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La Releìve Comme Figure Ultime de La Substitution

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« La relève comme figure ultime de la substitution »

(Rite Français Rétabli)

Tenue commune du 14 mai 2018

avec les RR LL Unité, la Française, Europe et Egalité

Nous évoquerons dans un premier temps l’omniprésence de la substitution

dans le 3ème grade, poserons ensuite l’échec du binaire dans la relève au profit

d’un ternaire efficient, enfin nous ouvrirons à l’émergence d’un devenir singulier

qui est celui de la maîtresse reçue.

I / Substitution et Relève :

Nous accordons au concept de substitution les significations de mettre à la

place, remplacer, échanger, ouvrant à l’idée que la chose ou l’être substitué ne

peut être identique à l’original, ne peut être dans le même.

Nous accordons au concept de relève les significations de lever, remettre

debout, de mettre plus haut, de rehausser, ainsi que relayer, prendre la relève,

ouvrant à l’idée que l’être relevé ou celui qui est dans la relève, s’éloigne de

l’immuabilité et de la fixité.

II/ Omniprésence de la substitution dans le récit du 3ème grade :

La substitution est présente dès l’entrée de la compagnonne. C’est la plus

jeune maîtresse de la loge qui représente Hiram. Dans le déroulement du

récit, lui est substituée la Compagnonne, qui elle-même deviendra nouvelle

Maîtresse, prendra le rôle d’Hiram lors de la prochaine réception. En cela elle

va succéder aux Maîtresses qui l’ont précédée et transmettre à celles qui lui
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succéderont. La substitution et la relève contiennent l'essence même de la

transmission.

Dans cette place que la Compagnonne prend, il s’agit de remplacer Hiram, par

succession de substitutions des corps, il reste néanmoins que le corps d’Hiram

est en putréfaction « la chair quitte les os. » Si l'objectif est de relever le corps,

ce qui se transpose est au-delà du corps, c’est ce qui est impérissable qu’il

convient de prendre en compte. Le corps n’est qu’un support de

significations. La recherche est donc ailleurs, elle est dans l’esprit d'Hiram, qui

ne peut se transmettre par le simple jeu du remplacement des corps, par un

simple tour de passe-passe , je tombe , je suis morte ,je me relève, je suis

Hiram .

Les recherches des VVSS sont accomplies et le corps putréfié d’Hiram

trouvé.

Les signes et mots sont substitués au cœur d’un collectif humain de Maîtresses

où chacune est reconnue comme étant de la classe des MM en partageant

les mêmes connaissances et valeurs.

N’êtes-vous pas d’avis que « Le 1er signe que l’une de nous fera et le mot

qu’elle prononcera, si nous trouvons le corps d’Hiram, soit désormais le mot et

le signe de reconnaissance ».

Chacune a potentiel à émettre symboliquement le signe et mot de M,

chacune a capacité à endosser la responsabilité d’une nouvelle

reconnaissance émise.

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Il est à préciser que pour le Rite français et plus particulièrement pour le rituel

du RFR les 9 maîtresses dès le premier voyage de la compagnonne se passent

le mot de maître. En cela le mot de maître n’est pas perdu et choisir

librement les mots substitués concerne la protection du chantier.

Les maîtresses savent ce qui a été (le paradigme de l’ancien mot de maître) et

choisissent collectivement d’œuvrer à ce qui sera (le paradigme des mots

substitués).

La relève procède par progression de substitutions .Ce qu’annonce la TR ,

c’est que le mot dit dès la découverte du cadavre sera le mot à transmettre. Le

signe sera aussi modifié. Quel était donc l’ancien signe ? Si l’on sait par le

rituel du RFR que le mot transmis est La première lettre du tétragramme,

l’ancien signe nous est à jamais ignoré.

De toute évidence aucun mot révélé ne sera le mot originel, car le cycle de la

substitution a eu lieu. Le mot prononcé n’est que le sédiment qui recouvre le

mot premier, à jamais enseveli avec la découverte du corps d’Hiram. La

décomposition naturelle du corps est la métamorphose nécessaire du vivant à

la pourriture, pour qu’une construction nouvelle qui procède d’un changement

ait lieu. L’intégrité du corps aura disparu, et finalement l’intégrité du corps social

de la Franc Maçonnerie disparaîtrait par une éventuelle trahison. Or, prendre

la Relève c’est aussi remplacer celui qui s’absente. Le corps d’Hiram n’est pas

en cendres il se décompose. Pour qu’une substitution ait lieu, ce qui a été

dérangé doit être recomposé pour qu’un nouvel ordonnancement existe. Cet

arrangement humain est ce qui se produit pour la survie d’un groupe humain
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après une situation chaotique, une reconstruction s’instaure afin de créer un

réarrangement. Ainsi la TR dit « VVSS Surv, qui a dérangé le corps

de notre Respectable Maître ? »

Par ces paroles elle impulse la nécessité de trouver une solution pour qu’opère

un changement du désordre vers une réorganisation.

Pour que la recomposition du corps collectif se poursuive, un contact du mort

au vivant doit s’accomplir : le lien entre ce qui est perdu et ce qui se transforme

naturellement, silencieusement, avec ce que je connais du passé puis-je

transformer et construire l’avenir ?

Pour que le processus ait une dynamique, il y a nécessité de prise de

conscience ici et maintenant et pour l’éternité de tout ce qui a été vivant puis

mort « la chair quitte les os ».

III/ De l’échec du binaire au ternaire efficient :

Seule je constate l’horreur et ne peux rien. Et même dans le lien qui unit

symboliquement les 1ère et 2ème SURV, le même constat s’impose : à deux

nous ne pouvons rien face au désastre. « TR j’ai cru pouvoir le relever par

l’attouchement d’Apprentie/ de Compagnonne, mais la chair quitte les os.»

Que ce soit JAKIN (colonne des apprenties) que ce soit BOAZ (colonne des

compagnonnes), ces deux colonnes d’airain creuses servent de caisse de

résonnance à la voix. Ces colonnes commencent l’une par un Yod et l’autre par

un Beth. Le Beth c’est la première lettre de la Genèse, le Yod c’est la première

lettre de l’ancien mot des maîtres. Avec ces deux mots substitués l’humanité

n’existe pas, car nous ne sommes que résonnance ou écho. Pour qu’il y ait
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construction humaine, il faut des êtres humains des femmes des hommes qui

vivent, accomplissent, transmettent et meurent. C’est cette prise de conscience

de la vérité objective et symbolique des choses qu’exprime « La chair quitte les

os ». Cette conscience d’humanité c’est la TR qui la transmet, car elle met

en lien « à trois » et donc soude « l’ensemble ».

C’est dans le ternaire que s’opère le relèvement, la relève. Dans le ternaire

incarné par la TR et les deux Surveillantes.

3 pour la relève, 3 portes du Tincluant l’Occident porte des AA, le midi porte

des CC ; l’Orient porte des MM, 3 coups, 3 outils détournés, 3 CC ternaire

perverti mais efficace, 3 MM de la relève donnant ou redonnant vie .

C’est dans le ternaire que s’opère la relève comme figure ultime de la

substitution par les 5 points de la maîtrise qui embrassent la totalité de

l’humain. (thème développé par la RL Egalité).

C’est entre ce 3 qui dépasse la dualité oppositionnelle , qui rend ces

oppositions fécondes , que se trace le principe d’une autre organisation active

et le 5 qui dépasse l’équilibre du 4, rappelle le pentagramme et l’étoile

flamboyante du 2e grade, que se joue le récit d’une relève par multiples

substitutions .

Puis la compagnonne est relevée en Maitresse sans voyage. C’est la maîtrise

elle-même qui devient voyage. Elle quitte le plan horizontal pour passer de

l’équerre au compas. Il faut 3 Maîtresses qui dirigent la L pour relever. La

VS 2eme Sur avec son fil à plomb échoue pour relever, tout comme la

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VS1ere Sur avec son niveau. Le plan 2D (horizontale et vertical) est

insuffisant, il doit s’ouvrir par une autre dimension avec la TR et son

équerre. L’équerre, c’est la réunion de l’horizontalité du niveau et la verticalité

du fil à plomb. Elle sert à tracer des angles droits, des carrés, mais aussi des

cubes. Elle permet de vérifier la rectitude des pierres prises une par une et celle

de l’édifice tout entier. Rappelons que le tombeau d’Hiram est décrit en 3D dans

notre rituel : 3 pieds de largeur, cinq de profondeur et sept de longueur. Ces 3

dimensions géométriques peuvent être assurées par les outils conjugués de la

1ere Sur, la 2ème Sur, et la TR Ce relèvement par les 5 points parfaits de

la maitrise, c’est la fraternité mise en acte. Isolée je ne suis rien, ensemble nous

pouvons tout.

IV Vers l’émergence d’un devenir :

C’est le signe d’horreur en 3 mouvements (en prise sur l’horreur du cadavre et

du crime commis, pas en arrière avec détournement du corps du regard, et

retour à la verticalité assumée avec signe d’ordre) et le mot « la chair quitte les

os » qui constituent la matrice de substitution pour la nouvelle reconnaissance

de chantier et partant le nouveau paradigme de chantier.

La substitution met en présence le substitut et le substitué qui co-habitent, co-

existent, l’un sur l’autre, l’un sous l’autre.

Dans la substitution se lit l’intervalle du remplacement, espace d’une unité qui

succède à une autre, comme si le mouvement rendait visible le dessous dans le

dessus et inversement.

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Dans cette dynamique de superposition où se mêlent les 3 corps symboliques

la CHiram et la M il n’y a pas d’indice de supériorité, mais plutôt une

conjugaison de présence -absence.

Le substitut dit la présence du substitué, la M dit la présence d’Hiram, Hiram

dit la présence des CC

3 acteurs mobiles, qui au-delà des messages symboliques issus du rituel,

émettent que la vie se substitue à la mort, l’émergence de l’esprit à la trivialité

commune de la putréfaction, ceci dans l’expérience physique de l’horizontalité

où la chair quitte les os vers la verticalité de ce qui est relevé, après avoir vécu

par les 3 coups l’expérience du contre mouvement de la verticalité à

l’horizontalité.

La compagnonne qui a fait son temps trouve sa matière vivante dans la matière

mortifère, elle vit symboliquement la déconstruction, décomposition, puis cet

impalpable « reçu » par une transmission qui la relèvera Maîtresse Maçonne

unique et singulière, appelée à être et devenir un au -delà d’Hiram.

C’est une « émergence » comme l’exprime Hegel, quelque chose, quelqu’un

qui n’était pas apparent émerge.

Cette relève résout le binaire vie/mort, couché/debout, horizontal /vertical en

donnant accès à un autre plan. La récipiendaire n’est ni Cni Hiram, mais un

autre sujet, comme avènement d’une Msingulière, un nouveau sujet présent.

Il ne s’agit ni de résurrection qui connote le revenir à la vie, cette sémantique

aurait produit du même, ni de réincarnation qui connote un être de nature

spirituelle entrant dans un corps et qui produit aussi du même.


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Il semble bien que la re-lève, la relève ,qui ouvre au relais passé, enlève toute

fixité à la tradition et tout retour au même.

Le ternaire de transmission permet le surgissement d’un être plus, singulier,

héritier et dépositaire d’un héritage à revisiter, à enrichir. Cet héritage

positionne la M dans le tracé d’Hiram sans qu’elle s’y superpose.

La relève comme figure de la substitution pourrait alors se rapprocher d’un

processus de dépassement d’une contradiction didactique : mort/vivant, dessus

/dessous, C/Hiram, M/Hiram en sortant de chaque terme déterminé, pour

produire du nouveau en humanité mais non séparé du passé.

En ce sens le passage ultime de la relève par substitution, partant de

l’horizontal couché au vertical relevé et gérant tous les degrés de l’équerre au

cœur de cette humanité relevante des 3, pourrait ouvrir à un principe de

processualité où le tout de la nouvelle M est inaugural et créateur.

Acte est pris de ce qui a été, acte est pris de ce qui a été transmis, acte est pris

pour laisser place à ce qui peut ou doit advenir.

Chaque relève de compagnonne en maîtresse est une responsabilité comme

moment constituant de son identité et de son devenir.

Il est possible d’adhérer à ce qu’écrit Levinas « l’identité du sujet tient ici à

l’impossibilité de se dérober à la responsabilité » sans forcément le suivre dans

la substitution à l’autre qui serait la défaite de sa propre identité.

Au RFR, le deuil est consommé, le corps est exhumé, la mise au tombeau est

accomplie, l’ancien mot de Mest incrusté sur un triangle de l’or le plus pur et

enterré avec le corps ; les signes et mots sont substitués.


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C’est l’espoir d’une reprise potentielle du chantier de construction à re-lever,

avec la philosophie d’un devenir qui connaît ce qui a été puisque le mot de

Mn’est pas perdu.

« Quel est l’âge d’une M ? » « 7ans et plus » « C’est que Salomon

employa 7ans et plus à la construction du Temple »

La communauté des MM est certes celle de la relève, mais les travaux n’ont

pas repris et le Temple n’est pas encore achevé.

A l’unité première du Yod « innommé » se substitue l’humain symbolisé par

le trois ». Lors de la relève, la TR transmet les trois syllabes de substitution

MB La recomposition du corps social Maç passe par la nomination et

l’attouchement par l’assemblage d’un corps entier.

Le Rite Français par cette dynamique de substitution a potentiel à transmettre

un message humain à l’Humanité : lorsque tu as conscience de l’horreur,

recompose le monde dans la dynamique symbolique et humaine du

ternaire. C’est une injonction essentielle qui traverse notre actualité.

Nous avons dit.

Les SS MM de la RL la Française

Ont participé au groupe de travail :

Philomène ADI, Stéphanie BEA, Claire BER, Michelle BRE, Geneviève

C CLA, Diena GOU, Christilla MAR, Françoise ROL et Joëlle ROS.

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