Hommarlene Thesemed
Hommarlene Thesemed
Hommarlene Thesemed
Circonscription Médecine
ANNEE 2016
N°
THESE
présentée
à Auxerre
Université de Bourgogne
Circonscription Médecine
ANNEE 2016
N°
THESE
présentée
à Auxerre
L’UFR des Sciences de Santé de Dijon, Circonscription Médecine, déclare que les opinions émises
dans les thèses qui lui sont présentées doivent être considérées comme propres à leurs auteurs, et
qu'elle n'entend ne leur donner ni approbation, ni improbation.
COMPOSITION DU JURY
Pr BONIN Bernard
Dr GERMOND Gérard
REMERCIEMENTS
Vous me faites l’honneur de présider cette soutenance de thèse. Merci pour vos conseils et le temps
que vous m’avez consacré. J’en suis d’autant plus honorée que je sais vos nombreuses obligations.
Veuillez trouver ici le témoignage de mon profond respect.
Je vous remercie d’avoir accepté de juger ce travail, c’est un honneur de vous compter parmi les
membres de ce jury. Veuillez trouver ici l’expression de ma gratitude et de mon profond respect.
Je vous remercie de m’avoir fait l’honneur de siéger à ce jury et d’avoir accepté de juger ce travail.
Permettez-moi de vous adresser mes remerciements les plus respectueux.
Gérard,
Je te remercie de m’avoir accordé ta confiance dans ce sujet qui me tenait à cœur et dont tu avais peu
de connaissances. J’espère que j’ai pu t’apporter quelques éléments qui t’aideront dans ta pratique.
Merci pour ta relecture et tes conseils.
Pour m’avoir consacré du temps à répondre à mes questions, à l’envoi et à la collecte des
questionnaires.
Pour m’avoir accueilli chaleureusement dans votre bureau et pour m’avoir particulièrement aidé, d’un
point de vue statistique, durant ce travail de thèse.
Elodie,
Tu as été la bonne personne, au bon moment. Merci de m’avoir fait découvrir ta profession. Tu es une
personne pétillante !
Fred et Philippe,
J’ai dû mal à trouver les mots pour vous remercier pour toutes les choses que vous avez pu
m’apporter (professionnelles, mais surtout personnelles). Vous m’avez toujours fait confiance. Je
n’aurais jamais continué dans cette profession sans vos encouragements. Vous m’avez soutenu dans
les moments difficiles, je suis énormément touchée par vos réconforts.
Pierrette,
Tes sourires, ta douceur et ta gentillesse m’ont également énormément touché. Je te remercie pour
ton accueil chaleureux dans ta maison. Et encore une fois, je ne sais pas comment te remercier pour
ton aide précieuse pour les impôts (Philippe a bien raison de dire que tu es experte ) !
Ma belle famille,
Vous m’avez accepté dans votre famille. Et vous m’avez toujours soutenu et encouragé durant mes
études, merci.
Ma famille,
Je remercie toute ma famille pour l’intérêt que vous portez à ma vie, à mon travail, à mes études.
Merci pour votre affection que me touche énormément.
Mamy et Papy,
Merci d’avoir toujours été là pour moi, de m’avoir soutenu. « Je suis un petit bisou qui s’est perdu. Est-
ce que je peux me poser sur vos joues et vous dire que moi je vous adore tout plein ? »
Papa et Maman,
Vous m’avez appris la détermination, l’envie de réussir et à être indépendante. Je vous remercie pour
les sacrifices que vous avez faits pour moi et j’espère que vous serez fiers de moi.
Charly,
Merci d’être mon frère ! J’aurais tant aimé que tu puisses être là aujourd’hui, à mes côtés. On se voit
très bientôt et je suis trop impatiente de te serrer très fort dans mes bras. Je suis tellement fière de
tout ce que tu fais. Je t’aime très fort !
Pendant ces années d’études,…, non ces très longues années d’études, …. , non ces très très
longues années d’études, j’ai fait des superbes rencontres. Merci pour tous les moments de rire et de
joie que nous avons passés ensemble que ce soit en primaire, au collège, au lycée ou à la fac. « Les
gens de la classe » : Gaëlou, Sica, Jérôme, Christophe, Stéphanie, … ; Cécile, Aurélie, Yoan
La Pitchou et Momo,
Vous sortez du lot !! On se connaît quand même depuis le collège et notre amitié est toujours là! Nos
longues discussions m’ont apporté beaucoup de réconfort et de sérénité.
Vos présences à la maternité pour les naissances de mes amours, m’ont tellement touchée !!!
Momo avec tes grandes mains, tu ne savais pas comment approcher Thaïs. Tu avais peur
de lui faire mal. Alors que je sais que je peux te confier mes loulous les yeux fermés.
Et toi Marion, ta tablette de chocolat aux morceaux de pistache, un cadeau juste pour moi !
Les autres, mais pas les moindres !!!!
Magali (pour ta sagesse, ton optimisme et nos ressemblances, d’ailleurs c’est impressionnant tous les
points que nous avons en commun, les autres parents d’élèves ont raison de penser qu’on est
sœurs !!), Benjamin, Margot et Juliette
Marion et Cyrille : merci pour votre accueil, votre soutien, vos encouragements, votre gentillesse.
Vous êtes tellement généreux
Mathieu,
Tu es le seul à m’avoir soutenu pendant toutes ces années. Merci d’avoir été à mes côtés dans les
moments exceptionnels comme dans des moments plus difficiles. J’ai toujours pu compter sur toi. Tu
es le papa de mes enfants. Et bien que nos chemins se soient séparés, tu resteras toujours essentiel
dans ma vie.
Thaïs et Hugo,
Ma Thaïs, lors d’un petit jeu, tu devais dire si tu étais fière de ta maman. Tu m’as répondu « oui »
« quand tu fais ta thèse ». J’ai bien sûr eu une petite larme qui a coulée sur ma joue en t’entendant
me dire que tu es fière de moi. Mais c’est moi qui suis extrêmement fière d’avoir deux enfants comme
vous. Vous êtes beaux, gentils, malins, matures, altruistes,…
Mon Hugo, je reprends ta phrase et je vous retourne le compliment : « Vous êtes très beaux et vous
êtes très gentils ».
Vos sourires, vos rires, vos câlins, vos discussions, vos réflexions philosophiques dès 8h du matin sur
les guerres en Palestine ou quelles seront les espèces vivantes après la disparition de l’Homme
(dragons à 1 ou 3 têtes ???), vos mots doux,… ces choses merveilleuses me rappellent tous les jours
que ma priorité : c’est d’être votre maman !!!
Admis(e) dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront
confiés. Reçu(e) à l'intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma
conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.
Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les
agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.
J'apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu'à leurs familles dans l'adversité.
Que les hommes et mes confrères m'accordent leur estime si je suis fidèle à
mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j'y manque."
TABLE DES MATIÈRES
12
10.2. Dyspraxie et TDA/H ................................................................................................................. 35
10.3. Dyspraxie et dysphasie ............................................................................................................ 35
10.4. Dyspraxie et trouble de l’adaptation sociale ............................................................................ 35
10.5. Dyspraxie et haut potentiel ....................................................................................................... 36
11. REPÉRAGE/DÉPISTAGE ............................................................................................................... 36
11.1. L’école ...................................................................................................................................... 36
11.1.1. Les activités ...................................................................................................................... 37
11.1.2. La motricité ....................................................................................................................... 37
11.1.3. Les apprentissages scolaires ........................................................................................... 37
11.1.4. Synthèse ........................................................................................................................... 38
11.2. La vie quotidienne .................................................................................................................... 39
11.2.1. S’habiller ........................................................................................................................... 39
11.2.2. Manger .............................................................................................................................. 39
11.2.3. Jouer ................................................................................................................................. 39
11.2.4. Se dépenser...................................................................................................................... 39
11.3. La vie sociale............................................................................................................................ 40
11.4. D’autres motifs de consultation ................................................................................................ 41
12. DIAGNOSTIC D’UN TROUBLE DYS .............................................................................................. 41
12.1. Les critères d’exclusion ............................................................................................................ 42
12.1.1. Les pathologies sensorielles, neurologiques ou psychiatriques ....................................... 42
12.1.2. Le déficit intellectuel ......................................................................................................... 45
12.1.3. Les carences éducatives .................................................................................................. 46
12.2. Les critères d’inclusion ............................................................................................................. 46
12.2.1. Le trouble est durable ....................................................................................................... 46
12.2.2. Le trouble est intense ....................................................................................................... 46
12.2.3. Des signes caractéristiques .............................................................................................. 46
12.3. Le parcours de soins ................................................................................................................ 47
12.3.1. Le niveau 1 ....................................................................................................................... 47
12.3.2. Le niveau 2 ....................................................................................................................... 47
12.3.3. Le niveau 3 ....................................................................................................................... 47
12.4. Les intervenants ....................................................................................................................... 48
13. PRONOSTIC ................................................................................................................................... 50
14. PROJET THÉRAPEUTIQUE ........................................................................................................... 50
14.1. Généralités ............................................................................................................................... 50
14.2. A l’école .................................................................................................................................... 51
14.2.1. Les aides humaines ......................................................................................................... 52
14.2.2. Les moyens....................................................................................................................... 52
14.3. Au domicile ............................................................................................................................... 53
14.3.1. L’habillage ......................................................................................................................... 53
14.3.2. Les repas .......................................................................................................................... 53
15. DÉMARCHES ADMINISTRATIVES ................................................................................................ 53
15.1. Du trouble au handicap ............................................................................................................ 53
13
15.1.1. En cas de gêne minime .................................................................................................... 53
15.1.2. En cas de gêne modérée .................................................................................................. 53
15.1.3. En cas d’handicap avéré .................................................................................................. 54
15.2. Les autres prestations .............................................................................................................. 54
15.2.1. L’allocation d’éducation d’enfant handicapé ..................................................................... 54
15.2.2. Les établissements scolaires spécialisés ......................................................................... 55
15.2.3. Les aides matérielles ........................................................................................................ 55
15.2.4. Les aides humaines ......................................................................................................... 55
15.2.5. L’aménagement scolaire ................................................................................................... 55
15.2.6. L’affection de longue durée .............................................................................................. 55
16. ÉTUDE............................................................................................................................................. 56
16.1. Introduction............................................................................................................................... 56
16.2. Matériel et méthode ................................................................................................................. 57
16.2.1. Population étudiée ............................................................................................................ 57
16.2.2. Questionnaire.................................................................................................................... 57
16.2.3. Analyse statistique ............................................................................................................ 57
16.3. Résultats .................................................................................................................................. 58
16.3.1. Taux de participation ........................................................................................................ 58
16.3.2. Généralités........................................................................................................................ 58
16.3.3. Etudes ............................................................................................................................... 63
16.3.3.1. Comparaison selon le sexe ........................................................................................... 63
16.3.3.2. Comparaison selon l’âge du médecin ........................................................................... 64
16.3.3.3. Comparaison selon le fait d’avoir des enfants ............................................................... 65
16.3.3.4. Comparaison selon le fait d’être maître de stage .......................................................... 66
16.3.3.5. Comparaison selon le type d’activité annexe ................................................................ 67
16.4. Discussion ................................................................................................................................ 68
16.4.1. Choix de la méthode ......................................................................................................... 68
16.4.2. Choix de la population d’étude ......................................................................................... 68
16.4.3. Choix des questions ......................................................................................................... 68
16.4.4. Les médecins répondant .................................................................................................. 69
16.4.5. Ce que nous avons fait ressortir du questionnaire ........................................................... 69
16.5. Conclusion................................................................................................................................ 74
17. CONCLUSIONS .............................................................................................................................. 75
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................... 78
ANNEXES.............................................................................................................................................. 81
14
LISTE DES ILLUSTRATIONS
15
TABLE DES ANNEXES
16
LISTE DES ABRÉVIATIONS
17
1. INTRODUCTION
L’échec scolaire et plus particulièrement les troubles des apprentissages scolaires font partie
des sujets d’actualité en France. Certains de ces troubles peuvent être secondaires à des
dysfonctionnements neurologiques spécifiques : « les troubles dys ». La dyspraxie ou le trouble de
l’acquisition de la coordination (selon les équipes de recherche) sont des troubles développementaux
moteurs. Ils touchent la planification et l’exécution des gestes appris. Il s’agit d’un handicap.
Nous avons constaté que les définitions et les statistiques étaient floues malgré la fréquence
importante de ce trouble. De récents et nombreux travaux de recherche en neuro-imagerie tentent
d’en comprendre les étiologies. D’autre part, l’apport de la neuropsychologie a permis de distinguer
plusieurs modèles.
Nous avons voulu étudier cette situation de façon plus précise pour essayer de trouver des
éléments en consultation pour favoriser la prise en charge de ces enfants.
La deuxième partie présente une enquête réalisée par questionnaire auprès des médecins
généralistes libéraux exerçant dans le département de l’Yonne. Cette étude a pour objectif de
connaître la prise en charge actuelle des enfants dyspraxiques et les connaissances des médecins
sur ce trouble. Nous les avons interrogés sur les freins à la prise en charge de ces enfants dans leur
cabinet.
A l’issue de ce travail, nous avons élaboré une fiche d’éléments destinée à faciliter le
dépistage et le diagnostic de ces enfants dyspraxiques par les médecins généralistes.
2. DÉFINITIONS
2.1. La praxie
Le geste se compose de deux parties l’une cognitive et l’autre motrice (Illustration 1) [1].
Dans la partie cognitive on retrouve :
- le projet ou l’intention motrice : c’est la partie consciente du geste. C’est ce que l’individu veut
réaliser, son but.
- la planification du geste : c’est l’organisation temporelle des séquences qui doivent être réalisées.
18
- la programmation du geste : c’est l’organisation motrice et spatiale du geste. Elle prend en compte le
but fixé (ce qu’il faut réaliser), les conditions environnementales, les outils éventuels à utiliser.
19
La dysgnosie et la dysmnésie vont probablement intégrer les troubles cognitifs spécifiques.
Les troubles spécifiques des apprentissages sont la conséquence des troubles cognitifs
spécifiques. Ce sont les « dys-symptômes ». Il s’agit de la dysgraphie, de la dyscalculie, de la
dyslexie, de la dyspraxie et de la dysorthographie.
Les troubles des apprentissages constituent un handicap par rapport aux contraintes
environnementales (civilisations, sociétés, exigences dans un groupe social, évolution humaine à un
moment donné). Michèle Mazeau, en 2010, souligne qu’une personne dyslexique au Moyen-âge ne
pouvait pas être en situation de handicap puisque peu de personnes étaient instruites, contrairement
à aujourd’hui [2]. De nos jours, les troubles vont surtout être mis en évidence dès la maternelle.
A noter qu’il faut se méfier du préfixe « dys- ». En effet, en plus de la différence entre « dys-
diagnostics » et « dys-symptômes », les troubles de l’attention et le syndrome dys-exécutif font partie
des dys sans en avoir le préfixe [3].
Il faut se méfier des faux multi dys. C’est peu fréquent et le pronostic scolaire est complexe. Il faudra
peut être s’orienter vers un syndrome dys-exécutif.
20
Les deux termes sont retrouvés dans la littérature. Il n’y a actuellement pas de consensus.
Les chercheurs ont des nationalités différentes et sont issus de formations différentes (médecin,
psychomotricien, ergothérapeute,…). Certains considèrent que ce sont des synonymes (Gibbs et al.).
Tandis que pour d’autres, la dyspraxie est un sous ensemble des troubles de l’acquisition de la
coordination (TAC) (Albaret). Ou alors il s’agit d’une entité à part entière (Mazeau et Pouhet).
Le modèle anglo-saxon est plus axé sur le trouble moteur du geste et les conséquences
fonctionnelles sur l’autonomie de l’enfant, avec l’étude de l’intégration sensorielle. Ils parlent de
Developmental Coordination Disorder (DCD) traduit par trouble de l’acquisition de la coordination
(TAC) en France.
Tandis que le modèle français porte sur la compréhension développementale du cerveau avec
les apports de la neuropsychologie. C’est un déficit dans la construction de la pensée (élaborer,
planifier, automatiser les programmes moteurs). Elle inclut les habiletés visuo-perceptuelles de
l’enfant et leurs conséquences. Plusieurs écoles s’opposent en France (Jean Michel Albaret et
Michèle Mazeau par exemple), ainsi TAC et dyspraxie sont utilisés [4].
- les termes plus spécifiques comme dyspraxie idéatoire, d’habillage, visuo-perceptuelle,… sont
utilisés le plus souvent par les professionnels de rééducation pour le suivi de l’enfant.
21
Ce trouble est défini comme une « altération sévère du développement de la coordination
motrice, non imputable exclusivement à un retard mental global ou à une affection neurologique
spécifique, congénitale ou acquise » :
A. Le résultat obtenu à un test standardisé de coordination motrice se situe à au moins deux écarts-
types en dessous du niveau escompté, compte tenu de l'âge chronologique.
B. La perturbation décrite en A interfère de façon significative avec les performances scolaires ou les
activités de la vie courante.
C. Absence de toute affection neurologique identifiable.
D. Critère d'exclusion le plus couramment utilisé. Le quotient intellectuel (QI), évalué par un test
standardisé de façon individuelle, est inférieur à 70.
Il existe aussi la rubrique F83 « Troubles spécifiques mixtes du développement » qui est
intéressante dans le cadre des dys.
« Catégorie résiduelle de troubles, dans lesquels il existe à la fois des signes d’un trouble spécifique
du développement, de la parole et du langage, des acquisitions scolaires et des fonctions motrices,
mais sans qu’aucun de ces éléments ne prédomine suffisamment pour constituer le diagnostic
principal. Cette catégorie mixte doit être réservée à des cas où il existe un chevauchement important
de chacun de ces troubles spécifiques du développement. Ces troubles s’accompagnent
habituellement d’un certain degré d’altération des fonctions cognitives. Cette catégorie doit ainsi être
utilisée pour des perturbations répondant aux critères d’au moins deux des catégories F80, F81 et
F82. »
F80 Troubles spécifiques du développement de la parole et du langage
A noter qu’il s’agit de la seule classification qui nomme la dyspraxie. La CIM 10 sera
remplacée par la CIM 11 en 2018.
22
B. La perturbation interfère de façon significative avec la réussite scolaire ou les activités de la vie
courante
C. La perturbation n’est pas due à une affection médicale générale et ne répond pas aux critères d’un
trouble envahissant du développement
D. S’il existe un retard mental, les difficultés motrices dépassent celles habituellement associées à
celui-ci
2.3.3. Le DSM V
Depuis mai 2013, il y a le DSM-V. Cette nouvelle classification a pour but d’harmoniser les
définitions entre le DSM et la CIM. Il y a des modifications, notamment en ce qui concerne les troubles
ère ème
des apprentissages et les troubles moteurs [7]. Ils n’appartiennent plus aux troubles de 1 ou 2
enfance ou adolescence, mais aux troubles neurodéveloppementaux.
La nouvelle organisation des troubles selon le DSM-V est la suivante :
- troubles de la communication
- troubles moteurs : trouble de l’acquisition de la coordination, troubles des mouvements stéréotypés,
troubles tics
- troubles spécifiques des apprentissages : lecture, expression écrite, calcul, apprentissages non
spécifiés.
Il n’y a plus de distinction entre le calcul et le langage écrit ou oral. Il n’y a plus d’étiquetage, donc
moins d’erreurs entre diagnostic et nouveaux symptômes apparus dans la scolarité.
Le critère majeur est la persistance depuis au moins six mois d’un des six symptômes des
TSA en dépit d’une prise en charge individualisée et d’une adaptation pédagogique ciblée. La notion
de différence entre QI élevé ou normal et la difficulté dans les tâches scolaires est supprimée :
A. Difficulté à apprendre et à utiliser les aptitudes académiques, comme indiqué par la présence d’au
moins un des symptômes suivants, qui ont persisté depuis au moins 6 mois en dépit d’interventions
ciblées:
1- lecture de mots inexacte, lente ou laborieuse
2- difficulté à comprendre la signification de ce qui est lu (même si lu correctement)
3- difficultés d’orthographe (spelling) : ajout ou omission de lettres
4- difficultés dans l’expression écrite : erreurs de ponctuation ou grammaticales, défaut d’organisation
des paragraphes, manque de clarté de l’expression des idées
5- difficulté à maîtriser le sens des nombres, les faits numériques, ou le calcul
6- difficulté dans le raisonnement mathématique : appliquer des concepts ou des faits dans la
résolution de problèmes
B. Significativement au-dessous de ceux attendus pour l’âge et interfère significativement avec les
performances académiques ou les occupations
C. Commence durant les années d’école mais peut n’être manifeste que dès lors que les demandes
excèdent les capacités limitées de l’individu
D. Pas mieux expliquées par déficience intellectuelle, acuité auditive ou visuelle non corrigée, autres
troubles neurologiques ou mentaux, adversité psycho-sociale...
Pour les troubles moteurs, dont fait partie le TAC, il y a des critères spécifiques [8] :
A. Les performances dans les activités de la vie quotidienne nécessitant une bonne coordination
motrice sont nettement en dessous du niveau escompté compte tenu de l’âge chronologique du sujet
et de son niveau intellectuel.
23
Dans le DSM-V, le critère est plus clair avec l’ajout de la notion d’opportunité d’apprentissage et des
concepts de lenteur d’exécution («slowness») et de manque de précision motrice («inaccuracy»)
Les notions de «niveau intellectuel» et de retards importants dans les étapes du développement
psychomoteur (ex.: ramper, s’asseoir, marcher) sont supprimées.
B. La perturbation décrite dans le Critère A interfère de façon significative avec la réussite scolaire ou
les activités de la vie courante.
Le DSM-V accentue les notions de persistance et d’activités appropriées pour l’enfant. Le trouble est
défini dans l’ensemble des domaines occupationnels de l’enfant (jeu, loisirs, productivité
académique,….).
D. S’il existe un retard mental, les difficultés motrices dépassent celles habituellement associées à
celui-ci. Les difficultés motrices ne sont pas mieux expliquées par une déficience intellectuelle ou une
déficience visuelle. Et elles ne sont pas attribuables à une condition neurologique affectant le
mouvement (ex.: dystrophie musculaire, trouble dégénératif, etc.)
Le niveau de sévérité a aussi fait son apparition dans le DSM-V. Il permet d’aider les maisons
départementales des personnes handicapées (MDPH) à classifier et à mettre en place les aides
compensatoires adaptées à la sévérité du handicap [9].
- Légère: quelques difficultés à acquérir les aptitudes dans un ou deux domaines, mais suffisamment
discret pour permettre au sujet de compenser ou de fonctionner correctement (avec les aides
appropriées)
- Modérée: difficultés marquées dans l’acquisition des aptitudes académiques dans un ou plusieurs
domaines, de sorte que le sujet risque fort de ne pas atteindre le niveau de compétence requis sans
un traitement intensif et un enseignement spécialisé. Des aménagements sont nécessaires au moins
une partie de la journée scolaire, sur le lieu de travail ou à la maison.
- Sévère: difficultés majeures dans plusieurs secteurs des acquisitions académiques de sorte que le
sujet a peu de chances d’atteindre le niveau requis sans une prise en charge intensive et durable
durant toute la scolarité. Même avec des aménagements appropriés à la maison, à l’école ou sur le
lieu de travail, le sujet peut ne pas être capable d’effectuer toutes les activités de manière efficiente.
3. HISTORIQUE
L’étude de ces troubles praxiques est assez récente. Aux Etats-Unis, les premières études
datent des années 1930 et en France vers 1960 [10,11]:
- 1900, Collier est le premier à évoquer les troubles du geste moteur en utilisant le terme
« maladresse ».
- 1937, Orton parle de « maladresse anormale » et de « developmental apraxia ».
- 1964, l’équipe francophone de Stamback, Bergès et Ajuriaguerra définissent la dyspraxie comme
une atteinte de la construction de la pensée. C’est une désorganisation conjointe du schéma corporel
et de l’organisation spatiale.
24
- 1972, Ayres pose comme origine de la dyspraxie un trouble de l’intégration sensorielle.
- 1985, Cermak se base sur la neuropsychologie adulte et distingue les troubles de la planification et
de l’exécution.
- 1991, Gérard et Degas, définissent la dyspraxie en trois types.
- 1995, Mazeau, en France, évoque le trouble praxique constructif et le trouble de la sériation
temporelle. Et Dewey, au Canada, émet l’hypothèse d’un déficit conceptuel de la connaissance du
geste à accomplir.
- 1992, dans la CIM 10 de l’OMS, on retrouve dans la définition de « trouble spécifique du
développement moteur », dyspraxie de développement et TAC.
- le terme officiellement retenu est « Trouble de l’acquisition de la coordination » dans le DSM III-R en
1987 et repris dans les autres DSM.
- XXIe siècle, on découvre les compétences précoces des bébés. La succion non nutritive et le regard
préférentiel sont utilisés pour étudier les bébés. Le développement cérébral n’est pas global mais
modulaire. Les modules sont isolables et certains domaines peuvent être électivement atteints (notion
d’hétérogénéité et de spécificité).
Depuis le 11 février 2005, les troubles dys sont enfin reconnus comme un handicap et donc
pris en charge par les MDPH.
4. A L’ÉTRANGER
Au Québec, en France, en Nouvelle Zélande, en Grande Bretagne, on préférera parler de
dyspraxie. Tandis que dans les pays anglo-saxons (Canada anglais, Etats-Unis), on parle de DCD ou
de TAC.
25
Le diagnostic est toujours médical. Il se fait après l’âge de 5 ans. Le médecin généraliste ou le
pédiatre va d’abord éliminer les autres causes neurologiques, psychologiques et sensorielles. Puis
l’ergothérapeute et/ou le physiothérapeute (métier qui ressemblerait à celui du kinésithérapeute)
confirme(nt) l’existence d’un trouble de la coordination grâce à des tests [13].
A noter que les professionnels de rééducation sont différents par rapport à la France, par
exemple, il n’y a pas de psychomotricien au Québec.
La formation des enseignants est ressentie comme insuffisante, tout comme en France. Les
médecins généralistes doivent repérer et prendre en charge sur le long terme les enfants
dyspraxiques. Mais les généralistes déclarent ne pas avoir assez de connaissances à propos de ce
trouble [14]. Une étude menée auprès des médecins généralistes, entre 2005 et 2006, au Canada
anglais, portait sur la reconnaissance et l’orientation des enfants atteints de TAC. Le but était de
démontrer si une formation sur le TAC et un travail en collaboration avec les professionnels de
rééducation permettraient d’améliorer le repérage et l’orientation des enfants atteints de ce trouble.
Avant la formation, 91,1% des médecins généralistes inclus dans l’étude ignoraient comment
diagnostiquer ce trouble. Après la formation, 91% des généralistes reconnaissaient avoir une
meilleure connaissance du TAC, et 29,2% étaient capables de le diagnostiquer. Il faut tenir compte
du probable biais de motivation et du désir d’améliorer leurs pratiques chez ces médecins.
Il existe également le projet d’accueil individualisé (PAI) à l’école. Les enfants sont scolarisés
dans les classes normales, sauf si le handicap est trop important.
Ce sont les parents qui font le repérage, puis ils s’adressent à leur médecin généraliste ou à
leur pédiatre. Le généraliste peut avoir des connaissances sur la dyspraxie (mais la probabilité est
faible), il va le plus souvent adresser la famille vers un pédiatre. Le pédiatre va éliminer les autres
pathologies. Il peut orienter la famille vers un neuropédiatre. Les pédiatres libéraux ne sont pas pris
en charge par le système de soins.
Les autres professionnels qui peuvent être sollicités pour le diagnostic sont :
- le neuropédiatre : il est toujours à l’hôpital. Il va examiner et tester l’enfant.
- les équipes pluridisciplinaires « child development units » : elles se situent dans les hôpitaux publics
ou dans les cliniques privées (non prises en charge par le système de soins). L’enfant va y être
diagnostiqué et rééduqué.
- avant 5 ans, les enfants peuvent être pris en charge par des équipes pluridisciplinaires « Early
intervention team » qui vont les tester et les rééduquer.
26
A l’école, les enfants peuvent bénéficier d’une aide humaine (après accord du directeur de
l’établissement et de l’enseignant). Cette personne est payée par l’Education nationale. Les moyens
financiers sont restreints, peu d’enfants peuvent en bénéficier. Toutes les prises en charge dans les
établissements publics sont à la charge du système de soins, mais les délais sont très longs. Des
cliniques privées se sont développées pour les familles qui ont les moyens financiers de payer une
prise en charge plus rapide.
4.3. Le Québec
Pour les parents et les génralistes, dyspraxie ou TAC signifient la même chose puisque la
rééducation va être la même [16,17]. Mais les professionnels de rééducation sont plus précis dans les
termes (dyspraxie visuo-perceptuelle, constructive non visuo-spatiale, idéatoire, d’habillage,…).
Les enfants ont droit à des prestations comme en France. Les aides sont accordées par les
centres de santé et les services sociaux, une équivalence des conseils départementaux en France.
Les aides peuvent être une prise en charge des transports, des camps d’été, des accompagnements
pendant les loisirs,… Dans les écoles privées, les matériels de sport adaptés sont payés par l’école
via les frais d’inscription. Par contre, dans les écoles publiques, le budget de ce type de matériel doit
passer en commission scolaire.
Le diagnostic différentiel est fait par un neuropédiatre ou un pédiatre le plus souvent. Les
ergothérapeutes et les neuropsychologues font les tests pour confirmer le diagnostic positif. Les
ergothérapeutes ont un rôle très important au Québec, ce sont eux qui font le plus souvent le
diagnostic et qui organisent le programme de rééducation avec les autres professionnels.
Les enfants ont des aménagements scolaires comme en France (aides humaines et
matérielles).
27
4.5. Synthèse
Dans les différents pays, que l’on parle de dyspraxie ou de TAC/DCD, on s’accorde sur le fait
que les études sous-estiment l’incidence de la pathologie. Elle serait supérieure à 5 ou 6% (soit plus
d’un enfant par classe).
Il y a de nombreuses associations, comme en France, pour aider, conseiller les parents, les
enseignants et les professionnels de la santé.
Les causes restent encore inconnues, mais plusieurs facteurs seraient impliqués. Il y a une
prédominance chez les garçons et les prématurés (naissance avant 37 semaines d’aménorrhée).
Les troubles persistent à l’adolescence et à l’âge adulte, dans des formes un peu atténuées.
Le repérage se fait par les parents, les enseignants, les proches de l’enfant, le médecin
généraliste ou le pédiatre. L’enfant est handicapé dans sa vie quotidienne, sa scolarisation, ses loisirs,
il est prédisposé à des troubles psychologiques (anxiété, isolement, agressivité, dépression,…).
Après l’élimination d’autres troubles neurologiques ou sensoriels, les généralistes ou les
pédiatres orientent les enfants auprès de professionnels paramédicaux pour la réalisation de tests. Le
diagnostic est difficile en raison des comorbidités et des troubles psychologiques associés.
Le manque de formation des enseignants et des médecins est ce qui ressort le plus. Des
formations commencent à se mettre en place devant l’importance du trouble.
5. ÉPIDEMIOLOGIE
Les troubles des apprentissages représentent 8 à 10% des jeunes enfants en France. Selon
une étude épidémiologique menée en Bourgogne en 2013, les troubles des apprentissages sont
estimés entre 5 et 10% soit entre 13 000 et 27 000 enfants [19].
Dans le DSM-IV, la prévalence du TAC est estimée à 6% chez les enfants de 5 à 11 ans [6].
D’après le haut comité de santé publique et l’institut national de la santé et de la recherche médicale
(INSERM) en 2006, 5 à 7% des enfants entre 5 et 11 ans seraient touchés.
Selon la définition employée ou le pays, le taux de prévalence de dyspraxie/TAC diffère. Il est
admis que ce taux est sous-estimé quelque soit le pays ou l’équipe de recherche.
Le nombre de demandes de prise en charge augmente en Bourgogne, d’après Pluradys, le
réseau régional de santé concernant les troubles des apprentissages et du développement. En 2009,
Pluradys a recensé 34 demandes et a inclus 24 enfants. En 2012, il y a eu 182 demandes pour 83
inclusions. 52% des enfants pris en charge dans le réseau avaient un trouble dys, les autres
présentaient un trouble du développement type autistique, des troubles psychiatriques,… [19].
28
6. ÉVOLUTION
Dans son ouvrage de 2005, Geuze reprend des revues de la littérature. Il rapporte que
l’incidence du TAC diminue avec l’âge, notamment à l’adolescence. Les troubles moteurs persistent
quand les enfants sont atteints de troubles sévères (Knuckey et Gubbay 1983).
D’après les études de Cousins M. et Smyth M., en 2003, 50% des enfants dyspraxiques
conservent leurs troubles à l’âge adulte. Les adultes sont plus lents dans les tâches motrices, ce qui
impacte leur vie quotidienne. Les nouveaux apprentissages sont difficiles comme la conduite
automobile par exemple [20].
Dans sa conférence à Genève de 2005, Jean Michel Albaret décrit une persistance à l’âge
adulte [21]. Et Caroline Huron, en 2012, explique que certaines équipes retrouvaient une disparition
des symptômes à l’âge adulte, or les tests psychométriques étaient étalonnés pour les enfants. Les
études auraient retrouvé une différence si les tests étaient étalonnés pour des adultes [22].
7. ÉTIOLOGIES
7.1.2. La génétique
Il existe des « familles de dyspraxiques » mais aucune étude génétique n’a permis d’identifier
les gènes en cause [4].
7.1.3. La prématurité
Le nombre d’enfants nés prématurément (avant 37 semaines d’aménorrhée) en France
augmente parallèlement avec le nombre d’enfants diagnostiqués dyspraxiques. Il s’agit surtout de
grands prématurés (avant 33 semaines d’aménorrhée). Plusieurs études (Picard en 2000, Leroy-
Malherbe en 2005, et Albaret en 2003) retrouvent cette corrélation entre prématurité et TAC,
notamment avec une atteinte visuo-constructive selon Jean Michel Albaret. Pour Deforge, en 2009,
les fonctions les plus touchées sont les fonctions visuo-motrices et visuo-spatiales.
Une étude de Cermak en 1985, décrit des troubles périnataux chez la moitié des enfants
dyspraxiques, notamment une anoxie brève à la naissance.
29
hypoxie à la naissance (Gubbay, 1975), ou à un développement incomplet comme chez les
prématurés. Cependant la dyspraxie persiste à l’âge adulte.
7.2.1.1. Le cervelet
Il participe à l’automatisation des gestes. L’équipe de recherche de Nicolson et Fawcett en
2006 s’y intéresse. En 2002, une étude menée par O’Hare et Khalid, concluait que tous les enfants
porteurs de TAC ont une dysfonction cérébelleuse.
Ils sont identifiés en 1996 et repris en 2008 dans les travaux de Rizzolatti et Sinigaglia [23].
Ces neurones sont activés lorsqu’on réalise ou que l’on imite un geste, mais aussi lorsqu’on observe
une personne réaliser un geste. « Si nous voyons quelqu’un saisir avec la main de la nourriture ou
une tasse de café, nous comprenons immédiatement ce qu’il est en train de faire ».
Ils permettent l’imitation du geste et ils ont une place importante dans la cognition sociale et la
communication. Ils interviennent également dans le décodage des mimiques faciales et donc dans
l’empathie. Ces neurones miroirs ont un rôle important dans les troubles du spectre de l’autisme.
Les neurones miroirs codent les actes moteurs : la modalité, le moment de la réalisation et
l’exécution. Les enfants dyspraxiques réussissent moins bien la manipulation mentale du schéma
corporel et les épreuves visuo-motrices (Reynolds, Licari, Elliott, Lay et Williams ; 2015). Les
difficultés motrices peuvent alors être expliquées par le système des neurones miroirs et la fonction de
modélisation interne [24].
30
7.3. Approche cognitiviste
Il existe 7 principaux modèles en France et aux Etats Unis [10,11]. Les équipes de recherche
ne travaillent pas ensemble, mais certains modèles se recoupent ou se complètent comme le
montrent Lussier et Flessas (Illustration 3) [25].
7.3.2.2. Michèle Mazeau (1995, France) : déficit de la planification d’un schème d’action
et s’exprimant par un trouble de l’exécution motrice.
La dyspraxie peut être lésionnelle (secondaire à une lésion cérébrale précoce) ou
développementale. Elle ne touche pas l’ensemble de la motricité mais uniquement les gestes
complexes et culturels dans un contexte spatialisé. L’enfant a des problèmes à gérer les informations
sensori-motrices et celles du temps et de l’espace. Les fonctions de la planification et de la pré-
programmation des gestes volontaires seraient touchées.
31
Elle décrit deux types de dyspraxie.
- dyspraxie constructive : visuo-spatiale ou constructive pure
- trouble de la sériation temporelle dans la réalisation du geste : dyspraxie idéatoire, idéomotrice et de
l’habillage
La dyspraxie constructive :
- visuo-spatiale : déficit de l’analyse spatiale de l’orientation des éléments. Il s’agit de l’organisation du
geste, des fonctions visuo-spatiales, avec ou sans trouble du regard.
- pure : déficit de l’organisation pour assembler les éléments les uns avec les autres. On parle de
syndrome développemental de Gerstmann. On retrouve une dysgraphie, une dyscalculie, une
confusion gauche/droite, une dysgnosie digitale : tétrade du syndrome de Gerstmann de l’adulte. A
cela s’ajoutent, un trouble de l’orientation spatiale et une dysgraphie constructive.
Le modèle de Michèle Mazeau s’approche des principales formes d’apraxie que l’on retrouve
chez l’adulte, suite à un accident vasculaire cérébral par exemple:
- apraxie idéo-motrice : la plus courante. C’est une perturbation des gestes simples et uniques,
contrastant avec une préservation de l’exécution automatique de ces mêmes gestes et sans atteinte
du niveau conceptuel et idéationnel de leur réalisation. Le patient sait faire le geste mais a besoin de
l’objet pour réaliser le geste demandé (allumer une allumette). Le déficit est révélé par une commande
verbale ou sur imitation.
- apraxie de construction :
● atteinte pariétale droite : trouble visuo-spatial qui proviendrait d’un désordre de la représentation
de l’espace.
● atteinte pariétale gauche : le patient est incapable d’établir le programme pour la réalisation
d’un dessin ou d’une construction.
- apraxie bucco-faciale ou bucco-phonatoire : apparaît dans l’exécution volontaire (siffler, gonfler les
joues, tirer la langue).
7.3.2.3. Jean Michel Albaret (1999, France) : quatre types de dyspraxie versant TAC
- type 1 : troubles constructifs avec mouvements alternatifs
- type 2 : troubles constructifs avec trouble du tonus et de la précision motrice
- type 3 : troubles constructifs avec précision motrice et dysgraphie
- type 4 : trouble du tonus avec mouvements alternatifs et précision motrice
7.3.2.4. Laurence Vaivre-Douret (2007, France) : dyspraxie idéomotrice sur les gestes à
imiter
Il s’agit d’un trouble du geste intentionnel avec trouble moteur ou visuo-spatial. C’est le même
modèle que Michèle Mazeau avec une dyspraxie bucco-linguo-faciale.
32
Elle définit les catégories suivantes :
- dyspraxie idéo-motrice : avec atteinte neuro-visuelle, gnoso-praxie digitale, contrôle postural et
intégration spatiale du corps.
- dyspraxie mixte : association des deux types précédents avec des troubles moteurs associés
(adiadococinésie, faible dextérité manuelle, déficit de la coordination).
- dyspraxie bucco-linguo-faciale.
9. IMAGERIE FONCTIONNELLE
La neuro-imagerie s’est développée ces dernières années. L’imagerie par résonnance
magnétique (IRM) fonctionnelle, l’IRM de diffusion (diffusion tensor imaging) et la resting-state IRM
fonctionnelle permettent d’examiner les zones où se situent les troubles neurologiques. L’IRM
fonctionnelle cartographie les activités fonctionnelles du cerveau. La réalisation d’une tâche permet
d’activer une ou des zones spécifiques à cette tâche. Les mécanismes d’activation spécifiques du
cerveau des enfants dyspraxiques pourront être mis en évidence.
Très peu d’études en imagerie fonctionnelle portent sur les dyspraxie/TAC. Les premières
études sur les troubles des apprentissages ont concerné la dyslexie.
En 2013, les études de Mitsuru Kashiwagi et Hiroshi Tamai et de Lieke H J Peters, Carel G B
Maathuis et Mijna Hadders-Algra, font le point sur les recherches en imagerie fonctionnelle menées
33
sur les enfants atteints de TAC [26,27]. Ils ont repris toutes les études menées entre 1975 et
septembre 2012 sur les bases de données de PubMed, (PsycINFO, et Web of Science en plus pour
l’étude de Peters, Maathuis et Hadders-Algra). Seulement six études ont été retrouvées, quatre
utilisant l’IRM fonctionnelle, une la tomographie d’émission monophotonique et une l’IRM de diffusion.
Les études montrent une activation anormale de certaines zones du cerveau (le lobe frontal, temporal,
les lobes pariétaux et le cervelet) chez les enfants dyspraxiques, lors de tâches motrices,
attentionnelles et visuo-motrices. L’IRM de diffusion retrouve une structure de la capsule interne
différente chez les enfants dyspraxiques.
Peters, Maathuis et Hadders-Algra ont étendu leurs recherches avec les enfants nés prématurément.
Sept études sont retrouvées, dont trois qui mentionnent une relation entre une anomalie de la
substance blanche et des troubles moteurs (pas nécessairement un diagnostic de TAC). Des
anomalies de la substance blanche au niveau de la région périventriculaire et de la capsule interne
peuvent être en lien avec des troubles moteurs retrouvés dans l’infirmité motrice cérébrale ou le TAC.
Les auteurs restent méfiants face aux résultats des études. En effet, l’inclusion des enfants dans les
études varie selon l’âge des enfants, les définitions TAC/dyspraxie et les tests neuropsychologiques
utilisés pour la définition du TAC. A noter que les effectifs restent très faibles.
Dans toutes les études, le lobe pariétal et le cervelet sont les zones qui s’activent
différemment lors des épreuves motrices chez les enfants dyspraxiques par rapport aux autres
enfants.
Les enfants dyspraxiques ont une moins bonne activation et un moins bon fonctionnement
des régions du système des neurones miroirs dans les régions frontale, pariétale et temporale. Les
enfants dyspraxiques échouent dans les praxies idéomotrices (en lien avec un déficit de la
représentation mentale), ainsi que dans les gestes non symboliques, comme le montre une étude
récente (Reynolds JE, Thornton AL, Elliott C, Williams J, Lay BS, Licari MK ; 2015) [28].
Lors de séquences de tâches motrices (imitation), les régions qui mobilisent les neurones miroirs (le
gyrus précentral et frontal inférieur, le cortex cingulaire postérieur et la partie supérieure du lobe
pariétal) et la partie operculaire (dans le gyrus frontal inférieur, une région primaire du système des
neurones miroirs) sont moins activées chez les enfants dyspraxiques [29].
Les prochains travaux de recherche devraient porter sur la réalisation d’une imagerie du
fonctionnement du système des neurones miroirs lors d’activités qui mobilisent ce système
(observation, imagerie motrice, exécution motrice, imitation).
34
10. COMORBIDITÉS
Les comorbidités les plus étudiées sont le TAC avec la dyslexie, le TAC avec le TDA/H ou les
trois ensemble. Kadesjo et Gilberg (1998) retrouvent une considérable association entre TAC et
TDA/H. Selon Kaplan et al. (Kaplan, Wilson, Dewey & Crawford, 1998) la comorbidité constitue
davantage une règle plutôt qu’une exception.
Dans cette étude, sur une cohorte de 81 enfants, près de 56% des enfants avec TAC ont également
une dyslexie et 41% un TDA/H (Illustration 4) [31].
35
10.5. Dyspraxie et haut potentiel
Les enfants avec un haut potentiel ont souvent une dysgraphie associée [4].
11. REPÉRAGE/DÉPISTAGE
Ce sont les personnes proches de l’enfant qui vont être alertées par le décalage vis-à-vis des
autres enfants. Il s’agit de la famille, des enseignants, des médecins ou des personnes encadrant les
activités sportives [4,32].
Le repérage peut se faire à plusieurs moments :
- dans la petite enfance, lors du développement psychomoteur de l’enfant, par le médecin lors des
visites médicales,
- lors de l’entrée en maternelle en se confrontant aux nouveaux apprentissages, dans des temps
impartis. Le diagnostic est évoqué entre 4 et 6-7 ans,
- tout au long de la scolarité de l’enfant : l’enfant va être confronté à des nouveaux apprentissages qui
vont le mettre en difficulté ou en échec.
Le développement de la motricité globale de l’enfant n’est pas retardé (marche à 4 pattes,
tenue assise, marche,…), contrairement à la motricité fine.
Les signes cliniques peuvent varier en fonction de la sévérité du trouble, mais aussi en
fonction du type de dyspraxie/TAC. Une dyspraxie sévère sera repérée et diagnostiquée avant l’âge
de 6 ans.
Dans tous les cas, un enfant dyspraxique l’est dans trois domaines :
- l’école,
- la vie quotidienne,
- la vie sociale.
La notion de handicap chez un enfant dyspraxique (par rapport à un autre dys) prend une valeur très
importante du fait des difficultés dans l’ensemble des activités quotidiennes.
11.1. L’école
C’est le domaine où les symptômes et les différences par rapport à ses pairs vont être mis en
évidence. On va attendre de l’enfant des performances dans des compétences nouvelles dans un
temps imparti.
Les principaux troubles des apprentissages sont la dysgraphie (elle est constante), la
dyscalculie spatiale (quand il y a des troubles visuo-spatiaux) et la dyslexie visuelle (quand il y a des
troubles du regard).
Il s’agit d’un enfant maladroit, lent, qui rend des productions sales. Il est vite fatigable. La
dysgraphie et la lenteur sont les premiers éléments marquants. Mais c’est un enfant vif, intelligent, il
participe avec plaisir aux conversations avec les adultes. Il a un imaginaire développé, une bonne
culture générale et une bonne capacité de mémorisation.
36
11.1.1. Les activités
La manipulation fine : l’enfant est en échec dans les activités de manipulation fine comme le
découpage, le coloriage, le collage, l’enfilage de perles,… Il n’aime pas dessiner. Il va réfléchir
longtemps à la façon de s’y prendre. Puis le découpage sera hasardeux, il fera tomber ses feuilles.
Quand il en sera au collage, il ne mettra pas la colle du bon côté de la feuille. Ces différents points
sont des exemples de signes d’alerte d’une dyspraxie chez un enfant de maternelle.
Les jeux : tous les jeux qui mobilisent une attention visuelle ou une vision spatiale peuvent
constituer des difficultés. L’enfant va se désintéresser de ces jeux (puzzles, cubes, construction,
Lego®,…) au profit de jeux d’imitation par exemple (coin cuisine, jouer à « papa/maman », garage,…)
11.1.2. La motricité
Durant les séances de motricité, l’enfant va avoir des difficultés pour attraper une balle, la
lancer, sauter à pieds joints,… Il est maladroit, il tombe souvent (surtout sur des terrains accidentés
comme la forêt, le sable,…). Il a des difficultés à descendre les escaliers. Il n’arrive pas à sauter à
cloche pied (trouble de l’équilibre unipodal).
Il fera des progrès mais il sera toujours en décalage par rapport aux autres enfants.
11.1.3.1. La dysgraphie
L’écriture est lente, les lettres sont irrégulières et le défaut d’automatisation l’empêche
d’accélérer. Parfois l’écriture est illisible, sale. Plus la séance est longue, plus la qualité de l’écriture
s’aggrave. Il préfère écrire en lettres bâtons (il n’arrive pas à tracer les obliques). L’écriture en lettres
cursives est très difficile.
L’enfant est toujours en retard par rapport aux explications de l’enseignant. Il est constamment
en double tâche, il ne peut pas se concentrer sur la consigne, le graphisme et le raisonnement en
même temps.
La relecture de son texte est impossible (brouillon), ce qui l’empêche d’apprendre sa leçon ou de relire
ses devoirs. Son cahier est souvent déchiré, les feuilles froissées,…
11.1.3.2. La dyscalculie
Les troubles visuo-perceptifs, visuo-moteurs et visuo-constructifs présents chez l’enfant
dyspraxique altèrent le traitement des codes et non le sens du nombre selon Fayol en 2012 (ce qui
est différent de la vraie dyscalculie).
37
11.1.3.3. La dyslexie visuelle
Les troubles neuro-visuels gênent la lecture en général (livre, clavier, les nombres,…). La
lecture est lente (fatigabilité), non fluide (saccadée, oublis de mots, sauts de lignes), et la
compréhension est mauvaise (due aux oublis de certains mots).
11.1.4. Synthèse
Les troubles décrits précédemment sont des freins pour l’utilisation des supports habituels de
l’enseignant.
L’arithmétique et la géométrie dans l’espace avec l’utilisation des instruments de mesure vont poser
des difficultés à l’enfant.
La double tâche est le fait de pratiquer deux activités en même temps (lire une consigne et la
comprendre, réfléchir et écrire le résultat,…). L’action est possible si l’une des tâches est automatisée
et donc ne demande que peu d’énergie. L’enfant dyspraxique qui écrit sa réponse, doit se concentrer
sur son résultat mais aussi sur la façon d’écrire sa réponse.
Dans sa tête les choses sont assez floues : « Il faut que j’écrive sur la ligne,… mais quelle ligne ?
Cette ligne là ? (relecture de la question) Ah non c’était la question d’avant. Ah oui cette ligne là, mais
quelle était la question au fait ? ».
Au final, l’enfant est épuisé, la réponse est illisible et n’est pas au bon endroit sur la feuille déchirée.
(alors que la réponse serait exacte à l’oral) (Illustration 5) [4].
L’enfant est un bon élève à l’oral, il va être intéressé, ceci va contraster avec ses productions écrites.
38
- la conscience de l’échec : il critique son travail et peut expliquer ce qu’il voudrait faire, mais il y a une
différence entre la représentation mentale et le résultat. A partir de 5-6 ans, l’enfant refusera de faire
les activités où il sera en échec (puzzles, jeux de construction,…),
L’enfant est soumis à des gestes qu’il doit réaliser seul dans un temps imparti (enlever ses
chaussons et mettre ses chaussures avant d’aller en récréation, se rhabiller après être allé aux
toilettes,…). L’enfant se sent dépendant des autres.
11.2.2. Manger
Il est maladroit à table. Il va faire tomber ses couverts, renverser de l’eau quand il veut se
servir, se tacher,… Il va déchirer sa viande plutôt que la couper. Eplucher, peler, couper sont des
actions qui demandent de la motricité fine.
11.2.3. Jouer
Il boudera les jeux de construction et d’encastrement surtout d’après un modèle (Lego ®,
Mecano®,…) au profit de jeux d’imitation, d’émissions à la télévision, de la relation avec les adultes ou
les autres enfants, des histoires,…
11.2.4. Se dépenser
Les activités physiques sont source de difficultés pour l’enfant dyspraxique. Les consignes
peuvent être difficilement comprises, notamment lorsque l’enseignant va utiliser un vocabulaire spatial
(gauche/droite). Les progrès seront en décalage comparés aux autres enfants. Il ne faut pas oublier
le passage aux vestiaires qui encore une fois va être un moment difficile (habillage, déshabillage,
changement de sac). L’enfant va essayer plusieurs activités physiques (une ou deux séances), puis
ne voudra pas y retourner (sentiment d’échec).
Il court de façon désordonnée. Il n’arrive pas à coordonner ses bras et ses jambes pour nager.
Dans les sports d’équipe, il sera souvent rejeté à cause de ses performances médiocres. Les
troubles visuo-spatiaux l’empêchent de repérer les délimitations du terrain et de reconnaître ses
coéquipiers. Il ne peut pas courir et lancer une balle tout en visant un coéquipier.
Certains enfants dyspraxiques ont une hypersensibilté tactile et ne supporteront pas les sports
de combat.
Conduire, faire du vélo ou skier font partie des loisirs qui ne sont pas innés, ils nécessitent un
apprentissage et un entraînement. Or chez l’enfant dyspraxique, ces gestes ne seront jamais
39
automatisés. Il aura des difficultés pour faire du vélo sans stabilisateur, ou il va pousser avec ses
pieds.
Comme nous l’avons vu précédemment, il y a des niveaux de sévérité dans la dyspraxie, ainsi
certains enfants vont réussir à pratiquer des activités sportives (pas de trouble de motricité globale),
mais ils vont échouer dans les activités de motricité fine.
Du fait du système éducatif, il est constamment en double tâche (de 9h à 16h quatre jours et
demi par semaine) et ses efforts ne sont pas récompensés. L’enfant dyspraxique est en échec à
l’école, à la maison et dans ses loisirs. Les répercussions psycho-affectives sur l’enfant et son
entourage sont importantes (Illustration 6) [32].
L’estime de soi naît, se construit et se maintient dans le rapport à autrui. La base de l’estime
de soi est le regard parental. Vers l’âge de 8 ans, l’enfant commence à avoir une représentation
globale de sa personne : l’estime globale. Il s’agit de la composante affective de l’estime de soi et des
conceptions de soi (les compétences scolaires, relationnelles, athlétiques, l’apparence physique et la
conduite) [33].
L’enfant dyspraxique s’épuise face aux échecs. Il se rend compte de sa dépendance aux
autres. Il a peur de décevoir ses parents : « Vont-ils encore m’aimer si je n’ai que des mauvaises
notes ? Si je me suis encore taché ? Si j’ai déchiré mon pantalon (ou mon cahier), …. ». A l’école, les
productions pour la fête des mères ou des pères sont des moments importants pour les enfants
comme pour les parents. Les enfants vont réaliser un cadeau pour l’offrir aux êtres qui lui sont chers.
Mais les productions vont souvent être décevantes pour l’enfant dyspraxique.
L’entourage a une mauvaise image de cet enfant : enfant paresseux, maladroit, de mauvaise
volonté. Les parents se remettent beaucoup en question, ils sont anxieux pour l’avenir de leur enfant.
Ils ne comprennent pas pourquoi leur enfant est si différent des autres camarades ou de la fratrie.
Plusieurs études retrouvent ces conséquences secondaires liées au TAC, comme la perte de
motivation de l’enfant suite à son exclusion (Rose et al. 1998), l’isolement (Schoemaker et
Kalverboer, 1994 ; Smith et Anderson, 2000). Les parents et les enseignants, qui ne connaissent pas
ce trouble, peuvent avoir une mauvaise opinion de l’enfant ce qui renforce la perte d’estime que
l’enfant a de lui (Causgrove Dunn Watkinson, 1994 ; Maeland, 1994) [4]. L’image de soi est confuse
avec un schéma corporel altéré par un déficit d’intégration sensorielle [4].
L’enfant va alors développer des mécanismes de défense : « faire le clown » pour détourner
l’attention en classe, opposition, colère, repli sur soi, isolement.
Cela paraît normal pour un enfant de ne pas avoir une bonne note s’il n’a pas suffisamment
travaillé. Or, s’il travaille, mais qu’il a une mauvaise note, il va alors penser qu’il est « nul ». L’enfant
dyspraxique qui échoue à plusieurs reprises dans son travail, va se protéger en ne travaillant pas. Il va
protéger l’estime de lui [34].
Dans leur étude de 1994, Schoemaker et Kalverboer étudient le lien entre TAC et troubles
psychopathologiques. Sur la cohorte des enfants de 6 à 9 ans avec TAC, 33% ont un état d’anxiété et
22% ont un trait d’anxiété [31].
40
Illustration 6 : Les répercussions psychoaffectives : dissocier primaires de secondaires
41
Il existe trois critères d’exclusion :
- autres pathologies connues sensorielles, neurologiques, ou psychiatriques (trouble du spectre de
l’autisme), potentiellement susceptibles de se manifester par un trouble des apprentissages.
- déficit intellectuel.
Les critères d’exclusion ne sont pas tous absolus. En effet, un enfant qui a une légère déficience
intellectuelle, peut tout à fait avoir une dyspraxie ajoutée.
- avec, éventuellement des signes caractéristiques, des déviances par rapport au développement
typique.
12.1.1.1.1. L’audition
L’interrogatoire et l’examen clinique permettent d’éliminer une pathologie auditive.
La déficience auditive est recherchée durant les examens systématiques et est notée dans le
carnet de santé [36].
- à la maternité, les enfants bénéficient d’un dépistage via les tests d’Oto-Emissions-Acoustiques
(OEA) ou des Potentiels Evoqués Auditifs Automatisés (PEAA).
- aux 2eme et 4eme mois, on recherche une réaction de l’enfant lors d’un bruit ou d’une voix. Au 9eme
mois, on examine les tympans et un test audiométrique peut être pratiqué.
42
- au 24eme mois et à la 3eme année, il est mentionné le test à la voix normale.
- lors de la 4eme année, un bilan est réalisé par la PMI dans les écoles ou par le médecin qui suit
l’enfant. Le test à la voix chuchotée est alors mentionné. La PMI bénéfice d’un audiomètre pour
étudier les fréquences entendues.
ème ème
- les examens de la 6 ,8 année, entre 10 et 13 ans et entre 14 et 18 ans sont fait par
l’Education nationale dans les établissements scolaires. Le test avec l’audiomètre est inscrit dans le
carnet de santé.
En cas de doute lors de la consultation, un test à la voix chuchotée peut être fait. Le médecin
se place derrière l’enfant, près de lui. Il va demander à l’enfant de répéter les mots. On commence par
des mots courants à voix haute, puis on baisse progressivement la voix avec des mots plus longs et
plus complexes (hippopotame, rhinocéros, château, chapeau, chameau,…).
Enfin l’examen clinique permet d’éliminer un bouchon de cérumen, une otite moyenne aiguë ou séro
muqueuse. En cas de doute, un avis auprès d’un oto-rhino-laryngologue (ORL) doit être demandé
pour réaliser un audiogramme et un bilan.
L’enfant peut aussi être déjà appareillé et a alors probablement un suivi ORL.
12.1.1.1.2. La vision
L’interrogatoire et l’examen clinique sont toujours nécessaires. Comme l’audition, l’examen
ophtalmologique est réalisé dès la maternité. Dans le carnet de santé, les items sont : des globes
oculaires de taille normale, des cornées transparentes, des pupilles normales et des lueurs pupillaires
présentes [36].
ème ème ème ème
- aux 2 ,4 ,9 et 24 mois, les items sont repris avec en plus la présence de strabisme et la
poursuite oculaire normale.
- de 3 ans à 18 ans, on recherche toujours le strabisme et la poursuite oculaire. A cela s’ajoutent les
tests d’acuité visuelle de loin et de près, la vision stéréoscopique et la tolérance à l’occlusion d’un œil.
Les tests d’acuité visuelle utilisés sont Stycar, Monoyer et Snellen. Pour la vision des couleurs, on
pratique le test d’Ishihara et pour la vision stéréoscopique, le test de Lang.
L’enfant peut être déjà appareillé. En cas de doute ou de trouble constaté, un avis auprès
d’un ophtalmologiste ou d’un orthoptiste peut être nécessaire.
43
- 10-12 mois : debout avec appui
- 12-13 mois : marche
Pour le développement moteur global, on teste les réflexes ostéo-tendineux. Puis on observe
l’équilibre bipodal, unipodal, sur une ligne, à cloche pied.
La motricité fine va être évaluée par la construction d’une tour avec des cubes, ou la réalisation d’un
petit puzzle par exemple.
L’habillage et le déshabillage sont des moments clé de la consultation, car les troubles praxiques
seront mis en évidence. Généralement, les parents aident leur enfant pour aller plus vite, il ne faut pas
hésiter à demander aux parents de laisser faire l’enfant seul.
En cas de trouble moteur retrouvé, un avis auprès d’un neurologue ou un neuropédiatre est
nécessaire.
Illustration 8 : Développement normal des praxies. Adaptation de Lussier, Flessas (2001) et Mazeau
(2004).
A noter que dans le tableau du développement normal des praxies de 2007, par Evelyne Pannetier, il
y est précisé la mention « s’habille/se déshabille seul » dans la catégorie « S’habiller » à 5 ans.
44
12.1.1.3. Une pathologie connue psychiatrique
Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) ou troubles envahissants du développement (TED)
sont des troubles globaux. Le diagnostic se fait généralement avant l’âge de 3 ans [4]. L’enfant
présente un trouble des interactions sociales (cognition sociale), un déficit de la communication et des
centres d’intérêts limités et stéréotypés (comportement « bizarre »).
Les enfants dys peuvent avoir des traits autistiques comme le démontre l’étude de l’équipe
d’Ajuriaguerra en 1964.
Si un trouble psychiatrique est retrouvé, l’enfant doit être orienté auprès d’un pédopsychiatre.
Avec l’apparition de l’école obligatoire en 1905, Binet et Simon ont travaillé sur le premier test
d’intelligence.
En 1904, Spearman, évoquait déjà le facteur g. Ce terme est repris par Huteau et Lautrey en
1999, comme « la capacité à établir et à appliquer des relations et il serait déterminé par la quantité
d’énergie nerveuse dont disposerait un individu » [4]. Le facteur g est la capacité de catégoriser les
objets de notre environnement (les fleurs, les arbres, les oiseaux, les hommes). C’est une aptitude
innée, elle permet de structurer l’environnement et d’agir efficacement dans un milieu toujours
changeant [40].
David Wechsler, en 1939, propose de quantifier le fonctionnement cognitif de base grâce aux
échelles de Wechsler. Les épreuves de Wechsler ne sont pas toutes équivalentes pour déterminer le
facteur g. Certaines épreuves sont plus saturées que d’autres en facteur g. Catégoriser, classer, trier,
regrouper selon les différents critères pour déduire, inférer, comparer, est le but recherché à travers le
facteur g.
Le WISC-IV (une des épreuves de Wechsler) est une échelle qui permet de mesurer le facteur
g, mais aussi quatre dimensions de l’intelligence : l’indice de compréhension verbale, l’indice de
raisonnement perceptif, l’indice de mémoire de travail et attentionnelle et la graphomotricité.
D’autres tests d’intelligence générale ont été développés par la suite, comme le KABC-II
(Kaufman Assessment Battery for Children, Kaufman, 2008), l’EDEI-R (Echelles Différentielles
d’Efficience Intellectuelle, forme révisée, Perron-Borelli, 1996), et la NEMI-2 (Nouvelle Echelle
Métrique de l’Intelligence, Cognet, 2006). Chaque test s’effectue sur une classe d’âge spécifique
(EDEI-R entre 4 et 9 ans, KABC-II entre 3 et 12 ans et 11 mois) [41].
La déficience intellectuelle est un trouble global, tandis que les dys sont des troubles
spécifiques (hétérogénéité dans les résultats). Le QI est une moyenne, il n’est donc pas adapté pour
45
différencier ces deux pathologies. La moyenne des performances dans les différentes tâches
cognitives va lisser les différences significatives. On considère qu’un enfant qui réussi au moins une
épreuve sur quatre à l’échelle de Wechsler, n’est pas déficient intellectuel. On peut alors se demander
pourquoi il a échoué aux autres épreuves, quel est le trouble dys. Par contre, s’il échoue à toutes les
épreuves (et de façon homogène), soit il est déficient intellectuel, soit il est multi dys : une nouvelle
épreuve doit être réalisée pour faire la part des choses.
Chez les enfants avec un trouble dys, l’essentiel de la prise en charge porte sur l’orientation,
la remédiation et la rééducation (utiliser les fonctions préservées). Annoncer aux parents que leur
enfant est déficitaire permet une prise en charge adéquate. Il n’y a pas de bon ou de mauvais
handicap, seulement certains sont moins bien acceptés que d’autres dans notre société [42].
Les tests pour éliminer une déficience intellectuelle sont réalisés par un psychologue
(psychologue scolaire) ou un neuropsychologue.
En cas de performances faibles, il faut tenir compte des facteurs environnementaux dans
lequel évolue l’enfant (niveau socio culturel des parents, langue parlée). Certains enfants ont des
difficultés d’apprentissage, ils sont peu talentueux par rapport aux exigences académiques de notre
société.
L’Education nationale a mis en place des heures d’aide personnalisée (les activités
pédagogiques complémentaires), pour les enfants en difficulté scolaire. Ce temps permet aux
enseignants de retravailler des notions mal acquises. Les enfants travaillent en petits groupes, sur une
période donnée. L’enfant peut rattraper son retard et suivre de nouveau le groupe scolaire. Si les
difficultés résistent aux aides et aux renforcements pédagogiques habituels, alors on peut se poser la
question d’un trouble dys [4].
46
modifiant un élément d’une épreuve (pas de timing, verbalisation, …), l’enfant peut ou non réussir
l’épreuve. On peut supposer que s’il la réussit, alors la fonction cognitive déficitaire est responsable de
l’échec de l’épreuve. Cependant aucune épreuve n’est entièrement spécifique d’une fonction
cognitive.
12.3.1. Le niveau 1
Il fait référence à une prise en charge de proximité. Le repérage/dépistage est fait par
l’école/la famille et le médecin traitant/pédiatre. Les médecins vont pouvoir orienter les enfants vers
des professionnels de santé locaux (orthophoniste, psychomotricien, ergothérapeute,
neuropsychologue, psychologue scolaire). L’enfant peut également être orienté ou pris en charge par
le médecin scolaire/ PMI, ou au Centre Médico-Psychologique (CMP), ou au Centre Médico-Psycho-
Pédagogique (CMPP) ou au Centre d’Action Médico-Sociale Précoce (CAMSP).
12.3.2. Le niveau 2
Il permet de coordonner et d’accompagner les médecins généralistes pour le dépistage, le
diagnostic, la mise en place des aides autour de l’enfant lorsque les difficultés sont trop importantes.
Un suivi régulier avec les différents intervenants permet alors de ne pas rester seul avec les difficultés
de mise en place du projet thérapeutique.
Les intervenants de ce niveau sont plus spécialisés dans les troubles des apprentissages. Ce sont les
pédopsychiatres, les généticiens, les médecins de rééducation, et les réseaux de santé régionaux sur
les troubles des apprentissages et du développement (comme Pluradys en Bourgogne).
12.3.3. Le niveau 3
Il regroupe des professionnels experts en troubles des apprentissages et du développement. Il
s’agit des Centres de Référence des Troubles du Langage et des Apprentissages (CRTLA). Ils se
situent dans les centres hospitaliers universitaires de la région. Ils existent depuis 2004. Selon le
parcours de soins, on ne peut accéder au niveau 3 qu’à partir des intervenants du niveau 2. Les bilans
diagnostiques des cas les plus complexes y sont réalisés, tout en gardant un lien avec les
professionnels du niveau 2. Dans ces centres se déroulent des formations pour les professionnels de
santé et de l’Education nationale, mais aussi des recherches cliniques.
Dans le niveau 3, on retrouve aussi le Centre de Référence maladies rares (pour notre région il s’agit
du CLAD-Est), le Centre de Ressources Autisme, et DéfI-Bourgogne (le centre de diagnostic et de
coordination de la prise en charge des enfants et des adultes chez lesquels se pose la question d’une
éventuelle déficience intellectuelle).
47
Illustration 9 : Pyramide des interventions
- les réseaux de santé (Pluradys) : ils prennent en charge les enfants de 0 à 18 ans qui
présentent un trouble du développement ou des apprentissages. Ils diagnostiquent et réalisent le
projet thérapeutique.
48
- les structures de prise en charge : ce sont des structures de soins où plusieurs
professionnels de santé y sont regroupés
49
13. PRONOSTIC
Les facteurs de bon pronostic sont [4]:
- l’âge précoce du diagnostic (en fin de maternelle/début de primaire soit environ 5-7 ans)
- une dyspraxie isolée
- des capacités préservées (mémorisation, raisonnement,…), un bon niveau d’intelligence générale
- un entourage aidant
Un enfant qui a une dyspraxie isolée peut espérer un bon avenir et une bonne carrière
professionnelle, si :
- le diagnostic est fait entre 4 et 9 ans
- s’il a de bonnes capacités de compensation
- si la rééducation fixe des objectifs fonctionnels (lutte contre la double tâche, utilisation des fonctions
préservées,…)
14.1. Généralités
Le projet thérapeutique doit être adapté à chaque enfant et doit évoluer dans le temps. Il
tiendra compte des comorbidités, de l’âge de l’enfant, de son environnement et de son niveau
scolaire. Quelque soit la méthode de rééducation, l’adhésion et la coopération de l’enfant et de sa
famille, mais aussi des enseignants, sont primordiales. La prise en charge doit être mise en place le
plus tôt possible pour éviter de retarder la scolarité de l’enfant, mais aussi pour son bien-être.
La dyspraxie est un trouble durable, il sera toujours présent. La rééducation et/ou les outils de
compensation permettent à l’enfant de diminuer son handicap.
50
Illustration 11 : Coordonner les actions d’adaptation et de rééducation
14.2. A l’école
L’école est au centre du projet thérapeutique de l’enfant pour espérer un avenir professionnel
adéquat, mais aussi pour lui préserver l’estime de soi. Ce projet permet d’anticiper les difficultés que
l’enfant va rencontrer. Grâce au travail ou aux moyens de contournement, l’enfant sera déjà préparé
à ces difficultés afin de ne pas creuser le retard par rapport à ses camarades.
Le milieu scolaire met en échec l’enfant lors du travail en double tâche. Il faut donc éviter ces
situations. Les manipulations d’outils doivent être limitées, l’oral doit être favorisé.
L’enfant dyspraxique a besoin de temps de repos (jeux, divertissement) car il se fatigue vite.
Pour les troubles légers, on recherchera l’automatisation des gestes pour atteindre une
vitesse convenable.
Pour les troubles plus sévères, des moyens de compensation seront plus adéquats, par
exemple renoncement à l’écriture quotidienne (seulement quelques mots comme les prénoms et
noms, les chiffres,…) pour se concentrer sur le contenu du texte et non l’écriture (Illustration 12)
[4,43].
Illustration 12 : Un même trouble (ici, la dysgraphie) ne réclame pas les mêmes réponses selon les
objectifs visés
51
14.2.1. Les aides humaines
Un accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH) intervient dans la classe ou en
péri-scolaire (cantine). Son rôle est défini dans le projet personnalisé de scolarisation (PPS). Il ne fait
pas à la place de l’enfant [42]. Ses missions sont :
- aider à la concentration
- réexpliquer la consigne d’une manière différente
- trouver des moyens de contournement
- être le secrétaire
- aider à reprendre confiance
Certains auteurs refusent d’apporter des modifications à leurs ouvrages puisque le décret de
décembre 2008 ne mentionne qu’un taux d’incapacité supérieur à 80% ou un certificat
ophtalmologique attestant la lecture impossible malgré une correction. Or un enfant dyspraxique ne
rentre pas dans ces critères [44].
Ces aides sont mises en place pendant les apprentissages scolaires, il serait aberrent de les
retirer le jour de l’examen selon des fausses idées de favoritisme. C’est comme si on retirait ses
lunettes à un enfant astigmate le jour de l’examen parce qu’il s’agit d’une aide. On ne peut pas
supprimer l’AESH, ou l’ordinateur à un enfant qui a 12 de moyenne à l’école, pour des raisons
d’économie financière [42].
52
Dans les sports de raquette : les terrains peuvent être réduits, le matériel adapté avec une
balle plus lourde ou une raquette avec un tamis plus large.
Les consignes devront être décomposées en étapes successives, voire réexpliquées en individuel
[33].
14.3. Au domicile
14.3.1. L’habillage
L’enfant doit être concentré, bien installé et il doit surtout avoir du temps.
Comme on l’a vu précédemment, des codes couleurs peuvent être utilisés pour l’aider à
orienter les parties de son corps (chaussures avec une pastille verte pour la droite et une rouge pour
la gauche).
Il existe aussi des chansons sur le thème de l’habillage pour verbaliser les choses à faire et
dans quel ordre.
Ce programme est plutôt intéressant pour les enfants en difficulté scolaire. L’enseignant
essaye d’adapter son enseignement avec l’utilisation de photocopies, matériel et consignes
adaptés,....
53
janvier 2015. Il est proposé par l’enseignant aux parents et est validé par le médecin scolaire. Il ne
donne pas droit aux aides matérielles et/ou humaines, ni au tiers temps pour les examens,… comme
pour un projet personnalisé de scolarisation (PPS).
Un PPS n’est accordé que pour les enfants relevant de la MDPH. Il établit les conditions dans
lesquelles les apprentissages scolaires doivent être menés (aides matérielles et/ou humaines,
aménagement du temps de travail, dispenses, parcours de scolarisation, tiers temps, ...). Il est
réévalué tous les ans par l’équipe de suivi de scolarisation. L’équipe de suivi de scolarisation est
constituée de l’enseignant référent, des parents, de l’enseignant, du directeur de l’école, des membres
du réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED), de la psychologue scolaire, du
médecin scolaire, des rééducateurs de l’enfant. Le RASED concerne les élèves jusqu’à l’entrée au
collège. Il s’agit d’enseignants spécialisés et de psychologues scolaires. Les aides sont pédagogiques
ou rééducatives.
C’est la famille avec l’aide de l’enseignant qui sollicite la MDPH et l’enseignant référent. Un
enseignant référent est un professeur des écoles qui s’occupe, sur un secteur, des enfants qui ont un
handicap.
Ce sont toujours les parents qui sont à l’origine de la demande auprès de la MDPH. Le
médecin a une partie à remplir sur le formulaire de demande. L’avis de l’enseignant est recommandé
pour appuyer la demande.
Généralement, le médecin scolaire remplit le dossier, mais s’il n’y a pas de médecin dans la
circonscription, le médecin généraliste ou le pédiatre peut le faire.
La MDPH peut alors accorder, suite à la CDAPH, des aides financières, des aides humaines
et des aides techniques. Elle décide également de l’orientation scolaire.
54
15.2.2. Les établissements scolaires spécialisés
L’orientation scolaire est décidée en commission et précisée dans le PPS. Elle est accordée
pour les enfants qui ont besoin d’une aide intense. Les classes sont composées d’une douzaine
d’élèves d’une même classe d’âge.
Il s’agit des unités d’inclusion scolaire (ULIS). Il y a les ULIS école (anciennement classe
d’inclusion scolaire CLIS) et les ULIS collège. Les ULIS ont des spécificités en fonction du handicap
(trouble du langage, déficit intellectuel sévère,…). L’enseignement se fait par des enseignants
spécialisés. Actuellement dans l’Yonne, il y a deux ULIS spécifiques du trouble du langage, à Sens et
à Auxerre.
Les enfants qui ont des troubles trop sévères ou des troubles associés peuvent intégrer des
unités d’enseignement en milieu spécialisé, quand les ULIS ne sont plus adaptées. Cette scolarisation
peut être associée à une autre en milieu ordinaire.
55
16. ÉTUDE
16.1. Introduction
Dix pour cent des enfants, soit 2 à 3 enfants par classe, seraient atteints d’un trouble du
développement ou des apprentissages [42]. La prévalence de la dyspraxie est estimée à 6% chez les
enfants entre 5 et 11 ans [6], soit en moyenne un enfant par classe.
Il s’agit d’une pathologie peu connue du grand public, des enseignants, mais aussi des
médecins. Les équipes de recherche se sont d’abord intéressées à la dyslexie. Durant ces dernières
années plusieurs études commencent à être publiées sur la dyspraxie/TAC.
Outre la difficulté de s’y retrouver dans la multitude de termes et de définitions employés, les
signes cliniques chez les enfants sont variables. Plusieurs facteurs sont impliqués dans la diversité
des symptômes : les comorbidités, la sévérité de l’atteinte, l’environnement,… Quelque soit les pays,
la sous-estimation de la prévalence est due à un mauvais dépistage et à des erreurs diagnostiques.
Au Canada anglais, une étude montrait que 29,2% des médecins généralistes se sentaient capables
de diagnostiquer le TAC après une formation, alors que 91,1% l’ignoraient au départ.
Un enfant dyspraxique doit être pris en charge le plus tôt possible pour lui apporter des
bénéfices. Un retard ou une absence de prise en charge aura un impact sur sa scolarité, sa vie
sociale et émotionnelle.
Les médecins généralistes et les enseignants ont un rôle essentiel. Or durant les études
(médecine et enseignement), les enseignements du développement psychomoteur et des troubles
des apprentissages sont quasi inexistants.
Les inadaptations sociale et émotionnelle sont vécues comme une souffrance psychologique
pour l’enfant. Les parents ne comprennent pas les troubles de leur enfant qui leur paraît singulier vis-
à-vis des camarades ou de la fratrie. La prise en charge (des premiers symptômes à la mise en place
d’une rééducation adaptée) de ces enfants est vécue comme un « parcours du combattant » par les
parents.
Il nous a paru utile de nous intéresser aux connaissances actuelles sur la dyspraxie des
médecins généralistes exerçant en libéral dans l’Yonne et les obstacles qui influent sur leur prise en
charge (Annexe 1).
L’objectif de cette étude était d’analyser les façons de prendre en charge la dyspraxie et de
savoir quels rôles les médecins estimaient avoir.
A l’issue de ce travail, nous avons souhaité pouvoir proposer des solutions d’aide au
dépistage et au diagnostic de la dyspraxie en libéral (Annexe 2).
56
16.2. Matériel et méthode
16.2.1. Population étudiée
L’étude a été réalisée auprès de tous les médecins généralistes exerçant en libéral dans
l’Yonne. Sur la liste des médecins généralistes libéraux de l’Yonne, fournie par l’Union Régionale des
Professionnels de Santé (URPS) de Bourgogne, nous avons exclu les médecins n’exerçant pas la
médecine générale (angéiologues, allergologues), les médecins à exercice particulier et les médecins
retraités. L’envoi du questionnaire a concerné 274 médecins.
16.2.2. Questionnaire
Le questionnaire était en trois parties : vous, votre exercice et la dyspraxie (Annexe 1) :
- la première partie comportait des renseignements généraux concernant l’âge, le sexe et la situation
familiale.
- la deuxième concernait l’exercice du médecin, les activités annexes (l’enseignement ou une
médecine salariée annexe) et la proportion d’enfants dans la patientèle.
- et la troisième partie concernait les connaissances sur les troubles dys et la dyspraxie, les pratiques
du médecin face à ces troubles. Les dernières questions étudiaient les freins au dépistage et le rôle
du médecin face à la dyspraxie.
Les questionnaires ont été envoyés par voie postale aux médecins par l’intermédiaire de
l’URPS. Le premier envoi du 26 septembre 2014 concernait 274 médecins. Une relance pour 185
médecins n’ayant pas répondu a été faite le 29 septembre 2014.
L’enveloppe contenait le questionnaire avec une enveloppe réponse, et deux lettres. L’une
expliquait le but du questionnaire et l’autre était du docteur Gérard Germond, médecin généraliste à
Joigny et directeur de cette thèse. La lettre du docteur Germond avait pour but d’encourager les
médecins à répondre.
L’URPS a anonymisé les questionnaires reçus en réponse et nous les a renvoyés chaque
semaine.
Pour la question 6, sur la proportion de pédiatrie dans la patientèle, les pourcentages ont été
notés tels quels.
Dans la question 8, l’âge de dépistage de la dyspraxie a été classé en trois catégories « moins
de 3 ans », « entre 3 et 4 ans » et « plus de 4 ans ».
Les réponses aux questions ouvertes, comme les sous questions de la question 10, les jouets
dont les médecins disposent et leur utilité, n’ont pas été entrées dans le tableur. Les réponses ont été
interprétées en fonction du type de jouet (jeux d’imitation pour les voitures par exemple).
57
Les commentaires libres des médecins n’ont pas été entrés dans le tableur.
Les comparaisons ont été réalisées par le docteur d’Athis avec le test exact de Fisher et celui
de Mann et Whitney (ou de Kruskal et Wallis).
16.3. Résultats
16.3.1. Taux de participation
Sur les 274 questionnaires envoyés, nous avons reçu 89 réponses avec le premier envoi et 36
avec la relance, soit un total de 125 réponses. Le taux de participation était de 45,6%.
Sur les 125 réponses obtenues, 8 questionnaires ont été exclus : 6 n’étaient pas remplis (4
médecins retraités, 1 médecin expert et 1 questionnaire vierge) et 2 insuffisamment remplis (médecine
d’expertise et médecine vasculaire). Nous avions donc 117 questionnaires qui ont été analysés, soit
un taux réel de participation de 42,7%.
16.3.2. Généralités
16.3.2.1.1. Sexe
37 femmes et 80 hommes ont répondu complètement au questionnaire, ce qui correspond
respectivement à 31,6% et 68,3% de l’effectif total.
16.3.2.1.2. Age
La moyenne d’âge était de 55,1 ans.
8,5% des médecins avaient moins de 40 ans, 17,9% entre 40 et 50 ans et 73,5% plus de 50
ans. Tous les médecins ont répondu à cette question.
100%
90%
80%
70%
60% Moins de 40 ans
50%
Entre 40 et 50 ans
40%
30% Plus de 50 ans
20%
10%
0%
Tranche d'âge
58
16.3.2.1.3. Situation familiale
16,6% des médecins étaient célibataires (ou veufs ou séparés) et 82,4% étaient en couple. 10
médecins n’ont pas précisé leur situation matrimoniale.
91,6% des médecins avaient un ou plusieurs enfants et 7,1% n’avaient pas d’enfant. 34
médecins, soit 29%, n’ont pas répondu à cette question.
96,2% des hommes avaient un ou des enfants, alors que 67,5% des femmes en avaient
(chiffres obtenus en tenant compte de 34 données manquantes pour la présence d’enfants).
16.3.2.2. Activité
16.3.2.2.1. Enseignement
30,7% des médecins (soit 36 personnes sur 116 qui ont répondu à la question 5) étaient
maîtres de stage (compte tenu d’une réponse manquante).
7 médecins avaient une activité dans le secteur de l’enfance (PMI, crèche) soit 17,0%.
34 médecins avaient une activité dans le secteur adulte (82,9%). Les différents secteurs
d’activités retrouvés dans les questionnaires étaient : maison de retraite, hôpital, soins de suite,
médecin agréé, centre de dépistage anonyme et gratuit, club de football Association de la Jeunesse
Auxerroise, CPAM, foyer d’adultes handicapés.
Médecine
adulte
Activité 82,9%
Pas d'activité annexe
annexe 35,3%
64,7%
Médecine
del'enfance
17%
59
16.3.2.3. Dyspraxie
16.3.2.3.1. Dépistage
55,9% des médecins (sur 93 personnes ayant coché Oui ou Non à la question 9), déclaraient
suivre des enfants dyspraxiques.
74 médecins ont répondu à la question 10 de l’âge auquel la dyspraxie peut être dépistée.
29,7% de ces médecins pensaient que c’était avant l’âge de 3 ans ; 33,7% des médecins entre 3 et 4
ans. Et 36,4% des médecins pensaient que c’était après l’âge de 4 ans. Les réponses variaient de 4-6
mois à 6-10 ans.
18% des médecins (soit 21 personnes sur 116 ayant répondu à la question 11), dépistaient la
dyspraxie.
73,5% des médecins (soit 86 personnes sur les 117 ayant répondu à la question 12), avaient
des jouets dans leur cabinet. Il s’agissait le plus souvent de jeux d’encastrement (LEGO®, DUPLO®,
cubes), de jouets d’imitation (voitures, instruments médicaux, poupées) et de puzzles.
15.3.2.3.2. Orientation
115 médecins ont répondu à la question 12 (2 réponses sont manquantes), voici les
fréquences selon les professions choisies pour l’orientation des enfants dyspraxiques :
60
orthoptiste
neuropsychologue
neurologue
psychologue scolaire
CMPP
CAMSP
médecin de PMI
pédopsychiatre
psychomotricien
ergothérapeute
médecin scolaire
pédiatre
orthophoniste
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75
fréquence en pourcentage
Pour les professions para médicales proposées, 115 médecins pensaient que les
consultations étaient prises en charge par la sécurité sociale (2 réponses sont manquantes à la
question 13):
- pour 95,1% des médecins chez l’orthophoniste
- pour 19,2% des médecins chez le neuropsychologue
- pour 71,1% des médecins chez l’orthoptiste
- pour 27,8% des médecins chez le psychomotricien
- pour 9,6% des médecins chez le psychologue scolaire
- pour 17,3% des médecins chez l’ergothérapeute.
98 médecins (sur 110 personnes ayant répondu Oui ou Non à la question 14) pensaient qu’il y
avait une relation entre tous les troubles dys, soit 89%.
29,7% des médecins (28 personnes sur 94 qui ont répondu à la question 15) avaient
connaissance d’un réseau pour les troubles dys dans l’Yonne. Parmi les réponses, nous avons
retrouvé 8 fois Pluradys, 1 fois le CAMSP, 1 fois le CMP et 1 fois « réseau bourguignon ».
49% des médecins (52 personnes sur 106 ayant répondu à la question 16) orientaient la
famille de l’enfant vers la MDPH.
61
16.3.2.3.3. La dyspraxie en libéral
111 médecins ont classé par préférence les critères de freins au dépistage de la dyspraxie en
libéral (6 réponses sont manquantes):
- 52,2% estimaient qu’ils manquaient de temps
- 90,9% estimaient qu’ils manquaient de connaissances
- 49,5% estimaient qu’ils manquaient d’information sur les réseaux existants
- 41,4% estimaient qu’ils n’avaient pas assez de référentiels
- 36,9% estimaient qu’ils n’avaient pas suffisamment d’outils
manque d'outils
manque de référentiels
manque d'information
manque de connaissances
manque de temps
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
fréquence en pourcentage
101 médecins, sur les 108 ayant répondu à la question 18 (soit 93,5%), estimaient que le
médecin généraliste avait un rôle dans la prise en charge d’un enfant dyspraxique (9 réponses
manquantes).
102 médecins ont répondu à la question du rôle du médecin généraliste (15 réponses sont
manquantes). Les médecins pensaient qu’ils avaient un rôle dans :
- 92,1% le dépistage
- 38,2% le diagnostic différentiel
- 31,3% le diagnostic positif
- 90,1% l’orientation
- 67,6% l’accompagnement de la famille
- 51,9% la coordination entre les différents intervenants
- 45,0% l’information.
62
information
coordination
accompagnement
orientation
diagnostic positif
diagnostic différentiel
dépistage
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
fréquence en pourcentage
16.3.2.4. Commentaires
Nous avions laissé quelques lignes à la fin du questionnaire pour les remarques éventuelles.
Trois axes ressortaient :
- la prise en charge pouvait être faite par l’Education nationale « l’institutrice est mieux formée que le
médecin ».
- le manque de connaissance a été repris plusieurs fois « je m’aperçois que je n’y connais pas grand-
chose en « dys » », « je connais très mal ce problème », « surpris par la fréquence du trouble,
nécessite d’améliorer le dépistage en médecine générale », « il faut organiser des FMC ».
- les médecins se sont interrogés sur la faisabilité de la prise en charge en libéral « enjeu diagnostique
important pour le généraliste, parcours du combattant pour la famille, notre société est-elle prête à
faire des efforts financiers ? », « pas possible à l’heure actuelle en libéral (manque de temps) »,
« diagnostic difficile », « prise en charge financière lourde ».
16.3.3. Etudes
Nous avons étudié certaines réponses en fonction du sexe du médecin, de son âge, s’il avait
ou non des enfants, s’il était maître de stage et de son type d’activité annexe.
Les questions retenues étaient l’âge supposé du dépistage, s’il y avait ou non un dépistage, la
possession de jouets dans le cabinet, l’observation pendant le déshabillage de l’enfant et l’orientation
vers la MDPH. Ces questions sont les points que nous avons retenus pour effectuer une fiche d’aide
aux médecins généralistes face à la dyspraxie.
63
37,5
Hommes 31,2
31,2
> 4 ans
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
fréquence en pourcentage
18,9% des femmes et 17,7% de 79 hommes ont indiqué qu’ils dépistaient la dyspraxie, la
différence n’est pas significative (p>0,999) (1 réponse manquante d’un homme).
Les femmes avaient significativement plus fréquemment des jouets dans leur cabinet, soit
86,4% des femmes pour 67,5% des hommes (p=0,0417).
88,8% des femmes et 88,6% des hommes observaient les enfants au moment du
déshabillage (p=1) (il manquait 1 réponse d’une femme et 1 réponse d’un homme).
Sur les 35 femmes et les 71 hommes ayant répondu à la question 16, 51,4% des femmes et
47,8% des hommes déclaraient orienter les enfants et leur famille auprès de la MDPH, la différence
n’est pas significative (p=0,836).
Le dépistage se faisait avant l’âge de 3 ans pour 12,5% des moins de 40 ans, contre 25% de ceux
entre 40 et 50 ans et 34% des plus de 50 ans.
Le dépistage se faisait entre 3 et 4 ans pour 37,5% des moins de 40 ans, contre 37,5% de ceux entre
40 et 50 ans et 32% des plus de 50 ans.
Le dépistage se faisait après l’âge de 4 ans pour 50% des moins de 40 ans, contre 37,5% de ceux
entre 40 et 50 ans et 34% des plus de 50 ans.
64
34
> 50 ans 32
34
37,5
entre 40 et 50 ans 37,5 > 4 ans
25
entre 3 et 4 ans
< 3 ans
50
< 40 ans 37,5
12,5
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60
fréquence en pourcentage
20% des moins de 40 ans déclaraient dépister la dyspraxie, contre 14,2% des médecins entre
40 et 50 ans et 18,8% des médecins de plus de 50 ans (p=0,924) (il manquait la réponse d’1 médecin
de plus de 50 ans).
Chez les moins de 40 ans, 80% déclaraient avoir des jouets dans leur cabinet, contre 85,7%
chez les 40-50 ans et 69,7% chez les plus de 50 ans (p=0,312). La différence n’est pas significative.
La totalité des médecins a répondu à cette question.
70% des moins de 40 ans ont indiqué observer les enfants au moment du déshabillage,
contre 85% de 20 médecins entre 40 et 50 ans et 91,7% de 85 médecins de plus de 50 ans (p=0,105)
(il manquait 2 réponses, 1 médecin entre 40 et 50 ans et 1 médecin de plus de 50 ans).
50% des moins de 40 ans orientaient les enfants et leur famille vers la MDPH, contre 55% de
20 médecins entre 40 et 50 ans et 47,3% de 76 médecins de plus de 50 ans (p=0,858) (1 médecin
entre 40 et 50 ans n’avait pas répondu et 10 médecins de plus de 50 ans).
Le dépistage se faisait avant l’âge de 4 ans chez 57,1% des 49 médecins avec enfants contre
l’ensemble (soit 2 personnes) des médecins qui n’en avaient pas.
Le dépistage se faisait après l’âge de 4 ans chez 42,8% des 49 médecins avec enfants, contre aucun
médecin sans enfant.
65
Sur 76 médecins avec enfants (1 réponse manquante), 19,7% déclaraient dépister la
dyspraxie. Aucun médecin sans enfant ne la dépistait (p=0,356).
Sur l’ensemble des questionnaires, 74% des médecins avec des enfants avaient des jouets
dans leur cabinet. Mais les médecins sans enfant n’avaient pas de jouet (p=0,327).
Sur 76 médecins avec enfants (1 réponse manquante), 89,4% déclaraient observer l’enfant
pendant le déshabillage, contre tous les médecins sans enfant (p=0,631).
26,5
Pas maître de stage 38,7
34,6
> 4 ans
56 entre 3 et 4 ans
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60
fréquence en pourcentage
20% des maîtres de stage (1 réponse manquante) disaient dépister la dyspraxie, contre
17,2% de ceux qui ne l’étaient pas (81 personnes) (p=0,794).
80,5% des maîtres de stage avaient des jouets dans leur cabinet, contre 70,3% de ceux qui
ne l’étaient pas (p=0,268).
94,2% des maîtres de stage et 86,2% des médecins qui ne l’étaient pas (80 personnes)
avaient déclaré observer les enfants pendant le déshabillage (p=0,338).
Peu de médecins orientaient les enfants et leur famille vers la MDPH, qu’ils étaient ou non
maîtres de stage (p=0,999), seulement 48,5% des maîtres de stage (35 personnes) et 49,2% de ceux
qui ne l’étaient pas (71 personnes).
66
16.3.3.5. Comparaison selon le type d’activité annexe
Nous avons comparé les médecins qui avaient une activité annexe en lien avec l’enfance, par
rapport à l’ensemble des autres médecins.
Le dépistage se faisait :
- avant l’âge de 3 ans : aucun médecin ayant une activité annexe en médecine de l’enfance,
- 3 et 4 ans : 60% des médecins avec une activité annexe en médecine de l’enfance,
- après l’âge de 4 ans : 40% des médecins avec une activité annexe en médecine de l’enfance.
40
médecine enfant 60
0
> 4 ans
entre 3 et 4 ans
36,2 < 3 ans
médecine générale 31,8
31,8
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65
28,5% des médecins avec une activité annexe en médecine de l’enfance ont déclaré dépister
la dyspraxie contre 17,4% de ceux qui avaient une activité de médecine adulte (p=0,608).
71,4% des médecins avec une activité annexe de médecine de l’enfance déclaraient observer
l’enfant pendant le déshabillage contre 89,8% des médecins qui avaient une activité de médecine
adulte (p=0,178).
85,7% de l’ensemble des médecins avec une activité annexe de médecine de l’enfance
avaient des jouets dans leur cabinet contre 72,7% de ceux qui exerçaient une médecine adulte
(p=0,673).
Les médecins avec une activité annexe de médecine de l’enfance orientaient plus souvent les
enfants et les familles vers la MDPH (71,4%), contre seulement 47,4% des autres médecins. La
différence n’est pas significative (p=0,265).
67
16.4. Discussion
16.4.1. Choix de la méthode
Nous avons choisi de faire une enquête avec un questionnaire pour des raisons pratiques.
Nous pouvions contacter la totalité de la population cible.
Les questionnaires auto-administrés ont permis un gain de temps, un support visuel pour le
médecin et une plus grande sincérité dans les réponses. Les risques de ce type de questionnaire sont
des réponses incomplètes, et donc des données ininterprétables.
A la fin du premier envoi, le nombre de questionnaires retournés était insuffisant. Nous avons
attendu la fin de la période des vacances estivales pour la relance du questionnaire.
Nous avons choisi uniquement les médecins généralistes libéraux car ce sont les médecins
de premier recours qui suivent les enfants.
Dans la troisième partie, les réponses n’étaient pas toujours à la hauteur de nos attentes. A la
question 7, 24 médecins n’ont pas répondu. 43 réponses manquaient à la question 8 sur l’âge
supposé du dépistage. 23 médecins n’ont pas répondu à la question 15 sur la connaissance d’un
réseau. Et 11 médecins n’ont pas répondu à la question 16, l’orientation vers la MDPH. On peut
supposer que les médecins manquaient de connaissances pour y répondre.
Dans les questions 12, 17 et 18 nous espérions des réponses hiérarchisées, aux vues des
réponses obtenues (réponses numérotées ou partiellement ou des croix), nous avons modifié les
réponses dans le tableur. A la question 12, nous n’avons retenu que les 10 premiers professionnels
sélectionnés par les médecins, à la question 17, que les 3 premières réponses, et à la question 18,
que les 5 premières réponses. Nous avons perdu des données en choisissant ce mode de
classification, mais en gardant le système précédent les données n’étaient pas interprétables.
15 médecins n’ont pas classé les propositions du rôle du médecin généraliste face à la
dyspraxie. La question demandait peut être trop de temps et c’était la dernière du questionnaire.
Aux vues des réponses à la question 13 (la prise en charge par la sécurité sociale des
professionnels de santé), l’intitulé n’était pas pertinent. Il aurait dû mentionner « en libéral », puisque
seulement les réponses « orthophoniste » et « orthoptiste » étaient attendues en libéral. Mais le
psychologue scolaire (réalisation des tests d’intelligence) n’exerçant qu’en milieu scolaire, la prise en
charge est donc faite par l’Education nationale. Quant aux neuropsychologues, psychomotriciens et
ergothérapeutes, leurs prises en charge sont financées lorsqu’ils exercent dans les centres comme les
CMPP, CAMSP et centres référents des troubles des apprentissages.
68
16.4.4. Les médecins répondant
Nous avons pu constater une féminisation de la profession. La proportion des femmes de
moins de 50 ans était plus importante que celle des hommes, alors qu’ils étaient plus nombreux à
avoir plus de 50 ans.
100%
90% 83,70%
80%
70%
60%
51,30% Moins de 40 ans
50%
Entre 40 et 50 ans
40% 32,40% Plus de 50 ans
30%
20% 16,20%
11,20%
10% 5,00%
0%
Femmes Hommes
Tous les médecins maîtres de stage dans l’Yonne (soit 36 médecins) ont répondu au
questionnaire. Le fait d’avoir régulièrement des étudiants (internes ou externes) dans leur cabinet, les
a probablement incités à répondre.
Les jeunes médecins (moins de 40 ans) estimaient que le dépistage de la dyspraxie se faisait
après 4 ans. La différence est importante (50% contre 12,5% avant l’âge de 3 ans). Or durant notre
formation universitaire en médecine générale nous survolons les troubles dys. L’actualité ou la
formation personnelle des internes a probablement permis une meilleure connaissance de la
dyspraxie.
Chez les maîtres de stage, il y a aussi une différence puisque 56% estimaient que le
dépistage se faisait après l’âge de 4 ans (20% avant 3 ans). Ils se sont peut être plus renseignés sur
le sujet ou les internes ont pu leur apporter l’information. L’échange mutuel permet d’améliorer les
connaissances de chacun.
Les médecins qui ont choisi une activité annexe en rapport avec les enfants, exercent en
crèche et en PMI. Ils ont surtout mentionné « entre 3 et 4 ans ». On aurait pu s’attendre à ce que la
réponse la plus fréquente soit « après l’âge de 4 ans », étant donné qu’ils avaient choisi d’avoir un
exercice en médecine de l’enfance.
69
Les consultations intéressent les enfants de 0 à 3 ans (pour la crèche) et de 0 à 6 ans pour la
PMI. Les médecins de crèche ne voient plus les enfants de plus de 3 ans puisqu’ils sont scolarisés. Et
les médecins vacataires en PMI voient surtout les nourrissons.
Les consultations en moyenne section de maternelle sont souvent réalisées par une infirmière
seule. Il y a donc un biais car les médecins de crèches ou vacataires en PMI examinent moins
souvent des enfants au-delà de l’âge de 3 ans.
16.4.5.2. Le déshabillage
Les jeunes médecins observaient moins souvent les enfants au moment du déshabillage. Ils
s’intéressent peut être plus au motif initial de consultation.
Par contre, 94,2% des maîtres de stage observaient le déshabillage de l’enfant. On peut
supposer que les maîtres de stage prennent le temps d’observer l’enfant pendant que l’interne fait
l’interrogatoire aux parents ou rédige l’observation.
La réponse « oui » n’explique pas de quel type de jouet il s’agit. Les jeux d’imitation (peluches,
voitures,…) ne permettent pas de dépister la dyspraxie.
Nous retrouvions majoritairement et aux mêmes proportions dans les deux groupes,
l’orientation et le dépistage.
70
Il est normal que les médecins ne reconnaissent pas le diagnostic positif comme un rôle du
généraliste. Ce diagnostic est complexe, par la pluridisciplinarité des intervenants, la difficulté du
diagnostic et le caractère chronophage.
En revanche, seulement 38,2% des médecins estimaient qu’ils avaient un rôle dans le
diagnostic différentiel. Eliminer une pathologie sensorielle permet de prendre en charge l’enfant dans
sa globalité et non spécifiquement dans un trouble des apprentissages.
40
52,5
68,7
ceux qui ne dépistent pas 90
31,2 information
36,2
92,5 coordination
accompagnement
66,6 orientation
52,3
66,6 diagnostic positif
ceux qui dépistent 90,4
diagnostic différentiel
33,3
47,6 dépistage
90,4
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
fréquence en pourcentage
Illustration 22 : Fréquences des rôles ressentis du médecin selon le fait de dépister la dyspraxie
Le rôle d’orientation est significativement plus fréquent (p=0,075) chez l’ensemble des
médecins qui avaient des enfants (93,9% contre 66,6% de ceux qui n’en avaient pas) (11 médecins
avec enfants n’ont pas répondu à la question).
Le rôle d’information est significativement plus fréquent si le médecin avait des enfants
(p=0,030). Aucun médecin sans enfant n’informait les familles, contre 32 médecins des 66 qui avaient
des enfants.
Les médecins qui sont aussi parents ont probablement plus d’empathie (dans le sens courant
du terme). Ils prennent plus le temps d’informer et d’orienter les familles quand ils détectent un
trouble.
71
0
50
66,6
sans enfant 66,6
33,3 information
33,3 coordination
100
accompagnement
48,4 orientation
53
31,8 diagnostic positif
avec enfants 93,9
25,7 diagnostic différentiel
36,3
92,4 dépistage
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Fréquence en pourcentage
Illustration 23 : Fréquences des rôles ressentis du médecin selon le fait d’avoir des enfants
16.4.5.6. Le réseau
Seulement 28 médecins avaient connaissance d’un réseau pour les troubles dys dans l’Yonne
(dont 18 parmi ceux qui dépistent la dyspraxie). On aurait pu s’attendre à ce que les médecins qui
s’impliquaient dans les troubles des apprentissages aient davantage connaissance du réseau.
Les médecins avec une activité annexe en crèche/PMI avaient significativement (p=0,078)
plus la connaissance de l’existence d’un réseau dans l’Yonne (75% contre seulement 27,7% de ceux
qui avaient une activité annexe de médecine adulte). Les médecins qui exercent dans les crèches ou
à la PMI travaillent en relation avec les structures pour les enfants en difficultés.
Pluradys, le réseau qui prend en charge les troubles dys dans l’Yonne, reste méconnu des
médecins. Les enseignants sont plus informés de son existence. Ils reçoivent une invitation pour la
journée dys qui a lieu en octobre tous les ans. Monsieur Morel, enseignant au centre de formation des
enseignants à Auxerre, fait parti du réseau. Il serait utile que Pluradys diffuse plus d’informations
auprès des médecins en intervenant dans les FMC médicales, ou en informant les cabinets médicaux
de la journée dys,….
L’orthophoniste était le plus souvent cité chez 78,3% de l’ensemble des femmes et 62,8% des
hommes (78 hommes ont répondu à la question) (p=0,134), 71,7% des hommes orientaient les
enfants vers le pédiatre, contre 56,7% des femmes (p=0,138).
Les maîtres de stage orientaient plus fréquemment vers l’orthophoniste (75% de l’ensemble
des maîtres de stage), contre 64,5% de ceux qui ne l’étaient pas (pour 79 médecins qui ont répondu à
la question). Mais la différence n’est pas significative (p=0,290). Les médecins qui n’étaient pas maître
72
de stage orientaient plus fréquemment vers le pédiatre (68,3%), contre 63,8% des maîtres de stage
(p=0,672).
Les médecins sans enfant orientaient plus fréquemment les enfants et leur famille vers
l’ergothérapeute et le neurologue que les médecins avec des enfants. Les différences sont
significatives (respectivement p=0,0806 et p=0,0399). 83,3% des médecins sans enfant orientaient
vers l’ergothérapeute, contre 40,2% de ceux qui en avaient. Et le neurologue était cité chez 66,6%
des médecins sans enfant, contre 23,3% des médecins avec des enfants.
L’orientation vers le psychomotricien est significativement plus fréquente (p=0,0761) chez les
médecins de moins de 40 ans. 80% de la totalité des moins de 40 ans orientaient vers le
psychomotricien, contre 71,4% des 40-50 ans et 51,1% chez les plus de 50 ans (2 réponses
manquaient chez les plus de 50 ans).
L’orientation vers le neuropsychologue était également plus fréquente (p=0,0106) chez les
moins de 40 ans. 80% des moins de 40 ans l’avaient sélectionné, contre seulement 28,5% des 40-50
ans et 33,3% des plus de 50 ans.
On peut rapprocher le fait que les femmes, sont souvent plus jeunes, avec moins souvent des
enfants, pratiquent plus souvent une activité en crèche/PMI. Nous pouvons regrouper ces classes. La
neuropsychologie et les métiers qui en émanent sont assez récents. Les jeunes médecins (femmes
travaillant en crèche/PMI) avaient peut être eu la possibilité de travailler avec ces professionnels de
santé qui sont plus récemment connus.
Le CMPP était choisi par 71,4% des médecins avec une activité en crèche/PMI, contre 34,5%
de ceux qui avaient une activité annexe de médecine adulte (p=0,0976).
Le psychologue scolaire était choisi par 71,4% des médecins avec une activité en crèche/PMI,
contre seulement 28,7% de ceux qui avaient une activité annexe de médecine adulte (p=0,0302).
On peut supposer que les médecins ayant une activité en crèche/PMI connaissent mieux les
possibilités d’orientation de l’enfant, notamment le psychologue scolaire. Dans l’ensemble des
questionnaires, le psychologue scolaire ne représentait que 9,61% des choix d’orientation. Pour un
dépistage de dyspraxie, il est nécessaire d’avoir un bilan intellectuel réalisé par un neuropsychologue
ou un psychologue scolaire. En pratique, dans l’Yonne, il est facile d’avoir accès au psychologue
scolaire, et le bilan est pris en charge financièrement.
73
16.5. Conclusion
Cette étude, menée à partir des réponses de 117 médecins généralistes libéraux icaunais, a
permis de dégager certains points.
Former les médecins généralistes sur la dyspraxie est le point essentiel qui ressort de cette
étude. Seulement 18% des médecins de notre étude dépistent la dyspraxie. De plus, le principal frein
au dépistage de la dyspraxie en cabinet est le manque de connaissances des « troubles dys »
(90,9%). Les médecins ont mentionné à plusieurs reprises leur souhait d’avoir une formation sur ce
thème. Ce sentiment est partagé dans plusieurs études menées dans différents pays. L’enseignement
universitaire de la dyspraxie, ou des troubles dys en général, doit être amélioré. Des interventions par
le réseau de santé ou par d’autres professionnels pourraient être proposées lors de formations
médicales continues.
Le facteur temps est le deuxième critère de frein mentionné par les médecins généralistes. La
seule possibilité d’agir sur ce critère est encore la formation des médecins. En effet, une pratique
régulière permettrait d’automatiser le dépistage.
Par ailleurs, la connaissance du réseau de santé local sur les pathologies du développement
et/ou des troubles des apprentissages est un axe important à développer. Le manque d’information
sur d’éventuels réseaux existants est le troisième critère qui freine le dépistage (49,5%). Pluradys n’a
été mentionné que huit fois sur l’ensemble des questionnaires (28 médecins avaient connaissance
d’un réseau local).
Ce travail nous a également permis de dégager quelques points de repère pour le dépistage
et le diagnostic de dyspraxie chez les enfants au cabinet. A partir des éléments positifs qui ressortent
de cette étude, nous avons pu rebondir sur certains points (Annexe 2):
Observer l’enfant :
- 88,6% des médecins ont déclaré observer l’enfant pendant l’habillage/déshabillage. Ce point est
essentiel pour évaluer son niveau d’autonomie, la rapidité d’exécution des gestes, la motricité fine,
l’appui unipodal.
- la marche : ses déplacements dans le cabinet
- son comportement : face aux parents et au médecin « comportement bizarre » avec trouble de la
cognition sociale, aisance. Observation durant le jeu.
Examiner l’enfant pour éliminer des pathologies, qui, non dépistées, pourraient être source
d’errance diagnostique. Seulement 38,2% des médecins estiment qu’ils ont un rôle dans le diagnostic
différentiel.
- visuel : tester l’oculomotricité et la gnosie visuelle (échelles de vision de près et de loin)
- auditif : examen ORL à l’aide d’un otoscope et test à la voix chuchotée
- neurologique : mesurer le périmètre crânien, tester les réflexes ostéo-tendineux, la motricité globale
avec le saut à pieds joints, à cloche pied et l’appui unipodal. Un enfant dyspraxique ne doit pas avoir
de retard dans les acquisitions motrices globales (assis, 4 pattes, marche).
Les jouets : outre le côté divertissant, ils sont indispensables dans un cabinet médical. 73,5%
des médecins en ont dans leur cabinet. Il doit s’agir de jeux de construction (Lego®, Duplo®), de
puzzles, de livres et de feutres. D’emblée un enfant dyspraxique sera désintéressé des jeux dans
lesquels il sait qu’il sera en échec.
74
La motricité fine pourra être testée avec la rapidité de l’exécution, la compréhension de consignes en
demandant à l’enfant de réaliser le puzzle ou de construire des figures selon un modèle par exemple.
La lecture et la dénomination d’images sera permise par les livres. Permettre à l’enfant de dessiner
pour observer la motricité fine, la propreté de sa production, évaluer les praxies (croix, rond, carré).
Le second critère ressenti comme un frein au dépistage était le manque de temps. Ce temps
de jeu peut faire parti de l’observation de l’enfant pendant que les parents règlent la consultation.
Malgré ce défaut de dépistage, une fois la situation de dyspraxie certifiée, le médecin affirme
son rôle de pilier pour le suivi et l’accompagnement. 55,9% des médecins suivaient des enfants
dyspraxiques. L’accompagnement de la famille et de l’enfant était le troisième rôle choisi par les
généralistes. Il leur assure une écoute, un soutien et une attitude bienveillante tout au long du
parcours de vie de l’enfant et des parents.
17. CONCLUSIONS
En France, 5 à 7 % des enfants entre 5 et 11 ans sont atteints de dyspraxie, soit au moins 1
enfant par classe. Ce trouble moteur, qui appartenait aux troubles des apprentissages jusqu’en 2013,
a deux appellations : dyspraxie ou trouble de l’acquisition de la coordination. La difficulté à penser, à
organiser, et à réaliser une séquence de gestes pour la rendre automatique fait de ce trouble un
handicap. Les répercussions sont dans tous les domaines qui entourent l’enfant (scolaire, quotidien,
social).
La prévalence serait sous-estimée en raison des difficultés pour poser le diagnostic. En effet,
la diversité des cas (niveau de sévérité, symptomatologie individuelle, comorbidités,
environnement,…) et le manque de connaissances perturbent ce diagnostic. Depuis quelques
années, des équipes de recherche s’intéressent aux étiologies, aux comorbidités et à la rééducation.
Environ une année scolaire est nécessaire pour poser le diagnostic final de dyspraxie. Mais l’enfant
est en souffrance depuis plusieurs années déjà. Les parents d’enfant dyspraxique décrivent leur
histoire comme un « parcours du combattant ».
Nous avons réalisé une enquête auprès de 274 médecins généralistes libéraux de l’Yonne,
grâce à un questionnaire. Le taux de participation a été de 45,6%. Les résultats de cette enquête et
75
les données médicales recueillies nous ont permis d’élaborer une fiche d’aide au dépistage et à la
prise en charge des enfants dyspraxiques pour les généralistes.
55,9% des médecins déclarent suivre des enfants dyspraxiques dans leur patientèle mais
seulement 18% dépistent la dyspraxie. Nous avons voulu savoir quels rôles les généralistes
estimaient avoir dans la prise en charge de ces enfants. 92,1% pensent qu’ils ont un rôle dans le
dépistage et 90,1% dans l’orientation.
Faciliter les formations sur la dyspraxie nous semble être une mesure primordiale. En effet, le
principal critère de frein au dépistage de la dyspraxie en cabinet est le manque de connaissances des
« troubles dys ». De plus, les médecins ont mentionné à plusieurs reprises leurs souhaits d’avoir des
formations sur ce sujet. Les enseignements sur les troubles du développement chez l’enfant et les
troubles des apprentissages sont quasiment inexistants durant notre cursus universitaire. Le volume
horaire de cet item pourrait être valorisé. De plus, les troubles dys pourraient faire l’objet de nombreux
thèmes de formation médicale continue. Plusieurs travaux ont montré l’importance des répercussions
psychologiques de la dyspraxie, notamment l’estime de soi, sur l’enfant et ses parents. Les enfants
contournent ou refusent le travail pour éviter l’échec. Mais qu’en est-il de l’estime de soi du généraliste
qui n’a pas reçu de formation durant ses études ? Comment aborde-t-il un trouble qu’il ne connaît
pas ? Le médecin généraliste va-t-il protéger son estime de lui, en évitant d’aborder la dyspraxie
devant laquelle il va se sentir en échec ?
Idéalement, cette formation devrait aussi concerner les enseignants et les paramédicaux. Les
enseignants n’ont pas de formation spécifique durant leurs études alors qu’ils sont au cœur de la
problématique scolaire. Quant aux paramédicaux, il serait utile qu’ils aient une formation avec des
méthodes de rééducation en lien avec les apprentissages.
Promouvoir le réseau de santé local sur les pathologies du développement et/ou les troubles
des apprentissages est un axe important à développer. Le troisième critère de frein au dépistage
ressenti par les généralistes est le manque d’information sur d’éventuels réseaux existants (49,5%).
Seulement 29,7% des généralistes ont connaissance de l’existence d’un réseau icaunais. Pluradys
n’est mentionné que 8 fois. Un travail sur la communication et la formation des médecins de la part de
Pluradys pourrait être une perspective d’avenir envisageable.
Elargir les connaissances des différents acteurs de santé locaux nous paraît essentiel pour le
dépistage et une prise en charge de qualité de l’enfant dyspraxique. Les généralistes adressent
principalement les enfants vers l’orthophoniste, le pédiatre et le psychomotricien. Une connaissance
des paramédicaux et leurs rôles permettrait d’orienter l’enfant en fonction du trouble qu’il présente.
L’essor de neuropsychologie est récent (années 2000 environ). L’apport bénéfique de ces nouvelles
professions commence à se faire sentir. En effet les jeunes médecins et ceux qui on une activité
annexe en crèche/PMI orientent plus fréquemment les enfants vers ces professionnels.
Inciter les démarches auprès de la maison départementale des personnes handicapées est un
élément indispensable pour l’enfant et sa famille. Les charges financières sont lourdes pour la famille
d’un enfant dyspraxique. Le médecin a un rôle d’information dans les démarches existantes (estimé à
45% dans les réponses des médecins). Un généraliste a noté une réflexion dans les commentaires
libres : « enjeu diagnostique important pour le généraliste, parcours du combattant pour la famille,
76
notre société est-elle prête à faire des efforts financiers ? ». Seuls les orthoptistes et les
orthophonistes sont pris en charge par la sécurité sociale en libéral. Alors que la dyspraxie est
reconnue comme un handicap, la société ne prend en charge qu’une partie des thérapeutes
nécessaire à la rééducation de l’enfant.
77
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Disponible : https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2014/6/27/MENH1400612D/jo
80
ANNEXES
VOUS :
VOTRE EXERCICE
LA DYSPRAXIE
……………………………………………………………………………………………………………
12/ Vers quel professionnel orientez-vous ou pensez-vous orienter un enfant dyspraxique ? (merci de
hiérarchiser votre réponse de 1 à 13)
81
orthophoniste CAMSP
pédiatre CMPP
ergothérapeute neurologue
psychomotricien neuropsychologue
pédopsychiatre orthoptiste
médecin de PMI
13/ Pour quelles spécialités pensez-vous qu’il y ait une prise en charge par la sécurité
sociale ?
orthophoniste psychomotricien
orthoptiste ergothérapeute
14/ Selon vous, existe-t-il une relation entre les différents « troubles dys » (dyslexie, dyscalculie,…) ?
oui non
15/ Existe-t-il, à votre connaissance, un réseau dans l’Yonne pour les « troubles dys » ?
oui non
Si oui, préciser : …………………………………………………………………………………….
16/ Orientez-vous vers la MDPH les parents dont l’enfant est dyspraxique ?
oui non
17/ Selon vous, quel(s) est(sont) le(s) frein(s) au dépistage de la dyspraxie en libéral ? (merci de
hiérarchiser votre réponse de 1 à 6)
manque de temps
manque de référentiels
manque d’outils
autre : …………………………………………………………………
18/ Selon vous, le médecin généraliste a-t-il un rôle dans la prise en charge d’un enfant dyspraxique ?
oui non
82
diagnostic différentiel
diagnostic positif
orientation
information
aucun
83
Annexe 2 : Fiche d’aide au dépistage et au diagnostic de la dyspraxie chez l’enfant pour les médecins
généralistes libéraux de l’Yonne
Interrogatoire :
- interrogatoire des parents : troubles scolaires et dans la vie quotidienne (manger, se laver,
s’habiller, loisirs)
- visuel : oculomotricité, échelle de vision de loin et de près, dénombrement (comptage de points sur
une feuille). Si trouble -> orthoptiste (4 en libéral dans l’Yonne) ou ophtalmologiste
- neurologique : ROT, périmètre crânien, motricité globale (assis, 4 pattes, marche), saut à pieds
joints, à cloche pieds, appui unipodal. Si trouble -> pédiatre
Dépistage de la dyspraxie :
- jeu : l’enfant dyspraxique va déjà redouter l’épreuve « je ne vais pas y arriver », puis il va critiquer
son travail « non ce n’est pas la même chose que toi »
puzzle
jeu de construction (Lego®, Duplo®, Kapla®): jeu libre, puis consignes (construction de
tour à 6, 8, 10 cubes avec une base différente)
livres : lecture d’une phrase, dénomination d’images,
crayons : dessiner des formes géométriques (croix, rond, carré, triangle), poser une
addition, écriture, propreté du travail
84
- interrogatoire : que ressent l’enfant ?, quels sont ses loisirs ?
Orientation de l’enfant, auprès des professionnels de santé, selon les troubles présentés, mais aussi
en fonction des possibilités financières de la famille et des contraintes démographiques dans l’Yonne.
85
TITRE DE LA THESE : LA PRISE EN CHARGE DES ENFANTS DYSPRAXIQUES : ENQUETE AUPRES DES MEDECINS
GENERALISTES LIBERAUX DU DEPARTEMENT DE L’YONNE ET SUGGESTION D’AIDE AU DEPISTAGE ET AU
DIAGNOSTIC
RESUME :
86