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PDF of La Recherche en Sciences Humaines Et Sociales Et Les Enjeux de Societes 1St Edition Patrick Obertelli Richard Wittorski Full Chapter Ebook

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La recherche en sciences humaines et

sociales et les enjeux de sociétés 1st


Edition Patrick Obertelli Richard
Wittorski
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La recherche en sciences humaines et
sociales et les enjeux de sociétés

Patrick Obertelli et Richard Wittorski (sous la dir.)

Champ social éditions


Sommaire

1. INTRODUCTION LA RECHERCHE EN SHS ET


LES ENJEUX DE SOCIETES, INTRODUCTION
2. L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE AU SERVICE
D'UN RETOUR DU CONTRÔLE SOCIAL DE
MASSE EN CHINE
3. ENQUÊTE ETHNOGRAPHIQUE SUR LA
SCOLARISATION D'ENFANTS ROMS : D'UN
REGARD COMMANDÉ AUX RESTITUTIONS DE
LA RECHERCHE.
4. LE DÉFI DE L'ACCOMPAGNEMENT PAR LA
RECHERCHE DE LA TRANSFORMATION DES
PARADIGMES D'ENSEIGNEMENT
5. SECURITE CIVILE : ENJEUX ET
PROBLÉMATIQUES DE RECHERCHE ET
D'ORGANISATION
Marc Riedel et Christophe Reniaud
6. DE LA DOMESTICITÉ À LA
PROFESSIONNALISATION, LES EFFETS D'UNE
RECHERCHE-ACTION COLLABORATIVE
-Labelle, J.M. (1996). La réciprocité éducative. Paris :
PUF.
-Mayen, P. (2009). Expérience et formation des adultes,
In Barbier, J-M et al. (éd.). Encyclopédie de la
formation, Paris : PUF.
7. ECLAIRER PAR LA RECHERCHE LES
DIMENSIONS CACHÉES D'UNE INTERVENTION
INTRACORPORELLE DE SOIN SUR AUTRUI
8. LE CHERCHEUR EN SCIENCES HUMAINES ET
SON OBJET : ENTRE DISTANCIATION ET
IMPLICATION
9. APPORTS, RÔLES ET FORMES DE LA
RECHERCHE EN SCIENCES HUMAINES ET
SOCIALES PORTANT SUR DES OBJETS À FORT
ENJEU SOCIAL
Déjà parus dans la même collection
1. INTRODUCTION
LA RECHERCHE EN SHS ET LES
ENJEUX DE SOCIETES,
INTRODUCTION

P. Obertelli et R. Wittorski

Les sociétés actuelles se trouvent confrontées à des enjeux majeurs


dans de multiples domaines. Des transformations profondes ne paraissant
pas gérées par la communauté humaine se développent. Les problématiques
témoignent à la fois de l’intensité et de la vitesse d’évolution des lignes de
fond qui ébranlent les dynamiques sociales et les mécanismes usuels de
régulation. Elles ont trait à des registres divers. Citons en quelques
exemples significatifs :
La transformations écologiques de notre environnement
enjeux de
est un premier registre majeur, avec les
maîtrise du réchauffement climatique, de
préservation et la gestion des biodiversités
animale et végétale, et de celles des
ressources essentielles comme l'eau et des
matières premières stratégiques.
D'autre part, la dynamique socio-politique
et socio-économique particulièrement
instable engendre des phénomènes de
migration massive.
Le développement du digital et ses effets
sur les relations sociales et sur les activités
professionnelles. Sous le sceau de
l'immédiateté produite, les relations espace-
temps sont radicalement transformées, et le
traitement massif de données génère un
rapport
Nombres de secteurs de la vie sociale
nécessitent d'être repensés dans ce nouveau
contexte. Ainsi en est-il pour les systèmes
de santé et les besoins de repenser les
relations soignants-soignés, avec le
développement de pratiques
professionnelles plus encadrées par des
démarches d’accréditation mais par le
développement de l'Education
thérapeutique du Patient (ETP), ou encore
le questionnement en profondeur des fondements des
pratiques pédagogiques.

Pour penser ces situations sociales à haut degré de complexité, il est


devenu fréquent de faire appel aux recherches en Sciences Humaines et
Sociales. Ce faisant, l’acuité sociale des enjeux ne saurait limiter ces
recherches à la seule production de connaissance. Elles contribuent à
éclairer la conduite d'actions à forte utilité sociale.
Il est donc aujourd’hui devenu relativement habituel de constater,
dans bien des secteurs pour lesquels cela n’était pas « un allant de soi », un
rapprochement graduellement plus important entre questions sociales et
questions de recherche. Certains pourraient considérer que la recherche est
alors davantage qu’avant au service des impératifs sociaux et industriels
alors que d’autres pourraient au contraire se réjouir de constater que la
recherche est ainsi socialement plus utile.

Ce rapprochement, quand il est constaté avec des équipes de


chercheurs, est probablement lié à une complexification croissante des
questions que rencontrent les organisations et les institutions, les conduisant
à recourir à un regard extérieur pour mieux y répondre. Nous faisons
l’hypothèse que cette complexification est due à une évolution de la société,
au développement des risques et de l'incertitude conduisant à modifier la
place et la fonction du chercheur. L’une des questions sociales vives posées
est ainsi notamment de savoir comment il est possible de travailler dans un
contexte caractérisé par davantage de « non maîtrise ». Les sociétés dont
nous faisons partie se transforment et les chercheurs sont sollicités pour
comprendre ces transformations et les accompagner. L’enjeu scientifique
consiste alors bien à imaginer des modes de recherche adaptés.
En particulier, des pratiques professionnelles nouvelles se
développent sous l'influence de ces transformations sociétales. Souvent, la
recherche est directement sollicitée pour développer une expertise sur
l’analyse de l’activité professionnelle effectivement déployée par les acteurs
au quotidien de manière à l'expliciter et la formaliser, et ce faisant de
soutenir le processus de production de savoirs à propos de cette activité. Le
développement de recherche de cette nature rencontre ainsi, de notre point
de vue plusieurs enjeux pour bien des milieux professionnels :

un enjeu de « mise en visibilité » plus


grande d’une activité dont le cœur est
encore rendu peu lisible à l’extérieur du
milieu professionnel. Ce caractère « insu »
de l’activité concerne particulièrement
aujourd’hui ce qu’il est de plus en plus
fréquemment convenu de nommer les
métiers relevant du relationnel ou les
« métiers adressés à autrui ». Or, on
constate qu’une activité peu visible fait
souvent l’objet d'une faible reconnaissance
sociale et institutionnelle (les institutions
préférant les activités faisant l’objet d’une
formalisation) mais, au contraire, fait
l'objet d’une tendance à la proposition
d’outils dévaluation prescrits par les
institutions (en lien avec des critères
d’efficacité peu négociés) et souvent
considérés par le milieu professionnel
comme assez éloignés des pratiques réelles
de travail. Ceci constitue un enjeu social vif
;

de façon liée, un enjeu de repositionnement


du champ professionnel dans le débat avec
les institutions à propos des conditions de
définition et d'évaluation des activités.
Mieux caractériser par la recherche,
l’activité professionnelle d’un champ
permet de "contre-proposer" aux
institutions de tutelle des outils de
définition et d'évaluation des activités
s'adossant à une meilleure connaissance des
conditions réelles d'exercice de cette
activité. Par exemple, cela permettrait au
milieu des professionnels du travail social
d'être un acteur collectif à part entière de sa
propre professionnalisation et un
interlocuteur légitime pour négocier les
critères présidant à l’évaluation de
l’activité ;

un troisième niveau d'enjeu revêt une


dimension identitaire. Les évolutions des
pratiques professionnelles dans un
environnement lui-même en pleine
transformation conduisent les
professionnels à repenser leur rôle social et
professionnel et à l'ajuster en interaction
systémique avec ceux des autres acteurs de
leur environnement. La recherche contribue
alors à éclairer la façon dont ils
questionnent le sens actualisé de leur
activité et à approcher le réaménagement
de leur identité professionnelle.

Pour répondre à ces enjeux socio-professionnels majeurs, une autre


question se pose, s’agissant des opérateurs de la recherche. Doivent-ils être
"externes" au champ professionnel ou au contraire être des représentants du
champ professionnel ou encore des équipes mixtes "externes- internes"
travaillant sous la forme d'une collaboration étroite et non d'une division du
travail? La question n’est pas neutre…

Promouvoir des recherches collaboratives associant étroitement chercheurs


et praticiens du champ professionnel concerné, qui ne se substitueraient pas
aux recherches "en extériorité", mais seraient menées en complémentarité
avec celles-ci, pourrait probablement présenter des avantages multiples.
Provisoirement, nous en identifions trois :

-utiliser la recherche déployée sur l'activité


professionnelle comme moyen conjoint de
professionnalisation des activités et des
professionnels eux-mêmes qui s'engagent
dans les recherches collaboratives, à l'instar
de ce que nous pouvons observer dans les
situations où les praticiens collaborent à
des recherches sur leur champ de pratiques.
C’est très nettement le cas, par exemple,
des recherches co-réalisées actuellement
par des enseignants-chercheurs et des
enseignants-formateurs dans les structures
de formation des enseignants. Dans ces
situations, nous observons souvent en effet
que la participation des professionnels à
des recherches sur leur propre activité de
travail, considérés non pas
comme « objets » de recherche mais
comme « co-opérateurs » de recherche, a
pour effet de susciter a minima une prise de
recul par rapport aux pratiques habituelles,
sinon un déplacement des façons
habituelles de concevoir le métier et la
possibilité d’envisager d’autres pratiques,
en donnant également un sens nouveau et
plus « opératoire » aux savoirs produits par
les champs scientifiques convoqués ;
-faciliter la légitimation et la réutilisation
par le groupe professionnel concerné des
produits des recherches conduites.
Développer des recherches collaboratives
permet probablement aussi de favoriser la
reconnaissance des produits de la recherche
par la communauté professionnelle car les
savoirs acquis sont alors considérés comme
étant plus en prise avec les préoccupations
du « terrain » et davantage susceptibles
d’être directement utiles pour penser les
pratiques ;

-éviter le développement de recherches à


caractère «idéologique » qui desservirait la
reconnaissance du champ. Nous entendons
ici par recherche à caractère
« idéologique », une recherche qui viserait
essentiellement à conforter, de façon
volontaire ou non, une certaine vision du
métier largement portée par le chercheur
lui-même. On le sait, en effet, une des
difficultés fréquentes des recherches
réalisées par les professionnels eux-mêmes
sur leurs pratiques consiste précisément à
parvenir à prendre du recul par rapport à
leurs propres convictions (idées qu’ils se
font du métier, positions sociales à
défendre, …) qui, sinon, peuvent servir de
cadre d’analyse. Probablement ne convient-
il pas de nier ces convictions mais plutôt de
parvenir à les formaliser pour en neutraliser
en quelque sorte les effets.
On le voit, la question du développement d’une recherche en/dans/sur
l’activité professionnelle est loin d’être socialement neutre. Elle soulève,
par ricochet, des enjeux de repositionnement possible des interlocuteurs
(institutions, groupes professionnels) dans le débat à propos de la
prescription et de l’évaluation de l’activité, elle conduit à réfléchir de façon
renouvelée au sens, à la finalité et à l’orientation des pratiques
professionnelles et au statut donné au milieu professionnel lui-même dans
le déploiement de cette recherche : objet ou co-producteur des savoirs…

Au-delà de cet exemple qui témoigne d’un entremêlement complexe


d’enjeux sociaux et scientifiques, cet ouvrage se donne précisément pour
intention explicite de mieux comprendre, dans ce contexte d’ensemble, la
nature des relations entre les recherches conduites en Sciences humaines et
sociales (SHS) et les enjeux sociaux majeurs suscitant leur recours. Plus
précisément, il se donne pour objet d’explorer trois ensembles de
questions :
Qu’est-ce que les enjeux sociaux majeurs
disent des évolutions actuelles de la société
ou/et des orientations de la société
actuelle ?
En quoi la recherche en SHS permet-elle
d’éclairer les orientations qui traversent les
mutations de nos sociétés ? Nous partons
de l'hypothèse que ces mutations ne sont
pas rationnellement pensées, et qu’elles
nécessitent d’être élucidées afin
d’augmenter la capacité d’action collective
sur ces transformations. Ceci serait un
premier rôle des recherches en SHS. Dit en
d’autres termes, il s’agit d’identifier les
natures des apports des recherches en SHS
sur les situations relatives aux enjeux de
sociétés.
Quelles sont les spécificités
méthodologiques de ces recherches en
SHS ? Les recherches actions-
collaboratives semblent être au cœur de
nombre de ces travaux et posent de
nombreuses questions, parmi elles : quelle
est l’origine de la demande ou de la
commande de recherche ? Quelle est la
position du chercheur dans la définition de
l’objet de recherche (entre prestataire ou
interlocuteur naturel) et plus largement
quels sont les modes de collaboration
chercheur-commanditaire ou demandeur -
milieu professionnel ? Que dire de l’accès
plus ou moins libre au terrain à investiguer
et aux données à exploiter ? Comment le
sujet et le cadre ont-ils été fixés, et qu’en
est-il également des méthodologies de
recherche mises en place ? Comment
s'articulent les savoirs experts et les savoirs
non scientifiques (savoirs "profanes") ?
Comment penser les méthodologies de
recherches pour permettre ces articulations
? Quel impact sur le processus de
recherche ? Est-il négocié ? Le processus
de recherche est-il plus fortement intégré
avec les préoccupations du terrain ? Des
instances de collaboration chercheurs-
professionnels sont-elles mise en place ?
Quel rôle jouent-elles dans les différentes
étapes de la recherche ? Quelles sont la
place et la fonction données aux résultats
de la recherche et les voies particulières de
leur communication ?

Ces questions seront documentées au fil des pages qui suivent à partir
de contributions réunies dans deux parties : la première partie sera
consacrée à des domaines spécifiques liées à des métiers d’utilité sociale
majeure (métiers de l’éducation, de la sécurité civile, de la santé) ; la
deuxième partie abordera des problématiques en soi telles la transformation
de l’emploi, les phénomènes de migration,...
Un chapitre terminal mettra en relief les fils conducteurs se
dégageant de l’ensemble des contributions.

Présentons à présent en quelques mots chacun des textes composant


l’ouvrage.

Alain Wang approche l'utilisation détournée, à des fins de contrôle


social, des capacités offertes par le numérique et l'intelligence artificielle. Il
étudie les mécanismes par lesquels le régime chinois réglemente et limite
l'accès au réseau web, instaurant des processus de censure. Cet observateur
aguerri de la société chinoise décrit avec précision l'influence généralisée de
son contrôle à tous les secteurs de l'activité humaine et souligne l'ampleur
de l'emprise au service d'un autoritarisme d'état.

Dans « Enquête ethnographique sur la scolarisation d’enfants roms :


du regard commandé aux restitutions de la recherche », Delphine
Bruggeman examine, dans le cadre de cette recherche impliquée auprès
d’un milieu de migrants, à la fois l’évolution progressive de l’objet de
recherche, la nature des savoirs produits, la façon dont peut s’opérer la
restitution des résultats d’une recherche (quoi, quand et à qui et pour quels
effets ?) et les effets produits par la recherche sur le chercheur lui-même.
D’évidence il existe des « standards » de la méthodologie en recherche
« classique » alors que la recherche impliquée est toujours un bricolage
ad’hoc.

Dans son texte « Accompagner par la recherche la transformation


des paradigmes d'enseignement dans l'enseignement agricole », Christian
Germier aborde la façon dont la recherche permet d’accompagner
l’évolution d’un métier, celui d’enseignant dans l’enseignement agricole au
moment du développement de l’individualisation de l’enseignement et de
l’accompagnement des élèves, conduisant à « revisiter » les fondements
traditionnels du métier d’enseignant.

Marc Riedel et Christophe Reniaud, dans «Sécurité civile : enjeux


et problématiques en matière de recherche et d’organisation», témoignent
de la place et de la fonction de la recherche mobilisée dans le cadre de ce
qu’ils nomment des « situations à haute fiabilité » en prenant appui sur
l’activité des pompiers. Les auteurs montrent comment la recherche,
notamment la recherche-action lewinienne, permet de mettre en objet cette
activité professionnelle qui se déploie dans des contextes à forte
complexité. Ils identifient notamment les processus subtils par lesquels les
professionnels facilitent par eux-mêmes la façon de gérer les dimensions
corporelles, affectives et émotionnelles dans leurs conduites.

Dans leur texte intitulé « Reconnaître les apprentissages mutuels des


employeurs et de leurs salariés au domicile : une recherche collaborative »,
M Tocqueville et C Clénet examinent la façon dont une recherche-action
collaborative initiée depuis 2016 par une équipe mixte (IPERIA, Ecole
CentraleSupélec, Université de Rouen) permet de faire progresser
l’identification et la reconnaissance d’activités professionnelles jusqu’alors
peu formalisées en prenant l’exemple des activités salariés au domicile dans
le cadre de l’emploi direct dans le contexte Français.

Pour sa part, Cécile Pouteau, dont le texte s'intitule «Eclairer par la


recherche les dimensions cachées d’une intervention intracorporelle sur
autrui », aborde la question de l'activité de l'infirmier concernant la
réalisation d’un « geste invasif » dans le corps d’un patient, et les
incidences dans sa relation avec le malade. Plus précisément, elle
s’intéresse à ce qui se joue sur le plan cognitif et affectif chez le
professionnel en soins infirmiers, à la fois lors de la préparation et de la
réalisation de cet acte. Cette question, peu étudiée jusqu'à présent, est
fondamentale dans ses applications pour la formation des soignants et la
prise en compte du vécu parfois douloureux du malade.

Dans « Le parcours du chercheur : retours d’expérience sur des


influences mutuelles et plurielles » Véronique Haberey-Knuessi pose de
façon claire la problématique de la proximité/distance du chercheur à
l’égard de son objet de terrain, particulièrement lorsque le chercheur mène
un travail de recherche sur son propre milieu professionnel. Elle explore
l'enjeu de faire de la recherche versus être en recherche, et, ce faisant, la
nécessite de prendre en compte les affects et les cadres de perception
spontanés. Ce chapitre pose ainsi une question à fort enjeu concernant « les
domaines d’influences plurielles qui s’exercent, souvent à l’insu des
chercheurs, et leur impact sur leur neutralité dans leurs recherches ».
2. L'INTELLIGENCE
ARTIFICIELLE AU SERVICE D'UN
RETOUR DU CONTRÔLE SOCIAL DE
MASSE EN CHINE

Alain Wang

La Chine est entrée dans la « révolution intelligente » ou


« l’intelligentisation » (Note : le terme chinois est zhinenghua 智能化). A
des degrés variés, elle touche les individus, le Parti-État et les entreprises.
Au-delà des questions que pose le transhumanisme sur une robotisation
rapide de l’outil industriel et le développement de services de plus en plus
dématérialisés, l’utilisation des algorithmes de l’Intelligence Artificielle
(IA) comme armes redoutables pour optimiser le contrôle social interpelle.
L’IA pourrait bien favoriser le maintien des dirigeants communistes au
pouvoir jusqu’au centenaire de la création de leur Parti en 2021, et plus
loin, en 2049, pour fêter le siècle de la République populaire de Chine.
L’ouverture économique du pays après 1978 a permis à la société
chinoise de se libérer du carcan de la dictature maoïste. Mais les
communistes ont montré avec l’écrasement sanglant du Printemps de Pékin
en 1989, qu’ils n’étaient pas enclins à céder leur leadership politique. La
remarquable croissance économique de 2002 à 2010 a fait reculer la
pauvreté et fondre les idéaux fondateurs du Parti communiste. De profondes
inégalités sont apparues avec la formation de nouvelles classes sociales. Le
modèle chinois basé sur les exportations a montré ses fragilités et ses
limites lors de la crise économique mondiale des années 2007-2012.
L’ « harmonie sociale » reste une vaine promesse du président Hu Jintao.
Face à l’argent qui corrompt jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir et à
l’enrichissement ostensible de la classe moyenne urbaine, les ouvriers
migrants et les paysans commencent à revendiquer leur part de
l’enrichissement dû à leur dur labeur.
L’installation de la cinquième génération de dirigeants communistes
au pouvoir suprême est tendue au cours du 18e Congrès en 2012. Différents
réseaux d’influences s’opposent. Xi Jinping, pour s’affirmer dans son rôle
de secrétaire général, puis dans son costume de président de la République
lance une campagne contre la corruption qui cache une vaste purge de ses
détracteurs : « mouches et tigres » dans le Parti, l’administration centrale et
locale, les milieux économiques et l’armée. L’indice de perception de la
corruption 2016 de l’ONG Transparency International classe la Chine à la
79e place sur 176 (Note : https://transparency-france.org/actu/indice-de-
perception-de-la-corruption-2016/ ). Pour reprendre un contrôle vertical et
horizontal sur le corps social, les libertés individuelles ont été restreintes
ces cinq dernières années. Une répression brutale s’est abattue sur les
milieux religieux, les avocats défenseurs des droits, les ouvriers ou les
paysans mécontents, les activistes des ethnies minoritaires ouïghoures et
tibétaines.

2.1. La mise en place du China Web Wide


Six ans après le lancement des « quatre modernisations » de Deng
Xiaoping en 1978 rappeler ces 4 modernisations en note de bas de page, la
première connexion Internet est réalisée. L’État investira rapidement dans
les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Pour
les dirigeants, la Chine ne doit pas prendre de retard sur ses concurrents
occidentaux. De nombreux étudiants iront se former dans les plus grandes
universités américaines et européennes. Les instances supérieures du Parti
remettent en question l’ouverture au monde au lendemain des événements
de la place Tian’anmen en 1989. Ils jugent les influences occidentales
« néfastes ». C’est le rejet des idées démocratiques, mais aussi une volonté
d’« indigénisation technologique » avec le lancement du « programme
863 ». Mais l’indépendance s’arrête avec le besoin de technologies de
pointe ; le recours à certaines sociétés occidentales fut indispensable pour
établir le « China Web Wide » et son système de surveillance. Le Web
chinois est conçu pour qu’une partie du territoire - d’une province entière à
un district - puisse être isolée, en cas de troubles. À cause des graves
émeutes dans la province autonome ouïghoure du Xinjiang en juillet 2009,
les connexions furent coupées sur une dizaine de mois.
Le nombre d’Internautes explose de 2000 à 2015. Le China Internet
Network Information Center les estiment à 751 millions en juillet 2017,
dépassant la population de l’UE à 28 pays. Le taux de pénétration de 54,3%
est faible comparé à son voisin la Corée du sud avec 90% (Note : Données
des experts américains de l’Internet Society). Parmi ceux ayant accès à
internet, quatre-vingt-seize Chinois sur cent y accèdent grâce au téléphone
mobile. Le pragmatisme économique et le besoin de créer des « guanxi » ou
« cercles relationnels » ont favorisé l’utilisation d’Internet. Les réseaux
sociaux sont un merveilleux moyen de gérer ce « capital social » : les trois
quarts des inscrits postent du contenu régulièrement. Les consommateurs se
sont tournés vers l’e-commerce pour bénéficier d’un large choix de produits
et de prix attractifs. D’un milliard de dollars américains en 2009, le chiffre
d’affaires du secteur atteint six cent trente milliards en 2015.
Le site de microblogging Sina Weibo de la société Tencent -
surnommé le « Twitter chinois » - devient, à partir de 2011, une incroyable
agora moderne où se mesure l’état de l’opinion publique. Deux tiers des
net-citoyens admettent y émettre des opinions politiques. Une culture
underground et irrespectueuse s’y exprime au point d’effrayer le parti-État.
Les dix années de la tolérance relative de la propagation d’informations et
d’opinions « indépendantes » s’achèvent avec l’arrivée au pouvoir du
président Xi Jinping en 2013. L’offensive contre une liberté d’expression -
sous surveillance - sera violente. Sina Weibo, jugé trop « viral » dans la
diffusion d’une information citoyenne difficile à maîtriser, est directement
visé. Deux cent cinquante millions d’utilisateurs migreront vers une
nouvelle application Weixin / WeChat du groupe Tencent, dispatchés dans
des « salons virtuels » obstacles à la viralité. Les services de censure
contrôlent mieux la dangerosité de ces contributions. Fin juin 2017, WeChat
compte 960 millions de souscripteurs actifs par mois contre 100 millions
quatre années auparavant. En dehors de la messagerie instantanée,
d’innombrables services sont offerts à présent. Elle s’est transformée en
« super » application à tout faire ( Note : Avec WeChat, la Chine invente
l’app à tout faire par Raphaël Balenieri –article dans Libération du 31
janvier 2017). Elle est indispensable aux services d’État de contrôle au
quotidien pour les masses d’informations qu’elles récupèrent sur leurs faits
et gestes des utilisateurs.
2.2. Réglementer l’accès au Web, pour mieux
contrôler et surveiller la société civile

Le pouvoir communiste a toujours perçu la blogosphère comme


nuisible à la stabilité politique et sociale. Les campagnes spontanées de
signatures, les révélations de scandales sur la sécurité alimentaire ou
environnementale, les dénonciations des turpitudes de cadres du Parti-État
locaux ou nationaux relayées sur le Web, se traduisent souvent par des
confrontations bien réelles avec la police armée du peuple (PAP) dans la rue
ou à l’usine. Trois cent cinquante incidents de masse sont dénombrés
chaque jour. Après la mort du dissident politique Prix Nobel de la Paix, Liu
Xiaobo, la cybercensure s’est abattue sur le China Wide Web, le 13 juillet
2017. La reproduction du tableau de Van Gogh La chaise de Vincent (Note :
En souvenir de la chaise laissée vide à Oslo en Norvège lors de la remise du
Nobel de la paix en 2010, l’intellectuel et écrivain chinois était alors déjà en
prison.) est traquée pour l’harmoniser – terme utiliser par les net-citoyens
pour l’élimination d’une information, d’une photo ou d’une vidéo non
autorisée. Le bataillon de policiers spécialisés, l’entretien et les achats de
matériel et de logiciels « intelligents » pour renforcer la surveillance des
contributions postées coûteraient annuellement 5,4 milliards d’euros au
budget de l’État (Chine, La cybercensure s’infiltre dans tous les recoins du
Net, par Laurence Defranoux, Libération du 25 juillet 2017).
L’arsenal législatif sur le cyberespace national s’enrichit en fonction
de l’évolution des pratiques des internautes et du resserrement de la
tolérance de l’expression individuelle. Les entreprises du Net sont tenues de
supprimer les commentaires « interdits par la loi » et de dénonces les
contrevenants. Les propos « diffamatoires » ou « les rumeurs », qui portent
atteinte à « l’honneur national », troublent «l’ordre social » ou remettent en
cause « le système socialiste » sont énumérés comme des infractions dans la
loi sur la cybersécurité entrée en vigueur le 1er juin dernier. Sont menacés de
fermeture les sites qui laisseraient publier des informations politiquement
sensibles, des interprétations politiques « déformées » sur les directives ou
l’histoire du parti communiste ou « faisant la promotion d’idées subversives
comme la démocratie ». L’auteur d’un message considéré comme
« diffamatoire » est passible d’une peine de prison. S’abritant derrière la
lutte contre le terrorisme ou la pornographie, l’inscription à une plate-forme
Internet ne peut pas s’effectuer sous pseudonyme.
Depuis le 1er octobre 2017, l’anonymat sur le Web chinois n’existe
plus. Les utilisateurs doivent s’authentifier par l’envoi d’une pièce
d’identité. Cette mesure devrait faciliter les poursuites judiciaires pour
retrouver l’internaute qui romprait son engagement à ne pas aborder la liste
des sujets interdits. Ces dernières années, le parti-État a condamné à de
lourdes peines d’emprisonnement pour délit d’expression des micro-
bloggers, des journalistes, des avocats défenseurs des droits de l’homme,
des militants ouvriers et paysans, des pratiquants et religieux. Le Renmin
Ribao ou « Quotidien du peuple », l’organe officiel du Comité central du
parti communiste affichait clairement sa grande satisfaction fin 2015 face à
la « nature positive » des messages qui étaient postés. Le rapport sur la
liberté d’expression sur Internet de 2015 de l’ONG Freedom House classe
la Chine, derrière Cuba et la Syrie, dernière sur un panel de 65 pays, pour
les obstacles à un libre accès, le contrôle des contenus et les violations des
droits de utilisateurs. Dans son classement 2017 pour la liberté de la presse
dans le monde, l’ONG française Reporters sans frontières classe la Chine à
la 176e place sur 180 pays (Note : https://rsf.org/fr/classement).
2.3. Séduire et censurer

Pour aller à la rencontre de la jeunesse, les instances représentatives


du Parti et de l’État ont accru leur présence sur la toile. Les sites des
organes de presse nationaux ou locaux font des efforts, pour attirer une
nouvelle classe moyenne urbaine mieux éduquée et plus ouverte à
l’international, des sujets sur l’art, la mode, le tourisme et le business sont
abordés. Le quart de million de journalistes porteurs d’une carte de presse
restent au seul service du Parti-État. Dans les années 2000, les net-citoyens
qui alimentaient consciencieusement leurs blogs de reportages effectués sur
le terrain, se sont heurtés à la censure et à la répression policière.
Le groupe Alibaba et la municipalité de Pékin ont passé un accord
pour la mise en ligne de l’ensemble des services publics. D’autres sociétés
du numérique travaillent avec les mairies de Shanghai et de Shenzhen. Une
majorité des gouvernements, bureaux de la sécurité publique et tribunaux
locaux ont leur compte sur Sina Weibo. Au centre de la lutte contre la
corruption, la Commission centrale d’inspection de la discipline a lancé son
application sur smartphone en 2015 : un moyen pour le citoyen « d’exercer
sa vigilance » et d’adresser des photographies ou des vidéos pour dénoncer
les activités d’un cadre corrompu. Depuis la mi-août 2017, le premier
tribunal « dématérialisé » est ouvert. Les dépôts de plainte recevables
portent sur des conflits liés à la digitalisation (droits d’auteurs, qualité
défectueuse de produits achetés en ligne, etc.). En cas de poursuite, les
parties sont conviées à une audience en ligne.
La « Grande muraille numérique » surveille et contrôle les activités
sur l’Internet. Le système réduit le flux des informations du World Wide
Web : 2700 sites sont inaccessibles dont les principaux médias occidentaux,
Google, Facebook, Twitter, YouTube, Google, etc. (Note : « Blocked in
China » renseigne sur l’accessibilité :
https://www.comparitech.com/privacy-security-tools/blockedinchina/). La
liste de mots clés consultables sur les moteurs de recherche chinois est
réactualisée régulièrement : sont bloqués en permanence des noms propres
comme « Tian’anmen », « Dalai Lama »… En prévision du 19e Congrès du
parti communiste qui doit reconduire Xi Jinping au poste de Secrétaire
général du Parti – qui ouvre à un second quinquennat à la présidence de la
République – une campagne contre l’utilisation de VPN ou « Réseau privé
virtuel » a été lancée. Ces « tunnels virtuels » permettent de franchir la
Grande Muraille numérique. La nouvelle réglementation pourrait imposer
aux utilisateurs de ce précieux « sésame » de se déclarer à la police…
L’inaccessibilité au GAFA (Google, Apple, Facebook -WhatsApp, Amazon,
Microsoft, Twitter, etc.) a permis aux BATX (Baidu, Alibaba, Tencent-
WeChat, Xiaomi, Huawei, Renren, etc.) de bénéficier d’une forme de
protectionnisme économique, en prospérant sur une masse grandissante
d’utilisateurs chinois. Tencent est devenu le dixième plus grand groupe coté
en bourse au monde, devant Alibaba. L’intégration de nouvelles solutions
développées avec l’IA est leur prochain défi pour rivaliser avec les grands
groupes américains.

2.4. Une véritable mue vers la société de


l’informatisation

Selon le rapport de Newzoo’s Global Mobile Market, 51,7% des


Chinois possèdent un smartphone, soit environ 720 millions en avril 2017.
La plupart d’entre eux sont des urbains. Le nombre de citadins a été
multiplié en quatre décennies pour atteindre 55,61% de la population
globale en 2015 (référence sur
http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/tend/CHN/fr/SP.URB.TOTL.IN.ZS.
html ). L’âge médian du citadin est de 37 ans. Pour répondre aux nouveaux
besoins de ces jeunes consommateurs, les offres de service se sont
multipliées sur les plates-formes de la nouvelle économie du numérique.
Dans l’e-commerce, le groupe Alibaba compte presque un demi milliard
d’acheteurs actifs en 2017. Sur ses trois principales plateformes Taobao,
Tmall et AliExpress, dix millions d’entreprises diffusent leurs produits. Le
chiffre d’affaires d’Alibaba pourrait atteindre les 900 milliards dollars
américains en 2020 (https://www.reuters.com/article/us-alibaba-china-
idUSKCN0Z013R). Les groupes Alibaba , JD.com et Dangdang contribuent
à faire de la Chine le premier marché du e-commerce dans le monde. Sept
touristes sur dix organisent leur voyage avec des applications. Les deux
principales sont Ctrip et Qunar. Airbnb, leader mondial de la location de
vacances, a un sérieux concurrent avec la plateforme Tujia basée à Pékin.
Quant à la société californienne Uber, elle a jeté l’éponge sur le territoire
chinois en 2016 au profit de Didi Chuxing, qui compte plus de cent millions
d’abonnés. Plusieurs municipalités, conscientes de la gravité de la pollution
de l’air, se sont lancées dans le vélo-partage avec Mobike et Ofo, qui ont
plus de quatre cents millions d’abonnés. Les applications de livraison de
plats préparés via des restaurants ont presque trois cents millions
d’utilisateurs.
Alipay d’Ant Financial Services Group ou WeChat Pay du groupe
Tencent sont les deux principales plate-forme de paiement en ligne sous la
surveillance de grandes banques d’État (Note : Ant Financial Services
Group a passé un partenariat avec la Banque de Construction de Chine,
Tencent Holdings Ltd avec la Banque de Chine). Cette dématérialisation
« révolutionnaire » de la monnaie a déjà séduit un demi-milliard de
possesseurs de smartphone. Avec l’envolée du tourisme chinois à l’étranger,
les pays européens et du sud-est asiatique, comme les Etats-Unis s’adaptent
à ce nouveau mode de paiement. Le crédit est devenu une cible de la
fintech. Seuls un quart des Chinois ont une « note de crédit » pour neuf
Américains sur dix (Note : Les entreprises notent les consommateurs, par
Simon Leplâtre, Le Monde du 11 juin 2017). Huit géants du web chinois
ont collaboré pour lancer le « Crédit Sésame », une application ludique qui
sert à collecter des données personnelles et à analyser les comportements
d’achat afin d’attribuer des points positifs ou négatifs dont le résultat
aboutit ou non à l’octroi d’un crédit à la consommation.
La vieille institution du renshi dang’an ou « dossier personnel » mis
en place sous Mao Zedong pour contrôler le parcours de chaque individu et
surveiller son évolution politique depuis son entrée au collège a fait peau
neuve et s’inspire aujourd’hui du Crédit Sésame. Le « crédit social », au-
delà des renseignements « classiques », étend sa quête d’informations à
l’ensemble des données produites par l’utilisation des objets connectés. Ne
pas consommer « Made in China » sur le e-commerce en se tournant vers
des produits étrangers, consulter des blogs frondeurs, être géolocalisé dans
une manifestation de lutte contre l’installation d’une usine polluante d’un
grand groupe d’État, avoir dans sa liste de contacts un ami ou un membre
de sa famille « mal noté », par exemple, auront pour effet l’attribution de
points négatifs. En fonction de la notation du crédit social, l’administration
peut accorder ou refuser la délivrance d’un passeport, la possibilité ou non
d’être admis dans le corps des fonctionnaires, l’inscription dans une
université de renom pour les enfants, etc.
Cet usage du suivi social individuel réactualisé grâce à Internet et au
Big data pousse les individus à l’autocensure, comme il favorise une
certaine « collaboration » avec le parti-État. La Commission nationale pour
la Réforme et le Développement (CNRD) (Note : Elle relève du Conseil des
affaires d’État, organe exécutif suprême du pouvoir) pilote la réalisation
d’une grande banque de données chargée de recueillir et stocker les
informations personnelles de chaque Chinois auprès d’une quarantaine
d’institutions comme la Sécurité publique, les tribunaux, les ministères, les
chemins de fer… Les entreprises privées ou publiques du web l’enrichiront
au quotidien. En avril 2017, dix start-up de vélo-partage ont signé avec
cette instance une convention qui les oblige à partager les informations sur
les déplacements de leurs clients. Le crédit social sera totalement
opérationnel d’ici 2020. Pour optimiser le système, la block-chain ou les
« chaînes de blocs » (Note : Le mathématicien Jean-Paul Delahaye assimile
un block-chain public à « un très grand cahier, que tout le monde peut lire
librement et gratuitement, sur lequel tout le monde peut écrire, mais qui est
impossible à effacer et indestructible »), une technologie de contrôle
décentralisé, de stockage et de transmission transparente et sécurisée
d’informations, a été intégré.

2.5. Le développement des solutions technologiques


liées à l’IA mènera-t-il le peuple chinois vers une
nouvelle forme de dictature ?

Le modèle économique des « Trente glorieuses » chinoises qui a


permis le décollage du pays est en panne. L’entrée dans la 4e révolution
industrielle –l’ère du numérique - offre un nouvel élan, qui pourrait
relancer sa croissance. Fini l’« usine du monde », les dirigeants chinois
veulent faire émerger l’image d’un pays compétitif à la pointe de la
modernité avec ses « usines 4.0 » (Note : Concept allemand initié en 2013,
d’une nouvelle organisation des moyens de production liée à l’utilisation
des technologies de l’information et de la communication, l’Internet des
objets et le Big data). Six entreprises sur dix investissent déjà dans le
développement de systèmes intelligents. Le 12e plan quinquennal (2010-
2015) avait déjà anticipé sur la digitalisation de la société chinoise. Celui
qui suit court jusqu’en 2020 et reconnaît son « intelligentisation » comme le
6e chantier d’importance sur 69 énumérés. Pour réussir ce passage vers la
nouvelle génération de technologies de l’information deux programmes
étatiques soutiennent l’innovation : le « Made in China 2025 » et « Internet
+ » (Note : Adoptés successivement en mai 2015 et en juillet 2017, ils
entérinent l’essor du Cloud, du Big data, de l’Internet mobile et de
l’Internet des objets avec leurs applications dans les secteurs financier,
médicale et agricole. L’État facilitera le développement de l’e-commerce et
prêtera assistance aux entreprises nationales du numérique dans leur
compétition sur le marché mondial).
Le « Plan de développement de l’IA de la prochaine génération »
(Note : 新一代人工智能发展规划 Xin yidairen gongzhi fazhan guihua
http://www.gov.cn/zhengce/content/2017-07/20/content_5211996.htm)
réaffirme le 20 juillet 2017 la profonde détermination du Conseil d’État et
insiste sur l’importance des enjeux de l’intelligentisation à relever pour
faire de la Chine une « nation innovante » et une « future puissance
mondiale en sciences et technologies ». L’agenda qui a été élaboré est
précis :
d’ici 2020, mise en place de l’Intelligence
Artificielle Distribuée (IAD) (Note : L’IAD
s’intéresse à des systèmes dans lesquels des
agents artificiels opèrent collectivement et
de façon décentralisée pour accomplir une
tâche, mais il offre aussi l’alternative de
mettre en place une planification
centralisée où les multi-agents deviennent
de simples exécutants. Lire document
http://www.google.fr/url?
sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=6&ved=0ah
UKEwj6xYzytP_VAhUGnRoKHYqsDLYQFghDMAU
&url=http%3A%2F%2Fwww.lsis.org%2Fespinasseb%2
FSupports%2FSMAI-2008%2FSMA-BE1-2012-
4p.pdf&usg=AFQjCNEt63thU66JU1sT6cko4C4rM48N
Zw )
d’ici 2025, encadrement et contrôle du
développement de l’IA par un ensemble de
lois et de réglementations éthiques et
politiques ; prise du leadership mondial
pour la création de « ville intelligente » ;
élaboration de solutions « intelligentes »
dans les domaines de la médecine, de
l’agriculture, de l’éducation, de la défense,
etc…
pour 2030, la Chine se projette comme le
centre mondial d’innovation pour les
systèmes liés à l’IA.

La Chine reconnaît son retard sur les pays développés en recherche


fondamentale. Dans cette course de vitesse, les États-Unis apparaissent
comme le seul rival. En 2017, le gouvernement aura investi 2,6 milliards de
dollars américains (Note : La Chine se classe à la seconde place mondiale,
derrière les États-Unis dont la dépense s'élève à 17,9 milliards de dollars
américains) pour créer des écosystèmes favorables à la recherche et à
l’accueil des talents nationaux et internationaux. De nombreux instituts
universitaires dédiés à l’IA sont en cours de constitution. Le but du
programme de « La Chine des mille talents » est de posséder 43% des
scientifiques spécialisés dans ce domaine d’ici 2030. Les trois « Silicon
Valleys » de Pékin, Shanghai et Shenzhen accueillent respectivement 242,
112 et 93 start-up spécialisées dans les solutions intelligentes (Note :
Wilson Birefs- Juin 2017 – How China is preparing for an AI-powered
Future).
Le « Made in China 2025 » a boosté l’indigénisation industrielle des
équipements clés (Note : Dans le but d’être autosuffisant, le gouvernement
chinois a lancé ce plan ambitieux pour créer des champions nationaux dans
une dizaine de secteurs industriels stratégiques comme les circuits intégrés
(semi-conducteurs), le matériel informatique, les logiciels industriels et
systèmes opérationnels, le matériel intelligent haut de gamme, les robots,
etc. L’acquisition d’entreprises ou la création de centres de recherche à
l’étranger dans le secteur des hautes technologies est encouragée et
soutenue financièrement par les grands fonds souverains). L’État chinois
avait pris trois à quatre années de retard sur les pays occidentaux dans la
construction de son réseau de téléphonie mobile 4G, il investira 411
milliards de dollars américains (Note : Lire
http://www.scmp.com/tech/china-tech/article/2098948/china-plans-28-
trillion-yuan-capital-expenditure-create-worlds ) pour mettre en place le
réseau cellulaire 5G dans les trois ans, avec deux opérateurs nationaux,
Huawei Technologies et ZTE Corporation, et le soutien du suédois Ericsson
et de l’américain Cisco Systems. Vingt fois plus rapide, la 5G est essentielle
pour accélérer de la transmission de l’information au cœur de la
construction d’une société digitalisée.

Les Chinois ont réussi à développer leur propre système de


navigation par satellites (BDS) vingt ans après la mise en place du GPS
(Global Positioning System). Vingt-trois satellites de navigation « Beidou »
ont été placés en orbite, douze autres les rejoindront avant la fin de cette
décennie. Le système de géolocalisation BDS équipera alors plusieurs
dizaines de millions de véhicules. D’ici 2030, une voiture sur dix sera
totalement autonome sans chauffeur. Le système BDS couvrira à terme
l’Asie du sud-est et les pays situés le long de la ceinture économique des
Routes de la Soie. Les progrès de la recherche chinoise sont fulgurants dans
la conception et la réalisation de supercalculateurs. Sur les dix
supercalculateurs les plus puissants, cinq sont chinois. Le Sunway Taihu
Light est le champion du monde de la rapidité avec un niveau de crête de
125 quadrillions (1 suivi de 15 zéros) de calculs par seconde. Dix fois plus
rapide, le prototype exascale ( 1 suivi de 18 zéros) du Tianhe-3, développé
au Centre national des superordinateurs de Tianjin, sera prochainement
opérationnel, avec des années d’avance sur ses concurrents français et
américains. Cette nouvelle génération sera capable d’analyser des structures
de protéines ou de faire des simulations détaillées de tremblements de terre.
Ils sont indispensables pour faire progresser les technologies de l’IA et le
traitement du Big data. En mai 2017, le super ordinateur de Google,
AlphaGo battait le champion du monde du jeu de Go, le Chinois Ke Jie.
Le CCID Consulting avance que la Chine disposera de 30% du
« World data » en 2030 (note : https://www.lawfareblog.com/beyond-cfius-
strategic-challenge-chinas-rise-artificial-intelligence). « Ressource
nationale stratégique », le Big data chinois provient en partie de l’activité de
centaines de millions d’objets connectés comme le smartphone, les
ordinateurs, les tablettes et autres produits connectés du foyer. Ces
terminaux personnels retransmettent la liste de nos contacts personnels,
l’historique de nos appels téléphoniques, les données de géolocalisation de
nos déplacements, les rendez-vous notés dans notre agenda, les requêtes
effectuées sur les moteurs de recherche, nos transactions financières, les
adresses IP, nos emails envoyés ou reçus ainsi que les brouillons et nos
interventions sur les réseaux sociaux... Plus de huit Chinois sur dix se disent
inquiets de la collecte de tant de données, contre un Indien sur deux. Entrée
en vigueur le 1er juin dernier, la loi sur la cyber sécurité accorde un libre
accès à l’administration et au parti à l’ensemble des données qui circulent.
Le contrôle strict de leur flux oblige dorénavant les entreprises à les stocker
dans des serveurs établis sur le territoire chinois. À la mi-août, après
l’entreprise taïwanaise Foxconn, Apple Inc. a fait le choix de construire son
premier data center dans la province du Guizhou pour ne pas être évincé du
marché chinois. Le Secrétaire du comité du Parti de la capitale provinciale
Guiyang, Chen Gang soulignait que le Big data permettra d’ « accroître
l’ordre dans les villes pour créer une société plus civilisée » (Reuters du 12
juillet 2017- https://www.reuters.com/article/us-china-apple-
idUSKBN19X0D6).
Seules les sociétés « indigènes » peuvent opérer dans les services de
l’infonuagique. Les entreprises étrangères qui veulent travailler dans ce
secteur doivent monter un partenariat avec un autochtone. Les trois sociétés
les plus importantes du pays qui investissent dans les domaines de
l’infonuagique, du Big data et des objets connectés sont Alibaba dont la
capitalisation boursière pèse 360 milliards de dollars américains, Tencent
avec 337 milliards (Note : http://www.frenchweb.fr/alibaba-sa-
capitalisation-boursiere-augmente-de-42-milliards-de-dollars-et-surpasse-
celle-de-tencent/295385) et Baidu autour de 58 milliards en juin 2017. Dans
son « livre Blanc sur Internet » de 2010, le gouvernement chinois précise
que : «…les situations nationales et les cultures locales traditionnelles
diffèrent dans la plupart des pays et cela touche Internet en ce qui concerne
la sécurité… En Chine, Internet est sous la juridiction de la souveraineté
chinoise qui doit être respectée et protégée ».

2.6. La surveillance policière 4.0


Pour la sécurité intérieure, les dépenses annuelles du parti-État
atteignent 140 milliards de dollars américains. Le plan « Big intelligence »
du ministère de la Sécurité publique – révélé à la presse en 2014 - démontre
la volonté des instances dirigeantes de rendre intelligent l’ensemble des
équipements de sécurité et de contrôle de l’espace public. De sérieux
progrès dans le suivi des faits et gestes de la population ont été effectués : il
faut quatre minutes lors d’une inspection sur la voie publique pour savoir si
une personne est l’objet d’un avis de recherche, trois minutes et demie pour
vérifier l’authenticité ou la validité d’un permis de conduire. Les policiers
disposent d’une variété de systèmes de détection et de capteurs de nouvelle
génération. La reconnaissance de l’empreinte vocale ou le traitement
automatique du langage naturel ont progressé avec les algorithmes de l’IA.
Une nouvelle puce pour accélérer l’utilisation de la biométrie avec le
traitement et l’analyse intelligente des images équipe progressivement les
cent cinquante millions de caméras de surveillance disséminées dans
l’espace publique. Sans aucun obstacle réglementaire juridique, l’ensemble
des informations recueillies au niveau local est conservé dans des bases de
données gouvernementales pour un temps indéterminé.
Le système intelligent Dragnet récupère aussi les images des caméras
reliées au réseau Internet des taxis (Note : Les taxis ont l’obligation d’avoir
une caméra connectée embarquée et une empreinte électronique pour être
identifié. La mesure devrait s’étendre aux véhicules des routiers et des
transporteurs scolaires), des transports en commun urbains, des hôpitaux,
les magasins, les écoles et les universités… Les centaines de millions de
smartphones, d’ordinateurs, de tablettes et d’objets connectés à la maison
sont autant de terminaux utiles pour observer les individus. Micro et
appareil photo peuvent être déclenchés à distance. Avec la puce
« intelligente » Kirin 970 (Note :
https://www.developpez.com/actu/158420/IFA-2017-Huawei-officialise-
Kirin-970-son-nouveau-chipset-pour-smartphones-qui-integre-un-
processeur-dedie-a-l-IA/ ), présentée lors du Salon de l’électronique de
Berlin début septembre 2017, l’ère de l’anonymat atteint son terme. Le
géant des télécommunications Huawei a annoncé son intégration sur la
carte mère de ses smartphones. Sans dire qu’elle permettra de savoir ce que
l’utilisateur fait, où il est en temps réel et ce qu’il dit. Ne doutons pas que ce
pas vers le smartphone intelligent ouvre à de nouveaux services
sophistiqués, mais quid de nos libertés ? Le géant des télécommunications
occupe la troisième place mondiale des ventes et prévoit de dépasser les
sociétés Apple en 2018, puis Samsung en 2021. Environ 30% de la totalité
des exportations mondiales de smartphones au cours du premier trimestre
2017 sont chinoises avec Huawei, Oppo, Vivo, ZTE Corp. et Xiaomi
(Note : Selon Counterpoint Technology Market Research).
Sans savoir ce qu’il fait, l’internaute qui poste sur Baidu ou d’autres
réseaux sociaux des selfies ou des photographies apparemment anodines
participe à l’enrichissement de la base de données qui le recense avec 300
autres millions d’individus pour l’instant. Toute personne est géo-
localisable sur le territoire chinois (dix-sept fois la superficie de la France)
en quatre minutes. La fiabilité de la recherche est estimée à 99%. La « ré-
identification personnelle » ou « re-ID » (Note : China seeks glimpse of
Citizens future with crime-predicting AI de Yuan Yang, Yingzhi Yang et
Sheng Feiju, Financial Time du 23 juillet 2017) maximise la technologie de
reconnaissance faciale en s’attachant à ceux qui songeraient à user de
maquillage ou à se déguiser. Le repérage s’effectue en tenant compte de
l’apparence corporelle, de la gestuelle et de la manière de se mouvoir. Le
cheminement d’une personne à travers le pays peut être reconstitué. En
avril 2017, la société Baidu a retrouvé, vingt-sept ans après, le fils d’un
couple de la province du Fujian qui avait disparu à l’âge de six ans. Une
analyse ADN a confirmé la filiation.
Dans plusieurs villes, dont les rues très fréquentées de Shanghai, si
un piéton est reconnu alors qu’il ne respecte pas les feux de signalisation ou
qu’il traverse hors d’un passage protégé, sa photo, son identité et son
numéro de téléphone sont dévoilés instantanément sur les écrans situés à
proximité (dans les stations de bus par exemple). Dans une société où le
statut social est central pour l’individu, le signalement public d’une
infraction correspond à « perte de face », plus redoutée que le coût formel
de l’amende de quelques euros qui l’accompagne. Au Xinjiang, l’armée
populaire de Libération a déployé des drones armés de caméra pour
localiser des groupes de « terroristes » qui traverseraient la frontière au
nord-ouest du pays. Des unités spéciales sont aussi formées pour manipuler
ces drones bourrés de moyens de détection. Elles interviennent lors de
manifestations ou de débordements populaires pour participer au repérage
et à l’identification des meneurs ou des casseurs.
Les membres du parti communiste ne sont pas non plus à l’abri d’une
immixtion dans leur vie privée. La start-up Yunshu Weilou de la pépinière
de l’Université des Sciences et Technologies de Chine (UESTC) à
Chengdu, en collaboration avec le comité du Parti de la province du
Sichuan, développe l’ « Cloud rouge intelligent », une plateforme chargée
d’évaluer la performance professionnelle et l’évolution idéologique des
cadres communistes du sud-ouest du pays. La totalité de leurs informations
personnelles numérisées sont, depuis cinq ans, collectées et scrutées pour
prévenir contre le moindre comportement ou idée « hors de la ligne
officielle du parti ». Ce système d’analyse prédictif intelligent est considéré
comme contribuant à « l’amélioration de la construction de l’organisation
du Parti ». L’impact émotionnel qui commande au comportement d’un
individu dans une situation donnée est-il réellement interprétable ? Une
cinquantaine d’organisations officielles y auraient recours. Parmi elles, la
Ligue de la Jeunesse révolutionnaire et le Ministère de l’Éducation (Note :
Minority Report ? AI to rank Communist Party members par Gavin Neale
Blackburn du 21 juillet 2017 -
https://news.cgtn.com/news/3d676a4e3267444e/share.html)
Les crimes sont-ils prédictifs ? L’entreprise d’État China Electronics
Technology Group Corporation et la société privée CloudWalk Technology
(Note : Elle est active dans les systèmes de reconnaissance faciale) sont
missionnées pour réaliser sur la base de modèles comportementaux
répertoriés des technologies d’IA de détection et d’identification de
personnes suspectées de « pré-crime ». Le désir des services de sécurité
d’appréhender un individu avant qu’il ne passe à l’acte n’est plus une
fiction. Un membre « séparatiste » de la minorité ouïghoure sera-t-il
soupçonné de préparer un attentat « terroriste » parce qu’il fréquente des
magasins d’armes blanches et prend les transports en commun ? (Note : Le
1er mars 2014, un commando de supposés « terroristes » assaillent armés de
couteaux des passagers de la gare de Kunming. Le bilan est lourd : vingt-
neuf morts et 130 blessés. http://www.lemonde.fr/asie-
pacifique/article/2014/03/01/en-chine-des-hommes-armes-de-couteaux-
tuent-27-personnes-dans-une-gare_4376156_3216.html). À plus ou moins
long terme, ce genre de technologies dans un régime autoritaire qui ne
respecte pas les droits humains dérivera vers le « pré-crime politique ».

2.7. Les robots, de nouveaux alliés du régime ?


Des robots humanoïdes s’installent ces dernières années dans le
quotidien des Chinois. De leur voix douce et féminine, ils conseillent au
client de faire la queue à la banque, prennent votre commande dans un
restaurant et apportent les plats à votre table. L’entreprise WL Intelligent
Technology Co. Ltd a battu un record du monde en faisant exécuter une
chorégraphie à plus de mille robots simultanément. Dénommé « Dobi », ce
robot parle et pratique le taijiquan (Note : Art martial et gymnastique
chinoise). En 2020, plus de 100 000 robots par an seront assemblés pour
l’industrie et le secteur de la santé, pour participer aux secours sur des
zones de catastrophes naturelles, etc. À l’occasion de la foire du high-tech
de Chongqing d’avril 2016, le futur auxiliaire de police « Anbot » créé au
sein de l’Université des Technologies de Défense de Changsha au Hunan a
été présenté au grand public. Ce robot d’un mètre cinquante pèse soixante-
dix-huit kilos, roule au maximum à dix-huit kilomètres par heure. S’il
détecte des explosifs, des armes, des agents biochimiques ou de la drogue, il
passe des appels d’urgence pour prévenir ses collègues humains. Son bras
mécanique peut immobiliser un délinquant avec la libération de décharges
électriques paralysantes. Les Anbot se déploieront prochainement près des
banques, dans les aéroports, les écoles et les campus. Parce qu’ils n’ont ni
empathie ni anxiété ni peur de la souffrance, la police armée du Peuple ou
PAP a demandé à les utiliser lors des incidents de masse ou des opérations
anti-émeutes.
La presse n’échappera pas aux logiciels d’IA. Le patron du groupe
Alibaba Jack Ma a fait l’acquisition fin 2015 du plus vieux quotidien
indépendant en langue anglaise né sous la colonisation de la région
autonome spéciale de Hongkong. Favorable à Pékin, la nouvelle ligne
éditoriale du South China Morning Post a poussé au départ de nombreux
journalistes. Le journal a recours à des robots-journalistes pour rédiger des
articles (Note : Ces technologies sont aussi utilisées par l’agence
Bloomberg et le Washington Post). Jusqu’où un pouvoir autoritaire peut-il
vraiment faire confiance au robot ? Cent mille chatbot (Note : « chat » pour
discussion en ligne et « bot » pour robot) ou «agents conversationnels »
intelligents s’entretiennent avec des humains dans le monde entier. Souvent
téléchargée sur les smartphones des parents, l’application intelligente
Jiaohao est un chatbot destiné à aider les jeunes enfants uniques à faire leurs
devoirs à domicile. Après leurs faux pas idéologiques, deux autres célèbres
chatbots développés par QQ Tencent ont été « rééduqués ». L’« écolière en
uniforme » Little Bing et le « pingouin à l’écharpe rouge » Baby Q ont subi
l’ire des responsables de la propagande pour avoir tenu des propos
politiques inadéquats. Baby Q a même osé avancer que « l’on a besoin de
démocratie » ! (Note : Deux robots bannis, car ils n’aiment pas le Parti
communiste, article de Ouest France du 9 août 2017).
Des technologies issues de la recherche en IA sont expérimentées
pour assister l’administration, la gestion urbaine et la protection de
l’environnement. Le Guizhou est la province où sont développées et testées
nombre de solutions de legaltech (Note : Ces logiciels d’IA sont déjà très
développés dans les pays anglo-saxons) d’automatisation des tâches
répétitives des juges, de déjudiciarisation. Dès la fin de l’année 2017, les
magistrats de la ville de Nantong au Jiangsu ont bénéficié de ces avancées
« intelligentes ». Selon le journal local, leur travail d’analyse des documents
et des pièces officiels des affaires à juger s’est allégé, grâce aux logiciels de
« rapprochement judiciaire ». Une plateforme dynamique de gestion de
l’ensemble des données judiciaires est en cours de construction afin
d’établir des tribunaux intelligents dématérialisés capable de se lancer dans
la « justice prédictive ». Elle évaluera la probabilité de récidive d’un
suspect, de statuer sur une incarcération préventive. Plus besoin d’ «inviter
à boire le thé » les potentiels dissidents politiques, la cyberjustice pourrait
décider directement de les réprimer.

Conclusion : Dans la course mondiale à


l’intelligentisation…

En Chine, le « Big brother » du roman d’anticipation « 1984 » -


publié un trimestre avant la fondation de la République populaire de Chine
le 1er octobre 1949 - de George Orwell n’est plus une fiction : il est
dépassé ! Pour optimiser le contrôle social, le gouvernement communiste
dispose d’une infrastructure technique efficace pour collecter et transporter
les données de chaque individu vers des data-centers établis sur son
territoire. Les supercalculateurs de nouvelle génération offrent une capacité
incommensurable de développement de solutions « intelligentes » pour
traiter des masses d’informations colossales. Les Chinois entrent dans une
nouvelle ère de dictature plus sophistiquée avec l’intelligentisation. Certes,
rien n’est sûr, fiable et prédictible à cent pour cent. De nouveaux
contrepouvoirs naîtront sûrement pour s’opposer à la surveillance de masse
digitalisée. Mais ce qui s’installe en catimini en Chine doit faire réfléchir
les pays démocratiques et chaque citoyen sur la nécessité d’un encadrement
éthique et politique avant l’arrivée dans notre quotidien de l’IA. La
révolution intelligente est inévitable et souhaitable si elle n’empiète pas sur
les libertés fondamentales et les droits humains acquis de longue lutte. Le
président russe Vladimir Poutine déclare, le 1er septembre 2017, devant des
étudiants de la ville de Yaroslav que le pays qui deviendra leader dans le
domaine de l’intelligentisation deviendra le « maître du monde ». Cette
course mondiale à l’IA n’est pas sans danger.
Another random document with
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hear him discussed by the others, and I soon learned what a popular
favourite he was. Among many of the volunteers, belonging to other
squadrons, sons of rich business or professional men who looked at
the higher aristocratic society only from outside and without
penetrating its enclosure, the attraction which they naturally felt
towards what they knew of Saint-Loup’s character was reinforced by
the distinction that attached in their eyes to the young man whom, on
Saturday evenings, when they went on pass to Paris, they had seen
supping in the Café de la Paix with the Duc d’Uzès and the Prince
d’Orléans. And on that account, into his handsome face, his casual
way of walking and saluting officers, the perpetual dance of his
eyeglass, the affectation shewn in the cut of his service dress—the
caps always too high, the breeches of too fine a cloth and too pink a
shade—they had introduced the idea of a “tone” which, they were
positive, was lacking in the best turned-out officers in the regiment,
even the majestic Captain to whom I had been indebted for the
privilege of sleeping in barracks, who seemed, in comparison, too
pompous and almost common.
One of them said that the Captain had bought a new horse. “He
can buy as many horses as he likes. I passed Saint-Loup on Sunday
morning in the Allée des Acacias; now he’s got some style on a
horse!” replied his companion, and knew what he was talking about,
for these young fellows belonged to a class which, if it does not
frequent the same houses and know the same people, yet, thanks to
money and leisure, does not differ from the nobility in its experience
of all those refinements of life which money can procure. At any rate
their refinement had, in the matter of clothes, for instance, something
about it more studied, more impeccable than that free and easy
negligence which had so delighted my grandmother in Saint-Loup. It
gave quite a thrill to these sons of big stockbrokers or bankers, as
they sat eating oysters after the theatre, to see at an adjoining table
Serjeant Saint-Loup. And what a tale there was to tell in barracks on
Monday night, after a week-end leave, by one of them who was in
Robert’s squadron, and to whom he had said how d’ye do “most
civilly”, while another, who was not in the same squadron, was quite
positive that, in spite of this, Saint-Loup had recognised him, for two
or three times he had put up his eyeglass and stared in the
speaker’s direction.
“Yes, my brother saw him at the Paix,” said another, who had been
spending the day with his mistress; “my brother says his dress coat
was cut too loose and didn’t fit him.”
“What was the waistcoat like?”
“He wasn’t wearing a white waistcoat; it was purple, with sort of
palms on it; stunning!”
To the “old soldiers” (sons of the soil who had never heard of the
Jockey Club and simply put Saint-Loup in the category of ultra-rich
non-commissioned officers, in which they included all those who,
whether bankrupt or not, lived in a certain style, whose income or
debts ran into several figures, and who were generous towards their
men), the gait, the eyeglass, the breeches, the caps of Saint-Loup,
even if they saw in them nothing particularly aristocratic, furnished
nevertheless just as much interest and meaning. They recognized in
these peculiarities the character, the style which they had assigned
once and for all time to this most popular of the “stripes” in the
regiment, manners like no one’s else, scornful indifference to what
his superior officers might think, which seemed to them the natural
corollary of his goodness to his subordinates. The morning cup of
coffee in the canteen, the afternoon “lay-down” in the barrack-room
seemed pleasanter, somehow, when some old soldier fed the
hungering, lazy section with some savoury tit-bit as to a cap in which
Saint-Loup had appeared on parade.
“It was the height of my pack.”
“Come off it, old chap, you don’t expect us to believe that; it
couldn’t have been the height of your pack,” interrupted a young
college graduate who hoped by using these slang terms not to
appear a “learned beggar”, and by venturing on this contradiction to
obtain confirmation of a fact the thought of which enchanted him.
“Oh, so it wasn’t the height of my pack, wasn’t it? You measured it,
I suppose! I tell you this much, the C. O. glared at it as if he’ld have
liked to put him in clink. But you needn’t think the great Saint-Loup
felt squashed; no, he went and he came, and down with his head
and up with his head, and that blinking glass screwed in his eye all
the time. We’ll see what the ‘Capstan’ has to say when he hears. Oh,
very likely he’ll say nothing, but you may be sure he won’t be
pleased. But there’s nothing so wonderful about that cap. I hear he’s
got thirty of ’em and more at home, at his house in town.”
“Where did you hear that, old man? From our blasted corporal-
dog?” asked the young graduate, pedantically displaying the new
forms of speech which he had only recently acquired and with which
he took a pride in garnishing his conversation.
“Where did I hear it? From his batman; what d’you think?”
“Ah! Now you’re talking. That’s a chap who knows when he’s well
off!”
“I should say so! He’s got more in his pocket than I have, certain
sure! And besides he gives him all his own things, and everything.
He wasn’t getting his grub properly, he says. Along comes de Saint-
Loup, and gives cooky hell: ‘I want him to be properly fed, d’you
hear,’ he says, ‘and I don’t care what it costs.’”
The old soldier made up for the triviality of the words quoted by the
emphasis of his tone, in a feeble imitation of the speaker which had
an immense success.
On leaving the barracks I would take a stroll, and then, to fill up the
time before I went, as I did every evening, to dine with Saint-Loup at
the hotel in which he and his friends had established their mess, I
made for my own, as soon as the sun had set, so as to have a
couple of hours in which to rest and read. In the square, the evening
light bedecked the pepper-pot turrets of the castle with little pink
clouds which matched the colour of the bricks, and completed the
harmony by softening the tone of the latter where it bathed them. So
strong a current of vitality coursed through my nerves that no amount
of movement on my part could exhaust it; each step I took, after
touching a stone of the pavement, rebounded off it. I seemed to have
growing on my heels the wings of Mercury. One of the fountains was
filled with a ruddy glow, while in the other the moonlight had already
begun to turn the water opalescent. Between them were children at
play, uttering shrill cries, wheeling in circles, obeying some necessity
of the hour, like swifts or bats. Next door to the hotel, the old National
Courts and the Louis XVI orangery, in which were installed now the
savings-bank and the Army Corps headquarters, were lighted from
within by the palely gilded globes of their gas-jets which, seen in the
still clear daylight outside, suited those vast, tall, eighteenth-century
windows from which the last rays of the setting sun had not yet
departed, as would have suited a complexion heightened with rouge
a headdress of yellow tortoise-shell, and persuaded me to seek out
my fireside and the lamp which, alone in the shadowy front of my
hotel, was striving to resist the gathering darkness, and for the sake
of which I went indoors before it was quite dark, for pleasure, as to
an appetising meal. I kept, when I was in my room, the same fulness
of sensation that I had felt outside. It gave such an apparent
convexity of surface to things which as a rule seem flat and empty, to
the yellow flame of the fire, the coarse blue paper on the ceiling, on
which the setting sun had scribbled corkscrews and whirligigs, like a
schoolboy with a piece of red chalk, the curiously patterned cloth on
the round table, on which a ream of essay paper and an inkpot lay in
readiness for me, with one of Bergotte’s novels, that ever since then
these things have continued to seem to me to be enriched with a
whole form of existence which I feel that I should be able to extract
from them if it were granted me to set eyes on them again. I thought
with joy of the barracks that I had just left and of their weather-cock
turning with every wind that blew. Like a diver breathing through a
pipe which rises above the surface of the water, I felt that I was in a
sense maintaining contact with a healthy, open-air life when I kept as
a baiting-place those barracks, that towering observatory, dominating
a country-side furrowed with canals of green enamel, into whose
various buildings I esteemed as a priceless privilege, which I hoped
would last, my freedom to go whenever I chose, always certain of a
welcome.
At seven o’clock I dressed myself and went out again to dine with
Saint-Loup at the hotel where he took his meals. I liked to go there
on foot. It was by now pitch dark, and after the third day of my visit
there began to blow, as soon as night had fallen, an icy wind which
seemed a harbinger of snow. As I walked, I ought not, strictly
speaking, to have ceased for a moment to think of Mme. de
Guermantes; it was only in the attempt to draw nearer to her that I
had come to visit Robert’s garrison. But a memory, a grief, are
fleeting things. There are days when they remove so far that we are
barely conscious of them, we think that they have gone for ever.
Then we pay attention to other things. And the streets of this town
had not yet become for me what streets are in the place where one
is accustomed to live, simply means of communication between one
part and another. The life led by the inhabitants of this unknown
world must, it seemed to me, be a marvellous thing; and often the
lighted windows of some dwelling-house kept me standing for a long
while motionless in the darkness by laying before my eyes the actual
and mysterious scenes of an existence into which I might not
penetrate. Here the fire-spirit displayed to me in purple colouring the
booth of a chestnut seller in which a couple of serjeants, their belts
slung over the backs of chairs, were playing cards, never dreaming
that a magician’s wand was making them emerge from the night, like
a transparency on the stage, and presenting them in their true
lineaments at that very moment to the eyes of an arrested passer-by
whom they could not see. In a little curiosity shop a candle, burned
almost to its socket, projecting its warm glow over an engraving
reprinted it in sanguine, while, battling against the darkness, the light
of the big lamp tanned a scrap of leather, inlaid a dagger with fiery
spangles, on pictures which were only bad copies spread a priceless
film of gold like the patina of time or the varnish used by a master,
made in fact of the whole hovel, in which there was nothing but
pinchbeck rubbish, a marvellous composition by Rembrandt.
Sometimes I lifted my gaze to some huge old dwelling-house on
which the shutters had not been closed and in which amphibious
men and women floated slowly to and fro in the rich liquid that after
nightfall rose incessantly from the wells of the lamps to fill the rooms
to the very brink of the outer walls of stone and glass, the movement
of their bodies sending through it long unctuous golden ripples. I
proceeded on my way, and often, in the dark alley that ran past the
cathedral, as long ago on the road to Méséglise, the force of my
desire caught and held me; it seemed that a woman must be on the
point of appearing, to satisfy it; if, in the darkness, I felt suddenly
brush past me a skirt, the violence of the pleasure which I then felt
made it impossible for me to believe that the contact was accidental
and I attempted to seize in my arms a terrified stranger. This gothic
alley meant for me something so real that if I had been successful in
raising and enjoying a woman there, it would have been impossible
for me not to believe that it was the ancient charm of the place that
was bringing us together, and even though she were no more than a
common street-walker, stationed there every evening, still the wintry
night, the strange place, the darkness, the mediaeval atmosphere
would have lent her their mysterious glamour. I thought of what might
be in store for me; to try to forget Mme. de Guermantes seemed to
me a dreadful thing, but reasonable, and for the first time possible,
easy perhaps even. In the absolute quiet of this neighbourhood I
could hear ahead of me shouted words and laughter which must
come from tipsy revellers staggering home. I waited to see them, I
stood peering in the direction from which I had heard the sound. But
I was obliged to wait for some time, for the surrounding silence was
so intense that it allowed to travel with the utmost clearness and
strength sounds that were still a long way off. Finally the revellers did
appear; not, as I had supposed, in front of me, but ever so far
behind. Whether the intersection of side-streets, the interposition of
buildings had, by reverberation, brought about this acoustic error, or
because it is very difficult to locate a sound when the place from
which it comes is not known, I had been as far wrong over direction
as over distance.
The wind grew stronger. It was thick and bristling with coming
snow. I returned to the main street and jumped on board the little
tramway-car on which, from its platform, an officer, without
apparently seeing them, was acknowledging the salutes of the
loutish soldiers who trudged past along the pavement, their faces
daubed crimson by the cold, reminding me, in this little town which
the sudden leap from autumn into early winter seemed to have
transported farther north, of the rubicund faces which Breughel gives
to his merry, junketing, frostbound peasants.
And sure enough at the hotel where I was to meet Saint-Loup and
his friends and to which the fair now beginning had attracted a
number of people from near and far, I found, as I hurried across the
courtyard with its glimpses of glowing kitchens in which chickens
were turning on spits, pigs were roasting, lobsters being flung, alive,
into what the landlord called the “everlasting fire”, an influx (worthy of
some Numbering of the People before Bethlehem such as the old
Flemish masters used to paint) of new arrivals who assembled there
in groups, asking the landlord or one of his staff (who, if he did not
like the look of them, would recommend lodgings elsewhere in the
town) whether they could have dinner and beds, while a scullion
hurried past holding a struggling fowl by the neck. And similarly, in
the big dining-room which I crossed the first day before coming to
the smaller room in which my friend was waiting for me, it was of
some feast in the Gospels portrayed with a mediaeval simplicity and
an exaggeration typically Flemish that one was reminded by the
quantity of fish, pullets, grouse, woodcock, pigeons, brought in
dressed and garnished and piping hot by breathless waiters who slid
over the polished floor to gain speed and set them down on the huge
carving table where they were at once cut up but where—for most of
the people had nearly finished dinner when I arrived—they
accumulated untouched, as though their profusion and the haste of
those who brought them in were due not so much to the
requirements of the diners as to respect for the sacred text,
scrupulously followed in the letter but quaintly illustrated by real
details borrowed from local custom, and to an aesthetic and religious
scruple for making evident to the eye the solemnity of the feast by
the profusion of the victuals and the assiduity of the servers. One of
these stood lost in thought at the far end of the room by a sideboard;
and to find out from him, who alone appeared calm enough to be
capable of answering me, in which room our table had been laid,
making my way forward among the chafing-dishes that had been
lighted here and there to keep the late comers’ plates from growing
cold (which did not, however, prevent the dessert, in the centre of the
room, from being piled on the outstretched hands of a huge
mannikin, sometimes supported on the wings of a duck, apparently
of crystal, but really of ice, carved afresh every day with a hot iron by
a sculptor-cook, quite in the Flemish manner), I went straight—at the
risk of being knocked down by his colleagues—towards this servitor,
in whom I felt that I recognised a character who is traditionally
present in all these sacred subjects, for he reproduced with
scrupulous accuracy the blunt features, fatuous and ill-drawn, the
musing expression, already half aware of the miracle of a divine
presence which the others have not yet begun to suspect. I should
add that, in view probably of the coming fair, this presentation was
strengthened by a celestial contingent, recruited in mass, of
cherubim and seraphim. A young angel musician, whose fair hair
enclosed a fourteen-year-old face, was not, it was true, playing on
any instrument, but stood musing before a gong or a pile of plates,
while other less infantile angels flew swiftly across the boundless
expanse of the room, beating the air with the ceaseless fluttering of
the napkins which fell along the lines of their bodies like the wings in
“primitive” paintings, with pointed ends. Fleeing those ill-defined
regions, screened by a hedge of palms through which the angelic
servitors looked, from a distance, as though they had floated down
out of the empyrean, I explored my way to the smaller room in which
Saint-Loup’s table was laid. I found there several of his friends who
dined with him regularly, nobles except for one or two commoners in
whom the young nobles had, in their school days, detected likely
friends, and with whom they readily associated, proving thereby that
they were not on principle hostile to the middle class, even though it
were Republican, provided it had clean hands and went to mass. On
the first of these evenings, before we sat down to dinner, I drew
Saint-Loup into a corner and, in front of all the rest but so that they
should not hear me, said to him:
“Robert, this is hardly the time or the place for what I am going to
say, but I shan’t be a second. I keep on forgetting to ask you when
I’m in the barracks; isn’t that Mme. de Guermantes’s photograph that
you have on your table?”
“Why, yes; my good aunt.”
“Of course she is; what a fool I am; you told me before that she
was; I’d forgotten all about her being your aunt. I say, your friends
will be getting impatient, we must be quick, they’re looking at us;
another time will do; it isn’t at all important.”
“That’s all right; go on as long as you like. They can wait.”
“No, no; I do want to be polite to them; they’re so nice; besides, it
doesn’t really matter in the least, I assure you.”
“Do you know that worthy Oriane, then?”
This “worthy Oriane,” as he might have said, “that good Oriane,”
did not imply that Saint-Loup regarded Mme. de Guermantes as
especially good. In this instance the words “good”, “excellent”,
“worthy” are mere reinforcements of the demonstrative “that”,
indicating a person who is known to both parties and of whom the
speaker does not quite know what to say to someone outside the
intimate circle. The word “good” does duty as a stop-gap and keeps
the conversation going for a moment until the speaker has hit upon
“Do you see much of her?” or “I haven’t set eyes on her for months,”
or “I shall be seeing her on Tuesday,” or “She must be getting on,
now, you know.”
“I can’t tell you how funny it is that it should be her photograph,
because we’re living in her house now, in Paris, and I’ve been
hearing the most astounding things” (I should have been hard put to
it to say what) “about her, which have made me immensely
interested in her, only from a literary point of view, don’t you know,
from a—how shall I put it—from a Balzacian point of view; but you’re
so clever you can see what I mean; I don’t need to explain things to
you; but we must hurry up; what on earth will your friends think of my
manners?”
“They will think absolutely nothing; I have told them that you are
sublime, and they are a great deal more alarmed than you are.”
“You are too kind. But listen, what I want to say is this: I suppose
Mme. de Guermantes hasn’t any idea that I know you, has she?”
“I can’t say; I haven’t seen her since the summer, because I
haven’t had any leave since she’s been in town.”
“What I was going to say is this: I’ve been told that she looks on
me as an absolute idiot.”
“That I do not believe; Oriane is not exactly an eagle, but all the
same she’s by no means stupid.”
“You know that, as a rule, I don’t care about your advertising the
good opinion you’re kind enough to hold of me; I’m not conceited.
That’s why I’m sorry you should have said flattering things about me
to your friends here (we will go back to them in two seconds). But
Mme. de Guermantes is different; if you could let her know—if you
would even exaggerate a trifle—what you think of me, you would
give me great pleasure.”
“Why, of course I will, if that’s all you want me to do; it’s not very
difficult; but what difference can it possibly make to you what she
thinks of you? I suppose you think her no end of a joke, really;
anyhow, if that’s all you want we can discuss it in front of the others
or when we are by ourselves; I’m afraid of your tiring yourself if you
stand talking, and it’s so inconvenient too, when we have heaps of
opportunities of being alone together.”
It was precisely this inconvenience that had given me courage to
approach Robert; the presence of the others was for me a pretext
that justified my giving my remarks a curt and incoherent form, under
cover of which I could more easily dissemble the falsehood of my
saying to my friend that I had forgotten his connexion with the
Duchess, and also did not give him time to frame—with regard to my
reasons for wishing that Mme. de Guermantes should know that I
was his friend, was clever, and so forth—questions which would
have been all the more disturbing in that I should not have been able
to answer them.
“Robert, I’m surprised that a man of your intelligence should fail to
understand that one doesn’t discuss the things that will give one’s
friends pleasure; one does them. Now I, if you were to ask me no
matter what, and indeed I only wish you would ask me to do
something for you, I can assure you I shouldn’t want any
explanations. I may ask you for more than I really want; I have no
desire to know Mme. de Guermantes, but just to test you I ought to
have said that I was anxious to dine with Mme. de Guermantes; I am
sure you would never have done it.”
“Not only should I have done it, I will do it.”
“When?”
“Next time I’m in Paris, three weeks from now, I expect.”
“We shall see; I dare say she won’t want to see me, though. I can’t
tell you how grateful I am.”
“Not at all; it’s nothing.”
“Don’t say that; it’s everything in the world, because now I can see
what sort of friend you are; whether what I ask you to do is important
or not, disagreeable or not, whether I am really keen about it or ask
you only as a test, it makes no difference; you say you will do it, and
there you shew the fineness of your mind and heart. A stupid friend
would have started a discussion.”
Which was exactly what he had just been doing; but perhaps I
wanted to flatter his self-esteem; perhaps also I was sincere, the
sole touchstone of merit seeming to me to be the extent to which a
friend could be useful in respect of the one thing that seemed to me
to have any importance, namely my love. Then I went on, perhaps
from cunning, possibly from a genuine increase of affection inspired
by gratitude, expectancy, and the copy of Mme. de Guermantes’s
very features which nature had made in producing her nephew
Robert: “But, I say, we mustn’t keep them waiting any longer, and
I’ve mentioned only one of the two things I wanted to ask you, the
less important; the other is more important to me, but I’m afraid you
will never consent. Would it bore you if we were to call each other
tu?”
“Bore me? My dear fellow! Joy! Tears of joy! Undreamed-of
happiness!”
“Thank you—tu I mean; you begin first—ever so much. It is such a
pleasure to me that you needn’t do anything about Mme. de
Guermantes if you’ld rather not, this is quite enough for me.”
“I can do both.”
“I say, Robert! Listen to me a minute,” I said to him later while we
were at dinner. “Oh, it’s really too absurd the way our conversation is
always being interrupted, I can’t think why—you remember the lady I
was speaking to you about just now.”
“Yes.”
“You’re quite sure you know who’ I mean?”
“Why, what do you take me for, a village idiot?”
“You wouldn’t care to give me her photograph, I suppose?”
I had meant to ask him only for the loan of it. But when the time
came to speak I felt shy, I decided that the request was indiscreet,
and in order to hide my confusion I put the question more bluntly,
and increased my demand, as if it had been quite natural.
“No; I should have to ask her permission first,” was his answer.
He blushed as he spoke. I could see that he had a reservation in
his mind, that he credited me also with one, that he would give only a
partial service to my love, under the restraint of certain moral
principles, and for this I hated him.
At the same time I was touched to see how differently Saint-Loup
behaved towards me now that I was no longer alone with him, and
that his friends formed an audience. His increased affability would
have left me cold had I thought that it was deliberately assumed; but
I could feel that it was spontaneous and consisted only of all that he
had to say about me in my absence and refrained as a rule from
saying when we were together by ourselves. In our private
conversations I might certainly suspect the pleasure that he found in
talking to me, but that pleasure he almost always left unexpressed.
Now, at the same remarks from me which, as a rule, he enjoyed
without shewing it, he watched from the corner of his eye to see
whether they produced on his friends the effect on which he had
counted, an effect corresponding to what he had promised them
beforehand. The mother of a girl in her first season could be no more
unrelaxing in her attention to her daughter’s responses and to the
attitude of the public. If I had made some remark at which, alone in
my company, he would merely have smiled, he was afraid that the
others might not have seen the point, and put in a “What’s that?” to
make me repeat what I had said, to attract attention, and turning at
once to his friends and making himself automatically, by facing them
with a hearty laugh, the fugleman of their laughter, presented me for
the first time with the opinion that he actually held of me and must
often have expressed to them. So that I caught sight of myself
suddenly from without, like a person who reads his name in a
newspaper or sees himself in a mirror.
It occurred to me, one of these evenings, to tell a mildly amusing
story about Mme. Blandais, but I stopped at once, remembering that
Saint-Loup knew it already, and that when I had tried to tell him it on
the day following my arrival he had interrupted me with: “You told me
that before, at Balbec.” I was surprised, therefore, to find him
begging me to go on and assuring me that he did not know the story,
and that it would amuse him immensely. “You’ve forgotten it for the
moment,” I said to him, “but you’ll remember as I go on.” “No, really; I
swear you’re mistaken. You’ve never told me. Do go on.” And
throughout the story he fixed a feverish and enraptured gaze
alternately on myself and on his friends. I realised only after I had
finished, amid general laughter, that it had struck him that this story
would give his friends a good idea of my wit, and that it was for this
reason that he had pretended not to know it. Such is the stuff of
friendship.
On the third evening, one of his friends, to whom I had not had an
opportunity before of speaking, conversed with me at great length;
and I overheard him telling Saint-Loup how much he had been
enjoying himself. And indeed we sat talking together almost all
evening, leaving our glasses of sauterne untouched on the table
before us, isolated, sheltered from the others by the sumptuous
curtains of one of those intuitive sympathies between man and man
which, when they are not based upon any physical attraction, are the
only kind that is altogether mysterious. Of such an enigmatic nature
had seemed to me, at Balbec, that feeling which Saint-Loup had for
me, which was not to be confused with the interest of our
conversations, a feeling free from any material association, invisible,
intangible, and yet a thing of the presence of which in himself, like a
sort of inflammatory gas, he had been so far conscious as to refer to
it with a smile. And yet there was perhaps something more surprising
still in this sympathy born here in a single evening, like a flower that
had budded and opened in a few minutes in the warmth of this little
room. I could not help asking Robert when he spoke to me about
Balbec whether it were really settled that he was to marry Mlle.
d’Ambresac. He assured me that not only was it not settled, but
there had never been any thought of such a match, he had never
seen her, he did not know who she was. If at that moment I had
happened to see any of the social gossipers who had told me of this
coming event, they would promptly have announced the betrothal of
Mlle. d’Ambresac to some one who was not Saint-Loup and that of
Saint-Loup to some one who was not Mlle. d’Ambresac. I should
have surprised them greatly had I reminded them of their
incompatible and still so recent predictions. In order that this little
game may continue, and multiply false reports by attaching the
greatest possible number to every name in turn, nature has
furnished those who play it with a memory as short as their credulity
is long.
Saint-Loup had spoken to me of another of his friends who was
present also, one with whom he was on particularly good terms just
then, since they were the only two advocates in their mess of the
retrial of Dreyfus.
Just as a brother of this friend of Saint-Loup, who had been
trained at the Schola Cantorum, thought about every new musical
work not at all what his father, his mother, his cousins, his club
friends thought, but exactly what the other students thought at the
Schola, so this non-commissioned nobleman (of whom Bloch formed
an extraordinary opinion when I told him about him, because,
touched to hear that he belonged to the same party as himself, he
nevertheless imagined him on account of his aristocratic birth and
religious and military upbringing to be as different as possible,
endowed with the same romantic attraction as a native of a distant
country) had a “mentality”, as people were now beginning to say,
analogous to that of the whole body of Dreyfusards in general and of
Bloch in particular, on which the traditions of his family and the
interests of his career could retain no hold whatever. Similarly one of
Saint-Loup’s cousins had married a young Eastern princess who
was said to write poetry quite as fine as Victor Hugo’s or Alfred de
Vigny’s, and in spite of this was supposed to have a different type of
mind from what one would naturally expect, the mind of an Eastern
princess immured in an Arabian Nights palace. For the writers who
had the privilege of meeting her was reserved the disappointment or
rather the joy of listening to conversation which gave the impression
not of Scheherazade but of a person of genius of the type of Alfred
de Vigny or Victor Hugo.
“That fellow? Oh, he’s not like Saint-Loup, he’s a regular devil,” my
new friend informed me; “he’s not even straight about it. At first, he
used to say: ‘Just wait a little, there’s a man I know well, a clever,
kind-hearted fellow, General de Boisdeffre; you need have no
hesitation in accepting his decision.’ But as soon as he heard that
Boisdeffre had pronounced Dreyfus guilty, Boisdeffre ceased to
count: clericalism, staff prejudices prevented his forming a candid
opinion, although there is no one in the world (or was, rather, before
this Dreyfus business) half so clerical as our friend. Next he told us
that now we were sure to get the truth, the case had been put in the
hands of Saussier, and he, a soldier of the Republic (our friend
coming of an ultra-monarchist family, if you please), was a man of
bronze, a stern unyielding conscience. But when Saussier
pronounced Esterhazy innocent, he found fresh reasons to account
for the decision, reasons damaging not to Dreyfus but to General
Saussier. It was the militarist spirit that blinded Saussier (and I must
explain to you that our friend is just as much militarist as clerical, or
at least he was; I don’t know what to think of him now). His family are
all broken-hearted at seeing him possessed by such ideas.”
“Don’t you think,” I suggested, turning half towards Saint-Loup so
as not to appear to be cutting myself off from him, as well as towards
his friend, and so that we might all three join in the conversation,
“that the influence we ascribe to environment is particularly true of
intellectual environment. One is the man of one’s idea. There are far
fewer ideas than men, therefore all men with similar ideas are alike.
As there is nothing material in an idea, so the people who are only
materially neighbours of the man with an idea can do nothing to alter
it.”
At this point I was interrupted by Saint-Loup, because another of
the young men had leaned across to him with a smile and, pointing
to me, exclaimed: “Duroc! Duroc all over!” I had no idea what this
might mean, but I felt the expression on the shy young face to be
more than friendly. While I was speaking, the approbation of the
party seemed to Saint-Loup superfluous; he insisted on silence. And
just as a conductor stops his orchestra with a rap from his baton
because some one in the audience has made a noise, so he
rebuked the author of this disturbance: “Gibergue, you must keep
your mouth shut when people are speaking. You can tell us about it
afterwards.” And to me: “Please go on.”
I gave a sigh of relief, for I had been afraid that he was going to
make me begin all over again.
“And as an idea,” I went on, “is a thing that cannot participate in
human interests and would be incapable of deriving any benefit from
them, the men who are governed by an idea are not influenced by
material considerations.”
When I had finished, “That’s one in the eye for you, my boys,”
exclaimed Saint-Loup, who had been following me with his gaze with
the same anxious solicitude as if I had been walking upon a tight-
rope. “What were you going to say, Gibergue?”
“I was just saying that your friend reminded me of Major Duroc. I
seemed to hear him speaking.”
“Why, I’ve often thought so myself,” replied Saint-Loup; “they have
several points in common, but you’ll find there are a thousand things
in this fellow that Duroc hasn’t got.”
Saint-Loup was not satisfied with this comparison. In an ecstasy of
joy, into which there no doubt entered the joy that he felt in making
me shine before his friends, with extreme volubility, stroking me as
though he were rubbing down a horse that had just come first past
the post, he reiterated: “You’re the cleverest man I know, do you
hear?” He corrected himself, and added: “You and Elstir.—You don’t
mind my bracketing him with you, I hope. You understand—
punctiliousness. It’s like this: I say it to you as one might have said to
Balzac: ‘You are the greatest novelist of the century—you and
Stendhal.’ Excessive punctiliousness, don’t you know, and at heart
an immense admiration. No? You don’t admit Stendhal?” he went on,
with an ingenuous confidence in my judgment which found
expression in a charming, smiling, almost childish glance of
interrogation from his green eyes. “Oh, good! I see you’re on my
side; Bloch can’t stand Stendhal. I think it’s idiotic of him. The
Chartreuse is after all an immense work, don’t you think? I am so
glad you agree with me. What is it you like best in the Chartreuse,
answer me?” he appealed to me with a boyish impetuosity. And the
menace of his physical strength made the question almost terrifying.
“Mosca? Fabrice?” I answered timidly that Mosca reminded me a
little of M. de Norpois. Whereupon peals of laughter from the young
Siegfried Saint-Loup. And while I was going on to explain: “But
Mosca is far more intelligent, not so pedantic,” I heard Robert cry:
“Bravo!” actually clapping his hands, and, helpless with laughter,
gasp: “Oh, perfect! Admirable! You really are astounding.”
I took a particular pleasure in talking to this young man, as for that
matter to all Robert’s friends and to Robert himself, about their
barracks, the officers of the garrison, and the army in general.
Thanks to the immensely enlarged scale on which we see the things,
however petty they may be, in the midst of which we eat, and talk,
and lead our real life; thanks to that formidable enlargement which
they undergo, and the effect of which is that the rest of the world, not
being present, cannot compete with them, and assumes in
comparison the unsubstantiality of a dream, I had begun to take an
interest in the various personalities of the barracks, in the officers
whom I saw in the square when I went to visit Saint-Loup, or, if I was
awake then, when the regiment passed beneath my windows. I
should have liked to know more about the major whom Saint-Loup
so greatly admired, and about the course of military history which
would have appealed to me “even from an aesthetic point of view”. I
knew that with Robert the spoken word was, only too often, a trifle
hollow, but at other times implied the assimilation of valuable ideas
which he was fully capable of grasping. Unfortunately, from the
military point of view Robert was exclusively preoccupied at this time
with the case of Dreyfus. He spoke little about it, since he alone of
the party at table was a Dreyfusard; the others were violently
opposed to the idea of a fresh trial, except my other neighbour, my
new friend, and his opinions appeared to be somewhat vague. A firm
admirer of the colonel, who was regarded as an exceptionally
competent officer and had denounced the current agitation against
the Army in several of his regimental orders, which won him the
reputation of being an anti-Dreyfusard, my neighbour had heard that
his commanding officer had let fall certain remarks which had led to
the supposition that he had his doubts as to the guilt of Dreyfus and
retained his admiration for Picquart. In the latter respect, at any rate,
the rumour of Dreyfusism as applied to the colonel was as ill-
founded as are all the rumours, springing from none knows where,
which float around any great scandal. For, shortly afterwards, this
colonel having been detailed to interrogate the former Chief of the
Intelligence Branch, had treated him with a brutality and contempt
the like of which had never been known before. However this might
be (and naturally he had not taken the liberty of going direct to the
colonel for his information), my neighbour had paid Saint-Loup the
compliment of telling him—in the tone in which a Catholic lady might
tell a Jewish lady that her parish priest denounced the pogroms in
Russia and might openly admire the generosity of certain Israelites—
that their colonel was not, with regard to Dreyfusism—to a certain
kind of Dreyfusism, at least—the fanatical, narrow opponent that he
had been made out to be.
“I am not surprised,” was Saint-Loup’s comment; “for he’s a
sensible man. But in spite of that he is blinded by the prejudices of
his caste, and above all by his clericalism. Now,” he turned to me,
“Major Duroc, the lecturer on military history I was telling you about;
there’s a man who is whole-heartedly in support of our views, or so
I’m told. And I should have been surprised to hear that he wasn’t, for
he’s not only a brilliantly clever man, but a Radical-Socialist and a
freemason.”
Partly out of courtesy to his friends, whom these expressions of
Saint-Loup’s faith in Dreyfus made uncomfortable, and also because
the subject was of more interest to myself, I asked my neighbour if it
were true that this major gave a demonstration of military history
which had a genuine aesthetic beauty. “It is absolutely true.”
“But what do you mean by that?”
“Well, all that you read, let us say, in the narrative of a military
historian, the smallest facts, the most trivial happenings, are only the
outward signs of an idea which has to be analysed, and which often
brings to light other ideas, like a palimpsest. So that you have a field
for study as intellectual as any science you care to name, or any art,
and one that is satisfying to the mind.”
“Give me an example or two, if you don’t mind.”
“It is not very easy to explain,” Saint-Loup broke in. “You read, let
us say, that this or that Corps has tried ... but before we go any
farther, the serial number of the Corps, its order of battle are not
without their significance. If it is not the first time that the operation
has been attempted, and if for the same operation we find a different
Corps being brought up, it is perhaps a sign that the previous Corps
have been wiped out or have suffered heavy casualties in the said
operation; that they are no longer in a fit state to carry it through
successfully. Next, we must ask ourselves what was this Corps
which is now out of action; if it was composed of shock troops, held
in reserve for big attacks, a fresh Corps of inferior quality will have
little chance of succeeding where the first has failed. Furthermore, if
we are not at the start of a campaign, this fresh Corps may itself be a
composite formation of odds and ends withdrawn from other Corps,
which throws a light on the strength of the forces the belligerent still
has at his disposal and the proximity of the moment when his forces
shall be definitely inferior to the enemy’s, which gives to the
operation on which this Corps is about to engage a different
meaning, because, if it is no longer in a condition to make good its
losses, its successes even will only help mathematically to bring it
nearer to its ultimate destruction. And then, the serial number of the
Corps that it has facing it is of no less significance. If, for instance, it
is a much weaker unit, which has already accounted for several
important units of the attacking force, the whole nature of the
operation is changed, since, even if it should end in the loss of the
position which the defending force has been holding, simply to have
held it for any length of time may be a great success if a very small
defending force has been sufficient to disable highly important forces
on the other side. You can understand that if, in the analysis of the
Corps engaged on both sides, there are all these points of
importance, the study of the position itself, of the roads, of the
railways which it commands, of the lines of communication which it
protects, is of the very highest. One must study what I may call the
whole geographical context,” he added with a laugh. And indeed he
was so delighted with this expression that, every time he employed
it, even months afterwards, it was always accompanied by the same
laugh. “While the operation is being prepared by one of the
belligerents, if you read that one of his patrols has been wiped out in
the neighbourhood of the position by the other belligerent, one of the
conclusions which you are entitled to draw is that one side was
attempting to reconnoitre the defensive works with which the other
intended to resist his attack. An exceptional burst of activity at a
given point may indicate the desire to capture that point, but equally
well the desire to hold the enemy in check there, not to retaliate at
the point at which he has attacked you; or it may indeed be only a
feint, intended to cover by an increased activity the relief of troops in
that sector. (Which was a classic feint in Napoleon’s wars.) On the
other hand, to appreciate the significance of any movement, its
probable object, and, as a corollary, the other movements by which it
will be accompanied or followed, it is not immaterial to consult, not
so much the announcements issued by the Higher Command, which
may be intended to deceive the enemy, to mask a possible check, as
the manual of field operations in use in the country in question. We
are always entitled to assume that the manoeuvre which an army
has attempted to carry out is that prescribed by the rules that are
applicable to the circumstances. If, for instance, the rule lays down
that a frontal attack should be accompanied by a flank attack; if, after
the flank attack has failed, the Higher Command makes out that it
had no connexion with the main attack and was merely a diversion,
there is a strong likelihood that the truth will be found by consulting
the rules and not the reports issued from Headquarters. And there
are not only the regulations governing each army to be considered,
but their traditions, their habits, their doctrines; the study of
diplomatic activities, with their perpetual action or reaction upon
military activities, must not be neglected either. Incidents apparently
insignificant, which at the time are not understood, will explain to you
how the enemy, counting upon a support which these incidents shew
to have been withheld, was able to carry out only a part of his
strategic plan. So that, if you can read between the lines of military
history, what is a confused jumble for the ordinary reader becomes a
chain of reasoning as straightforward as a picture is for the picture-
lover who can see what the person portrayed is wearing and has in
his hands, while the visitor hurrying through the gallery is bewildered
by a blur of colour which gives him a headache. But just as with
certain pictures, in which it is not enough to observe that the figure is
holding a chalice, but one must know why the painter chose to place

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