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Bulletin D'analyse Du Laboratoire - Juger de La Valeur Alimentaire D'un Maïs Ensilage

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Alimentation

conduite

BULLETIN D’ANALYSE DU LABORATOIRE


Juger de la valeur alimentaire
d’un maïs ensilage
Comment lire un bulletin d’analyse de maïs et que retenir ? Il propose une liste de critères dont il
faut savoir apprécier l’intérêt. Voici quelques pistes d’interprétation
a première partie d’un
bulletin d’analyse pré-
sente les résultats des
analyses physico-chimiques. Ils
nous renseignent sur les com-
posants fondamentaux de l’ali-
ment : matières organique ou
minérale, matière sèche, matière
azotée, cellulose, amidon…
Les valeurs nutritives sont le
résultat d’un calcul. L’Inra pro-
pose des équations de prédic-
tion de la valeur alimentaire dont
la dernière mise à jour date de
2007. Les plus importantes sont
celles qui permettent d’évaluer le
Prendre l’échantillon à la récolte
potentiel énergétique (les UF), le
potentiel azoté (les PDI) et l’in-
gestibilité potentielle de l’aliment
(UE). besoins d’entretien, de croissan- les unités fourragères viandes
ce, de gestation et produire le (UFV) permettent d’évaluer le
lait. Lorsque cette valeur est fai- potentiel énergétique du fourra-
L’énergie et ble (inférieure à 0,90 UFL/kg MS), ge pour la croissance des bovins.
l’ingestion il faut soit accepter un niveau Là-aussi il ne faut pas hésiter à
de production du troupeau plus ajuster le concentré (les valeurs
La matière sèche (MS) est un
faible, soit compenser par du médiocres sont en deçà de 0,80
indicateur d’ingestion, de conser-
concentré énergétique. UFV/kg MS).
vation et de conditions
A l’inverse pour une Les unités d’encombrement (UE)
de végétation et de
valeur élevée, vous donnent l’ingestibilité d’un four-
récolte. On recherche
Analyser son pouvez réduire ou sup- rage. Plus leur valeur est fai-
30-37 %. En-dessous
primer les concentrés ble, plus le ruminant peut en
de 30 % l’ingestion bulletin de production appor-
est pénalisée, alors consommer. En production lai-
tés en complément. En tière on utilise des «UEL» et pour
qu’au-dessus de 37 %
production de viande, les bovins à l’engrais des «UEV».
le silo devient difficile
à tasser (risques d’échauffement
et de mauvaise conservation).
La digestibilité de la matière
organique (dMO) indique la part La charte «maïs» des
du fourrage valorisable par l’ani- laboratoires indépendants
mal. Elle est calculée à partir
d’un dosage enzymatique (ou par Huit laboratoires indépendants des régions Bretagne et Pays de la
infrarouge) de la digestibilité cel- Loire ont signé une charte d’engagement. Cette charte a pour objectif
lulasique (dCS) et de la MAT. La d’harmoniser leur travail et de garantir aux éleveurs la qualité de l’ana-
dMO est déterminante pour la lyse et l’indépendance des résultats. Ces laboratoires accompagnés
valeur énergétique. Il est souhai- par les Chambres d’agriculture et l’Institut de l’Elevage ont travaillé tout
table qu’elle dépasse les 70 %. au long de l’année 2009 à mettre en place de nouveaux protocoles de
calcul intégrant les avancées récentes de l’Inra. Les laboratoires parti-
Les unités fourragères lait (UFL) cipants sont LARCA (72), LDA 85, LDA 22, LDA 56, ISAE (35), l’IDHAC
correspondent à l’énergie nette (44), LDA 53, et Agrilabo (29).
valorisable pour couvrir les

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Roger Hérisset - Chambres d’agriculture de Bretagne
roger.herisset@morbihan.chambagri.fr
Benoît Rouillé - Institut de l’élevage
benoit.rouille@inst-elevage.asso.fr

L’encombrement du maïs dépend


de la dMO et de la teneur en Echantillon à la récolte ou à l’ouverture
MS du fourrage. Quand celles-ci
augmentent, la valeur d’encom- du silo ?
brement diminue. Pour un maïs Les équations de prédiction Inra ont été testées sur des moutons
à 30 % de MS avec une dMO principalement et établies à partir d’échantillons prélevés à la récolte.
de 72 %, la valeur UEL s’établit Les résultats d’analyse sur fourrage vert sont donc plus précis que sur
à 1,03, alors que pour un maïs à fourrages fermentés. De plus, les résultats sont disponibles plus rapi-
40 % de MS avec une dMO de dement avant utilisation.
73 %, la valeur UEL est de 0,98
(INRA, 2007). Un maïs avec une Prélevez l’échantillon à la récolte
bonne ingestibilité se situe au- L’échantillon de maïs doit être représentatif. Une méthode simple et
dessous de 1 UEL/kg MS. efficace consiste à prélever 3 poignées toutes les 2 ou 3 bennes et
de les conserver dans un récipient abrité (de la pluie, du soleil ou du
vent, à cause de l’influence de ces éléments sur le taux de matière
Le potentiel azoté sèche). Une poubelle à couvercle conviendra parfaitement. A la fin du
La teneur en matière azotée «chantier», son contenu est brassé, 1 kg est alors bien tassé dans un
totale (MAT) varie d’une année sachet plastique étanche (de préférence résistant) et envoyé immédia-
sur l’autre avec le rendement, tement au laboratoire d’analyse. Dans le cas d’une collecte organisée,
les conditions de végétation et cet échantillon sera impérativement conservé dans un congélateur
dans une moindre mesure avec domestique (- 18°C). Il faut à tout prix éviter la chaleur qui dessèche
et diminue la valeur alimentaire par consommation d’une partie de la
la fumure. Le maïs est une plan-
matière organique.
te énergétique pour laquelle il
ne faudra pas espérer de teneur
élevée en MAT. Aujourd’hui, Sur fourrage conservé…
sa valeur en Bretagne se situe Lors de la réouverture du silo (fourrage fermenté), il est plus difficile
autour de 6-7 %. Ce pourcentage d’obtenir un échantillon représentatif de tout le silo. Sur du fourrage
joue notamment sur la teneur en conservé, il est souhaitable d’évaluer la qualité de la conservation
PDIN. en demandant le pH. Ce dernier doit être inférieur à 4 (optimum 3,8),
garantissant sa «bonne fabrication» et sa stabilité après ouverture.
Les protéines digestibles dans
L’évaluation précise de la valeur de l’ensilage fermenté demanderait
l’intestin (PDI) sont de deux l’analyse des proportions d’acides lactique, acétique, propionique,
types : les PDIN (lorsque l’azote butyrique (qui est aussi un critère d’appétence), des teneurs en alco-
soluble est limitant) et les PDIE ols, azote ammoniacal et la connaissance de leurs plages ou limites.
(lorsque l’énergie fermentescible Au laboratoire, on utilise en fait des équations de prédictions corrigées
est limitante). C’est la plus faible dont l’une des variables est une estimation du pourcentage total des
des deux dans la ration qui déter- produits fermentés (sans les distinguer). La référence reste donc l’ana-
mine le niveau de lait permis. lyse en vert et les repères présentés dans cet article sont établis sur les
L’enjeu dans une ration est de les équations Inra propres au maïs vert.
équilibrer, au niveau du besoin
en PDI, pour optimiser la diges-
tion. C’est en fonction de leurs
valeurs et de leurs écarts qu’il
faut choisir le correcteur azoté et Savoir interpréter un résultat d’analyse et juger de la qualité du maïs
la quantité à apporter. Critère < ----------- Objectif +++++++++ >
Conservation plus
Juger le risque MS (%) Ingestions pénalisées 30-37 %
difficile
acidogène Digestibilité augmentée
La teneur en cellulose brute nous CB (%) 18-21 % Digestibilité pénalisée
mais risque d’acidose
renseigne sur la fibrosité. Elle doit
de préférence se situer entre 18 et Traduit de mauvaises
Risque
21 %. Avec un niveau trop faible, Amidon (%) conditions de végéta- 27-35 %
d’acidose
le risque d’acidose est accentué. tion, récolte précoce
Des valeurs trop élevées entraî- MAT (%) PDIN faible 7 - 7,5 %
nent la diminution de la digesti-
bilité et de la valeur alimentaire. Valeur énergétique Valeur énergétique
dMO 70 -72 %
Les recommandations Inra pour pénalisée favorisée
la ration sont d’au moins 15 % Contamination par le
de cellulose au début de la lac- Matières Vigilance sur la complé-
3-4 % sol probable : attention
tation et de 17 % minimum au Minérales mentation minérale
aux butyriques
milieu de la lactation. Dans l’ave-
nir, l’Inra devrait proposer des

Chambres d’agriculture de Bretagne OCTOBRE 2009 - N° 38 29


Alimentation
conduite

recommandations exprimées en Pour le maïs, on recherche une


fonction des différentes fractions valeur comprise entre 27 et 35 %.
de la cellulose : NDF (la cellulose Les valeurs faibles proviennent de
totale des parois), ADF (la ligno- mauvaises conditions de végéta-
cellulose), ADL (la lignine). Le tion, ou d’une récolte précoce.
NDF représente entre 40-43 % Au-delà de 35 %, les risques
de la matière organique d’un d’acidose augmentent. Au niveau
maïs, l’ADF 21-26 % (la différen- de la ration, les recommanda-
ce entre les deux constituants est tions sont de ne pas dépasser
l’hémicellulose). L’ADL (3-4 %) 30 % d’amidon.
est la fraction la moins dégra-
dable de l’ADF. Au niveau de la
ration, le rapport [taux amidon]/ Le risque butyrique
[NDF total] doit être compris La teneur en matière minérale
entre 1 et 1,5 selon l’Inra. totale (MM) se situe habituelle-
Le taux d’amidon est lié à la ment entre 3 et 4 %. Au-delà de
maturité, aux conditions de végé- 5 %, le maïs a été probablement
tation. Ils nous informent sur la souillé par de la terre, avec le
La valeur du maïs s’apprécie au nature de l’énergie du fourrage. risque de contamination par des
final dans l’auge et dans le tank spores butyriques

D’autres critères…

… à regarder parfois
La teneur en matière grasse brute présente un intérêt lorsque l’on apporte dans la ration un complément riche
en lipide (huile, tourteaux gras, graines d’oléagineux aplaties). Le maïs contient autour de 3 % de matière grasse
et il est recommandé de ne pas dépasser 5 % de matière grasse dans la ration totale.

Les valeurs des éléments minéraux majeurs (P, Ca, K, Na) sont liées notamment au sol et peuvent être valables
pour plusieurs années. Pour adapter les apports de minéraux en l’absence de référence locale et s’il y a des
soupçons de carences, on peut demander une analyse de ces éléments. Avec un maïs complémenté avec du
tourteau de colza, vous n’aurez pas besoin d’apporter de phosphore dans la ration. Pour le potassium (K) et
pour le sodium (Na), les calculs continuent de se faire en K et Na total. Des analyses des oligo-éléments (Cu,
Zn, Mn, Fe et S), voire des vitamines sont possibles. Etant donné leurs coûts, elles sont à réserver en cas d’ex-
pression de symptômes liés à des carences marquées.

… en devenir
Le Bilan Electrolytique (BE) et la Balance Cation Anion (BACA) sont des indicateurs complémentaires du risque
acidogène. Le BE (Na + K – Cl) doit être supérieur à 100 meq/kg MS. Dans une ration de vache en lactation,
le BE recherché est de 250 meq/kg MS. En Bretagne, ce besoin est généralement couvert. Dans une ration de
vache en lactation, la BACA recherchée ((Na + K) - (Cl +S)) est supérieure à 200 meq/kg MS avec un optimum
à 300. Elle est de -100 à -150 meq/kg MS pour les taries. Vous ne pouvez demander une valeur BE ou BACA que
si vous avez demandé le dosage du phosphore. En pratique, vous n’avez à observer qu’un seul de ces critères
qui font double emploi, mais pour les utiliser, il faut avoir ce type d’information sur l’ensemble de la ration.

… superflues
Le besoin en PDIA (protéines d’origine alimentaire digestibles dans l’intestin) est automatiquement couvert si les
PDIN et les PDIE sont équilibrés au niveau des besoins en PDI.

Les critères de digestibilité portant uniquement sur l’appareil végétatif sont utilisés en sélection pour comparer
les différents hybrides cultivés dans les mêmes conditions. Ils doivent permettre de repérer des maïs digesti-
bles sans être trop riches an amidon. Le DINAG (Inra de Lusignan) permet d’approcher la digestibilité de la
partie «tige + feuilles» du maïs. Il faut cependant disposer d’une teneur en sucres solubles pour le calculer. La
dMOna (Arvalis) qui donne la digestibilité de la matière organique non amidon est calculée à partir de la matière
organique, la dMO et l’amidon. Pour l’éleveur qui construit sa ration, et qui doit faire avec le maïs récolté, ces
critères n’apportent rien de plus. La dMO lui donne déjà une digestibilité globale de son ensilage et il dispose
par ailleurs de la teneur en amidon.

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