre à l’horizon 2017.
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3.1.2 Des marges de manœuvre limitées
La crise économique a fortement dégradé l’état des comptes publics, limitant les marges de
manœuvre du pouvoir politique pour mener des politiques de relance sans compromettre
nos engagements européens.
Déficit public
–3,3 –7,5 –7,1 –5,2
(% du PIB)
Sources : Insee, DGFiP, DGTrésor
Nos exportations nettes d’électricité, de l’ordre de 100 millions d’euros par mois
généralement effectuées à des tarifs peu avantageux, sont en effet très loin de compenser
nos importations de pétrole (3 milliards d’euros par mois), de produits pétroliers –inscrits aux
tableaux B et C de l'article 265 du code des douanes- (1,6 milliards d’euros par mois) et de
gaz naturel (1,3 milliards d’euros par mois).
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A titre indicatif, à volume et prix maintenus constants entre 2013 et 2030 (hypothèses qui
seraient considérées conservatrices pour un scénario tendanciel), la somme totale à
mobiliser pour nos importations d’énergie fossile d’ici 2030 représenterait 70,7*17=1 200
milliards d’euros.
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Partie B.
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1. Méthodologie
1.1. Contexte de l’exercice de prospective à l’horizon 2030
Il ne s’agit pas non plus pour autant d’une prospective stratégique mais de visions qui ont
pour objectif de renforcer la résilience dans un contexte incertain, largement non maîtrisé par
la France, et de réduire la grande dépendance et les vulnérabilités associées à notre
situation d’importateur d’énergie. Si les solutions proposées existent et leur mise en œuvre
est réaliste, seule notre capacité à les adopter massivement décidera de notre avenir
énergétique.
L’exercice 2030 vise à identifier les résultats atteignables, tant côté maîtrise de la
consommation d’énergie que côté offre d’énergie à partir de solutions technologiques et
organisationnelles. Il s’agit de résultats ambitieux mais réalistes et atteignables, susceptibles
d’être intégrés suffisamment tôt dans les pratiques pour avoir un impact en 2030. Le
scénario 2030 est donc un scénario exploratoire, de type « et si », où les technologies et
pratiques sont intégrées de manière incrémentale.
La présentation des résultats de l’exercice débute par un exposé du contexte général et des
hypothèses transversales. Ensuite, la consommation est détaillée secteur par secteur pour
en faciliter la lecture, même si les interactions entre secteurs sont stratégiques dans la vision
globale. Pour chaque usage détaillé, la présentation est faite de manière homogène :
contexte et enjeux, vision de l’ADEME, conditions de réalisation, bilan. Enfin, les
technologies d’offres de production énergétique renouvelables sont détaillées.
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consommation électrique sur une année. D’autres impacts techniques (réserves primaire et
secondaire du système électrique, flux de matière à recycler…) ou environnementaux
(pollution locale, qualité de l’air, etc.) ont fait l’objet d’analyses spécifiques.
AIE WEO
Pétrole 78.1 134.5 $10/bbl
2011
AIE WEO
Gaz 7.5 13 $10/Mtu
2011
AIE WEO
Charbon 99.2 112.8 $10/Tonne
2011
L’évolution de la structure du PIB est également une donnée exogène (source CAS) :
2010 2030
Part de l’agriculture dans le PIB 2,0% 1,8%
Part de la construction dans le PIB 6,0% 6,3%
Part de l’industrie dans le PIB 14,0% 13,6%
Part des services dans le PIB 78,0% 78,3%
La vision 2030 se base également sur le scénario démographie haute de l’INSEE Scénario
central 2010 pour l’évolution démographique (nombre d’habitants et structure de la
population – 69 531 000 habitants en 2030 contre 62 881 000 en 2010). Le périmètre
géographique est celui de la Métropole.
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En % 0-19 ans 20-59 ans 60-64 ans 65-74 ans 75 ans et +
Structure de
la population 24,8 / 23,0 53,8 / 47,5 4,9 / 6,0 8,1 / 11,1 8,5 / 12,3
2010/2030
Nombre de personnes
2,31 2,17 DGEC / INSEE
par ménage
Pour 2030, aucun impact du changement climatique n’a été pris en compte sur l’évolution
des productions (par exemple pour l’hydroélectricité ou la production agricole) ou des
consommations (par exemple pour le besoin en chauffage et en climatisation).
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2. Une politique ambitieuse en faveur de la maîtrise de la
consommation énergétique
Pour réduire sa facture et sa dépendance énergétique et diminuer ses émissions de
gaz à effet de serre, la France doit faire un effort vigoureux de maîtrise de l'énergie.
- L’équivalent de 500 000 rénovations thermiques lourdes par an, chiffre agrégé qui inclut la
rénovation « tendancielle » du bâti.
- Une pénétration importante des équipements de chauffage et d’eau chaude les plus
efficaces : pompes à chaleur pour le chauffage (18% du parc), chauffe-eau
thermodynamique, chauffe-eau solaire pour l’ECS, etc.
- Dans le tertiaire, un maintien des surfaces par employé et une progression des surfaces
climatisées.
- Une limitation de l’impact de l’urbanisme sur l’artificialisation des sols (par densification des
espaces urbains déjà urbanisés).
- Une baisse de près de 25% des consommations énergétiques dans le bâtiment entre 2010
et 2030.
Le secteur du bâtiment est le plus gros consommateur d'énergie parmi tous les secteurs
économiques, avec 68,1 millions de tonnes d'équivalent pétrole (Mtep) en 2010, soit 43 % de
l'énergie finale totale consommée en France.
Les énergies utilisées sont pour 38% l’électricité, pour 32% le gaz, pour 16% le
pétrole, pour 14% les EnR et déchets et pour 0,4% le charbon. La consommation
énergétique poursuit sa décroissance en 2010 puisqu’elle est revenue à son niveau de 2003
malgré une augmentation des surfaces chauffées sur cette période.
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Avec 76 millions de tonnes de CO2, pour l’essentiel produites par ses usages
énergétiques, le secteur du bâtiment est ainsi responsable de 21% de ces émissions. Celles-
ci correspondent annuellement à 20,7 millions de tonnes d’équivalent carbone, soit 0,32
tonnes d’équivalent carbone par français et par an, valeur unitaire proche de celle de la
production de déchets ménagers.
- 85 milliards pour les logements, à raison de 44,4 milliards pour la réhabilitation et 40,6
milliards pour la construction neuve ;
En 2010, les dépenses d’énergie des ménages ont été de 1 368 € en moyenne.
L’enquête réalisée la même année montre que si 46% des ménages jugent trop importante
la part de l’énergie dans le budget, la réduction de la facture d’énergie constitue cependant
une préoccupation déclarée pour 81% des foyers.
Dans le résidentiel, les rénovations lourdes concernent environ 150 000 logements et
près de 100 000 logements sociaux. Le scénario de l’ADEME propose d’accélérer ce rythme
des rénovations thermiques pour atteindre des objectifs énergétiques ambitieux.
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En 2010, 14,4% des ménages ont réalisé des travaux de maîtrise de l’énergie pour
un coût moyen par ménage de 4 396 €. Ce taux de réalisation reste compris entre 12% et
15% depuis de nombreuses années.
Les entreprises - Au 1er janvier 2009, le secteur du bâtiment rassemblait 389 036
entreprises pour un total de 640 000 salariés. 93,3% d’entre elles comptent moins de 10
salariésdont 51% sont constituées d’un seul artisan (Source SIRENE). Ce sont ces
entreprises de faible taille qui réalisent 63% de la production totale du bâtiment et 70% des
travaux d’entretien-amélioration.
Les maîtres d’œuvre - La maîtrise d’œuvre est constituée dans le secteur du bâtiment par
les architectes (un peu moins de 30 000), les bureaux d’études (4 800 sociétés d’ingénierie
bâtiment) et les économistes de la construction (1 800 cabinets). Ils constituent un maillon
essentiel dans la mise en œuvre d’une stratégie efficace de réhabilitation : qualité des
études et des diagnostics, pluridisciplinarité des approches (qualité d’usage, confort, énergie,
santé…), suivi renforcé du chantier et du fonctionnement des équipements après livraison…
Les collectivités - Elles jouent un rôle important dans la mesure où elles sont :
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2.1.2. Bâtiment résidentiel
- 18,7 millions de logements construits avant 1975 et 14,3 millions construits après 1975.
En revanche, les consommations énergétiques des usages non réglementés (les cinq
usages réglementés étant le chauffage, l’eau chaude sanitaire, l’éclairage, la climatisation et
la ventilation) ont explosé en 20 ans, bien que la Directive européenne sur l’éco-conception
et l’Etiquette énergie ait eu, et continuent à avoir, un fort impact positif sur l’efficacité
énergétique des équipements concernés (électroménager, bureautique…)
Les postes de consommation les plus importants sont le froid alimentaire, les produits
blancs et les produits bruns, qui représentent respectivement 25%, 17% et 17% des
consommations annuelles totales. Les équipements représentant les plus importantes
consommations moyennes par ménage sont (en énergie finale) :
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- les téléviseurs (284 kWh/an) ;
On peut espérer une sensible réduction des consommations énergétiques unitaires des
bâtiments neufs et existants grâce à la généralisation et l’appropriation des technologies
actuellement sur le marché ou au stade de démonstration (super-isolants moins coûteux,
façades actives, toitures rafraîchissantes, équipements électriques « basse consommation »,
en particulier pour l’éclairage, etc.) et grâce à des comportements plus sobres : lutte contre
le gaspillage d’énergie, éteindre les veilles, nettoyer la glace de son réfrigérateur… Certaines
pratiques pourront être aidées par des outils de l’efficacité énergétique active (optimisation
du chauffage, de l’éclairage et de la ventilation, etc.), bouquets de travaux de rénovation,
utilisation d’équipements moins énergivores, partage d’équipements, etc.
Electricité 38.5%
Gaz 31,5%
Biomasse 15%
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ii. Hypothèses retenues concernant la rénovation thermique
L’ADEME propose un plan volontariste en faveur de la rénovation thermique dans le
bâtiment, notamment le logement social et les bâtiments construits avant 1975, afin que
l’effort porte avant tout sur ceux susceptibles d’être touchés par la précarité énergétique.
Le scénario envisagé table ainsi sur l’équivalent de 500 000 rénovations lourdes par an
dont la désagrégation dans le parc serait la suivante :
Les hypothèses retenues concernant l’impact d’une rénovation lourde sur les
consommations d’énergie utile d’un bâtiment résidentiel selon le type de bâtiment sont les
suivantes (année de référence : 2010) :
Construit
Type de Construit entre Construit
avant
bâtiment 1975-1990 après > 1990
1975
Maison
-60% -50% -30%
individuelle (prop)
Maison
-60% -50% -30%
individuelle (loc)
Le rythme de 500 000 rénovations lourdes par an a été désagrégé à la fois sur le type de
bâtiment, mais également sur leur année de construction selon les parcs disponibles et les
possibilités de rénovation. La décomposition précise du plan de rénovation envisagé est la
suivante :
Maison
6 480 000 3 500 000 54% -33%
individuelle (prop)
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Maison
641 000 450 000 70% -42%
individuelle (loc)
Bâtiments Evolution de la
Parc existant Nombre de
construits entre Part consommation
2030 rénovations
1975 et 1990 énergétique
Maison
2 760 000* 1 000 000 36% -18%
individuelle (prop)
Maison
273 000 - - -
individuelle (loc)
Maison
5 427 000 - - -
individuelle (prop)
Maison
1 273 000 - - -
individuelle (loc)
La baisse moyenne de consommation d’énergie utile d’un logement rénové est de 45%.
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La rénovation légère ou « spontanée » permet ainsi de prendre en compte les améliorations
thermiques effectuées par les ménages, hors renouvellement des équipements de
chauffage. Le développement d’outils automatisés et de domotique, qui seront évoqués dans
la partie sur les usages spécifiques de l’électricité, induit par ailleurs des changements de
comportement des ménages par une meilleure connaissance des postes fortements
consommateurs d’énergie.
Les besoins en chauffage sont amenés à baisser par l’action menée en faveur de la
rénovation des bâtiments. De manière générale, le marché s’oriente vers une diminution des
puissances des générateurs à 5 à 10 kW.
- le vecteur eau par circuit de chauffage central contenant de l'eau chaude avec radiateurs,
ventilateurs convecteurs, ou plancher chauffant.
- le vecteur air par réseau de gaines d'air chaud contenant de l'air conditionné (chaud ou
froid).
La puissance transportable par le vecteur air est plus faible que celle transportable par un
réseau de chauffage à eau chaude, toutefois la diminution des besoins de chauffage des
bâtiments neufs et rénovés réduit l’intérêt du réseau de chauffage à eau chaude au profit du
vecteur air, plus simple techniquement.
Une marge de progression importante est attendue sur les niveaux de performances des
PAC électriques par un travail sur les compresseurs et les échangeurs.
Ces éléments pris en considération, l’ADEME envisage une généralisation des PAC
sur air extérieur essentiellement dans les logements chauffés à l’électricité (50% des
logements électriques), les PAC géothermiques restent marginales et surtout cantonnées au
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marché du neuf. Les PAC gaz naturel se développent également de manière limitée dans le
collectif neuf et existant, en version aérothermique essentiellement.
Les PAC installées sont réversibles, couvrant par là même des besoins en
climatisation. Ceci peut à la fois être considéré comme une conséquence négative de
l’installation de PAC aérothermiques réversibles, et comme un moindre mal puisque ces
pompes à chaleur permettent ainsi de couvrir avec un équipement performant des usages
croissants en climatisation.
Les PAC sur échangeurs compacts géothermiques (corbeilles, échangeurs spiralés) sont
des technologies permettent d’exploiter la chaleur de la terre sur les 10 premiers mètres de
profondeur sans recourir aux techniques de forage utilisées pour la mise en œuvre des
sondes géothermiques (voir paragraphe précédent).
Les pompes à chaleur sur capteurs enterrés horizontaux sont constituées de tubes installés
en boucles enterrées horizontalement à faible profondeur (de 0,60 m à 1,20 m) qui vont
permettre le prélèvement de l’énergie contenue dans le sous-sol proche.
Aujourd’hui, la surface de terrain à mobiliser pour installer des capteurs enterrés horizontaux
doit correspondre à 1,5 à 2 fois la surface habitable à chauffer mais avec la diminution des
consommations spécifiques énergétiques des bâtiments, l’emprise au sol devrait également
diminuer.
Les PAC sur sondes géothermiques verticales disposent également d’un potentiel de
développement important, dû à une bonne connaissance de la ressource sous sol en
France. Ce potentiel est exploitable quasiment partout sur le territoire (néanmoins certaines
zones nécessitent de prendre des précautions : zones karstiques, présence d’argiles ou
d’évaporites, etc.)
La maturité de la filière est atteinte, tant sur le plan technique que pour l'installation et
l'exploitation. L'efficacité est arrivée à son plafond avec un rendement sur énergie primaire
de 107% PCI. L'évolution attendue est sur la capacité de modulation des chaudières afin
qu’elles soient capables de démarrer et de se maintenir à une faible puissance, permettant
une amélioration à terme des performances saisonnières.
Seul le couplage à des ENR peut permettre l'augmentation des performances de 20%
environ.
3. La cogénération
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La cogénération permet la production simultanée de la chaleur (pour du chauffage ou de
l'ECS) et de l'électricité. L'électricité est produite de manière décentralisée, pour être soit
autoconsommée, soit injectée directement sur le réseau électrique. La production combinée
de chaleur et d’électricité se révèle plus efficace que des productions séparées et permet de
limiter les pertes liées au transport et à la distribution de l'électricité à travers les réseaux.
Il existe des solutions de cogénération adaptées à l’habitat résidentiel, que ce soit au gaz
naturel, fioul domestique, biomasse ou HVP (huiles végétales).
Avec des technologies à base de moteur stirling, rankine ou à combustion interne, on peut
espérer un gain de 15% à 20% en énergie primaire par rapport aux meilleures technologies
de chauffage disponibles (pompes à chaleur électrique et chaudières à condensation), un
appel au système centralisé électrique limité, et une production même marginale lors des
pointes de consommation journalière, qui permet de lutter contre la pointe électrique.
Toutefois son potentiel de pénétration est faible à court terme.
Les rendements des appareils au bois bûche augmentent progressivement, pour atteindre
jusqu’à 85 %, et permettent également de mieux couvrir les besoins en chauffage à
ressource primaire constante. Le marché des appareils à granulés de biomasse se
développe du fait de la structuration de la filière granulés en France.
Les appareils de chauffage au bois vont continuer leur développement vers des
appareils à très faibles émissions de CO et de particules. Ce fort développement
technologique permettra de renouveler le parc existant au rendement médiocre. Ainsi, à
ressource constante (6,5Mtep), les combustibles biosourcés pourront subvenir à une plus
large part des besoins thermiques de chauffage. Il est donc pertinent de stimuler le
renouvellement de ce parc vers des appareils efficaces et propres.
L'évolution de la disponibilité, des tarifs d'achat et des contenus en CO2 des énergies
(électricité/gaz naturel/fioul domestique/ biomasse) poussent les industriels à travailler sur
des solutions hybrides. Ces systèmes peuvent produire du chauffage et de l'ECS à partir de
deux énergies différentes (le plus souvent : électricité et gaz naturel ou électricité et fioul
domestique).
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Destinés pour le moment aux marchés résidentiels individuels neufs et existants, ces
systèmes optimisent le fonctionnement des chaudières et des pompes à chaleur, avec des
performances de l'ordre de 110% à 115% par rapport aux chaudières condensation ou par
rapport à une PAC seule. Ces systèmes ont également l’avantage d’offrir une capacité
d’effacement pour le réseau électrique en période tendue de grand froid et de pointe
saisonnière.
Des systèmes solaires combinés commencent à apparaître actuellement avec des appoints
sous forme de pompe à chaleur, ce qui augmente notablement leur rendement sur énergie
finale. Le scénario suppose que cette technologie remplacera à l’horizon 2030 les systèmes
solaires combinés avec appoint gaz naturel ou électrique.
Indice d'évolution des rendements saisonniers des technologies (sur énergie finale)
CHAUFFAGE
2012 2015 2020 2025 2030
Chaudière
condensation 0,90 0,92 0,93 0,95 0,96
Gaz PAC gaz
naturel aérothermique 1,20 1,30 1,40 1,50 1,60
PAC gaz
géothermique 1,40 1,49 1,58 1,66 1,75
élec direct 0,98 0,98 0,98 0,98 0,98
PAC élec
aérothermique 3,00 3,25 3,50 3,75 4,00
PAC élec
géothermique 3,50 3,79 4,08 4,38 4,67
Electricité Système solaire
combiné appoint
élec 1,80 1,83 1,85 1,88 1,9
Système solaire
combiné appoint
PAC 5,00 5,42 5,83 6,25 6,67
Chaudière
FOD
condensation 0,85 0,86 0,88 0,89 0,9
1. Le chauffe-eau thermodynamique
2. Le chauffe-eau solaire
Le chauffe-eau solaire présente l’intérêt de satisfaire la moitié environ des besoins en eau-
chaude sanitaire d’un logement par la production locale d’énergie. Des développements en
cours laissent supposer que la solution la plus performante à l’avenir alliera un taux de
couverture solaire de l’ordre de 50% (i.e. le dimensionnement des capteurs solaires et du
ballon permette de couvrir 50% des besoins) et un appoint performant de type pompe à
chaleur. Ces deux éléments permettent d’envisager des gains de rendement important, mais
son prix ne permettra pas à cette solution de se généraliser rapidement. Un taux de
pénétration de 10% des logements est envisageable.
Indice d'évolution des rendements saisonniers des technologies (sur énergie finale)
ECS
2012 2015 2020 2025 2030
Gaz
Chaudière condensation 0,6 0,63 0,65 0,68 0,7
naturel
Cumulus élec 0,6 0,63 0,65 0,68 0,7
Electricité Chauffe eau
thermodynamique 1,5 1,75 2,00 2,25 2,5
Gaz Chauffe eau solaire appoint
naturel Gaz naturel 1,2 1,23 1,25 1,28 1,3
Chauffe eau solaire appoint
Electricité
élec 1,8 1,83 1,85 1,88 1,9
Chauffe eau solaire
Electricité appoint
thermodynamique 3 3,5 4 4,5 5
Un travail sur l'isolation des chauffe-eau à effet joule est possible via l'augmentation
de l'épaisseur de l'isolant et/ou la modification du matériau isolant. Les gains possibles sont
de 20 à 30%, mais la RT2012 ne devrait pas leur offrir un taux de pénétration important hors
rénovation.
Face à la complexité croissante des systèmes qui font intervenir plusieurs corps de
métier, un travail important doit être réalisé pour la formation de la filière d'installation,
d'exploitation et maintenance. La mise en place de systèmes de génération complexes et
faisant appel aux énergies renouvelables n'est par ailleurs pas toujours faisable
techniquement, le regroupement des compétences (systèmes + enveloppe) pour une
approche globale bâti/systèmes nécessitant une vraie mutation de la profession.
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En 2007, le nombre de logements climatisés était d’un peu moins d’un million de logements.
Ce résultat ne prend pas en compte les PAC réversibles, alors que celles-ci représentent 40
% des installations de climatisation sur le territoire nationale, avec une estimation de 72 000
PAC réversibles installées en 2007.
La consommation unitaire annuelle par logement climatisé est évaluée à 500 kWh. En 6 ans
(de 2001 à 2007), le parc des résidences principales climatisées a été multiplié par 2.8
(notamment suite à la canicule de 2003).
Il est toutefois possible d’agir pour baisser les consommations unitaires de climatisation :
Le CEREN estime qu’à l’horizon 2020, l’amélioration du bâtiment apportera une économie
d’énergie sur l’usage climatisation par rapport aux bâtiments construits avant la RT2005. Les
consommations unitaires liées à la climatisation peuvent diminuer d’environ -1 % par an
(baisse non intégrée dans le scénario), mais le parc de bâtiments équipés de climatisation va
augmenter.
Un autre levier d’économie est le recours aux énergies renouvelables pour produire
du froid, comme par exemple la climatisation solaire. L’ADEME prévoit un déploiement
modéré de la climatisation solaire dans l’habitat en raison des coûts élevés de cette
technologie.
Si par son action au quotidien l’ADEME pourra viser à renforcer cette tendance à la
baisse des consommations unitaires (meilleur étiquetage environnemental, etc.), le taux
d’équipement du parc est quant à lui principalement lié à des facteurs économiques et
sociaux.
Les systèmes de climatisation utilisent des fluides frigorigènes qui ont par ailleurs un
effet non négligeable sur l’effet de serre (non pris en compte cependant dans l’exercice
présent).
Indice d'évolution des rendements saisonniers des technologies (sur énergie finale)
Clim/rafraichissement
2012 2015 2020 2025 2030
PAC réversible 2,5 2,63 2,75 2,88 3
Clim solaire 0,6 0,83 1,05 1,28 1,5
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vii. Hypothèses retenues concernant les gains sur l’éclairage
Les solutions existantes de rechange des systèmes d’éclairage (« relamping ») et les
nouveaux types de sources lumineuses en développement (LED et OLED) permettent dès
aujourd’hui de réduire les consommations liées à l’éclairage par 2 d’ici 2030.
Evolution de la consommation
Taux d’équipement
énergétique unitaire de
Type d’appareil moyen par ménage en
chaque catégorie de produit
(2010) / 2030
(2010-2030).
Télévision -37% 2
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Ces dernières décennies, les technologies de l’information et de la communication
sont passées du statut de technologies peu accessibles réservées aux usages
professionnels, voire scientifiques, au statut de services banalisés et accessibles au plus
grand nombre. Le nombre d’écrans par personne, et par là même les consommations
énergétiques totales de ces usages, ne cesse de progresser, et devient ainsi le poste de
consommation énergétique qui croit le plus considérablement.
Cette tendance peut sans doute se maintenir jusqu’en 2030. Le mur de Moore ou la
fin de la loi de Moore (miniaturisation des transistors limitée par la taille des atomes),
annoncée entre 2020 et 2030 au rythme actuel de l’évolution technologique, pourrait
favoriser des ruptures technologiques dont les impacts sur les consommations énergétiques
sont difficiles à appréhender (processeurs quantiques, biologiques, etc.).
L’effet rebond est une caractéristique forte des TIC. Toutefois, il est important de signaler
que ces usages spécifiques rentrent pour la plupart dans la couverture des besoins en
chauffage des ménages, ces appareils dissipant tous de la chaleur (le besoin réel en chaleur
des ménages est ainsi égal à la somme des consommations en chauffage, éclairage, et
usages spécifiques). Si leur apport est jusqu’alors marginal dans les besoins de chauffage,
ce ne sera plus le cas dans les bâtiments ayant subi une rénovation lourde ou ayant été
construit après application de la RT 2012. Ces apports pourront compenser favorablement
une partie des besoins de chauffage en hiver, mais à l’inverse, ils contribueront
défavorablement aux surchauffes en été.
Les TIC offrent par ailleurs un potentiel de gain d’efficacité énergétique si les
ménages mettent en place une domotique (« efficacité active ») couplée à une gestion
rationnelle des utilisations finales : coupure ECS, coupures appareils électroniques en veille,
volets roulants, coupure éclairage en mode absence, régulation du chauffage et coupure en
absence et cas d’ouverture des fenêtres, etc.
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Evolution de la consommation énergétiques totale dans les bâtiments résidentiels par
usage :
2
Les données utilisées pour les années observées sont issues du CEREN ; celles-ci peuvent différer des données
SOeS (périmétres différents, méthodologie différente, etc.)
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consommation énergétique du bâtiment (20% en 2030 contre 11% en 2010), et le parc
ancien constitue le gros des consommations énergétiques. Il n’est donc pas déraisonnable
d’imaginer à terme une réglementation tous usages qui s’applique à la fois à la construction
neuve et au parc bâti (de manière différenciée).
Sur l’année 2009, le total des mises en chantier de bâtiments tertiaire s’est établi à
27,9 millions de m², valeur la plus basse sur les dix dernières années, à comparer à 41
millions de m² mis en chantier en 2007. En 2010 le recul des mises en chantier s’est
confirmé avec 22,3 millions de m², en baisse de 19,6%.
La consommation finale d’énergie du secteur tertiaire était au total d’un peu plus de 22 Mtep.
Le traitement des besoins au niveau d'îlots mêlant des activités tertiaires diverses et
du logement (dont les rythmes de consommation et de production d’énergie sont déphasés)
ne pourra être réalisable qu'au cas par cas et la systématisation de cette démarche de
mutualisation des usages et des productions dans l’existant restera limitée à court ou moyen
terme.
48 / 297
Le secteur tertiaire constitue un parc de 0,9 milliard de m² chauffés correspondant à
1/3 des consommations d’énergie totale du secteur bâtiment. Les commerces, les bureaux et
l’administration représentent environ 50% des consommations d’énergie du secteur tertiaire.
Les consommations unitaires sont évidemment plus élevées dans le tertiaire que
dans le résidentiel, et la consommation totale y est même trente fois plus importante.
A l’horizon 2030, malgré des gains importants possibles sur les équipements, la
consommation totale en climatisation ira en s’accroissant.
50 / 297
Mtep 2010 2030
Consommation
22,1 18,6
énergétique totale
Par vecteur :
2010 2030
Réseau électrique 11,5 9,9
Réseau de gaz 6,2 3,4
Réseau de chaleur 1,2 2,7
Biogaz direct 0,0 0,0
Bois énergie 0,4 1,1
Solaire thermique 0,0 0,1
Calories PAC Géothermiques 0,0 0,8
Usages Calories PAC Aérothermiques 0,0 0,0
directs Biocarburants 0,0 0,0
Ess/Dies/Jet 0,0 0,0
Autres PP 2,7 0,6
Déchets 0,0 0,0
Charbon 0,1 0,0
22,1 18,6
2.1.3.a Contexte
Même si l’éclairage extérieur fonctionne à 86 % du temps de nuit (avec de plus faible
émission de CO2), celui-ci participe à la pointe de consommation d’électricité saisonnière et
pointe journalière en début de soirée l’hiver. La forte consommation d’électricité en période
de pointe impose une modification du mix énergétique pour satisfaire cette consommation
ponctuelle et l’électricité devient fortement carbonée (car demandant une proportion
importante d’énergie fossile dans la production d’électricité).
L’éclairage public pèse pour 20 % dans le bilan énergétique global des communes et
représente en moyenne la moitié de leurs consommations d’électricité. L’éclairage public
constitue ainsi le second grand poste de dépense d’énergie dans le budget des communes
après les bâtiments. Aujourd’hui, l’amélioration de l’éclairage public constitue un axe
privilégié pour l’investissement des collectivités mais le taux de renouvellement spontané du
parc n’est que de l’ordre de 3 %.
De plus, une part importante du réseau d’éclairage public en France est surdimensionnée
par rapport aux usages, avec de fortes disparités régionales.
Au-delà des dépenses énergétiques, l’éclairage public représente la part prépondérante des
51 / 297
nuisances lumineuses reconnues et prises en compte par le Grenelle environnement.
La première série concerne avant tout l’information du public, la formation des professionnels
et l’ingénierie financière : il s’agit ainsi de mettre l’un en face de l’autre l’offre et la demande,
tout en mettant à leur disposition les outils incitatifs nécessaires. Une obligation de
rénovation sera sans doute nécessaire.
53 / 297
La mise en place de guichets uniques et de plateformes territoriales de rénovation va dans
ce sens.
2. Développer la formation
Par ailleurs, le niveau de formation des formateurs dans les cursus initiaux et continus
constituant un frein supplémentaire à la montée en compétence des artisans, il est important
de multiplier les plateformes de formation PRAXIBAT sur le territoire, pour parvenir à
plusieurs centaines de plateformes opérationnelles, de développer les formations de
formateurs et augmenter le nombre de centres de ressources régionaux BEEP pour les
professionnels, de renforcer le dispositif actuel de formation aux audits énergétiques.
L’amélioration énergétique du parc des bâtiments existants fait l’objet de différents dispositifs
incitatifs, principalement sous forme d’outils financiers : crédit d’impôts développement
durable, exonération de taxe foncière sur les propriétés bâties, dégrèvement de la taxe
foncière sur les propriétés bâties, TVA à taux réduit, éco-prêt à taux zéro, éco-prêt de la
CDC au logement social, prêt de la CDC à la réhabilitation, prêt action logement (1%
logement), prêt accession sociale, éco-prêt bancaires, certificats d’économies d’énergie, bail
à la réhabilitation, contrat de performance énergétique, contribution du locataire, bonus de
coefficient d’occupation des sols…
ils s’appliquent selon les cas aux propriétaires occupants, aux propriétaires non-
occupants, aux locataires, aux bailleurs sociaux, aux collectivités territoriales ou aux
entreprises ;
ils sont variables dans le temps et les aides financières apportées peuvent être très
différentes selon les années, à l’image du CIDD ;
ils sont gérés par des organismes séparés et les dossiers à constituer sont
également différents, ce qui conduit à des difficultés d’accès, notamment de la part
des particuliers.
- d’impulser une évolution des certificats d’économies d’énergie plus favorables aux
réhabilitations globales, aux actions réalisées auprès des ménages en situation de
précarité énergétiques et aux collectivités.
L’autre série de mesure est d’ordre législatif et réglementaire et doit permettre d’enclencher
une véritable dynamique en faveur de la rénovation thermique des bâtiments.
Quel que soit leur niveau de performance énergétique, il n’existe pas de réglementation
obligeant à des travaux de réhabilitation énergétique pour les bâtiments existants.
C’est pourquoi l’atteinte du scénario de l’ADEME serait facilitée par les mesures suivantes :
. Conditionner les aides aux audits énergétiques à la réalisation des travaux dans des
délais convenus et au suivi des performances énergétiques sur quelques années ;
55 / 297
. réglementer sur la performance globale, selon le climat, progressivement sur 10 à
15 ans par type de parc.
Consommation
66,5 51,1
totale
Par vecteur :
2010 2030
Réseau électrique 25,2 20,8
Réseau de gaz 20,1 11,6
Réseau de chaleur 2,8 6,1
Biogaz direct 0,0 0,0
Bois énergie 7,0 7,5
Solaire thermique 0,0 0,3
Calories PAC Géothermiques 1,5
1,0
Usages Calories PAC Aérothermiques 1,8
directs Biocarburants 0,0 0,0
Ess/Dies/Jet 0,0 0,0
Autres PP 10,0 1,4
Déchets 0,0 0,0
Charbon 0,3 0,1
66,5 51,1
56 / 297
2.2. Evolution du secteur des transports et de la mobilité
Synthèse des principaux déterminants
- Report modal du véhicule particulier vers les services de mobilité (soit réalisés par les
citoyens eux-mêmes, soit réalisées par un opérateur), vers le transport collectif et vers les
modes actifs.
- Baisse de près de 20% des consommations énergétiques du secteur des transports entre
2010 et 2030.
Sa part est élevée, voire prépondérante pour certains polluants (54% des NOx, CO et
particules notamment). Des pénalités pour non-respect de la réglementation européenne
pourraient être adressées à la France, en lien avec les impacts sur la santé que cette
pollution atmosphérique occasionne.
Le secteur des transports peut être divisé en deux grandes catégories : d’une part le
secteur du transport de passagers et d’autre part le secteur du transport de marchandises.
Le transport aérien est comptabilisé à part, et recouvre uniquement le transport aérien
domestique.
Consommation énergétique
2010
par type de transport (Mtep)
Public 1,59
Transport de passagers
Privé 27,28
Transport de marchandises 13,67
Transport aérien 1,49
TOTAL (Mtep) 44,03
Longue
Urbain Périurbain
distance
Par ailleurs, l’Union Européenne s’est fixée (règlement 443/2009) l’objectif de faire baisser
les émissions de CO2 des véhicules mis en vente sur son territoire. Ainsi, en 2020, la
moyenne des émissions de CO2 de véhicules neufs devra être inférieure à 95gCO2/km,
avec un point de passage à 130gCO2/km en 2015.
58 / 297
- sociaux : accès à la mobilité pour tous (l’accessibilité aux transports publics : zones non
couvertes par les transports collectifs, enclavement de certains quartiers, personnes à
mobilité réduite), précarité énergétique dans les transports : dépendance à l’automobile
(absence de choix, risque de rupture)
- économiques : poids du secteur automobile dans l’industrie, poids des autres secteurs
(ferroviaire, fluvial, aérien, maritime) dans l’économie.
Bus / car 49 52
Bus/car 2,2 3
Fer 0,8 1
59 / 297
Sous l’effet conjoint de plusieurs contraintes et du développement d’alternatives, la
place traditionnelle de l’automobile dans la palette de solutions de mobilité change en France
et en Europe.
En effet, des véhicules conçus pour intégrer une mobilité servicielle peuvent voir leurs
caractéristiques (puissance installée, vitesse maximale, accessoires) et architectures
précisément modulées pour répondre aux usages pour lesquels ils seront employés.
L’image de la voiture chez les Français change : seulement 18% des Français
associent la voiture à l’idée de liberté. Chez les moins de 35 ans, cette proportion atteint
péniblement les 10%, contre 25% pour les plus de 65 ans. (Etude Ifop, 2010). 73% des
Français estiment que l’automobile est un objet qui s’est banalisé et 54% pensent que la
voiture est avant tout un « outil fonctionnel de transport » (Source : enquête Ifop pour
AramisAuto.com).
Ces exemples de mobilité existent déjà, mais en dépit de l’intérêt grandissant que l’on
observe pour certains d’entre eux (covoiturage, vélo partagé, téléservices), leur importance
est encore modeste dans la mobilité en France.
Nous faisons donc dans l’exercice l’hypothèse que, sous l’impulsion des jeunes
générations, du développement des outils numériques et du déploiement d’une offre
compétitive, le paradigme de la voiture possédée changera progressivement au profit d’un
service de mobilité qui prendra une part de plus en plus importante au cours de la décennie
2020-2030.
Le projet « Chrome » teste l’usage de voitures électriques dans une région transfrontalière
incluant l’Alsace et le Bade-Wurtemberg, avec le soutien d’industriels (EDF, Schneider
Electric, Siemens, PSA, Renault, Dalmler), afin d’aider à la mise en place de normes
communes européennes.
Les hypothèses suivantes sont retenues pour les services de mobilité (automobile en
partage, location courte et longue durée…) :
61 / 297
- un accroissement de la part modale de ces services (10% des voy.km en urbain, 10% en
périurbain et 5% sur longues distances) ;
- une augmentation de la part modale des modes actifs, notamment du vélo (10% en
2030), du fait de la mise en place de réseaux maillés d’itinéraires cyclables ;
Toutefois, ces évolutions se réaliseront plus ou moins rapidement avec des différences selon
les territoires, car elles vont de paire avec un processus d’aménagement qui privilégie le
renouvellement urbain par rapport à l’extension.
Longue
Urbain Périurbain
distance
62 / 297
iii. Hypothèses retenues concernant les évolutions technologiques
Les hypothèses résultantes pour notre exercice sont une stagnation globale des ventes de
véhicules, avec toutefois une répartition différente entre acheteurs professionnels et
acheteurs particuliers : le scénario de l’ADEME retient ainsi l’hypothèse d’une baisse des
ventes pour les acheteurs particuliers à l’horizon 2030 compensée par une hausse des
ventes pour professionnels (services, entreprises, etc.)
Le marché s’orienterait par ailleurs globalement vers des véhicules plus petits, avec un
allègement général notamment grâce à l’arrivée progressive de matériaux composites entre
2020 et 2030.
Concernant les véhicules thermiques, le scénario de l’ADEME repose sur les hypothèses
suivantes :
- une érosion marquée des ventes Diesel en particulier pour les petits véhicules Diesel par
renchérissement des fonctions de dépollution, limitation graduelle de l'avantage fiscal
TIPP SP vs GO, déficit d’image lié aux émissions actuelles de particules effet réel et
« psychologique » des restrictions de circulation, amélioration du score de consommation
des véhicules Essence.
- le maintien d’ici 2020 des ventes Essence en raison d’une compensation entre les gains
sur le Diesel et les pertes liées à l’essor principalement des véhicules hybrides, puis
baisse s’accentuant pour 2030 par généralisation du périmètre de l’offre des hybrides.
Ces éléments donnant, dans les ventes de véhicule, une pénétration des motorisations
thermiques Diesel (non hybrides) ramenée à approximativement 16% à horizon 2030 contre
72% en 2011 (volume de véhicules à faible contenu technologique), et une diffusion des
véhicules Essence (non hybrides) de l’ordre de 15% en 2030.
Concernant les véhicules hybrides non rechargeables, une diffusion accrue est possible,
s’avérant un compromis immédiatement utilisable pour les échéances 2020 et 2030 :
o Bénéficiant de l’expérience antérieure et de la renommée des pionniers
asiatiques ;
o Des contraintes réglementaires sur le CO2 et du souhait des acheteurs de
maîtriser leur budget véhicule ;
o D’un surcoût encore élevé pour les technologies plus pointues des Hybrides
Rechargeables, ou plus contraignante comme le VE ;
o D’une offre qui se diversifie avec les propositions d’hybride Diesel.
Ces éléments conduisent à une diffusion de plus en plus forte pour notre vision de ces
véhicules hybrides non rechargeables, en premier lieu des hybrides Essence (28% en 2030),
et une tendance similaire bien qu’atténuée pour les Diesel (compte tenu du coût complet de
ce type de chaîne de traction (9% en 2030) ;
- L’hydrogène
Hybride
0% 22% 0% 7%
rechargeable
Electrique 0% 10% 0% 4%
Dans les années à venir, l’automobile verra son rôle évoluer naturellement,
notamment en zone urbaine, au regard de l’évolution des transports publics et des différents
services de mobilité (autopartage, covoiturage, location - à la fois au niveau des
professionnels et des particuliers). Toutefois, il conviendra d’accompagner ces évolutions
afin de leur permettre de se déployer le plus efficacement possible. Ces évolutions mettront
du temps à pleinement intégrer le paysage urbain : elles nécessitent un public large et
réceptif, disposant d’outils technologiques modernes facilement utilisables, et une
infrastructure suffisamment dense pour permettre une acceptabilité forte par les usagers.
66 / 297
Dans les zones urbaines, en complément des modes actifs et des modes collectifs, la
voiture serait de préférence « louée » dans des stations d’autopartage, géré par un
professionnel qui mettrait également à disposition de ses « abonnés » un véhicule thermique
ou bi-motorisé pour les trajets plus longs.
Dans le périurbain (bassins de vie à faible densité) : la petite voiture serait utilisée
pour les déplacements quotidiens de proximité avec, si nécessaire, la mise à disposition,
entre particuliers, par le vendeur ou le loueur, d’une voiture de capacité plus importante, plus
adaptée aux trajets longue distance.
Consommation énergétique
2010 2030
par type de transport (Mtep)
Public 1,59 1,8
Transport de passagers
Privé 27,28 19,2
L’évolution prise dans le scénario mise toutefois sur une décorrélation progressive de
la croissance des tonnes de marchandises transportées avec l’évolution de la croissance
économique, par des gains logistiques, sur le retour à vide, et sur l’écoconception des
produits par exemple.
Dans le domaine du transport routier, les poids lourds sont actuellement le maillon
central puisqu’ils transportent la grande majorité des marchandises répondant à nos besoins,
faisant ainsi vivre notre économie.
Malgré des performances énergétiques moins bonnes que sont les voies ferrées et
navigables, le transport routier s’est imposé grâce à sa flexibilité, sa rapidité et donc sa
rentabilité.
Au regard des progrès réalisable sur ce mode, l’efficacité énergétique des camions
peut être améliorée de 20% d’ici 2030.
Les freins nationaux au niveau de la performance de l’activité fret de la SNCF ainsi que la
réforme portuaire sont cruciaux. Sans progrès sur ces deux postes, les objectifs du Grenelle
semblent difficilement atteignables dans les délais impartis.
Les territoires vont jouer un rôle croissant dans l’organisation des circuits logistiques,
en développant des stratégies pour améliorer leur attractivité vis-à-vis des entreprises. La
compétition mondiale des principales villes ou métropoles en matière d’affichage (zéro
carbone en 2050, zéro fossile …) peut permettre de contrebalancer partiellement la
progression du transport routier au profit des modes ferrés et fluviaux.
D’autre part, une meilleure intégration des outils numériques peut permettre de
proposer, notamment aux PME mais également aux grandes entreprises, de puissants outils
d’aide à la décision pour choisir les lieux d’implantation des entreprises (bassin d’emploi,
coût énergétique pour déplacer les salariés et les matières) ou des entrepôts.
Ferré 34 50
Fluvial 8 12
68 / 297
Total 382 459
Si le scénario suppose bien un report modal important, avec une remontée du fret ferroviaire
à son niveau d’il y a vingt et une augmentation de 50% du transport fluvial, ces conditions ne
semblent pas suffisantes, en l’état, pour permettre une réduction du transport routier de
marchandises.
Consommation énergétique
par type de transport (Mtep)
2010 2030
Transport de marchandises 13,7 13,3
- Développer une fiscalité adapté (contributions employeur…) pour les modes actifs
- Simplifier l'usage et le paiement des transports publics (et autres modes), par exemple
en rendant compatibles les différents outils de paiement et de validation.
69 / 297
totale
Par vecteur :
2010 2030
Réseau électrique 1,1 1,8
Réseau de gaz 0,0 0,0
Réseau de chaleur 0,0 0,0
Biogaz direct 0,0 0,0
Bois énergie 0,0 0,0
Solaire thermique 0,0 0,0
Calories PAC Géothermiques 0,0 0,0
Usages Calories PAC Aérothermiques 0,0 0,0
directs Biocarburants* 2,4 3,0
Ess/Dies/Jet 40,5 31,0
Autres PP 0,0 0,0
Déchets 0,0 0,0
Charbon 0,0 0,0
44,0 35,8**
* : il est exclusivement question de biocarburants liquides
** : la consommation énergétique affichée ici comptabilise la valeur énergétique consommée et ne
prend pas en compte de multiples comptages (comme prévu dans la directive EnR pour certaines
catégories de biocarburants par exemple).
Consommation énergétique
2010 2030
par type de transport (Mtep)
Public 1,59 1,8
Transport de passagers
Privé 27,28 19,2
Transport de marchandises 13,67 13,3
Transport aérien 1,49 1,5
TOTAL (Mtep) 44,0 35,8
70 / 297
2.3. Evolution du secteur de l’alimentation, de l’agriculture et de
l’utilisation des sols
Synthèse des principaux déterminants-
Si les enjeux énergétiques liés à l’agriculture sont faibles, ceux en termes d’émissions de
GES (des sols et du cheptel notamment) sont importants.
Face à ces constats, l’un des enjeux de l’exercice a également été d’explorer des scénarios
de réduction des émissions nationales de GES tout en limitant les effets de reports, liés aux
échanges commerciaux et aux changements d’affectations des sols, directs ou indirects.
L’hypothèse forte d’un lien direct entre l’évolution des régimes alimentaires de la population
française et de son agriculture est également faite. Ce point sera à affiner pour mieux
prendre en compte l’évolution des importations et des exportations.
Soulignons que le secteur agricole se démarque des autres secteurs d’activité. Les
scénarios proposés ici s’appuient sur les connaissances actuellement disponibles et sont,
naturellement, soumis à de fortes incertitudes. Les recherches actuellement en cours,
notamment à l’agence et avec ses partenaires du secteur, permettront d’affiner
progressivement ces scénarios, voire de les faire évoluer avec la mise au point ou la
validation de nouveaux systèmes de production adaptés à ces multiples enjeux.
2.3.1.a Contexte
Acte de consommation indispensable à la survie de l’individu, l’alimentation est un sujet
complexe, qui dépend de nombreux paramètres (sociaux, économiques, culturels, etc.).
Ainsi, les évolutions des comportements alimentaires reposent sur de nombreux facteurs,
tels que :
- des aspects culturels : de très grandes différences sont observées ne serait-ce qu’au sein
de l’Europe, dans les comportements alimentaires ; l’importance de l’héritage familial est
également mise en évidence, avec des orientations alimentaires marquées dès l’enfance
- un facteur « santé » essentiel, traduit à la fois par des recommandations (type PNNS /
Programme national Nutrition Santé), souvent connues mais pas forcément suivies, la
multiplication de compléments alimentaires, alicaments et autres produits allégés, les
récents épisodes de crises sanitaires…
- des contraintes économiques, jouant sur la nature et la qualité des aliments achetés, les
lieux d’approvisionnement ou de consommation ;
72 / 297
- des évolutions sociétales, avec la hausse du nombre de repas pris à l’extérieur,
l’augmentation de la part de produits transformés, le développement de la restauration
rapide etc. ;
- la tendance au vieillissement de la population, avec des différences de comportement
alimentaire fortes constatées selon l’âge, tant dans la manière de s’alimenter (nombre de
repas, durée, composition…) que dans les quantités ingérées (liées à l’évolution de
l’indice de masse corporelle = IMC, selon l’âge).
Par ailleurs, afin d’estimer les besoins de production agricole pour répondre à la demande
alimentaire, il est nécessaire de pouvoir répondre à plusieurs questions-clés :
- quelle est la consommation individuelle « de base », en tenant compte de la
surconsommation (calories, protéines etc…), en fonction de l’âge, du poids…?
- comment répond-on à ces besoins (quels aliments de base, origine des aliments, aliments
plus ou moins transformés, consommation au domicile/hors domicile, cuisson etc…) ?
- comment évoluera le niveau de pertes / de gaspillage à chaque étape de la chaîne
alimentaire ?
- quelle part des produits alimentaires (intermédiaires ou finaux) consommée en France est
importée ? Quelle part de la production alimentaire française (brute ou transformée) est
exportée ?
i. Quantités consommées
Les évolutions majeures du système alimentaire découleront donc au moins autant des
évolutions de la société, que des politiques susceptibles d’être mises en place. Un regard sur
les évolutions des comportements alimentaires ces dernières décennies met cependant en
évidence des évolutions et ruptures fortes possibles sur ces échéances. Quelques
tendances lourdes peuvent ainsi être observées sur les quarante dernières années :
- une forte baisse de la consommation de céréales et féculents ;
- une hausse de la consommation de fruits et légumes frais ;
- une baisse de la consommation de sucre ;
- une baisse de la consommation de vins (sauf AOC), et une hausse de la consommation
d’eaux minérales et de source ;
- une baisse de la consommation de lait frais, corrélée à une hausse de la consommation
de yaourts et produits laitiers transformés, et fromages ;
- une baisse de la consommation de viande rouge et une augmentation de la
consommation de viande blanche.
73 / 297
Consommation de quelques produits alimentaires, source : INSEE
74 / 297
Le lien entre nutrition et santé est aujourd’hui avéré, et les politiques nationales de nutrition
(Programme National Nutrition Santé, Plan Obésité) ont pour principal objectif d’améliorer la
santé des français et de limiter les maladies induites, notamment l’obésité, les maladies
cardio-vasculaires et certains cancers. Dans une moindre mesure, le Plan National pour
l’Alimentation intègre également certains enjeux « santé ».
Les questions de nutrition englobent à la fois les questions d’alimentation (calories ingérées)
et l’exercice physique (calories dépensées selon le mode de vie), surtout concernant les
conséquences cardio-vasculaires d’apports déséquilibrés au regard du niveau d’activité de la
personne.
La montée de l’obésité, notamment dans les milieux défavorisés, constitue un réel enjeu de
santé publique. Si la France reste à un niveau plus faible que les USA ou l’Angleterre, la
progression de l’obésité et du surpoids est préoccupante. Un signe positif est toutefois la
stabilisation observée de l’obésité infantile en 2010, qui reste cependant à pérenniser.
75 / 297
Proportion des repas consommés hors domicile en France, source : Gira Food service
Le niveau d’élaboration des produits alimentaires évolue, avec de plus en plus de produits
transformés (+5% par an depuis 20 ans selon l’INSEE). Ainsi, la part des produits agricoles
dans les dépenses alimentaires des français est passée de 50% dans les années 80, à 25%.
Les modes d’approvisionnement évoluent peu depuis 2001 : 70% des courses alimentaires
sont effectuées dans des grandes surfaces à dominante alimentaire, 5% dans des petites et
moyennes surfaces, 14% dans des commerces de détail et les magasins spécialisés, 7% au
marché ou auprès de producteurs. Le seuil des 1000 « drive » a été franchi en 2012 et cette
tendance peut laisser augurer de nouvelles pratiques de consommation, notamment en
termes d’approvisionnement ce qui pourrait avoir un impact sur le secteur des transports,
traité dans le chapitre précédent.
Le commerce équitable reste cantonné à quelques produits (7% du café arabica, 2% thé, 1%
chocolat) pour un chiffre d’affaire marginal (0,3 milliards d’euros en 2010). Parallèlement,
labels et appellations sur les produits se multiplient, ajoutant un niveau de complexité aux
choix du consommateur : production « locale », label « petits producteurs », protection de
l’environnement (« sans pesticide »…) et santé (« riche en omégas 3 », etc.).
76 / 297
iii. Importations et exportations
L’agriculture française produit à 69% pour le marché français, à 23% pour l’Europe et un peu
plus de 7% vers le reste du monde. Globalement, qu’il s’agisse de produits bruts ou
transformés la France est exportatrice nette de produits agricoles. Les produits agricoles et
alimentaires sur lesquels la France est importatrice nette sont principalement des produits
bruts ou transformés ne pouvant pas être produits en France métropolitaine (thé, café,
chocolat, fruits exotiques, agrumes…), des fruits et légumes consommés hors saison, et des
produits pour l’alimentation animale, notamment des tourteaux de soja. Les principales
exportations françaises de produits agro-alimentaires sont (par ordre d’importance en euros
de chiffre d’affaire) : les boissons, vins et alcools, les céréales et produits à base de
céréales, le lait et les produits laitiers, les viandes et abats.
Les politiques de santé actuelles vont plus dans le sens d’une augmentation de l’activité
physique, insuffisante pour une part de la population, pour que le besoin énergétique soit en
adéquation avec les quantités ingérées (« mangez bougez »), que dans le sens d’une plus
grande sobriété dans l’assiette.
Afin d’évaluer les impacts des consommations alimentaires, il est nécessaire de calculer les
impacts pour chaque produit consommé puis de les agréger en fonction des régimes
alimentaires des individus. Différents travaux sont disponibles, avec des périmètres,
méthodologies différents… qu’il est donc difficile de comparer. Les travaux conduits dans le
cadre de l’affichage environnemental des produits, et notamment le programme Agribalyse,
visant à élaborer une base de données d’indicateurs environnementaux pour les produits
77 / 297
d’origine agricole, devraient améliorer cet aspect. Dans cette attente, les études à disposition
sont soit des ACV dédiées à un produit particulier (voir le document « ACV de produits
agricoles / ADEME) soit quelques études plus générales (Bilan Carbone Casino, Etude
FCD/ANIA/ADEME, Greenext…)
Par ailleurs, la complexification des plats ingérés (plats préparés issus de l’industrie
agroalimentaire) rend complexe l’évaluation de l’impact carbone d’une assiette type en
raison de la diversité des recettes…
L’étude « Impact carbone des régimes alimentaires » conduite par l’INRA avec le soutien de
l’ADEME en 2011, a permis de déterminer un « profil carbone moyen » de l’alimentation des
français, mettant en évidence que plus de la moitié de l’impact carbone vient des produits
issus de l’élevage (viande – œufs –poissons) :
autre
Impact carbone des régimes alimentaires boissons
fruits et légumes
6000,0
féculents
5000,0
desserts et sucre
en g CO2/jour
4000,0
plats préparés - snacks
3000,0 matière grasse animale
2000,0 fromage
1000,0 lait et laitages
œuf
0,0
femmes hommes poisson et crustacés
viande - charcuterie
Cette étude met en évidence d’une part qu’on ne peut pas établir de corrélation simple entre
la qualité nutritionnelle d’un régime alimentaire et son impact carbone, les régimes observés
les plus équilibrés n’émettant pas moins de GES que les régimes déséquilibrés, et d’autre
part que l’impact carbone est principalement piloté par la quantité d’aliments ingérée et la
composition du régime.
- soit de pertes inévitables (os, épluchures…) liés à des fractions non comestibles,
cette fraction étant plus ou moins variable selon les pratiques et habitudes
alimentaires
78 / 297
- soit de pertes évitables, constituant un potentiel important d’amélioration tout au
long de la chaîne alimentaire
La FAO 3 estime qu'un tiers de la production alimentaire mondiale est perdue ou jetée soit
l’équivalent de 1,3 milliards de tonnes chaque année, depuis les pertes après récolte
jusqu’au gaspillage par le consommateur, en passant par l’ensemble des étapes de
conservation / transformation/ distribution. En Europe, d’après une enquête4 menée par la
Commission Européenne, le volume total des déchets alimentaires représenterait environ 89
millions de tonnes, soit 179 kg/hab./an répartis de la manière suivante :
Certains produits (notamment produits périssables tels que le lait, les fruits et légumes et la
viande) génèrent davantage de pertes que d’autres. La réduction du gaspillage alimentaire
constitue donc un gisement important pour réduire les émissions de GES en diminuant la
production à nombre de personnes nourries égales, ou pour améliorer la disponibilité
alimentaire.
Une part de pertes liées aux contraintes sanitaires de plus en plus fortes (dépassement des
DLC, contraintes propres à la restauration collective…) pourrait également être levée par
une simple meilleure connaissance de la réglementation et de l’étiquetage, voir par des
évolutions de celles-ci.
Devenue priorité mondiale, la lutte contre le gaspillage alimentaire a fait l’objet d’une
résolution du Parlement Européen en 2012 avec pour objectif une réduction par deux du
gaspillage alimentaire d’ici 2025, proposition reprise par le gouvernement français en 2013
dans son Pacte National contre le gaspillage alimentaire.
3
Rapport de la FAO de mai 2011 « Global Food Losses and Food Waste
4
Enquête sur les quantités de nourriture gaspillées dans l'Europe des 27, octobre 2010
5
ADEME MODECOM 2007
6
Etude de préfiguration de l'obligation de tri à la source pour les producteurs de biodéchets, ADEME avril 2011
79 / 297
iv. Hypothèses retenues concernant les modes de consommation
De manière plus transversale il peut être intéressant d’interroger l’impact relatif
des pratiques alimentaires et leurs conséquences en termes d’émissions de GES (mode
d’approvisionnement, type de produits consommés, restauration hors domicile etc…).
Les travaux récemment menés sur les circuits courts mettent en évidence qu’il n’est pas
possible, compte tenu des données disponibles, de généraliser un gain GES lié à une
évolution des modes d’approvisionnement. Cependant, une optimisation de ceux-ci (tant sur
les aspects logistiques qu’au travers des comportements individuels) constitue un axe
d’amélioration possible. Sans qu’on puisse chiffrer exactement les évolutions de
consommation d’énergie associées, les lieux d’approvisionnement constituent un indicateur
intéressant de l’alimentation.
L’emprise territoriale, pour une même quantité de produit, est également plus importante,
d’où un moindre potentiel de terres disponibles pour d’autres productions ou un risque de
changement d’affectation des sols.
La question de la saisonnalité des produits est également évoquée comme un fort potentiel
de réduction des émissions de GES. En effet, l’empreinte carbone de produits consommés
hors saison est nettement plus élevée que celle de produits de saison, soit en raison du
chauffage des serres, soit en raison des distances parcourues (produit de saison sur un
autre continent), encore que ce dernier argument soit parfois contestable. En France, la
surface actuelle de serres chaudes est de 2 600 ha, dont la moitié en maraîchage
(principalement : production de tomates et de concombres) et la moitié en horticulture, et
représentent une consommation annuelle de 640 ktep.
Sur la question des produits transformés, aucune étude n’a été identifiée comme comparant
l’impact de produits d’origine industrielle (plats préparés) par rapport à des produits
« maison ». Ce type de travaux nécessiterait une étude globale, prenant en compte les
circuits d’approvisionnement, les transformations industrielles mais également l’ensemble de
la chaîne de conservation, les pratiques au domicile incluant la cuisson, les pertes associées
aux différents types de produits etc…. S’agissant d’acteurs économiques certaines pratiques
ou certaines évolutions peuvent être opérées probablement plus facilement/plus rapidement
par le biais des produits transformés (évolution de la réglementation, travail avec les acteurs
sur les approvisionnements, sur la composition des recettes etc…), qu’au travers des
habitudes des consommateurs plus complexes dans leurs évolutions.
80 / 297
De manière similaire, s’il est possible de constater les évolutions des comportements en
terme de restauration hors domicile, on ne peut aujourd’hui indiquer si ces évolutions sont
favorables ou non du point de vue des GES. Par contre, la population consommant des
repas hors domicile est en partie « captive » : restauration d’entreprise ou scolaire, et à ce
titre, représente un fort potentiel pour faire évoluer les pratiques alimentaires.
Les principaux verrous d’une évolution des régimes alimentaires qui serait en partie pilotée
par des critères environnementaux sont les suivants :
Les aspects économiques sont l’une des principales variables motrices susceptibles de jouer
sur la consommation alimentaire. Ils seront regardés sous deux angles :
- du point de vue des ménages : lien entre contraintes économiques pesant sur les
ménages et consommation alimentaire
Pour 2030, l’augmentation de la population française et son vieillissement ont été intégrés
dans la définition des besoins alimentaires ; par contre une hypothèse conservatrice de
maintien strict de la balance commerciale a été retenue (à l’exception d’une relocalisation
partielle de l’alimentation animale). Il ne s’agit pas « d’exporter nos émissions de GES » en
faisant produire massivement ailleurs nos produits alimentaires ni de baisser nos émissions
nationales en réduisant nos exportations.
81 / 297
Principales hypothèses chiffrées pour 2030 :
2.3.2.a. Contexte
L’évolution de l’agriculture fut très significative au cours des trente dernières années. En
réponse à une consommation alimentaire croissante, à une sécurisation de notre
approvisionnement, à une part toujours plus grande des protéines animales dans l’assiette
moyenne et à d’autres éléments de contexte technico-économiques, comme la balance
commerciale et la politique agricole commune (PAC), les systèmes de production se sont
fortement modernisés et intensifiés : mécanisation accrue, spécialisation des fermes,
simplification des rotations, usage intensif des intrants (fertilisants, produits phytosanitaires,
82 / 297
concentrés alimentaires pour l’élevage…). En conséquence, les rendements et productions
ont augmenté, le nombre d’actifs a fortement chuté, les exploitations se sont agrandis.
Dans le cadre de cette étude prospective et dans un objectif de réduction des émissions de
GES de l’agriculture, il convient donc d’étudier chaque type de production (élevage et
culture) à la lumière de ses caractéristiques propres (nature du produit, réponse à la
demande alimentaire, rendements, intrants…), de ses impacts (sur les GES, sur le carbone
des sols, sur les émissions de NH3…) et des modes de production alternatifs existants.
Les principes retenus pour construire les scénarios sont les suivants :
- Préservation de la qualité des sols : les sols agricoles sont une ressource limitée et
« non renouvelable » qu’il faut impérativement protéger. C’est un enjeu important de
production durable pour maintenir, à long terme, la capacité productive en produits
agricoles et forestiers.
Depuis la fin des années 1990, les modes de production ont été soumis à des contraintes
exogènes, régulières et très fortes : économiques (crises conjoncturelles, concurrences
européenne et mondiale), environnementales (qualité de l’eau, des sols), impacts sanitaires
(produits phytosanitaires) et sociétales (demandes croissantes en circuits courts, d’aliments
sous signes de qualité…). Les pratiques agricoles ont évolué en regard de ces contraintes,
mais restent très majoritairement « conventionnelles ».
Généralement, les facteurs considérés comme les plus influents sur les pratiques et les
productions agricoles sont :
- l’évolution des marchés des produits agricoles et matières premières, par exemple le
prix des énergies, peut influencer les pratiques de fertilisation et/ou celui des céréales
influencer sur les débouchés ;
- les politiques publiques et notamment européennes sur le développement agricole et
l’environnement (soutien de la PAC sur des productions spécifiques, directives sur l’eau
ou l’air…) ;
- l’évolution de la demande (crises de la « vache folle » ou « E.Coli », demandes
croissantes en circuits courts, filières de qualité labels, AB…).
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Evolution des surfaces agricoles françaises (source MAAPRAT, 2010)
(STH : Surface Toujours en Herbe)
Ces paramètres seront les plus déterminants pour l’évolution à court et moyen/long terme du
secteur. En comparaison de l’évolution globalement régulière, constatée de la SAU
(graphique précédent), les fortes variations récentes des cours des productions agricoles et
matières premières (graphique suivant) démontrent que l’inertie du secteur quant à
l’utilisation des terres reste forte et que les situations sont très fluctuantes et hétérogènes
selon les filières (productions animales notamment).
Les facteurs de risques de crises sanitaires, bien qu’ayant un fort impact et parfois de
manière durable, ne seront toutefois pas traités dans cet exercice de prospective et non de
prévision.
Indice annuel des prix agricoles à la production IPPAP (INSEE, base 100 en 2000)
84 / 297
La consommation d’énergie finale du secteur est d’environ 4 Mtep, dont les principaux
postes sont le carburant pour les engins agricoles (2,5 Mtep) et le chauffage de bâtiments
(0,5 Mtep de gaz naturel principalement pour les serres, 0,7 Mtep pour les bâtiments
d’élevage).
Les efforts du secteur des serres chauffées, pour rester compétitif au niveau international,
obligent à maintenir un fort niveau de développement technique des outils de production,
avec l’apparition de nombreuses techniques et technologies pour réduire les consommations
d’énergie. Des écarts de performances atteignant 30 à 40% sont encore constatés en
fonction des équipements installés. Suite au choc énergétique de 2007-2008, une forte
augmentation du parc de serres chauffées par la biomasse fut relevée, qui représente une
part non négligeable des surfaces actuelles (environ 10%) et un fort enjeu de maintien de
l’activité pour la filière. Face aux enjeux liés aux productions et consommations supposées
croissantes de fruits et de légumes, la question du maintien voire d’un développement des
productions sous serres (chauffées ou non) se pose, conditionnée au recours à des sources
d’énergie durables.
Les bâtiments d’élevage sont répartis entre les blocs de traite et les bâtiments dits « hors-
sol » : porcins, avicoles et de veaux de boucherie. Les consommations ont été étudiées en
2006 et de nombreux projets d’étude ont suivi, avec notamment des relevés de mesures sur
des bâtiments innovants et la recherche de références sur des bâtiments standards.
85 / 297
Estimation des consommations annuelles d’énergie directes pour les différentes filières
d’élevage (source ADEME, 2007)
Les enjeux sur les bâtiments sont liés à leur performance (réduction des besoins en énergie
et des émissions de GES), mais aussi à l’évolution du cheptel.
Le niveau de dépendance du secteur agricole aux prix de l’énergie s’amplifie avec l’utilisation
d’intrants de plus en plus énergivores (carburant et énergies fossiles, engrais, alimentation
animale…). Cette dépendance n’est pas la même selon l’orientation de l’exploitation, pas
plus que leur vulnérabilité face aux évolutions environnementales et climatiques, car les
intrants et systèmes diffèrent largement (par exemple les filières viticoles devront s’adapter
alors que les cultures sous serres seront a priori moins impactées).
Face à ce constat, il est possible de prioriser les cibles à étudier par rapport à leur poids (en
absolu) et leur dépendance future accrue à l’énergie. Il est en tout cas évident que cette forte
dépendance jouera un rôle dans le futur proche, plus ou moins prégnant, en fonction de la
hausse possible du cours des énergies. Elle conditionnera directement la compétitivité des
exploitations françaises face à leurs concurrents mondiaux. Aussi, l’augmentation prévisible
du prix de l’énergie nécessite de réduire la dépendance globale (directe et indirecte) des
différents systèmes agricoles à la consommation d’énergie non renouvelable.
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Evolution de la dépendance énergétique des filières agricoles (définie par le ratio €énergie/€charges variables),
et de la consommation totale d’énergie (directe + indirecte) entre 1990 et 2010. Les simulations en
2015 sont des scénarios tendanciels avec hypothèses à 150 et 200$/bl (source ADEME, 2012).
Les systèmes de production sont très variés, et même si certaines filières deviennent très
standardisées, les pratiques diffèrent, de manière importante, pour des territoires et
productions analogues. Dans le cadre de cet exercice de prospective, il est possible de
schématiser les types d’agriculture autour des principaux systèmes suivants :
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ou en cours de certification, soit 3,5% de la SAU nationale (objectif de 6% prévu en 2012 par
le Grenelle et 20% en 2020).
La production agricole « intégrée » peut être considérée comme intermédiaire aux deux
précédentes et relève des systèmes de type « agroécologie ». Les agriculteurs sont dans
une logique de productivité un peu plus faible que le conventionnel mais, avec une moindre
utilisation d’intrants. Dans cette catégorie, on retrouve différentes variantes portées par des
réseaux différents et faisant appel à des techniques diverses. A titre d’exemples,
l’« agriculture durable » portée par des réseaux des CIVAM ; l’« agriculture de
conservation » qui fait appel aux techniques sans labour ; l’ « Agroécologie » ou encore l’«
Agriculture Ecologiquement Intensive » (AIE) ; reposent sur ce type de concept d’agriculture
avec une recherche d’équilibre entre productivité et préservation de l’environnement. Ces
agricultures ne font aujourd’hui l’objet d’aucun dispositif de certification. Elles sont
notamment développées en viticulture ainsi qu’en développement dans les vergers et les
systèmes de grande culture.
Très peu développée en France, l’agroforesterie peut être combinée aux systèmes décrits
précédemment. Ce mode de production, qui associe dans une même parcelle des
productions culturales avec la plantation d’arbres, est actuellement en réflexion dans le
cadre des objectifs de stockage de carbone et de production de biomatériaux et d’énergie.
Les sols agricoles stockent, absorbent et émettent des gaz à effet de serre (GES),
principalement le CO2 et le N2O. Les usages des sols et les pratiques associées ont un
impact direct sur les émissions nationales.
La mise en œuvre de pratiques culturales appropriées peut, limiter les émissions de gaz à
effet de serre des terres cultivées et renforcer l'absorption de carbone présent dans
l'atmosphère. Angers et al. (2011) ont ainsi estimé, à partir des teneurs en carbone
mesurées sur la Base D’Analyse de Terre (BDAT) du GIS Sol, que plus de 70% des sols
agricoles français présentaient un déficit de saturation en carbone, en particulier dans les
zones de grandes cultures du Nord, de l’Est et dans le Sud de la France, qui combinent des
88 / 297
températures favorisant la minéralisation ainsi qu’une occupation du sol en vergers et
vignes. Ils en concluent qu’il existe en France, un réel potentiel de stockage du carbone dans
le sol si des pratiques adaptées sont mises en œuvre.
Ces pratiques consistent soit à augmenter les apports organiques au sol (gestion des
résidus, couverture du sol, augmentation de la productivité végétale, fertilisation organique),
soit à réduire la minéralisation des matières organiques en limitant le travail du sol. Ces
pratiques sont plus ou moins adoptables selon le contexte technique, économique et
politique. Ainsi, l’accroissement ou le maintien du retour au sol des résidus peut apparaitre
antagoniste avec un développement des biocarburants de seconde génération. Elles doivent
aussi s’intégrer de façon cohérente dans les systèmes de culture. L’expertise collective de
l’INRA « Stocker du carbone dans les sols agricoles de France » (Arrouays et al. 2002)
estimait ainsi, le potentiel de stockage entre 1 et 3 millions de tonnes de C par an (ou entre
~3,7 et ~11 MtCO2) sur une durée de 20 ans. Toutefois, il est nécessaire de garder à l’esprit
que le stockage du carbone dans les sols est limité. Dès lors, les actions favorisant le
stockage peuvent permettre de compenser, à court et moyen termes, des émissions dans
d’autres secteurs mais ne peuvent remplacer les actions de réduction des émissions qui y
sont faites.
Dans ce travail de prospective, il est considéré que l’essor des pratiques, permettant le
stockage du carbone (C) dans les sols, s’intègre dans le développement des modes de
production intégré, biologique et agroforestier. N’est donc pas considéré le développement
des pratiques de façon indépendante. De ce fait, il est considéré que les systèmes de culture
biologique et intégré permettent, en 20 ans, par la mise d’un ensemble de pratiques
appropriées, une augmentation de 20% du stock de C par rapport au système conventionnel.
Les surfaces plantées en haies et en arbres (agroforesterie) sont prise en compte de façon
explicite.
L’évolution des systèmes, vers des systèmes plus « stockant », peut demander un
changement de manière de cultiver, des modifications du calendrier de travail, des choix de
rotation, de conduite des cultures qui demande des références et des investissements
matériels (ex : passage au TCSL, gestion de la fertilisation organique, mise en place
d’interculture). L’adoption de ces changements suppose des formations et des engagements
de très longue durée de la part des agriculteurs, sachant que les bénéfices de changement
de pratique se mesurent sur plusieurs dizaines d’années. Ces évolutions correspondent à un
retour de l’agronomie dans les modes de gestion des exploitations actuellement, défendue
par de nombreux organismes (GIS relance agronomique). La mise en œuvre de pratiques
peut être aussi limitée dans certaines régions pour des raisons agronomiques. Ainsi, la
simplification du travail du sol est difficilement envisageable dans des sols pauvres en argile
et hydromorphe ou dans certains systèmes de culture (betteraves, pommes de terre…).
L’enherbement des vignes, ainsi que la mise en œuvre d’intercultures, complexifient la
gestion de l’eau dans les zones où celle ci est limitante. De plus, le déstockage du carbone
étant plus rapide que son stockage, le bénéfice tiré de l’adoption de pratiques
« stockantes » sera réduit si ces pratiques ne sont pas durables. Il s’agit donc de s’assurer
que les contraintes/opportunités économiques pour les exploitations, les ayant mises en
œuvre, n’induisent pas de retours en arrière.
89 / 297
données, à la fois représentatives du contexte national et liant gestion forestières et stock de
C dans les sols, sont disponibles.
Le mode d’action des pratiques envisageables et leur potentiel est discuté ci-dessous.
Les TCSL permettent d’augmenter le stock de carbone par rapport au labour en freinant la
minéralisation des matières organiques du sol (Labreuche et al. 2007). La hausse
généralement observées des émissions de N2O, associée aux TCSL, n’amputerait que
partiellement ces bénéfices. Au final, le bilan global de GES serait amélioré par les TCSL
avec des gains de l’ordre de 100 à 400 kg CO2/ha/an sur 20 ans. Toutefois, des
interrogations subsistent, concernant la pérennité du stockage de carbone dans les sols, car
le retour au labour de sols conduit de nombreuses années en TCSL peut rapidement
annihiler ce stockage. Selon les enquêtes SCEES du ministère de l’agriculture, qui recensent
les pratiques culturales en France, les techniques de labour réduit représentaient 34% de la
surface agricole utile en 2005 et seraient en augmentation depuis 1994. La mise en œuvre
des TCSL serait favorisée en premier lieu, par le manque de main d’œuvre disponible et
l’augmentation des surfaces par exploitation, puis par des raisons agronomiques et
environnementales. Les sols argileux et/ou caillouteux sont par exemple propices au
développement des TCSL.
Aucune politique ne promeut actuellement leur mise en œuvre. Dans le cadre des objectifs
de diminution de la consommation d’énergie, de préservation de la qualité des sols et de
stockage de carbone les TCSL sont, dans certaines conditions techniques, à développer
dans les systèmes de grande culture.
D’après Arrouays et al. (2002), les résidus de culture sont souvent déjà restitués au sol. Les
possibilités de stockage additionnel sont très faibles. Pour 7 tonnes (t) de paille, le stockage
C est évalué à 0,15tC/ha/an. Dans le futur, la valorisation énergétique des pailles présente
un bon potentiel d’amélioration du bilan CO2 de la production énergétique mais risque
d’induire, une baisse des teneurs en matières organiques des sols. Cet impact sur le stock
de carbone des sols est à prendre en compte dans le cas d’un développement des filières
énergétiques avec valorisation de la plante entière.
90 / 297
La gestion des déchets organiques, hors effluents d’élevage, est un potentiel si celui-ci est
composté pour la fraction organique et que l’énergie ainsi que la chaleur sont récupérées
pour le reste (Houot, dans Arrouays et al. 2002). Pour la filière déchet, cela représente un
véritable potentiel de diminution d’émissions car actuellement 13.5% des déchets ménagers
sont compostés alors que 50% sont potentiellement compostables. Ceux-ci peuvent être
épandus sur peu de surface, environ 9% de la SAU totale (sol à faible MO, à risque érosif
élevé et à proximité des centres de production). L’expertise INRA considère le potentiel de
stockage national comme négligeable. Par contre le potentiel de stockage dans certaines
régions, proches des pôles urbains, peut être important localement.
L’enherbement permanent des inter-rangs dans les vignes et vergers permet un stockage
additionnel de C presque équivalent à celui induit par la conversion d’une terre labourée en
prairie permanente, soit environ 0,5 tC/ha/an (Arrouays et al. 2002) L’enherbement est déjà
bien développé dans les régions où l’eau n’est pas trop limitante. L’enherbement des vignes
implantées en climat plus sec est plus difficile. Selon Arrouays et al. (2002), l’enherbement
des surfaces de vignes et vergers où la compétition pour l’eau ne serait pas un facteur
limitant la production, soit 50% des 1,1 Mha, permettrait un stockage additionnel 0,20MtC/an
sur 20 ans.
100m de linéaire de haie par hectare stockeraient environ 0,1tC/ha/an sur 20 ans. Les
bandes enherbées et les jachères en herbe sont comparables à des prairies. Aujourd’hui, la
PAC impose 3% de la SAU en surface agro écologique. Les coûts d’implantation et
d’entretien des haies seraient les premières limites à leur développement. Le projet actuel de
réforme de la PAC prévoit une augmentation à 7% de la SAU au titre de l’éco conditionnalité
du premier pilier. L’étude facteur 4 commandité par l’ADEME considère que les arbres des
haies présentent le même stock de C qu’une forêt et qu’un kilomètre de haie représente 0,7
ha. Cette étude propose 5 à 6% de la SAU en haies en 2050.
L’agroforesterie
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Certaines modalités de gestion des prairies permettent de stocker du carbone (Gac et al.
2010 ; Arrouays et al. 2002). L’augmentation de la durée des prairies temporaires, voire leur
conversion en prairies permanentes, l’intensification des prairies peu productives par la
fertilisation et la présence de légumineuses, favorisent le stockage (Soussana et al. 2004).
Le pâturage, s’il n’est pas trop intensif, permettrait aussi un meilleur stockage du carbone
que la fauche car il limite les « pertes » d’herbe et implique un apport direct de matière
organique par les déjections animales. Soussana et al. (2004) estime un gain de stockage lié
à la mise en place de ces pratiques s’échelonnant entre 0,2 et 0,5 tC/ha/an. D’autre part,
certaines études ont montré que les prairies âgées (>30 ans) continueraient à stocker du
carbone (Soussana et al. 2007). La réalité actuelle des pratiques des gestions des prairies
en France est très peu connue, ce qui rend difficile l’estimation du potentiel réel. Les seules
données disponibles sont celles issues de l’enquête pratiques culturales 2006 réalisée par le
Ministère de l’Agriculture qui décrit les prairies enquêtées (recensées) selon le niveau de
fertilisation, l’application de fumure organique, le rendement moyen. Par exemple, 36% des
prairies seraient gérées sans apport, 50% des prairies présentent un apport compris entre 0
et 100 unités/ha, 14% des prairies ont un apport supérieur à 100 unités/ha.
Un travail de recoupement à partir des données utilisées pour les certificats d’économie
d’énergie a été effectué.
Sur les serres, les développements technologiques peuvent apporter des gains significatifs
sur le parc existant. En effet, l’équipement de référence actuel est une serre en parois verre
avec simple écran thermique. Un gain de 30 à 40% est réalisable avec les techniques et
technologies disponibles actuellement. Des gains supplémentaires sont possibles en
couplant des techniques de sélection variétale, pour la conduite de cultures dans des
conditions climatiques plus contrastées (p.ex. en sélectionnant des variétés de tomates qui
acceptent des échelles de température plus grandes ou des pics de froid plus fréquents ou
plus forts, ce qui peut permettre de réduire les besoins de chauffage importants sur les pics
de froid). Les surfaces sous serres sont supposées stables.
Concernant les bâtiments d’élevage, leurs besoins liés au chauffage peuvent être fortement
réduits par l’amélioration de l’enveloppe et la mise en œuvre de systèmes de chauffage plus
efficaces. Ainsi, la généralisation des échangeurs thermiques en bâtiments porcs et volailles
peut conduire à une réduction significative (-25% à minima). La seule généralisation des
bonnes pratiques sur le chauffage et la ventilation conduit, d’après les experts, à économiser
de 5 à 10% des consommations. Sur les blocs de traite, consommant principalement de
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l’électricité pour la production de froid, la généralisation des récupérateurs, des pré-
refroidisseurs, du chauffe-eau solaire et des bonnes pratiques, présupposent au moins 15 à
20% d’économies d’énergie.
Concernant la consommation des engins mobiles et notamment du tracteur, les gains seront
le fruit de plusieurs facteurs : économies grâce à la formation à la conduite économe et aux
passages au banc moteur (-5 à -15%), évolution des technologies (motorisations,
téléguidage, télégonflage des pneus), des pratiques (semis direct, labours moins profond) et
des systèmes.
Des marges de progrès existent et sont encore à développer dans la maîtrise des quantités
apportées, la valorisation des apports organiques (effluents d’élevage, compost) et l’apport
d’azote dans les systèmes par voie naturelle avec des légumineuses.
Répartition au niveau cantonal des surplus d’azote et des émissions de GES liés à l’activité agricole
(source CGDD, « Le point sur » n°113, mars 2012)
L’intensification de la production animale a été encore très forte sur la seule dernière
décennie, avec une réduction drastique du nombre d’exploitation pour un cheptel quasi-
constant (cf. tableau suivant). La tendance est analogue sur les cultures avec une baisse un
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peu plus faible du nombre d’exploitations par rapport à 2000 (environ -25% pour la SAU
totale et les céréales).
Poulets de chair et coqs 127 430 -67% 128 136 589 +12%
La gestion des effluents d’élevage est une question au centre des préoccupations pour la
durabilité des exploitations et la gestion des territoires. Ils représentent en effet un important
gisement de carbone (environ 25MtC/an), mais ils sont épandus sur les terres agricoles
souvent déjà riches en matière organique. Pour améliorer le stockage, il s’agirait d’épandre
préférentiellement sur les sols à faible teneur en matière organique, qui sont généralement
éloignées des zones de production des effluents, tout en conservant suffisamment d’apport
organique dans les régions d’élevage. Une telle option supposerait une stabilisation (ex :
compostage) de cette matière organique et un coût CO2 de transport supplémentaire.
Un objectif essentiel de ces deux traitements (et même le seul dans le cas du compostage)
est le retour au sol de matière organique stable. Des étapes de tri en amont, afin de séparer
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les constituants par grandes catégories (matières organiques, matériaux, inertes), sont donc
nécessaires pour s’assurer de la bonne qualité du compost ou du digestat final.
Le compostage consiste en une fermentation aérobie (en présence d'air), c'est par exemple
l'un des processus naturels qui transforment en humus les feuilles mortes en forêt. Le
compostage dégage du CO2, de la vapeur d'eau et de la chaleur. Selon les matières
compostées et le niveau de maturité du compost produit, ce dernier représente entre 30 % et
60 % de la masse de matière organique initiale.
La filière « compostage » est une filière « historique » et mature pour les déchets organiques
agricoles ainsi que des entreprises, pour les déchets verts (qui ont connu un essor particulier
depuis les années 90 avec la couverture nationale du territoire par des déchèteries). La
capacité globale de compostage est évaluée à près de 3,5 millions de tonnes et plus de 600
installations.
Le compost est utilisable comme amendement organique des sols dont il conserve ou
améliore la qualité (il favorise l'activité biochimique et l'aération, maintient la biodiversité
propre aux sols, limite l'érosion, joue un rôle de stockage d’éléments fertilisants et d’eau …).
Il apporte en outre des éléments nutritifs aux plantes mais n'est pas, à proprement parler, un
engrais.
Résultat courant avant impôts en valeur 2010 : moyenne par actif non salarié (ensemble des
exploitations France métropolitaine, source MAAPRAT 2011)
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La vision de l’ADEME, sur l’évolution des modes de production à 2030, reprend la poursuite
d’efforts et d’objectifs ambitieux sur les plans et programmes d’actions issus du Grenelle de
l’Environnement ou postérieurs (Ecophyto 2018, plan agriculture biologique, réduction du
gaspillage alimentaire…).
2.3.3.a Contexte
D’après les inventaires du CITEPA (2010), les secteurs agricoles et forestiers représentent
pour la France un puits compensant près de 20% des émissions annuelles de CO2 en 2009
et qui a augmenté de 63% entre 1990 et 2009, principalement en raison de l’afforestation et
de l’accroissement forestier. Les usages des sols et leur évolution ont un impact important
sur les émissions nationales sachant qu’il y a en moyenne environ 30tC/ha entre un sol
cultivé et des sols de prairie ou de forêt (Martin et al. 2011). Ils ne peuvent être séparées des
enjeux économiques et politiques (ex : maitrise de l’urbanisation, politique agricole
commune), notamment au regard du rôle des secteurs forestier et agricole dans la
production alimentaire, de biomasse et d’énergie (ex : bois énergie, biocarburants).
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d’habitations de maisons individuelles (~50%) et au développement du réseau routier
(~20%). Les liens avec ces deux secteurs traités précédemment est donc important
Les sols artificialisés représentent 8,9% (soit 4,9 Mha) du territoire national métropolitain
dont près de 60% est totalement imperméabilisé. L’artificialisation progresse en moyenne de
62 000 ha par an depuis 1981 soit plus d’1 million d’hectare (MEEDDM, 2010) ou l’équivalent
de la région Picardie en 30 ans. Le CITEPA (2010) estime que l’artificialisation des sols a
induit des émissions de 2,8 à 4,6 Mt CO2 par an depuis 1990 (du même ordre de grandeur
que celles du secteur métallurgique). Les émissions augmentent avec l’intensité de
l’artificialisation. Ces estimations ne tiennent compte que de la biomasse vivante et
négligent, en raison du manque de connaissance, le devenir du C des sols (sols excavés,
jardins, pelouses, …). De plus, l’artificialisation touche plus fortement les sols les plus
productifs (MEEDTL/SOeS, 2011) contrairement à l’afforestation. Actuellement,
l’artificialisation tend à s’accélérer (259 000 ha entre 2006 et 2009, soit + 86 000 ha par an).
Au niveau national, la loi de modernisation agricole demande à diminuer de moitié le rythme
de consommation des terres agricoles d’ici 2020. Au niveau local, certaines régions et
collectivités commencent à intégrer la lutte contre l’artificialisation dans leurs outils de
planification.
L’hypothèse d’une réduction de l’artificialisation actuelle entre 2010 et 2030 est ainsi faite
jusqu’à un rythme divisé par deux en 2030, induisant la répartition des terres suivante :
Année
2010 2030
Surface (Mha) 16 16,2
Forêts et Bois Stock (MtC) 1245 1260
Stock (tC/ha) 78 78
Surface Surface (Mha) 29,3 28,8
Agricole Stock (MtC) 1 806 1 810
Utile* Stock (tC/ha) 62 63
7
Valeur moyenne issues de la base de données « Réseau de Mesure de la Qualité des sols » du Gis Sol.
97 / 297
Surface (Mha) 5,1 5,9
Sols
artificialisés Stock (MtC) - -
Stock (tC/ha) - -
Surface (Mha) 4,6 4,3
Autres
terres*** Stock (MtC) - -
Stock (tC/ha) - -
Il s’agit d’organiser un équilibre entre les fonctions pour la consommation d’espace : dans un
contexte de besoin/volonté de densification (plus dans autant) et de "compacification" (autant
dans moins), et donc au final de "plus dans moins", il est nécessaire d’organiser un partage
de l'espace entre :
- l'insertion de la nature (dont agriculture) en ville (pour beaucoup de raisons que l'on sait)
- les espaces de rencontre et de récréation pour les Hommes servant la qualité de vie.
Il y a des synergies possibles (ex : agora végétales), mais aussi des concurrences de besoin
d'espace (ex : toitures pour nature et/ou énergie) : prévoir plus d'espace pour certaines
fonctions dans un contexte de contraction de l'espace, travailler sur une réorganisation et
une articulation entre ces fonctions au moins au niveau de la planification comme de
l’aménagement, et intégrer également des réponses ou solutions technologiques et
techniques. Des outils de modélisation et des applicatifs de politiques publiques (évolution
des SCoT et PLU par exemple, notamment en terme de participation des acteurs) seraient
nécessaires.
D’après une expertise collective, réalisée par l’INRA et le CEMAGREF (Aubertot et al.,
2005), la profession considère les pratiques alternatives comme plus risquées, tandis que les
résultats des études sur les effets des pratiques économes en pesticides sur les risques
productifs sont controversés et variés. Par ailleurs, les coûts d’apprentissage et
d’investissement initiaux (formation, achat de matériel spécifique, …) sont aujourd’hui
rarement évalués alors qu’ils peuvent être élevés.
Le bilan réalisé en 2012 par l'INRA, à l'issue de dix années d'essais pour la lutte en
Protection Intégrée, révèle que "la Protection Intégrée permet de maîtriser de façon
satisfaisante les infestations tout en réduisant de façon importante la dépendance aux
herbicides et les impacts environnementaux associés". Les chercheurs reconnaissent
cependant la nécessité d'un soutien financier, pour compenser la baisse du revenu estimée
et pour les producteurs, d'accepter une réorganisation complète de leur travail. Les systèmes
en agriculture biologique, à bas niveaux d’intrants, étant plus intensifs en main d’œuvre que
les systèmes de production conventionnels, des créations d’emploi peuvent cependant être
envisagés.
Du fait des efforts techniques et investissements à fournir, l’inertie face au changement est
donc prévisible, tant au niveau des exploitations agricoles qu’au niveau des structures
d’accompagnement. Cependant, un changement de cette ampleur s’est produit lors de la
modernisation de l’agriculture d’après-guerre, ce qui démontre que des changements sont
envisageables, bien que les conditions et les motivations soient très différentes de celles
ayant motivé les changements d’après-guerre et que les changements scénarisés, dans
l’étude « Facteur 4 » ou celle-ci, supposent nécessairement une intervention publique.
Les fournisseurs d’intrants devront prévoir une diminution significative de l’utilisation des
intrants chimiques, ce qui signifierait une réduction du marché de l’agrofourniture par rapport
99 / 297
au tendanciel. Cependant, on peut s’attendre à une augmentation du recours aux intrants
organiques et biologiques. L’aval de la filière (coopératives agricoles, secteur de la
transformation alimentaire et grande distribution) devrait aussi s’adapter, notamment pour
accompagner le développement de l’AB qui demande des conditions de conservation et de
traçabilité des produits particulières.
Des difficultés supplémentaires liées à l’organisation des filières sont aussi à mettre en
évidence, tels que les exigences de l’aval (consommation et/ou du secteur de la distribution)
en termes d’aspect et de conservation des produits frais, qui incitent à l’utilisation de
pesticides, ou l’importance d’un secteur du conseil en protection des cultures. Ce constat est
renforcé par la distribution des semences, des pesticides et des engrais ainsi que la collecte
des récoltes qui sont souvent assurées par les mêmes entreprises.
Les difficultés financières que rencontrent les exploitations (crise du « lait », filières
légumières en 2010…) détermineront leurs capacités à investir dans l’avenir. La fragilité
économique, que traverse le secteur depuis plusieurs années (voir graphique suivant), réduit
en effet leurs capacités d’investissement à court terme, pour optimiser leurs outils de
production et efface toute logique d’investissement, qu’il soit humain ou financier, à moyen et
long terme.
100 / 297
Concernant, les sols, un certain nombre de conditions peuvent également être avancées :
- Mise en place d’une stratégie de protection des sols en France et d’une observation
consolidée de la consommation des terres
- Sensibilisation du grand public et des élus, ainsi qu’à l’ensemble des parties
prenantes aux enjeux des sols
- Préservation de la qualité des sols dans les projets d’aménagement, et, à chaque
transaction, par le développement de diagnostics « qualité des sols » obligatoire
- Promouvoir dans le cadre de la PAC les pratiques agricoles protégeant les sols,
protégeant leurs stocks de carbone et limitant leurs émissions de GES
La mise en œuvre de politiques de gestion et de suivi des sols constitue un enjeu majeur
pour des raisons environnementales et économiques. Compte tenu des multiples usages et
bénéfices attendus, la question des sols se situe à l’interface de différents secteurs
d’activités et de différents enjeux dont la cohérence est à assurer.
Le scénario considère que les déterminants majeurs de l’évolution des systèmes agricoles à
l’horizon 2030 concernent toujours les orientations de la politique agricole, l’évolution des
marchés et de la demande des consommateurs, la dépendance du secteur agricole à
l’énergie fossile et, la réduction de la pollution de l’eau. Pour l’énergie, l’augmentation du prix
des intrants risque de pénaliser les exploitations les moins économes et autonomes, de
manière brutale si aucune compensation ou aucun accompagnement à la transition n’est
101 / 297
anticipé. Concernant les contraintes réglementaires sur l’eau, l’évolution des directives sur
l’eau et les nitrates joueront un rôle prépondérant dans la résolution des excédents
structurels en azote, et a priori sur les pratiques et les systèmes.
A l’horizon 2030, l’hypothèse retenue est une politique publique ambitieuse et incitative,
notamment sur l’environnement en matière d’énergie, de lutte contre le changement
climatique, de la préservation de la qualité de l’eau. Tous les objectifs du Grenelle n’ont pas
été atteint, et notamment la part d’agriculture biologique dans l’assolement national qui
progresse plus lentement que prévu.
Le scénario prolonge ainsi les objectifs d’évolution de l’agriculture dans une logique plus
écologique avec un maintien de la productivité. Les productions intégrées, jugées moins
difficiles à initier et mettre en place par les agriculteurs que l’agriculture biologique, car elle
permet un bon équilibre entre productivité (maintien de hauts rendements) et environnement
(baisse des intrants). L’agriculture biologique se développe mais son débouché reste limité à
une catégorie de population et à la restauration collective. Les enjeux du changement
climatique et de l’énergie montent en puissance amenant des économies d’énergies, le
développement des techniques réduisant les émissions de GES, une production de
biomasse et des efforts de stockage de carbones.
Une réduction de la consommation d’azote de 22% d’ici 2030 est ambitieuse mais réaliste.
L’évolution des cheptels est également modifiée pour tenir compte d’une tendance à la
baisse de consommation de produits animaux. Cette évolution du cheptel modifie
l’assolement et les pratiques.
Compte tenu de la complexité des systèmes agricole, de la diversité des productions et des
territoires et, des incertitudes concernant le changement climatique, il est souhaitable que les
politiques proposées favorisent la créativité dans les exploitations agricoles, l’innovation de
terrain et la valorisation des expériences. L’enjeu est d’éviter de promouvoir des « systèmes
standardisés », mais de maintenir et favoriser la diversité dans les modes de production.
Ainsi, en complément de la PAC, les mécanismes de type « appel à projets » utilisées dans
le secteur de l’énergie (ex : fonds chaleurs ou CEE) pourraient être adaptées à l’agriculture
au niveau des filières ou des groupements d’agriculteurs pour accompagner l’innovation et la
transition.
102 / 297
Les hypothèses de valorisation énergétique de la biomasse (cultures, résidus, effluents,
haies, forêts…) sont présentées dans le chapitre offre énergétique.
Concernant l’alimentation en 2030, le régime alimentaire des français évolue peu avec
seulement une très légère baisse des surconsommations protéiques (passage de 70% de
surconsommation à 60%). Par contre une politique très ambitieuse de réduction des déchets
alimentaires tout au long de la chaîne (du producteur au consommateur inclus) e été
retenue, avec une baisse de 50% des pertes évitables.
Consommation totale 4 3
2010 2030
Réseau électrique 1,1 0,9
Réseau de gaz 0,1 1,0
103 / 297
Réseau de chaleur 0,0 0,0
Biogaz direct 0,0 0,0
Bois énergie 0,0 0,0
Solaire thermique 0,0 0,0
Calories PAC Géothermiques 0,0 0,0
Usages Calories PAC Aérothermiques 0,0 0,0
directs Biocarburants 0,0 0,0
Ess/Dies/Jet 0,4 0,3
Autres PP 2,3 0,8
Déchets 0,0 0,0
Charbon 0,1 0,0
4,0 3,0
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2.4. Evolution du secteur de la production industrielle
Synthèse des principaux déterminants
- Une politique industrielle ambitieuse avec une augmentation des productions physiques de
l’industrie (Mt produites) et le développement d’une industrie du recyclage
L’évolution proposée de l’activité industrielle est prise en cohérence avec les évolutions
proposées dans les autres secteurs. Elle n’intègre pas de modification significative
(diminution ou croissance) des activités industrielles qui serait liée à des considérations hors
du périmètre énergie – environnement de l’Agence, car elle est très directement liée aux
hypothèses de croissance économique prises pour la globalité de l’exercice.
Dans la logique du maintien d’un secteur industriel toujours relativement présent dans
l’économie aux horizons considérés, deux paramètres apparaissent comme incontournables
pour les secteurs industriels de demain :
- l’obsolescence programmée qui, si elle est à bannir en tant que telle, n’est pas à
confondre avec un renouvellement de parcs technologiques qui seraient gérés dans
une optique d’économie circulaire, ou d’écoconception.
En somme, une distinction claire est à faire entre des technologies au bilan environnemental
médiocre (matières, énergie grise…), à « maintenir » en usage le plus longtemps possible,
et des technologies où le poids du bilan environnemental lié à la fabrication de l’objet est
faible (<10% par exemple), où le renouvellement s’il permet d’améliorer drastiquement la
consommation énergétique est entendable.
105 / 297
2.4.1.a Cartographie
L’activité industrielle se divise en différents secteurs – eux-mêmes sub-divisés en sous-
secteurs. La consommation d’énergie en industrie est très concentrée : 1% des sites
consomment ⅔ de l’énergie représentés sur seulement 18 secteurs (sur les 258 de la
nomenclature officielle NAF) et les 8 secteurs NAF de l’industrie lourde (sidérurgie, ciment,
engrais, etc) concentrent 50% de la consommation d’énergie.
Plus on s’éloigne des secteurs industriels de 1ère transformation ou industrie lourde, plus il
est délicat de déterminer – à l’échelle d’un secteur ou sous-secteur - une unité de production
« physique » et une consommation énergétique spécifique associée, en raison de la
prépondérance de production multi-produits. Pour autant, au-delà des consommations
spécifiques par unité de production, l’élément déterminant de la consommation globale
d’énergie de l’Industrie reste la nature et le volume de sa production.
Le tableau ci-après résume pour les grands secteurs industriels, et les enjeux de
production, qu’il s’agit de mettre en cohérence au regard des autres visions proposées.
% conso.
Secteur industriel
d’énergie Commentaires
industrie
Construction Ne fait pas Activité très influencée par les visions Bâtiment et
(bâtiment, TP) partie des Transport
stat. Industrie
Métaux Primaires 14% Activité très influencée par les visions Bâtiment
(y c sidérurgie) (50% de l’acier, 20% de l’aluminium) et Transport
(20% de l’acier).
Chimie 34% Activité productrice de très nombreux produits pour
(minérale, organique et pratiquement tous les secteurs, à noter les
de transformation évolutions possibles :
- Chimie des engrais (vision agriculture)
- Chimie des plastiques (emballages) (vision
consommation durable)
- Plasturgie (20% pour la construction automobile)
Minéraux non 13% Par exemple pour le verre, 35 % correspond à des
métalliques matériaux de construction (vision Bâtiment), 65%
(verre, ciment, tuile et restant relevant du verre emballage (vision
brique) consommation durable)
Industries Agro- 15% Pratiques alimentaires en cohérence avec
alimentaires l’évolution de la production agricole
Équipements 11% Lien avec la production automobile (vision
(fonderie, construction Transport) et avec les équipements industriels à
méca, auto, élec… mettre éventuellement en cohérence avec une
106 / 297
augmentation de certaines capacités industrielles,
par exemple les éco-industries.
Autres (textile, 13% Activités du papier-carton liées à la problématique
papier-carton, bois…) de la ressource forestière (Vision Agriculture)
Production de Ne fait pas
l’énergie (raffinage, partie des
centrales thermiques) stat. Industrie
Les demandes du marché ont été esquissées pour la part relevant des visions
transport, bâtiment, agriculture intégrant des considérations liées à une vision plus
transversale dite de consommation durable.
108 / 297
peut penser que nombreuses industries arriveront en phase de renouvellement de leurs
équipements. A cette occasion, l’investissement doit être renforcé dans des équipements ou
des procédés énergétiquement performants. Le scénario de production industrielle, dont
l’évolution globale est – dans ce premier exercice - intimement liée à la croissance du PIB,
impose d’amplifier la mise en œuvre de mesures de réductions des consommations unitaires
d’énergie et des émissions de CO2.
Ce tableau de production physique ne fait pas à proprement parler partie des « hypothèses
retenues par l’ADEME », le champ de compétences de l’Agence n’étant pas sur le niveau de
production physique mais sur l’efficacité énergétique pour produire une tonne de produits.
Aussi cinq typologies d’actions ont été déterminées dont les conditions d’applications
par secteurs sont détaillées ci-après:
109 / 297
3. valorisation énergétique ou matière des déchets : permettant via la
méthanisation ou l’incinération d’auto-produire de l’énergie ou de substituer
une parte combustible fossiles ;
Une mesure complémentaire prise en compte dans le scénario proposé porte sur la
contribution de sites industriels à la production globale d’énergie thermique (généralement
pour des sites utilisateurs proches) ou électrique : il s’agit de la récupération externe
d’énergie fatale produite par les sites industriels par d’autres entités utilisatrices. Elle inclut la
valorisation thermique vers des réseaux de chaleur ou la valorisation électrique vers le
réseau, mais également la valorisation entre sites industriels.
Huit Industries Grandes Consommatrice d’Energie (IGCE) ont également été isolées
(aluminium, ammoniaque, chlore, éthylène, clinker, verre, sucre, papier-pâtes).
110 / 297
Le principe des gisements d’économie d’énergie théoriques et techniques
2. Les actions technologiques par l’investissement dans des solutions éprouvées pour
lesquelles il existe de nombreuses offres technologiques d’équipements industriels
permettant une réduction des consommations d’énergie (ex : moteurs performants,
variation électronique de vitesse, récupérateur de chaleur, échangeur plus
performant…) qui ne sont pas systématiquement adoptés par les industriels.
3. Les actions technologique par l’investissement dans des solutions innovantes qui au-
delà des solutions éprouvées précitées, doivent être développées et adoptées, ces
nouvelles solutions apportant un gain supplémentaire en matière de réduction des
consommations d’énergie. On y retrouve également les projets de nouvelles
installations industrielles.
Par exemple, pour les secteurs de l’industrie lourde, qui représentent 58% des
consommations de l’Industrie, si l’on cumule ces 3 catégories de gisements provenant de
l’optimisation des utilités (motorisation électrique, chauffage des locaux, éclairage, etc.) et
ceux des procédés, on obtient un gisement théorique et technique compris entre 14 et 26%.
8
Etude gisements CEREN pour les utilités industrielles
Etude gisements CEREN pour les procédés et utilités de l’Industrie lourde
Etude gisements CEREN pour les procédés et utilités de l’Industrie de 2de transformation (en cours).
9
Meilleures Technologies Disponibles et Technologies Emergentes dans les documents sectoriels BREF de la directive IED
Directives ERP (ex : EuP) sur les performances énergétiques des équipements industriels et travaux préparatoires pour y
intégrer de nouveaux équipements
Réglementation particulière : par exemple, l’interdiction du procédé avec des cellules de mercure pour l’industrie du chlore en
2019.
111 / 297
En effet, ces solutions performantes ne sont pas encore généralisées, en grande
partie parce ce que la facture énergétique n’est pas forcément si significative dans les
comptes des industriels, bien que cela reste à moduler selon les secteurs. De plus, l’objectif
premier des industriels est d’investir pour produire des biens et pas pour faire de l’efficacité
énergétique.
Pour ce qui est des solutions innovantes, il est toujours difficile d’adopter une
nouvelle technologie, même si elle est énergiquement plus efficace, si son efficacité au
regard des contraintes de production n’est pas avérée, démontrée.
Les gisements théoriques et techniques précédemment évoqués ont donc fait l’objet
d’un filtre « économique », notamment basé sur l’analyse d’un temps de retour sur
investissement (TRI) évalué sur le surcoût par rapport à la solution de référence plus
énergivore.
On a ainsi distingué les gisements à TRI à surcoût faible (< 1,5 ans), moyen (< 3 ans)
et élevé (> 3 ans). Par exemple pour les postes de consommation concernant la production
d’utilités industrielles, on obtient que 21 % du gisement théorique et technique a un TRI
faible et 47 % un TRI faible ou moyen. C’est à partir de tels éléments économiques que les
gisements atteignables ont été définis.
Les critères d’accessibilité suivants ont été appliqués aux gisements théoriques et
techniques :
- 0,5% pour les établissements de plus 1 TWh par an (avec une facture de 36 M€
d'énergie par an, car ces sites – soumis à la Directive Européenne ETS sur les quotas de
CO2 ont forcément déjà mis en place une organisation pour maîtriser l’énergie)
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- entre les 2 situations, et pour tenir compte des différences d’échelle, le gisement est
calculé selon une loi logarithmique (voir courbe ci-dessous)
Cette simulation suppose une forte mobilisation de l’ensemble des sites. Par exemple, on
peut envisager des règles de qualité et de réalisation (SME ISO 50001, plan de comptage,
audits) obligatoires à 100% pour les gros consommateurs (> 1 TWh/an - ~ 50 sites), à 50%
pour les consommateurs moyens (5 à 50 GWh/an – ~ 5 600 sites) et des actions de diffusion
de masse des bonnes pratiques sectorielles auprès des petits consommateurs
Pour les actions technologiques par l’investissement dans des solutions éprouvées :
le gisement accessible correspond au cumul de :
- 100 % des gisements à TRI élevé mais correspondant à des actions imposées sur
les nouveaux investissements par la réglementation actuelle d’ici 2030, (ex : moteurs
performants IE2 puis IE3 avec le règlement 640/2009) ou par anticipation des nouvelles
règlementations d’ici 2030 – calculé en tenant compte d’un renouvellement du parc de 5 %
par an, soit 2,2 % des consommations d’énergie totale
- 20 % des gisements à TRI élevé mais qui deviendraient plus rentables avec des
conditions économiques ou règlementaires plus incitatives (augmentation du coût de
l’énergie, diminution des coûts d’investissement y compris via les CEE), soit 1,0% des
consommations d’énergie totale
113 / 297
On obtient un gain potentiel en solutions éprouvées pour l'industrie de d’environ 13 %.
Pour les actions technologiques par l’investissement dans des solutions innovantes,
le chiffrage du gisement est basé sur les mesures dites « de rupture » décrites dans les
études CEREN. Ces études n’ayant pas d’objectif prospectif, elles n’avaient pas pour
ambition d’identifier des solutions innovantes à un horizon 2030. Par contre, elles ont
l’avantage d’avoir chiffré un objectif de réduction des consommations d’énergie, élément plus
difficile à acquérir dans le cadre de solutions encore au stade laboratoire.
Pour connaître l’impact de ces gains sur la vision 2030, il faut appliquer la déclinaison
sectorielle des différents gisements – secteur par secteur – à chaque consommation
d’énergie spécifique actuelle multipliée par la production industrielle définie pour 2030.
Rapportée à la production industrielle de 2010, ces actions permettraient des gains
d’efficacité énergétique de l’ordre de 20%.
114 / 297
Le détail par secteur industriel est indiqué ci-dessous :
115 / 297
2.4.2.b. Hypothèses retenues sur le recyclage
Le recyclage est un mode de mise en circulation des ressources qui permet de diminuer
l’intensité en ressources au même titre que le réemploi, la réparation, ou la « re-fabrication »
à partir de pièces détachées issues de produits usagés et par conséquent qui permet de
maximiser le rendement des ressources mobilisées au travers des produits. L’intensité
ressources est une mesure de l’usage efficace de ses ressources par une économie. Elle est
calculée comme le rapport de la consommation de ressources et de la production, mesurée
par le PIB.
L’économie des matières premières vierges est un enjeu majeur partagé au niveau mondial.
Les matières premières de recyclage contribuent positivement à l’économie de matières
premières vierges. Notre économie est aujourd’hui fortement dépendante
d’approvisionnements en matières premières dont l’augmentation de la volatilité des cours
témoigne de l’épuisement des ressources et de tensions géopolitiques.
En France en 2008, la part des matières premières de recyclage (28 Mt collectées) dans la
production de produits est contrastée selon les matières avec 41 % pour l’acier, 46% pour
les métaux non ferreux, 60 % pour les papiers-cartons, 5 % pour les plastiques et 49 % pour
le verre [Bilan du recyclage 2001-2010 - ADEME]. Toutes matières confondues (hors
organiques et inertes du BTP), le recyclage a ainsi permis d’éviter l’émission de 19 Mt eq
CO2, soit environ 3,6 % des émissions brutes (hors puits de carbone) de gaz à effet de serre.
Ces données nationales sont à mettre en perspective avec les gains maximaux estimés au
niveau mondial à 500 Mt CO2 évités par le recyclage des métaux (dont 427 évités par
métaux ferreux et 57 par l’aluminium) et des papiers cartons (5 Mt CO2 évités).
116 / 297
Quantité de MPR utilisée en
France en vue du recyclage
% des importations
% des exportations
de MPR récupérée
de MPR utilisée
Production (kt)
à 2009
kt %
Métaux ferreux (a) 15 418 12 467 6 312 +10,6% 40,9% 33,6% 50,7%
Métaux non ferreux (b) 1 221 1 318 746 +21,7% 61,1% 55,0% 74,5%
- Papiers industriels et
426 nd 81 -3,6% 19,0% nd nd
spéciaux
Plastiques (données
5 063 796 251 nd 5,0% 32,6% 49,3%
2008)
450 /
3,7% /
Bois (c) 11 750 4 100 nd nd nd
8,3%
1 000
Ces procédés et techniques sont déterminants pour orienter les flux vers les filières les plus
pertinentes, garantir dans le temps la régularité, la qualité des gisements de matières
premières de recyclage, préserver la valeur de la matière première et atteindre des
prescriptions techniques de plus en plus sévères.
Sur la base de l’analyse de ces différents verrous, et en gardant à l’esprit que les
évolutions des taux de recyclage sont très directement liées à l’évolution de la
consommation de matière recyclée dans les produits tant en domestique qu'en exportation, à
la capacité de positionnement de notre industrie pour intégrer des processus de recyclage
dans un contexte compétitif international fluctuant et à la forte amélioration de la capacité
technologique du recyclage, les hypothèses suivantes sont proposées :
Pour l’acier, la substitution d’acier oxygène par de l’acier électrique n’est pas retenue
notamment pour des raisons techniques (nuance, propriété, etc.) (à noter d’ailleurs que la
proportion entre les 2 filières est stable depuis une dizaine d’année). Le scénario tient
néanmoins compte de l’introduction d’une plus grande part de ferraille dans les
convertisseurs en substitution de fonte, dans la limite d’un seuil technique (160 kg pour
118 / 297
1 tonne de fonte pour produire 1,14 tonne d’acier). Les économies d’énergie ont ensuite été
calculées à partir des consommations spécifiques fournies par les études CEREN en
industrie selon les filières.
Pour les autres métaux non-ferreux (exemple du zinc), il est difficile d’estimer le
gisement de matière encore récupérable (d’autant que cela dépend des durées de vies des
équipements finaux). Mais la tendance actuelle de hausse des coûts de matière première
tend à démontrer que peu de métaux non-ferreux en fin de vie ne soient pas collectés.
Pour le verre creux, à la vue de l’état de l’art technique actuel, le scénario prend
uniquement en compte la récupération de calcin pour le secteur du verre creux (environ 2/3
de la consommation d’énergie du secteur verrier)
Pour le papier, le gisement n’a pas d’impact direct sur les consommations d’énergie,
par contre son impact sur la ressource est important.
Taux de
2010 2030 Commentaires
réincorporation
114 ~150
Acier filière Seuil maximum : 160
kg/tonne kg/tonne
oxygène kg/tonne de fonte
de fonte de fonte
Acier filière Uniquement constituée
100% 100%
électrique de ferraille
Limitation des
Aluminium 78,3 90,0 %
exportations
Zinc 44,5% 60,0%
Limitation par le taux
Verre creux 63,1% 70%
de collecte
119 / 297
Ils représentent un potentiel global de plus de 12,6 Mtep de consommation accessible à la
chaleur biomasse et géothermie profonde (pour les régions Alsace, Aquitaine et Ile de
France). Parmi ces secteurs, les cibles prioritaires et plus à même de passer à la chaleur
renouvelable sont les sites soumis au système communautaire d'échange de quotas
d'émission de gaz à effet de serre (SCEQE) avec plus de 3,3 Mtep accessibles.
Ces secteurs représentent un potentiel global de plus de 1.6 Mtep dont 60% sont affectés en
priorité à la biomasse, 30% pour la géothermie et 10% pour le solaire. Les secteurs
prioritaires sont les secteurs soumis au SCEQE avec un potentiel de plus de 35 000 tep pour
le chauffage des bâtiments.
Technologiques :
Aujourd’hui une seule technologie est réellement mature pour la valorisation de combustible
solide : chambre de combustion + chaudière (à grille / spreader stocker / lit fluidisé). Les
principales évolutions portent sur le rendement global de ces systèmes et leur réactivité.
Cette technologie ne peut pas être utilisée dans le cas de process industriels où le produit
est en contact avec le combustible (ex : verrerie – impact des résidus de combustion sur le
produit) ou de process demandant des températures très élevées (>1000°C). De plus, cette
technologie demande l’utilisation d’un des fluides caloporteurs suivants entre la source
chaude et le process : air, eau, huile thermique, vapeur.
120 / 297
Ressources : La multiplication des projets biomasse énergie demande une structuration /
professionnalisation de la filière d’approvisionnement, en particulier pour accéder
massivement à la ressources sylvicole. Ce potentiel n’est pas extensible et doit donc être
exploité intelligemment.
Economiques et financiers : La mise en place d’un projet biomasse énergie est étroitement
lié à sa rentabilité économique à court et moyen terme en particulier dans le secteur de
l’industrie, et donc au coût de la solution énergétique de référence (GN, FOL…).
Par ailleurs, l’évolution du marché du CO2 et la mise en place du SCEQE III auront un
impact certain sur le développement des projets.
Ainsi, le prix des énergies fossiles (le GN étant le principal concurrent de la biomasse) et le
marché du CO2 auront un impact significatif sur l’essor ou le ralentissement de la filière
biomasse énergie.
Cependant, et compte tenu du contexte qualité de l’air français (dépassement des seuils
européens), les exigences sont de plus en plus fortes, ce qui peut avoir deux effets
limitants pour les installations existantes :
Quant aux nouvelles installations, elles subiront elles aussi un surcoût, mais leur vulnérabilité
est moindre.
121 / 297
- l’intégration des énergies renouvelables (par exemple le solaire thermique pour
l’industrie agroalimentaires, qui a d’importants besoins à basse température, mais
aussi géothermie, la valorisation énergétique de la biomasse et de déchets
industriels…). Ces chiffres de production sont indiqués dans la partie offre
énergétique, l’autoconsommation n’étant pas considérée directement.
L’étude CEREN sur les gisements d’économie d’énergie en industrie lourde donne (après les
opérations d’économies d’énergie) un gisement de substitution de ~ 7,8 TWh (6,0 TWh pour
le ciment et 1,8 TWh pour la chaux). Ce chiffre est à comparer au 500 000 tep (5,8 TWh)
disponible par les CSR qui peuvent donc être entièrement consommés par l’industrie
cimentière.
D’autres actions spécifiques peuvent être mises en place. Par exemple, pour l’utilisation de
pneus comme agent réducteur dans les fours à arc en sidérurgie, l’étude CEREN sur les
gisements d’économie d’énergie en industrie lourde a été utilisée.
L’industrie peut, par ces valorisations directes ajoutées à celles détaillées dans la partie
Offre énergétique, diminuer sa consommation de matière combustible (coke, gaz, fuel, etc)
hors matière première de l’ordre de 6 %.
L’industrie chimique utilise également une part non négligeable de ressources végétales
comme matières premières. Ces ressources représentent environ 8% de l’ensemble des
ressources carbonées utilisées par la filière en France.
122 / 297
Energie contenue dans les combustibles à usage MP
non énergétiques
En Mtep En pourcentage
Ressources carbonées
3,7 100%
totales
Cet essor des produits biosourcés serait permis par un contexte économique, sociétal et
réglementaire favorable et par un soutien à la R&D fort, permettant de lever les verrous
techniques de cette filière encore jeune.
Les ressources végétales mobilisées par l’industrie chimique entrent dans la composition de
biens intermédiaires et finaux très divers : tensioactifs, lubrifiants, encres, peintures,
polymères, matériaux composites, etc.
En 2007, l’ADEME a piloté une étude Marché actuel des bioproduits et biocarburants et
évolutions prévisibles à échéance 2015 / 2030, réalisée par Alcimed. Dans cette étude, deux
grandes catégories de produits dont les parts de marché seront significatives en 2030 ont
été identifiées (hors biocarburants) :
Verrous organisationnels
La filière « chimie du végétal » est une filière encore jeune. Sa structuration a été
accompagnée par la création de différentes structures de soutien à la filière et par le
financement de projets collaboratifs par les pouvoirs publics. Cependant, afin de permettre
un développement et une intégration plus poussée de la filière, certains verrous
organisationnels doivent encore être levés. Notamment, on observe un cloisonnement
encore important entre les organismes de recherche spécialisés en chimie et ceux
spécialisés en sciences du vivant, compétences nécessaires au développement de la filière.
123 / 297
Ce cloisonnement se retrouve également au niveau de l’industrie (chimistes et
agroindustriels), peu d’acteurs présentant aujourd’hui une double compétence.
Verrous réglementaires
- Valorisation des produits en fin de vie : l’absence de filière de collecte / tri pour
certaines catégories de produits biosourcés ne permet pas de réduire les impacts en
fin de vie.
- Procédés :
Les verrous relatifs aux biotechnologies industrielles, procédés dont l’usage dans l’industrie
chimique est très récent, sont encore nombreux : coût de production élevé des nouvelles
enzymes et micro-organismes, rendements encore insuffisants de certaines transformations,
technologies classiques de purification des mélanges peu adaptées aux procédés
biologiques.
Les coûts de production des plastiques végétaux, 2 à 6 fois plus élevés que ceux de leurs
homologues fossiles, sont un frein majeur à leur développement.
- la fiscalité sur l’énergie et/ ou les évolutions de la directive ETS avec une
amélioration des TRI des investissements permettant une optimisation énergétique,
par exemple en redistribuant au moins partiellement aux acteurs industriels les plus
éco-efficaces les recettes générées par la mise aux enchères des droits à émettre.
- La mise en place d’un crédit d’impôts Entreprises pour, à l’instar du CIDD des
particuliers, favoriser l’investissement sur des équipements énergétiquement
performants « classiques » et le renforcement des CEE.
- Le renforcement de la formation initiale des opérateurs des sites industriels sur les
aspects énergie (par exemple les programmes Post-Bac à conduire avec le ministère
en charge de l’Enseignement Supérieur). L’efficacité énergétique doit devenir un
programme prioritaire pour la formation continue, notamment en passant par une
mise à plat des référentiels de compétences avec les organisations professionnelles.
- Mise en œuvre d’outils financiers avec notamment la création d’un marché des
certificats de recyclage négociables
125 / 297
- Renforcement de la réglementation sur la conception des produits pour augmenter
la durée de vie, faciliter le recyclage, inciter à utiliser des matières de recyclage.
Plusieurs actions de soutien à la filière chimie du végétal sont envisageables pour permettre
d’atteindre la vision volontariste de développement des produits biosourcés :
- Maintien d’un prix élevé des matières d’origine fossile car il conditionne le seuil de
rentabilité des produits biosourcés,
- Instauration d’incitations fiscales permettant de soutenir le développement des
produits biosourcés,
Le maintien et le renforcement des efforts de R&D publics et privés sont fondamentaux pour
dépasser l’ensemble des verrous techniques existants et pour permettre aux produits
biosourcés de trouver de nouveaux débouchés industriels ou de remplir des cahiers des
charges des produits d’origine pétrochimique auxquels ils peuvent potentiellement se
substituer.
126 / 297
2.4.4. Bilan global du scénario de l’ADEME pour le secteur de la production industrielle
Chaque secteur a été détaillé afin de tenir compte des spécificités sectorielles sur les
différents types d’énergie consommée et leur usage (par exemple, l’utilisation de déchets en
cimenterie, ou l’utilisation de chaleur basse température en IAA).
Ainsi, le scénario de l’ADEME a identifié, secteur par secteur, les gains possibles d’efficacité
énergétique par type de gain (innovations technologiques, innovations organisationnelles,
innovations éprouvées) et les gains liés à l’augmentation du recyclage. Ces éléments ont
permis d’évaluer les gains énergétiques bruts entre un scénario tendanciel en 2030 et le
scénario ADEME 2030.
Chimie 9,11 8
Matériaux non
métalliques 4,56 4,6
Industrie
agroalimentaire (IAA) 5,21 2,9
Mines et
construction 2,35 2,6
Evolution de la consommation énergétique de l’industrie par vecteur (pour 2010, les chiffres
varient selon les sources) :
2010 2030
Réseau électrique 10,3 9,0
Réseau de gaz 11,3 8,9
Réseau de chaleur 0,4 0,3
Usages Biogaz direct 0,0 0,3
127 / 297
directs Bois énergie 1,7 2,6
Solaire thermique 0,0 0,5
Calories PAC Géothermiques 0,0 0,0
Calories PAC Aérothermiques 0,0 0,0
Biocarburants 0,0 0,0
Ess/Dies/Jet 0,0 0,0
Autres PP 7,1 5,7
Déchets 0,5 0,9
Charbon 5,1 5,0
36,5 33,2
Les données pour 2010 diffèrent selon les sources (CEREN, SOeS, etc.). Ces tableaux
n’incluent pas par ailleurs les « spéciaux non renouvelables (pneus, etc) », chiffrés à environ
0,38 Mtep en 2010 qui vont augmenter en 2030 (cf la partie ci-avant consacrée aux
déchets). Le potentiel d’offre énergétique supplémentaire liée à la valorisation hors industrie
de la chaleur fatale issue de l’industrie est également intégré à l’offre énerégtqiue » et
consolidé dans le bilan énérgétique total, tout comme la part d’autoconsommation et
d’intégration des ENR.
128 / 297
2.5. Le scénario ADEME 2030 : bilan total de la consommation
énergétique
2010 2030
TOTAL 151 123
Par secteur :
Agriculture 4 3,0
Par vecteur :
129 / 297
130 / 297
3. Une offre énergétique diversifiée et durable
3.1 Méthodologie
Alors que la partie B.2 était exclusivement consacrée à la maitrise de la demande
énergétique, il s’agit à présent d’étudier les potentiels d’énergie renouvelable potentiellement
mobilisables à l’horizon 2030.
Neuf grandes classes d’énergies renouvelables ont été étudiées. Pour chaque EnR, le
potentiel de déploiement a été établi en fonction des différentes contraintes spécifiques à
chaque énergie.
Les énergies étant abordées une par une avec un potentiel calculé indépendamment les
unes des autres, la valeur indiquée dans la partie « potentiel de déploiement » sera, dans
certains cas, supérieure à celle retenue dans le scénario complet, ce dernier mettant en
cohérence l’évolution du système énergétique dans son ensemble.
3.2.1. La biomasse
131 / 297
Situation actuelle et estimation des besoins en biomasse à l’horizon 2020
objectif
objectif
supplémentaire Facteur
Secteur biomasse – proposition 2020
2005 à atteindre en de objectifs 2020 (ktep)
d’objectifs 2020 révisés par (ktep)
(ktep) 2020 par rapport conversio Energie primaire
l’ADEME (Energie
à 2005 n EF/EP
finale)
(Energie finale)
* N’est pas abordée la valorisation matière par exemple au travers de la production de produits
biosourcés
** : recouvre les biocarburants liquides
*** la consommation énergétique affichée ici correspond bien à la valeur énergétique réelle des
biocarburants consommés. Elle ne prend pas en compte de multiple comptage (comme prévu dans la
directive EnR pour certaines catégories de biocarburants).
132 / 297
progression de la consommation de biocarburants n’est envisagée que sous la condition
d’une non-progression des terres cultivées dédiées.
Production biologique annuelle (unité volume bois fort tige) : 85Mm3 source IGN 2011
Estimation ADEME production biologique totale annuelle (intégrant branches et menu bois,
coefficient de 1.5, déduction mortalité 10% y compris hors bois fort) : 115 Mm3
Récolte commercialisée de l’exploitation forestière en 2010 (volume sur écorce) : 39.9 Mm3
dont Bois industrie : 14.2 Mm3, dont bois d’œuvre : 21.1 Mm3 et dont bois énergie : 4.5Mm3
source mémento FCBA. Rappel : la récolte de bois de feu en forêt est estimée 21 Mm3, une partie des
volumes n’étant pas intégré dans le bois commercialisé
Taux de collecte actuel du bois forestier de l’ordre de 50% de l’accroissement biologique
annuel total (2010), déduction faite de la mortalité .
- d’une part la ressource est essentiellement située en forêt privée avec une partie de
ses acteurs ne percevant pas la dimension économique de leur bien
Prélèvement (Mm3) 56 92
La gestion durable de la forêt doit être maintenue et assurée pour d’une part
préserver dans le temps les écosystèmes et d’autre part maintenir l’adhésion et
l’acceptabilité sociale nécessaire au développement du bois énergie. L’augmentation des
prélèvements doit se faire dans le respect de la préservation des écosystèmes (biodiversité,
sol) et des différentes fonctions de la forêt.
134 / 297
Arbres en milieu urbain 0,6
TOTAL Mtep primaire 4,6 11,9
Le dernier gisement mobilisable concerne les déchets de bois : produits connexes de scierie,
produits bois en fin de vie, issus de l’emballage, du bâtiment etc.
Autre biomasse 2010 2030 Source
étude INRA 2008
Connexes de scierie filière bois 1,2 2
135 / 297
ii. Hypothèses retenues pour la méthanisation
La méthanisation permet le traitement de déchets organiques issus des activités
agricoles et économiques (industrie, distribution, services d’entretien d’espaces verts,…) ou
liés à la consommation des ménages. Ce mode de traitement est plutôt adapté aux matières
organiques faiblement ligneuses et chargées en eau (effluents d’élevage, déchets
alimentaires, tontes de gazon, papiers, boues d'épuration). Avec certaines technologies
spécifiques, elle peut se pratiquer également sur des déchets plutôt secs (fumiers, déchets
ménagers triés en usine, boues sèches, etc.), qui sont seulement humidifiés: on parle alors
de "méthanisation sèche".
La mobilisation des déchets agricoles et dans une moindre mesure des déchets
industriels et de STEP apparaît prioritaire compte tenu des quantités en jeu et de la nature
de ces déchets bien adaptée au procédé de méthanisation.
136 / 297
méthanisation (notamment en l’absence de collecte séparative) avec des risques techniques
(colmatage, corrosion,…) et économiques (qualité du digestat, rendement énergétique,…).
Le scénario de l’ADEME concernant les biocarburants liquide repose sur trois axes
principaux :
. d’autre part avec la mise en service d’une unité BtL fonctionnant à partir de
biomasse forestière française ;
- la part d’éthanol (1G+2G) est augmentée, en cohérence avec les évolutions de parc
automobile et notamment la progression des véhicules hybrides essence ;
Par contre, 2030 semble bien trop proche pour compter sur une contribution des
biocarburants à partir de micro-algues ou microorganismes.
i. La biomasse forestière
Pour atteindre les chiffres identifiés dans le scénario, la mise en place d’actions fortes à la
fois sur la demande et sur l’offre s’avère nécessaire.
139 / 297
1- Utiliser plus de bois français dans la construction
Le bois, utilisé pour la construction, déclenche par sa valeur économique des coupes de bois
en forêt, dont les résidus, (en forêt ou sur sites industriels) peuvent ensuite être utilisés pour
l’énergie. Le bois d’œuvre constitue le principal « moteur » de la mobilisation de la biomasse.
Il faut donc stimuler la demande. La filière bois française doit toutefois développer une offre
de qualité adaptée au marché du bois construction.
Une partie de la ressource est inaccessible (3Mha selon l’IGN, soit 20%) ; de plus,
l’ensemble de la forêt française est détenue par 3.5 millions de propriétaires dont 3 millions
possèdent une surface inférieure à 4ha, seuil (au minimum) jugé rentable économiquement
par les professionnels.
Par ailleurs, une évolution rapide de la demande en bois peut générer, en fonction des coûts
de la matière première, des déséquilibres sur les taux de prélèvement en forêt entre les
massifs forestiers, voire le recours de plus en plus souvent aux importations dont le coût
d’approvisionnement du bois est bien souvent plus faible que la biomasse locale.
ii. Méthanisation
Combustibles biosourcés 18
Méthanisation 6
Biocarburants * 6,3*
3.2.2. L’hydroélectricité
L’hydroélectricité est actuellement la source principale d’énergies renouvelables dans le
bouquet des sources de production électrique français, couvrant environ 8% des besoins de
141 / 297
consommation d’électricité en 2011 (année de faible production hydraulique en outre). On
distinguera les centrales au fil de l’eau, des centrales de lacs et d’éclusée.
Les centrales de lacs, en plus de présenter des coûts de production d’électricité bon marché,
contribuent fortement à l’équilibre du réseau électrique. Néanmoins leur potentiel de
développement reste limité. Les centrales turbinant au fil de l’eau, en particulier la petite
hydroélectricité, présentent des coûts de production plus élevés mais bénéficient d’un plus
important potentiel de développement.
- 7,6 GW d’usines au fil de l’eau donc la capacité de réservoir amont ne permet pas
de stockage ;
- 4,6 GW d’usines types « éclusées », qui disposent d’un réservoir amont de taille
intermédiaire permettant de stocker l’eau en période de faible consommation selon des
cycles journaliers (stockage la nuit, turbinage le jour) ou hebdomadaires ;
- 4,3 GW de STEP (stations de transfert d’énergie par pompage), décrites dans les
moyens de stockage.
Le parc des centrales de petite hydroélectricité a peu évolué de 2000 à 2009 : la puissance
installée a augmenté de 14 % et le nombre d’installations de 20 %.
France métropolitaine 1990 1992 1995 1997 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Production hydraulique (GWh) 58 321 73 099 76 702 68 059 77 640 70 990 78 282 65 577 64 034 64 761 56 291 61 155 63 263 67 990 61 650
Production Petite hydraulique (GWh) 0 0 0 0 0 6 644 6 817 6 692 6 305 6 644 5 802 5 992 6 119 6 987 6 050
Puissance installée Hydraulique (MW) nd nd nd nd nd 25 366 25 497 25 497 25 450 25 334 25 345 25 358 25 369 25 337 25 424
Puissance installée Petite Hydraulique (MW) nd nd nd nd nd 1 834 1 850 1 963 2 032 2 032 2 031 2 043 2 053 2 080 2 083
Nombre installation Hydraulique nd nd nd nd nd 1 828 1 821 2 079 2 098 2 105 2 139 2 108 2 110 2 132 2 139
Nombre installation Petite Hydraulique nd nd nd nd nd 1 546 1 539 1 797 1 817 1 826 1 861 1 830 1 832 1 854 1 861
Les efforts de la filière hydroélectrique pour contribuer aux objectifs de qualité de l’eau et de
respect de la biodiversité vont engendrer une baisse du productible de 2 à 4 TWh/an. Par
ailleurs, le renouvellement des concessions hydroélectriques va conduire à une perte de
production du fait de la mise en oeuvre des clauses environnementales associées. Certains
titres de concession existants ne seront pas renouvelés.
L’écart entre les politiques nationales et leur application sur le terrain conduit à des
propositions de classement de cours d’eau au titre de la Loi sur l’Eau et les Milieux
Aquatiques (LEMA) très nombreuses, car souvent fondées sur les seuls avis des experts
d’usage et établies à titre conservatoire. Or ces propositions mettent en péril une grande
part du potentiel hydroélectrique non encore exploité.
En termes de rentabilité économique, les coûts de production de la filière sont déjà très
faibles et relativement compétitifs. Etant donné la maturité technologique de la filière, il n’est
pas prévu d’évolution significative des coûts. La rentabilité des barrages de type « lac » est
encore accrue du fait que leur flexibilité leur permet de valoriser l’électricité produite aux
heures de pointe.
Le tableau suivant donne les coûts de production typique (LCOE10) pour la filière
hydroélectrique 11 :
10
LCOE : Levelized Cost of Energy.
11
Sources:
- IRENA, « Renewable energy technologies: cost analysis series », juin 2012
- AIE - ETASP , « Technology Brief E19 ETSAP », mai 2010
143 / 297
3.2.2.b. Vision de l’ADEME pour l’hydroélectricité
Comme dit précédemment, malgré un potentiel important identifié dans le rapport Dambrine,
les objectifs fixés par le COMOP10 puis par la PPI ont été bien inférieurs à ce qui pouvait
être attendu. Mais l’hydroélectricité ne nécessite pas ou peu de soutien financier alors qu’elle
fait l’objet d’investissements lourds. Et elle contribue de manière importante aux budgets de
l’Etat et des collectivités, tout en contribuant à une filière industrielle d’excellence mondiale
implantée sur tout le territoire, notamment en montagne. Il semble donc important de
relancer cette filière dans une dynamique de croissance, en accord avec le respect de
l’environnement.
Globalement sur la filière, l’ADEME estime que la création de nouvelles installations en petite
hydraulique, et la rénovation du parc de grande hydraulique permettront de compenser les
baisses de productible liées au renforcement des contraintes environnementales pour
parvenir à une augmentation de productible annuel de 7 TWh d’ici 2030.
Pour parvenir à ces objectifs, les enjeux pour l’avenir de la filière sont donc :
- La modernisation des centrales de grande puissance pour gagner quelques
pourcents de rendement ;
- La rénovation et le maintien en activité du parc de petite hydroélectricité existant
(financement d’études de faisabilité, optimisation des centrales existantes par le
financement de projets de R&D ichtyocompatibles) ;
- le soutien à l’identification plus fine des potentiels inexploités ;
- la mise en place d’actions visant une meilleure intégration des ouvrages
hydroélectriques dans le milieu.
144 / 297
La vision prospective de l’ADEME en 2030 prévoit la mise en œuvre des engagements de la
Convention pour le développement de l’hydroélectricité12 en assurant la mise en cohérence
des politiques énergétiques et environnementales : dans la mesure où les nouvelles
centrales seront conçues à haute qualité environnementale et ne dégraderont pas l’état du
cours d’eau, les classements des cours d’eau devraient donc être menés avec discernement
et prudence.
- favoriser la mise en place de processus d’évaluation des projets qui intègre toutes les
conditions nécessaires à l’atteinte du bon état écologique, et pas seulement la continuité
écologique qui n’en est qu’un des éléments.
Notons enfin que pour assurer l’équilibre d’un réseau électrique comportant une part
substantielle d’EnR variable, l’utilisation des capacités de stockage que constitue les
centrales de lac ou les STEP devra faire l’objet d’un important changement de paradigme,
afin de les utiliser pleinement au profit de l’intégration des EnR.
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Premier gisement éolien terrestre d'Europe selon l’Agence Européenne de l’Environnement,
la France développe actuellement l'exploitation de son potentiel éolien à la fois terrestre et
maritime. Sa contribution à l’approvisionnement électrique français en 2030 sera
significative.
Avec de l’ordre de 875 MW installés en 2011, contre plus de 1 300 MW en 2010, la France
est le cinquième marché européen, derrière l’Allemagne (2 086 MW), le Royaume Uni (1 293
MW; dont 752 dans l’offshore), l’Espagne (1 050 MW) et l’Italie (950 MW). Fin 2011, la
puissance totale raccordée au réseau français était de l’ordre de 6 600 MW, au sixième rang
mondial et au troisième rang de l’Union européenne. En 2011, selon les estimations de
l’EWEA, la contribution du secteur éolien à la consommation d’électricité atteignait 6,8% en
Europe, et dépassait les 10% dans cinq pays de l’Union Européenne : Danemark (26%),
Espagne et Portugal (plus de 15%), Irlande (12%) et Allemagne (10,6%) ; avec 2,2% la
France est 18ème sur 27 pays.
Le parc français en production est passé de 4 710 MW fin 2009 à 5 970 MW fin 2010. En
2010, la production brute d’énergie électrique d’origine éolienne était de 9,7 TWh. Au 30 juin
2012, la puissance totale raccordée au réseau français était de l’ordre de 7000 MW.
Le montant des investissements dans l’éolien aura été de 1,1 milliard d’euros en 2011, après
1,7 milliard d’euros en 2010, soit un coût moyen de l’ordre de 1,3 M€ le MW installé.
La complexification ainsi que l’instabilité du cadre réglementaire (une évolution tous les 2
ans depuis 2003) pénalisent fortement le développement de la filière, ce qui se traduit
clairement par l’importante baisse des installations et des demandes de permis de construire
au cours des dernières années.
Le tarif d’achat de l’électricité d’origine éolienne est fixé par l’arrêté de décembre 2006. Pour
l’éolien terrestre, il est de 82 €/MWh pendant 10 ans, puis varie entre 28 et 82 €/MWh
pendant 5 ans selon les sites. Le prix d’achat moyen de l’électricité sur la durée de vie d’une
éolienne est donc de l’ordre de 70 €/MWh et se rapproche du prix de gros de l’électricité,
évalué depuis début 2010 en moyenne à 55 €/MWh en base et 70 €/MWh en pointe. L’éolien
terrestre est donc déjà proche du niveau de compétitivité, qui devrait être atteint autour de
2020.
Par ailleurs, le coût de production d’énergie éolienne est par nature plus stable que celui des
sources d’électricité conventionnelles, puisqu’il ne dépend pas de la volatilité du cours des
combustibles. Il restera néanmoins nécessaire d’organiser les conditions favorables de son
accès au marché.
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Les coûts de production actuels de l’électricité d’origine éolienne (LCOE) en implantation
terrestre sont donnés dans le tableau suivant13 :
Caractéristiques techniques
Périmètre Europe
Terme 2011
Puissance installée (MW) 2
Durée de fonctionnement (années) 20
Temps de fonctionnement annuel
en pleine puissance (h) 2200
Coûts
Investissement (€/kW) 1000 - 1600
dont raccordement (€/kW) 126 - 256
Exploitation fixe (€/kW/an) 16 - 51
Coût de production total (€/MWh) en fonction du taux d'actualisation
5,10% 42 - 79
8% 50 - 92
10% 56 - 101
13
Sources :
- Mott McDonald, « Cost of low-carbon generation technologies », mai 2011
- IRENA, « Renewable energy technologies : cost analysis series », juin 2012
- AIE, « Technology roadmap », 2009
- EEA, « Europe's onshore and offshore wind energy potential, an assessment of
environmental and economic constraints », 2009
- NREL, « IEA Wind Task 26 - The Pas and Future Cost of Wind Energy », IAE Wind, mai 2012
- Fraunhofer ISE, « Studie Stromgesthungskosten Erneuerbare Energien », mai 2012
- CAS, « Le pari éolien », décembre 2009
- P. Hearps et al. , « Renewable Energy Technology Cost Review », mai 2011
- M. Junginger et al. , « Global experience curves for wind farms », Energy Policy 33(2), pp.133-
150, 2005
- EWEA, , « The Economics of Wind Energy », mars 2009
14
Article de T HUBERT, E VIDALENC, Renewable Potentials in France : a long terme perspective,
Technoport 2012, Renewable Energy research Conférence.
147 / 297
i. Hypothèses retenues pour l’éolien terrestre
A partir de ces bornes supérieures, l’ADEME a retenu un scénario de développement basé
sur des hypothèses de déploiement réalistes, correspondant à des capacités installées par
an sur la période 2012-2030 de +1,5 GW/an, rythme quasiment déjà atteint en 2010 (1,3 GW
installé).
Même si la croissance du secteur sera encore déterminée par les contraintes réglementaires
et de conflit d’usage (radars), ainsi que par les possibilités de connexion au réseau, on peut
noter que ces chiffres ne prennent pas en compte les possibilités d’améliorer le parc existant
par le « retrofit » (remplacement d’une pièce usée ou obsolète d’une éolienne, sans
modification de la configuration de la machine d’origine permettant d’améliorer par exemple
le rendement de conversion ou de corriger des mauvais dimensionnements d’origine) et par
le « repowering » (remplacement des éoliennes anciennes par de nouveaux modèles plus
puissants ou plus performants).
Même si les technologies développées pour l’éolien offshore vont permettre l’émergence de
machines de très forte puissance, on suppose toutefois que pour des questions
d’acceptabilité sociale, les éoliennes terrestres resteront en majorité sur des puissances
nominales de 2 à 3 MW, à horizon 2030.
A l’horizon 2030, le gisement éolien terrestre mobilisable est donc d’environ 34 GW,
soit autour de 12 à 13 000 éoliennes (contre environ 3000 éoliennes aujourd’hui en
France). On suppose la parité réseau atteinte en 2020.
Le facteur de charge est le nombre d’heures équivalent pleine puissance, rapporté à 8760 h.
Il a été estimé à 25% pour l’éolien terrestre.
Le taux d’intégration au réseau est la capacité à utiliser toute l’électricité produite (100%) ou
à devoir faire du lissage avec des capacités conventionnelles (<100%). RTE retient dans son
bilan prévisionnel que le taux d’intégration décroît avec la capacité installée. Cependant le
stockage permettrait de retrouver un taux d’intégration de 100%.
Sur cette base, il est supposé que l’amélioration des machines et l’utilisation de stockage
permettront de compenser l’utilisation de sites moins ventés, et de conserver des facteurs de
capacité proches de 20 % pour l’éolien terrestre, ce qui est conservateur.
148 / 297
- sur les machines, avec une conception permettant la maîtrise des coûts et la
participation à l’équilibre offre-demande même à fort taux de pénétration.
L’utilisation des capacités éoliennes dans le système électrique doit également répondre à
un critère d’adéquation de capacité, c’est-à-dire que le mix de production permette de
satisfaire la demande en maintenant la stabilité et la fiabilité du système. Pour cela, il faut
déterminer quelles sont les spécificités de l’éolien sur la conduite de réseau. Les impacts
majeurs sont à la fois une augmentation de l’aléa de production à un instant t (exprimé en
Watt), et donc des marges requises et du dimensionnement de la réserve tertiaire, une
augmentation du besoin de régulation de fréquence si les turbines ne peuvent pas assurer le
réglage en fréquence, et une augmentation du gradient de prise en charge (ramp rate, en
W/h), c’est-à-dire du taux de variation horaire.
Il convient également de mettre en cohérence le discours public et les objectifs affichés pour
2020 en communiquant de manière régulière sur les aspects positifs du
développement de l’éolien (bénéfices environnementaux, compétitivité économique,
développement industriel et entrepreneurial, création d’emplois, innovation,…), tout en
soulignant les avancées sur les éventuels verrous au développement (gestion des impacts
sur les paysages, gestion de la variabilité, impacts sur la faune aviaire…).
Puissance installée 34 GW
Mtep : 5,6
Productible
TWh : 65
149 / 297
3.2.4. L’éolien en mer
Dans le contexte d’une filière moins mature que celle de l’éolien terrestre, le tarif d’achat
préexistant pour l’éolien en mer s’est avéré insuffisant pour faire émerger des projets
jusqu’en 2011. L’Etat a donc décidé de lancer en 2011, un appel d’offres national. Les
consortiums lauréats ont été désignés le 6 avril 2012 et ont annoncé des implantations
industrielles en France. Un deuxième volet de l’appel d’offres a été publié en janvier 2013
pour deux zones supplémentaires. Dans ces conditions, à l’horizon 2015 – 2016 une dizaine
de milliers d’emplois pourraient être générés, dont une grande partie de créations nettes,
posant les fondations d’une filière visant également l’exportation. Les coûts de production
actuels de l’électricité d’origine éolienne en mer sont fortement impactés par le risque sous-
jacent, qui incite les investisseurs à exiger des taux de rentabilité élevés (de l’ordre de 13%).
Caractéristiques techniques
Périmètre Europe
Terme 2011
Puissance installée (MW) 5
Durée de fonctionnement (années)
20
Temps de fonctionnement annuel en pleine
puissance (h) 3100
Coûts
Investissement (€/kW) 3000 - 3900
dont raccordement (€/kW) 481 - 1170
Exploitation fixe (€/kW/an) 28 - 146
Coût de production total (€/MWh) en fonction du taux d'actualisation
5,10% 84 - 144
8% 100 - 166
10% 112 - 181
13% 131 - 206
Le développement de l’éolien en mer en France aujourd’hui devra en effet faire face aux
risques suivant : le risque géotechnique lié à la nature des sols et aux conséquences sur les
fondations, le risque sur le gisement lié à un certain degré d’incertitude sur les gisements de
vent réel sur chaque site, les risques constructeur, d’industrialisation et de développement
lié au manque d’expérience des acteurs français sur ce secteur.
L’Agence Européenne de l’Environnement a également établi ce qui pourrait être une borne
supérieure de la production éolienne maritime en France, estimant le gisement technique
(sans aucune contrainte) à 2 000 TWh/an (en prenant en compte un périmètre de 50 km
autour des côtes françaises).
Sur cette base, il est nécessaire de prendre en compte les contraintes environnementales et
sociales, telles que l’impact visuel des parcs offshore et les conflits d’usages. Les études sur
la biodiversité marine n’ont pour l’instant pas donné de signes indiquant des futures
contraintes fortes.
Concernant le facteur de capacité, on suppose qu’il pourra atteindre 35% dans le cas de
l’éolien en mer.
A l’horizon 2030, on ne considère pas que l’éolien flottant aura atteint un degré de maturité
suffisant pour prendre une part significative dans le mix électrique.
151 / 297
Eolien en mer 2030
Puissance
12 GW
installée
Facteur de
35%
capacité
Mtep : 3,2
Productible
TWh : 37
3.2.5. Le photovoltaique
Les technologies photovoltaïques peuvent être utilisées dans une grande variété
d’applications, comprenant les petits systèmes dans le secteur résidentiel, les systèmes de
moyenne puissance sur toitures agricoles15, industrielles ou commerciales, les parcs
photovoltaïques au sol de grande puissance16 et les systèmes de puissance variable, non
connectés au réseau, situés dans des sites isolés. Les systèmes PV peuvent donc être
placés au centre du réseau de production d’énergie ou être déployés de façon décentralisée.
15
Voir avis ADEME serres photovoltaïques
16
Voir avis ADEME des centrales PV au sol
17
Estimation du cabinet américain IHS
18
D’après EPIA, 30 emploi équivalent temps plein sont créés par MW (emplois directs et indirects)
19
Market Report 2012, EPIA
20
Source : Solar 6 generation, EPIA
21
rapport éolien et photovoltaïque du Ministère du Redressement productif et du Ministère de l’Ecologie, du Développement
Durable et de l’Energie, Sept 2012
22
Sources : SOeS (tableau de bord éolien et photovoltaïque)
152 / 297
Par ailleurs, la production de modules ou de cellules représente une opportunité de
diversification ou de relais de croissance pour de nombreuses entreprises françaises
œuvrant dans le développement de technologies de fabrication innovantes (cellule, module
ou électronique de puissance). La capacité française annuelle de production de modules est
de 800 MW environ.
23
Depuis 1976, les prix baissent de 20% à chaque fois que la capacité installée double au niveau mondial. Le prix de gros des modules
photovoltaïques en technologies silicium cristallin et couches minces a encore marqué une baisse importante allant de 35% à 45%, entre
fin 2010 et fin 2011, selon la technologie et le pays de fabrication. Cette baisse régulière des prix et l’évolution à la hausse du prix de
marché de gros de l’électricité permettent d’envisager une électricité photovoltaïque produite à un coût inférieur au prix de vente
résidentiel avant 2020 en France (dès 2015 dans les régions très ensoleillées et marquées par un prix de l’électricité élevé).
24
Solar Generation 6, EPIA, 2011
25
Sources :
153 / 297
Caractéristiques techniques
France - Nord
Résidentiel - Résidentiel IAB Commercial - Industriel Centrales au sol
Terme 2010
Puissance installée (kWc) 2-4 100 - 500 2500
Durée de fonctionnement
(années) 25
Productivité (kWh/kWc) 850
Coûts
Investissement (€/kW) 2200 - 4805 1900 - 4004 1850 - 3204
dont coût fixe de
raccordement (€) 739 - 1408 1612 - 17628
dont coûts variables de
raccordements (€/mètre) - 56,27 - 78,19
Exploitation fixe (€/kW/an) 5 - 48 5 - 40 5 - 32
Coût de production total (€/MWh)
5,10% 182 - 442 158 - 368 154 - 295
8% 230 - 547 200 - 456 195 - 365
10% 265 - 623 230 - 519 224 - 415
Caractéristiques techniques
France Sud
Résidentiel - Résidentiel IAB Commercial - Industriel Centrales au sol
Terme 2010
Puissance installée (kWc) 2-4 100 - 500 2500
Durée de fonctionnement
(années) 25
Productivité (kWh/kWc) 1450
Coûts
Investissement (€/kW) 2200 - 4805 1900 - 4004 1850 - 3204
dont coût fixe de
raccordement (€) 739 - 1408 1612 - 17628
dont coûts variables de
raccordements (€/mètre) - 56,27 - 78,19
Exploitation fixe (€/kW/an) 5 - 48 5 - 40 5 - 32
Coût de production total (€/MWh)
5,10% 107 - 259 93 - 216 90 - 173
8% 135 - 321 117 - 267 114 - 214
10% 155 - 365 135 - 304 131 - 243
- les centrales photovoltaïques au sol, installées sur des sites spécifiques non
agricoles ;
- les bâtiments existants munis de grandes toitures et/ou les maisons individuelles où
l’on valorise les toitures (agricoles, commerciales, industrielles, etc...) en y intégrant des
modules photovoltaïques sans préférence notable d’orientation ;
- l’habitat et les bâtiments neufs, que les normes de construction et les modes
d’utilisation de l’énergie rendent autonomes en termes de besoins électriques ou
producteurs, voire vendeurs d’énergie électrique ;
- les quartiers – voire les villes – solaires (0,1 à 10 GWh/an) dont l’objectif est
d’optimiser le bilan électrique annuel de plusieurs milliers d’habitants ou d’occupants de
bureaux.
Parmi ces 5400 km² de toiture, l’ADEME a considéré que seuls 3800 km² pourront accueillir
de systèmes photovoltaïques dû à des règles d’urbanisme :
- La classe BATI_REMARQUABLE peut être exclue car elle comprend les châteaux,
les monuments. dans une première approximation
- En première approximation, la surface des toits des villes ayant plus de 150
monuments historiques a été retranchée.
Des ratios sont ensuite appliqués pour estimer les surfaces de toits pouvant en pratique
produire de l’électricité d’origine photovoltaïque (une fois les effets d’ombrage, d’orientation,
velux … considérés notamment) :
155 / 297
Surface totale Pourcentage de toiture apte à Potentiel maximal (GW)
retenue (km²) la production d’électricité PV correspondant 26
Bâti
3798 6,5%27 34
indifférencié
La réglementation thermique RT2012 porte sur les bâtiments neufs, et impose une
obligation de recours aux EnR pour toute maison individuelle neuve. Cependant ce seront
principalement des sources EnR de type chauffe-eau thermodynamique qui seront
déployées dans le cadre de cette réglementation. La RT2012 et la « RT2012 existant » ne
vont ainsi probablement pas contribuer massivement au déploiement du PV dans les
bâtiments. La RT2020 imposera aux bâtiments neufs d’être BePOS et donc de produire de
l’électricité, mais son application se limitera aux bâtiments neufs. La « RT2020 existant »
26
Sur la base d’une moyenne de 140W/m²
27
Bergamasco, L., Asinari, P., 2011. Scalable methodology for the photovoltaic solar energy potential
assessment based on available roof surface area: Application to Piedmont Region (Italy). Solar Energy 85, 1041-
1055. Les valeurs sont celles montrées dans le tableau 1.
28
Croissance annuelle qui ne tient pas compte de l’augmentation des rendements
156 / 297
pourrait en revanche avoir un impact conséquent ne sera probablement appliquée qu’à
certains segments de bâtiments pour ne pas bloquer le marché de la rénovation.
Pour un particulier, lorsque le prix de vente de l’électricité issue du réseau égalera le coût du
kWh PV (parité réseau), il n’est pas certain que le particulier décide immédiatement de poser
un système PV sur son toit. Il y aura probablement une valeur seuil du ratio prix de vente du
kWh issue du réseau/coût du kWh PV qui déclenchera, parmi d’autres facteurs de décisions
(disponibilité installateurs, qualité installation…), la décision de poser un système PV en
toiture.
Le gisement potentiel des centrales photovoltaïques au sol sans impact sur l’agriculture
(friches) en France a été analysé par Price Water House Coopers : il est estimé à 12 GW
pour des parcs solaires sur des surfaces non agricoles. La surface exploitable des toitures
des bâtiments tertiaires, industriels et commerciaux est estimée à 1415 km². En prenant
comme hypothèse, que 30% de la surface peut-être équipée de modules PV29 et en
supposant une puissance de 140 W/m², le potentiel théorique actuel du secteur industriel est
de 59 GW environ. En conclusion, le gisement technique relatif aux friches et grandes
toitures est de l’ordre de 71 GW.
Le scénario finalement retenu par l’ADEME est très en deçà de ces chiffres théoriques,
puisqu’avec environ 1,15 GW/an de systèmes PV centralisés installés par an, la capacité
installée en 2030 serait de 23 GW.
29
Selon l’étude « Scalable methodology for the photovoltaic solar energy potential assessment based on
available roof surface area: Application to Piedmont Region (Italy), Luca Bergamasco, Pietro Asinari (février
2011) » , réalisée dans la région du Piémont en Italie, la surface exploitable des bâtiments industriels a été
évaluée à 30% environ .
157 / 297
baisse du prix des modules PV (5,1 €/W en 2006 contre moins de 0,9 €/W pour les modules
PV classiques en technologie silicium cristallin en 2012), continuera de décroître dans les
prochaines années et après 2020. En France, la production d’un système PV fixe raccordé
au réseau orienté et incliné de façon optimale varie de 850 kWh/kW au nord à 1450 kWh/kW
au sud. Il apparaît donc que, dans le sud de la France, à l’horizon 2030, le prix d’une
centrale PV au sol serait 0,86 EUR/W correspondant à un coût de production de
l’électricité (LCOE) de l’ordre de 79 EUR/MWh environ30.
Couches
minces 11,0% 11,9% 13,5% 14,3% 15,0%
Nous avons retranché 1% aux rendements « module » pour obtenir les rendements
systèmes (rendement BoS et câbles de l’ordre de 90%). Pour les systèmes intégrés ou liés
au bâtiment, la technologie silicium cristallin a été considérée comme majoritaire. Pour ce qui
est des centrales au sol, une répartition de 60 % de systèmes en technologie silicium
cristallin et 40% en technologie couches minces a été fixée.
En première approximation, la dégradation continue des modules n’a pas été prise en
compte : l’hypothèse faite est que les systèmes PV sont fiables et ont une performance
comme attendue lors de leur installation.
30
Avec un taux d’actualisation de 8%.
158 / 297
→ Renforcer les critères environnementaux pour bénéficier des dispositifs de soutien
(qu’il s’agisse des tarifs d’achat ou des appels d’offres) afin de favoriser les produits
les moins impactants pour l’environnement.
→ En ce qui concerne le recyclage, les modules photovoltaïques entrent désormais
dans le champ de la Directive Européenne des Déchets d’Equipements Electriques et
Electroniques (DEEE) et les fabricants sont dans l’obligation de recycler les modules
PV. Mais il est important de soutenir la structuration de cette filière à partir de 2020.
→ Pour les grandes installations, favoriser le déploiement sur les grandes toitures,
en rendant ces dernières de nouveau éligibles aux tarifs d’achat. L’utilisation des
grandes toitures permet de minimiser l’impact paysager, la pression foncière et les
coûts de raccordement (car zones urbaines ou semi-urbaines).
→ En préparation de la RT2020, soutenir, par des appels à projets spécifique, le
développement de solutions répondant à des critères renforcés d’intégration au
bâti (éventuellement limitée au cas des bâtiments neufs) afin de permettre
l’émergence de produits se démarquant vraiment de l’intégration simplifiée, avec un
réel objectif de qualité de l’installation, voire de multifonctionnalité (par exemple
couverture et isolation, modules hybrides PV/T).
→ Dans une perspective de forte augmentation de la puissance PV installée, la mise en
place progressive et bien calibrée d’une politique de soutien favorisant
l’autoconsommation permettra de limiter les effets de la pointe de production diurne
sur le réseau et le marché de l’électricité. Les coûts actuels des systèmes PV ne
permettent pas encore d’envisager un développement spontané de
l’autoconsommation. La mise en place, en priorité dans les DOM, d’une rémunération
adéquate des kWh autoconsommés pourrait permettre le développement de ces
solutions tout en diminuant l’impact des tarifs d’achat sur la CSPE.
A l’horizon 2020, notre scénario prévoit une puissance installée cumulée se situant entre 16
et 17 GW. Cet objectif est en cohérence avec le développement de la filière industrielle
française dont la capacité de production de modules PV à la fin 2012 est estimée à 800 MW
environ31. Il correspondrait à une puissance installée moyenne annuelle de 1,55 GW environ
(2012-2020)32. Cela implique la révision à la hausse de l’objectif Grenelle mais cela reste
soutenable financièrement avec un ajustement des tarifs d’achat à la baisse concernant
l’intégration simplifiée et les centrales au sol.
A l’horizon 2030, l’objectif de puissance installée cumulée se situerait dans une fourchette de
32 à 34 GW.
31
Source : Etude Marchés et Emplois ADEME 2012
32
La puissance PV cumulée installée à la fin 2012 est estimée à environ 4 GW.
159 / 297
40
35 Supérieur à 250kWc
Puissance raccordée (MW) 30 entre 9 et 250kWc
25 entre 0 et 9kWc
20
15
10
5
0
09
11
13
15
17
19
21
23
25
27
29
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
Projections d’évolution de la puissance nominale PV installée en France
Le tableau ci-dessous présente nos prévisions de puissance installée annuelle par typologie
de systèmes, pour la période 2012 – 2030.
2012-2020 2021-2030
Croissance GW/an
IAB ISB au sol IAB ISB au sol
entre 0 et 9kWc 0,1 0,3 0 0,1 0,3 0
entre 9 et 250kWc 0,1 0,5 0 0,1 0,35 0
Supérieur à 250kWc 0 0,1 0,45 0 0,05 0,75
Dans notre scénario, les capacités installées par an restent cohérentes avec les capacités
de production de modules qui seraient localisées en France à cet horizon. Une étude récente
menée par l’ADEME montre que les laboratoires et industriels français ont la capacité, grâce
à la mise en œuvre d’un certain nombre d’innovations clés, de réduire drastiquement leur
coût de production dans les prochaines années. Le déploiement de système PV pourra donc
être un levier de création d’emplois en France. En parallèle de cette baisse des coûts des
modules, dont une part relativement importante continuera à être importée à court terme, on
peut toutefois noter que les coûts liés à la pose des systèmes sont amenés à baisser de
façon beaucoup moins forte. Il en résulte que la part relative de la valeur ajoutée en France
du déploiement du photovoltaïque est croissante. A titre d’illustration, on peut constater que
la part de la valeur ajoutée située en aval de la filière (étude, installation, commercialisation)
est passée de 25% en 2006 à 50 % en 2011, par rapport à l’investissement global incluant
les fournitures d’équipements.
160 / 297
2012 2030
En résumé :
L’estimation du productible est basé sur un nombre d’heure équivalent pleine puissance de
1150 h à 1200h. Le nombre d'heure de fonctionnement à puissance nominale moyen pour le
PV varie en France entre 850 et 1400 du Nord au Sud (et selon la typologie de systèmes).
1150 à 1200h correspondent à une moyenne pondérée, basée sur le fait que les systèmes
photovoltaïques seront plus majoritairement installés dans la partie Sud de la France (dans
des régions ayant un nombre d'heures équivalent pleine puissance compris entre 1050 et
1400).
2030
Puissance installée GW 33
Mtep : 3,4
Productible
TWh : 38,5
161 / 297
3.2.6. Le solaire thermique
Différents dispositifs de soutien ont été mis en place pour favoriser le déploiement du solaire
thermique, notamment le Crédit d’Impôt Développement Durable pour les particuliers, et le
fonds chaleur pour les installations solaires collectives.
Avec un marché 2010 en métropole inférieur à 258 000 m², le parc brut installé est supérieur
à 2 millions de m² (1,4 GWth) pour une production associée qui devrait dépasser les 80 ktep.
33
Programmation pluriannuelle des investissements de production de chaleur (période 2009-2020)
34
Source : Uniclima, Enerplan
162 / 297
350 000 245 000
50 000 35 000
0 0
Graphique : CEA-INES
99
00
01
02
03
04
05
06
07
08
09
10
11
d'après chiffres
19
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
ENERPLAN / UNICLIMA
1 0001000000
000
900900000
000
RéelRéel
800800000
000
PPIPPI
Chaleur (croissance
de 27%/ande 27%/an jusqu’en 2012,
Marché annuel (m²/an)
600600000
000
500500000
000
400400000
000
300300000
000
200200000
000
100100000
000
00
1999
1999 2000
2000 2001
2001 2002
2002 2003
2003 2004
2004 2005
2005 2006
2006 2007
2007 2008
2008 2009
2009 2010
2010 2011
2011 2012
2012
Malgré le soutien apporté à cette filière, ces coûts de revient restent très élevés. Avec la
méthode internationale harmonisée d’évaluation du coût de production d’énergie dit
163 / 297
« LCOE » (Levelized Cost of Energy), une durée de vie de 20 ans, et un taux d’actualisation
de 6%, le coût de production d’un kWh solaire est de l’ordre de :
- 310 €/MWh (Sud) à 440 €/MWh (Nord de la France), pour les SSC
Les coûts de production actuel de la chaleur solaire thermique sont données dans le tableau
suivant y compris pour les applications résidentielles35.
Caractéristiques techniques
Périmètre France Nord
Type CESI* SSC** STC***
Terme 2010
Durée de fonctionnement (années) 20
Productivité (kWh/m²/an) 200 250 400
Coûts
Investissement (€/m²) 1462 1322 1136
Exploitation fixe (€/m²/an) négligable 10 - 15
Coût de production total (€/MWh) en fonction du taux d'actualisation
5,10% 563 407 244 - 256
8% 689 499 293 - 305
10% 781 565 328 - 341
Caractéristiques techniques
Périmètre France Sud
Type CESI* SSC** STC***
Terme 2010
Durée de fonctionnement (années) 20
Productivité (kWh/m²/an) 300 350 600
Coûts
Investissement (€/m²) 1462 1322 1136
Exploitation fixe (€/m²/an) négligable 10 - 15
Coût de production total (€/MWh) en fonction du taux d'actualisation
5,10% 375 291 162 - 171
8% 460 356 195 - 204
10% 520 403 219 - 227
35
Sources :
- Observ’ER, « Enquête sur la filière thermique collective - Enquête sur le marché 2010 des
applications individuelles solaires thermiques », 2011
164 / 297
3.2.6.b. Vision de l’ADEME pour le solaire thermique
Les retours d’expérience sur le solaire thermique ainsi que la concurrence forte des chauffe-
eau thermodynamique ont été pris en compte dans cette vision de l’ADEME, qui propose de
répartir et dépasser l’objectif Grenelle en ciblant deux nouveaux usages non explicités dans
le Grenelle : l’industrie et les réseaux de chaleur. Ceci est en cohérence avec la nouvelle
feuille de route stratégique de recherche sur le solaire thermique de l’ADEME, ainsi qu’avec
les travaux de l’European Solar Thermal Technology Platform (ESTTP).
Toutefois, pour des raisons de prudence par rapport à ces développements technologiques
en cours, l’hypothèse retenue est la couverture grâce au solaire en usage direct de 9% des
besoins d’énergie finale en ECS, soit 350 ktep, répartis entre :
165 / 297
- production d’eau chaude par des capteurs plans ou sous vides à des niveaux de
température entre 50 et 130°C. On assiste d’ores et déjà à des développements
spécifiques de nouveaux capteurs adaptés aux applications industrielles
permettant de réduire les coûts d’installation. (capteurs plans de grande taille,
capteurs sous vide à assembler sur site…)
- production de vapeur industrielle (environ 250°C) par des capteurs solaires
thermodynamiques à concentration type Fresnel Ce créneau de marché est
dépendant du déploiement de technologies qui ne sont pas encore matures, telles
que les technologies à concentration (concentrateur parabolique et concentrateur
Fresnel), mais il n’est pas à négliger.
- production de froid pour l’industrie par machine à absorption couplée à des
capteurs solaires
Les besoins en températures inférieures à 200°C représentent environ 30% des
besoins de chaleur.
Source :The heat recovery potential in the French Industry : which opportunities for heat
pump systems ? Dupont / EDF - 2009
Pour estimer le potentiel dans l’industrie, nous nous appuyons sur les coûts d’investissement
et de production de la chaleur industrielle solaire suivants :
Etant donné ce contexte contraint, l’ADEME considère que le solaire thermique pourra
contribuer à hauteur de 0,5 Mtep au besoin de l’industrie.
166 / 297
Type d’industrie 2010 2030
L’intégration du solaire thermique sur un réseau est dimensionnée de façon à couvrir les
besoins d’été du réseau de chaleur, c’est-à-dire principalement la fourniture d’eau chaude
sanitaire. En France ce type d’utilisation de la chaleur solaire commence à apparaître.
En 2030, l’ADEME envisage un fort déploiement sur les réseaux de chaleur, avec
l’installation moyenne de 10 000 m² de panneaux solaires pour 300 réseaux de chaleur.
Au vu de ces contraintes, il est raisonnable de penser que le solaire sera d’abord considéré
comme un appoint sur des installations existantes venant diminuer la consommation de
combustible fossile.
167 / 297
D’un autre côté, une variable pourrait contribuer à relaxer cette contrainte. En effet, un coût
élevé pour les industries de la tCO2 pourrait faciliter l’intégration des sources d’énergies
renouvelables à leur mix, la réduction des consommations énergétiques et la récupération de
la chaleur fatale.
La compétitivité est l’enjeu majeur pour le solaire thermique. A l’instar de toute technologie
innovante et en gain de croissance, cette question reste centrale et prépondérante pour
favoriser la pénétration de l’énergie solaire thermique et le déploiement massif des solutions
associées.
Ces évolutions ont permis de réduire le coût du kWh solaire entre 50% et 80% quel que soit
la zone géographique et le site d’implantation considérés. Toutes les installations sont
équipées d’un système de contrôle-commande et de monitoring afin de permettre un suivi
dans le temps des performances, une réduction drastique des coûts
d’exploitation/maintenance (corrective) et un comptage précis des kWh produits pour des
moyennes et grandes installations spécifiques.
168 / 297
L’installation de systèmes solaires thermiques, compétitifs, efficaces et éventuellement en
association avec d’autres systèmes énergétiques, dans le résidentiel neuf et au cours des
étapes de rénovation des bâtiments sont deux voies qui ont permis d’augmenter
significativement la part du solaire thermique dans la production énergétique renouvelable.
Industrie 0,5
Total 1 Mtep
3.2.7. La géothermie
169 / 297
circuit fermé de l’eau glycolée. Ce type de géothermie vise principalement le chauffage et
le refroidissement de bâtiments : maisons individuelles, immeubles de logements
collectifs, bâtiments tertiaires de tous types. Aujourd'hui ces opérations permettent la
valorisation d'environ 200 ktep/an.
36
Sources :
- ADEME, « Guide technique / Les pompes à chaleur géothermiques sur champs de sondes »,
2012
- ADEME, « Guide technique / Les pompes à chaleur géothermiques à partir de forage
aquifère », 2012
- ADEME, « Bilan Fonds Chaleur 2011 », 2012
37
Sources :
- Observ'ER, « Enquête sur le marché 2010 des PAC individuelles », 2011
- ADEME, « Les fiches techniques de l’ADEME sur les pompes à chaleur électriques pour
l’habitat individuel », juin 2012
170 / 297
Caractéristiques techniques
Périmètre France
Terme 2010
eau/eau avec capteurs
Type d'installation air/eau enterrés horizontaux
Puissance (kW) 8 - 12
Durée de fonctionnement (années) 16
Temps de fonctionnement annuel en
pleine puissance (h) 1500
Coûts
Investissement (€/kW) 1221 - 1451 1163 - 1421
Exploitation fixe (€/kW/an) 15 0
Exploitation variable* (€/MWh) 21 - 24 19 - 23
Coût de production total (€/MWh) en fonction du taux d'actualisation
5,10% 103 - 120 88 - 107
8% 116 - 135 100 - 122
10% 126 - 146 109 - 133
38
Sources :
- ADEME, « Guide technique / La géothermie et les réseaux de chaleur », 2012
- ADEME, Données Fonds chaleur
171 / 297
* L’investissement inclut le coût d’investissement pour le réseau de chaleur.
Pour la production d’électricité, les investissements sont lourds et nécessitent un tarif d’achat
pour soutenir le marché. Des efforts sont à faire pour développer des projets à forte
intégration environnementale (limitation des impacts : rejets, bruit, odeurs). Le contenu
carbone de l’électricité produit est toutefois très faible avec environ 37gCO2eq/kWh
(principalement lié au forage) calculé en analyse de cycle de vie.
172 / 297
Coût de production d’électricité (coûts de production internationaux) :39
Le tableau suivant donne les coûts de l’électricité issue de réservoirs conventionnels, et pas
EGS.
Caractéristiques techniques
Périmètre international
Terme 2008, 2010, 2011
Type Centrale à cycle binaire Centrale à cycle vapeur
ou ORC
Puissance (MW) 10 - 30 20 - 50
Durée de fonctionnement (années) 20
Temps de fonctionnement annuel (h) 7000
Coûts
Investissement (€/kW) 2700 - 4500 2000 - 2700
Exploitation fixe (€/kW/an) 135 - 225 100 - 135
Coût de production total (€/MWh) en fonction du taux d'actualisation
5,10% 49 - 82 36 - 49
8% 56 - 93 41 - 56
10% 60 - 101 45 - 60
39
Sources :
- AIE - ETSAP, « Technology Brief E07 », mai 2010
- NREL, « Cost and Performance Assumptions for Modelling Electricity Generation
Technologies », novembre 2010
- Projet « Géothermie Caraïbe – Programme Européen INTERREG III-B – Espace Caraïbes »,
décembre 2008
- GEA, « Factors Affecting Costs of Geothermal Power Development », août 2005
- California Energy Commission, « Renewable energy cost of generation update », août 2009
173 / 297
3.2.7.b. Vision de l’ADEME pour la géothermie
Le potentiel de géothermie « décentralisée » est très important et bien réparti sur le territoire.
L’atlas des aquifères superficiels existants est connu. La géothermie superficielle sur
capteurs enterrés (verticaux ou horizontaux) est quant à elle a priori réalisable partout
(hormis pour les capteurs verticaux, quelques zones comme les zones de karsts, les zones
gypsifères, ou d’alluvions,...). Les besoins de froid, notamment dans le tertiaire, pourraient
également pousser au développement des systèmes sur aquifères superficiel.
Au regard des ressources géothermales bien réparties sur le territoire, et du coût de revient
complet du kWh qui est déjà proche de la compétitivité, le développement des solutions de
géothermie décentralisée se heurte toutefois à un frein important lié au coût d’investissement
élevé, qui constitue une entrave à la prise de décision. Les constructeurs travaillent
actuellement à la mise au point de solutions packagées pour le particulier (exemple du projet
Micro Geo retenu au FUI), visant un coût inférieur à 10 000€.
L’ADEME estime ainsi qu’à l’horizon 2030, les potentiels suivants sont atteignables pour la
géothermie décentralisée :
174 / 297
- 1 Mtep/an pour les particuliers qui installeront des systèmes avec pompes à chaleur
géothermiques (aquifères, capteurs enterrés), soit environ 1,25 millions de maisons
individuelles40, ce qui correspondrait à l'installation de 62 500 maisons/an.
- 1,1 Mtep/an pour le secteur collectif / tertiaire. Dans ce secteur, on peut supposer la
possibilité de produire simultanément du chaud et du froid (via des thermofrigopompes
connectées à une ressource à faible température (15°C), déjà utilisée à ce jour) sera un
avantage indéniable par rapport aux solutions concurrentes. Sur la base d’une répartition
entre opérations sur aquifères et sur champs de sondes, on aboutirait à un parc d’environ
13 000 opérations, soit 650 opérations par ans.41
175 / 297
venir, 80 MW à la Guadeloupe et la Martinique. Le projet de rénovation de Bouillante prévoit
à terme 25 MW sur le site. Un nouveau projet de 20 à 40 MW est également envisagé pour
2020. La Guadeloupe recèle d'autres potentialités (Vieux Habitants, zone de concession de
Bouillante, secteur de la Soufrière). En Martinique, même si pour l'instant rien n’a été prouvé
en terme de ressources, il n'est pas exclu de pouvoir envisager 10-20 MW voire 30 MW
supplémentaires.
Pour ce qui est de la géothermie EGS, les objectifs de l’AIE montrent un développement
important de la production d’électricité à partir de systèmes EGS à l’horizon 2050. Le
potentiel en France est intéressant avec plusieurs régions présentant en profondeur un
contexte géologique propice à la géothermie EGS (bassin rhénan, Limagnes, Bresse, sillon
rhodanien principalement). Plusieurs opérations pourraient ainsi voir le jour d’ici à 2030
permettant de progresser en maturité et savoir-faire.
Ces deux technologies nous amènent donc à une estimation du potentiel de 220 MW
électriques installés en 2030.
0,6
Géothermie profonde BE usage direct 0,140 dont réseau de
(Mtep/an) chaleur : 0,6
0,1
Géothermie profonde assistée par PAC 0,003 dont réseau de
(Mtep/an) chaleur : 0,1
176 / 297
Géothermie TBE sur aquifère superficiel 0,2
avec PAC et boucle d’eau (Mtep/an) 0 dont réseau de
(centralisée ou non) chaleur : 0,2
3
Total (Mtep) 0,347 dont réseau de
chaleur : 1
Mtep : 0,13
Productible (final)
TWh : 1,54 TWh
Les différentes technologies envisagées sont très distinctes mais ont le point commun
d’avoir une meilleure prévisibilité que les EnR classiques que sont le PV et l’éolien, un
facteur de charge assez élevé et d’être contraintes à un environnement très agressif
(salinité, corrosion…). Le tableau suivant en donne les principales caractéristiques.
177 / 297
Ressource Ressource Nombre d’heures de
mondiale nationale fonctionnement à pleine
(TWh/an) (TWh/an) puissance (h)
Energie 20 000
thermique des 44 000 8 000
mers
Tableau 1 : Principales caractéristiques des filières visées (Sources : Ifremer 2009, IEA-OES
2012, FEM 2012)
Les différentes technologies marines sont toutefois à des stades de maturité assez
différents.
Figure 1: Degré de maturité relatif aux 8 segments des énergies marines (Ernst & Young, 2012).
178 / 297
A ce jour, les coûts de ces technologies sont encore difficiles à estimer car la plupart
d’entre elles n’ont pas atteint un niveau de développement commercial. Les coûts de
production en 2012 sont donnés dans le tableau suivant : 42
Caractéristiques techniques
Périmétre International
Terme 2012
Type Energie des Barrage
vagues marémoteur Hydroliennes
Puissance (MW) 200 200 - 8600 20 - 200
Durée de fonctionnement (années) 25 80 25
Temps de fonctionnement annuel (h) 2190 2235 2280
Coûts
Investissement (€/kW) 4550 - 6000 4000 - 4400 4000 - 5200
Exploitation fixe (€/kW/an) 160 92 120
Coût de production total (€/MWh)
5,10% 215 - 260 130 - 139 172 - 208
8% 253 - 311 174 - 187 205 - 250
10% 281 - 347 204 - 220 228 - 281
Les données présentées dans ce tableau représentent l’évaluation des coûts dans l’état
actuel du développement des technologies des énergies marines qui sont des technologies
dans les phases R&D et lancement de leur cycle de vie. Le faible retour d’expérience au
niveau international ne permet pas de « fiabiliser » l’évaluation de ces coûts de production. Il
est attendu une décroissance des coûts en fonction des courbes d’apprentissage de chaque
technologie.
Pour ces technologies, les verrous technologiques peuvent être classés par groupe
fonctionnel : conception mécanique et fabrication ; conception électrique ; installation en -
milieu marin ; ancrage ; contrôle des machines ou parcs de machines ; convertisseurs de
l’énergie ; raccordement électrique ; transport et installation ; exploitation et maintenance ;
démantèlement.
42
Sources :
- IEA - ETSAP, « Technology Brief E13 », mai 2010
179 / 297
Courants de surface en Manche (en nœuds) issu du modèle TELEMAC 2D [1].
On considère qu’en 2030, la filière hydrolienne est à maturité avec l’implantation de larges
fermes (> 100 MW) au Raz Blanchard, Passage du Fromveur et Raz de Sein. Des projets de
plus petites envergures (< 1 MW) s’implantent dans les rivières et sur certains ouvrages (ex :
piles de pont).
L’ADEME retient pour 2030 la couverture d’un tiers de ce gisement technique, soit une
capacité installée de 1 GW.
180 / 297
Potentiel houlomoteur en kW/m .
La filière houlomotrice est aujourd’hui moins avancée que la filière hydrolienne. Avec
le développement des premières grandes fermes en métropole (> 100 MW) son
développement n’apparaît qu’entre 2025 et 2030. Il est possible que quelques projets de
petites envergures (< 100 kW) s’implantent sur des aménagements portuaires ou digues
(ex : projet de Mutriku).
- Viabilité économique.
- Acceptabilité sociale, afin de réduire les conflits d’usage
- Sécurité.
- Réglementation.
Une meilleure information du public, des élus, et des décideurs sur l’état de maturité
des différentes filières (veille technologique, participation française à l’AIE, valorisation des
projets cofinancés, mobilisation des services d’intelligence économique des ambassades,
…) est également souhaitable, en impliquant les régions dans la sélection des zones
favorables.
GW 2030
Hydrolien 1
Marémoteur 0,250
Houlomoteur 0,212
Osmotique
0,00
182 / 297
Les productibles en Mtep et TWh retenus sont les suivants pour la métropole :
Mtep : 0,30
Hydrolien 0,00
TWh : 3,48
Mtep : 0,05
Marémoteur 0,05
TWh : 0,58
Mtep : 0,07
Houlomoteur 0,00
TWh : 0,81
Mtep : 0,00
Energie thermique des mers 0,00
TWh : 0,00
Mtep : 0,00
Osmotique 0,00
TWh : 0,00
3.2.9.a Contexte
Une partie non négligeable de cette chaleur perdue peut être valorisée en
interne (séchage sur d’autres lignes de procédés, préchauffage, chauffage de locaux, etc.) –
ces gisements d’économie d’énergie « internes au site industriel » ont été évalués dans la
partie consacré aux gains d’efficacité énergétique de l’industrie.
Toutefois, nombre de sites (secteurs des métaux, verre, ciment, tuile et briques,
chaux, par exemple) ont des excédents de chaleur non directement valorisables en interne
(pas de besoin de chaleur). Aussi, il n’est pas rare de voir des sites ayant recours à des
tours aéroréfrigérantes (consommatrices d’électricité) pour baisser la température de ces
rejets (gazeux ou liquides), soit pour raisons techniques (pour le traitement de fumées) soit
183 / 297
pour des raisons réglementaires (température de l’eau rejetée). Ce qui entraîne des
consommations d’énergie supplémentaires toujours avec absence de valorisation.
- les industries ;
Pour l’industrie, les deux axes de valorisation externe ont été évalués – sur la base
des sites industriels consommant plus de 50 GWh par an.
Pour pallier cela, il est proposé de favoriser la valorisation externe au site selon deux axes :
Dans les deux cas, la pérennité de la source de chaleur fatale à long terme constitue la
principale condition de lancement d’un projet.
. Un deuxième axe intervient lorsqu’il n’est pas possible de réaliser la valorisation externe
thermique du fait de l’éloignement par rapport au réseau de chaleur et/ou des difficultés
d’adéquation entre la production et les besoins en chaleur : niveau de température,
fréquence des usages et problématique de stockage associée. La valorisation ultime de
cette chaleur perdue consiste alors à produire de d’électricité pour être fournie sur le réseau.
L’électricité constitue en effet un vecteur énergétique plus facilement transportable sur de
grandes distances, et donc utilisable par un plus grand nombre.
i. Hypothèses retenues
A partir de l’étude CEREN sur la chaleur fatale en industrie, pour chaque secteur
industriel, n’ont été considérés que les effluents (fumées de fours, chaudières et buées de
séchoirs) disponibles entre 5500 et 8700 h par an (3×8 avec et sans arrêt le week-end) et de
température supérieure à 100°C.
Pour l’horizon 2030, il nous semble en effet difficile pour l’industrie de valoriser à l’externe
des effluents très bas niveaux (< 100°C) ou intermittents (besoin de stockage).
184 / 297
En 2008, l’industrie a rejeté 52,2 TWh d’effluents > 100°C et disponibles entre 5500 et 8700
heures par an, pour une consommation de combustibles (hors MP) de 303 TWh (soit 17%)
et d’énergie totale de 478 TWh. La répartition par niveaux de température est donnée en
figure 1.
400
1,59
à 499°C
Gamme de
température
300 à 349°C 1,16
Figure : en 2008 : chaleur perdue > 100°C, disponible en industrie entre 5500 et 8700 h/an
Source : étude Ceren 2012
A partir des valeurs de chaleur fatale disponibles via l’étude CEREN, nous avons déduit un
potentiel de chaleur effectivement récupérée (limite du point de rosée des fumées,
performances des échangeurs, etc.) en fonction des différents niveaux de températures.
Les deux axes de valorisation sont ensuite déclinés à deux périmètres décrits ci-dessous.
- les effluents supérieurs à 150°C, car les technologies actuelles ne permettent pas
de valoriser électriquement en industrie des effluents inférieurs à 150°C car les solutions ne
sont pas encore matures (techniques, fiabilité et coût).
185 / 297
de rendement légèrement plus élevés (+2 points) en 2030 du fait des travaux de R&D en
cours et à venir.
Il a été alors estimé à environ 1,6 TWhe mis à disposition sur le réseau.
- le solde d’énergie thermique non utilisée pour produire de l’électricité. Il est en effet
préférable d’un point de vue énergétique d’utiliser d’abord des effluents à température élevée
(>150°C) pour produire de l’électricité plutôt que d’alimenter directement un réseau de
chaleur à 90°C (c’est le principe de base de la cogénération).
Pour la valorisation thermique externe, le frein actuel est l’éloignement par rapport à
l’utilisateur final et/ou des difficultés techniques et contractuelles d’adéquation entre la
production (arrêt de production non prévu par exemple) et les besoins en chaleur (pas de
besoin en été). On constate actuellement que très peu de réseaux de chaleur à partir des
effluents industriels se créent (moins de 5% du nombre de tep en 2011). Des actions
complémentaires autour des réseaux de chaleur seraient à développer pour inciter à la mise
en place de telles valorisations.
Pour autant, la majorité des sollicitations d’industriels vers l’ADEME pour valoriser
leurs rejets thermiques portent surtout sur la production d’électricité. Plusieurs explications
peuvent être avancées :
- la distance entre le producteur et l’utilisateur qui peut être importante. La chaleur est
un vecteur énergétique qui se véhicule plus difficilement.
186 / 297
Lors des travaux de la TRNEE, l’ADEME avait proposé un tarif d’achat de l’électricité
produite à partir de chaleur fatale. Ce tarif devrait à court terme permettre de valoriser 0,5
TWhe.
- 50 % du gisement théorique évalué pour de la valorisation thermique externe, soit 2,6 TWh
thermiques soit 0,22 Mtep.
- 100% du gisement théorique évalué pour la valorisation électrique externe, soit 1,6 TWh
électriques, en comptant sur la mise en place pérenne du tarif d’achat.
Les moyens conventionnels de flexibilité sont constitués aujourd’hui pas les moyens
thermiques centralisés et décentralisés (charbon, gaz et TAC – fioul - principalement) et par
les réserves hydrauliques flexibles tels que les STEP ou ouvrages hydrauliques « non fil de
l’eau ». Dans le cadre des visions 2030 et 2050 proposées par l’ADEME, l’un des objectifs
est de limiter les appels aux moyens de flexibilité à fort contenu carbone. Par conséquent :
187 / 297
Par ailleurs, le stockage d’énergie (électricité ou chaleur) et l’effacement sont deux outils à
disposition du régulateur pour ajuster l’équilibre offre-demande du réseau électrique. Le
stockage d’énergie peut avoir une double fonction : une de « soutirage » sur le réseau lors
des phases de surproduction et une de « d’injection » sur le réseau lors des phases de
défaut de production ; de qui permet de découpler production et consommation.
L’effacement à une fonction principale de report ou décalage de charge. Le premier outil agit
au niveau de la production et le second au niveau de la consommation.
Enfin les interconnexions sont un moyen de flexibilité supplémentaire ainsi qu'une contrainte
pour le gestionnaire de réseau. Elles permettent une régulation en import et en export et
donc un ajustement supplémentaire de la production en adéquation avec la consommation.
Comme précisé dans les chapitres suivants ces visions présentent une modélisation
simplificatrice des interconnexions, qui seront amenées à évoluer à l’horizon 2030 à 2050.
188 / 297
Caractéristiques de divers moyens de stockage de masse d’électricité. (source :
ENEA Consulting)
i. Les STEP
En termes d’usages et besoins, le stockage d’énergie n’est aujourd’hui que très peu voire
pas valorisé en France. En dehors des STEP, son usage n’est aujourd’hui exclusivement
pensé qu’en termes de stockage embarqué ou mobile, et les applications stationnaires sont
rares. Pour autant, dans une perspective de forte pénétration des énergies renouvelables sur
le réseau et de réduction de l’appel aux moyens conventionnels (charbon, TAC au fuel…) le
déploiement de capacités de stockage d’énergie de masse semble nécessaire. Cette
nécessité s’appuie non seulement sur un besoin crucial en réserves d’énergie et de
puissance alternatives, mais aussi sur l’obligation de stabilité du réseau.
189 / 297
Etat actuel des capacités de stockage installées dans le monde
L’un des seuls moyens de stockage matures et déployés sur le territoire français aujourd’hui
sont les STEP (Stations de Transfert d’Energie par Pompage hydraulique). Ce constat est
partagé à l’international. Elles sont adaptées au mix historique français dont les moyens de
production électrique en base reposent principalement sur l’hydraulique et le nucléaire. Les
STEP comptent au total aujourd’hui pour environ 5GW en France, à comparer au total de la
puissance installée pour la production électrique en France de 124,1 GW (parc de production
français en 2012, source RTE).
Dès lors, les hypothèses de croissance des capacités de STEP suivantes sont considérées.
En 2011, 5,4 GW de STEP sont installées et représentent un total de 30 groupes
hydrauliques pouvant faire l’objet de rénovations. Le gain potentiel en puissance estimé par
ces rénovations est de 600 MW, soit un total de 6 GW à l’horizon 2030. Par ailleurs, un
rapport du ministère de l'économie et des finances de 2006 estime un potentiel de
développement techniquement exploitable de STEP de 4,3 GW supplémentaires43. De plus,
ce même rapport pointe un potentiel d’ouvrage de pointe sous forme de STEP de 2000 MW.
Selon ces différentes estimations, il apparaît raisonnable de retenir un gisement de nouvelles
STEP de 1 GW à l’horizon 2030.
43
« Rapports sur les perspectives de développement de la production hydroélectrique en France », Mars 2006
190 / 297
Par conséquent, à l’horizon 2030, un potentiel raisonnable réalisable de 7 GW de
capacité de STEP peut être considéré.
Enfin, l’émergence de STEP marines peut être considérée à plus long terme. Il est possible
qu’un démonstrateur voie le jour en France à l’horizon 2030 et, qu’en cas de validation tant
technique qu’économique, il s’en développe de nouvelles à l’horizon 2050. Aujourd’hui sous
forme de prototypes (Okinawa, Japon), elles pourraient jouer un rôle de stockage d’énergie
électrique de masse significatif à terme. Un rapport initié par M. Lempérière en 201044 a
cherché à évaluer le potentiel de capacité de STEP marines dans le Nord de la France. Il en
ressort un potentiel de 8 à 20 GW pour une énergie stockée de près de 220 GWh. Pour
autant, le développement de tels projets est sujet à de fortes contraintes, non seulement
économiques mais aussi et surtout environnementales et d’acceptation. En raison de ces
fortes incertitudes, aucune capacité de STEP marines n’a été prise en compte dans le cadre
de la construction des scénarios présentés ici.
Les technologies les plus matures sont les batteries sodium-souffre (NaS) et plomb-acide
(PbA). De nombreux développements et projets de recherche se concentrent aussi sur
l’utilisation de batteries lithium-ion (ou polymère) et redox flow pour le stockage stationnaire
de masse de l’électricité. L’intérêt principal du stockage électrochimique réside dans sa
réactivité et son potentiel de participation à la stabilité du réseau (notamment services
systèmes tels que réglages de fréquence et tension) de part sa fonction de « stockage de
puissance ». Cependant, pour des besoins limités en énergie, les batteries de type NaS
peuvent aussi bien se prêter au stockage d’énergie de masse de moyenne capacité. Le
stockage électrochimique sera donc préféré en cas de besoin moyen en capacité d’énergie
et moyen à fort en capacité de puissance.
44
« Stockage d’énergie électrique dans le nord de la France », François Lempérière, 12/04/2010 chez
EnergyThic Notes
191 / 297
En ce qui concerne le stockage par air comprimé, il n’existe aujourd’hui, en France,
aucune installation dédiée au stockage de masse de l’énergie électrique. Les seuls outils de
démonstration de CAES (Compressed Air Energy Storage) sont situés en Allemagne et aux
Etats-Unis pour une puissance totale d’environ 480 MW. Aucune démonstration de AA-
CAES (Advanced Adiabatic Compressed Air Energy Storage) d’envergure n’existe
aujourd’hui. Des projets de recherche, développement et démonstration de CAES et de AA-
CAES sont actuellement en cours afin de valider l’intérêt tant technique qu’économique du
procédé. Cette technologie ne connaît aujourd’hui encore aucun déploiement industriel et
commercial.
Le stockage d’énergie par volant d’inertie est aujourd’hui peu développé en France et très
peu sur le marché international. Au vu des éléments actuels, il est probable que cette
technologie participe, en combinaison de productions renouvelables variables, à la stabilité
du réseau (service système principalement). En effet, l’un des points fort des volants d’inertie
est sa réactivité et son potentiel de réglage en fréquence et en tension des énergies
variables telles que l’éolien.
La méthanation n’est pas retenue dans le cadre du présent exercice (horizon 2030 ou
2050).
Il en résulte que les opérateurs de stockage vont chercher à multiplier leurs sources de
revenu en cumulant plusieurs services rendus (équilibre en tension, fréquence …).
192 / 297
Le développement de capacités décentralisés, « proches » des moyens de
production renouvelable intermittente, avec une composante principalement
« stockage de puissance » (notamment pour l’éolien) et une composante « stockage
d’énergie » (éolien et PV mais aussi solaire thermodynamique et thermique) de
relativement faible capacité (quelques minutes à quelques heures).
Le développement de capacités de stockage de masse centralisées, proches ou non
des moyens de production, telles que les STEP, permettant le stockage de grande
quantité d’énergie (plusieurs heures à plusieurs jours).
Une troisième vision participant au déploiement du stockage d’électricité, du point de vue du
consommateur, est celle du développement plus massif de l’autoconsommation à l’horizon
2050 avec des premières installations de taille significative se développant à partir de 2030.
Plus spécifiquement, l’autoconsommation concerne des installations particulières de
systèmes photovoltaïques couplés à des batteries, qui pourront progressivement se
développer dès lors que le coût moyen de l’électricité produite par des systèmes PV incluant
du stockage sera inférieur au tarif d’achat de l’électricité.
193 / 297
Le principe de l’effacement est schématisé par la figure ci-dessous45 :
Mécanisme d’effacement
Dans l’hypothèse où les systèmes d’effacement sauront lisser leur intervention sur le profil
de charge, il est également théoriquement possible, en dimensionnant correctement les
capacités d’effacement, de limiter certains renforcements de réseau qui pourraient sinon
s’avérer nécessaires pour couvrir des déséquilibres locaux.
45
Extrait de l’avis de l’ADEME sur l’effacement diffus, http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=-
1&cid=96&m=3&catid=23394
194 / 297
Faute de retour d’expérience suffisamment significatif, il est actuellement difficile d’estimer le
gisement d’effacement total, notamment à 2030 et 2050. Toutefois, en cas d’augmentation
du prix de l’électricité et dans un contexte de besoins supplémentaires de flexibilité, il est
raisonnable d’imaginer le développement d’offres de service d’effacement plus ou moins
rémunérées selon l’impact sur le confort/l’activité économique de l’utilisateur. Par exemple, le
pic de consommation électrique de 2009 (92,4 GW) fut pour plus d’un tiers lié à l’usage du
chauffage électrique (environ 34 GW). Actuellement, la pointe augmente plus vite que la
consommation46 du fait notamment de la pénétration du chauffage électrique. Cette
croissance de la pointe devrait ralentir avec la pénétration des pompes à chaleur, mais en
2030 l’usage chauffage représente toujours une part importante de la puissance appelée
dans les visions ADEME.
Il est également possible d’effacer d’autres usages tels que la climatisation en été, ou encore
des usages potentiellement déplaçables avec un impact réduit sur le confort de l’utilisateur.
Ainsi, les usages remplissage des cumulus, lave-linge, lave-vaisselle ou sèche-linge
pourraient être déplacés aux heures de moins forte contrainte pour le système électrique,
par du pilotage automatique et/ou par des incitations tarifaires.
46
Bilan Prévisionnel de RTE
47
Bilan Prévisionnel 2011, RTE
195 / 297
reste difficilement prévisible. Toutefois, ces offres devraient peu à peu pénétrer le marché et
apporter une flexibilité plus importante qu’actuellement (environ 3 GW aujourd’hui).
3.3.1.d. Interconnexions
La France compte actuellement 14 GW d’d’interconnexions électrique avec ses pays voisins
(Angleterre, Belgique, Allemagne, Suisse, Italie, Espagne). Ces interconnexions sont
utilisées en permanence pour des échanges avec ces pays, en imports ou en exports (sur
l’année le solde des échanges est positif mais en période de pointe hivernale le solde des
échanges est généralement négatif). Lors de la pointe hivernale de février 2012, la France a
par exemple été importatrice nette pendant plus de 10 jours consécutifs avec une pointe à
plus de 9 GW le 09 février à 9h48.
48
Retour d’expérience sur la vague de froid de février 2012, RTE
49
Ten-Years Network Development Plan (TYNDP) 2012, ENTSO-E
196 / 297
Cette hypothèse est volontairement prudente afin de tenir compte des difficultés
d’acceptabilité de plus en plus souvent constatées autour des projets de lignes à haute
tension.
iii. Insertion des énergies renouvelables accrue avec les technologies smartgrids
Les énergies renouvelables participent activement à l’équilibre du réseau, notamment
grâce à la puissance importante installée en hydro-électricité. RTE souligne également dans
son bilan prévisionnel 2012, que, malgré sa variabilité, l’éolien participe à l’équilibre offre-
demande, et que son déploiement en France jusqu’à 20 GW pourrait se faire sans nécessiter
de nouvelles centrales de réserve.50 Toutefois, on comprend aisément que les systèmes
photovoltaïque et éolien d’aujourd’hui ne disposent pas des mêmes capacités de pilotage
que leurs homologues fossiles.
Actuellement, dans les DOM, les déconnexions ne sont pas compensées par une
rémunération, elles sont effectuées dans l’ordre inverse de la file d’attente. C’est le
producteur qui réalise effectivement la déconnexion et la reconnexion. En mai 2009, EDF
SEI n’avait pas encore d’estimation du nombre d’heure de déconnexion.
197 / 297
renouvelable variables font déjà participer ces moyens de production aux services système
au même titre que les moyens conventionnels (c’est le cas en Espagne par exemple). Les
limites et les contraintes associées à un déploiement volontariste d’EnR variable sont très
différentes selon qu’on considère des territoires faiblement interconnectés (voire des
territoires insulaires) ou très interconnectés. Dans un contexte de forte pénétration des
énergies renouvelables variables, il est donc envisageable de faire participer ces énergies
aux services système et ainsi de lever un des freins à leur insertion sur le réseau. On peut
notamment citer l’exemple des onduleurs photovoltaïques, pour lesquels les fabricants
travaillent actuellement sur des solutions pilotables par le gestionnaire de réseau qui
permettront de résoudre ce problème en faisant participer les installations photovoltaïques
au bon maintien du plan de tension.
Sur le réseau de transport, les pertes sont actuellement de l’ordre de 11 TWh par
an pour une production injectée totale de 500 TWh environ. Les pertes instantanées varient
entre 800 et 2 500 MW selon l’heure de la journée et le jour de l’année. Ces pertes annuelles
dépendent de la consommation, des niveaux de transit de l’électricité, et de la distance
moyenne entre lieux de production et consommation.
L’évolution de ces variables est difficile à prévoir à moyen et long termes du fait des
incertitudes sur l’évolution de la topologie du réseau, des plans de production et de
l’évolution de la consommation (nouveaux usages, notamment le véhicule électrique,
pénétration du chauffage électrique,…). Un groupe de travail de la Commission de
Régulation de l’Energie sur les « mécanismes de compensation des pertes » a publié un
198 / 297
rapport de synthèse estimant que les pertes devraient augmenter dans les prochaines
années du fait de l’accroissement des capacités de transit existantes, RTE ayant des
difficultés pour construire de nouvelles lignes (les pertes par effet Joule sont proportionnelles
au carré de l’intensité parcourant la ligne).
Pour des très longues distances ou pour les lignes maritimes et enterrées, le passage
en courant continu permet de limiter les pertes en ligne. Cette technologie est d’ailleurs
privilégiée pour les interconnexions sous-marines par exemple entre la France et
l’Angleterre51 ou entre la France et l’Italie.
réduire les pertes linéiques sur les nouvelles lignes (nouveaux alliages, section
des câbles réduite)
modifier les transformateurs pour réduire les « pertes fer »
optimiser le réseau en modifiant les volumes de charge dans les transformateurs
(seule solution possible pour les lignes existantes)
Les pertes techniques totales s’élèvent donc à environ 23TWh par an, soit environ
5% de la production, et les pertes non techniques à 8TWh par an soit environ 1,5% de la
production.
Les pertes non techniques par une meilleure connaissance des consommations
en temps réel (meilleure détection des fraudes et moindres erreurs de comptage)
Les pertes techniques grâce à une anticipation accrue des flux d’électricité sur le
réseau (meilleure connaissance de l’état du réseau, des consommations et
productions en temps réel) permettant d’adapter les plans de tension de manière
à minimiser les pertes.
A l’horizon 2030, il est difficile d’envisager une réduction des pertes techniques,
fortement dépendantes des plans de production et de la consommation ainsi que des
technologies de réseau mises en place. Il est par contre raisonnable d’envisager une
diminution des pertes non techniques permise par l’essor des technologies smartgrids, mais
celle-ci n’a pas été chiffrée.
51
Pour l’interconnexion France-Angleterre, IFA2000, le courant continu permet également de relier deux
réseaux asynchrones.
199 / 297
3.3.2. Scénario ADEME 2030 : réaliser un ajustement de la consommation et de la
production au pas de temps horaire
L’ADEME a développé un outil informatique en interne afin de valider que les capacités
électriques des différents moyens de production envisagées dans ces visions permettront de
répondre à la consommation d’électricité en 2030. Cet outil a pour objectif de vérifier qu’au
pas horaire le mix de production aux horizons de temps considérés permet de soutenir la
consommation à ces même horizons étant données :
En d’autres termes, il ne peut pas fournir de mix de production électrique optimal étant
donnés des contraintes physiques, économiques et environnementales. Il permet par contre
de vérifier qu’un mix de production donné est dimensionné en énergie et en puissance selon
les besoins, et qu’à chaque heure de l’année, l’offre et la demande d’électricité sont
équilibrées. Il inclut également un certain nombre de simplifications : non-spatialisation des
moyens de production et des lieux de consommation, non-modélisation de la plaque
européenne, etc. Ces limites ouvrent la possibilité d’un travail ultérieur avec le gestionnaire
du réseau.
200 / 297
La structure de l’outil de modélisation a pour base l’estimation, d’un côté, de la
consommation électrique et, de l’autre, de la production (offre électrique).
L’offre électrique est basée sur une modélisation de l’ordre d’utilisation des différents
moyens de production pour répondre à la consommation d’électricité. Celui-ci est fixé et est
une composante dimensionnante et intrinséque de l’outil de modélisation. . En effet, l’outil ne
permet pas de sélectionner les moyens de production en fonction d’un « merit order » basé
sur des critères de coût marginal ni la prise en compte automatique et systèmatique de la
durée d’utilisation des moyens de production. L’ordre d’appel des différents moyens de
production est avant tout basé sur un « merit order » technique et la disponibilité effective de
ces moyens au moment où ils sont appelés.
Pour autant, l’ordre de priorité d’appel des divers moyens de production tente de tenir
compte à posteriori de la réalité économique d’utilisation de ces moyens. En effet, des
ajustements sont effectués afin que des moyens tels que le nucléaire ou les CCG et les
capacités de pointe et thermiques non renouvelables décentralisées fonctionnent un nombre
d’heures suffisant permettant leur rentabilité dans les conditions économiques actuelles.
La demande résiduelle est estimée à chaque étape et à chaque heure. Le but est de
minimiser (cas d’un défaut de production persistant), d’annuler, voire de rendre négative (cas
du surplus de production) cette demande résiduelle grâce à l’ensemble des moyens de
production et de flexibilité à disposition. Sous contraintes techniques et économiques, il est
alors possible de déterminer un mix de production équilibrant la consommation dans la limite
des capacités installées. Des surplus et défauts de production peuvent être observés selon
que la production soit plus ou moins forte que la consommation.
52
Voir le chapitre précédent pour le détail des hypothèses concernant les différents moyens de production
53
La demande résiduelle est la demande restant à satisfaire après ajout distinct et successif des différents
moyens de production selon l’ordre de priorité défini.
201 / 297
Plus précisément, les étapes de détermination de la demande résiduelle finale sont les
suivantes :
Les deux piliers des visions ADEME, à savoir le déploiement d’EnR et d’importants
investissements en efficacité énergétique ont pour conséquence d’une part de stabiliser,
voire réduire la consommation d’électricité ; d’autre part, la réduction des usages
thermosensibles – chauffage, éclairage - lisse la courbe de charge.
En entrée du modèle, la saisonnalité sur les 12 mois et sur les 24 heures de chacune de ces
journées mensuelles moyenne est renseignée. Cela est opéré pour chacun des secteurs et
usages suivants 55:
54
Pour le détail de l’estimation de la production nucléaire ainsi que les hypothèses sous-jacentes se référer à la
suite : « Offre : estimation de la production électrique », « Production nucléaire ».
202 / 297
Secteurs et usages dans MEDLOAD
Chauffage
ECS
Ménages Cuisson
Eclairage
Electricité spécifique
Usages thermiques
Tertiaire Electricité spécifique
Eclairage public
Industrie grandes consommatrices
Industrie d’énergie
Autres industries
Véhicules électriques
Transport
Fer (métro, tram, train)
Agriculture
Afin de ventiler les consommations annuelles de chacun des secteurs et pour chacun des
usages qui le concernent, deux sources d’information ont été utilisées. Tout d’abord, nous
avons utilisé les bilans prévisionnels de RTE 2009 et 2011 pour estimer la saisonnalité des
usages thermiques, de l’éclairage, du transport (trains et véhicules électriques). Dans le cas
du transport, cela a été couplé avec des données de la SNCF. Pour ce qui est des usages
électriques spécifiques, la base charter® (Energies Demain) a été utilisée pour ventiler les
consommations annuelles. Charter est une estimation des consommations horaires, pour les
8760 heures de l’année, de tous les appareils électriques.
55
Cela fait total de 3600 valeurs à renseigner.
203 / 297
1,00 1,00
Jan Jan
0,90 0,90
Fev Fev
0,80 0,80
Mar Mar
0,70 Avr 0,70 Avr
0,60 Mai 0,60 Mai
Nous avons par ailleurs vérifié que nous pouvions reproduire la consommation électrique
totale en 2010. Le résultat trouvé (437 TWh) est très proches des données CEREN corrigées
du climat (434,5TWh), l’écart étant de moins de 1%.
Par agrégation des courbes de charge de chaque secteur, elle-même étant le produit de
l’agrégation des courbes de charges par usage dudit secteur, la courbe de charge globale
est obtenue. Autrement dit, nous avons la charge, en GW, à chaque heure d’une journée
moyenne de chacun des 12 mois de l’année.
Pour tenir compte de la saisonnalité intra-hebdomadaire, une pondération est appliquée pour
passer d’un jour moyen (pour un mois donné) à un jour semaine, un samedi ou un
dimanche. Cette pondération est calculée en se basant sur la courbe de charge d’une année
de référence (2011, par exemple). La méthode de calcul permettant la construction de la
courbe de consommation à l’horizon de temps considéré est la suivante :
204 / 297
Cette méthode a permis de reconstituer 2 courbes de consommation horaire pour l’année
2030 : un cas fortement contraint en hiver (l’année 2011/2012 ayant connu l’une des vagues
de froid les plus sévères de ces trente dernières années - au mois de février en particulier) et
un cas considéré comme nominal (année 2009/2010). Les consommations historiques sont
issues de données RTE.
205 / 297
Les courbes de charge de l’éolien terrestre et du photovoltaïque sont basées sur les
courbes de charge observées en 2011. La correspondance avec les capacités installées aux
horizons considérés (2030) a été obtenue par modification des volumes de production.
Pour l’éolien en mer, en raison du manque de données sur les courbes de charge actuelles,
une approche différente a été utilisée pour l’estimation du productible éolien marin. La
production éolienne en mer a été calculée à partir de la courbe de charge de l’éolien
terrestre en y ajoutant un bruit de basse fréquence pour décorréler les courbes de production
éolienne terrestre et offshore. Dans un deuxième temps, un filtre « passe-bas » est appliqué
afin de lisser la production éolienne offshore, moins variable que l’éolien terrestre. Cette
modélisation a été calée sur un facteur de charge de 35% pour l’éolien en mer.
Les courbes de production annuelle à l’horizon 2030 pour l’éolien et le PV sont données
dans les figures ci-dessous.
les centrales nucléaires peuvent fonctionner à une valeur non nominale de leur
point de fonctionnement (bien qu’habituellement considérées comme des moyens
de production non flexibles, elles comportent une part de flexibilité) ;
les arrêts de tranches nucléaires, pour effectuer les opérations réglementaires de
maintenance, peuvent être planifiés à l’avance lors des périodes de faible
consommation, notamment en période estivale.
La modélisation retenue pour la production nucléaire, suivi de la demande résiduelle
moyennée à J+1 et facteur de charge contraint entre 50% et 95%56, permet d’obtenir une
courbe de production nucléaire cohérente avec celle observée actuellement sur le parc
français. Dans la période estivale, on considère un taux maximal de disponibilité d’environ
60%, pour tenir compte de la planification des opérations de maintenance.
Ainsi, la capacité nucléaire installée à l’horizon 2030 est obtenue par simulations
successives visant la minimisation de la demande résiduelle aux moments de plus forte
consommation à partir de l’outil de modélisation développé. La capacité finalement
considérée est celle qui permet d’obtenir un facteur de charge moyen annuel cohérent avec
la rentabilité économique du parc nucléaire dans les conditions de rentabilité économique
actuelle. Il est ainsi considéré qu’au-delà de 6 000 heures de fonctionnement pleine
puissance, la rentabilité du parc est assurée. La capacité nucléaire retenue correspond donc
à un fonctionnement à pleine puissance pendant 6 000 heures dans l’année ou plus.
56
Dans « Nuclear energy and renewables » de la NEA/OECD, le facteur de charge minimum pour le nucléaire
est de 50%.
207 / 297
Le facteur de charge de ces moyens de production ne peut dépasser 95%, afin de tenir
compte de pannes éventuelles ou arrêts pour maintenance sur ces moyens de production.
Le principe d’appel aux moyens hydrauliques est identique à celui des CCG : ces
moyens sont appelés afin de minimiser la demande résiduelle tant que celle-ci est positive.
Pour autant, étant données les contraintes hydriques sur le fonctionnement des ouvrages
hydrauliques, des limitations supplémentaires, spécifiques au fonctionnement de ces
ouvrages, ont été intégrées, afin de prendre en compte :
que 100% du parc hydraulique ne peut être mobilisable à un instant donné du fait
des opérations de maintenance, de pannes ou encore de restriction de l’utilisation
des ressources en eau ;
que les stocks hydrauliques se remplissent en fonction des apports en eau, et
donc des saisons, et se vident lors des périodes de fortes consommations, et
donc également avec des différences marquées entre les saisons ;
que pour des raisons de sécurité et de sureté le vidage complet des réservoirs
n’est pas envisageable dans le contexte de la production électrique.
Ainsi, en pratique, ces contraintes portent :
208 / 297
Moyens de stockage d’électricité
On peut noter que le modèle autorise la sollicitation d’import d’électricité (lorsque les
capacités d’import ne sont pas saturées) afin de remplir les STEP. Elles se révèlent ainsi
grandement utiles pour le passage des périodes contraintes.
Le fonctionnement de ces interconnexions est simplifié sous la forme suivante : une capacité
physique d’utilisation de 21GW en export et de 16 GW en import à l’horizon 2030 dont 80%
peuvent être utilisés. A titre de comparaison, la capacité physique d’échange avec les pays
voisins est aujourd’hui d’environ 15 GW en export et un peu plus de 9 GW en import dont 8
GW environ garantis57. Au cours de la vague de froid de l’hiver 2012, entre le 2 février et le
14 février, les interconnexions ont été utilisées en moyenne à un peu plus de 30% de la
capacité maximale physique, avec des pointes d’utilisation à près de 90%.
57
Bilan prévisionnel de RTE, pages 124-125 (2012)
209 / 297
v. Modélisation de la production d’hydrogène et méthanation
L’électrolyse de l’eau pour la production d’hydrogène a été implémentée dans l’outil
de modélisation comme contributeur à la consommation du surplus d’énergie. Cependant,
dans les présentes simulations à l’horizon 2030, aucune capacité d’électrolyse n’a été
considérée.
Nucléaire 6000 h
Les travaux de modélisation ont permis d’aboutir au mix présenté dans la section suivante.
Les figures suivantes montrent les courbes superposées des différents moyens de
production et de flexibilité et de la consommation pour deux années simulées. Elle montre
une surproduction en été qu'il est possible de traiter en premier lieu par les moyens
d'exportation puis si cela s’avérait nécessaire, par d’autres moyens (électrolyse,
déconnexion de production fatale,...).
210 / 297
Modélisation horaire des différents moyens de production sollicités pour couvrir la
consommation d'électricité en 2030 (équivalent année 2011-2012)
211 / 297
Modélisation des différents moyens de production sollicités pour couvrir la consommation
d'électricité en hiver 2030 (équivalent année 2009/2010)
212 / 297
Modélisation des différents moyens de production sollicités pour couvrir la consommation
d'électricité en hiver 2030 (équivalent année 2011/2012)
Avec ce mix et ce modèle, Il subsiste cependant des heures de l’année durant lesquelles, au
vu de ces contraintes économiques, aucun moyen de production ou de flexibilité ne serait
rentable pour répondre à la consommation (heures de très forte pointe quelques heures par
an). Lors de ces heures particulièrement contraintes, plusieurs options seraient
envisageables pour répondre à la demande et ainsi équilibrer le système :
Augmenter les capacités d’interconnexions (avec toutes les contraintes que cela
entraîne) et d’électrolyse (qui doivent toutefois fonctionner plus de 1000 heures par
an pour être rentables) ;
Electrolyser une partie de l’électricité produite pour l’injecter dans le réseau de gaz ;
Considérer d’autres formes de stockage, tel que le stockage thermique
intersaisonnier, qui pourrait absorber des surplus de production durant l’été et les
restituer sous forme de chaleur durant l’hiver ou encore le stockage thermique dans
les réseaux de chaleur qui représente une capacité de stockage potentiellement
importante ;
Diminuer la production nucléaire à certains moments (une limite basse du facteur de
charge du parc nucléaire à 50% est considéré dans le modèle, alors qu’aujourd’hui
ce facteur de charge peut descendre à moins de 40% à certaines heures), toutefois il
faut alors s’assurer que la rentabilité du parc est bien conservée ou bien trouver
d’autres mécanismes de rémunération ;
Délester une partie de la production renouvelable aux heures de pic de production ce
qui pourrait s’accompagner d’une compensation financière si cela s’avérait
nécessaire.
Voilà un exemple d’une journée d’hiver relativement rigoureuse heure par heure avec les
STEP ayant déjà été vidées les jours précédents :
214 / 297
Production un jour de l’hiver 2030
Enfin, il serait nécessaire de mener une étude statistique plus poussée sur un grand nombre
de courbes simulées de consommation, de production éolien ou encore PV, en considérant
plusieurs « scénarios » pour les contraintes sur les autres moyens de production, afin de
consolider les résultats du modèle. Rappelons que les résultats présentés ici ont été obtenus
en simulant des courbes de consommation « calquées » sur les profils de consommation de
trois périodes (1996/1997, 2009/2010 et 2011/2012) et un seul profil de production éolien/PV
(année 2011).
215 / 297
3.3.5. Bilan du scénario de l’ADEME pour le réseau électrique en 2030
Comme présenté au chapitre précédent, la coube de consommation électrique journalière
mensuelle type heure par heure résulte de l’agrégation de l’ensemble de ces scénarios
d’évolution de la consommation pour les différents secteurs. Il en découle une courbe de
consommation annuelle au pas horaire.
216 / 297
Par exemple, la production électrique du mix énergétique 2030 pour une année simulée est
la suivante :
Tant les défauts que les surplus résiduels de production peuvent être traités grâce à divers
moyens de flexibilité supplémentaires non considérés explicitement dans le modèle
(stockage autre que les STEP, effacement, moyens de pointe supplémentaires, arrêt
volontaire de production renouvelable, utilisation des capacités de stockage et de restitution
des batteries des véhicules électriques…). La rentabilité économique de ces moyens doit
être mise en regard de l’ensemble des moyens à disposition permettant soit de combler les
défauts résiduels, soit d’évacuer les surplus.
217 / 297
Sur la base du mix de production électrique présenté ci-dessus et des consommations
données dans le paragraphe précédent, l’ADEME a simulé la consommation et la production
d’électricité heure par heure en 2030, ce qui a notamment permis d’évaluer les besoins
d’imports.
Le contenu CO2 moyen du kWh obtenu avec ce mix électrique est d’environ 22gCO2eq/kWh,
soit une division par plus d’un facteur 3 par rapport à aujourd’hui.
3.4.1. Contexte
Les réseaux de chaleur constituent le seul moyen de mobiliser massivement des sources
d’énergie renouvelable tel que :
- La récupération de chaleur sur eau de mer/eau de lac/rivière et eaux usée pour une
utilisation collective.
Le nombre de réseaux en 2010 était de 450 dont 14 réseaux de froid, pour une longueur
totale de 3 625 km, une puissance totale installée de 17 086 MW et un prix au MWh à 61 HT
39% des réseaux utilisent au moins une source d’énergie renouvelable et de récupération
(EnR&R), et 26% des réseaux sont alimentés à 50% au moins par des EnR&R.
Le contenu CO2 moyen des réseaux de chaleur était de 0,195 kg/kWh, avec un bouquet
énergétique des réseaux de chaleur à 61% fossile (dont 44% gaz naturel) et à 31%
renouvelable et de récupération.
Bouquet énergétique global des réseaux de chaleur – Source : Enquête SNCU 2009
La clientèle des réseaux (en % d’énergie livrée) est à 57% résidentielle, à 36%
tertiaire (6% santé, 9% enseignement, 21% autre tertiaire) et à 6% industrielle.
La part du secteur des réseaux de chaleur et de froid dans la consommation finale en France
représente 5 à 6% de la chaleur consommée dans le résidentiel et tertiaire.
Dans certains pays d’Europe, essentiellement au nord et à l’est, les réseaux de chaleur
assurent une part bien plus grande des besoins de chauffage : 60% au Danemark, 95% en
Islande, 52% en Pologne, 50% en Suède et en Norvège par exemple. Ces différences entre
les pays s’expliquent en partie par les conditions climatiques et les ressources énergétiques
locales (comme en Islande, où l’abondance de la ressource géothermique permet aux
réseaux de chaleur d’atteindre un taux de pénétration de 95%), mais aussi et surtout par les
politiques menées par les différents pays en matière d’énergie depuis les années 70-80.
L’expérience du fonds chaleur entre 2009 et 2012 montre le caractère indissociable entre
réseaux de chaleur et chaleur renouvelable : 70% de la chaleur renouvelable en moyenne
(hors industrie, BCIAT) transite par des réseaux de chaleur (Source : bilan interne ADEME
secteur réseaux de chaleur 2009-2011)
Les textes règlementaires et les outils d’aides publiques considèrent comme « vertueux » un
réseau de chaleur (ou une extension de réseau) valorisant au moins 50% d’ENR et de
récupération.
Le réseau de chaleur offre également une stabilité des prix de vente de la chaleur livrée, le
lissage par rapport au prix des énergies fossiles étant d’autant plus important que le bouquet
énergétique EnR est élevé. La chaleur délivrée est directement utilisable par les usagers, et
la maintenance est centralisée.
Biogaz 55 60
L’ADEME envisage une montée des taux d’EnR de 50% à 75% pour les seuils d’incitations
fiscales existants (TVA, classement..) entre 2020 et 2030.
220 / 297
Il est inutile voire économiquement non viable d’envisager des productions 100% EnR sur
l’intégralité des réseaux de chaleur dès 2030, les solutions d’appoint hors EnR resteront
moins chères et permettront de diminuer considérablement l’investissement initial, qui reste
le principal frein au développement massif des projets.
Les réseaux de chaleur supportent souvent des travaux induits (revêtement de sols) qui
relèvent de l’aménagement urbain. Une solution serait de mutualiser en amont les coûts de
voirie avec les autres réseaux de distribution. Ceci suppose donc :
Le rythme de densification des réseaux existant est difficile à évaluer, il n’existe pas d’études
précises à ce sujet hormis l’enquête de branche. Cette densification reste cependant
inférieure au rythme de création et d’extension impulsé par le fonds chaleur mais devrait
monter en puissance si l’arrêté de classement est massivement utilisé par les collectivités : il
faudra donc accompagner cet arrêté et observer finement les demandes de classement.
221 / 297
3.4.4. Bilan du scénario de l’ADEME pour le réseau de chaleur en 2030
L’objectif pour le bouquet énergétique des réseaux de chaleur 2030 pourrait être un
taux de recouvrement moyen de 75 % par les EnR et R (des réseaux existants et à venir)
Rendement, pertes
Mtep Energie injectée Energie finale
et soutirages
Biogaz 0,4
UIOM 0,77
Total 8,9
Atteindre de tels taux permettrait d’avoir une baisse drastique du contenu CO2 des différents
puisqu’en moyenne ce dernier se situerait à moins de 50g CO2/kWh.
Rendements, pertes
Mtep Energie injectée Energie finale
et soutirages
Biogaz 3,9
Total 27,5
222 / 297
4. Scénario ADEME 2030 : bilan énergétique total
Nucléaire 56,1
Gaz naturel 23,7
Non
Pétrole 42,2
renouvelable
Charbon 5,1
Déchets 1,4
223 / 297
4.2 Bilan primaire par vecteur
Eolien 8,6
Hydroélectricité 4,1
PV 3,4
Nucléaire 56,1
Méthanisation 1,23
Réseau électrique UIOM 1,1 77,2
Bois énergie 1,19
Géothermie 1,0
Energies marines 0,4
Chaleur fatale* 0,5
Réseau de gaz* 3,6
Biogaz 3,9
Réseau de gaz 27,6
Gaz naturel 23,7
Méthanisation 0,4
UIOM 0,8
Chaleur fatale* 0,4
Réseau de chaleur Bois énergie 4,0 6,3
Géothermie 1,0
Solaire thermique 0,2
Réseau de gaz* 2,2
Biogaz 0,3
Bois énergie 10,1
Solaire thermique 0,8
Calories PAC
Géothermiques 1,5
Calories PAC
Usages directs 68,9
Aérothermiques 1,8
Biocarburants liquides 6,3
Ess/Dies/Jet 33,6
Autres PP 8,5
Déchets 0,9
Charbon 5,1
*non primaires, donc nom comptabilisés dans les sommes à droite
224 / 297
4.3 Consommation finale par vecteur et par secteur
Bilan
Industrie Résidentiel Tertiaire Transports Agriculture par
énergie
Réseau électrique 9,0 10,8 9,9 1,8 0,9 32,4
Réseau de gaz 8,9 8,2 3,4 0,0 1,0 21,5
Réseau de chaleur 0,3 3,4 2,7 0,0 0,0 6,3
Biogaz direct 0,3 0,0 0,0 0,0 0,0 0,3
Bois énergie 2,6 6,5 1,1 0,0 0,0 10,1
Solaire thermique 0,5 0,2 0,1 0,0 0,0 0,8
Calories PAC
0,0 0,8 0,8 0,0 0,0
Géothermiques 1,5
Calories PAC
Usages 0,0 1,8 0,0 0,0 0,0
Aérothermiques 1,8
directs
Biocarburants 0,0 0,0 0,0 3,0 0,0 3,0
Ess/Dies/Jet 0,0 0,0 0,0 31,0 0,3 31,3
Autres PP 5,7 0,8 0,6 0,0 0,8 7,9
Déchets 0,9 0,0 0,0 0,0 0,0 0,9
Charbon 5,0 0,0 0,0 0,0 0,0 5,1
Bilan par secteur 33,2 32,6 18,6 35,8 3,0 123
225 / 297
5. Scénario ADEME 2030 : émissions de gaz à effets de serre
1990 2030
CO2 CH4 N20 Total GES CO2 CH4 N20 Total GES
Industrie
Combustion 79,9 79,9 49,3 49,3
Process 25,2 23,6 48,8 21,2 2,6 23,8
Résidentiel principal
Combustion 67,2 67,2 18,5 18,5
Autres 4,3 0,9 5,2 5,5 1,0 6,5
Tertiaire
Combustion 28,7 28,7 8,1 8,1
Autres 0,0 0,0
Transports
Combustion 113,3 113,3 96,8 96,8
Autres 0,0 1,0 1,0
Agriculture
Combustion 8,7 8,7 5,5 5,5
Autres 51,6 36,6 88,2 33,8 30,3 64,1
Production d'énergie 62,1 6,8 68,8 19,4 0,1181 0,5254 20,0
Déchets 1,7 11,3 1,4 14,4 1,4 12,5 1,2 15,2
Solvants 1,8 1,8 1,0 1,0
Le scénario de l’ADEME permet donc une réduction de 40% des émissions de GES entre
1990 et 2030.
226 / 297
Partie C.
227 / 297
1. Méthodologie
1.1. Contexte de l’exercice de prospective à l’horizon 2050
L’objectif à atteindre en 2050 est ainsi fixé d’entrée : la division par quatre des émissions de
gaz à effet de serre sur le périmètre France. Des premiers impacts du changement
climatique sont pris en compte : les consommations de climatisation vont croissant, tout
comme les besoins en irrigation pour les cultures.
Le levier « social » ou « mode de vie » a également été mobilisé dans la mesure où, au vu
des expertises internes à l’ADEME, sur les sujets socio-économiques notamment, des
signaux faibles permettent de poser des hypothèses « normatives » raisonnables ou
audibles. C’est notamment dans les transports que ces changements de comportement sont
sûrement les plus significatifs. Aucune rupture technologique majeure n’est prise en compte.
La présentation des résultats est faite secteur par secteur comme sur 2030. Le contexte
n’est pas rappelé cependant (se référer aux chapitres correspondants dans la partie 2030
pour cela), ensuite la cible à atteindre est définie sur la base de la quantification des besoins
en services énergétiques à technologie donnée (par exemple surfaces de bureaux
climatisées par salarié) et le gain énergétique associé est précisé.
Ces exercices de prospectives ont rassemblé plus de 200 experts issus principalement des
entreprises et des laboratoires des différents domaines afin de partager des « visions »
communes sur ce que pourrait être le déploiement de différentes technologies ou options
organisationnelles dans les différents secteurs. Plus de 20 feuilles de route ont ainsi été
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réalisées afin d’identifier des scénarios de déploiement et les barrières qu’il convient de lever
au travers d’expérimentations soutenues par les IA.
Structure de
la population 24,8 / 24,1 53,8 / 45,9 4,9 / 5,3 16,6 / 24,7
2010/2050
La taille des ménages, paramètre important dans le besoin de logement, se réduit à 2,05
pers/ménages contre 2,31 aujourd’hui. Les tendances de décohabitation et de vieillissement
de la population ont été prises comme des évolutions de la société sur lesquelles il nous
semblait hasardeux de poser des hypothèses normatives.
2010 2050
Nombre de personnes
2,31 2,05
par ménage
Il est utile de préciser que la plupart des variables qui apparaissaient corrélées au PIB sur
l’horizon 2030 sont considérées ici avec plus de latitude. Le « découplage » est ainsi plus
systématiquement envisagé. A des horizons aussi lointains, continuer à lier certaines
variables au PIB ne fait plus sens. Le transport de marchandises par voie routière ou encore
la croissance des surfaces tertiaires sont deux exemples sur lesquels des hypothèses plus
en rupture ont été prises.
229 / 297
2. Une énergie moins gaspillée et mieux valorisée
2.1. Evolution du secteur du bâtiment et de l’organisation urbaine
Synthèse des principaux déterminants
- Rénovation
2 types de parc
.parc « ancien rénové » d’environ 27 millions de logements, qui consomme en moyenne 130
kWhep par m² et par an tous usages.
. parc « neuf » d’environ 9 millions de logements consommant en moyenne 100 kWhep par
m² et par an tous usages.
- Baisse de 20% des surfaces par employé dans le tertiaire et progression de la part des
employés dans des locaux climatisés.
Dans l’approche normative choisie pour 2050, il s’agit de définir à quel rythme
construire pour loger la population considérée (plus nombreuse et plus vieille qu’en 2010
pour résumer), et cela en tenant compte de paramètres de localisation, du choix de types de
logements (maisons individuelles, appartements) et des vecteurs énergétiques utilisés dans
ces logements.
Les outils à mobiliser seront multiple car la précarité énergétique touche des
ménages habitants dans des logements très hétérogènes. Pour les autres ménages, il s’agit
d’améliorer la qualité du bâti avec des filières professionnelles compétentes pour mobiliser
un savoir-faire nouveau.
Si l’organisation urbaine peut sembler très inerte, même à long terme (l’infrastructure de
bâtiment qui sera présente en 2050 est déjà construire au 2/3), c’est pourtant un des leviers
sur lesquels il faudra jouer pour permettre d’aboutir à des villes plus efficaces
énergétiquement et plus durables.
230 / 297
2.1.1. Les évolutions possibles de l’organisation de l’espace urbain
L’urbain d’aujourd’hui est à la fois marqué par un zoning fonctionnel et par une
ségrégation sociale, qui renvoie aux problèmes de répartition spatiale des groupes et des
individus.
Il n’y a pas de situation urbaine dans le monde où le fait ségrégatif n’apparaît pas,
jusqu’à parfois constituer un mode prégnant d’organisation. La ségrégation n’exclut pas que
les résidents s’intègrent dans des logiques de type réseau, via la mobilité : les habitants
vivent alors en même temps la ségrégation et la mobilité. Cette situation s’avère la plus
courante : la mobilité est d’ailleurs aujourd’hui principe de base de l’urbain (en même temps
que comme valeur sociale, politique, culturelle même).
Pour autant, beaucoup prennent conscience que le monde urbain est en passe de
changer, compte tenu de l’urgence environnementale. Ainsi, on voit poindre les premiers
impacts de la prise de conscience d’un impératif catégorique : agir en n’oubliant pas que
chaque acte est facteur d’un état de nature urbaine, dont la qualité ou l’indignité pèsera sur
l’habitabilité générale des lieux et des places.
Il y a des synergies possibles (ex : agora végétales), mais aussi des concurrences de
besoin d'espace (ex : toitures pour nature et/ou énergie). Plus d'espace doit être prévu pour
certaines fonctions dans un contexte de contraction de l'espace : il faut donc travailler sur
231 / 297
une réorganisation et une articulation entre ces fonctions au moins, et intégrer également
des réponses ou solutions technologiques et techniques.
Le vecteur électrique répond à 1/3 des besoins de chauffage, uniquement via des
technolgies PAC performantes.
Le reste des besoins de chaleur est comblé avec les réseaux de chaleur qui se
développent fortement en part (à 10%) et la biomasse (15%). Dans la construction neuve,
l’électricité et le gaz restent les deux vecteurs principaux avec une part respective de 37%.
Les faibles besoins de chauffage des logements neufs peuvent être couverts en utilisant le
vecteur air comme vecteur de distribution à la place d'un réseau de chauffage central
utilisant le vecteur eau. Il devient alors pertinent de coupler le chauffage par vecteur air et les
besoins de renouvellement de l'air hygiénique du logement.
- Chauffage ou préchauffage (sous forme vecteur air le plus souvent, mais également
sous vecteur eau)
233 / 297
Les consommations d’éclairage sont réduites drastiquement (-75%) à partir de l’usage de
meilleurs technologies disponibles et cela malgré une augmentation des points lumineux.
La cuisson est le seul usage thermique qui voit sa consommation globale croître pour des
raisons démographiques largement.
Enfin, la part des logements équipés de climatisation augmente fortement (la consommation
globale de climatisation étant multipliée par 6), afin de prendre en compte les effets du
changement climatique.
Il est rappelé qu’aucune technologie « indisponible » à ce jour n’est considérée à travers les
hypothèses précédentes.
58
Les données utilisées pour les années observées sont issues du CEREN ; celles-ci peuvent différer des
données SOeS (périmétres différents, méthodologie différente, etc.)
234 / 297
Evolution de la consommation énergétique totale dans les bâtiments résidentiels par
vecteur :
Une telle rupture repose toutefois sur des rythmes de construction qui restent importants,
notamment pour les bâtiments-hangars qui, tant pour leur performance énergétique que pour
leur qualité paysagère et environnementale, ont vocation à être démolis et reconstruits d’ici
2050.
La rénovation thermique permet des gains de 30%. Les gains sur les équipements thermique
et la mutualisation de certains équipements électroniques permettent des baisses de
consommation du même ordre de grandeur par employé.
Consommation
22,1 18,6 15,6
énergétique totale
Par vecteur :
La consommation totale du tertiaire diminue de plus de 40% en 2050 par rapport à 2010.
236 / 297
2.2. Evolution du secteur des transports et de la mobilité
Synthèse des principaux déterminants
- Mobilité totale constante par rapport à 2010, ce qui implique une baisse de l’ordre de 20%
de la mobilité individuelle. Les raisons de cette baisse sont multiples : télétravail, structure de
la population, urbanisme et infrastructure permettant d’optimiser les besoins en mobilité, etc.
- Marchandise : Retour au niveau des Gtkm de 2010 par d’importants efforts logistiques.
Si cela peut sembler suffisant pour améliorer significativement les technologies des
véhicules via deux renouvellements d’ici à 2050, nous faisons, dans notre scénario,
l’hypothèse que les technologies les plus prometteuses ne peuvent pas se développer
« toutes choses égales par ailleurs ».
Pour faire simple et caricatural, il ne suffit pas d’électrifier tout le parc automobile d’ici
2050 car pour remplacer le 1er véhicule du ménage, l’autonomie du véhicule électrique n’est
pas suffisante, et pour remplacer le 2ème véhicule, son prix d’achat est trop important.
Cette dynamique, déjà longuement évoquée dans la partie 2030, est supposée être à
plein régime en 2050, avec un rôle déterminant sur le parc de véhicules et les types de
motorisations.
237 / 297
Dans un contexte où la population sera vieillissante, la ville promue par l’ADEME est une
ville des proximités, plus dense mais surtout plus accessible.
Les opportunités sont plus proches, tant pour l’emploi et le logement que les loisirs ; les
services de livraison et d’e-commerce sont pleinement opérationnels, largement utilisés et
présentent des alternatives environnementales intéressantes. Les solutions techniques (TIC,
vidéoconférence…) permettant de réduire les déplacements subis sont nombreuses et
disponibles.
Des gains importants sont également attendus grâce à une approche systémique de la
mobilité et de l’organisation de la ville : diminution des volumes de déplacements subis
(notamment domicile-travail) grâce à un urbanisme limitant la trop grande dispersion de
l’habitat, au développement des « éco-centre » permettant le télétravail de proximité…
Il est rappelé à titre illustratif qu’une journée de télétravail par semaine représente près 20%
de déplacement domicile-travail en moins, et une congestion diminuée d’autant sur les axes
routiers et aux heures de pointes de transports collectifs. Ce constat est certes valable sur
les trajets domicile-travail seulement, mais ces trajets sont structurants pour les
déplacements individuels subis.
L’ensemble des ces éléments conduisent à une hypothèse de baisse de la mobilité par
personne de 20%.
Dans la vision développée, l’hypothèse d’une réduction de la mobilité individuelle (pour des
raisons d’évolution de la structure démographique, du développement du télétravail, d’une
organisation urbaine plus fluide, etc.) n’est donc pas une contrainte qui vient peser sur les
citoyens mais une maîtrise des déplacements retrouvée par les usagers et, surtout, une
diminution des déplacements subis.
L’hypothèse retenue est qu’un véhicule serviciel « remplace » environ trois véhicules
individuels.
A l’horizon 2050 on peut espérer une sensible réduction des consommations énergétiques
unitaires des véhicules grâce aux progrès technologiques et à une meilleure adaptation des
véhicules à leur usage : optimisation du rendement des moteurs (injection rapide,
238 / 297
amélioration des batteries…), optimisation de la gestion de l’énergie à bord du véhicule,
allègement des structures par l’utilisation de matériaux composites.
C’est la synergie de ces solutions technologiques qui pourra permettre une évolution radicale
de la performance du système de transports.
Longue
Urbain Périurbain
distance
239 / 297
2,2 1,2 millions 35 22
Total Parc 2 millions 35 millions
millions millions millions
Le champ d’innovation technique est large et porte à la fois sur les véhicules
(catégorie, carburant), les infrastructures (partage et aménagement de la voirie), le système
d’information (géolocalisation, information en temps réel et bases de données d’informations
sur les différents modes de transport), la tarification (billettique adaptée à l’ensemble des
modes de transport), etc.
Il est nécessaire de renouveler une fois l’ensemble du parc complet d’ici 2050 pour
atteindre une telle performance, ce qui apparaît en phase avec les durées de renouvellement
observées.
Sur grandes distances, le volume de marchandises transporté par la route pourra se réduire
fortement, d’une part grâce à la croissance des autres modes, mais également en menant
une politique volontariste concernant :
240 / 297
Route 340 397 262
Ferré 34 50 100
Fluvial 8 12 20
Il est donc possible de sortir du pétrole dans le secteur des transports en profitant du vecteur
gaz, qui se décarbone progressivement (via l’introduction de biogaz et d’hydrogène
notamment, dans des proportions limitées mais déjà significatives).
En ville, le véhicule urbain adapté aux livraisons, en porte à porte, dans un environnement
avec une grande densité pourra laisser une large place aux vecteurs électriques et gaziers.
L’option hydrogène est probablement à conserver dans le panel des technologies possibles
pour 2050. Sa part de marché n’est pas directement chiffrée dans l’exercice de prospective.
Consommation
44,0 35,8** 15,0**
totale
Par vecteur :
241 / 297
Biocarburants* 2,4 3,0 27
Ess/Dies/Jet 40,5 31,0 0,0
Autres PP 0,0 0,0 0,0
Déchets 0,0 0,0 0,0
Charbon 0,0 0,0 0,0
44,0 35,8** 15,0**
* : il est exclusivement question de biocarburants liquides
** : la consommation énergétique affichée ici comptabilise la valeur énergétique consommée et ne
prend pas en compte de multiples comptages (comme prévu dans la directive EnR pour certaines
catégories de biocarburants par exemple).
242 / 297
2.3. Evolution du secteur de l’alimentation, de l’agriculture et de
l’utilisation des sols
Synthèse des principales hypothèses
Besoins croissants en irrigation en raison du changement climatique : +30% (ce qui est
moins que les besoins tendanciels attendus)
2.3.1 Méthodologie
En 2011, une étude59 a été conduite par l’ADEME et le MAAF pour identifier des trajectoires
envisageables afin d’atteindre le facteur 4 d’ici à 2050 sur le secteur agricole, en lien avec la
forêt.
59
« Agriculture et facteur 4 », étude ADEME-MAAF, juillet 2012, réalisée par Solagro-ISL et Oréade-Brèche
243 / 297
Trois trajectoires contrastées, présentant des ruptures fortes par rapport aux systèmes
actuels et choisies pour leur intérêt pédagogique, ont été étudiées au travers d’un modèle
physique. Une analyse des résultats sur les possibilités de réduction des émissions de GES
a été réalisée, suivie d’une analyse qualitative des autres impacts environnementaux et
socio-économiques potentiels. L’enjeu de cette étude n’était pas de prévoir des évolutions
mais d’analyser différents scénarios, dans le but d'analyser les liens entre des variables et
de fournir des évolutions possibles du secteur.
Sur la base de ces travaux préparatoires et des réflexions associées, l’ADEME a élaboré un
scénario qui lui est propre pour l’agriculture et la forêt, à l’horizon 2050. Le modèle physique
MOSUT60 de Solagro, décrit ci-après, a été utilisé pour l’équilibre des flux matières, à partir
des hypothèses du scénario. Les différentes entrées et sorties ont été mises en cohérences,
de manière itérative, avec les autres secteurs économiques de façon à obtenir un scénario
général cohérent.
Fonctionnement général du modèle MoSUT
Le modèle utilisé est basé sur des flux matières et n’inclut pas de données socio-
économiques. L’agriculture est considérée comme un système où un équilibre doit s’établir
entre : la consommation nationale et l’exportation et l’offre (i.e. la production nationale et
l’import). Dans le modèle, la consommation alimentaire nationale détermine le volume de
production végétale et animale nécessaire pour nourrir la population française (estimée à 72
millions d'habitants en 2050, contre 67 millions en 2010). A ces besoins viennent s’ajouter
les exportations de produits agricoles et se déduire les importations pour estimer le volume à
produire par la « ferme France ». La production agricole nationale est caractérisée par des
modes de production. Par ailleurs, le volume à produire par le secteur agricole français
permet d’estimer l’assolement nécessaire à la couverture de ces besoins (alimentaire et
solde import/export) et le potentiel de terres pouvant être affecté à d’autres usages, en
particulier à la production d’énergie renouvelable. La forêt est également modélisée, mais de
manière simplifiée par rapport à la production agricole, pour estimer la production de bois et
son rôle de puits de carbone. Ainsi, la dynamique des surfaces forestières et des modes de
production sylvicoles n’est pas appréhendée en détails.
L’assolement de la ferme France (avec les pratiques agricoles liées) et les peuplements
forestiers sont paramétrés dans l’outil CLIMAGRI® pour calculer les consommations
d’énergie, les émissions de GES, le stock et les variations de stock de carbone.
60
MOSUT : Modèle Simplifié d’Utilisation des Terres agricoles, développé par Solagro et également utilisé pour
la modélisation du scénario Afterres 2050 de Solagro.
244 / 297
Figure 1 : Fonctionnement du modèle
Indicateurs
environnementaux
Emissions GES
L’hypothèse est faite d’une évolution probable et simultanée des régimes alimentaires
nationaux et européens, ainsi que de la demande mondiale, susceptibles d’influer fortement
sur la demande en produits agricoles originaires de France, en fonction également de la
capacité ou non des pays à répondre à leur propre demande intérieure. Par ailleurs, les
hypothèses du niveau de consommation interne en biomasse (à visée énergétique
notamment) sont également structurantes.
Si les deux exercices (2030 et 2050) ont été conduits séparément, l’ensemble des
hypothèses structurantes détaillées sur la vision 2030 sur l’agriculture et la forêt sont
reprises et amplifiées à l’horizon 2050 (mais ne sont pas détaillées dans cette partie du
rapport). Certains leviers, non évoqués à cette première échéance car encore marginaux ou
faiblement développés, deviennent des axes structurants de la vision 2050.
245 / 297
2.3.2.a. Vision de l’ADEME sur l’évolution des besoins alimentaires
De ce fait, le scénario envisagé mise sur la prépondérance de politiques visant à améliorer la
santé des français (notamment : lutte contre l’obésité et maladies cardio-vasculaires), sans
dégrader leur qualité de vie et notamment les aspects gastronomiques de l’alimentation :
qualité et diversité des aliments consommés, en misant sur la sobriété dans la
consommation de certains aliments (mais pas leur suppression).
Une étude portant sur les « impacts environnementaux et la qualité nutritionnelle des
consommations alimentaires en France »61, faisant suite à celle sur l’ « impact carbone des
régimes alimentaires », confirme ainsi le poids GES des protéines animales dans la
composition de l’assiette moyenne. Cette étude met également en évidence plusieurs
stratégies de substitution possible d’une partie des protéines animales, en conservant un
61
« impacts environnementaux et la qualité nutritionnelle des consommations alimentaires en
France », étude INRA co-financée par l’ADEME, 2013.
246 / 297
équilibre alimentaire optimal, et identifie des typologies de régimes existants permettant de
concilier santé et environnement.
Par exemple, l’étude met en évidence que si la viande est remplacée par des fruits et
légumes, dès lors que les apports caloriques sont maintenus, le gain GES est proche de
zéro voire négatif. Si la viande est remplacée par des céréales et féculents, le gain GES est
de 4% pour une réduction de 20% de la consommation de viande, et de 8,5 % si la
consommation de viande (hors volaille) est limitée à 50g/j/pers.
Concernant les produits laitiers, des débats existent sur la quantité « optimale » à ingérer, le
facteur limitant étant les besoins en calcium provenant de produits laitiers. Actuellement, le
besoin nutritionnel en calcium est estimé à 900mg/jour pour un adulte, dont 400mg en
provenance de produits laitiers (les autres principaux apports venant des eaux minérales,
des céréales, des légumes). La difficulté d’estimer une valeur cible « basse » pour le calcium
d’origine laitière (200mg selon certains experts) provient du fait que l’assimilation du calcium
est différente selon sa source (ainsi, le calcium laitier est très bien assimilable par
l’organisme), mais aussi fonction des autres aliments ingérés. Au-delà du simple impact GES
du lait dans un régime (par lait on entend l’ensemble des produits laitiers), cette question est
en réalité bien plus structurante. De fait, la consommation de produits laitiers peut devenir le
principal déterminant du besoin de cheptel bovin.
L’assiette recomposée pour les français en 2050 est donc la suivante (en g/jour/personne) :
247 / 297
iv. Hypothèses retenues pour le commerce extérieur
Dans une optique de développement durable, plusieurs contraintes complémentaires ont été
proposées en 2050 :
- la capacité de la France à nourrir sa population : la France doit globalement
maintenir sa capacité à se nourrir elle-même, voire l’améliorer, de façon à éviter la
délocalisation des activités de production et de faire porter à d’autres pays le poids
(notamment GES) de notre consommation
- le maintien d’un certain niveau d’export : compte tenu de notre capacité exportatrice
actuelle, liée à des terres favorables à l’agriculture, plusieurs options sont possibles :
- le maintien des quantités produites à l’export
- le maintien d’une capacité nourricière globale à l’export, éventuellement en
hausse pour tenir compte de l’évolution de la population mondiale (en Kcal par
exemple), en recomposant la « ration » au regard des évolutions alimentaires
probables ou souhaitables.
- la limitation de l’export aux terres disponibles une fois la demande interne en
biomasse (à visée énergétique notamment) satisfaite.
248 / 297
2.3.3.b. Vision de l’ADEME sur les modes de production agricole et le cheptel
Les systèmes de production agricole évoluent vers des pratiques plus écologiques tout en
restant dans une logique de maintien d’un fort niveau de productivité.
Les modèles agricoles proposés par une plus forte diversité, nécessitent plus de
compétences et de technicité des agriculteurs en agronomie pour valoriser au mieux les
ressources naturelles, l’équilibre des écosystèmes, et les moyens naturels de lutte contre les
nuisibles. Cela constitue, de fait, un changement de modèle important par rapport au
système actuel, qui nécessitera un accompagnement en terme de formation, de gestion du
changement et des risques associés, mais également de l’ensemble des filières qu’il
s’agisse des fournisseurs de matériel, d’intrants ou des transformateurs de matière première.
Les hypothèses techniques des systèmes de production ne sont pas développées dans ce
rapport, mais disponible dans l’étude F4.
Les grands principes des évolutions des productions végétales, ont été décrits dans la vision
2030. Le mouvement initié sur cette première période s’amplifie.
Au-delà des trois grands « types » de culture présentés, la réalité envisagée sur le terrain
serait plutôt une grande diversité de systèmes déclinant l’ensemble des nuances et
combinaisons possibles, pour tenir compte des conditions pédo-climatiques, de la sensibilité
des milieux, des enjeux économiques propres à chaque territoire et des innovations portées
par les agriculteurs.
Pour la production intégrée, on fait par exemple l’hypothèse d’une diminution de rendement
de 10% à 20% selon les cultures, une diminution d’intrants et de consommation de fioul
(50l/ha) et d’une augmentation de stock de carbone dans les sols de 0,2 tC/ha/an, par
rapport aux systèmes conventionnels actuels. Compte tenu de l’évolution probable du climat,
une augmentation des surfaces irriguées a été envisagée en grande culture à hauteur par
exemple de 25% pour les principales céréales.
249 / 297
Concernant les serres, une réduction de 75% des consommations énergétique est proposée,
en raison en première approche des gains d’efficacité énergétiques très importants portant
sur le développement des nouvelles technologies et de l’évolution des systèmes de
production.
Concernant la filière bovine, les choix effectués visent à optimiser la valorisation des prairies
en évitant les retournements, notamment dans les zones de montagne, et ce malgré une
légère intensification de la production. De fait, les évolutions de la consommation conduisent
à une division par deux des effectifs bovins. Ce résultat pourrait être amené à évoluer
ultérieurement dans le cadre de l’actualisation de cette étude, en prenant en compte d’autres
déterminants comme l’évolution des connaissances des systèmes de production agricole ou
une prise en compte plus en fine des exportations.
L’évolution du stock de carbone est également suivie afin de permettre une cohérence
globale du scénario, un gain significatif des stocks de carbone est observé en raison des
changements de pratiques favorables.
250 / 297
Estimation des gains de carbone annuel dans les sols
Total sols
Surface
Sols agricoles
Gain (MtC/an) agricole
forestiers et
utile
forestiers
ADEME 2050 1,3 0,925 2,225
Consommation
4,0 3,0 3,0
énergétique totale
En résumé, les points positifs du scénario étudié montrent qu’il est possible de maintenir un
haut niveau de production et le solde d’exportation (en bilan énergétique) de l’agriculture
française, tout en réduisant de manière importante la consommation d’énergie (-38%) et les
émissions de GES (-50%). L’orientation des systèmes de production agricoles permet par
ailleurs d’augmenter le stock de carbone dans les sols compatibles avec un objectif de la
préservation de leurs qualités. La production d’énergie se trouve également augmentée
grâce notamment au développement de l’agroforesterie, la plantation de haies et la
généralisation de la méthanisation.
251 / 297
Ce scénario comporte également des limites non résolues qui nécessiteront une révision des
hypothèses. Même si l’augmentation de l’irrigation est contenue par rapport aux hypothèses
tendancielles, la consommation d’eau est estimée en 2050 à +30% en raison principalement
de l’impact du changement climatique qui impose l’irrigation de nouvelles cultures. Ce
résultat semble difficilement compatible avec l’évolution prévisible de la ressource en eau.
Par ailleurs, comme pour les autres secteurs, les hypothèses d’exportation n’ont pas été
abordées finement et en particulier la question des exportations des produits animaux. Si le
scénario souligne que pour des raisons de santé et environnementales, une certaine
évolution des régimes alimentaires de la population française est attendue, l’impact sur les
productions agricoles pourrait être nuancé par l’évolution des exportations.
Rappelons également que les estimations des GES en agriculture sont entachées de fortes
incertitudes sur les facteurs d’émission et que les résultats ne donnent donc que des ordres
de grandeur. Par ailleurs, la diversité des systèmes de production n’a pas pu être abordée
dans sa globalité et des hypothèses plus fines sont envisageables. Le scénario agriculture
est une base de travail permettant de chiffrer une première série d’orientation qu’il faudra par
la suite affiner et voir modifier au regard des nombreux travaux sur le sujet.
252 / 297
2.4. Evolution du secteur de la production industrielle
Il convient tout d’abord de préciser qu’aux horizons qui nous intéressent ici, la distinction
classique industrie/services est surement de moins en moins pertinente. Les processus
d’externalisation des activités de services des industries, l’essor de l’investissement
immatériel en particulier en Ret D et publicité et le déploiement de logiques industrielles dans
des secteurs de services, rend les frontières d’activités entre l’industrie et les services de
plus en plus floues. Autant parler de m2 d’habitations, de kms à parcourir peut être proposé
sur des bases tangibles, autant parler de productions industrielles à si long terme a moins de
sens. Tel que Gilles le Blanc le suggère « La combinaison de plus en plus étroite des offres
de biens et de services, l'évolution des métiers associés, l'extension des logiques
industrielles en dehors des secteurs historiques, imposent aujourd'hui une vision renouvelée,
élargie, cohérente de l'industrie, à la fois pour apprécier son rôle véritable dans notre
économie et pour construire des politiques publiques efficaces, adaptées à un
environnement concurrentiel globalisé »62.
La vision ADEME s’inscrit dans une trajectoire où les deux piliers sur lesquels une industrie
importante peut prendre place en France demain sont :
- les marchés nouveaux qui peuvent apparaître sur le territoire autour des questions
des loisirs, de la santé, de l’accès aux biens de première nécessité, du vieillissement, de
l’énergie, de l’environnement et des loisirs. L’approche de la production sera
systématiquement pensée en termes d’écoconception favorisant la réutilisation et le
recyclage des produits.
62
Gilles Le blanc, Constructif 2008, N°20
253 / 297
On se situe dans une perspective où l’âge de la production massive semble devoir être
révolu tant pour des questions de solvabilité de la demande que de durabilité du système en
termes de prélèvements des ressources. En outre, le territoire redevient une notion
centrale, notre vision du futur industriel réside dans une adaptation de la production aux
territoires, à ses spécificités (climatiques, urbanistiques, démographiques, agricoles,
hydrographiques, minières, etc.) et non plus dans la standardisation d’un objet de masse à
l’ensemble de consommateurs.
- Les effets de structure sont difficiles à appréhender sur des horizons aussi longs ;
Tout comme pour 2030, l’évolution de la production physique prise pour 2050 est très
ambitieuse, afin de montrer qu’il est possible de réaliser un scénario Facteur 4 en préservant
un outil industriel sur le territoire national :
Pour ce faire, aller vers l’économie d’usage (de la fonctionnalité) est une piste intéressante.
L’économie d’usage est plus vertueuse car elle permet de mieux contrôler le recyclage et le
rythme de renouvellement. Les approches fonctionnelles intègrent l’éco-conception de biens
et services plus économes en ressources, moins polluants et contribuant au progrès
sanitaire et social, mais également les modes d’organisation et d’échanges basés sur
l’usage de la fonctionnalité des produits ou des procédés (location, partage, coopération
d’habitation et de manière plus générale toute offre qui privilégie l’usage plutôt que l’acte
d’achat).
Il est également possible, de produire des choses moins complexes (concept de low
technology) et d’optimiser la durée de vie des produits . Des produits ou des matériaux
moins complexes et moins diversifiés permettent un meilleur potentiel de recyclage.
Il est probable également que la fabrication additive (Imprimante 3D) amènera des
ruptures sur les consommations unitaires.
Dans le scénario 2050 imaginé par l’ADEME, on propose pour tendre vers une économie
circulaire de :
. de systématiser les synergies entre sites industriels diminuant les pertes ressources
et énergie dans des dynamiques d’écologie industrielle
En 2050, l’industrie devrait reposer sur la biomasse, sur ce que l’on a en sous-sol ainsi que
sur le recyclage. Sur ce point il faudra regarder les ressources disponibles ainsi que le
potentiel de recyclage.
255 / 297
En effet, il nous a semblé très difficile de faire des hypothèses précises sur les gains
d’efficacité énergétique pour l’industrie à l’horizon 2050, les évolutions de structure et de
process à cet horizon pouvant être drastiques.
Consommation 26,7
énergétique totale 36,5 33,2
Matériaux non
4,56 4,6 4,3
métalliques
Industrie
5,21 2,9 2,1
agroalimentaire (IAA)
Mines et
2,35 2,6 3,1
construction
256 / 297
Evolution de la consommation énergétique de l’industrie par vecteur (pour 2010, les chiffres
varient selon les sources) :
257 / 297
2.5. Scénario ADEME 2050 : bilan total de la consommation énergétique
2010 2030 2050
TOTAL 151 123 82
Par secteur :
Par vecteur :
Le scénario 2030 est globalement en ligne avec la vision normative 2050 sauf sur le secteur
des transports, où les premières évolutions systémiques (véhicule électrique, autopartage,
etc.) décrites sont attendues au cours de la décennie 2020 et ne produisent donc pas encore
suffisamment d’effets en 2030. D’un point de vue purement comptable, l’effort de 30 Mtep
d’efficacité énergétique réalisé en 2030 devrait être accru d’environ 12% pour réaliser la part
« Maitrise de l’énergie » de l’objectif Facteur 4, la quasi-totalité des gains devant être faits
dans le secteur des transports.
258 / 297
Toutefois, l’objectif Facteur 4 étant un objectif en termes d’émissions de CO2, nous verrons
dans la partie offre énergétique que l’effort réalisé sur la maitrise de la consommation permet
de libérer des marges de manœuvres en termes d’énergies renouvelables, mettant la vision
proposée en première partie sur une ligne cohérente avec le Facteur 4.
259 / 297
3. Ressources énergétiques durables : vers l’indépendance
énergétique et la neutralité environnementale
3.1 Méthodologie
L’enjeu a été rappelé à maintes reprises au cours du document : sortir l’économie française
d’une situation de vulnérabilité où 70,7 milliards d’euros sont consacrés annuellement à
l’achat de combustibles fossiles avec très peu de retombées internes au territoire. Et sortir
d’une situation de vulnérabilité énergétique où l’énergie consommée est aujourd’hui
principalement importée, avec notamment des risques importants sur ces importations de
pétrole et de gaz en termes de rupture d’approvisionnement ou de brutale hausse des prix.
La méthodologie retenue se base sur les gisements techniques encore disponibles en 2030.
Entre 2050 et 2100, le changement climatique peut avoir un impact relativement important
sur certaines ressources (modification des régimes de vents, baisse de la pluviométrie…).
Les scénarios ont cependant des plages d’incertitude assez larges, notamment pour 2050.
Aussi, le changement climatique vient-il la plupart du temps neutraliser des augmentations
de productibles qui seraient liées à l’amélioration des technologies.
3.2.1 Biomasse
Le gisement de biomasse disponible est calculé par bilan des surfaces et productions
disponibles hors consommation alimentaire, et, si besoin, réaffectation de terres libérées.
Biomasse méthanisation - 6 9
Des secteurs industriels pouvant porter à moyen terme (à partir de 2020) le développement de ces
filières ont été identifiés en croisant leurs intérêts en termes de plan de développement, de surfaces
disponibles à proximité des zones industrielles concernées pour la culture des microalgues en
photobioréacteurs et en bassins ouverts, et la compatibilité potentielle des effluents en quantité et
qualité.
- Chimie/Raffinage/Pétrochimie
- Alimentation animale
GrDF a réalisé une estimation prospective du potentiel de biométhane injectable produit à partir de
microalgues valorisant du CO2 et des effluents industriels. Si en 2020, le potentiel serait relativement
63
Biométhane de microalgues – Evaluation du potentiel de production en France aux horizons 2020 et 2050.
GrDF- Février 2013.
261 / 297
faible (hors mobilisation des surfaces supplémentaires, principalement des terres agricoles en
jachère), ce potentiel pourrait atteindre de l’ordre de 4,4 Mtep en 2050.
3.2.2 Hydroélectricité
A un horizon long terme (2050), les impacts du changement climatique pourraient se
traduire par une modification notable de la ressource hydro-électrique :
- Baisse notable des précipitations et donc des vitesses de remplissage des barrages
ou du débit des cours d’eau (entre 5 et 10%).
3.2.3 Eolien
Le gisement technique identifié pour l’éolien est très important : 215 GW terrestre et 56 GW
pour l’éolien offshore posé.
Il est probable que les machines en place soient remplacées par des machines plus hautes
et de plus grande puissance, qui, soumises à des vents plus réguliers produiront plus et de
façon plus lissée.
Concernant l’éolien marin, seule une partie du parc devra être renouvelé d’ici à 2050. Face
aux limites de l’éolien offshore posé (profondeur des fondations limitées à 40-50mètres,
conflits d’usage aux abords des côtes), la technologie de l’éolien flottant devient mature pour
un déploiement commercial à partir de 2030. On considère que 10 GW d’éolien flottant
seront installés, notamment en méditerranée.
262 / 297
En terme de productible, le changement climatique est susceptible de modifier les régimes
de vents. Les nouveaux parcs ne seront donc pas nécessairement installés sur les mêmes
emplacements sur les parcs qui arriveront en fin de vie et seront démantelés. Les facteurs
de capacité retenus sont les mêmes qu’en 2030 (20% pour le terrestre, 35% pour l’offshore).
3.2.4 Photovoltaïque
A l’horizon 2030, le gisement relatif aux centrales au sol sera complètement exploité. Le
potentiel restant des grandes toitures sera de l’ordre de 68 GW (101-33).
Il est difficile de prévoir l’évolution des rendements modules et systèmes PV après 2030. A
l’horizon 2040, les technologies classiques silicium cristallin et couches minces auront atteint
leur rendement maximal64. Mais d’autres technologies de modules haut rendement intégrant
des dispositifs avancés (concept multispectral, nanocristaux de Si ou autres, piégeage
optique) seront probablement viables d’un point de vue économique avant 2040 avec des
rendements systèmes supérieurs à 30%.
A partir de 2030, la filière photovoltaïque est compétitive quelque soient les technologies et
les secteurs d’application, en France. Les modules photovoltaïques se seront banalisés
dans le secteur du bâtiment et devenus des composants de construction diffusés à grande
échelle.
Si cristallin 14,0% 15,1% 16,7% 17,8% 20,7% 24,0% 24,3% 24,7% 25,0%
Couches
minces 11,0% 11,9% 13,5% 14,3% 15,0% 15,8% 16,8% 17,4% 18,0%
64
Strategic Research Agenda for Photovoltaic Solar Energy Technology – Edition 2, 2011.
263 / 297
Le développement des installations PV après 2030 dépendra essentiellement de la capacité
du réseau électrique à intégrer cette source d’énergie fluctuante. Le recours aux
technologies de prédiction de production, le développement des interconnexions, la mise en
œuvre du stockage, et la baisse du prix des systèmes PV devraient permettre d’atteindre à
l’horizon une puissance PV installée cumulée de l’ordre de 65 GW. A compter de 2030, les
systèmes PV de moyenne et forte puissance seront installés en grande majorité sur des
grandes surfaces de toitures.
Photovoltaique 3,3 33 65
3.2.6 Géothermie
A l’horizon 2050, le point marquant concerne la multiplication des opérations de géothermie
pour un usage industriel :
- Opérations de froid industriel, offrant des meilleurs COP que les solutions
aérothermiques
265 / 297
3.2.7 Energies marines
En 2050, le potentiel français hydrolien est intégralement exploité, soit une contribution de 10
TWh/an pour 3 GW de capacité installée, sur les 4 zones du Raz Blanchard, Raz de
Barfleur, Passage du Fromveur et sur les Héaux de Bréhat.
Enfin, des fermes offshore hybrides permettent de mutualiser les investissements pour le
raccordement électrique et pour les opérations de maintenance (ex : houlomoteur / éolien ou
houlomoteur / hydrolien).
Hydrolien - 1 3
Houlomoteur - 0,2 10
L’énergie thermique des mers n’est pas comptabilisée en raison de son implantation
outremer.
266 / 297
3.3. Bilan de la production d’énergie
Toutefois, une caractéristique importante de tout réseau électrique fortement alimenté par
des EnR variables sera la forte sur-capacité installée. Les deux conséquences majeures sont
les forts surplus de production à certains moments (posant la problématique de leur
valorisation), et les moments de contraintes inverses (pas assez de production).
267 / 297
Dans ce contexte, les éléments qualitatifs suivants peuvent être mentionnés :
Contribution de l’hydrogène à une production d’électricité décentralisée
performante
Dans un contexte de production d’électricité décentralisée (dans les bâtiments résidentiels et
tertiaires, dans l’industrie), les piles à combustible (gaz naturel, biogaz) joueront
probablement un rôle important. Les rendements électriques (50 à 60%) et la température de
fonctionnement élevés – facilitant sa valorisation – en font une technologie bien adaptée aux
futurs usages.
De manière quantitative, la place des piles à combustible stationnaires dépendra du contexte
d’évolution des bâtiments ainsi que de l’avenir du vecteur gaz naturel. Si à l’horizon 2030, le
parc des appareils installés comprendra peu de piles, on peut néanmoins envisager une
introduction significative des appareils sur le marché à cette échéance, de l’ordre de
quelques dizaines de milliers d’unités installées par an (en 2012, on compte 10 000 unités
installées au Japon et 1 000 unités en Allemagne).
Contribution de l’effacement et du pilotage de la demande
L’effacement diffus se généralise mais les capacités d'effacement sont moindres, notamment
en raison des progrès faits sur les besoins de chauffage. Toutefois, les solutions de pilotage
de la demande se sont généralisées et permettent de lisser la courbe de charge.
Développement du stockage et des interconnexions
Une hypothèse assez conservatrice serait de retenir une capacité d’interconnexion de 25
GW, soit la même croissance qu'entre 2016 et 2020. La prise en compte des technologies
supergrids permettrait probablement de donner des chiffres plus ambitieux. L'ENTSOE,
propose par exemple, dans un scénario 80% EnR en 2050, plus de 100 GW d'interconnexion
pour la France, dont 47 GW avec l'Espagne.
268 / 297
Rendement, pertes
Mtep Energie injectée Energie finale
et soutirages
Biogaz 0,4
UIOM 0,7
Réseau de gaz 0
Total 7,9
269 / 297
Rendements, pertes
Mtep Energie injectée Energie finale
et soutirages
Biogaz 6,8
BtG 6,3
Total 27
270 / 297
4. Bilan énergétique total
A l’horizon 2050, le mix énergétique proposé permet de limiter la part des énergies fossiles à
environ 25%.
Si les technologies à fort risques environnementaux, à incertitude technique élevée ou sans
acceptabilité sociale ne sont pas considérés comme centrales en 2050, ce n’est pas que ces
technologies sont durablement à bannir, mais il s’agit de savoir ce que l’on peut envisager de
faire « sans elles ».
Selon les choix de société (recherche, préservation ressources, environnement, risques…)
qui seront faits, ce seront autant de leviers supplémentaires qui pourront être mobilisés. Leur
intégration massive pourrait bouleverser certaines logiques et cohérences du scénario 2050
proposé mais il s’agit d’abord de les voir comme des leviers complémentaires.
271 / 297
4.2 Bilan primaire par vecteur
Biogaz 6,8
BtG 6,4
Réseau de gaz 25,0
Hydrogène* 2,0
Gaz naturel 11,9
Méthanisation 0,4
UIOM 0,7
Chaleur fatale* 0,5
Réseau de chaleur Bois énergie 3,8 7,4
Géothermie 2,3
Solaire thermique 0,2
Réseau de gaz* 0
Biogaz 0,3
Bois énergie 4,6
Solaire thermique 1,6
Calories PAC
Géothermiques 1,8
Usages directs Calories PAC
Aérothermiques 2,4 28,2
Biocarburants
liquides 6,8
Ess/Dies/Jet 0
Autres PP 5,9
Déchets 0,8
Charbon 4,0
*non primaires, donc non comptabilisés dans les sommes à droite.
272 / 297
4.3 Consommation finale par vecteur et par secteur
Bilan
Industrie Résidentiel Tertiaire Transports Agriculture par
énergie
Réseau électrique 7,5 9,1 10,3 5,0 0,9 32,8
Réseau de gaz 5,9 3,9 1,02 7,3 1,2 19,4
Réseau de chaleur 0,2 3,2 2,0 0,0 0,0 5,4
Biogaz direct 0,3 0,0 0,0 0,0 0,0 0,3
Bois énergie 2,0 2,1 0,6 0,0 0,0 4,7
Solaire thermique 0,5 0,5 0,6 0,0 0,0 1,6
Calories PAC
0,0 0,8 1,1 0,0 0,0
Géothermiques 1,8
Usages Calories PAC
0,0 2,4 0,0 0,0 0,0
directs Aérothermiques 2,4
Biocarburants 0,0 0,0 0,0 2,7 0,3 3,0
Ess/Dies/Jet 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Autres PP 5,5 0,0 0,0 0,0 0,6 6,1
Déchets 0,8 0,0 0,0 0,0 0,0 0,8
Charbon 4,0 0,0 0,0 0,0 0,0 4,0
Bilan par secteur 26,7 21,9 15,6 15,0 3,0 82
273 / 297
5. Emissions de gaz à effet de serre
5.1 La valorisation du CO2
Les technologies développées pour réduire les émissions de CO2 visent en premier lieu les
gisements concentrés en CO2, comme la production d’énergie (centrales thermiques), le
raffinage, la sidérurgie ou les cimenteries. Les mesures prises concernent par exemple la
maîtrise de la consommation énergétique, l’amélioration de l’efficacité énergétique, ou plus
récemment, le captage et stockage du CO2 (CSC) dans le sous-sol. En complément du
CSC, il est également envisagé de valoriser le CO2 comme matière première. Dans ce
contexte, le CO2 n’apparaît plus comme une contrainte mais comme une opportunité
économique.
Le CO2 est déjà utilisé, soit comme réactif dans l’industrie chimique, soit en tant que tel sans
transformation dans des applications industrielles (fluides réfrigérants, solvants, gazéifiants
des boissons, …), ou encore dans la Récupération Assistée des Hydrocarbures (RAH).
Ce CO2 « industriel » est essentiellement produit par l’industrie chimique, comme coproduit
de réactions émettrices de CO2 concentré (production d’ammoniac par exemple) ou est issu
de stockages naturels de CO2.
Il s’agit donc de rechercher de nouvelles applications à une matière première largement
disponible et de la transformer/convertir en un produit à plus forte valeur ajoutée (produits
chimiques, carburants,...).
Certaines synthèses organiques sont déjà industrialisées depuis plusieurs années comme
l’urée ou l’acide salicylique, mais présentent peu de potentiel de croissance. L’intérêt actuel
se porte principalement sur le développement des polycarbonates dont la production à partir
de CO2 et d’époxyde est déjà développée industriellement depuis 4-5 ans. Des efforts de
recherche sont néanmoins encore à fournir pour améliorer les voies de synthèses de
manière générale (polycarbonates linéaires par exemple), ainsi que pour identifier de
nouvelles réactions.
5.1.2 Les voies court terme (première installation industrielle envisageable d’ici 5 ans)
L’hydrogénation du CO2 et la culture de microalgues en bassins ouverts pour la production
de biocarburants disposent toutes deux de quelques unités pilotes dans le monde. Ces
274 / 297
unités prouvent la faisabilité technique de telles installations. Le principal verrou est
aujourd’hui économique. Concernant l’hydrogénation du CO2 permettant d’obtenir du
méthane (ainsi que du méthanol), une unité pilote de production de méthane au Japon
annonce des coûts de production trois fois supérieurs au méthane classique. Pour la culture
de microalgues en bassins ouverts, seul un projet pilote (Israël) revendique être rentable
pour la production de biocarburants avec du CO2 capté de fumées industrielles. Néanmoins,
les experts des microalgues jugent cette rentabilité accessible et justifiable à grande échelle.
5.1.3 Les voies moyen terme (première installation industrielle envisageable d’ici 5 à 10 ans)
Certaines voies ont acquis de solides connaissances scientifiques depuis plusieurs années
mais leur déploiement nécessite de lever des verrous clairement identifiés (productivité,
dépense énergétique,…). C’est le cas de la culture de microalgues en photobioréacteurs,
pour produire des biocarburants, qui a acquis de l’expérience grâce aux cultures destinées à
l’industrie pharmaceutique ou aux compléments alimentaires. Cependant, de nombreux défis
sont encore à relever pour réaliser des cultures fermées à grande échelle pour produire des
biocarburants. Ensuite, le reformage sec du méthane est également bien renseigné, mais les
enjeux technologiques liés aux catalyseurs et à la consommation énergétique sont encore
forts.
Etant donné la nature des verrous, ces technologies pourraient être industriellement prêtes à
horizon de 5-10 ans.
5.1.4 Les voies long terme (première installation industrielle non envisageable avant au
moins 10 ans, voire plus de 20 ans)
Les voies suivantes ont des potentiels d’émergence au niveau industriel supérieurs à 10 ans,
pour différentes raisons :
La technologie utilisée par la voie thermochimique (four solaire) a en premier lieu, été dédiée
à la production d‘hydrogène à partir d’eau et il existe déjà des unités de démonstration pour
cette réaction. En revanche, les travaux sur la thermolyse conjointe de l’eau et du CO2 sont
peu nombreux et relativement récents. Ils nécessitent encore des efforts de recherche
importants.
275 / 297
5.1.5 Verrous et potentiel de développement
D’un point de vue technologique, l’apport d’énergie nécessaire pour casser la molécule de
CO2 peut être apportée sous forme d’électricité, de chaleur ou de rayonnement lumineux.
Pour donner un sens environnemental à la valorisation du CO2, cette production d’énergie
doit être décarbonée. La production d’énergie décarbonée est un verrou technologique et
économique, mais la limitation de sa capacité de production en est un autre. Il s’agit par
exemple du principal défi de la voie hydrogénation, qui requiert des quantités massives
d’hydrogène produit de manière décarbonée ou à partir de l’électrolyse. Ainsi, une étude doit
être réalisée pour s’assurer que les installations françaises actuelles (et en prévision)
permettront de satisfaire les besoins additionnels en énergie liés à la valorisation du CO2
capté sur le territoire français. L’utilisation de CO2 « non pur » représente un défi pour la
recherche car la présence d’impuretés (composés soufrés, poussières, oxygène, métaux
lourds) gêne le fonctionnement des catalyseurs et impacte la qualité des produits formés.
D’un point de vue environnemental, très peu de bilans environnementaux globaux sont
disponibles pour l’ensemble des voies. Quelques Analyses de Cycles de Vie (ACV) ont été
réalisées pour les voies les plus matures (RAH, microalgues) mais aucun consensus n’a été
établi. La validation des bilans environnementaux est un verrou majeur pour l’ensemble des
voies. En effet, le bilan environnemental des voies fait débat car il n’existe pas de méthode
standardisée pour comparer une voie avec une autre. Pour lever ce verrou, il serait
nécessaire de lancer une réflexion sur les Analyses de Cycle de Vie liées au CO2. Il serait
important d’évaluer de manière plus précise les bilans Carbone et les bilans
environnementaux des différentes voies de valorisation du CO2 par rapport aux voies
classiques de synthèse et par rapport au CSC.
Enfin, les coûts pour lever les verrous technologiques impactent fortement la compétitivité
des voies utilisant le CO2 comme matière première vis-à-vis des voies classiques de
synthèse (issues de la pétrochimie pour les produits à valeur énergétique et pour certains
produits chimiques), compétitivité qui dépendra aussi du prix du baril de pétrole.
Si la France dispose d’atouts majeurs, aussi bien en termes de compétences humaines et
techniques (acteurs industriels et académiques de haut niveau), de ressources territoriales
(ressources naturelles et énergie décarbonée), ou de positionnement des acteurs
économiques, le potentiel de valorisation du CO2 à l’horizon de 2050 n’est pas chiffré.
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5.2 Bilan des émissions de GES
1990 2050
CO2 CH4 N20 Total GES CO2 CH4 N20 Total GES
Industrie
Combustion 79,9 79,9 35,5 35,5
Process 25,2 23,6 48,8 17,1 1,8 18,8
Résidentiel principal 0,0
Combustion 67,2 67,2 4,7 4,7
Autres 4,3 0,9 5,2 0,1 0,0 0,1
Tertiaire 0,0
Combustion 28,7 28,7 0,7 0,7
Autres 0,0 0,0
Transports 0,0
Combustion 113,3 113,3 8,4 8,4
Autres 0,0 0,0 0,0
Agriculture 0,0
Combustion 8,7 8,7 3,9 3,9
Autres 51,6 36,6 88,2 22,0 24,9 46,9
Production d'énergie 62,1 6,8 68,8 3,1 0,0 3,1
Déchets 1,7 11,3 1,4 14,4 0,7 6,3 0,6 7,6
Solvants 1,8 1,8 0,5 0,5
Le scénario de l’ADEME permet ainsi une division par quatre des émissions de GES entre
1990 et 2050.
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Partie D.
Evolution de la qualité de l’air
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Les liens entre les émissions de polluants par les activités anthropiques et la qualité de l’air
ne sont pas linéaires. A cela plusieurs raisons :
Les polluants peuvent être primaires, c’est à dire directement émis dans l’atmosphère, ou
secondaires, c'est-à-dire formés dans l’atmosphère à partir de précurseurs. Les métaux sont
un cas exemplaire de polluants primaires, avec des concentrations plus fortes en proximité
des sources. L’ozone est au contraire un polluant secondaire, c'est-à-dire qu’il se forme dans
l’atmosphère à partir de précurseurs gazeux, les oxydes d’azote (NOx) et les composés
organiques volatils (COV). Les particules sont composées à la fois d’une fraction primaire et
d’une fraction secondaire.
La plupart des polluants présents dans l’atmosphère ne sont pas inertes sur le plan physico-
chimique. Les processus de formation/transformation du NO2, de l’ozone, des COV ou des
particules sont très dépendants de nombreux facteurs comme par exemple l’ensoleillement
(favorisant les réactions photochimiques et notamment la formation d’ozone) ou la
température (les plus basses températures favorisant la condensation d’espèces semi-
volatiles sous forme de particules).
Les impacts de la pollution atmosphérique sur la santé publique sont fortement dépendants
de l’exposition des populations. Tenant compte du caractère hétérogène des concentrations
de polluants dans l’air, les impacts du scénario énergétique sur la qualité de l’air
nécessitent d’être estimés sur les zones où se concentrent les populations c'est-à-dire
dans les territoires urbaines concentrent environ 70% de la population). D’autre part,
des impacts de la pollution atmosphérique sur l’environnement sont fortement
constatés dans les écosystèmes sensibles aux dépôts, notamment azotés. Enfin,
l’exposition aux polluants atmosphériques peut conduire à une altération ou des
salissures à la surface des bâtiments à la fois anciens et récents
279 / 297
Les polluants visés dans ce cadre et leurs émissions
A ce titre, les objectifs Grenelle du PNSE2 concernant les PM2.5 sont de tendre vers des
concentrations dans l’air de 15 µg/m3 (valeur cible), cette valeur devenant obligatoire en
2015. Pour atteindre cet objectif, le Plan Particules de juillet 2010 vise un objectif de
réduction de 30% des émissions de particules primaires PM2,5 d’ici 2015, soit une réduction
de 100 ktonnes. Les objectifs du Plan Particules inséré dans le PNSE2 sont particulièrement
ambitieux et vont au-delà de la réglementation européenne en termes de concentrations à
atteindre et de délais.
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Selon l’inventaire du CITEPA (données 2010), les quatre secteurs qui contribuent le plus aux
émissions primaires de PM2,5 à l'échelle nationale sont : le résidentiel tertiaire (34%),
l’industrie manufacturière (29% dont une part importante provenant du BTP),
l’agriculture/sylviculture (21%) et les transports (12%). A l'échelle urbaine, l'impact des
sources primaires liées au trafic routier et au secteur domestique peut être très marqué et
constitue une priorité. Toutefois, il est important de noter que les concentrations de particules
observées dans l’atmosphère sont également dues à la contribution des particules
secondaires, principalement des sels d’ammonium, formés à partir des émissions de NOx,
SOx et NH3, et des aérosols organiques secondaires (AOS) formés notamment à partir des
émissions de COV.
Oxydes d’azote (NOx) : Les oxydes d’azote comprennent le monoxyde d’azote (NO) et le
dioxyde d’azote (NO2). Ils sont à l’origine des concentrations de NO2, polluant nocif pour la
santé humaine, et contribuent aux phénomènes de dépôts acides et d’eutrophisation pour
les sols, les eaux et les écosystèmes (terrestres et aquatiques). Les NOx contribuent
également à la formation de particules secondaires (Nitrates d’ammonium principalement) et
participent à la formation de l’ozone troposphérique sous l’effet du rayonnement solaire.
Ammoniac (NH3) : Outre son effet à la fois fertilisant et eutrophisant pour les écosystèmes
sous la forme de dépôts en ammonium et sa contribution à la pollution olfactive, l'ammoniac
est un des précurseurs majeurs de particules secondaires (sous la forme de sels
d’ammonium). L’ammoniac est essentiellement émis par le secteur agricole. Les dépôts
azotés (sous forme ammonium) sont très variables spatialement. Si l’ammonium est d’origine
locale (en proximité d’élevages bovins, de zones d’épandage des lisiers, par exemple) il se
dépose pendant les périodes sèches avec les dépôts des aérosols d’ammoniac. Si
l’ammonium est d’origine plus longue distance il se dépose dans l’environnement avec la
pluie enrichie en lessivant l’atmosphère. En France, les valeurs les plus élevées pour les
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milieux forestiers sont constatés en général dans le grand Ouest (sous le panache des
régions d’élevage intensif venant de Bretagne et de Normandie) et le Nord-Ouest (les
Ardennes qui reçoivent les masses d’air chargées par des émissions ammoniacales en
provenance de la Belgique et des Pays-bas, des pays d’élevage intensif).
Dioxyde de soufre (SO2) : Le SO2 contribue aux phénomènes de dépôts acides ainsi qu’à
la formation de particules secondaires.
Les oxydes de soufre sont principalement émis lors de la combustion d’énergies fossiles
contenant du soufre. Ces émissions ont baissé de 85% entre 1960 et 2010 grâce à la mise
en place de réglementations. La production d’énergie contribue à 51 % des émissions en
2010, l’industrie manufacturière à 33 %, et le secteur tertiaire résidentiel à 11%. La France
n’a pas rencontré de difficultés pour respecter le plafond national fixé par la directive NEC en
2010. Toutefois, la révision du Protocole de Göteborg en mai 2012 a conduit à la définition
d’un nouveau plafond d’émission national pour 2020.
Les émissions de COV de la France métropolitaine atteignent en 2010 le niveau de 852 kt.
Le résidentiel/tertiaire est le premier secteur avec 39% des émissions totales. L’utilisation de
solvants à usage domestique ou dans le bâtiment (peintures, colles, etc.) est la principale
source de ces émissions, la combustion du bois dans les petits équipements domestiques
contribue également significativement. L’industrie manufacturière occupe la seconde position
avec 35% des émissions en 2010, essentiellement du fait de l’utilisation de peinture. Les
autres secteurs sont les transports (5%) puis la transformation de l’énergie (5%) et enfin
l’agriculture/sylviculture (3%). D’autre part, les sources naturelles d’émissions de COV
(végétation, forêt) sont à ce jour mal quantifiées et peu représentées dans les inventaires
d’émissions. La végétation et la forêt peuvent émettre des COV Biogéniques (COVb),
principalement de l’isoprène et des terpènes, ce qui influence donc la qualité de l’air mais
aussi le climat car en se dégradant dans l’atmosphère les COVb interfèrent dans la
dynamique et la formation de certains polluants (notamment, ozone, azote, méthane et
particules) ce qui peut ainsi modifier la capacité oxydante et le bilan radiatif de l’atmosphère.
La France a atteint l’objectif de 1050kt en 2010 fixé dans le cadre de directive NEC (National
Emission Ceiling) : de nouveaux plafonds seront fixés pour 2020-2025, sur la base des
valeurs retenues lors de la révision du protocole de Göteborg adoptée le 4 mai 2012. Ainsi,
pour les COV, une diminution de 43% devra être obtenue par rapport aux émissions de 2005
(1232 kt), soit un plafond de 702 kt. Les futurs plafonds de la directive NEC seront au moins
aussi ambitieux que ceux du Protocole de Göteborg révisé.
L’ozone : L’ozone peut avoir des effets néfastes sur la santé (irritation des yeux,
inflammation des muqueuses, déclenchement de crises d’asthme et de la toux) et sur la
végétation (nécroses foliaires, pertes de rendement des cultures, par exemple...). Au-delà
des dépassements ponctuels des seuils, les niveaux de fond d’ozone sont en augmentation
régulière en lien direct avec les activités anthropiques. C’est cette pollution de fond qui est la
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plus dommageable pour les écosystèmes. D’après la littérature, la pollution de fond en
France pour l’ozone était estimée à 10 ppb en 1850 et indiquée à la fin du 20ème siècle autour
de 40 ppb (équivalent à 80 µg/m3). Ceci a également pour conséquence de modifier les
capacités oxydantes de l’atmosphère, l’ozone étant oxydant très puissant. D’autre part
L’ozone constitue également un puissant gaz à effet de serre. Enfin, une vigilance
particulière doit être apportée à ce polluant, dans la mesure où le réchauffement
climatique pourrait engendrer des canicules estivales fortement favorables à la
formation de l’ozone.
Selon les secteurs d’émission, les ruptures technologiques à l’horizon 2050 vont engendrer
des évolutions de facteurs d’émission de polluants, et donc des émissions des polluants,
difficiles à estimer à ce jour. Le périmètre de cette approche est donc volontairement limité à
l’horizon 2030, sauf pour les émissions du transport routier, pour lequel des projections à
2050 ont été réalisées.
Evolution Modèles de
Scénario énergétique des Emissions qualité de Qualité de
émissions Nationales l’air l’air en zone
Activités non liées aux Polluants primaires et urbaine
secteur énergétique précurseurs : Concentrations
particules primaires, de particules
Facteurs d’émission NOx, NH3, COV, SO2 NO2 et Ozone
Schéma de la méthodologie d’estimation des impacts sur la qualité de l’air du scénario énergétique de l’ADEME
Les délais de mise en place et de réalisation ces estimations n’ont pas permis de réaliser
l’ensemble des travaux à ce jour. Les travaux suivants ont été réalisés :
● L’impact sur la qualité de l’air urbaine à l’horizon 2030 des projections d’émissions des
principaux polluants du trafic routier en sortie de pots d’échappements (NOx, PM2.5,
COVNM, hydrocarbures HC), avec l’application de deux modèles de qualité de l’air (étude
« Air 2030 »). Ces travaux sont détaillés dans le paragraphe 1.2.
65
Cette estimation, pour l’ensemble des secteurs hors échappement des transports routiers, a été réalisée par le CITEPA, dans
le cadre d’une étude réalisée pour le compte de l’ADEME.
283 / 297
1.1. Impacts du scénario ADEME sur les émissions de polluants en 2030
Les projections ont été réalisées à l’horizon 2030 pour les émissions nationales de NOx,
particules (TSP, PM10 et PM2,5), COVNM et SO2 dans les secteurs suivants liées à la
consommation d’énergie suivants :
- Production d’électricité ;
- Raffinage ;
- Chauffage urbain ;
- Transport routier ;
- Industrie manufacturière ;
- Résidentiel ;
- Tertiaire ;
- Agriculture.
Notes importantes :
2- Ces estimations concernent les polluants primaires. Les niveaux de polluants de l’air
sont également influencés par la formation de polluants secondaires directement
dans l’atmosphère à partir de polluants primaires, la répartition et la proximité des
sources sur le territoire, ou encore les conditions météorologiques. Il est nécessaire
de considérer ces estimations comme des indications de tendance, sans préjuger
d’un résultat effectif sur la qualité de l’air.
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Les projections d’émissions multi-secteurs ainsi réalisées indiquent une baisse significative
pour tous les polluants considérés : NOx, PM2.5, PM10, TSP, S02 et COVNM (tableau ci-
dessus, pour les particules, seules les PM2,5 sont reportées).
Résultats détaillés pour les COVNM, les NOx, les PM2,5 et le SO2
La diminution de 99% des émissions de SO2 dans le secteur de production d’électricité ainsi
que la diminution de plus de 50% dans le secteur indistriel contribuent principalement à la
baisse des émissions totales de SO2 à l’horizon 2030 (figure ci-dessous).
Enfin, la baisse des émissions de PM2.5 dans les secteurs résidentiel et du trafic routier est
également significative en proportion de la baisse globale des émissions de PM2.5 à
l’horizon 2030.
66
Engins Mobiles Non Routiers (secteurs agriculture, industrie et BTP)
285 / 297
Résultats pour les secteurs Chauffage Urbain et Résidentiel / Tertiaire
Les niveaux de particules dans l’air ambiant entrainent des effets sanitaires importants et
placent actuellement la France en situation de contentieux avec la Commission européenne.
Le secteur résidentiel est le principal contributeur parmi les secteurs consommateurs
d’énergie. Il est donc particulièrement intéressant de focaliser sur l’évolution des émissions
de ce secteur.
Les hypothèses prises concernant les facteurs d’émission et le parc d’appareils de chauffage
au bois sont issues des travaux préparatoires aux règlementations européennes sur ce sujet,
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et notamment des valeurs limites d’émission envisagées dans le cadre de l’élaboration de la
Directive Ecodesign.
Les estimations réalisées à partir des hypothèses précédentes indiquent une baisse des
émissions dans le secteur résidentiel entre 2010 et 2030 de 36% pour les NOx et de 66%
pour les PM2,5 (figure ci-dessous).
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Pour les polluants PM2,5 et NOx en particulier, le graphique ci-dessous montre que le
développement de réseaux de chaleur (secteur Chauffage Urbain) en remplacement de
systèmes de chauffage dans le résidentiel et le tertiaire pourrait permettre des progrès très
importants sur les émissions de particules, et notamment de PM2,5. Pour les NOx, cette
évolution est également à la baisse dans le cadre de ce scénario volontariste. Toutefois, une
attention spécifique doit être portée à la réduction des émissions de NOx par ces secteurs, et
notamment pour les nouveaux systèmes de chauffage urbain.
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1.2. Impacts du scénario énergétique sur la qualité de l’air : application
de modèles de qualité de l’air en zones urbanisées types
En zone urbaine, et particulièrement en proximité du trafic routier, les données et projections
disponibles pour les polluants PM10 et NO2 ne sont pas satisfaisantes au regard des valeurs
limites européennes à respecter. Les concentrations d’ozone sont également trop élevées en
zones périphériques et rurales.
Afin d’examiner l’impact de notre scénario énergétique sur des cas réels représentatifs
d’agglomérations pour lesquelles les enjeux de qualité de l’air sont importants, nous avons
identifié 3 agglomérations types (de tailles respectives supérieures à 250 000, à 500 000 et à
1 000 000 d’habitants). Ces villes ont été choisies en raison de leur représentativité des
enjeux de qualité de l’air des grandes agglomérations françaises, de leur situation
topographique, n’apportant pas de perturbation supplémentaire à l’exercice de modélisation
L’approche que nous avons mise en œuvre repose sur l’utilisation d’outils existants
(inventaires locaux d’émissions et modèles R&D déterministes de la qualité de l’air) à
l’échelle urbaine. Ces outils, mis en œuvre par deux laboratoires de recherche67, permettent
de réaliser des projections pour les particules (PM10, PM2,5), le dioxyde d’azote (NO2) et
l’ozone à partir des projections d’émissions de NOx, PM, HC (ou COV), NH3, SO2 et CO.
67
Projet AIRBOX piloté par l’ADEME avec le CEREA (ENPC) et le LISA (Laboratoire des Universités Paris 12 et Paris 7 et du
CNRS) pour mettre en œuvre les deux meilleurs modèles R&D actuellement disponible en France (« Polyphémus » et
« CHIMERE »).
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2. Impacts sur les émissions et la qualité de l’air du transport routier
Les transports contribuent directement et indirectement, par leurs émissions de particules
primaires NOx et COV, sur les concentrations dans l’air des polluants NO2, particules et
ozone :
- le dioxyde d’azote (NO2) est pour partie émis directement en sortie du pot
d’échappement, et pour partie formé indirectement dans l’atmosphère à partir
d’autres composés (comme les NOx, par exemple) ;
- enfin, l’ozone est exclusivement formé dans l’air à partir de précurseurs gazeux
(NOx et COV).
Compte tenu de la part relative des émissions de polluants atmosphérique du secteur des
transports dans la qualité de l’air des zones urbanisées, l’ADEME a souhaité évaluer l’impact
de ses projections « transport et mobilité » sur la qualité de l’air en zone urbaine.
- modélisation des impacts sur la qualité de l’air des projections d’émissions à 2030.
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Electrique
Hybride
Thermique
Pour les voitures particulières en ville, par exemple, on constate une réduction des facteurs
d’émission de NOx pour les voitures thermiques de 80% entre 2010 et 2050, et de 96% pour
les PM. Les facteurs d’émission pour les voitures particulières hybrides aux horizons
2030/2050 sont constants mais inférieurs de 40% aux voitures thermiques, alors que ceux
des voitures électriques sont nuls (figure 2 et 3).
0,6
0,03
0,4
0,02
0,2 0,01
0 0
2010 2020 2030 2040 2050 2010 2020 2030 2040 2050
Figure 2. Evolution des facteurs d’émission Figure 3. Evolution des facteurs d’émission de
de NOx pour les voitures particulières en PM pour les voitures particulières en ville
291 / 297
ville (g/km) (g/km)
450 25
400
350 20
300
Electrique 15 Electrique
250
200 Hybride Hybride
10
150 Thermique Thermique
100 5
50
0 0
2010 2030 2050 2010 2030 2050
Figure 4. Evolution des émissions primaires de Figure 5. Evolution des émissions primaires de
NOx (kT) PM (kT)
Les résultats préliminaires de modélisation montrent que les surfaces exposées aux plus
fortes concentrations de NO2 et PM2,5 sont en nette diminution.
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Figure 6. Exemple de cartographie de l’évolution des concentrations moyennes de NO2
sur la région IdF pour les périodes simulées (un mois d’hiver en 2009 et 2030) en ne
tenant compte que de l’évolution des émissions du transport routier sur la région IdF : à
gauche, les concentrations pour 2009 ; à droite, les gains de concentrations en 2030 par
rapport à 2009
Figure 7. Evolution des concentrations moyennes sur la région IdF, pour les valeurs horaires de
NO2 (à gauche) et journalières de PM2,5 à droite sur la période de simulation
L’impact est visible sur cette période, avec en moyenne sur la région considérée les
concentrations suivantes :
pour le NO2, 32,4 µg/m3 en 2010 et 20,2 µg/m3 en 2030, soit une baisse de 38
%
pour les PM2,5, 17,3 µg/m3 en 2010 et 15,6 µg/m3 en 2030, soit une baisse de
10 %
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4. Bilan sur l’évolution de la qualité de l’air
Ces travaux d’évaluation de l’impact de la prospective énergétique de l’ADEME sur les
émissions atmosphériques (polluants, précurseurs de polluants) et sur la qualité de l’air en
zone urbanisée ont été réalisés, avec la participation du CITEPA68, du CEREA69 et du
LISA70. En complément des projections de consommations énergétiques, des projections de
facteurs d’émission de polluants et d’évolution des parcs technologiques ont été réalisées.
Les travaux réalisés indiquent une baisse systématique et significative des émissions
des polluants à l’horizon 2030 dans le cadre du scénario énergétique de l’ADEME.
Une vigilance est à signaler sur les émissions de NOx dans le secteur du chauffage
urbain, ce qui nécessitera de mettre en œuvre des solutions adaptées à la réduction
des émissions de NOx à la source.
Afin d’initier l’évaluation des impacts du scénario énergétique de l’ADEME sur la qualité de
l’air, des premiers tests de sensibilité sur la qualité de l’air en 2030 ont été réalisés dans le
cadre du projet « Air 2030 ». Etant donné les problématiques actuelles de qualité de l’air
(centrées sur les particules et NOx en proximité du trafic routier) et les données d’émissions
de polluants disponibles à l’horizon 2030, les tests ont été ciblés sur l’impact du transport
routier sur la qualité de l’air de grandes agglomérations.
68
Centre Interprofessionnel Technique d'Etudes de la Pollution Atmosphérique - http://www.citepa.org
69
Centre d'Enseignement et de Recherche en Environnement Atmosphérique - http://cerea.enpc.fr
70
Laboratoire Interuniversitaire des Systèmes Atmosphériques - http://www.lisa.univ-paris12.fr/
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Les résultats montrent que la diminution des émissions de polluants par les transports
routiers a également un effet positif (diminution des concentrations de particules PM2,5 et de
NOx). Cet effet positif est proportionnellement plus limité, compte-tenu des relations
non linéaires entre les émissions de polluants et de précurseurs et la qualité de l’air.
Des travaux complémentaires sont nécessaires pour évaluer l’impact sur la qualité de
l'air des projections d’émissions pour l’ensemble des secteurs énergétiques et hors
énergétiques. Dans le contexte de changement climatique, un axe important concerne
l’extension des travaux à l’ozone, polluant formé sous l’action du rayonnement
solaire.
Une étape complémentaire à l’évaluation des impacts du scénario énergétique 2030 ADEME
pourrait être réalisée dans le but de mieux étudier l’efficacité du scénario préconisé, à savoir
par la modélisation de la réponse des écosystèmes à la qualité de l’air et en particulier leurs
sensibilités à des niveaux critiques de dépôts atmosphériques.
aaa
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