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Elle Était Déchaussée Réel

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INTRODUCTION :

Le romantisme est un mouvement artistique et culturel qui s’impose en France durant la


première moitié du XIXe siècle. Il prône l’exaltation des sentiments , de la sensibilité et la
recherche de la liberté.
En 1856 , Victor Hugo, chef de file de ce mouvement, publie le recueil de poèmes Les
Contemplations ou il relate 25 ans de sa vie : un mélange de joie, d’insouciance, de fête de
jeux, mais aussi des tons plus sombre avec la mort de sa fille Léopoldine qui sépare le recueil
en deux parties « Autrefois » et « Aujourd’hui ».
« Elle était déchaussée » tient sa place dans le premier livre , « Aurore » de la première
partie du recueil , « Autrefois », dans laquelle les poèmes sont principalement idylliques et
joyeux . Ce poème de quatre quatrains en alexandrins dont les rimes sont croisées évoque
une rencontre amoureuse quelque peu surnaturelle dans un cadre bucolique.

Problématique : Ce qui nous amène à nous demander , comment le poète , à travers ce


poème nous fait part de cette rencontre amoureuse dans la nature .

Annonce du plan : Pour y répondre , j’analyserai le poème en 3 mouvements .


D’abord , dans un premier mouvement correspondant au premier quatrain , je
m’intéresserai à l’apparition de la jeune fille , ensuite dans un 2ème mouvement allant du
vers 5 au vers 11 , je verrai comment V.Hugo la séduit , et enfin dans un 3 ème mouvement , je
montrerai comment il en sort triomphant .

CONCLUSION :
Pour conclure , nous avons montré comment cette rencontre entre le poète et la
mystérieuse jeune fille permet de célébrer la nature . Ici il ‘agit d’une forêt bucolique et
enchantée présente dans « Aurore » livre symbolisant la joie et la jeunesse dans Les
Contemplations . Cette rencontre amoureuse du poète avec une jeune fille féérique
symbolise l’alliance de l’humain et la nature . Ainsi l’union entre le poète et cette jeune fille
symbolise la création poétique , œuvre humaine s’inspirant de la nature divine .

On retrouve la même esthétique de l’idylle dans le poème « La Coccinelle » issu également


du livre premier « Aurore » Des Contemplations

I/ L’APPARITION DE LA JEUNE FEMME :


Le poème s’ouvre sur la description de la jeune fille. Comme on peut le voir au vers 1 ,
l’anaphore du pronom personnel « Elle » souligne son importance et le verbe d’état à
l’imparfait « était » annonce sa description. La jeune femme est comparé à une figure
naturelle et sauvage, comme le montre, les deux adjectifs « déchausser » et « décoiffé » qui
ont une structure lexical identique avec un préfixe en « dé » répété dans le parallélisme de
construction des propositions et qui montre que la jeune femme et en union avec la nature.

Au vers 2 , À l’aide du participe passé « assise »de l’adjectif « nus » et du complément


circonstanciel de lieu « parmi les joncs penchant » , l’image du chaos et du naturel est
poursuite . Même si la jeune fille est peu décrite , la mention de ses pieds nus reflète la
sensualité de l’apparition .

Le poète n’apparaît qu’au vers 3, il est souligné par le pronom personnel tonique « moi » qui
débute le vers , ainsi que le pronom personnel « je » positionner après la césure . Le verbe
de mouvement dans la proposition subordonnée relative « qui passait par là » s’oppose à
l’immobilisme de la jeune fille. Ainsi, le poète apparaît comme un promeneur au cœur de la
nature. Le verbe de perception « voir » suivi du nom « fée » décrit la fascination de Victor
Hugo lorsqu’il aperçoit la jeune femme , l’apparition est décrite comme étant onirique qui
est renforcé par le modalisateur « je crus »

la conjonction de coordination « et » au vers 4 , souligne la succession rapide des faits de ce


coup de foudre . Immédiatement, le poète s’adresse à la jeune fille au discours direct « et je
lui ai dit : veux-tu t’en venir dans les champs » il l’invite à aller avec lui au cœur de la nature
dans un endroit plus vaste plus lumineux , comme l’indique le CCL « dans les champs » . le
tutoiement et la tournure familière instaure une intimité naturelle et spontanée . Cette
apparition onirique captive entièrement l’attention de Victor Hugo qui va alors tenter de la
séduire .

II/UNE SCENE DE SEDUCTION :

Au vers 5 , la focalisation sur le regard grâce au polyptote du verbe de vision : « regarda » et


« regard » , redouble la séduction .L’hyperbole « regard suprême » et l’enjambement au vers
5 et 6 , renforce le caractère extraordinaire de la figure féminine . C’est le topos de la
rencontre amoureuse .

Au vers 6 , la jeune femme est représentée par la métonymie « beauté » . Ici il est question
de la femme aimée , mais on peut y voir aussi une référence à la beauté artistique
recherchée par les artistes .

La 2ème invitation au vers 7 , est une reprise de la première au vers 4. Cette invitation
amoureuse est évoquée par la périphrase « c’est le mois ou l’on aime » qui peut faire
référence au mois de Juin , mois de la douceur de vivre . Ce qui fait de la nature une amie et
un complice de l’amour .
L’anaphore de « veux-tu » aux vers 7 et 8 ( 3ème invitation ) , constitue une demande
emphatique , combinée avec le pronom personnel pluriel « nous » qui uni les deux êtres . Le
complément circonstanciel de lieu « sous les arbres profonds » , évoque un lieu sombre et
isolé , un lieu plus intime dans la nature.
Le 3ème quatrain est dédié à la jeune femme , souligné par l’anaphore du pronom personnel
« elle » aux vers 9 et 10 . Celle-ci ne s’adresse toujours pas au poète , mais elle répond par
des gestes lents , traduits par les verbes au passé simple « Elle essuya ses pieds » et « elle
me regarda ».

Au vers 11 , l’adverbe « alors » , le verbe d’état « devint » suivi de l’adjectif « pensive »


traduisent la réflexion de cette femme qui semble jouer à faire attendre le promeneur ,
comme le poète fait attendre le lecteur . Ainsi , cette séduction conduit le jeune homme au
triomphe . Son amour pour la jeune fille semble être réciproque.

III/LE TRIOMPHE DU POEME :


Le poète évoque ce moment de bonheur avec une émotion poignant , qui contribue
grandement au lyrisme du texte : La double exclamation au vers 12 et 13 , ponctuée par une
interjection « oh » , ainsi que l'évocation sonore du chant des oiseaux « les oiseaux
chantaient au fond des bois » crée une atmosphère joyeuse qui traduit la joie du poète à la
perspective du partage de ce moment d'intimité. L'emploie de l'imparfait au vers 12 et 13 «
chantaient » , « caressait » vise à fixer dans la durée ce moment éphémère.

Enfin arrive le dénouement . Au vers 14, la description à l'imparfait est rompu avec un passé
simple qui imite la fusion physique des deux amants « Je vis venir à moi ». L'allitération en «
v » ( consonne fricative ) produit comme un doux son de frottement , celui des pas de la
jeune fille .

Au vers 15 « La belle fille heureuse, effarée et sauvage » cette énumération avec 4 adjectifs
décrit la jeune femme : sa beauté naturelle , son enjouement, sa nature libre et farouche. Le
participe présent « riant » au vers 16 participe aussi à l'élaboration de cet aspect enjoué de
la jeune femme . Celle-ci paraît plus fantaisiste que réelle , semble libre , profitant de la
nature et accepte rapidement l'invitation sensuelle qui lui a été adressée.
Elle était déchaussée

1. Elle était déchaussée, elle était décoiffée,


2. Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ;
3. Moi qui passais par là, je crus voir une fée,
4. Et je lui dis : Veux-tu t'en venir dans les champs ?
5. Elle me regarda de ce regard suprême
6. Qui reste à la beauté quand nous en triomphons,
7. Et je lui dis : Veux-tu, c'est le mois où l'on aime,
8. Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ?

9. Elle essuya ses pieds à l'herbe de la rive ;


10. Elle me regarda pour la seconde fois,
11. Et la belle folâtre alors devint pensive.
12. Oh ! comme les oiseaux chantaient au fond des bois

13. Comme l'eau caressait doucement le rivage !


14. Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts,
15. La belle fille heureuse, effarée et sauvage,
16. Ses cheveux dans ses yeux, et riant au travers.

Mont.-l'Am., juin 183...

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