PDF of Introduction A L Analyse Des Textes Classiques Cinquieme Edition 5Th Edition Georges Forestier Full Chapter Ebook
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Internet : www.armand-colin.com
ISBN : 978-2-200-61878-0
Du même auteur
Principaux ouvrages :
e
• Le Théâtre dans le théâtre sur la scène française du xvii siècle
(Droz, 1981 ; rééd. 1996) ;
• Esthétique de l’identité dans le théâtre français (1550-1680) : le
déguisement et ses avatars (Droz, 1988) ;
• Essai de génétique théâtrale : Corneille à l’œuvre (Klincksieck,
1996 ; rééd. Droz, 2004),
• Passions tragiques et règles classiques. Essai sur la tragédie
française (PUF, 2003 ; rééd. sous le titre La Tragédie française,
Armand Colin 2010) ;
• Jean Racine (Gallimard, 2006, nrf/Biographies).
Principales éditions :
Pour la Bibliothèque de la Pléiade (éd. Gallimard), nouvelles éditions
de Racine (Théâtre et Poésies, 1 vol., 1999) et Molière (Œuvres
complètes, 2 vol., 2010).
À paraître : Molière (Gallimard, nrf/Biographies).
Sommaire
Couverture
Page de titre
Page de Copyright
Du même auteur
Introduction
3. De l’esthétique à la rhétorique
4. Classicisme et baroque
2 Le champ de la rhétorique
3 Rhétorique et littérature
2. Prosodies particulières
4. La poétique moderne
5 Rhétorique et stylistique
1. De la rhétorique à la stylistique
2. Approche stylistique d’un texte ancien
3. L’importance de la métaphore
1.4 Conclusion
7 Bibliographie
I. Ouvrages de synthèse consacrés à la théorie littéraire
générale
II. Dictionnaires
V. La poétique moderne
3. De l’esthétique à la rhétorique
Retenons deux aspects essentiels du classicisme.
1) Comme nous venons encore de le rappeler, le réalisme prôné
par les classiques est un réalisme médiatisé par la raison. Ce qui est
en jeu, c’est transmettre au lecteur, à l’auditeur, au public, un type
d’« imitation » qu’il puisse raisonnablement accepter. Le but n’est
pas de surprendre, mais d’emporter l’adhésion.
Cette idée explique le rôle essentiel de la vraisemblance dans
l’esthétique classique : seul ce qui est vraisemblable est susceptible
d’avoir l’acquiescement spontané du public ; il faut que le public soit
convaincu.
Cette idée d’adhésion, de conviction est essentielle au XVIIe siècle,
et ne s’explique pas par des questions purement esthétiques. Ce qui
la sous-tend, c’est tout le système de pensée de l’époque. Or,
comme toujours, le système de pensée d’une époque est
conditionné par la manière dont on apprend à parler (en dehors de
la parole familière, évidemment). Et la parole élaborée, intellectuelle,
scientifique, de l’antiquité au XVIIe siècle, repose sur un ensemble
d’éléments techniques constitués en art : la rhétorique.
La rhétorique, c’est un art de la parole persuasive issu des
pratiques judiciaires et politiques de l’antiquité grecque. C’est donc
une technique qui envisage toujours le but de la parole comme une
entreprise de conviction. Qu’il s’agisse de plaider une cause, de
conseiller un auditoire, ou d’instruire une salle (les trois fonctions du
discours persuasif, sur lesquelles nous reviendrons), c’est toujours
d’emporter l’adhésion du destinataire de la parole qu’il s’agit.
On comprend tout ce que doivent les principes classiques rappelés
plus haut à l’art de la parole qui sous-tend la production littéraire.
2) On a vu que l’art classique ne récusait pas l’extraordinaire, si
cet extraordinaire était adapté au goût du public : on mesure le
risque d’affadissement et de conformisme qu’engage cette idée. Tout
rendre vraisemblable et acceptable peut conduire à tout rendre
banal.
Si les grands auteurs classiques ne sont pas tombés dans ce
travers, c’est que la tradition critique réclamait parallèlement que
l’écrivain cherchât à emporter l’adhésion du lecteur ou du spectateur
en le tirant vers le haut : les meilleurs écrivains ont ainsi voulu
provoquer son admiration en lui donnant à voir ou à lire quelque
chose qui le dépasse ; quelque chose que le lecteur ou le spectateur
ne comprend pas sur l’instant, et dont il peut reconstituer qu’après
coup la cohérence. D’où le recours au merveilleux – comme au
dénouement de l’Iphigénie de Racine – ou au sublime. Si le théâtre
tragique de Corneille dans son entier a été qualifié de « sublime »,
c’est que le principe esthétique clé de son esthétique dramatique a
constamment été de susciter l’admiration étonnée du spectateur au
moment où il ne s’y attend pas.
Ainsi au dénouement de Cinna, Auguste gracie les conjurés quand
tout laissait attendre qu’il allait les condamner : au moment où il
touche le fond du désespoir et de l’écœurement en découvrant que
non seulement Cinna, non seulement Emilie (qu’il chérissait comme
sa fille) complotaient contre sa vie, mais que Maxime lui-même qu’il
croyait mort de remords avait, en fait, trahi tout le monde. Tout
autre être humain au monde aurait envoyé les trois conjurés à
l’échaffaud : Auguste, au contraire, tente un suprême effort sur soi
qui lui permet de se hisser au-dessus de l’humanité moyenne et de
devenir un héros au plein sens du terme ; effort inouï – et presque
(mais seulement presque) invraisemblable – qui suscite l’admiration
des peuples, des siècles à venir… et du public.
Or cette notion de sublime tire elle aussi son origine de la
rhétorique. L’un des plus célèbres traités de l’histoire de la
rhétorique est d’ailleurs entièrement consacré à cette notion (Traité
du sublime, daté du Ier siècle après J.-C. et attribué, faute de
connaître son véritable auteur, à un certain Longin). Le genre
sublime – qui transcende les trois styles de la parole rhétorique
(élevé, moyen, simple), sur lesquels nous reviendrons – est
précisément la forme d’expression qui doit éblouir l’auditeur du
discours. C’est l’équivalent dans le discours à l’effet produit par le
recours au merveilleux dans les actions. Que la notion soit passée du
domaine de la parole et du style au domaine de l’esthétique
s’explique là encore par le rôle essentiel tenu par la tradition
rhétorique à l’âge classique.
Par ailleurs, au XVIIe siècle, le concept de littérature n’existe pas
encore au sens moderne, qui est aujourd’hui réduit aux arts de la
fiction (roman, théâtre) et du lyrisme (poésie). Au XVIIe siècle, la
littérature (en latin res litteraria = la « chose littéraire ») englobe
tous les types de discours travaillés : poésie, théâtre, roman, mais
aussi histoire, physique, plaidoyers, sermons… Il y a une différence
entre ce qu’on appelait alors la poésie (qui recouvre ce qu’on appelle
aujourd’hui littérature : lyrisme, théâtre, épopée, roman) et le reste
de la prose, mais ce n’est pas une différence de nature.
Si, en effet, le champ de la poésie est celui du possible alors que
le champ de l’histoire est celui de l’avéré, quel est le statut du genre
de l’éloge qui participe de l’avéré et du possible ? Quel est même le
statut de la grande tragédie cornélienne, qui se veut une tragédie
historique, donc participant elle aussi à la fois de l’avéré (par son
sujet historique) et du possible (par son caractère de fiction) ? Ce
n’est donc pas une différence de nature. La différence est que, s’il
s’agit, à la base, d’un discours dans tous les cas, les différents
genres entrant dans le domaine de la « poésie » présentent un type
de discours plus travaillé et plus orné, du fait d’une élaboration plus
approfondie du matériau textuel : notamment versification (épopée,
théâtre, lyrisme) et recours plus systématique aux figures
ornementales du discours (au premier rang desquelles images et
métaphores).
Pas de différence de nature, donc.
C’est que, depuis l’Antiquité, toute parole destinée à convaincre,
séduire ou émouvoir, instruire un public est, nous l’avons dit,
codifiée par un « art », une technique, reposant sur des règles,
faisant l’objet d’un enseignement, visant à l’universalité de la parole
et de la pensée : cet art est la rhétorique. À la base de la poésie
comme de l’histoire, il y a le même art du discours.
C’est aussi que, dans les meilleurs lieux d’éducation destinés aux
hommes (en particulier dans les collèges jésuites), la plus
importante et la plus glorieuse des matières enseignées – plus que la
grammaire, plus que la logique/dialectique – est la rhétorique. Aucun
homme instruit ne lui est étranger.
4. Classicisme et baroque
L’omniprésence de la rhétorique aux XVIe et XVIIe siècles explique que
l’esthétique littéraire classique lui doive tant. Mais cela ne signifie
pas que les écrivains que l’on qualifie aujourd’hui de « baroques »
ignoraient la rhétorique, bien au contraire. Ce sont d’ailleurs
quelquefois les mêmes écrivains qui ont adopté concurremment ou
tour à tour les principes baroques et les principes classiques. Aussi
les baroques utilisent-ils eux aussi la rhétorique à tous les moments
de leur pratique artistique – sauf dans leur conception de l’art.
La différence entre « baroques » et « classiques » n’est donc pas
dans la présence ou l’absence de la rhétorique. Elle réside dans deux
points essentiels : d’une part, les uns et les autres l’utilisent
différemment (par exemple, sur le plan des effets produits par les
« figures de rhétorique », les baroques privilégient l’hyperbole, les
classiques la litote) ; d’autre part, les baroques n’ont pas de théorie
esthétique organisée ; c’est même le seul point par lequel on peut
les réunir : au nom de la liberté, ils récusent toute règle, ignorant en
particulier les principes de vraisemblance et de bienséance.
En somme, tandis que la théorie littéraire classique (la
« poétique » classique) est pénétrée par la rhétorique, la poétique
baroque ignore la rhétorique – sans doute parce que la poétique
baroque n’est pas une poétique organisée, mais un ensemble de
refus au nom d’une exigence de liberté totale dans l’inspiration. Mais
nous disons bien la « poétique » baroque ; en aucun cas l’écriture
baroque, ni, par conséquent, la poésie baroque.
Chapitre 2
Le champ de la rhétorique
La rhétorique englobe tous les niveaux de l’art de la parole, à
l’exclusion de la lettre, de la syllabe et du mot (domaine de la
grammaire), ainsi que du raisonnement spéculatif (domaine de la
logique et de la dialectique). Dans ce système, inventé un Grec de
Sicile au Ve siècle avant J. C. (Corax), codifié par Aristote un siècle
plus tard, et affiné par les Romains (Cicéron au Ier siècle av. J. C. et
Quintilien au Ier siècle après J. C.), on peut distinguer, par souci de
clarté, six niveaux : la rhétorique est
1) une conception de la parole persuasive
2) une conception de l’adaptation à l’objet du discours
3) une conception de la composition du discours
4) une conception de l’argumentation
5) une conception de l’organisation du discours
6) une conception de l’ornementation du discours
Lorsque don Diègue veut prouver que sans son fils toute sa gloire
passée aurait été effacée par la honte (lieu des contraires), il ne se
contente pas de prononcer le mot de gloire, il la divise en ses
différents constituants (cheveux blanchis sous le harnois, sang
prodigué, bras jadis l’effroi des ennemis).
Les lieux propres à chaque genre sont des unités plus vastes que les
lieux communs : plusieurs lieux communs peuvent être englobés par
un même lieu propre.
On passera vite sur les lieux propres au genre épidictique qui se
ramènent à la louange et au blâme à travers la figure de
l’amplification. Argument propre au genre épidictique à l’origine,
l’amplification peut être utilisée dans les autres genres de discours,
judiciaire comme délibératif, comme on le voit dans la plaidoirie de
Chimène (II, 8, v. 681 et suiv.) qui cherche à convaincre le roi que
l’action de Rodrigue contre le comte est un exemple qui peut mettre
en danger l’autorité royale elle-même.
Plus importants sont les lieux propres au genre judiciaire, qu’on
retrouve dans le genre délibératif :
a) l’état de la question (ou état de question) : tout fait suppose
que l’on s’interroge sur la manière même de l’envisager et de le
présenter. L’état de question peut donc revêtir trois formes. Il faut
d’abord se demander si le fait a bien été accompli : c’est l’état de
conjecture. Ensuite essayer de désigner le plus précisément possible
ce fait : c’est l’état de définition. Enfin examiner la nature même du
fait : c’est l’état de qualité.
Dans le même passage de la plaidoirie de don Diègue que nous
avons examinée ci-dessus (Le Cid, v. 711 et suiv.), on constate que
don Diègue ne pose pas l’état de conjecture : il ne nie pas que son
fils Rodrigue a tué le comte. Le fait est incontestable. En revanche, il
se doit de réfuter l’état de définition exposé par Chimène (v. 681 et
suiv.) lorsqu’elle affirmait que Rodrigue n’avait pas seulement tué
son père, mais qu’il avait commis avant tout un acte
d’insubordination envers le roi : il ramène donc l’état de définition
sur le plan de la vengeance personnelle (v. 717-720). Mais c’est
surtout sur l’état de qualité qu’il s’attarde : on peut bien parler de
crime, mais ce n’est pas Rodrigue qui en est responsable (« Qu’on
nomme crime ou non ce qui fait nos débats / Sire, j’en suis la tête, il
n’en est que le bras », v. 723-724).
b) Les formes du raisonnement
En logique, il y existe deux modes de raisonnement. L’induction
qui procède en remontant de l’exemple particulier au cas général ; et
la déduction qui suit le cheminement inverse, concluant du général
au particulier. Si les dialecticiens et les orateurs utilisent ces deux
modes de raisonnement, les premiers préfèrent de beaucoup le
procès déductif – fondé sur le syllogisme –, raisonnement plus
rigoureux et plus serré, que le procès inductif. Les orateurs, de leur
côté, ne dédaignent pas l’induction parce que, fondée sur un
exemple, elle est immédiatement accessible à l’ensemble des
auditeurs ; mais, comme l’explique Aristote au début de sa
Rhétorique, ce sont malgré tout les discours fondés sur les
raisonnements déductifs qui sont les plus applaudis.
Il n’y a donc en définitive qu’une forme idéale de raisonnement :
le syllogisme. Toutes les autres formes de raisonnement, pour être
véritablement efficaces, doivent y être ramenées d’une manière ou
d’une autre. Mais en rhétorique (et par conséquent en littérature) le
syllogisme est rarement employé sous sa forme pure, constituée de
trois propositions de même importance (ex. majeure : tout homme
est mortel ; mineure : or Socrate est homme ; conclusion : donc
Socrate est mortel), même si chacune des propositions est
développée au moyen de lieux communs et d’exemples. Un discours
présente, en effet, généralement des chaînes de syllogismes plus ou
moins elliptiques imbriqués les uns dans les autres.
C’est pourquoi Aristote réservait le terme de syllogisme à la
dialectique et lui donnait un autre nom en rhétorique, l’enthymème :
« j’appelle enthymème le syllogisme de la rhétorique ». Du coup,
enthymème en est progressivement venu à désigner tout syllogisme
simplifié dont l’une ou l’autre des propositions est sous-entendue.
Les stances du Cid présentent un excellent exemple
d’enthymème : « Allons mon bras, sauvons du moins l’honneur, /
Puisqu’il faut perdre Chimène » (v. 339-340). Le raisonnement est
en effet le suivant : il faut sauver ou perdre l’honneur et Chimène ;
or Chimène est perdue ; il faut donc sauver l’honneur. De même,
dans la plaidoirie de don Diègue, le vers 726 est un véritable
enthymème, présenté sous une forme très elliptique : « Il ne l’eût
jamais fait, si je l’eusse pu faire ». C’est-à-dire : j’aurais dû tuer le
comte si j’avais pu le faire ; or je n’avais pas le pouvoir physique de
le faire ; donc c’est mon fils qui ne devait pas le faire qui l’a fait.
Enfin, malgré les apparences, le dilemme est considéré comme
une forme de syllogisme. C’est un syllogisme qui repose sur des
propositions absolument contradictoires dont il est impossible de
tirer une conclusion. Comme on le verra à la fin de ce chapitre en
étudiant les stances de Rodrigue, le théâtre de Corneille, fondé sur
des situations contradictoires abonde en dilemmes.
HERMIONE seule.
Où suis-je ? Qu’ai-je fait ? Que dois-je faire encore ?
Quel transport me saisit ? Quel chagrin me dévore ?
Errante, et sans dessein, je cours dans ce Palais.
Ah ! ne puis-je savoir si j’aime, ou si je hais !
1405 Le Cruel ! De quel œil il m’a congédiée ?
Sans pitié, sans douleur, au moins étudiée.
Ai-je vu ses regards se troubler un moment ?
En ai-je pu tirer un seul gémissement ?
Muet à mes soupirs, tranquille à mes alarmes,
1410 Semblait-il seulement qu’il eût part à mes larmes ?
Et je le plains encore ? Et pour comble d’ennui
Mon cœur, mon lâche cœur s’intéresse pour lui ?
Je tremble au seul penser du coup qui le menace ?
Et prête à me venger je lui fais déjà grâce ?
1415 Non, ne révoquons point l’arrêt de mon courroux.
Qu’il périsse. Aussi bien il ne vit plus pour nous.
Le Perfide triomphe, et se rit de ma rage.
Il pense voir en pleurs dissiper cet orage.
Il croit que toujours faible, et d’un cœur incertain,
1420 Je parerai d’un bras les coups de l’autre main.
Il juge encor de moi par mes bontés passées.
Mais plutôt le Perfide a bien d’autres pensées.
Triomphant dans le Temple, il ne s’informe pas
Si l’on souhaite ailleurs sa vie, ou son trépas.
1425 Il me laisse, l’Ingrat ! cet embarras funeste.
Non, non encore un coup, laissons agir Oreste.
Qu’il meure, puisqu’enfin il a dû le prévoir,
Et puisqu’il m’a forcée enfin à le vouloir.
À le vouloir ? Hé quoi ? C’est donc moi qui l’ordonne ?
1430 Sa Mort sera l’effet de l’amour d’Hermione ?
Ce Prince, dont mon cœur se faisait autrefois,
Avec tant de plaisir, redire les Exploits,
À qui même en secret je m’étais destinée,
Avant qu’on eût conclu ce fatal hyménée,
1435 Je n’ai donc traversé tant de mers, tant d’États,
Que pour venir si loin préparer son trépas,
L’assassiner, le perdre ? Ah devant qu’il expire…
– quatre vers d’exorde (v. 1401-1404 qui marque l’indécision
d’Hermione, son affolement, son déchirement entre l’amour et
la haine : l’essentiel est centré sur ses mœurs (fureur,
remords et accablement).
– six vers de narration (1405-1410) qui rappellent l’indifférence
de Pyrrhus à son égard à la fin de l’acte précédent
– quinze vers de confirmation (1411-1425), qui récapitulent
toutes les raisons qu’elle a d’être en fureur et de vouloir se
venger.
– trois vers de péroraison (1426-1428) : plus d’hésitation,
Pyrrhus doit mourir sous les coups d’Oreste et il ne faut pas
arrêter l’ardeur de celui-ci.
– neuf vers de réfutation (1429-1437) : elle se ravise et énonce
toutes les raisons qui rendent impensable qu’elle puisse être
responsable de son assassinat.
– un demi vers (1437) pour une nouvelle péroraison
interrompue par l’arrivée de sa confidente (non, avant de
laisser assassiner Pyrrhus par Oreste, il faut que…).
Comme sa confidente vient lui apprendre que Pyrrhus, au bras
d’Andromaque, est déjà arrivé au Temple, rayonnant de bonheur, et
qu’il est suivi d’Oreste, il est clair que le monologue délibératif
d’Hermione est inutile : elle n’a aucune prise sur les événements qui
se déroulent dans un autre espace que le sien au moment même où
elle parle. Monologue inutile sur le plan de l’action, mais essentiel
sur le plan des émotions à communiquer à ceux qui écoutent ou
lisent : en donnant à percevoir l’égarement et la souffrance
d’Hermione causés par ses passions contradictoires (colère, amour,
vengeance, pitié…) qui se bousculent en elle, Racine a cherché à
créer un effet maximal de pathétique. Autrement dit, pour le
spectateur et le lecteur, ce monologue se résout en un pur moment
d’émotion et de poésie destiné à être mis en valeur par la
véhémence déclamatoire de l’actrice pour laquelle il a été écrit.
Cet exemple n’est pas isolé, au contraire. Dans la poétique
classique, on invite les auteurs de tragédies à privilégier les
délibérations intérieures, celles qui voient s’affronter des passions
contraires dans le cœur des héros. L’abbé d’Aubignac, auteur du plus
important traité du XVIIe siècle (La Pratique du théâtre, 1657), insiste
beaucoup sur ce point dans un chapitre spécialement consacré aux
« discours pathétiques » (Livr. IV, chap. VII).
Reste que, s’il réclame des monologues (ou de longues tirades)
fondés sur le choc des passions, d’Aubignac exige en même temps
de conserver la plus grande clarté possible au discours, qui doit être
de bout en bout intelligible par le spectateur : « le désordre dans les
paroles d’un homme qui se plaint, est un défaut qui affaiblit les
marques extérieures de la douleur ». Les « marques extérieures de
la douleur » désignent ce que le public perçoit de la souffrance du
personnage ; si la passion douloureuse est exprimée dans sa
confusion (comme dans la vie réelle), elle sera mal comprise par le
spectateur et perdra par là une partie de l’effet de suggestion qui lui
est destiné. Le dramaturge doit donc composer le monologue en le
mettant « dans l’ordre » grâce aux règles de la disposition.
Mais dans ce cas comment éviter d’amoindrir la sensation de
désordre psychologique ? D’Aubignac s’en explique ainsi : « Mais en
remettant le Discours pathétique dans l’ordre, il faut y mêler et
varier les grandes figures comme nous avons dit, afin que cette
diversité d’expressions porte une image des mouvements d’un esprit
troublé, agité d’incertitude, et transporté de passion déréglée. »
Bref, il s’agit de suivre la disposition dans la construction du discours
et de suggérer le trouble dans l’expression verbale au moyen d’une
utilisation appropriée et variée des « grandes figures » de
rhétorique.
Au premier rang des figures qui donnent l’illusion du désordre des
passions, on trouve l’apostrophe, l’interrogation et l’exclamation, et
plus exactement l’accumulation d’interrogations, entrelacées avec
des exclamations et des apostrophes.
Nous débouchons ainsi sur la troisième des opérations qui
permettent d’élaborer un discours : l’elocution
6. Une conception de l’écriture du discours
La rhétorique est à la fois art de persuader et art de bien dire : les
deux termes sont liés, car pour être efficace un discours doit être
convenablement énoncé. Il ne suffit pas seulement, en effet, de
s’adresser à l’intellect en argumentant et d’agir sur la sensibilité de
l’auditeur. La forme même de la parole, c’est-à-dire le style, compte
tout autant.
C’est le domaine de l’élocution.
T here are few medicines with regard to the operation of which all
practitioners are agreed. It is, however, by no means incumbent
on him who means to establish the truth of any one opinion to
overturn every hypothesis advanced on the same subject. But, as
the arguments urged in favour of any hypothesis will have much less
weight when another is previously believed to be true, and as the
regulation of practice is, in every case, to a certain extent, founded
upon theory, no inconsiderable advantage may be derived from
overturning an ill-founded opinion, especially when it is generally
received. The theory of the action of mercury, as well as of other
substances, has afforded room for a diversity of opinions. For the
reasons mentioned above, then, although it is by no means
intended, that every opinion, with regard to the operation of that
medicine, should here be considered; yet, as it is a very prevailing
opinion, that the good effects obtained from mercury in the cure of
lues venerea, depend upon its action as an evacuant; and, as a
variety of seemingly strong arguments have been adduced in favour
of that hypothesis, it will be necessary to examine how far they are
sufficient to establish its truth.
In favour of the opinion, that mercury cures lues venerea by acting
as an evacuant, the following arguments have been employed. It is
alledged, that the good effects obtained from mercury in the cure of
this disease, are in proportion to the evacuation which it produces;
that the cure produced by mercury depends more upon the stimulant
power of the preparation which is employed, than upon the quantity
taken; and that the same good effects are obtained from other
evacuants as from mercury; particularly, that the venereal disease is
cured in a similar manner from the employment of guaiac. The
arguments here enumerated, if not the only ones upon which this
opinion is founded, are at least those which are principally employed.
To examine, then, how far these are well founded, will be sufficient.
The first argument here adduced is, that the good effects of
mercury are proportioned to the evacuation which it produces. This
assertion, if allowed to be true, might, at first sight, appear to be a
very strong argument in favour of the theory here adopted. But it is
strong in appearance only; for, although it should be admitted, it in
fact proves nothing.
But, even previous to this, it might be made a question, how far
what is here assumed as a fact is well founded? And if it should
appear, that mercury does not cure lues venerea in proportion to the
evacuation which it produces, a strong argument might from thence
be brought against this theory. But what may be said on this question
will, with greater propriety, occur when the objections to the theory
come to be adduced, than in attempting to refute and invalidate the
arguments brought in its favour. At present, it will be sufficient to
show, that, even allowing it to be true, it is no argument in favour of
the supposition.
If it be true, that mercury cures lues venerea in proportion to the
evacuation it produces, it may indeed, with some degree of
probability, be concluded, that the evacuation and cure are not
unconnected. And, if the evacuation is not the cause of the cure, it
might at least from thence be inferred, that both of them depend
upon the same cause; but it no more, unquestionably, follows from
thence, that the evacuation is the cause of the cure, than that the
cure produces the evacuation.
The degree of evacuation which, in any case, arises from the
employment of mercury, will, it is natural to imagine, be proportioned
to the quantity of active mercury which is introduced into the system.
But, in whatever way mercury acts in the cure of the venereal
disease, it may then be supposed to act most powerfully when it is
present in the system in most considerable quantity. In this point of
view, then, the evacuation which arises from the use of mercury is to
be considered merely as an index of the quantity of the medicine
which is introduced into the system in an active state; and the cure
may be proportioned to the evacuation, only as pointing out the
degree in which the mercury exists in the habit. Even supposing,
then, that the foundation upon which this argument is built were not
to be called in question, yet, taken in its greatest latitude, it is still at
best but doubtful; and from it no conclusion can be drawn in favour
of the theory which it is brought to support.
The second argument mentioned in proof of the supposition that
mercury acts, in the cure of lues venerea, as an evacuant, was, that
the cure produced by mercury depends more upon the stimulant
power of the preparation employed, than upon the quantity of
mercury which is used.
This argument may be answered in the same manner with the
preceeding. It is indeed true, that different preparations of mercury,
when used in equal quantities, have by no means equal influence in
the cure of lues venerea. There is seldom an opportunity of
observing what would be the effects of the most stimulant
preparations, as, in the venereal disease, they are by no means in
common use; and as, from their action on the alimentary canal, they
exert very violent effects, without entering the circulating system.
They, in general, operate very roughly, both as emetics and
purgatives; but it is not clear that, in the venereal disease, any
benefit has been obtained from their effects in either of these ways.
It can therefore by no means be allowed, that the foundation of this
argument, in its full extent, is strictly true. It cannot indeed be denied,
that some preparations of mercury, which possess a considerable
stimulant power, have a greater influence in the cure of lues
venerea, than several others which are less stimulant. So far, then,
the foundation upon which this argument is built, must be allowed to
be just, and its weight, as tending to establish this theory, requires a
refutation.
But, even admitting it to be just, without any reserve, still, no more
than from the former, can any conclusion be drawn from this in
favour of the theory which it is meant to support. It has already been
observed, that, in whatever way mercury operates in the cure of lues
venerea, its good effects may always be supposed to be
proportioned to the quantity of the medicine which enters the system
in such a state as to become active there. But the quantity of active
mercury entering the system can in no case be judged of from the
quantity of the preparation which is employed. One preparation of
mercury much more readily admits of a mixture with the animal fluids
than another; in consequence of this, it will find a more ready
entrance into the system. And further, this variety in the facility of
access into the system, not only holds in different preparations, but
even in the same preparation at different times.
In proof of the first of these propositions, we have a convincing
example in the difference which is observable between the effects
arising from the use of crude mercury, and of this metallic substance,
when no other means are used to render it active than simple
trituration. It is well known, that even a very inconsiderable quantity,
taken in this last way, will soon shew its effects at the most remote
excretories of the body; in the other, although swallowed to the
quantity of many pounds, it is a very rare occurrence that any effects
can be observed from which it can be concluded, that it has, in any
degree, entered the mass of circulating fluids.
But it was likewise alledged, that mercury, used at different times,
although given in equal quantities and in the same form, produces
very different effects. Crude mercury, as has already been observed,
although swallowed in considerable quantities, rarely produces any
other effect on the body, than what arises from the passage through
the alimentary canal. This, however, although generally, is not
universally the case. On some occasions, when taken in this way, it
operates with as great activity as when used in any other form; and,
from many well attested instances, it appears, that, by being
swallowed even in a crude state, a high salivation has been excited.
In this we have an instance in which a remarkable difference of
effect arises from the employment of the same preparation at
different times. This difference cannot arise from the quantity of
mercury employed; for while, in some cases, no operation of the
nature here mentioned takes place from the use of a large quantity,
in others, it will be excited where an inconsiderable quantity only has
been taken. The difference of effects here observed, then, must be
ascribed to some other cause; and it is most reasonable to refer it to
particular accidents in the constitution at the time the medicine is
used. In these cases, where no operation takes place from its use, it
may be concluded, that the whole quantity of mercury swallowed has
passed through the alimentary canal in the same state in which it
was taken in. When, on the other hand, an operation upon the
salivary glands, or any other excretory remote from the alimentary
canal, is observed from the use of crude mercury, it may be
concluded, that part of the mercury, from some peculiarity in the
habit at the time, such, for example, as the presence of
superabundant acid in the stomach, has been brought into such a
state as to be capable of entering the circulating system. From these
instances, then, it evidently appears, that the facility with which
mercury enters the system, admits of very great variety. And from
this a strong objection may be adduced against the argument here
brought to support the hypothesis that mercury cures lues venerea
by its evacuant power.
It is alledged, that mercury cures lues venerea by the evacuation it
occasions; because the good effects derived from its employment
are observed to be more in proportion to the stimulant power of the
preparation which is used, than to the quantity of mercury taken. The
data, however, here assumed by no means lead to the conclusion
deduced from thence. The most stimulant preparations of mercury,
by their action on the primæ viæ, are in general immediately
expelled from the system. When this happens, they have no
influence in the cure of venereal complaints. When they are not thus
expelled, their nature is such that they most readily enter the system.
Their superior action, then, may be accounted for without supposing
that it depends on their producing the most considerable evacuation.
From the facts as here stated, it indeed follows, that the good
effects obtained from mercury are greatest in those cases in which
the mercury enters the system in most considerable quantity. The
evacuation, it is true, is then likewise greatest. But this will
unquestionably follow as the necessary consequence of the
presence of active mercury in the system, and can by no means be
concluded to be the cause of the cure. The evacuation which occurs
in this case, then, as was observed in the objections adduced
against the last argument, can be considered only as an index of the
quantity of active mercury which is present in the system. The
superior activity, therefore, which some stimulant preparations
possess, when compared with those of a milder nature, is by no
means a proof of the supposition that mercury cures lues venerea by
means of the evacuation which it produces; and this argument, as
well as the former, may be set aside.
The third argument mentioned in favour of this theory, and the last
which we proposed to consider, is, that the same good effects, in the
cure of lues venerea, may be obtained from the employment of other
evacuants, as from that of mercury; and particularly, that the
venereal disease is cured in a similar manner by the use of guaiac.
This argument, if well founded, would indeed be a conclusive proof
of the theory, in support of which it is here adduced. Evacuation may
be occasioned by a great variety of other means besides mercury.
The influence of any discharge, as tending to cure lues venerea, will
fall more particularly to be considered in stating the objections
against this theory. A full answer, then, to the first part of this
argument, would at present be superfluous: But it may be observed,
that it is by no means a common practice to attempt the cure of lues
venerea by the safest and most effectual evacuants now in use; and
that, when evacuants are employed for the cure of other diseases,
while a venereal infection at the same time exists in the system, it is
never found to yield to them. This first part of the argument, then,
may be shortly answered, by denying it to be true.
It is indeed true, that much benefit has been alledged to be
obtained from guaiac in the cure of the lues venerea. Experience,
however, has sufficiently demonstrated, that these testimonies are
not altogether to be relied upon. The influence of guaiac may
perhaps be very considerable in certain stages of lues venerea,
when the malignity of the disease is already overcome by means of
mercury; or in particular climates, where the nature of this infection
seems to be in some degree different from what it is in this country.
But, how far the good effects of guaiac are established by facts in
this climate, and before a cure has been attempted by mercury, is
still a matter of great doubt. And, at any rate, even the most
sanguine advocates for the use of guaiac will allow, that the good
effects obtained from its use are by no means to be put in
competition with those which are derived from the employment of
mercury.
But, even admitting all that has been said in favour of guaiac to be
strictly true, still it does not follow, that it cures the lues venerea by
evacuation. Many medicines which operate much more powerfully as
evacuants have no such effect. And, what was formerly said with
regard to the cure of lues venerea, being proportioned to the
evacuation produced by mercury, may perhaps, with equal justice,
be applied to guaiac. It cannot be, with certainty, concluded, that the
evacuation in either case is to be looked upon as the cause of the
cure, since, in both, it may only be its concomitant. From this
argument, then, nothing can be inferred, which has any tendency to
establish the truth of the theory in support of which it is adduced.
Thus have we examined the different arguments used in favour of
the supposition, that mercury cures lues venerea by acting as an
evacuant. And, from this examination, it appears, that they admit of
satisfactory answers. What has then been said in proof of the theory,
can by no means be considered as sufficient to establish its truth.
But the insufficiency of the arguments adduced in support of it, is not
the only reason for not adopting it. There are many objections to this
hypothesis, which would have been sufficient for rejecting it, even
supposing that the arguments brought to prove it had been such,
that no falacy in them could have been detected. That this theory,
then, may, with less hesitation, be set aside, it will be necessary to
mention a few of these objections.
It obviously occurs as a first objection to this theory, that
evacuation, from its nature, cannot easily be supposed capable of
producing a cure of lues venerea. The changes which evacuation
may produce upon the fluids of the body, can only be conceived to
be of two kinds. They must either depend on a diminution of the
quantity of the fluids, or on a change of their quality. But, it is not
easy to conceive how the effects of the venereal virus should be
removed, or on what footing this virus should be expelled from the
system, by either of these changes, when induced by evacuation.
A mere diminution of the quantity of circulating fluids, is certainly
insufficient for the cure of lues venerea. The venereal matter, as
present in the body, must either be diffused through the whole mass
of fluids, or confined to particular parts only. If it be diffused through
the whole mass, the taint, even after the most considerable
evacuations, will remain equally strong in the fluids still left in the
body. And, as the venereal virus evidently possesses a power of
assimulation, when in the human system, the whole mass of fluids
would soon return to its former state. This being the case, then, it
must be allowed, that an inconsiderable diminution of quantity
cannot reasonably be supposed to counteract an infection which
exists in the remaining mass.
If, on the other hand, the venereal poison be supposed to exist
only as a noxious matter in the body, when collected at particular
parts, it is equally difficult to conceive, how evacuation from its
nature should produce a cure. It never has been observed, that
mercury particularly encreases the discharge by those parts where
the venereal matter appears actually to exist. In almost every case
where it is used only internally, there is no encrease of evacuation by
venereal ulcerations. It cannot, however, be imagined, that a
discharge which takes place by the salivary glands or skin, will
particularly evacuate what is lodged in the genitals, or extremities.
We may therefore, with certainty, conclude that evacuation does not
at least cure lues venerea by any change arising merely from a
diminution of the quantity of circulating fluids.
Evacuants may perhaps be alledged to operate in the cure of lues
venerea in another manner. It may be supposed, that they remove
the distemper from a change which they produce in the quality of the
circulating mass. But, from the smallest consideration, it will appear,
that this supposition is equally unsatisfactory as the former. If, from
evacuation, a diminution takes place equally from every part of the
mass of circulating fluids, no change of quality will ensue. If,
however, this proportion is not properly observed, a change of quality
will indeed take place. But that change will consist merely in the
diminution of particular parts in a compound mass, and can never be
supposed to remove a contagious matter of any kind, even
supposing it to be lodged in the particular part of that mass thus
diminished. Much less will it remove an infectious matter uniformly
diffused through the whole parts of the compound mass, or existing
as a morbid matter in particular parts of the body only. From the
nature of evacuation, then, whether it be supposed to operate by a
diminution of the quantity of circulating fluids, or by any change it can
produce in point of quality, it may readily be concluded, that it is by
no means fitted for the cure of lues venerea.
Another and more conclusive objection against the supposition
that mercury cures lues venerea by evacuation, is, that this disease
is by no means cured by evacuation taking place in an equal, or
even in a greater degree, from other causes. This, however, should
of necessity be the case, were the former supposition well founded.
Effectually to overturn this theory, then, it will be necessary only to
establish the truth of this assertion.
It cannot perhaps be alledged, that any fair trial has ever been
made of evacuation, instituted solely with a view to cure the venereal
disease, and that in such cases it has been found to fail. But, without
any such trial, there are sufficient arguments to shew, that for this
purpose it really is ineffectual.
Lues venerea would never, upon its first introduction, have been
considered as so unconquerable a disease, could it have been cured
by evacuation. Various modes of evacuation were then in common
use in medicine, and considered as the most effectual means of cure
in many diseases. The venereal distemper, till the introduction of
mercury, resisted the power of almost all the medicines employed
against it; and, in some parts, it was at that time reckoned so
incurable, that the police of the country obliged the unhappy
sufferers who laboured under it to separate themselves from all
intercourse with the rest of mankind. While this was the condition of
the distemper, is it to be imagined that every method of cure was not
tried? May we not, then, conclude, that, upon the first introduction of
this disease, evacuation, by every known means, and carried to the
greatest height, was had recourse to, but without effect?
But, to prove that evacuation will not cure the distemper, it is
needless to travel back to the first periods of this disease, or to rest
the evidence even upon the highest probability. From what occurs in
many morbid cases, we have every day evident proof of the
insufficiency of any discharge for producing a cure of the venereal
disease. Lues venerea often exists at the same time with diseases in
which an increase of natural evacuations takes place. None of these
diseases, whether the evacuation happens by the salivary glands, as
in small-pox, by stool, as in dysentery, or by the skin, as in
intermittents, have ever been found to break its force, much less to
produce a perfect cure.
Besides what happens in natural evacuations, we have likewise
proofs of the insufficiency of artificial evacuations for the cure of this
disease. Although evacuation, at least by other means than by the
use of mercury, is never now employed as a cure for the venereal
disease; yet venereal complaints are often complicated with others,
for which various evacuations are proper. And while evacuations are,
with success, employed for the cure of these, it is found, that the
venereal taint either remains unchanged, or is even increased in
force. It cannot here be alledged, that the difference of effect
depends upon the mode of evacuation. On such occasions, every
mode of evacuation has been tried with equal want of success. Even
salivation, which was long considered as the only effectual
discharge, when excited by other means than by mercury, or even by
mercury itself, when externally applied to the organs secreting saliva,
has not been found more effectual than other modes of evacuation.
In some cases, indeed, mercury received into the mouth by steam,
or otherwise, has had good effects; but these were either to be
accounted for from its application to the diseased part, or from its
introduction into the system. It is, then, sufficiently evident, that
evacuation, at least by other means than mercury, does not cure
lues venerea.
To this theory it may be urged as a third, and not less powerful
objection than any of the former, that where the evacuation arising
from the use of mercury in lues venerea is the greatest, the cure is
often retarded; and that mercury never more frequently fails than in
those cases where it begins to evacuate upon its first introduction
into the system.
That these assertions are true, at least of the obvious discharge
produced by mercury, will not be refused by any advocate for its
action as an evacuant. To this, indeed, they may think it a
satisfactory answer, that the influence of mercury as an evacuant
cannot be judged of from the apparent discharge. It may be
alledged, and indeed with some appearance of reason, that the
greatest discharge produced by mercury is by insensible
perspiration; that mercury, in consequence of this, is a more powerful
evacuant than many other medicines by which a greater obvious
evacuation is produced; and that it has the effect to increase
perspiration in a more remarkable degree, when it increases no
other discharge than when it induces the greatest obvious
evacuation. But although it cannot be denied, that the use of mercury
does increase insensible perspiration; and that evacuation in this
way may, on some occasions, be greater than what would arise from
salivation or any other obvious discharge; yet these facts by no
means tend to any conclusion which will remove the difficulty
formerly stated. Nor can it from thence be supposed, that mercury
always evacuates most powerfully in those cases where it produces
the most successful cure.
The degree of evacuation which takes place from the employment
of any medicine cannot indeed, in every case, be ascertained by the
obvious discharge. But, where the judgment formed from this test
would be fallacious, the marks of inanition consequent upon the use
of any medicine are always certain tests for determining the degree
of evacuation. From these it is evident, that the suppositions here
advanced, that mercury operates more powerfully as an evacuant
than any other medicine, and that it always produces a greater
discharge when it acts by the skin, than when it affects the salivary
glands, or any other excretory, are entirely without foundation.
From the marks of inanition appearing in the system, it is
demonstratively proved, that, from a variety of other means, a
greater evacuation can be produced than from mercury. In such
circumstances, however, by mercury the venereal disease is cured,
by these other evacuants it is not. And farther, where the cure of lues
venerea has been retarded by a salivation occurring early, or where
no cure has taken place after salivation has been continued for a
considerable time, there is every mark of a much higher degree of
inanition than when the disease has been removed by mercury
without any sensible evacuation. There can remain no doubt, then,
that the cure of lues venerea is by no means in proportion to the
evacuation which it produces. This, however, should necessarily be
the case, were the cure effected by evacuation.
Upon the whole, then, from what has been said of this theory of
the action of mercury in the cure of the lues venerea, it appears, that
the cure can by no means be referred to the evacuation. The
different arguments adduced in favour of that theory, we have
endeavoured to shew, either proceed on wrong principles, or,
although admitted in their greatest latitude, can afford no ground for
any conclusion to support it. Evacuation, from its nature, whether
supposed to operate by diminishing the quantity of circulating fluids,
or by any change it can induce in their quality, can scarce be
conceived to be a cause adequate to the cure of lues venerea.
Evacuation does not produce a cure of the venereal disease, when it
takes place in an equal, or even in a much greater degree, from the
employment of other medicines, than when the disease is effectually
removed from the use of mercury. And, lastly, the venereal disease
is never more effectually cured by mercury, than when it is evident,
from every mark by which the degree of evacuation can be
determined, that the evacuation arising from it is least considerable.
It may, therefore, with confidence be asserted, that mercury does not
cure lues venerea by evacuation.
CHAP. III.