Carolina Badii Faihe
Carolina Badii Faihe
Carolina Badii Faihe
Carolina Badii
Je remercie également Monsieur Emmanuel Marty pour m’avoir apporté les outils
méthodologiques indispensables à la réalisation de ce mémoire
Enfin, mes remerciements les plus chaleureux vont à ma famille qui m’a soutenue dans cette
reprise d’études et à tous mes camarades de promotion pour leur soutien, leurs
encouragements et leur bonne humeur
« Le couple “être et avoir“ structure toute la réflexion philosophique depuis l’Antiquité.
nous passons de 7 à 9 milliards d’individus. Cet avoir peut devenir une condition de
alors que nous devons préserver des espaces pour la nature et n’avons désormais plus
d’extension possible ».
3.1.1. La santé……………………………………………………………………..…21
3.1.2. L’envie d’influencer le cours des choses………………………….…………..22
3.1.3. Le besoin de distinction……………………………………….….………..….24
Conclusion……………………………………………………………33
Bibliographie……………………………………………………...….36
Annexes……………………………………………………………....40
1
Introduction
L’inquiétude des Français pour l’environnement n’est pas nouvelle. En 1990 selo n le
CREDOC, la préoccupation environnementale occupait la huitième place parmi les sujets
d’anxiété des Français1. Toujours selon le CREDOC, en 2018, 26% des Français placent
l’environnement en tête de leurs préoccupations 2. Bien que l’échelle de calcul ne soit pas la
même, nous pouvons toutefois remarquer que la question environnementale est de plus en
plus prégnante. En effet, la prise de conscience collective de la nécessité de repenser nos
modes de production et de consommation afin de préserver la planète s’est accélérée depuis
2008-2009 avec la médiatisation de la thématique du « développement durable »3 et de l’état
de planète développée autour de 3 axes : ressources naturelles, biodiversité et changement
climatique. Très rapidement, les modes de consommation deviennent le centre de l’attention
des discours des institutions publiques et des associations écologistes dans un objectif de
responsabiliser l’individu qui, par sa manière de consommer, est tenu pour co-responsable
de la dégradation de l’environnement. L’individu doit prendre ses responsabilités et
contribuer à la recherche de solutions. Rumpala qualifie ces initiatives engagées de
« gouvernementalisation de la consommation », c’est-à-dire un individu qui aurait
intériorisé un certain rôle social et qui ajusterait son comportement à ces contraintes
collectives (Rumpala 2009). Dans cet esprit, l’ADEME4 se pose en autorité morale pour
prodiguer des conseils aux individus afin de guider leurs choix dans tous les aspects de leur
vie quotidienne avec comme objectif d’en faire des « écocitoyens » : chez eux comme au
bureau, en déplacement ou en vacances. Rumpala remarque également que l’individu
apparaît comme un « chaînon intermédiaire » (p. 977) dans le processus d’adaptation de
l’offre, c’est-à-dire qu’il doit être encouragé à opérer des choix de consommation
responsables afin d’influencer les producteurs qui adapterons ensuite leur offre avec prise
en compte de ces nouvelles exigences. Néanmoins alors que l’action est censée être
collective, le fait de tenter d’agir sur la consommation déplace la prise en charge de ces
problèmes vers l’action individuelle (Rumpala 2009).
1
CREDOC. Consommation et modes de vie. Les Français et l’environnement, N° 45, 31 janvier 1990.
2
CREDOC. Consommation durable : l’engagement de façade des classes supérieures, mars 2018.
3
Terme apparu pour la première fois dans le rapport Brundtland publié en 1988 et officiellement adopté lors du
Sommet de Rio en 1992. Sa définition est la suivante : « Un mode de développement qui répond aux besoins du
présent sans compromettre les capacités des générations futures à répondre aux leurs »
4
L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie est un établissement public sous la tutelle conjointe
du ministère de la Transition écologique et solidaire et du ministère de l’Enseignement supérieur, de la
Recherche et de l’Innovation.
2
traitants de la marque NIKE dans les « sweatshops »5 qui avait conduit à un large boycott
de la part des consommateurs. Plus récemment, NIKE a été pointé du doigt une fois encore
lors de la coupe du monde de football en 2018 en raison des maillots des Bleus fabriqués
en Thaïlande, vendus entre 85 et 140 Euros en boutique avec seulement 1% des bénéfices
reversés aux travailleurs. Malgré l’adoption de codes de conduite, la marque n’a pas fourni
de preuves suffisamment tangibles aux yeux des consommateurs pour rassurer totalement
les consommateurs. En effet, le consommateur a la possibilité de résister aux injonctions
marchandes en utilisant son pouvoir d’achat comme un vote pour encourager ou sanctionner
une entreprise ou un produit. Sansaloni nous dit que paradoxalement, le système libéral basé
sur la maximisation du bénéfice, a contribué à façonner l’individu consommateur et à lui
permettre de gagner du pouvoir et de l’autonomie dans ses choix de consommation. Facilité
dans sa quête d’information par les outils numériques, il a aiguisé son sens critique et est
entré en résistance. Il a compris qu’il est aussi un citoyen qui peut simultanément faire
valoir ses opinions, ses valeurs et orienter sa consommation en conséquence. « Un
consommateur qui veut consommer, mais qui peut dire non ! » C’est le « non-
consommateur » (Sansaloni 2006, p.15). De son côté, Roux remarque que les
consommateurs protestent de façon ponctuelle et collective mais ils résistent également en
silence, de manière isolée et parfois durable, ce qui préjuge de conséquences d’autant plus
néfastes pour les entreprises. (Roux 2006). Cette résistance silencieuse serait le résultat d’un
certain scepticisme de l’individu qui réagit face au caractère oppressif du marché.
L’individu ne se conforme pas au comportement qu’on attend de lui. C’est la
« désobéissance civile » au sens d’Habermas, c’est-à-dire pensée comme un geste politique
de la part de la société civile avec ses normes et envisagée comme « contrainte par les
impératifs d’une complexité envahissante » (Ferrarese 2010, p. 199). Habermas remarque
que la société civile est dotée d’une grande sensibilité pour percevoir les problèmes
nouveaux et en particulier les crises dont elle serait « moyen et expression de la constitution
d’une telle conscience ». (p.200). Selon Habermas, cette résistance ne rompt pas le contrat
social mais, au contraire, le réaffirme car celui-ci est toujours « révisable » (p. 199) dans la
mesure où il est basé sur le consentement des individus qui tissent des liens et entretiennent
des relations de réciprocité. Il devient ce qui « tient ensemble » (p. 202). La vision
d’Habermas nous paraît intéressante en ce qu’elle nous permet de replacer la résistance du
consommateur dans un contexte de perception d’un état de crise. En effet, les revendications
des consommateurs ne sont pas propres à notre époque. L’idée de consommer moins mais
consommer mieux n’est pas véritablement nouvelle. En revanche, le consommateur
responsable d’aujourd’hui donne un sens différent à la consommation, c’est-à-dire qu’il
recherche du sens dans l’acte d’achat dont le rôle va au-delà de la simple satisfaction d’un
besoin. La crise économique a certes contribué à pousser l’individu à optimiser sa
consommation mais plusieurs auteurs avancent que « la société d’hyperconsommation
poursuivra irrésistiblement sa course » (Lipovetsky 2013, p. 417). Nous ne serions donc pas
dans une remise en question de la consommation en elle-même mais plutôt de la manière
5
Cette expression anglaise péjorative qui signifie littéralement « atelier de la sueur » fait référence aux ateliers,
usines et manufactures où les employés étaient exploités de manière abusive au XIXe siècle. Des centaines de
millions de personnes travaillent actuellement dans des « sweatshops » y compris des enfants. Ce terme a été
souvent repris après la parution du livre de Naomi Klein sur la tyrannie des marques « No Logo » (2000)
3
de consommer et le sens que nous donnons à cette consommation. Le consommateur ne
serait plus passif et manipulable à souhait mais il serait capable de se rebeller contre l’ordre
marchand. Il est passé du consommateur asservi à la société de consommation au « conso’
battant » (Jourdan 2011). En effet, cette vision rejoint celle de Sansaloni qui déclare que
« le comportement du consommateur que l’on observe depuis quelques années n’est pas un
signe du rejet de la consommation en tant que telle mais celui d’une reprise en main par le
consommateur de ses actes de consommation » (Sansaloni, 2006, p. 10)
Méthodologie :
Nous avons débuté ce travail par la lecture d’ouvrages et d’articles dans la littérature sur le
consommateur responsable afin de mieux saisir ce concept et tout ce qu’il englobe. Nous
avons également cherché à savoir comment le consommateur responsable est perçu par le
système marchand afin de déterminer les enjeux. Ceci nous a entraînés vers la responsabilité
sociale des entreprises (RSE) que nous avons abordée non pas du point de vue des
réglementations et des codes de conduite mais nous avons plutôt cherché à comprendre
l’enjeu que représente la consommation responsable pour l’entreprise. Par ailleurs, au cours
de nos lectures, nous avons pu constater que les disciplines qui ont le plus étudié le
4
consommateur responsable sont le marketing et les sciences de gestion. Puis nous avons
ressenti le besoin d’élargir nos lectures à la sociologie de la consommation et à l’histoire de
la consommation afin de voir si des parallèles pouvaient être tirés entre la vision marchande
du consommateur responsable et la vision sociale. En élargissant nos lectures, nous
cherchions aussi une réponse à notre interrogation à savoir s’il y avait déjà eu, par le passé,
des mouvements contestataires de la consommation au-delà du boycott moderne qui
apparaît souvent dans la littérature traitant des mouvements de consommateurs. Enfin, nous
avons consulté des études et des rapports sur la consommation responsable et le
développement durable mais également sur des sujets plus généraux comme les tendances
sociétales (celles du CREDOC et de l’Obsoco notamment).
Etude empirique :
Pour tenter de répondre à notre problématique à savoir comment se mettent en place les
comportements de consommation responsable, avec quelles motivations et avec quelles
contraintes, nous avons émis deux hypothèses que nous questionnerons dans la présente
étude.
Notre première hypothèse serait que les messages dissonants perçus par l’individu entre
d’un côté, son désir de consommer et de l’autre, la prise de conscience de la nécessité
d’adopter des pratiques de consommation responsables, ne lui permettraient pas de
comprendre précisément quel est le bon comportement à adopter. En effet, les bonnes
intentions du consommateur responsable seraient mises à mal par les stratégies marketing
qui le pousseraient à suivre ses désirs ce qui aurait pour conséquence d’entrer en dissonance
avec sa volonté de repenser sa consommation par rapport à sa sensibilité aux causes
sociales, environnementales et éthiques et à ses valeurs.
Notre seconde hypothèse serait que les comportements de consommation responsable sont
difficiles à mettre en pratique à l’échelle individuelle en raison d’un certain nombre de
contraintes. En effet, les produits biologiques ou éthiques présentent un surcoût parfois
considérable, un choix restreint et ne seraient pas toujours faciles à trouver.
Afin de confronter nos hypothèses à la réalité, nous avons mené une étude qualitative par
le biais de 13 entretiens semi-directifs individuels 6 auprès d’un échantillon de population
non-représentatif d’un point de vue statistique. Ces entretiens se sont déroulés du 27 mai au
17 juin 20197. Le choix de procéder par entretiens semi-directifs nous a semblé pertinent
dans la mesure où cette méthode permet d’une part, d’accorder une grande liberté de parole
à l’interviewé et d’autre part, d’observer les articulations du discours et de saisir toute la
richesse et la complexité de la pensée humaine avec ses doutes et ses contradictions.
Contrairement aux questionnaires qui nous semblaient proposer un cadre trop rigide qui
empêche la pensée de se développer librement, les questions ouvertes utilisées dans les
entretiens semi-directifs nous paraissent donner plus de latitude à la personne interviewée
6
Annexe 1 : Corpus d’entretiens semi-directifs
7
Annexe 2 : Echantillon interrogé
5
pour aborder des aspects imprévus qui viennent nourrir ou étayer certains propos. Nous
avons établi une liste de douze questions réparties autour de trois thématiques que nous
avons jugées pertinentes par rapport aux deux hypothèses que nous avons émises et qui sont
les suivantes :
Dans certains cas, des questions ont dû être posées qui n’étaient pas prévues au départ mais
qui se sont avérées nécessaires afin de préciser ou clarifier les propos des interviewés. 8
Dans un premier temps, l’étude qualitative nous permettra de mieux saisir sur quelles bases
repose l’hétérogénéité des pratiques responsables ainsi que les freins ou les obstacles qui
entravent ces pratiques. Dans un second temps, l’étude qualitative permettra de conduire
une analyse plus approfondie des motivations afin de mettre en exergue la complexité des
comportements de consommation responsable et également comment les individus mettent
en place des arbitrages au quotidien pour parvenir à consommer en accord avec leurs valeurs
tout en intégrant certaines contraintes.
Plan :
Notre travail est composé de trois parties : dans la première partie, nous nous intéresserons
aux caractéristiques du consommateur responsable afin de tenter d’en dresser le portrait en
nous appuyant sur la littérature. Nous aborderons également les difficultés rencontrées par
les chercheurs dans l’élaboration d’un modèle en raison du manque de consensus sur le
terme adéquat à adopter et de la subtilité de dégager un concept global du fait des ressorts
de la motivation qui sont nombreux et variés d’une part et qui, d’autre part, se combinent
différemment selon les individus. Enfin, nous considérerons un modèle de consommateur
responsable que nous avons défini en nous basant sur littérature. Dans la seconde partie,
nous évoquerons les facteurs qui pourraient avoir favorisé l’émergence de pratiques de
consommation alternatives et en particulier de la consommation responsable. Ensuite, nous
verrons comment la consommation responsable est venue influencer un certain modèle de
consommation puis nous aborderons le rôle joué par les questions environnementales,
éthiques et par les diverses crises alimentaires. Enfin, dans la troisième partie, nous nous
intéresserons au sens de la consommation responsable pour le consommateur, c’est -à-dire
aux valeurs qu’il exprime au travers de ses pratiques d’achat ainsi que les obstacles qu’il
rencontre et sa capacité à faire des compromis afin de consommer au plus proche de ses
convictions.
Depuis les années 1970, le consommateur responsable intéresse de plus en plus les
chercheurs. Ce sont principalement les recherches en marketing et en sciences de gestion
qui ont tenté de l’identifier plus précisément par le biais d’échelles de valeurs mais à l’heure
actuelle, il n’existe pas de consensus sur sa définition précise en raison du caractère
8
Annexe 3 : Grille d’entretien
6
hétérogène des pratiques, elles-mêmes fonction de motivations diverses. Reste que la
consommation responsable est une réalité émergente. En effet, la forte augmentation des
ventes de produits issus de l’agriculture biologique et des produits issus du commerce
équitable dénote un certain intérêt des Français pour ces questions. Selon l’Agence Bio, les
ventes de produits alimentaires biologiques atteignaient 9,7 milliards d’euros en 2018 soit
une augmentation de 15,7% par rapport à 2017.
7
consommateur socialement responsable qui va au-delà du seul aspect environnemental : «
a consumer who takes into account the public consequences of his or her private
consumption or who attempts to use his or her purchasing power to bring about social
change »10. Il s’agit donc d’un individu qui fait des choix de consommation ayant un impact
positif sur la société en évitant ceux qui pourraient avoir un impact négatif. Selon Webster,
le consommateur responsable est intimement persuadé qu’il peut réduire les problèmes de
pollution et prend en considération l’impact écologique que pourraient avoir ses achats.
Selon lui, si une personne croit à la diminution des ressources naturelles alors elle adoptera
un comportement responsable d’autant plus facilement. Nous remarquerons que cette
définition plutôt globale ne permet pas de déterminer clairement en quoi consiste la
consommation responsable ni la nature des « public consequences ». Par contre, elle nous
paraît présenter un aspect politique où l’individu, par ses choix de consommation, pourrait
induire des changements dans la société et sur cet aspect elle rejoint la définition de
Micheletti du « consumérisme politique » (Gendron 2006). En effet, Micheletti remarque
que, dans certains cas, le consumérisme politique est capable d’induire de manière
collective des changements dans la société et que les études sur ce sujet on permit
d’identifier plusieurs facettes dont le « lifestyle political consumerism » qui consiste à
opérer des changements profonds dans son style de vie (Micheletti 2018). Or, nous pensons
que les modifications des pratiques de consommation pourraient s’inscrire dans le cadre
d’un changement de style de vie ou d’habitudes.
10
Webster F. E. Determining the Characteristics of the Socially Conscious Consumer. Journal of Consumer
Research, 1975, p. 188
8
consommation responsable reste une notion globale qui inclut tous les comportements de
consommation « où l’individu prend en compte l’impact de ses achats sur l’environnement
ou sur la société » (p. 5).
9
1.2. La consommation responsable comme régulateur du marché
10
1.3. Proposition d’un modèle de consommateur responsable
Dans le cadre de ce travail, nous avons défini un profil de consommateur responsable basé
sur des pratiques qui nous paraîtraient intéressantes à adopter avec un volet
environnemental dominant qui, à notre sens, constitue le point de départ d’une démarche
responsable dans la mesure où la survie de l’humain est liée aux ressources naturelles. Ce
modèle a été élaboré sur la base de la littérature et d’un point de vue qui n’est ni celui du
marketing ni celui des sciences de gestion. Notre modèle est plutôt un modèle de
consommateur responsable (re)connecté avec son environnement naturel. Les
caractéristiques de ce consommateur responsable seraient les suivantes :
Nous avons établi ces critères qui nous semblent cohérents dans une démarche de durabilité.
En effet, si le fait de consommer des produits issus de l’agriculture biologique peut être vu
comme une volonté de préserver la terre et de consommer des produits sains, il nous semble
peu cohérent de consommer des produits issus de l’agriculture biologique mais venus de
loin et dont le transport a été nuisible à l’environnement. De même que des produits locaux
ou régionaux qui seraient cultivés au moyen de pesticides ne nous paraissent pas cohérents
avec la préservation des sols. C’est pourquoi nous avons choisi d’allier le bio et le local.
Par ailleurs, la limitation des emballages nous paraît difficile à mettre en place sans passer
par l’achat de produits en vrac. En effet, les emballages peuvent être évités pour les fruits
et les légumes achetés au marché, en AMAP ou directement chez le producteur mais qu’en
est-il des autres produits comme la farine, le sucre, les pâtes et tous les autres biens de
consommation qui sont systématiquement vendus emballés que ce soit en grande surface ou
en enseigne spécialisée ? Dès lors, il nous paraît cohérent de chercher à acheter un
maximum de produits en vrac afin de limiter les emballages. Le compostage nous semble
également incontournable afin de limiter les déchets ménagers et d’enrichir la terre. Le tri
des déchets est également une caractéristique que nous pourrions qualifier de minimale pour
qui souhaite adopter un comportement responsable. Les déplacements nous semblent
également constituer un facteur important pour limiter la pollution et nous avons choisi de
mettre voiture et avion dans la même catégorie ce qui nous semble plus cohérent d’un point
de vue environnemental. Enfin, l’isolation thermique de l’habitat nous paraî t fondamentale
dans une optique de réduction de la consommation d’énergie.
11
Tableau 3 : Caractéristiques du modèle proposé de consommateur responsable
Préservation Limitation
Habillement Limitation Limitation
des sols et Tri des Economie
Ethique et du des déchets
circuits sélectif déplacements d'énergie
équipement plastique ménagers
courts polluants
Achète des
Achète des Achète en Evite les
produits issus
produits priorité des emballages Limite ses
du commerce Trie
frais locaux vêtements et en achetant Pratique le déplacements Isole son
équitable pour ses
et issus de des autant que compostage en voiture et habitat
sa déchets
l'agriculture équipements possible en en avion
consommation
biologique d'occasion vrac
courante
Les crises économiques, sociales et politiques successives depuis les années 1970 ont
apporté de l’incertitude et un désenchantement provoqué par la prise de conscience par les
Français de l’incapacité de l’Etat et des institutions à préserver les acquis sociaux et à
assurer la stabilité économique. Sansaloni nous informe que la « remise en cause des normes
sociales s’opère principalement sur celles qui exercent une contrainte très forte sur la liberté
individuelle » (Sansaloni 2006, p. 72). Séré de Lanauze (2013) évoque une « prise de
conscience croissante des liens entre consommation et enjeux environnementaux dans un
contexte de mondialisation de l’économie » (p.70). En effet, avec l’économie globale, les
crises alimentaires et écologiques n’ont fait qu’accentuer la méfiance des consommateurs
envers l’économie globale et en particulier envers les entreprises et la grande distribution.
De plus, la crise de 2008 a marqué un tournant qui a forcé les Français à repenser leur
consommation principalement pour des raisons économiques. Selon Sansaloni, le
désenchantement pragmatique exprimé par les consommateurs à l’encontre de la société de
consommation ne se résume pas à un phénomène conjoncturel mais s’inscrit dans une
remise en question du modèle de consommation traditionnel (Sansaloni 2006). En effet, le
choix de consommer des produits plus éthiques ou plus écologiques renvoie à un
questionnement plus profond sur nos modes de vie et de consommation avec l’idée de
réfléchir au sens que nous donnons à notre consommation et de nous libérer du superflu.
Selon Herpin, l’augmentation de la consommation matérielle mondiale exerce une pression
insoutenable sur les ressources naturelles et les écosystèmes. En France, l’alim entation, le
logement et le transport représentaient 80% de l’empreinte carbone de la consommation des
ménages en 2010. Alors que le volume de viande consommée n’a cessé de décroître de 1960
à 2010, celui du lait, du fromage et des œufs n’a cessé d’augmenter pendant la même
période. Il analyse également l’évolution de l’achat de voiture neuves ou d’occasion, le
carburant, le transport aérien et la consommation de gaz et d’électricité dans les foyers. Il
en conclut qu’un pic de consommation n’est pas atteint mais qu’il faudrait moins de
12
gaspillage notamment dans l’alimentation et moins d’obsolescence programmée. Enfin, une
tendance générale se dégage qui va dans le sens de l’écologie avec moins d’achat
d’équipement et plus de partage. (Herpin 2018). Dans cette deuxième partie, nous nous
intéresserons aux facteurs ayant contribué à redéfinir le sens et la place de la consommation
dans la vie des individus.
13
caractérise pas seulement par de nouvelles manières de consommer mais également par de
nouveaux modes d’organisation de l’activité économique avec de nouvelles manières de
produire et de vendre, de communiquer et de distribuer (Lipovesky 2013).
11
La « déconsommation est un terme utilisé en marketing et plus largement dans les médias pour qualifier un
individu qui réduit volontairement sa consommation.
14
Selon Lipovestsky, ce rejet de la société « d’hyperconsommation » viendrait du fait que la
croissance de la consommation, une fois un certain seuil atteint, n’apporte plus la part de
bonheur attendu. Ainsi, la nouvelle consommation n’apportera pas autant de plaisir car elle
devient une habitude et l’individu développe une certaine indifférence face à elle . La
frustration des consommateurs serait également due au fait que dans notre société de
l’instantanéité, les individus supportent moins d’attendre un produit qui, au final, ne leur
apportera pas le bonheur escompté (Lipovetsky 2013).
La conscience environnementale est apparue dans les années 1990 à la suite d’une série de
catastrophes écologiques : la marée noire de l’Amoco Cadiz en 1978 en Bretagne, la
catastrophe de Bhopal en 1984 en Inde, la catastrophe de Tchernobyl en 1986 en Ukra ine,
la marée noire l’Exxon Valdez en 1989 en Alaska et enfin la marée noire de l’Erika en 1999
en Bretagne. De là est née la notion de « développement » durable. Ce terme est apparu
pour la première fois dans le rapport Brundtland en 1987 et a été officiellement adopté lors
du Sommet de la Terre à Rio en 1992. Comme nous l’avons vu dans notre introduction, le
« développement durable » est, en substance, le fait de satisfaire les besoins (en eau,
électricité, nourriture, etc.) des générations actuelles sans mettre en péril les besoins des
générations futures. Après le sommet de Rio en 1992, nul n’était plus censé ignorer la
question environnementale et le développement durable prend une dimension politique. Les
mouvements de protection de l’environnement s’adressent directement au consommateur
pour l’alerter et l’encourager à agir par des actions de boycott (Dubuisson-Quellier 2018).
Le consommateur est exhorté à prendre conscience de son impact sur l’environnement et sa
coresponsabilité dans la recherche de solutions. Néanmoins, c’est surtout à partir de 2008
que les Français prennent la mesure des enjeux environnementaux grâce aux grandes
thématiques sur le développement durable développées dans les médias. L’environnement
devient un enjeu collectif partagé qui se traduit par des pratiques écocitoyennes. Baudrillard
(1970) va plus loin en déclarant que la consommation est un « puissant élément de contrôle
social » (p. 119). Selon lui, il y a un paradoxe entre l’individu qui est encouragé à
consommer d’un côté dans un objectif de promotion de la consommation individuelle et de
l’autre on exige de lui la responsabilité collective et la moralité sociale.
Pour sa part, Dubuisson-Quellier remarque qu’à partir des années 2000, les mouvements
environnementalistes et altermondialistes ont eu un rapport ambigu au consommateur :
d’une part, ces mouvements mettent en cause la responsabilité du consommateur dans les
« désordres environnementaux, sociaux ou économiques ». Ils accusent les consommateurs
de maintenir, par leurs comportements d’achat, l’idéologie néolibérale et d’autre part, ces
mouvements reconnaissent au consommateur sa capacité de mobilisation dans les
mouvements militants et dans les actions collectives pour résister à l’ordre marchand
(Dubuisson-Quellier 2009). C’est toute l’ambigüité de demander à l’individu de maintenir
un mode de vie axé sur la consommation d’un côté et de l’autre exiger de lui qu’il préfère
15
les transports en commun à la voiture ou recycler des objets afin de leur donner une seconde
vie. Le consommateur se trouve ainsi face à des choix plus ou moins volontaires qui sont
censés faire de lui un écocitoyen qui minimise son impact sur l’environnement et l’inscrire
ainsi dans l’objectif collectif.
Néanmoins, les entreprises donnent parfois des signes de transparence dans leurs pratiques.
En effet, depuis juin 2018, certains magasins ont adopté un affichage environnemental pour
leurs produits avec des notes qui vont de A à E, A étant la meilleure note. Cet affichage est
censé permettre au consommateur de comparer les produits entre eux et d’orienter ses achats
vers les produits qui correspondent à sa sensibilité environnementale. Pour l’instant, cet
affichage concerne les appareils électroniques, l’habillement, l’ameublement, les produits
alimentaires et l’hôtellerie. Les entreprises volontaires engagées dans l’affichage
environnemental sont Decathlon, Fnac, Casino, Camif et une centaine d’hôtels.
16
Source : https://www.ademe
C’est à partir des années 1970 que la société se met à porter un intérêt grandissant pour les
questions éthiques avec l’apparition des premiers labels environnementaux. Des campagnes
sont lancées pour alerter les peuples du Nord sur les conditions de travail des peuples du
Sud en jouant sur l’indignation et en établissant un lien direct entre choix de consommation
et justice sociale. Des rapports sont publiés qui permettent de classer les entreprises selon
leurs performances sociales et d’établir une liste noire de celles qui ont des pratiques non
éthiques notamment dans la fabrication de jouets ou de vêtements de sport (Dubuisson-
Quellier 2018). Un réseau international d’associations se crée dont Artisans du Monde à
Paris en 1974. En plus de vendre des produits éthiques, les magasins disposent également
de dépliants et de toutes sortes d’informations qui permettent de sensibiliser les clients à
certaines causes. Artisans du Monde organise également des débats et des conférences afin
de permettre aux consommateurs de rencontrer les producteurs. Ces dispositifs permettent
un engagement assez poussé dans l’action collective. Ils ont pour objectif de promouvoir la
justice sociale et l’aide au développement et entendent modifier les règles du marché en
exigeant un commerce globalement plus équitable entre le Nord et le Sud. En 1988, c’est le
label de commerce équitable Max Havelaar qui est créé aux Pays-Bas pour le café. D’autres
collectifs voient le jour pour exiger plus de transparence de la part des entreprises : la
« Clean Clothes Campaign » voit le jour en 1989 aux Pays-Bas. Elle se bat pour
l’amélioration des conditions de travail des employés dans l’industrie textile. Elle utilise
internet pour mobiliser les consommateurs du monde entier par la signature de pétitions ou
le boycott de certains produits. En 1996, c’est le « Collectif Ethique sur l’Etiquette » qui
voit le jour et demande aux marques et aux distributeurs de veiller à ce que les conditions
de fabrication des produits qu’ils commercialisent soient décentes dans une optique de
progrès social. Il demande également des achats publics éthiques et exhorte les Etats et les
institutions internationales à faire respecter les droits fondamentaux des travailleurs prévus
par la convention de l’OIT et notamment l’abolition du travail des enfants, l’interdiction du
travail forcé et la liberté d’association et le droit de négociation collective. Nous remarquons
que ces mouvements de protestation visent à faire entrer l’éthique dans les transactions
marchandes et s’efforcent de définir des normes et des dispositifs de contrôle (par le biais
17
d’audits). Ils souhaitent éradiquer les « sweatshops », ces usines de misère qui exploitent la
main-d’œuvre à bas prix. La progression constante des ventes de produits issus du
commerce équitable semble confirmer l’intérêt des Français pour l’éthique dans les
transactions marchandes
Evolution des ventes de produits issus du commerce équitable entre 2004 et 2014
Debos avance plusieurs postulats pour expliquer l’exigence d’éthique de la part des
individus. Tout d’abord, il constate la remise en cause de l’individualisme de la société
moderne avec ses dérives et la prise de conscience que l’intérêt général ne peut être atteint
qu’avec l’adhésion de tous. Ensuite vient la nécessité de replacer l’individu au cœur des
décisions sociétales. Enfin, vient la nécessité d’introduire l’éthique dans la conduite des
affaires publiques. De même, il constate une montée en puissance des groupes de pression
qui obligent les entreprises à s’adapter à de nouveaux critères et à prendre position face au
nouvel ordre économique et marchand international. Dans le contexte de la mondialisation
et quand on sait que certaines entreprises ont un poids ou une influence supérieure à celles
d’un Etat, la société civile organisée en mouvements de défense des consommateurs porte
un œil critique sur les affaires de ces puissances économiques (Debos, 2005).
Comme nous venons de le voir, lors de la crise de 2008, les Français mettent en cause la
grande distribution qui est tenue pour responsable de la hausse des prix. Parallèlement, le
consommateur développe une certaine défiance face aux industriels et à l’agro-alimentaire
en particulier qui s’est renforcée après la crise de la vache folle (ESB en 1996, la grippe
aviaire en 2004, la grippe porcine en 2009 et enfin l’épidémie d’Escherichia coli en 2011.
18
De même en 2012, le scandale des tartelettes IKEA aux matières fécales puis en 2013, les
lasagnes Findus pur bœuf à la viande de cheval sans parler du scandale du lait infantile aux
salmonelles en 2017 du groupe Lactalis n’ont fait que renforcer la méfiance des
consommateurs avec l’idée que l’industrie agro-alimentaire a pour seul objectif la recherche
de profit sans se soucier de la santé des Français. Ces crises récurrentes ont fait prendre
conscience aux Français des risques qu’ils encourent en étant tributaires de l’industrie agro-
alimentaire.
Nous avons retrouvé cette volonté de privilégier un lien plus direct avec le producteur da ns
le cadre de notre étude de terrain. En effet, deux personnes interrogées ont déclaré préférer
acheter la viande chez leur boucher sans pour autant avoir conduit de recherches
approfondies afin de s’assurer de la traçabilité et de l’éthique :
« Dès que je vois que c’est bio, je prends donc AB. Pour la viande, si je ne trouve pas de
bio je prends du Label Rouge (par exemple, le poulet fermier). C’est la qualité (avoir
quelque chose de bon dans son assiette) et aussi que l’animal ait été élevé en plein air, ça
me touche. Donc j’achète toujours la viande en boucherie. J’achète la charcuterie parfois en
grande surface. Je fais confiance à mon boucher car il affiche la provenance de la bête, la
photo et le lieu d’abattage »14
La provenance pas trop c’est plus en ce qui concerne la viande, par exemple, je n’en achète
presque plus, je mange de moins en moins de viande. Ou alors, quand j’en achète, je vais
faire en sorte plutôt d’aller chez le boucher car, dans ma croyance, j’ai l’idée que c’est
mieux chez le boucher qu’au supermarché mais je ne sais pas si chez le boucher les animaux
qu’on a élevés ont été mieux traités que dans les supermarchés, ce n’est pas dit 15
12
BECK Ulrich. « La société du risque ». Alto Aubier, Paris, 2001.
13
Sur l’absence de limite temporelle du risque : https://www.mediapart.fr/journal/france/210619/creutzfeldt-
jakob-linquietante-mort-dune-laborantine-de-linra? (consulté le 21/06/19)
14
Entretien Nº8 du 09/06/18
15
Entretien Nº1 du 27/05/19
19
Nous remarquons que ces choix sont basés sur des « croyances » et non sur des faits
rationnels et que la confiance des consommateurs est accordée plus facilement à la personne
qui leur vend les produits.
3.1.1. La santé
Depuis une vingtaine d’années, les préoccupations liées à la santé sont croissantes et se
reflètent dans la montée en puissance des dépenses de santé. En effet, l’individu donne de
plus en plus d’importance aux soins du corps par crainte de la maladie. Les Français sont
inquiets pour leur santé et essaient de faire de la prévention afin de ne pas tomber malades.
Or, l’alimentation a pris une importance croissante devenant un moyen sinon le moyen de
rester en bonne santé. En effet, Séré de Lanauze a identifié la santé comme motivation
importante pour consommer des produits biologiques. Ainsi, les discours actuels sur les
risques liés à l’alimentation ont fait de la santé une préoccupation qui dépasse le cadre
20
individuel pour prendre une dimension sociale tout d’abord pour les proches et ensuite en
direction de la collectivité (Séré de Lanauze 2013). La crainte de la maladie a également
des répercussions sur l’alimentation et pousse les individus à rechercher des aliments sains.
De plus, la communication autour des alicaments et du rôle de l’alimentation dans le
développement des maladies pousse les individus à se tourner vers la prévention. Toti
remarque que, sous couvert d’achats éthiques, la consommation de ces produits ne répond
pas toujours à un souci éthique mais plutôt à une logique égoïste qui fait prévaloir le désir
de santé. C’est le cas des produits biologiques dont les qualités nutritives sont considérées
supérieures et de façon plus générale, c’est l’idée qu’ils sont de meilleure qualité. (Toti,
2015).
Notre étude de terrain nous a également permis de relever que les personnes qui achètent
des produits issus de l’agriculture biologique le font d’abord pour leur santé :
« Quand ma fille aînée avait 6 ans, un jour j’ai vu sa poitrine rouge et enflée et je l’ai
emmenée rapidement chez le pédiatre qui m’a dit que c’était les perturbateurs endocriniens
qui étaient en cause et m’a vivement conseillé de passer au bio. De là, j’ai commencé à
changer progressivement mon alimentation et mon approche de la consommation en
général »17
16
Entretien Nº4 du 08/06/19
17
Entretien N°3 du 27/05/19
21
3.1.2. L’envie d’influencer le cours des choses
22
détachée de tous les pouvoirs c’est pourquoi il la qualifie de libérale « au sens originel du
terme » (Bozonnet 2010, p. 47).
Bourdieu déclarait que nos goûts et nos styles de vie sont déterminés par notre position
sociale. De même Baudrillard remarque que nous ne consommons jamais l’objet en soi,
c’est-à-dire pour l’usage auquel il est destiné mais nous utilisons les objets comme des
signes distinctifs pour exprimer soit l’appartenance à un groupe qui, pour nous, représente
l’idéal, soit pour nous distinguer de notre groupe d’appartenance afin de nous rapprocher
d’un groupe de statut supérieur au nôtre. Il explique également que l’innovation d’objets se
fait toujours dans les classes sociales supérieures afin de créer cette distance sociale
nécessaire pour se différencier des classes inférieures de sorte que celles-ci demeurent
toujours en retard ou décalées par rapport aux classes supérieures. (Baudrillard 1970). Ce
qui nous paraît intéressant chez Baudrillard c’est qu’il évoque le paradoxe de la
différenciation sociale dans le sens où nous ne sommes pas en présence d’une
consommation ostentatoire qui serait plutôt une caractéristique des classes moyennes selon
lui mais, au contraire, dans une consommation caractérisée par la « discrétion, le
dépouillement et l’effacement » (p. 130). Ceci dans une « quête de statut et de standing »
basée sur les signes et non pas sur des objets ou des biens en soi (p. 129). Ainsi, la
différenciation résiderait dans le refus des objets, le refus de consommer. Cette description
nous paraît très pertinente au regard du phénomène actuel de la consommation responsable
adoptée en premier lieu par les classes supérieures avec un objectif de distinction sociale.
De son côté, Parise constate que le phénomène de « déconsommation » qu’elle définit
comme fait de consommer différemment notamment en consommant moins de viande, de
produits transformés et de produits industriels est en augmentation croissante depuis qu’il
est apparu il y a environ cinq ans et serait une nouvelle forme de distinction sociale. En
effet, la déconsommation prend des formes différentes et possède des fondements différents
23
selon la classe sociale. Ainsi, les classes populaires consomment moins non pas par choix
mais tout simplement parce qu’elles y sont contraintes faute de moyens et sont forcées
d’optimiser leurs achats. Ensuite, les classes moyennes consomment moins soit par mode
ou par distinction (économie collaborative notamment). Enfin, les classes supérieures qui
ont le temps et les moyens de réfléchir à leur mode de vie adoptent la déconsommation en
tant que précurseurs, en « early adopters » d’un nouveau mode de vie « plus vertueux pour
soi comme pour la planète » (Parise 2018). De son côté, Toti utilise le terme « éthique » au
sens large et reconnaît que les acheteurs éthiques peuvent avoir aussi des motivations
politiques, sociales, environnementales, religieuses, spirituelles ou autres. Néanmoins le
point commun entre eux serait l’effet escompté de ce comportement, c’est-à-dire atteindre
un certain statut social ou être mieux perçus par leur communauté. Dans ce cas précis, on
se rapproche de la consommation de distinction plutôt que de l’altruisme (Toti 2015).
18
CREDOC. Consommation et modes de vie, N°303, mars 2019.
24
Ce constat rejoint celui de Parise qui classe les « déconsommateurs » en quatre catégories
basées sur leur capacité variable à prendre de la distance par rapport à leurs propres
pratiques : « débutant, initié, expert et évangélisateur ». Elle constate que plus on devient
« expert » ou « évangélisateur » et moins on se rend compte des paradoxes de sa propre
consommation. Parise fait le constat que consommer différemment demande du temps et de
l’investissement qui n’est pas donné à tout le monde (Parise 2018)
Comme nous l’avons vu dans la deuxième partie, la confiance dans les entreprises a été
ébranlée par une série de scandales de différentes natures ces trente dernières années ce qui
a eu pour conséquence d’engendrer une certaine défiance des individus. Dès lors, soit les
entreprises sont accusées de ne pas communiquer sur leurs engagements responsables soit
lorsqu’elles communiquent, elles sont accusées de greenwashing. Cette défiance des
consommateurs vis-à-vis des entreprises a conduit à un renforcement des exigences à leur
égard en matière d’éthique et de responsabilité. François-Lecompte a identifié le manque
d’information sur les pratiques des entreprises comme un frein à la consommation
responsable. En effet, lorsque le consommateur ne dispose pas d’informations suffisantes
ou ne fait pas assez confiance aux informations reçues, il ne prendra pas forcément
l’initiative d’aller les chercher même lorsque celles-ci sont disponibles (François-Lecompte
2009). Dans ce contexte, se pose également la question de l’image renvoyée par les
enseignes. En effet, si l’entreprise qui vend des produits dits responsables ne renvoie pas
elle-même une image responsable, le consommateur est maintenu dans une position
d’autolégitimation par rapport à sa consommation non responsable. Or, s’il souhaite faire
évoluer sa consommation vers des choix plus responsables, il recherchera une certaine
cohérence entre l’enseigne et les produits qu’elle vend. C’est pourquoi le manque de
cohérence entre discours et pratiques ainsi que le manque de transparence de l’entreprise
constituent des freins à la consommation responsable (Lombardot 2015). Par ailleurs, ce
constat rejoint celui de Roux qui nous informe que la résistance chez le consommateur est
déclenchée par sa perception d’agissements, de procédés ou d’arguments dissonants de la
part des entreprises qui mettent en œuvre des dispositifs d’influence. Un jugement négatif
sur la capacité à communiquer d’un acteur est susceptible de détériorer d’autres perceptions
comme celles de la qualité des produits et services (Roux 2007). D’autre part, Gallais
remarque qu’il serait peu judicieux de rendre l’individu responsable des impacts sociaux et
environnementaux des modes de consommation, de production et de distribution sans
risquer le lui faire porter une responsabilité excessive et indirectement de légitimer le
système économique en place en pensant que le marché offre une transparence suffisante
entre fabricants, vendeurs et acheteurs (Gallais 2010).
25
Nous remarquons que le manque de transparence ou la perception de propos dissonants de
la part de l’entreprise contribue à alimenter la méfiance des individus à son égard. Or, force
est de constater qu’à ce jour, le consommateur, la plupart du temps, ne di spose que
d’informations partielles voire de pas d’information du tout aussi bien sur l’impact
environnemental des produits qu’il achète que sur leurs conditions de fabrication. Dans le
cadre de notre enquête, ce manque de cohérence a été relevé par deux des personnes
interrogées :
« J’essaie de prendre du bio au supermarché mais ce n’est pas très logique parce qu’ils sont
emballés sous plastique. Je trouve ça…. Quand je prends les sachets, je me dis « super…
du bio sous plastique » » ! 19
« Pour moi c’est un tout : faire du bio en exploitant le personnel c’est incompatible » 20
Le consommateur est dérangé par ces incohérences et dans ces conditions, il n’est pas en
mesure de discerner clairement l’engagement de l’entreprise. Il aimerait consommer
responsable mais l’entreprise lui renvoie une image qui rentre en dissonance avec ses
convictions.
De son côté, Debos conclut que dans ce contexte de scepticisme et de défiance des
consommateurs, l’entreprise ne peut plus centrer son activité sur le seul développement de
produits et de services. Les consommateurs attendent d’elle un positionnement de plus en
plus responsable et citoyen notamment par le biais de la transparence des financements et
en se dotant d’une véritable vocation sociale par l’intermédiaire de fondations et d’actions
de mécénat social. A vrai dire, ces exigences nouvelles de la part du consommateur ont
contraint les marques à abandonner certaines stratégies de communication qui voyaient le
consommateur comme un individu facile à convaincre et doté de réflexes irrationnels
d’achat. Désormais les marques doivent s’efforcer d’intégrer dans leur stratégie de
communication des motivations rationnelles tout en renforçant la valeur ajoutée
émotionnelle. Le consommateur actuel est plus sensible à la valeur ajoutée morale des
produits qu’il consomme. Cet élément constitue un atout de différenciation suffisamment
attractif pour que les marques le placent au centre de leur stratégie de communication. Le
modèle de communication utilisé par les marques par le biais de la publicité est réducteur
et sans interaction c’est pourquoi elles doivent se placer au plus près du consommateur afin
19
Entretien N°2 du 27/05/19
20
Entretien N°7 du 12/06/19
21
Entretien N°4 du 08/06/19
26
d’entendre et de comprendre ses besoins. Cette communication devra être rationnelle afin
de convaincre le consommateur. (Debos 2005).
3.2.2. Le surcoût
Comme nous venons de le voir, le manque de transparence sur les produits comme sur les
transactions empêche le consommateur responsable d’avoir une vision claire des produits
qu’il achète. Dès lors, il n’est pas prêt à payer plus cher pour des produits qui ne lui offrent
aucune garantie. En effet, le manque de transparence et la défiance vis-à-vis des entreprises
démotive les consommateurs qui s’interrogent sur le véritable engagement responsable des
entreprises et ne voient pas l’intérêt de payer plus cher sans plus d’information. François-
Lecompte a identifié le surcoût des produits issus de l’agriculture biologique ou du
commerce équitable comme un frein à la consommation responsable. Ce surcoût varie entre
15% et 30% avec des écarts pouvant atteindre parfois 50%. (Francois-Lecompte 2009).
« Je n’ai aucune garantie que la différence de prix aille dans la poche du producteur en
achetant chez Satoriz donc je préfère acheter le même produit mais le moins cher »23
Par ailleurs, parmi les personnes interrogées, certaines d’entre elles achètent les produits
biologiques en grande surface à contre-cœur contraintes par leur budget :
22
Etude « Earned Brand » 2018 menée par le groupe Edelman en juin et juillet 2018 dans 8 pays auprès de 8 000
personnes en ligne, et 32 000 interrogées sur mobile
23
Entretien N°8 du 09/06/19
27
« Je voudrais tout acheter en enseigne bio mais le prix est conséquent. La provenance n’est
pas la même, la manière de faire n’est pas pareille mais c’est juste une question de prix. Je
n’aime pas les produits bio de Carrefour. Par exemple, ils n’ont pas encore retiré l’huile de
palme de leurs gâteaux » 24
« Enfin…c’est surtout une question de budget. Je ne peux pas tout acheter à Satoriz »25
Enfin, parfois la contrainte budgétaire oblige les consommateurs à trouver des astuces afin
de parvenir à consommer au plus près de leurs convictions :
« J’achète la marque distributeur car le prix est intéressant. C’est un bon rapport qualité
prix. Je fais des compromis pour gérer le budget. En faisant beaucoup à la maison,
j’économie et aussi en achetant la marque distributeur même dans le bio. Avec la différence
de prix, je peux acheter d’autres produits frais bio. Ce sont ceux qui contiennent le plus de
pesticides en non bio »26
Le critère déterminant du prix se retrouve dans l’étude ci-dessous menée par l’Agence Bio27
qui indique que 84% des personnes interrogées pensent que les produits issus de
l’agriculture biologique coûtent trop cher. Elle relève également que dans 91% des cas, le
prix est un critère déterminant dans les choix d’achat des produits issus de l’agriculture
biologique.
Source : Baromètre de consommation et de perception des produits biologiques en France Agence BIO/Spirit
Insight, février 2019
24
Entretien N°3 du 27/05/19
25
Entretien N°6 du 06/06/19
26
Entretien N°7 du 12/06/19
27
Baromètre de consommation et perception des produits biologiques en France – Agence bio/Spirit Insight –
Février 2019. Etude menée sur internet, via un accès panel, du 23 novembre au 7 décembre 2018, auprès d’un
échantillon national représentatif de 2000 français âgés de 18 ans et plus, constitué selon la méthode des quotas
28
3.2.3. Une consommation contraignante et peu pratique
Les personnes interrogées dans le cadre de notre étude ont relevé la difficulté de
s’approvisionner en produits responsables :
« J’y vais rarement car ils (les magasins bio) sont surtout au centre-ville alors ce n’est pas
la peine. Sinon il y a une enseigne bio à côté de chez moi mais c’est très très très cher »28
Donc à partir du moment où il faut parcourir une longue distance pour s’approvisionner soit
le consommateur trouve cela incohérent pour des questions environnementales soit par
simple paresse il renonce à son achat responsable :
Pour d’autres personnes interrogées, il s’agit d’un changement global de leurs habitudes qui
peut paraître parfois difficile à mettre en place :
28
Entretien N°2 du 27/05/19
29
Entretien N°2 du 27/05/19
30
Entretien N°3 du 27/05/19
29
(désir de santé, crainte de la maladie, qualité de produits et éventuellement éthique dans
l’acte d’achat). De plus, les comportements égoïstes sont particulièrement marqués dans les
achats de produits alimentaires. En effet, les motivations principales dans ce cas sont le
rapport qualité / prix, le caractère sain du produit, le goût, l’apparence et la commodité
plutôt que des critères éthiques tels que le bien-être animal ou la préservation de
l’environnement (Cornish 2013). Les techniques de neutralisation sont surtout utilisées en
marketing pour prédire le comportement du consommateur. Elles permettent à celui-ci de
gérer l’écart entre ses intentions issues de normes sociales comme, par exemple,
« consommer bio est bon pour l’environnement » et son comportement. Selon cette théorie,
le consommateur parviendrait à trouver des excuses valables pour « neutraliser » la norme
qui aurait dû le forcer à se comporter de manière responsable. Ces techniques de
neutralisation sont diverses et surviennent généralement au moment de l’achat. (Divard
2013).
De même, Lombardot relève les limites des études, basées sur le déclaratif, qui doivent être
mises en perspective avec les résultats de recherche sur le comportement responsable (issus
principalement de la psychologie et des sciences cognitives) qui tendent à prouver que les
bonnes intentions des consommateurs ne se traduisent que rarement par des comportements
effectifs dans le cadre d’achats alimentaires. En effet, des freins existent au moment de
mettre en pratique les intentions dont les principaux sont la désirabilité sociale, le degré
d’implémentation des intentions, des traits de personnalité (normes morales, valeurs
personnelles, tendance à la procrastination, le contrôle comportemental perçu et le locus de
contrôle), la résistance face à l’argumentation et à l’offre éthique des distributeurs et des
marques ainsi que le scepticisme des consommateurs à leur égard et enfin, la situation
contextuelle de l’achat. Ainsi, les consommateurs utilisent divers mécanismes de
rationalisation afin de parer au décalage entre leur pensée et leurs actes (dissonance
cognitive) : déni de responsabilité, déni de dommage ou de bénéfice, déni de victime et
l’invocation de loyautés supérieures. Cette théorie de la neutralisation est possible car bien
que la consommation responsable soit en augmentation, il n’existe pas de consensus sur les
bonnes pratiques. Dès lors, ce système normatif relativement flexible laisse une large place
à l’interprétation et à l’autojustification. Chaque individu construit sa propre
autojustification selon la modélisation ci-dessous31 et ce qu’il s’agisse de produits ou de
marques achetés, du lieu d’achat, du mode de préparation, du tri des déchets ou du mode de
vie en général. (Lombardot, 2015).
31
Enquête qualitative menée sous forme semi-directive auprès d’un échantillon de 64 individus, hétérogène en
termes d’âge (de 22 à 87 ans, moyenne 41 ans), de genre (38 femmes et 26 hommes), de CSP, de situation
géographique et de situation familiale.
30
Source : Lombardot (2015)
Ensuite, une autre stratégie d’évitement est celle qui consiste à reporter sur le distributeur
la responsabilité de leurs choix de consommation non responsables. Dans ce cas, les
consommateurs invoquent des raisons aussi diverses que l’assortiment trop limité, des
signalétiques et des informations jugées insuffisantes ou mal adaptées. Parmi les autres
facteurs, « l’environnement social » joue également un rôle important dans la mesure où le
31
consommateur responsable se sent seul et isolé à partir du moment où son entourage ne
partage pas ses convictions. Dans ce cas, la pression sociale est utilisée comme un déni de
responsabilité ou de dommage car le consommateur se dit qu’étant le seul à changer sa
consommation, il est peu probable que cela ait une incidence sur le cours des choses.
Dans le cadre de notre enquête de terrain, nous avons pu observer chez l’une des personnes
interrogées que l’environnement social est présenté un peu comme une légitimation de son
propre comportement :
« J’habite au Village Olympique donc on est peu écoresponsables. On est atypique quand
on est écoresponsable ! »32
Conclusion
Nos hypothèses de départ ont pu être vérifiées au cours de ce travail. Dans un premier temps,
nous avons pu corroborer notre première hypothèse par le biais de la littérature comme par
les témoignages des personnes interrogées à savoir que les consommateurs sont parfois
perturbés par les messages dissonants qu’ils perçoivent de la part des entreprises. Ainsi,
certaines personnes interrogées ne comprennent pas pourquoi les produits biologiques en
grande surface sont suremballés 33. Le message ne paraît pas clair car si la grande surface
fait un effort d’inclure des produits biologiques dans son offre qui sont censés respecter
l’environnement, ils sont emballés voire suremballés dans du plastique ce qui paraît, aux
yeux du consommateur, incompatible avec une démarche responsable. De même, une des
personnes interrogées déclare accorder de l’importance à l’éthique mais, dans la pratique,
elle ne parvient pas à avoir une image claire du caractère éthique de l’objet si bien qu’au
final, elle achète les vêtements dont elle a envie sans se soucier de l’éthique. 34 Ces
incohérences et ces zones d’ombre constituent un frein à la consommation responsable dans
la mesure où le consommateur va se tourner de préférence vers la solution de facilité.
Au cours de ce travail, nous avons également pu vérifier notre seconde hypothèse. En effet,
la difficulté de mettre en place des pratiques de consommation responsables à l’échelle
32
Entretien N°11 du 12/06/19
33
Annexe 4 : Tableau d’analyse des entretiens semi-directifs (1B)
34
Annexe 4 : Tableau d’analyse des entretiens semi-directifs (1A)
32
individuelle est ressortie de façon assez saillante en raison des nombreuses contraintes
auxquelles est soumis le consommateur responsable. La première difficulté évoquée par
l’ensemble des personnes interrogées est celle du prix,35c’est-à-dire que le surcoût des
produits biologiques constitue un frein et en particulier lors des achats en magasin. En effet,
comme nous l’avons évoqué dans la partie 3, les consommateurs n’ont pas la garantie que
la différence de prix bénéficie au producteur et sont donc d’autant moins enclins à dépenser
plus. Dès lors, la grande surface est privilégiée pour l’achat de produits biologiques en
raison des prix qui y sont plus abordables et ceci en dépit du suremballage qui, bien q u’il
dérange certaines personnes interrogées, n’est pas prioritaire dans ce cas. Le consommateur
se dit qu’en l’absence de garanties suffisantes, au moins il ménage son portemonnaie tout
en consommant selon ses valeurs (malgré une certaine dissonance avec le suremballage).
Ensuite, de façon générale, la consommation responsable est souvent considérée comme
contraignante comme nous l’avons évoqué dans la partie 3. L’une des personnes interrogées
évoque les aspects temporel et organisationnel comme difficulté principale36et la nécessité
de changer radicalement des habitudes prises depuis longtemps.
Par ailleurs, certaines tendances générales se sont dégagées des témoignages des personnes
interrogées 37. Par exemple, le concept d’écoresponsabilité qui revêt un sens différent selon
les individus et qui va du simple tri des déchets à des comportements plus impliqués comme
le « zéro déchet » ou encore la récupération de l’eau de pluie pour alimenter les sanitaires.
Néanmoins une légère tendance se profile qui va dans le sens de la limitation des emballages
et plus généralement du plastique. De plus, l’aspect praticité du parcours d’achat joue un
certain rôle et s’inscrit dans une volonté plus générale de se simplifier la vie. En effet,
plusieurs personnes interrogées font leurs achats à proximité de chez elles pour des
questions pratiques.
35
Annexe 4 : Tableau d’analyse des entretiens semi-directifs (2C)
36
Annexe 4 : Tableau d’analyse des entretiens semi-directifs (2D)
37
Annexe 5 : Tendances générales dégagées des entretiens semi-directifs
33
économique que nous vivons actuellement, la question de l’adaptation de l’offre des
entreprises serait ouverte plus que jamais. Dès lors, une réflexion plus poussée de la part
des entreprises nous semblerait opportune afin de déterminer la teneur de leur engagement
social au-delà des codes de conduite et autres soft power finalement peu contraignants et
surtout peu convaincants du point de vue des consommateurs.
Par ailleurs, nous remarquerons que ce travail revêt certaines limites qui suggèrent des
pistes de recherches intéressantes. Notre étude qualitative s’appuie sur un échantillon de
convenance. Les profils, bien que variés, ne pourraient prétendre être représentatifs de
l’ensemble de la population française. Ainsi, il serait intéressant d’appliquer ce mode
d’enquête à un échantillon représentatif de la population afin de déterminer la répartition
des pratiques de consommation responsable. En effet, une comparaison entre consommation
urbaine et consommation rurale avec des catégories CSP plus nuancées nous paraîtrait
présenter un certain intérêt. Celle-ci permettrait probablement de dégager des tendances
intéressantes entre les pratiques de consommation responsable des cadres en milieu urbain
et le reste de la population comme semblent le suggérer certaines études qui voient dans la
consommation responsable une nouvelle forme de distinction sociale.
Enfin, une piste de réflexion intéressante nous semble être celle de la capacité de la
consommation responsable à jouer le rôle de régulateur du marché. En effet, une situation
où la demande éthique des consommateurs aurait pour effet d’amener les entreprises à se
placer au niveau d’exigence du consommateur responsable et de faire ainsi entrer des
valeurs sociales, éthiques ou environnementales dans les transactions marchandes. Cette
situation aboutirait à une « moralisation » du marché dans lequel les transactions éthiques
deviendraient la norme.
34
Bibliographie
Ouvrages
DEVINNEY, Timothy et al. The myth of the ethical consumer. Cambridge. Cambridge
University Press, 2010, 240 p.
JOURDAN, Philippe et al. A nouveaux consommateurs, nouveau marketing : zoom sur le conso
’battant, Paris, DUNOD, 2011, 195 p.
Chapitre d’ouvrage
MICHELETTI Michelle et al. «Studying Political Consumerism». In: The Oxford Handbook
of Political Consumerism. Chapitre 1. Oxford University Press. Oxford : 2018, pp. 1 à 24.
35
Articles
DANIEL Maud. « L'engagement des individus pour le développement durable : une étude
quantitative des achats et des usages durables ». Management & Avenir. Management
Prospective Ed, 2013/6 N° 64, pp. 185 à 203.
LOMBARDOT Eric et MUGEL Ophélie. « Proposition d’un modèle explicatif de l’écart entre
intention et comportement responsable en contexte d’achat alimentaire ». Revue de
l’organisation responsable. ESKA. Paris, 2017/1 vol. 12, pp 17-33.
37
Thèse
Podcast
<iframe src="https://www.franceculture.fr/player/export-reecouter?content=dd6c263f-a757-
4b80-a2c4-5cf170987a02" width="481" frameborder="0" scrolling="no"
height="137"></iframe> (consulté le 10.05.19)
38
Annexes
2. Echantillon interrogé
3. Grille d’entretien
39
Annexe 1
Echantillon interrogé (âge moyen ~ 44 ans)
Répartition
F = 70% et H = 30%
par genre
40
Annexe 2 : Grille d’entretien
Accordez-vous de
Sensibilité 5 l'importance aux circuits de
distribution, à la provenance ?
Que signifie
Avez-vous de l'écoresponsabilité dans vos
6 "écoresponsabilité" pour vous
pratiques quotidiennes ?
?
Prêtez - vous attention à Prêtez - vous attention aux conditions de
7
l'éthique dans vos achats ? production ?
8 Etes-vous sensible aux risques
sanitaires ?
41
Annexe 3
Tableau d’analyse des entretiens semi-directifs : première hypothèse - 1A
Première
hypothèse Critère 1 Critère 2 Critère 3
Pratique de
Ethique Contradiction
consommation
42
Tableau d’analyse des entretiens semi-directifs : première hypothèse - 1B
Première
hypothèse Critère 1 Critère 2 Critère 3
Pratique de
Suremballage Dissonance
consommation
43
Tableau d’analyse des entretiens semi-directifs : seconde hypothèse - 2C
Seconde
hypothèse Critère 1 Critère 2 Critère 3
Pratique de
Contrainte de prix Incohérence
consommation
44
Tableau d’analyse des entretiens semi-directifs : seconde hypothèse - 2D
Seconde
hypothèse Critère 1 Critère 2 Critère 3
Une consommation
Pratiques réelles Difficulté
contraignante
45
Annexe 5
Tableau des tendances générales dégagées des entretiens semi-directifs
Thème Remarque Tendance Réalité
Enseigne Prix trop élevés
Fréquentation limitée de Le prix comme frein à la
spécialisée (bio ou (unanime chez toutes les
ces enseignes consommation responsable
équitable) personnes interrogées)
Souvent considéré
Volonté affichée de
comme incohérent en
Bio qui vient de loin soutenir l'économie
raison du transport et N/A
(hors France) locale, régionale voire
jugé gustativement
nationale
moins bon
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Thème Remarque Tendance Réalité
Recherche de naturel, de
Importance d'une
produits biologiques,
Santé alimentation saine et La santé avant tout
rejet des produits ultra
équilibrée
transformés
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Corpus d’entretiens semi-directifs individuels (13)
27 mai -17 juin 2019
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Entretien 1
Date : 27/05/19
Age : 38 ans
Genre : F
Je fais mes courses principalement à deux endroits : au supermarché qui est à côté de chez moi et je vais de temps
à temps au marché de l’Estacade. Au marché je ne recherche pas forcément le bio. Ce sont des producteurs locaux.
Par contre au supermarché, je regarde un peu plus le bio. Et dans mon caddy au supermarché je dois avoir environ
un quart de bio.
C’est très rare…ça m’arrive…sur une année j’y vais peut-être quatre fois.
Non
Pour l’écoresponsabilité c’est faire que ma consommation, les produits que je consomme et la façon dont ils sont
produits aient le moins d’impact possible sur la planète, sur l’environnement.
5. Quel(s) impact (s), par exemple ? Seulement sur l’environnement ou de façon plus générale ?
Moi c’est les deux. Impact sur l’environnement avec tout ce qui est bouteilles en plastique et emballages en
plastique à l’unité et après ça peut être le mode de production donc plus l’éthique sur la façon dont on élève les
bêtes.
La provenance pas trop c’est plus en ce qui concerne la viande, par exemple, je n’en achète presque plus, je
mange de moins en moins de viande. Ou alors, quand j’en achète, je vais faire en sorte plutôt d’aller chez le
boucher car, dans ma croyance, j’ai l’idée que c’est mieux chez le boucher qu’au supermarché mais je ne
sais pas si chez le boucher les animaux qu’on a élevés ont été mieux traités que dans les supermarchés, ce
n’est pas dit.
Après, par rapport au plastique, de plus en plus j’achète des bouteilles en verre et moins en pastique mais par
contre, c’est limité parce que je ne vais pas forcément aller dans les boutiques où on achète en vrac. Je n’ai pas
encore fait cela.
Par rapport à la viande, ce qui guide mes achats c’est plutôt par rapport à la planète et l’éthique par rapport au
mode d’élevage et de production mais j’avoue que je ne suis pas je ne suis pas sensibilisée aux problèmes sanitaires
qui toucheraient ma santé. Pour les autres produits, je n’achète pas de plats déjà élaborés, de plats déjà cuisinés.
J’essaie de cuisiner. C’est peut-être dans ce sens-là que je fais attention aux effets sanitaires de l’alimentation.
Après, pour tout ce qui est cosmétiques, je ne m’en occupe pas parce que j’en mets très peu. Pour tout ce qui est
produits de nettoyage et pour la lessive j’achète du bio (produits écologiques)
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8. Prêtez - vous attention aux marques ?
Non, je ne fais pas attention aux marques et je crois que je n’ai jamais été sensible aux marques parce que dans ma
famille on ne l’a jamais été. Je vais plutôt regarder le prix donc je calcule le prix par rapport au poids, je vais
regarder si c’est bio ou pas, je vais regarder s’il y a des labels ou pas mais peu importe la marque.
Oui, complètement. Par contre, je ne vais pas forcément le prendre. S’il y a un label et que le prix est raisonnable
de mon point de vue, je vais le prendre. Par contre, si la différence de prix est grande entre le produit labellisé et
le produit non-labellisé, il n’est pas certain que je prenne le produit labellisé.
10. Pouvez-vous m’expliquer pourquoi vous préférez un label plutôt qu’une marque ?
Parce que pour moi, le label est quelque chose de plus sérieux et de plus fiable qu’une marque. Pour moi, une
marque n’est pas du tout synonyme d’écoresponsabilité sauf, par exemple, pour la marque « C’est qui le patron ? »
ça a marché pour moi car ils basent leur marque sur l’écoresponsabilité, la consommation responsable. Après si
c’est une marque classique, très connue mais qui ne se base pas forcément sur ce genre d’argument, pour moi cela
n’a absolument aucun impact.
Pour moi, par exemple, dans mes croyances, les viandes Label Rouge sont de meilleure qualité que les viandes qui
ne seraient pas Label rouge. Je crois que ce sont des produits de meilleure qualité.
Je ne suis pas allée voir ce qu’il y avait derrière le Label Rouge mais c’est de l’ordre de la croyance de la société.
Cela ne va pas plus loin que ça.
14. Qu’est-ce qui vous a poussé à adopter une consommation plus responsable ?
Je dirais que j'ai changé ma façon de consommer progressivement. Par catégorie de produits.
Il y a 10 ans je ne faisais attention à rien, j'achetais des plats préparés congelés et j'en mangeais tous les midis de
la semaine à l'école par commodité. Je faisais parfois mon marché mais j'allais chez le marchand le moins cher,
qui s'approvisionnait chez le grossiste, je mangeais de la viande tous les jours, je prenais l'avion souvent et je
n'hésitais à prendre ma voiture même pour des petits trajets, etc.
Puis, j'ai commencé à cuisiner, je n'ai plus acheté de plats préparés congelés car j'ai aimé cuisiner et que j'ai entendu
bcp d'émissions radiophoniques sur les effets sur la santé des plats préparés (c'était pas à cause du scandale de la
viande de cheval, manger du cheval ou du bœuf ça m'était égal, du moins ce n'est pas ça qui m'aurait fait changer
d'avis).
Puis, il y a 4 ans j'ai moins pris ma voiture pour privilégier le vélo. Ce sont les émissions TV sur le réchauffement
climatique, et les alertes aux particules fines dans les métropoles qui m'ont traumatisée. Je suis devenue même
intolérante avec les gens qui continuaient à prendre leur voiture en expliquant qu'à cause de leurs enfants ils ne
pouvaient pas faire autrement, autres raisons. Je leur répondais que vivre loin des services publics et de leur boulot
n'était plus compatible avec une approche écoresponsable de leur mode de vie. J'ai diminué ma consommation
d'avion sans l'arrêter complètement, et j'ai quasi cessé d'acheter de nouveaux vêtements depuis 2 ans.
Puis, l'an dernier c'est encore les images choc des ours polaires qui crevaient de faim et qui faisaient les poubelles
de villes au nord de la Russie qui m'ont encore plus fait prendre conscience qu'il était urgent de réduire notre
emprunte carbone.
J'ai assisté à des réunions de réflexions autour de la croissance et de la décroissance, j'ai vu le film "Demain", j'ai
beaucoup discuté avec des amis plus ou moins écolos, et peu à peu, j'ai commencé à devenir pessimiste et à en
vouloir aux gens qui consommaient toujours autant de nouvelles fringues, de voyages en avion (comme mon père
retraité qui prend l'avion 5 fois par an avec sa famille pour les vacances et qui critique les gilets jaunes parce qu'ils
veulent prendre leur voiture, ça, ça m'énerve beaucoup). Je considère qu'il faut cesser de consommer autant pour
obliger les entreprises à produire moins et mieux. Je me suis dit que c'était foutu si on n’était qu'une poignée à
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devenir décroissant. Pour autant, je continue à me tenir informée des produits qu'il faut éviter de trop acheter, je
n'achète plus de viande depuis que j'ai vu des reportages TV sur la maltraitance des animaux et l'impact des
élevages sur le climat et sur le commerce des céréales qui se fait au détriment des cultures vivrières, je privilégie
les bouteilles en verre quand je peux depuis j'ai entendu à la radio des émissions entières consacrées au plastique
(océans pollués, et effets sur la santé des microparticules de plastique).
Le cynisme des multinationales et des gouvernements qui perpétuent un mode de production et de consommation
qui conduit à la souffrance des êtres vivants et à la destruction de notre environnement : voilà ce qui me pousse à
modifier mes habitudes de consommation et à vouloir résister à la logique de croissance qui est omniprésente. Et
mes sources d'information sont la radio d'abord, les vidéos YouTube du Monde, et les conférences de scientifiques
tel Aurélien Barrau, ou les collapsologues comme Pablo Servigne. Je suis aussi réceptive aux actions de
sensibilisation des ONG comme Avaaz ou PETA.
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Entretien 2
Date : 27/05/19
Age : 34 ans
Genre : F
CSP : employée
J’essaie de prendre du bio au supermarché même si ce n’est pas très logique et j’y vais plusieurs fois dans la
semaine car les légumes pourrissent très vite selon moi et je ne suis pas une grande cuisinière.
J’essaie de prendre du bio au supermarché mais ce n’est pas très logique parce qu’ils sont emballés sous
plastique. Je trouve ça…. Quand je prends les sachets, je me dis « super… du bio sous plastique » !
Moi je suis dans tout ce qui est soutenir les producteurs locaux, manger local et au supermarché ce n’est pas du
tout le cas. Quand on regarde le bio de supermarché, c’est du bio d’Espagne, du bio d’Equateur alors qu’on peut
très bien trouver les mêmes légumes à côté, au minimum en France. Peut-être que cela me déculpabilise de me
dire que c’est déjà du bio !
Rarement
Oui mais alors rarement. Ils sont surtout au centre-ville. A Grenoble, ce n’est plus la peine. J’y vais rarement
car ils sont surtout au centre-ville alors ce n’est pas la peine. Sinon il y a une enseigne bio à côté de chez moi
mais c’est très très très cher. J’y vais deux ou trois fois dans l’année pour acheter des huiles vierges ou
éventuellement des graines.
Je ne prends vraiment le temps de faire les démarches et l’autre problème c’est qu’on n’a pas le choix de produits.
Comme je ne mange pas tout et de plus je suis seule, les paniers avec beaucoup de légumes, si je ne les cuisine pas
chaque jour, ils vont pourrir et c’est beaucoup de gaspillage. Et les légumes, c’est pour ça que je les trie souvent
au supermarché.
La fainéantise !
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9. Imaginons que vous ayez du temps, qu’est-ce qui vous attire dans les principes de fonctionnement des
AMAP ?
Une juste rémunération des producteurs, des produits sans pesticides. C’est le côté équitable et solidaire qui
m’intéresse.
Pour moi c’est tout ce qui concerne la consommation d’énergie, le tri des déchets, les déplacements, tout ce qui
vise à réduire les gaz à effet de serre. Tout ce qui est polluant la planète car de nos jours, nous sommes arrivés à
un point. Être écoresponsable, par exemple, je suis fumeuse, et bien c’est ne pas jeter son mégot dans la nature.
J’ai toujours mon cendrier dans la voiture et dehors j’éteint ma cigarette et je la garde dans la main jusqu’à ce que
je trouve une poubelle. Ce sont des petites choses comme ça.
Là où j’ai vraiment de la peine c’est avec le « zéro déchet ». Quand je rentre des courses, j’ai tous les plastiques.
Tous ces emballages ne sont pas nécessaires et c’est le genre de situation qui me pousserait à aller acheter du bio
en vrac qui est aussi proposé dans les supermarchés. C’est pareil pour les légumes.
11. Pensez-vous que cela vienne plus de vous que des problèmes d’accessibilité ?
C’est les deux. Il y a des choses à notre niveau qu’on peut très bien faire : les déplacements, moins polluer, moins
jeter, faire attention aussi à ce qu’on achète. Je pourrais faire l’effort de me lever mais il y a aussi toutes ces
entreprises qui nous fournissent des biens. Elles pourraient aussi faire un effort. En termes de bio, quand on fait
du bio d’Espagne ou d’Equateur… non, je suis désolée. Quand vous avez une filière bio… par exemple une
enseigne qui vend des concombres bio : deux marques, une sous plastique et l’autre pas. Les grandes enseignes
ont le pouvoir de jouer là-dessus et dire « vous faites du bio mais arrêtez de nous mettre du plastique partout » !
Ou mettre des sachets en papier comme à Grand Frais plutôt que des sachets en plastique. On peut tous agir.
La politique peut faire en sorte que l’entreprise se plie mais on voit bien qu’aujourd’hui le
Oui, j’essaie de regarder la provenance. L’argument « produit en France » joue encore énormément pour moi car
je suis encore dans cette logique de soutien et je me dis que l’agriculture qui se meurt et je me dis qu’il faut soutenir
les entreprises françaises, soutenir notre pays. On parle de mondialisation, de croissance et c’est bien d’avoir des
produits du monde entier mais je vais être plus sensible aux produits français.
Bien-sûr et je devrais faire plus attention car je ne le fais pas assez dans les vêtements. Je prends la facilité. Je
prends ce qui me plaît. Je me suis beaucoup calmée car avant j’étais une véritable addicte…mon Dieu ! Mais dans
les vêtements c’est super important. Je regarde les étiquettes. Quand je vois « Turquie » c’est bon mais je ne fais
pas ça tout le temps.
Parce que je pense que c’est moins que « Bangladesh » par exemple. Je pense qu’en Turquie c’est un peu plus
honnête en termes d’industrie textile. Bangladesh, j’en ai déjà acheté et c’est comme l’Inde. Et je me dis il faut
qu’on arrive à faire quelque chose mais je vais être honnête, je suis loin de faire tout ce qu’il faut. Je dis toujours
que le pouvoir est entre les mains du consommateur mais je suis faible… j’aime les vêtements, je suis une femme…
Au niveau de la communication je me méfie car je me dis : « ça cache quoi ? » Par exemple, je viens de lire que
Prada abandonne la fourrure mais ça fait combien d’années… la PETA parlait de cela il y 30 ans. Elle sensibilisait
sur les « fashion weeks ». Versace l’année dernière a fait une grande campagne de comme là-dessus comme s’il
fallait les applaudir. J’ai envie de leur dire : « vous êtes en retard…on est en 2019 » Ils auraient pu le faire bien
avant. C’est pour ça que je me méfie toujours de la communication des marques. Pour moi, il y a toujours quelque
chose derrière. Ce n’est pas désintéressé, ça répond clairement à une demande ou à un besoin client. Quand elles
font ça, elles se plient pour qu’on continue d’acheter chez elles.
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Je ne dis pas que toutes les actions éco, RSE sont des mensonges. Je pense vraiment qu’il y a des fondateurs de
marques qui croient certaines choses et qui le font sincèrement mais pour moi c’est du vent à 90%.
Cela dépend des produits. Pour les fromages, par exemple, je fais attention pour la volaille aussi avec Label Rouge
qu’il y a une différence et aussi dans le traitement de poulets, les œufs aussi je fais attention que ce soit toujours
de l’élevage en plein air.
Ce n’est parce que c’est la marque que j’achète mais c’est parce que si je trouve que le produit est meilleur dans
telle ou telle marque je vais le prendre. Là récemment, j’ai découvert la marque « C’est qui le Patron ? ». Je prenais
toujours du beurre demi-sel bio et bien j’ai découvert le beurre de baratte de cette marque et je vais rester sur ça
parce que je le trouve meilleur. J’ai testé plusieurs beurres demi-sel et je n’ai pas aimé. Même des beurres de
marque forte ou connue, je ne les ai pas spécialement appréciés.
17. Donc pour vous la marque n’est pas forcément synonyme de qualité ?
Oui, je confirme que non. On se fait avoir parce que c’est de la marque. Par exemple, ARIEL pour la lessive ça ne
marche pas. SKIP c’est très bien pour moi.
Oui, je regarde les prix dans le sens « est-ce que ça le vaut ? ». Il ne faut pas prendre les gens pour des pigeons.
Par exemple, la marque « Crétin des Alpes » à 5 euros la boîte de biscuits et bien je ne la prendrai pas !
Par contre, je craque généralement sur les desserts en grande surface car vous avez des offres par deux et je me
fais souvent avoir. Généralement ça coûte cher… 3 ou 4 EUR pour deux desserts. Je me dis que ça doit être bon
alors prends-le et me fais avoir une fois sur deux.
19. Qu’est-ce qui vous a poussé à aller vers une consommation plus responsable ?
Alors pour ma part ce qui m'a poussé c'est évidemment la multiplication des scandales sanitaires, la publication
des résultats d'enquêtes d'organismes de protection des consommateurs, des problématiques environnementales :
extinction d'espèces, surpollution, et bien évidemment le souci de la santé !
Je n’ai opéré ces changements que très récemment malheureusement (concernant l'alimentation notamment) par
rapport à la mise à disposition d'aliments bio abordables et plus proches géographiquement de mon lieu
d'habitation.
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Entretien 3
Date : 27/05/19
Age : 46 ans
Genre : F
CSP : acheteuse
Je fais mes courses en grande surface, au marché et en enseignes bio. En magasin bio parce que je trouve des
produits locaux. Je fais aussi les marchés bio de proximité (chaque semaine). J’y achète les produits frais et locaux.
Le magasin bio c’est plus pour acheter le miel local (Casabio), les produits sucrés pour les enfants (bonbons,
sucettes, gâteaux et Mister Freeze).
En grande surface, je vais au rayon bio de Carrefour. Je voudrais bien tout acheter en enseigne bio mais le
prix est conséquent. La provenance n’est pas la même, la manière de faire n’est pas pareille mais c’est juste
une question de prix. Je n’aime pas les produits bio de Carrefour. Par exemple, ils n’ont pas encore retiré
l’huile de palme de leurs gâteaux alors qu’en magasin bio c’est le cas (Casabio en tout cas). Les produits de
toilette, d’hygiène je les achète en grande surface en raison du prix aussi.
Je fais partie du groupe d’entraide Géfélépots. Ils sont sur Facebook. Le principe c’est qu’on récupère les fruits et
légumes invendus des enseignes bio et les redistribue pratiquement gratuitement. C’est 50 centimes le kilo. On
redistribue tous les jours, des fruits et des légumes récupérés de l’Eau Vive, Satoriz et Casabio. Il faut avoir le
temps et de l’huile de coude. Dès qu’on récupère il faut traiter. Ce sont de grosses quantités. Des cagettes de
brugnons, de tomates. J’avais fait des coulis pour tout l’hiver mais il faut avoir du temps.
Avant, j’étais un membre actif. J’allais aux collectes et je distribuais. Sinon on peut juste aller chercher pour avoir
de quoi te nourrir. Maintenant avec mon nouveau travail je n’ai plus le temps.
Cela demande une grande organisation pour moi. J’aimerais bien ne plus utiliser d’emballages. J’aime l’idée du
vrac. De le faire c’est bien mais quand on gère sa propre maison ce qui n’est pas mon cas actuellement. Cela
demande du temps et d’aller acheter dans des magasins où les prix sont souvent conséquents. La contrainte
principale est le temps et l’organisation de la maison. C’est une vraie révolution dans les habitudes de vie. Cela
demande un effort et une vraie rupture avec des habitudes prises depuis toute petite. Cela donne envie mais
ce n’est pas encore mis en pratique.
Au final, c’est toute une manière de vivre. Par exemple, moins prendre la voiture, manger plus sain, avoir son
potager, retrouver ce lien avec la terre et initier les enfants pour qu’ils sachent à quoi ressemblent tous les légumes
et tous les fruits et voir comment ça sort. Je trouve cela intéressant. Pour moi c’est de l’écoresponsabilité de
retrouver ce lien avec la terre.
C’est aussi faire attention quand on part en vacances. On ne laisse rien traîner. C’est du savoir-vivre du savoir-être
basique mais qui se perd quand même.
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Local car ce sont des produits de saison et en termes d’empreinte carbone c’est important. Si tout le monde achetait
juste à côté de chez lui cela serait mieux et pour faire marcher l’économie locale, l’économie française. C’est un
tout au final.
Oui, j’essaie d’acheter les produits « fair-trade » mais encore une fois le prix ne me permet pas d’en acheter autant
que j’aimerais.
Non, je ne crois pas. Quant u as déjà une démarche éthique dans ta vie et que ça rentre dans cet esprit-là pourquoi
n’irais-tu pas jusqu’au bout de tes convictions ?
Oui, j’achète au maximum sans additifs alimentaires, sans produits chimiques, sans conservateur. Après les enfants
me demandent des choses moins saines, des sandwichs, des sodas… j’essaie de lâcher prise mais mon fils cadet
dès qu’il prend un produit trop chimique, il devient comme une pile électrique. Et pour ma fille année, c’est
lorsqu’elle a montré des signes de puberté précoce vers 5 ans et demi que j’ai commencé à consommer bio. La
cause était la grande quantité de perturbateurs endocriniens ingérés.
J’ai l’impression d’être empoisonnée à chaque fois que je ne consomme pas des produits bio. Même si cela sent
très bon comme, par exemple, les gels douche. Moi ça m’horripile. Je suis devenue très sensible aux parfums.
C’est à la limite un peu phobique, maladif.
En plus, en tant que maman, on a une responsabilité de ce qu’on met sur la table, de ce qu’on fait manger à nos
enfants. Eux, n’ont pas le choix. Ils mangent ce qu’on leur donne.
Non, je n’ai aucune confiance dans les marques. Je boycotte tout ce qui est grande marque. Dans les produits bio
il n’y a pas de publicité. Ce sont souvent les grands groupes qui font de la pub. Je me méfie de ceux qui font la
pub…ils ont assez d’argent à mettre dans la pub…hum… Dans la mode, je suis aussi méfiante.
Oui, Label Rouge, il y a un effort qui est fait. Mais moi souvent je me réfère à la liste des ingrédients. Quand c’est
à rallonge, je me méfie. Je ne lis même pas, je repose.
Par exemple, en grande surface, entre un produit bio de marque Carrefour et un produit Bjorg, je ferai plus
confiance au produit Bjorg.
Ils sont les deux AB mais même AB je reste sceptique sur cette marque car les industriels font bien comme ils
veulent. Le label AB c’est mieux que rien mais…. C’est pour cela que j’aime bien acheter local car je me dis que
les gens sont peut-être moins…. Peut-être parce qu’il y a un contact direct avec le producteur.
13. Qu’est-ce qui vous a poussé à aller vers une consommation plus responsable ?
Quand ma fille aînée avait 6 ans, un jour j’ai vu sa poitrine rouge et enflée et je l’ai emmenée rapidement
chez le pédiatre qui m’a dit que c’était les perturbateurs endocriniens qui étaient en cause et m’a vivement
conseillé de passer au bio. De là j’ai commencé à changer progressivement mon alimentation et mon
approche de la consommation en général.
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Entretien 4
Date : 08/06/19
Age : 47 ans
Genre : F
Pour les produits de ménage, le lait, je vais à Carrefour pour des raisons pratiques car c’est près de chez moi ou
Casino pour des raisons pratiques aussi (quand ma fille a danse à côté, je profite de l’heure de danse pour faire
mes courses).
Je vais de temps à autre à Satoriz pour acheter des produits bio. Je vais là-bas pour les farines, les tisanes, le levain
bio mais pas spécialement pour les fruits et légumes bien que j’en achète parfois si je trouve de bons produits.
J’achète les fruits et légumes au marché. Je vais à celui de St-Martin d’Hères qui n’est pas forcément des produits
locaux sinon je vais au Comptoir des Fermes à Biviers pour produits locaux. De temps en temps au marché Hoche
pour le bio et au marché des Aiguinards le mercredi matin.
Je préfère local et bio mais je n’achète pas que ça. J’y vais pour deux raisons : écologiques et santé pour le bio et
pour les produits locaux ils sont meilleurs car ils n’ont pas connu de transports longs donc ils ont mûri dans la terre
et sont meilleurs, ont un meilleur goût.
Non
Par exemple, je vois à Carrefour la possibilité d’acheter des produits alimentaires en vrac (riz et pâtes). J’essaie
d’acheter comme ça pour minimiser les emballages. Je continue à acheter pas mal de produits qui ont beaucoup
d’emballage mais je fais attention au moins à bien trier les déchets pour favoriser le recyclage.
5. Voyez-vous d’autres freins qui qui vous empêchent d’aller plus loin ?
Les freins c’est surtout l’offre même à Satoriz. Les bouteilles de lait sont en plastique. L’offre est limitée. On
pourrait imaginer acheter du lait dans des bouteilles en verre consignées. Il n’y a pas d’offre abondante dans ce
sens qui encouragerait le consommateur.
Frein budgétaire lorsqu’on veut acheter un produit écologique, équitable, etc. les prix grimpent énormément. Et
aussi une question de flemme personnelle.
Pas forcément. Je regarde si c’est écologique ou pas pour les produits à vaisselle. Je boycotte aussi des marques.
Je n’ai pas une idée assez claire de toutes les sociétés. Je n’achète pas NIKE car je sais qu’ils font travailler les
enfants mais je ne vais pas chercher dans l’historique de la société pour savoir si elle respecte les droits. Je n’ai
pas le temps.
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Cela demande du temps car les informations nous manquent. Il n’y a pas assez de transparence sur les conditions
de production.
J’essaie d’acheter des produits les plus naturels possibles. Quand je vois des « E » dans les ingrédients je n’achète
pas. J’essaie de faire le plus possible moi-même. J’achète les produits de base et je fais moi-même c’est mon effort.
Oui, quand c’est fabriqué en Chine on est plus méfiant…peut-être que cela ne veut rien dire mais
psychologiquement ça rassure. Sur le produit je regarde où c’est fabriqué et si ça vient de Chine je vais peut-être
l’acheter quand même mais si je trouve un produit fabriqué en France ou en Europe je le privilégierai.
J’ai plus confiance dans les labels que dans les marques car les marques c’est une entreprise derrière qui a un but
lucratif alors que derrière les labels ce sont des associations non-lucratives qui certifient. Par exemple, le label
« commerce équitable » c’est fait pour aider des gens dans des pays lointains.
Le prix est un frein pour les produits bio. Quand le prix est multiplié par 5 je trouve cela exagéré. Je me dis…je
ne sais pas si c’est justifié mais parfois je me pose des questions.
Oui c’est moins cher en GMS mais ça s’explique par le volume. Les GMS ont un pouvoir de pression pour casser
les prix. Les GMS ont un pouvoir de négociation.
Parfois ce sont les mêmes marques. Pour les produits alimentaires, parfois il peut y avoir une différence mais pas
notable.
Ce qui peut poser problème c’est que ça peut être bio mais dans quelle mesure c’est produit de manière digne. J’ai
vu un reportage qui montrait qu’ils embauchaient des personnes sans papiers pour ces produits-là…est-ce que c’est
écoresponsable jusqu’au bout ?
Oui, le marché manque de transparence. Je pense que les associations de consommateurs peuvent aider à
rendre les choses plus claires pour les consommateurs. Par exemple, une notation sur l’origine ou sur la
façon de travailler, d’autres critères qui entrent en compte. C’est à développer car le bio est un marché en
pleine expansion, tout le monde s’y met. Il faut que le consommateur soit mieux informé pour faire ses choix
plus facilement.
14. Qu’est-ce qui vous a poussé à aller vers une consommation plus responsable ?
La prise de conscience des effets de la manière de consommer sur l’environnement, le bien-être et la santé depuis
une dizaine d’années. C’est aussi par rapport aux sujets évoqués depuis un certain temps avant qu’avant on ne
parlait pas d’écologie. C’est aussi l’entourage, des amis engagés sur le sujet…on apprend des choses aussi grâce
à l’entourage. Ce n’est pas particulièrement lié à la naissance de ma fille qui a justement 10 ans cette année. Il y a
une prise de conscience qui avait commencé à se faire avant sa naissance mais qui a probablement été renforcée
par son arrivée.
Entretien 5
58
Date : 27/05/19
Age : 60 ans
Genre : H
CSP : artisan
Surtout jamais dans les supermarchés à part pour le sopalin et le papier de toilette
Je préfère aller au marché quand je peux. Même en vacances, on va au marché quand on peut pour les produits
locaux, de saison. On achète des produits de saison.
Satoriz et Biocoop : je fais attention à ce que ce soit local. Les poires d’Argentine je ne les achète pas.
C’est meilleur et cela permet d’éviter des transports inutiles, pour faire vivre les gens du pays où je vis ou que je
traverse plutôt que de faire vivre Carrefour qui exploite son personnel.
C’est les toilettes alimentées par l’eau du toit. J’ai zéro déchet vert qui sort la maison. J’ai un compost que j’utilise
au pied des arbres et dans les pots de fleurs. J’arrose le jardin avec l’eau récupérée du toit. Je me chauffe au bois
récupéré au bord des routes. Je fais des briques avec les draps d’examen de mon épouse (lit de kiné) au lieu de les
mettre à la poubelle. Je tamise ensuite les cendres sur le compost ce qui fait que je sors la poubelle une fois par
mois.
C’est la part de chacun mais c’est quelque chose de de collectif. J’aimerais plus de collectif. J’ai vu que la commune
a cessé d’utiliser des pesticides et c’est déjà une prise de conscience générale.
J’ai acheté une tige en bambou pour ne plus utiliser de coton-tige. Peut-être qu’un jour on va passer à faire notre
propre lessive. Pour l’instant on prend les lessives écologiques. On se lave au savon de Marseille.
On n’a qu’une planète. La planète sera encore là quand je ne serai plus là mais c’est inquiétant pour les suivants.
Je me déplace à vélo aussi souvent que je peux, j’isole ma maison pour qu’elle consomme moins d’énergie.
Je porte des vêtements de chez Emmaüs. J’essaie de ne mettre dans la poubelle que ce qui ne peut pas se recycler.
Je préfère donner une seconde vie aux objets.
Je voulais acheter une boîte de ton et j’ai trouvé : une venue des Seychelles, une de côte d’Ivoire et une d’Espagne.
J’ai pris celle d’Espagne. C’est plus quand je suis en déplacement que je n’ai pas toujours le choix. Là j’ai dû
acheter en magasin. Je privilégie le marché. Je regarde si c’est du bio. Je n’achète que des avocats d’Espagne.
Quand il n’y en a plus je n’achète pas et c’est tout. Pour les fraises, j’ai attendu les produits régionaux. Je n’ai pas
acheté les fraises espagnoles.
Je privilégie les produits locaux. Même sur le marché il y a des revendeurs. Ce ne sont pas forcément les
producteurs du coin. En regardant les cagettes, comment c’est présenté, l’emballage et le calibrage on repère toute
de suite d’où viennent les produits
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Non, pas de marque. Même en grande surface, je repère les produits qui se réclament un peu plus naturels.
Les fromages j’achète plutôt des fromages au lait cru. J’essaie de trouver de fromages du coin. Label Rouge je
n’achète pas de viande à part à la coopérative et c’est le producteur lui-même qui vend. J’ai acheté une fois du
bœuf charolais Label Rouge en boucherie et j’ai été très déçu…pas de goût et rempli d’eau.
Oui, je n’achète pas de viande au-dessus de 25 euros / kg. Je préfère payer un peu plus pour des légumes bio mais
qui sont bons plutôt que des légumes à 1 euro qui n’ont aucun goût.
Pour moi le bio en grande surface n’a pas de sens : grande quantité, exploitation de personnel, ne respecte pas le
travail du producteur, pas de respect de la saisonnalité, le produit sera rempli d’eau pour qu’il paraisse plus gros.
9. Qu’est-ce qui vous a poussé à aller vers une consommation plus responsable ?
En réalité, aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été proche de la nature. Quand j’étais petit j’habitais à Paris
mais on avait une maison à 50 km où on allait passer les weekends. Le dimanche j’allais au marché avec mes
parents. J’allais à la pêche avec mon oncle. Ma mère cuisinait le weekend pour toute la semaine. Le lundi matin
on déjeunait dans la voiture sur la route de retour et mes parents nous déposaient à l’école. Ma mère était prof.
Comme elle avait peu de temps en semaine elle préparait les repas le weekend.
Par la suite j’ai toujours continué à vivre comme ça. J’essaie d’avoir un impact environnemental minimal. Ces
dernières années, j’ai aussi été sensibilisé par les émissions et les dossiers sur le réchauffement climatiques mais
je n’ai pas eu à changer mes habitudes pour autant car j’étais déjà dans cette optique.
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Entretien 6
Date : 06/06/19
Age : 57 ans
Genre : H
Tout ce qui est bio chez Satoriz ensuite consommables (lessives, papier toilette, etc.) je vais chez LIDL. Ensuite
chez Carrefour pour tout ce que je ne trouve pas à Satoriz. Enfin c’est surtout une question de budget. Je ne
peux pas tout acheter à Satoriz. Il y a du bio à LIDL qui vient d’Espagne…pas du très bon bio. C’est un parti
pris de ma femme. Le bio de Satoriz est beaucoup plus cher mais c’est français et on est attaché à ça.
Ensuite paniers hebdomadaires en AMAP. Ce sont les producteurs du coin : poisson du Vercors enfin d’Isère et
un peu plus large. C’est de la culture raisonnée. On achète un grand colis de veau 2-3 fois par an alors on met au
congélateur pour l’hiver ou pour quand on a des amis. L’AMAP c’est surtout les légumes…ça nous fait manger
des légumes qu’on ne mangerait pas forcément autrement. Il y a beaucoup de salade. Les paniers suivent les
saisons… l’hiver butternut, choux.
Pas trop. Maintenant il y a un nouveau producteur qui met des barquettes de fraises. Il y a des paniers de fruits à
l’AMAP mais on ne les prend pas. Les fruits on les achète à Satoriz. On a un extracteur de jus pour faire nos jus :
pommes, bananes.
Rarement.
J’essaie d’acheter du bio français par rapport à la qualité même si le tarif des produits bio étrangers est plus
abordable.
Gestion des déchets et heureusement on a une déchetterie toujours ouverte et qui nous aide à mieux gérer nos
déchets : verts, cartons, etc. C’est hyper important ces plages horaires confortables.
Le conseil général pense que d’avoir distribué ces sacs de tri distinct pour le plastique, le carton et le verre ferait
que les individus réduisent leurs déchets. Or, je n’en suis pas convaincu ! Le risque avec le PAV on voit pointer
les sacs poubelle à côté des bennes qui sont pleines. J’aurais préféré qu’ils gardent la rotation pour les ordures
ménagères. Tout ça va faire circuler plus de voiture.
On trie nos déchets. Sinon j’ai trouvé des pastilles lave-vaisselle tout-en-un et ça fait moins d’emballage. On a
aussi une machine Soda Stream donc on n’achète plus de bouteilles plastique et on a de l’eau gazeuse tout le temps.
J’évite les conserves mais j’achète des bocaux et comme c’est en verre ça se recycle.
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Quand j’étais célibataire je ne faisais pas attention. Maintenant je me sens responsable en père de famille…ce que
je fais manger à mes enfants. Même le matin je fais des œufs au bacon à mon fils avec une tartine de pain beurré
pour qu’il ait tout ce qu’il faut.
Il faut manger sains… les sodas et tout ça on sait que ce n’est pas bon on ne va pas donner ça à ses enfants !
Moi non mais c’est plus au niveau des enfants qui ont un code vestimentaire qui fait que les enfants veulent
certaines marques. On est obligé d’acheter de la marque. Peut-être que si on leur explique ça percute ! C’est aussi
la mentalité masculine qui fait que dès qu’on a un peu d’argent on craque…c’est le paraître !
Ce n’est pas parce qu’il y a une marque ou un label qu’il ne faut pas faire attention. J’ai l’application YUKA.
Mon fils m’a cassé les pieds avec les céréales LION et j’ai scanné et c’était tout rouge. Si tu achètes la même chose
chez Satoriz il ne trouve pas bon car il y a moins de sucre.
10. Qu’est-ce qui vous a poussé à changer vos pratiques de consommation pour aller vers plus
d’écoresponsabilité ?
Ce sont les problèmes de santé de ma femme et de son régime alimentaire particulier qui nous obligent à faire
attention aux aliments avec plein de contraintes.
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Entretien 7
Date : 12/06/19
Age : 49 ans
Genre : F
Auchan : à côté de la maison : grosses courses (yaourts, conserves, produits d’entretien, etc.)
Les rayons où je ne vais jamais : tous les rayons boissons sauf pour les fêtes et les rayons bonbons et gâteaux sauf
pour acheter parfois des boudoirs pour la charlotte à la fraise.
Jamais au marché. Je n’aime pas le marché. C’est que de revendeurs, des grossistes qui ramènent les mêmes
produits qu’à Grand Frais. On se fait avoir !
Un maraîcher bio : fruits et légumes. C’est un jardin d’insertion tout en bio. C’est double bénéfice.
Enseignes bio : Biocoop et à Botanique : graines et un peu le vrac. J’achète plus chez Biocoop depuis peu car ils
ont maintenant plus de débit et c’est plus frais.
J’ai trouvé un autre magasin qui fait du vrac tout bio. On commande par internet au plus tard la veille et on récupère
en magasin le lendemain mais c’est plus cher. Ils utilisent des bocaux consignés pendant 2 mois. C’est un local
dans un entrepôt et ils mettent ta commande dans des bocaux et ensuite tu la récupères. Il n’y a que du sec, pas de
produits frais.
J’ai quitté l’AMAP que j’ai fondée car l’été on se faisait avoir. L’hiver c’est que des choux et tout le monde râlait
donc j’en ai eu marre des critiques.
Je suis en phase de réduction drastique des déchets d’où le vrac. J’ai beaucoup réduit mes déchets en sachets
plastiques. Comme on achète la viande une fois par mois (la boucherie est éloignée) il faut congeler. Donc
maintenant je congèle en séparant les morceaux que je pose sur les couvercles des grandes boîtes en verre et ensuite
quand c’est un peu congelé et que ça ne colle plus ensemble, je transfère dans des grandes boîtes en verre. Donc
je n’ai plus de sac plastique au congélateur. Cela prend du temps mais je me sens tellement mieux niveau
conscience. C’est aussi plus rapide pour retrouver les aliments. Je ne pouvais plus vivre avec tous ces sachets
plastique.
Prendre des produits d’entretien écologiques, pas de suremballage, faire attention à la consommation d’eau. Je
récupère l’eau froide perdue avant que l’eau chaude n’arrive dans les tuyaux. Je récupère cette eau pour arroser le
jardin. J’ai des bidons en plastique. Je n’ai pas trouvé de solution car ma centrale vapeur marche à l’eau
déminéralisée. Je remplis donc des bidons de 5 litres d’eau pour arroser le jardin. Je n’arrose plus la pelouse.
J’évite les plantes qui demandent beaucoup d’eau. On est déjà en zone de vigilance sur notre bassin à cette époque
de l’année.
On a abandonné le compost. La première année qu’on a essayé on a eu des bêtes qui sont rentrées dans le garage
puis la maison et quand on est rentré de vacances on en avait partout ! Pour l’instant je n’ai pas trouvé de moyen.
Maintenant la mode c’est de faire directement le compost autour des pieds des plantes. Il y a aussi le fait que nos
fruits et légumes ne sont pas tous bio donc je ne veux pas mettre du compost pas bio sur nos plantes. Il faut passer
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les épluchures au mixeur et ensuite les étaler au pied des arbres avec un paillage. Il faut recouvrir de carton et en
15 jours il n’y avait plus rien. J’avais un peu gratté la terre pour que cela se mélange. C’est le compostage en
couches.
Les fruits et légumes de saison (j’essaie) car quand c’est mon mari qui fait les courses il ne ramène pas ce que
j’aimerais. Je boycotte certains produits. Je n’achète pas de fraises d’Espagne c’est pour l’éthique et le transport.
Pour moi c’est un tout : faire du bio en exploitant le personnel c’est incompatible.
Je lis tous les ingrédients. J’achète très peu de produits transformés mais je fais parfois des entorses. J’ai réussi à
faire supprimer le Nutella mais j’en achète un petit pot ou deux pour quand je fais des crêpes.
J’achète les thés, les chocolats par contre là où j’ai un souci, c’est les vêtements car je n’ai pas les moyens. Au
niveau des vêtements, je n’achète plus sur un coup de cœur et j’ai peu de chaussures. Je mets le prix et généralement
pour des chaussures en cuir mais qui vont durer longtemps. Pour le coup, je ne suis pas végan !
Tout est réfléchi. C’est un mode de vie. Ce n’est pas le cas de mon mari et je dois me battre un peu avec lui !
J’ai banni les jus de fruits et les gâteaux depuis très longtemps. Je fais quasiment tout maison donc on ne consomme
pas d’ultra transformé. La seule chose que j’achète c’est des légumes surgelés malgré le plastique. Je n’ai pas de
solution pour ça. Ce sont des légumes crus en vrac.
On a réduit le sucre drastiquement. Même les gâteaux, j’ai fait une transition progressive vers la baisse du sucre à
part une ou deux recettes qui restent assez sucrées. Quand j’apporte des gâteaux chez les gens, tout le monde trouve
mes gâteaux pas assez sucrés ! Du coup, j’apporte du salé !
Pour les goûters des enfants, c’est du fait maison, des gâteaux, des fruits, des yaourts. Je ne fais pas les yaourts
maison car je n’arrive pas à suivre en quantité. Sinon les enfants mangent du pain et du fromage.
J’achète la marque distributeur. Le prix est intéressant. C’est une bon rapport qualité-prix. Je fais des
compromis pour gérer le budget. En faisant beaucoup à la maison j’économise, en achetant la marque
distributeur même dans le bio. Avec la différence de prix, je peux acheter d’autres produits frais bio. Ce
sont ceux qui contiennent le plus de pesticides en non bio.
J’achète bio déjà. Donc AB / Demeter. Il y a des bios meilleurs que d’autres. En grande surface, uniquement AB.
AB est le label français réduit à la baisse avec les nouvelles directives européennes mais Demeter a des standards
plus élevés. Le AB de maintenant est moins bien que l’AB d’il y a quelques années.
9. Qu’est-ce qui vous a poussé à aller vers une consommation plus responsable ?
C’est quand j’ai eu ma première fille que je voulais allaiter. J’étais dans une association et il y en avait beaucoup
dans cette association qui étaient déjà dans le bio et tout ça et moi je voulais juste allaiter pour allaiter car c’était
juste naturel pour moi. Petit à petit on a réfléchi à ce qu’on mangeait et donc quand on mange ça passe dans le lait
et progressivement comme j’étais à la maison j’ai modifié notre alimentation. Je n’achetais plus de trucs tout faits.
J’ai réduit la viande. Cela s’est fait petit à petit. Il y a eu une prise de conscience au moment d’avoir un enfant.
Après on fait attention à ce qu’on leur donne. Je mangeais des pizzas surgelées et je buvais tu coca… Après il y a
eu une période où je regardais tous ces reportages anxiogènes que je ne regarde plus. Il y a eu des moments où on
a regardé et on a compris vers quoi on allait. Cela s’est fait sur 20 ans.
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Avant cela il y a eu 2 événements. Quand j’avais 14 j’ai reçu ma correspondante allemande à la maison et il fallait
qu’elle change les piles de son appareil photo. Il y a donc 35 ans environ… Elle voulait jeter ses piles et je lui
montre la poubelle. Elle a été choquée et plutôt que de les jeter à la poubelle elle est repartie en Allemagne avec
ses piles. Moi mes parents m’avaient appris à ne pas jeter de papier parterre. Ce n’était pas pour ne pas polluer.
Le deuxième épisode, je suis partie un an en Australie quand j’avais 20 ans. Là-bas il y avait déjà le recyclage et
chez nous ça n’existait pas. Il y avait une conscience écologique très forte chez les défenseurs de l’environnement.
J’ai eu une prise de conscience. Quand je suis revenue en France, j’ai cherché à recycler mais ça n’existait pas.
J’ai cherché au début mais…ensuite la prise de conscience avec la naissance de ma fille aînée.
C’est une progression sur 20 ans et par rapport à mon entourage on en fait beaucoup mais dans concrètement on
ne fait pas beaucoup.
Le dernier rapport du GIEC en octobre 2018 ou là je me suis dit qu’il fallait aller plus loin. Ce rapport était vraiment
alarmant. J’ai regardé quoi faire en plus et là j’ai compris que je m’étais endormie pendant 20 ans. Par rapport aux
petits jeunes qui se lancent dans le zéro déchet on ne fait pas grand-chose… Les rapports de GIEC sont publiés
régulièrement mais le dernier m’a fait faire des recherches. Je fais attention aux clouds, au stockage des données.
C’est très énergivore. Moi à mon échelle j’essaie de trier mes mails pour pas en avoir des tonnes. Ce n’est pas une
boîte vide mais c’est mieux. C’était avant le rapport du GIEC. Ce rapport marque un tournant plus militant pour
moi. Je milite auprès de mon entourage proche. En même temps l’an dernier ma fille a commencé l’INSA et autour
d’elle il y a beaucoup de jeunes qui sont végan… je ne sais pas ce comment ils font…ils font de la biologie mais
sont contre l’expérimentation animale. Je prends de ce que ma fille rapporte de chez eux. C’est une source
d’inspiration pour moi et ça date de l’automne dernier.
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Entretien 8
Date : 09/06/19
Age : 51 ans
Genre : H
S’il y avait la possibilité de faire mes courses à un seul endroit je le ferais. Après le problème c’est le prix ou le
choix ou un mélange de deux car soit je ne trouve pas tout ce que je veux chez Satoriz soit c’est trop cher.
LIDL : quelques légumes bio, sucre bio, farine bio, yaourts nature bio, fromage râpé bio. Sauf le parmesan qui
n’est pas bio.
Grand Frais : yaourts nature bio, fromage bio et œufs bio et le reste non car ce n’est pas bio.
Tout le reste et notamment les produits frais que je trouve chez Satoriz.
Quand je peux. J’y achète des légumes principalement. Je ne cherche pas forcément le bio mais du local qui est
souvent en agriculture raisonnée. J’ai plus confiance dans ces produits-là.
Non. J’aurais pu essayer mais c’est difficile d’y rentrer. J’ai eu une mauvaise expérience avec une AMAP dans le
passé. On était très limité en légumes en hiver et l’été on n’avait pas assez de produits saisonniers.
C’est très vaste. Je dirais que c’est le fait d’adapter la consommation en fonction d’un certain nombre de critères
écologiques et sociaux. Le concept écoresponsable c’est la consommation mais c’est le comportement général. Par
exemple, si je construis une maison, je vais choisir des matériaux écologiques, je vais bien l’isoler, etc. et par
rapport aux courses aussi. Si je dois faire 100 km pour aller acheter mes produits bio alors on perd en
écoresponsabilité.
Je trie suite à une régulation sinon je n’aurais pas eu l’idée. J’aurais pensé que c’était secondaire. Mais à partir du
moment où on nous fournit les sacs alors je joue le jeu. J’essaie d’acheter avec le moins d’emballage possible. Par
exemple, même les sachets en papier chez Satoriz, je n’en prends qu’un seul et je mets tous mes légumes dedans.
Je refuse les sacs plastiques au marché quand on me les propose.
Je fais du compost chez moi depuis quelques semaines. J’ai aussi un potager car si je produis cela m’évite
d’acheter, c’est local, c’est écoresponsable.
Avoir des légumes frais à proximité et mûris sur place. Je suis un peu égoïste…c’est pour le goût et pour le fait de
les avoir à disposition.
Oui, je fais attention au travail des enfants, au lieu de production et comment c’est produit. L’étiquetage nous
permet de savoir ne serait-ce que le pays de production. Par exemple, je vais éviter l’huile de palme, j’essaie de
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rester fidèle à certaines causes. C’est aussi une question de santé même si ce n’est pas avéré. On ne sait pas ce que
l’huile de palme fait à notre corps. C’est le souci éthique.
Je regarde systématiquement la liste des ingrédients des produits que je ne connais pas. Je ne connais pas tous les
additifs mais lorsque la liste est longue je laisse tomber. Si j’achète du pain emballé (pita ou autre) normalement
il y a de l’eau, de la farine et du sel et peut-être un conservateur mais s’il y plus je laisse tomber.
Non. J’achète sur la base de convictions (bio ou local ou pas) et à force de consommer ce produit si je l’aime je
commence à m’habituer et à continuer à racheter la même marque si elle me convient. Donc je teste d’abord.
J’achète du fromage chez LIDL de marque Etoile d’or et j’en suis satisfait. J’achète aussi des produits de marque
distributeur.
Dès que je vois que c’est bio, je prends donc AB. Pour la viande, si je ne trouve pas de bio je prends du
Label Rouge (par exemple, le poulet fermier). C’est la qualité (avoir quelque chose de bon dans son assiette)
et aussi que l’animal ait été élevé en plein air, ça me touche. Donc j’achète toujours la viande en boucherie.
J’achète la charcuterie parfois en grande surface. Je fais confiance à mon boucher car il affiche la
provenance de la bête, la photo et le lieu d’abattage.
Si le prix est exagéré je passe à autre chose. Si le prix net est trop important, je me dis que cela ne vaut pas le coup
de dépenser autant donc soit je m’abstiens soit je prends quelque chose de qualité moindre mais qui justifie ce
changement. Parfois le prix n’est pas exagéré mais de mon point de vue le produit ne le vaut pas. Par exemple, du
couscous bio de Carrefour semi-complet coûte la moitié moins que chez Satoriz pour exactement le même produit.
Là je me dis que cela ne sert à rien de payer le double.
Je n’ai aucune garante que la différence de prix aille dans la poche du producteur chez Satoriz donc je
préfère acheter le même produit mais le moins cher.
12. Qu’est-ce qui vous a poussé à modifier vos pratiques de consommation pour aller vers plus
d’écoresponsabilité ?
La volonté de revenir à des aliments moins transformés et plus naturels surtout depuis qu’on a des enfants. On est
responsable de ce qu’on leur fait manger. On veut qu’ils soient en bonne santé et qu’ils comprennent l’importance
d’une bonne alimentation sans excès pour préserver la planète.
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Entretien 9
Date : 12/06/19
Age : 37 ans
Genre : F
Produits frais (fruits et légumes et fromages) : marché (à 15 km), produits bio ou locaux. On a aussi un potager
bio l’été. L’hiver on achète plus.
Pour les autres courses on les fait en grande surface (Leclerc) et produits bio (non frais). J’estime à 50% la
proportion de bio dans notre panier.
Enseignes bio : on n’y va moins car c’est plus éloigné. C’est entre 20 et 30 km pour y aller. On y allait plus souvent
quand c’était plus près.
Non
Être un citoyen vert, un citoyen responsable. Limiter les emballages. Tout recycler.
On trie tout. On est stricts. On a aussi un compost (tous les légumes et les fruits vont au compost). Si je peux je
fais attention. Cela commence à se mettre en place dans certains grands magasins mais pas chez nous. Encore trop
d’emballages…
On préfère se déplacer pour manger local. On fait un peu de distance pour le marché mais on mange bien, on sait
ce qu’on mange. En plus, on donne l’argent à des petits producteurs.
Il y un manque de transparence et pas de confiance dans le produit quand il vient de trop loin.
J’essaie d’acheter des produits équitables, par exemple, le café Malongo. J’aime bien le label Bio Village de
Leclerc.
Il faut faire attention aux OGM. Ce n’est pas assez clair au niveau du contrôle. La communication des marques
n’est pas nette. Je lis toutes les étiquettes. Au début quand on veut tester un nouveau produit il faut lire tous les
ingrédients. On se méfie.
Très peu car tout est fabriqué en Chine. Pas envie d’enrichir les gros. Mon fils on ne l’habitue pas aux marques.
On peut trouver aussi bien sans marque.
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Les labels me donnent plus confiance. Les marques peuvent nous endoctriner facilement pour faire du pognon
alors que les labels je pense qu’ils ne peuvent pas faire autant que les marques.
On essaie de consommer moins et mieux. On essaie de faire attention mais parfois il faut payer un peu plus cher
pour avoir de la qualité. Je trouve que les prix ont augmenté. Les salaires n’augmentent pas. Il faut opérer des
arbitrages. On essaie d’acheter la viande locale (Drôme et Ardèche) mais on aimerait bien du bio halal si ça existe.
11. Qu’est-ce qui vous a poussé à modifier vos pratiques de consommation pour aller vers plus
d’écoresponsabilité ?
J’ai toujours été une grande écolo au fond de moi. Cela fait longtemps qu’on mange comme ça. Depuis qu’on a
une maison on a un potager et un compost. Dès qu’on a eu plus de moyens on a commencé à mieux se nourrir et
à être plus responsable. Quand on était étudiants à Grenoble on ne pouvait pas se le permettre.
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Entretien 10
Date : 12/06/19
Age : 48 ans
Genre : F
CSP : ATSEM
Dans plusieurs grandes surfaces. Au marché le dimanche pour les fruits, fromages et légumes parfois bio. Je ne
prends pas tout dans le même supermarché et j’essaie d’aller au maximum au marché.
La différence de prix. Les grands magasins nous font acheter plus que ce qu’on avait prévu. Je vais toujours dans
le même magasin comme ça je sors avec ce dont j’ai besoin et pas plus. Pour les produits d’entretien je préfère
prendre de la qualité car ça lave mieux et pour les produits d’hygiène aussi. Pour moi les marques sont garantes
de qualité pour la lessive et les crèmes anti-rides d’une marque qu’on connaît bien.
Pas de courses bio au supermarché. Je ne crois pas au bio dans les magasins. Je mélange tout… AB, agriculture
biologique. Il y a trop de labels, on n’y comprend rien. Je préfère acheter au marché car je connais le producteur.
Je finis bien le mois. Je trouve que les produits bio ne sont pas donnés.
3. Etes-vous prête à payer plus cher un produit que vous considérez être de meilleure qualité ?
Oui, je préfère pour la lessive. Si je lave et qu’il reste des taches. Je préfère être satisfaite du résultat. Pour les
crèmes, je ne lis pas toutes les lignes. Je me fie aux marques pour les crèmes et les lessives.
Non, par exemple, si j’achète des croque-monsieur dans une marque ou une autre ce sera la même chose.
Non
Le tri des déchets, le plastique, le verre. Je fais attention au tri sélectif. On fait un compost pour les déchets du
jardin. On a un potager. On fait de tout. Des légumes de saison.
Je ne suis pas encore open avec le vrac. Je vais au boulot en vélo. C’est bon pour la planète et c’est bon pour ma
santé. C’est plus pour moi pour me faire du bien même si on pense à la pollution.
Je privilégie les circuits courts. Je préfère faire travailler les Français ou les Espagnols. Je privilégie les produits
français. Il faut consommer des produits de saison.
Non, pas vraiment. Par rapport à l’huile de palme oui. Je suis mon portemonnaie.
Tout ce qui est plat préparé j’achète peu. Si je peux je fais tout à la maison. Tous les problèmes avec les scandales
sur les lasagnes. Je fais les lasagnes moi-même et le gratin dauphinois. Par rapport aux méthodes de culture : c’est
inquiétant avec tout ce qu’on ingurgite mais je ne m’y penche pas dessus plus que ça.
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10. Prêtez - vous attention aux labels ?
C’est comme pour les produits bio. Je mélange tout. Je ne sais pas ce que ça veut dire.
11. Qu’est-ce qui vous a poussé à modifier vos pratiques de consommation pour aller vers plus
d’écoresponsabilité ?
N/A
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Entretien 11
Date : 12/06/19
Age : 42 ans
Genre : F
On regarde et on essaie d’acheter au moins européen pour les légumes et les fruits. On en achète parfois en grande
surface (citron)
Pratiquement jamais. Deux ou trois fois par an pour acheter des sels de bain que je ne trouve pas en grande surface
et les tisanes bio. J’aimerais bien mais c’est cher.
Non
Sensibilité au développement durable et écologie. Attitude écoresponsable, c’est prendre en compte son
environnement local et utiliser les ressources à proximité, économie de transport, économie de ressources,
dynamisme local en termes d’économie.
Tri des déchets. Je suis en réflexion pour limiter les emballages. On a des économiseurs d’eau, des ampoules
économiques. On a quelques gestes écologiques.
C’est en réflexion. Prendre des contenants en verre. Pour les bouteilles d’eau prendre les gourdes, faire mes
yaourts. J’ai commencé à fabriquer mon savon moi-même. Au-delà du produit qui est bon pour la peau c’est aussi
le fait qu’on élimine l’emballage. Je suis loin du compte…. J’aurais besoin d’échange de pratiques. Je n’y consacre
pas assez de temps…
J’habite au Village Olympique donc on est peu écoresponsables. On est atypique quand on est
écoresponsable !
Je me déplace en tram. Mon mari voudrait qu’on achète une deuxième voiture mais pour des raisons écologiques
je ne peux pas.
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9. Etes-vous sensible aux questions sanitaires ?
Les colorants alimentaires m’inquiètent beaucoup mais on ne peut pas vivre dans un monde aseptisé. On peut
prendre des précautions en y mettant de l’énergie et en établissant des priorités. J’évite les colorants alimentaires,
diète de sucre. Tout ce qui est industriel. Je suis en chemin pour faire du « fait maison » mais cumulé avec une vie
de femme active ce n’est pas toujours évident. Je suis en réflexion…fabriquer plutôt que d’acheter, de consommer.
Pas forcément. Je n’aime pas les grandes marques. Je boycotte les grandes marques pour des raisons éthiques
(Kellogg’s, Coca Cola…) Pour les vêtements c’est sympa de dire on ne va pas à H&M mais il faut pouvoir acheter
des vêtements éthiques. C’est très cher !
Le label AB. C’est un conditionnement. C’est qualitatif mais on sait que cela ne veut rien dire…. Ecocert. Même
la fiabilité du bio est remise en cause parfois. C’est devenu un business.
Oui. J’irais plus dans le bio si c’était moins cher. C’est une très grosse contrainte.
13. Qu’est-ce qui vous a poussé à aller vers une consommation plus responsable ?
C’est une sensibilité, les contenus médias. C’est l’envie d’aller vers du qualitatif. C’est le fait de savoir que c’est
bon pour sa santé, de choisir le meilleur pour soi.
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Entretien 12
Date : 14/06/19
Age : 25 ans
Genre : H
CSP : employé
Je préfère faire mes courses au jour le jour. Je vais trois fois par semaine à Casino et à la Vie Claire. J’optimise
mes achats comme ça je n’ai rien qui pourrit au frigo. Je n’ai pas envie d’avoir des trucs qui moisissent. Si j’avais
une voiture je ferais peut-être mes courses pour la semaine. Je n’achète pas forcément du bio mais en tout cas du
local voire au minimum national. Même le bio qui vient de loin je n’achète pas. Ce n’est pas cohérent.
S’il faut je ne sais combien de litres de kérozène pour le transport alors ce n’est pas la peine.
Oui je privilégie les circuits courts car c’est bon à manger et bon pour la planète.
Non
C’est limiter les emballages. Je ne prends jamais de sac à Casino ni à la Vie Claire. Je pourrais avoir une voiture
mais je ne veux pas. Je me déplace en transports en commun. Là je prends le train pour aller voir mon père. J’ai
aussi un vélo électrique pour aller au travail.
J’essaie de manger moins de viande et je l’achète chez le boucher c’est mieux qu’en grande surface. J’ai été
sensibilisé sur la souffrance animale par un oncle qui est pour l’abolition de la chasse.
Non. Avant j’achetais plus de produits industriels de grandes marques parce que c’était moins cher mais maintenant
que je travaille et que je gagne ma vie. Je me permets d’acheter des produits de meilleure qualité. Le fait de
travailler et d’avoir un meilleur budget me permet d’acheter des produits de meilleure qualité. Je vais plus vers le
bio. Je n’achète pas de produit tout fait.
IGP : pour les fromages. Ce sont des labels assez traditionnels. Je sais car j’ai eu beaucoup de cours là-dessus. J’ai
fait un Master en géographie et on nous a bien expliqué ce qu’il y a derrière les labels. Il y a des niveaux de
protection plus ou moins forts. J’essaie de prendre les mieux protégés. Les labels sont plus chers à l’achat mais
derrière ils ont plus de goût et donc je suis disposé à y mettre plus d’argent. Ils créent peut-être plus d’emplois ou
créer plus d’emplois en zone rurale, plus d’éthique dans une optique pas « patriote » mais d’emploi local.
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Je ne fais pas trop attention. Le sucre c’est le point où je ne me pose pas trop de question. Des fois la pollution ne
s’arrête pas aux frontières de la parcelle bio donc cela ne m’étonnerait pas qu’on trouve des pesticides dans les
produits bio. Du coup, je fais moins attention à cela. Ce n’est pas d’acheter bio ou pas bio mais c’est plus la
question d’interdire les pesticides et les OGM en général. Là c’est plus une question de mon bulletin de vote que
de ce que j’achète.
Je me dis que c’est « moins pire » mais je ne me dis pas non plus que le bio est miraculeux pour la santé. J’essaie
de relativiser.
12. Qu’est-ce qui vous a poussé à aller vers une consommation plus responsable ?
Un peu de tout autour de moi… sensibilisation des médias avec les discours de candidats écolos mais aussi le
cercle familial, mon père qui m’a sensibilisé et mon oncle sur le véganisme même si je ne suis pas végan. Du coup,
je réduis la quantité de viande. J’ai une cousine qui m’a bien sensibilisé sur les déchets. Elle a ouvert une épicerie
« zéro déchet ». J’essaie de ne pas prendre de sac plastique ou alors de les réutiliser.
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Entretien 13
Date : 17/06/19
Age : 32 ans
Genre : F
CSP : commerçante
Dans mon commerce. J’ai une épicerie vrac et bio de produits secs. Pour les produits frais c’est un magasin qui
revend les produits destinés à la poubelle. C’est un magasin qui rachète le trop-plein d’usine, les surplus de
producteurs et qui revend à prix cassé. C’est directement sorti d’usine. Les usines produisent toujours trop pour
répondre à la demande et donc jettent automatiquement un pourcent de ce qu’ils produisent. Cela arrive dans les
supermarchés sur une palette un peu abîmée et les supermarchés vont la refuser et ce sera jeté donc eux récupèrent
tout ça.
Ce qu’on peut trouver habituellement dans un supermarché…des fromages, des yaourts, de la viande. Il y a du bio
mais ça dépend des arrivages. On ne sait jamais ce qu’on peut trouver.
Non
7. Donc pour les surplus que vous achetez, vous savez toujours d’où ça vient et comment ça a été
produit ?
8. Donc si je comprends bien le circuit n’est pas important dans ce cas précis ?
Oui mais je mange très peu de produits frais. Je mange surtout ce qui vient de mon magasin donc…dans mon
magasin ce sont des circuits courts
Non
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Je n’ai pas de déchet.
Au magasin pas de déchet et chez moi un pack de yaourt par semaine et un emballage de fromage donc quasiment
rien. Les fruits et légumes sont vendus en vrac.
On n’a qu’une seule voiture pour deux par choix comme on travaille au même endroit. On pense bien à éteindre
les lumières, à ne pas gaspiller l’eau.
Acheter d’occasion… des vêtements ou des objets. A chaque fois que j’ai un achat à faire je regarde d’abord si
c’est possible d’acheter d’occasion et si ce n’est pas le cas je vais regarder où c’est produit.
Oui, de voir comment c’est produit et comment où c’est produit. Si les personnes sont correctement rémunérées.
Oui.
Non. Je préfère payer un produit qu’une marque. Je regarde d’abord ce que c’est et comment s’est fait. On sait,
par exemple, qu’une usine qui produit un camembert va produire pour Président, pour Eco+ donc ça ne veut rien
dire.
Oui et non. Un label bio, oui. Après on sait qu’en local on a des producteurs qui n’ont pas les moyens de se payer
un label mais pourtant c’est bien fait. L’avantage c’est d’avoir un magasin car nous, commerçants, on sait d’où ça
vient concrètement. On va directement sur place pour voir comment ils produisent.
Oui, comment c’est fait, comment c’est conservé. Après moi je ne mange pas d’animaux…il y a moins de risque.
Je suis végétarienne
Non. Je préfère mettre le prix dans mon alimentation … je n’ai pas de smartphone, je n’ai pas de super fringues
mais je préfère mettre le prix dans mon alimentation.
Je suis tombée, il y a quelques années, sur le blog d’une éleveuse, une nana qui travaillait dans l’agriculture et qui
expliquait son ras-le-bol de la maltraitance…tout ça et en plus j’ai mon oncle qui est président de la ligue anti-
chasse de France. On est assez sensibilisé à ça et dans la famille on est beaucoup de végétariens. On est au courant
de plein de choses et c’est vrai que…
Plutôt par rapport à l’animal dans un premier temps mais après ça contribue à tout ce qui est pollution,
surexploitation, détruire les sols.
L’épicerie bio est venue après. C’est l’agglomération dans laquelle on est qui a organisé une opération zéro déchet
et c’est devenu une passion d’essayer de produire le moins de déchets possibles car à l’époque (3-4 ans en arrière)
il n’y avait aucune structure qui proposait des produits en vrac. C’était des grosses enseignes qui proposaient du
vrac, qui avaient le monopole et on n’y trouvait pas tout. C’est pour ça qu’on a ouvert l’épicerie pour proposer un
maximum de choses en vrac.
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Non, mon mari et moi. Pour coller à ce qu’on vit, à notre quotidien et le retranscrire dans notre métier et proposer
aux gens car on voyait qu’il y avait de plus en plus de demande et puis on répond à la demande. C’est vrai que
maintenant on est au quotidien en contact avec des gens qui ont le même but que nous et ça permet des échanges
sympas. On avait aussi envie de changer de vie, changer de métier.
On se forme en permanence. On essaie d’aller aux conférences. Moi j’en fait aussi pas mal. On essaie de s’informer
un maximum.
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Résumé :
Cette étude s’intéresse aux pratiques d’achat responsable et analyse comment elles se mettent
en place, quelles sont les motivations qui poussent les individus à consommer responsable et
enfin quels en sont les obstacles et les freins. Pour tenter de répondre à ces questions de
recherche, une étude qualitative par le biais d’entretiens semi-directifs individuels a été réalisée
auprès d’un échantillon de 13 personnes du 27 mai au 17 juin 2019.
Abstract:
The purpose of this study is to focus on socially responsible behaviour and to analyze how it is
set up, how consumers relate to in and finally what the barriers are. In order to answer these
research questions, we have collected data through 13 semi-structured interviews from 27 May
to 17 June 2019.
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