LA CONVERSION ET LE CARÊME - DANS L'ÉGLISE ORTHODOXE - Moi Aussi, Je Suis Pécheur
LA CONVERSION ET LE CARÊME - DANS L'ÉGLISE ORTHODOXE - Moi Aussi, Je Suis Pécheur
LA CONVERSION ET LE CARÊME - DANS L'ÉGLISE ORTHODOXE - Moi Aussi, Je Suis Pécheur
Sur le chemin spirituel, les désirs et les attachements qui nous éloignent de
Dieu deviennent de plus en plus raffinés et subtils, plus difficiles à
discerner : cependant ils sont là. Sainte Thérèse d’Avila, après son entrée au
couvent, se réjouissait des visites des ses amies, qui lui parlaient des
événements et de la vie sociale à l’extérieur - sûrement, l’on croirait, un
plaisir innocent pour quelqu’un qui a renoncé à la "vie du monde" afin de
se dévouer à Dieu. Mais elle a pris conscience que son attachent à ce plaisir
innocent était un obstacle à sa vie spirituelle : un "péché" qui nuisait à sa
consécration totale à Dieu et elle a renoncé à ces visites. Le Père Alphonse
du Centre de Rencontres spirituelles (Lorraine, France) raconte l’histoire
d’un Jésuite qui participait à un atelier au Centre. Invité par le père
Alphonse à identifier les attachements qui nous coupent de Dieu, au début il
ne pouvait identifier aucun attachement "matériel" de ce genre. Puis,
comme sainte Thérèse, il s’est rendu compte qu’il était attaché à un "petit
plaisir" considéré normalement comme innocent : il aimait fumer la pipe et
il était "attaché" à sa pipe. Il a demandé au père Alphonse de prendre sa
pipe.
Même si je suis sur le chemin spirituel, même si je reçois des grandes grâces
du Seigneur, je suis toujours pécheur. L’attitude d’Abba Bessarion, "Moi
aussi je suis un pécheur", doit être mienne, doit être celle de toute personne
sur la voie spirituelle, du début jusqu’à la fin. Abba Sisoès, un autre père du
désert, au moment de sa mort, dit aux frères qui l’entouraient qu’il voulait
faire pénitence: il ne s’était pas suffisamment converti ; il n’aimait pas
assez ; il était lui aussi un pécheur, même au moment de sa mort.
Qui suis-je pour penser que je ne suis pas un pécheur ? Je dois surpasser
l’idée que le péché est cet acte-ci ou celui-là et reconnaître que je suis "dans
le péché" chaque instant où je suis pas entièrement avec Dieu, chaque
instant où je n’accomplis pas l’amour que Dieu a pour moi et que je dois lui
rendre en tant que mon Créateur et mon grand amour. Si j’aime Dieu, alors
j’aime mon prochain, ainsi que moi-même. Si j’aime Dieu, tout le reste
s’ensuit : je ferai ce qui est juste aux yeux de Dieu parce que c’est le
commandement de l’amour qui me guide. L’exigence morale découle de la
vérité essentielle de l’amour, de la vie de l’esprit. Le mensonge, le vol,
l’adultère me séparent de Dieu : j’agis de telle ou telle façon parce que Dieu
m’aime et la seule façon que j’ai de rendre l’amour à Dieu est de me
dévouer à lui en toutes choses.
Jésus est né pour le salut du monde, pour porter le pardon divin à tous, et il
descend aux enfers pour libérer les pécheurs. Dans les mots d’Abuna Paul
(Monastère du Buisson Ardent, France) : "Le Christ est plus bas que le plus
bas, afin de prendre le pécheur dans ses bras". Une des grandes icônes est
justement celle de la "Descente aux Enfers", l’icône principale de la
Résurrection. Sur cette icône, Jésus est présenté aux enfers après la
crucifixion ; il saisit Adam par la main, un Adam agenouillé, attendant le
pardon et la délivrance, alors qu’Ève attend de l’autre coté du Christ,
étendant ses mains en supplication (dans certaines versions de cette icône,
le Christ saisit Adam d’une main et Ève de l’autre). Quelle puissante image
de pardon, de rédemption et de salut ! Car je suis Adam, nous sommes tous
cet Adam pour qui le Christ est descendu jusque dans notre enfer personnel
afin de nous libérer, de nous prendre avec lui. Comment puis-je
accompagner le Christ dans son Royaume si je ne reconnais pas mon
péché ? Dieu respecte la liberté qu’il nous a donnée : je dois demander le
pardon ; il n’est pas accordé autrement. La demande du pardon nous ouvre
la porte de la Rédemption et permet ainsi à la grâce rédemptrice du Christ
d’emplir l’âme.