Mathematics">
Chapitre 2
Chapitre 2
Chapitre 2
Déterminants
1. Déterminant en dimension 2 et 3
2. Définition du déterminant
3. Propriétés du déterminant
4. Calculs de déterminants
5. Applications des déterminants
Le déterminant est un nombre que l’on associe à n vecteurs (v1 , . . . , vn ) de Rn . Il correspond au volume
du parallélépipède engendré par ces n vecteurs. On peut aussi définir le déterminant d’une matrice A. Le
déterminant permet de savoir si une matrice est inversible ou pas, et de façon plus générale, joue un rôle
important dans le calcul matriciel et la résolution de systèmes linéaires.
Nous commençons par donner l’expression du déterminant d’une matrice en petites dimensions.
1. Déterminant en dimension 2 et 3
1.1. M atrice 2 × 2
En dimension 2, le déterminant est très simple à calculer :
a b
det = ad − bc.
c d
C’est donc le produit des éléments sur la diagonale principale (en jaune) moins le produit des éléments sur
l’autre diagonale (en vert).
−
a b
c d
24
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
1.2. M atrice 3 × 3
Soit A ∈ M3 (K) une matrice 3 × 3 :
a11 a12 a13
A = a21
a22 a23 .
a31 a32 a33
Le déterminant est:
det A = a11 a22 a33 + a12 a23 a31 + a13 a21 a32 − a31 a22 a13 − a32 a23 a11 − a33 a21 a12 .
Il existe un moyen facile de retenir cette formule, c’est la règle de Sarrus : on recopie les deux premières
colonnes à droite de la matrice (colonnes grisées), puis on additionne les produits de trois termes en les
regroupant selon la direction de la diagonale descendante (à gauche), et on soustrait ensuite les produits
de trois termes regroupés selon la direction de la diagonale montante (à droite).
a11 a12 a13 a11 a12 a11 a12 a13 a11 a12
a21 a22 a23 a21 a22 a21 a22 a23 a21 a22
a31 a32 a33 a31 a32 a31 a32 a33 a31 a32
Exemple 1.
2 1 0
Calculons le déterminant de la matrice A = 1 −1 3.
3 2 1
Par la règle de Sarrus :
det A = 2 × (−1) × 1 + 1 × 3 × 3 + 0 × 1 × 2
− 3 × (−1) × 0 − 2 × 3 × 2 − 1 × 1 × 1 = −6.
2 1 0 2 1
1 −1 3 1 −1
3 2 1 3 2
Cette méthode ne s’applique pas pour les matrices de taille supérieure à3. Nous verrons d’autres
méthodes qui s’appliquent aux matrices carrées de toute taille et donc aussi aux matrices 3 × 3.
v2
~j
v1
O ~i x
25
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
Proposition 1.
L’aire du parallélogramme est donnée par la valeur absolue du déterminant :
a b
A = det(v1 , v2 ) = det
.
c d
v3
v2 v1
À partir de ces trois vecteurs on définit, en juxtaposant les colonnes, une matrice et un déterminant :
a11 a12 a13
det(v1 , v2 , v3 ) = det a21 a22 a23 .
a31 a32 a33
Proposition 2.
Le volume du parallélépipède est donné par la valeur absolue du déterminant :
V = det(v1 , v2 , v3 ).
On prendra comme unité d’aire dans R2 l’aire du carré unité dont les côtés sont les vecteurs de la base
canonique 10 , 01 , et comme unité de volume dans R3 , le volume du cube unité.
Questions
1 2 −
7 8
1. Pour A = et B = calculer les déterminants de A, B , A × B , A + B , A -1 , λA, AT .
5 3 −
9 5
a b a0 0
2. Mêmes questions pour A = et B = 0 .
c d c d0
2 0 1 1 2 3
3. Mêmes questions pour A = 2 −1 2 et B = 0 2 2.
3 1 0 0 0 3
4. Calculer l’aire du parallélogramme défini par les vecteurs 73 et 41 .
2 1 1
5. Calculer le volume du parallélépipède défini par les vecteurs 1 , 1 , 3 .
1 4 1
26
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
2. Définition du déterminant
Cette partie est consacrée à la définition, assez abstraite, du déterminant. Je demande aux étudiants d’attendre
encore un peu pour pouvoir vraiment calculer des déterminants.
det : Mn (K) −→ K
Une preuve de l’existence du déterminant sera donnée plus bas en section 2.4.
On note le déterminant d’une matrice A = (ai j ) par :
a11
a12 · · · a1n
a
21 a22 · · · a2n
det A ou .
. .. ..
.. . .
a
n1 an2 · · · ann
Avec cette notation, la propriété (i) de linéarité par rapport à la colonne j s’écrit : pour tout λ, µ ∈ K,
det(C1 , . . . , λC j + µC j0 , . . . , Cn ) = λ det(C1 , . . . , C j , . . . , Cn ) + µ det(C1 , . . . , C j0 , . . . , Cn ), soit
a11 · · · a10 j
a11 · · · a1 j · · · a1n · · · a1n
.. .. ..
.. .. ..
. . . . . .
· · · ain + µ ai1 · · · ai0 j
= λ ai1 · · · ai j · · · ain .
.. .. .. . .. ..
. . . .. . .
··· a · · · ann 0
a
n1 nj
a
n1 · · · a nj ··· a nn
Exemple 2.
6 5 4 6 1 4
7 −10 −3 = 5 × 7 −2 −3
12 25 −1 12 5 −1
27
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
3 2
4 − 3 3 2 4 3 2 3
7 −5 3 − 2 = 7 −5 3 − 7 −5 2
9 2 10 − 4 9 2 10 9 2 4
Par linéarité sur la troisième colonne.
Remarque.
• Une application de Mn (K) dans K qui satisfait la propriété (i) est appelée forme multilinéaire.
• Si elle satisfait (ii), on dit qu’elle est alternée.
Le déterminant est donc la seule forme multilinéaire alternée qui prend comme valeur 1 sur la matrice I n .
Les autres formes multilinéaires alternées sont les multiples scalaires du déterminant. On verra plus loin
comment on peut calculer en pratique les déterminants.
Preuve.
1. La première propriété découle de la partie (i) de la définition du déterminant.
2. Soit A = C1 · · · Ci · · · C j · · · Cn une matrice représentée par ses vecteurs colonnes Ck . L’opéra-
tion Ci ← Ci + λC j transforme la matrice A en la matrice A0 = C1 · · · Ci + λC j · · · C j · · · Cn .
28
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
D’un autre côté, nous pouvons développer ce déterminant en utilisant la propriété (i) de multilinéarité,
c’est-à-dire linéarité par rapport à chaque colonne. Ceci donne
0 = det B = det C1 · · · Ci + C j · · · C j + Ci · · · Cn
= det C1 · · · Ci · · · C j + Ci · · · Cn
+ det C1 · · · C j · · · C j + Ci · · · Cn
= det C1 · · · Ci · · · C j · · · Cn
+ det C1 · · · Ci · · · Ci · · · Cn
+ det C1 · · · C j · · · C j · · · Cn
+ det C1 · · · C j · · · Ci · · · Cn
= det A + 0 + 0 + det A0 ,
Corollaire 1.
Si une colonne Ci de la matrice A est combinaison linéaire des autres colonnes, alors det A = 0.
Proposition 4.
Le déterminant d’une matrice triangulaire supérieure (ou inférieure) est égal au produit des termes diagonaux.
Corollaire 2.
Le déterminant d’une matrice diagonale est égal au produit des termes diagonaux.
Preuve. On traite le cas des matrices triangulaires supérieures (le cas des matrices triangulaires
inférieures est identique). Soit donc
a11 a12 a13 · · · a1n
0 a22 a23 · · · a2n
A= 0
0 a33 · · · a3n .
. .. .. .. ..
.. . . . .
0 0 0 · · · ann
29
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
La façon de procéder utilise l’algorithme du pivot de Gauss (sur les colonnes, alors qu’il est en général défini
sur les lignes). Par linéarité par rapport à la première colonne, on a
1 a12 a13 · · · a1n
0 a22 a23 · · · a2n
det A = a11 0 0 a33 · · · a3n .
. . . . .
.. .. .. .. ..
0 0 0 ··· a nn
On soustrait maintenant de chaque colonne C j , pour j > 2, la colonne C1 multipliée par −a1 j . C’est l’opération
élémentaire C j ← C j − a1 j C1 . Ceci ne modifie pas le déterminant d’après la section précédente. Il vient donc
1 0 0 ··· 0
0 a22 a23 · · · a2n
det A = a11 0 0 a33 · · · a3n .
. . . .. .
.. .. .. ..
.
0 0 0 ··· a nn
et l’on continue ainsi jusqu’à avoir parcouru toutes les colonnes de la matrice. Au bout de n étapes, on a
obtenu
1 0 0 · · · 0
0 1 0 · · · 0
det A = a11 · a22 · a33 · · · ann 0 0 1 · · · 0 = a11 · a22 · a33 · · · ann · det I n ,
. . . .
.. .. .. . . ...
0 0 0 · · · 1
d’où le résultat, car det I n = 1, par (iii).
30
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
• Formule de récurrence. Si A = (ai, j ) est une matrice carrée de taille n × n, alors pour tout i fixé
det A = (−1)i+1 ai,1 det Ai,1 + (−1)i+2 ai,2 det Ai,2 + · · · + (−1)i+n ai,n det Ai,n .
Initialisation. Dans le cas n = 1, il est évident que toutes les propriétés souhaitées sont satisfaites.
Hérédité. Supposons maintenant que l’application det : Mn−1 (K) → K soit définie et satisfasse les propriétés
(i), (ii) et (iii). Pour faciliter l’exposition, la preuve va être faite pour i = n. Soit A = (ai, j ) notée aussi
a1, j a1, j
A = (C1 · · · Cn ) où C j = .
.. est la j-ème colonne de A. On notera aussi C̄ j = .. la colonne à (n − 1)
.
an, j an−1, j
éléments, égale à C j privée de son dernier coefficient.
• Propriété (i).
Il s’agit de vérifier que l’application
A 7→ det A = (−1)n+1 an,1 det An,1 + (−1)n+2 an,2 det An,2 + · · · + (−1)n+n an,n det An,n
est linéaire par rapport à chaque colonne. Nous allons le prouver pour la dernière colonne, c’est-à-dire
que :
det(C1 , . . . , Cn−1 , λCn0 + µCn00 ) = λ det(C1 , . . . , Cn−1 , Cn0 ) + µ det(C1 , . . . , Cn−1 , Cn00 ) .
Notons A, A0 , A00 les matrices (C1 · · · Cn−1 · · · λCn0 + µCn00 ), (C1 · · · Cn−1 · · · Cn0 ) et (C1 · · · Cn−1 · · · Cn00 ), et An, j ,
A0n, j , A00n, j les sous-matrices extraites en enlevant n-ème ligne et la j-ème colonne. En comparant les
0 00 0 00
différentes matrices, on constate que an, j = an, j = an, j si j < n tandis que an,n = λan,n + µan,n .
0 00
Similairement, An,n = An,n = An,n = (C̄1 · · · C̄n−1 ) puisque la n-ème colonne est enlevée. Par contre, pour
j < n, An, j , A0n, j , A00n, j ont leurs (n − 2) premières colonnes identiques, et diffèrent par la dernière. Comme
ce sont des déterminants de taille n − 1, on peut utiliser l’hypothèse de récurrence :
det An, j = det(C̄1 , . . . , C̄ j−1 , C̄ j+1 , . . . , C̄n−1 , λC̄n0 + µC̄n00 )
= λ det(C̄1 , . . . , C̄ j−1 , C̄ j+1 , . . . , C̄n−1 , C̄n0 )
+µ det(C̄1 , . . . , C̄ j−1 , C̄ j+1 , . . . , C̄n−1 , C̄n00 )
= λ det A0n, j + µ det A00n, j
Finalement, en mettant de côté dans la somme le n-ème terme :
det A = (−1)n+1 an,1 det An,1 + (−1)n+2 an,2 det A1,2 + · · · + (−1)n+n an,n det An,n
!
Xn−1
= (−1) an, j det An, j + (−1)2n an,n det An,n
n+ j
j=1
!
n−1
X
= (−1) n+ j
an, j (λ det A0n, j + µ det A00n, j ) 0
+ (−1)2n (λan,n 00
+ µan,n ) det An,n
j=1
n
X n
X
0 0 00 00
= λ (−1)n+ j an, j det An, j + µ (−1)n+ j an, j det An, j
j=1 j=1
0 00
= λ det A + µ det A
La démonstration est similaire pour les autres colonnes (on peut aussi utiliser la propriété (ii) ci-dessous).
• Propriété (ii).
Supposons que C r = Cs pour r < s. Si k est différent de r et de s, la matrice An,k possède encore deux
colonnes identiques C̄ r et C̄s . Par hypothèse de récurrence, det An,k = 0. Par conséquent,
det A = (−1)n+r det An,r + (−1)n+s det An,s
Or An,r et An,s possèdent toutes les deux les mêmes colonnes : An,r = (C̄1 · · · C̄ r−1 C̄ r+1 · · · C̄s · · · C̄n ) et
An,s = (C̄1 · · · C̄ r · · · C̄s−1 C̄s+1 · · · C̄n ), car C̄ r = C̄s . Pour passer de An,s à An,r , il faut faire s − r − 1 échanges
31
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
de colonnes C̄ j ↔ C̄ j+1 successifs, qui par hypothèse de récurrence changent le signe par (−1)s−r−1 :
det An,s = (−1)s−r−1 det An,r . On conclut immédiatement que
det A = (−1)n+r + (−1)n+2s−r−1 det An,r = 0 .
• Propriété (iii). Si l’on considère pour A la matrice identité I n , ses coefficients ai, j sont tels que :
i = j =⇒ ai, j = 1
i 6= j =⇒ ai, j = 0.
Donc det I n = (−1)n+n det An,n . Or, la matrice An,n obtenue à partir de la matrice identité en supprimant
la dernière ligne et la dernière colonne est la matrice identité de taille (n − 1) × (n − 1). Par hypothèse
de récurrence, on a det I n−1 = 1. On en déduit det I n = 1.
Le principe de récurrence termine la preuve du théorème d’existence du déterminant.
Remarque.
La définition donnée ci-dessus suppose le choix d’un indice i de ligne (i = n dans la démonstration) et peut
paraître arbitraire. Alors se pose naturellement la question : que se passe-t-il si l’on prend une autre valeur
de i ? L’unicité du déterminant d’une matrice permet de répondre : quelle que soit la ligne choisie, le résultat
est le même.
Questions.
1. En utilisant la linéarité du déterminant, calculer det (−I n ).
2. Pour A ∈ Mn (K), calculer det(λA) en fonction de det A.
n
3. Montrer que le déterminant reste invariant par l’opération Ci ← Ci + λ j C j (on ajoute à une
P
j
j6 =i
colonne de A une combinaison linéaire des autres colonnes de A).
3. Propriétés du déterminant
Nous allons voir trois propriétés importantes du déterminant : le déterminant d’un produit de matrices, le
déterminant de l’inverse d’une matrice, le déterminant de la transposée d’une matrice. Pour prouver ces
propriétés, nous aurons besoin des matrices élémentaires.
Théorème 3.
det (AB ) = det A · det B
32
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
1
det A−1 =
det A
Preuve.
• Si A est inversible, il existe une matrice A−1 telle que AA−1 = I n , donc det(A) det(A−1 ) = det I n = 1. On
en déduit que det A est non nul et det(A−1 ) = det1 A .
• Si A n’est pas inversible, alors elle est de rang strictement inférieur à n. Il existe donc une relation de
dépendance linéaire entre ses colonnes, c’est-à-dire qu’au moins l’une de ses colonnes est combinaison
linéaire des autres. On en déduit det A = 0.
Exemple 4.
Deux matrices semblables ont même déterminant.
En effet : soit B = P −1 AP avec P ∈ G L n (K) une matrice inversible. Par multiplicativité du déterminant, on
en déduit que :
det B = det(P −1 AP) = det P −1 det Adet P = det A,
1
puisque det P −1 = det P .
Corollaire 4.
det AT = det A
33
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
Remarque.
Une conséquence du dernier résultat, est que par transposition, tout ce que l’on a dit des déterminants à
propos des colonnes est vrai pour les lignes. Ainsi, le déterminant est multilinéaire par rapport aux lignes, si
une matrice a deux lignes égales, son déterminant est nul, on ne modifie pas un déterminant en ajoutant à
une ligne une combinaison linéaire des autres lignes, etc.
Exercices.
a 1 3 1 0 2
1. Soient A = 0 b
2 et B = 0 d 0. Calculer, lorsque c’est possible, les déterminants des
0 0 c −2 0 1
matrices A, B, A−1 , B −1 , AT , B T , AB, BA.
2. Calculer le déterminant de chacune des matrices suivantes en se ramenant par des opérations élémen-
taires à une matrice triangulaire.
1 2 4 8
1 0 6 1 1 1 1 3 9
a b 3 4 15 1 j j 2 avec j = e 3
2iπ
27
c d 2
1 4 16 64
5 6 21 1 j j
1 5 25 125
4. Calculs de déterminants
Une des techniques les plus utiles pour calculer un déterminant est le « développement par rapport à une
ligne (ou une colonne) ».
4.1. Cofacteur
Définition 1.
Soit A = ai j ∈ Mn (K) une matrice carrée.
• On note Ai j la matrice extraite, obtenue en effaçant la ligne i et la colonne j de A.
• Le nombre det Ai j est un mineur d’ordre n − 1 de la matrice A.
• Le nombre Ci j = (−1)i+ j det Ai j est le cofacteur de A relatif au coefficient ai j .
34
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
a11 · · · a1, j−1 a1, j a1, j+1 · · · a1n
.. .. .. ..
. . . .
a
i−1,1 · · · ai−1, j−1 ai−1, j ai−1, j+1 · · · ai−1,n
· · · ai, j−1 · · · ai,n
A= a ai, j ai, j+1
i,1
a
i+1,1 · · · ai+1, j−1 ai+1, j ai+1, j+1 · · · ai+1,n
.. .. .. ..
. . . .
an1 · · · an, j−1 an, j an, j+1 · · · ann
a1,1 . . . a1, j−1 a1, j+1 ... a1,n
.. .. .. ..
. . . .
ai−1,1 . . . ai−1, j−1 ai−1, j+1 . . . ai−1,n
Ai j =
i+1,1 . . . ai+1, j−1 . . . ai+1,n
a ai+1, j+1
. .. ..
.. . .
an,1 . . . an, j−1 an, j+1 ... an,n
Exemple5.
1 2 3
Soit A = 4 2 1. Calculons A11 , C11 , A32 , C32 .
0 1 1
1 2 3
1 3
A32 = =
4 2 1
4 1
0 1 1
Pour déterminer si Ci j = + det Ai j ou Ci j = − det Ai j , on peut se souvenir que l’on associe des signes en
suivant le schéma d’un échiquier :
+ − + − ...
− + − + . . .
A = + − + − . . .
.. .. .. ..
. . . .
Donc C11 = + det A11 , C12 = − det A12 , C21 = − det A21 ...
35
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
Démonstration. Nous avons déjà démontré la formule de développement suivant une ligne lors de la
démonstration du théorème 1 d’existence et d’unicité du déterminant. Comme det A = det AT , on en déduit
la formule de développement par rapport à une colonne.
Exemple 6.
Retrouvons la formule des déterminants 3 × 3, déjà présentée par la règle de Sarrus, en développement par
rapport à la première ligne.
a11 a12 a13
a
21 a22 a23 = a11 C11 + a12 C12 + a13 C13
a a32 a33
31
a22 a23 a21 a23 a21 a22
= a11 −a
12
+a
13
a32 a33 a31 a33 a31 a32
= a11 (a22 a33 − a32 a23 ) − a12 (a21 a33 − a31 a23 )
+ a13 (a21 a32 − a31 a22 )
= a11 a22 a33 − a11 a32 a23 + a12 a31 a23 − a12 a21 a33
+ a13 a21 a32 − a13 a31 a22 .
4.3. Exemple
Exemple 7.
4 0 3 1
4 2 1 0
A= 0 3 1 −1
1 0 2 3
On choisit de développer par rapport à la seconde colonne (car c’est là qu’il y a le plus de zéros) :
det A = 0C12 + 2C22 + 3C32 + 0C42
(développement par rapport à la deuxième colonne)
4 3 1 4 3 1
= +2 0 1 −1 − 3 4 1 0
1 2 3 1 2 3
on n’oublie pas les signes des cofacteurs et on recommence
en développant chacun de ces deux déterminants 3 × 3
1 −1 3 1 3 1
= +2 +4 − 0
+ 1
2 3 2 3 1 −1
(par rapport à la première colonne)
3 1 4 1 4 3
−3 −4 + 1 − 0
2 3 1 3 1 2
(par rapport à la deuxième ligne)
= +2 + 4 × 5 − 0 + 1 × (−4) − 3 − 4 × 7 + 1 × 11 − 0
= 83
36
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
Remarque.
Le développement par rapport à une ligne permet de ramener le calcul d’un déterminant n × n à celui de
n déterminants (n − 1) × (n − 1). Par récurrence descendante, on se ramène ainsi au calcul de n! sous-
déterminants, ce qui devient vite fastidieux. C’est pourquoi le développement par rapport à une ligne ou une
colonne n’est utile pour calculer explicitement un déterminant que si la matrice de départ a beaucoup de
zéros. On commence donc souvent par faire apparaître un maximum de zéros par des opérations élémentaires
sur les lignes et/ou les colonnes qui ne modifient pas le déterminant, avant de développer le déterminant
suivant la ligne ou la colonne qui a le plus de zéros.
Théorème 5.
Soient A une matrice inversible, et C sa comatrice. On a alors
1
A−1 = CT
det A
Exemple8.
1 1 0
Soit A = 0 1 1 . Le calcul donne que det A = 2. La comatrice C s’obtient en calculant 9 déterminants
1 0 1
2 × 2 (sans oublier les signes +/−). On trouve :
1 1 −1 1 −1 1
1 1
C = −1 1 1 et donc A−1 = · CT = 1 1 −1
det A 2
1 −1 1 −1 1 1
37
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
0
Or, C jk se calcule à partir de la matrice extraite A0jk , qui ne contient que les éléments de A0 sur les lignes
différentes de j et colonnes différents de k. Mais sur les lignes différentes de j, A0 est identique à A, donc
0
= C jk . On conclut que k aik C jk = 0.
P
C jk
Finalement,
det A 0 ... 0
..
0 det A .
T
AC = .
.
= det A · I
. . . . 0
0 ... 0 det A
et en particulier, si det A 6= 0, c’est-à-dire si A est inversible, alors on a
1
A−1 = CT .
det A
Mini-exercices.
2 0 −2 t 0 t
1. Soient A = 0 1 −1 et B = 0 t 0. Calculer les matrices extraites, les mineurs d’ordre 2
2 0 0 −t 0 t
et les cofacteurs de chacune des matrices A et B. En déduire le déterminant de A et de B. En déduire
l’inverse de A et de B lorsque c’est possible.
2. Par développement suivant une ligne (ou une colonne) bien choisie, calculer les déterminants :
1 0 1 2 t 0 1 0
0 0 0 1 1 t 0 0
1 1 1 0 0 1 t 0
0 0 0 −1 0 0 0 t
3. En utilisant la formule de développement par rapport à une ligne, recalculer le déterminant d’une
matrice triangulaire.
38
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
Preuve. Nous avons supposé que det A = 6 0. Donc A est inversible. Alors X = A−1 B est l’unique
solution du système. D’autre part, nous avons vu que A−1 = det1 A C T où C est la comatrice. Donc X = det1 A C T B.
En développant,
x1 C11 . . . Cn1 b1 C11 b1 + C21 b2 + · · · + Cn1 bn
. 1 . .. .. 1 ..
X = .. = .. . . =
.
det A det A
xn C1n . . . Cnn bn C1n b1 + C2n b2 + · · · + Cnn bn
C’est-à-dire
C11 b1 + · · · + Cn1 bn C1i b1 + · · · + Cni bn C1n b1 + · · · + Cnn bn
x1 = , xi = , xn =
det A det A det A
Mais b1 C1i + · · · + bn Cni est le développement en cofacteurs de det Ai par rapport à sa i-ème colonne. Donc
det Ai
xi = ·
det A
Exemple 9.
Résolvons le système suivant :
+ 2x 3 = 6
x1
−3x 1 + 4x 2 + 6x 3 = 30
−x 1 − 2x 2 + 3x 3 = 8.
On a
1 0 2 6
A = −3 4 6 B= 30
−1 −2 3 8
6 0 2 1 6 2 1 0 6
A1 = 30 4 6 A2 = −3 30 6 A3 = −3 4 30
8 −2 3 −1 8 3 −1 −2 8
et
det A = 44 det A1 = −40 det A2 = 72 det A3 = 152.
La solution est alors
det A1 40 10 det A2 72 18 det A3 152 38
x1 = =− =− x2 = = = x3 = = = ·
det A 44 11 det A 44 11 det A 44 11
39
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
La méthode de Cramer n’est pas la méthode la plus efficace pour résoudre un système, mais est utile si le
système contient des paramètres.
Soit E un K-espace vectoriel de dimension n. Fixons une base B de E. On veut décider si n vecteurs
v1 , v2 , . . . , vn forment aussi une base de E. Pour cela, on écrit la matrice A ∈ Mn (K) dont la j-ème colonne
est formée des coordonnées du vecteur v j par rapport à la base B (comme pour la matrice de passage). Le
calcul de déterminant apporte la réponse à notre problème.
Théorème 7.
Soit E un K espace vectoriel de dimension n, et v1 , v2 , . . . , vn , n vecteurs de E. Soit A la matrice obtenue en
juxtaposant les coordonnées des vecteurs par rapport à une base B de E. Les vecteurs (v1 , v2 , . . . , vn ) forment
une base de E si et seulement si det A 6= 0.
Corollaire 5.
Une famille de n vecteurs de Rn
a11 a12 a1n
a a a
21 22 2n
. . ··· .
.. .. ..
an1 an2 ann
forme une base si et seulement si det (ai j ) 6= 0.
Exemple 10.
Pour quelles valeurs de a, b ∈ R les vecteurs
0 a b
a b 0
b 0 a
Conclusion : si a3 =
6 −b3 alors les trois vecteurs forment une base de R3 . Si a3 = −b3 alors les trois vecteurs
sont liés. (Exercice : montrer que a3 + b3 = 0 si et seulement si a = −b.)
Preuve. La preuve fait appel à des résultats du chapitre « Matrices et applications linéaires » (section
« Rang d’une famille de vecteurs ») :
40
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
Définition 2.
Soit A = (ai j ) ∈ Mn,p (K) une matrice à n lignes et p colonnes à coefficients dans K. Soit k un entier
inférieur à n et à p. On appelle mineur d’ordre k le déterminant d’une matrice carrée de taille k obtenue
à partir de A en supprimant n − k lignes et p − k colonnes.
Exemple 11.
Soit la matrice
1 2 3 4
A = 1 0 1 7
0 1 6 5
• Un mineur d’ordre 1 est simplement un coefficient de la matrice A.
• Un mineur d’ordre 2 est le déterminant d’une matrice 2 × 2 extraite deA. Parexemple en ne retenant
2 4
que la ligne 1 et 3 et la colonne 2 et 4, on obtient la matrice extraite . Donc un des mineurs
1 5
2 4
d’ordre 2 de A est = 6.
1 5
• Un mineur d’ordre 3 est le déterminant d’une matrice 3 × 3 extraite de A. Par exemple, en ne retenant
que les colonnes 1, 3 et 4 on obtient le mineur
1 3 4
1 1 7 = −28
0 6 5
Définition 3.
Le rang d’une matrice est la dimension de l’espace vectoriel engendré par les vecteurs colonnes. C’est
donc le nombre maximum de vecteurs colonnes linéairement indépendants.
Théorème 8.
Le rang d’une matrice A ∈ Mn,p (K) est le plus grand entier r tel qu’il existe un mineur d’ordre r extrait de A
non nul.
Exemple 12.
Soit α un paramètre réel. Calculons le rang de la matrice A ∈ M3,4 (R) :
1 1 2 1
A = 1 2 3 1
1 1 α 1
• Clairement, le rang ne peut pas être égal à 4, puisque 4 vecteurs de R3 ne sauraient être indépendants.
41
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
• On obtient les mineurs d’ordre 3 de A en supprimant une colonne. Calculons le mineur d’ordre 3 obtenu
en supprimant la première colonne, en le développant par rapport à sa première colonne :
1 2 1
2 3 1 = 3 1 − 2 2 1 + 2 1 = α − 2 .
α 1 α 1 3 1
1 α 1
Par conséquent, si α 6= 2, le mineur précédent est non nul et le rang de la matrice A est 3.
• Si α = 2, on vérifie que les 4 mineurs d’ordre 3 de A sont nuls :
1 2 1 1 2 1 1 1 1 1 1 2
2 3 1 = 1 3 1 = 1 2 1 = 1 2 3 = 0
1 2 1 1 2 1 1 1 1 1 1 2
1 1
Donc dans ce cas, A est de rang inférieur ou égal à 2. Or
= 1 (lignes 1, 2, colonnes 1, 2 de A) est
1 2
un mineur d’ordre 2 non nul. Donc si α = 2 , le rang de A est 2.
Proposition 6.
Le rang de A est égal au rang de sa transposée AT .
Démonstration. Les mineurs de AT sont obtenus à partir des mineurs de A par transposition. Comme les
déterminants d’une matrice et de sa transposée sont égaux, la proposition découle de la caractérisation du
rang d’une matrice à l’aide des mineurs (théorème 8).
42
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
Le déterminant det P est non nul puisque les vecteurs (v1 , . . . , vp , e p+1 , . . . , en ) forment une base de E.
Or ce déterminant se calcule en développant par rapport aux dernières colonnes autant de fois que
nécessaire (soit n − p fois). Et l’on trouve que
a1,1 . . . a1,p
. .. ..
det P = .. . .
p,1 . . . a p,p
a
a1,1 . . . a1,p
. .. ..
Le mineur .. . . est donc non nul.
p,1 . . . a p,p
a
Montrons maintenant la réciproque. Supposons que le mineur correspondant aux lignes i1 , i2 , . . . , i p soit
non nul. Autrement dit, la matrice
ai1 ,1 . . . ai1 ,p
. .. ..
B = .. . .
aip ,1 . . . aip ,p
satisfait det B 6= 0. Supposons aussi
λ1 v1 + · · · + λ p vp = 0
En exprimant chaque vi dans la base (e1 , . . . , en ), on voit aisément que cette relation équivaut au système
suivant à n lignes et p inconnues :
a1,1 λ1 + . . . + a1,p λ p = 0
a λ + . . . + a λ = 0
2,1 1 2,p p
.. .. .. .. .. .. ..
.
. . . . . .
an,1 λ1 + . . . + an,p λ p = 0
Exercices.
ty +z = 1
1. Résoudre ce système linéaire, en fonction du paramètre t ∈ R : 2x + t y = 2
− y + tz = 3
43
Module : M124
Déterminants A.N : 2019-20
44