Nothing Special   »   [go: up one dir, main page]

Nizan - Maelys - 2018 Greenbashing

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 90

Nouvelles formes de communication responsable : entre

utopies, changements de paradigmes et greenwashing :


étude du cas Patagonia
Maëlys Nizan

To cite this version:


Maëlys Nizan. Nouvelles formes de communication responsable : entre utopies, changements de
paradigmes et greenwashing : étude du cas Patagonia. Gestion et management. 2018. �dumas-
02468159�

HAL Id: dumas-02468159


https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02468159
Submitted on 31 Mar 2020

HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est


archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents
entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,
lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de
teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires
abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
Maëlys NIZAN

Nouvelles formes de communication responsable :


entre utopies, changements de paradigmes et greenwashing
Etude du cas Patagonia

Sous la direction d’Haithem GUIZANI

Master 2 - Communication Politique et Institutionnelle


Année 2017-2018
UNIVERSITE GRENOBLE-ALPES SCIENCES PO GRENOBLE

Maëlys NIZAN

Nouvelles formes de communication responsable :


entre utopies, changements de paradigmes et greenwashing
Etude du cas Patagonia

Sous la direction d’Haithem GUIZANI

Master 2 - Communication Politique et Institutionnelle


Année 2017-2018
SOMMAIRE

Résumé / Abstract ...................................................................................................................... 6


INTRODUCTION .................................................................................................................... 7
Une communication qui cherche sa voie au sein du développement durable ........................ 7
Méthodologie utilisée ............................................................................................................. 8
Le choix de Patagonia comme étude de cas ........................................................................... 9
Objets d’études ....................................................................................................................... 9

CHAPITRE I : Les différentes formes de communication environnementale :


définitions, typologie et cadrage théorique .......................................................................... 11
I) Une communication soucieuse de l’environnement : étude de la communication
responsable et de la communication verte ........................................................................ 11
a) Une communication responsable qui reste encore à définir ...................................... 11
b) Un éco-communication en contradiction avec les principes de base du marketing .. 14
c) Etat des lieux des pratiques ....................................................................................... 17
II) Le greenwashing : une perversion de l’argument écologique ................................. 19
a) Définition et contextualisation de l’éco-blanchiment ou verdissement d’image....... 19
b) Techniques utilisées et exemples de blanchiments écologiques ............................... 20
c) Vers de nouvelles formes de greenwashing, le greenwashing 2.0. ............................ 24
III) Entre greenbashing et goodvertising : quel futur pour la communication verte ? 26
a) Le greenbashing et l’éco-lassitude : nouveaux dangers ............................................ 27
b) Une communication environnementale qui bien que sujette à des contrôles de plus en
plus soutenus reste encore à établir ................................................................................... 30
c) Le goodvertising, effet de mode ou communication durable ? ................................. 32

CHAPITRE II : Enquête - Le cas Patagonia entre greenwashing et goodvertising ........ 35


I) Contextualisation et présentation de l’enquête ........................................................ 35
a) Contexte : Patagonia : une communication éco-responsable paradoxale .................. 35
b) Méthodologie et ciblage ............................................................................................ 36
c) Hypothèses formulées................................................................................................ 39

4
II) Résultats et observations ............................................................................................ 40
a) Le rôle de la sensibilité environnementale dans le greenwashing ............................. 40
b) Une communication responsable aboutie-t-elle forcément à un changement de
comportement? .................................................................................................................. 42
c) L’importance de l’éthique et du contexte de l’entreprise face au message
publicitaire ........................................................................................................................ 45
III) Patagonia, constats d’un symbole d’une communication environnementale
atypique ............................................................................................................................... 47
a) Bilan de l’étude conduite .............................................................................................. 47
b) Limites observées de l’enquête ..................................................................................... 49
c) Recommandations ......................................................................................................... 49

CONCLUSION ....................................................................................................................... 51
Futures recherches ................................................................................................................ 52

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 53

TABLE DES ANNEXES ....................................................................................................... 58

5
Résumé
Alors que les enjeux environnementaux prennent une place de plus en plus importante dans la
société, le secteur de la communication doit encore trouver une façon de s’adapter à ces
changements. En effet, du greenwashing en passant le greenbashing, la communication
environnementale semble encore être synonyme de dérives, devenant plus subtile que jamais et
rendant de plus en plus difficile pour les consommateurs de détecter la vérité. Un réel manque
de confiance s’est donc instauré quand il s’agit de communication verte, ce qui a conduit à une
nécessité de faire évoluer les paradigmes du marketing. Cependant, de nouvelles formes de
marketing existent bien, comme le goodvertising, et montrent que de nouvelles façons de
communiquer durablement sont possibles. Au travers d’une étude de cas traitant de la campagne
de Patagonia intitulée « N’achetez pas cette veste », cette recherche a pour but d’explorer les
frontières entre la communication verte et le greenwashing. Cette recherche basée sur les
définitions de Thierry Libaert, nous permettra d’analyser dans quelle mesure ces typologies
sont toujours pertinentes par rapport aux nouveaux types de communication qui ont émergé ces
dernières années. Cette étude, grâce au résultat de l’enquête qui a été menée, offrira pour finir
des recommandations sur les meilleures façons de communiquer durablement.

Mots-clefs : communication responsable, greenwashing, goodvertising, RSE, développement


durable, marketing, greenbashing, communication verte, éco-communication

Abstract
While sustainability and environmental issues become more and more crucial in today’s
society, the communication field has yet to find a way to embrace this change. Indeed, from
greenwashing to greenbashing, environmental communication still seem to be synonymous
with excesses, becoming more subtle than ever and making it thus harder for consumers to
detect the truth. A true lack of trust is therefore present when it comes to green communication
which leads to the necessity of an evolution in the marketing paradigms. However, new forms
of marketing, such as goodvertising, do exist and show that new means of communicating
sustainably are possible. Through a case study of the Patagonia campaign entitled “Don’t Buy
This Jacket”, this research aims to further explore the boundaries between green communication
and greenwashing. Based on the definitions established by Thierry Libaert, we will analyse how
this typology is relevant to new types of green communication emerging these past years. This
study, thanks to the results of the survey that has been conducted, will finally offer
recommendations on how to better communicate sustainably.

Keywords: responsible communication, greenwashing, goodvertising, CSR, sustainability,


marketing, greenbashing, green communication, environmental communication

6
INTRODUCTION

« La publicité peut nuire gravement à l’environnement » : c’est par ces termes que l’Alliance
pour la Planète, collectif de 80 associations et ONG a lancé sa campagne en 2006. Face à
l’augmentation des dérives dans le secteur de la communication apparues avec la recrudescence
de l’utilisation de l’argument écologique dans la publicité, les professionnels s’inquiètent
effectivement des conséquences néfastes que peut avoir le marketing sur les sociétés. Ils sont
nombreux alors à remettre de fausses récompenses pour dénoncer les abus. C’est le cas
notamment du prix Pinnochio du Climat, créé en 2008, qui remettait chaque année un Awards
appelé « Plus vert que vert » à l’entreprise française qui avait conçu et produit la campagne la
plus trompeuse et abusive au regard de la réalité de ses activités. Au niveau international, les
Climate Greenwash Awards sont également le signe que les consommateurs sont devenus plus
critiques face aux dérives et qu’une prise de conscience semble être en marche.

Les consommateurs, avec le développement des réseaux sociaux et la transparence voulue par
l’apparition de la Responsabilité Sociétale des Entreprises, possèdent en effet de plus en plus
d’outils dans leurs mains pour déceler les campagnes trompeuses. Mais alors, comment
expliquer que le greenwashing soit toujours autant présent comme le montre le dernier rapport1
de l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME), et ce malgré les
dénonciations réalisées à la fois par les organisations et les associations ainsi que la hausse des
régulations ?

Une communication qui cherche sa voie au sein du développement durable


Face aux nombreuses critiques et à l’importance des changements sociétaux et
environnementaux ayant eu lieu ces dernières années, le secteur de la communication semble
donc être en réelle quête de sens et de renouvèlement. Il existe bien une difficulté à lier ces
deux domaines, la communication et l’environnement, qui semblent de prime abord
incompatibles (Libaert, 2010). Ces derniers paraissent effectivement comme avoir deux
objectifs totalement distincts puisque la communication semble par nature pousser à la
consommation et ne peut donc être en adéquation avec les principes de développement durable

1
Bilan 2017 Publicité et environnement publié par l’ADEME : https://www.actu-
environnement.com/ae/news/bilan-2017-publicite-environnement-ademe-ARPP-reseaux-sociaux-non-
conformite-31422.php4

7
(Mikol, 2003). Mais les nouvelles formes de communication vertueuse apparues ces dernières
années, comme le goodvertising, semblent pourtant y parvenir et bien montrer la voie dans le
domaine de la communication responsable (Kostler 2012).

Cette dernière peut être définie comme « la gestion responsable à la fois des processus de
communication, du contenu de la communication (le message) et des impacts du support
communicationnel 2», comme le souligne Fabien Durif de l’Observatoire de la Consommation
Responsable du Québec. Elle se positionne alors comme un nouveau paradigme dans le champ
de la communication remettant profondément en cause ses principes de base (Minar, 2016). Il
est donc intéressant d’étudier dans quelle mesure la communication environnementale parvient-
elle à combiner deux mots qui semblent antonymes et quelle est sa frontière avec le
greenwashing.

Méthodologie utilisée
Avec cet objectif principal en tête, j’ai donc décidé d’effectuer une analyse des différentes
théories liés à la communication et à l’environnement en me basant majoritairement sur les
travaux de Libaert (2003, 2010), de Rivollier (2012), Mikol (2003) et Vigneron (1996). Ce
domaine d’étude étant récent et sujet à des évolutions rapides, il est vite apparu comme
indispensable d’inclure également les rapports de l’ADEME et de l’Autorité de Régulation
Professionnelle de la Publicité (ARPP) ainsi que les diverses publications de l’Observatoire
Indépendant de la Publicité qui propose des approches critiques nouvelles.

Les facteurs externes étant également essentiels pour définir et ainsi mieux comprendre la
complexité des enjeux liés au marketing et à l’environnement, les travaux sur les parties
prenantes de Freeman (1984) ainsi ceux réalisés sur l’ancrage social par Miège (2007) ont par
ailleurs également été préalablement étudiés.

Les données ont été collectées à l’aide d’un questionnaire composé de 6 parties qui seront
chacune détaillées dans le deuxième chapitre. Celui-ci a été complété par 167 personnes, la
cible choisie étant un public jeune (18-35 ans), venants de cultures différentes d’où la nécessité
d’établir à la fois un questionnaire en français et un deuxième en anglais. Cette cible constitue
par ailleurs le public principal de la marque Patagonia, ce qui a été déterminant dans le choix
de l’enquête menée.

2
Tableau de bord de la communication responsable publié par l’Observatoire de la Consommation
Responsable du Québec, 2012

8
Le choix de Patagonia comme étude de cas
Patagonia est une entreprise américaine de vêtements sportifs éco-conçus qui propose une
réparation gratuite de ses vêtements et également une plateforme de troc en ligne, ce qui en fait
pour beaucoup d’entreprises un modèle en matière d’écologie. Cependant, bien que se plaçant
comme une entreprise pionnière en matière environnementale, elle propose en 2011 à
l’occasion du Black Friday, symbole de la surconsommation par excellence, une campagne
dans le New-York Times qui semble être à la limite du greenwashing avec un slogan sciemment
provocateur « Don’t buy this jacket ». Pourtant, l’éthique irréprochable de la marque et le fait
qu’elle y a accolé les principes des 4R (Réduire, Réparer Réutiliser, Recycler) en fait bel et bien
une communication qui peut être qualifiée de responsable selon les critères définis par l’Agence
de l’Environnement et de la Maitrise de l’Environnement (ADEME) et l’Autorité de Régulation
des Professionnels de la Publicité (ARPP). Elle m’a donc semblée comme étant la plus
pertinente pour étudier les différents degrés de communication environnementale puisqu’elle
se situe à la frontière entre le greenwashing et l’éco-communication.

Afin de mieux cerner la perception des consommateurs, il est également apparu comme
nécessaire d’effectuer une comparaison avec deux autres campagnes de marques du même
secteur qui représentent pour la Marque A (Adidas), un cas de communication responsable et
pour la marque B (H&M), un cas de greenwashing avéré. Cette étude comparative est en effet
essentielle pour pouvoir analyser au mieux les différents degrés de communication
environnementales et de pouvoir ainsi davantage savoir où se situe la campagne de Patagonia.

Objets d’études
Ce mémoire a donc pour vocation d’analyser la relation entre communication et environnement
et, plus précisément, de savoir dans quelles mesures les nouvelles formes de communication
environnementale établissent un nouveau paradigme dans le secteur, se jouant des codes
habituels de marketing en fleuretant avec les frontières du greenwashing.

Dans une première partie, il conviendra alors d’établir un cadrage théorique concernant les
différentes formes de communication environnementale. Après avoir défini les concepts de
communication responsable, d’éco-communication et étudié les différentes formes de
greenwashing, nous nous attarderons ensuite sur les nouveaux types de marketing qui sont

9
apparus dans ces domaines. C’est le cas par exemple du greenbashing et du goodvertising qui
jouent avec les codes traditionnels de la communication et qui la redéfinisse donc en
profondeur.

La seconde partie sera quant à elle principalement focalisée sur l’étude de cas menée sur la
campagne « Don’t buy this jacket » de la marque Patagonia, marque qui se veut pionnière en
matière d’éco-branding. Au travers de l’enquête conduite et des résultats donnés, nous verrons
de quelle manière cette marque joue avec les codes du marketing et quelle peut en être la
perception des consommateurs. Cela nous amènera à faire un lien avec les définitions étudiées
au Chapitre I et, finalement, à étudier dans quelle mesure ces nouvelles formes de
communication responsable remettent en cause les concepts traditionnels de marketing.

10
Chapitre I : Les différentes formes de communication
environnementale : définitions, typologie et cadrage théorique

Pour commencer, nous allons nous efforcer de définir les différents types de communication
liés à l’environnement que les consommateurs peuvent retrouver le plus régulièrement dans le
monde de la publicité et des médias. Il s’agit donc de différencier celles qui sont à la fois non-
responsables et par conséquent éthiquement condamnables de celles qui, à contrario, visent à
faire passer un réel message environnemental. Ces dernières se différencient d’une simple
campagne publicitaire car elles sont suivies de réelles preuves et/ou actions derrière le message.
Il convient finalement de regrouper les différentes typologies et de clarifier les différentes
formes de communication environnementale, leurs significations étant souvent sujettes à de
nombreux débats aussi bien au sein des universitaires que des professionnels du métier.

I) Une communication soucieuse de l’environnement : étude de la


communication responsable et de la communication verte

a) Une communication responsable qui reste encore à définir


Il existe de nombreux termes pour désigner la communication soucieuse de
l’environnement qui se regroupent à la fois sous les notions de communication responsable,
communication verte et même d’éco-communication. Cela traduit à la fois sa grande pluralité
et une véritable difficulté à s’accorder sur les définitions. Un consensus semble néanmoins
trouvé sur le fait qu’est « responsable la communication qui s’appuie sur la réalité du produit
ou de l’organisation, qui est également soucieuse des impacts environnementaux, sociaux,
sociétaux, économiques et culturels, et qui s’efforce de garantir le respect des parties
prenantes, tout en visant à atteindre ses objectifs avec efficacité ». (Rivollier, 2017). Il évoque
d’ailleurs pour caractériser la communication responsable un spectre de 360° puisqu’elle se doit
d’engager l’intégralité des activités de l’entreprise et ainsi dépasser ses propres frontières 3.

Colette Brin, chercheuse au Département d’Information et de Communication de Laval, évoque


quant à elle une double responsabilité de la communication à savoir la « responsabilité envers
les acteurs (respect des consommateurs, des annonceurs et des autres parties prenantes) et

3
http://www.strategies.fr/blogs-opinions/idees-tribunes/1059534W/la-communication-responsable-un-
engagement-a-360-.html

11
responsabilité environnementale et morale (développement de formes de communication à
empreinte écologique réduite, mise en valeur de produits responsables, responsabilité
d’imputabilité, responsabilité de ses actes, réalisation d’un bilan social des campagnes). 4». La
communication responsable est donc un engagement réel qui se veut total de l’entreprise
comme elle l’affirme qui nécessite de jouer sur plusieurs tableaux. La difficulté dans la
définition de la communication verte réside par ailleurs dans la frontière floue entre
communication environnementale et greenwashing.

C’est pour cela qu’elle doit être complétement transparente et sobre afin d’éviter un effet
boomerang et de nuire à la crédibilité de l’entreprise (Libaert 2010). Elle ne doit donc ni être
trop mise en avant pour éviter de tomber dans le greenwashing, ni trop effacée afin que le
message puisse quand même passer auprès de consommateurs (Libaert et Guérin 2008).

La communication durable est donc le résultat d’un juste milieu dans la rencontre entre
développement durable et communication (Ottman, 2011). C’est un processus qui implique que
lors de chacune des quatre étapes des campagnes de communication (à savoir l’analyse du brief
et des pistes de travail, les recommandations, la mise en œuvre et le bilan d’actions) une analyse
de tous les impacts environnementaux soit faite et que soient choisies les actions dont les
impacts néfastes sur l’environnement seront les moins importants. Le tout doit également inciter
les consommateurs à adopter des comportements responsables (Courtois et Rambaud-Paquin
2009).

Les relations entre l’environnement et la communication sont donc complexes et ont été
régulièrement sujettes à de nombreux débats. D’ailleurs dans le premier chapitre qui est
intitulé La communication est le quatrième pilier du développement durable de son ouvrage
« Communication et environnement. Le Pacte Impossible 5», Thierry Libaert formalise cinq
modèles différents de relations entre le développement durable et la communication qu’il
schématise ainsi :

4
Tableau de bord de la communication responsable publié par l’Observatoire de la Consommation
Responsable du Québec, 2012, p.20
5
LIBAERT Thierry, « Communication et environnement. Le Pacte Impossible », Presse Universitaire de France,
2010, page 7.

12
Source : LIBAERT Thierry, « Communication et environnement. Le Pacte Impossible », Presse
Universitaire de France, 2010, page 7.

Dans la première modalité, la communication et le développement durable font partie du même


système. Ils ont tous les deux les mêmes valeurs, les mêmes finalités et le même mécanisme
interactionniste. La communication et le développement durable poursuivraient par conséquent
le même idéal commun d’un monde utopiste. D’autre part, la deuxième hypothèse partirait
quant à elle du principe que la communication engloberait tous les domaines, y compris celui
du développement durable. Ce dernier serait alors une composante intégrante de la
communication dans cette vision holistique du marketing. La troisième hypothèse propose elle
une vision opposée, avec le développement durable au centre qui engloberait alors la
communication. Cette dernière n’est donc ici vue que comme un des instruments du
développement durable. La quatrième modalité formalise quant à elle le développement durable
et la communication comme deux domaines distincts, qui se réunissent au niveau de la
responsabilité sociale de l’entreprise. En outre, selon cette hypothèse, les deux domaines ne
peuvent exister l’un sans l’autre. La cinquième modalité évoque finalement la communication
et le développement durable comme deux domaines totalement séparés et distincts. Thierry
Libaert va d’ailleurs au-delà, affirmant que ces deux domaines peuvent être régulièrement en
contradiction totale, comme l’affirment par exemple de nombreuses ONG qui souhaitent un
retour au « vrai développement durable », excluant par conséquent toute forme de
communication.

Cependant, Thierry Libaert affirme que la communication reste consubstantielle au


développement durable et qu’il existe la même idée centrale dans les deux domaines à savoir
la mise en relation avec le monde extérieur. Comme il l’affirme dans son ouvrage : « La

13
communication met l’émetteur en relation avec ce qui l’environne. Par ailleurs,
l’environnement est donc perçu comme ce qui nous est extérieur, ce avec quoi nous pouvons
rentrer en relation et cela n’est possible qu’avec le développement durable »6. Nous voyons
donc bien que la communication est donc intrinsèquement liée à l’environnement et aux
problématiques durables mais qu’il existe une réelle difficulté à conjuguer les deux.

b) Un éco-communication en contradiction avec les principes de base du marketing


D’autre part, une autre forme de communication environnementale qui existe est l’éco-
communication. Elle privilégie les moyens de production éco-conçus, n’utilise les arguments
écologiques que lorsque que cela est justifié et refuse de promouvoir des comportements qui
auront un impact négatif sur l’environnement7. L’éco-communication doit donc non seulement
utiliser son influence à bon escient pour véhiculer des messages responsables mais aussi aller
plus loin et être consciente des supports qu’elle utilise. Elle doit limiter son empreinte
écologique au maximum en prenant compte de l’impact des outils et supports de
communication utilisés ainsi que de leurs cycles de vie et de leurs émissions écologiques tout
au long de leurs diffusions sur les différents canaux. Ceci amène donc à une nécessité
d’effectuer une analyse approfondie des méthodes employées par les agences notamment. Ces
dernières peuvent passer par exemple par l’établissement de bilans carbone ou encore d’étude
des cycles de vie des supports utilisés. Ces études doivent bien sûr être transparentes et
totalement indépendantes, dénotant une réelle volonté des acteurs à s’engager pleinement dans
le processus.

L’éco-communication va donc plus loin que la communication responsable ou la


communication verte puisqu’elle engage à la fois sur
le fond mais aussi la forme. L’ADEME définit
d’ailleurs l’éco-communication comme le fait
d’être « responsable à la fois dans les supports mais
également dans les messages véhiculés »8. L’éco-
communication se trouve donc à la croisée du
marketing et de la responsabilité sociale des
entreprises. Un sondage mené par la Society of

6
LIBAERT Thierry, « Communication et environnement. Le Pacte Impossible », Presse Universitaire de France,
2010, page 7.
7
« Vers une communication responsable : Just do it another way ! Pourquoi et comment le secteur de la
communication doit s’engager dans le développement durable ? »,Rapport du collectif AdWiser Décembre
2007, p.6
8
https://eco-communication.ademe.fr/

14
Sustainability Professionals place d’ailleurs la communication comme le soft skill le plus
important en matière de RSE9. Comme ce schéma10 l’illustre parfaitement elle doit pour être
durable être aussi efficace du point de vue économique, que viable et équitable, dans le respect
de l’environnement et des avancées sociales. Cette triple combinaison montre bien toute sa
complexité, cette dernière étant due à son étendue qui est très vaste. La communication qui se
veut totalement durable est donc bel et bien une communication à la croisée des chemins entre
tous les secteurs d’activités et nécessite un bon dosage pour ne pas tomber dans les travers du
greenwashing. Elle se mêle par conséquence à la RSE et en est même un élément indispensable
pour toucher toutes les parties prenantes mais s’en distingue cependant puisque que comme
l’affirme Clément Fournier « La RSE n’est pas et ne sera jamais que de la communication ni
vice-versa11 ».

L’éco-communication se définie donc bien par la nécessité de prendre en compte l’intégralité


des activités communicationnelles mais
également celles des parties prenantes, comme
regroupées ici sur le tableau. On se réfère ici au
tableau de la théorie des parties prenantes
(Freeman, 1984). Ces dernières doivent donc
toutes aller dans le même sens pour que l’éco-
communication soit réussie. Ces partie prenantes
liées au domaine de la communication se
définissent par ailleurs selon le rapport du
collectif AdWiser en six catégories : les
législateurs qui ont un rôle de contrôle des règles
environnementales, les fournisseurs qui sont le
cœur de la fabrication de produits et donc par-là
assurent de minimiser l’impact environnemental
des matériaux. Il faut aussi y ajouter la société
civile, particulièrement les ONG qui veille à la transparence des informations et au respect des
normes environnementales, les salariés qui doivent être cœur de démarche responsable de

9
WILLARD Marsha, WIEDMEYER Carole, FLINT R. Warren, WEEDON John S., WOODWARD Rick, FELDMAN Ira
and EDWARDS Mark, “The Sustainability Professionals: 2010 Competency Survey Report A research study
conducted by the International Society of Sustainability Professionals”, March 2010
10
« Vers une communication responsable : Just do it another way ! Pourquoi et comment le secteur de la
communication doit s’engager dans le développement durable ? »,Rapport du collectif AdWiser Décembre
2007, p.6
11
Plateforme de l’engagement durable et de la RSE : https://e-rse.net/communication-rse-competence-
responsable-importance-18724/#gs.5jyYSmI

15
l’entreprise pour qu’un sens soit donné à leur mission et qu’il devienne ainsi source de
motivation supplémentaire. Les clients et annonceurs sont aussi au cœur du processus puisqu’ils
sont également garants de la qualité. Enfin les actionnaires sont souvent une partie prenante
oubliée mais cruciale, notamment dans la pression qu’ils exercent non seulement au niveau de
la rentabilité mais aussi au niveau de la maitrise des risques qui est par essence omniprésente
dans les thématiques environnementales.

Effectivement, c’est ainsi que le SIRCOM12 dans l’article publié sur Les formes de la
communication environnementale affirme que « la communication environnementale, en
constituant une préparation à la communication de crise, s’apparente également à une
communication de risque13 ». Ceci est particulièrement évident pour les entreprises industrielles
pour lesquelles la communication responsable se traduit par la prise en compte des éléments à
risque. Il faut donc pour cela que ces dernières reconnaissent de façon publique la dangerosité
de certaines de leurs activités ainsi les potentialités néfastes pour l’environnement (Janich,
2007). On retrouve ce phénomène chez les entreprises pétrolières comme Total ou Areva qui
ne sont pas à l’abri de catastrophes écologiques comme l’a montrée par exemple la marée noire
Erika en 1999. En outre, la communication de ces entreprises à la suite des différents scandales
s’avère très souvent hasardeuse et montre un manque de préparation et de prise en compte de
l’impact environnemental de leur activité. Or l’exigence de tous les stakeholders s’est
multipliée ces dernières années en termes de communication verte grâce à une prise de
conscience globale (Mikol, 2003). La communication environnementale renvoie donc à la
double notion de danger et d’opportunité pour les entreprises (Libaert, 2003) induisant par
ailleurs souvent une communication de crise, effectuée dans l’urgence.

D’autre part, l’éco-communication renvoie également à la notion de communication


scientifique dans le sens où elle nécessite un appui théorique scientifique fort pour fonctionner
et parvenir à convaincre les consommateurs. Cette dernière doit donc également être en quelque
sorte une vulgarisation scientifique des données mais qui est effectuée en toute transparence et
véracité. Ce discours rationnel joue aussi un rôle rassurant pour les consommateurs qui voient
dans les preuves avancées un argument d’achat. Ceci débouche donc à l’utilisation de l’image
d’experts ainsi qu’à la multiplication de données et de rapports scientifiques utilisés dans les
campagnes publicitaires. Ces outils sont nécessaires à l’éco-communication qui se doit d’être
pédagogique malgré le fait qu’ils ne doivent pas non plus tomber dans l’excès. La justesse des

12
Site de réflexion sur la communication, l’environnement, le développement durable et la RSE
13
http://sircome.fr/les-formes-de-la-communication-environnementale/

16
propos scientifiques sur lesquels le discours de marque est appuyé est donc un élément
indispensable à toute forme de communication que se veut respectueuse de l’environnement.

c) Etat des lieux des pratiques

Les pratiques se sont fortement développées et des agences spécialisées en communication


responsable se sont multipliées au cours de ces deux dernières décennies. Dès les années 90,
des agences pionnières ont vu le jour comme l’Agence Verte (en 1992) faisant suite à la
Conférence et aux Accords des Nations-Unies sur l’Environnement et le Développement de
Rio signé cette même année. On peut par ailleurs également évoquer la célèbre agence Futerra
Sustainability Communication fondée en 2001 qui est précurseur dans le domaine et fait office
de leader international depuis de nombreuses années avec des clients de renommée mondiale
tels que Mondelez ou encore Unilever. Elle se qualifie comme une « change agency 14» et son
slogan Make sustainability happen démontre son ambition affichée. L’agence a gagné de
nombreux prix dans le domaine de la publicité éthique et verte et a produit de nombreux guides
relatifs à la communication responsable notamment avec le Programme Environnement des
Nations Unies15.

Ce développement de la communication responsable se retrouve également dans la création de


récompenses comme les Deauville Green Awards, fondés en 2013, qui récompensent chaque
année en juin les professionnels de la communication responsable. Ce festival promeut
l’innovation et les meilleures campagnes dites responsables au travers de différentes catégories
représentées comme celles des messages institutionnels, des publicités corporate / RSE ou
encore celles des documentaires éco-responsables. Cela montre la véritable prise en compte de
l’environnement dans le domaine communicationnel et ce au plus haut-niveau, chose qui
n’existait pas il y a encore quelques années. La communication verte s’institutionnalise et
devient synonyme de succès, aboutissant à un développement des guides et des formations dans
le domaine.

Pour parvenir à cette excellence en matière de communication responsable, le collectif AdWiser


a par exemple développé ceux qui sont appelés les 7 piliers de la communication responsable16.
Le premier pilier consiste à donner l’exemple et caractérise la nécessité d’être irréprochable
pour les agences de communication, le second préconise de revenir à la vérité produit et dénote

14
https://www.wearefuterra.com/about/
15
Montillaud-Joyel Solange et Shea Lucy, « Communiquer sur le développement durable : comment produire
des campagnes publique efficaces » , 2005
16 16
« Vers une communication responsable : Just do it another way ! Pourquoi et comment le secteur de la
communication doit s’engager dans le développement durable ? », Rapport du collectif AdWiser Décembre
2007, p.17

17
l’obligation pour les communicants de questionner la véracité des informations qui leurs sont
données par les clients. Ensuite, le troisième pilier réfère quant à lui aux limites qui doivent être
posées par les professionnels de la communication qui ne doivent alors pas juste répondre aux
briefs de clients et ainsi subir la pression des diverses parties prenantes. Ensuite, vient la
nécessité de ré-humaniser les messages des cibles et de s’adresser non plus seulement au
consommateur en tant que tel mais aussi au citoyen et de responsabiliser ses actes. Par ailleurs,
le cinquième pilier de la communication verte est quant à lui rattaché à la nécessité d’innover
dans un domaine qui est très récent et en proie aux changements rapides de la société. Il faut
donc sans cesse chercher l’optimisation à la fois des messages mais également des supports
pour réduire leur impact au maximum. L’accent doit également être mis sur la coopération et
la nécessité de nouer des partenariats que ce soit avec des ONG ou avec des organisations
internationales spécialistes du sujet mais aussi avec des associations de citoyens et de
consommateurs pour avoir un contrôle des pratiques et une vision plus globale. Finalement le
septième et dernier pilier résume l’objectif premier de la communication environnementale qui
est de contribuer à l’évolution et au bien-être de la société en promouvant des modes de vie à
la fois durables, équitables et responsables.

Donner
l'exemple

Contribuer à Revenir à la
l'implaction citoyenne vérité produit

Nouer de nouveaux
partenariats Savoir poser les
limites

Eco-innover dans les


Ré-humaniser
messages et les supports
les cibles

Figure 2 : Les 7 piliers de la communication responsable

Ces sept piliers schématisés ci-dessus forment donc le cercle vertueux de la communication
responsable et formalise par conséquent ce vers quoi elle doit tendre pour remplir pleinement
ses objectifs. Malgré qu’il soit complexe de réunir tous ces critères, la communication
environnementale doit en effet suivre ses principes de base au maximum pour pouvoir avoir un
impact positif.

18
Après avoir étudié et définit les différentes formes de communication environnementale, il
convient maintenant d’étudier ses dérives caractérisées par les multiples formes de
greenwashing.

II) Le greenwashing : une perversion de l’argument écologique

a) Définition et contextualisation de l’éco-blanchiment ou verdissement d’image

Nous allons pour débuter notre analyse commencer par étudier une des principales formes de
dérive qu’on retrouve dans la communication environnementale, à savoir le greenwashing.
Selon l’Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie (ADEME), le blanchiment
écologique ou verdissement d’image est un terme qui désigne un message de communication
qui utilise à mauvais escient l’argument environnemental et qui le détourne même pour en
profiter17. D’ailleurs, le greenwashing est bien, d’un point de vu étymologique, la combinaison
de deux mots : green et brainwashing (Larousse, 2018). Il s’est énormément répandu au fil des
années, au fur et à mesure que la sensibilité écologique s’est développée chez les
consommateurs, notamment suite au changement climatique et à la multiplication des
catastrophes naturelles. Les entreprises ont alors eu tendance à profiter d’un nouveau marché
et tenter de convaincre une nouvelle cible, très jeune et engagée.

Le greenwashing est majoritairement défini de la façon suivante du point de vu académique:


« Greenwashing is the dissemination of false or incomplete information by an organization to
present an environmentally responsible public image. » (Furlow, 2009). L’image perçue du
consommateur est donc au cœur du phénomène de greenwashing puisque les entreprises
désirent grâce à son utilisation dans leurs campagnes publicitaires, révéler aux consommateurs
le fait qu’elles sont soi-disant socialement responsables tout en omettant les aspects négatifs de
leurs activités, et ainsi créer une image de marque positive auprès de ses derniers qui sont de
plus en plus sensibles aux enjeux environnementaux (Lyon et Maxwell, 2011).

Si nous reprenons cette définition, le greenwashing n’englobe donc pas seulement les
campagnes qui transmettent un message faux et trompent ainsi les consommateurs mais
également, celles qui, expressément, ne donnent qu’une partie de la vérité masquant ainsi aux
yeux des clients la totalité du message. Un exemple probant de cette pratique est sans nul doute
l’utilisation par Volkswagen de faux logiciels pour berner les autorités environnementales
allemandes et rendre leurs voitures ainsi prétendument plus propres pour les acheteurs
éventuels. Les entreprises évaluent les coûts et les avantages liés aux risques du greenwashing

17
http://antigreenwashing.ademe.fr/, consulté le 18 avril 2018

19
avant de se lancer dans de telles pratiques. Ceci explique donc parfaitement les importants
stratagèmes mis en place par les multinationales. Comme l’affirme Bertrand Venard, professeur
de Management : « Tant que les techniques du greenwashing de Volskwagen n'étaient pas
explicitement repérées, les dépenses de communication trompeuse de la firme automobile
étaient plus rentables que des efforts réels pour améliorer la qualité écologique des
véhicules »18.

b) Techniques utilisées et exemples de blanchiments écologiques

Il existe par ailleurs plusieurs techniques que nous pouvons recenser dans le greenwashing. La
première consiste à détourner l’attention du consommateur. Ainsi la nature est souvent
surreprésentée autour d’un produit néfaste pour l’environnement afin que les individus se
focalisent sur la beauté de la publicité et en oublie l’aspect polluant du produit vanté. Ce type
de technique est surreprésenté dans les publicités liées aux voitures, que ce soit même
récemment avec les gammes dites écologiques comme les hybrides ou les SUV. La grande
majorité des publicités dépeignent en effet des voitures qui roulent en campagne, au bord de la
mer ou de la montagne, donnant ainsi le sentiment d’une proximité avec la nature. Nous avons
pris pour exemple ici la publicité pour la voiture Alfa Roméo, placée au milieu des montagnes,
qui cherche à effacer le côté polluant de ses voitures qui ont pourtant été épinglées par le
Ministre allemand des transports19 au côté de seize autres marques de voitures. On voit bien
dans cette publicité de 2014 la mise en abyme de l’environnement au travers de la place donnée
aux montagnes.

Publicité Alfa Roméo 2014 Publicité Land Rover Freelander Mageland 2015

18
https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/volkswagen-lecon-de-greenwashing-a-l-allemande-508776.html,
consulté le 30 avril 2018
19
http://www.lepoint.fr/societe/l-affaire-volkswagen-se-propage-630-000-rappels-en-europe-renault-epingle-22-04-2016-
2034229_23.php

20
Dans la seconde publicité pour la Freelander Magelland, la démonstration de greenwashing est
également flagrante puisque nous avons également l’association de la nature et de l’homme
dont l’attention est justement dirigée vers la cascade. L’attention du consommateur est donc
centrée aussi vers la nature et non vers la voiture qui est pourtant le produit marketing de la
campagne. En outre, la voiture est garée au bord de la cascade et est en dehors de toute route,
ce qui est irréaliste et même puni légalement. Land Rover va même plus loin dans sa promesse
puisqu’elle y associe le slogan : « Trouvez le chemin, même s’il n’y en a pas », incitant par
ailleurs les conducteurs à s’affranchir des règles et des lois qui protègent ces zones naturelles.
Il y a donc bien un non-respect total de l’environnement dans cette publicité qui tourne les
consommateurs vers des illusions écologiques qui ne sont pas compatibles avec la réalité du
produit proposé.

Ensuite, nous pouvons observer que le discours utilisé par les marques dans le cadre du
greenwashing est extrêmement flou. Ce dernières se cachent effectivement derrière des termes
vagues et génériques comme « responsable », « vert », ou encore « bon pour l’environnement »
sans véritablement donner de sens aux termes employés. ». Or il convient de noter que
l’efficacité de la communication verbale dépend principalement des considérations sémantiques
(Percy, 1987). Les marques en abusent donc et gardent délibérément les consommateurs dans
le doute à travers l’utilisation de slogans soi-disant écologiques, sans aucune preuve derrière.

C’est le cas par exemple ici avec la publicité pour la bouteille Volvic
qui est décrite comme la « 1ère bouteille d’origine végétale ». Cette
affirmation est volontairement vague, le consommateur ne peut ainsi
savoir quel pourcentage de la bouteille est d’origine végétale ni ce qui
est réellement entendu par ce terme de « végétal ». La marque ne donne
sciemment pas plus d’explication, trompant facilement le
consommateur. Selon les experts, il y aurait en effet dans cette bouteille
pas moins de 70% de matériaux issus de l’acide téréphtalique d’origine
pétrolière et 30 % de monoéthylène glycol dont seulement 6 % d’origine végétale20. Pourtant,
tout laisse penser dans la publicité que la bouteille est écologique : le bouchon est vert ainsi que
le papier qui l’entoure et le décor est associé aux volcans d’Auvergne. Le consommateur est
d’autant plus dupé sur les effets néfastes du plastique qu’il croit ainsi recyclable. L’Autorité de
régulation professionnelle de la publicité a d’ailleurs alerté Volvic sur le greenwashing21. Le

20
http://www.communicationresponsable.fr/buvez-volvic-cest-ecolo/
21
https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-planete/20110614.RUE2809/la-bouteille-vegetale-pas-si-ecolo-
que-volvic-le-pretend.html

21
vocabulaire employé dans les campagnes est donc crucial et souvent utilisé à mauvais escient
quand il s’agit de l’environnement. Ces termes associés à la couleur verte, surreprésentée dans
les publicités environnementales, renvoient alors une image trompeuse au consommateur.

Par ailleurs, on observe ces dernières années un développement massif d’une autre technique
de greenwashing qui est l’utilisation de faux labels dans la publicité. Il est pour cela important
de tout d’abord bien comprendre et analyser les différentes catégories de labels écologiques.
Nous retrouvons comme décrit dans Commande Publique Durable22, trois niveaux de labels.
Les labels de niveau I qui désignent les labels officiels tels que l’Ecolabel Européen créé en
1992 ou encore le label NF Environnement, label officiel créé en 199123. Nous retrouvons dans
le niveau II les labels écologiques reconnus comme le FSC pour le bois issu d’une gestion
durable des forêts ou APUR pour le papier recyclé. Le type III de label regroupe lui les labels
dits «autodésignés », qui sont en fait décrits comme des auto-déclarations environnementales
par l’ADEME. Les marques créent ainsi leurs propres labels écologiques mais il n’y donc que
très peu de contrôle possible d’où un danger de dérive fort dans cette dernière catégorie de
labels. C’est le cas par exemple avec les labels des grandes distributions dont nous voyons ici
en photo trois exemples : Agir de chez Carrefour,
U Bio ou encore Monoprix Vert. Nombre de
consommateurs pensent que ces labels
garantissent à tort un respect des règles environnementales mais aucun contrôle externe n’est
réalisé dans le cas d’un label auto-proclamé.

L’accumulation de labels écologiques est devenue un réel argument de vente et l’abus est
également présent dans les sigles courants comme le point vert (à gauche) qui ne désigne qu’une
participation de l’entreprise au programme français de valorisation
des déchets. C’est une mention légale et ne garantit en aucun cas la
dimension écologique du produit ou la responsabilité sociale de
l’entreprise. La mention « préserve l’environnement » quant à elle est une déclaration
strictement commerciale qui n’est nullement contrôlée. Cette dernière n’engage donc que le
bon vouloir de l’entreprise et est strictement promotionnelle. Pourtant, les labels n’ont cessé de
se développer malgré l’augmentation de leurs règlementations et des contrôles effectués.

22
Commandes Publique Durable : Eléments méthodologiques et juridiques, Guide publié par Rhône-Alpes
Environnement et ADEME, 2007
23
http://www.ecolabels.fr/fr/la-marque-nf-environnement-qu-est-ce-que-c-est

22
Pour finir, une des caractéristiques du greenwashing est aussi d’associer des images positives
pour masquer le négatif du reste des activités de l’entreprise. Prenons le cas de McDonald’s
qui a changé de logo et adopté une couleur verte en 2010
pour montrer sa sensibilité au développement durable. La
chaine de fast-food ayant une identité visuelle très forte (le
M se suffisant d’ailleurs à lui-même), ce changement est
donc une action qui peut sembler véhiculer l’image d’une entreprise propre. Cependant,
McDonald’s reste un grand pollueur avec un packaging omniprésent et un suremballage des
aliments. Les déchets de la chaine de fast food représentent à eux-seuls par ailleurs la grande
majorité des déchets que nous retrouvons dans les rues de centre-ville seule selon l’organisation
Keep Britain Tidy24. L’entreprise est également régulièrement pointée du doigt pour la
mauvaise gestion de ses propres déchets industriels. Ceci a valu d’ailleurs à l’entreprise de la
part du gouvernement chinois l’amende pour pollution la plus élevée jamais donnée à une
entreprise, à savoir 3,9 millions de Yuan25. En effet, en 2015 les autorités chinoises ont
sanctionné l’entreprise après avoir retrouvé un niveau d’impureté largement supérieur aux
normes autorisées dans les eaux rejetées dans les rivières. L’entreprise a pris conscience des
problèmes et cherche désormais à changer son image en profondeur comme lors de son annonce
de bannissement des pailles de ses restaurants dans plusieurs pays d’Europe à la rentrée 201826.
Cependant la route reste encore longue pour que l’entreprise puisse mettre en avant son côté
environnemental sans tomber directement dans le greenwashing.

Nous pouvons également observer cette mise en avant d’un message positif qui masque la
réalité à travers un autre mastodonte, l’entreprise Coca-Cola. La marque a lancé en 2013 Coca-
Cola Life et a également changé la couleur du logo de
marque et de ses bouteilles pour le vert. Ces dernières ne
sont pourtant pas recyclables et les additifs restent très
nocifs pour l’environnement. La publicité présentée ici
joue pourtant énormément la carte de la nature, que ce soit
avec le code couleur vert, le slogan « natural sources » qui ferait presque assimilé le produit à
une eau de source provenant des montagnes. La comparaison est flagrante et poussée très loin,
trompant le consommateur. Coca-Cola est par conséquent également un exemple des dérives

24
https://www.telegraph.co.uk/news/earth/earthnews/4223106/McDonalds-waste-makes-up-largest-
proportion-of-fast-food-litter-on-streets.html
25
https://www.bbc.com/news/world-asia-china-32527750
26
https://www.independent.co.uk/news/business/news/mcdonalds-plastic-straws-ban-uk-ireland-pollution-
environment-eu-rules-a8399841.html

23
publicitaires du greenwashing qui voient les entreprises véritablement « s’acheter » une image
verte. En effet, selon l’Observatoire Français de la Publicité, Coca-Cola a dépensé pas moins
de 102 millions d’euros en achat d’espace publicitaires en 201227, année précédant le lancement
de la campagne et 50 millions de plus l’année d’après. Ces dépenses importantes montrent la
volonté de la marque d’acheter son image « écologique » pour séduire de nouveaux marchés et
il faut noter que ses dépenses en termes de Responsabilité Sociétale des Entreprises restent
relativement faibles en comparaison à sa valeur ajoutée28.

Nous avons donc vu qu’il existe de nombreuses formes de greenwashing ainsi que nombreuses
techniques utilisées dans ce domaine qui peuvent le rendre extrêmement difficile à détecter aux
yeux de tous. En somme, plus la marque ou le produit est destructeur pour l’environnement,
plus le conte de fée écologique est important et plus les consommateurs ont envie d’y croire et
sont donc facilement dupés.

c) Vers de nouvelles formes de greenwashing, le greenwashing 2.0.


D’un autre côté, ces dernières années, de nouvelles formes de greenwashing sont apparues avec
l’avènement des réseaux sociaux et du web 2.0. Le greenwashing a donc envahi la toile et est
devenu encore plus subtil. Selon l’étude « Publicité et Environnement 29» publiée en 2017 par
l’ADEME, on retrouve d’ailleurs trois fois plus de greenwashing sur les réseaux sociaux que
sur les autres formes de médias traditionnels : « Nous avons ainsi constaté des différences, pour
la même marque, entre une publicité “conventionnelle” et des posts Facebook : utilisation de
visuels excessifs, absence de nuance dans le texte, les hashtags ou les liens hypertextes. 30».
L’ADEME avance plusieurs raisons quant à l’augmentation de ces dérives sur le web : la
rapidité de production du contenu web, des processus de vérification plus légers pour les
réseaux sociaux, le manque d’expérience souvent des équipes de community managers et pour
finir la perception des réseaux sociaux comme un territoire encore libre et non conventionnel.

De nouvelles techniques sont en outre apparues comme celle dite du « gazon artificiel » qui
consiste à mettre plein de faux messages positifs sur la toile pour prôner le côté environnemental
de la marque ou d’un produit. Des milliers de témoignages et d’avis (ou même de faux articles
Wikipédia) qui semblent être écrits par des gens ordinaires sont en réalité l’œuvre d’agence de
relations publiques peu scrupuleuses qui œuvrent pour des marques31. Ce phénomène est en

27
http://observatoiredelapublicite.fr/2013/01/31/coca-cola-depenses-publicitaires-en-2012/
28
https://e-rse.net/organisations/coca-cola-rse-developpement-durable/#gs.Oo=INU4
29
https://www.actu-environnement.com/ae/news/bilan-2017-publicite-environnement-ademe-ARPP-reseaux-
sociaux-non-conformite-31422.php4
30
Idem
31
The Greenwashing Guide, Futerra Sustainability Communications, 2009

24
expansion et très difficile à détecter. On parle également de cyber-greenwashing qui lui englobe
toutes les pratiques de greenwashing qui se retrouvent sur la toile.

La présence sur la toile étant devenue indispensable pour les marques, elles doivent élaborer
désormais de véritables stratégies pour faire face à la concurrence publicitaire en ligne. Elles y
trouvent là également un moyen de répondre aux critiques comme l’affirme Loukouman
Amidou en déclarant qu’internet et les réseaux sociaux leur donne plateforme et une réelle
visibilité pour se défendre du greenwashing32. Nous pouvons prendre ainsi l’exemple de Nutella
qui a créé un site pour se défendre de l’utilisation de l’huile de palme après les nombreuses
critiques, dont celles de l’ex-Ministre de l’Environnement Ségolène Royal. La marque y détaille
sur ce site la provenance de chacun de ses ingrédients33 mais force est de constater qu’aucun
contrôle indépendant ne peut être fait et que la marque n’y communique que ce qu’elle souhaite.

Par ailleurs, une autre forme de greenwashing qui s’est développé sur les réseaux très
récemment est l’utilisation massive d’influenceurs, particulièrement de Youtubeurs et
d’Instagrammeurs. En effet, les célébrités sont très sollicitées par les marques et ces premières
sont très friandes de posts liés à la nature et aux modes de vie ‘healthy’, en particulier sur
Instagram. Les marques n’hésitent donc pas à vendre et surjouer leur image écolo sur les
réseaux auprès des influenceurs car elles savent que cette image apporte généralement de
nombreuses retombées. Les post en lien avec le thème de la nature, mettant en scène des
montagnes ou des lacs font plus de likes et les hashtags liés à l’environnement sont très repris.
En témoigne par exemple le hashtag #nature qui figure d’ailleurs parmi le top 10 des plus
utilisés avec pas moins de 344 millions de posts34. Il n’est pas donc étonnant de voir les marques
s’en emparer et en abuser sur les réseaux sociaux, rendant le greenwashing encore plus subtil
puisque fondu dans la masse et dans l’utilisation quotidienne des réseaux chez les
consommateurs qui s’en aperçoivent alors moins.

On peut prendre aussi l’exemple, pour montrer ces nouvelles techniques de greenwashing sur
internet, des marques qui envoient aux YouTubeurs de nombreux cadeaux, particulièrement
dans le domaine de la beauté. Ces dernières ventent leurs derniers produits cosmétiques 100%
naturels mais n’hésitent pas à envoyer à des centaines de YouTubeurs des échantillons dans des
emballages surdimensionnés et très recherchés afin de séduire les followers de ces derniers et
de véhiculer l’image d’une marque attrayante. Ce suremballage est bien sûr tout sauf écologique
et les échantillons ne sont bien souvent pas utilisés, juste déballés devant la caméra ce qui est

32
Loukouman AMIDOU, Marketing des réseaux sociaux, édition Microapplications, 2014.
33
https://parlons-qualite.nutella.com/fr
34
https://www.instagram.com/explore/tags/nature/?hl=en

25
en totale contradiction avec l’image de marque responsable prônée par la marque. Sanaa,
influenceuse, l’expliquait en affirmant qu’elle recevait régulièrement de la part des marques des
produits qui ne lui correspondaient pas du tout prouvant que les marques ne prenaient pas le
temps de cibler leurs célébrités ou alors qu’elles envoyaient carrément toutes la gamme de
produits. Ceci conduit bien sûr à du gaspillage puisque tous les produits ne peuvent pas être
utilisées.

Guillaume Ferrante décrit bien dans son article publié dans The Conversation et intitulé « Les
YouTubeuses beauté et leur impact sur les consommatrices »35 qu’il existe une réelle
contradiction entre l’image prônée et la surconsommation dont les influenceuses sont
l’exemple-type. On peut finalement également analyser un renouveau dans les voyages de
presse qui sont utilisés désormais beaucoup par les marques pour inciter les influenceurs à
poster sur les réseaux. Sous des airs de voyages respectueux de l’environnement et derrière la
carte postale ainsi que les posts 100% nature, ces derniers sont souvent logés dans des hôtels
de luxes avec piscine alors qu’ils sont en zone de sécheresse, pour ne donner qu’une illustration.
On peut parler du récent voyage organisé en Tanzanie par le pourtant écologique moteur de
recherche Ecosia qui a emmené dix influenceurs cette année en balade en 4x4 et proposé des
logements dans des hôtels connus pour leur gaspillage. Il y a là un réel décalage entre l’image
prônée et la réalité.

Nous avons donc vu que de nouvelles formes de greenwashing sont apparues sur internet et ce
dernier semble donc bel et bien avoir de beaux jours devant lui particulièrement avec
l’explosion des réseaux sociaux. Nous allons maintenant voir quel pourrait être le futur de la
communication responsable et quelles sont les nouvelles formes qui apparaissent en matière de
publicité environnementale.

III) Entre greenbashing et goodvertising : quel futur pour la communication


verte ?
Nous nous interrogerons dans cette troisième partie sur les nouveaux dangers qui planent sur le
domaine de la communication responsable, à savoir les différentes formes de greenbashing et
l’éco-lassitude. Ensuite, nous étudierons en quoi la règlementation environnementale en place
permet d’éviter certaines dérives dans le secteur de la communication mais avant tout dans
quelle mesure sa complexité peut la rendre inefficace. Nous analyserons ensuite les facteurs qui
empêchent la régulation mise en place d’atteindre complétement ses objectifs et quels moyens
peuvent être mis en action pour aller plus loin dans l’établissement d’une communication 100%

35
https://theconversation.com/les-youtubeuses-beaute-et-leur-impact-sur-les-consommatrices-66332

26
responsable. Pour finir, il conviendra de voir dans quelle mesure le goodvertising, qui se veut
en avance sur la société, peut-il s’inscrire dans la durée et toucher ainsi l’ensemble des
consommateurs et non des groupes d’individus déjà sensibles à la cause.

a) Le greenbashing et l’éco-lassitude : nouveaux dangers

Utilisés à tout-va ces dernières années, nombreux sont les communicants et les entreprises à
réaliser qu’une communication verte très consensuelle finit par lasser, cette dernière étant déjà
vue et revue par les consommateurs (Bormane 2012). Alors, face à la nécessité de
différenciation et à la concurrence, ils se tournent désormais vers de nouvelles formes de
marketing pour innover et ainsi dépasser les formes de communication responsable
traditionnelles.

C’est ainsi que le greenbashing, mélange d’humour et de dérision des pratiques écologiques
extrêmes, est apparu (Fabes, 2011). Comme l’explique Olivier Fabes dans son article « Après
le greenwahsing, le greenbashing36 », « les entreprises semblent prendre conscience qu’une
communication verte trop idyllique, en décalage avec la réalité de l’entreprise, en plus de lasser
le consommateur, peut nuire à l’image. Alors plutôt que d’inventer des arguments verts
différenciateurs qu’ils n’ont pas, ils se tournent vers le greenbashing37 ».

C’est ce qui le rend d’ailleurs encore plus dangereux puisque plus sournois selon Shari Shapiro
qui le qualifie même d’« evil twin »38 du greenwashing dans son article. En effet le grenbashing
permet dans un tour de force à la fois de s’attirer la sympathie de tous les individus qui se
sentent trop culpabilisés par les publicités aux discours parfois trop didactiques et de faire passer
le message que les efforts déjà faits sont bien suffisants pour la planète comme l’explique
parfaitement l’Observatoire Indépendant de la Publicité39 .

36
FABES Olivier, « Après le greenwashing, le greebashing », article publié dans Le Vif / L’Express, le 7 janvier
2011
37
FABES Olivier, « Après le greenwashing, le greebashing », article publié dans Le Vif / L’Express, le 7 janvier
2011
38
SHAPIRO Shari, “Greenbashing - Greenwashing's More Evil Twin”, article publié sur Greenbiz le 5 août 2009
https://www.greenbiz.com/blog/2009/08/05/greenbashing-greenwashings-more-evil-twin
39
http://observatoiredelapublicite.fr/

27
Pour illustrer ce phénomène, nous pouvons prendre en exemple la publicité de Honda pour la
CR-Z Hybride et son slogan « Devenez égo-responsable » qui fait référence au terme d’éco-
responsabilité souvent utilisé dans les publicités. Elle
invite par ailleurs le consommateur à se tourner vers
le plaisir et ainsi à penser d’abord à soi et non plus au
futur et à la planète. Le texte descriptif va encore plus
loin en déclarant : « Pourquoi vivre la responsabilité
écologique comme une souffrance » associant ainsi
l’écologie à la privation et même à un fardeau. Le
message de la publicité est donc ainsi de dire au
consommateur de se faire plaisir puisque la voiture
est déjà suffisamment respectueuse de
l’environnement (est par-là vanté une légère
amélioration dans les émissions par rapports aux
versions précédentes). C’est d’ailleurs sur quoi le message se termine : la combinaison du
plaisir et la déculpabilisation face à l’empreinte écologique. C’est un tour de passe-passe habile
qui permet aux consommateurs se sentant étouffés et contraints par les normes écologiques de
penser qu’ils agissent de façon positive et qui leur permettent d’arrêter de se sentir coupables.
Il faut également noter l’ajout de la fleur verte en bas à gauche qui se veut également un rappel
aux labels écologiques mais qui bien évidemment n’en est pas un. Il n’y a d’ailleurs pas une
seule explication quant à sa signification ni à sa présence, la marque ne se donnant même pas
la peine de la justifier, prouvant la dérision dont elle fait preuve.

Un autre exemple frappant de greenbashing est la campagne numérique réalisée par l’agence
Peau de banane pour les pneus Goodyear. En arrivant ainsi sur le site « Le Bon Choix », le
consommateur se voit confronté à
plusieurs choix tournant les pratiques
écologiques en ridicule. Par exemple, est
demandé au consommateur si pour
consommer moins d’essence il doit faire
du vélo, du roller, de l’espadrille ou
utiliser les pneus de la marque. En cas de
mauvaise réponse, l’internaute doit écouter le discours d’un expert affublé d’une chemise
blanche. Cet éco-sarcasme affiché est bien assumé et vise à vanter les mérites des pneus
Goodyear soit-disant encore plus bénéfiques qu’une bonne pratique environnementale. Le

28
storytelling a également pour but de tourner en ridicule l’argument écologique en basculant
dans le loufoque, par exemple l’internaute peut apprendre que un des protagonistes a perdu son
poisson depuis qu’il chauffe à la bougie et que le vélo est nocif pour la planète mais que grâce
au pneu Goodyear on peut véritablement faire du bien à l’environnement. Ce style très
provocant peut néanmoins avoir un retour très tranchant de la part des internautes qui peuvent
vite tourner en dérision le site. Comme l’affirme, Alexandre Parsche, directeur de l’agence
Eco&Co, « Cette campagne peut être extrêmement nuisible pour l’image de la marque 40».
Reste qu’elle arrive à créer le buzz et à attirer une partie des consommateurs en quête de légèreté
et d’humour.

Pour finir, nous pouvons également voir les autres techniques utilisées par le greenbashing à
travers l’exemple de la campagne vidéo de Volkswagen Blue Motion41 de 2009 qui fait un
parallèle avec une communauté écologiste extrême. Cette communauté baptisé Atmos, où les
individus se targuent de ne pas émettre un seul gramme de CO2, est tournée en ridicule vivant
sans feu et renonçant à tout sous prétexte que c’est néfaste pour l’environnement. La fin du spot
publicitaire achève de les tourner en ridicule quand l’intervieweur leur demander « Mais quand
vous me parlez, vous rejetez bien du CO2 ? 42». Cette technique de pousser à bout et jusqu’à
l’absurde l’argument écologique est très caractéristique du greenbashing. En outre le slogan
final « On ne peut pas vivre sans rejeter du CO2, tâchons déjà d’en rejeter un peu moins »
résume à lui seul parfaitement les pratiques du greenbashing, à savoir de montrer que le produit
vanté est suffisant et que de toute façon l’impact zéro n’est pas atteignable. L’objectif étant
comme dit précédemment de déculpabiliser le consommateur, on peut alors sans concession
affirmer que le slogan de cette campagne de Volkswagen est efficace.

Les entreprises automobiles ne manquent donc pas d’ingéniosité et ont décidément toujours une
longueur d’avance sur les autres dans le domaine de la pseudo-communication verte.
Cependant, elles doivent faire attention également à ces pratiques qui peuvent s’avérer très
néfaste pour leur image. Ainsi dans l’article intitulé « Après le greenbashing, place au
greenwashing » publié sur Eco-Jonction, est bien illustré le danger de ces campagnes qui sont
régulièrement victimes de commentaires assassins sur YouTube et Twitter en particulier :
« C’est une démarche à double tranchant, on pourrait même se demander à quel point ces
publicités n’ont pas encore renforcé le scepticisme des consommateurs et obtenu ainsi un
résultat complètement contreproductif 43» Le contre-greenwashing existe bien comme le

40
https://www.terraeco.net/Pub-apres-le-greenwashing-le,12720.html
41
http://www.culturepub.fr/videos/volkswagen-passat-bluemotion-atmos/
42
Idem
43
http://www.eco-jonction.com/apres-le-greenwashing-place-au-greenbashing/

29
prouve l’exemple du spot de Greenpeace qui parodie la publicité de Volkswagen cité en
exemple ci-dessus à l’aide de l’image de Star Wars afin de « détourner l’entreprise du côté
obscur de la force44 ». Cela prouve que les entreprises en détournant l’argument écologique
peuvent se faire ainsi prendre à leur propre piège et risque alors un retour de bâton qui peut être
fatal à leur image de marque.

En outre, il faut noter que l’éco-lassitude est bel et bien présente parmi les consommateurs et
qu’utiliser l’argument écologique et la sémantique qui y est associée devient de plus en plus
difficile. C’est ainsi que Thierry Libaert fait le constat dans « Communication et
Environnement : le pacte impossible 45» que l’expression « développement durable » est même
amenée à disparaitre parmi les communicants, étant désormais devenue une expression
« attrape-tout » et synonyme du greenwashing. En outre, même la différenciation voulue par le
greenbashing ne peut donc plus fonctionner face à la lassitude du consommateur.

Face à cette lassitude et à ces nouveaux dangers, il convient de se demander si le goodvertising


ne serait pas la solution, mettant le consommateur au cœur du marketing et lui conférant tout le
pouvoir et la responsabilité.

b) Une communication environnementale qui bien que sujette à des contrôles de plus en
plus soutenus reste encore à établir

Face à la pression notamment des ONG ces derrières années telles que Greenpeace, WWF et
d’organisations comme les Amis de la Terre, ONU Environnement ou encore le Parlement
Européen, des régulations se sont développées récemment pour éviter ces dérives. Ces dernières
sont portées par des institutions comme notamment de l’Autorité de Régulation Professionnelle
de la Publicité (ARPP) fondée en 1935. Cette dernière a établi les 9 règles déontologiques de la
publicité pour la communication durable (voir Annexe III). Ces règles ont d’ailleurs
directement inspiré le nouveau code la Chambre de Commerce Internationale qui intègre un
chapitre entier sur le thème intitulé « allégations environnementales dans la communication
commerciale ». Nous pouvons prendre par exemple l’article E1 qui stipule que : « La
communication commerciale ne doit contenir aucune affirmation ou aucun traitement visuel de
nature à induire en erreur les consommateurs de quelque manière que ce soit quant aux aspects
ou aux avantages environnementaux de produits.46 ».

44
https://www.youtube.com/watch?v=RFKnMCRwNOI
45
LIBAERT Thierry, « Communication et environnement. Le Pacte Impossible », Presse Universitaire de France,
2010, page 102.
46
« Code ICC consolidé sur les bonnes pratiques de publicité et de communication commerciale », publié en
août 2011 par la Chambre de Commerce Internationale

30
Ces différentes articles du code ICC régulent les 7 thématiques suivantes présent et
s’appliquent à «toute communication commerciale contenant des allégations
environnementales, « à savoir toute allégation dans laquelle il est fait référence, de façon
explicite ou implicite, à des aspects environnementaux ou écologiques relatifs à la production,
à l’emballage, à la distribution, à l’utilisation/consommation ou à l’élimination des
produits47 » :

Récapitulatif des domaines couverts par le Code ICC 2011 :

Article E1: Article E2: Article E3:


Présentation honnête et Recherche scientifique Supériorité et allégation
véridique comparatives

Article E4: Article E5: Article E6: Article E7:


Cycle de vie d'un produit, Signes et symboles Responsabilité
Gestion des déchets
composants et éléments

Ces articles viennent aussi s’appuyer sur les normes ISO (International Standards Organisation)
qui sont des normes internationales de standardisation reconnues au niveau mondial. En effet,
la famille des normes 1400 liées au management environnemental48 est également
particulièrement importante dans le contrôle de la communication responsable. La norme ISO
1402149, référant aux auto-déclarations environnementales de Type II50, pose ainsi les
exigences de base liées à toute utilisation de l’argument écologique qui est de la responsabilité
de l’entreprise. La norme donne ainsi une définition claire des déclarations usuelles liées au
développement durable ainsi que les critères de base à réunir pour pouvoir les utiliser. Ces
expressions sont aux nombres de douze et comprennent les affirmation suivantes :
« l’utilisation réduite des ressources », « le contenu recyclé », « l’énergie récupérée », « la
réduction des déchets », « recyclable », « consommation réduite d’eau », « dégradable », « la
consommation réduite d’énergie », « compostable », « l’allongement de la durée de vie d’un

https://cdn.iccwbo.org/content/uploads/sites/3/2011/08/ICC-Consolidated-Code-of-Advertising-and-
Marketing-2011-French.pdf
47
Idem, Chapitre Introductif de
48
https://www.iso.org/iso-14001-environmental-management.html
49
https://www.iso.org/standard/66652.html
50
https://www.ademe.fr/expertises/consommer-autrement/passer-a-laction/reconnaitre-produit-plus-
respectueux-lenvironnement/dossier/declarations-environnementales/declarations-environnementales-
encadrees-norme

31
produit », » conçu pour être désassemblé », « l’allongement de la durée de vie d’un produit »
et enfin « réutilisable ou rechargeable ». L’objectif final étant de s’assurer de la sincérité et de
la véracité des propos tenus par les professionnels de la communication.

Cependant, force est de constater que malgré cette régulation, de nombreux progrès restent à
faire puisque les transgressions restent courantes. C’est ainsi que l’ADEME pointe chaque
année dans son rapport annuel publié en partenariat avec l’ARPP les publicités ne respectant
pas les règlementations actuelles. Il faut noter dans le récent bilan de 2017 51, bien que le taux
de conformité reste très élevé (94%), de plus en plus de dérives apparaissent sur les réseaux
sociaux et ne peuvent être encore contrôlées, ceci étant principalement dû au manque de moyen.
Il est d’ailleurs très étonnant pour de nombreux professionnels de voir un taux de conformité
chaque année dépasser la part de 90% comme l’affirme Solange Montillaud-Joyel du
Programme Environnement des Nations Unis : « Je suis même assez choquée par le rapport de
l’ADEME et l’ARPP qui considère qu’il existe seulement un pourcentage extrêmement bas de
manquements en la matière. Actuellement, c’est encore trop facile pour les entreprises
d’utiliser l’argument écologique ou le greenwashing. Concrètement, la communication
responsable est un domaine où il y a peu de législation et peu de contraintes 52».

En effet, si nous ne prenons en compte rien que le secteur automobile comme nous avons vu
précédemment, nous pouvons constater que le greenwashing est omniprésent. Les régulations
semblent donc relativement peu efficaces et les dérives sont nombreuses. Il faut un réel
changement dans les pratiques et une remise en cause des paradigmes pour que la situation
évolue dans le secteur de la communication.

c) Le goodvertising, effet de mode ou communication durable ?

En réponse aux grands enjeux environnementaux et à la nécessité de réinventer le domaine de


la communication, ce que nous pouvons qualifier comme le « goodvertising » s’est développé
ces toutes dernières années même s’il reste encore extrêmement minoritaire. En effet, seulement
un minuscule 1% des marques et des organisations l’utilise en marketing53. Thomas Kolster
fondateur de la première agence en la matière, The Goodvertising Agency, le définit ainsi :
«When advertising becomes a force for good, I dub this ‘goodvertising 54». Il décrit également
parfaitement les avantages que les entreprises ont à se lancer dans ce mode de communication:

51
ADEME, ARPP, « Bilan 2017 : Publicité et Environnement »
52
Interview avec Vedacom, 2010 https://vedacom.fr/solange-montillaud-joyel-pnue/
53
KOLSTER Thomas, “Goodvertising- holds key to moving minds in a sustainable direction”, article publié dans
The Guardian, 21 Décembre 2012
54
KOLSTER Thomas, “Goodvertising : creative advertising that cares”, Thames & Hudson, 2012, 256 pages

32
“In telling these goodvertising stories, brands are pushing their advertising footprint in a more
sustainable direction and it also offers a different story that can distinguish your brand, attract
new customers, challenge competition, grow business, encourage innovation and drag your
brand out of the past and secure its lead in the future. Think about your advertising footprint;
as a brand you can either choose to continue as normal or you can use your voice as a force
for good55”.

Le goodvertising, en mettant en avant un profond changement dans les comportements et les


modes de vie, est ainsi un changement de paradigme. Effectivement, comme l’affirme Pavol
Minar dans l’article “Goodvertising as a paradigmatic change in contemporary advertising
and corporate strategy”publié dans le journal Communication Today de 2016, le goodvertising
est avant tout défini comme un “paradigmatic change which has the potential to bring about
a fundamental re-definition of life, both in economic terms and in terms of culture and
civilization 56”. On peut alors affirmer, comme l’auteur l’explique dans ses conclusions,
qu’on assiste avec le Goodvertising à un changement du modèle traditionnel de la publicité
vers un modèle nouveau donnant le pouvoir au consommateur et en transmettant des
messages qui ajoutent de la valeur à la société.

Mais nul besoin d’être une entreprise « verte » pour faire dans le goodvertising, c’est à la portée
de n’importe quelle marque comme le montre la campagne sur les fruits moches réalisée par
Intermarché en 2015 et présentée ci-dessous :

En présentant les fruits et légumes abimés, que les consommateurs n’achètent souvent pas, et
les offrants avec une réduction de 30%, Intermarché cherche à les rendre de nouveau attractifs.

55
Idem
56
MINAR Pavol, “Goodvertising as a paradigmatic change in contemporary advertising and corporate strategy”,
article publié dans le journal Communication Today, Volume 7, N°2, 2016

33
Cette publicité interpelle directement le consommateur en mettant en scène chaque fruit et
légume et en les personnifiant. La chaine de grande distribution arrive à travers cette campagne
à remplir à la fois l’objectif d’inciter les individus à consommer 5 fruits et légumes par jour et
à lutter contre le gaspillage alimentaire en limitant la quantité de produits propres à la
consommation jetés par ses enseignes. Cette campagne fut également un énorme succès
commercial comme le montre les 30 millions de posts sur les réseaux sociaux et l’augmentation
de 24% des ventes57 dans le mois qui a suivi sa sortie58.

Le changement de comportement est donc bel et bien au cœur du goodvertising comme le


montre également la campagne Every Drop Counts de Colgate présentée durant le SuperBowl
en 2016 pour lutter contre le gaspillage de l’eau. Le message n’est ici pas centré du tout sur le
produit de la marque, le dentifrice, qui est d’ailleurs complétement effacé de la publicité au
profit du message sociétal59. C’est donc un message inhabituel qui touche à l’usage que les
consommateurs font du produit et donc qui amène à une réflexion sur son impact à tous les
niveaux. Cependant, le goodvertising est encore pleine évolution et cherche encore sa
définition comme le souligne la conclusion de la première conférence sur le sujet à l’université
d’Instanbul en Mai 2017.

Le goodvertising propose bien une alternative au post-marketing et une réponse face aux
critiques qui affirment que la communication ne peut être responsable puisque poussant par
nature à la consommation : “ goodvetising suggests a viable alternative to the debates in the
philosophy of advertising and constitutes a distinctive position in between advertising’s critique
and its defenses60”. C’est donc une troisième voie vers laquelle le marketing et le discours de
marque se dirigent à travers des arguments philosophiques et éthiques forts que les
communicants doivent désormais prendre en compte tout au long du processus créatif de
conception de leurs campagnes.

57
https://www.huffingtonpost.ca/2014/07/18/inglorious-fruits-and-veg_n_5598994.html
58
“Inglorious Fruits And Vegetables Campaign Is A Work Of Delicious Genius”, article de The Huffington Post
publié le 18 juillet 2014
59
FURLONG Hannah, “Colgate Hoping to Rally Super Bowl Viewers to Save Water with Debut Ad”, article publié
en 2015 sur Sustainble Brands
https://www.sustainablebrands.com/news_and_views/behavior_change/hannah_furlong/colgate_hoping_rall
y_super_bowl_viewers_save_water_deb
60
“Goodvertising: A New Perspective In The Philosophy Of Advertising”, Conference Paper, 1st International
Conference on New Trends in Communication, Istanbul Commerce University, May 2017

34
CHAPTIRE II

Enquête : Le cas Patagonia - entre greenwashing et goodvertising

Cette deuxième partie a pour but de présenter l’enquête réalisée concernant la campagne de
l’entreprise Patagonia intitulée « Don’t buy this jacket » et ainsi d’appliquer les modèles
théoriques vu dans le premier chapitre à ce cas spécifique pour en dévoiler les paradoxes. Cette
campagne a été choisie car elle représente parfaitement la frontière extrêmement floue entre le
goodvertising, la communication responsable et le greenwashing. Il convient donc pour cela
d’analyser le comportement des consommateurs ainsi que leurs ressentis face à cette publicité,
d’autant plus que la perception du greenwashing est un sujet qui est encore trop peu étudié.
Ainsi, après avoir présenté la marque et la campagne brièvement, nous expliciterons le type
d’enquête effectué ainsi que son déroulement et son contexte. Une analyse des données sera par
la suite faite et une étude des limites de l’enquête menée. Finalement, nous verrons quelles
conclusions et quelles recommandations nous pouvons en tirer et comment elles peuvent
s’appliquer à la définition de la communication responsable vue précédemment dont nous
pourrons ainsi évaluer la véracité.

I) Contextualisation et présentation de l’enquête


a) Contexte : Patagonia : une communication éco-responsable paradoxale

Patagonia est une entreprise californienne de vêtements de sports extérieurs éco-conçus fondée
en 1972. L’entreprise est célèbre pour être une pionnière dans l’économie circulaire et est
également une des entreprises leaders dans les domaines de la transparence, de l’éthique et de
l’écologie. Son fondateur Yvon Chouinard rejette d’ailleurs le modèle consumériste et
l’entreprise reverse ses fonds à des organisations environnementales et propose un réel modèle
d’économie circulaire61. En somme, elle se veut comme une entreprise éthique modèle et sa
campagne « Don’t buy this jacket » est d’ailleurs la toute première publicité de la marque après
39 années d’existence. A travers cette affiche ayant pour unique slogan « Don’t buy this

61
CONFINO Jo, « Patagonia veut jeter les bases d’un capitalisme responsable », article publié dans le Courrier
International le 15 février 2013

35
jacket », et qui fut en double page
dans le New York Times en 2011,
Patagonia souhaite ainsi interroger
ses consommateurs sur
l’hyperconsommation. La publicité
est accompagnée du principe des 4 R
(Reduce, Repair, Reuse, Recycle) du
développement durable et du zéro
déchet qui a vocation pédagogique et que Patagonia développe en se l’appropriant avec un
« Reimagine ».

Cependant, le message peut sembler plus que paradoxal : une publicité qui dit de ne pas
acheter… Du jamais vu encore dans le domaine. Cela semble être du greenwashing pur (la
campagne étant lancée la première journée du Black Friday) et pourtant le fait d’y accoler les
principes des 4R ainsi que l’irréprochabilité de l’entreprise en matière environnementale font
que, et à la grande surprise, que cette campagne fut qualifiée de « goodvertising » par un bon
nombre de professionnels. Quoiqu’il en soit, les ventes de Patagonia ont explosées (500
millions d’Euros de chiffres d’affaires l’année où la publicité est sortie) et son image n’a jamais
été écornée : le contrat semble donc plus que rempli pour Patagonia.

Mais alors, comment qualifier cette campagne qui ne rentre dans aucune case de la
communication environnementale et en déjoue tous les codes ? Comment les consommateurs
l’ont-ils réellement perçue et a-t-elle réussie ou non à faire changer les comportements ? Ce
sont les objets de notre enquête dont la méthodologie va être exposée dans cette deuxième sous-
partie.

b) Méthodologie et ciblage

L’enquête menée est constituée d’un questionnaire qui a été diffusé sur internet pendant quatre
semaines. Le questionnaire fut établi en deux versions, une première en français et une seconde
en anglais, afin qu’une cible plus familière de la marque, cette dernière étant américaine, soit
atteinte plus facilement. Une phase de pré-test de cinq jours a été effectuée par ailleurs auprès
de 8 personnes pour relever les incohérences et les manques que le questionnaire pouvoir avoir.
D’autre part, j’ai souhaité en diffusant le sondage à des réseaux de personnes vivants aux Etats-
Unis voir si les résultats pouvaient différer ou non (le résultat sera discuté dans une autre partie).
Au total 167 personnes ont répondu en ligne au questionnaire et ce de manière totalement
anonyme.

36
La première partie du questionnaire, qui se veut générale, consistait à pouvoir déterminer le
sexe, l’origine géographique, l’âge ainsi que la situation sociale des répondants. Ainsi, nous
pouvons observer qu’une grande majorité de femmes ont répondu au questionnaire : 121
femmes contre 46 hommes62. Cette disparité peut d’ailleurs être vue comme un biais comme
nous l’expliquerons plus tard.

Les répondants viennent de 7 pays différents : Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Australie,


Canada, Italie et Allemagne. Avec 76 individus, les américains représentent 45,5 % 63 de la
totalité des répondants, ce qui prouve que notre cible a bien été atteinte. La présence de la
France en deuxième position et des autres pays sera intéressante pour analyser la différence de
perception de la marque et de la communication responsable en fonction des cultures. Par
ailleurs, nous pouvons observer que 89 %64 des sondés ont 35 ans ou moins. Ce ciblage jeune
est également recherché car la campagne étudiée a été majoritairement publiée sur le net après
sa parution dans le New-York Times. Pour finir, concernant l’occupation de sondés, nous avons
une grand majorité d’étudiants (61%)65 et de cadres et professions intellectuelles supérieures
(23%66). Cette catégorie de la population que nous étudions, jeune diplômée, donc est par nature
très présente sur les réseaux sociaux.

La deuxième partie de l’enquête vise à analyser les habitudes des individus en ce qui concerne
le shopping, l’environnement et le sport. Ce sont naturellement trois critères essentiels pour
déterminer leur sensibilité pré-disposée des individus à cette campagne de Patagonia en
particulier. Nous pouvons constater que le budget shopping moyen est relativement faible
puisque 89%67 des sondés ont un budget de moins de 100 Euros par mois ce qui est peut être
expliqué comme vu précédemment par le fait qu’ils sont pour la grande majorité étudiants. Par
ailleurs, la tendance générale est que la majorité des répondants se sentent concernés par
l’environnement mais ils sont peu à vérifier la provenance de leurs vêtements ou les données
scientifiques dans les publicités (77 %68 déclarent ainsi ne jamais vérifier ces dernières). Ils sont
finalement globalement adepte du sport, 8% pratiquant une activité sportive quotidienne et
57%69 une activité quotidienne.

62
Voir Annexe V - Répartition genre
63
Voir Annexe VII - Répartition origine géographique
64
Voir Annexe VI - Répartition âge
65
Voir Annexe VIII - Répartition professions et catégories socioprofessionnelles
66
Idem - Annexe VIII
67
Voir Annexe IX - Budget shopping moyen
68
Voir Annexe XV - Vérification des données scientifiques dans la publicité
69
Voir Annexe XVI - Fréquence pratique du sport

37
La troisième partie du questionnaire est liée à la connaissance de Patagonia. C’est une étape
filtre pour savoir si le fait de connaitre préalablement la marque change la perception de la
campagne. Le taux de connaissance de la marque est relativement faible puisque plus de 71%
n’avait pas de connaissance de la marque ou qu’une connaissance très limitée70. Cependant,
nous pouvons observer que 23 %71 des sondés sont des clients réguliers. Il existe donc un vrai
écart et il y a peu de clients occasionnels ce qui montre que la marque a une forte adhésion
d’une partie plutôt limitée de la population.

La quatrième partie consiste à évaluer au travers de six critères prédéterminés la perception de


campagne. Ces derniers sont le visuel, la crédibilité, l’originalité, l’éthique de la marque, la
mise en valeur du produit et enfin le message de la publicité. Pour pousser plus loin cette étude
de la perception chez de potentiels consommateurs, j’ai également décidé de faire évaluer la
publicité au travers de 9 adjectifs en utilisant l’échelle de Likert. Les adjectifs relatifs à la
campagne sont : audacieuse, informative, ironique, suspecte, intrigante, ennuyante, créative,
honnête, intelligente. Ces critères permettent, de façon sous-jacente et indirecte, de faire une
première étude de la perception du degré de greenwashing / communication responsable présent
dans la publicité. Il m’a paru nécessaire de placer ces questions avant ce étude de la perception
du greenwashing d’ailleurs pour ne pas influencer la perception globale de la publicité, qui doit
être la plus spontanée possible, sans donner d’orientation.

Finalement, il m’a également paru indispensable de faire une comparaison avec deux autres
marques qui sont deux concurrents directs étant dans le même domaine. Cette comparaison se
est basée sur ces mêmes 6 critères et 9 adjectifs explicités avant afin d’avoir une réelle unité et
une possibilité de comparaison. L’objectif est de savoir où la campagne de Patagonia se situe
par rapport à la marque A (Adidas), qui est également une campagne d’équipement sportif qui
peut être considérée selon les définitions vues en chapitre I comme un cas de communication
responsable, et une campagne de la marque B, en l’occurrence H&M, un cas de greenwashing
avéré.

La cinquième partie a pour objectif d’évaluer de façon plus approfondie la connaissance de


l’éthique de la marque et non seulement la connaissance de la marque dans sa globalité comme
fait précédemment. L’intérêt pour deux des mesures phares de la marque, à savoir la réparation
gratuite des vêtements achetés et la conception d’une plateforme d’échange d’articles de sport,

70
Voir Annexe XVIII - Connaissance de la marque Patagonia
71
Idem Annexe XVIII

38
ont donc été par la suite évaluées afin de connaitre l’intérêt réel pour ces pratiques
écoresponsables.

La sixième et dernière partie du questionnaire est une requalification de la publicité par les
sondés, après avoir pris connaissance du contexte éthique de la marque en partie cinq. L’objectif
étant de savoir dans quelle mesure les informations dont ils ont pu prendre connaissance juste
avant dans le questionnaire changent leur perception de la publicité ou non.

c) Hypothèses formulées

Les données collectées dans ces six parties du questionnaire ont pour vocation finale de vérifier
la véracité des hypothèses émises qui sont les suivantes :

Hypothèse 1 : Un consommateur sensible aux questions environnementales serait plus à même


de détecter le greenwashing

 H1 -a) Le taux de reconnaissance du greenwashing devrait être plus élevé chez ceux qui
se disent concernés par les questions environnementales
 H1 -b) Le taux de reconnaissance du greenwashing devrait être plus élevé chez ceux qui
ont déjà des habitudes de vérification des données et des messages présents dans les
campagnes.

Hypothèse 2 : Une publicité ne peut être qualifiée d’éco-responsable que si elle parvient à
aboutir à un réel changement de comportement (ne serait-ce que de façon partielle).

 H2- a) Le taux de susceptibilité d’achat, après visualisation de la campagne, devrait être


extrêmement faible si l’objectif de la campagne veut être atteint
 H2- b) Le taux de réflexion sur les habitudes de consommation devrait être élevé et
l’intérêt pour des modèles alternatifs de consommation élevé

Hypothèse 3 : L’éthique de l’entreprise semble être aussi importante pour pouvoir évaluer le
greenwashing d’une publicité que le message de la campagne en elle-même

 H3- a) Plus une personne connait déjà les pratiques de l’entreprise, plus elle est à même
de détecter immédiatement si la campagne relève du greenwashing ou d’une
communication responsable
 H3-b) Après avoir pris connaissance des informations données sur l’entreprise, le taux
de qualification en communication responsable de la campagne présentée devrait
augmenter et celui de greenwashing diminuer

39
II) Résultats et observations
Cette deuxième partie a pour vocation de présenter les résultats ainsi que les observations de
l’enquête. Elle sera donc organisée en suivant l’ordre des hypothèses émises dans la partie
précédente. Les résultats seront par ailleurs divisés en fonction du degré de connaissance de
l’entreprise et des habitudes de consommation des sondés pour pouvoir analyser l’influence de
ces deux facteurs sur la perception du greenwashing.

a) Le rôle de la sensibilité environnementale dans le greenwashing

Hypothèse 1 : Un consommateur sensible aux questions environnementales serait plus à même


de détecter le greenwashing

 H1 -a) Le taux de reconnaissance du greenwashing devrait être plus élevé chez ceux qui
se disent concernés par les questions environnementales

Les individus qui ont se sentent préalablement concernés des enjeux environnementaux auraient
plus d’atout que les autres pour reconnaitre les différentes formes de communication
environnementales présents dans la publicité. Ils discerneriaent donc mieux le greenwashing de
la communication responsable.

La moyenne des réponses à la question « A quel de degré vous sentez-vous concernés par les
messages environnementaux ? » se situant à 6.6572 (sur une échelle de 0 à 10), il convient alors
pour commencer de déterminer à partir de cette moyenne les différentes catégories de sensibilité
à l’environnement parmi les sondés. Nous diviserons ainsi les résultats obtenus en quatre
catégories : peu concernés (moins de 5), moyennement concernés (entre 5 et 7), concernés
(entre 7 et 8) et extrêmement concernés (entre 9 et 10).

Degré de sensibilité aux messages


En pourcentage
environnementaux
50

40

30

20

10

0
Peu concernés Moyennement Concernés Extrêmement
concernés concernés

72
Voir Annexe XII - Proportion de concernés par les messages environnementaux

40
Parmi le groupe se sentant extrêmement concernés par les questions environnementales, nous
pouvons constater qu’ils sont plus de 61 % à considérer que la campagne de la marque A H&M
relève bien du greenwashing, soit 13 points de plus que la moyenne des autres groupes qui se
situe elle à 48%73. Ils sont également plus nombreux à être critiques envers la campagne
responsable de la marque B Adidas puisqu’ils sont seulement 51 % à la considérer comme de
la communication verte contre 59% de moyenne, soit une différence de 8 points.74

Cette tendance se vérifie d’autre part sur les questions concernants la marque Patagonia puisque
les extrêmement concernés par les messages environnementaux sont plus nombreux que le
groupe des non concernés à être tout à fait d’accord pour qualifier la campagne « Don’t buy
this jacket » comme du greenwashing. Le taux se situe en effet à 31% pour les extrêmement
concernés contre seulement 15% pour les non concernés, soit une différence de 16 points.

Nous observons par conséquent que l’hypothèse semble bien se vérifier puisque plus les
individus se sentent concernés par les pratiques environnementales, plus ils ont une propension
à qualifier les publicités de greenwashing. Cela peut s’expliquer par le fait qu’ils sont plus
critiques envers le monde de la communication et beaucoup plus méfiant en règle générale car
ils en dénoncent les dérives. Il est cependant très intéressant de noter que ce ne sont pas
forcément ceux qui arrivent le plus justement à qualifier les campagnes responsables comme
nous le démontrerons par la suite.

 H1 -b) Le taux de reconnaissance du greenwashing devrait être plus élevé chez ceux qui
ont déjà des habitudes de vérification des données et des messages présents dans les
campagnes.

La vérification des données et des arguments avancés par les entreprises constituant une des
pratiques les plus efficaces pour discerner le greenwashing des autres types de communication
responsable, il est important d’observer si cela se vérifie aussi en pratique dans cette enquête.

Nous pouvons observer que parmi les 8%75 qui vérifient très souvent l’origine de leurs
vêtements, ils sont 65% à détecter que la publicité de H&M est bien du greenwashing, soit 17
points de plus que la moyenne globale de tous les individus interrogés qui est de 48%. D’autre
part, parmi les 5%76 qui vérifient souvent ou très souvent les chiffres et données scientifiques

73
Voir Annexe XXXII - Qualification campagne H&M
74
Voir Annexe XXIX - Qualification campagne Adidas
75
Voir Annexe XIV - Vérification provenance des vêtements
76
Voir Annexe XV - Vérification des données scientifiques dans la publicité

41
présents dans la publicité, la différence est encore plus flagrante puisqu’ils sont 77 % à la
qualifier de greenwashing, soit 29 points de plus.

Nous pouvons donc bien constater que plus l’habitude de vérification et de contrôle des données
est ancrée et institutionnalisée dans les pratiques des consommateurs, plus la probabilité de
détecter le greenwashing est élevée chez les individus. Cela va d’ailleurs dans le sens des
recommandations de l’ADEME et des mesures prises dans son guide du greenwashing.77 Il faut
néanmoins observer dans ces résultats que les données sont valables pour les cas extrêmes
(Marque A et Marque B) mais restent pratiquement inchangées pour la perception de la
campagne de Patagonia, la différence étant effectivement inférieure à 1%.

b) Une communication responsable aboutie-t-elle forcément à un changement de


comportement ?

Hypothèse 2 : Une publicité ne peut être qualifiée d’éco-responsable que si elle parvient à
aboutir à un réel changement de comportement (ne serait-ce que de façon partielle).

 H2- a) Le taux de susceptibilité d’achat après visualisation de la campagne devrait être


extrêmement faible si l’objectif de la campagne veut être atteint

Une publicité responsable est également une publicité qui se veut vectrice d’un réel changement
de comportement. Un des moyens d’étudier si l’objectif a été atteint est donc de mesurer la
capacité de la campagne à faire passer son message auprès des consommateurs. La campagne
ayant ici pour slogan « Don’t buy this jacket », nous pouvons d’ailleurs donc déduire qu’un des
but de cette campagne est de réduire la consommation des produits de la marque. C’est
également en adéquation avec le modèle de consommation responsable prôné par la marque.

Le taux de susceptibilité d’achat du produit, ici la veste, devrait donc naturellement se situer
plus bas que les autres campagnes se situant dans la même catégorie de produits, à savoir celle
des vêtements de sport. Nous observons que 87%78 des sondés se déclarent susceptibles ou
plutôt susceptibles d’acheter le produit et seulement 6 se disent plutôt non susceptibles ou non
susceptibles de l’acheter. Cette différence de 81 point est très signifiante et prouve que le
l’objectif ne semble pas être rempli. Cette tendance est aussi confirmée chez les individus qui
ne se qualifient pourtant pas comme des consommateurs impulsifs. En effet, parmi les 58%
d’individus qui ne se qualifient pas comme des consommateurs impulsifs, 86% déclarent être
plutôt susceptibles ou susceptibles d’acheter le produit présenté. Par ailleurs, parmi les 4% des

77
http://antigreenwashing.ademe.fr/sites/default/files/docs/ADEME_GREENWASHING_GUIDE.pdf
78
Voir Annexe XXI - Taux de susceptibilité d’achat du produit

42
sondés qui prennent plusieurs heures ou plusieurs jours à se décider avant un achat, ils sont plus
de 84% à se déclarer être susceptibles d’acheter la veste.

Ces constats nous permettent ainsi d’infirmer l’hypothèse émise puisque même dans les
catégories de la population qui devrait être plus difficile à convaincre, la publicité de Patagonia
arrive étonnement à avoir une probabilité d’achat élevée. La campagne pousse ainsi à la
consommation et donc semble faire l’effet inverse du message qu’elle véhicule. Cependant,
nous pourrons affirmer qu’elle arrive sans doute à ses fins du point de vue commercial en
boostant les ventes, objectif officieux de l’entreprise mais bel et bien présent.

Comparaison correspondance des adjectifs utilisés pour


décrire les trois campagnes
5
4,5
4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
AudacieuseInformative Ironique Suspecte Intriguante Ennuyante Créative Honnête Intelligente

Marque 1 Patagonia Marque 2 Adidas Marque 3 H&M

Ceci peut être facilement expliqué par le fait que la campagne est perçue comme ironique par
nombre d’individus comme l’illustre ce tableau. Cet adjectif a en effet recueilli 3.9 de moyenne
sur 5 (correspondance à l’échelle de Likert effectué allant de pas d’accord à d’accord) ce qui
la place bien au-dessus des deux autres marques (+2.4 par rapport à la marque A et +0.8 par
rapport à la marque B). Elle est vue également comme plus créative, intelligente et audacieuse
que celles des autres marques. Elle obtient en effet une moyenne supérieure à 4 pour ces quatre
adjectifs alors que les autres marques ont une moyenne inférieure à 3. Cette différence de plus
d’un point explique que les consommateurs ont bien perçu l’ambiguïté du message et sont ainsi
fortement tentés de désobéir pour ainsi faire face au ton faussement didactique de la campagne.

 H2- b) Le taux de réflexion sur les habitudes de consommation devrait être élevé et
l’intérêt pour des modèles alternatifs de consommation élevé

D’autre part, afin d’étudier si le changement de comportement des consommateurs peut


s’opérer dans la durée, il convient de voir si la campagne, bien qu’ayant un message poussant

43
à la consommation, arrive néanmoins à faire réfléchir les consommateurs sur leur propre
consommation.

Cette hypothèse peut être vérifiée tout d’abord par le fait que 72% 79 des sondés affirment que
oui, cette publicité les amène à réfléchir sur leur consommation et qu’ils sont 19%80 à
également affirmer que c’est effectivement également ‘plutôt’ le cas. Ceci est aussi valable pour
les individus qui ne se sentent pas concernés par les messages environnementaux, qui bien que
formant la très grande majorité des 4% qui déclarent que cela ne fait pas changé leur perception
de leur consommation, sont plus de 70% à déclarer que la publicité les fait quand même réfléchir
sur leur propre consommation. La campagne arrive donc à fédérer des individus qui ne sont pas
acquis à la cause de la protection de l’environnement ce qui semble d’ailleurs être sa grande
force.

Par ailleurs, 96%81 des individus déclarent désormais acheter régulièrement des vêtements dont
ils n’ont pas forcément besoin alors que comme vu précédemment ils étaient 58% à se qualifier
comme des consommateurs non impulsifs. Cela démontre que de façon calculée et détournée
que la campagne arrive à faire inconsciemment prendre mesure aux individus de leur
surconsommation. Cette tendance se confirme d’ailleurs même chez ceux qui passent très peu
de temps avant de choisir un vêtement (moins de 10 minutes) et qui peuvent donc être qualifiés
comme consommateurs excessifs puisqu’ils sont dans cette catégorie 92% à penser qu’ils
achètent régulièrement des vêtements dont ils n’ont pas besoin.

Nous pouvons donc bien constater que globalement la marque arrive bien à remplier l’objectif
de changement de comportement ce qui semble bien être un critère essentiel d’une
communication écoresponsable réussie. En effet, même s’il la campagne semble pousser à
l’achat contrairement à ce qu’on pourrait penser, elle arrive avant tout bien à faire prendre
conscience aux individus de leur hyperconsommation. En témoigne d’ailleurs le haut niveau
d’intérêt pour les pratiques écoresponsables de la marque en fin de questionnaire. Par exemple,
on observe un taux de 98%82 de personnes intéressées par la réparation gratuite de vêtements et
84%83 par la plateforme d’échange et de troc de la marque. Ce changement de comportement,
vers des pratiques plus écologiques, est un changement qui s’inscrit d’ailleurs dans la longue
durée contrairement à celui de l’hypothèse A qui correspond à un acte d’achat unique, celui

79
Annexe XXIII - Taux de réflexion sur les habitudes de consommation grâce à la campagne
80
Idem – Annexe XXIII
81
Voir Annexe XXIV - Propension à acheter des vêtements sans réel besoin
82
Voir Annexe XXXIV - Taux d’intérêt - réparation gratuite de vêtements
83
Voir Annexe XXXVI - Taux d’intérêt - plateforme d’échange de vêtements

44
d’un d’achat d’une veste. C’est par conséquent est donc un critère qui est plus important que
celui de l’hypothèse A puisque plus durable.

c) L’importance de l’éthique et du contexte de l’entreprise face au message publicitaire

Hypothèse 3 : L’éthique de l’entreprise semble aussi importante pour pouvoir évaluer le


greenwashing d’une publicité que le message de la campagne en elle-même

 H3- a) Plus une personne connait déjà les pratiques de l’entreprise, plus elle est à même
de détecter immédiatement si la campagne relève du greenwashing ou d’une
communication responsable

La connaissance du contexte sociétal et de l’éthique de l’entreprise semble primordiale afin


d’être en mesure d’évaluer le type de communication environnemental de ces dernières. Plus
un consommateur est en effet informé des pratiques écologiques de ces dernières, plus il semble
naturel que ce dernier soit alors en possession de meilleurs moyens pour détecter le
greenwashing de la communication responsable.

Cette hypothèse semble en effet se confirmer tout d’abord avec l’étude comparative effectuée
avec les marques A et B (respectivement Adidas et H&M). Ces deux marques étant connues
mondialement, elles sont donc très représentatives et permettent de facilement de voir que les
individus détectent facilement le greenwashing présent dans la deuxième publicité qui leur est
présentée (cette dernière ne donnant effectivement aucun argument tangible).

Comparaison qualification des campagnes


35
30
Marque A et B
25
20
15
10
5
0
Greenwashing Plutôt Ni l'un ni l'autre Plutôt Communication
greenwashing communication responsable
responsable
Marque A Marque B

On voit qu’ils sont en effet en moyenne 31% à la qualifier correctement comme appartement
plutôt au greenwashing alors que seulement 9 % qualifient incorrectement la première marque
de greenwashing ce qui fait une différence notable de 22 points. L’inverse (à savoir une correcte
qualification de la campagne de la marque A en tant que communication écoresponsable) est

45
aussi valable avec cependant une différente moins significative puisque la différence est
largement inférieure à 20 points avec la qualification incorrecte.

D’autre part, nous pouvons également constater que parmi ceux qui sont des clients réguliers
de la marque Patagonia (soit 23% des sondés84), ils sont seulement 17% à considérer que la
campagne relève du plutôt du greenwashing (soit cinq de points que la moyenne globale qui
est à 23%85) et 29% à considérer qu’elle relève bien d’une consommation plutôt responsable
(soit 4 points de plus que la moyenne globale des sondés).

Par conséquent, nous constatons bien que la connaissance des pratiques de la marque influe
donc la perception de la publicité. Cela donne effectivement des bases au consommateur pour
mieux la juger. On pourrait néanmoins s’étonner que ces différences ne soient pas encore plus
élevées entre les clients réguliers et ceux qui ne connaissent que très peu la marque. Cela peut
néanmoins être expliqué par le fait que peu de personnes connaissent réellement les pratiques
de la marque en termes environnementales mais connaissent uniquement ses produits.

 H3-b) Après avoir pris connaissance des informations données sur l’entreprise, le taux
de qualification en communication responsable de la campagne présentée devrait
augmenter et celui de greenwashing diminuer

La réévaluation de la marque proposée en fin de questionnaire aux participants permet ainsi de


pouvoir analyser si le fait d’être en possession d’informations concernant les pratiques éthiques
de la marque permet de pouvoir mieux évaluer le type de communication responsable et de
confirmer que les pratiques de la marque sont plus importantes que le message de la publicité
dans l’évaluation du greenwashing.

Nous nous apercevons ainsi que 91%86 des répondants affirment que le fait d’avoir pris
connaissance des pratiques très environnementales de la marque (à savoir la réparation
gratuites, la plateforme d’échange ainsi que les donations aux associations) changeait leur
perception de la campagne.

En effet, cette tendance aussi est confirmée à la question suivante puisque désormais seulement
35% des individus interrogés la considère comme du greenwashing et 41% comme de la
communication responsable, le reste ne se prononçant pas87. Cette différence de 6 points se
retrouve si nous comparons l’évaluation fait aux questions précédentes : le changement a bien

84
Voir Annexe XVIII - Connaissance de la marque Patagonia
85
Voir Annexe XXV - Taux de perception du greenwashing
86
Annexe XXXVIII - Taux de changement de perception de la campagne Patagonia
87
Voir Annexe XXXIX - Requalifiation de la campagne Patagonia - greenwashing / communication responsable

46
opéré puisqu’ils étaient alors en effet 45 % à la qualifier de greenwashing soit six points de
moins, 39% à la considérer comme de la communication responsable.

On constate par ailleurs que le taux de perception de la campagne comme du greenwashing a


bien diminué (de 10 points) et que celui pour communication responsable à augmenter (de 2
points) après que les sondés aient eus connaissance des pratiques de Patagonia. On pourrait
s’étonner ici de la faible augmentation de cette dernière qui s’explique notamment par le fait
que le nombre de personnes ne souhaitant pas se prononcé a ainsi augmenté malgré le fait qu’il
connaissait mieux le contexte. Cela peut venir du fait qu’ils jugeaient ainsi que les informations
données étaient destinées à les induire en erreur ou qu’elles ne suffisaient pas à les faire
complétement changer d’avis.

III) Patagonia, constats d’un symbole d’une communication environnementale atypique


Dans cette troisième partie, nous dresserons un bilan des résultats obtenus et effectuerons une
comparaison avec les définitions de la communication environnementale données dans le
premier chapitre. Ceci ayant comme objectif de vérifier leur degré de véracité et quels apports
nous pouvons ajouter à ce cadrage théorique. Ensuite, nous évoquerons les limites de l’enquête
ainsi que les biais que nous pouvons observer avant de procéder finalement à l’établissement
de recommandations pour les entreprises et institutions qui voudraient se lancer dans la
publicité verte innovante afin que celle-ci parvienne à ses objectifs et soit vue positivement.

a) Bilan de l’étude conduite


Nous pouvons remarquer que globalement la publicité étudiée de Patagonia a donc été perçue
généralement de façon plus positive que celles des deux autres marques. En témoigne
l’évaluation comparative des critères de visuel, de crédibilité, d’originalité, d’éthique, de mise
en valeur de la marque et du message de la publicité regroupée dans ce tableau :

Comparaison des évaluations des 6 critères entre les marques


5

0
Le visuel La crédibilité L'originalité L'éthique de la La mise en valeur Le message
marque du produit
Marque 1 Patagonia Marque 2 Adidas Marque 3 H&M

47
Patagonia obtient ainsi en moyenne des notes plus élevées sur la majorité des critères (sauf pour
le visuel et la mise en valeur du produit). Nous pouvons donc affirmer que malgré le fait que
cette publicité peut être vue comme antagoniste et comme un parfait exemple de l’opposition
entre communication et environnement, elle fait cependant bel et bien partie de la première
catégorie de classification de Thierry Libaert. En effet, en incitant à acheter la veste comme vu
dans les résultats, elle semble ainsi prôner la surconsommation. Or le véritable message ne
semble pas être « Don’t buy this jacket » mais « Don’t buy this jacket if you don’t need it ».
Elle correspond alors bien selon les hypothèses démontrés en partie 2 à une type de publicité
ou la communication et le développement durable ont le même idéal commun88. En témoigne,
le fait qu’elle semble arriver à faire réfléchir le consommateur et à un changement de
comportement comme vu avec l’hypothèse 2.

Ce type de publicité où le développement durable et la communication ont le même objectif


commun semble d’ailleurs être le type de communication qui est également le plus bénéfique
pour la marque. Ceci est confirmé par la dernière question du questionnaire qui demandait aux
individus de qualifier la marque une nouvelle fois dont les réponses ont été regroupées en nuage
de mot:

Nous pouvons donc constater que la majorité des termes employés sont généralement positifs
(innovative, responsible, fun, nature, ethical étant les mots qui reviennent le plus). C’est alors
uniquement en arrivant à cette fin que la communication devient du goodvertising, une force
positive pour la société (Kostler, 2017). D’autre part, cette enquête a également montré que les
campagnes publicitaires ne peuvent pas être détachées du contexte éthique de l’entreprise et de
ses pratiques environnementales. En effet, il semble crucial que les marques travaillent en
premier lieu à réduire leur impact environnemental et à améliorer leur pratiques si elles désirent
que leur publicités ne soient pas perçues comme du greenwashing.

88
LIBAERT Thierry, « Communication et environnement. Le Pacte Impossible », Presse Universitaire de
France, 2010, page 7.

48
b) Limites observées de l’enquête
Il convient néanmoins d’établir, dans un second temps, les limites de l’enquête qui a été réalisée.
Pour commencer, nous pouvons constater que nous avons étudié une partie de la population qui
semble déjà très sensible aux discours environnementaux. Etant jeune et diplômée, elle
correspond en effet à celle qui a voté pour Bernie Sanders et qui a été éduquée plus tôt aux
pratiques éco-citoyennes. Bien que son importance soit cruciale puisqu’elle constitue les futurs
consommateurs de demain, on peut se demander si les résultats n’auraient pas changés si la part
des personnes étudiées avait été plus âgée. La division des résultats en fonction de l’âge semble
le montrer puisque les plus les 45 déclarent se sentir moins concernés par les messages
environnementaux (soit 9 points de moins par rapport au moins de 35 ans). Cependant, leur
nombre étant trop peu élevé, étant de 3 seulement, nous ne pouvons affirmer si c’est une
tendance qui se veut générale ou non. Ainsi une étude générationnelle approfondie peut s’avérer
pertinente en complément de ce sondage.

Par ailleurs, une autre des limites de l’enquête réside également dans le fait que pour étudier si
les comportements changent réellement dans la durée suite au visionnage de la campagne de
Patagonia, il aurait aussi fallu faire également une étude sur la durée des habitudes de
consommation (qui idéalement s’établirait sur une durée entre 6 mois et 1 an) ce qui aurait
demandé plus de moyens. Cette deuxième étude aurait pu permettre de savoir si les chiffres se
vérifient et si les changements opèrent réellement et restent identiques au bout de quelque mois.

Pour finir, nous pouvons également noter que les 6 critères d’évaluations et les 9 adjectifs qui
ont été choisis pour évaluer les différentes publicités et ainsi pouvoir les comparer peuvent être
sujets à discussion. En effet, bien que je les aient choisis après avoir étudié préalablement divers
sondages et études de publicités afin voir lesquels revenaient les plus souvent et lesquels étaient
les plus pertinents, ils peuvent être remis en question car leur nombre est limité et réduit par
conséquent le champ de l’enquête. Néanmoins, leur nombre a dû être restreint et il me semblait
difficile de l’étendre au vu du temps qu’aurait alors été demandé pour remplir le sondage. J’ai
voulu ainsi ne pas dissuader trop de potentiels répondants de participer à l’étude, la durée
limitée qu’ils ont pour y répondre étant très souvent une contrainte principale à leur
contribution.

c) Recommandations
Dans cette troisième partie, nous dresserons les recommandations que nous pouvons établir à
partir de l’analyse des résultats de l’enquête et du cadrage théorique fait en première partie.
Nous pouvons donc établir que pour faire une communication écoresponsable, les entreprises
et les institutions doivent faire connaitre leurs pratiques en toute transparence aux

49
consommateurs. Plus la campagne sera informative, plus elle sera naturellement perçue comme
légitime aux yeux des consommateurs. Dans ce cas précis de la campagne de Patagonia, il aurait
été ainsi pertinent de rendre les principes des 4R plus central dans le sens où la photo de la veste
occulte cette partie au premier regard et limite donc son impact.

Par ailleurs, nous pouvons également donner comme autre recommandation pour une
communication responsable réussie de ne pas se centrer sur le produit en lui-même et ses
prétendues qualités écologique mais bien sur l’utilisation que les consommateurs en font et sur
son empreinte écologique au niveau global. C’est en poussant la réflexion plus loin dans la
conception des messages que les entreprises arriveront effectivement à parvenir à un réel
changement de comportement. Patagonia en est l’exemple en donnant les règles des 4R et en
proposant de réparer des vêtements. C’est le cas aussi par exemple de la campagne donné en
illustration dans le premier chapitre I, à savoir Colgate, qui ne se focalise pas sur son produit
en lui-même mais sur la façon dont les consommateurs pourraient réduire leur empreinte sur la
planète.

D’autre part, il apparait comme nécessaire de renforcer le dispositif de régulation de la publicité


et de la communication en règle générale. Les règles établies par l’ARPP ou données par
l’ADEME semblent être en effet limitées et trop peu contraignantes pour les entreprises. C’est
face au manque de sanction que les dérives apparaissent. Mais finalement, nous pouvons nous
demander si la sanction ne vient d’abord pas du consommateur comme vue au travers de
l’enquête. En effet, les retombées en termes néfastes du greenwashing se font effectivement
sentir sur la perception des consommateurs qui devient plus mauvaise à la fois sur la campagne
publicitaire et sur la marque en règle générale. Faire une communication responsable honnête
et en va donc de la crédibilité de l’entreprise et de la pérennité de son image de marque.

Pour finir, il apparait comme important de mieux former les professionnels de la


communication aux thématiques environnementales et de procéder également à une évaluation
des campagnes durant leur phase de conception par des tiers et des experts du domaine. Cela
permet ainsi d’éviter les dérives et de s’assurer que le message passera correctement auprès des
consommateurs. Trop d’entreprises, comme le montre d’ailleurs le rapport de l’ADEME89,
utilisent encore l’argument écologique trop facilement pensant que sa présence à elle-seule
suffira à améliorer la perception de leur marque. Or, comme nous l’avons vu grâce à l’enquête,
il n’en est pas du tout le cas et les entreprises doivent renouveler leur vigilance.

89
ADEME, Bilan 2017 « Publicité et environnement »

50
CONCLUSION
La communication et l’environnement sont effectivement, comme le premier chapitre nous l’a
montré, deux termes qui peuvent s’avérer de prime abord antagonistes mais qui ont donné
naissance à de multiples formes de communication responsable. Ces dernières peuvent relever
du greenbashing ou greenwashing, qui sont toutes les deux en totale opposition avec les enjeux
écologiques, ou de la communication verte, de l’éco-communication et du goodvertising qui
elles font parties intégrantes du développement durable comme Libaert l’affirme. La frontière
entre ces différents types reste floue comme le cadrage théorique nous le montre puisqu’elle
dépend avant tout de la perception du consommateur (Libaert 2008), de la transparence de
l’entreprise ainsi que de son bon-vouloir.

C’est bel et bien vers le deuxième spectre de la communication responsable, le goodvertising,


que doivent se tourner les entreprises qui désirent parvenir à leur objectif de changement
sociétal profond, changement s’inscrivant sur la durée. Le goodvertising permet ainsi
l’élaboration d’un cercle vertueux qui permet également d’améliorer l’image de marque
(Vigneron, 1996).

Cependant, malgré l’essor de ces types de communications positives et la bonne volonté


naissante des entreprises, de nouvelles formes de greenwashing apparaissent en parallèle. C’est
particulièrement le cas avec les réseaux sociaux où, comme le rapport de l’ADEME90 le montre,
on en observe 3 fois plus que sur les plateformes traditionnelles de communication. Il semble
donc que le greenwashing a encore de beaux jours devant lui malgré les efforts réalisés en terme
de contrôle et de régulation, émanant principalement de l’ARPP et des institutions. En effet,
ces nouvelles formes sont de plus en plus subtiles et beaucoup se trouvent désormais à la limite
de la RSE et du goodvertising. Le greenwashing devient alors de plus en plus difficile à déceler
pour les consommateurs, même avertis.

C’est ainsi qu’il apparaît comme essentiel de ne pas réduire le consommateur au simple rôle
d’acheteur mais de le considérer comme un acteur à part entière des pratiques de
communication. Il en va de la légitimé des marques et du futur de la communication responsable
qui doit se renouveler face à l’éco-lassitude présente liée à la multiplication des messages
environnementaux ces dernières années.

90
ADEME, Bilan 2017 « Publicité et environnement »

51
C’est précisément ce qu’a tenté de faire l’entreprise Patagonia à travers sa campagne « Don’t
buy this jacket », qui a été l’étude de cas de notre deuxième chapitre, en incitant ses clients à
respecter les principes des 4R. Ce n’est ainsi, en rendant acteur le consommateur, que
l’entreprise peut ainsi parvenir à le faire changer de comportement et donc s’inscrire sur des
pratiques plus durables. Par ailleurs, ce que ce chapitre deux nous montre également bien à
travers les résultats de l’enquête, c’est que le consommateur doit avoir accès aux données et
procéder à un contrôle de ces dernières afin d’être en capacité d’évaluer les publicités et d’être
en mesure de détecter le greenwashing.

C’est bien entendu rarement le cas puisque les consommateurs sont confrontés à de nombreuses
sollicitations et n’ont donc pas le temps nécessaire pour effectuer ces vérifications ; et que les
informations disponibles sur l’entreprise ou sur le produit ne sont souvent que difficilement
accessibles. Or, comme prouvé avec la confirmation de nos hypothèses de départ, les pratiques
environnementales des entreprises sont pourtant aussi importantes si ce n’est plus que le
message présent dans leurs publicités pour évaluer le degré de communication
environnementale. Il faut véritablement une cohérence sur toute la ligne entre les pratiques et
le marketing pour que la perception des consommateurs soit réellement positive.

Futures recherches
Par ailleurs, le degré de sensibilité à l’écologie et les facteurs externes comme l’éducation
rentrent également en jeu dans la perception de la publicité par les individus. Ce sont d’ailleurs
des objets qui pourraient être étudiés dans de futures recherches et qui pourraient compléter
celle-ci. En effet, l’écologie faisant son entrée dans nombre de programmes scolaires, il serait
pertinent de voir dans quelle mesure la connaissance des thématiques environnementales
influence la perception de campagnes. Quoiqu’il en soit, on ne peut que recommander aux
entreprises et aux communicants une meilleure prise en compte de ces enjeux cruciaux durant
l’élaboration de leurs campagnes, enjeux qui sont d’ailleurs encore amenés à se développer
toujours plus dans le futur.

On peut alors finalement se demander si la création d’un label international pour la


communication responsable ne serait pas pertinente pour cadrer les pratiques dans le domaine.
Cette idée avait été lancée par des membres de l’ONU et par l’ADEME mais n’a pas abouti
face à la complexité d’établir des critères transversaux et un cahier des charges qui puisse
concerner la communication aussi bien institutionnelle que commerciale. Il apparaît cependant
urgent, comme montré avec les recherches effectuées, de mieux cadrer et réguler les pratiques
en matière de communication environnementales tant les campagnes semblent jouer
régulièrement sur différents tableaux.

52
BIBLIOGRAPHIE

ADEME, « Le guide de l’éco-communication », Eyrolles, Editions d’organisations, 2007, 215


pages.
ALLEN Myria, “Strategic Communication for Sustainable Organizations: Theory and
Practice”, Spinger, 308 pages
ALMEIDA Nicole, LIBAERT Thierry , TREMBLAY Solange, « Développement durable -
Une communication qui se démarque », Presses de l'Université du Québec, 2018, 346 pages
BELZ Franck-Martin, PEATTIE Ken, “Sustainability Marketing: A Global Perspective”,
Wiley, 2nd Edition, 2012, 352 pages
BORMANE Santa, PRAUDE Valérijs, “Sustainable Marketing – Prospects and Challenges
Under Present Economy”, University of Latvia, 2012
CONFINO Jo, « Patagonia veut jeter les bases d’un capitalisme responsable », article publié
dans le Courrier International le 15 février 2013
DAHLSTROM Robert, “The Green Marketing Management”, South-Western College
publication, 2010, 360 pages
FREEMAN R.E., “Strategic management: a stakeholder approach”, Pitman, Boston, 1984.

FUTERRA, “The Greenwashing Guide”, Futerra Sustainability Communications, 2009


GRANT John, The Green Marketing Manifesto”, Wiley, 2007, 320 pages
KOLSTER Thomas, “Goodvertising: creative advertising that cares”, Thames & Hudson,
2012, 256 pages
LIBAERT Thierry et CASTELLANI Andrea, « Communication d'organisation et
environnement: évolution des approches, changement des pratiques » in Recherche et
Communication, juin 2012.

LIBAERT Thierry, « Communication et environnement : partie liée » in Parole Publique


« L’enjeu environnemental: une communication-action complexe », n° 16, juin 2017
LIBAERT Thierry, « Communication et environnement. Le Pacte Impossible », Presse
Universitaire de France, 2010.
LIBAERT Thierry, « De la critique du greenwashing à l’accroissement de la régulation
publicitaire », Communication et organisation, 2012
LIBAERT Thierry, « La communication verte », Editions Liaisons, 1992.
LIBAERT, Thierry, « La Transparence en trompe-l’œil », Éd Descartes & Cie, Gouvernance
et démocratie (coll.),2003
LOUKOUMAN Amidou, « Marketing des réseaux sociaux », édition Microapplications, 2014.

53
LUBNAU Anne, « Thierry Libaert (Dir), La communication environnementale », Revue
française des sciences de l’information et de la communication, Éditions du CNRS, collection
« les Essentiels d’Hermès », 263 pages.

MCKENZIE-MOHR Doug, “Fostering Sustainable Behavior: An Introduction to Community-


Based Social Marketing”, New Society Publishers, Third Edition, 2011, 192 pages
MIEGE Bernard, « La société conquise par la communication. Tome III : Les TIC entre
innovation technique et ancrage social », Presses Universitaires de Grenoble, 2007.

MIKOL Alain, « La communication environnementale de l'entreprise », Revue française de


gestion, vol. no 147, no. 6, 2003

MINAR Pavol, “Goodvertising as a paradigmatic change in contemporary advertising and


corporate strategy”, in Communication Today, Volume 7, N°2, 2016

MONTILLAUD-JOYEL Solange et SHEA Lucy, « Communiquer sur le développement


durable : comment produire des campagnes publique efficaces », Publication de conjointe de
l’ONU Environnement et de l’Agence Futerra, 2005

OCRQ, « Tableau de bord de la communication responsable », publié par l’Observatoire de la


Consommation Responsable du Québec, 2012
ORGRIZEK Michel, « Communication et environnement », Editions Dunod, 1994.
OTTMAN Jacquelyn A. “The New Rules of Green Marketing: Strategies, Tools, and
Inspiration for Sustainable Branding”, Berrett-Koehler Publishers, 2011, 272 pages
SAMDANIS Konstantinos, ROST Peter, MAEDER Andreas, MEO Michela, VERIKOUKIS
Christos, “Green Communications: Principles, Concepts and Practice”, Wiley, 2015, 430
pages
SENEVIRATNE Kalinga, “Mindful Communication for Sustainable Development”, SAGE,
2018, 409 pages
VIGNERON Jacques, « La communication environnementale », Economica, 1996.
WILLARD Marsha, WIEDMEYER Carole, FLINT R. Warren, WEEDON John S.,
WOODWARD Rick, FELDMAN Ira and EDWARDS Mark, “The Sustainability
Professionals: 2010 Competency Survey Report A research study conducted by the
International Society of Sustainability Professionals”, March 2010
WILLIAMS Freya E, “Green Giants: How Smart Companies Turn Sustainability into Billion-
Dollar Businesses”, American Management Association, 2015
« Commandes Publique Durable : Eléments méthodologiques et juridiques », Guide publié
par la région Rhône-Alpes, 2009

54
ARTICLES

ADEWAKUN Akin, « How ‘goodvertising’ can unlock potential in advertising industry —


Experts », article publié dans The Nigerian Tribune, 9 avril 2018:
https://www.tribuneonlineng.com/amp/141767/
ASSOCIATION FRANCE-PRESSE, “Emissions: "irrégularités" pour 16 marques
automobiles selon une enquête allemande”, article publié dans Le Point :
http://www.lepoint.fr/societe/l-affaire-volkswagen-se-propage-630-000-rappels-en-europe-
renault-epingle-22-04-2016-2034229_23.php
FURLONG Hannah, “Colgate Hoping to Rally Super Bowl Viewers to Save Water with
Debut Ad”, article publié en 2015 sur Sustainable Brands:
https://www.sustainablebrands.com/news_and_views/behavior_change/hannah_furlong/colga
te_hoping_rally_super_bowl_viewers_save_water_deb
KING Bart, “Patagonia to Holiday Shoppers: ‘Don’t Buy This Jacket”, article publié dans
Sustainable Brands, 29 Novembre 2011 :
https://www.sustainablebrands.com/news_and_views/articles/patagonia-tells-holiday-
shoppers-dont-buy-jacket

KOSTLER Thomas, “Goodvertising- holds key to moving minds in a sustainable direction”,


article publié dans The Guardian, 21 Décembre 2012 :
https://www.theguardian.com/sustainable-business/blog/goodvertising-key-moving-minds-
sustainable

LOVIN Hunter, CROUSE Colette, « Don't Buy This Jacket: Lessons in Successful Values
Marketing », Sustainable Brands, 18 Decembre 2012 :
https://www.sustainablebrands.com/news_and_views/articles/dont-buy-jacket-lessons-
successful-values-marketing
NACE Trevor, “After 44 Years Patagonia Released Its First Commercial & It's Not About
Clothing”, article publié sur Forbes le 24 août 2017:
https://www.forbes.com/sites/trevornace/2017/08/24/44-years-patagonia-released-first-
commercial-clothing/#60c4f94d3c80

NUDD Tim, “Ad of Week: Patagonia”, Brandmarketing, 28 décembre 2011:


https://www.adweek.com/brand-marketing/ad-day-patagonia-136745/

POIGNANT Chloé, « «Goodvertising» : la publicité peut-elle être responsable ? », article


publié dans le Le Parisien, 15 Octobre 2015 :
http://www.leparisien.fr/environnement/goodvertising-la-publicite-peut-elle-etre-responsable-
15-10-2015-5178297.php
RIVOLLIER Henri, « La Communication Responsable, Un Engagement À 360° », article
publié dans Stratégies, le 14 Mars 2017 :
http://www.strategies.fr/blogs-opinions/idees-tribunes/1059534W/la-communication-
responsable-un-engagement-a-360-.html

55
SANCHEZ Ethel, “Pushing the Good in Goodvertising”, article publié sur WARC le 1
Octobre 2014 : https://www.warc.com/NewsAndOpinion/Opinion/1933

WEINMANN Karlee, “Why Patagonia Is Telling Customers Not To Buy Its Products On
Cyber Monday”, publié sur Business Insider, 28 Novembre 2011:
https://www.businessinsider.com/patagonia-cyber-monday-2011-11?IR=T

“Inglorious Fruits And Vegetables Campaign Is A Work Of Delicious Genius”, article de The
Huffington Post publié le 18 juillet 2014 :
https://www.huffingtonpost.ca/2014/07/18/inglorious-fruits-and-veg_n_5598994.html
« Patagonia Communique à Contre-Courant », Marketing Durable, le 27 novembre 2011 :
http://www.marketingdurable.net/patagonia-communique-a-contre-courant

SITOGRAPHIE

Site internet de Thierry Libaert : http://www.tlibaert.info/, consulté le 17 mars 2018


Site d’éco-communication de l’ADEME : https://eco-communication.ademe.fr/, consulté le 20
avril 2018
Site de l’agence Futerra : https://www.wearefuterra.com/about/, consulté le 8 mai 2018
Site de Patagonia : https://www.patagonia.com/blog/2011/11/dont-buy-this-jacket-black-
friday-and-the-new-york-times/ , consulté le 14 avril 2018
Site de communication responsable : http://www.communicationresponsable.fr/buvez-volvic-
cest-ecolo/ , consulté le 6 juillet 2018

https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-planete/20110614.RUE2809/la-bouteille-vegetale-
pas-si-ecolo-que-volvic-le-pretend.html, consulté le 10 juillet 2018

Site éco-labels : http://www.ecolabels.fr/fr/la-marque-nf-environnement-qu-est-ce-que-c-est,


consulté le 25 juin 2018

Site de réflexion sur la communication, l’environnement, le développement durable et la RSE :


http://sircome.fr/les-formes-de-la-communication-environnementale/, consulté le 8 mars 2018

Plateforme de l’engagement durable et de la RSE : https://e-rse.net/communication-rse-


competence-responsable-importance-18724/#gs.5jyYSmI, consulté le 9 mai 2018
Site Anti-greenwashing de l’ADEME : http://antigreenwashing.ademe.fr/, consulté le 18 avril
2018
Agence Limite : http://agence-limite.fr/blog/2013/11/nouvelles-pratiques-greenwashing-
areva/, consulté le 23 avril 2018

56
Site The GreenWasher : https://thegreenwasher.wordpress.com/tag/greenwashing/, consulté le
27 juin 2018
Site Eco-Jonction : http://www.eco-jonction.com/apres-le-greenwashing-place-au-
greenbashing/, consulté le 14 juillet 2018

RAPPORTS ET BILANS

ADEME, “Déchets : 10 chiffres clefs”, 2017 : https://www.ademe.fr/dechets-2017-10-


chiffres-cles
ADEME, Bilan 2017 « Publicité et environnement » : https://www.actu-
environnement.com/ae/news/bilan-2017-publicite-environnement-ademe-ARPP-reseaux-
sociaux-non-conformite-31422.php4
ADEME, Dossier “Les bonnes pratiques de communication”, 2018 :
https://www.ademe.fr/expertises/consommer-autrement/passer-a-laction/reconnaitre-produit-
plus-respectueux-lenvironnement/dossier/bonnes-pratiques-communication/publicites-
allegations-environnementales
ADWISER (Collectif), « Vers une communication responsable: Just do it another way !
Pourquoi et comment le secteur de la communication doit s’engager dans le développement
durable ? », rapport de Décembre 2014
http://www.aliceaudouin.com/wp-content/uploads/2014/07/rapportcommresp.pdf

ASSOCIATION POUR LA COMMUNICATION DES INSTITUTIONS PUBLIQUES,


« Communication et environnement : partie liée », juillet 2017 (rapport en partenariat avec
Thierry Libaert) : http://www.communication-publique.fr/articles_pp/communication-et-
environnement-partie-liee/
AUTORITE DE REGULATION PROFESIONNNELLE DE LA PUBLICITE, Rapport
annuel 2017 : https://www.arpp.org/actualite/rapport-annuel-2017/

57
TABLE DES ANNEXES

Annexe I : Actions repérées en agence et impacts environnementaux des campagnes....….p.60

Annexe II : Guide des étapes pour une communication responsable…………………….…p.61

Annexe III : Préambule des 9 recommandations de l’ARPP liées au développement durable…

………………………………………………………………………………………………p.62

Annexe IV : Questionnaire en français ……………………………………………….……p.64

Annexe V : Répartition genre………………………………………………………………p.72

Annexe VI : Répartition âge……………………………………………………………..…p.72

Annexe VII : Répartition origine géographique…………………………………………….p.73

Annexe VIII : Répartition professions et catégories socioprofessionnelles……….………..p.73

Annexe IX : Budget shopping moyen………………………………………………………p.74

Annexe X : Sentiment d’impulsivité chez les sondés………………………...…………….p.74

Annexe XI : Temps moyen passé avant l’achat de vêtements……………………...………p.75

Annexe XII : Proportion de concernés par les messages environnementaux…………..…..p.75

Annexe XIII : Evaluation des critères avant un achat de vêtements…………….………….p.76

Annexe XIV : Vérification provenance des vêtements…………………………….……….p.76

Annexe XV : Vérification des données scientifiques dans la publicité.……………………p.77

Annexe XVI : Fréquence pratique du sport…………..……........................……...………..p.77

Annexe XVII : Fréquence achat de vêtements de sport……………………...……………..p.78

Annexe XVIII : Connaissance de la marque Patagonia…………………………………….p.78

Annexe XIX : Nuage de mots - termes associés à la marque Patagonia……………………p.79

Annexe XX : Evaluation des 6 critères - campagne Patagonia………………………..……p.79

58
Annexe XXI : Evaluation des 9 adjectifs - campagne Patagonia……………………….…..p.80

Annexe XXI : Taux de susceptibilité d’achat du produit………..…………………...……..p.80

Annexe XXIII : Taux de réflexion sur les habitudes de consommation grâce à la campagne
……………………………………………………….……………………...………………p.81

Annexe XXIV : Propension à acheter des vêtements sans réel besoin……………….…….p.81

Annexe XXV : Taux de perception du greenwashing- campagne Patagonia………...…….p.82

Annexe XXVI : Taux de qualification communication responsable - Patagonia…………..p.82

Annexe XXVII : Evaluation des 6 critères - campagne Adidas………………………….…p.83

Annexe XXVIII : Evaluation des 9 adjectifs - campagne Adidas……………………….....p.83

Annexe XXIX : Qualification campagne Adidas……………………………………….…..p.84

Annexe XXX : Evaluation des 6 critères - campagne H&M.………………………………p.84

Annexe XXXI : Evaluation des 9 adjectifs - campagne H&M…….……………………….p.85

Annexe XXXII : Qualification campagne H&M……………………………….…………..p.85

Annexe XXXIII : Taux de connaissance du service proposé de réparation par Patagonia…p.86

Annexe XXXIV : Taux d’intérêt - réparation gratuite de vêtements……………………….p.86

Annexe XXXV : Taux de connaissance du service d’échange proposé par Patonia……….p.87

Annexe XXXVI : Taux d’intérêt - plateforme d’échange de vêtements…………...………p.87

Annexe XXXVII : Taux de connaissance des pratiques éthiques de Patagonia……..……..p.88

Annexe XXXVIII : Taux de changement de perception de la campagne Patagonia…...…..p.88

Annexe XXXIX : Requalifiation de la campagne Patagonia - greenwashing / communication


responsable…………………………………………………………...……………………..p.89

Annexe XL : Second nuage de mots – perception de l’image de marque de Patagonia..…..p.89

59
ANNEXE I

60
Source : « Vers une communication responsable : Just do it another way ! Pourquoi et comment le
secteur de la communication doit s’engager dans le développement durable ? », Rapport du collectif
AdWiser Décembre 2007, p.19

ANNEXE II

Source : http://antigreenwashing.ademe.fr/sites/default/files/docs/ADEME_GREENWASHING_GUIDE.pdf

61
ANNEXE III

Source : https://www.arpp.org/nous-consulter/regles/regles-de-deontologie/developpement-durable/

62
Source : https://www.arpp.org/nous-consulter/regles/regles-de-deontologie/developpement-durable/

63
ANNEXE IV

Questionnaire (version française):

PARTIE 1 : Questions générales


Q1 : Vous êtes…

 Un homme
 Une femme
 Autre

Q2: Age

 Moins de 18 ans
 18-24 ans
 25-35 ans
 36-44 ans
 45-64 ans
 65 ans ou plus

Q3 : Pays de résidence
Question ouverte

Q4 : Situation professionnelle
Menu déroulant

 Agriculteur exploitant
 Artisan / Commerçant / Chefs d’entreprise
 Cadre / Profession intellectuelle supérieure
 Profession intermédiaire
 Employé
 Ouvrier
 Retraité
 Etudiant
 Chômeur
 Inactif

PART 2 : Etude des habitudes

a) Habitudes de consummation

64
Q5 : Quel est votre budget shopping moyen par mois ? (Pour vous seul)

 Entre 0 et 50 €
 Entre 50 et 100 €
 Entre 100 et 200 €
 Entre 200 et 400 €
 Plus de 400 €
(La devise a été adaptée en dollars pour la version anglais du questionnaire)

Q6 : Considérerez-vous comme un.e acheteur.se impusif.ve ?

 Oui
 Non
 Ne se prononce pas

Q7 : Si vous voyez un produit qui vous plait dans une vitrine ou à l’intérieur d’un magasin, combien
de temps se passe-t-il en moyenne avant que vous ne l’achetiez ? On admettra que le prix vous
convient ainsi que l’article.

 Moins de 10 mn (essayage ou non et ensuite achat immédiat)


 De 10 mn à 30 mn (besoin de faire le tour de la boutique, de comparer avec d’autres articles)
 De 30 à 1 heure (besoin de comparer avec d’autres articles des magasins environnants,
d’essayer d’autres articles avant d’acheter)
 Plusieurs heures (besoin de comparer de façon exhaustive, d’en discuter)
 Plusieurs jours (besoin de comparer sur internet, d’en discuter longuement avec des proches,
de comparer plusieurs fois avec d’autres enseignes)
(Pour aider les répondants à faire un choix et suite à la phase de pré-test, des détails ont été apportés –
entre parenthèses- pour aider les répondants à mieux sélectionner un choix)
Q8 : Quels sont les critères que vous prenez en compte lors de vos achats de vêtements ?
Classez de 1 –le plus important- à 6 –le moins important-

 La qualité
 Le prix
 Son côté éthique
 Si produit est à la mode ou non
 La réputation de la marque
 La nécessité de renouveler la garde-robe (nouvelle saison, évènement particulier)

b) Sensibilité environnementale
Q9 : Diriez-vous que vous vous sentez concerné.e par les messages environnementaux en règle
générale ?
Pas concerné Echelle de zéro à dix Très concerné

Q10 : Vérifiez-vous la provenance de vos vêtements ?


Jamais Rarement Régulièrement Souvent Très souvent

65
Q11 : Contrôlez-vous l’authenticité des chiffres et données scientifiques avancés dans une publicité ?

Jamais Rarement Régulièrement Souvent Très souvent

c) Pratique du sport
Q12 : Pratiquez-vous une activité sportive ?

 Très régulièrement (plusieurs fois par semaine)


 Régulièrement (environ une fois par semaine)
 Occasionnellement (environ une fois par mois)
 Rarement (Quelques fois dans l’année)
 Jamais
Q13: A quelle fréquence achetez-vous des vêtements de sport ?

 Régulièrement (Plusieurs fois par an)


 Occasionnellement (Environ une fois par an)
 Rarement (Moins d’une fois par an)
 Jamais

PARTIE 3 : CONNAISSANCE DE LA MARQUE

Q14: Connaissez-vous la marque Patagonia ?

 Je connais bien la marque et je suis un client régulier


 Je connais relativement bien la marque et je suis un client occasionnel
 Je connais un peu la marque et il m’est arrivé d’acheter pour moi ou pour quelqu’un d’autre un
de leur produit
 J’ai juste entendu parler de la marque mais n’ai jamais acheté aucun de leur produit
 Je n’ai jamais entendu parler de cette marque

Q15: Si vous connaissez la marque Patagonia, comment la décrirez-vous en un seul mot ?


Question libre (réponse non obligatoire)

PARTIE 4 : ETUDE DE L’IMPACT DE LA CAMPAGNE

Une photo de la campagne de Patagonia a été présentée aux répondants.

66
Q16 : Après avoir pris connaissance de cette publicité, comment veuillez évaluer les critères suivants ?

CRITERE 0 étoile 1 étoile 2 étoiles 3 étoiles 4 étoiles 5 étoiles


Très Médiocre Moyen Bon Très bon Excellent
médiocre
LE VISUEL
LA CREDIBILITE
L’ORIGINALITE
L’ETHIQUE DE LA
MARQUE
LA MISE EN
VALEUR DU
PRODUIT
LE MESSAGE

Q17 : Qualifieriez-vous la campagne de…

1-Pas du tout 2-Pas 3-Ni 4-D’accord 5- Tout à


d’accord d’accord d’accord ni fait
pas d’accord d’accord
AUDACIEUSE
INFORMATIVE
IRONIQUE
SUSPECTE
INTRIGUANTE
ENNUYANTE
CREATIVE
HONNETE
INTELLIGENTE

67
Q18 : Après avoir vu cette publicité, pensez-vous que vous seriez susceptible d’acheter ce produit ?

Non Plutôt non Ni oui ni non Plutôt oui Oui

Q19 : Après avoir lu sur l’affiche les principes des 4R (réduire, réparer, recycler, réutiliser), dites-vous
que vous la publicité vous a amené à réfléchir sur votre consommation ?
Non Plutôt non Ni oui ni non Plutôt oui Oui

Q20 : Diriez-vous qu’il vous arrive d’acheter des vêtements dont vous n’avez pas forcément besoin ?

Pas du tout Pas d’accord Ni d’accord ni pas D’accord Tout à fait


d’accord d’accord d’accord

Q21 : Est-ce que vous considérez cette publicité comme greenwashing ?


(La définition de l’ADEME du chapitre I a été incluse au questionnaire)

Pas du tout Pas d’accord Ni d’accord ni pas D’accord Tout à fait


d’accord d’accord d’accord

Q22 : Est-ce que vous considérez cette publicité comme un exemple de communication responsable ?
(La définition de Thierry Libaert de la communication responsable vue au chapitre I a été incluse dans
le questionnaire
Pas du tout Pas d’accord Ni d’accord ni pas D’accord Tout à fait
d’accord d’accord d’accord

COMPARAISON AVEC DES CONCURRENTS

Campagne marque A : Adidas

68
Q23: Après avoir pris connaissance de cette publicité, veuillez évaluer les critères suivants

CRITERE 0 étoile 1 étoile 2 étoiles 3 étoiles 4 étoiles 5 étoiles


Très Médiocre Moyen Bon Très bon Excellent
médiocre
LE VISUEL
LA CREDIBILITE
L’ORIGINALITE
L’ETHIQUE DE LA
MARQUE
LA MISE EN
VALEUR DU
PRODUIT
LE MESSAGE

Q24 : Qualifieriez-vous la campagne de…

1-Pas du tout 2-Pas 3-Ni 4-D’accord 5- Tout à


d’accord d’accord d’accord ni fait
pas d’accord d’accord
AUDACIEUSE
INFORMATIVE
IRONIQUE
SUSPECTE
INTRIGUANTE
ENNUYANTE
CREATIVE
HONNETE
INTELLIGENTE

Q25 : Qualifieriez-vous la campagne de…

Greenwashing Plutôt Ni l’un ni l’autre Plutôt Communication


greenwashing communication responsable
responsable

Campagne Marque B : H&M

69
Q26 : Après avoir pris connaissance de cette publicité, veuillez évaluer les critères suivants

CRITERE 0 étoile 1 étoile 2 étoiles 3 étoiles 4 étoiles 5 étoiles


Très Médiocre Moyen Bon Très bon Excellent
médiocre
LE VISUEL
LA CREDIBILITE
L’ORIGINALITE
L’ETHIQUE DE LA
MARQUE
LA MISE EN
VALEUR DU
PRODUIT
LE MESSAGE

Q27: Qualifieriez-vous la campagne de…


1-Pas du tout 2-Pas 3-Ni 4-D’accord 5- Tout à
d’accord d’accord d’accord ni fait
pas d’accord d’accord
AUDACIEUSE
INFORMATIVE
IRONIQUE
SUSPECTE
INTRIGUANTE
ENNUYANTE
CREATIVE
HONNETE
INTELLIGENTE

Q28 : Comment qualifieriez-vous la campagne ?

Greenwashing Plutôt Ni l’un ni l’autre Plutôt Communication


greenwashing communications responsable
responsable

PARTIE 5 : INFORMER DU CONTEXTE ETHIQUE DE LA MARQUE


Q29 : Saviez-vous que Patagonia proposait de réparer gratuitement les vêtements achetés dans ses
magasins ?

 Oui
 Non
Q30 : Seriez-vous intéressé.e par une telle offre ?

 Oui
 Non
 Je ne sais pas

70
Q31 : Savez-vous que la maque propose un site Worn Wear où vous pouvez troquer et échanger vos
vêtements ?

 Oui
 Non
Q32 : Seriez-vous intéressé.e par une telle offre ?

 Oui
 Non
 Je ne sais pas
Q33 : Saviez-vous que Patagonia reverse 10% de ses bénéfices à des associations environnementales ?

 Oui
 Non

PARTIE 6 : CHANGEMENT DE PERCEPTION


Q34 : Est-ce que le fait de savoir ces informations change votre perception de la campagne ?

Non Plutôt non Ni oui ni non Plutôt oui Oui

Q35 : Comment qualifieriez-vous la campagne maintenant que vous avez connaissance de ces
informations ?

Greenwashing Plutôt Ni l’un ni l’autre Plutôt Communication


greenwashing communications responsable
responsable

Q36 : Après avoir vu répondu à cette enquête, décrivez de nouveau la marque en un seul mot
Question libre

71
ANNEXE V
GENRE
Homme Femme

Homme
28%

Femme
72%

ANNEXE VI
Age
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
18 ou moins 18-24 ans 25-35 ans 36-44 ans 45-64 ans 65 ans ou plus

Pourcentage

72
ANNEXE VII
Origine géographique
80

70

60

50

40

30

20

10

0
Etats-Unis France Royaume-Uni Australie Canada Italie Allemagne

En nombre de répondants

ANNEXE VIII

70 Professions et Catégories socioprofessionnelles


60

50

40

30 61

20
26
10
8
0 0 2 2 0 1 0 0

Professions et Catégories socioprofessionnelles en pourcentage

73
ANNEXE IX
Budget shopping moyen (par mois par personne)

Plus de 400

De 200 à 400

De 100 à 200

DE 50 à 100

De 0 à 50

0 10 20 30 40 50 60

En Euros ou dollars (selon le pays)

ANNEXE X
Considerez-vous comment un.e acheteur.se
impulsif.ve ?
3%

39%

58%

Oui Non Ne se prononce pas

74
ANNEXE XI

Temps moyen passé avant un achat de vêtement


70

60

50

40

30

20

10

0
Moins de 10 minutes De 10 minutes à 30 De 30 minutes à 1 Plusieurs heures Plusieurs jours
minutes heure

En pourcentage

ANNEXE XII
Evaluation de l’importance des critères lors de l’achat d’un vêtement
80

70

60

50

40

30

20

10

0
Qualité Prix Si produit est à la Le côté éthique du La réputation de la La nécessité de
mode produit marque renouvelr la garde-
robe
Critère n°1 Critère n°2 Cariète n°3 Critère n°4 Critère n°5 Critère n°6

75
ANNEXE XIII
Se sent concerné par les messages environnementaux
10 : Très concerné 0: Non concerné
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0

0 5 10 15 20 25

En pourcentage

ANNEXE XIV
Vérification de la provenance des vêtements

Très souvent
8%
Jamais
26%
Souvent
19%

Rarement
47%

Très souvent Souvent Rarement Jamais

76
ANNEXE XV

VÉRIFICATION DES CHIFFRES ET DONNÉES


SCIENTIFIQUES
Très souvent Souvent
1% 4%
Rarement
18%

Jamais
77%

ANNEXE XVI

PRATIQUE DU SPORT
Jamais Très régulièrement
5% 8%
Rarement
11%

Occasionnellement
19%

Régulièrement
57%

77
ANNEXE XVII

FREQUENCE ACHAT DE VÊTEMENTS DE SPORT


Jamais Régulièrement
6% 12%

Rarement
29%

Occasionnellement
53%

ANNEXE XVIII

Connaissance de la marque Patagonia


45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
Client régulier de la Client occasionnel de Connaissance relative Connaissance très Aucune connaissance
marque la marque de la marque limitée de la marque de la marque

Pourcentage

78
ANNEXE XIX
Nuage de mots (termes associés à Patagonia) :

ANNEXE XX

5 Evaluation des six critères- Patagonia


4,5
4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
Le visuel La crédibilité L'originalité L'éthique de la La mise en Le message
marque valeur du
produit
Moyenne sur 5

79
ANNEXE XXI
A quel point ces adjectifs correspondent-ils à la campagne
de Patagonia ?
5
4,5
4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
Audacieuse Informative Ironique Suspecte Intriguante Ennuyante Créative Honnête Intelligente

Moyenne sur 5

ANNEXE XXII

Seriez-vous suceptible d'achetez le produit ?


70

60

50

40

30

20

10

0
Non Plutôt non Ni oui ni non Plutôt oui Oui

En pourcentage

80
ANNEXE XXIII
Est-ce que cette publicité vous amène à réfléchir sur votre
consommation ?
80

70

60

50

40

30

20

10

0
Non Plutôt non Ni oui ni non Plutôt oui Oui

En pourcentage

ANNEXE XXIV

Diriez-vous qu'il vous arrive d'acheter des vêtements dont


vous n'avez pas besoin ?
70

60

50

40

30

20

10

0
Tout à fait d'accord D'accord Ni d'accord ni pas Pas d'accord Pas du tout d'accord
d'accord

En pourcentage

81
ANNEXE XXV

Considérez-vous cette publicité comme du greenwashing ?


25

20

15

10

0
Tout à fait d'accord D'accord Ni d'accord ni pas Pas d'accord Pas du tout d'accord
d'accord

En pourcentage

ANNEXE XXVI

Considérez-vous cette publicité comme un exemple de


communication reponsable?
30

25

20

15

10

0
Tout à fait d'accord D'accord Ni d'accord ni pas Pas d'accord Pas du tout d'accord
d'accord

En pourcentage

ANNEXE XXVII

82
Evaluation des six critères - Marque A Adidas
4,5
4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
Le visuel La crédibilité L'originalité L'éthique de la La mise en valeur Le message
marque du produit

Moyenne sur 5

ANNEXE XVIII
A quel point ces adjectifs correspondent-ils à la campagne
d'Adidas ?
4

3,5

2,5

1,5

0,5

0
Audacieuse Informative Ironique Suspecte Intriguante Ennuyante Créative Honnête Intelligente

Moyenne sur 5

ANNEXE XXIX

83
Comment qualiferiez-vous la campagne d'Adidas ?
35

30

25

20

15

10

0
Greenwashing Plutôt greenwashing Ni l'un ni l'autre Plutôt Communication
communication responsable
responsable

Pourcentage

ANNEXE XXX
Evaluation des six critères - Marque B H&M
4,5
4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
Le visuel La crédibilité L'originalité L'éthique de la La mise en valeur Le message
marque du produit

Moyenne sur 5

ANNEXE XXXI

84
A quel point ces adjectifs correspondent-ils à la campagne
d'H&M ?
4

3,5

2,5

1,5

0,5

0
Audacieuse Informative Ironique Suspecte Intriguante Ennuyante Créative Honnête Intelligente

Moyenne sur 5

ANNEXE XXXII
Comment qualiferiez-vous la campagne d'H&M ?
35

30

25

20

15

10

0
Greenwashing Plutôt greenwashing Ni l'un ni l'autre Plutôt Communication
communication responsable
responsable

Pourcentage

ANNEXE XXXIII

85
Saviez-vous que Patagonia proposait de réparer les
vêtements ?

Non
13%

Oui
87%

Oui Non

ANNEXE XXXIV
Seriez-vous intéressé.e par une telle offre ?
Non
2%

Oui
98%

ANNEXE XXXV

86
Saviez-vous que Patagonia propose une
platerforme pour échanger ses vêtements ?
7%

93%

Oui Non

ANNEXE XXXVI

SERIEZ-VOUS INTÉRESSEZ PAR UNE TELLE OFFRE ?


Non
16%

Oui
84%

ANNEXE XXXVII

87
Savez-vous que Patagonia reverse 10% de ses
bénéfices à des associations environnementales ?
11%

89%

Oui Non

ANNEXE XXXVIII
Est-ce ces informations sur la marque vous amène à
changer votre perception de la campagne ?
70

60

50

40

30

20

10

0
Non Plutôt non Ni oui ni non Plutôt oui Oui

En pourcentage

ANNEXE XXXIX

88
Comment qualiferiez-vous la campagne maintenant que
vous ayez connaissance de ces informations ?
30

25

20

15

10

0
Greenwashing Plutôt greenwashing Ni l'un ni l'autre Plutôt Communication
communication responsable
responsable

Pourcentage

ANNEXE XL

Après avoir vu répondu à cette enquête, décrivez de nouveau la marque Patagonia en un seul mot

Nuage de mots

89

Vous aimerez peut-être aussi