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IRD UMR GRED

Parcours Gestion Sociale de


l’Eau

Mémoire de fin d’études

Patrimonialisation paysagère à
Madagascar
Le cas des terrasses Betsileo
Une approche Gestion Sociale de l’eau

Par Guillaume Cramez

Maîtres de Stage en France : Eric Mollard (IRD UMR-GRED), Georges Serpantié (IRD UMR-GRED)
Maître de stage à Madagascar : Fano Andriamahefazafy (C3EDM)
Directeur de Mémoire : Frédéric Rossel (SupAgro-IRC)

Mémoire soutenu en octobre 2014


i
SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

Mémoire de fin d’études

Patrimonialisation paysagère à
Madagascar
Le cas des terrasses Betsileo
Une approche Gestion Sociale de l’eau

Par Guillaume Cramez

Maîtres de Stage en France : Eric Mollard (IRD UMR-GRED), Georges Serpantié (IRD UMR-GRED)
Maître de stage à Madagascar : Fano Andriamahefazafy (C3EDM)
Directeur de Mémoire : Frédéric Rossel (SupAgro-IRC)

Stage effectué dans les communes d’Andina et d’Ivony dans le district d’Ambositra, Amoron’i Mania, Madagascar,
du 1er avril au 31 août 2014 au sein de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD)

Photo de première de couverture : Terrasses rizicoles d’Andina, Atsimondrano


Source : Cramez, 2014
ii
SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

RESUMES
Résumé :

Les terrasses rizicoles témoignent de l’Histoire malgache. Elles sont le lieu d’objets, de savoirs
et de savoir-faire uniques, anciens et vulnérables. Elles représentent un système agraire structurant
qui garantit la cohésion sociale et la sécurité alimentaire des populations betsileo. Mais bien que le
caractère remarquable des terrasses rizicoles betsileo a depuis longtemps suscité des initiatives à la
fois endogènes et exogènes de valorisation, ces initiatives n’ont été que partiellement mises en
œuvre. Cependant la reconnaissance effective des objets et des savoir-faire betsileo permettrait
d’agir avec plus d’efficacité pour l’amélioration des conditions de vie de ses habitants. L’objectif de
cette étude est, après discussion des opportunités et des dangers d’une mise en valeur du
patrimoine des terrasses betsileo, d’identifier les processus actuels ou passés de patrimonialisation,
mais aussi les objets patrimonialisables ainsi que les acteurs sur lesquels pourrait reposer cette
patrimonialisation. L’approche « Gestion Sociale de l’eau » apportera les outils nécessaires à la
compréhension des enjeux liés à la conservation de ces terrasses. Le choix de l’étude s’est arrêté sur
les communes d’Andina et d’Ivony dans la région administrative Amoron’i Mania, communes sur
lesquelles sont déjà portées des prémisses de valorisation patrimoniale de leurs terrasses. Les
résultats avancés sont le fruit d’une triangulation entre les données bibliographiques, les
observations de terrain et le résultat d’enquête auprès de 56 agriculteurs irrigants sur 8 terroirs
caractéristiques. Les résultats d’enquête ont montré que les terrasses irriguées sont le siège d’un
savoir-faire hydroagricole centenaire. Leur construction collective et leur maintien ont nécessité une
cohésion sociale forte. Les terrasses sont considérées comme un patrimoine familial pour les
ménages qui ont su les valoriser en fonction des opportunités de marché, dans un contexte socio-
économique changeant. Cependant, l’accès aux terrasses irriguées n’est pas chose facile pour les
jeunes agriculteurs car ces systèmes agraires représentent un capital à haute valeur ajoutée en
travail qui ne leur est pas directement accessible. A contrario, les exploitations à fort capital
valorisent d’une belle manière ces terrasses et ce qu’elles accompagnent (biodiversité, gestion
durable des terres et de l’eau, cristallisation de savoirs et savoir-faire,...). Mais de par leur structure
intrinsèque, les terrasses sont naturellement sources de conflits (accaparement des eaux, refus de
participer à l’entretien collectif des canaux,...), ce qui les rend vulnérables. Le processus de
patrimonialisation, en regard des critères SIPAM, est largement justifié et la stratégie de
développement de l’écotourisme semble particulièrement judicieuse car elle pourrait entraîner une
augmentation des revenus et créer de l’emploi. Ainsi la mise en place d’un circuit de l’eau avec
découverte des paysages, des infrastructures et des pratiques liées à l’irrigation sont envisageables.
Bien que les critères de reconnaissance SIPAM aient permis une première approche de notre objet
d’étude, on peut regretter l’absence de critères d’identification de personnes ressources et
d’institutions garantes de pérennisation d’un projet de patrimonialisation.

Mots clés : betsileo, biodiversité, eau, écotourisme, exploitation agricole, Gestion Sociale de
l’Eau, irrigation, patrimoine, patrimonialisation, paysage, savoir, savoir-faire, SIPAM, terrasses

Pont canal ou lakana. Source : Cramez, 2014

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SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

Abstract :

The rice terraces testify to the Madagascarian History. They are the place of unique, ancient
and vulnerable objects, knowledge, and know-how. They represent a structuring agrarian system
which guarantees the social cohesion and the food safety of the betsileo populations. But although
the remarkable characteristics of the betsileo rice terraces aroused for a long time endogenous and
exogenous initiatives of valuation, these initiatives have only partially been implemented. However,
the effective recognition of the betsileo objects and know-how would allow to act with more
efficiency for the improvement of the living standards of its inhabitants. The aim of this study is, after
discussion of the opportunities and the dangers of an improvement of the heritage of the betsileo
terraces, to identify the current or past processes of the heritage industry, but also the heritage
objects as well as actors on whom could base this heritage industry. The "Social Management of
Water" approach will bring tools necessary for the understanding of the stakes bound to the
preservation of these terraces. The choice of the study focused on the municipalities of Andina and
Ivony in the administrative region called Amoron'i Mania, municipalities which are already concerned
by the premises of the heritage valuation of their terraces. The present results are the fruit of a
triangulation between the bibliographical data, the observations of ground and the result of survey
with 56 farmers on 8 characteristic countries. The survey results showed that the irrigated terraces
are the place of a hundred-year-old hydroagricultural know-how. Their collective construction and
their preservation required a strong social cohesion. Terraces are considered as a family heritage for
the households which knew how to value them according to the opportunities of market, in an
uncertain socioeconomic context. However, the access to the irrigated terraces is not easy thing for
the young farmers because these agrarian systems represent a capital to high added value in work
which is not directly accessible to them. On the contrary, the farms with high resources value in a
beautiful way these terraces and what they include in (biodiversity, sustainable management of lands
and water, mobilisation of knowledges and know-hows). But due to their intrinsic structure, terraces
are naturally sources of conflicts (cornering of water, refusal to participate in the collective
maintenance of canals), what makes them vulnerable. The process of heritage industry, in
comparison with the SIPAM standards, is fully justified and the development strategy of the
ecotourism seems particularly relevant because it could involve an increase of income and create
employment. So the implementation of a water circuit with the discovery of the landscapes, the
infrastructures and practices bound to the irrigation are worth considering. Although the criteria of
the SIPAM recognition allowed a first approach of our object of study, we can deplore the lack of
identification standard of people resources and of institutions guarantors for the sustainability of a
heritage industry project.

Key words: Betsileo, biodiversity, ecotourism, farm, heritage, heritage industry, irrigation, know-
how, knowledge, landscape, SIPAM, Social Management of Water, terraces, water

Parc à bœuf ou vala. Source : Cramez, 2014 iv


SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

Famintinana :

Anisany ahafantarana an’i Madagasikara ny tanimbary «kipahy». Noho izy ahitana zavatra
betsaka, ary fahaizamanao nentim-paharana mampiavaka ny malagasy indrindra fa ny foko betsileo.
Maro ireo zavatra fonosin‘ny «kipahy» ohatra amin’izany ny firaisan-kina, ny fahampiana ara-
tsakafo. Efa nisy anefa ny ezaka izay natao mba hanatsarana sy hanomezandanja ny «kipahy» na avy
amin’ireo tantsaha na avy aty ivelany fa saingy mbola mila ezaka izany. Ny fankasitrahana ny
faizanamanao nentim-paharazana dia fomba iray ahafahana mampandroso ny faritra sy manatsara
ny farimpiainana ny betsileo. Ity fanadihadihana ity dia natao, mba hamakafakana ny atao hoe
«lova» eo amin’ny betsileo ka ho jerena amin’izany ny zavatra mety ho lovaiana ary koa ny
mpandova. Ny fijerevana momban’ny fitantanana ny rano, dia ahafanan mandalina be be kokoa ny
kolontsiana fonosiny «kipahy» sy ahafana manajary azy. Ny fanadihadihana dia nontontosaina tany
amin’ny faritra Amoron’i Mania, kaominina ny Andina sy Ivony, izay efa nisy fikasana ho
fanomezandanja ny « kipahy». Ny fikarohana tamin’ny alalan’ny amboaramboky sy ny fijerevana ny
zava-misy teny antoerana ary ny fanadihadihana izay natao tamin’ny 56 tantsaha taminin’ny tanàna
samy hafa no nahafahana nanao izao fikaroana izao. Ny valiny fikaroana dia hita fa ny « kipahy » dia
mampiseho ny fahaizanamanao hatramin’ny fahagola nolovaina ny taranaka ankehitriny. Ny
fanamboarana sy ny fikarakarana azy dia mila fifanampiana. Saika lova avy koa ny « kipahy » hoan’ny
isatonkantrano, fa ny tsirairay no manatsara azy, miankina amin’ny zavatra ilainy. Tsy mora anefa ny
mikarakara izany noho ny tsy fahampiana ny enti-manana sy ny fahalafosany ny tanimbary indrindra
hoan’ ireo tanora. Misy kosa anefa ny afaka manatsara ny kipahiny. Hita teny amin’ny fiarahamonina
koa fa betsaka ny disadisa mombany ny «kipahy», anisan’izany ny ady rano, izay lesoka iray eo
amin’ny fananana ny tanimbary, manomboka tsy hita taratra intsony ny firaisan-kina. Raha ny
famaritana ny atao hoe lova araka ny SIPAM no jerena dia marina fa ahafahana mampandroso sy
manintona mpizahantany ny lova noho izy afaka mampidimbola no sady mamorona asa. Arak’izany
azo atao tsara ny mametraka fotodrafitr’asa hitarihana ny mpizahatany hijery ny « kipahy »
songadininina amin’izany ny lalandrano sy ny endrintany noho ny «kipahy», ary ireo fahaizamanao
izay nolovaina ka mifandraika amin’ny rano. Noho ny famaritana nataon’ny SIPAM momban’ny lova
no nahafahana nanao ity fanadihadihana ity fa saingy indro kely tamin’izany ny tsy filazany ny tokony
ahafantarana ireo olona izay mahafehy tsara ny atao hoe lova na koa ireo olona miasa sy mikarakara
ny lova nentim-paharazana.

Teny manandanja : anivon-tany, betsileo, endrintany, fahaizamanao, fahaizana nentim-


paharazanana, fambolena, fitantanana ny rano, kipahy, lova, rano, SIPAM

Aperçu des terrasses en amphithéâtre de Maintitondro. Source : Cramez, 2014


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Sommaire
Résumés...............................................................................................................................................iii
Sommaire ............................................................................................................................................ vi
Table des illustrations ......................................................................................................................... x
Glossaire et liste des sigles................................................................................................................. xii
Remerciements ................................................................................................................................. xiv
Introduction ......................................................................................................................................... 1

Partie I Contexte de l’étude et cadre théorique .......................... 2

I. La patrimonialisation des paysages .............................................................................................. 2


1. Qu’est-ce qu’un patrimoine ?.............................................................................................................................................2
2. Les processus de patrimonialisation ..................................................................................................................................2
3. Protection des pratiques agricoles singulières ..................................................................................................................2
4. Le chercheur, acteur de facto de ce processus..................................................................................................................3
5. Effets d’une valorisation écotouristique du patrimoine ...................................................................................................4
5.1. Bénéfices et risques socioculturels .............................................................................................................................5
5.2. Bénéfices et risques économiques ..............................................................................................................................5
5.3. Bénéfices et risques pour l’environnement ................................................................................................................5

II. Cas des Systèmes Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial (SIPAM) de la FAO......... 6
1. Que sont les SIPAM ? ..........................................................................................................................................................6
2. Critères d’éligibilité .............................................................................................................................................................6
3. Gestion Sociale de l’Eau et SIPAM ......................................................................................................................................7
III. Démarche et objectifs ..................................................................................................................... 7
1. Contextualisation de la demande de stage........................................................................................................................7
2. Construction de l’objet d’étude : problématique, énonciation des objectifs et des hypothèses de travail ...................8
2.1. Problématique .............................................................................................................................................................8
2.2. Objectifs de l’étude .....................................................................................................................................................9
2.3. Hypothèses de travail .................................................................................................................................................9
3. Choix de l’approche Gestion Sociale de l’Eau (GSE) ..........................................................................................................9
3.1. Analyse du paysage ................................................................................................................................................. 10
3.2. Etude de la structure physique du réseau hydraulique .......................................................................................... 10
3.3. Compréhension des opérations et principes de gestion ......................................................................................... 10
3.4. Caractérisation des acteurs et de leur position ...................................................................................................... 10
3.5. Nécessité d’un approfondissement de l’histoire socio-politique des réseaux ....................................................... 11

IV. Matériel et méthode ....................................................................................................................... 11


1. Deux sites d’étude : les communes d’Ivony et d’Andina ............................................................................................... 11
1.1. Choix des deux sites d’étude .................................................................................................................................... 11
1.2. Présentation d’Andina et d’Ivony ............................................................................................................................ 12
1.3. Utilisation des concepts GSE .................................................................................................................................... 13
2. Analyse à l’échelle des exploitations ............................................................................................................................... 15
3. Matériel et supports ........................................................................................................................................................ 16
4. Traitement des données .................................................................................................................................................. 16
4.1. Elaboration d’une base de données ........................................................................................................................ 16
4.2. Analyse factorielle des correspondances multiples AFCM ..................................................................................... 16
4.3. ANalyse de la VAriance ANOVA ............................................................................................................................... 16

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Partie II Les terrasses rizicoles d’Ivony et d’Andina :


témoignage d’une agriculture basée sur la maîtrise de l’eau ........................................17

I. Les sociétés agraires des Hautes-Terres .................................................................................... 17


1. Histoire des Hautes-Terres et du peuple Betsileo .......................................................................................................... 17
1.1. Origine des betsileo et du peuple malgache ........................................................................................................... 17
1.2. La région d’Ambositra .............................................................................................................................................. 18
2. La Gestion de l’Eau betsileo ............................................................................................................................................. 18
2.1. L’eau et les betsileos ................................................................................................................................................ 18
2.2. Les modalités de gestion .......................................................................................................................................... 19
2.3. Besoins du riz en eau ................................................................................................................................................ 19
2.4. Risques liés à l’eau et à l’absence d’eau ................................................................................................................. 20
3. Le Système Agraire betsileo ............................................................................................................................................ 20
3.1. Reliefs et sols ............................................................................................................................................................ 20
3.2. Données météorologiques ....................................................................................................................................... 21
3.3. Dressage des bas-fonds ........................................................................................................................................... 22
3.4. Fertilité des sols en rizière ........................................................................................................................................ 23
3.5. La préparation des pépinières ................................................................................................................................. 23
3.6. Les cultures en saha et en contre-saison................................................................................................................. 24
3.7. La culture d’orangers ............................................................................................................................................... 24
4. Contexte politico-économique ........................................................................................................................................ 24
4.1. Madagascar et les difficultés de l’agriculture ......................................................................................................... 24
4.2. Modalités de tenure foncière................................................................................................................................... 25
4.3. La stratégie du salariat agricole .............................................................................................................................. 25
4.4. Maintien du secteur primaire ou conversion vers d’autres secteurs d’activités.................................................... 25
4.5. Politiques de renforcement de la filière riz.............................................................................................................. 26
4.6. Le Plan National d’Action Environnemental (PNAE) malgache .............................................................................. 27

II. Bassin versant et construction de paysages en terrasses ................................................... 27


1. La riziculture par submersion .................................................................................................................................... 27
1.1. Le réseau d’irrigation betsileo ................................................................................................................................. 28
1.2. Approvisionnement en eau ...................................................................................................................................... 28
1.3. Cas pratique du bas-fond surélevé en amont de Maintitondro ............................................................................. 29
2. Maintitondro : étude d’un site remarquable de terrasses disposées en amphithéâtre............................................... 30
2.1. Construction de terrasses rizicoles .......................................................................................................................... 30
2.2. Mobilisation d’outils agricoles traditionnels ........................................................................................................... 31
2.3. L’amphithéâtre de Maintitondro ............................................................................................................................. 32
2.4. Typologie des terrasses à Ivony et à Andina ........................................................................................................... 33
3. Les terrasses : témoins d’une biodiversité et d’une gestion durable de l’eau et des terres ........................................ 34
3.1. La biodiversité des terrasses irriguées .................................................................................................................... 34
3.2. Le rôle des terrasses dans la gestion durable de l’eau et des sols ......................................................................... 35

III. Une organisation territoriale fortement structurée ........................................................... 36


1. La société d’Ivony et d’Andina et son niveau de développement ................................................................................. 36
2. La solidarité communautaire et l’entraide agricole ....................................................................................................... 37
2.1. Définition du fihavanana ......................................................................................................................................... 37
2.2. L’entraide agricole ................................................................................................................................................... 37

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IV. Les deux modes de gestion de l'eau en présence dans les systèmes irrigués betsileo
.................................................................................................................................................................... 38
1. La gestion informelle de l’eau d’irrigation ...................................................................................................................... 38
1.1. Une gestion de l’eau basée sur les règles communautaires du fihavanana .......................................................... 38
1.2. Les dina locales de gestion de l’eau ........................................................................................................................ 39
1.3. Vulnérabilité de la gestion de l’eau ......................................................................................................................... 40
2. La gestion en Association d’Usagers de l’Eau (AUE) : focus sur l’AUE d’Ambohimahastiahy...................................... 40
2.1. La gestion de l’eau en AUE ...................................................................................................................................... 40
2.2. La gestion de l’eau dans l’AUE d’Ambohimahastiahy ............................................................................................ 42
3. Etude comparée des deux types d’organisation d’irrigants .......................................................................................... 43
3.1. Des AUE structurellement proches des organisations informelles......................................................................... 43
3.2. Une formalisation en AUE faisant transparaître un problème récent de gestion de la ressource ....................... 44
3.3. Perpétuation des problèmes de gestion de l’eau .................................................................................................... 44

Partie III Les paysages en terrasse : un patrimoine dont


l’existence dépend des stratégies des exploitations .........................................................45

I. Structure et stratégie des exploitations agricoles d’Ivony et d’Andina : proposition


d’une typologie ...................................................................................................................................... 45
1. Typologie de structure ..................................................................................................................................................... 45
1.1. Analyse des variables ............................................................................................................................................... 45
1.2. Analyse des individus ............................................................................................................................................... 46
2. Typologie de fonctionnement de la classe S3 (exploitations de taille moyenne à faible accès aux ressources) ........ 47
2.1. Analyse des variables ............................................................................................................................................... 48
2.2. Analyse des individus ............................................................................................................................................... 49
3. Etude de la classe S4 (exploitations de taille moyenne à fort accès aux ressources) ................................................... 50
3.1. Analyse des variables ............................................................................................................................................... 50
3.2. Analyse des individus ............................................................................................................................................... 50
4. Effet des localisations sur la structure et le fonctionnement des exploitations ........................................................... 51
4.1. ANOVA appliquée aux communes et aux terroirs................................................................................................... 51
4.2. ANOVA appliquée aux classes de structure et de stratégie ................................................................................... 52
4.3. ANOVA de la biodiversité des plantes médicinales appliquée aux communes, terroirs et classes de structure .. 53

II. Accès à la propriété et stratégies de diversification ............................................................. 53


1. Modalités d’accès à la propriété foncière et au crédit agricole ..................................................................................... 54
1.1. Modalités d’accès à la propriété foncière ............................................................................................................... 54
1.2. Modalités d’accès au crédit ..................................................................................................................................... 54
2. Diversification agricole sur terrasses .............................................................................................................................. 55
2.1. Diversification en cultures de second cycle (ou cultures de contre-saison) ........................................................... 55
2.2. Diversification par la culture des orangers ............................................................................................................. 56
3. Individualisation des comportements et conséquences paysagères : le cas des terrasses d’Anjama ......................... 56
3.1. Individualisation des comportements ..................................................................................................................... 56
3.2. Conséquences paysagères : le cas des terrasses d’Anjama.................................................................................... 57

Partie IV Perspectives d’évolution des sociétés rurales


d’Ivony et d’Andina ......................................................................................................................57

I. Les principaux acteurs du développement rural et de la gestion de l’eau œuvrant sur


le terrain .................................................................................................................................................. 58
1. La DRDR (Direction Régionale du Développement Rural) .............................................................................................. 58

viii
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2. L’ADRA (Adventist Development and Relief Agency) ..................................................................................................... 58


3. Le projet AROPA (Appui au Renforcement des Organisations Professionnelles et aux services Agricoles) ................ 59
4. Le FID (Fonds d’Intervention pour le Développement) .................................................................................................. 59
5. Le FRDA (Fonds Régional pour le Développement Agricole) ......................................................................................... 59
6. Le CPR (Centre de Promotion Rurale) des frères d’Analabe .......................................................................................... 60

II. Dynamismes sociaux et rôle clé des personnes ressources dans un tel système
coutumier ................................................................................................................................................ 60
1. Leaders et agents locaux actuels de patrimonialisation ................................................................................................ 60
2. Initiative locale de défense du patrimoine naturel : l’association Taratra .................................................................... 61
3. Mobilité communautaire et projet d’hydroélectrification ............................................................................................. 61

III. Valorisations écotouristiques existantes et potentialités à développer ....................... 62


1. L’ORTAM ........................................................................................................................................................................... 62
2. Potentialités touristiques................................................................................................................................................. 63
3. Récapitulatif des forces et des vulnérabilités identifiées et perspectives d’évolution ................................................. 64

Conclusion ..........................................................................................................................................65
Bibliographie ......................................................................................................................................69
Table des annexes ..............................................................................................................................73

ix
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Table des illustrations


Figures

FIGURE 1 : DIFFERENTES STRATEGIES DE VALORISATION DU PATRIMOINE SUR 4 SITES SIPAM EN CHINE. SOURCE: HE ET MIN, 2013, MFA ASSESSMENT
RESULTS OF THE FOUR GIAHS SITES. ................................................................................................................................................4
FIGURE 2 : LES 5 ATOUTS DES SYSTEMES RURAUX. SOURCE: KOOHAFKAN ET ALTIERI ...........................................................................................7
FIGURE 3 : CARTE GEOGRAPHIQUE DES COMMUNES D'ANDINA ET D'IVONY. SOURCE : CARTE ELABOREE SOUS QGIS D'APRES LA CARTE D'ETAT-MAKOR DE
1957 ET L'IMAGE SATLLITE GOOGLE EARTH DE 2013, CRAMEZ, 2014 ................................................................................................ 13
FIGURE 4 : TRANSECT REPRESENTANT LES DIFFERENTES FACETTES PRISES EN COMPTE DANS L'ANALYSE PAYSAGERE. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ............. 15
FIGURE 5: GROUPES ETHNIQUES DE MADAGASCAR .................................................................................................................................... 17
FIGURE 6 : DIAGRAMME PLUIE MENSUELLE, TEMPERATURE ET ETP DE FIANARANTSOA. SOURCE : SERPANTIE, DONNEES NON PUBLIEES ..................... 21
FIGURE 7 : ANALYSE FREQUENTIELLE DU BILAN D’EAU, POSTE DE FIANARANTSOA-BERAVINA. SOURCE : SERPANTIE ET RASOLOFOHARINORO, 2006 .... 21
FIGURE 8 : EVOLUTION PLUIE ANNUELLE. SERIE FIANARANTSOA. MOYENNE MOBILE PAR 9. SOURCE : SERPANTIE, DONNEES NON PUBLIEES, BASE
HYDROM METEO NAT.-CNRE-IRD .............................................................................................................................................. 22
FIGURE 9 : RISQUES PLUVIOMETRIQUES D'INONDATION ET DE SECHERESSE. SOURCE : SERPANTIE, DONNEES NON PUBLIEES ..................................... 22
FIGURE 10 FLAMBEE DES PRIX DU RIZ SUITE A LA DEPRECIATION DE L'ARIARY. SOURCE : JENN-TREYER ET MAGNAY, 2005 ..................................... 27
FIGURE 11 : BARRAGE TRADITIONNEL ET CANAL DE DERIVATION. SOURCE : CRAMEZ, 2014............................................................................... 28
FIGURE 12 : COMPARAISON DE RESEAUX DE DRAINAGE EN PLAINE ET EN FOND DE VALLEE. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ............................................. 28
FIGURE 13 : CARTE GEOGRAPHIQUE DU BAS-FOND SURELEVE EN AMONT DES TERRASSES DE MAINTITONDRO. SOURCE : CARTE ELABOREE SOUS QGIS
D'APRES LA CARTE D'ETAT-MAJOR DE 1957 ET L'IMAGE SATELLITE GOOGLE EARTH DE 2013, CRAMEZ, 2014 ............................................. 30
FIGURE 14 : PONT-CANAL OU LAKANA. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ................................................................................................................ 30
FIGURE 15 : AGRICULTEUR CONSTRUISANT UNE TERRASSE. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ...................................................................................... 31
FIGURE 16 : FER D'ANGADY. SOURCE : CRAMEZ, 2014 .............................................................................................................................. 32
FIGURE 17 : SERPE ET COUTEAUX. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ....................................................................................................................... 32
FIGURE 18: SARCLEUSES ROTATIVES. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ................................................................................................................... 32
FIGURE 19 : CARTE GEOGRAPHIQUE DES TERRASSES DE MAINTITONDRO. SOURCE : CARTE ELABOREE SOUS QGIS D'APRES LA CARTE D'ETAT-MAJOR DE
1957 ET L'IMAGE SATELLITE GOOGLE EARTH DE 2013, CRAMEZ, 2014 ............................................................................................... 32
FIGURE 20 : TARIFS D'OBTENTION D'UN CERTIFICAT FONCIER. SOURCE : CRAMEZ, 2014................................................................................... 33
FIGURE 21 : TERRASSE DE VALLONS DE TETE. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ......................................................................................................... 33
FIGURE 22 : TERRASSES DE FLANC DE BAS-FOND. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ................................................................................................... 34
FIGURE 23 : TERRASSES DE VERSANT IRRIGUEES PAR 4 CANAUX SUPERPOSES. SOURCE : CRAMEZ, 2014 .............................................................. 34
FIGURE 24 : MANINTONA TAPISSANT LA SURFACE DE CERTAINES RIZIERES. SOURCE : CRAMEZ, 2014 .................................................................. 35
FIGURE 25: DEMOGRAPHIE D'ANDINA PAR TRANCHES D'AGE. SOURCE : INSTAT AMORON'I MANIA, 2012........................................................ 36
FIGURE 26 : GENEALOGIE PATRIMONIALE. SOURCE : HALL, 2008 ................................................................................................................ 37
FIGURE 27 : TRONÇON DE TERRASSES CULTIVEES EN MANIOC DES SUITES DE LA NEGLIGENCE D'ENTRETIEN DU CANAL D'IRRIGATION. SOURCE : CRAMEZ,
2014 ...................................................................................................................................................................................... 40
FIGURE 28 : CARTE GEOGRAPHIQUE DU PERIMETRE IRRIGUE DE L'AUE D'AMBOHIMAHASTIAHY. SOURCE : CARTE ELABOREE SOUS QGIS D’APRES LA
CARTE D’ETAT MAJOR DE 1957 ET L’IMAGE SATELLITE GOOGLE EARTHDE 2013, CRAMEZ, 2014 .............................................................. 42
FIGURE 29 : SCHEMA DU BARRAGE DE L'AUE D'AMBOHIMAHASTIAHY EQUIPE DE SON DESSABLEUR. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ............................... 42
FIGURE 30 : GRAPHIQUE SYMETRIQUE DES VARIABLES STRUCTURELLES. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ...................................................................... 46
FIGURE 31 : GRAPHIQUE SYMETRIQUE DES MODALITES COMPLEMENTAIRES. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ............................................................... 47
FIGURE 32 : GRAPHIQUE SYMETRIQUE DES INDIVIDUS. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ............................................................................................ 47
FIGURE 33 : GRAPHIQUE SYMETRIQUE REPRESENTANT LES VARIABLES STRATEGIQUES DES S3. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ........................................ 48
FIGURE 34 : GRAPHIQUE SYMETRIQUE DES MODALITES COMPLEMENTAIRES DES S3. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ..................................................... 49
FIGURE 35 : GRAPHIQUE SYMETRIQUE DES INDIVIDUS S3. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ....................................................................................... 49
FIGURE 36 : GRAPHIQUE SYMETRIQUE DES VARIABLES DE FONCTIONNEMENT DES S4. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ................................................... 50
FIGURE 37 : GRAPHIQUE SYMETRIQUE DES INDIVIDUS S4. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ....................................................................................... 51
FIGURE 38 : GRAPHIQUE SYMETRIQUE DES MODALITES COMPLEMENTAIRES DES S4. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ..................................................... 51
FIGURE 39: DIFFERENTS ETATS D'AVANCEMENT DE LA CULTURE DU TABAC EN CONTRE-SAISON SUR TERRASSES IRRIGUEES. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ... 55
FIGURE 40 : MARCHE D'ANDINA DU VENDREDI ET SPECIALISATION DE LA TOMATE. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ....................................................... 56
FIGURE 41 : FEUILLES D'ORANGER NOIRCIES PAR LA FUMAGINE. SOURCE : CRAMEZ, 2014................................................................................ 56
FIGURE 42 : SCHEMA DE L'ACCAPAREMENT EN EAU DES IRRIGANTS DES NOUVELLES TERRASSES EN AMONT. SOURCE : CRAMEZ, 2014....................... 57
FIGURE 43 : PANNEAU D'UN CHAMP ECOLE INITIE PAR L'ADRA. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ............................................................................... 58
FIGURE 44 : CARTOUCHE DU FID APPOSEE SUR LE BARRAGE DE L'AUE D'AMBOHIMAHASTIAHY. SOURCE : CRAMEZ, 2014 .................................... 59
FIGURE 45 : PANNEAU DE LA FONDATION TANY MEVA A TANANARIVE. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ..................................................................... 62
FIGURE 46 : "PISCINE" D'ATSIMONDRANO, ANDINA. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ................................................................................... 63
FIGURE 47 : CARTE DES SITES TOURISTIQUES DE L'ORTAM (POINTS JAUNES) ET DES SITES QUI SONT ENCORE A VALORISER (POINTS ROUGES). SOURCE :
CRAMEZ, 2014 ......................................................................................................................................................................... 64

x
SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

Tableaux

TABLEAU 1: SUPERFICIES CULTIVEES EN PLUVIAL A ANDINA. SOURCE : RAISON, 1984 ...................................................................................... 13


TABLEAU 2 : REPRESENTATION DES TERROIRS ET LEURS CARACTERISTIQUES CHOISIS POUR L'ELABORATION DES ENQUETES. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ... 15
TABLEAU 3 : QUELQUES CALENDRIERS CULTURAUX SAISONNIERS DE RIZ DES HAUTES-TERRES. SOURCE : LAVENTURE ET AL., 1996 ........................... 19
TABLEAU 4: PART DES REVENUS AGRICOLES ET NON AGRICOLES DANS LES MENAGES MALGACHES. SOURCE : DGEP, PROGRAMME CADRE DE
DEVELOPPEMENT REGIONAL, AOUT 2005 ...................................................................................................................................... 24
TABLEAU 5 : PLANTES NON CULTIVEES DE TERRASSES. SOURCE : RAFANOMEZANTSOA, 2014............................................................................. 35
TABLEAU 6 : PRESENTATION DES VARIABLES DE STRUCTURES ET DE LEUR CODAGE AYANT SERVI A LA REALISATION DE L'ACM. SOURCE : L'AUTEUR, 2014
.............................................................................................................................................................................................. 45
TABLEAU 7 : CONTRIBUTIONS DES VARIABLES STRUCTURELLES AUX AXES F1 ET F2. SOURCE : CRAMEZ, 2014....................................................... 46
TABLEAU 8: PRESENTATION DES VARIABLES DE FONCTIONNEMENT ET DE LEUR CODAGE AYANT SERVI A LA REALISATION DE L'ACM. SOURCE : CRAMEZ,
2014 ...................................................................................................................................................................................... 47
TABLEAU 9 : CONTRIBUTION AUX AXES F1 ET F2 DES VARIABLES DE FONCTIONNEMENT APPLIQUEES AUX S3. SOURCE : CRAMEZ, 2014 .................... 48
TABLEAU 10 : CONTRIBUTION AUX AXES F1 ET F2 DES VARIABLES DE FONCTIONNEMENT APPLIQUEES AUX S4. SOURCE : CRAMEZ, 2014 .................. 50
TABLEAU 11 : RESULTATS DE L'ANOVA APPLIQUEE AUX COMMUNES ET AUX TERROIRS. SOURCE : CRAMEZ, 2014 ............................................... 52
TABLEAU 12 : RESULTATS DE L'ANOVA APPLIQUEE AUX CLASSES DE STRUCTURE ET AUX CLASSES STRATEGIQUES. SOURCE : CRAMEZ, 2014 .............. 52
TABLEAU 13 : RESULTATS DE L'ANOVA CONCERNANT LA REPARTITION DU SAVOIR-FAIRE DES MENAGES SUR LA BIODIVERSITE. SOURCE :
RAFANOMEZANTSOA ET CRAMEZ, NON PUBLIE ................................................................................................................................ 53
TABLEAU 14 : RECAPITULATIF DES FORCES ET FAIBLESSES DE L'AGRICULTURE D'ANDINA ET D'IVONY. SOURCE : CRAMEZ, 2014................................ 64

xi
SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

Glossaire et liste des sigles

Glossaire :

Ala nanahary : forêt « naturelle »


Ala sinatry : forêt reboisée
Ala : forêt
Dahalo : voleur de zébus
Fady : interdits ou tabous portant sur un objet, une pratique ou un territoire
Famadihana : cérémonie de retournement des morts
Fefy-loha : entretien des canaux
Fihavanana : mode de vie communautaire se référant aux liens de solidarité au sein d’une famille
Firaisakina, mifanoba ou haona : entraide
Fokonolona : communauté villageoise de base
Fokontany : lieu d’habitat de la communauté villageoise, ultime division administrative du territoire malgache
Havoana : colline
Horaka : marais en rizière, rizière dont l’excès hydrique est la contrainte majeure
Kalo : mauvais sort visant à protéger les orangers des voleurs
Kipahy : terrasses irriguées
Lakana : aqueduc creusé dans le tronc d’un arbre telle une pirogue
Lalandrano : canal
Lemaka : bas-fond cultivé en riz
Loharano : source
Morondrano : ruisseau canalisé
Mpiray hozan-drano : vie communautaire de l’eau, associations informelles d’irrigants chez les betsileo
Ray amandreny : anciens et notables du village que l’on respecte et que l’on écoute
Sakamaina : champ sec, rizière dont le déficit hydrique est la contrainte majeure
Savika : jeux taurins
Tahalaka : casier
Tanety : partie herbeuse non cultivée du bassin versant
Tanimbary : rizière
Tanimboly ou saha : champ de culture pluviale
Taranaka : lignage
Tohadrano : barrage
Vala : parc à bœufs
Vary : riz
Vary afara : riz tardif
Vary aloha : riz précoce
Vary betsaka ou vary be : riz commun, repiqué en début de saison des pluies
Vatolahy : pierre dressée à haute valeur symbolique
Vava rano : bouche d’irrigation ou de drainage à l’entrée et à la sortie de chaque casier
Vody vala : champs de cultures à proximité des habitations, s’apparente au jardin potager
Vohitra : montagne

xii
SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

Sigles :

ADRA : Adventist Development and Relief Agency


AFCM : Analyse Factorielle des Correspondances Multiples
ANOVA : Analyse de la Variance
AROPA : Appui au Renforcement des Organisations Professionnelles et aux Services Agricoles
AUE : Association des Usagers de l’Eau
C3EDM : Centre d’Economie et d’Ethique pour l’Environnement et le Développement, Madagascar
CECAM : Caisses d'Epargne et de Crédit Agricole Mutuels
CPR : Centre de Promotion Rurale
DRDR : Direction Régionale du Développement Rural
ETP : EvapoTranspiration Potentielle
FAO : Food and Agriculture Organization
FID : Fonds d’Intervention pour le Développement
FIDA : Fonds International pour le Développement Agricole
FRDA : Fonds Régional pour le Développement Agricole
GEF-SGP : Global Environment Facility, Small Grants Programme
GELOSE : GEstion LOcale SEcurisée
GIAHS : Globally Important Agricultural Heritage System
GSE : Gestion Sociale de l’Eau
HYV : High Yield Varieties of Rice
IRC : Institut des Régions Chaudes
IRD : Institut de Recherche pour le Développement
IST A : Institut Supérieur de Technologie en Amoron’i Mania
JIRAMA : JIro sy RAno MAlagasy
OP : Organisation Paysanne
ORTAM : Office Régional du Tourisme en Amoron’i Mania
PAREGO : projet PAtrimoine, REssources et GOuvernance
PatriMOI : Patrimonialisation de l’Agriculture à Madagascar et dans l’Océan Indien
PE : Programme Environnemental
PHEDER : Projets d’Hydro-Electricité pour le DEveloppement Rural
PNAE : Plan National d’Action Environnementale
PRA : Promotion Rurale d’Ambositra
SIG : Système d’Information Géographique
SIPAM : Systèmes Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial
SRA : Système de Riziculture Améliorée
SRI : Système de Riziculture Intensive
UBT : Unité Bovin Tropical
UMR GRED : Unité Mixte de Recherche Gouvernance, Risque, Environnement et Développement
UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization

xiii
SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

Remerciements

Je tiens tout d’abord à remercier chaleureusement Eric Mollard, chercheur en sociologie de


l’environnement et en géographie politique, ainsi que Georges Serpantié, agronome et chargé de
recherche, pour la qualité de leur encadrement en tant que maîtres de stage et pour leurs nombreux
conseils avisés qui ont su faire progresser mon travail et ma rigueur scientifique.

Je souhaiterais adresser mes vifs remerciements à l’UMR GRED de l’IRD de Montpellier pour
m’avoir proposé et financé mon stage de fin d’étude d’ingénieur sur les fameuses terrasses irriguées
des Hautes-Terres malgaches et de m’avoir ouvert ses locaux afin que je puisse travailler dans les
meilleures conditions possibles.

Merci également à Fano Andriamahefazafy, ‎économiste et responsable de recherche, pour son


accueil au sein du C3ED Madagascar de l’Université de Tananarive et pour son encadrement sur le
terrain d’étude.

Sincères remerciements à Hervé Le Martret, informaticien au sein de l’UMR GRED, pour sa


précieuse aide relative à la manipulation du logiciel QGIS.

Un grand merci à Holisoa Rafanomezantsoa, binôme de travail tout au long de ce stage. Sa


connaissance de la culture betsileo me fut d’une aide indescriptible dans mon intégration au sein des
communautés. Merci également pour ses traductions orales et écrites ainsi que pour son aide dans
l’interprétation des éléments socio-culturels de mes résultats de terrain.

Je voudrais remercier Monsieur le Maire d’Ivony ainsi que Monsieur le Maire d’Andina et
Madame la Première Adjointe d’Andina de nous avoir hébergés et de nous avoir permis de travailler
de façon optimale dans leurs communes respectives.

Je voudrais également remercier Niry et Cyrille, guides de terrain et traducteurs, pour l’aide
inestimable et la patience qu’ils ont bien voulues nous accorder.

Je tenais dans un dernier temps à remercier toutes les personnes ayant contribué de près ou
de loin à l’élaboration de ce travail et en particulier aux agriculteurs d’Andina et d’Ivony, aux
Institutions rencontrées à Ambositra et à Tananarive, ainsi qu’aux professeurs et chercheurs de l’IST
A d’Ambositra et de l’Université de Tananarive. Merci d’avoir bien voulu se prêter au jeu du
questionnaire d’enquête et d’avoir bien voulu partager un peu de leur précieux temps.

xiv
Introduction

A côté d’atouts esthétiques, paysagers, agricoles ou artisanaux, l’organisation des


communautés agraires locales possède un fort potentiel d’attractivité touristique (Mollard et Walter,
2008). Ainsi les sociétés des Hautes-Terres malgaches sont déjà célèbres pour leurs singularités
paysagères et leurs cultures rizicoles fondées sur un savoir-faire reconnu et une solidarité dans le
travail et dans la gestion de l’eau. La société Betsileo particulièrement attire l’attention dans ses
régions montagneuses et du fait du groupe Zafimaniry d’artisans déjà inscrits au patrimoine
immatériel UNESCO.
La culture du riz reste sans conteste la filière historique, identitaire et stratégique dominante.
Dans ces régions pauvres, le développement durable reste un enjeu de fond. Alors que de nouvelles
filières de diversification (huiles essentielles) et des actions pour l’intensification (SRI-SRA, variétés
HYV) ont fait leur apparition, en rupture avec les patrimoines techniques locaux, d’autres ciblent au
contraire typiquement une valorisation du patrimoine : biodiversité (soie sauvage), artisanat sur bois
précieux, produits de terroir (miel) et tourisme (Serpantié, 2014). Une sélection semble ainsi s’opérer
entre les ressources héritées du passé. Certains acteurs de la région betsileo Amoron'i Mania
entendent bien poursuivre dans cette voie et proposer sur le marché des produits de haute valeur
ajoutée, éventuellement accompagnés d’une dimension éthique. Mais en revanche, l’ancienneté des
pratiques ou des objets et leur maintien volontaire par d’autres acteurs peuvent aussi refléter une
certaine volonté de patrimonialisation interne.
C’est dans ce contexte de forts atouts patrimoniaux, de bruissement d’initiatives et
d’opportunités économiques que la région des Hautes-Terres semble être éligible à un appui
international par l’inscription de ses terrasses agricoles au catalogue SIPAM (Systèmes Ingénieux du
Patrimoine Agricole Mondial) de la FAO ouvert en 2003. Cependant, peu d’études se sont attardées
sur le fonctionnement du système agraire des terrasses betsileo ces dernières années et il semble
inenvisageable de proposer une reconnaissance patrimoniale d’un tel système sans une étude
récente et globalisante.
Afin d’appréhender concrètement les valeurs patrimoniales et les potentialités écotouristiques
de ce paysage agraire des Hautes-Terres, le choix du terrain s’est arrêté sur les communes d’Andina
et d’Ivony, lieux de prémices de valorisations patrimoniales. Une double recherche a été mise en
place à travers un « binôme » de stages Master, l’un axé sur les ressources en biodiversité, l’autre (le
nôtre) sur le paysage construit. Il s’agira dès lors pour nous d’étudier l’histoire, les objets, savoirs et
savoir-faire agricoles des terrasses, leurs vulnérabilités, ainsi que les valeurs d’usage, de fonction,
d’identité, de rareté, de désir de transmettre, et d’esthétisme.
Il s’agit aussi d’identifier les processus de patrimonialisation en cours à leurs différents niveaux
et leurs acteurs clé : les autorités villageoises, d’autres individus clés, qui recueillent et
communiquent sur les savoir-faire, qui entretiennent et démontrent l’utilité d’un tel système agraire,
afin de légitimer et de concrétiser la mise en exergue du patrimoine.
L’approche GSE (Gestion Sociale de l’Eau) est un outil d’investigation qui permettra a priori de
reconstituer l’histoire agricole de la région (réseau physique, droits d’eau, hiérarchies), d’identifier
les vulnérabilités, conflits, tensions, stratégies, opportunités et phénomènes de résilience de ces
terrasses, et de repérer les groupes sociaux d’intérêts communs (associations d’irrigants,...) et les
acteurs d’intérêts divergents.
La problématique qui en découle porte sur une analyse du patrimoine des terrasses rizicoles
betsileo au profit des acteurs de développement durable, à travers une approche GSE.

Pour y répondre, une première partie s’attardera sur l’état des connaissances de l’agriculture
irriguée sur terrasses aujourd’hui ainsi que sur la justification de l’objet d’étude et des méthodes.
Une deuxième partie sera consacrée à l’étude des terrasses à l’échelle du paysage et bassin versant.
Une troisième changera d’échelle en abordant activités et organisations liées aux terrasses à
l’échelle des terroirs et des exploitations. Dans une quatrième et dernière partie seront exposés les
résultats de la mise en perspective de l’étude, notamment en élargissant de nouveau l’échelle au
niveau de l’environnement institutionnel et économique régional auxquelles appartiennent les
acteurs locaux porteurs du patrimoine.

1
SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

Partie I Contexte de l’étude et cadre théorique


Cette étude sur les processus de valorisation patrimoniale des terrasses rizicoles
malgaches suppose de définir un certain nombre de termes et de décrire le contexte.

I. La patrimonialisation des paysages

1. Qu’est-ce qu’un patrimoine ?

« Le patrimoine est un ensemble de biens, matériels ou immatériels, dont l’une des


caractéristiques est de permettre d’établir un lien entre les générations, tant passées que futures. Il
est lié à un héritage à transmettre, issu de l’histoire, du territoire ou groupe considéré. » (Vernières
et Choquet, 2011). Le patrimoine est le résultat d’un processus de patrimonialisation. Ce processus
peut être soit qualifié d’endogène, c’est-à-dire initié par les locaux eux-mêmes, soit qualifié
d’exogène, c’est-à-dire initié par des acteurs extérieurs. Il existe des patrimoines naturels et
culturels. Ces derniers peuvent être matériels et immatériels, tous étroitement imbriqués dans le
cadre des patrimoines agricoles. En effet, selon la Convention de l’UNESCO de 2003, la notion de
patrimoine immatériel est reliée aux pratiques, représentations, expressions, connaissances et
savoir-faire portés par des communautés ou des individus, mais qui ne sauraient exister sans leur
environnement physique d’une part, et sans les objets (outils, paysages, produits) sur lesquels ils
portent, d’autre part.

2. Les processus de patrimonialisation

Un processus de patrimonialisation peut être défini comme le passage d’un patrimoine en


puissance à un patrimoine reconnu en tant que bien collectif (Vernières et Choquet., 2011). « La
patrimonialisation est un processus à travers lequel un groupe réinvestit collectivement des
ressources, dont il considère qu’elles participent à la reproduction de son identité ». (Boisvert, 2013,
citée par Juhé-Beaulaton et Cormier-Salem, 2013). Elle apporte au patrimoine des valeurs de
conservation qui seront transmises aux générations futures. « La finalité n’en est pas tant
l’accumulation du capital que le maintien de la communauté, la reproduction de son identité »
(Boisvert V., 2013).
Dans un cadre de politiques de développement durable, les actions de soutien à la
patrimonialisation (tel le label UNESCO) ont pour prétention de rassembler des acteurs, et des
actions de développement afin de mettre en valeur des objets et des savoir-faire que l’on juge dignes
d’être défendus et potentiellement en danger1. Les acteurs locaux ont ainsi un outil à leur portée
pour défendre leur mode de vie (Juhé-Beaulaton et Cormier-Salem, 2013). Le processus de
patrimonialisation peut entraîner une augmentation des revenus et des créations d’emplois. Les
ressources dégagées nécessaires pourront être investies par les locaux. Ainsi la viabilité économique
reste un point fort des intentions de patrimonialisation. En misant sur ces nouvelles ressources
communes, les acteurs locaux y cherchent plus d’indépendance vis-à-vis des aides financières et
tentent de profiter des retombées commerciales du développement (écotourisme, filières
renforcées,...).
Une patrimonialisation efficace devrait être à la fois endogène et exogène, c’est-à-dire
légitimée et consentie par sa population et accompagnée et défendue par l’Etat et les bailleurs de
fonds internationaux. (Cormier-Salem et Juhé-Beaulaton, 2005).

3. Protection des pratiques agricoles singulières

1
Baisse des cours des matières premières, baisse du pouvoir d’achat des foyers, vieillissement des aménagements, soudure
difficile, dégradation des systèmes de production, pertes de savoir-faire....

2
SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

La recherche scientifique sur les phénomènes de patrimonialisation en est encore à ses débuts
(Demené 2012), en particulier dans le domaine agricole. En effet la notion de patrimoine vue par les
pays du Nord n’avait de sens qu’au niveau naturel (ensembles forestiers, cordons dunaires,...) et
culturel (monuments, artisanat,...). Le monde agricole, à la frontière entre ces deux mondes, s’est
longtemps trouvé exclu des démarches de mise en valeur de son identité propre et cantonné à son
rôle productif. Cependant à travers le catalogue des SIPAM (Systèmes Ingénieux du Patrimoine
Agricole Mondial) de la FAO, un tout nouvel élan de mise en valeur des singularités paysannes et de
protection face à leurs vulnérabilités semble naître (Koohafkan et Altieri , 2011).

De nos jours, deux formes d’agricultures semblent s’opposer (Le Caro et al. 2007). Une
première répond à des enjeux économiques, visant la rentabilité et l’approvisionnement de masse
dans des zones favorables. La seconde répond à des intérêts socio-territoriaux dans des contextes
plus contraignants. Elles représentent une agriculture multifonctionnelle au service d’une demande
sociale exigeante. Elles cristallisent les notions d’identité, de savoirs locaux, de développement
durable, de conservation de biodiversité. Les stratégies de valorisation du patrimoine s’appliquent a
priori le plus souvent à cette dernière catégorie. L’objectif de la FAO à travers son « label » de
valorisation SIPAM est d’aider des systèmes agricoles considérés comme importants sur le plan
socio-territorial à mieux s’intégrer sur les marchés économiques, où ils sont en difficulté. Les SIPAM
cherchent en priorité à protéger ces dynamiques locales singulières - vis-à-vis de l’exode rural et de la
précarité (Juhé-Beaulaton et Cormier-Salem, 2013). Ces initiatives trouvent un bon accueil même
chez les organisations professionnelles réputées fidèles à la conception productiviste du métier
agricole : « Pas de pays sans paysans » s’écriait la FNSEA, en réponse à la tendance actuelle de
désertification des campagnes et d'engorgement des villes (Juhé-Beaulaton et Cormier-Salem, 2013).

4. Le chercheur, acteur de facto de ce processus

L’intérêt des intervenants pour la patrimonialisation est souvent normatif, voire simpliste, et
pourrait engendrer aussi bien des gains économiques que des exclusions. Une patrimonialisation
trop appuyée dans certains domaines peut être néfaste : renchérissement foncier, tourisme
dégradant les sites, gentrification, investissements au détriment d’autres secteurs (santé, éducation),
corruption ou captation des retombées par les élites et des agents extérieurs (Vernières et Choquet,
2011). Faute de compréhension des enjeux, une action extérieure sous-informée peut engendrer une
appropriation de ressources par le groupe cible, pérenniser des rapports de domination, contribuer à
exclure les nouveaux venus (Juhé-Beaulaton et Cormier-Salem, 2013). Il convient donc d’évaluer les
enjeux et de tenter de se représenter les impacts potentiels –aussi bien positifs que négatifs – d’une
telle action.
Un processus de patrimonialisation ne peut donc aboutir sans une bonne articulation entre les
échelles et les logiques de développement (Le Caro et al. 2007). Car sans elle, l’intérêt des
intervenants pour la patrimonialisation pourrait être vu comme l’hégémonie d’un nouveau
référentiel, exogène aux populations locales, et qui ne prend pas en compte ni la complexité sociale
ni la demande des populations. Il est nécessaire pour cela d’analyser le jeu des différents acteurs
concernés et les conflits qui peuvent surgir entre eux (groupes informels ou d’autorité traditionnelle,
pouvoirs juridiques et administratifs, entrepreneurs...). La déconstruction de ce phénomène récent
de patrimonialisation agricole sera alors un enjeu de la recherche. Elle cherchera à évaluer l’impact
de leurs mises en place en vue de proposer des solutions socio-économiques et environnementales
alternatives dans le respect des populations concernées (Mollard, 2014). Cette déconstruction est
essentielle pour pouvoir apprécier la complexité des projets de patrimonialisation qui se dessinent,
s’inventent, et s’effacent au gré des stratégies des acteurs en présence, selon l’histoire de leurs
relations, et selon les politiques en présence (Juhé-Beaulaton et Cormier-Salem, 2013).
Par l’éclairage qu’il apporte, le chercheur accompagnant un processus de patrimonialisation peut
être acteur de ce processus. Il invite à une réflexion sur les pratiques ayant lieu sur le territoire
(Cormier-Salem et al., 2005). Ses conclusions sont le fruit de croisements de points de vue et de

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SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

valeurs, prises dans la population, dans des recherches plus spécialisées, dans les orientations
politiques à différents niveaux. Il s’efforce d’identifier les conditions d’une convergence d’intérêts
(Rossi et al. 1998).
Par exemple, la question du type de valorisation du riz d’un territoire labélisé SIPAM peut se poser :
lancer une filière riz avec une étiquette de qualité mais de productivité moindre, ou bien favoriser
une forte productivité et assurer la sécurité alimentaire mais avec une qualité médiocre. On peut
alors parler de concurrences entre valeurs patrimoniales divergentes, ce qui exige une explicitation
des enjeux de l’une et l’autre par la recherche (Vernières et Choquet, 2011). Ainsi l’importance
relative des divers objectifs patrimoniaux dans chaque site SIPAM qu’on peut observer (figure 1)
résultent-elle d’un arbitrage éclairé par la recherche et démocratiquement débattu ou bien d’une
approche arbitraire ?

Figure 1 : Différentes stratégies de valorisation du patrimoine sur 4 sites SIPAM en Chine. Source: He et Min, 2013, MFA
assessment results of the four GIAHS sites.

5. Effets d’une valorisation écotouristique du patrimoine

Les voies de valorisation du patrimoine peuvent se faire à travers : le tourisme, l’image


extérieure, la spécificité des produits, le renforcement de la cohésion de sa population (Vernières et
Choquet, 2011).
Le tourisme est la voie la plus répandue, mais qui a ses limites. Le cas des îles Galapagos
confrontée à un tourisme exacerbé et non respectueux de l’environnement ni des populations
locales est bien connu. La raison en est que ces territoires se sont ouverts trop rapidement au
monde, ce qui les a rendus dépendants, d’où une action contraire aux conditions géographiques qui
avaient permis l'émergence de ces patrimoines (Cormier-Salem et Juhé-Beaulaton, 2005).
Pour réduire l’impact du tourisme de masse, « l’écotourisme est apparu comme une forme
alternative de tourisme mettant l’accent sur la préservation de l’environnement naturel, tout en
reconnaissant simultanément l’importance des communautés d’accueil. (...) Ainsi l’écotourisme a été
généralement considéré comme une forme de tourisme à petite échelle, contrôlé localement, qui
permet le développement de l’économie locale sans dénaturer le paysage culturel local. » (Blamey,
1995 cité dans Adrianambinina, 2011). L’un des objectifs de l’écotourisme est de modifier l’attitude,
le comportement et la connaissance des touristes vis-à-vis de l’environnement afin d’en réduire les
impacts négatifs (Blamey, 1995 cité dans Andrianambinina, 2011). Un autre, souvent de premier
plan, est que l’écotourisme génère des revenus pour les populations locales, ceci nécessitant des

4
SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

changements dans les pratiques et des renforcements institutionnels, et ces gains peuvent faciliter
l’adhésion à des actions de conservation, dans la logique des cercles vertueux (Chaboud et al., 2003).
La génération de revenus écotouristiques peut se faire à travers la création de nouveaux emplois :
saisonniers, personnels qualifiés de restauration, de gestion patrimoniale, maîtres de chantier... En
effet, cette nouvelle activité, respectueuse de l’environnement et des pratiques locales, nécessite
l’installation de structures d’accueil et d’animations régulières. Il faut prévoir la rénovation des
monuments, l’amélioration de l’environnement, des circuits de randonnée, des gîtes ruraux, des
centres d’interprétation... Mais l’écotourisme et ses infrastructures ne peuvent toucher toute la
population (géographie, travail, revenus, langue,...) et l’intérêt porté à l’écotourisme ne doit pas
primer sur l’intérêt porté au patrimoine. A côté de ses effets bénéfiques attendus, l’écotourisme
génère aussi plusieurs types de risques.

5.1. Bénéfices et risques socioculturels

L’objectif principal de l’écotourisme est la préservation du milieu, de ses paysages, de sa


biodiversité et de la société qui les façonnent. Le maintien des traditions à travers des objets, savoirs
et savoir-faire doit être au cœur de cette démarche qui ne peut se faire sans la participation des
communautés locales. Le respect des traditions, la reconnaissance d’un patrimoine fragile à valoriser
doivent être partagés à la fois par les touristes et par les populations locales pour éviter tout scénario
d’intrusion sociale et culturelle avec effet de « jardin zoologique » d’une part, et pour éviter tout
phénomène de déstructuration sociale ou sources de conflits entre communautés, acteurs ou autres
secteurs d’autre part. Le renforcement des capacités individuelles des communautés via des
formations est alors peut-être à envisager.

5.2. Bénéfices et risques économiques

Le premier avantage économique de l’écotourisme est la génération de revenus directs au


niveau national et pour les locaux. La filière écotouristique est en effet créatrice d’emplois directs
(services d’accueil, transports, guides,...) mais également source de financements de projets de
développement par les organismes d’aide (Andrianambinina, 2010). Par ricochet, la valorisation
écotouristique du patrimoine peut générer des sources de revenus et des emplois indirects (petits
commerces).
Mais ces retombées économiques ont un coût d’investissements parfois conséquent :
dotation d’infrastructures routières, hôtelières et de restauration, coûts du maintien des aires
protégées en l’état,... Les périodes de crises et d’incertitudes politiques, l’insécurité risquent quant à
elles de fragiliser économiquement la filière touristique. Enfin, l’activité écotouristique peut
engendrer des coûts d’opportunité précipitant la cessation des activités traditionnelles à la base du
patrimoine à valoriser (culture sur terrasses,...) au lieu de les défendre.

5.3. Bénéfices et risques pour l’environnement

L’écotourisme est une forme de tourisme qui se définit lui-même par son objectif de
protection de l’environnement, l’utilisation raisonnée de ses ressources et la sauvegarde de sa
biodiversité. Il incite à la restauration et à la conservation des sites remarquables à valoriser.
L’écotourisme constitue à travers les dividendes qu’il ramène un fonds pour la gestion et
éventuellement l’extension des aires protégées, et participe à l’adhésion des populations à des
objectifs de conservation.
Un succès de ce tourisme écologique pourrait évoluer en tourisme de masse qui engendrerait
une pression exacerbée sur les ressources naturelles ainsi que des émissions de polluants et de
déchets (Andrianambinina adapté de Froger, 2010). Ce qui pose la question du contrôle de la
conformité des flux, des comportements des individus, tour operators, transporteurs et hôtels à des
objectifs environnementaux et sociaux.

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SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

II. Cas des Systèmes Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial (SIPAM) de la


FAO

1. Que sont les SIPAM ?

Les SIPAM (Systèmes Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial) ou GIAHS (Globally Important
Agricultural Heritage Systems), sont définis comme « des systèmes remarquables de paysages et
d’utilisation des terres, riches en une biodiversité d’une signification globale ». Les SIPAM veulent
contribuer à la mise en œuvre de l’article 10c de la Convention sur la Biodiversité (CBD). Ils
identifient des sites témoins d’une coadaptation d’une communauté aspirant au développement
durable avec son environnement, en particulier en ce qui concerne ses besoins » (FAO, 2002). Les
projets SIPAM, datant de 2002 seulement, représentent la volonté de la part de la FAO de défendre
des agricultures remarquables mais vulnérables, dans le but de lutter contre l’insécurité alimentaire
et la perte de la biodiversité, aussi bien naturelle que cultivée. Peut être considéré comme SIPAM par
la FAO tout agroécosystème possédant les caractéristiques suivantes : beauté esthétique
remarquable, biodiversité agricole, écosystèmes résilients et riche héritage culturel. Ce sont des
systèmes qui cristallisent des combinaisons de techniques et de pratiques ingénieuses et patiemment
validées dans la durée (Koohafkan et Altieri, 2011), ils résultent d’un processus de coévolution
remarquable entre humanité et nature. On estime que 1.4 milliard d’individus gèrent ces systèmes
agricoles remarquables dans le monde et qu’ils produiraient de 30 à 50% de l’alimentation des
ménages dans le monde en développement (Koohafkan et Altieri, 2011).

2. Critères d’éligibilité

Sept caractéristiques des SIPAM sont retenues par la FAO. Un système agricole est éligible à
être inscrit au catalogue SIPAM si ses caractéristiques répondent à sept attentes de la FAO :

- De hauts niveaux de biodiversité qui permettent la fourniture de services écosystémiques


- Des systèmes agraires fondés sur des savoirs traditionnels et des singularités
- Une gestion ingénieuse de la biodiversité, des ressources en terre et en eau
- Des systèmes agricoles diversifiés qui contribuent à la sécurité alimentaire
- Des systèmes d’exploitation résilients et robustes face aux perturbations et aux changements
- Des systèmes qui fournissent des services écosystémiques aux niveaux local, régional et global
- Des systèmes avec des valeurs culturelles, des normes collectives d’organisation sociale et des
institutions traditionnelles.

Les SIPAM sélectionnés par la FAO sont ensuite classés en plusieurs catégories :

- Les agro-écosystèmes des terrasses rizicoles de montagne.


- Les systèmes basés sur l’association de cultures/polycultures
- Les systèmes agricoles multi-étages
- Les systèmes anciens d’irrigation et de gestion des eaux et des sols
- Les jardins de cases complexes et multi-étagés
- Les systèmes situés dans des zones en-dessous du niveau de la mer
- Les systèmes agricoles tribaux relevant du patrimoine
- Les épices et les cultures à haute valeur ajoutée
- Les systèmes à base de chasse et de cueillette

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SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

Figure 2 : Les 5 atouts des systèmes ruraux. Source: Koohafkan et Altieri

Pour parvenir à remplir ses objectifs de développement, la FAO a dressé une série d’actions à
réaliser. La première est de susciter une reconnaissance globale et nationale de l’importance des
SIPAM et de chercher un soutien institutionnel pour leur sauvegarde (gouvernements, instances
dirigeantes de la FAO, de l’UNESCO, du Centre du Patrimoine Mondial). La seconde action est de
renforcer les institutions locales afin que les systèmes génèrent des revenus de façon durable. La
troisième est de promouvoir un cadre politique et un système d’incitations en vue de permettre la
conservation des SIPAM. La conservation des SIPAM ne signifie pas geler leur évolution, car cela
pourrait conduire à leur dégradation et condamnerait les communautés à la pauvreté mais plutôt de
stimuler une « conservation dynamique » qui favoriserait un équilibre entre conservation, adaptation
et développement socioéconomique (Koohafkan et Altieri, 2011). Les projets SIPAM sont donc des
projets d’accompagnement et d’intégration de façon durable des communautés. Il s’agit alors
d’identifier les mécanismes de résilience présents afin qu’ils puissent relever les nouveaux défis de
développement sans mettre en péril leur richesse biologique et culturelle.

3. Gestion Sociale de l’Eau et SIPAM

Parmi les SIPAM sélectionnés par la FAO une catégorie concerne les terrasses rizicoles de
montagne dans le monde. L’intérêt prononcé de la FAO pour ces systèmes de terrasses renvoie
moins à la biodiversité qu’aux modes de gestion de l’eau qui cristallisent les savoir-faire, solidarités,
institutions, organisations du travail, etc... (UNESCO, 2014). En effet en riziculture humide de
terrasses, les systèmes de distribution de l’eau sont complexes. Ce foisonnement (ramification,
entrecroisement,...) est dû à l’utilisation systématique de toutes les ressources : sources du versant,
sources sur la falaise, prises d’eau sur la rivière et sur son affluent principal (Bedoucha, Sabatier,
2013). Les canaux ont une valeur historique car creusés par un ancêtre esclave ou esclave affranchi
et ses descendants. En effet, les esclaves préparaient les rizières, construisaient les digues et canaux
et surveillaient les cultures (Raison 1984). Les outils d’investigation de la Gestion Sociale de l’Eau
(GSE) vont permettre de faire ressortir la singularité des pratiques mises en œuvre sur ces terrasses
et ainsi fournir une base de données pour les acteurs potentiels soutenant une valorisation du
patrimoine agricole (FAO entre autres). Un sous-objectif de l’étude sera donc de découvrir dans
quelle mesure la mobilisation des concepts de la GSE appliqués aux terrasses d’Andina peut apporter
des éléments de compréhension en vue d’une possible patrimonialisation de son agriculture.

III. Démarche et objectifs

1. Contextualisation de la demande de stage

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SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

La présente étude a été réalisée au sein de l’UMR GRED (Gouvernance, Risque, Environnement
et Développement) de l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement) basé à Montpellier en
collaboration avec le C3EDM (Centre d'Economie et d'Ethique pour l'Environnement et le
Développement de Madagascar) de l’Université de Tananarive. Dans le cadre du programme
PAREGO, l’étude a pour objectif de compléter les premières tournées d’identification du terrain
Ambositra-Ranomafana dans le cadre du programme PAtriMOI (Patrimonialisation de l’Agriculture à
Madagascar et dans l’Océan Indien) de Mollard, chercheur en sociologie de l’environnement et en
géographie sociale, ainsi que Serpantié, agronome et chargé de recherche, à l’UMR GRED et
encadreurs pédagogiques de ce stage de fin de cycle ingénieur. En effet, « la région betsileo
d’Ambositra semblerait potentiellement éligible à la mise en exergue d’un patrimoine agricole, que
l’on considère propre à l’humanité. [...] Cette mise en patrimoine du système agraire betsileo serait
logique, pour sa forte personnalité paysagère, la célébrité de sa culture agraire rizicole fondée sur un
savoir-faire reconnu et une solidarité dans le travail, dans la réalisation d’un travail élaboré et dans la
gestion de l’eau, autant que pour son attractivité touristique potentielle. Le fait est que la FAO s’est
déjà proposée d’inscrire les terrasses rizicoles de montagne au titre de site potentiel dans son
catalogue de Sites Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial depuis 2003. Un processus de
patrimonialisation agricole descendant est donc engagé dans cette région» (Serpantié et al., 2014).
L’objectif du présent travail est donc, à travers la mobilisation des concepts de la Gestion Sociale de
l’Eau, d’évaluer les potentialités de patrimonialisation des terrasses de la région d’Ambositra,
d’apporter des éléments de compréhension des processus en cours et des enjeux aux acteurs
potentiels d’une valorisation patrimoniale des terrasses irriguées, et de prévoir les dynamiques d’une
telle valorisation.

2. Construction de l’objet d’étude : problématique, énonciation des objectifs et des


hypothèses de travail

2.1. Problématique

Très peu de travaux à ce jour se sont consacrés à l’étude de la valeur patrimoniale des
terrasses rizicoles des Hautes-Terres malgaches et à leur(s) rôle(s) structurant(s) dans les paysages et
les sociétés betsileo. De plus, l’imbrication étroite entre les modalités de gestion de l’eau et les
formes et dynamiques de tels systèmes agraires semble justifier la mobilisation des concepts de la
Gestion Sociale de l’Eau comme démarche principale en vue de comprendre et d’analyser les
faiblesses et les vulnérabilités, les formes de résilience et d’adaptation, les modalités de transmission
du savoir-faire. C’est à partir de ce postulat que repose notre objet d’étude et ainsi en découle la
problématique principale :

Les terrasses rizicoles betsileo ont-elles un potentiel de patrimonialisation ? L’approche GSE


suffit-elle à produire les données nécessaires aux acteurs de la patrimonialisation ?

L’étude vise notamment l’élaboration de données nécessaires aux acteurs de développement.


La problématique principale est déclinée en sous-questions :

Quelles sont les différentes composantes (historiques, physiques, sociales, immatérielles) du


caractère remarquable des terrasses betsileo ? Quelles sont les vulnérabilités ?

Quels sites et objets pourraient être valorisés ?

Quels rôles et quelle légitimité un organisme, un individu ou un groupe d’individus ont-ils dans les
modalités de gestion de l’eau et des terrasses ?

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SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

Quels processus de patrimonialisation sont engagés et à quels niveaux ? Comment s’articule le


dialogue entre institutions malgaches, organismes internationaux et populations locales ?

La patrimonialisation des terrasses ne génèrerait-elle pas des inégalités, de l’exclusion ou d’autres


formes de vulnérabilité et d’externalités négatives ?

Les critères de classification SIPAM sont-ils pertinents ?

2.2. Objectifs de l’étude

La présente étude possède différents objectifs intrinsèques et énoncés de façon


chronologique, visant à analyser les potentialités patrimoniales des terrasses rizicoles d’Andina et
d’Ivony.
- Décrire les systèmes d’irrigation et les enjeux présents dans la gestion actuelle de la
ressource eau
- En faire émerger à l’aide d’un diagnostic agraire et d’une étude des ménages les
réalités socioéconomiques et environnementales des agriculteurs. Comprendre ainsi
les vulnérabilités, les exclusions et les pratiques impactant les paysages
- Aboutir à une typologie des agriculteurs afin de comprendre les dynamiques
paysagères
- Identifier ainsi les caractères spécifiques, les services reçus, les forces et les
vulnérabilités des terrasses dans le paysage et dans la vie agricole
- Comprendre alors quels seraient les effets d’une patrimonialisation des terrasses ou
comment dès lors mener une telle mise en saillance de ce patrimoine

2.3. Hypothèses de travail

La présente étude est ainsi basée sur trois hypothèses :

- Hypothèse 1 : Les terrasses rizicoles sont le lieu de savoir-faire techniques et sociaux


uniques, anciens et vulnérables que l’on doit chercher à protéger.
- Hypothèse 2 : Défendre un tel système peut servir à la fois au maintien de la cohésion
sociale et d’une production rizicole pour la sécurité alimentaire et au développement.
- Hypothèse 3 : L’étude de la Gestion Sociale de l’Eau apporte des outils utiles à la
compréhension des enjeux liés à la conservation des terrasses rizicoles.

3. Choix de l’approche Gestion Sociale de l’Eau (GSE)

La mobilisation des concepts et de la grille d’analyse de la Gestion Sociale de l’Eau permet de


justifier le choix d’une telle approche dans l’étude de la patrimonialisation des terrasses irriguées
malgaches.

L’unité d’enseignement et de recherche « Gestion sociale de l’eau » (spécialisation créée en


1992 par Sabatier et Ruf au Cnearc devenu IRC) s’intéresse au rôle des « communautés d’irrigants »
dans les processus de gestion des périmètres irrigués collectifs (Jolly, 2001). Elle est fondée sur la
compréhension du fonctionnement des périmètres irrigués et se donne les outils pour tenter
d’identifier les différents problèmes de gestion de l’eau rencontrés. De plus, le statut que l’on
accorde généralement à l’eau comme étant un bien commun ou public ainsi que les caractéristiques
particulières de ce bien (inscription dans des cycles écologiques, disponibilité aléatoire, multi-usage,
soumission à des stratégies d’acteurs en matière de gestion) dépasse le simple cadre du réseau
d’irrigation et entre dans un schéma socio-économique plus vaste qui justifie l’étude approfondie des
systèmes de gestion.

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SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

Les concepts mobilisés dans l’étude des systèmes de gestion s’appliquent à plusieurs échelles,
du réseau dans son ensemble à des sous-unités représentatives, mais aussi à plusieurs périodes de
temps, de l’histoire à une action d’irrigation. Appuyée à la fois sur les archives, discours d’acteurs et
sur l’observation directe, une telle analyse confronte divers éléments de compréhension, sociaux,
techniques et écologiques. Elle permet de comprendre les causes de dysfonctionnement éventuel
ainsi que les aptitudes et savoir-faire remarquables, sources de résilience et cadres de réorganisation
le cas échéant.

3.1. Analyse du paysage

Le premier niveau, le plus général, prend en compte l’analyse du paysage (Benoît et al., 2006) :
- l’analyse du paysage : repérer les unités agrophysionomiques : parcellaire agricole, bâti
agricole, réseaux (haies, chemins, fossés)
- l’état de la végétation : début de la végétation, hauteur maximale atteinte, levée, montaison,
maturité
- les pratiques : dispositifs de parcellisation, de correction de pente, de maîtrise de l’eau, de
protection, de stockage. Traces visibles des itinéraires techniques
- l’environnement : espaces environnants non agricoles, agencement des espaces agricoles
- le milieu naturel : relief, géomorphologie, exposition
- l’occupation du sol : espaces cultivés, surface en herbe, parcours, vergers
- l’appropriation : espaces privés, communaux, domaines
- les champs géographiques : distances à un axe et à une agglomération, statut foncier,
filières, Histoire, institutions (politique, administration), enquête auprès des exploitants
Cette première analyse permet d’identifier la diversité des ressources en eau exploitées puis
réintroduites dans leur cycle écologique. Une fois ces différentes ressources identifiées, on leur
attribue les pratiques hydrauliques correspondantes. Ceci permet encore le choix raisonné d’un
nombre limité de terrains représentatifs pour une investigation ultérieure plus approfondie.

3.2. Etude de la structure physique du réseau hydraulique

Le deuxième niveau est la compréhension du fonctionnement du réseau qui passe par l’étude
de sa structure physique. Elle conditionne les volumes d’eau mobilisables, les capacités de transport,
les modalités de drainage... Leur étude permet aussi l’identification des lieux de pouvoir et de
décision, comme les ouvrages de partage ou de régulation de l’eau. Ce sont sur ces ouvrages que
s’appuie l’organisation de la gestion de l’eau. Une bonne connaissance du réseau constitue une base
fondamentale de discussion avec les usagers et autres gestionnaires dans l’optique de promouvoir un
développement en accord avec les capacités dudit réseau et avec les attentes des irrigants.

3.3. Compréhension des opérations et principes de gestion

Le troisième niveau d’étude s’appuie sur le fait que les principes de gestion découlent de choix
politiques et culturels. La difficulté réside dans le fait que ces principes ne sont pas toujours compris
de la même façon par les différents acteurs (irrigants, propriétaires du réseau, agents de terrain,
autres bénéficiaires), et peuvent être plus ou moins respectés dans les modalités de leur application
sur le terrain. Logiquement cela nous amène au prochain niveau d’étude qui est la caractérisation
des acteurs, de leurs attentes et de leur position.

3.4. Caractérisation des acteurs et de leur position

La réalité de la gestion de l’eau touche des classes d’acteurs aux rôles et intérêts spécifiques.
Les enjeux d’une modification de gestion ne sont pas les mêmes pour chacun d’entre eux. L’extrême
diversité des intérêts des irrigants, de capacités d’exploitation bien différentes, cristallise au sein du

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SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

réseau les conflictualités pouvant s’exercer sur la ressource eau. Car outre la satisfaction de besoins
économiques, ces intérêts mêlent l'orgueil, l'honneur, ou encore la volonté de se distinguer...
(Appolin, Peyrache, 1999). Au cours du temps, les besoins évoluent. Là où les comportements
opportunistes apparaissent et s'étendent, les groupes ont de plus en plus de difficultés à prendre et à
appliquer les décisions qui garantissent l'intérêt général, le bon usage et la valorisation de l'eau.

3.5. Nécessité d’un approfondissement de l’histoire socio-politique des réseaux

Le cinquième et dernier niveau analyse l’histoire socio-politique des réseaux. Les réseaux
d’irrigation représentent dans leur structure et leurs règles de gestion les caractéristiques d’une
histoire sociale et politique. Remonter dans l’histoire des réseaux permet de dévoiler certaines de
leurs caractéristiques actuelles, mais aussi de tenter de mesurer l’ampleur des mutations qu’ils ont
pu connaître. La connaissance des résiliences qu’ont pu montrer les réseaux dans le passé peuvent
apporter une idée de leur capacité d’adaptation. En effet, les systèmes d'irrigation sont autant une
construction sociale avant d'être une réalisation hydraulique (F. Appolin, X. Peyrache, 1999). Une
situation actuelle de conflictualité a ses racines dans le passé dont l’analyse historique de ses
dynamiques passées (extensions, abandons, innovations) pourra apporter des éclaircissements.

La Gestion Sociale de l’Eau permet ainsi de faire ressortir les liens entre passé et présent. Elle met à
jour les objets, savoirs et savoir-faire hérités des générations antérieures qui forment la base du
patrimoine rizicole betsileo.

IV. Matériel et méthode

1. Deux sites d’étude : les communes d’Ivony et d’Andina

1.1. Choix des deux sites d’étude

Afin de réaliser l’étude du patrimoine que représentent les terrasses rizicoles malgaches, deux
sites ont été retenus : la commune d’Ivony et la commune d’Andina. Ces sites possèdent bien des
terrasses caractéristiques, potentiellement patrimonialisables et déjà reconnues comme telles par les
acteurs locaux.

Le choix de la commune d’Ivony provient du


constat que ses terrasses étaient déjà reconnues en tant
que patrimoine de valeur par la société car elles sont
représentées sur l’actuel billet de banque de 2 000 Ar
comme indiqué ci-contre. Il s’agit plus spécifiquement des
terrasses « en amphithéâtre » situées sur le fokontany de
Maintitondro.

La décision de choisir la commune d’Andina comme second site d’étude a d’abord été prise lors
de l’étude cartographique de la zone. En effet, il s’agit de l’un des plus vastes sites de terrasses
rizicoles du district d’Ambositra et même des Hautes-Terres. La seconde caractéristique de ce site est
que les acteurs locaux eux-mêmes lui reconnaissent déjà une potentialité paysagère et
écotouristique. C’est ce qu’indique le panneau touristique de
l’ORTAM à Ambositra ci-contre (Serpantié et al., 2014). Enfin, la
dernière particularité d’Andina est que l’un de ses fokontany,
Leimavo, a déjà été étudié par les géographes Raison en 1984 et
Kull en 1998. Il aura été intéressant de se baser sur leurs
données, et de les confronter à la situation actuelle.

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SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

1.2. Présentation d’Andina et d’Ivony

Sur la carte figure 3, nous pouvons distinguer la commune d’Andina au nord-ouest et la


commune d’Ivony au sud-est, ainsi que leurs subdivisions administratives fokontany (en majuscules).
Chaque fokontany rassemble plusieurs hameaux disposant chacun d’un terroir. Les noms en
minuscule indiquent les terroirs échantillonnés dans cette étude. La route principale traverse la
carte du sud-est au nord-ouest en passant par Ivony et s’arrêtant au centre d’Andina. La rivière dans
le quart sud-ouest est la rivière Ivato structurant la région et son bassin versant mesure 294 km 2.

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Figure 3 : Carte géographique des communes d'Andina et d'Ivony. Source : carte élaborée sous QGIS d'après la carte
d'état-makor de 1957 et l'image satllite google earth de 2013, Cramez, 2014

Complément de légende : les points jaunes représentent les 8 terroirs sélectionnés pour le
travail d’enquête. Les étiquettes en majuscule représentent les fokontany d’Andina et d’Ivony.

Formée de vallées encaissées dans de hauts reliefs granitiques, la région présente des
terrasses rizicoles depuis la rivière (altitude de 1 350 m) jusqu’à 1 550 m, le froid et l’irrigation étant
les deux principaux facteurs limitant. Le plus haut sommet de la zone est appelé Antety (1 858 m), à
l’est de la carte. Le centre d’Ivony est limité par la colline Andrimanala à l’est, la petite montagne
Fotsivolo au nord et la montagne Vatodrakitra à l’ouest. Au pied du hameau de Maintitondro, 107
étages de rizières sur une dénivellation de 113 m saisissent l’observateur.
Le centre d’Andina est caractérisé par ses grands bas-fonds alimentés principalement par la
rivière Sahasaonjo, par les terrasses et les versants escarpés au nord vers le fokontany de Tananomby
et par le fokontany d’Ampasine à l’ouest. La colline de Leimavo se dresse au centre de la commune,
légèrement à l’ouest des principaux bas-fonds.

Trois éléments structurent la commune d’Andina : les cellules de peuplement sur les sommets
ou tanety, les couronnes de champs secs ou saha sous les parcs à bœufs ou vala et les rizières en
gradins ou kipahy. Les cultures sont le riz, les arbres fruitiers avec notamment les orangers ou les
mûriers à soie, les cultures annuelles de plein champ (arachide, anciennement tabac) et les cultures
maraîchères. Des tomates sont cultivées sur les terrasses longeant l’Ivato. Le cheptel bovin est de
taille appréciable mais n’est pas employé pour le piétinage, impossible sur les terrasses, et quasi
impossible dans les vallées où la boue est jugée trop profonde pour les bêtes. De petites parcelles de
brèdes (légumes feuilles), oignons, choux chinois approvisionnent le commerce local avec les poules
et poulets. De petits collecteurs locaux ou venus des villes achètent la production qu’ils revendent
principalement à Antsirabe, Ambositra et à Tananarive (Raison, 1984). En 1901, le Rapport
économique du district d’Ambositra signale que les mûriers sont depuis longtemps plantés pour
délimiter les parcelles. En 1906, le chef de province d’Ambositra rapporte l’existence de plusieurs
plantations de caféiers appartenant à des Merina, mais des maladies du caféier comme le
champignon Hemileia vastatrix (Raison, 1984) ont marginalisé cette production depuis.

A l’échelle du canton d’Andina (soit les communes d’Andina et d’Ivony) en 1969, Cléry et
Rogue estimaient que seules 15 à 20% des pentes étaient incultes. Ce pourcentage semble trop bas
aux auteurs, qui considèrent que la riziculture sera bientôt limitée dans son extension (cités dans
Raison, 1984).

Pour un très grand nombre d’agriculteurs, les rentrées d’argent viennent du salariat agricole,
de la culture d’orangers, des légumes et de la production de la soie. Ainsi les rentrées d’argent n’ont
lieu qu’à la fin de l’été ou au cours de la saison froide.

part des cultures pluviales manioc patate maïs et haricot tabac arachide arbres fruitiers maraîchage
% 34.1 13.6 26.1 0.6 21.6 ? 4

Tableau 1: Superficies cultivées en pluvial à Andina. Source : Raison, 1984

1.3. Utilisation des concepts GSE

L’analyse du paysage a permis d’identifier différentes unités paysagères possédant des


caractéristiques écologiques et en matière de pratiques homogènes peuvent être identifiées. Elles
traduisent chacune un ensemble d’activités bien précises et sont en constante interaction entre-
elles. L’étude de leur évolution, aussi bien passée que future, sera un outil de choix pour comprendre
l’évolution des pratiques se traduisant dans le paysage et ses causes. Ces unités paysagères du bassin
versant sont appelées « facettes » (Blanc-Pamart et Milleville, 1995). Elles ont été reconnues par la

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méthode du transect réalisé en compagnie d’informateurs locaux et d’experts de la région betsileo.


Un substantif vernaculaire leur a été associé afin de traduire l’idée que la facette ne représente pas
uniquement une réalité physique, mais également une composante socio-économique. Les voici dans
l’ordre topographique, du haut du bassin versant à l’exutoire :

-
Ala ou forêt, espace boisé : il ne s’agit pas de forêts primaires mais il s’agit plutôt soit de
forêts naturelles secondarisées protégées appelées ala nanahary (lit. forêt créée par Dieu)
souvent en position de ripisylves, soit de forêts de reboisement en eucalyptus (Eucalyptus
grandis et Eucalyptus robusta, Myrtaceae), pins (Pinus kesiya, Pinaceae) et mimosas (Mimosa
pudica, Fabaceae) que l’on appelle ala sinatry (lit. forêt créée par l’homme). Les forêts
peuvent jouer différents rôles: économique (papeteries, charpenterie), écologique (habitat
pour la biodiversité, protection des sources (annexe 8) et des plantes médicinales).
- Tanety ou « tanety non cultivées » pour bien différencier des champs pluviaux : il s’agit des
hauteurs herbeuses de collines non boisées et non cultivées. Les herbacées composant le
tissu herbeux sont appelées bozaka, l’espèce la plus commune étant Aristida rufescens,
Poaceae. On y trouve également des plantes médicinales utilisées par la population locale.
Elles accueillent les troupeaux et les tombeaux.
- Saha, ou encore tanimboly, littéralement champ : ensemble des champs de cultures
pluviales, c’est-à-dire dépourvus de systèmes d’irrigation. Ces champs ou saha sont disposés
en rideaux, gradins subhorizontaux caractéristiques.
- Vody vala ou jardin potager : les vody vala sont en réalité les « vrais » saha, c’est-à-dire les
champs de culture et arbres fruitiers les plus proches des habitations. Pour des raisons
pratiques, c’est donc dans le vody vala que l’on cultivera les espèces les plus fragiles,
demandant le plus d’attention ou produites en petite quantité. Il s’agit donc d’un véritable
jardin potager mais il n’est généralement pas clos.
- Kipahy ou terrasses rizicoles : il s’agit de la facette regroupant les rizières généralement
irriguées constituées en terrasses. Malgré des pentes pouvant atteindre jusqu’à 20%, les
kipahy sont systématiquement horizontales et construites en courbes de niveau. Leur
objectif est la production rizicole bien que des cultures maraîchères de contre-saison
peuvent y être plantées. Elles peuvent être aussi non irriguées.
- Lemaka ou bas-fonds : ce sont les rizières de bas-fond. Les lemaka sont classés en deux
catégories : ceux facilement drainables ou sakamaina ou tambina et ceux difficilement
drainables ou horaka ou tohadrano.
L’ensemble lemaka plus kipahy constituent ce que les habitants appellent tanimbary, c’est-à-dire
champs de culture de riz ou rizières.

provenance de l'eau irriguation + pluies provenance de l'eau pluies


estimation charrettes/ha 20 estimation charrettes/ha 8
estimation surface en contre-saison 15% estimation surface en contre-saison 5
cultures riz+maraîchage cultures maïs, manioc, taro, patate

provenance de l'eau irrigué/pluies


estimation charrettes/ha 15
estimation surface en contre-saison 5%
cultures riz+maraîchage

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Figure 4 : transect représentant les différentes facettes prises en compte dans l'analyse paysagère. Source : Cramez, 2014

L’étude du réseau physique a principalement porté sur la disposition des barrages et des
canaux dans l’espace ainsi que les conséquences sur leur mode de gestion et d’entretien. Afin de
comprendre la structure et la finalité du réseau d’irrigation, il a été nécessaire d’étudier les pratiques
culturales, la topographie à l’échelle du bassin versant ainsi que la météorologie. Le bas-fond en
amont de l’amphithéâtre de Maintitondro a été étudié dans cette optique.

Dans la compréhension des principes de gestion, il a semblé important de bien comprendre


l’articulation entre gestion informelle de l’eau et organisation formelle en AUE. L’analyse des dina
(ou conventions de gestion) a permis de faire ressortir certaines dynamiques actuelles de gestion de
l’eau.

Deux dispositifs de recherche ont été élaborés afin de recueillir le maximum d’informations
des acteurs de la valorisation des terrasses irriguées : une analyse des exploitations agricoles à
travers un questionnaire d’enquête spécifique et une analyse plus générale à travers un
questionnaire destiné à des personnes ressources. Un approfondissement auprès des institutions et
des acteurs à la base d’initiatives locales et originales de gestion de l’eau a également été réalisée.

Le réseau d’irrigation a été intégré à son environnement social hérité du passé et explicatif de
son mode de gestion : analyse du fihavanana, du système d’entraide, des outils agricoles,...

2. Analyse à l’échelle des exploitations

Afin de recouper les données qualitatives collectées avec les données quantitatives, un travail
d’enquêtes auprès des ménages agricoles a été réalisé. 56 chefs d’exploitation ont été interrogés,
dont 28 à Ivony et 28 à Andina. Dans chaque commune, les 28 enquêtes ont été effectuées dans 4
terroirs que nous avons jugés caractéristiques pour notre étude. Ainsi dans chaque terroir 7 chefs
d’exploitation ont à chaque fois été sondés. Le nom du terroir, le fokontany dans lequel il appartient
ainsi que ses caractéristiques propres sont recensés dans le tableau suivant :

commune fokontany nom du terroir signification du nom du terroir caractéristiques nbr nbr nbr
Firaisantsoa 1 Ambatolahy l'endroit où se situe le vatolahy, la pierre dressée amont, part de nouveaux ménages importante, forêts galeries, tavy 7
Firaisantsoa 1 Ambodromasina l'endroit des lieux sacrés (tombeaux vazimba) amont, forêts galeries, tavy 7
Ivony 28
Maintitondro Amboagivy ? aval, terrasses en amphithéâtre 7
Ambohimahastiahy Vondronambohitra colline où l'on trouve la plante d'eau vondrona aval, recul des rizières, ensablement important, AUE 7
56
Ankadilalana Anjama (Leimavo) lieu des grandes fêtes accaparement de l'eau en amont, maladies orangers, études ultérieures 7
Atsimondrano Sahasaonjo champ de taro (culture de dressade des bas-fonds) aval, bas-fonds avec problèmes de quantité d'eau, AUE 7
Andina 28
Ampasina Ambohimiakatra sur la colline que l'on monte amont, micro-climat plus chaud, plus sec, maraîchage important, AUE 7
Tananomby Tananomby (village) le village des bœufs amont, cheptels importants, terrasses à plus de 1 500 m, tavy 7
Tableau 2 : Représentation des terroirs et leurs caractéristiques choisis pour l'élaboration des enquêtes. Source : Cramez,
2014

Afin de constituer un échantillon représentatif « randomisé » d’exploitations, les enquêtés ont


été sélectionnés au gré des rencontres sur le terrain facilitées par nos guides-interprètes (Cyrille à
Ivony, Niry à Andina). Des entretiens semi-directifs (annexe 3) ont permis de collecter les
informations des 56 chefs d’exploitation sondés. Sans être strictement représentatifs de l’ensemble
des exploitations de la zone, cet échantillon recoupe à la fois l’ensemble de la zone d’étude et la
diversité sociologique.

Un formulaire d’enquêtes moins directif a été rédigé à destination des personnes ressources
(annexe 4), c’est-à-dire ayant des connaissances particulières sur un domaine GSE (irrigation, histoire
de la région, développement).
Les enquêtes destinées aux acteurs particuliers (ministères, organismes, professeurs,
professionnels du tourisme,...) ont été élaborées au cas par cas en fonction du statut du sondé et de
l’état d’avancement du travail d’étude. Le questionnaire d’enquête se divise en 5 parties qui

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s’intitulent ménage, livelihood, gestion de l’eau à la parcelle, calendrier de travail, exploitation et


environnement économique.

3. Matériel et supports

Un travail bibliographique et cartographique a été effectué au préalable de la phase de terrain


afin de faire le point sur l’état actuel des connaissances scientifiques concernant notre étude à
l’échelle de Madagascar et de notre région.

A l’aide du logiciel de SIG (Système d’Information Géographique) QGIS 2.2.0, une première
étude a permis d’identifier les zones d’expansion ou de recul des rizières suite à la comparaison entre
la carte d’Etat-major de 1957 du district d’Ambositra et l’imagerie satellite 2014 de Google Earth. Ce
premier travail nous a aidés à sélectionner les sites d’étude. L’étude cartographique de la région
d’Ambositra nous a permis de localiser les bas-fonds et terrasses semblant être les plus pertinents
pour notre étude. Une fois sur le terrain, des cartes ont par la suite été élaborées afin de se déplacer
et d’interagir plus rapidement avec les acteurs locaux.

Enfin sur le terrain, la prise de notes a été utilisée pour collecter les diverses données
recueillies. Un dictaphone a permis d’enregistrer les propos des interlocuteurs, en particulier
lorsqu’ils étaient formulés en malgache, afin qu’un deuxième travail de transcription puisse être
effectué. Un GPS a permis de géolocaliser les enquêtés ainsi que les endroits remarquables méritant
d’être référencés dans QGIS. Des photographies ont été tirées afin d’aider à l’analyse et afin
d’illustrer le mémoire.

4. Traitement des données

4.1. Elaboration d’une base de données

A l’issue des enquêtes une typologie des ménages est élaborée sur la base de leurs stratégies
socio-économiques et donc leur impact sur le paysage. Pour cela, le tableur Excel a été utilisé afin de
réaliser une banque de données brute des variables de structure et de fonctionnement qui nous ont
servi à caractériser les exploitations.

4.2. Analyse factorielle des correspondances multiples AFCM

Dans le but d’élaborer une typologie structurelle et une typologie de fonctionnement des
exploitations enquêtées, plusieurs analyses factorielles des correspondances multiples AFCM a été
réalisée avec le logiciel XLSTAT. L’AFCM est la méthode factorielle en statistiques descriptives
adaptée aux tableaux dans lesquels un ensemble d’individus (en lignes) est décrit par un ensemble
de variables qualitatives (en colonnes) (Escofier & Pages, 1990). Elle sert typiquement à analyser les
données qualitatives des enquêtes d’opinion (Tomassone et al., 1993). Pour ce faire, les variables
quantitatives de structure et de fonctionnement ont été codifiées en variables qualitatives (3 ou 4
classes).

4.3. ANalyse de la VAriance ANOVA

Dans le cas d’une distribution normale d’une population à analyser, l'analyse de la variance est
un test statistique permettant de savoir si plusieurs échantillons sont issus d'une même population
ou non. Le test permet alors d’identifier - s’il y en a - des différences significatives entre individus
(Gouet, 1997). L’ANOVA a été réalisée dans notre étude à l’aide du test de Tukey (HSD: Honestly
Significant Difference) sous le logiciel XLSTAT dans le but d’identifier d’éventuelles différences
significatives entre communes, terroirs, classes de structure ou classes de stratégie entre moyennes
de variables descriptives.

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Partie II Les terrasses rizicoles d’Ivony et d’Andina :


témoignage d’une agriculture basée sur la maîtrise de l’eau

I. Les sociétés agraires des Hautes-Terres


L’approche de l’histoire et de la géographie régionales, nécessaire à l’approche GSE, a été
permise essentiellement par le recours à une littérature pluridisciplinaire abondante sur le sujet.

1. Histoire des Hautes-Terres et du peuple Betsileo

1.1. Origine des betsileo et du peuple malgache

Le peuple malgache est d’origine austronésienne. Deux


peuples originels se distinguent alors : les Vezo et les
Vazimba. Vers 1500 de notre ère, d’autres peuples arrivent.
Aujourd'hui, la population de Madagascar peut être
considérée comme le produit d'un brassage entre les
premiers occupants austronésiens et ceux arrivés plus
tardivement.
À l'intérieur des terres, les luttes entre les clans néo-
Vazimba des hauts plateaux centraux aboutirent à la
naissance des royaumes Merina, Betsileo, Bezanozano,
Sihanaka, Tsimihety et Bara. Parmi ces royaumes centraux, les
plus importants étaient au sud les royaumes betsileos (au
nord le Fisakàna, au sud l’Arindrano, au sud-ouest l’Isandra et
au sud-est le Lalangina) et au nord les royaumes merinas. A
partir de 1817, les royaumes centraux merina, betsileo,
bezanozano et sihanaka unifiés par Radama Ier deviennent
pour le monde extérieur le royaume de Madagascar
(Ralaimihoatra, 1965). Pendant tout le XIXème Siècle, les
Betsileo ont ainsi été soumis à la corvée par les Merina, les
empêchant de développer leur propre économie agricole
(Serpantié et al., 2007).

A partir de 1817, les royaumes centraux merina, betsileo, Figure 5: Groupes ethniques de
bezanozano et sihanaka unifiés par Radama Ier deviennent Madagascar
pour le monde extérieur le royaume de Madagascar
(Ralaimihoatra, 1965). La colonisation française débute sous le protectorat du général Gallieni (1896-
1905) et sa mission de pacification des plus brutales. Les autochtones, soumis au régime de
l'indigénat, perdent tout droit et toute représentation spécifique. Les écoles subissent une
francisation forcée. Mais des développements notables apparaissent comme dans le système de la
santé et les infrastructures qui existaient cependant aussi sous d’autres formes dans les régimes
antérieurs.

La 1ère République de Madagascar est proclamée en 1960. Sous la présidence de Philibert


Tsiranana les français continuent à exercer une domination sur l’administration et l’armée ainsi que
sur les activités économiques et scientifiques. En 1972 cependant, une révolte d’étudiants aboutit à
la chute du régime et un nouveau régime dirigiste dit « révolutionnaire », proche du bloc socialiste
est mis en place. C’est la 2nde République. Mais une dégradation rapide de l’activité économique
s’installe et la paupérisation s’aggrave. Après une période de libéralisation débutant vers 1985, les

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SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

bailleurs internationaux conditionnent leur aide à l’ouverture du pays aux influences extérieures et à
des ajustements structurels. Cette période reste entrecoupée de crises politiques et économiques.
L’avant dernière voit Didier Ratsikara, leader depuis 1975 quitter le pouvoir en 2002 au profit de
Marc Ravalomanana, qui mène une politique d’ouverture libérale jusqu’en 2009, où il est remplacé
après des troubles par un régime d’exception dit de Transition. Des élections rétablissent un régime
constitutionnel en 2014.

1.2. La région d’Ambositra

La région d’Ambositra appartenait au royaume Betsileo Fisakana, avant l’unification politique


Merina. Le vrai nom des Betsileo aurait été autrefois « Andriambohitsombilahy » (lit. seigneurs des
montagnes riches en bétail). Le nom « Betsileo », qui signifie "les invincibles", leur vient de
l’infructueuse tentative d’invasion du roi Ramitraha - roi des Sakalava du Menabe – vers 1815
(Grandidier, 1885). Le Palais Royal du dernier roi Mpanalina se situe à 6 km de la ville. Située à 1350
m d’altitude, Ambositra est notamment connue pour être la capitale de l'artisanat malgache et plus
particulièrement le travail du bois d’ébène (Randriamamonjy, 2008). La marqueterie et les sculptures
sur bois y sont remarquables. Le travail puise une partie de ses origines dans l'art zafimaniry, du nom
d'un peuple réfugié dans les forêts de la falaise qui borde les Hautes terres, qui travaille le bois de
rose et de palissandre et exécute des gravures à motifs symboliques. Ni le relief, ni le climat, ni le
calendrier d’activité ne conviennent au riz chez les Zafimaniry (Vérin, 1972). La région pratique
également la cérémonie du famadihana, ou cérémonie de retournement des morts. Cette pratique
souligne l’extrême importance pour les habitants de conserver en mémoire l’héritage lignager, qui
fait notamment office de statut juridico-foncier. Les fêtes agricoles locales font encore parfois
l’unanimité.
Le riz et la riziculture sont au cœur des systèmes de production, des échanges sociaux et de
l’identité Betsileo. Leurs connaissances des rizières inondées leur viennent de leurs premiers
ancêtres malgaches, les Vazimba, venus eux-mêmes des terres rizicoles indonésiennes. Le zébu joue
un rôle fondamental dans la riziculture et le système économique, outre son rôle dans la
thésaurisation et les rituels (funérailles, circoncision, conventions dina, etc...), la fumure, le trait, le
piétinage bovin des rizières durant octobre qui est une pratique singulière, le savika (jeux taurins)
qui en est issu est sources de fierté et de convivialité. Actuellement, la cohésion ethnique betsileo
tient en partie de la reconnaissance qu’elle a à l’échelle de Madagascar en tant que peuple travailleur
ayant participé à la plupart des chantiers du développement malgache (rizières, bois etc).

2. La Gestion de l’Eau betsileo

Le peuple Betsileo a de tout temps été expert en matière d’hydraulique agricole


(Ralaimihoatra, 1965).

2.1. L’eau et les betsileos

Les aménagements hydriques de ces terrasses sont particulièrement anciens, remarquables et


spécifiques de ces paysages (Ramiarantsao, 1995). Ils ont ainsi prouvé leur durabilité et ainsi leur
exemplarité face aux enjeux économiques, culturels et environnementaux du 3 e millénaire
(Koohafkan, Altieri, 2011). La gestion de l’eau en riziculture, au niveau des bas-fonds et des terrasses,
est d’une importance capitale. Une inondation trop prolongée ou au contraire un déficit d’irrigation
peut ruiner la saison agricole. La maîtrise de l’eau dépend d’une multitude de variables telles que la
topographie, la présence ou l’absence d’une source, la pluviométrie, l’époque d’installation du
ruissellement, l’importance du bassin versant,... (Blanc-Pamard et Rakoto-Ramiarantsoa, 2000).
L’utilisation de plusieurs permet aux agriculteurs des Hautes-Terres de maximiser leurs rendements
selon le moment d’arrivée des pluies. Ainsi on plantera des riz précoces (vary aloha) avant les
premières pluies et des riz tardifs (vary afara) après. Le riz commun, planté fin septembre, est appelé
chez les betsileo vary be.

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vary aloha vary be Vary afara


semis en
Juin Septembre Novembre
pépinière
Repiquage Juillet-août Octobre Décembre
Décembre-
Récolte Mars Mai
janvier
Tableau 3 : Quelques calendriers culturaux saisonniers de riz des Hautes-Terres. Source : Laventure et al., 1996

Selon la FAO, 34% à 78% des superficies rizicoles malgaches souffrent d’une mauvaise maîtrise
en eau (UPDR-FAO-CIRAD, 2001, cité dans Gastineau, Gubert, 2010). Entre canaux d’amenée d’eau
en terre, réservoirs, diguettes de retenue et drains, le réseau hydraulique des hautes terres est
complexe (Raunet, 1993). De plus, bien qu’ayant une utilisation hydro-agricole, ils peuvent remplir
d’autres fonctions (construction de maisons, fabrication de briques, arrosage complémentaire des
cultures pluviales,...). Leur cours est déplacé au gré des utilisations (Blanc-Pamard, Rakoto-
Ramiarantsoa, 2000).

2.2. Les modalités de gestion

L’Etat assure généralement le gros œuvre. Déjà le roi Andrianampoinimerina (1787-1810)


lança ce qu’on peut appeler la première politique agricole malgache sur son royaume qui comprenait
le pays betsileo. Sa politique agricole était axée sur le riz et son irrigation. « Le riz est l’existence
même de mes sujets... aussi je fais les digues pour assurer l’eau de vos rizières ». Aujourd‘hui le
Service du Génie Rural du Ministère de l’Agriculture réalise les grands projets d’hydrauliques (prises
d’eau, travaux de protection, déroctage des seuils,...) (Feller, Sandron, 2010). Mais pour ce qui
concerne la petite et moyenne hydraulique, ce sont toujours les irrigants eux-mêmes qui
construisent, entretiennent et manipulent leur périmètre irrigué. Les notables, appelés ray
amandreny (lit. pères et mères, traduit généralement par aînés), sont les personnes représentant
l’autorité dans les structures communautaires de base betsileo. Leur jugement est encore très
écouté.

Dans les vallons, l’eau est apportée parcelle par parcelle, en faisant un trou ou vavarano (lit.
fenêtre de l’eau) sur la digue du canal latéral puis en rebouchant la diguette. Dans les vallées plus
larges, l’irrigation se fait à partir du ruisseau (en position latérale ou centrale) canalisé, le lalandrano
ou canal mère (Blanc-Pamard, Rakoto-Ramiarantsoa, 2000). Il sert de canal d’irrigation quand il est
obstrué à l’aval et il sert de drain après les moissons ou en cas de crue. De ce ruisseau canalisé
s’individualisent à l’aide de barrages des canaux de dérivation tous pseudo-parallèles les uns aux
autres. Ces canaux latéraux et parfois centraux pour les grandes vallées servent à la fois pour
l’irrigation et pour la protection contre les excès de ruissellement (Andriamampianina). Des diguettes
individualisent la gestion de l’eau au niveau de chaque parcelle. En l’absence de canaux secondaires,
l’irrigation se fait de casier supérieur en casier inférieur, en cascade. On redouble d’attention dans la
surveillance des diguettes dans les rizières à tendance sèche (sakamaina). Plus la pente du bas-fond
est forte, plus le réseau de diguettes est dense. L’entretien des diguettes est important. Il consiste en
rafraîchir les parois afin que les rats ne s’y installent pas et en consolidations pour éviter la perte de
fumier dans les parcelles voisines (Blanc-Pamard, Rakoto-Ramiarantsoa, 2000). Dans tous les cas, la
fumure est répandue en priorité sur les parcelles les mieux irriguées afin de maximiser les chances de
bonne récolte (Blanc-Pamard, Rakoto Ramiarantsao, 2000).

2.3. Besoins du riz en eau

Les bas-fonds sont un milieu favorable à la riziculture, car ils nécessitent en général le
minimum d’artificialisation du milieu en raison des conditions. Les problèmes fréquemment
rencontrés par les paysans ont lieu lors des premiers travaux sur les rizières en début de saison

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humide, où l’étiage est généralisé et les sols en déficit hydrique important. La mise en place du riz se
fait donc de manière très progressive. Inversement les récoltes en fin de saison des pluies sont
pénibles à cause de l’engorgement du sol. De manière générale, il n’y a pas assez d’eau au repiquage
et trop pendant la récolte (Bonnemaison, 1976). Il y a aussi un danger d’ennoiement des plants de
riz dans les bas-fonds en janvier-février avec les crues d’origine cyclonique, en sachant qu’à partir
d’une semaine d’immersion totale la récolte est perdue. Afin de tenter de maîtriser les crues, les
cours d’eau sont rectifiés et canalisés en aval pour que l’écoulement soit plus direct (Bonnemaison,
1976).

2.4. Risques liés à l’eau et à l’absence d’eau

Les crues peuvent être dévastatrices, non seulement par les risques de submersion, mais par
l’apport de boue, de sable et l’arrachage de plants. Un autre problème est la température froide des
sources qui retarde la croissance du riz (Blanc-Pamard, 1985). Une fois à température ambiante, la
lame d’eau joue le rôle de régulateur thermique, ce qui permet aux agriculteurs de faire varier sa
hauteur en conséquence selon les saisons (cf. données climatiques dans le chapitre 3). La présence
d’eau stagnante est également dangereuse pour l’agriculteur. En effet, les moustiques véhiculant le
paludisme dont le vecteur sur les hautes terres est Anapheles funestus (Laventure et al., 1996) ont
causé plusieurs épidémies depuis le 19ème siècle. Les traitements des Plateaux au DDT et la
prophylaxie à la chloroquine réduisirent le paludisme qui en 1962 était considéré comme éradiqué,
avant une résurgence dans les années 1980 (Bonnemaison, 1976). Des assecs peuvent suffire à tuer
les œufs de moustique. Ces assecs sont aussi bénéfiques à la culture sur plusieurs plans : ils
permettent de lever les contraintes des sols hydromorphes, améliorent la structure du sol et
entraînent la libre circulation de l’air ce qui relance l’activité microbiologique et notamment la
nitrification, ils aident au développement des racines, réduisent les risques de maladies
cryptogamiques, facilitent le travail du sol car la terre adhère moins aux outils, et favorisent la pleine
maturation du riz 15 à 20 jours avant la récolte (Masse, 2010). En retour, les assecs altèrent plusieurs
fonctions de base de l’irrigation par submersion : maintien d’un stock d’eau de sécurité, régulateur
thermique, et lutte contre les adventices, et forme ammoniacale de l’azote, moins mobile dans le sol.
C’est pourquoi la pratique des assecs suppose des rizières à bonne maîtrise de l’eau ainsi qu’une
modification de l’itinéraire technique : accroissement de la fumure organique, modification du
repiquage (jeunes plants, peu denses), mécanisation et intensification du sarclage, suivi attentif de
l’état hydrique. Un tel modèle d’itinéraire technique à faible dose d’irrigation a été vulgarisé par
Laulanié (1990) et les services officiels vers 1995 sous le terme SRI (Système de Riziculture Intensive)
(Serpantié, 2013). Il est adopté localement sur les Hautes Terres pour son intérêt en « agriculture
biologique », son économie en eau et ses gains potentiels de rendement (+30% toutes autres choses
égales en conditions idéales sans engrais, contre un travail supplémentaire de +60%, ont été mesurés
en pays betsileo par Serpantié et Rakotondramanana, 2013).

3. Le Système Agraire betsileo

3.1. Reliefs et sols

Les Hautes-Terres malgaches reposent sur un socle cristallin altéré. Le réseau hydrographique
est ainsi diffus et peu encaissé. Sous l’influence des précipitations et températures propres au climat
subtropical, la pédogénèse résulte en un sol ferralitique peu fertile (P fixé sur les oxydes, faible CEC,
faible saturation en bases, pH acide). Les paysages de la région d’Ambositra sont constitués de reliefs
imposants, ce qui génère une topographie très contrastée, allant de 1 200 m à 2 000 m d’altitude
pour les sommets, avec des pentes allant de 60 à 90 % (Berteigne, 2013). Les précipitations sur ce
type de relief engendrent un régime torrentiel. Les crues peuvent être soudaines et violentes.
Inversement en saison sèche les cours d’eau ont des faibles débits d’étiage. L’agriculture doit donc
s’adapter à trois aléas:
- Un excès d’eau destructeur en saison des pluies d’octobre à avril

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- Un épuisement de la ressource en eau lors de la saison plus sèche de mai à


septembre
- Une température insuffisante au-dessus de 1 600 m pour la culture du riz (annexe 9)

Dans le sens d’écoulement de la rivière, on peut subdiviser les bas-fonds en trois parties : les
petits vallons d’ordre 1, les vallées d’ordre 2 et les grandes plaines alluviales d’ordre 3. En
descendant les collines de la partie sommitale aux bas-fonds, nous avons les tanety non cultivées,
puis les saha ou tanimboly qui sont les champs pluviaux, puis les kipahy qui représentent les
terrasses rizicoles irriguées puis enfin les plaines alluviales appelées lemaka et généralement
aménagées en bas-fond.

3.2. Données météorologiques

Figure 6 : Diagramme pluie mensuelle, température et ETP


de Fianarantsoa. Source : Serpantié, données non publiées

Par manque de données pour la région


Amoron’i Mania, l’analyse climatique a été
effectuée à Fianarantsoa, que l’on considère
proche des dynamiques climatiques d’Ambositra
(précipitations moyennes mensuelles égales ou
supérieures de 200 mm à Ambositra par rapport à
Fianarantsoa, annexe 12). L’ETP sera également
plus faible à Ambositra (1 400 m) qu’à
Fianarantsoa (1 100 m).

Le déficit hydrique de mai à septembre est atténué par les brouillards, le faible rayonnement
global en hiver austral et le froid, ce qui limite ETP. De mi-avril à début novembre, ETP mensuelle est
supérieure aux précipitations ce qui indique que le bilan hydrologique est déficitaire à cette période
de l’année. Le reste de l’année, on note un excédent climatique. Les précipitations annuelles
moyennes sont de 1 040 mm sur 10 ans. Le mois le plus sec est celui de septembre avec seulement
10 mm de moyenne. Le mois de décembre, avec une moyenne de 220 mm est le plus pluvieux, mais
cette moyenne cache de fortes variations dues aux cyclones, qui se traduisent sur les Hautes Terres
par de très fortes précipitations et des inondations. L’étude de la gestion de l’eau permet de mettre
en évidence certaines vulnérabilités des terrasses irriguées (cyclones, inondations donc glissements
de terrain, sécheresses...). L’irrigation du riz vient en appoint d’une saison humide trop courte.

Figure 7 : Analyse fréquentielle du bilan d’eau, poste de Fianarantsoa-Beravina. Source : Serpantié


et Rasolofoharinoro, 2006

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L’étude sur 100 ans des précipitations annuelles indiquent une diminution brusque de la
pluviométrie au cours des années 1970 (tendances en couleur rouge, figure 8). Ces tendances
semblent s’observer à l’échelle mondiale (Rossel, 2001). A partir des années 1970, les données
indiquent une tendance au maintien du régime annuel des précipitations.
Figure 8 : Evolution pluie annuelle. Série Fianarantsoa. Moyenne mobile par 9. Source : Serpantié, données non
publiées, base Hydrom Météo Nat.-CNRE-IRD

Les données révèlent une certaine irrégularité interannuelle. 2006 s’est distingué par une
faible pluviométrie qui a occasionné des déficits en eau d’irrigation et d’alimentation des villes, et
2007 par des crues cycloniques.

Figure 9 : Risques pluviométriques d'inondation et de sécheresse. Source : Serpantié, données non publiées

Pour les mois cycloniques que sont décembre et janvier, le risque d’inondation a diminué
depuis les années 70 (graphique de gauche). En revanche, la vulnérabilité des terrasses vis-à-vis de la
sécheresse a augmenté de mars à décembre depuis les années 70. Le phénomène s’est encore
amplifié depuis les années 90 de mars à novembre (graphique de droite).

3.3. Dressage des bas-fonds

Afin que les sols des bas-fonds soient propices à l’agriculture, il est nécessaire d’effectuer un
« dressage ». Cela consiste à éliminer le caractère tourbeux du sol organique en le faisant évoluer en
sol hydromorphe minéral (Blanc-Pamard, Rakoto-Ramiarantsoa, 2000). Les étapes du dressage des
bas-fonds sont les suivantes :

- Drainage des terres tourbeuses au moyen de canaux centraux et périphériques. Création


d’un drain en bordure du bas-fond, au contact de la colline
- Canalisation du cours d’eau central pour l’empêcher de divaguer. Cela abaisse le niveau de la
nappe et contribue encore à l’assèchement

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- Les premières parcelles sont installées au niveau des drains


- Un feu contrôlé permet d’éliminer la végétation et enrichit le sol des cendres
- Extension des parcelles (d’après Blanc-Pamard, Rakoto-Ramiarantsoa, 2000).

Les vodi-tanety, en bas de pente, sont des parcelles intégrées aux bas-fonds par
« grignotages » à l’angady du bas de la colline. Le sol ferralitique excavé est alors placé dans les bas-
fonds proprement dits afin de « mûrir les sols tourbeux ». La culture du taro peut aider à mûrir ces
sols les premières années en soutirant l’eau pour sa croissance. La fabrication du sol hydromorphe
dure 5 à 6 ans en moyenne (Raunet, 1993). Les agriculteurs des Hautes Terres dénomment leurs
parcelles de bas-fonds en fonction des caractéristiques hydromorphes de leurs sols. Ces
caractéristiques suivent plus ou moins l’écoulement de l’eau depuis sa source (ou loharano, tête
d’eau) au niveau des vallons vers les plaines alluviales. On distingue donc :

- Les parcelles en horaka, les plus proches de la source ou situées plus bas que la rivière ou du
canal d’irrigation et qui ne manquent ainsi jamais d’eau.
- Les parcelles en sakamaina, un peu plus loin de la source ou situées plus haut que la rivière
ou du canal d’irrigation et se caractérisant par ses sols secs car l’eau s’y écoule trop
rapidement du fait de sa légère déclivité.
- Les parcelles en tany-mandrevo (ou sol vaseux, où l’on s’enfonce), les plus éloignées de la
source, reçoivent et accumulent l’eau des sakamaina. Dans la pratique, les tany-mandrevo
sont parfois confondus avec les horaka.

3.4. Fertilité des sols en rizière

Les Betsileo minimisent les risques en repiquant en priorité sur les sols les moins sujets à la
sécheresse (contrairement aux sakamaina) et les moins sujets à l’inondation (contrairement aux
horaka). Ainsi, la fumure sera préférentiellement déversée en horaka. Les parcelles en sakamaina
attendent l’eau de pluie pour être repiquées (Blanc-Pamard, Rakoto-Ramiarantsoa, 2000).
Les paysans sans bœufs fertilisent leurs champs avec des mélanges de cendres de végétaux, de
son de riz et de fongo (litière de sous-bois d’eucalyptus) ou à l’aide de lisier de porc ou d’excréments
de mouton ou de volaille. Ceux ayant des bovins y rajoutent le fumier de bœufs (Raunet, 1993). Le
labour et la mise en boue y sont également pratiqués par piétinage des bœufs ; cette technique a été
progressivement abandonnée des suites de la perte de pâturages, d’insécurités (vols de bœufs ou
dahalisme) et du changement des pratiques socio-économiques (paiements des terres en argent
comptant et non plus en bêtes) (Kull, 1998). Le labour et la mise en boue s’effectue donc à l’angady
(bêche traditionnelle), en commençant par les parcelles tourbeuses, pour qu’elles aient le temps de
draner. Les cultures de second cycle (ou de contre saison) représentent une activité rémunératrice
mais c’est également le moyen d’augmenter la production du riz par fertilisation du sol des
légumineuses et aération de la terre de par les systèmes racinaires des végétaux et par la récolte en
elle-même qui fait office de labour). Elles occupent les parcelles à proximité de la source ou du canal
(Blanc-Pamard, Rakoto-Ramiarantsoa, 2000). Mais les sols ont de manière générale tendance à
s’appauvrir en matière organique par travail du sol sans apports suffisants. Le sol y perd en minéraux
et en structure en amont et les rivières s’ensablent en aval (Hurni, Tato, 1992). Les meilleurs sols
restent les tany mainty (terres noires) des berges de grandes rivières (Blanc-Pamard, Rakoto
Ramiarantsao, 2000), riches en magnésium et en calcium, et de teneur en matière organique
satisfaisante. Viennent ensuite les tany mainty des versants, sols ferrallitiques, déficients en
éléments échangeables mais avec d’excellentes propriétés physiques et une matière organique
abondante. Les tany mena (terres rouges ferrallitiques), en remontant encore la colline, sont de
qualité moyenne car chimiquement pauvres dues au lessivage des argiles. Il y a toute une
déclinaison de ces sols rouges en fonction de sa richesse et donc de sa localisation sur le versant.

3.5. La préparation des pépinières

23
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La préparation des pépinières est très ordonnée. La première étape est l’immersion de la
parcelle durant plusieurs jours pour asphyxier les adventices. Après assèchement, on laboure à
l’angady. Ensuite on remet en eau puis on égalise toujours à l’angady. Jusqu’à ce stade les étapes de
préparation des pépinières se retrouvent dans la préparation des rizières de plein champ. Cependant
au niveau des pépinières, le semis est effectué par les femmes à la volée de façon très dense. Les
hommes déposent la fumure qui est un mélange de fumure animale et un amalgame d’herbes et de
branches brûlées. Ensuite, un lacis de branchages pour la protection contre les oiseaux, les rats et les
pluies violentes est installé (Bonnemaison, 1976).

3.6. Les cultures en saha et en contre-saison

La période de soudure – période au cours de laquelle le riz de la récolte vient à manquer pour
passer l’hiver – appelle à consommer les produits des autres champs (saha : manioc, maïs, patate
douce, pomme de terre, arachide, brèdes, fruits et notamment les oranges) et vivriers de contre-
saison (pois de Bambara, haricot, petit pois, tomate, carotte) (annexe 11). Les revenus monétaires
sont alors assurés par l’élevage, le salariat et une partie des cultures maraîchères revendues au
marché local. Au cours du 20ème siècle, on observe dans le village de Leimavo, à une vingtaine de km
d’Ambositra, une réduction du riz irrigué et des bovins au profit des orangers, des cultures
maraîchères (Kull, 1998). Le maïs est associé à la pomme de terre, au soja, au taro ou au haricot sur
les interfluves aménagés en rideaux. Mais on y trouve moins de maïs qu’autrefois (Blanc-Pamard,
Rakoto Ramiarantsao, 2000). La plupart sont destinés aux marchés d’Andina et d’Ambositra. Les
invendus du marché d’Andina du vendredi seront proposés au marché d’Ambositra du samedi
(Raison J.P. 1984). Les femmes s’occupent seules de la commercialisation de ces productions car les
hommes travaillent en général au champ ou travaillent même en dehors de l’agriculture lors de la
saison sèche (maçon, fabricant de briques,...) (Le Bourdiec, 1974 cité dans Kull, 1998).

3.7. La culture d’orangers

Les oranges étaient déjà cultivées dans les hautes terres en 1870 (Vérin, 1969, cité dans Kull,
1998). En 1905, il y avait 41 hectares d’arbres fruitiers dans la région d’Ambositra (détenus par le
Gouvernement Général). En 1930, Andina était déjà bien connue pour la qualité de ses oranges
(Raison, cité dans Kull, 1998). Les cueilleurs sont des salariés des coopératives agrumicoles liées par
contrat à l’exploitant. Les orangers représentent un investissement sur le long terme pour
l’agriculteur.

4. Contexte politico-économique

4.1. Madagascar et les difficultés de l’agriculture

L’amélioration de la production agricole constitue l’instrument le plus puissant existant pour


combattre la pauvreté à Madagascar car elle attaque simultanément la pauvreté sur deux fronts : en
augmentant le revenu et en réduisant le coût de la vie (Minten et al., 2003).

Revenus agricoles Revenus non agricoles


 De l’agriculture : 49%  Des entreprises non agricoles : 15%
 De l’élevage : 10%  De la propriété : 5%
 Revenu salarial et agricole : 21%
Tableau 4: Part des revenus agricoles et non agricoles dans les ménages malgaches. Source : DGEP, Programme Cadre de
Développement Régional, août 2005

L’agriculture des Hautes-Terres se traduit par de l’isolement, des coûts élevés de production
(semences, fumure organique, fumure minérale, épandage, repiquage, récolte) et de
commercialisation et de l’instabilité de l’environnement des exploitations (Dabat, Jenn-Treyer, cités

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dans Gastineau, Gubert, 2010). Les politiques publiques ont du mal à concrétiser leurs actions du fait
du morcellement de l’habitat et de l’enclavement des zones de production (Gastineau, Gubert,
2010). De plus au sein du milieu agricole, on peut distinguer une différence de situation entre les plus
riches et les plus pauvres. Dans le pays betsileo, les pauvres dépendent relativement plus des
cultures sur saha que les riches, ils consomment plus de manioc, ils possèdent moins de terres, leurs
sols sont plus pauvres et ils ont plus tendance à vendre leurs terres en cas de difficulté.

La population souffre principalement d’infections respiratoires aigües à cause du parcage des


bœufs à-même le rez-de-chaussée de l’habitation afin de protéger le bétail des voleurs de bœufs
appelés dahalo. Le paludisme a été un problème majeur dans les années 1970 dû à la prolifération
des œufs de moustique sur les eaux quasi-stagnantes des rizières. Cette maladie est plutôt rare dans
les Hautes-Terres actuellement. La médecine traditionnelle et l’utilisation des plantes médicinales
locales représentent un patrimoine encore largement valorisé mais on peut noter une perte de ce
savoir en faveur de la médecine conventionnelle occidentale (Rafanomezantsoa, 2014).

4.2. Modalités de tenure foncière

La tenure foncière la plus fréquente est le faire valoir direct (terres héritées). Les plus pauvres
louent leurs terres à cause d'un manque de moyens financiers pour payer la main-d’œuvre et les
intrants tandis que les plus riches les mettent en location (Minten, 2003). Les propriétaires fonciers
évitent les contrats de location de terre à long terme de peur de perdre leurs terres à cause du droit
coutumier qui stipule que l’utilisateur d’une terre en devient le propriétaire. La durée moyenne du
contrat avec le même locataire est de cinq ans et il existe souvent des liens familiaux entre le
propriétaire terrien et le locataire. D’un côté, les ménages riches louent aux plus petits exploitants
agricoles car ils ne peuvent pas cultiver efficacement les surplus de terre qu’ils possèdent. De l’autre
côté, les ménages pauvres qui n’ont pas les moyens de cultiver les terres préfèrent prendre en
location les terres des ménages plus riches. La procédure de titrage profite plus aux riches qu’aux
pauvres à cause de l’ignorance de la procédure d’acquisition d’un titre, du manque d’argent et du
sentiment d’inutilité d’un titre (Minten, 2003). Actuellement la réforme foncière a introduit des
« guichets fonciers » dans les chefs-lieux de communes pour mettre en œuvre une procédure allégée
de titrage (« certificats fonciers »).

4.3. La stratégie du salariat agricole

Les salaires agricoles médians à Fianarantsoa sont de 1 dollar US par jour (environ 2 500 Ar). Le
salaire journalier d’un travailleur lui permet d’acheter 2,4 kg de riz pendant la période de soudure
(chiffres donnés pour l’année 2003). Le salariat constitue la source la plus importante de revenu
extra-agricole : il forme presque 90% de ce revenu et 35% des ménages ruraux ont au moins un
membre qui travaille en tant que salarié (Randrianarisoa, 2003).
Mais de nombreux fady (ou interdits) existent au niveau du monde rural. Il est ainsi interdit
pour 38% des ménages de travailler ou d’engager des travailleurs pendant au moins deux jours par
semaine (Minten, 2003). Dans certaines régions par exemple, il existe des terres fady, restées en
friche. Elles sont interdites de culture car considérées comme intouchables ou maudites. Il s’agit le
plus souvent de lieux où sont survenus des accidents mortels. Seul le notable du village ou ray
amandreny peut lever cette interdiction. Il n’est pas rare de trouver d’autres fady sur les cultures,
comme par exemple le fady kisoa qui est l’interdiction d’élever, de consommer et d’épandre le lisier
de porc sur les parcelles. Les fady liés au porc sont encore une fois généralement liés au terroir.

4.4. Maintien du secteur primaire ou conversion vers d’autres secteurs d’activités

Aujourd’hui, le secteur agricole ne peut que difficilement fournir de l’emploi pour l’ensemble
des nouvelles générations de ruraux (Dabat et al., 2008 cités dans Gastineau, Gubert, 2010) alors que
le phénomène d’urbanisation rapide et d’exode rural n’a pas eu lieu à Madagascar (Gastineau,

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Gubert, 2010). Les agriculteurs ne peuvent s’insérer dans d’autres secteurs d’activités à cause d’un
manque de formation professionnelle ce qui rend la reconversion quasi impossible. Les solutions
avancées pour permettre aux plus démunis d’accéder à davantage d’activités extra-agricoles sont : le
renforcement du capital humain à travers l'acquisition de connaissances pour que les groupes
démunis puissent se lancer dans les activités rurales non-agricoles, un renforcement des liens entre
l'agriculture et les activités rurales non agricoles, un soutien au crédit pour permettre les
investissements dans le secteur extra-agricole (Randrianarison, 2003). Les solutions avancées pour
soutenir l’activité agricole sont : sécurisation des investissements agricoles, la formation
professionnelle agricole, la mécanisation adaptée aux petites parcelles, la stabilisation des prix et la
facilitation d’accès aux marchés (Dabat, Jenn-Treyer, cités dans Gastineau, Gubert, 2010).

4.5. Politiques de renforcement de la filière riz

La faiblesse des surfaces cultivables en riz par rapport à l’importance de la demande est un
réel problème à Madagascar. Afin de pallier la perte de vitesse du secteur riz, pourtant toujours
essentiel dans la consommation des ménages, des politiques agricoles ont été proposées. L’action
passe généralement par la promotion d’une offre technique exogène, malheureusement souvent
inadaptée (Serpantié et Rakotondramanana, 2013). Elle devrait vérifier les points suivants (Serpantié
et al., 2007) :

- Que les priorités des acteurs exogènes et endogènes s’accordent


- Qu’une offre technique pertinente existe et comble bien un vide dans les systèmes de
production
- Qu’il y ait bien adoption des recommandations du conseil technique

L’augmentation des prix réduit le pouvoir d’achat des consommateurs de riz et diminue leur
consommation. Les fluctuations saisonnières pénalisent les ménages autosuffisants en riz qui
généralement vendent à la récolte à prix bas et achètent du riz plus cher à la soudure (Dorosh et
Minten, 2006, cités dans Dabat, Jenn-Treyer, 2008). Les économistes estiment que la contrainte de
liquidités et le prix élevé des engrais entraînent une faible utilisation d’intrants, la sous-alimentation
et une mauvaise santé dégradent la qualité du travail et une commercialisation étroite produit de
faibles revenus (Dabat, Jenn-Treyer cités dans Gastineau et al. 2010).

Bien que la production nationale de paddy est de 3 millions de tonnes par an, plus de 60 % de
la production est destinée à l’autoconsommation ; la filière riz est donc peu intégrée au marché
(Dabat, Jenn-Treyer, 2008). Les consommateurs urbains achètent le riz à des prix significativement
plus élevés que le cours international alors que
les producteurs vendent leur paddy à un prix
en dessous des coûts à l’étranger (Jouanjean,
2005, cité dans Dabat, Jenn-Treyer, 2008 ).
Ceci met en relief un problème de valeur
ajoutée au niveau des intermédiaires de la
filière.

Entre les années 60 et 80, sous la 1ère


République à caractère interventionniste,
l’Etat s’est substitué au réseau très ramifié de
collecteurs qui existait précédemment. Le riz
était payé aux producteurs en bons
administratifs parfois non remboursés par
l’État. Cela a contribué à l’enclenchement d’un
processus d’involution rurale (Pesnaud, 1997,
cité dans Dabat, Jenn-Treyer, 2008).

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Sous la 2ème République, à partir du début des années 1980, Madagascar s’est engagé dans une
série de mesures d’ajustement structurel sous l’impulsion du Fonds Monétaire International (FMI) et
de la Banque mondiale. L’Etat s’est désengagé petit à petit du secteur de l’irrigation, de la
distribution des intrants et de la Figure 10 Flambée des prix du riz suite à la dépréciation de
vulgarisation des techniques agricoles et les l'Ariary. Source : Jenn-Treyer et Magnay, 2005
prix ont été directement exposés aux
marchés internationaux. La libéralisation économique n’a pas sorti les acteurs de la filière riz du
cercle vicieux de la pauvreté car les conditions d’une relance de la riziculture n’étaient pas
réellement en place (Hirsch et Leenhardt, 1993 cités dans Dabat, Jenn-Treyer, 2008).

Améliorer la situation des riziculteurs passerait par un investissement en irrigation, par une
mise à disposition d’engrais de qualité, une construction d’infrastructures routières, une
amélioration de l’accès des riziculteurs au crédit, une diminution de l’insécurité rurale, un appui à
l’organisation et à la coordination des acteurs, un accès à l’information et aux marchés
(Razafimandimby et Bockel, 2008). Tant d’explications qui montrent d’un autre côté qu’il reste
difficile pour les économistes de proposer des modèles de sortie crise ciblés. A noter que sur les
Hautes-terres, l’élevage des volailles et des vaches laitières combiné à la culture des fruits et légumes
crée quelques îlots de croissance du revenu (Gastineau et al., 2010).

4.6. Le Plan National d’Action Environnemental (PNAE) malgache

L’Etat malgache a mis en œuvre depuis 1991 un plan de 15 ans ayant pour objectif de mettre
en place les bases du développement durable. Il s’agit du PNAE (Plan National d’Action
Environnementale). Le PNAE vise à instaurer une série de politiques, de programmes, pour lutter
contre les dommages environnementaux et pour concilier agriculture et développement durable. Il
se découpe en trois programmes : un programme environnemental I (PEI) de 1991 à 1996 qui s’est
donné comme objectif de traiter des mesures urgentes et de la mise en place d’un dispositif
institutionnel (création d’agences d’exécution, élaboration de textes législatifs,...), un programme
environnemental II (PEII) de 1997 à 2002 qui a eu pour objectif d’appuyer le processus de
décentralisation et de dévolution de la gestion des ressources aux populations locales, un
programme environnemental III (PEIII) (2003-2008) voulant poursuivre les phases précédentes et
enraciner les principes dans l’esprit collectif et l’autonomie financière (Chaboud et al., 2007). Le
PNAE s’appuie sur 6 institutions qualifiées d’agences d’exécution (AGEX) 2 :
Sous le PEII, la loi GELOSE a été promulguée afin de faciliter les contrats tripartites
(communauté, commune et service déconcentré de l’Etat) dans le cadre de « transfert de gestion »
des RN aux communautés. Ainsi le PNAE et sa loi GELOSE ont pour objectif d’associer protection
environnementale avec un appui international et gestion durable des ressources naturelles
Madagascar, en manque de devises, semble prêt à jouer la carte de la marchandisation
internationale des services de la biodiversité (Alvarado et Wertz-Kanounnikoff, 2007, cités dans
Rakoto-Ramiarantsoa et al.,2012) : carbone, eau, tourisme…. La gestion des ressources et des milieux
naturels est un enjeu central dans les zones agricoles à forte densité démographique. En effet la
société malgache souffre actuellement de ce que des chercheurs ont nommé une « impasse socio-
économique » (Dabat et al., 2008) : les densités de population augmentent plus rapidement que les
superficies agricoles. La pression sur les ressources naturelles n’a jamais été aussi forte.

II. Bassin versant et construction de paysages en terrasses

1. La riziculture par submersion

2
L’Institut National Géographique (FTM) ; la direction des Domaines du Ministère de l’Agriculture (DPRA puis DD), la
direction des Eaux et Forêts (DEF) ; et 3 nouvelles : l’Office National de l’Environnement (ONE), l’Association Nationale des
Aires Protégées (ANGAP devenue MNP) enfin l’Association Nationale d’Actions Environnementales (ANAE)

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La riziculture par submersion est une pratique culturale qui suppose la maîtrise de la
topographie et du ruissellement des eaux

1.1. Le réseau d’irrigation betsileo

La petite hydraulique betsileo a deux principaux objectifs : d’une part d’évacuer et de limiter
les arrivées brutales d’eaux excédentaires et d’autre part alimenter et répartir correctement les eaux
dans les rizières. L’irrigation des rizières observée à Ivony et Andina est de type irrigation par
inondation (ou submersion). Son principe réside dans la déviation des eaux de rivière ou de source
dans le but de les déverser sur les parcelles cultivées. Il s’agit en outre de recueillir, retenir,
détourner et utiliser les eaux de ruissellement pour la production agricole.
Les cours d’eau naturels de bas-fonds sont systématiquement rectifiés, recreusés et endigués
sur des centaines de mètres afin d’en limiter la divagation ou les inondations. Le détournement de
leurs eaux est assuré par des barrages (ou tohadrano) en pierre et en bois de 1 à 10 m de largeur,
singularités esthétiques dans le paysage, dont l’entretien et la maintenance doivent être réguliers
afin de prévenir toute usure excessive. Ces barrages jouent le rôle de seuil en rehaussant la ligne
d’eau afin que la charge de l’eau entrant dans le canal de dérivation soit maximale.
Rivière amont

Barrage
traditionnel Canal de dérivation

Rivière aval

Figure 11 : Barrage traditionnel et canal de dérivation. Source : Cramez, 2014

Les canaux de dérivation sont creusés à-même le sol à bras d’hommes et mesurent en
moyenne une cinquantaine de cm de largeur. Ils peuvent parcourir jusqu’à une dizaine de km sur leur
longueur en suivant la topographie au niveau des versants. Cependant, le rôle des canaux est
légèrement plus complexe au niveau des bas-fonds. En effet, leur rôle n’est pas uniquement
d’irriguer - c’est-à-dire d’amener l’eau d’une source à une parcelle – mais également de drainer –
c’est-à-dire de soutirer l’eau de la nappe phréatique alors affleurante afin d’en désengorger les sols
mais aussi de détourner le ruissellement des versants latéraux en cas de forte pluie. La triple fonction
de ces canaux explique leur disposition particulière englobant le bas-fond. A noter que dans le cas de
bas-fonds supérieurs à 100 m de largeur, un drain-canal central peut se rajouter aux deux drains-
canaux latéraux.

Figure 12 : Comparaison de réseaux de drainage en plaine et en fond de vallée. Source : Cramez, 2014

1.2. Approvisionnement en eau

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Bien que l’approvisionnement en eau pour l’irrigation provienne généralement de rivières


permanentes, deux autres types de sources d’eau sont également mobilisés :
La première représente les sources en tête de vallon, généralement au niveau de forêts
galeries souvent sacralisées et associées à un conte. Les nombreuses petites sources sont canalisées
puis concentrées en un unique canal de plus gros diamètre.
La seconde source d’eau se situe au niveau des bas-fonds et est le témoin de la résurgence de
la nappe à ce niveau. Sous pression, l’eau va remonter à la surface en créant un trou pouvant
atteindre jusqu’à 3 m de diamètre. Ce type de source est aussi appelé « œil de l’eau » par Rakoto
Ramiarantsoa, 1995. Une rizière dans laquelle se situe un œil de l’eau est appelée toadrano, à ne pas
confondre avec tohadrano qui signifie barrage (pilier-de-l’eau).
Dans les deux cas, ces sources résultant de la résurgence de la nappe sont nommées loharano
(tête ou début de l’eau) par les Betsileo.

Récapitulatif des diverses techniques de maîtrise de l’eau chez les betsileo :

Irrigation par détournement des sources ou des cours d’eau : alimentation directe à partir des sources
et des cours d’eau sur les champs endigués. L’eau des sources naissantes par suintement en amont
au niveau des têtes de vallon est amenée par canal.

Irrigation par barrage et canal de dérivation : dérivation d’un cours d’eau de fort débit par un barrage
d’où débouche un canal où s’organisent les irrigants en association

Arrosage par puisard: eau tirée du sol avec un seau par suintement dans le trou creusé

Drainage de mares : assèchement partiel permettant la culture de la mare et jouant également le


rôle de bassin de rétention avec allocation de l’eau au voisinage immédiat

Réseau de drainage : canaux de drainage, excavation et canalisation de cours d’eau naturels drainant
naturellement les terres détrempées

1.3. Cas pratique du bas-fond surélevé en amont de Maintitondro

29
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Figure 13 : Carte géographique du bas-fond surélevé en amont des terrasses de Maintitondro. Source : carte élaborée
sous QGIS d'après la carte d'état-major de 1957 et l'image satellite google earth de 2013, Cramez, 2014
Une particularité du fokontany de Maintitondro est la présence d’un bas-fond ou lemaka
(figure 12), facilement accessible, en amont des terrasses en amphithéâtre représentées sur le billet
de 2 000 Ar. Ce bas-fond doit son existence à deux phénomènes. Le premier est l’aplanissement
naturel du terrain entre 1450 et 1475 mètres d’altitude. Le second est l’affleurement de la nappe
d’accompagnement de la rivière Amboagivy dû à un adoucissement de relief en son aval.

La rivière canalisée borde le bas-fond à l’est dans sa partie amont


puis à l’ouest dans sa partie aval. Sur chaque flanc du bas-fond est
présent un canal. Le canal à l’ouest part d’une source 4 km en amont.
Celui à l’est prend sa source d’un barrage situé au nord-ouest du bas-fond
et vire vers l’ouest en remontant vers le nord où la largeur du bas-fond
est supérieure à 100 m. A cet endroit son rôle est alors double : drainer
l’intérieur du bas-fond et pourvoir en eau les cultures de contre-saison.
Deux autres petits canaux secondaires servent également à l’irrigation
des cultures de contre-saison plus en amont du bas-fond. On peut
également noter la présence de deux barrages en aval de la rivière
Amboagivy qui approvisionnent en eau les terrasses en amphithéâtre de Figure 14 : Pont-canal ou
Maintitondro. Des ponts canaux ou aqueducs creusés d’un seul tenant lakana. Source : Cramez, 2014
dans un tronc de pin (ou lakana, pirogue en malgache) permettent à
l’eau d’irrigation de franchir les obstacles (canal ou rivière en général). L’eau se déverse ensuite par
gravité de parcelle en parcelle par l’intermédiaire des vava rano (ou fenêtres de l’eau).

Les terres en sakamaina présentent au centre du bas-fond est un relief transversal qui
explique la bifurcation de la rivière. Bien qu’en saison des pluies toutes les parcelles soient cultivées
en riz, en saison sèche les cultures se situent préférentiellement sur ces sakamaina, plus faciles à
travailler après humidification du sol, alors que les horaka sont préférentiellement réservés à la
pisciculture. Il est possible de remarquer visuellement en son centre une ancienne mare drainée pour
accueillir la culture du riz (parcelles concentriques sur le flanc est du bas-fond). Cette ancienne mare,
en dépression, constitue logiquement des horaka qui - en plus de la culture d’alevins en
rizipisciculture - servent de réservoir d’eau pour les cultures de contre-saison sur les sakamaina en
aval. Au niveau de ce bas-fond, 3 barrages de dérivation permettent d’alimenter en eau 3 canaux
d’irrigation des terrasses de Maintitondro.

La compréhension du fonctionnement d’un bas-fond est importante afin de bien


conceptualiser les enjeux liés aux stratégies de gestion de l’eau et notamment à la stratégie de
culture en saison sèche que l’on retrouve au niveau des terrasses. L’étude de cas a permis de révéler
que certaines parcelles n’ont pas d’accès direct au canal d’irrigation. Un accord est donc trouvé entre
propriétaires pour permettre d’irriguer toutes les parcelles. Les trois barrages sont visibles du pont
chevauchant la rivière Amboagivy, à l’interface entre le bas-fond surélevé et les terrasses de
Maintitondro, ce qui en fait sans aucun doute un des sites de curiosité hydraulique et touristique.

2. Maintitondro : étude d’un site remarquable de terrasses disposées en


amphithéâtre

2.1. Construction de terrasses rizicoles

La culture en terrasse consiste à cultiver des terrains aménagés en gradins et soutenus par des
digues en terre.3 Le principal objectif est ici l’irrigation par submersion afin d’y cultiver le riz. La

3
« Terrasse » vient de l'ancien français terrace « boue, torchis »

30
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culture en terrasses permet une intensification culturale durable d’un terrain pentu, mais nécessite
un investissement considérable et un entretien constant. Les terrasses irriguées témoignent dans le
paysage d’un travail collectif qui a su mobiliser hommes, savoir-faire et savoirs écologiques locaux.
Elles concernent des territoires réduits dont les paysans connaissent empiriquement le
fonctionnement.

Leurs constructions peuvent commencer par


la défriche d’un lambeau de forêt, sur d’anciens
versants herbeux (ou tanety) ou à partir d’anciens
rideaux de cultures pluviales (ou saha). Elles
s’effectuent toujours de bas en haut. Le mode de
faire valoir est toujours direct, le propriétaire
s’occupant toujours de sa parcelle bien qu’étant
régulièrement aidé. Le défricheur peut alors entrer
en contact avec ses ancêtres afin qu’ils bénissent la
future parcelle qu’ils l’autorisent à couper la forêt.
En effet chez les betsileo, la propriété foncière est
étroitement liée à la famille. Sa possession
suppose la protection des ancêtres et sa revente Figure 15 : Agriculteur construisant une terrasse.
en dehors du lignage serait synonyme de Source : Cramez, 2014
déshonneur. La déforestation de la parcelle
consiste à couper les arbres à la souche ou à 1 m du sol. Ce travail nécessite environ 25 journées de 7
heures par hectare pour 5 hommes. Après un mois de séchage de la souche ou du tronc, la parcelle
est incendiée. Les troncs pourriront sur place au bout de quelques années. A ce niveau le propriétaire
prépare un champ de cultures pluviales ou saha. Il peut planter des cultures supportant relativement
bien les sols secs telles que le manioc et la patate douce et peut planter de petits arbres en aval de la
parcelle tels que le bananier ou le caféier pour maintenir le sol. La parcelle produit ainsi le temps de
construction du canal. La parcelle est ensuite sculptée en gradins et remblayée en ligne de niveau,
parfaitement horizontale puis inondée et nivelée à l’angady, la terre de déblai (horizon C) étant
transvasée sur le remblai (figure 14). La fertilité du sol est assurée par un amendement annuel avant
chaque campagne rizicole. Des diguettes en aval de la parcelle sont dressées à hauteur de 40 cm au-
dessus du niveau de l’eau pour 30 cm de largeur. Le dénivelé entre terrasses calculé au niveau de
l’amphithéâtre de Maintitondro est de 20%, pour 12 terrasses sur 100 m. En cas de pratique de la
rizipisciculture, les diguettes sont plus larges et peuvent atteindre jusqu’à 50 cm de largeur afin de
retenir l’eau toute l’année. Chaque année en saison sèche, les diguettes sont à désherber et à
consolider en se servant du limon déposé par l’eau chargée. Le tassement du remblai est assuré par
les piétinements d’un bœuf. Autrefois, la construction des kipahy était assurée par le tompondrano
ou maître de l’eau. Il possédait des connaissances certaines en génie hydraulique. Le tompondrano
est resté dans les mémoires à travers son activité phare : la construction en courbes de niveau. A
l’aide d’un bâton gradué qu’il plantait en aval de la terrasse, il désignait en fonction de la hauteur
d’eau dans la parcelle la hauteur de diguette appropriée. Une fois la première mise en eau,
l’agriculteur rabote à l’angady les mottes de terre qui dépassent afin d’aplanir la rizière. Le riz est
alors repiqué. L’opération de construction des terrasses peut prendre jusqu’à une vingtaine d’années
avant de pouvoir produire du riz avec les mêmes rendements que les anciennes terrasses. Elles
nécessitent la mobilisation simultanée de plusieurs hommes pour le défrichement (environ 5
hommes) et pour la construction du canal de dérivation (environ 30 hommes). Ainsi la décision de
construire des terrasses ne se prend pas individuellement. Les ménages les plus pauvres ne peuvent
pas s’offrir une telle main-d’œuvre car elle est majoritairement assurée par le salariat agricole, quand
ce n’est pas la famille proche. Le rattachement à un canal doit être approuvé par le chef fokonolona.

2.2. Mobilisation d’outils agricoles traditionnels

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L’angady (ou « bêche malgache »), est l’outil de loin le plus


utilisé pour les activités agricoles. L’angady sert à aplanir, labourer,
entretenir les digues et canaux, creuser, sarcler. Son fer, remplacé au
moins tous les 2 ans, mesure une trentaine de cm de long pour 12 cm
de large et son manche en bois dur environ 1m50. La forme élancée
de l’outil et son poids permet à l’agriculteur de planter l’outil le plus
profondément possible par projection Figure 16 : Fer d'angady.
avec un minimum d’effort physique. Tous Source : Cramez, 2014
les ménages possèdent au moins un
angady. Il est le symbole de l’agriculture betsileo et est souvent
représenté dans les logos des différents organismes de développement
rural de la région (le programme Salohy par exemple).
Les exploitations agricoles emploient d’autres outils manuels
Figure 17 : Serpe et couteaux. pelle, hache, fibara (sorte de hache),
Source : Cramez, 2014 serpe, râteau, fourche, couteaux.
Parmi les outils plus rares dont
l’apparition à Madagascar date de l’époque coloniale se trouvent la
herse attelée, la sarcleuse à main, la
brouette, la batteuse manuelle et la Figure 18: Sarcleuses rotatives.
Source : Cramez, 2014
charrue attelée.

2.3. L’amphithéâtre de Maintitondro

Figure 19 : Carte géographique des terrasses de Maintitondro. Source : Carte élaborée sous QGIS d'après la carte
d'état-major de 1957 et l'image satellite google earth de 2013, Cramez, 2014
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Les terrasses en amphithéâtre de Maintitondro s’étagent sur 80m de 1 380 à 1 460 mètres
d’altitude pour une pente générale d’environ 15% et possèdent un nombre d’étages compris entre
100 et 170 selon la localisation. Les terrasses de Maintindrono commencent à mi pente, à l’aval du
bas-fond perché étudié plus haut. Mais Maintitondro est un site que l’on peut très facilement
observer depuis la route en corniche.
La dénomination « Maintitondro » peut avoir plusieurs significations. La première, mot-à-mot,
signifierait « doigt noir ». La seconde proviendrait de mainty « façonner la terre » donc Maintitondro
pourrait signifier « la terre façonnée au doigt », à la main.
Les terrasses de Maintitondro ont aussi la particularité d’être disposées en amphithéâtre large
et ouvert. Ce type de construction unique a été permis par une topographie particulière avec d’une
part sur la partie ouest en amont un barrage naturel qui canalise la rivière Amboagivy d’assez gros
débit permettant d’irriguer toutes les terrasses et d’autre part la présence à l’est d’un vallon
particulièrement encaissé mais ouvert offrant au spectateur le spectacle de terrasses nombreuses et
resserrées. Les quatre canaux irriguant principalement l’amphithéâtre (deux sur chaque versant)
proviennent de barrages situés sur la rivière Amboagivy (fig 12). L’eau d’une petite source est aussi
canalisée au centre de l’amphithéâtre et l’eau de la rivière d’Ambohimahastiahy alimente par un
canal de dérivation son aval. Il est intéressant de noter le stockage des eaux de pluie sur les rizières
les plus hautes au sud-est de l’amphithéâtre. Ce moyen de stockage est fréquent et l’eau est libérée
lors des grands travaux de préparation des rizières courant septembre (repiquage).

2.4. Typologie des terrasses à Ivony et à Andina

Sur les communes d’Ivony et d’Andina, les kipahy représentent 22.5% des superficies cultivées
(sources : monographies d’Ivony et d’Andina 2012). Elles sont en général comprises entre 1 300 et
1 500 mètres, l’aire des bassins versants ne permettant pas un débit des rivières suffisant au-dessus
de 1 500 m pour irriguer les rizières. Elles sont généralement comprises entre les rideaux de culture
pluviale en amont et les bas-fonds ou les grandes rivières en aval. Un canal d’irrigation surplombe
toujours les kipahy. Le riz pluvial est extrêmement rare sur les communes d’Ivony et d’Andina.

Un agriculteur est généralement propriétaire d’une succession de


terrasses de l’amont vers l’aval, du canal à la rivière. L’accès au canal est
tout de même sécurisant car alors l’agriculteur n’est pas directement
tributaire des parcelles en amont. En cas d’héritage entre plusieurs
parties, le partage des terrasses se fait verticalement, c’est-à-dire en
coupant perpendiculairement les courbes de niveau. La tradition veut
que l’aîné hérite des parcelles exposées à l’Est, un adage dit « qu’il
Figure 20 : Tarifs d'obtention porte son cadet sur le dos en faisant face au soleil ». En cas de surfaces
d'un certificat foncier. Source : insuffisantes, les autres parties recevront la part d’héritage sur d’autres
Cramez, 2014 sites de rizières du père. La forte valeur identitaire transmise par les
terrasses se fait sentir lors de l’héritage. Un jeune agriculteur hérite des
terrasses de son père au même titre que les bas-fonds, les champs de culture, les tanety et les forêts
le cas échéant. Une terrasse est avant tout une rizière, au même titre que les bas-fonds. Ainsi au
guichet foncier où l’on accorde des certificats fonciers aux exploitants propriétaires, on ne fait pas de
différence entre terrasse et bas-fond (fig 19). Toutes les terrasses ne sont pas positionnées de la
même manière à l’échelle du bassin versant. Leur disposition particulière permet d’en dresser une
typologie :

- Les terrasses de vallon : ce sont les


terrasses qui permettent la culture du riz
dans le creux des vallons. A l’origine, il
existe généralement un petit ruisseau
temporaire en son centre et une source en

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Figure 21 : Terrasse de vallons de tête. Source : Cramez,
2014
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tête. Bien que bénéficiant des résurgences de la nappe, ces terrasses sont bien irriguées par
un canal latéral qui part de la source de tête (munie éventuellement d’un réservoir). Au
niveau d’un vallon, les terrasses appartiennent généralement à un même propriétaire,
descendant d’un agriculteur pionnier ayant défriché une forêt galerie. Les sols sont
comparables à ceux des bas-fonds ouverts, argileux, hydromorphes et légèrement tourbeux.
Son faible escarpement et la proximité permanente des canaux d’irrigation en font des
terrasses régulièrement exploitées en contre-saison. Ces terrasses sont aussi des sites
préférentiels d’installation des pépinières du fait de la présence d’eau en saison sèche par le
suintement continu de la nappe phréatique.

- Les terrasses de flanc de bas-fond : ce sont des terrasses qui


résultent de l’élargissement du bas-fond aux dépens des pieds
de pente. Elles sont le résultat du creusement des flancs du
bas-fond. Cette pratique a pour but d’apporter la terre
ferralitique (argile kaolinitique) des versants dans les bas-fonds
afin de dresser ses sols, c’est-à-dire de relever le potentiel
RedOx du milieu et de créer un sol minéral et étanche.
Figure 22 : Terrasses de flanc
de bas-fond. Source : Cramez,
2014

- Les terrasses de versant : elles représentent la majorité des kipahy. Ce sont les terrasses
présentes sur les versants de colline. En cas de forte pente, si un canal est présent pour
irriguer les terrasses, le parcellaire peut être très découpé et former de véritables escaliers.
Sur les pentes de plus de 20%, la
largeur d’une terrasse peut ne pas
dépasser le mètre. Parfois plusieurs
canaux parallèles à différentes altitudes
sont requis pour irriguer un nombre
d’étages trop important pour un seul
canal. La plus grande succession de
canaux parallèles a été comptée au
nord-est d’Andina dans le fokontany de
Tananomby et sont au nombre de 4, les
terrasses montant jusqu’à -1 500
mètres d’altitude. Cependant les sols sont
Figure 23 : Terrasses de versant irriguées par 4 canaux
superposés. Source : Cramez, 2014 moins argileux et moins riches en matière
organique que dans les bas-fonds. Il faut
régulièrement y apporter du fumier. Pour des raisons pratiques, seules les parcelles proches
des canaux, des habitations et des voies d’accès sont cultivées en contre-saison.

3. Les terrasses : témoins d’une biodiversité et d’une gestion durable de l’eau et des
terres

3.1. La biodiversité des terrasses irriguées

Les terrasses irriguées et les diguettes, bien que paysage anthropisé, sont le lieu d’une
biodiversité qui accompagne la vie quotidienne des habitants d’Ivony et d’Andina.
De toutes les facettes, le tanimbary ne couvre que 5% des espèces médicinales du terroir
(Rafanomezantsoa, 2014), mais la biodiversité des terrasses irriguées est valorisée de multiples
manières : fourrages de complément apportés aux mangeoires, nourriture pour alevins des
rizipiscicultures, matière de confection de tapis, stabilisateur de berges, digues et canaux. Les plantes
médicinales y sont protégées, conservées et valorisées par les habitants.

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Figure 24 : Manintona tapissant la surface de certaines rizières. Source : Cramez, 2014

Pendant la saison sèche, l’eau stagnante de certains casiers peut


être recouverte de kitondratondra (azolla lat. Azolla caroliniana), de
couleur verte, et de ramilamina ou manintona, de couleur rouge. Poussant naturellement, ce sont
deux végétaux indicateurs de la bonne fertilité en matière organique du casier.

nom vernaculaire terroir Parties utilisées usage Etat actuel des plantes dynamique
ambiaty Maintitondro partie aérienne antipoison commun stable
consoude Maintitondro partie aérienne insecticide naturel assez commun en progression
crotalaria Ambatolahy nourriture pour alevins commun en progession
kinana Maintitondro feuille toux, grippe rare en recul
kitondratondra Ambondromasina partie aérienne signe de fertilité de rizière assez commun en recul
manintona Maintitondro & Tananomby partie aérienne signe de fertilité de rizière commun stable
Tananomby &
ravindahasa (jonc) partie aérienne confection de tapis assez commun en progression
Vondronambohitra
sakavirondambo Sahasaonjo stabilisateur de digues commun en progression
seva Ambatolahy feuille lutte contre les poux du riz commun en recul
Ambatolahy & Maintitondro hémorragie, goutte, douleurs
talapetraka feuille rare en recul
& Vondronambohitra estomacales
tsileondreoaho Ambatolahy feuille fièvre jaune, farasisa rare en recul
tsimaintsompangady Maintitondro feuille contre oedèmes commun en progression
protection foudre en
vaho-drano Maintotondro non cueillie rare en recul
l'arrosant d'eau
voanjomanga Anjama toux, fièvre assez commun stable
Tableau 5 : Plantes non cultivées de terrasses. Source : Rafanomezantsoa, 2014

3.2. Le rôle des terrasses dans la gestion durable de l’eau et des sols

L’irrigation en terrasse est une irrigation en cascade. Chaque parcelle reçoit l’eau dont elle a
besoin et le surplus est déversé par trop plein sur les parcelles sous-jacentes. L’eau non utilisée par
la plante est soit restituée à la rivière au niveau du talweg par drainage, soit infiltrée dans la nappe
phréatique, soit évaporée, ou soit reste stagnante. L’eau peut également être stockée à-même les
parcelles durant la saison des pluies afin d’être réemployée durant la saison sèche pour l’irrigation
des cultures de contre-saison et pour les travaux de septembre nécessitant de l’eau avant les
premières pluies : labour ou repiquage.
L’eau est naturellement chargée en sédiments et nutriments. Excepté en cas de ruissellement
excessif ou de problèmes d’érosion en amont qui apporteraient du sable (cas des grandes rivières où
s’effectuent un tri entre éléments fins en suspension et grossiers charriés), ces sédiments apportent
une charge en limons qui fertilisent naturellement les rizières.
Les terrasses fonctionnent comme de véritables
banquettes anti-érosives. Leur structure intrinsèque, en retenant
les eaux de ruissellement, retient par la même occasion les sols.
L’ensablement des canaux et des rizières en aval sont parfois
visibles. Des dessableurs sont parfois installés pour pallier ce
phénomène.

La position des parcelles d’un agriculteur au niveau du Dessableur. Source : Cramez, 2014
bassin versant aura un impact sur l’exploitation de ses parcelles. Etre en amont du bassin versant est
un avantage pour la qualité de l’eau qui est meilleure pour le ménage (eau de consommation, eau
pour lessive, ...) et cela permet de se prémunir contre d’éventuels litiges liés à l’eau d’irrigation. Mais
être en amont est un désavantage car l’eau n’y est pas assez oxygénée pour l’élevage de poissons et
reste froide pour une culture optimale du riz. Etre en aval permet d’avoir une eau oxygénée et
réchauffée pour la rizipisciculture mais les rizières sont potentiellement soumises à un risque

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d’ensablement. Ces forêts ont un rôle « activateur » de l’eau c’est-à-dire qu’elles vont favoriser la
résurgence de la nappe à leur niveau.

III. Une organisation territoriale fortement structurée

1. La société d’Ivony et d’Andina et son niveau de développement

Autrefois qu’une seule et même commune, les communes d’Andina et d’Ivony ne sont
indépendantes que depuis 1977. Historiquement et géographiquement, Ivony était reléguée au
statut de périphérie d’Andina, chef-lieu du canton firaisana. Cependant, Ivony semble rattraper son
retard économique sur Andina en profitant notamment de sa proximité avec la ville chef-lieu de
région d’Ambositra. Ces deux communes sont chargées d’histoire, de contes et légendes.
Le terme Ivony vient d’un conte relatant l’histoire de deux jeunes frères s’étant refugiés dans
les forêts pendant un conflit opposant Merina et Betsileo. Se réfugier ou se cacher se traduit par
Ivony en malgache betsileo. Une fois le conflit fini, ils décidèrent de s’y installer fondèrent la
communauté d’Ivony. Le nom Andina se réfère quant à lui à un acte d’hospitalité des habitants
envers les soldats de la reine Ranavalona Ière au début du 19ème Siècle. En effet pour assoir sa
suprématie sur le pays betsileo, la reine entreprit de réprimer les rébellions des royaumes betsileo.
Mais ses troupes, exténuées quand elles arrivèrent à Andina, trouvèrent à la place de combattants
des hôtes chargés de vivres. En signe de reconnaissance, la reine conclut un pacte militaire ou dina
avec le roi betsileo Andriapiolazana. Le
village est resté dans les mémoires comme
le lieu où a été scellé le dina, ou encore an
dina ou Andina en malgache.

La population d’Ivony est constituée de


7 742 habitants dont 1 300 chefs
d’exploitation sur 43 km2, soit une densité
de 180 hab/km2 (source DRDR 2011). Celle
d’Andina est constituée de 16 300
habitants dont 5 042 chefs d’exploitation
sur 127 km2, soit une densité de 40
hab/km2. Figure 25: Démographie d'Andina par tranches d'âge. Source : INSTAT Amoron'i Mania, 2012
Le taux de
croissance de la population est de 3.85% par an de 2005 à 2007 (fiche SIRSA 2012). La population est
donc extrêmement jeune et grandissante et la transition démographique n’a pas encore eu lieu. Mais
le manque d’emplois oblige certains jeunes à migrer soit vers d’autres terres potentiellement
cultivables à l’est du pays betsileo, soit en reconversion en ville à Ambositra, Antsirabe, Fianarantsoa
ou Tananarive.

La culture betsileo est tournée vers les ancêtres et l’eau. Avoir une généalogie relève de la
revendication sociale. L’ensemble des descendants actuels provenant d’un même ancêtre forment ce
que l’on appelle lignage ou taranaka. Ce lignage, fortement lié physiquement et spirituellement au
tombeau de l’ancêtre, est la première unité sociale après le ménage (Hall, 2008). Un individu irrigue
avec le canal de son lignage, travaille les parcelles de son lignage et vend ou loue ses parcelles à un
agriculteur du lignage. L’eau a ainsi un rôle structurant des groupes de descendances. Hall, 2008,
parle d’une généalogie patrimoniale plutôt que d’une généalogie parentale, car les individus
migrants du lignage perdent le droit à l’eau et à la terre.

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Figure 26 : Généalogie patrimoniale. Source : Hall, 2008

Le taux de scolarisation en école primaire (de 5 à 10 ans) dans les deux communes est de 78%,
signe d’une réelle volonté de la population locale de scolariser les enfants. Cependant ce chiffre
s’effondre dès l’entrée dans le secondaire (situation économique délicate des parents, manque
d’infrastructures à ce niveau et au-delà, diminution du coût d’opportunité). Le savoir agricole reste
donc à dominante traditionnel en se transmettant de génération en génération les pratiques des
aînés mais l’apprentissage technique des jeunes agriculteurs est progressif.

2. La solidarité communautaire et l’entraide agricole

2.1. Définition du fihavanana

La solidarité au sein de la parenté (fihavanana), l’entraide (ou mifanoba), la référence aux


ancêtres sont, pour la population des zones étudiées, des valeurs morales extrêmement présentes et
respectées. Elles imprègnent les évènements de la vie quotidienne de la communauté et se font
particulièrement sentir lors des fêtes, maladies, décès, constructions (maisons, églises, écoles),
pénuries alimentaires et travaux agricoles (Gannon et Sandron, 2006). Les cérémonies comme le
mariage, le famadihana (ou exhumation des morts) ou les funérailles sont aussi très mobilisatrices.
L’entraide par exemple est considérée comme un devoir lorsqu’elle est sollicitée ; la notion de
réciprocité est tellement évidente que la notion de dette est projetée à l’échelle de la famille, du
voisinage, du fokontany et même de la commune ; la dette est ainsi communautaire, et doit donc
toujours être rendue. « Ny firaisan-kina no hery », (la solidarité représente la force) affirme un
célèbre dicton malgache (Gannon et Sandron, 2006). Les liens de solidarité entre individus sont la
matérialisation de ce qui est appelé le fihavanana par les communautés du centre de Madagascar. Le
fihavanana est en quelques sortes un guide de bonne conduite qui souligne l’interdépendance
sociale, un art de vivre en communauté fermée dans le but de permettre au mieux de surmonter les
crises. Il représente plus justement un mode d’intégration sociale pour l’individu ou de résilience
communautaire à l’échelle de la population (Pélissier, 1976). Ces valeurs familiales sont
fondamentales chez les betsileo mais comme d’autres, elles sont concurrencées des valeurs
propagées aujourd’hui par l’économie (l’individualisme), la modernité (la mécanisation,
l’urbanisation) ou la religion (appartenance religieuse).

2.2. L’entraide agricole

Le haona, le firaisakina, ou le valin-tànana (lit. rendre la main, rendre la pareille) sont


synonymes et consistent à mutualiser le travail entre plusieurs paysans. Concrètement, l’objectif de
cette pratique est l’économie d’échelles et surtout la rapidité d’action lors de certaines étapes de la
culture du riz comme le repiquage ou la récolte. L’entraide agricole se compte en journées de travail.
Ces journées sont normalisées et commencent à 8h00 du matin pour se terminer à 16h30 soit une
heure avant le début du coucher du soleil, avec une pause repas de deux heures au milieu de la

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journée. Ainsi les journées comportent 6h30 de travail. Le salariat agricole, apparu au 20ème siècle
bien après l’entraide, a gardé les mêmes horaires de travail. Mais la différence entre salariat et
entraide ne réside pas uniquement dans la rémunération (de 2 500 Ar par jour), elle réside dans le
repas de midi devant être bien plus conséquent dans le cas de l’entraide. En effet, il est extrêmement
important que le plat de riz soit accompagné d’un beau morceau de viande, de loaka
(accompagnement du riz en viande, haricots, brèdes) et d’achards (accompagnement en crudités en
général). Dans la pratique, on prévient les gens auprès de qui on veut demander de l’aide une
semaine à l’avance. Chacun fixe une date pour le travail qu’il aura à effectuer. Les personnes qui
participent à l’entraide travaillent ainsi à tour de rôle sur la parcelle. Autrefois la tâche d’établir un
calendrier de travail collectif sur les parcelles appartenait au chef fokontany ou même au roi. Ceci
souligne bien l’importance d’une telle pratique.
Cependant, l’entraide agricole a tendance à diminuer. Les raisons principales invoquées pour
expliquer ce phénomène sont liées à la dureté de la vie agricole. La première raison est la diminution
du temps libre pour résorber sa dette à cause de l’augmentation du temps de travail au champ
(augmentation des superficies en culture pluviale et en cultures de contre-saison, difficultés de
commercialisation). La seconde raison est la diminution du temps libre à cause de la pratique d’une
ou plusieurs activités extra-agricoles afin de chercher des débouchés monétaires en dehors du
secteur agricole. La troisième raison est l’obligation du repas conséquent de midi, devenu plus
onéreux qu’une journée de salariat (repas frugal compris). La quatrième raison est le succès du
salariat agricole, qui est un moyen efficace pour les ménages, aussi bien les plus aisés que les moins
fortunés, d’avoir une rentrée d’argent régulière. La cinquième raison est que la demande de
l’entraide agricole se fait généralement aux mêmes dates du calendrier agricole (repiquage et
moisson). Ainsi la disponibilité diminue et le recours au salariat devient une solution.
Mais l’entraide agricole subsiste toujours autant dans les situations où un ménage serait en
situation de crise (décès du chef de famille, culture précédente ruinée par des catastrophes
naturelles telles les cyclones ou les criquets,...). L’absence de repas copieux n’est alors dans ce cas
précis pas perçu comme un affront. C’est pourquoi l’entraide agricole est aujourd’hui exercée en
majorité au sein de la famille proche (Gannon et Sandron, 2006).

IV. Les deux modes de gestion de l'eau en présence dans les systèmes
irrigués betsileo

1. La gestion informelle de l’eau d’irrigation

1.1. Une gestion de l’eau basée sur les règles communautaires du fihavanana

Les modes de gestion actuelle de l’eau sont le fruit d’une évolution de plusieurs siècles de
cette gestion, des premiers riziculteurs peuplant la région aux habitants d’Ivony et d’Andina
d’aujourd’hui. Le mode de gestion betsileo de l’eau est basé sur le respect du fihavanana dont les
principes fondamentaux sont la participation aux travaux collectifs et le respect de la parole des
aînés, encore appelés ray amandreny (lit. pères et mères, traduit généralement par aînés). A
l’époque des royautés, c’était au roi de financer et de réaliser tout projet hydraulique de grande
envergure. La majorité des canaux d’irrigation serait supérieure à un siècle si l’on en croit les
personnes âgées des communes visitées. Cependant il serait intéressant de prouver leur existence à
l’époque des rois betsileo. Les dina sont, des accords, des conventions dont découlent des lois, des
droits, des devoirs et des sanctions. Elles explicitent des modes de gestion collective de l’eau et sont
connues par la communauté au même titre que les principes de vie en famille du fihavanana.
Autrement dit, ces règles font partie intégrante de la vie en communauté et, bien que n’étant pas
écrites ou explicitement énumérées, elles appartiennent au domaine de la conscience collective.

L’expression fefy-loha signifie « protéger la tête » et désigne un travail collectif d’entretien des
canaux. L’entretien des canaux est au centre de la vie agricole et il existe ainsi de nombreuses

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expressions pour le désigner. Une autre expression malgache fréquemment utilisée est vonjy rano
vaky ou littéralement « réparer l’eau à l’endroit fragilisé ». La réparation du canal est assurée par son
propriétaire, c’est-à-dire par le propriétaire des parcelles irriguées par le dit-canal.

La gestion de l’eau se fait en associations d’irrigants appelées mpiray ozandrano (lit. membre
de la communauté de l’eau). Ces associations de canal ont pour tâche la construction, l’entretien et
la gestion du canal - et le cas échéant des ouvrages hydrauliques - qu’elles utilisent. Elles comportent
en règle générale une dizaine à une trentaine de membres soudés par le firasankina (solidarité de
ceux qui utilisent le même canal). Une association de canal est constituée de tous les irrigants dont
les parcelles dépendent du canal d’irrigation. Une association d’irrigants correspond donc à un canal.
De ce fait, un agriculteur peut appartenir à plusieurs associations s’il possède des rizières sur
différents sites de culture. Les liens entre les membres d’un même mpiray ozandrano sont
particuliers et s’inscrivent directement dans les règles communautaires du fihavanana (entraide,
solidarité, mais également contrôle et éventuellement réprimandes sociales). Tous les membres
d’une association se réunissent au moins une fois par an peu avant le début de la saison des pluies
pour élaborer le calendrier de travail d’entretien du canal en vue d’assurer les travaux importants de
début de campagne rizicole tels que le piétinage et le repiquage. Ces réunions sont présidées par un
aîné, ou ray amandreny, dont les conseils et les décisions sont respectées par les cadets. Lorsque la
communauté en éprouve la nécessité, elle peut se réunir plusieurs fois par an pour planifier la
réparation d’un dégât comme un éboulement sur le canal des suites d’un passage de cyclone. Elle
peut également décider d’une collecte d’argent ou de matériel en cas de travaux exceptionnels. Dans
ce cas, un trésorier provisoire est élu à main levée.

1.2. Les dina locales de gestion de l’eau

Les dina - ou conventions locales de gestion de l’eau - sont les suivantes :

Maintenance :

 En cas d’éboulement ou de dégâts obstruant le réseau d’irrigation survenant au niveau


du canal, le propriétaire des parcelles jouxtant le canal doit s’occuper de sa réparation.
 Le propriétaire de parcelles jouxtant une portion de canal doit faire acte de présence à
la réunion annuelle regroupant les irrigants de son canal et doit s’acquitter des tâches
d’entretien collectif.
 Celui qui ne peut, de manière exceptionnelle, s’acquitter des tâches d’entretien
collectif doit payer une amende forfaitaire à hauteur de 2 500 Ar à l’association de
canal.
 Il est interdit de faire paître ses zébus sur le bord d’un canal au risque de
l’endommager. La sanction est prise en cas d’endommagement constaté. Le cas
échéant le propriétaire du bétail doit restaurer le canal.
 Celui qui répare une portion de canal autre que la sienne des suites d’un dégât portant
préjudice à la communauté d’irrigants a le droit d’irrigation exclusif de ses parcelles
durant 24 heures. Le choix du jour d’irrigation lui appartient.

Gestion de l’eau :

 En cas de manque d’eau lors des grands travaux de rizières, un arrangement à


l’amiable entre propriétaires des parcelles dépendantes d’une même section de canal
est de règle.
 La mise en place des prises d’eau sur le canal est convenue entre les membres de
l’association. Celui qui met en place une autre prise d’eau ou qui élargit une prise
d’eau convenue et qui obstrue l’écoulement normal de l’eau pour les autres sera
sanctionné.

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A noter qu’en cas d’abondance de l’eau, il n’existe pas de tours d’eau ni d’aiguadier en
association de canal. Chaque irrigant gère au moment voulu et en quantité voulue son eau
d’irrigation. En cas de pénurie d’eau en fin de saison sèche, les ray amandreny d’une association de
canal peuvent décider d’un tour d’eau en unité de temps non proportionnel à la superficie irriguée.

1.3. Vulnérabilité de la gestion de l’eau

En période de crise économique et politique, les comportements s’individualisent, mettent à


mal les principes communautaires du fihavanana et l’esprit civique s’affaiblit (Pélissier, 1976). C’est
ainsi que sous la seconde République de 1975 à 1992 et pendant la période de Transition de 2008 à
2011 (périodes d’instabilités économiques et insécurité dans les campagnes et périodes de nets
reculs de programmes de développement rural et hydroagricole), un recul des dina et une
individualisation de la gestion de l’eau ont été notés par la population. A dires d’acteurs, les
ressources en eau ont diminué et les problèmes d’accaparement de l’eau se sont multipliés. A noter
également que l’état des barrages et des canaux s’est fortement dégradé. La monographie de la
commune rurale d’Andina 2007 parle même « d’une sorte d’association qui n’est pas appelée à
durer », jugement qui montre bien la fragilité perçue de la gestion informelle de l’eau par les acteurs
externes du développement. L’urgence d’intervenir pour sauver ce patrimoine agricole qu’est la
gestion de l’eau betsileo se fait clairement sentir dans les terroirs de Vondronambohitra et de
Tananomby en particuliers, où un recul de la riziculture au profit de cultures à très faible valeur
nutritionnelle comme le manioc est visible des suites d’une mauvaise gestion de la ressource (figure
26).

Figure 27 : Tronçon de terrasses cultivées en manioc des suites de la négligence


d'entretien du canal d'irrigation. Source : Cramez, 2014

2. La gestion en Association d’Usagers de l’Eau (AUE) : focus sur l’AUE


d’Ambohimahastiahy

2.1. La gestion de l’eau en AUE

En parallèle de la gestion informelle de l‘eau organisée en mpiray ozandrano, il existe des


organisations formelles de gestion de l’eau appelées Associations d’Usagers de l’Eau (AUE) mises en
place par l’Etat malgache par l’intermédiaire de la DRDR. Leur structure d’opération est composée de
personnes dénommées « usagers » cultivant les terres bénéficiant des infrastructures du réseau
d’irrigation. Les AUE sont au nombre de 1 à Ivony et de 5 à Andina. Elles ne sont en fait que la
formalisation de mpiray ozandrano. Autrement dit, l’Etat malgache leur a attribué et reconnu un
statut juridique en vertu de la loi 90-016, celui de structure dotée d’une personnalité morale et d’une
autonomie financière. Le processus de formalisation des structures de gestion de l’eau en AUE
s’inscrit dans le cadre du renforcement de capacité des organismes de gestion des ressources. Selon

40
SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

la loi malgache, chaque ouvrage hydraulique devrait avoir son AUE afin d’en assurer sa gestion, sa
protection et son entretien. Une structure juridique reconnue semble être obligatoire afin de
canaliser les fonds d’aide à la restructuration de l’association d’irrigants et de ses infrastructures
hydrauliques.
En vue de créer une Association d’Usagers de l’Eau (AUE), une Assemblée Générale (AG) pour
la Création d’une Association est convoquée. Elle a pour rôles principaux de décider de la création de
l’AUE, de proposer un projet de Règlement Intérieur, d’élire les membres du bureau et d’avancer une
proposition de budget. Les membres du bureau élus par vote secret sont le président, le vice-
président, le secrétaire, le trésorier, le commissaire aux comptes chargé du contrôle de la gestion
financière de l’association, les deux conseillers et l’aiguadier appelé surveillant général. Seules les
modifications du règlement intérieur adoptées en AG extraordinaire sont valables.
Le régime juridique de l’AUE est celui d’une association d’intérêt général à but non lucratif. Les
objectifs généraux sont (annexe 14) :

Augmentation de la production de riz


Développement de l’agriculture pour lutter contre la malnutrition
Protection de l’environnement
Durabilité et autonomisation de l’association
Entretien et protection du réseau et des constructions afférentes

La loi 90-016 du 20/07/1990 régit les réseaux hydroagricoles et tous les ouvrages
d’infrastructure de tels réseaux contribuant à la mise en valeur des terres desservies par ceux-ci
(Code de l’eau-Madagascar, 1999). Elle fait suite au désengagement de l’Etat au secteur productif.
Mais après deux décennies, plusieurs défaillances ont été observées dans la mise en application de
cette loi. Un projet de loi a été avancé en juillet 2014 visant à soutenir financièrement les AUE à
l’aide d’un Fonds de Remise à l’Etat et d’Entretien des Réseaux Hydroagricoles. En effet, les
Associations d’Usagers de l’Eau doivent faire face à des problèmes d’ensablement de leur périmètre
irrigué non pris en compte par la loi de 1990. Le projet de loi devrait permettre d’améliorer la
durabilité des infrastructures hydrauliques. Les deux autres lois majeures à prendre en considération
relatives à l’irrigation sont la loi 91-034 du 15/11/1961 qui règlemente la réalisation des travaux
exécutés par les particuliers en vue de l'irrigation des rizières et des terrains de culture et la loi 98-
029 du 02/01/1999 portant le Code de l’eau N° 2557 du 27/01/1999 p 735.

L’article 12 du décret 90-642 du 19/12/90 donne autorisation à l’Association des Usagers de


l’Eau d’élaborer un règlement intérieur selon un modèle prédéfini. L’article 2 alinéa 3 et l’article 10
de la loi 90-016 obligent la mise en place de dina (règles) afin d’effectuer la gestion, l’entretien et la
police des réseaux hydroagricoles. En cas de litiges, la conciliation ou l’application du Règlement
Intérieur prévalent. Si le conflit n’est toujours pas résorbé, l’affaire est alors portée au tribunal
compétent.

Selon l’article 7 et l’article 8 du cahier des charges de l’association, chaque membre doit
participer aux travaux de rénovation et d’entretien du réseau. De plus, toute personne utilisatrice de
l’eau doit adhérer à l’association et s’acquitter de la cotisation. L’association est en charge de
rechercher les financements nécessaires au fonctionnement et à l’entretien du réseau. Le montant
des cotisations et des amendes est fixé et peut être modifié en Assemblée Générale. Un bilan annuel
de l’activité de l’association est à remettre par le secrétaire auprès de la mairie afin que la direction
du ministère de l’agriculture (DRDR, Direction Régionale du Développement Rural) puisse évaluer les
activités de l’association.

En vue de créer une AUE pour la réhabilitation d’un périmètre irrigué, une fiche de
reconnaissance est alors élaborée afin d’évaluer la viabilité du projet. Elle vise à décrire la structure
préexistante du groupement d’irrigants, leurs stratégies, leurs opportunités économiques et leur
capacité à s’organiser en AUE. L’étude concerne les bénéficiaires eux-mêmes (nombre de

41
SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

bénéficiaires, structure de l’Organisation Paysanne traditionnelle, tenu des réunions, formations


reçues ...), la demande en constitution d’une AUE (objectifs, résultats attendus, historique ayant
conduit à une telle demande, initiatives déjà faites,...), le périmètre (nom, localisation, superficie,
accessibilité, débit observé, caractéristiques des infrastructures,...), l’état des cultures, de l’élevage et
du matériel agricole.

2.2. La gestion de l’eau dans l’AUE d’Ambohimahastiahy

Figure 28 : Carte géographique du périmètre irrigué de l'AUE d'Ambohimahastiahy. Source : carte élaborée sous QGIS
d’après la carte d’état major de 1957 et l’image satellite google earthde 2013, Cramez, 2014

L’AUE d’Ambohimahastiahy regroupe 24 ménages qui bénéficient de l’eau du canal d’irrigation


prenant sa source au niveau du barrage du même nom, à l’est de la carte. Elle a été créée en 1995,
deux ans avant la construction du barrage en ciment construit par le FID. En effet, toute rénovation
d’un périmètre irrigué faisant intervenir les fonds de l’Etat doit s’associer en AUE en vue de
structurer l’association pour pérenniser la réhabilitation. Le bureau de l’AUE d’Ambohimahastiahy,
élu par ses membres, est composé d’un président, d’un vice-président, d’un trésorier, de deux
secrétaires et d’un aiguadier. Les membres du bureau sont volontaires. L’assemblée générale se
réunit une fois par an dans la maison du président de l’association dans le hameau de Marovato un
peu plus au nord. Lors de l’établissement du règlement intérieur au cours de la première assemblée
générale, il a été décidé que la cotisation serait versée en riz et non en numéraire. La quantité de riz
à verser est de 30 kg de paddy/an. Le choix de payer la cotisation en paddy est justifié par la
précarité de certains ménages membres de l’AUE. Il leur serait difficile de payer en numéraire. Dans
le cas où il faudrait débloquer des fonds (achat de ciment, prestation de services), le riz est vendu ;
dans le cas contraire, il est stocké.

Vanne
Drain

Barrage
Vanne
Rivière
Canal

Dessableur Tête-morte
42

Figure 29 : Schéma du barrage de l'AUE d'Ambohimahastiahy équipé de son dessableur. Source : Cramez, 2014
SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

La prise d’eau est réalisée au niveau du pont-barrage en amont. En cas de crues pour délester
le barrage, l’aiguadier ouvre la vanne pour libérer les eaux. La prise d’eau se situe sur la rive gauche
de la rivière. La tête-morte amène l’eau dérivée dans un réservoir appelé dessableur. Le rôle du
dessableur, de taille 1.50m*1.50m, est de décanter l’eau afin que les alluvions (majoritairement
constituées de sable) se déposent dans son fond et que l’eau du canal de sortie, menant aux
parcelles, soit allégée en matériaux. En cas de trop plein du dessableur, l’aiguadier le vidange en
manipulant une vanne. L’intervention de l’Etat pour la réhabilitation du périmètre irrigué
d’Ambohimahastiahy avait pour principal objectif la construction du complexe barrage-dessableur
afin de contrôler le phénomène d’ensablement des parcelles en aval des suites de la déforestation en
amont. Cependant, il est à préciser qu’il existait un barrage traditionnel à l’endroit du barrage
cimenté actuel. Les AUE d’Andina et d’Ivony sont uniquement la formalisation d’organisations
d’irrigants traditionnelles des suites d’une réhabilitation de leur périmètre irrigué. Etant donné que
ces organisations traditionnelles sont regroupées autour d’un canal provenant d’un barrage de
dérivation, toute réhabilitation de périmètre passe par la fabrication d’un barrage traditionnel.

Les 24 ménages membres et bénéficiaires de l’AUE d’Ambohomahastiahy ne sont pas tous


établis à proximité du périmètre irrigué. Ils habitent dans les fokontany d’Ambohomahastiahy, de
Maintitondro, de Firaisantsoa 1, de Firaisantsoa 2 et d’Ambositra 2. A noter qu’Ambositra 2
n’appartient pas à la commune d’Ivony mais à la commune urbaine d’Ambositra. Depuis la création
de l’AUE, aucun ménage n’est entré ou ne s’est retiré. Le droit d’eau est lié à la terre. Un propriétaire
d’une parcelle située dans le périmètre irrigué a le droit d’utiliser l’eau de l’AUE. Mais plus que cela,
le propriétaire d’une parcelle qui appartient au périmètre irrigué doit obligatoirement adhérer à
l’AUE, même s’il prétend qu’il n’utilise pas l’eau de l’association. Il s’agit donc plus justement d’une
association de propriétaires que d’usagers. La cotisation est la même pour chaque membre de l’AUE
et n’est pas payée au prorata de la superficie ou de la quantité d’eau consommée. En réalité, aucun
tour d’eau n’est indiqué dans le statut de l’AUE car aucun manque d’eau n’y est envisagé. En réalité,
le statut des AUE se base sur les règles traditionnelles de gestion de l’eau. Or, autrefois, la culture de
contre-saison était beaucoup moins développée et aux dires des agriculteurs les pluies étaient plus
précoces. Le manque d’eau ne se faisait donc pas ressentir. Cependant chaque année, les problèmes
de pénurie d’eau surviennent en fin de saison sèche en août et septembre au moment de la fin des
cultures de contre-saison et des travaux de repiquage en rizière. Le manque d’eau touche assez vite
les parcelles situées en aval du réseau. La perte de charge dans le canal due à la végétation puis le
prélèvement des irrigants en amont ne permettent pas en cette saison le cheminement de l’eau
jusqu’au bout du canal. Le problème est aggravé par le fait que la majorité des parcelles irriguées se
situent en aval du canal. En cette période, un tour d’eau est alors établi. La quantité d’eau prélevée
n’est pas au prorata de la superficie. Elle est fonction de la durée d’irrigation, qui est la même pour
tous. A ce problème s’ajoute un phénomène d’ensablement qui a pu être relativement bien maîtrisé
par le dessableur. En 2013, l’AUE était en situation de crise car la moitié de la récolte a été ravagée
par une invasion de criquets. Cette année-là, l’assemblée générale a décidé de dispenser de
cotisation les agriculteurs les plus touchés.

3. Etude comparée des deux types d’organisation d’irrigants

3.1. Des AUE structurellement proches des organisations informelles

Les dina des AUE à microhydraulique et à périmètres familiaux du pays betsileo sont largement
empruntées aux dina traditionnelles de gestion de l’eau. Dans le document récapitulant les
infractions aux dina et les sanctions prévues par l’association le cas échéant, 14 infractions sur 24
découlent directement des règles de gestion traditionnelles recueillies sur le terrain. Mais dans les
deux cas, les dina semblent difficiles à faire appliquer. La raison principale est l’impossibilité de
pénaliser un agriculteur déjà en situation délicate car ceci irait à l’encontre du fihavanana.

43
SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

La structure des Associations d’Usagers de l’Eau reprend donc judicieusement les modalités de
gestion des associations informelles de canal. Dans un pays betsileo où la gestion de l’eau est
ancestrale et où l’organisation sociale est largement orientée vers l’irrigation des rizières, il semble
impossible qu’il en ait déjà été autrement. Mais le phénomène de formalisation de groupes
traditionnels d’irrigants - organisations souvent même ignorées par les acteurs du développement
extérieurs - en AUE débuté dans les années 90 avec la loi 90-016 souligne deux phénomènes. Le
premier phénomène est la volonté de l’Etat de contrôler la gestion des ressources naturelles sur
l’ensemble de son territoire dans l’optique de son Plan d’Action Environnemental (PAE) et de sa loi
GELOSE sur le transfert de la gestion de l’environnement. Recenser les organismes traditionnels n’est
pas facile pour la structure d’Etat qu’est la DRDR, elle manque de visibilité sur le terrain. Mais le fait
est qu’en l’occurrence il ne s’agit pas d’un transfert de gestion mais plus exactement d’une
reconnaissance de statut d’une Organisation Paysanne par l’Etat.

3.2. Une formalisation en AUE faisant transparaître un problème récent de gestion de la


ressource

L’élément avancé pour justifier une telle formalisation des associations de canal en AUE est
leur autonomisation. C’est en ce sens que la formalisation en AUE souligne un phénomène récent
des campagnes betsileo : la perte d’autonomisation des organisations d’irrigants. En effet, les
agriculteurs ont de plus en plus de difficultés à lutter contre les phénomènes d’ensablement de leurs
rizières (Vondronambohitra, Anjama). Les périodes de crise et surtout celle ayant lieu durant la
Transition politique (2008-2013) ont été néfastes pour le monde rural : arrêt des investissements,
absence d’appui technique, absence d’accompagnements. Avec la crise économique
particulièrement forte en cette période, les prix agricoles ont chuté et ceux des semences ont
augmenté. La population rurale s’est globalement appauvrie et cela s’en est ressenti sur la gestion de
l’eau : individualisation des comportements, augmentation des situations de conflit, recul du
fihavanana (perte de solidarité, perte de légitimité des ray amandreny), dégradation du réseau
d’irrigation,... La communauté rurale ne sait comment répondre aux problèmes socio-économiques
et environnementaux qui la touchent, et particulièrement en ce qui concerne la gestion de la
ressource eau. L’organisation en AUE permet d’avoir accès aux financements et à l’appui technique
de l’extérieur. Elle agit aux yeux des agriculteurs comme un appui légitime du pouvoir central après
tant d’années d’absence. C’est ce qui est en priorité demandé par les locaux, qui ne sont pas en
recherche d’une réelle réorganisation structurelle. Des exemples peuvent illustrer ce propos : on
s’aperçoit qu’en assemblée générale, les votes à bulletin secret se font en réalité toujours à main
levée. Les décisions sont en réalité toujours prises par les notables ou ray amandreny puis suivies par
les plus jeunes. On retrouve à la tête des AUE des personnalités jouant un rôle important dans la
société (souvent d’ordre religieux comme ce qui caractérise les ray amandreny) mais ne développant
pas de compétences particulières pour la gestion de l’eau.
Mais le recours systématique à l’aide extérieure engendre un certain attentisme que l’on peut
regretter dans certains cas.

3.3. Perpétuation des problèmes de gestion de l’eau

La reprise des dina traditionnelles dans le Règlement Intérieur des AUE a cependant perpétué
un défaut de gestion : la gestion de l’eau en cas de pénurie généralisée. En effet, la pénurie d’eau ne
semble pas exister au regard des dina traditionnelles. Ce phénomène semble donc assez récent et la
société betsileo doit s’adapter à cette nouvelle donne. Il est intéressant de remarquer qu’il n’existe
aucune solution inscrite dans le Règlement Intérieur pour gérer l’eau de manière durable en cas de
pénurie généralisée (tours d’eau, limitation de débit, limitation de temps d’irrigation,...). Il est à la
charge de l’AUE de modifier son Règlement Intérieur en Assemblée Générale si cela s’en fait sentir.
Intrinsèquement, les problèmes auxquels sont confrontées les AUE restent donc les mêmes que les
problèmes auxquels sont confrontées les organisations traditionnelles de gestion de l’eau. On peut
remarquer en ce sens qu’à partir de 3 ans, certaines AUE des périmètres familiaux sont déjà

44
SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

impactées par la dégradation et l’ensablement de leurs infrastructures. La réorganisation structurelle


mise en avant par les institutions de l’Etat ne semble pas toujours évidente dans cette situation ; la
majorité des membres de ce type d’AUE ne sachant même pas s’ils appartiennent à une AUE ou à un
groupe d’irrigation traditionnel.

Partie III Les paysages en terrasse : un patrimoine


dont l’existence dépend des stratégies des exploitations

I. Structure et stratégie des exploitations agricoles d’Ivony et d’Andina :


proposition d’une typologie

1. Typologie de structure

1.1. Analyse des variables

Une première ACM a été réalisée avec les variables structurelles élaborées à partir des
enquêtes (les deux premières exploitations sont en annexes 5 et 6). Les variables qualitatives
structurelles sont des variables purement descriptives cherchant à identifier les éléments qui
composent l’exploitation agricole (structure et taille du ménage, surfaces cultivées, faire-valoir,
ressources, capital, cheptel et contraintes ressenties). Le premier travail a été de regrouper les
exploitations agricoles en classes selon des niveaux de besoins, de ressources et de moyens de
production à l’aide de ces variables structurelles.

variables de structure
codages (bornes inf)
nom français nom malgache diminutif unité
0 1 2 3 4
besoins du ménage UR 1,8 5,5 9
charge scolarité ecol 0 2 4
polynucléaire poly non oui
rizières totales tanimbary ta are 3 50 100
autres terres cultivables cult are 7 50 100
forêts ala ala are 0 10 50 100
faire valoir direct fvl non oui
jachères/terres cultivables jach % 0 10 20 30
salariat sal non oui
UTH/UR W 37,5 50 60 70
terrasses kipahy kipa are 0 30 60
orangeraies oran are 0 5
terrasses/rizières kipahy/tanimbary ki/ta % 0 20 60 40
gros matériel maté 0 1 5
Unité Bovin Tropical UBT 0 2 4
cycle de vie vie
charrettes de fumier /ha de tanimbary fum ha-1 0 10 20 50
subi pbm d'accaparement acca non oui
touché par ensablement esbl non oui
touché par maladies de cultures mala non oui
touché par contrainte de marché mrch non oui
Tableau 6 : Présentation des variables de structures et de leur codage ayant servi à la réalisation de l'ACM. Source : l'auteur, 2014

Les modalités de variables sont projetées sur le graphique ci-dessous en fonction de l’axe F1
qui représente 12% de l’inertie totale et de 8% pour l’axe F2. Les relativement faibles pourcentages
soulignent les limites de la valeur explicative de ce plan.

45
SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

Figure 30 : Graphique symétrique des variables structurelles. Source : Cramez, 2014

contributions
F1 F2
ta 15,7 W 11,5
vie 15,1 ala 9,2
UBT 13,9 ta 8,8
variables
kipa 11,7 UR 8,6
maté 7,6 fum 8,1
cult 7,4 poly 8,1
ta-1 9,3 poly-1 6,7
UBT-1 8 UR-3 6,4
modalités
kipa-1 6,2 ala-2 6,1
UR-3 5,6 ta-3 4,7
Tableau 7 : Contributions des variables structurelles aux axes F1 et F2. Source : Cramez, 2014

Les variables contribuant à F1 sont « rizières », « place dans le cycle de vie », « cheptel »,
« terrasses », « besoins du ménage », « matériel » et « terres cultivables ». L’axe F1 exprimerait donc
une corrélation forte entre des variables structurelles associées à la taille de l’exploitation. Le
premier axe d’inertie représenterait donc le facteur « taille de l’exploitation agricole ».
Les variables contribuant à F2 sont «disponibilité en travail ou UTH/UR», « forêts », « rizières»,
« besoins du ménage » et «fumier/rizières). L’axe F2 exprimerait donc quant à lui une corrélation
forte entre des variables structurelles associées à l’accès aux ressources.

1.2. Analyse des individus

De la compréhension de la significativité des axes F1 et F2, il est possible d’établir une


première typologie structurelle des exploitations agricoles et de les localiser avec l’aide de variables
complémentaires (« commune » et « terroir ») projetées sur le plan factoriel.

46
SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED
Figure 32 : Graphique symétrique des individus. Source :
Cramez, 2014 Figure 31 : Graphique symétrique des modalités
complémentaires. Source : Cramez, 2014

La classe S1 regrouperait les exploitations de tailles très modestes (modalité UR-1). Elles
représenteraient majoritairement les jeunes exploitations (modalité vie-1) dans les terroirs situés en
amont de bassin versant (« ter-1 » Ambatolahy, « ter-2 » Ambodromasina, « ter-7 »
Ambohimiakatra) et pauvres en terres irriguées (modalités ta-1 et kipa-1). Ces exploitations auraient
très peu de bétail (modalité UBT-1) et très peu de jachères (modalité jach-1).
La classe S2 représenterait les exploitations de tailles importantes (modalités ta-3, maté-2) en
pleine maturité (modalité vie-3). La première est située en amont de bassin versant près des bas-
fonds à Ambatolahy. Ce sont des exploitations issues de grands lignages, à gros capital (modalité
UBT-3) et à grandes superficies (modalités ta-3, kipa-3, cult-3), dont l’accès aux ressources et
particulièrement à l’eau peut être extrêmement important. Les terroirs accueillant ces exploitations
sont ceux offrant une grande disponibilité en eau : les grands bas-fonds (ter-6 Sahasaonjo) et les
grands ensembles de terrasses (ter-3 Maintitondro et ter-8 Tananomby).
La classe S3 représenterait les exploitations de tailles intermédiaires dont l’accès aux
ressources et particulièrement en eau est limité (ter-5 Anjama, situation amont et ruisseaux de faible
débit limitant la structure en terrasses irriguées).
La classe S4 représenterait les exploitations de tailles intermédiaires avec un bon accès aux
ressources. Elles sont particulièrement représentées dans les exploitations modestes du grand bas-
fond d’Andina ter-6 Sahasaonjo.
Les communes d’Andina et d’Ivony ne possèdent pas d’exploitations structurellement
différentes sur l’ensemble de leur finage. Leur emplacement au centre du graphique de l’ACM reflète
la bonne représentativité des enquêtes à l’échelle de la commune.

2. Typologie de fonctionnement de la classe S3 (exploitations de taille moyenne à


faible accès aux ressources)

variables de stratégie
codages (bornes inf)
nom français nom malgache diminutif unité
0 1 2 3 4
rapport riz/surface cultivée totale tanimbary/s riz/s % 14,8 30 50 70
elevage/rizières UBT/ta are-1 0 0,02 0,04
manioc/surface pluviale mangahazo/saha ma/st % 6 13 20
forêts/surface cultivée totale ala/ag ala/ag 0 0,1
surface de revenu/surface totale srev 38 60 X
produits phyto. chimiques phy non oui
origine des variétés plantées en riz rus locales les deux introduites
SRI-SRA plantés en rizières SRIA % 0 1 25
rendement moyen 2003 de riz rdt t/ha 1,3 3 4X
part activités extra-agricoles dans revenu ext are 0 20
surface contre-saison/rizières cs/tanimbary cs/ta % 0 10 20
nombre d'espèces cultivées en champs pluviaux nbr espèces 2 6
agent de valorisation du patrimoine patr 0 1
part UBTbovin UBTbo % 0 40 80
X=classe sans données
Tableau 8: Présentation des variables de fonctionnement et de leur codage ayant servi à la réalisation de l'ACM. 47
Source : Cramez, 2014
SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

Il s’agit ici de produire des groupes constitués à partir d’objectifs, de stratégies ou de choix
techniques, on travaille donc sur un tableau complet individus-variables de fonctionnement (ou
encore appelées variables stratégiques).

Les classes S1 et S2 ne représentent qu’une partie assez restreinte (25%) des exploitations de
la zone d’étude. Il serait difficile d’en extraire des grands ensembles stratégiques que nous allons
maintenant tenter d’identifier à travers l’ACM des variables stratégiques des classes S3 et S4. (L’ACM
des variables stratégiques de la classe S1 est proposée en annexe 7).

2.1. Analyse des variables


Figure 33 : Graphique symétrique représentant les variables stratégiques des S3. Source : Cramez, 2014

Les modalités de variables sont projetées sur le graphique ci-dessus en fonction de l’axe F1 qui
représente 20% de l’inertie totale et de l’axe F2 qui en représente 15%.

contributions
F1 F2
UBT/ta 21 rus 20,1
UBTbo 20,6 UBTbo 17,5
variables nbr 19,9 SRIA 14,9
cs/ta 8,5 riz/s 10,6
ext 8,2
UBTbo-1 14,8 UBTbo-2 8,9
nbr-1 14,2 UBTbo-3 8
modalités
UBT/ta-1 11,2 rus-2 8,4
SRIA-2 7,8
Tableau 9 : Contribution aux axes F1 et F2 des variables de fonctionnement appliquées aux S3. Source : Cramez, 2014

Les variables contribuant le plus à F1 sont « élevage/rizières », « part UBT bovin », «nombre
d’espèces cultivées en champs pluviaux », « surface en contre-saison/rizières » et « part des activités
extra-agricoles dans le revenu ». L’axe F1 exprimerait donc une corrélation forte entre des variables
stratégiques axées sur l’élevage et les cultures de contre-saison (à gauche) qui s’opposent aux
activités extra-agricoles (à droite). Le premier axe d’inertie représenterait donc le facteur «activités
génératrices de revenu». Ceux qui n’ont pas les moyens de l’élevage ou du maraichage cherchent
des activités extra-agricoles.
Les variables contribuant le plus à F2 sont dans l’ordre décroissant «origine des variétés
plantées en riz», « part UBT bovin », « taux de SRI-SRA», « rizières/surface cultivée totale ». L’axe F2

48
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exprimerait donc une corrélation entre des variables stratégiques axées sur l’intensification rizicole.
La partie basse du graphique représente les exploitations intensifiant leur production en riz. Elles
possèdent un taux de surface en riz supérieur aux autres exploitations. Elles misent sur les bovins et
se procurent des semences de riz introduites qu’elles utilisent en parallèle des semences locales.

2.2. Analyse des individus

Figure 35 : Graphique symétrique des individus S3. Source : Cramez,


2014 Figure 34 : Graphique symétrique des modalités
complémentaires des S3. Source : Cramez, 2014

La classe 3-a regrouperait les exploitations extensives en riz (rus1= 100% de variétés locales), Il
s’agirait d’exploitations très diversifiées (ala/st-2 = grande proportion de forêts), de polyculture-
élevage (UBTbo-2). Cet ensemble permet de minimiser les aléas. C’est la stratégie « risk adverse »
typique d’exploitations pauvres en ressource. On trouve ces exploitations à ter-1 (Ambatolahy)
(proximité relative du marché d’Ambositra, présence de forêt et abondance de rizières).
La classe 3-b représenterait les exploitations axant leur stratégie sur les cultures de rapport, en
particulier sur les cultures pluviales annuelles (nbr-2) et les cultures de contre-saison (cs/ta-2). Elles
utilisent davantage de produits phyto-chimiques (modalité phyto-1). On trouve ces exploitations à
ter-5 Anjama, ter-6 grand bas-fond Sahasaonjo d’Andina, et ter-7 Ambohimiakatra réputé à Andina
pour son maraîchage et sa coopérative agricole de haricot. La classe 3-b serait constituée
d’exploitations en pleine maturité (modalité vie-3), possédant de bons revenus agricoles (modalité
RUR-2), et une superficie en champ pluvial suffisante et une maîtrise des rotations culturales (jach-2
et 3).
La classe 3-c représenterait les exploitations intensives en riz (riz/s-3, rus-2, UBTbo-3). SRIA-1
indique que proportionnellement à l’ensemble de leurs parcelles en riz, ces exploitations possèdent
moins de parcelles replantées en SRI-SRA. Ceci peut indiquer que le SRI-SRA exige lors du repiquage
en ligne une main-d’œuvre importante qui n’est pas illimitée. Ter-8 Tananomby serait représentatif
de ce type d’exploitations avec son agriculture axée sur l’élevage de bœufs et la culture sur les
terrasses irriguées les plus hautes et étendues de toute la zone d’étude.
La classe 3-d représenterait les exploitations dont la stratégie est basée sur les revenus des
activités extra-agricoles (ext-2). L’agriculture est l’activité de « survie » mais ne crée pas de surplus et
ni ne dégage de sources de revenu pour ces exploitations (ma/st-3= grande proportion de manioc en
champ pluvial, indice de pauvreté de l’agriculture, nbr-1, UBT/ta-1, Ubtbo-1, cs/ta-1). Ter-4
Vondronambohitra, touché par l’ensablement de ses rizières et le manque d’eau en fin de contre-
saison semble être représentatif de ce type d’exploitations.
Le terroir 6 de Sahasaonjo serait ainsi à la fois un lieu de forte intensification en riz mais
également un lieu de forte valorisation des cultures de contre-saison.

49
SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

3. Etude de la classe S4 (exploitations de taille moyenne à fort accès aux ressources)

3.1. Analyse des variables


Figure 36 : Graphique symétrique des variables de fonctionnement des S4.
Source : Cramez, 2014

Les modalités de variables sont projetées sur le graphique ci-dessus en fonction de l’axe F1 qui
représente 18.30% de l’inertie totale et de l’axe F2 qui en représente 15.65%.

contributions
F1 F2
UBTbo 22,6 rus 22,8
UBT/ta 21,6 ala/st 22,3
variables
rdt 19,2 rdt 13,4
patri 10,3
UBTbo-1 17,3 rus-3 19,2
modalités UBT/ta-1 13,4 ala/st-3 17,8
rdt-1 9,5 rdt-3 8,5
Tableau 10 : Contribution aux axes F1 et F2 des variables de fonctionnement appliquées aux S4. Source : Cramez, 2014

Les variables et modalités contribuant le plus à F1 sont « part UBT en bovin », « élevage sur
rizières », « rendements-1 » et « agent de valorisation du patrimoine ». L’axe F1 exprimerait donc
une corrélation forte entre des variables stratégiques axées sur l’intensification de la riziculture. Les
exploitations à gauche de cet axe optimisent la taille de leur cheptel bovin et allouent probablement
le fumier obtenu sur les rizières ce qui expliquerait les meilleurs rendements indiqués par les
modalités « rdt-3 » et « UBT/ta-2 ».
Les variables contribuant le plus à F2 sont « origine des variétés plantées en riz »,
«forêts/surface cultivée totale » et la modalité « rendements-3 ». L’axe F2 exprimerait donc une
corrélation forte entre des variables stratégiques axées sur la valorisation des ressources naturelles
extra-agricoles, c’est-à-dire des ressources forestières.

3.2. Analyse des individus

50
SupAgro-IRC Mémoire de fin d’études IRD-UMR GRED

Figure 38 : Graphique symétrique des modalités complémentaires des S4.


Figure 37 : Graphique symétrique des individus S4.
Source : Cramez, 2014
Source : Cramez, 2014

La classe 4-a regrouperait les exploitations axant leur stratégie sur la valorisation de la forêt
(ala/st-3). Leur production rizicole moyenne pour la région (centre de l’axe F1) et leur plutôt fort
accès aux ressources (exploitations de classe S4) leurs permettent d’assurer une production agricole
suffisante pour se tourner vers les ressources sylvicoles. On trouve ces exploitations à ter-5 Anjama
et ter-2 Ambodromasina. Ceci est en accord avec la proximité des forêts des parcelles de culture à
ter-2 et la présence de l’Organisation Paysanne Taratra de défense des milieux forestiers à ter-5.
La classe 4-b représenterait les exploitations axant leurs activités en extra-agricoles (ext-2) au
détriment d’une intensification rizicole (modalités UBT/ta-1, UBTbo-1, rdt-1). Les individus de ces
exploitations agricoles sont pour certains agents de valorisation « active » du patrimoine dans le sens
où ils valorisent leur agriculture à travers leurs activités extra-agricoles (chauffeurs de taxi brousse
facilitant le transport d’éventuels touristes, vendeurs de produits issus de l’agriculture locale
(bouchers, épiciers), collecteurs d’oranges). Il semble s’agir pour la plupart de jeunes exploitations
(modalité vie-1) ayant héritées d’une partie de l’exploitation de leurs parents mais préférant se baser
sur une activité extra-agricole jugée plus sûre que l’agriculture.
La classe 4-c représenterait les exploitations axées sur l’intensification de la production rizicole
(riz/s-3, UBT/ta-2, rdt-3). Au sein de la classe S4, 62% des exploitations appartiennent à la sous-classe
4-c axée sur la production rizicole. La stratégie principale lorsque les ressources en eau le permettent
semble être majoritairement l’intensification de la riziculture, quitte à vendre les excès de production
le cas échéant.

4. Effet des localisations sur la structure et le fonctionnement des exploitations

4.1. ANOVA appliquée aux communes et aux terroirs

51
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résultats
résultats par communes résultats par terroirs
variables
Ivony Andina 1/Ambatol. 2/Ambodro. 3/Amboa. 4/Vondro. 5/Anjama 6/Sahasao. 7/Ambohi. 8/Tanano.
UR du ménage 6,5 6,9 8,4 5,1 6,6 5,9 5,7 7,3 6,6 7,9
surfaces en riz/UR (ares) 16,5 15,8 5,9 18,2 25,8 16 18,3 22,9 9,6 12,4
variables UBT 2,1 1,8 2,1 2,3 2,2 2 1,6 1,6 1,5 2,6
de champs pluviaux (ares) 58,6 77,3 31,0 b 70,7 ab 80,7 ab 51,9 ab 87,1 ab 40,7 ab 131 a 50,7 ab
structure surface cultivée totale (ares) 149 180 107 155 203 131 167 213 196 146
rizières (ares) 80,4 95,6 58,9 76,3 115 71,4 72 164 56,1 90,7
terrasses/rizières (%) 40,2 47,5 22,5 c 23,0 c 69,6 a 45,9 abc 34,3 bc 25,2 c 62,1 ab 68,3 a
riz/surface cultivée totale (%) 49 51,1 48,0 abc 42,8 abc 53,3 abc 52,0 abc 42,5 bc 68,0 a 34,2 c 59,9 ab
taux de variétés en riz introduites (%) 60,7 44,6 59,5 66,7 50 66,7 50 50 42,9 35,7
variables SRI-SRA (%) 27,7 a 15,6 b 13,6 32,9 36,4 27,9 16,6 20,7 14,3 11,4
de rendements en riz 2013 (t/ha) 3,3 3,2 3,7 3 3,3 3,2 2,9 3,6 3,1 3,3
fonctionnement jachères/champs pluviaux (%) 26,2 27,6 15,7 30 26,5 32,4 32,7 22,6 31,1 23,9
nombre d'espèces cultivées en champs pluviaux 7,4 b 9,3 a 5,1 b 8,7 ab 8,3 ab 7,3 ab 9,1 ab 9,0 ab 10,4 a 8,6 ab
surfaces en contre-saison (ares) 5,4 b 9,5 a 2,6 c 6,6 abc 7,1 abc 5,1 bc 5,3 bc 12,0 ab 13,7 a 7,1 abc
cultures de contre-saison/rizières (%) 8,6 b 12,9 a 9,4 b 12,9 b 5,4 b 6,9 b 6,9 b 11,0 b 24,7 a 8,8 b
Tableau 11 : Résultats de l'ANOVA appliquée aux communes et aux terroirs. Source : Cramez, 2014

Variables de structure : Peu d’indicateurs de structure différencient les terroirs, et aucun ne


permet de distinguer les communes. Il apparait seulement des terroirs riches en terrasses (ter-3, ter-
7 et ter-8) et d’autres riches en bas-fonds (ter-1, ter-2, et ter-6). De même il apparait des terroirs ou
les exploitations sont riches en rizières (ter-6) et d’autres pauvres (ter-5 et ter-7). Il y a donc bien des
inégalités structurelles sur les ressources agricoles de base. Le taux de terrasses rizicoles dans
l’ensemble des rizières d’une exploitation est significativement plus élevé dans les terroirs
d’Amboagivy (fokontany de Maintitondro) et de Tananomby, les deux grands ensembles de terrasses
de la zone. La présence de terrasse est donc bien directement reliée à la topographie et à la
disponibilité en eau de ces terroirs, situés en aval de larges bassins versants. Ce qui justifie notre
méthode d’échantillonnage sur un transect de terroirs.

Variables stratégiques : Ces variables différencient fortement les communes. Le SRI-SRA est
plus pratiqué à Ivony (27,7% des surfaces de rizières) qu’à Andina (15,6%). Ivony peut être soumis à
une plus grande pression de vulgarisation des techniques améliorées du riz du fait de sa proximité
avec Ambositra. Cependant la commune d’Andina est plus performante dans la production des
cultures maraîchères. Ceci peut s’expliquer par la présence du terroir Ambohimiakatra dans le
fokontany d’Ampasina, visiblement spécialisé dans ce type de cultures. Le phénomène est expliqué
par un climat plus chaud et plus sec dans cette zone plus basse en altitude. La superficie en champs
pluviaux y est également significativement plus élevée dans ce terroir. La présence d’exploitations à
grandes superficies dans les larges bas-fonds d’Andina à Sahasaonjo peut facilement valoriser une
superficie importante de leurs terres pour la culture maraîchère de contre-saison.

4.2. ANOVA appliquée aux classes de structure et de stratégie

résultats
classes de structure classes stratégiques
variables
S1 S2 S3 S4 3-a 3-b 3-c 3-d 4-a 4-b 4-c
UR du ménage 4,2 b 10,5 a 8,1 a 6,1 ab
surfaces en riz/UR (ares) 6,3 28,1 8 27,7
variables gros matériel 0,0 b 6,7 a 0,5 b 0,8 b
de UBT 0,4 b 3,5 a 2,2 a 2,3 a
structure champs pluviaux (ares) 26,7 75 73,1 83,3
surface cultivée totale (ares) 52 d 373 a 140 c 219 b
rizières (ares) 22 c 257 a 58 c 128 b
terrasses/rizières (%) 0,2 b 0,2 b 0,6 a 0,4 ab
charrettes de fumier/rizières (ha-1) 34,3 6 19,3 11,8 12,3 17 23,8 16 17,5 4,1 14,4
riz/surface cultivée totale (%) 42,5 70 45,1 56,2 52,8 42,1 49,5 33,8 32,1 54,9 60,5
UBT/rizières (ares-1) 0,019 0,014 0,043 0,027 0,079 a 0,035 ab 0,053 ab 0,004 b 0,055 ab 0,005 b 0,033 ab
forêt/surface cultivée totale 0,02 0,13 0,03 0,09 0,06 b 0,06 b 0,01 b 0,01 b 0,43 a 0,04 b 0,06 b
variables taux d'introduites (%) 57,6 55,6 53,2 49,2 50 45,2 55,6 66,7 100 36,1 47,4
de SRI-SRA (%) 3,6 b 40,0 a 21,5 a 28,8 a 27,5 23 13,3 38,3 50 19,2 30
fonctionnement jachères/champs pluviaux (%) 13,3 32,1 30,6 29,5 45 31,7 22,7 42,4 36,5 32,3 27
nombre d'espèces cultivées en champs pluviaux 5,9 b 11,0 a 8,6 a 9,0 a 6,5 bc 11,3 a 8,2 abc 4,7 c 10,5 abc 10,7 ab 7,9 bc
surfaces en contre-saison (ares) 3,0 b 12,7 a 6,1 ab 10,3 a 4b 9,3 ab 5,8 b 1,3 b 6 ab 14,5 a 9,1 ab
cultures de contre-saison/rizières (%) 13,2 5 10 11,1 6 16,3 8,3 3 9,8 15,2 9,4
rendements en riz 2013 (t/ha) 3 4,3 3,3 3,2 2,4 b 3,5 ab 3,3 ab 3,2 ab 3,1 ab 2,4 b 3,6 a
Tableau 12 : Résultats de l'ANOVA appliquée aux classes de structure et aux classes stratégiques. Source : Cramez, 2014

Variables de structure : Les exploitations S1 possèdent significativement moins de capital


vivant que les autres types d’exploitations. A contrario les individus de classe S2 sont caractérisés par
l’importance de leurs moyens de production (capital, taille du ménage, superficies). La surface totale

52
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cultivée discrimine de manière significative chaque classe structurelle. De même pour les surfaces en
rizières.
Les exploitations S3 représentent les individus de taille intermédiaire, avec faible accès aux
ressources. Ces exploitations possèdent de manière significative davantage de terrasses rizicoles que
les autres types d’exploitations. Ce résultat souligne le fait que les exploitations à faible accès à la
ressource eau ont davantage recours aux terrasses que les autres, à condition qu’elles en aient les
moyens.

Variables stratégiques : Les exploitations S1 pratiquent significativement moins de SRI-SRA


que les autres types d’exploitations, sans doute moins ciblées par les organismes de vulgarisation de
cette technique ou encore ayant moins de capacités de « prise de risque » que les autres classes. Les
S1 ont également significativement moins d’espèces cultivées en saha, la faible disponibilité en main-
d’œuvre de ces ménages et l’impossibilité d’avoir régulièrement recours au salariat en sont deux
hypothèses plausibles.
Les exploitations de classe stratégique 3-b ont, quant à elles, significativement plus d’espèces
cultivées en cultures annuelles que les autres exploitations. L’intensification en riz est à l’opposé
l’orientation stratégique des classes 3-c et 4-c et cela passe par une pratique plus importante du SRI-
SRA et par une plus grande adoption de variétés introduites. Cependant, l’intensification semble
nécessiter un apport en fumier plus important au regard de la taille de leur cheptel bovin. Les
exploitations de classe stratégique 4-a quant à elles possèdent bien significativement un taux de
forêt par rapport à la surface totale de l’exploitation supérieur à tous les autres types d’exploitation.
Les stratégies de valorisation des terrasses sont diverses. Ainsi, les paysages en terrasse représentent
un patrimoine dont l’existence dépend de ces stratégies d’exploitation.

4.3. ANOVA de la biodiversité des plantes médicinales appliquée aux communes, terroirs et
classes de structure
résultats
nbr de plantes citées/sondé
Ivony 4,1 a
communes
Andina 2,7 b
1/Ambato. 4,2
2/Ambodro. 4,5
3/Amboa. 3,5
4/Vondro. 3,7
terroirs
5/Anjama 1,3
6/Sahasao. 4,75
7/Ambohi. 5
8/Tanano. 1,6
1 2,2 b
2 7,5 a
classes de structure
3 3,1 b
4 4 ab
Tableau 13 : Résultats de l'ANOVA concernant la répartition du savoir-faire des ménages sur la biodiversité. Source :
Rafanomezantsoa et Cramez, non publié

Les gens citent significativement plus de plantes médicinales à Ivony qu’à Andina. La commune
d’Ivony est donc soit plus riche en plantes médicinales, soit plus riche en savoir-faire liés à ces plantes
qu’à Andina, où une perte de savoir (ou un refoulement de ce savoir) se fait sentir.
Les gens appartenant à de grandes exploitations citent plus de plantes. Ce sont des agents de
valorisation active du patrimoine en tant que “courtiers” du développement.

II. Accès à la propriété et stratégies de diversification

53
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1. Modalités d’accès à la propriété foncière et au crédit agricole

1.1. Modalités d’accès à la propriété foncière

Les rizières appartiennent au patrimoine foncier familial. Un proverbe dit : « ny anaran-dray


tsy ahoaka, ny vady tsy ampangatahana », lit. « il ne faut pas déshonorer le nom du père, ni celui de
sa femme ». En d’autres termes, un homme doit travailler la terre qu’il a héritée pour subvenir aux
besoins de sa famille. C’est ainsi que pour un jeune agriculteur ayant hérité de sa famille il est
extrêmement difficile de vendre ses terres et de se reconvertir dans une autre activité. L’accès à la
terre autrement que par héritage et par mariage reste rare aux vues des enquêtes. La location et le
métayage n’ont pas pu être mis en évidence, mais cela est probablement dû à un refus des
agriculteurs de livrer cette information (stratégies agricoles à ne pas divulguer, déshonneur de ne pas
cultiver la terre du père,...). L’acquisition du foncier par culture d’une terre vierge est rare également
car la grande majorité des terres est déjà en propriété ou du moins revendiquée.
La reconnaissance de propriété par titre foncier est encore très peu acceptée par la population
locale. En effet, l’acquisition d’un terrain par un étranger peut tout aussi bien être en règle aux yeux
de l’Etat mais ne pas paraître légitime aux yeux de la population qui selon les préceptes du
fihavanana, tout élément étranger à la communauté est source potentielle de danger.

La terre est liée au nom de son propriétaire, on parle alors de anarandray (lit. nom du père).
Cette expression reste valable si le propriétaire est une femme. Au sein de la communauté betsileo
les femmes ont les mêmes droits fonciers. Elles héritent de la même part que leurs frères à la mort
du père et même après mariage, il n’est pas rare de distinguer les terres de l’épouse de celles de
l’époux. Le droit d’eau étant lié à la terre, les femmes ont également légitimement le droit d’irriguer
leurs parcelles. Cependant, il est d’usage que ce soit un homme de la famille qui cure les canaux si la
propriétaire des parcelles irriguées est une femme. Il existe en effet une stricte division des taches
dans la société betsileo.

La plupart des terrains à couvert forestier naturel (ala nanahary) et à forêts reboisées (ala
sinatry) ont un statut particulier. Contrairement aux terres cultivées, la forêt est un patrimoine
familial commun et non particulier. On parle de patrimoine rà iray ihany (lit. de même sang). Bien
que sous propriété commune au sens de la propriété dans la coutume betsileo, le maintien en l’état
de la forêt est sous la responsabilité particulière d’un membre de la famille, en général celui qui
habite ou qui cultive à proximité. Cependant, il est interdit sans approbation de toute la famille de
couper les arbres, ou de dégrader de modifier de quelques façons que ce soit le milieu. L’objectif du
maintien de ce type de forêt est double : protection des sources d’eau dans le cas des ala nanahary
et maintien d’une pharmacopée valorisée par la famille. Il est d’ailleurs interdit - comme pour les
terres cultivées - de vendre son espace forestier ; bien que ces règles ne soient pas toujours suivies.

1.2. Modalités d’accès au crédit

L’accès au crédit passe en majorité, parmi les agriculteurs concernés, par la CECAM ou Caisse
d’Epargne et de Crédit Agricole Mutualisé. Il s’agit d’un réseau de microfinance semi public répandu
dans tout Madagascar jusque dans certaines communes rurales comme c’est le cas d’Andina. Son
objectif est d’améliorer les opérations économiques des agriculteurs : crédits, épargnes, garanties à
la vente... La CECAM met par exemple à disposition de ses clients une caisse de stockage qui consiste
en l’achat à prix correct du paddy en période de récolte et en la vente de ce riz à prix bas en période
de soudure. Concrètement, 53 greniers sous scellés à Andina servent à stocker le paddy acheté. Pour
pouvoir être bénéficiaire de la CECAM et accéder aux micro-crédits, il faut verser 22 500 Ar de part
sociale fixe en un seul montant, apporter des garanties de la solvabilité de son projet et satisfaire un

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taux d’intérêts de 3.5%. Autant de conditions qui limitent grandement l’accès à ce service pour la
majorité des agriculteurs.

2. Diversification agricole sur terrasses

2.1. Diversification en cultures de second cycle (ou cultures de contre-saison)

Les exploitations agricoles s’orientent donc principalement vers deux types de stratégies de
cultures : intensification des cultures vivrières ou diversification en culture de rapport (classes
stratégiques 3-b, 3-c et 4-c). Bien que la riziculture reste l’activité phare de chaque exploitation, on
peut noter globalement un phénomène de diversification des cultures dont l’objectif est d’apporter
une source de revenu supplémentaire au ménage.
La culture de second cycle ou communément appelée culture de contre-saison est la pratique
de recherche de revenu supplémentaire la plus répandue. Elle a pris son essor dans la périphérie de
Tananarive - où la demande en produits maraîchers reste quasi-inépuisable - puis s’est développée
dans les hautes-terres à la fin des années 60, dont le climat est proche de celui de la capitale. Bien
que pratiquée depuis plusieurs siècles, la culture de contre-saison rencontre encore des obstacles à
sa diffusion : problème d’accès dans les grands ensembles de terrasses, manque d’eau ressentie en
août et septembre, maladies (kimavo, chenille qui se nourrit des feuilles de petit pois, kilimazo,
parasite qui attaque les plans de pomme de terre et de haricot), cherté des engrais organiques,
cherté et manque de confiance envers les engrais chimiques et les semences OGM diffusés par les
sociétés demandeuses de produits de contre-saison,... Malgré tout, les engrais utilisés sont le guano,
le NPK, l’urée (l’interdit sur le porc dans certains terroirs empêche l’épandage de son lisier), la
dolomie et la poudre d’os. La culture de contre-saison est plantée après drainage et labour de la
rizière entre juin et août. L’agriculteur profite généralement de cette occasion pour redresser et
désherber les digues de la parcelle. Des canaux latéraux à l’intérieur de la parcelle vont permettre
d’irriguer les cultures par percolation puis remontée capillaire de l’eau. Ces mêmes canaux se
poursuivent vers la sortie de la parcelle en aval en jouant cette fois le rôle de drains. A l’état de
plantule, lorsque le système racinaire n’est pas assez développé pour atteindre la couche humide du
sol, l’agriculteur arrose une à deux fois par jour les cultures à l’aide d’un arrosoir ou d’une assiette.
L’eau provient d’un canal à proximité, d’une rizière en amont ou d’un trou d’une trentaine de cm en
général creusé sur la parcelle même. Parmi les cultures de contre-saison, on trouve les cultures
maraîchères et la culture du tabac, rémunératrice mais nécessitant une licence d’exploitation.

Figure 39: Différents états d'avancement de la culture du tabac en contre-saison sur terrasses irriguées. Source : Cramez, 2014

55
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La culture de contre-saison donne un certain


esthétisme aux rizières qui se parent de multiples couleurs au
grès des cycles culturaux. Les cultures sont vendues
majoritairement à Ambositra. Andina s’est spécialisé avec son
savoir-faire dans la production de tomate.
Figure 40 : Marché d'Andina du vendredi et spécialisation de la tomate. Source : Cramez, 2014

2.2. Diversification par la culture des orangers

La région d’Ivony et d’Andina est également réputée pour sa production d’agrumes qui
procure une source de revenu parfois importante aux agriculteurs. L’arboriculture a pris localement
son essor dans le terroir de Leimavo, au centre d’Andina dans les années 70. Mais ce secteur est
aujourd’hui ravagé par la fumagine, champignon véhiculé par une cochenille. La plupart des
agriculteurs utilisent l’insecticide NUVAN pour lutter contre ce parasite, mais sans grand succès. Des
tentatives de reconversion vers le ravintsara (camphrier Cinnamomum camphora, d’où l’on extrait
son huile essentielle) existent. Mais certaines exploitations sont réellement touchées par la pauvreté
à cause de ce fléau dont le remède n’a pas encore été découvert dans la région. La production
d’agrumes est encore toutefois estimée à 1 000 tonnes par an (Andina, Ivony et Ihadilanana
cumulés), en partie grâce au fait que le fléau n’a pas encore
atteint Ivony. Les plantations d’agrumes se situent soit sur
d’anciens rideaux qui ont été aplanis soit sur d’anciennes
terrasses irriguées. La seconde option est la plus utilisée,
l’aplanissement du terrain nécessitant une main-d’œuvre
supplémentaire. La stratégie qui s’offre aux agriculteurs étant
souvent soit d’assurer une production annuelle suffisante en
riz soit de « sacrifier » les terrasses pour y planter des
agrumes et espérer un retour sur investissement pour la
première fois au bout de deux à cinq ans. Le temps que les
oranges parviennent à maturité, on y plante du maïs et du
haricot en pluvial. Les orangers sont plantés généralement Figure 41 : Feuilles d'oranger noircies par la
fumagine. Source : Cramez, 2014
près des habitations afin de surveiller les fruits convoités par
les voleurs et de collecter les oranges plus facilement. Les arbres adultes n’ont besoin d’être arrosés
qu’environ 4 fois par saison sèche. Les jeunes plants sont arrosés 2 fois par semaine lorsque le sol est
sec. Ils sont arrosés à l’assiette en puisant l’eau dans un canal à proximité le cas échéant ou en
creusant un trou à-même la parcelle. Les plantations d’agrumes sont protégées des bovins et des
voleurs par des haies de sisal prêtant un cachet de « bocage » à certains paysages comme à Leimavo.
Des collecteurs locaux, agriculteurs eux-mêmes et démarchés par les coopératives agrumicoles, se
chargent de la collecte des oranges, qui a lieu d’août à décembre. La vente a lieu avant la collecte et
se solde par l’apposition d’un point de peinture de la couleur du collecteur sur chaque orange. Il
existe également des protections rituelles occultes consistant à jeter un mauvais sort ou kalo autour
des orangers afin de les protéger des voleurs. Le mandravasarotra est une plante permettant,
toujours au cours d’un rituel, de lever le mauvais sort jeté sur les orangers (Rafanomezantsoa, 2014).
Les oranges sont principalement vendues à Antsirabe et à Tananarive au marché d’Andravoahangy.

3. Individualisation des comportements et conséquences paysagères : le cas des


terrasses d’Anjama

3.1. Individualisation des comportements

A l’époque de l’émergence du fihavanana, le temps de chacun avait la même valeur dans la


société et le phénomène d’enrichissement d’un individu par rapport à un autre était extrêmement

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limité. La population était vraisemblablement plus homogène que de nos jours et cette homogénéité
donnait sens aux mécanismes de réciprocité du fihavanana. Mais l’hétérogénéisation d’une société
dont les comportements se traduisent en termes d’opportunités économiques n’attribue plus la
même valeur du temps aux différents individus. Ainsi l’échange de travail sur les parcelles par
exemple n’est plus collectivement rationnel. Les anciennes hiérarchies à dominante sociale sont
supplantées par de nouvelles hiérarchies à dominante économique (implantation des AUE et
substitution du pouvoir local aux logiques communautaires au pouvoir national aux logiques de
marché). Les situations de crise telles que les catastrophes naturelles (cyclones, pluies tardives,
sauterelles), la baisse du pouvoir d’achat, l’instabilité des prix agricoles, l’absence d’emplois
fragilisent les règles de vie communautaires et poussent à l’atomisation des ménages et des
stratégies agricoles. Alors qu’ils étaient au centre de toutes les décisions et de toutes les activités, le
maintien des règles de vie du fihavanana semble absolument vital aujourd’hui pour défendre les
intérêts de la communauté, aussi économiques soient-ils. Il est peut-être alors nécessaire de
repenser la communauté, ses valeurs et ses intérêts. La défense de son mode de vie, de son savoir-
faire et de ses pratiques passe peut-être par la patrimonialisation de ce qui représente la forme la
plus aboutie d’une coopération sociale à but économique : la riziculture sur terrasses.

3.2. Conséquences paysagères : le cas des terrasses d’Anjama

Insuffisance
actuelle de
l’eau

Figure 42 : Schéma de l'accaparement en eau des irrigants des nouvelles terrasses en amont.
Source : Cramez, 2014

Le terroir d’Anjama a la particularité de présenter des champs de cultures pluviales en aval de


terrasses irriguées. Cette situation est le résultat d’une construction de terrasses irriguées sans
concertation des populations locales ou fokonolona. Le terroir d’Anjama est escarpé mais ne possède
pas de rivières à débit important comme les rivières Sahasaonjo ou Amboagivy, c’est la raison pour
laquelle avant 1999 la population locale n’avait pas jugé rentable l’expansion des rizières en terrasse.
Cependant, la pression démographique aidant, le canal de dérivation en amont des quelques
terrasses originelles d’Anjama a été prolongé pour irriguer de nouvelles terrasses érigées à partir de
1999. L’eau résiduelle de ces terrasses servait aux populations en aval pour irriguer en saison sèche
leurs champs de cultures. Cette eau est maintenant indisponible et la partie en aval d’Anjama, déjà
fortement touchée par la maladie de ses cultures ( kilimazo de la pomme de terre), abandonne
désormais tout espoir de récolte en saison sèche à ce niveau. Cette situation illustre bien les
problèmes d’accaparement de la ressource pouvant subvenir dans une communauté où
l’individualisme monte et la concertation recule.

Partie IV Perspectives d’évolution des sociétés rurales


d’Ivony et d’Andina

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I. Les principaux acteurs du développement rural et de la gestion de l’eau


œuvrant sur le terrain

1. La DRDR (Direction Régionale du Développement Rural)

La DRDR ou Direction Régionale du Développement Rural est le Représentant du Ministère de


l’Agriculture (MINAGRI) dans la Région. La mission principale de la DRDR Amoron’i Mania est
d’augmenter la production agricole particulièrement en riz afin d’atteindre la sécurité alimentaire
dans la région. Elle tend à développer des partenariats avec d’autres acteurs œuvrant dans le même
domaine tels que l’ADRA, le FID et le FRDA (cités plus bas). Elle joue ainsi le rôle de coordinateur de
projets. Dans un schéma classique, le FRDA valide et se charge du financement du projet, l’ADRA
s’occupe de la mise en œuvre du projet, le FID se charge de la recherche de fonds en cas de
constructions rurales et la DRDR coordonne ces organismes et s’assure du suivi du projet. Un
exemple d’action de la DRDR est sa collaboration avec le projet AFRICA RICE qui a doté la région de
44 t de semences améliorées, indice d’une encore forte politique du riz de l’Etat dans la région.
L’ensemble des partenaires techniques de la DRDR sont citées en annexe 2.

2. L’ADRA (Adventist Development and Relief Agency)

L’ADRA est une structure dépendante du ministère de l’agriculture qui a pour but de répondre
aux objectifs du programme salohy financé par l’USAID visant à promouvoir la sécurité alimentaire
dans la région Amoron’i Mania. Le programme salohy a débuté en
juillet 2009 et s’est terminé en juin 2014. Pour mener à bien sa
mission, les activités de l’ADRA sont réparties en trois volets : la
santé SO1, dédiée aux enfants de moins de 5 ans et aux femmes
enceintes, l’agriculture SO2 et l’infrastructure rurale SO3. Au sein du
volet SO2, l’ADRA s’occupe principalement des cultures
maraîchères, des coopératives agricoles et de l’agrobusiness. Au sein
du volet SO3, l’ADRA s’occupe principalement des pistes et des Figure 43 : Panneau d'un champ
ouvrages hydroagricoles, de la gestion des risques et des école initié par l'ADRA. Source :
catastrophes, de la gestion des ressources naturelles et de questions Cramez, 2014
de bonne gouvernance. L’ADRA se répartit le territoire de l’Amoron’i
Mania avec d’autres organismes travaillant au même niveau : le CRS, le CARA et le lando-lakes.
L’ADRA s’occupe de 157 fokontany et attribue un technicien dans chaque commune que l’on a
effectivement pu voir sur le terrain à Andina. Plus précisément, l’ADRA intervient auprès des
groupements paysans dans un souci d’appui à la production agricole (aide à la production, aux
débouchés des produits, à l’épargne et aux crédits des familles, à la résilience des systèmes agricoles.
Sont recensés comme représentant un risque ou aléa par l’ADRA : les cyclones, les épidémies, les
inondations et les feux de brousse. Afin de lutter contre ces catastrophes naturelles, des plaquettes
de sensibilisation et de bonnes pratiques en cas de crise sont distribuées aux habitants des
communes. Les conditions d’appui à la population sont au nombre de deux : il faut que les
bénéficiaires ne puissent pas agir seuls et il faut qu’ils participent à la réalisation de l’action menée.
L’ADRA appuie les ouvriers agricoles en leur distribuant du riz et de l’huile, ainsi que du matériel
agricole. Les morondrano (berges des rivières canalisées) sont presque systématiquement
entretenues par les agriculteurs en collaboration avec l’ADRA qui prête le matériel et distribue le
repas de midi à chaque journée de travail comme il a été le cas au niveau de la rivière Amboagivy en
2010. Pendant la journée de travail, l’ADRA se propose également d’apporter un repas chaque midi
aux travailleurs ainsi qu’un prêt de matériels agricoles. Il existe un programme du nom de green
soutenu par l’ADRA visant à primer les fokontany qui découragent la déforestation par
l’intermédiaire d’un diplôme décerné au chef fokontany. Le chef fokontany à Amboagivy a été
récompensé de la sorte.

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3. Le projet AROPA (Appui au Renforcement des Organisations Professionnelles et


aux services Agricoles)

Le projet AROPA a pour but d’œuvrer en faveur de la loi SAGE (Service d’Appui à la Gestion de
l’Environnement) sous financement du FIDA (Fonds International pour le Développement Agricole).
Ce projet a été formulé en 2008, le début des activités a commencé en janvier 2010. Elle intervient
dans 5 régions dont l’Amoron’i Mania. Le projet a une durée prévue de 9 ans répartie en 3 phases. Il
prendra fin le 31 mars 2018. Son objectif général est de renforcer les organisations professionnelles
pour améliorer les revenus et réduire la vulnérabilité des petits producteurs, en facilitant leur accès à
une offre de services et à des équipements selon leurs besoins. Ses objectifs spécifiques sont le
renforcement et la professionnalisation de manière durable des organisations de producteurs, la
facilitation de l’accès des producteurs à une offre de services agricole adaptée à leurs besoins,
l’amélioration de la production et de la commercialisation des produits dans le cadre de filières
prioritaires. Le projet AROPA agit principalement en tant que conseiller technique auprès des
agriculteurs et les conseillers techniques que l’on a pu rencontrer sur le terrain sont la preuve d’une
véritable volonté d’action en ce sens.

4. Le FID (Fonds d’Intervention pour le Développement)

Le Fonds d’Intervention pour le Développement – FID – est une association créée en 1993,
reconnue d’utilité publique suivant le décret N° 9344 du 27 janvier 1993. Conformément à ses
statuts, le FID a pour objet de mobiliser des financements afin
de promouvoir, de financer et de réaliser des projets
communautaires à caractère économique et social, des
renforcements de capacité des divers acteurs de
développement au niveau local. Le FID est connu dans la région
pour la réalisation de programmes avec le Gouvernement
malgache. De nombreuses écoles et barrages bétonnés comme
celui de l’AUE d’Ambohimahastiahy ont profité des
financements du FID à Ivony et à Andina. Avec le dernier
programme dit Programme de Sécurité Alimentaire et de
Reconstruction – PSAR – le FID est un mécanisme malgache de
protection sociale en milieu rural et de Figure 44 : Cartouche du FID apposée sur le barrage de l'AUE
d'Ambohimahastiahy. Source : Cramez, 2014
reconstruction post-catastrophe.

5. Le FRDA (Fonds Régional pour le Développement Agricole)

Le FRDA (Fonds Régional pour le Développement Agricole), créé en 2009, dépend au niveau
national du FDA qui est établissement public national à caractère administratif. Il dépend du
ministère chargé de l’agriculture et du ministère chargé du budget et de la comptabilité publique. Le
FRDA a pour vocation de financer les actions visant à améliorer les revenus des populations rurales
par l’octroi d’une subvention pour la réalisation d’un projet jugé éligible par le Comité Régional
d’Orientation et d’Allocation. En guise d’exemple, de 2013 à 2014, le FRDA a validé et pris en charge
financièrement les projets d’AROPA. Son bailleur de fond est principalement l’Union Européenne et
les aides sont gérées par un organisme d’appui technique, le FERT. Les missions du FRDA sont :
l’amélioration de l'insertion des producteurs dans l'économie nationale, la facilitation de leur accès
aux services et aux facteurs de production, la contribution au renforcement et au développement
des outils de services aussi bien techniques que financiers et des filières, le renforcement des
capacités de maîtrise d'ouvrage des producteurs à travers leurs organisations. Les acteurs éligibles
sont les agriculteurs et leurs associations, formelles ou non, les coopératives, les institutions
financières engagées dans l’agriculture, les centres de recherche agricole, les centres de formation
agricole et les prestataires de service. En règle générale, le FRDA ne subventionne au maximum qu’à

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hauteur de 80% du projet. Les 20 autres pourcents doivent être pris en charge par le bénéficiaire. Le
FRDA travaille sur 8 services : les infrastructures d’appui à la production, les équipements et
matériels, les services à la production agricole, pastorale et halieutique, la recherche appliquée, la
structuration des filières, la structuration et le renforcement des OP, le renforcement des capacités
et le soutien au développement de systèmes de crédits agricoles adaptés.

6. Le CPR (Centre de Promotion Rurale) des frères d’Analabe

Le Centre de Promotion Rurale des frères d’Analabe porte officiellement ce nom depuis 1968.
Sa mission à l’époque consistait en la subvention de matériels agricoles (barres à mine et arrosoirs
principalement, matériel que l’on rencontre encore aujourd’hui régulièrement dans les
exploitations). La construction de ponts comme celui sur la route de Vondronambohitra à Ivony leur
incombe. Ses objectifs sont le développement, l’éducation et l’entraide dans la vie sociale. Leurs
activités sont l’éducation, la formation du monde paysan en brousse sur les moyens de production,
et la réalisation de mini-projets : barrages, ponts canaux, ponts et chaussées, adduction d ‘eau
potable, greniers à riz, micro-crédits, construction en courbes de niveau, drainage des vallons pour
des nouvelles rizières, arboriculture et reboisement. Parmi ses bailleurs de fonds sont présents le FID
et le FRDA. En partenariat avec le PSDR (Projet de Soutien au Développement Durable), le CPR assure
la mise en place et le suivi de fonctionnement de quelques AUE et les appuie dans la gestion et
l’entretien des périmètres irrigués. L’AUE Tombasotra à Andina a reçu ce type d’aide en 2004. En
partenariat avec Développement et Paix Canada, le CPR a mis en place des pépinières d’arbres
fruitiers et forestiers à Andina entre 2000 et 2005.

Il existe donc une bonne coopération entre les différents acteurs et institutions du
développement agricole et rural de la région. Il est intéressant de remarquer que les diverses
informations contenues dans les monographies faisant l’étude de la situation agro-économique de la
région se recoupent, preuve d’un véritable dialogue et d’échanges d’informations entre institutions.
Cependant, on peut déplorer un manque de visibilité entre institutions travaillant sur des domaines
différents. On peut considérer que toutes les organisations œuvrant dans le développement rural
dans la région travaillent au moins avec une de ces institutions.

II. Dynamismes sociaux et rôle clé des personnes ressources dans un tel
système coutumier

1. Leaders et agents locaux actuels de patrimonialisation

Au sein de la communauté d’Ivony et d’Andina se trouvent des acteurs locaux de


patrimonialisation que l’on peut qualifier de courtiers. Ils s’apparenteraient au statut de chef du
fokonolona dans la tradition betsileo. Ils assurent le lien entre la communauté et le monde extérieur.
Ce sont des personnes précieuses dans les processus de développement et de valorisation du
patrimoine de par leur connaissance des objets, savoirs et savoir-faire de la zone d’étude, leur statut
social et leur ouverture sur le monde extérieur. Ils sont en quelques sortes à la fois légitimés par la
population locale car en accord avec le fihavanana et à la fois légitimés par le monde extérieur car
promoteurs et véhiculeurs d’idées nouvelles.

A Andina, le docteur Henri est une personnalité reconnue. Détenteur d’un doctorat en biologie
marine, il est ancien secrétaire d’Etat du ministère de la pêche et des ressources halieutiques. Il
descend aussi de l’ancienne famille royale d’Andina dont il serait reconnu comme anak’hova (prince).
Son habitation serait située sur une ancienne forteresse betsileo dont il se fait le promoteur. Il est
valorisateur de la biodiversité locale et leader de développement (président d’association,
promoteur de l’aromathérapie, inventeur d’une spécialité...). De par ses connaissances sur la société

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d’Andina et ses contes et légendes, il est sans conteste un acteur de patrimonialisation


incontournable de la zone.

Cyrille a été notre guide, informateur et traducteur dans la commune d’Ivony. Spontanément,
il nous a fait découvrir ce que les gens d’Ivony valorisent le plus : le tombeau du roi Betsileo, le
savika, etc... Ancien instituteur, le très bon relationnel avec les habitants de sa commune et
l’adoption continue de nouvelles techniques agricoles en font un acteur de choix pour la valorisation
active du patrimoine agricole de sa commune.

Niry a été notre guide et traducteur dans la commune d’Andina. Malgré son jeune âge, il a su
gagner la confiance des gens à travers son engagement dans diverses organisations socio-
économiques d’Andina : président CECAM (société de crédit agricole) Andina, président d’une
compagnie (association s’occupant des événements sociaux culturels du fokonolona), vendeur de
médicaments ambulant, vulgarisateur de techniques agricoles auprès de l’ADRA, coordinateur dans
le projet PHEDER). Il est un atout de choix dans la promotion d’actions liées à la patrimonialisation
auprès de la population.

Edmond, héritier des travaux du père de Laulanié, promoteur du SRI à Madagascar dans les
années 90, dirige le centre de Promotion Rurale d’Ambositra. Edmond est aussi le président de
l’association Tefy Saina (= forger l’esprit) depuis 1995. Pendant 30 ans il a été formateur de cadres
pour le développement rural au centre national de promotion rurale de Tsinjoezaka. En 2006 il crée
un champ école à 22 km au sud d’Ambositra dans le but de promouvoir l’agriculture biologique et le
savoir-faire agricole des gens des hautes terres. Il est un acteur international de premier plan de la
promotion de l’agriculture betsileo.

André, ancien professeur d’histoire géographie, ancien directeur de l’école primaire d’Ivony et
candidat 2014 à la mairie, comprend le potentiel touristique que représentent les paysages de sa
commune. Engagé dans la vie politique d’Ivony, il est déjà un acteur stratégique dans la
patrimonialisation des terrasses d’Ivony.

2. Initiative locale de défense du patrimoine naturel : l’association Taratra

L’association Taratra exprime d’une belle manière le désir de valorisation du patrimoine


naturel par les locaux - que l’on pourrait parfois juger d’attentistes – vis-à-vis du phénomène feu de
brousse d’origine pastorale, qui met en péril les ressources en eau et en espèces endémiques à
Anjama selon son président (appelé lehibe ny afo, lit. le chef du feu). L’association a vu le jour en
2011 des suites de la diminution drastique des ressources naturelles causées par un incendie de
grande ampleur en 1982. Elle a un rôle patrimonial dans le sens où elle protège activement
l’environnement immédiat des exploitations agricoles. Bien que d’initiative locale, l’association
Taratra a tout de même été repérée par l’ADRA qui lui offre du matériel et par la fondation Tany
Meva qui l’appuie sur le reboisement du terroir.

3. Mobilité communautaire et projet d’hydroélectrification

Le projet PHEDER (Projet d’Hydro-Electricité pour le DEveloppement Rural) est un parfait


exemple de collaboration, d’entente active et de responsabilisation des habitants de la commune
d’Andina - et en particulier des jeunes - pour la réalisation d’un projet de développement durable de
grande ampleur dont ils seront les bénéficiaires : l’électrification par barrage hydro-électrique. Il
démontre qu’il existe encore une capacité organisationnelle à l’échelle de la commune, bien que
cette organisation peut être qualifiée de progressiste (importance accordée aux jeunes lettrés plutôt
qu’aux anciens, recul du travail collectif villageois au profit d’un travail collectif à plus grande
échelle,...).

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Figure 45 : Panneau de la fondation Tany Meva à Tananarive. Source : Cramez, 2014

Le projet PHEDER a été lancé par la pépinière de projets


Tany meva qui coordonne, suit et accompagne les associations
bénéficiaires. Le financement - assuré par GEF-SGP et l’Union
Européenne - est octroyé par Tany Meva à la condition que la
population bénéficiaire lui démontre sa participation au projet. La
centrale est implantée à Andoharihana, à 1 km d’Antanifotsy, un
fokontany au sud d’Andina. Trois associations constituées de ses habitants se sont ainsi formées de
façon indépendante : Antanifotsy mandroso, Miary Andina et Mavirisoa à Ampotsinatsy.
L’association Antanifotsy mandroso s’occupe des travaux liés à la construction du canal d’amenée, au
reboisement pour compenser les pertes en bois dues à la construction des poteaux électriques et à la
réhabilitation des pistes d’accès à la centrale. Mavirisoa aide à la réalisation des travaux de la
centrale assurée par l’entreprise SRAFI. Miary Andina traite des activités liées au réseau d’électricité
et notamment de l’approvisionnement en poteaux, files et accessoires. L’objectif de l’électrification
d’Andina est l’exploitation des potentialités économiques présentes sur place : activités de
transformation et de conditionnement des productions agricoles locales, rizeries, infrastructures
touristiques,... Elle pourrait également aider à lutter contre l’insécurité et à utiliser à grande ampleur
les systèmes de pompage. Actuellement, la JIRAMA et la JIRAFI constituent les deux principaux
fournisseurs d’électricité – quand réseau électrique il y a - de la région d’Amoron’I Mania. Cependant
ils utilisent le gasoil pour produire leur électricité. De nombreuses chutes d’eau pourraient servir
d’électrification durable et économique dans de la région, à condition le partage des ressources en
eau entre centrales hydro-électriques et irrigants se fasse équitablement.

Bien que les irrigants avoisinant le barrage en amont du projet ne semblent pas encore avoir
été consultés la centrale hydro-électrique est présentée comme ne perturbant pas la disponibilité en
eau agricole. En effet, le barrage bétonné servant à la dérivation des eaux dans le canal d’amenée se
situe à l’emplacement même d’un barrage traditionnel d’irrigation, dont le canal alimentant les
rizières n’a pas été supprimé. Il y aura donc partage de l’eau à partir du même barrage, et le débit est
jugé généralement suffisant pour les deux usages par les partenaires locaux. Le maintien d’un étiage
minimum est prévu en saison sèche pour maintenir un écoulement de base (fonctions écologiques).
Une fois transmis son énergie aux turbines quelques dizaines de mètres plus bas, l’eau de la centrale
est rejetée dans la rivière Ampotsinatsy par l’intermédiaire d’un canal de restitution.

III. Valorisations écotouristiques existantes et potentialités à développer

1. L’ORTAM

L’ORTAM ou Office Régionale du Tourisme en Amoron’i


Mania a pour objectif de faire découvrir la région aux touristes
nationaux et internationaux. Cet organisme semi-
gouvernemental propose avec des guides agréés des circuits
touristiques en Amoron’i Mania. Chaque guide réalise une
vingtaine de tournées par an. L’ORTAM organise des
dégustations d’oranges à Andina avec possibilité d’hébergement chez l’habitant, l’ouverture de
points de vente de tissus en soie et de nattes en fibre de jonc et la découverte du processus
d’extraction des huiles essentielles. L’ORTAM propose également une découverte du savika. Il s’agit
d’une fête traditionnelle consistant à attraper dans une arène la bosse d’un zébu. Cette activité
dangereuse prend ses origines dans les cérémonies de mariage, où le futur mari devait montrer son
courage à sa conjointe. Le savika reste très populaire de nos jours. Le rodéo consiste également à
attraper la bosse du zébu mais cette fois-ci dans une rizière, alors ce dernier est ralenti par la boue à
ses pieds. Les enfants peuvent se prêter à cet exercice, sous l’œil des touristes. Au niveau de

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l’amphithéâtre de Maintitondro, les touristes ont la possibilité de descendre dans la parcelle de


l’agriculteur présent et d’apprendre à manipuler l’angady ou à repiquer le riz selon la saison.
Cependant les partenaires de l’ORTAM restent limités (hôtels et locations de véhicules rares,
hébergements sur place très difficiles,...). La priorité du gouvernement ne semble pas se tourner vers
les petits aménagements touristiques mais vers les pôles majeurs. L’ORTAM agit donc seule pour
tenter de défendre les atouts culturels de la région. Ainsi elle a sensibilisé les agriculteurs sur
l’importance du maintien des terrasses de Maintitondro en l’état afin que tout le monde puisse
bénéficier des retombées du tourisme.

2. Potentialités touristiques

En plus des objets, et savoirs valorisés par l’ORTAM, Ivony et Andina disposent d’autres potentialités
touristiques importantes.

Potentialités touristiques valorisées par l’ORTAM :

- Les huiles essentielles et la biodiversité à travers les plantes médicinales


- Le savika de mai à août (annexe 15-1)
- Le circuit des orangers (annexe 15-2)
- Les terrasses en amphithéâtre de Maintitondro
- Les grottes et la piscine d’Atsimondrano
- Le rodéo dans la boue de juillet à septembre

Autres potentialités touristiques repérées :


Figure 46 : "Piscine" d'Atsimondrano, Andina.
Source : Cramez, 2014
- Le volambetohaka est une fête qui met en avant l’art du
discours betsileo, courant juin.
- Le famadihana est la fête du retournement des morts, entre les mois de juin et d’août. Elle
consiste à changer dans la joie et après un faste repas les linceuls en soie des défunts de la famille.
- Fête musicale fetindrazana en août à Ivony
- Présence d’artisanat du bois à Ambositra (sculpture, marqueterie, art zafimaniry ) tourné
vers la représentation de la vie quotidienne agricole et artisanat de la soie, de la broderie et de la
vannerie à Ambositra. Valorisation de la société agricole betsileo dans certains hotely malagasy de la
ville
- Parapente sur les sommets du massif du Vatodrakitra à l’ouest de la commune d’Ivony
- Randonnée pédestre sur la haute montagne d’Antety
- Vue simultanée sur Andina et Ivony (en se retournant) au sommet de la colline Fotsivolo (lit.
cheveux blancs, de la couleur blanche du quartz présent sur la colline). Possibilité d’y apercevoir
l’entrée des mines de quartz
- Visite du tombeau du roi Andriamanalina sur la colline du même nom, au sud-est d’Andina
- Visite des cascades de l’Ivato à l’ouest du finage d’Ivony
- Visite de l’ancienne forteresse d’Andina, au sommet de la colline d’Atsimondrano, entourée
de ses arbres et de ses sept fossés de défense concentriques. Pour atteindre le sommet de la
forteresse, il est nécessaire de gravir sept paliers séparés de sept marches entre chaque.
- Visite du bocage de Leimavo
- Visite des diverses tombes Vazimba
- Visite du chemin des vatolahy d’Andina accompagnés de leurs histoires
- Visite des majestueuses terrasses de Tananomby au nord-est d’Andina

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Figure 47 : Carte des sites touristiques de l'ORTAM (points jaunes) et des sites qui sont encore à valoriser (points rouges).
Source : Cramez, 2014

3. Récapitulatif des forces et des vulnérabilités identifiées et perspectives


d’évolution

forces faiblesses perspectives d'évolution


gouvernance de proximité existante mais encore fébrile efforts à poursuivre
existence de filières stratégiques filières non structurées filières à structurer
émergences de spécialisations spé. fragilisées par l'environnement
filières à structurer
communales et territoriales naturel et économique
sécurité alimentaire atteinte stagnation des rendements filières à structurer
eau parfois précieuse en saison
potentiels hydro-électriques à développer
sèche
biodiversité potentiellement en
hot spots de biodiversité à défendre
danger
potentialités écotouristiques manque d'infrastructures filière tourisme à structurer
existence de sites culturels enclavement de ces sites filière tourisme à structurer
société parfois attentiste, en valoriser ce dynamisme à travers la
dynamisme de la jeunesse
espérance d'aides extérieures réalisation de projets
scolarisations supérieures et scolarisations supérieures et
scolarisation primaire élevée
techniques rares techniques à développer
existence de divers programmes stopper le phénomène de vols de
problèmes respiratoires inquiétants
de santé bœufs
savoir-faire hydroagricole décrépitude des ouvrages restructuration des associations
remarquable hydrauliques d'irrigants
authenticité de la culture enclavement des sociétés ouverture & protection des sociétés
Tableau 14 : Récapitulatif des forces et faiblesses de l'agriculture d'Andina et d'Ivony. Source : Cramez, 2014

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Les problèmes socio-économiques récurrents que sont le manque de moyens de production, le


manque de capacités des agriculteurs et le manque de concertation entre services privés et services
publiques, se répercutent dans l’ensemble des filières agricoles et touristiques de la région (annexe
1) :

Le premier levier à valoriser est l’amélioration des moyens de production des agriculteurs. En
premier lieu, la dégradation des ouvrages hydroagricoles devrait sérieusement être prise en compte
et plus qu’une intervention directe - et louable - de restauration de ces infrastructures avec l’aide
d’acteurs extérieurs, c’est une véritable conscience collective de bonne gestion de l’eau qu’il faut
retrouver dans la société. Cette prise de conscience collective serait sans doute favorisée par
l’émergence d’une fierté des objets, savoirs et savoir-faire hydro-agricoles à travers une valorisation
active de ce patrimoine betsileo. En deuxième lieu, il faut réussir à donner plus de moyens au
producteur, notamment en les aidant à limiter la prolifération des maladies de cultures, en
diminuant les coûts élevés de production et en relevant des prix de vente trop faibles suite à la fuite
de la valeur ajoutée des produits agricoles à l’extérieur de l’exploitation familiale. L’électrification
d’Andina semble être très prometteuse pour l’avenir économique du village, où la valeur ajoutée des
produits agricoles bruts pourra rester dans le village à travers des activités locales de transformation
et de conditionnement de ces produits. La commercialisation de produits « du terroir » (foie gras,
tomate d’Andina) pourra déboucher sur de nouvelles opportunités économiques telles que le
tourisme culinaire.
Le deuxième levier sur lequel il serait capital d’agir est le renforcement de capacités des
locaux. Il s’articule autour du développement de systèmes éducatifs supérieurs, et notamment de
techniciens et spécialistes agricoles, de la création d’activités extra-agricoles et du soutien financier
des îlots de croissance (bovins, fruits, légumes) à travers un meilleur accès au micro-crédit. La
patrimonialisation des terrasses irriguées sous forme d’un label FAO ou UNESCO devrait permettre -
à travers l’écotourisme et les projets de financement – de sortir les acteurs locaux de leur isolement
géographique et économique et devrait permettre de créer un meilleur accès aux activités extra-
agricoles et aux systèmes de micro-crédits recherchés.
Le troisième point est le manque flagrant de concertations entre les agriculteurs et les services
déconcentrés de l’Etat. L’approche bottom-up se fait clairement sentir sur le terrain et cela semble
engendrer un certain attentisme des acteurs locaux, souvent désolidarisés sur des sujets modernes
sortant du cadre strict du fihavanana. Inversement, et à l’exception de certains projets notables
comme l’électrification en cours d’Andina, de nouvelles association informelles comme l’association
Taratra d’Anjama de protection contre le tavy émergent sans la consultation ni la reconnaissance de
l’Etat. Encore une fois, le projet de patrimonialisation devrait permettre un développement des
sociétés en accord qui plus est des objectifs de la loi GELOSE visant à promouvoir la protection
environnementale et la gestion durable des ressources agricoles en renforçant le rôle des acteurs
locaux.

Conclusion
Les terrasses irriguées d’Andina et d’Ivony sont le témoignage d’un savoir-faire venu d’Asie et
adapté à la réalité des Hautes terres malgaches, destiné à valoriser des pentes pour la culture du riz.
Elles se dressent dans le paysage pour faire comprendre à l’observateur aguerri ô combien leur
construction a nécessité une organisation sociale soudée et une technicité hydraulique savante et
ingénieuse. La production rizicole supplémentaire ainsi obtenue a permis de satisfaire les besoins
alimentaires de la population toujours plus nombreuse des grands royaumes centraux. De forte
valeur identitaire, les terrasses sont considérées comme un patrimoine familial pour les ménages et
leur vente semble extrêmement compliquée car cela serait perçu comme un déshonneur pour la
famille.

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Cependant les terrasses ne sont pas uniquement des vestiges vivants du passé. La société
moderne a su les valoriser en fonction des opportunités de marché, dans un contexte socio-
économique changeant. Ainsi il est coutume dorénavant de rencontrer des bocages d’orangers, des
parcelles multicolores de cultures de contre-saison et des pêcheurs au filet en marchant le long de
terrasses centenaires.
Cependant, l’étude montre aussi que l’accès aux surfaces irriguées telles que les terrasses n’est
pas chose facile pour certains agriculteurs, tant la ressource en eau n’est plus illimitée et l’extension
des terrasses difficiles. Les plus jeunes sont contraints de monter en amont de bassin versant pour
cultiver, loin de la ressource en eau. Les terrasses sont des espaces aménagés à haute valeur ajoutée
en travail et en savoir-faire et représentent un capital de valeur pour les exploitations, au même titre
que le bétail ou le matériel agricole. Ainsi, les exploitations à faible accès à la ressource eau mais
ayant assez de capital recourent davantage aux terrasses que les autres, comme c’est le cas dans le
terroir de Tananomby. Mais au-delà du patrimoine agricole et culturel, les terrasses représentent un
système d’utilisation durable des sols et de l’eau et sont le lieu d’une biodiversité spécifique bien
connue des habitants. Plantes médicinales, plantes protectrices, plantes stabilisatrices de digues,
plantes indicatrices de fertilité des rizières, insecticides naturels,... telle est la ressource inattendue
en plantes que les betsileo ont su utiliser, valoriser, domestiquer ou conserver dans ces terroirs
pourtant très artificialisés (Razafimananteza, 2014). Les grandes exploitations recueillent la majorité
des superficies en terrasse, des savoirs sur la valorisation de ses terrasses et jouent clairement pour
certains le rôle de leaders tant par leur reconnaissance sociale que par leur héritage matériel et
culturel dont tout processus de mise en exergue du patrimoine des terrasses rizicoles ne pourrait se
passer.
Mais de par la forte mobilisation organisationnelle qu’elles nécessitent et suite à la raréfaction
de la ressource en eau, les terrasses sont naturellement au cœur de conflits ; raréfaction qui aboutira
vraisemblablement à des tours d’eau en saison sèche dans l’avenir. L’individualisation des
comportements et le recul du système hiérarchique local ont entrainé l’émergence de situations
conflictuelles comme à Anjama. La nécessité d’intervention de l’Etat dans une gestion de l’eau
pourtant multi-centenaire illustre bien la situation difficile dans laquelle les irrigants se trouvent
actuellement. L’évolution climatique orientée vers un assèchement, des conflits d'usage
intrasectoriels - accaparement de l’eau en amont du réseau d’irrigation, refus d’entretenir ses canaux
- mais également intersectoriels - multiplication hypothétique des barrages hydroélectriques -
fragilisent ce système hydroagricole aujourd’hui vulnérable.
Afin de protéger le système de terrasses d’Andina et d’Ivony au nom de la richesse naturelle et
culturelle qu’elle cristallise et au nom des services écologiques et économiques qu’elle rend, la
valorisation du patrimoine réel qu’elle représente pour ses habitants et pour l’humanité serait
profitable à cette région. La politique agricole à mettre en place pour promouvoir ce processus de
patrimonialisation devra viser à renforcer la capacité de résilience du système terrasses. Elle devra
proscrire toute action pouvant porter préjudice aux terrasses comme l’introduction de variétés
envahissantes, l’adoption de techniques mal adaptées, la dénaturation des paysages,... Mais
inversement, la préservation du patrimoine ne devrait pas conduire à une stagnation du système
agricole mais plutôt s’orienter vers une conservation dynamique afin de maintenir un équilibre entre
la sauvegarde, l’adaptation, l’évolution sociale et le développement économique (Koohafkan et
Altieri, 2011). Le processus de patrimonialisation peut choisir de développer l’écotourisme, ce qui
paraît être un choix judicieux tant la région regorge de sites extraordinaires et sachant qu’une filière
tourisme est en plein essor avec la reconnaissance au patrimoine mondial de l’Unesco du savoir-faire
Zafimaniry, aux activités de l’ORTAM et aux leaders locaux. Cette valorisation écotouristique pourrait
entraîner une augmentation des revenus et des créations d’emplois. Les ressources dégagées
nécessaires pourront être réinvesties par les locaux. Ils auront ainsi un outil à leur portée pour
défendre leur mode de vie (Juhé-Beaulaton, Cormier-Salem, 2013). Dans cet optique, un « circuit de
l’eau » (annexe 10) pourrait être crée au même titre que le circuit des orangers. Ce circuit se situerait
entre Atsimondrano et Tananomby, et longerait les vallons s’ouvrant sur la grande plaine irriguée de
Sahasaonjo, les terrasses les plus hautes de la région avec 4 canaux superposées sur un même
versant, les divers ponts-canaux et barrages alimentant la grande plaine, les irrigants de l’AUE

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Tombasotra, les grottes chargées d’histoire creusées par les rivières torrentielles et la « piscine »,
sorte de petit étang. L’écotourisme de l’eau incitera probablement les agriculteurs à entretenir leurs
infrastructures. Les touristes viendraient consolider le rôle aujourd’hui fragilisé de la police de l’eau.
Le développement de l’agroforesterie pourrait permettre de valoriser davantage les cultures
pluviales tout en retenant et fertilisant les sols, favoriser l’infiltration des pluies et apporter un cachet
esthétique à des surfaces parfois nues. La culture de plantes à cycle court résistantes à la sécheresse
et de faible demande en main-d’œuvre durant la saison sèche sur les terrasses telles la lavande ou le
thym pourraient être pratiquée par les agriculteurs en surfant sur la vague des huiles essentielles.

La mobilisation des concepts de la Gestion Sociale de l’Eau a permis de décrire et de


comprendre d’une façon assez large le fonctionnement, les enjeux et les perspectives d’évolution des
terrasses irriguées. L’étude a permis de révéler que d’une ressource en eau depuis longtemps jugée
illimitée, les agriculteurs doivent désormais apprendre à s’organiser - surtout en saison sèche - pour
la gérer de façon équitable et durable. Ce manque d’eau, couplé à des difficultés économiques,
génère des tensions qui vulnérabilisent les réseaux d’irrigation et les systèmes de terrasses. De cette
vulnérabilité organisationnelle, l’Etat se propose d’agir - bien que ponctuellement – dans la
formalisation d’associations d’irrigants en AUE, en reprenant de façon judicieuse mais peut
innovante les préceptes de la gestion traditionnelle de l’eau chez les betsileo. De nombreux projets
et de nombreux organismes de développement appuient les irrigants dans l’entretien de leurs
réseaux sans parvenir à résoudre les phénomènes de dégradation perçus et en générant bien malgré
eux un certain attentisme. L’histoire socio-politique des réseaux a permis de comprendre les
phénomènes d’émergence et de résilience des terrasses ainsi que les transpositions directes entre
« association d’irrigants » et « société betsileo ». De cette façon est apparue une certaine inertie de
la société, éprouvée par les périodes de crise et partagée entre passé et avenir. La patrimonialisation
des rizières irriguées devrait permettre de renouer le lien entre tradition et modernité, en créant des
incitations économiques à la préservation des paysages et des réseaux d’irrigation et à une gestion
intégrée des ressources en eau.

Plusieurs limites méthodologiques doivent être signalées afin d’être prudent dans
l’interprétation des résultats. Les informations recueillies au cours des entretiens ont très
certainement pu être biaisées par les enjeux inhérents à chaque acteur (agriculteur, chercheur et
traducteur). L’exercice de traduction est source en lui-même d’erreurs d’interprétation et de perte
d’objectivité. A titre d’exemple, aucun agriculteur interrogé ne pratiquait le métayage ni le fermage,
même sur une partie de son exploitation ; cela est sans doute le reflet d’une certaine honte à faire
travailler sa terre par un étranger ou cela est tout simplement dû à une erreur de traduction sur un
terme technique, ou encore à la méfiance qu’inspirent les étrangers en matière foncière. L’AFCM
mobilisée lors du traitement statistique des données est soumises aux erreurs d’interprétation
toujours possibles. Le choix d’aborder l’étude des terrasses irriguées à travers le regard de la Gestion
Sociale de l’Eau, bien que justifié a posteriori, peut avoir limité notre étude dans certains domaines
de la patrimonialisation comme l’étude des filières et des marchés.

Finalement, les systèmes de terrasses d’Andina et d’Ivony peuvent être éligibles à l’accession
au rang de SIPAM selon les critères de la FAO repris ici :

- Elles renferment de hauts niveaux de biodiversité : plantes médicinales, autres plantes de


valorisations diverses
- Elles détiennent des systèmes agraires fondés sur des savoirs traditionnels et des singularités :
alternance d’une culture de saison des pluies qu’est le riz avec des cultures de saison sèche,
émergence d’une filière piscicole qui tend à se généraliser, utilisation d’outils agricoles, d’ouvrages
hydrauliques et d’itinéraires techniques intégrés et traditionnels, fêtes agricoles traditionnelles,
construction traditionnelle des terrasses

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- Elles sont bien le lieu d’une gestion et d’une valorisation ingénieuse de la biodiversité, des
ressources en terre et en eau : biodiversité valorisée par des savoirs ancestraux sur les plantes
médicinales, préservation de forêts de source pour optimiser l’accès à l’eau, agroforesterie fruitière,
utilisation optimale des terres et de l’engrais organique, un mode de gestion de l’eau qui transparaît
dans l’organisation de la société, techniques ingénieuses de stockage et de mobilisation de l’eau en
saison sèche
- Elles possèdent bien des systèmes agricoles diversifiés qui contribuent à la sécurité alimentaire tels
que l’ensemble des cultures de saison sèche et les orangers pour les terrasses reconverties
- Ce sont des systèmes d’exploitation résilients et robustes face aux perturbations et aux
changements jusqu’à présent : bonne résistance à l’érosion, adaptabilité des cultures, bonne fertilité
naturelle, transmission des savoir-faire aux générations ultérieures, diversification de terroirs
témoins d’une utilisation spécifique des terrasses
- Elles représentent des valeurs culturelles, des normes collectives d’organisation sociale et des
institutions traditionnelles : héritage sacré des parents, gestion collective de l’eau, associations
traditionnelles de l’eau mpiray ozandrano reposant sur des dina, entraide agricole

Cependant, les entrées de la grille SIPAM, à caractère international, mettent aussi l’accent sur
les services écosystémiques. Notre approche GSE n’a pas pu aborder l’ensemble des services
écosystémiques rendus par le système « terrasses ». Et pourtant on peut imaginer que les paysages
de terrasse représentent un régulateur hydrologique efficace, et que la forte dynamique de
reboisements constatée aux dépens des pseudo-steppes (annexe 8) stocke un volume important de
carbone. Des recherches sont donc à poursuivre. Cependant, il ne faut pas mésestimer la qualité
écologique des pratiques betsileo qui, excepté quelques impacts négatifs dus aux insecticides, est en
général très bonne. La biodiversité de ces paysages doit être spécifiée car il s’agit d’une biodiversité
entretenue par un usage traditionnel nécessitant savoirs et savoir-faire bien spécifiques.
Cependant les critères SIPAM ne sont pas assez tournés vers la société en tant que telle,
société qui est tout de même à l’origine de ces terrasses et qui les maintient en l’état depuis
plusieurs siècles. La diversité des types de terrasses aurait pu être un bon élément de discrimination,
car plus il y a de types de terrasses, plus il y a de pratiques associées et donc de savoir-faire. Il
n’existe aucune indication sur les ressources humaines déjà disponibles, ou sur les initiatives déjà
prises, les institutions déjà présentes, pourtant sources de légitimité et garantes de pérennisation
d’un tel projet. Il est également surprenant dans les critères SIPAM de ne trouver aucune référence à
l’esthétique, aux sentiments de bien-être, de fierté et d’appartenance des personnes concernées.

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Table des annexes

Annexe 1 : Filières agricoles en Amoron’i Mania, p74


Annexe 2 : Liste des partenaires techniques de la DRDR, p76
Annexe 3 : Guide d’entretien destiné aux agriculteurs, p77
Annexe 4 : Guide d’entretien destiné aux personnes ressources, p81
Annexe 5 : Base de données brute pour les deux premières enquêtes, p82
Annexe 6 : Base de données synthétiques pour les deux premières enquêtes, p83
Annexe 7 : ACM appliquée aux individus S1, p84
Annexe 8 : Carte des « forêts » d’Ivony, p86
Annexe 9 : Cartes des grands bassins-versants et du MNT d’Ivony, p87
Annexe 10 : Cartes du circuit de l’eau, p88
Annexe 11 : Calendrier agricole, p90
Annexe 12 : Comparaison des précipitations à Fianarantsoa et à Ambositra, p91
Annexe 13 : Termes vernaculaires agricoles, p92
Annexe 14 : Règlements intérieurs de quelques AUE, p95
Annexe 15 : Photographies, p99

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Annexe 1 : Filières agricoles en Amoron’i Mania


Nous l’avons vu, les stratégies agricoles ne manquent pas et les agriculteurs savent les saisir
quand la structure de leur exploitation la leur permet. Cependant, la fragilité des filières agricoles ne
permet pas aux exploitations d’améliorer significativement leur situation :

i/ La filière riz : filière d’une culture vivrière de base

Forces Faiblesses
- Forte possibilité de réalisation d’une économie - Fort besoin en capital (matériel, intrant,
d’échelle aménagements hydro-agricoles)
- Forte demande nationale et culture identitaire du - Forte pression sur les ressources en eau
riz - Mauvais rapport qualité/prix par rapport aux
- Fort accès aux subventions publiques produits de substitut (manioc, maïs,...)
- Forte employabilité en salariat agricole - Fort coût de stockage
- Concentration des fournisseurs - Fragilité de production conséquente d’une faible
- Forts volumes d’achat utilisation de fumier organique des suites de
- Possibilité de patrimonialisation des terrasses l’insécurité liée aux bœufs
irriguées

ii/ La filière pomme de terre : filière d’une culture vivrière de complément

Forces Faiblesses
- Forte demande nationale - Faible concentration des acheteurs internationaux
- Faible besoin en capital - Cultures touchées par le gel et le mildiou
- Faible niveau de technologie utilisée - Concurrence directe avec la filière dominante
- Faible utilisation des ressources humaines et rizicole
naturelles
- Nombre moyen de concurrents
- Faible coût de stockage
- Culture cultivée toute l’année

iii/ La filière maïs : filière d’une culture destinée aux hommes et aux animaux

Forces Faiblesses
- Forte possibilité de réalisation d’une économie - Clients avec faible pouvoir d’achat (les agriculteurs
d’échelle eux-mêmes)
- Offre encore faible par rapport à la demande - Concurrence internationale extrêmement forte
- Faible besoin en capital - Culture cultivée uniquement en saison humide
- Faible coût de stockage

iv/ Une filière d’élevage : la filière bovine

Forces Faiblesses
- Offre relativement faible par rapport à la demande - Forts coûts d’entretien : soins vétérinaires,
nationale et internationale alimentation, parcage,...
- Stockage du capital pour l’éleveur - Insécurité récurrente (vols de bœufs ou dahalisme)
- Forte concurrence nationale et internationale

vi/ Une filière porteuse qui a échoué : l’apiculture

Forces Faiblesses

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- Faible besoin en capital pour l’apiculture - Fournisseurs peu nombreux


traditionnelle - Concurrence nationale assez forte (Mahajanga,
- Faible coût de stockage Tananarive)
- Forte valeur ajoutée - Mort des abeilles et arrêt de la filière pour cause
d’utilisation de pesticides et/ou maladie varoa

vii/ Une filière de rapport en difficulté : la filière agrumicole

Forces Faiblesses
- Prix d’achat élevé - Rentabilité non immédiate
- Peu d’entretien des pieds en condition normale - Maladie liée à la fumagine réduisant
- Forte demande nationale drastiquement les rendements
- Organisation nationale (écoulement des produits - Très forte concurrence du marché international
facilitée)
- Valorisations alternatives par le tourisme et les
huiles essentielles

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Annexe 2 : Liste des partenaires techniques de la DRDR

DENOMINATION SIEGE
ADRA Croisement Ambohimpierenana Ambositra
AROPA Croisement hôpital Alakamisy
BVPI (Bassin Versant de Périmètre Irriguée) Antsirabe (route d’Ambositra)
CPR (Centre de promotion Rural) Analabe
CSA (Centre de Service Agricole) Alakamisy, Manandriana, Ambato et Fandriana
FAFAFI (Fanentanana Fambolena Fiompiana) Fandriana
FIFATAM ( Fikambanana Fampandrosoana ny
Ambohimiadana
Tantsaha Amoron’I Mania)
FRDA Alakamisy
ORN (Office Regional de la Nutrition) Madio lahatra
PRA (Promotion Rurale Ambositra) Fark
RTM (Reggio Terzo Mondo) Ambohibary
SAF /FJKM Vatovory
SAHA BETSILEO Atsinanan’i Vinany
TTR-STPR (Tranoben’ny Tantsaha) Atsinanan’i Vinany
WWF (World Wild Found) Fandriana
SR JEANNE DELA NOUE Ambohimiadana
ONG NY TANINTSIKA Ambohimpierenana
Akanin’ny marary Route d’Ivony
AMV (Amoron’i Mania Voasary) Nord Caserne
ISTRAM Ankorombe
En italique les partenaires cités dans le présent rapport

76
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Annexe 3 : Guide d’entretien destiné aux agriculteurs

Date :
Nom du chef d’exploitation :
Nom du hameau, n° de l’entretien :
Origine : Date d’arrivée : Si autochtone, quel taranaka :

I/ Ménage : UTH, UR

Nombre d'adultes actifs : femmes : hommes :


Nombre d'adultes inactifs : femmes : hommes :
Nombre d'enfants actifs :
Nombre enfants inactifs : dont écoliers :
Salariat ? :
Age de l’exploitation : Age du chef d’exploitation :
Consommation du ménage (en kapok de riz/j) :

Capital matériel :

Location
Matériel Usage Valeur d’achat Date d'achat
(oui/non)

Capital bâti :

Date de
Type Usage Valeur d’achat
construction

Cheptel :

Valeur Quantité
Espèce Achat Type de
fonctions Année d'achat/de nourriture
(sexe/âge) (oui/non) nourriture
vente /j

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Production de lait/j : Usage :

Capital foncier (y compris champs en jachère et forêts de production):

Etat, Mode
Facette d’exploitation Familial/sal
Tenure Manuel/ Perspective
du Superficie (système de ariat/entrai
** mécanisé d’évolution
champ* culture), de
innovations

*horaka, kipahy, saha, vody vala, champ d’orangers, tanety, ala


** 1 = don, 2 = légation, 3 = location prix fixe, 4 = achat, 5= métayage (quel taux ?)

Difficultés rencontrées (maladies, pénuries, projets avortés, litiges) :

II/ Livelihood

Gestion de l’eau :
Type de Nombre de Date et quantité
facette, consommation en
culture parcelles de fumure
rendement, prix eau, périodes et
Saison organique et
de vente temps d’irrigation
principale Superficie minérales
et de drainage

Riz

Riz

Champs
pluviaux

Champs
pluviaux
Champs
pluviaux

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Gestion de l’eau :
Type de facette, consommation en
Nombre de Date et quantité
Contre saison culture/ rendement, prix eau, périodes et
parcelles de fumure
superficie de vente temps d’irrigation
et de drainage

Gestion de l’eau :
facette,
Type de consommation en
Nombre de rendement, prix Date et quantité
culture/ eau, périodes et
Cultures parcelles de vente de fumure
superficie temps d’irrigation
pérennes problèmes
et de drainage

% SRI ?
Difficultés, facilités de cette pratique :

III/ Gestion de l’eau à la parcelle :

Qualité de l’eau (charge en sédiment, température, disponibilité) :

Période où la gestion de l’eau demande le plus de temps :

Quand entretenez-vous vos canaux ? Avec qui ?

Appartenance à un groupe d’irrigants ?

Avez-vous déjà été impliqué dans un litige lié à l’eau ? :

IV/ Calendrier de travail :

jan fév mar avr mai jui jui aou sep oct nov déc

V/Exploitation et environnement économique :

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Commercialisation : quelles cultures :


Où : Quand : Qui s’en occupe :
Mois d’achat du riz :
Achetez-vous d’autres produits alimentaires ?

Accès au crédit ? :
Part du budget :

Vente de parcelles : combien ? Quand ? Où ? A qui ?

Dynamiques passées de l’exploitation (cultures ultérieures, taille de l’exploitation) :

Quelles sont les sources de revenu (extra-agricoles)?


Période de l’activité extra-agricole 1 :
Part dans le revenu total du ménage :
Période(s) de rentrée d’argent :
Période(s) de sortie d'argent ?
Quelles sont les contraintes ? (temps, accès, manque de formation ?) :

Quelles perspectives d’évolution dans ce domaine ?

80
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Annexe 4 : Guide d’entretien destiné aux personnes ressources


Date :
Nom :
Fonctions :
Nom du hameau, n° d’enquête :

I/ Patrimoines et patrimonialisations :
Brève Histoire de l’agriculture dans la région :
Comment était le paysage dans son enfance :
Vulnérabilité du territoire, de ses habitants et de leurs pratiques :
Projets antérieurs et actuels de développement et d’appui (date, nom, rasons de l’échec ou de la
réussite) :
Crises (de l‘eau, des cultures, des marchés, de la sécurité, autre) :
Litiges ou Conflits (origines, gestion, sanctions, reconstructions) :
Sources de revenu/spécialités des agriculteurs du hameau :
Caractères remarquables, identitaires, propices au tourisme écoresponsable de la zone (fiertés,
produits de terroir, spécialités, événements sociaux, savoir-faire) :
Initiatives collectives locales (coopératives, associations....) ou individuelles pour promouvoir le
village ou l'économie
La personne aurait-elle de la documentation personnelle sur la commune ou sa région (journaux,
cartes, livres) ?

II/ Gestion Sociale de l’Eau :

Quel est le réseau d’irrigation ? Age et évolution de ce réseau ?


Comment fonctionne-t-il ? Comment se déroule son entretien ?
Description des ouvrages (prises, seuils, canaux, irrigations à la parcelle (raie, percolation,
submersion) :
Y a-t-il une dimension lignagère ? La gestion de l’eau est-elle régie par des institutions extérieures ?
Le droit d’eau est-il héréditaire ou lié à la parcelle ?
Mode de Partage de l’eau (tour d’eau, sectorisation par lignage ou géographique) ?
Le droit d’eau et le droit de propriété foncière sont-ils indissociables ?
Les agriculteurs sont-ils satisfaits de leur mode GE ?
Y at-il eu des litiges entre irrigants ? Historique
Comment sont résolus les conflits liés à la GE ?
Y-a-t-il conflit entre eau agricole et eau d’autres domaines ?
Si oui, solutions envisagées pour le régler ?
Quels sont les processus d’intégration ou de sortie du périmètre ?
Projets antérieurs et présents d’optimisation du système d’irrigation :
Présence d’une AUE ou équivalent ? Historique ?

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Annexe 5 : Base de données brute pour les deux premières


enquêtes
Ambatolahy lemaka (ares) 200 10
1 2 kipahy (ares) 50 5
noms Cy. Je. saha (ares) 100 5
hommes actifs 6 1 vody vala (ares) 10 2
femmes actives 3 1 tanety non cultivées (ares) 120 0
hommes inactifs 0 0 ala (ares) 100 0
femmes inactives 0 0 orangers (pieds) ND 0
enfants actifs 0 0 orangeraies (en ares) 80 0
écoliers 4 2 nbr de sites en tanimbary 6 2
enfants en bas-âge 1 1 nbr de sites en saha 3 1
salariat (0 = non, 1 = oui) 1 0 riz X (0 = non, 1 = oui) 0 0
UTH du ménage (Unité Travail Homme) 9,25 2,25 riz Karafohy (0=non, 1=oui) 1 1
âge chef exploitation (années) 61 38 riz mena (0=non, 1=oui) 1 1
âge exploitation (années) 54 2 riz telo volana (0=non, 1=oui) 1 1
si (âge chef>âge exploi) = 1 1 1 autres 0 0
koapoka 16 6 SRI-SRA (% de parcelles) 40 0
UR du ménage (Unité Résident) 12,5 4 manioc 15 1
conso/jr riz (en kg) 5,33 2,00 maïs 15 0
besoin/ an riz (en kg) 1947 730 patate douce 20 1
production riz (en kg) 5000 300 tomate 0 0
soudure ( 0=non, 1=oui) 0 1 pomme de terre 5 2
angady 1 1 haricot 3 1
pelle 0 0 petit pois 3 0
hache 1 0 pois de Bambara 0 0
serpe 1 1 arachide 4 0
fibara 0 0 taro 5 0
barre à mine 0 1 tabac 0 0
râteau 1 0 carotte 5 0
fourche 1 1 brèdes 5 0
herse 1 0 jachère 20 0
sarcleuse 1 0 produits phyto. chimiques (0=non, 1=oui) 0 0
brouette 1 0 pbm eau déforest. 0=non, 1=oui 1 0
batteuse manuelle 1 0 pbm eau climat 0=non, 1=oui 1 1
charrue 0 0 pbm d'eau par accap. 0=non, 1=oui 0 0
charrette 0 0 pbm d'ensablement 1 1
âge fer angady (années) 0 0 appart. groupe d'irr trad. (0=non, 1=oui) 1 1
maison 1 1 appart. AUE (0=non, 1=oui) 1 0
parc à outil 0 0 année pluvieuse 2013 2013
étable 0 0 année sèche 2011 2012
bœufs 3 0 commercialisation (0=homme, 1=femme) 1 1
dont vaches laitières 1 0 mois achat riz aucun aucun
veaux 1 0 début de la soudure aucun aucun
cochons 11 2 accès au crédit (0=non, 1=oui) 1 0
moutons 1 0 activité extra-agricole (0=non, 1=oui) 1 1
brebis 2 0 période(s) de rentrée d'argent jui,jui,aou mai, jui, jui
volailles (0=non, 1=oui) 1 1 période(s)de sortie d'argent sep,oct,nov toujours
canards, lapins (0=non, 1=oui) 0 0 contrainte accès au marché (0=n, 1=o) 0 1
production laitière (en L/jr) 5 0 contrainte accès à l'info/à l'innovation (0)n, 1=o) 0 1

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Annexe 6 : Base de données synthétiques pour les deux premières


enquêtes
enquête id 1 2
références com I I
commune
ter 1 1
taille du ménage (en UR UR) 3 1
besoins/forces
famille charge scolarité ecol 2 3
structure polynucléée 1 (0=non,
poly 1=oui) 1 0
tanimbary (lemaka+kipahy)
ta (ares)
3 1
autres terres cultivables
cult y compris
3 jachères (ares)
1
accès à la terre exploitée forêts (ares) ala 2 1
faire valoir (0=indirect,
fvl 1=direct)1 1
jachères/terres cultivables*100
jach 1 1
salariat (0=non, 1=oui)
sal 1 0
travail
UTH/UR (%) W 4 2
ressources ou moy de prod kipahy (ares) kipa 2 1
orangeraies (ares)oran 2 1
capital kipahy/tanimbaryki/ta 2 2
gros matériel maté 2 0
UBT UBT 3 1
cycle de vie vie 3 1
accès fumier
charrettes /ha defumtanimbary 1 1
subi pbm d'accaparement
acca (0=non,
0 1=oui) 0
touché par ensablement
esbl (0=non,1 1=oui) 1
accès ressource eau
contraintes touché par maladiesmalade cultures0(0=non, 1=oui) 1
touché par contrainte
mrch de marché0 (0=non, 1=oui) 1
classe S 2 1
rapport riz/surfaceriz/s
cultivée totale
3 (%) 3
elevage/agriculture
UBT/ta (UBT/tanimbary)
2 2
manioc/surface pluviale
ma/st 2 3
activités dominantes
forêt/agricultureala/ag
(forêt/surface 2totale exploitée)
1
ala/surface totaleala/st 3 1
surface de revenusrev (surface en riz1 de vente+surface
1 en CS+verger
produits phyto. chimiques
phy (0=non,
0 1=oui) 0
stratégies 1=rusti, 2=les deux,rus3=intro 2 2
intensification
%SRI-SRA sur tanimbary
SRIA (%) 3 1
rendement moyenrdt 2003 de riz 3 3
part activités extra-agricoles
ext dans
2 revenu monétaire(%)
2
surface contre-saison/tanimbary
cs/ta 1 (%) 2
diversification nombre d'espècesnbr cultivées en saha
2 1
agent de patrimonialisation
patr (appréciation
2 de10 à 10)
part UBTbovin UBTbo 2 1
surface en riz/URRUR 3 1
résultats perçus indicateurs de revenu/tête surface de revenurUR par UR 3 1
soudure en riz (0=non,
soud 1=oui) 0 0
terroir diminutif Ambatolahy Ambatolahy

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Annexe 7 : ACM appliquée aux individus S1

contributions
F1
rdt 25,8 Les variables contribuant le plus à F1 sont «rendement en riz »,
ext 24,9
variables nbr
«nombre
24,9
d’espèces cultivées en champs pluviaux », « part des activités
ma/st extra-agricoles dans le revenu », « part de surface cultivée en manioc »
11,4
srev 10,7
ext-2 et « surfaces de revenu ». L’axe F1 exprimerait donc une corrélation
15,8
modalités nbr-1 forte entre des variables stratégiques axées sur des pratiques de
15,8
rdt-2 12,2
recherche de revenu et d’alimentation. La droite de l’axe rassemblerait les
individus « volontaristes », développant des stratégies d’amélioration de leur exploitation. La gauche
de l’axe rassemblerait les individus dont l’exploitation reposerait sur des stratégies de survie. Il s’agit
d’individus touchés par les maladies de culture, la retraite agricole, etc...

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Annexe 8 : Carte des « forêts » d’Ivony

La plupart des forêts se répartissent sur la carte d’Ivony autour des sources. Ces forêts de
source protègent les sources des perturbations animales et humaines. Les racines aident à canaliser
les ruisseaux permanents et les empêchent ainsi de divaguer sans investissements de captage. Des
mythes peuvent être reliés à des principes de sagesse et à des cultes anciens de la fertilité.

86
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Annexe 9 : Cartes des grands bassins-versants et du MNT d’Ivony

87
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Lorsque l’on compare les deux cartes, on s’aperçoit que le facteur limitant d’extension des
terrasses n’est pas sa position sur son bassin versant, mais l’altitude à laquelle est directement
corrélée la température. En effet à Ivony, aucune rizière ne peut être observée à partir de 1 550 -
1 600 m.

Annexe 10 : Cartes du circuit de l’eau

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Annexe 11 : Calendrier agricole

89
W SOL SEMIS RECOLTE LBR = LABOUR
calendrier agricole
PLANTA = PLANTATION
SupAgro-IRC

jan fév mar avr mai jui jui aoû sep oct nov déc prix de vente
riz SARCLAGE RECOLTE RECOLTE RECOLTE LABOUR PEPINIERE + DIGUESPEPINIERE+ W REPIQ+HERS REPIQUAGE SARCLAGE 1300 Ar/kg
manioc LABOUR LABOUR BOUTURES BOUTURES RECOLTE +2 RECOLTE +2 500 Ar/kg
maïs RECOLTE RECOLTE LABOUR SEMIS SEMIS 700 Ar/kg
maïs ensilage SEMIS RECOLTE
patate douce culture principale LABOUR REPIQUAGE RECOLTE RECOLTE RECOLTE RECOLTE 300 Ar/kg
patate douce contre saison LBR + REPIQ REPIQUAGE RECOLTE RECOLTE 300 Ar/kg mandarine 2 000 Ar/kg
orange RECOLTE RECOLTE RECOLTE PLANTA&REC RECOLTE cf à droite CK 800 Ar/kg
pomme de terre culture principale RECOLTE RECOLTE LABOUR REPIQUAGE REPIQUAGE 800 Ar/kg japonais 2 000 Ar/kg
pomme de terre contre saison LABOUR LABOUR REPIQUAGE REPIQUAGE RECOLTE RECOLTE 800 Ar/kg clémentine 2 000 Ar/kg
haricot culture principale RECOLTE RECOLTE LABOUR SEMIS SEMIS 1900 Ar/kg orange 800 Ar/kg
haricot contre saison LABOUR SEMIS SEMIS RECOLTE 1900 Ar/kg AVIAM 1 500 Ar/kg
petit pois culture principale RECOLTE RECOLTE SEMIS 400 Ar/kapoka Washington ?
petit pois contre saison LABOUR SEMIS RECOLTE RECOLTE Brickaville 2 000 Ar/kg
pois de Bambara RECOLTE RECOLTE LABOUR LABOUR SEMIS SEMIS 1400 Ar/kg
arachide (Arachis pintoï) SEMIS RECOLTE RECOLTE RECOLTE LABOUR LABOUR SEMIS 1700 Ar/kg
soja SEMIS RECOLTE RECOLTE LABOUR LABOUR SEMIS
taro SEMIS RECOLTE RECOLTE
banane SEMIS RECOLTE
karafohy RECOLTE PEPINIERE+ W REPIQUAGE 1300 Ar/kg
vary mena RECOLTE PEPINIERE+ W REPIQUAGE 1300 Ar/kg
telo volana RECOLTE PEPINIERE+ W REPIQUAGE 1300 Ar/kg
Mémoire de fin d’études

X-265 RECOLTE PEPINIERE + W REPIQUAGE 1300 Ar/kg


vary aloha RECOLTE PEPINIERE PEPINIERE+ W RECOLTE 1300 Ar/kg
vary be (taninbary) RECOLTE RECOLTE PEPINIERE + DIGUESPEPINIERE+ W REPIQUAGE REPIQUAGE 1300 Ar/kg
vary be (kipahy) ? REPIQUAGE RECOLTE DIGUES PEPINIERE PEPINIERE REPIQUAGE 1300 Ar/kg
vary afara REPIQUAGE RECOLTE PEPINIERE PEPINIERE+ W 1300 Ar/kg
tabac cs PEPINIERE REPIQUAGE RECOLTE
tomate cs (2 mois)
carotte (2 mois)
salade (1 mois) 2 000 Ar l'unité
cresson (1 mois)
brède mafana (1 mois)
choux de Chine (1 mois)
oignon (3 mois)
concombre (2 mois)
courgette (2 mois)
courge (2 mois)
piment (3 mois)
IRD-UMR GRED

90
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Annexe 12 : Comparaison des précipitations à Fianarantsoa et à


Ambositra

Source : Serpantié G., données non publiées

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Annexe 13 : Termes vernaculaires agricoles


Cultures :
Akondro = banane
Fary = canne à sucre
Katsaka = maïs
Kisoa = porcin
Kolokolo = repousse du riz
Mangahazo = manioc
Omby = bovin
>Osy =chèvre
Ovy = pomme de terre
Paraky = tabac
Saonjo = taro
Soza = soja
Tsaramaso = haricot
Vahavindalasa = jonc
Vary = riz
Vary afara = riz tardif
Vary aloha = riz précoce
Vary betsaka = riz commun
Vary faharoa = deuxième riz = deuxième culture de riz
Voanjobory = pois de terre
Voanjolava = arachide
Voasary = orange
Voatabia = tomate
Vomanga, mbizo = patate douce

Production :
Angadin’omby = charrue
Dahalo = voleur de zébus
Fahavaratra = période de soudure
Fananan-tany = propriété
Fotoana maina = saison sèche
Fotoana manorana = saison des pluies
Honahona = marais d’eau stagnante
Horaka = marais en rizière
Kitondratondra =plante de rizière qui montre sa fertilité
Lalimpotaka = sol tourbeux
Landy = soie
Manitona, azola et kitondratondra, = végétaux dans les rizières indiquant par leur couleur la fertilité de ces
dernières
Sakamaina = champ sec, rizière dont le déficit hydrique est la contrainte majeure
Tahalaka = casier
Tahalakadehibe = grand casier
Tanimbary = rizière
Tanimboly = saha = champ de culture
Tapoka = rizière sèche non travaillée
Tatatra = rigoles interparcellaires
Tripaho = fougère arborescente, on utilise son tronc comme pot de fleur
Vava rano = bouche de drainage
Vody vala = jardin potager, il correspond au tanimboly le plus proche de l’habitat
Vokatra = production
Vokatra = rendement

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Voly amidy = culture de rente


Voly hanina = culture vivrière
Votsy = termitière, est utilisée pour nourrir les poissons de rizière

Toposéquence :
Ala = forêt
Alananahary = forêt naturelle
Havoana = colline
Lalandrano = canal
Lemaka = plaine inondée
Morondrano = ruisseau canalisé
Renidrano = rivière
Tety = grande montagne
Toadrano = rizière où il y a une source d’eau
Velaran-tany = superficie
Vohitra = montagne

Pratiques :
Antsimbary = serpe
Fahavokarana = récolte
Famafazana = semis
Famoloana = endroit où on bat le riz à proximité des bas-fonds
Fialàna sasatry ny tany = jachère
Fibara = grand couteau agricole
Fiompiana an-kijàna = transhumance
Fiotazana = cueillette
Fotoam-pambolena = calendrier agricole
Kolikoly = corruption
Mamafy = semer
Mamboly = cultiver
Manary tany = niveler
Mandritra tany = drainer la parcelle
Mangady = utiliser l’angady, déterrer les patates
Manisy jesika = mettre du fumier
Manody = hersage
Manosy piétinage
Miava = sarcler
Mifanoba = entraide
Miompy = élever
Mitombana = labour
Mitroka = déchaumage avant séchage
Tamirano = diriger l’eau
Vilona = fourrage
Zezika = fumier

Autres :
Alo alo = partir supérieure des tombeaux
Anak’hova = prince
Anarandray = qui est lié au nom du propriétaire
Angary = grande natte pour secouer le riz
baiboho = terre fertile de décrue
Bozaka = herbacée de prairie
Dara = cuire de zébu que l’on donne aux poissons des rizières
Fahareta = durée
Fampianarana = éducation

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Fananan-tany = propriété
Fefy-loha = protéger la tête = entretenir ses canaux
Fihavanana = mode de vie communautaire
Fokonolona = communauté villageoise
Fokontany = lieu d’habitat de la communauté villageoise
Fotaka = boue
Haona = firaisakina = entraide
Havanatsomafohy = esclave
Herin'aratra = électricité
Horopotsy = graminée pour faire les toits de chaume
Hova = noble
Isan’ny mponina = population
Kifafa = herbe plus dure que l’on coupe pour les bœufs
Lakana = petit pont
Lalina = profond
Manta = crue
Mondro = usé
Monina = vivre ensemble
Morondrano = bord de rivière
Mpiray hozan-drano = vie communautaire de l’eau
Ray aman-dreny = anciens
Saran-dala = coût
Sobika = sorte de panier, produit artisanal de vannerie faisant office d’unité de mesure
Soubika = panier
Tabajotra = canaux
Tohadrano = barrage
Tripaho = fougère arborescente dont le tronc sert de pot de fleur
Valin-tanana = entraide agricole
Vary masaka = son de riz
Velaran-tany = superficie
Vondina = amende
Vonjy rano vaky = entretien des canaux
Votsy = termitière

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Annexe 14 : Règlements intérieurs de quelques AUE

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Annexe 15 : Photographies (prises par Cramez, 2014)

1 Savika 2 Orangeraies et style « bocager »

Photographies prises sur le circuit de l’eau proposé

3 Terrasses en contre-saison 4 Cascade 5 Vatolahy

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