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RAPPORT ETUDE TAE - Enda Pronat - Version Finale 1

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TABLE DES MATIERES

I. INTRODUCTION GÉNÉRALE ................................................................................................................3


1. Contexte et justification de l’étude ............................................................................................................3
2. Objectifs de l’étude faisabilité ...................................................................................................................4
3. Méthodologie et structuration du rapport ..................................................................................................4
II. POLITIQUES AGRICOLES, SYSTÈMES DE PRODUCTION ET PROMESSES
D’AGROECOLOGIE AU SÉNÉGAL ..........................................................................................................6
1. Bref aperçu de la trajectoire des politiques publiques agricoles ................................................................6
1.1. Politiques agricoles post-indépendance (1960 à 2000) .......................................................................6
1.2. Principaux programmes du régime libéral (2000 à 2012) ..................................................................6
1.3. Politiques d’émergence agricole (à partir de 2012) ...........................................................................7
2. Etat des systèmes agricoles et perspectives de l’agroécologie au Sénégal ................................................7
2.1. Des systèmes de production essoufflés et de plus en plus ouverts à l’agroécologie.....................7
2.2. Quelques initiatives majeures d’agroécologie en Afrique et au Sénégal .....................................8
III. L’AGROÉCOLOGIE EN THÉORIE ET DANS LA PRATIQUE .........................................................9
1. Concept de l’agroécologie et discours politiques..................................................................................9
2. L’agroécologie selon Enda Pronat : un projet de société avant tout ........................................................11
IV. FONDAMENTAUX DE LA MISE À L’ÉCHELLE DE LA TRANSITION AGROECOLOGIQUE 12
1. Caractérisation du jeu d’acteurs et des pratiques de collaboration ..........................................................13
1. 1. Analyse des principaux acteurs de l’agroécologie.......................................................................13
1. 2. Domaines, intérêts et échelles d’intervention des acteurs ..........................................................17
2. Analyse des relations actuelles de collaboration et de la pertinence d’une démarche multi-acteurs ......18
2.1. Types de relations entre acteurs et perspectives d’un PMA .............................................................18
2.2. Une vision globale partagée autour de la TAE .................................................................................20
2.3. Un ensemble d’opportunités à saisir pour la TAE ............................................................................21
2.4. Un lot de contraintes et de défis à relever en matière de coopération entre les acteurs....................21
2.5. Évaluation de la cohérence de la démarche multi-acteurs ................................................................22
V. CONCLUSION GÉNÉRALE .................................................................................................................23
VI. RECOMMANDATIONS ......................................................................................................................24
VII. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES .............................................................................................26
VIII. LISTE DES ILLUSTRATIONS .........................................................................................................26
IX. LISTE DES PERSONNES RESSOURCES INTERROGEES EN LIGNE ..........................................27
2

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES

3AO : Alliance pour l’Agro-écologie en Afrique de l’Ouest


AAJAC : Association Africaine de Jeunesse Agricole et Culturelle
ACTSOL : Action Solidarité
AFAFA : Aide aux forces vives africaines par la formation agro-écologique
AJE : Action jeunesse environnement
ANCAR : Agence nationale de Conseil Agricole Rural
APROVAG : Association des producteurs de la vallée du fleuve Gambie
ASPAB : Association Sénégalaise pour a Promotion de l’Agriculture biologique
AVSF : Agronome vétérinaire sans frontières
BNO : Bio Niayes organisation
BM : Banque Mondiale
CAD : Comité d’Aide au Développement
CIRAD : Centre International de recherche agricole pour le développement
CNCR : Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux
CNRF : Commission Nationale sur la Réforme Foncière
COLUFIFA : Comité de Lutte pour La fin de la Faim
COPAGEN : Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain
CRAFS : Cadre de Réflexion et d’Action pour le Foncier au Sénégal
DADL : Direction d’appui au développement local
DRAR : Direction Régionale du Développement Rural
EANGDS : Exploitation agricole de Notto Gouye Diama Sénégal
ENSA : Ecole nationale supérieure d’agriculture
FAO : Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture
FAPD : Fédération des agropasteurs du Diender
GDSP : Groupe de dialogue social et politique
GRET : Groupe de recherche et d’échange technologiques
GTAE : Groupe de travail sur les transitions agro-écologiques
INP : Institut national de pédologie
ISRA : Institut Supérieur de Recherche Agricole
ONG : Organisation Non Gouvernementales
PARFAO : Promouvoir l’Agro écologie par la Recherche et la Formation en Afrique de l’Ouest
REVES : Réseau des Maires des Communes et Villes vertes du Sénégal
SAED : Société d'Aménagement, et d’Exploitation des terres du Delta du Fleuve Sénégal
TAE : Transition Agro-Ecologique
UCAD : Université Cheikh Anta Diop de Dakar
UGAN : Union des groupements associés du Niombato
UGB : Université Gaston Berger
URPROFOS : Union régionale des producteurs de fonio de Sédhiou
3

I. INTRODUCTION GÉNÉRALE
Cette étude est réalisée par Enda Pronat en perspective d’un démarche de Partenariat Multi-Acteurs pour la
Transition Agroécologique. Elle établit une analyse des facteurs et des conditions de faisabilité de ladite
démarche dont l’ambition est d’apporter une contribution décisive à la mise à l’échelle de la transition
agroécologique au Sénégal à travers le développement de processus multi-acteurs. Une telle ambition se
décline, de façon spécifique, en trois axes, à savoir : (i) utiliser le levier du partenariat multi-acteurs pour
développer des modèles de transition agroécologique permettant non seulement de faire évoluer, à l’échelle
des terroirs villageois, les systèmes de production, en mobilisant au mieux les processus écologiques, mais
aussi d’alimenter le plaidoyer à partir de la valorisation des leçons apprises ; (ii) influencer les décideurs
pour des changements politiques favorables à la transition agroécologique aux échelles nationale et sous-
régionale, en s’appuyant sur des dynamiques multi-acteurs ; et (iii) contribuer à orienter les politiques et/ou
programmes de développement en Europe vers un soutien accru à la transition agroécologique en Afrique,
en mettant à profit les cadres d’alliance multi-acteurs avec les organisations partenaires du Nord.
1. Contexte et justification de l’étude
Dès sa création en 1982, Enda Pronat s’est engagé aux côtés des communautés locales pour lutter contre la
dégradation de l’agriculture paysanne africaine et de l’environnement. Cet engagement est fondé
notamment sur des constats selon lesquels les techniques de production agricole demeurent fortement
tributaires de l’utilisation des intrants chimiques qui ont pour effet, à moyen et long termes, d’appauvrir les
sols, de casser les équilibres naturels et de dégrader la santé humaine et animalière. Tout en s’inscrivant
dans un processus participatif et inclusif impliquant diverses catégories d’acteurs, Enda Pronat s’est lancé
dans un processus de recherche-action incluant des volets solides de sensibilisation et de conscientisation
des acteurs. Pronat s’est aussi résolument engagé dans des expérimentations d’alternatives à plusieurs
échelles, en l’occurrence au niveau de la zone des Niayes, du Sénégal oriental, de la vallée du fleuve Sénégal
et du bassin arachidier. Le dénominateur commun à toutes ces aires géographiques réside au moins sur deux
aspects cruciaux : (i) on y constate une utilisation extravagante des intrants agro-chimiques ; et (ii) elles
enregistrent un fort taux de dégradation des écosystèmes due à l’érosion hydrique entre autres. En clair, il
est important et urgent de promouvoir de nouvelles pratiques agricoles, à la fois saines, durables et capables
de se substituer valablement aux systèmes agricoles productivistes.
Fort de son engagement et crédité de la confiance des communautés, Enda Pronat a bâti une action
diversifiée ayant eu pour effet tangible d’éveiller les consciences, de susciter de nouvelles vocations
agricoles et d’ouvrir une réflexion avant-gardiste sur les stratégies à mettre en œuvre pour parvenir à une
transformation qualitative des systèmes de production au Sénégal et dans la sous-région ouest-africaine.
Des expériences de « champ école paysan » à la structuration de partenariats formels, en passant par les
apprentissages en commun, la diffusion des connaissances, le dialogue politique avec l’Etat et les acteurs à
la base, plusieurs étapes ont été franchies dans l’implémentation des pratiques agroécologiques à l’échelle
des exploitations familiales et des groupements. Le résultat est qu’il existe aujourd’hui des cas prestigieux
de réussite en matière d’agroécologie au niveau local, aussi bien en termes d’expérimentation technique
que d’impulsion de nouvelles dynamiques relatives à l’amélioration de la gouvernance des ressources
naturelles. Enfin, Pronat est à l’origine de diverses initiatives de portée nationale et sous-régionale et
impliquant un jeu d’acteurs très diversifiés.
L’enjeu est désormais non seulement de capitaliser les leçons apprises des processus multi-acteurs déjà
entamés, mais aussi de favoriser un changement d’échelle de la vision agroécologique à travers un
engagement résolu de l’ensemble des parties-prenantes. Il existe évidemment plusieurs espaces de
concertation et de partage, mais le constat est que ces cadres sont souvent caractérisés par une participation
soit inéquitable, soit déficitaire ou tout simplement inexistante de la part des différents groupes d’acteurs.
Partant de l’hypothèse selon laquelle la construction d’un partenariat multi-acteurs dynamique et durable
est un gage et une démarche stratégique pour réussir la transition agroécologique à grande échelle, cette
étude a été réalisée entre mars et avril 2019, dans le but de recueillir et d’analyser les avis de divers acteurs
concernés directement ou indirectement par la problématique de l’agroécologie.
4

2. Objectifs de l’étude faisabilité


L’étude a été encadrée par des termes de référence ayant défini le mandat général du travail de recherche
et les orientations de la mission. De manière générale, l’objectif visé consistait d’une part, à identifier et
analyser les différents catégories d’acteurs au niveau local, national, sous-régional et international
(classification, intérêt, sphère d’influence, dégrée d’engagement, possibilités de coopération) et, d’autre
part, à vérifier les possibilités de partenariats multi-acteurs par rapport à la configuration des acteurs sortie
de cette analyse. Pour ce qui est des objectifs spécifiques, il s’est agi de s’intéresser aux points suivants :
a) identifier les principaux acteurs de l’agroécologie au niveau local, national, sous-régional et
international (mapping d’acteurs) ;
b) analyser les différents acteurs par rapport à leur intérêt, leur dégré de compréhension, leur engagement
et leur sphère d’influence par rapport au processus de la TAE (analyse d’acteurs) ;
c) étudier les pratiques actuelles de collaboration entre les acteurs intervenant aux différentes échelles et
identifier leur volonté de changement et potentiel de contribuer à la construction du partenariat multi-
acteurs pour la TAE ;
d) présenter la situation des systèmes agricoles et analyser les défis structurels à surmonter pour la mise
à l’échelle de la TAE ;
e) formuler des recommandations portant sur les points d’attention à prendre en compte en ce qui
concerne la conception et la stratégie d’opérationnalisation de la démarche en particulier les prérequis
pour construire et faire vivre des partenariats multi-acteurs efficaces pour faciliter une TAE (stratégie,
démarche et structures pour la construction du processus PMA).
3. Méthodologie et structuration du rapport
La démarche de mise en œuvre de ce travail a été articulée autour de plusieurs axes complémentaires :
a) Concertation entre les deux membres constitutifs de l’équipe de recherche1 : cette phase a mis
l’accent sur trois points essentiels : (i) échanges internes pour affiner la méthodologie à développer et
planifier la mission ; (ii) élaboration de la version préliminaire des outils d’enquête (guides d’entretien,
grilles d’analyse) ; et (iii) exploitation des informations accessibles via divers canaux documentaires utilisés
en amont de l’étape des visites de terrain et de l’exploitation des matériaux collectés.
b) Entretiens avec les membres de l’équipe de Pronat et les acteurs institutionnels au niveau national,
sous-régional et international : pour avoir initié et participé à la mise en œuvre des activités dans trois zones
d’études ciblées (Koussanar, Ndiob et Lérabé), les membres de l’équipe de Pronat sont détenteurs de
matériaux essentiels à la conduite de l’étude de faisabilité. Les deux grandes séances d’entretiens menées
avec les personnes ressources d’Enda Pronat ont permis de mieux cerner leurs attentes et de collecter
différents matériaux pertinents pour la réalisation de l’étude (rapports d’activité, fiches de projet, rapports
d’étude). L’autre avantage des entretiens avec les membres de l’équipe de Pronat est qu’ils ont constitué
une occasion pour identifier l’ensemble des acteurs cibles de l’étude ainsi que les éléments clés à prendre
en compte dans la formulation des guides d’entretien2.
c) Revue documentaire et cartographie des acteurs impliqués dans la promotion de l’agroécologie : ce
volet a combiné plusieurs aspects destinés à faire le point sur les expériences de promotion de l’agroécologie
au niveau national (exploitation des rapports, des supports statistiques et cartographiques en particulier).
La tâche a permis d’établir un état des lieux critique des projets exécutés et des activités menées par les

1
Dr. Oussouby Touré, Sociologue rural, Spécialiste en matière d’analyse des systèmes agro-sylvo-pastoraux et des politiques
publiques et Dr. Ibrahima Sylla, Géographe, Enseignant Chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
2
En ce qui concerne la prise en compte de la dimension du plaidoyer et du réseautage au niveau sous-régional et international,
suivant notre objectif 3 du projet. Il est quand même indispensable de traiter ce point dans l’étude. Pour ne pas alourdir la chose
nous suggérons d’aborder ce sujet dans les entretiens avec Pronat ou d’autres acteurs institutionnels si opportun. En plus il y a la
possibilité de contacter par voie électronique certaines personnes clefs de nos réseaux africains (COPAGEN, AFSA, Convergence
des luttes, membres du CA de Pronat au Burkina et Mali etc.)
5

parties prenantes, mais aussi d’évaluer la contribution que les différents acteurs concernés apportent dans
le cadre des expériences actuelles de collaboration visant à faire avancer la cause de l’agroécologie.
d) Collecte et l’analyse des matériaux disponibles : cet axe a été structuré autour de consultations en
ligne et de missions de terrain.
Pour ce qui est des consultations en ligne, elles ciblaient à la fois les institutions publiques et privées, y
compris les structures de recherche et les organisations professionnelles rurales impliquées dans les
réflexions et les activités liées à la transition agroécologique. Au total, huit (11) personnes ressources ont
participé aux entretiens en ligne, donnant ainsi leurs opinions sur la TAE3. Compte tenu de la diversité du
questionnement, les entretiens en ligne se sont révélés essentiels dans la mesure où ils ont permis d’une part
de recueillir des analyses et des suggestions de la part d’acteurs parfois éloignés, et d’autre part d’identifier
les prérequis nécessaires pour construire et faire vivre des partenariats multi-acteurs efficaces et durables.
S’agissant des missions de terrain, elles ont été réalisées au niveau de trois sites : (i) Koussanar
(Département de Tambacounda) ; (ii) Sandiara (Département de Mbour) ; et (iii) Ndiob (Département de
Fatick). Dans chacune de ces zones, l’objectif de la mission a été de rencontrer et de discuter avec les
différents acteurs, tout en procédant à des observations de terrain en relation avec la hauteur des ambitions
et le niveau de réalisation des uns et des autres. Agissant dans un souci de transparence et d’inclusion, la
mission de terrain ne s’est pas limitée uniquement aux paysans directement appuyés par Enda Pronat. Elle
s’est aussi ouverte à d’autres producteurs, y compris des paysans de Ndiob évoluant dans le domaine de
l’agriculture conventionnelle. L’idée était est de savoir si les modèles de transition ont des effets
structurants et participent à faire évoluer les pratiques agricoles au niveau des autres exploitations
familiales. Enfin, pour ce qui est des visites de terrain initialement prévues dans la zone de Lérabé
(Département de Podor), elles ont été remplacées, en raison des contraintes de temps, par des entretiens
avec les maires de Guédé Chantier et Guédé Village, le représentant de la SAED au niveau de Dakar et le
chargé de zone d’Enda Pronat dans la vallée du fleuve Sénégal.
Les matériaux collectés sont essentiellement de nature qualitative (enregistrements sonores et ressources
documentaires constituées majoritairement de rapports d’activités et d’études) interpelant par conséquent
une démarche d’exploitation similaire. L’analyse du discours a donc été privilégiée dans une large mesure,
même si les diagnostics intègrent l’observation des pratiques, les annonces programmatiques et quelques
statistiques. Pour organiser les matériaux relatifs au jeu des acteurs, une première grille d’analyse a été
élaborée suivant des entrées multiples, prenant en compte la catégorisation des parties-prenantes, les
sphères d’influence, les actions menées, leurs forces et faiblesses. La seconde grille d’analyse réalisée a
permis de classifier les interventions suivant leur répartition spatiale, leurs domaines d’intérêt et leur portée.
Cette démarche a globalement servi à apporter des réponses aux questions de recherche, notamment celles
afférentes à l’identification des principaux acteurs de l’agroécologie, leur niveau d’engagement respectif,
leurs pratiques habituelles de collaboration dans le contexte actuel marqué par des systèmes agricoles en
pleine mutation.
Les résultats majeurs des investigations confortent l’hypothèse selon laquelle une démarche multi-acteurs
est non seulement nécessaire, mais constitue une voie de passage inéluctable pour concrétiser la vision qui
sous-tend la transition agroécologique au Sénégal. Les enquêtes ont révélé en effet que ce genre d’approche
peut contribuer de façon décisive à éradiquer les résistances des uns et les compétitions que se livrent les
autres face à la progression de l’agroécologie. Une approche systémique permet résolument de structurer
des liens sincères de collaboration entre des acteurs aux profils complémentaires. Pour autant, la palette des
conditions à satisfaire demeure élastique, allant des besoins d’harmonisation des compréhensions jusqu’à
la démultiplication des expériences porteuses de « bonnes nouvelles », en passant par la gestion du plaidoyer
auprès des pouvoirs publics, la prise en charge des questions transversales relatives au financement, la mise
à disposition des intrants nécessaires à la production agricole biologique, la création de marchés forts, la
revalorisation de la fonction de producteur et autres. En effet, la pluralité des acteurs, la diversité de leurs
prérogatives et la multiplicité de leurs interventions ont fini de créer une dynamique certes décisive, mais

3
Les guides d’entretien restent accessibles via la plateforme METRICS à l’adresse suivante :
https://www.metrics4decision.com/enda-pronat-guides-dentretien
6

disharmonique à plusieurs égards. La conséquence est que malgré l’ampleur des réalisations, les initiatives
demeurent diffuses, parfois itératives mais presque jamais concertées. Sur la base de la cartographie et de
l’analyse des acteurs qui ont été réalisées, cette étude a donc défini des piliers pour une réflexion stratégique,
de même que des recommandations pouvant valablement servir à jeter les bases d’un Partenariat Multi-
Acteurs pour la Transition Agroécologique qu’Enda Pronat envisage de dérouler avec ses partenaires. Ces
différents aspects sont détaillés dans le rapport en plusieurs sections complémentaires. En dehors de cette
introduction générale qui présente le protocole de recherche et la principale tendance des résultats de la
recherche, les autres parties abordent successivement les points suivants : (i) les politiques agricoles et les
systèmes de production au Sénégal ; (ii) l’agroécologie, origine et pratiques au Sénégal ; et (iii) les
fondamentaux de la mise à l’échelle de la transition agroécologique (TAE).
II. POLITIQUES AGRICOLES, SYSTÈMES DE PRODUCTION ET PROMESSES
D’AGROECOLOGIE AU SÉNÉGAL
1. Bref aperçu de la trajectoire des politiques publiques agricoles
De 1960 à nos jours, face aux dysfonctionnements et difficultés du système agricole, diverses politiques et
réformes structurelles ont été mises en place par les gouvernements successifs en vue de prendre charge les
défis de la sécurité alimentaire au niveau national. De manière générale, trois grandes périodes marquent
l’évolution de ces politiques, à savoir les politiques agricoles post-indépendance, les principaux
programmes agricoles du régime libéral et les politiques dites d’émergence agricole mises en œuvre sous
le régime du Président Macky Sall.
1.1. Politiques agricoles post-indépendance (1960 à 2000)
Au Sénégal, la période coloniale a été dominée par les grandes cultures dotées d’un intérêt évident pour le
colonisateur. Au début des années 1960, le régime nouvellement installé n’a pas fondamentalement changé
les options héritées de la colonisation. On assista alors à une situation d’impuissance qui a eu comme effet
le recours massif et permanant à l’assistance technique internationale surtout de la part de l’ancienne
métropole. En général, les grandes stratégies agricoles du régime socialiste s’établissent en deux périodes
majeures : (i) de 1960 à 1980, soit une période de prolongement de l’économie de traite ; et (ii) de 1980 à
2000, soit une période marquée essentiellement par des ajustements structurels. Ils ont surtout provoqué
des crises alimentaires et nutritionnelles permanentes, une dépendance alimentaire qui se traduira
notamment par une augmentation des importations, la paupérisation généralisée du monde rural et la
libéralisation de l’agriculture induite par la libéralisation politique. Une analyse approfondie des politiques
publiques agricoles post-coloniales laisse d’ailleurs comprendre que « la plupart d’entre-elles sont comme
des référentiels, mais n’arrivent pas à faire face à la relance agricole au niveau du pays et lutter contre les
inégalités dans la répartition des ressources, lutter efficacement contre la faim et la malnutrition… ni
assurer la sécurité alimentaire et la souveraineté alimentaire »4. En clair, la volonté déclarée par le
gouvernement socialiste n’a véritablement pas servi à sauver la situation agricole. Tout au contraire, le
paysan allait se retrouver de plus en plus enfoncé dans un état de pauvreté exacerbée et le monde rural ans
une condition d’assisté permanent, à la fois endetté et désorganisé.
1.2. Principaux programmes du régime libéral (2000 à 2012)
La première alternance politique survenue au Sénégal en 2000 a été caractérisée par de fortes attentes
concernant le secteur agricole, suite notamment aux différents échecs accumulés dans les précédentes
politiques mises en œuvre dans ce secteur. Entre 2000 et 2012, le pays connut alors une profusion de projets
et de programmes agricoles de type productiviste et dont le mode d’administration est axé sur
l’interventionnisme de l’Etat et la centralisation des décisions5. Parmi les documents de stratégies, les
projets et programmes phares du Président Abdoulaye Wade, il y a le DSRP (2003 / 2005 – 2006 / 2010),
la Loi d’orientation agro-sylvo-pastorale (LOASP, 2004), le Plan du Retour vers l’agriculture (REVA,

4
Thierno NDOYE, L’agriculture au Sénégal: Perspectives d’une nouvelle dynamique, www.dakaractu.com
5
Grdr – ccfd-terre Solidaire, les politiques publiques en matière de sécurité alimentaire dans le sahel, projet Diapoco-sa.
7

2006), la Stratégie de croissance accélérée (SCA, 2007). Même si la vision de départ semblait salutaire, le
mode de gouvernance qui l’a encadrée a fini de montrer ses limites en produisant parfois des situations
néfastes pour le développement de l’agriculture. Tout compte fait, les paysans ont été désorientés, l’activité
agricole malmenée et les forces vives du milieu rural contraintes à l’exode, parfois vers des destinations
lointaines et illusoirement porteuses d’espoir6.
1.3. Politiques d’émergence agricole (à partir de 2012)
Au lendemain de la seconde alternance politique survenue en 2012 au Sénégal, les nouvelles autorités
politiques du pays ont opté pour une rupture fondée sur le principe d’accélération de la cadence en vue
d’aboutir à un « Sénégal émergent ». La déclinaison des politiques agricoles s’est alors faite depuis lors à
travers le Plan Sénégal Emergent (PSE), qui constitue par conséquent le document de référence pour la
conduite des politiques de l’Etat avec, en ligne de mire, l’émergence du Sénégal à l’horizon 2035.
Quoique l’option des autorités sénégalaises soit de faire l’agriculture un puissant générateur d’activités
économiques et d’emplois, notamment chez les jeunes, il est difficile de passer outre le constat des conflits
persistants depuis ces années dernières années, notamment en matière d’accès à la ressource foncière.
Certaines initiatives mises dans cette perspective, en l’occurrence l’implantation des domaines agricoles
communautaires n’ont guère changé la donne. Bien au contraire, elles semblent avoir torpillé davantage la
situation du secteur agricole qui demeure préoccupante. Au niveau de pauvreté et d’insécurité alimentaire
qui prévaut dans le monde rural s’ajoutent des défis persistants liés à la dégradation des sols qui concerne
désormais deux-tiers des superficies de terres arables du Sénégal (GRDR, octobre 2017).
2. Etat des systèmes agricoles et perspectives de l’agroécologie au Sénégal
2.1. Des systèmes de production essoufflés et de plus en plus ouverts à l’agroécologie
L’analyse des systèmes de production décèle des contrastes saisissants et qui interpellent la réflexion autour
de la redynamisation d’un secteur vital pour l’économie sénégalaise. En effet, les multiples initiatives
observées donnent finalement l’impression d’une compilation de politiques agricoles vraisemblablement
incapables d’apporter des solutions adaptées aux réalités de la paysannerie au Sénégal. Or, les chocs
exogènes et endogènes que ces politiques sont supposées prévenir et/ou gérer constituent à la fois des
paramètres pesants et des sources de détérioration de la position extérieure de l’agriculture sénégalaise.
De façon consécutive, cette agriculture a connu des problèmes structurels donnant lieu à une baisse régulière
de sa contribution au produit intérieur brut (PIB) tandis qu’elle continue d’être une activité principale en
termes d’emplois des populations actives au niveau national. Elle demeure essentiellement de type familial
avec 95% des effectifs d’agriculteurs et 5% seulement de gros producteurs disposant à la fois de superficies
considérables et d’outils de production modernes7. En plus d’être marquée par de faibles niveaux de
productivité, cette activité demeure fortement sensible à la volatilité des cours mondiaux des matières
premières et souffre de vulnérabilité face aux aléas climatiques et à la menace acridienne. Les autres ordres
de facteurs caractéristiques de systèmes de production sont multiples : (i) problèmes de l’accès aux terres
et de sécurisation foncière des exploitations agricoles familiales sous la menace de la privatisation des
patrimoines fonciers du pays pays ; (ii) déficits des investissements dans l’agriculture selon le modèle de
production, de transformation, de valorisation des produits et d’accès aux marchés promu par l’agriculture
familiale ; (iii) manque d’organisation dans l’assistance technique aux exploitations familiales ; et (iv)
manque de cohérence dans l’élaboration des politiques agricoles en rapport avec les principes de la
souveraineté alimentaire.
Quoique lugubre, ce tableau dépeint des systèmes agricoles au Sénégal ne constitue pas un cas isolé. En
effet, les agricultures familiales de la région ouest-africaine sont, dans une très large proportion, confrontées
elles aussi à des difficultés et des défis auxquels le modèle de la révolution verte, basé sur l’usage intensif
d’intrants de synthèse (pesticides, engrais) et le recours à des variétés commerciales à haut potentiel de
rendement, ne semble pas en mesure d’apporter de solutions durables et adaptées aux réalités contextuelles

6
Carlos Oya et Cheikh Oumar Ba, les politiques agricoles 2000-2012 : entre volontarisme et incohérence.
7
Dr. Omar NDIAYE, « L’Agriculture, levier performant du Plan Sénégal émergent », Leral.net, décembre 2015.
8

des familles paysannes8. Face à des défis aussi importants, la promotion et l’accompagnement de la
transition agroécologique dans la sous-région apparaissent désormais comme une condition sine qua non
pour ouvrir des perspectives aux générations actuelles et futures. Cette exigence est d’autant plus persistante
que l’utilisation massive de produits chimiques agricoles produit des conséquences destructrices à la fois
pour les ressources naturelles et la santé humaine et animale. Sans être exclusif, ce dernier aspect sur la
santé parait particulièrement crucial pour les populations. C’est du moins l’avis des animateurs
communautaires rencontrés lors de la mission de terrain à Koussanar et qui lui vouent un intérêt particulier.
La démarche agroécologique suscite clairement de vifs espoirs pour les producteurs agricoles. En grande
partie, l’espérance repose sur le fait que cette pratique obéit à deux ordres de principes majeurs : (i) le
principe de la pleine valorisation du potentiel des écosystèmes, qui repose notamment sur la captation de
ressources externes abondantes, la stimulation de processus et flux physiques, chimiques et biologiques
internes à l’écosystème ; et (ii) le principe de protection, d’amélioration voire de restauration des
agroécosystèmes, grâce notamment à la fertilisation naturelle des sols et à la prise en charge de la question
de la disponibilité de l’eau. Grâce à une articulation cohérente de diverses stratégies, les pratiques
agroécologiques impulsent des systèmes plus productifs et plus résilients, notamment pour les cultures
pluviales dont les performances sont perturbées par le changement climatique. L’agroécologie
s’accompagne en outre de diverses opportunités de régénération des écosystèmes dégradés, de productivité,
de promotion de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, de développement économique et social basé sur
la création d’emplois et de richesses. L’évaluation des effets socio-économiques et agro-environnementaux
entrepris par les auteurs du rapport de capitalisation des expériences d’agroécologie en Afrique de l’Ouest
(Laurent Levard et Bertrand Mathieu, 2018) a révélé plusieurs effets positifs au Sénégal.
2.2. Quelques initiatives majeures d’agroécologie en Afrique et au Sénégal
À l’échelle de la sous-région ouest-africaine, plusieurs projets et programmes d’envergure ont été mis en
œuvre ces dernières années en rapport avec l’agroécologie. Sans être explicitement attributaires d’un cachet
de partenariat multi-acteurs, ces initiatives ont eu pour objectif stratégique de promouvoir la transition
agroécologique tout en répondant aux défis socio-économiques et environnementaux des régions
géographiques ciblées. La cartographie des acteurs réalisée dans cette étude fournit des détails relatifs aux
différentes initiatives, mais il convient d’ores-et-déjà de relever les exemples suivants expérimentés dans
la sous-région et au Sénégal :
• Le Projet CALAO (capitalisation d’expériences d’acteurs pour le développement de techniques agro-
écologiques résilientes en Afrique de l’Ouest) : il a été coordonné par l’association Agronomes et
Vétérinaires Sans Frontières (AVSF) et mis en œuvre par les associations AVSF, Gret, CARI, Agrisud
International, Enda Pronat (Sénégal), ARFA (Burkina Faso), RAFIA et Inades-Formation (Togo), ainsi que
l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD, Dakar), l’Université Nazi Boni (UNB, anciennement UPB),
l’Ecole Supérieure d’Agronomie du Togo (ESA-UL) et l’association Inter-réseaux Développement rural.
Ce projet s’est appuyé sur une méthodologie commune de travail d’évaluation et de capitalisation visant à
mettre à disposition des praticiens, des instances politiques et des institutions de coopération plusieurs
intrants : (i) des références sur les effets et impacts agro-environnementaux et socio-économiques des
pratiques et systèmes agro-écologiques ; et (ii) des éléments d’analyse des freins et leviers pour le
développement des pratiques et des systèmes agroécologiques, en vue d’alimenter le dialogue entre acteurs,
leurs réflexions et leurs décisions9 ;
• Le PATAE (projet d’appui à la transition agro-écologique en Afrique de l’ouest) : il a été lancé le 27
avril 2018 à Abuja (Nigéria) sous la coordination de l’Agence régionale pour l’agriculture et l’alimentation
(ARAA). Il vise à accompagner la transition agroécologique en Afrique à travers le financement de projets

8
Laurent Levard et Bertrand Mathieu, « Agroécologie : capitalisation d’expériences en Afrique de l’Ouest », Projet Capitalisation
d’expériences d’acteurs pour le développement de techniques agro-écologiques résilientes en Afrique de l’Ouest (CALAO), février
2018,
9
L. Levard et B. Mathieu, « Agroécologie : capitalisation d’expériences en Afrique de l’Ouest », Projet Capitalisation d’expériences
d’acteurs pour le développement de techniques agro-écologiques résilientes en Afrique de l’Ouest (CALAO), fév. 2018.
9

de terrain soutenant l’intensification agroécologique et les échanges d’expériences en vue de contribuer à


l’élaboration de politiques publiques dans le secteur. Conçu pour une période de quatre ans (2018-2022),
ce projet couvre la Cote d’Ivoire, le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal et le Togo ;
• Le Programme « Reverdir le Sahel » : il vise la création d’oasis agroécologiques pilotes à travers l’appui
à l’émergence d’un dispositif d’encadrement paysan et de formation agroécologique dans la région de
Fatick au Sénégal. Ce projet a été conduit par l’Association Agro-écologie Solidarité avec les peuples du
Sahel qui mène depuis 2007 une action de lutte contre la désertification et l’accaparement des terres en
Afrique sahélienne, notamment au Sénégal10.
• Le Programme PARFAO (Promouvoir l’agroécologie par la recherche et la formation en Afrique de
l’Ouest) : co-porté par l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) et l’Institut de Recherche pour le
Développement (IRD), ce projet se déroule sur trois ans (2017-2019) au sein de trois pays, à savoir le
Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. L’idée qui sous-tend l’initiative est de promouvoir
l'agroécologie par la recherche et la formation en Afrique de l'Ouest, à travers l’accompagnement des
projets porteurs de solutions innovantes en agroécologie. Sa mise en œuvre a permis déjà d’appuyer
plusieurs projets au Sénégal dont (i) la mise en place d’un système d’alerte et de surveillance dans la
nouvelle zone de pêche protégée (ZPP) de Hann Bel-Air, et (ii) le développement d’un système QR « Quid
Response » pour améliorer la gestion de la pêcherie de ceinture (trichiurus lepturus) à Kayar11 ;
• Le Projet fermes agro-écologiques d’ActSol en Casamance : il est initié par Action Solidaire pour le
Développement et soutenu par CCFD-Terre Solidaire. Son objectif est de redonner à l’agriculture ses lettres
de noblesse tout en luttant contre le phénomène de l’exode rural12.
La liste des initiatives liées à l’agroécologie s’avère assez longue et s’enrichit chaque année davantage de
nouveaux projets et programmes impulsés par divers acteurs. Toutefois, en l’absence de mise en cohérence
axée sur une démarche de partenariat multi-acteurs, il est évident que les résultats demeurent significatifs,
mais fragiles. En effet, l’analyse des résultats d’évaluation montre explicitement que le développement de
l’agroécologie à grande échelle semble irréalisable sans une mise en harmonie de l’ensemble des
interventions, y compris en matière de prise de décisions politiques. Cela semble d’autant plus important
qu’il existe un certain scepticisme sur la pertinence et le caractère réaliste de l’agroécologie comme réponse
aux défis majeurs des systèmes et des politiques agricoles en Afrique. Les évaluations de projets menés au
Sénégal, au Burkina Faso et au Togo révèlent que les réticences proviennent à la fois des milieux paysans
et des sphères décisionnelles, et concernent aussi bien les résultats agronomiques que les performances
économiques de l’agroécologie. Le positionnement des acteurs à la base et les orientations politiques sont
donc, de toute évidence, à reconsidérer en vue de parvenir à une plus large diffusion de pratiques
agroécologiques.

III. L’AGROÉCOLOGIE EN THÉORIE ET DANS LA PRATIQUE


1. Concept de l’agroécologie et discours politiques
À l’évidence, l’agroécologie est un concept qui fournit une orientation, mais sa définition reste
polysémique. Quoiqu’une certaine littérature date son usage massif à la fin des années 1980, il faut signaler
que le terme n’est pas aussi récent. Il est employé pour la première fois en 1928 par Basil Bensin qui l’utilise
pour désigner l’application de l’écologie à l’agriculture. Son propos reposait sur l’idée selon laquelle il est
possible de produire mieux, tout en étant respectueux des écosystèmes et de la nature13. Bien que ce postulat
soit attrayant, le concept d’agroécologie a eu du mal à sortir du milieu plutôt fermé des scientifiques et des
chercheurs. Il faudra attendre plus d’une trentaine d’années pour voir les pratiques écologiques se
concrétiser, notamment en Amérique Latine, comme réponses aux conséquences désastreuses de la
10
https://www.microprojets.org/projets/creation-doasis-agroecologiques-pilotes-dans-la-region-de-fatick-senegal
11
https://www.journaluniversitaire.com/parfao
12
https://ccfd-terresolidaire.org/projets/afrique-subsaharienne/senegal/les-fermes-agro
13 Uniterre, mars, 2012 « L’agroécologie, un concept qui prend en compte les dimensions multiples de l’agriculture ». [En ligne] :
https://uniterre.ch/zjoom/data/docs/journal/dossier_agroecologie_2012.pdf
10

production industrielle. En effet, le succès de l’agroécologie, en tant que concept scientifique, intervient à
la suite de la première révolution verte des années 1980. Le mot se charge alors d’une acception renvoyant
à l’application des concepts et des principes de l’écologie à l’étude, la conception et la gestion
d’agroécosystèmes durables. Sur le plan scientifique, l’agroécologie brasse des connaissances de
l’agronomie, de la biologie et de la science des écosystèmes. Cette mixité d’approches en fait définitivement
une démarche scientifique capable de répondre aux exigences du développement agricole et de la protection
de l’environnement.
Bien qu’elle repose très largement sur une démarche scientifique, l’agroécologie obéit à une approche
pluridisciplinaire intégrant à la fois des aspects de recherche scientifique, un ensemble hétéroclite de
pratiques agricoles et une approche politique permettant d’adresser les questions relatives à l’insécurité
alimentaire qui prévaut dans les pays en développement. De façon pratique, l’agroécologie est avant un
« système de culture » destiné à réduire la pression sur l’environnement, sans pour autant sacrifier les
objectifs de productivité. Cela passe par une gestion rationnelle de l’utilisation des ressources hydriques et
de la consommation d’énergie. En clair, il s’agit d’une alternative crédible à l’agriculture intensive qui,
vraisemblablement, n’a pas tenu toutes ses promesses en termes d’amélioration des rendements et de
préservation des écosystèmes naturels.
C’est donc face à l’échec des modèles productivistes conventionnels que l’agroécologie a émergé comme
une réponse possible aux défis cruciaux du XXIe siècle. C’est une approche qui croise à la fois science,
mouvement social et valorisation des pratiques paysannes14. Elle repose sur trois dimensions (respect de
l’environnement, économie performante, promotion du développement humain) et s’appuie sur des
principes forts (préservation des ressources naturelles et de la biodiversité, limitation des externalités
négatives, génération de revenus sûrs et locaux, valorisation de l’humain et des dynamiques sociales), tout
en répondant à des enjeux fondamentaux comme l’invention d’un nouveau modèle agricole.
Au Sénégal, le développement des pratiques agricoles inspirées de la philosophie agroécologique s’est faite
de façon concomitante au développement du mouvement social observé au niveau international. C’est en
effet au début des années 1980, qu’on assiste aux premières initiatives de formation des maraichers en
écologie, avec des ONG comme Enda Pronat, Plan Afrique, Rodal International, les Brigades Vertes et la
Fondation New Field. L’action des pionniers comme Enda Pronat s’est avérée marquante, à telle enseigne
que l’agroécologie a fait l’objet d’une attention particulière de la part des décideurs politiques. Les projets
impulsés par cette ONG au niveau du Sénégal oriental et dans les Niayes ont insisté sur l’expérimentation
et la formulation d’un message clair sur les vertus de l’agroécologie qui se présente désormais comme un
rempart contre les externalités négatives des systèmes agricoles conventionnels. Le plaidoyer semble avoir
également fonctionné et le Dr. Macoumba Diouf, Directeur de l’horticulture, reconnait désormais que
« l’agroécologie peut offrir au Sénégal beaucoup d’avantages dans la pratique d’un système de production
plus durable et plus respectueux de l’environnement »15.
Lors du Symposium international sur l’agroécologie pour la sécurité alimentaire et la nutrition qui s’est
tenu au siège de la FAO en septembre 2014, le Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, Papa
Abdoulaye Seck avait évoqué la position du Sénégal qui est de « répondre à un marché international, mais
aussi de léguer un héritage environnemental de qualité, gérer le présent, mais également tenir compte de
« la solidarité générationnelle en agriculture ». Une telle option doit reposer de son point de vue sur une
« démarche d’agroécologie co-construite, co-gérée et co-évaluée »16.

14
OIT, « L’agriculture biologique au Sénégal : État des lieux et potentiel d’investissement dans le cadre d’une transition verte »,
Rapport final, janvier 2013.
15
SeneNews : « Dr Macoumba Diouf, Directeur de l’horticulture : L’agro-écologie offre l’opportunité d’une production durable »,
novembre 2015. [En ligne] : https://www.senenews.com/actualites/dr-macoumba-diouf-directeur-de-lhorticulture-lagro-ecologie-
offre-lopportunite-dune-production-durable_143416.html
16
Dakar Actu, « Le Sénégal au Symposium international sur l’agro-écologie pour la sécurité alimentaire et la nutrition au siège de
la FAO », septembre 2014. [En ligne] : https://www.dakaractu.com/Le-Senegal-au-Symposium-international-sur-l-agro-ecologie-
pour-la-securite-alimentaire-et-la-nutrition-au-siege-de-la_a75372.html
11

Récemment, lors de son traditionnel discours à la nation tenu le 31 décembre 2018, le président Macky Sall
a annoncé une « préparation du Sénégal », pays sahélien, à la transition écologique à travers le « PSE
Vert ». Il a affirmé que : « Si l’on parle de transition agroécologique, cela veut dire qu’il y a une nécessité
de changer notre système de production. La sécheresse, la coupe abusive de bois, l’utilisation incontrôlée
de l’engrais chimique sont les causes fondamentales de la dégradation de l’environnement ». Cette volonté
déclarée du Président de la République a été renouvelée, lors de la campagne électorale de février 2019,
avec un accent particulier porté sur les besoins d’une reforestation durable du territoire national qui est
censé préparer le pays à faire face aux défis globaux du XXIe siècle. Cette initiative contenue dans le PSE
est relative à la « nécessaire transition agroécologique » à entreprendre, en vue de sécuriser l’alimentation
des générations futures. Pour y parvenir, le Chef de l’Etat a annoncé qu’un programme de « reforestation
durable du territoire national » sera mis en œuvre dans les zones semi-arides et en relation avec les
collectivités territoriales. De même, la création d’une Agence Sénégalaise de Protection des Forets a été
annoncée.
À l’analyse, les autorités sénégalaises affichent une volonté manifeste de faire progresser les chantiers de
l’agroécologie. La persistance des baisses de rendements, la démultiplication des répercussions néfastes du
changement climatique, la paupérisation croissante des populations rurales et la prolifération des initiatives
agroécologiques dans le pays font qu’il est devenu difficile ou tout simplement irréaliste d’ignorer les
opportunités qu’offre l’agroécologie. Néanmoins, entre les constructions discursives et les prises de
décisions réellement porteuses d’effets, il y a un fossé tellement important que certains acteurs de terrain
n’hésitent à interpeler l’Etat face à ses responsabilités.
À défaut d’être ambigu, le discours des pouvoirs publics apparait avec des germes potentiels de confusions
susceptibles de compromettre la formulation des choix politiques. À titre d’exemple, le discours des
décideurs n’apporte aucun éclairage sur les fondamentaux de la vision stratégique de l’Etat et fait l’impasse
sur les éléments de différenciation à observer entre la « nouvelle vision » portant sur l’agroécologie et celle
ayant sous-tendu les programmes successifs de reboisement à l’échelle nationale. Or, à défaut de préciser
la vision gouvernementale sur l’agroécologie en amont, le risque est grand de reproduire des logiques
antérieures qui ont déjà engouffré d’énormes ressources publiques, tout en montrant leurs limites objectives
dans le temps. Le fait de penser globalement les différentes conditions de la transition agroécologique est
une nécessité pour bâtir une vision politique forte. Un tel exercice permet de réaliser une transition
d’ensemble des différents systèmes de production en crise vers des systèmes agroécologiques performants.
2. L’agroécologie selon Enda Pronat : un projet de société avant tout
Enda, de manière générale, s’est forgé une réputation de « bâtisseur d’alternatives ». La vision et l’action
de l’entité Enda Pronat s’inscrivent fondamentalement dans cette logique. Ses expérimentations de terrain
ont démarré en 1986 et se sont consolidées, à partir de 1994, sur la base d’une démarche de recherche-
action ayant impliqué dans un premier temps des individus (champs ou exploitations familiales), avant de
s’orienter résolument vers les groupements de femmes à l’échelle communautaire (villages, terroirs et
collectivités territoriales). Quel que soit l’échelon considéré, la démarche est ancrée sur les réalités
endogènes pour recentrer les interventions sur les objectifs des agriculteurs, la création et la diffusion de
savoirs et de savoir-faire, la préservation de l’environnement, la promotion de l’équité et de la justice
sociale, la sauvegarde des droits des communautés d’accéder à la terre et aux autres ressources naturelles,
le plaidoyer pour influencer les politiques publiques. La méthodologie développée par Pronat est basée sur
le dialogue, la concertation et l’implémentation des outils divers, comme par exemple les champs écoles
paysans (CEP) et l’approche village/terroir qui permettent de promouvoir l’apprentissage en commun, le
partage des connaissances et la démultiplication des expériences.
Dans le cadre de ses activités visant la transition agroécologique, Enda Pronat apporte un appui à plusieurs
localités, notamment : (i) le terroir de Lérabé, avec un projet de mise en place d’un modèle de gouvernance
inclusif et équitable des terres, de développement d’un périmètre irrigué basé sur les principes agro-
écologiques et d’un système de maitrise des crues susceptibles d’inspirer les politiques de développement
agricole dans l’ensemble de la vallée du fleuve Sénégal ; (ii) la zone de Koussanar, à travers un projet de
redynamisation d’une convention communale de gestion durable des ressources naturelles, avec en ligne
12

de mire le renforcement des performances agroécologiques des exploitations familiales ; et (iii) la commune
de Ndiob, où il s’agit d’un projet d’élaboration et de mise en œuvre d’un plan de gestion agroécologique,
avec l’intensification des pratiques d’une agriculture durable par les exploitations familiales17.
Au regard des nombreuses initiatives et réalisations, Enda Pronat se positionne aujourd’hui comme un
acteur majeur au niveau national en termes de promotion de l’agro-écologie. Ces actions sont largement
appréciées par les acteurs locaux qui témoignent de son importance et de son engagement pour réussir la
TAE.
Si Enda Pronat a pu réussir à impulser une dynamique autour des pratiques agroécologiques, c’est surtout
grâce à une démarche inclusive soucieuse, en amont, de confier des responsabilités à chacune des catégories
d’acteurs en présence. Cette démarche de mise en relation a permis notamment à Enda Pronat de se
positionner comme un partenaire transparent, digne de confiance et capable de se mobiliser pour des causes
diverses. En ce qui concerne le développement des pratiques agroécologiques à l’échelle des exploitations
familiales et des groupements, l’entité a élaboré et mis en œuvre des instruments de gouvernance locale et
durable des ressources naturelles. Entre 1994 et mars 2019, ses interventions ont pu mobiliser plus de 80
villages, impulsant ainsi une première étape de mise à l’échelle de la transition agroécologique, avec
l’engagement des décideurs locaux au sein des communautés partenaires et dans le cadre du Réseau des
communes et villes vertes du Sénégal (REVES)18.
La stratégie d’intervention d’Enda Pronat sur les questions d’agroécologie est fortement corrélée à la vision
globale que les responsables de l’entité de la démarche et de son sens profond. Pour ces derniers, le concept
d’agroécologie ne peut pas être réduit à ses seules dimensions techniques. Tout au contraire, la démarche
agroécologique fait appel à un projet de société à bâtir sur la base des réalités contextuelles spécifiques.
En partant de la réalité des populations, il devient difficile pour Enda Pronat de se tenir à l’écart des
problèmes fonciers qui marquent continuellement l’actualité des exploitations familiales au Sénégal et dans
la sous-région ouest-africaine. En parlant de transition agroécologique, Enda Pronat considère que sa
faisabilité est liée au volet foncier. L’entité s’est longuement mobilisée, dans le cadre de la réforme foncière,
en insistant sur la nécessité d’une vision politique structurée autour de l’agroécologie. Son combat est sous-
tendu par la volonté de donner aux collectivités locales un rôle effectif et un droit de regard sur les
ressources naturelles, notamment en ce qui concerne la distribution des terres. Cela est d’autant plus
important que pour Pronat il est impossible pour un pays de concilier des options antagoniques, notamment
: (i) promouvoir la diversité des activités rurales, protéger l’environnement, développer l’élevage,
l’agriculture, la cueillette et gérer l’utilisation des ressources forestières ; et (ii) laisser certaines personnes
« s’accaparer des terres comme elles veulent »19. Conformément à ce souci t de mise en cohérence des
pratiques, Enda Pronat a initié plusieurs actions de démonstration et de dialogue politique relayées par un
plaidoyer qui a reçu l’adhésion d’acteurs divers : organisations paysannes, ONG, universités et centres de
recherche, institutions publiques, décideurs politiques, acteurs économiques, plateformes et réseaux de
partenaires. Les fondamentaux ont donc été mis en place pour progresser vers une transition agroécologique
à grande échelle.

IV. FONDAMENTAUX DE LA MISE À L’ÉCHELLE DE LA TRANSITION


AGROECOLOGIQUE
L’analyse réalisée dans le cadre de l’étude, en lien avec le questionnement sur les facteurs de succès du
partenariat multi-acteurs a pris en compte plusieurs paramètres. Le premier s’intéresse aux caractéristiques
du jeu d’acteurs en présence, à travers une cartographie des profils existants au niveau local, national et
sous-régional. Il dresse en même temps le bilan concernant les domaines d’intervention, les échelles de
réalisations et les leçons apprises de processus. Le deuxième paramètre aborde les réalisations au filtre

17
Enda Pronat, « Concept note de la démarche sur le partenariat multi-acteurs pour la transition agro-écologique », mars 2019.
18
Le REVES englobe une trentaine de collectivités ayant pour objectif de contribuer au développement de politiques territoriales
fondées sur les principes de l’agroécologie, surtout en termes de bonne gouvernance des ressources naturelles.
19
Extrait d’entretien avec Enda Pronat, mars 2019.
13

d’une grille de lecture permettant d’en juger la pertinence. Enfin, le troisième aspect du raisonnement porte
sur des analyses de discours articulés autour de plusieurs facteurs substantiels censés sous-tendre la mise
en œuvre du partenariat multi-acteurs.
1. Caractérisation du jeu d’acteurs et des pratiques de collaboration
1. 1. Analyse des principaux acteurs de l’agroécologie
L’analyse des interventions menées par les acteurs dans le domaine de l’agroécologie laisse apparaitre une
multitude d’acteurs que l’on peut répartir en deux groupes. Il s’agit : (i) des ONG et organisations
internationales ; et (ii) de l’Etat et de la société civile. Toutes ces catégories ont en général pour principale
cible les populations locales, organisées pour la plupart en structures variées (associations, groupements,
OCB, etc.).
Bien que le travail de collecte et d’analyse de données n’ait pas pu permettre d’attribuer un nombre précis
à chaque catégorie, les observations ont abouti à l’identification et à la classification des acteurs au niveau
sous-régional et national, en se fondant essentiellement sur leurs actions en faveur de la TAE.
Le tour d’horizon réalisé sur les interventions existantes en matière d’agroécologie montre que ce sont les
ONG qui exercent le leadership en matière d’impulsion d’initiatives à différentes échelles. C’est le cas par
exemple de l’ONG GRET qui intervient dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, en l’occurrence : (i) la
Guinée, où il déroule en partenariat avec une organisation paysanne, dans le cadre d’un projet sur la
restauration des terres ; (ii) de la Mauritanie qui abrite un projet d’agroécologie dans une zone affectée par
la sècheresse ; et (iii) du Sénégal où son projet TERRIA, mené en partenariat avec la FONGS s’emploie à
renforcer la sécurisation foncière pour une transition agroécologique au sein de bassin arachidier20.
C’est dans cette même dynamique qu’intervient également AVSF, qui soutient les agricultures paysannes
face à l’invasion des producteurs industriels (agriculture et élevage) et aux tendances inquiétantes de
concentration et d’accaparement des terres. AVSF a fait le choix d’agir pour défendre les droits et rôles des
femmes rurales, en œuvrant notamment pour leur autonomisation basée sur le renforcement d’organisations
de productrices, réunies en coopératives et fédérations puissantes et reconnues21. Au Sénégal, AVSF
intervient principalement en Casamance (réduction de la vulnérabilité socio-économique de plus de 10 000
familles, grâce à l’augmentation de la productivité des principales cultures vivrières) et dans le Ferlo
(amélioration des performances de l’élevage pastoral dans un contexte de changement climatique impactant
plus de 3 000 familles). Quant à AGRISUD, surnommé également « la petite ONG d’une grande cause »,
elle s’est défini une principale mission consistant à permettre à des communautés humaines des pays du
Sud de vivre décemment sur leur terre et de leur terre22. Cette ONG intervient dans plusieurs pays de la
sous-région, avec des projets novateurs et structurants. Il s’agit par exemple : (i) du projet « PRODIAG23 »
mis en œuvre à la fois au Gabon en partenariat avec l’Institut gabonais d’appui au développement (IGAD)
en vue de poursuivre les expérimentations et la diffusion de solutions techniques adaptées et durables ; et
(ii) du projet d’appui au pôle de compétences en agro-écologie, lancé en Guinée Bissau et au Sénégal
(initiative de redynamisation de la production agricole dans les départements de Bambey, Diourbel, Fatick
et Mbacké).
En dehors des ONG qui constituent de véritables acteurs pour la promotion de la TAE en Afrique, on
remarque l’intervention d’autres acteurs non moins importants, en l’occurrence l’Etat et les réseaux
d’acteurs. Parmi les plus visibles, il y a par exemple le ROPPA qui a été créé en 2000 au Bénin, à partir
d’une initiative propre aux organisations paysannes et de producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest. Le
ROPPA s’est positionné progressivement comme un outil en matière de défense et de promotion des
exploitations familiales qui constituent le principal système de production agrosylvopastorale dans la sous-
région ouest-africaine24. Ses interventions se déroulent pratiquement dans tous les pays de l’Afrique de

20
Pv réunion sur le renforcement de nos synergies d’action pour la promotion de l’agro-écologie, Enda pronat, novembre 2018.
21
www.avsf.org
22
www.agrisud.org
23
Programme de développement et d’investissement agricole au Gabon
24
www.roppa-afrique.org
14

l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Libéria, Mali,
Sénégal). Dans le même sillage, il y a l’Alliance pour l’agroécologie en Afrique de l’Ouest (3AO), qui est
une plateforme de coordination et de relais d’informations composée d’organisations paysannes, d’instituts
de recherche/universités, d’ONG et de mouvements sociaux. Elle a été créée en avril 2018 à Dakar par le
ROPPA et IPES-Food, en collaboration avec plus d’une trentaine d’organisations qui ont élaboré
conjointement une stratégie visant à soutenir, par l’action, le développement de l’agroécologie et des
systèmes alimentaires durables en Afrique de l’Ouest25. Aux acteurs précités s’ajoute un mouvement
associatif citoyen dénommé « COPAGEN », créé en 2004 et regroupant des organisations de la société
civile au sein des huit pays de l’espace UEMOA. La COPAGEN vise notamment à contribuer à la
promotion des droits des communautés sur les ressources génétiques dans un contexte où elles sont victimes
de divers fléaux tels que les OGM, la bio-piraterie et l’accaparement des terres26.
La liste des initiatives est longue, mais les différentes observations menées permettent de conclure que les
acteurs clés de la dynamique de l’agroécologie à l’échelle sous-régionale sont les ONG qui se font
accompagner par leurs partenaires internationaux. La démarche de partenariat multi-acteurs pourrait donc
s’attacher à renforcer leur présence en les amenant notamment à jouer une plus grande partition aux côtés
des acteurs de la transition agroécologique évoluant au niveau national.
Au niveau national, l’analyse de la situation des acteurs laisse apparaitre une pluralité remarquable ainsi
que des disparités en termes de répartition spatiale des zones d’intervention et d’influence des uns et des
autres. Cette répartition inégalitaire se traduit en particulier par des déséquilibres inter et intra-régionaux en
matière de réalisations et d’avancées résultant des initiatives impulsées en rapport avec la TAE. Le
diagnostic permet de mettre en exergue et de répartir les intervenants en plusieurs catégories : (i) l’Etat et
ses démembrements (ministères, directions, agences et collectivités locales, dans une moindre mesure) ; (ii)
les ONG et OCB, avec une présence remarquée des organisations paysannes, des associations de
producteurs ; et (iii) les sociétés privées d’exportation et de formation sur les pratiques afférentes à
l’agroécologie.
En ce qui concerne la présence de l’Etat, elle demeure marquée principalement par l’empreinte des
structures de formation et d’encadrement recensées au cours de la mission. C’est le cas notoire des
organismes comme la DADL, l’ENSA, l’UGB, l’UCAD, l’ISRA et autres, qui assument un rôle portant sur
la recherche scientifique, la mise en place d’outils d’aide à la décision et la formation des populations aux
différentes techniques, enjeux et défis relatifs à l’agroécologie. À titre d’illustration, la Direction d’appui
au développement local (DADL) apporte un appui important consistant à assurer l’encadrement et la
formation technique des populations dans tous les domaines du développement social et économique à la
base. De même, l’Ecole Nationale Supérieure d’Agriculture (ENSA) contribue à apporter des réponses aux
enjeux nationaux et internationaux de l’agriculture et du développement, à travers la formation d’ingénieurs
agronomes et de spécialistes aptes à appréhender l’ensemble des facteurs scientifiques, techniques, socio-
économiques, humains et culturels qui caractérisent l’environnement agricole à la fois complexe et
changeant27.
S’agissant des ONG, elles constituent sans doute les acteurs les plus visibles en matière d’accompagnement
et d’appui technique et financier aux mouvements et organisations paysannes. Elles sont présentes dans
plusieurs localités et leur échelle d’intervention va du local au national, voire l’international. Leurs
domaines d’intervention varient et se diversifient considérablement, avec un accent singulier porté sur la
sensibilisation, l’appui organisationnel et le renforcement des producteurs agroécologiques. Parmi les
ONG, Enda Pronat a été citée par ses pairs et par les populations comme un pionnier et une référence en
termes de promotion de l’agroécologie au Sénégal. En effet, Enda Pronat s’est attachée, depuis les années
1980, à soutenir les sociétés paysannes ouest-africaines dans la défense de leurs droits et ce, dans un
contexte plus large de promotion d’un modèle agricole durable28. Elle a par ailleurs développé une

25
Compte rendu de l’atelier national des membres de l’alliance 3AO basés au Sénégal, Enda Pronat, janvier 2019.
26
www.copagen.org
27
www.ensa.sn
28
www.endapronat.org
15

démarche de recherche-action qui l’a amenée à mettre en place une stratégie d’accompagnement à la
création d’organisations paysannes aptes à s’approprier progressivement et en pratique les concepts
d’agroécologie comme alternative au modèle agricole productiviste29.
Aux côtés des ONG, les OCB constituent des acteurs majeurs regroupant des organisations paysannes, des
associations et des fédérations de producteurs biologiques et intervenant principalement au niveau local
(communes, villages). Ces différentes organisations s’activent notamment dans la production, la
transformation et la commercialisation de produits certifiés bio. Elles sont localisées principalement au Sud
(zone Casamance), à l’Ouest (zone des Niayes et Thiès) et dans la vallée du fleuve Sénégal au Nord-Est du
pays dans les régions de Saint-Louis, Matam ainsi que dans le Sénégal oriental (Tambacounda).
Enfin, la troisième catégorie se compose des sociétés privées qui sont spécialisées dans des formations
pratiques sur l’agroécologie, l’exploitation et l’exportation de produits certifiés bio. Le plus souvent, ces
sociétés travaillent en collaboration avec les organisations paysannes, en vue de leur permettre de vendre
et d’exporter leurs produits à l’international. En ce qui concerne les sociétés privées de formation, il y a lieu
de citer par exemple « la ferme école de l’ACTSOL » en Casamance, créée à Tobor (région de Ziguinchor)
dans l’objectif de former des professionnels et des militants de l’agroécologie. En dehors de la formation,
certaines sociétés privées opèrent dans le domaine de l’exploitation de produits biologiques. C’est le cas
par exemple de Bio Niayes Organisation qui produit et exporte des produits biologiques certifiés et du
Groupe Bio Casamance qui est actif dans l’accompagnement des producteurs et dans l’exportation de
produits biologiques, en l’occurrence la mangue.
En somme, les interventions dans le processus de la TAE au niveau national sont essentiellement le fait des
Organisations non gouvernementales (ONG) et des organisations communautaires de base (OCB), dont la
contribution se chiffre à hauteur de 66% du total des actions recensées dans le cadre de la présente étude30.
En plus de ces acteurs particulièrement distingués, il y a bien évidemment les sociétés privées (21%) et
l’Etat qui intervient à hauteur 13%.
A côté de ces acteurs précités pour leurs actions dans la transition agroécologique, il y d’autres qui ne sont
pas orientés exclusivement dans l’agroécologie mais qui constituent des alliés non moins importants dans
la définition des politiques et la construction de la démarche multi-acteurs. Parmi eux, il y a notamment :
(i) le Forum Civil Sénégalais dont l’un des principes directeurs est la promotion d’une démocratie globale
et participative déclinée dans toutes ses dimensions (politique, sociale, économique et culturelle) ; (ii) le
CICODEV-Africa qui est une association internationale de droit sénégalais ; à but non lucratif et dont
l’objectifs est de promouvoir l’émergence d’un mouvement de citoyens-consommateurs conscients de
l’impact de leurs choix de consommation sur le commerce, l’environnement et le développement ; et (iii)
l’ANSTS (Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal) dont l’objectif est d’assister, de
conseiller l’Etat sénégalais et les Institutions Publiques et Privées dans le cadre de la définition et de la
mise en œuvre de la Politique Nationale en matière de Science et de Technologie.

29
Atelier d’information, de formation et d’échange sur le processus multi-acteurs, Enda pronat, Décembre 2018
30
Ces valeurs sont indicatives et ont été calculées sur la base de l’ensemble des interventions analysées dans le cadre de cette étude.
Figure 1 : Parts relatives des acteurs principaux en fonction du nombre d’interventions recensées

La cartographie de ces trois catégories d’acteurs à l’échelle des régions du Sénégal laisse également
apparaitre une très grande disparité, en termes de couverture du pays et d’actions initiées31.

Figure 2 : Répartition des interventions d’acteurs de l’agroécologie par région

Cette cartographie des interventions des différentes catégories d’acteurs de l’agroécologie renseigne au
moins sur deux points déterminants : (i) les ONG et les OCB sont les plus représentatives au niveau des
régions ; et (ii) les régions de Dakar et Thiès sont les mieux servies en termes de nombre d’acteurs et par
conséquent d’interventions. La particularité de ces deux régions réside dans le fait qu’elles concentrent une
large proportion de la population sénégalaise (36,2% à elles seules selon l’ANSD, mars 2018) et abritent
en même temps un lot très important d’équipements et d’infrastructures de toutes sortes. De telles
distorsions et iniquités spatiales constituent un point essentiel pour la réflexion stratégique censée sous-
tendre les différentes initiatives de développement économique et social.
De façon plus détaillée, la répartition géographique des différents acteurs permet de formuler les remarques
suivantes :

31
Cette cartographie se fonde également sur les différentes initiatives sur l’agroécologie répertoriées et analysées durant la
recherche. Elle demeure indicative, mais renseigne néanmoins sur les inégalités en termes de maillage du territoire national par les
programmes et projets, tout comme par les acteurs eux-mêmes considérés individuellement.
17

• En matière d’agroécologie, l’intervention de l’Etat s’avère relativement limitée dans les régions.
Sur la trentaine d’initiatives analysées, seules les régions de Dakar, Thiès et Saint-Louis ont été mentionnées
comme espaces de présence notoire de l’Etat. Ces interventions étatiques sont pour la plupart le fait de
centres et instituts de formation en agroécologie, notamment l’ENSA, l’UGB, l’UCAD et l’ISRA ;
• Bien que les ONG, les organisations et associations paysannes soient fortement représentées à
l’échelle nationale, le schéma de leur répartition spatiale demeure inégalitaire. Pour l’essentiel, trois régions
se distinguent en termes de nombre d’acteurs de types ONG et OCB. Il s’agit de la région de Thiès qui
totalisent neuf (9) organisations, de la région de Tambacounda avec un nombre huit (8) et enfin de la région
de Sédhiou avec sept (7) organisations intervenantes. Louga (1) et Matam (2) ont été identifiées comme les
régions les moins servies par les organisations recensées.
• Les sociétés privées à orientation agroécologique sont, tout comme les structures étatiques, assez
limitées numériquement à l’échelle du territoire national. Leur analyse laisse apparaître la région de Dakar
(avec 6 sociétés) et celle de Ziguinchor (3 sociétés) comme zones de prédilection des initiatives privées.
1. 2. Domaines, intérêts et échelles d’intervention des acteurs
L’analyse des interventions des acteurs engagés dans le processus de la transition agroécologique met en
exergue une panoplie de domaines qui varient fortement en fonction de la catégorie d’acteurs considérée,
des intérêts stratégiques, des orientations et objectifs socioéconomiques visés. Ces différents domaines ont
été organisés en plusieurs rubriques corrélées à des sphères d’influence. Il s’agit de : (i) production et
transformation de produits biologiques ; (ii) commercialisation et exportation des produits bio ; (iii)
formation en agroécologie et sur ses pratiques ; (iv) assistance/appui technique et financier aux associations
et organisations paysannes productrices de produits biologiques ; (v) sécurité alimentaire et nutritionnelle ;
(vi) gestion des forêts et agroforesterie ; et enfin (vii) biodiversité et foncier.
L’analyse des acteurs intervenant dans le domaine de « la production et la transformation de produits
biologiques » permet de conclure qu’ils sont composés majoritairement de fédérations, d’associations et
d’organisations paysannes. Hormis l’expérimentation des pratiques agricoles biologiques, leur principale
mission s’articule autour du partage de moyens et de bonnes pratiques, ainsi que de la facilitation des
conditions de faisabilité d’une agriculture saine et durable. Parmi ces acteurs qui interviennent
essentiellement au niveau local et national, on peut citer : AAJAC/COLUFIFA et URPROFOS à Sédhiou,
FAPD et COPEBAN à Thiès, APROVAG en Casamance, UGAN dans le Sine-Saloum.
S’agissant du domaine d’intervention relatif à la commercialisation et à l’exportation de produits
biologiques, il intéresse spécialement les sociétés privées à l’image notamment d’Agrina Sénégal, Sham
Sénégal, Groupe Bio Niayes Organisation et Bio Casamance. Parmi ces sociétés privées spécialisées dans
l’exportation, le groupe Bio Niayes Organisation semble constituer un acteur majeur dans le secteur, en
raison de l’importance des potentialités agroécologiques dont dispose sa zone d’intervention. Créée en 2008
dans le cadre d’un programme financé par la FAO32, cette organisation a exporté en 2012 près de 600 tonnes
de mangues certifiées bio par la société E3Lothis.
Une transition réussie vers l’agroécologie nécessite également une connaissance solide des enjeux et des
défis se rapportant au processus. C’est sans doute pour cette raison que certains acteurs ont fait de la
formation leur centre d’intérêt pour structurer et transmettre des savoirs et savoir-faire portant sur les
techniques et les principes fondateurs de la démarche d’agroécologie. Ces catégories d’acteurs sont
principalement des structures privées qui déroulent des curricula à travers des fermes académiques, ainsi
que des structures publiques comme les écoles, instituts et universités qui offrent des formations spécifiques
ou intègrent tout simplement des aspects de la production biologique dans leurs maquettes de Licence ou
de Master. En matière de formation sur l’agroécologie, ce sont en réalité les structures privées qui dominent
assez largement. À titre d’illustration, on peut citer la Ferme école agroécologique de Kaydara, située dans
la région de Fatick et créée en 2003 par l’association Jardins d’Afrique. Dans cette ferme, « les jeunes se
retrouvent à toutes les étapes des techniques agroécologiques, végétales et animales. Au cours de la
32
Amélioration des revenus et de la sécurité alimentaire des petits exploitants en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale par
l’exportation de produits tropicaux biologiques et du commerce équitable 2005-2009.
18

formation, les éléments de capital nécessaires à leur installation leur sont fournis : capital foncier, capital
végétal (arbres fruitiers arbres de forêt, fourrage), capital animal (volaille, lapins ou ânes), capital
semencier, savoir agro-écologique et technologique et capital financier alimenté par la vente de la
production du stagiaire durant l’année »33. L’autre exemple ayant fait l’objet d’une visite au cours de cette
mission est la ferme Beer Sheba. Sa réussite semble tellement éclatante que cet « oasis perdu dans le désert »
suscite la curiosité de nombreux observateurs et visiteurs, y compris des élus et des producteurs de la
commune de Ndiob (région de Fatick).
Le domaine d’intérêt relatif à l’assistance et à l’appui technique et financier concerne surtout les ONG et
autres acteurs de la société civile qui conjuguent leurs efforts avec des moyens attribués par divers
partenaires, en vue de proposer un encadrement aux organisations de base dans leur travail de production.
Enfin, d’autres acteurs interviennent dans des domaines non moins cruciaux, en l’occurrence : (i) la sécurité
alimentaire et nutritionnelle, avec notamment la RAPDA qui œuvre pour l’effectivité du droit à
l’alimentation en Afrique ; (ii) la gestion des forêts et l’agroforesterie, avec l’ISRA et le CARI qui lutte
contre la désertification et la dégradation des terres en zones arides34 ; et (iii) la biodiversité et le foncier,
à travers la mobilisation du CRAFS dans le plaidoyer en faveur de la relance et de l’aboutissement du
processus de réforme foncière35.
2. Analyse des relations actuelles de collaboration et de la pertinence d’une démarche multi-acteurs
2.1. Types de relations entre acteurs et perspectives d’un PMA
En capitalisant les différentes pratiques de collaboration entre les acteurs engagés dans le processus de la
transition agroécologique, de l’échelle locale au niveau sous-régional, les analyses révèlent l’existence de
trois niveaux hiérarchiques de relations à la fois enchevêtrés et interdépendants. Le premier niveau de
collaboration implique des acteurs locaux (APROVAG par exemple) qui travaillent entre eux-mêmes, tout
en coopérant avec des acteurs nationaux (ONG et Etat notamment). Dans ce cadre, les acteurs locaux sont
spécialisés dans l’exploitation et la production, tandis que les acteurs nationaux assurent une fonction
d’accompagnement décisive qui vise à faciliter l’accès aux ressources génétiques, aux équipements
agricoles et au marché, mais aussi à former les acteurs et à valoriser leur statut. Même si une telle
collaboration revêt une forme classique et peut être assimilée à l’assistance technique et financière, elle est
réellement bénéfique pour les parties prenantes, en particulier les acteurs locaux qui ne peuvent pas compter
sur leurs propres forces pour satisfaire tous leurs besoins. En ce qui concerne les autres types de
collaboration (deuxième et troisième), il y a lieu de mentionner la présence de plateformes multi-acteurs
nationales et sous-régionales (GDSP et 3AO, entre autres) qui mènent des activités et impulsent des
dynamiques porteuses d’intérêt pour leurs différents membres. Pour l’essentiel, ces plateformes multi-
acteurs sont de composition mixte (parties prenantes intervenant au niveau local et national). Elles ont été
mises en place dans le but de structurer et/ou de renforcer la collaboration entre les acteurs. Pour concrétiser
cette ambition, l’accent est mis sur le renforcement de l’efficacité de la coordination, le partage
d’informations, la promotion et l’accompagnement de la TAE, en mobilisant des OP, des instituts de
recherche/universités, des ONG internationales et des mouvements sociaux en Afrique de l’Ouest.
À l’évidence, ce sont de fortes relations de collaboration qui existent entre les différents acteurs de
l’agroécologie à l’échelle locale, nationale et sous-régionale. Ces relations sont souvent anciennes et bâties
sur un socle de confiance et de bonne cohabitation, même si des situations d’incompréhension ou de conflit
surviennent parfois entre les groupes d’acteurs. Ce constat se justifie très largement au regard des listes de
partenaires impliqués dans les différents projets et programmes, de même qu’à l’observation des feuilles de
présence à des ateliers et autres rencontres organisées les acteurs. En effet, l’examen de ces matériaux révèle
une grande diversité d’acteurs qui partagent leurs expériences, s’informent parfois sur divers objets,
participent ensemble à des séances de lancement de projets, de restitution d’études, de validation de
résultats, etc. Cependant, lorsqu’il s’agit de soumettre des projets conjoints, de structurer un plaidoyer

33
www.fao.org
34
http://www.cariassociation.org
35 « Déclaration du CRAFS pour la relance du processus de la réforme foncière », Ipar, décembre 2017.
19

commun ou de mutualiser les ressources humaines et financières pour relever des défis transversaux, la
collaboration entre les acteurs s’avère parfois défaillante.
L’analyse a porté sur une dizaine de critères qui ont été sélectionnés sur la base de l’exploitation des dires
d’acteurs rencontrés au niveau des sites de l’étude ou interrogés directement en ligne ou au téléphone (figure
3). Pour l’essentiel, les témoignages de ces personnes ressources mettent en exergue des manquements
structurels, ainsi que des défis importants à relever inéluctablement pour aboutir à une transition
agroécologique réussie.

Figure 3 : Indicateurs d’évaluation de la collaboration entre acteurs de la TAE

Entre les formes classiques de collaboration et les approches multi-acteurs formelles, il y a une différence
à observer. En effet, si certaines pratiques de collaboration ont déjà cours de façon récurrente dans le
contexte actuel de cohabitation entre les acteurs, dans le cadre d’un PMA, elles s’érigent rationnellement
en règle d’or, voire en fondement de toute l’action des partenaires concernés. C’est le cas de l’implication
de tous les acteurs pertinents, et du partage systématique de l’information et des données utiles. C’est aussi
le cas des changements à opérer dans le cadre d’un PMA en termes de délimitation des rôles dévolus à
chacun, d’élaboration et de mise en œuvre de projets transversaux, de structuration d’un plaidoyer commun,
de renforcement des effets et impacts structurants des différentes initiatives et de réduction des tentations à
recourir aux rivalités face aux offres de financement. Compte tenu de toutes les promesses dont le PMA est
porteur, les enquêtes ont révélé que cette démarche est à la fois nécessaire et stratégique pour progresser
vers la mise à l’échelle de la transition agroécologique au Sénégal et dans d’autres pays ouest-africains.
Selon le Dr. Boubacar Cissé, Directeur des Etudes et de la Règlementation à l’Office des Lacs et Cours
d'Eau (OLAC) : « il est admis aujourd'hui que l'approche concertée constitue un gage de réussite dans tous
les domaines et qu’une démarche multi-acteurs permettrait d'associer tous les intervenants dans une
approche holistique, afin de mieux cerner les opportunités ». En effet, le partenariat multi-acteurs est une
approche systémique qui offre la possibilité de créer des relations de collaboration organisées entre des
acteurs ayant des prérogatives, ambitions et rôles très diversifiés. Ce type de partenariat repose sur l’idée
selon laquelle les parties prenantes sont complémentaires et elles ne peuvent pas être efficaces, si elles
interviennent séparément. Par exemple, les travaux des chercheurs combinés à ceux des ONG, ainsi qu’aux
20

activités des associations de base et des organisations paysannes constituent une clé de succès pour des
initiatives de terrain.
Dans le cas concret de l’agroécologie qui est une « démarche intégrative par définition » (Serge SIMON,
CIRAD), le partenariat multi-acteurs permet de structurer une large collaboration au sein des filières à
l'échelle du territoire. Cette intégration des différents acteurs en amont des actions est une solution pour
éviter de buter, plus tard, sur des facteurs limitants mais ignorés au départ. Selon Djiby Dia, Directeur de
l'ISRA-Bame, ce modèle de partenariat est important car « il ouvre d’énormes opportunités de dialogue, de
concertation et de répartition des rôles entre les acteurs pour une meilleure prise en charge des contraintes
qui minent les meilleures pratiques agro-écologiques ». Même en dehors de la gestion des contraintes en
question, une démarche multi-acteurs constitue aussi « une stratégie pour prendre en charge toutes les
dimensions de la transition agroécologique sur le terrain, notamment en créant les conditions d'un
plaidoyer efficace ciblant les décideurs politiques » (Iba Mar Faye, GRET). Une telle démarche facilite en
outre le partage d'expériences et de connaissances, en vue d’un renforcement mutuel et d’une
complémentarité des acteurs engagés.
En raison de la pertinence de la démarche de partenariat multi-acteurs, les personnes ressources interrogées
au cours de la mission ont insisté sur la nécessité d’inclure, de façon cohérente, le maximum de parties
prenantes. Cette démarche d’inclusion peut servir, en effet, de rempart contre de potentielles oppositions
pouvant provenir de groupes mis à l’écart des processus de concertation et de formulation des stratégies.
De manière générale, l’enquête a identifié plusieurs catégories d’acteurs à impliquer dans la démarche.
Certains parmi eux, en l’occurrence les ONG et les groupements paraissent déjà habitués aux interventions
liées à l’agroécologie. D’autres en revanche, notamment les banques, les instituts de recherche, l’Etat
central, les autorités locales politiques, économiques et religieuses sont appelées à une plus grande
implication. Pour ce qui est des grandes ONG internationales présentes au Sénégal36, des collectivités
locales, des jeunes, des médias, des leaders d'opinion dans les villes et les campagnes, ils ont été décrits en
général comme des « oubliés » qu’ils convient désormais d’intéresser davantage à la dynamique
agroécologique qui, de toute évidence, fait l’objet d’une vision partagée par les acteurs en place.
2.2. Une vision globale partagée autour de la TAE
Il ressort des entretiens réalisés au cours de la mission que l’agroécologie constitue une réelle opportunité
devant être valorisée de façon optimale. De l’avis de certains acteurs interrogés, la transition agroécologique
est encore à ses prémices en Afrique de l'Ouest et il existe par conséquent de vastes chantiers de réflexion
et d’intervention à explorer. C’est le cas de Jonathan Azevedo, animateur au sein de la plateforme TaFAé
qui estime qu’il faut désormais changer d'échelle et faire en sorte que les parcelles agroécologiques des
ONG et des partenaires ne se dénombrent plus en dizaines d'hectares, mais plutôt en milliers d'hectares.
Cette vision centrée sur les opportunités à vulgariser à grande échelle est largement partagée par l’ensemble
des personnes ressources interrogées. La mise en œuvre d’un partenariat multi-acteurs en vue de la
transition agroécologique est essentielle pour concrétiser cette ambition de passage à l’échelle et
promouvoir une agriculture durable et respectueuse de l'environnement. Cela nécessite, selon Amadiane
Diallo, Adjoint Coordinateur technique sécurité alimentaire et moyens d'existence au sein de l’ONG Action
contre la Faim, de développer une « vision politique claire sur l'agroécologie au niveau de nos Etats ».
Cette exigence ne pourra être satisfaite qu’à travers « une bonne sensibilisation, de bonnes formations et
un plaidoyer fort des organisations de la société civile, y comprises les organisations paysannes ». Ce
besoin de créer les bases d’un engagement fort autour de l’agroécologie a été également souligné par Iba
Mar Faye, Coordinateur thématique Agricultures, au sein de l’ONG GRET Sénégal.

36
Des ONG comme Plan, World Vision, Africare, Child Fund, CRS ont été citées nommément.
21

2.3. Un ensemble d’opportunités à saisir pour la TAE


L’enquête révèle que les ambitions de transition agroécologique bénéficient désormais d’un solide
soubassement d’opportunités qu’il convient de mettre à profit pour concrétiser la vision de base. Cependant,
il y aurait, selon Serge Simon, Agronome Maraîchage au CIRAD, une exigence cruciale à satisfaire pour
pouvoir tirer pleinement bénéfices de ces opportunités : « arrêter de se concurrencer et collaborer
franchement ».
En plus des points d’attention mentionnés par ce chercheur, les partenariats à bâtir autour de l’agroécologie
pourront se nourrir d’autres types d’opportunités, en l’occurrence celles qui suivent :
• L’existence d’un tissu organisationnel de société civile susceptible de créer des alliances et de favoriser
des collaborations pouvant intégrer tous les volets de l'AE ;
• La réceptivité des paysans, surtout ceux regroupés au sein d'associations qui sont appuyées par des
projets et programmes ;
• L’existence de plateformes d’acteurs au niveau national, sous-régional et international ;
• L’existence de systèmes agraires paysans caractérisés par des acquis en termes de pratiques
agroécologiques (association agriculture-élevage) ;
• La déclaration du Président Macky Sall sur la transition agroécologique lors de son discours du 31
décembre 2018 qui offre un tremplin pour aider le Gouvernement à mettre en pratique cette nouvelle
orientation politique ;
• Les possibilités d’accès au financement vert, à travers le fonds vert climat ;
• L’appropriation, de plus en plus, poussée des résultats de la recherche par les exploitants agricoles ;
• La multitude d’initiatives de renforcement de capacités des acteurs en matière d'agroécologie ;
• L'engagement, de plus en plus, affirmé des leaders paysans et des organisations de la société civile à
soutenir l'agroécologie ;
• Le sursaut des populations qui commencent à s'intéresser à la provenance et aux conditions de
production des denrées qu'elles consomment37 ;
• L’existence en Afrique de sites et d’acteurs de référence qui peuvent être valorisés comme des modèles
pour faire la preuve montrer que l'agroécologie n'est pas simplement un discours militant, mais plutôt
un ensemble de réalités visibles.
2.4. Un lot de contraintes et de défis à relever en matière de coopération entre les acteurs
Autant les opportunités existent dans le contexte actuel préparatoire à la transition agroécologique, autant
les contraintes et défis restent importants. L’un des facteurs cruciaux qui apparaissent dans les analyses
porte sur le fait que le système du développement imposé aujourd'hui aux différents acteurs limite les
possibilités de coopération entre ces derniers. Jonathan Azevedo, (animateur TaFAé) a souligné ce frein,
en faisant ressortir la nécessité d’enrayer les positionnements concurrentiels et d’aller vers une plus grande
coopération.
En plus de la problématique de l’organisation et de l’assainissement des rapports entre les parties prenantes
face à l’accès au financement, les acteurs interrogés ont évoqué un certain nombre de points d’attention, en
insistant notamment sur les aspects suivants :
• Manque d’intégration des différents acteurs qui, non seulement, ne se connaissent pas, mais ignorent
parfois l’existence d’autres partenaires compétents dans un domaine qu'eux-mêmes ne maîtrisent pas :
il est évident que les acteurs ne peuvent pas nouer des relations de collaboration, s’ils ne connaissent
pas ;
• L'individualisme qui caractérise le jeu des acteurs, en raison des fortes pressions financières, incite les
différentes parties prenantes à entrer en compétition pour accéder aux appuis ;
• Les options promues par les Etats africains sont orientées vers des modes de production issus de la
révolution verte et revêtant un caractère productiviste et destructeur de l'environnement. Ces options

37
Iba Mar Faye précise à ce propos que si une masse critique de populations fait cette prise de conscience, les Etats et les paysans
seront obligés de renforcer leur position en faveur de l’agroécologie.
22

sont en général défendues par les gouvernants avec un argument focalisé sur la nécessité de satisfaire
les besoins alimentaires des populations ;
• L’absence de contrôle de l'introduction de certaines technologies qui peuvent devenir, à long terme,
néfastes pour les lieux de la production agricole et pastorale ;
• Le faible niveau de centralisation, d’organisation et de diffusion des bonnes pratiques agroécologiques,
en utilisant les langues locales, afin de renforcer les interactions et la collaboration entre partenaires ;
• Le manque d'harmonisation des visions qui crée un blocage de la dynamique de portage du concept et
des valeurs de l’agroécologie ;
• L’absence d’une vision politique clairement définie au niveau national et sous-régional sur les pratiques
agroécologiques ;
• L’insuffisance de l’accompagnement des producteurs en raison notamment du caractère limité des
moyens d’intervention des partenaires techniques et financiers ;
• La faiblesse du niveau d’implication de la recherche agronomique à l’échelle nationale et sous-
régionale ;
• L’essor de Monsanto-bayer, Sygenta, AGRA de Gates Foundation, ainsi que la diffusion massive des
produits et stratégies qu'ils proposent aux Etats africains.
En plus de l’importance de ces contraintes d’ordre structurel et conjoncturel, il convient de souligner un
certain nombre de facteurs bloquants et fortement corrélés, aux yeux de certaines personnes ressources, au
profil des populations locales. Celles-ci se caractérisent par une grande complexité ; mais aussi par une
tendance à l’imprévisibilité. Dans la mesure où elles constituent les principaux bénéficiaires des projets et
programmes mis en œuvre, leurs comportements ont forcément un impact sur les chances de réussite ou les
risques d’échec des initiatives qui sont développées. À ce propos, le maire de Guédé Village, interviewé au
cours de la mission, apporte une réflexion contributive qu’il convient probablement de considérer en amont
de la mise en œuvre du partenariat multi-acteurs sur la transition agroécologie.
2.5. Évaluation de la cohérence de la démarche multi-acteurs
En définitive, le diagnostic réalisé permet de formuler plusieurs observations :
• La pertinence de la démarche réside dans le fait qu’elle arrive dans un contexte marqué par une somme
importante d’initiatives touchant à l’agroécologie, sans qu’il y ait pour autant une mise en cohésion
d’ensemble des actions entreprises par les parties prenantes ;
• La mise en cohérence peut se réaliser plus ou moins facilement, si l’on considère les besoins exprimés
au cours de cette étude à la fois par les communautés, les membres d’ONG, les autorités administratives,
les élus locaux, les chercheurs, les partenaires techniques et financiers, en termes de vulgarisation à
grande échelle des pratiques agroécologiques et de remédiation aux activités agricoles à fort taux
d’incidences négatives sur les écosystèmes ;
• L’observation des critères d’efficience, d’efficacité et d’impact exige que la démarche PMA mette un
accent particulier sur les mesures économiques d’impulsion d’initiatives agroécologiques. Le contexte
est clairement analysé et les besoins des producteurs sont bien circonscrits ;
• La démarche de partenariat ne produira des conséquences positives er réellement significatives que si
l’on s’assure, en amont et durant tout le processus, de la délimitation claire des rôles, de la prise en
compte des exigences de solidarité et d'équité entre les partenaires, de la participation effective des uns
et des autres, et de la conduite d’un plaidoyer commun ;
• La durabilité et la réplicabilité tiennent, cependant, à la capacité des partenaires réunis dans leur
diversité, à trouver les stratégies et les moyens pour continuer à soutenir les initiatives existantes, à tirer
des enseignements pragmatiques des expériences menées et à diffuser les bonnes nouvelles émanant des
pratiques agroécologiques en Afrique et dans le monde.
23

V. CONCLUSION GÉNÉRALE
La réalisation de cette étude répondait au besoin d’acquérir une meilleure connaissance des différents
acteurs de l’agroécologie au niveau local, national et international. En posant un diagnostic fondé sur une
méthodologie d’enquête et d’analyse des matériaux disponibles, l’étude a pu définir les profils d’acteurs,
en même temps que leurs centres d’intérêt en termes d’intervention, leurs sphères d’influence, leurs forces
et leurs faiblesses apparentes. À l’évidence, les acteurs qui interviennent à l’échelle des différents territoires
sont pluriels et leurs actions diversifiées. Des communautés de base aux sociétés privées qui exploitent des
créneaux porteurs, en passant par les structures étatiques, les associations, les groupements, les structures
de formation, les plateformes et les ONG qui se distinguent tout particulièrement dans le jeu des partenaires
en place, c’est presque l’ensemble des chaines de valeur de la production agrologique qui se retrouve
impacté par les projets et programmes observés.
Le nombre relativement important d’initiatives mises en œuvre depuis les années 1980, notamment grâce
à l’action pionnière d’ONG comme Enda Pronat, s’explique en réalité par le fait que la transition
agroécologique dans les pays africains est perçue par les acteurs comme une réponse technique aux
mutations en cours. Ces mutations qui découlent de l’évolution des options politiques des Etats, des
pratiques culturales et des phénomènes hydro-climatiques extrêmes (inondations, sécheresses notamment),
impactent considérablement les rendements et exigent désormais une redéfinition des modes et des
systèmes agricoles éprouvés. Dans un contexte pareil, l’agroécologie procure des bienfaits découlant de
pratiques innovantes et permettant non seulement de s'adapter aux défis du moment, mais aussi d'assurer
une production agricole durable et respectueuse de l'environnement.
Que ce soit au Sénégal ou dans la sous-région ouest-africaine, l’émergence de la démarche agroécologique,
comme alternative au modèle productiviste et comme solution aux défis du XXIe siècle, est allée de pair
avec la mobilisation de plusieurs acteurs qui capitalisent désormais un certain nombre de réalisations plus
ou moins consistantes. L’analyse du niveau des réalisations portant sur la promotion des pratiques
agroécologiques laisse cependant apparaitre une situation très contrastée d’une région géographique à
l’autre, avec bien entendu des faiblesses à corriger et des performances à consolider. En dehors du fait que
les expériences sont confinées dans certaines parties du territoire national, telles des poches de la frange
littorale, de la vallée du fleuve Sénégal et de la Casamance, les besoins restent encore élevés en termes de
seuil critique d’acteurs à impliquer, d’expériences à répliquer et de cohérence à apporter dans les différentes
interventions. En se fondant sur ces constats et sur les actions auxquelles ils font légitiment appel, l’étude
conclut qu’une démarche de mise à l’échelle des leçons apprises de l’agroécologie au Sénégal s’avère
nécessaire. Les bénéfices escomptés sont énormes, allant de la prise en charge des problématiques
transversales (sécurisation foncière, connaissance de l’agriculture biologique, disponibilité de l’eau,
formation des producteurs, organisation rationnelle des filières) à la recherche de solutions à des
questionnements d’ordre spécifique (techniques de productions, intrants agricoles, réduction des risques
pour les exploitations en cours de transition, augmentation des niveaux de rendement, conservation,
transformation et commercialisation des productions biologiques).
Le contexte actuel de l’évolution de la problématique semble propice pour accélérer la cadence, voire passer
en mode « fast track » pour réaliser la mise à l’échelle de l’agroécologie au Sénégal. En réalité, la référence
au « fast-tracking » dans la situation présente n’a rien d’anodin. Bien que relevant en général de la
production de slogans très critiqués parce que creux, l’expression ouvre de grandes opportunités, au moins
pour trois raisons : (i) elle accroche le pouvoir public qui l’a érigée désormais au rang de pilier pour l’action
gouvernementale tout au long du second mandat du Président Macky Sall ; (ii) elle crée un prétexte pour
mobiliser davantage les défenseurs de la cause agroécologique, convaincus qu’ils sont de la nécessité de
parachever le combat qu’ils mènent depuis plusieurs décennies dans leurs champs d’intervention respectifs ;
et (ii) l’expression met la puce à l’oreille des populations qui, plus que jamais, affichent le désir de manger
mieux, vivre mieux et vivre plus longtemps. Un vaste chantier s’est ouvert pour les initiateurs du partenariat
multi-acteurs pour la transition agroécologique.
24

VI. RECOMMANDATIONS
VOLETS ACTIVITES
Gouvernance Mettre en place des actions communes entre les acteurs pour construire et porter le
politique et plaidoyer en faveur de politiques de promotion de l’agroecologie ;
économique
Valoriser les expériences existantes en insistant sur la démonstration des techniques
agroécologiques aptes à répondre aux besoins de souveraineté alimentaire ;
Mettre à la disposition des pouvoirs publics des ressources diverses pouvant faciliter
la définition d’une vision politique claire en matière d'agroécologie ;
Soutenir la production agroecologique, en mettant un focus particulier sur les
conditions d’accès aux intrants bio et à la formation sur les techniques de production ;
Créer des cadres d’interaction et renforcer les relations entre les sphères politiques,
les milieux de la recherche et le monde de la production agricole ;
Renforcer les réseaux d'OP existants à l’échelle nationale et sous-régionale et qui sont
engagés dans lutte pour la réussite de la transition agroécologique ;
Subventionner les intrants, matériels et infrastructures de base pour appliquer les
bonnes pratiques agroécologiques et amoindrir le risque éventuel d'une transition
agroécologique brutale ;
Créer un cadre réglementaire de référence grâce à la promotion d’une loi d’orientation
organisant les options politiques, le jeu des acteurs et les activités en faveur de
l’agroécologie ;
Communication Renforcer la capitalisation, le partage d’informations et la diffusion des résultats
& Diffusion des d’expérimentations de l’agroécologie ;
pratiques
Renforcer l’implication des médias, y compris des médias sociaux, pour accroître la
compréhension des enjeux de l’agroécologie par les masses de
consommateurs regroupés ou non en association ;
Mettre en place un observatoire de l’agroécologie (ObAE) qui sera chargé de
documenter les pratiques, de formuler des messages forts de communication et de
diffuser à grande échelle les résultats d’observations diverses ;
Organiser un dialogue régulier avec les Etats africains pour les interpeller davantage
face à leur responsabilité de garants de la sécurité alimentaire et sur la nécessité de
consentir des investissements adéquats pour protéger les systèmes agricoles locaux ;
Porter un plaidoyer en faveur de la valorisation de la production locale basée
notamment sur une politique protectionniste des producteurs et des marchés locaux ;
Mener un plaidoyer commun ciblant l'Etat afin d’influer sur ses choix d’adhésion et
de promotion du modèle de l'agroécologie ;
Orienter des axes de plaidoyer vers la création d’un département en charge de la
vulgarisation des politiques et des pratiques agroécologique au sein du Ministère de
l’Agriculture et de l’Equipement Rural ;
25

Développer le plaidoyer au niveau international, en renforçant la coopération


multilatérale pouvant faciliter aux exploitants nationaux l’exportation de leurs
produits ;
Expérimentations Favoriser l’instauration des pratiques agroécologiques comme un pilier principal de
de terrain la mise en œuvre des politiques et programmes agricoles au niveau national ;
Initier et appuyer les projets des collectivités territoriales qui sont engagées dans la
mise en œuvre des actions afférentes à l’agroécologie ;
Elaborer des politiques et programmes créant des conditions favorables pour booster
la productivité des exploitations familles, des PME et des industries aux niveaux local
et national ;
Soutenir les organisations de producteurs et leurs réseaux dans la mise en œuvre de
leurs visions et de leurs plans d’action ;
Recherche & Appuyer et renforcer les instituts de recherche, notamment en recentrant quelques-
Formation unes de leurs priorités autour des programmes sur l’agroécologie ;
Encourager le financement public de la recherche-action en agroécologie.
Développer des partenariats visant à structurer des curricula de formation qualifiante
sur les pratiques de l’agroécologie
VII. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

- BIT, « L’agriculture biologique au Sénégal : état des lieux et potentiel d’investissement dans le cadre
d’une transition verte » rapport final, janvier 2013
- CCFD, « Les fermes agro-écologiques d’ACTSOL en Casamance attirent les jeunes », septembre 2016.
- Dakar Actu, « Le Sénégal au Symposium international sur l’agro-écologie pour la sécurité alimentaire et
la nutrition au siège de la FAO », septembre 2014. [En ligne] : https://www.dakaractu.com/Le-Senegal-
au-Symposium-international-sur-l-agro-ecologie-pour-la-securite-alimentaire-et-la-nutrition-au-siege-
de-la_a75372.html
- Enda Pronat Atelier d’information, de formation et d’échange sur le processus multi-acteurs, décembre
2018
- Enda Pronat, « Compte rendu de l’atelier national des membres de l’alliance 3AO basés au Sénégal »,
janvier 2019.
- Enda Pronat, « Concept note de la démarche sur le partenariat multi-acteurs pour la transition agro-
écologique », mars 2019.
- FAO, « Symposium international sur l’agro-écologie pour la sécurité alimentaire et la nutrition »,
septembre 2014.
- IPAR « Déclaration du CRAFS pour la relance du processus de la réforme foncière », décembre 2017.
- Levard Laurent et Mathieu Bertrand, « Agroécologie : capitalisation d’expériences en Afrique de
l’Ouest », Projet Capitalisation d’expériences d’acteurs pour le développement de techniques agro-
écologiques résilientes en Afrique de l’Ouest (CALAO), février 2018,
- MAER-Enda Pronat, « Atelier sous régional sur l’agro-écologie et la sécurité alimentaire », Dakar,
décembre 2016
- Ndiaye Omar, « L’Agriculture, levier performant du Plan Sénégal émergent », Leral.net, décembre 2015.
- Ndoye Thierno, « L’agriculture au Sénégal: Perspectives d’une nouvelle dynamique »,
www.dakaractu.com
- Oya Carlos et Ba Cheikh Oumar, « Les politiques agricoles 2000-2012 : entre volontarisme et
incohérence ».
- SeneNews : « Dr Macoumba Diouf, Directeur de l’horticulture : L’agro-écologie offre l’opportunité d’une
production durable », novembre 2015. [En ligne] : https://www.senenews.com/actualites/dr-macoumba-
diouf-directeur-de-lhorticulture-lagro-ecologie-offre-lopportunite-dune-production-
durable_143416.html
- Sites web consultés
• www.avsf.org / www.cariassociation.org / www.fao.org / www.aprovag.org / www.fongs.sn /
www.aajac-colufifa.org / www.endapronat.org / www.ensa.sn / www.adl.sn / www.copagen.org /
www.agrisud.org / www.roppa-afrique.org / https://www.microprojets.org / www.agrisud.org /
https://www.journaluniversitaire.com / https://ccfd-terresolidaire.org / www.ensa.sn /
www.endapronat.org /

VIII. LISTE DES ILLUSTRATIONS


Tableau 1 : Grille d’analyse des acteurs sous-régionaux (page 28)
Tableau 2 : Grille d’analyse des acteurs au niveau national (page 29)
Tableau 3 : Domaines, intérêts et échelles d’intervention des acteurs (page 34)
Figure 1 : Parts relatives des acteurs principaux en fonction du nombre d’interventions recensées (page
16)
Figure 2 : Répartition des interventions d’acteurs de l’agroécologie par région (page 16)
Figure 3 : Indicateurs d’évaluation de la collaboration entre acteurs de la TAE (page 19)
27

IX. LISTE DES PERSONNES RESSOURCES INTERROGEES EN LIGNE

PRENOM & NOM FONCTION STRUCTURE EMAIL


JONATHAN Animateur, TaFAé jonathan.azevedo@pfongue.org
AZEVEDO

SERGE SIMON Agronome CIRAD serge.simon@cirad.fr


Maraîchage
DJIBY DIA Directeur de Bureau djiby.dia@isra.sn
l'Isra-Bame d'Analyses
Macro-
Economiques
de l'Isra
AMADIANE Adjoint Action contre amadiallo@sn.acfspain.org
DIALLO Coordinateur la Faim
technique
sécurité
alimentaire et
moyens
d'existence
EL HADJI ASSISTANT CNCR ELHADJITHIERNO@YAHOO.FR
THIERNO CISSE COORDONNA
TEUR
ERIC TOUMIEUX Responsable de Beer Shéba eric.toumieux@beershebaproject.org
projet
DR. BOUBACAR Directeur des Office des bamourcisse@gmail.com
CISSE Etudes et de la Lacs et Cours
Réglementation d'Eau (OLAC)
IBA MAR FAYE Coordinateur Gret faye.senegal@gret.org
thématique
Agricultures
Gret Sénégal
MARTIN Responsable de Enda Pronat diedhioumartin@yahoo.fr
DIEDHIOU zone et chargé
du suivi des
activités
SECOU SARR Coordonnateur ENDA secousarr@endatiersmonde.org
ENERGIE
Tableau 1 : Grille d’analyse des acteurs sous-régionaux
ACTEURS CATÉGORIE(S) ZONES OBJECTIFS/ACTIVITÉS ATOUTS FAIBLESSES
D’ACTEURS D’INTERVENTION
3AO Plateforme multi 8 pays en Afrique de l’Ouest Promouvoir et accompagner la transition agro- Regroupe plusieurs acteurs (OP, Manque de synergies entre les
acteurs (ONG, (zone UEMOA) écologique en Afrique de l’Ouest, renforcer les instituts de recherche, universités, différents organismes, absence d’un
instituts, OP) synergies entre différents organismes et ONG internationales, mécanisme de financement, risque
échelles d’action mouvements sociaux) potentiel de concurrence des membres
face aux opportunités de financement
GRET ONG Afrique de l’Ouest (Burkina Appui à la sécurisation foncière des petits Dispose d’un vaste réseau (Asie Difficultés à mettre en place un
Faso, Guinée, Mali, Niger, producteurs ruraux, valorisation et du Sud Est, Afrique), dispositif basé sur les animateurs
Sénégal, Mauritanie) commercialisation des productions agricoles Présence de plusieurs partenaires endogènes réellement convaincus par
locales, accès au marché et régularisation des (AFD, CIRAD, GTAE, etc.) l’AE
échanges
AVSF ONG Sénégal, Mali, Burkina Faso, Renforcer les compétences des professionnels Vaste réseau de partenaires Faible appropriation par les
Cote D’Ivoire, de l’agriculture, promouvoir une gestion (techniques, institutionnels, populations locales, notamment celles
durable des ressources naturelles, participer au financiers, entreprises et des zones rurales
développement socio-économique des fondations)
communautés paysannes
AgriSud ONG Afrique de l’Ouest (Sénégal, Redynamisation de la production agricole Longue expérience et forte Lenteur à étendre ses activités dans
Côte d’Ivoire, Niger, Bénin et (sécuriser et améliorer durablement les activités présence à l’échelle internationale les pays du Sud, notamment en
Guinée Bissau) agricoles), promotion d’une agriculture (Afrique, Amérique, Asie, Afrique (présence dans 5 pays
périurbaine durable Europe) seulement)
COPAGEN Société civile 9 pays Afrique de l’Ouest Sauvegarde du patrimoine génétique africain, Vaste réseau d’acteurs et de Manque de ressources financières,
utilisation durable des ressources biologiques partenaires, reconnaissance par faible mutualisation des ressources,
africaines, sensibilisation des communautés les autorités sous-régionales et déficit des synergies d’actions
autour de semences paysannes internationales
CIRAD Organisme Burkina Faso, Cap vert, Intensification écologique des systèmes de Présence au niveau international, Difficulté à adapter la formation aux
International Gambie, Mali, Mauritanie, cultures, lutte contre les bio-agresseurs, réseau de partenariat élargi groupements et associations
Niger, Sénégal, Tchad transformation et valorisation de produits (analphabétisme)
agricoles et alimentaires locaux
SOS FAIM ONG Sénégal, Burkina Faso Lutte contre la faim et la pauvreté, soutien à Membre de plusieurs réseaux Faible couverture géographique
l’agriculture familiale, renforcement des internationaux (alterfin-acodev- continentale et nationale
capacités des paysans africains fairtrade,etc.)
ROPPA Société civile, Etat Afrique de l’Ouest Promotion et défense des valeurs d’une Large réseau d’acteurs (13 Difficultés de financement, déficit de
agriculture paysanne, information et formation organisations paysannes synergie entre les différents acteurs
des membres des OP, encouragement et nationales membres) du réseau
accompagnement de la structuration et la
concertation
Tableau 2 : Grille d’analyse des acteurs au niveau national
ACTEURS CATÉGORIE(S) ZONE(S) OBJECTIFS/ACTIVITÉS ATOUTS FAIBLESSES
D’ACTEURS D’INTERVENTION
Enda Pronat ONG Zone des Niayes Sensibilisation des producteurs Ancienneté dans le domaine, Résistance et faible appui de
Moyenne vallée du fleuve aux dangers des pesticides, leadership avéré, bonne l’Etat, contradiction avec les
Sénégal expérimentation d’alternatives couverture au niveau national, acteurs de l’agriculture
Sénégal Oriental aux pratiques agricoles confiance de plusieurs conventionnelle (industrielle),
Bassin arachidier conventionnelles, aide aux partenaires et des populations logiques de financement
producteurs et mouvements classiques
paysans pour leur structuration
Action Aid ONG Fatick Accompagnement des Fédération mondiale disposant Forte dépendance au
Tambacounda communautés dans la formation, d’un vaste réseau de partenaires financement extérieur
Kédougou amélioration de l’accès et la
maitrise de l’eau, lutte contre la
salinisation
Agrecol Afrique ONG Région de Thiès, Promotion de l’agriculture Collaboration avec la Faible organisation des
région de Diourbel, biologique, écologique et du GAAI38/SCA, partenariat avec groupements accompagnés,
région de Kaffrine, commerce équitable, soutien aux plusieurs groupements pour couverture géographique
région de Ziguinchor et initiatives individuelles et l’élaboration de modèles limitée
région de Tambacounda collectives, renforcement de d’exploitation
l’auto-apprentissage des pratiques
de l’agriculture durable
VECO Sénégal ONG Région de Kaolack Développement des filières Reconnaissance au niveau Limitation de la couverture
(UGUAN) sésame, banane, fonio et riz, appui international, Plusieurs dans les pays du Sud, filières
Région de Sédhiou technique et financier aux partenariats au niveau national d’intervention restreintes (5)
(URPROFOS) groupements de producteurs (APROVAG-UGAN-
Région de Tambacounda URPROFOS)
(APROVAG)
Fédération nationale des OP / structure d’appui Zone de la Casamance Renforcement des capacités des Regroupement de plusieurs OP Difficulté de mise en synergie
agriculteurs biologiques (Kolda, Sédhiou, producteurs, appui à la (forces paysannes), partenariat des acteurs de l’agriculture,
(FENAB) Ziguinchor) transformation et à la avec plusieurs organisations déficit d’opérationnalisation
Zone du Centre-Est commercialisation des produits d’appui du plaidoyer national pour la
(Tambacounda, Kédougou, biologiques, mise en place d’un prise en compte de
Fatick, Kaolack, Kaffrine) système de certification et de l’agriculture biologique
Zone du Bassin communication sur l’agriculture
arachidier/Niayes (Dakar, biologique
Thiès, Niayes, Diourbel)
Zone de la vallée du
Fleuve/zone Sylvo-
Pastorale (Louga, Saint-
Louis, Matam)

38
Grappe agriculture agro-industrie
30

AFAFA (Aide aux Association / structure Région de Fatick (centre de Sédentarisation des populations Bénéficie de l’appui de Sahel Manque de partenaires sous
forces vives africaines d’appui Ndiémane) (génération de revenus suffisants à People Service (association régionaux, couverture
par la formation partir des activités agricoles), française) et de la confiance des géographique limitée
agroécologique) contribution au reverdissement du populations
Sahel (création d’oasis Agricoles)
ASPAB (Association Association / structure Région de Thiès Appui aux organisations et Regroupe plusieurs Difficulté à fédérer les
sénégalaise de d’appui formation de groupements organisations d’appui et différentes organisations,
promotion paysans pour le développement plusieurs organisations absence de partenariat
de l’agriculture de l’agroécologie au Sénégal paysannes structuré avec l’Etat
biologique)
REVES (Réseau des Société civile / Fatick (Ndiob) Elaboration de politiques Vision claire et leadership Difficultés à influencer les
Maires des communes et structure d’appui territoriales basées sur les avéré, existence d’un acteurs étatiques et paysans à
Villes Vertes du fondements de l’agroécologie, partenariat avec des adopter les dispositions de la
Sénégal promotion d’une gouvernance organisations expérimentées TAE
durable des ressources naturelles (Enda Pronat, CNCR, etc.)
GDSP Société civile / Dakar Veille et participation à la mise en Rassemblement d’une grande Absence de reconnaissance
structure d’appui œuvre AE de PNIASAN variété d’acteurs de la société par les autres politiques
civile, décentralisation à travers agricoles, manque de
la mise en place des comités leadership, manque de
régionaux planification dans le groupe
RNFR (Réseau national Société civile Niveau national Renforcement de capacité, Regroupe plus de 100 Inégalités des genres
des femmes rurales) promouvoir l’autonomisation et la organisations mixtes, présence (problème d’accès au foncier)
contribution des femmes à la dans toutes les régions,
pratique d’une agriculture bénéficie appui Enda Pronat
familiale durable
ASPSP (Association Association Casamance, Sénégal Renforcer la biodiversité Regroupe des dizaines Difficulté à influencer l’Etat
Sénégalaise des producteurs oriental, Fleuve et Centre culturelle et culturale, d’organisations membres, et les opérateurs privés à
Producteurs de contribution à l’autonomie des partenaire avec AFAFA, abandonner l’usage des
Semences Paysannes) paysans en semences l’association française intrants chimiques
Kokopelli et la fondation Terre
et Humanisme
Laboratoire Mixte Structure de Dakar (Sénégal) Intensification de pratiques Dispose d’un vaste réseau de Manque d’intégration des
d'Intensification formation écologiques des services partenaires composé d’instituts acteurs à la base, faible
Ecologique (LMI- écosystémiques des sols en (ISRA, IRD), d’universités présence au niveau national
IESOL) Afrique de l’ouest, consolider un publiques (UCAD, université de
groupe de recherche sur les sols Thiès)
TaFaé - 3AO-Sénégal Société civile/science Dakar Construire ensemble des Réseaux regroupant plusieurs Difficulté à manager tous les
agricultures adaptées aux acteurs (op, chercheurs, ONG, acteurs impliqués, manque de
contextes et contraintes locales, institutions) synergies des actions entre
Promouvoir et accompagner la acteurs
TAE au Sénégal
Eléphant vert - Biotech Sociétés privées Dakar Nutrition et protection naturelles Vaste réseau de Couverture géographique
des cultures, production agricole partenaires/collaborateurs au limitée,
dans le domaine du niveau international,
31

développement agri- Manque d’implication et


environnemental, d’intégration des acteurs à la
Solutions biologiques et base
naturelles pour les cultures
FAPD (Fédération des OP /producteurs Niayes Culture des produits maraichers et Dispose d’un vaste réseau de Déficit de stratégies de
agropasteurs du des mangues biologiques, Vente partenaires (PAN39 sensibilisation des
Diender) et commercialisation de produits International, GGF40, etc.) populations
biologiques à Dakar
Association des OP / producteurs Tambacounda Production biologique et appui Fédère plusieurs organisations Faible productivité, rendement
producteurs de la vallée aux producteurs de banane d’agro-pasteurs et bénéficie de commercialisable faible,
du fleuve Gambie l’appui de partenaires manque de moyens de
(APROVAG) (OFADEC41/OCCDP42) transformation et faible
présence dans le marché
Union régionale des OP / producteurs Sédhiou Production et appui aux Regroupe plusieurs GIE et Opération post-récolte de
producteurs de fonio de producteurs de fonio sans intrants intègre plusieurs producteurs battage fastidieuse et
Sédhiou (URPROFOS) chimiques coûteuse, difficultés
d’écoulement des produits
Coopérative des OP / producteurs Thiès Production et commercialisation Bénéficie de l’appui de Caractère limité de l’aire de
producteurs biologiques de produits biologiques au niveau l’Agrecol Afrique commercialisation (marché de
de l’arrondissement de du marché de Thiès Thiès)
Notto (COPEBAN)
Union des groupements OP/ producteurs Kaolack Production de sésame sans Forces paysannes, confiance Difficultés de coordination,
associés du Niombato produits chimiques et culture de des populations faiblesse des moyens
(UGAN) contre saison avec des graines financiers
certifiées
Association AAJAC OP / producteurs Sédhiou Production et commercialisation Différentes échelles Difficultés à couvrir le
(Association Africaine de sésame certifié biologique au d’intervention et plusieurs marché national, déficit de
de Jeunesse Agricole et Sénégal domaines d’activités moyens techniques et
Culturelle)-COLUFIFA financiers
(Comité de Lutte pour
La fin de la Faim)
Réseau des femmes en OP / producteurs Thiès Pratique et promotion de Bénéficient de l’appui et du Déficit de moyens humains,
Agriculture Biologique l’agroécologie par les soutien de l’ONG Performance matériels et financiers,
groupements, associations de Afrique difficultés à écouler leurs
femmes et de jeunes produits
Association ecopaix Association / Thiès Production agriculture biologique Collaboration avec plusieurs Echelles et domaines
producteurs (mangues et produits maraichers) permanents en d’interventions limités

39
Pesticide Action Network
40
Global Greengrants Fund
41
Office africain pour le développement et la coopération
42
Organisation catholique canadienne pour le développement et la paix
32

Afrique/partenariat avec JTS


Semences
Association Maam Association / Diourbel Projet de maraichage biologique Partenariat avec l’ONG Agrecol Périmètres d’exploitation
Samba producteurs et formation de collégiens à Afrique, ouverture de locaux à faibles, manque d’effectivité
l’agriculture biologique Dakar pour la de la formation des
commercialisation populations
Bio Niayes Société privée Dakar Production et exportation de Regroupe plusieurs Activité de production à faible
organisation(BNO) produits biologiques certifiés groupements de producteurs, échelle, volume d’exportation
partenariat avec FAO/E3Lothis limité
Société EANGDS Société privée Thiès Exploitation agricole et Solide expérience dans le Difficulté à couvrir le
(Exploitation agricole exportation de mangues certifiées domaine de l’exportation de territoire national, fortes
de Notto Gouye Diama biologiques produits biologiques (mangues, concurrences au niveau du
Sénégal) tomates, pastèques, arachides, marché sous-régional et
Buursine Société privée Dakar Commercialisation et exportation banane, etc.), en collaboration international
de mangues certifiées bio avec diverses organisations et
fédérations de producteurs
Groupe « Bio Société privée Ziguinchor Accompagnement de producteurs
Casamance » (Niayes) et exportation de
produits biologiques (mangues)
Exportation de mangue
Sham Sénégal SA Société privée Dakar biologique
AGRINA Sénégal Société privée Dakar Exploitation biologique
(arachides, oignons, pastèques)
Société Les Plantations Société privée Tambacounda / Saint-Louis Exportation de banane biologique
Djibanar
Société Terroirs du Société privée Dakar / Diourbel Exploitation et commercialisation
Sénégal de produits biologiques
Ferme agro-écologique Structure de Région de Fatick (village Développement d’un modèle Appuyé par l’association Difficulté à développer un
de Kaydara formation Samba Dia) d’agriculture biologique, Jardins d’Afrique modèle agro-écologique
formation des jeunes à la pratique durable, faible effectif de
d’une agriculture durable, formation
création d’ilôts de prospérité
Fermes écoles Structure de Ziguinchor (Tobor) Formation sur l’agriculture, la Appui de l’ONG Faible capacité d’accueil de
écologiques de formation pisciculture, l’élevage, la ASACASE/ACTSOL candidats pour la formation,
l’ACTSOL production et l’utilisation conditions d’accès limitatives
d’engrais, de produits (avoir le BEFM)
phytosanitaires biologiques
Tremplin (village Structure de Dakar (Lac Rose) Réinsertion socio-professionnelle Réseau international de Manque d’implication des
pilote) formation des enfants de la rue (formation partenaires (bailleurs de fonds, acteurs des organisations
des jeunes de 16 à 22 ans aux partenaires étatiques, paysannes, public cible
métiers du bâtiment et à entreprises et associations) restreint (jeunes)
l’agriculture biologique)
33

UCAD Université publique Dakar Promotion de formations liées à Structure appuyée Faible présence au niveau
l’agroécologie, comme le Master officiellement par l’Etat, national, conditions d’accès
« gestion durable des agro rassemblement d’une grande limitées
écosystèmes horticoles », et la variété d’acteurs (société civile,
licence professionnelle en chercheurs, universitaires,
agriculture biologique et organisations sous régionales,
écologique nationales et ONG)
UGB Université publique Saint-Louis DUT en agro-écologie depuis
2013
ISRA Institut / Structure Dakar Création de connaissances
d’encadrement scientifiques, génération
d’innovations technologiques,
mise au point d’outils d’aide à la
décision pour l’amélioration du
secteur agricole
DADL Etat / structure Dakar Encadrement, la formation
d’appui technique des populations dans
tous les domaines pour le
développement socio-économique
à la base
INP Institut / Structure Dakar Restauration de la base
d’encadrement productive et formation des
producteurs sous l’angle de
l’aptitude des terres
ENSA Structure de Thiès Formation diversifiée (production
formation végétale, agroforesterie, etc.)
Tableau 3 : Domaines, intérêts et échelles d’intervention des acteurs
DOMAINES ACTEURS CATÉGORIES INTÉRÊTS SPHÈRES D’INFLUENCE
Association Ecopaix, Association OP / Associations / Rassembler un grand nombre d’acteurs au sein de Groupements reconnus par l’Etat et même par
Production et AAJAC/COLUFIFA, FAPD, Fédérations groupements d’intérêt économique (GIE) la CEDEAO pour certains
transformation de APROVAG, URPROFOS, Partager des moyens de productions (semences, engrais, Groupements intervenant au niveau local,
produits COPEBAN, UGAN gasoil pour l’irrigation) national et regroupant des GIE, des
biologiques Faciliter l’accès au crédit coopératives, des fédérations
En contact et bénéficie de l’appui des ONG
Société Terroirs Sénégal, Société Sociétés privées / Faciliter la commercialisation des produits biologiques au Sociétés privées en partenariat avec les
Commercialisation Les Plantations Djibanar, Organisations niveau national, sous-régional et international organisations des producteurs et ayant une
et exportation de AGRINA Sénégal, Sham Sénégal paysannes connexion internationale avec des ONG et
produits biologiques SA, Groupe Bio Casamance, Bio autres mouvements
Niayes Organisation
UCAD, UGB, ENSA Ferme Structures publiques Sensibiliser les populations sur les enjeux et l’utilité de Structures publiques en collaboration avec la
Kaydara, Fermes de l’ACTOL, / privées l’agro-écologie société civile, les organisations, associations
Formation en agro- Tremplin, Beer Sheba, ANAA Assurer des formations sur les pratiques et les principes et coopératives
écologie fondamentaux d’une agriculture durable Centres privés, créés par des
ONG/Associations et intervenant aussi bien
au niveau local que national
FENAB, Enda Pronat, Action ONG / Collectivités Participer à la formation et à la sensibilisation sur les Organismes intervenant à la fois au niveau
Assistance/appui
Aid, Agrecol Afrique, VECO Locales / OCB pratiques de l’agroécologie local, national et international
(technique et
Sénégal, ASPAB, REVES Appuyer et assister techniquement et financièrement les Organismes en partenariat avec une multitude
financier)
acteurs de la TAE au niveau local et national d’acteurs (Etat, CL, SC, OP, et autres)
ACF / RAPDA Société civile / Lutter contre la faim dans le monde Réseau international dans près de 50 pays
Sécurité alimentaire ONG Sauvegarder des vies humaines par la prévention, la dans le monde
et nutritionnelle détection et le traitement de la sous-nutrition Réseau regroupant plusieurs coalitions
Œuvrer pour l’effectivité du droit à l’alimentation en Afrique nationales actives en Afrique
IED /Both Ends / CNRF-ISRA / Organisation Œuvrer pour le développement durable Organisation présente en Afrique de l’Ouest
CARI Indépendante / Promouvoir l’utilisation, la gestion équitable et durable de francophone
Gestion des forêts et Science / Recherche la terre Centres de recherche opérant au niveau
agroforesterie / Association Préserver l’environnement et les ressources naturelles national
internationale Lutter contre la désertification et la dégradation des terres en
zones arides
COPAGEN, CRAFS / FAO Mouvement Protéger des ressources génétiques victimes de bio piraterie Présence dans l’espace ouest-africain et
associatif, Société Utiliser durablement les ressources biologiques africaines regroupe plusieurs organisations, associations
civile / ONG Parachever le processus de réforme foncière et mouvements
Biodiversité et
Promouvoir des dynamiques foncières respectueuses des ONG intervenant à l’échelle internationale
Foncier
communautés locales et des groupes vulnérables Organisation de la société civile en
Elaborer et animer des cadres de référence pour la partenariat avec l’Etat, des organisations sous
gouvernance foncière régionales et internationales

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