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RÉUSSIR

L'EXAMEN
NOUVEAU
BAC
T le

générale

SES
Sciences
économiques
et sociales
SPÉCIALITÉ

Le cours en fiches
Des tests pour vous situer
Des sujets de bac corrigés
Une section Grand Oral
+ des cartes mentales

GRATUIT : des ressources interactives


et des parcours de révision
sur annabac.com
RÉUSSIR
L’EXAMEN T le

GÉNÉRALE
NOUVEAU
BAC

SES
SPÉCIALITÉ
• Séverine Bachelerie-Marteau
Professeure agrégée de SES
Lycée Sacré-Cœur La Salle (Angers)

• Sylvie Godineau
Professeure certifiée de SES
Lycée Les Bourdonnières (Nantes)

• Sylvain Leder
Professeur agrégé de SES
Lycée Edgar-Poe (Paris)

• Céline Le Feuvre
Professeure certifiée de SES
Lycée français international de Tokyo (Japon)

• Denis Martin
Inspecteur d’académie – Inspecteur pédagogique régional
Académies de Nantes et de Guyane

• François Porphire
Professeur certifié de SES
Lycée Prepasup (groupe Ipesup – Paris)

• Franck Rimbert
Professeur agrégé de SES

• Gilles Seurin
Professeur certifié de SES
Lycée Les Bourdonnières (Nantes)
Avec la collaboration de Denise Maréchal
Le site de vos révisions
L’achat de ce Prépabac vous permet de bénéficier d’un ACCÈS
GRATUIT* à toutes les ressources d’annabac.com :
◗ fiches de cours, vidéos,
résumés audio, quiz interactifs,
exercices et sujets d’annales
corrigés ;
◗ parcours de révision sur chaque
thème du programme ;
◗ plannings de révisions
à J–30, J–15 et J–7.
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TABLE DES ILLUSTRATIONS


4 ph © Danita Delimont Stock / Agefotostock • 5 ph © Fox Photos / Getty-Images • 6 ph © Gilles Bassignac / Divergence • 7 ph
© Jean-Sébastien Évrard / AFP Photo • 8 ph © Bruno Amsellem / Divergence • 9 ph © Danita Delimont Stock / Agefotostock
•17 ph © Nicolas Tavernier / REA • 19 ph © Joe Klamar / AFP Photo • 22 ph © Nicolas Tavernier / REA • 23 ph © Danita Delimont
Stock / Agefotostock • 35 ph © K. Lamarque / Reuters • 43 ph © G. Van der Hasselt / AFP Photo • 61 ph © Lcham / Sipa Press •
67 ph © Lcham / Sipa Press • 71 ph © Sébastien Salom-Gomis / Sipa press • 72 ph © Lcham / Sipa Press • 83 ph © Fox Photos /
Getty-Images • 89 ph © Deligne / Iconovox • 91 ph © Louis Lanzano / AP / Sipa Press • 95 ph © Ralph Orlowski / Reuters •
96 ph © J. Sullivan / iStock / Getty-Images • 97 ph © Louis Lanzano / AP / Sipa Press • 109 ph © Ullstein Bild / Akg-Images •
115 ph © Thomas Samson / AFP Photo • 133 ph © Dmitry Kostyukov / The New York Times / REA • 141 ph © Dmitry Kostyukov /
The New York Times / REA • 144-g ph © Sputnik / Akg-Images • 144-d ph © Adoc-Photos • 145 ph © Benoît Decout / REA •
155 ph © Gilles Bassignac / Divergence • 158 ph © Albert Harlingue / Roger-Viollet • 159 ph © Philippe Desmazes / AFP Photo
• 164 ph © Philippe Desmazes / AFP Photo • 177 ph © Dalle • 185 ph © Dalle • 201 ph © Eugenio Marongiu / Agefotostock •
207 ph © Akg-Images • 209 ph © Eugenio Marongiu / Agefotostock • 227 ph © Jean-Sébastien Évrard / AFP Photo • 235 ph
© Jean-Sébastien Évrard / AFP Photo • 237 ph © Lucas Barioulet / AFP Photo • 249 ph © Greg Looping / Hans Lucas • 253 ph
© Deligne / Iconovox • 254 ph © Mychèle Daniau / AFP Photo • 255 ph © Greg Looping / Hans Lucas • 259 © Organisation
Internationale du Travail • 261 ph © L'Illustration / Photo12 • 263 ph © L'Illustration / Photo12 • 273 ph © Bruno Amsellem /
Divergence • 295 ph © DEEPOL by plainpicture • 297 Doc. Ma Thèse en 180 secondes : la science pour les nuls • 301 ph
© pankajstock123 - stock.adobe.com • 303 Coll. Prod DB © Ingrid Chabert - My Box Productions / DR • 307 ph © DEEPOL by
plainpicture • 311 ph © Eric Feferberg / AFP Photo.

Maquette de principe : Frédéric Jély


Mise en pages : Nord Compo
Schémas : Nord Compo
Cartographie : Légendes Cartographie
Iconographie : Brigitte Hammond / Hatier Illustration
Édition : Clothilde Diet

© Hatier, Paris, 2020


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par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite
et constitue une contrefaçon sanctionnée par le Code de la Propriété Intellectuelle. Le CFC est le seul
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Mode d’emploi
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Commencez par évaluer votre niveau de connaissance grâce au TEST
en début de chaque chapitre : votre score vous permet d’établir
votre parcours de révision dans le chapitre.

TEST

moins de 50 % 50 % ou plus
du score total : du score total :

PARCOURS PAS À PAS PARCOURS EXPRESS

FICHES MÉMO
DE COURS VISUEL

SUJETS GUIDÉS SUJETS GUIDÉS


& CORRIGÉS & CORRIGÉS
OB JEC TIF OB JEC TIF
B AC B AC

Comment vous organiser dans la dernière ligne droite ?


◗ Ciblez vos révisions et exercez-vous en priorité avec
les sujets objectif bac que vous n’avez pas encore traités.
◗ Pour préparer le Grand Oral sur une question de SES,
consultez le chapitre 13.
◗ Vous trouverez aussi sur le site annabac.com des ressources utiles
dans la phase de révision finale (voir ci-contre).

Il ne vous reste plus qu’à vous lancer !


SOMMAIRE

Pour l’épreuve écrite du bac :


– les chapitres suivis d’un astérisque* sont au programme uniquement
les années impaires ;
– les chapitres suivis d’un double astérisque** sont au programme uniquement
les années paires ;
– les autres chapitres sont au programme chaque année.
Pour le Grand Oral, tous les chapitres doivent être maîtrisés.

Économie
1 Sources et défis de la croissance
TEST P our vous situer et identifier
les fiches à réviser 10
FICHES DE COURS
Les
1  sources de la croissance économique  12
Progrès
2  technique et croissance 14
État, institutions et croissance
3  16
Progrès technique et inégalités de revenu
4  18
La soutenabilité de la croissance
5  20
MÉMO VISUEL 22
SUJETS GUIDÉS & CORRIGÉS
OBJECTIF BAC 24

2 Le commerce international
TEST P our vous situer et identifier les fiches à réviser 36
FICHES DE COURS
Les déterminants des échanges entre pays différents 
6  38
Les déterminants des échanges entre pays comparables
7  40
Aux sources de la compétitivité des pays
8  42
Aux sources des chaînes de valeur mondiales (CVM)
9  44
Le débat opposant libre-échange et protectionnisme
10  46
MÉMO VISUEL 48
SUJETS GUIDÉS & CORRIGÉS OBJECTIF BAC 50
3 La lutte contre le chômage*
TEST P our vous situer et identifier les fiches à réviser 62
FICHES DE COURS
Définir et mesurer le chômage
11  64
Le chômage structurel : des causes multiples
12  66
Le chômage conjoncturel : les causes
13  68
Les principales politiques de lutte contre le chômage
14  70
MÉMO VISUEL 72

SUJETS GUIDÉS & CORRIGÉS OBJECTIF BAC 74

4 Crises financières et régulation**


TEST P our vous situer et identifier
les fiches à réviser 84
FICHES DE COURS
Les crises financières
15  86
Les bulles spéculatives
16  88
Les crises bancaires
17  90
La transmission des crises financières
18 
à l’économie réelle
92
La régulation du système financier
19  94
MÉMO VISUEL 96
SUJETS GUIDÉS & CORRIGÉS
OBJECTIF BAC 98

5 Les politiques économiques dans l’UE**


TEST P our vous situer et identifier les fiches à réviser110
FICHES DE COURS
Intégration européenne et croissance économique
20  112
La politique européenne de la concurrence
21  114
La politique économique conjoncturelle
22  116
Spécificités et défauts de coordination des politiques économiques de l’UE
23  118
MÉMO VISUEL 120

SUJETS GUIDÉS & CORRIGÉS OBJECTIF BAC 122


SOMMAIRE

Sociologie
6 La structure de la société française actuelle
TEST P our vous situer et identifier les fiches à réviser 134
FICHES DE COURS
La société française : un espace social hiérarchisé 
24  136
Les évolutions de la structure socioprofessionnelle en France
25  138
Les analyses fondatrices de la stratification sociale
26  140
La pertinence de l’approche en termes de classes sociales
27  142
MÉMO VISUEL 144

SUJETS GUIDÉS & CORRIGÉS OBJECTIF BAC 146

7 L’action de l’École*
TEST P our vous situer et identifier
les fiches à réviser 156
FICHES DE COURS
Le rôle de l’École dans les sociétés démocratiques 158
28 
L’évolution de l’accès à l’École
29 
et à l’enseignement supérieur 160
Les
30  facteurs d’inégalités de réussite scolaire 162
MÉMO VISUEL 164
SUJETS GUIDÉS & CORRIGÉS
OBJECTIF BAC 166

8 La mobilité sociale*
TEST P our vous situer et identifier les fiches à réviser 178
FICHES DE COURS
Définitions et formes de la mobilité sociale 
31  180
Les tables de mobilité : instrument de mesure de la mobilité sociale
32  182
L’exploitation des tables de mobilité
33  184
Les déterminants de la mobilité sociale
34  186
MÉMO VISUEL 188

SUJETS GUIDÉS & CORRIGÉS OBJECTIF BAC 190


9 Les mutations du travail et de l’emploi**
TEST P our vous situer et identifier les fiches à réviser 202
FICHES DE COURS
Les frontières de l’activité professionnelle
35  204
L’évolution des modèles d’organisation du travail
36  206
Les conséquences des nouveaux modes d’organisation du travail
37  208
Le rôle du travail et de l’emploi dans l’intégration sociale
38  210
MÉMO VISUEL 212

SUJETS GUIDÉS & CORRIGÉS OBJECTIF BAC 214

Science politique
10 L’engagement politique
TEST P our vous situer et identifier
les fiches à réviser 228
FICHES DE COURS
Les formes de l’engagement politique
39  230
Les déterminants de l’engagement politique
40  232
Objets, acteurs et répertoires de l’action collective 234
41 

MÉMO VISUEL 236


SUJETS GUIDÉS & CORRIGÉS
OBJECTIF BAC 238

Regards croisés
11 Inégalités et justice sociale**
TEST P our vous situer et identifier les fiches à réviser 250
FICHES DE COURS
L’évolution des inégalités économiques depuis le début du xxe siècle
42  252
Le caractère multiforme et cumulatif des inégalités économiques et sociales
43  254
Les principaux outils de mesure des inégalités
44  256
Les différentes conceptions de la justice sociale 
45  258
Pouvoirs publics et justice sociale 
46  260
MÉMO VISUEL 262

SUJETS GUIDÉS & CORRIGÉS OBJECTIF BAC 264


SOMMAIRE

12 L’action publique pour l’environnement*


TEST P our vous situer et identifier
les fiches à réviser 274
FICHES DE COURS
Coopérations et conflits entre les acteurs 
47  276
L’efficacité des instruments des pouvoirs publics
48  278
Les limites des instruments des pouvoirs publics
49  280
Les contraintes pesant sur les accords internationaux 282
50 

MÉMO VISUEL 284


SUJETS GUIDÉS & CORRIGÉS
OBJECTIF BAC 286

Le Grand Oral
13 Préparer le Grand Oral sur une question de SES
FICHES DE COURS
Choisir une question d’oral en SES 
51  296
Concevoir sa présentation
52  298
Préparer efficacement l’exposé
53  300
Présenter la question au jury
54  302
Répondre aux questions en lien avec la présentation
55  304
Défendre son projet d’orientation
56  306
SUJET GUIDÉ & CORRIGÉ
OBJECTIF BAC Simulation d’un Grand Oral sur une question de SES :
la croissance est-elle compatible avec l’environnement ? 308

Annexes
Les méthodes de l’épreuve écrite
FICHES MÉTHODE
Mobilisation des connaissances
57  312
Étude d’un document
58  313
Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
59  314
Dissertation s’appuyant sur un dossier documentaire
60  316

Corrigés des tests 318


Économie
1 Les sources et les défis
de la croissance économique

La croissance économique est aujourd’hui confrontée à un défi majeur : découvrir


et exploiter des technologies qui permettent de continuer à produire plus tout
en préservant l’environnement pour les générations futures, comme ici, en Floride,
avec cette installation photovoltaïque dans une centrale électrique.

TEST Pour vous situer et identifier les fiches à réviser10

1 Les sources de la croissance économique 12


FICHES 2 Progrès technique et croissance 14
DE COURS 3 État, institutions et croissance 16
4 Progrès technique et inégalités de revenu 18
5 La soutenabilité de la croissance 20
MÉMO VISUEL 22

objectif bac
SUJETS GUIDÉS 1 RAISONNEMENT Le rôle des institutions dans la croissance 24
& CORRIGÉS 2 DISSERTATION Les défis de la croissance économique 28

9
TESTEZ-VOUS CORRIGÉS P. 318-320

Faites le point sur vos connaissances,


connaissances
puis établissez votre parcours de révision
en fonction de votre score.

1 Les sources de la croissance économique → FICHE 1


1. Une croissance qui repose sur l’augmentation de la quantité de facteurs
de production utilisés pour produire est…
a. une croissance réelle.
b. une croissance intensive.
c. une croissance extensive.

2. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F


a. Le PIB permet une mesure imparfaite de la croissance.
b. La croissance réelle se calcule en gommant l’inflation.
c. L’investissement permet l’accumulation du capital.
d. L’augmentation de la productivité globale des facteurs
est une mesure du progrès technique.
3. La productivité globale des facteurs mesure…
a. la quantité de facteurs de production totale utilisée pour produire.
b. la production réalisée grâce aux facteurs de production.
c. l’efficacité des facteurs de production et de leur combinaison.
…/3

2 Progrès technique et croissance → FICHE 2


1. Les dépenses de recherche et développement permettent…
a. d’innover.
b. de générer des externalités positives.
c. de remplacer du travail par du capital.
2. Complétez le texte avec les mots qui conviennent.
Pour J. A. Schumpeter, le progrès technique est le ………… de la croissance :
des innovations ………… bouleversent l’économie et permettent l’émergence
d’innovations ………….
Ces ………… d’innovation sont à l’origine de phases d’ ………….
…/2

10
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

3 État, institutions et croissance → FICHE 3


1. L’État favorise l’accumulation du capital humain en…
a. améliorant la formation de la main-d’œuvre.
b. construisant des infrastructures routières.
c. accordant des brevets d’innovation.
2. Complétez le texte avec les mots qui conviennent.
Les brevets sont des ………… sur les innovations qui garantissent à leur détenteur
le ………… d’exploitation de ces innovations. Les brevets ………… ainsi
les innovateurs et les ………… à ………… et à innover.
Ils font partie des ………… favorables à la croissance.
…/2

4 Progrès technique et inégalités de revenu → FICHE 4

Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F


a. Les gains de productivité sont versés aux actionnaires.
b. Le progrès technique est biaisé en faveur du travail non qualifié.
c. Le progrès technique accroît les inégalités salariales.
d. Le progrès technique détruit des emplois peu qualifiés.
…/1

5 La soutenabilité de la croissance → FICHE 5


1. Un bien commun est…
a. un bien non rival et excluable.
b. un bien rival et non excluable.
c. un bien non rival et non excluable.
2. Associez chaque notion aux éléments qui lui correspondent.
● capitaux substituables
a. soutenabilité forte ● ● capitaux non substituables
b. soutenabilité faible ● ● le capital naturel doit être préservé
● le progrès technique compense
la dégradation du capital naturel
…/2

Score total …/10


Parcours PAS À PAS ou EXPRESS ? MODE D’EMPLOI P. 3

1 • Les sources et les défis de la croissance économique 11


1 Les sources de la croissance
économique
En bref La croissance économique est un objectif central des économies
contemporaines. Elle correspond à une création de richesses nouvelles
et se mesure à l’aide du PIB. Elle trouve sa source dans les facteurs de
production.

I Qu’est-ce que la croissance économique ?


1 La croissance : une création de richesses nouvelles
La croissance correspond à l’augmentation soutenue et durable des richesses
créées dans une économie. Elle se mesure en calculant le taux de croissance du
PIB sur une année. Pour mieux évaluer l’augmentation en volume des richesses
créées dans une économie, on utilise le PIB réel qui gomme les effets de l’inflation.
On parle de croissance réelle.
Le PIB est un agrégat qui mesure les richesses créées par les unités de production
résidentes sur le territoire national durant une année. Il intègre la production
marchande et la production non marchande et se calcule en effectuant la
somme des valeurs ajoutées réalisées par les agents productifs.

2 La difficile mesure de la croissance économique


Le PIB offre une mesure imparfaite de la croissance car il ne comptabilise
pas toutes les sources de richesse (économie souterraine, production domestique,
etc.) et ne prend pas en compte les externalités négatives liées à la croissance
(destruction de ressources naturelles, pollution…).
Le PIB ne prend pas en compte les différences de niveau de prix entre les pays
ce qui fausse les comparaisons internationales. Pour gommer les différences de
prix entre pays, il faut calculer le PIB PPA (parité des pouvoirs d’achat).

II D’où vient la croissance économique ?


1 De l’augmentation de la quantité des facteurs de production
La production de richesse s’obtient en combinant
les facteurs de production. La croissance va donc être MOT CLÉ
Les facteurs de production
permise par l’augmentation de la quantité de facteurs de
sont les éléments durables
production mobilisés. Ainsi, si globalement plus de travail utilisés pour produire :
et plus de capital sont utilisés, la production augmente. le travail (activité humaine)
On parle de croissance extensive. et le capital fixe (machines,
bâtiments…).

12
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
L’augmentation de la quantité de travail utilisée est entraînée par la hausse de
la population active occupée (plus de travailleurs produisent plus de richesses) ou
par celle de la durée légale du travail.
L’investissement est l’opération par laquelle l’entreprise achète du capital. Il
permet l’accumulation du capital et favorise la croissance.

2 De l’amélioration de l’efficacité des facteurs de production


Les facteurs de production contribuent également à la croissance en devenant
plus efficaces. L’investissement permet l’utilisation de machines plus performantes.
Il est favorable à l’amélioration de la productivité du travail : mieux doté en capital,
le travail est plus efficace. La productivité du travail s’améliore également grâce à la
formation de la main-d’œuvre et à une meilleure organi-
sation du travail. MOT CLÉ
La productivité globale
La part de la croissance qui ne s’explique pas par
des facteurs (PGF) mesure
l’accumulation des facteurs de production est attribuée l’efficacité des facteurs
au progrès technique. En générant des gains de produc- de production et l’efficacité
tivité, le progrès technique permet de produire davantage de leur combinaison. Elle
avec la même quantité de facteurs de production : la se calcule en rapportant
la production
productivité globale des facteurs (PGF) augmente.
à la quantité totale
Une croissance qui repose sur des gains de productivité de facteurs nécessaires
est qualifiée de croissance intensive. à sa réalisation.

zo om La contribution (en points de pourcentage)


des facteurs de production à la croissance (2015)

France États-Unis
Heures travaillées totales 0,2 1,4
Capital 0,5 0,5
Productivité globale des facteurs 0,4 0,6
PIB en % 1,1 2,5

Source : d’après l’OCDE, 2017.

En 2015, le PIB français a augmenté de 1,1 %. 0,2 point de cette croissance


s’explique par l’augmentation de la quantité de travail et 0,5 par l’accumula-
tion du capital. On peut attribuer 0,4 point de croissance à l’augmentation de la
productivité globale des facteurs.
La croissance de la France est plus intensive que celle des États-Unis : elle
repose davantage sur l’augmentation de la PGF que celle des États-Unis qui
s’appuie plus sur l’accumulation des facteurs de production.

1 • Les sources et les défis de la croissance économique 13


2 Progrès technique et croissance
En bref Le progrès technique est l’un des moteurs de la croissance. Les
économistes s’interrogent sur son origine, sa contribution à la croissance
et ses effets sur le rythme de la croissance.

I L’origine du progrès technique


Le progrès technique désigne l’ensemble des innovations MOT CLÉ
qui permettent de produire davantage avec la même On distingue
quantité de facteurs travail et capital. Il améliore donc la les innovations
productivité globale des facteurs (PGF). de produits (nouveaux
produits), de procédé
Dans les années 1950, les théories de la croissance (nouvelle méthode
présentent le progrès technique comme un résidu, c’est- de production qui améliore
à-dire la part inexpliquée de la croissance après la prise la productivité) ou encore
en compte des effets de l’augmentation de la quantité de nouvelles manières
d’organiser le travail.
des facteurs de production. C’est un progrès technique
exogène et autonome, qui n’est pas dû au comportement des agents économiques.
Les théories contemporaines de la croissance montrent que le progrès technique
n’est pas autonome et peut s’expliquer par des choix économiques, notamment
des choix d’investissement. Le progrès technique est donc généré par l’activité
économique, il est alors endogène.

II Le progrès technique endogène, source de croissance


Le progrès technique endogène peut s’expliquer par
des investissements en recherche et développement. MOT CLÉ
Ces dépenses de R&D sont à l’origine d’inventions qui Les activités de recherche
et développement (R & D)
peuvent trouver une application dans le champ écono-
se composent de
mique et constituer des innovations. Elles sont alors une la recherche fondamentale
nouvelle source de création de richesse lorsqu’elles sont (nouvelles connaissances),
exploitées économiquement. de la recherche
appliquée (inventions)
L’accumulation d’innovations et de connaissances et du développement
nouvelles permet de générer des externalités positives : (création de prototypes).
elles bénéficient à d’autres agents sans qu’ils supportent
le coût de leur découverte. Ces innovations génèrent des rendements crois‑
sants en facilitant l’acquisition de nouvelles connaissances. Les facteurs de pro-
duction deviennent de plus en plus efficaces permettant ainsi à la croissance de
se maintenir.
La croissance apparaît alors comme un phénomène endogène et cumulatif :
elle génère des ressources financières pour investir en recherche et développement
permettant ainsi le progrès technique, source de croissance.
14
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

III Le progrès technique et l’instabilité de la croissance


J. A. Schumpeter, économiste autrichien (1883-1950), distingue les innova-
tions majeures qui bouleversent l’économie des innovations mineures qui en dé-
coulent et leur apportent des modifications secondaires. Ces grappes d’innova‑
tions constituent le moteur de la croissance.
La conséquence de l’innovation est un processus permanent de destruction
créatrice : les activités rendues obsolètes par le progrès technique disparaissent
et cèdent leur place aux nouvelles. Par exemple, les services de VOD remplacent
peu à peu les DVD qui ont eux-même succédé aux cassettes vidéo ; les smart-
phones se substituent progressivement aux appareils photo numériques.
La diffusion des innovations s’accompagne d’une pé-
riode de croissance économique, l’expansion. Lorsque MOT CLÉ
Une récession désigne
l’innovation a été pleinement exploitée et que le mar- une période de baisse
ché est saturé, l’expansion laisse sa place à une période de l’activité économique
de récession, jusqu’à ce qu’une innovation majeure qui se traduit par
relance la croissance : la discontinuité du progrès tech- un ralentissement de
la croissance. Pour J. A.
nique donne un caractère cyclique à la croissance.
Schumpeter, cette phase
du cycle dure entre 20 et
25 ans avant l’apparition
d’une innovation majeure.

zo om Le cycle de Schumpeter de l’innovation

Force hydraulique Machine à vapeur Électricité Pétrochimie Informatique


Textiles Chemin de fer Chimie Électronique Internet
Innovation

Fer Acier Moteur à explosion Aviation Télécom

Vague 1 Vague 2 Vague 3 Vague 4 Vague 5


1785 1845 1900 1950 1990 2020
60 ans 55 ans 50 ans 40 ans 30 ans

Source : Edelson Institute.

Des innovations majeures donnent naissance à une grappe d’innovations,


moteurs de la croissance. Par exemple, Internet a permis l’émergence de
nombreuses activités créatrices de valeur ajoutée : le commerce en ligne, les
réseaux sociaux, les films en VOD…
Le rythme de ces innovations majeures semble s’accélérer : 55 ans séparent
la découverte de la machine à vapeur et celle de l’électricité, mais seulement
40 ans l’électronique de l’informatique.

1 • Les sources et les défis de la croissance économique 15


3 État, institutions et croissance
En bref L’État peut favoriser la croissance en prenant en charge certaines
activités ou en favorisant l’émergence du progrès technique. Les institutions,
en créant un cadre favorable, s’avèrent bénéfiques à la croissance.

I L’État et la croissance économique


1 L’État contribue à l’accumulation de capitaux
nécessaires à la croissance…
Par ses investissements, l’État contribue à l’accumulation
de capitaux. En investissant dans l’éducation et dans la MOT CLÉ
santé, il favorise ainsi l’accumulation de capital humain. Le capital humain
Plus qualifiés et en bonne santé, les travailleurs deviennent désigne l’ensemble
plus productifs, ce qui est source de croissance. des capacités physiques
et intellectuelles
En investissant dans la recherche fondamentale, coûteuse des individus utilisées
et incertaine, les centres de recherche publics font émerger pour produire. Investir
des découvertes utiles aux agents productifs permettant ainsi en capital humain
peut signifier investir
l’émergence du progrès technique et l’accumulation d’un
dans la formation.
capital technologique, tous deux sources de croissance.
Enfin, en investissant dans des infrastructures (hôpital, routes, écoles…),
l’État contribue à l’accumulation de capital public et stimule l’activité économique
(construction, équipement…).

2 … et génère des externalités positives


Ces différents investissements sont à l’origine d’externalités positives. Ils
bénéficient ainsi aux agents économiques sans qu’ils en assument directement le
coût. Les dépenses d’éducation permettent d’élever le niveau de qualification et la
productivité des travailleurs et bénéficient aux entreprises qui les emploient.
La croissance qui résulte de cet investissement public permet à l’État de béné-
ficier de nouvelles ressources grâce aux impôts prélevés sur les nouvelles richesses
créées. Ces ressources lui permettent de financer de nouveaux investissements,
sources de croissance. La croissance est alors auto‑entretenue.

II Institutions et croissance économique


1 De « bonnes institutions » sont nécessaires à la croissance
Les institutions désignent l’ensemble des règles formelles (lois, règlements) ou
informelles (pratiques, conventions) qui s’imposent aux individus et encadrent
leurs interactions.

16
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
De « bonnes institutions » sont nécessaires à la
MOT CLÉ
croissance économique. L’existence d’un État de droit, le Le droit de propriété
respect du droit de propriété, le paiement en monnaie est le droit, garanti
sont autant d’institutions nécessaires aux échanges et à par l’État, de pouvoir
la croissance. utiliser, tirer profit
ou disposer (c’est-à-dire
Ces règles, si elles sont respectées, permettent de vendre ou transformer)
créer un climat de confiance favorable à l’activité écono- des biens tant que
mique : elles diminuent l’incertitude et garantissent aux l’usage que l’on en fait
reste dans le cadre
agents qu’ils peuvent mener des opérations économiques
de la loi.
en toute sécurité.

2 Les institutions incitent les agents économiques à investir et innover


L’existence de droits de propriété est une incitation à investir et à innover.
L’entrepreneur, protégé par les lois, est incité à développer son activité et à en tirer
un bénéfice sans craindre d’être dépossédé du résultat de son travail.
Les brevets protègent les innovateurs : ce sont des droits de propriété sur
l’invention qui leur garantissent le monopole de leur exploitation. C’est une
incitation à supporter le coût de la recherche car l’entreprise est assurée qu’elle
pourra la rentabiliser en étant seule à en tirer profit.

zo omL’Institut national de la propriété industrielle (INPI)

L’INPI est une organisation publique française chargée de collecter les dépôts
de brevets et de les délivrer. Ces brevets protègent leurs détenteurs pour une
période de 20 ans. En 2017, l’INPI a reçu 16 250 demandes de brevets.
Une fois accordé, le brevet et son utilisation relèvent du droit de la propriété
industrielle. Son non-respect est passible de sanctions pénales.

1 • Les sources et les défis de la croissance économique 17


4 Progrès technique
et inégalités de revenu
En bref Les gains liés au progrès technique ne sont pas répartis de
manière égalitaire. Le progrès technique peut ainsi renforcer les
inégalités de revenu. Dans un contexte de concurrence exacerbé, il
bénéficie davantage à certains secteurs.

I Progrès technique et inégalités


dans la répartition des revenus
1 Le progrès technique favorise les revenus du capital
au détriment de ceux du travail
Le progrès technique est à l’origine de gains de producti‑ MOT CLÉ
vité qui permettent d’augmenter la valeur ajoutée. Celle-ci Il existe différents types
est répartie sous forme de revenus entre les travailleurs et de revenus. On distingue
les revenus du travail
les apporteurs de capitaux (propriétaires de l’entreprise et
(salaires) des revenus
créanciers). Cette répartition peut être inégalitaire et favori- du capital (intérêts versés
ser le versement de dividendes au détriment des revenus du aux banques, dividendes
travail. versés aux actionnaires).

Certaines innovations permettent de substituer du capital au travail. Elles aug-


mentent l’intensité capitalistique de la production : la part du travail utilisé pour
produire diminue au profit de celle du capital.
Ainsi, le progrès technique se traduit par une destruction d’emplois. Il permet
l’automatisation des tâches simples et répétitives qui vont être effectuées par des
machines. La part des salaires dans la valeur ajoutée diminue alors au profit de la
rémunération du capital : les inégalités de revenu augmentent.

2 Le progrès technique augmente les inégalités salariales


Le progrès technique contribue à l’accroissement des inégalités salariales car
les nouvelles technologies (informatique, logiciels perfectionnés…) favorisent les
travailleurs qualifiés. Ceux qui utilisent ces nouvelles technologies (comptables,
traders...) voient leur productivité et donc leur rémunération augmenter alors
que les travailleurs moins qualifiés (aides-soignants, cuisiniers…), qui ne les uti-
lisent pas, ne bénéficient pas de cette hausse de la productivité du travail.
L’utilisation de l’outil informatique s’étend à tous les secteurs et nécessite un
niveau élevé de qualification. Ainsi la demande de travail peu qualifié diminue
alors que la demande de travail qualifié augmente. Du fait de la loi de l’offre et de
la demande, les salaires des travailleurs peu qualifiés ont tendance à stagner ou à
baisser tandis que ceux des plus qualifiés augmentent : les écarts se creusent.

18
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

II Le rôle de la mondialisation et de la concurrence


1 La mondialisation renforce les effets du progrès technique
sur les inégalités
La mondialisation incite les entreprises à innover car elle exacerbe la concur-
rence entre les entreprises : pour être plus compétitives et rentables, celles-ci
cherchent à améliorer leurs techniques de production.
Cet effort d’innovation contribue à l’augmentation de la demande de travail
qualifié et contribue à augmenter les inégalités de revenu.

2 Le progrès technique accroît les inégalités entre secteurs d’activité


L’exacerbation de la concurrence pousse les entre-
prises à vouloir se démarquer en innovant : les inégalités MOT CLÉ
Pour J. A. Schumpeter,
se creusent entre les secteurs innovants qui génèrent des l’entrepreneur est
profits importants et ceux qui sont en perte de vitesse, un acteur majeur
devenant ainsi de moins en moins profitables. de l’économie. C’est
un aventurier qui prend
À court terme, seules les entreprises innovantes bénéfi-
le risque d’innover.
cient du progrès technique et des revenus qu’il génère. Les Le profit est alors
entrepreneurs prennent le risque d’innover pour augmen- la rémunération du risque
ter leur profit et bénéficier d’une rente liée à la protection pris par l’entrepreneur.
que leur confèrent les brevets. Les revenus de l’innovation
contribuent de manière importante à l’augmentation des
inégalités de revenu entre secteurs d’activité.

zo om Hauts revenus et innovation

Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, a fait fortune en exploitant une innovation :


le commerce électronique.
Il est aujourd’hui 2,6 millions de fois plus riche qu’une famille américaine
moyenne. Sa fortune personnelle qui s’élève à plus de 150 milliards de dollars
est essentiellement alimentée par les revenus de son patrimoine : il possède la
majorité des actions d’Amazon.

1 • Les sources et les défis de la croissance économique 19


5 La soutenabilité de la croissance
En bref La croissance économique a des effets néfastes. Elle se
heurte en effet à des limites écologiques qui posent la question de sa
soutenabilité.

I Quelles sont les limites écologiques de la croissance ?


1 La croissance à l’origine d’externalités négatives
L’activité industrielle se traduit par l’émission de gaz à effet de serre liée à
l’utilisation d’énergies fossiles (charbon, pétrole). Au niveau mondial, la crois-
sance économique se traduit par une augmentation de ces émissions polluantes.
Celles-ci sont à l’origine d’un réchauffement climatique car elles renforcent
l’effet de serre. L’augmentation des températures moyennes a un fort impact
écologique : élévation du niveau des océans, dérèglements climatiques…
La croissance s’accompagne d’une surexploitation des ressources naturelles.
Ainsi, les prélèvements sur le capital naturel s’intensifient et les ressources non
renouvelables comme le pétrole s’épuisent.

2 L’environnement, un bien commun difficile à protéger


L’environnement est un bien commun qui peut être
consommé sans limite par les agents économiques MOT CLÉ
La biodiversité désigne
puisqu’ils n’ont pas à payer pour l’utiliser FICHE 50 .
la diversité des espèces
Cependant, une surexploitation de ces ressources vivantes, végétales ou
(comme les ressources halieutiques accessibles librement animales, présentes dans
et surexploitées) conduit à une « tragédie des biens com- un milieu terrestre ou
muns ». La biodiversité est ainsi mise en danger par la aquatique. Sa préservation
est un enjeu majeur du
destruction d’espèces animales et végétales.
développement durable.
La biocapacité mondiale est dépassée. Il faudrait au-
jourd’hui l’équivalent de 1,7 planète pour produire ce que consomme l’humanité
pour son alimentation, ses déplacements ainsi que pour absorber ses déchets : nous
prélevons donc plus que les ressources disponibles de la planète et nous les épuisons.

II L’innovation peut-elle faire reculer ces limites ?


1 Les conditions d’une croissance soutenable
La croissance soutenable s’inscrit dans la recherche d’un développement
durable. Elle doit permettre de satisfaire les besoins des générations présentes
sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs.

20
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
Elle passe par la transmission aux générations
MOT CLÉ
futures d’un stock de capitaux au moins constant Le stock de capitaux transmis
qui les assurera de pouvoir satisfaire leurs besoins. aux générations futures est
composé de capital physique,
2 Innovation et soutenabilité humain, institutionnel et naturel.
Leur bien-être dépendra
L’innovation peut constituer un moyen de rendre du volume et de la qualité
la croissance soutenable : en utilisant de nouvelles des stocks transmis.
technologies, plus économes en ressources naturelles
ou en découvrant de nouvelles sources d’énergie, non polluantes et renouvelables,
le progrès technique peut repousser les limites de la croissance.
Si l’on considère que les capitaux sont substituables, la dégradation du capital
naturel peut-être compensé par l’accumulation d’autres capitaux (humain,
technologique) : la croissance est soutenable malgré la diminution du stock de
capital naturel grâce au progrès technique (thèse de la soutenabilité faible).
Cependant, certains économistes soutiennent que les différents types de
capitaux ne sont pas substituables et que les atteintes au capital naturel sont
irréversibles : le progrès technique ne peut assurer à lui seul la soutenabilité de la
croissance (thèse de la soutenabilité forte).

zo om Dépenses publiques de R&D


dans les énergies renouvelables en France
En M€
180
160
140
120
100
80
60
40
20
0
02

03

04

05

06

07

08

09

10

11

12

13

14

15

16

17
20

20

20

20

20

20

20

20

20

20

20

20

20

20

20

20

Solaire Biomasse (dont principalement biocarburants) Énergies marines


Éolien Géothermie Hydroélectricité
Autres
Note : la forte baisse observée entre 2015 et 2016 est liée à une modification des modes de
comptabilisation qui a réduit le champ des dépenses allouées à la catégorie des énergies renouvelables.

Source : SDES, Les dépenses publiques de R&D en énergie en 2017.

Le progrès technologique a permis de développer l’exploitation de sources


d’énergie renouvelables et non polluantes (panneaux photovoltaïques, éoliennes).
La part des énergies renouvelables est passée de 9,3 % en 2006 à 16 % en 2016.

1 • Les sources et les défis de la croissance économique 21


MÉMO VISUEL

Les sources de la croissance

Sources économiques
• Accumulation des facteurs de production : croissance extensive
• Progrès technique et gains de productivité : croissance intensive

Sources institutionnelles
• État : investissements publics
→ externalités positives
• Institutions : cadre favorable
→ incitations à investir et à innover

SOURCES ET DÉFIS

Le progrès technique,
source d’inégalités de revenus

Augmentation des revenus du capital


Substitution Augmentation Baisse de la part
du capital
au travail
+ Destruction
d’emplois + de l’intensité
capitalistique
des revenus
du travail

Augmentation des inégalités salariales


• Progrès technique nécessite un haut niveau de qualification
• Augmentation des salaires des travailleurs les plus qualifiés
• Diminution des salaires des travailleurs les moins qualifiés

22
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

Le progrès technique,
moteur de la croissance

Innovations
Innovations Innovations Phénomène
majeures / mineures
de produit
+ majeures / mineures
de procédé
de destruction
créatrice

Progrès technique et croissance endogène


Externalités
Investissements positives
Progrès Croissance
en recherche
technique économique
et développement Hausse
de la PGF

DE LA CROISSANCE
Le défi de la soutenabilité
de la croissance

Externalités négatives de la croissance


• Émissions de gaz à effet de serre
• Réchauffement climatique
• Surexploitation des ressources naturelles

Une croissance soutenable


• Satisfaction des besoins des générations présentes
• Protection de l’environnement pour les générations futures

Le progrès technique, une solution ?


Soutenabilité faible Soutenabilité forte
• Compensation de la destruction • Irréversibilité de la destruction
du capital naturel par le progrès technique du capital naturel
• Capitaux substituables • Capitaux non substituables
1 • Les sources et les défis de la croissance économique 23
OB JEC TIF
SUJET 1 B AC
RAISONNEMENT 2 h 30 Le rôle des institutions
dans la croissance
La croissance n’est-elle qu’un phénomène
économique ? Le marché, si on le laisse fonctionner
sans règles, permettra-il la mobilisation des facteurs
de production et l’émergence du progrès technique ?

L E S UJ E T
À l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez
que les institutions et les droits de propriété jouent un rôle dans la crois-
sance économique.

Document 1 Brevets et incitation à investir et à innover


Au sens de la propriété industrielle, le brevet protège une invention tech-
nique, c’est-à-dire un produit ou un procédé qui apporte une nouvelle solu-
tion technique à un problème technique donné.
En effet, vous ne pouvez pas protéger une idée par un brevet ! Seuls les
5 moyens techniques mis en œuvre pour la concrétiser le seront. […]
– En déposant votre brevet à l’Institut national de la propriété intellectuelle,
vous obtenez un monopole d’exploitation sur le territoire d’une durée maxi-
male de 20 ans.
– Vous êtes ainsi le seul à pouvoir l’utiliser et vous pouvez interdire toute
10 exploitation (utilisation, fabrication, importation…) de votre invention
effectuée sans votre autorisation. Vous pouvez poursuivre les contrefacteurs1
devant les tribunaux.
– Le brevet renforce la valeur de votre entreprise […].
– Il vous donne les moyens de conquérir de nouveaux marchés par des dépôts
15 à l’étranger et des concessions de licence.
– Grâce au brevet, vous rentabilisez une partie de la recherche effectuée et
générez des revenus.
1. Personnes qui exploitent une invention sans l’autorisation de l’inventeur.

Source : Inpi.fr.

24
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
Document 2 PIB par habitant et maîtrise de la corruption en 2013
120 000

100 000
PIB par habitant en dollars courants

80 000

60 000

40 000

20 000

– 2,00 – 1,50 – 1,00 – 0,50 0,00 0,50 1,00 1,50 2,00 2,50 3,00
Indicateur de maîtrise de la corruption
Notes : Chaque point représente un pays.
L’indicateur de maîtrise de la corruption mesure la capacité d’un pays à contrôler la corruption
des pouvoirs publics. Sur une échelle de –2,5 à 2,5, plus l’indicateur est élevé, plus la corruption
est maîtrisée.
Si la corrélation entre le PIB par habitant et l’indicateur de maîtrise de la corruption était
parfaite, alors tous les points se situeraient sur la droite représentée sur le graphique.
Source : Banque mondiale, 2015.

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale du raisonnement p. 314.

Analyser les termes du sujet et mobiliser ses connaissances


institutions
Ensemble de règles, formelles ou informelles,
qui s’imposent aux individus.
Organisations chargées de les faire respecter.
croissance économique
Analyse du sujet Augmentation soutenue
des richesses créées
dans une économie.
droits de propriété
Droit de choisir les usages d’un bien
(l’utiliser, le céder, en tirer un revenu)
dans le cadre de la loi.

1 • Les sources et les défis de la croissance économique 25


Exploiter les documents
Document 1
Le document 1 est un texte qui présente des droits de propriété particuliers : les
brevets. Sur quoi portent les brevets présentés ? Quels sont les avantages qu’ils
confèrent à leurs détenteurs ? Quels sont les recours possibles si ces brevets
sont exploités illégalement ? Pourquoi incitent-ils à innover ?
Document 2
Le document 2 est un graphique permettant de faire apparaître une corrélation
entre la maîtrise de la corruption et le niveau du PIB par habitant. Cette corré-
lation est-elle positive ou négative ? Quel lien peut-on établir entre maîtrise de
la corruption et niveau du PIB par habitant ? Y a-t-il des exceptions ?

Définir les arguments

Argument 1
De « bonnes institutions » créent un cadre favorable
à la croissance économique. (doc. 2)

Argument 2
Les institutions peuvent favoriser l’émergence
du progrès technique, source de croissance. (doc. 1)

CORRIGÉ

Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
Les institutions désignent l’ensemble des règles formelles et informelles qui
encadrent les interactions humaines ainsi que les organisations chargées de les
faire respecter. Ainsi les droits de propriété, les tribunaux, la monnaie, les pou-
voirs publics sont des institutions qui peuvent s’avérer favorables à la croissance,
c’est-à-dire à l’augmentation durable des richesses créées dans une économie. En
effet, elles créent un cadre favorable à la croissance et peuvent stimuler le progrès
technique, lui-même source de croissance.

I. De « bonnes institutions » créent un cadre favorable


à la croissance

LE SECRET DE FABRICATION
Après avoir expliqué ce que sont de « bonnes institutions » et fait le lien
avec la croissance, il faudra utiliser le document 2 pour illustrer l’argumentation.

26
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
◗ Pour connaître la croissance, une économie a besoin d’institutions qui permettent
le développement des activités économiques. Ainsi la monnaie est une institution
nécessaire au développement des échanges marchands. L’existence de droits de pro-
priété et de tribunaux chargés de les faire respecter garantit aux entrepreneurs de
pouvoir conserver le profit qu’ils tirent de leurs activités, ce qui les incite à investir.
Ces institutions constituent donc un cadre juridique favorable à la croissance
économique.
◗ Un contexte politique stable et démocratique crée un climat de confiance propice à
la croissance. Le document 2 fait apparaître une corrélation nette entre la maîtrise
de la corruption et le niveau du PIB par habi-
tant : plus la corruption est maîtrisée et plus MOTS CLÉS
• La corruption désigne le fait
le niveau de vie s’accroît. En parvenant à lut-
d’accepter de ne pas appliquer ou
ter contre la corruption et le clientélisme, les faire respecter une règle en échange
pouvoirs publics diminuent le degré d’incerti- d’une rétribution.
tude et de défiance. Les agents économiques • Le clientélisme peut être associé
sont incités à développer leurs activités. à la notion de favoritisme.

II. Les institutions peuvent favoriser l’émergence


du progrès technique, source de croissance
◗ Le rendement privé des innovations est souvent plus faible que leur rendement
social puisqu’elles peuvent bénéficier à des agents économiques qui n’en ont pas
supporté le coût. Les brevets, garantis par les pouvoirs publics, assurent à leurs
détenteurs le monopole de l’exploitation de leurs innovations. Ces derniers sont
alors certains de pouvoir rentabiliser leurs investissements et de conserver le béné-
fice de leurs recherches (doc. 1). Les brevets sont donc favorables à l’innovation et
à la croissance.
◗ Les institutions publiques peuvent également
participer à l’effort de recherche et dévelop‑ À NOTER
pement au sein de laboratoires publics ou En France, en 2018, les dépenses
subventionner les entreprises privées pour les de recherche et développement
inciter à innover et stimuler le progrès tech- représentaient 2,2 % du PIB, ce qui
nique. En investissant dans l’enseignement plaçait la France au 7e rang des pays
de l’Union européenne.
supérieur et dans la recherche, l’État concourt
à l’émergence de connaissances nouvelles qui viendront, à long terme, renforcer la
croissance économique.
Conclusion
Les institutions qui permettent de garantir un cadre juridique et politique sûr et
stable créent donc un climat de confiance propice au développement des échanges
marchands et à la croissance. En stimulant le progrès technique directement
(recherche publique) ou indirectement (brevets et subventions), les institutions
publiques contribuent à dynamiser l’économie et à rendre la croissance possible à
long terme.

1 • Les sources et les défis de la croissance économique 27


OB JEC TIF
SUJET 2 B AC
DISSERTATION 4 h 00 Les défis
de la croissance économique
Les marches pour le climat qui mobilisent
de nombreux jeunes dans le monde révèlent
une inquiétude croissante vis-à-vis de l’avenir
de notre planète. Peut-on continuer à produire
toujours plus sans la mettre en danger ?

L E S UJ E T
La croissance économique peut-elle être écologiquement soutenable ?

Document 1 Évolution mondiale de l’extraction de ressources


naturelles, du PIB et de la population, 1980-2013
(1980 : indice base 100)

250
PIB
225

200

Extraction
175
de ressources

150
Population
125

100

75

50
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2013

Source : Cécile Désaunay et Éric Vidalenc, « Ressources naturelles : pénurie ou abondance ? »,


Futuribles, octobre 2016.

28
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
Document 2  épartition géographique des émissions de CO21
R
(en millions de tonnes de CO2)

Part Évolution Évolution


1990 2013 2014 2014 2013‑2014 1990‑2014
(%) (%) (%)
Amérique 5 726 6 315 6 357 17,8 + 0,7 + 11,0
du Nord
Dont :
États-Unis 4 988 5 286 5 335 15 + 0,9 + 6,9
Amérique
centrale 647 1 291 1 306 3,7 + 1,1 + 101,8
et du Sud
Dont :
Brésil 217 485 501 1,4 + 3,3 + 130,5
Europe 8 353 6 403 6 142 17,2 – 4,1 – 26,5
et ex-URSS
Dont :
Russie 2 379 1 792 1 766 5,0 – 1,4 – 25,7
Europe à 28 4 345 3 608 3 415 9,6 – 5,4 – 21,4
Afrique 667 1 162 1 188 3,3 + 2,3 + 78,1
Moyen-Orient 814 2 193 2 272 6,4 + 3,6 + 179,1
Dont :
Arabie
Saoudite 168 463 495 1,4 + 7,0 + 194,3
Asie 5 378 16 543 16 833 47,2 + 1,8 + 213,0
Dont :
Chine 2 411 10 448 10 541 29,6 + 0,9 + 337,1
Océanie 304 461 454 1,3 – 1,6 + 49,4
Soutes 626 1 109 1 117 3,1 + 0,7 + 78,2
internationales2
Monde 22 516 35 477 35 669 100 + 0,5 + 58,4

1. Le CO2 est un gaz à effet de serre qui contribue au réchauffement climatique.


2. Les soutes internationales correspondent aux émissions de CO2 des transports
internationaux maritimes et aériens non comptabilisés dans les totaux nationaux.

Source : Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, 2017.

1 • Les sources et les défis de la croissance économique 29


Document 3 Évolution du nombre de brevets déposés
dans les technologies liées au climat en France
Nombre
600

500

400

300

200

100

0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Technologies de lutte contre Technologies de lutte contre
le changement climatique (transports) le changement climatique (bâtiments)
Technologies de lutte contre Réduction de la pollution des eaux
le changement climatique (production, Gestion des déchets
transmission/distribution d’énergie)
Réduction de la pollution
atmosphérique

Source : Examens environnementaux, OCDE, France 2016.

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de la dissertation p. 316.

Analyser la consigne et dégager une problématique


croissance économique
Augmentation soutenue
de la production de biens et
de services dans une économie.
soutenable
Une croissance soutenable
Analyse du sujet doit permettre la préservation
de l’environnement pour
les générations futures.
peut-elle
Possibilité :
est-ce envisageable que
la croissance soit soutenable ?

30
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

◗ Problématique. Le sujet questionne la compatibilité possible de la croissance


et de la préservation de l’environnement.

Exploiter les documents


Document 1
Le document 1 montre que la croissance économique entre 1980 et 2013 (aug-
mentation du PIB de 150 %) s’accompagne de prélèvements croissants sur le
capital naturel (augmentation de 130 %) : l’extraction de ressources naturelles
progresse fortement, à un rythme proche de celui de la croissance économique.
Document 2
◗ Le document 2 montre une augmentation des émissions de CO2 au niveau
mondial entre 1990 et 2014. Les plus fortes augmentations des émissions de
CO2 concernent des régions où la croissance est forte. La croissance s’accom-
pagne d’une dégradation de l’environnement.
◗ Les régions qui ont connu une croissance plus précoce ont tendance à connaître
une diminution de leurs émissions. Lorsque la croissance permet d’atteindre un
certain niveau de vie, la pression sur l’environnement diminue.
Document 3
Le document 3 montre l’augmentation du nombre de brevets déposés dans les
technologies liées au climat entre 2000 et 2011 en France. Il permet de mettre
en évidence le développement de technologies qui permettent de lutter contre
le réchauffement climatique.

Définir le plan
◗ Montrez les limites environnementales
1 La croissance génère
des dégâts non compatibles de la croissance. (doc. 1 et 2)
avec la préservation ◗ En quoi remettent-elles en cause l’idée
de l’environnement
d’une croissance soutenable ?

◗ Montrez que le progrès technique peut


2 Le progrès technique diminuer la pression environnementale
peut permettre de rendre
de la croissance. (doc. 3)
la croissance soutenable
◗ Peut-on envisager alors une croissance
soutenable ? (doc. 2)

1 • Les sources et les défis de la croissance économique 31


CORRIGÉ

Les titres en couleur ou entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
[accroche] Dès 1972, le rapport Meadows intitulé « Halte à la croissance » révèle
une prise de conscience des limites de la croissance économique.
[présentation du sujet] La croissance économique, augmentation durable et
soutenue de la production dans une économie, s’accompagne de dégâts environ-
nementaux qui viennent soulever la question de la soutenabilité de la croissance,
c’est-à-dire sa capacité à préserver l’environnement pour les générations futures.
Pour autant, des avancées technologiques permises par la croissance elle-même
semblent permettre d’envisager une croissance compatible avec la préservation
de l’environnement.
[problématique] La croissance économique peut-elle assurer la satisfaction des
besoins des générations présentes tout en préservant l’environnement pour les
générations futures ? Le progrès technique peut-il permettre d’assurer la sou-
tenabilité de la croissance ? [annonce du plan] Nous verrons d’abord que la
croissance économique est difficilement compatible avec la préservation de l’en-
vironnement, puis nous montrerons que le progrès technique peut permettre de
dépasser ces limites et rendre la croissance soutenable.

I. La croissance génère des dégâts non compatibles


avec la préservation de l’environnement

LE SECRET DE FABRICATION
Pour structurer de manière cohérente cette partie, il faut commencer
par présenter les effets de la croissance sur l’environnement avant de faire le lien
avec la notion de soutenabilité. On montrera alors qu’actuellement, la croissance
n’est pas soutenable.

1. La croissance nuit à l’environnement


◗ La croissance économique s’accompagne d’une surexploitation des ressources
naturelles. L’environnement peut être assimilé à un bien commun : il peut ainsi être
consommé sans limite par les agents économiques. Les activités humaines à l’origine
de la croissance économique entraînent donc un épuisement des ressources natu-
relles non renouvelables. Ainsi, les ressources énergétiques tendent à s’épuiser. On
constate que l’extraction de ressources naturelles augmente rapidement, à un rythme
proche de celui de la croissance : entre 1980 et 2013, le PIB mondial a crû de 150 %
et l’extraction de ressources naturelles de 130 % environ (doc. 1).
◗ La croissance est aussi un danger pour la biodiversité : déforestation, extension
des surfaces agricoles, utilisation de produits phytosanitaires entraînent la dispari-
tion irrémédiable d’espèces animales et végétales.

32
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
◗ Elle engendre également de dégâts environnementaux. La croissance écono-
mique est source de nombreuses externalités négatives : l’utilisation d’énergies fos-
siles s’accompagne d’émissions croissantes de gaz à effet de serre (GES) à l’origine
de la pollution de l’air et du réchauffement climatique. Au niveau mondial, ces
émissions ont augmenté de 58,4 % entre 1990 et 2014. Elles se sont fortement
accrues en particulier dans les pays émergents, dont la forte croissance économique
repose sur l’utilisation d’énergies fossiles : + 130,5 % au Brésil, + 337,1 % en Chine
(doc. 2). De plus, la croissance économique entraîne un mode de consommation
propice à la multiplication des déchets, source de pollution.
2. La destruction du capital naturel ne permet pas d’envisager
une croissance soutenable
◗ Une croissance soutenable doit permettre de produire
À NOTER
suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins
La notion de croissance
des générations présentes et améliorer le niveau de vie soutenable est proche de
des populations, dans le respect de l’environnement celle de développement
pour les générations futures. Cet objectif repose sur la durable créée par le
mobilisation de différents types de capitaux : physique, PNUD en 1987.
naturel, humain et institutionnel. La soutenabilité de la Elle a donc une dimension
croissance peut être évaluée en fonction de ses effets sur économique (produire
plus de richesses), sociale
ces différents types de capitaux et leur transmission aux
(les répartir équitablement)
générations futures. et environnementale
◗ Dans l’optique de la soutenabilité forte, les diffé- (protéger l’environnement
rents capitaux ne sont pas substituables et le capital pour les générations
naturel a un statut particulier. Les atteintes à ce capital futures).
sont irrémédiables, c’est pourquoi il doit être préservé.
La croissance n’est alors soutenable que si le stock de capital naturel transmis aux
générations futures reste au moins identique. Les dégradations et destructions du
capital naturel observées remettent donc en cause la soutenabilité de notre mode
de croissance.
II. Le progrès technique peut permettre
de rendre la croissance soutenable
1. Le progrès technique est susceptible d’apporter des solutions
aux problèmes environnementaux
◗ Pour les partisans de la soutenabilité faible, le capital naturel est un capital
comme les autres qui, à ce titre, peut être remplacé par d’autres formes de capitaux.
Ainsi s’il se raréfie, son prix deviendra plus élevé et les agents économiques seront
incités à développer des technologies plus économes en ressources naturelles.
La croissance est alors soutenable si on peut compenser la dégradation du capital
naturel par l’accumulation d’autres formes de capitaux.
◗ Des avancées technologiques permettent ainsi de réduire la pression de la crois-
sance sur l’environnement : de nouvelles sources d’énergie, renouvelables et peu
polluantes sont exploitées, de nouvelles techniques de production, plus économes
en énergie, se développent. On constate une forte augmentation du nombre de

1 • Les sources et les défis de la croissance économique 33


brevets déposés dans les technologies
À NOTER
liées au climat entre 2000 et 2011. Par À l’inverse de la soutenabilité faible,
exemple, le nombre de brevets liés aux la soutenabilité forte remet en cause
technologies de lutte contre le chan- l’idée que le progrès technique permettra
gement climatique dans le secteur des de dépasser les limites environnementales
transports a été multiplié par 5 entre de la croissance : l’accumulation de
2000 et 2011, par 4,5 dans le secteur de capital technologique n’empêchera pas
la disparition de certaines ressources.
l’énergie (doc. 3).
2. La croissance peut, par elle-même, offrir des solutions
aux enjeux environnementaux
◗ La croissance permet de dégager les ressources nécessaires aux investissements
dans les technologies nouvelles : en permettant le financement de la recherche, elle
est elle-même source d’un progrès technique endogène. Si ce progrès technique est
orienté vers la préservation de l’environnement, elle serait donc soutenable.
◗ De plus, si dans un premier temps la croissance économique se traduit par de fortes
pressions sur l’environnement, l’augmentation du niveau de vie permet à partir
d’un certain seuil de relâcher cette pression grâce aux modifications de la structure
productive et au développement d’activités tertiaires moins polluantes. Ainsi, dans le
monde, les pays ayant connu une croissance plus précoce et ayant un niveau de vie
plus élevé ont vu, pour certains, diminuer leurs émissions de GES : – 21,4 % pour
l’Europe à 28 entre 1990 et 2014. Les zones ayant connu une croissance plus tardive
et dont les activités sont davantage industrielles émettent une part importante des
GES aujourd’hui : 29,6 % pour la Chine en 2014 (doc. 2). Avec l’augmentation
du niveau de vie, les consommateurs sont également plus sensibles aux problèmes
environnementaux : de nouveaux modes de consommation, plus soucieux de l’envi-
ronnement, se développent (alimentation biologique, utilisation d’énergies renouve-
lables, véhicules électriques…).
Conclusion
[bilan] Ainsi, la croissance économique se traduit aujourd’hui par une surexploi-
tation des ressources naturelles, une augmentation de la pollution et une mise en
danger de la biodiversité. En détruisant le capital naturel, elle menace les géné-
rations futures : elle n’est pas soutenable. Cependant, la croissance économique
permet l’émergence d’un progrès technique qui peut se traduire par un relâche-
ment de la pression environnementale qu’elle exerce. Il est alors possible d’en-
visager une croissance soutenable plus économe en énergie et moins polluante,
qui s’accompagne d’une prise de conscience et d’une modification des modes de
consommation.
[ouverture] On peut se demander si les mécanismes de marché, à eux seuls, per-
mettront cette orientation, ou si l’intervention des pouvoirs publics, à travers des
politiques économiques adaptées, s’avérera indispensable.

34
Économie
2 Les fondements
du commerce international
et de l’internationalisation
de la production

Au G20 d’Osaka, le 29 juin 2019, le président américain Donald Trump (à gauche)


et le président chinois Xi Jinping (à droite) ont négocié une trêve dans la guerre
commerciale qui les oppose sur les questions des droits de douane, des transferts
de technologie et de protection de la propriété intellectuelle.

TEST Pour vous situer et identifier les fiches à réviser 36

6 Les déterminants des échanges entre pays différents 38


FICHES 7 Les déterminants des échanges entre pays comparables 40
DE COURS 8 Aux sources de la compétitivité des pays 42
9 Aux sources des chaînes de valeur mondiales (CVM) 44
10 Le débat opposant libre-échange et protectionnisme 46
MÉMO VISUEL 48

objectif bac
SUJETS GUIDÉS 3 MOBILISATION DES CONNAISSANCES Productivité et compétitivité 50
& CORRIGÉS
4 ÉTUDE D’UN DOCUMENT  ommerce international
C
et croissance économique 52
5 DISSERTATION Libre-échange et protectionnisme 55

35
TESTEZ-VOUS CORRIGÉS P. 318-320

Faites le point sur vos connaissances,


connaissances
puis établissez votre parcours de révision
en fonction de votre score.

1 Les déterminants des échanges entre pays différents → FICHE 6


1. Le commerce entre pays différents économiquement s’explique par…
a. la théorie des avantages comparatifs.
b. des différences de dotations factorielles.
c. la théorie du cycle de vie du produit.
2. Associez chaque concept à un auteur et/ou un modèle.
a. avantages comparatifs ● ● David Ricardo
b. dotations factorielles ● ● Raymond Vernon
c. cycle de vie du produit ● ● modèle HOS
…/2

2 Les déterminants des échanges entre pays comparables → FICHE 7


1. Les économies d’échelle expliquent le commerce entre pays comparables,
car elles permettent…
a. d’augmenter les coûts unitaires.
b. de réduire les coûts unitaires.
c. d’accéder à un marché plus étendu.
2. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F
a. Les pays comparables s’échangent des produits comparables.
b. La demande domestique représentative détermine l’exportation.
c. Des pays comparables peuvent appartenir à une même CVM.
3. Une chaîne de valeur mondiale désigne…
a. le commerce international.
b. une décomposition internationale des processus productifs.
c. l’ensemble des activités allant de la conception à la livraison du produit.
…/3

36
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

3 Aux sources de la compétitivité des pays → FICHE 8


Complétez le texte avec les mots qui conviennent.
La compétitivité d’un pays dépend de la compétitivité‑………… et …………
de ses firmes, qui peut être stimulée par des gains de …………, la baisse du coût
du …………, du capital et des consommations intermédiaires, une fiscalité
avantageuse, etc. Elle dépend aussi de sa stabilité politique ou encore de la qualité
de ses ………… .
…/1

4 Aux sources des chaînes de valeur mondiales (CVM) → FICHE 9


1. Les firmes deviennent des firmes transnationales…
a. en créant une filiale à l’étranger.
b. en rachetant une entreprise étrangère.
c. en réalisant des IDE.
2. Associez chaque notion à sa définition.
a. délocalisation au sens strict ● ● transfert d’une activité à l’étranger
b. délocalisation au sens large ● ● sous‑traitance
c. externalisation ● ● investissement à l’étranger
…/2

5 Le débat opposant libre-échange et protectionnisme → FICHE 10


1. Le libre-échange se caractérise par…
a. une augmentation de la productivité mondiale.
b. une incompatibilité avec le protectionnisme.
c. une absence de risque.
2. Complétez le texte avec les mots qui conviennent.
Le………… désigne les mesures visant à protéger la production d’un pays contre
la ………… étrangère, notamment pour protéger l’emploi ou certains secteurs
d’activité, comme l’agriculture. Il peut se manifester par une ………… du prix des
importations (droits de douane, subventions aux producteurs locaux, baisse du
taux de change) ou par des limites (quotas,………… techniques et sanitaires, etc.).
…/2

Score total …/10


Parcours PAS À PAS ou EXPRESS ? MODE D’EMPLOI P. 3

2 • Les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production 37


6 Les déterminants des échanges
entre pays différents
En bref Selon les économistes classiques, les pays doivent se spécialiser
dans des productions pour lesquelles ils possèdent un avantage pro-
ductif ou des dotations factorielles favorables. La complémentarité
de ces facteurs explique le commerce international.

I L’avantage productif
1 La théorie de l’avantage absolu (A. Smith, XVIIIe siècle)
Selon Smith, un pays A possède un avantage absolu dans la production d’un
bien s’il lui faut moins de travailleurs qu’un pays B pour produire ce bien.
Le pays B doit alors abandonner sa production et se consacrer à celle pour
laquelle il a un avantage absolu. En d’autres termes, il doit se spécialiser dans
cette production et acheter les biens qu’il ne produit plus.

2 La théorie de l’avantage comparatif (D. Ricardo, XIXe siècle)


Pour Ricardo, ce sont les avantages comparatifs
MOT CLÉ
qui justifient le commerce international.
L’avantage comparatif est le
Ricardo prend l’exemple d’échanges entre le nom donné à l’analyse de Ricardo
Portugal et l’Angleterre ZOOM . Le Portugal a un démontrant qu’un pays doit
se spécialiser dans les secteurs
avantage absolu dans la production de deux biens, le
où son avantage en termes
drap et le vin. Selon Smith, le Portugal n’a pas intérêt de productivité est le plus grand
à importer l’un ou l’autre de ces biens de l’Angleterre, ou son désavantage le plus faible.
où leur coût de production est plus élevé.
Mais pour Ricardo, le Portugal a sans doute un plus grand avantage dans l’une
de ces deux productions, par exemple celle du vin. Ce pays ferait alors un meil-
leur usage de ses travailleurs en les mobilisant dans la production de vin. Certes
les travailleurs du drap sont plus productifs au Portugal qu’en Angleterre, mais
mobilisés dans le vin, ils seraient plus productifs encore.
Ainsi, l’efficacité de l’économie mondiale augmente si chaque pays se spécialise
dans la production pour laquelle il possède le plus grand avantage comparatif.

II Les dotations factorielles MOT CLÉ


Les dotations factorielles
1 Le modèle HOS désignent la quantité
des différents facteurs
Si Ricardo explique les avantages comparatifs de production (travail,
par les différences de productivité, le modèle HOS capital, ressources naturelles,
(Heckscher-Ohlin-Samuelson) les explique par technologies) présents
des différences de dotations factorielles. dans un pays.

38
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

Les différences de coûts de production s’expliquent par l’abondance relative


des facteurs de production. Ainsi, si le pétrole est abondant dans un pays, son
offre sera importante et donc son prix faible.
Il est alors intéressant pour ce pays de se spécialiser dans la production de biens
qui requièrent un usage intensif de pétrole, car leur coût de production sera moins
élevé qu’ailleurs.

2 Des dotations factorielles évolutives


Dans sa théorie du cycle de vie du produit, l’économiste américain R. Vernon
(années 1960) montre que les pays avancés technologiquement se spécialisent
dans des secteurs qui nécessitent de hautes compétences technologiques pour
produire des biens innovants.
Mais des pays moins innovants finissent par acquérir la technologie nécessaire
pour les produire à leur tour, accentuant ainsi la concurrence (comme les quatre
dragons asiatiques dans la seconde moitié du xxe siècle). Les pays de départ finissent
alors par délaisser la production et se tourner vers d’autres biens plus innovants.

zo om
Le commerce international expliqué par les avantages comparatifs
Portugal Angleterre

Nombre de Nombre Nombre de Nombre Quantité


travailleurs d’unités travailleurs d’unités produite par
mobilisés produites mobilisés produites les 2 pays

Avant spécialisation des 2 pays (situation d’autarcie)


Drap 90 1 100 1 2
Vin 80 1 120 1 2
Nombre d’unités de marchandises produites par les 2 pays 4
Après spécialisation des 2 pays (situation de commerce international)
Drap 0 0 220 2,2 2,2
Vin 170 2,125 0 0 2,125
Nombre d’unités de marchandises produites par les 2 pays 4,325
Source : David Ricardo, Des principes de l’économie politique et de l’impôt, chapitre VII, 1817.

La productivité du Portugal dans le vin est de 1/80 : il faut 80 travailleurs


pour produire 1 unité de vin. Celle de l’Angleterre est de 1/120. Le Portugal est
donc 1,5 fois plus productif que l’Angleterre dans le vin : (1/80)/(1/120) = 1,5,
mais seulement 1,1 fois plus dans le drap : (1/90)/(1/100) ≈ 1,1.
Le Portugal doit donc se spécialiser dans le vin, et l’Angleterre dans le drap.
Il en résulte alors une hausse de la production dans les deux pays et dans
le monde (de 4 à 4,325 unités).

2 • Les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production 39


7 Les déterminants des échanges
entre pays comparables
En bref Entre 1960 et 1990, l’essor des échanges entre pays comparables
a remis en cause la pertinence des théories traditionnelles du
libre-échange et entraîné le développement de nouvelles théories du
commerce international.

I Les économies d’échelle et la différenciation


1 Les économies d’échelle
Si la production d’un bien fait l’objet d’économies
MOT CLÉ
d’échelle, il est intéressant pour un pays d’en augmen- Les économies d’échelle
ter le volume de production. Chaque unité produite lui représentent une
coûte ainsi de moins en moins cher. Le pays peut alors diminution des coûts
accroître sa clientèle locale et conquérir une clientèle unitaires de production
étrangère amatrice de produits similaires. due à l’augmentation
des quantités produites.
Ici, ce ne sont pas les avantages comparatifs qui déter-
minent la spécialisation, mais l’opportunité de réduire les coûts unitaires. Dès lors,
des pays possédant des ressources et technologies comparables peuvent échanger
entre eux : chacun se spécialise dans une production faisant l’objet d’économies
d’échelle, destinée à des populations locales et étrangères aux caractéristiques com-
parables (consommation, pouvoir d’achat).

2 La différenciation et la qualité
Pour l’économiste suédois Staffan Linder (1931-2000), les producteurs nationaux
produisent pour satisfaire les demandeurs locaux ; les exportations ne servant qu’à écou-
ler leurs surplus. Les produits exportés ont une qualité correspondant à la « demande
domestique représentative » de leur pays. Les pays comparables s’échangent donc des
produits comparables. Seule la qualité varie : les pays riches exportent des produits
haut de gamme tandis que les pays pauvres exportent des produits de qualité moindre.
L’économiste américain Kelvin Lancaster (1924-1999) ajoute que chaque
consommateur souhaite consommer une variété particulière d’un produit. Dès
lors, si cette variété n’est pas disponible dans son pays mais seulement dans un
autre, le commerce international demeure l’option qui lui permet d’y accéder.

II La fragmentation de la chaîne de valeur


1 L’organisation de la production autour des CVM
Une chaîne de valeur désigne l’ensemble des activités menées par les entreprises
pour mettre un produit sur le marché, depuis sa conception jusqu’à sa livraison.
40
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
La production s’organise autour de chaînes de valeur mondiales (CVM).
Différentes activités sont réalisées dans plusieurs pays, au gré des opportunités
qu’ils présentent (fiscalité, facteurs de production, etc.).
Les activités des CVM peuvent être réalisées par une seule entreprise, transna-
tionale (commerce « intra-firme »), ou réparties entre plusieurs intervenants.

2 Les CVM des pays comparables


Des pays comparables peuvent être intégrés dans une même CVM, entraînant
un commerce entre eux de pièces détachées.
Différents pays aux économies comparables participent ainsi à la produc-
tion de l’Airbus A320, un des avions de ligne moyen-courriers les plus vendus
au monde. La France, par exemple, produit une partie du fuselage et reçoit des
pièces détachées provenant d’Allemagne, du Royaume-Uni et d’Espagne pour
l’assemblage final.

zo om Le commerce international expliqué


par les économies d’échelle et la variété
Exemple hypothétique de gains résultant de l’intégration du marché
Marché Marché Marché
de Nation d’Étranger intégré
avant avant après
échange échange échange
Ventes totales de voitures 900 000 1 600 000 2 500 000
Nombre de firmes 6 8 10
Ventes par firme ($) 150 000 200 000 250 000
Coût moyen ($) 10 000 8 750 8 000
Prix ($) 10 000 8 750 8 000
Source : Paul Krugman, Maurice Obstfeld, Marc Melitz, Économie internationale,
Pearson France, 2018.

Avant ouverture au commerce international, la population de « Nation »


a accès à 900 000 voitures provenant de 6 firmes différentes, au prix moyen
de 10 000 $.
Après ouverture, « Nation » et « Étranger » forment un marché intégré.
Sur ce marché, leur population a accès aux produits variés de 10 firmes ; et
grâce aux économies d’échelle, le prix moyen tombe à 8 000 $. Le nombre total
de firmes est passé de 14 à 10 : 4 firmes ont cessé leur activité, faute de pouvoir
rivaliser avec leurs concurrentes.

2 • Les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production 41


8 Aux sources de la compétitivité
des pays
En bref La compétitivité d’un pays désigne sa capacité à exporter ou à
attirer des activités. Celle-ci dépend de la compétitivité de ses firmes et
de ses caractéristiques sociopolitiques et géographiques.

I De la productivité à la compétitivité des firmes


1 Définition et déterminants de la productivité des firmes
La productivité d’une firme mesure son efficacité productive. Une firme est ainsi
plus productive qu’une autre si elle réalise un produit pour un coût plus faible.
La productivité se calcule en divisant une production par ses facteurs de pro-
duction. On mesure ainsi la productivité du travail en divisant la valeur ajoutée
par le nombre de travailleurs mobilisés. La productivité peut aussi être mesurée
par la PGF FICHE 1 .
Différents déterminants peuvent stimuler la productivité des entreprises,
notamment le progrès technique, la formation des travailleurs, ou encore une
augmentation des rémunérations qui peut motiver les travailleurs.

2 La compétitivité des firmes stimulée par les gains de productivité


Les gains de productivité permettent aux firmes de réduire leur coût de produc-
tion et leur prix de vente, et ainsi d’augmenter leur compétitivité-prix, c’est-à-dire
leur capacité à vendre leurs produits à un prix moins élevé que le prix de leurs
concurrentes.
Mais la compétitivité ne dépend pas seu-
lement du prix. La qualité d’un produit, son MOT CLÉ
La compétitivité est la capacité
caractère innovant ou les services associés à augmenter et maintenir ses ventes
stimulent la compétitivité hors-prix (ou de biens et services sur le marché
structurelle) de la firme qui le réalise et sa international ou sur le marché national.
capacité à gagner des parts de marché sur des
concurrents parfois moins chers.
Les revenus résultant des gains de productivité peuvent être investis en recherche
et développement pour améliorer les produits et stimuler la compétitivité hors-
prix des firmes.

II Les déterminants de la compétitivité d’un pays


1 La compétitivité des firmes
Plus les compétitivités-prix et hors-prix de ses firmes sont élevées, plus les
exportations d’un pays sont susceptibles d’être élevées.
42
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

Cette compétitivité peut être stimulée par des gains de productivité qui
réduisent les coûts unitaires de production et procurent un revenu qui peut être
réinvesti pour innover.
Elle peut être stimulée de différentes autres manières : une baisse de la rému-
nération du travail et du capital qui permet de réduire les coûts de production ;
des consommations intermédiaires accessibles à bon marché ; des niveaux
d’impôts et de cotisations sociales modérés en comparaison des pays concur-
rents.

2 Des critères sociopolitiques et géographiques


L’économiste américain Paul Krugman affirme que la compétitivité ne peut
être réduite à la productivité, car elle a une dimension politique et sociale.
Un pays n’est pas une entreprise.
MOT CLÉ
La compétitivité d’un pays peut alors être mesu- L’attractivité d’un pays est
rée par son attractivité. Celle-ci dépend des coûts de sa capacité à attirer et retenir
production ou du niveau des impôts ; mais aussi de la sur son territoire des activités
disponibilité et de la qualité des infrastructures (éta- économiques et des facteurs
blissements scolaires, hôpitaux, etc.), de la stabilité de production (travailleurs
et capitaux).
politique, de la situation géographique, etc.

zo om Les sommets « Choose France »

Le 21 janvier 2019, la deuxième édition du sommet « Choose France » a réuni


au Château de Versailles 150 chefs d’entreprise, plusieurs membres du gouverne-
ment et le président Emmanuel Macron (au centre sur la photo). Ces sommets ont
pour objectif de valoriser l’attractivité économique de la France auprès des petites
et grandes entreprises.
En 2018, la France est le 17e pays le plus compétitif selon le World Economic
Forum, mais le 7e pays le plus attractif selon le cabinet A.T. Kearney.

2 • Les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production 43


9 Aux sources des chaînes
de valeur mondiales (CVM)
En bref Les échanges concernent davantage des biens intermédiaires
que des produits finis. En effet, les firmes multinationales recourent
de façon croissante à la décomposition internationale de leur processus
productif (DIPP), c’est-à-dire à la répartition des étapes de leur produc-
tion dans plusieurs pays.

I Les facteurs techniques et politiques


1 L’évolution des technologies et le libre-échange
La baisse des coûts de transport a facilité la dispersion géographique de la
production.
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC)
ont facilité la synchronisation d’unités de production dispersées.
L’évolution des techniques de production a permis la décomposition et la
standardisation des étapes de la production, qui peuvent alors être confiées à des
unités de production différentes, situées dans différents pays.
Pour que des composants puissent être transportés puis assemblés pour for-
mer un produit fini, les pays doivent pratiquer le libre-échange FICHE 10 .
Le GATT à partir de 1947 puis l’OMC à partir de 1995, ou encore la constitu-
tion de grands marchés régionaux dans les années 1990 (Union européenne,
Mercosur, Alena, etc.) ont favorisé cette ouverture.

2 Le rôle des firmes multinationales (FMN)


Les différentes phases de production d’un produit étant segmentables, les en-
treprises cherchent à installer leurs unités de production dans différents pays,
selon leur attractivité.
Les firmes multinationales recourent également MOT CLÉ
de plus en plus à l’externalisation : elles renoncent Une firme multinationale,
alors au contrôle d’une étape de la production au ou transnationale, est une
profit de multiples partenaires extérieurs (clients, firme qui possède ou contrôle
fournisseurs, etc.) pour se concentrer ainsi sur le des unités de production
dans plusieurs pays.
cœur de leur activité.
Cette CVM peut s’inscrire également dans des logiques de glocalisation, consistant
à concilier concentration de la production afin de réaliser des économies d’échelle,
et adaptation du produit final aux demandes locales. Les sandwichs de l’entreprise
McDonald’s, par exemple, s’adaptent aux habitudes alimentaires locales des pays où
ils sont vendus.

44
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

II Les modalités de transnationalisation des entreprises


1 Les investissements directs à l’étranger
Les firmes se transnationalisent en MOT CLÉ
opérant des investissements directs à Les investissements directs à l’étranger
l’étranger (IDE). consistent pour une entreprise située
dans un pays à prendre le contrôle
On distingue les investissements qui
d’au moins 10 % du capital social
résident dans le fait de créer de toutes d’une entreprise située dans un autre pays.
pièces une unité de production dans un
pays étranger, de ceux qui consistent à acquérir une unité déjà existante.

2 Les délocalisations
Lorsque la firme ferme des unités de production dans un pays pour ouvrir des uni-
tés de substitution dans d’autres pays, on parle de délocalisation au sens strict. Selon
l’Insee, ce phénomène concerne 5 % des sociétés françaises non financières, princi-
palement pour des raisons de coûts et d’accès à des marchés étrangers.
Au sens large, on parle de délocalisation lorsqu’une entreprise procède à un
IDE. On considère en effet que même si elle ne ferme pas une unité de produc-
tion, elle prive un pays d’un apport de capitaux au profit d’un autre.

zo om Les étapes de la CVM de l’iPhone


Valeur ajoutée
Apple (EU) Apple (EU)
R & D, Design Marketing, SAV
Japon, Corée du Sud
Écran
EU, Japon
Mémoire interne
Taïwan
Fabrication

Savoir en matière de Fabrication,


recherche et développement services standardisés Savoir commercial

Étapes de la chaîne de valeur mondiale


Source : Grimes & Sun, China’s evolving role in Apples GVC,
Area Development & Policy, 2016.

La répartition des étapes de la CVM prend la forme de la « courbe du sourire ».


Les pays les plus avancés (États-Unis, Japon et Corée du Sud) se partagent
la réalisation des segments qui produisent la plus forte valeur ajoutée : la R&D,
le design et la commercialisation.
Les segments qui produisent le moins de valeur ajoutée sont laissés aux pays
moins avancés (Taïwan), même s’ils peuvent parfois être pris en charge par
des unités de production des pays avancés (États-Unis).

2 • Les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production 45


10 Le débat opposant libre-échange
et protectionnisme
En bref Bien que de nombreuses théories préconisent le développement
du commerce extérieur, une contestation croissante de la mondia-
lisation semble en nuancer les avantages. Ce débat oppose les partisans
du libre-échange à ceux du protectionnisme.

I Le libre-échange
1 Les avantages du libre-échange MOT CLÉ
Le libre-échange est
Le libre-échange augmente les profits des pro- une doctrine qui préconise
ducteurs. Leur spécialisation et les économies la suppression de toute entrave
aux échanges et la spécialisation
d’échelle stimulent leur productivité et leurs profits.
internationale.
Il augmente la satisfaction des consommateurs
en leur offrant une plus grande variété de produits à des prix moins élevés.
Il peut contribuer à réduire les inégalités entre les pays. En s’intégrant au
commerce mondial, la Chine a réduit l’écart de niveau de vie qui la séparait des
pays riches.

2 Les risques du libre-échange


Les entreprises les moins compétitives font faillite, au détriment de l’emploi local.
Comme le regrette A. Gutteres, Secrétaire général des Nations unies, le libre-
échange augmente les inégalités au sein de chaque pays. Les travailleurs les plus
qualifiés et les capitaux peuvent s’offrir aux pays les plus rémunérateurs ; les tra-
vailleurs les moins qualifiés doivent accepter des rémunérations locales faibles.
Toute spécialisation n’est pas nécessairement avantageuse : si un pays pro-
duit un bien dont la valeur baisse sur les marchés internationaux, sa production
en volume augmente, mais ses revenus chutent.

II Le protectionnisme
1 Les avantages du protectionnisme MOT CLÉ
Le protectionnisme désigne les mesures visant Les droits de douane sont
des impôts prélevés sous la forme
à protéger la production nationale contre la
d’un pourcentage du prix
concurrence étrangère, notamment pour protéger de la marchandise importée.
l’emploi ou certains secteurs d’activité comme
l’agriculture. Il peut se manifester par une hausse du prix des importations
(droits de douane, subventions aux producteurs locaux, baisse du taux de
change) ou par des limites (quotas, normes techniques et sanitaires, etc.).

46
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
Le protectionnisme peut également chercher à protéger des activités jugées
d’intérêt national (agriculture au nom de l’indépendance alimentaire, etc.) ou
encore être brandi comme recours contre des pratiques étrangères jugées déloyales
(dumping socio-fiscal ou environnemental).

2 Les risques du protectionnisme


Le protectionnisme limite la concurrence et n’incite donc pas à innover et
gagner en productivité ; il en résulte un maintien des prix à un niveau élevé.
Il peut entraîner des représailles des pays étrangers. En réponse au relève-
ment des droits de douane américains sur ses produits (passés de 3,1 à 21,8 %
entre mars 2018 et septembre 2019 à la demande du président D. Trump), la
Chine a relevé ceux qu’elle applique à ses importations de produits américains
(de 8 à 21,8 %).
Le recours au protectionnisme peut être inégalitaire : les subventions de l’Union
européenne permettent à ses agriculteurs de rivaliser avec des produits d’Amérique
du Sud qui seraient plus compétitifs sinon.

zo om La hausse du protectionnisme depuis 2008


Nombre de mesures restrictives
introduites depuis la crise

1200

1000

800

600

400

200

0
08
09
10
11
12
13
14
15

20 6
S1
1
20
20
20
20
20
20
20
20
20
17

Source : OMC/OCDE/CNUCED.

Le nombre de mesures commerciales restrictives a été multiplié par plus de 30


entre 2008 et le premier semestre (S1) de 2017.
En effet, en période de ralentissement économique, les pays prennent des
mesures qui découragent les importations afin de protéger les producteurs locaux.

2 • Les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production 47


MÉMO VISUEL

Les déterminants des échanges

Entre pays dif férents


• Avantages absolus (Adam Smith)
• Avantages relatifs / comparatifs (David Ricardo)
• Dotations factorielles (HOS)

Entre pays comparables


• Économies d’échelle
• Différenciation et demande de variété
• Fragmentation de la chaîne de valeur mondiale

Aux sources
de la compétitivité des pays

La productivité des firmes LE COMMERCE


• Baisse des coûts de production unitaires
• Source de compétitivité-prix et hors-prix

La compétitivité des pays


• Firmes compétitives
• Qualité des infrastructures
• Situations géographiques avantageuses
Classement des pays les plus compétitifs au monde en 2018
12 Canada 8 Royaume-Uni 9 Suède
11 Finlande

10 Danemark

6 Pays-Bas

3 Allemagne

Japon 4 Suisse
5
17 France
1 États-Unis 2 Singapour 7 Hong Kong
Source : Forum Economic Mondial  The Global Competitiveness Report.

48
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

Aux sources des chaînes


de valeur mondiales

Les facteurs techniques et politiques


• Développement des nouvelles technologies
de l’information et de la communication
• Progrès techniques dans les transports
• Accords de libre-échange (GATT, UE)

Les modalités de transnationalisation


des entreprises
• Investissement direct à l’étranger (IDE)
• Délocalisations au sens strict
• Délocalisations au sens large
Les différentes provenances
des composants de l’iPhone 6S
Modem Stockage de données
Chine (Qualcomm) Japon (Toshiba)

INTERNATIONAL Batterie
Chine (Huapu
Caméra
Japon (Sony)
Technology)
Écran
Module Wifi
Japon (Asahi)
Chine
(Universal
Scientific
Industrial)
Mémoire
Receveur RAM
de fréquence Corée
radio (Samsung)
Chine
(Qualcomm) Processeur
Chassis
Le débat opposant Chine
Minéraux rares
Corée (Samsung),
Taiwan (TSMC)
libre-échange États-Unis, Chine Source : iFixit; CNet.

et protectionnisme

Les avantages et risques du libre-échange


• Hausse de la productivité et du profit des entreprises
• Baisse des prix, différenciation et variété des produits
• Hausse du chômage, inégalités, spécialisations désavantageuses

Les avantages et risques du protectionnisme


• Protection des producteurs locaux • Guerre commerciale
• Maintien des prix à un niveau élevé • Avantage des pays riches
2 • Les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production 49
OB JEC TIF
SUJET 3 B AC
MOBILISATION DES CONNAISSANCES 30 min Productivité
et compétitivité
La compétitivité est au cœur des discours
gouvernementaux, qui y voient la condition
de la croissance économique et de l’emploi,
tirés par les exportations. Comment peut‑elle alors
être stimulée ?

L E S UJ E T
Comment les gains de productivité peuvent-ils stimuler la compétitivité
d’un pays ?

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de la mobilisation des connaissances p. 312.

Définir les mots clés


◗ La productivité désigne l’efficacité avec laquelle un produit est réalisé.
◗ La compétitivité d’un pays désigne sa capacité à exporter ou à attirer des activités.

Structurer la réponse
◗ Nous montrerons d’abord que les gains de productivité des firmes stimulent leur
compétitivité-prix.
◗ Nous expliquerons ensuite qu’ils permettent également de stimuler leur
compétitivité hors-prix.

50
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

CORRIGÉ

Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
La compétitivité d’un pays désigne sa capacité à exporter ou à attirer des activités. Les
gains de productivité, c’est-à-dire d’efficacité productive, réalisés par ses entreprises
peuvent stimuler à la fois la compétitivité-prix et la compétitivité hors-prix d’un pays.

Développement
◗ Lorsqu’une entreprise réalise des gains de productivité, elle réduit la quantité de
facteurs (travail et capital) nécessaires pour produire une unité de bien ou de ser-
vice. La baisse des coûts de production qui en résulte lui permet alors de réduire
ses prix sans réduire sa marge bénéficiaire. Une telle réduction de prix stimule ses
exportations et donc la compétitivité-prix du pays où elle est localisée.
◗ Les gains de productivité peuvent aussi stimuler la
compétitivité hors-prix. En effet, les bénéfices qu’ils À NOTER
procurent aux firmes leur permettent de financer des Attention à ne pas confondre
dépenses de recherche et développement (R&D) et ainsi production et productivité :
d’améliorer la qualité de leurs produits, ou de réaliser la productivité s’obtient
en divisant un indicateur
de nouveaux produits ; deux ressorts qui peuvent attirer
de production par la quantité
une clientèle en quête de qualité et d’innovation. de facteurs utilisés.
Conclusion
Les gains de productivité, parce qu’ils permettent de réduire les prix et/ou d’aug-
menter les marges bénéficiaires et les investissements en R&D des entreprises,
augmentent à la fois la compétitivité-prix et la compétitivité hors-prix des firmes.
Leurs produits ont alors plus de chance d’être exportés, autrement dit la compé-
titivité de leur pays est stimulée.

2 • Les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production 51


OB JEC TIF
SUJET 4 B AC
ÉTUDE D’UN DOCUMENT 1h Commerce international
et croissance économique
Pour de nombreux gouvernants prônant le libre‑
échange, le commerce international est source de
croissance économique. Est‑il possible de mettre en
évidence une corrélation entre les deux phénomènes ?

L E S UJ E T

1. Faites une phrase pour présenter la donnée corres-


SAVOIR-FAIRE
pondant à la courbe en pointillé bleue du document.
Cette donnée est un taux de
variation moyen : elle indique
2. Mettez en évidence un lien entre l’évolution l’évolution de la variable en
du commerce des marchandises et celle du PIB au moyenne chaque année (en %).
niveau mondial.

Document Croissance du volume du commerce des marchandises1


et du PIB au niveau mondial, 2011-2020
(variation annuelle en %)
5,0

4,0

3,0

2,0

1,0

0,0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 20192 20202
Commerce Croissance moyenne des échanges 2000-2018

PIB Croissance moyenne du PIB 2000-2018

1. Le commerce des marchandises est mesuré par la moyenne des exportations et importations.
2. Projections.

Sources : OMC et CNUCED pour le commerce,


estimations consensuelles pour le PIB.

52
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de l’étude d’un document p. 313.

Définir les mots clés


◗ Le produit intérieur brut (PIB) mondial mesure la production de biens et ser-
vices dans le monde une année donnée.
◗ Le terme volume signifie que l’évolution du commerce et celle du PIB sont
mesurées sans tenir compte de la variation des prix.

Comprendre le document
Ce document classique permet d’observer une corrélation positive entre les
variations du PIB mondial et du commerce des marchandises.

Structurer la réponse à la seconde question


◗ Vous pouvez, en introduction, présenter le document.
◗ Dans le développement, il faut, en s’appuyant sur les données du document,
mettre en évidence une corrélation positive entre les deux variables et, éven-
tuellement, les variations d’intensité de cette corrélation.

LE CORRIGÉ
1. Selon ce document, entre 2000 et 2018, le commerce mondial des marchandises
a augmenté de 3,8 % en moyenne chaque année.
2. Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.
Introduction
Ce document représente les variations du produit intérieur brut et du commerce des
marchandises au niveau mondial entre 2011 et 2020 (projection), en pourcent chaque
année, et en moyenne annuelle sur la période 2000-2018. Ces évolutions sont expri-
mées en volume, c’est-à-dire sans prendre en compte l’évolution des prix. Ce docu-
ment permet de comparer l’évolution en volume de la production de biens et services
et celle de la moyenne des exportations et importations mondiales.
Développement
MOT CLÉ
◗ On observe une corrélation positive entre l’évo- Deux variables sont corrélées si
lution en volume du PIB et du commerce des elles évoluent systématiquement
marchandises au niveau mondial. En effet, ces dans le même sens (corrélation
évolutions connaissent des variations parallèles positive) ou dans des sens
opposés (corrélation négative).
de sens identique : lorsque l’une accélère, l’autre

2 • Les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production 53


accélère également, et vice versa. Notons que la seconde croît plus rapidement en
moyenne que la première (3,8 % contre 2,7 % en moyenne chaque année entre
2000 et 2018). Par exemple, entre 2011 et 2012, la croissance du PIB mondial en
volume ralentit, passant de 2,9 à 2,3 % (– 0,6 point), conjointement à celle du
commerce des marchandises (– 3 points). À l’inverse, entre 2016 et 2017, les deux
accélèrent conjointement, respectivement de 0,6 et 3 points.
◗ Cette corrélation est plus ou moins intense. Par exemple, bien que le ralentisse-
ment de la croissance en volume du commerce des marchandises ait été plus fort
entre 2011 et 2012 (– 3 points) qu’entre 2015 et 2016 (– 0,6 point), celui du PIB
mondial a été équivalent durant ces deux périodes (– 0,6 point).
Conclusion
S’il n’est pas possible de conclure à l’existence d’une causalité entre les deux
variables sur la base de ce seul document, celui-ci indique néanmoins une corréla-
tion positive entre les évolutions en volume du commerce des marchandises et du
PIB au niveau mondial.

54
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
OB JEC TIF
SUJET 5 B AC
DISSERTATION 4 h 00 Libre-échange
et protectionnisme
Alors que l’arrivée de Donald Trump au pouvoir
a conduit à un regain de protectionnisme
des États‑Unis, l’Union européenne se veut
le chantre du libre‑échange.
Comment comprendre cet antagonisme ?

L E S UJ E T
Quels sont les termes du débat entre libre-échange et protectionnisme ?

Document 1 Les effets attendus de l’accord de libre-échange


UE-Canada
L’Accord économique et commercial global (AEGC) entre l’Union euro-
péenne et le Canada (CETA) […] réduit drastiquement les barrières tarifaires
et non-tarifaires aux échanges commerciaux […].
La Commission européenne estime que le CETA devrait accroître de
5 25 % les échanges commerciaux UE-Canada. Selon l’étude de 2009 qu’elle
a menée avec le gouvernement canadien, le CETA est supposé, à terme, faire
progresser le PIB de l’UE de 0,02 % à 0,08 %. […]
Le cadre prévu par le traité en matière d’investissements permettrait,
quant à lui, de favoriser l’emploi en Europe. Les études économiques favo-
10 rables au CETA estiment que pour chaque milliard d’euros investi par l’UE,
14 000 emplois seraient soutenus.
En conséquence, le traité favoriserait la compétitivité des entreprises euro-
péennes tout en entraînant une baisse de prix pour les consommateurs, selon
la Commission européenne, qui assure par ailleurs que les normes de qualité
15 seront maintenues. En effet, si de nombreux détracteurs du CETA déplorent
une remise en cause des normes européennes, la Commission avance que
le CETA pourrait favoriser la coopération régulatrice des deux partenaires.
L’UE affirme aussi que le CETA prévoit de protéger les spécificités culturelles
et traditionnelles des deux partenaires – par exemple en reconnaissant et
20 protégeant 143 indications géographiques (sur 1 500 existantes dans l’UE)
dont 42 en France […].
Source : « Qu’est-ce que le CETA ? », Touteleurope.eu, 23 juillet 2019.

2 • Les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production 55


Document 2  olume d’importations supplémentaires taxées
V
et hausse des tarifs douaniers entre les États-Unis
et la Chine en 2018 et 2019
Principaux développements ÉTATS-UNIS CHINE
6 juillet 2018 34 milliards $ 34 milliards $
à 25 %

23 août 16 milliards $ 16 milliards $


à 25 %
24 septembre 200 milliards $ 60 milliards $
à 10 %

9 – 10 mai 2019
10 mai 200 milliards $
1er juin hausse de 10 60 milliards $
à 25 % hausse jusqu’à
25 %

31 juillet Reprise des négociations à Shanghai.


Pas d’avancée majeure.
1 septembre
er
300 milliards $
à 10 %

Source : AFP, Franceculture.fr, août 2019.

Document 3 Les effets de la mondialisation sur la France


Question : Pour vous, la mondialisation a-t-elle eu en France
des effets positifs, négatifs ou aucun effet sur… ?
(panel de 1 002 personnes, réponses en %)
des effets des effets
positifs négatifs

… la croissance 4 29 32 17 15 3 33 49

… le pouvoir d’achat 3 22 35 23 14 3 25 58

… la préservation
3 20 32 23 19 3 23 55
de l’environnement

… l’emploi 3 17 35 29 13 3 20 64

… les salaires 2 14 39 26 16 3 16 65

Des effets Des effets Des effets Des effets Aucun Ne se


très positifs plutôt positifs plutôt négatifs très négatifs effet prononce pas

Source : Sondage Opinion Way pour Le Printemps de l’économie, février 2018.

56
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de la dissertation p. 316.

Analyser la consigne et dégager une problématique


quels sont les termes
du débat
On vous demande de confronter
des idées opposées : il s’agit
d’un sujet de type discussion.
protectionnisme
Ensemble de mesures visant
Analyse du sujet à protéger la production
d’un pays contre
la concurrence étrangère.
libre-échange
Doctrine qui préconise
la suppression des entraves
aux échanges internationaux.

◗ Problématique. Quels sont les arguments du débat opposant protectionnistes


et libre-échangistes ?

Exploiter les documents


Document 1
Le document 1 présente les effets attendus de l’accord de libre-échange entre
l’Union européenne et le Canada. Le document met l’accent sur les effets posi-
tifs : quels sont-ils ? Il évoque également quelques inquiétudes que l’Union
européenne semble avoir prises en compte : lesquelles ?
Document 2
◗ Le document 2 présente les étapes de la guerre commerciale que se livrent les
États-Unis et la Chine en 2018 et 2019. Comment a évolué le volume d’impor-
tations supplémentaires taxées aux États-Unis ? Et les droits de douane appli-
qués ? Pourquoi peut-on parler d’escalade du protectionnisme ?
◗ Lecture : Le 6 juillet 2018, les États-Unis ont décidé de taxer 34 milliards de
dollars d’importations en provenance de Chine à 25 % ; la Chine décide, elle, de
taxer 34 milliards de dollars d’importations en provenance des États-Unis.
Document 3
Le document 3 présente des considérations qui peuvent influencer le soutien
au libre-échange ou au protectionnisme. Quels sont les domaines qui, pour les
sondés, souffrent le plus de la mondialisation en France ? En quoi la mondiali-
sation pourrait-elle expliquer ces effets négatifs ?

2 • Les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production 57


Définir le plan
◗ Le libre-échange stimulerait la croissance économique.
1 Les arguments De quelle façon ? (doc. 1)
des libre-échangistes
◗ Quels pourraient être les effets positifs spécifiques du
libre-échange sur les producteurs ? (doc. 1)
◗ Et sur les consommateurs ? (doc. 1)

◗ Dans quels cas le protectionnisme peut-il être sou-


2 Les arguments haitable temporairement ?
des protectionnistes
◗ Quels sont les risques du libre-échange ? (doc. 3)
◗ Comment les mesures protectionnistes peuvent-
elles soutenir durablement les choix socio-fiscaux et
environnementaux des pays ? Grâce à quelles mesures
tarifaires et non tarifaires ? (doc. 2)

CORRIGÉ

Les titres en couleur ou entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
[accroche] La présidence de Donald Trump aux États-Unis semble avoir marqué
un retour du protectionnisme, soit un ensemble de mesures visant à protéger la
production d’un pays contre la concurrence étrangère. Pourtant, l’Union euro-
péenne ne cesse de confirmer son soutien au libre-échange, à la suppression des
entraves aux échanges internationaux.
[problématique] Quels sont les arguments du débat opposant protectionnistes et
libre-échangistes ? [annonce du plan] Nous présenterons d’abord les effets posi-
tifs attendus du libre-échange, sur la croissance et, en particulier, sur les consomma-
teurs et producteurs ; nous traiterons ensuite l’intérêt des mesures protectionnistes,
dans le soutien des choix socio-fiscaux et environnementaux des pays.

I. Les arguments en faveur du libre-échange

LE SECRET DE FABRICATION
Distinguer un effet macroéconomique (stimulation de la croissance)
et des effets microéconomiques (amélioration de la satisfaction
des consommateurs et des profits des producteurs).

58
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
1. Le libre-échange peut stimuler la croissance économique
◗ Selon les économistes classiques, le libre-échange permet aux pays de se spéciali-
ser et ainsi de stimuler leur productivité et la croissance. La théorie des avantages
comparatifs de David Ricardo montre que, dans un contexte de libre-échange, la
spécialisation de chaque pays dans la production pour laquelle il est relativement
le plus productif, permet une utilisation plus efficace des facteurs de production,
ce qui stimule la productivité et conséquemment la croissance économique.
◗ Ce raisonnement est enrichi par le modèle des dotations factorielles (HOS)
qui montre que chaque pays doit se spécialiser dans celle de ses productions qui
mobilise intensivement le facteur de production qu’il possède en abondance. En
effet, cette abondance garantit un prix plus faible des ressources et donc un coût
de production réduit, autre manifestation des gains de productivité, susceptibles
de stimuler la croissance économique.
◗ En outre, en accentuant la concurrence entre les producteurs du monde entier, et
donc leur souci de compétitivité, le libre-échange stimule l’innovation, source de
gains de productivité et donc de croissance.
◗ La Commission européenne estime ainsi que l’accord de libre-échange que
l’Union européenne a signé avec le Canada devrait, à terme, faire progresser le PIB
de l’UE de 0,02 % à 0,08 % (doc. 1).
2. Le libre-échange améliore la situation des producteurs
◗ Le libre-échange peut stimuler les profits des producteurs. D’une part, il leur per-
met d’accéder à des biens et services plus diversifiés et moins onéreux produits à
l’étranger. Ils peuvent ainsi trouver des produits plus adaptés et réduire leurs coûts
de production. Ces effets stimulent leur productivité et en conséquence augmen-
tent leurs profits unitaires.
◗ D’autre part, le libre-échange permet aux producteurs d’exploiter les avantages
des différents pays : ils peuvent procéder à une décomposition internationale de
leur processus productif. La mondialisation de leur chaîne de valeur consiste alors
à localiser les différentes étapes de leur production dans les territoires qui pré-
sentent le plus d’avantages.
◗ Enfin, la possibilité d’écouler leurs produits sur un vaste marché international
leur permet de réaliser des économies d’échelle. La baisse du coût de production
unitaire liée à l’augmentation du volume de production entraîne alors une baisse
des coûts de production.
3. Le libre-échange améliore la situation des consommateurs
◗ Le libre-échange peut améliorer la satisfaction des consommateurs. D’une part,
la réduction des coûts de production résultant de la spécialisation et des économies
d’échelle favorise une baisse du prix de vente des produits sur les marchés interna-
tionaux et, ainsi, augmente le pouvoir d’achat des consommateurs.
◗ D’autre part, l’accès au marché international augmente la variété des biens et
services disponibles à l’achat.

2 • Les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production 59


II. Les arguments en faveur du protectionnisme
1. Le protectionnisme peut être un préalable au libre-échange
◗ Selon l’économiste allemand Friedrich List, un protectionnisme éducateur peut être
souhaitable. En effet, certains nouveaux producteurs nationaux peuvent souffrir d’un
manque d’expérience qui les handicape au regard des performances de producteurs
étrangers plus expérimentés. On peut les protéger temporairement, pour qu’ils accèdent
à un niveau de compétitivité suffisant pour rivaliser avec leurs concurrents étrangers.
◗ Au-delà d’une simple protection tarifaire, comme la mise en place de droits de
douane qui viennent renchérir le prix des importations, un pays peut décider de
subventionner des producteurs pour les aider à rivaliser avec des concurrents étran-
gers. Une telle politique commerciale stratégique permet à une entreprise d’aug-
menter son volume de production et ainsi réaliser des économies d’échelle qui, en
réduisant ses coûts unitaires, stimulent sa compétitivité.
2. Le protectionnisme répond aux risques du libre-échange
◗ Le libre-échange est vecteur de risques : les entreprises moins compétitives font
faillite, au détriment de l’emploi local ; travailleurs qualifiés et capitaux peuvent
s’offrir aux pays les plus rémunérateurs, creusant les inégalités ; pour stimuler leur
compétitivité, les pays peuvent renoncer à des mesures redistributives et environne-
mentales coûteuses ; l’indépendance nationale peut être remise en cause.
◗ Un sondage Opinion Way de février 2018 montre que, pour près des deux tiers
des sondés, la mondialisation a des effets négatifs sur l’emploi et les salaires. Plus
de la moitié y voit un risque pour l’environnement. (doc. 3)
3. Les mesures tarifaires et non tarifaires
ont des actions complémentaires
◗ Des mesures tarifaires durables peuvent être mises en place : droits de douane ;
subventions aux producteurs locaux ; réduction du taux de change. Entre juil-
let 2018 et septembre 2019, les États-Unis ont progressivement augmenté le
volume d’importations chinoises taxées (750 Mds $ au total) et leurs droits de
douane (jusqu’à 25 %). De son côté, la Chine a taxé 170 Mds $ d’importations
américaines (jusqu’à 25 % aussi). (doc. 2)
◗ Des mesures non tarifaires durables peuvent
MOT CLÉ
aussi être instaurées : quotas d’importation visant
Le dumping socio-environnemental
à limiter le volume de produits étrangers suscep- consiste à limiter les contraintes
tibles de concurrencer les produits locaux ; normes redistributives (prélèvements
sociales, techniques et sanitaires visant à réduire obligatoires) et écologiques (coûts
les risques de dumping socio-environnemental. de mise aux normes) pour ne pas
dégrader la compétitivité du pays.
Conclusion
[bilan] Faire confiance au libre-échange pour stimuler la croissance, ou soutenir des
mesures protectionnistes pour protéger des risques du libre-échange, tels sont les axes
du débat qui oppose ces deux options de politique commerciale.
[ouverture] Si la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine nous rappelle
les risques d’escalade du protectionnisme, le libre-échange, lui, nourrit des inégalités
et nuisances environnementales qui imposent d’en relativiser les vertus…
60
Économie
3 La lutte contre le chômage

Pôle emploi joue un rôle fondamental dans la lutte contre le chômage :


cet établissement public accompagne les demandeurs d’emploi et les indemnise.
En publiant régulièrement des données, il contribue également à la mesure
du chômage.

TEST Pour vous situer et identifier les fiches à réviser 62

11 Définir et mesurer le chômage 64


FICHES 12 Le chômage structurel : des causes multiples 66
DE COURS 13 Le chômage conjoncturel : les causes 68
14 Les principales politiques de lutte contre le chômage 70
MÉMO VISUEL 72
objectif bac
SUJETS GUIDÉS 6 ÉTUDE D’UN DOCUMENT Taux de chômage selon l’âge et le sexe 74
& CORRIGÉS 7 MOBILISATION DES CONNAISSANCES Chômage conjoncturel
et politique économique 76
8 RAISONNEMENT La lutte contre les différents types de chômage 78

61
TESTEZ-VOUS CORRIGÉS P. 318-320

Faites le point sur vos connaissances,


connaissances
puis établissez votre parcours de révision
en fonction de votre score.

1 Définir et mesurer le chômage → FICHE 11


1. Un taux de chômage de 9 % signifie que…
a. 9 % des actifs sont au chômage.
b. 9 % des plus de 15 ans sont au chômage.
c. 9 % des chômeurs recherchent activement un emploi.

2. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F


a. Les chômeurs sont des actifs.
b. Chômage et sous‑emploi sont des expressions synonymes.
c. Pôle emploi s’appuie sur une enquête pour mesurer le chômage.
d. Le taux d’emploi se calcule à partir du taux de chômage.
…/2

2 Le chômage structurel : des causes multiples → FICHE 12


1. La fixation d’un salaire d’efficience supérieur au salaire d’équilibre…
a. s’explique par la législation sur le salaire minimum.
b. s’explique par les asymétries d’information.
c. s’explique par l’élévation des qualifications des emplois.
2. Complétez le texte avec les mots qui conviennent.
Le chômage ………… est lié au temps de recherche et d’adaptation d’un emploi
à un autre. L’information, le plus souvent …………, nécessite des ………......…
de prospection importants. En outre, tous les chômeurs ne sont pas …………
géographiquement ou professionnellement.
3. L’existence de prestations sociales…
a. favorise les trappes à inactivité.
b. peut diminuer le chômage conjoncturel.
c. peut favoriser l’employabilité des chômeurs.
…/3

62
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

3 Le chômage conjoncturel : les causes → FICHE 13


1. Le chômage conjoncturel correspond…
a. à un chômage durable affectant une économie.
b. à un chômage saisonnier.
c. à un chômage temporaire lié aux fluctuations économiques.
2. Complétez le texte avec les mots qui conviennent.
L’insuffisance de la ………… anticipée par les chefs d’entreprise en période
de ………… de l’activité économique est source d’un chômage qualifié de …………
En effet, les entreprises vont anticiper une baisse de leurs ………… : elles vont
réduire leur ………… et ajuster à la baisse leurs besoins en ………….

3. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient V F


a. Le chômage dit « keynésien » est un chômage conjoncturel.
b. Le chômage conjoncturel augmente en cas de récession.
c. La baisse des exportations favorise le chômage conjoncturel.
d. La hausse de l’offre de travail est source de chômage conjoncturel.
…/3

4 Les principales politiques de lutte contre le chômage → FICHE 14


1. Sur quel type de chômage peut agir la formation ?
a. le chômage conjoncturel
b. le chômage structurel
c. le chômage saisonnier
2. Associez chaque type de politique de l’emploi à une ou deux mesures.
a. politiques de soutien recours facilité
● ●
à la demande globale aux heures supplémentaires
b. politiques d’allègement
● ● baisse des charges sociales
du coût du travail
c. politiques de flexibilisation
● ● baisse des taux d’intérêt
du marché du travail
● assouplissement des règles
de licenciement
…/2

Score total …/10


Parcours PAS À PAS ou EXPRESS ? MODE D’EMPLOI P. 3

3 • La lutte contre le chômage 63


11 Définir et mesurer le chômage
En bref Lutter contre le chômage implique de définir au préalable ce
qu’on entend par chômage puis de le mesurer. Or cerner la nature du
chômage est complexe.

I Les définitions du chômage


1 Chômage et sous-emploi : de quoi parle-t-on ?
Le marché du travail met en relation une offre de travail (personnes en emploi
ou au chômage) et une demande de travail (employeurs) qui s’ajustent sur un
niveau de prix, le salaire. Le chômage correspond alors à un déséquilibre lorsque
l’offre de travail est supérieure à la demande de travail.
On définit de manière générale le chômage
comme la situation d’une population sans emploi MOT CLÉ
et qui en recherche un. Les chômeurs font partie L’emploi désigne une activité
rémunérée et déclarée.
de la population active.
Les personnes en emploi
Le sous-emploi englobe les personnes occu- sont considérées comme
pant un emploi à temps partiel mais souhaitant actives occupées et les chômeurs
à la recherche d’un emploi
travailler davantage ou encore ayant une activité
sont dits actifs inoccupés.
partielle en raison de difficultés financières de leur
employeur (chômage partiel).

2 Les deux définitions du chômage


En France, deux organismes aux objectifs différents, Pôle emploi et l’Insee,
publient des données sur le chômage. Le premier accompagne les chômeurs tan-
dis que le second produit des études statistiques. Ils n’ont donc pas les mêmes
critères pour définir et mesurer le chômage.
Pôle emploi comptabilise le nombre de demandeurs d’emploi en fin de mois
inscrits dans ses fichiers (DEFM). On distingue 5 catégories de DEFM, de A à E.
La définition du chômage correspond à la situation des DEFM de catégorie A : il
s’agit de la population inscrite à Pôle emploi, sans aucune activité dans le mois et
tenue de faire des « actes positifs » de recherche d’emploi.
L’Insee réalise régulièrement une enquête emploi afin de dresser l’état des lieux
du marché du travail. Le chômage représente l’ensemble des personnes en âge de
travailler (de 15 ans et plus) sans emploi, qui en recherchent un et sont disponibles
pour travailler. Cette définition est celle retenue par les économistes car elle re-
prend les critères d’un organisme international : le Bureau international du travail
(BIT).

64
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

II Les mesures du chômage


1 Une mesure complexe
Les mesures du chômage au sens de l’Insee et de Pôle emploi ne se superposent
pas. Un chômeur peut ne pas être inscrit à Pôle emploi, par exemple un jeune
n’ayant jamais travaillé. En outre, le nombre de DEFM varie au gré des inscrip-
tions et des radiations de l’organisme selon les pratiques en vigueur. A contra-
rio, un senior proche de la retraite, inscrit à Pôle emploi (DEFM), est considéré
comme inactif, et non comme un chômeur, par l’Insee.
La mesure du chômage est complexe puisqu’elle dépend des définitions rete-
nues. En outre, les frontières entre emploi, chômage selon l’Insee et inactivité
sont floues : on parle alors d’un « halo » autour du chômage FICHE 35 .

2 Les indicateurs du chômage


Le taux de chômage, mesuré par l’Insee, est le pourcentage de chômeurs dans
la population active. Il est ainsi calculé :
nombre de chômeurs × 100
population active (en emploi ou au chômage)
Le taux d’emploi est le pourcentage d’actifs occupés, soit des personnes en
emploi, dans la population en âge de travailler. Il est ainsi calculé :
population active occupée × 100
population en âge de travailler
Le taux d’emploi est un indicateur complémentaire au taux de chômage qui
mesure la capacité d’un pays à mobiliser les ressources en main-d’œuvre.

zo om
Nombre de chômeurs selon l’Insee et Pôle emploi (en millions)
En 2017, on dénombre 2,6 millions de 3,6
personnes au chômage au sens du BIT 3,4
contre 3,4 millions selon Pôle emploi
(DEFM de catégorie A). 3,2

Le nombre de chômeurs selon Pôle em- 3,0


ploi est largement supérieur à celui du BIT,
dont les critères sont plus restrictifs. L’écart 2,8
tend à se creuser sur la période. 2,6

2,4
2013 2015 2017
Champ : France métropolitaine, personnes de 15 Inscrits en catégorie A (DEFM)
à 64 ans. Chômeurs au sens du BIT
Source : Insee Références, juillet 2019.

3 • La lutte contre le chômage 65


12 Le chômage structurel :
des causes multiples
En bref Dans la plupart des pays développés coexistent plusieurs types
de chômage. Parmi eux, le chômage dit « structurel » trouve son origine
dans des difficultés d’ajustement du marché du travail.

I Les problèmes d’appariement


et d’information imparfaite
1 L’inadéquation entre offre et demande sur le marché du travail
Sur le marché du travail, certains emplois restent non pourvus alors que le
chômage persiste. Il n’y a pas toujours appariement entre offre et demande de
travail, contrairement aux analyses néoclassiques du marché du travail.

2 Les explications
L’information est imparfaite : le chômeur n’a pas connaissance immédiate de
la création ou de la vacance d’un emploi. Il doit s’informer et cette recherche a
des coûts de prospection (délai de recherche d’emploi, abonnements à des sites
d’offres d’emploi…). On parle alors de frictions sur le marché du travail. Le chô-
mage qui en résulte, difficilement compressible, est qualifié de frictionnel.
Les emplois vacants peuvent être concentrés dans une zone géographique et la
population au chômage dans une autre et être ainsi à l’origine d’inadéquations
spatiales. Or la mobilité induit des surcoûts éventuels (déménagement …) que les
moins qualifiés, aux rémunérations plus basses, ont plus de difficultés à assumer.
Des inadéquations de qualifications existent également entre les qualifica-
tions des actifs et celles requises pour occuper un emploi. Si la formation des chô-
meurs peut pallier cette difficulté, elle induit des délais d’ajustement aux emplois
proposés.

3 Asymétrie d’information et salaire d’efficience


Il existe des asymétries d’information : les employeurs
ne connaissent pas le niveau de productivité des actifs qu’ils MOT CLÉ
recrutent. Pour attirer les meilleurs candidats et les inciter Lors d’un échange
ou d’un contrat,
à être productifs, ils fixent un salaire dit « d’efficience »,
quand l’une des parties
supérieur à celui qui égalise les quantités de travail offertes dispose d’informations
et demandées, soit le salaire d’équilibre. que l’autre ignore,
La fixation de salaires plus élevés que le salaire d’équilibre on parle d’asymétries
d’information.
augmente le coût du travail pour les entreprises. Celles-ci
préfèrent donc moins embaucher, ce qui est source de chô-
mage à l’échelle macroéconomique.
66
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

II Les effets ambivalents des institutions


1 Les effets négatifs des institutions
Selon les néoclassiques, le chômage peut être la conséquence d’un coût du
travail trop élevé par rapport au salaire d’équilibre, celui-ci résultant du libre
ajustement entre offre et demande de travail. L’existence d’un salaire minimum
élevé, suite à des revendications syndicales, illustre ce mécanisme.
Des règles de protection de l’emploi (procédures et coûts liés aux licencie-
ments) peuvent pousser les entreprises à diminuer leur demande de travail qui
devient ainsi inférieure à l’offre de travail. Cette situation est source de chômage.
L’existence d’un faible écart entre les prestations sociales versées aux chômeurs
et le salaire engendré par un retour à l’emploi aurait des effets désincitatifs sur
l’emploi. Les chômeurs pourraient alors tomber dans des trappes à inactivité et
rester plus longtemps au chômage.

2 Les effets positifs des institutions


Les prestations sociales versées aux chômeurs leur laissent du temps pour
rechercher un emploi et se former, augmentant ainsi leur employabilité. Cette
hausse de capital humain peut contribuer à baisser le chômage.
Les prestations sociales permettent de maintenir le niveau de consommation
des chômeurs. Le salaire minimum protège de la pauvreté. Ces revenus sou-
tiennent la demande globale et limitent le chômage conjoncturel FICHE 13 .

zo om Le chômage de longue durée en France

En 2018, 41,5 % des chômeurs, soit environ un million d’actifs, sont au chô-
mage depuis plus d’un an en France : la majorité est non-qualifiée.
La persistance d’un chômage de longue durée renvoie à l’importance du
chômage structurel, lié en partie à l’inadéquation entre les qualifications des
chômeurs et celles exigées par les employeurs.

3 • La lutte contre le chômage 67


13 Le chômage conjoncturel :
les causes
En bref J. M. Keynes est le premier économiste à mettre en évidence
l’existence d’un chômage conjoncturel, un chômage lié aux fluctuations
de l’activité économique.

I L’analyse fondatrice de J. M. Keynes


1 Le contexte et le cadre de l’analyse
MOT CLÉ
Dans les années 1930, les pays industrialisés
La conjoncture est l’état
doivent faire face à une conjoncture inédite. La de l’économie à court terme.
baisse de la production est durable et s’accompagne La variation du PIB ou
d’un chômage de masse. Cette période, qualifiée de encore le taux de chômage
« Grande Dépression », va renouveler les analyses font partie des indicateurs
de la conjoncture.
économiques.
Contrairement aux économistes néoclassiques, J. M. Keynes (1883-1946)
montre que le niveau de l’emploi ne se détermine pas sur le marché du travail
mais dépend du marché des produits. Ainsi la production réalisée ne correspond
pas toujours au niveau de production qui permettrait le plein-emploi.

2 Les causes du chômage


Keynes explique le chômage par une insuffisance de la demande effective ou
anticipée, soit de la demande attendue par les chefs d’entreprise en biens de
production et en biens de consommation. Les entrepreneurs ne prennent pas le
risque de produire plus et encore moins d’embaucher, faute de débouchés.
Ainsi, selon Keynes, le chômage résulte des décisions de production des chefs
d’entreprise compte tenu de leurs anticipations de demande.
Les économistes s’accordent à dire aujourd’hui que plusieurs types de chômage
peuvent coexister. On oppose parfois le chômage structurel au chômage conjonc-
turel parfois appelé chômage keynésien. Ce dernier a tendance à disparaître quand
la conjoncture s’améliore, contrairement au chômage structurel FICHE 12 .

II Des fluctuations de l’activité économique


sources de chômage : les mécanismes
1 L’instabilité de la croissance …
Quand la croissance est instable, on parle de fluctuations économiques. Celles-
ci désignent l’ensemble des mouvements de ralentissement ou d’accélération du
rythme de la croissance économique à court terme. Les périodes de crise sont suivies
de ralentissement ou de baisse de l’activité économique.
68
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
Quand la baisse de la production, mesurée par le PIB, est durable, on parle de
dépression ; s’il s’agit de ralentissement de la croissance du PIB ou baisse plus ponc-
tuelle du PIB, on parle de récession.
Dans une économie, la somme des ressources (ce qui est produit) est égale
à la somme des emplois (l’usage de ces ressources) : c’est l’équilibre emploi-
ressources. On note Y le niveau de production c’est-à-dire le PIB, M les
importations, X les exportations, CF la consommation finale des ménages, I l’in-
vestissement et ∆S la variation de stocks. On a alors l’équation suivante :
Y + M (total des ressources) = CF + I +/–∆S + X (total des emplois)
En isolant le niveau de production, on obtient : Y = CF + I +/–∆S + X – M
La production est égale à la demande globale, somme des demandes de consom-
mation finale, d’investissement, de la variation des stocks et des exportations
diminuées du montant des importations.
À court terme, l’instabilité de la croissance peut ainsi trouver son origine dans
les variations des composantes de la demande globale.

2 … facteur de chômage conjoncturel


Quand les entreprises sont confrontées à une faiblesse des composantes de
la demande globale, elles n’utilisent pas toutes leurs capacités de production
et limitent les embauches, voire licencient. Au niveau macroéconomique, la
récession qui en résulte aggrave le chômage.
On peut ainsi définir le chômage conjoncturel comme résultant d’un ralentis-
sement temporaire de l’activité économique et/ou des fluctuations de la demande
globale.

zo om
Les effets de la crise de 2008 sur le chômage aux États-Unis

Taux de variation du PIB entre le premier trimestre 2008 – 3,5


et le second trimestre 2009 (en %)

Taux de chômage au premier trimestre 2008 (en %) 4,9

Taux de chômage au second trimestre 2009 (en %) 9,2


Source : D’après la revue de l’OFCE, « Chômage à durée indéterminée », octobre 2009.

Entre le premier trimestre 2008 et le second trimestre 2009 aux États-Unis,


la baisse de 3,5 % du PIB s’est accompagnée d’une très forte hausse du taux de
chômage.
L’aggravation du chômage fait suite à la crise de 2008 : elle est essentielle-
ment de nature conjoncturelle FICHE 15 .

3 • La lutte contre le chômage 69


14 Les principales politiques
de lutte contre le chômage
En bref L’existence de plusieurs formes de chômage avec des causes
diverses nécessite des politiques économiques différenciées.

I Politiques de soutien de la demande globale


L’existence d’un chômage conjoncturel appelle des politiques macroécono-
miques de soutien des principales composantes de la demande globale FICHE 13 .
On parle de politiques expansives. Deux instruments, monétaires et budgétaires,
peuvent être combinés.
Les politiques budgétaires expansives peuvent consister à diminuer les
recettes budgétaires, par exemple les impôts sur le revenu, pour augmenter
le revenu disponible des ménages (obtenu en faisant la somme des revenus
primaires et des revenus de transfert – principalement les prestations sociales –
et en retranchant les impôts directs et cotisations sociales) afin de favoriser
la consommation. En augmentant les dépenses budgétaires, sous forme
d’investissements publics, les pouvoirs publics soutiennent également la
demande globale.
Les politiques monétaires de baisse des taux d’intérêt directeurs incitent les
agents économiques à investir, ce qui stimule la demande globale. Le mécanisme
suivant est attendu : les entreprises anticipent une hausse de la demande et
ajustent leur niveau de production en conséquence. Elles vont embaucher davan-
tage, diminuant ainsi le nombre de chômeurs.

II Politiques d’allègement du coût du travail


Le chômage, trouvant son origine dans un coût du
travail trop élevé, est qualifié de classique. Dans la théo- MOT CLÉ
Le coût du travail
rie néoclassique, les entreprises ne décident d’embaucher recouvre les salaires
que si le coût du travail est inférieur à la productivité bruts (salaires nets
marginale du travail. Les travailleurs à plus faible produc- perçus par les salariés
tivité ont ainsi plus de risque d’être confrontés à ce type plus les cotisations
de chômage en l’absence de flexibilité des salaires. sociales salariales)
et les cotisations sociales
Les politiques d’allègement de charges sociales sur les versées par l’employeur.
bas salaires et la création de contrats ciblant les actifs les
moins productifs (jeunes, non qualifiés), assortis de rémunérations plus faibles,
sont des mesures qui permettent d’alléger le coût du travail.
La baisse du coût du travail a pour objectif de stimuler directement la demande
de travail mais aussi de favoriser la compétitivité des entreprises FICHE 8 , source
de croissance, et in fine l’emploi.

70
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

III Politiques de formation et de flexibilisation


du marché du travail
1 Les politiques de formation
Le développement de la formation des actifs peu qualifiés accroît leur poly-
valence et les rend plus employables.
Un système de formation adapté permet une meilleure adéquation entre l’offre
et la demande de travail et réduit la composante structurelle du chômage.

2 La flexibilisation du marché du travail


La flexibilisation du marché du travail englobe les mesures permettant l’adap-
tation de l’offre de travail et de la demande de travail aux besoins des entreprises.
Les pouvoirs publics cherchent à diminuer les rigidités institutionnelles, sources
de chômage structurel FICHE 12 .
Assouplir les règles de licenciement, faciliter le recours aux emplois précaires
(intérim, contrat à durée déterminée…), rendre possible l’adaptation de la du-
rée du travail aux fluctuations de l’activité économique (heures supplémentaires,
temps partiel…) sont des mesures possibles.
Ces mesures, en permettant aux entreprises d’adapter leurs coûts salariaux à
leur environnement économique, doivent faciliter la création d’emplois.

zo om
L’intérim : un exemple de flexibilité du marché du travail

Depuis les années 1980, les pouvoirs publics ont facilité le recours à l’intérim,
ou travail temporaire. Des salariés, embauchés et rémunérés par l’agence
d’intérim, sont mis provisoirement à disposition d’entreprises clientes.
Les entreprises peuvent ainsi facilement adapter leurs effectifs à leurs besoins,
sans avoir à licencier en cas de baisse de la demande dans la mesure où elles n’ont
pas noué de contrat de travail avec les intérimaires.

3 • La lutte contre le chômage 71


MÉMO VISUEL

Définitions et mesures

Deux définitions
• Selon l’Insee : critères du BIT
• Selon Pôle emploi : DEFM de catégorie A

Indicateurs
nombre de chômeurs × 100
• Taux de chômage = population active (en emploi ou au chômage)
population active occupée × 100
• Taux d’emploi = population en âge de travailler

Sous-emploi
Actifs cherchant à travailler davantage

LE

Chômage conjoncturel

Causes
• Fluctuations de l’activité économique
• Insuffisance de la demande anticipée

Effet positif : salaire minimum qui soutient la demande globale

Politiques de lutte contre le chômage conjoncturel


Soutien de la demande globale :
– politique monétaire
– politique budgétaire

72
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

Chômage structurel

Causes
• Coût du travail trop élevé :
– asymétries d’information et salaire d’efficience
– salaire minimum supérieur au salaire d’équilibre
(chômage classique)
• Problèmes d’appariement entre offre et demande
de travail : frictions ; inadéquations spatiales ;
inadéquations de qualifications
• Rigidités sur le marché du travail

Effets des institutions


• Effets positifs : hausse de l’employabilité
• Effets négatifs :
– salaire minimum qui augmente le coût du travail
– rigidités sur le marché du travail
– désincitation à chercher un emploi

Taux de salaire réel


CHÔMAGE
Offre
Smin de travail
E*
(w/p)*

Demande
Chômage
de travail

QD Q* QO Quantité
de travail
Smin : salaire minimum
(w/p)* : salaire d’équilibre

Politiques de lutte contre le chômage structurel


et le chômage classique
• Politiques d’allégement du coût du travail
• Politiques de flexibilisation du marché du travail
• Politiques de formation
3 • La lutte contre le chômage 73
OB JEC TIF
SUJET 6 B AC
ÉTUDE D’UN DOCUMENT 1h Taux de chômage
selon l’âge et le sexe
Ce document permet de qualifier l’évolution
du taux de chômage sur le long terme
et d’en percevoir les différences selon l’âge
et le sexe.

L E S UJ E T
Document Taux de chômage par sexe et âge (en %)

1980 1990 2000 2010 2015


Hommes 3,6 6,0 7,0 8,7 10,5
15 à 24 ans 8,2 13,0 15,1 22,2 25,1
25 à 49 ans 2,5 5,0 6,3 7,7 9,6
50 à 64 ans 3,2 4,5 5,4 5,5 7,6
65 ans ou plus 0,4 0,2 0,0 2,3 2,1
Femmes 7,3 9,7 9,5 9,1 9,5
15 à 24 ans 15,9 17,6 17,3 23,0 22,7
25 à 49 ans 5,1 8,7 9,3 8,4 9,1
50 à 64 ans 4,9 6,2 6,0 5,6 6,4
65 ans ou plus 0,2 0,4 0,0 2,6 1,8
Ensemble 5,1 7,6 8,1 8,9 10,0
SAVOIR-FAIRE
15 à 24 ans 11,6 15,1 16,1 22,6 24,0 Une proportion
25 à 49 ans 3,5 6,6 7,7 8,0 9,4 (ou part) représente
le rapport entre une
50 à 64 ans 3,8 5,2 5,7 5,5 7,0 partie d’un ensemble
65 ans ou plus 0,3 0,3 0,0 2,4 2,0 (le numérateur) et
l’ensemble de référence
Source : Insee, 2017. (le dénominateur).
Pour une lecture explicite
1. Faites une phrase précisant le sens de la donnée d’une proportion,
ensemble en 2015. interrogez-vous
2. Mettez en évidence les principales évolutions des taux sur la façon dont
elle a été calculée.
de chômage selon le sexe et l’âge.
74
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de l’étude d’un document p. 313.

Définir le mot clé


Le taux de chômage désigne la part des chômeurs, c’est-à-dire des actifs sans
emploi à la recherche d’un emploi, dans la population active.

Comprendre le document
Ce tableau, élaboré par l’Insee en 2017, nous donne les taux de chômage en
pourcentage selon le sexe et l’âge, en France, de 1980 à 2015. Il nous permet
de préciser la nature des évolutions des taux de chômage de différentes popu-
lations actives concernées (les hommes, les femmes, les jeunes âgés de 15 à
24 ans …) et ainsi de comparer les évolutions sur toute la période.

Structurer la réponse à la seconde question


◗ Nous mettrons en évidence l’évolution du taux de chômage moyen sur la
période.
◗ Puis nous montrerons que les évolutions de taux de chômage présentent des
différences selon le sexe mais aussi selon l’âge.

LE CORRIGÉ

1. En 2015, les chômeurs représentent 10 % de la population active globale. Il s’agit


du taux de chômage moyen.

2. Les titres de parties ne doivent pas figurer sur votre copie.


Introduction
◗ Ce tableau, élaboré par l’Insee en 2017, présente les taux de chômage en pourcen-
tage selon le sexe et l’âge en France, de 1980 à 2015. Le taux de chômage représente
la part des chômeurs, c’est-à-dire des actifs sans emploi à la recherche d’un emploi,
dans la population active.
◗ Après avoir dégagé les tendances de l’évolution du taux de chômage moyen sur
cette période, nous allons étudier plus en détail celles des taux de chômage des
femmes et des hommes selon les différentes tranches d’âge.
Développement
◗ Le taux de chômage moyen a presque doublé entre 1980 et 2015. Deux périodes
se distinguent par la forte progression du chômage : 1980-1990 puis 2010-2015.

3 • La lutte contre le chômage 75


Sur cette dernière période, le taux de chômage CONSEILS
augmente de plus de 1 point en seulement 5 ans. Quand l’écart entre deux taux
◗ Mais les évolutions de taux de chômage pré- est élevé, il est plus clair
sentent des différences selon le sexe et l’âge. Le d’exprimer la variation sous forme
de coefficient multiplicateur,
taux de chômage des hommes a presque triplé
que sous forme de différence
entre 1980 et 2015 pour atteindre 10,5 %, alors en point(s) de pourcentage.
que celui des femmes a augmenté de seulement
2,2 points sur la même période et s’élève à 9,5 % en 2015. En conséquence, le taux
de chômage des femmes devient inférieur à celui des hommes en 2015 contraire-
ment à la situation de 1980.
◗ Sur la même période, si l’on excepte les actifs de plus de 65 ans relativement épar-
gnés par le chômage, ce sont les hommes actifs âgés de 25 à 49 ans qui ont vu leur
taux de chômage le plus progresser : il a presque quadruplé entre 1980 et 2015. Les
actifs de sexe masculin de moins de 25 ans restent néanmoins les plus touchés :
en 2015 plus d’un quart d’entre eux est au chômage contre un peu plus d’un sur
dix en 1980.
Conclusion
Entre 1980 et 2015 on peut relever des grandes différences d’évolution de taux de
chômage selon le sexe et l’âge. Cela a eu pour effet de diminuer les écarts, surtout
entre les hommes et les femmes. Le taux de chômage des femmes est devenu infé-
rieur à celui des hommes en fin de période.

OB JEC TIF
SUJET 7 B AC
MOBILISATION DES CONNAISSANCES 30 min Chômage conjoncturel
et politique économique
Après la crise de 2008, les États‑Unis et
les pays européens ont rapidement mis en place
des mesures de soutien de la demande globale.
Vous en comprendrez l’intérêt en traitant ce sujet.

L E S UJ E T
Montrez que les politiques de soutien de la demande globale peuvent per-
mettre de lutter contre le chômage.

76
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de la mobilisation des connaissances
p. 312.

Définir les mots clés


◗ Le chômage correspond à la situation d’actifs sans emploi, disponibles et à la
recherche effective d’un emploi.
◗ Le terme politiques englobe les mesures prises par les pouvoirs publics.
◗ La demande globale est la somme de la demande intérieure et extérieure.

Structurer la réponse
◗ Nous mettrons en évidence l’existence d’un chômage de type conjoncturel.
◗ Nous montrerons que les politiques de soutien de la demande globale sont
les plus adaptées pour combattre ce type de chômage.

CORRIGÉ

Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
Les pouvoirs publics mènent différentes politiques de lutte contre le chômage,
situation d’actifs sans emploi, disponibles et à la recherche effective d’un emploi.
Les politiques de soutien de la demande globale ciblent une forme de chômage.

Développement
◗ Dans les années 1930, Keynes a mis en évidence
MOT CLÉ
une forme de chômage lié à une insuffisance de la Le chômage conjoncturel
demande anticipée (demande attendue par les chefs résulte d’un ralentissement
d’entreprise). Dans cette situation, les entrepreneurs temporaire de l’activité
ne prennent pas le risque d’embaucher et de produire économique
par crainte d’une insuffisance des débouchés. On voit et/ou des fluctuations
de la demande globale.
alors apparaître un chômage conjoncturel.
◗ Pour le combattre, il faut relancer la demande globale. Des politiques budgé-
taires vont augmenter la demande intérieure. En diminuant les recettes fiscales,
les pouvoirs publics favorisent la consommation des ménages. En augmentant
les dépenses publiques, ils peuvent financer des prestations sociales soutenant la
consommation. Une politique monétaire de baisse des taux d’intérêt stimule la
consommation et les investissements en abaissant le coût du crédit.
Conclusion
Agir sur la demande permet de lutter contre le chômage conjoncturel.
3 • La lutte contre le chômage 77
OB JEC TIF
SUJET 8 B AC
RAISONNEMENT 2 h 30 La lutte contre les différents
types de chômage
Dans ce sujet, vous devez mobiliser la plupart
des notions et mécanismes du chapitre : la mesure
du chômage, ses formes et toutes les politiques
de l’emploi étudiées. À vous de jouer !

L E S UJ E T
Vous montrerez que les différentes composantes du chômage appellent
des politiques de l’emploi adaptées.

Document 1 La coexistence de differentes formes de chômage


À la composante keynésienne due à [une] insuffisance de la demande
vient se greffer une [autre] composante […] : le chômage de masse en France
se concentre avant tout sur les non-qualifiés. Pour impulser l’emploi des
non-qualifiés, les gouvernements successifs mènent depuis 1993 une poli-
5 tique d’exonération de charges sociales sur les bas salaires. Le crédit d’impôt
pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et le pacte de responsabilité s’ins-
crivent dans cette stratégie, qui, au total, représentera près de 50 milliards
d’euros en 2017. Cette politique repose sur la thèse selon laquelle le coût du
travail, déterminé par le niveau du SMIC et des cotisations sociales, pèse-
10 rait sur la demande de travail des non-qualifiés. Les cotisations sociales des
employeurs représentent, après prise en compte du CICE et du Pacte de res-
ponsabilité, 9,5 % du salaire brut au niveau du SMIC et 43,8 % à partir de 1,6
SMIC. De ce fait, le coût du travail au niveau des bas salaires représente 35 %
du coût du travail au niveau du salaire moyen, ratio ramené à celui observé
15 aux États-Unis. Stimuler l’offre d’emploi par la baisse des charges semble
désormais avoir atteint ses limites…
Il convient alors de s’attaquer à l’autre versant du problème, à savoir la
faible productivité de ces citoyens. Cela passe par une réforme en profondeur
du système éducatif français […], de la formation professionnelle […] et de
20 l’apprentissage afin d’améliorer l’appariement1 entre les besoins des entre-
prises et la formation des jeunes.
1. Action de rendre compatibles l’offre de travail et la demande de travail.

Source : D’après Éric Heyer, « Controverses – Du chômage au plein-emploi :


quelles solutions en France ? », La nouvelle revue du travail, août 2016.

78
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
Document 2  volution du PIB, de l’emploi et du taux de chômage
É
entre le 1er trimestre 2008 et le 2e trimestre 2009 (en %)

France Allemagne Espagne États-Unis


Taux de variation du PIB
entre le 1er trimestre 2008 – 3,2 – 6,4 – 4,2 – 3,5
et le 2e trimestre 2009
Taux de variation
de l’emploi total entre
– 1,2 0,2 – 7,6 – 3,8
le 1er trimestre 2008 et
le 2e trimestre 2009
Taux de chômage
7,1 7,6 9,2 4,9
au 1er trimestre 2008
Taux de chômage
9,1 7,6 17,9 9,2
au 2e trimestre 2009
Source : D’après « Chômage à durée indéterminée », Revue de l’OFCE, octobre 2009.

Document 3  art des entreprises citant chaque barrière à l’embauche


P
au 2e trimestre 2019 (en %)

Industrie Bâtiment Services


Existence de barrières 53 67 43
Incertitude sur la situation économique 25 27 22
Main-d’oeuvre compétente indisponible 36 55 29
Coûts liés à l’emploi 15 32 15
Coûts de recrutement 5 11 4
Cotisations sociales trop élevées 11 23 11
Niveau des salaires trop élevé 6 12 5
Réglementation 11 19 8
Coûts de licenciement 5 11 4
Risques juridiques associés au licenciement 7 13 5
Pérénnité de la législation du travail 6 10 4
Autres 4 2 3

Note : Une même entreprise peut signaler plusieurs types de barrières à l’embauche.

Source : Enquête de conjoncture, Insee, juin 2019.

3 • La lutte contre le chômage 79


LES CLÉS POUR RÉUSSIR
Reportez-vous à la méthode générale du raisonnement p. 314.

Analyser les termes du sujet et mobiliser ses connaissances


vous montrerez
Il faut analyser les deux documents statistiques
et le texte afin de trouver des illustrations en lien
avec les mécanismes et notions mobilisés.

politiques de l’emploi
adaptées
Analyse du sujet Chaque action
des pouvoirs publics
pour réduire le chômage
dépend du diagnostic porté.

composantes du chômage
• disponibles
Chômage : situation d’actifs sans emploi,
et à la recherche effective d’un emploi.
• conjoncturelle,
On distingue 3 composantes du chômage :
classique, structurelle.

Exploiter les documents


Document 1
Le document 1 est un texte qui montre qu’il peut coexister plusieurs types de
chômage nécessitant des politiques différentes : allègement du coût du travail
contre le chômage des non-qualifiés, mais aussi politiques de formation.
Document 2
Le document 2 est un tableau qui permet de mettre en évidence une corré-
lation entre la baisse du PIB de l’Espagne, de la France, de l’Allemagne et des
États-Unis entre le premier trimestre 2008 et le second trimestre 2009 et la
hausse de leur taux de chômage. Ces données renvoient à l’existence d’un chô-
mage conjoncturel.
Document 3
Le document 3 est un tableau qui présente les freins à l’embauche déclarés par
les chefs d’entreprise de différents secteurs d’activité en 2019. La demande de
travail semble affectée, pour environ un quart des entreprises, par l’incertitude
sur la situation économique ; pour un tiers des entreprises du bâtiment, par les
coûts liés à l’emploi ; et pour une minorité, par la réglementation.

80
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

Définir les arguments


La composante conjoncturelle du chômage, liée
Argument 1
aux fluctuations de l’activité économique, appelle
des politiques de soutien de la demande globale.
(doc. 2 et 3)
La composante classique du chômage, expliquée par
Argument 2 un coût du travail trop élevé, nécessite des politiques
d’allègement du coût du travail. (doc. 1 et 3)
La composante structurelle du chômage, trouvant son
Argument 3
origine dans l’inadéquation de l’offre à la demande de
travail, doit être traitée par des politiques de formation
et de flexibilisation du marché du travail. (doc. 1 et 3)

CORRIGÉ

Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
Depuis une trentaine d’années, les pays développés sont confrontés à un chô-
mage de masse : cela signifie qu’une partie croissante de la population active est
privée d’emploi, et en recherche un activement. Mettre en œuvre des politiques
de l’emploi pour lutter contre ce fléau est devenu la priorité des gouvernements.
Mais la pluralité des formes de chômage nécessite de prendre des mesures adap-
tées à chacune d’entre elles : conjoncturelle, classique ou encore structurelle.

LE SECRET DE FABRICATION
Pour argumenter, il s’agit de montrer, au sein de chaque partie, qu’une politique
est adaptée pour traiter un seul type de chômage.

I. Le chômage conjoncturel nécessite


des politiques macro-économiques adaptées
◗ Le chômage conjoncturel est lié aux fluctuations de l’activité économique. Par
exemple, dans un contexte de crise économique puis de récession, comme en 2008-
2009, l’insuffisance de demande anticipée par les chefs d’entreprise est respon-
sable de la hausse brutale du chômage. Dans ce contexte, les entrepreneurs ne
prennent pas le risque d’embaucher et de produire plus, par crainte d’une insuffi-
sance des débouchés. En Espagne, la baisse de 4,2 % du PIB entre le premier
trimestre 2008 et le second trimestre 2009 s’est ainsi accompagnée d’une très
forte hausse du taux de chômage (doc. 2). Même aujourd’hui, 27 % des chefs
3 • La lutte contre le chômage 81
d’entreprise du bâtiment citent l’incertitude économique comme un frein à l’em-
bauche (doc. 3).
◗ Dans ce cadre, les pouvoirs publics peuvent MOT CLÉ
alors intervenir pour mener des politiques de sou- La demande globale recouvre
l’ensemble des achats de biens
tien de la demande globale, soit des politiques
et services réalisés par les agents
budgétaires et/ou monétaires de relance. Ces économiques résidents (demande
mesures doivent favoriser la hausse du niveau de intérieure) et non-résidents
production et de l’emploi. (demande extérieure).

II. Des politiques d’allègement du coût du travail


peuvent répondre à un chômage classique
◗ Le chômage classique est lié à un coût du travail trop élevé. Il touche davantage
les actifs peu qualifiés et/ou à faible productivité (doc. 1). Le montant trop élevé
des charges sociales est ainsi jugé comme préjudiciable à l’embauche pour 23 % des
entreprises du bâtiment en 2019 (doc. 3).
◗ Les pouvoirs publics, comme en 2016 et 2017, vont alors agir sur les compo-
santes du coût du travail : en diminuant les cotisations sociales des bas salaires,
en subventionnant les embauches et en contenant les hausses de salaire minimum
(doc. 1).

III. D’autres mesures peuvent atténuer le chômage structurel


◗ Développer la formation permet de renforcer l’em-
ployabilité des plus jeunes et des non-qualifiés. La À NOTER
hausse du niveau de qualification favorise une meil- Le chômage structurel
est celui qui perdure
leure adéquation entre l’offre de travail et la demande
même en cas de situation
de travail, contribuant à réduire le chômage structurel économique favorable,
(doc. 1). a contrario du chômage
◗ Parallèlement, les pouvoirs publics prennent dif- conjoncturel.
férentes mesures afin de diminuer les rigidités ins-
titutionnelles freinant les embauches, ainsi que le mettent en avant 19 % des
entreprises du bâtiment (doc. 3). Faciliter les licenciements ou encore assouplir le
droit du travail peut permettre aux entreprises de réduire leurs coûts de production
et de mieux s’adapter aux évolutions de leur marché.

Conclusion
Il existe plusieurs politiques de l’emploi, ayant chacune des objectifs précis en
termes de lutte contre le chômage. Les politiques de soutien à la demande globale
traitent le chômage conjoncturel, celles d’allègement du coût du travail, le chô-
mage classique, quant aux politiques de formation et de flexibilisation du marché
du travail, elles visent à réduire le chômage structurel. Chacune d’entre elles peut
néanmoins avoir des effets pervers, ce qui témoigne de la difficulté de réellement
« inverser la courbe du chômage ».

82
Économie
4 L es crises financières
et la régulation
du système financier

La Bourse de New York (Wall Street) s’effondre entre le 24 octobre et le 29 octobre


1929. L’indice boursier américain, le Dow Jones, a perdu 40 % de sa valeur
mi-novembre. Ici, la foule se rassemble devant la Bourse en octobre 1929.

TEST Pour vous situer et identifier les fiches à réviser 84

15 Les crises financières 86


FICHES 16 Les bulles spéculatives 88
DE COURS 17 Les crises bancaires 90
18 La transmission des crises financières à l’économie réelle 92
19 La régulation du système financier 94
MÉMO VISUEL 96

Objectif bac
SUJETS GUIDÉS 9 RAISONNEMENT Régulation financière et crises financières 98
& CORRIGÉS 10 DISSERTATION L’instabilité financière 103

83
TESTEZ-VOUS CORRIGÉS P. 318-320

Faites le point sur vos connaissances,


connaissances
puis établissez votre parcours de révision
en fonction de votre score.

1 Les crises financières → FICHE 15


1. Une crise financière désigne…
a. la faillite d’une banque.
b. des fluctuations de forte amplitude sur les marchés bancaires et financiers.
c. la hausse de la valeur du cours des actions.

2. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F


a. Le krach boursier de Wall Street a eu lieu en février 1929.
b. Les crédits subprimes sont des crédits hypothécaires.
c. Les crédits subprimes sont à taux variable.
d. La titrisation est la transformation d’une créance en titre financier.
…/2

2 Les bulles spéculatives → FICHE 16


1. La spéculation consiste…
a. à acheter un actif pour le revendre à un prix plus élevé.
b. à revendre des biens immobiliers.
c. à produire des biens pour les vendre sur le marché.
2. Complétez le texte avec les mots qui conviennent.
Lorsque le prix d’un actif augmente de manière excessive, on parle de ..................
La spéculation ne permet pas d’accroître la richesse .................. d’un pays,
mais elle rend le marché .................. instable. L’ .................. favorise la spéculation
à un moment où les .................. sont faibles.
3. Associez chaque notion à sa définition.

a. comportement
● ● baisse brutale du prix d’un actif
mimétique

décisions des investisseurs


b. éclatement
● ● influencées par celles
d’une bulle spéculative
d’autres investisseurs
…/3

84
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

3 Les crises bancaires → FICHE 17

1. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F


a. Les banques sont des intermédiaires financiers.
b. Les banques créent de la monnaie fiduciaire.
c. Les banques ne sont pas concernées par l’aléa moral.
2. Complétez le texte avec les mots qui conviennent.
Une banque crée de la monnaie lorsqu’elle accorde un .................. à un client.
De plus, les banques se financent en émettant des .................. sur le marché
financier. Lors d’une crise financière, la faillite d’une banque provoque
celle d’autres banques, on parle de risque ..................
…/2

4 La transmission des crises financières


à l’économie réelle → FICHE 18
Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F
a. La hausse du taux d’intérêt augmente l’investissement.
b. La contraction du crédit fait baisser la consommation des ménages.
c. L’effet richesse est négatif si la valeur du patrimoine diminue.
d. Le financement des entreprises est favorisé par la baisse du cours
des actions.
…/1

5 La régulation du système financier → FICHE 19


1. Les règles prudentielles visent à…
a. favoriser la création de monnaie par les banques.
b. limiter les comportements à risque des institutions financières.
c. obliger les banques à diminuer leurs fonds propres.
2. Complétez le texte avec les mots qui conviennent.
Les règles prudentielles sont issues du Comité de .................. Elles définissent
des ratios de .................. La transparence sur le marché financier tient
à la qualité de l’ .................. dont disposent les opérateurs financiers.
Des mesures ont été prises pour réduire le secret ..................
…/2

Score total …/10


Parcours PAS À PAS ou EXPRESS ? MODE D’EMPLOI P. 3

4 • Les crises financières et la régulation du système financier 85


15 Les crises financières
En bref Depuis le XIXesiècle, les crises financières sont récurrentes. En
1929, le krach boursier de Wall Street provoque une crise majeure. Le
début du XXIe siècle est marqué par la crise des subprimes.

I La crise financière des années 1930


1 Les mécanismes d’une crise financière
L’expression « crise financière » désigne des fluctuations de forte amplitude
sur les marchés bancaires et financiers. Elle combine une crise boursière (ou krach
boursier) et une crise bancaire pouvant déboucher sur une crise économique.
Les crises financières ont pour cause principale l’instabilité des marchés finan-
ciers, entretenue par la spéculation. En effet, ces marchés connaissent des cycles.
• Une première phase se caractérise par une hausse du prix des actifs financiers et
la formation d’une bulle spéculative FICHE 16 .
• Une seconde phase connaît une forte baisse du prix de ces actifs (éclatement de
la bulle) pouvant conduire à des faillites bancaires en chaîne FICHE 17 .
• Le plus souvent, ces crises s’étendent à l’économie réelle FICHE 18 .

2 Le krach boursier de 1929 à l’origine de la crise des années 1930


Au cours des années 1920, l’économie des États-Unis connaît une forte crois-
sance entraînant une hausse des profits des entreprises ainsi que l’augmentation
des cours boursiers.
Mais en 1929, la situation économique se dégrade (la
MOT CLÉ
production baisse de 7 %). Cependant, l’augmentation Un effondrement
des cours à la Bourse de New York se poursuit car des boursier ou krach désigne
investisseurs continuent à s’endetter pour spéculer. Le un effondrement brutal
jeudi 24 octobre, un effondrement boursier se produit. des cours boursiers après
une hausse spéculative.
Entre 1929 et 1932, les cours boursiers chutent de 87 %.
Le krach de Wall Street entraîne la faillite de nombreuses banques. La crise
financière s’étend alors à l’ensemble de l’économie et devient internationale.

II La crise financière de 2008


1 La crise des subprimes
Les crédits subprimes sont des crédits à risque accordés à des ménages aux
faibles revenus, peu solvables, afin d’acquérir un logement. Ces crédits sont
hypothécaires, c’est-à-dire garantis par la revente du logement en cas de défaut
de paiement de l’acquéreur. Ils sont également à taux variables.
86
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
La hausse des taux d’intérêt à partir de 2004 alourdit la charge du rembour-
sement des crédits subprimes. Dès lors, de nombreux ménages ne peuvent rem-
bourser leur emprunt. Les banques revendent alors en masse les biens immobi-
liers hypothéqués, entraînant une forte baisse des prix de l’immobilier.
La titrisation des crédits subprimes est à l’origine de la
diffusion de la crise à l’ensemble du système bancaire et MOT CLÉ
financier mondial. Les banques américaines transfèrent La titrisation est l’opération
par laquelle une créance
par la titrisation les emprunts à risque à l’étranger. La
est transformée en titre
valeur des titres détenus par les banques s’effondre alors. négociable sur le marché
Les banques qui ont investi dans les actifs à risque financier.
liés aux crédits subprimes réalisent des pertes impor-
tantes. Plusieurs banques échappent à la faillite grâce à l’intervention de l’État.

2 Les effets de la crise des subprimes


Le 15 septembre 2008, Lehman Brothers, quatrième banque d’investissement
américaine, se déclare en faillite FICHE 17 . Cette faillite provoque, par effet de
contagion, une crise de confiance au niveau mondial et l’insolvabilité de nom-
breux établissements financiers et non financiers.
Les conséquences de la crise des subprimes sont considérables : resserrement
du crédit, krachs boursiers, faillites.

zo om Croissance et taux de chômage


aux États-Unis (années 1930)
Année Taux de croissance de la production en % Taux de chômage en %
1929 – 9,8 3,2
1930 – 7,6 8,7
1931 – 14,7 15,9
1932 – 1,8 23,6
1933 9,1 24,9
1934 9,9 21,7
1935 13,9 20,1
1936 5,3 16,9
1937 –5 14,3
1938 8,6 19
1939 8,5 17,2
Source : Olivier Blanchard, Daniel Cohen, Macroéconomie, Pearson, 2017.

Ces données illustrent la crise que connaît l’économie des États-Unis dès
1929, la production baissant de 9,8 % par rapport à 1928. Cette dépression se
poursuit jusqu’en 1932, le chômage augmentant de plus de 20 points.
L’activité reprend à partir de 1933 et 1934 et se traduit par une baisse du
chômage en 1934. Mais la reprise demeure fragile car la production diminue à
nouveau en 1937.

4 • Les crises financières et la régulation du système financier 87


16 Les bulles spéculatives
En bref Les crises financières sont souvent à l’origine de l’éclatement des
bulles spéculatives. Celles-ci naissent de la spéculation faite sur les mar-
chés financiers. Depuis la crise de la tulipe dans les Provinces-Unies (Pays-
Bas) au XVII e siècle, d’autres bulles spéculatives ont marqué les économies.

I La formation des bulles spéculatives


1 La spéculation
On parle de bulle spéculative lorsque le prix d’un actif augmente de manière
excessive par rapport à sa valeur réelle. Une bulle se forme lorsque cet actif existe
en quantité limitée et que sa valeur est difficile à déterminer.
La bulle trouve son origine dans la spéculation. Celle-ci consiste à acheter des
actifs pour les revendre à un prix plus élevé. La spéculation est le plus souvent
condamnée pour des raisons morales car elle ne permet pas d’accroître la richesse
réelle d’un pays. Le comportement des spéculateurs étant également irrationnel,
le marché financier est rendu très instable.

2 Les mécanismes de la formation des bulles spéculatives


Une bulle spéculative naît souvent en période de confiance dans l’économie.
Les investisseurs anticipent une hausse des prix d’un actif (nouveau produit,
nouvelle entreprise). Cette hausse attire de nouveaux investisseurs, produisant
ainsi une augmentation forte du prix de l’actif.
Mais un événement économique ou politique extérieur modifie les anticipa-
tions provoquant alors une baisse brutale du prix de l’actif : c’est l’éclatement de
la bulle spéculative matérialisé par la chute des cours.
MOT CLÉ
Le développement d’une bulle spéculative est favorisé
On parle de comportement
par l’endettement, lié le plus souvent à des taux d’inté- mimétique sur le marché
rêt faibles. Il s’explique par les comportements mimé- financier lorsque les décisions
tiques des investisseurs. des investisseurs sont
influencées par celles
des autres investisseurs.
II Exemples de bulles spéculatives
1 La « tulipomanie » dans les Provinces-Unies
La crise de la tulipe est la première grande bulle spéculative connue. Venant
d’Asie, la tulipe est introduite aux Pays-Bas (Provinces-Unies à l’époque) vers
1550. Très rapidement, ces bulbes deviennent un produit de spéculation pour les
riches commerçants. Au début de l’année 1637, un seul bulbe de tulipe suffit à
payer deux maisons et vaut quinze fois le salaire d’un artisan de l’époque.
88
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
En février 1637, la demande de tulipes baisse.
Dès lors, les spéculateurs paniquent et se mettent MOT CLÉ
à vendre entraînant une chute du prix de la tulipe. Une prophétie auto-réalisatrice
est une affirmation (par exemple :
Ainsi, la bulle spéculative éclate suivant un pro- « la valeur des actions va
cessus classique : les prophéties auto-réalisatrices augmenter ») qui induit
des spéculateurs alimentent la hausse des prix puis un comportement des investisseurs
leur chute. provoquant la réalisation
du phénomène annoncé.
2 La bulle Internet
La bulle Internet est une bulle spéculative, formée à la fin des années 1990, tou-
chant les valeurs des secteurs de l’information et de la communication. De nom-
breuses entreprises liées aux nouvelles technologies (start-up) se créent. Lorsque
ces entreprises sont introduites en bourse, les spéculateurs, anticipant d’importants
profits futurs, investissent dans ces entreprises même si elles sont déficitaires.
Mais en 2000, les analystes financiers commencent à douter de la solidité des
sociétés dont la valeur a connu une augmentation « exubérante ». La confiance
dans ces sociétés s’érode très rapidement et leur valeur s’effondre à partir de
mars 2000. Le krach boursier se diffuse à l’ensemble des places financières.

zo om Le Bitcoin : une bulle spéculative ?

Le bitcoin est une monnaie électronique entre particuliers. Il permet d’effec-


tuer des paiements de biens réels sur des sites les acceptant. Il est échangeable
contre des devises (euros, dollars…), mais aucune institution financière ou ban-
caire ne l’émet ni ne le contrôle.
Lors de sa création en 2008, la valeur du bitcoin est nulle. Mais très rapide-
ment, le bitcoin s’utilise plus pour spéculer que pour effectuer des paiements.
Ainsi, sa valeur connaît de très fortes fluctuations : 117 € (1er janvier 2013),
14 093 € (1er janvier 1998), puis 7 555 € (1er octobre 2019).

4 • Les crises financières et la régulation du système financier 89


17 Les crises bancaires
En bref La crise financière de 2008 est d’abord une crise bancaire. Elle
commence par la faillite de la banque américaine Lehman Brothers. Les
crises bancaires sont à l’origine des crises financières car elles peuvent pro-
voquer de véritables paniques entraînant des faillites bancaires en chaîne.

I Le rôle des banques dans l’économie


1 Le rôle d’intermédiaire financier
Les banques ou établissements de crédit sont des établissements financiers qui
collectent les dépôts du public (principalement des dépôts à vue) et accordent des
crédits aux entreprises et aux ménages. Les banques sont donc des intermédiaires
financiers : elles collectent l’épargne des agents économiques ayant une capacité
de financement pour la distribuer aux agents demandant un financement.
Parmi les intermédiaires financiers, la banque a la particularité de créer de la
monnaie (monnaie scripturale) lorsqu’elle accorde un crédit à un de ses clients.
Le système bancaire joue un rôle essentiel dans le processus de création moné-
taire COURS DE 1re .

2 L’évolution de l’intermédiation bancaire


MOT CLÉ
À partir de la seconde moitié des années 1970, des On parle de financement
réformes touchant le système financier ont pour objec- direct lorsque les agents
tif de développer le financement direct sur le marché ayant un besoin
financier. Le développement des marchés financiers a de financement peuvent
se financer directement
eu pour conséquence le déclin de l’activité tradition-
sur le marché financier.
nelle d’intermédiation des banques.
Les banques se sont adaptées aux transformations du financement de l’écono-
mie. Elles se financent de plus en plus en émettant des titres financiers et récipro-
quement, financent de plus en plus l’économie en achetant des titres financiers.
De plus, le système bancaire a connu un mouvement important de concentra-
tion favorisant l’émergence de grandes banques internationales.

II Les mécanismes des crises bancaires


1 Crise de la liquidité bancaire et risque de panique bancaire
Les crises financières, comme celle de 1929 ou celle de 2008, peuvent entraî-
ner la faillite de banques. Lors d’une crise, par manque de confiance, les banques
ne se prêtent plus entre elles les fonds nécessaires pour répondre aux retraits de
leurs clients.
90
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
De nombreux clients, qui n’ont plus confiance dans
la capacité de leur banque à assurer ses obligations du MOT CLÉ
Une panique bancaire
fait d’un manque de liquidité, décident de retirer leur
désigne une ruée
épargne déposée, pouvant provoquer ainsi une panique des particuliers vers
bancaire puis la faillite de la banque. leur banque pour y retirer
l’intégralité de leur argent.
2 De la panique bancaire aux faillites en chaîne
Les réformes libéralisant le fonctionnement des banques ont accru la prise de
risque de ces établissements financiers. De plus, l’importance des banques dans
l’économie crée un phénomène d’aléa moral FICHE 19 : les banques prennent
des risques car elles sont assurées d’être renflouées par les pouvoirs publics en cas
de panique bancaire.
À l’origine, la panique bancaire touche les banques en manque de liquidités.
Cependant, la ruée vers les guichets d’une banque peut provoquer un phénomène
de contagion puisque les banques sont interdépendantes. La faillite d’une banque
entraîne des faillites en chaîne et l’effondrement du système bancaire : on parle
alors de risque systémique.

zo om La faillite de la banque Lehman Brothers

Le 15 septembre 2008, les employés de la banque américaine Lehman Brothers


quittent le siège social de l’entreprise, à New York, avec une boîte contenant leurs
effets personnels. Ce jour-là, Lehman Brothers, une des plus anciennes banques
des États-Unis, a fait faillite, précipitant l’ensemble des économies dans la crise.
La banque est victime de l’éclatement de la bulle créée par la spéculation im-
mobilière, mais se heurte également au refus du secrétaire au Trésor américain
(l’équivalent du ministre de l’Économie et des Finances en France) de la renflouer.

4 • Les crises financières et la régulation du système financier 91


18 La transmission des crises
financières à l’économie réelle
En bref Les crises financières s’accompagnent souvent d’une récession
plus ou moins longue. Cette transmission de la crise financière à l’éco-
nomie réelle s’opère par deux canaux principaux : la restriction de l’accès
au crédit et la dépréciation des actifs.

I La transmission par le canal du crédit


1 La baisse de l’offre de crédit MOT CLÉ
L’économie financière
L’économie réelle se distingue de l’économie désigne tout ce qui touche
financière. Elle recouvre la production, les investis- au financement de l’économie :
sements, l’emploi, etc. Elle est financée par le sys- monnaie, marchés financiers
tème financier comprenant les institutions finan- dont la Bourse, institutions
bancaires et financières.
cières et le marché financier.
Lorsqu’une crise financière survient, les banques connaissent des difficultés
pour acquérir des liquidités et consentent plus difficilement des prêts aux
entreprises et aux ménages. Cette crise de confiance entre créanciers et débiteurs
a pour effet une hausse des taux d’intérêt.

2 La baisse de l’activité économique


La contraction du crédit touche d’abord les petites et moyennes entreprises ;
certaines d’entre elles doivent cesser leur activité. La hausse des taux d’intérêt
limite également l’investissement des entreprises.
La contraction du crédit concerne également les ménages qui, empruntant plus
difficilement, réduisent leur consommation. Il en résulte un ralentissement de la
croissance économique (récession), voire une baisse de la production (dépression).

II La transmission par le canal


de la dépréciation des actifs
1 Un effet de richesse négatif
La richesse d’un ménage est constituée de ses revenus MOT CLÉ
mais également de la valeur de son patrimoine financier Le collatéral est un actif
(actions, obligations, titres financiers) ou non financier remis en garantie
(immobilier). Dès lors, toute variation de la valeur du par l’emprunteur
lorsqu’un crédit
patrimoine a des effets de richesse. Cet effet est positif si lui est accordé.
la valeur du patrimoine augmente, négatif si elle diminue. Pour les crédits subprimes,
Lors de la crise des subprimes, l’immobilier repré- le logement constitue
le collatéral du crédit.
sente le collatéral des crédits accordés aux ménages.
92
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
Le non-remboursement des crédits par les ménages pauvres entraîne des « ventes
forcées » immobilières ainsi que la baisse du prix du collatéral. Cette baisse s’ajoute
à la chute des cours boursiers. Dès lors, la richesse réelle des ménages diminue.

2 La baisse de la consommation
et les difficultés de financement
La hausse de l’épargne, provoquée par un effet de richesse négatif, diminue
la consommation des ménages. De plus, ceux-ci rencontrent plus de difficultés
pour emprunter car leur capacité d’endettement dépend de la valeur de leur
patrimoine, particulièrement aux États-Unis et au Royaume-Uni.
La baisse du cours des actions rend plus difficile le financement des entre-
prises par l’émission d’actions. Les investisseurs ne sont pas encouragés à acqué-
rir de nouveaux titres dans un contexte de crise boursière.
La baisse de la consommation et les difficultés de financement ont des effets
négatifs sur la production, ce qui génère une baisse du PIB.

zo om Les effets de la crise financière de 2008


sur la croissance

2008 2009

Croissance Contribution Croissance Contribution


du PIB des effets du PIB des effets
(en %) de richesse (en %) de richesse
(en point (en point
de PIB) de PIB)
Zone euro 0,4 – 0,3 – 4,5 – 0,7

France 0,2 – 0,3 – 2,9 – 0,6

Allemagne 1,1 – 0,3 – 5,6 – 0,6

Italie – 1,1 – 0,3 – 5,5 – 0,7


Source : Eurostat et Jean-Charles Bricongne, Jean-Marc Fournier, Vincent Lapègue
et Olivier Monso, « De la crise financière à la crise économique. L’impact
des perturbations financières de 2007 et 2008 sur la croissance de sept pays industrialisés »,
Économie et statistique n° 438-440, 2010.

La crise des subprimes débute dès l’été 2007. Son effet sur l’économie réelle
est quasi immédiat puisqu’en 2008, la croissance de la zone euro ralentit à
0,4 %, contre 3 % en 2007. La croissance devient négative en 2009.
Le ralentissement de la croissance s’explique en partie par un effet de richesse
négatif lié à la crise financière, qui contracte la demande. Cet effet a fait baisser
la croissance de la zone euro de 0,3 point en 2008.

4 • Les crises financières et la régulation du système financier 93


19 La régulation du système financier
En bref La répétition des crises financières a des coûts économiques et
sociaux importants. Elle montre que les marchés financiers ne peuvent
pas s’autoréguler. Dès lors, les pouvoirs publics doivent prendre des
mesures de régulation pour se prémunir des dangers de la globalisation
financière et limiter les risques de crises.

I Une réglementation plus sévère


1 Les règles prudentielles
Les règles prudentielles sont des dispositifs légaux visant à limiter les com-
portements à risque des institutions financières, notamment les banques. Elles
ont deux objectifs : protéger les épargnants et les investisseurs ; limiter le risque
systémique inhérent au système bancaire FICHE 17 .
Les règles prudentielles sont issues du Comité de MOT CLÉ
Bâle ZOOM . L’accord dit de Bâle III entériné en Le ratio de solvabilité des
banques est le rapport, exprimé
2010 définit un nouveau ratio de solvabilité. Il passe
en pourcentage, entre les fonds
de 8 % à au moins 10,5 % à partir de 2019, ce qui propres et le montant des
contraint les banques à accroître leurs fonds propres. crédits distribués pondérés par
les risques associés à ces crédits.
2 La transparence des marchés
La transparence sur le marché financier tient à la qualité de l’information dont
disposent les opérateurs financiers. Cette transparence est, en principe, favorisée
par l’existence d’agences de notation dont le rôle est d’évaluer les risques que
présentent les emprunteurs.
La crise financière de 2008 a mis en évidence les insuffisances de l’action des
agences de notation, notamment parce qu’elles étaient rémunérées par les socié-
tés dont les risques étaient évalués. L’Union européenne a décidé par une directive
de 2012 d’encadrer l’activité de ces agences pour éviter les conflits d’intérêts.
Une part importante des opérations financières a lieu dans des paradis fiscaux,
caractérisés par un faible niveau de taxation et par le secret bancaire. Des me-
sures ont été prises, notamment pour réduire le secret bancaire (accords portant
sur des échanges d’informations fiscales).

II Le contrôle de la finance MOT CLÉ


L’aléa moral est la situation
d’un agent économique qui,
1 Limiter la spéculation sur le marché, prend un risque
Des réformes sont prises pour diminuer l’aléa inconsidéré car il est certain d’être
couvert contre ce risque.
moral en garantissant qu’une banque qui spécule
94
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
et qui connaît des difficultés n’entraîne pas la perte de l’épargne des ménages qui
n’ont pas spéculé.
Pour mieux contrôler l’activité des banques, des réformes (loi Dodd-Frank aux
États-Unis en 2010, règle Vickers en 2011 en Grande-Bretagne, loi Moscovici en
France en 2013) effectuent une séparation plus nette entre les activités de finan-
cement des banques et leurs activités spéculatives.

2 La supervision bancaire
En France, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) est un
organisme indépendant chargé de superviser le système bancaire pour assurer la
protection des clients et la stabilité du système bancaire.
En novembre 2014 a été mis en place le Mécanisme de surveillance unique
(MSU) organisant la supervision bancaire au niveau européen. Ce mécanisme a
pour objectif d’empêcher que les difficultés que pourrait connaître une banque euro-
péenne ne se propagent à l’ensemble des banques dans les différents pays de l’UE.
Dans le cadre du MSU, la Banque centrale européenne (BCE) contrôle les
118 plus grands groupes bancaires de la zone euro, en collaboration avec chaque
autorité nationale. Les autres établissements sont contrôlés par les autorités na-
tionales, notamment l’ACPR en France.

zo om Le Comité de Bâle

En décembre 2017, la conférence de presse du Comité de Bâle (au centre de


la photo, le président de la Banque centrale européenne de 2011 à 2019, Mario
Draghi) annonce un accord sur des réformes bancaires.
Le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire est une institution qui se réunit
régulièrement dans la ville de Bâle (Suisse). Créé en 1974, il est composé de
représentants des banques centrales et des autorités prudentielles de 27 pays.
Il établit des règles que les banques et superviseurs doivent respecter. Ces
règles sont le plus souvent intégrées à la législation européenne (directives ou
règlements).

4 • Les crises financières et la régulation du système financier 95


MÉMO VISUEL

Des crises financières

Crise de 1929
• Krach boursier de Wall Street
• Faillite des banques
• Diffusion internationale de la crise
• Chute de la croissance économique (années 1930)

Crise des subprimes (2008)


• Crédits hypothécaires à taux variables
• Incapacité des ménages à rembourser
leurs crédits
• Effondrement des prix de l'immobilier
et des marchés financiers
• Chute de la croissance économique

CRISES FINANCIÈRES

Les bulles spéculatives

• Spéculation (acheter un actif pour le revendre


à un prix plus élevé)
• Formation d'une bulle spéculative en période
de confiance
• Éclatement de la bulle : tulipe (1637), Internet (2000)

96
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

Les crises bancaires

• Déclin de l'activité traditionnelle


d’intermédiation des banques
• Spéculation des banques
• Panique bancaire
• Faillite des banques
(Lehman Brothers, 2008)

La transmission à l’économie réelle

Crédits
en
baisse
Baisse
Hausse de Baisse
des taux l’investissement de la Chômage
d’intérêt et de la production
consommation
Effets
ET RÉGULATION de richesse
négatifs

La régulation
du système financier

• Crédits en baisse
• Règles prudentielles : ratio de solvabilité
• Encadrement de l’activité des agences de notation
• Réduction du secret bancaire
• Lutte contre les paradis fiscaux
• Supervision bancaire (ACPR, MSU)

4 • Les crises financières et la régulation du système financier 97


OB JEC TIF
SUJET 9 B AC
RAISONNEMENT 2 h 30 Régulation financière
et crises financières
Ce sujet permet d’aborder une question clé
du programme, celle de la régulation financière
et de son efficacité à éviter le retour
des crises financières.

L E S UJ E T
Vous montrerez comment la régulation financière peut limiter les risques
de crises financières.

Document 1 La loi bancaire de juillet 2013


Fin juillet 2013, la loi de régulation et de séparation des activités bancaires
a finalement été adoptée au terme de six mois d’échanges entre députés et
sénateurs. Dans son premier volet, elle vise à isoler les opérations spécula-
tives des banques, à renforcer les pouvoirs des autorités de contrôle, à enca-
5 drer les rémunérations des dirigeants et des traders et à lutter contre l’évasion
fiscale et le blanchiment des capitaux. […]
[…] les activités spéculatives d’une banque réalisées pour son propre
compte, sans utilité pour le financement de l’économie et sans lien avec
les clients, devront être cantonnées dans une filiale séparée. Cette dernière
10 se verra appliquer un certain nombre de mesures destinées à prévenir toute
transmission de risques à l’ensemble du groupe bancaire (interdiction de
recevoir des dépôts par exemple). […]
[…], pour prévenir les risques systémiques sur les marchés financiers,
la loi instaure la création du Haut conseil de stabilité financière. […] cette
15 instance pourra imposer à certains établissements bancaires de relever leurs
fonds propres pour faire face à des risques supplémentaires.
Source : « Régulation : ce qu’il faut retenir de la loi bancaire »,
Lafinancepourtous.com,
24 juillet 2013.

98
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
Document 2  volution du ratio de solvabilité et des fonds
É
des principales banques françaises

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2017

Fonds propres
132 161 181 198 225 240 253 275 306
(en milliards d’euros)
Ratio de solvabilité
5,8 7,1 7,9 8,4 9,7 10,9 11,8 12,6 13,8
(en %)

Source : D’après Acpr.banque-france.fr.

Document 3  a supervision bancaire


L
par la Banque centrale européenne
Entré en vigueur en novembre 2014, le Mécanisme de surveillance unique
[MSU] repose sur une supervision intégrée des établissements de crédit de la
zone euro. Ce système intégré permet à la BCE [Banque centrale européenne]
et aux autorités compétentes nationales (ACN), dont l’ACPR1, d’assurer un
5 contrôle plus cohérent et plus fin sur le secteur bancaire européen, sur la
base d’une réglementation, d’une approche et de procédures communes. Si
la réglementation est désormais largement commune pour l’ensemble de
l’Union européenne […], la supervision unique s’exerce au sein de la zone
euro. […]
10 Dans le cadre du MSU, la BCE peut prendre des décisions contraignantes
à l’encontre des établissements supervisés : détermination de l’importance
de l’établissement, fixation des exigences de fonds propres, appréciation de
l’honorabilité et de la compétence des dirigeants, validation des homologa-
tions ou rachats d’instruments de fonds propres, imposition de mesures ou
15 de sanctions…
La BCE est en outre compétente pour l’octroi ou le retrait de l’agrément
d’établissement de crédit et la validation des acquisitions de participations
qualifiées pour l’ensemble des établissements de la zone.
1. ACPR : Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, chargée de contrôler les secteurs
de la banque et de l’assurance en France.

Source : Acpr.banque-france.fr.

4 • Les crises financières et la régulation du système financier 99


LES CLÉS POUR RÉUSSIR
Reportez-vous à la méthode générale du raisonnement p. 314.

Analyser les termes du sujet et mobiliser ses connaissances


vous montrerez
On vous demande d’expliquer comment
les crises financières peuvent être,
en partie, évitées grâce à la régulation.
régulation financière
Ensemble de mesures prises
par les pouvoirs publics pour éviter
Analyse du sujet les crises financières. Elles s’articulent
autour de deux axes principaux :
• le contrôle du système financier ;
• la réglementation du système financier.
crises financières
Chute des prix des actifs financiers
ainsi que défaillance d’institutions
financières et non financières.

Exploiter les documents


Document 1
Le document 1 est un texte portant sur la loi Moscovici (ministre français de
l’Économie et des Finances entre 2012 et 2014). Cette loi a pour objectif de
renforcer le contrôle de l’activité des banques afin de réduire l’aléa moral
caractérisant le système bancaire. Le texte fournit un exemple de régulation
financière : il présente des mesures prises pour limiter la spéculation à l’origine
des crises financières.
Document 2
Le document 2 est un tableau statistique qui permet de constater l’augmen-
tation des fonds propres des banques françaises ainsi que l’accroissement de
leur ratio de solvabilité entre 2008 et 2017. Ce document permet de mesurer
les effets d’une autre forme de régulation, l’application de règles prudentielles,
pour limiter les crises financières.
Document 3
Le document 3 est un texte portant sur le Mécanisme de supervision unique
(MSU) qui consiste à contrôler les banques européennes afin d’éviter que la
faillite d’une banque au sein de la zone euro entraîne la faillite de l’ensemble
du système bancaire de cette zone. La Banque centrale européenne (BCE) est
chargée de ce contrôle.

100
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

Définir les arguments


La régulation financière peut limiter
Argument 1 les risques de crise financière par le contrôle
de la finance. (doc. 1 et 3)

La régulation financière peut limiter


Argument 2
les risques de crise financière par la réglementation
de la finance. (doc. 2)

CORRIGÉ

Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
Les crises financières désignent la chute des prix des actifs financiers ainsi que la
défaillance d’institutions financières et non financières. Elles ont des effets néga-
tifs sur l’économie réelle, comme le montrent les crises de 1929 et de 2008. C’est
pourquoi les pouvoirs publics doivent réguler le système financier, c’est-à-dire
mettre en œuvre des mesures destinées à limiter ces crises. Nous montrerons que
le risque de crise peut être limité grâce au contrôle du système financier, d’une
part, et à la réglementation, d’autre part.

I. Le contrôle du système financier

LE SECRET DE FABRICATION
Pour montrer comment la régulation peut limiter les risques de crises, commencez
par expliquer en quoi le système financier est incapable de s’autoréguler.

◗ La répétition des crises financières montre que le marché financier est inca-
pable de s’autoréguler. En effet, la spéculation, notamment celle des banques,
engendre l’instabilité des marchés financiers, instabilité caractérisée par d’impor-
tantes fluctuations sur les marchés bancaires et financiers.
◗ Pour mieux contrôler l’activité des banques, la loi Moscovici votée en 2013 en
France a réformé le système bancaire en imposant une séparation plus nette entre
les activités de financement des banques et leurs activités spéculatives (doc. 1).
◗ Au niveau européen, un Mécanisme de supervision bancaire unique est mis en
place pour empêcher que les difficultés pouvant être rencontrées par une banque
européenne ne se propagent à l’ensemble des banques dans les différents pays de
l’Union européenne. C’est la Banque centrale européenne qui a la responsabilité
de cette supervision (doc. 3).
4 • Les crises financières et la régulation du système financier 101
II. La réglementation du système financier
◗ Le rôle essentiel des banques dans l’économie est à l’origine d’un phénomène d’aléa
moral : les banques prennent des risques, car elles sont assurées d’être renflouées par
les pouvoirs publics en cas de crise. Pour réduire cet
aléa moral, la régulation va consister à établir des
CONSEILS
règles prudentielles qui définissent des ratios de Pensez à faire des calculs
solvabilité pour obliger les banques à accroître leurs à partir des données statistiques
fonds propres. Ainsi, pour les banques françaises, le des documents. Ici, le calcul
ratio de solvabilité est passé de 5,8 % en 2008 à d’un coefficient multiplicateur
13,8 % en 2017, alors que leurs fonds propres pour le ratio de solvabilité :
13,8/5,8 = 2,3.
étaient multipliés par 2,3 environ (doc. 2).
◗ La régulation vise également à garantir une plus grande transparence des marchés.
Celle-ci doit être assurée par l’action des agences de notation dont le rôle est d’éva-
luer les risques de non-remboursement que présentent les emprunteurs. L’Union
européenne a décidé en 2012 d’encadrer l’activité
des agences de notation pour éviter les conflits MOT CLÉ
d’intérêts. En effet, ces agences étant rémunérées On parle de conflit d’intérêts
par les sociétés dont les risques étaient évalués, lorsqu’une institution
elles avaient tendance à minimiser les risques de ne peut assurer sa mission
ceux qui les rétribuaient. d’une manière objective.

Conclusion
Depuis la crise financière de 2008, les pouvoirs publics ont instauré de nouvelles
mesures de régulation du système financier aux niveaux national et européen.
Pour limiter la spéculation et les prises de risque par les banques, le contrôle et
la réglementation ont été renforcés. Les activités spéculatives des banques sont
mieux séparées de leurs activités de financement, et un mécanisme de supervision
bancaire unique a été créé au niveau européen. De nouvelles règles prudentielles
ont été définies et la mission des agences de notation a été encadrée.

102
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
OB JEC TIF
SUJET 10 B AC
DISSERTATION 4h L’instabilité financière
L’instabilité financière est la principale
caractéristique du système financier.
L’expliquer est donc une question essentielle
du programme.

L E S UJ E T
Comment expliquer l’instabilité financière ?

Document 1 La crise des tulipes


De 5 200 guilders1 en 1636, le prix d’un seul bulbe de Semper Augustus2
passa à 10 000 guilders en janvier 1637 […] soit l’équivalent de 102 000 euros
aujourd’hui.
Il est vrai que la rareté de cette fleur justifiait que, dans le cadre d’un mar-
5 ché porteur, son prix soit bien plus élevé que celui des autres fleurs. Mais on a
du mal à le considérer comme normal, c’est-à-dire comme reflétant unique-
ment l’état de rareté de la fleur […]. Car le niveau de prix atteint n’avait plus
la moindre signification économique et sociale. […] avec 3 000 guilders on
pouvait à l’époque acheter à la fois huit porcs gras, quatre veaux gras, douze
10 moutons, vingt-quatre tonnes de blé, quarante-huit tonnes d’orge, deux bar-
riques de vin, quatre barils de bière, deux tonnes de beurre, mille livres de
fromage, une timbale d’argent, un lot d’habits, un lit avec matelas et literie
et un bateau en prime ! La course à l’innovation battait son plein pour tenter
de créer des fleurs aux couleurs rares, ce qui donna par exemple lieu à des
15 promesses de récompense pour celui qui pourrait produire une tulipe noire,
dont le prix aurait sans doute pu dépasser celui de la Semper Augustus.
1. Guilders : unité monétaire des Provinces-Unies.
2. Semper Augustus : variété de tulipe aux pétales blancs et roses.

Source : Christian Chavagneux, Une brève histoire des crises financières.


Des tulipes aux subprimes, Éditions La Découverte, 2011.

4 • Les crises financières et la régulation du système financier 103


Document 2 Évolution à long terme des rythmes de croissance
(taux annuel moyen en %)

PIB par tête à prix constants


1870-1913 1913-1929
Royaume-Uni 1,0 0,3
Allemagne 1,6 0,8
France 1,5 1,5
États-Unis 2,0 1,7

Source : D’après Jean-Charles Asselain, Histoire économique du XXe siècle.


La montée de l’État (1914-1939), Presses de Sciences po & Dalloz, 1995.

Document 3 Évolution du prix de l’immobilier entre 1997 et 2007 (en %)

Pays 1997-2007
États-Unis 171
France 139
Espagne 189
Royaume-Uni 211

Source : D’après André Orléan, De l’euphorie à la panique :


penser la crise financière, Éditions Rue d’Ulm, 2009.

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de la dissertation p. 316.

Analyser la consigne et dégager une problématique


comment expliquer
On vous demande d’analyser les mécanismes
du système financier qui l’empêchent d’atteindre
un équilibre stable.

Analyse du sujet

instabilité financière
Mouvements erratiques des variables financières,
comme les cours boursiers ou, plus généralement,
la valeur des actifs sur le marché financier.

◗ Problématique. Quelles sont les caractéristiques du marché financier qui


l’empêchent de conserver un équilibre stable ?

104
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

Exploiter les documents


Document 1
Le document 1 est un texte qui décrit la spéculation sur les tulipes dans les
Provinces-Unies (aujourd’hui les Pays-Bas) au XVIIe siècle. Il met en évidence le
caractère irrationnel de la spéculation.
Document 2
Les données statistiques du document 2 permettent de comparer les taux de
croissance de quatre pays (Royaume-Uni, Allemagne, France, États-Unis) au
cours de la période 1873-1929. On remarque l’accélération de la croissance de
ces pays durant les années 1920, accélération qui peut en partie expliquer la
forte hausse des cours boursiers avant le krach d’octobre 1929.
Document 3
Les données statistiques du document 3 mettent en évidence la très forte
hausse des prix de l’immobilier dans quatre pays (États-Unis, France, Espagne,
Royaume-Uni) avant la crise des subprimes démarrée en 2007-2008, l’immobi-
lier constituant le collatéral des crédits subprimes.

Définir le plan
◗ Expliquez en quoi consiste la spéculation.
1 L’instabilité
structurelle
Qu’est-ce qu’une bulle spéculative ?
du système financier (doc. 1 et 2)
◗ Étudiez les asymétries d’information.
Quelles sont leurs conséquences
sur le système financier ? (doc. 3)

◗ Abordez le processus de déréglementation


2 L’insuffisance
de la régulation
qui s’est produit à partir des années 1980.
du système financier Quelles en ont été les conséquences
sur l’activité spéculative ?
◗ Étudiez le contrôle des institutions financières.
Quel rôle les agences de notation jouent-elles ?
Quel problème posent les paradis fiscaux ?

4 • Les crises financières et la régulation du système financier 105


CORRIGÉ

Les titres en couleur ou entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
[accroche] La crise des subprimes, en 2008, a confirmé l’instabilité du système
financier constatée depuis les années 1980. [présentation du sujet] Comment
expliquer cette instabilité qui se manifeste par une importante volatilité des cours
des titres financiers et par des crises financières récurrentes ?
[problématique] Expliquer l’instabilité financière revient à mettre en évidence
les caractéristiques du système financier qui l’empêchent de conserver un équilibre
stable. [annonce du plan] Pour répondre à cette problématique, il faut d’abord
insister sur l’instabilité structurelle du système financier, puis expliquer le manque
de régulation de ce système.
I. L’instabilité structurelle du système financier

LE SECRET DE FABRICATION
Pour comprendre l’instabilité financière, il faut commencer par expliquer
le fonctionnement du marché financier.

1. Un marché dominé par les comportements spéculatifs


◗ La spéculation consiste à acheter des actifs pour les revendre à un prix plus
élevé. Lorsque le prix des actifs, notamment les actifs financiers, augmente de
manière excessive par rapport à leur valeur réelle, il se forme une bulle spécula-
tive. Le marché des tulipes dans les Provinces-Unies au xviie siècle est une bonne
illustration de la formation d’une bulle (doc. 1).
◗ La bulle se forme en période de confiance dans l’économie, confiance alimentée
par l’accélération de la croissance économique et la hausse des profits des entre-
prises. Ce fut le cas au cours des années 1920 avant le krach boursier de Wall
Street en octobre 1929 (doc. 2). Spéculant sur la hausse de la valeur des actifs, de
plus en plus d’investisseurs acquièrent ces titres, ce qui a pour effet d’augmenter
leur valeur sur le marché financier.
◗ Un événement économique comme la hausse
MOT CLÉ
des taux d’intérêt modifie les anticipations En économie, on considère
des investisseurs qui revendent leurs actifs, qu’un agent économique a
provoquant une baisse brutale de leur valeur. un comportement irrationnel
Dès lors, la bulle éclate lorsque les cours s’ef- lorsqu’il n’utilise pas au mieux
fondrent. Le comportement irrationnel des les ressources dont il dispose
investisseurs s’explique par leurs comporte- pour atteindre son objectif
(maximum de profit ou de plaisir).
ments « mimétiques » et rendent le système
financier instable.

106
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
2. Un marché caractérisé par des asymétries d’information
◗ L’asymétrie d’information est la situation du marché pour laquelle tous ses
acteurs n’ont pas la même information. Par exemple, lors de la crise des subprimes,
la titrisation des crédits subprimes a entraîné des asymétries d’information entre
offreurs et demandeurs de capitaux : ceux qui ont acquis les titres adossés aux
crédits subprimes n’ont pas eu connaissance des risques encourus.
◗ L’aléa moral est une forme d’asymétrie d’information concernant les banques.
En effet, celles-ci prennent des risques car elles sont assurées d’être renflouées
par les pouvoirs publics en cas de panique bancaire. Ainsi, la hausse des prix de
l’immobilier, de 171 % aux États-Unis entre 1997 et 2007 (doc. 3), a encouragé
les banques à accorder des crédits subprimes sans prendre de garanties suffisantes
sur la solvabilité des emprunteurs.

II. L’insuffisance de la régulation du système financier

LE SECRET DE FABRICATION
Le dossier documentaire du sujet ne permet pas d’illustrer la seconde partie
du développement. Celle-ci s’appuie donc uniquement sur vos connaissances.

1. L’insuffisance de la réglementation
◗ À partir des années 1980, le marché financier a connu un processus de dérégle-
mentation. Celle-ci consiste à supprimer un certain nombre de règles encadrant
les activités financières.
◗ La déréglementation a encouragé l’activité spéculative des institutions finan-
cières, notamment des banques. La séparation entre leur activité traditionnelle
d’intermédiaire financier et leurs interventions sur le marché financier pour leur
propre profit, a alors quasiment disparu.
◗ Cependant, depuis la crise de 2008, la réglementation a évolué avec le renfor-
cement des règles prudentielles. Celles-ci, définies par le Comité de Bâle, ont
notamment pour effet d’obliger les banques à accroître leurs fonds propres.
2. Le manque de contrôle des institutions financières
◗ La qualité de l’information dont disposent les opérateurs financiers est un
déterminant essentiel de la stabilité des marchés. Sur le marché financier, cette
transparence est, en principe, favorisée par des agences de notation dont le
rôle est d’évaluer les risques que présentent les emprunteurs. Or, ces agences
sont rémunérées par les sociétés dont les risques sont évalués. Cette situa-
tion entraîne une sous-évaluation des risques remettant en cause la stabilité
financière.
◗ Une part importante des opérations financières a lieu dans des paradis fiscaux,
caractérisés par un faible niveau de taxation et par le secret bancaire. Dès lors,
l’existence de ces paradis fiscaux rend presqu’impossible le contrôle des banques
et accroît les probabilités de crises.

4 • Les crises financières et la régulation du système financier 107


◗ Cependant, des mesures ont été prises,
depuis 2008, pour réduire le secret bancaire. MOT CLÉ
Des accords portant sur les échanges d’in- Les échanges d’informations fiscales
formations fiscales ont été établis. Les pres- impliquent que les pays établissent
la liste des étrangers possédant
sions sur les paradis fiscaux se sont accrues,
un compte bancaire
permettant de réduire leur nombre. sur leur territoire.

Conclusion
[bilan] Ainsi, l’instabilité financière s’explique par des causes structurelles. Les
comportements mimétiques des opérateurs financiers manquent de rationalité et
favorisent les bulles spéculatives qui finissent par éclater. Les asymétries d’informa-
tion accroissent l’instabilité du marché financier, notamment la situation d’aléa
moral des banques. Les causes structurelles de l’instabilité financière sont renfor-
cées par les insuffisances de la régulation du marché financier.
[ouverture] Depuis la crise des subprimes, les gouvernements ont pris des mesures
pour mieux réguler le marché financier. La question reste de savoir si cette régula-
tion est suffisante pour éviter le retour des crises financières.

108
Économie
5 Les politiques économiques
dans le cadre européen

Le 25 mars 1957, l’Allemagne de l’Ouest (RFA), la Belgique, la France, l’Italie,


le Luxembourg et les Pays-Bas signent à Rome deux traités. Le premier instaure
la Communauté économique européenne (CEE), le second la Communauté
européenne de l’énergie atomique (Euratom).

TEST Pour vous situer et identifier les fiches à réviser 110

20 Intégration européenne et croissance économique 112


FICHES 21 La politique européenne de la concurrence 114
DE COURS 22 La politique économique conjoncturelle 116
23 Spécificités et défauts de coordination
des politiques économiques de l’UE 118
MÉMO VISUEL 120

Objectif bac
SUJETS GUIDÉS 11 MOBILISATION DES CONNAISSANCES L a politique européenne
& CORRIGÉS de la concurrence122
12 ÉTUDE D’UN DOCUMENT La situation des finances publiques
de pays de l’UE  124
13 DISSERTATION La coordination des politiques conjoncturelles
dans l’UEM127

109
TESTEZ-VOUS CORRIGÉS P. 318-320

Faites le point sur vos connaissances,


puis établissez votre parcours de révision
en fonction de votre score.

1 Intégration européenne et croissance économique → FICHE 20


1. L’union douanière a pour effet de supprimer toute entrave à…
a. la circulation des biens.
b. la circulation des personnes.
c. la circulation des capitaux.

2. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F


a. L’un des traités de Rome institue
la Communauté économique européenne.
b. Le Danemark doit adopter l’euro d’ici 2025.
c. Le marché commun favorise les économies d’échelle.
d. La monnaie unique est une suite logique du marché unique.
…/2

2 La politique européenne de la concurrence → FICHE 21


1. La politique de la concurrence est un moyen de…
a. protéger la libre concurrence.
b. protéger les entreprises de la concurrence.
c. limiter les importations des autres pays de l’Union européenne.
2. Associez chaque notion à sa définition.
entreprises pouvant faire face
a. abus de position dominante ● ●
à la concurrence internationale
fait de profiter de sa position de leader
b. champions européens ● ●
sur le marché
activité d’intérêt général assurée
c. service public ● ●
par les pouvoirs publics
…/2

110
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

3 La politique économique conjoncturelle → FICHE 22


1. La politique monétaire est menée par…
a. les banques de dépôt.
b. la Banque centrale.
c. le gouvernement.
2. Complétez le texte avec les mots qui conviennent.
La Banque centrale fixe le taux d’intérêt ………… et elle intervient également
sur le marché ………… Une hausse du taux d’intérêt augmente le coût du …………
Une hausse des dépenses ………… a des effets positifs sur la demande globale
mais risque d’augmenter ………… .
3. Une politique de relance a pour objectif…
a. l’augmentation de la croissance économique.
b. la baisse de l’inflation.
c. la baisse du déficit extérieur.
…/3

4 Spécificités et défauts de coordination


des politiques économiques de l’UE → FICHE 23
1. L’objectif principal de la Banque centrale européenne est…
a. le plein-emploi.
b. la croissance économique la plus élevée possible.
c. le maintien d’un taux d’inflation avoisinant 2 %.
2. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F
a. Le Pacte de stabilité et de croissance oblige les pays de la zone euro
à avoir un déficit budgétaire inférieur à 3 %.
b. Le budget européen représente près de 50 % du PIB des pays de l’Union.
c. Un choc asymétrique ne touche qu’un seul pays.
3. La crise financière de 2008 a montré que…
a. l’absence de coordination des politiques économiques
favorisait les politiques d’austérité.
b. l’Union européenne devait donner la priorité à la lutte contre l’inflation.
c. le plein-emploi restait le principal objectif de l’Union européenne.
…/3

Score total …/10


Parcours PAS À PAS ou EXPRESS ? MODE D’EMPLOI P. 3

5 • Les politiques économiques dans le cadre européen 111


20 Intégration européenne
et croissance économique
En bref Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’intégration euro-
péenne apparaît comme un moyen pour assurer une paix durable en
Europe. Cette intégration est d’abord économique afin de favoriser la
croissance.

I Les étapes de l’intégration européenne


1 De l’union douanière au marché unique
Pour mettre fin aux conflits qui ont marqué le xxe siècle et installer la paix
sur le continent européen, des responsables politiques, les « Pères fondateurs »
de l’Europe, décident de renforcer la coopération entre
les différents États. En 1951, le traité instituant la Com- MOT CLÉ
L’intégration européenne
munauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) est un processus
pose les bases de l’intégration européenne qui se poursuit entraînant une cohésion
en 1957 avec la signature des traités de Rome favorisant économique et politique
l’intégration économique européenne. L’intégration de plus en plus forte
politique demeure limitée. entre les pays européens.

L’un des traités de Rome institue la Communauté économique européenne


(CEE) qui comprend une union douanière et un marché commun.
L’union douanière supprime toute entrave à la circulation des biens au sein de
la CEE. Elle est effective à partir du 1er juillet 1968.
Le marché commun, ou marché unique, prévoit la libre circulation des biens,
mais également des services, des capitaux et des personnes. L’Acte unique euro-
péen, en 1986, instaure définitivement le marché unique à partir de 1993.

2 La mise en place de la zone euro


L’adoption d’une monnaie unique par l’Union européenne s’impose au sein
de ce marché unique. En 1988, un comité est chargé de fixer les étapes du passage
à une Union économique et monétaire (UEM).
Une convergence économique des pays adoptant la monnaie unique est alors
nécessaire. Les pays souhaitant adhérer à la zone euro devront répondre aux
conditions imposées par le comité. La décision de créer une monnaie unique est
prise lors du traité de Maastricht en 1992.
La zone euro est effective depuis 1999 et regroupe tous les pays de l’Union
européenne qui ont adopté la monnaie unique, l’euro, émise par la Banque cen-
trale européenne. Le Royaume-Uni (avant sa sortie de l’UE en 2020), le Danemark
et la Suède, membres de l’Union européenne, ont refusé d’une manière définitive
d’en faire partie.

112
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

II Les effets du marché unique sur la croissance


Le marché unique permet la constitution d’un marché plus vaste que le mar-
ché national. L’ouverture aux entreprises européennes de l’ensemble des marchés
nationaux accroît leurs débouchés favorisant ainsi l’augmentation de la produc-
tion et donc la croissance économique.
L’accroissement de la production permet de réaliser des économies d’échelle
FICHE 7 . Le coût unitaire de production baisse du fait de l’augmentation de la
production. La baisse des coûts de production entraîne une baisse des prix permet-
tant ainsi une hausse du pouvoir d’achat des agents économiques. La consomma-
tion et la croissance de la production sont alors stimulées.
La baisse des coûts de production liée au marché unique permet d’améliorer la
compétitivité-prix FICHE 8 des entreprises européennes. Ainsi, celles-ci peuvent
accroître leurs exportations vers les marchés hors de l’Union européenne.
La concurrence entre les entreprises au sein du marché unique incite les entre-
prises à innover dans leurs produits, mais aussi dans leur organisation productive
impliquant des gains de productivité. Ces innovations profitent aux consomma-
teurs et accélèrent la croissance économique.

zo om La construction européenne et la zone euro

Après plusieurs élargissements, l’Union européenne est composée en 2013


de 28 pays dont 19 ont adopté l’euro.
En juin 2016, le Royaume-Uni décide de quitter l’Union européenne. Le Brexit
est effectif depuis le 31 janvier 2020. Depuis l’UE regroupe 27 pays.

5 • Les politiques économiques dans le cadre européen 113


21 La politique européenne
de la concurrence
En bref Au sein de l’Union européenne, la politique de la concurrence
est devenue indissociable du marché unique. Cependant, cette politique
connaît des limites.

I Les caractéristiques
1 Les objectifs
La politique de la concurrence est définie comme l’ensemble des institutions
et réglementations garantissant les principes concurrentiels. Elle représente un
moyen de protéger la libre concurrence et de réguler le marché.
La politique de la concurrence doit assurer une concurrence, libre, loyale et
non faussée. Elle est tenue, en principe, d’améliorer la compétitivité des entre-
prises en les incitant à innover et de favoriser la consommation par une baisse des
prix et une plus grande qualité des produits.

2 Les modalités
La politique de la concurrence est une compétence exclusive de l’Union
européenne et sa mise en œuvre est de la responsabilité de la Commission euro-
péenne. Au niveau national, des organismes sont chargés
de l’application de cette politique (en France, l’Autorité MOT CLÉ
de la concurrence). L’abus de position
La politique de la concurrence définit des règles dominante consiste,
pour une entreprise,
concernant les entreprises. Elle interdit aux entreprises
à profiter de sa position
de s’entendre sur les prix ou les quantités produites. Les de « leader » sur le marché,
entreprises ne doivent pas abuser d’une position domi- en empêchant l’arrivée
nante sur le marché. Enfin, la Commission européenne de nouvelles entreprises
contrôle les opérations de concentration afin d’empêcher sur un marché lié
par exemple.
les pratiques anticoncurrentielles.
La politique de la concurrence concerne également les interventions publiques.
Les aides de l’État sont interdites lorsqu’elles risquent de fausser la concurrence. De
plus, elle remet en cause les monopoles publics en les ouvrant à la concurrence.

II Les limites
1 L’absence de « champions européens »
La politique de la concurrence est jugée trop restrictive. Elle contrôle les
concentrations et refuse certaines d’entre elles ( ZOOM ) et empêche la constitu-
tion de « champions européens », c’est-à-dire d’entreprises suffisamment impor-
tantes pour faire face à la concurrence internationale.
114
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
L’interdiction des aides publiques aux entreprises est également critiquée et
vue comme un handicap (tous les pays hors de l’Union européenne, notamment
la Chine et les États-Unis, soutiennent leurs entreprises).

2 La remise en cause des services publics


L’Union européenne a remis en cause les monopoles MOT CLÉ
publics jugés inefficaces. La politique de la concurrence Un monopole public est
a incité la Commission européenne à redéfinir la notion une entreprise gérée par
de service public. Elle distingue les services d’intérêt l’État ou une collectivité
économique général (SIEG) qui doivent être soumis à la locale qui est le seul
offreur sur un marché :
concurrence, des services d’intérêt général (Santé, Éduca- par exemple, la SNCF
tion, Défense) qui peuvent échapper au marché et don- avant l’ouverture
ner lieu à l’intervention de l’État. à la concurrence imposée
par l’Union européenne.
L’ouverture de certains services publics peut avoir des
effets économiques, sur l’emploi par exemple, mais sur-
tout sur la cohésion sociale. Mais la recherche de l’efficacité et de coûts moins
élevés amène les services publics traditionnels à réduire leurs coûts et leur pré-
sence sur le territoire national (fermetures de bureaux de poste par exemple).

zo om L’échec de la fusion entre Alstom et Siemens

En septembre 2017, Alstom et Siemens annoncent la fusion de leurs acti-


vités ferroviaires. Leur objectif est de devenir le deuxième fabricant mondial
de trains, métros, tramways et de pouvoir soutenir la concurrence du premier
groupe mondial, l’entreprise chinoise CRRC.
En février 2019, la Commission européenne rejette ce projet de fusion qui
porterait atteinte à la concurrence sur les marchés des systèmes de signalisation
et des trains à très grande vitesse (TGV), entraînant également une hausse des
prix pour les clients et une baisse de l’innovation.

5 • Les politiques économiques dans le cadre européen 115


22 La politique économique
conjoncturelle
En bref Pour agir sur l’activité économique, les pouvoirs publics mettent
en œuvre une politique économique conjoncturelle. Celle-ci repose sur deux
instruments principaux : la politique monétaire et la politique budgétaire.

I La politique monétaire
1 Les principes de la politique monétaire
La politique monétaire désigne l’ensemble des moyens mis en œuvre pour
contrôler l’offre de monnaie PROGRAMME DE 1re . Cette politique est menée en
France par la Banque centrale qui peut être indépendante du pouvoir politique,
et dans la zone euro, par la Banque centrale européenne (BCE).
Aujourd’hui, les principaux instruments de la politique monétaire sont les
taux d’intérêt et le montant des réserves obligatoires. La Banque centrale agit sur
la création monétaire des banques en fixant un taux d’intérêt pour le refinan-
cement des banques (taux d’intérêt directeur). Elle intervient également sur le
marché monétaire (open market), comme c’est le cas pour la BCE.
Les réserves obligatoires recouvrent la quantité de monnaie que chaque
banque doit obligatoirement déposer sur un compte à la Banque centrale. Celle-ci
détermine un taux de réserve obligatoire mesuré par la quantité de monnaie en
réserve relative à la quantité de monnaie scripturale créée par les banques.

2 Les effets de la politique monétaire


La politique monétaire est un instrument pour agir sur la conjoncture écono-
mique. Traditionnellement, elle agit pour réduire l’inflation. Cependant, dans
une optique défendue par les économistes keynésiens, la politique monétaire
peut permettre de relancer l’activité économique.
Une variation des taux d’intérêt a des effets sur la
MOT CLÉ
demande de crédits et donc sur la demande de monnaie. Le taux directeur désigne
Ainsi, une hausse du taux directeur accroît le coût du le taux d’intérêt fixé
crédit et limite la création monétaire (et inversement par la Banque centrale.
pour une baisse du taux directeur). La hausse du taux de Il influence les taux
d’intérêt des banques.
réserves obligatoires produit les mêmes conséquences.
Cependant, une politique monétaire destinée à limiter l’inflation, comme celle
menée par la BCE, peut avoir des effets négatifs sur la croissance économique et
l’emploi. Le coût plus élevé du crédit freine la croissance de l’investissement ainsi
que celle de la consommation.

116
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

II La politique budgétaire
1 Le budget de l’État
La politique budgétaire consiste, pour les pouvoirs publics, à utiliser le bud-
get de l’État pour agir sur la conjoncture économique. Les ressources du budget
dépendent de la politique fiscale : taux d’imposition, création ou suppression
d’impôts. Les dépenses publiques recouvrent les dépenses de l’État et des admi-
nistrations publiques ainsi que celles des organismes de Sécurité sociale.
Un solde budgétaire (différence entre les recettes et les dépenses publiques)
négatif est le signe d’un déficit public. L’action sur le déficit peut être un instru-
ment essentiel de la politique budgétaire.

2 Le rôle de la politique budgétaire


La politique budgétaire peut être utilisée dans le cadre d’une politique de
relance. Une hausse des dépenses publiques et/ou une baisse du taux d’imposi-
tion a des effets positifs sur la demande globale sur le marché. Cependant, dans
la zone euro, cette politique connaît des limites du fait du Pacte de stabilité et de
croissance FICHE 23 car elle a pour effet d’augmenter l’endettement des pays.
Le remboursement de cet endettement prend une part de plus en plus importante
dans les dépenses publiques.
La hausse des dépenses publiques peut entraîner une accélération de l’inflation et
un déficit extérieur élevé. Dès lors, la baisse des dépenses et la réduction de l’endet-
tement public deviennent prioritaires pour limiter l’inflation (politique de rigueur).

zo om Le carré magique de Kaldor


Le carré magique est une repré-
sentation graphique élaborée par Croissance
l’économiste anglais Nicholas Kaldor Taux de croissance en %
(1908-1986). Il présente les quatre 8
6
principaux objectifs d’une politique 4
économique conjoncturelle. 2
Équilibre
Emploi
Chaque sommet correspond à un 15 extérieur
objectif : croissance élevée, stabilité Taux de chômage 10 Solde extérieur
% de la population 5
des prix, plein emploi, équilibre des active
% du PIB
2 4 6 810 −1 0 1 2
échanges extérieurs. Le carré repré-
senté en rouge correspond à une Stabilité des prix Source : Jean-Yves
Capul, Dictionnaire SES,
situation optimale. Inflation en % Hatier, 2020.

5 • Les politiques économiques dans le cadre européen 117


23 Spécificités et défauts de coordination
des politiques économiques de l’UE
En bref Les spécificités de la politique économique au sein de l’Union
européenne nécessitent une coordination des politiques conjoncturelles.
Cette coordination est difficile à mettre en œuvre malgré le Pacte de
stabilité et de croissance.

I Les caractéristiques de la politique


économique de l’UE
1 Une politique monétaire européenne unique mais…
Pour les 19 pays ayant adopté l’euro comme monnaie MOT CLÉ
unique, la politique monétaire est unique et elle est mise La Banque centrale
en œuvre par la Banque centrale européenne (BCE). Les européenne est
Banques centrales nationales mettent en application les indépendante du pouvoir
décisions de la BCE. politique car aucun
gouvernement ne peut
Les statuts de la BCE stipulent que son objectif prin- lui imposer ses décisions.
cipal est la stabilité des prix, c’est-à-dire un niveau
d’inflation avoisinant les 2 %. Pour atteindre cet objectif, la BCE fixe les taux
d’intérêt directeurs auxquels les banques se refinancent auprès de la BCE. Ces
taux d’intérêt s’appliquent à tous les pays de la zone euro quelle que soit la situa-
tion de leur conjoncture économique.

2 … des politiques budgétaires nationales


et un faible budget européen
La politique budgétaire reste sous la responsabilité de chaque État de l’UE. Pour
coordonner les politiques budgétaires nationales et éviter l’apparition de déficits
excessifs, les pays de la zone euro ont adopté, en 1997, un Pacte de stabilité et de
croissance (PSC).
Le PSC oblige les pays de la zone euro à avoir un déficit public inférieur à
3 % du PIB et un taux d’endettement public inférieur à 60 % du PIB. Si un pays
dépasse les limites imposées par le PSC, la Commission européenne doit, en
principe, engager une procédure pour déficit excessif.
La faiblesse du budget européen empêche toute politique de relance écono-
mique en cas de nécessité. En effet, son budget ne représente que 1 % du PIB
des pays de l’Union européenne. Il est principalement utilisé pour la Politique
agricole commune (PAC) et la Politique de cohésion.

118
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

II Les difficultés de la politique économique de l’UE


1 Une politique monétaire aux impacts différents
Une politique monétaire commune peut avoir des conséquences différentes sur
la croissance économique selon les pays de la zone euro. Si le taux d’inflation moyen
au sein de la zone euro est trop élevé, la BCE peut augmenter ses taux d’intérêt, pro-
voquant ainsi un ralentissement de la croissance dans les pays où elle est déjà faible.
Ainsi, dans les années 2000, l’Espagne avait un taux de croissance et une infla-
tion élevés alors que l’Allemagne et la France avaient une croissance faible. Des
taux d’intérêt trop hauts freinaient la croissance des pays les moins dynamiques ;
trop bas, ils favorisaient l’inflation déjà élevée des pays à croissance forte.

2 Le défaut de coordination des politiques conjoncturelles


Malgré le PSC, les pays de l’UEM sont impactés dif-
MOT CLÉ
féremment par les chocs asymétriques. La crise des Un choc asymétrique est
subprimes, par exemple, a touché inégalement les pays un choc économique qui
de l’UE : forte augmentation du taux de chômage dans ne touche qu’un seul pays
certains pays (plus 15 points en Grèce et en Espagne), ou dont l’effet diffère
selon les pays : taux
baisse de ce taux en Allemagne (moins 3 points environ).
d’inflation ou de chômage
L’absence de solidarité et de coordination des poli- plus élevés par exemple.
tiques conjoncturelles ne permet pas de relancer l’activité
économique d’un pays européen frappé par une crise. Les pays de la zone euro
ont contraint la Grèce dans les années 2010 à une politique de baisse drastique
des dépenses publiques en contradiction avec la politique monétaire menée par la
BCE, accentuant ainsi le chômage et la pauvreté.
Afin d’éviter que les politiques de rigueur ne remettent en cause l’Union écono-
mique et monétaire, la création d’un fonds de solidarité financière (le Mécanisme

om
européen de stabilité, MES) constitue une avancée dans la solidarité.

zo
L’évolution du taux directeur de la BCE depuis 2008
5
Une politique monétaire accommo-
dante (conventionnelle) consiste à aug- 4

menter la masse monétaire et à fixer des 3


taux d’intérêt faibles afin d’augmenter le
2
crédit pour relancer la consommation et
l’investissement. 1

Lors de la crise financière de 2008, 0


l’absence de coordination des politiques
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020

budgétaires au sein de la zone euro a


incité la BCE à baisser le taux directeur. Source : Global-rates.com

5 • Les politiques économiques dans le cadre européen 119


MÉMO VISUEL

L’intégration européenne

Mise
Traités Marché Traité en circulation
CECA de Rome unique de Maastricht PSC de l’euro

1951 1957 1986 1992 1997 2002


• CEE :
– Union douanière
– Monnaie unique
– BCE
– Marché commun – Critères
• Euratom de convergence

LES POLITIQUES

La politique européenne
de la concurrence

Objectifs
• Garantir les principes concurrentiels
• Améliorer le bien-être des consommateurs

Modalités
• Sous la responsabilité de la Commission européenne
• Interdiction des abus de position dominante
• Ouverture des monopoles publics à la concurrence

Limites
• Absence de champions européens
• Remise en cause des monopoles publics
120
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

La politique conjoncturelle dans l’UE

Principes
• Croissance
• Stabilité des prix
• Équilibre extérieur
Instruments de mise en œuvre
Politique monétaire Politique budgétaire
Politique unique Politique nationale
Politique menée par la BCE Politique limitée par le PSC
• déficit public inférieur à 3 %
• taux d’endettement public
inférieur à 60 % du PIB

ÉCONOMIQUES
DANS L’UE
Les défauts
de coordination

Manque et contrainte des politiques budgétaires


• Faible budget européen
• Respect par chaque État des limites du PSC

Faiblesse et contradictions
de la politique monétaire unique
• Impact différent de la politique monétaire selon les pays
• Incapacité de faire face aux chocs asymétriques
• Politique monétaire parfois en contradiction avec la politique budgétaire
• Politiques budgétaires parfois opposées entre États

Début de solidarité
Création du Mécanisme européen de stabilité (MES)

5 • Les politiques économiques dans le cadre européen 121


OB JEC TIF
SUJET 11 B AC
MOBILISATION DES CONNAISSANCES 30 min La politique
européenne
de la concurrence
La politique européenne de la concurrence est
un sujet d’actualité, notamment avec la volonté
de la Commission européenne de limiter
le pouvoir économique des GAFA (Google, Apple,
Facebook, Amazon).

L E S UJ E T
Quelles sont les caractéristiques de la politique européenne de la concur-
rence dans le cadre du marché commun ?

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de la mobilisation des connaissances
p. 312.

Définir les mots clés


◗ La politique de la concurrence désigne l’ensemble des institutions et régle-
mentations ayant pour rôle de faire respecter les principes de la concurrence.
◗ Le marché commun, ou marché unique, prévoit la libre circulation des biens,
mais également des services, des capitaux et des personnes. L’Acte unique
européen, en 1986, instaure définitivement le marché unique à partir de 1993.

Structurer la réponse
◗ On présentera d’abord les objectifs de la politique européenne de la concurrence.
◗ On explicitera ensuite les modalités de mise en œuvre de cette politique.

122
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

CORRIGÉ

Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
La politique de la concurrence désigne l’ensemble des institutions et réglementa-
tions destinées à garantir les principes concurrentiels. Cette politique a pour rôle de
faire respecter la libre concurrence et de réguler le marché. Au niveau européen, elle
s’inscrit dans le cadre du marché unique européen. Pour caractériser la politique
de la concurrence européenne, nous allons d’abord présenter ses objectifs, puis
expliquer ses modalités de mise en œuvre.
Développement
◗ Le principal objectif de la politique européenne de la concurrence est d’assurer
le bien-être des consommateurs de l’Union européenne. En effet, la concurrence
leur est favorable : elle doit permettre une baisse des prix et une amélioration de la
qualité des produits offerts sur le marché.
◗ La politique européenne de la concurrence vise égale-
ment à favoriser la compétitivité des entreprises euro- À NOTER
L’innovation est un moyen
péennes en les encourageant à innover et à être plus
d’accroître la compétitivité
efficaces. hors-prix des entreprises.
◗ La politique européenne de la concurrence est une
compétence exclusive de l’Union européenne et sa mise en œuvre est de la
responsabilité de la Commission européenne. Cette politique définit des règles
s’appliquant non seulement aux entreprises (interdiction des ententes, des abus
de position dominante), mais également aux pouvoirs publics (interdiction des
aides de l’État susceptibles de fausser la concurence).
Conclusion
Afin de favoriser la concurrence dans le cadre du marché unique européen, l’Union
européenne met en place une politique de la concurrence. Cette politique doit per-
mettre une concurrence libre et non faussée qui améliore le bien-être des consom-
mateurs et l’efficacité des entreprises. Sa mise en œuvre est de la responsabilité de
la Commission européenne.

5 • Les politiques économiques dans le cadre européen 123


OB JEC TIF
SUJET 12 B AC
ÉTUDE D’UN DOCUMENT 1h La situation des finances
publiques de pays de l’UE
Le document statistique étudié ici permet
de montrer l’évolution contrastée de la situation
des finances publiques de quatre pays
de la zone euro.

L E S UJ E T
Document Solde public et dette publique dans la zone euro
entre 2016 et 2018 (en % du PIB)
Solde public Dette publique
2016 2017 2018 2016 2017 2018
Allemagne 0,9 1 1,7 68,5 64,5 60,9
Grèce 0,5 O,7 1,1 178,5 176,2 181,1
France – 3,5 – 2,8 – 2,5 98 98,4 98,4
Italie – 2,5 – 2,4 – 2,1 131,4 131,4 132,2
Zone euro – 1,6 –1 – 0,5 89,2 87,1 85,1
Source : Eurostat.
1. Que signifie la valeur en gras soulignée ?

SAVOIR-FAIRE
• Le pourcentage mesure une proportion, c’est-à-dire une valeur
(ici, le solde public ou la dette publique) dans un ensemble
(ici, le produit intérieur brut) représenté
par la valeur 100.
• La différence entre deux pourcentages est évaluée en points de pourcentage.

2. Mettez en évidence l’évolution des soldes publics et dettes publiques des quatre
pays de la zone euro mentionnés dans le tableau.

124
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de l’étude d’un document p. 313.

Définir les mots clés


◗ Le solde public est la différence entre les recettes publiques et les dépenses
publiques au cours d’une année. Si ce solde est positif, on parle d’excédent
public et, si ce solde est négatif, de déficit public.
◗ La dette publique est la dette de l’État. Son évolution annuelle résulte des
emprunts de l’État et des remboursements réalisés au cours de l’année.
◗ La zone euro est composée des pays de l’Union européenne ayant adopté
l’euro comme monnaie unique.

Comprendre le document
◗ La source de ce document est Eurostat, la principale institution fournissant
des statistiques sur l’Union européenne.
◗ Les données présentées permettent d’évaluer et de comparer l’évolution du
solde public et de la dette publique, exprimés en pourcentage du produit inté-
rieur brut (PIB), de quatre pays de la zone euro et de la zone dans son ensemble
entre 2016 et 2018.

Structurer la réponse à la seconde question


◗ Dans un premier temps, nous étudierons l’évolution de 2016 à 2018 du
solde public et de la dette publique pour la zone euro et les quatre pays
mentionnés dans le tableau.
◗ Dans un second temps, nous ferons une comparaison entre ces pays.

CORRIGÉ
1. Selon Eurostat, en 2018, la dette publique de l’Allemagne représente 60,9 % de
son PIB (ou selon Eurostat, en 2018, pour un PIB égal à 100 en Allemagne, la dette
publique est de 60,9).

2. Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.


Introduction
Le document est un tableau statistique issu d’Eurostat, principale source statistique
de l’Union européenne. Les données portent sur l’évolution du solde public et de la
dette publique, en pourcentage du PIB, de la zone euro et de quatre pays de cette zone
(Allemagne, Grèce, France, Italie) entre 2016 et 2018. Le solde public est la différence

5 • Les politiques économiques dans le cadre européen 125


entre les ressources et les dépenses de l’État ou de la zone, et la dette publique est la
dette de l’État ou de la zone.
Nous analyserons tout d’abord l’évolution du solde public et de la dette publique
de la zone euro dans son ensemble, puis les évolutions de ces données pour chacun
des pays mentionnés afin de les comparer.
Développement
◗ Dans la zone euro, le solde public reste déficitaire au cours de la période étu-
diée (2016‑2018). Cependant, on constate une baisse de ce déficit de 1,1 point de
pourcentage. La dette publique dans la zone euro diminue également de 4,1 points
de pourcentage.

CONSEILS
Attention aux calculs mettant en jeu des valeurs négatives.
• Pour le solde public de la zone euro :
– 0,5 % en 2018 – (– 1,6 %) en 2016 = 1,1 point de pourcentage.
• Pour la dette publique de la zone euro :
85,1 % en 2018 – 89,2 % en 2016 = – 4,1 points de pourcentage.

◗ Une comparaison entre les quatre pays étudiés dans le document permet
de mettre en évidence la situation de l’Allemagne. En effet, ce pays est le seul à
connaître une baisse de son endettement public : moins 7,6 points de pourcentage
entre 2016 et 2018. L’Allemagne a un excédent budgétaire public tout comme la
Grèce, mais celle-ci voit sa dette publique augmenter de 2,6 points de pourcentage.
La France et l’Italie ont un déficit budgétaire et leur dette publique augmente.
Conclusion
Entre 2016 et 2018, le déficit public de la zone euro dans son ensemble baisse. C’est
aussi le cas pour la Grèce, la France et l’Italie. Cependant, il faut distinguer le cas
de l’Allemagne qui connaît un excédent public qui s’accroît au cours de la période.
L’Allemagne se distingue également pour sa dette publique qui est moins élevée,
comme dans la zone euro, alors que celles de la Grèce, de la France et de l’Italie
augmentent.

126
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
OB JEC TIF
SUJET 13 B AC
DISSERTATION 4h La coordination des politiques
conjoncturelles dans l’UEM
Ce sujet sur les difficultés de coordination
des politiques économiques au sein de l’Union
économique et monétaire (UEM) permet d’expliquer
les principales caractéristiques de cette union
et de mettre en évidence ses limites.

L E S UJ E T
Quelles sont les difficultés des États membres de l’Union économique
et monétaire à coordonner leurs politiques conjoncturelles ?

Document 1 Indicateurs pour sept pays de la zone euro


Taux Poids des Poids
Solde Dette
de croissance prélèvements des dépenses
public publique
du PIB obligatoires publiques
en 2018 en 2018
en volume en 2017 en 2017
(en % (en %
en 2018 (en % (en %
du PIB) du PIB)
(en %) du PIB) du PIB)
Zone euro 1,9 – 0,5 85,1 41,4 45,8
Allemagne 1,5 1,7 60,9 40,5 43,9
Irlande 8,2 0 64,8 23,5 26,3
Grèce 1,9 1,1 181,1 41,8 48,4
Espagne 2,5 – 2,5 97,1 34,5 41
France 1,7 – 2,5 98,4 48,4 56,5
Italie 0,8 – 2,1 132,2 42,4 47,3
Portugal 5,1 – 0,5 121,5 36,9 45,7
Source : D’après Eurostat et Statista.

Document 2 Le Pacte de stabilité et de croissance


Le Pacte de stabilité et de croissance (PSC) a été adopté au Conseil européen
d’Amsterdam en juin 1997. [...] Le PSC comporte deux types de dispositions :
– La surveillance multilatérale, disposition préventive : les États de la zone
euro présentent leurs objectifs budgétaires à moyen terme dans un pro-
5 gramme de stabilité actualisé chaque année. Un système d’alerte rapide
5 • Les politiques économiques dans le cadre européen 127
permet au Conseil ECOFIN, réunissant les ministres de l’Économie et des
Finances de l’Union, d’adresser une recommandation à un État en cas de
dérapage budgétaire.
– La procédure des déficits excessifs, disposition dissuasive. Elle est enclen-
10 chée dès qu’un État dépasse le critère de déficit public fixé à 3 % du PIB, sauf
circonstances exceptionnelles. Le Conseil ECOFIN adresse alors des recom-
mandations pour que l’État mette fin à cette situation. Si tel n’est pas le cas,
le Conseil peut prendre des sanctions : dépôt auprès de la Banque centrale
européenne qui peut devenir une amende (de 0,2 à 0,5 % du PIB de l’État en
15 question) si le déficit excessif n’est pas comblé.
Source : Vie-publique.fr.

Document 3  volution des indices des prix à la consommation


É
harmonisés dans la zone euro et dans cinq pays
de l’UEM en 20171 (en %)
Zone euro Allemagne Belgique France Irlande Lituanie
Inflation 1,7 1,6 2,1 1,2 0,5 3,8
1. Évolution de l’indice de décembre 2017 par rapport à l’indice de décembre 2016.

Source : Eurostat.

Document 4 Taux de chômage dans cinq pays de la zone euro (en %)


30,0

25,0 Grèce
Espagne
20,0

15,0
Italie
10,0
France
5,0
Allemagne
0,0
3

14

5
0
8

4
12

3
08

10

2
01

01

01

01
01

01
01
00

00
00

01

0
0
0

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vie
vie

lle
lle

jui

jui
jui

jui
jui

jan

jan
jan

jan
jui
jui

jan
jan
jan
jan

Source : D’après Eurostat, 2015.

128
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de la dissertation p. 316.

Analyser la consigne et dégager une problématique


Union économique
quelles sont les difficultés et monétaire (UEM)
Sujet-analyse : on vous demande Dernière étape de l’intégration
d’expliquer les raisons qui rendent économique européenne,
difficile la coordination l’UEM repose sur l’union
des politiques conjoncturelles. économique à laquelle
s’ajoute une monnaie unique.

Analyse du sujet

politiques conjoncturelles
Décisions des pouvoirs publics coordonner
visant à agir sur les grands Mener des actions concertées
équilibres économiques dans un intérêt commun.
à court terme (croissance,
plein-emploi, stabilité des prix…).

◗ Problématique. La création d’une union économique et monétaire avec


l’adoption de la monnaie unique en zone euro a modifié les règles définissant
les politiques conjoncturelles des pays de cette zone : la politique monétaire est
centralisée alors que chaque pays dispose de son autonomie budgétaire. Il faut
donc coordonner ces politiques par des actions concertées au niveau budgé-
taire. Or, cette coordination est difficile à mettre en place. Pourquoi ?

Exploiter les documents


Document 1
Le document 1 est un tableau statistique qui porte sur les indicateurs écono-
miques de sept pays de l’UEM en 2018 ou 2017. Il met en évidence les diffé-
rences de situation économique entre ces pays, notamment en ce qui concerne
la croissance économique.
Document 2
Le document 2 est un texte qui rappelle les contraintes imposées par le Pacte
de stabilité et de croissance (PSC) s’exerçant sur les politiques budgétaires
nationales et les éventuelles sanctions pour les pays qui ne les respectent pas.
Document 3
Le document 3 est un tableau statistique qui permet de comparer les taux
d’inflation de cinq pays membres de l’UEM. La divergence des taux d’inflation
complique la définition d’une politique monétaire unique, s’appliquant effica-
cement à l’ensemble de ces pays.

5 • Les politiques économiques dans le cadre européen 129


Document 4
Le document 4 est un graphique qui montre les écarts importants de taux de
chômage entre cinq pays de l’UEM, écarts qui rendent difficile la coordination
des politiques budgétaires.

Définir le plan
◗ Quelles sont les caractéristiques de la politique
1 La nécessaire
monétaire dans l’UEM ?
coordination
des politiques budgétaires ◗ Pourquoi les politiques budgétaires
dans le cadre doivent-elles être coordonnées ? (doc. 2)
d’une politique
monétaire unique

◗ Quelle est la situation économique


2 Les difficultés
de la coordination des membres de l’UEM ? (doc. 1, 3 et 4)
des politiques budgétaires ◗ Les pays de l’UEM sont-ils solidaires ?

CORRIGÉ

Les titres en couleur ou entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
[accroche] La crise économique démarrée en 2008 a révélé des problèmes de coor-
dination des politiques conjoncturelles entre les 19 pays membres de l’Union éco-
nomique et monétaire (UEM).
[présentation du sujet et problématique] Dernière À NOTER
étape de l’intégration économique européenne réali- L’articulation des deux
sée en 1992, l’UEM repose sur l’union économique à instruments de la politique
conjoncturelle (monnaie
laquelle s’ajoute une monnaie unique. Sa création a
et budget) est appelée
modifié les règles des politiques conjoncturelles de ses policy mix.
pays membres, c’est-à-dire les décisions des pouvoirs
publics visant à agir sur les grands équilibres économiques à court terme : la poli-
tique monétaire est centralisée alors que chaque pays dispose de son autonomie
budgétaire, il faut donc coordonner ces politiques par des actions concertées au
niveau budgétaire. Or, cette coordination est difficile à mettre en place. Pourquoi ?
[annonce du plan] Nous montrerons pourquoi la coordination des politiques
conjoncturelles est indispensable depuis la création de la monnaie unique, avant
d’expliquer les difficultés de cette coordination.

130
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
I. La nécessaire coordination des politiques budgétaires
dans le cadre d’une politique monétaire unique
LE SECRET DE FABRICATION
Pour comprendre les difficultés de coordination des politiques au sein de l’UEM,
il faut commencer par analyser les caractéristiques des politiques conjoncturelles
de ses États membres.

1. Une seule politique monétaire


◗ Depuis le 1er janvier 1999, les pays ayant adhéré à la zone euro sont soumis à une
politique monétaire commune menée par la Banque centrale européenne (BCE),
indépendante du pouvoir politique. D’après ses statuts, la BCE a pour objectif princi-
pal et quasi unique la stabilité des prix, qui se traduit par un taux d’inflation avoisi-
nant les 2 %. Pour atteindre cet objectif, la BCE agit sur les taux d’intérêt auxquels les
banques se refinancent auprès d’elle. Ces taux d’intérêt s’appliquent à tous les pays
de la zone euro, quelles que soient leurs situations économiques.
◗ La politique monétaire commune peut avoir des effets différents sur la crois-
sance économique des pays membres de l’UEM. Ainsi, si le taux d’inflation moyen
devient trop élevé, la BCE augmente ses taux d’intérêt, ce qui a pour effet de freiner
la croissance économique. Or, les écarts d’inflation peuvent être importants entre
les pays, comme c’était le cas en 2017 (doc. 3). Afin d’éviter les effets pervers d’une
politique monétaire trop restrictive, les pays membres de l’UEM, qui ont conservé
l’autonomie de l’instrument budgétaire, n’ont pas d’autre solution que de mettre
en œuvre une politique budgétaire expansive.
2. … rend indispensable la coordination des politiques budgétaires
◗ Tous les pays membres de l’UEM ne répondent pas de la même manière à un choc
économique. Ainsi, un pays qui connaît un ralentissement de sa croissance peut
y faire face en augmentant ses dépenses publiques. Cependant, cette hausse a un
effet inflationniste sur l’ensemble de la zone euro, ce qui appelle une réaction de
la BCE : elle augmente ses taux d’intérêt, ce qui a pour conséquence d’empêcher
la reprise de l’activité dans le pays concerné par la récession. Cet exemple nous
montre pourquoi la politique monétaire commune nécessite des politiques budgé-
taires coordonnées. C’est le but du Pacte de stabilité et de croissance (PSC), qui
encadre les politiques budgétaires des pays membres de l’UEM.
◗ Le PSC est le résultat de la volonté des pays membres de conserver leur autonomie
budgétaire au moment de l’adoption de la monnaie unique. D’après ce pacte, les
pays de la zone euro ne doivent pas avoir un déficit budgétaire de plus de 3 % du
produit intérieur brut (PIB) ni un taux d’endettement dépassant les 60 % du PIB. Si
un pays dépasse ces limites, la Commission européenne peut entamer une procédure
de déficit excessif pouvant conduire à des pénalités pour ce pays (doc. 2).
II. Les difficultés de la coordination des politiques budgétaires
1. Des situations économiques divergentes
◗ Dix ans après la crise financière de 2008, les situations économiques divergent
entre les pays de l’UEM. Ainsi, la croissance économique en 2018 est de 8,2 %
5 • Les politiques économiques dans le cadre européen 131
en Irlande, mais elle n’est que de 0,8 % en Italie (doc. 1). Le taux d’inflation en
2017 n’est que de 0,5 % en Irlande, tandis qu’il est de 3,8 % en Lituanie (doc. 3).
Le chômage a augmenté de près de 15 points en Grèce et en Espagne entre 2008
(début de la crise) et 2015, alors qu’il a baissé en Allemagne (doc. 4).
◗ La crise de 2008 a constitué un choc asymétrique, dans le sens où elle n’a pas
touché de la même manière tous les pays de l’UEM. Pour éviter une récession trop
importante, certains pays ont été obligés d’augmenter fortement leurs dépenses
publiques dans un premier temps. Mais, les contraintes
du PSC ont obligé ces pays à réduire ces dépenses dans un
second temps afin de limiter un taux d’endettement déjà MOT CLÉ
trop élevé. Cependant, certains pays, comme la Grèce, On parle d’excédent
public lorsque les recettes
ont encore un taux d’endettement très élevé : 181,1 %
de l’État sont supérieures
du PIB en 2018 malgré un excédent public cette même à ses dépenses.
année (doc. 1).
2. Une insuffisance de solidarité entre les pays de l’UEM
◗ Lors de la crise financière de 2008, tous les pays de l’UEM n’ont pas été touchés de
la même manière. Ceux qui connaissaient le plus de difficultés n’ont pas bénéficié
de la solidarité européenne, notamment financière, comme l’illustre la façon dont
a été traitée la crise de la dette grecque. Les pays de la zone euro ont imposé au
gouvernement grec des politiques accentuant la récession, synonyme de chômage
et de pauvreté. Cependant, la création d’un fonds de solidarité financière (Méca-
nisme européen de stabilité, MES) entré en vigueur en 2012 constitue une avancée
dans la solidarité, même si ses moyens restent encore réduits.
◗ Pour mener une politique conjoncturelle cohérente, la politique monétaire unique
pourrait être accompagnée d’un budget européen suffisamment conséquent pour
pouvoir relancer les dépenses des pays dont l’activité est trop faible pour atteindre
le plein-emploi. Aujourd’hui, le budget européen représente à peine 1 % du PIB
européen, ce qui est nettement insuffisant pour mettre en action la solidarité entre
les pays de la zone euro.
Conclusion
[bilan] La création de l’UEM a profondément modifié les conditions de mise en
œuvre des politiques conjoncturelles pour les pays membres. La politique moné-
taire menée par la BCE devient commune, mais les États conservent l’autonomie
de leur politique budgétaire. Cependant, ces politiques budgétaires sont soumises
à des contraintes définies par le PSC. L’existence d’une zone monétaire commune
rend en effet nécessaire une plus grande convergence des politiques économiques.
Malgré les contraintes du PSC, les divergences entre les économies de la zone euro
restent importantes. Face aux crises financières, la solidarité entre pays de l’UEM
n’est pas suffisante. [ouverture] Aujourd’hui, se pose la question de savoir si les
pays de la zone euro sont prêts à réformer les institutions de l’Union économique et
monétaire pour résister à une nouvelle crise, comme celle liée au Covid-19.

132
Sociologie
6 L a structure de la société
française actuelle

La cité Gagarine d’Ivry-sur-Seine, détruite en août 2019, fut l’un des symboles
de l’apogée de la classe ouvrière des années 1950-1960.

TEST Pour vous situer et identifier les fiches à réviser 134


24 La société française : un espace social hiérarchisé 136
FICHES 25 Les évolutions de la structure socioprofessionnelle en France 138
DE COURS 26 Les analyses fondatrices de la stratification sociale 140
27 La pertinence de l’approche en termes de classes sociales 142
MÉMO VISUEL 144

Objectif bac
SUJETS GUIDÉS 14 MOBILISATION DES CONNAISSANCES La stratification sociale
& CORRIGÉS selon Marx  146
15 ÉTUDE D’UN DOCUMENT L es inégalités de salaires selon la catégorie
socioprofessionnelle et le sexe 148
16 RAISONNEMENT Les évolutions de la structure
socioprofessionnelle151

133
TESTEZ-VOUS CORRIGÉS P. 318-320

Faites le point sur vos connaissances,


puis établissez votre parcours de révision
en fonction de votre score.

1 La société française : un espace social hiérarchisé → FICHE 24


1. Les principaux facteurs de hiérarchisation de la société française sont…
a. la profession. b. le diplôme. c. le sexe.
2. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F
a. À revenu égal, le niveau de vie d’un célibataire
et celui d’une famille nombreuse sont identiques.
b. La nomenclature des PCS rassemble dans une même catégorie
des individus ayant des propriétés sociales semblables.
c. Le sexe n’est plus une variable de différenciation sociale.
…/2

2 Les évolutions de la structure socioprofessionnelle


en France → FICHE 25
1. La structure socioprofessionnelle est la façon dont…
a. la population se répartit dans les différents types d’emplois.
b. la population active se répartit dans les différents types d’emplois.
c. les individus se perçoivent les uns vis-à-vis des autres.
2. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F
a. La salarisation des emplois conduit au développement
des emplois indépendants.
b. La tertiarisation conduit au développement des emplois
dans le secteur tertiaire.
c. La part globale des emplois peu ou pas qualifiés a diminué
depuis les années 1950.
…/2

134
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

3 Les analyses fondatrices de la stratification sociale → FICHE 26


1. Associez chaque idée à son auteur.
a. La structure sociale est composée K. Marx
● ●
de classes sociales distinctes et hiérarchisées.
b. La position sociale d’un individu n’est pas seulement liée à sa M. Weber
● ●
classe sociale, mais aussi à son groupe de statut et à son parti.
2. La bourgeoisie aujourd’hui constitue…
a. une classe sociale en soi. b. une classe sociale pour soi.
3. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F
a. Une classe sociale selon Weber est composée d’individus partageant
les mêmes chances d’accéder aux ressources économiques.
b. La position sociale d’un individu selon Marx est déterminée
par la possession ou non des moyens de production.
c. La position sociale d’un individu selon Weber est unidimensionnelle.
…/3

4 La pertinence de l’approche en termes


de classes sociales → FICHE 27
Complétez le texte avec les mots qui conviennent.
L’analyse en termes de …………… fait l’objet de nombreux débats. Si jusqu’au
début des années 1990, la société française, sous l’effet de la ……………, a connu
une tendance à la réduction des inégalités ……………, remettant en cause
la pertinence d’une approche en termes de classes, ce mouvement s’atténue
depuis, voire s’inverse : les inégalités économiques et sociales ……………,
ce qui renforce l’idée de l’existence de classes sociales. Mais la multiplication
des inégalités …………… fragilise cette analyse, car les conditions d’existence
objectives à l’intérieur des classes sociales se diversifient. De plus, les enquêtes
statistiques montrent un amoindrissement du …………… à une classe, remettant
elles aussi en cause ce type d’approche pour analyser la structure sociale.
…/1

Score total …/8


Parcours PAS À PAS ou EXPRESS ? MODE D’EMPLOI P. 3

6 • La structure de la société française actuelle 135


24 La société française :
un espace social hiérarchisé
En bref La société française est hiérarchisée en groupes sociaux. L’appar-
tenance à un groupe est déterminée par la profession de l’individu. Mais
il existe d’autres critères de hiérarchisation de l’espace social.

I La profession, un déterminant central


de la position sociale
1 Un accès à certaines ressources lié à la profession occupée
La position sociale d’un individu est fortement liée à sa profession. Si le niveau
de diplôme détermine fortement les chances d’accès à une profession, celle-ci
conditionne l’accès à de nombreuses ressources.
Les revenus, et donc l’accès aux biens et services de consommation, les condi-
tions de travail, le prestige social sont très variables selon les professions. Toutes
les professions sont donc associées à des positions sociales hiérarchisées.

2 Des catégories socioprofessionnelles hiérarchisées


La nomenclature des professions et catégories MOT CLÉ
socioprofessionnelles (PCS) a été élaborée pour La nomenclature des PCS de
classer les professions et regrouper celles qui pré- l’Insee est fondée sur différents
critères (activité, inactivité,
sentent une certaine similarité en termes d’accès profession, statut de l’emploi,
aux ressources valorisées ou de pratiques sociales niveau de qualification…)
dans une même catégorie socioprofessionnelle et rassemble dans une même
(CSP). Elle constitue un outil pour rendre compte catégorie des individus présentant
de la structure sociale. des propriétés sociales communes.

Il en résulte une hiérarchie sociale, reposant sur le type d’emploi occupé,


la place dans la hiérarchie, le niveau de qualification, le secteur d’activité. Les
membres des CSP ouvriers et employés occupent généralement une position
sociale proche, mais inférieure à celle qu’occupent les membres de la CSP profes-
sion intermédiaire, ceux-ci occupant une position sociale inférieure aux membres
de la CSP cadres et professions intellectuelles supérieures.

II D’autres facteurs de structuration


1 La position dans le cycle de vie et le genre
Le genre est une variable importante de différenciation. Les femmes ont géné-
ralement un désavantage sur les hommes pour accéder aux ressources valorisées.
Elles occupent plus souvent un emploi précaire, ont une rémunération moindre
et consacrent plus de temps aux activités domestiques que les hommes.
136
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
Certaines hiérarchies sociales se rapportent à la
position dans le cycle de vie. Les jeunes actifs sont MOT CLÉ
Le cycle de vie est constitué
plus exposés au chômage que les individus plus âgés. des différentes étapes qui
Ainsi, en 2019, 20 % des jeunes de 20 à 24 ans sont jalonnent la vie (entrée à l’école,
au chômage, ce taux est 2,3 fois plus élevé que celui insertion sur le marché du travail,
des actifs de 25 à 49 ans. retraite…).

2 Le lieu de résidence et la composition du ménage


L’accès à certaines ressources socialement valorisées diffère aussi selon le lieu
de résidence. Ainsi les résidents de zone rurale ou périurbaine accèdent moins
facilement aux consommations culturelles que les urbains. De même, à diplôme
égal, habiter un quartier d’une banlieue défavorisée donne un désavantage en
termes d’accès à l’emploi. Selon le rapport 2016 de l’Observatoire national de la
politique de la ville, un diplômé bac + 5 de plus de 30 ans a 22 % de chances de
moins d’occuper un emploi de cadre lorsqu’il est issu des quartiers prioritaires.
La composition du ménage est enfin un facteur de différenciation sociale. Les
familles monoparentales sont ainsi plus exposées à la pauvreté que les familles
composées d’un couple et de leurs enfants. À revenu du ménage égal, le niveau de
vie d’un célibataire et celui d’une famille nombreuse sont aussi très différents.

zo om L’effet de quartier
Part des étrangers
18,6 %
8,0 %
Part de la population 24,3 %
de 0 à 14 ans 17,9 %
Taux de scolarisation 52,9 %
des 16-24 ans 63,9 %
Part des emplois 21,4 %
précaires 14,0 %
Part des familles 24,1 %
monoparentales 17,6 %

Quartiers prioritaires métropolitains Unité urbaines environnantes

Source : Observatoire national de la politique de la ville,


Portrait des quartiers prioritaires, 2016.

Les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) sont les territoires


d’intervention du ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec
les collectivités territoriales, identifiés sur le critère du revenu moyen par habitant.
Ainsi, les personnes issues des quartiers prioritaires sont en moyenne plus
jeunes et moins diplômées. Elles ont donc moins de chances d’accéder à des
emplois stables et bien rémunérés.

6 • La structure de la société française actuelle 137


25 Les évolutions de la structure
socioprofessionnelle en France
En bref La structure socioprofessionnelle correspond à la répartition de
la population active parmi les types d’emplois ou CSP. Depuis les années
1950, elle a connu plusieurs mutations.

I Des emplois de plus en plus salariés


qui se tertiarisent
1 La salarisation des emplois
Engagée dès le xviiie siècle, la salarisation se poursuit jusqu’à nos jours. Selon
l’Insee, dans les années 1960, 30 % des actifs occupés exercent une profession
indépendante, contre 10 % dans les années 2000. Depuis, la part des emplois
salariés reste stable (89 % des emplois).
Depuis 2009 se développent des formes d’emploi brouillant la frontière entre
emplois salariés et emplois indépendants FICHE 35 .

2 La tertiarisation des emplois


Jusque dans les années 1960, la salarisation est liée à l’industrialisation et au
recul des emplois indépendants. Mais progressivement, la part des emplois direc-
tement liés à la production de biens recule au profit des emplois de services.
Les emplois dans les services représentent
40 % du total des emplois dans les années 1960 MOT CLÉ
Les employés dans les CSP
et plus de 70 % aujourd’hui. Ce changement s’ac- regroupent les actifs salariés
compagne du recul de la part des ouvriers au pro- occupant des emplois non
fit de celle des employés, des cadres et des profes- directement liés à la production
sions intermédiaires. de biens et nécessitant
peu de qualification.

II Des emplois de plus en plus qualifiés


1 Une tendance à l’élévation du niveau de qualification
La part des emplois qualifiés dans l’emploi total MOT CLÉ
croît fortement dans les dernières décennies. Par La qualification d’un emploi repose
exemple, celle des cadres et des professions intel- sur les qualités, compétences,
lectuelles supérieures a presque quadruplé depuis niveau et type de diplôme,
les années 1960. considérés comme nécessaires,
par l’employeur, pour occuper
Parallèlement, la part globale des emplois peu un poste. Il faut la distinguer
ou non qualifiés a diminué. de la qualification de l’individu.

138
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

2 La persistance des emplois peu ou non qualifiés


La part des emplois peu qualifiés a diminué dans le secteur secondaire. La part
des ouvriers a été divisée par plus de deux depuis les années 1960. Mais leur
nombre s’accroît dans le secteur des services. Les emplois non qualifiés repré-
sentent aujourd’hui 1 emploi sur 5 environ.

III Une croissance de l’emploi féminin


1 Les femmes plus présentes sur le marché du travail
En 1960, 6,8 millions de femmes et 13 millions d’hommes occupent un em-
ploi contre respectivement 12,7 et 13,5 millions en 2017. L’augmentation du
nombre d’emplois est donc due à la croissance de l’emploi féminin. Il représente
aujourd’hui 48,5 % de l’emploi total (contre 34 % en 1960).
Ce processus est lié aux mutations économiques, aux modifications de la place
des femmes dans la société et aux progrès dans la reconnaissance de leurs droits.

2 La persistance des inégalités de genre


À diplôme égal, les femmes accèdent moins souvent que les hommes aux
postes les plus qualifiés et sont en moyenne moins bien rémunérées FICHE 43 .
Selon le ministère du Travail, en 2019, elles perçoivent un salaire (équivalent
temps plein) de 18,5 % inférieur à celui des hommes.
De plus, certains emplois leur sont réservés et d’autres continuent à leur être
relativement fermés, témoignant de la persistance de stéréotypes.

zo om L’emploi et l’avancée des droits des femmes


Dates clés Lois françaises relatives à l’égalité professionnelle
1907 Les femmes mariées peuvent percevoir leur propre salaire.
Inscription du principe de l’égalité entre hommes et femmes
1946
dans la Constitution de la IVe République.
Exercice d’une profession et ouverture d’un compte bancaire
1965
sans l’autorisation du mari.
1972 Égalité salariale fixant le principe : « à travail égal, salaire égal ».
Suppression des dispositions discriminatoires envers les femmes et
1983
contraires au principe de l’égalité de traitement.
2001 Loi qui encourage les mesures de rattrapage des inégalités constatées.
Obligation de négociations dans les entreprises pour supprimer
2006
les écarts de rémunération.
Quotas de femmes dans les conseils d’administration
2011
et de surveillance des entreprises.

6 • La structure de la société française actuelle 139


26 Les analyses fondatrices
de la stratification sociale
En bref La stratification sociale correspond au découpage de la société
en groupes sociaux, homogènes en termes d’accès aux ressources socia-
lement valorisées, mais hiérarchisés. Les analyses de Marx et Weber sont
fondatrices des théories ultérieures de la stratification sociale.

I L’analyse marxiste des classes sociales


1 Des « classes en soi » MINI-BIO
Karl Marx (1818‑1883),
Pour Marx, le mode de production (la manière
économiste, philosophe, historien
d’organiser la production et les échanges de biens et militant politique allemand,
et services dans une société) crée des positions est également considéré comme
sociales distinctes et hiérarchisées et forme des un précurseur de la sociologie,
groupes sociaux dont les intérêts s’opposent. Ces notamment pour ses analyses
de la stratification sociale.
groupes sont appelés classes sociales.
Marx identifie deux classes sociales : la bourgeoisie, propriétaire du capital, et
le prolétariat qui, ne possédant pas les moyens de production, est contraint, pour
assurer sa subsistance, de vendre son travail à la première. Objectivement, les pro-
létaires partagent la même situation et ont donc le même intérêt, opposé à celui
de la bourgeoisie qui les domine. Chaque groupe forme ainsi une classe en soi.

2 Des « classes pour soi »


La concurrence à laquelle sont soumis les prolétaires pour vendre leur force
de travail tend d’abord à les diviser et à les empêcher d’agir collectivement pour
défendre leurs intérêts de classe.
Mais progressivement émerge une véritable conscience de classe, c’est-à-dire le
sentiment de former un groupe uni par les mêmes intérêts et soudé par l’opposition
à la classe bourgeoise FICHE 27 . La classe ouvrière devient une classe pour soi,
mobilisée contre la domination de la bourgeoisie dans une lutte des classes.

II La théorie wébérienne de la stratification sociale


1 La notion de classe sociale chez Max Weber
Weber définit une classe comme une catégorie composée d’individus parta-
geant une même situation de classe, soit une même probabilité d’accéder aux
ressources économiques (biens et services, revenus, patrimoine…).
Pour lui, les classes sociales sont hiérarchisées mais ne sont pas de véritables
groupes sociaux, dotés d’un sentiment d’appartenance et en lutte les uns contre
les autres.
140
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

2 Une stratification sociale tridimensionnelle


Alors que pour Marx la stratification sociale
MINI-BIO
s’organise autour d’un seul élément de nature
Max Weber (1864‑1920),
économique (la possession ou non des moyens économiste et sociologue
de production), Weber considère que la stratifi- allemand, est considéré
cation sociale s’organise selon trois dimensions comme un des fondateurs
(ou ordres) en partie indépendantes les unes des de la sociologie. La religion
constitue un des objets d’étude
autres. Chaque individu peut occuper une posi-
centraux de son œuvre.
tion différente dans chacune des dimensions de
la stratification sociale.
La position sociale de l’individu n’est pas seulement liée à sa classe sociale
(dimension économique). Elle dépend également de son groupe de statut, qui
rassemble tous ceux qui bénéficient de la même probabilité d’accéder au prestige
social (dimension sociale) et de sa plus ou moins grande participation au pou-
voir politique, selon son degré d’engagement dans un parti, à titre de dirigeant,
de membre actif ou de simple électeur (dimension politique).

zo om Les ouvriers : une « classe en soi » et « pour soi »

Les banlieues « rouges » en France témoignent de l’apogée de la classe ou‑


vrière des années 1950‑1960. C’est la période durant laquelle l’effectif ouvrier est
le plus élevé. Nombreux, les ouvriers sont organisés pour défendre leurs intérêts.
Ils sont représentés par des organisations syndicales et politiques puissantes qui
contribuent aussi à encadrer leurs loisirs et pratiques de sociabilité.
Autour de Paris, comme à la cité Gagarine d’Ivry‑sur‑Seine dont la destruction
a débuté le 31 août 2019, les « banlieues rouges » désignent les villes gérées par
des maires communistes où se concentre une forte population ouvrière.

6 • La structure de la société française actuelle 141


27 La pertinence de l’approche
en termes de classes sociales
En bref La pertinence de l’approche en termes de classes sociales peut
être questionnée à la lumière des mutations de la structure sociale et
des modifications des appartenances ressenties par les individus.

I La question des inégalités


1 Des inégalités (ou distances) inter-classes
qui se maintiennent
Jusqu’au début des années 1980, la société
MOT CLÉ
française a connu une tendance à la réduc-
La moyennisation de la société est
tion des inégalités économiques et sociales, le processus de constitution d’une vaste
à l’homogénéisation relative des pratiques classe moyenne qui s’accompagne
sociales et à une montée en puissance des caté- d’une réduction des écarts de niveau
gories moyennes ainsi qu’un déclin numérique de vie entre les positions extrêmes
dans la stratification sociale
des ouvriers. Ces réalités ont conduit certains
et d’une homogénéisation relative
sociologues à pronostiquer la fin des classes so- des modes de vie.
ciales et à parler de moyennisation de la société.
À partir du milieu des années 1980, le mouvement de réduction des inégalités
cesse, voire se retourne, tandis que l’emploi non qualifié croît dans le secteur
des services. Le maintien des inégalités et de la distance entre les classes sociales
plaide en faveur de la pertinence d’une approche de la stratification sociale en
termes de classes sociales au sens marxiste.

2 Des inégalités (ou distances) intra-classes


qui se creusent
Dans le même temps, les inégalités et les différences de niveaux de vie et
de conditions d’existence se creusent à l’intérieur des classes. Ainsi, dans les
classes populaires et moyennes, les écarts s’accroissent entre ceux qui sont ex-
posés au chômage et à la précarité et ceux qui y échappent, tandis qu’au sein des
classes supérieures, les inégalités de revenus explosent. Selon l’Insee, en 2015, en
moyenne, une personne seule appartenant au groupe des 1 % les plus riches per-
çoit 14 749 euros de revenu par mois avant redistribution contre 108 082 euros
pour une personne seule appartenant au 0,01 % des plus riches.
Au sein de chaque classe, des inégalités liées au genre persistent, notamment
dans les domaines de l’emploi, des rémunérations et dans la répartition des
tâches domestiques.
L’accroissement de ces inégalités intra-classes peut brouiller la stratification
sociale et remettre en cause la pertinence d’une approche centrée sur les classes
sociales.
142
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

II La question des identifications subjectives


1 Un déclin de la conscience de classe
Les enquêtes convergent pour montrer que de moins en moins d’individus
s’identifient à une classe sociale et quand ils le font, déclarent majoritairement se
sentir membre des classes moyennes.
Ce déclin de la conscience de classe et du sentiment de partager une condi-
tion et des intérêts communs est particulièrement net dans les catégories popu-
laires, qui ne formeraient plus une classe pour soi à la différence des membres des
classes dominantes qui savent s’unir pour défendre leurs intérêts.

2 Une conséquence des processus d’individualisation


Ce déclin du sentiment d’appartenir à une
MOT CLÉ
classe opposée à une autre est lié à l’accrois- L’individualisation est un processus
sement des inégalités intra-classes (par historique de long terme qui conduit
exemple, selon l’âge ou la génération, le sexe, à la reconnaissance de la singularité
le type de contrat de travail) qui s’accom- de l’individu, à son émancipation
des institutions et groupes
pagne d’une individualisation des inégalités.
d’appartenance et à l’accroissement
Les inégalités sont de moins en moins de ses possibilités de choix.
interprétées comme résultant d’un destin
collectif lié à l’organisation de la société ; elles sont davantage vécues comme une
expérience individuelle, renvoyées aux éventuelles injustices dont l’individu est
victime, et rapportées à ses mérites, à ses échecs et à sa responsabilité.

zo om
Les inégalités de salaires entre CSP et au sein des CSP
Distribution du revenu salarial par CSP en 2015 (en euros)
Rapport
1er décile 1er quartile Médiane 3e quartile 9e décile interdécile
(D9/D1)
Cadres 11 200 24 920 34 950 47 990 68 490 6,1
Professions
5 610 15 910 23 100 28 950 35 400 6,3
intermédiaires
Employés 1 570 5 910 14 240 19 600 24 680 15,7
Ouvriers 1 950 7 500 16 330 21 070 25 620 13,1
Source : Insee

Le revenu salarial médian des cadres est environ 2,5 fois supérieur à celui des
employés.
Au sein des employés, les 10 % les mieux rémunérés gagnent au moins 15,7
fois plus que les 10 % les moins bien rémunérés, dépassant ainsi le revenu salarial
des cadres les moins bien rémunérés.

6 • La structure de la société française actuelle 143


MÉMO VISUEL

Les facteurs de structuration

• Professions et catégories socioprofessionnelles (PCS)


• Autres facteurs :
– cycle de vie
– genre
– lieu de résidence
– composition du ménage

LA STRUCTURATION
Les théories fondatrices

Karl Marx
• Classe en soi Max Weber
• Classe pour soi Stratification sociale

144
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

Les grandes transformations


de la structure sociale en France

• Salarisation
• Tertiarisation
• Élévation du niveau de qualification
• Féminisation

SOCIALE
Les classes sociales
en question

• L’existence d’inégalités intra-classes


• Déclin de la conscience de classe
• Multiplication des facteurs d’individualisation

6 • La structure de la société française actuelle 145


OB JEC TIF
SUJET 14 B AC
MOBILISATION DES CONNAISSANCES 30 min La stratification
sociale selon Marx
La connaissance de l’analyse marxiste
de la stratification sociale est un enjeu important
du programme : la notion de classes sociales
est en effet incontournable pour étudier
les sociétés contemporaines.

L E S UJ E T
Comment la société est-elle structurée selon Marx ?

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de la mobilisation des connaissances p. 312.

Définir le mot clé


La structure sociale désigne une organisation de la société en positions sociales
distinctes et hiérarchisées, qui peuvent donner naissance à des groupes sociaux.

Structurer la réponse
◗ On pourra d’abord présenter les fondements de l’existence de classes sociales
distinctes et hiérarchisées.
◗ On montrera ensuite que ces classes forment de véritables groupes sociaux,
dotés d’une conscience de classe.

CORRIGÉ

Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
La structure sociale correspond à l’organisation de la société en positions sociales
distinctes et hiérarchisées. L’analyse qu’en fait Marx mobilise la notion de classes
sociales.
146
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
Développement
◗ Pour Marx, c’est le mode de production (organisation de la production et des
échanges) qui détermine la structure sociale. Le mode de production capitaliste se
caractérise par l’existence de deux grands groupes distincts : le premier (le proléta-
riat ou classe ouvrière), qui ne possède que sa force de travail doit, pour assurer sa
subsistance, la vendre au second (la bourgeoisie), qui possède les moyens de pro-
duction (le capital). La propriété des moyens de production assure la domination
de la bourgeoisie sur le prolétariat. Ces deux groupes, qui forment les deux grandes
classes sociales caractérisant la société capitaliste, ont des intérêts objectivement
opposés.
◗ Dans un premier temps, la concurrence à laquelle se livrent les ouvriers pour
vendre leur force de travail les empêche d’agir collectivement pour défendre leurs
intérêts communs face à la bourgeoisie : ils ne forment alors qu’une « classe en
soi ». Mais, progressivement, émerge une « conscience de classe », c’est-à-dire la
conscience de partager les mêmes intérêts et de devoir lutter collectivement contre
la bourgeoisie. Chacune des deux grandes classes sociales devient ainsi une « classe
pour soi », c’est-à-dire un groupe social doté d’un sentiment d’appartenance, uni
pour défendre son intérêt face à l’autre classe.

À NOTER
En mobilisant les notions de « conscience de classe », « classes en soi/pour soi »
et « lutte des classes », votre réponse attestera de votre bonne maîtrise
de l’analyse marxiste de la stratification sociale.

Conclusion
Ainsi, pour Marx, la structure sociale se caractérise par l’existence de groupes
sociaux distincts et hiérarchisés, les classes sociales, qu’une lutte (la « lutte des
classes ») oppose pour faire triompher leurs intérêts respectifs.

6 • La structure de la société française actuelle 147


OB JEC TIF
SUJET 15 B AC
ÉTUDE D’UN DOCUMENT 1h Les inégalités de salaires
selon la catégorie
socioprofessionnelle et le sexe
Nombre des inégalités qui structurent
la société française sont liées à la catégorie
socioprofessionnelle, mais il existe d’autres facteurs
de différenciation, comme le montre ce document.

L E S UJ E T
Document Salaires nets mensuels moyens (en euros)1 selon le sexe
et la catégorie socioprofessionnelle (2016)
Écart
Hommes Femmes Ensemble femmes/
hommes (en %)
Cadres supérieurs 4 377 3 477 4 060 – 21
Professions
2 396 2 055 2 241 – 14
intermédiaires
Employés 1 681 1 549 1 590 –8
Ouvriers 1 731 1 441 1 681 – 17
Ensemble 2 431 1 968 2 238 – 19
Écart ouvriers/cadres
2 646 2 036 2 379
(en euros)
Écart ouvriers/cadres
– 60 – 59 – 59
(en %)
1. Salaires nets en équivalent temps plein.

Source : Insee, données 2016.

1. Rédigez une phrase explicite donnant la signification de chacune des données


entourées en rouge dans le tableau.
2. Mettez en évidence les facteurs qui contribuent aux inégalités de salaire.

148
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de l’étude d’un document p. 313.

Comprendre le document
◗ Le document est un tableau statistique qui permet de comparer les niveaux
de salaire entre les différentes catégories socioprofessionnelles et selon le sexe.
On y trouve les salaires mensuels nets moyens en euros pour les hommes et les
femmes appartenant aux différentes CSP, ainsi que les écarts en pourcentages
entre hommes et femmes pour les différentes CSP, et les écarts en euros et en
pourcentages entre les ouvriers et les cadres.
◗ L’« ensemble » en ligne correspond au salaire moyen toutes CSP confondues ;
l’« ensemble » en colonne correspond au salaire moyen dans les différentes
CSP, hommes et femmes confondus.

Structurer la réponse à la seconde question


◗ On expliquera d’abord que la catégorie socioprofessionnelle est un facteur
important d’inégalités de salaire.
◗ On montrera ensuite que les inégalités de salaire sont aussi liées au sexe et
qu’elles sont particulièrement fortes dans la CSP « cadres supérieurs ».

CORRIGÉ
1. Selon l’Insee, en 2016, les ouvriers, hommes et femmes confondus, percevaient
en moyenne un salaire net mensuel inférieur de 59 % à celui des cadres supérieurs,
c’est-à-dire plus de deux fois moins élevé. Par ailleurs, le salaire net mensuel des
femmes était en moyenne inférieur de 19 % à celui des hommes, toutes catégories
socioprofessionnelles confondues.
2. Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
Le document est un tableau statistique construit à partir de données collectées
en 2016 par l’Insee. Il indique le salaire mensuel net moyen en euros selon la
catégorie socioprofessionnelle (CSP) et le sexe. Il présente également les écarts en
pourcentage entre les différentes CSP selon le sexe, et les écarts en euros et en pour-
centages entre les ouvriers et les cadres.

6 • La structure de la société française actuelle 149


Développement
◗ Les inégalités de salaires sont d’abord liées à la catégorie socioprofessionnelle
à laquelle appartiennent les individus salariés. Ainsi, avec un salaire moyen de
plus de 4 000 euros, les cadres supérieurs obtiennent des rémunérations plus
élevées que toutes les autres catégories socioprofessionnelles : en moyenne, ils
perçoivent environ 1 800 euros de plus par mois que les membres des professions
intermédiaires, environ 2 400 euros de plus que les ouvriers (le salaire des ouvriers
est ainsi inférieur de 59 % à celui des cadres supérieurs) et près de 2 500 euros de
plus que les employés.
◗ Ensuite, le sexe contribue également aux inégalités
À NOTER
de salaire. Une femme perçoit en moyenne un salaire
Attention : si les femmes
inférieur de 19 % à celui des hommes. Quelle que soit ont un salaire moyen
la catégorie socioprofessionnelle, le salaire moyen des inférieur de 19 % à celui
hommes est systématiquement supérieur à celui des des hommes, on ne peut
femmes. C’est dans la catégorie des cadres supérieurs pas dire que les hommes
que l’écart entre les hommes et les femmes est le plus ont un salaire supérieur
important : le salaire des femmes y est inférieur de de 19 % à celui des femmes !
1 000 euros, soit inférieur de 21 % à celui des hommes.
C’est, au contraire, dans la catégorie employés, que l’écart est le plus faible : les
femmes perçoivent un salaire moyen inférieur de 8 % à celui des hommes. Les
femmes ouvrières (les moins bien payées chez les femmes) perçoivent un salaire
environ trois fois inférieur à celui des hommes cadres supérieurs (les mieux payés
chez les hommes).

Conclusion
Ainsi, plusieurs facteurs contribuent aux inégalités de salaire. La catégorie socio-
professionnelle reste le déterminant principal. Le sexe est aussi une variable
importante de différenciation sociale en matière de salaire, notamment dans les
CSP supérieures.

150
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
OB JEC TIF
SUJET 16 B AC
RAISONNEMENT 2 h 30 Les évolutions de la structure
socioprofessionnelle
Ce sujet vous permettra de remobiliser
et d’organiser vos connaissances relatives
aux mutations de la structure socioprofessionnelle
depuis la seconde moitié du xxe siècle.

L E S UJ E T
Vous présenterez deux évolutions de la structure socioprofessionnelle
en France.

Document 1 La loi française en matière d’égalité professionnelle


entre les hommes et les femmes
Après la Seconde Guerre mondiale, l’objet de la législation n’est plus
de protéger mais de garantir l’égalité des droits entre les femmes et les
hommes. La loi de 1972 pose le principe de l’égalité de rémunération […].
La loi du 11 juillet 1975 interdit de rédiger une offre d’emploi réservée
5 à un sexe. […] La loi du 13 juillet 1983 réaffirme le principe de l’éga-
lité dans tout le champ professionnel (recrutement, rémunération, pro-
motion ou formation). Enfin, la loi complète l’égalité de traitement par
la notion d’égalité des chances. Cette dernière notion implique que des
actions spécifiques soient engagées envers les femmes pour garantir une
10 égalité réelle. […] Dans le cadre des actions positives, a […] été promulguée,
le 27 janvier 2011, une loi fixant des quotas de femmes dans les conseils
d’administration et de surveillance. […] La loi relative au dialogue social du
17 août 2015 instaure également une obligation de représentation équili-
brée au sein des instances représentatives du personnel dans l’entreprise.
15 […] En 2018, la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel a mis
en place un outil d’évaluation pour mesurer et corriger les différences de
rémunération dans les entreprises. Tous les ans, chaque entreprise d’au
moins 50 salariés doit calculer et publier sur Internet son « index d’égalité
femmes-hommes ».
Source : Vie.publique.fr.

6 • La structure de la société française actuelle 151


Document 2 Répartition des actifs occupés selon la catégorie
socioprofessionnelle (CSP, en %), 1962-2018
1962 1975 1982 1985 1995 2005 2015 2018
CSP
Ensemble F.1 H.2 Ens.3
Agriculteurs 15,9 7,8 6,4 7,0 3,5 2,4 1,8 0,8 2,2 1,5
exploitants
Artisans, 10,9 8,1 7,9 8,0 7,5 6,1 6,4 3,8 8,9 6,5
commerçants,
chefs d’entreprises
Cadres et prof. 4,7 7,2 8,2 8,5 12,5 15,6 17,7 15,7 20,8 18,4
intel. sup.
Professions 11,0 16,0 17,0 21,1 22,4 23,1 25,4 28,3 23,3 25,7
intermédiaires
Employés 18,4 23,5 26,9 25,4 27,8 29,3 28,0 42,7 12,6 27,2
Ouvriers 39,1 37,4 33,6 28,4 24,9 23,5 20,4 8,3 31,7 20,4
Non déterminé – – – 1,7 1,3 0,1 0,3 0,4 0,5 0,4
Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

1. F. : Femmes.
2. H. : Hommes.
3. Ens. : Ensemble.
Source : Insee.

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale du raisonnement p. 314.

Analyser les termes du sujet et mobiliser ses connaissances


vous présenterez
On vous demande
d’exposer, de formuler deux évolutions
de manière approfondie.
Ici, mobilisez les processus
de féminisation des emplois
et d’élévation du niveau
Analyse du sujet de qualification
qui ont conduit
à des changements
structure depuis la seconde moitié
socioprofessionnelle du XXe siècle.
Façon dont se distribue
la population active
dans les différents types
d’emplois ou CSP.

152
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

Exploiter les documents


Document 1
Le document 1 est un extrait de texte issu du site Vie‑publique.fr, présentant
les principales lois depuis 1948 qui ont contribué à faciliter l’entrée des femmes
sur le marché du travail et à inciter ou contraindre à plus d’égalité profession-
nelle entre les sexes. Sélectionnez les exemples de lois qui montrent la fémini‑
sation des emplois en France.
Document 2
Le document 2 est un tableau statistique de l’Insee, présentant l’évolution de la
distribution des actifs dans les CSP de 1962 à 2018. Repérez les grandes trans‑
formations et mettez‑les en corrélation avec les processus qu’elles illustrent.

Définir les arguments

Argument 1
La féminisation des emplois a modifié la structure socio‑
professionnelle lors des 70 dernières années. (doc. 1 et 2)

L’augmentation de la qualification des emplois parti‑


Argument 2 cipe aussi aux transformations de la structure socio‑
professionnelle depuis les années 1950. (doc. 1 et 2)

CORRIGÉ

Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
La structure socioprofessionnelle correspond à la façon dont la population active
se distribue dans les différents types d’emplois et dans les CSP. En France, plu-
sieurs facteurs ont contribué à la transformer. Tout d’abord, nous verrons que la
structure socioprofessionnelle s’est modifiée sous l’impulsion de la féminisation
des emplois, puis nous verrons que l’augmentation de la qualification des emplois
participe aussi à ces transformations depuis les années 1950.

I. La féminisation des emplois

LE SECRET DE FABRICATION
Il est important d’abord de bien définir la féminisation, pour ensuite montrer
comment ce processus a modifié la structure des emplois depuis 70 ans.

6 • La structure de la société française actuelle 153


◗ La féminisation des emplois a modifié la structure socioprofessionnelle au cours
des 70 dernières années. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en France,
l’augmentation des emplois est essentiellement due à une croissance continue des
postes occupés par les femmes. Ce processus de féminisation des emplois est lié
entre autres aux évolutions de la place des femmes dans la société et aux progrès
dans la reconnaissance de leurs droits. Par exemple, dès 1975, la loi interdit de rédi-
ger une offre d’emploi réservée à un sexe et, en 2018, elle contraint les entreprises à
réduire les écarts de salaires entre les sexes (doc. 1).
◗ Cette féminisation des emplois est visible au
travers du développement des catégories socio- CONSEILS
Vous devez mobiliser
professionnelles « employés » ou « professions
des savoir‑faire statistiques.
intermédiaires », qui ont vu leur poids dans la On calcule l’écart relatif en points
population active augmenter, notamment dans de pourcentage entre la part
les emplois de services. Ainsi, entre 1962 et 2018, des employés dans la population
la part des employés a augmenté de 8,8 points active en 1962 et celle de 2018
de pourcentage. Et la proportion des femmes en réalisant une soustraction.
dans cette CSP est forte : 42,7 % contre 12,6 %
pour les hommes, en 2018 (doc. 2).
II. L’augmentation de la qualification des emplois
◗ L’augmentation de la qualification des emplois
participe aussi aux transformations de la struc- CONSEILS
ture socioprofessionnelle depuis les années 1950. On peut aussi calculer
La qualification d’un emploi renvoie aux qualités, un écart relatif en calculant
le coefficient multiplicateur :
compétences, niveau et type de diplôme consi-
ici, on divise la part des cadres
dérés comme nécessaires pour occuper un poste. et professions intellectuelles
En France, on observe une nette progression des supérieures de 2018 par celle
emplois qualifiés dans l’emploi total. Ainsi, par de 1962.
exemple, la part des cadres et professions intellec-
tuelles supérieures en France a été multipliée par
environ 4 entre 1962 et 2018 (doc. 1).
◗ Parallèlement, la part des emplois peu ou pas qualifiés a diminué, notamment en
raison de leur recul dans le secteur secondaire. Ainsi, en 1962, sur 100 actifs, 39,1
étaient des ouvriers, contre seulement 20,4 en 2018 (doc. 2).
Conclusion
La structure des emplois a connu de grands bouleversements en France depuis
70 ans en raison de plusieurs facteurs. Parmi eux, nous remarquons que la part des
emplois liés aux services a crû sous l’effet de la féminisation de la population active.
Nous constatons également que le poids des cadres et professions intellectuelles
supérieures et des professions intermédiaires a augmenté au détriment notamment
des emplois d’ouvriers, sous l’effet de l’augmentation des qualifications des emplois
proposés. Cependant, cette évolution ne doit pas cacher le développement d’em-
plois moins qualifiés dans les services.

154
Sociologie
7 L ’action de l’École
sur les destins individuels
et sur l’évolution de la société

Le 2 septembre 2019, 12,4 millions d’élèves de l’école primaire


au lycée ont fait leur rentrée, deux mois après la promulgation de la loi
pour une École de la confiance (juillet 2019), qui fixe à 3 ans l’âge
de scolarité obligatoire et à 18 ans l’obligation de formation.

TEST Pour vous situer et identifier les fiches à réviser156

28 Le rôle de l’École dans les sociétés démocratiques 158


FICHES 29 L’évolution de l’accès à l’École et à l’enseignement supérieur 160
DE COURS 30 Les facteurs d’inégalités de réussite scolaire 162
MÉMO VISUEL 164

objectif bac
SUJETS GUIDÉS 17 RAISONNEMENT É volution de l’accès à l’École
& CORRIGÉS et aux études supérieures 166
18 DISSERTATION Les facteurs d’inégalités scolaires170

155
TESTEZ-VOUS CORRIGÉS P. 318-320

Faites le point sur vos connaissances


puis établissez votre parcours de révision
en fonction de votre score.

1 Le rôle de l’École dans les sociétés démocratiques → FICHE 28


1. Quels sont les objectifs de l’École en France ?
a. faire partager les valeurs de la République
b. réduire les inégalités de chances
c. répondre aux besoins des entreprises en travailleurs qualifiés
2. Associez chaque personnage ou événement à une date.
a. École des Ponts et Chaussées ● ● 1881-1882
b. lois scolaires de Jules Ferry ● ● 1975
c. collège unique ● ● 1747
3. L’égalité des chances à l’École correspond…
a. à un nombre maximum de diplômés.
b. à une massification scolaire.
c. à une réussite scolaire qui ne dépend que du mérite.
…/3

2 L’évolution de l’accès à l’École


et à l’enseignement supérieur → FICHE 29
1. Que désigne la notion de « démocratisation qualitative » de l’École ?
a. l’augmentation du taux de scolarisation d’une génération
b. l’augmentation du taux d’accès à un diplôme d’une génération
c. la réduction des inégalités de chances scolaires
2. Que désigne la notion de « massification scolaire » ?
a. l’augmentation du taux de scolarisation d’une génération
b. l’augmentation du taux d’accès à un diplôme d’une génération
c. la réduction des inégalités de chances scolaires

156
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

3. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F


a. En 2018, en France, le taux de bacheliers a atteint 80 % par génération.
b. En 2018, en France, 80 % des enfants d’ouvriers
ont obtenu un bac général.
c. Entre 1968 et 2018, le taux d’accès au bac a été multiplié par quatre.
d. Depuis 1960, le nombre d’étudiants a été multiplié par huit.
4. En France, en 2017, parmi les élèves défavorisés…
a. 25 % ne maîtrisaient pas les savoirs élémentaires.
b. 21 % avaient redoublé au collège.
c. 10 % en CE2 avaient des difficultés en français.
…/4

3 Les facteurs d’inégalités de réussite scolaire → FICHE 30


1. Que désigne la notion de « capital culturel » ?
a. la ville d’un pays qui héberge le plus d’activités culturelles
b. la culture dominante dans un pays donné
c. les diplômes, les connaissances et les possessions d’objets culturels
2. Par quoi s’expliquent les inégalités scolaires selon Raymond Boudon ?
a. par les stratégies scolaires des familles
b. par le capital culturel
c. par l’« effet maître »
3. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F
a. Les filles réussissent mieux scolairement que les garçons.
b. Les enseignants exercent une violence symbolique.
c. Il n’est pas toujours avantageux de poursuivre ses études.
d. « Effet maître » et « effet classe » sont des notions contraires.
4. Complétez le texte avec les mots qui conviennent.
La .................. selon le milieu social renforce les inégalités scolaires.
Selon .................., le .................. hérité de la famille permet aux élèves favorisés
de détenir des références culturelles et des manières de parler proches de celles
des .................., ce qui favorise leur réussite scolaire. Le sentiment d’être à leur place
à l’école favorise alors le choix de poursuite d’études plus longues et .................. .
…/4

Score total …/11


Parcours PAS À PAS ou EXPRESS ? MODE D’EMPLOI P. 3

7 • L’action de l’École sur les destins individuels et sur l’évolution de la société 157
28 Le rôle de l’École
dans les sociétés démocratiques
En bref L’École transmet les savoirs qu’elle estime indispensables aux
générations futures. L’École française est fondée sur un idéal républi-
cain né de la Révolution française qui prône une éducation pour tous,
formant des citoyens libres et éclairés.

I La transmission de savoirs
Les savoirs sont des connaissances et compétences partagées par un groupe social.
Les savoirs scolaires sont ceux que l’École enseigne.

1 Instruction élémentaire et savoirs rationnels


L’instruction élémentaire désigne la lecture, l’écriture et le calcul, que l’on ensei-
gnait déjà dans les écoles de l’Égypte antique, ainsi que la pratique de la gymnastique.
Les savoirs rationnels sont produits de façon méthodique, selon une logique
scientifique, et validés par l’expérience (ex. : SES, sciences physiques, SVT). Ils
diffèrent de la foi religieuse ou des goûts alimentaires.

2 Les valeurs républicaines


En France, le Code de l’éducation dit que : « outre la transmission des connais-
sances, la Nation fixe comme mission première à l’École de faire partager aux
élèves les valeurs de la République. » Ces valeurs sont la liberté, l’égalité, la fra-
ternité, la laïcité et le refus de toutes les discriminations.

3 Des savoirs utiles au développement techno-économique


En 1747 est fondée l’École nationale d’ingénieurs des Ponts et Chaussées.
Victor Duruy, ministre de l’Instruction publique de 1863 à 1869, crée pour
les ouvriers un enseignement post-scolaire et fonde l’École pratique des hautes
études pour former à la recherche par la pratique et le travail de cas concrets.
Des instituts universitaires de technologie (IUT) sont ouverts en 1966 afin
de faire face aux besoins de management intermédiaire des entreprises d’après-
guerre en plein développement.

INFO + Jules Ferry


◗ Ministre de l’Instruction publique, il fait voter entre 1881
et 1882 les lois scolaires qui rendent l’école gratuite, laïque
et obligatoire de 6 à 13 ans en France.
◗ Leur but est de généraliser l’instruction afin d’ancrer
les valeurs républicaines dans la société française.

158
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

II Favoriser l’égalité des chances


1 Des chances de réussite scolaire inégales
Par son caractère sélectif, l’École française privilégie les meilleurs élèves tout
au long de leur scolarité, jouant ainsi un rôle majeur dans l’accès aux emplois
qualifiés.
Les sociétés démocratiques se caractérisent par
MOT CLÉ
leur souci de l’égalité des chances d’accès des in- L’égalité des chances suppose
dividus aux différentes positions sociales, dans que l’accès des individus
une logique méritocratique, donc en fonction aux différentes positions sociales
des efforts et du travail de chacun. Cet objectif ne résulte que de leurs mérites,
et non d’avantages liés
sera explicitement recherché par le gouvernement
à leur origine sociale.
français à partir de la fin des années 1980.
Les enquêtes PISA menées par l’OCDE mettent en lumière les inégalités de
chances de réussite scolaire et rappellent régulièrement que la France est le pays
de l’OCDE où l’appartenance sociale est la plus déterminante dans la réussite
scolaire.

2 L’égalité des chances : l’objectif de l’École républicaine


De nombreuses réformes ont tenté de réduire les inégalités de réussite scolaire,
parmi lesquelles : le collège unique en 1975 qui dispense un socle commun de
connaissances à tous les élèves jusqu’à 16 ans en retardant l’orientation et la
sélection des élèves, la carte scolaire visant à assurer une certaine mixité sociale
ainsi que les politiques d’éducation prioritaire donnant plus de moyens aux
établissements accueillant les élèves les plus en difficulté.

zo om Les classes en réseau d’éducation prioritaire (REP)


À partir de 2017, dans les réseaux
d’éducation prioritaire, le dédouble-
ment des classes de CP et de CE1
(12 élèves par classe) permet d’offrir
un encadrement renforcé aux élèves.
L’évaluation de ce dispositif en fin
de CP est positive puisque ces classes
obtiennent des résultats supérieurs
aux classes non dédoublées ne
figurant pas en zone d’éducation
prioritaire.

7 • L’action de l’École sur les destins individuels et sur l’évolution de la société 159
29 L’évolution de l’accès à l’École
et à l’enseignement supérieur
En bref Depuis les années 1950, l’allongement généralisé des études à
toutes les catégories sociales a assuré une démocratisation quantita-
tive de l’École – ou massification scolaire – qui peine encore à assurer
une réelle démocratisation qualitative.

I Une indéniable massification


La démocratisation désigne un processus consistant à rendre une ressource
accessible à tous. La massification scolaire, c’est-à-dire l’augmentation des taux
de scolarisation et d’accès aux différents diplômes, représente ainsi une démocra-
tisation de l’École.

1 La hausse du taux de scolarisation


Le taux de scolarisation est le rapport entre le nombre d’élèves et d’étudiants
scolarisés d’un âge donné et le nombre d’individus de cet âge.
En 1959, la loi prolonge l’obligation scolaire de 2 ans supplémentaires, jusqu’à
16 ans. Alors que 30 % des enfants de 16 ans étaient scolarisés en 1953, ils sont
95,8 % en 2018.
L’urbanisation, le développement du travail féminin et la bonne réputation des
classes maternelles entraînent une forte demande parentale de scolarisation des
enfants, relayée par les communes. Entre 1960 et 1990, le taux de scolarisation
des enfants de 3 ans passe de 60 % à presque 100 %.
80 % des jeunes de 18 ans sont aujourd’hui scolarisés, contre 15 % dans les
années 1950. À partir de 2020, pour lutter contre le « décrochage » scolaire, les
jeunes de 16 ans sans formation et sans emploi ont l’obligation de se former
jusqu’à l’âge de 18 ans.

2 La hausse des taux d’accès


MOT CLÉ
Entre 1968 et 2018, le taux d’accès au bac a été Le taux d’accès désigne la part
multiplié par 4 : la part des bacheliers dans une des individus d’une génération
classe d’âge est passée de 20 % à près de 80 %. qui accèdent à un diplôme
ou un niveau d’étude donné.
Cette progression s’explique notamment par la
création des bacs technologiques (1968) et professionnels (1985). Les transfor-
mations économiques et la demande des familles populaires pour la prolongation
de la formation de leurs enfants en ont été les principaux moteurs.
Parallèlement, le taux d’accès à l’enseignement supérieur a lui aussi augmenté.
Ce phénomène s’explique par la diversification de l’offre de formation, notam-
ment dans les filières technologiques et les filières longues. En 1960, l’enseigne-
ment supérieur comptait 215 000 inscrits, contre 8 fois plus en 2015.
160
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

II Une démocratisation inaboutie


1 Une réussite scolaire et des taux d’accès inégaux
En France, 25 % des élèves les plus défavorisés ont des difficultés pour maîtriser
les savoirs élémentaires. En 2017, en CE2, 58,1 % d’entre eux avaient le niveau
requis en français, contre 87,3 % du quart des élèves les plus favorisés. Au collège,
21 % d’entre eux avaient redoublé, contre 5,1 % pour les élèves les plus favorisés.
L’accès aux différents bacs témoigne également de cette inégalité. En 2018,
37,3 % des enfants d’ouvriers ont obtenu un bac général, contre 77,6 % des en-
fants de cadres supérieurs.
En 2017-2018, les enfants d’ouvriers représentent près de 27 % des élèves au
collège, mais seulement 11,7 % des étudiants à l’université et 7 % des élèves des
classes préparatoires aux grandes écoles.

2 Une massification plus qu’une réelle démocratisation


Des lois Jules Ferry à l’« École de la confiance » de l’actuel gouvernement, les
principales réformes de l’École ont pour principal objectif sa démocratisation,
c’est-à-dire le souci d’égaliser les chances d’accès des individus aux savoirs dis-
pensés par l’Éducation nationale.
Mais les inégalités demeurent, parfois en se reportant des niveaux primaire et
secondaire vers le supérieur. La démocratisation semble ainsi plus quantitative

om
que qualitative ; on parle alors de massification scolaire.

zo
Les bacheliers selon la génération et le milieu social des parents
%
100 Cadres ou professions intermédiaires
Ensemble
90
Ouvriers ou employés
80
80 79 81
70 77
68 69
60 66 65
62
50 58
53 54
54
40 50
41
30
1970-1974 1975-1979 1980-1984 1985-1989 1990-1994
Année de naissance des générations
Source : Centre d’observation de la société, mai 2019.
68 % des enfants de cadres supérieurs nés entre 1970 et 1974 ont eu leur
bac. 20 ans après, tous les taux de réussite ont augmenté, mais les écarts de
réussite ont peu diminué : nous assistons donc à une massification scolaire.

7 • L’action de l’École sur les destins individuels et sur l’évolution de la société 161
30 Les facteurs d’inégalités
de réussite scolaire
En bref Malgré la gratuité de l’École, les inégalités persistent. Les socio-
logues l’expliquent par les différences de socialisation et les inégalités
familiales, mais également par le fonctionnement de l’École elle-même.

I Les facteurs familiaux aux sources des inégalités


de réussite scolaire
Les origines sociales ainsi que les stratégies familiales, différentes selon le milieu
d’origine, ont une influence déterminante sur la réussite scolaire.

1 La socialisation familiale
La socialisation selon le genre renforce les inégalités scolaires. La socialisation
des garçons les incite à choisir les filières les plus valorisées. D’après Christian
Baudelot et Roger Establet (Allez les fi lles !, 1992), les filles ont des résultats scolaires
supérieurs à ceux des garçons mais délaissent pour-
tant les filières valorisées et les grandes écoles.
MOTS CLÉS
La socialisation selon le milieu social renforce • La socialisation selon le genre
également les inégalités scolaires. Selon Pierre correspond à l’intégration
Bourdieu (1930-2002), le capital culturel hérité de valeurs et de normes différentes
entre les filles et les garçons.
de la famille permet aux élèves favorisés de détenir
• Le capital culturel est une
des références culturelles et un langage proche de notion de P. Bourdieu qui désigne
celui des enseignants, ce qui favorise leur réussite les diplômes, les connaissances
scolaire. Le sentiment d’être à leur place à l’école (langage, capacités intellectuelles,
incite ces élèves à faire des études plus longues et savoir, etc.) ainsi que la possession
d’objets culturels (livres, etc.).
prestigieuses.

2 Les stratégies scolaires des familles


Selon Raymond Boudon (1934-2013), les ménages adoptent des stratégies
scolaires fondées sur un calcul coûts-avantages. Les coûts sont associés au prix
des études mais aussi à leur difficulté, alors que l’avantage consiste à obtenir un
diplôme supérieur à celui des parents et donc à connaître une promotion sociale.
Les ménages aisés, dont les enfants ont statistiquement les meilleures chances
de réussite scolaire, encouragent davantage leurs enfants à poursuivre des études
longues et coûteuses contrairement aux familles les moins favorisées.
Les choix de résidence varient en fonction des origines sociales et jouent un
rôle important dans l’orientation et la réussite scolaire. Les familles des milieux
favorisés adoptent des stratégies pour contourner la carte scolaire et scolariser
leurs enfants dans les meilleurs établissements, accentuant ainsi la ségrégation
spatiale et scolaire.
162
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

II Le rôle de l’École dans les inégalités scolaires


1 La reproduction des inégalités scolaires
Selon Pierre Bourdieu, les enseignants ont tendance à valoriser la culture des
classes dominantes. Eux-mêmes sont souvent issus de ces classes et doivent leur
réussite à la mobilisation de cette culture dans leurs études. Dès lors, ils ont ten-
dance à évaluer les élèves selon leur maîtrise de cette culture, privilégiant ainsi les
élèves issus des classes dominantes. S’opérerait alors une « violence symbolique »
sur les élèves, qui conduirait les moins « performants » à intérioriser le sentiment
d’une certaine infériorité sociale.

2 Le contexte scolaire
À l’échelle de chaque établissement (« effet établissement », c’est-à-dire l’effica-
cité propre à chaque établissement) et de chaque enseignant (« effet maître »),
certaines pédagogies peuvent être plus favorables à la progression des élèves que
d’autres et ont une efficacité différente selon les élèves. Certaines ambiances de
classes (« effet classe ») peuvent être également plus propices à l’apprentissage.
Pour chaque effet, les établissements des zones favorisées sont privilégiés en rai-

om
son de classes plus calmes, de professeurs plus expérimentés, etc.

zo
Part des femmes en % dans l’enseignement supérieur (2017)
Formations paramédicales et sociales 85
Universités - Langues, lettres, sciences humaines 70
Universités - Médecine, odontologie, pharmacie 64
Universités - Droit, économie, AES 60
Ensemble universités (filières générales et de santé) 58
Ensemble étudiants 55
Écoles de commerce, gestion et comptabilité 51
STS et assimilés 49
CPGE 43
Préparation DUT 40
Universités - Sciences, Staps 37
Formations d’ingénieurs 27
Champ : France métropolitaine + DOM. Source : MESRI-SIES.

Les femmes sont sur-représentées dans les formations paramédicales et


sociales. Leur nombre augmente dans les filières scientifiques, mais elles ne
représentent que 27 % des étudiants en écoles d’ingénieurs. Elles s’orientent
moins souvent vers les filières scientifiques valorisées sur le marché du travail.

7 • L’action de l’École sur les destins individuels et sur l’évolution de la société 163
MÉMO VISUEL

Le rôle de l’École dans


les sociétés démocratiques

La transmission de savoirs
• Instruction élémentaire : lecture, écriture, calcul
• Valeurs républicaines : liberté, égalité, fraternité
• Savoirs techno-économiques

Favoriser l’égalité des chances


• Socle commun de connaissances (collège unique)
• Carte scolaire
• Politique d’éducation prioritaire

L’ACTION

Les facteurs d’inégalités


de réussite scolaire

Le rôle de la famille et de la socialisation


• Le choix des filières déterminé par le genre
• La réussite scolaire conditionnée par l’héritage
du capital culturel
• Les stratégies scolaires des familles
(ségrégations spatiale et scolaire)

Le rôle de l’École
• La valorisation de la culture dominante par les enseignants
• La « violence symbolique » selon P. Bourdieu
• Les « effets établissement » : « effet maître » et « effet classe »

164
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

L’évolution de l’accès à l’École


et à l’enseignement supérieur

Une massification
• Hausse du taux de scolarisation
• Hausse du taux d’accès au bac
• Hausse du taux d’accès aux diplômes
de l’enseignement supérieur

La persistance des inégalités scolaires


• Des résultats inégaux selon l’appartenance sociale
• Des taux d’accès inégaux aux filières prestigieuses
• Une massification plutôt qu’une réelle démocratisation
Part des enfants de cadres et d’ouvriers
selon les filières
Unité : %
60
DE L’ÉCOLE
Cadres supérieurs Ouvriers

40

20

0
l . . s .
ra gp
a P ro no ér BT
S
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né CA p ch e gén r é .s
gé Se ac le t
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B or
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Co 1 1 Cl ol
Éc
Source : Ministère de l’Éducation nationale, données 2017-2018,
© Observatoire des inégalités.

7 • L’action de l’École sur les destins individuels et sur l’évolution de la société 165
OB JEC TIF
SUJET 17 B AC
RAISONNEMENT 2 h 30 Évolution de l’accès à l’École
et aux études supérieures
L’augmentation et l’égalisation des chances
d’accès aux différentes étapes de la scolarisation
permettent d’affirmer le caractère démocratique
de l’École. Assiste-t-on à une telle évolution
en France ?

L E S UJ E T
Décrivez l’évolution de l’accès à l’École et à l’enseignement supérieur
depuis les années 1950 en France.

Document 1 La massification scolaire sous la Ve République


Jusqu’à la fin des années 1950, le système scolaire français était encore
fondé sur la stricte séparation de deux ordres d’enseignement : élémentaire et
secondaire. […] L’enseignement secondaire [est alors] l’apanage d’une mino-
rité issue des groupes sociaux les plus aisés. […] À la fin des années 1950,
seuls 10 % des jeunes constituant une classe d’âge accédaient au baccalau-
5 réat. […]
La réforme Berthoin de 1959 prévoit donc la généralisation de l’entrée
en sixième tout en envisageant le prolongement de la scolarité obligatoire
jusqu’à 16 ans à partir de 1967. […]
Après avoir augmenté de 30 % entre 1959 et 1962, le nombre des élèves
10 en collège s’accroît de 58 % entre 1968 et 1972 avant de se stabiliser […].
L’évolution des effectifs du second cycle général et technologique est tout
aussi massive. […] Alors que moins de 400 000 élèves sont scolarisés au lycée
de la seconde à la terminale en 1958, ils sont plus de 1,5 million au début
des années 1990. […]
15 En 1985, la création des baccalauréats professionnels favorise l’allonge-
ment des études des élèves de l’enseignement professionnel. […]
En 2012, près de 80 % d’une génération obtient le premier grade de l’en-
seignement supérieur, dont un quart de bacheliers professionnels.
Source : F. Defresne, J. Krop, « La massification scolaire sous la Ve République »,
in Éducation & Formations, n° 91, septembre 2016.

166
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
Document 2 Évolution de la part des individus selon leur milieu social
et les filières de l’enseignement supérieur (en %)

Enfants de cadres Enfants d’ouvriers


2007 2017 2007 2017
Université 35,6 34,1 11,2 11,7
IUT 28,8 31,1 15,0 14,1
BTS 15,8 16,0 21,3 24,1
Classes préparatoires 52,2 51,8 5,3 7,2
Écoles normales supérieures 60,6 61,0 3,9 2,9
Proportion dans l’ensemble
34,0 34,9 12,2 12,2
des étudiants
Source : Ministère de l’Éducation nationale.

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale du raisonnement p. 314.

Analyser les termes du sujet et mobiliser ses connaissances


décrivez depuis les années 1950
On vous demande de présenter en France
des faits ; il ne s’agit pas Cadre spatio-temporel.
de les expliquer.

Analyse du sujet

accès à l’École
Accès à un niveau évolution
ou à un certain type Il faut comparer
d’établissement scolaire. différentes années/périodes.

Exploiter les documents


Document 1
Le document 1 est un extrait d’article qui présente différentes grandes étapes
de la massification scolaire, c’est-à-dire de l’augmentation des taux de scolari-
sation et d’accès aux différents diplômes, en France, entre les années 1950 et
2012. Quelles sont ces grandes étapes ?

7 • L’action de l’École sur les destins individuels et sur l’évolution de la société 167
Document 2
Le document 2 est un tableau qui montre l’évolution de la proportion des enfants
de cadres et d’ouvriers dans différentes filières de l’enseignement supérieur
entre 2007 et 2017. Observe-t-on un rapprochement entre ces deux catégories ?

Définir les arguments


Le taux de scolarisation a augmenté en France pour
Argument 1 tous les niveaux d’études depuis les années 1950.
(doc. 1)
Si les chances d’accès se sont égalisées à certains
Argument 2 égards, elles restent très inégalitaires dans les filières
les plus prestigieuses. (doc. 1 et 2)

CORRIGÉ

Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
Comme la Loi pour une École de la confiance promulguée en 2019, de nom-
breuses réformes se sont succédé en France depuis les années 1950 pour réduire
les inégalités d’accès et de réussite à l’École et dans l’enseignement supérieur. Ces
réformes se sont-elles accompagnées d’une réelle démocratisation scolaire ?
Une première partie montrera que, depuis les années 1950, la proportion d’indi-
vidus d’une génération accédant aux différents niveaux du système scolaire a bien
augmenté, attestant d’une démocratisation quantitative de l’École ou massifica-
tion scolaire. Une seconde partie insistera sur le fait que les inégalités de chances
perdurent, la démocratisation qualitative semblant ainsi bien plus lente.

I. Une indéniable démocratisation quantitative

LE SECRET DE FABRICATION
Il s’agit ici de présenter un processus de démocratisation scolaire quantitative
en s’appuyant sur des statistiques mesurant l’évolution de l’accès à l’École
et à l’enseignement supérieur. Vous pouvez évoquer certaines raisons
de la massification scolaire ; mais elles ne sont pas le cœur du sujet.
Celui-ci demande simplement de décrire le phénomène. Ses raisons doivent donc
être formulées de façon brève, comme ici la mention de la réforme Berthoin.

◗ Depuis les années 1950, une démocratisation quantitative certaine s’observe


au collège. Après la réforme Berthoin de 1959, qui prévoit la généralisation de
l’entrée en sixième tout en envisageant le prolongement de la scolarité obligatoire

168
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
jusqu’à 16 ans à partir de 1967, le nombre de collégiens augmente de 30 % entre
1959 et 1962, puis de 58 % entre 1968 et 1972 (doc. 1).
◗ On observe également un mouvement de massification d’ampleur au lycée.
Alors que moins de 400 000 élèves sont scolarisés au lycée de la seconde à la ter-
minale en 1958, ils sont plus de 1,5 million au début des années 1990 (doc. 1).
◗ Ce mouvement se traduit par une hausse du taux d’accès au baccalauréat :
alors que seuls 10 % des jeunes constituant une classe d’âge y accédaient, ils
sont près de 80 % en 2012 (doc. 1). L’objectif fixé dans la première moitié des
années 1980 est ainsi atteint.

II. Une démocratisation qualitative moins spectaculaire


◗ Certes, le secondaire n’est plus l’apanage des groupes sociaux les plus aisés
(doc. 1), mais au lycée les catégories populaires sont surreprésentées dans les
filières technologiques et professionnelles, et sous-représentées dans les filières
générales, plus prestigieuses.
◗ On retrouve ce phénomène dans le supérieur. Ainsi, l’écart entre les proportions
d’enfants de cadres et d’ouvriers parmi les étudiants à l’université se réduit un peu
(22,4 points en 2017 contre 24,4 points en 2007) mais reste non négligeable
(doc. 2).

À NOTER
35,6 % – 11,2 % = 24,4 points. Un tel écart est d’autant plus parlant que les enfants
de cadres ne représentent que 17 % d’une classe d’âge, contre près de 50 %
pour les enfants d’ouvriers et d’employés en 2017.

◗ L’écart s’accroît même dans certaines filières sélectives. De 56,7 à 58,1 points
concernant l’écart de leurs parts respectives parmi les étudiants des écoles nor-
males supérieures ; écart qui représente pourtant déjà près de trois fois celui observé
à l’université (doc. 2).
Conclusion
Ainsi, depuis les années 1950, l’École française a connu une indéniable démo-
cratisation quantitative ; les taux d’accès aux différents niveaux de formation ini-
tiale ont augmenté, parfois considérablement. Cependant, des inégalités de taux
d’accès demeurent entre les enfants issus de différents milieux sociaux, parfois
à des niveaux élevés. Le mouvement de démocratisation scolaire est donc loin
d’être achevé.

7 • L’action de l’École sur les destins individuels et sur l’évolution de la société 169
OB JEC TIF
SUJET 18 B AC
DISSERTATION 4h Les facteurs d’inégalités scolaires
Les inégalités scolaires mettent à mal
les démocraties se revendiquant
de l’idéal méritocratique. Pour pouvoir lutter
contre ces inégalités, il faut au préalable
en comprendre les causes.

L E S UJ E T
Comment expliquer les inégalités de réussite scolaire ?

Document 1 PISA et les inégalités scolaires en France


Le Programme international de l’OCDE pour le suivi des acquis des élèves
(PISA) est une enquête administrée tous les trois ans depuis 2000 en vue
d’évaluer les connaissances des élèves de 15 ans […].
Comme déjà observé lors des éditions précédentes du PISA, la France est
5 l’un des pays de l’OCDE où le lien entre le statut socio-économique et la
performance […] est le plus fort avec une différence de 107 points entre les
élèves issus d’un milieu favorisé et ceux issus d’un milieu défavorisé. […]
Nettement supérieure à celle observée en moyenne dans les pays de l’OCDE
(89 points).
10 De nombreux élèves, et en particulier les élèves issus d’un milieu défa-
vorisé, ont des ambitions moins élevées que ce à quoi on pourrait s’attendre
compte tenu de leurs résultats scolaires. En France, parmi les élèves ayant
de bons résultats dans PISA, un sur cinq ne prévoit pas de faire des études
supérieures quand il vient d’un milieu défavorisé alors que cette proportion
15 est très faible quand il vient d’un milieu favorisé.
Les attentes professionnelles des élèves de 15 ans […] reflètent de forts
stéréotypes de genres. Parmi les élèves les plus performants en mathématiques
ou en sciences, un garçon sur trois en France souhaite travailler comme ingé-
nieur ou comme scientifique à l’âge de 30 ans, alors que seulement une fille
20 sur six se projette dans ce type de professions. […]
La France est l’un des pays où les élèves ressentent le moins de soutien de la
part de leurs enseignants pour progresser dans les apprentissages.
Source : PISA, OCDE, 2018.

170
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
Document 2  épartition moyenne du temps de classe au cours d’une
R
séance au collège selon les enseignants en 2012-2013
(en % du temps de classe)
100
95
90
85
80
75
70
65
60
55
50
France (total) Secteur public Secteur public Secteur privé
hors éducation éducation
prioritaire prioritaire
Tâches administratives (relevé de présences, Maintien de l’ordre en classe
distribution de formulaires ou fiches (discipline)
d’information scolaires) Enseignement et apprentissage

Source : « Comment l’École amplifie-t-elle les inégalités »,


Conseil national d’évaluation du système scolaire, septembre 2016.

Document 3 Pratiques culturelles selon le niveau de vie (en %)


Les 20 % les Les 20 % les Ensemble de
plus pauvres plus riches la population
Cinéma
A été au cinéma plus de 3 fois
17 42 28
en un an
N’a pas pu se permettre d’aller
17 1 6
au cinéma en un an
Spectacle (théâtre, concert, spectacle vivant)
A vu un spectacle plus de 3 fois
10 31 18
en un an
N’a pas pu se permettre d’aller
17 1 6
voir un spectacle en un an
Site culturel
A visité un site culturel plus
11 39 20
de 3 fois en un an
N’a pas pu se permettre de visiter
14 1 5
un site culturel en un an
Source : Insee, données 2015.

7 • L’action de l’École sur les destins individuels et sur l’évolution de la société 171
LES CLÉS POUR RÉUSSIR
Reportez-vous à la méthode générale de la dissertation p. 316.

Analyser la consigne et dégager une problématique


expliquer
On vous demande de présenter
les raisons, les causes
du phénomène étudié.

inégalités
Répartition non uniforme
Analyse du sujet
d’une ressource socialement
valorisée, ici la réussite scolaire.

réussite scolaire
Elle se mesure au taux d’accès
aux différents niveaux
et établissements scolaires.

◗ Problématique. Vous devez mettre en évidence l’idée que de nombreuses rai-


sons peuvent expliquer les inégalités de réussite scolaire.

Exploiter les documents


Document 1
Le document 1 évoque plusieurs raisons pouvant expliquer les inégalités sco-
laires. L’origine sociale, première raison, détermine-t-elle cette réussite ou
n’est-elle qu’un paramètre des stratégies des familles ? Même question pour
le genre, deuxième raison évoquée. L’« effet maître », dernière raison, évoquée
dans le dernier paragraphe, jouerait également un rôle.
Document 2
Le document 2 indique que les temps d’enseignement et d’apprentissage sont
plus élevés dans les établissements du secteur privé que dans ceux du secteur
public éducation prioritaire, où sont surreprésentés les élèves issus de milieux
peu favorisés. Il évoque donc l’« effet établissement » ou l’« effet classe ».
Document 3
Le document 3 présente les pratiques culturelles selon le niveau de vie. Le fait
que les plus riches puissent avoir davantage de pratiques culturelles socialement
valorisées que les plus pauvres peut favoriser chez leurs enfants le dévelop-
pement de meilleures dispositions pour réussir à l’école, où ces pratiques sont
valorisées par les enseignants.

172
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

Définir le plan
◗ Présentez les différences de dispositions intériori-
1 Les facteurs
familiaux sées lors de la socialisation, qui peuvent engendrer
des inégalités de réussite scolaire, selon le milieu social
et le genre. (doc. 1 et 3)
◗ Quelles stratégies familiales peuvent engendrer des
inégalités scolaires ? (doc. 1)
◗ Montrez que l’évaluation des élèves peut privilégier
2 Le rôle de l’École ceux d’entre eux issus des milieux favorisés.
◗ Quel rôle peut jouer le contexte scolaire dans les iné-
galités de réussite scolaire ? (doc. 1 et 2)

CORRIGÉ

Les titres en couleur ou entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
[accroche] Depuis les années 1950, les réformes se sont multipliées afin de réduire
les inégalités scolaires. L’enjeu est d’importance, car ces inégalités peuvent discré-
diter les démocraties qui fondent leur légitimité sur des discours méritocratiques,
selon lesquels ce sont les efforts de chacun qui déterminent chaque destinée
sociale. [présentation du sujet et problématique] Il est donc important d’analyser
les raisons pour lesquelles les chances d’accéder aux différents niveaux et établis-
sements scolaires sont inégales. Nous nous appuierons sur le cas français pour
illustrer notre propos.
[annonce du plan] Une première partie analysera le rôle que peuvent jouer la
famille et le contexte dans lequel ses membres sont socialisés ; une seconde partie
présentera les raisons qui permettent de penser que l’École a également une respon-
sabilité dans les inégalités de réussite scolaire.

I. Les facteurs familiaux

LE SECRET DE FABRICATION
Il s’agit, d’une part, de distinguer les effets de la socialisation selon le genre
et le milieu social, qui peuvent avoir des effets sur la réussite scolaire ;
d’autre part, d’identifier les stratégies spécifiquement scolaires des familles.

7 • L’action de l’École sur les destins individuels et sur l’évolution de la société 173
1. La socialisation familiale
◗ La socialisation selon le genre renforce les inégalités scolaires. La socialisation des
garçons les incite à choisir des filières plus valorisées. D’après Christian Baudelot et
Roger Establet, les filles ont des résultats scolaires supérieurs à ceux des garçons et
pourtant délaissent les filières valorisées et les grandes écoles. Ceci peut s’illustrer
par le fait que parmi les élèves les plus performants en mathématiques ou en
sciences, un garçon sur trois en France souhaite travailler comme ingénieur ou
comme scientifique à l’âge de 30 ans, alors que seulement une fille sur six se pro-
jette dans ce type de professions (doc. 1).
◗ La socialisation selon le milieu social renforce également les inégalités scolaires.
Selon Pierre Bourdieu (1930-2002), le capital culturel hérité de la famille permet
aux élèves favorisés de détenir des références culturelles et des manières de parler
proches de celles des enseignants, ce qui favorise leur réussite scolaire. Le senti-
ment d’être à leur place à l’école favorise alors le choix de poursuite d’études plus
longues et prestigieuses. Ce capital se développe par inculcation ou imprégnation,
notamment à l’occasion de pratiques culturelles : 39 % des 20 % les plus riches ont
ainsi visité un site culturel plus de trois fois en un an, contre 11 % des 20 % les plus
pauvres (doc. 3).

MOTS CLÉS
Alors que l’inculcation implique un apprentissage méthodique conduit
par l’entourage – la famille, ici –, l’imprégnation repose sur la simple imitation
des pratiques observées chez celui-ci.

2. Les stratégies familiales


◗ Selon Raymond Boudon (1934-2013), les ménages adoptent des stratégies sco-
laires fondées sur un calcul coûts-avantages. Les coûts sont associés au prix des
études, mais aussi à leur difficulté ; les avantages consistent à obtenir un diplôme
supérieur à celui des parents et donc à connaître une promotion sociale. Les ménages
aisés, dont les enfants ont statistiquement les meilleures chances de réussite sco-
laire, encourageront alors davantage leurs enfants à poursuivre des études longues
et coûteuses, contrairement aux familles les moins favorisées pour qui les chances
qu’un tel pari ait une issue favorable sont plus réduites. Ceci peut expliquer qu’en
France, parmi les élèves ayant de bons résultats dans PISA, un sur cinq ne prévoit
pas de faire des études supérieures quand il vient d’un milieu défavorisé, alors que
cette proportion est très faible quand il vient d’un milieu favorisé (doc. 1).
◗ Le choix de résidence, visant à contourner la carte scolaire, ou encore le contrôle
des fréquentations des enfants sont également des stratégies familiales permettant
d’augmenter les chances de réussite scolaire.

174
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
II. Le rôle de l’École
1. La valorisation de la « culture dominante »
◗ Selon Pierre Bourdieu, les enseignants ont tendance à valoriser la culture des
classes dominantes. En effet, eux-mêmes proviennent le plus souvent de ces classes
et doivent leur réussite à la mobilisation de cette culture dans leurs études. Dès lors,
ils ont tendance à évaluer les élèves selon leur maîtrise de cette culture ; ce qui pri-
vilégie les élèves issus des classes dominantes. S’opérerait alors une « violence sym-
bolique » sur les élèves, qui conduirait les moins « performants » à intérioriser le
sentiment d’une certaine infériorité sociale.

MOT CLÉ
Pour Bourdieu, les classes dominantes sont celles qui possèdent
le plus grand volume de capitaux économiques et culturels.
Elles se caractérisent par leur souci de maintenir leur position dominante.

2. Le contexte scolaire
◗ Certains établissements, certaines classes, peuvent être plus propices à la réussite
scolaire que d’autres. Ces deux effets, « effet établissement » et « effet classe »,
peuvent résulter de projets pédagogiques spécifiques ou des caractéristiques sociales
des élèves qui y sont scolarisés. C’est ce que suggère le document 2 qui indique
qu’en 2012-2013 en France, 80 % du temps d’une séance de cours dans un collège
du secteur privé est consacré à l’enseignement et l’apprentissage, contre 70 % du
temps dans un collège du secteur public éducation prioritaire. Ce dernier se carac-
térisant par le fait qu’y sont surreprésentées les catégories les moins dotées culturel­
lement et que la réussite scolaire y est plus faible.
◗ Il peut également exister un effet propre à chaque enseignant (« effet maître »).
Le fait que l’origine sociale soit aussi déterminante dans la réussite scolaire en
France n’est alors peut-être pas étranger au fait qu’il s’agit d’un des pays où les
élèves ressentent le moins de soutien de la part de leurs enseignants pour progresser
dans les apprentissages (doc. 1).
Conclusion
[bilan] Plusieurs raisons peuvent donc expliquer les inégalités de réussite scolaire.
Elles peuvent se distinguer selon qu’elles relèvent du contexte ou des stratégies
familiales, d’une part, ou d’une responsabilité de l’École elle-même, d’autre part.
[ouverture] Mais il y a de fortes chances pour qu’une prise en compte conjointe de
ces différentes raisons soit indispensable si l’on souhaite obtenir une démocratisa-
tion effective de l’École en France.

7 • L’action de l’École sur les destins individuels et sur l’évolution de la société 175
Sociologie
8 L es caractéristiques
contemporaines et les facteurs
de la mobilité sociale

La famille Chedid, représentée ici, illustre bien les mécanismes sociologiques de la


reproduction sociale intergénérationnelle. La mobilité sociale est un enjeu essentiel
des sociétés démocratiques. Mais l’attribution des positions sociales repose-t‑elle
toujours sur les choix individuels, sur les efforts et le mérite de chacun ?

TEST Pour vous situer et identifier les fiches à réviser178

31 Définitions et formes de la mobilité sociale 180


FICHES 32 Les
tables de mobilité : instrument de mesure
DE COURS de la mobilité sociale 182
33 L’exploitation des tables de mobilité 184
34 Les déterminants de la mobilité sociale 186
MÉMO VISUEL 188

objectif bac
SUJETS GUIDÉS 19 MOBILISATION DES CONNAISSANCES Les limites des tables
& CORRIGÉS de mobilité190
20 ÉTUDE D’UN DOCUMENT La mobilité sociale des femmes192
21 DISSERTATION Les déterminants de la mobilité sociale 194

177
TESTEZ-VOUS CORRIGÉS P. 318-320

Faites le point sur vos connaissances,


connaissances
puis établissez votre parcours de révision
en fonction de votre score.

1 Définitions et formes de la mobilité sociale → FICHE 31


1. La mobilité sociale intragénérationnelle désigne pour un individu…
a. un changement de position sociale au cours de sa vie.
b. un changement de position sociale par rapport à un de ses parents.
c. un changement de statut professionnel.

2. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F


a. Un artisan fils d’agriculteur connaît une mobilité ascendante.
b. Une infirmière fille de professeure est en mobilité descendante.
c. Un cadre d’entreprise fils de médecin est immobile.
d. Une ingénieure fille d’inspecteur de police est immobile.
…/2

2 Les tables de mobilité : instrument de mesure


de la mobilité sociale → FICHE 32
1. La table des destinées sociales indique pour les individus…
a. de quelle position sociale d’origine ils proviennent.
b. quelle position sociale ils occupent.
c. vers quelle position sociale ils se sont dirigés.
2. Complétez le texte avec les mots qui conviennent
Les …………… de mobilité permettent de mesurer la mobilité sociale …………, en
comparant la …………… des individus avec celle de leur …………… . La diagonale
de la table des destinées indique le poids de …………… . Les tables permettent
également d’évaluer la ……………, par le calcul des odds ratio.
3. Indiquez pour chaque proposition s’il s’agit d’un intérêt ou d’une limite
des tables de mobilité pour mesurer la mobilité sociale.
Intérêt Limite
a. Les tables s’appuient sur la position sociale à un moment donné.
b. Le prestige de certaines professions change dans le temps.
c. Les tables montrent le poids de l’immobilité sociale.
d. Le nombre de catégories détermine le degré de mobilité.
…/3

178
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

3 L’exploitation des tables de mobilité → FICHE 33


1. D’après les tables de mobilité…
a. les immobiles représentent environ les 2/3 des individus.
b. les professions intermédiaires connaissent la mobilité la plus forte.
c. la mobilité ascendante est supérieure chez les femmes.
2. Complétez le texte avec les mots qui conviennent.
La mobilité sociale s’est …………… entre 1977 et 1993, diminue depuis 1993 pour
les ……………, est stable chez les …………… . La mobilité verticale ……………
sur l’ensemble de la période. Chez les femmes, c’est la mobilité …………… qui
augmente le plus tandis que chez les hommes c’est la mobilité …………… .

3. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F


a. La fluidité sociale a augmenté depuis 1977.
b. Le lien entre origine sociale et position sociale a diminué depuis 1977.
c. Les déclassements ont augmenté depuis 1977.
…/3

4 Les déterminants de la mobilité sociale → FICHE 34


1. La mobilité structurelle désigne…
a. l’évolution de la structure socioprofessionnelle.
b. l’évolution des catégories socioprofessionnelles.
c. les changements de position sociale dus aux transformations structurelles.

2. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F


a. Le capital économique joue le plus grand rôle dans la mobilité.
b. La position dans la fratrie influence la trajectoire sociale.
c. Le calcul coût-avantage est favorable à la poursuite d’études.
3. Associez chaque idée à son auteur.
a. La mobilité est due à la possession inégale de capitaux. ● ● R. Boudon
b. La mobilité résulte de stratégies individuelles rationnelles. ● ●
P. Bourdieu
c. La mobilité est liée à la socialisation familiale. ●

…/3

Score total …/11


Parcours PAS À PAS ou EXPRESS ? MODE D’EMPLOI P. 3

8 • Les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale 179


31 Définitions et formes
de la mobilité sociale
En bref La mobilité sociale désigne le déplacement d’un individu au sein
de la structure sociale. Diverses formes de mobilité peuvent être distin-
guées. La possibilité d’une mobilité sociale est une caractéristique des
sociétés démocratiques.

I Les diverses formes de mobilité


1 La mobilité sociale, une mobilité parmi d’autres
La mobilité sociale désigne le changement de position sociale d’un individu,
celle-ci étant évaluée par la catégorie socioprofessionnelle FICHE 24 .
Par exemple, un travailleur du bâtiment (ouvrier) MOT CLÉ
qui crée son entreprise artisanale connaît une situa- Le statut social désigne
tion de mobilité sociale et intègre la CSP artisan la position occupée dans
commerçant, chef d’entreprise. un système social à laquelle
sont associés un niveau
La mobilité d’un individu n’est pas toujours de et un mode de vie donnés,
nature sociale. Un individu qui change de profes- un prestige plus ou moins
sion ou de fonction sans que son statut social n’en grand, des comportements
soit affecté connaît une mobilité professionnelle. et des aspirations attendus.

La mobilité est également géographique lorsqu’un individu change de lieu de


travail ou de résidence. Celle-ci se développe, pour certaines catégories de salariés,
avec l’ouverture internationale et l’intégration croissante des économies.

2 Mobilité intragénérationnelle et mobilité intergénérationnelle


Les études de mobilité sociale portent sur les changements de position sociale
d’un individu au cours de sa vie et concernent la mobilité intragénérationnelle.
Mais elles reposent plus souvent sur la comparaison entre la position sociale
d’un individu et celle de ses parents : on parle alors de mobilité sociale intergéné-
rationnelle.

3 Mobilité ascendante et descendante, immobilité


Une mobilité sociale est ascendante lorsque l’individu acquiert un statut social
plus élevé. Elle est descendante lorsque le statut social est en régression : on
parle aussi de déclassement social. Cette distinction renvoie à une hiérarchie
des positions sociales, dont certaines apparaissent plus prestigieuses que d’autres,
hiérarchie variable selon les époques, les sociétés, les groupes sociaux.
L’immobilité sociale est l’absence de changement de position entre position
d’origine et position acquise.

180
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

II Une caractéristique des sociétés contemporaines


1 Démocratie et méritocratie
Dans les sociétés traditionnelles, le statut social est donné à la naissance (il est
hérité) et se présente comme un ordre naturel. Les sociétés d’ordres de l’Ancien
Régime ou de castes comme en Inde fonctionnent selon ce principe.
Dans les sociétés démocratiques, les principes d’égalité et d’autonomie des
individus les conduisent à construire leur situation professionnelle future sur la
base de leurs choix, de leurs talents et de leurs efforts.

2 École et égalité des chances MOT CLÉ


Selon le principe méritocratique,
L’École CHAPITRE 7 joue alors un rôle central les positions sociales
dans une société qui garantit la mobilité sociale en sont attribuées
faisant reposer l’attribution des positions sociales sur selon les qualités personnelles
le principe méritocratique et l’égalité des chances. et le travail de chacun.

Les travaux de sociologie de l’École montrent cependant que le mérite scolaire


est très inégalement réparti selon les groupes sociaux et que les meilleures posi-
tions scolaires restent en partie le produit d’un héritage familial.

zo om
La mobilité professionnelle de quelques CSP (2014-2015)
100 %

80 %
67,34 62,46
69,80 74,99
60 % 80,25 81,29

40 %
5,17 10,83
11,27
20 % 1,73 2,50 15,33 6,92 11,66
14,58 11,39 11,20 10,27
12,15 15,04
3,44 7,54 5,01 7,82
0%
Cadres Cadres Employés Employés Ouvriers Ouvriers
fonction administratifs fonction dans services qualifiés non qualifiés
publique et commerciaux publique (hôtels,
en entreprise restauration…)
Double mobilité Mobilité externe Mobilité interne Stable
Source : Insee, Analyses Bretagne n°77, novembre 2018.

Les travailleurs peuvent être concernés par une mobilité interne (changement
de métier), externe (changement d’établissement) ou les deux simultanément.
Les ouvriers non qualifiés et les employés des services apparaissent comme
les deux CSP les plus touchées par une mobilité professionnelle entre 2014
et 2015, puisqu’un tiers d’entre eux ont connu une des trois formes de mobilité.

8 • Les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale 181


32 Les tables de mobilité : instrument
de mesure de la mobilité sociale
En bref La mobilité sociale intergénérationnelle se mesure grâce aux
tables de mobilité qui permettent d’appréhender les déplacements entre
milieu social d’origine et position sociale. Ces outils présentent des limites.

I Les principes de construction des tables de mobilité


Les tables de mobilité croisent deux variables : la CSP de l’individu à un moment
de son existence et la CSP de son père ou de sa mère. À partir d’une table de
données en valeur absolue, on peut déduire deux tables en pourcentage.

1 La table des destinées


Selon la position d’origine CSP du père
CSP du fi ls 1 2 3 4 5 6 Ensemble
1. Agriculteurs exploitants 24,6 0,6 0,5 0,4 0,4 07 2,5
2. Artisans, commerçants,
7,4 19,3 8,8 7,3 7,2 8,0 9,4
chefs d’entreprise
3. Cadres et professions
11,6 23,4 49,3 28,1 19,3 10,5 21,6
intellectuelles supérieures
4. Professions intermédiaires 16,0 22,0 24,4 32,2 27,0 21,4 23,8
5. Employés 6,9 9,7 7,9 12,7 17,9 12,1 11,5
6. Ouvriers 33,5 25,1 9,2 19,2 28,2 47,2 31,4
Ensemble 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
Source : Site académie de Versailles, Insee, Hommes de 30 à 59 ans, 2017.
La table des destinées répond à la question : « Que sont devenus les fils d’agri-
culteurs (d’ouvriers, de cadres...) ? » En 2017, sur 100 fils d’agriculteurs, 24,6
étaient devenus agriculteurs et 33,5 étaient ouvriers.
La diagonale du tableau indique la part des immobiles selon chaque CSP d’ori-
gine. La colonne « Ensemble » indique la répartition socioprofessionnelle des
enquêtés, quelle que soit la CSP de leur père : en 2017, 23,8 % des hommes de 30
à 59 ans appartiennent aux professions intermédiaires.

2 La table des recrutements


Selon la position occupée CSP du père
CSP du fi ls 1 2 3 4 5 6 Ensemble
1. Agriculteurs exploitants 79,4 3,1 2,9 2,6 1,7 10,3 100,0
2. Artisans, commerçants,
6,3 27,6 13,5 12,1 7,9 32,7 100,0
chefs d’entreprise
3. Cadres et professions
4,3 14,6 32,9 20,3 9,2 18,7 100,0
intellectuelles supérieures
4. Professions intermédiaires 5,3 12,5 14,8 21,1 11,7 34,6 100,0
5. Employés 4,8 11,4 9,9 17,3 16,1 40,6 100,0
6. Ouvriers 8,5 10,8 4,2 9,6 9,2 57,8 100,0
Ensemble 7,9 13,5 14,4 15,6 10,3 38,3 100,0
Source : Site académie de Versailles, Insee, Hommes de 30 à 59 ans, 2017.
182
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
La table des recrutements répond à la question : « D’où viennent les agri-
culteurs (les ouvriers, les cadres…) ? » 79,4 % des agriculteurs sont des fils d’agri-
culteurs et seulement 2,9 % sont des fils de cadres.
La diagonale de la table indique le poids de l’auto-recrutement, c’est-à-dire
la part au sein de chaque CSP de ceux qui en sont eux-mêmes issus. La ligne
« Ensemble » indique la répartition des individus selon la CSP de leur père.
Ainsi en 2017, sur 100 hommes de 30 à 59 ans, 38,3 sont fils d’ouvriers.

II Intérêts et limites des tables de mobilité


Les tables de mobilité permettent de mesurer la mobilité sociale intergénéra-
tionnelle, en comparant la position sociale des individus avec celle de leur père
ou mère.
Elles permettent d’évaluer la fluidité sociale, par le calcul des odds ratio (rap-
port des chances relatives) qui indiquent le lien plus ou moins fort entre la posi-
tion sociale occupée et la position d’origine et ainsi le degré d’égalité des chances.
Un odds ratio qui diminue indique une fluidité sociale qui augmente.
Cependant, les tables de mobilité présentent des limites.
• Le degré de mobilité ou d’immobilité est for-
tement lié au niveau de détail des CSP utilisées : CHIFFRES CLÉS
10,3 % des hommes de 30
plus les catégories utilisées sont nombreuses, plus à 59 ans sont employés,
les déplacements entre catégories apparaissent ce qui n’est pas représentatif
mécaniquement importants. de l’ensemble de la population
• On compare dans le temps des professions dont active. En effet les employés sont
très majoritairement des femmes.
la représentation a pu changer : par exemple un
professeur des écoles aujourd’hui n’a pas le prestige
social d’un instituteur il y a 40 ou 50 ans.
• Les tables de mobilité ignorent les mères majoritairement inactives dans les
générations passées, ainsi que les parcours pas toujours linéaires des individus.

zo om Le calcul de l’odds ratio


CSP en 2017 1 2 3 4 5 6
Sur 100 fils d’ouvriers 0,7 8,0 10,5 21,4 12,1 47,2
Sur 100 fils de cadres 0,5 8,8 49,3 24,4 7,9 9,2
Un enfant de cadre a une probabilité de 49,3/100 de devenir cadre et de
9,2/100 de devenir ouvrier, soit 49,3/9,2 = 5,3. Un fils d’ouvrier a une proba-
bilité de devenir cadre de 10,5/100 et de devenir ouvrier de 47,2/100, soit
10,5/47,2 = 0,22.
L’odds ratio est 5,3/0,22 = 24,1. Ce résultat signifie que les chances de
devenir cadres plutôt qu’ouvriers sont 24 fois plus élevées chez les enfants de
cadres que chez les enfants d’ouvriers.

8 • Les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale 183


33 L’exploitation des tables de mobilité
En bref Si au sein de certaines catégories sociales l’immobilité intergé-
nérationnelle est forte, celle-ci diminue au profit d’une mobilité sociale
ascendante et descendante et d’une plus grande fluidité sociale.

I Les tendances de la mobilité sociale actuelle


1 Le poids de l’immobilité sociale
MOT CLÉ
La part des individus immobiles est de l’ordre Le concept de reproduction
d’un tiers (36,6 % chez les hommes de 30 à 59 ans sociale désigne la tendance qu’a
la structure sociale à se perpétuer
en 2017), avec des écarts importants en fonction
de génération en génération.
des CSP. Cela reflète une forte reproduction sociale.
Ce sont les enfants d’ouvriers et de cadres qui connaissent l’immobilité la
plus forte puisque respectivement 47,2 % des premiers et 49,3 % des seconds
occupent la même CSP que leur père en 2017.
Les agriculteurs sont marqués par un fort auto-recrutement puisque près de
80 % d’entre eux sont eux-mêmes enfants d’agriculteurs. C’est vrai aussi pour
près de 60 % des ouvriers.

2 La mobilité ascendante et descendante


Les ouvriers et employés connaissent mécaniquement une mobilité ascendante
plus forte, étant situés en bas de l’échelle sociale. Ainsi 21,4 % des fils d’ouvriers
ont intégré les professions intermédiaires en 2017 et 10,5 % sont devenus cadres.
À l’inverse les cadres et professions intellectuelles supérieures connaissent
une mobilité descendante mécaniquement plus forte : sur 100 fils de cadres,
24,4 sont professions intermédiaires, 7,9 sont employés et 9,2 sont ouvriers.
La CSP professions intermédiaires est mécaniquement celle qui permet le
plus de mobilité (ascendante et descendante).
Ascendants ou descendants, les trajets de mobilité s’effectuent majoritaire-
ment au sein de CSP proches.

3 La mobilité sociale des femmes


En 2015, 70,5 % des femmes de 35 à 59 ans occupent une CSP différente de
celle de leur mère et 29,5 % occupent la même CSP. La mobilité des femmes est
supérieure à celle des hommes (+5,3 points).
Les femmes, comparées à leur mère, connaissent une mobilité ascendante
supérieure à celle des hommes, comparés à leur père. En revanche, comparées à
leur père, leur mobilité ascendante est plus faible de près de 6 points à celle des
hommes.
184
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

II Les évolutions de la mobilité sociale


La mobilité sociale s’est accrue entre 1977 et 1993, particulièrement chez les
femmes comparées à leur mère (+10 points). Depuis 1993, elle diminue pour les
hommes (–2,2 points) et reste stable chez les femmes.
La mobilité verticale augmente sur l’ensemble
MOT CLÉ
de la période (+12 points chez les hommes, Outre la mobilité sociale
+29 points chez les femmes). Chez les femmes, descendante, le déclassement
c’est la mobilité ascendante qui augmente le plus social désigne aussi une mobilité
tandis que chez les hommes c’est la mobilité des- professionnelle descendante
cendante, caractéristique d’un phénomène de et l’occupation d’une position
socioprofessionnelle inférieure
déclassement social. à ce que le niveau de formation
La fluidité sociale s’est globalement accrue permet d’atteindre.
depuis 1977 : la probabilité de devenir cadre plu-
tôt qu’ouvrier était, en 1977, 91,7 fois supérieure
chez les fils de cadres que chez les fils d’ouvriers,
et en 2003, 28,8 fois supérieure.
Cet affaiblissement de l’effet de l’origine sur la position sociale s’est traduit en
même temps par une hausse de la mobilité sociale ascendante et des déclasse-
ments plus nombreux.

zo om La famille Chedid, un exemple


de reproduction sociale intergénérationnelle

La famille Chedid (Anna, Louis, Joseph et Matthieu en 2015) illustre par-


faitement la transmission intergénérationnelle d’un statut social hérité, celui
d’artiste : grand-mère poétesse, père auteur-compositeur-interprète, quatre
enfants dans le monde du spectacle et de la création artistique.
Pour autant, tous les artistes renommés ne sont pas issus de parents artistes
et certains connaissent une véritable ascension sociale.

8 • Les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale 185


34 Les déterminants
de la mobilité sociale
En bref Les mutations de la structure socioprofessionnelle et du sys-
tème de formation jouent un rôle essentiel dans la mobilité sociale.
La famille exerce également une action déterminante.

I La structure socioprofessionnelle
et les niveaux de formation
1 La mobilité structurelle
La comparaison entre la répartition socioprofessionnelle des individus et celle
de leur père permet d’observer les CSP en déclin et les CSP en expansion entre
les deux générations. Ainsi 7,9 % des enquêtés sont fils d’agriculteurs en 2017,
mais seulement 2,5 % sont agriculteurs eux-mêmes.
Cette comparaison reflète une transformation de la structure socioprofession-
nelle française, marquée par la baisse séculaire du poids du secteur de l’agricul-
ture, une désindustrialisation depuis les années 1970 et un triple processus de
salarisation, de tertiarisation et de féminisation de l’emploi FICHE 25 .
Les CSP en déclin (agriculteurs, ouvriers,
MOT CLÉ
artisans-commerçants-chefs d’entreprise) ont
La mobilité structurelle désigne
généré une mobilité structurelle vers les CSP en les déplacements intergénérationnels,
expansion (cadres, professions intermédiaires), ascendants ou non,
celle-ci expliquant l’essentiel de la mobilité et liés aux transformations de
de son augmentation ces dernières décennies. la structure socioprofessionnelle.

2 L’élévation du niveau de diplôme et de formation


L’accès à un niveau de formation plus élevé est une condition essentielle
d’une mobilité sociale ascendante CHAPITRE 7 .
L’élévation globale du niveau de formation accompagne les transformations
de la structure socioprofessionnelle et permet une mobilité sociale ascendante
pour nombre d’enfants de catégories populaires et moyennes.
Cependant un niveau de formation qui s’élève plus rapidement que la structure
des emplois a des effets pervers. Il explique une moindre rentabilité des diplômes.

II Le rôle de la famille et de ses transformations


1 Ressources familiales et reproduction sociale
La famille au travers de son rôle de socialisation crée des aspirations, diffé-
rentes selon le milieu social, qui influencent la trajectoire sociale des individus,
au travers des choix d’études notamment.
186
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
La famille met également en œuvre des stratégies qui influencent les choix
d’études et les positions sociales futures. Selon le sociologue Raymond Boudon,
ces stratégies scolaires rationnelles sont le fruit de décisions qui reposent sur
un calcul coût/avantages encourageant l’inégalité des chances, les familles des
catégories supérieures anticipant plus d’avantages aux choix de poursuite d’études
que les familles de catégories inférieures.
Le sociologue Pierre Bourdieu a montré que la reproduction sociale était liée,
selon les groupes sociaux, à la possession différente en quantité et en qualité de
capitaux économiques, culturels CHAPITRE 7 et sociaux qui ont une rentabilité
scolaire plus ou moins forte. Le capital social joue en particulier un rôle majeur
pour l’accession à certains types d’études ou à certains types d’emplois qui néces-
sitent la constitution d’un réseau.

2 Le rôle des configurations familiales


La configuration familiale a des effets sur la
socialisation des individus, sur leurs aspirations MOT CLÉ
La configuration familiale désigne
et leurs projets, leurs choix d’études et leurs la composition et les modes
réussites et donc sur leurs trajectoires futures. de constitution de la famille,
Les transformations de l’institution fami- le nombre et l’âge des frères et sœurs,
la position dans la fratrie, la place
liale, marquée par le développement des fa-
des grands-parents…
milles monoparentales et recomposées, peuvent
avoir des effets sur les destins individuels.

zo om CSP des personnes en emploi de 1982 à 2018


en %
35

30 Employés

25 Ouvriers

20
Professions intermédiaires
15 Cadres et professions intellectuelles
supérieures
10 Artisans, commerçants et chefs d’entreprise
5
Agriculteurs exploitants
0
1982 84 86 88 90 92 94 96 98 2000 02 04 06 08 10 12 14 16 2018

Source : Insee Références, édition 2019.

L’évolution des CSP depuis 1982 reflète les transformations sectorielles de la


production et de la population active.
La CSP cadres connaît une forte progression tandis que celles des agri-
culteurs et des ouvriers connaissent la plus forte baisse.

8 • Les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale 187


MÉMO VISUEL

Définitions et formes
de la mobilité sociale

Diverses formes de mobilité


• Mobilité sociale
• Mobilité professionnelle
• Mobilité géographique

Diverses formes de mobilité


et immobilité sociales
• Mobilité intragénérationnelle
• Mobilité intergénérationnelle
• Immobilité sociale
• Mobilité ascendante
• Mobilité descendante

Caractéristiques des sociétés démocratiques


• Principe d’égalité et d’autonomie
• Principe méritocratique

LA MOBILITÉ
Lire les tables de mobilité sociale

• Elles mesurent :
– la mobilité intergénérationnelle
– la fluidité sociale
• Table des destinées : ce que deviennent les individus d’une même origine sociale
• Table des recrutements : d’où viennent les individus d’une même CSP
• Diagonales des tables : poids de l’immobilité sociale et de l’autorecrutement

188
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

Ce que montrent
les tables de mobilité

• Poids de l’immobilité sociale, reflet d’une forte repro-


duction sociale au sein de certaines CSP (ouvriers, cadres)
• Augmentation de la mobilité ascendante et descendante
– mobilité ascendante (ouvriers et employés)
– mobilité descendante (cadres et professions intellec-
tuelles)
– mobilité ascendante et descendante (professions
intermédiaires)
– des trajets de mobilité entre CSP proches socialement
• Fluidité sociale en hausse entre 1977 et 2003
• Mobilité des femmes, comparées à leur mère, supérieure
à celle des hommes et davantage ascendante

SOCIALE
Déterminants de la mobilité sociale

• Origine structurelle, liée à l’évolution de la structure


socioprofessionnelle
• Élévation du niveau de formation
– favorise une mobilité ascendante
– génère une forme de déclassement
• Rôle important de la famille et de ses configurations
(ressources économiques, culturelles, sociales)

8 • Les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale 189


OB JEC TIF
SUJET 19 B AC
MOBILISATION DES CONNAISSANCES 30 min Les limites des tables
de mobilité
Les tables de mobilité constituent un instrument
très utile de mesure de la mobilité sociale, mais
sont-elles entièrement fiables et pertinentes ?
Comportent-elles des limites ?

L E S UJ E T
Vous présenterez une limite des tables de mobilité comme instrument de
mesure de la mobilité sociale.

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de la mobilisation des connaissances p. 312.

Définir les mots clés


◗ La mobilité sociale désigne les changements de position sociale d’un individu,
soit au cours de sa vie (mobilité intragénérationnelle), soit par rapport à la posi-
tion sociale de son père ou de sa mère (mobilité intergénérationnelle).
◗ Les tables de mobilité (des destinées/des recrutements) sont des tableaux à
double entrée croisant la position sociale des hommes ou femmes avec celle de
leur père ou mère, généralement appréhendées à partir des CSP.
◗ Les limites des tables sont liées à leur difficulté à évaluer correctement la mobilité
sociale réelle ou vécue par les individus, du fait par exemple de ne pas prendre en
compte les trajectoires des individus, seulement leur position à un moment donné.

Structurer la réponse
◗ On explicitera une des limites des tables de mobilité.
◗ On étayera l’argumentation en l’illustrant à partir d’un exemple pertinent.

190
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

CORRIGÉ
Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
Les tables de mobilité sociale constituent l’instrument de mesure de la mobilité
sociale intergénérationnelle. Si elles représentent un outil indispensable, elles com-
portent cependant des insuffisances pour appréhender pleinement les flux de mobi-
lité réelle ou vécue par les individus. Nous allons montrer en particulier que le degré
de précision des catégories sociales utilisées a un effet sur la mobilité constatée.

Développement
MOT CLÉ
◗ Les tables de mobilité sociale sont construites à La nomenclature des catégories
partir du croisement entre deux variables : la posi- socioprofessionnelles (CSP) est
tion sociale des individus et celle de leur père ou construite par l’Insee pour classer
mère, généralement évaluées à partir de la CSP. les individus selon leur profession,
leur statut, leur secteur d’activité…
Le degré de mobilité ou d’immobilité observé est
dans des groupes relativement
ainsi en partie lié au niveau de détail des CSP uti- homogènes socioéconomiquement.
lisées. Si la nomenclature utilisée comporte beau-
coup de catégories, les flux de mobilité entre catégories apparaissent nombreux. À
l’inverse, une nomenclature avec peu de catégories entraîne une mobilité moindre.
◗ La CSP « cadres et professions intellectuelles supérieures » fournit une bonne
illustration de cette idée. Cette catégorie agrège des professions et des statuts très
différents, par exemple des professeurs, des médecins ou encore des directeurs de
ressources humaines (DRH) de grandes entreprises. Si un enfant de professeur
devient DRH, il est considéré comme immobile si on raisonne avec la seule CSP
« cadres », alors que les statuts socioéconomiques d’un DRH et d’un professeur
sont très différents. Mais si on distingue les cadres de la fonction publique et les
cadres d’entreprise, alors une situation de mobilité apparaît.

Conclusion
Ainsi, plus les catégories utilisées pour mesurer la mobilité sont nombreuses et
détaillées, plus les déplacements entre catégories apparaissent mécaniquement
nombreux. C’est une limite importante à la qualité de l’information donnée par
les tables de mobilité, qui restent cependant très utiles aux sociologues.

8 • Les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale 191


OB JEC TIF
SUJET 20 B A C
ÉTUDE D’UN DOCUMENT 1h La mobilité sociale des femmes
Les études de mobilité sociale se sont souvent
intéressées aux hommes. Mais qu’en est-il
du recrutement social des femmes salariées ?
Est-il également marqué par le poids
de l’autorecrutement ?

L E S UJ E T
Document Évolution des origines sociales des femmes salariées
entre 1977 et 2015 (femmes comparées à leur mère, en %)
en %
100

90

80

70

60

50

40

30

20

10

0
1977 1993 2015 1977 1993 2015 1977 1993 2015 1977 1993 2015
Cadres et professions Professions Employées Employées
intellectuelles intermédiaires et ouvrières et ouvrières
supérieures qualifiées non qualifiées

CSP de la mère :
Employées et ouvrières non qualifiées Cadres et professions intellectuelles supérieures
Employées et ouvrières qualifiées Artisanes, commerçantes et chefs d’entreprise
Professions intermédiaires Agricultrices exploitantes
Autorectrutement
Source : La mobilité sociale des hommes et des femmes :
évolutions entre 1977 et 2015, coll. « Insee Références », Insee, édition 2019.
192
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
1. Comment évolue la part des employées SAVOIR-FAIRE
et ouvrières non qualifiées dont les mères • Pour lire la 1re colonne de cet
occupaient la même position sociale, histogramme empilé : la zone bleue
entre 1977 et 2015 ? représente 9 %, la zone rouge 24 %
(33 – 9)… la zone mauve 15 % (100 – 85).
Le total des valeurs vaut 100.
2. Dégagez les principales tendances
• Pour exprimer un écart entre deux parts
de l’évolution des origines sociales des qui ne se rapportent pas au même
femmes salariées entre 1977 et 2015. ensemble, on calcule une différence
exprimée en points de pourcentage.

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de l’étude d’un document p. 313.

Définir les mots clés


◗ L’origine sociale est mesurée ici par la CSP de la mère.
◗ La population considérée est constituée des femmes occupant un emploi
salarié et donc exclut les femmes occupant un emploi indépendant.

Comprendre le document
◗ Le graphique est un histogramme empilé dont les données sont des pourcen-
tages de répartition. Il est construit à partir des tables de recrutement.
◗ Ainsi, sur 100 femmes cadres en 1977, 15 ont une mère employée ou ouvrière
non qualifiée.

Structurer la réponse à la seconde question


◗ On observera, tout d’abord, l’évolution de l’autorecrutement des femmes salariées.
◗ Ensuite, on regardera les origines sociales en déclin, puis celles en progrès.
◗ On montrera, enfin, quels en sont les effets sur le recrutement dans les dif-
férentes CSP.

CORRIGÉ
1. Sur 100 femmes employées et ouvrières non qualifiées, 45 (100 – 55) ont une
mère occupant la même CSP (autorecrutement) en 1977, 50 en 2015, soit une
part en hausse de 5 points de pourcentage.

2. Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
Les origines sociales des femmes salariées se sont fortement transformées entre
1977 et en 2015. Quelles sont les principales tendances de cette évolution ?
8 • Les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale 193
Développement MOT CLÉ
L’autorecrutement, qui désigne
◗ L’autorecrutement, qui représente une propor- les individus qui occupent
tion plus forte chez les employées et ouvrières la même CSP que celle de
que chez les cadres et professions intermédiaires, leur père ou mère, se repère
augmente quelle que soit la CSP. Cette proportion dans la diagonale d’une table
de recrutement.
augmente de 12 points entre 1977 et 2015 chez les
employées et ouvrières qualifiées et de 5 points chez les cadres.
◗ Les salariées qui ont des mères agricultrices connaissent la plus forte baisse
en proportion, quelle que soit leur CSP, suivies de celles dont les mères sont
artisanes, commerçantes et chefs d’entreprise. Pour les employées et ouvrières
non qualifiées dont la mère est agricultrice, on constate une baisse de 21 points.
Parallèlement, les salariées dont les mères sont employées et ouvrières voient leur
part augmenter, quelle que soit la CSP.
◗ Le profil des origines de certaines CSP a en conséquence changé entre 1977
et 2015. Ainsi, les employées et ouvrières non qualifiées ont un recrutement qui
s’homogénéise, puisque les trois quarts d’entre elles ont une mère employée ou
ouvrière en 2015, contre un peu plus de la moitié en 1977. Un peu moins de la
moitié des femmes cadres ont une mère employée ou ouvrière en 2015, contre
environ 30 % en 1977.

Conclusion
L’évolution du recrutement des salariées depuis 1977 est marquée par la hausse
de l’autorecrutement, d’une part, et par l’augmentation des origines employées et
ouvrières, d’autre part.

OB JEC TIF
SUJET 21 B AC
DISSERTATION 4h Les déterminants
de la mobilité sociale
La mobilité sociale est un enjeu majeur
des sociétés démocratiques. Quelles sont
les tendances de la mobilité en France ?
Et comment pouvons-nous les expliquer ?

L E S UJ E T
Comment expliquer la mobilité sociale en France ?

194
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
Document 1  estinées sociales des femmes selon l’origine sociale
D
de leur mère en 2015 (en %)
Catégorie socioprofessionnelle des filles

Cadres et
Catégorie Artisans, Employés
professions Professions Employés
socioprofes- Agriculteurs commerçants et ouvriers
intellec- intermé- et ouvriers Ensemble
sionnelle de exploitants et chefs non
tuelles diaires qualifiés
la mère d’entreprise qualifiés
supérieures

Agriculteurs
8,0 3,0 11,2 19,1 33,2 25,5 100,0
exploitants

Artisans,
commerçants
1,3 10,1 15,4 28,0 27,9 17,3 100,0
et chefs
d’entreprise

Cadres et
professions
0,3 4,6 41,7 31,6 11,6 10,2 100,0
intellectuelles
supérieures

Professions
0,1 3,9 29,0 37,7 19,0 10,4 100,0
intermédiaires

Employés
et ouvriers 0,6 4,1 14,9 30,2 32,9 17,4 100,0
qualifiés

Employés et
ouvriers non 0,9 3,7 7,5 22,4 34,1 31,4 100,0
qualifiés

Ensemble 0,9 4,4 15,2 27,5 30,0 21,36 100,0

Mobilité non verticale Mobilité verticale Immobilité sociale


Mobilité de statut Mobilité horizontale Mobilité ascendante Mobilité descendante

Source : Insee Première, n° 1739, février 2019.

Document 2  atégorie socioprofessionnelle des personnes en emploi


C
de 1982 à 2018
en %
35

30 Employés

25 Ouvriers

20 Professions intermédiaires

15
Cadres et professions intellectuelles
10 supérieures
Artisans, commerçants et chefs d’entreprise
5
Agriculteurs exploitants
0
1982 84 86 88 90 92 94 96 98 2000 02 04 06 08 10 12 14 16 2018

Source : Emploi, chômage, revenus du travail, coll. « Insee Références », Insee, édition 2019.

8 • Les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale 195


Document 3  iveau de vie et taux de pauvreté selon le type
N
de ménage en 2011
Niveau
de vie
Taux de pauvreté
mensuel
(en %)
moyen
en euros

Quatre
Un Deux Trois
Ensemble enfants Ensemble
enfant enfants enfants
ou plus
Ménages d’une famille avec
17,5 13,9 13,1 21,3 41,2 1 800
au moins un enfant mineur
Couple avec au moins
14,0 9,9 10,1 17,8 35,2 1 880
un enfant mineur
Familles
13,5 10,0 9,7 18,0 35,0 1 910
« traditionnelles »
Familles recomposées 17,6 9,2 13,0 16,3 37,0 1 660
Familles
39,6 29,5 35,7 49,9 75,3 1 240
monoparentales

Source : Couples et familles, coll. « Insee Références », Insee, édition 2015.

Document 4  btention du baccalauréat selon la génération


O
et le milieu social (en %)
en %
100
Enfants de cadres
90
Ensemble des générations
80
Enfants d’ouvriers
70

60

50

40

30

20

10

0
av. 29 29-38 39-48 49-53 54-58 59-63 64-68 69-73 74-78 79-83 83-87
Année de naissance

Source : L’État de l’École 2010, ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse.

196
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de la dissertation p. 316.

Analyser la consigne et dégager une problématique


comment expliquer
Sujet-analyse : il s’agit d’exposer
les différentes causes
de la mobilité sociale.
France
Le cadre spatial est la France,
Analyse du sujet le cadre temporel est
la période contemporaine,
comme le confirment
les documents.
mobilité sociale
On retient ici la mobilité
intergénérationnelle :
changements de position sociale
d’un individu par rapport
à ses parents.

◗ Problématique. La mobilité sociale n’est pas le seul résultat de choix indivi-


duels. Elle s’explique par des facteurs socioéconomiques et sociologiques.

Exploiter les documents


Document 1
Le document 1 est une table des destinées. Que signifie cette appellation ?
Comment en lire les données ? La mobilité sociale des femmes est présentée :
quelles sont ses spécificités ? Aidez-vous du jeu de couleurs.
Document 2
Le document 2 révèle les évolutions de la structure socioprofessionnelle fran-
çaise depuis 1982. Quelle est la nature des données ? Quelles transformations
expliquent une partie de la mobilité sociale ?
Document 3
Le document 3 compare le niveau socioéconomique des ménages selon le type
de ménages. Quels sont les indicateurs socioéconomiques retenus ici ? À quelle
notion du cours renvoie cette distinction entre types de ménages ?
Document 4
Le document 4 indique le taux d’obtention du baccalauréat selon l’origine
sociale, à ne pas confondre avec le taux de réussite. Observez l’évolution géné-
rale et selon la CSP. Comment évolue l’écart entre les deux CSP ? Que peut-on
en déduire sur le rôle de la formation dans la mobilité sociale ? Celle-ci joue-
t-elle le même rôle pour toutes les CSP ?

8 • Les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale 197


Définir le plan
◗ Étudiez l’évolution de la structure sociopro-
1 La mobilité sociale
liée aux évolutions fessionnelle. Faites le lien entre les documents 1
socioprofessionnelles et 2 : où se situe une partie importante de la
mobilité ?
◗ Étudiez l’élévation du niveau de formation.
Quel est son effet ? (doc. 4)

◗ Étudiez le rôle du milieu social familial. Mon-


2 L’action des ressources
et des configurations trer que l’immobilité sociale représente une
familiales part importante des destinées (doc. 1). Quel
phénomène cela met-il en évidence ? Montrez
les inégalités d’accès aux diplômes selon les CSP
(doc. 4).
◗ Étudiez les effets des configurations familiales
(doc. 3).

CORRIGÉ

Les titres en couleur ou entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
[accroche] Matthieu Chedid est un musicien issu d’une lignée d’artistes pres-
tigieux. [présentation du sujet] Cette trajectoire sociale particulière est-elle
à l’image de l’attribution des positions sociales ? Autrement dit, quels sont
les facteurs de la mobilité sociale dans la société française contemporaine ?
[problématique] Nous allons montrer que celle-ci ne résulte pas des seuls choix
individuels, mais qu’elle s’explique par des facteurs socioéconomiques et socio-
logiques. [annonce du plan] Nous étudierons d’abord le rôle des évolutions
socioprofessionnelles, puis nous montrerons le poids de la famille.

I. La mobilité sociale liée aux évolutions socioprofessionnelles

LE SECRET DE FABRICATION
Il s’agit de montrer que le phénomène de mobilité structurelle est dû aux évolutions
de la structure socioprofessionnelle et des niveaux de formation liés.

1. La mobilité due aux évolutions de la structure socioprofessionnelle


◗ La structure socioprofessionnelle est marquée par des transformations impor-
tantes entre 1982 et 2018 (doc. 2) : la part des agriculteurs et ouvriers continue

198
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
à diminuer (respectivement – 5 et – 10 points de %), tandis que celle des cadres
et professions intermédiaires augmente (+ 10 points/+ 5 points). Cela génère une
mobilité structurelle.
◗ Ces transformations expliquent que les catégories socioprofessionnelles (CSP)
en déclin connaissent une mobilité forte de leurs fils et filles, tandis que les
CSP en expansion sont marquées par une forte immobilité sociale et attirent
des fils et filles issus d’autres CSP. Ainsi, comme le montre la table des destinées
(doc. 1), en 2015 seulement 8 % des filles d’agricultrices sont agricultrices elles-
mêmes (immobilité), tandis que 92 % sont mobiles. 41,7 % des filles de cadres
sont cadres elles-mêmes et 31,6 % occupent des professions intermédiaires.
2. Le rôle de l’élévation du niveau de formation
◗ Les transformations de la structure socioprofessionnelle s’accompagnent d’une
élévation du niveau de formation, nécessaire pour favoriser l’accès des individus
aux positions socioprofessionnelles qui se développent.
◗ On constate ainsi, quelle que soit la CSP, une
augmentation du taux d’accès au baccalauréat :
CONSEILS
moins de 5 % pour la génération née en 1929, Étayez votre propos à l’aide
plus de 60 % pour les générations nées entre 1983 des données des documents.
et 1987 (doc. 4) et 75 % aujourd’hui. Vous pouvez effectuer des calculs.

II. L’action des ressources


et des configurations familiales
1. La transmission inégale des capitaux selon le milieu social de la famille
◗ L’immobilité sociale est un phénomène important à observer dans la table des
destinées (doc. 1). Si celle-ci est faible chez les filles issues de mères indépendantes
en raison de la mobilité structurelle, elle représente entre 31,4 % des filles d’em-
ployées et ouvrières non qualifiées et 41,7 % des filles de cadres en 2015.
◗ Ce phénomène s’explique par la transmission
de capitaux (économique, culturel et social) iné- MOT CLÉ
gaux selon les CSP. Le capital culturel joue un Les capitaux représentent ici
rôle déterminant dans la réussite scolaire et pro- des ressources mobilisables pour
fessionnelle : il favorise la reproduction des posi- accéder à une position sociale.
tions sociales tant dans les catégories populaires Ces ressources sont plus ou moins
rentables et les individus peuvent
que supérieures. Ainsi, en dépit de la réduction des
investir pour les augmenter,
écarts, les enfants de cadres ont encore un taux comme le capital d’une entreprise.
d’accès au baccalauréat supérieur de 40 points à
celui des enfants d’ouvriers pour les générations nées entre 1983 et 1987 (doc. 4).
2. Les effets des configurations familiales sur la mobilité sociale
◗ Les configurations familiales, qui désignent la composition et les modes de consti-
tution de la famille (nombre et âge des frères et sœurs, position dans la fratrie,
place des grands-parents…), ont des effets sur la socialisation des individus et sur
leurs aspirations et leurs projets, leurs choix et leurs réussites d’étude et donc sur
leurs trajectoires sociales futures.

8 • Les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale 199


◗ Certains types de famille apparaissent en difficulté pour assurer un avenir social à
leurs enfants compte tenu de leurs conditions de vie, particulièrement les familles
ayant quatre enfants et plus, et les familles mono-
parentales. En effet, 39,6 % de ces dernières et MOT CLÉ
75 % de celles qui ont quatre enfants et plus vivent La pauvreté monétaire
en dessous du seuil de pauvreté en 2011, ce qui est mesurée à partir d’un seuil
rend difficile le financement d’études supérieures de revenu, fixé à 50 ou 60 %
ainsi que les conditions pour étudier (espace de du revenu disponible. La part
travail, équipement numérique, accompagnement des personnes en dessous
de ce seuil définit le taux
familial…) (doc. 3).
de pauvreté.
Conclusion
[bilan] La mobilité sociale ne dépend donc pas seulement du libre choix des indi-
vidus d’une trajectoire sociale, mais aussi de contraintes socioéconomiques et
sociologiques fortes, liées aux évolutions de la structure socioprofessionnelle et du
niveau de formation ainsi qu’au rôle de la famille.
[ouverture] Le poids trop important de la reproduction sociale souligne le rôle
majeur de l’école pour favoriser une attribution des positions sociales moins liée à
l’origine sociale et davantage aux capacités et aux choix individuels.

200
Sociologie
9 L es mutations du travail
et de l’emploi

Depuis les années 1980, les avancées technologiques, notamment numériques,


ont contribué à brouiller les frontières de l’activité professionnelle (lieu de travail,
relation employeur/employé…).

TEST Pour vous situer et identifier les fiches à réviser 202

35 Les frontières de l’activité professionnelle 204


FICHES 36 L’évolution des modèles d’organisation du travail 206
DE COURS 37 Les conséquences des nouveaux modes
d’organisation du travail 208
38 Le rôle du travail et de l’emploi dans l’intégration sociale 210
MÉMO VISUEL 212

Objectif bac
SUJETS GUIDÉS 22 MOBILISATION DES CONNAISSANCES Essor du numérique
& CORRIGÉS et mutations de l’emploi 214
23 ÉTUDE D’UN DOCUMENT Statut d’emploi et type de contrat 216
24 DISSERTATION Travail et intégration sociale 219

201
TESTEZ-VOUS CORRIGÉS P. 318-320

Faites le point sur vos connaissances


puis établissez votre parcours de révision
en fonction de votre score.

1 Les frontières de l’activité professionnelle → FICHE 35


1. Les formes atypiques d’emploi représentent…
a. 5 % des emplois salariés.
b. 15 % des emplois salariés.
c. 30 % des emplois salariés.
2. Complétez le texte avec les mots qui conviennent.
Parmi les formes ………………. d’emploi (la norme étant le contrat à durée
……………… à temps plein) figurent notamment les emplois à temps ………………
(volontaire ou non) et les emplois précaires (saisonnier, intérimaire, en contrat
à durée ………………).
3. Outre la rémunération, les principaux critères de qualité de l’emploi sont…
a. les conditions de travail.
b. la sécurité liée au contrat de travail avec l’employeur.
c. le niveau de chômage dans le pays.
…/3

2 L’évolution des modèles d’organisation du travail → FICHE 36


1. Le taylorisme se caractérise par…
a. un travail spécialisé et répétitif.
b. une hausse de la productivité.
c. une plus grande autonomie des travailleurs.
2. Reliez chaque idée à sa définition.
séparation de la conception
a. management participatif ● ●
et de l’exécution des tâches

b. division horizontale du travail ● ●


spécialisation des travailleurs
par poste de travail

c. division verticale du travail ● ●


mode de gestion valorisant
l’implication des salariés
…/2

202
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

3 Les conséquences des nouveaux modes


d’organisation du travail → FICHE 37
1. L’évolution des formes d’organisation du travail…
a. a permis d’améliorer les conditions de travail.
b. a réduit les contraintes du taylorisme ressenties par les travailleurs.
c. a complètement fait disparaître le taylorisme.
2. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F
a. Le télétravail permet d’alléger la charge de travail.
b. L’usage des outils numériques est sans risque pour les salariés
en télétravail.
c. L’essor du numérique réduit la séparation entre vie professionnelle
et vie privée.
d. Le télétravail touche essentiellement les travailleurs qualifiés.
3. La polarisation de la qualité des emplois désigne…
a. l’opposition croissante des emplois selon leur qualité, salaire, stabilité.
b. l’augmentation des salaires pour la classe moyenne.
c. les frontières incertaines entre emploi, chômage et inactivité.
…/3

4 Le rôle du travail et de l’emploi


dans l’intégration sociale → FICHE 38
1. Le travail favorise l’intégration sociale…
a. par le revenu qu’il procure.
b. grâce aux relations entre collègues.
c. en donnant un sentiment de fierté et d’utilité.
2. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F
a. La perte d’emploi entraîne une rupture de sociabilité.
b. La précarisation touche la population active occupée de manière égale.
c. Exercer un travail est une garantie contre la pauvreté.
d. La précarisation des emplois peut conduire à l’exclusion sociale.
…/2

Score total …/10


Parcours PAS À PAS ou EXPRESS ? MODE D’EMPLOI P. 3

9 • Les mutations du travail et de l’emploi 203


35 Les frontières de l’activité
professionnelle
En bref Les frontières entre emploi, inactivité et chômage sont moins
marquées depuis vingt ans en raison du développement de formes aty-
piques d’emploi qui modifient la qualité de l’emploi.

I Des frontières plus floues entre emploi,


chômage et inactivité
1 Une diversité de situations possibles face à l’emploi
La population active comprend toutes les per-
sonnes qui déclarent exercer un emploi ou qui MOT CLÉ
Un emploi (de statut salarié ou non
sont sans emploi mais en recherchent un. Elle est salarié) correspond à un poste
donc composée de la « population active occu- occupé pour exercer une activité
pée » (personnes ayant un emploi) et de la popu- professionnelle rémunérée
lation au chômage (en recherche d’emploi, selon en contrepartie du travail fourni
différents critères). (au sens de facteur de production).

Il existe différentes définitions du chômage, selon l’organisme international


(Bureau international du travail, BIT) ou national (Pôle Emploi) FICHE 11 .
La population inactive comprend toutes les personnes qui ne peuvent pas
légalement travailler et celles qui renoncent provisoirement à un travail rémunéré.

2 Un brouillage des frontières lié à l’évolution des formes d’emploi


Les frontières entre emploi, inactivité et chômage sont moins marquées depuis
vingt ans, en raison de l’augmentation des situations intermédiaires.
Parmi ces formes d’emploi atypiques (la norme étant le contrat à durée indé-
terminée à temps plein) figurent notamment les personnes occupant un emploi
à temps partiel (volontairement ou non) ou un emploi précaire (saisonnier, in-
térimaire, en contrat à durée déterminée).
Certaines populations se trouvent à la croisée de l’emploi, de l’inactivité et
du chômage (« halo du chômage ») contribuant ainsi à la difficulté de mesurer
précisément le chômage. Des travailleurs potentiels sont catégorisés en inactifs
car en formation, ou découragés par les recherches, voire radiés des statistiques,
ou encore travaillant de manière non déclarée.

II La mesure de la qualité de l’emploi


1 Différentes définitions selon les organisations internationales
Au cours des dernières décennies, avec l’augmentation des formes atypiques
d’emploi, la thématique de la qualité de l’emploi a été notamment développée
204
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
par les organisations internationales (Bureau international du travail, Commis-
sion européenne et OCDE) et nationales (DARES).
Les études réalisées montrent que la mesure de la qualité de l’emploi importe
autant que celle de sa quantité. La crise financière de 2008 FICHE 15 a ainsi
lourdement pesé sur le nombre d’emplois disponibles, mais aussi sur leur qualité.

2 Une notion analysée du point de vue des travailleurs


La qualité de l’emploi se mesure grâce à des indicateurs répartis en plusieurs
dimensions qui décrivent la qualité de l’emploi du point de vue du travailleur (et
non celui de l’employeur).
Si la rémunération (salaires, primes…) est un facteur essentiel, d’autres élé-
ments liés à la qualité de vie et au bien-être individuel sont pris en compte.
Le type de contrat de travail (permanent, tem-
poraire) et l’aménagement du temps de travail MOT CLÉ
Le contrat de travail est
(temps partiel, volontaire ou subi) permettent un contrat de type privé signé
d’évaluer la sécurité économique ainsi que l’équi- entre l’employeur et le salarié
libre entre vie professionnelle et vie privée. (qui s’engage à travailler contre
une rémunération). Le contrat
Les conditions de travail (horaires, charge de
confère à chacun des droits
travail, pénibilité, environnement) et la variété et obligations à respecter.
des tâches effectuées tiennent une place impor-
tante, ainsi que l’accès à la formation (possibilité pour les travailleurs d’acquérir
de nouvelles qualifications et d’ouvrir leur horizon de carrière).

zo om Le « halo du chômage »
Halo
Actifs ayant Dont autour Autres
un emploi sous-emploi Chômeurs du inactifs
chômage
1,5 1,6

26,8 millions 2,5 millions 11,6 millions

Champ : France métropolitaine, personnes de 15 à 64 ans.


Source : Insee.

L’Insee définit le « halo du chômage » comme les personnes sans emploi qui
souhaiteraient travailler, mais qui ne sont pas classées comme chômeurs (car
sans disponibilité immédiate ou recherche active), soit 1,6 million de personnes,
dont 4 % de la population des 15‑64 ans.
L’économiste Jacques Freyssinet en donne une définition plus large en
prenant en compte toutes les personnes qui recherchent un emploi typique et
qui en sont privées.

9 • Les mutations du travail et de l’emploi 205


36 L’évolution des modèles
d’organisation du travail
En bref Les modes de coopération des travailleurs au sein d’une organi-
sation productive ont d’abord été marqués par une forte division tech-
nique du travail qui a fait l’objet de critiques au milieu du XXe siècle en-
traînant la mise en place de nouvelles formes d’organisation plus souples.

I Le modèle d’organisation taylorien


L’ingénieur américain Frederick Winslow Taylor (1856-1915) met au point au
tournant du xxe siècle une méthode de travail qu’il qualifie d’« organisation
scientifique du travail » fondée sur une rationalisation et une optimisation des
opérations de production.

1 Une division du travail horizontale et verticale


La division du travail horizontale est fondée
sur une organisation par postes de travail. Elle se MOT CLÉ
La division du travail est
traduit par une spécialisation des travailleurs qui la décomposition de la production
doivent réaliser des tâches répétitives en un mini- en de nombreuses opérations
mum de temps. ou tâches élémentaires, limitées
et complémentaires, permettant
Le principe de la division du travail verticale
d’augmenter l’efficacité du travail.
consiste à séparer la conception de l’exécution du
travail : les ingénieurs dans les « bureaux des méthodes » sont les seuls capables
de réaliser l’analyse scientifique des tâches, des gestes et des temps de travail et
conçoivent la méthode de production la plus efficace (« the one best way »),
notamment en observant la façon de faire des meilleurs ouvriers.

2 Une relation hiérarchique stricte


La parcellisation des tâches accroît le caractère substituable des exécutants,
soumis à une surveillance stricte des contremaîtres.
Les méthodes de production s’imposent en effet aux ouvriers, qui sont contrô-
lés et chronométrés pour les amener à rester concentrés sur leurs tâches d’exé-
cution et éviter toute « flânerie ». Les salariés sont par ailleurs encouragés par une
rémunération au rendement.

II Le modèle d’organisation post-taylorien


Le modèle taylorien a permis d’importants gains de productivité et favorisé l’em-
ploi massif de main-d’œuvre peu qualifiée. Dans la seconde moitié du xxe siècle,
il fait néanmoins l’objet de contestations qui entraînent la mise en place de nou-
veaux modèles dits « post-tayloriens » relâchant la contrainte productiviste du
taylorisme.

206
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

1 Une flexibilité accrue


Pour rompre la monotonie des tâches, une rotation du personnel d’exécution sur
les différents postes de travail est aménagée. L’ouvrier devient ainsi plus polyvalent.

2 Une recomposition des tâches


Les ouvriers se voient confier le soin d’effectuer des tâches plus diverses et poin-
tues (entretien et contrôle des machines par exemple, vérification de la qualité),
restituant ainsi de l’intérêt au travail lui-même. Cet enrichissement des tâches et
des responsabilités contribue à rendre à l’ouvrier un plus grand contrôle sur le
processus de production.

3 Un management participatif
Les modes de management ont également évolué avec le renforcement de l’au-
tonomie des employés qui permet aux travailleurs d’organiser et de répartir eux-
mêmes le travail au sein d’une équipe. L’objectif est de diminuer la division verticale
du travail (moins de hiérarchie). La productivité
du travail est désormais davantage collective. MOT CLÉ
Le management participatif
Ce management participatif s’illustre par désigne un mode de gestion
exemple par la mise en place de cercles de qualité des ressources qui valorise
pour résoudre des problèmes de production et la l’implication des collaborateurs
mise en avant de démarches de communication et dans la prise de décision
au sein de l’entreprise.
de concertation au sein de l’entreprise.

zo om Le fordisme, un modèle inspiré du taylorisme

Le fordisme, mis en place par Henry Ford dans ses usines automobiles au
début du xxe siècle pousse à l’extrême la division technique du travail instau-
rée par l’organisation scientifique du travail de Taylor.
Ford introduit des innovations dans le processus de production (chaîne
de montage et production de masse comme l’illustre cette photo de 1935).

9 • Les mutations du travail et de l’emploi 207


37 Les conséquences des nouveaux
modes d’organisation du travail
En bref L’évolution des modèles d’organisation, en particulier avec
l’essor du numérique, a des effets contrastés à la fois sur les conditions
de travail et le rapport au travail dans la société.

I Les conséquences sur les conditions de travail


1 Des améliorations des conditions de travail
La mise en place de nouveaux modes de travail post-tayloriens FICHE 36 libère
les salariés des contraintes imposées par le taylorisme et le fordisme, critiqués pour
leurs conséquences néfastes (augmentation des maladies professionnelles, désen-
gagement des travailleurs…).
La baisse de la pénibilité (suppression des MOT CLÉ
Les conditions de travail renvoient
tâches les plus répétitives et dangereuses) et l’en-
aux caractéristiques liées au poste
richissement du travail (davantage d’autonomie, et à l’environnement de travail :
de motivation et d’intégration des salariés) amé- horaires et organisation des tâches,
liorent les conditions de travail et le bien-être des pénibilité et prévention des risques,
salariés. contraintes psychosociales…

2 Des effets positifs à nuancer


La polyvalence et l’autonomie dans le travail peuvent cependant rendre le travail
plus intense. Le salarié subit une tension permanente et une charge mentale (plus
que physique) pour produire, contrôler à la fois la qualité du produit et surveiller la
machine.
Le travail de l’employé reste contraint par la machine, la demande des clients ou le
contrôle hiérarchique, et plus récemment le développement de nouvelles techniques
numériques de contrôle de l’activité du salarié.
De plus, le taylorisme demeure dans l’industrie (agroalimentaire, textile). Ses
principes se sont même étendus au secteur tertiaire (restauration, centres d’appels…).

II L’impact du numérique sur le travail et l’emploi


En constante progression depuis les années 1990, l’usage des outils numériques
se généralise et s’accompagne de modifications notables des conditions de travail.

1 L’essor du numérique brouille les frontières du travail


L’affranchissement des frontières spatiales et temporelles bouleverse l’activité pro-
fessionnelle avec un décloisonnement de l’espace-temps entre travail/hors travail
(accélération des échanges, connexion permanente, voire dépendance vis-à-vis des
outils numériques).
208
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

2 Les conséquences sur les relations d’emploi


L’usage de ces outils numériques pour un travail mobile ou à distance favoriserait
l’exposition à plusieurs risques psychosociaux dus à une charge de travail et une
charge mentale importantes, ainsi qu’à des situations de débordement sur la sphère
privée (travail dans l’urgence, culture de la réactivité, surcharge informationnelle).
Les outils numériques permettent en outre d’assurer un contrôle et une traçabi-
lité forte de l’activité professionnelle.
Ces conditions de travail exigeantes sont contrebalancées par une plus grande
autonomie et récompensées par un sentiment de reconnaissance professionnelle.

3 Le risque de polarisation de la qualité des emplois


Ces évolutions avec notamment le développe-
ment d’entreprises de l’économie numérique, se MOT CLÉ
La polarisation de la qualité
traduisent par une polarisation de la qualité des des emplois désigne la déformation
emplois. Des emplois très qualifiés (ingénieurs, de la structure de l’emploi
développeurs…) côtoient des emplois de « gig eco- où la part des emplois situés
nomy » qui rassemblent tous les petits travaux pré- aux deux extrémités de l’échelle
des qualifications augmente
caires issus notamment de « l’ubérisation » (mise
tandis que celle des emplois
en relation d’entreprises, de travailleurs indépen- intermédiaires baisse.
dants et de clients via une plateforme numérique).

zo om La pratique du télétravail en France

En 2017, 3 % des salariés déclarent pratiquer le télétravail régulier au moins


un jour par semaine. Il s’agit essentiellement de salariés qualifiés : 61 % d’entre
eux sont cadres.
L’ordonnance dite « Macron » en vigueur depuis le 24 septembre 2017 a
assoupli le régime juridique du télétravail, accentuant le développement de ce
mode d’organisation. Le télétravail occasionnel est ainsi reconnu, permettant
par exemple le télétravail un jour de grève des transports.

9 • Les mutations du travail et de l’emploi 209


38 Le rôle du travail et de l’emploi
dans l’intégration sociale
En bref Le travail représente un puissant facteur d’intégration sociale,
mais ce rôle semble s’affaiblir. Les évolutions récentes du marché du
travail accentuent les facteurs de précarité, la précarisation des emplois
menant à la précarisation sociale.

I Le travail, facteur d’intégration sociale


1 Une reconnaissance sociale
Le travail exercé est un indicateur du milieu social auquel appartient l’individu
(par le biais des catégories socioprofessionnelles) et procure à l’individu un sen-
timent d’utilité sociale.
Le travail est aussi source de socialisation
MOT CLÉ
(par l’intériorisation de normes et de valeurs
La sociabilité désigne l’ensemble
propres au milieu professionnel) et source de des relations sociales choisies
sociabilité (en permettant de nouer de nom- et réciproques que les individus
breuses relations sociales). Le travail offre souhaitent entretenir par le biais
une vie ritualisée et rythmée par les obliga- de discussions, rencontres, activités
de loisirs communes, sorties…
tions professionnelles.

2 Une source de revenus


Le travail est également porteur d’intégration économique dans la mesure où
il permet de bénéficier d’un revenu (un salaire pour le salarié, un revenu mixte
pour un travailleur indépendant).
Grâce à ce revenu, le travailleur peut satisfaire l’ensemble de ses besoins et in-
tégrer la société de consommation. Dans une société qui connaît une forte divi-
sion du travail et une forte spécialisation des activités et des travailleurs, l’acte de
consommer est nécessaire. De plus, adhérer aux normes collectives de consom-
mation permet de s’identifier, à travers ces pratiques, à ses semblables.

3 Une protection sociale


Le travail, dans les pays développés, permet également de bénéficier d’une cou-
verture sociale qui assure au travailleur, ainsi qu’à sa famille, une relative sécurité
face à certains risques sociaux (chômage, maladie, accident, vieillesse).
Cette couverture se caractérise par la distribution de revenus sociaux (pensions
de retraite, allocation-chômage, remboursement de dépenses de santé), financés
par un prélèvement sur les revenus d’activité qui alimente le budget de l’État ou des
organismes de la Sécurité sociale FICHE 12 .

210
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

II Les effets de l’évolution de l’emploi


1 Le chômage affaiblit les liens sociaux
Le chômage persistant ainsi que l’alternance de périodes d’emploi et de chô-
mage entraînent une perte de revenu, malgré les mécanismes d’indemnisation.
La perte d’emploi génère une perte de repères et des rythmes de travail, une
rupture de sociabilité, ce qui peut être source d’isolement, d’affaiblissement des
liens sociaux et de remise en cause du statut social (perte de dignité au travail et
d’utilité sociale, risque de stigmatisation).

2 La précarisation des emplois fragilise l’intégration sociale


Le besoin de flexibilité du marché du travail a fait évoluer les normes du salariat avec
le développement de formes particulières d’emploi FICHE 35 . Le travail ne fournit
plus à l’individu les garanties de revenu, d’accès à la consommation, au logement et au
crédit. Il existe ainsi de plus en plus de travailleurs pauvres dont les revenus irréguliers
et/ou insuffisants ne permettent pas de vivre décemment ou de faire des projets.
Les contrats précaires plus instables compliquent également l’intégration
dans des collectifs de travail (travail en équipe, organisations syndicales).
La polarisation de la qualité des emplois FICHE 37 aggrave les inégalités
entre emplois très qualifiés et peu qualifiés, que ce soit en termes de salaires ou
d’exposition aux difficultés économiques que peut connaître l’entreprise.
Globalement, la rupture de liens relationnels et professionnels peut conduire
à l’exclusion sociale.

zo om L’augmentation de la précarité de l’emploi


Évolution du taux de précarité1 Évolution du taux de précarité1
60,5
selon l’âge en % 16,5
selon le sexe en %

14,5
50,5
12,5
40,5
10,5
Moins de
30,5 8,5
25 ans Hommes
Ensemble 6,5
20,5
Femmes
4,5
10,5
2,5

0,5 0,5
02

02
07

07
82

82
87

87
92

92
12

17

12

17
97

97
20

20

20

20

20

20

20

20
19

19

19

19

19

19

19

19

1. CDD, intérim et apprentis rapportés à l’emploi total.


Source : Calculs du Centre d’observation de la société, d’après l’Insee.

Le taux de précarité atteint 13,5 % en 2017 contre 12,1 % en 2014 et touche


principalement les femmes, les jeunes et les individus peu qualifiés.

9 • Les mutations du travail et de l’emploi 211


MÉMO VISUEL

Les frontières
de l’activité professionnelle

Des frontières floues entre emploi, chômage et inactivité


Population active
Actifs occupés Chômeurs Inactifs
sous-
emploi Halo

Population sans emploi


•Développement des formes atypiques d’emploi (emplois à temps partiel
ou précaires)
• Halo du chômage (personnes en formation, chômeurs découragés, etc.)

La mesure de la qualité de l’emploi


• Statut de l’emploi • Temps de travail
• Type de contrat • Conditions de travail MUTATIONS DU TRAVAIL
• Rémunération • Accès à la formation
• Variété des tâches

L’évolution des modèles


d’organisation du travail

Taylorisme Post-taylorisme

● Division horizontale du ● Flexibilité et polyvalence


travail (spécialisation) ● Enrichissement des tâches
● Division verticale du travail et responsabilisation
(« the one best way ») ● Management participatif
● Relation hiérarchique stricte

212
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

Les conséquences des nouveaux


modes d’organisation du travail

Des effets nuancés sur les conditions de travail


Conséquences positives Conséquences négatives

● Autonomie ● Intensification du travail


● Baisse de la pénibilité ● Tension permanente
● Motivation et intégration accrues

Les impacts du numérique


● Décloisonnement espace-temps travail et hors travail
● Traçabilité de l’activité professionnelle
● Risques psychosociaux

● Polarisation de la qualité des emplois +/– qualifiés

● Nouvelles relations d’emploi (« ubérisation »)


ET DE L’EMPLOI

Le rôle du travail et de l’emploi


dans l’intégration sociale

● Stigmatisation
Exclusion sociale

Chômage ● Perte de revenu


Reconnaissance persistant ● Affaiblissement
Intégration

sociale et sentiment des liens sociaux


d’utilité
● Relations sociales

● Source de revenu
● Travailleurs pauvres
● Protection sociale
Précarisation ● Polarisation de la qualité
des emplois des emplois
● Aggravation

des inégalités

9 • Les mutations du travail et de l’emploi 213


OB JEC TIF
SUJET 22 B AC
MOBILISATION DES CONNAISSANCES 30 min Essor du numérique
et mutations
de l’emploi
L’essor du numérique a bouleversé nos modes
de consommation et a aussi eu un impact
sur les emplois d’aujourd’hui et de demain.
Entre ingénieurs informatiques et chauffeurs de VTC,
quels types d’emplois crée l’économie numérique ?

L E S UJ E T
Montrez que le numérique accroît la polarisation des emplois.

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de la mobilisation des connaissances
p. 312.

Définir les mots clés


◗ Associé aux technologies de l’information et de la communication (TIC), le
numérique désigne l’utilisation de nouveaux outils informatiques de travail
ou de formation (ordinateurs, smartphones, logiciels, réseau Internet, plate‑
formes de services…).
◗ La polarisation des emplois désigne la déformation de la structure de l’emploi
où la part des emplois situés aux deux extrémités de l’échelle des qualifications
augmente, tandis que celle des emplois intermédiaires diminue.

Structurer la réponse
◗ On met en évidence que le numérique fait disparaître certains emplois fondés
sur des actions automatisables.
◗ On montre que, parallèlement, l’économie numérique crée à la fois des
emplois très qualifiés dans la conception et le développement des outils inno‑
vants, et des emplois peu qualifiés et précaires dans de nombreux secteurs.

214
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

CORRIGÉ

Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
L’utilisation croissante de nouveaux outils informatiques de travail ou de forma-
tion (ordinateurs, smartphones, logiciels, réseau Internet, plateformes de ser-
vices…) transforme l’organisation des entreprises et nos modes de consommation.
Le numérique a donc des répercussions sur le travail et l’emploi.
Développement
◗ Si de nombreux marchés et emplois se créent à la faveur de l’économie numé-
rique, beaucoup de métiers vont disparaître ou devront subir de profondes muta-
tions. Le numérique peut conduire à remplacer des tâches routinières, répétitives
qui seraient « numérisables » ou automatisables. Les emplois à qualification
moyenne, tels que ceux des opérateurs de machines, des employés de bureau ou des
chargés de service clientèle, sont menacés par l’automatisation et la robotisation.
◗ Parallèlement, le numérique crée des activités « non numérisables » qui relèvent
soit d’une très haute qualification (conception, déve-
loppement et commercialisation des outils innovants),
À NOTER
soit de peu de qualifications mais nécessitant encore
On parle de gig economy
une intervention humaine (reconnaissance d’images pour désigner une économie,
par les « travailleurs du clic » ou livraison de colis). issue notamment
« L’ubérisation » de l’économie désigne notamment les de « l’ubérisation »,
nouveaux services s’appuyant sur des plateformes qui ayant recours uniquement
modifient quantitativement (création d’emplois) mais à des emplois
en CDD et intérim
aussi qualitativement (précarisation) le marché de l’em-
ou à la sous‑traitance
ploi en mettant en relation les consommateurs avec des avec des indépendants.
travailleurs peu qualifiés.
Conclusion
Le numérique modifie en profondeur le contenu et la structure des emplois dans
notre société en diminuant les emplois de qualification intermédiaire et en accen-
tuant les écarts en haut et en bas de l’échelle des qualifications, ce qui correspond
à une « polarisation des emplois ».

9 • Les mutations du travail et de l’emploi 215


OB JEC TIF
SUJET 23 B AC
ÉTUDE D’UN DOCUMENT 1h Statut d’emploi
et type de contrat
En plus du chômage persistant, la précarisation
des emplois est une autre évolution importante
du marché du travail. Certaines populations
sont-elles plus touchées que d’autres par
ce phénomène qui fragilise l’intégration sociale ?

L E S UJ E T
Document Statut d’emploi et type de contrat en 2019
Ensemble Sexe (en %) Âge (en %)
en milliers en % Femme Homme 15-24 ans 50 ans ou +
Indépendants 3 297 12,1 8,8 15,3 2,7 10,8
Salariés 23 876 87,9 91,2 84,7 97,3 89,2
Emploi à durée
20 284 74,6 77,3 72,1 44,6 77,9
indéterminée
Contrat à durée
2 472 9,1 11,1 7,2 28,4 8,5
déterminée
Apprentissage 454 1,7 1,3 2,0 17,4 0,3
Intérim 666 2,4 1,5 3,3 6,9 2,5
Ensemble
27 173 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
des emplois
Champ : France hors Mayotte, population des ménages, personnes en emploi.
Source : Insee, enquête Emploi 2019.

1. Faites une phrase précisant le sens de la donnée entourée.

SAVOIR-FAIRE
• Une proportion (ou part) représente le rapport entre une partie d’un ensemble
et l’ensemble de référence.
• Pour une lecture explicite d’une proportion, interrogez‑vous sur la façon
dont elle a été calculée.

2. Mettez en évidence que les emplois précaires sont occupés de manière inégale
dans la population.

216
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de l’étude d’un document p. 313.

Définir les mots clés


◗ L’emploi correspond à un poste occupé pour exercer une activité profession‑
nelle rémunérée.
◗ Le statut d’emploi désigne les conditions juridiques dans lesquelles un indi‑
vidu exerce son activité.
◗ Par salariés, il faut entendre toutes les personnes qui travaillent, aux termes
d’un contrat, en échange d’un salaire ou d’une rétribution équivalente. Les indé‑
pendants ou non‑salariés se distinguent des salariés par l’absence de contrat
de travail ; ils sont rémunérés sous une autre forme qu’un salaire.
◗ Les emplois précaires désignent les emplois qui s’éloignent de la forme d’em‑
ploi typique qu’est le CDI (ou les emplois de la fonction publique).

Comprendre le document
Le document présente la répartition des statuts d’emploi et types de contrat
selon le sexe et l’âge en France en 2019. Il s’agit de sélectionner les données
(des proportions en pourcentages principalement) et de les comparer avec
pertinence, afin d’identifier les caractéristiques des individus occupant des
emplois précaires.

Structurer la réponse à la seconde question


◗ La question porte sur les emplois précaires. Il convient donc de se focaliser sur
l’analyse des types de contrat. Dans un premier temps, on s’attache à analyser
la répartition selon les différentes tranches d’âge, en les comparant entre elles
et avec les données d’ensemble.
◗ Puis, dans un second temps, on effectue la même démarche pour l’autre
variable (selon le sexe).

CORRIGÉ
1. En 2019, 12,1 % des personnes occupant un emploi en France sont indépen-
dantes (travailleurs non salariés, des professions libérales, à leur compte, chefs
d’entreprise). Ce chiffre a été calculé à partir des effectifs donnés en milliers dans
la colonne adjacente. Sur 27 173 milliers d’emplois, 3 297 sont sous le statut
d’indépendant, ce qui revient à dire que sur 100 emplois, 12 sont occupés sous
ce statut.

9 • Les mutations du travail et de l’emploi 217


2. Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.
Introduction
Le document est un tableau à double entrée, publié par l’Insee, qui présente la
répartition en pourcentage de la population en emploi selon le statut d’emploi et le
type de contrat (pour les salariés), selon deux groupes d’âge et pour les deux sexes.
Nous allons montrer l’inégale répartition des emplois précaires (CDD, apprentis-
sage, intérim) selon ces variables : l’âge, puis le sexe.
Développement
◗ Les moins de 25 ans sont plus fréquemment en contrat à durée limitée, qu’ils
soient en CDD (28,4 %), en intérim (6,9 %) ou apprentis (17,4 %). La propor-
tion de jeunes en CDD est trois fois plus importante que celle de l’ensemble de
la population en emploi. Concernant l’apprentissage, il faut préciser qu’à ces
âges-là, les jeunes en emploi sont souvent peu diplômés ou suivent un cursus
professionnalisant.
◗ Parmi l’ensemble des personnes occupant un emploi, les femmes sont plus sou-
vent que les hommes en CDD (11,1 % contre 7,2 %, soit près de 4 points de diffé-
rence), mais elles sont peu concernées par l’intérim et l’apprentissage.

CONSEILS
Quand on compare deux proportions, on peut le faire :
• en utilisant un coefficient multiplicateur ;
• en exprimant l’écart sous forme de différence en point(s) de pourcentage.

Conclusion
En conclusion, la précarisation des emplois est inégalement répartie dans la popu-
lation active occupée : cette évolution du marché du travail touche principalement
les jeunes et les femmes.

218
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
OB JEC TIF
SUJET 24 B AC
DISSERTATION 4h Travail et intégration sociale
L’intérêt de ce sujet est de présenter comment
le travail peut favoriser l’intégration sociale,
tout en nuançant l’analyse, car les évolutions
de l’emploi affaiblissent ce rôle intégrateur.

L E S UJ E T
Le travail est-il toujours source d’intégration sociale ?

Document 1 Niveau de vie1 et taux de pauvreté2 selon le statut


d’activité en France en 2017
Niveau de vie
Personnes pauvres Taux de pauvreté
médian
(en milliers) (en %)
(en euros 2017)
Actifs occupés 22 920 2 144 8,2
Salariés 22 850 1 625 7,1
Indépendants 24 020 519 17,2
Chômeurs 14 420 953 37,6
Retraités 21 860 1 094 7,6
Autres inactifs 15 830 1 891 31,3
Ensemble 20 820 8 889 14,1
Champ : France métropolitaine.
1. Le niveau de vie correspond au revenu disponible d’un ménage en tenant compte
de sa composition.
2. Le taux de pauvreté mesure la proportion d’individus appartenant à un ménage dont
le niveau de vie est inférieur à un certain pourcentage du niveau de vie médian (ici 60 %).
Source : D’après Insee Première, n° 1 772, septembre 2019.

Document 2 Le sens du travail


Cette quête de sens des salariés et travailleurs est-elle une tendance réelle ?
Bien sûr ! Quelles que soient les activités dans lesquelles nous sommes
engagés, nous en attendons du sens. Pour le travail, c’est encore plus évident.
Les enquêtes dont on dispose le montrent, les Français sont nombreux à
affirmer que le travail est « très important » pour eux. Et ce, quel que soit
5 leur emploi. Le travail possède à la fois une dimension relationnelle et
9 • Les mutations du travail et de l’emploi 219
expressive : on en attend non seulement la possibilité de rencontrer et coopé-
rer avec d’autres personnes, mais aussi de pouvoir exprimer sa singularité, ses
capacités, et d’obtenir de la reconnaissance. C’est la raison pour laquelle l’in-
10 térêt intrinsèque du travail (c’est-à-dire le contenu concret du travail) nous
importe beaucoup. Dans les entretiens que nous avons menés dans plusieurs
pays européens nous avons pu prendre la mesure à la fois de l’ampleur de ces
attentes mais également de la désespérance qu’entraîne le travail lorsqu’il n’a
aucun sens. Les salariés se réfugient alors dans des postures de retrait.
15 […]. Ma thèse c’est que notre concept de travail est constitué de plu-
sieurs couches de significations, de plusieurs dimensions. Le travail peut être
considéré comme un facteur de production, ce qui importe alors n’est pas
le travailleur mais la création de richesse et le profit. Pour le travailleur, il
est l’essence de l’homme, c’est-à-dire une activité censée apporter du sens,
20 de l’accomplissement, de l’épanouissement. Enfin, c’est aussi le système de
distribution des revenus, des droits et des protections, le pivot de la société
salariale.
Source : Entretien avec Dominique Méda, directrice de l’Institut
de recherche interdisciplinaire en sciences sociales (IRISSO)
et professeure de sociologie, Qqf.fr, octobre 2017.

Document 3  épartition de l’emploi salarié selon le statut


R
de 1982 à 2017
en % en %
20 95

15 CDI (échelle de droite) 90

10 85
CDD
5 80
Apprentis Intérim
0 75
1982 1987 1992 1997 2002 2007 2012 2017

Champ : France métropolitaine jusqu’en 2013, France hors Mayotte à partir de 2014,
population des ménages, personnes en emploi de 15 ans ou plus.
Note : les CDD comprennent les emplois aidés ; pour la fonction publique, les CDI comprennent
les fonctionnaires et les contractuels en CDI.

Source : Insee, séries longues sur le marché du travail,


enquêtes Emploi, septembre 2018.

220
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
Document 4 Le sens donné au travail
selon les catégories socioprofessionnelles
Question : Diriez-vous que le travail, c’est d’abord... ? (réponses en %)

Une façon Une contrainte Un moyen


de trouver sa place pour gagner d’épanouissement
dans la société de l’argent personnel
Ensemble 37 33 30
Cadres 36 28 36
Professions
31 37 32
intermédiaires
Employés 29 44 27
Ouvriers 31 52 17
Source : Ifop, Les Français et le bonheur au travail, avril 2016.

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de la dissertation p. 316.

Analyser la consigne et dégager une problématique


travail source
Activité humaine socialement Il s’agit d’identifier
organisée visant à produire les éléments constitutifs
des biens et des services du travail qui favoriseraient
utiles à la satisfaction l’intégration des individus.
des besoins humains.

Analyse du sujet

intégration sociale toujours


Processus par lequel la société Nuancez le pouvoir intégrateur
(par l’action de la famille, de l’école, du travail, en introduisant une
du travail ) crée entre les individus dimension temporelle. Le travail
des liens d’appartenance a évolué, son rôle intégrateur
et de reconnaissance. est-il remis en question ?

Problématique. Il s’agit de comprendre À NOTER


comment l’évolution de la place du travail Cette problématique invite
dans la société modifie le rôle intégrateur du à formuler un plan sous
travail et sa capacité à contribuer à l’inser‑ une forme dialectique : oui …,
tion des individus dans la société. mais (ou cependant) …

9 • Les mutations du travail et de l’emploi 221


Exploiter les documents
Document 1
Le document 1 permet de comparer les différents statuts d’activité en termes
de revenus, de taux de chômage ou de niveau de pauvreté. Est‑ce que tous les
statuts sont exposés de façon égale aux risques de chômage et de pauvreté ?
Occuper un emploi rémunéré constitue‑t‑il une protection ? Ce document
alimente la thèse de l’importance du travail dans notre système économique
marchand (la détention d’un emploi permet de consommer davantage et ainsi
d’accéder aux normes de la société de consommation).
Document 2
Le document 2 est un texte qui identifie les différentes dimensions du rôle
intégrateur du travail (économique, sociale, symbolique…) et l’importance
de la « valeur travail ». En creux, il mentionne les risques et les dangers pour
l’individu qui ne pourrait pas compter sur le travail pour être intégré à la société.
Document 3
Le document 3 est un graphique qui illustre les mutations de l’emploi avec le
développement de formes atypiques d’emploi (il peut être utile de caractériser
l’évolution de la part de ces emplois). La fragilisation du statut salarial peut
provoquer une précarisation économique et sociale de l’individu.
Document 4
Le document 4 est un tableau qui explique l’importance des différentes dimen-
sions du travail (épanouissement et reconnaissance sociale, au‑delà de la dimen‑
sion économique) en montrant que la place du travail dans la société n’est pas la
même pour tous les individus (ce qui renvoie aussi aux inégalités économiques
et sociales qui existent entre les différentes catégories socioprofessionnelles).

Définir le plan
◗ Une activité professionnelle rémunérée
1 Le travail permet
reste aujourd’hui encore un élément essentiel
l’intégration économique
et sociale des individus du processus par lequel l’individu participe
à la vie collective et se sent appartenir à la société.
◗ Cette activité permet d’accéder à la société
de consommation, et produit de la solidarité
et une identité sociale. (doc. 1, 2, 4)

Le chômage, la précarisation des emplois


2 Les mutations
et les évolutions du travail font que les liens
du travail et de l’emploi
peuvent affaiblir qui, par le travail, permettent aux individus
ce rôle intégrateur d’appartenir à des groupes sociaux ou
à la société, sont aujourd’hui moins solides.
(doc. 1, 2, 3)

222
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

CORRIGÉ

Les titres en couleur ou entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
[accroche] Si le travail a été longtemps considéré comme une activité dégradante
et contrainte, les sociétés modernes le valorisent au contraire et en ont fait une
condition du bien-être des individus. [présentation du sujet] Ainsi, avec l’avène-
ment de la société salariale, le travail, en tant que facteur de production qui s’inscrit
dans une activité socialement organisée, apporte bien plus qu’un revenu, puisque
le travailleur bénéficie d’un statut et de protections. Le travail est devenu de ce fait,
avec la famille ou l’école, un vecteur important d’intégration, c’est-à-dire qu’il per-
met à l’individu de s’insérer dans la société, d’en partager les valeurs et d’instaurer
des relations sociales durables. La peur du déclassement social et la stigmatisa-
tion des exclus donnent au travail une importance encore plus grande dans notre
société. De plus, le droit au travail, qui participe de la dignité de l’être humain, a été
repris dans la Constitution de 1958, qui affirme : « Chacun a le devoir de travailler
et le droit d’obtenir un emploi. »
[problématique] Si le travail apparaît de façon évidente comme source de lien
social, le chômage et les évolutions récentes de l’emploi nous amènent à interroger
d’une autre manière le lien entre travail et intégration. Dans quelle mesure la montée
du chômage et la précarisation de l’emploi fragilisent-elles de nos jours la capacité
du travail à être facteur d’intégration et créateur de lien social ? [annonce du plan]
Pour répondre à cette problématique, nous verrons dans un premier temps que le
travail est toujours à l’heure actuelle une instance fondamentale d’intégration, parce
qu’il contribue à l’identité sociale et permet l’insertion dans l’économie et la société
marchande. Pour autant, nous verrons dans un second temps que l’intégration par
le travail doit être nuancée par certaines évolutions de l’emploi et les mutations des
formes d’organisation du travail apparues ces dernières années.
I Le travail permet l’intégration économique et sociale
des individus
1. Le travail contribue à la construction de l’identité sociale
◗ Le travail fournit à chacun l’occasion de prouver son utilité sociale et de se créer
un statut social (appartenance à une catégorie socioprofessionnelle, place dans le
processus de production économique). D’après un sondage Ifop sur « Les Français
et le bonheur au travail », 37 % des personnes inter-
rogées estiment que le travail est avant tout un moyen CONSEILS
de trouver sa place dans la société (doc. 4) et donc de Dans chaque partie
­s’attirer la reconnaissance d’autrui. Ces différents fac- de votre dissertation,
teurs participent à la stabilité personnelle, à un senti- accompagnez vos exemples
ment de « vivre ensemble » et forment une protection de renvois aux documents
du dossier fourni.
contre l’isolement social.

9 • Les mutations du travail et de l’emploi 223


◗ Le travail est aussi une source d’identité collective par l’appartenance à un collec-
tif de travail (une entreprise, un syndicat) dont les membres partagent des condi-
tions et des rythmes de travail. Le travail permet notamment de nouer de
nombreuses relations sociales (collègues, clients, fournisseurs, syndicats, hié-
rarchie…) (doc. 2). Par ailleurs, la sociabilité professionnelle peut se prolonger par
une sociabilité privée qui entretient un réseau amical et d’entraide.
◗ Le travail constitue une expérience sociale dans
laquelle l’individu doit donner la mesure de ses qua- CONSEILS
lités et de ses compétences. Il procure estime de soi, Il peut être intéressant
épanouissement personnel (pour 30 % des personnes de faire des liens entre
sondées dans l’enquête présentée dans le doc. 4) et plusieurs documents
du dossier pour illustrer
reconnaissance (doc. 2).
et appuyer vos arguments.
2. Le travail assure un revenu d’activité
et des droits sociaux
◗ L’exercice d’un travail, qu’il soit indépendant ou salarié, s’accompagne de l’ob-
tention d’une rémunération. Les actifs occupés ont ainsi un niveau de vie médian
de 22 920 euros par an, bien supérieur aux autres statuts d’activité (chômeurs,
retraités ou inactifs) (doc. 1). Cette rémunération donne à l’individu la possibilité
de s’intégrer sur le plan économique, c’est-à-dire d’adhérer aux normes collectives
de consommation et d’épargne et de s’identifier, à travers ces pratiques, aux autres
individus. Cet aspect économique est différencié selon la catégorie socioprofession-
nelle et d’autant plus vérifié pour les catégories populaires. 52 % des ouvriers consi-
dèrent avant tout le travail comme une contrainte pour gagner de l’argent (doc. 4).
◗ Grâce à un travail (doc. 2), l’individu accède également à une protection sociale
qui couvre les risques sociaux (assurances chômage, maladie, accident, famille,
retraite) et lui assure une continuité de revenu même après la fin de son activité
professionnelle. Par ce système collectif de prélèvements et de prestations, l’indi-
vidu se sent ainsi « relié » aux autres.
II Les mutations du travail et de l’emploi peuvent affaiblir
le rôle intégrateur du travail
1. La dégradation du marché du travail limite
la capacité intégratrice du travail
◗ La dégradation du marché du travail se caractérise par la persistance d’un niveau
de chômage élevé et le développement de formes particulières d’emploi, plus « pré-
caires » (CDD, intérim notamment) : la part de ces formes d’emploi est passée de
6 % à 16 % de l’emploi total entre 1982 et 2017, soit une hausse de 10 points de
pourcentage (doc. 3).
◗ Le chômage (a fortiori de longue durée) et la hausse de la part des emplois pré-
caires, caractérisés par des revenus faibles et instables, augmentent le risque de pau-
vreté (le taux de pauvreté des chômeurs s’élève à 37 %, soit plus de cinq fois plus

224
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
que celui des salariés) et favorisent le développement des « travailleurs pauvres »
(doc. 1). On dénombre près de 9 millions de pauvres en France, comprenant, pour
2 millions d’entre eux, des actifs occupant un emploi (doc. 1). L’exposition à la
pauvreté et ses conséquences sur les modes de vie s’accroissent : difficultés d’ac-
cès au logement et au crédit, à établir des projets ainsi qu’à consommer selon les
normes de la société.
◗ Ce type d’emplois « précaires » empêche également l’individu de s’inscrire dans
des actions collectives, comme le syndicalisme, et de construire une identité d’ap-
partenance à une entreprise, une équipe, un métier… Le chômage et la flexibilité de
l’emploi, avec le recours croissant à des contrats atypiques comme les CDD, les
contrats d’intérim ou d’apprentissage (doc. 3), mettent également de plus en plus
en concurrence les travailleurs.
◗ Chômage et précarisation des emplois nuisent aussi à À NOTER
la sociabilité en dehors de la sphère du travail et fra- L’exclusion sociale est
gilisent les relations sociales de l’individu, pouvant le contraire de l’intégration.
­entraîner son isolement, voire son exclusion sociale Elle dépasse le concept
(rupture familiale, perte de confiance en soi, risque de de pauvreté et correspond à
la non-réalisation des droits
stigmatisation, perte des ressources utiles pour retrouver
sociaux fondamentaux
un nouvel emploi, perte éventuelle de droits sociaux et garantis par la loi
basculement dans un système d’assistance). et l’État (protection sociale,
2. Les mutations des formes d’organisation logement, éducation…),
et à une rupture progressive
du travail ont également un impact des liens sociaux.
sur le rôle intégrateur du travail dans la société
◗ Les nouvelles formes d’organisation du travail peuvent se traduire par une aug-
mentation des contraintes (rythme, performance, contrôle qualité…) qui pèsent
sur le salarié, génèrent des situations de stress, de perte de sens et l’exposent à des
risques psychosociaux. La recherche de performance et de compétitivité fait aussi
qu’aujourd’hui, toute difficulté va être mal vécue, avec risque de stigmatisation. Ce
phénomène peut se traduire par un relâchement du lien entre le salarié et l’entre-
prise et contrarier l’intégration de l’individu par le travail (doc. 2).
◗ Les mutations du travail et de l’emploi se traduisent aussi par l’individualisation
et l’isolement par rapport au collectif de travail. La flexibilité des emplois et des
salaires individualise ensuite les relations de travail : la diversification des contrats
place parfois les membres d’un collectif de travail dans des situations si différentes
qu’il leur est difficile d’éprouver une identité et des intérêts communs, et donc de
s’engager dans une action collective.
◗ La flexibilité horaire a aussi des effets sur les emplois du temps des collectifs de
travail et des familles. Elle complique l’engagement associatif et affecte les pratiques
de sociabilité.

9 • Les mutations du travail et de l’emploi 225


Conclusion
[bilan] Le travail demeure un fondement de l’organisation de la société d’au-
jourd’hui : en être privé, c’est être exclu de l’essentiel des fondements de la cohé-
sion sociale. Porteur d’une dimension économique, sociale et symbolique, le travail
contribue fortement à la pleine réalisation de l’individu dans la société. Les évolu-
tions de l’organisation du travail dans les entreprises, la montée du chômage et le
développement de formes atypiques d’emploi ont cependant réduit le rôle du travail
comme instrument d’intégration sociale, en appauvrissant ou excluant certaines
populations d’un accès à l’emploi, en fragilisant la relation salariale et les liens
sociaux avec les collectifs de travail.
[ouverture] Lutte contre le chômage, la pauvreté ou l’exclusion, gestion des
risques psychosociaux liés au travail… : comment la puissance publique, dans son
action, peut-elle prendre en compte l’importance du travail dans toutes ses dimen-
sions ? D’autres instances peuvent-elles compenser l’affaiblissement du rôle inté-
grateur du travail ?

226
Science politique
10 L ’engagement politique
dans les sociétés démocratiques

Les Zones à défendre (ZAD) comme celle de Notre-Dame-des-Landes, occupée


par des zadistes de 2014 à 2018 pour préserver l’environnement et s’opposer
à la construction d’un aéroport, illustrent les nouvelles formes de résistance
et d’engagement face aux pouvoirs politiques.

TEST Pour vous situer et identifier les fiches à réviser228

39 Les formes de l’engagement politique 230


FICHES 40 Les déterminants de l’engagement politique 232
DE COURS 41 Objets, acteurs et répertoires de l’action collective 234
MÉMO VISUEL 236

objectif bac
SUJETS GUIDÉS 25 RAISONNEMENT Pourquoi s’engager ? 238
& CORRIGÉS 26 DISSERTATION L’action collective242

227
TESTEZ-VOUS CORRIGÉS P. 318-320

connaissances
Faites le point sur vos connaissances,
puis établissez votre parcours de révision
en fonction de votre score.

1 Les formes de l’engagement politique → FICHE 39


1. Qu’est-ce qui relève de l’engagement ?
a. participer à une manifestation
b. voter à une élection
c. être délégué de classe

2. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F


a. Selon Hirschman, le boycott d’un produit est une forme de défection (exit).
b. Selon Tilly, les grèves font partie du répertoire d’actions moderne.
c. Signer une pétition est une action politique conventionnelle.
d. Acheter des produits bio est un acte de consommation engagée.
3. Qu’est-ce qui relève du militantisme ?
a. adhérer à une association environnementale
b. participer à un acte de désobéissance civile
c. coller des affiches électorales
4. Quelles sont les actions de consommation engagée ?
a. mettre en place des labels de produits (commerce équitable, agriculture bio…)
b. développer l’économie circulaire
c. mener une campagne de sensibilisation à l’obsolescence programmée
…/4

2 Les déterminants de l’engagement politique → FICHE 40


1. L’individu rationnel ne devrait pas s’engager…
a. car il profitera des gains de l’action même s’il n’y participe pas.
b. car il ne veut pas se comporter en passager clandestin.
c. car le coût de son engagement est un frein.
2. Associez chaque idée à son concept.
a. faire grève par solidarité avec un groupe ● ● opportunité politique
b. s’appuyer sur le relais de l’opinion
● ● incitation sélective
pour faire avancer des revendications
c. accorder une prime aux seuls salariés syndiqués ● ● rétribution symbolique

228
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

3. Complétez le texte avec les mots qui conviennent.


L’engagement sous ses formes les plus conventionnelles est moins fort chez les
…………… et augmente avec …………… . À l’inverse, le potentiel ……………
est plus fort chez les jeunes, décroît avec l’âge mais augmente pour l’ensemble.
Il est plus …………… pour les femmes que pour les hommes.
4. Le taux d’adhésion aux associations…
a. augmente avec le niveau de diplôme.
b. est plus faible chez les cadres.
c. est plus faible pour ceux qui ont un niveau de vie élevé.
…/4

3 Objets, acteurs et répertoires de l’action collective → FICHE 41


1. Les conflits du travail…
a. se sont développés avec le mouvement ouvrier.
b. ont pour principaux acteurs les partis politiques.
c. incluent les mouvements étudiants.

2. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F


a. Le mouvement féministe défend des enjeux postmatérialistes.
b. Le taux d’adhésion aux organisations syndicales augmente.
c. La ZAD est une forme ancienne de protestation.
d. Les conflits du travail ont aujourd’hui disparu.
3. Complétez le texte avec les mots qui conviennent.
L’adhésion aux …………… concerne une très faible minorité de citoyens
et le taux de …………… n’a cessé de …………… depuis les années 1970.
De nouveaux …………… et de nouvelles formes d’ …………… émergent
dans ce contexte.
4. Les nouvelles formes de militantisme…
a. s’appuient principalement sur les organisations politiques et syndicales.
b. mobilisent Internet et les réseaux sociaux.
c. se traduisent par des formes d’engagement plus durables.
…/4

Score total …/12


Parcours PAS À PAS ou EXPRESS ? MODE D’EMPLOI P. 3

10 • L’engagement politique dans les sociétés démocratiques 229


39 Les formes
de l’engagement politique
En bref S’engager politiquement est essentiel au fonctionnement de
nos démocraties. Cet engagement prend une pluralité de formes, impli-
quant plus ou moins durablement les individus qui souhaitent peser sur
les choix de société.

I Qu’est-ce que l’engagement politique ?


L’engagement politique revêt différentes formes de participation individuelle
et collective à une activité politique au sens large, c’est-à-dire un ensemble d’ac-
tions qui visent à influencer de manière directe ou indirecte les décisions poli-
tiques et les règles de fonctionnement de la société.
L’engagement politique s’appuie sur des
valeurs et se traduit par des actes concrets dont la MOT CLÉ
Une valeur est un principe,
temporalité et le degré d’implication individuelle
un idéal, qui oriente les actions et
sont variables : voter est une forme d’engagement les comportements des individus
limité ; militer au sein d’une organisation poli- au sein d’un groupe social
tique, d’un syndicat ou d’une association engage ou d’une société.
bien davantage au regard du temps mobilisé (pour
débattre, organiser des actions collectives…).
L’économiste américain Albert Hirschman (1915-2012) a distingué trois types
de réaction d’un citoyen ou consommateur mécontent : le choix de la défec-
tion (exit), celui de la soumission (loyalty) ou encore celui de la prise de parole
(voice). L’engagement relève de ce dernier choix.

II Les diverses formes de l’engagement politique


1 La notion de répertoire d’actions politiques
Un répertoire d’actions politiques (ou collectives) représente les différents
moyens d’action dont disposent les individus afin d’exprimer des idées, des reven-
dications, un mécontentement, individuellement ou collectivement.
Le sociologue Charles Tilly (1929-2008) distingue le répertoire d’actions an-
cien qui a pour modèle les révoltes paysannes des xviie et xviiie siècles (mouvements
localisés et peu organisés) du répertoire moderne qui émerge au xixe siècle avec le
mouvement ouvrier et apporte de nouveaux moyens d’action, comme la grève, avec
des enjeux politiques plus larges, portés par des organisations (syndicats, partis).

2 Catégoriser les formes de l’engagement


On caractérise différents registres d’engagement politique, utilisés différem-
ment selon les époques, les contextes, les groupes sociaux concernés : les pratiques
230
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
liées aux élections ; le militantisme (partisan, syndical, associatif) et les pratiques
militantes (assister à des réunions, coller des affiches, distribuer des tracts…) ; les
actions de protestation (pétition, manifestation, grève, occupation, blocage…).
On distingue traditionnellement les formes conventionnelles de la participa-
tion politique et les formes non conventionnelles : les premières sont liées au
processus électoral PROGRAMME DE 1re , les secondes prennent la forme d’actions
protestataires contestant les pouvoirs en place et leurs décisions : participer à
des manifestations, des grèves, des pétitions, des occupations de locaux, voire à
des activités illégales ou violentes. Elles s’appuient de plus en plus sur la capacité
d’Internet à mobiliser et à donner de la visibilité aux actions. Cette distinction est
aujourd’hui moins pertinente avec l’affaiblissement des formes traditionnelles de
l’engagement.
La consommation engagée exprime une contestation sociale par des choix de
consommation, en privilégiant ou boycottant certains produits, en participant à des
actions anti-publicité, en encourageant l’agriculture biologique ou les circuits courts
(AMAP) et en s’appuyant notamment sur les associations de consommateurs.

zo om Les moyens
Les d’expression jugés
moyens d’expression lesplus
jugés les plus efficaces
efficaces

En premier En 1er + en 2nd


Voter aux élections 41 % 55 % -6
Manifester dans la rue 20 % 42 % +16
Boycotter des entreprises ou des produits 15 % 37 % -6
Faire grève 9% 27 % +6
Militer dans un parti politique 2 % 8 % =
Discuter sur Internet, sur un blog ou un forum 1 % 5 % -3
Rien de tout cela 10 % +4
NSP 2 % -4

 Comparatif « En 1 + en 2 » par rapport à la vague 8 (janvier 2016)


er nd

Source : Baromètre de la confiance politique, vague 10, CEVIPOF, janvier 2019.

La majorité des citoyens considère que le vote est le moyen le plus efficace
pour influencer les décisions politiques (55 % des personnes interrogées en 2018).
Mais d’autres moyens apparaissent comme plus efficaces dans une propor-
tion croissante : manifester (42 %, + 16 points depuis 2016) et faire grève (27 %,
+ 6 points depuis 2016).

10 • L’engagement politique dans les sociétés démocratiques 231


40 Les déterminants
de l’engagement politique
En bref S’engager repose sur des motivations individuelles et un
contexte particulier, mais aussi sur des déterminants sociodémogra-
phiques qui favorisent ou non la probabilité de participer politiquement.

I Pourquoi s’engager ?
1 L’individu rationnel n’a pas intérêt à s’engager…
Mancur Olson (1932-1998) indique que l’individu considéré comme doté
d’une rationalité parfaite, effectue un calcul coût-avantage qui l’incite à ne pas
s’engager dans une action collective et à se comporter en passager clandestin. Il
peut en effet bénéficier des gains d’une action collective sans avoir à s’y engager
personnellement et à en supporter les coûts.
Mais si tous les individus agissent de la sorte, l’action collective n’a pas lieu et
il n’y a alors aucun espoir de gain. Pourtant, les actions collectives existent bien
et des individus les mettent en œuvre : c’est le paradoxe de l’action collective.

2 … mais il peut être incité à s’engager MOT CLÉ


Les incitations sélectives sont
Selon Olson si les individus s’engagent ration- des avantages réservés aux
nellement dans des actions collectives, c’est parce participants d’une action collective :
que des incitations sélectives les encouragent à le par exemple, la réservation de
faire, en réservant aux participants de l’action col- certains services (emploi, assurance,
lective les avantages obtenus. crèche…) aux seuls adhérents.
Les individus sont aussi guidés par des rétributions symboliques les poussant
à s’engager quel qu’en soit le coût : la défense d’une cause, le sentiment de soli-
darité et de partage… qui apportent des satisfactions non matérielles.
La structure des opportunités politiques crée un contexte plus ou moins
propice au succès des mobilisations qui influencent l’engagement. La proximité
d’élections, le poids de l’opinion… agissent comme des facteurs ou des freins à
l’émergence et au développement de mobilisations.

II Les déterminants sociologiques de l’engagement


1 Le rôle de l’âge, de la génération
et du sexe MOT CLÉ
L’indice de potentiel
L’engagement sous ses formes les plus conven- protestataire est construit
tionnelles est moins fort chez les jeunes et aug- à partir de plusieurs indicateurs
mente avec l’âge, tout comme le taux d’adhésion à de participation politique : signer
une association, un syndicat ou un parti politique. une pétition, prendre part à
un boycott ou une manifestation.
À l’inverse, le potentiel protestataire est plus fort

232
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
chez les jeunes, décroît avec l’âge mais augmente pour l’ensemble de la population.
Certaines études montrent des effets de générations, la participation à des événe-
ments importants comme mai 1968 créant des générations plus politisées.
L’engagement politique des femmes au tra-
vers du vote est proche de celui des hommes. Les CHIFFRES CLÉS
Taux d’adhésion aux associations
enquêtes montrent en revanche un moindre inté- en 2016 : 34 % des 16-24 ans,
rêt des femmes pour la politique et un sentiment 46 % des 65 et plus. Il est
d’incompétence plus grand. Si l’indice de poten- supérieur chez les hommes
tiel protestataire des femmes est plus faible, il aug- (42,6 % d’hommes contre
mente pour les hommes et les femmes et les écarts 39,1 % de femmes) et en baisse
depuis 2013.
se réduisent.

2 Le poids de la catégorie socioprofessionnelle et des diplômes


L’appartenance à des CSP + et à des niveaux de diplômes élevés augmente
la probabilité de s’engager. Les ressources symboliques et culturelles, liées au
milieu social, à la socialisation politique familiale, aux compétences politiques
différenciées que cela génère chez les individus, jouent donc un rôle important.
Dans certains contextes, des « mobilisations improbables » peuvent s’orga-
niser au sein de groupes sociaux qui n’ont pas les compétences et les ressources
appropriées (mouvement des Gilets jaunes).

zo omTaux d’adhésion à des associations en 2013 (en %)


Ensemble 42
Sexe Hommes 44 CSP Agriculteurs 48
Femmes 40 Artisans, commerçants 37
Âge 16-24 ans 36 Cadres 60
25-39 ans 41 Professions intermédiaires 52
40-49 ans 43 Employés 37
50-64 ans 44 Ouvriers 32
65 ans ou plus 43 Autres inactifs 37
Niveau Niveau 1er quartile
Aucun diplôme 22 29
de diplôme de vie (les plus modestes)
Inférieur au bac 36 2e quartile 39
Bac 45 3e quartile 45
Supérieur au bac 56 4e quartile (les plus aisés) 55
Source : Insee Première n° 1580, 30 ans de vie associative, 2016.
Le taux d’adhésion diffère selon plusieurs critères (sexe, âge, CSP…).
Le diplôme et le niveau de vie apparaissent les plus déterminants.

10 • L’engagement politique dans les sociétés démocratiques 233


41 Objets, acteurs et répertoires
de l’action collective
En bref Les formes et les objets de l’engagement politique se sont
transformés au cours du temps. Les conflits du travail, auparavant cen-
traux, n’ont pas pour autant disparu, même si les modalités d’action
sont largement renouvelées.

I La transformation des enjeux de l’action collective


1 La prédominance des conflits du travail MOT CLÉ
Les conflits du travail
Depuis le xixe siècle, l’action collective se cons- opposent des collectifs ou des
truit essentiellement autour des conflits du travail organisations de salariés
et du mouvement ouvrier, porté par des organi- et des patrons d’entreprises
sations syndicales et des partis politiques, ce qui ou organisations patronales,
n’exclut pas d’autres types de conflits (lutte pour pour l’obtention ou la sauvegarde
de droits économiques et sociaux.
les droits des femmes…).
Ces conflits qui ont pour enjeu les conditions de vie et de travail des salariés
vont conduire à la conquête de nouveaux droits en matière de rémunération,
temps de travail, congés payés, protection sociale…

2 De nouveaux enjeux de conflictualité sociale


À partir des années 1960-1970 de nouveaux enjeux se développent. Qualifiés par
certains sociologues de postmatérialistes car ne portant pas sur la sphère du travail
et les conditions matérielles de l’existence, ils revendiquent de nouveaux droits
(égalité homme-femme, droit au logement, mariage pour tous…) et la reconnais-
sance de minorités (ethniques, sexuelles…), le respect de l’environnement…
Les conflits « matérialistes » ne disparaissent pas pour autant même s’ils
peuvent évoluer dans leurs formes, comme le mouvement des Gilets jaunes (hiver
2018) qui a démarré pour protester contre la hausse des carburants due à l’instau-
ration d’une taxe carbone, ou celui contre la réforme des retraites (hiver 2019).

II L’évolution des répertoires et des acteurs


de l’action collective
1 Un élargissement du répertoire de l’action collective
La grève reste un élément incontournable du répertoire d’actions FICHE 39
même si, par définition, elle ne concerne que les salariés. De nombreux types
d’action l’accompagnent (manifestations) et la complètent (occupations…).
De nouveaux moyens d’action cherchent à mobiliser davantage les citoyens et
à donner une visibilité plus grande aux revendications et aux groupes mobilisés
234
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

dans un cadre souvent international. Ils s’appuient sur l’usage des médias et des
réseaux sociaux numériques et mettent en scène des actions spectaculaires à
l’image d’Act Up dans les années 1980-1990 cherchant à alerter sur l’épidémie de
sida et à défendre les droits des personnes homosexuelles. Les actions d’Extinction
Rebellion prônant la désobéissance non violente illustrent ce renouvellement.
Des mouvements plus ponctuels et spontanés émergent. S’appuyant égale-
ment sur la capacité de mobilisation d’Internet, ils se développent en marge des
structures hiérarchisées, manifestant une volonté de démocratie directe (mouve-
ment des Stylos rouges chez les professeurs en 2019).

2 Une diversification des acteurs MOT CLÉ


Les acteurs traditionnels de l’engagement tra- Le taux de syndicalisation
représente la part des salariés
versent une crise : l’adhésion aux partis politiques adhérents d’une organisation
concerne une très faible minorité de citoyens et le syndicale (syndiqués)
taux de syndicalisation n’a cessé de baisser depuis dans l’ensemble des salariés.
les années 1970.
De nouveaux acteurs (associations, collectifs…) et de nouvelles formes de
militantisme (moins durables, moins hiérarchisées…) apparaissent en marge ou
défiants à l’égard des organisations traditionnelles.
Pour autant les partis – dans le cadre des élections – et les syndicats – dans leur
capacité à organiser les conflits sociaux – restent des acteurs incontournables.

zo om Un renouvellement des formes d’action collective

À l’image du combat des zadistes contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-


des-Landes, les ZAD illustrent les nouvelles formes d’actions collectives et
d’engagement : cause circonscrite dans ses motifs et dans le temps ; mobilisa-
tion des réseaux sociaux et des médias ; organisation de temps forts festifs…
Ces luttes renouvelant les enjeux revendicatifs sont portées par des collectifs
défiants à l’égard des organisations hiérarchisées.

10 • L’engagement politique dans les sociétés démocratiques 235


MÉMO VISUEL

Les formes de l’engagement

Ses caractéristiques
• Participation individuelle et collective à une activité politique
• Fondé sur des valeurs, se traduit par des actes concrets (voter, militer)
• Actes qui relèvent de la prise de parole (voice)

Des formes diverses d’engagement


• Un répertoire d’actions politiques
– Le répertoire d’actions ancien (les soulèvements
paysans du Moyen Âge)
– Le répertoire moderne (à partir du XIXe siècle, lié
au mouvement ouvrier)
• Différents registres d’action collective
– Les formes conventionnelles (élections)
– Les formes non conventionnelles
L’ENGAGEMENT

Les déterminants de l’engagement

Il n’est pas rationnel Des incitations favorables


de s’engager
• Les incitations sélectives
• Un coût individuel • Les rétributions symboliques
supérieur au bénéfice • La structure des opportunités
• Une rationalité qui pousse à se comporter politiques (contexte politique
en passager clandestin favorable)

Le profil sociologique
• Des hommes plutôt âgés, diplômés et de CSP +
• Mais des effets de générations et des mobilisations improbables

236
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

Les transformations de l’action collective

De nouveaux enjeux de conflictualité


• Enjeux postmatérialistes
• Évolution des conflits matérialistes

Le maintien des acteurs et des enjeux traditionnels


• Actions des partis politiques et des syndicats
• Conflits du travail (grèves, etc.)
• Luttes pour les droits des femmes

De nouveaux acteurs
• Crise des acteurs traditionnels (partis
politiques, syndicats)
• Défiance à l’égard des organisations
POLITIQUE traditionnelles
• Associations et collectifs qui s’appuient
sur les réseaux sociaux et les médias

Un élargissement des modalités d’action


• Nouvelles formes de militantisme souvent
internationales
internationales
(manifestations,
(manifestations,
occupations,
désobéissances non violentes, etc.)
• Des actions ponctuelles et spontanées
• Des structures moins hiérarchisées

Activités d’Extinction
Activistes d’Extinction Rebellion couchés
couchés au
ausol
sol
devantleleCentre
devant CentrePompidou
Pompidou àà Paris
Paris en 2019.

10 • L’engagement politique dans les sociétés démocratiques 237


OB JEC TIF
SUJET 25 B AC
RAISONNEMENT 2 h 30 Pourquoi s’engager ?
Qu’est-ce qui pousse des individus à s’engager
dans des actions collectives qui peuvent
être coûteuses en temps et en argent
pour des résultats incertains ?

L E S UJ E T
Pourquoi les individus s’engagent-ils malgré le paradoxe de l’action
collective ?

Document 1 « Au cours des 12 derniers mois avez-vous… ? »


Proportion de réponses « oui » (en %)
66

43
37

20
15
11 8

… voté à une … signé … donné … participé … participé … adhéré … participé à la vie


élection une pétition du temps à une à une ou renouvelé publique sous
ou défendu bénévolement manifestation, concertation l’adhésion une autre forme
une cause grève ou publique à un parti
sur Internet, un blog, occupation politique
un réseau social des lieux

Champ : Ensemble des jeunes âgés de 18 à 30 ans.

Source : INJEP-CREDOC, Baromètre DJEPVA sur la jeunesse, 2018.

Document 2 Le paradoxe de l’action collective


Une […] opposition a la peau dure en matière d’engagement, celle
entre désintéressement et recherche de gratifications personnelles. S’ins-
crivant dans le cadre de la théorie du choix rationnel, Mancur Olson
pointait ainsi dans Logique de l’action collective (1965) un fameux para-
5 doxe : si un individu peut bénéficier des retombées d’une mobilisation
sans assumer les coûts de la participation, il a tout intérêt à se comporter
en « passager clandestin ». Mais si tous font de même, l’action collective
ne peut avoir lieu ! Pour éviter une telle situation, certaines organisations

238
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
ont mis en place des « incitations sélectives », en rendant la non-partici-
10 pation plus coûteuse ou en réservant les avantages obtenus par la lutte à
leurs seuls membres (c’est le principe du closed-shop syndical en vigueur
dans certains pays, mais pas en France).
Une décennie plus tard, Daniel Gaxie va à son tour s’inscrire en faux
contre une vision d’un engagement purement désintéressé et altruiste. Pour
15 cela, il liste les rétributions, matérielles comme symboliques, que celui-ci
peut apporter, sans être cependant nécessairement perçues ou recherchées
comme telles. L’engagement peut ainsi apporter une image de soi valorisante,
de nouvelles relations ou des compétences potentiellement valorisables dans
d’autres sphères.
Source : Igor Martinache, « L’engagement politique, une valeur en déclin »,
Alternatives économiques n° 324, mai 2013.

Document 3 Les mobilisations s’inscrivent dans un contexte


Marco Giugni […] considère que « le contexte politique structure de
manière importante les nouveaux mouvements sociaux. Ainsi, leur mobili-
sation, leurs stratégies et leurs formes organisationnelles dépendent de cer-
taines opportunités politiques qui, à leur tour, découlent de la configuration
5 du système politique dans lequel les mouvements se trouvent ». Le concept
de « structure des opportunités politiques » permet de désigner de façon syn-
thétique les caractéristiques du contexte politique jugées pertinentes pour
l’analyse des mouvements sociaux. […]
Marco Giugni distingue trois dimensions au sein de la « structure des
10 opportunités politiques » : la structure institutionnelle formelle (l’organi-
sation des pouvoirs au sein de l’État) qui détermine « l’accès formel » des
mouvements sociaux aux institutions étatiques, les procédures informelles
et les « stratégies dominantes » des acteurs publics vis-à-vis des mouvements
sociaux et des organisations militantes (répression ou facilitation, parfois
15 utilisées successivement ou conjointement par les autorités), et enfin la
configuration du pouvoir, c’est-à-dire le système des oppositions partisanes
et en particulier la structuration de la « gauche » dont les partis, tradition-
nellement plus proches des mouvements de protestation, sont susceptibles
d’apporter leur soutien aux actions collectives.
Source : Philippe Juhem, « Mobilisations et structure des opportunités politiques :
réflexions sur l’exemple suisse »,
Revue française de science politique, vol. 47 n° 5, 1997.

10 • L’engagement politique dans les sociétés démocratiques 239


LES CLÉS POUR RÉUSSIR
Reportez-vous à la méthode générale du raisonnement p. 314.

Analyser les termes du sujet et mobiliser ses connaissances


pourquoi
Il s’agit de chercher les raisons
de l’engagement. paradoxe
de l’action collective
Analyse du sujet Les individus s’engagent,
alors qu’ils n’ont pas
rationnellement intérêt
s’engager à le faire.
Prendre part à la vie politique
sous toutes ses formes : en votant,
manifestant, militant…

Exploiter les documents


Document 1
Le document 1 est un diagramme en bâtons qui montre diverses formes d’en-
gagement des jeunes de 18-30 ans. Quelle est l’unité des données ? Que met-il
en évidence par rapport à la question posée par l’énoncé ?
Document 2
Le document 2 est un texte qui soulève le paradoxe de l’action collective. Que
signifie « se comporter en passager clandestin » en matière d’engagement ?
Sur quel raisonnement s’appuie ce comportement identifié par Mancur Olson ?
Daniel Gaxie montre que l’engagement n’est pas un acte désintéressé, mais
s’appuie-t-il sur le même argument qu’Olson ?
Document 3
Le document 3 est un texte qui évoque le rôle des structures d’opportuni-
tés politiques. Illustrez chacune de leurs dimensions et montrez en quoi elles
peuvent freiner ou au contraire favoriser l’engagement.

Définir les arguments

Argument 1
Même si les individus sont considérés comme ration-
nels, le constat est établi qu’ils s’engagent. (doc. 1)

Dans la perspective d’Olson, cet engagement est le


Argument 2 fait d’incitations, mais celles-ci ne sont pas seulement
matérielles, elles sont aussi symboliques. (doc. 2)
Indépendamment des motivations individuelles, le
Argument 3 contexte politique et institutionnel joue un rôle plus
ou moins favorable à l’engagement. (doc. 3)

240
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

CORRIGÉ

Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
D’importants mouvements sociaux ont marqué l’hiver 2019‑2020 (actions
contre la réforme du lycée, grèves des cheminots, contestations de la réforme des
retraites). Comment expliquer que ces actions collectives aient pu voir le jour alors
que les individus n’avaient pas toujours intérêt à s’y engager personnellement ?

I. L’individu rationnel s’engage

LE SECRET DE FABRICATION
Il s’agit de prendre comme point de départ la thèse d’Olson, qui doit être exposée
précisément. Il faut ensuite s’appuyer sur des faits objectifs afin de montrer
l’existence de diverses formes d’engagement.

◗ Selon la thèse de Mancur Olson, l’individu rationnel n’a pas intérêt à s’enga-
ger dans une action collective. En effet, celle-ci génère plus de coût (celui d’une
grève, par exemple) que de bénéfice (celui d’une augmentation de salaire, par
exemple), ce qui l’incite à se comporter en passager clandestin, c’est-à-dire à
profiter des résultats de l’action collective sans s’y engager lui-même. Mais si
tout le monde agissait de la sorte, alors il n’y aurait aucune action collective
(doc. 2).
◗ Or, force est de constater que les individus s’engagent de multiples manières,
en votant, en signant des pétitions, en adhérant à un parti politique… En 2018,
sur 100 jeunes de 18‑30 ans, 37 ont donné de leur temps pour une action béné-
vole et 15 ont participé à une manifestation ou à une grève (doc. 1).

II. L’individu s’engage grâce aux incitations


et aux rétributions
◗ Selon Mancur Olson, ce sont des incita-
tions sélectives qui poussent les individus MOT CLÉ
Les incitations sélectives peuvent
à s’engager rationnellement en minimisant
contraindre à s’engager, en réservant
les coûts de l’action et/ou en maximisant ses certains avantages obtenus
bénéfices (doc. 2). Par exemple, les salariés aux seuls participants, par exemple
misant sur une absence de retenue sur salaire des services fournis aux adhérents
pour fait de grève sont incités à s’y engager, d’un syndicat, évitant ainsi
d’autant plus si la perspective de gain, une tout passager clandestin.
hausse de salaires, est forte.
◗ Daniel Gaxie élargit le propos en montrant que l’individu ne fonde pas ses déci-
sions que sur le seul calcul économique. Il est également sensible aux rétributions
symboliques de l’engagement au travers des sentiments de fierté, de solidarité et de
partage que l’engagement génère (doc. 2).

10 • L’engagement politique dans les sociétés démocratiques 241


III. Le contexte politique et institutionnel
joue également un rôle
◗ La structure des opportunités politiques crée un contexte qui, quand il est favorable
au succès de l’action collective, incite à l’engagement. Une situation de cohabitation,
la proximité d’élections, la présence ou non de relais médiatiques, d’organisations
plus ou moins puissantes, le poids de l’opinion… agissent comme des facteurs ou des
freins à l’émergence et au développement de mobili-
sations (doc. 3). MOT CLÉ
◗ À partir des années 1980, la mondialisation s’est L’altermondialisme
traduite par une circulation accrue des biens, des ser- est un mouvement social
à l’échelle mondiale contestant
vices, des personnes, des idées. Avec le développement
la mondialisation libérale et
d’Internet et des réseaux sociaux, ce contexte a été les institutions
favorable à la constitution d’un mouvement de contes- qui en favorisent
tation transnational tel que l’altermondialisme. le développement.

Conclusion
Si des individus s’engagent dans des actions collectives alors que leur rationalité
devrait les pousser à se conduire en « passagers clandestins », c’est donc parce que
des incitations matérielles ou morales et un contexte favorable les y encouragent.

OB JEC TIF
SUJET 26 B AC
DISSERTATION 4h L’action collective
Mouvement social contre la réforme des retraites,
zones à défendre (ZAD), MeToo, mouvement
LGBT, luttes écologiques… Qu’est-ce qui distingue
ces diverses formes d’action collective ?

L E S UJ E T
Vous montrerez la diversité de l’action collective dans les sociétés occiden-
tales contemporaines.

242
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
Document 1  ntreprises ayant déclaré au moins une grève et nombre
E
de jours de grèves pour 1 000 salariés de 2005 à 2017
En jours En % d’entreprises
350 3,3 3,5
318
300 3
2,7

250 2,5
2,2
2,1
200 1,9 2
1,8 1,8
1,7
164 1,6
150 1,4 1,3 1,5
128 136 1,3 1,2 131
117
100 100 1
77 79 81 75
60 69
50 0,5

0 0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Champ : Entreprises de 10 salariés et plus du secteur marchand non agricole.

Source : Dares, enquête Acemo « Dialogue social en entreprise ».

Document 2 Les moyens d’expression les plus efficaces (en %)


« Selon vous, qu’est-ce qui permet aux citoyens d’exercer le plus d’influence
sur les décisions prises en France ? » (Réponse « En Premier » + « En second »)
2010 2018
Voter aux élections 67 55
Manifester dans la rue 23 42
Boycotter des entreprises ou des produits 35 37
Faire grève 20 27
Militer dans un parti politique 11 8
Discuter sur Internet, sur un blog ou un forum 4 5

Champ : Ensemble des jeunes âgés de 18 à 30 ans.

Source : Baromètre DJEPVA sur la jeunesse 2019.

Document 3 Des consommateurs engagés


La sensibilité des Français à la « consommation engagée » est relativement
affirmée : 44 % d’entre eux déclarent tenir compte, lors de leurs achats, des enga-
gements que prennent les entreprises en matière de « citoyenneté » […]. Cette
attention au comportement des firmes a progressé de 6 points depuis 2002. […]
5 En fait, les Français sont sensibles à deux grandes causes, deux engage-
ments principaux des entreprises quand il s’agit « d’acheter citoyen » : le
non-recours au travail des enfants (dans 50 % des cas, cette cause est l’une
des deux auxquelles les enquêtés sont les plus sensibles) et la fabrication
10 • L’engagement politique dans les sociétés démocratiques 243
du produit en France (37 %). L’absence de pollution dans le processus de
10 fabrication (26 %) et le respect des conditions de travail des salariés (25 %)
arrivent ensuite, largement devant tous les autres critères (souffrance des
animaux, aide au tiers-monde, aide à la recherche médicale…). En réalité,
en quatre ans, les trois premiers thèmes ont gagné en importance. Cet inté-
rêt des consommateurs à l’égard des biens éthiques va jusqu’à inciter 61 %
15 d’entre eux à envisager d’accepter, à qualité de produit identique, un sup-
plément de prix de 5 % pour obtenir des entreprises le respect des engage-
ments de « citoyenneté » qu’ils valorisent le plus. Ce taux a au total gagné
9 points depuis 2002. C’est surtout pour éviter le travail des enfants que
l’on est prêt à payer plus.
20 Mais la « consommation engagée » est, à vrai dire, constituée de deux
versants complémentaires : elle ne s’inscrit pas seulement dans le choix
délibéré d’acquérir tel ou tel bien ; elle peut aussi s’appuyer, en creux, sur
celui de refuser volontairement, de « boycotter », tel ou tel autre de ces pro-
duits. L’analyse des raisons pour lesquelles un boycott aurait le plus de sens
25 confirme que ce qui insupporte le plus l’opinion aujourd’hui est le travail des
enfants, puis les licenciements « abusifs » (dans la mesure où l’entreprise
concernée fait, par ailleurs, des bénéfices). Enfin, la pollution générée par
l’entreprise productrice prend la troisième place.
Source : Représentations et pratiques de la consommation engagée,
évolution 2002‑2006, Crédoc.

Document 4  volution du taux d’adhésion dans les associations


É
de défense de droits ou d’intérêts1 (en %)
40

30

20

10

0
16-24 25-39 40-49 50-64 65 ou +
Tranche d’âge
1983 1996 2002 2013

1. Action humanitaire et caritative, protection de l’environnement, syndicat, parti politique…

Source : Insee Première, n° 1580, janvier 2016.

244
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de la dissertation p. 316.

Analyser la consigne et dégager une problématique


vous montrerez la diversité
Il n’y a pas de débat à ce propos :
il faut chercher différents
éléments caractérisant cette
diversité.

société française
Analyse du sujet contemporaine
Cadre spatio-temporel donné.

action collective
Action résultant de l’engagement
de groupes de personnes pour
défendre une cause ou faire valoir
des idées ou des revendications.

◗ Problématique. L’action collective s’est transformée au cours du temps


et s’est diversifiée. Si celle-ci a été, un temps, dominée par les conflits du
travail, d’autres formes d’action collective se sont développées, portées
par de nouveaux acteurs sur de nouveaux enjeux avec de nouveaux moyens
d’action.

Exploiter les documents


Document 1
Deux variables sont exposées d’un point de vue chronologique dans le graphique
du document 1 : la part en pourcentage des entreprises de plus de 10 salariés tou-
chées par une grève et le nombre de jours de grèves pour 1 000 salariés. Faites
attention à la double échelle. À quel type de conflit renvoie l’usage de la grève ?
Document 2
Différents types d’engagement des 18-30 ans sont mis en lumière dans le
tableau du document 1. Renvoient-ils aux mêmes répertoires d’action collec-
tive ? aux mêmes enjeux ?
Document 3
Le document 3 est un texte qui évoque la « consommation engagée ». En quoi
porte-elle sur des enjeux, des registres d’actions et des acteurs différents ?
Document 4
Le document 4 est un diagramme qui montre comment évolue le taux d’adhé-
sion à des associations portées sur la défense de droits et d’intérêts.

10 • L’engagement politique dans les sociétés démocratiques 245


Définir le plan
1 La permanence des ◗ Étudiez les actions liées aux échéances électo-
formes traditionnelles rales. Lesquelles sont collectives ? (doc. 2)
d’action collective ◗ Présentez les actions liées aux conflits du travail.
Quels en sont les acteurs ? (doc. 1)
2 Le développement ◗ Abordez les nouveaux enjeux de l’action collective
de nouvelles formes (doc. 3). Quels sont les enjeux de la consommation
d’action collective engagée ?
◗ Exposez les nouveaux acteurs et nouvelles modali-
tés d’action. Donnez-en des exemples. (doc. 4)

CORRIGÉ

Les titres en couleur ou entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
[accroche] Mouvement social contre la réforme des retraites, marches pour le
climat, grève des salariés de Michelin… [présentation du sujet] L’actualité de
la société française contemporaine est riche d’actions collectives qui résultent de
l’engagement pour défendre une cause ou faire valoir des idées ou des revendi-
cations. [problématique et annonce du plan] Toutes ces actions sont-elles de
même nature ? Nous montrerons que l’action collective s’est transformée et s’est
diversifiée au cours du temps. Si les conflits du travail et des formes d’engagement
traditionnelles existent toujours (partie I), des formes renouvelées d’action se
sont développées (partie II).

I. La permanence des formes traditionnelles d’action collective

LE SECRET DE FABRICATION
Il s’agit de montrer le rôle des actions conventionnelles relevant du champ
d’action de la politique électorale et du vote, puis d’évoquer le champ de l’action
syndicale. Pour la 1re dimension, appuyez-vous sur ce que vous avez étudié en classe
de première sur le vote.

1. Les actions collectives liées aux échéances électorales


◗ Les échéances électorales régulières génèrent un engagement politique citoyen
et des actions collectives spécifiques. Le vote apparaît pour plus d’un jeune de
18-30 ans sur deux comme le moyen d’expression le plus efficace en 2018, même
si cette proportion baisse significativement (– 12 points en 8 ans) et que force est
de constater la montée régulière de l’abstention (doc. 2).
246
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
◗ En revanche, militer dans un parti politique apparaît comme un moyen d’ex-
pression efficace pour seulement 8 % des jeunes en 2018 (doc. 2). Pourtant, le
parti politique est aujourd’hui encore l’institution centrale du système électoral,
sélectionnant et promouvant les candidats sur la base d’un programme.
2. Les actions liées aux conflits du travail
◗ Les actions collectives mises en œuvre dans le monde du travail restent
notables en dépit de la tendance à la baisse du nombre de grèves par rapport
aux années 1960‑70. Depuis les années 2000, le nombre de jours de grèves pour
1 000 ­salariés oscille entre 164 en 2005 et 75 en 2017, avec des fluctuations
conjoncturelles importantes (318 en 2010, mouvement social contre la réforme
des retraites). Si 2,7 % des entreprises de 10 salariés et plus déclaraient au moins
une grève en 2005, c’était le cas de 1,6 % des entreprises en 2017 et 3,3 % en
2010 (doc. 1).
◗ Les syndicats jouent un rôle important dans
l’action collective des salariés et les conflits du MOTS CLÉS
• Un syndicat est une organisation
travail, en dépit d’un taux de syndicalisation
collective qui vise à défendre les
faible en France (la DARES évalue aujourd’hui intérêts des salariés.
le taux de syndicalisation des salariés – du privé • Le taux de syndicalisation est la part
et du public ­– à environ 10 %). Ils structurent des salariés adhérant à un syndicat.
les mouvements sociaux, portent les revendica-
tions, conduisent les négociations.
II. Le développement de nouvelles formes d’action collective
1. De nouveaux enjeux de l’action collective
◗ Les motivations de l’action collective se sont largement diversifiées depuis plu-
sieurs décennies, s’orientant vers de nouveaux enjeux de société, réclamant l’accès
à des droits nouveaux ou l’égalité des droits pour les femmes (IVG, salaires…) ou
les minorités sexuelles, condamnant les atteintes environnementales et luttant
contre le changement climatique.
◗ Les actions de la consommation engagée se
sont largement développées. Une part importante À NOTER
des consommateurs déclare être attentive aux La consommation engagée
préoccupations sociales ou environnementales s’appuie depuis longtemps sur
l’action de nombreuses associations
dans les décisions d’achats, utilisant le boycott à
de consommateurs dont l’objet est
l’égard de produits issus du travail des enfants ou la défense de leurs intérêts.
polluant et payant plus cher des produits respec-
tant ces exigences (doc. 3).
2. De nouveaux acteurs et de nouvelles modalités d’action
◗ Ces formes renouvelées d’actions collectives s’accompagnent de l’émergence de
nouveaux acteurs de mobilisation, souvent issus du monde associatif ou de col-
lectifs. Même si le taux d’adhésion dans les associations de défense de droits ou
d’intérêts a baissé entre 1983 et 1996, il est stable ou augmente selon les tranches
d’âge, atteignant près de 25 % des 40‑49 ans et près de 15 % des 65 ans et plus
(doc. 4).
10 • L’engagement politique dans les sociétés démocratiques 247
◗ Ces mouvements mettent en évidence les nouveaux registres d’actions. Utili-
sant des moyens spectaculaires pour frapper les esprits, s’appuyant sur les médias
et les réseaux sociaux, ils cherchent à faire connaître au plus grand nombre leurs
revendications et à les rendre légitimes. L’occupation de zones à défendre, comme à
Notre-Dame-Des-Landes pour s’opposer à la construction d’un aéroport, apparaît
également comme une forme nouvelle de mobilisation. Ces registres se révèlent
complémentaires aux manifestations qui sont toujours considérées comme un
moyen d’expression efficace pour 42 % des personnes en 2018, près de deux fois
plus qu’en 2010 (doc. 2).
Conclusion
[bilan] On constate donc une grande diversité de l’action collective dans notre
société contemporaine, les mobilisations traditionnelles côtoyant des formes nou-
velles d’engagement et d’actions.
[ouverture] Le mouvement écologique serait-il devenu ce qu’a été un temps la
lutte ouvrière, un élément central et structurant de l’ensemble des mobilisations
collectives ?

248
Regards croisés
11  es inégalités compatibles
D
avec les différentes conceptions
de la justice sociale ?

La question de l’égalité entre les femmes et les hommes reste centrale


à notre époque, car les inégalités entre les sexes demeurent importantes
dans la vie publique ou privée. La journée du 8 mars symbolise la lutte des femmes
pour l’égalité des droits.

TEST Pour vous situer et identifier les fiches à réviser 250

42 L’évolution des inégalités économiques


FICHES depuis le début du xxe siècle252
DE COURS 43 Le caractère multiforme et cumulatif
des inégalités économiques et sociales 254
44 Les principaux outils de mesure des inégalités 256
45 Les différentes conceptions de la justice sociale 258
46 Pouvoirs publics et justice sociale 260
MÉMO VISUEL 262

Objectif bac
SUJETS GUIDÉS 27 MOBILISATION DES CONNAISSANCES Pouvoirs publics
& CORRIGÉS et justice sociale 264
28 ÉTUDE D’UN DOCUMENT Indicateurs des niveaux
de vie en France 266
29 RAISONNEMENT Le caractère cumulatif des inégalités 269

249
TESTEZ-VOUS CORRIGÉS P. 318-320

Faites le point sur vos connaissances


puis établissez votre parcours de révision
en fonction de votre score.

1 L’évolution des inégalités économiques


depuis le début du XXe siècle → FICHE 42
1. Le patrimoine correspond…
a. aux salaires. b. aux revenus de transfert.
c. aux avoirs et aux dettes détenus par un agent économique.
2. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F
a. Les inégalités de revenu ont diminué au cours du xxe siècle.
b. L’apparition d’une classe moyenne fait diminuer les inégalités
de patrimoine.
c. Les inégalités de patrimoine diminuent en France
depuis les années 1980.
d. Les inégalités économiques au niveau mondial ont baissé
depuis les années 1980.
…/2

2 Le caractère multiforme et cumulatif


des inégalités économiques et sociales → FICHE 43
1. Les inégalités économiques peuvent concerner…
a. le patrimoine immobilier. b. le niveau de vie.
c. l’obtention d’un diplôme.
2. Les inégalités économiques…
a. peuvent se cumuler entre elles.
b. sont sources d’inégalités sociales.
c. ne se transmettent pas d’une génération à une autre.
…/2

3 Les principaux outils de mesure des inégalités → FICHE 44


1. En France, les 10 % les plus riches…
a. gagnent 25 % des revenus. b. gagnent 50 % des revenus.
c. détiennent 50 % du patrimoine.

250
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

2. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F


a. Plus le rapport inter-décile est élevé, plus les inégalités sont fortes.
b. Plus l’indice de Gini est élevé, plus les inégalités sont faibles.
c. La courbe de Lorenz permet de mesurer les inégalités sociales.
d. Le rapport inter-décile est un outil dynamique de mesure des inégalités.
…/2

4 Les différentes conceptions de la justice sociale → FICHE 45


1. Associez chaque idée à sa caractéristique principale.
mêmes probabilités d’accès
a. égalité des droits ● ●
aux positions sociales
situations similaires en termes
b. égalité des chances ● ●
de ressources socio-économiques
c. égalité des situations ● ● position identique par rapport à la loi
2. La conception libertarienne de la justice sociale…
a. considère qu’il faut rechercher l’égalité des situations.
b. privilégie le principe de liberté au principe d’égalité.
c. considère que seule l’égalité des droits doit être respectée.
…/2

5 Pouvoirs publics et justice sociale → FICHE 46


1. Complétez le texte avec les mots qui conviennent.
Les administrations publiques, en effectuant des ………………. obligatoires,
diminuent les inégalités en permettant notamment de financer
la ………………. sociale, des services collectifs et la mise en place de mesures
de lutte contre les ………………. .
2. La contrainte de financement de l’action des pouvoirs publics signifie que…
a. la conjoncture fait augmenter les dépenses publiques
davantage que les recettes.
b. les citoyens consentent de moins à moins à payer l’impôt.
c. les prestations sociales versées n’incitent pas à travailler.
…/2

Score total …/10


Parcours PAS À PAS ou EXPRESS ? MODE D’EMPLOI P. 3

11 • Des inégalités compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? 251
42 L’évolution des inégalités économiques
depuis le début du XX e siècle
En bref Depuis le début du XXe siècle, on constate une tendance à la baisse
des inégalités économiques (revenu, patrimoine) au niveau mondial entre
les pays, alors que les inégalités au sein d’un grand nombre de pays (déve-
loppés ou en développement) tendent à augmenter à nouveau.

I Les différentes inégalités économiques


1 Les inégalités de revenu
Le revenu est un flux de ressources issues directement ou indirectement de
l’activité économique. Il est le plus souvent une ressource monétaire mais il peut
correspondre à une ressource réelle (logement de fonction par exemple).
On distingue les revenus primaires des revenus de transfert. Les premiers
rémunèrent les facteurs de production travail et capital (salaires, intérêts,
dividendes, loyers, revenus mixtes des travailleurs indépendants). Les revenus
de transfert correspondent à des droits sociaux
(santé, chômage, retraite) et se versent principa- MOT CLÉ
lement sous la forme de prestations sociales. La redistribution des revenus
correspond aux prélèvements
Les inégalités de revenu apparaissent lors de la obligatoires (impôts, cotisations
distribution des revenus primaires, mais également sociales) et au versement
après la redistribution des revenus de transfert. de prestations sociales.

2 Les inégalités de patrimoine


Le patrimoine correspond à l’ensemble des avoirs, financiers ou non (une
action ou un logement par exemple), et des dettes d’un agent économique.
Les inégalités de patrimoine dépendent principalement de la concentration
de la propriété. Cependant, elles ont des effets sur les inégalités de revenu car la
propriété du patrimoine donne lieu au versement de revenus : intérêts, dividendes
ou loyers par exemple.

II L’évolution des inégalités économiques


1 L’évolution des inégalités de revenu en France
Au xxe siècle, l’étude de l’évolution des inégalités de revenu permet de distinguer
deux périodes. La première correspond à la période du début du siècle jusqu’au
milieu des années 1970, au cours de laquelle les inégalités de revenu baissent. La
part des revenus captée par les 10 % les plus riches passe de 50 % à 30 % du total.
Depuis la fin des années 1970, les inégalités de revenu sont reparties légère-
ment à la hausse.

252
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

2 L’évolution des inégalités de patrimoine en France


Au cours du xxe siècle, les inégalités de patri-
MOT CLÉ
moine ont tendance à baisser, essentiellement
La classe moyenne correspond
après la Première Guerre mondiale. Une classe aux personnes dont le patrimoine
moyenne se constitue qui détient une part gran- se situe « au milieu »,
dissante du patrimoine. entre les 10 % les plus riches
et les 50 % les plus pauvres.
Depuis le milieu des années 1980, les inéga-
lités de patrimoine augmentent. Cette tendance
est modérée, mais continue.

3 L’évolution des inégalités dans le monde


Après deux siècles de hausse continue des inégalités entre les citoyens du
monde, suite à la révolution industrielle, ce processus s’est ralenti, puis renversé
depuis une vingtaine d’années : on observe un recul des inégalités entre pays du
monde lié à la croissance des pays émergents et des pays en développement.
Parallèlement on assiste à la hausse des inégalités internes aux pays. Au ni-
veau mondial, les 1 % les plus riches ont profité deux fois plus de la croissance
des revenus que les 50 % les plus pauvres.

zo om Les inégalités de revenu

Selon l’Insee, en 2016, en moyenne, les 10 % des Français les plus aisés
touchent 6,7 fois plus que les 10 % des plus pauvres après impôts et prestations
sociales.
La France est, après la Suisse, le pays d’Europe où les riches sont les plus riches :
le 1 % des Français les plus aisés touchent au moins 7 000 euros par mois contre
5 800 euros au Royaume-Uni par exemple (Eurostat, moyenne 2013-2016).

11 • Des inégalités compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? 253
43 Le caractère multiforme et cumulatif
des inégalités économiques et sociales
En bref Les inégalités présentent plusieurs dimensions car elles peuvent
être économiques mais également sociales. Ces différentes dimensions
ont un caractère cumulatif, une inégalité pouvant en engendrer une ou
plusieurs autres.

I Les différentes dimensions des inégalités


1 Les inégalités économiques
Les inégalités de revenu et de patrimoine sont les principales formes d’inéga-
lités économiques. Cependant, d’autres inégalités économiques sont constatées :
l’accès à un emploi stable ou précaire, le chômage, la consommation, l’épargne.
Les inégalités économiques englobent le phé-
nomène de pauvreté monétaire. Est considérée MOT CLÉ
Le revenu médian est le revenu
comme pauvre en France toute personne ayant un qui divise la population
revenu inférieur à 60 % du revenu médian. Ce seuil en deux parties égales :
de pauvreté mesure une pauvreté relative dans le 50 % de la population
sens où elle évolue en fonction du revenu médian. a un revenu supérieur et
50 % un revenu inférieur.
La pauvreté absolue touche les personnes qui
ne disposent pas des ressources qui leur permettent de satisfaire leurs besoins
essentiels : se nourrir, se vêtir, se chauffer, se loger. Cette pauvreté peut être me-
surée par un minimum vital.

2 Les inégalités sociales


Les inégalités sociales sont des différences entre individus ou groupes sociaux
portant sur des avantages ou des désavantages dans l’accès à des ressources
socialement valorisées (la santé, l’obtention d’un diplôme qui favorise l’entrée
dans une profession, l’accès à des fonctions politiques).
Autant d’accès qui peuvent être différenciés entre hommes et femmes et selon
les milieux sociaux.

INFO + La pauvreté en France (2019)


◗ Le seuil de pauvreté est de 1 020 €
par mois.
◗ 8,8 millions de personnes sont
considérées comme pauvres.
◗ Le revenu de solidarité active (RSA)
est de 559,74 €.

254
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

II Le caractère cumulatif des inégalités sociales


Les inégalités économiques se cumulent. Les inégalités
de revenu entraînent des comportements de consom- MOT CLÉ
mation et d’épargne différents. Les détenteurs des L’épargne est la partie
du revenu non dépensée
revenus les plus élevés épargnent plus que ceux qui ont
dans la consommation.
des revenus faibles. Cette épargne permet d’acquérir un
patrimoine expliquant ainsi les inégalités de patrimoine. Le patrimoine génère
des revenus qui se cumulent aux revenus de l’activité économique : ces revenus
tendent à accroître les inégalités économiques.
Les inégalités économiques entraînent des inégalités sociales. Les inégalités
économiques ont des effets sur la réussite scolaire, celle-ci dépendant en grande
partie des conditions matérielles d’existence des élèves FICHE 30 . Des revenus
importants donnent aussi un meilleur accès aux soins expliquant ainsi les dif-
férences d’espérance de vie entre les catégories socioprofessionnelles : un cadre a
une espérance de vie plus élevée qu’un ouvrier.
Les inégalités sociales engendrent des inégalités économiques. Les inégalités
scolaires ont des conséquences sur le niveau de revenu. La réussite scolaire condi-
tionne l’accès aux diplômes, et donc au type d’emploi occupé, engendrant ainsi
des inégalités de revenu, de logement…
Ce caractère cumulatif des inégalités, qui touche les catégories défavorisées
dans tous les domaines, se constate pour une même génération et se poursuit
également d’une génération à l’autre avec une reproduction des inégalités.

zo om
Les inégalités salariales entre les femmes et les hommes

L’étude de l’Insee des inégalités dans le travail entre les hommes et les
femmes permet d’expliquer les inégalités de salaire : les femmes sont moins
présentes sur le marché du travail, elles occupent des emplois moins quali-
fiés dans des secteurs moins rémunérateurs, et le plus souvent des emplois à
temps partiel.
Les femmes sont également victimes de discrimination. Leur salaire est sou-
vent inférieur à celui des hommes à un poste équivalent, dans un même secteur
et avec une qualification identique.

11 • Des inégalités compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? 255
44 Les principaux outils
de mesure des inégalités
En bref L’étude des inégalités nécessite des outils pour les mesurer.
On distingue les outils statiques des outils dynamiques, ces derniers
permettant de savoir si les inégalités sont héréditaires.

I La mesure statique des inégalités


1 Les rapports inter-quantiles
Pour mesurer les inégalités de revenu, on classe la population en tranches, les
quantiles, en fonction de leur revenu. Chaque tranche correspond au revenu maxi-
mum de la population de cette tranche. On mesure les inégalités de revenu en fonc-
tion du rapport de revenu entre ces tranches.
Le rapport inter-quantile le plus utilisé est le
rapport inter-décile. Le premier décile est le ni- MOT CLÉ
La population est divisée
veau de salaire qui sépare les 10 % des salariés les
en tranches de 10 %
moins bien payés des 90 % les mieux rémunérés. selon le revenu ou le patrimoine,
Le décile D5 correspond au revenu partageant la le décile est ainsi la valeur
population en deux (la médiane). Le rapport du qui sépare chaque tranche,
dernier décile D9 et du premier décile D1 (donc de 10 % en 10 %.
D9 / D1) évalue l’inégalité des revenus.
On peut mesurer d’autres rapports inter-quantiles. Si on divise la population en
groupes de 25 % en fonction des revenus, on obtient le rapport inter-quartile. Le
rapport inter-centile mesure les écarts de revenu entre les 1 % les plus riches et les
1 % les plus pauvres.

2 La courbe de Lorenz et le coefficient de Gini


La courbe de Lorenz est une représentation graphique permettant de visualiser la
distribution d’une variable (patrimoine, revenu) au sein d’une population. Le plus
souvent, pour construire la courbe, la population est divisée en déciles.
Le coefficient de Gini est un indicateur synthétique d’inégalités de revenu. Il
varie entre 0 et 1. Il est égal à 0 s’il y a égalité parfaite dans la distribution des
revenus (tous les revenus sont égaux). Il est égal à 1 si un seul agent économique
concentre l’ensemble des revenus. Entre 0 et 1, l’inégalité est d’autant plus forte
que le coefficient de Gini est élevé.

3 Le top 1 %
Le top 1 % ou centile supérieur rassemble le 1 % de la population la plus riche. Cette
population regroupe 500 000 personnes environ en France. La part du revenu (ou du
patrimoine) détenue par le top 1 % est un instrument pour mesurer la concentra-
tion de richesses et les inégalités.
256
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

II La mesure dynamique des inégalités


1 Les limites de la mesure statique des inégalités
Rapports inter-quantiles, courbe de Lorenz ou coefficient de Gini sont des ou-
tils qui mesurent les inégalités à un moment donné. Ils offrent un instantané des
inégalités en rassemblant les revenus de populations dont le niveau de revenu est
transitoire.
Le niveau des inégalités peut être lié à des facteurs transitoires comme la compo-
sition de la population. Si celle-ci comporte de nombreux étudiants, le revenu de ces
derniers a une grande probabilité d’augmenter dans les années qui suivent, réduisant
ainsi les inégalités de revenu.

2 La corrélation des revenus parents-enfants


Une mesure dynamique des inégalités consiste à comparer les revenus des parents
et des enfants. L’économiste Alan Krueger a construit une courbe, dite courbe de
Gatsby, qui met en relation sur l’axe horizontal l’inégalité des revenus sur une géné-
ration et sur l’axe vertical la différence de revenu entre générations différentes.
La courbe de Gatsby montre que les pays ayant les plus grandes inégalités de reve-
nu sont ceux où les enfants ont des revenus comparables à ceux de leurs parents, les
inégalités devenant ainsi héréditaires.

zo om
Courbe de Lorenz du patrimoine et du revenu disponible
En %
100
90 Patrimoine financier
80 Revenu disponible
70
60
50
40
30
20
10
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

Source : Alexandre Baclet et Émilie Raynaud, « La prise en compte des revenus du patrimoine
dans la mesure des inégalités », Économie et statistique, 2008.
Sur l’axe horizontal, figure le pourcentage cumulé de la population divisée en
déciles et sur l’axe vertical, le pourcentage cumulé des revenus ou du patrimoine.
La droite rouge représente une répartition égalitaire des revenus et du patrimoine :
50 % des ménages perçoivent 50 % des revenus.
La courbe en pointillés bleus mesure les inégalités de revenu. La courbe rouge
indique que les 20 % des ménages les plus pauvres détiennent une part infime du
patrimoine financier total, les 50 % les plus pauvres seulement 5 %.

11 • Des inégalités compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? 257
45 Les différentes conceptions
de la justice sociale
En bref Égalité et justice sociale sont des principes fondamentaux des
sociétés démocratiques. Cependant, on distingue différentes formes
d’égalité conduisant à définir plusieurs conceptions de la justice sociale.

I Les différentes formes d’égalité


1 Égalité des droits
L’égalité des droits signifie que tous les membres de la société ont les mêmes
droits (égalité devant la loi). Cette forme d’égalité apparaît en France avec la
Révolution française et la Déclaration des
droits de l’homme et du citoyen. MOT CLÉ
On parle de discrimination
L’égalité des droits implique qu’il est inter- lorsqu’un individu ou un groupe
dit de se fonder sur les caractéristiques person- d’individus est traité différemment en
nelles des personnes pour les exclure ou les trai- raison de caractéristiques personnelles :
sexe, origine ethnique, handicap…
ter différemment sous peine de discrimination.

2 Égalité des chances


L’égalité des chances signifie que tous les membres d’une société disposent des
mêmes opportunités pour accéder aux positions sociales les plus élevées dans la hié-
rarchie sociale. Dès lors, la position sociale dépend des mérites des personnes et non
de leur origine.
Le système scolaire est l’un des principaux domaines où doit s’exercer l’égalité des
chances CHAPITRE 7 . Les résultats scolaires dépendent en principe des mérites des
élèves et non de leur milieu social.

3 Égalité des situations


Si chacun est traité de façon identique par la loi (égalité formelle), tous les indi-
vidus ne bénéficient pas des mêmes conditions matérielles d’existence (égalité réelle).
L’égalité des situations correspond à une égalité réelle entre les membres d’une
société qui disposent des mêmes ressources économiques et sociales (revenus, patri-
moine, prestige, etc.).

II Les conceptions de la justice sociale


1 La conception « égalitariste » MOT CLÉ
La conception « égalitariste » de la La justice sociale est l’ensemble des principes
et des valeurs permettant la répartition
justice sociale prône une égalité poli-
des ressources (économiques, sociales)
tique, économique, sociale complète essentielles d’une société et l’orientation
entre les membres de la société. des actions correctrices à mener.

258
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
Pour les marxistes, la justice sociale implique aussi bien l’égalité des droits que
l’égalité des chances et surtout l’égalité des situations. Cette égalité « absolue » est la
condition de la liberté. Celle-ci est incompatible avec l’inégalité car elle revient à la
liberté d’une minorité d’exploiter et de dominer la majorité.

2 La conception « libérale »
La conception libérale de la justice sociale privilégie le principe de liberté au prin-
cipe d’égalité. Les libéraux justifient ainsi l’existence d’inégalités. Les libéraux « uti-
litaristes » considèrent que la justice sociale consiste à maximiser le bien-être de la
population grâce à la « main invisible » du marché qui permet d’obtenir un optimum
social.
Les ultralibéraux ou « libertariens » estiment que la liberté est la valeur ultime qui
doit être défendue dans toute société démocratique et que seule l’égalité des droits
doit être respectée.
Le philosophe américain John Rawls (1921-2002) défend une conception « libé-
rale égalitaire » de la justice sociale : le principe d’équité. Il combine le principe de
liberté pour chaque individu si elle est compatible avec la liberté pour tous et le prin-
cipe de différence : on peut justifier les inégalités si elles profitent aux plus défavorisés.

zo om La journée mondiale de la justice sociale

Si les États membres de l’ONU (Organisation des Nations unies) ont adopté
la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948 à Paris, les Nations
unies ont également mis en place récemment une journée mondiale de la justice
sociale, observée le 20 février.
Le thème de cette journée en 2020, « Réduire les inégalités pour atteindre la
justice sociale », privilégie l’égalité des droits et la lutte contre la pauvreté.

11 • Des inégalités compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? 259
46 Pouvoirs publics et justice sociale
En bref Dans les sociétés démocratiques, la lutte contre les inégalités est
l’un des objectifs traditionnels de l’action des pouvoirs publics. Cependant,
cette action connaît des limites entraînant des débats sur sa pertinence.

I L’action des pouvoirs publics pour la justice sociale


1 Réduire les inégalités par la protection sociale
Le système de protection sociale mis en
place en France après la Seconde Guerre mon- MOT CLÉ
La protection sociale est le système
diale protège les individus contre les risques de solidarité permettant aux individus
sociaux : maladie, vieillesse, chômage. Il est de faire face aux risques sociaux
financé par les cotisations sociales et verse des (maladie, charges de famille, vieillesse,
prestations sociales suivant une logique hori- perte d’emploi…).
zontale : des bien portants vers les malades,
des actifs occupés vers les chômeurs…
À l’origine, la protection sociale en France répondait à une logique d’assu-
rance : ceux qui avaient cotisé (principalement les salariés) pouvaient en bénéfi-
cier. Mais l’évolution de la protection sociale répond de plus en plus à une logique
d’assistance : même ceux qui n’ont pas cotisé (les plus démunis) perçoivent des
prestations sociales.

2 Réduire les inégalités par la fiscalité et les services collectifs


L’impôt sur le revenu est le prélèvement obligatoire qui corrige le mieux les
inégalités économiques car c’est un impôt progressif : le taux d’imposition aug-
mente lorsque le revenu augmente.
Les services collectifs comme la Santé ou l’Éducation sont des productions
non marchandes financées par les prélèvements obligatoires. En les fournissant à
titre quasi gratuit, les pouvoirs publics favorisent l’égalité des chances et réduisent
les inégalités face à la santé.

3 Réduire les inégalités par la lutte contre les discriminations


Les pouvoirs publics adoptent des lois condamnant les discriminations
FICHE 45 , permettant ainsi l’égalité des droits.
Ils agissent aussi par l’octroi de dotation accrue de moyens matériels pour
compenser une inégalité initiale (Éducation prioritaire par exemple).
Ils peuvent également avantager des populations considérées comme discrimi-
nées en menant une politique de discrimination positive corrigeant les méca-
nismes de marché (recrutements préférentiels avec des quotas pour des catégories
comme les personnes handicapées).
260
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

II L’action des pouvoirs publics en débat


1 Les contraintes pesant sur l’action des pouvoirs publics
L’action des pouvoirs publics pour lutter contre les inégalités est soumise à des
contraintes de financement. La conjoncture économique (ralentissement de la
croissance, chômage élevé) freine la progression des ressources publiques.
Cette action est également soumise aux contraintes européennes qui imposent
une limitation du déficit budgétaire afin de réduire l’endettement public FICHE 23 .
De plus, le cadre européen limite l’action des services publics soumis à la concurrence.

2 Les débats sur l’efficacité et la légitimité des pouvoirs publics


La capacité des pouvoirs publics est remise en cause. En effet, ils peinent à
limiter la dégradation du marché du travail (chômage, précarité) qui engendre
une nouvelle pauvreté s’accroissant en période de crise FICHE 38 .
Pour réduire les inégalités, les pouvoirs publics doivent disposer de res-
sources importantes notamment grâce à l’impôt. Or, on assiste à une dégrada-
tion du « consentement à l’impôt ». Le « citoyen-contribuable » est devenu un
« usager-client » des services publics, perdant de vue la fonction sociale de l’impôt.
Selon une logique libérale FICHE 45 , l’action des pouvoirs publics a des ef-
fets pervers. Le versement d’indemnités de chômage ou de minima sociaux peut
encourager les chômeurs à ne pas occuper des emplois à bas salaire (« trappe à
chômage » FICHE 12 ).

zo om La création de la Sécurité sociale


La Sécurité sociale est créée par l’ordonnance
du 4 octobre 1945, promulguée par le gou-
vernement provisoire dirigé par le général de
Gaulle.
L’esprit du projet résidait dans la « garantie
donnée à chacun qu’en toutes circonstances il
disposera des moyens nécessaires pour assurer
sa subsistance et celle de sa famille dans des
conditions décentes ».
La Sécurité sociale a pour mission de protéger
les Français contre les risques sociaux (maladie,
accidents du travail…) occasionnant une perte
de revenu ou une augmentation de dépenses.

11 • Des inégalités compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? 261
MÉMO VISUEL

Inégalités économiques

Évolution (tendance)
• en France
– Baisse des inégalités (1914-1970)
– Accroissement des inégalités de patrimoine (depuis 1980)
• dans le monde
– Hausse des inégalités entre pays (1870-1990)
– Recul des inégalités entre pays (depuis 1990)

Mesure
• statique • dynamique
– Rapports inter-quantiles – Corrélation des revenus
– Courbe de Lorenz parents-enfants INÉGALITÉS ET
– Coefficient de Gini
– Top 1 %

Caractère multiforme et cumulatif


des inégalités économiques et sociales

Inégalités Inégalités
économiques sociales
revenus santé,
patrimoine scolarité…

262
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

Égalité et justice sociale

Différentes formes d’égalité


• Égalité des droits
• Égalité des chances
• Égalité des situations

Différentes conceptions de la justice sociale


• Égalitariste (marxiste)
• Libérales (utilitariste, libertarienne, libérale-égalitaire)

JUSTICE SOCIALE
Action des pouvoirs publics

Réduction des inégalités


• Fiscalité
• Services collectifs
• Protection sociale

Limites de l’action publique


• Contraintes de financement
• Contraintes européennes
• Efficacité limitée
• Crise de légitimité
11 • Des inégalités compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? 263
OB JEC TIF
SUJET 27 B AC
MOBILISATION DES CONNAISSANCES 30 min Pouvoirs publics
et justice sociale
Dans les sociétés démocratiques, la lutte contre
les inégalités est l’un des objectifs traditionnels
de l’action des pouvoirs publics.
Mais comment s’y prendre concrètement ?

L E S UJ E T
Présentez deux moyens par lesquels les pouvoirs publics peuvent contri-
buer à la justice sociale.

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de la mobilisation des connaissances
p. 312.

Définir les mots clés


◗ La justice sociale est l’ensemble des principes et valeurs permettant la répar-
tition des ressources (économiques, sociales) essentielles d’une société et
l’orientation des actions correctrices à mener.
◗ Les pouvoirs publics désignent l’ensemble des autorités publiques qui
détiennent le pouvoir dans l’État. Les principaux moyens par lesquels les pou-
voirs publics peuvent contribuer à la justice sociale sont : la fiscalité, la redistri-
bution et protection sociale, les services collectifs et enfin les mesures de lutte
contre la discrimination.

Structurer la réponse
◗ Il faut en introduction définir la notion de justice sociale et les conceptions de
l’égalité (ou des inégalités) qu’elle implique.
◗ Puis on présente, dans deux paragraphes, deux modalités d’intervention des
pouvoirs publics pour lutter contre différents types d’inégalités.

264
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

LE CORRIGÉ

Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
La justice sociale vise à une meilleure répartition des richesses, économiques ou
sociales selon différentes conceptions de l’égalité : égalité des droits, des chances
ou des situations. Si tous les citoyens ont les mêmes droits, les pouvoirs publics
peuvent alors orienter leurs actions pour lutter contre des inégalités considérées
comme injustes. Parmi ces interventions, on peut distinguer les politiques de « dis-
crimination positive » et la protection sociale.
Développement
◗ On parle de discrimination lorsqu’un individu ou un groupe d’individus est traité
différemment en raison de caractéristiques personnelles : sexe, origine ethnique,
handicap… Ainsi, les pouvoirs publics, par la discrimination positive, peuvent
favoriser certains groupes sociaux, qui n’ont pas les mêmes chances « initiales »
de réussite que les autres. Par exemple, ils peuvent doter de moyens plus impor-
tants des établissements scolaires accueillant une population défavorisée. La loi sur
la parité entre les hommes et les femmes est un autre
exemple de discrimination positive qui permet de lutter À NOTER
contre des inégalités de situations. À l’origine, la protection
◗ Les pouvoirs publics ont également mis en place un sociale en France bénéficiait
système de protection sociale pour protéger les indi- à ceux qui avaient cotisé
(logique d’assurance).
vidus contre les risques sociaux (maladie, vieillesse,
Aujourd’hui, dans une
chômage…). Il s’agit ainsi soit de financer un revenu logique d’assistance,
de remplacement pour compenser l’impossibilité de tra- même ceux qui n’ont pas
vailler, soit d’effectuer un transfert de revenus des caté- cotisé (les plus démunis)
gories ayant les revenus les plus élevés vers celles ayant peuvent percevoir
les revenus les moins élevés. des prestations sociales.

Conclusion
Pour lutter contre les inégalités qu’ils considèrent comme non souhaitables par
souci de justice sociale, les pouvoirs publics peuvent, par exemple, mettre en place
une discrimination positive pour davantage d’équité, ou une protection sociale
pour une plus grande égalité de situations.

11 • Des inégalités compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? 265
OB JEC TIF
SUJET 28 B AC
ÉTUDE D’UN DOCUMENT 1h Indicateurs des niveaux
de vie en France
La crise économique de 2008 a touché
en premier lieu les ménages les plus modestes.
Les statistiques peuvent-elles nous préciser
si cette crise a réellement aggravé les inégalités
de niveau de vie entre les ménages en France ?

L E S UJ E T
Document Indicateurs des niveaux de vie1 (2000-2017)

2000 2004 2008 2012 2016 2017


Niveau de vie
18 490 19 300 20 670 20 460 20 730 20 820
médian (D5)
Niveau de vie
21 480 22 380 24 060 23 950 23 820 23 920
moyen
1er décile (D1) 9 210 10 720 11 340 10 840 11 150 11 190
9e décile (D9) 32 210 35 240 38 160 38 370 37 950 38 210
Rapport inter-décile
3,5 3,3 3,4 3,5 3,4 3,4
(D9/D1)
Indice de Gini 0,289 0,283 0,292 0,302 0,288 0,289
Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré
est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
Montants annuels en euros constants 2017.
1. Le niveau de vie correspond au revenu disponible en tenant compte
de la composition du ménage.

Source : Insee, Portrait social, édition 2019.

1. Faites une phrase précisant le sens du


rapport inter-décile en 2017. SAVOIR-FAIRE
Pour mesurer l’ampleur des inégalités,
2. Mettez en évidence comment ont évo- on utilise l’écart inter-quantile (D9 – D1,
lué les inégalités de niveaux de vie en pour une répartition en décile)
France depuis 2000. ou le rapport inter-quantile (D9/D1).

266
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de l’étude d’un document p. 313.

Définir les mots clés


◗ Le niveau de vie correspond au revenu disponible en tenant compte de la
composition du ménage. Le revenu disponible comprend les revenus d’activité
et de remplacement (indemnités chômage, retraite…), les revenus du patri-
moine, les prestations sociales perçues, en retranchant les principaux impôts
directs (impôt sur le revenu, taxe d’habitation…).
◗ Le niveau de vie moyen correspond au montant total des revenus disponibles
de la population, divisé par l’effectif de la population.
◗ Le niveau de vie médian correspond au montant partageant la population en
deux : 50 % ont un niveau de vie supérieur, 50 % un niveau de vie inférieur à
cette valeur médiane.
◗ L’indice de Gini mesure le degré d’inégalité de la distribution des niveaux
de vie. Il varie entre 0 et 1 : la valeur 0 correspond à l’égalité parfaite (tout le
monde a le même niveau de vie) et la valeur 1 à l’inégalité extrême (une seule
personne a tout le revenu).

Comprendre le document
Le document est un tableau statistique qui présente différents indicateurs
(niveau de vie médian, moyen, déciles, rapport inter-décile) permettant de
mesurer les inégalités de niveau de vie et leur évolution entre 2000 et 2017,
en France. Il s’agit de sélectionner des données de ces séries chronologiques et
de les comparer avec pertinence (écart, coefficient multiplicateur, par exemple)
pour caractériser leur évolution (hausse, baisse, stagnation, intensité des
variations).

Structurer la réponse à la seconde question


◗ On met d’abord en évidence l’évolution globale : les inégalités de niveau de vie
(après redistribution) sont globalement restées stables à un niveau faible sur la
période 2000-2017.
◗ On observe ensuite l’évolution plus en détail : on remarque une dispersion plus
importante dans le haut de la distribution ainsi qu’un léger accroissement des
inégalités entre 2008 et 2012.

11 • Des inégalités compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? 267
LE CORRIGÉ
1. Le rapport inter-décile D9/D1 permet de mesurer l’ampleur des inégalités (ici
des niveaux de vie) en mesurant combien de fois le numérateur (D9, c’est-à-dire le
niveau de vie plancher des 10 % d’individus les plus aisés, qui sépare donc les 10 %
les plus riches des 90 % les plus pauvres) est plus important que le dénominateur
(D1, le niveau de vie plafond des 10 % les plus pauvres, qui sépare les 10 % les plus
pauvres des 90 % les plus riches). Ainsi, en France, en 2017, d’après l’Insee, le plus
modeste des 10 % les plus riches a un niveau de vie 3,4 fois plus élevé que le plus
« riche » des 10 % les plus pauvres.

2. Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.


Introduction
Ce document, élaboré par l’Insee, représente l’évolution chronologique de 2000
à 2017 de différents indicateurs du niveau de vie en France. Ces indicateurs per-
mettent de visualiser facilement à la fois le niveau des inégalités et leur évolution
sur cette période. Après avoir dégagé le niveau et la tendance principale de l’évolu-
tion, nous soulignerons une évolution contrastée aux extrémités de la distribution
ainsi qu’une légère variation pour l’année 2008.
Développement
◗ Les inégalités de niveau de vie se maintiennent à un niveau plutôt faible et restent
globalement stables sur la période. Si les écarts inter-déciles (D9 – D1) sont certes
croissants (de 23 000 euros en 2000 à 27 000 euros en 2017), le rapport inter‑
décile (D9/D1) est lui quasi stable et s’établit à environ 3,4 (voir la question 1).
◗ Dans le détail, on peut mesurer la dispersion, c’est-à-dire l’écart par rapport à la
médiane. Grossièrement, le rapport D5/D1 en 2000 est proche de 2 et plus faible
en 2017, ce qui signifie que les inégalités en dessous de la médiane se réduisent.
Inversement, on constate grossièrement que les inégalités s’accroissent dans le haut
de la distribution avec un rapport D9/D5 qui augmente.
◗ On constate enfin en utilisant l’indice de Gini (qui CONSEILS
s’avère ici plus précis que le rapport inter-décile) que Quand on compare deux
les inégalités de niveau de vie ont légèrement augmenté données, on peut utiliser
après la crise économique de 2008 : l’indice passe de une valeur absolue
0,283 en 2004 à 0,292 en 2008, jusqu’à 0,302 en 2012, (en euros ou en points)
ou un pourcentage.
ce qui représente une hausse de près de 0,20 point, soit
+ 7 % environ.
Conclusion
En conclusion, les inégalités de niveau de vie sont globalement stables sur la période
2000-2017, et si elles ont légèrement augmenté après la crise économique de 2008,
elles se stabilisent à un niveau équivalent au début des années 2000.

268
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
OB JEC TIF
SUJET 29 B AC
RAISONNEMENT 2 h 30 Le caractère cumulatif
des inégalités
Ce sujet traite des différentes formes d’inégalités,
mais également des mécanismes de causalité
et de renforcement existant entre elles.

L E S UJ E T
Vous montrerez que les inégalités économiques et sociales présentent un
caractère cumulatif.

Document 1 Montants de patrimoine net début 2015 (en euros)


Patrimoine Patrimoine 1er décile 9e décile
Revenu disponible1
moyen médian (D5) (D1) (D9)
Inférieur au 1er quartile 83 900 18 000 1 000 218 500
Du 1er au 2e quartile 132 500 66 900 2 800 296 400
Du 2e au 3e quartile 222 700 157 500 8 100 476 200
Supérieur au 3e quartile 496 800 297 400 42 900 979 700
Ensemble 235 900 113 900 3 000 534 800
1. Revenu utilisable par un ménage pour la consommation ou l’épargne comprenant
les revenus d’activité, de patrimoine et de transferts déduits des impôts directs.

Source : Insee, Les revenus et le patrimoine des ménages, 2018.

Document 2 Niveau de vie et espérance de vie


[…] Le niveau de vie1 peut être la cause directe d’un état de santé plus ou
moins bon, et donc d’une durée de vie plus ou moins longue. Ainsi, les difficultés
financières peuvent limiter l’accès aux soins. Par exemple, d’après l’enquête Santé
et protection sociale de 2014, 11 % des adultes parmi les 20 % les plus modestes
5 disent avoir renoncé pour des raisons financières à consulter un médecin au
cours des 12 derniers mois, contre 1 % des adultes parmi les 20 % les plus aisés.
[…] Le niveau de vie a aussi un effet indirect sur la santé, parce qu’il est lié
à des facteurs également associés à une santé plus ou moins bonne comme la
catégorie sociale, le diplôme ou la région de résidence. Les cadres ont un niveau
10 de vie élevé et sont moins soumis aux risques professionnels (accidents, mala-
dies, exposition à des produits toxiques) que les ouvriers. De même, les compor-
tements moins favorables à la santé sont plus fréquents chez les non-diplômés
11 • Des inégalités compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? 269
que chez les diplômés. Par exemple, d’après le Baromètre Santé 2016, 39 % des
personnes âgées de 15 à 64 ans sans diplôme fument quotidiennement, contre
15 seulement 21 % des diplômés du supérieur. Par ailleurs, un faible niveau de vie
peut également être la conséquence d’une mauvaise santé plutôt qu’en être la
cause. Une santé défaillante peut freiner la poursuite d’études, l’exercice d’un
emploi, ou l’accès aux emplois les plus qualifiés.
1. Revenu disponible d’un ménage en tenant compte de sa composition.
Source : Insee Première, 2018.

Document 3 Situation professionnelle trois ans après la fin


des études, en fonction du diplôme obtenu

Taux de Emploi à durée Catégorie socioprofessionnelle


chômage indéterminée
(en %) (en %) CPIS1 PI1 E1 O1 Autres
Aucun diplôme 49 35 1 15 37 44 3
CAP-BEP 28 49 0 13 37 48 2
Baccalauréat 19 52 3 26 42 27 2
Bac + 2 12 68 6 44 31 16 3
Bac + 3/4 13 68 17 53 22 6 2
Bac + 5 10 82 59 32 6 1 2
Ensemble 20 62 18 33 27 20 2
1. CPIS : Cadres et professions intellectuelles supérieurs. PI : Professions intermédiaires.
E : Employés. O : Ouvriers.

Source : « Quand l’école est finie. Premiers pas dans la vie active de la Génération 2013 »,
Céreq Enquêtes, n° 1, octobre 2017.

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale du raisonnement p. 314.

Analyser les termes du sujet et mobiliser ses connaissances


vous montrerez
Exposez des arguments,
sans chercher de problématique.
caractère cumulatif
Montrez que chaque forme
Analyse du sujet d’inégalité en engendre
une ou plusieurs autres
et que ces inégalités
inégalités vont s’entretenir
Définissez chaque type d’inégalité et se renforcer
et ses caractéristiques en distinguant mutuellement.
les inégalités économiques
et les inégalités sociales.

270
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

Exploiter les documents


Document 1
Le document 1 est un tableau permettant de voir le lien de corrélation entre
patrimoine et revenu. Il vous faut ensuite l’expliciter en lien de causalité avec
les notions de revenu disponible, épargne…
Document 2
Le document 2 est un texte qui met en évidence les liens entre différentes
formes d’inégalités. Faites un repérage exhaustif de toutes les formes d’iné-
galités selon différentes variables sociodémographiques (niveau de vie, santé,
diplôme, emploi…) et repérez les mises en relation à effectuer.
Document 3
Le document 3 est un tableau qui présente le lien entre le niveau de diplôme
et les conditions d’insertion des jeunes dans le monde du travail. Il montre que
les inégalités sociales sont cumulatives et qu’elles peuvent avoir également des
répercussions sur la situation économique.

LE CORRIGÉ

Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
Malgré l’affirmation de la devise républicaine, « Liberté, Égalité, Fraternité », nous
vivons dans une société où les inégalités réelles sont fortes. Les inégalités repré-
sentent les différences d’accès aux ressources rares et valorisées dans la société,
qu’elles soient économiques ou sociales. Nous montrerons que les inégalités tant
économiques que sociales peuvent s’entretenir mutuellement, d’où leur caractère
cumulatif et auto-entretenu.
I. Les inégalités de revenus et de patrimoine
se renforcent mutuellement
◗ Les inégalités économiques représentent les inégalités de revenus (flux issus de
la rémunération du travail et du capital) et les inégalités de patrimoine (stock
des actifs détenus). Elles peuvent se cumuler car les revenus alimentent, par la
« mécanique » de l’épargne, le patrimoine. Plus les revenus sont élevés, plus les
capacités d’acquérir du patrimoine, sous forme d’actions et de biens immobiliers
par exemple, sont importantes.
◗ La répartition des patrimoines apparaît plus inégalitaire que la répartition des
revenus : c’est ce que montre la comparaison des courbes de Lorenz. Ainsi les 10 %
des ménages les plus riches possèdent près de 50 % du patrimoine en France. Ils

11 • Des inégalités compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? 271
détiennent plus de 534 800 euros, contre moins de 3 000 euros pour les 10 % les
moins bien dotés en patrimoine net (doc. 1).
◗ En outre, le patrimoine génère d’autant plus de revenus qu’il est important (divi-
dendes, intérêts, loyers…). Enfin, il peut se transmettre entre générations par
­l’héritage, ce qui renforce son caractère cumulatif.
II. Les inégalités sociales sont cumulatives entre elles
◗ Les inégalités en matière de santé sont en corrélation avec le statut social. L’em-
ploi et la position sociale déterminent des conditions de travail plus ou moins
pénibles et dangereuses. Le niveau de diplôme détermine la fréquence des consulta-
tions de santé et les pratiques à risques (doc. 2). L’espérance de vie est moins élevée
chez les ouvriers que chez les cadres.
◗ Il existe également une corrélation entre l’accès inégalitaire aux diplômes et le
taux de chômage. Ainsi, en 2016, trois ans après la fin de leurs études, un jeune
sur deux sans diplôme est au chômage, soit un taux quatre fois supérieur à celui
des jeunes diplômés bac +2 (doc. 3). Le niveau de diplôme est également important
pour l’acquisition d’une position sociale décisive qui génère elle-même d’autres
inégalités sociales. 91 % des jeunes diplômés bac +5 occupent une position de
cadre ou de profession intermédiaire, contre 29 % pour ceux uniquement titulaires
d’un baccalauréat (doc. 3).
III. Les inégalités économiques et sociales
s’entretiennent mutuellement
◗ Les inégalités économiques favorisent les inégalités sociales. Les revenus faibles
limitent l’accès aux soins de santé et à une alimentation de qualité (doc. 2). De
la même façon, les familles aux faibles revenus ont de moindres possibilités pour
financer les études de leurs enfants, générant ainsi une reproduction intergéné-
rationnelle des inégalités d’accès aux diplômes. Enfin, les inégalités économiques
ont des conséquences sur les conditions de vie (qualité du logement, lieu de rési-
dence…) et sur les pratiques culturelles et de loisirs.
◗ Réciproquement, les inégalités sociales favorisent les inégalités économiques.
Ainsi, l’origine sociale peut déterminer la possession d’un capital culturel plus ou
moins favorable à la poursuite d’études, pouvant réduire les chances d’accès à un
diplôme, à un emploi à durée indéterminée (doc. 3) et donc à un salaire élevé. Le
niveau de santé peut également avoir un impact sur les possibilités de poursuivre
des études ou d’exercer un emploi (doc. 2).
Conclusion
Les inégalités sont donc multiformes et s’auto-entretiennent les unes les autres,
formant un cercle vicieux pour les plus défavorisés et un cercle vertueux pour
les plus favorisés : accumulation des handicaps d’un côté et privilèges de l’autre.
Ce système tend à se reproduire d’une génération à l’autre, entraînant une dyna-
mique de creusement des inégalités qui peut menacer la cohésion sociale.

272
Regards croisés
12 L ’action publique
pour l’environnement

La marche des jeunes pour le climat est un vaste mouvement international.


Celui-ci rassemble, comme ici à Lyon, le 20 septembre 2019, des écoliers
et étudiants qui manifestent pour dénoncer l’inaction des gouvernements
dans la lutte contre le réchauffement climatique.

TEST Pour vous situer et identifier les fiches à réviser274

47 Coopérations et conflits entre les acteurs 276


FICHES 48 L’efficacité des instruments des pouvoirs publics 278
DE COURS 49 Les limites des instruments des pouvoirs publics 280
50 Les contraintes pesant sur les accords internationaux 282
MÉMO VISUEL 284

objectif bac
SUJETS GUIDÉS 30 MOBILISATION DES CONNAISSANCES L a difficile protection
& CORRIGÉS de l’environnement286
31 ÉTUDE D’UN DOCUMENT L’engagement des États
en faveur de l’environnement288
32 RAISONNEMENT Les limites des instruments
de la politique climatique291

273
TESTEZ-VOUS CORRIGÉS P. 318-320

Faites le point sur vos connaissances


puis établissez votre parcours de révision
en fonction de votre score.

1 Coopérations et conflits entre les acteurs → FICHE 47


1. Que désigne le terme « environnement » ?
a. le capital naturel
b. les ressources naturelles renouvelables et non renouvelables
c. les innovations environnementales
2. Complétez le texte avec les mots qui conviennent.

Le grand nombre d’intervenants qui gèrent l’environnement est source


de ……………, parce que leurs intérêts sont parfois divergents.
Chaque intervenant essaye de maîtriser l’ ……………, c’est-à-dire
les priorités politiques.
Cependant, plutôt que le conflit, les différents acteurs privilégient la …………… .
…/2

2 L’efficacité des instruments des pouvoirs publics → FICHE 48


1. Une externalité…
a. n’est pas prise en compte par le marché.
b. est forcément négative.
c. est une défaillance de marché.
2. Associez chaque instrument à son mécanisme.
a. réglementation ● ● utiliser des droits de propriété
b. taxation ● ● internaliser les externalités
c. marché des quotas d’émission ● ● interdire ou imposer les externalités
…/2

3 Les limites des instruments des pouvoirs publics → FICHE 49


1. Quelles sont les limites de la réglementation ?
a. Elle est difficile à doser.
b. Elle incite à faire toujours mieux.
c. Elle est coûteuse à contrôler.

274
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

2. Quelles sont les limites de la taxation ?


a. Elle est parfois coûteuse.
b. Elle ne fixe pas un plafond maximum de pollution.
c. Elle interdit certaines externalités négatives.
3. Quelles sont les limites du marché des quotas d’émission ?
a. Il ne s’adresse qu’aux grandes entreprises.
b. Les prix déterminés par le marché sont trop faibles.
c. Il ne fixe pas de plafond maximum d’émission.
4. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F
a. Les instruments de la politique climatique sont complémentaires.
b. Les pouvoirs publics ne renoncent jamais aux avancées écologiques.
c. Les groupes d’intérêt influencent l’action publique.
d. L’action publique manque de continuité.
…/4

4 Les contraintes pesant sur les accords internationaux → FICHE 50


1. Quelles sont les caractéristiques d’un bien commun ?
a. Il est non excluable.
b. Il est non rival.
c. Il a tendance à disparaître.
2. Lequel de ces comportements correspond à celui de passager clandestin ?
a. exercer un travail non déclaré
b. utiliser un bien sans payer
c. polluer et payer une taxe pour réparer l’environnement
3. Vrai ou faux ? Cochez la case qui convient. V F
a. L’équilibre climatique est un bien commun.
b. Les ONG font pression sur les États
pour qu’ils respectent l’environnement.
c. Un Occidental riche pollue 300 fois plus
qu’un habitant d’un pays pauvre.
d. Le niveau de pollution de la Chine a diminué depuis 1970.
…/3

Score total …/11


Parcours PAS À PAS ou EXPRESS ? MODE D’EMPLOI P. 3

12 • L’action publique pour l’environnement 275


47 Coopérations et conflits
entre les acteurs
En bref Les biens communs que représentent l’environnement, les res-
sources naturelles, sont gérés par une grande diversité d’acteurs (États,
citoyens, experts). Leurs actions complexes qui s’exercent à différentes
échelles (locale, nationale, européenne et mondiale) ne sont pas tou-
jours harmonisées.

I Différents acteurs à différentes échelles


À l’échelle internationale, les États, l’ONU et l’Union européenne prennent
des mesures pour préserver l’environnement et contraindre les agents écono-
miques à les respecter, en réduisant par exemple les émissions de gaz à effet de
serre ou en réglementant la pêche du thon rouge.
Les scientifiques du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolu-
tion du climat) prennent position et rendent leurs rapports sur le réchauffement
climatique.
Les organisations non gouvernementales (ONG) internationales ont pour
rôle d’alerter et de former l’opinion publique sur les questions environnemen-
tales (Greenpeace, WWF).
À l’échelle européenne, le programme de financement LIFE soutient des pro-
jets nationaux et transnationaux en faveur de l’environnement et du climat.
À l’échelle nationale puis locale, les États
mettent en place des collaborations avec les mou- MOT CLÉ
vements citoyens et parfois les entreprises. Les L’environnement désigne le capital
naturel qui regroupe l’ensemble
partis politiques ont tous intégré la question de
des ressources renouvelables
l’environnement dans leur programme et les par- et non renouvelables de la planète.
tis écologistes progressent lors des élections.
Les entreprises ont globalement adhéré au principe d’une responsabilité
sociale et environnementale (RSE) et s’engagent à abandonner la production de
voitures diesel comme le fait Toyota.
Les mouvements citoyens, constitués principalement d’associations, s’orga-
nisent pour se faire entendre par des manifestations, des pétitions, etc.

II Les relations entre les différents acteurs


La multiplicité des acteurs aux intérêts divergents est source de conflits. La
protection de l’environnement réclamée par différents acteurs tels que les ONG
peut nuire à la rentabilité des entreprises.
Les mouvements citoyens, comme la Marche pour le climat, organisent des
événements pour mobiliser la population et faire pression sur les gouvernements.
276
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
Leur objectif est la « mise à l’agenda » politique MOT CLÉ
Une « mise à l’agenda »
des problèmes environnementaux afin d’obtenir
correspond au passage
des solutions de la part des pouvoirs publics qui, d’un problème du domaine privé
seuls, peuvent proposer des lois protectrices de au domaine public.
l’environnement.
Les propositions de préservation de l’environnement diffèrent selon les ac-
teurs. Les entreprises acceptent souvent une protection de l’environnement qui
ne nuit pas à leur rendement alors que les ONG préconisent des solutions plus
drastiques, moins centrées sur les conséquences en termes d’emplois et de profits.
Les différents acteurs internationaux collaborent aussi et privilégient la coo-
pération. La Conférence des Nations unies sur les changements climatiques
(COP 21) a ainsi adopté en 2015 l’Accord de Paris, entré en vigueur en 2016,
prévoyant de contenir la hausse des températures sous la barre des 2oC.
Au niveau national, les pouvoirs publics appliquent les accords internatio-
naux en fonction de leurs spécificités. Ils associent à leurs prises de décisions les
ONG comme Greenpeace. Ils s’inspirent également des rapports d’experts du
GIEC. En France, le gouvernement a créé en 2019 un Conseil de défense écolo-
gique afin que l’ensemble des politiques menées par l’État respecte les objectifs du
gouvernement en matière de protection du climat et de la biodiversité.

zo om Différences de températures selon le GIEC


à la fin du XXIe siècle par rapport à la fin du XXe siècle

Le GIEC présente plusieurs scénarios possibles : la première carte présente le


scénario le plus favorable, la hausse des températures étant maîtrisée au prix de
politiques environnementales radicales.
La seconde carte illustre la hausse des températures prévue à la fin du siècle
sans mesures effectives pour lutter contre le réchauffement climatique. Un
réchauffement de plus de deux degrés entraînerait un manque d’eau pour tous
les pays.

12 • L’action publique pour l’environnement 277


48 L’efficacité des instruments
des pouvoirs publics
En bref Le système économique international provoque un déséquilibre
climatique par ses émissions de gaz à effet de serre. Ces externalités
négatives sont combattues par les pouvoirs publics à l’aide de plusieurs
instruments.

I L’action publique pour contrôler les externalités


Le marché ne tient pas compte des exter-
nalités parce qu’elles n’ont pas de prix associé. MOT CLÉ
Une externalité est une conséquence,
Une entreprise à l’origine d’externalités néga-
positive ou négative, d’une activité
tives n’est pas sanctionnée et ne verse pas de économique, non prise en compte
compensation monétaire. Il s’agit donc d’une par le marché.
défaillance de marché qui empêche ce dernier
d’atteindre une situation optimale.
Une production s’effectuant sans précaution (sans filtres ni recyclage) est
polluante mais moins onéreuse qu’une production respectueuse de l’environne-
ment. Les entreprises sont donc incitées à produire sans préserver l’environne-
ment pour maintenir des prix bas tandis que les ménages sont amenés à consom-
mer ces produits pour préserver leur pouvoir d’achat.
L’action publique s’articule à différentes échelles. Par exemple, pour honorer
ses engagements pris au titre de l’Accord de Paris, la France a adopté dans le cadre
européen un programme de diminution des émissions de CO2 d’ici 2030 d’au
moins 40 % par rapport aux niveaux de 1990. À l’échelle nationale, la France
implante des centres régionaux de recyclage comme en Bretagne ou propose aux
particuliers des aides financières pour rénover écologiquement leur habitation.

II L’efficacité des instruments


de la politique climatique
La réglementation regroupe l’ensemble des normes et des lois dont le non-
respect est sanctionné par des amendes. Elle est destinée à modifier le comporte-
ment des agents économiques. Elle peut limiter les externalités négatives (vignette
Crit’Air) et imposer la production d’externalités positives (recyclage des déchets).
Ces normes sont diverses : les normes d’émissions limitant les rejets de CO2,
les normes de procédé imposant l’utilisation de matières recyclées, les normes
de produit comme le pot catalytique et les normes d’utilisation (interdisant la
circulation des véhicules certains jours, par exemple).
D’après l’économiste britannique Arthur Cecil Pigou (1877-1959), il est pos-
sible d’internaliser les externalités, c’est-à-dire de taxer les externalités négatives
278
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
qui nuisent à l’environnement et d’allouer une subvention aux externalités posi-
tives qui le préservent. Par exemple, le bonus-malus écologique impose une taxe
sur les voitures les plus polluantes pouvant aller jusqu’à 20 000 euros. À l’inverse,
la subvention à l’innovation verte consiste à récompenser financièrement les en-
treprises qui créent des innovations de produit (panneau solaire) ou de procédé
(nouvelle manière de recycler) plus respectueuses de l’environnement, incitant
ainsi les autres entreprises à se tourner vers ce type d’innovation peu polluant.
Pour maintenir l’équilibre climatique, c’est-à-
dire la stabilité des températures, l’Union euro- MOT CLÉ
péenne a instauré le marché des quotas d’émis- Un marché des quotas est un lieu
d’échanges entre l’offre et la demande
sion limitant les rejets de CO2 provenant des
de quotas de CO2 qui déterminent
externalités négatives. La Commission euro- le prix de la tonne de carbone.
péenne fixe un plafond maximum d’émissions
de CO2 par an. Sur chaque tonne appelée « quota », un droit de propriété est
posé. Les quotas sont distribués aux entreprises en fonction de leur degré de pol-
lution.
Une entreprise qui dépasse son nombre de quotas d’émission est contrainte
d’en acheter aux entreprises excédentaires sur le marché des quotas au prix fixé
par la loi de l’offre et de la demande.

zo om L’efficacité du bonus-malus écologique


sur les véhicules neufs
Émissions moyennes en gramme de CO2 par km
des voitures particulières neuves immatriculées
160
155 Création
150 du bonus-malus

145
140
135
130
125
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Source : Focus sur quelques faits et chiffres,


Commissariat général au développement durable, octobre 2011.

Suite à la création du bonus-malus écologique, les véhicules particuliers neufs


produits ont en moyenne moins émis de grammes de CO2 par kilomètre.
L’émission moyenne de CO2 par kilomètre est passée de quasiment 155 g/km
à moins de 130 g/km, soit une baisse de plus de 25 g de CO2 par kilomètre.

12 • L’action publique pour l’environnement 279


49 Les limites des instruments
des pouvoirs publics
En bref Les principaux instruments de la politique climatique peuvent
réduire partiellement les externalités négatives, mais leur efficacité
étant limitée, ils sont utilisés de manière complémentaire.

I Les limites des instruments


de la politique climatique
La réglementation est souvent difficile à doser : trop laxiste, elle manque d’effet,
trop ferme, elle peut inciter à frauder. Elle ne pousse pas les entreprises à poursuivre
leurs efforts pour préserver l’environnement quand la norme est atteinte. La taxa-
tion paraît plus dissuasive.
La mise aux normes, évoluant régulièrement, a un coût qui détériore la com-
pétitivité-prix des entreprises, augmente les prix et creuse les inégalités entre mé-
nages aisés et ménages pauvres. Ce coût pèse également sur les pouvoirs publics
qui contrôlent leur application.
La taxation peut être onéreuse quand elle ne compense pas les subventions
versées (cas du bonus-malus écologique pour les véhicules neufs). Elle peut éga-
lement peser lourdement dans le budget des ménages les plus pauvres. Enfin,
la taxe, augmentant les coûts des entreprises, nuit à leur compétitivité-prix et
potentiellement à leurs investissements en faveur de l’environnement.
La taxe n’est qu’incitative (l’agent économique a le droit de polluer dès lors
qu’il paye sa taxe), contrairement à la réglementation. La taxe n’a pas pour objec-
tif d’établir un plafond maximum de pollution, contrairement au marché des
quotas d’émission.
Des effets rebonds apparaissent, c’est-à-dire des MOT CLÉ
effets inattendus, voire contraires au mécanisme On parle d’effet Veblen lorsque
mis en place (effet Veblen), comme l’augmentation la demande d’un produit
de la demande de véhicules polluants malgré la mise peut être d’autant plus forte
que son prix est élevé.
en place de la taxe, certains agents économiques
souhaitant se distinguer par l’achat de biens coûteux.
Le marché des quotas d’émission se révèle inefficace pour modifier le com-
portement des entreprises ( ZOOM ), le prix du quota n’étant pas suffisamment
élevé. Ce marché ne s’adresse pas aux petits pollueurs (ménages, artisans), mais
seulement aux plus grandes entreprises, sachant que les quotas ont été trop géné-
reusement distribués sur le marché européen.
La spéculation se développe sur ce marché des quotas, ce qui fausse le prix du
marché et modifie les quantités disponibles.

280
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

II Une mise en œuvre confrontée


aux dysfonctionnements de l’action publique
L’action publique s’exerce sous la pression
MOT CLÉ
des groupes d’intérêt. Les acteurs politiques sont Un groupe d’intérêt désigne
parfois en conflits et ne défendent pas toujours une organisation qui tente
l’intérêt général mais des intérêts privés (secteur d’influencer les pouvoirs
bancaire, agricole…). Les groupes d’intérêt se et l’opinion publics pour obtenir
positionnent aussi en experts pour influencer l’ac- des décisions en sa faveur.
tion publique, comme le géant pétrolier Exxon qui
finance des études climato-sceptiques.
Les changements réguliers de gouvernement et de ministres désorganisent éga-
lement l’action publique par manque de continuité.
Dans une logique électoraliste, les pouvoirs publics ont régulièrement renoncé
aux avancées écologiques, comme en 2013 où le gouvernement abandonne
l’écotaxe touchant les poids lourds suite au mouvement de protestation breton
des « Bonnets rouges ».

zo om Évolution du prix de la tonne de CO2


sur le marché européen des quotas d’émission
20
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
janv.-16 juil.-16 janv.-17 juil.-17 janv.-18 juil.-18
Source : enoptea.fr.

Le prix de la tonne de CO2 dépend des quantités offertes et demandées sur le


marché européen.
On constate une remontée des prix passant de 8 euros la tonne en jan-
vier 2016 à 16 euros en juillet 2018, soit une multiplication par 2.
Le prix de la tonne apparaît bien trop bas pour agir sur le comportement des
entreprises. Les experts estiment que le prix devrait être d’au moins 25 euros par
quota pour observer un changement.

12 • L’action publique pour l’environnement 281


50 Les contraintes pesant
sur les accords internationaux
En bref L’équilibre climatique est un bien commun difficile à sauve-
garder : certains pays souhaitent mettre en place des accords environne-
mentaux pour le préserver, d’autres les refusent pour privilégier leur
croissance ou permettre leur développement.

I L’environnement, un bien commun


L’environnement désigne le capital naturel formé de plusieurs composants
dont les biens privés qui peuvent être privatisés et vendus sur un marché (pois-
sons d’un étang privé par exemple).
L’environnement désigne également les biens
communs mondiaux comme les forêts ou le cli- MOT CLÉ
Un bien commun est non-excluable
mat (l’équilibre climatique) qui sont des biens (on ne peut pas en contrôler l’accès)
rivaux et non-excluables. Les pays européens se et rival (son utilisation par un individu
sont accordés pour limiter les quantités d’émis- empêche un autre de faire de même).
sion de gaz à effet de serre et pour ne pas émettre
plus de 2 000 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Mais cet enga-
gement s’avère difficile à contrôler, chacun pouvant émettre du CO2 selon ses
besoins (en faisant démarrer son véhicule par exemple ou en allumant un feu de
cheminée).

II La tentation du passager clandestin


En présence de biens communs, les agents
économiques, s’ils sont rationnels, sont incités à MOT CLÉ
adopter un comportement de passager clandestin, Un passager clandestin est
laissant les autres limiter leur consommation sans un agent économique rationnel
qui souhaite profiter
restreindre la leur ni en supporter les désavantages.
d’un bien ou d’un service
C’est ainsi que les États-Unis se sont désen- sans en supporter le coût.
gagés dans la lutte contre le réchauffement de la
planète et sont sortis de l’Accord de Paris en 2019.
Toutefois, la pression de l’opinion publique, les actions menées par les ONG,
les sommets mondiaux sur le changement climatique incitent une grande majo-
rité de pays (comme la Chine) à poursuivre leur engagement.

III Des pays très inégaux face à la question climatique


Tous les pays n’ont pas le même niveau de pollution. Ainsi, un individu riche
en Occident pollue presque 3 000 fois plus qu’un individu dans un pays pauvre.

282
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
Le niveau de pollution de la Chine a été multiplié par 4 depuis 1970. Ce pays
est responsable de 30 % des émissions de CO2 de la planète. Les États-Unis et la
Chine émettent à eux deux presque 50 % des émissions mondiales.
Les pays pauvres ont une faible empreinte
MOT CLÉ
écologique et sont les moins pollueurs : au Yémen L’empreinte écologique mesure
ou à Haïti par exemple, l’émission de CO2 par ha- la quantité de terres (en hectares)
bitant est d’environ une demi-tonne, donc qua- nécessaire à un habitant pour
rante fois moins qu’un Américain. Ces pays reven- se nourrir et recycler ses déchets.
diquent auprès des pays riches qui polluent plus et
de longue date leur droit à se développer et à user de leur « dette écologique ».
Les pays en développement, plus que les pays développés, seront particulièrement
exposés aux catastrophes naturelles découlant du réchauffement climatique (épidé-
mies, famines, montée des eaux qui menacent notamment plus de 10 millions de
Bangladais...). Pour respecter les accords internationaux sur l’environnement (COP,
Kyoto...), ils devront s’endetter pour acquérir les équipements écologiques néces-
saires à leur développement (énergies renouvelables, usines de recyclage...).

zo omLes émissions de gaz à effet de serre dans le monde

Tous les pays émettent du gaz à effet de serre qui nuit au climat. Dans la
carte, 31 pays ont été évalués (l’Union européenne comptant pour une seule
unité) représentant 85 % des gaz à effet de serre.
Les pays les plus pauvres polluent moins que les pays riches. L’Amérique du
Nord, l’Europe et l’Asie sont les principaux pollueurs alors que le continent afri-
cain ne pollue quasiment pas.

12 • L’action publique pour l’environnement 283


MÉMO VISUEL

Les coopérations et conflits


entre les acteurs

Les différents acteurs en présence


• Pouvoirs publics (États, ONU, UE)
• Entreprises
• Experts (GIEC)
• ONG et mouvements citoyens
Les relations entre les différents acteurs
• Conflits pour la mise à l’agenda politique
• Coopération au niveau local, national,
européen et international

L’action publique pour lutter L’ACTION PUBLIQUE


contre les externalités
• Défaillances du marché
• Lutte des pouvoirs publics contre
les externalités négatives à différentes échelles

L’efficacité des instruments


des pouvoirs publics

Les instruments de la politique climatique


• Bloquer par les normes
les externalités négatives
• Taxer les externalités
négatives
• Subventionner
les innovations vertes
• Fixer un plafond
maximum de pollution

284
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

Les limites des instruments


des pouvoirs publics

Les limites de la politique climatique


• Application de la réglementation difficile à vérifier
• Effets rebonds engendrés par la taxation
• Prix trop faibles fixés par le marché des quotas

Les dysfonctionnements
• Pression des groupes d’intérêt
• Changements fréquents des responsables politiques
• Logique électoraliste et renoncement aux avancées écologiques

POUR L’ENVIRONNEMENT

Le poids des contraintes


sur les accords internationaux

L’environnement, un bien commun


• Existence de biens communs dans l’environnement
• Comportement de passager clandestin

Des pays inégaux


COP 24 à Katowice
• Pays riches responsables Pologne
de la majeure partie de la pollution
• Pays pauvres en manque
• Katowice

196
de moyens pour acquérir États représentés
les technologies vertes + ONG
+ institutions

États-Unis
parmi les pays
Australie les plus réticents
à la COP24
Brésil

12 • L’action publique pour l’environnement 285


OB JEC TIF
SUJET 30 B AC
MOBILISATION DES CONNAISSANCES 30 min La difficile protection
de l’environnement
La préservation de l’environnement
est certainement l’enjeu économique
des années à venir. C’est parce qu’il est
un bien commun, donc accessible à tous
et en quantité limitée, que l’environnement
est difficile à protéger.

L E S UJ E T
Pourquoi, en tant que bien commun, l’environnement doit-il être
protégé ?

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de la mobilisation des connaissances
p. 312.

Définir les mots clés


◗ Un bien commun est un bien qui est à la fois non excluable (on ne peut pas en
contrôler l’accès) et rival (son utilisation par un individu en empêche l’utilisation
par un autre).
◗ L’environnement, assimilable au capital naturel, correspond aux ressources
naturelles renouvelables (ex. : les poissons) et non renouvelables (ex. : le pétrole).

Structurer la réponse
◗ Dans un premier temps, il faut démontrer que l’environnement est un bien
commun mondial et qu’à ce titre, il est exposé à une surutilisation.
◗ Dans un second temps, il s’agit de prouver que ce bien commun est victime du
comportement de passager clandestin, adopté par certains pays.

286
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

CORRIGÉ

Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
La Chine prévoit de construire 30 % d’usines à charbon en plus dans la décen-
nie à venir. Sachant que celles-ci sont les principales émettrices des gaz à effet de
serre responsables du réchauffement climatique, cela entraînera une dégradation
de l’environnement de tous les pays. L’environnement est un bien commun : il
est impossible d’en bloquer l’accès (comme dans le cas chinois) et sa quantité est
limitée. Nous montrerons qu’en tant que bien commun mondial, l’environnement
doit être protégé, d’autant plus en raison du comportement de passager clandestin
adopté par certains pays.
Développement
◗ L’environnement, soit l’ensemble des ressources naturelles renouvelables et non
renouvelables, est accessible par tous et partout sur la planète, et il n’est pas pos-
sible d’en bloquer l’accès. Il constitue ainsi un bien commun mondial. Or, ses
ressources non renouvelables peuvent être entièrement épuisées si elles sont suru-
tilisées. Nous ne pouvons donc pas les consommer sans poser de limite. En tant que
bien commun mondial, l’environnement peut donc être menacé de disparition en
cas de surutilisation à travers le monde.

À NOTER
Il faut veiller à répondre au sujet « pourquoi protéger ce bien commun »
et à ne pas seulement réciter la définition du bien commun.

◗ L’existence des biens communs conduit à l’apparition de passagers clandestins :


agents économiques qui souhaitent profiter d’un bien sans en supporter le coût.
Dans le cas de l’environnement, la Chine ne semble pas tenir son engagement en
matière de limitation de pollution (accord de Paris sur le climat). Tandis que les
autres pays baissent leurs émissions de CO2, elle augmente les siennes sans payer
pour les dégâts provoqués. Le comportement de passager clandestin peut contribuer
à la disparition du bien commun.
Conclusion
L’environnement est un bien commun mondial et, à ce titre, il doit être protégé
au niveau mondial. Pour cette raison, les pays s’unissent avec plus ou moins de
succès, ce qui peut nous interroger sur l’efficacité des instruments de la politique
climatique.

12 • L’action publique pour l’environnement 287


OB JEC TIF
SUJET 31 B AC
ÉTUDE D’UN DOCUMENT 1h L’engagement des États
en faveur de l’environnement
Les pays sont fiers d’annoncer
qu’ils se coordonnent et mettent en scène
leurs rencontres et leurs engagements.
Mais leurs promesses sont-elles tenues ?

L E S UJ E T
Document Engagements des pays en vertu du protocole de Kyoto
et leur position en 2007 par rapport à leurs objectifs1
Objectif d’émissions Évolution des émissions
Écart entre
Kyoto (2008-2012)/ depuis l’année
Pays les émissions 2007
année de référence de référence (1990)
et l’objectif Kyoto
(1990) jusqu’en 20072
EU 15 – 8,0 % – 4,3 % 3,7
Russie 0,0 % – 33,9 % – 33,9
Japon – 6,0 % 8,2 % 14,2
Bulgarie – 8,0 % – 35,6 % – 27,6
Slovaquie – 8,0 % – 35,9 % – 27,9
Nouvelle-Zélande 0,0 % 22,1 % 22,1
Norvège 1,0 % 10,8 % 9,8
Lituanie – 8,0 % – 49,6 % – 41,6
Estonie – 1,8 % – 47,5 % – 39,5
Croatie – 5,0 % – 5,2 % – 0,2
Islande 10,0 % 31,3 % 21,8
États-Unis3 – 7,0 % 16,8 % 23,8

1. Les objectifs de Kyoto sont des engagements pris par différents pays, signataires du protocole
de Kyoto, en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de façon à réduire
le réchauffement climatique.
2. Le calcul est réalisé sur la base des émissions 2006, les données 2007 n’étant pas disponibles.
3. Les États-Unis n’ont pas ratifié le protocole de Kyoto et ne sont dès lors pas légalement contraints
de respecter leur objectif.
Source : CCNUCC, mission Climat de la Caisse des Dépôts, juillet 2009.

288
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
1. Comment ont été calculées les deux données en gras ?

SAVOIR-FAIRE
• Le taux de variation est égal à la valeur de départ à laquelle on soustrait
la valeur d’arrivée. Le résultat est divisé par la valeur de départ. Pour obtenir
des pourcentages, il faut multiplier le résultat par 100.
• Un écart se mesure grâce à la valeur d’arrivée à laquelle on soustrait la valeur
de départ, l’unité obtenue étant le point de pourcentage.

2. Mettez en évidence le comportement de passager clandestin de certains pays


vis-à-vis de la pollution.

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale de l’étude d’un document p. 313.

Définir les mots clés


◗ Le passager clandestin est celui qui souhaite utiliser un bien (par exemple, le
climat) sans en supporter les coûts.
◗ La pollution est comprise ici comme le niveau d’émission de gaz à effet de
serre.

Comprendre le document
Le document est un tableau à double entrée composé de deux taux de variation
(celui de l’objectif d’émission de gaz à effet de serre et celui des émissions réelles)
et de l’écart entre les deux. Lorsque ce dernier est positif, le pays n’a pas tenu son
engagement.

Structurer la réponse à la seconde question


◗ Dans la présentation du document, il faut expliquer comment il est construit
et comment se lisent les données. Il faut ensuite diviser les pays en groupes
avec, d’un côté, ceux qui ont tenu leur engagement (écart négatif) et, de l’autre,
ceux qui ne l’ont pas tenu (écart positif).
◗ Il restera à montrer que certains pays imposent aux autres la baisse des émis-
sions de gaz à effet de serre, mais ne s’y tiennent pas eux-mêmes. Ce sont les
pays riches et en particulier les États-Unis qui n’ont finalement pas ratifié le
protocole de Kyoto.

12 • L’action publique pour l’environnement 289


CORRIGÉ
1. ◗ Pour obtenir la donnée « – 4,3 % » :
(émissions en 2007 – émissions en 1990) × 100
émissions en 1990
◗ Pour obtenir la donnée « 3,7 points de pourcentage » :
taux de variation entre 1990 et 2007 des émissions (colonne 2)
– taux de variation entre 1990 et 2007 de l’objectif d’émissions (colonne 1).

2. Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.


Introduction
Nous sommes tous dépendant d’un même environnement et, face à sa dégrada-
tion, les pays tentent de s’entendre pour le préserver. Cependant, certains pays
incitent les autres à moins polluer tout en continuant à le faire.
Développement
◗ Le document est un tableau qui permet de comparer les objectifs que se sont fixés
différents pays à la conférence Kyoto en termes de réduction des émissions de gaz
à effet de serre sur la période 2008-2012 par rapport aux niveaux de 1990, et la
réduction effective de ces émissions en 2007. La pollution est mesurée par le niveau
d’émission de gaz à effet de serre.
◗ Certains pays ayant ratifié le protocole de Kyoto (Japon,
­ orvège, etc.) ou non (États-Unis), n’ont pas tenu leur
N À NOTER
engagement en termes de pollution. L’écart entre l’évo- Il faut toujours transformer
lution promise et l’évolution réelle des émissions est le document, en calculant
de nouvelles données
de 23,8 points de pourcentage pour les États‑Unis. Ces
ou en formant des groupes.
pays se comportent en passager clandestin en promet-
tant des baisses d’émission de gaz à effet de serre qu’ils
ne respectent pas.
Conclusion
L’environnement est un bien commun qui incite les pays à adopter un compor-
tement de passager clandestin. Les accords internationaux servent davantage de
vitrine au développement durable. En réalité, peu de pays sont prêts à renoncer à
leurs intérêts économiques.

290
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS
OB JEC TIF
SUJET 32 B AC
RAISONNEMENT 2 h 30 Les limites des instruments
de la politique climatique
Les gouvernements s’efforcent de protéger
l’environnement, mais les instruments
qu’ils utilisent ne sont pas toujours efficaces…

L E S UJ E T
Vous montrerez que les instruments des pouvoirs publics ne protègent pas
forcément l’environnement.

Document 1 Évolution de la part de marché des SUV1 dans les ventes


de voitures neuves en France
40 %
36 %
35 %
32 %
30 % 28 %
26 %
25 % 23 %

20 % 19 %
16 %
15 % 13 %

10 % 9%
6%
5%
5%

0%
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

1. Un SUV (Sport Utility Vehicle) est une voiture dont les émissions de CO2
sont supérieures à la moyenne.

Source : « Le monde croule sous les SUV, pourquoi c’est un problème


et pourquoi ça risque de durer ? », Alternatives économiques, 17 janvier 2019.

12 • L’action publique pour l’environnement 291


Document 2 Certificats qualité de l’air : Crit’Air
Le certificat qualité de l’air est un autocollant sécurisé, à coller sur le véhi-
cule, qui indique sa classe environnementale en fonction de ses émissions de
polluants atmosphériques.
Il existe 6 classes de certificats. Le certificat qualité de l’air permet de
5 favoriser les véhicules les moins polluants :
– modalités de stationnement favorables ;
– conditions de circulation privilégiées ;
– possibilité de circuler dans les zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m)
ou en cas de pic de pollution.
10 Le certificat qualité de l’air est obligatoire pour circuler dans les zones
à faibles émissions mobilité instaurées par certaines collectivités (Paris et
Grenoble) ou pour circuler lorsque le préfet instaure la circulation différen-
ciée lors de certains épisodes de pollution.
Source : Site du ministère de la Transition écologique et solidaire,
« Certificats qualité de l’air : Crit’Air », janvier 2020.

LES CLÉS POUR RÉUSSIR


Reportez-vous à la méthode générale du raisonnement p. 314.

Analyser les termes du sujet et mobiliser ses connaissances


instruments
Réglementation, taxation
et marché des quotas.

pouvoirs publics
Analyse du sujet
États, régions, etc.

environnement
Ensemble des ressources
renouvelables
et non renouvelables.

Exploiter les documents


Document 1
Le document 1 est un diagramme en bâtons qui représente l’évolution des
ventes d’un modèle de voiture (SUV) dont la pollution est plus forte que la
moyenne. Il prouve que, malgré les taxes et les réglementations qui pèsent sur
l’automobile, la pollution continue à augmenter.

292
TEST FICHES DE COURS SUJETS GUIDÉS

Document 2
Le document 2 est un article sur l’utilisation de la vignette Crit’Air qui est un
dispositif légal régulant la circulation des véhicules en fonction de leur niveau
de pollution.

Définir les arguments

Argument 1
La réglementation ne bloque pas toutes les exter-
nalités négatives. (doc. 2)

Argument 2
La taxation n’est qu’un principe désincitatif qui
n’exerce pas assez de contraintes. (doc. 1)

Argument 3
Le marché des quotas fixe des prix trop bas pour
modifier le comportement des grandes entreprises.

CORRIGÉ

Les titres en couleur ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction
Fin 2019, au sein de la Convention citoyenne pour la transition écologique, des
citoyens tirés au sort travaillent sur de nouvelles lois et de nouvelles taxes. Ces
dispositifs renvoient aux trois instruments de la politique climatique : réglemen-
tation, taxation et marché des quotas d’émission. Ils sont utilisés pour limiter
les externalités négatives, mais sont-ils véritablement efficaces ? Nous étudierons
successivement les limites de ces trois instruments.

I. La réglementation ne protège pas toujours l’environnement


◗ La réglementation a pour fonction d’interdire les externalités négatives. Il est
difficile d’en fixer l’intensité : trop stricte, elle est impossible à respecter, et pas
assez, elle n’a pas d’effets. De plus, elle oblige seulement les agents économiques à
la respecter, mais ne les incite pas à faire mieux.
◗ La réglementation s’applique à tous de la même CONSEILS
manière peu importe si les agents économiques Les documents du dossier
illustrent des arguments mais ne
polluent par nécessité ou non. Par exemple, seul le
démontrent rien. Évitez donc de
niveau de pollution de la voiture importe pour lui commencer par un exemple tiré
attribuer une classe de certificat qualité de l’air, d’un document et n’hésitez pas
pas le motif de son utilisation (doc. 2). De plus, à ajouter un exemple personnel.

12 • L’action publique pour l’environnement 293


le coût de contrôle du respect des restrictions de circulations liées aux classes de
certificats pour une ville comme Paris peut être conséquent.
II. La taxation est parfois inefficace
◗ La taxation agit sur l’offre et la demande grâce à un changement de prix, mais
ne reste qu’incitative. Tant que le pollueur paye la taxe, il peut donc continuer à
polluer.
◗ La taxation n’arrêtera pas la consommation de certains biens polluants produc-
teurs d’externalités négatives, comme les SUV, véhicules particulièrement émet-
teurs de CO2, dont les ventes ne cessent de progresser (doc. 1). Cette hausse des
ventes peut s’expliquer par un effet Veblen : lorsque le prix des véhicules augmente,
certains consommateurs l’achètent pour montrer qu’ils en ont les moyens.
III. Le marché des quotas a un effet limité

LE SECRET DE FABRICATION
Pour cette partie, comme vous ne disposez pas de document, il faudra mobiliser
vos propres exemples. Lors de vos révisions, il est important de préparer
des exemples récents pour prouver au correcteur que vous suivez l’actualité.

◗ Un marché des quotas d’émission est un lieu d’échanges entre l’offre et la


demande de quotas d’émissions de produits polluants, en particulier de CO2.
Sur ce marché est fixé un plafond maximum de pollution.
◗ Un tel système existe depuis 2005 à l’échelle de l’Union européenne, mais il ne
s’adresse qu’aux grandes entreprises (environ 1 500 en France) qui bénéficient
d’un nombre de quotas trop généreux pour modifier leur comportement polluant.
De plus, le prix déterminé par le marché des quotas est insuffisant pour désinciter
les entreprises à polluer. Enfin, il est apparu que les prix du marché sont influencés
par des activités spéculatives, réduisant son efficacité.
Conclusion
Les pouvoirs publics s’appuient toujours sur les mêmes instruments de la poli-
tique climatique alors que ceux-ci ont des effets limités. Cela explique en partie
notre échec collectif à protéger l’environnement. Des solutions alternatives existent
cependant et sont souvent portées par les populations elles-mêmes dans un cadre
plus local. Plutôt que de discuter de la mise en place de ces instruments, ne fau-
drait-il pas s’interroger sur la compatibilité entre la croissance économique et la
préservation de l’environnement ?

294
Le Grand Oral
13  réparer le Grand Oral
P
sur une question de SES

51 Choisir une question d’oral en SES 296


FICHES 52 Concevoir sa présentation 298
DE COURS 53 Préparer efficacement l’exposé 300
54 Présenter la question au jury 302
55 Répondre aux questions en lien avec la présentation 304
56 Défendre son projet d’orientation 306

OBJECTIF BAC
SUJET GUIDÉ 33 
Simulation d’un Grand Oral sur une question de SES :
& CORRIGÉ la croissance est-elle compatible avec l’environnement ? 308

295
51 Choisir une question d’oral en SES
En bref Selon le BO du 13 février 2020, qui définit le « Grand Oral », vous
devez choisir une question pour chacun de vos deux enseignements de
spécialité. Vous serez interrogé(e) sur l’une de ces deux questions le jour
de l’épreuve.

I Le « cahier des charges »


Le choix de la question doit répondre à ces trois conditions.

1. met en lumière un des grands enjeux


du programme de spécialité

2. se prête à une explicitation aisée,


La question sans support et sans notes

3. permet de nourrir une réflexion


sur votre projet d’orientation

II Des idées de sujets en SES


Quel rôle jouent les nouvelles technologies
dans la croissance économique ? À NOTER
Les sciences économiques
Vous pourrez puiser dans le chapitre 1 « Les sources et les et sociales sont riches
défis de la croissance économique » et dans le thème de de sujets à la croisée
spécialité HGGSP « L’enjeu de la connaissance ». des disciplines.
La mondialisation est-elle profitable à tous ?
Le chapitre 2 « Les fondements du commerce international et de l’internatio-
nalisation de la production » s’articule logiquement avec le grand thème de géo-
graphie « Les territoires dans la mondialisation : entre intégrations et rivalités ».
Comment les transformations de l’emploi nuisent-elles
à la fonction intégratrice du travail ?
Deux chapitres du programme sont nécessaires pour répondre exhaustivement à
ce sujet : le chapitre 3 « La lutte contre le chômage », qui revient sur les politiques
de l’emploi et, en particulier, sur la flexibilisation du marché du travail, et le
chapitre 9 « Les mutations du travail et de l’emploi », qui interroge directement
le lien entre l’organisation du travail, ses mutations et l’intégration par le travail.

296
TEST FICHES DE COURS SUJET GUIDÉ
La structure sociale en France peut-elle être analysée
en termes de classes sociales ?
Les arguments et les théories nécessaires sont présentés dans le chapitre 6 « La
structure de la société française actuelle ».
Comment a évolué l’action collective depuis 1970 ?
La réponse peut être construite en articulant le chapitre 10 « L’engagement poli-
tique dans les sociétés démocratiques » et des références à l’art contestataire dans
la littérature ou le cinéma.
En France, les inégalités économiques ont-elles diminué ?
À partir du chapitre 11 « Des inégalités compatibles avec les différentes concep-
tions de la justice sociale ? », vous analyserez les inégalités de salaire, de revenu,
de niveau de vie et de patrimoine pour montrer, grâce aux outils statistiques
(écarts et rapports interdéciles, moyennes, médianes, etc.), que l’évolution des
inégalités dépend en partie de l’outil de mesure.
La croissance est-elle compatible avec l’environnement ? SUJET 33
Dans le programme de SES, les chapitres 1 « Les sources et les défis de la croissance
économique » et 12 « L’action publique pour l’environnement » soulèvent le pro-
blème et apportent des pistes de solution. Vous pourrez aussi vous appuyer sur le
chapitre du programme de spécialité HGGSP qui aborde « L’environnement, entre
exploitation et protection : un enjeu planétaire », ou celui d’enseignement scien-
tifique portant sur les nouvelles énergies dans le thème 2 « Le futur des énergies ».

zo om « Pitcher » son sujet auprès de ses proches

N’hésitez pas à exposer brièvement votre sujet à vos parents ou vos amis.
Ce premier « pitch » vous aide à délimiter votre sujet et vous permet de tester
l’intérêt qu’il suscite.
Ainsi, dans le cadre du concours « Ma thèse en 180 secondes », les doctorants
doivent résumer en trois minutes un sujet de recherche qu’ils ont développé dans
une thèse de plusieurs centaines de pages.

13 • Préparer le Grand Oral sur une question de SES 297


52 Concevoir sa présentation
En bref Les recherches sur les questions choisies peuvent débuter assez
rapidement dans l’année. Pour chacune, vous devez vous documenter
et organiser vos idées, au fur et à mesure, en vue d’un exposé structuré.

I Se documenter, chercher des idées


1 Se constituer une bibliographie pertinente
Pour chaque question, établissez une liste de mots-clés : ils vont vous permettre
d’interroger Internet mais aussi le catalogue de votre CDI ou de la médiathèque
de votre quartier.
Consultez les documents ainsi sélectionnés, des plus généraux (manuels,
encyclopédies) aux plus spécialisés.
Dans le cas de recherches sur Internet, pensez à CONSEILS
vérifier les sites que vous consultez à l’aide de ces Commencez par lire
questions : les informations données
1. Qui est l’auteur du site ? par la page de présentation
du site, souvent intitulée
Quelle est son expertise sur le sujet ?
« À propos ».
2. De quand datent les informations ?
3. L’exposé est-il clairement construit, solidement argumenté ?

2 Garder la trace de ses recherches


« Fichez » chacun des documents consultés : le support peut être, selon votre
préférence, physique (fiche Bristol) ou numérique.
Reformulez les idées qui vous paraissent essentielles, en distinguant bien les
arguments des exemples.
Pour les documents qui vous paraissent essentiels, pensez à rechercher le docu-
ment original (article scientifique, livre...)

FICHE DOCUMENT
Source :

Sujet :

Idées clés :
• CONSEILS
Notez précisément la source :

le titre de l’ouvrage ou du site,

le nom de l’auteur, la date
Citation : de publication, ainsi que
les pages consultées.

298
TEST FICHES DE COURS SUJET GUIDÉ

II Organiser ses idées


1 Plusieurs méthodes de classement
Au fil de vos prises de notes, vous allez être conduit(e) à regrouper vos idées
autour de lignes directrices : une organisation de votre exposé se dessine progres-
sivement. Essayez de la traduire sous forme de « carte mentale ».
Si vous avez du mal à faire émerger les grands axes, vous pouvez recourir à la
méthode des post-it.
1. Écrivez une idée clé par post-it.
2. Ajouter, le cas échéant, des exemples sur des post-it d’une autre couleur.
3. Sur un mur, déplacez les post-it jusqu’à ce qu’ils s’enchaînent logiquement.

2 Le choix du plan
Votre plan dépend de la question et du type de réflexion proposé. Le plus souvent,
cependant, vous avez le choix entre un plan thématique et un plan dialectique.
Objectif Question
Il permet d’approfondir Il correspond à une question
Plan
les différents aspects qui se subdivise en différentes
thématique
d’un sujet. sous-questions.
Il oppose deux thèses Il correspond à une question
Plan
puis opère une synthèse qui implique une discussion,
dialectique
des points de vue. un dilemme.

zo om
Mettre son plan sous forme de carte mentale
1 Prenez une feuille idée clé idée clé
blanche A4,
en format paysage. Axe 1 Axe 2
2 Notez la question
idée clé idée clé
au centre,
dans un « noyau ». idée clé Noyau
3 Créez autant idée clé
de « branches »
que de grands axes Axe 3
(une couleur par axe).
idée clé
4 Ramifiez les branches
de manière à faire apparaître
les idées clés.

13 • Préparer le Grand Oral sur une question de SES 299


53 Préparer efficacement l’exposé
En bref Le jour J, vous devrez faire votre présentation en cinq
minutes, sans notes. Cela suppose un travail préparatoire important :
de rédaction, de mémorisation et d’entraînement à la prise de parole.

I Rédiger une trame précise


Une fois que vous êtes au clair sur la structure générale de votre exposé, vous
devez mettre par écrit le déroulement de votre argumentation, sous la forme d’un
plan semi-rédigé.

1 L’introduction
L’introduction doit montrer :
• que votre sujet est intéressant ;
• que vous l’avez bien cerné ;
• que votre plan découle de la question posée et y répond.
Elle comprend trois étapes qui s’enchaînent logiquement.

1. L’accroche En une ou plusieurs phrases, amenez progressivement votre sujet.


Posez clairement la question à laquelle vous allez répondre
2. La question
et explicitez-la.
Annoncez les deux ou trois grands axes, de manière que
3. Le plan
le jury comprenne d’emblée l’organisation de l’exposé.

2 Le corps de l’exposé
Recopiez le plan que vous avez établi et remplissez-le de manière télégraphique,
à l’aide de listes à puces.
N’oubliez pas d’appuyer chaque argument par un exemple vérifié.
Distinguez bien les informations nécessaires à la bonne compréhension du
sujet de celles qui sont secondaires et que vous pourrez préciser dans l’entretien.

3 La conclusion
CONSEILS
Rédigez complètement la conclusion de l’exposé Une fois cette trame mise au point,
pour être sûr(e) qu’elle marque votre auditoire. oralisez‑la, de manière à vérifier
Elle se compose de deux parties : qu’elle tient à peu près en 5 minutes.

Reprenez les étapes du développement et répondez


1. Le bilan
à la question.
Élargissez le champ de la réflexion à l’aide d’une citation,
2. L’ouverture
d’un fait d’actualité, d’une question proche.

300
TEST FICHES DE COURS SUJET GUIDÉ

II Mémoriser la présentation, puis simuler l’épreuve


Vous êtes désormais au clair sur le contenu de votre exposé. Il s’agit maintenant
de préparer sa restitution orale.

1 Faire travailler sa mémoire


Vous devez posséder votre exposé « sur le bout des doigts », de telle manière
que les idées se rappelleront à vous naturellement le jour de l’épreuve et que vous
pourrez consacrer toute votre attention à votre auditoire.
Pour ce faire, sollicitez vos différentes mémoires À NOTER
Des chercheurs ont
(visuelle, auditive, kinesthésique…) pour fixer le dérou- prouvé qu’il faut refaire
lement de l’exposé puis récitez-le plusieurs fois, de au moins sept fois
manière à vous en souvenir durablement. le chemin vers un souvenir
pour l’ancrer durablement.
2 Simuler un Oral blanc
C’est à ce moment-là, quand vous avez mémorisé À NOTER
votre exposé, que vous devez faire appel à votre entourage S’enregistrer puis
– vos professeurs, vos parents ou vos amis – pour leur réécouter son exposé
demander de constituer votre premier auditoire. peut être aussi très utile.

Demandez-leur d’évaluer votre présentation selon ces trois principaux critères :

1. Pertinence Ai-je bien répondu à la question posée ?


2. Clarté Qu’est-ce qui était clair ? moins clair ?
Ai-je retenu votre attention ?
3. Efficacité
Comment puis-je le faire mieux ?

N’hésitez pas également à leur demander de vous poser des questions sur le
contenu de la présentation : cela vous entraînera pour l’entretien qui suit.

zo om Comment fonctionne la mémoire ?


La mémorisation est le résultat d’un processus
biochimique dans lequel les neurones jouent
un rôle essentiel.
Elle se déroule en trois étapes.
1 L’encodage : enregistrement
d’une nouvelle information.
2 Le stockage : rangement, consolidation
de l’information.
3 Le rappel : recherche du souvenir
afin de le restituer.
Plus on rappelle un souvenir, plus on l’ancre durablement dans la mémoire.

13 • Préparer le Grand Oral sur une question de SES 301


54 Présenter la question au jury
En bref Votre présentation doit être synthétique et rendre compte effi-
cacement du questionnement. Le jury vous évalue principalement sur la
solidité de vos connaissances et votre capacité à argumenter.

I Optimiser le temps de préparation


Le jury vient de choisir l’une des deux questions préparées. Vous avez alors
20 minutes pour mettre en ordre vos idées et préparer – si vous vous sentez suffi-
samment sûr(e) de vous – un support pour le jury.

1 Mettre en ordre vos idées au brouillon


20 minutes de préparation, c’est à la fois long et court. Comment les utiliser ?

Pensez à… Évitez de…


rédiger l’introduction rédiger tout l’exposé
et la conclusion
noter le plan noter des idées en désordre
résumer les principales idées ajouter du contenu au dernier moment

2 Préparer un support pour le jury


Si vous avez bien en tête votre exposé, mettez à profit
CONSEILS
les 20 minutes pour préparer un support pour le jury. Bien que non évalué,
L’objectif est de permettre à votre auditoire de mieux le support doit être
suivre votre présentation. Votre support peut ainsi pertinent et lisible
pour bien disposer le jury.
prendre des formes variées.

Un plan linéaire
I. Premier axe
- idée clé
- idée clé Les définitions clés
II. Deuxième axe
...

Un schéma explicatif
La forme du support
Une carte mentale
pour présenter votre Les formules pertinentes
plan sous une forme dans les matières
visuelle scientifiques

302
TEST FICHES DE COURS SUJET GUIDÉ

II Faire une présentation claire et fluide


1 Soigner les étapes clés de l’exposé
Vous devez prêter une attention particulière à l’introduction et à la conclusion.
L’introduction La conclusion
• amène la question • fait le bilan des recherches
• pose clairement la question • répond à la question
• annonce le plan • ouvre de nouvelles perspectives

Lorsque vous annoncez le plan, vous pouvez recourir à des formules telles que :
• Tout d’abord nous nous intéresserons…
• Puis nous étudierons…, avant de montrer que…

2 Mettre en évidence la progression de l’exposé


Plus encore qu’à l’écrit, vous devez être attentif(ve)
CONSEILS
aux transitions de manière que votre auditoire Tout au long de votre
comprenne bien la progression de votre présentation. présentation, n’hésitez pas
à rappeler le fil conducteur
Les passages d’une partie à l’autre doivent être ainsi
en reprenant les mots‑clés
explicités : de la question.
• Nous venons de voir que…
• Nous allons maintenant essayer de comprendre comment ce processus…
Les liens entre les idées d’une partie doivent être clarifiés au moyen de connec-
teurs logiques : de cause (car, en effet…), de conséquence (donc, c’est pourquoi…),
d’opposition (mais, cependant…), de concession (certes…), d’addition (de plus, en
outre…).

zo om Parler debout
Placez‑vous face à votre jury,
bien au centre.
Ancrez vos pieds au sol, de manière
à avoir une assise stable.
Placez dès le départ vos mains à
hauteur de votre ventre, sans les laisser
pendre le long du corps. Vous pouvez les
croiser devant vous et les dénouer lors‑
qu’il sera nécessaire d’appuyer le propos.
Image extraite du film À voix haute
de Ladj Ly et Stéphane de Freitas, 2017.

303
45

13 • Préparer le Grand Oral sur une question de SES


55 Répondre aux questions
en lien avec la présentation
En bref Lors de la deuxième partie de l’épreuve, le jury revient sur la
présentation et évalue plus largement vos connaissances dans les disci-
plines correspondant à vos spécialités.

I Anticiper les questions


1 Les questions sur la présentation
Le jury va en premier lieu revenir sur certains points de la présentation pour
vous demander des précisions.
• Vous avez affirmé que… : pouvez‑vous donner un exemple ?
• Vous avez cité… : quelle est votre source ?
• Comment définissez‑vous le mot… ?
Afin de ne pas être surpris(e), efforcez-vous de les anticiper lors de l’élabora-
tion de l’exposé.

2 Les questions sur le programme


ATTENTION
Cependant, le jury peut aussi vous poser des questions sur Ces questions peuvent
d’autres thèmes de vos programmes de spécialité. porter sur des thèmes
hors du programme
C’est pourquoi vous devez travailler tout au long de limitatif de l’épreuve
l’année les notions au programme, en imaginant cette écrite.
interrogation. Voici quatre conseils clés :

3. Questionnez votre
1. Faites des fiches enseignant en cas
pour chaque chapitre d’incompréhension

4 conseils clés

2. Apprenez par cœur 4. Complétez le travail


les définitions clés fait en cours avec des
recherches personnelles

CONSEILS
Cette préparation vous servira également pour l’écrit !

304
TEST FICHES DE COURS SUJET GUIDÉ

II Développer une posture d’échange


1 Faire des réponses appropriées
Un seul des deux membres du jury est un spécialiste des domaines concernés par
votre question. Votre réponse doit donc être précise mais pas trop jargonneuse.
D’autres conseils utiles :
Pensez à… Évitez de…
prendre quelques secondes vous précipiter : vous risquez
pour « ingérer » la question de ne pas répondre à la question
donner des réponses brèves répondre par oui ou par non,
pour des précisions, plus longues ne pas développer
pour un avis personnel
vous appuyer sur des connaissances rester dans les généralités,
précises, des chiffres, des dates… utiliser le pronom « on »

2 Gérer les difficultés


Si vous n’êtes pas sûr(e) de comprendre la question :
• reformulez-la à voix haute pour vérifier que vous avez bien compris ;
Vous me demandez si... Vous voulez savoir comment…
• demandez des précisions ou un exemple.
Qu’entendez‑vous par… ? Pouvez‑vous me donner un exemple ?
Si vous ne savez pas quoi répondre, osez le dire : vous pouvez toutefois
commencer par faire remarquer la pertinence de la question.
Ce point me semble en effet très intéressant,
mais je n’ai pas eu le temps de l’approfondir.

zo om Éviter les gestes parasites


Apprenez à identifier les gestes que vous effectuez pour vous rassurer en situa‑
tion de stress : ils brouillent la communication et traduisent votre inconfort.

Passer la main Remonter Toucher Se gratter avec


dans ses cheveux ses manches, sa montre, insistance
tirer dessus un bijou

13 • Préparer le Grand Oral sur une question de SES 305


56 Défendre son projet d’orientation
En bref Au cours de cette partie de l’épreuve, vous exposez votre projet
d’orientation : quel domaine vous intéresse, depuis quand, quels choix
vous avez faits pour vous en rapprocher.

I Faire le lien entre la question traitée


et son projet d’orientation
Le jury va commencer par vous demander en quoi le travail sur la question
traitée a nourri votre réflexion sur votre projet d’orientation. Voici quelques
éléments de réponse, à adapter en fonction de votre sujet et de votre projet :
• En travaillant sur ce sujet au croisement
de deux disciplines, j’ai acquis la certitude CONSEILS
que je souhaitais continuer à les étudier Même si vous avez évidemment
l’une et l’autre : d’où le choix d’un cursus envisagé plusieurs choix, mettez
réunissant… plutôt l’accent sur celui permettant
d’établir un lien avec la question
• La préparation de cet oral m’a permis de
traitée. Ainsi votre démarche
rencontrer des personnes travaillant dans
paraîtra cohérente.
le domaine de…, qui m’ont donné envie de
suivre leur voie ; c’est pourquoi j’ai choisi des
études dans la filière…
Vous pouvez aussi analyser les compétences acquises lors de la préparation
de cette épreuve : mener un travail de recherche, confronter des données, faire
un travail de synthèse, faire un exposé oral et montrer qu’elles vous seront utiles
pour la suite de vos études.

II Expliquer les étapes de son projet d’orientation


1 Projet professionnel ou projet de poursuite d’études ?
Si vous avez une idée de métier précise, vous
pouvez partir de ce projet professionnel, expli- CONSEILS
Quand vous vous êtes inscrit(e)
quer pourquoi il vous attire ; puis faire le lien
sur Parcoursup ou si vous avez
avec les études qui y mènent. candidaté à des écoles, vous
Mais vous avez le droit, à 17-18 ans, de ne avez dû rédiger des lettres de
pas savoir quel métier vous aimeriez exercer. motivation. Utilisez‑les pour
préparer cette partie de l’oral.
Contentez-vous alors d’expliquer quel domaine
vous intéresse et quels choix d’études après le bac vous avez faits en conséquence.
Si vous hésitez encore entre deux voies, vous pouvez exposer les différentes
possibilités envisagées.

306
TEST FICHES DE COURS SUJET GUIDÉ

2 La genèse et la mise en œuvre du projet


CONSEILS
Pour retracer la genèse du projet, expliquez :
N’hésitez pas à détailler
• comment l’idée de ce projet d’orientation des expériences vécues
vous est venue ; ou à rapporter une
• comment elle a guidé vos choix de spécialités ; anecdote pour rendre
• comment elle s’est renforcée à travers différentes votre présentation
plus personnelle.
activités et expériences.
Mentionnez la filière choisie, l’école ou l’université que vous souhaiteriez inté-
grer et les enseignements qui vous attendent. Décrivez concrètement la manière
dont vous souhaitez mener ce projet : cursus envisagé, diplôme visé.
Faites le bilan de vos atouts et de vos limites pour le domaine envisagé. Montrez
que vous disposez d’une bonne connaissance de vous-même et de vos capacités.

zo om Développer
une argumentation personnelle
Pour mieux convaincre le jury de votre
motivation, vous devez mettre en évi‑
dence que ce projet est vraiment
le vôtre.

1. scolaires
• vos spécialités de 1 re et Tle
• vos préférences
pour certaines matières
• vos compétences scolaires
Les composantes
personnelles
de votre projet
2. extrascolaires
• votre stage de 3 e
• vos engagements
(comme délégué de classe,
dans un projet…)
• vos centres d’intérêt,
vos convictions

45

13 • Préparer le Grand Oral sur une question de SES 307


OB JEC TIF
SUJET 33 B A C PRÉSENTATION, SUIVIE D’UN ENTRETIEN

20 min La croissance est-elle compatible


avec l’environnement ?
Nos sociétés contemporaines ont tendance à
considérer que la croissance pourrait, grâce à
l’innovation en particulier, sauver l’environnement.
Cependant, les faits semblent prouver le contraire.

1 . P R É S E N TAT I O N D ’ U N E Q U E ST I O N ( 5 M I N )

Les titres en couleur mettent en évidence la structure de la présentation.

Introduction
[accroche] Début 2020, avec la crise du Covid-19, la production chinoise est au
plus bas depuis 30 ans ! Mais c’est aussi la pollution de l’air qui a diminué et les
bancs de poissons qui sont revenus dans les canaux de Venise ; en somme, c’est
une amélioration globale de l’environnement qui a été constatée.
[présentation du sujet] L’environnement ? C’est notre planète tout entière, les
ressources renouvelables, comme ces poissons vénitiens, et non renouvelables,
comme le pétrole. Comment la croissance économique – c’est-à-dire l’augmenta-
tion soutenue du PIB –, pourrait-elle le préserver ? Par l’innovation ? Ou serions-
nous fous de penser que la croissance est infinie ?
[formulation de la problématique] J’ai voulu étudier la question : « L’aug-
mentation du PIB est-elle forcément compatible avec la préservation des res-
sources naturelles ? »
[annonce du plan] Dans un premier temps, je montrerai que certains éco-
nomistes considèrent que la croissance préserve l’environnement, puis, dans
un deuxième temps, je discuterai ce lien pour enfin, dans un troisième temps,
« décortiquer » la politique climatique actuelle.

LE SECRET DE FABRICATION
Prouvez que vous avez une vision globale du programme de SES en « piochant »
dans plusieurs chapitres. Les deux premières parties nourrissent
une opposition théorique et la troisième une application pratique.

I. La croissance économique préserve l’environnement


‐‐ Les théoriciens de la soutenabilité faible supposent que le capital naturel peut être
substitué aux autres capitaux (technologique, physique, humain). Ainsi, le manque
de pétrole sera compensé par le travail d’ingénieurs (capital humain) inventant les
éoliennes (capital technologique) produites en grand nombre (capital physique).
308
TEST FICHES DE COURS SUJET GUIDÉ
‐‐ L’innovation les rend optimistes !
Pour la financer, la développer, il faut CONSEILS
aussi de la croissance économique. La À l’oral, comme à l’écrit, respectez la logique
A-E-I. D’abord, Affirmez une idée, puis
croissance durable, voire une révolution Expliquez (théories, mécanismes, auteurs…)
verte, serait donc possible. De ce point et enfin Illustrez en utilisant l’actualité si
de vue, la croissance économique n’est possible.
donc pas le problème mais la solution.
[transition] L’innovation a bien bouleversé nos modes de production et parfois
remplacé la nature, mais il faut admettre que la planète se porte mal et que son
état s’améliore quand la croissance économique ralentit.

II. La croissance économique nuit à l’environnement


‐‐ Les économistes de la soutenabilité forte s’opposent aux tenants de la soutena-
bilité faible. D’après eux, le capital naturel n’est pas substituable. Comment rem-
placer les grands glaciers qui assurent l’équilibre des températures ? Par un
réfrigérateur immense ? Et la forêt amazonienne ?
‐‐ La croissance économique produit systématiquement des externalités négatives,
tout comme les innovations. Que penser de la voiture électrique si polluante à
produire et à recycler en raison des métaux rares que nécessite sa batterie ?
[transition] Les gouvernements sont conscients
de la dégradation de l’environnement et il serait CONSEILS
Vous devez enchaîner les idées
injuste de dire qu’ils ne font rien. Mais font-ils
de manière logique et fluide
assez ? Grâce aux sommets internationaux, aux pour ne pas « perdre en route »
initiatives nationales ou locales, des instruments votre auditoire.
­climatiques existent.

III. L’exemple de la politique climatique


‐‐ Le climat est un bien commun. Chacun d’entre nous peut le dégrader, mais
nous en sommes tous dépendants, et son utilisation n’est pas illimitée.
‐‐ Des réglementations nationales et internationales interdisent l’utilisation de
gaz CFC nocifs à la couche d’ozone. Un marché européen des quotas d’émission
de carbone a été créé en Europe. Enfin, presque tous les pays subventionnent
l’achat des innovations écologiques.
‐‐ Ces instruments de la politique climatique sont un moyen pour nos économies
de continuer à consommer et produire, autrement dit un moyen de soutenir leur
croissance économique, mais en limitant les externalités négatives qui affectent
l’environnement. Malgré tout, le réchauffement climatique perdure…
Conclusion
[bilan] En somme, la théorie de la soutenabilité faible mise pleinement sur l’in-
novation, alors que celle de la soutenabilité forte s’inscrit dans une diminution
volontaire de la croissance économique, et l’exemple du climat semble donner
raison à cette dernière. [ouverture] La dégradation de l’environnement ne
présage-t‑elle pas de nouvelles formes d’inégalités ?
13 • Préparer le Grand Oral sur une question de SES 309
2 . É C H A N G E AV E C L E C A N D I DAT ( 1 0 m i n )

Voici quelques-unes des questions que le jury pourrait poser en lien avec votre
présentation ainsi que des réponses possibles. N’oubliez pas qu’on peut vous
interroger sur d’autres thèmes du programme.
Si la croissance n’est pas une solution, quels changements économiques
cela implique ?
CONSEILS
L’inverse de la croissance économique, c’est
Le jury vous demande en priorité
la décroissance : une diminution volontaire d’approfondir les points abordés
et organisée du PIB. Cela nécessite la produc- dans votre présentation.
tion de biens durables, facilement réparables En amont, vous devez donc
et surtout moins de consommation et moins repérer les questions possibles
et préparer les réponses.
d’importations.
Pourriez-vous citer des exemples concrets de taxation en France ?
L’exemple le plus important de taxation porte sur l’achat de voitures neuves. Si
vous achetez une voiture électrique productrice d’externalités positives, alors vous
toucherez une subvention ; à l’inverse, vous payerez une taxe si votre véhicule est
responsable d’externalités négatives.
En proposant une définition de la notion d’inégalité, pourriez-vous
préciser le sens de la question posée en ouverture de votre conclusion ?
Une inégalité est une différence qui crée des hiérarchies dans l’accès aux res-
sources valorisées. Avec la dégradation de l’environnement, les ressources valori-
sées seront les ressources rares, comme l’eau.

3 . É C H A N G E S U R L E P ROJ E T D ’ O R I E N TAT I O N ( 5 m i n )
Comment avez-vous choisi le sujet de votre exposé ? Celui-ci est-il en lien
avec votre projet d’orientation ?
• C’est l’actualité qui a motivé mon choix. La crise du Covid-19 est impression-
nante, mais ses conséquences sur l’environnement, importantes et rapides, m’ont
vraiment marqué, d’autant plus que les effets ont été visibles autour de moi.
• Professionnellement, j’ai l’ambition de
faire carrière dans l’environnement. Ce serait À NOTER
­l’occasion d’allier une passion et une implica- Les choix de métiers sont multiples,
mais préférez un métier en lien direct
tion citoyenne. J’envisage des formations du
avec les exemples mobilisés dans
type Master 2 dans une filière économique votre présentation et renseignez‑vous
pour travailler, par exemple, dans la promo- précisément sur les réalités
tion des énergies vertes. de ce métier (formation, salaire…).

310
Les méthodes
de l’épreuve écrite

Annexe 311
57 Mobilisation des connaissances
En bref La mobilisation des connaissances est la première partie de
l’épreuve composée. Elle est constituée d’une question notée sur 4 points.

I Quels sont l’objectif de l’exercice


et les pièges à éviter ?
Répondez à la question en faisant appel à vos connaissances personnelles.
Soyez précis dans l’utilisation du vocabulaire car vous devez montrer non seule­
ment que vous avez des connaissances mais également que vous les maîtrisez.
Un piège à éviter est de vouloir absolument montrer ses connaissances sans tenir
compte de la question posée. Ne développez pas ce que vous avez appris en cours, mais
faites appel à vos connaissances dans le cadre défini par la question.

II Comment se préparer à la mobilisation


des connaissances ?
Préparez­vous tout au long de l’année et privilégiez un travail régulier.
Mémorisez vos cours au fur et à mesure, compte tenu du volume des connais­
sances à acquérir. À cet égard, il est utile de réaliser des fiches de synthèse com­
prenant, pour chaque chapitre, le plan détaillé, les définitions des notions clés,
le rappel des mécanismes essentiels (sous la forme de schémas d’implication par
exemple) et les informations principales.

LES ÉTAPES CLÉS


Répondre à une question de mobilisation des connaissances
Étape 1 Définir les mots clés
◗ Pour répondre à la question, commencez par l’analyser : définissez les termes
importants et relisez attentivement la formulation.
◗ Si ce travail d’analyse n’est pas fait, vous risquez de développer des argu­
ments qui ne permettent pas de répondre à la question posée et donc d’être
hors sujet, ce qui peut être lourdement pénalisé.
Étape 2 Structurer la réponse
◗ Introduisez votre réponse en définissant précisément les termes du sujet.
◗ Organisez votre développement en deux ou trois paragraphes composés
chacun d’une idée.
◗ En conclusion, synthétisez l’essentiel de votre réponse.

312
FICHES MÉTHODE

58 Étude d’un document


En bref Le document étudié dans la deuxième partie de l’épreuve
composée est de nature statistique (graphique, tableau, carte, radar,
texte…). Il donne lieu à deux questions notées sur 6 points.

I Quels sont les objectifs de l’exercice


et les pièges à éviter ?
Adoptez une démarche méthodologique de collecte et de traitement de l’in­
formation.
• La première question vise à évaluer votre capacité à lire et à comprendre un
document, en vous appuyant éventuellement sur un calcul.
• La seconde question vous demande d’exploiter le document en mobilisant si
besoin vos connaissances. Ne relevez pas tous les aspects du document, mais pré­
levez uniquement les informations susceptibles de répondre aux questions posées.
Il est impératif de vous appuyer sur des données du document et de les citer.

II Comment se préparer à l’étude d’un document ?


Tout au long de l’année, travaillez sur les savoir-faire applicables aux données
quantitatives et aux représentations graphiques qui sont indispensables à l’ana­
lyse des documents statistiques.

LES ÉTAPES CLÉS


Étudier un document
Étape 1 Définir les mots clés
Ce travail d’analyse des notions est indispensable pour éviter le hors sujet.
Étape 2 Comprendre le document
◗ Vous devez d’abord préciser les unités qui peuvent être des valeurs absolues
(milliers, millions) ou des valeurs relatives (pourcentages, indices…).
◗ Il peut être nécessaire de faire des calculs simples.
◗La règle pour étudier des données statistiques est d’aller du général (l’en­
semble ou les dates extrêmes) vers le particulier.
Étape 3 Structurer la réponse à la seconde question
◗ Présentez rapidement la question et l’information apportée par le docu­
ment. Pour interpréter le document en fonction de la question posée,
appuyez­vous sur les données appropriées et si besoin sur vos connaissances.
◗ En conclusion, résumez votre réponse en une phrase ou deux.

Les méthodes de l’épreuve écrite 313


59 Raisonnement s’appuyant
sur un dossier documentaire
En bref Le raisonnement est la troisième et dernière partie de l’épreuve
composée (10 points). Le libellé du sujet vous invite à développer un
raisonnement, à rassembler et mettre en ordre des informations per-
tinentes issues du dossier documentaire (2 ou 3 documents de nature
différente) et de vos connaissances personnelles.


I Quels sont les objectifs du raisonnement ?
Vous devez traiter le sujet :
À NOTER
– en développant un raisonnement ;
La clarté de l’expression et le soin
– en exploitant les documents du dossier ; apporté à la présentation
– en faisant appel à vos connaissances person- comptent aussi dans la note.
nelles ;
– en composant une introduction (analyse du sujet), un développement
(2 à 3 paragraphes argumentés s’appuyant sur tous les documents fournis et
vos connaissances), une conclusion (synthèse de vos arguments). Votre réponse
rédigée doit donc être structurée sans pour autant faire l’objet d’une dissertation.

II 
Comment bien utiliser le dossier documentaire ?
Le dossier documentaire est là pour vous aider à construire votre argumen­
tation. Ne pas prendre en compte un document vous pénalisera. Mais un devoir
qui se limiterait aux seuls documents serait insuffisant. Il faut donc analyser le
dossier documentaire en mobilisant vos connaissances.
Pour chaque document, posez-vous les questions suivantes :
– Quelles sont la nature et la source du document ?
– Quelles informations le document apporte-t‑il ?
– Comment puis-je approfondir le document à l’aide de mes connaissances ?
– Quels liens puis-je établir avec le sujet ?
– Quels liens puis-je établir entre ce document et les autres documents ?
Se ­complètent-ils ou s’opposent-ils ?

III Comment se préparer au raisonnement ?


Tout au long de l’année, travaillez la maîtrise des méthodes (étude d’un docu­
ment, construction d’un raisonnement, rédaction d’un paragraphe argumenté).
Revoyez également les corrigés des évaluations donnés par votre professeur et
refaites-les si nécessaire.

314
FICHES MÉTHODE

LES ÉTAPES CLÉS


Construire un raisonnement
Étape 1 Analyser les termes du sujet et mobiliser ses connaissances
◗ Repérez les notions du sujet et définissez­les au brouillon.
◗ Faites appel à vos connaissances en sélectionnant celles utiles pour comprendre
le phénomène analysé.
Étape 2 Exploiter les documents
◗ Identifiez les documents : nature, source, date…
◗ Efforcez­vous de comprendre les informations apportées par les documents
et de les mettre en relation.
◗ Relevez, pour chaque document, les éléments utiles pour traiter le sujet.
◗ Mobilisez vos connaissances pour y apporter des éléments d’explication.
Étape 3 Définir les arguments
◗ Regroupez les éléments (informations tirées des documents, connais­
sances …) par thème. Classez­les selon une progression logique afin de
construire un raisonnement en deux ou trois arguments.
◗ Vous devez construire une démonstration organisée en plusieurs paragraphes
structurés (un paragraphe par argument). Chacun de ces paragraphes peut
être construit suivant le principe « AEI ».

Formuler une affirmation (A)


L’affirmation doit répondre
à la question posée par le sujet.

Expliquer en mobilisant les connaissances (E)


Rédiger un paragraphe Il faut faire appel à des notions, des faits,
argumenté (AEI) des mécanismes qui permettent de justifier
l’affirmation.

Illustrer à l’aide d’un exemple (I)


Une donnée ou un exemple factuel tiré
des documents proposés ou
de vos connaissances.

Les méthodes de l’épreuve écrite 315


60 Dissertation s’appuyant
sur un dossier documentaire
En bref L’épreuve de dissertation consiste à répondre à la question en
utilisant 3 ou 4 documents de nature strictement factuelle, dont un
texte au plus.


I Quels sont les objectifs de la dissertation ?
Il vous est demandé :
– de répondre à la question posée par le sujet ;
– de construire une argumentation à partir d’une problématique que vous aurez
élaborée ;
– de mobiliser des connaissances et des informations pertinentes pour traiter le
sujet, notamment celles figurant dans le dossier ;
– de rédiger, en utilisant le vocabulaire spécifique et approprié à la question, un
développement cohérent en ménageant l’équilibre des parties.

II 
Comment structurer la dissertation ?
L’introduction comporte cinq phases :
– une accroche pour montrer l’actualité et la pertinence du sujet ;
– la définition des termes importants du sujet ;
– la définition du cadre spatio-temporel ;
– la reformulation du sujet qui l’explicite et la présentation de la problématique ;
– l’annonce du plan dans laquelle vous précisez les grandes parties de votre argu­
mentation (trois au maximum).
Composé de deux ou trois parties, le développement constitue le « corps »
de votre dissertation. Il repose sur le plan que vous avez préalablement élaboré.
Chaque partie doit se structurer autour de
trois temps : CONSEILS
– une introduction partielle présentant l’idée Prévoyez une transition qui permet
directrice de la partie ainsi que les deux ou de passer logiquement d’une partie
à l’autre. La transition peut faire
trois sous-parties que vous développerez ;
partie de la conclusion partielle ou
– des sous-parties : un paragraphe pour chaque bien constituer un paragraphe à part.
sous-partie ;
– une conclusion partielle synthétisant l’idée directrice de la partie.
La conclusion comporte deux phases :
– un bilan de l’argumentation reprenant les grandes idées de chaque partie et
apportant une réponse à la problématique ;
– une ouverture vers d’autres questions en lien avec le sujet.

316
FICHES MÉTHODE

LES ÉTAPES CLÉS


Construire une dissertation
Étape 1 Analyser la consigne et dégager une problématique
◗ Pour analyser le sujet, définissez d’abord les termes. Relisez attentivement
la formulation du sujet. Que vous demande­t­on ? De présenter un phéno­
mène ou de discuter une affirmation ?
◗ Dégagez une problématique à laquelle le développement doit répondre.
Cette problématique est le résultat de l’analyse du sujet et doit bien prendre
en compte les différents questionnements qu’il pose.
◗ Reformulez le sujet (éventuellement sous la forme d’une question) en
l’explicitant et définissez ensuite votre problématique qui présente les deux
ou trois axes de votre démonstration.
Étape 2 Exploiter les documents
◗ Comme pour le raisonnement sur dossier documentaire, identifiez les
documents puis analysez les informations apportées et expliquez­les à l’aide
de vos connaissances.
◗ Rattachez les informations extraites des documents aux différents axes de
la problématique et mobilisez les connaissances complémentaires.
Étape 3 Définir le plan
◗ Après avoir analysé le sujet, étudié le dossier documentaire et mobilisé vos
connaissances, vous disposez d’un ensemble d’arguments qu’il faut mainte­
nant ordonner en élaborant un plan.
◗ Fixez­vous un objectif (la réponse au sujet), puis cherchez les moyens dont
vous disposez pour l’atteindre. L’exposé de ces moyens constitue la trame de
votre dissertation, c’est­à­dire votre plan.
◗ Organisez votre réponse en deux ou trois
CONSEILS
parties (les axes de la problématique),
L’introduction et la conclusion
puis définissez l’organisation interne de constituent deux moments forts
chaque partie en deux ou trois sous­par­ de votre devoir (prise de contact,
ties. Il est essentiel de vérifier la cohérence dernière impression) qu’il faut soigner
de votre argumentation et de vous assurer tout particulièrement en les rédigeant
une première fois au brouillon.
qu’elle réponde bien au sujet posé.

Les méthodes de l’épreuve écrite 317


CORRIGÉS DES TESTS
1 Les sources et les défis de la croissance économique P. 10‑11

1 1. c • 2. a. Vrai ; b. Vrai ; c. Vrai ; 4 a. Faux ; b. Faux ; c. Vrai ; d. Vrai.


d. Vrai. 3. c. 5 1. b • 2. a. capitaux non
2 1. a et b • 2. moteur – majeures – substituables – le progrès technique
mineures – grappes – expansion. compense la dégradation du capital
3 1. a • 2. droits de propriété – naturel ; b. capitaux substituables
monopole – protègent – incitent – – le capital naturel doit être préservé.
investir – institutions.

2 L es fondements du commerce international


et de l’internationalisation de la production P. 36‑37

1 1. a, b et c • 2. a. David Ricardo – 4 1. a, b et c • 2. a. transfert d’une


modèle HOS ; b. modèle HOS ; activité à l’étranger ; b. investissement
c. Raymond Vernon. à l’étranger ; c. sous-traitance.
2 1. b et c. • 2. a. Vrai ; b. Vrai ; c. Vrai 5 1. a • 2. protectionnisme
3. b et c. – concurrence – hausse – normes.
3 prix – hors-prix – productivité –
travail – infrastructures.

3 La lutte contre le chômage P. 62‑63

1 1. a. • 2. a. Vrai ; b. Faux ; c. Faux ; 4 1. b. • 2. a. baisse des taux


d. Faux. d’intérêt ; b. baisse des charges
2 1. b • 2. frictionnel – imparfaite – sociales ; c. recours facilité aux heures
coûts – mobiles • 3. a, b et c. supplémentaires – assouplissement
des règles de licenciement.
3 1. c • 2. demande – ralentissement –
conjoncturel – débouchés – production
– emploi • 3. a. Vrai ; b. Vrai ; c. Vrai ;
d. Faux.

4 L es crises financières et la régulation


du système financier P. 84‑85
1 1. b • 2. a. Faux ; b. Vrai ; c. Vrai ; 3 1. a. Vrai ; b. Faux ; c. Faux
d. Vrai. 2. crédit – titres – systémique.
2 1. a • 2. bulle spéculative – réelle – 4 a. Faux ; b. Vrai ; c. Vrai ; d. Faux.
financier – endettement – taux d’intérêt 5 1. b. • 2. Bâle – solvabilité –
3. a. décisions des investisseurs information – bancaire.
influencées par celles d’autres
investisseurs ; b. baisse brutale
du prix d’un actif.

318
CORRIGÉS DES TESTS

5 Les politiques économiques dans le cadre européen P. 110‑111

1 1. a • 2. a. Vrai ; b. Faux ; c. Vrai ; c. activité d’intérêt général assurée


d. Vrai. par les pouvoirs publics.
2 1. a • 2. a. fait de profiter de sa 3 1. b • 2. directeur – monétaire –
position de leader sur le marché ; crédit – publiques – l’endettement
b. entreprises pouvant faire face 3. a.
à la concurrence internationale ; 4 1. c • 2. a. Vrai ; b. Faux ; c. Vrai • 3. a.

6 La structure de la société française actuelle P. 134‑135

1 1. a, b et c • 2. a. Faux ; b. Vrai ; 3 1. a. K. Marx ; b. M. Weber • 2. a et b


c. Faux. 3. a. Vrai ; b. Vrai ; c. Faux.
2 1. b • 2. a. Faux ; b. Faux ; c. Vrai. 4 classes sociales – moyennisation –
inter-classes – augmentent – intra-
classes – sentiment d’appartenance.

7 L ’action de l’École sur les destins individuels


et sur l’évolution de la société P. 156‑157
1 1. a, b et c • 2. a. 1747 ; 3 1. c. • 2. a. • 3. a. Vrai ; b. Vrai ;
b. 1881‑1882 ; c. 1975 • 3. c. c. Vrai ; d. Faux • 4. socialisation
2 1. c • 2. a et b • 3. a. Vrai ; b. Faux ; – Pierre Bourdieu – capital culturel
c. Vrai ; d. Vrai • 4. a et b. – enseignants – prestigieuses.

8 L es caractéristiques contemporaines
et les facteurs de la mobilité sociale P. 178‑179

1 1. a • 2. a. Faux ; b. Vrai ; c. Vrai ; 3 1. b et c. • 2. accrue – hommes –


d. Faux. femmes – augmente – ascendante –
2 1. c. • 2. tables – descendante • 3. a. Vrai ; b. Vrai ;
intergénérationnelle – position c. Vrai.
sociale – père ou mère – l’immobilité 4 1. c. • 2. a. Faux ; b. Vrai ; c. Vrai
– fluidité sociale • 3. Limite : a ; b et d. • et faux • 3. a. Bourdieu ; b. Boudon ;
Intérêt : c. c. Bourdieu.

9 Les mutations du travail et de l’emploi P. 202‑203

1 1. b • 2. atypiques – indéterminée – 3 1. a et b • 2. a. Faux ; b. Faux ;


partiel – déterminée • 3. a et b. c. Vrai ; d. Vrai • 3. a.
2 1. a et b • 2. a. mode de gestion 4 1. a, b et c • 2. a. Vrai ; b. Faux ;
valorisant l’implication des salariés ; c. Faux ; d. Vrai.
b. spécialisation des travailleurs par
poste de travail ; c. séparation de la
conception et de l’exécution des tâches.
319
CORRIGÉS DES TESTS
10 L’engagement politique dans les sociétés démocratiques P. 228‑229

1 1. a, b et c • 2. a. Faux ; b. Vrai ; 3 1. a • 2. a. Vrai ; b. Faux ; c. Vrai


c. Faux ; d. Vrai • 3. b et c • 4. a, b et c. et faux ; d. Faux • 3. partis politiques
2 1. a et c • 2. a. rétribution – syndicalisation – baisser – acteurs –
symbolique ; b. opportunité politique ; engagement/action collective • 4. b.
c. incitation sélective • 3. jeunes – l’âge
– protestataire – faible • 4. a.

11 D
 es inégalités compatibles avec les différentes conceptions
de la justice sociale ? P. 250‑251
1 1. c. • 2. a. Vrai ; b. Vrai ; c. Faux ; c. situations similaires en termes
d. Vrai. de ressources socio-économiques
2 1. a et b. • 2. a et b. 2. b et c.
3 1. a et c. • 2. a. Vrai ; b. Faux ; 5 1. prélèvements – protection –
c. Faux ; d. Faux. discriminations • 2. a.
4 1. a. position identique par rapport
à la loi ; b. mêmes probabilités
d’accès aux positions sociales ;

12 L’action publique pour l’environnement P. 274‑275

1 1. a et b • 2. conflits – agenda 3 1. a et c • 2. a et b • 3. a et b
politique – coopération. 4. a. Vrai ; b. Faux ; c. Vrai ; d. Vrai.
2 1. a et c • 2. a. interdire ou imposer 4 1. a et c • 2. b • 3. a. Vrai ; b. Vrai ;
les externalités ; b. internaliser c. Faux ; d. Faux.
les externalités ; c. utiliser des droits
de propriété.
Croissance et échanges internationaux

Le progrès technique, moteur de la croissance

Innovations

Innovations Innovations Phénomène


majeures / mineures
de produit
+ majeures / mineures
de procédé
de destruction
créatrice

Progrès technique et croissance endogène


Externalités
Investissements positives
Progrès Croissance
en recherche
technique économique
et développement Hausse
de la PGF

La participation moyenne à la CVM1 et les droits de douane2

50 6
48 Participation moyenne à 5,7
la chaîne de valeur mondiale
46 5,4
44 5,1
42 4,8
40 4,5
38 4,2
36 3,9
34 3,6
32 3,3
30 Droits de douane moyens (éch. dr.) 3
19 5
96

19 7
98

20 9
00

20 1
02

20 3
04

20 5
06

20 7
08

20 9
20 0
20 1
12

20 3
14
15
0

1
9

0
0

1
9

0
9

0
1

20

20
20
19
19

20
20
19

20

20

1. La participation moyenne à la chaîne de valeur mondiale représente la part des CVM dans
les exportations mondiales (échelle de gauche, en %).
2. Les droits de douane portent sur les secteurs agricole, minier et manufacturier (échelle
de droite, en %).
Source : OCDE, Banque mondiale, calculs des services du FMI.
Travail, emploi, chômage

Le chômage classique : salaire minimum


supérieur au salaire d’équilibre
Taux de salaire réel

Offre
Smin de travail

E*
(w/p)*

Demande
Chômage
de travail

QD Q* QO Quantité
de travail
Smin : salaire minimum
(w/p)* : salaire d’équilibre

Des frontières plus floues entre emploi, chômage et inactivité


Population active

Actifs occupés Chômeurs Inactifs


sous-
emploi Halo

Population sans emploi

Le rôle du travail et de l’emploi dans l’intégration sociale

● Stigmatisation
Exclusion sociale

Chômage ● Perte de revenu


Intégration

● Reconnaissance persistant ● Affaiblissement

sociale et sentiment des liens sociaux


d’utilité
● Relations sociales

● Source de revenu
● Travailleurs pauvres
● Protection sociale
Précarisation ● Polarisation de la qualité
des emplois des emplois
● Aggravation

des inégalités
Crises financières et politiques économiques
dans le cadre européen
La transmission d’une crise financière à l’économie réelle
Crédits en baisse

Baisse de l’investissement Baisse


Hausse des taux d’intérêt et de la de la Chômage
consommation production

Effets de richesse négatifs

La construction européenne et la zone euro

En juin 2016, le Royaume-Uni décide de quitter l’Union européenne. Le Brexit


est effectif depuis le 31 janvier 2020. Depuis, l’UE regroupe 27 pays.

L’intégration européenne
Mise
Traités Marché Traité en circulation
CECA de Rome unique de Maastricht PSC de l’euro

1951 1957 1986 1992 1997 2002


• CEE : – Monnaie unique
– Union douanière – BCE
– Marché commun – Critères
• Euratom de convergence
Structure sociale et destins individuels

Les CSP des personnes en emploi de 1982 à 2018

en %
35

30 Employés

25 Ouvriers

20
Professions intermédiaires
15 Cadres et professions intellectuelles
supérieures
10 Artisans, commerçants et chefs d’entreprise
5
Agriculteurs exploitants
0
1982 84 86 88 90 92 94 96 98 2000 02 04 06 08 10 12 14 16 2018

Source : Insee Références, édition 2019.

La part des femmes en % dans l’enseignement supérieur (2017)

Formations paramédicales et sociales 85


Universités - Langues, lettres, sciences humaines 70
Universités - Médecine, odontologie, pharmacie 64
Universités - Droit, économie, AES 60
Ensemble universités (filières générales et de santé) 58
Ensemble étudiants 55
Écoles de commerce, gestion et comptabilité 51
STS et assimilés 49
CPGE 43
Préparation DUT 40
Universités - Sciences, Staps 37
Formations d’ingénieurs 27

Champ : France métropolitaine + DOM. Source : MESRI-SIES.


Engagement et action collective

Les moyens d’expression jugés les plus efficaces


de l’engagement politique des citoyens (2009‑2018)
70 % 67 %
65 % 63 %
61 % 61 % 62 % 61 % Voter aux élections
60 %
60 % 58 %
55 %
Manifester
dans la rue
50 %
43 % 42 % Boycotter
41 % 39 % des entreprises
40 % 38 % ou des produits
35 % 35 % 35 %
32 % 32 % 30 % 31 % 37 %
30 %
30 % 26 % 26 % 27 % Faire grève
23 % 29 % 29 %
27 % 21 % 27 %
20 % 19 % Militer
20 % 23 % 22 % dans un parti politique
20 % 21 %
12 % 19 %
11 %
10 % 8 % 9% 8% 8% 8% Discuter sur Internet,
7% 7%
6% 6% sur un blog
4% 7% 8% ou un forum
7% 6% 5%
0% 4% 4% 3%
Vague 6b, réalisée
Décembre Décembre Décembre Décembre Décembre Février Décembre Décembre Décembre Décembre suite aux attentats
2009 2010 2012 2013 2014 2015 2015 2016 2017 2018 de janvier 2015

Source : Baromètre de la confiance politique, vague 10, CEVIPOF, janvier 2019.

Les taux d’adhésion à des associations en 2013 (en %)


Ensemble 42
Sexe Hommes 44 CSP Agriculteurs 48
Femmes 40 Artisans, commerçants 37
Âge 16-24 ans 36 Cadres 60
25-39 ans 41 Professions intermédiaires 52
40-49 ans 43 Employés 37
50-64 ans 44 Ouvriers 32
65 ans ou plus 43 Autres inactifs 37
Niveau Niveau 1er quartile
Aucun diplôme 22 29
de diplôme de vie (les plus modestes)
Inférieur au bac 36 2e quartile 39
Bac 45 3e quartile 45
Supérieur au bac 56 4e quartile (les plus aisés) 55

Source : Insee Première n° 1580, 30 ans de vie associative, 2016.


L’action publique face aux inégalités
et au changement climatique
La distribution du niveau de vie1 en 2014 et du patrimoine
en 2015 en France
Part cumulée détenue (en %)
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Part cumulée de la population (en %)
Niveau de vie (2014) Patrimoine (2015)

1. Revenu disponible d’un ménage en tenant compte de sa composition.

Source : Insee 2016.

La répartition régionale des émissions


de gaz à effet de serre (GES) en 2017

7%

47 % Chine : 30 %
17 %
UE : 10 %

18 %
USA : 15 %

Asie Amérique du Nord


Europe et Russie Moyen-Orient
Amérique Centrale et du Sud (4 %) Afrique ( 3 %)
Océanie (1 %) Autre (3,1 %)

Source : COP 23.


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