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Exercices Chapitre 2

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Chapitre 2 : Comment expliquer l'instabilité de la croissance économique

Exercice 1 : Une croissance économique instable à court terme : les fluctuations économiques

Taux de croissance de l'économie française (1950-2012)


10

-2

-4
Source : INSEE
La croissance économique est, à court terme, instable dans les économies capitalistes modernes.
Sur le long terme, comme on l'a vu dans le chapitre 1, la production économique augmente
progressivement depuis la Révolution industrielle. Mais, à court terme, la production connaît
d'importantes variations.
On peut distinguer plusieurs types de fluctuations de la croissance économiques.
Premièrement, il y a des périodes durant lesquelles le rythme de la croissance s'accélère ou se
maintient à un niveau élevé : ce sont des périodes.............................................. C'est par exemple le
cas, en France, de …............... à …........................
Deuxièmement, il y a des périodes durant lesquelles le rythme de la croissance économique
….................. : le PIB augmente d'une année sur l'autre, mais de moins en moins vite. C'est par
exemple le cas, en France, de ….................... à …..................
Enfin, il existe des périodes durant lesquelles la production économique diminue. Lorsque cette
diminution dure plus de deux trimestres (6 mois), les économistes appellent ce type de période
….................... La France a connu, depuis la seconde guerre, trois …............... de ce type : en.....,
…........ et …........... Dans les cas (rares), où la croissance économiques demeure nulle ou négative
de manière prolongée (plusieurs années), les économistes parlent également de ….............................
L'ensemble de ces accélérations et ralentissements de la croissance économique constitue les
fluctuations économiques.
Ces fluctuations de la production s'accompagnent de fluctuations d'autres grandeurs économiques
comme le chômage (qui généralement augmente durant les récessions) et l'inflation (ou son
contraire la déflation).

Le terme de crise économique a deux sens. Au sens limité, c'est le moment où l'on passe d'une
période d'expansion à une période de récession. C'est, donc, le moment, souvent bref, de
retournement de l'activité. Par exemple, la récession que traverse l'économie française depuis 2008
a débuté par une crise qui s'est déroulée à la fin de l'été et au début de l'automne 2008 : c'est à ce
moment que la croissance économique a commencé à baisser rapidement, jusqu'à devenir négative.
Cette crise a été marquée par la faillite de banques (notamment de la banque new-yorkaise
Lehman Brothers, le 15 septembre 2008).
On utilise également le terme de crise pour parler de la période de récession dans son entier.
C'est un usage courant du terme, mais qu'il vaut mieux éviter pour être précis.

1
Chapitre 2 : Comment expliquer l'instabilité de la croissance économique

Question 1 : Complétez le texte ci-dessus.


Question 2 : Quand a eu lieu la crise par laquelle a débuté la dépression des années 1930 ?

Exercice 2 : les fluctuations de l'économie prennent souvent la forme d'un cycle

Les fluctuations économiques prennent souvent la forme de cycles économiques, c'est-à-dire de


variations répétées de la croissance économique. Un cycle est constitué de trois phases récurrentes :
premièrement une phase d'expansion ; deuxièmement, la crise, c'est-à-dire le moment de
retournement ; troisièmement, une phase de ralentissement, ou de récession.
Les économies connaissent ainsi souvent des cycles, c'est-à-dire ces fluctuations répétées faites
de phases d'accélération, puis de crises, puis de ralentissement (récession).

Taux de
croissance

Temps

Ces cycles peuvent être plus ou moins longs. Par exemple, les économistes appellent cycles Juglar,
les cycles d'un peu moins de 10 ans que l'on constate souvent dans les économies capitalistes
modernes. Un économiste russe, Kondratieff, a affirmé, dans les années 1920, que les économies
capitalistes connaissent des cycles longs de 40 à 60 ans. Cette affirmation est toutefois très
controversée.

Question 1 : Indiquez sur le graphique ci-dessus les trois phases des cycles économiques.
Question 2 : Peut-on faire apparaître sur le graphique de l'exercice 1 des cycles économiques de
type Juglar ou Kondratieff ?

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Chapitre 2 : Comment expliquer l'instabilité de la croissance économique

Exercice 3

PIB et PIB potentiel de la France (en milliards d'euro 2005)


1900

1800
PIB
1700 PIB potentiel
1600

1500

1400

1300

1200

1100

1000

FMI

Une manière d'analyser ces fluctuations est de comparer le PIB réel à ce que les économistes
appellent le PIB potentiel. Le PIB réel est celui qui existe vraiment à un moment du temps. Le PIB
potentiel est celui qui existerait si l'économie ne connaissait pas de fluctuations, mais fonctionnait
« normalement ».
Calculer le PIB potentiel est (théoriquement) simple : il suffit de connaître la quantité de capital et
la quantité de travail dont dispose l'économie, ainsi que l'efficacité avec laquelle elle les utilise
(c'est-à-dire la productivité globale des facteurs). On peut alors calculer (en utilisant la fonction de
production vue au chapitre 1, exercice 9), la production que peut réaliser l'économie.

En cas de récession, le PIB réel est inférieur au PIB potentiel : l'économie n'utilise pas tout son
potentiel de production. Elle ne produit pas autant qu'elle pourrait. Par exemple, il y a une
augmentation du chômage : tout le facteur travail n'est donc pas utilisé. Dans la mesure où tout le
facteur travail n'est pas utilisé, le PIB réel est plus faible que le PIB potentiel (c'est-à-dire celui que
l'on aurait si, justement, le facteur travail était entièrement utilisé).

Il arrive que, parfois, le PIB réel soit supérieur au PIB potentiel : c'est ce que l'on appelle des
périodes de surchauffe. Ces périodes se traduisent par de l'inflation : les entreprises, qui produisent
au maximum de leur capacité, augmentent leurs prix face à une demande qu'elles ne parviennent
pas à satisfaire.

Question 1 : Faites une phrase avec les deux données entourées.


Question 2 : Pourquoi la courbe du PIB potentiel s'éloigne-t-elle nettement de celle du PIB à partir
de 2008.

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Chapitre 2 : Comment expliquer l'instabilité de la croissance économique

Exercice 4 : l'offre et la demande globale

Quand on considère l'économie dans son ensemble, on peut analyser son fonctionnement comme
la rencontre entre une offre globale et une demande globale. Le PIB se fixe au niveau où l'offre est
égal à la demande globale.

L'offre globale est constituée par l'offre de biens et services de l'économie prise dans son ensemble.
C'est tout ce que les entreprises produisent. Cette offre globale est, bien sûr, fonction de la capacité
de production de l'économie, qui dépend, comme on l'a vu, de la quantité de facteurs de production
(travail et ….........) et de leur efficacité (…........................globale des................).

La demande globale est constituée par toutes les demandes qui sont adressées aux entreprises
dans l'économie, c'est-à-dire tout ce que l'on achète aux entreprises. Comme on l'a vu en classe de
première, cette demande globale est égale à la consommation des …............, à …............. des
entreprises ainsi qu'à ce que nous achète le reste du monde (c'est-à-dire …............................) moins
ce que nous achetons au reste du monde (c'est-à-dire.................................), puisque tout ce que nous
achetons au reste du monde est autant que nous n'avons pas acheté à nos entreprises.

Question 1 : Complétez le texte.


Question 2 : Complétez la formule ci-dessus (il manque des signes + et -)

Demande globale = …....................... + …............................

Prix

Demande Offre globale


globale

Prix

PIB
Quantités
(PIB)
Le PIB se fixe au niveau de production où l'offre et la demande globale se rencontrent

Exercice 5 : Deux grands types de choc à l'origine des fluctuations économiques

Les fluctuations économiques sont le produit des chocs que reçoit l'économie, et qui perturbent
son fonctionnement. Il y a deux grands types de chocs : les chocs de demande et les chocs d'offre.
Ces chocs seront négatifs s'ils conduisent à une baisse du PIB (récession) et positifs dans le cas
contraire (expansion). Ici, nous allons nous intéresser essentiellement aux chocs négatifs.

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Chapitre 2 : Comment expliquer l'instabilité de la croissance économique

Les récessions résultent donc deux grands types de choc : les chocs (négatifs) d'offre et les chocs
(négatifs) de demande.

Il y a un choc de demande négatif quand la demande globale baisse (pour des raisons que nous
verrons plus tard), parfois brutalement. Si la demande globale baisse, les entreprises, qui ont moins
de débouchés (moins de clients), diminuent leur production. Il se produit, par conséquent, une
récession (ou, au minimum, un ralentissement de la croissance). En outre, dans la mesure où elles
ont moins de clients, les entreprises baissent souvent leur prix, ce qui peut conduire à la déflation.
En cas de chocs de demande négatif, il y a donc récession et déflation (ou, au minimum,
désinflation).
Autrement dit, dans un choc de demande négatif, l'économie produit moins parce que les
entreprises ont moins de demande pour leurs produits : elles pourraient produire plus, mais elles ne
le font pas, parce qu'elles n'ont pas assez de clients.
Les chocs de demande globale sont les chocs les plus violents que connaissent les économies. Par
exemple, la récession de 1929 et la récession actuelle (qui a débuté en 2008) sont le produit d'un
choc de demande globale négatif.

Il y a un choc d'offre négatif lorsque il est plus difficile pour les entreprises de produire. C'est
particulièrement le cas lorsque les entreprises voient leurs coûts de production augmenter, par
exemple à la suite de la hausse du prix du pétrole. Comme leurs coûts de production augmentent,
les entreprises vont augmenter leur prix : il y a donc de l'inflation. Les prix étant plus élevés, les
consommateurs consommeront moins, et la production baisse.
Autrement dit, dans un choc d'offre négatif, l'économie produit moins parce que les ressources
pour produire lui coûte plus cher. Les prix augmentent et la production baisse.
En cas de choc d'offre négatif, il y a donc récession (baisse du PIB) et accélération de l'inflation.
C'est la situation qu'a connu l'économie française durant les années 1970 et 1980, à la suite des
chocs pétroliers.

Question 1 : A quoi sont dues les fluctuations de l'économie ?


Question 2 : Qu'est-ce que la déflation ? Et la désinflation ?
Question 3 : Pourquoi l'économie produit-elle moins en cas de choc de demande ? Pourquoi cette
baisse de la production s'accompagne souvent d'une baisse des prix, ou d'une désinflation ?
Question 4 : Pourquoi le choc pétrolier est-il une des causes de la crise de la fin des années 1970 ?
Question 5 : Pourquoi y-a-t-il augmentation des prix en cas de choc d'offre ?

Exercice 6 : un exemple de choc d'offre négatif : la récession des années 1970

La crise des années 1970 qui a frappé la France comme l'ensemble des pays importateurs de
pétrole est un exemple classique de choc d'offre. La cause immédiate de cette crise tient dans
l'élévation brutale du prix de pétrole en 1973 puis en 1979 : les prix sont multipliés par près de 10
en 6 ans. Le pétrole constituant une source d'énergie centrale dans nos économies, cela a pour
conséquence l'élévation des coûts de production des entreprises.
Les entreprises sont donc conduites à augmenter leur prix. Et la demande (notamment la
consommation), en réaction, baisse. L'économie produit donc moins et les prix augmentent. Cette
baisse de la production traduit le transfert de richesse des pays importateurs (comme la France) vers
les pays producteurs (comme l'Arabie Saoudite, qui s'est énormément enrichi).
L'économie rentre donc dans une récession, marquée par de l'inflation, ce qui est typique d'une
récession provoquée par un choc d'offre.
Toutefois, le propre de la crise des années 1970 est a) qu'elle a duré bien après la hausse du prix

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Chapitre 2 : Comment expliquer l'instabilité de la croissance économique

du pétrole et b) qu'elle a été marquée par une accélération de l'inflation, qui a fini par atteindre 13 %
en 1980. L'inflation ne baissera qu'à partir de 1986.
L'accélération de l'inflation est due à une spirale inflationniste salaire-prix (cercle vicieux).
Face à la hausse des prix, les salariés ont, en effet, réclamé des hausses de salaire, pour préserver
leur pouvoir d'achat. Mais cela n'a fait qu'augmenter encore les coûts des entreprises : elles ont donc
été contraintes d'augmenter les prix. Face à cette inflation plus importante, les salariés ont réclamé
de nouvelles hausses de salaires, etc. Ce cercle vicieux était possible à l'époque, dans la mesure où
les syndicats étaient puissants, et le chômage encore faible (même s'il augmente durant la période).
Le rapport de force était donc favorable aux salariés, qui pouvaient demandé des augmentation de
salaire, sans crainte du licenciement.
La crise a duré longtemps, parce qu'à la hausse du prix du pétrole, s'est ajoutée la baisse des
gains de productivité. Durant les Trente Glorieuses, les gains de productivité étaient très élevés.
Comme la productivité des salariés augmentait vite, les entreprises pouvaient les payer plus cher,
sans que cela n'élève leurs coûts de production : une heure de temps de travail coûtait certes plus
cher, mais durant cette heure le salarié produisait plus. Au final, le coût de chaque produit restait
pour l'entreprise le même. Le problème est que les salariés avaient pris l'habitude de cette élévation
rapide de leur salaire. Quand la productivité a commencé à augmenter beaucoup moins rapidement,
ils ont continué à vouloir des augmentations salariales importantes. Le rapport de force leur étant
favorable, ils les obtenaient. Par conséquent, comme les salaires augmentaient plus vite que la
productivité, les coûts de production se sont élevés. Et les entreprises ont dû augmenter leur prix. La
hausse du prix du pétrole n'a été en fait que l'élément déclencheur de la crise : la vraie cause de la
crise des années 1970 est la baisse des gains de productivité, qui n'a pas cessé de se poursuivre
après 1973.

La crise des années 1970 est l'exemple parfait d'une crise due à un choc d'offre. La plupart des
chocs d'offre sont, en effet, dus soit à une hausse du prix des matières premières, soit à une baisse
des gains de productivité.

Question 1 : Pourquoi l'inflation s'est-elle accélérée durant la fin des années 1970 ?
Question 2 : Expliquez la phrase soulignée.
Question 3 : Pourquoi la crise des années 1970 est un exemple de crise due à un choc d'offre ?

Exercice 7 : la cause principale de la plupart des chocs de demande : l'investissement

Les récessions dues à des chocs de demande résulte de la chute, le plus souvent brutale, d'une (ou
parfois de plusieurs) composante de la demande globale. Pour Keynes, l'élément déclencheur
fondamental de ces récessions est l'investissement. En effet, il observait que la consommation est,
dans l'ensemble, stable : elle représente une proportion constante du revenu, et a peu tendance à
baisser.
Par contre, l'investissement est lui sujet à de brutales variations. Une des raisons selon Keynes de
ces brutales variations tient dans le fait que les entrepreneurs ne connaissent pas l'avenir. Or,
investir a pour but de disposer de plus de moyens de production : les entreprises n'investissent que
si elles pensent qu'elles auront besoin de produire plus, parce que la demande sera forte, et qu'elles
doivent donc acheter plus de capital. Le problème est que personne ne peut prévoir avec certitude
l'avenir : les entrepreneurs font des anticipations. Mais quand ils se trompent, ils révisent
brutalement leurs anticipations, et réduisent brutalement leurs investissement.
L'autre raison fondamentale de ces fortes variations de l'investissement tient dans ce que l'on
appelle le cycle du crédit, que l'on verra dans l'exercice suivant.

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Chapitre 2 : Comment expliquer l'instabilité de la croissance économique

Taux de croissance du PIB (en %, dernière ligne) et contributions à l'évolution du PIB (en
points de PIB)
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Dépenses 2,1 1,0 1,3 0,7 0,9 0.9 1.4 0.5 1.9 2.3 2,3 1,6 1,6 1,4 1,5 1,7 1,6 1,7 0,4 0,7 1,4 0,5 0,2
de
consommat
ion finale
Formation 0,8 -0,1 -0,4 -1,2 0,3 0.3 0.1 0.1 1.2 1.5 1,2 0,4 -0,4 0,4 0,6 0,8 0,8 1,3 0,1 -2,3 0,3 0,6 -0,2
brute de
capital fixe
Solde -0,2 0,7 0,9 0,8 0,0 0.3 0.3 1.3 -0.6 -0.4 -0,3 0,1 0,0 -0,6 -0,2 -0,7 0,0 -0,9 -0,3 -0,5 0.0 0.0 1
extérieur
des biens
et services
Variation 0,0 -0,6 -0;3 -1,0 1,0 0.5 -0.8 0.3 0.8 -0.1 0,5 -0,3 -0,2 -0,3 0,7 0,0 0,1 0,2 -0,2 -1,2 0,1 1,1 -1
de stocks
Produit 2,6 1,0 1,5 -0,7 2,2 2,0 1,1 2,2 3,4 3,3 3,7 1,8 0,9 0,9 2,5 1,8 2,5 2,3 -0,1 -3,1 1,7 2 0
intérieur
brut
INSEE
Question 1 : Lisez les données du tableau pour l'année 2012.
Question 2 : Repérez les trois récessions que l'on trouve dans le tableau (deux « vraies » et une
autre qui n'est qu'un ralentissement de la croissance).
Question 3 : Pour chacune de ces récessions quelle en est la cause principale ?
Question 4 : L'analyse de Keynes se vérifie-t-elle ?

Exercice 8 : le cycle du crédit est une cause importante des variations de l'investissement

Document 1

Taux de croissance annuel des crédits aux sociétés non financières (en %)
20
Ex -
Ralentissement Expansion Ralentissement
pan -
15 sion

10

0
1999Aug
2000Feb
2000Aug
2001Feb
2001Aug

2002Aug

2003Aug
2004Feb
2004Aug
2005Feb
2005Aug
2006Feb
2006Aug

2007Aug
2008Feb
2008Aug
2009Feb
2009Aug
2010Feb
2010Aug

2011Aug

2012Aug
1999Feb

2002Feb

2003Feb

2007Feb

2011Feb

2012Feb

-5
D'après Banque de France

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Chapitre 2 : Comment expliquer l'instabilité de la croissance économique

Document 2

Taux de croissance trimestriel de l'économie française


1,5

1,0

0,5

0,0
En %

1999T1
1999T2
1999T3
1999T4
2000T1
2000T2
2000T3
2000T4
2001T1
2001T2
2001T3
2001T4
2002T1
2002T2
2002T3
2002T4
2003T1
2003T2
2003T3
2003T4
2004T1
2004T2
2004T3
2004T4
2005T1
2005T2
2005T3
2005T4
2006T1
2006T2
2006T3
2006T4
2007T1
2007T2
2007T3
2007T4
2008T1
2008T2
2008T3
2008T4
2009T1
2009T2
2009T3
2009T4
2010T1
2010T2
2010T3
2010T4
2011T1
2011T2
2011T3
2011T4
2012T1
2012T2
-0,5

-1,0

-1,5

-2,0

Nous avons vu que la principale cause des chocs de demande est l'investissement : sa chute
conduit l'économie dans la récession, en diminuant la demande globale. Mais pourquoi
l'investissement est-il soumis à des variations de ce type ? Quelle est la cause du cycle de
l'investissement ? Qu'est-ce qui fait que l'on passe d'une période de fort investissement, qui
augmente la demande globale (choc de demande positif) et nourrit la croissance, à des périodes où
l'investissement chute, provoquant un choc de demande négatif qui plonge l'économie dans la
récession ?
Une cause essentielle est ce que l'on appelle le cycle du crédit. En effet, tout investissement doit
être financé. Une partie de ce financement des investissements vient de l'épargne des entreprises
(auto-financement).
Mais la majorité des investissements est financée par emprunt, c'est-à-dire par les crédits
qu'accordent aux entreprises les banques et les marchés financiers. Par conséquent, si les crédits qui
sont accordés aux entreprises augmentent cela conduit à accroître l'investissement, et si ces crédits
baissent brutalement, cela a pour effet une baisse brutale de l'investissement. Or, c'est très
exactement ce qui se passe dans l'économie réelle : le crédit connaît des cycles, c'est-à-dire la
succession répétée de périodes où il augmente suivi de périodes où il diminue. Et ce cycle du crédit
conduit à des cycles de l'investissement, qui ont un impact sur l'activité économique.

Question 1 : Comment appelle-t-on le financement que les entreprises obtiennent auprès des
banques et des marchés financiers ?
Question 2 : Faites une phrase avec la donnée entourée (document 1).
Question 3 : Montrez que le crédit est un phénomène cyclique (document 1).
Question 4 : Est-ce que les documents 1 et 2 confirment l'analyse du texte ?

Exercice 9 : les causes du cycle du crédit : le « paradoxe de la tranquillité »

Le cycle du crédit accompagne et amplifie le cycle économique, comme le montre la croissance


des années 2000, puis la crise qui a suivi. Mais d'où vient ce cycle du crédit ?
Typiquement, lors d'une période d'expansion, les banques et les marchés financiers accordent de

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Chapitre 2 : Comment expliquer l'instabilité de la croissance économique

nombreux crédits, souvent à des taux d'intérêt faibles (faible prime de risque). Ce crédit abondant
permet de financer beaucoup d'investissements, ce qui soutient la croissance. Or, l'euphorie de la
croissance poussent les acteurs financiers à accorder encore plus de crédits : les entreprises qui
empruntent ont des profits en hausse et le prix des « actifs » augmente (par exemple, le prix des
actions des entreprises augmente à la bourse). Donc, les emprunteurs semblent solvables, et s'ils
font faillite, le prêteur pense pouvoir se rembourser en revendant leurs biens. Ainsi, durant la
deuxième moitié des années 1990, les marchés financiers prêtaient d'autant plus volontiers aux
entreprises de la « nouvelle économie » (c'est-à-dire des NTIC, comme internet) que le prix des
actions de ces entreprises ne cessait pas d'augmenter. Durant les années 2000, les banques prêtaient
d'autant plus volontiers aux particuliers voulant acheter une maison que le prix des maisons
augmentait : si le ménage emprunteur ne pouvait plus payer son crédit, il suffisait à la banque de
vendre la maison pour être remboursée.
Or, progressivement, les acteurs sont emportés dans ce que H.Minsky appelle le « paradoxe de la
tranquillité ». Comme la plupart des crédits sont remboursés, les acteurs financiers ont tendance à
prêter à de plus en plus d'acteurs, et des sommes de plus en plus importantes, de manière à accroître
leur profit. Mais, ce faisant, ils prêtent à des acteurs qui sont de plus en plus endettés et de moins en
moins solvables. (En 2008, après le boom immobilier, c'était surtout les ménages qui étaient
surendettés ; en 2000, après le boom de la « nouvelle économie », c'était surtout les entreprises qui
étaient ainsi surendettés.)
Il arrive ainsi un moment où les crédits ne sont plus remboursés : progressivement, ces acteurs font
de plus en plus souvent faillite.
Face à cette multiplication de « défauts » (c'est-à-dire le fait de ne pas rembourser un prêt), les
banques, qui doivent essuyer des pertes, ne peuvent plus accorder de prêts, faute des fonds
nécessaires. Si elles le peuvent, elles deviennent méfiantes face à des clients qui font de plus en plus
défaut : elles rationnent par conséquent le crédit (elles limitent le nombre de prêt qu'elles
accordent). Et elles prêtent de plus en plus cher (prime de risque, parce qu'elles ont peur de ne pas
être remboursées). Ce brusque ralentissement du crédit conduit à une forte diminution de
l'investissement, qui, en provoquant une baisse de la demande globale, peut soit être à l'origine de la
crise économique (comme en 2008), ou qui peut être la cause de son aggravation (comme pour la
crise des années 1930, marquée par de nombreuses faillites de banques).

Question 1 : Qu'est-ce que le « paradoxe de la tranquillité » ?


Question 2 : En quoi engendre-t-il le cycle du crédit ?

Exercice 10 : L'exemple de la récession de 2008/2009

La récession qui a débuté à la fin de l'année 2007 est la plus grave qu'aient connu les économies
développées depuis 1929. Elle est grave par son intensité et sa durée : en 2012, un nombre
important d'économies n'ont toujours pas retrouvé leur niveau de production de 2007, comme le
Royaume-Uni, l'Italie, le Japon. Certaines sont beaucoup plus pauvres qu'il y a 5 ans, comme la
Grèce, dont la production a baissé de 20 % depuis 2007.
Cette crise est le produit d'un choc négatif de demande, lié à un cycle du crédit particulièrement
marqué.
A l'origine de la crise se trouve l'éclatement d'une « bulle » immobilière -bulle rendue possible
par un crédit particulièrement important de la part des banques et des marchés financiers. Entre
2000 et 2007, les prix des biens immobiliers ont plus que doublé dans la plupart des pays
développés. A partir de 2007, les prix cessent d'augmenter et ils chutent brutalement dans certains
pays (comme les États-Unis ou l'Espagne). C'est cette chute qui a déclenché la crise, qui depuis

9
Chapitre 2 : Comment expliquer l'instabilité de la croissance économique

s'auto-entretient selon d'autres mécanismes. Cela pose deux questions : a) pourquoi les prix ont-ils
augmenté ? b) Pourquoi leur chute a-t-elle déclenché une récession ?

a) Pourquoi les prix ont-ils augmenté ? Les achats immobiliers se font, pour la plupart, à crédit.
Une partie plus ou moins importante de la valeur du bien est prêtée à l'acheteur. A partir de 2000,
les prix de l'immobilier augmentent rapidement, beaucoup plus rapidement que le revenu des
ménages. Par conséquent, les ménages ne peuvent acheter ces biens que s'ils obtiennent des prêts
d'un montant de plus en plus élevé. Cela a eu pour conséquence d'augmenter l'endettement des
ménages, jusqu'à un niveau tel qu'un nombre de plus en plus important d'entre eux n'ont pas pu
rembourser leurs dettes. Un cas extrême est celui des « subprimes » aux États-Unis, c'est-à-dire de
crédits accordés à des ménages très pauvres et qui leur finançaient la quasi totalité de l'achat, contre
des intérêts si élevés qu'ils n'ont jamais pu les rembourser.
Pourquoi les banques ont-elles accordé de tels prêts ? Une raison tient à l'euphorie liée à la hausse
des prix. Au début des années 2000, les taux d'intérêt ont baissé : les ménages ont été incités à
emprunter pour acheter leur logement. Cela a conduit à une hausse des prix des logements. Cette
hausse des prix a poussé d'autres ménages à acheter : en effet, il était possible de gagner de l'argent
simplement en vendant son bien immobilier, acheté moins cher en raison de la hausse des prix. C'est
ce que l'on appelle spéculer : acheter un bien en espérant le revendre plus cher. A côté des ménages,
beaucoup d'investisseurs ont spéculé sur cette hausse. Les prêteurs, de leur côté, prêtaient toujours
plus, dans la mesure où, si l’emprunteur était incapable de rembourser, il suffisait au prêteur de
revendre le bien (qui lui appartient si l'emprunteur ne peut rembourser) : comme le prix avait
augmenté, il ne perdait donc rien.
Une spirale auto-entretenue s'est ainsi mis en place : plus les prix augmentaient, plus de personnes
voulaient acheter (pour spéculer) ; plus de personnes achetaient, plus les prix augmentaient. Cette
spirale n'était possible que parce que les prix augmentant, les banques n'avaient pas peur d'accorder
toujours plus de crédits, dans la mesure où elles espéraient pouvoir se rembourser par la revente des
biens immobiliers dont les prix augmentaient.

(Une autre raison très importante est le fait que beaucoup de banques revendaient à d'autres
investisseurs (parfois d'autres banques), les crédits qu'elles avaient accordés (on appelle cela la
« titrisation ») : comme elles ne possédaient plus les crédits, elles n'avaient pas à être sûres que
l'emprunteur soit capable de rembourser. Donc elles ont accordé beaucoup de prêts dont elles
pouvaient savoir qu'ils ne seraient pas remboursés.)
Question 1 : Pourquoi la hausse des prix de l'immobilier a-t-elle été auto-entretenue ?
Question 2 : Pourquoi le crédit joue-t-il un rôle essentiel dans cette hausse ?

b) Pourquoi la chute des prix a-t-elle déclenché la récession ? A partir de 2007 débute un
événement que personne n'avait sérieusement envisagé : une baisse forte et générale des prix de
l'immobilier aux États-Unis (et dans un grand nombre de pays européens, comme l'Espagne). La
raison immédiate en est que les prix sont devenus si élevés, et donc l'endettement des ménages si
important, qu'un nombre croissant de ménages ne parviennent plus à rembourser leurs biens. Cela
conduit à vendre leur bien immobilier, pour rembourser les prêteurs : comme le nombre de ventes
augmente fortement, les prix baissent. Comme les prix baissent, cela signifie que, même en vendant
le bien immobilier, le prêt ne sera jamais remboursé. Les prêteurs ne seront donc pas remboursés :
les banques qui avaient accordés un très grand nombre de prêts (ou qui avaient acheté les prêts
accordés par d'autres banques, à travers le mécanisme de la « titrisation ») font donc face à des
pertes très importantes. Si importantes que certaines font faillite, et que presque toutes les autres
n'ont plus de profit. La baisse des prix de l'immobilier a déclenché une crise financière.

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Chapitre 2 : Comment expliquer l'instabilité de la croissance économique

Conséquence : comme les banques sont en très mauvaise situation financière, elles n'ont plus la
capacité d'accorder beaucoup de prêts aux entreprises. En outre, après des années d'euphorie, où
elles appliquaient des critères de sélection des prêteurs de moins en moins stricts, elles deviennent
extrêmement méfiantes et doutent de la capacité à rembourser d'emprunteurs pourtant solvables. Or,
ce sont les crédits aux entreprises qui permettent à celles-ci de financer leurs investissements. Par
conséquent, l'investissement baisse brutalement.
Et la baisse brutale de l'investissement conduit à une baisse brutale de la demande globale. La
crise financière est devenue une crise économique.
Question 3 : Pourquoi la baisse des prix de l'immobilier déclenche-t-elle une crise financière ?
Question 4 : Pourquoi la crise financière provoque-t-elle une crise économique ?

Exercice 11 : Les chocs de demande s'autoentretiennent

Une des raisons pour laquelle les crises de demande sont souvent graves est qu'elles
s'autoentretiennent, à travers plusieurs cercles vicieux.
Premier cercle vicieux : le lien production, chômage, salaire. A la suite de la baisse de la
demande, les entreprises baissent leur production, faute de débouchés. Puisque leur production
baisse, elles licencient les employés dont elles n'ont plus besoin. Or, dès lors qu'elles licencient, les
entreprises diminuent les revenus salariaux qu'elles distribuent : chaque nouveau chômeur est, en
effet, un salaire en moins. Comme les revenus salariaux baissent, la consommation des ménages
diminue : autrement dit, la demande adressée aux entreprises baisse. Ce qui les poussera à licencier
davantage de salariés, ce qui aggravera la crise.
Deuxième cercle vicieux : le lien entre demande, investissement et production. Les entreprises
investissent parce qu'elles ont besoin de plus de capital pour produire : la plupart du temps, s'il en
est ainsi, c'est parce qu'elles font face à une demande plus importante, à laquelle elles ne
parviennent plus à répondre. En cas de récession provoquée par une demande moins importante, les
entreprises n'ont donc plus besoin d'investir. Mais si l'investissement baisse, la demande adressée
aux entreprises va également baisser (puisque quand une entreprise investit, elle achète à d'autres
entreprises des biens de production). Puisque la demande baisse, les entreprises vont donc moins
encore moins investir, ce qui diminuera la demande, etc.

Question 1 : Représentez sous la forme d'un schéma les deux cercles vicieux.

Exercice 12 : la spirale déflationniste : la baisse des prix auto-entretient la récession

A côté des deux cercles vicieux que l'on vient de voir, la déflation, c'est-à-dire la baisse généralisée
des prix, peut également être à l'origine de plusieurs cercles vicieux qui entretiennent la récession.

Premier cercle vicieux. Dans la mesure où les prix baissent, les ménages ont tendance à reporter
leurs actes d'achat, espérant bénéficier d'un prix plus faible dans le futur. Cela conduit à faire
davantage baisser la demande, et par conséquent les prix, etc.
Deuxième cercle vicieux. La baisse des prix conduit à une hausse du taux d'intérêt réel. La hausse
du taux d'intérêt réel pousse les entreprises à moins emprunter (puisque cela leur coûte plus cher) et
donc à moins investir, ce qui aggrave la récession, et donc la baisse des prix, etc.
Troisième cercle vicieux. Ce cercle vicieux a été appelé « dépression par la dette » par I.Fisher, qui
l'a décrit durant la dépression des années 1930 : les dettes conduisent à aggraver la dépression. Ce
cercle vicieux découle d'un mécanisme qui contient trois éléments :

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Chapitre 2 : Comment expliquer l'instabilité de la croissance économique

a) Les revenus des acteurs baissent en cas de déflation. En effet, dans la mesure où les prix baissent,
les entreprises vendent moins cher leurs produits, donc leur chiffre d'affaire baisse. Et dans la
mesure où le chiffre d'affaire baisse, les entreprises soit licencient leurs employés, soit leur
imposent des baisses de salaire. Donc, en cas de déflation, il y a baisse du chiffre d'affaire (et des
profits) des entreprises et baisse du salaire des employés.
b) Les sommes dues pour le remboursement des dettes contractées avant la déflation demeurent,
elles, les mêmes.
c) Les acteurs ont, donc, de plus en plus de mal à payer leur dette puisque la valeur des
remboursements est la même qu'avant, tandis que leurs revenus ont baissé. C'est comme si le coût
réel des remboursements s'était accru. Autrement dit, la baisse des prix conduit à augmenter le
coût réel du remboursement de la dette des acteurs, parfois au point de les rendre incapable
de la rembourser.
Conséquence : Dans tous les cas, les ménages vont devoir baisser leur consommation, pour être
capables de payer les remboursements de leurs dettes avec des salaires plus faibles. De la même
façon, les entreprises, avec un chiffre d'affaire et des profits plus faibles, vont diminuer leurs
investissements, de manière à rembourser leurs dettes. Par conséquent, la demande globale diminue,
ce qui provoque une baisse de prix, etc.

Question 1 : Rappelez ce qu'est le taux d'intérêt nominal et le taux d'intérêt réel. Montrez que la
baisse des prix conduit à augmenter le taux d'intérêt réel, en utilisant l'équation qui permet de passer
du taux d'intérêt nominal au taux d'intérêt réel.
Question 2 : Représentez sous la forme d'un schéma les trois cercles vicieux.

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