Com 149117
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Table de matière
PREAMBULE
I. Le contexte général
2.1 La justification
2.2 Les principes
2.3 Les objectifs de la politique forestière
2.4 La stratégie de la politique forestière
2
Liste des abréviations utilisées
BM Banque Mondiale
CI Consultant international
CNDD Conseil national de coordination du développement durable
CNDRS Centre national de documentation et de recherche scientifique
CNP Coordonnateur National du projet
DNEF Direction National de l’Environnement et des Forêts
FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
IFN Inventaire Forestier National
MAPE Ministère de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Environnement
ONG Organisation non gouvernementale
PAE Programme d’action environnemental
PFNL Produit Forestier Non Ligneux
PIB Produit intérieur brut
PNUD Programme des Nations Unies sur le développement
PNUE Programme des Nations Unies pour l’Environnement
SIG Système d’information géographique
UC Université des Comores
3
REMERCIEMENTS
_______________________________
Les consultants nationaux MM. Ahmed Abdallah, Aboubacar Allaoui, Ben Abdou Zaki et
Halledi Ben Ali ont assisté le projet à définir l’approche à suivre, à déterminer les
orientations politiques et les choix stratégiques et à formuler la nouvelle politique et stratégie.
Mmes A. Branthomme, E. Morgera, MM. M. Saket, Y. Dubé et E. Rametsteiner du siège de
la FAO ont apporté un appui précieux par leurs expériences, conseils et suggestions.
Enfin, le Consultant international M. Hedi Hadri a assisté le projet et le CNP à organiser et
conduire les ateliers, synthétisé les résultats de ces ateliers, supervisé les consultants
nationaux dans l’accomplissement de leurs tâches leurs tâches, et a enfin finalisé les Enoncés
de la Politique forestières de l’Union des Comores.
A toutes ces personnes, ainsi qu’à d’autres qui ne sont pas citées ici, qui d’une façon ou d’une
autre ont contribué au processus de développement de la politique forestière, et plus
particulièrement à la FAO, le Gouvernement de l’Union des Comores adresse un vif
remerciement pour le travail précieux accompli et pour leur contribution au développement du
Secteur Forestier.
4
PRÉAMBULE
Les Comores sont richement dotées de ressources naturelles vitales pour le développement du
pays et la prospérité future des citoyens. La forêt a toujours fourni du bois de haute valeur
pour la construction des cases, des pirogues, tandis que le bois d’énergie, les plantes
médicinales et aromatiques et d'autres produits naturels ont contribué significativement au
bien-être de la majorité des Comoriens. La production de l’Ylang Ylang a fait de ce pays le
premier producteur mondiale de l’huile essentielle de cette plante. Malheureusement,
l'exploitation abusive des forêts, pour satisfaire les besoins socio-économiques du pays, a
abouti à l’appauvrissement de ses ressources et à la destruction de l’habitat de la faune et de la
flore, aussi bien que l'épuisement des ressources en eau et en sol et la dégradation de
l’environnement. Cela a été en raison de la pression toujours croissante de la population qui
ne cesse d’augmenter rapidement, résultant à l’envahissement des forêts à des fins agricoles,
l’exploitation illicite du bois d’œuvre facilitée par l’introduction des tronçonneuses
mécaniques et la collecte de bois d’énergie.
5
I. LE CONTEXTE GENERAL
La population des Comores s’élève 819.000 habitants et croit, selon le recensement de 2006,
au rythme de 2,7 pour cent par an. La population comorienne est relativement jeune (46 pour
cent a moins de 1 5 ans). Le taux de fécondité a cependant baissé de 1991 à 2009 en passant
de 7 enfants par femme à 4,84. Les projections annoncent plus de 1.500.000 personnes pour
2050 ce qui donnerait une densité de 862 hab./km²1.
La densité démographique moyenne de 400 habitants au Km2 fait des Comores l’un des pays
les plus densément peuplé d’Afrique. Cette moyenne cache cependant des écarts
considérables entre Anjouan (429 habitants au Km2), la Grande Comores (243 habitants au
Km2) et Mohéli (109 habitants au Km2). Les deux tiers de la population vit en milieu rural,
mais l’urbanisation progresse au rythme de 6,5 % par an.
Les migrations externes ont favorisé l’émergence d’une diaspora comorienne forte de 200.000
personnes en France (60.000) et dans les autres pays africains. Les transferts familiaux de ces
émigrés interviennent largement dans la survie de la quasi-totalité des foyers ruraux2.
Le PNB par habitant est estimé à 640 U.S dollars en 2006. Les activités agricoles contribuent
pour 25 % au PIB, occupent 70 % de la population et procurent 90 % des recettes
d’exportation.
Depuis leur accession à l’indépendance le 6 juillet 1975, les Comores ont connu une histoire
agitée, marquée par plusieurs coups d’Etat et tentatives de prise du pouvoir par la force. C’est
en 1997 que les crises politiques atteignent leur paroxysme avec la sécession de l’île
d’Anjouan, qui a menacé l’existence même des Comores en tant qu’Etat nation. Avec l’appui
de la communauté internationale, un processus de réconciliation nationale a été amorcé avec
la signature des accords de Fomboni en février 2001 et en décembre de la même année, le
pays a approuvé par référendum une nouvelle constitution créant l’Union des Comores.
L’Union et chacune des trois îles –Grande Comore, Anjouan et Mohéli- ont leur constitution,
leur parlement, leur Président et leur Gouvernement.
Ce n’est toutefois qu’en février 2005, après bien des tensions politiques, que les lois
organiques sur le partage des compétences entre l’Union et les îles autonomes ont finalement
été adoptées. Dans ce processus, la décentralisation fiscale a été considérée comme l'un des
piliers de la réconciliation nationale.
Ce dispositif a toutefois provoqué des tensions récurrentes entre l'Union et les îles autonomes
qui perdurent encore aujourd’hui. Par ailleurs, un manque d’information entre les services
financiers des différentes entités et des retards multiples dans les versements des cotes parts
des îles autonomes contribuent à l’opacité du système et aux difficultés de gestion financière
de l’Union.
1
Evaluation nationale du programme national de Barbade, Ministère du Plan de l’Union des Comores
2
The World Factbook, CIA (2009)
6
En 2007, les conflits financiers ont débordé sur la sphère politique à l’occasion des élections
présidentielles, prévues constitutionnellement, dans les trois îles autonomes et des violences
ont éclaté à Anjouan. Le 10 juin 2007, à la suite d’élections dont la tenue et la validité ont été
contestées par l’Union des Comores et l’Union Africaine, le Président d’Anjouan a été réélu.
Un bras de fer s’est alors engagé entre les parties et les autorités de l’Union qui ont demandé à
l’Union Africaine d’intervenir militairement, si nécessaire, pour rétablir l’ordre. En 2008 des
élections ont eu lieu dans l’île autonome d’Anjouan et la stabilité politique est de nouveau
retrouvée.
Depuis de nombreuses années, l’économie des Comores est confrontée à une croissance
économique lente. Selon le dernier Rapport sur le développement dans le monde, au taux de
change courant, le revenu per capita se situe à 640 dollars, un montant supérieur toutefois à
celui de beaucoup de pays africains au sud du Sahara. Le taux d’investissement intérieur brut
est très faible : alors qu’en 1980, il s’établissait à plus de 30% du PIB, il est passé sous la
barre des 20% pendant les années 1990, pour se stabiliser aux alentours de 10% pour la
période 2004-2005. L’investissement étranger est sans relation avec les potentialités du pays,
notamment dans les secteurs de la pêche et du tourisme.
Sur le front des prix, le niveau de l’inflation tend à être légèrement supérieur à celui observé
dans les autres pays de la zone franc, généralement au dessus de la cible normative de 3%
retenue par la Banque Centrale et le Gouvernement.
L’activité économique est atone, au mieux 3% de croissance sur les dix dernières années. La
croissance de 2006, initialement projetée à 3,3%, a été revue en baisse et ne devrait pas
dépasser 1,2%. Il est difficile de décomposer cette croissance pour en distinguer les véritables
moteurs. Le rapport annuel de la Banque Centrale fait état de performances sensiblement
égales entre tous les secteurs sur la période 2003-2005.
L’agriculture est caractérisée par des techniques qui ont peu évolué au cours des trente
dernières années et la quasi-absence d’intrants de production. L’exploitation agricole est
familiale, de petite taille, souvent inférieure à un hectare, témoignage de la forte pression
humaine sur les sols. Sur une même exploitation, on trouve généralement des cultures
vivrières et de rente, ainsi que quelques animaux. Les rendements sont faibles, sans doute en
raison de l’appauvrissement des sols et l’incertitude juridique qui freine l’investissement et la
mise en valeur.
3
Ylang ylang Cananga odora var. marcrophylla est un arbre introduit des Philippines en 1909 qui produit des
fleurs pour la production d’huile essentiel.
7
Il existe une spécialisation agricole de facto entre les îles : la Grande Comore est la source
principale de la vanille produite dans l’archipel tandis qu’Anjouan domine largement la
production d’ylang ylang et de girofle, Mohéli ravitaille les autres îles en produits vivriers.
La production d’essence d’ylang ylang a connu une baisse qui s’est stabilisée ces dernières
années. Néanmoins, les Comores restent toujours le premier producteur au monde, mais la
production demeure entravée par la vétusté des installations de distillation occasionnant des
déboisements de volumes de bois de plus en plus importants ainsi que la concurrence des
essences synthétiques.
Le secteur manufacturier stricto sensu est handicapé par l’étroitesse du marché intérieur. Le
secteur du bâtiment et des travaux publics contribue pour un peu plus de 6% au PIB, activité
principalement orientée vers le concassage des laves et la construction immobilière.
La manifestation de la pauvreté aux Comores est relativement récente et semble avoir pris sa
source au milieu des années 80. La population s’appauvrit de jour en jour, si l’on se réfère à
l’évolution du revenu réel par tête d’habitant. Celui ci continue de baisser de façon régulière
depuis 1985 de l’ordre de 1 à 2% par an.4
Dans son rapport sur le développement humain de 2006, sur la base de l’indice du
développement humain (IDH), qui atteint 0,556, le PNUD classe les Comores au 132ième rang
sur les 177 pays pris en compte. Si on restreint la comparaison aux pays au sud du Sahara, les
Comores se classent au 8ième rang.
Malgré une importante aide extérieure, la croissance économique est restée sensiblement en
deçà de l’accroissement de la population (1,2% contre 2,7% par an). Une situation qui se
traduit, au niveau micro-économique, par une montée régulière de la pauvreté. L’enquête sur
la consommation des ménages de 1995 confirme cette détérioration du niveau de vie et l’on
estime à 51% le nombre des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté5.
4
Journée des économistes de l'ORSTOM sur le thème : "Les différentes approches de la pauvreté", paris 1998
5
PNUD et Gouvernement Comorien, 1997
8
La pauvreté est présente, à des degrés divers, dans toutes les îles et d'une manière très
contrastée d'un village à un autre. Elle sévit plus particulièrement dans le milieu rural où les
ménages sont généralement tributaires d'une seule activité qui est généralement l’agriculture.
L'île d’Anjouan est marquée par un faible niveau de développement humain, une forte densité
de la population, une forte incidence de la pauvreté, un taux de fécondité élevé et un taux
élevé de malnutrition chez les enfants. Les problèmes environnementaux sont
particulièrement sévères par suite de l’érosion des bassins versants en plus des problèmes
d’alimentation en eau potable, de tarissement des rivières et des sources et de la dégradation
des sols.
La Grande Comore bénéficie des revenus du secteur public, des secteurs formels et non
formels et des transferts importants de la forte communauté émigrée résidant en France
principalement.
Mohéli possède les avoirs ruraux et fonciers par habitant les plus élevés et reçoit un flux
migratoire important en provenance des autres îles.
Dans cette situation de survie, les communautés pauvres se tournent à défaut d’autres
préoccupations vers l’exploitation abusive des ressources forestières. De nombreux ménages
prélèvent illégalement des arbres en forêt pour les vendre sous forme de bois d’œuvre
(planches) ou encore sous forme de bois d’énergie pour les distillateurs des fleurs d’ylang
ylang. A Anjouan et en Grande Comore mais surtout à Mohéli, les déboisements entrainés par
l’activité de vente des ressources ligneuses sont actuellement amplifiés suite à l’introduction
des tronçonneuses à moteur qui permettent l’accélération de l’abattage des arbres surtout par
les clandestins.
9
1.5 Les forêts des Comores
Aux Comores, les forêts naturelles sont globalement localisées dans les zones d’altitude au
dessus de 1000 m. Elles couvriraient une superficie de 31.000 ha dans les trois îles en 1951,
soit environ 14 % de la superficie totale du pays. En 1983, elles seraient réduites à 12.375 ha
selon les chiffres avancés par Agrar (1987) sur la base des données des photos aériennes. En
1993, ces forêts ne couvrent plus que 8000 ha. Les estimations issues du rapport de la FAO
sur l'évaluation des ressources forestières mondiales (FRA 2000) montrent que la dégradation
se poursuit puisque la proportion des zones forestières par rapport au territoire national ne
couvre plus que 3,2% en 2000. Une étude de la Direction nationale de l'environnement
estime cette proportion à 2,8 % en 20056.
Anjouan est l’Île la plus touchée par la déforestation. La superficie de ce qui reste de forêt est
estimée à 2164 ha. Dans cette île, les ligneux n’occupent plus que les versants abrupts autour
des cuvettes, le long des profondes vallées, sur la crête centrale de l’île et sur le mont
Ntringui, Hamjantro, Belea et Trindrini (KoniDjojdjo).
La forêt naturelle est totalement envahie par les cultures vivrières sauf pour les zones
inaccessibles. Il ne subsiste plus guère que des lambeaux de forêts éparses en dehors des
pentes du Mont Ntringui ; la forêt de Moya par exemple est totalement occupée par
l’agriculture (banane, taro, vers système riz et maïs). L’impact de la dégradation consécutif à
la déforestation est particulièrement visible tel que l’assèchement des rivières, la diminution
de la fertilité des sols et la raréfaction du bois.
A Mohéli la forêt naturelle, évaluée à quelques 1070 ha, occupe les régions les plus hautes de
la crête centrale de Siri Ziroudani, Medjélé, MzéKoukoulé, Saint Antoine et de ses versants
exposés au sud qui surplombent Miringoni, Wallah, Nioumachoi. La zone directement au
nord de la crête est déjà exploitée sous forme de cultures sous forêt, essentiellement par les
Anjouanais mais aussi par des Moheliens qui cherchent à marquer leur titre de propriété.
La forêt de Moili, qui est aussi considérée comme le château d’eau de l’archipel, présente une
grande richesse d’espèces et de sous espèces endémiques non encore répertoriées ; on peut
toutefois citer le Khaya comorensis parmi les espèces les plus précieuses. En plus, cette forêt
naturelle constitue l’habitat de mammifères dont l’intérêt est reconnu mondialement, telle la
6
Sources : la Stratégie agricole, BDPA-SCETAGRI, 1991, FRA 2000 (FAO) Agrar (1987, sur base de
photographies aériennes de 1983), Ledant, Devillé
7
Legris, 1969; Deville, 1974; Morel et Fay, 1982; Le Berre, 1993; Ledant, 1993
10
roussette de Livingstone, le petit lémurien mongoz, mais aussi d’autres espèces menacées
pour leur chair tels les hérissons. Malheureusement, cette forêt est également condamnée à
disparaître à brève échéance en l’absence d’un contrôle effectif du processus actuel de
défriche par brûlis pour la mise en culture.
Dans les années 1955-60, il a été procédé à de vastes programmes de reboisement des
essences exotiques Eucalyptus sp. , Grewillea robusta, Casuarina equisetifolia, Cupressus
lambertiana, C. lusitanica notamment à Maoueni dans le massif de la Grille et le Karthala
(Grande Comore) et dans le Jimilimé (Anjouan). A l'heure actuelle, il resterait moins de 500
ha de plantations exploitables en Grande Comore, qui du fait de l'absence de plans de gestion
et d'exploitation sont elles-mêmes progressivement envahies par les cultures.
Aux Comores, les mangroves sont peu développées et occupent environ 108 ha (9 ha en
Grande Comore, 8 ha à Anjouan, et 91 ha à Mohéli). Les mangroves présentent un intérêt
économique (énergie et pêche) et écologique (frayères, nurseries, protection des côtes)
considérable. Elles sont dans un état de conservation satisfaisant et ne semblent pas être
menacées par l'exploitation qui reste faible pour le bois à cause de la prise de conscience des
populations et de leur intérêt dans la protection du littoral. Cependant, de sérieuses menaces
pèsent sur les mangroves à cause d’une faible régénération naturelle due aux infrastructures
mises en place comme les routes, les murets et l’extension des villages, et aux modifications
de l’environnement naturel par l’érosion côtière, la dégradation des récifs, l’extraction du
sable marin et la baisse des apports en eau douce et en sédiments.
Les villageois et les habitants périphériques des villes et les clandestins dans les trois Îles
continuent toujours à prélever des quantités importantes de bois de toute sorte. Il est difficile
d’estimer le volume de cette exploitation qui se passe dans un cadre strictement informel par
des scieurs de long souvent munis de tronçonneuses mécaniques.
Aujourd’hui, la disponibilité en bois de sciage est très faible au niveau des forêts naturelles.
Des espèces endémiques d’arbres sont devenues rares voire introuvables dans certaines forêts.
Selon une étude réalisée par la l’Union Européenne et la FAO, la production de bois en 1999
est de 8.650 m3 de bois d’œuvre, 16.000 m3 de bois de construction (perches), 1.800 m3 de
charbon de bois et 345.000 m3 de bois de feu8.
La pénurie de bois d’œuvre se fait déjà sentir dans le pays et d’importantes quantités de bois
sont importées à des prix très couteux pour combler le déficit. Les importations de
8
Commission Européenne, FAO : Collecte et analyse de données pour l’aménagement durable des forêts –
joindre les efforts nationaux et internationaux, Ambadi Issouf, 2000.
11
charpenterie, d'ouvrages de menuiserie, de madriers et de sciages ont augmenté nettement de
volume et ont été estimées à environ 350 million FC en 19889. En 1999, les Comores ont
importé 651 t de bois et ses dérivés tout confondu, selon les données qui résultent des
diverses enquêtes auprès de la population effectuées par la Direction du plan et les relevés des
services de la Douane10. Ceci permet d’estimer la valeur économique de la forêt et du revenu
éventuel d'une gestion forestière bien conduite.
Le bois d’énergie est collecté de manière spontanée dans les reliques de forêts, les
reboisements, les zones de cultures sous forêts et les zones de cultures arborées (notamment
des jacquiers, des cocotiers, des manguiers, des arbres à pain et des albizzias), les broussailles,
les arbustes sur les jachères et les bordures des routes. La biomasse ligneuse fournit l'essentiel
du combustible domestique et produit environ 78% de l'énergie totale consommée aux
Comores (combustible domestique). La consommation annuelle actuelle de bois de feu des
ménages est estimée à 168.500 m3 et celle des distilleries d’ylang-ylang à 55.000 m3
d'équivalent de bois rond, principalement à Anjouan avec 40.000 m3 (BDPA, 1991, Banque
Mondiale, 1993). Le bois d’énergie est également utilisé pour d’autres activités comme le
séchage du coprah, la carbonisation de la lime et la fabrication de chaux de corail.
En outre, la flore des Îles Comores riche en espèces joue un rôle très important dans la vie
quotidienne des comoriens et cela par l’existence de produits forestiers non ligneux (PFNL)
très variés; on peut citer les plantes aromatiques, médicinales, ornementales, ombrophiles, les
plantes halophytes des mangroves et les plantes xérophiles adaptées à la sécheresse comme le
baobab etc…
Les PFNL comme les feuilles, les fruits et racines comestibles de certains arbres, le gibier et
autres produits forestiers font nourrir des populations toutes catégories confondues dans les
campagnes des Comores. Parmi les différentes espèces d'alimentation tirées de la forêt, il y a
le sagoutier Cycas officinalis qui est fréquemment utilisé dans la cuisine locale.
9
BDPA SETAGRI, 1991
10
Ambadi Issoufou, 2000
11
Selon MweziNet, Encyclopédie des Comores, mise à jour en 2007
12
Bien que le secteur forestier soit générateur d’emploi et procurerait des revenus pour une
frange non négligeable de la population notamment les femmes. Aucune étude ne permet
aujourd’hui de dire avec exactitude l’importance de sa contribution à la résorption du
chômage et la réduction de la pauvreté aux Comores.
13
1.6 Les orientations politiques de l’environnement
Par ailleurs, l’Union des Comores a marqué une présence importante sur la scène
internationale par la ratification ou l’adhésion aux Conventions suivantes:
a) La Convention relative aux zones humides d'importance internationale comme habitats des
oiseaux d'eau (RAMSAR, 2 février 1971). Adhésion par la RFI des Comores en 1994
c) La Convention des Nations Unies sur le Droit de la mer, adoptée à Montego Bay le 10
Décembre 1982. Adhésion par la RFI des Comores en 1990.
d) Le protocole relatif à la coopération en matière de lutte contre la pollution des mers en cas
de situations critiques dans la région de l'Afrique Orientale (Nairobi, 21 Juin 1985).
e) Le protocole relatif aux zones protégées ainsi qu'à la faune et à la flore sauvages dans la
région de l'Afrique Orientale (Nairobi, 21 juin 1985).
h) La Convention sur les changements climatiques (4 juin 1992), Ratification par la RFI des
Comores en 1994
14
j) La Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification et les effets de la
sécheresse, ratifiée par la RFI des Comores en 1998
En dépit de tous ces efforts, le secteur forestier a encore du mal à jouer son rôle dans la
gestion des ressources naturelles et de l’environnement. Aussi, pour remédier désormais à cet
état de chose un processus d’élaboration de la politique et de la stratégie de développement
forestier a été lancé.
15
II. LA POLITIQUE FORESTIERE
2.1 Justification
L’Union des Comores se caractérise par une dégradation continue des ressources forestières et
de la biodiversité depuis plusieurs décades. Cette dégradation résulte d’un ensemble de
facteurs complexes dont les principaux sont la pauvreté, la forte croissance démographique
entraînant des pressions animales et humaines sur les ressources, la déforestation massive,
l’envahissement anarchique des forêts, le système de production inadapté.
Toutes les forêts naturelles sont la propriété de l’Etat qui a la responsabilité de leur gestion et
leur protection. Or les forêts aujourd’hui sont délaissées, sans politique forestière, ni stratégie
pour l’exploitation et la gestion durable des ressources forestières, ni une réglementation ou
législation adéquate pour leur protection.
La situation la plus préoccupante est que les populations, dont la majorité se trouve largement
en dessous du seuil de pauvreté, sont obligées souvent de détruire leur propre environnement
pour survivre. Dans les zones forestières où l’on note une forte croissance démographique en
raison du flux important de migrants et de « colons » agricoles, les pressions sont de plus en
plus fortes sur les terres et sont génératrices de conflits. Ces pressions auraient pu être limitées
si les populations venaient à être suffisamment sensibiliser, mobiliser et impliquer dans la
gestion des forêts.
Le diagnostic du secteur forestier a révélé les principales contraintes qui entravent aujourd’hui
le développement du secteur forestier. Elles sont au nombre de trois :
16
le secteur forestier doit faire face à une population rurale de plus en plus nombreuse,
pauvre et majoritairement en chômage ;
l’absence d’action de sensibilisation et de mobilisation des parties prenantes à la
gestion et la protection des ressources naturelles et des espèces végétales et animales
menacées d’extinction ;
le manque de sensibilisation des parties prenantes sur l’effet de la déforestation sur le
tarissement des rivières, l’érosion des sols, le changement climatique et la destruction
de l’habitat de la faune sauvage ;
le manque de sensibilisation sur l’importance de la biodiversité, les bienfaits et les
avantages du reboisement, la protection des forêts et des espèces végétales et animales
menacées d’extinction.
La politique forestière de l’Union des Comores est basée sur des principes directeurs
largement partagés par les différents plans de développement et stratégies sectorielles.
Certains ont été réaffirmés dans la déclaration nationale du développement durable et dans la
politique et la stratégie nationale de l’environnement, et la stratégie de la conservation de la
biodiversité. Sur le plan international, ces principes figurent dans la Déclaration de Rio, la
Convention africaine sur la Conservation de la Faune et la Flore, la Convention sur le
Commerce International des Espèces menacées d’extinction et d'autres. Dans l’énonciation de
cette politique, le Gouvernement de l’Union des Comores confirme et reconnaît :
17
2.3 Les objectifs de la politique forestière
But global
Objectifs principaux
Partant des données actuelles sur le secteur forestier, le contexte socio économique du pays et
les grandes tendances observées, les objectifs ci-dessus ont été définis. Ils sont tous de priorité
à peu prés égale. Cependant, la réalisation de certains de ces objectifs exige relativement plus
d'effort que pour d'autres. Tous les futurs plans, programmes et projets du Gouvernement
dans le secteur seront orientés de façon à atteindre les objectifs de cette politique. Ils seront
mis en œuvre dans le cadre de la stratégie développée ci-dessous incluant des actions qui sont
au bénéfice de la préservation du patrimoine forestier, la gestion durable des forêts et
l’amélioration des conditions de vie des populations.
18
En effet, les connaissances sur les ressources forestières sont très limitées et ne donnent en
aucun cas une idée précise sur l’étendue actuelle du couvert forestier, le rythme de
transformation des forêts en terres de cultures, le degré de dégradation de l’existant, les
besoins des populations en bois et le potentiel de production. Ainsi, l’inventaire forestier
national permet de mieux connaître la distribution géographique, les potentialités, l’état et la
diversité biologique des ressources forestières nationales et l’évolution des peuplements aux
plans qualitatif et quantitatif.
Les études sur le secteur, réalisées par le CNDRS sont insuffisantes, veilles et ne donnent que
des informations incomplètes sur la faune et la flore. Les statistiques disponibles sont
approximatives, anciennes et manquent de cohérence et sont souvent contradictoires.
Par ailleurs, lors des consultations élargies avec les parties prenantes, il a été souvent rappelé
que le problème foncier présente une contrainte majeure au développement de tous les
programmes de développement du pays, notamment l’agriculture, les forêts et les aires
protégées. En effet, en raison de l’exiguïté des îles et la croissance démographique une forte
pression s’exerce sur les forêts à la conquête de nouvelles terres de culture. Or l‘organisation
juridique du régime foncier et son encadrement administratif sont quasiment inexistants.
b) Créer une base de données pour permettre le suivi de la gestion durable des ressources
incluant la production, la consommation des produits forestiers et la biodiversité, et
établir un programme pour collecter, mettre à jour et disséminer ces informations
périodiquement et procéder à l’archivage des études et informations existantes sur le
secteur.
19
techniques d’inventaire et les nouvelles technologies telles que le SIG, la télédétection
et les instruments de mesure modernes ainsi qu’en matière de suivi des ressources
forestières au niveau central et des îles (voir aussi 2.4.3/b).
L'estimation de la superficie des forêts naturelles et son évolution au cours du temps ne sont
pas connues avec exactitude. Cependant, toutes les évaluations montrent une régression
spectaculaire des espaces forestiers naturels. Il y a environ 60 ans, on a estimé qu’environ
31.000 hectares étaient couverts de diverses sortes de formations forestières incluant
d’espèces économiquement intéressantes constituant de fait l’essentiel des réserves en bois
du pays.
Malheureusement de nos jours, des surfaces importantes sont détruites chaque année
(estimées à 500 ha par an environ) pour la récolte de bois et surtout à des fins agricoles à
l’intérieur des forêts naturelles.
L’exploitation anarchique et les coupes de bois illicites facilitées par l’utilisation des
tronçonneuses à grande échelle sont préjudiciables pour le secteur forestier qui n’a pas encore
connu les nouvelles technologies d’exploitation et de valorisation du bois. Il est certain que le
pourcentage de charbon tiré du bois séché et que le rendement de sciage sur grume sont très
faibles, comme on l’observe chez les scieurs de long.
Par ailleurs, les Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) comme les fruits, les plantes
médicinales et aromatiques, les champignons naturels, le miel et le fourrage sont une source
importante de revenu pour les communautés rurales. A présent, ces produits ont tendance à
être exploités dans des conditions environnementales et économiques inefficaces, ou même
destructrices.
Tenant compte de l’envahissement des forêts, toute mesure de déloger les populations des
forêts domaniales susciterait une opposition forte de la part de ces populations. La stratégie
devrait donc impliquer les communautés dans la gestion, la conception et la mise en œuvre
des différents programmes de développement forestier et environnemental, garantir leurs
droits sur le long terme, renforcer leur capacité pour gérer les ressources forestières d’une
façon durable et les engager d’une façon sans équivoque à protéger les ressources forestières
et l’environnement.
La gestion participative des forêts présentera un certain nombre de défis à l’Union des
Comores, parce que le gouvernement et les autres institutions ont peu de compréhension et
une expérience limitée dans la gestion commune du patrimoine public.
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Les actions prioritaires
La stratégie de la gestion durable et participative des forêts inclura les actions suivantes :
a) Mettre en place un cadre de gestion participative des forêts (appuyé par des textes de
loi) garantissant la pérennité du patrimoine forestier par la conception, l’élaboration et
la mise en œuvre des plans d’aménagement et de gestion des forêts avec la
participation des communautés locales et des ONG ;
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2.4.3 Le cadre institutionnel
L’Union des Comores s'est dotée, depuis longtemps déjà, de structures nationales et
régionales intervenant dans le domaine de l'environnement et de la forêt. Ces structures ont
été réorganisées et renforcées en 1993 et 1994 conduisant à la mise en place de : (a) la
Direction Générale de l'Environnement (DGE) aujourd’hui nommée (DNEF) et ses Services
Régionaux de l’Environnement et des Forêts, (b) le Comité Interministériel Consultatif pour
l'Environnement (CICE); transformé plus tard en Comité National de Coordination du
Développement Durable (CNCD) et ses Comités Régionaux Consultatifs pour
l'Environnement.
Cependant, le secteur forestier n’apparaît pas comme un élément fondamental dans les
attributions de la nouvelle structure et les activités forestières ne sont pas clairement définies
dans l’organigramme de la nouvelle Direction chargée du secteur forestier. Par ailleurs, les
Services au niveau central de la DNEF n’ont pas encore vu le jour et aucune activité ni aucun
programme de sauvegarde ou de développement du patrimoine forestier ne semblent être mis
en œuvre.
Les Services forestiers décentralisés dans les Îles, marqués par manque de moyens humains,
financiers et logistiques, se trouvent dans une situation de disfonctionnement total et ne
jouent aucun rôle pour conserver et gérer durablement les ressources naturelles. Les quelques
activités de reboisement forestiers sont l’œuvre des ONGs ou de projets qui apparemment
exercent sans coordination avec la DNEF.
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En cas de création d’un Office national des Forêts, La DNEF aura pour nouvelle mission, le suivi, évaluation,
formation, conception des documents stratégiques, l’application de la législation forestière et les affaires
internationales (conventions).
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b) Le renforcement des capacités techniques du Service forestier et l’amélioration de
l'efficacité des services décentralisés par l’élaboration et la mise en œuvre d’un
programme de formation et de recyclage des exploitants forestiers, des associations de
développement local, des ingénieurs, des techniciens et des gardes forestiers.
La pauvreté est un phénomène répandu aux Comores particulièrement en milieu rural et son
impact sur les ressources naturelles est lourd de conséquences. Les pauvres se trouvant dans
une situation de survie précaire se tournent, à défaut d’autres préoccupations et de moyens,
vers l’exploitation abusive de la forêt. Toutes les forêts, au sens propre du mot, ont été
envahies par les populations à la recherche de terres cultivables et pour se procurer du bois
d’œuvre, de construction et surtout de bois d’énergie.
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Les communautés rurales devraient avoir l’occasion d’apprendre les techniques agricoles
adaptées de lutte contre l’érosion, de reboisement, d’élevage de plants en pépinière, de
sylviculture, de traitement et conditionnement des PFNL, et de l’aménagement des terroirs.
L'accent sera mis sur les efforts intégrés pour réduire l'incidence de la déforestation sur les
ressources en eau et en sol, l’approvisionnement en bois d’énergie et la lutte contre la
pauvreté par le maintien d’un couvert forestier adéquat.
e) Appuis aux initiatives en cours de création des aires protégées et des espaces verts et
encourager le développement de l’écotourisme afin de créer des emplois et
d’améliorer les revenus des populations (voir aussi l’action 2.4.2/f).
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Le programme de sensibilisation impliquerait d’autres parties prenantes pour l’émission de programmes
radiotélévisés en permanence, l’édition de poster, de brochures, dépliants et des bulletins d’information.
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2.4.5 Les actions transversales comme support à la stratégie forestière
25
2.5 La responsabilité des parties prenantes dans la mise en œuvre de la politique
forestière
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les enseignants, écoliers er étudiants
les associations, comités forestiers et ONG locales
les exploitants des ressources forestières
les institutions de micro- finance.
Le personnel des Services insulaires de la DNEF sera soutenu au début par des spécialistes et
NGO, et sera formé sur l’approche participative et les sujets techniques appropriés. Il jouera
un rôle clé au sein des communautés dans la planification des activités forestières, assurera la
formation pertinente et assistera les populations à développer des activités génératrices de
revenus.
adopter les stratégies appropriées pour la gestion des forêts et l’utilisation des terres au
niveau local ;
créer des comités pour planifier et organiser l’exécution des plans à l’échelle du
terroir, et pour protéger les forêts et ses ressources (par exemple les programmes de
reboisement, le contrôle des coupes de bois, l’aménagement des forêts…) ;
organiser et fournir la main d’œuvre pour les activités de terrain (par exemple pour la
campagne de reboisement);
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contrôler et évaluer les activités pertinentes de leurs terroirs;
accéder aux informations du marché et organiser la vente des produits;
faciliter l’accès aux crédits.
La situation économique et sociale actuelle aux Comores est telle que le développement du
secteur forestier ne fait pas partie des priorités du Gouvernement dans les programmes de
développement en général. En effet, la mise en œuvre de la politique forestière restera un vœu
pieux sans aucun soutien efficace de l’extérieur. Les organisations internationales et les
bailleurs de fonds qui sont impliqués dans les problèmes de gestion et de conservation des
forêts tels que le PNUD/GEF, le PNUE, la FAO, la Banque Mondiale ainsi que la coopération
bilatérale avec les pays amis ont un grand nombre de rôles importants à jouer dans la mise en
œuvre de la politique forestière et du développement du secteur forestier aux Comores :
Les organisations internationales spécialisées et les ONG peuvent jouer un rôle primordial
dans le développement du secteur forestier par la collaboration et le soutien aux services de la
DNEF au niveau des Îles. Leurs rôles principaux sont :
fournir l’assistance technique aux Autorités insulaires et les communautés dans les Îles
pour la planification et l’exécution d’activités forestières,
organiser des stages de formation et de recyclage pour les services techniques des
Services régionaux de la DNEF ;
organiser des ateliers de formation dans le domaine de la planification et des
techniques forestières diverses en faveur des communautés locales ;
Organiser des campagnes de sensibilisation des populations.
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périodiquement, en consultation avec toutes les parties prenantes, pour réviser et introduire les
changements qui pourraient survenir à la lumière de tout développement future.
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