INTRODUCTION

PROFIL ENVIRONNEMENTAL

L
’embellie économique de ces d’Ivoire, issu du rapport national sur l’état
dernières années et la croissance de l’environnement dont le processus
démographique accélérée impactent d’élaboration a été bâti autour du cadre
négativement l’environnement naturel avec de rédaction FPEIR (Forces motrices -
son corollaire de conflits sociaux. Cette Pressions – Etat - Impacts – Réponses).
situation est exacerbée par l’insuffisance Il est articulé, outre l’introduction et la
d’informations sur l’ampleur du problème. conclusion en huit (8) parties portant
Face à cela, l’élaboration de rapport sur respectivement sur les généralités du pays,
l’état de l’environnement du pays permet, les pressions anthropiques et naturelles
d’une part, une meilleure compréhension sur l’environnement, l’évaluation de l’état
de l’interdépendance des différentes de l’environnement, l’analyse des impacts
composantes de l’environnement, et et changements environnementaux, les
d’autre part, une meilleure prise de initiatives pour faire face aux impacts
décision. Le processus mené au niveau constatés, les perspectives, l’analyse des
du pays sera intégré au rapport de la politiques et scenarios d’évolution et enfin
sous-région CEDEAO. Le présent document la présentation des indicateurs ainsi que
est le profil environnemental de la Côte les recommandations.

I- GENERALITES
I.1- Géographie physique
La Côte d’Ivoire, pays côtier, est située en Afrique de l’ouest entre l’Équateur et le
Tropique du Cancer avec une superficie terrestre de 322 462 km2. Elle s’ouvre sur
l’océan Atlantique avec une superficie de 203 000 km2 d’eau marine, un plateau
continental extrêmement étroit de 14 660 km2, une zone côtière de 32 960 km2 et un
linéaire de littoral de 566 km.

Le pays est traversé par la zone intertropicale de convergence et subit donc l’influence
de la mousson pendant la saison humide et de l’harmattan pendant la saison sèche.
Il est caractérisé par quatre types de climat et un réseau hydrographique estimé à
127 milliards de m³ irriguant l’ensemble du territoire.

PROFIL ENVIRONNEMENTAL 2
La végétation se subdivise en deux domaines, à savoir, le domaine guinéen au Sud,
couvert de formations forestières denses humides et le domaine soudanais au Nord,
où les savanes constituent l’essentiel de la végétation.

Un réseau d’Aires Protégées et de forêts classées a été créé sur tout le territoire
national. Ces aires protégées sont riches en espèces végétales et animales qui se
répartissent entre des parcs et réserves naturelles (6,5% du territoire national), des
forêts classées (12%) et des forêts sacrées.

Carte N°1 : Situation géographique de la Côte d’Ivoire

PROFIL ENVIRONNEMENTAL 3
I.2- Découpage administratif et population
Du point de vue administratif, la Côte 22 671 331 habitants avec un peu plus
d’Ivoire est divisée depuis 2014 en quatorze de 5 millions de personnes de nationalité
Districts dont deux Districts Autonomes étrangère, soit 24% de la population
(Abidjan et Yamoussoukro), 31 Régions, totale. Cette population est constituée
109 Départements, 509 Sous-préfectures, de 77,3% de personnes âgées de moins
203 Communes et plus de 8600 villages. de 35 ans avec un taux de croissance
La population ivoirienne, selon le démographique annuel de 3,5%.
Recensement Général de la Population
et de l’Habitat de 2014, est de

I.3- Economie
Au niveau économique, en Afrique de Pays principalement agricole, la Côte
l’Ouest, le pays est classé en deuxième d’Ivoire tire une bonne partie de ses
position derrière le Nigéria. En 2017, revenus de l’exportation du cacao dont
son Produit Intérieur Brut était de 37,9 elle est le premier producteur mondial, et
milliards de dollars US avec une croissance d’autres produits comme l’huile de palme,
économique établie à 7,4% en 2018. Sur le café, l’hévéa, la banane, la noix de
la même période, le PIB réel par habitant cajou...
a augmenté de 32%.

Figure 0.1 : Evolution du PIB de la Côte d’Ivoire de 2004 à 2017

PROFIL ENVIRONNEMENTAL 4
L’industrie ivoirienne est très diversifiée et 2002, et 70% du total des emplois non
principalement concentrée à Abidjan. Avec agricoles du pays en 2008.
une croissance de l’industrie minière en En outre, en tenant compte des emplois
plein essor sur toute l’étendue du territoire. domestiques, il apparaît que ce secteur
En définitive, sur la période 2013 à 2017, constitue 91,2% des emplois.
35% à 36,9% du PIB en Côte d’Ivoire était lié En revanche, le secteur privé formel
à l’exploitation des ressources naturelles. représente 4,9% et le secteur public et
Cette proportion est sous-évaluée vu que parapublic 3,9%. De plus, le taux d’emplois
le lien direct au niveau du secteur tertiaire vulnérables est de 78,9% pour les femmes
n’a pas pu être établi. Pour la Côte d’Ivoire, contre 64% pour les hommes.
le capital naturel représente en valeur 45%
Le taux de pauvreté est passé de 51% en
de la richesse totale par tête en 2014.
2011 à 46,3% en 2015. Ce taux est élevé
Le secteur informel occupe la majeure en zone rurale où il est proche de 60%
partie de la population urbaine et contre 35% en zone urbaine.
représentait 44% du PIB total du pays
entre 1999 et 2000, 60% des emplois en

II - PRESSIONS ANTHROPIQUES ET NATURELLES SUR L’ENVIRONNEMENT

II.1- Pressions anthropiques
Les prélèvements d’eau, en 2000 au plan les eaux usées domestiques sont déversés
national, sont estimés à 931 millions de m³ sans traitement préalable primaire
avec environ 590 barrages hydrauliques (physique) ou secondaire (chimique) dans
pour une capacité de stockage de les plans, cours d’eau et lagunes.
38,1 km3. Le déballastage volontaire des navires
La production d’eau potable par la SODECI est une source principale de la pollution
en 2018-2019 est respectivement de océanique par les hydrocarbures ressentie
263 558 km3 et 285 096 km3. tout le long de la côte.
De façon générale, les rejets industriels et

PROFIL ENVIRONNEMENTAL 5
Carte N°2 : Niveau de stress hydrique

PROFIL ENVIRONNEMENTAL 6
Les émissions directes des gaz à effet de cultivable et 19% de la superficie totale
serre issues du secteur énergie, imputables du pays. La pression de l’élevage sur
à la combustion de combustibles (fossiles l’environnement est surtout enregistrée
et biofuel), sont globalement croissantes, dans le Nord du pays.
passant de 3 108,56 Gg équiv. CO2 en Les travaux d’exploration et d’exploitation
1990 à 11 679,92 Gg équiv. CO2 en 2014, des ressources minières entrainent des
soit une hausse de 276%. risques de glissements de terrain pour
Les émissions des industries les mines à ciel ouvert, d’érosion des sols
manufacturières et de construction sont de et d’augmentation de la production des
891,43 Gg équiv.CO2 (~9%) et 868,77 Gg déchets, de pression sur les terres
équiv.CO2 (~9%) respectivement.
cultivables.
En ce qui concerne les émissions de
Ainsi, le nombre d’exploitations minières
GES liées au transport, l’accroissement
autorisées après une Etude d’Impact
spectaculaire du nombre de véhicules
Environnemental et Social (EIES) augmente
immatriculés en Côte d’Ivoire a occasionné
chaque année. Ce nombre est passé de
la hausse de la quantité de CO2 rejeté
12 à 46 de 2016 en 2019. Plusieurs projets
dans l’atmosphère, soit environ 12 000
d’aménagement du territoire notamment la
en 1996 et 57 000 en 2016.
construction de barrages hydroélectriques,
Les pratiques agricoles constituent de voies de communication, de lignes
l’une des causes de l’augmentation des électriques participent à l’occupation des
émissions de gaz à effet de serre (GES) en sols. Le réseau de transport électrique est
Côte d’Ivoire avec 6 140,80 ktonne équiv. composé de 5 453 km de lignes soit
CO2 en 2012 soit 38,47% des émissions
20 000 ha environ.
de GES.
Concernant la biodiversité, on estime
Le secteur des déchets contribue en 2012
à 36,5 millions, soit à 120 000 tonnes
à près de 1 582,08 ktonne équiv. CO2 soit
équivalent-carcasse, le nombre de
9,91 % des émissions nationales.
mammifères sauvages abattus en 1996.
La superficie des sols cultivables en Côte 56% des animaux sont abattus en zone de
d’Ivoire s’élève à 16 millions d’hectares, savane, 25% sont des petits mammifères,
soit 53% de la superficie totale du pays. notamment l’écureuil et l’aulacode.
La superficie cultivée est de 6 millions
d’hectares, soit 35% de la superficie

PROFIL ENVIRONNEMENTAL 7
Ainsi, les mammifères les plus exposés an est de 37% et 12% respectivement
à la chasse et au braconnage sont : en milieu urbain et en milieu rural.
aulacodes (Thryonomys swinderianus),
Par ailleurs, environ 66 essences forestières
pangolins (Pholidota), athérures (Atherurus
sont exploitées à des fins commerciales
africanus), porc-épics (Erethizon dorsatum),
comme bois d’œuvre et de service avant
phacochères (Phacochoerus africanus),
ou après transformation. La flore ivoirienne
petites biches (Dorcus parallelipipedus),
renferme environ 367 espèces servant
grandes biches (Lucanus cervus),
dans divers autres domaines d’activités
civettes (Civettictis civetta), mangouste
traditionnelles. La Côte d’Ivoire exporte
(Herpestidae), écureuils (Sciurus vulgaris),
environ plus de 40 000 tonnes de fleurs
singes (Simiiformes).
et plantes ornementales chaque année.
L’avifaune est aussi très exposée aux
En ce qui concerne l’exploitation forestière,
prélèvements (Francolinus bicalacarus ;
depuis 2015, la production tourne en
Numida melecegris ; Trenon australis, etc.).
moyenne autour d’un million de m3 de bois
La pression sur les ressources par an. La création et l’extension des zones
halieutiques consiste en l’utilisation habitées dans une proportion d’environ
de produits toxiques pour la pêche 30% dans les forêts classées constituent
continentale et dans les mangroves, le une source importante de pression sur
non-respect des tailles des mailles des les sols. L’extension des villes contribue à
filets et la surexploitation des captures. la disparition des forêts périurbaines qui
L’escargot représente 68% des viandes regorgent une biodiversité importante.
de gibier consommées à Abidjan contre En effet, les écosystèmes de mangrove
26% dans les autres villes. La contribution sont détruits pour la construction et les
de l’escargot dans les quantités de besoins énergétiques domestiques.
gibier consommées par habitant et par

II.2- Pressions naturelles

La typologie des risques naturels en Côte d’Ivoire est principalement dominée par
des catastrophes naturelles liées aux risques d’origine hydrométéorologiques (les
sécheresses, les inondations, les mouvements de terrain, les feux et les tempêtes).

PROFIL ENVIRONNEMENTAL 8
En 2011, 160 sites à risques d’inondations à savoir, la variabilité temporelle et la
et glissements de terrains ainsi que variabilité spatiale. En ce qui concerne
6 000 ménages très vulnérables ont été les précipitations, les tendances à la
identifiés dans le District d’Abidjan. La baisse dominent depuis les années
variabilité climatique qui se manifeste 1970 indiquant un plus grand risque de
en Côte d’Ivoire s’accroît sur deux plans, sécheresse.

Carte N°3 : Fréquence des années de sécheresse de 1951 à 2015

PROFIL ENVIRONNEMENTAL 9
III - EVALUATION DE L’ETAT DE L’ENVIRONNEMENT
III.1- Environnement physique
La structure géologique de la Côte d’Ivoire
est dominée par le socle précambrien
qui couvre 97,5% du territoire avec
des réserves en ressources minérales
relativement élevées en l’occurrence le
fer, l’or, le manganèse, le granite, etc. De
même, les sols ivoiriens sont propices à
l’agriculture.
Le profil climatique du pays est non uniforme
et passe du Sud au Nord d’un climat
équatorial à un climat pré-désertique.
La pluviométrie présente une baisse
moyenne des quantités annuelles de pluie
de 15% au niveau national et les vents
dominants sont localisés au Sud-Ouest
et Nord-Est.
Carte N°4 : Les bassins versants de la Côte d’Ivoire

Les températures moyennes annuelles du pays fluctuent entre 23 et 30°C avec une
forte humidité en Juillet-Août-Septembre, une faible humidité en Décembre-Janvier-
Février et une insolation moyenne annuelle variant entre 80 et 280 heures selon les
zones climatiques.

Les eaux souterraines sont disponibles partout en Côte d’Ivoire, mais dans des conditions
très variables de stockage et d’accessibilité. Les eaux de surface sont composées
de onze (11) bassins versants, de petits fleuves côtiers et de 1 200 km² de lagunes.
La capacité de stockage des retenues avoisine 38 milliards m3 dont 36,8 milliards
m3 pour l’hydro-électricité. En ce qui concerne le bilan hydrique, les ressources en
eau de surface renouvelables sont estimées à 74 km³/an et les ressources en eau
souterraine à 37,84 km³/an.

PROFIL ENVIRONNEMENTAL 10
Depuis les années 1926 à ce jour, un réseau d’Aires Protégées et de forêts classées
a été créé sur tout le territoire national. Ces Aires Protégées sont riches en espèces
végétales et animales qui se répartissent entre des parcs et réserves naturelles, des
forêts classées et des sites sacrés dont certaines incluent des milieux aquatiques.
Néanmoins, on note un taux de dégradation du couvert forestier relativement intense,
particulièrement les forêts classées qui ont régressées de 86,8% au cours de la période
2000-2015.

Dans l’état actuel des connaissances, Concernant les ressources halieutiques

la biodiversité comprend globalement fluvio-lagunaires, il existe 152 espèces
17 343 espèces réparties entre deux types de poissons en eaux douces, 19 espèces
d’écosystèmes qui sont i) les écosystèmes
en eaux saumâtres. 76 espèces vivent à
terrestres avec 12 647 espèces réparties
la fois dans ces deux derniers milieux.
entre 5 413 végétaux, 6 019 invertébrés
et 1 215 vertébrés, ii) les écosystèmes Nous avons 18 autres espèces dites
aquatiques comprenant 4 696 espèces amphidromiques. L’aquaculture en Côte
réparties entre 2 102 organismes, 375 d’Ivoire s’est développée par l’introduction
végétaux aquatiques et 2 219 animaux
d’espèces exotiques (Cyprinus carpio ;
aquatiques. On note également des
Tilapia zilli ; Clarias gariepinus,…).
zones humides d’intérêt international,
à savoir, les sites Ramsar.

Carte N°6 : Les reliques forestières

Carte N°5 : Localisation des richesses des espèces menacées

PROFIL ENVIRONNEMENTAL 11
III.2- Environnement humain
Le taux d’urbanisation est passé de 32,1% centres d’enfouissement techniques et de
en 1975 à 45,7% en 1999 puis à 50,3% en valorisation.
2014. Le tiers de la population urbaine se
Les résultats de l’Enquête à Indicateurs
trouve à Abidjan. 132 quartiers précaires
multiples sur la situation des femmes et
qui couvrent une superficie cumulée de
des enfants en Côte d’Ivoire montrent que
plus de 5 000 ha abritant plus 1 200 000
plus de 3/4 des ménages ont accès à
habitants ont été recensés en 2019.
l’eau potable. En effet, en 2016, huit (08)
La situation de l’assainissement en Côte personnes sur dix (10) vivent dans des
d’Ivoire est préoccupante avec des taux ménages qui ont accès à l’eau potable.
d’accès à l’assainissement amélioré La proportion de la population ayant
variant de 24 à 32%. Ce taux varie de 39 accès à une source d’eau potable est
à 49% en milieu urbain et de 8 à 16% en de 73,4% dont 76% par les pompes à
milieu rural. La gestion des déchets solides motricité humaine et 13% par les systèmes
ménagers connaît un début d’amélioration d’hydraulique villageoise améliorée en
avec la contractualisation de cette filière milieu rural et 94,2% en milieu urbain en
avec le secteur privé et la réalisation des 2016.

IV - ANALYSE DES IMPACTS DES ACTIVITES HUMAINES

IV.1- Impacts sur le milieu naturel
Les activités humaines ont un impact L’exploitation forestière et l’utilisation du
important sur l’environnement en bois de chauffe sont l’une des causes
Côte d’Ivoire. Les activités agricoles de la déforestation et de la dégradation
sont sources d’utilisation de produits du couvert forestier. La perte totale de la
phytosanitaires qui dégradent les sols couverture ligneuse s’estime à 4 449 718
par leur contamination en composés ha entre 1986 et 2015. Le taux annuel de
organochlorés (Aldrine, Dieldrine, Endrine, déforestation s’élève à 3,04 %, soit 2 756
etc.). L’exploitation minière quant à elle 412 ha de forêt perdus entre 1986 et 2000
et surtout l’orpaillage clandestin entraîne et 2,66 %, représentant
des risques de glissements de terrain, 1 693 306 ha de forêt perdus.
d’érosion des sols et de pollution des eaux.

PROFIL ENVIRONNEMENTAL 12
 Carte N°7 : Evolution du niveau de dégradation de la forêt de 2000 à 2017

Les zones forestières sont quasiment Par ailleurs, de 1960 à 2002, 26 espèces
réduites à quelques lambeaux de de plantes vasculaires ont disparu dans
forêts secondaires, isolés au sein d’une les forêts ivoiriennes. 70 autres sont en
succession de plantations et de jachères. voie d’extinction ou devenues rares parce
qu’elles sont surexploitées ou parce que
La pollution des plans d’eau est source
leurs sites, en particulier, sont perturbés.
importante de l’érosion de la biodiversité.
82 espèces de faune sont inscrites dans
En effet, de nombreuses espèces sont
les catégories des espèces menacées.
victimes de la pollution par les métaux
60 espèces d’oiseaux sont menacées ou
lourds (mercure, cuivre, zinc, plomb, ...) ou
proches de la menace d’extinction.
les organochlorés (pesticides, insecticides,
Les coûts liés à la perte de services éco-
etc.). La pollution de l’eau tue les poissons
systémiques due à la perte du couvert
et crustacés, et provoque la disparition de
forestier sont estimés à 14 135 millions
certaines espèces.
de FCFA.
PROFIL ENVIRONNEMENTAL 13
IV.2- Impacts sur le milieu urbain
Les eaux usées domestiques, industrielles ont plus de 10 ans d’âge. Les récentes
et sanitaires polluent les plans d’eaux, mesures effectuées à Abidjan sur les
notamment les baies de la lagune Ebrié à véhicules usagés montrent des facteurs
Abidjan qui sont devenues impropres à la d’émission pour les particules carbonées
nage et à la pêche. Les décharges sauvages ponctuellement 100 fois supérieures aux
d’ordures ménagères sont sources de véhicules les plus récents.
nuisances olfactives pour les populations.
En matière de santé, la présence des
De même, le brulage à l’air libre de ces ordures à proximité des résidences est
déchets produit d’énormes quantités de une source de maladies, notamment
fumées constituées d’éléments toxiques les maladies liées à l’insalubrité. Ce
(métaux lourds, CO2 , etc.) et conduit à des phénomène est accentué par la présence
maladies graves (affections pulmonaires, de nuisibles tels que les cafards, les
toux, cancer des poumons et d’autres mouches, les rats, les moustiques vecteurs
maladies respiratoires). Les pneus usagés de maladies comme la fièvre typhoïde, le
constituent aussi les nids des moustiques choléra, le paludisme.
et vecteurs de maladies dans les quartiers.
Les infections respiratoires aiguës chez
De même, le brulage à l’air libre de les jeunes et les adolescents ont une
déchets à base de polyéthylène, prévalence de 16% avec des cas de
polypropylène, polychlorure de vinyle (PVC) diarrhées signalés.
et polystyrène a pour conséquences la
Par ailleurs, le pays est confronté à la
formation de dioxines, de furanes et de
recrudescence des maladies zoonotiques
polychlorobiphényles. Le trafic automobile
et des maladies d’origine alimentaire
figure parmi les premiers émetteurs de
telles que les toxi-infections alimentaires,
polluants (particules aérosols, PM2.5,
remettant en cause la sécurité sanitaire
PM10). La majorité des véhicules roulent
des aliments.
au diesel et les deux tiers des véhicules

PROFIL ENVIRONNEMENTAL 14
V - INITIATIVES EN MATIERE DE GESTION DE L’ENVIRONNEMENT
Plusieurs initiatives sont mises en œuvre en 2017, le deuxième rapport biennal
par l’Etat pour une gestion efficiente de en 2018, la stratégie nationale de lutte
l’environnement et pour la durabilité des contre les changements climatiques et
actions entreprises. le document CDN en 2015.
Ainsi, des réformes ont été introduites en »» En ce qui concerne la gestion des
vue d’une gestion durable des ressources déchets,
en eau, notamment le code de l’eau la création de l’Agence Nationale de
et la politique de gestion intégrée des Gestion des Déchets (ANAGED) par
ressources en eau. le décret n° 2017-692 du 25 octobre
»» En matière d’urbanisation, 2017, la création de l’ONAD ainsi que
les pouvoirs publics ont élaboré des l’ouverture du centre d’enfouissement
plans d’urbanisme pour plusieurs technique de Kossihouen et la fermeture
villes de Côte d’Ivoire et défini des de la décharge d’Akouédo constituent
mécanismes et instruments de des avancées notables.
financement du logement social. »» En matière de gestion de
»» Au niveau de la foresterie, la l’environnement côtier et de lutte
recherche forestière a contribué au contre l’érosion côtière, l’on note
développement du secteur forestier principalement l’élaboration d’une
et agropastoral, par des activités de Stratégie de Gestion de l’Environnement
reboisement et de conservation des Côtier et un Plan d’Action 2016-2020
espaces forestiers ainsi que l’adoption en 2015 et la mise en œuvre du projet
en 2019 de la Loi portant Code forestier, WACA (projet pour la résilience des
clarifiant, entre autres, les questions communautés de la zone côtière face
relatives à la propriété de l’arbre. aux changements climatiques et aux
»» En matière de lutte contre le risques côtiers).
changement climatique, »» Dans le cadre du développement de
la Côte d’Ivoire a produit des documents l’économie bleue, des outils de Gestion
stratégiques et opérationnels pour Intégrée des Océans sont mis en œuvre.
l’adaptation et l’atténuation notamment Ainsi, l’Etat a-t-il créé la première Aire
la troisième communication nationale Marine Protégée à Grand Béréby.

PROFIL ENVIRONNEMENTAL 15
»» En matière de genre, au plan »» En matière de réduction des risques
institutionnel, la volonté politique de de catastrophes (RRC), le décret n°
réduire les inégalités s’est exprimée 2012-988 du 10 octobre 2012 portant
en Côte d’Ivoire, à travers l’existence création, attributions, organisation
d’un Ministère dédié, le Ministère en et fonctionnement de la Plateforme
charge de la Femme. Nationale de Réduction des Risques
»» En matière de transport, un décret et de Gestion des Catastrophes, a été
limitant l’âge d’importation des véhicules pris. Une stratégie de relèvement post-
à 5 ans a été pris. catastrophe a été élaborée suite aux
inondations de 2019 et une assurance
»» En matière d’énergie renouvelable,
risque a été prise avec la Mutuelle
il a été initié des projets pilotes de
Panafricaine de Gestion des Risques
production électrique sur la base des
(ARC).
déchets agricoles.

VI - PERSPECTIVES
»» En matière de préservation de la forestières élaborées par l’Etat et sur les
biodiversité, la création des Réserves stratégies d’adaptation ou d’atténuation
Naturelles Volontaires et des Aires des effets des changements globaux.
Marines Protégées et la mise en place
»» En matière d’approvisionnement en
des projets de création des corridors
eau potable, il s’agira, entre autres,
biologiques transfrontaliers constituent
d’améliorer la production et l’accès à
une nécessité.
l’eau potable à Abidjan et à l’intérieur
»» En matière de gestion durable des du pays et de redynamiser le service
terres, la Côte d’Ivoire se fixe pour national d’hydrologie.
objectif, d’ici à 2030 d’atteindre la NDT en
»» En matière d’assainissement et de
restaurant 100% des terres dégradées et
gestion des déchets, il faudra poursuivre
en augmentant de 5 millions d’hectares
la mise en œuvre du schéma directeur
la couverture forestière.
des eaux usées et des eaux pluviales du
La relance du secteur de la recherche
District Autonome d’Abidjan à l’horizon
forestière passe par la mise en œuvre
2030.
et la bonne conduite des politiques

PROFIL ENVIRONNEMENTAL 16
 »» En matière de transport, dans le cadre une réduction de 50% de la part des
de l’élaboration de la Feuille de Route énergies fossiles à l’horizon 2050 est
sur la Mobilité Durable en Côte d’Ivoire, envisagée.

VII - POLITIQUES ET SCENARIOS

Plusieurs politiques, stratégies et reformes voire annihile les effets escomptés.
ont été initiées et mises en œuvre dans Par ailleurs, l’application de certaines
différents secteurs par les parties prenantes reformes a été plutôt source de conflits
en vue d’assurer un environnement sain et de remous sociaux inattendus. De plus,
à la population. la coordination sectorielle des politiques et
Des questions majeures ont été reformes pause le problème de la synergie
considérées en se reférant aux et des chévauchements ainsi que des
différentes conventions et protocoles impacts cumulatifs ou antagonistes.
signés au niveau sous-régional, continental L’atteinte des objectifs nécessite d’adapter
et international. les solutions aux réalités locales.
Cependant, la faiblesse de la synergie
d’action entre les parties prenantes limite,

VIII - RECOMMANDATIONS
Des indicateurs sont proposés pour les secteurs clés à tous les niveaux de décision
parcs nationaux, la biodiversité et les ODD. et impulser les actions de lutte contre les
Par la suite, des recommandations sont changements climatiques.
faites pour chaque thématique étudiée. Les
plus importantes sont : »» En matière de planification économique
Il s’agit ici de verdir tous les plans
»» En matière de changement climatique nationaux et sectoriels et d’intégrer
Renforcer les capacités institutionnelles, la valeur économique totale (VET)
techniques et financières des parties des services écosystémiques dans la
prenantes nationales. De tels arrangements comptabilité nationale (notamment
institutionnels devraient assurer la avec les valeurs d’usage de ses
représentation et la participation effective biens et services, issus de la nature).
de toutes les parties prenantes des

PROFIL ENVIRONNEMENTAL 17
 »» En matière de la gestion intégrée du ii) le suivi des émissions de Gaz à Effet de
littoral Serre (GES) issus du réseau électrique ;
Il faudra que l’Etat investisse sur le long iii) la mise en œuvre des plans de gestion
terme dans des stratégies qui assureront environnementale et sociale associés aux
la durabilité des actions notamment projets du secteur de l’énergie électrique ;
l’aménagement du territoire, la promotion iv) la promotion de toutes les technologies
de la recherche et la formation scientifique, et formes d’économie et de conservation
la mise en place d’un système d’alerte lié d’énergie, notamment par la vulgarisation
au littoral, l’intégration de l’adaptation au de l’utilisation des foyers améliorés et la
changement climatique et de la gestion des promotion des énergies alternatives.
risques de catastrophes dans les plans de
développement et les stratégies sectorielles »» En matière de ressources en eau
les plus pertinentes. Le Gouvernement doit mettre en œuvre un
ensemble de stratégies conformément à la
»» En matière de tourisme Politique Nationale de l’Eau, notamment :
Le Gouvernement se doit d’intégrer les i) la protection des champs captant et des
préoccupations environnementales dans eaux de surface contre tout type de pollution
sa politique de promotion du tourisme par et nuisance ; ii) la lutte contre la pollution
notamment i) l’institution de mesures de des eaux marines et côtières et iii) la lutte
protection des ressources naturelles et de contre l’érosion côtière.
tout bien culturel contre les dégradations
et le trafic illicite ; ii) la promotion de »» En matière de ressources forestières,
l’aménagement et l’utilisation durable des fauniques terrestres, pastorales,
sites touristiques et de l’écotourisme ; iii) la aquatiques et de la biodiversité
protection et la valorisation du patrimoine Le Gouvernement devra s’engager à :i)
naturel et culturel notamment les intégrer la foresterie dans le développement
technologies traditionnelles, les monuments rural à travers la reconstitution,
historiques et les sites naturels à vocation l’aménagement et la bonne gestion des
touristique. ressources forestières ; ii) impliquer les
populations riveraines dans la gestion
»» En matière de gestion des déchets intégrée des ressources forestières; iii)
Il s’agit d’améliorer le système de gestion élargir le réseau des Aires Protégées avec
des déchets existant et amorcer la transition notamment les Aires Marines Protégées;
vers une économie circulaire. iv) sensibiliser les populations aux bonnes
pratiques agricoles pour une gestion
»» En matière d’énergie durable des ressources forestières et v)
L’accent sera mis particulièrement sur : i) mettre en œuvre de la stratégie nationale
la promotion de la protection des lignes de de la diversité biologique.
transport de l’énergie électrique ;

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CONCLUSION
L’état actuel de l’environnement de la ressources naturelles, pourront aggraver
Côte d’Ivoire montre que le pays dispose les problèmes de destruction du potentiel
d’abondantes ressources naturelles naturel, d’insécurité alimentaire et de
avec une riche biodiversité ainsi qu’un pauvreté.
important réseau hydrographique. Il est donc urgent que le Gouvernement
Le pays dispose également d’un cadre mette en œuvre une approche dotée
institutionnel et réglementaire du domaine d’instruments adaptés, pour éviter que
de l’environnement relativement fourni, le citoyen ne paie un prix environnemental
avec une ressource humaine compétente. trop élevé dans le futur.
Néanmoins, la croissance démographique De ce fait, des recommandations sont
est très élevée (3,6% par an). formulées en vue de contribuer à l’atteinte
Par ailleurs, la paupérisation des des objectifs que s’est assignés l’Etat de
populations, les effets du changement Côte d’Ivoire en matière de gestion de
climatique, l’urbanisation rapide et non l’environnement.
contrôlée, la faible conscience écologique
et la pression humaine accrue sur les

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