Apiculture Pour Tous Emile Warre
Apiculture Pour Tous Emile Warre
Apiculture Pour Tous Emile Warre
L’APICULTURE
POUR TOUS
DOUZIEME EDITION
LAMARTINE.
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/deed.fr
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L’APICULTURE
POUR TOUS
L'UTILITÉ DE L'APICULTURE
Les mensonges
Pour encourager le retour à la terre ou pour conduire aux déceptions
ceux qui y retournent, des apiculteurs en chambre ou des antifrançais
font imprimer dans les journaux des choses renversantes. Parfois aussi
des apiculteurs égoïstes accusent des résultats inférieurs pour ne pas se
créer de concurrents.
Ainsi un dignitaire en apiculture prétend qu'une récolte de 10 kg est
un rare maximum. Par contre, un professeur prétend que les récoltes de
miel devraient être portées en moyenne à 100 kg par ruche par l'adoption
de méthodes rationnelles.
Un docteur déclare qu'en Amérique une ruche peut donner une récolte
moyenne annuelle de 190 kg de miel, qu'il ne tient qu'à nous d'en faire
autant.
Sans doute en donnant à chaque ruche 200 kg de sucre. Mais la
répression des fraudes n'interviendrait-elle pas ?
La vérité
Aucune ruche, aucune méthode ne change les pierres en miel, ni ne
donne l'intelligence à l'apiculteur, ni n'augmente la fécondité de la reine,
ni n'améliore la température. Par conséquent, le rapport d'une ruche
variera d'une région à l'autre, d'une ruche à l'autre, d'une année à l'autre,
comme la richesse mellifère de la région, comme la fécondité de la reine,
comme la température, comme l'habileté de l'apiculteur.
Quand j'habitais la Somme, je faisais une récolte moyenne de 25 kg
par ruche. Dans une région mellifère on peut récolter davantage. Ici, à
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Saint-Symphorien, dans un quartier très peu mellifère, je ne fais qu'une
récolte moyenne de 15 kg.
Précisons. En 1940 j'avais des ruches qui m'avaient coûté 300 fr.
l'une. Elles m'ont donné chacune une récolte de 15 kg. Or, le prix du
miel était fixé à 18 fr. en demi-gros, à 22 fr. au détail. Par ailleurs,
chaque ruche ne m'avait demandé qu'une heure et demie de travail dans
le cours de l'année.
On voit par là comment le travail et le capital sont payés en
apiculture, même dans une région peu mellifère.
Le bonheur, a dit Coppée, c'est d'en donner. Bonheur acquis pour les
âmes d'élite.
Or, ce bonheur n'est pas toujours possible, mais on peut trouver un
bonheur considérable dans la nature.
La fleur c'est la beauté qui se rajeunit sans arrêt. Le chien c'est la
fidélité sans borne, même dans l'infortune, la reconnaissance sans oubli.
L'abeille c'est une maîtresse et charmante éducatrice. Elle donne
l'exemple d'une vie sage et raisonnée qui console des contrariétés de la
vie.
L'abeille se contente de la nourriture que lui fournit la nature aux
alentours de sa ruche, sans y rien ajouter, sans en rien retrancher. Pas de
plats cuisinés, pas de primeurs d'outre-mer.
L'abeille, si riche soit-elle de provisions, ne consomme que ce qui lui
est strictement nécessaire. Pas d'excès de table.
L'abeille se sert de son terrible aiguillon, et jusqu'à la mort, pour
défendre sa famille et ses provisions. Ailleurs, même quand elle butine,
elle cède aux hommes. et aux animaux la place dont ils ont besoin,
pacifiquement, sans récrimination, sans lutte. C'est une pacifiste sans
faiblesse.
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Chaque abeille a sa besogne, conforme à son âge et à ses aptitudes.
Elle la remplit sans envie, sans révolte et sans colère. Pour l'abeille, il n'y
a pas de travail humiliant.
La reine, inlassablement, pond, assurant ainsi la perpétuité de la race.
Les ouvrières, avec amour, partagent leur activité entre les tendres
larves, espoirs des essaims futurs, et les champs embaumés où, de l'aube
au crépuscule, s'opère la récolte du miel. Point de place, dans le
bourdonnant essaim, pour les inutiles. Pas de parlementaires; car ce
peuple discret n'a pas le goût des lois nouvelles ni le loisir des discours
vains.
Nous appelons reine l'abeille pondeuse. C'est indûment. Il n'y a ni roi,
ni reine, ni dictateur dans la ruche. Personne ne commande, mais tous
travaillent dans l'intérêt commun. Pas d'égoïsme.
L'abeille observe la loi aussi hygiénique qu'impérieuse, loi souvent
oubliée par les hommes : « C'est à la sueur de ton front que tu gagneras
ton pain. » Et je constate que la sueur de l'abeille, tout en assainissant
son corps, lui est encore d'une autre utilité. Sa sueur, en se changeant en,
paillettes de cire, fournit à l'abeille les matériaux qui lui serviront à
construire ses admirables cellules : grenier sain pour ses provisions,
doux berceau pour sa progéniture. Tant il est vrai que l'observation des
lois naturelles est toujours récompensée.
Et l'abeille travaille sans répit, jour et nuit. Elle ne prend de repos que
lorsque le travail fait défaut. Pas même de repos hebdomadaire. Chez les
abeilles il n'y a ni rentiers ni retraités.
Et voyez la devise de l'abeille qu'a chantée Théodore Botrel :
Ce que j'admire le plus chez l'abeille, a dit Henry Bordeaux, c'est son
oubli d'elle-même : elle se donne tout entière à une œuvre dont elle ne
jouira pas : joie dans l'effort et don de soi.
Et pour moi les abeilles sont ce qu'étaient les oiseaux pour André
Theuriet.
Quand j'entends les abeilles bourdonner dans la feuillée, je songe,
avec une douce émotion, qu'elles chantent de la même façon que celles
que j'écoutais dans mon enfance, au jardin paternel.
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Les abeilles ont cela de bon qu'elles semblent toujours être les mêmes.
Des années passent, on devient vieux, on voit ses amis disparaître, les
révolutions changer la face des choses, les illusions tomber l'une après
l'autre, et, cependant, parmi les fleurs, les abeilles qu'on a connues dès
l'enfance modulent les mêmes phrases musicales, avec la même voix
fraîche. Le temps ne semble pas mordre sur elles, et, comme elles se
cachent pour mourir, comme nous n'assistons jamais à leur agonie, nous
pouvons nous figurer presque que nous avons toujours devant les yeux
celles qui ont enchanté notre première jeunesse, celles aussi qui, pendant
notre longue existence, nous ont procuré les heures les plus agréables et
les amitiés les plus rares.
Comme l'a dit un amant de la nature : Heureux celui qui, le soir,
couché dans l'herbe auprès du rucher, eu compagnie de son chien, a
entendu le chant des abeilles se mariant au cri-cri des grillons, au bruit
du vent dans les arbres, au scintillement des étoiles, à la marche lente des
nuages !
L’ABEILLE
Un Insecte.
Les insectes (du latin " in, " dans, " secare ", couper), ou hexapodes
(du grec : " hex ", six, et " ports, podos ", pied), se caractérisent par leurs
membres qui sont toujours au nombre de six. Les insectes ont une
respiration aérienne.
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De haut en bas :
Une mère. Une ouvrière. Un male.
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Leur tête porte deux yeux composés. Le thorax se divise en trois
parties le prothorax, qui porte une paire de pattes ; le mésothorax, qui
porte une paire de pattes et une paire d'ailes ; le métathorax, qui porte
une paire de pattes et parfois une paire d'ailes. Les insectes ont toujours
leurs sexes séparés. La larve, au sortir de l'œuf, doit subir une série de
métamorphoses pour arriver à ressembler aux parents. Par leur
intelligence et leur organisation, les insectes sont supérieurs aux autres
invertébrés. Les six, cent mille espèces d'insectes connus sont réparties
en huit ordres : les orthoptères (sauterelles), les névroptères (fourmis-
lions), les archiptères (les libellules), les hémiptères (les punaises), les
diptères (les puces), les lépidoptères (les papillons), les coléoptères (les
hannetons) et les hyménoptères.
Les hyménoptères (du grec : " humen ", membrane, et " pteron ", aile)
sont caractérisés par quatre ailes membraneuses.
Les hyménoptères forment la classe des insectes la plus hautement
organisée au point de vue de l'intelligence, à tel point que ses
manifestations confondent la nôtre. Et pourtant nous ne connaissons
encore qu'imparfaitement leurs qualités, comme leur nombre d'ailleurs,
car les vingt cinq mille espèces connues permettent d'entrevoir le
nombre de deux cent cinquante mille espèces.
Les hyménoptères comprennent deux groupes : les térébrants et les
porte-aiguillon.
Les térébrants possèdent une tarière abdominale dont ils se servent
pour scier ou perforer les végétaux. C'est dans ce groupe que sont classés
les " cepus ", dont on trouve la larve dans le chaume qui porte l'épi de
blé, et la " lydia piri ", dont les larves filent une sorte de réseau de soie
englobant plusieurs feuilles de poiriers.
Les porte-aiguillon portent un aiguillon au bout de l'abdomen. Les
uns sont des parasites, dont la mission est souvent de détruire des
insectes nuisibles, ou des chasseurs comme la guêpe vulgaire ou le gros
frelon, dont les larves ont besoin d'un apport d'insectes ou de viande, et
de fouisseurs (philanthe apivore) qui fouillent souvent la terre pour y
trouver les larves dont ils se nourrissent, qui dévorent aussi beaucoup
d'abeilles.
Les autres sont des formicides ou fourmis, insectes les mieux doués
au point de vue de l’intelligence après les abeilles, et enfin les apides.
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Les apidés ou mellifères, ce sont les abeilles. Elles nourrissent leurs
larves de miel. Il y en a environ 1.500 espèces. Les unes vivent
solitaires, comme l’osmie, dans des trous de murailles, des cavités de
vieux bois. Les autres se réunissent en société, ce sont les abeilles
sociales : les bourdons, les mélipones et l’abeille ordinaire ou « apis
mellifica « .
Les bourdons (du latin « burdo « , mulet), de grande taille, très velus,
ne vivent qu’en petits groupes et font leur nid sous la terre.
Les mélipones, très petites, vivent en colonies très nombreuses, parce
qu’elles ont plusieurs reines, mais seulement dans les pays tropicaux.
L’abeille ordinaire, « apis mellifica « , est celle dont nous allons nous
occuper longuement.
Tailles comparatives
La mère, les ouvrières et les mâles varient de taille. Le tableau ci-
dessous la donne approximativement :
MESURES EN MILLIMETRES
Largeur Diamètre
Longueur
des ailes ouvertes du corselet
Mère …………………. 16 24 4.0
Ouvrières …………….. 12 23 3.5
Mâles …………………. 15 28 4.5
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Transformations comparatives
Les habitants de la ruche se transforment de façons différentes.
La reine est sous forme d'œuf pendant trois jours, de larve pendant cinq
jours, de nymphe (dans cellule operculée) pendant huit jours. La
naissance a lieu le seizième jour. Elle est fécondée vers le septième jour
après sa naissance. Elle commence à pondre deux jours plus tard, soit au
minimum vingt-cinq jours, le plus souvent trente jours après la ponte de
l'œuf.
L'ouvrière est sous forme d'œuf pendant trois jours, de larve pendant
cinq jours, de nymphe (dans cellule operculée) pendant treize jours. La
naissance a lieu le vingt et unième jour. Elle reste dans la ruche, comme
nourrice ou cirière, environ quinze jours. Elle commence à butiner trente
à trente-six jours après la ponte de l'œuf.
Le mâle est sous forme d'œuf pendant trois jours, de larve pendant six
jours et demi. La naissance a lieu le vingt-quatrième jour. Il est apte à la
reproduction vers le cinquième jour après sa naissance, soit environ un
mois après la ponte de l'œuf.
N. B. Si l'on supprime la mère d'une colonie, laissant aux abeilles le
soin de la remplacer, celles-ci, pour épargner du temps, opèrent presque
toujours sur des larves âgées de deux jours, de sorte que les jeunes reines
arrivent à terme le douzième jour après l'enlèvement de la vieille reine.
LA MÈRE
Nom de la mère
D'anciens auteurs enseignaient que les colonies d'abeilles sont
gouvernées par des rois. Nous savons aujourd'hui qu'il existe dans
chaque colonie une reine, ou mieux une mère, car, de fait, cette reine
n'est qu'une femelle complète, fécondée, capable d'assurer par sa ponte
l'avenir de la famille. Le grand chef de la colonie c'est l'intérêt général.
Nous nous conformerons toutefois à l'usage : la mère de la colonie, nous
l'appellerons reine.
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Nombre de reines
Généralement, il n'y a qu'une reine dans une colonie. Plusieurs fois,
pourtant, nous avons vu deux reines dans une colonie. D'autres
apiculteurs ont affirmé en avoir vu trois. Ces exceptions peuvent se
produire dans plusieurs cas. Une reine trop vieille n'a plus l'énergie
d'aller tuer sa fille à sa naissance, comme son instinct l'y avait poussée
antérieurement. Ou bien, on a introduit successivement plusieurs reines
dans une colonie qu'on croyait orpheline. Les reines se sont trouvées
séparées, poussées par les abeilles, dans des directions différentes. De
fait, elles ont formé dans la colonie des groupes différents, ayant chacun
les éléments d'une colonie. Cet état disparaît aussitôt que les groupes se
rapprochent l'un de l'autre, soit par le développement des deux groupes,
soit par l'arrivée du froid. Le désordre créé par la sortie des essaims
secondaires favorise la présence momentanée de plusieurs reines écloses
en même temps.
Disparition de la reine
Dans la visite des ruches, on voit fréquemment une pelote d'abeilles
serrées fortement. Si on écarte ces abeilles par la force ou par une fumée
très abondante, on trouve au milieu une reine. Une telle reine est dite
emballée.
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Cette étreinte des abeilles a pour cause la joie ou l'antipathie.
Quand l'apiculteur a maintenu la reine trop longtemps séparée de la
colonie, quand il n'a pas favorisé assez vite la sortie d'une reine de la
cage d'introduction, quand il y a pillage et danger pour la reine, les
abeilles, dans leur joie excessive, s'empressent autour de la reine aussitôt
qu'elles le peuvent, elles la serrent, l'étreignent et l'étouffent.
D'autres fois, cette étreinte a pour cause l'antipathie; elle est
accompagnée de coups de dards et suivie d'une mort plus rapide.
Ce fait a lieu pour les vieilles reines infécondes, peu de temps avant
l'éclosion de leur remplaçante; pour les reines dont l'apiculteur, en les
conservant trop longtemps entre les doigts ou dans la main, a changé le
parfum particulier qui permet à leur peuple de les reconnaître; pour les
jeunes reines qui, au retour de la fécondation, entrent dans une ruche
étrangère trop rapprochée.
Importance de la reine
Sa présence est nécessaire puisque, seule, la reine pond les neufs
destinés à assurer la perpétuité de la famille. Aussi la nature a-t-elle pris
toutes les mesures pour protéger sa vie.
L'accouplement de la reine a lieu en vol, dans les airs. Ces
circonstances rendent cet acte dangereux pour un insecte aussi fragile
que l'abeille. Aussi est-il unique.
L'abeille ne rencontre le mâle qu'une seule fois dans sa vie. Et plus
jamais, par la suite, elle ne quittera ses rayons, si ce n'est au milieu d'un
essaim qui va fonder un nouveau foyer.
Autorité de la reine
C'est une erreur de croire que la reine dirige la construction des
rayons et distribue le travail aux ouvrières. Le rôle de la reine est tout
simplement de pondre.
Il n'en est pas moins vrai que la présence de la reine est indispensable
à l'activité de la colonie. Vu l'importance du rôle de la reine et la gravité
de sa perte, dès qu'une ruche est orpheline, les ouvrières s'inquiètent,
s'appellent, courent de tous côtés à la recherche de la reine; elles
travaillent moins, elles deviennent acariâtres. La situation s'aggrave
encore s'il n'y a pas dans la ruche du couvain jeune permettant d'élever
une autre reine.
Aussi, dans une colonie qui meurt de faim, c'est la reine qui survit le
plus longtemps, sans doute parce que la reine est plus forte et plus
résistante, mais aussi parce que les abeilles lui ont réservé la dernière
goutte de miel.
Imperfections de la reine
La reine ne possède ni les organes sécréteurs de la cire, ni les
appareils de récolte du pollen et du miel.
La reine ne sait même pas s'alimenter elle-même. Si on l'enferme
seule dans une boîte avec du miel à sa portée, elle meurt de faim à côté
du miel.
Il paraît en être de même dans la ruche. Les ouvrières fourniraient à la
reine, pendant la ponte, une bouillie déjà élaborée par une première
digestion, composée de miel et de pollen; en dehors de la ponte, du miel
pur. Toutefois, d'après le docteur Miller, ce n'est pas l'ouvrière qui fait
passer la nourriture dans la bouche de la mère, parce que le dégorgement
de la nourriture n'est possible qu'avec la langue repliée en arrière. C'est
au contraire la reine qui introduit sa langue dans la bouche de l'ouvrière
pour prendre dans son jabot la bouillie toute préparée.
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Caractère de la reine
La reine est extrêmement timide et craintive. Le moindre bruit
insolite l'effraye. Elle se cache souvent dans les recoins de la ruche où on
peut l'écraser, où, en tout cas, il est souvent difficile de l'apercevoir. La
reine n'ose même faire usage de son dard, sauf contre les jeunes reines.
Aspect de la reine
L'aspect de la reine permet de la trouver facilement. Elle est plus
grosse et beaucoup plus longue que l'ouvrière. Son abdomen, de nuance
plus claire, dépasse longuement les ailes. Sa démarche est plus
majestueuse. Elle se distingue également du mâle par son corps plus
svelte. Le mâle a le bout de l'abdomen plus obtus et plus couvert de
poils, les ailes plus longues que l'abdomen.
LES MÂLES
LES OUVRIÈRES
Quelques chiffres
L'abeille pèse environ un dixième de gramme. Elle peut rapporter la
moitié de son, poids, soit 0 gr. 05; mais souvent elle ne rapporte que 0
gr. 02 par voyage. Pour un apport de 1 kilogramme de miel, il faut donc
que l'abeille fasse 50.000 voyages ou que 50.000 abeilles fassent un
voyage. L'abeille peut faire par jour une vingtaine de voyages de 1 km
aller et retour pour rapporter 0 gr. 40 de miel. La récolte de 1 kg de miel
représente donc plus de 40.000 kilomètres, soit plus que le tour du
monde.
Nectar
C'est avant tout le nectar que l'abeille recherche dans les fleurs.
Arrivée sur une fleur l'abeille écarte les pétales, plonge sa tête dans
l'intérieur de la fleur, allonge sa trompe et absorbe la gouttelette de
nectar que nous aurions pu voir avant son passage.
Propolis
Des butineuses vont aussi récolter la propolis sur les bourgeons de
certains arbres : aunes, peupliers, bouleaux, saules, ormes, etc.
La propolis est une matière résineuse, transparente, collante. Les
abeilles la rapportent par petites pelotes comme le pollen. Elles s'en
servent pour boucher les fentes, combler les vides dans l'intérieur de la
ruche.
Eau
Enfin certaines butineuses vont aussi chercher de l'eau qui leur sert à
délayer la pâtée destinée aux jeunes abeilles, et aussi probablement à
dissoudre le miel cristallisé.
Les abeilles ont des préférences étranges pour les gouttes de rosée du
matin, l'eau de la mer, les eaux stagnantes qui ont reçu quelque peu de
purin dans le voisinage des fermes.
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Bourdons
Les bourdons ne sortent qu'aux heures chaudes de la journée. Ils sont
bruyants et volent sans but et lourdement quoique ne rapportant rien, ni
miel ni pollen.
Ouvrières
Dès qu'il y a une température de 8°, on voit à l'entrée de la ruche des
ouvrières toujours occupées, mais à des fonctions différentes. Les unes
sont des gardiennes ou des ventileuses, les autres sont des nettoyeuses ou
des butineuses.
En avant, ne abeille emporte une abeille morte. Au milieu, deux bordons, plus courts et
plus gros. Prés de l’entrée, deux ouvrières apportent du pollen qu’on voit à leurs pattes.
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Gardiennes
Les gardiennes vont et viennent devant l'entrée de la ruche ; elles
surveillent les abeilles qui viennent du dehors et ne les laissent rentrer
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qu'après les avoir reconnues, sans doute par leur odeur. Elles
pourchassent les abeilles, pourtant semblables, venues d'une autre ruche
pour prendre le miel de la leur ; elles pourchassent aussi les guêpes, les
frelons, les papillons " tête de mort " qui essaient parfois de rentrer dans
la ruche.
Ventileuses
Vers le soir des journées chaudes, surtout s'il y a des apports de miel,
à côté des gardiennes, les ventileuses restent fixées la tête tournée vers
l'entrée, dressées sur leurs pattes. Leurs ailes s'agitent rapidement et
produisent un bruissement qu'on peut entendre d'assez loin. Leur but est
de ventiler la ruche pour abaisser la température et aussi pour activer
l'évaporation de l'eau contenue dans le miel, nouvellement apporté.
Nettoyeuses
Le matin, surtout an printemps, on voit aussi des abeilles sortir de la
ruche, emportant au loin des débris de cire, des abeilles mortes, ce sont
les nettoyeuses.
Butineuses
Enfin nous voyons sortir de la ruche les butineuses. Elles prennent
leur vol rapidement, sans hésitation, dans une direction déterminée, se
souvenant des fleurs visitées la veille. Elles rentrent lourdes et tombent
parfois sur l'herbe avoisinant la ruche parce qu'elles sont chargées de
miel. D'autres rentrent portant sur leurs pattes de derrière deux boules de
pollen, jaunes ou de diverses couleurs, qu'elles ont recueillies sur les
étamines des fleurs.
Soleil d’artifice
Par les journées chaudes, surtout après quelques jours de pluie, on
voit souvent des abeilles voltiger autour de la ruche en cercles de plus en
plus grands. Ce ne sont pas des butineuses, mais de jeunes abeilles qui
font la reconnaissance de leur ruche et de, son emplacement. Leur
exercice s'appelle " soleil d'artifice ".
Barbe
Quand il fait très chaud, les abeilles manquant de place a l'intérieur de
la ruche pour s'écarter les unes des autres se répandent au dehors en
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groupe devant l'entrée et même sous la ruche, attachées les unes aux
autres par les pattes. On dit alors que les abeilles font la barbe. Elles font
aussi la barbe quand elles se préparent à essaimer.
Rayons
Ce qu'on perçoit d'abord dans une ruche, ce sont les plaques de cire
creusées de cavités régulières. Ces plaques s'appellent rayons ou
bâtisses; ces cavités, cellules ou alvéoles. Les unes sont commencées, les
autres terminées. Les rayons sont séparés par un intervalle d'un
centimètre environ:
Cellules
Les cellules sont de dimensions différentes. Les cellules de mâles
sont les plus grandes; les cellules d'ouvrières sont les plus petites.
Il y a aussi des cellules irrégulières, dites cellules de raccord. Enfin il
y a quelquefois des cellules de reine, d'une forme spéciale, ressemblant
extérieurement à une cacahuète.
Les cellules peuvent avoir un couvercle appelé « opercule ». Les
cellules non couvertes peuvent être vides ou contenir des œufs, des
larves, du pollen ou du miel. Les cellules operculées contiennent du
couvain si l'opercule est bombé et mat, du miel si l'opercule est plat et
brillant.
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d) Enfin cellule
déchirée dont la reine a
été tuée.
Œufs de larves.
Cellules de reine
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Habitants
Dans la ruche il y a évidemment une reine, des ouvrières et des mâles.
Nous en avons parlé dans un précédent chapitre.
La reine n'a d'autre occupation que la ponte. Les ouvrières vaquent à
différentes occupations : nourrir la reine et les larves; apporter nectar,
pollen, propolis et eau; nettoyer les cellules et la ruche. Les mâles sont
disséminés sur le couvain sans occupation apparente, probablement pour
le chauffer. Aux heures chaudes où on visite la ruche, les mâles sont
dehors ou dans les coins de la ruche pour ne pas gêner les abeilles.
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Or, après ces dix ans, on pourra constater que tel système est parfait
l'hiver, par exemple, que tel autre est supérieur l'été. On confectionnera
donc un système de ruches où l'on fera entrer tous les avantages des
deux systèmes étudiés précédemment. Et ou étudiera ce nouveau
système de ruches pendant une dizaine d'années. Après cette nouvelle
étude on pourra s'apercevoir qu'on a une ruche parfaite pour l'abeille,
répondant à tous ses besoins, mais mauvaise pour l'apiculteur parce
qu'elle lui demande beaucoup trop de surveillance. Fera-t-on une
nouvelle expérience de dix ans ? Le pourra-t-on?
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Que des amateurs fassent ces expériences, ils y trouveront une grande
satisfaction. Ces expériences m'ont procuré à moi-même des heures fort
agréables.
Ceux qui veulent ou doivent produire feront bien de s'en abstenir.
Pendant plus de trente ans j'ai étudié, dans mes ruchers, les principaux
systèmes de ruches qu'on peut voir dans les figures ci-contre.
Dans mes ruchers, j'avais 350 ruches de différents systèmes. J'ai pu
faire des comparaisons.
Toutefois je ne veux imposer mon expérience à personne. Pour faire
valoir ma ruche et ma méthode, fruit de mes études, je ne mettrai en
avant ni mon travail, ni les résultats obtenus. Je donnerai simplement les
raisons de leur supériorité, raisons basées sur des principes apicoles et
scientifiques incontestables.
D'ailleurs, puisque je donne les dimensions de la ruche que je
recommande, mes conseils n'ont rien d'intéressé.
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LA MEILLEURE RUCHE
Apiculture scientifique
Voulez-vous étudier l'abeille dans sa vie, dans son travail. Pour ce
faire, ce n'est pas seulement une ruche vitrée qu'il vous faut, mais une
ruche dont vous pourrez examiner à volonté tous les recoins. Dans ce
cas, c'est la ruche à cadres qui s'impose, et encore faudrait-il que les
cadres de cette ruche puissent s'écarter à volonté. Il faudrait que les
cadres soient « feuilletables » comme les feuillets d'un livre.
C'est d'une ruche de ce genre que se servit François Hubert pour ses
fameuses observations.
Cette ruche vous coûtera cher et ne sera d'aucun rapport. C'est un
sacrifice à la science.
Apiculture productive
Voulez-vous, au contraire, retirer de votre rucher un miel
certainement naturel et moins coûteux que celui de l'épicier ? Voulez-
vous fonder une exploitation qui vous nourrisse vous et votre famille ?
Dans ce cas, il vous faut une ruche moins chère, une ruche dont la
conduite exige moins de travail, dont le miel, en un mot, soit d'un prix de
revient inférieur. Or, seule la ruche à rayons fixes peut vous donner ce
résultat.
Raisons de ce conseil
Ce conseil peut paraître téméraire devant le grand nombre de ruches à
cadres de tous systèmes, offertes aux apiculteurs et employés par eux.
Réfléchissez sur ce fait. Quels sont les ruchers modernes qui n'ont pas
été abandonnés après quelques années d'expérience ? Ceux des
instituteurs, des curés, etc., qui ont du temps disponible qu'ils
n'emploieraient pas autrement. Ceux encore des apiculteurs qui ont su et
ont pu greffer sur leur rucher un commerce quelconque : construction de
ruches, confiserie, etc.
Tous les autres ruchers disparaissent vite parce qu'ils ne nourrissent
pas leur homme.
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Il n'est d'ailleurs pas nécessaire d'étudier comparativement les ruches
modernes pour se rendre compte de leur non-valeur : ce qui serait long et
coûteux, nous l'avons dit. Il suffit de compter ce qu'elles coûtent à
installer, ce qu'elles exigent d'heures de travail pour pouvoir conclure,
sans même être apiculteur, que leur produit est nécessairement d'un prix
de revient trop élevé. Les prix des ruches à cadres et de leurs accessoires,
on le trouvera dans les catalogues des constructeurs. Nous ne nous en
occuperons pas. Nous considérerons seulement les heures de travail que
demande chaque système.
Nombre de systèmes
Le nombre des modèles de ruches s'accroît tous les jours. On enlève
un centimètre, ici, on en ajoute un par là, on fait passer les cadres par
toutes les formes géométriques, et on annonce une nouvelle ruche qui,
elle, réussira mieux que les autres à faire la fortune de l'apiculteur. Elle
commence par multiplier la mise de fonds, car toutes ces modifications,
en général, augmentent le prix de la ruche. En tout cas, elles ne
constituent pas un système nouveau parce qu'elles ne sont pas basées sur
un principe apicole essentiel.
Mais beaucoup d'apiculteurs ont la manie de l'invention. Il faut qu'ils
changent quelque chose aux ruches qu'ils possèdent.
La Ruche Populaire elle-même est déjà la victime des inventeurs. On
dit qu'on l'améliore. Or, les améliorations que je connais sont toutes
inutiles, certaines sont nuisibles, quelques-unes absurdes.
De fait, toutes les ruches du commerce peuvent être ramenées à
quatre systèmes : la ruche Dadant, la ruche Voirnot, la ruche Layens et la
ruche vulgaire ou commune.
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LA RUCHE DADANT
Ses dimensions
La ruche Dadant contient douze cadres. Les cadres ont les dimensions
suivantes : hauteur : 0,266; longueur : 0,42; ses hausses ont des demi-
cadres.
Sa vogue
Aussitôt son apparition, la ruche Dadant eut un grand succès.
Un grand désabusé a dit des Français : « Légèreté, inconstance,
passion pour la nouveauté et pour la mode, qu'ils suivent aveuglément
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dans les choses les plus sérieuses comme dans les plus frivoles. » Un
diplomate a dit aussi : « Les Français sont de grands enfants qui
acceptent sans contrôle les dires d'autrui, surtout de l'étranger. »
Et un historien a écrit : « Les Français ont la manie d'exalter ce qui
vient du dehors aux dépens de ce qu'ils ont chez eux. »
Or, si Dadant était d'origine française, il habitait l'Amérique.
D'ailleurs, la ruche Dadant que nous employons n'est pas celle
qu'utilisait Dadant. Et Dadant était un fabricant de cire gaufrée plus
qu'un apiculteur. Personne ne s'en est préoccupé.
D'ailleurs, la ruche Dadant offrait une affaire à exploiter. Des maisons
se sont créées et multipliées. Elles ont toutes recommandé la ruche
Dadant qui les faisait vivre. Avec la ruche vulgaire elles n'auraient guère
eu de fournitures à faire.
Enfin, il faut le reconnaître, la ruche Dadant permettait de se servir de
l'extracteur, invention dont l'utilité est incontestable. On ne prévoyait pas
qu'avec quelques modifications, on pourrait employer l'extracteur pour
l'extraction du miel des ruches à rayons fixes.
Ses dimensions
Les dimensions de la ruche Dadant exigent évidemment plus de bois
qu'une ruche de 0,30 X 0,30. Or, le bois coûte cher.
De plus, au printemps, quand la colonie veut allonger son couvain,
elle doit chauffer la ruche sur une surface de 2.000 cm2 au lieu de 900
comme dans notre ruche. Or, le miel est le seul combustible de l'abeille.
D'où surmenage de l'abeille et consommation supplémentaire des
provisions hivernales.
Son cadre
Certains considèrent le cadre comme nécessaire pour la surveillance
de la ruche, pour le traitement des maladies, pour l'extraction du miel.
Or, je considère le cadre comme une des principales causes des
maladies. En facilitant les visites, il les multiplie, d'où fatigue des
abeilles pour rétablir la température de la ruche, d'où affaiblissement de
la race et plus grande aptitude à contracter les maladies. Pas besoin de
cadre pour voir l'état des provisions. Si, à l'automne, on a laissé les
provisions nécessaires, il n'y a plus lieu de s'en occuper.
Pas besoin de cadres pour voir l'état de la colonie. Si les abeilles
apportent du pollen, il y a reine et couvain. Tout va bien.
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Le nombre des entrées et sorties indique la force de la colonie.
S'il y a une grande diminution du nombre des sorties, il est préférable
de supprimer la colonie que l'on remplacera par un essaim ou une
chasse. Si dans cette suppression on constatait une mauvaise odeur ou la
pourriture du couvain, il y aurait lieu de désinfecter la ruche par le feu ou
l'eau de Javel. C'est plus économique que tous les traitements préconisés
qui ne conviennent qu'aux savants qui font des études.
Pas besoin, non plus, de cadres pour l'extraction du miel. Nous avons
des cages qui permettent l'extraction des rayons fixes au moyen de
l'extracteur. Avec ces cages le rayon fixe tient et résiste au moins aussi
bien que le cadre.
Et puis, les partisans du cadre doivent le reconnaître, combien de
temps la ruche à cadres garde-t-elle ses cadres mobiles quand elle est
sortie de la menuiserie ? Deux ans au plus. Car la plupart des apiculteurs
ne font pas le nettoyage de printemps et les cadres sont vite collés entre
eux et avec les parois de la ruche. Alors pourquoi des cadres ?
En tout cas, comme tout cadre, le cadre Dadant demande un rabotage
finement fait pour faciliter son nettoyage à la visite de printemps. De
plus, il exige une grande précision. Il faut laisser un vide de 0,0075 entre
les parois de la ruche et les cadres, et le maintenir. S'il y a un vide de
0,005, les abeilles le rempliront de propolis. S'il y a un vide de 0,01, les
abeilles y construiront des rayons, car les abeilles ont horreur du vide.
Dans les deux cas, les cadres cesseront d'être mobiles. Cette précision
augmente le prix de revient de la ruche.
De plus, la ruche Dadant a un cadre long et bas. Dix-huit kg de miel
réparti entre 12 cadres ne fourniront guère plus d'un kg aux cadres du
milieu. Il n'y aura même du miel que dans les angles, rien au milieu. Les
abeilles pour hiverner se grouperont sur le miel des angles, en avant ou
en arrière de la ruche, du côté du soleil. Quand les abeilles auront
consommé tout le miel qui se trouve au-dessus de leur groupe, elles iront
se placer à l'autre extrémité du cadre où il y a encore du miel. Mais si la
température est basse, elles ne pourront faire ce déplacement parce
qu'elles ne trouveront pas au milieu des cadres le viatique nécessaire.
Elles mourront de faim à leur place à côté de provisions. Grand défaut
des ruches à cadres bas et longs.
Enfin, le cadre augmente considérablement le volume de la ruche,
nous en avons indiqué les inconvénients.
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La cire gaufrée
La cire gaufrée employée dans la ruche Dadant coûte cher. Les
accessoires qu'exige sa pose coûtent cher. La pose de cette cire est
minutieuse et prend du temps. La cire gaufrée constitue donc une
dépense de temps et d'argent considérable et augmente le prix de revient
de la ruche et, par le fait même, du miel.
Or, en dehors de la miellée, la cire gaufrée est en apport bien minime,
elle n'économise que bien peu de miel et moins de temps encore, car les
abeilles ne laissent pas toujours les cellules dans l'état où on les leur
donne.
Ruche moderne
Un des cadres, garni de cire gaufrée, est retiré de la ruche.
Son peuplement
Pour peupler une ruche Dadant, un essaim de 2 kg ne suffit pas,
encore moins un essaim de 1 kg 500. Il faudrait un essaim de 4 kg. On
ne le trouvera pas dans le commerce. Un essaim de 2 kg mettra deux ans
et plus pour s'installer et donner une récolte. Dans notre ruche un essaim
de 2 kg s'installera la première année et donnera une récolte trois mois
après son installation.
Ses planchettes
La chambre à couvain de la ruche Dadant est recouverte de
planchettes ou de toile cirée. Or, dans toute ruche il y a de l'humidité en
raison de l'évaporation du miel et de la respiration animale. Or, cette
humidité, chauffée par le groupe d'abeilles, monte dans le haut de la
ruche, s'arrête aux planchettes qu'elle ne peut traverser, s'étend vers les
extrémités de la ruche où elle se refroidit, tombe en brouillard sur les
cadres extrêmes dont elle détériore les rayons. D'où perte. Ce brouillard
maintient les abeilles dans un milieu continuellement humide. Ce n'est
pas hygiénique. Notre toit couvre-rayons évite cette perte et respecte
l'hygiène des abeilles.
Son coussin
Le coussin qui recouvre la chambre à couvain de la ruche Dadant n'a
que 3 à 4 centimètres d'épaisseur et il est formé par une toile en dessus et
en dessous. Cette épaisseur est insuffisante pour que le coussin remplisse
son rôle d'isolateur. De plus, la toile du dessus ne permet pas de voir si
son contenu est toujours isolateur, car l'humidité finit tôt ou tard par
l'atteindre. Nous préférons notre coussin de 0,10 non recouvert. Il est
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plus efficace et le renouvellement de son contenu est plus facile et plus
rapide.
La visite de printemps
Il est nécessaire de visiter la ruche Dadant, comme toutes les ruches à
cadres d'ailleurs, au printemps, en avril dans la région parisienne, de
midi à 14 heures et par beau temps.
Son agrandissement
Si en hiver le volume de la ruche doit être réduit à un minimum
suffisant, en été il doit fournir aux abeilles un espace largement suffisant
pour le développement de la colonie et pour les apports du miel. D'où la
nécessité d'ajouter des hausses. Or, il ne faut pas placer les hausses trop
tôt pour éviter le refroidissement du couvain et l'arrêt de la ponte. Il ne
faut pas non plus les placer trop tard pour éviter l'essaimage qui, lui,
supprime la récolte. En principe, on doit placer une hausse quand tous
les cadres sont occupés, sauf un, à chaque extrémité de la chambre à
couvain. Il faudra souvent ajouter une deuxième hausse, quand la
première est au trois quarts pleine de miel. Il faudra donc ouvrir les
ruches pour constater la situation. Or les ruches ne sont pas toutes au
même point. Il faudra donc souvent ouvrir les ruches plusieurs fois, d'où
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dépense de temps, refroidissement de la chambre à couvain,
consommation de provisions, surmenage et mécontentement des abeilles.
Or, dans notre méthode, nous plaçons les hausses au-dessous et non
au dessus de la chambre à couvain et sans ouvrir la ruche. Nous pouvons
en placer plusieurs à la fois et aussitôt que nous voulons, même en
faisant notre visite de printemps, et par toute température. D'où grande
économie de temps.
Ses provisions
En raison de ses dimensions et des visites qu'elle exige, la ruche
Dadant a besoin de 18 kg de provisions pour l'hiver. Certains auteurs
disent 20 kg.
Dans notre ruche 12 kg de provisions suffisent. La différence est
grande.
Après cet exposé, il n'est pas nécessaire d'avoir pratiqué l'apiculture
pour comprendre que dans la conduite de la ruche Dadant l'abeille est
sans cesse contrariée, sans cesse obligée à un surmenage non prévu par
la nature, à une consommation de miel inutile. L'abeille sera donc plus
irritable; elle sera aussi moins résistante aux maladies, et l'apiculteur y
perdra quelques kg de miel et beaucoup de temps.
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LA RUCHE VOIRNOT
Dimensions
Les dimensions de la ruche Dadant l'ont frappé tout d'abord. Après
des observations bien méritoires, l'abbé Voirnot a conclu que 100
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décimètres carrés de rayons donnaient à la ruche une dimension
nécessaire, mais suffisante pour l'hiver et le printemps. C'est la
dimension qu'il a donnée à sa ruche et qui fait sa supériorité sur la ruche
Dadant.
Hauteur et forme
L'abbé Voirnot a donné plus de hauteur au cadre de sa ruche afin que
les abeilles aient toujours toutes leurs provisions au-dessus de leur
groupe. Donc, plus de mortalité de colonies à côté de bonnes provisions.
L'abbé Voirnot a donné à sa ruche la forme carrée, parce que cette
forme se rapproche le plus de la forme cylindrique, forme où la
répartition de la chaleur se fait le plus également, mais forme de
construction trop coûteuse.
Cette forme carrée permet de placer la ruche, à volonté, à bâtisse
chaude ou à bâtisse froide : petit avantage.
L'abbé Voirnot a donné aussi à sa ruche la forme cubique, parce que
cette forme se rapproche de la forme sphérique, forme où la répartition
de la lumière se fait le plus également. Là, l'abbé Voirnot a commis une
erreur. Dans la ruche nous n'avons pas à envisager la lumière : les
abeilles ne désirent que l'obscurité. Et cette forme cubique a empêché
l'abbé Voirnot d'élever son cadre autant que M. de Layens. Erreur
fâcheuse.
Agrandissement
L'abbé Voirnot a vu aussi les inconvénients de l'agrandissement dans
la ruche Dadant. Sur ce point, il s'est contenté de réduire à 0,10 la
hauteur de la hausse de sa ruche. C'est peu de chose.
Peuplement et provisions
Vu les dimensions de la ruche Voirnot, un essaim de 2 kg suffit pour
la peupler et 15 à 16 kg de miel suffisent comme provisions hivernales :
deux avantages qui ont leur importance. Mais n'oublions pas que dans
notre ruche, 12 kg de provisions suffisent largement.
A part les avantages que nous venons de signaler, la ruche Voirnot
conserve tous les défauts de la ruche Dadant : cadres, cire gaufrée,
coussin, visite de printemps, agrandissement, provisions, planchettes.
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LA RUCHE LAYENS
Son cadre
M. de Layens a donné à sou cadre une hauteur de 0,37. Ce cadre est
meilleur que celui de la ruche Voirnot qui n'a que 0,33. Avec ce cadre,
mieux encore qu'avec celui de la ruche Voirnot, les abeilles ont toujours
toutes les provisions au-dessus de leur groupe. Là non plus, plus de
mortalité de colonies à côté de bonnes provisions. La ruche Layens,
réduite à 9 cadres par des partitions, donne un hivernage parfait.
Or, la dimension du cadre Layens, 0,37 x 0,31, se rapproche de celle
des deux rayons superposés de notre ruche, 0,40x030.
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Peuplement et provisions
Dans une ruche Layens réduite à 9 cadres par des partitions, un
essaim de 2 kg suffit, et 15 à 16 kg de miel suffisent également comme
provisions hivernales. Notez que c'est encore 3 à 4 kg en plus que dans
notre ruche.
Agrandissement
M. de Layens a vu aussi de grosses difficultés dans la pose de la
hausse sur la ruche Dadant. Catégorique, il a simplement supprimé la
hausse et il l'a remplacée par des cadres ajoutés de chaque coté de la
chambre à couvain. M. de Layens s'est trompé. Quand les abeilles ont
garni de miel le cadre placé contre la chambre à couvain, elles ne
peuvent passer sur ce cadre pour porter le miel dans les cadres suivants.
Il faut surveiller ce cadre. Quand il est à moitié garni de miel, il faut
l'éloigner et mettre à sa place un cadre vide. Sinon les abeilles essaiment
faute de place utilisable. Les difficultés de l'agrandissement ne sont pas
diminuées, au contraire.
La ruche Layens n'a donc comme avantage que la hauteur de son
cadre. A part cela, elle a tous les défauts de la ruche Dadant : cadres, cire
gaufrée, planchettes, coussin, visite de printemps, agrandissement,
provisions.
Observations
On reparle de la ruche Layens modernisée. Or il y a une cinquantaine
d'années que nous avons abandonné cette ruche neuf cadres avec
hausses. L'hivernage s'y faisait bien, mais les abeilles ne montaient que
rarement dans les hausses. Au sommet des cadres hauts, il reste souvent
un peu de miel. Or les abeilles n'aiment pas passer sur le miel. Elles
préfèrent essaimer.
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LA RUCHE MIXTE
L'apiculture logique
Pour ces apiculteurs, les ruches modernes ne conviennent pas. Ils
devraient adopter la ruche mixte.
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La ruche mixte est une ruche vulgaire ou commune à rayons fixes sur
laquelle on place une hausse à cadres mobiles. Le bas, ou nid à couvain,
peut être en paille, en osier ou en bois.
Ruche à calotte.
A. calotte ; B. corps de ruche.
Ses partisans
Beaucoup de jeunes amateurs d'abeilles adoptèrent la ruche moderne
à cadres à son apparition. Bon nombre de propriétaires de ruches
vulgaires restèrent pourtant fidèles à leur système.
La plupart sont des paysans prudents qui préfèrent la certitude, même
à la probabilité. Or, les années se sont succédé sans qu'ils aient eu la
preuve de leur erreur.
Ses méthodes
Les méthodes suivies avec la ruche vulgaire sont multiples, comme
les buts poursuivis par les apiculteurs. Ces méthodes restent d'ailleurs
pour la plupart mystérieuses. Il est très difficile d'arriver à les connaître
en détail.
En tout cas, voici ce qui se faisait au rucher paternel où se trouvaient
toujours douze à quinze ruches vulgaires.
La ruche était faite pendant les soirées d'hiver, avec de la paille de
seigle, cousue avec des ronces fendues ou avec de la ficelle. Sa
contenance était de 40 litres. Aux plus fortes, au premier printemps, on
ajoutait en guise de hausse, en dessous, le cercle en bois d'un tamis de
cuisine dont la soie avait disparu. A l'automne, on asphyxiait toutes les
ruches qui pesaient plus de 25 kg. On en récoltait le miel et la cire.
Dans le cours de l'été, on recevait tous les essaims dans des ruches
vulgaires vides. Au printemps, certains essaims tardifs étaient morts de
faim. On en récoltait la cire. A la maison paternelle, il y avait toujours du
miel en abondance pour maîtres et ouvriers, même pour les animaux de
la basse-cour. Tous les amis de la ville avaient aussi leur part chaque
année.
Ce procédé était simple et peu dispendieux, mais barbare, ingrat
même, et aussi irraisonné, car il ne donnait pas le maximum de
production. Ce procédé, toutefois, procurait du miel à bon marché et des
abeilles saines et fortes pour repeupler les ruches modernes où la
mortalité est fréquente.
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Un bon procédé
Pour tirer parti de la ruche vulgaire voici comment on pourrait opérer.
Au commencement de la grande miellée, faire monter les abeilles dans
une ruche vulgaire vide, comme nous l'indiquons plus loin au chapitre
Transvasement. Le miel et la cire seraient récoltés et le couvain détruit.
CONSTRUCTION DE LA RUCHE
POPULAIRE A RAYONS FIXES
Nous avons dit que le toit renferme une toile qui recouvre les porte-
rayons de la hausse supérieure pour empêcher les abeilles de coller les
porte-rayons au coussin.
Plateau de la Ruche
Populaire
Les dimensions sont indiquées
pour une ruche dont les
hausses sont faites de bois de
0,02 d'épaisseur. Les tasseaux
A et A' n'ont pas de dimensions
nécessaire, si ce n'est quand on
emploie nos pied en fonte.
Dans ce cas ils doivent avoir
une largeur de 0,06 au moins.
Cette toile peut être taillée dans un sac usagé. Elle doit avoir d'abord
comme dimensions : 0,36 X 0,36 au minimum.
Pour empêcher les abeilles d'effiler cette toile, on la mouille avec de
la colle de pâte. Pour donner à cette toile la forme et la dimension
nécessaires, on la place encore mouillée sur la hausse. Quand elle est
sèche, on la coupe en suivant les bords extérieurs de la hausse. Si on
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coupait définitivement la toile avant de la mouiller, on ne lui trouverait
plus ensuite les dimensions nécessaires.
Colle de pâte
Pour faire la colle de pâte, délayer dans un litre d’eau 4 ou 5
cuillerées à soupe de farine de blé ou mieux de seigle. Faire bouillir, en
remuant avec une cuiller, jusqu'à l’obtention d’une pâte liée, bien
homogène. On se trouvera bien d’ajouter un peu d’amidon à la farine.
COUSSIN
Observation
Le principal, dans la Ruche Populaire, est de donner à chaque hausse
ses dimensions intérieures, soit: en hauteur 0,21, en largeur et en
longueur 0,30, avec une feuillure de 0,01 X 0,01.
Les dimensions extérieures peuvent varier comme l'épaisseur des bois
employés.
Le plateau doit avoir les dimensions extérieures des hausses au
maximum. Il est préférable de lui donner un millimètre en moins de
chaque côté afin qu'il n'arrête pas l'eau.
Pieds
Il y a lieu d'examiner la hauteur et la forme des pieds de la ruche : les
deux ont leur importance.
Et d'abord la hauteur. Les apiculteurs donnent souvent beaucoup
d'élévation aux supports de leurs ruches. L'amour du bien-être l'emporte
sur tout. Ils ne veulent pas avoir à se baisser. Or, j'estime qu'on ne doit
visiter les colonies que rarement, plus rarement qu'on ne le fait
généralement.
Par conséquent, c'est un sacrifice diminué que je demande à mes
lecteurs, et non sans raisons sérieuses, quand je leur conseille de placer
leurs ruches à 0,10 ou 0,15 du sol.
Placées sur un support élevé, les ruches ressentent davantage les
variations de température et les coups de vent.
L'achat ou la fabrication de ces supports constitue d'ailleurs une
dépense importante. J'ai vu de ces supports formés, d'une charpente telle
que son bois aurait suffi à construire un corps de ruche à double paroi.
Je sais bien qu'on pourrait faire là une économie si on se servait de
deux légères poutrelles en bois ou en fer. Ces poutrelles seraient
supportées de distance en distance par une légère maçonnerie; elles
auraient d'ailleurs la longueur de tout le rucher. Les colonies pourraient y
être placées à 0,75 de distance, de centre à centre. Malheureusement, cet
arrangement a les inconvénients du rucher couvert. Dès qu'on touche à
une colonie, toutes les autres s'en aperçoivent et se mettent en
bruissement. Il y a donc à chaque visite d'une ruche une consommation
de miel intempestive, parfois une excitation au pillage, à la colère.
L'élévation exagérée des ruches fait aussi perdre beaucoup de
butineuses. Il n'est pas rare que ces courageuses ouvrières arrivent trop
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chargées, manquent l'entrée de la ruche et tombait sur le sol. Elles ne
remonteront que difficilement dans une ruche élevée.
On peut mettre, il est vrai, une large planche allant du sol à l'entrée de
la ruche. C'est une dépense nouvelle qui n'empêchera pas que bien des
abeilles tombent encore à côté.
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Chambre à couvain
On appelle chambre à couvain, dans une ruche, la partie qui abrite la
colonie et les provisions en hiver. Ici, la chambre à couvain est formée
de deux hausses.
Il importe de considérer principalement le volume de la chambre à
couvain, car son volume doit être aussi réduit que possible pour réduire
la consommation des provisions, car l'abeille mange pour se nourrir,
mais aussi pour se chauffer. Or, les chambres à couvains varient de 36
litres, comme dans la Ruche Populaire, à 55 litres, comme dans la ruche
Dadant.
De toute évidence, l'abeille consommera plus dans une grande
chambre à couvain que dans une petite. J'ose même affirmer que la
différence est de 3 à 5 kg. Et ceci chaque année. C'est pour l'apiculteur
une perte qui doublera vite le prix de sa ruche.
La grande ruche aura aussi l'inconvénient de retenir l'abeille à la
ruche aux premiers beaux jours, à un moment où elle pourrait trouver au
dehors beaucoup de pollen et un peu de miel. Les grandes ruches ne font
donc pas les fortes colonies; elles n'ont d'action sur la fécondité des
reines que pour en retarder la manifestation.
On peut placer, sans doute, dans les grandes ruches, des partitions qui
en font varier la dimension. Or, ces partitions ont de nombreux
inconvénients.
A l'automne, elles empêchent la libre disposition des provisions
hivernales. Si elles ne closent pas, elles sont inutiles; si elles closent,
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elles sont collées par la propolis et exigent une secousse violente chaque
fois qu'on les déplace. Or, à la violence, les abeilles répondent par la
violence. D'ailleurs, tout déplacement des partitions sera pour
l'apiculteur un passe-temps, pour la chambre à couvain une cause de
refroidissement, comme pour les abeilles un nouveau motif de
mécontentement.
Le volume de la chambre à couvain, toutefois, doit être suffisant. Il
doit permettre le logement du miel pour les provisions hivernales, le
logement des abeilles au-dessous du miel, la ponte de la reine au
printemps.
Mais il est à noter qu'en hiver et au premier printemps, les besoins de
l'abeille sont sensiblement semblables dans toutes les ruches, parce que
les colonies diffèrent peu de force. Le diamètre de groupe d'abeilles ne
varie guère que d'un ou deux centimètres d'une ruche à l'autre.
Or, l'abbé Voirnot, qui a le plus étudié cette question, a conclu que
100 décimètres carrés de rayons suffisent en hiver et au premier
printemps.
Le docteur Duvauchelle, notre premier maître en apiculture,
convaincu que les petites ruches sont préférables, avait créé une ruche
contenant 8 cadres de 0,28 x 0,36, donc 80 décimètres carrés de rayons.
Plus tard, il a agrandi sa ruche et lui a donné 8 cadres de 0,30 x 0,40,
dore 96 décimètres carrés de rayons. C'était l'approbation des
conclusions de l'abbé Voirnot. Nous-mêmes avons constaté que ces deux
maîtres avaient raison sur ce point.
Rayons
Les rayons peuvent être mobiles ou fixes. Ils sont dits mobiles quand
ils sont renfermés dans un cadre de bois, comme dans les ruches
modernes. Mais il faut bien noter qu'ils ne restent vraiment mobiles qu'à
la condition qu'ils soient nettoyés tous les ans.
Les rayons sont dits fixes quand ils ne sont pas entourés de bois et
parce que les abeilles les fixent aux parois des hausses. Parce qu'ils sont
fixés avec de la cire, ils sont de fait plus mobiles que les rayons mobiles
fixés avec de la propolis.
Nous avons préféré le rayon fixe pour plusieurs raisons : d'abord le
cadre est coûteux et, nous l'avons dit, souvent inutile. Ensuite le cadre
augmente le volume de la chambre à couvain. Nous avions
précédemment deux Ruches Populaires, l'une à cadres et l'autre à rayons
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fixes. Les deux avaient le même nombre de décimètres carrés de rayons.
Or, la ruche à cadres avait une contenance de 44 litres, la ruche à rayons
fixes une contenance de 36 litres, car les cadres agrandissent la ruche.
Or, nous- l'avons dit précédemment, les grandes chambres à couvain
sont nuisibles à l'abeille et à l'apiculteur. Dans la ruche à cadres, nous
avions une consommation hivernale de 3 kg en plus que dans la ruche à
rayons fixes.
Les rayons peuvent être différents aussi par leur forme. Ils peuvent
avoir une forme basse comme dans la Dadant, ou une forme haute
comme dans la Layens, ou une forme carrée comme dans la Voirnot.
Dans beaucoup de ruches vulgaires où l'abeille a vécu pendant des,
siècles, nous trouvons fréquemment une largeur de 0,30 avec une
hauteur variant de 0,60 à 0,80. Le cadre Layens et le cadre Congrès haut
nous ont donnés de bons résultats; ils ont une largeur de 0,31 et de 0,30.
La largeur de 0,30 permet d'ailleurs d'établir une chambre à couvain
carrée. Or, la forme carrée, après la forme cylindrique, contribue à bien
répartir la chaleur dans la ruche. Cette largeur permet aussi de donner à
la ruche une forme allongée comme celle du groupe d'abeilles; elle
permet également aux abeilles de placer le miel au sommet de la ruche,
de se loger elles-mêmes au-dessous du miel en faisant pénétrer la tête de
leur groupe dans le stock de miel, comme notre tête pénètre dans notre
chapeau. Or, c'est là la meilleure disposition pour l'hivernage.
En hiver, dans le groupe d'abeilles, il n'y a de véritable vie qu'au
sommet et au centre, car là seulement il y a une chaleur suffisante.
Autour du groupe, les abeilles sont engourdies, à demi mortes.
Toutes les abeilles, il est vrai, passent à leur tour au centre du groupe
pour s'y réchauffer et s'y nourrir. Mais elles n'auraient pas la force de
s'éloigner du groupe. C'est ce qui explique comment les abeilles, sur des
cadres bas et longs, peuvent mourir de faim à côté de provisions
abondantes. Pendant les froids, elles ne se déplacent pas facilement
horizontalement, soit de cadre à cadre, soit même sur le même cadre.
Mais, par contre, elles se déplacent facilement verticalement, de bas en
haut, puisque ce déplacement les conduit vers la chaleur qui est toujours
plus forte au sommet de la ruche.
L'abbé Voirnot avait pensé qu'il fallait relever le cadre Dadant. Mais
il s'est arrêté au cadre carré de 0,33, parce qu'il a attaché une importance
considérable au cube de la chambre à couvain. Le cube de la ruche au
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dehors peut être pris en considération, parce qu'il diminue la surface de
la ruche et par conséquent le rayonnement.
Or, le rayonnement est minime à l'intérieur de la ruche. Ce qu'il
importe de considérer avant tout dans la chambre à couvain, c'est la
chaleur qui s'y trouve enfermée. Or, cette chaleur s'y présente par
couches superposées, d'autant plus chaudes qu'elles sont plus élevées.
Or, ces mêmes couches de chaleur seront d'autant plus épaisses qu'elles
seront moins larges, elles réchaufferont donc d'autant plus d'abeilles que
le rayon sera moins large.
Supérieur en hiver, le rayon haut l'est encore au printemps. Quand
une colonie allonge son groupe de couvain d'un centimètre, elle doit
chauffer ce centimètre sur toute sa surface. Elle devra donc chauffer
2000 centimètres cubes dans la ruche Dadant; elle n'aura que 900
centimètres cubes à chauffer dans la Ruche Populaire. Voilà pourquoi
j'ai adopté pour le rayon une largeur de 0,30 et deux hauteurs de, 0,20.
Ces deux hauteurs superposées ont tous les avantages d'une hauteur
unique de 0,40. Cet agencement, toutefois, donne un vide de 13
millimètres entre les hausses, Ces 13 millimètres comprennent les 9
millimètres du porte-rayons et les 4 millimètres de vide laissés par les
abeilles au bas des rayons, soit l'épaisseur du corps de l'abeille, car
l'abeille, en travaillant le ventre en l'air, ne peut prolonger le rayon là où
se trouve son corps.
Ce vide convient aux abeilles en hiver, parce qu'il facilite les
communications dans le groupe des abeilles. Si ce vide n'existait pas, les
abeilles établiraient elles-mêmes des passages à travers les rayons
comme elles en établissent dans les cadres des autres ruches.
Toutefois, je considère ce vide comme un défaut, puisque les abeilles
doivent le chauffer à peu près inutilement au printemps. Défaut unique et
d'ailleurs minime à côté des avantages que procure cet agencement,
défaut moindre même que celui des ruches modernes, où les abeilles
doivent chauffer inutilement des espaces bien plus considérables.
D'ailleurs, pour éviter des difficultés à l'apiculteur au moment de la
régularisation des provisions hivernales, comme pour éviter aux abeilles
la multiplicité de ces vides au milieu de la chambre à couvain, j'ai adopté
des rayons de 0,20 et non des rayons plus bas, comme on le fait
généralement pour les ruches à hausses, dites ruches divisibles.
Si le rayon haut a de grands avantages pour l'hivernage et même pour
le premier printemps, il peut avoir des inconvénients en été. S'il reste une
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partie des provisions, s'il y a eu quelques petits apports de miel, il pourra
se trouver en haut du rayon une bande de miel. Or, les abeilles ont une
grande répugnance à passer sur le miel. Elles monteront difficilement
dans la hausse et préféreront souvent essaimer. Voilà pourquoi les
hausses sont plus vite occupées dans les ruches à cadres bas.
Dans la Ruche Populaire, nous avons les avantages du cadre haut sans
en avoir les inconvénients, parce que l'agrandissement se fait par le bas.
Corps de ruche.
Si une petite chambre à couvain suffit aux abeilles en hiver et au
premier printemps, en été il leur faut une ruche plus grande comprenant
la chambre à couvain et en plus une ou plusieurs hausses. Avec la Ruche
Populaire, nous considérons qu'une troisième hausse supplémentaire est
un minimum. Nous avons eu des colonies qui occupaient sept hausses.
Le nombre de hausses nécessaires varie avec la richesse mellifère de
la région, avec la fécondité de chaque reine. Il est donc prudent d'avoir à
sa disposition quelques hausses supplémentaires, surtout dans les petits
ruchers. Dans les grands, il y a toujours quelques ruches vides dont les
hausses sont disponibles.
La Ruche Populaire est donc une petite ruche en hiver; mais en été
elle peut être une ruche aussi grande que les plus grandes.
Il est à noter que les hausses sont placées l'une sur l'autre sans aucun
emboîtement. On pourrait les fixer au plateau et entre elles par quelque
article de quincaillerie ou simplement par deux pointes réunies par nu fil
de fer, et cela sur deux ou trois faces. Sauf le cas de déplacement, ces
mesures sont inutiles. Le poids des hausses ne permettra pas au vent de
les déplacer. Les abeilles les fixeront d'ailleurs avec leur propolis.
Les parois
Les parois les plus hygiéniques sont celles du vieux panier cloche, en
paille ou en osier, recouvert d'un enduit. Ces parois sont chaudes en
hiver, fraîches en été, en tout temps perméables. Elles ne retiennent pas
l'humidité. Elles atténuent les variations de température. En pratique,
parce que nous avons besoin de régularité et d'une forme carrée, nous
donnerons la préférence au bois. Le bois nous demandera moins de
surveillance et d'entretien. Car les insectes se réfugient souvent dans la
paille, les rongeurs l'attaquent plus facilement.
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Le bois, lui, est plus résistant aux insectes, aux rongeurs et aux
intempéries. Une couche de peinture blanche à l'huile est d'ailleurs vite
donnée sans qu'un transvasement soit nécessaire.
Nous nous arrêterons donc aux parois en bois, de 0,024.
Une épaisseur de 0,02 est suffisante. Une épaisseur de 0,024 lui est
préférable au point de vue solidité seulement. Avec cette épaisseur le
bois joue moins. D'ailleurs, dans ces ruches les abeilles sortent plus vite
le matin parce qu'elles sentent plus vite la chaleur ambiante.
Des parois plus épaisses augmentent le poids de la ruche et son prix
de revient.
Les parois doubles ont les mêmes inconvénients. D'ailleurs, il est
presque impossible d'y maintenir l'air enfermé, pour qu'il soit isolateur et
utile.
Les matières isolantes qu'on peut mettre entre deux planches sont
souvent conteuses; elles prennent parfois l'humidité et cessent d'être
isolantes.
D'ailleurs, les parois isolatrices n'atteignent pas le but qu'on poursuit.
Au printemps, elles retardent la sortie des abeilles. En hiver, elles
n'économisent pas les provisions, au contraire. Les abeilles consomment
moins si elles sont engourdies par le froid que si elles sont maintenues en
activité.
Certainement en temps de neige, un rayon de soleil fera sortir
quelques abeilles des ruches à parois minces, plus que dans les ruches à
parois épaisses. Certaines resteront sur la neige ou sur la planchette de
vol et y mourront. Le groupe de plusieurs milliers d'abeilles n'en sera pas
sensiblement diminué. D'ailleurs, ces abeilles qui ne sont pas rentrées
sont très probablement des faibles, des vieilles, des inutiles.
Certainement, si les ruches à parois simples sont plus sensibles à la
chaleur ambiante du jour, elles sont aussi plus sensibles à la fraîcheur de
la nuit. Mais pendant la nuit la présence des abeilles compensent le
manque de chaleur.
Et n'oublions pas que le confort détruit les races, que l'effort, comme
l'a dit Pourrat, est la condition de la vie, la difficulté son climat.
Théoriquement, le bois blanc est préférable. Malheureusement, il joue
trop. Dans la pratique, nous préférons le sapin du Jura.
Certains préconisent l'assemblage à mi-bois. Nous lui préférons
l'assemblage à plat. Il est beaucoup plus économique et ne demande pas
- 82 -
un outillage de professionnel. Si on emploie des pointes de 60 à 70 mm
et du bois un peu sec, on aura toute satisfaction.
En tout cas, nous préférons du bois raboté sur les deux faces, donc
régulier, pour avoir de la régularité autant à l'extérieur qu'à l'intérieur.
Sinon, la pluie s'arrêterait sur les parties saillantes et le nettoyage à
l'intérieur serait plus difficile. Le toit.
Le toit de la Ruche Populaire est disposé de façon à ce qu'il y ait dans
son sommet un vide important. L'air circule librement et rapidement
dans ce vide. Ce vide est d'ailleurs trop considérable pour qu'une toile
d'araignée puisse y arrêter la circulation de l'air.
C'est sous ce genre de toit que j'ai constaté une température plus
régulière, même quand la ruche est exposée au soleil.
J'ai eu l'occasion de voir sur le front, des constructions militaires
légères. Le toit y était formé aussi de deux planches ou de deux tôles
superposées. Un officier supérieur, qui avait habité longtemps les
colonies, m'a dit que les tentes militaires étaient disposées aussi d'après
ce même principe pour lutter contre le rayonnement du soleil.
La disposition de notre toit est donc bien établie selon les règles
dictées par l'expérience.
On recouvre souvent le toit avec du carton bitumé. Je n'en suis pas
partisan. C'est une dépense. D'ailleurs, le carton bitumé entretient
souvent une humidité invisible qui pourrit la planche qui le supporte.
Je ne suis pas partisan davantage de la tôle. En temps de pluie ou de
grêle elle produit un bruit suffisant pour exciter les abeilles. Elle est
d'ailleurs plus sensible aux rayons de soleil.
Je préfère le bois peint. Une planche peinte tous les deux ou trois ans
résistera longtemps et n'a pas les défauts du carton bitumé ni de la tôle.
Mais là encore je préfère la peinture blanche qui rejette la chaleur. Le
carbonyle, qui est certainement le meilleur conservateur du bois, ne
convient pas à cause de son odeur et surtout de sa couleur.
Toile
Au-dessus de la hausse supérieure, nous plaçons une simple toile, que
nous trouvons souvent dans des morceaux de vieux sacs.
Nous préférons cette toile à la toile cirée et aux planchettes. Les
planchettes sont imperméables et exigent une pesée, une secousse, quand
on veut les enlever. Les abeilles en sont irritées.
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La toile cirée est imperméable et ne se déroule pas aussi bien que la
simple toile.
Car, ne l'oublions pas, tout ce qu'on mettra sur la ruche est toujours
propolisé, par conséquent adhérent à la ruche. Nous ne pouvons donc
rechercher que la facilité de l'enlèvement.
Or, notre toile se déroule facilement. On la prend par un coin à
gauche et on la tire horizontalement vers la droite. Dans cette opération,
il n'y a pas de secousse et on ne découvre que la partie qu'on a besoin de
visiter.
Toutefois, la qualité principale de cette toile c'est sa perméabilité, que
les abeilles peuvent modifier, augmenter où diminuer, en ajoutant ou en
supprimant sur cette toile la propolis dont elles disposent toujours. Cette
toile permet aux abeilles d'aérer elles-mêmes la Ruche Populaire comme
elles le font dans la vieille ruche commune. Il est bon de renouveler
souvent cette toile, dont on pourra d'ailleurs mettre utilement des parties
dans le rouleau de l'enfumoir. Coussin.
Le coussin a 0,10 de hauteur et non 0,05 comme les coussins
ordinaires. Le dessous est fermé par une toile. Mais le dessus est libre.
On le remplit de sciure de bois, de menues pailles, de tourbe, ou de toute
autre matière légère, mauvaise conductrice de la chaleur et absorbante.
Le coussin n'étant pas fermé, on peut renouveler facilement son
contenu; en tout cas, le retourner souvent pour le maintenir sec, afin qu'il
absorbe plus facilement l'humidité de la ruche et communique moins à la
ruche la chaleur du dehors.
Quand on dispose de sciure, de menues pailles, on peut les renouveler
chaque année. Si on étend les vieilles autour de la ruche, on empêche
l'herbe d'y pousser. Aération.
Dans toute ruche, il y a de l'humidité produite par la vie animale et
par l'évaporation du miel, il y a de l'air vicié par la respiration animale.
Cet air vicié et humide est chaud tant qu'il est dans le groupe des
abeilles, il tend donc à monter. Arrivé au sommet de la ruche, il ne se
refroidit pas vite, parce que le sommet de la ruche est toujours chaud et
parce que les parois de la Ruche Populaire ne sont jamais très froides, en
raison du peu de distance entre elles et le groupe d'abeilles. Cet air vicié
persisterait donc à occuper le sommet de la ruche, mais la toile le laisse
passer et se répandre dans le coussin.
Cet échappement d'air vicié appelle nu autre air qui entre par l'entrée.
Comme cet échappement est continuel et à la volonté des abeilles, l'air
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nouveau n'entre que lentement mais continuellement, pour le
renouvellement de l'air de la ruche et sans incommoder les abeilles.
Dans les autres ruches, cette aération ne se fait pas de la même
manière. L'air vicié et humide est vite arrêté par la toile cirée et les
planchettes et il continue d'entourer les abeilles, car dans les ruches plus
larges que la Populaire, les abeilles sont plus rapprochées du sommet.
Cet air vicié s'étend jusqu'aux parois et se, condense à leur contact
parce que ces parois, plus éloignées du groupe d'abeilles, sont aussi plus
froides que les parois de la Populaire.
Condensé, cet air humide descend le long des parois et des rayons
extrêmes et y provoque la moisissure et la pourriture.
L'entrée de la ruche peut être très grande, l'air nouveau ne pénètre pas
dans la ruche, parce qu'il n'y est pas appelé par la sortie de l'air vicié.
L'aération dans ces ruches est nulle ou insuffisante.
Détail de la portière.
En P, entaille de 0,006 x 0,006. En 0, entaille de 0,070 x 0,75
Portière
Notre portière est d'une grande simplicité. On peut la prendre dans
une boite de conserve vide. Elle est d'un maniement facile et rapide. Elle
petit diminuer instantanément, sans écrasement d'abeilles, l'entrée de la
ruche et lui donner à volonté une entrée de 0,07 x 0,0075 pour empêcher
l'entrée des souris et musaraignes, ou une entrée de 0,006 X 0,006 ne
permettant que le passage d'une abeille pour le cas de nourrissement, de
danger de pillage.
Porte-rayon
Le porte-rayon a une largeur de 0,024 mm. Nous préférons ne lui
donner qu'une épaisseur de 0,009 mm afin qu'il ne déborde jamais la
feuillure de la hausse qui a 0,010 mm.
Par ailleurs, il est préférable que le porte-rayon ne soit pas raboté sur
une face pour donner plus d'adhérence à la cire. Au contraire, il est
préférable que les trois autres faces soient rabotées pour faciliter leur
nettoyage. On pourrait même restreindre la propolisation de ces trois
faces en les enduisant de vaseline ou d'huile.
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PREMIÈRES CONCLUSIONS
Visons à l'économie
Les industriels ont pour principe : produire à bon compte pour vendre
facilement.
Les apiculteurs devraient adopter ce principe. Ils éviteraient ainsi les
ennuis de la mévente du miel et ils arriveraient à retirer de l'apiculture
tout le bénéfice possible.
Il n'est pas impossible que, dans l'avenir, le prix de vente du miel soit
fixé aux environs du prix du sucre, ce qui rendrait d'ailleurs sa vente plus
facile. Il importe donc de chercher à obtenir un prix de revient inférieur.
Or, ce que nous avons dit au sujet de la construction de la Ruche
Populaire suffit pour montrer ses avantages au point de vue économique.
Nous verrons plus loin que la méthode qui lui est appliquée est aussi
économique que sa construction.
OUTILLAGE
Enfumoir
L'enfumoir est un instrument de toute nécessité pour quiconque veut
s'occuper d'abeilles. Il en existe un grand nombre de modèles. Chacun
peut choisir selon son goût et selon le combustible dont il dispose.
Voile
Le voile n'est pas absolument nécessaire. Beaucoup d'apiculteurs ne
s'en servent pas, même pour des opérations délicates.
Voiles en tulle.
- 90 -
Tous les apiculteurs doivent cependant posséder au moins deux
voiles, l'un pour eux et l'autre pour leur auxiliaire. Et ces voiles doivent
toujours se trouver près d'eux dans toutes leurs opérations. Si un accident
arrive, ces voiles auront leur emploi.
La plupart des apiculteurs, surtout les débutants, utiliseront leur voile
dans toutes les opérations apicoles.
A l'abri de ce voile, ils auront plus d'assurance et de fermeté, ils
opéreront avec plus d'activité et plus de dextérité.
Or, il existe une multiplicité de voiles qui n'ont pas la même utilité.
Arrêtons-nous aux deux principaux: le voile en tulle, et le voile
métallique.
Le voile en tulle a l'avantage de ne pas tenir de place, de pouvoir être
porté dans une poche. Mais il a le défaut d'augmenter la chaleur de la
tête de l'opérateur et de gêner sa vue.
Tasseaux
Dans les divers travaux apicoles à faire avec la Ruche Populaire, on a
besoin souvent d'un ou deux supports pour y placer les hausses. Les
tasseaux représentés en B remplissent parfaitement ce rôle de support.
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Remarquez que les tasseaux A'A' ont une forme angulaire, sur le
dessus, afin d'éviter l'écrasement d'abeilles. Ils doivent avoir aussi en
longueur 0,10 en plus que les hausses, afin qu'il n'y ait aucun
tâtonnement pour placer les hausses sur, ces tasseaux. Les planchettes
B'B' servent simplement à réunir et à fixer les tasseaux A'A'.
Raclette
Cette raclette est faite spécialement pour nettoyer le dessus des porte-
rayons, toujours garnis de propolis.
Raclette lève-rayon.
Cette raclette sert aussi à séparer les hausses et à les soulever. Avec la
partie recourbée, elle sert à soulever les porte-rayons avec les rayons
quand on fait la récolte du miel.
Boîte à outils
L'apiculteur a besoin, dans ses travaux, de divers petits objets qu'il
serait difficile, en tout cas ennuyeux, de porter à la main. Par ailleurs, il
doit abriter, pour éviter le pillage, les raclures et les débris de rayons.
C'est pourquoi on a établi des boîtes, dites boîtes à outils, de formes
différentes, selon le goût et les besoins de chaque apiculteur.
L'essentiel, c'est d'avoir deux compartiments, l'un pour les outils,
l'autre pour les raclures ou débris de rayons, ce dernier fermé d'un
couvercle, afin d'éviter toute provocation au pillage.
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Nourrisseur spécial
Nous indiquons ailleurs plusieurs manières : de nourrir les abeilles.
Nous devons parler ici de notre nourrisseur spécial, parce qu'il peut
rendre les plus grands services aux apiculteurs, surtout au moment de la
mise en hivernage.
Ce nourrisseur est en bois peint, ce qui le rend supérieur aux
nourrisseurs en métal. Dans le nourrisseur en métal, s'il y a une fuite, elle
est importante et peut noyer les abeilles. La réparation ne peut être faite
que par un professionnel. Dans le nourrisseur en bois, il n'y a jamais
qu'un suintement. Une couche de peinture à sec suffit pour le faire
disparaître. Ce nourrisseur a les dimensions d'une hausse, avec une
contenance de 11 litres. Il est rare qu'une colonie ait besoin d'un
supplément plus important. Une nuit suffira donc souvent pour
compléter les provisions d'une colonie. Or, il importe que le
nourrissement se fasse rapidement. En tout cas, une plaque de verre
recouvre le nourrisseur et permet de voir ce qui s'y passe. Son dispositif
d'ailleurs permet de le remplir sans enfumoir et sans voile.
A l'intérieur une planchette mobile verticale, en raison de deux
pointes placées à sa base, permet au sirop de passer dans le
compartiment où arrivent les abeilles, sans permettre à celles-ci d'aller se
noyer dans le sirop.
Si on emploie des débris de rayons au lieu de sirop, on supprime cette
planchette.
Ce nourrisseur se place au-dessus de la chambre à couvain et non au-
dessous. On place sur ce nourrisseur la toile qui couvre les porte-rayons,
le coussin, puis le toit. Ce nourrisseur peut suffire pour 12 ruches.
Ce nourrisseur est agencé dans une hausse de Ruche Populaire.
A. - Planchette de 0,05 de largeur percée d'un trou permettant le
remplissage du nourrisseur avec un entonnoir. Elle repose dans les
rainures et sur la planche B sans permettre le passage des abeilles dans le
bassin. A côté de cette planchette se place une plaque de verre
recouvrant complètement le nourrisseur.
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NOURRISSEUR D’AUTOMNE
Extracteur
L'extracteur a pour but de retirer le miel des rayons avec plus de
rapidité que par l'écoulement spontané. Les rayons sont placés dans des
cages en toile métallique au milieu d'une cuve généralement en tôle
étamée.
Un mouvement de rotation, à raison d'un kilomètre en trois minutes,
fait agir la force centrifuge sur le rayon. La cire est retenue par la toile
métallique, le miel, au contraire, traverse la toile, tombe en pluie sur la
paroi de la cuve, au bas de laquelle il s'écoule par un robinet spécial.
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Il est incontestable que l'extracteur économise le temps de
l'apiculteur. C'est là son principal avantage et c'est celui que tous les
inventeurs ont cherché à multiplier.
Extracteur
Extracteur pratique
Nous sommes d'avis que notre extracteur unilatéral ordinaire convient
à tous. On le prendra avec deux cages ou avec quatre cages, suivant
l'importance du rucher.
L'extracteur à quatre cages peut extraire, en douze minutes, le miel
d'une hausse de Ruche Populaire. Il suffit donc pour extraire en une
journée le miel de 30 ruches, nombre maximum qu'on peut établir dans
une localité.
On peut placer cet extracteur sur des caisses ou des hausses. Il est
préférable de l'acheter avec trois pieds.
Un couvercle est aussi recommandé. Il facilite le mouvement des
cages et évite à l'apiculteur un violent courant d'air.
Il faut toutefois noter que l'extracteur n'a vraiment sa raison d'être que
pour un rucher de 12 à 15 ruches. Pour un rucher moins important, nous
conseillons d'employer d'autres moyens d'extraction.
Cage 2. Tôle perforée, force 5/10, dimensions 0,275 x 0,380. Trous de 3 mm, à 3 mm
les uns des autres ; les bords sur une largeur de 20 mm sont repliés après la coupe des
coins. Il n'y a pas de soudure
Cage 3. Tôle perforée étamée, force 5/10, dimensions 0,290 x 0,395. Trous de 3mm, à
3mm les uns des autres ; les bords sur une largeur de 20 mm sont repliés après la coupe
des coins. Il n'y a pas de soudure.
Les cages 2 et 3 constituent la cage double.
Ces cages sont nécessaires pour l'extraction des rayons fixes avec un
extracteur.
Une cage simple suffit. Les cages doubles s'emploient toujours par
paire.
On peut en avoir en double pour permettre à un auxiliaire de
désoperculer pendant que fonctionne l'extracteur.
Chevalet
Nous en donnons plus loin la figure et le mode d'emploi. Le chevalet
n'est employé qu'avec l'extracteur et les cages.
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Gants
Je tiens à parler des gants, mais c'est pour en médire. Les gants sont
inutiles et nuisibles.
Ils sont inutiles, parce qu'ils n'arrêtent pas l'aiguillon de l'abeille en
colère, fussent-ils de cuir.
Ils sont nuisibles, parce qu'ils rendent les mouvements maladroits : ce
qui provoque toujours des écrasements d'abeilles, des mouvements
brusques et violents. Or, tout cela provoque aussi la colère des abeilles.
Il est même à remarquer que plus les gants paraissent garantir des
piqûres, plus ils les provoquent, parce qu'ils sont plus gênants.
L'auxiliaire de l'opérateur doit envoyer la fumée de l'enfumoir à
l'endroit où travaille l'opérateur, par conséquent auprès de ses mains.
Celles-ci sont donc en toute sûreté.
L'opérateur débutant pourra, pour se donner de la fermeté,'
recommander à son auxiliaire de vouloir bien envoyer de temps en temps
un peu de fumée sur ses mains. Il pourra ainsi travailler avec plus
d'assurance.
Abreuvoir
Les abeilles savent trouver l'eau qui leur est nécessaire. Il n'est pas
inutile toutefois de constituer un abreuvoir auprès du rucher.
Sur une dalle légèrement inclinée, au besoin sur une planche, une
tôle, placez un fût, un vase, muni d'un robinet. La dalle est saupoudrée
de sable ou de mince gravier. On règle le robinet pour que l'eau s'écoule
goutte à goutte et maintienne le sable humide.
Dans les articles avicoles on trouvera des abreuvoirs pour volailles
qui peuvent servir pour les abeilles.
Ces abreuvoirs sont, formés d'une bouteille renversée sur une assiette
métallique. Dans l'assiette, on mettra de la mousse, des morceaux de
liège ou des petits cailloux.
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LE RUCHER
Les abeilles ne sont pas exigeantes, pas plus pour la place qui leur est
accordée que pour la ruche qui les abrite. Il y a toutefois lieu de faire
certaines observations sur le rucher, dans l'intérêt de l'abeille et de
l'apiculteur. Orientation.
Le plus grand ennemi de l'abeille c'est le soleil de midi. Il fait fondre
la cire et le miel; il détruit les rayons et noie les abeilles. En tout cas, il
empêche les abeilles de sortir en les obligeant à ventiler la ruché. Il est
donc absolument nécessaire d'abriter les ruches contre ce soleil par des
arbustes : pêchers, poiriers, pommiers, buldeya, etc., ou par des plantes
soleils, topinambours, etc.
La ruche sera tournée de préférence vers l'est. Le soleil levant
réveillera plus tôt les butineuses. Si cette orientation est difficile, on se
contentera d'orienter les ruches vers l'ouest et même au besoin vers le
nord, jamais vers le sud.
Dimensions
Les ruches pourront n'occuper que 0,75. Les abeilles reconnaissent
parfaitement leur ruche, même dans un rucher important, si ces ruches
sont placées à 0,75 de centre à centre.
Si les ruches sont placées à une plus grande distance, les abeilles n'en
souffrent nullement. Mais l'apiculteur a, de ce fait, plus de terrain à
entretenir sans aucun profit.
Les abeilles prennent leur vol à n'importe quel angle. On peut
toutefois considérer comme un angle minimum celui de 45 degrés. Sous
un angle inférieur, elles sont gênées.
Un exemple fera mieux comprendre cette expression. Si en avant des
ruches il y a un mur, si ce mur a une hauteur de 2 mètres, on ne devra
placer l'entrée des ruches qu'à 2 mètres au moins de ce mur.
Ces données indiquent les dimensions que doit avoir le rucher pour
abriter un nombre déterminé de ruches; elles indiquent également le
nombre de ruches que peut recevoir un terrain déterminé. Distances.
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Diverses négligences et imprudences d'apiculteur ont provoqué des
règlements pour les distances à tenir entre les ruches d'une part et,
d'autre part, les chemins publics et les propriétés privées.
Ces règlements sont locaux, communaux ou départementaux. Le
cadre de cet ouvrage ne me permet pas de les donner tous. On trouvera
ces règlements à la préfecture de chaque département.
En général, les distances à tenir varient de 4 à 6 mètres. Je crois que
certains règlements exigent une distance de 20 mètres : c'est une
exception.
Il est d'ailleurs bon de remarquer que la plupart des règlements
n'exigent aucune distance quand il y a une clôture pleine de 2 mètres de
hauteur.
Dans sa séance du 18 novembre 1925, la Chambre des députés a
adopté sans débat une proposition de loi ainsi rédigée
«Article unique. - Le paragraphe 3 de l'article 17 de la loi du 21 juin
1898 est modifié comme suit
« Toutefois, ne sont assujetties à aucune prescription de distance les
ruches isolées des propriétés voisines ou des chemins publics par un
mur, une palissade en planches jointes, une haie vive ou sèche, sans
solution de continuité.
« Ces clôtures devront avoir une hauteur de 2 mètres au-dessus du sol
et s'étendre sur au moins 2 mètres de chaque côté de la ruche. »
Importance.
Le nombre de ruches dans un rucher doit être proportionné à la
richesse mellifère de la région et au nombre de ruches déjà installées
dans cette région. Ce nombre est donc très variable. On estime toutefois
que 50 ruches au moins peuvent prospérer dans un rayon de 3
kilomètres, quelle que soit la richesse de l'endroit. Évidemment, il faut
tenir compte des ruches du voisin.
Disposition
Nous avons déjà dit les inconvénients du rucher couvert (la visite est
plus difficile) et du rucher en plein air sur supports communs (les
colonies sont souvent agitées, ce qui les fait consommer des provisions
et les irrite). Nous conseillons donc le rucher en plein air avec ruches
isolées : ce rucher n'a aucun des inconvénients précités et il procure plus
d'hygiène à l'apiculteur. On les placera sur une seule ligne, sur plusieurs
- 102 -
parallèles dans le même sens ou en sens opposé, en fer à cheval, etc., en
tenant compte de ce qui a été dit au chapitre « Orientation ».
Au-dessous des ruches, on pourrait établir un pavé en béton sur une
largeur de 0,80. Si on considère que ce pavé dispensera de l'arrachage de
l'herbe autour des ruches et de la vérification de leur aplomb au
printemps, on pourra trouver que ce pavé est économique, surtout si on
l'établit soi-même. On pourrait, au-dessus, établir un toit léger, ou
simplement faire courir une vigne vierge sur des fils de fer.
Plantations. '- L'apiculteur ne peut fournir à ses abeilles assez de
fleurs pour les occuper. Il devra compter sur les cultivateurs du
voisinage.
Pour suffire à ses abeilles, l'apiculteur devrait ensemencer des champs
considérables. Ce serait pour lui un surcroît de dépenses et de travail
dont il ne serait pas payé par la récolte de miel.
L'apiculteur pourra cependant planter auprès de ses ruches quelques
plantes ornementales mellifères. Il aura ainsi l'occasion de suivre parfois
de près le travail de ses abeilles. S'il a des plantations à faire dans son
jardin, dans une culture voisine, il préférera, bien entendu, les plantes
mellifères. Il pourra aussi conseiller ces plantes à ses voisins, et au
besoin appuyer ses conseils par le don de graines et d'un pot de bon miel.
L'apiculteur devra se convaincre, et tâchera de convaincre ses voisins,
que plus une plante est mellifère et plus elle est bienfaisante pour les
animaux de la ferme.
L'apiculteur se trouvera bien toutefois de planter auprès du rucher des
crocus, des perce-neige, des giroflées brunes. Ces fleurs procureront aux
abeilles du pollen encore rare, au premier printemps.
La culture de la lavande serait peut-être deux fois rémunératrice.
La culture de la phacélie pourrait aussi être envisagée. On peut la
semer au printemps, à raison de 150 à 160 grammes à l'are. Elle lève au
bout de huit à quatorze jours et fleurit six semaines plus tard. Elle atteint
une hauteur de 60 centimètres et donne des fleurs pendant cinq
semaines. Elle permet donc de faire des semis échelonnés pour avoir des
fleurs mellifères quand la région en manque. Parce qu'elle résiste aux
premières gelées, la phacélie peut encore être semée au 15 août pour être
donnée en vert au bétail fin octobre et commencement de novembre.
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LÉGISLATION APICOLE
PLANTES MELLIFÈRES
ACHAT DE COLONIES
Essaims d'éleveurs
Les essaims d'éleveurs sont les meilleurs, et même les plus
économiques, parce que les plus productifs, si l'éleveur pratique une
sélection continuelle dans son élevage et s'il livre ses essaims dans des
conditions honnêtes. Or, l'éleveur a intérêt à faire une sélection
continuelle dans son rucher. Quant à ses livraisons, on peut les
surveiller.
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Époque de l'achat
Le meilleur moment pour l'achat et l'installation d'un essaim, c'est le
commencement de la grande miellée. A cette époque, l'acheteur ne
risque guère d'avoir à nourrir son essaim; il a, au contraire, toute chance
de le voir s'installer rapidement, ramasser ses provisions pour l'hiver, et
même, les années mellifères, lui donner une récolte.
Les mois suivants, l'apiculteur n'aura avantage à acheter des essaims
qu'autant qu'il aura des rayons entièrement bâtis à leur donner, ainsi que
des provisions. Si la production de cire ne coûte rien pendant la miellée,
elle coûte très cher en dehors d'elle.
Poids de l'essaim
On achètera toujours un essaim de 2 kilos. Proportionnellement, il
coûte moins cher qu'un essaim de 1 kg 500 ou de 1 kilo, puisque dans
tous il n'y a qu'une reine à payer, qu'un port et qu'un emballage.
D'ailleurs, une forte colonie dans une ruche donne de meilleurs
résultats et compense largement la dépense première. C'est un capital
qu'on confie à la société apicole de la ruche. Celle-ci emploiera ce
capital avec sagesse et saura le faire fructifier.
L'essaim perd de son poids dans le voyage, en raison de la distance et
de la température. Il est difficile d'apprécier à l'arrivée le poids donné au
départ. L'honnêteté du fournisseur a donc une grande importance.
Reine
Pour la présence et la qualité de la reine, il faut s'en rapporter à
l'honnêteté du fournisseur.
On pourrait toutefois demander à l'éleveur de procéder comme je le
faisais lorsque je pratiquais l'élevage. La reine était enfermée avec
quelques abeilles dans une boîte, comme si elle avait été expédiée par la
poste. La boîte était placée au milieu des abeilles de l'essaim. A l'arrivée,
l'acheteur n'avait qu'à prendre la boîte contenant la reine, à la placer dans
la ruche comme s'il s'agissait de donner une reine à l'acceptation. Les
abeilles allaient d'elles-mêmes entourer la reine.
De cette façon, le travail était facilité. Les abeilles ne s'échappaient
pas. On pouvait opérer à n'importe quelle heure et on ne pouvait
incriminer ni la malhonnêteté du vendeur, ni la maladresse de l'acheteur.
Race.
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Il y a un grand nombre de races d'abeilles, mais deux races seulement
sont très répandues et dignes d'attention : la race commune et la race
italienne.
L'abeille commune a le corps brun-noirâtre; l'abeille italienne a deux
anneaux de l'abdomen jaune doré.
L'abeille italienne a la langue plus longue; elle peut visiter plus de
fleurs. Les années peu mellifères, elle produit davantage que l'abeille
commune.
L'abeille italienne est plus vive, plus active, autre qualité qui
augmente sa production; mais cette vivacité n'augmente-t-elle pas sa
méchanceté ? Non, si elle est traitée comme elle doit l'être, ce qu'exige
d'ailleurs aussi l'abeille commune.
Je trouve même l'abeille italienne plus douce que l'abeille commune,
parce qu'elle comprend plus vite ce que l'apiculteur lui demande, par les
bouffées de fumée de son enfumoir.
Et l'activité de l'abeille italienne ne la rend pas, non plus, plus pillarde
à la condition que l'apiculteur diminue à temps, comme il doit toujours le
faire, les entrées des ruches voisines dont les colonies sont faibles.
L'abeille italienne est aussi plus prolifique, même sans l'emploi du
nourrissement stimulant, si coûteux et si dangereux. C'est une qualité
importante.
Je lis parfois qu'on attribue la terrible loque à l'Italienne. Quelle erreur
! L'abeille italienne a, au contraire, toutes les qualités pour lutter contre
cette maladie.
On a commencé à reconnaître la loque au moment où on a commencé
à introduire l'abeille italienne, paraît-il. C'est possible, mais c'est au
même moment qu'on a introduit la ruche à cadres, où l'abeille s'épuise
inutilement. C'est au même moment qu'on a propagé les méthodes qui
augmentent encore cet épuisement. C'est aux mauvaises ruches à cadres
et aux mauvaises méthodes qu'il faut attribuer le développement de la
loque. La loque n'a pas d'autres causes à son origine: surmenage,
affaiblissement de la race.
Pendant plus de vingt-cinq ans, j'ai étudié les races d'abeilles les plus
répandues. C'est la race italienne que je conseille à tous les apiculteurs,
et peu importe s'ils ne la conservent pas dans la pureté de sa race : ce qui
n'est pas nécessaire pour qui ne fait pas d'élevage.
La race commune, à mon avis, convient aux débutants, parce qu'ils ne
doivent pas engager trop de capitaux sans avoir fait preuve de capacité.
- 107 -
Et je suis d'avis que la race commune serait excellente si elle était
sélectionnée comme l'a été l'Italienne.
Et je dois aussi avertir les apiculteurs que beaucoup d'éleveurs, s'ils
font, d'une part, par intérêt d'ailleurs, une sélection par le choix des
colonies reproductrices, vont, d'autre part, à l'encontre de la sélection
que la nature aurait faite elle-même.
Dans une colonie orpheline, les abeilles élèvent 10 à 15 reines. La
reine qui éclot la première, par conséquent la plus forte, la plus
vigoureuse, va tuer les autres avant leur naissance : c'est une sélection
sévère.
Cette sélection serait trop coûteuse pour les éleveurs. Ceux-ci isolent
les cellules royales avant les éclosions. Ils en conservent quinze sur
quinze quand la nature n'en conserve qu'une sur quinze.
La nature prévoit encore une sélection lors de la fécondation de la
reine. Pour se faire féconder, la reine s'élance dans les airs d'un vol
vertigineux. Seul le mâle le plus vigoureux peut l'atteindre. Si la reine
d'élevage artificiel est peu vigoureuse, elle peut être atteinte par un mâle
moins vigoureux. Là encore, il y a infériorité.
En pratique, acheter des abeilles italiennes si on peut les trouver chez
un éleveur qui procède selon les anciens principes de sélection et
d'élevage et s'il ne nourrit pas ses abeilles avec du sucre. Sinon, on se
contentera de l'abeille commune. Cette race sera bientôt améliorée, au
point d'être supérieure à la race italienne des éleveurs modernes, si on
suit bien notre méthode suppression des colonies faibles, multiplication
par l'essaimage artificiel des meilleures colonies.
Prix
Le prix d'un essaim varie avec sa race, son poids et l'époque de sa
livraison.
Généralement, on estime qu'un essaim de 2 kilos d'abeilles italiennes
vaut, au commencement de la miellée, le prix de 20 kilos de miel (prix
de gros), port et emballage en plus. Ce prix est légitime, car l'éleveur, en
vendant cet essaim, annihile la production d'une bonne colonie qui aurait
donné 20 kilos de miel quelques semaines plus tard.
L'essaim d'abeilles communes vaut 25 p. 100 en moins.
Après la miellée, l'essaim n'a plus la même valeur. Car il faut
envisager
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1° Qu'on devra lui donner au moins 100 grammes de sirop chaque
jour de l'été où il n'y aura pas de miellée, afin de lui faire bâtir les rayons
nécessaires à un bon hivernage;
2° Qu'on devra, fin août, compléter ses provisions par un apport
parfois de 10 à 12 kilos de miel.
Au contraire, si vous donnez un essaim de 2 kilos, au commencement
de la miellée, à une Ruche Populaire, vous récolterez la première année,
et plus que les années suivantes, parce que les abeilles ne seront pas
arrêtées dans leur travail par les soins à donner au couvain, puisqu'il n'en
existe pas.
3° je dois faire observer que pour obtenir le même résultat dans une
ruche Dadant, il faudrait introduire un essaim de 4 kilos au moins. Une
grosse faute.
Un journal apicole a publié la liste d'éleveurs à qui il a été fait une
attribution spéciale de sucre. Si ces éleveurs font vraiment de la
sélection, cette sélection se trouvera annihilée par cette nourriture
anormale, qui conduit inévitablement à la dépression de la race,
dépression qui constitue un terrain favorable au développement des
maladies, de la loque entre autres.
Essaims ordinaires.
Il ne faut pas oublier que ces essaims comme les autres n'ont leur
valeur maximum que le premier jour de la grande miellée.
Ruches vulgaires
Pour peupler les ruches, l'achat de ruches vulgaires est le mode le plus
simple et souvent le moins coûteux. Il permet d'avoir un essaim très fort
à la date voulue avec des abeilles sûrement saines.
Essaims nus.
Les plus honnêtes vendeurs d'essaims voudront rarement donner des
essaims de 2 kilos parce qu'un essaim de 2 kilos affaiblit trop leur ruche.
Ils donneront à peine 1 kg 500 d'abeilles. Or, pour avoir un bon résultat,
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même dans la Ruche Populaire, il est nécessaire d'installer un essaim de
2 kilos. Dans la ruche Dadant, il faudrait un essaim de 4 kilos,
De plus, aucun éleveur ne peut garantir le jour de l'expédition. Or, un
seul jour est le meilleur : c'est le premier jour de la grande miellée.
Installé après, l'essaim ne bâtira pas ses rayons complètement et ne fera
pas ses provisions hivernales. Il faudra le nourrir pour assurer son
existence. L'année suivante, l'essaim ne donnera pas encore satisfaction à
son propriétaire parce qu'au printemps il n'aura pas eu les rayons bâtis
nécessaires au développement du couvain. De fait, après la grande
miellée, un essaim n'a aucune valeur.
Époque
On trouvera plus facilement des ruches vulgaires à l'automne qu'en
tout autre temps, surtout au moment de l'étouffage; mais en mars on ne
court plus les risques de l'hivernage.
Volume
On n'achètera que de grandes ruches, qui permettront d'avoir de fortes
populations avant l'essaimage. Elles devront avoir au moins 30 litres,
mais de préférence 40 litres.
Un bon panier devrait avoir un diamètre de 0,30 avec une hauteur de
0,80. Ou trouvera rarement cette dimension. Les dimensions de la ruche
vulgaire varient selon les régions. Poids.
La ruche vulgaire devra peser (poids brut) à l'automne 20 kg, si elle a
40 litres, 15 kg si elle a 30 litres. En mars, ces mêmes ruches ne pèseront
plus que 15 à 8 kg environ. Il importe que les rayons soient bâtis
jusqu'au bas.
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Prix
Le prix de la ruche vulgaire est basé aussi sur le prix du miel qu'elle
contient. Or, une ruche de 25 kg contient environ 12 kg 500 de miel; une
ruche de 15 kg en contient environ 8 kg 500. En mars, ces ruches ne
pèseront plus que 15 kg et 8 kg 500 environ (poids brut). Mais elles
auront au moins autant de valeur qu'en automne puisqu'on ne peut plus
craindre pour elles les risques de l'hivernage.
Emballage
On emballe les ruches vulgaires vers le soir, après les avoir enfumées.
On les place dans une toile à grandes mailles, qu'on fixe avec des
ficelles. Au-dessous, on fixera des baguettes permettant la circulation de
l'air. La ligature est tout à fait au bas de la ruche.
Nous avons indiqué un mode d'emballage. Voici mieux. Au lieu de
ficelle, employer des pointes fines de 40 mm qu'on enfonce à la main
dans la paille du panier. Ce procédé permet plus d'adhérence entre panier
et toile (vieux sac en jute). Il se trouvera moins de vides entre toile et
panier, vides où pourraient se réfugier des abeilles qui y mourraient
écrasées ou étouffées.
Si le panier doit voyager par le train, on lui donnera un emballage en
bois. Pour cela, établir deux croix formées de planchettes de 0,01 X 0,10,
d'une longueur égale au diamètre du panier. Réunir ces croix par des
planchettes semblables d'une longueur égale à la hauteur du panier.
Ainsi emballé, le panier sera tenu renversé, l'ouverture en haut pour
éviter l'étouffage des abeilles. L'étiquette adresse et l'étiquette abeilles
vivantes seront fixées en conséquence. Dans ces conditions, le panier n'a
à craindre que les chocs violents.
Transport
Le transport des ruches vulgaires doit s'effectuer avec douceur et
précaution.
On les transportera donc de préférence à la main, en tout cas dans des
véhicules à ressorts doux.
Si la chose est possible, il y aura moins de brisures de rayons si on
place ceux-ci dans le sens de la marche.
Les ruches doivent être déposées le soir à la place qu'elles doivent
occuper définitivement. On coupe la ficelle et' on fait tomber la toile. Le
lendemain on enlève la toile. En attendant qu'on puisse mettre en place
- 112 -
ces ruches, on les déposera à l'ombre, de préférence dans un endroit frais
et obscur.
Il est préférable de faire le transport des ruches vulgaires à l'automne.
Car à partir de janvier le transport fait l'effet du nourrissement stimulant.
Il peut provoquer un essaimage-précoce et empêcher de faire le
transvasement au bon moment.
Installation du panier
Rarement les paniers ont une contenance de 40 litres. Dans ces
conditions, pour éviter l'essaimage printanier avant le transvasement, il
est bon d'installer le panier sur une hausse amorcée ou, mieux, bâtie si
on en possède. Parce que les paniers ont des dimensions différentes qui
ne concordent même jamais avec le carré de nos hausses, on se trouvera
bien d'employer notre plateau spécial qui s'emboîte sur une hausse et
peut recevoir des paniers de toutes dimensions. Nous nous résumons.
Sur un plateau ordinaire, placer une hausse amorcée ou bâtie. Sur cette
hausse placer notre plateau spécial. Sur ce plateau spécial placer le
panier bien au milieu. Puis couvrir le tout d'un toit, de papier goudronné,
etc., pour l'abriter de la pluie. S'il y avait des passages d'abeilles entre le
panier et le plateau spécial, les fermer avec du pourget, du mortier, etc.
On n'a plus qu'à attendre l'heure du transvasement.
Nourrissement
Si à l'arrivée du panier on constate qu'il ne pèse pas 18 kg, en fin
octobre et 15 kg en février, il faut prévoir un nourrissement. Pour cela,
avant l'installation du panier, on placera un petit nourrisseur sur le
plateau ordinaire, sous la hausse. On se servira de ce nourrisseur quand
la température le permettra et aussitôt que l'exigera l'état de la colonie.
Ne pas oublier que le petit nourrisseur ne peut servir que lorsque les
abeilles sortent dans la journée.
S'il fallait nourrir par temps froid, il faudrait employer un autre
moyen. Emplir une petite bouteille avec du sirop. Fermer le goulot avec
une toile fine qu'on fixe avec une ficelle. Percer un trou dans le haut du
panier, y introduire le goulot de la bouteille renversée.
Si le panier pèse beaucoup plus, il aura le grave inconvénient de ne
pas laisser assez de place pour le développement du couvain au
printemps. Dans ce cas la hausse bâtie est plus nécessaire.
Or ce panier peuplé donnera un essaim de 2 à 3 kg d'abeilles saines.
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Les maladies sont rares dans les ruches communes. On pourra le
transvaser comme il convient le premier jour de la grande miellée,
puisqu'on l'aura sous la main. De ce fait, il donnera la première année,
trois mois après son installation, une récolte abondante, d'autant plus
que, si on a suivi tous mes conseils, on aura pratiqué la méthode que
j'appelle héroïque.
Chasses ou Trévas
Essaims sauvages
Il arrive souvent que des essaims s'établissent dans des creux d'arbres,
dans des vieux murs épais, etc.. Comment s'en emparer ?
Opérer au commencement de la grande miellée. Créer deux
ouvertures si elles n'existent pas : l'une en haut de l'emplacement occupé
par l'essaim, l'autre en bas. Au-dessus de l'ouverture du haut, placer une
caisse, une hausse de Ruche Populaire. Par l'ouverture du bas enfumer
jusqu'à ce que les abeilles soient toutes sorties. Dans la caisse on a un
essaim qu'on traite comme les autres. On récolte ensuite le miel et la cire
que les abeilles ont laissés, sans s'occuper du couvain. Ce travail est
rarement rémunérateur.
Le soir l'essaim doit être transporté à 3 kilomètres au moins de son
emplacement, sinon les abeilles, du moins les vieilles, retourneraient à
cet emplacement.
On peut placer l'essaim plus près de son ancien emplacement si on le
fait d'abord séjourner trois jours dans la cave avant son installation. Dans
ce cas lui donner un peu de provisions.
On peut aussi recueillir des essaims sauvages de passage. Pour cela,
on déposera des ruches ou ruchettes de préférence sur une élévation, près
du rucher, près d'un bois. Dans la ruche, on disposera quelques vieux
rayons. Il est bon de frotter les parois de la ruche avec une poignée de
mélisse officinale ou avec de la propolis dissoute dans de l'alcool à
brûler.
Si ces essaims sont faibles, ou arrivent tard, on devra les nourrir pour
leur faire construire des rayons et ensuite pour compléter leurs
provisions hivernales.
- 115 -
PRÉPARATION DE LA RUCHE
B. Porte rayon.
Les porte-rayons ainsi mis en place sont fixés dans la rainure par une
petite pointe sans tête, dite de vitrier.
Nous préférons ce mode, de fixation aux crémaillères, clous coudés,
têtes de porte-rayons de 36 millimètres. Ces derniers constituent une
dépense et rendent le nettoyage très difficile. Ils paraissent bons en
sortant de la menuiserie; ils ne le sont plus en sortant du rucher.
- 117 -
GABARIT pour mettre les porte-rayons en place les y maintenir pendant le clouage.
OPÉRATIONS APICOLES
Avant d'entrer dans les détails des opérations apicoles à faire dans le
courant de l'année, nous tenons à donner quelques conseils. Si on les
observe, on arrivera sûrement à opérer rapidement et sans piqûre, on
aura toujours des abeilles douces. Car ne l'oubliez pas, c'est de son plein
gré que l'abeille donne le miel, c'est parce qu'on l'y oblige qu'elle se sert
de son dard, parce qu'on lui a permis de craindre qu'on soit un ennemi : «
Sponte faons, aegre spicuta. »
- 120 -
Auxiliaire
On peut faire seul toutes les opérations apicoles, mais il faut souvent,
dans ce cas, ou déposer l'enfumoir ou ne travailler que d'une main. Il faut
aussi s'arrêter pour s'occuper de l'enfumoir. Nécessairement, le travail est
plus lent, et les abeilles finissent par s'énerver.
On se trouvera donc bien d'avoir un auxiliaire qui entretiendra
l'enfumoir et qui pourra enfumer plus doucement, parce qu'il le fera
continuellement.
Boîte à outils
L'apiculteur se fera suivre d'une boîte à outils. Il trouvera dans cette
boîte tout ce dont il aura besoin dans ses opérations rouleaux pour
l'enfumoir, raclette, etc.. Dans cette boîte il placera aussi, et sans danger
de pillage, les débris de rayons, les raclures .de cire, de miel et même de
propolis. Tous ces débris, s'ils étaient laissés à la portée des abeilles,
attireraient celles-ci et provoqueraient le pillage.
Supports
Quand l'apiculteur devra toucher aux hausses, il se munira aussi de
supports pour y déposer, les hausses. Sinon, il devrait placer les hausses
sur la terre. Il y aurait danger d'écraser des abeilles, de salir aussi le
dessous des hausses, ce qui nécessiterait un nettoyage.
D'où perte de temps et danger de froisser et de mécontenter les
abeilles.
Voile
On peut très bien faire toutes les opérations apicoles sans voile.
Toutefois, l'opérateur et son auxiliaire doivent cependant tenir un voile
près d'eux pour s'en servir en cas d'accident.
L'apiculteur débutant devra toujours se servir du voile. Il aura plus de
fermeté. Il s'en passera plus tard, quand il sera familiarisé avec les
abeilles.
Enfumoir
Qu'on puisse faire quelques opérations sans enfumoir, c'est possible.
Mais on a toujours tort d'agir ainsi. En le faisant, on mécontente toujours
les abeilles : ce qu'on doit éviter.
- 121 -
C'est avec l'enfumoir qu'on avertit les abeilles, qu'on les calme, qu'on
les dirige, qu'on leur parle en un mot.
On peut faire de la pose en ne se servant pas de l'enfumoir, on n'en
commet pas moins une maladresse.
La pipe, le cigare ou la cigarette peuvent souvent remplacer
l'enfumoir.
La fumée avertit les abeilles qu'il va se passer quelque chose. Par
prudence, elles se gorgent de miel. Assurées d'avoir des provisions à leur
disposition, elles sont moins agressives. Peut-être aussi que ces
provisions intérieures les empêchent de se plier aussi facilement pour
enfoncer leur dard.
Silence
L'opérateur causera le moins possible pendant ses opérations. De cette
façon, toute son attention sera à son travail, il opérera plus vite et il se
rappellera mieux les constatations qu'il a faites quand il s'agira d'en
prendre note.
Douceur et rapidité
L'apiculteur doit s'appliquer à être doux, auprès de ses abeilles, doux
dans la manœuvre de l'enfumoir et des hausses, doux dans ses paroles et
ses mouvements.
A la douceur de l'apiculteur les abeilles répondront par la douceur.
L'apiculteur, toutefois, devra tendre à devenir expéditif, mais sans cesser
d'être doux et sans devenir brusque ni violent, car les opérations longues
énervent les abeilles et certaines refroidissent le couvain.
Propolis
La propolis empêche souvent l'apiculteur d'être doux et expéditif. La
propolis de l'intérieur des hausses ne peut gêner dans les opérations
puisque nous ne touchons presque jamais à l'intérieur. Il n'en est pas de
même de la propolis qui se trouve entre les hausses, sur l'épaisseur des
parois et sur la traverse supérieure des rayons.
Aussi chaque fois que nous découvrirons une hausse, nous devrons
passer une raclette sur l'épaisseur des parois et sur les porte-rayons. Nous
jetterons cette propolis dans un compartiment de la boîte à outils, pour
éviter jusqu'au plus petit danger de pillage.
Notre raclette convient particulièrement pour ce travail.
- 122 -
Pillage
Quand on laisse tomber un morceau de rayon ou simplement un peu
de propolis, les abeilles voisines viennent y chercher le peu de miel qui
s'y trouve. Les abeilles de la ruche opérée défendent leur bien, d'où
combat. Les abeilles essaient d'entrer dans les ruches voisines pour
continuer à ramasser du miel. Le combat s'accroît. Et dans l'ardeur du
combat tout devient un ennemi : les abeilles, les opérateurs, les passants,
même les animaux les plus paisibles.
Colonies intraitables
Par suite d'accident, de jets de pierres par des enfants, etc.., on peut
trouver des colonies irritées et d'un abord difficile. Voici deux moyens
de les calmer. Ils ont toujours réussi, paraît-il
Premier moyen. - Découvrez la ruche. Avec un pulvérisateur et de
l'eau propre, douchez légèrement la colonie. Cette pluie fine fera coller
les ailes au corps de l'abeille et neutralisera ses mouvements. Recouvrez
la ruche et un quart d'heure après vous pourrez opérer normalement.
Toutefois n'employez ce procédé que par une température de 20 à 25°.
Deuxième moyen. - Une heure avant la visite, transportez à quelque
distance la colonie irritée. A sa place mettez une ruche vide. Cette ruche
recueillera les vieilles abeilles, les plus acariâtres. Visitez votre ruche,
puis remettez-la à sa place après avoir éloigné la ruche qui a recueilli les
vieilles abeilles. Celles-ci retourneront dans leur ruche.
Je n'ai jamais eu à employer ces méthodes, sans doute parce qu'avec
la Ruche Populaire il n'y a jamais lieu de faire de grandes visites à
l'intérieur de la ruche.
Piqûres
Si par hasard on est piqué par une abeille, il est conseillé d'avoir
recours à la succion du venin, à une solution ammoniacale, à l'eau de
Javel, au frottement avec une feuille de poireau ou de persil.
Premier acte
Dans toute opération apicole, le premier acte doit être d'envoyer deux
ou trois bouffées de fumée dans la ruche par l'entrée.
- 123 -
Deuxième acte
Dans toute opération apicole, le deuxième acte doit être d'attendre que
les abeilles soient en bruissement, avant d'ouvrir la ruche.
PEUPLEMENT DE LA RUCHE
TRANSVASEMENT
Pas de superposition
La superposition doit être employée de préférence en mars, parce que
dans ce mois il est plus facile de diminuer la hauteur du panier et des
rayons. On facilite par là la réussite du système.
Malgré cette précaution, si la miellée n'est pas suffisante, les abeilles
restent dans le panier et ne s'installent pas dans la ruche nouvelle. Même
dans les années mellifères, l'installation des abeilles dans la ruche
nouvelle est souvent insuffisante. Après la récolte, il faut nourrir pour
compléter les provisions et aussi pour faire bâtir les rayons. Ajoutez à
cela qu'avec ce système, il est long et difficile de surveiller les rayons
pendant que les abeilles les bâtissent. Par conséquent ce système, au lieu
d'économiser du temps, en fait dépenser; il complique le travail au lieu
de le simplifier il fait souvent manquer le but poursuivi.
L'essaim a été reçu dans une ruche vulgaire. Une heure avant le coucher du soleil, pas
avant, l'opérateur apporte l'essaim à sa place définitive. Il renverse la ruche, l'ouverture
en haut, il la secoue violemment, pour décoller les abeilles, il verse les abeilles dans
une Ruche Populaire comme s'il s'agissait d'une céréale. S'il reste des abeilles dans la
ruche vulgaire, il la secoue de nouveau et verse encore les abeilles dans la Ruche
Populaire. Pour un essaim d'éleveur reçu dans une caisse, l'opérateur pourra agir de
même après avoir enlevé le dessous ou le dessus de la caisse. Sur la ruche une hausse
absolument vide a été placée en guise d'entonnoir. On la retire après l'opération.
Époque
Le classement des colonies se fait en avril, pour la région de Paris,
après deux ou trois journées de beau temps, par une température de 12 à
15°, et de 11 à 14 heures.
Manière de procéder
Après quelques secondes d'observation vous inscrivez, sur un carnet,
le numéro de chaque colonie, sous deux titres
Bonnes colonies : celles où vous voyez des abeilles rentrer les pattes
chargées de pollen.
Colonies en observation : celles où vous ne voyez pas d'aller et venue
d'abeilles et celles où vous voyez rentrer les abeilles mais sans pollen
aux pattes.
Les colonies de la première catégorie seront soumises à la visite de
printemps, au plus tôt et par n'importe quelle température. Pour les
colonies de la deuxième catégorie, huit jours après cette première visite,
recommencez les mêmes observations et le même classement. Les
colonies seront à leur tour soumises à la visite du printemps.
Pour les autres colonies, on procédera à leur inspection comme il va
être dit.
VISITE DE PRINTEMPS
Nettoyage du plateau
Le plateau a besoin d'être nettoyé. Il peut d'ailleurs être nettoyé sans
danger de refroidissement de la chambre à couvain. Pour faire ce
nettoyage, on procédera comme nous allons le dire.
1° L'opérateur place un tasseau près de la ruche. L'auxiliaire envoie
doucement un peu de fumée dans la ruche par l'entrée. Quand les
abeilles sont en bruissement, l'opérateur enlève le toit puis prend les
deux hausses, sans retirer le coussin, pour les placer sur le tasseau.
L'auxiliaire envoie de la fumée sous les hausses et, plus fortement, sur le
plateau s'il y trouve des abeilles;
2° L'opérateur nettoie le plateau avec une raclette. L'auxiliaire nettoie
l'emplacement du plateau. L'opérateur remet le plateau en place et en
vérifie l'aplomb;
- 131 -
3° L'auxiliaire envoie doucement un peu de fumée sous les deux
hausses. L'opérateur prend les deux hausses, toujours recouvertes du
coussin, pour les replacer sur le plateau;
4° L'auxiliaire envoie de la fumée, plus fortement, sous les deux
hausses et surtout sur le plateau, pour éviter l'écrasement des abeilles.
L'opérateur replace les deux hausses sur le plateau à bâtisses froides.
1er position
- 132 -
2e position.
3e position
Toutefois, si vous n'êtes pas certain que vos abeilles ont le nécessaire,
il faut absolument vous en rendre compte au plus tôt au premier beau
jour. Aux travaux d'automne, il est indiqué comment vous devez
procéder. Si vous constatez que vos colonies manquent de provisions, ou
si vous savez qu'elles n'ont que des provisions insuffisantes, il importe
de nourrir avant l'épuisement de ces provisions.
Toutefois, nourrissez le plus tard possible, car le nourrissement de
printemps est toujours nuisible et d'autant plus nuisible qu'il est fait plus
tôt.
Il importe également de donner aux colonies au moins le double de ce
qui leur manque, car le nourrissement produit un accroissement anormal
de couvain et exige une production de chaleur supplémentaire. Il importe
enfin de nourrir rapidement, donc avec le grand nourrisseur de
préférence.
- 133 -
AGRANDISSEMENT
Époque
Dans la ruche populaire nous n'avons pas à craindre le
refroidissement du couvain, nous devons donc procéder à
l'agrandissement assez tôt pour éviter l'essaimage. Cet agrandissement
sera donc fait au moins quinze jours avant la miellée. On pourra même le
faire à la visite de printemps, aux vacances de Pâques, par exemple, si on
est plus libre à cette époque.
Nombre de hausses
En tout temps la Ruche Populaire a deux hausses. Au moment de
l'agrandissement il faut lui en ajouter une ou plusieurs suivant la force de
la colonie. Le nombre des abeilles qui entrent et sortent indique la force
de la colonie.
Donc classer les ruches en deux séries : moyennes et fortes. Les
faibles ont été supprimées à l'automne. Dans les régions où la récolte
moyenne est de 15 à 20 kg par ruche, on ajoutera de suite une hausse aux
moyennes, deux hausses aux fortes.
Dans les régions où la récolte moyenne est de 20 à 30 kg par ruche,
on ajoutera de suite deux hausses aux moyennes, trois hausses aux
fortes.
Évidemment, on peut ajouter ces hausses en plusieurs fois, à quelques
jours d'intervalle, pourvu qu'on n'attende pas que les abeilles manquent
de place. D'ailleurs, il peut arriver que ces hausses ne suffisent pas. J'ai
eu des Ruches Populaires avec sept hausses.
1er position
2° L'opérateur prend les deux hausses avec le coussin pour les placer
sur un tasseau. L'auxiliaire envoie de la fumée sous les hausses, et, plus
fortement, sur le plateau, s'il s'y trouve des abeilles, afin d'éviter leur
écrasement. L'opérateur prend la hausse 3, vide d'abeilles, mais amorcée,
et la place sur le plateau à bâtisses froides;
2e position.
3e position.
SURVEILLANCE DU RUCHER
Permutation
Souvent il se trouve dans un rucher une colonie extraordinairement
forte. Il lui faudrait beaucoup de hausses. Je préfère la permuter avec une
colonie moins forte. On arrive ainsi à n'avoir que des colonies d'égale
force.
La permutation se fait le soir, après le coucher du soleil. On enfume
légèrement les deux colonies et on enlève les toits et coussins. Deux
opérateurs sont nécessaires. Chaque opérateur passe une corde derrière
deux pieds de la ruche. Il réunit les deux extrémités de la corde à un
décimètre au-dessous de ses mains, de façon que la différence de taille
des opérateurs ne supprime pas l'aplomb de la ruche. De cette façon le
transport se fait facilement.
Aération
Par temps très chaud, surtout si les ruches ne sont pas très bien
abritées du soleil, l'addition de hausses et la permutation n'empêcheront
pas toujours les abeilles de faire la barbe. Dans ce cas il faudra aérer la
ruche en facilitant la sortie de l'air chaud. Pour cela faire trois tasseaux
avec un vieux porte-rayon. Placer deux ou trois tasseaux sur deux ou
trois porte-rayons de la hausse supérieure, sur l'arrière, sous la toile, en
couvrant l'épaisseur de la paroi. Remettre en place toile, coussin et toit,
mais de façon que le toit n'empêche pas l'échappement de l'air chaud de
la ruche. Il suffit pour cela de le tirer le plus possible en arrière.
Essaims faibles
Dans le cours de l'été, on pourra avoir l'occasion de récupérer des
petits essaims. Ces essaims devront être nourris tous les, jours où il n'y
aura pas de miellée et à raison de 100 grammes de sirop par jour. Notre
petit nourrisseur convient parfaitement pour ce nourrissement.
- 137 -
Car il importe que ces essaims aient, à l'automne, deux hausses
complètement bâties. A l'automne les provisions pourront être
complétées. Les rayons ne pourraient plus être bâtis.
Fourmis
Il arrive que des fourmis envahissent les ruches. Pour les empêcher,
placer les pieds de la ruche dans des boîtes contenant un liquide
quelconque ou entourer les pieds d'un ruban enduit d'une graisse
consistante.
MIEL EN SECTIONS
MATÉRIEL DE SECTIONS
Or, la Ruche Populaire, à rayons fixes, convient mieux que toute autre
pour faire construire rapidement de belles sections.
Pour ce faire, il faut d'abord construire une hausse spéciale. La
hauteur sera celle des sections employées, les dimensions intérieures
seront telles qu'il n'y ait aucun vide autour des sections et qu'elles se
rapprochent, le plus possible, des dimensions intérieures des hausses de
la ruche.
Il n'est pas nécessaire que les dimensions de ces hausses soient
exactement les mêmes. Voici maintenant comment on procède.
Section ouverte
séparateur
- 139 -
Les ruches sont agrandies comme d'usage. Quand la miellée est bien
commencée, quand il y a déjà un petit apport de, miel dans la hausse
supérieure, 5 kilos au moins, on enlève cette hausse, que nous
appellerons la hausse n° 1. On enlève également la hausse suivante, que
nous appellerons la hausse n° 2. Sur la hausse suivante, n° 3, on place la
hausse n° 1, dont on a désoperculé le miel, s'il y a lieu : sur la hausse n°
1, on place la hausse n° 2; sur la hausse n° 2, on place la hausse
contenant les sections.
Sous la hausse contenant les sections, il y a du couvain, par
conséquent peu de place pour le miel des apports quotidiens. Les abeilles
seront donc portées à placer le nouveau miel dans les sections.
Par ailleurs, les abeilles ne laissent jamais longtemps du miel au-
dessous du couvain. Les abeilles auront donc tendance à porter le miel
de la hausse n° 1 dans la hausse contenant des sections. Il y a donc un
apport de miel, considérable et rapide, dans les sections. C'est tout ce
qu'il faut pour avoir de belles sections.
- 140 -
Pour remplacer les sections américaines, fixer deux cadres 0,143 x 0,113 à un porte-
rayon. Placer huit porte-rayons ainsi garnis dans une hausse d'une hauteur de 0,13 au
lieu de 0,21.
Nota
Dans les sections, une simple amorce suffit et donne des sections plus
régulières.
Les sections doivent être surveillées. On doit les enlever aussitôt
qu'elles sont operculées.
LA MIELLÉE
Température
La température joue un rôle très important dans la production du miel.
Si la température est favorable, il y a du miel même sur des feuilles. Si la
température n'est pas favorable, il n'y a de miel nulle part, même sur les
fleurs.
Une température chaude (20°) est nécessaire à la production du miel.
L'humidité du sol et de l'air l'augmente; la sécheresse ou un orage
l'arrête. Le vent le plus favorable est celui du sud-est. Le vent du nord,
au contraire, arrêtera la montée du miel.
Emplacement du miel
En rentrant à la ruche, les butineuses déposent le nectar un peu
partout, pour gagner du temps et aussi pour favoriser l'évaporation. Mais
aussitôt qu'elles en auront le temps et la possibilité, elles porteront le
nectar à sa place définitive, au-dessus et sur les côtés du couvain; elles
ne le laisseront jamais longtemps au-dessous.
METHODE HEROIQUE
MULTIPLICATION
ESSAIN NATUREL
Sa propriété
Quand vous connaissez le départ d’un essaim, de votre rucher ou
d’ailleurs, suivez-le. Dans quelque propriété qu’il aille, personne ne peut
vous en refuser l’entrée. Quand l’essaim se fixe quelque part, prenez-en
possession en plaçant près de lui une personne qui vous remplace ou un
objet qui vous appartient. Cet essaim vous appartient. Où qu’il se trouve,
vous pouvez faire le nécessaire auprès de lui. Vous ne devez à autrui que
les dommages que vous lui aurez causés.
- 144 -
L'opérateur, avec la fumée, fait monter les abeilles de l'essaim dans une Ruche
Populaire placée au dessus. Le soir, il portera la ruche à sa place définitive.
Comment le prévoir
Les abeilles font la barbe à l’entrée de la ruche parce que la ruche est
devenue trop petite en raison soit de l’augmentation de la population,
soit de la chaleur de la température.
- 145 -
On perçoit souvent le cri des jeunes reines. A l’entrée de la ruche, de
grand matin, il y a un bourdonnement insolite. Les mâles font entendre
un chant caractéristique.
L’essaim peut partir entre deux averses ou après un orage, entre 8
heures et 16 heures. Le départ peut être retardé, si le vent d’ouest souffle
fortement, si le baromètre indique grande pluie.
Comment l’arrêter
Avec un miroir à main lancer un rayon de soleil sur l’essaim. Ou
même, avec une forte seringue, lancer sur l’essaim une pluie fine.
L’essaim se mettra de suite en grappe et se posera sur le premier arbre
venu.
Comment le recevoir
Laissez l’essaim se grouper et préparez une hausse. Passez cette
hausse sur une flamme afin de détruire les insectes et les toiles
d’araignées et d’y développer l’odeur de la cire, si elle a déjà servi.
Humectez les parois de cette hausse de quelques gouttes de miel. Quand
l’essaim est bien groupé, enfumez-le légèrement. Prenez un voile. Tenez
la hausse, l’ouverture en haut, bien au-dessous de l’essaim. Frappez un
ou deux coups secs sur la branche qui porte l’essaim. Retournez la
hausse doucement et placez-la près de là, sur des supports de hausses.
Si les abeilles battent des ailes autour de la hausse et tendent à s’en
rapprocher, votre opération est bonne et vous pouvez vous éloigner.
Sinon, surtout si les abeilles retournent de plus en plus sur la branche
où se trouvait l’essaim, attendez un nouveau groupement de l’essaim et
recommencez l’opération. Dans les pages suivantes, nous montrons
diverses positions de l’essaim et indiquons la manière de le recevoir.
Son installation
Si cet essaim doit être installé à moins de trois kilomètres, il doit être
porté à sa place définitive le premier soir vers le coucher du soleil
Il est bon de flamber la nouvelle ruche afin de lui enlever toute
mauvaise odeur, et ensuite de la frotter extérieurement, intérieurement,
surtout avec de la mélisse officinale ou de la menthe.
- 146 -
Nourrissement
Si la miellée s’arrêtait plus de deux jours, il serait nécessaire de
nourrir cet essaim aussi copieusement que possible, car il a besoin de se
nourrir et de construire dés rayons.
ESSAIMAGE ARTIFICIEL
Utilité
L’essaimage artificiel est un moyen très pratique de peupler des
ruches.
Attendre des essaims naturels, c’est un passetemps fort long, parfois.
En tout cas, on n’est jamais certain de pouvoir retenir ces essaims.
Acheter des essaims, c’est une dépense qui n’est pas toujours
économique, et ne fournit pas toujours des abeilles de qualité.
Époque
La meilleure époque pour faire un essaim artificiel, c’est le
commencement de la grande miellée, quand on commence à voir des
essaims naturels dans la région.
A cette époque, le procédé est plus simple et la fécondation des
jeunes reines se fait mieux.
Nombre de colonies
Faut-il opérer sur deux colonies ou seulement sur une pour faire un
essaim ? On peut certainement réussir avec une colonie. Il est toujours
plus prudent d’opérer sur deux quand on le peut, dût-on, quinze jours
plus tard, retirer encore un essaim des deux mêmes colonies. Nous
indiquerons donc les deux méthodes.
Jour et heure
Vous opérerez un jour de beau temps, après une journée précédente
de beau temps, de 11 heures à 15 heures, de préférence à 11 heures.
- 147 -
L’opérateur frappe sur la branche pour faire tomber les abeilles dans la Ruche
Populaire, puis l’auxiliaire retournera la ruche et la placera sur les tasseaux. Le soir, il
la portera à sa place définitive.
L’opérateur, avec une brosse, fait tomber les abeilles dans une Ruche Populaire. Puis
l’auxiliaire retournera la ruche et la placera sur les tasseaux. Le soir, il la portera à sa
place définitive.
- 148 -
Choix des colonies
Vous opérerez toujours sur vos meilleures colonies.
Ces colonies ont de fortes populations. Or, les fortes populations
faciliteront votre travail. De plus, en opérant sur ces fortes colonies, vous
ferez une sélection utile sans trop de travail.
Reine fécondée
L’emploi d’une reine fécondée dans l’essaimage artificiel n’est
qu’utile, mais très utile. Vous donnez une grande avance à l’essaim.
De plus, si vous avez acheté cette reine ailleurs, vous apportez dans
votre rucher un sang nouveau qui améliorera toujours votre race. Cette
amélioration sera encore plus considérable si vous donnez à votre essaim
une reine italienne de bonne origine.
Si vous n’êtes pas certain de la bonne origine de la reine que vous
achèterez, si vous n’êtes pas certain que la reine qu’on vous livrera n’a
pas été élevée selon, les méthodes dites modernes, artificielles, n’achetez
pas de reine et contentez-vous de celle que vos abeilles élèveront elles-
mêmes.
Procédé
Pour faire un essaim artificiel soit avec deux colonies, soit avec une
colonie, soit avec une reine fécondée, on procédera comme il est indiqué
dans les tableaux suivants.
Nourrissement
Si l’essaim artificiel et la souche n’ont pas reçu de rayons de miel et
si la miellée s’arrêtait plus de deux jours, il serait nécessaire de nourrir
l’essaim et la souche et, plus copieusement, s’ils doivent construire des
rayons.
Coussin
1
Coussin 2
4 3
1ére Position.
Coussin Coussin
1 2
4 3
2ième Position
Coussin Coussin
2 1
3 4
3ième Position
Observation
La reine est descendue dans la ruche 2 et 3 ; elle y continuera sa
ponte.
Si vous opérez au commencement de la grande miellée et si, à
l’automne, vous n’avez laissé que les provisions nécessaires, dans la
hausse 1 il y a certainement du couvain avec lequel les abeilles élèveront
une reine.
Coussin | Coussin
1 | 5
Coussin 2 | 6
4 3 | 7
1ière Position
| Coussin
Coussin Coussin | 5
1 2 | 6
4 3 | 7
2ième Position
Coussin | |
5 | Coussin | Coussin
6 | 2 | 1
7 | 3 | 4
3ième Position
Cage à reine
La cage à reine, dont ci-joint le croquis, nous a donné pleine
satisfaction. Son épaisseur est de 0,010, sa largeur de 0,045, sa hauteur
de 0,110 mm. Le bas n’est pas fermé. Le haut est fermé par un morceau
de fer-blanc soudé, ou simplement par un pli de la toile métallique. La
toile métallique utilisée pour garde-manger convient parfaitement.
Introduction de la reine
Procéder ensuite à l’introduction de la façon suivante : opérez de
préférence par beau temps et entre 10 et 11 heures. Prenez la boîte
contenant la reine. Enlevez le carton qui porte l’adresse et qui recouvre
le grillage.
Détruisez le petit carton qui ferme l’ouverture du côté des provisions,
et faites passer la reine et les abeilles qui l’accompagnent dans votre
cage. Fermez cette cage avec un morceau de rayon.
Placez cette cage entre les rayons, en haut de la hausse supérieure
formant la chambre à couvain.
- 155 -
Les rayons doivent contenir un peu de miel. On n’introduira la cage
qu’après avoir désoperculé ce miel. De cette façon, les abeilles qui
accompagnent la reine pourront prendre du miel à travers la toile de la
cage.
Surveillance de la reine
Si après vingt-quatre heures la cire n’est pas enlevée, ou bien les
abeilles ne s’occupent pas de la reine, ou bien elles cherchent à
l’approcher en essayant de pénétrer dans sa boite à travers le grillage.
Dans le premier cas, il est à peu près certain qu’il y a dans la ruche
une reine éclose ou en élevage. Il faut la supprimer.
Dans le deuxième cas, la reine est acceptée. Il y a donc lieu de
faciliter sa sortie. Enlevez la cire en partie. Supprimez tout autre
obstacle, abeilles mortes ou autres. Mais n’enlevez pas toute la cire, les
abeilles l’enlèveront et ne pourront ainsi délivrer la reine que lentement,
comme il convient. Replacez la boîte entre les rayons.
Visitez tous les jours et enlevez les obstacles, mais jamais la cire : un
petit passage suffit.
Ne délivrez jamais la reine.
Quand vous aurez constaté la sortie de la reine, vous retirerez la boite
et quelques jours après vous pourrez vérifier la ponte de la reine.
Soit deux 1 5
ruches fortes 2 6
3 7
4 8
1ere Opération 5
10 1 6
3 2 7
4 9 8
2eme Opération 5
13ieme jour après 10 12 1 6
la 1ere 3 11 2 7
4 9 13 8
3eme Opération 5
24ieme jour après 10 12 6
la 1ere 3 11 7
4 9 8
- 157 -
4. Quand les abeilles sont en bruissement, découvrir la ruche 1, 2, 3,
4, enlever le coussin et la toile couvre-rayons, enfumer et passer la
raclette sur les porte-rayons. Enfumer fortement et rapidement entre tous
les rayons.
5. Quand les abeilles de la hausse 1 sont descendues dans la hausse 2,
mettre la hausse 1 de côté et la couvrir. Les abeilles isolées ne sont pas à
prendre en considération. Si, au contraire, on constatait la présence
d’abeilles pelotonnées, il faudrait les faire descendre avec une fumée
plus abondante. La reine pourrait se trouver dans ces pelotons d’abeilles.
Opérer de la même façon pour la hausse 2.
6. Sur la ruche 3, 4, placer une nouvelle hausse 10, puis la couvrir
avec toile, coussin et toit. Nous avons un essaim primaire avec une
vieille reine.
7. Enfumer légèrement la ruche 5, 6, 7, 8 par l’entrée et la porter au
loin, au moins à 3 mètres. Sinon, la séparer des autres par des branches
d’arbre en feuilles.
8. A la place de la ruche 5, 6, 7, 8, organiser une nouvelle ruche, avec
un plateau, une nouvelle hausse 9, les deux hausses 2 et 1, mises de côté,
puis couvrir avec une toile, un coussin et un toit.
9. 2ieme opération, treize jours après la 1ère. Enfumer légèrement,
par l’entrée, la ruche 1, 2, 9. Découvrir cette ruche, passer la raclette sur
les porte-rayons, déposer les hausses 1 et 2 sur des tasseaux, placer sur la
hausse 9 une nouvelle hausse 11. Sur cette hausse 11, remettre les
hausses 2 et 1.
10. Enfumer comme précédemment, pour faire descendre les abeilles
de la hausse 1 dans la hausse 2, puis mettre de côté cette hausse 1 en la
couvrant. 11. Faire descendre les abeilles de la hausse 2 dans les hausses
11 et 9, puis mettre la hausse 2 de côté en la couvrant.
12. Au-dessus de la hausse 11, placer une nouvelle hausse 12. Couvrir
avec toile, coussin et toit. Nous avons un essaim secondaire avec une
jeune reine.
13. Enfumer la ruche 5, 6, 7, 8, la porter au loin, au moins a trois
mètres. Sinon, la séparer des autres par quelques branches d’arbre en
feuilles.
14. A la place de la ruche 5, 6, 7, 8, placer un plateau, une nouvelle
hausse 13, puis au-dessus les hausses 2 et 1 mises de côté, couvrir le tout
d’une toile, d’un coussin, d’un toit.
- 158 -
15. 3ième opération, 24 jours après la première, supprimer les hausses
1, 2, 13 et employer les abeilles pour renforcer une, deux ou trois
colonies faibles.
Pour cela, enfumer fortement les colonies a opérer. Découvrir la
ruche qui doit recevoir les abeilles d’une hausse, placer dessus notre
grille à reine, au-dessus placer la hausse à vider, enfumer pour faire
descendre les abeilles, enlever la hausse et, si on trouve une reine sur la
grille, la supprimer, puis enlever la grille et couvrir la ruche.
On opère de même pour les deux autres hausses 2 et 13.
Les abeilles, comme tous les êtres vivants, ont leurs maladies.
Nous ne nous attarderons pas à les décrire ni à en indiquer le remède.
Nous n’en dirons qu’un mot, et pour cause.
Fausse teigne
La fausse teigne se reconnaît par la présence de gros vers blancs dans
les rayons et de toiles entre les rayons. Ces vers ressemblent beaucoup
aux vers de la viande ; ces toiles, aux toiles d’araignée. En réalité, la
fausse teigne n’est pas une maladie. Ce n’est même pas un ennemi des
abeilles. On trouve de la fausse teigne dans toutes les colonies, même les
meilleures. Mais les abeilles de ces colonies ne permettent pas à la
fausse teigne de s’y développer.
De fait, la fausse teigne ne se développe seulement que dans les
colonies faibles ; mais elle n’est pas la cause de cette faiblesse ; elle n’en
est que l’effet. La fausse teigne s’est développée dans ces ruches parce
que les abeilles, trop peu nombreuses, ont été impuissantes à en
empêcher le développement.
Si on suit bien mes conseils, si on supprime les colonies faibles, soit
au printemps, soit à l’automne, on n’aura donc jamais de colonies faibles
envahies par la fausse teigne.
- 159 -
La loque
La loque, elle, est une altération du couvain à tous les stades de son
développement.
Les cellules renfermant les larves, au lieu d’être operculées comme il
est de règle après le 6e jour, sont perforées ou désoperculées.
De plus, les larves mortes sont transformées en une masse gluante
collant à tout objet introduit dans la cellule, et s’étirant en un long
filament lorsqu’on retire cet objet de la cellule.
Enfin, le couvain mort dégage une odeur particulière, rappelant celle
de la colle forte des menuisiers.
L’apiculteur
Il arrive que l’apiculteur ignore son métier et traite les abeilles à
l’encontre de leur nature et de leurs besoins.
L’apiculteur doit s’instruire avant d’installer son rucher. Ce manuel,
souvent relu, bien compris, peut suffire.
Oiseaux
Beaucoup d’oiseaux prennent les abeilles au vol et les mangent. Ce
sont surtout les hirondelles et les mésanges.
Le pic-vert procède autrement. Il arrive a détériorer les ruches en bois
et a manger du miel dans les rayons. Il fait plus de mal encore par les
coups de bec qu’il donne à la ruche. Le bruit met les abeilles en
bruissement c’est très nuisible en hiver. Par ailleurs, le choc donné a la
ruche peut provoquer le détachement d’une partie du groupe d’abeilles,
le faire tomber sur le plateau, d’où il ne se relèvera pas s’il fait froid. La
reine peut ainsi être détruite. Des débris de glace suspendus et mobiles
paraissent éloigner les pics-verts en temps de soleil.
Animaux
Les crapauds mangent volontiers les abeilles qu’ils trouvent au pied
de la ruche. Ce sont souvent des abeilles perdues, puisqu’elles n’ont plus
la force de reprendre leur vol. En tout cas, les services que rendent par
ailleurs les crapauds compensent largement cette rare petite
gourmandise.
Les souris sont autrement nuisibles dans les ruches. Elles mangent la
cire et le miel, elles détruisent des rayons pour établir leur nid
volumineux, souvent très confortable. Il est facile d’empêcher les souris
d’entrer dans les ruches en diminuant les entrées métalliques à l’automne
et en hiver.
- 162 -
Plantes
Les abeilles donnent la fécondité à beaucoup de fleurs et beaucoup de
fleurs donnent aux abeilles le miel et le pollen. Par contre, il est des
fleurs dont la visite de l’abeille détruit la fraîcheur ; il en est aussi
quelques-unes qui vivent des abeilles qui viennent les visiter, ou qui leur
donnent la mort simplement.
Le Drosera à feuilles rondes, petite plante qui peut atteindre 20
centimètres, croît dans les endroits tourbeux de toute la France, et donne
à la fin de l’été des fleurs blanches insignifiantes. A la base de la hampe
florale est une rosette de feuilles rougeâtres appliquées contre le sol et
couvertes de poils glandulaires terminés par une tête arrondie. Ces sortes
de tentacules sont d’une sensibilité extraordinaire, ainsi que la feuille
elle-même. Un poids d’un centième de milligramme les met en
mouvement, alors que la chute des plus grosses gouttes de pluie est sans
effet sur eux.
Lorsqu’un petit insecte touche un tentacule, celuici se recourbe en
moins d’une minute ; les tentacules voisins imitent le mouvement ; un
liquide épais sécrété par les glandes se déverse sur l’insecte,
l’immobilise, l’asphyxie, puis le digère, ne laissant que la chitine et les
ailes.
Si l’on dépose à la surface de la feuille un corps inorganique, les
tentacules, un instant repliés, se redressent rapidement et la sécrétion est
presque nulle. On ne trompe pas le Drosera !
Les Grassettes « Pinguicula » et « Utricularia » sont considérées
comme plantes carnivores, ainsi que la Grassette commune (Pinguicula
vulgaris) qui pousse en abondance dans les prairies tourbeuses où elle
s’épanouit en juillet. Ses petites fleurs sont blanches et violettes ; ses
feuilles charnues, dont la partie supérieure est recouverte de poils
glandulaires, sessiles ou pédonculées, ressemblent à de petits
champignons. Dès qu’un moucheron se pose sur cette région gluante et
duveteuse, c’en est fait de lui, les bords de la feuille se replient sur lui et
le plongent dans l’obscurité du tombeau, il disparaît en entier, sauf les
parties dures.
Comme particularité de la Grassette, les fermières l’emploient pour
faire cailler le lait.
La fleur de l’Asclépias emploie la glu pour se protéger contre les
visites des insectes. En même temps que le nectar, but de leur convoitise,
- 163 -
elle sécrète un liquide visqueux qui les retient par la trompe ou par les
pattes.
LA RECOLTE
Nombre
On peut prendre du miel dans les ruches, quand elles en contiennent,
aussi souvent qu’on le veut. Mais parce qu’il est toujours mauvais
d’ouvrir les ruches, je conseille de ne pas abuser de cette faculté.
Dans certaines régions, on récolte des miels très différents d’un mois
à l’autre. Si les consommateurs n’acceptent que certains de ces miels à
l’exclusion des autres, il faudra se conformer à leurs désirs et récolter ces
miels séparément.
Mais, par principe, je ne conseille qu’une récolte. Même s’il y avait
dans certaines ruches plusieurs hausses remplies de miel, quoique ces
hausses absorbent une partie de la chaleur de la chambre à couvain, je
conseille encore de ne faire qu’une récolte. S’il y a un motif de faire
cette récolte, il y en a deux de ne pas la faire.
J’ai constaté un peu partout que les apiculteurs ne laissent pas assez
de miel pour l’hivernage. Ils font une bonne récolte en juillet et ils
manquent plus tard de miel pour leurs abeilles.
Les uns croient que la chambre à couvain a assez de miel pour
l’hivernage. Il est même des apiculteurs qui ne la visitent pas. Mais s’ils
se trompent ? Ce n’est pas rare.
Les autres comptent sur la seconde miellée. Elle est généralement
moindre que la première. Et si elle est insuffisante ?
Les apiculteurs hésitent à rendre aux abeilles un beau miel extrait
avec peine. Ils donnent du sucre. Or, le sucre ne constitue pas la
nourriture normale de l’abeille. Il est échauffant au lieu d’être
rafraîchissant comme le miel. Ceci ne peut que nuire à l’abeille, car en
hiver elle doit rester des semaines sans faire aucune déjection.
Parfois les apiculteurs laissent venir le printemps avant d’avoir
distribué le sirop de sucre. Le sucre est encore nuisible au printemps ;
mais le nourrissement au printemps l’est encore plus. Ce nourrissement
trompe en effet les instincts des abeilles.
- 164 -
C’est pourquoi je conseille de ne faire qu’une récolte, fin août ou
commencement de septembre. En même temps qu’on fera cette récolte
de miel, on réglera les provisions hivernales. Les deux opérations n’en
feront qu’une et on aura sous la main tout le miel nécessaire.
Mais, me dira-t-on, le miel de la seconde miellée sera mélangé a celui
de la première. Le premier diminuera la qualité du second.
En tenant compte que la seconde miellée est moins abondante que la
première, et que sa qualité est moins différente de la première qu’on ne
pense généralement, ce mélange changera peu la qualité du tout.
Et ce n’est qu’au point de vue marchand que la seconde miellée
pourrait diminuer la valeur de la première. Au point de vue hygiénique,
elle ne peut que l’augmenter.
Les propriétés hygiéniques du miel sont, en effet, multipliées par le
nombre de fleurs qui l’ont produit. Or, d’une part, le miel très blanc n’est
produit la plupart du temps que par le sainfoin, l’herbe aux bêtes, sans
propriétés hygiéniques, et, d’autre part, il importe de faire valoir les
propriétés hygiéniques du miel, car ce n’est que par elles qu’il peut lutter
avec le sucre, son redoutable concurrent.
Dans la Ruche Populaire, le miel de la seconde miellée sera d’ailleurs
moins mélangé à l’autre que dans les autres ruches, puisque les rayons
sont peu élevés et les hausses peu volumineuses, et que les abeilles y
placent le miel en descendant au fur et à mesure des apports.
Le miel de fin d’année se trouvera principalement au-dessus du
couvain, dans les rayons qui doivent être laissés aux abeilles pour
l’hiver.
Époque
La récolte du miel doit se faire à la fin d’août, au plus tard au
commencement de septembre.
A la fin d’août ou au commencement de septembre, les abeilles ne
récoltent plus de miel. Les fleurs disparaissent ou la température
refroidie empêche la montée du miel.
C’est le moment de visiter les ruches pour se rendre compte de l’état
des provisions, pour diminuer les provisions trop considérables, pour
compléter les provisions insuffisantes.
- 165 -
Provisions hivernales
Il faut comme provisions : 12 kilogrammes dans les ruches à rayons
fixes. Or, 3 décimètres carrés de rayons garnis de miel sur les deux faces
représentent 1 kilogramme de miel. Par ailleurs, les rayons de la Ruche
Populaire à rayons fixes contiennent 6 décimètres carrés.
Avec ces données, il sera facile de se rendre compte de ce qui manque
et de ce qu’il y a à ajouter ; de ce qu’il y a en trop et de ce qu’il y a à
prendre. Trente-six décimètres carrés de rayons garnis de miel sur les
deux faces suffiront dans la ruche à rayons fixes.
Des provisions insuffisantes mettent en danger la vie des abeilles ou
exigent un nourrissement au printemps. Or, ce nourrissement est toujours
nuisible et coûteux.
Des provisions trop abondantes sont nuisibles aussi, car l’abeille
n’hiverne pas sur le miel froid et humide, mais au-dessous. Par
conséquent, plus il y a de miel, plus le vide à chauffer au-dessus des
abeilles est considérable. D’ailleurs, l’excès de provisions gênerait la
ponte au printemps.
Portière
Pour ces opérations d’automne et pour l’hiver, il importe de diminuer
l’entrée de la ruche par la pose de la portière avec sa grande entrée. Dans
le cas de pillage, on placerait même cette portière de façon à ne
permettre que le passage d’une abeille.
Manière de procéder
Pour opérer la récolte du miel, on procédera comme il est indiqué
dans les tableaux suivants, sans oublier qu’il faut avant tout assurer la
vie des abeilles par des provisions hivernales suffisantes.
Dans ces tableaux, tous les cas ont été prévus. Cette opération parait
donc compliquée à première vue. On peut les résumer ainsi :
Enlever toutes les hausses qui ne contiennent que du miel.
S’arrêter à la première hausse où l’on rencontre du couvain.
Laisser cette hausse et celle immédiatement au-dessous.
Enlever les autres s’il y en a encore.
Compter les provisions et les compléter, s’il y a lieu.
Placer à bâtisses chaudes les deux hausses laissées.
- 166 -
Remarques
PROVISIONS. - Les dimensions des hausses sont telles, qu’une
hausse qui contient quelque peu de couvain ne peut contenir que peu de
provisions en trop, si peu qu’il est préférable de ne pas les diminuer,
mais de les laisser telles. De ce fait, une opération sur deux est
supprimée : on ne diminue jamais les provisions contenues dans les
hausses laissées pour l’hivernage, on les complète seulement s’il y a lieu.
BOITE A OUTILS. - Plus que dans toute autre opération apicole, à la
récolte, la boîte à outils est nécessaire. On y placera les moindres débris
de cire et de propolis, surtout s’ils sont humectés de miel, afin d’éviter le
pillage.
MIEL SOUS LE COUVAIN. - Il ne doit jamais se trouver, à
demeure, de miel sous le couvain.
C’est pourquoi les rayons de miel d’une hausse que l’on est obligé de
placer parfois en dessous seront toujours désoperculés, afin que les
abeilles prennent ce miel et le portent à meilleure place.
La hausse inférieure laissée pour l’hivernage contiendra parfois un
peu de miel provenant des derniers apports. Il n’y a lieu ni de le
rechercher ni de s’en préoccuper. Les abeilles le consommeront ou le
transporteront dans la hausse supérieure avant qu’il soit gênant.
RECOLTE DU MIEL
1 Coussin
2 2 2
3 3 3
4 4 4
1ère 2ième 3 ième
position position position
MISE EN HIVERNAGE
Rayons bâtis
Il est nécessaire d’hiverner chaque ruche avec deux hausses
entièrement bâties. Les abeilles hivernent mieux sur des rayons bâtis que
dans le vide. Mais c’est surtout au printemps que les abeilles ont besoin
de ces deux hausses bâties, car elles sont nécessaires pour le dépôt du
couvain. Si, au printemps, les abeilles n’ont pas à leur disposition ces
deux hausses bâties, elles essaimeront comme si elles manquaient de
place. Elles manquent, en effet, de place utilisable, car les apports de
miel sont insuffisants pour construire des rayons.
Par ailleurs, à cette époque, ce serait ruineux de fournir aux abeilles le
miel nécessaire à cette production de cire. Par conséquent, on réunira des
colonies si c’est nécessaire pour que toutes aient deux hausses
entièrement bâties. Cette suppression de colonies est de fait une
économie, malgré les apparences contraires. Une bonne colonie produira
plus que deux colonies faibles.
- 170 -
Suppression de colonies
En comparant deux colonies à réunir, on constatera que l’une est
inférieure à l’autre ; elle a moins de couvain, moins de miel, moins de
rayons bâtis. C’est à cette colonie qu’on prendra la reine pour la détruire.
On procédera comme il a été dit au chapitre Introduction de reines.
Pour la réunion, on procédera comme suit : On placera sur un plateau
les deux hausses à conserver, après les avoir enfumées fortement, la plus
riche en miel dessus. Au-dessus de ces deux hausses à conserver, on
placera les hausses à supprimer après les avoir enfumées. De ces hausses
à supprimer, on fera descendre toutes les abeilles dans les hausses à
conserver, en enfumant fortement. On supprime ces hausses
débarrassées de leurs abeilles. On couvre la ruche et on l’enfume
fortement. Le lendemain, s’il y a lieu, on désopercule le miel de la
hausse inférieure avec un couteau ou une fourchette, et on complète les
provisions si elles sont insuffisantes.
Dans le choix de la reine à conserver on donnera toutefois la
préférence à celle qui provient d’un essaim secondaire ou tertiaire parce
qu’elle est certainement jeune.
Nourrissement
Il faut 12 kg de miel pour un bon hivernage dans la Ruche Populaire à
rayons fixes.
En procédant à la récolte, on a laissé la première hausse où ou a
trouvé du couvain. Il pourrait s’y trouver 12 à 14 kg de miel. Toute
colonie qui a ces provisions est en bon état d’hivernage.
Si une colonie n’a pas cette quantité de provisions, soit 12 kg
minimum pour la ruche à rayons fixes, il est nécessaire de la donner de
suite en une ou plusieurs fois.
Pour cela, on place une hausse vide en dessous de deux hausses, en
procédant comme il est dit pour l’agrandissement. Dans cette hausse
vide, on dispose un récipient quelconque. Dans ce récipient, on dépose
des rayons brisés ou du sirop de miel.
Si on complète les provisions avec des rayons, il est préférable de les
briser et de les asperger d’eau.
Si on complète les provisions avec du sirop de miel, il importe de
mettre au moins un tiers d’eau contre deux tiers de miel. Dans ce cas, on
placera au-dessus une planchette percée de trous, ou de la paille hachée,
- 171 -
ou du liège en menus morceaux, afin que les abeilles ne puissent se
noyer.
Le sirop de sucre pourrait remplacer le sirop de miel. Mais il ne faut
pas oublier que le sucre n’est pas la nourriture normale des abeilles et
qu’il ne leur procurera pas un aussi bon hivernage que le sirop de miel.
Ne pas oublier, pendant le nourrissement, de placer la portière de
manière que les abeilles ne puissent utiliser que la petite entrée.
Disposition du nourrisseur
L’EXTRACTION DU MIEL
Le miel est au laboratoire, tel que nous l’avons pris dans les ruches,
c’est-à-dire encore enfermé dans les cellules des rayons de cire et
recouvert de ses opercules de cire.
Miel en rayons
On peut vendre ce miel sous cette forme ; mais il faut tenir compte
que son transport est difficile, que par cette vente la cire est perdue, que
le retour des hausses entraînera des frais, qu’on devra remettre une
amorce aux porte-rayons.
Il ne faut pas confondre ce miel en rayons avec le miel en sections,
dont je n’ai pas conseillé la production, parce qu’elle contrarie les
abeilles et n’est pas rémunératrice pour l’apiculteur.
Si l’apiculteur trouve des acheteurs de miel en rayons, moins coûteux
que les sections, à la récolte, il n’aura qu’à placer ces rayons en lieu sûr
en attendant la vente.
Miel coulé
Le plus souvent le miel est séparé de la cire avant la vente : on lui
donne le nom de miel coulé. Le miel coulé est obtenu de trois manières :
par écoulement spontané, par écoulement sous l’influence de la chaleur
ou par la force centrifuge.
Couteau à désoperculer
Pour désoperculer, on se sert d’un couteau spécial ou d’un simple
couteau de cuisine. Il importe que le couteau soit propre et légèrement
chaud. Il est bon d’en avoir plusieurs dont on se sert successivement et
qu’on dépose aussi successivement dans une terrine d’eau chaude. La
terrine sera utilement placée sur un réchaud. Le couteau doit être assez
chaud pour passer facilement sous les opercules, pas assez pour les faire
fondre. Il importe que l’opérateur manœuvre son couteau comme il
manœuvrerait une scie, en ne le faisant couper toutefois que lorsqu’il le
tire et non quand il le pousse.
Quand le couteau a passé partout, on enlève avec la pointe du même
couteau les opercules qui peuvent encore se trouver dans les sinuosités
du rayon.
Observation
On trouvera parfois sous le couteau des cellules remplies de pollen.
Le pollen se rencontre dans les hausses de toutes les ruches. Ce n’est pas
du poison, puisque les abeilles le font consommer à leurs jeunes larves.
Des consommateurs aiment même à retrouver dans le miel le goût du
pollen. Toutefois, pour éviter la coloration du miel, je conseille de ne pas
mélanger ce pollen au miel, et pour cela de passer soigneusement,
légèrement, le couteau au-dessous des opercules.
Chaleur nécessaire
Pour que l’extraction centrifuge se fasse rapidement et complètement,
il importe que les rayons ne soient pas refroidis. Sinon, il faudrait les
placer dans un local chaud. Le mieux est d’extraire l’après-midi les
rayons retirés des ruches le matin.
D’ailleurs, la chaleur du couteau à désoperculer réchauffera le miel et
de ce fait facilitera sa sortie.
- 175 -
Désoperculation des rayons
1. Renverser la hausse contenant les rayons fixes de miel sur un
support quelconque, deux hausses par exemple.
2. Pour détacher les rayons des parois de la hausse, passer un couteau
de chaque côté, le long des parois.
3. Retourner la hausse pour la mettre dans sa position normale.
4. Soulever chaque extrémité de rayon pour la dégager de la rainure
(fig. A).
5. Prendre le porte-rayon avec le rayon (fig. B) et le placer dans la
cage n°1, qu’on a préparée sur un chevalet (fig. C), de façon que le
porte-rayon soit en haut, pour faciliter le dépôt du rayon.
6. Retourner la cage n°1 avec le rayon, de façon que le porte-rayon
soit en bas pour faciliter la désoperculation.
7. Désoperculer la face visible du rayon.
8. Placer la cage n°2 sur la cage n°1. Retourner, enlever la cage n°1 et
désoperculer la deuxième face du rayon.
9. Placer la cage n°3 sur le tout, de façon que le rayon se trouve entre
deux tôles.
10. Placer dans l’extracteur ces deux cages réunies et renfermant le
rayon.
Fig. A. Fig. B.
- 176 -
Fig. C. Chevalet.
Observation
On peut conserver les rayons pas trop vieux, pas trop noirs, soit pour
les donner à des chasses ou trévas, soit pour compléter des hausses
insuffisamment bâties. Dans ces conditions on procédera ainsi a
l’extraction : tourner quelques tours doucement pour dégorger une face
du rayon, retourner les cages, tourner quelques tours doucement pour
dégorger l’autre face du rayon, puis tourner plus vite pour achever
- 177 -
l’extraction sur une face du rayon, retourner les cages et tourner encore
vite pour achever l’extraction sur l’autre face du rayon.
Epurateur
Épuration
A sa sortie de l’extracteur, le miel contient des bulles d’air et de gaz
divers. Il peut enfermer aussi quelques débris de pollen et d’opercules.
Pour débarrasser le miel de tous ces corps étrangers, on le fait reposer
pendant quelques jours dans des récipients qu’on appelle épurateurs. Ces
appareils doivent être plus hauts que larges. Un fût peut convenir pour
cet usage, s’il n’est pas en chêne. Un tamis retient les plus grosses
impuretés.
Par suite de la différence de densité, les matières étrangères et les gaz
remontent à la surface, forment une écume qu’on enlève avant le
soutirage du miel.
Lorsqu’aucune impureté ne remonte plus à la surface, on soutire le
miel avant sa cristallisation. Les épurateurs sont munis d’un robinet à
clapet, ou, mieux d’un robinet d’huilerie.
Cristallisation
Liquide visqueux à sa sortie des rayons, le miel se solidifie et forme
une masse compacte formée de cristaux plus ou moins gros. On dit alors
que le miel est cristallisé ou granulé.
- 178 -
La température et la plante qui a fourni le miel modifient à l’infini la
rapidité de la cristallisation et la grosseur du grain.
Un peu de vieux miel cristallisé mélangé à la masse peut hâter la
granulation.
Conservation du miel
Le miel est très hygrométrique. Il peut absorber près de 50 % d’eau.
En absorbant l’eau, le miel se liquéfie. Il fermente ensuite rapidement,
prend un goût aigre et désagréable. Pour lui enlever cette aigreur et
arrêter sa fermentation on doit le faire fondre au bain-marie.
Le seul moyen d’éviter tous ces ennuis, c’est de loger le miel dans des
récipients a fermeture hermétique et de le placer dans un local frais.
Logement du miel
On loge le miel dans des récipients variés, principalement dans des
fûts ou des seaux en bois ou en métal.
Le pin ou le sapin donnent un goût résineux au miel, le chêne le
colore, le hêtre est très recommandable. Le cuivre et le zinc s’oxydent au
contact du miel ; le fer étamé convient parfaitement à cet usage. Les
seaux et les boites en fer-blanc à fermeture hermétique doivent donc être
préférés à tous les autres récipients.
Vente du miel
Je ne suis pas partisan des gros bénéfices. Mais j’estime que
l’apiculture, comme toute autre industrie, doit être honnêtement
rémunératrice. Tout travail mérite salaire.
Dans la pratique, comment l’apiculteur établira-t il donc ses prix ?
Il acceptera tout bonnement les prix qui résultent du jeu de l’offre et
de la demande.
Marcher contre ce principe, même avec de puissantes sociétés
d’apiculture, c’est obliger nos clients à goûter les miels étrangers, qui ne
sont pas tous mauvais ; c’est nous exposer à perdre notre miel, qui ne se
conserve pas indéfiniment.
Si ces prix ne sont pas suffisamment rémunérateurs, nous nous
adresserons à nos élus pour leur demander des droits de douane sur les
miels étrangers. Si notre demande est justifiée, elle finira toujours par
être écoutée, surtout si nous savons nous unir pour être forts. Avant tout,
produisons à bon compte.
- 179 -
L’apiculteur devra tenir compte que le grossiste a droit à un bénéfice,
le détaillant à un autre bénéfice.
L’apiculteur peut chercher à se passer de ces intermédiaires et à faire
lui-même le grossiste ou le détaillant ou les deux : il en aura les
bénéfices. Mais il ne doit pas leur faire concurrence.
L’apiculteur aura encore besoin longtemps des intermédiaires, il ne
peut leur faire concurrence sans travailler contre lui-même. S’il oblige
les intermédiaires à baisser leurs prix de vente, ces mêmes intermédiaires
baisseront aussi leur prix d’achat l’année suivante. Le bénéfice de
l’apiculteur n’aura donc pas de durée.
Mais il est un intermédiaire contre lequel l’apiculteur doit entamer
une lutte acharnée : c’est le détaillant qui exagère ses bénéfices et
empêche la consommation du miel.
Or, les miels ne sont pas également cotés dans le commerce.
Comment l’apiculteur devra-t-il les classer ?
En France, il y a deux sortes de miels bien caractérisés : le miel de
sainfoin, très blanc, sans goût accentué, type miel du Gâtinais ; et le miel
d’origine multiple, plus ou moins coloré, plus ou moins parfumé, type
miel de Narbonne. Je ne cite que pour mémoire le miel de bruyère, type
miel des Landes, et le miel de sarrasin, type miel de Bretagne. Ces miels,
d’une couleur rouge-brun, au goût âcre, ne sont pas des miels de table ;
ils ne conviennent qu’à la fabrication du pain d’épice.
Or, le commerce paie généralement plus cher le miel dit du Gâtinais.
Nous, apiculteurs, c’est le miel dit de Narbonne que nous devons classer
en premier.
Dans la vente du miel, le grand obstacle c’est le sucre, dont le prix est
toujours inférieur, dont la manipulation est infiniment plus facile.
Comment pourrons-nous faire valoir la supériorité du miel ? En
montrant sa supériorité hygiénique sur le sucre.
Or, nous sommes peu armés pour montrer la supériorité hygiénique
du miel, dit du Gâtinais. Il n’a certainement pas le défaut d’être un
produit chimique, mais le miel dit de Narbonne non plus et il a de plus
des avantages réels. Le miel dit du Gâtinais a été butiné presque
exclusivement sur le sainfoin, « l’herbe aux bêtes » sans propriétés
hygiéniques. Le miel dit de Narbonne, au contraire, a été butiné sur un
nombre incalculable de fleurs, dont beaucoup certainement sont
hygiéniques et bienfaisantes.
- 180 -
Une étude faite à l’Université de Wisconsin par le professeur Schuette
a montré que plus le miel est coloré et plus il est riche en matières
minérales fer, cuivre, manganèse. De ce fait, le miel foncé convient
davantage pour prévenir et guérir l’anémie due à la mauvaise nutrition.
Falsification du miel
Il y a longtemps que l’on falsifie le miel. Hérodote, quand il fait
connaître la quantité considérable de miel que produit la Lydie, ajoute
qu’il s’en fabrique beaucoup plus par l’industrie de l’homme. Le Talmud
parle aussi de la falsification du miel par l’eau et la farine.
Les commerçants actuels ne sont ni plus honnêtes, ni plus ignorants.
C’est à ce point que la dénomination « Miel d’abeilles » ne convient plus
pour désigner du miel naturel, puisqu’on en est arrivé à pouvoir obliger
les abeilles à falsifier elles-mêmes le miel, en leur faisant absorber du
sirop de sucre. Seule la dénomination « Miel de fleurs » peut convenir.
Pour reconnaître la falsification du miel, faire chauffer un échantillon
de miel au bain-marie, de manière à le rendre bien liquide, et le bien
brasser avec une cuiller en bois, puis :
1. En faire dissoudre une cuillerée à café dans un verre à bordeaux
d’eau de pluie froide, agiter fortement, laisser reposer. Il se forme peu à
peu un précipité insoluble, s’il y a addition de plâtre, de brique pilée, de
talc ou de craie, d’une substance minérale quelconque en un mot ;
2. En faire fondre une cuillerée à café dans un verre à bordeaux d’eau
de pluie froide, laisser reposer, ajouter 3 à 4 gouttes de teinture d’iode. Il
se produit une belle coloration violette si le miel a été additionné
d’amidon, bleu intense s’il l’a été de fécule ou de farine, brun s’il l’a été
de dextrine ; au contraire, le liquide se colore en jaune si le miel ne
contient aucune de ces substances ;
3. En faire fondre une cuillerée à café dans un verre à bordeaux d’eau
de pluie froide et agiter fortement, en battant comme on le ferait des
œufs d’une omelette : le liquide mousse abondamment si le miel contient
de la gélatine.
- 181 -
L’APICULTURE A DISTANCE
VALEUR DU MIEL
L’aliment remède
« Pour entretenir la santé, il faut deux choses se nourrir quand on est
bien portant, et se guérir quand on est malade. Or, dans le miel, nous
trouvons ces deux choses : la nourriture et le remède. »
Le règne végétal occupe, en effet, une grande place à la cuisine et à la
pharmacie. La cuisine pourrait même ne se composer que de végétaux.
Nos ancêtres mangeaient peu de viande et vivaient plus longtemps. Dans
certains ordres religieux, on ne mange jamais d’autre chair que le
poisson. Et de nos jours, une école s’est formée pour restreindre l’usage
des aliments tirés du règne animal et pour augmenter l’usage des
aliments tirés du règne végétal.
- 183 -
La pharmacie pourrait aussi ne se composer que de végétaux. Un
adage ancien dit : Medicina paucarum herbarum scientia (la médecine
est la science d’un petit nombre de plantes). La nourriture végétale est
donc souverainement hygiénique et la méditation par les plantes très
efficace.
Or, le miel est en quelque sorte un résumé du règne végétal, puisque
les abeilles vont le butiner sur une quantité incalculable de fleurs de
toutes sortes. Et c’est au moment où la plante se préparant à se
reproduire, est dans la plénitude de sa sève et de sa force que l’abeille
va, en y portant la fécondité, y puiser son fécond nectar. Le miel est donc
un extrait concentré du règne végétal, qui emprunte aux plantes leurs
propriétés. C’est une tisane aux mille fleurs.
Nougat au miel
Cuisez au petit cassé 1 kg de miel de bonne qualité, en ayant soin de
le remuer de temps en temps, de crainte qu’il ne s’attache ; fouettez
quatre blancs d’œufs en neige et mélangez-les avec le miel. Après cette
addition, vous modérerez le feu et remuerez constamment avec une
spatule en bois pour éviter l’ébullition. Vous laisserez sur le feu jusqu’à
ce que votre miel, que les blancs d’œufs auront liquéfié, ait reprit la
cuisson du cassé (ce que vous reconnaissez dans un verre d’eau comme
précédemment) ; cette cuisson obtenue, vous mêlez à votre pâte un kilo
d’amandes douces émondées et séchées d’avance, soit à l’étuve, soit à
four doux, afin qu’elles ne renferment plus d’humidité. Vous dressez
ensuite sur les oublies de l’épaisseur ordinaire, et coupez avant qu’il soit
froid votre nougat en bandes de la largeur que vous désirez. On peut
ajouter au miel une portion de sucre et un parfum suivant le goût. On
remplace les amandes par des pistaches ou des avelines et, le plus
souvent, on les mélange.
Croquants au miel
125 gr. de sucre en poudre ; 65 gr. de miel fondu ; 150 gr. de farine de
belle qualité ; 2 œufs entiers. Battre fortement dans un récipient le sucre
et les deux œufs entiers. Ajouter peu à peu le miel puis la farine en
battant toujours. Laisser reposer la pâte demie liquide obtenue pendant
une demi-heure. Disposer avec une cuiller, par petits tas assez espacés,
sur une tôle beurrée. Après quelques minutes, quand ils sont dorés, les
- 190 -
mettre sur du marbre ou nue assiette, où ils durcissent en refroidissant.
(Se conservent bien.)
Sirop au miel
Faire bouillir deux minutes 2 kilos de miel, 400 gr. d’eau, 40 gr. de
craie. Ajouter 50 gr. de noir animal et un blanc d’œuf délayé dans l’eau.
Au premier bouillon, retirer du feu, et laisser refroidir un quart d’heure.
Passer le sirop tiède à la chausse autant de fois que c’est nécessaire pour
l’avoir clair (il doit marquer 31° Baumé pour se conserver). Mettre en
bouteilles.
Curaçao au miel
Faire macérer quinze jours dans un litre d’eau de vie 50 gr. d’écorces
d’oranges dont on a ôté le blanc qui est amer. Ajouter 600 gr. de miel,
dissous dans 600 gr. d’eau (ou mieux sirop de miel). Ajouter une pincée
de cannelle, une de macis, deux clous de girofle.
Anisette au miel
Laisser macérer huit jours, dans un litre d’eau de vie de 18 à 20°, 5 gr.
d’anis. Mélanger avec un sirop de miel. Filtrer après refroidissement.
Crème de fraises
Mettre infuser les fraises quinze jours ou trois semaines dans l’eau-
de-vie, filtrer avec expression sur un tamis, ajouter le miel dissous dans
l’eau et laisser éclaircir. Exposer au soleil pour faire vieillir. Suivre les
mêmes procédés pour les crèmes de mûres, de cerises, de framboises,
etc.
Pastilles au miel
Fondre à feu doux 100 gr. de sucre dans 100 gr. de miel. Puis
chauffer plus fort jusqu’au cassé. Huiler un marbre et y verser à la
cuillère des gouttes de la grosseur que l’on désire.
Macarons au miel
Mélanger deux œufs et 200 gr. de farine. Mélanger à part 250 gr. de
miel et 125 gr. de beurre en chauffant doucement. Réunir les deux
mélanges en remuant. Aromatisez à votre goût. Sur des plaques de tôle
beurrées versez des gouttes de pâte larges comme une pièce de 1 fr.,
distancées de 3 à 4 centimètres. Passer les plaques dans le four à feu
doux, pendant cinq à six minutes. Les macarons deviendront blonds et
seront agrandis. Après refroidissement ils se sépareront facilement de la
tôle.
Aphtes, muguet
Frictionner avec du miel additionné d’alun ou de borax. Ou bien
employer le miel rosat composé de miel et d’essence de roses.
- 193 -
Influenza
Prendre du thé léger fortement miellé et aromatisé d’un peu de rhum
et de citron.
Vers intestinaux
Donner aux enfants du miel mélangé avec un peu d’ail.
Constipations
Prendre fréquemment du lait chaud sucré au miel.
Insomnie
Prendre deux ou trois cuillerées de miel avant de se coucher, ce qui
calme les nerfs.
Ulcères, abcès
Employer un onguent formé de miel pétri à chaud avec de la farine de
seigle ou avec des oignons grillés.
Brûlures
Faire des compresses de miel ou d’eau miellée.
Crevasses, dartres
- 194 -
Faire des lotions de miel étendu d’eau ; ou bien le soir, se frotter les
mains avec du miel et mettre des gants. Faire usage du savon au miel.
Savon au miel
Pétrir 50 gr. de beau savon blanc râpé avec 130 gr. de miel, 16 gr.
d’huile de tartre et 70 gr. d’eau de fleurs d’oranger.
Feu du rasoir
Faire des lotions d’eau miellée ou se frictionner avec un peu de miel
avant de s’essuyer.
Soins de la peau
Les cosmétiques et les savons tant vantés, ne valent pas les lotions à
l’eau de miel pour donner à la peau la blancheur et la douceur.
Le miel ne brûle pas l’épiderme comme la glycérine, il ne charge pas
ses pores d’impuretés comme le fait la graisse. Or, la glycérine et la
graisse se trouvent dans toutes les préparations du commerce.
Pour donner à l’épiderme la blancheur et la douceur, rien ne vaut la
composition suivante. Elle n’a qu’un défaut, c’est d’être trop simple.
Mélangez du miel liquide et de la farine de maïs de façon à former une
pâte épaisse. A la toilette, avant de vous essuyer, étendez cette pâte sur
l’épiderme ; frottez aussi longtemps que possible ; passez de l’eau et
essuyez.
Panaris
Pour guérir les panaris ou les plaies qui suppurent, prenez un jaune
d’œuf et quantité égale de miel, une cuillerée à café d’alcool camphré et
une cuillerée à soupe d’essence de térébenthine bien fraîche ; mêlez bien
et faites-en une pâte de consistance claire. Étendez-en une couche mince
- 195 -
sur la plaie et tenez au frais. Cette pâte fait tirer et enlève le pus avec une
force étonnante ; la guérison est très rapide.
L’HYDROMEL
Observations
L’hydromel ou vin de miel est une boisson alcoolique obtenue par la
fermentation du miel.
Je ne crois pas à l’avenir de l’hydromel. L’hydromel est plus coûteux,
et souvent plus imparfait que le vin. Il doit toutefois avoir, sa place chez
l’amateur et chez tous les apiculteurs.
La fabrication de l’hydromel est une affaire délicate. Pour bien
comprendre ses difficultés, il importe de savoir ce qu’est la fermentation.
A ceux qui ne veulent pas se spécialiser dans la fabrication de
l’hydromel, qui veulent un bon produit sans s’exposer à de folles
dépenses, je conseille de confier leur miel à un spécialiste de la
fermentation du miel, qui leur donnera en échange un hydromel de
bonne qualité et agréable.
La fermentation
La fermentation, c’est le développement et la multiplication d’un
microbe, un être infiniment petit, dans l’eau, qui est son milieu comme
l’air est le nôtre, sous l’influence d’une nourriture appropriée, le sucre.
L’alcool que contient l’eau après la fermentation est comme l’excrément
de ces microbes.
Les variétés de microbes pouvant produire cette fermentation sont
nombreuses. Leur vigueur diffère ; leurs produits ne se ressemblent pas.
Il importe donc d’éliminer les mauvais microbes, d’en adopter qui
donnent de bons produits, assez vigoureux pour résister aux mauvais
microbes. Il importe aussi de supprimer tout ce qui peut retarder le
développement des bons microbes et de leur fournir au contraire tout ce
qui peut favoriser ce développement.
On devra donc s’abstenir de la fabrication de l’hydromel liquoreux.
L’abondance de sucre y retarde la fermentation. La production de
l’alcool retardera aussi la fermentation et d’autant plus que le degré
- 196 -
alcoolique approchera de 15°. Les microbes sont gênés par le sucre et
par l’alcool, comme nous pourrions l’être si nous étions plongés dans
des excréments ou dans du lait par exemple, qui est pourtant l’un de nos
meilleurs aliments. Ils seront moins gênés que nous toutefois, car les
infiniment petits ont plus de résistance.
Or, une fermentation lente permet l’arrivée des microbes étrangers, de
valeur moindre, qui nous donneraient un produit inférieur ou
diminueraient à la longue la valeur du produit.
I1 faut aussi s’abstenir de la fabrication des hydromels mousseux.
Pour cette fabrication, il faut un tour de main qui appartient aux
spécialistes.
Degré
Il importe de donner à l’hydromel 8 à 10°. Ce degré suffit pour
assurer la conservation du liquide. Par ailleurs, un tel hydromel ne
contient pas assez de sucre et ne possédera jamais assez d’alcool pour
gêner la fermentation.
Température
La meilleure température est celle de 20 à 25°. Au-dessus, comme au-
dessous, la fermentation se ralentit.
Méthode ancienne
Dans cette méthode, on employait le pollen comme ferment. Elle doit
être abandonnée ; elle n’a jamais donné des hydromels francs de goût et
agréables à boire.
Méthode artificielle
Dans cette méthode, le miel seul fournit le sucre et l’alcool ; le
ferment est artificiel. En raison de la perte qui se fait pendant la
fabrication on emploiera 24 gr. de miel par litre et par degré, soit 2 kg
400 par degré dans un hectolitre, soit 24 kg pour un hectolitre
d’hydromel à 10°. Faire bouillir ce miel dans un chaudron étamé ou
émaillé avec un poids d’eau égal. Écumer. Quand le sirop est clair,
ajouter 6 gr. de sels nutritifs « Le Clair » et 60 gr. de phosphate
d’ammoniaque. Entonner dans un fût bien propre d’une contenance de
100 litres. Remplir le tonneau jusqu’à 10 centimètres de la bonde, avec
de l’eau bien propre ou mieux bouillie.
- 197 -
Quand le liquide est à une température de 20 à 25°, y verser 120 gr.
d’acide tartrique délayé dans un peu d’eau chaude, 10 gr. de tanin à
l’eau, puis 500 gr. de levures sélectionnées de champagne, de sauternes
ou de chablis. Les autres crus ne donnent pas les mêmes résultats.
Battre énergiquement, mettre une bonde hydraulique. Après 15 ou 20
jours, soutirer dans un fût méché. Si la boisson est louche, coller avec 2 à
3 gr. de colle de poisson. Un mois après, on peut mettre en bouteilles.
Méthode naturelle
Dans cette méthode, des fruits fournissent en partie le sucre et
l’alcool, et complètement la levure, le tanin et les sels. Nous estimons
qu’elle est la meilleure, surtout si les fruits fournissent un tiers au moins
de sucre.
Voici une formule qui nous a donné de bons résultats. Les fruits y
fournissent les trois dixièmes de sucre, le miel les sept dixièmes.
Faire bouillir 17 kg de miel dans un chaudron étamé ou émaillé avec
un poids égal d’eau. Écumer. Quand le sirop est clair, ajouter 60 gr.
d’acide tartrique. Entonner dans un fût bien propre d’une contenance de
100 litres. Écraser dans un baquet 35 kg de raisins ou 45 kg de cerises,
ou 60 kg de prunes, ou 75 kg de groseilles à maquereau, ou 75 kg de
fraises, ou 80 kg de groseilles à grappes, ou 100 kg de mûres de ronces.
Entonner dans le tonneau, quand son contenu est à une température de
20 à 25 Remplir le tonneau avec de l’eau bien propre ou, mieux, bouillie.
Il est bien entendu que les fruits seront de bonne qualité et bien mûrs. On
pourra avantageusement les mélanger, tout en gardant les proportions. Si
on emploie deux fruits, on pourra, par exemple, prendre 30 kg de prunes
et 50 kg de mûres. Si on emploie trois fruits, on pourra, par exemple,
prendre 20 kg de prunes, 33 kg de mûres et 12 kg de raisins.
On placera une bonde hydraulique sur le fût. On roulera le tonneau de
temps en temps pour noyer le chapeau. Quand la fermentation sera
terminée, on soutirera dans un fût méché, on collera comme d’usage.
Enfin, on mettra en bouteilles quand l’hydromel sera bien éclairci.
- 198 -
LA CIRE
Observations
1. Divers moyens sont employés pour la purification de la cire :
fusion par la chaleur solaire, fusion par la chaleur du four, fusion par
l’eau chaude. Mais ces trois procédés sont basés sur ce fait que la cire
d’abeilles fond à une température de 62 à 64° et qu’en fondant elle se
sépare spontanément de ses impuretés par suite de sa densité plus faible,
environ 0,965 ;
2. Le produit est d’autant plus parfait qu’il est obtenu par une fusion à
un degré rapproché de 64° ;
3. La fonte et le fer non étamé donnent une couleur brune à la cire. Il
en est de même des eaux riches en fer. Le fer étamé peut être employé.
Fusion au four
Ce procédé est encore économique, mais dans son emploi il arrive
souvent que la cire brûle, prend une teinte brune et une odeur
désagréable.
En tout cas, voici comment on doit procéder pour cette fusion. Les
rayons sont réduits en menus morceaux et placés dans un tamis à toile
métallique ou dans une passoire ordinaire. Au-dessous,- on place un
récipient de dimensions appropriées contenant 4 ou 5 centimètres d’eau.
On place le tout dans un four à pain après la sortie du pain ou dans le
four du fourneau de la cuisine. Quand la cire est fondue, on laisse
refroidir très lentement et sans remuer le récipient qui contient la cire.
Autre méthode
Mettez tous vos débris de cire dans une forte toile (vieux sac). Liez
solidement pour former une sorte de ballot. Prenez la lessiveuse de votre
ménagère, garnissez le fond de quelques brindilles pour empêcher le
contact du ballot et du fond de la lessiveuse. Mettez le ballot dans la
lessiveuse et remplissez-la d’eau de telle façon que le ballot en soit
recouvert de 10 centimètres. Une pierre, un poids maintiendra la cire
dans le fond. Dès que l’eau est suffisamment chaude, la cire fond et
monte à la surface de l’eau. Pressez de temps en temps le ballot avec un
bâton. Dès qu’il ne sort plus de cire du ballot, retirez la lessiveuse du feu
et laissez refroidir lentement.
Épuration de la cire
Pendant le refroidissement de la cire, les impuretés de petites
dimensions se déposent au fond du vase. Après le refroidissement
complet de la cire, elles forment sous le bloc une couche plus ou moins
épaisse, appelée pied de cire.
Ce pied de cire est raclé. On fera refondre ensuite la cire et autant de
fois qu’il sera nécessaire pour obtenir la pureté recherchée. Chaque fois
on raclera le pied de cire.
Cette refonte sera faite de préférence au bain-marie, pour éviter la
brûlure, et dans un vase contenant quelques centimètres d’eau.
Les rayons moisis et partiellement dévorés par la fausse teigne ne
donnent jamais qu’une cire de premier jet de mauvaise qualité, que la
solidification la plus lente ne parvient même pas à épurer. Il faut, dans ce
cas, soumettre la matière liquide à un véritable collage, en l’additionnant
de substances qui entraînent les impuretés et les obligent à se déposer.
- 201 -
Le meilleur collage est fourni par le mélange d’un demi-litre d’acide
sulfurique dans deux litres d’eau, l’acide étant versé lentement dans
l’eau ; jamais le contraire, pour éviter les projections dangereuses. C’est
la dose pour 100 kilogrammes environ de cire fondue. Lorsque la cire est
très noire, surchargée d’impuretés, on met trois quarts de litre d’acide
sulfurique, toujours pour un quintal. Prendre garde au feu.
On peut remplacer l’acide sulfurique par l’alcool. L’alun jouit
également des mêmes propriétés clarifiantes. Dans ce cas, on verse dans
la masse en fusion 1 gramme d’alun par litre de capacité.
On peut aussi mélanger un peu de gélatine à la cire fondue.
Moulage de la cire
Les moules à cire auront les dimensions proportionnées aux goûts et
aux besoins de chacun. Ces moules seront graissés avec de l’huile et
chauffés avant d’y verser la cire.
Une brique de cire doit être légèrement bombée en dessus. Si la cire
est versée trop froide, le bombement est plus prononcé et sur les côtés de
la brique il y a des lignes parallèles. Si la cire est versée trop chaude, la
face supérieure est creuse ou couverte de gerçures accentuées. On se
trouvera bien de mettre un peu d’eau chaude au fond des moules.
Couleur de la cire
La couleur de la cire purifiée varie depuis le jaune pâle jusqu’au
jaune-brun. On pense que cette couleur est donnée à la cire par le pollen
que les abeilles consomment lorsqu’elles font de la cire.
Falsification de la cire
La cire d’abeilles étant d’un prix très élevé et les matières propres à la
falsifier très bon marché, il arrive souvent que la cire est falsifiée. Sans
recourir à des analyses chimiques, difficiles et coûteuses, on peut, par les
moyens suivants, constater si la cire est pure :
- 202 -
Faites fondre la cire suspecte. Si elle est pure, elle fond à 62 ou 64°.
Si elle fond à un degré inférieur ou seulement à un degré supérieur, elle
n’est pas pure.
Faites fondre la cire dans l’essence de térébenthine. La cire pure reste
transparente, fond complètement et ne fait aucun dépôt. S’il se fait un
dépôt, si la solution est incomplète ou fortement troublée, c’est que la
cire est falsifiée.
Rendement en cire
L’apiculteur mobiliste produit peu de cire. L’apiculteur fixiste en
produit davantage, surtout si l’étouffage y est pratiqué.
Le désoperculage des rayons dans le mobilisme donne une quantité de
cire équivalente à 1 ou 2 p. 100 de miel extrait.
Les ruches vulgaires fournissent de la cire en proportion de leur
capacité.
Une ruche de 30 litres comprend 10 litres ou décimètres cubes de
ruelles et 20 litres ou décimètres cubes de rayons, soit 80 décimètres
carrés de rayons. Or, un décimètre carré de rayon contient 11 gr. de cire ;
mais par les moyens ordinaires on n’en extrait que 6 à 7 gr. Un panier de
30 litres donnerait donc 500 à 600 gr. de cire. Le reste de la cire, 300 à
400 gr., demeure dans les résidus dont tirent parti certaines maisons, par
des dissolvants appropriés.
Il est à noter que ce n’est pas par le poids qu’il faut apprécier la
valeur de la cire. Les vieux rayons épais et noirs contiennent autant de
cire que les autres, mais pas plus. Leur poids plus considérable est dû
aux impuretés qui s’y sont accumulées et qui empêchent même
l’extraction de la cire en l’absorbant.
Cirage
Cire jaune, 400 gr. ; colophane, 100 gr. ; essence de térébenthine, 100
gr. ; noir animal, 150 gr.
Faire fondre la cire au bain-marie ; quand elle est fondue, dans une
pièce sans feu, et, le jour, ajoutez peu à peu la colophane, que vous avez
fait dissoudre à froid dans l’essence de térébenthine, puis mettez le noir
animal et remuez jusqu’à refroidissement complet.
Moins vous mettrez de noir, plus le cirage sera de teinte claire.
- 203 -
Encaustique pour parquets
Voici une excellente formule :
Cire jaune, 1 kg, potasse dissoute dans un peu d’eau (un demi-litre).
Après avoir fait bouillir ces deux substances dans deux litres d’eau
pendant une demi-heure, ajoutez : ocre jaune, 125 gr. Retirez du feu,
agitez vivement cette mixture jusqu’à ce qu’elle soit devenue tiède.
Etendez-en sur le parquet bien lavé d’avance et sec, une première
couche, puis, quand celle-ci est sèche, une seconde couche.
LA PROPOLIS
Épuration de la propolis
Exposez-la au froid pour la faire durcir. Puis pulvérisez-la. Couvrez-
la d’eau bouillante. La propolis fondra ainsi que la cire qu’elle contient.
Après refroidissement, vous aurez un pain de propolis au fond du vase et
au-dessus de l’eau une croûte de cire.
Emploi de la propolis
Avec la propolis, on peut faire un vernis, Pulvérisez la propolis
épurée. Mettez-en jusqu’à saturation dans un vase contenant de l’alcool.
Elle se dissoudra. Vous aurez un vernis que vous pourrez colorer avec de
la couleur en poudre. Ce vernis s’étend avec un pinceau, il sèche vite. Ce
vernis devient plus brillant si l’objet vernis est soumis à la chaleur douce
d’un four.
- 205 -
Ce vernis pourrait être employé pour peindre les ruches, surtout le
dessus du toit. A l’intérieur de la ruche, il plairait peut-être aux abeilles
et pourrait attirer les essaims.
En tout cas, ce vernis pourrait remplacer le mastic à greffer, la cire à
cacheter ; il pourrait être utilisé pour boucher les fuites des arrosoirs,
combler les joints de menuiserie, les fissures des fûts, pour éviter la
rouille des tuyaux de poêle.
A l’état naturel, la propolis sera utilement employée dans l’enfumoir ;
elle pourra aussi être brûlée sur des charbons ardents pour purifier et
embaumer l’air des appartements.
NOURRISSEMENT D’HIVER
Observations
Un apiculteur ne devrait pas avoir besoin de nourrir ses abeilles en
hiver. Le complément de provisions, si celles-ci étaient insuffisantes, a
dû être donné, à l’automne à la récolte, à la mise en hivernage.
Toutefois, par hasard, le temps a pu manquer, ou le courage. Voici le
moyen de réparer ce retard.
Le nourrissement est plus nuisible en hiver qu’au printemps ; Il est
donc préférable de ne nourrir, en hiver, que les colonies vraiment
nécessiteuses, et de ne leur, donner que le nécessaire, un généreux
nécessaire. On complétera, au printemps, en mars, en avril.
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Sucre en plaque
Je ne conseille pas l’emploi de sucre en plaque ou candi. Sa
fabrication est difficile. Il arrive souvent qu’on fait du caramel sans le
vouloir. Or, ce sucre brûlé ne peut être donné aux abeilles.
Par ailleurs, le candi du commerce, c’est toujours du sucre, qui ne
convient pas à l’abeille, surtout en hiver.
Nous donnons toutefois la recette d’un candi pour abeilles :
Verser dans une bassine 3 kg de sucre cristallisé ou autre, ajouter 1
litre d’eau bouillante pour en faciliter la fonte rapide tout en remuant sur
le feu, porter à l’ébullition à feu vif pendant 15 à 20 minutes afin
d’atteindre une température voisine, de 120°, toujours en remuant ;
pendant l’ébullition du sucre ajouter 3 gr. de crème de tartre et vers la fin
de cette cuisson, de 0 à 500 gr. de miel.
Laisser refroidir aux environs de 35 à 40° ; prendre une bonne spatule
et remuer énergiquement. Un phénomène chimique se produit plus ou
moins spontanément en transformant le sirop en pâte blanche qu’il suffit
de mouler selon les besoins. Ce candi, bien réussi, est blanc et ressemble
à du bonbon fondant.
Pot à confiture
On peut toujours avoir recours au pot à confiture, recouvert d’une
toile et renversé sur les rayons. Mais, à cette époque ; il faut mettre dans
ce pot du miel pur additionné d’eau, soit (en poids) deux tiers en miel,
un tiers en eau.
Pour cela, choisissez, de préférence, un pot en verre blanc, afin que,
sans le soulever, vous puissiez constater quand il est vide. Remplissez le
pot de sirop légèrement chaud, couvrez-le d’une toile pas trop serrée que
vous fixerez par une ficelle. Renversez ce pot sur un carré de toile
métallique disposé au milieu de la toile qui recouvre les rayons, où vous
aurez enlevé un carré plus petit que le carré de toile métallique. Placez
une hausse vide sur votre ruche et remplissez la de vieilles toiles pour
conserver la chaleur autour du pot à confiture. Couvrez la ruche de son
coussin et de son toit.
Sucre en pâte
On peut aussi employer le sucre en pâte. Nous tenons à faire observer
que le sucre cristallisé et le sucre semoule ne conviennent pas à la
fabrication de cette pâte.
- 207 -
Il faut les écraser et les réduire à l’état de farine ou employer le sucre
glacé dont se servent les pâtissiers.
C’est le sucre glacé employé par les pâtissiers qui convient le mieux
pour faire cette pâte. A son défaut on réduira en poussière le sucre qu’on
possède.
Voici comment on prépare cette pâte. Faire fondre 750 gr. de miel
sans ajouter d’eau. Pendant qu’on travaille la masse, ajouter petit à petit
le sucre. On s’arrête quand le miel n’absorbe plus le sucre, 750 gr. de
miel absorbent facilement 1 kg de sucre.
Le sucre en pâte vaut mieux que le sucre en plaques, mais ne vaut pas
le miel.
L’APICULTURE EN HIVER
Révision du matériel
En hiver, l’apiculteur pourra réparer le vieux matériel qui n’est pas
occupé par les abeilles et construira du matériel neuf ou fera ses,
commandes, pour être servi à temps.
Heures de loisirs
Le mauvais temps et les longues soirées donnent du loisir.
L’apiculteur en profitera pour relire les traités d’apiculture, et les revues
apicoles. Une nouvelle lecture lui fera comprendre ce qu’il n’a pas
compris précédemment, apprécier ce qu’il avait d’abord jugé inutile.
L’apiculteur protfiera aussi de ses loisirs pour noter ses difficultés et
ses observations et les communiquer au directeur de sa revue apicole. Si
chacun agissait ainsi, le progrès en apiculture serait plus rapide.
Simplification de l’agrandissement
Si l’abeille prospère mieux dans une petite ruche en hiver et au
printemps, en été elle a besoin d’être au large. Mais, d’une part, il y a
refroidissement plus considérable de la ruche et arrêt dans la ponte du
couvain si l’agrandissement est fait tôt. D’autre part ; si l’agrandissement
est fait tard, l’abeille a préparé l’essaimage et rien ne l’empêchera
d’essaimer. L’essaim sera peut-être perdu ; en tout cas, la récolte de miel
sera compromise. De bons manuels ont donné ce sage conseil : placer
d’abord une hausse quand tous les cadres de la chambre à couvain sont
occupés par les abeilles, sauf deux cadres extrêmes, soit un à chaque
extrémité, soit deux à l’une des extrémités, puis placer la seconde hausse
quand la première est garnie, à moitié, de miel.
Ce conseil n’évite toutefois ni le refroidissement de la chambre à
couvain chaque fois qu’on placera une hausse, ni un travail considérable
pour l’apiculteur. Il devra ouvrir les ruches pour vérifier l’occupation des
cadres et souvent plusieurs fois, car toutes les ruches d’un même rucher
ne sont pas dans la même situation. Il devra exercer la même
surveillance sur les premières hausses. Voilà des causes multiples de
refroidissement de la chambre à couvain, d’irritation et de surmenage
des abeilles, de surcroît de travail pour l’apiculteur.
L’abbé Voirnot et de Layens ont voulu remédier à ces maux.
L’abbé Voirnot a adopté des hausses moins élevées, de 0,10
seulement. Le refroidissement de la ruche est moins considérable lors de
la pose de la hausse. Mais l’apiculteur n’a que plus de surveillance à
soutenir puisqu’il doit placer plus de hausses.
De Layens a supprimé la hausse et il a donné plus de cadres à la
chambre à couvain, 18 au moins, au lieu de 9. Théoriquement, les
abeilles occuperont tous ces cadres au fur et à mesure de leurs besoins.
- 215 -
Dans la ruche Layens, la partie occupée par le couvain ne perd pas sa
chaleur brutalement, mais elle en perd une partie continuellement. Le
mal n’est que diminué.
Le travail de l’apiculteur, au contraire, est augmenté. L’abeille place
le miel au-dessus de la chambre à couvain-et un peu sur les côtés. Parce
qu’il n’y a pas de hausses sur la ruche Layens, l’abeille y placera plus de
miel sur les côtés. Or, l’abeille ne passe pas sur le miel pour aller
chercher une place au couvain ou au miel nouveau. Elle préfère
essaimer. Dans la ruche Layens, l’abeille se bloque entre deux cadres de
miel et elle essaime, comme si elle manquait de place, avec de nombreux
cadres vides au delà des cadres garnis de miel. L’apiculteur peut
certainement remédier à ce défaut. S’il éloigne du couvain les cadres
garnis de miel et s’il les remplace par des cadres vides, l’abeille
n’essaimera pas, du moins par manque de place, mais dans ces
conditions le mal est aggravé et mieux vaut les hausses des ruches
verticales et pour les abeilles et pour l’apiculteur.
Avec la Ruche Populaire, parce que nous pouvons agrandir par le bas,
nous pouvons le faire très tôt, en une seule fois, avec autant de hausses
que le demande la force de la colonie. Nous évitons l’essaimage par
manque de place, nous n’avons pas à craindre le refroidissement de la
ruche ni l’irritation des abeilles et nous nous évitons beaucoup de peine.
Quand nous avons procédé à cet agrandissement en avril, aux vacances
de Pâques, si ces dates nous conviennent, nous laissons les abeilles à leur
travail et à leur tranquillité et nous n’avons plus qu’à revenir faire la
récolte en août, aux grandes vacances.
Cet agrandissement par le bas est d’ailleurs réel et laisse à la
disposition des abeilles un emplacement toujours libre. Dans la Ruche
Populaire, comme dans toutes les ruches, les abeilles déposent d’abord le
miel à l’entrée pour gagner du temps, mais la première nuit elles le
portent à sa place définitive, au-dessus et sur les côtés du couvain. La
cause principale d’essaimage, le manque de place, est donc réellement
supprimée avec notre méthode.
On pourra objecter qu’avec cette méthode le miel sera récolté dans
des rayons qui ont contenu du couvain et qui contiennent toujours du
pollen sa qualité sera inférieure. Or, dans la Ruche Populaire, la plus
grande partie du pollen disparaît avec le couvain. Il n’en reste que bien
peu, comme il s’en trouve dans toutes les ruches, même dans les hausses
où il n’y a pas eu de couvain.
- 216 -
Quant aux rayons qui ont contenu du couvain, ils ne modifient le goût
et la couleur du miel que s’ils sont noirs, spongieux, parce qu’une
fermentation s’y est développée. Or, si l’on observe bien notre méthode,
ces rayons n’existeront pas : ils sont remplacés dès lors qu’ils sont blond
foncé et avec la plus grande facilité.
Dans les autres ruches, le miel est déposé d’abord dans les cadres du
bas, par conséquent dans des cadres qui ont contenu du couvain. Or, il
n’est pas rare que ces cadres soient noirs, capables par conséquent de
modifier la couleur et le goût du miel, car, dans ces ruches, le
remplacement des vieux cadres est difficile et il n’est pas rare que
l’apiculteur ne le fasse pas.
On pourra encore objecter que dans la Ruche Populaire les miels des
différentes saisons sont mélangés.
Or, nous avons dit dans un autre chapitre que seuls les miels
mélangés sont hygiéniques et recommandables. D’ailleurs, en réalité, les
différents miels ne sont mélangés qu’à l’extraction. Dans la ruche ils
sont superposés par couches proportionnées aux apports des différentes
saisons et allant du haut vers le bas, Si l’apiculteur y voit son intérêt en
raison des goûts de ses clients, rien ne l’empêche d’extraire de temps en
temps une hausse ou même quelques rayons.
Il faut noter d’ailleurs que le miel d’arrière-saison, le plus foncé
généralement, se trouvera placé au bas des provisions, par conséquent
immédiatement audessus du groupe d’abeilles. Ce sera ce miel que les
abeilles consommeront en premier et celui qui leur sera laissé à la mise
en hivernage.
Simplification de la récolte
Dans notre ruche, comme dans les autres, il faut découvrir la ruche -
on peut se débarrasser des abeilles par la fumée - on peut enlever une
hausse entière ou les rayons séparément.
Ce n’est que dans le règlement des provisions hibernales qu’il y a une
différence entre notre méthode et les autres, mais à notre avantage.
Dans les autres ruches, il est absolument nécessaire d’enlever des
cadres dans la chambre à couvain, soit que la ruche ait trop de miel, soit
qu’elle n’en ait pas assez.
S’il y a trop de miel, le développement du couvain au printemps
pourra être arrêté - faute de place - et l’hivernage se fera moins bien. Les
abeilles se placent toujours au-dessous du miel. Plus il y aura de miel au
- 217 -
dessus de leur groupe et plus elles devront chauffer de centimètres vides
et inutiles.
S’il n’y a pas assez de miel, il faut en donner, de préférence en
cadres, car dans ces ruches le nourrissement est plus difficile et moins
rationnel que dans la Ruche Populaire. Conséquences : perte de temps,
refroidissement de la chambre à couvain, mécontentement des abeilles.
Avec notre méthode, on peut se dispenser d’enlever le surplus de
provisions, car il est minime. Dans une hausse de Ruche Populaire à
rayons fixes il y a 48 décimètres carrés de rayons. On doit lui laisser 36
décimètres carrés de rayons remplis de miel. La différence, soit 12
décimètres carrés de rayons, pour peu qu’il y ait du couvain, sera réduite
à 3 ou 6 décimètres au plus, soit 1 ou 2 kg de miel. On peut laisser ce
surplus sans grand inconvénient.
Si, au contraire, les provisions sont insuffisantes, on peut encore se
dispenser de toucher aux rayons de la chambre à couvain et c’est le
conseil que nous donnons. Il suffit de placer au-dessous de la chambre à
couvain et sans la découvrir une hausse où on a placé le nourrisseur. Le
travail est simplifié. Nos lecteurs comprendront après ces réflexions
pourquoi nous attachons une grande importance aux dimensions de la
hausse. Pour respecter les instincts des abeilles, nous devons forcer son
volume et sa hauteur : pour éviter à l’apiculteur des ennuis et du travail,
nous devons le restreindre. Ce n’est qu’après de longs tâtonnements que
nous avons trouvé la bonne moyenne.
Simplification de transvasement
Notre méthode de transvasement diffère des autres sur un point
principalement : la destruction du couvain. Or, le couvain est inutile
pendant la miellée, parce qu’il arrivera trop tard. Les abeilles, d’ailleurs,
auront le temps après la miellée d’en élever d’autre. Que dis-je, elles
commenceront cet élevage le jour même de la destruction de l’ancien.
Ce couvain est même nuisible pendant la miellée, puisqu’il retient à la
ruche des milliers d’abeilles qui pourraient aller aux champs. C’est
pourquoi des apiculteurs éminents ont essayé d’arrêter ou de diminuer le
développement du couvain pendant la miellée, même chez les colonies
installées.
Le principal quand on installe une colonie c’est de lui assurer des
vivres et des bâtisses. Il est donc rationnel de supprimer les obstacles qui
- 218 -
peuvent empêcher d’atteindre ce but. Or, le couvain est un obstacle, le
principal.
Ce couvain est bien une nécessité, mais secondaire momentanément,
et les abeilles, nous pouvons en être certains, n’oublieront pas d’élever
du couvain ni pendant la miellée ni après et d’autant moins qu’elles
seront riches en miel et en rayons bâtis.
Moins de visites
Chaque fois que nous ouvrons une ruche, même par les journées les
plus chaudes, nous refroidissons l’intérieur de la ruche. Et ce
refroidissement est d’autant plus considérable que la visite de la ruche
est plus lente et que la température est plus froide. Or, ce refroidissement
qui mécontente les abeilles et tend à les rendre plus irascibles, oblige les
abeilles à réchauffer leur intérieur au plus vite. La conséquence est
évidente : une perte de miel pour l’apiculteur, un surmenage, non prévu
par la nature, une fatigue inutile pour l’abeille.
J’ai la conviction que ces visites affaiblissent aussi les abeilles, les
conduisent à la dégénérescence et les rendent plus aptes à contracter
toutes les maladies, non pas nouvelles, mais plus fréquentes depuis la
vogue des ruches à cadres et de leurs méthodes.
Or, il est évident que notre méthode évite beaucoup de visites.
LA FAILLITE DE L’APICULTURE
MODERNE
Je veux bien que la ruche soit un Livre, mais j’affirme qu’il doit être
presque toujours fermé. L’abeille aime la solitude. L’ouverture de la
ruche contrarie donc l’abeille ; elle l’oblige aussi à un surmenage
continuel pour réchauffer la chambre à couvain. Les méthodes
modernes, par d’autres procédés dont je parle dans mon manuel, obligent
encore l’abeille à un surmenage nuisible. Or, le surmenage conduit à
l’affaiblissement et l’affaiblissement rend plus apte à contracter toutes
les maladies, chez les abeilles comme chez les hommes.
L’élevage des reines, dit artificiel, est aussi une cause de déchéance.
Nous en parlons aussi dans notre manuel.
Aussi les maladies se développent-elles de plus en plus dans les
ruchers modernes : la loque surtout, la terrible loque.
En vain demande-t-on des visites aux éminents vétérinaires, des
remèdes aux savants chimistes, des déclarations et des sacrifices aux
apiculteurs. C’est la cause qu’il faut supprimer. Cessons de contrarier les
instincts de l’abeille. Cessons de méconnaître ses besoins, cherchons des
abeilles saines dans les ruches vulgaires, et surtout ne les nourrissons pas
avec du sucre.
L’écrivain Caillas condamne la Ruche Populaire parce qu’elle interdit
d’une manière presque absolue la mise eu oeuvre des méthodes
modernes qui sont l’avenir de notre apiculture.
Or, j’affirme sans hésiter que les méthodes modernes conduisent
notre apiculture à sa perte et que, seules, la ruche commune et la Ruche
Populaire la sauveront.
LA RUCHE POPULAIRE
N’EST PAS UNE REVOLUTION APICOLE
La Ruche Pyramidale
Voici les extraits d’un livre de la Bibliothèque nationale : « La Ruche
Pyramidale, méthode simple et naturelle pour rendre perpétuelles toutes
les peuplades d’abeilles et obtenir de chaque peuplade et à chaque
automne la récolte d’un panier plein de cire et de miel, sans mouches,
sans couvain, outre plusieurs essaims »- par C. Decouédic, président du
- 225 -
canton de Maure, département d’Ille-et-Vilaine, seconde édition. - Mme
Vve Courrier, éditeur, imprimerie, librairie pour la science, quai des
Augustins, n°57. Paris, 1813. »
1° De l’invention de la Ruche Pyramidale.
« L’abeille en son état sauvage exécute son travail de haut en bas,
jamais de bas en haut, cela tant qu’elle trouve du vide en dedans.
En descendant, elles abandonnent au-dessus de leurs seconds travaux
leurs premières constructions pour ne s’occuper que de leurs secondes,
dans lesquelles la reine mère, également descendue, dépose son nouveau
couvain sous la sauvegarde de toute la peuplade. Il n’y a plus dans les
gâteaux supérieurs à la seconde année ni mouches, ni couvain ; ils sont
entièrement pleins de miel.
« Telle est la manière de faire de l’abeille à l’état sauvage. Il n’est pas
difficile d’appliquer cet art de disposition au jeu et à l’usage de trois
caisses posées au retour de chaque printemps l’une sous l’autre pour la
formation de la Ruche Pyramidale, dont la hausse supérieure sans
mouches ni couvain et pleine de miel est toujours chaque année sans
interruption à la disposition du propriétaire. Il suffit à chaque printemps
de passer une ruche sous l’autre puisque les abeilles y descendent quand
celle du dessus est pleine ; au second printemps, il y a trois caisses l’une
sous l’autre et à l’automne suivant, on enlève la hausse ou caisse
supérieure. C’est ensuite à perpétuité une caisse ou hausse à mettre
dessous au printemps sous les deux hausses laissées à l’automne et
l’hiver, et une hausse ou caisse supérieure à retirer à chaque automne.
« La Ruche Pyramidale a 9, 10 ou 11 pouces de diamètre et en
hauteur 27, 30 ou 33 pouces pour les trois hausses, soit au maximum
0,297 de diamètre et 0,891 de hauteur, soit un volume maximum de 20
litres et demi pour chaque hausse. »
Ruche Palteau
Un autre ouvrage a été publié à Metz, chez Joseph Collignon, en
1756, sous le titre « Nouvelle Construction de ruches de bois, avec la
façon d’y gouverner les abeilles, inventée par M. Palteau, premier
commis du bureau des vivres de la généralité de Metz.
Voici les principaux points par lesquels ces ruches se rapprochent de
la Ruche Populaire :
Une ruche est formée de plusieurs hausses, toutes de mêmes
dimensions, interchangeables et carrées. « Je puis ainsi, dit l’auteur, page
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35, proportionner mes ruches à tous les essaims qui se présenteront ; une
hausse ou deux de plus ou de moins vont rendre la ruche que j’avais
choisie une habitation très commode pour la colonie qui doit l’habiter.
Cela évite encore, dit-il, d’avoir des ruches de toutes les espèces et de
toutes les grandeurs pour recevoir les différents essaims. Une hausse est
« une boîte qui a un pied en carré sur trois pouces de hauteur, le fond y
compris, qui doit avoir trois lignes d’épaisseur. Dans le milieu du fond
(en réalité c’est le plafond), il y a ouverture de sept pouces et demi en
carré, le reste du fond est percé en petits trous. Les petits trous servent à
épargner aux abeilles les circuits inutiles pour passer d’une hausse à
l’autre. »
C’est à ce plafond que les abeilles attachent les rayons, comme elles
le font actuellement aux barrettes qui paraissent avoir été introduites par
Della Rocca. L’ouverture carrée du plafond permet aux abeilles de
continuer sans arrêt le rayon du milieu en empêchant la solution de
continuité, de faciliter le passage de la mère d’une hausse à l’autre. Pour
couper les rayons réunis, l’auteur se sert d’un fil de fer qu’il passe entre
les hausses comme en fait du fil à couper le beurre. Chaque hausse a «
une bouche particulière, pour servir d’entrée aux abeilles : quand on
réunit plusieurs hausses ensemble pour former une ruche, on ne laisse
que la bouche de la hausse du bas ouverte ». Actuellement, il n’y a plus à
s’inquiéter de ce détail important, grâce au système de l’entrée dans le
plateau.
Le tout est ensuite placé sur une table fixe formant plateau, puis est
recouvert d’un « surtout » qui constitue double paroi.
La façon de gouverner les abeilles se distingue par l’agrandissement
par le bas, par le nourrissement en dessous, ce qui évite le
refroidissement. La récolte se fait par le haut. L’auteur enfume les
abeilles pour les faire descendre dans les hausses inférieures. « Je les
oblige, dit-il page 32, de descendre dans les hausses inférieures et de me
laisser la liberté d’opérer avec tranquillité ; il y a plus, c’est que je suis
assuré d’avoir le meilleur miel, qui est toujours en haut de la ruche et de
ne leur laisser que le médiocre, qui leur suffit pour passer l’hiver ; je ne
crains pas non plus de toucher au couvain et de le détacher, parce
qu’elles ne le placent que dans le milieu et dans le bas de la ruche. »
Voilà, chers lecteurs, voilà des ruches pratiques, rationnelles. Elles ne
sont pas parfaites ; mais leurs défauts sont infimes. C’eût été un jeu de
les supprimer pour des apiculteurs éminents comme les de Layens, abbés
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Voirnot et Sagot. Si ces maîtres n’avaient eu qu’à perfectionner nos
vieilles ruches françaises au lieu de lutter contre la ruche Dadant, il est
probable que j’aurais trouvé la Ruche Populaire telle qu’elle est
conditionnée actuellement.
J’aurais économisé 20 ans de recherches, de travail et de dépenses.
Car, si, de fait, la Ruche Populaire est sortie des ruches Layens et
Voirnot, il n’en est pas moins vrai que la Ruche Populaire a les mêmes
principes que les ruches Decouédic et Palteau.
De Layens pensait que nos méthodes apicoles modernes exigent de
l’apiculteur trop de dépenses et trop de temps. Les abbés Sagot et
Voirnot les considéraient comme contraires aux besoins et aux instincts
de l’abeille. Nos études personnelles nous ont amené aux mêmes
convictions.
De Layens et les abbés Sagot et Voirnot ont du connaître les ruches
Decouédic et Palteau. Ces ruches ne devaient pas être oubliées de leur
temps comme du mien. Ils n’ont pas cru devoir s’en occuper.
Fascinés par les avantages incontestables de l’extracteur et croyant
que le cadre est nécessaire à son emploi, ils ne se sont occupés que de la
ruche à cadres. Ils n’ont pas eu le temps de reconnaître leur erreur et de
recommencer de nouveaux essais.
Venu après eux, j’ai profité de leurs travaux et de leurs échecs. C’est
donc par une autre voie que j’ai poursuivi le même but.
Je crois l’avoir atteint.
De Layens et les abbés Sagot et Voirnot n’en ont pas moins droit à la
reconnaissance de tous les apiculteurs, à la mienne en particulier.
C’est leur œuvre que je continue en publiant ce livre.
Serai-je écouté ? Pas de tous certainement.
Anatole France a écrit : « Si vous essayez d’instruire votre lecteur,
vous ne ferez que l’humilier et le fâcher. » Anatole France a eu le tort de
généraliser. Il y a des hommes plus intelligents qu’orgueilleux. C’est à
eux que je m’adresse.
En tout cas, j’ai la satisfaction de pouvoir dire à la fin de mes jours
j’ai travaillé pour le retour à la terre. Car je suis fils de terrien et disciple
du grand Sully.
Les poètes ont dit : Vivre vieux, c’est survivre à des amis. Vivre
vieux, c’est survivre à des arbres qu’on a plantés. Vivre vieux, c’est
survivre à des illusions. Oui, hélas ! Mais vivre vieux, c’est aussi jouir
d’une certaine expérience. Vivre vieux, c’est aussi souvent atteindre un
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but longtemps poursuivi. Vivre vieux, c’est aussi parfois arriver à être
plus longtemps utile. Douce vieillesse !
L’APICULTURE INTENSIVE
APICULTURE PASTORALE
PESEE DE LA RUCHE
Mode d’emploi
Enlever le toit et le coussin de la ruche.
Nous avons une ruche à laquelle nous avons donné deux hausses
bâties, dont une de couvain et une de miel. Il s’agit de savoir combien
celle-ci contient de miel. Placer le trépied en avant de la ruche, à 5
centimètres, le pied non relevé sous la ruche. Placer le plateau sous la
ruche, se tenir derrière la ruche, entrer sous la ruche les deux petits bras
du plateau et les pousser jusqu’aux pieds du devant de la ruche, relever
les trois fils de fer fixés aux bras du plateau, les accrocher au
dynamomètre, accrocher le dynamomètre au levier, fixer le levier sur le
trépied, soulever le levier. Le dynamomètre indique le poids brut de la
ruche.
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De ce poids brut, retranchez 8 kg pour les deux hausses bâties, 2 kg
pour les abeilles et le couvain, 1 kg 500 pour le plateau en bois de la
ruche, 1 kg 750 pour les quatre pieds en fonte, 0 kg 750 pour les quatre
pieds en bois s’il y a lieu, le poids du plateau en fer du trépied.
Si les ruches n’ont pas de pieds, placer le plateau en fer près de la
ruche. Sur ce plateau, placer la ruche sans son plateau et agissez, comme
ci-dessus ; connaissant le poids du miel contenu dans la ruche, nous
n’avons plus qu’à compléter ce poids pour atteindre 12 kg Ce sera facile
avec notre grand nourrisseur, en une nuit ou deux au maximum.
CONCLUSION
METHODE
SIMPLIFIEE
ECONOMIQUE
PRODUCTIVE
PEU DE TRAVAIL
SE DEFIER