Chirurgie de La Lèvre PDF
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Les lèvres sont des replis tritissulaires muco-musculo-cutanés mobiles qui ferment en avant la cavité
buccale. Alors que leur fonction principale est sphinctérienne, les lèvres constituent une région
fondamentale pour l’esthétique statique et dynamique du visage. Réparer les lèvres c’est répondre à ce
double impératif fonctionnel et esthétique. De nombreuses techniques chirurgicales ont été décrites et
comme fréquemment en chirurgie plastique, il n’existe pas de solution unique pour chaque réparation. Il
y a des indications classiques et le chirurgien plasticien doit connaître les principales. Chaque cas étant
particulier il doit souvent adapter ces techniques, les combiner ou laisser libre court à son imagination et
son sens artistique. Le but étant de parvenir au résultat idéal en fonction de l’étiologie, de l’étendue de la
perte de substance et de la disponibilité tissulaire locale. La chirurgie des lèvres obéit à des règles de base
garantissant un résultat optimal. Elle doit respecter la jonction cutanéomuqueuse, les sous-unités
esthétiques et les commissures. La réparation repose parfois sur une suture simple mais le plus souvent il
faut réaliser des lambeaux. Les procédés sont différents pour la réparation de la lèvre blanche, de la lèvre
rouge et de la lèvre pileuse. Mais il faut toujours garder en mémoire un principe fondateur : réparer la
lèvre par de la lèvre.
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Mots clés : Chirurgie des lèvres ; Lambeaux ; Lèvre rouge ; Lèvre pileuse
Tumorales
C’est l’étiologie majoritaire en chirurgie réglée pour le
chirurgien plasticien ou maxillofacial.
Les lèvres constituent un site fréquent de pathologie tumo-
rale. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il existe peu de tumeurs
labiales bénignes. En pratique, une tumeur des lèvres est très
souvent une lésion maligne. En plus de sa taille va se poser un
problème de marges d’exérèse et éventuellement d’évidement
ganglionnaire cervical.
Il existe des tumeurs cliniquement bénignes (kératoses
séborrhéiques, nævi), pour les autres c’est l’examen anatomopa-
thologique qui confirme le caractère bénin (par exemple
tumeurs annexielles et sébacées).
Les tumeurs malignes sont dominées par les carcinomes
cutanés. Les mélanomes et les autres tumeurs sont beaucoup
plus rares.
On peut schématiquement retenir que :
• 90 % des tumeurs labiales touchent la lèvre inférieure ;
• une tumeur de la lèvre rouge est un carcinome épidermoïde
jusqu’à preuve du contraire ;
• les carcinomes basocellulaires touchent avec prédilection la
lèvre blanche supérieure [5].
Séquelles de noma
Figure 4.
Le noma est une affection gangréneuse de la région orofa- A. Excision labiale triangulaire.
ciale, à point de départ gingival qui touche les enfants en bas B. Suture labiale en 3 plans.
âge, pouvant entraîner une importante perte de substance des
tissus mous et osseux en continuité. Elle tire son nom du grec
« nomein » qui signifie dévorer. Il s’agit d’une maladie de la
Pour la lèvre inférieure on peut réaliser un bloc du nerf
précarité et non d’une maladie tropicale. Elle touche essentiel-
mentonnier (V3) au niveau du foramen mentonnier à
lement des enfants dénutris, aux mauvaises conditions
mi-hauteur de la mandibule entre les deux prémolaires.
d’hygiène et dont l’état général est affaibli par des maladies
infantiles sévères telles que les fièvres éruptives.
Chez les survivants il existe d’importantes séquelles esthéti- Détails préopératoires
ques, fonctionnelles (limitation d’ouverture buccale, constric- Afin de diminuer la visibilité des cicatrices on repère les
tion permanente des mâchoires rendant difficile l’alimentation) lignes de moindres tensions cutanées et on s’arrange pour
et des troubles de croissance faciale. La chirurgie doit lever la orienter les incisions selon celles-ci.
constriction des maxillaires, reconstruire l’os et le tissu mou et Il faut ensuite repérer la ligne de jonction cutanéomuqueuse,
fait appel à des lambeaux musculocutanés à distance [6]. sur laquelle on place un fil de suture sur une pince à garder (ou
Cette maladie a disparu dans les pays industrialisés depuis le un dessin au bleu) avant toute infiltration d’anesthésique local
début du XXe siècle, mais elle sévit encore dans de nombreux qui déforme les structures.
pays pauvres, notamment en Afrique. Le chirurgien en mission
humanitaire peut y être confronté.
Temps opératoire lui-même
■ Principes généraux Quel que soit le type d’anesthésie choisi, il est classique de
réaliser une infiltration par un anesthésique local adrénaliné,
de la chirurgie des lèvres pour diminuer le saignement peropératoire.
La forme la plus commune de l’exérèse est un « V » dont la
La chirurgie des lèvres peut s’effectuer sous anesthésie base se situe sur le vermillon (Fig. 4). Plus la lésion est large et
générale ou locale. C’est également une excellente indication proche du vermillon, plus on a intérêt à faire une exérèse de
des anesthésies locorégionales, de la face. pleine épaisseur. Pour les lésions superficielles sur le versant
Pour la lèvre supérieure on peut réaliser un bloc du nerf cutané de la lèvre, une exérèse de forme pentagonale évite une
infraorbitaire (V2) uni- ou bilatéral par voie endobuccale ou excision large et non nécessaire du vermillon. Une plastie en
percutanée. « Z » sur le versant cutané de la lèvre allonge la cicatrice,
Après la cicatrisation dirigée et la suture directe, il s’agit de la perte de substance. On fait ensuite glisser les berges
principalement de l’utilisation des greffes et des lambeaux [7]. labiomentonnières latérales pour les suturer entre elles sur la
ligne médiane. La lèvre rouge est reconstruite par deux lam-
Greffes beaux muqueux pris à la face interne des joues ou par une
greffe muqueuse libre (Fig. 5). Pour la reconstruction totale de
On utilise essentiellement des greffes de peau totale, qui ont .
la lèvre, les résultats sont médiocres avec rétrochéilie, malocclu-
une moindre tendance à la rétraction que les greffes dermoépi- sion et incontinence salivaire, car il n’y a pas reconstruction de
dermiques minces. Le plus souvent elles ne sont pas utilisées en la sangle musculaire de l’orbiculaire.
première intention, car la différence de texture et de couleur De nombreuses modifications (Fig. 6, 7) ont été apportées
leur confère un effet « patchwork ». Elles gardent cependant un dans la forme, la place des incisions et excisions (Webster,
intérêt au niveau de la lèvre supérieure pour la réparation du Fries) [14, 15].
philtrum. De même après excision de brûlures ou de cicatrices Meyer [15] place idéalement ces triangles d’excision de façon
rétractiles, d’autant que la perte de substance est de grande taille .
à placer les cicatrices le long de la ligne de jonction cutanéo-
et que les possibilités de reconstruction utilisant des lambeaux muqueuse. Il est possible d’associer ces modifications entre elles
.
locaux sont dépassées. La greffe doit remplacer toute l’unité pour s’adapter au mieux à la situation clinique.
esthétique et doit être mise en place sur un sous-sol bien
vascularisé. Lambeau d’avancement muqueux
Les greffes muqueuses sont également utilisées pour la La muqueuse endolabiale est souple et élastique à ce niveau.
réparation du vermillon et de la muqueuse endobuccale. On On peut, pour des pertes de substance limitées, réaliser un
peut utiliser des greffons muqueux libres d’origine jugale, labiale avancemant muqueux simple ou une plastie en « V-Y ». Tou-
ou palatine. Leur taille est limitée par la possibilité de fermeture jours grâce à cette élasticité, il est possible d’avancer la
primaire du site donneur. On peut éventuellement utiliser des muqueuse endolabiale en entier, depuis le cul-de-sac vestibu-
greffes de peau mais leur prise est rendue difficile par l’atmos- laire, pour reconstruire la lèvre rouge après vermillonectomie
phère humide et septique de la cavité buccale. (cf. infra : technique du lip-shave).
Figure 7. Modification de Meyer : les incisions sont placées le long de la ligne de jonction cutanéomuqueuse (A, B).
région commissurale, est déployé autour de celle-ci comme un bilatérale. Dans ce cas, une commissuroplastie secondaire est
éventail. Il induit une relative microstomie en cas d’utilisation souvent nécessaire. Il ne reconstruit pas la lèvre rouge.
Figure 8. Fan flap de Gillies associé à un lambeau de langue pour reconstruire la lèvre rouge.
A. Dessin de l’exérèse et du lambeau.
B. Levée et mise en place du lambeau.
C. Levée du lambeau de langue.
D. Résultat final.
.
Lambeau neurovasculaire de Karapandzic lambeau est prélevé à pédicule inférieur cutané ou de pleine
[17], épaisseur, uni- ou bilatéral en fonction de la taille du defect. Les
Décrit par Karapandzic en 1974 le principe de rotation
lambeaux peuvent être superposés ou placés « tête-bêche ». En
péricommissurale est le même. Les incisions sont placées le long
des sillons labiomentonnier et nasogéniens jusqu’aux ailes du dehors de ce cas, il faut reconstruire le plan muqueux par une
nez. Il est classiquement utilisé pour reconstruire la lèvre greffe de peau à leur face endobuccale. Ce procédé ne recons-
inférieure (jusqu’à ses trois quarts). Il faut disséquer les vais- truit pas la lèvre rouge, et à la lèvre inférieure il entraîne une
seaux faciaux et isoler les fibres du muscle orbiculaire. Les rétrochéilie ainsi qu’une continence médiocre.
résultats esthétiques et fonctionnels sont corrects. La lèvre Lambeau « LLL » [11]. Ce lambeau taillé à pédicule inférieur
reconstruite est sensible et continente. La fonction sphincté- .
permet d’utiliser la réserve cutanée de la région jugale et
rienne est préservée et la rééducation améliore la microstomie. périalaire, pour réparer des pertes de substance latérales de la
Dans le cas contraire, il faut réaliser secondairement une lèvre blanche supérieure.
commissuroplastie. Lambeau d’origine labiale
Lambeaux de transposition Lambeaux hétérolabiaux (lip-switch flap). Ils sont destinés
Fréquemment utilisés en reconstruction labiale, les lambeaux à réparer des pertes de substance de pleine épaisseur, comprises
de tissus labiaux ou jugaux sont utilisés pour combler la perte entre un et deux tiers de la longueur d’une lèvre. Ces lambeaux
de substance. sont pédiculés sur l’artère coronaire labiale située en position
sous-muqueuse, à la face inférieure de la lèvre, à proximité de
Lambeaux d’origine jugale : lambeaux nasogéniens la ligne de jonction cutanéomuqueuse. Ils ont l’avantage de
Destinés à réparer des pertes de substance de taille moyenne, transposer en une fois le vermillon, la lèvre cutanée, ainsi que
leur base est inférieure ou supérieure. Ils peuvent être superfi- le muscle et la muqueuse, en préservant la fonction sphincté-
ciels ou de pleine épaisseur. Ils sont mobilisés depuis leur rienne. Il en existe deux grands types.
origine à travers un tunnel cutané pour rejoindre la zone à Lambeau d’Abbé [18]. Décrit par Abbé en 1898, classiquement
reconstruire, ce qui modifie localement les forces de tension. On prélevé au niveau de la lèvre inférieure avec un point de pivot
a donc intérêt à dissimuler les incisions dans les sillons (naso- médian, sa largeur étant de la moitié de celle du defect à
géniens), au niveau des ombres naturelles ou des lignes de combler. Il est retourné à 180° pour être suturé plan par plan,
moindre tension cutanée. au niveau de la lèvre supérieure où il reconstruit le philtrum ou
Ginestet a décrit la technique des lambeaux nasogéniens la région paraphiltrale. Le lambeau reste donc pédiculé sur la
totaux [18] pour reconstruire une lèvre entière (Fig. 9). Le lèvre inférieure et le sevrage s’effectue généralement à la
troisième semaine postopératoire. L’alimentation se fait pendant Par exemple lambeau de Camille Bernard et greffe ou lam-
cette période par sonde nasogastrique ou liquide à la paille. .
beau muqueux pour le vermillon, lambeau d’avancement (type
Variante de Burget [19] : la largeur du lambeau est celle de la Webster) et lambeau hétérolabial (type Abbé) pour reconstruire
.
perte de substance. Il est taillé sur mesure à la forme de celle-ci, la lèvre supérieure.
prélevé paramédian à la lèvre inférieure pour reconstruire la Il existe des associations classiques, des habitudes personnel-
région latérale de la lèvre supérieure. les. Ensuite, c’est l’imagination du chirurgien et l’adaptation au
Lambeau d’Estlander [20]. La publication de ce lambeau par cas clinique qui permettent d’obtenir un résultat optimal
Estlander remonte à 1872, plus de 20 ans avant celle d’Abbé. (Fig. 11, 12).
Utilisé pour des defects latéraux juxtacommissuraux, prélevé à
la lèvre supérieure ou inférieure, son point de rotation se situe
à l’endroit de la néocommissure. Il a le mérite de pouvoir être ■ Réparation de la lèvre rouge
réalisé en un seul temps. Les suites opératoires sont donc plus
simples que pour le lambeau d’Abbé. Il entraîne un déplace- Excepté les cas de reconstruction labiale par suture directe, ou
.
ment du modiolus en dedans, avec un certain degré de micro- utilisation de lambeaux hétérolabiaux, on est amené dans de
stomie et d’asymétrie commissurale, qui peuvent nécessiter, nombreuses situations à reconstruire la lèvre rouge de façon
secondairement, une commissuroplastie. isolée, ou en complément d’une autre technique de réparation
Technique en escalier. On rapproche des lambeaux de labiale [22].
transposition par la technique en escalier (step technique) décrite Il existe des techniques classiques que nous allons exposer.
par Johanson en 1974 [21].
Cette méthode évite de réaliser un lambeau hétérolabial, Lambeaux muqueux
respecte les commissures et la fonction sphinctérienne. Elle est
Ils s’adressent à des pertes de substances superficielles. On va
utilisée pour la lèvre inférieure, pour des pertes de substance de
le plus souvent transférer de la muqueuse humide en position
taille moyenne (2 cm) que l’on ramène à un rectangle. On
externe. Il faut la vaseliner abondamment en postopératoire,
réalise des incisions transfixiantes décalées en marche d’escalier
s’ensuit une parakératose physiologique en quelques semaines et
jusqu’à la perte de substance. En général, deux ou trois marches .
une récupération sensitive en quelques mois.
suffisent. Réalisées uni- ou bilatérales, les marches ont pour
taille la moitié de celle de la perte de substance (Fig. 10).
Technique du « lip-shave » (Fig. 13)
Techniques combinées La lèvre inférieure exposée au rayonnement solaire et à la
On peut bien sûr combiner les différentes techniques que cigarette, est fréquemment le siège de lésions précarcinomateu-
nous venons de décrire. ses conduisant à réaliser une vermillonectomie. On peut
Perte de substance
Figure 11. Arbre décisionnel. Conduite à tenir devant une perte de substance de la lèvre inférieure.
Perte de substance
Latérale ou Médiane Médiane Paramédiane Latérale Médiane Latérale Lambeaux Lambeaux locorégionaux
paramédiane Lambeau Abbé Abbé modifié Estlander Abbé + Fan flap de nasogéniens ou libres
Suture directe hétérolabial Burget Webster Gillies totaux
type Abbé
Figure 12. Arbre décisionnel. Conduite à tenir devant une perte de substance de la lèvre supérieure.
Lambeaux myomuqueux
« Elastic flap » de Goldstein [23]
Il s’agit d’un lambeau myomuqueux centré sur l’artère
coronaire labiale, utilisant la lèvre rouge restante. Ce procédé
évite une cicatrice sur le versant cutané dans le cas de lésions
superficielles. L’incision externe est le long de la ligne de
jonction cutanéomuqueuse. Elle passe en profondeur à travers
le muscle orbiculaire et se poursuit par l’incision interne qui lui
est parallèle (Fig. 15). Ses propriétés élastiques permettent de
reconstruire jusqu’à la moitié de la longueur de la lèvre rouge.
On peut l’utiliser comme lambeau hétérolabial pour la lèvre
Figure 13. Technique du lip-shave après vermillonectomie.
rouge antagoniste.
reconstruire le vermillon en décollant la muqueuse du plan « Facial artery musculomucosal flap » (FAMM) [24]
musculaire jusqu’au vestibule, en l’amenant par traction douce
Ce lambeau a été décrit par Pribaz en 1992. C’est un lambeau
(attention à sa fragilité vasculaire) sur la zone de vermillon à
musculomuqueux vascularisé par l’artère faciale. C’est le
exciser, pour la suturer au niveau de la ligne de jonction
pendant endobuccal du lambeau nasogénien cutané. Il peut être
cutanéomuqueuse.
prélevé à base supérieure ou inférieure. Ce lambeau s’étend du
Technique du « rideau » muqueux hétérolabial trigone rétromolaire à la projection endobuccale de l’aile du
.
Elle se réalise en deux temps. Le lambeau pédiculé sur la lèvre nez. On peut prélever un lambeau de 8 cm de long pour 1 à
et prélevé sur son versant interne est déroulé « en rideau » de 2 cm d’épaisseur. La dissection s’effectue de distal en proximal.
dedans en dehors, pour être suturé sur la lèvre antagoniste. Le Après incision de la muqueuse et d’une partie du muscle
sevrage se fait secondairement à 2 ou 3 semaines. C’est un buccinateur, on repère l’artère faciale qui est liée et sectionnée
lambeau fragile qui présente les mêmes inconvénients que tous puis on lève le lambeau en laissant celle-ci à sa face profonde.
les lambeaux hétérolabiaux. La zone donneuse est reconstruite Il possède un arc de rotation important rendant compte de ses
par glissement de muqueuse homolabiale ou greffe muqueuse indications multiples. Il permet de couvrir des pertes de
libre. substance intrabuccales, intranasales, palatines et du plancher
buccal (Fig. 16). C’est une bonne indication pour la reconstruc-
Lambeau de face interne de joue (Fig. 14) tion du vermillon et de la lèvre muqueuse [25]. La zone don-
neuse est fermée directement ou laissée en cicatrisation dirigée.
Le lambeau est à pédicule antérieur, dans la région paracom-
missurale à la face interne de la joue. Le sevrage s’effectue à la
deuxième ou troisième semaine. Il faut veiller à respecter Lambeaux de langue
l’orifice du canal de Sténon (en regard de la deuxième molaire
supérieure). La zone donneuse peut se fermer directement le La richesse de la vascularisation linguale permet d’y prélever
plus souvent après décollement de ses berges. de nombreux lambeaux avec fermeture directe du site donneur
Figure 14. Lambeau muqueux de face interne de joue. Lambeau pédiculé avec un temps de sevrage au 15e jour.
Figure 16. Lambeau de facial artery musculomucosal flap (FAMM), schéma et indications.
A. Lambeau de FAMM à pédicule supérieur.
B. Lambeau de FAMM à pédicule inférieur.
Il vaut mieux réaliser sur mesure un lambeau de scalp trois plans, en essayant de rétablir la sangle orbiculaire afin de
unipédiculé sur un pédicule temporal superficiel [27]. L’orienta- respecter la fonction sphinctérienne, tout en préservant une
tion des cheveux prélevés est importante à considérer. ouverture buccale satisfaisante [8].
Utile essentiellement pour la réparation de la lèvre supérieure
de l’homme, si on veut recréer la pilosité. Si l’on reconstruit la Microstomies
lèvre de pleine épaisseur, il est souhaitable de greffer au
préalable la face profonde du lambeau, qui correspond au On peut, en simplifiant, les classer en deux grands groupes.
versant endobuccal de la future lèvre. Les unes dites cicatricielles sont le fait des traumatismes ou des
brûlures. On se retrouve en présence de tissus fibreux de
dissection délicate. Les autres sont postchirurgicales, le plus
■ Réparation des commissures souvent suite à la réalisation de lambeaux de rotation, qui
induisent un déplacement médial des modioli (Estlander,
labiales Karapandzic, fan-flap de Gillies, etc.). Dans ce cas les tissus sont
plus souples, toniques et bien vascularisés.
Les commissures sont idéalement situées au croisement d’une
ligne horizontale, passant à la jonction des lèvres, et d’une ligne De nombreuses techniques chirurgicales ont été décrites pour
verticale à l’aplomb des pupilles. Les anomalies de positionne- traiter les microstomies. Il est primordial de se rappeler que la
ment des commissures se définissent ainsi : par rapport au plan réparation musculaire est un temps essentiel.
horizontal : dystopies verticales et par rapport au plan vertical : Les procédés classiques négligent ce temps musculaire : une
dystopies transversales. La fréquence des rétractions cicatricielles incision latérale est réalisée jusqu’à l’emplacement idéalement
postopératoires impose l’utilisation de conformateurs, ainsi défini pour la néocommissure. Gillies [16] réalise une excision
qu’une exercisation musculaire précoce et poursuivie longtemps triangulaire à sommet néocommissural. Mais ce procédé inter-
pour pérenniser la stabilité des résultats obtenus [8, 28]. rompt l’orbiculaire sans rétablir sa continuité. La réparation du
plan muqueux est assurée par la bascule en dehors à 90° de
Dystopies verticales deux triangles muqueux opposés par leur base (Fig. 19).
Ces procédés ne doivent être appliqués qu’à des déformations
Elles sont fréquemment dues à la rétraction cicatricielle et limitées.
doivent être traitées comme des brides. Le plus souvent, le
recours à la plastie en « Z » est suffisant. La plupart des plasties Techniques assurant une réparation musculaire
locales utilisées en chirurgie plastique et chirurgie des séquelles Pour les microstomies cicatricielles nous retenons la techni-
de brûlures peuvent être réalisées en « V-Y », « W ». que de Pons (Fig. 20) [29].
Elle consiste en l’excision d’un triangle cutané à sommet
Dystopies horizontales néocommissural. La sangle orbiculaire est dédoublée après
clivage dans le plan frontal. Les deux segments musculaires sont
Macrostomie attirés en dehors, fixés l’un à l’autre et arrimés en transcutané
Plus rare que la microstomie, la macrostomie est liée au sur un bourdonnet, un peu au-delà de l’emplacement de la
déplacement vers l’extérieur des commissures par attraction néocommissure. Le temps muqueux est réalisé selon le principe
cicatricielle. C’est là aussi l’indication des plasties en « Z » et des d’une plastie en « Z » ou en « V-Y ».
techniques de plasties locales classiques. Pour les microstomies postchirurgicales nous conseillons le
Cas des colobomes post-traumatiques : ils sont liés à des procédé de Préaux (Fig. 21) [30].
plaies transfixiantes, avec ou sans perte de substance des Le clivage de l’anse orbiculaire est sagittal selon un trajet
commissures. Il faut réaliser une labio-commissuro-raphie en curviligne à concavité supéro-interne, délimitant un segment
“ Points essentiels
• Restaurer la jonction cutanéomuqueuse
• Assurer une réparation en 3 plans
• Reconstruire la sangle orbiculaire
• Privilégier la réparation de la lèvre par de la lèvre
• Respecter les sous-unités esthétiques
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les objectifs ne sont pas les mêmes. Devant une lésion trauma- [22] Labbe D, Ferrand JY, Dompmartin A, Kaluzinski E, Compère JF.
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