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Dépêche No.

102 | 27 juin 2016

Perception du secteur minier au Sénégal:


Potentiellement bénéfique mais peu transparent
Dépêche No. 102, Afrobaromètre | Mohamadou Sall et Babaly Sall

Résumé
L’accès aux ressources minières et énergétiques offre un avantage comparatif important
pour le développement socioéconomique. Plusieurs pays se sont installés durablement sur le
sentier de la croissance économique en exploitant à bon escient les ressources de leurs sous-
sol.
En revanche, l’exploitation des ressources minières et énergétiques est souvent associée à
une instabilité politique (la malédiction des ressources); à un abandon des autres secteurs de
production, agricoles notamment (syndrome hollandais); ou à une dégradation de
l’environnement (la question des externalités environnementales négatives).
Le sous-sol du Sénégal renfermerait d’importants gisements de fer, d’or, de zircon, de
phosphates, tout comme des ressources énergétiques pétrolières et gazières. Soucieux de
tirer profit de ce potentiel par une gestion transparente et participative des ressources
minières, le Sénégal s’est inscrit à l’initiative de Transparence dans les Industries Extractives
(ITE).
Les Sénégalais ont une perception mitigée sur l’impact de l’industrie minière au Sénégal. En
effet, les résultats de l’enquête d’Afrobaromètre au Sénégal indiquent que l’exploitation des
mines et des ressources naturelles se fait sous le sceau de l’opacité, bien que les Sénégalais
soient globalement plus enclins à percevoir l’industrie minière comme bénéfique au pays en
terme de création d’emplois et de réduction de l’exode rural. Par ailleurs, des proportions
importantes de la population considèrent que l’exploitation des mines dégrade
l’environnement et profite aux sociétés minières étrangères. Toutefois, l’exploitation des
mines et des ressources naturelles reste opaque et très peu connue des Sénégalais: Souvent
plus de quatre citoyens sur 10 ne se sentent pas en mesure d’évaluer l’impact de l’industrie
minière au Sénégal.

L’enquête Afrobaromètre
Afrobaromètre est un réseau de recherche panafricain et non-partisan qui mène des
enquêtes d'opinion publique sur la démocratie, la gouvernance, les conditions
économiques, et d’autres questions connexes dans plus de 30 pays en Afrique. Cinq séries
d’enquêtes ont été conduits entre 1999 et 2013, et les résultats du Round 6 (2014/2015) sont
actuellement en cours de publication. Afrobaromètre réalise des entretiens face-à-face
dans la langue choisie par le répondant avec des échantillons représentatifs à l'échelle
nationale de 1.200 à 2.400 répondants.
L'équipe Afrobaromètre au Sénégal, dirigé par le Pr Babaly Sall, coordonnateur du Carrefour
d’Etudes et de Recherches – Actions pour la Démocratie et le Développement (CERADD), a
interviewé 1.200 adultes sénégalais entre le 22 novembre et le 7 décembre 2014. Un
échantillon de cette taille donne des résultats avec une marge d'erreur de +/-3% à un

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niveau de confiance de 95%. Des enquêtes précédentes ont été menées au Sénégal en
2002, 2005, 2008, et 2013.

Résultats clés
 Une majorité relative de quatre Sénégalais sur 10 (43%) estiment que l’industrie
minière permet de créer des emplois et contribue par conséquent au
développement. Par contre, 18% des enquêtés estiment le contraire.
 Le tiers (35%) des enquêtés soutiennent que l’industrie minière contribue à réduire la
propension à migrer vers les villes. A l’inverse, 21% des enquêtés estiment que cette
industrie ne freine pas l’exode rural.
 Une proportion importante d’enquêtés (37%) affirment que l’industrie minière favorise
la dégradation de l’environnement, contre seulement 11% qui nient une telle
dégradation.
 Presque la moitié (47%) des Sénégalais pensent que l’extraction minière profite aux
sociétés minières étrangères, contre 9% qui disent l’inverse.
 Seulement 9% des enquêtés (soit un sur 10) admettent que la gestion des ressources
minières et naturelles s’opère de façon transparente, contre 35% qui trouvent un
manque de transparence. Ce sentiment d’opacité est renforcé par le fait que la
moitié (52%) des Sénégalais interrogés disent qu’ils ne savent pas si cette gestion est
transparente ou non.

Création des emplois, développement local, et exode rural


Lorsqu’on a interrogé les Sénégalais sur la contribution de l'industrie minière, quatre sur 10
(43%) estiment que l’industrie minière permet de créer des emplois et contribue par
conséquent au développement local. Par contre, 18% des enquêtés, soit un sur cinq,
estiment le contraire (Figure 1).

Figure 1: Contribution de l’industrie minière à la création d’emplois et au


développement local I Sénégal | 2014

50%
43%
40% 37%

30%

20% 18%

10%
2%
0%
D’accord/Tout à En désaccord/ Ni en accord ni Ne sait pas
fait d’accord Tout à fait en en désaccord
qu'elle contribue désaccord

Question posée aux répondants: Veuillez me dire si vous êtes d’accord ou non: L'industrie minière au
Sénégal contribue à la création d’emplois et au développement local?

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Il n’y pas de différence significative entre le milieu rural et le milieu urbain sur cette question.
Les répondants plus instruits sont plus enclins à escompter un impact positif de l’industrie
minière sur la création d’emplois et le développement local: 57% des enquêtés de niveau
supérieur et 53% de ceux du niveau secondaire contre 42% et 35%, respectivement, de ceux
de niveau primaire ou sans instruction formelle (Figure 2).
Au-delà de ces statistiques, il faudrait examiner la contribution du secteur minier au
développement local en considérant de privilégier les types d’emplois offerts, l’impact de
cette extraction sur l’émergence d’un tissu industriel local, et les externalités négatives
induites sur le plan environnemental.

Figure 2: Contribution de l’industrie minière à la création d’emplois et au développement


local | par milieu de résidence et niveau d’instruction | Sénégal | 2014

Sénégal 43% 18% 2% 37%

Rural 42% 1% 45% 12%


Urbain 44% 3% 27% 26%

Universitaire 53% 37% 3%7%


Secondaire 57% 21% 0%
Primaire 42% 24% 4% 31%
Pas d'enseignement formel 35% 12%2% 52%

0% 20% 40% 60% 80% 100%


D’accord/Tout à fait d’accord qu'elle contribue
En désaccord/Tout à fait en désaccord
Ni en accord ni en désaccord
Ne sait pas

Les questions posées aux répondants: Veuillez me dire si vous êtes d’accord ou non: L'industrie minière
au Sénégal contribue à la création d’emplois et au développement local?

Si, au regard de l’opinion des Sénégalais, les activités liées à l’extraction minière serait une
source de création d’emploi et du développement local, ceci pourrait avoir sans doute un
effet directe sur la réduction de l’exode rural. En effet, environ le tiers (35%) des citoyens
soutiennent que l’industrie minière contribue à réduire la propension à migrer vers les villes. A
l’inverse, seulement 21% des enquêtés estiment que cette industrie ne freine pas l’exode rural
(Figure 3). Si tel était le cas, cela signifierait que les emplois offerts par l’industrie minière ne
seraient pas attractifs pour les demandeurs d’emplois locaux.
Les résultats indiquent qu’il n’y a pas de différence significative entre le milieu rural et le milieu
urbain au sujet de la perception d’une contribution de l’industrie minière à la réduction de
l’exode rural. Par contre, plus citoyens sont instruits, plus ils sont enclins à admettre la contribution
de l’industrie minière à la réduction de l’exode rural: 40% pour ceux qui ont le niveau
universitaire, 46% pour le niveau secondaire, 37% pour le niveau primaire, et 29% pour ceux qui
n’ont jamais été à l’école (Figure 4).

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Figure 3: Industrie minière et réduction de l’exode rural I Sénégal | 2014

50%
41%
40%
35%

30%
21%
20%

10%
3%
0%
D’accord/Tout à En désaccord/ Tout Ni en accord ni en Ne sait pas
fait d’accord à fait en désaccord
qu'elle reduit désaccord
l'exode rural

Question posée aux répondants: Veuillez me dire si vous êtes d’accord ou non: L'industrie minière au
Sénégal contribue à réduire l’exode rural?

Figure 4: Industrie minière contribue-t-elle à réduire l’exode rural? | par milieu de


résidence et niveau d’instruction I Sénégal | 2014

Sénégal 35% 21% 3% 41%

Rural 35% 14% 2% 49%

Urbain 35% 30% 4% 31%

Universitaire 40% 41% 5% 14%

Secondaire 46% 25% 3% 25%

Primaire 37% 23% 4% 37%


Pas d'enseignement
29% 14% 2% 56%
formel
0% 20% 40% 60% 80% 100%

D’accord/Tout à fait d’accord qu'elle reduit l'exode rural


En désaccord/ Tout à fait en désaccord
Ni en accord ni en désaccord
Ne sait pas

Question posée aux répondants: Veuillez me dire si vous êtes d’accord ou non: L'industrie minière au
Sénégal contribue à réduire l’exode rural?

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Perception des externalités négatives sur l’environnement: Entre prise de
conscience et méconnaissance
Une proportion importante d’enquêtés (37%) affirment que l’industrie minière favorise la
dégradation de l’environnement – trois fois plus que la proportion qui nient une telle
dégradation (11%). Cependant, la moitié (48%) des Sénégalais déclarent ne pas savoir si
l’industrie minière contribue à dégrader l’environnement (Figure 5).
Ce sont les plus instruits (66% des enquêtés du niveau universitaire), les plus nantis1 (45%), et
les citadins (46%) qui sont plus enclins à entrevoir un effet dégradant de l’industrie minière sur
l’environnement. Par contre, ce sont les moins instruits (67% de ceux qui n’ont pas été
scolarisés), les indigents (58%), et les ruraux (58%) qui ne savent pas si l’industrie minière
favorise la dégradation de l’environnement (Figure 6).

Figure 5: Industrie minière et dégradation de l’environnement | Sénégal | 2014

60%

50% 48%

40% 37%

30%

20%
11%
10%
4%

0%
D’accord/Tout à En désaccord/Tout Ni en accord ni en Ne sait pas
fait d’accord à fait en désaccord
qu'elle favorise la désaccord
dégradation de
l’environnement

Question posée aux répondants: Veuillez me dire si vous êtes d’accord ou non: L'industrie minière au
Sénégal favorise la dégradation de l’environnement?

1
Les données d’Afrobaromètre permettent de calculer un Indice de Pauvreté Vécue basé sur la fréquence à
laquelle les répondants ou leurs familles ont vécu des insuffisances des premières nécessités (nourriture, eau
potable, médicaments ou soins médicaux, combustible pour la cuisson, argent) pendant l’année précédente.
Des catégorisations peuvent être définies comme suit: les mieux nantis, c’est-à-dire ceux qui n’ont jamais eu à
faire à un manque; les pauvres occasionnels (qui ont vécu juste une ou deux fois des manques); les pauvres
(quelques fois); les très pauvres (plusieurs fois); et les indigents (toujours).

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Figure 6: Industrie minière et dégradation de l’environnement | par pauvreté vécue,
niveau d’instruction, et milieu de résidence I Sénégal | 2014

Sénégal 37% 11% 4% 48%

Indigents 27% 11% 4% 58%


Très pauvres 30% 11% 3% 56%
Pauvres 36% 10% 5% 49%
Pauvres occasionnels 42% 12% 5% 42%
Mieux nantis 45% 13% 5% 37%

Universitaire 66% 18% 7% 9%


Secondaire 55% 16% 3% 25%
Primaire 34% 11% 7% 48%
Pas d'enseignement formel 23% 7%3% 67%

Rural 29% 10%3% 58%


Urbain 46% 13% 6% 35%
0% 20% 40% 60% 80% 100%
D’accord/Tout à fait d’accord qu'elle favorise la dégradation de l’environnement
En désaccord/Tout à fait en désaccord
Ni en accord ni en désaccord
Ne sait pas

Question posée aux répondants: Veuillez me dire si vous êtes d’accord ou non: L'industrie minière au
Sénégal favorise la dégradation de l’environnement?

Main basse sur les ressources minières


Les résultats montrent qu’environ un Sénégalais sur deux (47%) pensent que l’extraction
minière profite aux sociétés minières étrangères, contre seulement 9% qui pensent le
contraire. Cependant, quatre personnes sur 10 (42%) affirment ne pas savoir si cette
extraction bénéficie aux sociétés étrangères (Figure 7).

Figure 7: Industrie minière et profit aux sociétés minières étrangères I Sénégal | 2014

50% 47%
42%
40%

30%

20%
9%
10%
2%
0%
D’accord/Tout à En désaccord/ Tout Ni en accord ni en Ne sait pas
fait d’accord à fait en désaccord désaccord
qu'elle profite aux
sociétés minières
étrangères

Question posée aux répondants: Veuillez me dire si vous êtes d’accord ou non: L'industrie minière au
Sénégal profite aux sociétés minières étrangères?

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Ce sont les plus instruits (81% des enquêtés du niveau universitaire), les plus nantis (65%), et les
salariés (65% en moyenne) qui sont les plus enclins à soutenir que l’extraction minière profite
aux sociétés minières étrangères. A l’inverse, ce sont les moins instruits (60% des enquêtés qui
n’ont pas été à l’école), les indigents (58%), et les sans-emplois (49%) qui affirment ne pas
savoir si cette extraction minière bénéficie aux sociétés étrangères (Figure 8).

Figure 8: Industrie minière et profit aux sociétés minières étrangères | par niveau
d’instruction, secteur d’activité, et pauvreté vécue | Sénégal | 2014

Sénégal 47% 9% 2% 42%

Universitaire 81% 10% 2%8%


Secondaire 68% 9% 2% 21%
Primaire 48% 10%3% 39%
Pas d'enseignement formel 30% 9%2% 60%

Gouvernement 67% 15% 6% 12%


ONG/Société civile 92% 8%
Secteur privée 62% 12% 3% 23%
Indépendant 45% 8%2% 45%
Ne travaille pas 41% 8%2% 49%

Indigents 37% 6% 58%


Très pauvres 37% 10% 3% 50%
Pauvres 46% 9%1% 43%
Pauvres occasionnels 54% 10%2% 35%
Mieux nantis 65% 7%3% 26%
0% 20% 40% 60% 80% 100%

D’accord/Tout à fait d’accord qu'elle profite aux sociétés minières étrangères


En désaccord/ Tout à fait en désaccord
Ni en accord ni en désaccord
Ne sait pas

Question posée aux répondants: Veuillez me dire si vous êtes d’accord ou non: L'industrie minière au
Sénégal profite aux sociétés minières étrangères?

Transparence et utilité pour le pays


Il ressort des résultats que l’industrie minière et l’exploitation des ressources naturelles se font
sous le sceau de l’opacité. En effet, seuls 9% des enquêtés (soit un sur 10) admettent que
cette gestion des ressources minières et naturelles s’opère de façon transparente. Le tiers
(35%) des enquêtés soutiennent que cette gestion ne s’opère pas de façon transparente.
Ce sentiment d’opacité est renforcé par le fait que la moitié des enquêtés (52%) estiment
qu’ils ne savent pas si cette gestion est transparente ou non (Figure 9). Cette déclaration
d’ignorance est plus fréquente chez les plus pauvres, les moins instruits, et les ruraux (Figure
10).

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Figure 9: Transparence de l’industrie minière I Sénégal | 2014

60%
52%
50%

40% 35%

30%

20%
9%
10% 4%
0%
D’accord/Tout à fait En désaccord/ Tout Ni en accord ni en Ne sait pas
d’accord qu'elle est à fait en désaccord désaccord
transparente

Question posée aux répondants: Veuillez me dire si vous êtes d’accord ou non: L’exploitation des mines
et des ressources naturelles est transparente?

Figure 10: Transparence de l’industrie minière | par pauvreté vécue, niveau


d’instruction, et milieu de résidence | Sénégal | 2014
Sénégal 9% 35% 4% 52%

Indigents 11% 25% 3% 61%


Très pauvres 9% 25% 4% 63%
Pauvres 9% 34% 4% 53%
Pauvres occasionnels 10% 41% 3% 46%
Mieux nantis 8% 55% 6% 31%

Universitaire 10% 69% 4% 17%


Secondaire 17% 51% 2% 32%
Primaire 9% 36% 5% 50%
Pas d'enseignement formel 6% 21% 4% 70%

Rural 7% 27% 3% 63%


Urbain 12% 46% 4% 38%
0% 20% 40% 60% 80% 100%
D’accord/Tout à fait d’accord qu'elle est transparente
En désaccord/ Tout à fait en désaccord
Ni en accord ni en désaccord
Ne sait pas

Question posée aux répondants: Veuillez me dire si vous êtes d’accord ou non: L’exploitation des mines
et des ressources naturelles est transparente?

Un impact globalement positif mais peu perceptible


De façon générale, l’impact de l’industrie minière n’est pas bien perçue au niveau de la
population sénégalaise. En effet, un peu moins de la moitié (46%) des personnes entrevoient
un impact globalement positif, affirmant que l’industrie minière et l’industrie des ressources
naturelles aident « quelque peu » ou « beaucoup » le pays. A l’inverse, 12% des enquêtes

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mettent en évidence le caractère pernicieux de ces industries en admettant qu’elles font
plus à nuire au pays ( « quelque peu » ou « beaucoup ») que pour l’aider. Le tiers (37%) de la
population affirment ne pas savoir si l’industrie minière et l’industrie des ressources naturelles
ont un impact positif (Figure 11). Ce sont les plus instruits (27% de ceux qui ont atteint un
niveau secondaire) qui sont les plus enclins à stigmatiser le caractère pernicieux de ces
industries, et les plus pauvres, les moins instruits, et les ruraux qui sont plus enclins à ne pas
savoir (Figure 12).

Figure 11: Impact global de l’industrie minière I Sénégal | 2014

Aide quelque peu/


Aide beaucoup
37% Nuit quelque peu/
46% Nuit beaucoup
Ni aide ni nuit

Ne sait pas
5%
12%

Question posée aux répondants: Dans l'ensemble, pensez-vous que l'industrie minière et l'industrie des
ressources naturelles au Sénégal fait plus pour aider le pays ou plus à lui nuire?

Figure 11: Impact global de l’industrie minière I par pauvreté vécue, niveau
d’instruction, et milieu de résidence| Sénégal | 2014

Sénégal 46% 12% 5% 37%

Indigents 33% 15% 3% 50%


Très pauvres 42% 13% 7% 39%
Pauvres 46% 12% 4% 39%
Pauvres occasionnels 50% 11% 5% 34%
Mieux nantis 55% 9% 9% 27%

Universitaire 56% 27% 9% 9%


Secondaire 65% 11% 5% 19%
Primaire 44% 15% 6% 35%
Pas d'enseignement formel 35% 8% 5% 52%

Rural 42% 7% 4% 47%


Urbain 50% 18% 7% 25%
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Aide quelque peu/Aide beaucoup Nuit beaucoup/Nuit quelque peu


Ni aide ni nuit Ne sait pas

Question posée aux répondants: Dans l'ensemble, pensez-vous que l'industrie minière et l'industrie des
ressources naturelles au Sénégal fait plus pour aider le pays ou plus à lui nuire?

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Conclusion
Dans sa quête d’un développement durable, le Sénégal veut tirer profit de son potentiel
minier. Cependant, les résultats de l’enquête récusent globalement les effets bénéfiques de
l’industrie minière sur la création des emplois et le développement local, accréditant la thèse
d’un « manque d’effets d’entrainement » (Campbell, 2008). A cela s’ajoute l’existence
d’externalités environnementales négatives induites par les industries extractives. Par ailleurs,
il est apparu que l’industrie minière était, d’une part, entourée d’un halo opaque qui offre
peu de place à la transparence et, d’autre part, semblerait plutôt profiter aux sociétés
minières étrangères.
Ces résultats mettent en évidence les contraintes qui compromettent la contribution du
secteur minier sénégalais au développement durable. Les projets de révision du code minier
tout comme la candidature à la Transparence dans les Industries Extractives traduisent un
engagement de l’état à assainir un secteur dans lequel les états africains ont été souvent
abusés. Cependant, selon certains specialistes, l’action régalienne à elle seule ne suffit pas: Il
serait essentiel d’encourager « une incursion citoyenne » permettant « de favoriser
l’ouverture d’un espace où les préoccupations sociales sur la manière de gérer le
secteur puissent être entendues » (Belem, 2006).
En résumé, l’alignement des objectifs assignés à l’industrie minière aux objectifs globaux de
développement du Sénégal et plus précisément à ceux du Programme Sénégal Emergent
nécessiterait une régulation du secteur minier dont la condition première serait la mise en
place d’instruments réglementaires permettant au besoin « d’internaliser les externalités »
(Chiroleu-Assouline, 2007).

Faites vos propres analyses des données


d’Afrobaromètre – sur n’importe quelle question,
pays, ou période. C’est facile et gratuit au
www.afrobarometer.org/online-data-analysis.

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Pr Mohamadou Sall est chercheur au Carrefour d’Etudes et de Recherches – Actions pour la
Démocratie et le Développement (CERADD), Dakar. Email: sallmoham@yahoo.fr.
Pr Babaly Sall est coordonnateur au Carrefour d’Etudes et de Recherches – Actions pour la
Démocratie et le Développement (CERADD), Dakar. Email: bbsall@gmail.com.
Afrobaromètre, projet collaboratif de recherche par enquêtes, est conduit par un réseau de
spécialistes des sciences sociales de plus de 30 pays africains. La coordination des activités
est assurée par le Centre pour le Développement Démocratique (CDD) au Ghana, l’Institut
de Justice et de la Réconciliation (IJR) en Afrique du Sud, l’Institut de Recherche Empirique
en Économie Politique (IREEP) au Bénin, et l’Institut de Recherche pour le Développement
(IRD) à l’Université de Nairobi au Kenya. L’Université de l’État de Michigan et l’Université de
Cape Town fournissent de l’assistance technique au projet.
Afrobaromètre est soutenu financièrement par le Département britannique pour le
développement international (DFID), l’Agence suédoise de coopération pour le
développement international (SIDA), l’Agence des États-Unis pour le développement
international (USAID), la Banque Mondiale, et la Fondation Mo Ibrahim.
Pour plus d’informations, veuillez visiter www.afrobarometer.org.
Dépêche No. 102, Afrobaromètre | 27 juin 2016

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