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L'école de La République - Note de Synthèse

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Sabrina Gilbard Note de synthèse L’École de la République

NOTE DE SYNTHÈSE
L’École de la République, vecteur de quelle culture ?

Le 4 septembre 1970, deux jours après la défaite de l’Empire à Sedan, est proclamé un

nouveau régime. À la suite de la débâcle, les causes de la défaite furent recherchées :

l’une d'elle serait la supériorité de la Prusse en matière d’instruction publique, qui aurait

renforcé la cohésion et l’unité nationale de l’adversaire. Victor Duruy s’était déjà penché

sur cette réflexion puisque deux ans avant la guerre, ce ministre de l’instruction publique

fondait l’École Pratique des Hautes Etudes, institution s’inspirant très librement du

séminaire allemand, gratuite et ouverte à tous. Afin de s’installer durablement, les

récipiendaires de la III° République œuvrent pour une cohésion sociale nationale, par une

nouvelle idéologie, de nouveaux symboles républicains afin de contrer l’obscurantisme

menaçant et le retour des monarchistes au pouvoir. La refonte de l’enseignement permet

à cette nouvelle république, illustrée par plusieurs gouvernement, de diffuser les valeurs

d’une nouvelle politique, porté par le triptyque suivant : progrès social, enracinement de

la III° République, libération du peuple du monopole ecclésiastique. Ces perspectives

sont remises en question par le gouvernement de Vichy, à l’aube de juillet 1940.

La III° République, si elle s’installe difficilement avec ses gouvernances aussi foisonnantes
qu'opposées, est celle qui sera la plus longuement établie. La République est issue d’un

terme romain : res publica ou la chose publique : c’est l’idéal d’une société

démocratique. La culture, qui est le trait d’union d’un groupe social, permet aux individus

de se réunir dans de nouvelles valeurs : liberté, égalité, fraternité. Ces valeurs doivent

être diffusées au plus grand nombre et dès le plus jeune âge. L’enseignement, d’abord

réservé à l’élite de la nation, s’ouvre à toutes les strates sociales : l’instruction, acquise à

titre individuel, sert de ciment au collectif.

Peut-on dire que la III° République, par le biais de la démocratisation de l’enseignement,

diffuse ses propres valeurs culturelles ?

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Sabrina Gilbard Note de synthèse L’École de la République

Nous l’avons vu, l’École serait le socle institutionnel capital à l’épanouissement de cette

nouvelle république. Nous verrons que sa refonte se consacre à transformer en

profondeur le pays : les réformes politiques de Jules Ferry aboutissent à une

démocratisation sociale de l’enseignement par le ministère de l’instruction publique et

des Beaux-Arts de Jean Zay ,largement diffusée par les nouveaux programmes scolaires,

véritable vecteur du roman national. Les multiples créations normatives et morales de

l’enseignement réorganisent complètement le rôle des instituteurs : leurs formations, la

place des femmes dans l’instruction publique qui conduisent à la création de syndicats et

d’associations, notamment la ligue des enseignants. De nouveaux symboles républicains

se diffusent dans les communes, la mairie comme nouveau centre de vie républicain et

l’affirmation de la république dans les écoles du pays. Comment ont été réceptionnées

ces créations républicaines par le principal intéressé qu’est la nation ? La III°République a-

t-elle réussi à démocratiser les nouvelles valeurs de l’École ?

Bien avant sa nomination comme ministre de l'instruction publique en janvier 1879, Jules

Ferry énonce sa mission politique : poursuivre les travaux de refonte de l’éducation pour

entériner la III° République. Cela est rapidement chose faite lors de sa nomination. En

déposant plusieurs projets de loi dont les principes fondateurs sont la gratuité,

l'obligation scolaire et la laïcité. Plus tard, le ministre de l'Instruction Publique et des


Beaux Arts, Jean Zay, présentera sa vision de l’éducation en suscitant aux élèves le désir

d’apprendre, de s'élever individuellement dans une nation de progrès. Enfin, la matière

morale et civique, aura une mission prépondérante dans la formation des futurs patriotes.

L’influence de l'Église, anti-républicaine et majoritaire dans l’instruction, est une réelle

menace pour la nouvelle République, qui tente de s’en détacher. La Loi Falloux, du 15

mars 1850, instituée sous la seconde République , consacre entre autre la liberté

d’enseignement dans les écoles privés, ouvrant ainsi une large place à l’église catholique.

Victor Hugo, accompagné d’autre députés Républicains se révolte contre cette

disposition et dira durant son discours historique à l’assemblée du 30 juin 1850 :

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Sabrina Gilbard Note de synthèse L’École de la République

« L'Église chez elle et l'État chez lui ». Le mot « anticlérical » voit le jour et cette rupture

idéologique est illustrée par une foisonnante publication satyrique dans la presse ( g A ),

en 1877 apparait le mot « anticlérical » dans le Littré, dictionnaire paru entre 1873 et

1877. Les tensions s’apaisent avec Jules Ferry, qui décide prudemment et par une salve

de loi de glisser vers sa définition de l’École républicaine, soit une École dépouillé des

ressentiment de l’Église envers la gouvernance en place. ( g B ) La première initiative de

Jules Ferry est d’évincée les Jésuites du paysage scolaire par un décret 29 mars 1880 :

plus de 5000 congrégationistes sont expulsés des écoles, mettant un terme aux

dispositions prises par la loi Falloux (qui n’est par ailleurs abrogé qu’en 2000 ! ). La loi du

16 juin 1881 rend l’école gratuite pour tous (en réalité déjà gratuite par la loi Guizot de

1833 mais pour les enfants indigents seulement). Cet acte normatif et coercitif

(puisqu’obligatoire) a pour but de peupler les établissements scolaires des nouveaux

élèves de la III° République. La seconde loi, du 28 mars 1882, porte un message clair

quant à la nouvelle définition de l’École : école primaire obligatoire et cela de 6 à 13 ans,

et la consécration de la laicité . En 1886 se poursuit la rupture avec l’Église par la

sécularisation des enseignants institué par la loi Goblet. Cette loi parachève les lois

scolaires de Jules Ferry, légitime et renforce ainsi le rôle de l’État dans l’éducation.

Ces réformes révolutionnent l’enseignement en France, non d’une manière quantitative,

mais qualitative, selon Pierre Albertini, dans son ouvrage « L'École en France XIXe-XXe
siècles : de la maternelle à l’université ». C’est notamment par la refonte totale des

programmes scolaires que s’inscrit ce changement « qualitatif » et que s’écrit le nouveau

roman national.

C’est au début de la décennie 1880 qu’une nouvelle pédagogie voit le jour, portée entre

autre par Octave Gréard, qui préconise déja une graduation de l’école primaire :

élémentaire, moyenne et supérieure. Il insiste sur l’idée que les élèves, même en sachant

peu, doivent le savoir bien. Son oeuvre est pléthorique, on citera : « Quelques mots sur

les pédagogues et la pédagogie »,1891, « Le Petit Précis de littérature française »,1889,

ou encore « L'Esprit de discipline dans l’éducation", 1883. Jules Ferry, le tenant en haut

estime le voit comme le « premier instituteur de France ».

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C'est avec l'arrêté du 27 juillet 1882 qu’une refonte des programmes est effectué : une

nouvelle organisation pédagogique et de nouveaux programmes scolaires sont habilités,

la morale religieuse est supplantée par la morale civique, plusieurs ouvrages voient le

jour, toujours dans la logique de former les citoyens de demain. C'est dans les manuels

scolaires d’Ernest Lavisse, historien partisan de l’école des annales et fondateur des

”Histoire de France illustrée depuis les origines jusqu’à la Révolution » (1900-1912), et

« L’Histoire contemporaine de la France » (1920-1922), qu’une démocratisation historique

et populaire dans l’enseignement voit le jour : l’Ancien Régime est occulté, au profit de

l’histoire nationale de la Révolution Française, insistant ainsi sur le sentiment de cohésion

nationale et patriotique issu de la période.

On peut ainsi observer que le programme scolaire est un pivot essentiel à la diffusion des

nouvelles valeurs républicaines. L’école de Jules Ferry pourvoit au minimum nécessaire

pour entrer dans la vie active : savoir lire, écrire et compter. Les chances de poursuivre

des études dans le primaire supérieur sont très mince pour la plupart des élèves. La

véritable démocratisation de l’enseignement est impulsé par une nouvelle vision

populaire de l’instruction.

Léon Blum nomme Jean Zay à la tête du ministère de l’Éducation Nationale en 1936.

Par ses idées novatrices, l’instruction continue de cimenter les valeurs de la République.
La réforme de l’enseignement (1937-1939) s’efforce d’introduite la démocratisation

sociale à l’école. L’ascension sociale, l’instruction pour tous n’est plus une utopie. L’élève

devient une personne, qui s’exprime, échange. Plus que le savoir minimum, l’École de

Jean Zay permet aux élèves d’acquérir les connaissances nécessaires pour se forger une

opinion et ainsi les éloigner de la propagande fasciste latente. La connaissance de la

culture est encouragée par la création d’un bibliobus doté d’un gramophone, qui arpente

les villages. Selon Pascal Ory, ce ministre « popularise la culture », ce n’est plus l’apanage

des classes aisées. Jean Zay imagine l’égalité des chances des citoyens par le concept de

la méritocratie. Ce n’est pas d’un point de vue normatif que Jean Zay se distingue de ses

prédécesseurs, bien qu’il prolonge l’école obligatoire jusqu’à 14 ans, mais par ses

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expérimentations : l’enseignement se fond avec l’éducation : les activités dirigés ( g C)

permettent aux élèves d’étudier dès l’enseignement primaire, des sujets qui les stimulent.

Il initie les sorties dans la nature, la refonte des bibliothèques, la création de nouveaux

musées, plus attrayants, il fait également entrer le théâtre dans les classes (et dans ce

sens est précurseur du Théâtre National Populaire) . Ce ministre s’interroge sur les

grandes disparités entre l’école primaire élémentaires, l’enseignement primaire supérieur

et les lycées, véritable enseignement dédié à la bourgeoisie et à l’aristocratie. Le ministre

tente d’éradiquer le déterminisme qu’évoque cette séparation entre les classe, les

chances d’accéder à une classe sociale supérieure ne sont donc pas égales. Il crée une

classe d’orientation dès la sixième, afin de donner la possibilités aux enseignants

d’observer les aptitudes des élèves. Les avancés de Jean Zay s’illustrent ainsi : l’école

comme vecteur de promotion des valeurs républicaines, comme le lieu ou s’apprend la

citoyenneté.

En parallèle des conditions d’accès à l’École, c'est le corps enseignant qui doit être

corrigé : D’une méthode scolaire religieuse et hétéroclite s’élabore une méthode

commune, des mêmes directives et des instituteurs diplômés par une même institution.

Avant la laïcisation du personnel enseignant (par la loi Goblet en 1886), les futurs
instituteurs reçoivent en premier lieu une formation morale et religieuse. Après l’éviction

des entités religieuses qui formaient les instituteurs, une refonte devait être amorcée.

C’est à partir des initiative de Paul Bert qu’une structuration républicaine de l’école

normale voit le jour : l’élève-maître doit avoir quinze ans pour être accepté au concours

d’entrée, conditionné par l’obtention du certificat d’études primaire. À la fin de la

première année doit être passer le brevet élémentaire puis le brevet supérieur en fin de

troisième année. L’internat est toujours d’actualité, ainsi que l’uniforme. L’élève-maitre est

aidé par la République à diffuser l’enseignement, par tout les outils pédagogiques

nécessaires : la création d’un musée pédagogique par Jules Ferry en 1879 et sa

bibliothèque en 1882, la multiplication de congrès pédagogiques nationaux. Les futurs

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instituteurs, s’instruisent en parallèle avec la Revue Pédagogique afin de parfaire le

programme d’étude institué.

L’arrêté du 3 aout 1881 fixe par ses nombreux articles les programmes d’études et le

rythme de vie dans les écoles normales d’instituteurs : la journée est pratiquement

organisé heure par heure. Comme l’évoque l’article 1, 2 et 3 : huit heures de sommeil, six

heure dédiés à l’hygiène, au repas et à l’exercice puis cinq au travail personnel.

La pédagogie prussienne est dupliquée dans les salles de classes de l’école normale : on

échange avec les professeurs, on expose des leçons mais on cherche surtout à

développer les qualités morales et intellectuelles de l’enseignant. Le programme est

assez lourd avec des matières telles que : l’instruction civique et morale - la pédagogie et

l’administration scolaire - la langue et les éléments de littératures françaises - histoire -

géographie - arithmétique - géométrie - physique chimie - sciences naturelles -

agriculture et horticulture. Les autres matières ne demandant pas de préparation ne sont

pas listés ici, mais on compte plus de 40 heures d’enseignement par semaine. Les sorties

sont surveillées et restreintes. Avec ce programme et la laïcisation du personnel

enseignant, la République tente d’éradiquer la morale religieuse des bancs de l’école. Les

“hussards noirs” comme le décrivait Charles Péguy, sont les nouveaux étendards et

vecteurs de l’École Républicaine.

Les femmes jouent également un rôle dans la transmission de ce nouvel enseignement.


Auparavant, les femmes pouvaient devenir enseignante par le biais d’une lettre

manuscrite d’un membre de l’Église : ce sont les enseignantes congréganistes. Là encore

des changements importants sont apportés par la loi du 9 août 1879 obligeant les

départements à disposer d’une école normale d’institutrices. Entre 1872 et 1877, dix

écoles normales de filles s’ouvrent. Les institutrices peuvent exercer dans une école

mixte, pour fille ou encore dans les écoles maternelles. Ce rôle est capital pour la

transmission des valeurs républicaine : en effet, les futurs mères pourront transmettre à

leurs enfants ce que leurs professeures leurs auront inculquées en terme de morale

républicaine. Tout comme leurs confrères, les programmes sont lourd, avec des matières

dédiées spécialement au « féminin » tel que la couture. Les conditions de vie à l’internat

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sont dures. Cependant, devenir institutrice laïque conférait à ces femmes une première

voie d’émancipation, on note une évolution des mentalités et in fine du progrès, autre

idéal de la III° République.

Malgré cette restructuration, bénéfique à la diffusion des valeurs culturelles républicaines,

les élèves de l’école normale se plaignent du lever à cinq heures, de l’uniforme, de la

formation austère, du salaire, selon Mona Ozouf, dans son ouvrage “La République des

instituteurs”. La formation disciplinaire est sévère et la formation pédagogique plutôt

faible. De plus, les manuels scolaires tels que le « Petit Lavisse » sont controversés et la loi

de 1901 en faveur de la liberté d’association profite à certains amicales d’instituteurs à se

tourner vers le syndicalisme, tant les relations avec leurs subordonnés s’effritent de plus

en plus.

C’est pourtant par une norme que la réunion des instituteurs s’amorce , le 21 mars 1884.

Le Congrès de Paris annonce que chaque département devra se doter d’une association

professionnelle du corps enseignant (art.1). L’article 2 énonce qu’ « Il y a lieu de nommer

le Comité d'organisation de l'Union. Il sera chargé d’étudier et d'arrêter les statuts

l'organisation de cette association, à l'aide des projets présentés. Il comptera vingt-quatre

membres, pris à raison d'un instituteur par chacune des vingt-quatre circonscriptions de la

Seine. Il se tiendra en correspondance avec un instituteur délégué de chaque

département. ». Cette loi, permettant à l’origine de fluidifier les rapports au sein de la


hiérarchie, lève finalement le voile sur les malcontentements du corps enseignant et c’est

ainsi qu’est fondé en 1877 l’Amicale d’instituteurs et d’institutrices. Les plus

réactionnaires fondent les Sections d’Émancipations. En effet, les jeunes instituteurs

s’intéressent de plus en plus à l’actualité (notamment portant sur l’affaire Dreyfus) en

synergie avec les ouvriers, formant ainsi les premiers syndicats. Leurs revendications sont

les suivantes : le rejet en bloc de l’enseignement “bourgeois”, avec la nécessité d’un

enseignement prolétarien : dans une société de classe tout enseignement est un

enseignement de classe, alors pratiquons-le pour la classe ouvrière ;

– l’enseignement rationnel : l’école n’est pas là pour transmettre un dogme “socialiste”


remplaçant les dogmes bourgeois (nationalisme, militarisme, république parlementaire),
ni les dogmes cléricaux (morale chrétienne, soumission à l’ordre social défendu par
l’Église). Elle est là pour former le jugement avant tout.

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changer les méthodes et des programmes éprouvés, au profit d’une pédagogisation de

l’enseignement plus populaire. En 1903, dans la revue L’Émancipation de l’instituteur, est

droit syndicale en 1924/décrite une situation morale des instituteurs des plus

catastrophiques : la vie personnelle est complètement occultée et l’impossibilité pour ces

instituteurs d’innover en matière de pédagogie. Pourtant, une vingtaine d’année plus tôt,

la ligue de l’enseignement, créée en 1866 imagine une autre manière d’enseigner et de

transmettre les valeurs républicaines. On l’a vu, les manuels des programmes scolaires

sont controversés. On demande plus de séminaire sur la pédagogie enseignante et c’est

en 1937 que la ligue de l’enseignement soutient le Front Populaire pour le

développement de l’Éducation Nationale et de la vie culturelle. Pour la première fois, de

nouvelles pédagogies se mettent en place avec des supports modernes telle que

l’imagerie et le cinéma avec la fondation en 1933 de l’Union française des Offices du

Cinéma Éducateur, association qui prête à moindre frais du matériel de projection. Par

ailleurs, Jean Zay, en imaginant une classe d’orientation, (faisant lui même parti de la ligue

des enseignants) donne plus de crédit et de confiance envers les maitres, qui bénéficient

d’une formation continue, spécialement conçue pour administrer les classes d’orientation.

On observe ici que la formation du corps enseignant, même si elle attise des

controverses, est primordial quant à la diffusion de l’enseignement, nous verrons dans la

partie suivante qu’il est le véritable trait d’union entre la République et le peuple.

Les instituteurs liés aux mairies deviennent également promoteurs des fêtes nationales et

locales. L’inauguration des mairies, le 14 juillet et l’hymne national sont tout autant de

symboles encourageant la cohésion sociale. L’École élabore elle aussi ses propres

allégories de la république, au sein même de la salle de classe. Nous nous demanderons

si cette panoplie monumentale a permise une réelle démocratisation culturelle de cette

institution.

Une avancée démocratique voit le jour dans les années des lois scolaires de Jules Ferry

avec la loi du 5 mars 1884 qui prévoit que toute les communes doivent disposer d’une

mairie. Véritable cœur civique de la commune, cette structure tend à concurrencer les

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monuments religieux. On vote, on fête, on se marie et on y apprend. L’école et la mairie

sont conjointement le lieu où se construit une culture républicaine, matérialisé par

l’architecture de l’ensemble, et pour cause, le modèle de la mairie-école se diffuse sur

tout le territoire, entérinant un peu plus la relation intrinsèque entre la République et

l’École ( g D ). L’implantation est réfléchie, afin de concurrencer les autres structures

propres à l’identité des villes et des villages, en particulier églises et cathédrales.

L’hygiène et la salubrité sont des points essentiels : d’abord les soucis des strates les plus

aisés, elles s’immiscent dans l’école publique, situé dans la mairie, le message est in fine

pour tous. On parle même « d’une hygiène scolaire »( g E) . L’instruction ne peut se faire

sans la préservation de la santé des élèves, les recommandations sont placardés dans

toutes les écoles publiques, d’autant que les enseignants y habitent. Aussi, Le Front

Populaire par l’impulsion de Jean Zay, comprend que l’activité physique est essentielle à

l’éducation, afin d’éloigner les futurs citoyens de l’alcool et des fumoirs, véritables fléaux

de l ‘époque. Selon Stéphane Benhamou, réalisateur du film « L’école est à nous », Jean

Zay invente les classes vertes, les classes à la mer. L’alliance judicieuse avec le mouvement

scoutisme permet de développer les aptitudes physiques des écoliers, assurant ainsi

santé physique et morale.

La structure diffuse les nouveaux symboles républicains. Sur le fronton de la mairie école
on peut lire les valeurs : liberté-égalité-fraternité ainsi que « République Française. La

présence des symboles se poursuivent à l’intérieur, dans les salles de classes se trouvent

souvent le buste de Marianne, allégorie ultime de la République trouvant tout autant sa

place que le célèbre ouvrage « Le Tour de la France par deux

enfants », publié sous le pseudonyme de G.Bruno, célébrant le territoire français et la

morale républicaine ( g F ).

La présence des élèves en classe est conditionnée, outre l’obligation scolaire, par

l’acceptation de ces nouvelles valeurs culturelles par les parents : l’obligation scolaire

étendue à l’âge de 13 ans ne servait pas la production dans les champs, puisque les

enfants devaient se rendre à l’école au lieu de travailler. Selon certaines habitudes locales,

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l’enfant fréquente l’école à l'âge de la première communion (entre 8 et 10 ans) alors que

les nouvelles réformes prévoient l’entrée en classe à l’âge de 6 ans. C’est à partir de la

gouvernance du Front Populaire qu’une réelle acceptation voit le jour

L’école est-elle le vecteur d’une culture républicaine ? Si les lois de Jules Ferry sont à

notre époque encensées, le constat est différent pour ses contemporains. Selon Mona

Ozouf, l’idée de l’école républicaine aurait été contesté : en effet, les programmes pour

tous auraient eu l’effet inverse de celui recherché : celui d’un génocide culturel.

L’obligation scolaire étendue à l’âge de 13 ans ne servait pas la production dans les

champs, puisque les enfants devaient se rendre à l’école au lieu de travailler. Selon

certaines habitudes locales, l’enfant fréquente l’école à l'âge de la première communion

(entre 8 et 10 ans) alors que les nouvelles réformes prévoient l’entrée en classe à l’âge de

6 ans. C’est à partir des nombreuses dispositions du Front Populaire qu’une réelle

adhésion du peuple voit le jour, rapidement étouffée par l’idéologie vichyssoise.

On peut souligner que cette institution a été un pivot fondamental dans la diffusion de la

culture républicaine dans l’ensemble du pays. De par les grandes lois scolaires qui ont

permis un nouveau vivre ensemble, de par les idéologies du Front Populaire qui innove

en termes de méritocratie, l’École est synonyme de progrès tant par son aspect physique
(structure) que par son aspect moral (diffusion du savoir par les enseignants). La présence

de l’École dans toutes les communes et ouverte à tous semble donc permettre d’ancrer la

République, ses valeurs et ses symboles dans l’imaginaire collectif et les représentations

sociales, du plus petit village à la plus grande des villes. Malgré la chute de la

III°République en 1940, l’idée que l’École diffuse des valeurs et rassemble persiste.

Cependant, malgré la volonté d’assurer au classes les moins aisés un avenir moins sombre

par la voie de l’enseignement, les stigmates de l’Ancien Régime, défendu par les

légitimiste préconise le maintien des lycées et le minimum d’apprentissage dans les

écoles primaires. Le lycée reste alors meilleure voie pour une situation sociale élevée.

L’École de la III° République encense le progrès des conditions et des savoirs. Si elle

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s’efforce à diffuser ses valeurs culturelles au sein de l’École, l’accès à la culture et à la

connaissance pour tous, reste encore une utopie, jusqu’en 1975, où a loi Haby applique

l’école unique, idée inachevée du ministre Jean Zay.

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Bibliographie
Ouvrages :

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l'enseignement en France,Paris, Nouvelle librairie de la France, 1981, 800 pages.

DUCLERT Vincent ”La République, ses valeurs, son école : corpus historique,
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LE BARS Loic, La Fédération unitaire de l’enseignement : Aux origines du syndicalisme


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TROGER Vincent, RUANO-BORBALAN Jean-Claude, « Histoire du système


éducatif » Que Sais-je, 6ème édition, 2007

OZOUF Mona. « L’École, l’Église, la République(1871-1914) », Points, coll. Histoires,


2007, 272 pages.

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XVIIIe-XIXe siècles, » Séverine Parayre, 2011. In: Spirale. Revue de recherches en
éducation, n°51, 2013. Éducation et mondialisation, sous la direction de Régis Malet et
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TERFOUS, Fatia. « Sport et éducation physique sous le Front populaire et sous Vichy :
« approche comparative selon le genre », Staps, vol. 90, no. 4, 2010, pp. 49-58. URL :
https://www.cairn.info/revue-staps-2010-4-page-49.htm, consulté le 14 avril 2022.

GRANDIÈRE Marcel, PARIS Rémi, « La formation des maîtres en France, 1792-1990.


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(consulté le 23 Mai 2022)

OGNIER, Pierre. “Une école sans Dieu ? 1880-1895. L'invention d'une morale laïque sous
la IIIe République”, Presses universitaires du Midi, 2008, 266 pages.

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Sabrina Gilbard Note de synthèse L’École de la République

BODIN, Joël. « L’école de la république, école de la citoyenneté », Humanisme, vol. 283,


no. 4, 2008, pp. 42-48.

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republique, consulté le 20 novembre 2021.

Textes o ciel :

-Arrêté du 3 aout 1881 relatif au r glement, l’emploi du temps, la r partition des mati res
d'enseignement, aux programmes d' tudes dans les coles normales d’instituteurs. (En
ligne) http://rhe.ish-lyon.cnrs.fr/ chiers_pdf/toformation/18810803a.pdf, consulté le 15 avril
2022.

-Loi du 18 mars 1880 relative à la liberté de l'enseignement supérieur. (En ligne) https://
www.senat.fr/evenement/archives/D42/18mars.html, consulté le 12 avril 2022.

-Loi sur l'organisation de l'enseignement primaire du 30 octobre 1886 dite loi Goblet. (En
ligne) https://www.education.gouv.fr/loi-sur-l-organisation-de-l-enseignement-primaire-
du-30-octobre-1886-8324 , consulté le 24 octobre 2021.

-Loi sur l'instruction primaire obligatoire du 9 août 1936. (En ligne) https://
www.education.gouv.fr/loi-sur-l-instruction-primaire-obligatoire-du-9-aout-1936-5612 ,
consulté le 3 février 2022.

Vidéothèque - Webradio
TOURRET Louise, « Jean Zay, l’École et la République », émission radiophonique « Être
et savoir, France Culture, Épisode du samedi 10 novembre 2012. (En ligne) https://
www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/rue-des-ecoles/jean-zay-l-ecole-et-la-
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BENHAMOU Stéphane, « L’école est à nous ! ou comment Jean Zay révolutionna


l’Education », lm documentaire (52 minutes), France 3, 2016
(En ligne). https://france3-regions.francetvinfo.fr/centre-val-de-loire/emissions/les-
documentaires-du-centre-val-de-loire/l-ecole-est-nous-ou-comment-jean-zay-
revolutionna-l-education.html , consulté le 7 janvier 2022.

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Iconographies
Figure A : Caricature de Jules Ferry « croquant » un
curé, Une de La Petite Lune, par André Gill, 1885

La Petite Lune est un hebdomadaire illustré anticlérical.


On comprend naturellement la position de l’auteur se
décrivant comme républicain et anticlérical. La
caricature célèbre les avancés de Jules Ferry en
matière d’enseignement, qui, par les lois organise de
1881-1882, évince l’Église de l’école en une « bouchée
de pain ». Source :

Figure B : L’Enlèvement des cruci x dans les


écoles de la ville de Paris

Gravure, La presse illustrée, N°673, 20 février


1881.
Le contexte : Ferdinand Hérold, préfet de
Paris, ordonne l’enlèvement de tout symboles
religieux dans les écoles publiques de la ville.
Cet évènement pré gure la loi du 28 mars
1882 qui énonce une organisation d’un
enseignement laïc sur tout le territoire. On
peut observer en ligrane que l’auteur de la
gravure a voulu illustrer les contestations du
peuple parisiens et l’inquiétude des
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institutrices congégationnistes. Source :
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Sabrina Gilbard Note de synthèse L’École de la République
Figure C, Photographie Jean Zay entouré d'enfants orléanais
partant en colonies de vacances aux Sables-d'Olonne, à la gare
Montparnasse . 1er juillet 1937.

Cette photographie illustre les avancés du ministre Jean Zay dans


les loisirs dirigés. Une nouvelle pédagogie enfantine qui
démocratise et ancre un peu plus la culture populaire et sociale du
Front Populaire au sein de l’École de la République.
Source : (n° 175), fonds d’archives nationales.https://
www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/
rechercheconsultation/consultation/ir/pdfIR.action?
irId=FRAN_IR_028000 , page106, consulté le 12 mai 2022.

Figure D.Carte postale, Mairie - École, Haramont (Aisne), vers


1910, Musée National de l’Éducation.

On voit que la structure accueille la mairie, et l’enseignement. La


structure est assez monumentale et elle le style architectural est
diffusé dans l’ensemble du territoire. Elle concurrence ainsi les
monuments religieux qui étaient auparavant le point de rencontre
des populations. Sur le fronton peut être observé en grande taille
« République Française » , « Liberté, égalité, fraternité ». Les
valeurs de la République se diffuse ainsi aux portes de ces
nouvelles structures symbolisant le nouveau régime. Page 15 sur 16
Source : https://www.reseau-canope.fr/virtualhis/pedagogie/
Classe/co/ecole%20republique.html, consulté le 5 mai 2022.
Sabrina Gilbard Note de synthèse L’École de la République

Figure E « De l’eau, de l’air, de la Lumière » ,Auteur non identi é,


Tableau mural Armand Collin, BNF.

Préconisation de l’hygiène dans les salles de classe, XIX° siècle

Figure F Imprimé de l’ouvrage « Le Tour de la France par deux enfants »,


G.Bruno. Source : Gallica

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