Irdeditions PDF
Irdeditions PDF
Irdeditions PDF
DOI : 10.4000/books.irdeditions.12419
Éditeur : IRD Éditions
Année d'édition : 2012
Date de mise en ligne : 7 septembre 2018
Collection : Colloques et séminaires
ISBN électronique : 9782709922753
http://books.openedition.org
Édition imprimée
ISBN : 9782709917285
Nombre de pages : 758
Référence électronique
ROOSE, Éric (dir.) ; DUCHAUFOUR, Hervé (dir.) ; et DE NONI, Georges (dir.). Lutte antiérosive :
Réhabilitation des sols tropicaux et protection contre les pluies exceptionnelles. Nouvelle édition [en ligne].
Marseille : IRD Éditions, 2012 (généré le 22 avril 2019). Disponible sur Internet : <http://
books.openedition.org/irdeditions/12419>. ISBN : 9782709922753. DOI : 10.4000/
books.irdeditions.12419.
Éditeurs scientifiques
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Ambassade de France en Haiti
Lutte antiérosive,
réhabilitation des sols tropicaux
et protection contre les pluies exceptionnelles
Editeurs scientifiques
Eric ROOSE, Hervé DUCHAUFOUR et Georges DE NONI
avec le soutien de
l’Université d’État d’Haïti
l’Université de Quisqueya
le SCAC de l’Ambassade de France en Haïti
l’Institut de recherche pour le développement (IRD)
IRD EDITIONS
Marseille, 2012
© IRD, 2012
ISBN : 978-2-7099-1728-5
Préface
En Haïti, plus de 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté. L’indice de
ème
développement humain de la Banque Mondiale classe le pays au 145 rang sur 169 pays. Les deux
tiers des Haïtiens sont touchés par le chômage ou le sous-emploi. Haïti importe 60 % de ses besoins
alimentaires et 80 % du riz qu'il consomme. Plus d'un Haïtien sur quatre est sous alimenté.
Pourquoi la première république noire, Haïti, qui a fait figure d’exception en Amérique latine,
qui fut le plus important fournisseur de cacao, de sucre, de café et de coton pour l’Europe, s’est-elle
déviée des valeurs portées par Toussaint-Louverture et fait partie aujourd’hui des pays les plus
pauvres du monde ?
Force est d’admettre que l'économie haïtienne est affectée fréquemment par une succession
d’aléas, d’origine climatique pour les plus récurrents (ouragans, cyclones, inondations) : avant le
séisme de 2010, les catastrophes climatiques ont tué en 2008 plusieurs centaines de personnes et
causé plus de 200 millions de dollars US de dégâts. L'insécurité alimentaire qui en résulte, concerne
trois millions de personnes : l'autosuffisance alimentaire n'est plus assurée dans ces conditions. Les
effets de la déforestation massive, résultant de la surpopulation paysanne pour cultiver de nouvelles
terres et produire du charbon de bois, s’ajoutent à ces aléas pour contraindre le développement
économique. L’environnement est très dégradé et l’érosion des sols dramatique.
Georges De Noni
Introduction
De nombreux pays tropicaux connaissent un ensemble de circonstances ayant abouti à la
dégradation du milieu naturel. Parmi les milieux les plus dégradés, les pays montagnards à forte
population, vivant le plus souvent sur un foncier insécurisé, manquent aujourd’hui des produits
indispensables à leur subsistance. Ils en sont arrivés à la dégradation accélérée des ressources
naturelles, à la dégradation du potentiel de production des terres, à l’érosion des terres et la pollution
des eaux avec des conséquences parfois dramatiques sur la biodiversité, l’alimentation des populations
et l’économie de ces régions, aboutissant parfois au déséquilibre social.
De plus, la succession de plus en plus rapprochée de tempêtes tropicales et de cyclones (peut-
être en relation avec le réchauffement climatique) y a entraîné l’appauvrissement extrême des
populations rurales (due à la dégradation des terres) et la fragilisation des populations urbaines
(inondations et dépôts de boues). Dans ce contexte, il faut se demander si les nombreux projets de lutte
antiérosive qui ont été financés dans les Caraïbes et dans les autres régions tropicales, sont parvenus
à préserver la qualité de l’eau au niveau des bassins versants et à améliorer la productivité des terres
aménagées. Les experts de la FAO (Hudson, 1991) et les chercheurs qui présentent ici leurs résultats
émettent un doute justifié par leurs observations dans divers pays du monde.
Par ailleurs, la conservation des sols n’est pas seulement un problème technique : les
populations bénéficiaires des aménagements sont directement concernées. Les aspects socio-
économiques, administratifs et culturels liés à l’érosion des sols vont orienter le choix des solutions
proposées, l’acceptabilité des techniques par les populations et la durabilité des aménagements.
Pour trouver des solutions acceptables à ces problèmes complexes, il faut des études intégrées
interdisciplinaires couvrant diverses échelles d’espace et de temps : depuis les champs qui subissent
l’érosion, à travers les bassins versants jusqu’aux rives de l’océan où sont concentrés les polluants
dans les villes et les sites touristiques.
Le cas de Haïti, mais aussi ceux de Madagascar ou du Maghreb, nous semblent très
parlants : le défrichement des forêts pour la production de charbon de bois et de nourriture, a
accéléré la dégradation de la fertilité des sols, le ravinement des versants et la pollution des
eaux qui vont inonder les plaines habitées et déposer des tonnes de boues dans les villes.
Ainsi, les études présentées dans cet ouvrage proviennent non seulement d’Amérique latine,
mais aussi d’Asie et surtout d’Afrique et de Madagascar où de nombreux chercheurs ont
exploré diverses techniques de gestion conservatoire de l’eau et de restauration de la
productivité des sols. Compte tenu de l'extrême nécessité de générer des revenus
complémentaires pour répondre aux besoins des millions de petites exploitations familiales, la
majorité des parcelles cultivées, le plus souvent sans sécurité foncière et sur forte pente, sont
peu protégées des effets dévastateurs des pluies les plus agressives.
Nous nous proposions d’organiser en Haïti, milieu insulaire tropical francophone, un colloque
international sur ce thème complexe de l’influence de la lutte antiérosive (LAE) sur la restauration de la
productivité des sols et la protection contre les pluies surabondantes qui saturent les sols et provoquent
des érosions et inondations catastrophiques.
Un an plus tard, la situation à Port au Prince ne permet pas encore de réunir ce colloque. Nous
avons donc décidé d’annuler ce colloque mais de publier une soixantaine de communications
sélectionnées par un comité de lecture pour faire circuler les informations disponibles sur ce thème lié
au développement durable des milieux ruraux et à la protection des villes en aval. Suite à l’envoi de 80
projets de communications, le comité d’organisation a sélectionné les six thèmes présentés ci-dessous
et retenu 56 communications et une dizaine de communications brèves.
Profitant de l’espace disponible sur ce DVD, nous avons ajouté aux communications une série
de documents issus des réflexions des experts sur les réalisations de lutte antiérosive en Haïti. Ce DVD
constitue donc aussi une ressource bibliographique très importante (plus de 1000 pages) pour les
experts, les Ministères, les ONG, les étudiants et les chercheurs concernés par la gestion durable de
l’eau et de la productivité des sols tropicaux.
Thème 1 : Efficacité de la lutte antiérosive sur la restauration de la productivité des sols. Les divers processus
d’érosion ont un impact variable sur la productivité des sols. Les techniques de Conservation des Eaux et des Sols (CES)
ont pour objectif de gérer les eaux de ruissellement et de ralentir les transports solides dûs à l’érosion hydrique. Les
techniques de lutte antiérosive n’entraînent pas forcément l’augmentation de la productivité des sols « conservés ».
Thème 2 : Influence de la lutte antiérosive (techniques culturales, structures antiérosives et reboisement) sur la
dynamique de l’eau : de la parcelle au bassin versant. Fonctionnement hydrologique des bassins versants.
Caractérisation des cyclones (fréquence, hauteur et intensité des pluies) et adaptation nécessaire des techniques de LAE.
Stockage et recyclage du ruissellement : analyse de la valorisation des eaux de surface par les fossés, les banquettes, les
terrasses, les seuils de ravines, les citernes et les lacs collinaires.
Thème 3 : Les aspects agronomiques de la Gestion Conservatoire de l’Eau et des Sols (GCES). Gestion de la
biomasse, utilisation des litières en surface, fumures organiques et minérales, rotations et cultures associées, billonnage et
semis direct sous litière.
Association agriculture - élevage : influences positives et négatives des systèmes et des conduites d’élevage.
Thème 4 : Rôles des arbres dans la GCES en fonction du bilan hydrique régional. Reforestation des versants abrupts,
agroforesterie, agro-vergers, production fourragère.
Sélection d’espèces indigènes ou introduites.
Thème 5 : Spatialisation des risques en fonction des différents types d’érosion (SIG, indicateurs, simulation).
Validation des modèles à partir de mesures de terrain.
Thème 6 : Aspects socio-économiques de la lutte antiérosive. Apports de la GCES à l’économie rurale des bassins
versants, coût de l’érosion et des diverses techniques antiérosives, opportunités de développement, influence de la pression
foncière et du mode de faire valoir sur l’acceptabilité des techniques de lutte antiérosive par les populations.
Planification, participation et valorisation des aménagements. Rôles des politiques publiques dans la gestion de
l'environnement.
Comité scientifique
- Eric ROOSE, IRD, Montpellier (France),……………………………………… ………….
- Hervé DUCHAUFOUR, Université d'Etat d'Haïti (Haïti)……………………………..……
- Abdellah LAOUINA, Université Mohamed V, FLSH, Rabat (Maroc)…………………….
- Pham QUANG HA, National Institute for Soils and Fertilizers (Vietnam) …………………
- Simone RATSIVALAKA, Université d’Antananarivo (Madagascar) :................................
- Dieter KOENIG, Université de Koblenz (Allemagne) : ………………………………………
- Georges DE NONI, IRD, (Sénégal) …………………………………………………………….
- Evens EMMMANUEL, Université de Quisqueya (Haïti) : …………………………………...
- Ophny Nicolas CARVIL, Faculté d'Agronomie et de Médecine Vétérinaire,
Université d'État d'Haïti (Haïti) : ……………………………………………………………….
- Jean ALBERGEL, IRD, Kenya (Kenya) :……………………………………………………...
- Alain LARAQUE, IRD, Montpellier(France) : …………………………………………………
- Jean-Marie FOTSING, IRD, Guyane (France) : ……………………………………………...
- Didier ORANGE, IRD-IMWI (Vietnam) : ………………………………………………………
- Michel BROCHET, IRC (France) : …………………………………………………………….
- Christian VALENTIN, IRD, Bondy (France) : …………………………………………………
- Khalef BOULKROUNE, Agence Universitaire de la Francophonie (France) :
Comité d’organisation
! Hervé DUCHAUFOUR, ATF, Université d'’Etat d'Haïti (Haïti)
! Eric ROOSE, IRD, Montpellier (France), coordonnateur du Réseau Erosion et GCES de l’AUF (France)
! Evens EMMANUEL, Université de Quisqueya (Haïti)
! Jacques BLAISE, doyen de la Faculté d'agronomie et de médecine vétérinaire, Université d'Etat d'Haïti (Haïti)
! Jean Vilmond HILAIRE, Université de QUISQUEYA (Haïti),
! Jean Marie THEODAT, directeur régional du bureau Caraïbes de l'AUF (Haïti)
! Ophny Nicolas CARVIL, vice–doyen chargé de la recherche à la Faculté d'agronomie et de médecine vétérinaire,
Université d'Etat d'Haïti (Haïti)
! Jocelyn LOUISSAINT, directeur des Affaires extérieures à la Faculté d'agronomie et de médecine vétérinaire, Université
d'Etat d'Haïti (Haïti)
! Bernard SMOLIKOWSKI, attaché de coopération pour le développement, Scac/Ambassade de France (Haïti)
! Khalef BOULKROUNE, Agence universitaire de la francophonie, AUF (France)
! Ogé PIERRE LOUIS, directeur de la Direction des ressources forestières et des sols, ministère de l’Agriculture, des
Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR – Haïti)
! Myrlène CHRYSOSTOME, USAID (Haïti)
! Yves DUPLAN, PNUD (Haïti)
!Paul VERMANDE, coordonnateur du Réseau Développement Durable et Environnement/AUF (France)
SOMMAIRE
Préface
Introduction
1.2. Des stratégies traditionnelles pour la lutte contre l’érosion dans les monts Mandara et dans la plaine du
Diamare, nord-ouest du Cameroun.
C. SEIGNOBOS (IRD, Montpellier) et M. TCHOTSOUA, (Univ.Ngaoundere)
1.3. Influence du labour, du semis direct et du type de sol sur le stock de carbone, les pertes en terre et les
rendements d’une rotation intensive (maïs-coton) au Sud-Mali.
D. DIALLO (IER de Bamako), D. ORANGE et E. ROOSE (IRD)
1.4. Evaluation des effets de systèmes de semis direct sous couverture végétale pérenne (SCV) sur l’érosion
hydrique et la production agricole sur les Hautes Terres d’Antsirabé (Madagascar).
C. RAZAFINDRAMANANA, J-M DOUZET, B. BARTHES (IRD), L. RABEHARISOA, A. ALBRECHT (IRD)
1.5. Effect of improved fallow systems on chemical properties and crop yields in the rain forest of SE Nigeria
F.N. IKPE et L.D.GBARANEH (Univ. Port Harcourt)
1.6. Apports organiques et pratiques de conservation de l’eau comme clés de la restauration de la productivité des
sols dégradés dans la zone semi-aride du Burkina Faso
E. HIEN (IRD), W. KABORE (Univ. Ouagadougou), D. MASSE (IRD), P. DUGUE (Cirad Montpellier)
1.7. Amélioration de la gestion paysanne de la fertilité des sols des versants cultivés des collines du BV Maniandro
(Madagascar)
E. ANDRIAMBELOMANGA, S. RATSIVALAKA (FLSH, Univ. Antananrivo), N. ANDRIAMAMPIANINA (FOFIFA), J.-C.
RANDRIAMBOAVONJY, M. ANDRIAMIHAMINA (ESSA, F ORÊTS , Univ. Antananarivo)
1.8. Dynamique de l’érosion sous différentes utilisations du sol au niveau d’un versant en zone méditerranéenne
subhumide : influence des cultures, des aménagements de GCES et des couvertures forestières en Algérie
B. MORSLI, A. SELADJI (INRF, Tlemcen), O. KACI (Univ. Tlemcen)
1.9. Effets de la GCES sur la production agricole en moyenne montagne méditerranéenne algérienne.
M. ARABI (INRF Médéa) et E. ROOSE (IRD)
1.10. Réhabilitation des sols volcaniques indurés d’Equateur et du Mexique : comportement avant et après mise en
culture
Ch. PRAT (IRD), G. DE NONI (IRD), J. ETCHEVERS, A. BAEZ, C. HIDALGO et G. TRUJILLO (Ministère de la Recherche,
Equateur)
1.11. Les techniques de cultures en terrasse dans les Monts Mandara (Nord Cameroun)
A. WAKPONOU, M. MAINGUET et F. DUMAY (Univ. Reims)
1.12. Des stratégies traditionnelles de lutte contre l’érosion des sols sur le plateau de Ngaoundere (Nord Cameroun)
M. TCHOTSOUA (Univ. Ngaoundere)
2.2. L’observatoire CARAIBE-HYCOS : exemple de coopération transfrontalière sur les ressources en eau.
A. LARAQUE, J.-P. BRICQUET, B. THEBE, (IRD)
2.3. Etat des lieux et proposition de restauration des sols sur le bassin versant de Tondi Kiboro (Niger).
L. DESCROIX (IRD-LTHE Grenoble), Ibrahim MAMADOU, Moussa MALAM ABDOU, Abba. BACHIR, Ibrahim, BOUZOU
MOUSSA (FSLH. Niamey), Eric LEBRETON (LPG-CNRS Meudon), Kadidiatou SOULEY YERO
2.4. Processus érosifs et transport solide en milieu tropical insulaire. Cas des bassins versants de la Baie du
Robert, Martinique.
N. ROCLE, X. BRAY, A.-Cl. NIVET, J. GRESSER, F.-X. DE LA FOYE (CEMAGREF, Martinique)
2 .5. Risques d’inondation urbaine. Cas d’une agglomération à l’aval de versants argileux terrassé dans l’Ouest
Algérien.
B. MORSLI (INRF, Tlemcen) et M. HABI (Univ., TLEMCEN)
2.6. Comportement de certaines techniques traditionnelles suite aux événements pluviométriques exceptionnels de
2008-2009 dans le Nord Ouest de l’Algérie.
M. MAZOUR, M. BENMANSOUR, M. BOUGHALEM (Univ. Tlemcen)
2.7. Influence des arbres sur les eaux souterraines au Burkina Faso.
S. YAMEOGO (Univ. Ouagadougou)
2.8. La gestion du risque érosif cyclonique par les Tanala. Opportunité et limites des techniques traditionnelles pour
l’adaptation au changement climatique à Madagascar.
G. SERPANTIE (IRD), A. RAKOTONIRINA (Univ. Antananarivo)
2.9. Effets des systèmes de cultures bananières sur un sol brun tropical volcanique sous des simulations de pluies
cycloniques en Martinique
B. KHAMSOUK (Cirad), E. ROOSE (IRD), E. BLANCHART(IRD), M. DOREL(Cirad), L. RANGON (IRD), J.-J. BANIDOL (Cirad)
2.10.L’épisode pluviométrique du 15 juin 2010 dans le Var, (France) : précipitations, crues et inondations.
Cl. MARTIN (Univ. Aix)
3.2. Le soya : une option pour rassasier les sols et les fermiers du Kenya.
I. VANDEPLAS, B. VANLAUWE, J. DECKERS, R. MERCKX (Univ. Catho. Louvain).
3.4. Aménagements hydro-agricoles permettant la conservation des eaux et la restauration de la productivité des
sols de Gros Morne en Haïti.
M. BROCHET, CH. LILIN, SAINTIL CLOSSY
3.5. Influences de la fertilisation et de la gestion de la biomasse sur la production de couverts permanents en milieu
montagnard tropical densément peuplé (Burundi).
H. DUCHAUFOUR (ISABU, Burundi)
3.6. Influence de la conduite de la bananeraie et du paillage sur l’érosion en Martinique sur sols brun -rouille à
halloysite.
R. ACHARD et H. ANTOINE (CIRAD, Martinique)
3.8. Cultures associées traditionnelles multi-stratifiées: une technique biophysique empirique d’exploitation
écologique et de protection de l’environnement (montagnes du SO du Cameroun) ;
S. VALET (ONG Passerelle)
3.9. Potentiel de restauration de la qualité des sols sous agriculture de conservation au Maroc.
R. MRABET et R. MOUSSADECK (INRA, Tanger)
Thème 4. Rôle des arbres dans la GCES en fonction du bilan hydrique régional
4.1. Influence de l’agroforesterie sur l’érosion hydrique et la restauration de la productivité des sols ferrallitiques
acides du RWANDA
D. KÖNIG, ( Univ. KOBLENZ).
4.2. Performances de certaines légumineuses arbustives dans la station INERA de KIPOPO, RDC Congo ;
J-P. JOS MULAMBA, (INERA, Kinshasa, Congo)
4.3. Les avantages environnementaux et socio-économiques d’un reboisement de 8000 ha sur le Plateau Bateke,
Kinshasa (Congo RDC)
N. SHUKU ONEMBA…(KINSHASA, CONGO RDC)
4.4. Effets de diverses jachères arbustives légumineuses sur l’amélioration de la conductivité hydraulique du sol et
de sa productivité (Manankazo, Madagascar).
M-A. RAZAFINDRAKOTO (ESSA Univ. Antananarivo)
4.5. Rôles des haies vives antiérosives sur la gestion de l’eau, du sol et le rendement des cultures du centre Sud
arachidier du Sénégal.
M. DIATTA, E. FAYE (Isra, Dakar), M. GROUZIS (IRD), P. PEREZ (Cirad)
4.6. Effets des plantations forestières sur banquettes sur le ruissellement et l’érosion par rapport aux parcours dans
les montagnes semi-arides du Haut-Atlas, Marrakech (Maroc).
A. CHEGGOUR (Univ. Marrakech), V. SIMONNEAUX (IRD Toulouse), E. ROOSE (IRD Montpellier)
4.8. MAMPU, sur les plateaux Bateke en R.D.Congo, le projet qui réconcilie agroforesterie et production de bois-énergie.
F. BISIAUX, R. PELTIER (Cirad) et J.-Cl. MULIELE (projet agroforestier )
5.2. Evaluation des pertes en terre en région de montagne tropicale humide : massif volcanique des Bambouto,
Ouest Cameroun.
O. LEUMBE (INC Yaoundé), D. BITOM (Univ. Yaoundé), R. ASSAKO (ENS. Yaoundé)
5.3. Utilisation des SIG pour l’aménagement du bassin versant de l’ISSER (Nord 0uest de l’Algérie)
M. BOUGHALEM, M. MAZOUR (CES Univ. Tlemcen), M. ZAAGANE (Géomatique Univ. MASCARA)
5.4. Estimation du risque d’érosion dans un bassin versant agro-sylvicole, province de Phu Tho (Nord Vietnam).
T. NGUYEN VAN (IAE, Hanoi), S. POMEL (CNRS Bordeaux), Ha PHAM QUANG (I.AGRIC-ENV.Hanoi)
6.2. Perception de la banquette antiérosive fruitière par les utilisateurs dans le Moyen Atlas (MAROC).
R. PELTIER, M. SABIR, C. LILIN, A. ODDI, F. SCHNEIDER, F. Amia, D. KÜBLER, TK. WIESINGER, A. MENGONE-ANGO
(Cirad Montpellier, Enfi-Salé, Engref-Montpellier)
6.3. Aspects socio-économiques des techniques traditionnelles et modernes de conservation de l’eau et des sols
(CES) dans la région de Beni Sous, Tlemcen (NO Algérie).
N. ZEKRI-BELLAHCENE, M. MAZOUR, B. SALHI, M. TRANDJI (Univ. Tlemcen)
6.4. Agriculture sur pentes au Vietnam : une nécessité pour la sécurité alimentaire et un risque pour la durabilité du
système agricole.
D. ORANGE, Ha PHAM QUANG, Toan TRAN DUC, FL. CLEMENT, P. JOUQUET, Nguyen DUY PHUONG, Nguyen VAN
BO (IRD / IWMI Hanoi)(IAE Hanoi, SFRI Hanoi, VAAS, Hanoï).
6.5. History & economics of Soil & Water Conservation (SWC) in Jamaica (1960-2000).
J. LINDSAY, M. WALKER (UNIV. MONA , JAMAICA), J. DE GRAAFF(UNIV. WAGENINGEN, THE NETHERLANDS)
6.7. Effets des crises politiques au Burundi sur l’érosion dans la région du MIRWA CENTRAL (Burundi).
Th. RISHIRUMUHIRWA (Fac. Agro. Burundi)
6.8. Notion de transfert ville--campagne à Port -au- Prince (Haiti) : en quoi la ville peut-elle apporter une valeur
ajoutée pour la campagne par la gestion de ses déchets organiques et de la campagne vers la ville par la
production de produits alimentaires.
JC. FERNANDES, J. DENIS, E. EMMANUEL, J. LACOUR, H. DUCHAUFOUR, P. VERMANDE, R. BAYARD
.(univ. Quisqueya, Port au Prince, FAMV, Haiti, LGCIE, Univ. et INSA Lyon).
6.11. Synthèse des principaux éléments des bilans effectués durant les quinze dernières années en Haïti.
A. BELLANDE
7. CONCLUSIONS GENERALES
7.1. Conclusions principales des communications des six thèmes.
E. ROOSE et H. DUCHAUFOUR
8. RESUMES
8.1. Récupération des terres dégradées dans les communes de Bitinkodji et Namaro (Niger) par approche
participative des populations locales.
I. AMADOU, S. SEYNI, M. ABBA (Projet lutte contre l’ensablement)
8.3. Infiltration capacity of mined soils reforested with A c a c i a a n d C a s u a r in a in the Dominican Republic
C. CRUZ
8.5. Modification du ruissellement et des pertes en terres suite à l’abandon d’une culture annuelle (manioc) au profit
de plantations agroforestières dans des périmètres villageois sur forte pente au Nord Vietnam.
P. PODWOJEWSKI, D. ORANGE, P. JOUQUET, Th. HENRY DESTUREAUX, Van Thiet NGUYEN, Pham Van RINH, Do
DUI PHAI, Tran Duc TOAN (IRD, Soils & Fertilizers Institute)
8.6. Influences des arbres sur le stock de carbone du sol et les risques d’érosion et de ruissellement dans les
montagnes du Maroc.
M. SABIR (ENFI Salé Maroc), E. ROOSE (IRD Montpellier)
8.7. Analyse des facteurs d’érosion des sols selon le modèle USLE de Wischmeier et Smith, 1960. Cas de Laplate,
1re section communale du Bassin Bleu (Département du Nord Ouest d’Haïti).
D. SADRACK
4. Panorama des méthodes d’analyse de l’érosion dans un contexte insulaire (28 p.)
5. Importance de la recherche pour le développement de l’agriculture haïtienne : ex gestion des bassins versants
H.DUCHAUFOUR (60 p.)
6. Avancée du trait de cote de la Baie du Marin (Martinique) : conséquence de l’activité anthropique (6 p.)
P. SAFFACHE
7. 0rigine du ruissellement et de l’érosion sur sols bruns à Halloysite de Martinique.
Premières observations sous bananiers.
E.ROOSE, B. KHAMSOUK, A. LASSOUDIERE, M. DOREL (9 p.)
8. Validation des estimations de l’aléa érosion des sols à l’échelle européenne (41 p.)
VAN ROMPAYE, V.VIEILLEFONT, R. JONES, L.MONTANARELLA, G. VERSTRATEN, P. BAZZOFFI, T. DOSTAL,
J. KRASA, J. DEVENTE, J POESEN
9. Les choix techniques pour le traitement des ravines.
Ch. LILIN (15 p.)
10. Expérimentations sur la lutte antiérosive et la revégétalisation assistée d’un versant décapé de la réserve
naturelle de la Caravelle en Martinique (27 p.)
E.ROOSE, N. VENUMIERE, P. LAUNE, J.LOURI, et R. RAVELA
11. Diagnostic de l’érosion sur le bassin versant de la Baie du Robert en Martinique (184 p.)
K. PINTE,
12. Impact socioéconomique de la dégradation des terres en Haïti. Interventions pour la réhabilitation du milieu
cultivé. Rapport final du programme PAGE (83 p.)
13. Exploring how to prevent potential cross border environmental-based conflicts: Haiti-Dominican Republic
M. GUERRIER A. , ICAR, Virginia USA (33 p.)
14. La GCES, une nouvelle stratégie de lutte antiérosive en Haïti : cas du transect Petite Rivière de Nippe – Salagnac
- Aquin dans le sud d’Haïti (25 p.)
B. Smolikowski, 1993, Cah.Orstom Pédol., 28, 2 : 229-252.
16. Guide méthodologique pour les etudes de diagnostic des bassins versants
Rapport final Ciat (52 p.)
E ffic a c ité
d e la lu tte a n tié ro s iv e s u r
la ré h a b ilita tio n d e la p ro d u c tiv ité d e s s o ls
L a c o n s e rv a tio n d e l’e a u e t d e s s o ls (C E S ) a é té d é v e lo p p é e p a r H . B e n n e t a u x U S A d e p u is le s
a n n é e s 1 9 3 0 p o u r ré d u ire le s in flu e n c e s n é fa s te s d e l’é ro s io n h y d riq u e s u r la q u a lité d e s e a u x d e s u rfa c e
e t s u r l’é ro s io n d e s s o ls c u ltiv é s . D e p u is lo rs , d e s s o m m e s im p o rta n te s o n t é té d é p e n s é e s d a n s le
m o n d e e t e n p a rtic u lie r d a n s le s p a y s tro p ic a u x , p o u r ré d u ire le s p ro b lè m e s d ’é ro s io n e t p ro té g e r la
q u a lité d e s e a u x d e s u rfa c e .
O r le s p ro b lè m e s d e fa m in e o n t re fa it s u rfa c e ré c e m m e n t à la fa v e u r d e la c ro is s a n c e
d é m o g ra p h iq u e d e s p a y s é m e rg e n ts , d e la m o n d ia lis a tio n d e l’é c o n o m ie e t d e s c h a n g e m e n ts
c lim a tiq u e s . Il e s t d o n c u rg e n t d e b ie n d is tin g u e r le s te c h n iq u e s c a p a b le s d e re s ta u re r ra p id e m e n t la
p ro d u c tiv ité d e s s o ls d é g ra d é s p a r l’é ro s io n o u é p u is é s p a r le s c u ltu re s q u i n e re s titu e n t p a s
s u ffis a m m e n t le s n u trim e n ts e x p o rté s .
Eric Roose
UMR 210 Eco&sol, centre IRD, BP 64501 F 34394, Montpellier cedex 5, France. Courriel : Eric.Roose@ird.fr
Résumé.
Dans les milieux scientifiques, il est coutume de dire que le sol est une ressource naturelle non
renouvelable : d’où des discours pessimistes sur l’avenir de la planète et de nombreux travaux
sur la dégradation des sols. Or plusieurs expériences paysannes ou scientifiques montrent
qu’en milieu tropical il est possible d’accélérer l’altération de certaines roches et de restaurer
la capacité de production de sols dégradés par les cultures ou décapés par l’érosion. L’analyse
de treize cas montre que pour restaurer rapidement la productivité de ces sols il faut respecter
six règles : 1/prévoir une gestion adéquate des eaux de surface (cordons de pierres, haies,
cuvettes) 2/rouvrir la macroporosité et la stabiliser (travail du sol et enfouissement de matières
organiques), 3/ revitaliser l’horizon de surface par l’apport de matières organiques fermentées,
4/nourrir les plantes, 5/ adapter le pH du sol et 6/choisir des végétaux bien adaptés aux
conditions locales mais non envahissants. Cet investissement (travail + fumure organique et
minérale) n’est acceptable que si l’amélioration des revenus est sensible et les conditions
socio-économiques (pression démographique et marché où écouler la surproduction) durables.
Mots clés : restauration, productivité des sols tropicaux, réhabilitation des systèmes sol-
végétation
Abstract.
Scientists commonly declare that soils are a not renewable resource and are pessimistic
concerning the potential of soil restoration: therefore the studies concerning the degradation
processes are abundant. Nevertheless, many farmers or scientists have shown that, in tropical
areas, it is possible to accelerate the weathering of certain rocks like shale, argillite, marl,
basalt. It seems possible to restore in a few years the productivity potential of degraded or
eroded soils. In this paper, the author analyses 13 study cases showing that it is possible to
restore rapidly the productivity of certain soils if six general rules are respected: 1/a good
management of superficial waters, 2/opening the macro-porosity by deep tillage and
stabilising the structure, 3/ revitalising the upper horizon with 3t/ha of manure or compost, 4/
regulate the pH between 5 & 8, 5/ insure a good nutrition of cultivated plants and 6/ select a
good vegetative cover well adapted to local conditions but not invading the country. This
investment (labour, organic + mineral fertilizers) is only acceptable if the net income is
improved and the market durable.
Keywords: Soil restoration, tropical soils productivity, soil-vegetation systems
rehabilitation
Introduction
Seuls les systèmes forestiers et les savanes protégées des feux et du surpâturage sont
des systèmes de production capables de maintenir ou d’améliorer la fertilité des sols
tropicaux : leur mise en culture entraîne forcément leur dégradation à plus ou moins court
terme (Roose, 1994, Conedera et al., 2010). En effet, dès le défrichement et la disparition des
litières, on observe une décroissance rapide des matières organiques du sol (MOS) et un début
de dégradation chimique, biologique et physique des horizons de surface. Le feu minéralise
brutalement les litières, redresse temporairement le pH, mais rejette du CO2 et des cendres
lesquelles sont soufflées par le vent ou lessivées lors des premiers orages. Le labour à son tour
introduit de l’oxygène dans le sol, accélère la minéralisation des MOS et mélange les horizons
humifères et minéraux sous-jacents : à court terme, le travail du sol réduit les activités de la
faune (vers de terre en particulier). Les sols sableux cultivés perdent 50% de leur MOS en 4
ans et les sols argileux en 10-15 ans. Au total, les sols cultivés deviennent à la fois moins
productifs et moins résistants à l’énergie des pluies (Roose, Barthès, 2006). On comprend dès
lors les efforts de mise au point de systèmes de semis direct dans la litière gardant le sol
couvert : après tout, « on n’a jamais labouré les sols sous forêt » : les activités de la faune et
de la flore suffisent à maintenir dans les sols forestiers de bonnes conditions pour la
croissance des plantes (Roose, 1994).
Les pédologues enseignent que le sol est une ressource naturelle non renouvelable à
échelle humaine. C’est vrai lorsque l’érosion a détruit le mince horizon humifère qui couvre
une roche dure, comme les calcaires ou les granites : en effet il faut 200 à 300 000 ans pour
altérer un mètre de granite (Leneuf, 1959). C’est beaucoup moins vrai pour certaines roches
tendres comme les argilites, marnes, grès et schistes tendres, et même pour le basalte qui
produisent 0.5 m d’altérite en moins d’un siècle. Aussi des paysans astucieux ont développé
divers systèmes de création de sols nouveaux à partir d’altérites ou de cendres volcaniques
minérales. Il existe aussi des jachères pour restaurer la productivité des sols dégradés par la
culture (Floret et Serpantié,1991) et des techniques traditionnelles permettant de réhabiliter
des sols érodés comme le paillage, l’agroforesterie, la fumure organique et minérale (cendres)
ou encore le zaï, technique complexe faisant intervenir le stockage de l’eau dans le sol, la
fumure organique (et minérale), les termites et le travail du sol en zone soudano-sahélienne
(Roose, 1994 ; Sawadogo et al., 2008).
Pour les écologues, la « restauration » au sens strict, consiste à interrompre les facteurs
de dégradation pour permettre au milieu de retrouver naturellement la flore et la faune
primitives et plus tard les propriétés physiques, chimiques et biologiques des sols originaux
(Aronson et al., 1993). Ceci fait appel à la résilience du milieu naturel, ce qui peut prendre
beaucoup de temps et ne satisfait pas forcément aux conditions optimales de production des
cultures : certains sols forestiers sont par exemple trop acides et inaptes à la production
intensive de la majorité des légumineuses tropicales.
Dans ce document, nous parlerons de manipulations vigoureuses mais simples en vue
de restaurer rapidement la productivité des sols dégradés, leur permettant de remplir
correctement leur rôle premier, à savoir l’alimentation des populations rurales. (Roose, 1993 ;
Sawadogo et al. 2008 ; Conedera et al 2010).
2.2. La restauration des sols ferrallitiques acides par le paillage des bananeraies.
Au Burundi central (Station de Mashitsi), suite à trois années de mesure de l’érosion
en parcelles (300 m²), on a testé l’arrière effet de l’érosion cumulée de 0,1 t/ha/3 ans après
paillage complet, 17 à 54 t/ha/3ans après bananeraies denses à lâches, et 154 t/ha/3ans sur sol
nu sans paillage. La 4éme année, on a subdivisé en quatre chaque parcelle et semé du maïs
uniformément. Le bloc témoin n’a reçu aucun nutriment : on n’a pas récolté de grain après sol
nu, 600 kg/ha après bananeraies et 1500 kg/ha de grain après paillage complet (comme après
défrichement de la forêt primitive). L’érosion a donc des arrières effets sur le potentiel de
production du sol les années suivantes.
Sur les trois autres blocs, on a testé trois techniques de restauration de ces sols acides
dégradés par divers niveaux d’érosion sélective en nappe : R1 = 20t/ha de fumier frais,
comme font les paysans, R2 = 10t de fumier + NPK complémentaires et R3 = idem + 200
kg/ha de chaux pour réduire l’acidité et la toxicité aluminique du sol. Sur la parcelle la plus
dégradée, le rendement maximal fut 500 kg/ha de maïs. Sur la parcelle la mieux protégée, on
a récolté 3000 kg/ha de grain après fumier et 4000kg/ha après fumier + NPK complémentaire.
Sous bananeraie à paillage intermédiaire, les rendements furent aussi intermédiaires.
Curieusement sur ces sols très pauvres, l’apport de chaux a eu un effet dépressif sur les
rendements et sur le phosphore assimilable. L’érosion en nappe a donc un effet durable sur la
productivité des sols (Rishirumuhirwa, 1993). L’apport de MO et d’une fumure minérale
complémentaire adaptée à la plante cultivée permet de multiplier par 8 le rendement en grain
de maïs. Voir figure 1.
Au Rwanda (stations de Rubona et de Butare), sur le même type de sol et des pentes
de >25%, des haies vives d’arbustes légumineuses (Calliandra et Leucaena) ont réduit le
ruissellement (Cram<2%) et l’érosion (E<2t/ha/an) et apporté 100 kg/ha de N, dix kg/ha de P,
et environ 40 kg/ha de Ca+Mg+K. Mais, malgré la bonne conservation de l’eau et des sols, le
rendement des cultures (maïs et haricots) n’a progressé qu’à partir du moment où on a rajouté
du fumier de ferme ou du NPK minéral. On constate donc que certaines cultures bien soignées
peuvent réduire l’érosion sans pour autant donner plus de grains (Roose, Ndayizigiyé et
Sekayangé, 1993 ; König, 2005). Fig 2.
3.1. Les six règles pour restaurer rapidement la productivité d’un champ.
Il est possible de restaurer rapidement la capacité de production des sols en respectant
certaines règles :
1. capter le ruissellement par un dispositif adapté : haies, cordons de pierres, paillis, Zaï, etc. ;
2. recréer la macroporosité et la structure du sol par un travail profond enfouissant des MO ;
3. revivifier l’horizon de surface par du compost, fumier, litière, légumineuses rampantes ;
4. corriger le pH du sol jusqu’5 pour supprimer la toxicité aluminique (cendres, résidus) ;
5. nourrir les plantes cultivées en rendant le stock de nutriments assimilable (MO, purin, feu,
litières) et compléter les besoins de la plante par des apports minéraux raisonnés ;
6. sélectionner une couverture végétale bien adaptée couvrant rapidement le sol sans pour
autant devenir envahissante.
3.3. Il est temps de réorienter les recherches vers les solutions à la dégradation des sols et à
les adapter localement aux milieux et aux besoins des paysans. Dans tous projets de lutte
antiérosive, 10% du budget devraient être réservés à la recherche de systèmes de production
rentables, acceptables par les paysans et efficaces pour la gestion de l’eau et de la fertilité des
sols.
3.4. Nous invitons nos collègues des régions tropicales à revisiter les techniques
traditionnelles, à tester leur amélioration en intégrant nos connaissances modernes sur la
fertilisation, la gestion de la flore, faune et microflore, les ressources génétiques et la diversité
biologique plutôt que de s’éterniser sur les techniques mécaniques pour lutter contre l’érosion
et le ruissellement, mal adaptées aux averses tropicales et aux pluies cycloniques saturant la
couverture pédologique.
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Des stratégies traditionnelles pour la lutte contre l’érosion dans les monts
Mandara et dans la plaine du Diamaré NO du Cameroun.
Résumé : Le Nord du Cameroun est, avec les monts Mandara, une référence en Afrique
en matière d’aménagement en terrasses. Ces réseaux de terrasses en gradins isohypses, qui
cisèlent l’intégralité des pentes et infiltrent toutes les pluies, se voient complétées,
généralement dans les talwegs plus menacés par l’érosion, par des dispositifs de canaux-
drains souvent dédiés à des cultures particulières attirées par l’eau. Dans les plaines du
Diamaré, ce n’est plus l’entièreté du terroir qui, comme en montagne, suit un modèle cohérent
d’aménagement. Les techniques antiérosives n’intéressent que certaines parties des terroirs. Il
s’agit de sols argileux, les vertisols, voués à une culture stratégique en ce qu’elle est réputée
prévisible, celle des sorghos repiqués de contre-saison dont la part dans l’agrosystème n’a
cessé de croître depuis les années 1950. Ces stratégies de lutte contre l’érosion et l’entretien
de la fertilité, en dépit de leur degré de sophistication et de leur efficacité par le passé, ont
perdu de leur pertinence avec les mutations démographiques, sociales et techniques.
Aujourd’hui, la lutte antiérosive est devenue un impératif pour l’ensemble des communautés
agricoles et pastorales du Nord du Cameroun, mais les recettes du développement n’ont pas
jusqu’ici entraîné l’adhésion attendue.
Mots-clés : Nord Cameroun, monts Mandara, lutte antiérosive, terrasses, fertilité des
sols.
Abstract: The Northern Cameroon, along with the Mandara Mountains, is a reference to
Africa in terms of terracing. These networks of curvilinear terraces, which carve the entire
slope, are completed, generally in the troughs more threatened by erosion, by either channel-
drain often dedicated to specific crops living near water. In the plains of Diamaré, it is not the
entirety of the land, like in the mountains, following a consistent pattern of development.
Erosion control techniques concern only certain parts of the land. These lowland Vertisols,
dedicated to a strategic culture as it is deemed foreseeable, that of transplanted sorghum
season-cons whose share in the agro-ecosystem has grown steadily since the 1950. These
strategies against erosion and maintain fertility, despite their sophistication and effectiveness
in the past have lost their relevance with the demographic, social and technical pressure.
Today, erosion control has become an imperative for all agricultural and pastoral communities
in northern Cameroon, but revenues from development have so far resulted in the expected
accession.
Les monts Mandara auraient pu être le théâtre d’une érosion intense par ravinement, il
n’en a rien été. L’équilibre a été obtenu grâce à de fortes densités de peuplement (80 à 150
hab/km2), seules en capacité d’entretenir un aménagement intégral des terroirs par des
terrasses, un contrôle des eaux d’écoulement et la gestion savante d’une végétation
sélectionnée. C’est la déprise actuelle de certains terroirs montagnards qui introduit l’érosion.
Ainsi chaque société agricole a dans le passé recherché un équilibre entre potentialités
édaphiques, choix agronomiques et densités de peuplement et d’élevage, mais il s’agissait là
de modèles fragiles.
Le développement urbain, la sortie des économies de subsistance, l’obligation de
passer à des cultures spéculatives ont bousculé ces systèmes qui, sans ignorer l’érosion,
savaient en partie en compenser les méfaits. L’érosion s’est développée, avec les spéculations.
C’était le prix à payer pour à la fois entrer dans la monétarisation et accéder à
« l’indépendance alimentaire ». Pour rester dans le cliché, le tandem charrue-production
cotonnière va rapidement produire de l’érosion. Cette érosion va même, pour ainsi dire,
s’exporter avec la descente des migrants de l’Extrême Nord, précisément des zones où ils
avaient prouvé leurs savoir-faire pour juguler l’érosion, dans les fronts pionniers des plaines
de la Bénoué où ils seront accusés de se livrer à une sorte « d’exploitation minière ».
Nous allons exposer deux exemples d’agro-systèmes qui font la démonstration d’une
lutte, encore à l’œuvre, contre l’érosion dans les monts Mandara et les plaines du Diamaré.
L’érosion est dénoncée depuis l’après guerre par des « ingénieurs d’agriculture
coloniale » qui réclament déjà à l’époque une intervention d’urgence pour la restauration des
sols et des couverts arborés. A. Vaillant n’en signale pas moins certains systèmes antiérosifs
efficaces comme ceux des monts Mandara à travers ses enquêtes agronomiques chez les Mofu
de Wazan : « Les murs en pierre sèche établis par les populations du Mandara forment une
série de terrasses qui retiennent la terre. Au moment des pluies, l’eau est absorbée par ces
divers plans horizontaux […]. Toutes ces terrasses forment donc comme autant de cuvettes de
terre poreuse qui laissent filtrer lentement l’eau en excès à la base de leurs murs. Longtemps
après une forte pluie, une circulation lente de l’eau se continue des terrasses supérieures aux
terrasses inférieures » (A. Vaillant, 1948 : 10).
Les populations apportent tous leurs soins à l’entretien des murs de soutènement des
terrasses dans la mesure où elles leur permettent de survivre. Toutefois il n’est pas certain
que, dans les monts Mandara, la construction des terrasses se soit faite en commençant par le
bas de la pente et en remontant progressivement jusqu’au sommet comme dans le Rif
marocain (Sabir et al., 1999). Les monts Mandara ont offert un refuge à des populations qui
ont d’entrée privilégié des positions défensives sur les crêtes et les encorbellements. Ce sont
les terrasses qui ont créé les champs sur des coulées de blocs de rochers ou sur des collines
caillouteuses. Grâce aux chaos de roches granitiques sommitaux travaillés par l’érosion
mécanique favorisant à son tour l’action chimique dans les diaclases pour libérer quartz,
biotite, mica… les terrasses récupèrent toute cette arène granitique. L’appellation par les
Mofu du mur de la terrasse : mengue ley (= piège + champ) est sans équivoque. Par ailleurs,
Mafa et Mofu accéléraient l’éclatement des roches en semant et en bouturant dans les fentes
de futurs gros ligneux : caïlcédrats, Ficus, Diospyros… qui, dans cette situation, ne pouvaient
gêner les cultures. En revanche, ils amendaient fortement, avec des tiges de mil et du fumier,
les parcelles de « roches pourries » (jeheher en mofu). Les montagnards n’hésitaient pas à
construire des parcelles artificielles linéaires sur les plaques rocheuses derrière un liseré de
pierres, qui récupéraient l’eau de ruissellement pour des récoltes précoces.
Dans ces milieux de montagne, les éléments fins descendent en continu avec le
ruissellement. Mais les terrasses vont maintenir leur contenu de terre arable qui ne cesse de se
renouveler, faisant de ces lithosols des sols à jamais peu évolués. Ils seront longtemps mis au
bas de l’échelle des pédogenèses par les pédologues. Toutefois, à partir de ces « sols
squelettiques » les hommes vont tirer des cultures et pratiquer des rotations culturales
parfaitement adaptées, au point qu’ils pourront supporter à certains endroits des densités de
peuplement supérieures à 200 hab/km².
Le choix se portera sur des cultures peu exigeantes, en accord avec ces sols légers : les
éleusines, les petits mils et surtout des sorghos de lithosols, les slaraway ou cerge, tellement
spécialisés qu’ils se révèlent improductifs en plaine.
De plus, dans les massifs mafa, les plus enclavés, la rotation biennale petit mil/sorgho vise
encore à ménager ces sols et à enrayer la prolifération de certaines adventices et celle de
déprédateurs. L’année du petit mil (année bissextile) s’accompagne d’une énorme production
de niébés d’une surabondance d’oseille de Guinée, semée en ligne qui entoure et quadrille
chaque parcelle afin que les niébés soient mieux protégés. Cette année vouée aux
légumineuses prépare celle du sorgho qui permettra de dégager un léger surplus en grains.
Oseille de Guinée et niébés peuvent apparaître comme un lot de cultures de substitution lors
des crises alimentaires provoquées dans le passé par des criquets et autres ravageurs. La
cohérence de ces agrosystèmes a contribué à forger de véritables civilisations climaciques
montagnardes.
Tout repose sur un entretien scrupuleux des murs des terrasses avant chaque saison des
pluies. Elles vont, bien sûr, varier en fonction de la déclivité, du matériau et des pratiques du
travail de la pierre des différentes communautés montagnardes. Elles sont plus resserrées sur
le haut des pentes alors que, vers les fonds de talwegs, les parcelles prennent de l’ampleur. On
peut voir les plus beaux murs de soutènement de pierres sèches jointoyées avec des éclats de
roches, de 2 à 3 m de hauteur, chez les Podokwo et les Gemzek ; la pierre est cassée plutôt
que taillée. Ailleurs, dans les vallées intra montagnardes, les terrasses, toujours curvilignes,
plus modestes (de 0,50 à 0,75 m) relèvent plus d’un épierrage minutieux des champs (Photos
1 et 2 en pays mafa).
Ce qui, dans les Mandara, frappe l’observateur, c’est cette mise en terrasses totale des
massifs, comme le souligne J. Boutrais (1973) : « Le modèle du terroir montagnard ne
comprend pas d’espaces incultes […]. L’homme transforme le paysage naturel en paysage
densément humanisé. En détruisant le couvert forestier naturel, remplacé par un semis
d’arbres sélectionnés, il est contraint, pour éviter l’érosion, de mettre à nu les versants, d’en
modifier l’ensemble des pentes par des terrasses. Le système de terrasses n’est efficace que
s’il couvre tout le versant des premières pentes jusqu’à l’aval ».
Les murs des terrasses chez les Mafa de Magoumaz et de Ziver portent, pour les plus
importants, une végétation de graminées comme Cynodon dactylon et Digitaria spp. qui
serviront pour l’affourragement du bétail claustré pendant la saison des pluies. On y
rencontre aussi une petite fougère, Adiantum philipensis, placée là, comme les graminées avec
leur motte de terre, afin que leur système racinaire stolonifère tienne les pierres et surtout
contrôle le suintement de l’eau. Sur le haut de la terrasse, le long du muret intérieur, on semait
en lignes des éleusines qui tallent fortement.
La plupart des terrasses marquent une inclinaison faible, en contre pente vers le mur
de la terrasse du haut pour forcer l’eau à percoler la terre de la terrasse dans son épaisseur. Les
réseaux de terrasses qui, parfois, dépassent 200 m. de dénivelé ont rarement été conçus
comme des ouvrages d’ensemble. Chaque exploitant a construit ses terrasses et les a
raccrochées à celles de ses voisins sur des niveaux approchants. Les petits décrochements que
l’on observe au moment des raccords ne nuisent pas à l’efficacité générale. Les terrasses ne
sont pas, non plus, des ouvrages fixes. Au cours de sa vie, un paysan a pu changer certains de
leurs linéaments. Mais, dans la mesure où il s’agit de touches souvent infimes avant chaque
saison des pluies, les habitants des montagnes ont le sentiment d’un immobilisme des réseaux
de terrasses et d’un héritage global des « ancêtres ».
Contrairement à une idée reçue, un réseau de terrasses peut être rapidement monté.
Sur la route Maroua-Mokolo, après Mouhour, l’ensemble des terrasses a été dessiné et bâti
dans les années de l’indépendance. Après un conflit (Ziver-Vouzad) en 1961 et 1962, un
quartier de Ziver a été déporté entre Mouhour et Mokolo. En quelques années, cette zone de
plateau (« Ziver plaine ») a été couverte de terrasses (J. Boutrais, 1973). Il en a été de même
de toute la ligne de crête de Cuwok qui domine la plaine de Zamay, entre 1950 et 1975, et
pour une majorité d’entre elles en moins de quinze ans, ce dont nous avons été témoin dans
les années 1970 (C. Seignobos).
Dans cette agriculture intensive, les espaces sensibles à l’érosion, les bassins de
réception des hauts talwegs, les parties jouxtant les torrents et surtout les lignes de piémont où
convergent les eaux de ruissellement vont être traités par le biais de cultures bien
particulières. L’eau est utilisée pour les cultures, tout en dispersant et en disciplinant les plus
gros flux après de fortes pluies. De micro rizières vont récupérer certains passages d’eau tout
en la contraignant à emprunter un compartimentage très serré de diguettes, parfois hautes de
50 cm, limitant ainsi les effets érosifs.Le taro est très présent chez les Mafa. On le cultive en
général au pied de grandes plaques rocheuses, dans des endroits où l’eau sourd. Les Mafa
créent alors un quadrillage de petits murets de pierres qui vont faire circuler l’eau dans cette
tarodière (giy mesler) avec une entrée et une sortie de l’eau (également signalé par F. Hiol-
Hiol et al., 1996 : 281).
Ce sont également des parcelles de souchet, giy menda (Cyperus esculentus) . Pour ce
minuscule tubercule qui aime la proximité de l’eau sans toutefois en supporter les excès, on
construit des planches-billons selon des surfaces et des hauteurs variables. Ce gros travail est
exécuté par les hommes même s’il s’agit d’une culture exclusivement féminine. Les
planches-billons disposées en quinconce, obligent l’eau venant des massifs à se diluer dans
un lacis de canaux, l’eau empruntant un parcours constamment en baïonnette. Les angles
de ces grosses planches où l’eau vient buter peuvent être renforcés par des parements de
pierres. Les planches ne sont pas obligatoirement individualisées, mais elles peuvent
représenter des surfaces avec des rentrants de canaux, sorte de digitations dont le but est
toujours de profiter du passage de l’eau tout en annihilant les excès du ruissellement.
Bien que ces communautés montagnardes ne soient pas des sociétés de l’hydraulique,
elles ont pu réaliser un certain nombre de cultures grâce à un relatif contrôle de l’eau, sur des
espaces mesurés, mais essentiels quant au dispositif antiérosif du terroir. A la différence des
terrasses, le but recherché et non induit semble bien avoir été une réelle volonté de bloquer
l’érosion.
Dans les années 1940, ce que l’on craignait déjà en matière d’érosion pour les monts
Mandara, c’était – à la différence de la plaine – un relâchement des densités de peuplement,
« l’abandon des ouvrages d’art qui ont consolidé la terre sur les pentes et discipliné les eaux
sauvages et torrentielles » (A. Vaillant, 1948 : 11).
Lorsque l’émigration atteint certains seuils, elle contraint à l’abandon de terres et donc
de terrasses en commençant par celles du haut, les plus étroites. Le processus d’abandon est
largement décrit par J. Boutrais (1973) qui l’analyse dans les premiers glissements d’habitat
en plaine chez les Mafa de Moskota. Les terrasses abandonnées résistent plus ou moins bien
aux passages du bétail. Elles s’éboulent et sont remplacées par des couloirs d’érosion à peine
contrariés par une amorce d’embuissonnement des pentes. En 2009, les hommes valides sont
dans les villes ou travaillent à façon en plaine. C’est aux femmes qu’incombe la responsabilité
des terrasses. Or, elles ne sont pas des ayants droit sur ces terres, aussi n’exécuteront-elles
qu’a minima la réfection des dégradations occasionnées par le petit bétail pendant la saison
sèche.
Dans les années 1970 encore tous les massifs ou presque étaient vivifiés ; en 2009, on
constate de nombreux abandons et des « trous » dans ce tissu aménagé en continu. Chacun
tend à se concentrer sur l’espace situé autour de sa ferme (ay). Le paysan mofu va accorder
plus d’importance à son « champ de case » (ar manbow). Ainsi les terrasses, surtout celles de
soutènement des ay, seront régulièrement entretenues. Peut-on alors associer cette nouvelle
redistribution des exploitations à une logique d’organisation économique de type Von Thünen
(Léonard et al, 2002), l’effort d’entretien étant centré sur les lieux le plus souvent
fréquentés et travaillés ?
2. Des pratiques antiérosives de la plaine du Diamaré, des applications
spécifiques
Dans les piémonts et les plaines où l’espace était moins compté qu’en montagne, on
relève des ébauches de systèmes antiérosifs. Mais, ici encore, ils ne sont que contingents à
d’autres buts qui répondaient à des protections de parcelles contre les intrusions du bétail,
ou servaient à marquer un espace approprié. Elles sont formées de haies dont la plupart,
dans les piémonts des Mandara et la région de Maroua, expriment des sortes d’archéophytes
composés de Commiphora africana, Acacia ataxacantha et de différentes Euphorbiaceae,
issus de systèmes défensifs encore présents au début du XXe. Ils ont été démantelés et
corrigés par des essences moins agressives comme les haies de Jatropha curcas. Dans ces
anciens bocages défensifs, les lignes perpendiculaires à la pente peuvent encore prétendre à
des effets antiérosifs.
Les paysans des plaines du Diamaré ont porté leurs efforts sur l’entretien de leurs
vertisols (karal) au service d’une culture de contresaison, les sorghos repiqués (muskuwaari).
Depuis trois décennies, cette culture s’est substituée à celle du coton comme pivot de
l’agrosystème aussi bien en vivrier qu’en spéculation.
Il existe une gamme de karal qui, chacun, réclame des traitements particuliers quant
au brûlis, au sarclage, à l’écartement et à la profondeur des plants. Le besoin de cultiver ces
sorghos désaisonnés, culture réputée « sûre » en ce qu’elle n’est pas tributaire des pluies, a
poussé les paysans à défricher toujours plus de vertisols jusqu’à investir des sols aux horizons
faiblement argileux et surtout à récupérer des sols halomorphes « stériles », les harde
(Seignobos, 1993 B).
Il existe, ici encore, plusieurs types de harde. Ceux en marge des villages sont des
terres stérilisées par le stationnement du bétail (harde dabbaji) avant son départ pour les
pâturages. Ils sont facilement récupérables alors que d’autres demandent plus
d’investissement pour être à nouveau vivifiés. La reprise de ces sols halomorphes s’effectue à
l’aide de carroyages de diguettes (dingiiji) de 0,30 m de haut en moyenne et qui favorise une
contention de l’eau de pluie. Elle devra s’infiltrer progressivement dans les horizons argileux,
constituant ainsi une réserve pendant la saison sèche. On vient y verser, en dépit du manque
de moyen de charroi, de la poudrette qui favorisera la venue d’un couvert graminéen dominé
par les Setaria spp. souvent aidé par un ensemencement artificiel.
Pendant toute la saison des pluies, les karal portent une sorte de « jachère dérobée »
qui sera brûlée avant le repiquage. Des trous d’eau de 2 à 3 m de diamètre (okoloore) sont
aménagés à espaces réguliers sur l’ensemble des vertisols ; ils servent à entreposer les bottes
de muskuwaari et à verser de l’eau dans les trous des plants afin de réduire le stress hydrique.
En montagne comme dans les zones de karal il s’agit pour les populations de protéger
un potentiel jugé vital pour elles, même si pour les muskuwaari, il n’est devenu vital qu’après
les années 1955 avec l’imposition du coton.
3. Les limites de la lutte antiérosive traditionnelle
Ce sont les agro-systèmes qui intègrent les pratiques antiérosives soit de façon globale
comme sur les Mandara septentrionaux, soit sur une famille de sols particuliers dans les
plaines du Diamaré. Mais, en aucun cas, les techniques contre l’érosion sont plaquées sur
un système agronomique, elles lui appartiennent, pourrait-on dire, de façon consubstantielle.
En d’autres termes, il n’existe pas de pratiques antiérosives employées pour ce qu’elles
représentent.
C’est la réponse à toutes les interrogations des Développeurs depuis le début des
années 1980 : pourquoi les populations capables d’exploits techniques pour combattre
l’érosion dans leurs pays de départ, une fois sur les fronts pionniers de la Bénoué ne
reproduisent-elles pas, sur ces nouveaux sites, leurs « bonnes habitudes de gestion
conservatoire des sols » ?
Les mots d’ordre des SCV vont à l’encontre de ceux de la précédente révolution
technologique, ils sont néanmoins imposés sur le même mode idéologique. En plus du
maintien des résidus de récoltes, ils prônent la réintroduction de l’herbe sur le champ, les
« mauvaises herbes » n’en sont plus et les légumineuses sont plébiscitées. Le sillon de la
charrue fait place à une trouaison du mulch qui devrait s’accompagner d’une réduction des
intrants. Le travail de la terre est confié à l’entomofaune et aux systèmes racinaires. Mais,
surtout, plantes de couverture et résidus de récoltes ont la charge d’enrayer enfin l’érosion.
Les SCV ne peuvent être la panacée, mais face à la démultiplication des crises, celle
du système montagnard, celle cotonnière avec des prix d’achat toujours plus bas et des
intrants toujours plus chers, celle de la dérégulation de l’élevage transhumant dans la
violence, la configuration développementiste semble se rallier à ce défi : produire une
biomasse abondante accessible à tous. Les SCV, théoriquement partout applicables, ne
semblent devoir être promus que dans les terroirs cotonniers. Ils ne s’adressent ni aux champs
en terrasses, ni aux zones de vertisols, comme si les agrosystèmes concernés poursuivaient
leur évolution singulière.
Conclusion
Boli Z., Roose E., 2004 Effet du labour classique et du semis direct sous litière sur le fonctionnement de deux
sols ferrugineux tropicaux sableux à Mbissiri, Nord Cameroun. In : « Gestion de la biomasse,
érosion et séquestration du carbone ». E. Roose, G. De Noni, Ch. Prat, F. Ganry, G. Bourgeon, éd.
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Vaillant A., 1948. L’érosion du sol dans le massif du Mandara. Douala, 15 p.
Influence du labour, du semis direct et du type
de sol sur le stock de carbone, les pertes en
WHUUHHWOHVUHQGHPHQWVG¶XQHURWDWLRQLQWHQVLYH
(coton/maïs) au Mali Sud
DIALLO Drissa, ORANGE Didier, ROOSE Eric
Courriels : drdiallo@ird.fr , orange@ird.fr, Eric.Roose@ird.fr,
Résumé
$X 0DOL O¶LQWHQVLILFDWLRQ GH OD URWDWLRQ FRWRQ-maïs a favorisé une baisse de fertilité et
O¶érosion des sols. Dans ce contexte, O¶pWXGHGHO¶LPSDFWGHVQRXYHOOHVWHFKQLTXHVVXU
les sols et les rendements des cultures a été conduite en 1998 et 1999 sur 17
SDUFHOOHV G¶pURVLRQ j m²) en zone soudanienne. Les coefficients de
ruissellement, faibles sous jachère (22%) atteignent 25 à 45% sous culture (ils sont
SOXVpOHYpVVRXVODERXU/¶pURVLRQGpFURvW de 25 t.ha-1.an-1 sur sol nu, à 18 sur labour,
6,6 sur semis direct sous litière (SDL) et 3,3 t.ha-1.an-1 sur jachère. Les pertes en
carbone sur sol ferrugineux rouge varient de plus de 400 kg.ha-1.an-1(labour) à moins
de 150 kg.ha-1.an-1 (SDL et jachère). Elles sont respectivement 250 kg.ha -1.an-1 et
moins de150 kg.ha-1.an-1 sur sol brun vertique. Les flux de carbone particulaire à la
sortie des parcelles cultivées sont 30 à 80 fois plus forts que dans le fleuve Niger,
VXLWH DX SLpJHDJH GDQV OH SD\VDJH /¶HIIHW GHV WHFKQLTXHV VXU OHV UHQGHPHQWV GHV
cultures semble dépendre du type de sol et de la quantité de pluie. Les tendances sur
le court terme ne sont pas nettes. A long terme, le semis direct sous litière devrait
améliorer le sol et sa productivité en Afrique occidentale.
Mots clés : Mali Sud ; Ruissellement, Erosion, Labour, Semi direct sous litière, Pertes
de Carbone
Abstract: The impact of tillage, direct sowing and soil type on the carbon stock
and soil erosion among an intensive rotation (cotton/corn) in Southern Mali
In Mali the intensification of rotation including cotton and corn induced soil and
environmental degradation. In this context, the impact of the new techniques on soil
and crops yield was measured in 1998 and 1999. Experimentation on 17 plots (100 to
1000 m ²) on red ferruginous soil and brown vertic soil of Djitiko watershed (12° 03' N,
8° 22' W) made it possible to compare fallow, conventional tillage and direct sowing
under litter (SDL). The runoff, 22% under fallow, is about 25 to 45% on cultivated plots
(values are higher under tillage). Soil erosion decrease from 25 t.ha-1.yr-1 on bare soil,
to 18 on tillage, 6,6 on SDL and 3,3 t.ha-1.yr-1 on fallow. Carbon losses vary according
soils, land use and techniques: more than 400 kg.ha-1.yr-1 (tillage) to less than
150kg.ha-1.yr-1 (SDL and fallow) on red soil and respectively 250 kg.ha-1.yr-1 and less
than 150 kg.ha-1.yr-1 on brown vertic soil. Particulate carbon flows at the exit of the
cultivated plots are 30 to 80 times stronger than in the Niger river, according trapping
into the landscape. Techniques impact on crops yield seems to depend on soil type
and rainfall. The tendencies on the short term are not clear. In the long run, the direct
sowing under litter should improve soils and their productivity in Western Africa.
Key words: Southern Mali; Runoff, Erosion, Tillage, drilling under litter, Carbon
losses by erosion
1. Problématique
Le programme cotonnier au Mali, à partir des années 1970, a concerné plus de 135
000 km2 et pluV GH PLOOLRQV G¶KDELWDQWV ,O D SHUPLV O¶LQWHQVLILFDWLRQ GHV FXOWXUHV
(coton et maïs en particulier). La mécanisation (avec traction animale), proposée aux
DJULFXOWHXUV D IDYRULVp O¶H[WHQVLRQ GHV VXSHUILFLHV FXOWLYpHV OD UpGXFWLRQ GH OD GXUpH
GHV MDFKqUHV HW OH VXUSkWXUDJH (Q FRQVpTXHQFH GHSXLV G¶LPSRUWDQWV
bouleversements environnementaux sont observés et les agriculteurs se plaignent de
O¶DPSOHXU GX UXLVVHOOHPHQW GH O¶pURVLRQ HW GH OD EDLVVH GH IHUWLOLWp GHV VROV &HV
constats ont justifié, au cours des campagnes agricoles 1998 et 1999, des études
H[SpULPHQWDOHV GX UXLVVHOOHPHQW HW GH O¶pURVLRQ GHV VROV 'LDOOR ; Diallo et al,
2004 (OOHV RQW SULQFLSDOHPHQW YLVp OD FRPSDUDLVRQ GH O¶LPSDFW GHV WHFKQLTXHV
culturales (labour conventionnel, travail minimum du sol ou semis direct sur litière) sur
O¶pURVLRQOHVWRFNGHFDUERQHGXVROHWOHVUHQGHPHQWVGHVFXOWXUHV
370
S
400 pn
pg
al er
N ig
ni
BAM AKO B a
#
#$
BV Djitiko
0
KAN GABA
45
$
Tiko
450
a
% Parcelle sol gravillonnaire
LE GE NDE
0
0
40
37 Parcelles
45
a
%
0 Ouronina
$ Courbes de niveau
Bassin versant
370
$ Villages
400
35
0
a
%
Parcelle sol rouge
$
Madina
1 0 1 2 Kilometers
1 km
12.10
12.05
3. Résultats
,PSDFW GH O¶RFFXSDWLRQ GX VRO HW GHV pratiques agricoles sur les états de
surface
/HVLQGLFDWHXUVG¶pWDWGHVXUIDFHXWLOLVpVLFLODFRXYHUWXUHGXVROSDUODYpJpWDWLRQHWOD
OLWLqUH O¶RXYHUWXUH GX VRO VRQW YDULDEOHV DX FRXUV GH O¶DQQpH en fonction du type de
sol, de son occupation et des techniques culturales (tableau1et figure 3).
La couverture du sol dans la jachère, est légèrement plus élevé sur sol brun vertique
que sur sol rouge, respectivement 41% et 34 % en début de saison pluvieuse, au mois
de mai. Ces taux de recouvrement sont au moins multipliés par deux à partir de juillet.
Les parcelles cultivées sont presque nues en début de saison des pluies, mais elles
SUpVHQWHQWGqVODPRLWLpGHODVDLVRQGHVWDX[GHUHFRXYUHPHQWGHO¶RUGUHGHjSOXV
de 90 % sur sol brun et de 60 à 90 % sur sol ferrugineux rouge. Le taux de couverture
est toujours meilleur sous semis direct que sous labour. Les différences sont 8% sur
sol brun et 3 % sur sol rouge en début de saison, et respectivement 16% et 27%
pendant le reste de la saison.
JS1 65 31 3 34 26 16 58 74
JS2 59 31 10 41 18 13 69 82
LS1 92 8 0 8 36 26 38 64
LS2 87 11 2 13 18 21 61 82
SDLS1 89 7 4 11 9 39 52 91
SDLS2 79 16 5 21 2 29 69 98
50
40
30
20
10
0
JS1 JS2 LS1 LS2 SDLS1 SDLS2
Stock de carbone
14,3 42,3 9,2 41, 9 11,3 59,2
50
45
40
35
KRAM (%)
30
25
20
15
10
5
0
JS1 JS2 LS1 LS2 SDLS1 SDLS2
Occupation du sol et pratique culturale
Figure 4 : Usage des sols et ruissellement dans le bassin versant de Djitiko (mesure
sur parcelles expérimentales en 1998 et 1999)
S1 : Sol 1 (Sol ferrugineux tropical rouge) ; S2 : Sol 2 (Sol brun vertique) ; J : jachère ;
L : labour ; SDL : semis direct sous litière (travail minimum du sol) ; KRAM : coefficient
de ruissellement annuel moyen
3.4. Pertes en terre
Les pertes en terre mesurées, montrées à la figure 5, VRQWGHO¶RUGUHGHjWKD-
1
.an-1 sur parcelles nues (NS1 et NS2). Elles sont faibles sous jachère et assez
importantes sur parcelle labourée. On note bien que le travail minimum du sol ou
VHPLVGLUHFWVRXVOLWLqUHSHUPHWGHPDLQWHQLUO¶pURVLRQDQQXHOOHjXQQLYHDXIDLEOH
35
30
an )
-1
25
-1.
Eriosion (t.ha
20
15
10
0
NS1 NS2 JS1 JS2 LS1 LS2 SDLS1 SDLS2
Occupation du sol et pratique culturale
Figure 5: Usage des sols et perte en terre dans le bassin versant de Djitiko (mesure
sur parcelles expérimentales en 1998 et 1999)
S1 : Sol 1 (Sol ferrugineux tropical rouge) ; S2 : Sol 2 (Sol brun vertique) ; N : parcelle
nue ; J : jachère ; L : labour ; SDL : semis direct sous litière (travail minimum du sol)
5 6
5
4
Rendement (t.ha-1)
Rendement (t.ha-1)
4
3
3
2
2
1
1
0
LS1 LS2 SDLS1 SDLS2 0
LS1 LS2 SDLS2
Sol et pratique culturale Sol et pratique culturale
4. Discussion
4.1. Les états de surface et leur évolution
La faible couverture des sols en début de saison pluvieuse V¶H[SOLTXHHQJUDQGHSDUWLH
par les modes actuels de gestion du milieu, en particulier la pratique annuelle des feux
de brousse qui brûlent la presque totalité des biomasses herbacée et
détritique, O¶H[SRUWDWLRQ GHV UpVLGXV GH UpFROWH SUpOqYHPHQW SRXU GLYHUV EHVRLQV
domestiques, pâture par les bovins). Ces pratiques ont deux conséquences graves sur
les sols :
- GLIILFXOWp GH PDLQWLHQ HW HQFRUH PRLQV G¶DPpOLRUDWLRQ GHV WDX[ GH FDUERQH HW GH
matière organique dans le sol ;
- DXJPHQWDWLRQ GX ULVTXH G¶pURVLRQ OHV VROV pWDQW H[SRVpV j O¶DFWLRQ YLROHQWH GH
O¶KDUPDWWDQSHQGDQWODVDLVRQVqFKHHWDX[YLROHQWHVpluies de début saison.
La nette augmentation des taux de couverture en pleine saison, quelque soit le sol et
VRQRFFXSDWLRQV¶H[SOLTXHSDUOHVERQQHVFRQGLWLRQVK\GULTXHV6XUSDUFHOOHFXOWLYpH
le taux de couverture est légèrement supérieur avec le semis GLUHFWTX¶DYHFOHODERXU
du fait de la gestion améliorée des adventices avec la première technique. En
FRPSDUDLVRQ DYHF OD MDFKqUH O¶DSSRUW G¶HQJUDLV PLQpUDX[ DX[ FXOWXUHV accroît la
SURGXFWLRQGHELRPDVVHHWDWWpQXHO¶HIIHWGHODGpJUDGDWLRQUHODWLYHGHV propriétés des
sols en milieu cultivé.
Les différences de caractéristiques morphologiques, physiques et chimiques entre les
deux types de sol et leur comportement spécifique sous culture semblent expliquer
les différences de recouvrement observées quelque soit la période de mesure. La
bonne structure, les meilleurs teneurs en matière organique et en bases favorisent le
sol brun.
En ce qui concerne le taux de surfaces ouvertes, la situation sous jachère en début de
saison pluvieuse, semble dépendre de deux facteurs : la fissuration par dessiccation
des argiles et surtout l'activité faunique. Une forte activité faunique (actions des
termites et autres insectes, des vers et des rats), nettement visible sur le sol
ferrugineux rouge expliquerait la meilleure ouverture de ce sol en cette période. Au
cours de la saison pluvieuse, l'ouverture du sol sous jachère semble être d'autant plus
importante que le couvert herbacé est développé, d'où un meilleur comportement du
sol brun vertique. Pendant cette période, les parcelles de semis direct montrent plus
G¶RXYHUWXUHFHTXLHVWOLpjune meilleure accumulation de biomasse détritique.
5. Conclusion
La pratique du semis GLUHFW VRXV OLWLqUH V¶HVW PRQWUpH HIILFDFH SRXU UpGXLUH OH
UXLVVHOOHPHQW O¶pURVLRQ \ FRPSULV OHV SHUWHV HQ FDUERQH F¶HVW PRLQV QHW SRXU OD
SURGXFWLRQGHVFXOWXUHVPDLVFHODSRXUUDLWV¶DPpOLRUHUavec le temps. En effet le semis
direct qui FRQGXLW j XQH DXJPHQWDWLRQ GX VWRFN GH FDUERQH GDQV O¶KRUL]RQ KXPLIqUH
des sols argilo-limoneux testés est presque aussi efficace que la jachère pâturée. La
richesse chimique des sols testés et leur résistance à O¶pURVLRQGpSHQGent à la fois de
ODWH[WXUHHWGXW\SHG¶DUJLOHGXVWRFNGHPDWLqUHRUJDQLTXHHWGHODOLWLqUe couvrant le
sol en permanence. &HVGHX[DQQpHVG¶H[SpULPHQWDWLRQRQWPRQWUpTXHOHODERXUHVW
UHVSRQVDEOH G¶XQH JUDQGH SHUWH GH FDUERQH par érosion et surtout par minéralisation
GHO¶KXPXV: cependant la poursuite des expérimentations est souhaitable en fonction
GH O¶LPSRUWDnce des variations climatiques. Les pertes de carbone soluble sont
FRPSDUDEOHV GH OD SDUFHOOH G¶pURVLRQ DX IOHXYH 1LJHU : toute la matière organique
VROXEOH HVW GRQF H[SRUWpH 3DU FRQWUH OHV ULYLqUHV Q¶H[SRUWHQW TXH j GHV
PDWLqUHV pURGpHV SDUWLFXODLUHV O¶HVVHQWLHO GH FHWWH IUDFWLRQ UHVWDQW SLpJp GDQV OH
SD\VDJHPLFURGpSUHVVLRQVHW]RQHVG¶pSDQGDJHGHVFROOXYLRQVHWGHV alluvions). A
long terme, le semis direct sous litière devrait améliorer le sol et sa productivité en
Afrique occidentale si on arrive à supprimer les feux de brousse et la pratique de la
vaine pâture (deux pratiques qui dégradent actuellement la couverture.
6. Références bibliographiques
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d’Antananarivo et Institut de Recherche pour le Développement (IRD), Route
d’Andraisoro, BP 3383, 101 Antananarivo - Madagascar.
(2) CIRAD (Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le
Développement)- PERSYST (Performances des systèmes de production et de
transformation tropicaux), URP-SCRiD (Unité de Recherche en Partenariat sur les
Systèmes de Culture et de Riziculture Durable), BP 230 Antsirabe 110 - Madagascar.
(3) IRD, UMR 210 Eco&Sols (Unité mixte de Recherche Ecologie Fonctionnelle &
Biogéochimie des Sols)-INRA-IRD-Montpellier SupAgro -2 Place Pierre Viala
(Bât.12), F-34060 Montpellier Cedex 1 - France.
Résumé
Cette étude vise à tester l’effet de systèmes de culture en semis direct sous couverture
végétale permanente (SCV) pour contrôler l’érosion hydrique et améliorer le rendement de
cultures pluviales sur versant des Hautes-Terres de Madagascar. L’essai a été entrepris sur un
dispositif expérimental d’érosion à Andranomanelatra, sous pluies naturelles. Le dispositif
comporte plusieurs traitements en SCV et en labour conventionnel (bêchage à l’angady) ainsi
qu’un témoin avec sol nu et un autre en jachère herbacée spontanée. Pendant quatre
campagnes, des mesures du ruissellement, des pertes en terre, de la hauteur de la pluie et de
son intensité maximale ont été effectuées à chaque événement pluvial érosif. Des mesures de
rendements ont également été réalisées à la fin de chaque campagne culturale.
Dans le contexte étudié, les résultats obtenus ont confirmé l’effet positif du système SCV sur
la réduction du ruissellement et de l’érosion. Les ruissellements sur les parcelles labourées et
sur la parcelle nue sont respectivement huit et quatorze fois plus élevés que sur les parcelles
SCV. Les pertes en terre sur les parcelles labourées et la parcelle nue sont respectivement de
7,6 et 22,1 t/ha/an alors que sur les parcelles SCV, elles sont d’environ 0,13 t/ha/ an.
En général, les rendements en maïs et en riz pluvial obtenus sur les parcelles labourées et en
SCV sous couverture morte ne diffèrent pas significativement. Mais les rendements en maïs et
riz pluvial sont significativement plus faibles en SCV avec couverture vivante de Brachiaria
ruziziensis que pour les parcelles labourées. En revanche, le rendement moyen en haricot est
nettement et significativement plus élevé sur les parcelles SCV que sur les parcelles
labourées.
Mots clés : semis direct, couverture du sol, labour, ruissellement, érosion, Madagascar
Introduction
Les Hautes-Terres malgaches sont connues pour les risques d’érosion hydrique (PCS,
1997). Les versants des collines à vocation agricole, appelés localement tanety, sont les plus
touchés. Ils portent généralement des ferralsols désaturés avec une teneur en matières
organiques peu élevée (Rabeharisoa, 2004). La pluviosité importante durant plus de six mois,
la pratique du labour traditionnel répétée, sur une pente plus ou moins forte, et la faible
utilisation des intrants agricoles contribuent à favoriser le phénomène d’érosion. Pour
protéger les sols de versants, des techniques mécaniques antiérosives et des dispositifs
biologiques de conservation des sols ont été proposés : bandes enherbées, terrasses en gradins,
fossés d'infiltration et/ou de diversion, jachères améliorées, paillages, murettes, haies. Or, la
dégradation de la production et l’érosion se poursuivent.
La question générale qui se pose est de gérer autrement les sols de tanety. Les
pratiques d’intensification écologique peuvent apporter une réponse à ce questionnement, en
particulier les systèmes de culture en semis direct sous couverture végétale permanente ou
SCV. Ces systèmes ont été introduits à Madagascar par le CIRAD au début des années 1990
(AFD, 2006 ; Husson & Rakotondramanana, 2006). Ils suivent trois principes fondamentaux :
l’absence de travail du sol, la présence en permanence de couverture végétale, et une rotation
culturale judicieuse (AFD, 2006). Le SCV contrôlerait fortement l’érosion hydrique (Séguy et
al., 1996), du fait notamment de la présence de couverture morte ou vivante, qui diminue le
ruissellement et l’érosion. La forte production de biomasse, issue de la restitution des résidus
de cultures laissés en surface, permet un enrichissement en matière organique de l’horizon
superficiel du sol (Six et al., 2002). Cette matière organique participe au maintien de la
structure du sol et améliore la pénétration de l’eau en profondeur (Jiao et al., 2006).
Le SCV permettrait donc de contrôler l’érosion hydrique et de restaurer la fertilité des sols, et
par voie de conséquence, améliorerait la production agricole. La présente étude est bâtie sur
cette hypothèse. Elle a pour objectif principal de tester l’effet du SCV sur l’érosion hydrique
et la production agricole dans la région du Vakinankaratra, sur les Hautes-Terres de
Madagascar.
Matériel et Méthodes
Site d’étude
L'expérimentation a été conduite à Andranomanelatra, près d’Antsirabe, Région du
Vakinankaratra, Hautes-Terres de Madagascar, à une altitude de 1640m, sous pluies
naturelles. Le climat est de type tropical d’altitude à deux saisons : (1) un été chaud et
humide, d’octobre à avril, durant lequel les précipitations sont abondantes, avec parfois des
passages de cyclones qui peuvent être exceptionnellement agressifs ; et (2) un hiver austral,
sec et frais, de mai à septembre, avec des précipitations occultes sous forme de rosées, de
brouillards, avec parfois des risques de gel. La température et la pluviosité moyennes
annuelles sont respectivement de l’ordre de 17°C et 1400 mm.
Le sol est de type ferrallitique argileux, variante andique, avec un taux d'argile souvent
supérieur à 60%, des pH inférieurs à 5, une teneur moyenne en matière organique de
35 mgC.g-1 de sol (à 0-20 cm), un rapport C/N de 12 à 14, une capacité d’échange cationique
de 7 à 14 cmol.kg-1 de sol, une teneur en macro-agrégats (> 0,2 mm) stables à l'éclatement
dans l'eau (0-5 cm) élevée, de l’ordre de 670g.kg-1 de sol (Rabeharisoa, 2004 ; Razafimbelo et
al., 2006).
Dispositif expérimental
Le dispositif a été installé en 2004 par le CIRAD et le Centre National de la Recherche
Appliquée au développement Rural (FOFIFA), regroupés dans l’URP-SCRiD. Le terrain du
dispositif est une ancienne jachère de six ans, il a été occupé par des végétations
graminéennes, dont Aristida sp (Kifafa en malgache) et Cynodon dactylon (Fandrotrarana en
malgache). Il est situé sur un versant exposé au nord, sur une pente variant de 10 à 13%.
Le dispositif comprend 20 parcelles élémentaires de 48 m² placées les unes à côtés des autres,
groupées en quatre blocs de cinq traitements ; deux parcelles d’érosion, considérées comme
témoins, l’une maintenue nue et l’autre en jachère herbacée naturelle.
Pour mesurer le ruissellement et l’érosion, quinze parcelles d’érosion (21 m²) ont été intégrées
sur les parcelles élémentaires. Chaque parcelle d’érosion (Figure 1) est ceinturée par des tôles
légèrement enfoncées dans le sol pour éviter les entrées d’eau de l’extérieur et les sorties des
eaux de ruissellement de l’intérieur. Par le biais d’un exutoire-tuyau, les eaux ruisselées dans
les parcelles d’érosion sont déversées directement dans des fûts collecteurs équipés de
partiteurs 1/5 (Hudson, 1993 ; Roose, 1994). Une partie de chaque parcelle élémentaire n’est
pas ceinturée de tôles, afin de réaliser des prélèvements et mesures sans perturber l’autre
partie de la parcelle, où est caractérisée la dynamique de l’eau et des sédiments.
Traitements
Le dispositif expérimental comporte plusieurs systèmes en SCV ou en labour traditionnel
(LAB) réalisé à l’aide de l’angady (sorte de bêche) jusqu’à 30 cm de profondeur. Pour évaluer
l'effet du mode de gestion, dans l’ensemble des parcelles cultivées, les doses des intrants
apportés sont les mêmes : fumier (5 Mg.ha-1.an-1) ; dolomie (0,5 Mg.ha-1.an-1) ; engrais
minéral N11P22K16 (0,3 Mg.ha-1.an-1) ; urée (0,1 Mg.ha-1.an-1).
Les cinq systèmes testés sont inspirés de ceux des paysans de la région du Vakinankaratra, et
sont basés sur une rotation biennale comportant en première année le maïs (Zea mays) associé
au haricot (Phaseolus vulgaris), et en deuxième année le riz pluvial (Oriza sp) en culture pure.
Les caractéristiques des systèmes testés sont les suivantes :
- LABexp : parcelles labourées à l’angady tous les ans, à partir de l’année 2006 les
résidus de récoltes sont exportés des parcelles ;
- LABenf : parcelles labourées à l’angady tous les ans, mais les résidus des récoltes sont
enfouis sur les parcelles;
- SCVlab : parcelles labourées à l’angady en 2004, puis dès la campagne 2005-2006, le
SCV à couverture morte est appliqué sur ces parcelles ;
- SCVm : parcelles SCV avec couverture végétale permanente morte, issue des résidus
de récolte de l’année précédente ;
- SCVv : parcelles SCV avec couverture végétale permanente vivante de Brachiaria
ruziziensis (graminée);
- NUE : parcelle témoin maintenue nue par un labour annuel et des sarclages réguliers ;
- JC : parcelle témoin entièrement couverte de végétation herbacée spontanée.
A
Rendements agricoles
Les résultats sont réunis dans le tableau 3.
Tableau 3. Rendements agricoles pour les systèmes étudiés durant quatre campagnes
culturales.
Labour conventionnel Semis direct
Année Culture Rendement -------------------Mg.ha-1.an-1---------------------
LABexp LABenf SCVlab SCVm SCVv
Riz Grains 1,47 ±0,49 a 1,26 ±0,47 a 1,05 ±0,46 ab 0,76 ±0,31 ab 0,29±0,16 b
2005-2006
Paille 3,53 ±0,42 a 2,53±0,53 b 2,18±0,31 bc 1,45±0,39 cd 0,56±0,29 d
Maïs Grains 1,69±0,54 ab 2,15±0,10 a 1,51±0,23 ab 1,70±0,21 ab 1,32±0,31 b
Paille 2,87±0,48 a 2,79±0,62 a 2,46±0,94 a 2,52±0,43 a 2,93±0,35 a
2006-2007
Haricot Grains 0,48±0,20 b 0,47±0,17 b 0,83±0,09 a 0,86±0,06 a Brachiaria
Paille 0,83±0,16 ab 1,05±0,16 a 0,56±0,08 b 0,88±0,15 a Brachiaria
Grains 1,47±0,10 ab 1,57±0,18 a 1,69±0,43 a 1,80±0,28 a 1,06±0,32 b
2007-2008 Riz
Paille 7,08±2,64 a 4,54±0,25 ab 5,23±0,85 ab 6,63±2,05 ab 3,28±1,01 b
Grains 2,54± 0,40 a 2,87± 0,34 a 2,90± 0,67 a 2,89± 0,26 a 2,54± 0,47 a
Maïs
Paille 5,99± 0,87 a 7,04 ±0,65 a 7,15 ± 1,16 a 7,20 ± 0,40 a 6,61± 0,82 a
2008-2009
Grains 0,33±0,05 c 0,42±0,10 bc 0,48±0,05 b 0,69±0,10 a Brachiaria
Haricot
Paille 0,48±0,08 c 0,60±0,13 bc 0,70±0,17 ab 0,83±0,12 a Brachiaria
2005-2006
Moyenne Parcelles Parcelles en
au 2,21 ±1,94 2,17 ±2,01
MS total labourées SCV
2008-2009
Moyennes ± écarts-types (n=4).
Paille : parties non récoltables (feuilles, tiges, paille, etc.).
MS : matière sèche
Une même lettre indique une absence de différence significative entre systèmes pour une année au seuil de 5% (p < 0,05)
d’après le test de Tukey.
En général, les rendements en grains et en paille de riz ne diffèrent pas significativement entre
les parcelles labourées et les parcelles SCVlab et SCVm, sauf pour la paille en 2005-2006
(plus de paille avec labour qu’avec SCVlab et SCVm). Mais en général les rendements en
grains et paille de riz sont significativement plus élevés sur les parcelles labourées que sur les
parcelles SCV sous couverture végétale vivante (SCVv), surtout en 2005-2006.
Les rendements en grains et paille de maïs ne diffèrent pas significativement entre
traitements, sauf en 2007-2008, où les parcelles labourées avec résidus enfouis (LABenf) ont
produit significativement plus de grains que celles en SCV sous couverture vivante (SCVv).
En général, les rendements en grains de haricot sont significativement plus élevés avec SCV
qu’avec labour (sauf en 2008-2009 : pas de différence significative entre SCVlab et LABenf).
L’effet des traitements sur le rendement en résidus de haricot est moins net : ce rendement
tend à être plus élevé en labour qu’en SCV en 2006-2007, mais c’est l’inverse en 2008-2009.
L’analyse de moyennes en matières sèches sur quatre ans (rendement en grains et en paille) a
montré qu’il n’existe pas de différence significative entre le rendement sur les parcelles
labourées (2,21 ± 1,94 Mg.ha-1.an-1) et le semis direct (2,17 ± 2,01 Mg.ha-1.an-1) (tableau 3).
Bref, dans l’ensemble, les différences de rendement entre labour et SCV sont donc peu
significatives, surtout pour les grains, sauf (i) pour le haricot, plus productif avec SCV
qu’avec labour, et (ii) pour le SCV avec couverture vivante (SCVv), moins productif que le
labour surtout en début d’expérimentation.
Discussion
Ruissellement et pertes en terre
Les bilans des études antérieures sur l’érosion des Hautes-Terres malgaches montrent que les
pertes en terres sur les sols cultivés sans dispositif antiérosif varient, à l’échelle de la parcelle,
de 4 à 24 t/.ha/.an, avec une moyenne de 6,7 t/.ha/.an et une médiane de 4 t/.ha/.an (PCS,
1997 ; Ratsivalaka et al., 2007 ; Remamy, 2005). Par rapport à ces valeurs publiées, les pertes
en terre sous labour à Andranomanelatra, de l’ordre de 7,6 t/.ha/.an, avoisinent cette moyenne.
Avec semis direct et couverture végétale, le ruissellement et les pertes en terre ont diminué
d’une manière significative. Cette réduction a été observée dès la mise en place du dispositif
en 2004.
Plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer cette différence. En effet, sur les
parcelles labourées, le sol fraîchement travaillé en octobre est exposé directement à
l’agressivité des premières pluies érosives d’octobre, novembre et décembre, ce qui
occasionne des pertes en terre et du ruissellement importants lorsque les plantes cultivées ne
sont pas encore suffisamment développées pour intercepter les gouttes des pluies.
À l’opposé, sur les parcelles SCV (SCVlab, SCVm et SCVv) et la parcelle en jachère
herbacée (JC), la couverture vivante ou morte intercepte les gouttes des pluies, dont une
fraction infime atteint directement le sol. Cette couverture piège aussi les sédiments érodés
qui pourraient être transportés par le ruissellement (Bochet et al., 2000) et maintient le sol en
place, grâce aux systèmes racinaires qui agissent comme un agent de liaison entre les agrégats
du sol (Angers & Caron., 1998) et améliore ainsi sa structure (Abernethy& Rutherfurd, 2000 ;
Six et al., 2002). Plusieurs études ont également rapporté que le système SCV augmente la
teneur en matière organique (MO) du sol. Cette augmentation de la teneur en MO sous
système SCV atténue aussi les risques d'érosion : Ekweue (1993) et Le Bissonnais &
Arrouays (1997) ont montré que l’érodibilité du sol est corrélée négativement avec sa teneur
en MO.
Arrière effet du labour sur le comportement du sol
A l’issue de cette étude, il a été également montré que parmi les trois systèmes SCV étudiés
(SCVlab, SCVm et SCVv) les pertes en terre sur les parcelles SCVlab sont significativement
différentes des autres en 2005-2006. Rappelons que les parcelles SCVlab ont été labourées en
2004, ce qui explique les différences observées en 2005-2006. Pour les autres années, l’effet
du labour n’est plus visible.
Mécanisme déterminant la réduction des pertes en terre sur les parcelles SCV à
Andranomanelatra
L’expérimentation menée à Andranomanelatra a confirmé l’effet positif du système SCV sur
la réduction du ruissellement et des pertes en terre. La relation entre l’intensité de la pluie et le
ruissellement d’une part et l’intensité de la pluie et la turbidité d’autre part permet de mieux
expliquer cette réduction (Figure 2).
Remerciements
Pour le soutien technique et financier de la présente étude, nous remercions vivement : l’IRD
(Institut de Recherche pour le Développement, le LRI (Laboratoire des Radio Isotopes), le
CIRAD (Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le
Développement), l’URP-SCRiD (Unité de Recherche en Partenariat sur les Systèmes de
Culture et de Riziculture Durable) à Andranomanelatra, le SCAC (Service de Coopération et
d’Action Culturelle), l’AUF (Agence Universitaire de la Francophonie) et l’IFS (International
Foudation for Science).
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EFFECT OF IMPROVED FALLOW SYSTEMS ON SOIL CHEMICAL
PROPERTIES AND CROP YIELD IN THE RAIN FOREST OF
SOUTHEASTERN NIGERIA
F.N. Ikpe and L.D. Gbaraneh
Department of Crop/Soil Science, Rivers State University of Science and Technology,
Port Harcourt, Nigeria.
Email : fnikpe@yahoo.com
Abstract
In most of sub-Saharan Africa, there has been shortening of fallow periods to less than 10 years by
farmers. In southeastern Nigeria, fallow periods have been reduced to less than 5 years due to population
pressure. Marginal lands are being brought under cultivation. Under these circumstances, there is need
for soil and crop management options to improve productivity. The study site is in the humid forest zone
with an average elevation of 10m a.s.l. and receives a mean annual rainfall of 2400 mm, usually in a
monomodal distribution lasting from March to November. The soils are highly weathered and acidic with
Ultisols of pH ranging from 3.5 to 6.0 and mineralogy dominated by low activity clays with low cation
exchange capacity (CEC) and low base saturation. The soils have a low organic matter (0.5-3%) and
consequently low nutrient reserve. Two experiments were conducted between 1996 and 2000 with
improved fallow systems. Soil chemical properties under the improved fallow systems, were significantly
improved within a short period of time while cassava and maize yields were greatly increased. Although
the Tephrosia mulch showed a tendency of soil acidification in the present study, the lab lab fallow either
with or without sheep grazing, led to increases in soil pH, organic carbon (OC), nitrogen (N), phosphorus
(P), and potassium (K). The adoption of these fallow systems by farmers will depend on their profitability
and sustainability in these fragile tropical ecosystems.
Key words: SE Nigeria, Fallow type, grazing, sheep dung, nutrient recycling, humid
forest.
Résumé
Dans la majorité des zones subsahariennes d’Afrique, les paysans ont réduit la durée de la
jachère à moins de dix années. Mais dans le SE du Nigeria, la pression démographique est telle
que la jachère a été réduite à moins de 5 ans. Des terres marginales ont été mises en culture :
d’où la nécessité de définir des techniques de production capables d’améliorer la productivité
des sols. L’étude eut lieu dans une zone de forêts humides, à 10 m d’altitude et 2400 mm de
pluie monomodale, entre mars et novembre. Les sols sont des ultisols très acides,
profondément altérés, à argile kaolinitique à faible capacité d’échange de cations et faible
saturation en bases. Ces sols sont pauvres en matières organiques (0,5 à 3% de MO) et ont
par conséquent peu de réserve de nutriments. Deux essais ont été conduits de 1996 à 2000
comparant divers systèmes de jachères. Sous les jachères améliorées, les propriétés
chimiques des sols ont été significativement améliorées en une courte période et les
rendements en manioc et maïs largement augmentés. Bien que le paillage de Tephrosia a
entrainé une tendance à l’acidification dans cet essais, la jachère à Lablab, avec ou sans
pâturage par les moutons, a amené une augmentation du pH, du taux de MO, de l’azote, du P
et K. L’adoption par les paysans de ces techniques va dépendre de la rentabilité et de la
durabilité de ces techniques dans ces écosystèmes tropicaux très fragiles.
Mots-clés : SE Nigeria, forêt humide, type de jachère, parcours, recyclage des nutriments
Introduction
Soils of the humid tropics are highly weathered and acidic, with pH ranging from
3.5 to 6.0 and mineralogy dominated by low activity clays. The important characteristics
of low activity clay soils are low cation exchange capacity (CEC), which is normally less
than 8 cmol kg -1 of soil, and low base saturation (Juo and Adams 1986). The soils have
a low organic matter (0.5-3%) and consequently low nutrient reserve, and imbalanced
nutrient elements composition and toxic levels of microelements. Therefore, loss of
organic matter in these soils causes soil compaction, low water and nutrient retention,
low infiltration rate and accelerated run-off and erosion, leading to loss of the natural
resource base and decline in soil productivity (Hulugalle et al. 1998).
The dominant farming systems in the tropics for centuries have been based on
bush or forest fallow. The potentials, problems and the structural framework for this land
use system have been extensively discussed by Nye and Greenland (1960), Allan
(1965) and Nair (1986). Over the years attempts have been made to use annual and
perennial herbaceous legumes to enhance green manure input and thus recycle
nutrients (Webster and Wilson 1980).
This has led to the modification of fallow systems in quality and duration to suit
farmers’ needs in the management of soil fertility. Consequently, the annual legumes
are only suitable for use in relay fallowing (Ikpe et al. 2003) lasting for about six months.
Jaiyebo and Moore (1964) reported that trees and shrubs, such as Tephrosia candida
(Proxb.) D.C., which have deep roots, are more efficient agents of nutrient recycling and
thus are more suitable for fallow periods of between 1 and 5 years and longer.
During the fallow period, plant nutrients are taken up by fallow vegetation, either
trees or shrubs, from various soil depths. These nutrients are later released during litter
and biomass decomposition for the improvement of soil organic matter and sustainable
yields of food crops. This study thus evaluates the potentials of an indigenous,
leguminous, perennial, fast growing tree, Tephrosia candida, and lablab (Lablab
purpureus) an annual herbaceous legume for nutrient recycling in fallow systems of
southeastern Nigeria.
Materials and Methods
The experiments were conducted on-farm and on-station on an acid Ultisol at Kpite, 50
km from Port Harcourt (4045’ N, 7018’E ) and at Onne (40 51’ N, 70 03’ E), respectively
in southeastern Nigeria. Kpite and Onne are in the high rainfall, humid forest of the
Niger Delta region in southeastern Nigeria. The mean annual rainfall at the experimental
site is 2400 mm in monomodal distribution, lasting from March to November.
Temperatures are moderate. Relative humidity in the areas remains high throughout the
year, with mean values September ranging from 78% in February to 88% in July and
September. Monthly mean temperatures of the coolest (July and August) and hottest
months (February to April) are 25 and 27 0C, respectively.
Field trial
Experiment I
The experimental design was a split plot fitted into a randomized complete block. The
main treatment was fallow age (1 vs. 2 yr) and sub-treatment was fallow species
(Tephrosia candida vs. natural bush regrowth). The treatments were replicated four
times. At the peak of the rainy season T. candida seeds estimated to give 10,000 plants
per hectare were broadcast uniformly on the plots. These plots were kept free from
weed. At the end of the first year, plots designated for 1 yr fallow were cleared as T.
candida shoots were cut back at the soil surface. Wood, leaves and twigs were chopped
and distributed evenly on the plot to serve as mulch. The same procedure was applied
to plots designated for 2 yr fallow. Cassava was planted at 1 x 1 m (10,000 ha -1), and
-1
maize intercropped at 1 x 1 m as well (10,000 hills ha and 20,000 plants ha -1). On
each row, there was one cassava plant every meter, with one hill of maize plants at mid
distance. Plots were had weeded three times per year. Maize was harvested at 90 days
(maturity) while cassava was allowed to grow for one year. The cassava (Manihot
esculenta Crantz) variety used was var. TMS 9193, while maize (Zea mays L.) was var.
TZPB-SPW. One cassava cutting of about 25 cm was plated per hill, while two maize
plants were left per hill.
Soil sampling and analytical methods
At the onset of the trail, prior to sowing seeds of T. candida and after 1 yr of cropping in
the main plots (1 yr and 2 yr of fallowing) soil samples were taken. An auger was used
at 0-5, 5-15 and 15-30 cm depths. The soil samples were air-dried in the laboratory and
ground to pass a 2 mm sieve prior to chemical analysis. Soil pH was determined on a
1:1 soil: H2O solution with a glass electrode pH meter according to the procedure of Tel
and Rao (1982). Organic carbon was determined using a modification of the method of
Walkley and Black (1934). Total nitrogen was determined using a Technicon
autoanalyzer (Technicon AAII) after digesting the sample with a mixture of concentrated
orthophosphoric and sulphuric acid in a Tecator Digester. Available phosphorus in soil
was determined by the Bray-1 method (Bray and Kurtz 1945) using the Technico
authoanalyzer. Exchangeable cations were extracted with 1 N NH4)AC + 0.01M EDTA
at 20:50 fresh soil: extractant ratio. The extracts were determined with an Atomic
Absorption spectrophotometer (AAS), while the concentrations of potassium and
sodium were measured with a flame photometer. The effective cation exchange
capacity (ECEC) was calculated by sum of exchangeable cations and exchangeable
acidity, expressed in cmol kg -1 soil.
Dry matter of weed, litter and T.candida biomass were ground to pass a 1 mm sieve.
These ground plant materials were digested with a mixture of concentrated sulphuric
acid and hydrogen peroxide in presence of one Kjeldahl catalyst tablet in a Tecator
Digester for the determination of total nitrogen (Tel and Rao 1982). Total carbon content
was determined using the procedure of Amato (1983).
Experiment II
The experimental design was a split plot with three replications. Fallow systems and
grazing methods were the main and sub treatments, respectively. The main treatments
were improved (with lablab) and unimproved (natural) fallows and measured 30 x 15m
each. The sub treatments consisted of grazing with sheep, and no grazing with the plots
measuring 24 x 15m and 6 x 15m, respectively.
After land preparation, both main plots were annually cropped with maize (var. (TZ
DMR SR-W) to a population of 40,000 plants/ha in April, with a spacing of 1 x 0.25m
and seedlings thinned to one plant per stand 2 weeks after planting. However, the
improved plots were relay cropped with lablab (Lablab purpureus), 4 weeks after maize
planting at a population of 1333 (Gbaraneh, 1997). The unimproved plots were not
relay cropped with lablab. Rather weeds took over the plots after maize harvest to form
a dense bush cover until the commencement of grazing, three months later. At maize
harvest a 2m x 2m quadrat taken at random in four different locations within a paddock
(sub plot) was used for maize yield measurement. Maize cobs within the quadrats were
harvested, shelled and grain yield estimate at 13% moisture content. Other parameters
collected were maize stover and weed DM yields. At the onset of the dry season, in
December of each year, 3 West African dwarf (animal) sheep of average age and
weight of 8 months and 12 kg, respectively, were introduced to the grazing plots. They
were allowed to graze in situ for as long as biomass supply lasted (from early December
to late January). Harness and bags were fitted to the animals one day per week for
estimation of daily faecal output. Animal weight change was monitored weekly
throughout the grazing period. Mineral salt block and water were provided ad-lib.
Others parameters were forage available at grazing, forage disappearance (intake) at
the end of grazing, dung production and soil nutrients status.
Statistical analysis
Differences in the yields of cassava and maize, weed incidence, nutrient uptake and soil
chemical properties due to fallow age and type of fallows were estimated and tested by
analysis of variance (ANOVA) using the procedure GLM of SAS (SAS Institute 1998).
LSD at p<0.05 was used for mean comparisons.
Results and Discussion
Experiment I
After 2 yr of fallow under Tephrosia candida, litter was 150% higher than under natural
regrowth for the same period. After 1 yr of fallow under T.candida, litter was 33% higher
than under natural regrowth for the same period. Total biomass (wood and leaves) cut-
back after 2 yr of fallow under T. candida was double that harvested after 2 yr of fallow
under natural regrowth for the same period. Total biomass from T. candida fallowed for
1 yr was 30% higher than that harvested from natural regrowth of 1 yr (Table 1).
-1
Table 1: The effect of fallow age and fallow type on biomass yield (t ha ) in a humid tropical
environment, Kpite, southeastern Nigeria
Nutrient uptake
Greatest uptake of N, P, Mg, and K in litter was recorded in plots fallowed with T. candida for 2 yr (Table
2). These were followed by nutrient yield in litter of plots fallowed naturally for 2 yr, then those fallowed T.
candida for 1 yr, and finally those fallowed naturally for 1 yr. Highest uptake of calcium was found in liter
gathered from plots fallowed naturally for 1 yr, followed by that in litter of 2 yr fallow with T. candida, then
in litter of 2 yr national fallow and lastly, in litter of 1 yr fallow with T. candida.
Nutrient uptake in leaves from fallow plots differed considerably from those in litter. Of al the nutrients, N
uptake was the highest and this was consistent across fallow age and type (Table 2). The uptake of N, P,
Ca, Mg and K was highest in leaves of T. candida fallowed for 2 yr. Nutrient uptake in leaves from other
fallow plots did not differ significantly between each other. A similar scenario is observed for nutrient
uptake in the woody part of this fallow species under study.
Table 2: Effect of fallowing on nutrient uptake in a humid environment, Kpite, southeastern Nigeria
Fallow Nitrogen Phosphorus Calcium Magnesium Potassium
-1
kg ha
Litter
1 Year Natural 64.8 33.3 99.8 10.4 3.5
1 Year T. candida 140.5 72.0 21.2 22.6 7.5
2 Years natural 204.2 104.6 30.9 32.9 11.0
2 Years T. candida 516.7 264.3 78.0 83.1 27.7
LSD (0.05) 101.7 52.1 15.4 16.4 5.5
Leaves
1 Year Natural 238.0 12.0 46.3 10.4 30.7
1 Year T. candida 191.4 14.9 57.6 12.9 38.2
2 Years natural 248.3 15.5 60.1 13.5 39.8
2 Years T. candida 479.0 29.9 115.8 26.0 76.8
LSD (0.05) 159.9 10.0 38.7 8.7 25.6
Wood
1 Year Natural 12.70 1.40 2.70 0.70 1.40
1 Year T. candida 26.20 2.80 5.70 1.40 2.80
2 Years natural 25.30 2.70 5.50 1.40 2.70
2 Years T. candida 62.80 6.80 13.60 3.40 6.80
LSD (0.05) 24.10 2.60 5.20 1.30 2.60
Crop yields
-1
Cassava tuber yield ranged between 6.8 and 18.3 t ha . The highest yield was
recorded in plots fallowed with T. candida for 2 yr, and the lowest in T.candida plots
fallowed for 1 yr. Maize grain yield showed a similar trend with that of cassava.
Results obtained in both experiments indicate that improved fallow systems gave
higher biomass dry matter for mulching and suppressing weeds. However, there were
no significant differences in soil chemical properties among treatments for all
parameters measured. Larger biomass and crop yields were obtained while more
nutrients were recycled after two years of fallowing compared with natural fallow.
Consequently, the release of nutrients was also slow. After 98 days of decay, only 40%
of the initial nitrogen was released, followed by calcium 50%, phosphorus 70%,
magnesium 88% and potassium 90% (F.N. Ikpe, unpublished data). The comparatively
yields of cassava tuber and maize grain after fallowing for 2 yr with T. candida biomass
on soil physical properties (Gichuru 1991), (ii) soil faunal activities which improve the
chemical and physical properties of the soil (Tian 1992), and (iii) the recycling of
nutrients.
After two years of fallowing and cropping, total nitrogen increased significantly over the
initial T. candida fallow. Total nitrogen was higher in plots under T. candida than the
values one year after natural and plated fallow and with two years of natural in surface
soil (Table 3).
The soil pH decreased significantly after two years of fallow when compared with that
measured in plots one year after fallowing, fallow type notwithstanding. Organic carbon
was significantly higher in T. candida plots than in those with natural fallow. The
dynamics of available phosphorus followed the same trend as pH, decreasing
significantly when compared with initial and one year of fallowing (Table 3).
Table 3: Effect of fallowing with natural regrowth Tephrosia candida soil chemical
properties after two years of fallowing and cropping.
3+ +
Fallow pH Total N OC Bray - 1 P Ca Mg K Na Al H ECEC BS
-1
(1:1 (H2O) (%) (ppm) (c mol kg ) (%)
0-5 cm
Initial 4.5 0.100 1.13 46.13 1.10 0.36 0.19 0.16 0.92 2.73 66.2
2 Years Natural 4.9 0.100 1.28 31.50 1.03 0.30 0.10 0.20 098 2.60 59.15
2 Years T. candida 4.7 0.103 1.36 31.40 0.85 0.20 0.10 0.20 1.45 2.50 59.10
LSD (0.05) 0.14 0.006 0.08 12.99 0.13 0.04 0.00 0.00 0.36 0.24 11.69
5-15 cm
Initial 4.5 0.090 1.43 37.27 0.81 0.25 0.08 0.44 1.30 2.54 48.4
2 Years Natural 4.4 0.084 0.93 38.43 0.43 0.43 0.05 0.45 1.83 2.58 29.31
2 Years T. candida 4.0 0.087 0.97 26.88 0.50 0.40 0.04 0.48 1.93 2.76 30.58
LSD (0.05) 0.10 0.004 0.08 7.05 0.60 0.02 0.01 0.03 0.23 0.19 4.52
15 - 30 cm
Initial 4.5 0.150 1.04 23.85 0.59 0.17 0.11 0.08 1.53 2.43 30.7
2 Years Natural 4.6 0.066 0.75 20.40 0.53 0.10 0.05 0.20 1.95 2.82 31.19
2 Years T. candida 4.1 0.064 0.73 15.65 0.43 0.10 0.03 0.20 1.88 2.63 29.60
LSD (0.05) 0.25 0.004 0.07 5.52 0.07 0.00 0.01 0.00 0.27 0.29 3.32
All the exchangeable cations increased in concentration over the values observed one
year after fallowing. The concentrations of calcium and magnesium were, however,
considerably higher in the plots under natural fallow than in those fallowed under T.
candida plots than in the natural fallow plot. Values for ECEC and base saturation were
higher in plots fallowed for one year and also in T. candida plots than in natural fallow
plots. Soil chemical properties decreased with soil depth.
Experiment II
Maize grain yield was significantly influenced by fallow and grazing management
systems. In 1996, the first year of the experiment, yield did not differ significantly (p >
0.05) between the natural and improved fallow systems, although the improved fallow
slightly increased yield by 5% over the natural fallow system. Grain yield significantly (p
< 0.001) increased in the improved fallow treatment by 18% over the natural fallow
system in the second year (1997) attributed to improved soil nutrients status by the
previous lablab crop (Mohammed-Saleem and Otsyina, 1986). Grazing by sheep also
showed no significant effect in the first year of the experiment since grazing was done
after the maize harvest. There was a significant grain yield increase of 9% by the
grazed treatment over the no-grazing in the second year of the experiment. This yield
enhancement in the grazed plots could possibly be attributed to improved soil fertility by
the dung and urine (faecal output) deposited by sheep while grazing ad lib in the plots
(Powell and Ikpe, 1992; Ikpe et al., 1999).
Grazing effect became prominent in the second year of the experiment (Table 4), as the
grazed plots significantly increased total forage-on-offer by 1.20 t ha-1, representing
50%, over the yield in the un-grazed plots. Crude protein content of forage-on-offer also
increased by 1.42 g kg-1, representing 32% in the grazed plots as against the un-grazed
plots.
Table 4: Influence of grazing methods on yield of fodder-on-offer (t ha-1) and crude protein
content of forage (g.kg-1) at Onne, southeastern Nigeria.
-1
Year Fallow methods Forage-on-offer (t Crude protein (CP) g kg
-1
ha )
1996 Ungrazed 2.59 3.65
Grazing by sheep 2.57 3.80
LSD (p <0.05) ns ns
1997 Ungrazed 2.06 4.46
Grazing by sheep 3.26 5.88
LSD (p <0.05) 0.175 0.374
Dung Production
The dung production (faecal output) of sheep in the grazed plots is shown in Table 5.
Dung production was highest in the improved fallow-grazed plots than the natural fallow
- grazed plots across the years. Average daily faecal output sheep-1 day-1 was 67 and
81% higher in the improved fallow plots than the natural system in 1996 and 1997,
respectively. The high output in the lablab-improved fallow plots may be attributed to
the highly nutritious biomass and intake recorded as against the natural fallow plots.
Faecal output also showed a direct and positive relationship with total forage on offer
and intake.
Table 5: Forage intake (t/ha) and faecal output (g/sheep/day) by West African Dwarf
sheep in natural and improved fallow systems at Onne, southeastern Nigeria.
Conclusion
The results of this study show that T. candida and L purpureus can play a major role in
nutrient recycling in the cropping systems of southeastern Nigeria. However, strategies
to mitigate the soil acidifying tendency of T. candida need to be pursued. Furthermore,
the integration of crops and livestock based on sown forage legume in the intercropping
system can reverse the persistent decline in soil fertility under continuous cropping in
these diminishing fallow systems as well as providing high quality fodder. There is need
however, to adopt technologies that will recycle nutrients more efficiently for higher crop
yields.
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Apports organiques et pratiques de conservation de l'eau
comme clés de la restauration de la productivité des sols dégradés
dans la zone semi aride du Burkina Faso
Résumé
La pression démographique et les changements globaux menacent la durabilité des
ressources naturelles dans la région sub-sahélienne de l'Afrique de l'Ouest. Les
dégradations et changements environnementaux peuvent être atténués par l'adoption de
pratiques agricoles adaptées qui permettent de restaurer durablement la productivité des
sols dégradés et d’assurer la sécurité alimentaire des populations rurales.
A Ziga, village situé dans la région du Yatenga, un programme de recherche a été conduit
entre 1980 et 1987. Le but de cette recherche était de décrire et d'analyser les pratiques de
gestion de la matière organique et de l’eau, d’appréhender leurs déterminants, pour déduire
leurs effets sur la durabilité des systèmes agricoles. En 2005, des enquêtes ont été menées
dans ce même village, pour évaluer l'évolution des pratiques agricoles. Selon les résultats de
ces enquêtes, deux pratiques, appelées «zaï» et «djengo", sont largement utilisées dans la
production de céréales. Les caractéristiques du «zaï» et du «djengo" ont été évaluées et
leurs effets sur les rendements des cultures de céréales mesurés.
Ces pratiques sont des systèmes de culture caractérisés par une concentration au niveau du
système sol-plante de l’eau et des apports fertilisants sous forme organique ou minérale. La
capture des eaux de ruissellement se fait au niveau de micro bassins creusés à la surface du
sol dans lesquels sont apportés des matières organiques et où sont semées les graines de
céréales. Elles sont associées à un contrôle des eaux de ruissellement et de l’érosion à
l’échelle de la parcelle mais également à celle du petit bassin versant par l’intermédiaire des
cordons pierreux disposés le long des courbes de niveau.
Alors que le zaï se pratique sur des sols encroûtés considérés comme dégradés, le
« djengo » basé sur les mêmes principes est appliqué sur des sols à texture sableuse. Cette
dernière pratique, qui porte le nom de l’outil utilisé pour sa mise en œuvre, une houe à long
manche, n'avait pas été décrite au cours des travaux antérieurs menés à Ziga.
Les observations réalisées ont révélé une régénération de la diversité de la strate
arborée associée aux cultures. Les principales contraintes de ces pratiques sont la quantité
de travail nécessaire, la disponibilité du fumier. Cette étude a par ailleurs démontré la mise
en œuvre d’une véritable stratégie d'intensification des systèmes de production agricole dans
cette région sahélienne.
L’ensemble de ces pratiques associant des mesures de conservation des eaux et des sols
du bassin versant au système sol-plante en passant par la parcelle cultivée permet aux
agrosystèmes d’entrer dans un cercle vertueux d’augmentation de la production agricole tout
en préservant les propriétés environnementales du milieu.
Mots clés : Afrique de l'Ouest, Sahel, Djengo, zaï, sols dégradés, productivité,
restauration, intensification agricole, sécurité alimentaire.
1. Introduction
Le maintien de la fertilité des sols est essentiel pour une productivité durable,
en particulier dans les pays pauvres en ressources naturelles (Hien, 2006 ; Yang,
2006). Les pays africains au sud du Sahara connaissent une augmentation
démographique continue ces dernières décennies de l’ordre de 3% par an, ce qui se
traduit par un doublement de la population tous les 25 ans (Jouve, 2005). Dans ces
conditions, quelle est la capacité des ressources naturelles comme le sol à
supporter cette croissance de la population et comment l'agriculture peut contribuer
à la sécurité alimentaire? Les observations depuis une trentaine d’années ont montré
une augmentation des zones exploitées pour l’agriculture et l’élevage. Cet
accroissement s’est fait au détriment des formations végétales naturelles et des
jachères de longue durée, pivots de la gestion de la fertilité des sols dans les
agricultures de savanes en Afrique de l’Ouest.
Les seules zones non cultivées se retrouvent sur les terres marginales aux sols
intrinsèquement peu favorables à la mise en culture. De plus, la pression de
pâturage et de prélèvement de bois a accentué la diminution du couvert végétal
laissant le sol face à l’agressivité des pluies intenses tropicales. Des processus de
dégradation et de pertes de fertilité des sols se sont alors déclenchés entraînant une
vulnérabilité accrue des systèmes de production.
Au Burkina Faso, dans les régions du Nord et du Yatenga en particulier, cette
dégradation des terres a été mentionnée par Marchal (1983) avec l’apparition des
«zipellés ». Du fait des phénomènes naturels (climat) et anthropiques, la dégradation
accentuée du sol dans le Yatenga a entraîné la formation de glacis dénudés dont
l’importance devient inquiétante devant la forte pression foncière (Dugué, 1986 ;
Kambou et Zougmoré, 1985).
Au cours des années de sécheresse de nombreuses familles de paysans sont
contraints de quitter leurs villages pour s'installer dans les régions de forte pluviosité
ailleurs au Burkina Faso (McMillan et al., 1990) ou dans les pays côtiers, en
particulier en Côte d'Ivoire, tandis que d'autres sont attirés vers les centres urbains
(Reij et al., 2005).
Ces dynamiques illustrent les relations entre population et environnement telles
qu’elles sont conceptualisées par les thèses néo-malthusiennes en opposition aux
thèses développées par Boserup. Les premières indiquent que l’augmentation de la
pression de la population sur le milieu entraîne des phénomènes de dégradation de
la productivité qui se résout par une migration ou exode rural. Ces mouvements de
population ont effectivement eu lieu à un certain moment entraînant le
développement des centres urbains et le peuplement de nouvelles zones agricoles
vierges généralement dans des régions plus au sud, malheureusement sujettes à
l’onchocercose. Cependant, une autre option face à la dégradation de la productivité
du milieu est d’adapter les pratiques d’exploitation des ressources naturelles (sols,
végétation) aux nouvelles conditions pédoclimatiques et socio-économiques
(Boserup, 1970). Ces changements de pratiques qui peuvent concerner la lutte
contre l’érosion et la conservation des eaux, l’intensification des systèmes de culture,
permettent de maintenir voire de restaurer la production agricole pour soutenir la
population rurale (Roose, 1994).
Au Yatenga, depuis une vingtaine d’années se sont développées des
pratiques de restauration des sols dégradés, dont le « zaï » et le « djengo », qui
allient la conservation de l’eau et une fertilisation organo-minérale localisées. Ces
pratiques ont modifié la productivité des terres dégradées, et conduisent
nécessairement à une réorganisation du parcellaire, de la gestion de la main
d’œuvre, des flux de matières organiques à l’échelle des systèmes de culture et des
systèmes de production.
Le village de Ziga dans le Yatenga a été l’objet d’étude de recherche développement
dans les années 1980-1985 (Dugué, 1989). Il semblait intéressant de revenir
quelques années après pour évaluer l’importance des changements des pratiques
agricoles rencontrées. Ces résultats permettront de contribuer au débat sur les
relations entre population et environnement. Les objectifs de cette étude sont : (1)
décrire et faire une analyse comparative de deux pratiques innovantes d’utilisation de
fumure organique (FO) ; (2) apprécier l’effet de ces pratiques sur les systèmes de
culture et les agro-écosystèmes.
2. MATERIELS ET METHODES
3. RESULTATS
Figure 2 : Variation d’effectifs de ruminants entre exploitations selon les quartiers de culture
en 2005
3.3. Pratiques d’utilisation de la fumure organique
Quatre pratiques d’implantation des cultures de céréale ont été observées sur les
exploitations agricoles enquêtées : les pratiques de conservation de l’eau et de
fertilisation organo-minérale que sont le « zaï » et le « djengo », le labour suivi d’un
semis simple et le semis direct sans aucune préparation préalable du sol.
53 %
6%
18 %
6%
18 %
Figure 3 : Les différentes variantes du zaï pendant la phase de préparation des champs
Les nombres suivis de la même lettre sur la même ligne ne sont pas statistiquement différents (P <
0,05)
Tableau 3c : Rendement (grain et paille) et ses composantes en mil (moyenne ±se) pour les
différentes pratiques culturales à Ziga, Burkina Faso. Anova et test de Newmans et Keuls de
comparaison des moyennes (les moyennes ayant la même lettre appartiennent au même
groupe)
5. Conclusion
Cette étude des pratiques agricoles sur le terroir de Ziga montre que l’on est dans un
processus de transition agraire tel que l’a défini Jouve (2004). Cette situation traduit
une sorte de résilience des sociétés rurales face aux contraintes socio-
démographiques et environnementales auxquelles elles sont confrontées. Cette
étude montre également que concentrer l'eau et un peu de biomasse est tout à fait
insuffisant pour obtenir des rendements optimums: Il est difficile dans un circuit
fermé comme un terroir d'apporter assez de nutriments organiques pour tirer le
meilleur parti de l'eau disponible. Il est indispensable de rajouter des engrais
minéraux (si possible NPK) en doses raisonnées et réparties en fonction des
besoins des plantes.
Les structures d’appui (Recherche et Développement) doivent favoriser cette
transition agraire et l’intensification agricole en valorisant les savoirs et savoir-faire
paysans, de façon à mobiliser les capacités endogènes des sociétés rurales pour
lutter contre la dégradation de leur environnement. Reste cependant une question
sur la capacité de ces terroirs agricoles à faire face à un besoin accru de production
agricole pour assurer non seulement une production de subsistance des populations
rurales mais pour également nourrir une population urbaine de plus en plus
importante. Mais le succès du zaï ne doit pas cacher une réalité : le zaï n’est pas la
solution à tous les problèmes des agriculteurs de Ziga. En effet, comme le disait un
paysan de Ziga, « le zaï ne fait pas pleuvoir ». C’est pourquoi, dans le souci de
limitation du risque, les paysans diversifient leurs pratiques (localisation des
parcelles sur différents types de sol), leurs variétés, etc. Il semble alors important
d’associer zaï et variétés précoces, pour mieux assurer la récolte dans le Yatenga.
6. Références
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Amélioration de la gestion paysanne de la fertilité des sols
des versants cultivés des collines, du bassin versant de Maniandro
(Madagascar)
Abstract: This paper reports the studies about improvement of soils fertility of tanety in
the watershed of Maniandro, located at 25 km North of Antananarivo in the Central
Region of Madagascar Highland. The research and measurements of soil erosion
underlines the importance of soil erosion problems, the physicochemical soils poverty
and the socio-economic constraints of poor farmers. The traditional strategy of
management of soils fertility allows only the survival of the farmers. It reinforces
population’s poverty and ecological degradation. The recommended solutions are the
farming technique under vegetation cover and the organic manures use: manure of
park, dolomite, and guano and trunks of banana trees. But this initiative of researchers
has economic and space limits and requires the intervention of State & other actors of
rural development.
L’étude est faite au niveau du sous bassin versant d’Ambohitsimeloka, dans le bassin
versant de Maniandro. C’est un espace humanisé dans lequel la problématique de la
dégradation des sols causée par un aménagement extensif des flancs cultivés des
collines ou tanety est plus importante. La problématique de notre étude est de savoir
quelles sont les améliorations qu’on peut apporter dans la gestion paysanne de la
fertilité des terres dans le cas des sols de tanety du bassin versant de Maniandro?
Ambohitsimeloka se trouve à 23 km au nord-ouest de la capitale Antananarivo. Il
s’étend de la latitude 18°45’S à 18°47’S et de la longitude 48°25’E à 48°27 E avec une
altitude comprise entre 1250m et 1450m (figure 1).
- 0 – 10 cm : Horizon AH : l’horizon humifère de couleur rouge brun, la texture est limono-argileuse avec
une structure grumeleuse. On observe aussi une cohérence structurale grâce aux matières organiques.
- 10 – 30 cm : Horizon AB brun rouge, limon argilo-sableux, humide, meuble, structure grumeleuse,
présence de quelques grains de quartz
- 30 – 70 cm : Horizon B, de couleur brun rouge. Elle contient des minéraux. C’est un horizon à structure
massive et à texture limono-argileuse, en présence de quelques grains de quartz.
- 70 – 150 cm : Horizon C, de couleur rouge bariolé, à texture limono-sableux, structure primaire continue
et secondaire polyédrique. Présence de nombreux débris de roche altérée : feldspaths, quartz, minéraux.
D’après la figure 2, l’horizon humifère dans les sols de tanety a une épaisseur très
faible. Le ruissellement provoque le décapage de la couche superficielle. Or, la
faiblesse de l’horizon AH et la fragilité de la structure de l’horizon AB ne permettent pas
l’infiltration de l’eau et donc la nutrition minérale des plantes. A titre de comparaison, les
terrasses, en contrebas des tanety, ont de bons sols de colluvions apportés par le
ruissellement. L’horizon arable AH dépasse 40cm. Selon Rakoto-Ramiarantsoa (1995),
le sol mou non cohérent et la couleur sombre sont de bons signes de fertilité. Les sols
ont une structure stable et résistent aux impacts de gouttes de pluie.
Du point de vue chimique des sols, on constate une variabilité spatiale de la fertilité.
• La ‘‘gestion intégrée’’ des eaux, des sols et de la biomasse dans les parcelles et sur
l’ensemble du bassin versant consiste à cultiver des plantes pour freiner l’érosion et à
aménager des canaux ou trous collecteurs des eaux de pluie afin d’améliorer la fertilité
(photo n°3 et photo n°4).
La ‘’gestion intégrée’’ des sols et de la biomasse s’est traduite par la production des
plantes sur la parcelle et sur l’ensemble du bassin versant pour nourrir le bétail afin de
produire du fumier. Le fumier de parc produit est destiné à fertiliser les sols cultivés
(Figure 4).
Figure 4 : Schéma de la gestion intégrée de la biomasse et de la fertilité des sols
Dans les zones d’export : jachère et savane herbeuse, on prélève de la matière végétale soit pour nourrir
le bétail (30 à 50kg de fourrage/jour/éleveur) soit pour produire de la litière (500kg/semaine). Les zones
de culture produisent aussi de la biomasse de faible quantité : les résidus de cultures qui sont exportés
vers le parc des animaux pour y être recyclés. En se nourrissant, les animaux prélèvent de la matière
végétale, la transforment en matière organique décomposée pouvant facilement se minéraliser. Dans les
zones d’apport : espaces cultivés, on apporte de la biomasse transformée en matière organique sous
forme de déjection, fumier, compost...Tout apport de biomasse correspond à un enrichissement en
nutriments des sols, d’où le rôle important joué par la biomasse dans la gestion de la fertilité.
Cette notion d’intégration implique aussi une gestion intégrée des espaces agricoles.
Elle montre une différenciation et une complémentarité spatiales de l’utilisation des sols.
Les apports massifs d’engrais sur les cultures de riz et les cultures maraîchères de
saison et de contre-saison traduisent l’intensification agricole dans les terrasses et
rizières. Les produits agricoles dans ces unités : paddy, tomate, haricot, choux, pomme
de terre, courgettes,…sont faibles et n’arrivent pas à subvenir aux besoins alimentaire
et financier des exploitants. Ce qui les conduisent à l’aménagement extensif des tanety
pour la pratique des monocultures pluviales extensives de manioc, de patate douce et
du maïs, d’arachide et de pois de terre. Ces cultures sont caractérisées par la faible
productivité mais elles fournissent une alimentation complémentaire du riz pendant la
période de soudure. La vente d’une partie de ces cultures améliore le revenu des
exploitants. Mais l’extension de l’aménagement des tanety pose des problèmes.
CONCLUSION ET DISCUSSION
Par ailleurs, les actions mises en œuvre par les projets de recherche restent souvent
limitées dans un site expérimental. Or, les zones touchées par la dégradation des sols à
Madagascar sont de vastes étendues. Elles s’éparpillent à travers la grande île et en
particulier sur les Hautes Terres. Il faut préciser qu’une masse de population paysanne
pauvre habite ces zones. Pour vaincre la pauvreté paysanne et conserver parallèlement
le potentiel de production dans ces zones, l’intervention extérieure est nécessaire. La
réussite de la mutation de la gestion traditionnelle vers la gestion moderne des sols
dans ces zones dégradées requiert en effet la participation active de tous les acteurs du
développement dans le cadre du partenariat public privée. Les stratégies d’action à
mettre en oeuvre devraient se concevoir dans un cadre d’une concertation entre les
acteurs exogènes : Etat, ONG, Projets, Centres des recherches, Bailleurs de fonds et
les acteurs endogènes : paysans.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Abstract
The study of erosion manifestations along a landscape transect with the same red soils
showed the importance of slope, land use and stone walls on the contour line. The topsoil
fertility & depth are in relation with the vegetation cover and the erosion intensity. The
application of intensive agricultural techniques (land husbandry, manure, crops under fruit trees
plantations) had a great effect on erosion reduction and the net income improvement.
2. Matériel et méthodes
Pour atteindre ces objectifs, une démarche simple a été utilisée : l’étude d’un
transect au niveau d’un versant de 4 km le long duquel plusieurs utilisations et
aménagements se succèdent sur un même type de sol. L’approche est
basée sur le suivi de certains critères morphologiques et analytiques tels
que pierrosité, infiltrabilité (simulations de pluies), matière organique, épaisseur du
sol (évacuation et accumulation des matériaux).
La zone d’étude, qui se situe au niveau de Tlemcen - Algérie (fig.1), se
présente comme un ensemble qu’il est possible de percevoir globalement comme un
« système agro-sylvo-pastoral ». Ce système, en zone subhumide, se traduit par un
écosystème fragile et vulnérable où les impacts sont importants sur la végétation et
par conséquent sur le sol. La toposéquence, est occupée essentiellement de sols
rouges reposant sur des grès. Ce sont des reliques d’anciens sols rouges
fersiallitiques. Sur cette toposéquence, se succèdent différentes occupations de sol
(formations arbustives, formations buissonnantes et des zones cultivées
(arboriculture et céréales)). Les formations forestières qui couvraient toute la zone
régressent d’une année à l’autre. Les perturbations anthropiques sont pour une très
large part, responsables de l’état actuel de la végétation (Quézel et Barbéro, 1990).
Figure 1. Carte de
situation en Algérie.
3. Résultats
Les résultats montrent que le sol rouge qui couvrait tout le versant, change
d’un faciès à un autre sous l’influence de la pente et de l’utilisation du sol.
Charg. Infilt.
Site Occupation Pente Etat de M.O. Prof. Text. CaCo3 Cailloux Pi Erosion
% surface % (cm) % % % (mm)
Matorral Litière 2,5 LAS 1à2 Traces
I >20 (sol) 60 àA 2 10
Agriculture Meuble 1à2 > 80 LSA 2 -
intense+ GCES 3 à 10 poreux 15 --
Fermé 1 à 40 SL 2 30 décapage
II Steppe à Diss >25 et tassé 1,5 3 fort
Litière 4,5 >50 SL - -
Forêt dense 6 à 20 (sol) 25 --
Agriculture + Meuble 1,3 > 80 LS 3 2 colluvio
Aménagements 3à6 poreux 11 nnement
Matorral >20 Fermé 2,2 30 LS 2,5 15 décapage
III clairsemé Tassé 5 rigoles
Arboriculture 10 Fermé 1,5 60 LS 1,5 5 décapage
(Oliviers) 10 griffes
Céréales 6 Meuble 1,5 >80 LS 3 2 15 Griffes
Pi : Pluie d’imbibition, (pluie simulée de 50 mm/h pendant 30mn sur sol sec).
Partie sommitale (site 1)
La partie sommitale est une zone forestière relique (fig. 2) ; le pâturage
intensif et les incendies volontaires pratiquées depuis de longues années ont abouti
à la disparition de la chênaie primitive et son remplacement par une formation
arbustive dense dite maquis. Malgré la forte pente (fig. 4), le sol rouge a pu être
conservé par la couverture végétale mais il n’est pas hors d’atteinte de l’érosion.
Dans certains îlots dénudés, très localisés, le sol est décapé avec disparition de
l’horizon superficiel (sol rouge tronqué).
1- Faciès de dégradation : versant très pentu, occupé par une steppe à diss
(fig. 2) qui témoigne de la disparition de la chênaie primitive et son remplacement par
une association secondaire très dégradée. Cette dégradation est le résultat des
pratiques très anciennes qui se sont exercées aux dépens de la forêt tout au long de
l’histoire.
Suite à cette dégradation du couvert végétal, le sol a subi à son tour une
modification. Situé sur pente forte et occupé par une steppe à diss clairsemée (zone
de parcours), le sol est très affecté par l’érosion en nappe. Il en résulte un décapage
des horizons de surface, une charge caillouteuse importante de 15 à 50% (fig. 4), un
tassement du sol et une diminution d’activité biologique. La troncature du sol est si
importante que l’érosion a fini par provoquer l’affleurement de pavages de cailloux et
de la roche mère (grés), gênant ainsi fortement l’infiltration des eaux et la
régénération des végétaux surtout du couvert végétal primitif où le climat le permet
encore.
Figure 4. Charge caillouteuse au niveau de la toposéquence
2 – Faciès d’évolution : tout en aval de cette steppe à diss, sur le même faciès de
dégradation, un reboisement dense (futaie de Pin d’Alep de 40 ans) a permis au sol
de s’épaissir avec le temps par colluvionnement et surtout sous effet des matières
organiques (le sol est recouvert par une litière épaisse >5cm) surtout en aval du
reboisement où la pente est plus faible. La présence d’une futaie régulière et bien
couvrante (taux de couverture>80%) a permis l’enrichissement du sol en humus. La
porosité est plus favorable à la circulation des flux d’eau, l’infiltrabilité est plus
élevée (tab. 1).
A l’aval du faciès d’évolution (futaie de Pin), les terres ont été aménagées par
des ouvrages antiérosifs (murettes en pierres sèches), parallèle aux courbes de
niveau, qui ont évolués en terrasses (fig. 5). L’analyse des profils situés entre les
murettes montre que les sols sont très profonds (quelquefois l’épaisseur des
colluvionnements dépasse les 2m). Ils sont constitués de dépôts récents (colluvions)
qui se caractérisent par une texture hétérogène variable et une faible différenciation
du profil, alors qu’à l’aval de la murette où le sol est érodé, l’affleurement de la roche
mère témoigne encore de l’activité érosive. Avec ces aménagements, une nouvelle
dynamique pédogénétique s’est déclenché et qui dépend des matériaux déposés.
Figure 5. Aménagement en murettes, parallèles aux courbes de niveau, qui ont
évolués en terrasses progressives à pente réduite, mais jamais nulle.
4. Discussion
5. Conclusions
Cette étude a permis d’obtenir des données qualitatives relatives au
fonctionnement et au comportement des sols des versants en zones subhumides. A
l’échelle de la toposéquence, Ies variations du sol le long du versant sont dues à la
dynamique érosive. Les résultats montrent que ce sont surtout les caractères du
couvert végétal, de la pente (évacuation et accumulation), du mode d’utilisation et
des aménagements qui conditionnent cette dynamique. A la variation d’occupation
de sol (formations arbustives, buissonnantes et des zones cultivées, arboriculture et
céréales associées aux aménagements de GCES) correspond également une
variation de la dynamique érosive. Le suivi des différents critères met bien en
évidence cette différence de dynamique.
En forte pente et sous couvert végétal faible, les sols sont décapés par
l’érosion et ceci est bien démontré par la charge caillouteuse, l’épaisseur de l’horizon
A et la dénudation de la roche (grés séqualien décalcifié). Par contre, Les sols très
couverts sont mieux conservés malgré la présence de fortes pentes. Cette stabilité
du sol trouve son explication dans la densité du couvert végétal juste au-dessus du
sol et la richesse en matières organiques : celles-ci rendent la structure du sol plus
stable de telle sorte que l'eau de pluie s'y infiltre et s’y stocke plus facilement.
Les aménagements (murets de 1 à 2 m) réalisés sur les zones cultivées par
les riverains apparaissent comme une solution ingénieuse, ils permettent de cultiver
des surfaces très pentues tout en limitant au minimum les risques d'érosion. Ces
techniques ont bien montré leur efficacité dans la réduction du ruissellement et le
piégeage des sédiments.
L’application de la GCES dans certaines exploitations (Intensification, cultures
en étages avec arboriculture (cerisier) très valorisante, utilisation de fumier, emploi
de techniques antiérosives) en amont du versant a bien montré son efficacité dans
la conservation du sol au niveau des versants et dans l’amélioration des revenus
des paysans.
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Mourad ARABI* et Eric ROOSE**
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** IRD, BP 64501, F 34394, Montpellier, France ; Courriel :eric.roose@.ird.fr
Résumé
Abstract
Keywords
Introduction
C’est dans ce cadre que les recherches ont été menées d'abord, dans les stations de
l'INRF de 1986 -1995 à la faveur d'une convention de coopération entre l'INRF et l'IRD dans
un réseau comprenant 50 parcelles d'érosion (80 à 220 m2) (ROOSE et al 1993). Ensuite,
lorsque la situation sécuritaire s'est améliorée, les recherches se sont déployées sur le champ
du paysan (1 hectare) sur les hauteurs du bassin versant du Chélif, près de Boughezoul (150
km au sud d'Alger) durant la période 2000-2004, grâce à un nouveau projet de recherche
financé par le Centre de recherche des régions arides (CRSTRA) (ARABI et al, 2007).
L'objectif est d'analyser les effets de la gestion conservatoire de l'eau de la biomasse et de la
fertilité des sols (GCES) dans des situations agro-écologiques diverses en vue d'une
exploitation intensive et durable des terres.
2. Dispositif expérimental.
Des essais ont été entrepris dans le réseau de parcelles d'érosion de l'INRF et chez les
paysans (figure 1).
Le réseau INRF comprend 50 parcelles de mesure de l’érosion à Médéa (KOUIDRI et
al., 1989; ARABI, 1991; ARABI et ROOSE, 1992), à Mascara (MORSLI, 1995), à Tlemcen
(MAZOUR, 1992 ; CHEBBANI et al., 1995) et au Projet Oued Mina (convention INRF-
DPAS) (BRAHAMIA, 1993). Ces parcelles mesurent 22,2 m de long et 4,5 à 10 m de large
et sont isolées par des tôles fichées en terre. Chez le paysan à Boughezoul, 3 parcelles
contiguës de 3200 m2 (80 x 40 m) ont été sélectionnées sur un champ agricole d'un hectare.
Ces parcelles sont isolées en amont de versant par un canal isohypse de dérivation des eaux de
ruissellement de 80 x 60 cm et séparées par des plaques de tôles fichées à 10 cm dans le sol
pour empêcher les écoulements latéraux. Des alignements de cyprès et filao marquent la
limite des parcelles aménagées (ARABI et al, 2000 à 2004; ARABI et al, 2007). Au bas des
parcelles, un canal dirige les eaux de ruissellement et leur charge solide vers deux à trois
cuves de stockage reliées par des partiteurs tarés sur le terrain. (ROOSE, 1968 ; ARABI,
1991; ARABI et al., 2000-2004).
Toutes les parcelles ont été équipées pour la mesure de la pluie (hauteur, intensité,
érosivité), des coefficients de ruissellement annuel moyen (KRAM %) et maximal (KRmax %),
de l'érosion en nappe et rigole (t/ha/an, comprenant les suspensions fines et les sédiments
grossiers) la production de biomasse (rendement exprimé en q./ha par an), les revenus nets (en
US $/ha/an) et les paramètres d’état de surface ( % de surface couverte, % de surface fermée
par la battance, % de cailloux et d’humidité des dix premiers centimètres).
Dans chaque station définie par un type de sol, une pente (longueur constante et
pourcentage fort, mais typique pour le sol considéré), un système de production en place
depuis plus de dix ans et une pluviosité moyenne, on compare le comportement d’un témoin
absolu (sol nu travaillé dans le sens de la pente) à un témoin régional (système de production
traditionnel) et à un ou deux systèmes améliorés. Le climat méditerranéen est subhumide à
Médéa à semi-aride dans les autres régions, sec et chaud en été, froid et pluvieux en hiver. Les
améliorations consistent en un sous-solage en courbes de niveau, la pratique du paillage,
l’emploi de semences sélectionnées, l’usage d’herbicides et de pesticides, des apports en
fertilisants organiques et minéraux, une jachère fourragère de légumineuses, des cultures
associées de blé et de fèves en rotation sous un verger d'abricotiers. A Boughezoul, on a
introduit sur la parcelle améliorée des cordons en pierres en courbes de niveau, espacés tous
les 20 m. Ces cordons sont consolidés par une plantation d'Atriplex. Les améliorations ont été
conduites sur les 10 derniers mètres derrière les cordons, le reste étant occupé par
l'impluvium.
2. Résultats et discussion
Le tableau 1 présente les principaux résultats des observations de 1988 à 1995 pour les
parcelles expérimentales de l'INRF et le tableau 2 ceux observés de 2000 à 2004 chez le
paysan à Boughezoul. Les répétitions pluriannuelles dans les stations de l'INRF et chez le
paysan donnent des résultats cohérents.
Les précipitations.
Toute la région a connu des pluies déficitaires de 60 à 280 mm par rapport aux
moyennes annuelles et peu agressives (Rusa inférieur à 50). La répartition des pluies est très
aléatoire de septembre à avril. L’augmentation de la variabilité interannuelle accentue l’aridité du
climat avec des années sèches de plus en plus nombreuses. Les intensités sont en général faibles.
Durant la période 1948-1999, les pluies supérieures 20 mm par jour représentent à peine 5 % des
averses. Les pluies maximales de l’année s’observent entre novembre et mai. L'indice d'érosivité des
pluies calculé d'après la formule de WISCHMEIER et al. (1978) n'a pas dépassé la valeur de
50 unités USA. En comparaison, en Europe cet indice varie de 20 à 150, il est compris entre
50 et 350 en région méditerranéenne et dépasse 450 en zone tropicale où les pluies sont plus
agressives (ROOSE, 1996).
Tableau 1- Effet de l’amélioration des systèmes culturaux sur le ruissellement,
l'érosion, le rendement et le revenu annuel net à Ouzera (Médéa) (1 dollar US = 72
dinars). D’après ARABI et ROOSE, 1992
Le ruissellement
Le ruissellement annuel moyen (KRAM) a été discret sous végétation naturelle de pin
d'Alep ou de jachères pâturées (0,6 à 4 %), modeste sous cultures, mais il peut dépasser 5 à 28
% sur sol nu même travaillé. Par contre, le ruissellement maximal (KRMAX) lors des averses
abondantes tombant sur des sols humides et peu couverts peut dépasser 30 à 80% et être
dangereux car il est à l'origine du ravinement des versants, des glissements de terrains qui
laissent des traces durables dans les paysages et des inondations qui reviennent tous 5 à 10
ans. A Boughezoul, certains orages sont assez violents pour précipiter une grande quantité
d’eau et provoquer des crues catastrophiques. C'est ainsi que plus de 90 % des pertes en terre
annuelles peuvent être enregistrées en une seule pluie (ARABI, 2006).
L'érosion
Il importe aussi de préciser que toutes ces pertes en terre sont à la fois le résultat
combiné de l’érosion aratoire et de l’érosion en rigole (ARABI, 2007). Ainsi, la nouvelle
couche superficielle semble moins vulnérable à la battance des pluies et à l’énergie du
ruissellement. Cela a pu être vérifié par BOIFFIN et al. (1986) sur sol enrichi en matière
organique. Seul l'excédent des eaux (averses supérieures à 50 mm) passe au-dessus du
premier niveau de pierres. Ce seuil peut être dépassé de 20 mm si l’intensité de la pluie est
faible (> à 20 mm.h-1) mais pour des pluies exceptionnelles assez fréquentes dans la région en
automne, les cordons peuvent être rapidement saturés. On a aussi observé qu’entre les tiges
des Atriplex, les filets d’eau peuvent, quand les conditions de pluies deviennent
exceptionnelles, se réorganiser en petites rigoles. Il semble que les herbes à rhizomes rampant
à la surface du sol et à tiges nombreuses renforcent d’avantage le dispositif antiérosif. Mais
cette solution a un prix: le risque d’une propagation rapide par voie de rejets ou de stolons tel
que Cynodon dactylon sur les champs cultivés que les paysans ont du mal à contrôler.
Les tableaux 1 et 2 montrent également que les rendements en grains et en paille sur
parcelles améliorées de l'INRF sont supérieurs aux témoins régionaux et que les pertes en
terre et en eau sont réduites sur ces parcelles qui ont bénéficié d'apports en fumier et en résidu
de cultures. Ainsi les rendements observés sur des parcelles d'érosion de Médéa sont passés
de 7 à > 45 quintaux/ ha de blé, de 28 à 40 q/ha de raisin et de 8 à 10 q/ha d'abricots auxquels
il faut ajouter 30 quintaux de fèves ou de blé intercalaire. En même temps, la production de
paille et autres résidus de culture qui peuvent améliorer la production animale et le fumier, ont
aussi augmenté significativement (de 0,2 à 2 ou 3 t/ha/an). Les cultures intercalaires dans les
vignes et les vergers étaient pratiquées jadis mais un certain nombre de préjugés avaient fait
régresser cette pratique pour éviter la concurrence hydrique. Les rendements obtenus sont très
encourageants sans qu’on puisse observer une baisse de rendement de la culture fruitière qui
ne développe son feuillage que tardivement. La faible productivité des abricotiers provenant
d’un taux élevé de parasitisme (capnode, vers blancs et gommose surtout) et de la vieille
vigne de cuve a été largement compensée par la production de fèves durant les campagnes, le
blé tendre a également donné satisfaction. L’introduction du Médicago bisannuel dans la
rotation hivernale avec le blé, préconisé par les chercheurs de l’institut des grandes cultures a
également donné satisfaction en produisant 34 qx/ha de fourrage de haute qualité
(légumineuse). Si les semences étaient moins chères, cette culture pourrait servir à la
résorption de la jachère en Algérie. Il faut noter que le déficit pluviométrique de ces dernières
années n’a pas pénalisé la production grâce à une meilleure infiltration de l’eau, au travail du
sol et à sa fertilisation.
Tableau 2- Effet de l’amélioration des pratiques culturales sur le ruissellement (moyen
et max. en % des pluies), l’érosion (t/ha/an) et sur la biomasse et les revenus nets
Boughezoul, années 2000/2004. (1 dollar US = 72 dinars).D'après ARABI et al., 2007
On a constaté sur les premiers cordons encore à l’état juvénile une dégradation par la
divagation du bétail. Dans ces zones de parcours la densité d’implantation de structures
antiérosives doit tenir compte de la circulation du bétail depuis les pâturages jusqu’aux bas-
fonds, lieu de l’abreuvement du bétail. Tant que la végétation n'a pas atteint quatre à cinq ans,
il est recommandé que les gestionnaires des terres clôturent leur champ pour éviter le
piétinement. Le cloisonnement des parcelles par des lignes de brises vent avec Cupressus
sempervirens f. horizontalis, Casuarina equisetifolia a transformé le paysage en bocage et
protégé les cultures de l’érosion éolienne contrairement aux parcelles témoins où des dépôts
éoliens sont observés. Il faut noter que la méthode des cordons empierrés est assez bien
connue en zone méditerranéenne. Elle s’intègre facilement dans les paysages et son prix de
revient, de 111 à 179 $ USA par 100 ML (1 $ = 72 dinars algériens) selon la disponibilité de
la pierre, mobilisant 20 à 30 hommes jours, peut être supportée par la plupart des paysans de
la région.
CONCLUSION
L’objectif du travail est de trouver des systèmes de production durables pour doubler
la production agricole d'ici 2025; un défi que l'Algérie s'est fixée. La réalisation de cette étude
dans cinq sites bioclimatiques différents en milieu montagnard méditerranéen obéit à un souci
de confirmation et de validation de résultats précédemment obtenus à la station INRF de
Médéa en 1992. Notre démarche a reposé sur une gestion de conservation et de valorisation
optimale des ressources en eau, en sol et en végétation. Elle consiste à introduire dans les
systèmes de productions régionaux un ensemble de pratiques culturales cohérentes et
aménagements alternatifs comme solutions pour préserver les sols et rétablir leur capacité de
production. Les améliorations apportées (couvert végétal plus dense, pratique du paillage,
fertilisation minérale et organique adaptée aux sols et aux cultures, rotation biennale avec
légumineuses, cultures intercalaires sous verger d'abricotiers consolidés par des cordons
empierrés isohypses) et diversifications entre arboriculture fruitière, élevage (fumier),
pâturage et arbustes fourrager, ont permis de réduire l'érosion en formant des terrasses
progressives fertiles et de retarder le ruissellement. Mais elles ont surtout accru
significativement la productivité des terres et la valorisation du travail, condition essentielle,
pour inciter le paysan à préserver son "capital sol". En définitive, nous pouvons conclure qu'il
est techniquement possible d'intensifier la production agricole et d'améliorer significativement
les revenus des paysans sans dégrader l'environnement.
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Rehabilitation des sols volcaniques indurés d’Equateur et du Mexique:
Comportement avant et apres mise en culture
Christian PRAT1, Georges DE NONI2, Jorge ETCHEVERS3, Aurelio BÁEZ4, Claudia
HIDALGO5 et German TRUJILLO6
1 2 3
christian.prat@ird.fr, IRD-LTHE, France; georges.denoni@ird.fr, IRD Dakar, Sénégal; jetchev@colpos.mx,
4 5
COLPOS, Mexique; pbaez@colpos.mx, INIFAP, Mexique; hidalgo@colpos.mx, COLPOS, Mexique;
6
german_trujillo_yandun@hotmail.com, SAG, Equateur.
Résumé
En Amérique Latine, il existe des horizons volcaniques indurés qui couvrent de vastes superficies.
Ces matériaux sont appelés «cangahua» en Equateur, «talpetate» en Amérique Centrale et
«tepetate» au Mexique. Ce n’est qu’en arrivant au niveau des couches les plus dures, celles
constituées par les tepetates, que l’érosion trouve une limite momentanée. Ces horizons sont en fait
des tufs volcaniques, plus ou moins consolidés et indurés par des processus géologiques et
pédologiques. En l’état naturel, ces «sols» sont stériles. Pauvres d’un point de vue chimique, ils ne
sont pas plus attractifs au plan physique; leur induration et compaction limitent la circulation de l’eau
et de l’air, le développement des racines et des microorganismes. Toutefois, il est possible de les
convertir en sols productifs en l’espace d’une seule saison ! Pour cela, ils doivent être ameublis,
puis émiettés en éléments plus fins pour constituer un support minéral poreux qui évoluera ensuite
en sol grâce à l’apport de fertilisants organiques et/ou minéraux, et aux cultures.
Pour évaluer, le comportement au ruissellement et à l’érosion de ces matériaux, divers types
d’observations et de mesures ont été réalisées pendant plusieurs années, en particuliers au
Mexique et en Equateur. Plusieurs traitements traditionnels et améliorés ont été testés, de 1 à
1800 m2 avec un simulateur de pluie ou sous pluies naturelles. Sous ces climats tempérés de
montagne tropicale à saison sèche très marquée, les pluies sont localisées et brèves: 75% sont ≤30
mn et une intensité ≤5 mm h-1. Moins de 12 pluies par an, présentent des énergies importantes (200
à 700 J m-2 mm) et génèrent 80% du ruissellement et de l’érosion.
A l’état naturel, le ruissellement va de 60-70% dès les premiers millimètres de pluie à 100%. En
aval, les reports hydriques sont considérables et sont à l’origine d’érosion catastrophique. En haut
de versant et à cause de leur dureté et compacité, la perte en matériaux est faible (1 à 30 t/ha/an).
La mise en culture de ces matériaux après leur défonçage, change radicalement ce comportement.
Le ruissellement diminue considérablement mais l’érosion devient active, évoluant dans une très
large gamme de 1 à 200 t ha-1 an-1 selon le travail du sol.
Trois paramètres permettent de réduire l’érosion de ces nouveaux sols limoneux: un travail
préliminaire laissant suffisamment de fragments grossiers et limitant la part des fines, les cultures en
associations et une gestion adéquate des matières organiques afin d’augmenter au plus vite sa
teneur. Dans ces conditions, la production d’orge au Mexique, dès la 1ere année, dépasse de 20% la
moyenne régionale ! Ces tufs sans carbone, une fois convertis en sols, ont une capacité de capture
de cet élément dans de très grande proportion, qui doit être pris en considération dans le cadre du
réchauffement climatique. Au Mexique, en 4 ans, pour des cultures ayant très peu d’apports de C, la
concentration de C est passé de 0 à 5 gr kg-1 de sol, alors qu’un sol cultivé et recevant de forts
apports de C, a vu son stock s’élever à 20 gr kg-1 de sol. Dans ces pays, la transformation des tufs
volcaniques indurés en sols cultivables est donc possible si l’on suit quelques règles simples avant
et après la création de ces nouveaux sols limoneux. Reste que les coûts de ces transformations
sont très élevés et hors de porté du petit paysan. Dans la mesure où elles jouent un rôle socio-
économique (maintient de l’agriculture, réduction des inondations et destructions qui en découlent)
et environnemental (séquestration du C), l’état devrait assumer une grande part de ces frais. Il
pourrait se financer lui même en utilisant par exemple l’argent récupéré de cette capture du carbone
via le marché international du carbone.
En América Latina, existen horizontes volcánicos endurecidos que cubren grandes áreas. Estos
materiales son llamados «cangahua» en Ecuador, «talpetate» en América Central y «tepetate» en
México. Los suelos que los cubrían fueron desgastados por la erosión. Es solamente al llegar a las
capas más duras, las conformadas por los tepetates/cangahuas, que este proceso destructivo
encuentra momentáneamente un límite. Estos horizontes son de hecho tobas volcánicas, más o
menos consolidadas y endurecidas por procesos geológicos y edáficos.
En su estado natural, estos "suelos" no son fértiles para la agricultura. Pobres desde un punto de
vista químico, tampoco son atractivos a nivel físico: su endurecimiento y compactación limitan la
circulación del agua y del aire, y el desarrollo de las raíces y los microorganismos. Sin embargo, es
posible convertirlos en suelos productivos en una sola temporada! Para esto, hay que aflojarlos,
luego molerlos en elementos más finos para conformar un soporte mineral poroso inorgánico que
luego evolucionará a suelo gracias a los aportes de fertilizantes orgánicos y/o minerales, así como a
los cultivos.
Para evaluar el comportamiento de la escorrentía y la erosión de estos materiales, se realizaron
varios tipos de observaciones y mediciones durante varios años, especialmente en México y
Ecuador. Se comprobaron tratamientos tradicionales y mejorados desde 1 hasta 1800 m2 con un
simulador de lluvia o bajo lluvia natural. En esta época seca templada a tropical de montaña
pronunciada, las lluvias son localizadas y de corta duración: 75% ≤ 30 minutos con una intensidad ≤
5 mm h-1. Son menos de 12 lluvias al año las que tienen alta energía (de 200 a 700 J m-2 mm) y
generan 80% de la escorrentía y la erosión.
En el estado natural, la escorrentía es de 60-70% a partir de los primeros milímetros de lluvia hasta
el 100%. Aguas abajo, las corrientes de agua pueden ser importantes y causar una erosión
catastrófica. Aguas arriba y debido a su dureza y compacidad, la erosión de estos materiales es
débil (de 1 a 30 t ha-1 año-1). Poner a cultivar estos materiales después de romperlos, cambia
dramáticamente este comportamiento.
La escorrentía disminuye significativamente, pero la erosión se activa, evolucionando en una gama
muy amplia, desde 1 hasta 200 t ha-1 año-1, de acuerdo al tipo de trabajo de suelo que se hizo. Tres
parámetros permiten minimizar la erosión al máximo de estos nuevos suelos francos: 1/un trabajo
preliminar que deja suficientes fragmentos gruesos y que limita la proporción de elementos finos , 2/
cultivos en asociaciones y 3/ una gestión y manejo adecuado de la materia orgánica para
incrementar lo antes posible su contenido. Bajo estas condiciones, la cosecha de cebada en
México, desde el primer año, superó el promedio regional de un 20%! Estas tobas sin carbono, una
vez convertidas en suelos, tienen la capacidad de capturar este elemento en una muy alta
proporción, lo cual debe tenerse en cuenta en el contexto del calentamiento global. En México, en 4
años, para cultivos con muy poco C, su concentración se incrementó de 0 à 5 g kg-1 de suelo,
mientras que con un nuevo suelo cultivado y que recibe altas tasas de C, el almacenaje de este
elemento llegó hasta los 20 g kg-1 de suelo. En estos países, la transformación de toba volcánica
endurecida en suelos de cultivo es posible entonces, siempre y cuando se sigan algunas reglas
simples antes y después de la creación de estos nuevos suelos francos.
Sin embargo, los costos de estas transformaciones son muy altos y fuera del alcance de los
pequeños agricultores. En la medida en que desempeñan un importante papel socio-económico
(mantenimiento de la agricultura, reducción de las inundaciones y la destrucción que conlleva) y
ambiental (captura de carbono), el Estado debería asumir la mayor parte de estos costos. Podría
financiarse gracias a los ingresos obtenidos de la captura de carbono a través del mercado
internacional de este elemento.
In Latin America, there are hardened volcanic horizons that cover large areas. These materials are
called "cangahua" in Ecuador, "talpetate" in Central America and 'tepetate" in Mexico. The soils
covering them were worn out by erosion. It is only by reaching the hard layers, formed by the
tepetates/cangahuas that this destructive process is temporarily capped. These horizons are in fact
volcanic tuff more or less consolidated and hardened by geological and soil processes. In their
natural state, these "soils" are not fertile for agriculture. Poor from a chemical point of view, they are
not physically attractive either; their hardening and compaction limit the movement of water and air,
and the development of roots and microorganisms.
However, it is possible to turn them into productive soil in one sole season! To do this, we must
loosen them, then grind them into finer elements to form an inorganic porous mineral support, which
will then evolve and turn into soil thanks to the contributions of organic fertilizers and/or minerals, as
well as crops. To evaluate the performance of the runoff and erosion of these materials, several
types of observations and measurements were made for several years, especially in Mexico and
Ecuador. Traditional treatments were tested and improved from 1 to 1800 m2 with rainfall simulator
or under natural rain.
In this temperate to tropical dry steep mountain season, rains are localized in certain areas and for
short periods: 75% ≤ 30 minutes with an intensity≤ 5 mm h-1. There are less than 12 rains per year,
of high energy (200 to 700 J m-2 mm), and generate 80% of runoff and erosion.
In natural state, runoff is 60-70% from the first millimeters of rain up to 100%. Downstream water
flows can be significant and cause catastrophic erosion. Upstream and due to their hardness and
compactness, the erosion of these materials is weak (1 to 30 t ha-1 yr-1). Cultivating these materials
after breaking them leads to substantial changes in their behavior.
Runoff decreases significantly, but erosion is active, evolving into a very wide range from 1 to 200 t
ha-1 yr-1 according to the type of tillage that was done. Three parameters are used to minimize
erosion to the best in these new loam soils: 1/ preliminary work leaving enough thick fragments and
limiting the proportion of fine elements, 2/ crop associations, and 3/ arrangement and proper
management of organic matter to increase its content as soon as possible. Under these conditions,
barley crop in Mexico, from the first year, surpassed the regional average of 20%! These tuffs
without carbon, once converted into soil, have the ability to capture this element in a very high
proportion, which should be considered in the context of global warming. In Mexico, in 4 years, in
crops with very little C, its concentration increased from 0 to 5 g kg-1 soil, while in a new cultivated
land, receiving high rates of C, the storage of C reached 20 g kg-1 soil. In these countries, the
transformation of hardened volcanic tuff into agricultural soils is then possible, provided some simple
rules are followed before and after the creation of these new loam soils.
However, the costs of these transformations are very high and unaffordable for small farmers. As
they play an important socio-economic (agriculture maintenance, reduction of flooding and the
destruction involved) and environmental role (carbon sequestration), the State should assume most
of these expenses. They could be financed with the proceeds of carbon sequestration through the
international carbon market.
Photos 1c) Talpetate (Masaya, Nicaragua) 1d) Tepetate (T) (S. M. Tlaixpán, Mexique) (Prat, C.)
D’un point de vue chimique, ces matériaux ont un pH neutre, à légèrement alcalin qui
peut être franchement alcalin (8,5 à 9) dans le cas d’encroutements calcaires. Les teneurs
en C et N ont des teneurs très faibles et sont réduits pratiquement à l’état de traces tout
comme le phosphore assimilable. Les teneurs en bases échangeables sont élevées avec
une capacité d’échange cationique élevée (≥ 25 meq 100 g-1). La vie microbienne est
extrêmement réduite tant en diversité qu’en nombre d’organismes vivants (Sánchez et al.,
1987, Ferrera et al, 1992). Ces matériaux ont donc une faible fertilité qu’il faudra
profondément améliorer si l’on souhaite voir pousser des plantes (Etchevers et al., 1998).
Les tepetates-canguahuas sont donc des matériaux géologiques altérés au cours de
leur mise en place ; il n’y a plus de processus d’induration actuellement (sauf exception en
zone perhumide). En d’autres termes, rompre ces matériaux n’entraine aucun risque de
reformation d’un horizon induré et massif.
Photos 2a. Erosion sur cangahua, Equateur (de Noni). 2b : Versant pommes de terre avec
ruissellement concentrée, Equateur (de Noni).
Photos 2c. Erosion sur tepetate, Tlaxcala, Mexique.
2d : Erosion sur tepetate, en ravines Tlaxcala, Mexique (noter la succession de couches
indurées de tepetate et de paléosols) (Prat, 1994).
Tableau 4. Caractéristiques principales des pluies de 1992 à 1996 à San Miguel Tlaixpán,
Mexique (Prat et al., 1997).
1992 1993 1994 1995 1996 ‘92-‘96
Nombre de jours avec pluies 126 81 105 120 90 105
Hauteur totale (mm) 654 411 736 768 587 627
% de la hauteur de pluies 100 96 81 69 72 83
enregistrées vs totales
R métrique 259 96 216 197 204 194
R us 149 55 124 113 118 112
Essais de classification de Normale Très Normale Irrégulière Sèche et Année
l’année pluviométrique et érosive sèche irrégulière moyenne
Sous ces climats à saison sèche très marquée, les pluies sont très localisées et très
brèves : 75% durent moins de 30 mn et ont une intensité très faibles (<5 mm/h). En fait,
seules quelques pluies dont le nombre est variable selon les années (de 5 à 20), présentent
une énergie suffisamment importante (de 200 à 700 t m ha-1 mm-1) pour être susceptible
d’éroder sévèrement les sols. Ces valeurs, bien que fortes, n’ont rien d’exceptionnelles au
niveau mondial. Reste qu’il faudrait plus d’années d’enregistrements pour être assuré
d’avoir mesuré les évènements les plus agressifs.
Figure 1. Quantité et intensité moyenne des pluies tombées entre 1993 à 1996 à San Miguel
Tlaixpan, Mexique (Prat et al., 1997).
Dans nos conditions d’études, l’énergie cinétique totale des pluies est un critère
explicatif de l’érosivité des pluies bien meilleur que leur intensité ou leur hauteur. A défaut,
l’analyse de la pluie sous ces climats, doit se faire sur la base de l’intensité durant 10 à
15 mn, et non 30 mn, temps trop long au regard de la courte durée des pluies (Prat, 1997).
Dans ce cas, l’érosivité moyenne des pluies baisse trop et ne reflète plus la réalité. L’indice
d’érosivité des pluies de Wischmeier basé sur une I30 et couramment utilisé en Amérique
Latine, sous estime donc largement la réalité et devrait être remplacé par l’énergie totale.
En plus de l’érosivité potentielle des pluies, la période de l’année et l’état de surface
s’y référant jouent un rôle déterminant quant aux processus générant ruissellement et
érosion. Ainsi, le second facteur important est l’état du sol, et en particulier, l’existence ou
non d’un couvert pouvant servir de protection aux impacts des gouttes de pluies (Roose,
1977; Casenave & Valentin, 1989). Or la plupart des pluies les plus intenses dans ces
régions, se produisent à la fin de la saison sèche, c’est à dire quand les sols sont
traditionnellement peu couverts et donc potentiellement très érodables. Ne pouvant agir sur
les pluies, il ne reste que la possibilité de développer des stratégies liées à la gestion du sol
et de sa couverture de surface pour réduire l’érosion hydrique.
Pour comprendre les processus en jeu, étudier et comparer les meilleurs systèmes
agraires vis à vis du ruissellement et de l’érosion hydrique, des campagnes de mesures et
d’observations ont été conduites à plusieurs échelles (depuis le cm2 jusqu'à plus de
1000 m2) en laboratoire comme en plein champs, sous pluies artificielles dont les
caractéristiques ont été fixées à partir de l’analyse des pluies naturelles et sous pluies
naturelles, et ce pendant plusieurs années et dans plusieurs sites.
Photos 3a. Parcelles d’érosion (1 000 m2 et 100 m2) sur cangahua, Equateur (de Noni)
3b. Parcelle d’érosion avec partiteurs sous la pluie, S.M.Tlaixpán, Mexique (Prat, 1993).
Tab. 8. Caractéristiques des traitements des parcelles à S. M. Tlaixpan, Mexique (Prat et al., 1997)
Traitements Ref. Surface Materiaux Prof* Pente 1993 1994 1995 1996
2
m m %
Tepetate non travaillé Tep. 1 800 Tepetate - 2 à 10 - - - -
état naturel
Défonçage profond Prof. 470 Tepetate 0.60 4.7 B+V M+S+b M+S B+L
Défoncé
Monoculture Mono. 775 idem 0.46 3.2 B M M B
Fertilisation organique Orga. 730 idem 0.43 3.4 B+V M+S+b M+S B+L
(+minérale en début de
culture)
Préparation fine du sol Prep. 790 idem 0.44 2.5 B+V M+S+b M+S M+S**
Tepetate cultivé de Ref. 1150 idem 0.40 4.4 B+V M+S+b - -
référence
Idem mais réduction “ 735 idem “ “ - - M+S M+S
taille parcelle en 1994.
Sol (vertic Phaeozem) Sol 715 Sol en place 0.53 5.9 B+V M+S+b M+S B+L
*Profondeur du défonçage ** Billons croisés,
B. Orge, V: Vesce M: Maïs, b : Haricot S : Fève L: Luzerne (Medicago polymorfa)
Tableau 9. Pertes cumulées de sols (Eros. en t ha-1 an-1 en sec) et indice de ruissellement
(Kr en %) pour les pluies produisant du ruissellement entre 1993-1996, San Miguel
Tlaixpan, Mexique (Prat et al., 1997)
Année Tep. Prof. Mono. Orga. Prep. Réf. Sol Culture
Eros. Kr Eros. Kr Eros. Kr Eros. Kr Kr Eros. Kr Eros. Kr
1993 9.5 29 4.7 14 2.0 8 1.0 4 0.8 6 0.6 4 0.6 5 Avoine
1994 28.5 49 15.2 31 12.1 33 4.0 17 1.5 14 1.6 14 0.1 1 Maïs
1995 20.9 36 7.5 27 4.2 26 1.5 21 1.0 17 0.3 5 0.0 0 Maïs
1996 17.6 49 10.6 46 8.2 50 1.6 30 0.1* 4* 0.8* 19* 2.6 29 Orge/Maïs
Moyenne 93+96 13.5 40 7.7 34 5.1 33 1.3 16 0.8** 6** 0.6** 4** 1.6 20 Orge
Moyenne 94+95 24.7 43 11.4 29 8.1 30 2.8 18 0.9*** 13*** 0.9*** 14*** 0.1 1 Maïs
Moyenne
19.1 42 9.5 31 6.6 31 2.0 17 0.8 11 0.8 11 0.8 12
93 à 96
* Essais avec maïs et fève; ** Moyenne de 1993; *** Moyenne de 1994 à 1996
Fig. 2. Pertes annuelles de soil (t ha-1) et Coefficient de ruissellement moyen (KR) annuel (%) en
fonction des traitements testés de 1993 à 1996, S. Miguel Tlaixpán, Mexique (Prat et al. 1997)
Fig. 3. Pertes cumulées de sols (Eros. en t ha-1 an-1) et indice de ruissellement (Kr en %) pour les
pluies produisant du ruissellement La Tola, Equateur (de Noni et al., 2001)
Globalement, ces résultats confirment ceux obtenus par les essais de simulation de
pluies. Mais il s’en ajoutent également d’autres, tel que le comportement lié à la longueur de
pente qui sont apparus au cours de ces essais.
Pour les tepetates/cangahuas à l’état naturel, non travaillés, l’infiltration est pratique-
ment nulle. Mais sous l’effet de la longueur de pente, l’eau de ruissellement se concentre,
prend de la vitesse et son énergie lui permet alors d’arracher des particules des matériaux
en quantités importantes. En bas de versant cette eau chargée provoque alors une érosion
régréssive de l’ordre de la dizaine, voire centaine de tonnes/ha. Elle creuse et marque le
paysage et entraîne des innondations qui peuvent être catastrophiques car extrémement
rapides et charriant d’énormes volumes d’eau chargée en sédiments.
Le travail du sol, en créant une macro et micro porosité et une rugosité du sol favorise
l’infiltration et limite par conséquent le ruissellement et le transport solide. Toutefois, plus le
défoncage est profond, et plus le bulldozer va repasser aux mêmes endroits. Avec son
poids et les mouvements de la terre, il va écraser les fragments grossiers de
tepetate/cangahuas ne laissant alors plus qu’un sol fin. Sur ce sol se forment très
facilement des croûtes de battance imperméables, il devient donc très fortement érodible. Il
faut donc travailler ces matériaux en adaptant profondeur du défonçage, vitesse et nombre
de passage de l’engin, a ses caractéristiques mécaniques. A l’inverse, le travail à la main,
tel que celui pratiqué en Equateur, maintient une plus forte rugosité du sol, et contribue en
cela à générer peu d’érosion. Il a l’inconvénient d’être particulièrement lent et pénible,
d’autant que ce sont souvent des femmes qui sont dévolues à ces tâches.
D’un point de vue agronomique, la monoculture traditionnelle sans incorporation de
résidus de culture, ce qui est de toute façon impossible la première année de mise en
culture de ces matériaux, ne protège pas assez le sol au cours de la saison des pluies, ce
qui génère un ruissellement et un transport solide important de plusieurs tonnes à dizaines
de tonnes ha-1 an-1. Dans le cas de cultures en planches (céréales), la surface plane et
compactée, les agrégats fins, l’absence de protection sont les facteurs explicatifs de cette
situation. Dans le cas du maïs, le phénomène du « steam-flow » le long des cannes de
maïs est important et il favorise la rupture des billons au niveau des pieds des plantes.
(Lauffer et al. 1997).
Les cultures associées et/ou ayant de fortes doses d’apports organiques et de résidus
de culture, protègent beauoup plus le sol vis à vis des pluies. Le microrelief rugueux et les
multiples résidus en interface sol/air limites la formation de croûtes de battance, favorisant
ainsi l’infiltration de la pluie et donc le transport solide (quelques centaines de kilos à
quelques tonnes ha-1 an-1).
Fig. 4. Teneur en C organique (%) en fonction des types de cultures et des années de culture (Baez
et al., 2007)
La proportion entre fragments et agrégats, s’inverse en fonction du temps et des
apport en carbone. Là encore, la cinétique est extrêmement rapide les premières années de
mise en culture pour être beaucoup plus lente ensuite (Fig. 5)
Fig. 5. Evolution de la proportion d’aggrégats (a) et de fragments (b) "3,36 mm dans un tepetate mis
en culture en fonction du temps (Baez et al., 2007)
Bien que ce type d’étude n’ait pas encore été menée avec les cangahuas, on peux
supposer que les résultats seraient les mêmes puisque ces tufs volcaniques ont la même
origine que les tepetates et sont donc tout autant dépourvus de carbone.
1
Glycoprotéine produite par les hyphes de mychorizes arbusculaires (González-Chávez et al., 2004; Wright y
Upadhyaya, 1996) et jouant un rôle protecteur dans la protection et la stabilité des agrégats du sol
Coûts de mise en culture.
La conversion des tepetates/canguahas en terres agricoles productives a un coût
élevé si l’on respecte les recommandations issues de nos travaux.
Le coût principal concerne l’utilisation d’un bulldozer suffisamment puissant pour
défoncer ces matériaux (double passage, le premier perpendiculaire au second) et effectuer
le terrassement. Cela implique de transporter l’engin à destination, de couvrir les frais de
main d’œuvre, de combustibles (huile et gazoil) et d’usure. Les travaux devant se faire à
vitesse réduite, ce temps a également un prix. Il faut ensuite avoir un tracteur avec des
disques qui convertira les gros blocs en fragments. Plus qu’avec le bulldozer, il est
fondamental que le passage du tracteur se fasse à une vitesse réduite afin de ne pas créer
de la poussière au lieu de fragments. Dans la situation idéale, il faudra prévoir d’apporter et
d’appliquer du fumier ou du compost. Dans tous les cas, une fertilisation minérale
raisonnée, dont la dose annuelle sera divisée et appliquée en 2 ou 3 fois.
Photos 4a et 4b. Défoncage au bulldozer muni de 3 dents du tepetate, S.M. Tlaixpán, Mexique (Prat).
Photos 4c et 4d. Tracteur avec disques. Profil de sol après 6 mois (Maïs) S.M. Tlaixpán, Mexique (Prat)
Photos 4e et 4d. Epandage du fumier de bovin sur le tepetate venant d’être travaillé et production
agricole après 4 mois de culture (amarante, vesce, maïs, orge) S.M. Tlaixpán, Mexique (Prat).
Photos 4f et 4g. Production agricole après 5 mois de mises en culture (orge). Formation de croûte de
battance après les premières pluies tombées sur sol sec et nu (Fève/maïs/haricot) en 2° année de
muise en culture du tepetate travaillé S.M. Tlaixpán, Mexique (Prat).
En Equateur, un nouveau programme de mise en culture des cangahuas qui couvrira
60 000 ha, vient d’être lancé en 2011. Avec un bulldozer type Caterpillar D6 équipé de
3 dents qui défoncent ces matériaux à environ 40 cm de profondeur, il faut compter 8 h
jour -1 ha-1 en moyenne pour effectuer le travail. En location dans le secteur privé cela
représente une somme d’environ 400 # ha-1 (contre 600 # ha-1 au Mexique). Il faut encore
rajouter la location d’un tracteur (15 # h-1). Il faut environ 4 h pour effectuer 2 passages
croisés avec un rotavateur et 2 autres avec une herse et une charrue, soit 60 # ha-1. Le coût
total tourne donc autour de 600 # ha-1 en Equateur et de 800 # ha-1 au Mexique.
Ces chiffres sont à comparer avec le coût de ce même travail fait entièrement à la
main : Il faut 100 personnes pour défoncer 1 ha de canguahua jour-1. Avec un salaire (2011)
d’environ 10 # jour-1 en Equateur (13 # jour-1 au Mexique), le coût en personnel s’élève
donc à 1000 # jour-1 ha-1 dans ce pays contre 1300 # jour-1 au Mexique. Il faut en plus
rajouter les 60 # ha-1 pour la préparation finale du sol. Au final, le coût de mise en culture de
ces matériaux indurés à la main est beaucoup plus élevé qu’avec un bulldozer. Reste que
ce travail extrêmement pénible, peux aussi être une source de revenus pour les
communautés les plus pauvres et marginalisées. L’idéal en fait, est d’associer travail
mécanique et travail manuel.
Indépendamment des coûts liés aux cultures (graines, engrais, etc…) qui s’ajoutent
chaque année, la production espérée en culture pluviale est de 2 à 3 t ha-1 de maïs et
autant pour l’orge ou le blé. Au Mexique, cela revient à recevoir 360 à 540 # ha-1 pour le
maïs et de 480 à 720 # ha-1 pour l’orge (prix mai 2011). On voit immédiatement que la mise
en culture de ces tepetates/canguahas n’est pas rentable à cours et moyen termes. Dans le
cas de cultures à très fortes valeurs ajoutées (arbres fruitiers, magueys/agaves…), il faut
attendre entre 5 et 12 ans avant de pouvoir commencer à récolter les fruits de ces travaux.
Cette immobilisation de capital, est incompatible avec les ressources dont peuvent disposer
les petits paysans de l’altiplano. Ainsi, dans tous les cas, une aide extérieure est
indispensable si l’on veut convertir en champs ces matériaux.
La mise en culture des tufs volcaniques indurés et stériles que sont les tepetates/
canguahas, est possible, relativement facile, productive et durable si l’on suit les quelques
règles simples énoncées précédemment. Mais, bien au de là d’un enjeux purement
agronomique, la conversion de ces tufs en sols limoneux génèrent une série de bénéfices
tant sociaux, qu’économiques et environnementaux depuis l‘échelle d’une famille jusqu’à
celle de communautés rurales et urbaines. Les états latino-américains concernés devraient
donc développer des programmes visant à mettre en culture ces matériaux en apportant
des appuis financiers et techniques aux petits paysans, tout en se faisant rembourser ces
travaux par des fonds liés au crédit carbone mis en place dans le cadre de la réduction du
réchauffement global et par les sommes économisées liées aux destructions évitées.
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Les techniques de cultures en terrasse dans les monts Mandara,
Extrême Nord Cameroun
Résumé
Dans l’Extrême-Nord-Cameroun, les nombreuses populations des monts
Mandara avaient conscience, lors de leur installation, du caractère difficile de leur
milieu : difficultés climatiques, édaphiques et topographiques. Ces conditions se
détériorent avec les changements climatiques marqués surtout par un assèchement
généralisé et la pression croissante de la population sur des ressources très limitées.
De plus les stratégies séculaires de survie ont à peine évolué et se limitent à la
réalisation de terrasses de pierres sèches et de techniques associées telles que
l’alignement simple de pierres, le paillage, l’élevage en case et le fumier,
l’agroforesterie sur les pentes les moins fortes et le contrôle du ruissellement par
l’association des cultures et, dans une moindre mesure, le labour profond sur les
replats et dans les vallées.
L’objectif de notre communication est d’établir un inventaire des techniques de
gestion des sols et de faire ressortir leur niveau d’efficacité : on a montré que la
grande difficulté de ces milieux est avant tout le décalage entre la pression
démographique et la ressource. Les résultats de nos travaux sont étayés par des
observations et des enquêtes de terrain effectuées sur plus de deux décennies et
dans le cadre du programme de recherche AUF P2 – 2092RRR521 du réseau
érosion de l’AUF
Abstract
In the Extreme Northern Cameroon, physical, pedological , hydrological and
topographical conditions are difficult but numerous populations found a protection
against the Muslims coming from the peulh emirate of SOKOTO (NE of present
Nigeria) in 1904. The mountains were covered by lithosols and dry forest before the
populations built terraces quite everywhere, associated with agroforestry, stone lines,
breeding, manuring, mulching or deep plowing in the flat areas. This paper wants to
describe the terracing system, to analyze their efficiency and to show the difficulties
to nourish the increasing population in this difficult semi-arid environment.
The study is a synthesis of more than 20 years observations & inquiries on the
fields.
I. Les monts Mandara et leurs contraintes physiques pour les activités rurales
Les plateaux intramontagneux sont à une altitude moyenne de 840 m avec une
pente moyenne de 1° 79. (tableau I, figure 1).
Dans l’ensemble, les fortes pentes et les affleurements rocheux constituent les
premières contraintes pour la pour la mise en valeur de monts Mandara. Même si la
fourniture abondante de matériaux rocheux permet de lutter efficacement contre
l’érosion, les cailloux de surface, si gênant soient-ils pour les travaux agricoles,
assurent une protection contre l’érosion en nappe et l’effet de splash (Humbel et
Barbery, 1974). C’est à ces contraintes que sont liés les reliefs squelettiques
susceptibles d’être érodés facilement du fait du caractère torrentiel des eaux de
ruissellement et de la gravité. Les versants rocheux sont nus dans leur moitié
supérieure et couverts à leur base de gros blocs et /ou d’un lithosol mince (2 cm)
alors que dans les aires à topographie plus ou moins calme une pellicule détritique
altérée voile un substratum sub-affleurant. Sur les petits replats larges d’une dizaine
de mètres et sur les plateaux intramontagnards où les arènes forment une
couverture colluviale autour des pointements rocheux, les faibles pentes inférieures à
4°, le socle cristallin alimente l’horizon d’altération en matériau grossier de taille
centimétrique. Epaisse sur le palier de Bourrah (150 cm environ), la frange
d’altération n’est plus que de 60 cm sur le gradin de Roua et de 10 à 30 cm autour
de Mokolo. Elle y alterne avec des dalles rocheuses nues. Son épaisseur dépend
toutefois de la nature de la roche-mère. Les granites se débitent en boules régulières
métriques à partir d’un réseau de diaclases orthogonales, fournissent une arène
abondante. Les roches métamorphiques telles que les anatexies comportant des
fissures plus diffuses donnent des blocs et des fragments irréguliers de taille
métrique. Les arènes quartzo-feldspathiques et de mica pris dans une matrice de
limon argileux constituent des lithosols et des sols régosoliques plus ou moins
médiocres comme support agricole même s’ils possèdent quelques caractères
chimiques favorables : pH neutre ou faiblement acide, réserves d’éléments
fertilisants (chaux, magnésium, potassium, sodium et phosphore). Cependant les
plantes ne peuvent disposer immédiatement de tous ces éléments fertilisants. La
décomposition se produit le plus souvent sous forme de feldspaths résistants aux
agents de destruction et même quand ils finissent par s’altérer en minéraux argileux
(rien que 10 %), les sols sur pente ne les reçoivent que très lentement (Boutrais,
1984).
Figure 1. Les monts Mandara et leurs piedmonts.
Avant l’intervention de l’homme, ces lithosols portaient une forêt claire. Cette
végétation soudano-sahélienne d’altitude à épineux colonisateurs qualifiée de
« végétation primitive » (Fotius et Letouzey, 1968), à cause de sa luxuriance
favorisée par des conditions climatiques plus humides qu’en secteur de piémont, se
rencontre plus que sur les grands chaos granitiques et les versants inaccessibles car
la quasi-totalité de l’espace est anthropisé. Ces reliques sont à l’abri des feux de
brousse et des défrichements. Elles sont à dominance de ficus, Lannea acida et
Microcarpa. Sur les roches plus ou moins dénudées, les quelques rares arbres
exploitent les anfractuosités. Les sols régosoliques des versants réguliers sont sous
couvert d’Acacia albida, de Parkia biglobosa, de Butyrospermum parkii, de
Tamarindus indica et de Ziziphus mauritiana.
Dans les deux premiers cas, les terrasses sont soit construites ex-nihilo avec un
matériel varié : blocs de granite macro-grenu plus ou moins altéré, fragments de
quartz filonien de 10 à 40 cm ; soit elles sont arrimées à des blocs métriques en
place (photo 5 et 6).
Dans le paysage, soit tous les versants sont occupés par les terrasses et les
concessions (« sarés ») rejetées au sommet soit les cases sont noyées dans le
système de terrasse sur des replats.
Même si ce dispositif est efficace, fruit d’une très longue expérience ancestrale
révélant une bonne connaissance paysanne des unités des paysages, il reste
opportuniste, intuitif et empirique sans organisation systématique.
Malgré le caractère hostile du milieu, les monts Mandara à l’instar de la plupart des
massifs d’Afrique soudano-sahélienne ont joué le rôle de refuge pour les populations
devant la fougue conquérante de grands empires tels que le Bornou mais surtout lors
des « jihad »* [Guerre Sainte des musulmans, lancée par Ousmane Dan Fodio à
partir de l’émirat peulh de Sokoto (au NE du Nigéria actuel) en 1904.. Les Monts
Mandara appartiennent à la province de l’Extrême-Nord, officiellement la plus
peuplée du pays. Selon le recensement de 1987, elle comptait 3 069 886 habitants
soit un tiers de la population du Cameroun, une densité de 87 habitants par km²
contre 54 pour le Nord Cameroun et 22 pour le Sud Cameroun. Ces moyennes,
calculées par unité administrative, sont le plus souvent des unités
géomorphologiques qui ont des contrastes très accusés avec des pôles de
populations très denses : les massifs* Mafa, Zoulgo, Mada, Ouldémé, Mouktélé et
Podokwo comptent plus de 200 habitants par km2. Avec un taux d’accroissement
naturel de 2,9, la population totale du Cameroun est estimée à 20,710 millions en
l’an 2010. La population des monts Mandara serait alors de 1 165 973 hbts pour une
densité 152,21 contre 43 hbts / km2 sur le plan national. Les estimations en 2007 lui
attribuent déjà une population de 1 072 901 hbts pour une densité de 140 hbts / km2
[(Rapport Ministère de l’Agriculture, 1992), (Archives de la Délégation Régionale du
Plan de L’Extrême-Nord)].
Les populations très nombreuses dans les Monts Madara s’évertuent depuis
toujours à s’adapter à leur milieu. Malgré la roche saine affleurante et subaffleurante,
l’essentiel des cultures vivrières de subsistance (mil pluvial, haricot niébé, wanzou,
pois de terre, arachide, l’éleusine, sésame, gombo, souchet, oseille de Guinée) se
pratiquent sur ces sols - que Sieffermann et Martin (1963) ; Humbel et Barbery
(1974) ont jugé incultes- grâce à la technique séculaire de terrasses, qui permet de
maintenir la terre (argile) et l’humidité sur les versants. Elle favorise l’infiltration de
l’eau et lutte contre les effets néfastes de l’érosion. En donnant plus d’épaisseur aux
murettes de pierres (massifs Podokwo), elle réduit l’assèchement des sols et retarde
d’autant l’arrêt de leur activité en saison sèche. Ce dispositif est la condition
nécessaire pour toute pratique agricole sur les versants pentus mais il est fastidieux
à construire et exigeant en entretien pour perdurer. En effet, pour étendre les
espaces agricole, la terre de remblai sur la roche nue derrière les murets de pierres
sèches est remontée parfois à tête d’homme ou dans le meilleur des cas à dos d’âne
depuis les plateaux intramontagnards et les plaines de piémont. Les travaux
d’entretien sont obligatoires chaque année au mois d’avril avant les semailles. En
effet, les terrasses sont en partie endommagées par le bétail en vaine pâture durant
la longue saison sèche ou par les torrents pendant la saison des pluies. Lorsque les
blocs rocheux sont trop gros pour être dégagés, on sème entre eux et même dans
les anfractuosités. La tendance actuelle est au regroupement des terrasses pour
avoir des planches de plus vaste surface, notamment sur les replats.
L’aménagement des pentes en terrasses rend les travaux agricoles moins pénibles,
puisque le cultivateur peut se tenir sur le niveau inférieur pour sarcler et nettoyer la
banquette supérieure. Pour aérer le champ, les arbres sont émondés tous les ans.
On choisit soigneusement les arbres et les branches à tailler : les arbres les plus
vieux sont taillés pour leur donner de la vigueur. Toute la famille participe au travail,
enfants et adultes. Les parcelles constituent les seuls biens à léguer ou à vendre en
cas de nécessité et se transmettent de génération en génération. La vie agricole
rythmée par des rites agraires est en harmonie avec la vie sociale et la vie religieuse
(Hallaire, 1984).
Les données sur les migrations sont sous-estimées car au Cameroun comme dans
beaucoup de pays en développement les migrations ne sont pas déclarées.
Toutefois, déjà en 1987 (dernier recensement général de la population et de
l’habitat) 88% des individus nés en montagne vivaient déjà dans une des 64 villes
d’au moins 10 000 hbts. En exemptant les déplacements à l’intérieur d’un même
arrondissement qui n’était pas considéré comme des migrations, on trouve que 4,8
% de la population des montagnes avaient émigré vers les villes de plus de 10 000
hbts autres que la ville de l’arrondissement concerné (Maroua, Mokolo, Mora,
Kousséri, Garoua.
5. Conclusion
La forte pression démographique dans les Monts Mandara créé une situation latente
de surpeuplement qui devient difficile à gérer. Les fortes densités de population ont
précarisé leur cadre de vie en intensifiant son exploitation. Les terrasses et les
techniques associées telles que l’alignement simple de pierres, le paillage,
l’agroforesterie et le contrôle du ruissellement par l’association des cultures et dans
une moindre mesure le labour profond sur les replats et dans les bas-fonds qui sont
des stratégies séculaires de survie sont aujourd’hui mises en péril par un fort
accroissement démographique et des sécheresses récurrentes. Compte-tenu des
faibles revenus des ces populations et des risques sanitaires, l’amendement du sol
par l’utilisation des engrais chimiques n’est pas une solution généralisable. Même si
pour ces populations partir semble la plus facile des solutions, il ne faut pas occulter
les problèmes d’intégration des migrants. Etant donné l’attachement des
montagnards à leur terroir d’origine, la solution idéale serait une gestion efficiente
des ressources en eau qui passerait par une appropriation et une gestion de la
ressource par les locaux et non pas comme par exemple à Mora et à Koza une
utilisation politique de l’eau.
Bibliographie
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DES STRATEGIES TRADITIONNELLES DE LUTTE
CONTRE L’EROSION DES SOLS SUR LE PLATEAU
DE NGAOUNDERE (NORD CAMEROUN)
Michel TCHOTSOUA*
*Université de Ngaoundéré, Département de Géographie, tchotsoua@yahoo.fr
Abstract. The Adamawa highlands are the most important pasture region of Cameroon.
It is facing an accelerated degradation which the most disturbing manifestations are loss
of fertility and gully erosion. In some villages, farmers, aware of the seriousness of the
phenomenon, have developed traditional techniques to manage water, biomass and soil
fertility. Basing ourselves on the cultural and eco-morphological varieties we have
studied the diversity of traditional strategies for renewed use. The approach includes two
components: * an analysis of satellite imagery supplemented by field observations and
measurements to determine the critical land; * a direct survey of 3 groups of actors:
farmers, elected municipal and agricultural engineers and technicians. Surveys and
interviews with farmers were made in the form of discussions and debates in 7
representative villages.From these observations and surveys, we observe that farmers
have developed or revived traditional methods of managing soil fertility and control
erosion including: the integration of agriculture and cattle breeding, home gardens,
clearing and burning, planting of Musa Dwarf, breeding poultry in small cage with
manure production. Although these strategies are ingenious and efficient, they can be
applied only to small areas and allow only subsistence farming. The researchers, in close
relationship with technicians should explore possibilities of improving the techniques
used by farmers. Dialogue between these groups of actors can rise to a support
environment for rural communities which operate by means of technical assistance and
significant financial state.
Introduction
2
1. Du milieu et des hommes
Les sols de la région ont été étudiés par plusieurs auteurs (Laplante et
Bachelier, 1954 ; Humbel, 1966 ; Volger et al., 1982 ; Boutrais, 1995).
Même si Humbel (1966) y distingue quelques affleurements de sols
ferrugineux piégés entre les boules, ce sont essentiellement des formations
ferrallitiques issues de roches diverses ou acides qui dominent dans la
région.
1
Le point triple (baptisé par Humbel, 1966) est le point de partage des eaux,
situé à environ 20 km à l’ouest de Ngaoundéré, entre les bassins de la Bini,
du Faro, de la Vina et de la Bénoué.
3
Au plan pédologique, l’Adamaoua central présente 2 ensembles plus ou
moins calqués sur le relief. Sur les inselbergs et les édifices volcaniques
du Quaternaire, les sols sont jeunes, peu épais aux horizons peu
différenciés ou tronqués par l’érosion tandis que sur les interfluves du
plateau, ils sont beaucoup plus évolués avec des horizons bien distincts.
4
- glissement progressif des couches superficielles par un travail répété du
sol sous les cultures vivrières occupant très temporairement le sol ;
5
- Les billons perpendiculaires à la pente, plus courant dans les plaines de
la Bénoué et du Diamaré, sont insuffisants pour enrayer l'érosion. Ils n'ont
qu'un impact limité sur le ruissellement et suivent rarement les courbes de
niveau. Aussi, lorsqu'ils sont trop longs, il se crée des points de rupture,
début d'érosion linéaire lors de très fortes pluies.
Pour éviter les rigoles ou les griffes, les techniques de clayonnage sont
également utilisées par les paysans, mais elles sont plus rares du fait que
ces formes d'érosion se manifestent surtout dans les secteurs où la
végétation n’existe plus.
Photo 1. Système traditionnel de lutte contre le Photo 2. Amélioration du système de lutte contre le
ravinement avec le Musa nain. ravinement par les haies associées aux cailloux.
Cliché M. Tchotsoua Cliché M. Tchotsoua
6
4. Intégration agriculture–élevage et recomposition de l’espace
rural
'%
%
animaux. On y cultive en association le haricot, le maïs, l'igname, la patate
douce, le niébé, le mil, le sorgho et/ou le manioc (Figure 2).
Photo 3. Intégration agriculture-élevage : parcage et Photo 4. Parcelle de 1 hectare fertilisée par un seul
fertilisation des sols pour la culture du maïs dans la troupeau de 67 têtes en 2 semaines dans la vallée de la
vallée de la Marza. Cliché M. Tchotsoua, mars 2009 Marza. Cliché M. Tchotsoua, mars 2009
Dans chaque parc à bétail de 200 m² environ, généralement situés sur les
pieds de versants un troupeau de 70 têtes en moyenne passe 10 à 15 nuits
après avoir brouté pendant la journée les éteules dans les champs de bas
fonds des agriculteurs. Après quoi, les piquets et le fil barbelé sont
déplacés et ainsi de suite jusqu’à ce que les bouses de vaches soient
déposées sur toute la parcelle (Photo 4).
8
5. Efficacité des stratégies de lutte antiérosive traditionnelle et
propositions pour leur amélioration
l'alimentation du bétail (coupe des graminées et légumineuses), pour la
production de bois de feu, et, à plus long terme, pour la production de
fruits et de bois d'œuvre et pour améliorer la protection contre les vents et
la divagation des animaux.
Conclusion
donner à la population des moyens de subsistance, est hautement
importante pour maintenir les jeunes sur place. Il faudrait, sans doute,
reconsidérer ces positions et, sans vouloir idéaliser les stratégies
traditionnelles, analyser leur aire de répartition, les conditions de leur
fonctionnement, leur efficacité, leur coût, leur dynamisme actuel, et
surtout développer les possibilités de leur amélioration avec l’appui de
l’Etat.
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11
LES TECHNIQUES TRADITIONNELLES DE GCES ET DE RESTAURATION DE LA
PRODUCTIVITE DES SOLS AU RWANDA
Dr FRANCOIS NDAYIZIGIYE
Géographe, Massey College, Université de Toronto
E‐mail: ndafranco@gmail.com
Résumé : Jusqu’au début du siècle dernier, le Rwanda était encore peu peuplé, et le problème de
sol ne se posait pas en termes de disponibilité et de productivité ; il y avait encore de nouvelles
terres riches à coloniser et la sédentarisation restait aléatoire. Les sols fatigués étaient mis en jachère
et se reconstituaient avec le temps. Avec la poussée démographique est apparue l’appropriation des
terrains considérés depuis lors comme principale source de moyens de subsistance. Ne pouvant pas
abandonner les sols fatigués, les agriculteurs apprirent alors à les aménager en les protégeant contre
l’érosion et en les fertilisant pour les rendre encore productifs. Ainsi, ils eurent recours à des
techniques visant à ralentir et à infiltrer les eaux de ruissellement (haies vives et fossés), des
techniques de gestion des bas fonds inondés (drains et sillons séparant des billons) et différentes
méthodes de gestion du sol et sa fertilité (labour grossier, buttes, billons, jachère, utilisation des
résidus et déchets de toute sorte, agroforesterie). Par la suite, les pouvoirs publics, conscients de la
gravité du problème de dégradation des sols, ont essayé d’imposer des «nouvelles techniques »
(fossés isohypses et terrasses radicales). Mais cette intervention fut couronnée par un échec parce
que ces techniques ne répondaient pas à la principale attente des agriculteurs qui était d’augmenter
la production des biens conséquemment à l’effort fourni. En plus d’être très exigeantes en main‐d’
œuvre (fossés : 250‐350 HJ/ha/an et terrasses radicales : 800‐1200 HJ/ha/an), ces techniques se sont
avérées catastrophiques sur certains terrains très pentus et peu profonds. Des études faites par
différents acteurs (chercheurs, services publics et ONGs) ont permis de voir qu’en combinant les
pratiques traditionnelles avec les nouvelles techniques, on peut arriver à conserver de manière
durable le sol et à lui assurer une productivité plus soutenue.
Mots clés : Rwanda, dégradation des sols, érosion, techniques traditionnelles, restauration de la
productivité des sols.
Abstract: Until the beginning of the last century, Rwanda was still sparsely populated, and the
problem of soil did not arise in terms of availability and productivity; there was still new rich land to
colonize and settling was random. Tired soils were put fallow and were rebuilt over time. With the
demographic surge appeared the appropriation of the land since considered main source of
livelihood. Could not abandon the tired soils, farmers learned then to manage them by protecting
against erosion and by providing fertilization to still make them productive. Thus, they used
techniques to slow and infiltrate runoff (hedge rows and ditches), techniques for managing small
marshes (drains and furrows separating plots) and different methods of soil management and
fertility (coarse labour, buttes, ridges, fallow, use of residues and wastes, agroforestery).
Subsequently, the public authorities, aware of the gravity of the problem of land degradation, have
tried to impose "new techniques" (ditches and beach terraces). But this intervention was a failure
because these techniques did not meet the main waiting’s farmers was to increase the production of
the crops accordingly to provide effort. Extra to be very labour ‐ intensive (ditches: 250‐350
HJ/ha/year and beach terraces: 800‐1200 HJ/ha/yr), these techniques may be very catastrophic in
some very steep and shallow lands. Studies made by different actors (researchers, public services
and NGOs) showed that combining traditional practices with new techniques, can maintain a stable
soil and provide a more sustained productivity.
Key words: Rwanda, soil degradation, erosion, traditional techniques, soil productivity restoration.
Introduction
Selon les rapports des premiers missionnaires, le berceau du Rwanda actuel était peuplé,
déjà au début de ce siècle, de manière remarquablement dense. Malgré les famines et les
guerres intestines, la population rwandaise n’a cessé de s’accroître à un rythme
extrêmement rapide. En 30 ans, la densité de la population s’est multipliée presque par trois
partout dans le pays, passant successivement de 89 habitants par km² en 1948 à 258
habitants par km² en 1978, certaines zones étant plus peuplées que d’autres » (F.
Ndayizigiye, 1993). D’après les estimations de la Banque Mondiale, le Rwanda a connu une
forte poussée démographique ces dix dernières années et serait aujourd’hui le pays le plus
densément peuplé d’Afrique avec une densité moyenne d’environ 400 habitants au km²
comme le montre la figure suivante.
L'une des caractéristiques marquantes de la société rwandaise est la très large dissémination
de l'habitat d'une grande partie de la population (environ 82%) sur les collines et les
plateaux du pays. Les villes ne renferment qu’environ 18% de la population totale. Les
vallées et les bas fonds, longtemps réservés à l’élevage et parfois aux reboisements
d’eucalyptus, sont aujourd’hui colonisés par une agriculture très intensive (Photo 01).
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1. Les techniques de gestion conservatoire de l’eau
L’agriculture traditionnelle rwandaise est principalement pluviale. Ainsi, pour leur besoin en
eau, les cultures dépendent essentiellement de la pluie même si dans les bas fonds,
certaines pratiques peuvent être assimilées à l’irrigation. Le fermier doit attendre l’arrivée
des pluies pour faire des cultures ; et à certaines périodes de l’année, il doit aussi faire face
à une grande quantité d’eau qu’il faut gérer pour le bénéfice des cultures et la sauvegarde
de l’environnement en luttant notamment contre l’érosion. Pour ce faire, il a eu recours à
diverses techniques qui ont été progressivement améliorées au cours des années pour
donner les résultats que l’on connaît aujourd’hui.
a) Des chicanes en mottes d’herbes + haies d’arbustes et graminées aux bandes
enherbées + haies vives d’arbustes
En terrain incliné, les paysans réunissaient les herbes arrachées et la terre qui y adhérait en
petites mottes disposées en chicanes suivant plus ou moins les courbes de niveau. Ils y
plantaient aussi des haies d’euphorbes (Euphorbia tirucalli = umuyenzi) ou de grandes
graminées (Hyparhenia = umukenke) pour renforcer le système. Après un certain temps, la
pente s’atténuait et le paysan en cultivait la partie inférieure, après l’avoir protégée par un
fossé. Ce qui ralentissait l’écoulement des eaux et empêchait le ravinement.
Aujourd’hui, ce dispositif a été amélioré en installant, suivant les courbes de niveau et à des
écartements différents selon le degré de la pente, des bandes enherbées avec des graminées
fourragères (Sétaria, Tripsacum, Vetiver, Penisetum) et des haies vives d’arbustes
légumineux (Leucaena, Sesbania, Calliandra) à usages multiples (bois de tuteurs, fourrage,
engrais vert, paillage).
Ces haies arbustives et bandes enherbées utilisées sur des terrains à faibles pentes
(inférieures à 15%) permettent d’obtenir progressivement des terrasses planes avec des
talus courts et stables après un temps relativement court (3 à 5 ans) quand les parcelles sont
régulièrement cultivées dans le sens de la pente et les structures bien entretenues (tailles
et/ou coupes régulières) (Photo 03).
Photo 03 : Bandes enherbées contre l’érosion
b) Des fossés en bordure supérieure des champs aux fossés isohypses cloisonnés
renforcés par des bandes enherbées
L’agriculteur a toujours utilisé des fossés soit pour capter et infiltrer l’eau de ruissellement,
soit pour évacuer les quantités d’eau indésirables au niveau du champ.
En haut de chaque parcelle, l’agriculteur terminait le labour par un fossé large d’environ 30
cm et d’une profondeur de la hauteur d’une houe (environ 20 cm), dont la fonction
principale était de capter et d’infiltrer des éventuels écoulements d’eau venant des parcelles
situées en amont, et aussi y déposer de résidus de sarclage qui allaient servir de fumure
organique à la saison suivante. Ce fossé pouvait constituer une structure antiérosive même
s’il ne suivait pas toujours la courbe de niveau comme le conseillent les spécialistes. Ce fossé
était régulièrement détruit et remplacé par un nouveau fossé de même dimension à chaque
labour de la saison.
Aujourd’hui, l’amélioration qui a été portée à cette technique consiste en ce que les fossés
suivent les courbes de niveau à des équidistances régulières, et sont plus larges (40 cm) et
profonds (30 à 50 cm), cloisonnés tous les 5‐10 m pour forcer l’eau à s’infiltrer sur place
(Photo : 04); et ils sont protégés en amont par une bande enherbée et/ou une haie
arbustive qui retient les terres érodées sur la parcelle et permet la formation d’une terrasse
progressive obtenue après 5 à 10 ans de culture continue (Photo 05).
Photo 04 : Fossés isohypses cloisonnés Photo 05 : Bandes enherbées sur fossés
Cependant, cette technique ne peut être utilisée que sur des terrains dont la pente n’excède
pas 35% et dont la profondeur du sol atteint 1 m au minimum. Elle ne peut pas être
recommandée sur des terrains très pentus et argileux développés sur substrat schisteux ou
volcanique. Sur ce type de terrains, l’expérience a montré que les fossés isohypses
cloisonnés entraînaient d'importants glissements de terrains qui provoquent d'énormes
dégâts sur leur passage et dans les bas fonds. Et en plus de son inefficacité à lutter contre
l’érosion, cette technique demande un investissement considérable : environ 300 hommes‐
jours par hectare pour la mise en place, et 200‐250 hommes‐jours annuels par hectare pour
l’entretien. Cet investissement ne peut pas être rentabilisé sans apports supplémentaires
nécessaires pour la mise en valeur des terrains.
Dans ces situations, il a été alors recommandé d'utiliser des haies d'arbuste et/ou d'herbes
et des terrasses radicales. Ce qui a été jusqu'ici bien accueilli par les agriculteurs aussi
longtemps qu'ils obtiennent un soutien (même sous forme de prêt) pour la mise en place de
ces structures (production de plants d'arbustes et terrassement) et leur mise en valeur
(fourniture d’intrants : fumure minérale, semences, produits phytosanitaires).
Même si l'érosion subsiste sur la parcelle entre deux haies, le risque de glissement de
terrains a été nettement réduit. Et là où ces structures sont bien entretenues, très peu de
sédiments érodés arrivent dans les bas fonds. Avec les terrasses radicales, l’érosion est
réduite au minimum acceptable. Ainsi pour toutes ces structures, c'est l'entretien qui
garantit la réussite (Photo 06 et 07).
Photo 06 : Champs avec haies d’herbes Photo 07 : Terrasses radicales en production
c) Des fossés de captage des eaux
Toute l’eau qui tombe sur les toits des maisons, sur les cours environnantes et sur les
chemins ruisselle vers le bas côté et constitue une source évidente d’une importante
érosion. Ces eaux forment des rigoles qui, peu à peu, se transforment en ravins qui à leur
tour, quand elles arrivent dans des terrains friables, forment des crevasses béantes qui
rendent désormais la circulation très difficile. Pour limiter les dégâts, les paysans creusaient
des fossés non loin de l’habitation pour les eaux ruisselant sur les aires habitées et en
bordure des chemins dans le but de capter et d’infiltrer le maximum d’eau, et piéger les
sédiments transportés par l’érosion (Photo 08).
Photo 08 : Fossé de retenue d’eau ruisselant sur les toits et cours des maisons
Les chemins sont alors modifiés et protégés par une haie d’herbes (Photo 09).
Photo 09 : Chemin protégé
Une fois que les eaux de ruissellement sont détournées, le ravin devient inactif et est ensuite
colonisé par une végétation naturelle qui, cependant, ne bouche pas complètement le ravin
(Photo 10).
Photo 10 : Ravin colonisé par des herbes
Ainsi pour corriger correctement les ravins, on utilisera des haies serrées d’arbustes à
multiplication rapide et implantation par boutures (Euphorbia tirucalli, Dracaena
afromontana, bambous) au travers du passage des eaux. On y associera également des
herbes et des branches pour piéger d’éventuels sédiments transportés par les eaux. Les
haies seront distancées en fonction du degré de la pente du terrain.
d) Des fosses le long des chemins
Les eaux ruisselant sur les chemins qui traversent les exploitations sont dirigées dans des
fossés antiérosifs là où ils existent ou dans des fosses creusées le long du chemin à intervalle
de 10 à 20 mètres selon l’ampleur du phénomène. Elles sont de dimensions modestes (1 à
1.5 m de large et 0.40 à 0.70 m de profondeur) pour des raisons de faisabilité et d’entretien.
Ces fosses sont généralement creusées au début de l’année culturale et servent à capter les
eaux de ruissellement et les sédiments transportés sur les pistes. Elles sont creusées à l’écart
du chemin pour la sécurité des usagers et y sont reliées par une petite rigole. Elles se
remplissent en général au cours de deux saisons de pluies (septembre‐décembre et mars‐
juin).
Certains paysans préfèrent planter des rejets de bananiers ou des arbres fruitiers dans ces
fosses à moitié remplies au milieu de la deuxième saison de pluie pour faire profiter le plant
des riches sédiments accumulés et des eaux des pluies restant à venir dans la saison.
D’autres fosses seront alors creusées ailleurs si cela s’avère toujours nécessaire.
Pour d’autres agriculteurs, les fosses vont rester jusqu’à la prochaine saison culturale. Elles
seront alors curées au moment du labour et les sédiments piégés seront enfuis dans le sol
comme fumure organique.
C’est ainsi que l’on peut observer des paysages densément peuplés où les chemins qui
relient les différentes habitations restent stables et cachés derrière une abondante
végétation parce qu’ils sont minutieusement contrôlés et entretenus (Photo 11).
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Photo 13 : Culture de manioc sur buttes
c) La culture en billons
Comme les buttes, la pratique des billons est utilisée principalement pour les tubercules
notamment le manioc, la patate douce et la pomme de terre mais aussi pour les cultures
potagères surtout dans les bas fonds. Traditionnellement, les billons sont souvent faits
perpendiculaires à la pente sur des pentes faibles à moyennes, et parfois même on leur
donne une légère pente dans les régions où la pluviosité est abondante (Photo 14).
Photo 14 : Culture sur billons : manioc + patate douce
Sur des terrains très pentus (pente supérieure à 35%), spécialement dans le Nord du pays et
sur les coteaux des collines, certains agriculteurs font des billons carrément dans le sens de
la pente pour donner libre cours aux eaux de ruissellement, parce que les billons
perpendiculaires à la pente accumulent les eaux qui, quand il y a rupture de ceux‐ci,
emportent tout sur leur passage et provoquent d’importants dégâts dans les bas fonds.
d) Les terrassettes
Dans la zone de montagnes du nord et de l’ouest du pays, sur des versants très raides, les
paysans utilisent des terrasses étroites (utunyanamo) pour faire des cultures notamment les
légumineuses (haricots, petits pois, pois cajan), le blé et la pomme de terre. Il s’agit de
labourer des petites bandes de terre perpendiculairement à la pente, larges d’environ 1 à 3
mètres, séparées entre elles par un petit talus. Les cultures sont alternées tout au long de
l’année sur différentes parcelles. Le ruissellement et les sédiments provenant des parcelles
cultivées en amont sont piégés par les cultures sur les parcelles en aval. Les cultures se
succèdent sur les différentes parcelles dans une rotation que les paysans maîtrisent et ils
n’oublient pas de faire la jachère (courte jachère sur une saison) quand cela est nécessaire.
Cette technique permettait de mieux gérer le sol et les eaux sur ces fortes pentes, mais le
grand handicap reste que les sols s’épuisent petit à petit et qu’il faut faire appel aux
amendements principalement chimiques (Photo 15).
Photo 15 : Terrassettes sur fortes pentes
3. Les pratiques de restauration de la productivité des sols
a) La jachère
Elle consiste à laisser en repos un champ ou une parcelle pendant un certain temps pour lui
permettre la reconstitution naturelle des éléments nutritifs du sol.
Quand un champ ne donne plus assez de production, il est laissé au repos au profit d’une
autre exploitation qui a bénéficié d’une jachère ou qui sera gagnée sur la forêt là où elle
existe encore. La jachère se fait avec une végétation naturelle qu’on laisse pousser à
l’endroit où on a récolté une culture ou au milieu d’une culture pérenne (arbres fruitiers) ou
semi‐pérenne (manioc).
‐ La jachère longue permet de rétablir à la fois un bon état structural du sol, des teneurs
suffisantes en matières organiques et la disponibilité en éléments nutritifs pour les plantes.
Les champs bénéficiant d’une jachère longue (plus d’une année culturale) servent aussi de
pâturage pour le bétail attaché ou libre mais gardé. Dans ces conditions, les déjections
animales laissées par le bétail en parcours améliorent la fertilité du sol dans une certaine
mesure. L’érosion y est aussi limitée par la végétation à condition qu’il n’y ait pas
surpâturage (Photo 16).
Photo 16 : Jachère longue broutée par des chèvres en liberté.
‐ La jachère courte ne dure en général qu’une saison. Le terrain est colonisé par une
végétation naturelle mélangée à des résidus de culture (restes de maïs, de sorgho...). La
jachère est alors utilisée comme pâturage de courte durée et bénéficie des déjections
animales du bétail qui y broute.
La jachère courte est également faite avec des cultures semi‐pérennes, c’est‐à‐dire celles qui
occupent le terrain plus d’une saison culturale et dont la technique de conservation consiste
à les laisser dans le sol pendant la durée de leur consommation. Il s’agit notamment du
manioc, de l’igname et de colocases. Dans ce cas, les animaux ne seront pas autorisés à
paître sur la parcelle. S’il y a assez de végétation, elle sera coupée et donnée comme
fourrage aux animaux au piquet et à l’étable. Le sol sera enrichi principalement par des
remontées chimiques et l’érosion est arrêtée par la végétation qui s’y développe (Photo 17).
Photo 17 : Jachère courte avec manioc
Avec une croissance démographique galopante et une augmentation sans cesse des
besoins, la durée de la jachère a progressivement diminué et voire même disparu avec
l’émiettement des exploitations dû à l’héritage. Et comme toutes les terres cultivables ont
déjà été défrichées, il faut maintenant protéger le peu de terre disponible et intensifier sa
productivité par tous les moyens.
b) L’enfouissement des résidus et déchets
Pour les agriculteurs qui n’ont pas de bétail, l'enfouissement des résidus (de culture et
labour) et des déchets de ménage (cendres et déchets domestiques et autres déchets
pouvant donner des matières organiques) constitue la principale solution pour intensifier la
productivité de leur sol. C'est une filière courte (1 à 3 mois) qui permet un recyclage rapide
des nutriments contenus dans la biomasse. L’enfouissement a lieu pendant le labour au
début de chaque saison culturale (Photo 18).
Photo 18 : Labour avec enfouissement des résidus
Il existe diverses méthodes traditionnelles où l'on ramasse les résidus de labour après qu’ils
aient été séchés au soleil, on les dispose en petits tas que l’on recouvre de terre en forme de
butte, et que l’on plante ensuite de manioc ou de patate douce (voir plus haut photo 13).
Quelquefois, on y associe des cultures à faible enracinement comme le haricot et le pois
cajan. A la récolte ces buttes sont détruites et la terre riche en matière organique est
répandue alentour. Des enfouissements répétés dans l'année fournissent des matières
organiques fraîches qui permettent de maintenir un certain niveau de carbone organique
dans le sol, mais leur action sur la fertilité du sol et sur sa résistance à l'érosion, est limitée
(E. Roose, 1993).
c) L’utilisation d’excréments humains
Pour certains agriculteurs, les déjections humaines sont éparpillées sur la parcelle et sont
couvertes d’herbes pour ne pas attirer des mouches et pour garder la chaleur nécessaire à
une fermentation rapide ; elles seront enfuies au labour de la saison suivante.
Aussi, dans une bananeraie qui n’est pas régulièrement cultivée, les agriculteurs creusent de
petits trous (environ 50 cm de diamètre et 50 cm de profondeur) au milieu d’une rangée de
bananiers et les remplissent avec des excréments humains. Et une fois pleins, les trous sont
bouchés avec de la terre et ils creusent d’autres un peu distancés. Au début de la saison de
pluie, ils plantent de nouveaux rejets de bananiers dans les vieux trous après avoir mélangé
les excréments avec de la terre. Ainsi de suite, ils arrivent à rajeunir régulièrement leurs
petites plantations de bananeraie.
Pour d’autres agriculteurs, ils creusent un trou un peu plus grand (50 cm de diamètre et 100
cm de profondeur) à l’extérieur de l’habitation autour duquel ils construisent une hutte non
couverte ; parfois même ils le délimitent avec quelques pieux joints entre eux par des
roseaux secs pour signaler sa présence. Le trou est utilisé comme latrine pendant environ 6 à
12 mois en mettant des déjections humaines et quelquefois des résidus de labour. Et une
fois rempli, il est rebouché avec de la terre et couvert de paille. Il faut alors attendre au
moins 12 mois pour ouvrir le trou et avoir de la fumure prête à l’utilisation. Cette fumure est
appliquée aux cultures de façon localisée.
d) L’utilisation des cendres
Les agriculteurs ont longtemps pratiqué l’incinération des résidus de labour parce que la
cendre obtenue était sensée être riche en éléments minéraux profitables aux cultures. Après
qu’ils aient fait sécher les mauvaises herbes et les résidus de culture au soleil, ils les
disposaient en petits tas circulaires éparpillés sur la partie la plus pauvre de la parcelle et y
mettaient le feu juste avant les premières pluies de la saison. La cendre obtenue était alors
mélangée avec le sol au moment du semis.
Quelquefois, quand on a une masse importante de biomasse après le défrichement d’une
parcelle, on préfère la brûler sur place et enfuir la cendre pendant le labour.
Cette pratique permet de remonter le pH et de réduire la toxicité aluminique, mais la
productivité du sol reste toujours faible sans autres amendements organiques ou chimiques.
Quant à la cendre provenant de la cuisine, elle est souvent mélangée avec les déchets
ménagers pour faire le compost, mais elle est parfois utilisée directement pour amender les
jardins domestiques.
e) Le compostage de biomasse
La pratique de compostage a été longtemps utilisée par les paysans les plus pauvres qui ne
possèdent pas de bétail. Pour eux, les compostières au champ est le principal moyen de
disposer de fumure organique pour remonter la fertilité du sol. La biomasse provenant du
défrichage et les résidus de labour, quand ils ne sont pas directement brûlés, sont entassés
dans un creux au milieu du champ ou à coté de celui‐ci pour faire le compostage. Plus tard,
on y ajoutera les résidus de sarclage. La transformation de la biomasse qui dépend de la
nature de celle‐ci peut prendre de 6 à 12 mois, et malheureusement, le rendement est très
faible quelle que soit la qualité de la biomasse. Ainsi, les champs qui sont amendés de la
sorte se dégradent progressivement et deviennent incapables de donner une production
suffisante pour subvenir aux besoins élémentaires des paysans. Aujourd’hui, les paysans
apprennent à faire un compost amélioré qui est fait d’un mélange de résidus de toute sorte
auquel on incorpore la cendre de cuisine, la bouse de vache ou le fumier organique et l’urine
animale (Photo 19). Le compostage durera trois semaines et donnera un fertilisant gratuit et
biologique alors que les engrais chimiques sont chers et polluants (Fanny, 2010).
Photo 19 : Fabrication du compost avec les résidus de toute sorte/Rda
Pour les agriculteurs disposant de bétail, le compostage était plus ou moins amélioré, mais
demandait encore plus de travail. En effet, il faut creuser deux fosses assez larges (environ
(4x2x1) m) près de l’habitation, couper et transporter la biomasse pour la litière et le
fourrage des animaux, ramasser ensuite la litière mélangées avec les déjections animales et
les ordures ménagères et les mettre dans la première fosse. Une fois la fosse remplie, les
déchets et les déjections animales seront transférés dans la deuxième fosse en prenant soin
de les mélanger uniformément et seront bien couverts pour garder la chaleur nécessaire à la
fermentation. La compostière doit être couverte, mais quelquefois elle est creusée à l’ombre
d’un arbre autochtone (Ficus, Markhamia, Erythrina…) pour entretenir une ambiance fraîche
et humide qui favorisait la fermentation et la décomposition rapide du compost (Photo 20).
Photo 20 : Une compostière près de l’habitation
Chez les agriculteurs disposant d’un nombre important de cheptel ou ceux qui ne pouvaient
pas faire des compostières souvent par manque de main‐d’œuvre, la litière et les déjections
animales étaient ramassées et directement déposées au champ et couvertes de paille pour
entretenir une certaine chaleur qui va accélérer la décomposition. Elles étaient ensuite
réparties uniformément sur le champ et enfuies pendant le labour sans attendre qu’elles
soient complètement décomposées. Ainsi, le paysan savait bien que cette fumure ne
profitera pas pleinement à la culture de la première saison, mais que les cultures de la saison
suivante pourront en bénéficier (Photo 21).
Photo 21 : Litière et déjections animales entassés au champ
Notons que cette pratique était souvent utilisée quand l’agriculteur voulait associer des
cultures parmi lesquelles il y en a celles qui ont un cycle végétatif dépassant une saison
culturale : par exemple une association incluant le manioc ou certaines variétés de patate
douce à très long cycle végétatif et les légumineuses (haricot, soja) et/ou les céréales (maïs,
sorgho) .
f) Le paillage
Au Rwanda, le paillage a toujours constitué la technique la plus répandue et la plus efficace
dans la culture du bananier et du caféier depuis son introduction dans les années 1930. Ceci
est d’autant plus facile que le bananier produit lui‐même la biomasse nécessaire à son
paillage : les feuilles mortes, troncs de bananiers récoltés ou résidus d’entretien fournissent
une masse importante de biomasse utilisée pour le paillage de la bananeraie et du caféier;
et quelquefois, une partie sert de fourrage pour animaux surtout pendant les mois très secs
(Juillet‐Août) (Photo 22).
Photo 22 : Bananeraie bien paillée.
Là où le paillage est bien fait, la restitution des éléments au sol est évidente de manière que
les paysans font certaines cultures dans la bananeraie sans devoir procéder au labour. Par
exemple dans de l’Est du pays (Kibungo), certains agriculteurs sèment le haricot à la volée
ou dans de petits trous dans une bananeraie bien entretenue ; ils ne sarclent pas parce qu’il
n’y a pas de mauvaises herbes qui poussent, et ils reviennent seulement pour récolter, et la
production est importante.
Quand le paillage est épais, non seulement il restaure la fertilité du sol, mais aussi permet de
lutter contre l’érosion du sol. C'est une filière courte pour restituer la totalité de la biomasse
et les nutriments qui la constituent (K, Ca, Mg, C, d'abord par lessivage, N et P à mesure de la
minéralisation et de l'humification à travers la méso et la microfaune). La disparition de la
litière est 30 % plus lente que lorsque la matière organique est enfouie par le labour (E.
Roose, 1992).
Le paillage était aussi fait avec des résidus de culture notamment de haricot, de soja, de
petit pois que l’on utilisait pour couvrir les billons après la plantation du manioc ou des
ignames dans une association de légumineuses sur des parcelles se trouvant à proximité de
l’habitat. Ce type de paillage était très bénéfique parce que non seulement il maintient plus
longtemps une bonne infiltration des eaux en même temps qu'une bonne activité de la
mésofaune, mais aussi il apporte des éléments nutritifs ainsi que des matières organiques
fraîches au sol qui améliorent sa structure et réduit l’érosion.
g) L’agroforesterie
Depuis longtemps, l’agroforesterie est l’une des caractéristiques du paysage rwandais.
L’arbre a toujours fait partie du paysage rural avec toute l’importance qui lui revient. Il
fournit du bois de construction et de chauffage, de la biomasse pour le fourrage, le compost,
le paillage et le tuteurage du bananier et les cultures grimpantes, des écorces à usages
multiples (cordage, vêtements traditionnels...)
Traditionnellement, on laissait des arbres et arbustes autochtones se développer sur les
exploitations pour leurs qualités médicinales et leur capacité à produire du bois et assez de
biomasse à chaque élagage qui a lieu annuellement dans le but d’améliorer la productivité
des sols (Photo 23).
Photo 23 : Agroforesterie traditionnelle avec des arbres à usages multiples
Le Ficus thininguii (Umuvumu) est l’arbre autochtone le plus rencontré dans le paysage
rwandais. On le trouve sur les enclos et au milieu des champs où il matérialise un ancien
emplacement d’une habitation ou une limite de l’exploitation. Ses branches sont
régulièrement coupées pour qu’elles ne fassent par ombrage aux cultures. La biomasse sert
d’engrais vert ou à la fabrication du compost et le bois obtenu est utilisé comme tuteurs
pour les cultures grimpantes (haricot volubile, petit pois, igname, maracuja). Une fois l’arbre
coupé, le tronc servait à la fabrication des barques, des ruches, des mortiers‐pilon, des cuves
de fermentation du vin de bananes… et l’écorce était utilisée pour faire des vêtements
(impuzu) et des cordes pour la construction des maisons des chefs.
Beaucoup d’autres arbres comme Vernonia amygdalina (Umubilizi), Markhamia lutea
(Umusave), Erythrina abyssinica (Umuko), Acacia hockii (Umunyinya)… sont maintenus dans
le paysage pour leurs qualités médicinales en plus de leur bienfait sur les sols.
Des arbustes autochtones sont utilisés dans des haies bordant les grands chemins et
séparant les différentes propriétés (Photo 24).
Photo 24 : Haies d’arbustes autochtones sur un chemin
Les espèces souvent rencontrées sont Dracaena afromontana (Umuhati), Tetradnia riparia
(Umuravumba) et Euphorbia tirucalli (Umuyenzi). Ces haies sont régulièrement taillées, la
biomasse produite est retournée au sol comme engrais vert et le bois est utilisé comme
tuteurs pour les cultures grimpantes (haricot volubile, igname, petit pois).
Notons que là où les haies sont orientées perpendiculairement à la pente, elles permettent
aussi de fixer le sol et de lutter contre l’érosion.
Aujourd’hui, un grand nombre d’arbres et arbustes exotiques sont utilisés dans
l’agroforesterie. Parmi les arbres, le plus rencontré est le Grevilea robusta qui est estimé
pour sa croissance rapide et ses usages multiples : il produit une grande quantité de
biomasse pour le compost, du bois de chauffe et des tuteurs lors de ses nombreux élagages,
et du bois d’œuvre une fois récolté.
Parmi les arbustes, les plus utilisés sont : Leucaena et Calliandra. Ils ont une croissance
rapide et se prêtent aussi à de multiples usages. Utilisés dans les haies antiérosives, ils
fournissent une importante biomasse riche en azote (100 à 125 kg/ha/an sur des haies
distantes de 10m) qu’on peut soit enfouir directement dans le sol comme engrais vert, soit
appliquer comme paillage ou mettre dans la compostière (Ndayizigiye, 1993). Dispersés sur
la parcelle, ces arbustes fournissent aussi une grande quantité de biomasse, mais surtout du
bois de chauffe et les tuteurs.
Conclusion
L’agriculture au Rwanda reste aujourd’hui la principale source de moyens de subsistance
pour une très grande partie de la population. Plus de 80% des gens vivent en milieu rural. Et
pour survivre, ils n’ont que très peu de terre (moins d’1ha par famille) et les techniques
modernes (mécanisation, irrigation…) sont quasi inexistantes. A cela, il faut ajouter la
diversité du milieu caractérisée par des fortes pentes et des pluies quelquefois agressives.
Depuis longtemps, les paysans ont cherché à maîtriser leur environnement pour en tirer plus
d’avantages, mais les techniques utilisées n’ont pas suffi pour maintenir un niveau
acceptable de productivité des sols face à la croissance de la population et le manque de
terres cultivables.
L’intervention des pouvoirs publics a souvent échoué parce qu’ils n’ont pas d’abord cherché
à comprendre le fonctionnement du monde rural. Confiant dans les solutions proposées
(fossés antiérosifs, terrasses radicales, haies arbustives), ils ont sous‐estimé les techniques
traditionnelles et surévalué la capacité paysanne pour l’adoption des innovations. Ce qui a,
dans la suite, amené certains agriculteurs à se montrer réticents voire hostiles envers ces
réformes agraires (destruction des ouvrages antiérosifs : fossés et haies vives).
Face à ce constat, des études approfondies ont été menées par l’Institut des Sciences
Agronomiques du Rwanda (ISAR) et des ONG impliquées dans le domaine de l’agriculture
pour mieux comprendre le fonctionnement de ces différentes techniques traditionnelles et
modernes. Les résultats obtenus convergent vers une même recommandation à savoir
qu’aucune technique ou méthode culturale n’est en mesure d’appréhender le problème de
gestion conservatoire de l’eau et de restauration de la fertilité des sols sur l’ensemble du
pays, une combinaison de techniques et méthodes traditionnelles et modernes doit être
associées pour chaque situation.
Références :
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control trials, Rwanda, 1987‐1988, in IAHS‐AISH, Publ. n° 192, 1990. Tropical Research &
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paysans dans la crise, Études rurales, Métallurgie à la campagne, n° 126/127.
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conservation des sols au Rwanda in Bulletin Réseau Erosion, IRD Montpellier, n° 12 : 130‐
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Rwanda, in Etudes rurales, n° 115/116, juillet‐décembre 1989.
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de montagne (Rwanda). Bull. Réseau Erosion, IRD Montpellier, 12 :120‐129.
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une régionalisation des techniques de conservation et d’amélioration de fertilité des sols.
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‐ Nyamulinda, V., 1989. Les méthodes autochtones de conservation des sols dans les régions
du Ruhengeri. Leur nature et leur mode d'insertion dans la trame actuelle de lutte contre
l'érosion. Bulletin Agricole du Rwanda n° 1 : 3‐15.
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‐ Roose, E., Ndayizigiye, F., Sekayange, L., Nsengimana, F., 1992. La gestion conservatoire
de l’eau et la fertilité des sols (GCES) : une nouvelle stratégie pour l’intensification de la
production et la restauration de l’environnement en montagne. Bulletin Réseau Erosion, 12.
‐ Roose E., Ndayizigiye F., Sekayange L., 1993. L’agroforesterie et la GCES au Rwanda.
Cah. ORSTOM Pédol., 28, 2 : 327‐350.
‐Roose, E., 1993. Capacité des jachères à restaurer la fertilité des sols pauvres en zone
soudano‐sahélienne d’Afrique occidentale, sur
http://www.documentation.ird.fr/hor/fdi:38729
‐ Roose, E. et Ndayizigiye, F, 1997. Agroforestery, water and soil fertility management to
fight erosion in tropical mountains of Rwanda, in Soil Technology, vol.11:109‐119.
‐ Wassmer, P., 1981. Recherches géomorphologiques au Rwanda: Etude de l'érosion des sols
et de ses conséquences dans la Préfecture de Kibuye. Ph.D. thesis: Université Louis Pasteur,
Strasbourg.
Provenance des photographies :
‐Photo 01 : http://www.radio.canada.ca/radio/radiomonde/index.asp?
‐ Photo 02 : http/icra‐edu.org/page.cfm ?pageid=publicfrencrwanda
‐ Photo 03 : in F. Ndayizigiye, 1993 : Thèse de doctorat, ULP, Strasbourg, France
‐ Photo 04 : Diallo M.S., 2010 online http://blog.fdh.org/mamadou/
‐ Photos 05: http://blog.fdh.org/mondialisonsnossolidalités/?post/Au‐Rwanda%2C‐pes‐
paysans‐modèlent‐les‐collines‐pour‐y‐développer‐l‐agriculture‐paysanne‐!
‐Photo 06 : http://lizandrichardsa.typepad.com/africa/e‐rwanda‐‐‐trekking‐to‐see‐the‐
gorillas/
‐Photo: 07 :
http://www.ifad.org/operations/projects/regions/pf/rwanda/pgerb/gallery/pages/pgerb_c3
e.htm
‐Photos 08, 09, 10 : http://blog.fdh.org/mondialisonsnossolidalités/?post/Au‐Rwanda%2C‐
pes‐paysans‐modèlent‐les‐collines‐pour‐y‐développer‐l‐agriculture‐paysanne‐!
‐Photo 11 : http://www.beneluxnaturephoto.net/forumf/index.php?topic=75739.0
‐Photo 12 :
http://www.orinfor.gov.rw/printmedia/news.php?type=fr.&volumeid=135&cat=28&storyid=
3814
‐Photo 13 : wn.com/uganda_cassava
‐Photos 14 : labs.harvestchoice.org/.../
‐Photo 15: http://www.linternaute.com/voyage/afrique/photo/un‐epoustouflant‐survol‐de‐
l‐afrique/un‐gout‐d‐asie‐shtml
‐Photo 16 :
http://www.orinfor.gov.rw/printmedia/news.php?type=fr.&volumeid=135&cat=28&storyid=
3814
‐Photo 17 : BetucoCA>albums>Rwanda manioc cassava
‐Photo 18 : Jihane, 2009 : http://blog.fdh.org/jihane/
‐Photo 19 : http://blog.fdh.org/mondialisonsnossolidalités/?post/Au‐Rwanda%2C‐pes‐
paysans‐modèlent‐les‐collines‐pour‐y‐développer‐l‐agriculture‐paysanne‐!
‐Photo 20 : http://rwandaonthewing.blogspot.com/2011/01/organic‐agriculture‐and‐
composting‐in‐html
Photo 21 : www.internationalreportingproject.org/.../ 1469/
‐Photo 22: http://www.orinfor.gov.rw/images/news/insinahat
L a m a jo rité d e s a m é n a g e m e n ts e t d e s te c h n iq u e s a n tié ro s iv e s o n t é té c o n ç u e s p o u r
d is s ip e r l’é n e rg ie d e s p lu ie s d e p e tite e t m o y e n n e im p o rta n c e : s o it e n a m é lio ra n t l’in filtra tio n ,
s o it e n s to c k a n t le s e a u x d a n s la ru g o s ité d e la s u rfa c e d u s o l o u d a n s d iv e rs e s c a v ité s s u r le
v e rs a n t e t/o u d a n s le s v a llé e s . M a is le s p ro b lè m e s m a je u rs d ’é ro s io n a d v ie n n e n t lo rs d e s
a v e rs e s m a je u re s , o u lo rs d e s p lu ie s ra re s o u c y c lo n iq u e s . C e s a m é n a g e m e n ts (fo s s é s ,
b a n q u e tte s , c a n a u x d e c o n to u r) g é n é ra le m e n t d é b o rd e n t e t e n tra in e n t d e s d é g â ts c o n s id é ra b le s
s u r le s v e rs a n ts e t e n a v a l.
Résumé
Le but de l’exposé est de présenter les caractéristiques des fortes pluies des Antilles à l’origine de
dégâts tels que inondations, glissements de terrain, forte érosion des sols.
• Une première partie présente rapidement les caractéristiques générales de la circulation
atmosphérique des Antilles, les saisons, les perturbations intéressant la zone telles que les
cyclones mais également les ondes tropicales, les perturbations pluvieuses d’inter-saison, ces
deux derniers types de perturbations pouvant générer (on l’oublie parfois) des quantités de
pluies plus importantes que les cyclones.
• Une deuxième partie donne quelques éléments statistiques concernant les pluies : normales,
cumuls extrêmes, durées de retour de cumuls extrêmes, de même que quelques éléments
statistiques sur les cyclones (période de survenance, pic de saison, durée de retour en fonction
de l’intensité du cyclone, etc…) .
• Une troisième partie fera le point sur ce qu’on peut dire pour la zone Caraïbes quant aux effets
du réchauffement climatique sur les caractéristiques des cyclones et des pluies extrêmes.
Mots clé : Antilles, cyclones, ondes tropicales, intensité, fréquence, changement climatique
Abstract
The objective of this paper is to present characteristics of cyclonic rainfalls at the origin of erosion,
floods and mass movements in the French West Indies.
In the first part the general conditions of atmospheric circulation are presented: seasons, cyclones but
also tropical storms and inter seasonal rainstorms which can produce more quantity of rains as
cyclones.
Then, some statistical characteristics of rains will be presented : normal and maximal values,
frequencies, period of cyclones occurrence and intensities.
Finally, we will conclude about the influence of climate change in the Caraibe area on the characteristics
of cyclones, hurricanes & other strong rainstorms
Keywords : West Indies, cyclones, tropical rainstorms, intensity, frequency, climate change
1. Caractéristiques générales des pluies aux Antilles
1.1. Généralités
Il est connu que les pluies tropicales sont généralement plus importantes en quantité
et en général plus intenses que celles des latitudes tempérées.
Il pleut par exemple environ 650 mm en moyenne à Paris, 723 mm à Nîmes (dont
120mm en octobre) contre environ 2000 mm sur un site comparable de basse
altitude comme celui de l’aéroport du Lamentin en Martinique.
Une caractéristique importante des pluies aux Antilles est la forte variabilité spatio-
temporelle du fait :
- du relief souvent accentué pour les îles montagneuses (Sainte-Lucie, Dominique,
Martinique, Guadeloupe pour les Petites Antilles, Grandes Antilles)
- de la nature le plus souvent convective des pluies, provenant donc de nuages dit
convectifs. Ces nuages à fort développement vertical mais de faible dimension
horizontale donnent des pluies sous forme d’averses qui ne concernent le plus
souvent que des régions limitées contrairement aux pluies de type stratiforme plus
classiques dans les pays de climat tempéré (pluies plus régulières dans le temps et
l’espace). Les plus actifs de ces nuages convectifs présentent un très fort
développement vertical (jusqu’à plus de 15 km d’altitude) et génèrent alors des
orages. Les plus violents de ces orages sont susceptibles de provoquer des tornades
ou des trombes marines.
La saison des cyclones ou saison des pluies va de juillet à novembre. Les mois de
février et mars constituent le cœur de la saison sèche ; les épisodes pluvieux
importants y sont extrêmement rares. Entre les deux, existent des périodes de
transition.
( saison sèche )
Figure 5
La figure 5 schématise les phénomènes météo (orages, cyclones etc.. )
susceptibles de se produire en fonction de la période de l’année.
Figure 6 : nombre
d’épisodes fortement
pluvieux en
Guadeloupe sur la
période 1971-2000.
Figure 7 : cumuls
moyens mensuels
de pluie
(normales) en mm
sur deux sites en
Guadeloupe :
Raizet (plaine) et
St Barth (site
côtier sec)
Il serait plus intéressant d’effectuer des statistiques non pas mensuelles, mais par
décade car des changements de temps importants se produisent en cours de mois.
Figure 8 : quatre « ondes tropicales » (perturbation Figure 9 : le cyclone Dean le 19 août 2007 avec
classique de saison des pluies) matérialisées par les des vents de plus de 200 km/h.
traits rouges
La figure 9 montre le cyclone Dean le 19 août 2007, 48h après son passage sur les
Antilles Françaises au stade d’ouragan avec des vents moyens de plus de 200km/h.
Enfin, il ne faut pas oublier les perturbations d’intersaisons qui sont susceptibles de
donner des fortes intensités et des cumuls importants. Ces mois d’intersaisons
potentiellement dangereux le sont d’autant plus que les cumuls de pluies sont moins
importants en moyenne mais avec une forte variabilité d’une année à l’autre, cette
forte variabilité temporelle pouvant conduire à un relâchement de la vigilance.
Exemple, du 30 avril au 6 mai 2009, une perturbation a donné en Martinique des
cumuls de pluie exceptionnels de près de 600mm en 6 jours (durées de retour
supérieures à 50 ans), essentiellement en deux fois 24h , près 300mm dans la nuit
du 30 avril au 1er mai et près de 300mm à nouveau le 5. On a enregistré des
intensités exceptionnelles de près de 250 mm en 3h comparables à celle pouvant
être générée dans les cyclones. Tout ceci est à rapprocher d’une normale mensuelle
de l’ordre de 200mm.
Ceci donne une idée des intensités de pluie pouvant être générées par les
perturbations hors cyclone. On peut également citer mai 2004 en Haïti où des pluies
diluviennes ont provoqué des milliers de morts. Durant ce même mois de mai, la
Martinique a subi des pluies très importantes durant près de 10 jours.
Le mois de novembre est également propice aux fortes intensités hors cyclones : le
27 novembre 1999 on relève en Martinique jusqu’à 87 mm en 1h, 162 mm en 3h,
291 mm en 12 h et 293mm en 24 h.
2. Eléments statistiques concernant les pluies et fortes pluies aux
Antilles
2.1. Cumuls de pluies mensuels moyens aux Antilles Françaises
Tableau 1 : normales des pluies mensuelles sur 4 sites de la Martinique et 1 site très
pluvieux de montagne de la Guadeloupe
L’intensité est un paramètre important pilotant les conséquences des fortes pluies :
érosion, inondation, glissement de terrain. Il est clair que 100mm tombés en 10 jours
n’ont pas les mêmes conséquences que 100mm tombés en 1h.
Les pluies précédemment tombées sont également à prendre en considération :
100mm tombés sur sol sec n’ont pas les mêmes conséquences que 100mm tombés
24h après 300mm. La durée de retour est le paramètre le plus utilisé pour
caractériser la fréquence des pluies intenses cumulées sur des pas de temps en
général de 1h à plusieurs jours. Il s’agit de la période de temps moyenne qui sépare
la survenance de la valeur. La nature des sols est également à prendre en compte
entre ruissellement et infiltration. Exemple, la tempête tropicale Jeanne en
septembre 2004 n’a pas eu les mêmes effets en Guadeloupe et en Haïti pour des
cumuls et intensités de pluies similaires.
Le tableau 2 donne les durées de retour pour un cumul sur 24 h de 5, 10, 20, 30, 50
et 100 ans pour les mêmes sites du tableau 1. Par exemple, pour le site de Morne
Rouge, la durée de retour pour un cumul de 244mm en 24h est de 20 ans.
Mais il est souvent nécessaire de descendre à des pas de temps de cumul inférieurs
à 24h pour qualifier les fortes pluies du fait en particulier de la taille (souvent petite)
et de la réactivité des bassins versants des îles des Antilles.
Les figures ci-dessous 10 à 13 indiquent les durées de retour pour des pas de
temps de cumuls allant de 6 minutes à 4 jours pour les sites déjà cités : 3 sites de la
Martinique - un site de montagne mais un peu sous le vent( Morne des Cadets) , un
site côtier relativement sec (Caravelle), un site intermédiaire de plaine (aéroport du
Lamentin), un site de montagne très pluvieux de haute altitude en Guadeloupe (La
Soufrière Dent de l’Est ).
Figure 10
Page 9 sur
Figure 11
Figure 12
Page 10 sur
Figure 13
5.2.2 En prévision :
Il est attendu des pluies, toutes origines confondues, un peu moins fréquentes en
moyenne sur les Antilles, mais avec des intensités plus fortes du fait de
l’augmentation des températures.
5.3. Activité cyclonique
5.3.1 Observations :
Aucune tendance claire ne se dégage quant au nombre de cyclones tropicaux qui se
forment chaque année sur l’ensemble du globe et il est difficile de retracer avec
certitude une évolution à long terme, surtout avant 1970.
Concernant la région des Antilles, il est actuellement difficile de détecter, dans la
climatologie des cyclones sur l’Atlantique nord tropical, un signal d’augmentation de
l’activité depuis plusieurs décennies. En effet, les bases de données ne sont pas
assez fiabes et souffrent du manque d’homogénéité du aux évolutions
technologiques. On détecte plus de cyclones actuellement avec des moyens
plus sophistiqués dont les produits satellite nouvelle génération issus de
capteurs plus performants embarqués à bord des satellites. Il faut donc faire
attention à des conclusions hâtives. Même s’il est notable que depuis 1995, cette
activité est en progression, cela serait plus vraisemblablement dû à la variabilité d’un
cycle naturel de l’ordre de 20/25 ans(cf figure 14). La figure 15 montre un nombre
de cyclone sur l’ensemble du globe à peu près constant.
Figure 14 : nombre annuel de cyclones sur l’atlantique tropical et moyenne glissante sur 5 et 10
ans.
Figure 15 : nombre annuel de cyclone sur l’ensemble des bassins cyclonique de la planète entre
1989 et 2006.
5.3.2 Prévisions :
La hausse des températures pourrait vraisemblablement favoriser des cyclones
tropicaux un peu plus intenses en force de vent et en précipitations, mais pas
forcément en nombre.
On retiendra surtout que les conséquences en termes d’activité cyclonique devraient
être complexes avec peut-être peu de changements globaux mais des évolutions
régionales diverses (déplacement des trajectoires ou des zones de cyclogénèse) en
fonction d’autres facteurs tels que les changements de vents d’altitude (importance
du cisaillement) ou des courants marins (variation dans le Gulf Stream)
Figure 16 : schématisation et définition des termes concernant les
cyclones tropicaux (dépression et tempête tropicale, ouragan)
Bandes pluvieuses
Centre de basses pression :
œil du cyclone
Altitude :
L’Observatoire Caraïbe-HYCOS : exemple de coopération
transfrontalière sur les ressources en eau
Résumé
Introduction
La récente catastrophe (certes imprévisible) qui vient de s'abattre sur Haïti remet
en lumière à la fois le besoin de se doter de réseaux de surveillance de
l'environnement et de développer des coopérations régionales transfrontalières dans
ce secteur et en particulier dans celui touchant le cycle de l’eau. Cet exposé
concernant la création d’un réseau hydrologique caribéen, est un peu en amont des
préoccupations du colloque, mais comme nous le savons, la connaissance des
ressources en eau et de leur comportement est une composante clé pour la bonne
adaptation et application des techniques antiérosives. Le mode opératoire et les
difficultés de mise en route de cet observatoire pourraient avantageusement servir
au montage d’autres observatoires dans les domaines connexes de la pédologie,
comme pour favoriser l’émergence d’autres communautés scientifiques régionales.
La phase préliminaire du programme Caraïbe-HYCOS a débuté en mars 2008
après plusieurs années de préparation. Ce projet contribue à l’évaluation, au suivi et
à la gestion des ressources en eau (en quantité et qualité) de l’arc insulaire des
Caraïbes. A ce titre, il s’insère dans la constellation des programmes régionaux
HYCOS (fig. 1) menés à l’échelle mondiale dans le cadre du WHYCOS (World
Hydrological Cycle Observation System), sous l’égide de l’OMM (Organisation
Météorologique Mondiale).
Ce programme d’envergure régionale, soutenu par les Collectivités Territoriales de la
Martinique (Conseil Régional; Conseil Général) et par le FEDER (Fonds Européen
de Développement Régional gérés par la Préfecture), est piloté par l‘IRD en
Martinique. Le Centre Régional du Projet qui y est hébergé recueille les informations
provenant des îles partenaires, obtenues à partir d’un réseau de stations
hydrologiques de référence. Ces données sont homogénéisées puis centralisées
dans une banque régionale, facilement consultable par les utilisateurs. Leur
circulation sera promue ainsi que le transfert de technologies, la formation et par voie
de conséquence l’émergence d’une communauté d’hydrologues à l’échelle des
Caraïbes.
Cette nouvelle approche régionale des ressources en eau permet d’une part,
d’établir leurs « états des lieux » et d’autre part, de mieux étudier pour mieux les
prévoir, leurs évolutions spatio-temporelles. N’oublions pas que les cours d’eau sont
les témoins des perturbations naturelles (éruptions volcaniques, glissements de
terrain…), et anthropiques (pollutions diffuses et accidentelles…) ou d’origine mixte
(climat…). Leurs rejets dissous et solides affectent le « bassin » circonscrit de la mer
des Caraïbes d’environ 2 millions de km2, dont les fragiles écosystèmes littoraux
jouent un rôle crucial dans les économies locales (pêche, tourisme…). Il est à
espérer qu’une meilleure connaissance et compréhension des causes et des
conséquences de ces évolutions permettra d’en assurer une meilleure maîtrise au
bénéfice des populations locales.
Caraïbe-HYCOS œuvre ainsi dans le domaine de l’environnement et du
développement durable. Les questions autour de l’eau concernent en particulier les
dimensions environnementales « Pollution et qualité des milieux », « Ressources
naturelles », « Risques naturels et anthropiques » et constituent une composante
incontournable de tout dispositif de préservation des sols et des écosystèmes
terrestres.
A plus long terme, un des apports le plus porteur de Caraïbe-HYCOS est la
disparition des barrières nationales, facilitant ainsi l’approche intégrée de la gestion
des ressources en eau. Le partage de l’information, la création de centres
d’excellence régionaux et la mise en place de programmes de formation et
d’éducation amélioreront très significativement la manière dont la région Caraïbe
considérera les questions de ressources en eau au cours de ce nouveau millénaire.
2.1 Historique
La mise en place du projet Caraïbe-HYCOS a été proposée par le Groupe de
Travail sur l’Hydrologie de l’Association Régionale OMM IV en octobre 1995, elle a
été reprise par la Conférence sur l’Evaluation des Ressources en Eau et les
Stratégies de Gestion en Amérique Latine et aux Caraïbes (San José, Costa Rica,
Mai 1996) et par la douzième session de la AR IV de l’OMM (Mai 1997). Le projet
Caraïbe-HYCOS couvre la plupart des pays du Bassin de la Mer des Caraïbes, mais
il est divisé en deux composantes afin de prendre en compte les différences
physiographiques entre les pays d’Amérique Centrale et les îles des Caraïbes, ces
composantes sont : (i) la Composante Iles Caraïbes (CIC/Caraïbe-HYCOS)
[comprenant les Grandes et les Petites Antilles] ; et (i) la Composante Continentale
(COC/Caraïbe-HYCOS) [Mexique, Pays Centro-américains, Colombie, Venezuela et
Guyana]. Les deux composantes de Caraïbe-HYCOS feront partie intégrante du
projet global WHYCOS.
• Réduire les pertes en vies humaines et les dégâts matériels causés par les
catastrophes naturelles, à l’aide de l’exploitation de systèmes de prévision et
d’alertes de crues, et ainsi améliorer les compétences à prévenir les
conséquences des catastrophes naturelles.
• Soutenir le développement durable et la gestion intégrée de l’eau, sur la base
d’une connaissance fiable des ressources en terme de quantité, de qualité et
d’utilisation, et aboutir ainsi à un renforcement des compétences en gestion de
l’eau.
• Augmenter les échanges d’informations et d’expériences, plus
particulièrement lors des catastrophes naturelles, en suscitant des
coopérations régionales sur les ressources en eau et,
• Développer des compétences techniques (via la formation et le transfert de
technologies) adaptées aux conditions et aux réalités de chaque pays, en
promouvant la formation dans les instituts nationaux.
COMITE TECHNIQUE
DE PILOTAGE
BAILLEURS
DE FONDS
AGENCE
DE SUPERVISION
AGENCE
D’EXECUTION
---------------------------------------------------------------------------------------------------------
DIRECTION DU PROJET
UNITE DE DIRECTION
DU PROJET
COORDINATION CENTRE
DU PROJET REGIONAL
(CR)
INGENIEUR
HYDROLOGUE
INGENIEUR
BASE DE DONNEES
ADMINISTRATION
DU PROJET
SERVICES
HYDROLOGIQUES
NATIONAUX
Pays Pays Pays Pays Pays
A B C D X
3.1 Avancement
La phase 1, dite préliminaire, s’est réalisée avec succès et a été clôturée par le 1er
Comité de Pilotage (21-23 octobre 2008 à Fort de France), en présence de
l’ensemble des partenaires caribéens et de l’OMM.
Une cinquantaine de stations hydrométriques ont été sélectionnées pour bénéficier
des transferts de technologies de dernières générations, comme les transmissions
des données par GSM ou l’usage de l’effet Doppler pour les mesures de débits. Ces
actions tiennent compte de la situation particulière de chacune des îles-états, et
permettront à terme, de fournir des données fiables sur l'eau aux planificateurs des
ressources, aux décideurs, aux scientifiques et au grand public, tout comme
d’évaluer les flux tant liquides que solides et dissous rejetés à la mer des Caraïbes,
exutoire naturel de nombreux cours d’eau de ces îles.
Les diagnostics de chaque réseau hydrométrique des îles partenaires permettent
d’entamer la phase 2 dite de réalisation. Celle-ci consiste en l’équipement et la
modernisation des Services Hydrologiques Partenaires, tout comme en l’organisation
de sessions de formation et d’une banque de données partagées (résolution 25 de
l’OMM), afin de promouvoir la coopération régionale dans le domaine des ressources
en eau douce de l’arc insulaire caribéen.
Face au succès de cette entreprise, déjà trois nouveaux participants (Antigua &
Barbuda, La Dominique et Sainte Lucie) souhaitent intégrer le groupe initial, ce qui
totalise 11 îles caribéennes bénéficiaires des Grandes et Petites Antilles. Cela illustre
parfaitement l’intérêt, l’envergure et l’extension régionale de ce programme Caribéen
par essence.
3.2 Difficultés
3.3 Orientations
Ses actions de mise en oeuvre sont réalisées pour et par les pays partenaires. A la
différence des autres projets HYCOS qui concernent de grands bassins versants
internationaux, qui sont construits sur un modèle unique de mise en oeuvre, ce projet
est proposé de manière pragmatique en composantes principales et composantes
secondaires, compte tenu de l’hétérogénéité de ces milieux insulaires, chaque île-
état, en fonction de sa situation, prend à son compte la mise en oeuvre d’une ou
plusieurs composantes, les résultats obtenus pouvant être adaptés et transférés à la
situation particulière d’une autre île. Cette approche permet à moindre coût et en
fonction des spécificités reconnues de couvrir l’ensemble des thématiques d’une
étude intégrée des phénomènes hydro-météorologiques et des ressources en eau.
Ces informations peuvent également être transférées à d’autres milieux insulaires
hors de la région Caraïbe.
Un des rôles important du Centre Régional sera de faire en sorte que les actions qui
se développeront dans chacune des îles correspondent bien aux besoins exprimés
et que leur mise en oeuvre soit la plus coordonnée possible au niveau régional. Cela
devra être vérifié aussi bien pour les actions de terrain (installation, rénovation de
stations d’observation) que pour les actions de traitement et de dissémination de
l’information (bases de données, bases de connaissances, moyens de mise à
disposition de l’information : sites Internet). Cela conditionnera en particulier la mise
en oeuvre du programme de formation et le succès de ces formations.
Caraïbes-HYCOS veillera à développer des synergies avec les autres projets
nationaux ou régionaux afin d’optimiser au maximum leurs bénéfices attendus.
Conclusions / Perspectives
Résumé
Le Sahel connaît une forte surexploitation des terroirs, du fait d’une forte croissance
démographique et de sols fragiles et peu fertiles. Les sols se dégradent et
s’encroûtent, ce qui provoque un accroissement du ruissellement et des débits des
cours d’eau, malgré la pluviosité toujours déficitaire (le « paradoxe hydrologique du
Sahel »). Les bassins versants de Tondi Kiboro à l’Ouest du Niger, avaient connu
des mesures hydrologiques dans les années 1990. On a recommencé les mesures
en 2004, et au bout de la quatrième année, l’un des bassins a été équipé de
dispositifs antiérosifs, l’autre restant en tant que témoin sans aucune correction (mais
probablement une poursuite de la dégradation). Des dispositifs classiques,
essentiellement des demi-lunes, ont été installés, puis rénovés en 2010. On montre
ici l’évolution des débits, toujours marqués principalement par un accroissement par
rapport à la décennie 1990 où le bassin était beaucoup plus végétalisé.
Mots clés : Niger, Erosion, ravinement, Sahel, demi-lunes, surexploitation des sols, encroûtement
Abstract
The West African Sahel suffers a strong soils overexploitation, due to the
demographic pressure and the low soil fertility. Soils degradation is characterized by
crusting, causing an increase in runoff and rivers discharge, although the rainfall
amount remains under the centennial average (this is the “Sahelian hydrological
paradox”). The experimental catchments of Tondi Kiboro, near Banizoumbou, in
Western Niger, were instrumented and hydrological measurements were carried out
from 1991 to 1994. Measurements were re-initialised in 2004, and from the fourth
year (2007), one of the two basins was equipped by antierosion devices, the other
catchment remaining as a control, without any correction, but with probably a
continuation of its progressive land degradation. Classical devices as “half moons”
were implemented, and rehabilitated in 2010. This work presents the evolution of
runoff and discharges, and the main trend is a continuation of the trend (increase in
runoff) initiated in the 1990, when the vegetation cover was much more important
than nowadays.
Key words: Niger, Erosion, gullying, Sahel, half-moons, soil overexploitation, soil crusting
Problématique
L’Afrique de l’Ouest est à l’heure actuelle la zone qui connaît la plus forte croissance
démographique au Monde : aux alentours de 3% par an, et elle est appelée à se
maintenir à ce taux là pendant encore une décennie (le taux de croissance
démographique continue à augmenter au Mali et au Niger, les deux plus grands pays
du Sahel) (PNUD, 2008). De ce fait, les changements d’usage des sols y sont très
rapides, et on note, malgré une augmentation récente de la pluviosité après 35 ans
de déficit historique sur l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest, une poursuite de la
diminution de la couverture végétale permanente : brousses, forêts, forêts galeries et
savanes « naturelles » ont presque totalement disparu au profit des cultures.
Ceci se traduit aussi, du fait de la pauvreté globale et relative des sols, par
une fatigue de ceux-ci, liée à l’accélération des rotations, au raccourcissement voire
à la disparition des jachères et au pâturage.
Cette forte baisse de la végétation permanente et de la biomasse (Loireau, 1998 ;
Hiernaux et al., 2009) a des conséquences hydrologiques importantes :
accroissement de l’érosion (Chinen, 1999), ensablement des bas fonds et des
vallées (Amogu, 2009), et surtout, apparition du « paradoxe du Sahel », mis en
évidence par Albergel (1987), qui a remarqué à ce moment là que le ruissellement et
les écoulements augmentaient au Sahel depuis les années 1970 alors que la
pluviosité avait très sensiblement diminué (de 20 à 40% entre la décennie 1960 et la
décennie 1970). Ce phénomène semble général dans tout le Sahel et on l’observe
de l’échelle locale à l’échelle régionale (Descroix et al., 2009, Amogu et al., 2010).
Dans certains secteurs endoréiques, cet accroissement du ruissellement a
conduit à une hausse de la nappe phréatique depuis plusieurs décennies, comme
cela a été observé dans le secteur concerné par cette étude, proche de Niamey
(Desconnets et al., 1997). Le site qui a servi à cette expérimentation est situé à 70
km à l’Est de Niamey (Fig.1).
Objectifs
Partant d’un diagnostic sur l’état dégradé des sols et de la végétation sur le
terroir des villages du Fakara, cette étude propose de tester des méthodes de
conservation des sols sur ces terrains dégradés. La figure 2 permet de constater
qu’en seulement 14 ans, le changement d’usage des sols peut être très rapide.
Figure 2 : évolution de l’occupation des sols sur les bassins de Tondi Kiboro entre 1993 et
2007
En particulier, on peut constater qu’une importante partie du bassin a vu ses sols se
dégrader ; la surface de sols encroûtés est passée de 17 à 40% de la surface du
bassin « nord » (aval + amont sur la figure 2).
A l’échelle un peu plus grande de l’ensemble du Fakara, une région d’environ 15 km
sur 40 (figure 3), on peut constater qu’entre 1986 et 2005, c'est-à-dire sur une
période récente, on observe une forte progression des cultures et des surfaces
dégradées.
1986 2005
Figure 3 : évolution de l’occupation du sol dans le Fakara entre 1986 et 2005 (d’après
Catherine Ottlé, programme AMMA)
Tableau 1 : coefficient de ruissellement (Kr) et taux d’érosion (en kg/ha) sur les différents types
d’occupation des sols du Fakara (parcelles de 10 et 100 m!, 5 répétitions, 5 années de mesure)
Tableau 2. Evolution des écoulements sur les bassins de Tondi Kiboro entre les périodes 1991-
1994 et 2004-2010 (d’après Souley Yéro, 2008, actualisé des donnée »s de 2009 et 2010).
Matériel et méthodes
On se propose d’installer des parcelles de zaï, des demi-lunes, des cordons
pierreux, des reboisements, des haies, afin de limiter le ruissellement et l’érosion.
Trois bassins versants permettront de suivre les écoulements et les transports
solides dans le temps et de mesurer l’éventuel impact des actions de conservation
des sols sur ces éléments. Deux des bassins ont commencé à être équipés de ces
dispositifs expérimentaux (voir ci-dessus) : le bassin de TK amont (4,9 hectares) est
emboîté (partie amont) dans TK aval (11 ha) ; c’est celui-ci qui a été aménagé. Le
troisième bassin, TK Bodo (12 ha), reste inchangé, comme témoin. Ces bassins ont
25 m de dénivelée entre l’amont (plateau du Fakara, à l’est) et la petite cuvette
endoréique dans laquelle ils se déversent. L’altitude de la base est de 235 m.
Résultats
Les expérimentations grandeur nature ont été initiées durant la saison sèche 2006-
2007 : mise en place d’une pépinière sur le site expérimental de Banizoumbou,
installation de « demi-lunes » et de « mini-banquettes » (5 m de long) sur les bassins
proches de Tondi Kiboro « Nord », amont (4.5 ha) et aval (11 ha).
La pépinière a, elle, été installée à côté du village de Banizoumbou, à 4 km à l’ouest,
dans l’enclos d’un centre technique du Ministère de l’Agriculture, afin d’être à l’abri
du bétail. Au début de la saison des pluies, plusieurs centaines de plants (acacias,
gommiers, prosopis africana) ont été repiqués sur ces bassins, le bassin TK Bodo,
au sud (12 ha) restant sans aménagement comme bassin « témoin ». Débits et
débits solides sont contrôlés depuis la Mousson 2004 comprise. En tout, moins de 1
hectare a été traité, mais il s ‘agit de la partie la plus dégradée du bassin, donc celle
où la moindre action est susceptible de porter le plus rapidement ses fruits.
Pour le moment, la pousse étant très lente en zone sahélienne, on n’attend
pas de modification des débits avant plusieurs années le temps que les arbres
poussent (il y a eu aussi beaucoup de pertes en plantation, plus de 80%, un taux
habituel au Sahel, qui oblige à de constants « regarnissages »). Il s’agit donc de
maintenir et entretenir le dispositif durant quelques années (5 années de plus peut
être, jusqu’en 2014 idéalement) de manière à s’assurer de son autonomisation avant
de le laisser se développer et jouer son rôle protecteur.
On montre, figures 7 à 9 quelques exemples de dispositifs LAE dans la sous-
région, installés à bon ou a mauvais escient.
Figure 7 : exemple de cordons pierreux bien réalisés (ici dans le bassin de la Sirba, au Burkina
Faso)
Tableau 3. Evolution du coefficient de ruissellement sur le bassin « nord » traité de 2004 à 2010
Conclusion
Il est trop tôt pour se prononcer sur l’efficacité des dispositifs réalisés ; ce
qu’on a constaté, c’est la nécessité d’un entretien annuel, ou plutôt on a découvert la
nécessité d’un effort constant à partir de l’aménagement, indispensable surtout les
premières années. Celui-ci sera poursuivi jusqu’à ce qu’on se soit assuré que le
maintien des ouvrages ne nécessite plus d’entretien régulier, ce qui n’affranchira pas
l’équipe d’un contrôle périodique afin de s’assurer du bon déroulement du dispositif.
L’équipement hydrologique permettra de constater si l’aménagement des
versants se traduit en termes de coefficient de ruissellement et de temps
d’écoulement. On attend au bout de quelques années (une dizaine d’années ?) une
augmentation de l’infiltration et de l’évapotranspiration pouvant réduire les
ruissellements et écoulements et accroître les durées d’écoulement lors des
épisodes pluvieux.
Les deux dernières années de mesure (2010) ont connu une diminution du
ruissellement à l’échelle du bassin traité, mais il est trop tôt pour être sûr que cela
soit lié au traitement réalisé. Les observations seront poursuivies les prochaines
années afin de mieux cerner le rôle de ce traitement et de son évolution.
Bibliographie
Albergel, J., 1987. Sécheresse, désertification et ressources en eau de surface :
application aux petits bassins du Burkina Faso. In « The influence of climate change
and climatic variability on the hydrologic regime and water resources » IAHS Publ.
168, 355-365.
Amogu O., 2009. « La dégradation des espaces sahéliens et ses conséquences sur
l'alluvionnement du fleuve Niger : méthodes expérimentales et modélisation ». PhD
Thesis, Université Joseph Fourier, Grenoble, 440 p. .
Amogu O., Descroix L., Yéro K.S., Le Breton E., Mamadou I., Ali A., Vischel T.,
Bader J.-C., Moussa I.B., Gautier E., Boubkraoui S., Belleudy P., 2010. Increasing
River Flows in the Sahel?. Water, 2(2):170-199.
Bouzou Moussa, I, Faran Maiga, O, Karimou Ambouta, J-M, Sarr, B., Descroix, L,
Moustapha Adamou, M., 2009. Les conséquences géomorphologiques de
l’occupation des sols et des changements climatiques dans un bassin versant rural
sahélien. Sécheresse20(1) : 1-8.
Casenave, A., et Valentin, C., 1989). Les états de surface de la zone sahélienne ;
influence sur l’infiltration. Coll. Didactiques, Ed. Orstom, Paris, 229 p.
Chinen, T., 1999. Recent accelerated gully erosion and its effects in dry savanna,
southwest of Niger. In: Human response to drastic changes of environments in
Africa. Faculty of Economics, Ryutsu Keizai University 120, Hirahata, Ryugasaki 301-
8555, Japan, pp. 67-102.
Desconnets, J-C., Taupin, J-D., Lebel, T., Leduc, C., 1997. Hydrology of the HAPEX
Sahel Central Super Site : surface water drainage and aquifer recharge through the
pool systems. J. of hydrol., 188-189: 155-178.
Descroix, L., Mahé, G., Lebel, T., G., Favreau, G., Galle, S., Gautier, E., Olivry, J-
C., Albergel, J., Amogu, O., Cappelaere, B., Dessouassi, R., Diedhiou, A., Le Breton,
E., Mamadou, I. Sighomnou, D., 2009. Spatio-Temporal Variability of Hydrological
Regimes Around the Boundaries between Sahelian and Sudanian Areas of West
Africa: A Synthesis. Journal of Hydrology, AMMA special issue, doi:
10.1016/j.jhydrol.2008.12.012
Karambiri, H., Ribolzi, O., Delhoume, J-P, Ducloux, J., Coudrain-Ribstein, A., 2003.
Importance of soil surface characteristics on water erosion in a small grazed sahelian
catchment. Hydrol. Process., 17: 1495-1507.
Souley Yéro, K ., 2008. L’évolution de l’occupation des sols à l’échelle des bassins
versants de Wankama et Tondikiboro : Quelles conséquences sur les débits ?.
Mémoire de DEA de géographie, Université Abdou Moumouni de Niamey, 75 p.
Remerciements
Nous remercions le programme AMMA et l’ANR ECLIS pour le financement de
cette étude ; ainsi que Catherine Ottlé du LSCE qui nous a fourni la figure 3. Nos
remerciements vont aussi au PI CRECS qui a financé l’achat de 3 ordinateurs
pour les étudiants en veille sur le terrain.
Processus érosifs et transport solide en milieu tropical insulaire
Cas des bassins versants de la Baie du Robert, Martinique, FWI
Résumé :
Particulièrement vulnérable aux pressions d’origine anthropique, la Baie du Robert
en Martinique est marquée par une dégradation généralisée de ses écosystèmes.
L’envasement des fonds marins, les changements de bathymétrie et la dégradation
de biocénoses remarquables sont notamment les conséquences d’un apport excessif
de particules solides dans la baie. Sur certains sous-bassins versants de ce territoire,
nous avons caractérisé et quantifié le transfert de solutés dans les eaux
superficielles. Une première approche qualitative a permis d’établir un diagnostic
cartographié de la vulnérabilité des terres à l’érosion à l’échelle des bassins
versants. Dans un deuxième temps, un réseau de stations de mesures a été installé
pour évaluer quantitativement le régime hydrologique et la dynamique de transport
solide des cours d’eau instrumentés. Les principaux résultats de cette seconde étape
permettent de caractériser les variations spatiales et temporelles du transport solide
et d’estimer les quantités de matériaux entraînés en fonction des spécificités des
sous-bassins instrumentés.
Mots clés : Martinique, Baie du Robert, envasement, érosion, transport solide.
Abstract:
In Martinique (FWI), the Robert bay is characterised by some signs of eutrophication
and hyper sedimentation, inducing impacts on its natural ecosystems. This study has
allowed highlighting some of the main driving factors of erosion processes in the
catchment basins. Combination of agricultural practices and human settlements
uphill during the last decades is one of the phenomena of erosion amplification. A
first step was to build a diagnosis of erosion vulnerability in the catchment basins.
The second step was dedicated to design monitoring programmes, install equipment
and collect physical and chemical data on three different basins. First results allow
improving scientific knowledge on spatiotemporal variability of solid transport on
catchment basin scale and assessing contribution of solid transport in pesticides
contamination.
Key words: Martinique island, Robert bay, hyper sedimentation, erosion, solid
transport.
1. Présentation du contexte et de la zone d’étude
Le Havre du Robert, situé sur la commune du même nom sur la façade Atlantique de
la Martinique, est une baie semi-fermée de 21 km², protégée par de nombreux îlets.
Le faible hydrodynamisme dont elle fait preuve maintient les pollutions d’origine
terrestre proches du littoral et la rend particulièrement sensible à l’eutrophisation et à
l’envasement. Le continuum terre/mer est lié à l’existence de 22 cours d’eau
tributaires qui drainent un bassin versant (23 km²) ramassé et soumis à de
nombreuses pressions anthropiques. Le secteur agricole représente 25 % de la
superficie totale du bassin et se caractérise par des cultures à forte consommation
d’intrants, dans un contexte physique et climatique favorable à leur usage (pression
parasitaire continue) et à leur transfert (pente moyenne de 27%). L’urbanisation,
diffuse sur tout le bassin, s’accélère avec la construction d’habitations individuelles
sur les hauteurs en amont des parcelles et d’infrastructures collectives sur les zones
aval. La coévolution entre activités humaines sur les parties terrestres et les milieux
littoraux s’en trouve dès lors renforcée. L’émergence ou le maintien d’activités
côtières à fort potentiel de développement (tourisme nautique, pêche, aquaculture…)
sont des enjeux de taille pour la collectivité. Depuis 2005, des organismes de
recherche (CEMAGREF, IFREMER et Université Antilles Guyane) et d’expertise se
sont associés à la collectivité afin de caractériser les impacts des activités terrestres
sur le milieu marin et proposer des actions de prévention ou limitation des impacts.
Deux enjeux prioritaires sont mis en avant : la diffusion des pollutions chimiques et
organiques, impliquant notamment une eutrophisation accrue de la baie, mais plus
encore le transfert des particules solides, qui accélère l’envasement du littoral et
détruit les récifs coralliens et biocénoses associées (Dao et al., 2008).
1
Par opposition à la vulnérabilité conjoncturelle, telle celle résultant d’un aléa climatique
particulier et de pratiques culturales à un instant t donné.
• Le premier paramètre est la couverture du sol2 : les surfaces imperméabilisées
ne sont pas génératrices d’érosion, mais sont impliquées dans la formation et
l’accélération du ruissellement. Le couvert végétal est un facteur clé puisque selon
Roose, 1994, l’érosion est multipliée par 1000 lorsque, toutes choses étant égales
par ailleurs, le couvert végétal diminue de 100% à 0%. Ainsi, pour hiérarchiser les
différences dans l’occupation du sol, nous avons retenu l’ordre relatif des valeurs
données par des modèles empiriques (Vigiak et al., 2005, Hessel et al., 2005, Hoyos,
2005). Par ailleurs, une étude sur l’érosion en parcelle expérimentale à la Martinique
(Khamsouk, 2002) a permis de discriminer deux types de couverts en banane (âge
de plus ou moins 2 ans). Les travaux de Roose (1994) permettent enfin d’estimer les
pertes en terre sous les couverts denses et complets toute l’année (prairies, bois,
savanes…).
2 Acquise via le projet PARAGE « Evaluation de l’occupation Agricole des sols dans les Régions
Antilles et Guyane », sur trois périodes disponibles : novembre 2006, avril et mai 2007.
3
Lal (1976), a montré au Nigeria qu’entre 1 et 15% l’érosion est négligeable en présence de résidus
de surface, d’autres mesures laissent à penser que les pentes de 15 à 20% constituent un seuil à
partir duquel les phénomènes érosifs s’accentuent.
4
Le facteur ou l’aléa climatique n’est pas utilisé dans le modèle : une analyse fréquentielle des
épisodes pluvieux entre une station sur le littoral et une station « haute » de la zone d’étude ne montre
pas de différence significative du régime pluviométrique. Une homogénéité de l’aléa est ainsi posée
comme postulat.
- Pour chaque variable précédemment listée, on définit des classes en nombre limité.
Par exemple, pour la variable « occupation du sol », 10 classes représentant la
diversité spatiale de l’occupation du territoire sont proposées : habitat diffus, forêt,
savane, canne à sucre…
- On identifie ensuite les combinaisons possibles entre chaque variable. Une
combinaison fait donc référence à un jeu de quatre classes (une classe par variable).
Ainsi, si 10 classes sont données pour chacune des 4 classes retenues, nous
obtenons 104 possibilités. Ce chiffre est réduit par le nombre prédéfini de classes (2
à 4 classes seulement pour certains paramètres) et par l’élimination de combinaisons
inexistantes (pas d’agriculture sur des sols très pentus par exemple).
- Au final, l’arborescence fournit toutes les situations possibles, le recours à
l’expertise et à la connaissance du terrain réduit in fine le nombre de ces situations
en sept catégories différentes, représentées par un indice de sensibilité à l’érosion.
Les secteurs considérés comme les plus contributifs à l’érosion sont donc mis en
évidence : il s’agit notamment des secteurs cultivés en banane et des zones
temporaires de travaux et chantiers. Notons que cette cartographie peut être
actualisée par acquisition d’images satellitaires et photo-interprétation de
l’occupation des sols du territoire. Les travaux sur la spatialisation de la vulnérabilité
à l’érosion permettent donc d’ores et déjà d’identifier les zones prioritaires sur
lesquelles cibler les efforts d’actions préventives. La mise en place de techniques de
lutte antiérosive (à la parcelle avec des itinéraires techniques adaptés et partagés,
aménagement des berges des cours d’eau, etc…) pourra utilement s’appuyer sur la
cartographie établie à l’échelle du bassin versant. Des travaux de recherche sur
l’origine des matières en suspension seraient alors à envisager pour affiner
l’expertise et les aménagements proposés en ce sens.
Nous nous sommes intéressés au suivi du transport solide suivant ses deux
composantes : la suspension des particules les plus fines et le charriage des
matériaux plus grossiers. Pour ce faire, différents types de suivi ont été réalisés, en
fonction des contraintes d’ordres technique et organisationnel :
- Pour les matières en suspension (MES), un échantillonnage manuel sur quelques
périodes d’étiage et sur les crues, ainsi qu’un suivi en continu par sondes de
mesure in situ afin de mesurer les variations de concentrations en MES lors
d’événements pluvieux. Les mesures, effectuées au pas de temps de la minute,
sont alors enregistrées en continu dans la station d’acquisition et relevées toutes
les deux semaines.
- Des pièges à sédiments sur deux stations de mesure (ravine Mansarde, amont et
aval des parcelles agricoles) pour casser l’énergie hydraulique et favoriser le
dépôt des matériaux charriés. La mesure du volume des sédiments déposés se
faisant à la suite de chaque événement de crue.
Afin d’appréhender au mieux la dynamique de transport des MES lors des crues, un
échantillonnage des crues est réalisé manuellement, en cherchant à obtenir un
nombre de couples [concentration – débit] le plus représentatif possible de
l’événement (figure 3a). Si on ne peut observer de relation univoque entre la
concentration et le débit pour l’ensemble des mesures de MES, on observe en
général une relation concentration-débit (figure 3b) qui présente une forme
d’hystérésis (Borges, 1993 ; Mathys et al., 1989, Williams, 1989).
3.a) Points d’échantillonnage
lors d’un événement de
crue : station Gaschette le
19 septembre 2008
Williams, en 1989, propose une typologie des crues selon l’allure de la courbe
traduisant les variations des concentrations en fonction de celles des débits pendant
la crue. Ainsi la réponse des hydrosystèmes est-elle différente d’un sous-bassin à
l’autre, en fonction notamment de l’occupation des sols et de la nature des
écoulements considérés :
Cette méthode présente l’avantage d’utiliser la précision de la mesure sur les débits
et leur variation au cours de l’évènement (débit enregistré au pas de temps de la
minute), pour appréhender celle des concentrations de matières en suspension. Le
calcul des flux de matières en suspension peut alors être effectué de manière à
quantifier le volume transporté lors de l’événement de crue (cf. infra).
Les observations démontrent que les composantes du transport solide ne sont pas
réparties uniformément sur les différentes périodes de l’année. Ainsi, en période
d’hivernage (août – décembre) sur la ravine Mansarde, le ratio entre transport par
suspension et transport par charriage évolue-t-il comme indiqué ci-dessous.
Figure 6 : Cumul de répartition des éléments charriés puis déposés dans la ravine Mansarde
Nous avons enfin cherché à tester l’utilisation d’une formule simplifiée du transport
solide, en s’appuyant sur les différents coefficients donnés par Meunier (1999) et en
vérifiant les conditions de validité de cette formule dans nos conditions
expérimentales. Il s’avère que cette formule (Qs / Qcr = B IA, Qs étant le débit solide,
Qcr le débit critique de plein transport, I la pente moyenne du cours d’eau, B et A les
coefficients à déterminer et à confronter à la littérature) semble pertinente à nos
échelles d’observation pour une modélisation du transport solide à l’aide des
coefficients de Smart et Jaeggi (Meunier, op. cit.), où A = 2,5 et B = 1,6. Toutefois,
les faibles débits rencontrés sur la ravine Mansarde placent la formule à la limite de
son domaine de validité et l’étendue granulométrique des sols bruns appellerait des
mesures complémentaires afin d’apporter une réponse mieux argumentée. Nous
proposons pour conclure de discuter et critiquer les méthodes employées ici pour de
futures investigations sur le transport solide des cours d’eau des Antilles françaises.
4. Conclusion / discussion
5
P. Saffache estime, sur le territoire de la baie du Marin, que 2 km² de parcelles cultivées en
maraîchage libèrent 26 000 tonnes de sédiments par an, contre 24 tonnes pour 3 km² de terres
pâturées (Desse, Saffache, 2005).
Au plan heuristique, les mesures réalisées sur ces bassins versants anthropisés au
relief énergique, dont les pentes varient entre 5 à 30 %, ont permis d’aboutir à trois
séries de résultats. Le comportement des bassins versants sur diverses classes de
crue a été approché de manière exploratoire. Les composantes par charriage et
suspension ont été discréditées sur la ravine Mansarde à l’échelle annuelle.
L’érosion mesurée par le transport solide en suspension, largement majoritaire dans
notre contexte, est évaluée par un ordre de grandeur de sa composante structurelle :
10 tonnes par hectare et par an, hors aléa climatique majeur. Les observations de la
surface du versant au moment des ruissellements érosifs n’ont pas été suffisamment
précises pour apporter davantage d’éléments. Par sécurité, nous avons retenu une
incertitude relative de 50 % sur les mesures de concentration de MES. Ceci nous a
amenés à conduire de front trois séries de calculs de façon à encadrer au mieux
cette estimation : l’estimation maximale de la vulnérabilité, assimilée à sa
composante structurelle, ne dépasse jamais 20 t/ha/an et l’estimation minimale ne
descend jamais en dessous de 2 ou 3 t/ha/an. Cet encadrement stabilise l’ordre de
grandeur estimé, mais ne prédispose pas des effets d'évènements climatiques
majeurs ou de flux localisés générés par les activités humaines.
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Risques d’inondation urbaine : cas d’une agglomération à l’aval de
versants argileux terrassés dans l’Ouest algérien
Résumé
En Algérie, les terres sont soumises à des inondations répétées dont les
conséquences se traduisent par la dégradation des voies de communication,
l’inondation des terres agricoles occupant les dépressions et les terrasses alluviales,
et parfois même par l’inondation de certaines agglomérations entrainant quelquefois
des pertes humaines.
Les inondations des agglomérations résultent de pluies torrentielles dont les
effets sont souvent amplifiés par les facteurs naturels du relief et d’autres facteurs
liés à une urbanisation anarchique (construction en zones inondables) et non
maîtrisées (manque d’entretien des réseaux d’assainissement), bassin versant
dénudé, passage de feux de forêts sur le versant….
La petite agglomération du village Tafna –Tlemcen, situé sur la rive de l’oued
de Tafna présente un grand risque d’inondation par l’oued mais surtout par les
versants marneux dénudés qui surplombent le village. Dans le cadre de la lutte
contre les inondations, des techniques antiérosives ont été réalisées pour atténuer
le phénomène érosif sur les versants concernés et pour stopper et diriger en aval les
eaux de ruissellement afin de protéger l’agglomération se trouvant en aval. Les
versants sont traités par des aménagements de correction torrentielle (seuils en
gabions et en pierres sèches) en vue d’un traitement efficace et durable contre les
inondations. A l’aval des canaux (qui ressemblent beaucoup aux banquettes)
parallèles aux courbes de niveau les talus ont été ouverts pour évacuer les eaux de
ruissellement vers des exutoires naturels et où le bourrelet est renforcé par un muret
cimenté.
Cette étude a pour objectif l’évaluation de l’impact de ces aménagements sur
l’atténuation des inondations. La méthode repose sur des investigations de terrain et
sur des enquêtes auprès de la population locale.
Les résultats montrent que les aménagements ont bien fonctionné pour étaler
les pointes de crues et dans la rétention des sédiments, mais une fois remplis, les
eaux de ruissellement très chargées ont continué à menacer la population. Les
digues d’aval se sont rapidement envasées et le débordement des eaux a causé
beaucoup de ruptures ce qui a encore amplifié le phénomène d’inondation. Les
dispositions prise ne semblent pas bien adaptées à ce type de milieu argileux très
instable. Dans ce type de milieu, il est recommandé de prendre des mesures
préventives par : une conception d’aménagement globale (formulation et mise place
de vraies réponses bien structurées selon une démarche globale), le bon choix des
techniques adaptables (mécaniques mais surtout biologiques), l’entretien et le suivi
continu des aménagements et le respect des instruments d’urbanisme. Par exemple,
il faut interdire les constructions à l’aval des versants instables et en bordure des
oueds qui présentent de grands risques.
2. Méthodologie
Compte tenu du manque de références bibliographiques sur lesquels pourrait
s’appuyer notre analyse, nous avons opté pour une série d’investigations de terrain
et d’enquête. La méthode repose d’une part sur l’analyse des facteurs causaux et
d’autre part sur des mesures et des constatations sur site du comportement des
différents ouvrages. Les témoignages ont été également très utiles pour la
compréhension de la dynamique et de l’impact du dispositif de lutte.
3. Résultats et discussion
Le taux de couverture du sol est très faible (taux de couverture < 20%). A
l'exception des quelques îlots de reboisement et de plantations d'arbres fruitiers, la
plupart des sols sont généralement dépourvus de végétation. L’Homme et les
animaux jouent un rôle capital dans l’extension de la géodynamique actuelle (Sari,
1977).
L’autre envisageait de détourner les eaux qui dévalent du versant vers des
exutoires naturels plus stables en dehors du village, en creusant des canaux
perpendiculaires à la pente, ressemblant à des banquettes de dérivation. Ces
canaux ont pour objet de collecter, en temps de crue, toutes les eaux qui descendent
vers le village et de les conduire vers des exutoires naturels situés hors du village.
En cas des grands orages, pour éviter que les eaux débordent des fossés, le
bourrelet aval du fossé est renforcé dans certains endroits par un mur en pierres. Ce
renforcement a permis d'accroître la capacité de stockage du système.
Sur le plan technique, certains ouvrages (seuils), installés le long des talwegs
pour diminuer la vitesse du ruissellement, ont cédé ou sont contournés, en libérant
beaucoup de sédiments qui sont retenus derrière les ouvrages, accentuant ainsi la
dynamique érosive et l’ensevelissement des canaux de dérivation. En plus, la
conception des ouvrages de correction torrentielle n’était pas très efficace : les seuils
n’étaient pas assez rapprochés (pente de compensation > 10%). Il aurait été plus
ingénieux de mettre en place une densité plus élevée de ce type d’ouvrage et les
résultats auraient été meilleurs.
Les seuils en gabion se sont avérés plus stables, que ceux en pierres sèches
qui présentent un mauvais comportement sur les terrains marneux et pentus, surtout
vis-à-vis de l’érosion ravinante régressive. Dans beaucoup de cas, les sous
dimensionnements ont provoqué la destruction des ouvrages. Les décisions trop
hâtives de construction qui ont souvent pris le pas sur les études de faisabilité sont à
l'origine des anomalies et des endommagements. Ne devrait-on pas s’orienter vers
un dimensionnement supérieur des ouvrages accompagné d’une série de travaux
d’aménagement des zones de l’amont ? Les seuils de correction torrentielle réalisés
ont une chance (plus de 95 %) de résister aux crues maximales de fréquence de 20
% (Zekri, 2003).
La lutte contre l’inondation ne doit pas être réduite aux travaux techniques,
réalisation d’ouvrages mécaniques de défense, mais doit allier des aménagements
agricoles et biologiques dans les espaces agricoles d’amont. Un aménagement
efficace, réside dans l’équilibre à trouver entre la protection du village et la
préservation des espaces naturels et agricoles qui constituent la source des eaux de
ruissellement. Ce dernier provenant des versants peut dépasser les 30% et atteindre
même 80% durant les fortes averses sur des sols très dégradés et tassés (ROOSE
et al., 1993 ; MORSLI et al, 2004). Les modifications de l'occupation du sol par des
pratiques non adéquates (déboisement, suppression des haies, surpâturage,
pratiques agricoles non appropriées, imperméabilisation) empêchent l’infiltration de
l’eau dans le sol et favorise une augmentation du ruissellement, un écoulement plus
rapide et une concentration des eaux. Il s'agit de passer de la lutte contre les torrents
et les crues, solution insuffisante et incomplète, à la gestion du risque inondation,
principe plus réaliste et plus efficace.
6. Conclusions
La dynamique érosive au niveau de la zone d’étude est très active et présente
des risques majeurs et les impacts se font sentir à plusieurs niveaux. Les processus
érosifs sont exacerbés par l’agressivité du climat, la régression du couvert végétal,
la faible résistance des terrains marneux et aux fortes pentes et surtout à la pression
humaine (surexploitation des milieux, défrichement abusif, surpaturage incontrôlé,
habitations anarchiques…). Cette situation limite l’infiltration des pluies et accentue le
ruissellement, ce qui occasionne souvent des écoulements importants et rapides qui
se déversent des versants, accentuant ainsi, la dynamique érosive et le phénomène
d’inondation.
Les résultats obtenus montrent que les aménagements ont bien fonctionné
dans l’étalement des pointes de crues et dans la rétention des sédiments, mais une
fois remplis, les eaux de ruissellement très chargées ont continué à menacer la
population. Les canaux d’aval se sont rapidement envasés en créant le débordement
des eaux qui a causé beaucoup de rupture. Ceci a amplifié le phénomène
d’inondation dans certains endroits. Même si l’idée est originale, les dispositions
prises ne semblent pas bien adaptées à ce type de milieu argileux très instable.
Bibliographie
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COMPORTEMENT DE CERTAINES TECHNIQUES
TRADITIONNELLES SUITE AUX EVENEMENTS PLUVIOMETRIQUES
EXCEPTIONNELS DE 2008-2009 dans le NW de l’Algérie
Résumé:
L’érosion hydrique est un vieux problème dans les montagnes
méditerranéennes où l’homme a développé depuis des siècles des techniques de
LAE capables d’en réduire les effets néfastes. L’année 2008 – 2009 a connu une
pluviosité exceptionnelle : 300% du module pluviométrique annuel à certains endroits
des monts de Béni Snous et les montagnes côtières de Honaine et Zouanif (plus de
1100 mm de pluie). Les intensités maximales des événements pluvieux ont été aussi
très élevées (80 mm/heure durant 30 minutes à Béni Snous).
Cette étude a pour objectif de tester la stabilité, la fiabilité et l’efficacité
antiérosive de quelques aménagements antiérosifs dans les sites de Béni Snous,
Honaine et Zouanif à la suite des pluies exceptionnelles de cette année. La méthode
repose essentiellement sur l’évaluation des pluies (hauteurs, intensité, fréquence) et
l’analyse du comportement des aménagements traditionnels utilisés. Les terrasses
qui sont largement utilisées dans la région et qui ont montré en temps ordinaires une
bonne efficacité contre le ruissellement et l’érosion (Mazour, 2006) ont été fortement
endommagées cette année. Il en est de même pour la plupart des autres techniques
traditionnelles comme les structures en pierres agencées, les seuils en terres
compactées, les divers cordons et les ouvrages hydrauliques (Jboub, Madjène,
Séguia, Sed, etc.).
Il apparaît clairement que les aménagements traditionnels de conservation
de l’eau et du sol ont leur limite mais ceci semble être bien connu des populations
rurales qui prévoient de grands travaux de réfection des ouvrages et aménagements
antiérosifs après chaque évènement exceptionnel.
Mots clés : Algérie, Techniques antiérosives traditionnelles, Montagne, Pluies
exceptionnelles.
Abstract
Hydric erosion is an old problem in the Mediterranean mountains but peoples
developed many SWC traditional systems since centuries. The 2008-09 year, the
rains were exceptionally important (1100mm in some seaside mountains, about 3
times the normal annual amount) and the rainfall intensity as well (80 mm/h during 30
min). This study is concerned by the resistance of traditional SWC managements
observed in the mountains of Beni Snous, Honaine and Zouanif. The amount,
intensity & frequency of rains were analysed in relation to the behaviour of the
traditional SWC managements. Mediterranean terraces which resist well during the
normal rains were seriously damaged during the exceptional rainstorms of this year.
It was the same for others equipments like stone or compacted earth microdams,
stone bunds and various hydrolic managements like jboub, Madjene= mares, séguia,
canaux d’irrigation, sed, etc…We must conclude that the traditional managements
have some limits of resistance but rural populations are organised to restore these
managements after each exceptional rainstorm.
Keywords : NW.Algeria, traditional SWC systems ; exceptional rainstorms, SWC systems
restoration
1. Problématique
Les paysages ruraux que nous observons aujourd’hui sont justement le fruit
d’aménagements divers lentement élaborés par les agriculteurs et leur
comportement vis-à-vis des évènements pluviométriques surtout ceux intenses et de
fréquence assez rares qui marquent durablement le milieu naturel. Dans un milieu
semi-aride où la maîtrise des eaux est essentielle à la production agricole, où le sol
est fragile et constamment soumis à l’érosion, les aménagements traditionnels
pourraient répondre à un double objectif : la conservation de l’eau et l’augmentation
de la productivité des terres. Il est cependant nécessaire d’évaluer et de prendre en
considération les effets destructeurs, les dégâts et les surcoûts engendrés par les
pluies exceptionnelles. Ceci est déterminant quant il s’agit de choisir le type
d’aménagement le plus efficace, le plus reproductible avec un rapport coût/efficacité
des plus intéressant. Mais il est assez rare de rencontrer un même type
d’aménagement : il est souvent associé à d’autres techniques complémentaires dans
une répartition spatiale qui est loin d’être uniforme. Un des aspects intéressants des
techniques traditionnelles est justement leur diversité et la complexité dans leur
fonctionnement combiné.
2. Matériel et méthodes
3. Le milieu naturel
Les trois sites expérimentaux sont situés dans le nord ouest algérien dans la
wilaya de Tlemcen. Les Béni Snous se trouvent à quelques 30 km au sud ouest de la
ville de Tlemcen, dans une zone enclavée et où les conditions de vie sont dures :
c’est en quelque sorte une oasis où les ressources naturelles sont gérées d’une
manière rigoureuse. Le relief très escarpé est fortement disséqué avec de fortes
pentes et un réseau de drainage assez dense ; le cours d’eau principal porte le
même nom que la localité. Béni Snous coule dans des gorges profondes et contribue
d’une manière importante à l’alimentation du barrage de Béni Bahdel situé à 8 km en
aval.
Le climat est de type continental semi-aride avec de fortes amplitudes
thermiques ; les pluies moyennes annuelles varient de 300 mm à 550 mm. Ces
pluies sont caractérisées par une irrégularité spatio-temporelle et par un régime de
courte durée et à forte intensité (l’intensité maximale peut atteindre 80 mm/heure
durant 30 minutes). La lithologie est constituée de roches calcaires et dolomitiques
assez altérées ce qui confère à ces zones une bonne résistance aux différents
processus d’érosion.
Les formations végétales naturelles sont pauvres et très dégradées
caractérisées par de faibles densités de recouvrement et de mauvaises conditions de
régénération. L’agriculture est constituée essentiellement d’arboriculture fruitière
rustique constituée principalement d’oliviers (qui ont fait la réputation de la région),
de cultures maraichères sur terrasses traditionnelles bien connues et d’élevage de
caprins et d’ovins.
A quelques 80 km plus au nord, se trouvent les deux autres sites de Zouanif et
Honaine sur des versants côtiers montagneux avec une autre physionomie du
paysage qui parait moins escarpé mais aussi moins travaillé.
Pour les deux sites le climat est de type méditerranéen semi aride où les pluies
moyennes annuelles oscillent entre 300 et 450 mm et sont irrégulièrement réparties
durant l’année : l’amplitude thermique est moins accentuée. L’influence maritime
adoucit et humidifie l’atmosphère et permet beaucoup de cultures sans irrigation.
Les sols à Zouanif sont assez riches et évoluent sur des faciès volcaniques. A
Honaine, les sols ont une texture complexe et ont parfois des influences volcaniques.
Ils ont souvent un bon potentiel de production.
Les techniques traditionnelles de conservation de l’eau et du sol ont toujours
accompagné toutes les activités agricoles dans la région. Bon nombre de ces
techniques furent cependant abandonnées avec le temps, suite à des évènements
historiques (invasions, colonisation, décolonisation, exodes,…) et des phénomènes
de changement d’usage des terres qui sévirent dans les zones montagneuses du
Nord de l’Algérie.
Facteurs
analysés Nombre Efficacité pour Productivité Rapport
la Durabilité Reproduc- des terres Coût Coût /
Aménage- conservation tibilité aménagées efficacité
ments antiéro- bs z h * de l’eau du sol
sifs traditionnels**
Ouvrages et structures
Techniques culturales
Facteurs
analysés Nombre Efficacité pour Dégâts Dégâts Destruction Coût des
la conservation partiels importants totale dommages
Aménage- X1000 DA
ments antiéro- bs z h * de l’eau du sol
sifs traditionnels**
Ouvrages et structures
2
Murets avec terrassettes 222 ++ ++ X 5/m
Cordons :
en pierres 012 + + X 1/ml
végétal 121 + ++ X 1/ml
mixte 011 + ++ X 1/ml
Dérivation des eaux :
Séguia 220 +++ ++ X 3/ml
3
Sed 102 +++ ++ X 20/m
Stockage des eaux :
3
Madjen 101 +++ + X 10/m
3
Jboub 110 +++ + X 10/m
Techniques culturales
Moyenne 330 6,2 20,3 2,0 5,6 16,7 1,36 4,7 14,6 0,95
Ecart type 97 2,23 10,8 1,8 1,8 7,30 1,2 2,3 5,9 0,88
Madjoudj.
Système sylvopastoral (matorral dégradé pâturé ou en défens); sol brun calcaire érodé.
Moyenne 387 3,9 22,4 3,55 2,4 10,9 0,52 2,2 11,2 0,4
Ecart type 77 1,3 11,7 1,42 1,6 4,6 0,26 1,4 4,6 0,27
Gourari.
Système pastoral (matorral très dégradé à Diss et Chamaerops humilis); sol rouge fersiallitique.
Moyenne 411 12,7 27,5 3,4 11,0 20,9 1,9 11,2 18,8 1,4
Ecart type
76 2,13 5,32 1,37 3,21 7,45 0,55 3,36 6,89 0,53
Kram : coefficient de ruissellement annuel moyen
Krmax : coefficient de ruissellement maximum
Année 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2009
Pluie moyenne
annuelle (mm) 371 243 268 256 541 260 349 260 253 413 422 326 289 1118
Ecart/moyenne
(%)
1913-1971 -25 -51 -46 -48 +9 -48 -30 -48 -49 -18 -16 -25 -38 +120
Moy=496 mm
Ecart/moyenne
(%)
1971-2005 +7 -30 -46 -23 -26 -48 +56 -25 -27 +11 +14 -8 -21 +205
Moy=347 mm
Ecart/moyenne
(%)
1990-2005 +12 -27 -19 -23 +63 -21 -5 -21 -24 +22 + 25 -4 -16 +230
Moy=331 mm
5. Discussion
L'analyse des pluies a permis de définir deux lois générales de pluviosité qui peuvent
s'exprimer de la manière suivante :
6. Conclusion
La région du nord ouest algérien et particulièrement les zones montagneuses
sont parsemées d’une multitude d’aménagements traditionnels de CES. Ils n’ont
commencé à être étudiés, inventoriés et évalués que depuis 2006 (Mazour, 2006).
En année normale ou déficitaire, leur impact est généralement positif sur la CES
et sur l’amélioration de la productivité des terres aménagées. Ce sont les techniques
simples, peu coûteuses et à la portée de l’exploitant agricole qui ont montré le plus
d’efficacité. Néanmoins ces aménagements restent très éparpillés et quelquefois
localisés. Certains sont abandonnés, d’autres au contraire sont largement utilisés,
vu le profit qu’ils procurent,. Il s’est avéré que l’association des techniques de CES
traditionnelles (mécanique, biologique, techniques culturales) combinée avec des
compléments de fertilisation a un impact très positif sur la production et la réduction
du risque de dégradation.
Dans un deuxième temps, nous avons analysé le comportement de ces
aménagements face aux pluies intenses de 2008-2009 où la hauteur cumulée des
pluies atteint 1118 mm et l’intensité avoisine les 80 mm/h.
Il apparaît clairement que l’ensemble des aménagements sont endommagés et
les ouvrages de contrôle des eaux sont complètement détruits. Il s’avère clairement
que les aménagements traditionnels sont très vulnérables aux pluies rares avec une
période de retour supérieure à 20 ans.
Mais ce sont des aménagements facilement reproductibles dans le cadre d’une
organisation sociale du travail collectif (touiza) qui garantit la pérennité de ces
aménagements en milieu rural étudié.
Il apparait donc intéressant aujourd’hui de privilégier, dans le cadre des nouvelles
stratégies de conservation de l’eau et du sol, toutes ces techniques ancestrales qui
ont prouvé leur efficacité à travers le temps, mais surtout celles que les agriculteurs
en montagne comme sur les collines ont adoptées, adaptées et maîtrisées.
Il y a lieu enfin, de signaler ici le rôle important de la femme rurale au niveau de
ces montagnes à qui reviennent le plus souvent l’entretien et la pérennisation de la
plupart des aménagements traditionnels.
7. Bibliographie :
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INFLUENCE DES ARBRES SUR LES EAUX SOUTERRAINES
(BURKINA FASO)
YAMEOGO Siaka
Courriel: yamzegre@yahoo.fr
Résumé
Les écosystèmes en Afrique de l’ouest et en particulier les pays au sud du sahara
demeurent fragiles et des indications objectives montrent que la dégradation de
l’environnement se poursuit à l’échelle régionale (CILSS, 2006). Dans cette situation
où se juxtaposent une crainte liée à un changement climatique global et une
tendance persistante au reboisement des terres agricoles marginales, la question du
rôle hydrologique des arbres revient de façon récurrente sur le devant de la scène
(Andréassian, 2002). Pour mieux comprendre la complexité de ce mécanisme des
eaux souterraines, notre objectif vise à quantifier les eaux de ruissellement et
d’infiltration sous des arbres munis de lysimètres dans un bassin versant au sud du
Burkina Faso dans une savane parc à karité. Des travaux antérieurs de certains
chercheurs tels que Roose (1967), Poulsen (1981), Hugues et Philippe (1990), ont
été d’un apport scientifique important dans la compréhension du sujet. Bien que le
niveau de compréhension scientifique des interactions entre les arbres et l’eau soit
sensiblement amélioré, le rôle des arbres dans la gestion durable des ressources en
eau reste variable en fonction du bilan hydrique régional.
Abstract
INTRODUCTION
Le Burkina Faso, à l’instar des pays de la boucle du Niger, est confronté à des
conditions climatiques austères (irrégularités des pluies, températures élevées, etc.).
Le pays vit des crises hydriques considérables au cours de certaines périodes de
l’année notamment en saison sèche (Loupe, 1980). Les ressources aquatiques se
limitent aux retenues d’eau de surface et souterraine. L’approvisionnement en eau
potable des populations est assuré, pour l’essentiel, à partir des eaux souterraines,
qui constituent les sources d’eau pérennes (Christian et Thierry, 2000). Toutefois,
alors que les conditions climatiques se sont dégradées avec une tendance à
l’aridification, l’augmentation sans cesse croissante de la demande s’est traduite par
une baisse continue du niveau des nappes d’eaux souterraines. La pression sur les
ressources naturelles et le besoin d’utilisation de celles-ci augmente d’année en
année. En effet, avec l’accroissement de la population, les ressources naturelles en
particulier l’eau est l’objet de multiples convoitises. Pour préserver cette ressource, il
s’avère nécessaire de comprendre son mécanisme d’accumulation afin d’être
capable d’établir son bilan hydrique. Qui dit bilan, dit comparaison entre les apports
(entrées) et les dépenses (sorties). Le devenir d’une pluie constitue une phase
transitoire entre les eaux de surface et les eaux souterraines. Pour une nappe d’eau
souterraine les entrées sont fournies par l’infiltration des eaux de pluie et de surface
tandis que les pertes correspondent d’une part aux pertes naturelles d’eau
(écoulement vers le réseau de surface, drainage par les aquifères sous-jacents et
évapotranspiration) et d’autres part aux débits soutirés par l’exploitation (Thirrot,
1979).
De nos jours, les ressources forestières et hydriques, de par leur multiple
fonctionnalité dans la vie quotidienne, sont sujettes aux pressions naturelles et
humaines. La relation entre le couvert végétal et l’eau souterraine est complexe. Le
couvert végétal a des fonctions de protection, de régulation et de production au
niveau de l’écosystème primaire. Ces fonctions peuvent revêtir une valeur utilitaire
pour l’homme et faire alors partie de l’écosystème culturel. Celles-ci se traduisent par
des influences au niveau de l’environnement, dont les plus importantes sont les
suivantes :
- la protection des sols par interception et réflexion des rayonnements, des
précipitations, et des vents, le maintien des concentrations de gaz carbonique et
d’humidité par suite de la réduction de la vitesse du vent;
- l’absorption et transformation de l’énergie lumineuse et chimique ; le
processus de régénération et d’autorégulation concernant la production du bois, de
l’écorce, des fruits et des feuilles et l’absorption, mise en réserve et émission d’eau
(ORSTOM-UNESCO, 1983).
Cette dernière fonction s’avère indispensable car les eaux souterraines accessibles à
faible profondeur, permettent de couvrir une grande partie des besoins en eau
potable, d’alimenter des industries et de contribuer à l’existence de milieux naturels
typiques. Les arbres de la forêt jouent alors un rôle essentiel dans les processus de
ruissellement, d'infiltration et d'évapotranspiration.
En conséquence, l’objectif général de notre travail de recherche vise à montrer
l'influence des arbres (en tant que couverture végétale) sur les eaux souterraines.
METHODOLOGIE
La recherche documentaire nous a amené un faire un constat selon lequel deux
grandes tendances se sont distinguées depuis le 19ème siècle sur la problématique
eau et forêt. Cette séparation en deux camps est un peu troublante mais elle a
l’avantage de clarifier le débat qui a eu lieu tout au long du 19ème siècle, et qui a
opposé les partisans d’une forêt qui régulerait les débits, augmenterait les pluies,
interdirait les crues et alimenterait les sources, à des ingénieurs qui ont pensé le
contraire (Andreassian, 2002). Ces deux tendances nous ont permis d’émettre les
hypothèses suivantes : les arbres contribuent à l’alimentation des eaux souterraines
ou à l’évapotranspiration réelle. Les hypothèses secondaires qui en découlent sont :
- la capacité d’infiltration est plus élevée sous les arbres;
Il est évident que les zones forestières peuvent avoir une influence notable sur le
système hydrologique d’une région, et donc sur la production agricole. Ces barrières
d’arbres extraient l’humidité des nuages et du brouillard. Ce sont les arbres isolés ou
les bandes étroites d’arbres qui agissent le plus efficacement. Des travaux menés à
Hawaï ont permis de déterminer qu’un seul Araucaria heterophylla ajoutait 760 mm
de «précipitation horizontale» par an aux précipitations verticales normales de 2600
mm (www.fao.org). Cette humidité supplémentaire entre dans le système
hydrologique et accroît le niveau des eaux souterraines et le débit en surface. En
raison de leur hauteur et de leur grande surface d’échange, les arbres sont
beaucoup plus efficaces dans cette fonction de piégeage de l’eau que les autres
types de végétation. Il est donc vital pour la sauvegarde des régimes hydrologiques
locaux de maintenir la forêt dans ces zones. Réciproquement, là où des brouillards
ou des nuages persistants sont poussés par le vent sur les reliefs déboisés, planter
des arbres permet de réinstaurer un système de capture de l’eau atmosphérique.
Figure 1: place de l'eau du sol dans le cycle de l'eau
Source : CIPR, 2001
Sur cette photographie, on constate que dans les zones dénudées les eaux de
ruissellement ont une vitesse importante et l’infiltration est moindre.
L’établissement d’une plantation forestière aura tendance à réduire le débit des cours
d’eau. Plus le taux de croissance des arbres est élevé, plus cet effet est prononcé.
Une étude réalisée en Inde fait état d’une baisse de 28% après l’établissement de
plantations d’Eucalyptus. www.fao.org/docrep
La rareté des arbres sur ce glacis entraine un ruissellement diffus et une infiltration
moindre. Ces assertions restent toujours à l’état embryonnaire et les travaux en
cours donneront davantage de résultats probants.
CONCLUSION
En définitive, il ressort de la plupart des travaux des chercheurs sur la question que
les arbres accroissent les disponibilités hydriques dans certains milieux mais
diminuent cette quantité dans d’autres bassins versants. En effet, le sujet est
encombré de mythes et de malentendus. Si les forêts peuvent certes jouer divers
rôles utiles, postuler qu’elles améliorent toujours l’approvisionnement en eau relève
de la simplification abusive. La profondeur du sol, les pratiques d’utilisation des terres
et toute une gamme d’autres facteurs comptent aussi pour beaucoup. Bien que la
compréhension scientifique des interactions entre les forêts et l’eau se soit
sensiblement améliorée, le rôle des forêts dans la gestion durable des ressources en
eau reste controversé. L’incertitude et, dans certains cas, la confusion demeurent,
car il est difficile de transposer les résultats des recherches à d’autres pays et
régions, bassins versants, types de forêts et essences et régimes de gestion
forestière.
BIBLIOGRAPHIE
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comportement hydrologique des bassins versants; Thèse de doctorat Université
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cultures, C.R. coll. sur la fertilité des sols tropicaux, Tananarive II, 385 p.*
Résumé
Les Tanala, paysans de l’Est de Madagascar, pratiquent une agriculture temporaire sur
défriche-brûlis appelée tavy, généralement perçue comme une cause directe et principale de
l’érosion du sol. Les enregistrements climatiques récents et les projections semblent montrer
un accroissement de l’activité cyclonique, facteur d’érosion et d’inondations, justifiant
d’élaborer des stratégies d’adaptation. Supposant que le tavy comportait une stratégie pour
faire face aux contraintes érosives et d’inondations, nous avons cherché à étudier les sols et
processus d’érosion, les pratiques agricoles, et les savoirs locaux dans deux terroirs villageois
choisis selon l’importance des reliques forestières. Une bonne cohérence a été trouvée entre le
risque érosif et les pratiques, aux échelles parcelle et paysage, révélant une gestion de la
vulnérabilité à travers les « services du paysage », le choix des sols, et des pratiques
précautionneuses. Les interviews des paysans et la collecte de leurs classifications confirme la
profondeur de leur savoir sur leur environnement. Mais à long terme, et sous pression de la
population, les dernières forêts disparaissent, des écosystèmes dégradés apparaissent, et
l’érosion s’accroît. Ce savoir est désormais moins opérationnel. La politique de conservation
ou de restauration forestière actuelle apparaît seulement partiellement cohérente avec cette
gestion locale du paysage. Afin de faire face à la fois aux changements de population et de
climat, maintenir mais améliorer le système tavy sur pentes fortes et intensifier le riz de bas-
fond sont justifiés en tant que principaux moyens de subsistance. Renforcer la conservation ou
la restauration communautaire des forêts de sommets et des agro-forêts de bas de pente est
justifiée pour assurer des services environnementaux locaux, régionaux et globaux, et des
productions commerciales. Une diversification des moyens de subsistance est aussi
nécessaire.
Mots clé : Madagascar, risque érosif, culture sur brûlis, savoirs locaux, services
environnementaux, changement climatique.
Abstract
The eastern Malagasy Tanala people practise swidden agriculture called tavy, generally seen
as a main direct cause of soil erosion. Recent climate changes in Madagascar and projections
seem to increase the erosive and flooding factors, due to increasing cyclonic activity,
justifying an adaptation strategy. Assuming that tavy included a strategy to cope with erosion
constraints, we investigated soils and erosion processes, agricultural practices, and local
knowledge in two village territories selected on the basis of importance of forest. A good
coherence was found between erosive risk and practices, at plot and landscape levels,
revealing a possible management of vulnerability through “landscape services”, choice of
soils, and cautious practices. Interviews of farmers and collection of their classifications
1
Communication présentée en anglais au colloque ICARUS 2, Ann-Arbor, 5-8 mai 2011
2
Agronome ; chargé de recherches ; IRD 911 Avenue Agropolis BP 64501 34394 Montpellier cedex 5 France ; tèl 04 67 63
69 83 ; georges.serpantie@ird.fr
3
Soil science and forestry; ingénieur, albert.rakotonirina@gmail.com
confirmed an in-depth knowledge of their environment. But in the long run and under
population pressure, last forests disappear, degraded ecosystems appear, and erosion
increases. This knowledge is then less operative nowadays. Current community forest
conservation or restoration policy appear partially coherent to this local landscape
management. In order to face both population and climate changes, maintaining but
improving steep slope tavy systems and intensifying lowland rice are justified in so far as
main livelihoods. Reinforcing top-forests and agro-forests community conservation or
restoration is justified for ensuring local, regional and global landscape services, and cash
crops. A diversification of livelihoods is also needed
Introduction
La question du changement climatique (CC) est devenue un défi planétaire. La
dimension globale de cet évènement et ses répercussions locales font intervenir plus que
jamais l’information dans le débat public depuis l’invention de l’effet de serre par J.B.J.
Fourier (1827), les premières observations (Brown et Keeling, 1965), jusqu’à la convention-
cadre sur le changement climatique de 1992 (CCNUCC) et les rapports du GIEC4.
L’information environnementale est portée par différentes institutions et acteurs : globaux
(communauté scientifique internationale, GIEC), nationaux (les réseaux climatologiques, les
programmes nationaux d’adaptation5) et locaux (perceptions, savoirs locaux). Les preuves et
certitudes communes d’un dérèglement climatique global se sont accumulées. Après le débat,
l’identification d’actions pertinentes nécessite encore de nombreuses informations détaillées.
Il s’agit en premier lieu de documenter les effets, actuels et futurs du CC sur les
climats locaux, sur les écosystèmes et les conditions biophysiques de la vie et du bien-être
humain (en particulier les « services écosystémiques »(Daily et al., 1997 ; MEA, 2005), en
interaction avec d’autres enjeux d’environnement (biodiversité, érosion, etc).
Avec le CC, les sociétés font face en continu à de nouvelles conditions auxquelles
elles sont plus ou moins bien préparées. Il existe deux dimensions du CC, l’évolution
tendancielle des paramètres moyens (température, pluviosité..), et le risque d’évènements
climatiques extrêmes. Ces derniers posent le problème de la gestion prévisionnelle de ce
risque, et de la façon dont les sociétés doivent anticiper. La vulnérabilité de chaque société
rurale est un thème essentiel de la recherche sur les risques environnementaux (Scoones,
1998) et une notion centrale de la CCNUCC (Article 4.4). Comment se déclinent les
vulnérabilités des systèmes « socio-écologiques », selon les niveaux de pauvreté, les types de
pratiques, l’aménagement du territoire et la gouvernance des ressources ? Souvent on
considère la vulnérabilité corrélée au niveau de développement humain (GIEC, 2007). Ainsi
l’Afrique est régulièrement présentée comme particulièrement vulnérable au CC du fait de
son faible IDH6. En fait la vulnérabilité apparaît plurielle dans l’espace et le temps, du fait des
spécificités des impacts du changement climatique (Adger, 2006). Certaines publications
offrent des lectures moins pessimistes sur la capacité d’adaptation des socio-écosystèmes
africains. Les « paradigmes » de la dégradation des sols, de l’érosion, de la désertification et
de la déforestation ont ainsi été parfois contestés (Fairhead et Leach, 1998 ; Rossi, 1998 ;
Forsyth, 2003), avec l’exemple d’un certain reverdissement du Sahel (Olsson, 2005) et de
4
La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a été adoptée au cours du Sommet de
la Terre de Rio de Janeiro en 1992 par 154 États et la totalité des membres de la Communauté européenne.
5 Le mot adaptation est défini dans le glossaire du troisième rapport d’évaluation (GIEC, 2001) : L’adaptation au changement
climatique se réfère à l’ajustement des systèmes naturels ou humains en réponse aux stimuli actuels ou attendus ou leurs
effets, qui modère les maux ou exploite des opportunités avantageuses.
6
Indice de développement humain (PNUD, 2011)
l’adaptation de l’agriculture (Mortimer et Adams, 2001) constatés depuis les sécheresses des
années 1970 et 1980. Il ne faut donc pas méconnaître ces modalités endogènes d’adaptation et
repérer quelles en ont été les conditions favorables.
C’est dans ce cadre de l’analyse de l’adaptation qu’il convient d’identifier la place
occupée par les savoirs naturalistes et techniques locaux, non seulement dans le diagnostic et
les adaptations locales, mais encore en tant qu’idées pour la recherche de pistes d’adaptation
future, ou pour d’autres régions.
La façon dont les sociétés rurales se sont déjà adaptées aux contraintes de leur milieu,
aux aléas bio-climatiques et aux mutations des conditions démographiques, socio-
économiques et politiques est une connaissance préalable indispensable. Cette communication
se propose donc de vérifier la pertinence de la mobilisation de savoirs locaux aux côtés des
autres sources d’information, en matière de diagnostic du changement climatique et de la
recherche d’adaptation.
Plusieurs projets de recherche-action se sont déjà emparés de cette question à
Madagascar. C’est le cas du projet IRG-USAID (2008) et du projet canadien-malgache
ACCA (CRDI, 2008, Raharinjanahary et al., 2010), qui abordent les perceptions des paysans
en matière de changement climatique, co-construisent des tactiques et stratégies d’adaptation
et apportent un appui pour leur mise en oeuvre. Nous utiliserons certains de leurs résultats
pour évaluer la pertinence des savoirs locaux sur l’évolution du climat, par comparaison à
d’autres sources d’information plus formelles.
Nous nous intéresserons ensuite à un cas exemplaire, la zone Tanala, qui a fait l’objet
du programme interdisciplinaire GEREM en 2005-2006 (Serpantié et al, 2007 ; Rakotoson et
al., 2010). Nous y avons étudié les savoirs locaux en matière de gestion de contraintes
érosives parmi les plus élevées de Madagascar, et les pratiques manifestant une bonne
adaptation à ces dernières.
3. Méthodes
Afin d’établir la pertinence de l’information disponible sur le changement climatique,
nous avons cherché à comparer les résultats climatologiques sur le CC et les perceptions
locales relevées par les rapports des projets de Recherche-Action présents à Madagascar. Le
niveau de pertinence a été déterminé à travers plusieurs critères, les variables retenues, la
rigueur de l’analyse, et la cohérence entre les résultats des diverses sources d’information.
Pour documenter le niveau de pré-adaptation des pratiques Tanala au CC que l’étude des
savoirs sur le climat a montré (qui met en exergue un risque d’érosion et de feux accru), nous
avons décrit et analysé leur mode actuel de gestion de l’érosion et du feu dans leur
environnement climatiquement et topographiquement très propice à l’érosion. Pour ce faire,
nous avons mis en oeuvre une investigation interdisciplinaire incluant les sciences du sol,
l’étude des pratiques agricoles (Milleville, 1987), une analyse du paysage de géographie
humaine (Blanc-Pamard, 1986), et une collecte de classifications locales des objets de la
nature et des techniques (Friedberg, 1992). Les résultats détaillés ont été publiés dans
Rakotoson et al. (2010).
Deux territoires villageois, au pied de la falaise Tanala, bordant le chemin de fer FCE,
furent sélectionnés dans la commune de Tolongoina (fig. 2). Ce choix a pris en compte le taux
de forêts restantes, un critère pertinent pour une étude de l’érosion en rapport avec la
déforestation (Ambalavero avec 31% de couvert forestier et sans écosystèmes dégradés, et
Ambodivanana avec 10% de forêt et 25% de « roranga »7).
7
Les roranga sont des écosystèmes dégradés (graminées, fougères), au lieu de végétation arbustive (jachères kapoka) ou
arborée (forêts ala)
Données climatologiques d’observation : températures et pluies
Sur le XXe siècle, aucune tendance nette n’apparaît sur le signal température (fig 3),
selon les moyennes mobiles réalisées pour le Nord comme pour le Sud de Madagascar, à
partir des bases de données mondiales (Mitchell et al., 2004, cité par Tadross et al., 2008). Ce
signal fluctue cependant, l’intervalle entre maxima et minima lissés étant de 0,8°. Ces
graphiques font apparaître deux minima vers 1955 et 1970, encadrés par deux maxima,
autour de 1925 et 2000. Ces minima correspondraient à un refroidissement global,
(volcanisme et sulfates).
En examinant seulement la deuxième moitié du XXe siècle, et seulement la partie Sud
de l’Ile, Tadross et al (2008) mettent en exergue un accroissement régulier du signal
température (notamment T min) à partir du minimum de 1970 jusqu’à 2000, attribuables au
CC après prise en compte du refroidissement global (fig 3).
De même, il n’existe pas de tendance notable sur le signal pluie8. Il existe en fait de
multiples pics de pluies (1900, 1938, 1965, 1985) coïncidant au Nord et au Sud, et deux
minima, 1955 et 1975. Mais l’accroissement du signal pluie n’est de toutes façons pas attendu
avant plusieurs décennies (Christensen et al., 2007). Les données d’observation du XXe siècle
ne valident donc pas encore de façon parfaitement convaincante le scénario retenu par les
modélisateurs, ni en matière de températures, ni de pluies, qui restaient jusqu’en 2000 dans la
gamme observée antérieurement.
Figure 3: Moyenne glissante à pas de 6 ans de la température (°C) de l’air en surface mesures
1901-2000: a) Sud Madagascar (43-51°E, 27-20°S); b) Nord Madagascar (43-51°E, 20-11°S).
Source: Tadross et al., 2008, p12, base de données du Climate Research Unit (Mitchell et al.,
2004).
8
L’intervalle min-max observé est de 85 à 105mm/mois au Sud, et 120 à 160 mm/mois au Nord
al, 2008, (cités par Raharinjanahary et al., 2010) indiquent que le nombre de cyclones violents
de catégorie 4-5 nés dans le Sud-Est de l’Océan Indien s’est accru de 1,5 par an (18% du
total) en 1975-1989 à 3,3 par an (34%) entre 1990-2004.
Il existerait donc une variation climatique sur les dernières décennies sur diverses
variables : fréquence et violence cyclonique accrue, irrégularités et retards de pluies, saisons
sèches plus longues et plus sèches, et température croissante depuis le minimum historique de
1970. Reste à savoir quelle serait la part du changement global anthropique, des variations
aléatoires naturelles, et de facteurs locaux (déforestation par exemple) dans cette évolution.
Remarques conclusives
L’on doit retenir, pour l’Est de Madagascar, plus un accroissement de la variabilité
climatique et une aggravation de l’activité cyclonique sur les dernières décennies, qu’une
tendance séculaire nette sur les pluies ou la température.
Pour la région Sud-Est humide, à laquelle appartient la région Tanala, on attend pour
2055 des contrastes saisonniers plus accentués (plus de pluies en saison des pluies, plus de
sécheresse en saison sèche), conduisant à l’aggravation des aléas climatologiques auxquels les
gens doivent déjà faire face, tant vis-à-vis du risque érosif, que du feu.
Ces résultats invitent non seulement à une adaptation tactique de variétés moins sensibles,
comme les programmes de recherche action le proposent déjà, mais aussi, et en tout premier
lieu, sur des stratégies d’adaptation plus structurelles (et collectives). De telles stratégies
existent déjà. Ce sont celles que les populations ont déjà mis en oeuvre depuis longtemps pour
faire face aux lourdes contraintes récurrentes qui marquent leur environnement, mais aussi
certaines stratégies mises en place dans le cadre de politiques de conservation. Elles feront
l’objet de la partie 4 de cette communication.
Paysages et sols
La zone de Tolongoina au pied de l’escarpement consiste en collines à pentes raides et
vallées étroites entre 300 et 800 m d’altitude (fig. 4). Les villages et les zones agricoles sont
établis à la base de l’escarpement et dans la zone des collines. Le pays anciennement forestier
des Tanala (c’est-à-dire les « gens de la forêt ») a été, pour une large part, peu à peu converti
en un couvert arbustif (kapoka), et ensuite, en quelques endroits, en un couvert herbacé
(roranga), par des tavy et des feux de brousse répétés (Linton, 1933; Serpantié et al. 2007b).
Les deux territoires villageois incluent le sommet forestier de la falaise (au dessus de 800 m),
la pente de l’escarpement (pentes de 30° à 60°), et la zone collinaire (relief disséqué « à
facettes » avec une altitude moyenne de 500m, des pentes de 20 à 40°et des sommets portant
des lambeaux forestiers.
Les territoires agricoles d’Ambalavero et d’Ambodivanana ont des densités de
population de 27 et 43 habitants/km² respectivement.
9
Cette culture temporaire appartient soit à la classe des cultures itinérantes soit à jachère, en fonction des durées de cultures
et de jachère (Ruthenberg 1971)
d’érosion en masse : gouttières gebona, pentes très raides harana (>40°), et bas de pentes. Les
zones dégradées et appauvries roranga sont aussi évitées. Les sommets sont évités et restent
en forêt car les sols sont pauvres et les jachères s’y régénèrent mal (voir principe 3). Une
pratique additionnelle de réduction du risque érosif est la conservation active des jachères au
dessus d’un tavy. Les cultures à couvert permanent (banane, canne, café) sont réservées aux
zones à risque. Les bas-fonds inondables sont cultivés en deux cycles, successifs ou non pour
limiter le risque d’inondation cyclonique.
Principe 2: Ne pas perturber la structure du sol, ou si c’est nécessaire, le faire aussi
superficiellement que possible, le plus rarement possible, ou de manière progressive (récolte
du manioc par exemple), avec un étalement des résidus. Ceci minimise le risque qu’un sol
ameubli soit entraîné par un éventuel ruissellement ou que des cavités provoquent des sur-
infiltrations et des glissements de terrain10. Ceci permet aux jachères de mieux se régénérer
(cfr principe 3). Le terrassement, les canaux sont réservés aux terres les plus stables
(alluvions, pentes faibles, éboulis anciens).
Principe 3: Culture temporaire et longue jachère (plus de 5 ans autant que possible) : laisser
l’écosystème de pente cicatriser aussi longtemps que possible après défriche. Ainsi la
structure du sol reste meuble pour permettre la culture sur les sols non labourés (cfr principe
2).
Un quatrième principe a été enregistré par Le Bourdiec (1974) : Défricher des forêts
(primaires ou secondaires) de préférence aux jachères kapoka, les Tanala disant que l’érosion
se développe plus sur un tavy de jachère que de forêt. Ce principe impliquait la mobilité.
Actuellement, ce principe ne peut plus être suivi, depuis que les reliques forestières sont
protégées comme réserves, et depuis que les villages sont définitivement sédentaires.
Ces principes techniques reliés peuvent être qualifiés de “passifs” étant donné qu’ils
ne sont pas des actions en tant que telles, mais plutôt des actes passifs : abandonner les
champs, ne pas travailler le sol ni dessoucher, éviter certaines zones. Pourtant, ce sont bien
des principes implicites de gestion précautionneuse du milieu.
VOCABULAIRE
THEME
Malagasy tanala Français ou Latin
efitra, an-tety crêtes, plateau
Morphologie
amboditety pied de l’escarpement
générale
vohitra collines à pentes raides
harana pentes très raides
Pentes foringa pentes moyennes
harenana replats et pentes douces
gebona creux sur versants et vallons
Vallées farihy bas-fonds
horaka marais
Exposition mianatsimo loha exposition nord « tête au sud »
ala, Tanala, an ala forêt mature ; Gens de la forêt, pays tanala
tavy action de défriche-brûlis, champ sur d.b., syst. de culture sur d.b.
tovohindy jachère herbacée d’interculture riz-manioc
Végétation et
hibohibo jeune jachère arbustive (2-4 ans)
cultures
kapoka, k. antitra jachère arbustive (>5 ans), jachère boisée
roranga couvert herbacé après multiples tavy, feux, jachères courtes
am-patrana région sans forêt (pays betsileo de pseudo-steppes)
10
Par exemple, on ne dessouche pas, on ne laisse pas d’arbres dans les défriches, de peur qu’en remuant avec le vent, ils ne
déclenchent des fissures qui seraient autant d’entrées pour les eaux de ruissellement, entraînant des glissements de terrains
lors des cyclones.
hazo hambo arbres
Plantes
Longoza Aframomum angustifolium
indicatrices de
Harongana Harungana madagascariensis
terrains à riz
dingana vavy Psiadia altissima
Plantes Ringotra Dicranopteris linearis
indicatrices de Ampanga Pteridium aquilinum
terrains Anjavidy Philippia spp.
impropres au Radriaka Lantana camara
riz Tenina Imperata cylindrica
angady, miava bêche étroite, binage léger à l’angady mondro (usée)
Outils goro, mibioka, Serpe d’abattis à manche long, fauchage d’adventices au goro
agricoles et famaky, antsilahy, Cognée, hache d’abattis
forestiers Fitomboaka bâton à semer
Karima lame à récolter les panicules
Tany sol, terre, terre des ancêtres
tany mainty horizon “A0”, horizon organique (seulement sous forêt)
tany roaka horizon “A” après défriche-brûlis
Volondohan horizon “A” d’un sol cultivé ("cheveux de la tête ")
Description du tany mena mavo « terre rouge-jaune » (horizon B ou BC jaune sur rouge)
sol tany mena voalohany « première terre rouge » (horizon B ou BC)
andrin tany « pilier du sol » (horizon C)
tain kenkana turricules de vers
menaka, emboka « huile » (matière organique)
tsiron-tany « goût du sol », nutriments et propriétés du sol liées à sa fertilité
malemy / mahery meuble, gentil / dur, fort
tsara / ratsy bon / mauvais
mainty / mena noir / rouge
Propriétés du lonaka / maina arrosé / sec
sol mafana / manara chaud / froid
Maditra indomptable, têtu. Généralement associé à la végétation roranga
am-patrana A la steppe (sans forêt), région de sols durs
Masiaka rude, sévère, méchant, attaché à un interdit (fady)
tany toha glissement de terrain
tany miambaka fissures, décrochements
Erosion et
longeona, hady chenaux souterrains, rigoles profondes
ruissellement
Abolima éboulement des tranchées et des talus de la voie de chemin de fer
ranovohitra, sagoaka ruissellements massifs en période cyclonique, ruisseaux et crues
Tableau 1 : Vocabulaire des Tanala de Tolongoina en rapport à l’érosion (dérivé de
Rakotonson et al, 2010)
Seules les forêts des creux et des pentes ne sont pas ménagées, ces “gens de la forêt »
étant en fait, des paysans pionniers plus que d’authentiques forestiers. Cette technologie
rudimentaire n’est donc pas due à une ignorance agricole, mais plutôt à une forme d’économie
environnementale, en harmonie avec d’autres aspects de la culture temporaire tels que la
gestion de l’écosystème (le contrôle de l’enherbement, la disponibilité en nutriments, le
maintien de capacité de régénération), l’économie du travail, et une économie de
l’organisation (chaque paysan gérant une toposéquence). Ainsi, un système de gestion du
risque érosif existe bien, révélé autant par les caractéristiques du tavy, les discours techniques
et une connaissance fine du milieu que montre les classifications locales en rapport avec
l’érosion (tab 1).
Bien que la dégradation du sol soit admise par la plupart des paysans
d’Ambodivanana, leurs techniques n’ont pas changé. A cause des besoins vivriers, les terres
de moins en moins fertiles sont paradoxalement destinées à être de plus en plus intensivement
exploitées. Comme dans tous les villages Tanala, ils n’utilisent ni engrais ni fumier. Les
options techniques de nouvelles variétés et systèmes de culture intensifs sont peu nombreuses,
ou non faisables eu égard aux risques additionnels, coûts d’investissement, ou conditions
requises (Serpantié et al. 2007c). De nouvelles filières commerciales (comme le Jatropha ou la
vanille) sont encore sans résultats probants, ou négligées par des gens souffrant à un niveau
plus élémentaire d’un accès réduit aux services de base (hôpitaux, écoles, barrages
d’irrigation, routes). Tolongoina, le plus gros village, avec un marché et un centre de soins,
est à trois heures de marche rapide, et ni Ambodivanana ni Ambalavero n’ont leurs propres
écoles.
6. Discussion
Nous nous proposons de discuter de la pertinence des savoirs locaux en matière de
climat et en gestion du risque érosif.
Madagascar donne un bon exemple des problèmes de compatibilité entre les multiples sources
d’information sur le CC. Nous avons montré la pertinence d’une approche travaillant
simultanément sur les savoirs et perceptions locales et une approche scientifique. Cette
dernière peut être divisée en un certain nombre de disciplines, d’approches, de pas de temps,
de variables. Chacune fournit une information utile pour autant que l’analyse reste objective
et relative à des problèmes concrets. Les études basées sur les données climatiques et les
savoirs locaux sont très utiles pour les tactiques et stratégies d’adaptation actuelles, d’autres
(simulations de modèles) sont nécessaires pour des politiques à long terme mais sont plus
difficiles d’emploi pour le court terme.
La richesse de savoirs que les paysans des Hautes terres ont de leurs sols et du contrôle
de l’érosion a été étudiée antérieurement (Rakoto-Ramiarantsoa, 1995; Blanc-Pamard et
Rakoto-Ramiarantsoa, 2006). En contraste, on savait encore peu de choses des populations
Tanala de l’Est, considérées longtemps plus comme un peuple forestier qu’un peuple de
paysans. Rakotoson et al. (2010), ont mis en évidence un profond savoir formel, sous forme
de classifications détaillées des objets d’environnement liés à la problématique de l’érosion,
tab. 1), ce qui confirme nos déductions, même si les règles que nous avons proposées ne sont
jamais formellement énoncées par les Tanala eux mêmes. Notre recherche s’est ainsi
appliquée à mettre au jour un système de gestion des terres sous-jacent aux pratiques, qui
pourrait expliquer la faible occurrence de symptômes d’érosion, dans un pays où l’érosion due
à un climat tropical pluvieux et pentes très fortes est un risque majeur. Bien que leurs outils
soient rudimentaires, les pratiques Tanala ont pu être interprétées comme de multiples
précautions pour prévenir les risques de pertes de terre. La manière des Tanala de conduire le
tavy et ses règles implicites, et la richesse de leurs savoirs sur leur écosystème, ont été des
clés de réduction de la vulnérabilité au risque érosif, en particulier cyclonique.
Bien que souvent diabolisé dans le monde scientifique et technique, le tavy, tel que
conduit par les Tanala, semble particulièrement adapté à la topographie accidentée et au
climat tropical très humide. Une telle « adaptation culturelle » à son environnement avait déjà
été notée par Kotak (1971).Cependant, adapté ne signifie pour autant ni « durable », ni
adapté à n’importe quelles conditions. Dénier un risque érosif dû au tavy serait aussi
fallacieux que dénoncer le tavy sur le fait du risque érosif qu’il accroîtrait. De plus, tous les
systèmes « tavy » ne sont pas égaux en perte en terre. Ainsi, les manifestations érosives
s’accroissent visiblement dans un village déforesté depuis longtemps. La proposition « le tavy
induit de l’érosion » a donc été confirmée à long terme, dans le cas de fortes densités de
population, et des populations sédentaires. Au contraire, dans les villages qui ont été
déforestés depuis moins d’un siècle, et dont la déforestation n’a pas atteint les crêtes, les
pratiques et les savoirs locaux permettent encore d’atténuer le risque érosif.
Une forte population résidente, une faible disponibilité en rizières, un temps écoulé
important depuis la déforestation, des pratiques moins précautionneuses par nécessité,
peuvent constituer des facteurs aggravants qui peuvent ne pas trouver de réponse dans les
savoirs locaux. Cependant emprunter à partir d’autres corpus cognitifs dans le but de
s’adapter à la densité de population ou à une aggravation des risques climatiques requiert de la
prudence. Adopter le système de gestion de la région Betsileo, reconnue pour ses savoirs-faire
sophistiqués, conduirait à des catastrophes pires, particulièrement avec le changement
climatique (fig. 6).
Figure 6 : Eboulement sur parcelle aménagée en « rideaux » par un migrant Betsileo (cliché
Serpantié)
L’étude du détail des pratiques et des représentations des sols a permis de comprendre
pourquoi l’interdiction gouvernementale de défricher les dernières forêts de sommets de
colline et l’obligation de mettre en place des pare-feux au nom de la conservation de la
biodiversité ou des « services écosystémiques » était respectée voire encouragée par les
paysans d’Ambalavero. Cette injonction ne contredisait pas les savoirs locaux sur les
fonctions locales des forêts (protection des pentes et des sources, conservation des ressources
en bois, en miel de proximité, sur les besoins de faune du sol). Elle ne coûte pas cher
socialement, du fait que les forêts restantes se trouvent sur des sols ou des expositions peu
recherchés et que les pare-feux sont faciles à faire.
D’un autre côté, la conservation des jachères de 5 ans et plus restant sur les pentes est
contradictoire avec les 3e et 4e principes tanala de gestion des terres, et réduit fortement
l’espace disponible. Les gens n’approuvent pas cette mesure qui crée des effets pervers
(réduire la jachère à 2 ans interdit le riz pluvial, et encourage l’érosion).
Finalement, la politique de conservation communautaire dans le but de fournir des
“services environnementaux” ou « de la biodiversité » apparaît seulement partiellement
cohérente avec le système local de gestion basé sur les savoirs locaux. D’un autre côté, ces
derniers sont partiellement obsolètes quand la population dépasse un seuil de densité. Des
pratiques introduites auront de meilleures chances d’adoption si elles sont compatibles avec
les savoirs locaux, mais un nouveau savoir adapté aux nouvelles conditions de population
est aussi attendu. La croissance démographique, la pauvreté, et les restrictions foncières
suite à la conservation peuvent, par manque de connaissance d’alternatives, conduire les
paysans à mettre en oeuvre des techniques qu’ils savent être dommageables pour leur
environnement, et encore plus avec le changement climatique11.
Bien qu’atteignant ses limites de validité avec les conditions actuelles de population de
certains territoires, le savoir des Tanala semble particulièrement adapté à l’aggravation des
conditions climatiques, notamment cycloniques. Aussi il fournit une piste pour les
gestionnaires et la recherche agricole. Les principes et pratiques tanala, mettant en exergue
une perturbation minimale du sol et sa couverture par des résidus, la prise en compte des
11
A Ambodivanana en particulier, les tentatives d’étendre les rizières en terrasses avec des canaux ont conduit à des
effondrements. Sur les collines, le labour et le terrassement en vue d’accroître la surface cultivable peut aussi conduire à une
érosion massive. (fig 6)
sols et des plantes indicatrices, la culture temporaire ou à couvert permanent, et la gestion
du paysage, sont des principes compatibles avec l’agriculture de conservation et
l’agroforesterie promues par les centres agronomiques. L’agroforesterie doit cependant être
assez diversifiée, pour participer à la fourniture alimentaire, énergétique, et en fertilisants
(plantains, oléagineux, légumineuses) (Nambena, 2004).
Dans le but de faire face non seulement au changement climatique mais aussi à la
surpopulation, on attendrait donc un renforcement de la gestion forestière communautaire,
justifiée et éventuellement financée par des services environnementaux locaux, régionaux et
globaux, jointe à un tavy maintenu mais amélioré autant que possible (rendement et limitation
du feu), à une intensification du riz de bas-fonds, et à la diversification des moyens de
subsistance (nouveaux produits et activités).
Remerciements
Cette recherche a été conduite à travers les programmes GEREM (CNRE-IRD) et SERENA
(IRD-CIRAD-CEMAGREF). Il a bénéficié d’une aide de l’Agence Nationale de la Recherche
(programme SYSTERRA). Il a été réalisé par l’UMR GRED (IRD-Université Montpellier 3).
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Effets des systèmes de cultures bananières sur un sol brun tropical volcanique
sous des simulations de pluies cycloniques en Martinique.
Bounmanh Benoît KHAMSOUK1, Eric ROOSE², Eric BLANCHART², Marc DOREL3,
Luc RANGON4, Jean-José BANIDOL5
1
Agronome production végétale, rue Kong Deng wombo, BP 1478, Ouagadougou (Burkina Faso), e-mail : benoit.kamsouk@gmail.com
2
IRD Montpellier, Avenue Agropolis, BP 64501, 34 000 Montpellier (France), e-mail : roose@mpl.ird.fr ; blanchart@mpl.ird.fr
3
CIRAD-FLHOR, Neuf châteaux, 97 130 Capesterre Belle Eau (Guadeloupe), e-mail : marc.dorel@cirad.fr
4
IRD Martinique – Caraïbes (PRAM), Petit Morne, 97 232 Lamentin (Martinique), e-mail : luc.rangon@ird.fr
5
CIRAD-FHLOR (PRAM), Petit Morne, 97 232 Lamentin (Martinique), e-mail : jean-jose.banidol@cirad.fr
RESUME
Principale production végétale sur 9 000 ha en Martinique, la culture bananière d’exportation ‘Cavendish’
peut présenter un risque de dégradation pour l’environnement (érosion, pollutions aquatiques) en raison de ses
pratiques culturales, du relief accidenté des zones de production et de fortes pluies. Récemment, une étude en
parcelles expérimentales de 100-200 m² sur un sol brun tropical volcanique a démontré que les systèmes intensifs à
gestion de paillis protégeaient le sol de l’érosion hydrique à l’opposé de la culture traditionnelle d’ananas billonné,
entrant en rotation avec les bananeraies. Afin d’approfondir ces résultats, une campagne de simulations de pluies
cycloniques (19 tests sur des micro-parcelles de 1m² arrosées par une pluie artificielle d’intensité de 100 mm.h-1
durant trois heures) a donc été réalisée in situ avec pour objectif de mieux comprendre le fonctionnement hydrique
du sol, l’efficacité du paillage et de rechercher des liens hydrodynamiques remarquables entre les parcelles
expérimentales de 200 m² sous pluviosité naturelle et les micro-parcelles 1m² sous simulations de pluies.
Les résultats des pluies simulées sont bien conformes aux mesures observées en parcelles d’érosion sous
pluies naturelles, notamment à travers les hydrogrammes obtenus sur les différents traitements testés et à travers les
paramètres de ruissellement. Le sol brun tropical volcanique présente une forte capacité d’infiltration et même après
trois heures de simulation de pluie cyclonique, la saturation du sol superficielle n’est jamais atteinte (Hp<58%). Le
paillage protège efficacement le sol du ruissellement (et de l’érosion hydrique) en accentuant l’infiltration totale de
la pluie artificielle déversée, même après 180 mm de pluie en trois heures car celui-ci couvre bien la surface du sol
et augmente la rugosité superficielle. A l’inverse, les billons concentrent un ruissellement abondant après 40
minutes d’application. D’autres résultats remarquables sont soulignés : (i) – une grande stabilité des agrégats sur les
sols nus où la désagrégation n’est que partielle avec des mottes émoussées reposant sur une croûte inférieure formée
à partir de particules fines désagrégées ; (ii) - un changement de processus hydrodynamique sur le traitement « sol
nu » avec une diminution du ruissellement sur les plus fortes pentes (25 et 40%), provoquée par le maintien de
l’ouverture des macro-pores superficielles due à l’énergie décapante de la lame d’eau. Les résultats des pluies
simulées sur 1m² ont donc bien permis de préciser le fonctionnement hydrique du sol brun tropical volcanique et de
définir le rôle remarquable du paillage dans les systèmes de cultures intensives contre le ruissellement (et l’érosion
hydrique).
Mots clés : Martinique, simulations de pluies cycloniques, culture bananière, ananas, systèmes intensifs, sol brun
tropical volcanique, parcelles d’érosion, paramètres de ruissellement/infiltration.
1 - INTRODUCTION
En Martinique, île volcanique des Antilles françaises (14-16°N ; 60-62°W ; 1080 km²), la production
intensive de banane dessert « Cavendish » qui est un atout économique essentiel, occupe près de 9 000 ha des terres
agricoles.
En raison des pratiques agricoles (grande consommation d'intrants) sur un relief montagneux accidenté
soumis à de forte pluviosité 2000-5000 mm/an (tempêtes tropicales), les systèmes de cultures bananières peut
présenter des risques de dégradation pour l'environnement.
De 1998 à 2001, une étude en parcelles expérimentales sur un sol brun tropical volcanique ou « sol brun
rouille à halloysite » selon Colmet-Daage et Lagache (1965) a montré qu'en matière de dégradation du sol sur un
versant de pente moyenne 10%, les systèmes intensifs bananiers à gestion de paillis ou mulch protégeaient
efficacement le sol de l'érosion hydrique (E=0,6 t/ha/an) à l'inverse de la culture d'ananas billonné (E=17 t/ha/an),
en rotation avec les bananeraies ou du sol dénudé (E=85 t/ha/an) (Khamsouk et Roose, 2003).
Afin d'approfondir les résultats obtenus en parcelles expérimentales sous pluies naturelles et de déterminer
les facteurs explicatifs, des tests de simulations de pluies cycloniques (intensité 100 mm/h) ont été appliqués sur des
micro-parcelles de 1m² à l'intérieur des parcelles d'essais cultivés de 200 m² (Khamsouk et al., 2006).
Cet article va présenter les résultats obtenus sous les simulations de pluies cycloniques, notamment
l'influence du paillis ou mulch en surface du sol sur le comportement hydrique du sol testé.
2 – SITE, MATERIELS ET METHODES
2.1 – Le site d'étude
Le site d’étude est la station expérimentale Rivière Lézarde (110 ha), situé en région centrale de l’île avec
une pluviosité de 2000-2500 mm/an et caractérisé par un sol brun tropical volcanique cultivé en systèmes bananiers.
Six parcelles d’érosion (200 m²) sur différentes pentes ont été installées avec quatre traitements dont les
caractéristiques mesurées durant deux années sont récapitulées dans le tableau 1 :
- les sols nus Nu11, Nu25 et Nu40 ( sol dénudé, travaillé sur 20 cm) : traitement standard ou témoin sur trois
pentes 11-25-40%, permettant de déterminer le comportement du sol sous les averses érosives (Wischmeier et
Smith, 1978) ;
- la canne à sucre avec paillage de résidus organique Ca10 ( 13 lignes de cannes) : parcelle installée sur une
pente de 10%, proposée en rotation avec la bananeraie pour réduire les risques d’érosion et assainir le sol des
nématodes parasites ;
- la bananeraie établie avec paillis en bandes perpendiculaires à la pente Ba11 (36 pieds) : traitement situé sur
une pente à 11%, préconisée pour lutter contre l’érosion ;
- L’ananas mécanisé et billonné An7 (sept billons ; 850 plants) : système intensif traditionnel en rotation avec
la bananeraie et situé sur une pente de 7% - labour profond à 60 cm avec enfouissement des résidus et
billonnage en descendant la pente.
Tableau 1. Caractéristiques mesurées des six parcelles d’érosion installées sur le sol brun tropical
volcanique (sol brun rouille à halloysite).
Sur ces traitements, 19 simulations de pluies cycloniques (intensité : 100 mm.h-1) ont été appliquées sur des
micro-parcelles (1m²) durant trois heures. Les mesures de ruissellement à l’exutoire des micro-parcelles permettent
de déterminer les paramètres hydrodynamiques, bien représentatifs du comportement des surfaces de sol (Lafforgue,
1977 ; Collinet et Valentin, 1979) : la pluie d’imbibition Pi (mm) ou hauteur d’eau de pluie minimale et nécessaire
pour provoquer le ruissellement ; la lame ruisselée cumulée LR60’ et LR180’ (mm) correspondant à la hauteur du
ruissellement après 60 et 180 minutes de simulation ; le coefficient de ruissellement Kr60’ et Kr180’ (%) ou
rapport des hauteurs d’eau ruissellement/pluie après 60 et 180 minutes ; le palier de ruissellement Rx (mm.h-1) ou
intensité maximale et constante d’écoulement d’eau durant le régime permanent du ruissellement. A noter que tous
ces paramètres se retrouvent également dans les hydrogrammes ou courbes de ruissellement/infiltration durant la
durée d'application des pluies artificielles.
A chaque simulation, les conditions initiales et finales des micro-parcelles sont déterminées par cinq
mesures : la pente p (%) à l’aide d’un mètre, d’une règle et d’un niveau à bulle ; les humidités pondérales initiale
Hpi (%) et finale Hpf (%) par prélèvement du sol sur10 cm ; la rugosité de surface Rg par la méthode de la
chaînette (rapport de longueurs chaîne/mètre linéaire) ; la densité apparente du sol Dapp (g.cm-³) avec les cylin-
dres (1000 cm³); l’état de surface du sol comprenant : les surfaces ouvertes SO (%) ou mottes ; les surfaces cou-
vertes SC (%) regroupant la litière et les cailloux protégeant le sol ; les surfaces lisses et fermées SF (%) ou croûte.
Afin de déterminer des relations remarquables et facteurs explicatifs sur les résultats, des corrélations
binaires ont été appliquées sur les résultats : leurs coefficients sont dits « très significatifs » au seuil de 1%,
« significatif » au seuil de 5% et « non significatifs » dans les autres cas.
Photo 1 : évolution de l’état de surface du « sol nu » (Nu11) avant (a) puis après (b) la pluie cyclonique simulée.
Photo 2 : autres état de surface des traitements « canne à sucre paillé » Ca10 avant et après la simulation de
pluie cyclonique (a et b) et « ananas mécanisé et billonné an7 avant la pluie artificielle (c).
Tableau 2. Conditions initiales et finales des 19 micro-parcelles (1 m²) testées sous pluies artificielles.
III – RESULTATS ET DISCUSSION
Figure 1. Hydrogrammes moyens du ruissellement issus des traitements testés sous pluies simulées.
Ces comportements sous pluies cycloniques simulées sont bien conformes aux résultats de ruissellement
observés en parcelles d’érosion, à savoir :
! l'absence de perte en terre annuelle sur les traitements cultivés paillés bananeraie et canne à sucre
(photos 2a et 2b),
! une érosion hydrique favorisée par l'effet des sillons concentrant rapidement le ruissellement, même sur
pente faible 7% (ananas mécanisé et billonné (photo 2c)),
! un changement de processus hydrodynamique et d'érosion hydrique du sol dénudé quand la pente
dépasse 25%, c'est-à-dire une érosion hydrique linéaire pour des pentes <25% à une érosion hydrique par coulée
boueuse sur les pentes à 40% (Khamsouk et Roose, 2003).
Tableau 3. Paramètres hydrodynamiques des 19 simulations de pluies appliquées sur les 6 traitements.
Au niveau des paramètres hydrodynamiques (tableau 3), les résultats sont également conformes aux
mesures réalisées sur les parcelles d’érosion (Khamsouk et Roose, 2003) :
− pas de ruissellement observé sous traitements paillés, très couvert et très rugueux, et une infiltration
totale comme dans d’autres études références (Mannering et al., 1966 ; Roose, 1977 ; Helming et al., 1998),
− l'effet des sillons concentrant et évacuant le ruissellement, vecteur de la forte érosion et bien souligné
dans des études expérimentales sur andosols et ferrisols (Roose et Asseline, 1978 ; El-Swaify et al., 1982 ;
Winschester Chromec et al., 1989),
− l'influence négative de la pente sur le ruissellement sur les sols nus où l’infiltration augmente en raison
de l’ouverture du sol, provoquée par l’énergie décapante du ruissellement (Heusch, 1971 ; Poesen, 1986 ; Valentin,
1989 ; Roose et al., 1993 ; Janeau et al., 2003 ; Sabir et al., 2004).
Parmi les paramètres de ruissellement, deux principaux (Pi et LR60’) sont très représentatifs du
comportement hydrique des parcelles testées tandis que d’autres travaux analogues font référence au ruissellement
maximal Rx ou l'infiltration permanente Fn, obtenus après 60 minutes de pluies sur des sols sableux tropicaux
cultivés ou sur des sols limoneux (Roose et Asseline, 1978 ; Collinet et Valentin, 1979 ; Le Bissonnais et al., 1989).
IV – CONCLUSION
Les résultats des pluies cycloniques simulées sont non seulement conformes à ceux mesurés sous pluies
naturelles, mais aussi et surtout ils ont permis de préciser le fonctionnement hydrique du sol brun tropical cultivé
(sol brun rouille à halloysite) et de déterminer les facteurs explicatifs intervenant dans l’installation du
ruissellement, principal vecteur de l’érosion hydrique du sol en Martinique. Dans les productions végétales
intensives (bananeraie et canne à sucre) sous climat tropical humide avec des tempêtes cycloniques, limiter le
ruissellement par le paillage organique bien couvrant et rugueux reste donc une bonne pratique agricole de lutte
antiérosive, combinant à la fois la conservation du sol et la disponibilité des résidus culturales.
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L'épisode pluviométrique du 15 juin 2010 dans le Var (France) :
précipitations, crues et inondations
Claude Martin
UMR 6012 ESPACE, CNRS et Université de Nice - Sophia-Antipolis.
Courriel : claude.martin0156@orange.fr
Résumé.
Le 15 juin 2010, des précipitations très abondantes et intenses ont provoqué des
crues violentes et des inondations catastrophiques dans la région de Draguignan et
dans la basse plaine de l'Argens. Vingt cinq personnes sont décédées et les dégâts
s'élèvent à un milliard d'euros. Certains aménagements (couverture de ruisseaux,
ponts) ont aggravé la situation dans les secteurs urbanisés en zones inondables par
crues rares ou exceptionnelles. Mais le risque doit être évalué au regard de la
probabilité de retour de ce type d'événement.
Mots clés : précipitations, crue, inondation, risque, Var, France.
Abstract.
During the 15th of June 2010, very strong and intensive rains have generated violent
floods and catastrophic flooding in the environs of Draguignan and in the low valley
of the river Argens. Twenty five persons have died and damages come to one
thousand of euros. Certain appointments (covering brooks, bridges) have increased
the condition in urban areas located in flooded zones during rare or exceptional
flood-events. The risk must be evaluated taking in account the return probability for
this type of event.
Keywords: rainfall, flood, flooding, risk, Var, France.
1. Introduction
L'épisode pluviométrique qui a touché le Var le 15 juin 2010, a causé le décès
de 25 personnes et se classe ainsi parmi les plus meurtriers en France au cours des
dernières décennies. Les précipitations abondantes et intenses du 15 juin ont
provoqué, le jour même et le lendemain, des inondations aux effets dévastateurs,
dont les dégâts (plusieurs ponts détruits ou endommagés, des routes défoncées, de
nombreux locaux d'habitation et professionnels dégradés, des exploitations agricoles
dévastées, des troupeaux et des élevages décimés, des centaines de voitures
emportées ou submergées…) se chiffrent à un milliard d'euros.
Laissant les investigations coûteuses aux équipes du Retour d'Expérience
(REx Var) commandité par le Ministère de l'Écologie et du Développement Durable
(CETE, 2011), j'ai choisi de m'appuyer largement sur des informations en libre accès
sur internet. Je résumerai ici les premiers résultats publiés (Martin, 2010), en leur
apportant quelques compléments.
2. Les précipitations
L'épisode est dû à une dépression d'altitude progressant d'ouest en est avant
de remonter vers le nord sur la Méditerranée. Les ascendances subies par l'air
chaud, humide et instable poussé par la dépression déclenchent alors des pluies
orageuses très abondantes sur le continent (Artigue et al., 2010). Ce type de
situation, fréquent dans la partie occidentale de la façade méditerranéenne française,
en particulier en Cévennes, est plus rare en Provence. Il se produit généralement en
automne (Vaison-la-Romaine, septembre 1992 ; Marseille, septembre 2000), très
rarement au printemps (Auribeau-sur-Siagne, juin 1994).
Une grande partie du département du Var, dans le secteur moyen du bassin
de l'Argens, a reçu des précipitations supérieures à 200 mm (Fig. 1). Les pluies ont
été particulièrement abondantes dans un large secteur autour de Draguignan, la
valeur maximale atteignant 461 mm à Lorgues (395 mm selon un poste amateur).
Trois sous-bassins importants ont été particulièrement touchés, ceux de la Florièye,
du Réal et de la Nartuby. On peut y ajouter les bassins de l'Aille et de l'Endre, mais
ces cours d'eau ne traversant aucun village ont causé moins de problèmes.
L'essentiel des précipitations est tombé le 15 juin (397 mm aux Arcs, 270 mm
à Draguignan, 304 mm à Canjuers… – mesures du 16 juin à 8h00), avec une forte
concentration de 11h00 à 19h00 : 338 mm à Taradeau (contre 384 mm pour
l'ensemble de l'épisode). Les précipitations du 15 juin sont les plus fortes jamais
enregistrées dans le secteur. Les précédents records étaient, par exemple, de
144 mm depuis 1946 au Luc (août 1983), de 164 mm depuis 1934 aux Arcs (octobre
1957) et de 185 mm depuis 1939 à Comps (6 km au nord de Canjuers – en 1957).
De 1958 à 2009 (http://pluiesextremes.meteo.fr/index.php – Météo France), le
réseau pluviométrique du Var n'avait enregistré que huit valeurs journalières
supérieures à 200 mm : cinq sur la côte ou à proximité immédiate, deux dans l'ouest
varois (maximum de 250 mm en janvier 2006) et une à Callas, au sud de Bargemon
(207 mm en décembre 1958). Deux seulement de ces valeurs ont été mesurées le
même jour (sur le littoral, en octobre 1973).
Pour un poste un peu éloigné, mais néanmoins représentatif, Collobrières,
Lang et Lavabre (2007) donnent des valeurs références de 185 mm pour la pluie
centennale et 240 mm pour la pluie millennale (loi de Gumbel sur la période
1966-2001). Dans le secteur Draguignan - Lorgues - Les Arcs, les pluies du 15 juin
2010 apparaissent donc bien plus que centennales. Leur caractère exceptionnel
serait encore plus marqué en considérant une durée plus courte que 24 heures.
Aux Arcs, les pluies horaires se sont maintenues entre 20 et 50 mm de midi à
22 heures ; à Lorgues, à la station CIRAME (461 mm sur l'épisode), les valeurs
horaires maximales ont été enregistrées de 14 à 16 heures : 69 et 79 mm (source :
http://pluiesextremes.meteo.fr/2010-06-15/catastrophe-de-draguignan.html – Météo
France). À Taradeau, l'intensité maximale en 60 minutes (valeur glissante) s'est
élevée à 69 mm/h à 14h49 et celle en 120 minutes à 56 mm/h à 15h44 (source :
Daniel Siloret, http://sud-meteo.pagesperso-orange.fr) (cf. Martin, 2010). Ces valeurs
sont élevées, mais moins exceptionnelles (sans doute décennales à centennales)
que les précipitations journalières.
Certes, l'épisode s'est produit à un moment de l'année où l'évapotranspiration
est déjà forte, mais les conditions hydriques étaient favorables aux écoulements :
année 2008-09 très arrosée (1253 mm à Taradeau) et année 2009-10 déjà assez
pluvieuse (760 mm depuis le 1er septembre ; 110 mm depuis le 1er mai).
3.4. L'Argens
Le débit de pointe à Roquebrune (bassin ≈ 2700 km2) est estimé à 2500m3/s
environ, plus de 50 % au-dessus du plus fort débit connu antérieurement (crue de
décembre 1959) (Philippe Lefort, communication orale). Comparée aux 115 m3/s
observés en aval de Carcès et de la confluence avec la Bresque (Banque Hydro –
bassin ≈ 1300 km2), cette estimation témoigne de l'abondance des écoulements
dans le secteur le plus touché par l'épisode.
Dans la basse plaine de l'Argens, aux crues rapides de l'Argens moyen et de
ses affluents se substitue une crue lente. Une grande partie de la plaine est inondée
(voir les photos aériennes sur le site : http://pluiesextremes.meteo.fr/index.php). La
montée des eaux devient préoccupante le 16 juin entre 2h00 et 4h00. Les dégâts
sont considérables (habitations, locaux commerciaux et industriels, campings,
exploitations agricoles…). Aucune alerte n'ayant été déclenchée, les populations
sont totalement surprises. Sept décès seront à déplorer (Roquebrune et Fréjus).
6. Conclusion
Le bilan humain et matériel de l'épisode pluviométrique du 15 juin 2010 est
très lourd. Il devrait inciter à prendre quelques dispositions pour améliorer la sécurité
des biens et des personnes dans l'avenir. Au delà d'une amélioration des prévisions
météorologiques et de connaissances plus fines des fonctionnements hydrologiques,
on peut espérer la mise en place d'un service d'alerte hydro-météorologique plus
efficace. Pour le reste, si les mesures bien connues en la matière (d'interdiction ou
d'obligation) seront peut-être appliquées, il n'en demeure pas moins vrai que mis à
part quelques cas particuliers, il sera impossible de modifier grand-chose. Bien sûr,
des efforts devront être faits pour faciliter et/ou accélérer la circulation des eaux dans
les secteurs où les implantations humaines sont menacées. Bien sûr, quelques
zones pourront être préservées pour l'expansion des crues, à supposer que des
espaces non occupés existent encore dans chaque bassin versant. Mais cela sera
bien peu, car beaucoup d'aménagements ont été réalisés sur lesquels il sera difficile
de revenir. L'État a décidé de fermer la prison de Draguignan plutôt que de la
réaménager, mais ce geste ne peut avoir qu'une portée symbolique… ou politique. À
quelques exceptions près, les habitations et les locaux professionnels resteront là où
ils se trouvent, et d'autres viendront sans doute s'y ajouter du fait de la pression
socio-économique, que ce soit dans le bassin de la Nartuby ou dans la basse plaine
de l'Argens.
Au demeurant, s'il a été catastrophique, l'épisode du 15 juin 2010 a aussi
comme caractère d'être exceptionnel. Chaque année, la probabilité pour qu'un
épisode au moins équivalent se produise est inférieure à 1/400 à Trans et elle est
encore plus faible à Rebouillon et à Taradeau. Pour l'amorce des problèmes sérieux,
la probabilité, dans tout ce secteur, reste en dessous de 1/200. Enfin, une inondation
comme celle observée dans la basse plaine de l'Argens en juin 2010 ne peut être
provoquée que par des précipitations extrêmement abondantes sur une grande
partie du bassin versant, suffisantes en tout cas pour entraîner une forte
concentration des écoulements. Contrairement à l'avis du REx Var (Fourmigué et al.,
in CETE 2011), qui avance pour l'instant une période de retour de 100 ans, il faut
certainement ici aussi considérer l'épisode de juin 2010 comme pluri-centennal.
Les décisions devront tenir compte à la fois de la nécessité de protéger la
population, des contraintes socio-économiques et de la réalité objective du risque. Il
n'existe pas de solution toute faite. Définir des actions pertinentes nécessite
d'examiner l'ensemble des enjeux et de chercher entre eux un équilibre qui permette,
en fonction des moyens disponibles, d'assurer un bon niveau de sécurité au regard
du risque, tout en ne bloquant pas le développement.
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PPR Draguignan, 2005. Plan de Prévention des Risques Prévisibles (PPR). Commune de
Draguignan. La Nartuby. 1 - Note de présentation. Direction Départementale de l'Équipement du Var
et Direction Régionale de l'Environnement Provence-Alpes-Côte d'azur : 22 p. + 5 annexes.
T h è m e 3
A s p e c ts a g ro n o m iq u e s
d e la g e s tio n c o n s e rv a to ire
d e l’e a u e t d e s s o ls ( G C E S )
L ’a s s o c ia tio n o u la ro ta tio n d e s c é ré a le s a v e c d e s lé g u m in e u s e s (a ra c h id e , s o ja ,
h a ric o ts … ) a p p o rte d e l’a z o te d e l’a ir. M a is c e s te c h n iq u e s s o n t in o p é ra n te s s u r d e s s o ls d é jà
d é g ra d é s c a r p o u r s e d é v e lo p p e r c o rre c te m e n t, le s lé g u m in e u s e s e x ig e n t s u ffis a m m e n t d e
p h o s p h o re a s s im ila b le e t d e s p H p re s q u e n e u tre s .
C e rta in e s c u ltu re s c o m m e le s b a n a n ie rs , le s a n a n a s e t la c a n n e à s u c re p ro d u is e n t u n e
a b o n d a n te b io m a s s e : le u r g e s tio n à la s u rfa c e d u s o l, c o m b in é e a v e c d e s a p p o rts d ’e n g ra is
m in é ra u x c o m p lé m e n ta ire s p e rm e t d e c o n s tru ire d e s s o ls h u m ifè re s fe rtile s (e x B u ru n d i,
M a rtin iq u e ).
Valet Serge1
1
PASSERELLES, 9, rue du Bât d’Argent, 69001, Lyon France ; valet.serge2@wanadoo.fr.
Résumé
Les résultats de cette étude conduite sur les cultures associées traditionnelles multi
stratifiées et en relais dans la région des hauts plateaux de l’Ouest Cameroun
démontrent le « génie agricole » des paysans illettrés qui repose sur leur
connaissance empirique agropédoclimatique. Par rapport aux monocultures, les
associations culturales offrent un ensemble de services supérieurs dans de
nombreux domaines agronomiques et environnementaux, assurant une meilleure
conservation/réhabilitation de la structure du sol et infiltration avec limitation de
l’engorgement du sol, une meilleure protection du sol contre l’érosion ; un
enracinement plus important et plus efficace, une meilleure utilisation des réserves
en eau et nutriments ; une séquestration optimum du carbone. C’est ce qui explique
qu’elles fournissent des rendements maxima totaux (LER) pour des doses de
fertilisation minérale maximum de 20 à 50% plus faibles que pour les monocultures
maximisant les apports de fertilisation minérale. Grâce à l’économie d’intrants et de
sol, elles sont plus rentables que les monocultures. La maximisation de la biomasse
souterraine et aérienne explique la meilleure résistance à l’érosion hydrique. Les
savoirs bio-agro-pédologiques empiriques renforcés par les savoirs scientifiques
devraient concourir à la réhabilitation des agro-écosystèmes face à l’accroissement
démographique et au changement climatique.
Mots- clés : associations multi stratifiées, aggradation, biomasse, engrais minéraux et organiques,
lutte antiérosive, Cameroun.
Abstract:
The results of this study about the traditional mixed and relay cropping in the W-
Cameroon highlands proved the “agricultural genius” of the illiterate paysants which
is due to their empirical agro-pedo-climatic knowledges. With regard to the pure
cultures, mixed cropping offer some ecological services: best land
conservation/rehabilitation, soil infiltration and structural preservation, good manual
tillage, adequate soil erosion struggle, and optimal carbon sequestration… These
explain that the optimal mineral fertilizer doses are 20 to 50% less than these of the
pure cultures. So, because the nutrients and soil economy, and the more important
total yields (LER), than the same pure cultures, the mixed cropping make more
money. The aerial and subterranean biomass maximisation explains the best
resistance to the erosion. The empirical knowledge reinforced by the scientific
knowledge would contribute to secure the agro(eco)logical conservation/rehabilitation
face to the population increase and the climate change.
Key-words: Mixed cropping, soil aggradation, biomass, manure and mineral fertilizer, erosion,
Cameroon.
I. OBJECTIF
Les cultures associées traditionnelles recouvrent toujours de grandes surfaces
dans le monde et assurent l’alimentation de plus d’un milliard de paysans illettrés. Ils
pratiquent empiriquement ce type d’agriculture du sahel aux forêts tropicales (Hecq,
1958 ; Baldy, 1963 ; Valet, 1966 et 1970 ; Mazoyer, 1972). Les espèces et variétés
cultivées, de même que leur nombre, varient avec la latitude mais aussi avec
l’altitude, de même qu’avec les habitudes alimentaires traduisant l’adaptation aux
potentialités multiples des agro-écosystèmes (Valet, 1966-1971; de Ravignan, 1969 ;
Dupriez, 1980a). Pour les agronomes ces dernières « devaient tout naturellement
céder la place aux cultures intensifiées pures dès lors qu’elles auraient montré leur
supériorité » (Tardieu, 1970). Quant à d’autres chercheurs, qui croyaient cependant
à la supériorité des associations, ils pensaient que “la culture pérenne doit conquérir
normalement tout l’espace à l’exclusion des petites exploitations de subsistance
tournées d’abord vers les cultures vivrières ” (GRET, 1982). Les échecs de
l’intensification des monocultures (Révolution verte prônée dès 1950) et aussi des
techniques physiques de lutte contre l’érosion, sont reconnus et expliqués en partie
par M. Griffon : « Les agronomes ont été formés pour éradiquer les écosystèmes
pour créer un système artificiel, simplifié et forcé par l’introduction d’une grande
quantité d’engrais et de pesticides» (CIRAD, 2007). La nécessité de « nourrir la
planète » tout en la préservant oblige désormais à étudier les cultures associées
traditionnelles innovantes (Valet, 1966-71). Pour ce faire des essais sur les cultures
associées dans la région des hauts plateaux de l’Ouest-Cameroun qui représentent
le meilleur exemple et le plus complet des associations culturales par leur diversité
mais aussi par la possibilité d’en multiplier les arrangements ont été conduits.
L’objectif de cette étude doit répondre à plusieurs questions agro-
environnementales que pose cet apparent et abondant chaos végétal :
1) Quelles actions ces associations culturales ont-elles sur le sol qui « est une
ressource essentielle à l’activité humaine et à la survie des écosystèmes ?
2) Comment assurer une augmentation de productivité des associations de façon
soutenue sans pollution ?
3) Quels indicateurs retenir pour démontrer l’effet de ces associations face au
changement climatique ?
4) Quels bénéfices comparés à ceux des monocultures ?
2. METHODE ET MATERIEL
2.1. Localisation
L’étude a été réalisée dès 1966 dans l’Ouest-Cameroun en trois régions Nkondjock,
pays Bamiléké et Bamoun entre 9° et 11°E et de 5° à 6°N.
2.2. Le climat
La pluviosité moyenne annuelle diminue du sud-ouest au nord-est de plus de
3000mm à 1450mm (période 1921 à 1968) mais augmente au voisinage des plaines
et des massifs montagneux (Valet 1966). La diminution entraîne le raccourcissement
de la saison utile des pluies et une réduction du nombre de cycles annuels de
cultures. Les températures moyennes annuelles qui diminuent avec l’altitude, sont de
27,5°C au sud à moins de 19°C dans les monts Bamboutos. L’insolation a ugmente
de 1750 à 2400 heures inversement à la pluviosité. La région Bamoun est à risque
de sécheresse climatique.
2.3. Les sols
Les formations plus anciennes (socle granito gneissique et basalte ancien)
supportent les sols ferralitiques (rouges et jaunes) les plus altérés ; alors que les plus
récentes ont donné des sols faiblement ferralitiques sur la série éruptive moyenne et
sols jeunes noirs et bruns sur la série supérieure basaltique et des sols remaniés
caillouteux. Certains sols ferrallitiques et bruns enrichis en cendres volcaniques
basaltiques sont appelés «à profil complexe» (Sieffermann, 1973). Ces sols
présentent des sommes de cations échangeables de 1,8 à 31,5 m.éq./100g, de
Corg. de 1,8 à 10%, et des carences minérales en P et K de nulles à très fortes
(Valet, 1967).
Les sols sont caractérisés par trois régimes hydriques : Udic (bien alimenté en eau),
Aquic (engorgement) et Ustic (avec une période de sécheresse).
2.4. Essais de fertilisation
Des courbes de réponse (Urée & P205) ont été réalisés sur la monoculture de maïs
(Cuban yellow et Mexican V seules ou croisées, Z290) et sur des associations bi et
tri spécifiques comprenant des tubercules (Taro blancs: colocasia antiquorum et
Macabo blancs: xanthosoma sagittifolium) et des légumineuses (Soja –Cola, ISRA3/73
& SJ289 et Haricot local). Des apports suffisants de P2O5 (Phosphate bi calcique) et
de K (Chlorure de potassium) ont été ajoutés. Des essais de fertilisation organique
(fumier de bovins et écobuage) ont été réalisés.
3. RESULTATS
3.1. Techniques culturales
3.1.1. Densité des cultures ou IOS (Indice d’Occupation du Sol)
La densité des cultures est mesurée par l’ IOS qui varie de 1,40 pour l’association tri
spécifique, 1,30 à 1,95 pour les associations bi spécifique et varie de 1,04 à 3 pour 5
à 12 espèces dans l’association traditionnelle en fonction du climat et de la qualité du
sol (Valet, 1976 ; Salez, 1986 et 1990).
3.1.2. Travail du sol : billonnage
Les billons sont réalisés manuellement à l’aide d’un socle de pelle emmanché
comme une houe. Les mauvaises herbes et les résidus de récolte sont déposés
dans le sillon puis enfouis l’année suivante au sein du nouveau billon. Ce
déplacement latéral des billons d’une année l’autre assure une certaine succession
et assolement car les mêmes cultures ainsi ne se retrouvent pas en contact avec les
mêmes particules de terre. De plus en plus de paysans sur sol plan pratiquent le
labour mécanisé équin à plat suivi de billonnage.
- Dimension
Les billons sont espacés de 60 à 200 cm selon la nature du sol.
*Sur sol peu profond et caillouteux, notamment sur granite, ils sont peu épais
et rapprochés et de longueur réduite.
*Sur sol profond et limono argileux, sur basalte ou à profil complexe (enrichi
en cendre volcanique), leur taille et leur espacement sont grands.
* Sur sol profond, notamment en zone hydromorphe, les buttes sont
importantes et courtes.
- Distribution sur le versant
Les billons ont été réalisés perpendiculairement à ces pentes faibles.
- Ameublissement
Figure 1- Effet des techniques culturales
sur la profondeur d’ameublissement :
Sur les sols très contrastés utilisés, sol ferrallitique à profil complexe, sol ferrallitique
rouge gravillonnaire érodé (Dschang) et sol noir andosolique sur cendres basaltiques
(Foumbot) les techniques culturales manuelles traditionnelles de travail du sol
provoquent, de façon hautement significative, un ameublissement plus important sur
une plus grande profondeur et une structuration meilleure que le labour mécanisé
même suivi d’un billonnage (Fig. 1). Ainsi, une force appliquée de 75kgm fait
pénétrer une tige métallique de 1cm de diamètre jusqu’à la profondeur de -25cm
pour le labour mécanique, -46cm pour le labour et billonnage mécaniques et de -
65cm environ pour le billon manuel traditionnel. Cet ameublissement favorise
l’enracinement très différent des multiples espèces latéralement et en profondeur.
3.1.3 Structure et porosité totale
Outre la différence observée sur l’ameublissement du sol, le billon manuel
traditionnel améliore significativement la porosité totale du sol en réduisant la densité
apparente par rapport aux labours mécanisés de 1.25 à 0,99 soit une amélioration de
la porosité totale de 49 à 61%. De plus, le sol laissé nu en monoculture, en
septembre pendant les plus fortes pluies très agressives, subit une plus grande
érosion que celle très importante mesurée en début de saison de culture (Valet,
1999). Un essai de paillage protecteur, épais de 30cm, contre l’érosion sur une
monoculture de maïs en saison des pluies a montré qu’il provoque une baisse de
rendement de 7 à 19% respectivement sans et avec engrais, car il maintient
l’humidité du sol au dessus de la capacité au champ (de 40% à 8% respectivement
de -2cm à -20cm de profondeur) et abaisse la température (à 12h. en moyenne de
9°C à 6°C respectivement de -2cm à -20cm de profondeur) ; Il ne peut donc pas être
conseillé en saison des pluies pour protéger le sol de l’encroûtement (Valet, 1999).
3.1.4. Déficit ou excès hydriques
Deux risques de déficit hydrique l’un climatique en région Bamoun et l’autre
édaphique dans les deux régions pour les sols qui présentent un régime hydrique de
type Ustic sur pentes fortes et en sols très sableux ou peu profonds ont été identifiés
(Valet, 2004). Mais le plus souvent au cours du premier cycle cultural c’est le
drainage qui domine. Il explique à la baisse de 54 à 66% la variance des rendements
du maïs pour les différents sols (Fig. 2). Cet effet dépressif du drainage est aussi
mesuré dans des essais conduits sur sol hydromorphe où il se caractérise par un
Figure 2- Relation entre le rendement du maïs
(Qx ha-1) et le drainage (mm) sur des sols de
différente qualité dans l’Ouest-Cameroun
(1965-1972).
-1
(Maize yield (Qx ha ) versus drainage (mm) for variable
quality of soils in West-Cameroun (1965-1972).
allongement significatif du cycle du maïs. Dans les deux cas, c’est l’engorgement du
sol avec le risque d’asphyxie racinaire et le blocage de la minéralisation de l’azote
qui ajoutent leurs effets pour allonger la durée de la croissance de la culture et
réduire sa biomasse. Avec l’installation de la sécheresse, à partir de 1970, le risque
d’engorgement s’atténuera et celui d’aggravation du déficit hydrique des associations
traditionnelles devrait s’accroître et accentuer la compétition entre espèces.
3.1.5. Fertilisation des associations culturales et des monocultures
A- Fertilisation minérale
- Associations tri spécifiques :
Les courbes d’apport croissant d’urée (avec doses satisfaisantes de P et K)
démontrent que le maximum se situe entre 60 et 80 U/ha de N pour le maïs, 40 à 60
environ pour le macabo et le taro pour des sols de qualité différente (Fig. 3). Les
rendements totaux pondéreux maximum enregistrés aux doses maxima d’engrais
varient de 10Tha-1 environ à Dschang à 23T à Foumbot.
Figure 3– Courbes de réponse à N de l’association Maïs-Macabo-Taro sur des sols
de qualité différente, Ouest Cameroun. (Maize-Colocasia-xanthosema vs N of soils with
different quality in West Cameroon).
- Monoculture de maïs
La dose maximum d’urée se situe entre 65 et 150 U/ha de N donc de 20% au double
de celle obtenue en association tri spécifique (Fig. 5). Les rendements obtenus en
Figure 5– Courbes de
réponse du Maïs à N sur
des sols de qualité
différente, Ouest
Cameroun.
(Maize yield vs N on soils of
different quality, West
Cameroun).
- Fumier bovin
A dose de nutriments égale à la fumure minérale, le fumier a un effet identique sur le
rendement du maïs ; de plus il majore l’effet des apports (+27,3% avec 200 U/ha) de
N (Urée) (Fig. 6B).
- Jachère
La forte production de biomasse et le maintien de la jachère assurent efficacement la
restauration physique et chimique de la fertilité du sol. A Koumelap sur un sol
ferrallitique rouge sur basalte ancien, la jachère a permis au sol de recouvrer une
fertilité minérale et organique équivalente à l’enfouissement de stylosanthes, en
cations nettement supérieure, en phosphore légèrement inférieur à un apport de 200
unités ha-1 de P2O5 et une stabilité structurale supérieure à la monoculture intensifiée
sur 20-40cm (Valet, 1999b).
3.1.6. Haies vives et parc arboré
Les cultures associées implantées dans des parcs arborés (arbres et arbustes
divers) et entourées par des haies vives bénéficient de leurs apports organiques
(feuilles, brindilles, branches, racines, BRF) (Photo 1). Après 6 mois seulement ces
haies filtrent et retiennent 95% de la charge solide au Burundi (Duchaufour et al.,
1996). De plus, ces haies permettent une amélioration de la fertilité et du rendement
par remontée des nutriments et par la biomasse produite, 102 à 124kg ha-1 an-1 de
N, 6 à 9kg ha-1 an-1 de P2O5 et 18kg ha-1 an-1 de K et le CO (Ndayzigiye, 1993). A la
Réunion, sur fortes pentes une haie de calliandra calothyrsus améliore l’état
structural des Andosols très sensibles à l’érosion (Cattet, 1996). Dans l’Ouest
Cameroun, Kalemba et Ndoki (1995) ont vérifié l’effet des BRF (Bois Raméaux
Fragmentés : branches de diamètre inférieur à 8cm), produit de l’émondage des
Dschang- Granite
Photo 1- Cultures multistratifiées à Bansoa, Bafou, Foumbot et Dschang.
comparés aux monocultures intensifiées ont été calculés aux valeurs de 1970 sur de
nombreux essais (Valet, 1972 et 1976 ; Salez 1986 et 1990). De déficitaire en
monoculture à l’exception des tubercules l’accroissement des bénéfices est
proportionnel au nombre de plantes par unité de surface (Fig. 7). De moins
18000CFA à 20000CFA en monoculture de maïs et arachide et 55000CFA pour les
Macabos on obtient des gains de 125000CFA en association. La fertilisation
raisonnée sur 3 espèces donne des bénéfices inférieurs à la pratique traditionnelle.
La dérégulation libérale obligeant le Cameroun a supprimer les subventions agricoles
dans les années 80, suivi en 1994 de la dévaluation de 50% du CFA imposée par la
BM, la disparition de la protection douanière puis de la baisse constante des cours
mondiaux due à la « mondialisation » devrait encore creuser l’écart entre les
bénéfices obtenus dans les associations traditionnelles et celles des monocultures
intensifiées au profit des premières (Valet, 2007).
4. Discussion
Les cultures associées multi spécifiques parce que conduites dans des parcs
arborés parfois denses, et entre des haies, bénéficient d’abondants apports
organiques, complétés par les adventices et résidus agricoles, mais aussi minéraux
soit directement soit par remontée d’horizons profonds qui leur assurent une bonne
qualité physico chimique et hydrique. Njoku et al. (1984.) ont démontré que les
associations culturales réduisaient le lessivage de l’azote et des nutriments. Cela
s’apparente assez à la conservation qu’aurait une jachère, des plantes de
couvertures associées à l’emploi d’un engrais vert dont les effets sur la productivité
des sols sont reconnus depuis longtemps sous toutes les latitudes (Etesse, 1932).
Cette forte quantité de matière organique et minérale et leur nature différente dont
les BRF expliquent le raccourcissement de la durée réparatrice des jachères comme
l’ont obtenue Salako et Tian (2001) au Nigeria et Autfray (2005) en Côte d’Ivoire
avec une seule plante de couverture à bon niveau de matière organique. La
préparation manuelle traditionnelle du sol qui crée un très bon ameublissement et
une porosité totale supérieure à celle du labour mécanique, favorise l’implantation
rapide des multiples systèmes racinaires en densité et en profondeur assurant une
utilisation supérieure de l’eau du sol diminuant encore plus les risques
d’engorgement mais aussi résistant mieux à la sécheresse. En effet, la compétition
entre cultures est réduite et ce d’autant plus que les « assiettes radiculaires »
présentent des caractéristiques morphologiques et physiologiques différentes et
complémentaires (Dupriez, 1980b). Ceci est confirmé par Hulugalle et al. (1987) qui
signalent que le RER (Root Equivalent Ratio) des associations est supérieur, de
l’ordre de 1,5 fois, à celui des mêmes monocultures et Autfray (2005) de 1.40 jusqu’à
100cm de profondeur de sol pour une association Sorgho-Bracharia. Le décalage
des semis et les longueurs de cycle différents déplacent les besoins nutritionnels et
hydriques qui ne se font pas aux mêmes époques, et les prélèvements en même
quantité aux mêmes profondeurs (Baldy et Stigter, 1997). Ainsi Reddy et Willey
(1981) ont démontré que deux plantes consomment seulement 10% de plus par
unité d’hectare que chaque monoculture et Sinha et al., (1985) quatre plantes 28%
de plus seulement. Trenbath (1976) a démontré que l’association culturale permettait
une meilleure aération des racines en période de saturation du sol. Dans l’Ouest
Cameroun chaque introduction de la monoculture a toujours été à l’origine, dès la
première année, de la dégradation accélérée du milieu provoquant la destruction des
équilibres bio-physico-chimiques avec apparition de ravines dans les écosystèmes
respectés par les associations culturales traditionnelles (Peltier, 1989 ; Valet, 1999).
L’ensemble de l’effet des techniques appliquées aux associations explique
l’économie en intrants observé dans les essais de fertilisation (Trenbath, 1976).
L’affinité maïs-haricot a été confirmée par Autfrey (1995) et Kleitz (1988) qui relèvent
même une affinité arachide-haricot. Par contre la répulsion maïs-arachide n’a pas été
notée par ces auteurs qui ne signalent qu’une répulsion de l’arachide avec les
arbres, musacées, café, taro et macabo. C’est cette même répulsion qui est
observée avec l’association maïs-soja. Cet antagonisme s’expliquerait
vraisemblablement par la concurrence pour la lumière et la photosynthèse (Clark et
Francis, 1985). C’est ce qui pourrait expliquer en partie que cette association n’est
pas été retenue par les paysans. Toutes ces caractéristiques de ces agro systèmes
assurent un large éventail de services mutuels écologiques à l’échelle du champ, un
fonctionnement accru des enzymes microbiens (Floch, 2008) ; des facilités
d’interconnections des mycorhizes (Hauggaard et Jensen, 2005) ; une meilleure
résistance à la sécheresse (Jackson and al., 1989) ; une protection efficace contre
l’effet érosif des pluies par leur interception par le feuillage et le couvert continu du
sol qui empêchent toute formation de croûtes (Aussanac et Boulangeat, 1980 ; Valet,
2004) ; un microclimat plus atténué par la protection contre l’ensoleillement élevé et
les fortes bourrasques (Cachan, 1963 ; Valet, 1974) ; la baisse et le contrôle des
attaques des nématodes, pucerons et sclérotes, des fongus et des insectes
(Chervonyl, 1999 ; Malézieux et al. 2009.) ; une économie de terre due à une
utilisation maximum des terroirs en surface et dans le temps (Hecq, 1958). Cela
concourre à une augmentation globale significative de la production agricole par
unité de surface. Ce système est à rapprocher du « jardin créole » et du « jardin
forestier indonésien » (Michon, 1985). Cet avantage des cultures associées multi
stratifiées et en relais a été vérifié par Norman (1973) qui démontre qu’en valeur
monétaire, dans les zones ou l’intrant majeur est la main d’oeuvre familiale (non
rémunérée), les cultures associées produisent en moyenne 62% de plus que les
monocultures intensifiée/unité de surface en revenu brut. Il souligne qu’une
association avec 4 composantes fournit un revenu brut supérieur de 15 à 20 fois
celui de la mono culture intensifiée. On enregistre également un meilleur rendement
nutritionnel (Dupriez, 1980a ; Salez, 1990 ; Dupriez et de Leener, 2003).
5. Conclusion
Cette étude confirme la supériorité des cultures multi stratifiées et en relais par
rapport aux mêmes mono cultures intensifiées et ce d’autant que les espèces sont
plus nombreuses, jusqu’à douze, ce qui avait déjà été démontrée sur tous les plans
(Valet, 1976 ; Dupriez, 1980b ; GRET, 1982 ; Egger, 1986 ; Baldy et Stigter,
1996).Très denses et conduites dans des parcs arborés, parfois denses, et entre des
haies, elles bénéficient d’abondants apports organiques qui permettent la réduction
considérable d’intrants (engrais et biocides) et le raccourcissement des jachères.
L’abondance d’espèces et de variétés de qualité différente apporte la meilleure
formule spécifique de lutte contre le changement climatique (déficit et excès
pluviométrique, tempête, nouvelles maladies et attaques), démographique et la
« mondialisation ». Elle confirme aussi que les pratiques traditionnelles empiriques
combinées à des pratiques savantes permettraient d’accroître voir de stabiliser des
rendements soutenus tout en assurant aux écosystèmes la biodiversité nécessaire à
leur conservation/réhabilitation. Toutefois, il est évident que tout « développement ne
peut se faire qu’à partir des cultures associées traditionnelles qu’il est impératif de
connaître, par la mise en place de niveau d’intensification et de niveau d’équipement
progressifs et adéquats (paliers technologiques) » (Valet, 1976). Il faudra éviter un
nouveau forçage de ces associations par une densité trop forte, des intrants
excessifs et des mélanges antagonistes. Mais ces systèmes agraires innovants
devront être choisis par les paysans et non subis. Ils devraient permettre également
de maintenir les jeunes au pays.
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Edit. pp : 152-163.
Le soja: une option pour rassasier les sols et les fermiers au Kenya
Résumé
La dégradation des sols et la baisse de leur fertilité sont des facteurs critiques pour la sécurité alimentaire en Afrique
sub-saharienne. Les systèmes de productions basés sur des monocultures pures et exigeantes, comme le maïs, font
partie des causes de ce problème. Les systèmes de rotations de maïs avec du soja, offrent de la nourriture humaine
de qualité à court terme et nourrit le sol offrant des avantages à long terme. L’étude fut conduite au sud-ouest du
Kenya, dans la région de Migori de 2006 à 2008. Le rendement des systèmes de rotation de soya et maïs fut
comparé avec celui du maïs en monoculture, fertilisé ou non. Le soya fut planté en courtes saisons et fertilisé ou non
avec des engrais minéraux et organiques. Le maïs fut planté en longues saisons seul ou en association avec des
haricots ou du soya. La production en graines de maïs en longue saison du maïs non-fertilisé en rotation était
comparable à celle du maïs fertilisé en monoculture et 30% plus élevé que celle du maïs en monoculture non-fertilisé
en 2007, 90% en 2008. Vu qu’une autre variété de maïs fut utilisé à la demande des fermiers pendant les 2
années, nous ne pouvons pas tirer de conclussions définitives sur cette augmentation. L’impact de la fertilisation du
soja précédent sur le rendement du maïs suivant n’était visible que pour le soja fertilisé d’une combinaison
minéral+organique d’engrais, comme ½ DAP et ½ fumier ou ½ cendres et ½ fumier. Cette dernière étant facilement
accessible aux fermiers. L’association de haricots diminuait légèrement les récoltes de maïs mais était
économiquement plus intéressant et permet de partager les risques. Le soja en association ne diminuait pas les
récoltes de maïs mais n’était pas très productif en graines de soja. Des rotations de soja permettent donc aux
fermiers d’améliorer la qualité de leurs sols et de non-seulement de produire la même quantité totale de maïs par
année en une seule saison, mais de plus de produire des graines de soja riches en protéines.
Mots-clés : Kenya, Rotation maïs-soja, Restauration productivité du sol, Alimentation humaine
1 Introduction
La dégradation des sols et la baisse de leur fertilité sont des facteurs critiques pour la sécurité alimentaire en
Afrique Sub-saharienne. La pauvreté en est une des causes, car les petits producteurs n’ont pas le temps, les
ressources ou les connaissances nécessaires pour remplacer les substances nutritives prélevées des sols lors des
récoltes, ce qui se traduit par un déséquilibre négatif en substances nutritives. Aggravé encore par l’érosion rapide de
ces sols fragiles pauvres en matières organiques, il est estimé que 60-100 kg d’azote (N), phosphate (P) et
potassium (K) sont perdus par hectare chaque année (Stoorvogel et Smaling, 1990). De plus, la diminution de
matière organique dans le sol à la suite de l’absence de jachère est estimée à approximativement 4% par année
(Sanginga, 2003). Il est urgent de restaurer cet équilibre pour redresser la productivité et la qualité des terres à long
terme et ainsi aider les petits producteurs à sortir du cercle vicieux de la pauvreté. Pour ce faire, il est important
d’augmenter non seulement l’apport de substances nutritives (engrais minéraux) mais aussi d’ajouter de la matière
organique aux sols. Celle-ci permet d’améliorer la capacité de stockage des substances nutritives et d’eau dans le
sol, de réduire la fixation de phosphate et de réduire l’apparition de certaines pestes et maladies, et de stabiliser les
sols (Vanlauwe, 2002).
Depuis 1920, la recherche en fertilité des sols s’est concentrée sur le potentiel de légumineuses comme le pois
mascate (Mucuna pruriens) à récupérer les sols (Giller, 2001; Versteeg et al., 1998). Ces plantes fixent plus de 100
kg N ha-1 d’azote de l’atmosphère en seulement 6 mois, retourné ensuite à la terre sous forme de biomasse.
Néanmoins, l’adoption reste difficile pour les fermiers les plus pauvres car elle implique de sacrifier une partie de leur
terre pour y planter une plante non-comestible (Sanginga et al., 2003; Versteeg et al., 1998). Malgré la baisse de la
production de leurs terres, les technologies pour améliorer les sols ne sont pas la priorité des fermiers, mais plutôt
celles qui leur apportent une bonne production alimentaire et source de revenus pour une main d’œuvre limitée
(Snapp and Silim, 2002). Au début des années 70, l’IITA (International Institute for Tropical Agriculture, CGIAR)
proposa donc de substituer ceux-ci par des légumineuses à graines comestibles, comme le soja. Le soja offre des
graines riches en protéines de haute qualité comme source de nutrition équilibrée en plus de fixer l’azote de
l’atmosphère. Bien que moins efficace en amélioration des sols que le pois mascate, car une partie de l’azote fixée
est exportée du système sous forme de graines, le soja a été facilement accepté et apprécié par les fermiers dans
plusieurs pays, comme le Nigeria, le Zimbabwe (Chianu et al, 2008 ; FAO, 2009b ; Mpepereki and Pompi, 2003). Il y
a eu un impact significatif en amélioration de la nutrition, augmentation des ressources financières, du capital humain,
du bien matériel, et de l’équité sociale au sien des communautés (Sanginga et al., 1999). Les variétés de soja
« promiscue à double-but» sont capables de fixer de l’azote avec des rhizobes non-spécifiques pour éviter la
nécessité d’inoculer les sols. De plus, elles produisent non-seulement de bonnes récoltes de graines, offrant de la
nourriture de qualité riche en protéines, mais aussi de bonnes quantités de biomasse, pour mieux nourrir les sols
(Sanginga et al, 1996). Certaines variétés fixent peuvent produire jusqu’à 2.5 tonnes de graines, 2.5-3 tonnes de
biomasse et de fixer 44 to 103 kg N ha-1 par année (Sanginga et al., 2003). Les rotations de ce type de soja et de
maïs ont démontré pouvoir augmenter les récoltes de maïs d’1.2 à 2.3 fois comparé au maïs en monoculture (Carsky
et al., 1997; Sanginga et al., 2003). Une mesure supplémentaire pour protéger le sol de l’impact de la pluie est de
totalement couvrir la surface du sol en plantant une association dans le maïs. Les légumineuses comme le soja
(Glycine max) et les haricots sont de bonnes associations car ils ne forment pas de compétition trop intense avec le
maïs. Pour les fermiers, les associations offrent l’avantage additionnel d’offrir un tampon supplémentaire contre la
malnutrition en cas de mauvaises récoltes (Snapp and Silim, 2002).
La région de Migori, au relief vallonné, se trouve au sud-ouest du Kenya. 70% des terres sont considérées
arables, mais les sols sont pauvres en fertilité et peu profonds (Migori District Development Plan 2002-2008). De
plus, l’érosion est un réel problème à la suite de l’exploitation agricole ainsi que la déforestation des monts suite à la
grande demande en bois. Il est urgent de préserver la couche de sol encore présente, ainsi que d’améliorer la fertilité
des sols. Néanmoins, il est crucial de faire cela avec un minimum de ressources, car 48% de la population qui y vit en
dessous du seuil de pauvreté (Central Bureau of Statistics, 2003). L’accès aux engrais minéraux est limité à la suite
du transport en commun restreint et couteux, accentué par les prix des engrais qui ont presque triplé de mi-2007 à fin
2008 (IFDC, 2008 ; YARA International, 2009).
Nous avons pour cela aménagé des expérimentations de rotation de soja de type promiscue à double-but avec du
maïs, pour analyser l’éventuel augmentation des récoltes de maïs en rotation. De plus, nous avons analysé l’impact
d’associations de haricots, l’association traditionnelle dans la région, ou de soja dans ce système sur la productivité
du maïs.
2 Matériel et Méthode
Figure 1:
Localisation des 7 zones de
la coopérative de soja ainsi
que les 11 champs utilisés
dans l’expérimentation de
rotation en 2007. Zone
centrale : Bware (C Bw),
Korondo (C Ko), Mukuyu (C
Mu) ; zone de Kakmasia :
Ogango (K Og), Nyangaya
(K Ng), Nyakuru (K Nk),
Oboke (K Ob) ; zone
d’Osogo : Nyamage (O Ny),
Osogo (O Os); zone de
Rayudhi: Bonda (R Bo) et
Wasio (R Wa).
Analyse 1:
- Rotation
Maïs H513 (-) Maïs H513 (+) Maïs H513 (-) Maïs local (+)
Soja Nyala (-) Maïs H513 (-) Maïs local (-)
Soja SB20 (-)
(n = 7) Maïs + Haricot (-) Maïs + Namsoy (-)
Maïs H513 (-) Maïs local (-)
Namsoy (-) Namsoy (-)
Maïs + Haricot (-) Maïs + Namsoy (-)
Namsoy Maïs H513 (-) Namsoy Maïs local (-)
(Choix du fermier) Maïs + Haricot (-) (Choix du fermier) Maïs + Namsoy (-)
- Engrais soya
Namsoy Maïs H513 (-) Namsoy Maïs local (-)
- Association
Analyse 2:
(DAP) Maïs + Haricot (-) (DAP) Maïs + Namsoy (-)
Namsoy Maïs H513 (-) Maïs local (-)
Namsoy
(DAP+fumier)
Maïs + Haricot (-) (DAP+fumier) Maïs + Namsoy (-)
Namsoy Maïs H513 (-) Namsoy Maïs local (-)
(fumier) Maïs + Haricot (-) (fumier) Maïs + Namsoy (-)
Namsoy Maïs H513 (-) Namsoy Maïs local (-)
(cendres+fumier) (n = 4) Maïs + Haricot (-) (cendres+fumier) Maïs + Namsoy (-)
Namsoy Maïs H513 (-)
(cendres) (n = 3) Maïs + Haricot (-)
Pendant les saisons longues, le champ entier était planté de maïs à 25cm x 75cm, de la variété Kenya Seed
Hybrid H513 en 2007 et à la demande des fermiers d’une variété locale en 2008. Vu que peu d’entre eux utilisent le
maïs hybride, ils trouvaient les expérimentations peu représentatives. Une des parcelles servant de référence pour le
maïs en monoculture, a reçu 20kg P et 20 N ha-1 sous forme de DAP en plantant et 46 kg ha-1 N sous forme d’urée à
2 semaines après plantation. Il en résulte donc trois traitements principaux de maïs : le maïs en monoculture sans
engrais « Maïs (-) => Maïs (-) », le maïs en monoculture fertilisé de 20kg P ha-1 et 66kg N ha-1 pendant les longes
saisons de pluies seulement « Maïs (-) => Maïs (+) » et du maïs non fertilisé en rotation avec du soja « Nams (-) =>
Maïs (-) », de variété Namsoy, Nyala ou SB20. En demande des fermiers, les parcelles de rotation soja-maïs ont été
divisées en deux demi-parcelles. La moitié supérieure plantée avec seulement du maïs, la moitié inférieure en
association avec une variété locale d’haricots en 2007 et avec du soja en 2008 à raison d’une graine de haricot ou
soja entre chaque 2 plants de maïs dans les rangs.
Central zone
Bware 5.3 10.27 1.16 2.9 5.0 1.6 1.3 Loam Plinthosol Pisolithic 60 5%
(C Bw) Manganiferric
Korondo 5.5 12.57 1.41 2.6 5.8 2.2 1.2 Clay Acrisol Plinthic 90 5-8 %
(C Ko) Loam Magnaniferric
Mukuyu 5.6 13.85 1.44 17.5 6.5 1.9 1.2 Loam Plinthosol Endopetric 60-80 8-15
(CMu) Pisolithic %
Magnaniferric
Kakmasia zone
Nyangaya 5.2 9.92 1.11 1.3 3.0 0.7 0.4 Clay Fluvisol Stagnic 75 6%
(KNg) Loam
Nyakuru 6.2 7.85 0.84 11.8 4.6 1.0 1.1 Sandy Plinthosol Epiarenic 90 7%
(KNk) Loam Pisolithic
Manganiferric
Oboke 5.8 6.87 0.78 5.9 3.7 0.8 0.7 Sandy Arenosol Pisoplinthic 20-25 4-6 %
(KOb) Loam Endoskeletic
Manganiferric
Ogango 4.8 7.28 0.77 2.8 1.8 0.2 0.3 Sandy Leptosol Stagnic 10 8-16
(KOg) Loam Plinthic %
Manganiferric
Osogo zone
Nyamage 5.6 12.74 1.14 2.3 4.7 1.7 1.1 Sandy Plinthosol Pisolithic 100 10 %
(ONy) Clay Colluvic
Loam Manganiferric
Osogo 5.4 8.26 1.08 1.3 3.8 2.0 0.8 Clay Regosol 50 8-10
(OOs) Loam %
Rayudhi zone
Bonda 5.7 12.47 1.22 7.5 5.7 2.2 0.9 Loam Stagnosol Pisoplinthic 40-70 4%
(RBo) Albic
Manganiferric
Wasio 5.9 13.82 1.14 4.0 6.5 2.6 0.9 Clay Acrisol Manganiferric 130 10-13
(RWa) Loam %
* Soil Survey Staff USDA, 2006 // ** IUSS Working Group WRB. 2006 // *** Custers et Deckers, 2007
Les pluies des deux saisons de maïs étaient problématiques. En 2007, il y a eu une période de sècheresse en
juin (pluie < ET°), ainsi qu’un surplus de pluies au moment de la récolte en juillet (Figure 2). En 2008, Les pluies des
champs situés plus au Nord (zone de Kakmasia : K Ob, K Nk, K Ng) on eu une saison avec peu de pluies, et avec
exception du mois de mai, un déficit d’eau chaque mois (pluie < ET°). Les autres ont subi un manque de pluies en
juin. Le programme de simulation de récoltes AQUACROP (FAO, 2009a) a été utilisé pour évaluer si la variation des
pluies en 2007 et 2008 avait un impact différent sur les récoltes de maïs pendant ses deux années. Les paramètres
du maïs et des sols de référence du programme ont été ajustés par des valeurs indicatives de fertilité des sols,
profondeur des sols et phénologie. La simulation AQUACROP indique une perte de récoltes similaire due aux pluies
de 2007 et 2008.
Figure 2: Pluviosité et évapotranspiration dans les sites expérimentaux de 2006 à 2008, avec indication des
saisons de soja et de maïs.
En 2007, deux des 11 champs n’ont pas produit de maïs. Dans le champ d’Ogango (K Og) le maïs ne poussa pas
à la suite d’eau de pluie stagnante en début de saison sur le Leptosol peu profond (10cm). Dans le champ de
Nyangaya (K Ng) le maïs fût mangé par des vaches avant d’avoir produit des graines.
3 Résultats
Figure 3: Rendements de grains et paille de maïs (kg ha-1) pendant les longues saisons de pluies de 2007 et
2008, sous les différents traitements de rotation ou de monoculture. Maïs(-)=>Maïs(-): monoculture de maïs
sans engrais; Maïs(-)=>Maïs(+): monoculture de maïs sans engrais pendant la courte saison et fertilisé de
20kg ha-1 P et 66kg ha-1 N en saison longue; Nams(-)=>Maïs(-), Nyala(-)=>Maïs(-), SB20(-)=>Maïs(-) : rotation
de soja Namsoy/Nyala/SB20 en courte saison avec du maïs en longue saison sans engrais. SED = Erreur
Standard de Différence entre les traitements. Les chiffres indiquent l’AdjP de la comparaison avec Maïs (-) =>
Maïs (-) par le test de Tukey-Kramer au seuil de 5%.
Figure 4: Nombre de parasites Striga
par hectare dans les parcelles des
traitements de rotation ou de
monoculture au moment de la
récolte. SED = Erreur Standard de
Différence entre les traitements.
Maïs(-)=>Maïs(-): monoculture de
maïs sans engrais; Maïs(-)=>Maïs(+):
monoculture de maïs sans engrais
pendant la courte saison et fertilisé
de 20kg ha-1 P et 66kg ha-1 N en
saison longue; Nams(-)=>Maïs(-):
rotation de soja Namsoy en courte
saison avec du maïs en longue
saison sans engrais.
Les fermiers ont un avis partagé pour l’efficacité des systèmes de rotation (Figure 7). Il n’y avait pas de différence
significative entre les votes des hommes et des femmes (résultats non illustrés). La grande majorité des votes
négatifs étaient données au maïs en monoculture non-fertilisé. Nombreux sont ceux qui font confiance aux engrais
minéraux comme solution pour obtenir de bonnes récoltes. Néanmoins, le système de rotation de soya et maïs a
obtenu légèrement plus de votes positifs que la monoculture de maïs fertilisée. Les fermiers ajoutèrent que plusieurs
facteurs sont bénéfiques: premièrement la rotation en elle-même et l’introduction de N dans le sol par le soja,
deuxièmement une réduction de l’apparition du Striga, troisièmement un effet dû aux résidus d’engrais appliqués sur
le soja pendant les courtes saisons. Les explications des fermiers pour leurs votes négatifs pour l’engrais chimiques
étaient que le DAP stimule le Striga et que l’utilisation d’engrais chimique est bénéfique pour la saison à laquelle ils
sont utilisés mais réduit la récolte suivante. De plus, l’aspect financier est un problème. Des fermiers ajoutèrent que
en essayant de rassembler l’argent pour les engrais minéraux il y a le risque de planter trop tardivement et donc
manquer de pluies.
Figure 7 : Pourcentage des fermiers (n = 115)
qui ont voté pour le traitement qu’ils trouvaient
le pire ou le meilleur, en observant les plants
de maïs dans les champs pendant les saisons
longues en mai 2007 et juin 2008. M(-) => M(-) :
monoculture de maïs sans engrais; M(-) =>
M(+) : monoculture de maïs sans engrais
pendant les courtes saisons mais avec
application de 20 kg ha-1 P et 66 kg ha-1 N en
saison longue; S => M(-) : rotation de soja en
courte saison avec du maïs en longue saison
sans engrais. Les barres d’erreurs indiquent la
différence standard des pourcentages de votes
pendant les 5 sessions (3 en 2007 et 2 en
2008).
4 Discussion
5 Conclusions
Les rotations de soya permettent d’augmenter la production de maïs de façon signifiante, de façon à produire la
récolte normale de deux saisons de maïs en seulement une saison. Ce système est donc très efficace du point de
vue économique et nutritionnel, offrant non seulement de plus grandes quantités de récoltes mais aussi un menu plus
équilibré et riche en protéines.
Deux systèmes ont montrées ajouter une valeur supplémentaire au système de façons facilement adoptables par
les fermiers. Premièrement, en fertilisant les champs de soja avec une combinaison d’engrais minéral et organique,
l’effet de la rotation augmente. En utilisant l’option de cendres + fumier, cette pratique devient fort accessible pour de
nombreux fermiers. Deuxièmement, intégrer une association dans le maïs en rotation permet de produire une
légumineuse supplémentaire sans perdre de récolte de maïs (quand inter plantée de soja) ou en perdant une partie
du maïs (avec les haricots). Ceci augmente encore les bénéfices économiques et nutritionnels. De plus, cette
pratique est commune pour les fermiers qui l’appliquent déjà dans la majorité de leurs champs.
Remerciements
La recherché a été co-financée par une bourse de doctorat du Conseil Interuniversitaire Flamand (VLIR-UOS),
par le Tropical Soil Biology and Fertility Institute (TSBF) du Centre International d’Agriculture Tropicale (CIAT), et par
la Division de Soil and Water Management of the K.U.Leuven. I want to thank the farmers of the Uriri Farmer
cooperative society for the fruitful collaboration. Most special thanks to Alfred Mdeizi Sagwa and Japhet Ababu
Asimba without whose hard work and determination this research would not have been possible.
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Impacts agronomiques, économiques et environnementaux de quelques
amendements organiques à Nkolondom (Yaoundé Cameroun)
1. CRESA Forêt BOIS, Option Etude d’Impacts sur l’Environnement, de Nkolbisson Yaoundé
(rockgroup2005@yahoo.fr).
2. Université de Dschang, FASA, Département des Sciences du Sol (omokomich@yahoo.fr).
3. CIRAD représentation de l’Afrique centrale (serge.simon@cirad.fr).
Résumé
Dans le souci de mettre au point des stratégies et techniques de valorisation des déchets
urbains au Cameroun, les impacts agronomiques, environnementaux et économiques de deux
amendements organiques (fumier de poulet de chair et compost d’ordures ménagères) ont été
évalués sur la culture de la laitue (Lactuca sativa). Pour y parvenir, un essai au champ a été conduit
pendant deux cycles de culture en milieu paysan dans la zone maraîchère de Nkolondom, bas-fond
périurbain de Yaoundé. Huit traitements ont été comparés dans un dispositif à quatre blocs
complètement randomisés. Les travaux au champ ont été complétés par des analyses en laboratoire
des sols et des amendements organiques.
Les traitements ont influencé les rendements frais en laitue de manière très hautement
significative (p<0,0001) pendant les deux cycles de culture. Au premier cycle, ces rendements ont
varié de 1,7 kg/m2 (sur les parcelles témoins) à 3,1 kg/m2 (sur les parcelles fertilisées par une
combinaison fumier + engrais). Les rendements obtenus au second cycle sont compris entre 1,2
kg/m2 (sur parcelles témoins) et 4,4 kg/m2 (sur les parcelles fertilisées conformément à la pratique
paysanne). Sur la base des rendements cumulés Les observations montrent que les amendements
organiques donnent de meilleurs résultats lorsqu’ils sont associés aux engrais minéraux.
L’épandage du fumier ou du compost permet de restaurer la fertilité du sol, notamment en
azote et en matière organique. Néanmoins, le fumier augmente 10 fois plus la teneur en azote et 2,5
fois plus la teneur en matière organique que le compost. L’apport en matière organique qui en
résulte améliore la stabilité du sol ainsi que sa capacité de rétention en eau, le rendant par
conséquent moins sensible à l’érosion.
En dehors de ces atouts sur la fertilité du sol, l’usage des composts d’ordures ménagères
permet de transformer des déchets des villes en intrants agricoles. Ainsi en produisant un
kilogramme de laitue avec du compost, on recycle 21,3 kg d’ordures ménagères. Il a par ailleurs été
vérifié que ces amendements organiques ne contiennent pas de micro-organismes pathogènes, ni de
métaux lourds ; leur manipulation ne présente donc pas de risque.
Cependant, la rentabilité économique du fumier et/ou du compost est très faible
comparativement à celle de l’engrais minéral. En effet le recours au fumier coûte 2 fois plus et celui
du compost 20 fois plus que l’emploi de l’engrais minéral. Ces rapports seraient moindres avec
l’amélioration des techniques de production et le rapprochement des sites de fabrication près des
bassins agricoles.
Mots-clés : amendement organique, fertilisation minérale, compost, laitue, Cameroun,
Abstract
To finalize strategies and techniques of valuation of the urban waste in Cameroon, agronomic,
environmental and economic impacts of two organic amendments (poultry manure and compost of
household refuse) were estimated on the culture of the lettuce (Lactuca sativa). A trial was driven
during two cycles of culture in the periurban inland-valley of Nkolondom, (Yaounde, Cameroon).
Eight treatments were compared in a device with four blocks completely randomized. The works in
fields were completed by analyses in laboratory of grounds and organic amendments.
Treatments influenced the harvest in lettuce in a very highly significant way (p < 0.0001) during
both cycles of cropping. In the first cycle, these returns varied of 1.7 kg / m2 (on the standard plots)
in 3.1 kg / m2 (on the plots of land fertilized by a combination of poultry manure + mineral
fertilizer). The results obtained in the second cycle are included between 1.2 kg / m2 (on the
standard plots) and 4.4 kg / m2 (on the plots of land fertilized according to the farmer practices).
The observations show that the organic amendments give better results when they are associated to
mineral fertilizers.
The poultry manure or the compost allows restoring the fertility of the ground, in particular in
nitrogen and in organic matter. Nevertheless, the poultry manure increases much better the content
in nitrogen and in organic matter than the compost. The contribution in organic matter which results
from it improves the stability of the ground as well as its capacity of keeping back in water, making
it consequently less sensitive to the erosion.
Except these assets on the fertility of the ground, the use of compost of household refuse remove
waste of cities in agricultural entrants: by producing one kilogram of lettuce with compost, we
recycle 21,3 kg of household refuse. At the same time, analysis has confirmed that their
manipulation is safe: these organic amendments do not contain any pathogenic micro-organisms,
nor heavy metals.
However, the economic profitability of the fertilizer and\or the compost is very weak compared
with that some mineral fertilizer. Indeed the appeal to the fertilizer costs twice more and that of the
compost 20 times more than the use of the mineral fertilizer. These reports would be lesser with the
improvement of the techniques of production and the link of the sites of manufacturing near the
agricultural ponds.
1. Problématique
Le diagnostic de la fertilité des sols du Cameroun fait ressortir d’une part une faible fertilité
due aux conditions naturelles et d’autre part, un déclin de la fertilité résultant du mode de gestion
inappropriée des sols qui, de manière insidieuse, induit la dégradation des caractéristiques
physiques, chimiques et biologiques de ceux - ci (GOLCHIN et al., 1995; TEJADA et al., 2006).
Parmi les causes les plus fréquentes de cette baisse de fertilité, on peut citer la pauvreté en éléments
nutritifs et notamment celle en matière organique. Cette dernière entraîne des conséquences
défavorables telles que la fragilisation de la structure des sols et l’augmentation de la susceptibilité
à l’érosion.
NGNIKAM (2000) estime la masse d’ordures ménagères produite dans la ville de Yaoundé
à 1076,4 tonnes par jour. Tous les acteurs impliqués dans la gestion de ces déchets cherchent des
moyens pour assurer la propreté de cette ville et préserver leur environnement. Par ailleurs
l’agriculture familiale camerounaise représente 95% des exploitations agricoles du pays
(MINADER, 2005). L’une des contraintes à cette activité est le renchérissement des engrais
minéraux sur le marché local. La mise sur pied des alternatives aux méthodes de fertilisation
conventionnelle (telle que l’usage des engrais minéraux), constitue un moyen de préserver la
sécurité alimentaire et de lutter efficacement contre le coût élevé de la vie.
Dans ce contexte, il serait judicieux de s’interroger sur l’intérêt de l’usage agricole des
déchets communautaires et notamment des amendements organiques (selon l’AFNOR ce terme
désigne, toutes matières fertilisantes composées principalement de combinaisons carbonées
d’origine végétale et/ou animale, fermentées ou fermentescibles, destinées à l’entretien ou à la
reconstitution du stock de matière organique du sol et à l’amélioration de ses propriétés physiques
et/ou chimiques et/ou biologiques).
2. Objectifs de l’étude
Cette étude a été conduite au Cameroun dans la zone périurbaine de Yaoundé (voir figure 1).
Les essais en champ se sont déroulés dans le bas-fond de Nkolondom (11°25’E – 11° 35’ E et
3°50’N - 4°00’N, altitude 750 m). Les sols dominants sont hydromorphes en fond de vallée et
ferralitiques rouges sur les pentes : le paysage est parsemé de grosses collines (alt. de 700m). Le
climat local est équatorial guinéen à quatre saisons, caractérisé par une pluviosité annuelle de 1510
mm et une température moyenne annuelle de 23°C (voir figure 2). La végétation est celle d’une
forêt dégradée par l’activité humaine. Le maraîchage constitue l’activité principale des agriculteurs
de la localité. On note aussi la pratique de l’élevage de la volaille dans quelques familles.
Le Cameroun
Zone d’étude
Légende
Figure 1 : Localisation de la zone d’étude Figure 2 : Diagramme ombro thermique de la zone d’étude
1. MATERIELS ET METHODES
Cette partie présente les matériels utilisés dans l’étude, puis décrit les procédures ayant
permis d’atteindre les objectifs fixés précédemment.
1.1. Matériels
Le matériel utilisé dans l’étude est constitué d’un matériel végétal, de matières fertilisantes,
d’outils aratoires, du matériel de laboratoire, d’un GPS, d’un appareil photo et de logiciels
informatiques.
Le matériel végétal utilisé est la laitue (Lactuca sativa) variété « Blonde de Paris ». Deux
amendements organiques et des engrais minéraux ont été également utilisés comme matières
fertilisantes. Il s’agit d’un compost issu d’ordures ménagères, d’un fumier de poulet de chair, d’urée
et d’engrais complexe NPK de formulation 20 10 10 et 12 14 19.
Les analyses des échantillons des sols et des amendements organiques ont été effectuées au
laboratoire d’analyse des sols, plantes, engrais et eaux (LASPEE) de l’IRAD de Nkolbisson et au
Centre Pasteur de Yaoundé. Les logiciels utilisés sont les suivants : Microsoft Word, Microsoft
Excel, Adobe illustrator 9.0, Minitab 15 et SAS.
1.2. Méthodes
Le potentiel agronomique et les risques environnementaux des matières fertilisantes ont été
évalués par la méthode décrite par DAVIDESCU et DAVIDESCU (1982). Cette méthode est basée
sur l’expérimentation au champ, complétée par des analyses chimiques de sol et des amendements
organiques.
Le potentiel agronomique des matières fertilisantes a été évalué à travers huit traitements
(tableau I) testés sur la laitue pendant deux cycles de culture, dans un dispositif en bloc complet
randomisé à quatre répétitions (figure 3). L’impact sur le coût de la fertilisation a été déterminé à
partir du ratio du coût de la fertilisation sur le rendement frais. L’évaluation de la masse de déchets
recyclés ou éliminés a été déterminée par la formule suivante :
Les risques sanitaires ont été évalués à travers une analyse microbiologique afin de
rechercher les principaux pathogènes humains (Campylobacter, Escherichia coli et Salmonelle).
L’analyse des métaux lourds (Cuivre, Zinc et Plomb) a permis d’évaluer les risques de
contamination des sols où ces amendements sont épandus. Le choix de ces micro-organismes, ainsi
que des métaux lourds se justifie par le fait que l’activité agropastorale est dominante dans cette
localité.
Photo 3: Vue d’ensemble de l’essai
Le sol sur lequel l’essai a été conduit est hydromorphe avec une texture sablo argilo
limoneuse. Conformément au guide proposé par BEERNAERT et BITONDO (1992), ce sol
présente un niveau de fertilité élevé, notamment en matière organique. Cependant la teneur en
phosphore assimilable reste très faible. Malgré cette richesse en matière organique, un apport
supplémentaire se justifie compte tenu de la minéralisation rapide de la matière organique en zone
tropicale.
Sur la base du rendement cumulé, ces traitements sont classés comme suit :
pratique paysanne ≥ fumier + engrais > fumier ≥ compost ≥ compost + engrais ≥ compost +
fumier + engrais > engrais ≥ témoin. Ces résultats montrent que l’apport des amendements
organiques améliore le rendement frais de la laitue. Les meilleures performances sont obtenues
lorsque ceux-ci sont associés aux engrais minéraux. Les résultats similaires ont déjà été obtenus par
TERMAN et al. (1973), ainsi que par NZILA (2006) sur amarante potagère (Amaranthus cruentus).
Malgré les performances médiocres du compost par rapport au fumier, l’usage de cet amendement
revêt un intérêt dans la gestion environnementale des déchets des villes. En effet en produisant un
kilogramme de laitue avec du compost, on élimine environ 21 kg d’ordures ménagères. Cet effet est
très important pour les pays en voie de développement où la gestion des déchets est une contrainte
majeure et ou elle correspond à la solution anti-écologique du tout en décharge
Sur la base du coût de la fertilisation par unité de production on obtient le classement suivant :
témoin > engrais minéral ≥ fumier + engrais > fumier > pratique paysanne > compost + fumier +
engrais > compost + engrais > compost. Ce classement montre que l’engrais minéral est plus
rentable que les amendements organiques pour lesquels le rapport « prix/qualité » est défavorable
au compost.
Après deux cycles de culture de la laitue, des prélèvements de sols ont été effectués sur les
parcelles expérimentales. Après analyse, les résultats obtenus ont été comparés à la fertilité initiale
des parcelles. Les variations obtenues de cette comparaison sont présentées dans le tableau V.
Tableau V: Variation des caractéristiques du sol après épandage des traitements expérimentés.
Traitement Variation des caractéristiques du sol
expérimental MO N totale C/N P2O5 K2O S CEC pH-
(en %) (en %) (en g/kg) (en g/kg) (meq/100g) (meq/100g) eau
Pratique paysanne + 0,57 + 0,07 - 2,04 -3 + 0,39 + 1,28 + 2,70 0
Compost d’ordures + 3,34 + 0,13 + 0,79 - 23 - 0,26 + 16,74 + 4,60 + 1,2
ménagères (C)
Fumier de poulet de + 0,86 + 0,10 - 2,54 - 43 + 0,17 + 3,08 + 2,73 + 0,4
chair ( F )
Engrais minéral (E) - 0,34 + 0,03 - 2,44 - 20,5 - 0,20 + 0,03 + 2,43 - 0,1
C+E + 3,22 + 0,14 + 0,20 - 56 + 0,28 + 10,82 + 3,74 + 1,3
F+E + 0,73 + 0,06 - 1,31 - 55 + 0,18 + 0,28 + 2,91 - 0,4
C+F+E + 0,76 + 0,06 - 1,23 - 51 - 0,01 + 3,28 + 2,66 + 0,6
Ces résultats montrent que contrairement à l’engrais minéral, l’épandage des amendements
organiques permet de restaurer sur le long terme la fertilité du sol, notamment en azote et en matière
organique. Cet effet est meilleur avec le fumier qu’avec le compost. A masse égale, le fumier
améliore la teneur en azote 10 fois plus et la teneur en matière organique 2,5 fois plus que le
compost. L’apport de la matière organique qui résulte de l’épandage de ces amendements améliore
la stabilité du sol et réduit ainsi sa sensibilité à l’érosion. En plus, ces épandages améliorent la
capacité de rétention en eau du sol ainsi que sa perméabilité et sa cohésion. Cependant, il a été
observé une perte en phosphore sur tous traitements expérimentés. Ceci serait du à un mauvais
équilibre des matières fertilisantes constituant chacun de ces traitements.
Tableau VI: Mise en évidence de quelques microbes dans les amendements organiques expérimentés
Les teneurs en métaux lourds sont très en dessous des seuils de l’AFNOR (2006). Ceci se
justifie par l’absence de toute activité industrielle importante dans les zones d’origine de ces
amendements. Par conséquent, l’épandage de ces amendements ne présente pas de risques de
contamination des sols en métaux lourds.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
La présente étude a pour objectif d’évaluer les impacts agronomiques, économiques et
environnementaux de l’usage de quelques amendements organiques (fumier de poulet de chair et
compost issu d’ordures ménagères) sur la culture de la laitue à Nkolondom. Le traitement et
l’analyse des données d’un essai en champ complété par des analyses en laboratoire montrent
que l’épandage de ces amendements organiques présente un triple intérêt :
• Il permet d’améliorer le rendement frais de la laitue, notamment lorsque ses
amendements sont associés aux engrais minéraux ;
• Par une élévation des teneurs en azote et en matière organique, il permet de restaurer la
fertilité du sol, et d’améliorer la stabilité du sol et de réduire les risques d’érosion ;
• Il permet de recycler des déchets communautaires : les fientes issues des élevages
intensifs de volaille dans le cadre du fumier et une partie des ordures ménagères dans le
cadre du compost.
Les analyses de laboratoires ont mis en évidence qu’avec un minimum de précaution l’usage de
ces amendements ne présentait aucun risque sanitaire pour l’homme (absence de pathogènes) et
pour l’environnement (métaux lourds).
Le facteur limitant au développement de leur usage réside dans leur coût élevé comparé à celui
des engrais minéraux même si ceux-ci n’ont qu’un effet fugace sur la fertilité des sols. Afin
d’améliorer la rentabilité de ces amendements et favoriser leur adoption en milieu paysan, il est
indispensable:
- d’améliorer la qualité du compost d’ordures ménagères en respectant les normes de
production afin d’éviter en particulier les contaminations de terre ;
- de rapprocher les sites de production des bassins d’utilisation finale que sont les bas-fonds
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Module 7, Développement et Environnement. CREPA, IAGU et SAN DEC. 50 p.
Aménagements hydro-agricoles permettant la conservation des
eaux et la restauration de la productivité des sols
de Gros Morne en Haïti.
Résumé
Dans cet article, nous décrivons le projet de développement agricole durable de Gros
Morne. Il s’agit d’un projet relevant de la gestion conservatoire des eaux et des sols,
la priorité étant donnée simultanément à l’amélioration de la production agricole et à
celle du milieu. Dans une première phase, ce projet a privilégié la construction de
seuils en maçonnerie conçus pour durer. Leur objectif principal est de diminuer la
contrainte constituée par la pénurie de l’eau et de stocker des sédiments riches. Le
surgreffage du manguier et des plantations d’arbres fruitiers sont des volets
secondaires du projet. Une deuxième phase du projet donne maintenant une place
plus importante à l’utilisation de techniques biologiques pour traiter les versants et
surtout les ravines. L’originalité de ce projet réside moins dans les objectifs et les
principes affichés que dans les modalités de sa mise œuvre, dans une adaptation
permanente et fine d’aménagements faits « sur mesure » au terrain et à l’évolution
de la situation. L’article souligne que la diffusion des aspects innovants du projet est
surtout conditionnée par une évolution du projet de gestion conservatoire des eaux et
des sols ainsi que par des actions de formation continue développant les
compétences pratiques nécessaires s’appuyant sur un centre de ressources
national.
Abstract
The objectives of the project related to sustainable agricultural development of Gros
Morne are to improve the agricultural production and, at the same time, to reduce soil
erosion. In it’s first stage, emphasis has been given to the construction of small
masonry dams in the gullys, in order to improve the water supply for agricultural
production during the dry season. Other aspects of the project are the grafting of
existing mango trees and the plantation of fruit trees. In the stage starting now, more
emphasis is given to the construction of biological structures on the slopes and in the
gullies. According to us, the way the project has been implemented is more important
than the adopted objectives and principles. The handcrafted technical decisions have
always been finely fitted to the characteristics of the landscapes and to the local
situation.
1
Ing. général du GREF, ER, chargé de piloter le projet de développement rural de Gros Morne.
2
Ing. général du GREF, ER, membre du comité de pilotage du projet de développement rural de Gros Morne.
3
Ing. De génie civil, responsable des chantiers d’aménagement du projet de développement agricole durable
de Gros Morne.
The dissemination of the described innovations depends on changes of the soil
conservation projects considered as “devices” crafted by their history and having their
own effects. The existing devices are not permitting the emergence of new practices.
Methodologies and principles will have little effect on the final results of a given
project as long as these devices are not amended. An on the job training of
practitioners and the implementation of a national resource centre will also be
necessary.
Key words: Haiti, Gros Morne watershed, masonry dams, water conservation,
soil productivity restoration in the valleys, education
1. Introduction
En Haïti, l’érosion des terres peut être considérée comme un sous-produit de
l’absence de développement dans les mornes. La volonté de la traiter comme un
aspect du sous-développement est ancienne. Elle se traduit dans les projets par la
priorité donnée à des aménagements qui doivent à la fois améliorer la production
agricole et maîtriser l’érosion. Elle conduit aussi à associer à de telles mesures des
actions d’accompagnement visant à faciliter le développement agricole.
Malgré ces intentions louables, la réalité des projets de conservation des eaux et des
sols est souvent décevante pour qui ne se contente pas de leurs évaluations
officielles, mais fait le point sur le terrain quelque temps après qu’ils soient terminés.
Cet article décrit le projet de développement agricole durable de Gros Morne qui
relève de la gestion conservatoire des eaux et des sols. Il privilégie l’amélioration
durable de la production agricole de la zone aménagée et constitue la diminution de
l’érosion en un sous-produit. Dans sa première phase, ce projet donne une place
importante à la construction de seuils en maçonnerie en vue de capter les eaux de
ruissellement venant des versants et de valoriser les sédiments dans les vallons.
Nous évoquons les conditions de la mise en œuvre de ces aménagements ainsi que
quelques uns des problèmes techniques rencontrés. Ensuite, au-delà de la question
des choix techniques, nous nous interrogeons sur d’autres aspects qui contribuent
au succès de l’innovation. Leur prise en compte nous semble nécessaire si l’on veut
introduire des innovations analogues dans d’autres projets de conservation des sols.
Nous apportons des éléments pour répondre à diverses interrogations. Comment
faciliter l’adoption au niveau d’autres projets de gestion conservatoire des eaux et
des sols d’innovations similaires à celles décrites ? Comment poursuivre
l’enrichissement de la panoplie des choix techniques de ces projets ?
Si nous voulons que les projets de CES formulés en Haïti tirent profit de l’expérience
du projet de développement agricole durable de Gros Morne, il faut analyser
quelques innovations moins évidentes mises en œuvre par ce dernier. Une telle
analyse a été facilitée par l’implication dans les débats techniques d’un expert ne
faisant pas partie de l’équipe du projet, mais ayant une longue expérience en matière
de projets de gestion conservatoire des eaux et des sols en Haïti, en France et dans
d’autres pays du Sud. La mise en perspective du projet de Gros Morne considéré
comme un « dispositif » traduit en partie le point de vue de cet expert qui a porté un
regard extérieur sur ses aspects non-techniques.
L’intérêt du projet de gros Morne ne réside pas seulement dans les choix techniques
effectués, même s’ils constituent la partie la plus visible des innovations proposées.
D’autres changements sont plus discrets.
7
Un comité de pilotage d’une douzaine de personnes a été constitué.
risques de dérive liés à des paris irréalistes ou prématurés a stimulé un intérêt quasi
obsessionnel pour le suivi des aménagements et le retour d’expérience.
Ainsi, le caractère artisanal du projet se traduit par une prise en compte fine des
attentes et des contraintes, mais aussi de leur évolution au fur et à mesure de
l’avancement des travaux. Le succès du projet n’est pas en rapport avec l’application
d’une quelconque méthodologie, mais résulte plutôt d’une succession de paris
raisonnables portant sur ce qu’il est possible de faire à un moment et sur un site
donnés et sur ce qui relève encore de l’utopie. Autrement dit, le projet à mis en
œuvre une stratégie considérée comme l’art de définir à tout moment le meilleur
compromis entre le souhaitable et le possible, ce compromis évoluant en fonction
des résultats obtenus. La maîtrise de l’art de composer avec les opportunités et avec
les contraintes caractérise le praticien, elle est au cœur de son métier.
Ces ruptures par rapport aux projets de conservation des sols habituels permettent
de comprendre le succès des aménagements mis en place et de prévoir les
difficultés probables d’une diffusion plus large des innovations introduites.
L’expérience a montré que la différence fondamentale qui existe entre une démarche
de praticien pragmatique et celle mise en œuvre dans une majorité de projets de
conservation des sols est méconnue. Les modalités de l’ajustement des interventions
au terrain et de leur adaptation à l’évolution de la situation diffèrent de celles
observées dans les projets pensés comme l’application d’une méthodologie, même
si celle-ci prévoit la participation des bénéficiaires aux décisions.
5. Conclusion
Le contexte actuel en Haïti est caractérisé par une forte dégradation des ressources
et une importante pauvreté. Mais un autre aspect est tout aussi important. Depuis
plus d’un demi-siècle, les projets de conservation des sols se succèdent dans ce
pays, accompagnés de débats méthodologiques et de propositions souvent
intéressantes et généreuses. Mais pour qui a participé à ces débats, formulé des
propositions et analysé les effets des projets, un constat s’impose : les effets des
idées avancées sur les pratiques des projets sont analogues aux effets des projets
de conservation des sols sur le développement et sur la maîtrise de l’érosion, c’est-à-
dire dérisoires sinon contreproductifs. La nécessité d’analyser ces diverses
neutralisations s’est imposée à nous, elle nous a invités à dépasser le cadre d’un
article pour agir sur les cultures professionnelles comme sur les routines des projets.
En effet, les choix techniques et stratégiques qui sont illustrés par le projet de
développement agricole durable de Gros-Morne ou celui de Caye Epin ont de fortes
chances d’être considérées comme des opinions, comme des idées. C’est pour
éviter cette sorte d’enterrement qu’en liaison avec ZLP, l’IRC-SUPAGRO et le
Comité de Pilotage de SOS ESF rassemblant une dizaine de cadres haïtiens, nous
travaillons sur des outils multimédia et sur des récits pour faciliter le développement
d’une culture de terrain chez les praticiens. Mais une telle culture ne présente
d’intérêt que si, en parallèle, nous réussissons aussi à faire évoluer le dispositif
projet. Il s’agit là de paris ambitieux et cet article peut améliorer les chances de les
gagner, s’il réussit à associer d’autres acteurs à cette entreprise collective.
6. Bibliographie
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Influences de la fertilisation et de la gestion de la biomasse
sur la production de couverts permanents
en milieu montagnard tropical densément peuplé (Burundi)
Hervé DUCHAUFOUR
herve.duchaufour@wanadoo.fr
Résumé : Les exploitants burundais ont su se préserver des nombreuses crises qui se sont
présentées devant eux en développant la bananeraie agroforestière. Les agronomes belges
considéraient déjà à l’époque la « jachère » à bananeraie comme une technique de
conservation et de restauration des sols qui présente le double intérêt d’être productive et
totalement endogène.
Que son taux de couverture soit dense ou éclairci, les essais de l’ISABU, réalisés en
milieu réel, montre que la bananeraie a des répercussions économiques importantes sur
l’exploitation et contribue à la préservation et l’évolution de la fertilité organo-minérale des
sols. Une gestion optimale de tout le stock organique excédentaire de la bananeraie réduit
en moyenne de 3,6 fois les taux de ruissellement et de 3,3 fois les pertes en terre par rapport
à la même bananeraie conduite traditionnellement (déchets exportés vers la caféière). Les
travaux de l’IRAZ confirment ces résultats mais soulignent que la conservation des sols ne
se suffit pas à elle même pour maintenir la productivité. Une fumure organique de 10, 20
puis 30 t/ha/an est apparue nécessaire pour réduire les carences en NPK.
Les études de l’ADEPRINA menées sur l’ensemble du territoire burundais
démontrent la forte valeur ajoutée/actif de la bananeraie qui se trouve être la mieux placée
parmi les systèmes de culture et dépasse la caféière, culture de rente de prédilection. Cette
dernière immobilise de trop grande quantité de biomasse en raison du paillage obligatoire et
consomme une quantité de main d’œuvre (5,2 jours/are/an) bien supérieure à la bananeraie
qui ne demande que 1,7 jours/are/an ce qui monopolise davantage l’intérêt des barundi.
La production fumière a toujours suscité l’intérêt des exploitants par laquelle ils
valorisent leur journée de travail essentiellement par la concentration de la fertilité dont
bénéficient les parcelles. Les associations arbre-culture-élevage, pratiquées depuis des
temps séculaires, sont paradoxalement les plus souhaitées mais aussi les plus pratiquées
par les agriculteurs des régions où l’emprise sur la terre est la plus forte (300 à 600 h/km2).
Par le jeu de la densification du couvert végétal, notamment à travers la juxtaposition des
jardins multi-étagés qui ceinturent les rugo (habitations), les terres se trouvent mieux
protégées et plus productives jusqu’à un seuil où peut s’amorcer un processus de
décapitalisation irréversible, notamment dans les zones périurbaines (≥ 1000 hab/km2), faute
de capital productif et de moyens monétaires suffisants.
Summary: Burundi farmers had managed to protect themselves against the numerous crisis
they faced by developing banana plantation in agroforestery. At that time, Belgian
agronomists already considered, the banana fallow as a soil conservation and restoration
technique which presents the double interest to be productive and totally endogenous.
Whether the cover is dense or clear, the ISABU trials, carried out in the real world,
show that banana plantations have significant economic impacts on the farm and contribute
to the preservation and evolution of organo-mineral soil fertility. An optimal management of
the whole organic stock surplus from the banana plantation reduces water runoff rate in
average by 3.6 times and soil losses by 3.3 times compared to the same plantation
conducted in a traditional manner (waste exported to the coffee plantation). Those results are
confirmed by the works of IRAZ, while underlining that soil conservation cannot in itself
sustain productivity. Organic fertilizer, at a 10, 20 and 30 t/ha/year application rate, was
necessary to reduce deficiency in NPK.
ADEPRINA works, conducted throughout Burundi’s territory, show the high-added
value/assets of banana plantation as opposed to the other cropping systems, including
coffee, the most preferred cash crop. This latter immobilizes too large an amount of biomass
as a result of mandatory mulching and utilizes an amount of labor (5.2 days/are/year) well
above the banana plantation that requires 1.7 days/are/year, observation that meets the
most Burundi people’s interest.
Organic fertilizer production has always attracted farmers as it values their workday
essentially by the concentration of fertility to their lands. Paradoxically, the associations tree-
crop-livestock, in use since the most ancient times, are not only the most desirable, but also
the most practiced by farmers where the control on lands is the highest (300 to 600 h/km2).
Thanks to the densification of the vegetation cover, notably through the juxtaposition of the
multistoried gardens which surround the rugo (houses), the lands are better protected and
more productive up to a threshold where an irreversible decapitalization process can start,
notably in the suburban areas (≥ 1000 people/km2), due to lack of production capital and
sufficient monetary means.
Introduction
Soumis à des conditions climatiques tropicales chaudes et humides mais
tempérées par l’altitude, le Burundi possède des conditions agro-écologiques
favorables au développement d’une agriculture prospère. La population,
essentiellement paysanne (92 % de la population totale soit 7,2 millions d’habitants)
est cependant totalement dépendante des productions vivrières de ses terres et peut
se trouver en rupture avec son milieu : diminution des surfaces cultivées par
exploitation, disparition des jachères, mise en valeur des terres de plus en plus
marginales aux pentes fortes et aux sols moins riches.
1
Concept introduit par H. COCHET en 1993 et développé notamment dans COCHET 1996, 2001 et
2004
encore dans l’incapacité de subvenir à leurs besoins sans vendre à l’extérieur une
partie de leur force de travail (= 25 000 à 30 000 Fbu/actif/an en 1992)2.
Ainsi, après avoir pris soin d’observer les effets de la bananeraie sur le terrain,
ces auteurs proposent la jachère à bananeraie comme une technique de
préservation du sol à l’érosion et de cumul de fertilité. Il s’agit en effet d’une
technologie endogène à l’exploitation burundaise que les agriculteurs burundais ont
adapté à leur manière dans l’idée bien entendu de cumuler la fertilité. HENDRICKX
et HENDERICKX suggèrent une mise en valeur d’une friche par débroussaillement
suivis de la mise en place de bananiers distants tous les 2 mètres (à farine et à cuire,
précise t-il) laquelle précède toute autre plantation. Les cultures suivant une rotation
se font entre les bananiers durant deux années en terminant par le haricot si le
2
En 1992, 42 Fbu ≈ 1 Franc Français ≈ 0,2 $US ☞ 275 Fbu = 1 euro ou 200 Fbu = 1 $US
couvert des bananiers n’est pas encore trop dense. Cette rotation assure au moins
dix-huit mois d’entretien aux bananiers et leur permet de se développer
normalement. Là où il est à craindre que les bananiers se développent trop
rapidement, l’écartement entre les stipes pourra être augmenté. Lorsque la
bananeraie est en production, il suffit à l’agriculteur d’établir les travaux d’entretien
courants et de récolter les régimes. Chaque année une nouvelle portion de terrain
destinée aux cultures sera mise en valeur et après une dizaine d’années environ
tous les bananiers de la première sole seront abattus en commençant une nouvelle
rotation. HENDRICKX et HENDERICKX n’ont en fait proposé que le terme de
jachère (productive) à bananeraie en empruntant la technologie à la coutume du
pays. Les agriculteurs l’ont amélioré en l’adaptant au système de production et de
monétarisation qu’ils ont choisi.
Figure 1 : Evaluation des pertes en terre en T/ha/an et de Ruissellement annuel moyen (Ram) sur parcelle
Wischmeier d’une bananeraie (300 m2) selon différentes modes de conduite (Station Rushubi I / II)
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Nos essais réalisés dans une bananeraie d’une vingtaine d’années en milieu
réel donnent des résultats intéressants en ce qui concerne l’évolution de l’érosion en
milieu rural puisque cette culture imprime de plus en plus le paysage agraire
burundais. Le sol de la station expérimentale (Rushubi I / II dans le Mumirwa
central), située au contact du schiste et de la quartzite, est constitué d’un épais
colluvionnement de sable de 35 cm (pH ≈ 4,5 à 5,0 et CEC ≈ 8 méq/100g de terre en surface)
recouvrant un horizon B argileux ferrallitique développé sur un substrat schisteux en
profondeur.
Nous verrons plus loin que, pour plusieurs raisons, la bananeraie est une
culture affectionnée par les agriculteurs burundais qui la conduisent de manière
intensive autour du rugo en restituant une grande partie des résidus. De plus, elle
reçoit la majeure partie ou souvent la totalité du compost et/ou du fumier disponible
(RISHIRUMUHIRWA, 1996 et 1997). En condition intensive, (plus de 8 000 pieds par
hectare), son couvert est plus important donc plus protecteur. Dans ces conditions,
nous sommes loin des mauvais résultats évoqués ci-dessus mais plutôt de ceux du
modèle de conduite expérimentale (figure 1). Le modèle en question se rapproche de
celui qui est vulgarisé par un grand nombre de projet à savoir éclaircir la bananeraie
pour y cultiver du vivrier en association, disposer tous les déchets existants en
bandes isohypses en prenant le soin d’interchanger à chaque saison leur
emplacement et de pratiquer le labour en courbe de niveau. Les ruissellements sont
ainsi fortement atténués (de 0,5 à 5 %) de même que les pertes en terre. Nous
enregistrons sur trois années 36 T/ha soit une moyenne de 12 T/ha/an. De toute
évidence, la performance de ces résultats est due au rangement du paillis en bandes
(facteur P moyen de 0,17) et non pas le fait d’avoir pratiqué le labour différemment,
(le labour en courbe de niveau étant deux fois moins efficace que le billonnage,
ROOSE, 1994) ou de cultiver plus intensivement du vivrier sous une bananeraie
éclaircie. Nous devons au contraire nous poser la question si l’éclaircie n’aurait pas
été plus néfaste dans le cas d’une exportation des résidus sur la caféière ou dans les
fossés poubelles. Les Sociétés régionales de Développement (SRD), notamment
celle du Kirimiro, préconisaient en effet à l’époque une forte éclaircie des anciennes
bananeraies et 4 à 5 rejets par pied (planche photos 4 a et b). Les jeunes plantations
sont disposées dans des fossés isohypses (quelque fois simplement des trous :
planches photos 4a à 4c) équidistants de 5 à 10 m dans lesquels les vulgarisateurs
demandent d’y accumuler tous les déchets organiques. On assiste ainsi à un
véritable nettoyage du sol dans le souci du beau et de l’esthétisme. Il est certain, en
regard de tous les résultats précédents, que plus on pratique le nettoyage des
parcelles et plus on diminue la couverture végétale, plus on augmente les risques
d’érosion. En fin de compte, une bananeraie dense peu cultivée mais sarclée
régulièrement, disposant de tout son stock organique excédentaire pour maintenir la
fertilité du sol, est très certainement le sous-système cultural le plus protégé de tous
avec celui du café (DUCHAUFOUR, 1993 et 2009). Le cas est analogue pour la
bananeraie éclaircie à condition d’une gestion soignée des résidus comme l’attestent
les résultats des importants travaux de RISHIRUMUHIRWA (1993, 1997) dans la
région du Kirimiro (carte 1 en annexe), comparables à ceux de l’ISABU.
Les principaux résultats des études réalisées par l’INA P-G au début des
années quatre-vingt-dix montrent que la bananeraie est parmi les mieux placés des
systèmes de culture et dépasse même en valeur ajoutée/actif la caféière, culture de
rente de prédilection (COCHET, 1993 - 2001) :
Tableau 3 : Valeur ajoutée/actif (en Fbu 93) de la bananeraie dans différentes régions du Burundi (in
COCHET,1993)
BANANERAIE CAFEIERE
REGIONS VA/are VA/jour VA/are VA/jour
de travail de travail
BUTUTSI (Bururi) 1 200 - 2 500 350
KUMOSO (Kinyinya) 1 800 - 2 000 -
MUMIRWA (Kanyosha) 2 700 1 600 1 600 300
KIRIMIRO (Gitega) 2 500 350 1 800 280
BUGESERA (Kirundo) 730 - 7 300 810 600 - 2 000 40
BUYENZI (Mwumba - Ngozi) 1 500 - 3 000 > 200 650 - 2 000 100 - 180
MUGAMBA NORD (Bukeye) 750 - 2 400 200 -530 750 - 1 750 50 - 90
BWERU (Muyinga) 800 - 4 600 500 - 1 300 500 - 3 000 50 - 400
3
Les preuves d’une argumentation bienfaitrice pour la protection de l’environnement étaient une façon
de gommer ou de faire oublier les critiques portant sur le coût prohibitif de ces vastes programmes
réalisés en régie par rapport à leur faible valeur ajoutée.
Ces résultats confirment l’intérêt que l’agriculteur burundais porte à sa
bananeraie. La valeur ajoutée/actif/are domine dans toutes les régions du pays,
même dans le Buyenzi, région caféicole par excellence. Ajoutons à cela que la
valorisation d’une journée de travail est bien plus rentable avec la bananeraie en
particulier dans les régions densément peuplées. PAULTRE (1992), lors de ses
enquêtes dans le Mumirwa, estime pour sa part que la bananeraie ne demande que
1,7 jours/are/an alors que la caféieraie exige 5,2 et le manioc 6,2 jours/are/an. Les
données du programme Erosion de l’ISABU corroborent les siennes : en
comptabilisant le labour destiné aux cultures associées (en général colocase et/ou
haricot), le suivi d’un hectare de bananeraie demanderait entre 120 à 150 jours de
travail + une vingtaine de jour de travail pour l’entretien courant.
On peut comprendre désormais pourquoi la bananeraie monopolise tant
l’intérêt des barundi. Ils en tirent de nombreux avantages aussi bien sur le plan
monétaire que sur le plan de l’accumulation du capital fertilité sans oublier celui des
relations puisque le vin de banane est le complément indispensable des fêtes et
cérémonies. En outre, la part du café dans la valeur ajoutée totale des exploitations
agricoles et le revenu des agriculteurs sont généralement orientés à la baisse
contrairement au cas de la bananeraie (COCHET, 1993 et 2001).
1.4. L’extension de la bananeraie et alcoolisme
Après avoir démontré les bienfaits de la bananeraie, beaucoup objectent son
extension qui se fait au bénéfice de la plante à « vignoble » et non de la plante
vivrière. Aucun travail récent n’a vraiment approfondi ce sujet. La bière de banane
(l’urgwagwa) est fabriquée à l’aide du jus de banane, additionné de malt de sorgho et
de cendres. C’est en réalité une « bouillie » alcoolisée qui contient de l’amidon, des
sucres, des protéines, des sels minéraux et des vitamines. Les seuls résultats
disponibles, datant de la période coloniale (HENDRICKX et HENDERICKX, 1948 ;
ADRIANES et LOZET, 1951) indiquent une teneur en alcool qui ne dépassent jamais
10 % en volume (voire même 5%).
En nous gardant bien de ne faire aucune propagande pour l’alcoolisme, il faut
soulever l’apport nutritionnel indiscutable de l’urgwagwa (tableaux 4a et b). D’après
TONDEUR (1947), le tonnage de bananes susceptibles d’être produit dans le pays
en généralisant son extension équivaudrait à 40 fois le tonnage total des vivres
cultivées à l’époque. Il ajoute que les agriculteurs pourraient même avoir de gros
surplus en les exportant sous forme de régime ou de farine ce qui est aujourd’hui tout
à fait le cas des grandes régions bananières (Buyenzi, Kirimiro et Mumirwa).
Tableau 4a : Analyses effectuées par DELVAUX au laboratoire de chimie de Malungu:
1er Jour 2ème Jour 3 ème Jour 4 ème Jour 6 ème Jour
Alcool en poids 1,022 1,019 1,007 1,007 1,006
Alcool en volume 1,94 2,94 4,0 4,31 3,41
Sucres réducteurs en maltose 2,34 3,69 5,0 5,39 4,27
Sucres après inversion (exprimés en intervertis) 5 1,66-1,73 1,33-1,37 0,57-0,58 0,08
Sucres totaux 2,33-2,31 1,72-1,78 1,71-0,73 0,015
Acidité totale après six jours: 10,5 cc. NaOH N/100 cc.
Acidité volatile après six jours: 2,46 cc. NaOH N/100 cc.
Acidité exprimée en acide acétique: 0,15 %.
Tableau 4b : Analyses exécutées au laboratoire de l’Institut pour la Recherche Scientifique en Afrique Centrale
à Astrida (Butare) du Ruanda. Les résultats sont les moyennes de différents échantillons de bières de famille
type. Les recherches sur les alcools ont été effectuées avec l’appui de l’IRSAC à la station d’Essais du Centre
d’Etudes et de Recherches des Industries Alimentaires à Bruxelles (in ADRIANES et LOZET, 1951)
N.B. : La présence d’alcool méthylique et d’alcool supérieurs a été recherchée sur les distillats des boissons
fermentées. Aucun échantillon obtenu ne contenait d’alcool méthylique. La teneur en alcools supérieurs des
boissons fermentées est sensiblement comparable à la moyenne des vins italiens de l’époque.
EL-OBEID (et al, 1991) et RASSE (et al 1991) les ont divisés en deux
groupes distincts:
• Un premier à valeur ajoutée par are relativement faible (300 à 500 Fbu/are
SAU=2 à 5 ha) qui traduit le caractère extensif du système de production. Ce
4
Contrat pastoral de la période de l’avant indépendance, ou « bail à bétail » appelé « ubugabire » en
Urundi ou « ubuhake » au Ruanda (MARCHI,1939 et ADAMANTIDIS, 1956 in DUCHAUFOUR, 1995).
sont des exploitations qui parviennent à dégager un revenu capable d’assurer
la reproduction de l’unité de production avec 120 à 130 ares/actif.
• Un deuxième, plus nanti (SAU >10 ha), ayant une valeur ajoutée plus élevée
(VA/actif >100 000 Fbu) et une disponibilité importante en fumier (500 à 600
kg/are cultivé). La VA/are de 200 à 300 Fbu est en revanche très faible.
Les pratiques agroforestières paysannes que ce soit au niveau des choix des
espèces, de leur distribution dans le paysage parcellaire ainsi que de leurs modes de
gestion peuvent éviter les pièges d’une distribution bien ordonnée des cultures en
couloir tant préconisées par la recherche même sur terrains dégradés (planches
photos 1a à 1c).
Conclusion
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Résumé
En Martinique, le niveau d’érosion est considéré comme modéré en bananeraie
établie semi-pérenne ; par contre, une forte érosion a été constatée sur des
systèmes de culture intensifs régulièrement renouvelés. Une étude a été réalisée sur
un dispositif de cases d’érosion, où sont comparés le ruissellement et l’érosion sur un
système de bananeraie intensif conduit en double ligne dans le sens de la pente par
rapport à un système de type semi-pérenne, planté en quinconce. Durant une
première période, le paillis des résidus de culture a été concentré dans les inter-
rangs pour neutraliser les différences de gestion de paillis entre ces systèmes : dans
ce cas l’érosion observée est élevée, supérieure au témoin sur sol nu. Sur la parcelle
de bananeraie semi-pérenne, l’érosion est bien moindre que sur le témoin. Dans un
deuxième temps, on a dispersé le paillis sur toute la surface et observé une forte
baisse de l’érosion, même sur la parcelle intensive. Ces observations confirment que
l’érosion en bananeraie dépend de l’organisation spatiale de la parcelle, mais surtout
de la gestion des résidus de culture à la surface du sol.
Abstract
In West Indies, Martinique Island, erosion is estimated moderate under semi-
perennial banana plantation but important under intensive regularly denuded
plantation system. A study in runoff plots showed that intensive plantation disposed
on two rows along the slope with cropping residues (banana leaves) concentrated in
between, showed a more intensive erosion that the standard. During a second
period, the leaves were spraid on the whole surface and erosion was much less
intensive, even on the intensive banana plantation plot. These observations
confirmed that erosion under banana plantation depends on the spatial organisation
of the plantation but, mostly on the way the crop residues are spraid on the soil
surface.
2. Matériel et méthodes
L’objectif est de comparer en bananeraie établie le ruissellement et l’érosion sur
deux systèmes de culture sur sols brun-rouilles à halloysite (site de Rivière Lézarde,
centre de la Martinique) avec une pente de 10% :
- « Ban B » un système de cultures « intensif » parcelle établie de 3 ans replantée
après labour profond du sol et plantation en doubles lignes dans le sens de la pente,
paillage du grand rang avec les résidus de culture (localisation du paillage dans le
but de limiter sur cette zone la croissance des adventices),
- « Ban C » un système « semi-pérenne », parcelle plantée depuis plus de 8 ans en
quinconce après un travail du sol superficiel, déchets répartis sur toute la surface.
Durant une année, nous avons donc évalué le ruissellement sur ces deux systèmes
en conditions de paillis équivalentes en localisant des déchets végétaux sur le grand
rang dans le sens de la pente lorsque les bananiers sont plantées en double ligne,
en réalisant un andain avec les résidus au milieu de la parcelle dans le cas de la
parcelle semi-pérenne plantée en quiconque.
3. Résultats
Ruissellement
En 2004 lorsque le paillis était localisé dans les inter-rangs, il est observé un plus fort
ruissellement sur la parcelle « intensive » par rapport à la parcelle « semi-pérenne »
plantée en quiconque. Ces deux parcelles montrent néanmoins un ruissellement
inférieur à celui observé sur le témoin sol nu.
De janvier à début février lorsque le paillis est réparti sur toute la surface, sur la
parcelle « intensive » le ruissellement apparait moindre qu’auparavant, sur la
parcelle « semi-pérenne » le ruissellement apparaît peu réduit (cf. figure 1).
Sur la parcelle intensive, le fort ruissellement est à rapprocher de l’orientation dans le
sens de la pente des lignes de plantations, où les flux d’eau ruisselant sur le tronc du
bananier forment en s’ajoutant d’importants flux d’eaux alors qu’à l’inverse avec un
dispositif en quinconce ces flux sont plus dispersés.
Erosion
Sur la période de l’étude, 2004 (figure 2), l’érosion sur les bananeraies est fortement
corrélée à celle présente sur le témoin sur sol nu, celle obtenue sur la parcelle
« semi-pérenne » étant moindre que sur le témoin. On constate sur la parcelle
« intensive » une plus forte érosion que sur la parcelle « semi-pérenne » (environ le
double). La faible érosion sur la parcelle semi-pérenne est conforme aux travaux de
Khamsouk pour une conduite similaire de la bananeraie. Sur la parcelle intensive, la
forte érosion est à rapprocher de l’orientation dans le sens de la pente des lignes de
plantations qui favorise le ruissellement. Il est aussi probable que les états des
surfaces plus favorables à la réinfiltration soit présent sur la parcelle « semi-
pérenne ». Il en résulte néanmoins, qu’indépendamment de la gestion du paillis, il est
constaté une érosion très supérieure sur le système bananeraie « intensive » que
dans des systèmes semi-pérenne plus traditionnels.
En présence de paillis sur toute la surface, l’érosion est drastiquement réduite dans
les deux cas. En plus du dispositif de plantation, la gestion du paillis, est donc un
facteur primordial à prendre en compte pour évaluer les risques d’érosion en
bananeraie établie, ce qui est tout à fait cohérent avec des travaux menés par
ailleurs (Rishirumuhirwa, 1993, Roose et al., 1999).
La forte érosion observée sur les parcelles conduites en « intensive » est donc à
relier à la combinaison d’un dispositif de plantation et d’une gestion des résidus tous
deux favorables au ruissellement et à l’érosion. Le risque d’érosion sur bananeraie
intensive pourrait donc être fortement réduit avec une localisation des résidus de
culture sur toute la surface.
4. Conclusion et perspectives
Il a été mesuré une érosion très supérieure sur le système bananeraie « intensive »
qui dépasse l’érosion sur sol nu. Les bananeraies «semi-pérenne » plus vieilles,
plantées en quiconque et avec un paillage par les résidus répartis sur toute la
surface présentent à l’inverse des risques modérés d’érosion. La forte érosion
observée sur les parcelles conduites en « intensive » est donc à relier à la
combinaison d’un dispositif de plantation et d’une gestion des résidus tous deux
favorables au ruissellement et à l’érosion. Il est par ailleurs confirmé que c’est la
localisation des résidus de cultures ou leur dispersion sur toute la surface qui a un
effet prédominant.
A l’issue de ce travail, il apparait incontournable de prendre en compte le type de
conduite technique pour évaluer le risque d’érosion en bananeraie établie.
En prolongement de ces travaux, il est prévu d’évaluer l’intérêt, en termes de
limitation du ruissellement et de l’érosion d’une conduite des bananeraies en
association avec une couverture vivante permanente (ceci aussi dans un objectif de
limitation de l’usage des herbicides).
5. Bibliographie
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EFFETS DE L´ÉLEVAGE SUR LES RISQUES D´ÉROSION EN
COLOMBIE
Résumé : L´introduction des bovins dans les Andes colombiennes a été une des
causes de la destruction des forêts, mais aussi de l´invasion des Paramos qui se
développent a partir de 3500 m dans les régions humides. L´apparition de «terrassettes»
formées par piétinement entraîne un déplacement du sol et son tassement, donc une
augmentation du ruissellement et éventuellement des glissements de terrain. L´étude
préliminaire présentée ici a eu lieu dans les environs de Medellin (6° 30 N latitude)
entre 1800 et 2500 m d´altitude, sous un climat humide et sur des sols acides dérivés de
cendres volcaniques dacitiques et de roches cristallines. Après le choix des sites, les
mesures sur le terrain ont été réalisées à l´aide d´une tige métallique munie d´un niveau
et d´un distanciomѐtre. Les échantillons choisis ont été analysés quant à leur matiѐre
organique, leur humidité et leur densité. Les pentes à partir desquelles apparaissent les
terrassettes vont de 22.5° à 46°. Des différences significatives ont été observées sur les
densités, de 0.61 a 0.78 g cm-3, ces dernières d´échantillons ayant été prélevés sur les
zones tassées par le cheminement du bétail, dont les pattes produisent une pression
calculée entre 4.0 et 6.5 kg cm-2. Le travail préliminaire devrait être complété par des
études plus systématiques tenant compte du temps d´occupations des sols, des méthodes
d´exploitation et de la nature des roches sous jacentes. De plus les régions séches
doivent être étudiées en détail, car les processus peuvent y devenir plus prononcés.
Abstract
The implantation of cows in the Colombian Andes have caused the destruction of forest
but also the invasion of Paramos, which occur at altitudes of more than 3500 m in
humid regions. The occurrence of “terrassettes” formed by cattle trampling causes a
down slope displacement of soil and its compaction, thus an increase of runoff and a
possible evolution toward land sliding. The preliminary results presented here were
obtained around Medellin (6° 30 N latitude) at altitudes between 1800 and 2500 m a s l,
with a humid climate and on soils derived from dacitic volcanic ashes and weathered
crystalline rocks. Once the sites were selected, ground measurements were carried out
with a metallic rod equipped with a level and with a distance meter. Samples were
analyzed in laboratory for organic matter, water content an density. “Terrassettes” were
observed in slopes from 22.5° to 46°. Significant differences were observed in densities,
from 0.61 to 0.78, the latter in areas compacted by cattle sabot, which apply a pressure
calculated between 4.0 and 6.5 kg cm-2. .This preliminary paper should be completed by
more systematic studies including grazing procedures and the composition of
underlying rocks. Furthermore dry regions should be studied in detail as processes may
there become more important.
Aspects régionaux
L’étude se situe aux alentours de Medellín, département d’Antioquia, aux
environs de 6°.30’ de latitude nord et 75° 30’ de latitude ouest, à des altitudes
entre 1800 et 2500m. La vallée de Medellin, probablement d’origine tectonique,
est encaissée entre des hauts plateaux peu incisés situés entre 2000 et 2600m
d’altitudes et des versants dont les sommets atteignent 3050m (Fig. 3). Les
roches sous-jacentes sont des gneiss et des amphibolites, principalement
paléozoïques, et des quartz-diorites crétacées, généralement transformées en
altérites, recouvertes en partie par des cendres volcaniques andésitiques
quaternaires (probablement holocènes) (Gonzalez, 1996; Toro & Hermelin,
1993).
Le climat est humide et correspond, selon la nomenclature de Holdridge
(Espinal & Montenegro, 1977), à la forêt humide, dont les températures
moyennes varient de 12 à 24°C et les pluies annuelles ont des moyennes
comprises entre 1700 et 2100 mm. Les sols, qu’ils soient ou non dérivés de
cendres volcaniques, sont acides, non saturés et possèdent en général un
horizon organique épais, qui diminue progressivement par érosion mais aussi
par oxydation en contact avec l’atmosphère (IGAC, 1982). Le défrichement de
la région a commencé vers la fin du XVIII siècle, mais il a été impossible
d’établir des dates plus précises pour l´implantation de chacun des pâturages
étudiés.
Méthode
Le but de l’étude étant la détermination des caractéristiques des
terrassettes formées par surpâturage, il fallu d’abord procéder a la sélection des
sites ; celle-ci s´avéra délicate, car l´usage établi dans les Andes colombiennes
consiste, immédiatement après l’écobuage, à semer soit du maïs soit des
pommes de terre. La culture de ces dernières laisse des sillons plus ou moins
parallèles qui doivent être distingués des "pieds de vache". Après deux ou au
maximum trois récoltes, l’appauvrissement des sols en nutriments est tel que la
surface défrichée doit être transformée en pâturage. Il est donc possible de
confondre ces évidences ou de trouver des terrassettes d’origine bovine
superposées aux sillons agricoles préalables. (Fig. 5).
Les sites furent choisis en fonction de leur proximité des voies de
communication, mais surtout en tenant compte de la netteté avec laquelle on
pouvait s´assurer d´ une origine sans équivoque.
Les mesures se prirent sur le terrain à l’aide d’une tige métallique
graduée munie d’un niveau et d´un distanciomètre, (Fig 6). Les échantillons
choisis furent analysés (matière organique, humidité et densité) dans les
laboratoires de l’Université EAFIT.
Résultats
L’inclinaison des pentes à partir desquelles apparaissent les pieds de
vache dans la région étudiée est de 22°.5, valeur basée sur la tendance
centrale de 43 mesures, et ceux-ci se situent entre 22° et 46° (56 mesures)
(Fig. 7).
La pente transversale des terrassettes a donné une moyenne de 17°
(273 mesures) et la pente longitudinale moyenne est de 5° (180 mesures). Le
nombre de données est encore insuffisant pour déterminer s’il existe une
différence significative due aux variations de la roche sous-jacente, bien que
sur amphibolites et basaltes, les terrassettes semblent apparaître sur des
pentes un peu plus fortes. Les mesures de densité faites sur échantillons secs
donnent une moyenne de 0.78 g cm-3 pour ceux qui proviennent des "chemins"
et 0.61 g cm-3 pour les autres. La pression effectuée sur le sol par les pattes du
bétail a été calculée entre 4.0 et 6.5 kg cm-2.
Discussion
Ce travail ne saurait être qu’une première approche servant à déterminer
un paramètre pourtant crucial : la pente à partir de laquelle la détérioration des
sols dédiés au pâturage devient apparente et peut rapidement se transformer
en une série de phénomènes érosifs très destructifs. Cela ne signifie
évidemment pas que les versants moins pentus échappent aux conséquences
de ces activités, mais que celles-ci restent faibles, voire acceptables. Tout en
étant encourageants, les résultats obtenus sont limités. Ils ne tiennent pas
compte de variables comme le temps d´occupation des sols, l’intensité, les
espèces implantées, ni de l’exploitation et ses méthodes (rotation de pâturages,
engrais, etc.), bien que s’agissant d’élevage du type "extensif, ces variations
semblent être relativement peu importantes.
Une étude plus complète va être entreprise, basée sur l´emploi de
méthodes photogrammétriques qui devraient permettre l’obtention rapide et
sûre de données plus nombreuses afin d´améliorer l’analyse statistique.
D´autre part ces travaux ne peuvent évidemment pas se limiter aux
versants et aux collines humides. Les observations préalables faites sur les
versants des dépressions sèches des cordillères montrent que le phénomène
s´y présente d’une manière plus prononcée (Fig. 8) et peut dégénérer plus
rapidement en système érosif généralisé (Fig.9).
L’un des instituts régionaux du département d´Antioquia chargé de la
gestion l´environnement s´est intéressé aux résultats, ce qui permettra sans
doute de continuer cette ligne de recherche, qui pourrait fournir des données
très importantes pour réglementer l´usage des terrains d’une manière qui
ressemble un peu plus au développement durable. L’apparition qui se
généralise de modèles digitaux de terrain (DTM) devrait faciliter cette
démarche. Les commentaires des experts seront les bienvenus.
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LEYENDA DE LAS FIGURAS, Hermelin
Fig 1.Vue aérienne presque verticale d’un pâturage dans la région de Sta.
Rosa de Osos, 150 km au nord de Medellín, altitude 2600m (le bétail, coin
supérieur à droite, donne l’échelle)
Valet S.
Consultant. PASSERELLES, 9, rue du Bât d’Argent, 69001, Lyon France ; valet.serge2@wanadoo.fr.
Résumé
Les cultures associées multi stratifiées et en relais qui incluent les haies et l’agroforesterie
sont pratiquées sur tous les continents en toutes conditions pédoclimatiques et
géomorphologiques. Les paysans augmentent le nombre et la densité des espèces du
climat tempéré/sahélien (P=500mm) au climat équatorial (P=2000mm) en fonction de la
fertilité des sols et de la géomorphologie. Ces associations constituent des mailles
unitaires agro bio physiques qui ont été conceptualisées empiriquement à différentes
échelles : disposition ordonnée ou non sur billon ; variation qualitative et quantitative des
espèces en fonction de la qualité des sols des paysages agro géologiques. Cet
assemblage offre un ensemble de services écologiques : biologiques, physiques,
hydriques et nutritionnels complexes qui renforcent l’aggradation des sols. Il réduit
naturellement le risque d’érosion et du stress hydrique, économise les intrants, assure la
biodiversité et les besoins divers familiaux dont la nutrition et les revenus supérieurs à
ceux des systèmes mono, bi et tri spécifiques. Il reste à concevoir le « mariage
symbiotique » des savoirs empiriques paysans logiques et stratégiques des
paysan(ne)s et « des savoirs savants » analytiques et prédictifs des scientifiques pour
une agronomie écologique, soutenue, compétitive évoluant avec celle des contraintes
socio-éco-climatiques.
Mots-clés : Systèmes traditionnels innovants, associations culturales, biodiversité, service
antiérosifs, aggradation des sols, Cameroun.
Abstract
The multi specific and multi stratified mixed cropping which include the agroforestry and
the quick hedges are practiced on large surfaces in the world according to every pedo-
climatic and geomorphologic conditions. The paysants increase the species number and
the density from temperate/Sahelian (R=500mm) to tropical climate (R=2000mm)
according to the soil fertility and geomorphology. These mixed cropping form agro-
biophysical unitarian stitches which are thought empirically at different scales: mixed or
inter dispositions, species qualified and quantified variation according to soil quality in the
different agro geological landscapes. These associations offer a quantity of complex
ecological services: biological, hydric, nutritional… It is necessary to conceive a
symbiotical links between the logical and strategical “paysant empirical knowledge” with
the analytical and predictif “scientist knowledge” for an ecological, sustainable, and
competitive agriculture which evolve with the evolving of the socio-economist constraints.
Keywords: Traditional innovating mixed/inter cropping, biodiversity, multiple services, soil
aggradation, erosion struggle, Cameroon.
I. Problématique
2.2. Modèles
Mixed cropping ; Intercroping ou alley cropping ; Sequential cropping ; Agroforestry.
3. Variabilité des cultures associées
3.2. Typologie
Le système multi-stratifié utilisé par les paysans comprend environ 46 espèces :
Etage arboré : 11 (colatier, safoutier, avocatiers, palmier raphia, banane douce et
plantain…) ;
Etage arbustif : 5 (café, Ndolé, piment, goyavier, et manioc) ;
Etage bas : 29 : 16 plantes maraîchères (gombo, tomate, épinard, choux, oignons, etc…),
2 céréales (maïs et canne à sucre), 5 légumineuses, 5 tubercules ; 2 fruits (ananas,
melon).
Presque chaque espèce est représentée par plusieurs variétés (de 2 à 6) de cycle de
longueur, de rendement différents et d’usages (alimentaires, commerciaux, sociaux). Les
variétés locales, moins performantes, sont plus résistantes et se conservent mieux (Kleitz,
1988). Les semis sont réalisés en première saison culturale dès mars et en seconde fin
août début septembre assurant assolement et rotation. Après défrichement l’association
est dominée par les tubercules ou l’arachide. La durée de culture (3 à 10 ans) avant mise
en jachères courtes (1 à 2 ans) est raisonnée selon la fertilité (naturelle et ajoutée) et son
épuisement. L’érosion même pour les billons dans le sens de la pente est très réduite,
alors qu’en mono-culture ou bi spécifique intensifiée elle démarre violemment dès le
semis (Valet, 1999). Ces associations constituent des mailles unitaires agro-bio-
physiques qui ont été conceptualisées empiriquement à différentes échelles (billon,
champ, bassin versant).
A- A l’échelle du billon : la disposition des pieds, ordonnée ou en désordre, tient compte
de leur taille respective et leur concurrence, principalement pour la lumière et l’eau
(Fig.1).
Disposition des cultures principales :
Ordre
Désordre
3m
Sol fertile Sol faiblement fertile Sol très fertile
Légende : Arachide MaÏs Haricot Musacées Macabo/Taro Café
Figure 1- Disposition sur le billon des plantes dominantes.
Beaucoup d’autres arrangements sont utilisés compte tenu du nombre élevé d’espèces et
de variétés. Certaines ignames ne sont cultivées que par les femmes des chefs ou le
voandzou par les femmes mariées (Hurault, 1962).
B- A l’échelle du champ : Les paysans font varier qualitativement et quantitativement le
nombre et la densité (IOS) des espèces vivrières, hors les arbres, entre les champs mais
aussi entre les deux régions de l’Ouest (Valet, 1976). Les IOS croissent de 1,04 à 2,91 en
pays Bamiléké pour 6 à 13 espèces et en pays Bamoun de 1,44 à 2,70 pour 10 à 13
espèces (Tableau 1). Autfray (1985) et Kleitz (1988) ont enregistré en région Bamiléké à
(Bafou) des IOS qui variaient de 0,8 à 9, arbres et arbustes compris (50 à 250 par
hectare -Fotsing, 1993), avec une valeur moyenne de 3,2, une médiane de 2 et un
quartile faible de 1,1. En plaine (Centre Sud) de Ravignan (1969) a trouvé un IOS moyen
de 1,49 avec 6 espèces maximum. Alors qu’en d’autres zones tropicales les associations
se limitent à 5 ou 6 espèces avec des arbres (Hecq, 1958 ; de Ravignan, 1969 ;
Leplaideur, 1970 ; Dupriez, 1980b ; Rishirumuhirwa, 1993). Les photos 2-ABCDE
soulignent bien la variabilité des associations selon les conditions pédoclimatiques.
Jachère/Prairie Jachère/Prairie
Haie morte Habitation/Greniers Jardin de case Coulée
CV Irrigation canal d’irrigation
Haies vives
Haies vives Raphiaie Maraîchage CV+Caf CV Affleurement
BV 1 2 3 4
CV= Cultures vivrières associées ; CV+Caf = Cultures vivrières associées + caféiers
Arbres/arb
Arbres/arbustes Bv= Bassin versant
______________________________________________________________________________________
Figure 5–
5 Schéma de la répartition des types de systèmes agricoles traditionnels et
innovants en fonction des paysages agro-géologiques.
Figure 6- Corrélation entre la répartition des pentes !12% et les systèmes de cultures selon la fertilité des
paysages agro-géologiques : A : haut de versant ; B : mi versant et C : bas de versant. De gauche à droite :
Rouge : >2000m, trachytes et roches acides ; Noir : 1600-2000m, Basalte ; Vert : 1400-16000m, Granite ;
Bleu : 1400-1600m, Basalte. (Valet, 1985).
L’affinité maïs-haricot a été confirmée par Autfray (1995) et Kleitz (1988) qui relèvent
même une affinité arachide-haricot. Par contre la répulsion maïs-arachide n’a pas été
notée par ces auteurs qui ne signalent qu’une répulsion de l’arachide avec les arbres,
musacées, café, taro et macabo. Ce type de répulsion existe entre le Maïs et le Soja
(Valet, 1999 & 2007). Cet antagonisme s’expliquerait vraisemblablement par la
concurrence pour la lumière et la photosynthèse plus effective en pays Bamiléké que
Bamoun (Clark et Francis, 1985). L’IOS des phaseolus augmente avec celui des maïs
mais plus faiblement. Ceci est dû à l’effet symbiotique entre le maïs et les phaseolus. Il a
été vérifié que les légumineuses associées au maïs augmentent le nombre et le poids de
leurs nodosités qui assurent un transfert d’azote vers ce dernier représentant une
économie de fertilisant azoté (Thompson, 1970 ; Trenbath, 1976). Cette exploitation
complémentaire du milieu pour la plupart des espèces a été dénommée « phénomène
d’annidation » (Ludwig, 1950). Les paysan(ne)s augmentent les IOS des tubercules avec
la fertilité des sols dans les deux régions. La typologie des associations repose sur le
couple antagoniste maïs-arachide et non sur l’arachide seule comme pivot écologique et
Figure 8- Relation entre
l’IOS du maïs, haricot et de
l’arachide et des tubercules
en fonction de la fertilité
actuelle des sols (somme
des cations échangeables
en m.éq/100g e (CO%0)
en régions Bamiléké (Be)
Bamoun (Bm) - 1967.
économique de tous les types d’associations comme le rapporte Kleitz (1988). D’autres
sociétés ont comme pivot le taro ou le bananier (Dupriez, 1980b).
Pour seulement trois plantes, les LER varient, déjà, de 0,9 à 1,55 alors qu’en milieu
traditionnel avec un total de six à treize plantes les LER sont nettement plus élevés. La
dose maximum d’urée utilisée pour obtenir ces rendements est de 20 à 50% inférieure à
celle utilisée en monoculture pour des rendements maxima pas énormément supérieurs
(Valet et Motélica, 2009).
Fertilisation organique
- Ecobuage
L’écobuage est couramment pratiqué de préférence en sol hydromorphe sur grosse butte
tous les 5 ans. Cette technique libère brutalement beaucoup de P205 assimilable (Témoin
= 30ppm contre 2030ppm P205 libérés) et de la potasse. Il maintient de plus l’azote dans
le sol (Autfray, 1985). Il provoque une augmentation de 2,8 à 5,2 Tha-1 (+79,5%) de maïs
grain avec une dose de 200 unités ha-1 de N (Valet et Motélica, 2009). Sur macabo blanc
Schafer (1999) a obtenu une augmentation de 9,6 (±3,1) Tha-1 à 12,6 (±4,7) Tha-1
(+31,3%) en absence de fertilisation minérale complémentaire.
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Potentiels de restauration de la qualité des sols sous agriculture de
conservation au Maroc
Rachid Mrabet 1 et Rachid Moussadek2
Résumé
Au Maroc, la céréaliculture est, avec l'élevage, l'irrigation et le travail du sol, une des activités
les plus anciennes pratiquées depuis des millénaires. Toutefois, cette filière ainsi que d’autres n’ont
pas connu une amélioration notable en productivité due essentiellement à une dégradation des
ressources en sols et à la sécheresse. Durant les trois dernières décennies, les travaux de recherche
effectués en zones semi-arides marocaines, ont montré la nécessité de recourir à des systèmes
agricoles à base de semis direct afin d'améliorer la qualité du sol et stabiliser les rendements à long
terme. Cet article concerne une réflexion sur le bilan de la recherche en matière de qualité du sol sous
agriculture de conservation au Maroc. En régime de semis direct ou de non travail du sol, la seule
cause de variation d'état du sol reste la structuration naturelle sous l'effet des cultures, du type de
gestion du sol (présence des résidus de récolte) et de la variation hydro-thermique qui dépend de la
fluctuation des conditions climatiques. Les qualités physiques et chimiques des horizons superficiels
du sol sont nettement améliorées sous le système de non travail du sol par rapport au labour
conventionnel. La séquestration de la matière organique sous semis direct s’est traduite par une nette
amélioration de la fertilité chimique du sol (niveaux d’azote, de phosphore et de potassium). Ces
changements positifs de la qualité des sols sous semis direct sont traduits par des augmentations de
rendements des cultures, même en années de sècheresse.
Mots clés : Maroc, semi-aride, semis direct sous litière, amélioration des SOM, stabilité
de la structure, NPK, rendements des céréales.
Abstract
In Morocco, cereal cropping is, with livestock, irrigation and tillage, one of the most ancient
activities practiced since millenniums. However, this sector as well as others did not know a
considerable improvement in productivity essentially due to degradation of natural resources and
drought. During the last three decades, the research conducted in Moroccan semi-arid zones, showed
the necessity to shift to conservation agriculture in order to improve soil quality and stabilize long-
term productions and returns. This article concerns a state of the art on assessing impacts of
conservation agriculture on soil quality and wheat production in dry areas of Morocco. Under direct
seeding systems, the only cause of variation of soil behavior is the natural changes in its structure
under the influence of the cultures and the crop residue management as well as the hydro-thermal
variation which depends on climate parameters and changes. Physical and chemical qualities of soil
surface horizons are sharply improved under no-tillage systems with regard to conventional tillage
systems. The retention and increase of the organic matter under direct seeding were translated by a net
improvement of the chemical fertility of the soil (higher levels of nitrogen, phosphorus and
potassium). These positive changes of the soil quality under direct seeding are translated by increases
of crop production and returns even in years of sever aridity.
Keywords: Morocco, semi-arid climate, direct seeding, soil organic matter, NPK,
aggregate stabilization, cereal yields.
Introduction
Etant donnée la nature de leurs sols et du régime des précipitations, les milieux
pluvieux semi-arides marocains sont, pour l’essentiel, des milieux fragiles, rapidement
dégradables si les modes de culture sont inadaptés. Ce sont aussi les régions où la population
croit le plus vite et où la pauvreté affecte le plus grand nombre. La demande croissante en
aliments et en matières premières d’origine agricole, tant interne qu’externe, a conduit le
Maroc à accélérer le développement de ce secteur, non seulement par l’augmentation de la
productivité, mais aussi par l’expansion de sa surface agricole. Pendant plusieurs décennies,
une bonne production n’était possible que si la terre est travaillée par des instruments aratoires
très diversifiés.
Le rôle essentiel du travail du sol est d’obtenir un état structural permettant une bonne
germination et un développement racinaire indispensable à une bonne alimentation de la
plante. Cependant, à travers le monde, les expérimentations de long terme ont révélé que
plusieurs cultures (blés, orge, maïs, soja, pois chiche, fève, lentille, tournesol, fourrages) ont
peu d’exigences en matière de travail du sol. En plus, au Maroc l’utilisation abusive et
inappropriée de matériels de travail du sol dans les exploitations agricoles engendre l’érosion
des sols, le ruissellement, l’appauvrissement en matières organiques et en pools nutritifs, la
dégradation de la structure et le dessèchement. Cette situation ne peut assurer une agriculture
durable.
Le semis direct est un paquet technologique qui repose sur quatre principes:
1) Supprimer les labours; 2) Couvrir en permanence le sol par une couverture morte
constituée de résidus de récolte ou vivante sous formes de couverture végétale; 3) Semer
directement à travers cette couverture protectrice à l'aide d'outils appropriés et 4) Contrôler les
mauvaises herbes sans perturbation du sol (Mrabet, 2008). De par la diversité des processus
modifiés par les systèmes d’AC, les indicateurs nécessaires à une évaluation intégrée des
performances de ces systèmes sont multiples et de natures diversifiées (Mrabet, 2008).
Cet article concerne une réflexion sur le bilan de la recherche en matière de qualité du
sol sous agriculture de conservation au Maroc. Les études sur les systèmes de semis direct ont
commencé en 1983 dans les régions de la Choauia (300-400 mm) et les Abda (200-250 mm)
sur les Vertisols uniquement pour être généralisées plus tard à d'autres régions agricoles.
Ainsi, les régions concernées par cet article sont très diversifiées de point de vue climatique
(allant de moins de 250mm dans les Abda à plus de 500 mm dans les régions du Gharb et des
Zaers) et en types de sols. Une nuance sur l’économie du semis direct et la problématique de
son adoption au Maroc est aussi présentée.
De plus, la couverture végétale sous semis direct crée un environnement dans lequel
les variations climatiques sont amorties, en termes de température et d'humidité. En période
sèche, la couverture fait barrage à l'évaporation ; l'humidité résiduelle de la saison des pluies
est maintenue. Lorsqu'il pleut en abondance, elle évite le ruissellement, favorisant le drainage
de l'eau. Cet effet tampon permet de maintenir la production à un bon niveau d'une année à
l'autre. Ceci explique les performances du blé sous semis direct en conditions diversifiées de
systèmes de cultures, de sols et de pluviométries (Tableau 1).
Pour réussir la conduite du semis direct, il est essentiel de disposer de semoirs adaptés.
Le semis est réalisé à l’aide d’un semoir spécial qui peut semer et déposer les engrais dans un
sol non perturbé et couvert de résidus de récolte (Figure 1). Une utilisation inappropriée ou
inadéquate du semoir peut entrainer des effets négatifs sur la culture et par conséquent sur sa
productivité. En effet, le choix du semoir semis direct est un paramètre critique qui exige une
adaptation selon la diversification des cultures et les types de sol. Le mauvais fonctionnement
ou la défaillance des semoirs sont des risques majeurs pour la réussite de l'implémentation de
l'AC.
Figure 1. Semoir pour semis direct marocain produit par INRA (encadré) et semoirs importés
du Brésil utilisés dans les programmes de démonstration chez les agriculteurs.
Tableau 1. Rendement du blé (Mg ha-1) sous semis direct et conventionnel dans plusieurs
régions agricoles du Maroc.
Les pertes de productivité peuvent provenir de sols compactés, ce qui n'a pas été le cas
de la concrétisation des systèmes de semis direct dans les sites de la région des Zaers et du
Gharb. En effet, selon le Tableau 1, malgré que ces sites présentent des formes de compaction
et de tassement, les rendements du blé sous semis direct avec litière sont supérieurs que ceux
réalisés sous conditions de travail du sol à base de charrue à disques et de stubble-plow et/ou
pulvérisateur à disques.
Dans la région des Zaers, une étude réalisée sur un Vertisol a révélé que le profil
d'impédance sous semis direct présente des zones de compaction (semelles de labour) aux
niveaux des horizons inférieurs. Par contre, le profil d'impédance sous système de travail du
sol conventionnel est plus uniforme et à des niveaux de résistances mécaniques à la
pénétration plus faible (Figures 2 et 6). Toutefois, cet état mécanique du sol n'a pas affecté les
rendements des cultures sous semis direct comme le montre le tableau 1 et figure 6.
Résistance Mécanique à la Pénétration
(MPa)
0, 0, 1, 1, 2, 2, 3, 3,
00 5 0 5 0 5 0 5
C
5 T
A
C
1
0
1
5
2
0
2
5 Profondeur
(cm)
3
0
Figure 2. Profils d'impédance d'un Vertisol soumis aux systèmes de semis direct (AC) et de
travail du sol conventionnel (CT) (Merchouch, Zaers) (Mrabet, 2008).
D’une manière générale, les pratiques agricoles basées sur les principes de
l’agriculture de conservation contribuent à lutter contre la sécheresse, puisqu’elles visent deux
grands objectifs : améliorer le stockage de l’eau dans les sols, et réunir les conditions
édaphiques d’une bonne croissance des plantes. Des cultures en « bonne santé » résistent
mieux au stress hydrique. Mais le potentiel biologique de celles-ci n’en est pas modifié, et
c’est bien là l’objectif de l’amélioration génétique sous semis direct (Ramdani et al., 2010).
Le pâturage et l’exportation des résidus de récolte et des chaumes sont considérés
comme des limitations à l’adoption du semis direct par les agriculteurs marocains. Les
résultats ont conclu qu’il est possible d’exporter jusqu’à 4 tonnes de biomasse de
l’exploitation sans pour autant affecter le rendement du blé. En d’autres termes, le sol peut
n'être couvert qu’à 70% ou 2 Mg ha-1 sans affecter la productivité de la culture. Parmi les
options conçues pour adapter le semis direct au contexte d’agriculture mixte (culture –
élevage), on peut citer:
• L’inclusion d’une sole fourragère dans les rotations;
• L’exportation partielle de la biomasse ou le pâturage contrôlé sur chaume ;
• La diversification des cultures sous semis direct (cultures de rente).
Le carbone est au cœur des débats internationaux, parce qu’il renvoie à deux enjeux
principaux, l’un de nature globale, le changement climatique et l’autre de portée locale, la
fertilité des sols.
Le critère le plus important de la dégradation du sol est la perte de la matière
organique du sol. L'agriculture marocaine basée sur le labour et l’exportation de la biomasse,
conduite généralement sans apport d'amendements organiques, a entraîné un abaissement
général du contenu en matière organique des sols en liaison avec une minéralisation du
carbone ainsi que la production de gaz carbonique (Figure 3). Les sols ont atteint des teneurs
très basses en matières organiques (entre 0.5 et 2%) et les conséquences s'en font sentir, d'une
part, sur l'agrégation, la stabilité de la structure et la sensibilité à l'érosion et, d'autre part, sur
la biodiversité et la vie biologique (Lal, 2002 ; Mrabet et al., 2001a). En d’autres termes, la
dégradation des sols cultivés est principalement due à l’absence de gestion de leur fertilité.
L'amélioration de la gestion de la fertilité du sol doit être une part importante de la politique
de développement du pays. Le défi principal doit, donc, de renverser l’appauvrissement des
sols en matières organiques (Tableau 2) et augmenter leurs stocks nutritifs et leurs états
physiques par des initiatives de recapitalisation. Il faut donc plaider pour une nouvelle
agriculture durable fondée sur la réduction des manipulations mécaniques du sol et la
protection par des couvertures végétales : les systèmes de semis direct. Ces derniers systèmes
permettent une réduction conséquente des taux d’émission du gaz carbonique par rapport aux
systèmes basés sur les labours et la préparation des lits de semences (Figure 3) et une
augmentation des taux de matières organiques dans le sol, surtout en surface.
Tableau 2. Effets des systèmes de travail du sol sur les niveaux de matières organiques du sol
dans différentes régions agricoles du Maroc.
Le zéro-labour est l'une des techniques utilisées dans l'agriculture de conservation, qui
vise à renforcer et à maintenir la production agricole en préservant et en améliorant les
ressources en sols et en eaux ainsi que les ressources biologiques. En substance, cette
technique permet aux micro-organismes et à la faune d'assurer le travail du sol et l'équilibre
des éléments nutritifs - un processus naturel perturbé par le labour mécanique. Mrabet et al.
(2001a) ont trouvé que le semis direct séquestre 13.6% de carbone après 11 ans de son
adoption dans un sol argileux.
Afin d’assurer les rendements, il est recommandé d’augmenter légèrement les apports
d'azote durant la phase de transition. En effet, Bessam et Mrabet (2001) ont trouvé que le taux
de matière organique évolue de façon remarquable sous semis direct en fonction du temps,
alors que sous travail classique, le sol garde sensiblement les mêmes taux (Tableau 2). Cette
part de la fertilité gratuite construite en semis direct permet d'augmenter la productivité des
cultures avec moins d'engrais minéral et d'accroître le potentiel du sol. En effet, Mrabet et al.
(2001b) ont trouvé que les niveaux de phosphore, d'azote et de potassium s’améliorent en
semis direct par rapport au travail du sol conventionnel (Tableau 3). Selon Mrabet et al.
(2008), à l'exception d'une réduction du niveau du magnésium dans les conditions de semis
direct, les autres bases échangeables (Ca, K et Na) et la CEC n'ont pas été affectées par le
système de travail du sol après 15 ans d'expérimentation sur un sol calcimagnésique de la
Chaouia.
Tableau 3. Effets du système de travail du sol sur le niveau de phosphore, potassium et
d’azote dans les horizons de surface d’un sol calcimagnésique caractéristique du semi-aride
Marocain (Mrabet et al., 2001b).
Profondeur des Non-labour Labour Moyenne
horizons (mm) conventionnel
Azote Total (g kg-1)
0 – 25 1.84 1.33 1.59
25 – 70 1.49 1.34 1.41
70 - 200 1.20 1.20 1.20
P assimilable (mg kg-1)
0 – 25 29.9 18.0 23.9
25 – 70 19.3 16.5 17.9
70 - 200 8.7 10.9 9.8
K échangeable (mg kg-1)
0 – 25 476 284 380
25 – 70 292 257 274
70 - 200 149 178 163
Figure 3. Effet des systèmes de travail du sol sur l’émission du gaz carbonique en fonction du
temps (Moussadek et al., 2011b).
Notons que dans plusieurs pays (Etats Unis d'Amérique, Brésil, Australie), la lutte
contre les phénomènes d’érosion et de ruissellement est une des principales raisons de
promotion du semis direct. Les pratiques limitant l’érodibilité sont celles qui assurent à
l’horizon de surface un taux de carbone élevé et par conséquent une agrégation stable :
systèmes de non-labour et apports de matières organiques.
Les techniques mécanisées de travail du sol modifient les propriétés physiques du sol
en provoquant une réduction du degré de cohésion des agrégats. La déformation de l’agrégat
engendre le tassement, la compaction, la réduction de l’infiltration et permet par conséquent
une structure instable qui mène au développement d’une croûte de battance en surface
vulnérable à l’érosion. Le travail du sol intensif affaiblit donc la structure et détruit la
cohésion des agrégats. Cependant, au semis direct est souvent associé un état physique qui ne
pénalise pas les cultures et qui est efficace à réduire le développement des croûtes de battance
et du compactage.
Il est donc essentiel d'interrompre les facteurs de dégradation pour permettre au milieu
de retrouver naturellement la flore et la faune primitives et plus tard les propriétés physiques,
chimiques et biologiques des sols originaux (Aronson et al., 1993; Roose, 1993). L’état
physique favorable sous semis direct avec litière est lié à l’évolution de la structure du sol
(augmentation des agrégats hydrostables, de la porosité biologique, et de la conductivité
hydraulique à saturation). Le semis direct agit sur l'agrégation du sol à travers son action sur
les agents d'agrégation : la matière organique, les microorganismes, l'aération, la circulation
de l'eau, les réactions physico-chimiques, etc…. (Tableau 4).
Tableau 4. Effets du système de travail du sol sur l'agrégation du sol dans deux régions
agricoles marocaines.
On peut remarquer au tableau 5, que pour le système de travail du sol à base de chisel,
le volume ruisselé et la détachabilité sont très proches de ceux obtenus dans le cas de
l'itinéraire technique à base de charrue à disques. La parcelle en semis direct par contre,
permet une diminution du ruissellement de 30 à 50% et surtout une protection contre les
pertes en terre, puisque la détachabilité diminue de 50 à 70% par rapport à la charrue à
disques. Ces résultats sont confirmés par Moussadek et al. (2011a) (Figure 4). Ces auteurs ont
trouvé que les résidus de couverture sous semis direct permettent des réductions importantes
des pertes d’eau par rapport à un système de travail du sol sur pente de 5% dans une zone
semi-aride (Région des Zaers).
Le semis direct n'est sans doute pas la panacée, mais il représente un espoir sérieux
pour beaucoup d'agriculteurs et pour l'agriculture marocaine en général. Les avantages du
changement au semis direct font plus que compenser le supplément de coût de la protection
des cultures (i.e. herbicides). Ces avantages sont: une augmentation de la surface exploitée,
une suppression des coûts des labours et des façons superficielles, et une économie du temps,
du carburant, de la main d’œuvre et des charges d’équipements.
Les systèmes en semis direct, consomment beaucoup moins de main d’œuvre que les
systèmes avec labour. En d’autres termes, le semis direct offre donc une très forte économie
de main d’œuvre par rapport au labour, justement sur les opérations les plus pénibles du
calendrier cultural, à savoir, les travaux du sol. Ainsi, les coûts de production sont
systématiquement plus faibles avec semis direct, grâce à la très forte réduction de main
d’œuvre. Ces économies compensent normalement le coût supplémentaire des méthodes de
conservation (application d'herbicides et matériel de semis direct).
Dans la plupart des situations, le semis direct réduit les temps de travaux et leur
pénibilité et entraîne une nouvelle répartition du travail au cours du temps qui écrête les
pointes de travail. D’autres retombées positives découlent de l’économie du temps,
notamment la possibilité de choix d’une humidité optimale et donc meilleure qualité du lit de
semences et coût de production plus faible. Ces avantages économiques augmentent avec la
durée d’adoption du semis direct (de la phase d’initiation à la phase de maturité du système).
Conclusions : Lever les barrières de dissipation et de généralisation des systèmes de
semis direct au Maroc
Au Maroc, bien que des efforts très visibles aient été faits au cours des trois dernières
années en matière de semis direct, les institutions publiques devront tout mettre en œuvre pour
accélérer la pénétration de ces pratiques. L'adoption des systèmes de semis direct au Maroc
peut être retardée par un contexte défavorable: manque d'associations d'agriculteurs,
compétition avec le bétail dans l'utilisation des résidus de récolte; accès réduit aux intrants de
qualité et aux équipements; manque de connaissance; appui insuffisant de la part des
institutions en raison d'un manque de connaissances sur le semis direct ; droits et pratiques
agraires usuels; droits d'utilisation de la terre peu durables; politiques inopportunes qui
favorisent les pratiques conventionnelles, politiques trop pro-urbaines; infrastructures rurales
inadéquates et manque d'accès aux marchés.
En plus des conditions climatiques, les modalités de mise en œuvre des systèmes de
semis direct et les conditions de leur adoption en milieu agricole dépendent du contexte socio-
économique où ils s’appliquent. En effet, les conditions socio-économiques constituent bien
souvent un frein à leur adoption par les agriculteurs. Il est nécessaire de réaliser une analyse à
l’échelle des unités de production en considérant en simultanée les avantages agronomiques
visés, la possibilité d’intégration du semis direct au sein des systèmes d’exploitation
(équipement, main d’œuvre, intrants, élevage) et la faisabilité économique. Le système de
semis direct a été essayé en conditions de pente et les résultats préliminaires montrent une
nette supériorité de rendement par rapport au labour à l'araire (Figure 5).
Forces Défis
• Erosion et conservation des sols. • Pénétration difficile dans le tissu
• Conservation de l'eau. social agricole.
• Amélioration de la qualité des sols. • Investissement en équipement.
• Réduction des couts énergétiques • Dépendance (utilisation accrue)
et de main d'œuvre. vis‐à‐vis des herbicides.
• Gouvernance environnementale. • Changements importants dans les
• Agriculture durable et infestations des mauvaises herbes
développement. et maladies.
• Séquestration du carbone. • Exigences élevées en fertilisation
• Atténuation des changements azotée.
climatiques.
Figure 5. Prototype de semoir semis direct utilisé dans les zones de montagne au Maroc (Rif
et Moyen atlas)
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Figure 6. Blé sous semis direct avec litière dans la région des Zaers à différents stades.
T h è m e 4
R ô le s d e s a r b re s
d a n s la G C E S
e n fo n c tio n d u b ila n h y d riq u e ré g io n a l
D a n s la n a tu r e o u d a n s le s ja c h è r e s d e lé g u m in e u s e s a r b u s tiv e s , le s litiè r e s s o n t a s s e z
é p a is s e s p o u r p r o té g e r le s o l d e la b a tta n c e d e s g o u tte s d e p lu ie s , m a in te n ir u n e b o n n e
s tr u c tu r e e t u n e fo rte a c tiv ité b io lo g iq u e , u n e in filtr a tio n s a tis fa is a n te e t lim ite r l’é r o s io n .
P a r c o n tr e la p r é s e n c e d e s a r b r e s à r a c in e s p r o fo n d e s p e u t a u g m e n te r l’é v a p o tr a n s p ir a tio n
r é e lle e t a s s é c h e r le s n a p p e s p r o fo n d e s .
E n fin le s a r b r e s p r o d u is e n t to u te s s o r te s d e b ie n s te ls q u e d e s m é d ic a m e n ts , d e s fr u its
c o m e s tib le s , d e l’é n e r g ie (b o is d e fe u o u fr u its é n e r g é tiq u e s c o m m e c e lu i d u J a tr o p h a ).
S a tr a n s fo r m a tio n e n c h a r b o n d e b o is p e u t a m é lio r e r le s p r o p r ié té s d e s to c k a g e d e s n u tr im e n ts
d a n s le s h o r iz o n s d e s s o ls s a b le u x .
Influence de l’agroforesterie sur l’érosion hydrique
et la restauration de la productivité des sols ferrallitiques acides
du Rwanda
Dieter KÖNIG
Département de Géographie, IfIN, Universität Koblenz
Universitätsstraße 1, D-56070 Koblenz, R.F.A. e-mail : dkoenig@uni-koblenz.de
Résumé
Depuis 1985, différents systèmes agroforestiers ont été testés sur l’érosion et l’amélioration de la
productivité des sols sur le Plateau Central Rwandais. Les études ont été menées sur un sol ferrallitique
fortement dégradé, très acide (pH < 4) et pauvre en éléments nutritifs. Les conditions agro-écologiques peuvent
être caractérisées par une altitude de 1.700 m, une précipitation annuelle moyenne de 1.280 mm (régime
bimodal) et une température annuelle moyenne de 20°C. Les parcelles ont été cultivées selon les méthodes de
l’agriculture écologique agroforestière. Ses éléments principaux sont: l’intégration des arbres et des haies dans
les parcelles de cultures, la mise en place de cultures associées, la substitution de la jachère par l’emploi
d’engrais verts, l’intégration de l’élevage dans le système de culture, le recyclage de la biomasse dans un cycle
presque fermé et l’intégration des mesures pour la conservation des eaux et des sols.
Malgré une érosivité des pluies relativement faible (facteur R d’après WISCHMEIER et SMITH
autour de 350) on a constaté une érosion énorme sur les parcelles non protégées (468 t/ha/an sur sol nu (avec
un ruissellement autour de 15 % des précipitations annuelles) et 245 t/ha/an sous manioc (ruissellement environ
9 %) sur une pente de 28 %. Sous ces conditions, l’intégration des arbres et surtout des haies de Calliandra
calothyrsus, plantées en lignes isohypses, permettent une réduction de l’érosion et des pertes en matière
organique et en éléments nutritifs, à un niveau «tolérable» (1-3 % des valeurs initiales). Par l’intégration des
arbres et des arbustes dans le système de production agricole, l’agroforesterie permet une haute production en
biomasse même sur des sites dégradés. Des relevés dendrométriques qui ont été fait pour 32 différentes
espèces d’arbres plantées en novembre 1985 montrent que les meilleurs résultats ont été obtenus avec les
arbres autochtones Maesopsis eminii et Polyscias fulva. Si les arbres exotiques (p. ex. Grevillea robusta, Cedrela
serrata) montrent une bonne croissance initiale, les espèces autochtones sont, à la longue, plus productives et
concurrencent moins les cultures vivrières. L’agriculture agroforestière contribue non seulement à la sauvegarde
de la fertilité des sols, mais aussi a son approvisionnement en azote et en matière organique. Néanmoins, les
méthodes biologiques seules ne sont pas capables d'améliorer la fertilité du sol sur des sites déjà fortement
dégradés. Pour rétablir la fertilité de ces sols, un apport supplémentaire en éléments nutritifs qui ont été emportés
par l’érosion et par exportation des cultures pendant des décennies est inévitable. L’article présente les effets
positifs d’une application des cendres volcaniques et du travertin sur le rendement des cultures vivrières dans
des systèmes agroforestiers.
Mots clés : Agroforesterie, Conservation des sols, Amélioration de la fertilité des sols, Agriculture
écologique, Rwanda
Abstract
In densely populated areas in Rwanda, soil erosion and degradation are severe threats to agriculture. In
this situation, agroforestry can help to achieve a sustainable agricultural production (“ecofarming”).
Agroforestry systems also play an important role in climate change mitigation by storing important
quantities of carbon (10-20 t C/ha, which is equivalent to 35 to 70 t CO2/ha). Based on measurements of
runoff and soil losses, of biomass production and nutrient fluxes, the author resumes more than twenty
years of research experience from Projet Agricole et Social Interuniversitaire (PASI) at Butare, Rwanda
(1700 m a.s.l., mean annual rainfall: 1280 mm, mean temperature: 20° C) on a severely degraded
ferralitic soil (pH 4).
Keywords: Rwanda, Agroforestry, sustainable land use, soil conservation, alley cropping, ecofarming
1. Introduction
L’article donne un aperçu des études menées au sein d’un système
agroforestier au Rwanda depuis 1985. Les expériences ont été faites à Butare au
Sud du Plateau Central Rwandais sur un sol ferrallitique fortement dégradé, qui est
très acide (pH 3,8 à 4) et pauvre en éléments nutritifs. Les conditions agro-
écologiques peuvent être caractérisées par une altitude de 1700 m, une précipitation
annuelle moyenne de 1280mm en dix mois (régime bimodal) et une température
annuelle moyenne de 20°C.
Les parcelles sont cultivées selon les méthodes de l’agriculture écologique
agroforestière qui essaie de lutter, par une approche intégrale du problème, contre
l’érosion des sols et contre la dégradation de sa fertilité. Elle a pour but la
régénération et la stabilisation de la fertilité du sol dans un système de production
bien adapté aux conditions écologiques et humaines de la région. Ses méthodes se
ramènent à des expériences paysannes autochtones dans des régions d’Afrique
densément peuplées, ses éléments principaux sont: l’intégration des arbres et des
haies dans les parcelles de cultures, la mise en place de cultures associées, la
substitution de la jachère par l’emploi d’engrais verts, l’intégration de l’élevage dans
le système de culture, le recyclage de la biomasse dans un cycle fermé et
l’intégration des mesures pour la conservation des sols (KÖNIG, 1992).
2. Résultats
2.1. Érosion et conservation des sols
Malgré une érosivité des pluies relativement faible (facteur R d’après
WISCHMEIER et SMITH autour de 350), on a constaté une érosion énorme sur les
parcelles non protégées (plus de 400 t/ha/an sur sol nu et plus de 200 t/ha/an sous
manioc sur une pente de 28 %). Dans ces conditions, l’intégration des arbres et
surtout des haies de Calliandra calothyrsus, permet une réduction de l’érosion et des
pertes en matières organiques et en éléments nutritifs, à un niveau « tolérable » (1-3
% des valeurs initiales, voir fig. 1). Des résultats comparables (120 à 250 t/ha/an
sous cultures non protégées, 1 à 2 t/ha/an sur parcelles protégées par des haies
vives) ont été obtenus à Rubona, à une distance de 15 km de Butare (ROOSE,
NDAYIZIGIYE et SEKANYANGE, 1993 ; ROOSE et NDAYIZIGIYE 1996).
Les résultats sur l’érosion obtenus sur une parcelle agroforestière non-
protégée par des haies (voir fig. 1) montrent que la seule introduction des arbres et
des cultures associées ne suffit pas à réduire les pertes de terre à un niveau
acceptable (57 t/ha/an sous Grevillea). Seulement l’intégration des haies de
légumineuses fait de l’agroforesterie un système de production valable en vue de la
conservation du sol. Grâce au développement rapide de ces haies, l’érosion a été
réduite à moins de 12 tonnes par hectare et par an depuis la deuxième saison après
leur plantation et à moins de 3 t/ha/an depuis la cinquième année après la plantation,
c'est-à-dire à moins de 1,5% des pertes sur la parcelle témoin cultivée de façon
traditionnelle.
Les résultats les plus encourageants (une réduction durable de l’érosion à 0,2 % des
pertes mesurées sur la parcelle cultivée avec du manioc), ont été obtenus par la
méthode d’alley-cropping sur des microterrasses d’une largeur de 0,5 m et d’un
écartement de 5 m, plantées d’une ligne double de Calliandra calothyrsus.
Les lignes d’herbes, qui sont très efficaces pendant les deux premières
années, perdent leur efficacité (et leur productivité) après quelques années. Par
contre, les haies de Calliandra – une fois installées – sont toujours très efficaces,
même 20 ans après leur plantation.
Fig. 2: Diamètre moyen et hauteur moyenne des arbres de 10 ans sur le terrain
d’expérimentation du PASI ; le choix se limite aux espèces à forte présence
Malgré leur forte croissance initiale, les herbes produisent beaucoup moins de
biomasse que les arbustes. Cinq ans après leur plantation, les lignes d’herbes anti-
érosives (avec Pennisetum purpureum ou Setaria splendida) ont été fortement
dégradées ou ont disparues, tandis que les haies arbustives restent très productives.
L’association « arbres + herbes » dans des « lignes antiérosives » est à
déconseiller. Les effets de concurrence entre les herbes et les cultures vivrières et
les arbres sont importants, surtout quand ces lignes d’herbes sont composées des
espèces à croissance rapide comme Pennisetum purpureum ou Tripsacum
fasciculatum. Il en résulte une croissance tardive des arbres et une forte diminution
de leur production en biomasse. Même après la baisse de productivité des lignes
d’herbes et la disparition de la majeure partie des rhizomes d’herbacées, la
croissance des arbres continue à souffrir du manque d’éléments nutritifs. Ce résultat
souligne l’importance d’études à long terme. L’intégration de lignes d’herbes dans les
systèmes agro forestiers est souvent conseillée et justifiée en raison de la production
de biomasse supérieure et son effet antiérosif. La baisse de la productivité et de
l’effet conservatoire reste souvent méconnue, la période d’observation des travaux
de recherche étant souvent limitée à moins de trois ans.
3. Conclusion
L’agriculture écologique agroforestière représente une stratégie efficace pour
la conservation des sols. L’intégration des arbres (spécialement des espèces
autochtones) et surtout l’intégration des haies de légumineuses dans des systèmes
de production vivriers permettent à la fois de sauvegarder la fertilité du sol et de
couvrir le besoin en bois d’une population croissante de la superficie agricole. En
plus, elle contribue à une réduction de la dégradation des sols hors de la surface
cultivée et à une séquestration du carbone importante au-dessus et dans le sol.
Néanmoins, une amélioration des sols déjà fortement dégradés et appauvris
en éléments nutritifs ne peut pas être atteinte sans fumure minérale complémentaire
(en particulier du phosphore). Vu les ressources très limitées du pays, la
conservation des sols une fois améliorée et surtout la sauvegarde de la fertilité des
sols toujours productifs par des méthodes biologiques est indispensable.
Bibliographie
KÖNIG, D., 1992. L'agriculture écologique agro-forestière - une stratégie intégrée de conservation des
sols au Rwanda. Bull. Réseau Erosion, IRD-Montpellier, 12 : 130-139.
ROOSE, E., F. NDAYIZIGIYE et L. SEKANYANGE, 1993. L’agroforesterie et la GCES au Rwanda.
Comment restaurer la productivité des terres acides dans une région tropicale de montagne à forte
densité de population ? Cahiers Orstom, Pédol., 28, 2 : 327-349.
ROOSE E., NDAYIZIGIYE F., 1996. Agroforestry and GCES in Rwanda. Soil Technology, 11, 1 : 109-
119.
Performances de certaines légumineuses arbustives :
station INERA de Kipopo, République Démocratique du Congo
Résumé
Aux alentours de la ville de Lubumbashi, la végétation est une savane arbustive en
voie de disparition suite au système d’exploitation combinant la culture itinérante, la
coupe de bois de construction et les feux de brousse annuels. Pour faire face à la
diminution de la productivité des sols et aux besoins en bois des zones urbaines on a
eu recours à la plantation de ligneux à usages multiples. Au système traditionnel
(culture itinérante), on a comparé la culture en couloir de maïs entre des haies de
deux variétés de Leucaena (leucocephala et diversifolia) et une variété d’Acacia
angustissima. Compte tenu de son importance alimentaire dans la région, le maïs a
été retenu comme indicateur de la fertilité du sol. Les Leucaena ont produit en un an
3,21 t/ha/an à 3,96 t/ha/an de biomasse pendant que l’Acacia en produisait
10,04t/ha/an. La production de maïs dans le système en couloir atteint 4,78 t/ha au
lieu de 4,59 t/ha sur le témoin. On voit qu’en plus de l’engrais vert, ces légumineuses
permettent des rendements très honorables en maïs sur des sols ferrallitiques
pauvres.
1. Introduction
Cette étude présente les résultats d’un essai de culture en couloir localisé
entre les rangs de légumineuses arbustives, 12 mois après la plantation.
2. Matériels et méthodes
Les légumineuses utilisées dans l'étude sont : Leucaena leucocephala var K8,
Leucaena diversifolia var K156 et Acacia angustissima Klutz. Les semences ont été
fournies par le "Programme national de Maïs", situé à Lubumbashi.
Les graines des arbustes ont subi un prétraitement avant le semis, dans de l'eau
chaude pendant une minute. Le lit de semis était constitué de sols forestiers bien
tamisés dans des sachets en polyéthylène bien remplis. La germination est évaluée
pour les lots de semences à plus de 75%. La plantation a été faite 40 jours après la
germination. Chaque espèce arbustive a été plantée dans une allée composée de
deux haies de 8 m de long et 3,5 m entre les haies et de 0,5 m sur les haies. La
culture intercalaire est pratiquée dans toutes les parcelles conformément au
dispositif en place avec 16 parcelles dont 12 parcelles avec arbustes et 4 autres
sans arbustes. Le maïs est utilisé en association avec les arbustes et en monoculture
dans les autres parcelles. L’apport en engrais s’est fait avec de l’engrais composé
NPK (14-14-14) localisé au pied des plants 15 jours après le semis et de l’engrais
simple Urée au 30ème jour après le semis à l’ordre de 10g par pied, c’est une
fertilisation localisée. Ceci constitue un apport préliminaire sur toutes les parcelles
afin de ne pas perdre les frais engagés pour la main d’œuvre pour l’entretien du
dispositif. L'expérience a eu lieu en blocs complets randomisés avec 4 répétitions.
La croissance (diamètre et hauteur) des arbres et la production de biomasse ont été
évalués 12 mois après la plantation. Après la mesure de la hauteur et le diamètre à
50 cm du niveau du sol, les plantes ont été recepées et le poids de la biomasse
enregistré.
3. Résultats et discussions
Les résultats de la croissance et de la production de biomasse ligneuse (feuille et
rameaux) sont repris dans le tableau 1, et ceci 12 mois après la plantation. Les
différences entre les espèces sont élevées pour ce qui est de la biomasse, bien que
la croissance est statistiquement semblable pour les trois espèces, toutefois on note
une tendance d’amélioration de la croissance de Leucaena diversifolia avec un
diamètre de 2,3cm, comparé avec Leucaena leucocephala et Acacia angustissima
de 1,9cm et 2,2cm respectivement.
Le tableau n° 2 reprend la production du maïs dans les parcelles sous arbre et en
monoculture considérées comme témoin..
Tableau 1 : Moyenne des taux de croissance et poids de matière verte par
espèce 12 mois après la plantation
REPETITION TRAITEMENT
A. a. L. d. L. l. S. a.
t/ha t/ha t/ha t/ha
I 4,821 5,436 2,100 4,543
II 5,007 5,443 4,486 8,927
III 5,579 6,136 5,179 3,475
IV 3,071 4,400 4,779 3,864
Références :
1. Kang, B.T. et Reynolds, L. 1989. Alley farming in the humid and subhumid
tropics : proceedings of an international workshop held at Ibadan, Nigeria, 10-
14 march 1986. International Development Research Centre, Ottawa, Canada,
251 pages
6. Gutteridge R.C. and H.M., Shelton, 1994. Forage tree legumes in tropical
agriculture, pp 389, CAB International, Wallingford, Oxon ox108DE, UK
Les avantages environnementaux et socio-économiques G¶XQ
reboisement de 8.000 hectares sur le Plateau des Batéké, Kinshasa,
République Démocratique du Congo
Nicolas SHUKU ONEM BA,M sc.
Courriel :nicolasshuku@gmail.com
Résumé
Ce mémoire reprend les avantages sur le plan environnemental et socio-pFRQRPLTXH G¶XQH
IRUrWSODQWpHJUkFHDXILQDQFHPHQWGHO¶8QLRQ(XURSpHQQHVXUOH3ODWHDXGHV%DWpNp.
&HSURMHWGRQWO¶REMHFWLISULQFLSDOpWDLWG¶DSSURYLVLRQQHUODville de Kinshasa en combustibles
ligneux de bonne qualité a eu des incidences positives VXUO¶HQYLURQQHPHQWHt sur la vie socio-
économique des villageois et citadins.
Sur le plan environnemental, la forêt artificielle ainsi réalisée par plantation, principalement à
base de Acacia auriculiformis et de quelques Eucalyptus sp.p. a influé positivement le micro-
FOLPDWGHODUpJLRQ(OOHDSHUPLVDXVVLG¶HQULFKLUOHPLOLHXVXUOHSODQGHODELRGLYHUVLWp, en
permettant le développement de nombreuses espèces végéWDOHVG¶RPEUDJHHWHQFRQVWLWXDQWXQ
refuge pour certaines espèces animales. La structure des sols a également été enrichie grâce à
O¶DSSRUWGHPDWLqUHRUJDQLTXHHWG¶D]RWHIL[pSDUODOpJXPLQHXVHSODQWpH
Sur le plan socio-économique, O¶accent est mis sur O¶LPSODQWDWLRQ GHV LQIUDVWUXFWXUHV
indispensables au développement socio-pFRQRPLTXH GH FHWWH UpJLRQ URXWH G¶DFFqV YLOODJH
etc..) et sur ODVpGHQWDULVDWLRQGHO¶DJULFXOWXUHHWGHVYLOODJHV
Abstract
This paper takes the advantages from an environmental and socio-economic development of a
forest planted with funding from the European Union on the Bateke Plateau.
This project whose main objective was to supply the city of Kinshasa in good quality fuel-
wood has had a positive impact on the environment and the socio-economic life of the
villagers and townspeople.
On the environmental front, the artificial forest and carried out with the planting of trees of
mainly Acacia auriculiformis and few Eucalyptus sp.p. has positively influenced the micro-
climate of the region. She also helped to enrich the environment in terms of biodiversity by
enabling good development of many plant species shading and building a shelter for some
animal species. The soil structure has also been enriched by the contribution of organic matter
and nitrogen fixed by legume planted.
On the socio-economic emphasis is placed on the establishment of essential infrastructure for
socio-economic development of this region (access road, village, etc.), the settling of
agriculture and villages.
1
CATEB(1997). Rapport annuel,
2
Franck Bisiaux et al (2009).Plantations industrielles et agroforestières au service des populations du
Plateau Batéké, Mampu,RDC. In revue Bois et forêt des Tropiques, n° 301(3), pp ;21-31.
5DSSRUWDQQXHOGHODFRPPLVVLRQQDWLRQDOHGHO¶pQHUJLH.
3
approvisionnement FRPPHUFLDOLVDWLRQHWFRQVRPPDWLRQLQUHYXH/H&DKLHUGHO¶,QVWLWXW6XSpULHXUGH
la Gombe. N°10, série A. Kinshasa. RDC, pp. 46- 58.
5
http://radiookapi.net/emissions-audio/2009/04/13/kinshasa-relance-des-activites-agroforestieres-au-
plateau-des-bateke/,consulté le 15 mars 2010
Suite à cette pré-étude, le Fonds Européen de Développement a décidé de financer,
G¶DERUG XQH première tranche-pilote de 8.000 hectares de plantation. Ainsi, fin 1987, des
études de sol et de coût de boisement ont pWpUpDOLVpSDUOHEXUHDXG¶pWXGHV=DwUH7UDGLQJDQG
(QJLQHHULQJ=7(HWO¶DSSHOG¶RIIUHVLQWHUQDWLRQDOODQFpDXFRXUVGHODPrPHDQQpe a permis
à la société Néerlandaise Hollande Agro-Industries b.v (HVA) de gagner le marché de
réalisation du projet de boisement de 8.000 hectares.Le coût de ce projet de reboisement était
GHG¶(FXV
Vue du reboisement en Acacia auriculiformis, sur le Plateau des Batéké. (Photo R. Peltier)
2.3. Environnement physique6
Localisation Le Plateau des Batéké commence à 80 km au Nord-(VWGH.LQVKDVD$O¶2XHVW il est longé par le fleuve Congo. Presque tout
le périmètre se trouve dans la régLRQ DGPLQLVWUDWLYH GH .LQVKDVD VDXI O¶H[WUrPH 6XG-Est qui est situé dans la Province de
Bandundu.
Climat Stations Altitude Pluviométrie annuelle % des pluies totales Températures Classification
météo Moyenne Minima Maxima tombant pendant la
période octobre-mai
Kinzono 700 m 1470 mm 1360 mm 1680 mm 94 % Moy. Min. Max. AW : Climat tropical
Mbali chaud avec une saison
25° 16° 34° sèche de 4 mois (fin
mai-fin septembre)
Les matériaux du Type AC avec accumulation Variable PH de 5,0 à 5,6. Sols fragiles dans les
Plateau sont dans les couches supérieures Dans le Sud : sables Sols généralement de parties peuplées.
constitués de (M.O. = 1,3% en surface et 0,5 fins avec 2 ou 3% faible fertilité. Déboisement intense.
sables et de sables % en profondeur) G¶DUJLOH
limoneux de la Vers le Nord : sablo-
série du système argileuse.
du Kalahari (grès Dans les parties
tendres, sables septentrionales :
blancs et grès sables fins avec 5 à
polymorphes). G¶DUJLOH
6
Station météorologique de Kinzono Mbali 1993
Topographie Un vaste plateau entaillé de vallées raides et très profondes (dans la partie méridionale) et de vallées moins encaissées (dans la
(2) partie septentrionale). Les vallées plus importantes (Lufimi, Mbali inférieure et Kwango) sont creusées à 200-350 m sous le
niveau général du Plateau.
Dans le Nord, assez Occupe la partie sud. Elles occupent les vallées Le long des rivières, on rencontre souvent
dense Hymenocardia Prédominance sables fins à principales des rivières des zones marécageuses. Une savane de
acida est encore WDX[G¶DUJLOHWUqVIDLEOH(OOH Mbali, Mwana, Kwango et transition occupe le centre.
dominant. Parmi les se caractérise par Loudetia Lufimi, les espèces
autres espèces, il y a arundinacea. caractéristiques sont
Erythrina tomentosa et Milletia, Uapaca et Xylopia.
Cussonia angolensis
Ressources en Le Plateau a une vocation pastorale certaine du point de vue agrostologique, mais il y a un problème sérieux en ce qui
eau concerne le ravitaillement en eau. Bien que le réseau hydrologique soit dense (100 km), le régime semi-SHUPDQHQW G¶XQH
ERQQH SDUWLH GHV ULYLqUHV Q¶D SDV SHUPLV O¶LQVWDOODWLRQ G¶XQH SRSXODWLRQ DVVH] GHQVH /¶HDX VRXWHUUDLQH H[LVWH /H SUREOqPH
pWDQWG¶HQGpWHUPLQHUODORFDOLVDWLRQHWOHVFDUDFWpULVTXHVG¶H[SORLWDWLRQ
Les rivières ci-DSUqVSUpVHQWHQWXQFHUWDLQLQWpUrWSRXUO¶DOLPHQWDWLRQHQHDX : Lufimi (+/- 4 m3 /sec),Vue (+/- 0,3 m3/sec),Mutshul
(+/- 0,3 m3/sec), Malu (0,005 m3/sec).
2.4. Réalisations du projet
7URLVUpDOLVDWLRQVLPSRUWDQWHVVRQWjPHWWUHjO¶DFWLIGHFHSURMHWjVDYRLU :
a) 3ODQWDWLRQG¶DUEUHV
/H SURMHW DYDLW SURJUDPPp GH UpDOLVHU KHFWDUHV GH SODQWDWLRQ G¶DUEUHV 0DLV
PDOKHXUHXVHPHQW OD UpDOLVDWLRQ HIIHFWLYH V¶DUUrWD j KHFWDUHV j FDXVH GHV WURXEOHV
politiques de 1990
- Pépinière
8QHSpSLQLqUHG¶XQHFDSDFLWpGHSURGXFWLRQGHGHSODQWXOHVSDUDQpWDLWDPpQDJpH
VXU OH VLWH PrPH GX SURMHW DILQ GH IDFLOLWHU OHV WUDYDX[ GH SODQWDWLRQ HW GH V¶DVVXUHU GH OD
SURGXFWLRQHWGHO¶XWLOLVDWLRQGHVSODQWXOHVde bonne qualité.
Les plantules étaient produites pendant la saison sèche (fin-mai, début juin) afin de leur
SHUPHWWUHG¶DWWHLQGUHODWDLOOHLQGLTXpHSRXUODWUDQVSODQWDWLRQ -35 cm) dés le début de la
saison pluvieuse.
- Préparation du terrain
Les travaux de préparation de terrain (labour, hersage, dessouchage, etc.) se réalisaient à
O¶DLGHG¶engins lourds (rotavators et/ou rotadairons, herses et chaînes tractés), essentiellement
pendant la saison sèche et un mois avant la plantation des arbres.
Les étendues des terres labourées étaient étroitement liées aux superficies à couvrir par la
plantation au cours de la saison . Ainsi, une superficie minimale de 20 km² des parcelles à
reboiser (sans compter les pare-feux ) était labourée annuellement afin de permettre la
plantation de 2.000 hectares.
- Plantation + Ecartements
La plantation se faisait essentiellement pendant la saison pluvieuse. Elle démarrait à la mi-
RFWREUHJUDQGHVDLVRQGHVSOXLHVHWVHSRXUVXLYDLWMXVTX¶jODPL-ou fin février (petite saison
des pluies).
/HVSODQWXOHVjPHWWUHHQWHUUHGHYUDLHQWDYRLUXQERQSRUWHWDWWHLQGUHXQHKDXWHXUG¶DXPRLQV
30 à 35 cm.
/HWUDQVSRUWGHVSODQWXOHVVHIDLVDLWPpFDQLTXHPHQWjO¶DLGHGHVUHPRUTXHVjpWDJHVWUDFWpHV,
tandis que la mise en terre, quant à elle, était réalisée manuellement, JUkFH j O¶LPSRUWDQWH
main-G¶°XYUHTX¶XWLOLVDLWOHSURMHW
3OXVLHXUV W\SHV G¶pFDUWHPHQWV RQW pWp XWLOLVpV SDU OH SURMHW P x 2m, 3m x 3m, 4m x 4m,
etc.). Ainsi, le nombre des plantules mise en terre par hectare variait de 625 à 1110.
(QILQ OD SODQWDWLRQ G¶DUEUHV VH IDLVDLW HQ SDUFHOOHV GH IRUPH UHFWDQJXODLUH GH KHFWDUHV
chacune.
- Essences forestières utilisées
Deux essences forestières ont été utilisées par le projet pour la réalisation de 7.200 hectares de
plantDWLRQ,OV¶DJLW, pour la grande majorité de Acacia auriculiformis et de quelques parcelles
et lignes G¶Hucalyptus, dont E. camaldulensis.
Ces essences ont été introduites sur le Plateau des Batéké par le projet « Centre Forestier de
Kinzono » du MinistèrHGHO¶(QYLURQQHPHQWGDQVOHVDQQpHVHWVLWXpjSOXVRXPRLQV
km du projet FED. Elles avaient été sélectionnées à cause de leur rusticité, de leur croissance
rapide ainsi que de la qualité de leur charbon de bois.
Les semences utilisées pour la production des plantules en pépinière provenaient,
DFFHVVRLUHPHQWGHFH&HQWUHHWSULQFLSDOHPHQWG¶$XVWUDOLH
- Pare-feux
Des pare-feux ont été ouverts par labour avant la plantation des arbres, selon des largeurs
allant de 6 m (entre les parcelles ) et 12 m (entre les blocs). Ils servaient essentiellement à la
SURWHFWLRQ GHV SDUFHOOHV ERLVpHV PDLV DXVVL FRPPH URXWHV G¶DFFqV DX[ SODQWDWLRQV
DFKHPLQHPHQWGHVSODQWXOHVFRQWU{OHGHVWUDYDX[OXWWHFRQWUHOHVLQFHQGLHVHWF«
Outre les pare-feux, la surveillance continue des parcelles boisées était assurée grâce aux
tours de guet (4) construits aux quatre coins du périmètre.
- Main-G¶°XYUH
Pour la réalisation des travaux du projet, environ 300 (trois cents) personnes ont été engagées
SDUO¶DWWULEXWDLUHHWSDUPLHOOHVO¶RQFRPSWDLWFLQTjVL[H[SDWULpVWUDYDLOODQWjWHPSVSOHLQ
Comme pour les deu[ SUHPLHUV OHV HVVDLV G¶DJURIRUHVWHULH RQW pWp DXVVL PHQpV GDQV OHV
parcelles plantées en Acacia auriculiformis DX &HQWUH )RUHVWLHU GH .LQ]RQR HW kJpHV G¶XQH
GL]DLQHG¶DQQpHV&HVGHUQLqUHVRQWG¶DERUGpWp H[SORLWpHVOHERLV FRXSpUpFXSpUpSRXUOHV
essais de carbonisation) puis mises en culture immédiatement après labour mécanique.
Pour mieux apprécier le fait enrichissant du sol en matière organique et en éléments minéraux
par Acacia auriculiformis en tant que légumineuse, des essais de mise en culture ont été
menés dans des parcelles anciennement plantées et dans la savane naturelle. Dans cette
GHUQLqUH FRPPH GDQV OHV SDUFHOOHV ERLVpHV OHV MHXQHV SODQWXOHV G¶acacia repoussaient
(régénération naturelle) et/ou étaient plantée à côté des cultures vivrières couramment
pratiquées dans la région à des écartements variant entre 4mx4m et 4mx3m.
Le dernier volet du projet « EAB ªjVDYRLUO¶LQWURGXFWLRQGHQRXYHOOHVHVVHQFHVIRUHVWLqUHV
Q¶DMDPDLVGpPDUUpjFDXVHGHVWURXEOHVSROLWLTXHVTXLV¶HQpWDLHQWVXLYL
'pYHORSSHPHQWVSRQWDQpG¶LJQDPHVVDXYDJHVGDQVOHVSODQWDWLRQVG¶DFDFLD3KRWR53HOWLHU
b) Sols
Les échantillons des sols prélevés sous Acacia auriculiformis et sous Eucalyptus sp. et
analysés au laboratoire de pédologie de Gembloux ont démontré que ces derniers ont été
enrichis en éléments minéraux indispensables à la croissance et au développement des
cultures vivrières. Aussi, ces sols, enrichis en matière organique présentent des
concentrations en azote assez élevées, par rapport à la savane naturelle.
2XWUHO¶HQULFKLVVHPHQWGHVVROVGXSpULPqWUHHQPDWLqUHRUJDQLTXHHWHQpOpPHQWVPLQpUDX[OD
SODQWDWLRQG¶DUEUHVDSHUPLVGHEDLVVHUOpJqUHPHQWO¶DFLGLWpGXVROHWGRQFG¶DXJPHQWHU
le pH du sol et de limiter, de façon considérable, le mouvement du sable sur le périmètre du
projet.
Après exploitation du boisement, récolte du charbon et brûlis superficiel des rémanents, le sol
est enrichi en matière organique, cendres et poussières de charbon, et de jeunes acacias
repoussent qui seront associés aux cultures de maïs et de manioc, puis qui constitueront un
nouveau peuplement (Photo R.Peltier)
c) Climat
Les fortes variations de certains facteurs climatiques, dont notamment la température, ont été
atténuée grâce à la présence des arbres plantés. Ainsi, la température sous arbres a
considérablement baissée, rendant ainsi la vie plus agréable pour les habitants et les visiteurs.
4XRLTXH QRQ HQFRUH YpULILp j FH MRXU O¶RQ VRXSoRQQH GpMj un probable effet positif des
SODQWDWLRQVVXUG¶DXWUHVIDFWHXUVWHOVTXHODSOXYLRPpWULH
d) Biodiversité
/D SODQWDWLRQ G¶DUEUHV D FHUWDLQHPHQW HQULFKL OH PLOLHX HQ HVSqFHV YpJpWDOHV HW DQLPDOHV
GLYHUVHV$LQVLSOXVLHXUVHVSqFHVYpJpWDOHVG¶RPEUDJHRXGe sous étage ont pu se développer
sans problème grâce au couvert végétal. Il en est de même de certaines espèces animales qui
avaient déserté le milieu à cause de la chasse effrénée et des feux de brousse incessants.
Comme susmentionné, le milieu a été colonisé par plusieurs espèces des champignons, des
FKHQLOOHVGHVUDWVGH*DPELHFRPHVWLEOHVSDUO¶KRPPH
(QILQ OD SODQWDWLRQ G¶DUEUHV D FRQWULEXp DX GpYHORSSHPHQW GHV PLFUR-organismes
QpFHVVDLUHVDXGpYHORSSHPHQWKDUPRQLHX[GHEHDXFRXSG¶HVSqFHVYpJpWDOes.
(QEUHIODSODQWDWLRQG¶DUEUHVDHQULFKLODELRGLYHUVLWpGXPLOLHXERLVp
3.2. Socio-économiques
La forêt naturelle créée dont il est ici question, a eu des incidences positives sur la vie des
populations, aussi bien riveraines que lointaines. Ainsi, le projet de reboisement de 8.000
hectares a non seulement permis la création des emplois au niveau de la région mais aussi
O¶LPSODQWDWLRQ GHV LQIUDVWUXFWXUHV LQGLVSHQVDEOHV DX GpYHORSSHPHQW VRFLR-économique de
cette région, telles que :
- ODURXWHG¶DFFqVTui a servi entre autre chose au désenclavement des villages situés autour du
périmètre boisé ;
- le village moderne construit avec des matériaux durables comprenant une polyclinique, une
pFROH SULPDLUH DLQVL TX¶XQH pFROH VHFRQGDLUH XQ PDUFKp des lieux de culte, un terrain de
foot, etc.
,O LPSRUWH DXVVL GH PHWWUH j O¶DFWLI GXGLW SURMHW OHV DXWUHV DYDQWDJHV TX¶LO DSSRUWH j OD
population riveraine, à savoir :
- la connaissance des nouvelles techniques de carbonisation. Ce projet a permis, grâce à la
réalisation des essais de carbonisation, la dissémination en milieu paysan, des fours à
rendement élevé par rapport à la meule traditionnelle. La technique de meule traditionnelle
améliorée a permis, non seulement, de doubler la production de charbon de bois par cuisson,
mais aussi et surtout G¶DPpOLRUHUODTXDOLWpGXFKDUERQGHERLVPRLQVG¶LPSXUHWpV$LQVL
donc, les paysans charbonniers ont vu leur revenu augmenter JUkFHjODYHQWHG¶XQSURGXLW
de meilleure qualité et en quantité suffisante (les fourVPHWDOOLTXHVWURSFKHUVjO¶DFKDWHWj
O¶HQWUHWLHQRQWpWpDEDQGRQQpV.
- /¶DXJPHQWDWLRQ GHV UHQGHPHQWV FXOWXUDX[ JUkFH j OD SUDWLTXH DJURIRUHVWLqUH /HV HVVDLV
G¶DJURIRUHVWHULH PHQpV GDQV OH SpULPqWUH GX SURMHW GH UHERLVHPHQW de 8.000 hectares ont
permis de sélectionner et de diffuser, en milieu paysan, des meilleures combinaisons
«essence forestière-culture vivrière» praticables à un moindre coût et donnant des
rendements relativement élevés. Ainsi donc, le rendement de la culture du manioc est passé
de jWRQQHVjO¶KHFWDUHFXOWXUHSUDWLTXpHDSUqVUHWRXUQHPHQWGHODVDYDQHQDWXUHOOHHW
sans engrais chimique) à 15-17 tonnes par hectare (culture associée manioc-Acacia sans
XVDJHG¶HQJUDLVFKLPLTXH
En outre, O¶DXJPHQWDWLRQ GHV UHQGHPHQWV FXOWXUHV a entraîné ipso facto O¶DXJPHQWDWLRQ GHV
revenus des paysans ; la culture « associée ª D SHUPLV j FHV GHUQLHUV G¶DYRLU XQ UHYHQX
additionnel, grâce à la vente du bois et/ou charbon de bois provenant de leurs plantations
G¶DUEUHV
SODQWpHV HW FH GDQV O¶HVSRLU G¶REWHQLU à leur tour des profits, grâce à la production de
combustibles ligneux et de produits vivriers à un coût relativement bas.
Ce nouveau phénomène a été j OD EDVH GH O¶DSSDULWLRQ GHV QRXYHDX[ YLOODJHV DXWRXU GH FHV
grands domaines boisés. Ces villages spontanés sont généralement constitués de citadins à la
recherche de travail.
Sur le plan de la lutte antiérosive OD PpWKRGH FXOWXUDOH O¶XVDJH GHV HQJUDLV verts et la
URWDWLRQGHVSDUFHOOHVjFXOWLYHURQWHVWRPSpO¶pURVLRQSURJUHVVLYHGDQVOe milieu. Les espaces
savanicoles sont colonisés par la forêt, ce qui diminuH O¶HIIHt de battance au sol et ralentit
O¶pFRXOHPHQWGHVHDX[HWOHUXLVVHOOHPHQW
4. Conclusion
La RDC dispose des vastes étendues forestières et d¶XQ potentiel hydro-électrique important.
0DOKHXUHXVHPHQW OH IDLEOH SRXYRLU G¶DFKDW GH OD PDMRULWp GH OD SRSXODWLRQ FRQVWLWXH XQ
REVWDFOH j O¶DFTXLVLWLRQ G¶pTXLSHPHQW PRGHUQH SRXU OD FXLVVRQ GHV DOLPHQWV HW G¶DXWUHV
besoins (éclairage, ventilation, etc.). A ce jour, cette population utilise plus des combustibles
ligneux 7ERLVGHIHXHWFKDUERQGHERLVTXHO¶pQHUJLHpOHFWULque pour satisfaire ses besoins.
Pour la ville de Kinshasa, la création de cette forêt artificielle a permis non seulement
G¶DSSURYLVLRQQHU cette dernière en combustibles ligneux de bonne qualité mais aussi de
réduire assez sensiblement la pression exercée par la population sur les quelques formations
végétales existantes, tout en modifiant positivement le milieu et les conditions de vie de la
population riveraine.
Résumé
La région nord-ouest des Hauts plateaux de Madagascar présente des problèmes d’érosion
importants dus à l’agressivité climatique élevée et à la dégradation de la végétation et des
sols par les feux de brousse annuels. Il en résulte une baisse de la productivité des sols
engendrant la pauvreté du monde rural.
Une recherche a été menée dans cette région afin d’évaluer l’efficacité de divers dispositifs
agroforestiers de buissons de légumineuses pour l’amélioration de la conductivité
hydraulique du sol et de sa productivité. Les espèces étudiées ont été : Tephrosia vogelii,
Flemingia congesta et Calliandra calothyrsus. Les résultats ont montré que les jachères
arbustives légumineuses de longue durée (en particulier l’espèce Tephrosia vogelii) ont
réussi à accroître fortement la dynamique d’infiltration de l’eau dans le sol, engendrant la
diminution importante de l’érosion et l’augmentation de la productivité des sols très
dégradés. Cette technique intéressante pourrait être appliquée dans diverses régions
tropicales afin de promouvoir le développement durable.
Abstract
The northwest region of the High Lands of Madagascar presents important erosion problems
due to the high climatic aggressiveness and the degradation of vegetation and soils by
annual bushfires. That involves a decrease of the soil productivity generating the poverty of
the peasants. A research has been carried out in this region in order to evaluate the
efficiency of different types of leguminous shrubby fallows for the improvement of the
hydraulic conductivity of soil and its productivity. The studied species were: Tephrosia
vogelii, Flemingia congesta and Calliandra calothyrsus. Results showed that the leguminous
shrubby fallows installed during 5 to 7 years (particularly the species Tephrosia vogelii)
succeeded to increase highly the dynamics of water infiltration, generating the important
reduction of the erosion on very degraded soils, and inducing the increase of soil
productivity. These techniques can be applied in various tropical regions in order to promote
a better development .
INTRODUCTION
Le problème du changement climatique actuel se manifeste par une forte
agressivité des pluies dans les pays tropicaux, en particulier pour le cas de
Madagascar où la végétation est détruite intensément par les feux de brousse
annuels.
Dans la région nord-ouest des Hauts-Plateaux de Madagascar où l’érosivité
pluviale est forte et la végétation très dégradée, réduite en steppe graminéenne, il se
produit une érosion importante des versants pentus à sols dégradés. Il en résulte
une baisse de la productivité des sols aggravant la pauvreté du monde rural.
Une recherche a été menée dans cette région pour étudier l’effet de diverses
techniques culturales antiérosives sur l’amélioration de la dynamique d’infiltration de
l’eau dans le sol. Cette recherche a été effectuée dans le but de réduire l’érosion des
champs de culture et de restaurer la productivité des sols.
Différents types de dispositifs agroforestiers à arbustes légumineux ont été
installés pour évaluer et comparer leur efficacité pour améliorer la conductivité
hydraulique du sol dégradé (pratiques de jachère et de culture en couloir). Le témoin
de référence servant de comparaison est une prairie de steppe à Aristida sp à sols
dégradés par les feux de brousse annuels.
2- RESULTATS
2.1 Détermination de la conductivité hydraulique du sol à saturation et
des caractéristiques physico-chimiques du sol
De nombreux chercheurs ont développé un modèle mathématique exprimant
la décroissance de la vitesse d’infiltration de l’eau dans le sol en fonction du temps,
jusqu’à un régime de palier constant donnant la valeur de la conductivité hydraulique
à saturation du sol (Ks).
Intensité d’infiltration
KS Temps
D’après ROOSE (1997), la forme des taches humides du sol renseigne sur les
différences d’infiltration des horizons successifs, sur la succion latérale, les risques
de drainage oblique et la résistance de chaque horizon à l’infiltration.
La mesure du diamètre moyen de la tache humide permet de corriger l’estimation de
l’infiltration en fonction de la succion latérale.
Ainsi, nous avons corrigé les valeurs d’infiltrabilité minimale mesurées en tenant
compte de la formule de ROOSE (1997) :
Fn corrigée = Fn mesurée x R2/25 où R = le rayon de la tache d’humectation du sol
3-DISCUSSION
3.1 Effets des dispositifs agroforestiers sur l’amélioration de la
conductivité hydraulique du sol
La conductivité hydraulique du sol est une caractéristique importante du sol
qui régit la capacité d’infiltration du sol, elle influence la susceptibilité du sol au
ruissellement et à l’érosion. Indirectement, en permettant une meilleur infiltration, et
accroît la productivité du sol.
1000 0,1514x
y = 0,0092e
900 2
R = 0,6668
800
700
600
500
400
300
200
100
0
0 20 40 60 80
Porosité du sol en %
Conductivité
hydraulique
du sol Ks en
mm/h
Conductivité
hydraulique
du sol Ks en
mm/h
Le rendement obtenu sur ces jachères légumineuses est très élevé et aurait
pu encore être meilleur, mais des maladies cryptogamiques ont attaqué les haricots
pendant tout le stade cultural. La jachère de Tephrosia vogelii 7 ans (JT7) a été
affectée gravement par l’Anthracnose, la jachère de Flemingia congesta (JFP5) a été
affectée par l’Isariopsis griseola, la jachère de Tephrosia vogelii 10 ans (JT10) par
Phaseoisariopsis griseola.
CONCLUSION
Cette recherche a montré l’efficacité des dispositifs agroforestiers (cultures en
couloir et surtout jachères légumineuses arbustives) pour l’accroissement de la
conductivité hydraulique des sols très dégradés, induisant l’amélioration de la
dynamique d’infiltration de l’eau de pluie. Il en résulte la réduction de la susceptibilité
des sols à l’érosion et l’augmentation de leur productivité.
Les espèces Flemingia congesta, Calliandra calothyrsus, et Tephrosia vogelii
apparaissent efficaces pour l’amélioration des propriétés du sol, mais c’est surtout
cette dernière espèce qui présente la meilleure aptitude à restaurer la fertilité des
sols fort dégradés jusqu’à un état proche de la forêt naturelle. Ce fait est dû à la
meilleure qualité (richesse en azote) et à l’abondance de la biomasse produisant
beaucoup d’humus labile de type Mull. En outre, ce milieu favorise la prolifération de
la pédofaune dont les activités biologiques contribuent d’une manière importante à
l’accroissement de la conductivité hydraulique du sol et de sa productivité.
La diffusion de ces techniques culturales améliorantes et antiérosives aux
paysans pourrait apporter des solutions efficaces pour augmenter leur production
agricole et réduire leur pauvreté. L’application de ces jachères légumineuses
arbustives peut être entreprise dans les autres zones à sols dégradés de
Madagascar, mais aussi dans les zones de même conditions pour les divers pays
tropicaux, afin de promouvoir le développement durable.
BIBLIOGRAPHIE
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Rôles de la haie vive antiérosive
sur la gestion de l’eau, du sol et le rendement des cultures
du centre sud du bassin arachidier sénégalais.
Résumé
La surexploitation de la végétation du plateau cuirassé de Keur Dianko, terroir villageois de
la communauté rurale de Thyssé-Kaymor (13°45' N ; 15°40' O), et la réduction du temps de
jachère ont fragilisé les sols superficiels et donné naissance au ruissellement. Les haies
vives isohypses sont des aménagements de petite hydraulique agricole, utilisés au Sahel
pour limiter le ruissellement et l'érosion des terres agricoles. L'étude de son importance sur
la gestion de l'eau du sol et sur le rendement des cultures s'est déroulée dans les zones de
cultures situées sur le glacis de la toposéquence d'un bassin versant de Keur Dianko
confronté à un sérieux problème d’érosion. Après quatre années d'installation, le suivi du
réseau de douze haies vives constituées de onze espèces ligneuses (Acacia nilotica var.
adansonii VG.Perr, Acacia senegal (L.) Willd, Acacia seyal Del., Acacia mellifera, Bauhinia
rufescens Lam., Dichrostachys glomerata (Forsk) Chiov., Piliostigma reticulatum (D.C.)
Hochst., Ziziphus mauritiana Lam., Gliricidia sepium, Parkinsonia aculeata Lam., Prosopis
chilensis (Mol.) Stuntz), plantées à partir de 1988, a montré : une plus importante humidité
suivie d'un front d'humectation plus profond au niveau des profils situés entre 0,5 et 1 m de
la haie vive que ceux entre 2 et 5 m ; une meilleure infiltration de l'eau en amont qu'en aval
de la haie vive ; une forte différenciation des stocks hydriques en fonction des saisons et de
la distance à la haie (entre 0,5 et 1 m, le stockage est plus important en amont qu'en aval, et
entre les saisons humide et sèche, l'écart entre les profils est de 80 mm). Cette amélioration
du profil et du stock hydriques près de la haie s'accompagne curieusement de baisses de
rendement, plus fortes chez le mil que chez l'arachide. Les causes réelles de ce déclin
seraient liées à la concurrence exercée par les arbres sur les cultures ou à des phénomènes
de toxicité racinaire.
Mots-clefs : Sénégal, Haie vive, Infiltration, Humidité du sol, Rendement des Cultures
Abstract :
Overexploitation of the vegetation on the plateau of Keur Dianko, land of the villagers of
Thyssé-Kaymor (13°45’N, 15° 40°W) and the reduction of the fallow duration have reduced
the stability and the fertility of these superficial soils, susceptible to runoff. Living hedges on
the contour are used in the Sahel to reduce erosion & runoff risks. After 4 years of growing,
twelve hedges of eleven species of bushes (Acacia nilotica, senegal, seyal, mellifera,
Bauhinia rufescens, Dichrostachys glomerata, Piliostigma reticulatum, Ziziphus mauritiana,
Gliricidia sepium, Parkinsonia articulatum, Prosopis chiliensis) planted in 1988 have shown a
better infiltration in front of the hedge, a more important soil moisture around the hedge than
after 2 and 5 m apart, and a difference of water storage of 80mm between rainfall and dry
seasons. This improvement of water storage around the edges is curiously producing a
decrease in yields bigger on millet than on peanuts. This could be explained by nutrients or
light concurrence between bushes and crops or by roots toxicity.
Figure 1. Carte de situation. A : Localisation de la zone d'étude dans le contexte bioclimatique du Sénégal, défini par les
isohyètes (1960-1990). Les limites bioclimatiques utilisées correspondent aux critères décrits par Le Houérou [10]. B :
Agrandissement de la zone d'étude.
Le climat de la région est de type soudanien à deux saisons fortement contrastées : une longue
saison sèche (novembre à mai) et une saison des pluies variant de 4 à 5 mois (juin à octobre). La
moyenne des pluviosités annuelles sur la série (1970-1992), réparties entre 60 et 45 jours de pluies,
est de l'ordre de 600 mm. La saison des pluies est centrée sur le mois d'août qui reçoit en moyenne
37 % des précipitations [11]. L'analyse de séries observées depuis 1932 à la station de Nioro du Rip
montre que la période actuelle s'inscrit dans une tendance générale de déficit pluviométrique. Cette
tendance à la baisse des précipitations annuelles a été plus marquée à partir des années 70. Durant
la période 1970-1992, la fréquence des années déficitaires s'est accrue.
Les caractéristiques géomorphologiques et édaphiques de la région sont connues grâce aux travaux
de Bertrand [12] et Angé [13].
Les différentes unités géomorphologiques identifiées dans la zone (figure 2) sont :
* Le plateau cuirassé compris entre 25 et 40 m d'altitude. La pente générale très faible, inférieure à 1
%, entraîne tout de même une érosion des horizons supérieurs. Celle-ci est relativement plus forte en
bordure de plateau. Les sols sont de type ferrugineux tropicaux peu épais sur cuirasse gravillonnaire à
lithosols sur le talus d'éboulis. Cette unité de plateau est utilisée essentiellement pour le pâturage, le
ramassage de bois et divers services (cueillette, chasse, etc.).
* Le glacis est une surface entaillée dans les altérites de grès cuirassé. Elle présente différents profils
transversaux suivant les secteurs convexo-concaves ou convexes [14]. La profondeur de la cuirasse
est très variable et dépend du modelé. Les sols sablo-limoneux sont ferrugineux tropicaux lessivés
moyennement profonds de série rouge. Ce sont des sols sensibles à l'érosion lors de leur mise en
culture. Cette unité géomorphologique est occupée par le parc agroforestier à Cordyla pinnata où
l'arachide, le mil et le coton constituent les soles principales.
* La terrasse correspond à des formations de colluvionnement et d'alluvionnement épaisses,
principalement sableuses, limoneuses en surface et argileuses en profondeur. Son modelé en coupe
est localement marqué par des traces d'érosion linéaire, parfois même par un ravinement intense,
notamment le long des pistes. Les sols sont ferrugineux tropicaux peu lessivés, profonds et de série
beige. La terrasse est occupée par le parc agroforestier à Parkia biglobosa. Cette zone est exploitée
essentiellement pour la culture des céréales (mil, maïs).
* Le bas-fond se décompose en une surface alluviale temporairement inondée et une aire colluvio-
alluviale latérale. Des traces d'érosion régressive et des indices d'hydromorphie apparaissent sur cette
dernière. La surface alluviale temporairement inondée correspond aux lits d'anciens bras du principal
axe de drainage de la zone, le Baobolon. Cette zone est occupée par la forêt-galerie. Elle est utilisée
pour le parcours du bétail, le maraîchage et la culture du riz.
Figure 2. Caractéristiques du bassin versant de Keur Dianko (d'après Diatta et al. [11]).
Dispositif expérimental
Les champs de culture situés sur le glacis du bassin versant de Keur Dianko d'une superficie de 60 ha
(figure 3) ont été retenus pour conduire cette expérience. Ceux-ci sont constamment menacés par le
ruissellement en provenance des surfaces dégradées du plateau cuirassé. Ces champs ont été
équipés de haies vives isohypses, dont l'amont et l'aval ont fait l'objet d'un suivi hydrique, et d'un suivi
agronomique des cultures.
La haie vive isohypse est une technique agroforestière simple de lutte antiérosive appropriable par les
paysans. Elle est une formation dense et alignée d'espèces ligneuses (arbustes ou arbrisseaux) et/ou
herbacées pérennes (Vetivera nigritania, Andropogon gayanus, Panicum maximum) dont l'objectif est
de limiter le ruissellement et l'érosion dans les champs de cultures.
Elle permet de réintroduire l'arbre dans le paysage agricole comme l'a proposé Roose [15] dans une
stratégie de revégétalisation de l'espace agraire. Plusieurs critères entrent en compte dans le choix
des espèces à utiliser en haie vive : adaptation aux conditions pédo-climatiques, facilité de
multiplication, croissance rapide, recouvrement et bonne ramification. Sur la base de ces critères et
des besoins des populations, onze espèces ont été retenues. Celles-ci ainsi que leurs
caractéristiques, taux de survie et hauteur (après trois saisons de pluie), sont reportées dans le
tableau I.
La réalisation des plantations en courbe de niveau nécessite un relevé topographique du paysage
agricole pour déterminer les lignes isohypses sur lesquelles seront plantés les arbres. Les contraintes
liées, d'une part, au parcellaire établi et, d'autre part, aux exigences de la culture attelée ont conduit à
lisser certaines courbes de niveau à la demande des propriétaires des champs. Toutes les
lignes repérées sont matérialisées par des piquets. Après le repérage, la préparation du chantier a
consisté à :
- creuser des tranchées de 50 cm de large sur une profondeur de 50 cm le long des lignes ;
- reboucher ces tranchées avant l'arrivée des premières pluies pour ameublir le site de plantation et
améliorer les conditions hydriques des plants.
Les haies vives ont été plantées entre 1988 et 1990 (plantations et regarnis) en fonction du plan de
masse reporté sur la figure 3 :
- 12 lignes de longueurs variant entre 150 et 700 m, perpendiculaires à la ligne de plus grande pente ;
- l'écartement est de 50 cm entre les plants sur la ligne ;
- l'écartement entre deux haies, compris entre 40 et 60 m, varie en fonction de la pente ;
- les haies vives sont plurispécifiques dans le but de diversifier et sélectionner les espèces ayant un
meilleur comportement dans le site (taux de survie, croissance).
La coupe en hauteur des haies en début de saison des pluies (juin) a pour objectif de limiter la
croissance, de favoriser la ramification et la densité à la base et de réduire l'incidence du houppier sur
la parcelle de culture. Les produits de cette coupe de gestion sont utilisés, au début, pour
colmater les brèches sur la ligne des arbres de manière à renforcer l'efficacité de la haie, puis pour
divers usages domestiques (bois de chauffe, fourrage, etc.).
%
Figure 3. Schéma du dispositif antiérosif du basin versant de Keur Dianko (60 ha).
Résultats
Les prélèvements d'échantillons de sol effectués au cours des deux campagnes de mesures (1991 et
1992) donnent l'humidité en profondeur et les stocks d'eau par rapport à la distance à la haie vive.
Ces résultats reportés au tableau II et illustrés sur la figure 4 mettent en évidence une différence de
comportement hydrique probablement liée à la haie vive. À proximité immédiate des arbres (0,5 à 1
m), l'humidité du sol est plus élevée et l'humectation plus profonde. En revanche, l'humidité du sol au
niveau des profils éloignés (profils extérieurs) de la haie vive (2 à 5 m) est nettement moins élevée. Au
niveau de ces derniers, le front d'humectation est peu profond et affiche un retard de progression vers
les horizons sous-jacents. On peut, en comparant les différents profils en amont et en aval, observer
une légère tendance à un avancement plus profond du front d'humectation en amont, sans
toutefois observer de différence significative entre des profils situés à égale distance et de part et
d'autre de l'axe de la haie.
Figure 4. Profils hydriques en amont (A et C) et en aval (B et D) des haies vives le 28 juillet 1991 (A et B) et le 2
septembre 1992 (C et D).
Par ailleurs, le suivi au cours du temps des profils hydriques en relation avec la haie vive a montré
une forte variation des stocks d'eau par rapport à la distribution de la pluviosité (tableau III) et en
fonction de la saison (figure 5).
Figure 5. Influence des haies vives sur le stock hydrique du sol sur la tranche 0 à 100 cm.
Les stocks d'eau mesurés respectivement avant la première averse de la saison (15 juin 1991), au
cours de la saison des pluies (31 juillet et 28 août pour l'année 1991 ; 15 juin, 28 juillet, 29 août et 29
septembre en 1992) et après la dernière averse (7 octobre 1991 et 2 octobre 1992) sont reportés au
tableau II. Il faut souligner que, en 1992, à défaut d'une mesure avant la première averse, nous avons
considéré le profil du 2 novembre correspondant à un mois après la dernière averse (arrêt de la
saison des pluies) comme étant le profil de référence (profil sec). Ce tableau résume les principaux
résultats que l'on peut tirer de ces deux années de suivi du stock hydrique du sol en fonction de
l'éloignement de la haie vive et l'évolution de la pluviométrie. Il apparaît, en effet, une différence entre
le 15 juin 1991 et le 2 novembre 1992, dates de référence qui correspondent aux profils secs, et les
autres dates (profils humides) au cours des deux campagnes de mesure (1991 et 1992). L'analyse
des résultats portés sur le tableau II permet de constater que :
* en 1991, avec une pluviosité déficitaire de l'ordre de 482,5 mm en moyenne (normale de l'ordre de
700 mm), le stock hydrique entre le profil sec (15 juin) et le profil le plus humide (28 août) a augmenté
respectivement de 75 % à 0,50 m, 9 % à 1 m, 28 % à 2 m et 40 % à 5 m en aval et de 73 % à 0,50 m,
52 % à 1 m, 28 % à 2 m et 35 % à 5 m en amont de la haie vive ;
* en 1992, avec une pluviosité meilleure (tableau III), le stock hydrique entre le profil sec (2 novembre)
et le profil le plus humide (29 septembre) a augmenté respectivement de 40 % à 0,50 m de la haie
vive, 27 % à 1 m, 21 % à 2 m et 17 % à 5 m en aval ; et 52 % à 0,50 m de la haie vive, 44 % à 1 m, 25
% à 2 m et 5 % à 5 m en amont.
Ce résultat montre que, entre le profil sec et le profil le plus humide, le stock d'eau a augmenté
davantage au voisinage immédiat (0 à 2 m) de la haie vive qu'à l'extérieur de celle-ci (2 à 5 m).
Le stock hydrique a augmenté davantage en 1991 qu'en 1992. En revanche, en fin de saison des
pluies, on remarque une diminution importante du stock d'eau à proximité immédiate de la haie vive
(profil du 2 novembre 1992). Cette diminution est plus prononcée sous la haie (0,5 m).
La figure 6 résume les rendements des cultures d'arachide et de mil obtenus au cours des deux
années d'observations. L'examen de cette figure montre que le rendement des cultures a tendance
à décroître à proximité immédiate de la haie vive. On remarque cependant que cet effet dépressif
de la haie vive est plus sensible pour le mil.
Figure 6. Effets de la haie vive sur les cultures d'arachides 1991 (A) et de mil 1992 (B).
Ce résultat est confirmé par l'analyse de variance réalisée sur la production totale des parties
aériennes (gousses + fane et gousse) pour l'arachide, (épis + tiges + feuilles et épis) pour le mil. Les
résultats de cette analyse reportés au tableau IV montrent, au seuil de 5 %, une différence
significative pour le mil et non significative pour l'arachide.
Discussion
La différence observée entre le profil sec et le profil le plus humide suggère une capacité de stockage
d'eau importante à proximité de la ligne d'arbres. Perez et al. [16] montrent une différence de
l'évapotranspiration entre les zones proximale (0,5 à 1 m) et externe (2 à 5 m) de la haie vive. Ils
trouvent un ratio de 1:3 en faveur de la proximité à la haie vive. Cependant, le stock d'eau a partout
augmenté quelle que soit la distance à la haie en amont comme en aval. Les valeurs du stock
hydrique observées en 1991 sont plus élevées que celles enregistrées en 1992 malgré la pluviosité
nettement meilleure en 1992. Par conséquent, le profil du 2 novembre 1992 considéré comme
référence n'est en réalité pas un profil sec. Cela suppose qu'il y a encore un stock d'eau
relativement important sous la haie vive, un mois après l'arrêt de la pluie. Ce stock d'eau a
cependant fortement diminué à 0,5 m de la ligne d'arbres, ce qui traduit une augmentation de la
consommation en eau des arbres. Cependant, il faut souligner que, en saison des pluies, l'effet
perte d'eau au voisinage immédiat de la haie vive par évapotranspiration est atténué par l'apport du
ruissellement et l'infiltration.
Les stocks d'eau mesurés en aval et en amont de la haie vive entre les profils secs et humides pour
les deux années montrent des valeurs plus élevées en amont. En moyenne, ces valeurs sont de 48
et 31,5 % en amont et de 38 et 27,25 % en aval respectivement en 1991 et 1992. La réduction du
ruissellement par la haie vive se traduit par une augmentation de l'infiltration avec une amélioration
plus nette du profil hydrique sur une distance de 2 m en amont et de 1 m en aval de la haie. Kiepe [17]
a travaillé sur des haies de Cassia siamea au Kenya et trouve que celles-ci diminuent de 23 % les
pertes d'eau par ruissellement.
Il y aurait donc, pendant la phase pluvieuse, une capacité de stockage d'eau plus grande sur la ligne
d'arbres due probablement à l'amélioration de la structure du sol (bonne porosité) favorable à
l'infiltration.
Perez et al. [16] ayant travaillé dans la même zone indiquent, en moyenne, des vitesses d'infiltration
de 90 mm/h, quel que soit le type de sol.
Concernant les cultures, au bout de deux années d'évaluation, on observe un effet dépressif de la
haie vive sur le mil qui diminue à mesure qu'on s'éloigne du couvert ligneux. Ainsi, au voisinage
immédiat de la haie vive (0,5 m), le rendement de mil est des plus bas. Ce résultat obtenu est
corroboré par ceux des travaux antérieurs. En effet, la littérature agroforestière rapporte des cas de
concurrence entre arbres et cultures. Singh et al. [18] ont évalué l'effet de quelques espèces ligneuses
sur les cultures de sorgho et de pois dans un système de culture en couloirs. Ils ont montré des
valeurs d'indice de surface foliaire, de rendement en grain, de matière sèche totale de sorgho et
de pois plus élevées dans des parcelles de culture pure (sans arbres) et dans les parcelles
situées au milieu des allées de sorgho et de pois que dans celles qui avoisinent les arbres. De
même, Mouteith et al. [19] ont montré, avec une culture de mil en association avec des ligneux, que
les rendements ont fléchi dans les parcelles proches des arbres et peuvent dépasser 50 % des
rendements en monoculture selon certains auteurs. Aussi, Salazar et al. [20] ayant étudié les effets de
haies de Leucaena leucocephala et Erythrina sp. sur la culture du riz Oriza sativa var. Carolina
observent une réduction de 60 % des rendements à proximité immédiate de la haie vive (0,5 m).
En ce qui concerne la production d'arachide, il n'y a pas eu d'effet net de la haie vive. Pourtant cette
espèce (Arachis hypogea) est citée parmi celles qui s'adaptent le moins facilement à la culture
intercalaire.
La concurrence des arbres se marque à la fois par l'occupation des racines, la consommation
d'eau et de fertilisants, et par l'ombrage. L'effet dépressif de la haie sur le mil à faible distance alors
qu'il y a plus d'eau près de celle-ci conduit à des interrogations. Les cultures peuvent également subir
des pertes de rendement du fait de l'action phytotoxique des arbres. En effet, chez certaines
essences, il se produit des réactions allélopathiques provoquées par des substances contenues dans
les feuilles tombées à terre ou par des exsudats racinaires toxiques (phénols). Tian et Kang [7] ont
mis en évidence l'action phytotoxique de la litière de Gliricidia sepium sur les cultures. Ces auteurs ne
se sont pas intéressés aux rendements, mais se sont focalisés sur la croissance des plants de maïs et
de pois.
Le mil (plante C4) et l'arachide (C3) ont-ils les mêmes exigences en lumière et les mêmes efficiences
en eau ? À cette question, Annerose [21] et Fournier [22] ont montré que le mil est plus exigeant
que l'arachide pour la lumière. Les plantes C4 incorporent davantage de carbone avec une
utilisation plus efficace de l'eau, à ouverture stomatique égale, que les plantes C3. En effet, pour
l'eau, l'arachide est plus exigeant que le mil.
Pearcy et Ehlinger [23], ayant étudié l'assimilation de carbone de trois espèces herbacées désertiques
de type C4, ont trouvé une forte corrélation entre l'assimilation de carbone et l'énergie reçue par les
feuilles. Mordelet [24] trouve la même chose pour Hyparrhenia diplandra en Côte d'Ivoire. On pourrait
donc tenter d'expliquer la chute du rendement de mil par l'effet d'ombre des arbres qui réduit
l'efficience photosynthétique de cette plante.
Contrairement à l'arachide, le mil exploite-t-il la même zone racinaire que les arbres de la haie vive ?
Les résultats obtenus suggèrent qu'il y a suffisamment d'eau sous la zone d'influence de la haie vive
pour qu'il se pose un problème de compétition hydrique entre la culture et les arbres. En plus, dans la
même zone, la profondeur moyenne d'enracinement est de 1,5 m pour l'arachide et 1,7 m pour
le mil. Ces profondeurs de loin supérieures à celles considérées dans cette étude révèlent que les
cultures peuvent encore disposer de stocks d'eau en profondeur.
L'amélioration des profils hydriques par réduction du ruissellement peut s'accompagner d'une
lixiviation lors du drainage profond. La lixiviation importante à proximité de la haie vive entraînerait une
malnutrition minérale du mil dans une zone racinaire identique à celle des arbres [25]. Ces derniers
concluent que le drainage cause soit une lixiviation de l'azote, soit une asphyxie des racines.
En plus, Tian et Kang [7], sur les cultures de haricots et de maïs, trouvent que la concurrence des
racines est plus prononcée que celle pour la lumière. Des élagages des racines et des couronnes des
ligneux ont permis à ces auteurs de minimiser les concurrences. Mureithi et al. [5] ont été confrontés à
une baisse de 30 % des rendements en graines du maïs à proximité de la haie de Leucaena
leucocephala. Ces auteurs ont par la suite obtenu une hausse des rendements de 44 % en appliquant
le mulching de la totalité des feuilles des arbres.
Donc, le problème de ces interactions arbres/cultures se poserait davantage en termes de réactions
allélopathiques, provoquées par des substances contenues dans les feuilles tombées à terre ou par
des exsudats racinaires toxiques, ou de concurrence à la lumière, ou de lixiviation, selon les résultats
de Okorio et al. [6] et de Daouda et al. [25]. La concurrence racinaire est largement compensée
par l'épandage d'engrais vert de certaines espèces ligneuses [6]. Ces résultats posent des
interrogations sur le choix des espèces ligneuses à utiliser dans les associations arbre/culture.
CONCLUSION
L'efficacité de la haie vive sur les phénomènes du ruissellement et de l'infiltration est bien établie et on
observe :
- une réduction de ruissellement qui se traduit par l'augmentation de l'infiltration avec une amélioration
du profil hydrique sur une distance de 2 m en amont et de 1 m en aval ;
- une très forte diminution du stock d'eau à proximité immédiate de la haie vive (profil du 2 novembre
1992) un mois après l'arrêt de la pluie. Il semble donc que le gain d'infiltration soit en grande partie
utilisé par la haie vive pour les besoins des arbres en début de saison sèche.
Sur le plan de la production des cultures, on constate une baisse des rendements à proximité des
haies plus importante pour le mil que pour l'arachide.
En définitive, la haie vive isohypse permet de réduire la vitesse du ruissellement, d'augmenter
l'infiltration sous les arbres et de limiter en conséquence les transferts d'eau vers l'aval. Son
influence négative sur le rendement semble ne concerner que le mil, à proximité immédiate de
la haie.
Dans un écosystème de plus en plus menacé et fragilisé par une dégradation continue des
ressources ligneuses, il apparaît nécessaire de conserver, voire d'améliorer, et de gérer les
ressources existantes. Les apports dans ce domaine d'une haie vive isohypse à l'échelle du bassin
versant se situent à différents niveaux :
- un cloisonnement du paysage dégradé par la réintroduction de l'arbre dans le système de cultures,
pouvant conduire à un embocagement progressif ;
- un renforcement des capacités de gestion intégrée des ressources naturelles, en particulier
ligneuses à l'échelle du terroir villageois, des populations rurales ;
- une appropriation des techniques agroforestières, notamment la haie vive, par les populations, en
facilitant leur diffusion à différents niveaux d'échelles géographiques (bassin versant, terroirs
villageois, petites régions agricoles) et de type d'organisation sociale (ferme individuelle/familiale,
association villageoise/communautaire).
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Effets des plantations forestières sur banquettes sur le
ruissellement et l'érosion par rapport aux parcours dans les
montagnes semi arides du Haut-Atlas de Marrakech (Maroc)
Résumé
L’érosion hydrique est un phénomène qui porte préjudice aux ressources en
eau et en sol des bassins versants du Maroc. L’objectif de ce travail est de quantifier
l’effet des aménagements (replantations forestières de pins essentiellement,
associées à la création de banquettes) à partir de mesures réalisées sur parcelles
d’érosion (150 m²) sous pluies naturelles installées sur deux types de sols contrastés
et importants dans le bassin versant de l’oued Rhéraya (argilites permo-triasiques
et substrat magmatique), situé dans le Haut Atlas Occidental du Maroc.
Cinq années d’observations ont montré que dans la majorité du bassin les
évènements provoquant du ruissellement sont rares et ne produisent que peu de
sédiments (entre 0.03 et 1.1 t.ha-1.an-1). Par contre, le ruissellement est plus fréquent
et l’érosion nettement plus importante sur le sol nu des ravines argileuses (340
t.ha-1.an-1). Les plantations de pins sur banquettes sur argilites rouges ont montré
leur efficacité pour le blocage du ruissellement et de l’érosion lorsqu’elles sont
encore fonctionnelles. Inversement, les banquettes non entretenues (banquettes
comblées de sédiments et sol sans végétation observées sur substrat magmatique)
augmentent le ruissellement et l’érosion.
Mots clés : Maroc, Haut Atlas, érosion, ruissellement, parcelles d’érosion,
replantations forestières, banquettes, entretien.
Abstract
Water erosion has a strong negative impact on soil and water resources in
Morocco. The objective of this work is to quantify effect of management (Pine
Plantation associated with the creation of graded terrasses) from measurements on
erosion plots (150 m²) with natural rainfall installed on two contrasting soil types in
the Rheraya watershed (red clay Permo-Triassic and magmatics rocks) in the
Western High Atlas of Morocco.
Five years of observation have shown that on the majority of the catchment,
rainfall events causing runoff are rare and produce little sediments (between 0.03
and 1.1 t.ha-1.an-1). Conversely, runoff is more frequent and erosion much higher in
gullies on red clay (340 t.ha-1.an-1). The pine plantations associated with
embankments and ditches showed their strong effectiveness for blocking runoff and
erosion when they are still functional. Conversely, those that were not maintained,
with ditches filled with sediments, have no more or even a strong negative effect.
Keywords: Morocco, High Atlas, erosion, runoff, erosion plots, pine plantation, graded
terraces, maintenance.
Introduction
Matériels et méthodes
L’étude concerne le bassin versant de l’oued Rhéraya (228 km²), situé dans le
Haut-Atlas de Marrakech (Maroc), dont les altitudes varient de 925m à 4165m. Le
climat est semi-aride, caractérisé par une grande irrégularité spatiale et temporelle
des précipitations, dont une partie tombe sous forme d’orages et une autre sous
forme de neige. L’hétérogénéité spatiale de la pluie est due au relief (de 300 à
900 mm.an-1, pour une moyenne de 360 mm.an-1).
Du point de vue géologique, les substratums affleurant dans le bassin sont très
variés. La zone aval du bassin comprend des argiles rouges permotriasiques
extrêmement érodibles lorsqu’elles sont nues, alors que les deux tiers amonts sont
constitués par des formations magmatiques nettement plus stables. La végétation
naturelle est constituée de quelques boisements plus ou moins denses de thuya au
nord du bassin, et de steppes à chaméphytes partout ailleurs, en général très
dégradées par le surpâturage et les prélèvements anthropiques (pour cuire le pain).
Sur les principales unités de paysage, des mesures d’érosion in situ sont
réalisées. Cinq parcelles d'érosion de 150 m2, installées sur deux types de sols
contrastés et importants dans le bassin (figure 1), soit du point de vue de surfaces
occupées (deux parcelles sur roches magmatiques: parcours, plantation), soit du
point de vue de la contribution à l’érosion (trois parcelles sur argilites
permotriasiques : parcours, plantation, sol nu (badlands). Ce dispositif permet de
comparer pour chaque situation des états avec ou sans aménagements.
Figure 1 : Localisation des parcelles d’érosion dans le bassin
versant du Rhéraya
Résultats et discussions
Cinq années d’observation ont montré que dans la majorité du bassin, les
évènements provoquant du ruissellement sont rares et ne produisent que peu de
sédiments (entre 0.03 et 1.1 t.ha-1.an-1). Inversement, le ruissellement est plus
fréquent et l’érosion nettement plus importante sur le sol nu des ravines argileuses
(340 t.ha-1.an-1).
Le coefficient de ruissellement moyen annuel varie de 1,4% à 8,1% sur toutes
les parcelles et elle est de 40 % sur la ravine nue (figure 2). A part la ravine qui reste
un cas particulier, ces chiffres montrent que le ruissellement de surface reste un
phénomène quantitativement faible et qu’une très grande proportion de la pluie
s’infiltre dans le sol. Ces résultats confirment les mesures effectuées par Heusch
dans le Rif (Heusch, 1970), qui a montré que le ruissellement moyen varie de 0 à
30% selon les situations, mais il reste en général inférieur à 10%. En revanche, le
ruissellement maximum a atteint des valeurs relativement élevées sur la ravine nue
jusqu’à 65%, ce qui est concordant avec les résultats trouvés par Roose et al., 1993,
puis par Morsli et al.(2004), et dont le coefficient de ruissellement a atteint 56% et
80% sur des sols nus en Algérie.
Les trois sites sur argilites illustrent bien les situations possibles selon l’état
d’entretien de l’environnement, on passe de 340 t/ha/an sur sol nu, à 1,1 t./ha/an
sous parcours et à 0,05 t./ha/an sous une plantation de pins de 40 ans sur
banquettes. Ces sols deviennent donc extrêmement sensibles à l’érosion quand ils
sont dénudés et ravinés, alors que les aménagements se montrent efficaces
lorsqu’ils sont entretenus. Face à ces risques d’érosion, il est possible de protéger
ces versants par des seuils et des banquettes et les stabiliser par des plantations.
Sur les substrats magmatiques, la parcelle sur parcours produit 4 fois moins
de sédiments que celle sous plantation de pins. Ceci, peut être expliqué par
l’absence de végétation herbacée sur la parcelle de pins suite au pâturage par les
chèvres et par le comblement des éléments de banquettes. Il semble ici que
contrairement à ce qui se passe sur les argilites, la plantation n’ait pas l’effet positif
escompté. Cela n’est pas surprenant si on regarde les états de surface, puisque le
sol ne comporte aucune végétation ni rugosité susceptible de freiner le ruissellement.
Cette différence illustre que, comme cela avait été constaté visuellement sur les
argilites, les plantations mal entretenues (strate herbacée broutée par les chèvres et
banquettes comblées) n’ont plus d’effet bénéfique sur la réduction du ruissellement.
Ici on est même arrivé à situation pire qu’avant l’aménagement car le parcours voisin
se comporte mieux : en effet les pluies sont interceptées à la limite de la plantation
de pins. Ces conclusions sont en accord avec celles de Lacombe (2007), qui
observe les mêmes problèmes en Tunisie. Les nombreuses banquettes réalisées
pour limiter les crues ont un effet négatif par rapport à la situation avant
aménagement si elles ne sont pas entretenues pour conserver leur effet de blocage
des ruissellements.
Conclusion
Les plantations de pins sur banquettes sur argilites rouges ont montré une
bonne efficacité pour le blocage du ruissellement et de l’érosion lorsqu’elles sont
encore fonctionnelles, mais leur non entretien montre un retour de l’érosion,
potentiellement plus fort qu’initialement étant donné la forte perturbation du sol
provoquée par l’installation de ces banquettes qui dégage la couche de colluvions
caillouteuses protectrices originales.
Sur terrain magmatique, les banquettes associées aux plantations n’ayant pas
été entretenues (banquettes comblées et sol sans végétation herbacée) montrent
une augmentation du ruissellement et l’érosion, car le sol sous plantation est lisse,
surpâturé par les chèvres et dégagé de toute végétation pouvant ralentir le
ruissellement. Sur le parcours, les touffes de Chamaephytes protègent des buttes de
sol tandis qu’entre ces buttes circule le ruissellement sur un glacis de cailloux
dégagés par le ruissellement concentré
Références bibliographiques
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Potentiel du Jatropha curcas pour le développement économique,
le reboisement, et l’aménagement de bassins-versants en Haiti.
Gaël Pressoir
gael.pressoir@chibas-bioenergy.org
www.chibas-bioenergy.org
Résumé
Les deux premiers postes à l’importation en Haïti sont les produits pétroliers et les
produits alimentaires. Ensemble, ils représentent les deux tiers de nos importations ;
des importations sans cesse grandissantes qui creusent le déficit de la balance des
paiements (la valeur des importations est pratiquement quatre fois plus élevée que
celle des produits exportés). Cette dépendance sans cesse croissante vis-à-vis des
produits importés fragilise l’économie haïtienne.
Un autre défi à relever en Haïti, et qui n’est pas sans relation avec les deux
précédents, consiste à mettre un frein au désastre environnemental causé par le
déboisement. La coupe effrénée des arbres met en péril non seulement la sécurité
des vies et des biens du fait des inondations à répétition qui en découlent, elle
contribue également à la réduction de la production agricole par la perte des terres
arables ; on peut également souligner le non-renouvellement de la première source
de « bio »combustible utilisé dans le pays, en l’occurrence le bois et le charbon de
bois. Peut-on en Haïti adresser simultanément, les défis d’ordre environnementaux
liés au déboisement, la sécurité alimentaire, et la sécurité énergétique ?
Enfin, le deuxième marché dans le pays est le marché du diesel (juste après le riz).
Non seulement la moitié du parc automobile fonctionne au diesel, tout
particulièrement les véhicules de transport de marchandises, mais 75% de la
production électrique est aujourd’hui également produite par du diesel. Plus de 100
millions de gallons de diesel sont consommé chaque année alors même que le pays
est en situation de pénurie énergétique faute de devises pour l’achat d’équipements
et de produits pétroliers.
Le Jatropha curcas est une culture pérenne, un arbuste, dont l’huile présente la
qualité requise pour la production de biodiesel. Dans cet article nous analyserons à
la lumière des travaux présentés lors de la première conférence des acteurs et
parties prenantes de la filière Gwo Medsiyen (ou Jatropha) en Haïti les aspects
environnementaux, économique et les enjeux pour la sécurité alimentaire de la
promotion de la culture du Jatropha curcas en Haïti.
En Haïti, 60% des terres ont un taux d’inclinaison supérieur à 20%. La majeure
partie de ces pentes est fortement déboisée par la pratique présente ou passée
d’agriculture de plantes annuelles associées au labourage et souvent même à la
culture sur brûlis ; cette forme de déboisement s’accompagne ou est combinée à la
déforestation pour prélever du bois de chauffage ou pour la fabrication de charbon.
Ces pratiques conduisent à laisser les mornes à nus et du fait de l’érosion intensive
qui y est associée, à la perte de la fertilité et à l’abandon par les agriculteurs de toute
culture sur ces terres. 72% de l’énergie consommée en Haïti l’est sous la forme de
bois ou de charbon de bois et est directement liée à ses pratiques non durables
d’exploitation des ressources (BME, Bilan énergétique Haïtien, 2009). La pression
démographique et économique sur les zones concernées est telle que jusqu’à
présent, les projets de reboisement et d’aménagement des bassins versants n’ont
eu que peu d’impact au niveau national. Aussi, l’absence de travail sur les filières
économiques et la rentabilité associée aux projets d’aménagement des bassins
versants explique en grande partie l’absence de durabilité de ces projets (Jean
Chariot Michel, 2009). Les récentes inondations en Haïti, à la suite de la saison
cyclonique de 2008, illustrent la nécessité de promouvoir des solutions techniques
durables de reboisement des mornes d'Haïti tout en augmentant simultanément la
sécurité économique des cultivateurs.
Du fait de la situation de pénurie alimentaire que connaît le pays, il est essentiel que
la culture du Jatropha curcas n’affecte pas la production alimentaire déjà limitée et
plus largement la sécurité alimentaire. La question de la disponibilité des terres en
minimisant les risques d’impact socio-économique et environnementaux est
essentielle à l’établissement d’une stratégie nationale de développement de la
culture du Jatropha curcas.
Une part non négligeable des sols ne sont pas cultivés en Haiti comme l’indique la
figure 1 réalisées à partir de la carte d’usage des sols disponible au CNIGS
(Figure 1).
Figure 2 – Les deux modèles minimisent l’impact sur la sécurité alimentaire le modèle 2B de
surcroît exclu les zones à forte densité de population ainsi que les zones de pentes
d’inclinaison inférieure à 12%. En rouge les zones exclues pour minimiser les risques
environnementaux, agro-écologiques et alimentaires, en vert les zones aptes à la culture du
Jatropha. 2A : 934,803 hectares de terres disponibles pour la culture du Jatropha curcas ; 2B :
642,573 hectares disponibles.
Ces résultats préliminaires (Pressoir et al, 2009 ; une étude plus détaillée devrait
débuter en Septembre 2009) suggèrent qu’entre 600,000 et 900,000 hectares de
terres subhumides et semi-arides seraient appropriées pour la culture du Jatropha
sans affecter la sécurité alimentaire et sans empiéter sur les terres aujourd’hui
cultivées. Même le modèle le plus conservateur (qui réserve les montagnes
humides et l’ensemble des zones de faible inclinaison non cultivés aujourd’hui pour
accroître la production alimentaire) laisse une importante surface de terres
disponible pour la culture du Jatropha curcas. Seuls 350,000 hectares seraient
nécessaires pour satisfaire l’ensemble de la consommation actuelle haïtienne de
Diesel (BID et USAID/DEED, Etude de faisabilité de la filière Biodiesel, 2009). Il y a
donc suffisamment de terres en Haïti pour produire le Biodiesel nécessaire à notre
consommation interne tout en minimisant les risques d’impact sur la sécurité
alimentaire, l’environnement, et la disponibilité des terres pour accroître la
production alimentaire défaillante de l’île.
Les terres ressortant des deux modèles (Figures 2A et 2B) correspondent à ce que
l’on appelle en Haïti les « Terres Chaudes ». L’essentiel de ses terres se trouve
dans deux zones d’économie alimentaire correspondant à ce que la Coordination
Nationale pour la Sécurité Alimentaire (CNSA) défini comme « la zone agro-
pastorale sèche » et « la zone sèche d’agriculture et de pêche ». Dans ces zones, la
culture du Jatropha curcas n’affecterait que marginalement la disponibilité en
aliments et la sécurité alimentaire (Gary Mathieu CNSA, 2009). Il a été néanmoins
souligné par le porte parole de la CNSA à l’occasion, la nécessité de prendre en
compte le paramètre démographique (pris en compte dans la Figure 2B) et estimer
la proportion de la population qui bénéficieraient d’une augmentation de ses revenus
dans une zone donnée et l’importance de minimiser la diversion des parcelles
contribuant à la disponibilité alimentaire dans une zone donnée. Il est clair que les
Biocarburants ne résoudront pas l’insécurité alimentaire mais peuvent jouer un rôle
dans l’augmentation des revenus et donc de la capacité d’acquérir des aliments
dans des zones déjà fortement dépendantes du marché pour l’accès aux aliments
Nous avons donc réalisé sur la commune de Saint Louis un recensement des terres
propices à la culture du Jatropha curcas sans affecter la production alimentaire ou le
revenu des agriculteurs. La plus importante zone ne produisant pas de denrées
comestibles est la zone de production du Vétiver (Figure 4E). Bien que le Vétiver
soit en régression, il n’est pas souhaitable d’initier un projet dans cette zone avant
de démontrer que le Jatropha curcas peut procurer des revenus supérieurs à ceux
du Vétiver. Les méthodes de Culture du Vétiver dans le Sud d’Haïti sont très
destructrices de l’environnement et sont facteur d’aggravation de l’érosion du fait de
l’arrachage de l’ensemble des parcelles pour procéder à la vente des racines sont
est extraite une huile essentiel très prisée de l’industrie du parfum. Il est évident que
après démonstration d’un revenu comparable voir supérieur de la culture Jatropha
curcas ces zones pourraient être dédiées à cette nouvelle culture. Les deux zones
en 4F peuvent être recommandées pour la culture du Jatropha curcas et leur mise
en culture n’affectera pas négativement la disponibilité en aliments ou les revenus
des agriculteurs.
B
La Figure 6 indique le nombre d’emploi créés par la culture du Jatropha curcas sur
65,000 ha ; cette superficie permettrait de créer plus de 22,000 emplois agricoles à
temps complet et entre 2600 et 3250 emplois dans les centres d’extraction de l’huile.
En tout, pour satisfaire la consommation actuelle de diesel de 100 millions de
gallons par an, la filière Jatropha pourrait créer plus de 150,000 emplois directs et
générer plusieurs centaines de millions de dollars de revenus dans le pays. Ce
modèle économique repose sur la valorisation de l’huile et de la fabrication de
briquettes de charbon avec les résidus (Jatropha toxique ou non toxique). On voit
que les revenus dans ce scénario sont de plus de 500 USD par ha pour l’exploitant
agricole et de plus de 1000 USD par ha si l’exploitant est propriétaire de l’unité de
pressage (CPJ dans la Figure 6). L’utilisation de variétés comestibles se traduit par
des revenus encore plus importants. Il est important de noter que la valorisation de
l’huile seule ne suffit pas forcément à assurer la rentabilité de la filière ; la
valorisation des coproduits (tourteau et/ou briquettes de charbon) est essentielle à
cette rentabilité.
Figure 6 – profits et nombre d’emploi crée pour 700 ha, 6,500 ha ou 65,000 ha. Source : Etude
de faisabilité de la filière Biodiesel, BID et USAID/DEED
Si cette filière peut être profitable pour nos agriculteurs, elle représente également
une formidable opportunité de créer une véritable agro-industrie génératrice
d’activités dans nos provinces. Pour presser l’huile de Jatropha, la transformer en
biodiesel, il faudra mettre en place une petite industrie qui aujourd’hui manque
cruellement aux régions reculées du pays. Le considérable avantage d’une culture
non destinée à l’exportation, c’est que nous créons non seulement des emplois
agricoles, mais également les emplois nécessaires à la transformation de ces
produits. L’autre avantage lié aux biocarburants, c’est que nous avons un marché
captif de plusieurs centaines de millions de dollars, un marché qui n’est pas près de
s’épuiser. L’industrie des biocarburants ne serait donc tributaire d’aucun choix
stratégique réalisé dans et par un quelconque autre pays. L’ensemble de la filière
économique (chaîne de valeur) trouverait sa place au cœur même de nos provinces
et y génèrerait des revenus (avec de l’argent qui autrement part dans des pays
exportateurs de pétrole). Si nous substituions la production nationale à nos
importations de carburant, cette filière pourrait créer plusieurs centaines de milliers
d’emplois et devenir le premier employeur du pays.
Les deux approches présentées ici peuvent aussi être combinées. En effet, l’huile
produite par les centres de transformation des fruits du Jatropha curcas peut
alimenter des moteurs/générateurs à huile qui produiraient de l’électricité à un coût
bien moindre de celle produite à partir de diesel et ainsi permettre l’électrification de
nos provinces. Environ 75% de l'électricité en Haïti est d’ores et déjà produite par
des moteurs diesel ou au mazout créant une forte demande potentielle pour l’huile-
combustible de Jatropha curcas. Cette huile pourra aussi être vendue localement
pour faire fonctionner les lampes, réchauds, pompes et moulins précédemment
mentionnés. Quant aux provinces où le diesel se vend souvent plus cher qu’à Port-
au-Prince, la production locale de carburant (notamment de biodiesel) permettrait de
diminuer sensiblement le coût du transport et permettrait ainsi de diminuer le coût
d’acheminement des denrées agricoles.
DISCUSSION
Nous pouvons développer une agriculture qui produira à la fois de l’énergie et des
aliments puisque l’espace à utiliser pour les cultures alimentaires traditionnelles et le
Jatropha curcas n’est potentiellement pas le même. Le Jatropha curcas nous
permettra de détourner les fonds utilisés à l’achat de carburant vers nos agriculteurs
et grâce aux variétés non toxiques, son tourteau riche en protéines permettra de
réaliser des aliments équilibrés pour nos élevages.
Le Jatropha curcas permettrait de valoriser des terres aujourd’hui mises à nu par la
déforestation et qui ne sont pas utilisées pour l’agriculture vivrière. Le Jatropha est
appelé à devenir une culture multi-usage (alimentation animale et énergie) qui
pourra contribuer à la réhabilitation de l’environnement (reboisement et conservation
des sols) et à l’extension de l’espace agricole (utilisation et valorisation des terres
marginales). L’huile de Jatropha curcas présente la qualité requise pour la
production de biodiesel (esters méthyliques ou éthyliques) et peut également être
utilisée pure et non transformée dans des moteurs diesels modifiés ou encore dans
des moteurs de type Lister (moteurs à révolution lente <1200tr/mn). Par ailleurs, le
tourteau, riche en protéines, des graines de Jatropha curcas comestible permettrait
de nourrir des élevages de poissons et de poulets (l’un des principaux problèmes de
l’élevage avicole en Haïti est le coût prohibitif de la nourriture importée). Le Jatropha
s’inscrit donc pleinement dans le cadre des efforts de relance de la production
agricole nationale car il permettrait de produire localement et donc de remplacer les
importations de produits pour lesquels il existe une forte demande en Haïti:
La culture du Jatropha peut être une source de revenus pour les agriculteurs et un
outil pour le reboisement du pays.
Enfin, la misère en Haïti est aussi une question de pouvoir d’achat. Augmenter le
pouvoir d’achat de nos cultivateurs, c’est leur permettre de mieux nourrir leur famille,
de payer l’école des enfants, de se vêtir et de consommer des biens de services et
de production.
RÉFÉRENCES
BID et USAID/DEED, 2009 Etude de faisabilité de la filière Biodiesel
Makkar HPS, Aderibigbe AO et Becker K 1998, Comparative evaluation of non-toxic and toxic
varieties of Jatropha curcas for chemical composition, digestibility, protein degradability and toxic
factors, Food Chem. 62 (1998) 207–215.
Mathieu G, 2009. Insécurité Alimentaire en Haiti - État des Lieux et propositions de solutions (CNSA).
ere
1 Conférence des acteurs et parties prenantes de la filière Gwo Medsiyen
Michel J.Ch. 2009. Le développement de filières de cultures pérennes et semi-pérennes & la Gestion
ere
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filière Gwo Medsiyen
Vasconcelos IM, Siebra EA, Maia AAB, Moreira RA, Neto AF, Carnpelo GJA et Oliveira. JTA
1997. Composition. toxic and antinutritional factors of newly developed cultivars of Brazilian
soybean (Glycine mar). Journal of the Science of Food and Agriculture. 75: 419-426.
MAMPU, sur les plateaux Batéké, en R.D. Congo, le projet qui
réconcilie Agroforesterie et production de bois-énergie.
1 : Projet Agroforestier Mampu. Fondation Hanns Seidel, Munich, Allemagne (siège local : 57 Avenue des Sénégalais, Gombé,
Kinshasa, R.D.Congo)%"mampu.fhs@gmail.com)
Image Google-earth situant le projet Mampu (flèche rouge) par rapport à Kinshasa (flèche bleue)
BISIAUX F., PELTIER R., MULIELE J-P., 2009. Plantations industrielles et agroforesterie au service
des populations des plateaux Batéké, Mampu, en République démocratique du Congo. Bois et Forêts
des Tropiques, 2009, 301 (3) : 21-31
Pour faire face à la pénurie de bois et de charbon, le projet Mampu a été conçu
FRPPHODSKDVHSLORWHG¶XQSURMHWGHUHERLVHPHQWGH 000 hectares (ha) sur les
sols sableux du plateau Batéké. Malgré les guerres civiles, 8 000ha de plantations
G¶Acacia auriculiformis ont été réalisées, principalement entre 1987 et 1993.
A partir des années 1994, la plantation de Mampu a été divisée en lots de 25 ha qui
RQW pWp DWWULEXpV j IDPLOOHV G¶DJULFXOWHXUV &HX[-ci doivent gérer leur plantation
suivant un modèle agroforestier inspiré du modèle traditionnel de culture sur brûlis.
Au niveau du massif, le calcul de la production totale de charbon varie, suivant les
sources, de 8 000 à 12 000 tonnes annuelles (T/an), à la quelle il faut ajouter
10 000 T/an de manioc, 1 200 T/an de maïs et 6 T/an de miel. Pour le seul charbon,
ceci correspond à un revenu brut annuel de 2,6 millions de dollars pour le pays, dont
au moins un quart revient aux propriétaires agrisylviculteurs. Actuellement quatre ans
de production de charbon couvrent presque les investissements initiaux faits par
O¶8nion Européenne (8,5 PLOOLRQVG¶Ecus).
/H SURMHW SHXW GRQF rWUH FRQVLGpUp FRPPH XQ VXFFqV HW FH PRGqOH PpULWH G¶rWUH
étendu sur les savanes des plateaux Batéké, en prenant en compte les droits
fonciers traditionnels et en poursuivant la diversification et la transformation locale
des produits. Ceci contribuera à couvrir une part plus importante des besoins urbains
en énergie renouvelable, tout en créant des emplois ruraux.
Cependant, LO QH V¶DJLW SDV G¶XQH SDQDFpH FDU G¶DXWUHV PRGqOHV GH V\VWqPHV
DJURIRUHVWLHUV PpULWHQW G¶rWUH WHVWpV RX GpYHORSSpV GDQV G¶DXWUHV FRQGLWLRQV
écologiques et socio-économiques du pays, par exemple en gérant le recru naturel
G¶HVSqFHV ORFDOHV à usages multiples FRPPH F¶HVW OH FDV GDQV OH système
traditionnel de jachères enrichies (Nkunku) du Bas-Congo.
With people leaving rural areas and fleeing insecurity, Kinshasa, the capital of the
Democratic Republic of the Congo, now has some 8 million inhabitants. The city is
mainly surrounded by savanna and patches of degraded forest. Estimated fuelwood
consumption is in the range of 3 to 6 million tonnes of fuelwood equivalent per year
(representing 0.6 to 1.2 MT of charcoal per year if all the wood were charcoaled). The
Mampu project was designed as the pilot phase of a reforestation project covering
100 000 hectares of sandy soil on the Bateke plateau and aiming to remedy wood
and charcoal scarcities. Despite the conflicts, about 8000 hectares of Acacia
auriculiformis were planted, mainly from 1987 to 1993. From about 1998, the Mampu
plantation was divided into 25 hectare plots for 320 farming families. Cultivation
mainly follows the agroforestry pattern based on improved fallows, which draws on
traditional slash-and-burn farming. Total charcoal production from the plantation
varies from 8 000 to 12 000 tonnes per year, in addition to 10 000 T/year of cassava,
1 200 T/year of maize and 6 T/year of honey. Gross annual revenue for the country
from charcoal alone amounts to 2.6 million US dollars, with owners of the
agroforestry plots earning at least a quarter. The success of the project is an
incentive to apply the model to the savanna lands on the Bateke plateau, taking
traditional land rights into consideration and continuing activities to diversify and
process production locally. This will help to cover a larger share of urban needs for
renewable energy while also creating rural employment. However, other agroforestry
systems deserve to be tested or developed for different ecological and social or
economic conditions across the country, such as management of the natural
regrowth of local multiple-use species as applied with the traditional system of fallow
enrichment (Nkunku) in the Lower Congo.
Or, dans un rayon de 150 km autour de Kinshasa, LO Q¶\ D que très peu de massifs
forestiers susceptibles de fournir ce bois-énergie. La majorité de cette zone est
occupée parle Plateau Batéké. Son relief PG¶DOWLWXGHPR\HQQHHVWIDLEOHPHQW
RQGXOp j O¶H[FHSWLRQ GHV YDOOpHV DVVH] ODUJHV GH OD 9XH OD 0ZDQD HW 0EDOL
VXSpULHXUH j P G¶DOWLWXGH HW GHV YDOOpHV SOXV HQFDLVVpHV GH OD /XILPL OD
0EDOLLQIpULHXUHHWGX.ZDQJRjPG¶DOWLtude) (Ladmirant, 1964). Les flancs
de ces vallées et de leurs affluents portaient autrefois des forêts denses
(Duvigneaud, 1949), DXMRXUG¶KXLplus ou moins dégradées SDUO¶DJULFXOWXUHLWLQpUDQWH
EHDXFRXS G¶DXWHXUV TXDOLILHQW ces forêts de « galeries », bien qu¶HOOHV V¶pWHQGHQW
bien au-GHOj GX OLW PDMHXU GHV FRXUV G¶HDX FRPPH F¶HVW OH FDV HQ ]RQH
soudanienne).Le climat est tropical chaud avec une saison sèche de 4 mois (de juin
à septembre). Les températures annuelles moyennes varient autour de 25°C. Les
sols sont surtout sablonneux, acides, chimiquement pauvres et possèdent une très
faible capacité de rétention hydrique (Koy Kasango, 2005). La kaolinite est le
matériau le plus important de la fraction argileuse. Le Ph-H2O est en général
inférieur à 5,5 et varie avec la teneur en matière organique.
La savane est la formation naturelle dominante avec quelques galeries forestières
(Robyns, 1948):
Savanes herbeuses à Loudetia, caractérisée par Loudetia arundinacea et
Ctenium newtonii ;
Savanes arbustives dégradées à Digitaria, caractérisée par Digitaria
uniglumis, Hyparrhenia diplandra et Hymenocardia acida ;
Savanes arbustives, caractérisées par Hymenocardia acida et parfois
SDUVHPpH G¶DUEUHV QRWDPPHQW Erythrina abyssinica et Cussonia angolensis
(photo 1) ;
Galeries forestières, du type périguinéen, se trouvant sur les pentes raides et
les vallées des rivières Mbali, Mwana, Kwango et Lufumi (photo 2).
Photo 1 :
Savanes arbustives de plateau à
Hymenocardia acida
Photo 2 :
Galeries forestières
périguinéenne de bord de
vallée
Administrativement parlant, la zone du Plateau Batéké est située dans la Province de
Kinshasa. Historiquement, cette zone était peu densément peuplée SDU O¶HWKQLH
Téké : environ trois habitants au km². /¶DXWRULWp WUDGLWLRQQHOOH HVW H[HUFée par les
chefs coutumiers dont le rôle, en droit moderne, Q¶HVW SDV FODLUHPHQW SUpFLVp HQ
PDWLqUHV MXGLFLDLUH HW IRQFLqUH /¶RUGUH SXEOLF O¶K\JLqQH OD VDQWp O¶pGXFDWLRQ OHV
communications sont du ressort des autorités territoriales.
Ce projet est situé sur le Plateau Batéké (4°20 S, 16°18 E), à une altitud e de 670-
P ,O VH WURXYH j NP j O¶HVW GH .LQVKDVD GRQW NP GH SLVWH VDEOHXVH
depuis Mbankana).
/¶HPSODFHPHQW D pWp FKRLVL HQ UDLVRQ GH OD SUpVHQFH j SUR[LPLWp LPPpGLDWH GX
centre de recherche de Kinzono, initié en 1976 sur financements nationaux zaïrois et
DYHF O¶DLGH GH OD FRRSpUDWLRQ EHOJH 0 *HUNHQV FRP 3HUV &H FHQWUH TXL DYDLW
WHVWp SOXV GH HVSqFHV ORFDOHV HW H[RWLTXHV DYDLW PRQWUp O¶H[FHOOHQWH FURLVVDQFH
GHO¶HVSqFHAcacia auriculiformis. '¶DXWUHSDUWOHVFRQIOLWVIRQFLHrs avec les autorités
traditionnelles Téké y semblaient modérés.
Entre 1987 et 1993, la société HVA a boisé 7.262 ha de savane dégradée (photo 3),
SULQFLSDOHPHQWjO¶DLGHG¶Acacia auriculiformis (plus de 95% de la surface plantée) et
G¶HXFDO\SWXV GDQV XQH mesure très marginale. Pour cela, une pépinière de 6 ha
ayant une capacité de production annuelle de 4 millions de plants forestiers fut
aménagée (surdimensionnée en vue G¶H[WHQVLRQVRXKDLWpHGXSURMHW.
Photo 3 : Le reboisement de Mampu et son extension sur la savane, en 2009
Suite aux événements et aux pillages de 1991, la société HVA abandonna les
travaux en mars 1992. SRXFLHX[ GH O¶DYHQLU GX SURMHW le Gouvernement congolais
confia à la Fondation Hanns Seidel (FHS) la mission de maintenir les infrastructures
GX SURMHW MXVTX¶HQ GpFHPEUH 'H MDQYLHU j PDL OD )+6 HW &$',0
&HQWUHG¶$SSXLDX'pYHORSSHPHQW,QWpJUé de Mbankana) se virent confier le mandat
G¶DVVXUHU OD SURWHFWLRQ GH OD FRQFHVVLRQ $X WHUPH GH FHWWH SpULRGH XQ SURWRFROH
G¶DFFRrd a été signé entre le Gouvernement Congolais, la FHS HW O¶8QLRQ
Européenne, cette dernière accordant un crédit de maintenance des plantations à la
FHS (Ducenne, 2009).
A partir des années 1994, la plantation de Mampu fut divisée en lots de 25 ha qui ont
été attribués à des agriculteurs. Ceux-ci devaient gérer leur plantation, avec
O¶HQFDGUHPHQW WHFKQLTXH GH OD )+6 VXLYDQW XQ PRGqOH DJURIRUHVWLHU LQVSLUp GX
modèle traditionnel de culture sur brûlis.
En effet, si le terme « système agroforestier » a XQ VHQV WUqV ODUJH G¶DVVRFLDWLRQ
entre arbre, culture et élevage GDQV O¶HVSDFH HWRX GDQV OH WHPSV (Combe, 1979 ;
Nair, 1985 ; Baumer 1986 ; Lundgren, 1987), on peut parler de «système
agroforestier séquentiel » TXDQGLOV¶DJLWG¶DOWHUQDQFHGDQVOHWHPSVVXUXQHPrPH
parcelle, entre culture et foUrW &¶HVW OH FDV SRXU O'amélioration de l'agriculture
itinérante par la « jachère améliorée (improved fallow) » (Torquebiau, 1990). La
parcelle n'est pas abandonnée après les quelques saisons de culture, mais plantée
de ligneux utiles. On ensemence (ou plante ou facilite la régénération naturelle) la
jachère d'arbres fixateurs d'azote, qui rétabliront un sol de bonne qualité plus vite que
les espèces spontanées.
Photo 4 :
6RXFKHG¶A. auriculiformis
après le passage du feu et
jeuQHVHPLVG¶DFDFLD
/RUVGHVVDUFODJHVGHVHVFXOWXUHVO¶DJUisylviculteur les préserve sur les lignes qui
joignent les souches mortes. Au besoin, il peut regarnir les zones où les semis sont
trop rares. 4 mois après le feu, à la récolte du maïs, les acacias ont environ 1m de
haut ; 18 mois après le feu, à la récolte du manioc, les acacias ont environ 3 m de
hauteur (photo 5).
Photo 5 6HPLVG¶DFDFLDkJpGHjPRLVDYDQWODUpFROWHGXPDQLRF
,OIDXWQRWHUTX¶XQLQYHQWDLUHUpDOLVpHQGDQVGHVSDUFHOOHVSODQWpHVGHDQV
a fourni des volumes variant entre 190 à 340 m3/ha, soit un accroissement annuel
moyen de 10 à 18 m3 /ha/an et une moyenne de 12 m3/ha/an. En principe, une
parcelle de 12 ans pourrait contenir 144 m3KDVRLWHQYLURQ7GHERLVVHFjO¶DLU
qui donnerait 24 T de charbon/ha (avec un rendement de carbonisation de 20 %) ou
400 sacs de 60 kg de charbon/ha.
Des charbonniers de plus en plus performants
La carbonisation est de mieux en mieux maitrisée par les agrisylviculteurs de
Mampu. Une meule de 30 stères (4 x 3 x 2,5 m), soit HQYLURQ7GHERLVVHFjO¶Dir,
donne en moyenne 80 à 90 sacs de 60 kg, soit 5,1 T, ce qui correspond à un
UHQGHPHQWOpJqUHPHQWVXSpULHXUjGXSRLGVVHFjO¶DLU (photo 6).
Photo 6 XQHPHXOHGHVWqUHVDXPRPHQWGHO¶HPSLODJHSXLVGHODPLVHjIHX
Photo 7 :
Tubercules de manioc dans un champ en cours
de récolte, en limite de plantation pas encore
exploitée
La production totale du périmètre, pour 320 exploitations de 25 ha, peut ainsi être
estimée à environ 10 000 T/an de manioc et 750 T/an de maïs (chiffre majoré à
1 200 T/an, grâce à des cultures sur pare-feux ou autres).
La visite des parcelles en deuxième ou troisième rotation montre des situations bien
contrastées. Dans certaines parcelles, les arbres sont denses, avec une croissance
FRUUHFWHDORUVTXHGDQVG¶DXWUHVOHVDUEUHVVRQWFODLUVHPpVWUqVLUUpJXOLHUVHWWUqV
branchus. Il faudrait déterminer si la cause est principalement due au savoir faire de
O¶DJUiV\OYLFXOWHXU RX j GHV SUREOqPHV GH IHX G¶pSXLVHPHQW GX VRO RX G¶pURVLRQ
génétique des peuplements FDV GHV SODQWDWLRQV G¶HXFDO\SWXV K\EULGHV GH 3RLQWH
Noire en République du Congo).
.
Une base génétique des acacias trop étroite
On constate que la plupart des acacias sont extrêmement branchus, y compris dans
les plantations de première génération, HQGHKRUVG¶XQHSHWLWHSDUFHOOHROHVDUEUHV
sont très droits et monocaule (photo 8). Même si on peut considérer que, pour la
production de charbon, la fRUPHQ¶DSDVG¶LPSRUWDQFHHWTX¶LOFRQYLHQWG¶RSWLPLVHUOD
SURGXFWLRQ GH ELRPDVVH SOXW{W TXH FHOOH GH WURQFV UHFWLOLJQHV QRXV SHQVRQV TX¶LO
faudrait refaire de nouvelles introductions de matériel végétal, de façon à créer des
peuplements semenciers à base génétique large, dont les descendants pourraient
concilier forte production de biomasse et monocaulie (plus grande facilité de débit et
GH PLVH HQ WDV SRVVLELOLWp G¶XWLOLVDWLRQ HQ SHUFKH HW HQ SHWLW VFLDJH HQ FDV
G¶pYROXWLRQGXPDUFKpHWGHEHVRLQVORFDux).
Mampu couvre une part importante des besoins de Kinshasa qui restent mal
connus
,OHVWYUDLTXHVLO¶RQUDSSRUWHODSURGXction de Mampu (10 000 T de charbon/an), à la
consommation théorique minimum de Kinshasa (600 000 T/an), le taux de 1,6 %
SHXW VHPEOHU GpULVRLUH (Q IDLW LO HVW SUREDEOH TXH GX IDLW GH O¶H[WUrPH SpQXULH
G¶pQHUJLH HW GH OD IDLEOHVVH GHV UHYHQXV GH OD PDMRrité de la population, la
FRQVRPPDWLRQGH.LQVKDVDHQFKDUERQGHERLVVRLWVXUHVWLPpH'¶DLOOHXUVXQHpWXGH
FORAF sur le transport de charbon, en cours de réalisation, montre que pour
novembre et décembre 2008, Kinshasa aurait importé seulement 55 000 sacs de
charbon, dont 50 VXU O¶D[H (VW $pURSRUW-Mampu) O¶D[H VXG-ouest Kinshasa ±
Mbanza-Ngungu étant très mal documenté à ce jour 5DSSRUWp j O¶DQQpH SDU XQH
règle de trois (calcul FRPSRUWDQW XQ ULVTXH G¶HUUHXU pOHYp en raison des variations
annuelles et de la non prise en compte du transport de nuit), ceci donnerait environ
20 000 T de charbon / an. Il semble que beaucoup de familles trouvent des voies
G¶pFRQRPLH IRUFpH HQ QH SUpSDUDQW TX¶XQ UHSDV SDU MRXU HW HQ EDQQLVVDQW OHV
aliments à longue cuisVRQKDULFRWVHWF'¶DXWUHVVRXUFHVG¶pQHUJLHVH[LVWHQWDXVVL
comme O¶pOHFWULFLWp SRXU OHV SOXV DLVpV HW OHXUV FRPPHQVDX[ O¶XWLOLVDWLRQ GH
O¶pOHFWULFLWp GDQV OHV TXDUWLHUV SDXYUHV HVW PDO FRQQXH FDU OHV EUDQFKHPHQWV VRQW
informels mais un survol de nuLWGHODYLOOHPRQWUHjO¶pYLGHQFHTXHPrPHOHV]RQHV
G¶KDELWDWVSRQWDQpVRQWpFODLUpHVHWil est bien connu que OHVSRVVLELOLWpVGHO¶pQRUPH
EDUUDJHG¶,QJDVXUOH&RQJRVRQWWUqVVRXV-utilisées). La sciure et les dosses de bois
de scierie, les fagots de perchettes de bois provenant de la périphérie de la ville
(photo 11).
Photo 11 :
Vente de fagots de
perchettes de bois
récoltées dans des
jachères dégradées en
périphérie de la ville de
Kinshasa
Photo 12 :
Récolte de rondins par des
RXYULHUV XUEDLQV G¶XQ
boulanger, sur une parcelle
forestière dont la coupe a
été vendue par un chef
coutumier, sans bénéfice
pour les villageois
,O HVW GRQF SUREDEOH TXH 0DPSX DVVXUH SOXW{W GH O¶RUGUH GH 5 à 10 % de la
couverture des besoins en charbon de bois de la ville, ce qui est remarquable, si on
considère que ses 100 km2 ne couvrent que 0,3 % du demi-cercle de 150 km de
rayoQTXLFRQVWLWXHOHEDVVLQG¶DSSURYLVLRQQHPHQWGH.LQshasa.
/HSURMHW0$.$/$XQDSSXLSRXUO¶DYHQLUGXSURMHW0DPSX
Pour ce qui concerne un éventuel projet de recherche qui viendrait en appui aux
réalisations de Mampu (Harmand, 2008), on peut proposer les questions suivantes :
-/D FDUERQLVDWLRQ HW O¶H[SRUWDWLRQ GX FKDUERQ GH ERLV GH PrPH TXH OH EUOLV HW OD
UHPLVH HQ FXOWXUH SURYRTXHQW XQH SHUWH GH & HW G¶pOpPHQWV PLQpUDX[ HW donc une
baisse de capital fertilité acquis au cours de la phase de jachère. Cette perte est±elle
préjudiciable au développement de la rotation suivante et donc au stockage de C à
O¶pFKHOOHGXPDVVLIHWjO¶HIILFDFLWpGHODQRXYHOOHMDFKqUHGDQVODUHVWauration de la
fertilité du sol ?
-4XHOOHHVWO¶LQIOXHQFHGHO¶kJHGHODSODQWDWLRQHQSUHPLqUHURWDWLRQVXUODSURGXFWLRQ
de biomasse et la restauration de fertilité ?
-$ SDUWLU G¶XQH FKURQRVpTXHQFH GH SHXSOHPHQWV GH j -20 ans, quelle est la
dynamique G¶DFFXPXODWLRQ GH PDWLqUH VqFKH ELRPDVVH HW G¶pOpPHQWV PLQpUDX[
GDQVODMDFKqUHODG\QDPLTXHGHIL[DWLRQG¶D]RWHODG\QDPLTXHGHSURGXFWLRQHWGH
GpFRPSRVLWLRQ GHV OLWLqUHV DpULHQQHV O¶DFFXPXODWLRQ GH & 1 HW pOpPHQWV PLQpUDX[
dans le sol ?
-'DQVOHIRQFWLRQQHPHQWGXSHXSOHPHQWTXHOOHHVWO¶LPSRUWDQFHGHO¶amas de racines
qui se développe peu à peu dans la litièrejSDUWLUGHO¶kJHGHDQV ?
-4XHOOH HVW O¶LQIOXHQFH GH O¶H[SORLWDWLRQ GH OD MDFKqUH VXU OD IHUWLOLWp du milieu et le
stockage de C?
(QSOXVG¶pYDOXHUODTXDQWLWpGHQXWULPHQWVH[SRUWpHSDUODFDUERQLVDWLRQRQpourrait
estimer ce qui peut être restitué par les cendres de la carbonisation ainsi que la
dynamique des stocks de C, N et des éléments minéraux du sol (0-1m de
profondeur) et de la litière entre deux périodes clé : avant exploitation de la jachère
et après abandon de la culture suivante. Un suivi dans le temps dans trois ou quatre
SDUFHOOHVSRXUUDLWrWUHIDLWGDQVO¶LQWHUYDOOHGHPRLVjDQV8QHFRPSDUDLVRQGHV
stocks avec celui des savanes environnantes serait également utile. Enfin, un
indicateur de fertilité serait lD FURLVVDQFH GH O¶acacia en deuxième rotation en
comparaison avec la première rotation.
'¶DXWUHVPRGqOHVDJURIRUHVWLHUVPpULWHQWG¶rWUHWHVWpVRXGpYHORSSpVHQ5'&
&HSHQGDQW G¶DXWUHV PRGqOHV GH V\VWqPHV DJURIRUHVWLHUV PpULWHQW G¶rWUH WHVWpV RX
développés GDQVG¶DXWUHVFRQGLWLRQVpFRORJLTXHVHWVRFLR-économiques du pays, par
H[HPSOHHQJpUDQWOHUHFUXQDWXUHOG¶HVSqFHVORFDOHVjXVDJHVPXOWLSOHV
Le modèle Mampu est une réussite adaptée aux plateaux Batéké, mais presque
partout actuellement en RDC, on se réfère hélas à ce seul modèle. On tente de
l'appliquer dans des régions où le couvert forestier naturel existe et où une simple
mise en défens suffirait pour retrouver une couverture végétale naturelle abondante.
Par exemple, les Nkunku sont un type de jachère améliorée ou assistée, résultat de
O¶LQWHUYHQWLRQVpFulaire des populations Bakongo habitant les Districts des Cataractes
et de la Lukaya. Celles-ci aboutissent, dans certains cas de protection continue sur
une longue période, à la création de véritables agroforêts. Celles-ci contiennent une
grande diversitp G¶HVSqFHV ORFDOHV HW SDUIRLV H[RWLTXHV TXL \ VRQW SURWpJpHV HW
parfois réintroduites pour leurs multiples usages (production de fruits, feuilles
G¶HPEDOODJH IHXLOOHV FRQVRPPpHV SDU OHV DQLPDX[ GRPHVWLTXHV RX OHV FKHQLOOHV
comestibles (Latham, 2003), support de champignons, fleurs butinées par les
abeilles, pharmacopée, et, en éclaircie ou exploitation sanitaire, bois de feu et
G¶°XYUH Le projet Makala étudie ces agroforêts traditionnelles et détermine les
conditions techniques et socio-économiques de leur enrichissement et diffusion.
'¶DXWUHSDUW sur le plateau Batéké, le projet européen Makala, a commencé à tester
les méthodes de RNA, dans les derniers lambeaux de forêts galerie, avec la
collaboration des populations qui les mettent en culture.
/¶DJULFXOWHXU GpIULFKH WRXW G¶DERUG OH VRXV ERLV HQVXLWH LO pYDOXH UDSLGHPHQW OH
SRWHQWLHOGHVOLJQHX[SUpVHQWVVXUVDSDUFHOOH,OV¶LQWHUURJHDLQVLVXUOHVHVSqFHVTX¶LO
souhaite conserver, soit pour leur rôle fertilisant, soit pour les diverses productions
TX¶HOOHV SHXYHQW OXL RIIULUDX FRXUVGHV SURFKDLQHV DQQpHV FKHQLOOHV IUXLWV ERLVGH
FKDXIIDJH ERLV G¶°XYUH SKDUPDFRSpH HWF ,O pYDOXH O¶DERQGDQFH GH FKDTXH
HVSqFH VXU VD SDUFHOOH HW V¶LQWHUURJH VXU OD JrQH TX¶HOOHV SHXYHQW RFFDVLRQQHU DX[
culturesVXUOHVGLIILFXOWpVpYHQWXHOOHVGHVDXYHJDUGHDXPRPHQWGHO¶DEDWWDJHHWGH
OD PLVH j IHX )RUW GH FHWWH UpIOH[LRQ LO VpOHFWLRQQH OHV DUEUHV TX¶LO VRXKDLWH
FRQVHUYHU HQ HVVD\DQW GH OHV UpSDUWLU DX PLHX[ GDQV O¶HVSDFH HQ FRQVHUYDQW DX
moins un individu de chaque espèce utile et en limitant le recouvrement des
KRXSSLHUVSRXUpYLWHUO¶RPEUDJHH[FHVVLIDX[IXWXUHVFXOWXUHVODGHQVLWpYDULHVXLYDQW
O¶RSDFLWp GHV KRXSSLHUV HW FRUUHVSRQG HQ PR\HQQH j DUEUHVKD DVVXUDQW XQ
UHFRXYUHPHQWG¶HQYLURQ
Il abat ensuite les autres arbres, en limitant les dégâts aux arbres conservés. Les
troncs sont débités en vue de la production de charbon ou sciés. La base des arbres
à conserver est dégagée de branchages sur un rayon de 2 m. Les rémanents ne
sont brûlés qu¶DSUqVRXSOXLHVPP/HVGpJkWVG¶DEDWWDJHHWOHSDVVDJHGX
feu réduisent la densité arborée à environ 20 arbres/ha. Le charbon est alors
fabriqué et la parcelle semée en céréales (maïs, etc.). Trois mois plus tard, les
céréales sont récoltées et le manioc bouturé. La parcelle est alors sarclée. Parmi les
MHXQHV UHSRXVVHV G¶DUEUHV VHPLV UHMHWV RX GUDJHRQV O¶DJULFXOWHXU VpOHFWLRQQH
FHOOHVTX¶LOYHXWJDUGHUHQSDUWLFXOLHUGDQVOHVWURXpHVHWOHVGpVLJQHSDUXQSLTXHW
Elles seront conservées et pFODLUFLHV SDU O¶pTXLSH GH VDUFODJH $SUqV OD UpFROWH GX
manioc, la végétation conservée et spontanée pourra se développer pendant le cycle
de jachère (6-12 ans) (photo 13) /¶DJULFXOWHXU XWLOLVHUD FHW HVSDFH SRXU VHV
cueillettes, ainsi que pour le pâturaJHODFKDVVHO¶DSLFXOWXUHHWF
GLASER B., LEHMANN J., and ZECH W., 2002. Ameliorating physical and chemical
properties of highly weathered soils in the tropics with charcoal: A review, Biol. Fertil.
Soils, 35, 219±230 (2002).
JENKINSON D.S. and AYANABA A., 1977. Decomposition of carbon-14 labeled
plant material under tropical conditions, Soil Sci. Soc. Am. J., 41, 912±915 (1977).
GAZULL, L., 2009. /HEDVVLQG¶DSSURYLVLRQQHPHQWHQERLV-énergie de Bamako. Une
DSSURFKHSDUXQPRGqOHG¶LQWHUDFWLRQVSDWLDOH7KqVHGHGRFWRUDWUniversité Paris 7
Denis Diderot, France. 311 p.
d e s d iffé re n ts ty p e s d ’é ro s io n
L e s p a r c e l l e s d ’ é r o s i o n p e r m e t t e n t d ’ é v a l u e r p r é c is é m e n t l e s r i s q u e s é r o s i f s r e l a t i f s à
d iv e r s e s c u lt u r e s , t e c h n iq u e s c u lt u r a le s , s o ls , p e n t e s , c lim a t s , m a is p a s l’é r o s io n r é e lle d a n s
l’e s p a c e d e s b a s s in s v e r s a n t s .
P o u r é v a lu e r la ré p a r t it io n s p a t ia le d e s r is q u e s d e s d iv e r s t y p e s d ’é r o s io n , il f a u t
c o m b in e r :
- l’o b s e r v a t io n d e s é t a t s d e s u r f a c e e t le s t r a c e s d ’é r o s io n ,
- le s a lé a s c lim a t iq u e s e n f o n c t io n d e l’o r ie n t a t io n d e s v e n t s e t d e s v e r s a n t s ,
- l’a n a ly s e d ’im a g e s à d if f é r e n t e s é c h e lle s d e p u is d e s p o in t s é le v é s , d e s d r o n e s o u d e s b a llo n s ,
d e s a v io n s o u d e s s a t e llit e s ,
- l’a n a ly s e d e s t r a c e u r s r a d io a c t if s c o m m e d e c é s iu m o u le b é r y lliu m …
L ’u s a g e d e s im u la t e u r s d e p lu ie s p e r m e t d e d é f in ir p o u r c h a q u e z o n e la d y n a m iq u e
a c t u e lle d e l’e a u d e p lu ie , l’é v o lu t io n d e la s t a b ilit é d e la s u r f a c e d u s o l p r o t é g é p a r s a
c o u v e r t u r e v é g é t a le e t le s m e ille u r s in d ic a t e u r s .
L’intégration des familles paysannes haïtiennes dans la lutte
antiérosive à travers la cartographie participative.
DELERUE Florian
f.delerue@avsf.org
Résumé :
Cet article présente une expérience de lutte antiérosive intégrée dans le Sud-Est d’Haïti. Les origines
biogéographiques, économiques et sociales de l’érosion sont explicitées. La cartographie participative
est posée comme modèle pouvant faciliter la réussite de la Gestion Conservatoire de l’Eau et de la
Fertilité des Sols dans la zone face aux échecs courants des projets de lutte antiérosive.
Les caractéristiques agroécologiques du milieu sont présentées, distinguant les zones dégradées et
celles favorables à l’agriculture. Les familles paysannes utilisent déjà des pratiques de conservation
des sols et de gestion de l’eau et de la biomasse, mais elles restent insuffisantes. Une maquette en 3
dimensions de la zone est construite dans la communauté. Elle permet de créer un espace de
dialogue avec la population locale pour une utilisation plus rationnelle des terres. Elle présente les
services de base à la population dans la zone ainsi que les ressources disponibles, l’usage actuel et
l’état de fertilité / dégradation des terres. Des séances d’animation sont organisées autour de cette
maquette pour dynamiser les réflexions de la population quant à son territoire. Des consensus se
dégagent pour la mise en œuvre des structures antiérosives et des propositions globales pour le
développement et l’aménagement de la zone sont faîtes. Les résultats sont prometteurs pour le
traitement des ravines et pour la création de lots boisés mais l’implantation des structures antiérosives
dans les parcelles agricoles reste difficile. Les pratiques de fertilisation sont encourageantes mais
insuffisantes.
Finalement, les paysans deviennent acteurs de la réflexion concernant la lutte antiérosive et les
techniques sont mieux comprises, choisies et maîtrisées. Le modèle présenté peut être reproduit,
mais le développement d’un contexte socioéconomique plus favorable est aussi indispensable comme
la diminution de la pression démographique et l’utilisation d’énergies alternatives au charbon de bois.
Mots-clés : Haiti, projet GCES, cartographie des zones, discussion avec paysans,
aménagement ravines, terres dégradées, champs, fertilisation.
Abstract:
This article presents an integrated erosion control experience in the South-East of Haïti.
Biogeographical, economical and social roots of erosion are explained. Participatory mapping is
proposed as a model to help successful land husbandry in the area taking into account many erosion
control projects failures.
Agroecological characteristics of the environment are exposed, focusing on the differences between
erosion damaged areas and areas suitable for agriculture. Farmer’s families already use some erosion
control and water and biomass management techniques, but they are not very efficient. A 3
dimensional model of the area is built in the community. It helps to create a dialoguing space with the
local population to think about a more rational way of land use. It shows population basic services
access in the area as well as the available resources, current land use and land fertility / degradation
level. Brain storming meetings are organized around the model to strengthen population thinking
regarding his territory. General agreements are achieved about erosion control structures
implementation and global propositions about area development are made. Results are promising
concerning gullies treatment and creation of wooded areas but establishment of erosion control
structures in agricultural allotments is still difficult. Fertilization practices are encouraging but not
enough developed.
Finally, farmers become thinking actors in erosion control strategies and techniques are better
understood, chosen and mastered. This outlined model can be repeated, but the development of a
more favorable socioeconomical context is also needed like demographic pressure reduction and the
use of alternative energies to charcoal.
Keywords : Haiti, village territory management, maquette, gully, degraded areas &
fields management with villagers dialogue
Problématique :
Les racines de l’érosion en Haïti :
La république d’Haïti (partie occidentale de l’île d’Hispaniola) est dominée par un
relief montagneux occupant 75% de l’espace soit 20 000 des 27 750 km² du pays
(Bennani et Dory 2003). Située entre les 18ème et 20ème parallèles Nord, Haïti est
soumis à un climat tropical humide à deux saisons de pluies interrompues par deux
périodes sèches. Cette combinaison entre topographie accidentée et pluviométrie
importante crée un contexte géographique local favorable à l’érosion.
Dans cet environnement à risque, la paysannerie haïtienne a su développer des
méthodes et des techniques de cultures adaptées. Les parcelles à proximité directe
des habitations ou jardins ‘lakou’ sont caractérisées par un système agroforestier
dense où l’ensemble des strates de la végétation sont exploitées. Issus de la période
coloniale, les systèmes de cultures de café et dans une moindre mesure de cacao
sous couvert arboré ont longtemps permis une valorisation durable des terres de
montagnes. Mais suite à la baisse des cours du café avec la libéralisation du marché
à la fin des années 80 et les différentes crises économiques liées à l’instabilité du
pays, les surfaces caféières ont largement diminué au profit d’une agriculture
vivrière. En parallèle, la pression démographique est passée de 185 habitants / km²
dans les années 80 à près de 300 habitants / km² aujourd’hui avec plus de 8 millions
d’habitants (Bennani et Dory 2003).
Aussi, Haïti est détenteur du triste record du pays le plus pauvre de l’hémisphère
américain (rang IDH = 153ème place sur 177 classés) et la population (à 60% rurale)
vit en très grande majorité en dessous du seuil de pauvreté (IHSI 2003). Avec la forte
pression démographique, même les terres les plus pentues sont valorisées par une
agriculture vivrière de survie sans structure antiérosive et sur des surfaces très
restreintes souvent inférieures à 0,5 ha. Pourtant les sols en pente ont un potentiel
agronomique réduit et sont très sensibles à l’érosion.
Dans les zones rurales, les services de base à la population sont très rares (écoles
publiques, centre de santé, poste de police, tribunal, voix de communication,
marchés). L’accès à ces services est limité, nécessite souvent un déplacement en
ville, et représente des coûts supplémentaires pour les familles paysannes. Dans ce
contexte économique et social déprimé, avec la forte demande en charbon de bois à
travers tout le pays pour l’usage domestique, la coupe d’arbres s’accélère et atteint
des proportions extraordinaires. En effet, la vente de charbon permet aux paysans
de faire face au besoin urgent de liquidité. La couverture forestière actuelle en Haïti
est estimée inférieure à 2% (Michel 2005) (photo 1).
L’érosion et la crise environnementale actuelle :
La disparition de la couverture arborée entraîne une crise environnementale sans
précédent. L’érosion en nappe provoque un appauvrissement important des terres
mises en cultures (photo 2) et les rendements agricoles diminuent, fragilisant encore
plus les familles paysannes entrainées dans un cercle vicieux infernal : baisse des
rendements, baisse des revenus, coupe des arbres et vente de charbon,
augmentation de l’érosion, baisse des rendements…
Le cycle de l’eau est complètement perturbé, l’infiltration est minimale, le
ruissellement maximal. Le niveau des crues est anormalement élevé provoquant des
dégâts matériels et des pertes humaines importantes. A l’été 2008, après 3 cyclones
et une tempête tropicale 90 000 ha de productions agricoles ont été détruits (maïs,
haricot, sorgho…) et 300 000 têtes de bétail sont mortes (bœufs, chèvres, cochons)
(www.agriculture.gouv.ht). En période sèche, les cours d’eau et les sources
s’assèchent.
Hormis le plateau de Michineau, les pratiques agricoles dans des zones de fortes
pentes aboutissent à des processus érosifs (photos 5 et 6) largement répandus
surtout dans les zones 2, 4 et 5. Le ravinement y est particulièrement développé
(Photo 5).
Tableau 1 : les pratiques de gestion de l’eau de la biomasse et de la conservation des sols dans la zone
Technique Description Utilité Limites
Quelques piquets soutiennent des
Structure non pérenne, barrière
feuilles de palmiers ou autres
Rampes de paille Barrière antiérosive perméable, non respect des
‘pailles’ formant des rampes dans
courbes de niveau
les parcelles.
Plantation en bandes d’herbes Barrière antiérosive, Non respect des courbes de
Bandes enherbées d’herbe de guinée (Panicum infiltration de l’eau et niveau. Structures interrompues
maximum) voire de cannes à sucre délimitation des parcelles pouvant favoriser l’érosion linéaire
Murs en pierre Empilement de roches formant des Barrière antiérosive, Créer Non respect des courbes de
sèche murs dans les parcelles agricoles plus d’espace cultivable niveau, pas de fondations solides
Favorise l’érosion dans les zones
Brulis de la matière végétale Préparation et fertilisation
Le brulis en pente. Non enfouissement de
résiduelle rapide des sols
la matière organique
Concentration de la
Enfouissement des herbes sarclées
matière organique et
Le buttage sous des buttes où sont plantées
améliore la structure du
patates douces et ignames.
sol
Production de matière organique là Transferts de fertilité vers les
La gestion des où le bétail est au piquet. Transport Enrichissement en matière zones riches et dégradation des
déchets animaux des déchets vers des parcelles organique zones pauvres. Pas de réelles
d’intérêt particulier pratiques de production de fumier
Méthodologie :
Intégration de la population et cartographie participative :
L’originalité de l’expérience présentée ici réside dans l’intégration des familles
paysannes à 4 niveaux d’analyse et d’intervention qui sont tous spatialisés, c'est-à-
dire concrètement localisés et raisonnés dans une vision globale du bassin versant:
- Le diagnostic du milieu : identification de ses potentiels et ses limites, des
phénomènes et risques érosifs
- La réflexion sur les alternatives à proposer pour une gestion plus rationnelle des
terres et de l’espace
- La prise de décision quant aux actions à mener
- L’exécution du travail identifié
Tous les paysans, quel que soit leur niveau d’éducation, ont une connaissance
partielle mais approfondie et spatialisée du milieu dans lequel ils évoluent chaque
jour (Flavelle 2002). Il s’agit donc de créer un outil adapté permettant de faire la
somme de ces connaissances individuelles et de créer un espace d’échange
adéquat en particulier avec les acteurs du développement rural (techniciens et
agronomes du projet). La réflexion est alors portée à l’échelle du bassin versant en
entier. Cette approche est directement issue de la discipline de la cartographie
participative.
Le taux d’illettrisme est très important dans la population rurale haïtienne. De plus les
cadres formés en Haïti sont peu habitués à manipuler des cartes classiques en 2
dimensions. Alors, la construction d’une maquette en 3 dimensions du bassin versant
est privilégiée. La 3ème dimension permet de développer une expérience sensorielle
(visuelle, tactile) permettant à tous, paysans, élus, techniciens, agronomes de bien
se repérer et de raisonner ensemble l’aménagement d’un même espace.
Photo 9 : Report des informations : on commence par les Photo 10 : Report des informations : l’usage de la terre est peint
éléments les plus faciles à identifier (rivières en bleu) en dernier sur l’ensemble de la surface
Utilisation de la maquette pour la lutte antiérosive intégrée:
L’organe de prise de décision au sein du projet est le comité de pilotage. Des
représentants des organisations de base de toutes les localités de la zone, des
autorités locales, du ministère de l’agriculture, de la CROSE et d’AVSF se réunissent
pour décider des orientations à donner au projet. L’équipe technique fait des
propositions qui sont débattues jusqu’à obtention d’un consensus au sein du comité.
Les activités en relation avec l’aménagement du bassin versant et la lutte antiérosive
sont directement discutées autour de la maquette en 3 dimensions (photo 11).
Les zones d’intervention et les techniques choisies sont localisées sur la maquette.
Les caractéristiques du milieu et le zonage agroécologique présenté ci-dessus sont
visibles et compréhensibles pour les participants à l’aide des symboles et jeu de
couleurs utilisés sur la maquette. Alors les décisions sont bien l’aboutissement d’une
réflexion commune avec les représentants de la population en fonction des potentiels
de chaque zone et des limites et contraintes observées.
Tableau 2 : Choix des techniques et des zones à aménager en fonction des observations autour de la maquette en 3
dimensions.
Domaine Technique Méthodologie Objectif
Identification des zones sur la
Protection des parcelles agricoles
maquette (zone agroécologique 2, 4, 5,
avec des structures biologiques
Bandes enherbées en versants des ravines aménagées).
pérennes permettant le
courbe de niveau : Précision du choix des espèces en
développement d’une production
herbes de guinée, fonction du degré de dégradation /
rapide pour les exploitants.
cannes à sucres, fertilité. Délimitation de la zone (GPS)
Amélioration de pratiques déjà
ananas et rencontre de l’ensemble des
existantes : rampes de paille, bandes
exploitants de la zone. Planification et
enherbées.
exécution
Conservation
‘Bandes manger’ en
des sols
courbe de niveau : gros Identification des zones sur la Protection des parcelles agricoles à
dans les
sillon de bananes / Gros maquette (zone agroécologique 3). forte production mais soumis à un
parcelles
billon de patates douces Délimitation de la zone (GPS) et risque d’érosion avec des structures
agricoles
ou d’ignames / bandes rencontre de l’ensemble des exploitants biologiques développant une
enherbée de cannes à de la zone. Planification et exécution production rapide et variée
sucre ou d’ananas.
Identification des zones sur la
maquette (zone agroécologique 2, 3,4, Protection des parcelles agricoles,
Murs secs en courbe de 5, zones avec beaucoup de roches). augmentation de l’espace cultivable
niveau Délimitation de la zone (GPS) et et amélioration d’une pratique déjà
rencontre de l’ensemble des exploitants existante : murs sans fondation
de la zone. Planification et exécution
Priorisation des ravines à traiter sur la
Stabiliser le ravinement et recréer
Traitements maquette en 3 dimensions. Relevé
Seuils en pierres des espaces de cultures sur les
des ravines topographique des ravines. Planification
sédiments accumulés
et exécution
Identification des larges zones sur la
maquette (zone agroécologique 2, 4, 5.
Réhabiliter des versants entiers par
Délimitation et découpage parcellaire
la création de lots boisés avec des
de la zone (GPS). Calcul de la
espèces à bonne valeur ajoutée :
Plantation de lots boisés productivité économique des terres.
Réhabilitation bois d’œuvre, variétés fruitières
d’arbres forestiers et Rencontre de l’ensemble des
de zones intéressantes (contre saison,
fruitiers sur des grands exploitants de la zone et signature de
dégradées potentiel commercial). Changement
espaces contrat. Planification et exécution des
d’utilisation de l’espace de
plantations. Distribution d’une aide
l’agriculture vers une sylviculture
financière pour compenser la diminution
durable et productrice de revenus.
de la production et des revenus
pendant 10 ans.
Par la suite, les aménagements réussis sont reportés sur la maquette avec des
symboles adaptés pour un suivi régulier par la communauté et une actualisation des
données pour les réflexions futures (photo 12).
Les techniques antiérosives débattues au sein du comité sont résumées dans le
tableau 2 ci dessous Les pratiques paysannes observées, présentées plus haut, sont
valorisées et améliorées lorsqu’elles sont pertinentes. Rappelons que, dans le cadre
de la GCES, la conservation des sols n’est pas une fin en soi mais est intégrée à un
paquet technologique visant à améliorer leur condition de vie, notamment par
l’amélioration des résultats économiques des exploitations (Roose, 1994).
Photo 13 : Ravine aménagée en janvier 2008. Plantation de Photo 14 : Ravine traitée en janvier 2008. Plantation de
bananes et tarots (Photo prise en Juillet 2009) bananes. (Photo prise en Juin 2008)
Structures antiérosives :
Les réflexions autour de la maquette en 3 dimensions sont axées sur le traitement de
2 types de zones :
- zones dégradées d’intérêt particulier : versant de ravines traitées, protection de
zones habitées. Des choix sont faits entre murs secs ou bandes enherbées.
- zones productives, en pente, en voie de dégradation pour faciliter l’augmentation ou
le maintien de la production. Des choix sont faits entre murs secs et ‘bandes
manger’.
Les aménagements suivant ont été réalisés :
• 2 hectares ou 2 600 m linéaires de murs secs. Des paysans ont reproduit les
aménagements dans quelques parcelles en respectant les normes techniques
enseignées (fondation, courbe de niveau). Par la suite, les structures devront
être réparées en cas de dégâts et rehaussées lorsqu’un terrassement
commencera à se former.
• 4 hectares ou 4 700 m linéaires de ‘bandes manger’. Suite à un retard dans la
livraison des drageons et des boutures, et suite à une incompréhension générale
de cette méthode nouvelle, l’implantation des ‘bandes manger’ a majoritairement
échoué. Les raisons ont été discutées par le comité de pilotage et une autre
expérience va être tentée.
• 32 hectares ou 40 700 m linéaires de bandes enherbées, principalement d’herbes
de guinée et de cannes à sucre. La technique d’implantation de ces structures est
maîtrisée (photo 17) mais par la suite, l’absence de contrôle sur les caprins
friands des jeunes pousses qui se développent dans les bandes reste
problématique. La localisation des bandes enherbées dans des parcelles
dégradées, souvent loin des habitations, ne facilite pas leur suivi et entretien. Le
taux de réussite est estimé à moins de 50%. Des parcelles sont cependant bien
protégées (photo 18). Une reproduction spontanée de cette technique dans
plusieurs parcelles est visible.
Pour 3 parcelles aménagées en bandes enherbées, les revenus obtenus ont été
calculés et comparés aux parcelles voisines non aménagées. L’augmentation
moyenne des revenus est de 60% et résulte surtout du développement d’une
nouvelle production (fourrage, canne à sucre) et dans une moindre mesure d’une
augmentation des rendements.
Photo 17 : Implantation de bandes enherbées par bouturage Photo 18 : Parcelle aménagée en bandes enherbées d’herbe
(ici herbe de guinée) de guinée
Pour mesurer l’impact des structures antiérosives sur l’érosion et l’infiltration des
eaux, des systèmes de recueils des eaux de ruissellement (FAO 1977) ont été
imaginés. Mais dans la zone reculée du projet, cette étude n’a pas été possible (pas
de courant permanent même en ville, récolte et transport régulier des échantillons de
sédiments vers l’étuve, coûts…)
Globalement, malgré des réussites et une réplication spontanée des techniques,
l’implantation des structures antiérosives dans les parcelles agricoles reste difficile.
Discussion / Conclusion :
Cet article présente la démarche développée dans un projet de développement.
L’ensemble des résultats chiffrés ci-dessus sont issus de quelques enquêtes qui ne
satisfont pas aux règles d’échantillonnage et de traitement statistique d’une
démarche scientifique de recherche. Mais par rapport au temps et ressources
disponibles, ces enquêtes restent nécessaires dans la recherche d’indicateurs pour
estimer les résultats atteints.
Nous l’avons vu, la participation de la communauté est réelle pour la priorisation des
zones à traiter, notamment pour la recherche de l’augmentation de la production ou
des revenus via le développement des techniques antiérosives et de fertilisation
adaptées. Les paysans sont acteurs de la réflexion concernant ces techniques,
celles-ci sont alors mieux comprises, choisies et maîtrisées.
Mais la méthode présentée ici est un moyen, pas une fin. Il est clair que :
- la réussite des traitements de ravines est aussi le résultat d’une bonne exécution
technique de ces aménagements.
- la réussite des lots boisés est aussi liée à la démarche de compensation
financière des pertes agricoles précisée clairement par contrat.
- les difficultés pour les structures antiérosives dans les parcelles sont liées à des
problèmes multiples : fonciers (faire valoir indirect, atomisation des parcelles),
moyens de contrôle des aménagements (parcelles éloignées, élevage de
caprins), manque d’intérêt de certains exploitants…
L’érosion en Haïti résulte d’un contexte socioéconomique difficile pour la population
rurale. La lutte antiérosive ne peut pas être isolée d’actions complémentaires :
intensification agricole, maraichage, greffage, développement des services de base,
appui aux organisations de base… Grâce à la maquette, la lutte antiérosive est
justement intégrée à une démarche plus complète de développement et
d’aménagement, confortant l’approche de la GCES pour une amélioration globale
des conditions de vie des populations rurales. Là encore la population peut participer
à la proposition de plans achevés et ambitieux. Dans la zone, afin de rendre
accessible à la communauté le plan d’aménagement récemment défini, l’opportunité
de le retraduire sous forme de maquette est en discussion.
Même dans un bassin versant de petite taille (45 km²), fortement dégradé, quel peut
être l’impact réel des aménagements présentés ici sur le ruissellement et l’érosion à
l’échelle du bassin ? Un changement d’échelle s’impose. Aussi pour atteindre des
résultats plus probants, des problèmes sont à résoudre au niveau national :
Comment gérer la pression démographique : développement du secteur secondaire
et tertiaire pour diminuer la pression du secteur primaire ? Accès à la santé et à la
contraception ? Et comment diminuer la demande de charbon : développement
d’énergies alternatives au charbon ? Lesquelles ? Quelle politique énergétique ?
Même si ces dimensions dépassent le cadre de notre intervention, le modèle
développé et présenté ici pourrait être répliqué pour faciliter la lutte antiérosive en
Haïti ou ailleurs.
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EVALUATION DES PERTES EN TERRES EN REGION DE
MONTAGNE TROPICALE HUMIDE (cas du massif volcanique des
Bambouto - Ouest Cameroun)
LEUMBE LEUMBE Olivier1, BITOM Dieudonné², ASSAKO ASSAKO René3
leumbeleumbe@yahoo.com
1
Institut National de Cartographie
2
Université de Yaoundé I
3
Ecole Normale Supérieur de Yaoundé
Résumé
Le massif volcanique des Bambouto dans l’Ouest Cameroun, est un
écosystème de montagne tropicale humide particulièrement exposé à la dégradation
des sols en raison de son relief très accidenté, de la forte pluviosité et de la faible
densité de son couvert végétal. Sur un tout autre plan, les sols de la région, réputés
fertiles, attirent les populations et cette pression anthropique sur le milieu accroît
encore la vulnérabilité de cet environnement de montagne tropicale, avec pour
conséquence une intense érosion des sols.
Afin d’évaluer l’ampleur de ce phénomène dans la région, l’Equation
Universelle des Pertes en Terre (USLE) de Wischmeier et Smith (1978) a été mise à
contribution pour la quantification des taux d’érosion, estimée à 674 t ha-1 an-1 ; et
l’intégration des paramètres de cette équation dans un système d’information
Géographique a permis d’y spatialiser et d’hiérarchiser les pertes en terre.
Au vue de la vitesse de dégradation du couvert végétal naturel dans la région,
les taux d’érosion devraient croitre avec le temps et conduire à moyen terme à une
situation de crise alimentaire dans ce secteur peuplé à 90% d’agriculteur Bamiléké.
Mots clés: Montagne tropicale humide, Mt Bambouto, dégradation des sols, taux
d’érosion, système d’information géographique.
Abstract
The Bambouto volcanic mountains in the western Cameroon is an ecosystem of
humid tropical mountain particularly exposed to the degradation of soils because of
its accidented relief, high rainfall and the low vegetation cover. On the other hand,
the soils of the region with known fertility, attracts the population whose anthropic
pressure on the milieu increases the vulnerability of its environment with remarkable
degradation of soils through erosion.
In order to evaluate the rate of erosion in the region, the Universal Soil Loss
Equation (USLE) of Wischmeier and Smith (1978) was used for the estimation of
total soil losses due to erosion; evaluated at 674 t/ ha-1yr-1.
Considering the rate of degradation of the natural vegetal cover, the erosion
rate would rise and the fall in soil fertility demonstrated through severe reduction in
agricultural production, and in the medium term to a severe food shortage in this
sector populated to 90% by Bamileke farmers.
Key words: Tropical humid mountain, Mt Bambouto, soil degradation, erosion rate,
geographic information system.
INTRODUCTION
L’Agenda 21 de Rio de Janeiro en 1992 a démontré la fragilité des
environnements montagnards (Beniston, 2000), en raison de leur relief très
accidenté et de la faible densité du couvert végétal (Morgan, 1995). La fragilité de
ces environnements dans les régions tropicales humides est aggravée par la
pluviosité qui y est particulièrement élevée (Ngoufo, 1988 ; Chavez, 2003).
Compte tenu de ces facteurs extrinsèques, les sols de ces régions sont
potentiellement exposés à la dégradation, qui se manifeste principalement par
l’érosion hydrique, phénomène lent, continu et irréversible (Auzet et al., 1987 ; Bonn,
1998).
Par ailleurs, compte tenu des propriétés intrinsèques de ces sols,
particulièrement propices à l’agriculture (Tematio et Olson, 1997), ces milieux
subissent une forte pression anthropique qui accroît encore la vulnérabilité de ces
écosystèmes de montagne tropicale humide (Delannoy et Rovéra, 1996 ; Reusing et
al., 2000).
De nombreuses études ont déjà été faites en relation avec l’érosion des sols
dans plusieurs région du monde (Roose, 1977 ; Roose, 1981 ; Pierce, 1991 ; Jager,
1994). Cameroun cependant, les connaissances dans le domaine restent
parcellaires ; d’où une quasi impossibilité d’avoir une idée sur l’ampleur dudit
phénomène, conditions pourtant indispensables pour une prise de mesures
conservatoires adaptées et efficaces.
Le choix de la zone d’étude s’est porté sur les hautes terres de l’Ouest
Cameroun car, les observations faites par Fotsing (1989) qui y notait que l’érosion
constituait la principale menace pour les paysanneries de la région sont nettement
perceptibles aujourd’hui. Mais, dans l’impossibilité de mener ces travaux sur ce vaste
ensemble, le massif volcanique des Bambouto a été retenu comme site d’étude en
raison de sa grande diversité morphologique, climatique, géologique, pédologique et
phytogéographique (Schnell, 1977 ; Tchoua, 1974 ; Ngoufo, 1988 ; Morin, 1988 ;
Tematio et Olson, 1997).
L’objectif de la présente étude est donc d’une part, de quantifier les pertes en
terre sur les sols du massif volcanique des Bambouto à l’aide de l’Equation
Universelle des Pertes en Terre (USLE) de Wischmeier et Smith (1978) et d’autre
part, par intégration des paramètres de cette équation dans un système d’information
géographique, de spatialiser et d’hiérarchiser la répartition des pertes en terre sur
l’ensemble du massif. L’USLE expérimentée aux Etat Unis, est de plus en plus mise
à contribution sur les sols volcaniques en région de montagne tropicale humide par
de nombreux auteurs (Verbista et al., 2002 ; Miller J.D et al., 2003 ; Chavez, 2003 ;
Rakotoarison, 2003). Dans le massif volcanique des Bambouto, le modèle a été
appliqué sur les sols formés sur pentes comprises entre 2 et 25%, ce qui
représentent environ 75% de la superficie totale de la région (Leumbe Leumbe,
2008).
III- RESULTATS
1- Evaluation des pertes en terre par unité pédologique
Les résultats de l’évaluation des pertes en terre sont résumés dans le tableau
4.
Tableau 4: Taux d’érosion (A) par unité pédologique dans le massif des Bambouto.
Paramètres R K LS C P A
-1 -1 -1 -1
Unités pédologiques (MJ.mm/ha.hr.an (MJ mm hr) (t ha an )
)
Andosols très peu différenciés 668,4 0,331 18,60 0,5 0,19 391
sur reliefs pentus sous culture
Andosols très peu différenciés 668,4 0,331 18,60 0,001 1 4
sur reliefs pentus sous foret
Lithosols 332 0,326 10,45 1 0,14 158
Andosols très peu différenciés 490 0,604 6,05 0,5 0,12 107
sur reliefs peu pentus
Andosols typiques 380 0,287 1,51 0,5 0,1 11
Sols ferrallitiques typiques 332 0,173 0,804 0,5 0,12 2
Sols andiques ferrallitiques 380 0,056 0,65 0,5 0,1 1
La multiplication de cartes obtenues par spatialisation des paramètres de
l’USLE sous le Raster Calculator d’ArcGIS 9.2 a permis d’hiérarchiser la distribution
de l’érosion des sols sur le massif volcanique des Bambouto (fig. 8).
Figure 8 : Carte de répartition des pertes en terres sur les sols du massif des
Bambouto.
Les taux d’érosion atteignent les valeurs très fortes sur les andosols très peu
différenciés sur reliefs pentus (391 t ha-1 an-1), sur les andosols très peu différenciés
sur reliefs peu pentus (158 t ha-1 an-1) et sur les lithosols (107 t ha-1 an-1) (tab. 4). Sur
les andosols typiques le taux est de 11 t ha-1 an-1 ; 4 t ha-1 an-1 sur les andosols très
peu différenciés sur reliefs pentus dans la caldeira, sous couvert forestier ; 2 t ha-1
an-1les sols ferralitiques typiques et 1 ha-1 an-1 sur les sols andiques ferralitiques. En
somme, les sols sur lesquels le taux d’érosion est faible représentent 68% de la
superficie du massif, contre 5% seulement pour les domaines à risques moyen à très
fort (fig. 8).
4. DISCUSSIONS ET INTERPRETATIONS
- Validité de la méthode d’étude
L’Equation Universelle des Pertes en Terre (USLE) de Wischmeier et Smith
(1978), est un modèle très utilisé à travers le monde pour la quantification des taux
d’érosion (Laflen et Moldenhauer, 2003).
Cependant, la détermination des pertes en terre par l’USLE a nécessité
quelques adaptations au fil du temps (Moore et Wilson, 1992). Par exemple, la
disponibilité de données sur l’intensité de pluies maximales à intervalles de 30
minutes sur une période d’au moins 30 ans, nécessaire pour le calcul du facteur
d’agressivité des précipitation (R) n’est pas toujours évidente. Roose (1981) a alors
établi la formule R = p x a, dans laquelle le facteur « p » représente l’intensité des
pluies moyennes annuelles beaucoup plus accessibles et « a » un coefficient
variable d’un écosystème à l’autre. Dès lors, de nombreux auteurs ont pu appliquer
l’USLE de Wischmeier et Smith (1978) dans plusieurs régions tropicales du monde.
C’est le cas de Khan et al. (1992) et Chambers (1998) au Pakistan, de Verbista
(2002) dans la région de Sumatra en Indonésie, de Chavez (2003) dans la chaîne de
montagnes de Los Maribios au Nicaragua ou de Karine et al. (2006) au Viêtnam.
CONCLUSION
L’évaluation des pertes en terre (modèle USLE) sur les sols du massif
volcanique des Bambouto dans l’Ouest Cameroun a révélé que dans les régions de
montagne tropicale humide, la dégradation du couvert végétal naturel est le facteur
déterminant dans ce processus. Si des mesures conservatoires ne sont pas prises
en compte dans la gestion de ces écosystèmes naturellement fragiles, les taux
d’érosion devraient croitre au fil des années et la baisse de la fertilité des sols qui se
traduit déjà dans le massif des Bambouto par une diminution significative des
rendements agricoles, conduira à moyen terme à une situation de crise alimentaire.
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UTILISATION DES SIG POUR L’AMENAGEMENT DU
BASSIN-VERSANT DE L’ISSER (ALGERIE)
Résumé :
Situé au nord-ouest de l’Algérie, le bassin versant de l’Isser, espace fragilisé par les
épisodes de sécheresse et caractérisé par des affleurements de marnes et d’argiles très
fragiles, présente une forte sensibilité à l’érosion hydrique. En plus de la détérioration de la
qualité de l’eau qu’il entraîne, le phénomène érosif dans cette zone, constitue l’accusé principal
de la dégradation du patrimoine sol. Il résulte de la conjonction de plusieurs facteurs :
agressivité des pluies, érodibilité des sols, dissection du relief, faiblesse du couvert végétal…
La reconnaissance des zones ravinées et la précision des caractéristiques climatiques et
hydriques de la zone d’étude, peuvent servir de base à l’élaboration d’un plan d’aménagement
antiérosif adapté aux conditions du milieu.
Pour ce faire, une carte de localisation des zones à haut risque, au niveau du bassin
versant, correspondant au croisement d’une série de cartes thématiques, a été établie. Cette
carte permet de mettre en évidence les zones nécessitant un aménagement prioritaire. La
synthèse de l'ensemble des résultats sous un système d’information géographique (SIG), nous
a encouragés à proposer des travaux d’aménagement antiérosifs techniques (correction
torrentielle) et biologiques (reboisement), visant à atténuer les effets négatifs des pertes en terre
aussi bien à l’amont qu’à l’aval. Le choix des ouvrages et les décisions à prendre doivent être
fondés sur l’action des facteurs biophysiques et anthropiques. Par ailleurs, ces travaux doivent
s’intégrer dans une nouvelle stratégie visant une meilleure gestion de l’espace dans une optique
de développement durable, en tenant compte des besoins et des perspectives de la population
rurale.
Abstract
Located in Northwest Algeria, the watershed of Isser is an ecosystem weakened by
drought episodes and strongly sensitive to water erosion.
Erosive phenomenon, in this ecosystem, is the result of a combination of several factors:
aggressiveness of the rains; erodibility of the soils (marls); stiffness of the relief, weakness of the
vegetal cover.
Localising the gullied zones and specifying the climatic and hydric characteristics of the study
zone are prerequisites to the development of any sustainable erosion control strategy.
The overlaying of a series of thematic maps, fed into a Geographical Information system (GIS),
has led to the design of a map localising the gullied zones in the watershed requiring restoration
works, first and foremost. The antierosive operations suggested include technical measures
(torrential corrections) as well as biological measures (reforestation).
Such erosion control measures should however be integrated into a program whose main
objectives should be a better management of water and soil resources taking into account the
expectations and needs of the rural population
Présentation du milieu
L’approche méthodologique
Elle repose sur le croisement des cartes thématiques réalisé à l’aide d’un
Système d’Information Géographique (SIG) qui offre la possibilité de croiser les
différentes caractéristiques, physiques et agronomiques des parcelles selon une
démarche méthodologique comprenant deux étapes:
– l’élaboration des cartes thématiques ;
– le croisement des cartes thématiques
Elaboration des cartes thématiques, de synthèse et d’intervention
• Lithologie
Les sols des (SBV) sont bruns calcaires argileux. La lithologie est caractérisée
essentiellement par des marnes du miocène moyen (Helvétien) [2] et des alluvions
quaternaires (Rharbien et Holocène) (figure 2). Les sols marneux lorsqu'ils sont secs,
restent non érodibles mais, dès qu’ils atteignent une certaine humidité, leur sensibilité à
la détachabilité et au ruissellement augmente [3].
Cette carte nous montre que la majeure partie des micros bassins est constituée
de marnes, substrat très sensible à l’érosion, d’ autant plus qu’il repose sur des bancs
de grès. D'autre part, la dominance et l’importance des alternances de marnes et grès
classées en formation meuble, en pente augmentent les potentialités érosives du
bassin.
• Topographie
La carte des classes de pente (figure 3), montre que les pentes les plus abruptes,
très fortes à fortes, se concentrent dans les parties nord-ouest et sud des SBV. Elles
sont caractérisées par un relief accidenté. Les pentes modérées ainsi que les pentes
faibles à très faibles sont réparties sur l’ensemble des SBV. Des études antérieures [8]
et [10] ont montré que l'érosion devient active sur des pentes supérieures à 3 %.
• Couvert végétal
Les terres des sous bassins versants sont pour la plus part des terrains agricoles
La carte d’occupation du sol laisse apparaître quatre classes de couverture végétale
(figure 4) :
– couvert végétal non protecteur ;
– couvert végétal peu protecteur ;
– couvert végétal moyennement protecteur ;
– couvert végétal protecteur.
• Validation du modèle
Après intégration des résultats par sous bassin versant, nous avons comparé les
valeurs de l’érosion estimée par les informations de synthèse obtenues grâce aux SIG à
celles mesurées en parcelles sur le terrain. Cette dernière qui traduit le mieux la réalité
doit valider les résultats estimés par les SIG. Il est toujours très difficile d’obtenir au
départ une bonne corrélation mais la connaissance des différents paramètres du terrain
(exposition des versants, longueur de pente …) permet de mieux appréhender l’érosion
par ces systèmes d’information géographiques et donner une meilleure efficacité des
modèles [14]. Le SIG apporte une appréciation spatiale de l’érosion que les mesures
habituelles ont du mal à fournir. En plus, les degrés de sensibilité de l’érosion sont
assez bien perçus. Ainsi, les systèmes utilisés décrivent beaucoup mieux l’érosion que
ce qu’on peut observer sur le terrain.
Figure 6. Carte de localisation des zones fortement ravinées.
• Plantations fruitières
Comme l’arboriculture rustique répond positivement aux vœux de la population
riveraine et joue un rôle efficace contre la dégradation des sols tout en apportant un
revenu à la population locale, certains versants ont été choisis pour la plantation de
l’Olivier, l’Amandier et le Figuier.
L’introduction d’arbres fruitiers est recommandée. Ils jouent un rôle de protection du
sol contre l’érosion, et contribuent à l’amélioration des revenus des agriculteurs pour
écarter le risque d’abandon des terres par les jeunes générations en l’absence de
perspectives dans leur métier
Le choix des essences fruitières doit se faire en fonction des exigences agroclimatiques
des espèces et des voeux des riverains et des possibilités de valorisation des produits.
Conclusion
Le bassin versant de l’Isser rencontre d’énormes problèmes liés à l’érosion
hydrique qui ravine les terrains marneux d’une manière spectaculaire et entraîne la
perte des terres arables. Le ravinement résulte de la conjonction de différents facteurs :
nature du substrat, raideur du relief, faiblesse du couvert végétal…
L’évaluation des risques d’érosion des sols du bassin versant a nécessité la
cartographie et l’analyse des facteurs déterminants de l'érosion. Ces derniers
interviennent à des degrés différents dans les processus d’érosion [5] ; [6] et [9].
La complexité et l'interdépendance de ces paramètres se prêtent très bien à une
analyse par croisements successifs de thèmes deux à deux. Elle permet aussi de mieux
approcher et apprécier la sensibilité à l’érosion des différentes unités de la région. Les
valeurs de l’érosion réellement observée sur le terrain, sont toujours prévues par les
systèmes d’information géographiques, par contre, les degrés de sensibilité ne sont pas
les mêmes. Ainsi, les systèmes utilisés décrivent beaucoup plus d’érosion qu’on a pu
en observer sur le terrain.
Tout cela nous conduit à penser que la détermination exacte des zones ravinées
est encore un objet de discussion qui varie suivant le nombre de facteurs retenus.
L’importance de chacun de ces facteurs doit être testée par des expérimentations sur le
terrain à l’aide de simulateurs de pluies ou de parcelles d’érosion de plus de 100m².
Dans presque tous les cas de détermination de l’érosion hydrique, on associe les
images satellitaires et les photographies aériennes avec des relevés de terrain. Ces
deux sources d’information se complètent. En effet, lors de l’élaboration des cartes, Il y
a des erreurs spatiales qui s’additionnent [1]. Il est donc indispensable d’y associer des
études de terrain pour l’initiation des systèmes et leur validation.
Si les SIG nous autorisent une mise à jour régulière, ils ne nous permettent pas,
par contre, de déterminer certaines propriétés telles que l’infiltrabilité, la cohésion des
sols et la stabilité structurale.
Références bibliographiques
Résumé
L’étude de l’érosion est une nécessité pour le Vietnam, comme pour tous les pays.
Indépendamment des facteurs physiques (climat, topographie et caractéristiques du sol), les pratiques
culturales et la sylviculture sont importantes dans le processus. Ceci explique en partie, les différences
qui existent entre les taux d’érosion estimés dans le district de Doan Hung. La croissance
démographique et économique a poussé les hommes à étendre le défrichement des terres fragiles,
comme les terres de pente, pour compenser la réduction des terres cultivables. Ces pratiques sont
hautement érosives et alimentent la spirale de la dégradation des sols et des eaux au Vietnam, dont
75% sont montagneux. Situé en bordure du croissant de hautes terres qui encadrent le delta du fleuve
Rouge, le district de Doan Hung est en majeure partie montagneux et forestier.
Le but de l’étude était de réaliser différentes cartes : pentes, usages des sols, risques d’érosion. Ces
documents sont un préalable à la protection environnementale et à la planification de l’utilisation
durable des sols. À partir de l’étude des états de surface des sols sous différents usages, des
estimations de l’érosion spécifique ont été effectuées dans un bassin-versant expérimental supposé
représentatif de la zone d’étude. Les pratiques d’exploitation de bois dans le bassin versant sont aussi
évaluées en terme de risques d’érosion. La validation de la méthode des états de surface par la
comparaison avec les mesures des stations hydrologiques n’est pas satisfaisante. Cependant la
méthode des états de surface permet d’estimer les taux d’érosion dans le compartiment amont de la
catena (zone de départ) et convient donc très bien à évaluer les risques d’érosion.
Les taux d’érosion sont en général assez bas sur la carte :
- très faibles sous forêt secondaire dense et cultures en terrasses (<1 t/ha/an) ;
- de 1 à 5 t/ha/an sous théiers, caféiers, co-plantation d’arbres avec haricots, soja et arachide ;
- de 5 à 20 t/ha/an sous la plantation forestière (Acacia, Eucalyptus,…) ;
- de 20 à 40 t/ha/an sous plantation annuelle (maïs, manioc, soja,…), mais peuvent dépasser 40
t/ha/an.
Mots-clés : Vietnam, risques d’érosion, états de surface, bassin versant, utilisation des terres,
pentes
Abstract
The soils in Vietnam are very fragile. Regardless of the physical factors (climate, topography and soil
characteristics), the sloping lands and the mountains are often used for agricultural practices , forestry
or pasture, increasing largely the risk of erosion. Indeed the population and economic growth has
pushed the inhabitants to extend the clearing of fragile lands, such as sloping lands to compensate the
reduction of farmland in the flat zones. These practices are highly erosive and feed the spiral of land
degradation and water in Vietnam, country of which 75% is mountainous. This study has been located
in the District of Doan Hung, on the edge of the crescent of high land that border the Red River Delta,
to illustrate the erosion risk due to the land use of the mountainous areas. Doan Hung district is largely
mountainous and forested.
The methodology used was to perform different maps: slope and land use impas to estimate a map of
erosion risks. These documents are a prerequisite for environmental protection and planning of
sustainable land use. From the study of surface soils under different uses, estimates of the specific
erosion have been conducted in a watershed assumed to be representative of the experimental study
area. The practice of logging in the watershed are also evaluated in terms of erosion risk. The
validation of the method of surface states by comparison with measurements of hydrological stations
is not significant. However, the method of surface states to estimate the rate of erosion in the upstream
compartment of the catena (departure area) and is therefore well to assess the risk of erosion.
The risks in term of erosion rates are generally:
- very low in dense secondary forest and terraced fields (<1 t / ha / year)
- 1 to 5 t / ha / year in tea, coffee, co-tree planting beans, soybeans and peanuts
- 5 to 20 t / ha / year under the forest plantation (Acacia, Eucalyptus, ...)
- 20 to 40 t / ha / year in annual planting (corn , cassava, soy ...), but can exceed 40 t / ha / year.
Keywords : Vietnam, Erosion risk, Surface states, Watershed, Land use, Slopes
1. Introduction
Plus de 600 millions de personnes vivent de l’agriculture itinérante dans le monde. Cette
pratique consiste à créer une clairière par abattage des arbres, à brûler la végétation et à ensemencer
ensuite la parcelle ainsi défrichée. En moyenne, après trois ou quatre années de culture, les sols sont
épuisés et l'agriculteur est contraint de déboiser une autre zone. Environ quatre décennies sont
nécessaires entre deux défrichements consécutifs pour permettre à la forêt de se régénérer
[BETEILLE, 2000], dans un contexte de gestion durable de la forêt. Les usages inappropriés des sols
sont reconnus depuis longtemps comme la cause principale des problèmes d'érosion [ECHOLMS,
1997]. L’érosion est la première origine des baisses de rendements dans les systèmes de production
des pays en développement [ECKHOLMS, 1997]. Chaque année, l’érosion rend improductifs 20
millions d’hectares dans le monde [UNEP, 1991]. Tous les ans, 75 milliards de tonnes de sol sont
érodés sur des terres agricoles. L’érosion des sols est très importante en Asie, en Afrique et en
Amérique du Sud, atteignant 30 à 40 t/ha/an (BARROW, 1991).
Au Vietnam, pays couvert de collines et de montagnes au 2/3, 13 millions d’hectares soit 40%
du territoire sont affectés par l’érosion des sols (VALENTIN, 1999). Dans ce pays, l’environnement
subit, depuis plusieurs années, de sérieuses dégradations, particulièrement en ce qui concerne la
qualité de l’eau et des sols. La croissance démographique s’accompagnant d’un accroissement des
besoins, cela a poussé les hommes à étendre les défrichements sur des terres fragiles comme les terres
de pente, pour compenser la réduction des terres cultivables, avec des conséquences sur tout le réseau
hydrographique. En aval des versants, les populations, souvent pauvres, sont victimes de nombreuses
inondations et glissements de terrain.
Ce texte se propose de participer à l’étude des risques d’érosion dans différents usages sur
pente dans un bassin-versant au Nord Vietnam, afin de développer la cartographie multiscalaire des
états de surface.
2. Matériel et méthode
2.1. Matériel
L’action est basée sur les données accumulées à l’Institute for Agriculture Envionment (IAE)
de Hanoi au Vietnam. Les données de télédétection (image aérienne du 07 mai 2000) ont été fournies
par l’Office Général de la Cartographie – Ministère des Ressources Naturelle et de l'Environnement du
Vietnam. Les cartes (carte topographique, carte des usages, carte du réseau hydrographique…)
utilisent la couverture végétale et les pratiques culturales. Les photos au sol ont été réalisées durant des
missions sur le terrain. Les missions ont été réalisées au début et à la fin de la saison de mousson. Les
images ont été analysées sur le logiciel Optilab Pro 2.6.3 au Laboratoire Environnement Tropical -
ADES – CNRS de l’Université de Bordeaux 3.
2.2. Méthode
2.2.1. Les états de surface des sols
Les états de surface des sols représentent une mémoire immédiate des sols (VALENTIN,
1999 ; POMEL, 2008). La surveillance de ces surfaces élémentaires permet d’étudier la fixation et la
déstabilisation des sols et de mesurer l’érosion. La surface des sols est occupée par une mosaïque
d’états qui traduisent le fonctionnement aux échelles spatio-temporelles élémentaires (POMEL, 2004
et 2008). Ces instantanés du sol enregistrent les déstabilisations du sol, assurent aussi une fonction de
fixation des paysages et sont indicateurs des types de gestion. Le PICS franco-allemand du CNRS n°
521 entre 1997 et 2000 a permis d’établir que l’érosion est estimable à partir des états de surface
(POMEL, 2004 et 2008). Photographies au sol, mesures de l’épaisseur de la perte en sol par an dans
les différentes formations et calculs de surface à partir d’une analyse d’images sont la base de la
méthode. L’érosion est quelquefois contrebalancée par les apports en litière et une redéposition des
particules fines (POMEL, 2003) ou par la remontée de terre par les vers et autres animaux fouisseurs.
À partir de la cartographie des états de surface des sols et du suivi de la perte en terre mesurée
chaque année sur des parcelles définies en fonction de la végétation et des usages du sol, une
cartographie est établie aux différentes échelles d’observation, centimétrique à métrique à partir
d’images au sol, décamétrique à partir d’une couverture aérienne et satellitaire. L’étude de l’érosion à
la surface du sol est privilégiée, en particulier le rôle des litières s’avère très important. Les états de
surface des sols sont des concentrations de matériel par des processus phytiques, biologiques,
minéralogiques, hydriques ou érosifs. On distingue cinq types (POMEL, 2004 et 2008).
- Les « bioconcentrations » (ou concentrations biologiques) par la microflore et la microfaune jouent
un rôle fondamental dans la décomposition de la matière organique.
- Les « duriconcentrations » (ou concentrations minéralogiques) procèdent de processus
minéralogiques avec formation de croûtes salées, sulfatées, carbonatées, ferrugineuses ou siliceuses.
- Les « satuconcentrations » (ou concentrations en turbides) sont des concentrations hydriques
d’argiles et de limons.
- Les « abruconcentrations » (ou concentrations par érosion) se définissent par un amaigrissement de
la surface du sol en éléments fins et par une concentration relative des éléments grossiers.
- Les « phytoconcentrations » (ou concentrations végétales) procèdent de nécroses végétales, les
thanato- ou rhizo-concentrations.
3. Résultats et discussion
3.1. L’érosion dans les différents types d’usage du sol
Les systèmes bocagers, co-plantations, cultures sous couvert arboré ou arbres fruitiers sont
conservatrices des sols, et les taux d’érosion y sont relativement faibles, malgré de fortes pentes. Au
contraire, les monocultures (maïs et manioc) ou les plantations forestières d’Eucalyptus présentent des
risques d’érosion importants, en particulier d’érosion linéaire.
Sous forêt de feuillus l’érosion est très faible, la litière occupe la surface des sols. L’horizon
supérieur du sol est fixé par la décomposition de l’humus sur plus de 10 cm.
Figure 1 : Etats de surface du sol sous forêt secondaire dense
L'usine à papier de Bai Bang est située dans la zone. La plantation forestière se caractérise par
des plantations d’arbres à croissance rapide et haute en productivité de bois, il s’agit principalement
d’Acacia mangium et d’Eucalyptus.
Les types d’arbres et l’âge des arbres ont un impact sur l’érosion des sols (figure 2). La figure
montre que l’érosion sous la plantation d’Eucalyptus est plus forte que sous plantation d’Acacia (de
9,7 à 16,1 t/ha/an sous Eucalyptus et de 2,3 à 10,1 t/ha/an sous Acacia). On peut expliquer comme suit
: sous Eucalyptus, la couverture des adventices de la surface du sol est faible. De plus, sous plantation
d’Eucalyptus, la litière n’empêche pas l’érosion, car elle se décompose très lentement et ne fixe pas le
sol. Cela est favorable à l’énergie de la pluie "splash" des gouttes d’eau sur la surface du sol qui est
plus forte et qui entraîne une forte détachabilité du sol. Enfin, le « splash » influe directement sur le
ruissellement de surface, sur l'écoulement des eaux de pluie et le transport des sédiments. La litière
n’empêche pas l’érosion du fait du tassement du sol. L’érosion en nappe sous litière est liée aussi au
ruissellement. Ces plantations ont été réalisées après labour ce qui explique que la litière n’ait pas été
préservée et les forts taux d’érosion.
Tableau 1 : Mesures de l’érosion dans les zones cultivées (érosion spécifique en t/ha/an dans les zones
de départ) à partir des états de surface des sols.
Le tableau 1 montre que les risques d’érosion sous plantation de théiers et caféiers sont faibles
(moins de 5 t/ha/an maximum). À partir de la couverture végétale, il apparaît ici clairement qu’avec un
couvert déjà important, les taux de ruissellement dans les parcelles de plantation de théiers et de
caféiers sont peu importants. Ces couverts denses limitent considérablement le ruissellement ainsi que
la perte en sol (tableau 1 et figure 3). En effet, son couvert dense qui couvre rapidement le sol, lui
permet de limiter l’effet d’éclatement des gouttes de pluie. Son système racinaire est aussi celui qui est
le plus dense, les agrégats y sont piégés et l’infiltration favorisée.
L’érosion est forte sous plantation annuelle (culture du maïs, manioc et soja …) et peut
dépasser les 42 t/ha/an, au niveau des pertes en terres, du fait d’un couvert peu important mais surtout
à cause des pratiques culturales récentes, notamment durant la saison des pluies. Or, dans les zones de
montagnes du Nord Vietnam où la pluviosité est forte et mal distribuée, les plantations annuelles sur
pente, commencent à la fin de saison sèche jusqu'au début de la saison des pluies. Les plantations
annuelles, en particulier, le manioc, avec les grosses pluies, ne limitent pas l’érosion hydrique. Enfin,
au niveau des pratiques culturales, le labour sur terres en pente représente une condition favorable à
l’érosion, comme on le remarque avec la culture du maïs et du soja.
En lutte antiérosive, on a développé le système de co-plantation pour les zones montagneuses.
Quand les arbres de la forêt ne sont pas encore à feuillage fermé pendant la première année ou même
la deuxième année, les agriculteurs plantent souvent arachide, haricots et soja. Dans les autres cas,
arachide, haricots et soja sont remplacés par le riz, le manioc ou le maïs. Ces systèmes ont diminué de
façon appréciable les pertes en terre, notamment dans le système co-planté à arbres fruitiers et ananas,
dans le système co-plantation d’arbres avec haricots ou soja et arachide (tableau 1 et figure 3).
En superposant à la carte des pentes, une carte des grands types d’occupation du sol, un
certain nombre d’informations ressortent :
- Les plantations annuelles (maïs, manioc,…) se situent principalement dans les zones où les
classes de pente sont situées entre < 25 % et > 45 % ;
- Ces plantations correspondent à des milieux où l’occupation des sols est consacrée à
l’agriculture alors que, paradoxalement, quelques parcelles de forêt se situent sur les pentes douces (<
25 % de pente), les meilleures terres (< 15 % de pente), notamment dans les fonds de vallée.
Les données chiffrées obtenues sur les parcelles de forêt et de plantation annuelle montrent
également le rôle de la pente. Elles montrent qu’existe une dépendance entre les deux variables,
l’érosion croissant de façon linéaire avec la pente.
Cette conclusion rejoint un certain nombre de travaux, notamment ceux de POESEN (1987),
ROOSE (1981 et 1994), qui montrent que l’érosion croît avec la pente car l’énergie cinétique du
ruissellement augmente et l’emporte sur l’énergie cinétique des pluies dès que les pentes dépassent 15
%, ce qui est bien le cas dans le bassin-versant étudié.
Il s’agit ici de valider les résultats issus de la méthode des états de surface. Nous avons mesuré
les taux d’érosion aux déversoirs W2 et W3 dans deux sous-bassins du bassin-versant. Ces mesures
sont comparées à celles établies sur des parcelles d’érosion et dans les stations hydrologiques.
Figure 5 : Les corrélations des mesures de l’érosion dans deux sous-bassins du bassin-versant
Les deux sous-bassins représentent une bonne corrélation entre les deux méthodes, avec un
coefficient de corrélation R2 = 0,98 à W2 et R2 = 0,80 à W3. Cela démontre que la méthode des états
de surface est applicable et peut remplacer les méthodes de mesure de l’érosion traditionnelle pour
estimer l’érosion des sols (POMEL et al., 2007). Néanmoins, le coefficient (b) dans l’équation linéaire
y = ax + b est un nombre positif. Dans ces conditions, il faut justifier significativement cette statistique
des données de mesures du coefficient (b). Si le coefficient (b) est un nombre positif et
significativement, dans ce cas la perte en terre estimée par la méthode des états de surface est
supérieure à celui de la méthode de mesure dans la station hydrologique à l’aval de bassin-versant. La
détachabilité du sol sur place puis le transport et la redéposition avec les barrières (racines des plantes,
relief…) ne sont pas pris en compte par la méthode hydrologique.
Cette validation de l’estimation du départ de terre sur les versants comparée aux transports
solides sur deux bassins-versants n’est pas satisfaisante. En fait, il n’y a pas de lien direct entre ces
deux estimations, car les transports solides dans le bassin-versant = érosion des fines des versants +
érosion des berges – les dépôts sur les versants (colluvions). Il est évident que nous sommes bien au
courant que ce n’est pas la même chose, mais nous ne disposons pas d’autres données comparatives.
La méthode des états de surface mesure des taux d’érosion dans la zone de départ (amont du
système), alors que la méthode de la station hydrologique mesure des taux à l’aval du système, zone
d’arrivée. La méthode des états de surface convient mieux à la prévision des risques d’érosion des
sols. Elle est une base essentielle pour la cartographie des risques d’érosion. De plus, la méthode des
états de surface vise principalement à la mise au point d’indicateurs de l’érosion des sols qui soient
rapides et faciles à mettre en œuvre pour tous les sols et les zones d’étude. Au contraire de la méthode
des états de surface, la méthode de la station hydrologique a besoin de valeurs sur le long terme et
celles-ci ne sont pas exactes pour tous les cas étudiés.
La cartographie préliminaire est un essai de représentation des différents usages des sols et des
risques d’érosion dans la région de Doan Hung. Elle est basée sur une couverture aérienne du
07/05/2000 et les mesures réalisées en mai 2005 dans le cadre d’un programme Vietnam du réseau
Érosion de l’AUF.
Les cartes ci-dessus présentent les types d’usage des sols et l’érosion spécifique par hectare et
par an. Ce sont des résultats, obtenus à l’issue du fonctionnement de la méthode des états de surface.
De cette façon, la variation annuelle dans la croissance de végétation est prise en compte. Le modèle
résultant consiste en une carte des types d'usage des sols dans le bassin versant (figure 6).
Figure 6 : Les types d'usage des sols dans le bassin versant de Doan Hung
Les taux d’érosion sont calculés à partir des états de surface des sols dans les différentes
formations végétales et d’usage. Une estimation de l’actuel risque annuel d’érosion est montré sur la
figure 7. La figure 7 est une carte d’érosion généralisée à tout le bassin-versant de Doan Hung. Pour
améliorer son apparence visuelle, la carte a été lissée en utilisant les données d’usage des sols de
l’actuel qui remplace les valeurs d’informations invalide sur l’image aérienne (07/05/2000).
Figure 7 : Risques annuels d’érosion dans le bassin versant de Doan Hung
Une validation convenable des résultats est difficilement possible à l’échelle utilisée.
Néanmoins, il est possible de faire quelques commentaires sur le motif général de la carte, pour
quelques aires particulières.
Premièrement, les taux d’érosion semblent assez bas sur la carte. En général les taux d’érosion
dans le bassin-versant sont inférieurs à 40 t/ha/an (figure 7). Une raison pour ces taux assez bas est la
valeur du facteur de la couverture végétale. La figure 6 a montré que, dans le bassin-versant de Doan
Hung, tous les terrains cultivés sont couverts par les végétaux, notamment durant la saison de pluie.
Les valeurs trouvées à partir des missions sur le terrain pour ces périodes sont beaucoup plus fortes.
Sur l’image aérienne, il existe des petites tâches de végétation très dense, forêt secondaire dense, forêt
plantée et maquis, qui devraient montrer une plus grande réponse.
Deuxièmement, le bassin versant de Doan Hung est situé dans des zones à relief en escalier. Il
y a une zone où les pentes sont moyennes et douces sur la carte des pentes (figure 4), ce qui donne un
taux d'érosion en marches.
De plus, les pratiques d’exploitation du bois dans le bassin versant influencent le terrassement
ou le drainage de surface. L’effet de pratiques d’exploitation du bois dans le bassin-versant est quasi-
impossible à estimer ici. Cependant, il faudrait réaliser que les pratiques d’exploitation du bois
peuvent être un des plus importants facteurs d’érosion.
4. Conclusion
Ce travail est dans la continuité des études précédentes menées au sein des projets AUF, qui
ont permis d’acquérir un grand nombre de données, et étudier l’impact de la culture sur pente sur
l’érosion.
Ce présent travail a permis de mettre en évidence l’importance du couvert végétal et des
pratiques culturales sur le risque d’érosion des sols. En effet, il a été montré que plus le couvert est
abondant, plus l'effet érosif de la pluie est atténué. En effet, sous forêt, en plus de la protection des
arbres, le sol est couvert de feuilles et d’arbustes, ce qui permet de limiter considérablement le
ruissellement et donc les pertes en sol, même lors de fortes pluies.
Les différents systèmes de mesures donnent des résultats différents car ils ne mesurent pas les
mêmes compartiments du géosystème érosif (Sécheresse, 2004 ; ORSTOM Actualités, 1998). La
méthode de mesure du taux d’érosion par les états de surface est une méthode qui a tendance à
surévaluer les pertes en terre, car elle mesure les pertes en terre au niveau de la zone de départ, amont
du géosystème. Elle est complémentaire des autres méthodes (mesure des turbides, bathymétrie)
qui ne mesurent pas l’érosion de la zone de départ, mais celui de la zone d’arrivée, aval du
géosystème, en ne tenant pas compte des redépositions sur les versants.
La validation de la méthode des états de surface par la comparaison avec les mesures des
stations hydrologiques n’est pas satisfaisante. Cependant la méthode des états de surface évalue des
taux maximum des zones de départ et convient donc très bien pour évaluer les risques d’érosion. Elle
est une base essentielle pour la cartographie des risques d’érosion.
Les pratiques de culture dans le bassin versant de Doan Hung (restes de forêt, plantations de
forêt, co-plantations et système de « mulching ») sont en général conservatrices pour les sols.
Toutefois, on peut se demander si la zone n’avait pas d’usines (usine à papier, usine à thé …), est-ce
que les paysans seraient prêts à planter par eux-mêmes ? En effet, l’agriculture et la sylviculture sont
relativement pénibles et nécessitent beaucoup de main d’œuvre, alors que l’industrie agro-sylvicole
n’est pas encore très développée dans la zone. Les agriculteurs trouvent avec peine une ressource
financière. La déforestation continue pour l’extension et l’intensification des cultures annuelles
(manioc, maïs, taro, maranta …). Là où n’existent pas de pratiques de conservation des sols, cela
entraîne une augmentation de l’érosion et des mouvements de terrain (glissements de terrain, coulées
de boue, …).
Bibliographie
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Evaluation qualitative et quantitative GHO¶pURGLELOLWpGHGLIIpUHQWHVXQLWpV
paysagères représentatives du Burundi : de la parcelle au micro bassin
H. DUCHAUFOUR et C. MIKOKORO
ISABU, Burundi
Courriel : herve.duchaufour@wanadoo.fr
Résumé
(QWUHHWOD&RRSpUDWLRQIUDQoDLVHDILQDQFpGHVWUDYDX[GHUHFKHUFKHVXUO¶pURVLRQ
des sols menés par une équipe de chercheurs franco-EXUXQGDLV GH O¶,QVWLWXW GHV 6FLHQFHV
Agronomiques du Burundi (ISABU). Cinq stations constituées de parcelles Wischmeier ont été
implantées dans différentes situations agraires et paysagères représentatives du pays. Le suivi des
expérimentations sur plusieurs années a démontré que tous les sols étudiés ont une bonne à très
ERQQHUpVLVWDQFHjO¶pURVLRQ.RVFLOODQWHQWUHHW/HXUFRPSRUWHPHQWYLV-à-YLVGHO¶pURVLRQ
varie en fonction de leurs propriétés structurale, porale et physico-chimique : la détachabilité et le
charriage des agrégats caractérisent plutôt les sols ferrallitiques argileux évoluant sur schiste du
Mumirwa central (Crête Congo-1LO DORUV TX¶XQH GpJUDGDWLRQ FKLPLTXH VWUXFWXUDOH HW SRUDOH SDU
2+
dilution progressive des matières organiques et transferts sélectifs des cations basiques (Ca )
distingue les sols bruns eutrophes et sols en voie de ferrallitisation développés sur les séries volcano-
sédimentaires de la dépression orientale du Moso.
En condition cultivée avec amendement organique, les phénomènes de lixiviation des cations
basiques Ca et de Mg VRQWUDSLGHVHWLQWHQVHVHQFRQGLWLRQDFLGHHWVLJQLILFDWLIVG¶XQHGpJUDGDWLRQ
2+ 2+
Abstract
Between 1977 and 1985, the French cooperation has funded research on soil erosion led by a franco-
burundi team from the Burundi Institute of Agronomic Sciences (ISABU). Five stations made of
Wischmeier plots were established in different agrarian and landscaping situations representative of
the country. Follow up of the experimentation over several years, revealed that all the studied soils
had a good to very good resistance to erosion (K fluctuating between 0,003 and 0,15). Their behavior
with regard to erosion varies with their porosity, their structural and physicochemical properties:
detachability and aggregates drifting are rather characteristic of lateritic clayish soils developing on
schist of central Mumirwa (Congo-Nil ridge), while chemical, structural and porous degradation
2+
through progressive dilution of organic matter and selective transfers of base cations (Ca )
characterize eutrophic brown soils or on the track of ferrallitisation developed on the volcano
sedimentary series of the Moso eastern depression.
2+ 2+
In cropping condition with organic amendment, base cations Ca and Mg leaching is much more
rapid and intense in acidic condition and is symptomatic of an accelerated fertility degradation with de-
saturation of the absorbing complex, and inversely an increase in acidity and in exchangeable
aluminum. In the case of the eutrophic clay soils of Moso, soil nutrients dissolution, proportionately
more important than in lateritic soils, is alarming only in terms of organic matter (from 15 to 30% higher
than the soil in place) and even more in terms of phosphorus. This selectivity, acting mainly on fertile
elements in the soil, is a real constraint to maintain productivity.
The results observed on two experimental 4 and 6,5 ha micro-basins of Central Mumiwa show that
field losses (on Wischmeier plots) are much greater with differences in erosion between the two
scales, 60 for losses in soil and 30 for run-off. Morpho-pedagogic and hydrodynamic studies give a
good explanation of the pedogenetic and erosive process taking place in those systems: a high
disparity related to the dense occupation of the land in the most fertile areas mainly in the concave
slops occupied mainly by dense Banana and taro crops. This disparity is translated into: i) an
enrichment downstream to the expenses of an impoverishment and degradation upstream and ii) a
reversal of infiltration rates between upstream and downstream through an optimum at mid-way.
Topographic variations and diversity / biological cover density contribute to the functioning of both
watersheds by redistributing water run-off, solid elements and nutrient inside their own perimeter.
Keywords: Wischmeier plot, micro-basin, erosion, coefficient K, Atterberg limits, structural stability,
cationic transfer, pluviolessivates
Introduction
1
Travaux de la mission Forestière Crête Congo-Nil basée au Département des Forêts entre 1977 et 1984 puis de la Division
6\OYLFROHGHO¶,QVWLWXWGHV6FLHQFHV$JURQRPLTXHVGX%XUXQGL,6$%8HQGHYHQXH3URMHWGH5HFKHUFKHSRXUOD3URWHFWLRQ
GHO¶(QYLURQQHPHQWGHj.
1. Méthodologie
* Le modèle Wischmeier : :,6&+0(,(5 HW 60,7+ RQW PLV HQ pYLGHQFH O¶DFWLRQ
GHV GLIIpUHQWV IDFWHXUV TXL MRXHQW XQ U{OH GDQV O¶pURVLRQ SDU OD IRUPXOH TX¶LOV RQW
proposée et qui sert de référence internationale (« Universal loss equation »):
A = R x K x SL x C x P
A : OHV SHUWHV HQ WHUUH H[SULPpHV HQ WRQQHV SDU KD G¶XQH SDUFHOOH H[SpULPHQWDOH
durant un épisode pluvieux ou sur une année. Mesurées sur deux 2 échantillons de
ERXHGHOLWUHDSUqVSDVVDJHjO¶pWXYHT =90°C).
R : O¶LQGLFH G¶pURVLYLWp GHV SOXLHV ,O FRUUHVSRQG jO¶pQHUJLH FLQpWLTXH GHV SOXLHV TXH
multiplie I30 (intensité maximale des pluies durant 30 minutes exprimée en mm/h).
K : OHIDFWHXUGHVHQVLELOLWpGXVROjO¶pURVLRQ IDFWHXUG¶pURGLELOLWp,OHVWIRQFWLRQGHV
propriétés intrinsèques du sol notamment des matières organiques, de la texture, (cf.
ILJXUHGH.817=(GHODSHUPpDELOLWpHWGHODVWUXFWXUHGHO¶KRUL]RQ,OV¶pFKHORQQH
de 0,7 pour les sols les plus fragiles (les limons silteux) à 0,001 pour les sols les plus
stables. Le protocole de WISCHMEIER le mesure sur des parcelles nues de
référence de 22,2 m de long et des pentes de 9 %. Le sol, travaillé dans le sens de la
pente, ne doit plus recevoir de matières organiques depuis trois ans.
P : O¶LQGLFH TXL UHQG FRPSWH GH O¶HIILFDFLWp GHV SUDWLTXHV SXUHPHQW DQWL-érosives
EXWWDJH FRQWLQX KDLH KHUEDFpH &¶HVW XQ IDFWHXU IUHLQ DX UXLVVHOOHPHQW ,O
FRUUHVSRQG DX UDSSRUW HQWUH O¶pURVLRQ G¶XQH SDUFHOOH FXOWLYpH HW FHOOH G¶XQH SDUFHOOH
G¶XQHPrPH FXOWXUHDPpQDJpH/¶LQGLFHYDULHGHVXUSDUFHOOHQRQDPpQDJpHj f
en conditions anti-érosives très efficaces (paillage épais par exemple).
2
/HIDFWHXU6/VHFDOFXOHDXVVLjSDUWLUGHO¶pTXDWLRQGH:,6&+0(,(5L/100 (0,76 + 0,53 S + 0,0076 S²).
expérimentale en se limitant exclusivement à son espace. Il exclut donc tous les
L2=C:4;4<BA D4<0<B 34 :Z0;=<B < =CB@4 24 ;=3M:4 0 LBL B4ABL 4F>L@8;4<BL 4B
vérifié dans des paysages de pente modérée des pla8<4A0;L@8208<4A8:<Zest donc
pas adapté au relief de montagne du Burundi où les pentes moyennes sont parfois
proches de 40 % et les sources de ruissellement plus fortes que les pluies. Enfin ce
modèle ne donne que des données indicatives sur le volume ruisselé et les pertes en
terre. Ces données ne devraient être AB0B8AB8?C4;4<B D0:01:4A ?CZ0>@MA C<4
succession de mesures sur une dizaine 3Zannées, voire même sur 20 années. A
:ZL274::434:Z0D4@A4:4C@8<B4@>@LB0B8=<4AB>:CA?C0:8B0B8D4?C4?C0<B8B0B8D4 du fait de
:Z8<B4@02B8=<34<=;1@4CF>0@0;MB@4A?CZ8:4AB3855828:43Z0>>@L284r et de mesurer sur
le terrain. '@L28A=<A L60:4;4<B ?C4 :4A A=C@24A 3Z4@@4C@ I :ZL270<B8::=<<064 <=CA
:08AA4<B C<4 ;0@64 3Z4@@4C@ 34 15 % sur le résultat final du calcul des pertes en
terre et des taux de ruissellement (DUCHAUFOUR et al, 1991). Cette incertitude
@4>=A4 4AA4<B84::4;4<B AC@ :Z8;>@L28A8=< 34A 70CB4C@A 3Z40C 4B 34 1=C4 ;4AC@L4A
30<A:4A2CD4A4BAC@:Z7=;=6L<L8A0B8=<34:02=::42B434A>@L:MD4;4<BA341=C4?C8
permet de mesurer la masse de terre sèche contenue dans un litre. Toutes les
3=<<L4A 2C;C:L4A AC@ >:CA 3ZC<4 ?C8<H08<4 3Z0<<L4A 34 ;4AC@4A I :Z!<AB8BCB 34A
Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU) de 1975 à 1995, apportent néanmoins
des renseignements intéress0<BAAC@:4A>@=24AACA3ZL@=A8=<4<<0>>44B:8<L08@4I
:ZL274::434:0>0@24::4>0GA0<<4. Les résultats que nous avançons, peuvent même
NB@4 8<5L@84C@A I :0 @L0:8BL >C8A?CZ8:A <4 B84<<4<B >0A 2=;>B4 34 :Z02B8=< L@=A8D4 34A
0@@8DL4A3Z40CFACA-jacentes.
* Evaluation qualitative des pertes en terre : Pour avoir un ordre de grandeur sur
la sélectivité des éléments transportés par ruissellement, nous avons procédé à des
prélèvements systématiques des boues afin de comparer leurs propriétés physico-
chimiques avec celles des sols en place.
La méthodologie du protocole
de WISCHMEIER et SMITH, délicate
et onéreuse, ne pouvait être étendue
I :Z4<A4;1:4 34A @L68=<A <0BC@4::4A
du pays. Il nous importait donc de
choisir les sites qui représentaient le
mieux les conditions de sols et de
relief du territoire. La région du
Mumirwa de la crête Congo-Nil
5=@B4;4<B 4F>=AL4 I :ZL@=A8=<
hydrique tout en étant proche de
Bujumbura (facilité du suivi)
représentait le lieu de prédilection
pour le suivi expérimental de
parcelles en assez grand nombre. En
complément aux études menées sur
parcelles Wischmeier, deux bassins
versants élémentaires situés dans
:Z4A20@>4;4<BI10<0<84@3C$C;8@E0
Figure 1 : Situation des 5 stations de mesures
AC@>0@24::4A-8A27;484@AC8D8>0@:Z!)+
FHQWUDO RQW pWp pTXLSpV G¶XQ GpYHUVRLU j O¶DYDO SRXU pWXGLHU OHXU IRQFWLRQQHPHQW
hydraulique pWXGHV HW VXLYLV UpDOLVpV FRQMRLQWHPHQW DYHF OH 3URMHW 6XLVVH G¶$SSXL
aux Développement des Communes de Mubimbi, Kanyosha et Isale - PADC).
Rushubi I (figure 1, altitude 1750 m) : caractérise les zones de crêtes gréso-quartzitiques acidentées
G¶DOWLWXGH. Les sols, de type ferralsols humifères (> 2 % de Corg et 84 % de sable moyens et grossiers),
cm). Leur profondeur est variable et ils sont très acides (pH | 4,5). La CEC | 5-6 méq/100g de terre
sont de nature sablo-caillouteuse avec une charge de cailloux pouvant atteindre plus de 60% dès 30
est totalement désaturée en cations basiques (< 10 %) mais saturée en aluminium échangeable (Al 3+
| 80 - 90 % de la CEC). Ce pédopaysage constitue les milieux de faible productivité des
sommets quartzitiques qui sont largement répandus dans les massifs montagneux dHO¶LQWpULHXUGX
pays et réservés en général aux parcours ou aux boisements. Les conditions les plus aptes,
HVVHQWLHOOHPHQWUpJLHVSDUODSURIRQGHXUGXVROVRQWWRXWHIRLVXWLOLVpHVSDUO¶DJULFXOWXUH
décamétrique très peu altérables qui enrichissent les sols de bandes de cailloux r discontinues
derniers sont fréquemment traversés par des filons de pegmatite ou de quartz de taille métrique et
(« stone line ª &¶HVW XQ GHV IDFLHV OHV SOXV IUpTXHQWV GX SD\V ,O UHSUpVHQWH OD PDMRULWp GHV VROV
cultivés des plateaux centrDX[HWGHO¶HVFDUSHPHQWGX0XPLUZD/DVWDWLRQH[SpULPHQWDOHGHRushubi
II caractérise ces pédopaysages à bon potentiel agricole des collines ferrallitiques représentés
20 cm ou plus) et à acidité modérée (pH | 5 - 5,5). Leur CEC est relativement élevée (12-16
par des ferralsols-ferrisols argileux généralement humiques (Corg > 1,16 % sur 10 cm ou > 0,59 % sur
PpTJ GH WHUUH SOXV RX PRLQV VDWXUpH VHORQ OHV FRQGLWLRQV G¶H[SORLWDWLRQ DJULFROH /D
GpWR[LILFDWLRQ FRPSOqWH GH O¶DOXPLQLXP QH VH SURGXLW TX¶HQ UpJLPH LQWHQVLI HW FRQWLQX GH IXPXUH
organique ou mieux encore, par des amendements organique et calcaire.
La pluviométrie annuelle moyenne (Han) de la station Rushubi II est de 1 692 PP HW O¶DJUHVVLYité
annuelle moyenne (Ran) de 550 (Rapports annuels PRPE / ISABU).
/HV GHX[ VWDWLRQV GH 5XVKXEL , HW,, VRQW UHSUpVHQWDWLYHV GH OD JpRORJLH GHO¶RFFXSDWLRQ GHV VROV HW
GHVIRUPHVG¶pURVLRQREVHUYpHVGDQVODUpJLRQGXEDVVLQG¶,VDOHFIOHEORFGLDJUDPPHGX0XPLUZD
central en annexe I)
Kanyosha (altitude : 1160 m) : Ce troisième site se distingue des précédents SDU OH IDLW TX¶LO HVW
UHSUpVHQWDWLI GHV YHUVDQWV DEUXSWV UDMHXQLV SDU O¶pURVLRQ GHV FRQWUHIRUWV JQHLVVLTXHV GX 0XPLUZD
central. Les sols se définissent par leur minceur et leur petite capacité de productivité concentrée
dans la couche arable superficielle. Leur fertilité est bien souvent médiocre voire nulle lorsque la
couche huPLIqUHDGLVSDUX,OV¶DJLWGH sols récents, FRQVWDPPHQWUDMHXQLVSDUO¶pURVLRQdéveloppés
VXU SHQWHV IRUWHV ! UHSUpVHQWpV PDMRULWDLUHPHQW SDU OH FRPSOH[H G¶DVVRFLDWLRQ GH lithosols,
UpJRVROV OLWKLTXHV UpJRVROV HW VROV G¶DOWpUDWLRQ UpFHQWH r eutrophes (pH = 5,0 - 6,0 ; CEC | 5-10
méq/100g de terre et Corg = 0,5 - 1% sur 10 à 20 cm au plus). Ces versants gneissiques sont souvent
traversés par des filons basiques de gabbro et de dolérite; dans ce cas, les sols sont plus profonds et
fertiles (sols bruns tropicaux eutrophes) et marqués dans le paysage par un adoucissement du relief.
Nous le dénommerons le pédopaysage des versants abrupts de KANYOSHA (figure 1).
La pluviométrie DQQXHOOH PR\HQQH +DQ GH OD VWDWLRQ HVW GH PP HW O¶DJUHVVLYLWp DQQXHOOH
moyenne (Ran) de 280 (Rapports annuels PRPE / ISABU).
Muzinda : Les sols évoluant sur les séries des quartzophyllades de la station de Muzinda (altitude
1250 m, pluviométrie moyenne annuelle de 1350 mm) présentent des similitudes avec la station de
Rushubi I (ferralsols humifères). Ils évoluent sur des pentes de collines au relief plus atténué (entre 20
et 30 % de pente en moyenne), situées sur le contrefort occidental du Mumirwa central. Leur texture
sablo-argileuse se développe sur de plus grande profondeur ce qui leur confère un potentiel agricole
supérieur. Les potentialités agraires du pédopaysage de MUZINDA (figure 1) se situeraient entre
celles de Rushubi I et II.
Moso : Ce dernier site dépeint un paysage particulier de la plaine du Moso (altitude 1350 m),
personnalisé par les ravinements spectaculaires qui dénudent et entaillent les collines de la région de
Bukemba-*LKRIL &¶HVW XQ IDFLHV XQLTXH DX %XUXQGL LVVX GHV ODYHV DP\JGDORwGHV GH OD VpULH GX
3
Kabuye du Moso (basalte ancien du Malagarasien ). Les sols sont en voie de ferrallitisation mais leur
potentiel agronomique est encore très satisfaisant et supérieur aux autres sols des pédopaysages
précédents. Leur fragilité toute particulière au ravinement nous a amenés à nous y intéresser
30D0<B064 %=CA :Z0>>4::4@=<A le pédopaysage des collines basaltiques du Moso (figure 1)
ferrisols eutrophes à argile lourde (80 à 87 %), de type 2/1 pour une partie (CECargile quelque fois 16
caractérisé par des ferrisols humiques eutrophes et des sols bruns kaolinitiques humiques intergrade
méq/100g de terre et CEC oscillant entre 12 et 21 méq/100g de terre, saturée en ions Ca2+ et Mg2+).
C2C<40<0:GA4AB@C2BC@0:44B;L20<8?C4<Z0LBL@L0:8AL4#Z8<B4@>@LB0B8=<34:Z0;>:4C@3C>7L<=;M<4
34 @0D8<4;4<B <Z0 >0A LBL L:C283L4 Z4AB C< >@=24AACA 4<2=@4 B@MA 02B85 34 <=A 9=C@A 4B ?ui date
depuis des décennies. WALEFFE signalait déjà en 1965, dans son étude géologique du Sud-Est du
Burundi, la présence de bad-lands sur schiste calcaire et de ravins de 15 à 20 m de profondeur sur les
collines basaltiques de Bukemba, ce ?C8<Z4AB6CM@4 différent aux profondeurs actuelles.
La pluviométrie annuelle moyenne (Han) de la station est de 1
;; 4B :Z06@4AA8D8BL 0<<C4::4
moyenne (Ran) de 450 (Rapports annuels PRPE / ISABU).
3. Résultats
3.1 Données sur parcelles Wischmeier
3.1.1 Le protocole WISCHMEIER détermine une faible érodibilité des sols
La détermination du facteur K (tableau 1 et figure 2) des principaux
pédopaysages burundais indique une bonne à trèA1=<<4@LA8AB0<24I:ZL@=A8=<
0,15 0,02
RUSHUBI II (27 %) 7 530 693 10,8 0,10
MUZINDA (35 %) 2 > 130 (*) 445 5,6
KANYOSHA (57 - 75%) 1 200 636 33,1 0,06
MOSO (25 %) 3 360 57 2,1 0,015
#0>@4;8M@40<<L434;4AC@4<Z03L;0@@L4?CZI>0@B8@3C;=8A34novembre de la campagne 84 Y 85
Tableau 1 et Figure 2 : ,0:4C@A ;=G4<<4A 34A 2=4558284<BA 3ZL@=3818:8BL "am et des coefficient de
ruissellement KRam en % des différents pédopaysages burundais
Les valeurs obtenues sont semblables à celles observées en Afrique sur sols
ferrallitiques (ROOSE et SARRAILH, 1989) :
Sols ferrallitiques issus de schiste et granite: K = 0,15 à 0,18
3
6-&+3(')-+(*3%*"&&+
2%"$$"'&+6&&3+*(*3+&,3--*-&"
Sols ferrallitiques issus de schiste micacé (Rushubi II): K = 0,075 à 0,13
Sols ferrallitiques sableux avec charge caillouteuse ou gravillonnaire au sein du
profil: K = 0,01 à 0,05
Sols ferralitiques sablo-caillouteux sur quartzite (Rushubi I): K = 0,02 à 0,065
0,02
=;;4 24A 0CB4C@A :Z=<B 3L9I 2=<AB0BL :4A ;4AC@4A 38@42B4A 34 :ZL@=3818:8BL
3ZC<A=:"AC@34A>0@24::4AAB0<30@3AC<8D4@A4::4A@45:MB4<B:4A4554BA2=;18<LA34
toutes les propriétés qui influencent significativement la facilité avec laquelle un sol
particulier est érodé par la pluie (battanc4 4B :4 @C8AA4::4;4<B @86=:4 AZ8: <Z4AB >0A
couvert. K varie ainsi suivant les propriétés qualitatives et quantitatives du sol,
notamment le taux de matière organique (1) la texture du sol (2) (en particulier les
A01:4A34
I
3.1.2 Les principaux paramètres du sol
rodibilité des sols
(Observation des mécanismes sur les parcelles nues de Rushubi I et II et du Moso)
Le cas est légèrement différent pour les sols très argileux des matériaux
volcaniques du Moso #Z0C6;4<B0B8=< <=< <L6:86401:4 3ZC<4 0<<L4 I :Z0CB@4 34
:Z8<38243ZL@=3818:8BLAZ4AB508B401A=:C;4<B8<3L>4<30;;4<B3CB0CF34@C8AAellement
qui est resté constant. $N;4 AZ8: AZ068B 34 27855@4A ?C8 >4CD4<B NBre sujets à des
4@@4C@A@4:0B8D4A:Z8<38240B=CB34;N;43L2C>:L4<B@=is ans. Cet accroissement est
fort probablement lié à une lente et progressive dégradation chimique du sol qui le
5@068:8A4 34 >:CA 4< >:CA I :ZL@=A8=< #0 B@MA 5081:4 L@=dibilité des deux premières
0<<L4A AZ4F>:8?C4 >0@ :Z4F8AB4<24 34 1=<<4A >@=>@8LBLA =@60<=-minérales du milieu
4B:0>@LA4<243ZC<@LA40C@028<08@4>@8;8B858<AC558A0;;4<B3L2=;>=AL!:AZ068B en
>@4;84@B4;>A3ZC<simple processus mécanique au cours duquel le détachement et
le transport solide se font au gré des variations de la résistance du sol et des
concentrations de ruissellement. Une fois les fibres végétales décomposées, les
matières organiques se diluent. Le pH et la concentration organique des boues
deviennent sensiblement plus élevés que les teneurs organiques des parcelles
@4A>42B8D4A 4BB4 0C6;4<B0B8=< AZ=1A4@D4 L60:4;4<B 0C <8D40C 3C 0 2+ et de la
20>028BL 3ZL270<64 20B8=<8?C4 )0<A 0D=8@ B=CA :4A L:L;4<BA 4< <=B@4 >=AA4AA8=<
(résultats analytiques en sé@84 AC@
0<<L4A 3Z=1A4@D0B8=< 0C ;=8<A 4B LBC34 34
:ZLD=:CB8=<@L6C:8M@434A>@=>@8LBLA>7GA8?C4A4B;L20<8?C4A34:Z7=@8H=<34AC@5024
<=CA>=CD=<A<L0<;=8<AAC>>=A4@?CZC<43L6@030B8=<>7GA82=-chimique affecte les
propriétés organo-minérales au fil des années par une décalcification lente et
progressive dans laquelle des ions Ca 2+ et une certaine forme de matière organique
agglomérés en complexe organo-métallique de type humo-calcique seraient
entraînés sous forme de micelles < 2 µ par dilution et ruissellement (DUCHAUFOUR,
19951RXVSRXYRQVpPHWWUHDXVVLO¶K\SRWKqVHTX¶XQHGestructuration de la surface
croît au fur et à mesure que cette dégradation affecte les agents de liaison des
agrégats. En outre, les argiles gonflantes favoriseraient la fermeture de la porosité de
surface et le ruissellement en nappe qui lui même est plus sélectif vis-à-vis de la
mise en solution des éléments nutritifs.
4
Indice de KAMPRATH (Ik.) = Al3+ / Sommes des bases + H+ + Al3+3OXVO¶LQGLFHHVWpOHYpSOXVODWR[LFLWpSDU
O¶DOXPLQLXP pFKDQJHDEOH HVW IRrte. Le seuil de tolérance pour la plupart des cultures vivrières est de 30%
(OPDECAMP, 1988).
Figure 5 : Evolution de la sélectivité en nutriments des terres érodées sur parcelle cultivée entre 1990
et 1994 (rotation Manioc-Manioc-Maïs-Haricot-Jachère cultivé sur billon isohypse et légèrement paillé
de déchets de labour).
Argiles 0-2 µm en
T/ha 488 49 33,7 8,4 0,95 0,9 0,9 1,0
Erosion annuelle
moyenne en T/ha 694 56 53 9,8 0,60** 0,045 0,05** 0,008
Ruissellement
annuel moyen en 1845 229 689 82 -- --
3
m /ha
bovin en tête de rotation: pertes manioc (90-92) = 1,5 T/ha/an; pertes maïs-haricot (92-93) = 156 T/ha
* Rushubi II: Moyenne des pertes sur une rotation Manioc-Manioc-Maïs-Haricot avec forte fumure de fumier
moyenne de 53 T/ha/an
** Calculé par rapport à 10 cm de sol (densité apparente = 1,15 pour Rushubi II et 1,24 pour le Moso)
2+ 2+
Remarque : 1 meq Ca /100 gr. = 20,04 mg de Ca /100 gr. = 28 mg de CaO /100 gr.
2+ 2+
1 meq de Mg /100gr. = 12,154 mg de Mg /100 gr. = 20 mg de MgO /100 gr.
+ +
1 meq de K /100gr. = 39,103 mg de K /100 gr. = 47 mg de K2O /100 gr.
En accord avec ROOSE ( FHOD V¶H[SOLTXH GH GHX[ PDQLqUHV 3OXV OD
compétence du ruissellement en nappe est faible, plus sa vitesse est ralentie par la
rugosité de la surface du sol, des tiges et des racines découvertes et de la litière.
/¶pURVLRQ pYDFXH HQ SULRULWp OHV PDWières légères et son écoulement plus lent et
aréolaire favorise la mise en solution des éléments fertilisants les plus solubles. A
O¶LQYHUVH SOXVOD YLWHVVH GHUXLVVHOOHPHQW FURvW SOXV HOOH SURYLHQW GH ULJROHVGH WHOOH
sorte que les terres décapées sont sélectivement moins enrichies.
Les analyses effectuées sur le site de Kanyosha montrent que sur de telles
SHQWHV OD YLWHVVH HW O¶pQHUJLH GX UXLVVHOOHPHQW OLQpDLUH charrient de préférence des
PDWpULDX[ SOXV JURVVLHUV HW LQHUWHV &HV PDWpULDX[ VRQW G¶DXWDQW SOXV ULFKHV HQ
VDEOHVVLOLFHX[TX¶LOVVRQWSDXYUHVHQpOpPHQWVQXWULWLIVLQGLFHGHVpOHFWLvité moyen =
0,5-0,6 excepté pour le phosphore). Cette non sélectivité montre le déséquilibre
accéléré du bilan des nutriments et des matières organiques au niveau du sol en
place. Si les argiles ne sont pas, elles aussi, emportées de manière sélective, il Q¶HQ
GHPHXUH SDV PRLQV TX¶HQ UpJLPH G¶pURVLRQ LPSRUWDQWH ! 7KDDQ FH PLOLHX
évolue rapidement vers une squelettisation par accumulation relative des particules
grossières à la surface (cailloux et sables grossiers). Dans tous les cas, il importe de
pratiquer régulièrement une fumure organo-minérale.
3.1.4 /¶pURVLRQ OLQpDLUH HVW FRQGLWLRQQpH HQ SULRULWp SDU OH IDFWHXU
topographique
/¶HIIHWORQJXHXUHWLQFOLQDLVRQGHSHQWHjO¶pFKHOOHGHODSDUFHOOH : /¶LPSRUWDQFe
GH O¶pURVLRQ HVW FRQVLGpUDEOHPHQW LQIOXHQFpH SDU O¶LQFOLQDLVRQ GH OD SHQWH &¶HVW XQ
IDLWELHQFRQQXGHVDJULFXOWHXUVEXUXQGDLVTXLFKHUFKHQWjGpYLHUSDUQ¶LPSRUWHTXHO
moyen les écoulements parfois torrentiels qui laminent leurs champs fortement
exposés.
Les pentes ainsi cultivées peuvent atteindre pour les extrêmes 100 % (45°);
F¶HVW OD OLPLWH VXSpULHXUH FXOWLYpH REVHUYpH GDQV OH SD\V /H GpFRXSDJH SDUFHOODLUH
en lanières est également typique des paysages de fortes pentes et leur allongement
HVW G¶DXWDQW SOXV PDUTXp TXH OD SHQWH HVW IRUWH /D ORQJXHXU GH SHQWH DXWUH
paramètre relié au facteur topographique, peut dépasser les longueurs normales du
pays et atteindre ordinairement une quarantaine de mètres de long. Le découpage
GHV SDUFHOOHV HQODQLqUHVUHVVRUW HQ SUHPLHUOLHX G¶XQHORJLTXH GX WUDYDLOGX VRO VXU
de telles pentes. Le labour de bas en haut en bande étroite est moins difficile; il
permet un retournement plus complet de la motte et facilite le rejet des pierres et des
racines du chiendent de parW HW G¶DXWUH en alignements verticaux. Cela demande
moins de travail à une époque en général surchargée (COCHET, 1993). En second
OLHXOHV\VWqPHG¶KpULWDJHpFKHORQQpFRQWULEXHDXVVLjVDPDQLqUe au morcellement.
'DQVXQVRXFLG¶pTXLWpOHSDUWDJHVHIHUDGDQVOHVHQVGHODORQJXHXUDILQTXHOHV
KpULWLHUV DLHQW FKDFXQ XQH WHUUH GH IHUWLOLWp pTXLYDOHQWH O¶DPRQW pWDQW VRXYHQW SOXV
pURGpTXHO¶DYDOHQUDLVRQGXFUHHSLQJHWGXFROOXYLRQQHPHQW
NoV HVVDLV RQW GRQF UHVSHFWp j OD IRLV O¶LWLQpUDLUH WHFKQLTXH SUDWLTXp SDU OHV
agriculteurs et les conditions topographiques de ce pédopaysage. Deux années de
mesure sur le site de Kanyosha ont permis G¶LGHQWLILHUO¶HIIHWGHO¶LQFOLQDLVRQj
80 %) et de ODORQJXHXU GH SHQWH HW PqWUHV VXU O¶pURVLRQ GX PDQLRF GH
2ème année et de la première année de jachère.
Tableau 3 et figure 6 : Ruissellement et perte en terre annuels sur parcelle Wischmeier de différente
inclinaison et productivité du manioc
69,1 ( [)
10 x 20 = 200 45 32,6 (1,7) 4,9
10 x 40 = 400 42 5,2 (1,1) 3,7
[ ( [)
47,5 ( [)
10 x 10 = 100 66 11,5 (6,8) 7,8
10 x 20 = 200 59 à 70 (convexité) 34,1 (4,5) 6,9
10 x 40 = 400 78 12,3 (2,7) 120 (21,4) 7,5
,O HVW pJDOHPHQW LQWpUHVVDQW GH UHOHYHU TXH OD TXDQWLWp G¶HDX UXLVVHOpH Q¶HVW
pas proportionnelle aux poids des pertes en terre, ni à la longueur, QLjO¶LQWHQVLWpGH
la pente. /¶pQHUJLH FLQpWLTXH GX UXLVVHOOHPHQW GpSHQG LFL SOXV GH VD YLWHVVH
G¶pFRXOHPHQW HW GH VD FKDUJH VROLGH WRWDOH TXH GX YROXPH G¶HDX OXL-même. Plus la
pente est longue et forte, plus les volumes ruisselés ont tendance à se départager en
GHX[ FDWpJRULHV SDUOH IDLW TX¶XQH SDUWLH GHV YROXPHV GLPLQXH HQ V¶pWDODQWGDQV XQ
UpVHDX G¶pFRXOHPHQW SOXV YDVWH HW PDO KLpUDUFKLVp DORUV TXH O¶DXWUH DX FRQWUDLUH
V¶RUJDQLVH DX WUDYHUV G¶XQ UpVHDX SOXV RUJDQLVp HW VH FRQFHQWUH SRXU DFFURvWUH VRQ
pQHUJLH &¶HVW XQH VLWXDWLRQ SDUDGR[DOH GpMj REVHUYpH SDU G¶DXWUHV DXWHXUV /$/
1976, ROOSE, 1967 à 1980, VALENTIN, 1978) dans laquelle les écoulements les
SOXVIDLEOHVHWOHVPRLQVFKDUJpVRQWGHVSRVVLELOLWpVG¶LQILOWUDWLRQSOXVpOHYpHVFDULOV
deviennent plus dépendants des propriétés hydrodynamiques du sol que de la pente
elle-même. Quant aux écoulements les plus concentrés, même si leur volume en eau
HVW SHX LPSRUWDQW OHXU pQHUJLH V¶DPSOLILH DYHF OD SHQWH SRXU FUHXVHU DUUDFKHU HW
briser les agrégats et les transporter hors de la parcelle. En général, lorsque la pente
FKDQJH OHV IRUPHV G¶pURVLRQ change. Dans certaines conditions de sol aux
structures fragiles et fines, les pentes faibles peuvent occasionner de très forts taux
de ruissellement et de faibles pertes après que les effets splash et les premiers
ruissellements en nappe ont colmaté les pores de surface. En revanche, sur pente
forte, la rugosité des sols est plus durable (effet du labour ou du binage) et les
SKpQRPqQHVG¶HQFURWHPHQWSOXVH[FHSWLRQQHOV7RXWODLVVHjSHQVHUTXHODVXUIDFH
porale est plus importante et permet une plus grande infiltration sauf lorsque la pente
hydraulique excède un seuil. Dans ce cas, les ruissellements se concentrent,
FKDUULHQWGHODWHUUHHWDFFURLVVHQWO¶pURVLYLWp( ò09ð
'DQV OD UpJLRQ GHV FRQWUHIRUWV GX 0XPLUZD QRXV SRXYRQV FRQILUPHU TX¶LO
existH GHV VHXLOV G¶LQFOLQDLVRQ HW GH ORQJXHXU GH SHQWH HQ GHVVRXV GHVTXHOV OD
FURLVVDQFH GH O¶pURVLRQ LQWUDSDUFHOODLUH HVW IDLEOH RX QXOOH PrPH VL OHV YROXPHV
G¶HDX UXLVVHOpH VRQW pOHYpV HW DX-GHVVXV GHVTXHOV O¶pURVLRQ V¶DFFpOqUHQW
brusquement. On constate par exemple, les particularités suivantes:
- 3HXRXSDVGHULVTXHG¶pURVLRQVLODSDUFHOOHFXOWLYpHHVWLQIpULHXUHj-12 m
de long, même en condition de pentes extrêmes. Un simple obstacle tous les dix
mètres suffirait donc à empêcher tout transport de charges solides. Nos études ont
HQ HIIHW PRQWUp TX¶XQH VLPSOH UDQJpH G¶KHUEH IL[DWULFH réduit considérablement
O¶pURVLRQGHPDWLqUHVROLGHGHVSDUFHOOHVDOORQJpHVGDQVOHVHQVGHODSHQWH.
- Pas ou peu de risque si la peQWHQ¶H[FqGHSDVXQVHXLOGHHWODSDUFHOOH
PqWUHV GH ORQJ 2Q SHXW FRQVLGpUHU TX¶LO V¶DJLW GX VHXLO WRSRJUDSKLTXH RSWLPDO
toléré. Au-GHOjOHVULVTXHVV¶DFFURLVVHQWEUXVTXHPHQW
- Les longues parcelles continues sur pente excédant 50 % entraînent
systématiquement un transport solide.
,O HVW GLIILFLOH G¶HVWLPHU O¶LQIOXHQFH GHV IRUPHV G¶XQ YHUVDQW VXU OHV SURFHVVXV
G¶pURVLRQ /HV PXOWLSOHV YLVDJHV GX SD\VDJH combinés avec les variations
qualitatives des sols (rugosité et perméabilité) sont soumis à des phénomènes
hydrologiques qui leur sont propres. En règle générale, la présence des pentes
concaves et de replats de versant sont le lieu de colluvionnements sédimentaires et
de piégeages de nutriments. Au contraire, la convexité et la régularité des pentes
DX[TXHOOHVLOIDXWDMRXWHUO¶LQFOLQDLVRQVRQWGHVIDFWHXUVTXLLQWHUDJLVVHQWVXUO¶pURVLRQ
Des zones de décapage préférentiel et de ravinement (ou de glissements) coïncident
avec les sites où plusieurs paramètres de milieu (texture et structure sensibles à
O¶pURVLRQSODQVGHJOLVVHPHQWRXGLVFRQWLQXLWpVVWUXFWXUDOHVHWSRUDOHVDYHFLQYHUVLRQ
des caractéristiques hydrodynamiques,...) interfèrent entre eux et accentuent les
ULVTXHVG¶pURVLRQ&HODUHYLHQWGRQFjGLUHTXHODSRVLWLRQGDQVODWRSRVpTXHQFHHVW
VRXYHQW SOXV LPSRUWDQWH SRXU O¶pURVLRQ TXH OH VHXO IDLW GH O¶LQFOLQDLVRQ HW GH OD
longueur de pente ou du ruissellement. Nos études menées sur les deux petits
bassins versants élémentaires le confirment tout à fait.
&HV GHX[ EDVVLQV YHUVDQWV GH HW KD VLWXpV GDQV O¶HVFDUSHPHQW j
bananier du Mumirwa central sont représentatifs du pédopaysage de Rushubi II
5
/DGHQVLWpDSSDUHQWHPR\HQQHGHVPDWpULDX[WUDQVSRUWpVHVWGHHWFHOOHGHO¶KRUL]RQGHVXUIDFH
(facies des collines en « demi-orange » sur schiste SpOLWLTXHGHO¶DQQH[H). Les deux
déversoirs avaient été proportionnés en fonction des résultats obtenus
antérieurement sur les parcelles expérimentales de Rushubi II&¶pWDLWPDODSSUpFLHU
OHV PpFDQLVPHV G¶pURVLRQ et leur fonctionnement qui sont intimement liés à la
diversité morphologique du paysage HWjO¶RFFXSDWLRQGXVRO. Les résultats des pertes
en terre et des ruissellements enregistrés sur plusieurs années ont en effet contredit
tous les pronostics qui se sont avérés infiniment exagérés par rapport à la réalité.
Tableau 4 : Comparaison des pertes en terre et ruissellements annuels moyens des deux
dispositifs expérimentaux (parcelles et bassins versants)
(*) Moyenne des parcelles de Rushubi II sur lesquelles ont été expérimentés du manioc sur buttes
LQGLYLGXHOOHVHWGXPDQLRFVXUELOORQVLVRK\SVHVDVVRFLpVRXQRQjGHVEDQGHVGHWULSVDFXPG¶PGH
large et équidistantes de 7 m.
6
$XMRXUG¶KXLXQHYLQJWDLQHG¶DQQpHVDSUqVLOUHVWHUDLWjYpULILHUO¶LQFLGHQFHGHFHWWHGHQVLILFDWLRQFXOWXUDOHVXU
O¶pYROXWLRQSK\VLFR-chimique des sols.
3.2.2 Evaluation qualitative des pertes par écoulements hypodermiques
3RXUGHVIDFLOLWpVGHVXLYLHWGHFROOHFWHOHVDQDO\VHVQ¶RQWSRUWpTXHVXUOes
FDWLRQV EDVLTXHV TXL UHVWHQW VWDEOHV GDQV OHWHPSV (WDQW GRQQp O¶LPSUpFLVLRQ GHOD
méthode de collecte sur le terrainFHVYDOHXUVQHVRQWGRQQpHVTX¶jWLWUHLQGLFDWLI
* Les sRXUFHV G¶HUUHXU peuvent être importantes en raison des faibles concentrations mesurées par
pFKDQWLOORQG¶HDXGHJUpGHSUpFLVLRQLQVXIILVDQWGHVPpWKodes de collecte et des diverses pollutions
extérieures (poussières). Nous avons préféré de ne pas en tenir compte sur le plan du bilan des
importations / exportations. Néanmoins, il faut considérer que la pluie, qui récupère la poussière de
O¶DWPRVSKqUHQ¶HVWSDVHQWLqUHPHQWGpPLQpUDOLVpH
Figure 13 :
Résultats des
OLPLWHVG¶$WWHUEHUJ
effectuées sur cinq
échantillons des
deux BV
Conclusion
Pour avoir un impact positif sur la productivité des terres, il apparaît évident
TX¶LO IDXW DXMRXUG¶KXL RULHQWHU OHV LQWHUYHQWLRQV VXU OHV WHUUHV R OHV SHUWHV GH
SURGXFWLRQ VRQW FRPSHQVpHV SDU O¶HPSORL G¶LQWUants à doses modérées mais
UpJXOLqUHV/DGLIIpUHQFLDWLRQG¶XQVROjO¶DXWUHV¶DYqUHGRQFLPSRUWDQWHVDFKDQWTXH
le travail de conservation et de restauration peut demander soit de simples mesures
à la portée de la plupart des familles rurales avec des rendements immédiats à la clé
ou au contraire des moyens plus onéreux mais pas forcément durables sur le plan
agronomique.
Là encore, les familles rurales burundaises sont les meilleurs experts de leur
terre. Ils connaissent le comportement de leur sol et savent comment il réagit par
rapport à une culture déterminée et à différentes doses de fumure organique.
/¶DFFURLVVHPHQW GH OD UHQWDELOLWp GHV WHUUHV SDU OD YDORULVDWLRQ GH OD SURGXFWLRQ
agricole est entre les mains de chacun d¶HX[jFRQGLWLRQGHleur donner les moyens
de produire mieux.
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Annexe 1
GéolRJLHRFFXSDWLRQGHVVROVHWILJXUHVG¶pURVLRQGDQVODUpJLRQG¶,VDOH
(Mumirwa central)
(in Duchaufour et Party, 1988).
T h è m e 6
A s p e c ts s o c io é c o n o m iq u e s
d e la lu tte a n tié ro s iv e
L a p e r c e p t io n d e s r is q u e s e t d e s m o y e n s d e lu t t e a n t ié r o s iv e p a r le s p a y s a n s e s t
f o n d a m e n t a le p o u r c o n c e v o ir d e s s y s t è m e s d e p r o d u c t io n é q u ili b r é s a c c e p t a b le s .
L ’h is t o ir e d e la m is e e n v a le u r d e s t e r r e s , la c u lt u r e p a y s a n n e ( a g r ic u lt e u r s o u é le v e u r s ) ,
le s é c h e c s e t le s c o n s é q u e n c e s s o c io - é c o n o m iq u e s d e l’é r o s io n , la p r e s s io n d é m o g r a p h iq u e e t
le s r e la t io n s a v e c le s m a r c h é s o ù é c o u le r le s p r o d u it s s o n t a u t a n t d e f a c t e u r s d o n t il f a u t t e n ir
c o m p t e p o u r a m é n a g e r e t v a lo r is e r d u r a b le m e n t u n t e r r o ir o u u n b a s s in v e r s a n t .
L a p r o x im it é d e s v ille s e t d e s m a r c h é s m o d if ie la p o s s ib ilit é d e v e n t e d ’u n e x c è s d e
p r o d u c t io n r u r a le m a is p e r m e t a u s s i d e r é c u p é r e r le s d é c h e t s d e s c o n s o m m a t e u r s u r b a in s .
Résumé
Le paysan des Hautes Terres malgaches a su mettre en œuvre des techniques de
gestion et de conservation de son terroir face aux contraintes du milieu. Conscient de
l’état de dégradation de celui-ci, perçu à travers les variations du milieu naturel, le
paysan « vit » avec l’érosion et s’est servi de techniques simples pour la gérer. Il a
bénéficié des projets de développement agricole dans l’amélioration de la production
des terres aménagées, celle de conservation ou de restauration des sols. Il adhère
aux techniques modernes en général. Mais leur pratique est souvent limitée dans le
temps, ponctuelle et demeure à l’état d’expérimentation. Ces actions souffrent en
outre de l’instabilité politique. Ce qui explique les résultats mitigés quand elles sont
mises en œuvre dans l’amélioration des conditions de vie à la campagne. Quant au
paysan, il est constaté qu’il ne peut pas être livré à lui-même. Son plus grand
handicap réside dans l’insuffisance de ses moyens financiers et techniques. La
meilleure stratégie de développement préconisée commence alors par une véritable
éducation des ruraux pour les rendre autonomes et réellement aptes au
développement.
Mots clés
Madagascar, Sol, Dégradation, Types d’érosion, LAE, Développement rural,
Perception paysanne
1. Introduction
Les composantes paysagères des Hautes Terres malgaches sont constituées de
quatre éléments principaux : le bas fonds, toujours humide à cause de la proximité
de la nappe phréatique et des sources, est voué à la riziculture irriguée. Les
terrasses alluviales et les bas de pente à sols de colluvions sont occupés par la
riziculture et les cultures maraîchères. Les « tanety » ou flanc de colline constituent
la zone de pseudo steppe et de cultures pluviales. Le sommet des collines est
réservé au reboisement et à la forêt (Photo 1).
Le paysan a su s’adapter aux contraintes naturelles qu’offre chacune de ces entités
paysagères en aménageant et en occupant les parcelles les plus fertiles. De
nombreux programmes de gestion, conservation ou restauration des sols,
confessionnels, non gouvernementaux ou étatiques se sont inspirés des pratiques
paysannes pour améliorer les techniques agricoles. Tel est le cas des « tatatra » ou
canaux utilisés pour protéger les cultures des effets de l’érosion. Ils ont inspiré
l’utilisation des fossés de garde et d’infiltration contre le ruissellement sur les
versants et l’inondation des cultures des bas fonds. Cette technique permet en outre
la formation d’une couche humifère. Mais face aux résultats parfois mitigés, le bilan
des actions semble ne pas avoir atteint le développement escompté alors que tout
fut mis en œuvre pour la réussite des projets. Les résultats des campagnes de
vulgarisation agricole menées par l’Etat dans les années 80 par exemple n’ont atteint
leurs objectifs qu’à 50% en général. On s’interroge si le fait d’appréhender la
perception paysanne de son milieu en particulier l’érosion, ses impacts et les
diverses tentatives d’amélioration de la production pourrait contribuer à un meilleur
développement des campagnes ?
Différents sites pris sur les Hautes Terres sont étudiés. Outre leur
appartenance à des milieux montagneux (alt>1000m), ces sites ont pour points
communs d’être ou d’avoir été une zone végétalisée ayant connu des formes de
dégradation plus ou moins intenses entraînant érosion et épuisement des sols :
secteur de la cuvette intramontagnarde d’Andapa et environs situé dans le Nord Est
de Madagascar ; Régions Alaoutra, Mangoro, Analamanga et Vakinankaratra, sur les
Hautes Terres centrales, le Moyen Ouest et la falaise orientale de l’île. Tous ont fait
l’objet d’actions de développement, de conservation ou de restauration de la fertilité
des sols.
Les données ici reportées sont les résultats des enquêtes, observations,
analyses et mesures sur les sites d’étude.
Activités Jan Fév Mar Avr Mai Jun Juil Août Sept Oct Nov Déc
Riziculture ¤ ¤¤¤ ¤ ¤¤¤ ¤¤¤ ¤ ¤ ¤¤¤ ¤¤¤ ¤ ¤¤¤ ¤¤¤
Cultures ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤
maraîchères
Cultures ¤¤¤ ¤¤¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤¤¤ ¤¤¤
pluviales
Culture de ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤
contre saison
Récoltes ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤¤¤ ¤¤¤ ¤¤¤ ¤ ¤ ¤ ¤
Vente des ¤¤¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤¤¤ ¤ ¤ ¤¤¤ ¤ ¤ ¤
produits
agricoles
Transport des ¤¤¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤¤¤ ¤ ¤ ¤¤¤ ¤ ¤ ¤
produits par car
brousse ou
camion
Transport des ¤ ¤ ¤ ¤¤¤ ¤¤¤ ¤ ¤ ¤¤¤ ¤¤¤ ¤ ¤ ¤¤¤
produits par
charrette
Production de ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤
charbon de
bois
Reboisement ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤
Pente (%) ≤2 2 - 12 12 - 36 ≥ 36
Perte avant feu (t/ha/an) 0,07 0,40 1,69 9,16
Perte après feu (t/ha/an) 0,15 0,74 3,28 17,23
Perte probable sans feu 0,01 0.07 0,32 1,65
(t/ha/an)*
Surface (%) 25,7 6,5 54,9 12,9
Source : Andrianavalona H et Randriamanga S., 2008
Il s’agit d’une perte en terre simulée dans le cas où la couverture végétale devient de plus en plus
dense.
Des mesures effectuées sur trois parcelles test dans le bassin versant de Maniandro
au nord-ouest d’Antananarivo (Ratsivalaka et al, 2007) ont montré l’importance du
ruissellement sur un sol non couvert de végétation (Tab. 3). Des études similaires
menées à Manankazo et dans la région de l’Alaotra respectivement au nord-ouest et
au nord nord-est d’Antananarivo, confirment ce constat. On retient que le couvert
végétal de densité suffisante même sur une pente forte, réduit l’érosion.
Volume de Hauteur de
ruissellement ruissellement Coefficient de ruissellement
(m3) (en mm) (en %)
6- Discussion et conclusion
Le plus grand handicap du paysan réside dans ses pratiques culturales
orientées vers l’autosubsistance et dans ses systèmes de production demeurés
traditionnels, entretenant de la sorte la faiblesse des rendements. Ses activités sont
peu tournées vers l’économie de marché. Les sources d’argent ne sont pas variées.
D’où l’impossibilité d’investir et en conséquence de diversifier ses cultures et
innover ses pratiques culturales. Les entrées d’argent demeurent faibles et instables
ce qui amène le paysan à s’occuper d’abord du nécessaire, à porter l’effort sur la
riziculture et l’entretien des bœufs assurant respectivement la subsistance et les
travaux des champs. Les autres investissements : culture maraîchères et de contre
saison tiennent compte de sa capacité d’épargner.
La défaillance de l’éducation à la campagne explique le besoin souvent
exprimé du paysan pour une assistance continue devant toutes nouveautés
technologiques. C’est pourquoi, il est désemparé quand il lui faut poursuivre seul les
actions arrivées en fin de projet.
La croissance démographique constitue un autre problème à résoudre dans
la mesure où son impact se fait sentir au niveau du milieu naturel, de l’utilisation et la
répartition des terres. Comme les zones de culture occupent les bas fonds et les bas
de pente, l’exiguïté de ces dernières et la surcharge démographique poussent le
paysan à remonter les versants des collines. Dans le cas de la cuvette intra
montagnarde d’Andapa dans le Nord Est de l’île, où de nombreux appuis du Fonds
Européen de Développement (FED) ont aidé le paysan, c’est la chute de production
qui a entraîné l’exploitation des versants montagneux environnants. Les moyens et
techniques utilisés, demeurent traditionnels et fragilisent les versants menaçant
d’érosion les zones de bas fonds. L’accroissement de la population entraîne en outre
un morcellement des surfaces cultivées à cause de l’appropriation des terres qui
se fait dans la majorité des cas par héritage. Les propriétés sont morcelées à
l’extrême en fonction du nombre des héritiers. Les chances de production diminuent
en conséquence accentuant la pauvreté.
Si le paysan perçoit bien les problèmes afférant à l’érosion et à la restauration
de la fertilité des sols, il ne se montre pas assez combatif, et ne fournit pas d’effort en
matière d’agriculture à cause de son fatalisme. Il se montre souvent impatient face
au gain car il veut des résultats et avoir tout rapidement. Il change difficilement
d’habitude. Exemple, pour faire face au danger des variations climatiques actuelles,
la politique de l’Etat vise à promouvoir les variétés de riz à cycle court dans le milieu
paysan. Mais la majorité des agriculteurs préfèrent toujours planter des variétés qu’ils
connaissent bien. Tel le « Makalioka » dans l’Alaotra Mangoro, un riz blanc apprécié
pour la longueur de ses graines. Concilier la politique proposée par l’Etat, la
demande réelle émanant des paysans et les aléas climatiques ; constituent alors une
véritable source de difficultés quant au choix des semences.
Toutes ces considérations expliquent les difficultés rencontrées par les actions de
développement à Madagascar. La faiblesse des moyens financiers, techniques et
matériels constitue l’un des premiers handicaps à surmonter. Le manque d’initiative
et le besoin d’assistance du paysan amène à reconsidérer son éducation et oblige
les organismes de développement à faire une approche participative pour
responsabiliser le paysan face au problème de développement. C’est le cas du
Programme de Lutte Anti érosive (PLAE) qui intervient à Marovoay.
L’amélioration de la vie dans la campagne ne peut donc se faire que sous
certaines conditions : maîtriser le milieu naturel pour assurer un développement
durable, augmenter le revenu de la majorité pour assurer une réelle amélioration des
conditions de vie. Il doit intégrer les aspects socio culturels car le développement de
la campagne dépend beaucoup du paysan lui-même : sa faculté de changer de
pratiques, de penser et d’adopter les techniques modernes.
En conclusion, l’état de dégradation de l’environnement et le maintien des pratiques
ancestrales contribue à pérenniser le non développement de la campagne. Si le
paysan a pu bénéficier des techniques de LAE vulgarisées par différents organismes
de GCES, il les a bien acceptés en général. Mais elles sont ponctuelles et demeurent
souvent à l’état d’expérimentation. Elles souffrent en outre de l’instabilité politique de
Madagascar et sont en conséquence limitées dans le temps. Le paysan quant à lui,
ne peut pas être livré à lui-même. Il a besoin d’un soutien constant si on veut la
poursuite et la réussite des actions menées. Il faut en conséquence développer
l’éducation à la campagne et intéresser le paysan à l’économie du marché en l’aidant
à accéder à une culture de profit. Ainsi, la meilleure stratégie de développement
préconisée commence par une véritable éducation des ruraux pour les rendre
autonomes et réellement aptes au développement.
Références bibliographiques
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bassin versant des Hautes Terres Centrales malgaches, in S. RATSIVALAKA, G. SERPANTIE, G DE
NONI, E. ROOSE, Les Actes courts des Journées scientifiques régionales du Réseau Érosion et
GCES de l’AUF, 25, 26 et 27 octobre 2005. pp 77-80
RATSIVALAKA S., ANDRIAMAMPIANINA N., MIETTON M., PUECH C., ANDRIAMIHAMINA M.,
RANDRIAMBOAVONJY J.C., 2007 : "Restauration et gestion de la fertilité des sols sur les Hautes
Terres Centrales de Madagascar : cas du bassin versant de Maniandro, nord-ouest d'Antananarivo,
Madagascar". Réseau des chercheurs EGCES de l’AUF. Rapport Scientifique de mi-parcours, 49p.
Rapport final, 41p.
ROOSE E., CHEBBANI R., BOUROUGAA L., 2000: Ravinement en Algérie. Typologie, facteurs de
contrôle, quantification et réhabilitation. Synthèse, Sécheresse 2000, n°11, pp. 317 -326.
Perception de la banquette antiérosive fruitière
par les utilisateurs dans le Moyen Atlas (Maroc)
Régis PELTIER*, Mohamed SABIR**, Charles LILIN***, Anaïs ODDI***, Frank
SCHNEIDER***, Florence AMIA***, Daniel KÜBLER***, Thea-Katharina
WIESINGER***, Armand-Yvon MENGOME-ANGO***
* CIRAD-ES-UPR36, TAC-36/D, Baillarguet 34398 Montpellier Cedex 5, France (regis.peltier@cirad.fr) ** École
Nationale Forestière d’Ingénieurs, BP 511, Salé, Maroc *** AgroParisTech-ENGREF, BP 7353, 34086
Montpellier cedex 4, France
Résumé :
La banquette fruitière » est une méthode qui consiste à creuser des fossés d’environ 50 cm de largeur
et de profondeur, en courbe de niveau, au fond desquels sont plantés des arbres fruitiers. Elle a été
largement utilisée au Maroc depuis des décennies et diffusées par le projet européen de
développement participatif du Moyen Atlas Central, qui en a fait installer 97 km sur 212 ha, entre 2005
et 2007.
Méthode : Au cours du mois de février 2007, des enquêtes ont été réalisées auprès de 16 paysans
de la région de Khénifra, Moyen-Atlas, pour déterminer quelle était leur perception de la technique et
quelles améliorations ou alternatives ils pouvaient proposer. Les enquêtes ont été croisées avec
autant de visites de terrain et avec des entretiens avec des personnes ressource.
Résultats : Les paysans, dans leur ensemble, portent un grand intérêt aux fruitiers. En effet, ces
agro-pasteurs « berbères », assez récemment sédentarisés, vivent traditionnellement de l’élevage du
mouton et de la culture des céréales. L’arboriculture des pommes, des amandes et des olives peut
leur permettre d’obtenir des revenus monétaires beaucoup plus importants.
C’est en raison de cet intérêt pour l’arboriculture que les agriculteurs acceptent le creusement des
banquettes par le projet, dans leurs champs, d’autant plus qu’il subventionne également l’achat des
plants et leur mise en place.
Mais très peu sont convaincus par l’efficacité antiérosive des banquettes qui, étant en courbe de
niveau, sont mal adaptées à l’irrigation gravitaire et qui se révèlent sensibles, en cas de fortes
précipitations et de piétinement du bétail, en particulier sur fortes pentes.
Lorsqu’ils réalisent eux-mêmes les travaux, certains arboriculteurs préfèrent entourer les arbres par
un fossé peu profond en demi-lune, dont le bourrelet aval est renforcé par un mur en pierres sèches,
ce qui forme une terrasse individuelle pour chaque arbre. Elles peuvent alors être disposées le long
de fossés d’irrigation en légère pente. En cas de fortes pluies, l’eau en excès peut s’écouler entre les
terrasses individuelles, sans les détruire. On remarque, en outre, que seuls les plus aisés des
arboriculteurs, en particulier d’anciens émigrés, peuvent assurer l’irrigation, la taille et les traitements.
Discussion et conclusion : Il apparaît ainsi que le « paquet technologique banquette +
arboriculture », apporté par le projet, a été bien accepté en raison de sa quasi-gratuité, malgré les
inconvénients voire les dangers de la technique antiérosive choisie. Ce faisant, le projet a
certainement accéléré l’évolution des systèmes agraires traditionnels et leur ouverture vers l’économie
de marché. Il reste à espérer que ces néo-arboriculteurs sauront développer des techniques plus
diversifiées et donc plus durables, après la fin du projet. Au niveau de l’approche projet, les auteurs
pensent qu’il aurait été plus efficace de dissocier les messages portant sur l’érosion et sur
l’arboriculture, et de travailler sur une plus longue durée, en tenant compte des savoirs traditionnels et
en assurant l’accompagnement et la formation des agriculteurs.
Mots clés :
Maroc, Banquettes fruitières, Érosion, Développement rural participatif, Moyen-Atlas,
GCES, Perception paysanne, Résilience des systèmes socio-écologiques.
Abstract:
La « banquette fruitière »
(Photographie 1) est une méthode
qui consiste à creuser des fossés
d’environ 50 cm de largeur et de
profondeur, en courbe de niveau,
au fond desquels sont plantés des
arbres fruitiers. La hauteur du
bourrelet se situe entre 30 et
70 cm.
Photographie 1 :
Banquettes fruitières au moment de la
plantation
Matériel et méthode
Zone d’étude
La province de Khénifra se localise dans le Moyen Atlas Central du Royaume du
Maroc (Figure 1). Sur une surface totale de 1 341 000 ha, elle a une population de
465 061 habitants. Sa densité est d’environ 38 habitants par km². La population est
généralement jeune : environ la moitié des habitants est âgée de moins de 20 ans.
Le taux d’accroissement moyen annuel est de l’ordre de 2,3 %, avec une disparité
considérable entre l’espace rural (0,5 %) et les centres urbains (5 %) en raison de
l’exode rural.
Figure 1 :
Le Maroc et la région de Khénifra
(source Geomatic, 2007)
Au niveau économique, 75 % de la
population active vit de l’agriculture
et de l’élevage. Seulement 12 %
de la population active est
employée dans le secteur tertiaire
(transports, commerces et
administration). L’industrie et
l’artisanat n’occupent que 3 % de
la force de travail.
– Les sols fersiallitiques peu profonds sur dolomies et calcaires sont les plus
présents. Par leur texture, nature, roche mère, ils sont souvent associés à la
culture ou portent les forêts de chênes verts.
– Les sols rouges fersiallitiques méditérranéens sur argilites rouges du Trias.
Face à l’érosion, ce sont les sols qui présentent la plus grande fragilité.
Photographie 2 :
La zone d’étude : habitations (douars)
entourées de champs de blé enneigés en
haut et à droite, vergers d’oliviers et jardins
maraîchers dans la vallée
Méthode d’enquête
Le travail de terrain a consisté en la réalisation d’entretiens semi-directifs ainsi qu’en
l’observation technique d’aménagements antiérosifs, en général en présence du
propriétaire du terrain et de membres du projet « Khenifra » (Oddi et coll., 2007).
La préparation des entretiens s’est organisée autour de :
la prise de contact et les concertations diverses avec le personnel du projet,
les autorités locales, les membres de l’ « Associations de Gestion et
d’Aménagement des Terroirs » (AGAT), en particulier l’association « Atlas
pour le Développement » de Sidi Yahya ou Saâd et les agriculteurs ;
la planification des rencontres ;
la conception d’un guide d’entretien semi-directif pour la bonne conduite des
enquêtes sur le terrain (Mary et coll., 1999).
Deux entretiens collectifs (en présence de la totalité des membres du groupe de
travail) ont permis de tester la pertinence du guide d’entretien et d’affiner les
rubriques thématiques qu’il comportait. A la suite de ces premières enquêtes, les
hypothèses de départ ont été reformulées en fonction des informations recueillies,
d’analyse et de réflexion ainsi que du temps imparti (Mutel et Sibelet, 2006).
Au total 25 entretiens ont été menés. En général, ceux-ci se sont déroulés pour
partie dans la résidence de l’intéressé (ou dans son bureau) et pour partie sur le
terrain, pour stimuler la discussion, croiser les informations orales avec l’observation
visuelle, faciliter la compréhension et mettre en évidence des contradictions ou des
oublis éventuels. Les catégories de personnes interrogées et leur nombre sont
donnés dans le tableau 1.
Agriculteur 16
Cadre du projet 4
Garde forestier 1
Résultats
Les enquêtes réalisées auprès des paysans se déroulant dans des conditions
souvent difficiles, du fait de l’isolement des douars (accessibilité à pieds seulement),
des aléas climatiques (neige et brouillard) et compte tenu de certaines difficultés de
traduction (amazigh / arabe / français), seuls douze entretiens ont pu être
entièrement notés et analysés. Ceux-ci ont permis d’identifier et de catégoriser les
différents types d’agriculteurs sur la base d’un certain nombre de critères indicateurs.
Ces critères traduisent à la fois la capacité d’investissement, les choix dans les
activités agricoles, mais aussi les difficultés auxquelles les agriculteurs sont
confrontés.
Dans cette catégorie figurent des agriculteurs ayant des surfaces d’exploitation
importantes et pratiquant l’élevage. Leurs plantations sont en général réalisées dans
des secteurs profitant de l’irrigation ; celle-ci semble être une condition très
importante de la rentabilité économique de l’arboriculture. Ces exploitants sont moins
pénalisés par la faiblesse des mesures d’accompagnement du projet Khénifra et de
l’administration car leur formation de base est plus solide et ils ont plus facilement
accès aux conseils techniques. Ces exploitants ont parfois recours aux informations
auprès des techniciens qualifiés (de la Direction Provinciale de l’Agriculture (DPA)
par exemple). Ils ont également un meilleur accès à l’information sur l’état des
marchés. Ils savent, en particulier, que la demande nationale de fruits et d’huile est
en accroissement, en raison du développement urbain. Ils n’ignoraient pas, par
exemple, que la demande européenne était élevée en 2007, au moins
temporairement, en raison des gels d’oliviers, en Espagne, durant l’hiver 2005-2006.
Ils mettent en vente des quantités de fruits plus importantes et vendent ainsi au
niveau local et lointain à des prix plus rémunérateurs. Ils emploient fréquemment de
la main d’œuvre et disposent de la possibilité d’investir (achat de matériel,
creusement de puits, équipement de pompes et de tuyaux d’irrigation, système de
goutte-à-goutte, etc.) et d’entretenir leurs parcelles (irrigation, fertilisation, taille,
récolte, etc.). Pour effectuer la taille ou les traitements, ces exploitants disposent plus
facilement du matériel nécessaire (pulvérisateurs, sécateurs, etc.). Ils ont en outre
souvent commencé à planter ou à faire des essais de plantation d’arbres à titre
« expérimental » avant le projet Khénifra. Ils ont une bonne connaissance des
principales variétés disponibles et de leur prix sur les marchés en fonction des
saisons. Il faut noter que plusieurs de ces agriculteurs ont pu « s’élever
économiquement et techniquement au dessus du groupe » grâce à la pluriactivité
(commerçants, maçons, etc.) ou à l’immigration temporaire en Europe (récolte de
fruits en Espagne, bûcherons ou maçons en France).
Contrairement aux plus aisés, les moyens et petits agriculteurs ont des exploitations
de petites tailles en termes de superficie. Ils possèdent parfois quelques animaux
d’élevage. Leur revenu agricole est bien souvent insuffisant par rapport à leurs
besoins, ils vendent ainsi fréquemment leur force de travail. Ils emploient quelquefois
une main d’œuvre dans les périodes de travail intense, comme par exemple durant
la récolte. Ces agriculteurs manquent de moyens pour investir (construction de puits,
de systèmes d’irrigation, etc.) et pour entretenir leur(s) parcelle(s) (irrigation, taille,
fertilisation, etc.). Pour pallier partiellement à cette situation, l’AGAT met
occasionnellement à leur disposition le matériel nécessaire et des techniciens pour la
taille des arbres. Ils ont des difficultés d’accès à l’information et vendent leurs
produits sur le marché local.
Ces derniers ne possèdent pas de terre (ou quelques ares de céréaliculture hérités
de leurs parents) et ils travaillent principalement pour un propriétaire détenteur du
titre foncier (résidant parfois en ville ou à l’extérieur du pays). Ils n’ont évidemment
pas la liberté de décision sur une terre sans l’autorisation de son propriétaire. Ces
paysans manquent de moyens pour investir et d’accès à l’information.
Pour les petits et moyens paysans, les enquêtes directes demandent plus de temps
pour une mise en confiance. Etant donné le court temps imparti pour l’étude et
parfois la difficulté d’accès à l’information, le nombre de personnes interrogées reste
faible. De ce fait, il a été nécessaire d’obtenir des informations indirectes auprès de
personnes connaissant bien la commune. Cette catégorie d’agriculteurs rencontre
plus de difficultés que le groupe précédent. Ces agriculteurs sont conscients des
avantages qu’apporte la réalisation des
banquettes fruitières dans leur parcelle. Ils
ont cité notamment la meilleure rentabilité
de l’arboriculture via la valorisation de la
terre mais également celle du travail. Le
travail sur le chantier entraîné par la mise
en place de tels aménagements et celui
que dégagent les arbres fruitiers au
moment de la récolte sont également des
profits directs. Ces agriculteurs sont
souvent dans l’incapacité d’entretenir et
d’irriguer leur terre. L’accès à l’irrigation
est plus difficile pour ces petites
exploitations :
Photographie 4 :
Banquettes sur forte pente, non entretenues et ravinées
Perception économique de
l’introduction de
l’arboriculture
D’après la majorité des
personnes interrogées,
l’arboriculture est une activité
agricole fortement génératrice
de revenus. Ainsi, le débat
portant sur le choix entre
céréaliculture et arboriculture
est d’actualité chez les
agriculteurs du Moyen-Atlas.
Ce choix n’est pas toujours
évident et beaucoup d’entre
eux se sont interrogés sur
leurs productions et sur les
autres possibilités de revenus.
Photographie 5 :
Murette non entretenue installée par un ancien projet
Il leur semble que les plus grosses contraintes pour passer de la céréaliculture à
l’arboriculture sont la possibilité d’irrigation et la disponibilité de moyens financiers.
Pour le choix des espèces fruitières, les critères mis en avant par les agriculteurs
sont la valeur commerciale des fruits et la possibilité de les commercialiser, ainsi que
les exigences écologiques des différentes espèces (besoins en eau, minéraux,
altitude, ensoleillement …).
Il s’agit d’une technique d'aménagement des pentes. Elles sont installées en courbes
de niveau. Leur fonction antiérosive consiste à diminuer l’érosion aratoire, à réduire
la pente (facilitant la culture des parcelles) et à disperser le ruissellement en surface.
Néanmoins ces rôles divers ne sont assurés qu’à condition que les murettes soient
régulièrement entretenues et contrôlées après chaque averse. La Photographie 5
illustre la non-appropriation d’une murette installée lors d’un projet, car on peut voir
que la base et le sommet n’en ont pas étés renforcés depuis sa création, si bien
qu’elle menace ruine, au risque de relancer, très prochainement, une forte érosion
régressive.
Les seuils en pierres sèches constituent une variante des murettes dans
l'aménagement des talwegs. De la même façon que pour les murettes, ils retiennent
la terre et maintiennent la fertilité du sol. Leur fonction consiste également à
disperser l'eau qui a naturellement tendance à se concentrer au milieu du talweg et à
éviter ainsi l’incision à ce niveau. Selon la force du ruissellement, des variantes plus
ou moins lourdes, avec ou sans semelle parafouille, sont préconisées par les
techniciens du Projet. Les ouvrages sont constitués de pierres plus ou moins
massives. Ils s’accompagnent ou non d’une végétalisation de l’atterrissement du
seuil pour améliorer sa résistance. Pour les plus petits talwegs, des alternatives
moins coûteuses existent : abandon du labour du fond du talweg, enherbement du
talweg, petits seuils biologiques …
Discussion
Les banquettes fruitières, du fait de leur influence sur la valorisation de la terre et du
travail rémunéré des paysans bénéficiaires, apparaissent plus comme un outil de
développement rural que comme un moyen de lutte antiérosive. L’intérêt
économique de l’arboriculture semble évident par rapport à la céréaliculture. Il est
confirmé par le fait que dans la zone d’étude, beaucoup de paysans aisés plantent
des arbres fruitiers en dehors de l’aide d’un projet.
Photographie 7 :
Aménagement en banquette de
tout un versant
Au contraire, le projet Khénifra s’est appuyé sur une demande paysanne clairement
identifiée. De plus, la distribution d’arbres fruitiers n’a pas été limitée aux seuls
paysans ayant accepté la construction de banquettes sur leurs terres. La rupture
avec les projets antérieurs, où la banquette apparaissait surtout comme un
aménagement réalisé par l’Etat, est importante. Cependant, le projet est resté à mi-
chemin entre un projet de DRS à l’ancienne et un projet de développement rural.
Ainsi, il aurait peut être été préférable de faire d’abord réaliser des banquettes par
quelques agriculteurs aisés, d’observer les résultats obtenus et de constituer ainsi
des références crédibles avant d’organiser une diffusion plus large de la nouvelle
technique. Mais une telle stratégie de développement demande plus de temps, une
ressource dont le projet ne disposait pas. Ainsi, même si l’appropriation est
probablement meilleure que dans les anciens projets, il est possible qu’elle ne soit
que peu acquise pour les petits et moyens agriculteurs.
Évaluer l’appropriation de la banquette fruitière par les agriculteurs nécessite de
travailler à la fois sur leur perception de la banquette comme outil de lutte contre
l’érosion et sur leur perception de l’arboriculture associée à la banquette. Or, au
Moyen Atlas comme un peu partout ailleurs, la problématique de l’érosion des sols
est avant tout une problématique importée par les projets. Cela ne signifie pas qu’il
n’existe pas de préoccupation paysanne par rapport à certaines manifestations de
l’érosion, préoccupation qui se traduit que par de rares aménagements. Mais ce
thème a surtout été importé de l’extérieur, associé tantôt à la stigmatisation de
certaines pratiques agricoles et tantôt à d’intéressantes possibilités de rémunération
lors de la réalisation d’aménagements antiérosifs. Pour accéder à des informations
sur la préoccupation initiale d’un agriculteur par rapport à l’érosion, il faut mener
l’enquête sur le terrain, face à des signes de l’érosion ou, mieux, face à de petits
aménagements paysans réalisés par eux-mêmes ou par leurs voisins. Lors des
enquêtes menées en chambre, le risque est élevé de les voir répondre en fonction
de leurs intérêts pour des aménagements sources de revenus immédiats (salaires).
Autrement dit, la fiabilité des informations fournies est incertaine.
D’autre part la construction d’une banquette fruitière nécessite l’acceptation du
propriétaire du terrain. Lorsque ce propriétaire est en ville ou à l’étranger, l’exploitant
de la parcelle peut avoir du mal à obtenir cet accord. L’acceptation de la banquette
par le paysan semble souvent plus liée au salaire que lui verse l’entrepreneur, plutôt
qu’à une perception claire de l’intérêt de la banquette en elle-même. Certains
agriculteurs refusent la construction de banquettes parce que les inconvénients dus
à la diminution de la surface cultivée et la gêne apportée aux travaux est supérieure
aux bénéfices tirés du salaire fourni. D’autres agriculteurs peuvent aussi refuser la
construction d’une banquette parce qu’elle constitue quelque chose de nouveau
(contrairement à la demi-lune) et qu’ils préfèrent attendre « pour voir » les résultats
que donnent les plantations.
Enfin, plusieurs agriculteurs ont également insisté sur la qualité du travail
topographique (horizontalité) dans la confection des banquettes fruitières et la qualité
douteuse des plants y étant associés. Certains se sont plaints du travail trop rapide
des ouvriers, de certaines défectuosités dans la confection des banquettes, etc.
Malheureusement, la durée de l’étude a été trop courte pour réaliser des
reconnaissances plus approfondies sur le terrain et des enquêtes en plus grande
quantité auprès des agriculteurs.
Quelques difficultés restent à souligner. Il semble que les agriculteurs apprécieraient
un encadrement technique plus important. La faiblesse des mesures
d’accompagnement serait une raison majeure de la mauvaise valorisation
économique des plantations. Les agriculteurs ont notamment insisté sur
l’accompagnement en termes d'entretien (taille des arbres, fertilisation, traitements
phytosanitaires, irrigation), et de commercialisation. Mais le financement de l’AGAT
n’est pas garanti et dépend de sa capacité à mobiliser des fonds pour de nouveaux
projets. Les structures administratives « classiques », comme la DPA, sont chargées
d’assurer le suivi sur le long terme. Toutefois, ces structures administratives ne
semblent pas disposer de ressources financières, humaines et techniques
nécessaires. Il semble que la DPA n’ait été que faiblement associée au projet. Dans
le cadre d'un tel projet, la
mise en place d'un volet de
formation en arboriculture et
des fonds prévus pour
appuyer les administrations
dans leurs tâches pourraient
améliorer l'aide portée par les
bailleurs de fond en matière
de développement rural.
Photographie 8 :
Technicien faisant une
démonstration de taille chez un
« néo-arboriculteur »
Plus de mesures d'accompagnement encourageraient davantage les agriculteurs
dans la bonne réalisation de leurs travaux. Le projet fournit certains de ces services
par l’intermédiaire de l’AGAT (par exemple, la formation des techniciens pour la
taille) (Photographie 8) et il favorise la commercialisation par l’amélioration du réseau
routier
Conclusion
Le projet de développement rural participatif de Khénifra a eu pour objectif
d’améliorer les conditions de vie des populations rurales des zones concernées. La
réalisation des banquettes fruitières par le projet a rempli cet objectif et s’est inséré
également dans une stratégie de lutte antiérosive.
Les arbres fruitiers des banquettes ont été acceptés par les agriculteurs ; mais en
termes de mesures de DRS, ceux-ci n’ont pas tous vu l’intérêt des banquettes. Ainsi,
pour les agriculteurs comme pour le projet, les banquettes fruitières, apparaissent
plus comme un outil de développement rural qu’un moyen de lutte antiérosive.
En fonction des objectifs à atteindre, lutte antiérosive ou valorisation agricole,
d’autres alternatives moins onéreuses sont techniquement envisageables.
Cependant, à l’échelle temporelle et économique d’un « projet », raisonnant sur le
court terme, ces alternatives sont peu compatibles.
Un projet travaille avec des budgets considérables. Il apporte des changements
rapides. Pour que ses effets bénéfiques soient durables, il est important de s’assurer
de la capacité des agriculteurs à poursuivre les actions entreprises.
Au niveau de l’approche de vulgarisation d’un projet de développement rural, les
auteurs pensent donc qu’il aurait été plus efficace de dissocier les messages portant
sur la lutte antiérosive de ceux qui concernent l’arboriculture. Pour une meilleure
résilience des systèmes sociaux- écologiques (Walker et coll., 2009), il aurait fallu
travailler sur une plus longue durée, en tenant compte des savoirs traditionnels et en
assurant l’accompagnement et la formation des agriculteurs.
Remerciements
Les auteurs remercie particulièrement les collègues du projet Khénifra qui les ont conseillé et
accompagné tout au long de la phase de terrain et, en particulier, les agents de développement
Rabach Lahcen et Hamou Bouifrane, le directeur Hamid Stitou et le conseiller technique Manuel
Courtieux, sans oublier, à Montpellier, Gilles Mille et Alain Billand.
Ils tiennent également à remercier les membres de l’AGAT de Sidi Yahya ou Saâd et en particulier
son président Haddou Mghari ainsi que le traducteur Boulahcen Elhoussaine.
Bibliographie :
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Mary F., Sibelet N. et Smektala G., 1999. Guide méthodologique pour la conduite d'une étude en
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Sabir M. , 2007. Contribution à l’évaluation de la pertinence technique et socio-économique des
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banquette fruitière). Agro-ParisTech-Engref Montpellier, France et ENFI Salé Maroc, 30p.
Peltier R., Sabir M., Lilin C., Oddi A., Schneider F., Amia F., Kübler D., Wiesinger T-K.,Mengome-
Ango A-Y. 2010. La banquette antiérosive fruitière dans le Moyen Atlas marocain : le projet Khénifra.
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Aspects socio-économiques des
techniques traditionnelles et modernes de conservation de l'eau et
des sols dans la région de Béni Snous
(Wilaya de Tlemcen- Nord Ouest Algérien)
Résumé
La région de Béni Snous dans la wilaya de Tlemcen (NO Algérien) se
caractérise par la présence de techniques traditionnelles de GCES mises en place
par les paysans depuis plusieurs siècles, et de techniques modernes (DRS)
récemment mises en place par l'Administration des Forêts.
Cette étude a comme objectif l'analyse du comportement actuel des deux
techniques utilisées et la comparaison entre elles sur le plan coût, efficacité, maîtrise
de l'érosion et de l'influence socioéconomique vis-à-vis des populations rurales.
L'observation et l'analyse des techniques traditionnelles permettent de
constater une stabilité et une efficacité vis-à-vis de l'érosion remarquables. Les
techniques modernes sont par contre souvent abandonnées malgré un coût de
réalisation très élevé.
Il est donc plus intéressant économiquement d'intervenir dans la lutte
antiérosive par des techniques simples adaptées aux conditions agro écologiques et
aux caractéristiques socioéconomiques des régions lors des premiers stades du
phénomène érosif et assurer continuellement leur entretien que d'intervenir
tardivement par des moyens qui affectent lourdement le patrimoine foncier du pays
sans une efficacité satisfaisante sur la productivité des terres aménagées.
Mots clés : Algérie NO, Gestion durable, Rapport coût/efficacité, Techniques
antiérosives traditionnelles et modernes, Maintenance des aménagements.
Abstract
The region of Béni Snous which is situated in Tlemcen’s department (Algerian
NO) is characterized by the presence of traditional management built by farmers for
several centuries and of modern management (DRS) recently imposed by the central
Administration of Forests.
This study is an analysis of the current behaviour of both techniques and the
comparison between them cost efficiency, control of the erosion and the socio-
economic impact on the rural populations.
The observation and the analysis of the traditional techniques allow to a direct
observation of stability and efficiency against erosion. On the other hand, the modern
techniques are often abandoned although their high results in the domain.
So it is more interesting economically to intervene in the antierosive struggle by
simple techniques adapted to the conditions agro ecological and in the socio-
economic characteristics of the regions during the first stages of the erosive
phenomenon and to assure constantly their interview that to intervene late by means
which affect heavily the land heritage of the country without a satisfactory efficiency
on the ground.
Keywords: Algeria NO., Sustainable management, Ratio cost / efficiency, anti-
erosive traditional and modern techniques, Maintenance.
Introduction
Malgré les lourds investissements que l’état Algérien a consenti pour lutter
contre l’érosion hydrique, les sols continuent de se dégrader et les barrages à
s’envaser à des rythmes accélérés. Le coût global d'un seul projet d'aménagement
antiérosif atteint des millions d’Euros mais l'efficacité reste souvent insuffisante.
La région de Béni Snous dans la wilaya de Tlemcen (NO Algérien) se
caractérise par la présence de techniques traditionnelles de GCES (terrasses,
murettes, cordons en pierres… avec certaines techniques de gestion des eaux)
mises au point par les paysans depuis plusieurs siècles et de techniques modernes
(DRS) récemment mises en place par l'Administration des Forêts.
Le présent travail a comme objectifs, l’analyse du comportement actuel des
deux techniques citées ci-dessus, la comparaison entre elles sur le plan
coût/efficacité, maîtrise de l'érosion et de l'impact socioéconomique vis-à-vis des
populations rurales.
Matériels et méthode :
La zone d’étude d’une superficie de 25,3 km2, fait partie de la commune de
Béni Snous et se trouve dans le bassin versant d’oued El Khemis à 12 km au Sud-
Ouest du barrage de Béni-Bahdel. Le relief est très accidenté : la pente moyenne
varie entre 20 et 60% et les altitudes sont compris entre 500 et 1700m. La nature des
terrains présente une dominance de sols bruns à substrat calcaire. Le reste sont des
sols rouges très riches en matière organique et à texture argilo-sableuse. L’étage
climatique est de type semi-aride à hiver frais. Cette région est fortement menacée
par l’érosion. La vigueur du relief et l’agressivité du climat intensifient énormément ce
phénomène, sans oublier la pression anthropique localement très élevée.
La méthodologie de travail utilisée est basée sur des observations directes sur
le terrain en avril et juin 2008 sur l’état actuel des dispositifs, ainsi que sur les travaux
scientifiques et les informations recueillies sur la région d’étude. Lors des sorties sur
terrain, nous avons élaboré des dialogues avec les paysans pour nous aider à
expliquer certaines situations.
Nous avons distingué les techniques traditionnelles et modernes
suivantes (tableaux 1 et 2) :
Tableau n°1 : Comportement de quelques aménagements traditionnels de la
conservation de l’eau et des sols en fonction de certains facteurs dans la
région de Béni-Snous
Facteurs
Productivité des
Analysés Efficacité coût Rapport
aménagées
Durabilité
pour la Reproductibilité coût /
terres
conservation efficacité
Aménagements de l’eau et
antiérosifs du sol
traditionnels
- Mulching en ++ + +++ ++ ++ ++
paille
- Jachère cultivée ++ + +++ ++ ++ ++
Légende :
Pour les quatre premiers critères : +++ bonne ; ++ assez bonne ; +médiocre.
Coût : +++ plus chère ; ++ chère ; + moins chère.
Séguia : canal de dérivation et de collecte des eaux réalisé en terre ou en pierres
agencées.
Sed : ouvrage de stockage d’eau à l’amont d’une diguette réalisé généralement en
terre transversalement à un cours d’eau temporaire avec un déversoir latéral. D’une
capacité de quelques milliers de m3
Jboub : ouvrage de stockage d’eau de petite capacité réalisé au niveau des ravines.
Il sert surtout à l’abreuvement du cheptel.
Photo 6 Champ de blé clôturé par des Photo 7 Culture de pois chiche selon
résidus de jujubier (pour le protéger les courbes de niveau (L.A.E.).
contre le pâturage et l’érosion).
Tableau n°2 : Comportement de quelques ouvrages de correction torrentielle
dans la zone d’étude.
Dimension
Bassin de dissipation
l’amont de l’ouvrage
de l’ouvrage
Reprise biologique
Atterrissement à
Type de seuil
Volume (m )
3
Fondation
efficacité
Ancrage
Coût/
Coût
L I H
(m) (m) (m)
Seuils en gabions
30 3 1.5 135 + + + ++ + + ++
12 6 2.5 315 +++ +++ +++ ++ ++ ++ ++
sèches
Légende :
L : longueur ; I : largueur ; H : hauteur.
Fondation et l’ancrage : +++ bonne ; ++ assez bonne ; +médiocre.
Reprise biologique (installation de la végétation à l’amont de chaque seuil) :
+++ bonne ; ++ assez bonne ;+ absente.
Atterrissement : +++ bon ; ++ assez bon ; + absent.
Bassin de dissipation : +++ bon ; ++ assez bon ; + absent.
Coût : +++ plus chère ; ++ chère ; + moins chère.
En observant le tableau ci-dessus où les coûts des différents seuils ont été
évalués et comparés nous constatons que les seuils en gabions sont les plus chers
et ceux qui exigent le plus de technicité. Malgré leur faible efficacité, les seuils en
pierres sèches sont en surnombre ce qui engendre des surcoûts importants.
Photo 8 Série de seuils en gabions
(taux d’atterrissement moyen à faible, érosion active).
Conclusion :
Au terme de ce travail, il apparaît clairement qu’il est nécessaire de privilégier,
dans le cadre des nouvelles stratégies de conservation de l’eau et du sol, toutes les
techniques ancestrales qui ont prouvé leur efficacité à travers le temps, mais surtout
celles que les agriculteurs ont adoptées, adaptées et maîtrisées.
Il est plus intéressant économiquement d’intervenir dans la lutte antiérosive par
des techniques simples lors des premiers stades du phénomène érosif et assurer
continuellement leur entretien que d’intervenir tardivement par des moyens qui
affectent lourdement le patrimoine foncier du pays sans une efficacité satisfaisante
sur le terrain.
Il est prouvé, actuellement après plusieurs années de recherche, que les
techniques de la L.A.E. ne peuvent être durables et efficaces que par l’intégration de
la population locale ainsi que leurs intérêts. La communauté rurale, convaincue par
les apports des mesures antiérosives sur le maintien des terres et des eaux, va
probablement les entretenir et assurer leur pérennité.
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Agriculture sur pentes au Vietnam:
une nécessité pour la sécurité alimentaire
et un risque pour la durabilité du système agricole
Didier Orange(2), Pham Quang Ha(1), Tran Duc Toan(3), Floriane Clément(2),
Pascal Jouquet(2), Nguyen Duy Phuong(3) et Nguyen Van Bo(4)
(1) IAE, Institute for Agricultural Environment, VAAS, MARD, Hanoi; (2) IRD/IWMI, MSEC program,
UMR211-Bioemco, Hanoi ; (3) SFRI, Soils and Fertilizers Research Institute, VAAS, MARD, Hanoi;
(4) VAAS, Vietnamese Academy for Agricultural Science, MARD, Hanoi, Vietnam
Correspondant et conférencier: Dr Pham Quang Ha, haphamquang@fpt.vn
Résumé :
Tandis que les zones de montagne moins peuplées apportent les ressources en
eau qui permettent aux plaines de prospérer, les habitants des zones
montagneuses continuent à souffrir de pauvreté, de faibles productivités agricoles
accompagnées de dégradation environnementale. Une solution à ce paradigme
semble être la mobilisation mutuelle de toutes parties prenantes via des
mécanismes incitatifs de type PES (Payment for Environmental Services). L’idée
est de relier politiques agricoles et stratégies individuelles dans une même action
répondant aux contraintes physiques, économiques et culturelles des milieux
physiques et humains en même temps qu’aux contraintes institutionnelles pour
une bonne gouvernance. Un meilleur lien entre terres de pente et plaines devrait
garantir un usage durable des terres de pente sans risque pour les plaines.
Abstract :
While the mountainous area few populated provides the water resources to enrich
the flat lands, the livelihoods of inhabitants in the mountainous area remain still
poor, with weak agricultural productivity and environmental degradation. A solution
to this paradigm could be the mutual involvement of each stakeholder by some
incentive mechanism based on the sustainable development. The PES (Payment
for Environmental Services) could then link agricultural policies with individual
strategies to address both to the physical, economic and cultural constraints and
to the institutional constraint for a best governance. One can expect by this way a
better link between sloping lands and plains to guarantee a sustainable use of the
sloping lands without risk for the flat lands.
Ainsi tandis que les zones de montagne moins peuplées apportent les
ressources en eau qui permettent aux plaines de prospérer, les habitants des
zones montagneuses continuent à souffrir de pauvreté, de faibles productivités
agricoles accompagnées de dégradation environnementale (Lang, 2001 ; Tran
Duc Vien et Rambo, 2001 ; Tran Duc Toan et al., 2003 ; Valentin et al., 2008), qui
en retour affecte de plus en plus les usages de l’eau et les populations des zones
basses (Lundqvist, 2009). En effet, en dépit des efforts de soutien et des
innovations technologiques, l’érosion continue à diminuer la fertilité des sols sur
les terres de pente affectant le revenu des agriculteurs (Lestrelin et al., 2005 ;
Valentin et al., 2008) et créant un risque écologique et économique pour les
communautés d’en-bas du fait d’eaux polluées en nitrates et d’apports en
sédiments qui comblent les retenues d’eau destinées à l’irrigation (Grandidier et
Orange, 2008 ; Orange et al., 2008a ; Pham Quang Ha et Orange, 2008). Aussi un
des grands défis actuels du Gouvernement Vietnamien est le développement de
systèmes agro-écologiques économiquement rentables et durables qui
permettront l’utilisation des terres de pentes par les petits agriculteurs (Orange et
al., 2008b).
Par ailleurs, même si les technologies nouvelles peuvent être une solution
technique efficace, il est reconnu depuis longtemps que les conditions d’adoption
par les agriculteurs peuvent être un blocage important (Lestrelin et al., 2005;
Noble et al., 2006; Clement et al., 2007 ; Clement et Amezaga, 2009) et nécessité
des approches complexes, directes ou indirectes (Aldy et al., 1998 ; Haberl et al.,
2004 ; Noble et al., 2006 ; Clement, 2008 ; Clement et Amezaga, 2008 ; Orange et
al., 2008c ; Hayashi et al., 2009). En effet, une étude exhaustive de par le monde
(de l’Afrique à l’Asie, des Amériques à l’Europe) des projets agricoles à succès a
relevé que les facteurs clés de la réussite pouvaient se classer selon quatre
catégories majeures : les contraintes individuelles, les contraintes sociales, les
contraintes techniques et enfin les contraintes extérieures (Joshi et al., 2005 ;
Noble et al., 2006).
Dans cet article, nous proposons une analyse des principaux requis pour
promouvoir le développement agricole sur pente dans le Nord Vietnam afin de
répondre à la fois aux contraintes de sécurité alimentaire et de réduction de la
pauvreté d’une part, et aux contraintes de conservation des ressources en eau et
en sol d’autre part. Notre discours est basé sur l’expérience de plusieurs projets
de recherche menés au sein du Soils and Fertilizers Research Institute (SFRI)
avec le programme international de recherche MSEC (Management of Soil
Erosion Consortium) géré en collaboration entre l’IWMI et l’IRD (Maglinao et al.,
2001 ; Valentin et al., 2008), notamment à partir d’un suivi à long terme de
l’évolution des pratiques agricoles dans les zones montagneuses du Nord Vietnam
basé sur des mesures hydrologiques et de pertes en sol par érosion couplées à
des actions agricoles participatives. De ces expériences, il sera introduit la notion
d’approches incitatives pour lier politiques agricoles et stratégies individuelles.
Phot o 1: I llust r at ion du changem ent d’usage agr icole ent r e 2001 et 2005 dans la zone
d’ét ude du pr ogr am m e MSEC ( basin v er sant de Dong Cao, pr ov ince de Hoa Binh,
Nor d Viet nam ) .copy r ight @ : D. Or ange
Fig. 1 : I nfluence de l’ut ilisat ion des t er r es sur l’ér osion. Ev olut ion de 2001 à 2007 de
la pluie m ensuelle ( en hist ogr am m e) et des cour bes de cum ul m ensuel des per t es en
t er r e de fond ( bedload) m esur ées sur 4 sous- bassins de 5 à 10 ha ( Dong Cao
Village, Hoa Binh Pr ov ince, Nor t her n Viet nam ) . Ex ut oir es: Weir 1 ( for êt ) , Weir 2
( plant at ion int er annuelle, four r age de Br achar ia à par t ir de 2003) , Weir 3 ( m anioc et
agr ofor est er ie à par t ir de 2003) , Weir 4 ( v ieille j achèr e > 10 ans) .
Cependant dans le détail (Podwojewski et al., 2008), nous avons montré
que ces valeurs d’érosion étaient directement liées à la capacité d’infiltration due
aux modalités d’usage du sol. La comparaison de ces résultats avec les autres
bassins versants expérimentaux MSEC (réseau de mesures réparti sur 5 pays
d’Asie du Sud-est) confirme que l’érosion est effectivement plus expliquée par
l’absence de couvert végétal que par son existence (Valentin et al., 2008). Ainsi,
on confirme que la pratique agricole sur pente à une influence directe sur
l’exportation de matière à l’exutoire de petits bassins versants agricoles inférieurs
à 1 km2. Et on démontre que le meilleur indicateur de ces pertes en terre est le
pourcentage de culture de maïs surtout, et en général de cultures annuelles, et
non le pourcentage de forêt ou encore de couvert végétal.
Le suivi des pratiques culturales mené auprès des villageois de Dong Cao
montre que les stratégies paysannes sont avant tout opportunistes, très liées aux
lois du marché. Ainsi on voit depuis 2008 une recrudescence des cultures de maïs
du fait de la demande économique tendue par le marché international. Même si
l’agriculteur a conscience de la baisse de fertilité des sols de pente après des
cycles de cultures annuelles (e.g. les rendements de manioc sont passés de 20
t/ha/an à moins de 10 t/ha/an en moins de 10 ans) et des risques de pertes en
terre par érosion, ces deux contraintes n’influencent pas en priorité sa prise de
décision (Clément et al., 2007).
Les résultats montrent que les politiques nationales ont interféré fortement
avec les facteurs locaux, conduisant localement à une compétition complexe entre
la prise de décision et l’action (Clement et Amezaga, 2008, 2009). Ainsi la
plantation d’arbres n’est pas une réponse des agriculteurs à la politique incitative
de reforestation mais plutôt un résultat non attendu d’un dysfonctionnement des
institutions locales vis-à-vis de cette politique du fait d’une exagération des
croyances et discours non fondés de la part des commanditaires nationaux. Cette
déformation de la réalité a engendré un conflit de perception conduisant à des
résultats non prévisibles et localement dépendants.
Fig. 2 : Schém a d’analy se de la m ét hode I AD ( I nst it ut ional Analy sis and
Dev elopm ent ) . Sour ce: Kiser and Ost r om , 1982; E. Ost r om et al., 1994
Le maitre mot est donc bien l’attente sociale et non la maitrise technique
(Jasanoff, 2007 ; Clement et al., 2009). Cependant, il reste à trouver la bonne
« formulation » pour motiver les différents dépositaires.
Aussi au lieu de construire l’intervention du projet de développement sur
une distinction entre connaissances locales et connaissances scientifiques, qui est
en fait une construction abstraite souvent diffusée par la communauté scientifique
(Forsyth, 1996), notre hypothèse de travail fut que les différents intervenants (de
l’amont et de l’aval, et les décideurs) promeuvent -- aient pour volonté -- la
durabilité des fonctions écosystémiques de leur région, se traduisant
concrètement en terme de rentabilité des terres et des eaux (« gagner plus ? »),
d’accès à la modernité (électricité, chauffage,…) et à la santé (« vivre mieux »).
C’est dans cette optique que chercheurs, décideurs et agriculteurs se sont
retrouvés à promouvoir ensemble, chacun dans sa sphère de compétence et
d’intérêt, un même moyen technologique que représente le bio-digesteur (Orange
et al., 2008c ; projet AFD Biogas&PES, Hanio, Vietnam).
Fig. 3 : Com paraison des sy st èm es PES ( Pay m ent for Env ironm ent al Serv ices) av ec les
aut res approches de conserv at ion. Cet t e figure range les approches de conserv at ion
selon deux crit èr es : ( 1) le degr é du lien av ec une incit at ion économ ique, ( 2) le degr é
d’im port ance appor t é à la not ion de conserv at ion ( I CDP : I nt egr at ed conser v at ion and
developm ent pr oj ect s ; SFM : Sust ainable For est m anagem ent ) .
Sour ce: Wunder , 2005
Fig. 4 : Pr oposit ion d’un schém a d’un sy st èm e de polit ique agr icole basé
sur un sy st èm e PES.
CONCLUSION
Les exemples discutés dans ce papier ont souligné que l’impact des
politiques agricoles dépendait non seulement de la politique elle-même et des
facteurs macro et/ou méso économiques mais aussi des conditions locales
sociales et biophysiques. Bien sûr, d’autres auteurs ont déjà mentionné ce
problème, dans des cas aussi spécifiques que l’étude de l’érosion (e.g. Lal, 1983 ;
Valentin et al., 2008), ou encore que l’étude de la fertilité des sols et de la gestion
des fertilisants (e.g. Pierce and Larson, 1993 ; Doran, 2002 ; Van Keulen, 1995).
Mais ce papier a aussi souligné que l’opportunisme d’action n’était pas seulement
du fait de l’agriculteur mais aussi du chercheur et du décideur. Il y a bien partage
complet des responsabilités (Yunus, 1997 ; Sanders et al., 1999 ; Orange et al.,
2002 ; Clement et al., 2009).
On a vu que les raisons qui font que les agriculteurs s’investissent sont
liées à la faculté d’appropriation et de partage de l’information entre toutes les
sphères de partenariat. En effet, chacun doit répondre à son propre intérêt : une
valorisation économique et un libre choix pour l’agriculteur, une meilleure
compréhension et diffusion des technologies agricoles sur le terrain pour le
technicien agricole et le décideur, des résultats scientifiques probant en terme de
gestion de la ressource pour le chercheur.
Remerciements
Cette action de recherche est réalisée dans le cadre du programme MSEC de l’IWMI coordonnée
par l’unité de recherche IRD-UMR211 (BIOEMCO) de Christian Valentin. Nous devons remercier
les nombreux bailleurs qui ont permis le développement de ce programme pluridisciplinaire. On
citera dans l’ordre chronologique le projet Duras-Croplivestock du MAE-GFAR, le projet PES du
Challenge Program for Water and Food (contrat C-056-07), le projet Biogas&PES de l’Agence
locale AFD de Hanoi.
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History and economics of soil and water conservation in Jamaica
(1960-2000).
Joseph Lindsay1, Marcia Walker 2 and Jan de Graaff 3
1)jlindsay05@gmail.com, univ.of the WestIndies, Mona, Jamaica
2) marciewalks@gmail.com ; Jamaica
3) jan.degraaff@wur.nl ; Wageningen University, the Netherlands
Résumé
Le gouvernement de Jamaïque a acquis une grande expérience en conservation
des sols ces dernières décennies. L’approche développée par la Land Authority a été
recommandée en 1945 pour réhabiliter des bassins versants (projet pilote de la Yallahs
Valley). Les techniques les plus simples furent recommandées mais elles disparurent
graduellement. En 1967, le Gouvernement a lancé le projet d’aménagement de bassin
défini par les forestiers FAO : Ils ont préparé un programme national de conservation
des sols et un centre de démonstration et d’entrainement (Smithfield). Leurs
recommandations aboutirent à deux grands projets de développement rural intégré
dans la zone ouest et centrale de l’île en 1870 et 1980. Le premier s’est consacré à la
polyculture sur terrasses en gradins. Le second projet a renforcé les institutions de
planning de développement des bassins versant en 1980-82. Ce projet a fourni des
formations pour les gens du service et a dressé les plans pour six bassins majeurs et
leur suivi (IFAD Hillside Farmers Support Project (1988-94). D’autres projets ont été
développés apres les dégats causés par les cyclones (ex: Hope River Project 1988-91).
La plupart des projets avant 1987étaient orientés vers des techniques physiques
basées sur des critères de land capability : pour lutter contre l’érosion sur les pentes
fortes des collines, on a développé des terrasses et la reforestation. Cependant, à
cause de l’absentéisme des propriétaires, les terrasses n’ont pu couvrir tout les bassins
et ont été insuffisamment entretenues. Les généreux subsides de l’Etat (75% des frais
de terrassement) ont permis à certains fermiers de s’enrichir. Une analyse cout-
bénéfices a montré que les terrasses en gradins n’étaient pas rentables financièrement
ni économiquement (de Graaff, 1996). Le projet IFAD s’est alors orienté sur la culture
du cacao dans les plaines et du café en altitude. Le MYADP project a aussi tenté
d’intégrer les pratiques de GCES dans les systèmes de production existants.
Entretemps, les fermiers impliqués dans la CES ont développé des techniques
traditionnelles simples comme les barrières végétales et les haies vives qui s’adaptent
mieux aux systèmes de culture. Cette communication donne un apercu historique des
projets de conservation des sols durant les dernières décennies en Jamaique et discute
des retombées économiques des mesures de CES impliquant les effets de l’érosion au
champs et en aval.
Abstract
The Government of Jamaica has gained considerable experience with soil
conservation activities over the last decades (Edwards, 1995; Kent, 2002). In 1945 the
Land Authority approach was recommended for rehabilitating watershed areas with the
Yallahs Valley as pilot project. The simpler soil conservation measures were favoured,
but most of them gradually disappeared. In 1967 the Government initiated a FAO
Forestry and watershed management project, which prepared a national soil
conservation programme and established the Smithfield training and demonstration
centre. Its recommendations were followed up by two large integrated rural
development projects in the western and central parts of the island in the 1970s and
early 1980s. The project in the central region focused on multiple cropping systems
on terraced land. Attention to the eastern part of the island was given by a second
FAO Project, that was involved in institutional strengthening and watershed planning
from 1980-1982. This project provided in-service training courses, made plans for six
major watersheds and prepared a follow-up project, which in adapted form was
implemented as the IFAD-Hillside Farmers Support Project (1988-1994). Meanwhile
some other soil conservation projects and activities were implemented, in some cases
following the damage caused by hurricanes (e.g. Hope River Project, from 1988-1991).
Most of the projects implemented before 1987 focused in their approach on
physical land capability criteria, and because of the steep terrain the emphasis was on
terracing and on reforestation. However, because of absentee land owners and
disinterest, the terraces could not be executed on a micro-watershed basis and were
often insufficiently maintained. And the generous subsidies (up to 75% of all terracing
costs) allowed farmers to make profits by hiring local labourers (Blustain, 1982). A
cost-benefit analysis showed that bench terracing was not financially nor
economically viable for the great majority of farmers with their traditional and
intermediate level of management (de Graaff, 1996). The IFAD project therefore
decided to focus on the treecrops cocoa (at lower altitude) and coffee (at higher
altitude). And farmers involved in annual cropping have gradually improved simple
conservation measures, such as trash barriers, which fit better in the farming systems.
This paper provides an historical overview of soil and water conservation projects and
activities in the past decades in Jamaica and it discusses some financial and economic
analyses of several SWC measures with their on-site and off-site effects.
1. Background
Socio-economic situation
More than one third of Jamaica's relatively large population of 2.8 million lives in and
around the capital Kingston. The town has attracted many people from the rural areas
seeking work. The agrarian structure is highly uneven: 80% of all farms have less than
2 ha and control only 16% of the land, while the very large farms constitute less than
1% of the total and control 57% of the land (Rao, 1990). The former, called mini-farmers
by Wright (1979), are the main suppliers of staple food and vegetables in the country,
but because of the steep terrain the production is not sufficient to meet the needs of the
people. Soil erosion will also eventually destroy the basis of this important form of
agriculture and livelihood system.
In a household survey, carried out in the watersheds around Kingston (Figure 1), only
about a quarter of the small and medium farm households were considered to be full-
time farmers with an “advanced' level of management, keen on further developing their
farm. Most other farmers, classified as having a traditional or intermediary level of
management, were either much involved in off-farm activities or too old or not much
interested in farm development. Some of these latter farmers keep part of their land
uncultivated or under “food forest', a multi-storey mixture of trees and crops, which
provides good protection against erosion and requires relatively little labour input.
Table 2 Financial analysis of soil and water conservation activities by slope degree and for two
levels of farm and crop management on private land (in terms of internal rates of return: %)
Advanced level of management Intermediate level of
management
Slopes in percentage Slopes in percentage
9 19 33 43 53 63 9 19 33 43 53 63
Annual cropping
Hillside ditches 40 22 7 - - 36 16 2 - -
& grass barriers
Bench terraces 30 22 15 12 - 15 11 5 3 -
Perennial crops +
eyebrow terraces
Coffee (Bl Mt) - - 19 23 19 - - 17 20 15
Coffee (P.W.) - - 15 18 15 - - 12 15 12
Cocoa - - 13 14 13 - - 11 13 11
Citrus - - 12 13 11 - - 8 10 8
Forest plantations
Leucaena - - - 5 11 13 - - - 4 12 15
Pine - - - 6 8 9 - - - 6 8 9
Blue Mahoe - - - 4 6 6 - - - 4 6 6
Source: de Graaff, 1996. Note: cut-off rate for annual and perennial crops is 12 % and for forest
plantations 6.5 %
For public land the analysis is different. Government land is acquired for protection
purposes and is always steep. Annual cropping is not considered on such land and
squatters are prevented from doing so. The ‘without' case is defined as a situation of
gradual deforestation and unproductive natural vegetation, of importance for
erosion control. Therefore the efficiency of interventions is declining by slope. The
Government was interested in investing in tree crops (coffee and citrus) and forest
plantations. For the latter a credit line was available from the Commonwealth
Development Corporation (CDC) at an interest rate of 6.5%. The analysis showed
that it would be attractive for the Government to plant tree crops on slopes from 33-
53%. In the higher zones with steep slopes Blue Mountain coffee can be planted.
This fetches premium prices on the world market. For reforestation Pinus could be
considered on very steep slopes. The firewood species Leucaena could be an option
on lesser slopes (de Graaff, 1996). The analysis showed why fierce discussions were
held about the choice between coffee and pine plantations on public land. Intercropping
of coffee in pine plantations was tried, but not successful.
Total costs of the IFAD project amounted to US$ 14.2 million (1987 prices), 41% of
which for investment in coffee and cocoa and 10% for small scale enterprise
development. Foreign exchange costs were estimated at US$ 5.5 million for the IFAD
project in 1987. Unfortunately world market prices for coffee and cocoa were depressed
from 1986-1994, but they rose again in 1994. The main product, Blue Mountain
coffee, is sold to Japan and receives a 50% premium price. Both tree crops and
Pinus plantations suffered from hurricane Gilbert, which reduced export earnings.
Table 5 Main rivers and changes in annual and (wet and dry) seasonal mean daily discharge in
two periods (m3/s)
River: Yallahs Rio Pedro Hope River
Station: Llandewey Harkers Hall Cooperage
Annual Wet Dry Annual Wet Dry Annual Wet Dry
1970 – 1979 3.89 4.79 3.00 1.98 2.92 1.04 0.69 0.87 0.49
1)
1980 – 1990 2.71 3.12 2.31 1.16 1.72 0.60 0.67 0.94 0.38
1986 – 1991 2.03 2.50 1.56
Qmin/Qmax Qmin/Qmax Qmin/Qmax
1970 – 1979 0.206 0.154 0.241
1)
1980 – 1990 0.213 0.122 0.231
1986 – 1991 0.071
1) For Yallahs period 1980-85; since 1985 water was detracted by pipeline.
Sources: FAO, 1982; Underground Water Authority; pers. comm.
In the period 1960-2000 various soil conservation and watershed development projects
were executed in Jamaica. Demonstration and pilot implementation activities were
followed by attempts towards large scale implementation. Because of the very steep
terrain and erodible soils the initial focus was on physical conservation measures,
such as bench terraces. These top-down approaches failed, since not enough
attention was given to the circumstances under which most small farmers operate (e.g.
off-farm work, old age, not much extension support). A financial cost-benefit analysis
showed that these conservation measures would only be efficient for a limited number
of full-time farmers with advanced level of management. It also showed that tree
planting would be financially attractive for a larger number of farmers. The
subsequent projects focussed indeed more on agro-forestry and planting of coffee
and cocoa. Coffee planting was successful, thanks to the high prices of Blue
Mountain coffee. But even these projects fell short of expectations and did eventually
not contribute much to erosion control and to reducing sedimentation in water supply
reservoirs. An attempt to stimulate off-farm activities in the watershed by the HFS
project was also not successful. Many of the small farmers in the watersheds are older
farmers, who see hillside farming as a way of life, also after a career elsewhere
(Woodsong, 1994). They are content with their traditional farming methods and
simple conservation measures and do not care about the gradually increasing
downstream effects, which are anyhow usually overshadowed by the severe damage
caused by the more and more frequent hurricanes. And simple annually renewed
measures as trash-barriers have the advantages that the trash also contributes to
soil fertility. It is clear that in the past 50 years insufficient attention has been paid
to farmer’s perceptions of soil erosion and to their simple traditional practices.
But, as stated by Reij et al. (1996) that technology adoption is a product of multiple
influences, some farmers in the Yallahs valley have indicated that they have adapted
their more or less indigenous technologies also under influence of policies and
extension work as from the time of the Yallahs Valley Authority (Kent, 2002).
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Figure 2: Trashbarriers in the Upper Yallahs Figure 3: Bench terraces at Smithfield
Demonstration Centre
Hervé DUCHAUFOUR
herve.duchaufour@wanadoo.fr
Introduction
Tout document traitant des problèmes de conservation et de restauration des
sols font, dès leur introduction, une comparaison entre les terres protégées par un
couvert forestier naturel et les terres exploitées par l’homme pour l’agriculture. Le
bilan est toujours en défaveur du dernier cas. Pourtant l’homme s’est toujours
entraîné à en réduire les effets néfastes. Si la mise en culture des terres augmente
généralement les risques de dégradation, les sociétés rurales ont cherché à élaborer
progressivement des méthodes pour maintenir à long terme leur productivité. Mais si
les besoins évoluent trop vite, se développe une crise à laquelle les sociétés rurales
ne pourront répondre. Le rôle de l’Etat et de l’aide bilatérale devient alors primordial
pour aider cette société à surmonter cette crise en lui donnant les moyens financiers
et techniques de produire mieux et différemment. En allant un peu plus loin que la
thèse simplificatrice de l’homme destructeur et pilleur de biens environnementaux,
nous verrons aussi la manière dont il combat pour empêcher qu’une terre ne meurt
sous les effets déséquilibrants d’une exploitation outrancière et maladroite.
A ce sujet, LE BRAS cité par GUIZOL (1993) fait remarquer que les faibles
densités de population ne semblent pas plus propices au développement que le sont
les pays surpeuplés. La réalité est plus complexe. Selon lui, 5% de l’humanité vivant
dans les pays faiblement développés avaient en 1990 une densité de 16,4 hab/km²,
les 10 % suivants une densité de 33,7 hab/km² alors que la densité moyenne
mondiale était de 54 hab/km². Quant au continent africain, il est caractérisé par une
densité démographique globalement faible avec ses 28 hab/km² (ONU, 2009). Pour
ce même auteur, il n’y aurait pas de relation directe entre sous-développement et
surpopulation. Les crises alimentaires du continent africain auraient davantage à voir
avec des désordres politiques intérieurs sans oublier pour autant, les conditions
climatiques défavorables qui touchent les pays sahéliens. En revanche, il souligne
que la croissance démographique et les fortes densités locales ont un impact sur la
dégradation des sols et sur la baisse de la consommation alimentaire.
Bugesera Buragane Bututsi Buyenzi Buyogoma Bweru Imbo Kirimiro Moso Mugamba Mumirwa Burundi
Terres
encore 42 671 57 857 941 14 999 158 944 45 522 9 040 8 090 160 495 2 531 57 510 558 600
disponibles (*)
En % de la 25,6 56,4 0,70 8,0 41,8 22,1 5,4 3,2 62,5 1,20 25 24,4
SAU
Nombre
d’années de 14 25 (-) 1 4 27 12 2 1 47 (-) 1 11 11
marge
En accord avec
BOUDERBALA (1993), il serait
toutefois inconvenant de se Figure 1 : Les onze régions naturelles du Burundi
reposer sur ce potentiel vacant
pour suppléer la crise foncière
dans certaines régions. Sa prolongation n’est pas indéfinie et a tendance à se
réduire comme une peau de chagrin.
Les migrations internes existent depuis tous les temps. Si autrefois, elles ont
été provoquées artificiellement et vouées à l’échec (villagisation pré et post-
coloniale), aujourd’hui elles font l’objet d’initiatives personnelles mais leur ampleur
est modérée. Dans les régions les plus densément peuplées (Muramvya, Ngozi,
Kayanza et Gitega), lorsque cela s’avère nécessaire, les Burundais se résignent à
partir en direction des régions les moins peuplées, dites régions pionnières (Moso,
Buragane et Buyogoma). La région du Bugesera oriental (zone de Ruzo sur la
commune de Giteranyi en province de Muyinga) est ainsi passée d’une densité de
20 habitants à la fin des années 70 à plus de 250 en 1993, les migrants venant tous
de la région de Kayanza et Ngozi (BENDJEFFAL et al, 1993). La première
génération de migrant ont bénéficié d’un octroi de 2 ha de terre jusqu’en 1983.
Depuis la terre s’achète à des coûts de plus en plus élevés.
1
Actuellement AgroParisTech
besoins de l’exploitation. Comme tout exploitant souhaite améliorer son sort par
l’accroissement progressif de ses ressources et de ses moyens de production,
l’exploitation connaîtra donc en général une dynamique, laquelle démarre par des
valeurs basses (au moment des premières acquisitions de parcelle = icibare) qui
vont s’accroître vers des valeurs hautes, jusqu’à la division de l’exploitation lors des
héritages et mariages. C’est le cycle de vie des exploitations défini par BERGEN
(1988) et repris par d’autres auteurs dans leur typologie (DRION, 1992 et 1993;
DUCHAUFOUR, 1993). Cette dynamique est propre à une économie basée
essentiellement sur l’activité agricole traditionnelle. La question que se pose
HUBERT est de savoir si les conditions actuelles permettent encore aux jeunes
d’améliorer leur situation de départ à travers l’activité agricole dite « traditionnelle »
alors que, sous la pression démographique principalement, les disponibilités en
terres cultivables et fertiles s’amenuisent ?
Figure 2 : Tendances évolutives entre la densité de population et les systèmes agraires au Burundi
“Crises paysannes”
et risques d’érosion
Densité de population
< 80 habitants /km² 100 à 300 300 à 600 > 600 hab/km²
REGIONS CONCERNEES
Secteurs collinaires du BURAGANE BUYENZI MUMIRWA CENTRE
BUYOGOMA MOSO MUGAMBA NORD (Bujumbura rural)
MOSO BUYOGOMA KIRIMIRO BUYENZI (périphérie de
BURAGANE MUGAMBA SUD (et NORD) MUMIRWA CENTRE et NORD Ngozi)
BUGESERA KIRIMIRO (périphérie de
BUTUTSI Gitega)
BWERU
MUMIRWA SUD
IMBO
SYSTEMES DE CULTURE
Cultures extensives sur brûlis Cultures extensives sur de Cultures intensives sur de petites Culture intensives et
sur de très grandes surfaces ( > moyennes à très grandes surfaces ( < 1 ha) Agroforêts sur jardin de case
2,5 ha) surfaces ( > 1 ha) Cultures diversifiées ( < 0,5 ha)
Céréales, arachide, pois cajan et Tubercules, céréales, arachide Associations complexes et Bananeraie dominante associée
tubercules Associations simples imbrication des cycles culturaux à un système vivrier dense
Caféieraie absente ou à faible Caféieraie de rente ou théieraie Maïs et sorgho (paillage) Fruitiers
effectif importante (effectifs ) Bananeraie ou caféière de rente Caféieraie ou maraîchage
Pas ou peu d’agroforesterie Petite surface bananière et agroforêts
Microboisements Maraîchage
Parcours pâturés
SYSTEMES D’ELEVAGE
Absent ou petit élevage peu Petit élevage extensif Petit bétail à l’étable ou au piquet Petit bétail en stabulation
développé (parfois en (gardiennage/pâture libre) Bovin (1 à 2 têtes) en stabulation permanente ou au piquet
gardiennage) Gros troupeaux transhumants en semi-permanente sur parcours ½ Abreuvement à l’étable
Pâture libre saison (gardiennage journée
communautaire) ou sur parcours
extensifs journaliers.
Stabulation nocturne
AGROFORESTERIE
Cueillette dans la savane (bois à Défrichement et mise en culture Cueillette dans boisement Arbres fruitiers et haie de
usages domestiques) progressive des prairies communal + boisements privés ceinture denses: jardin à trois
Défrichement accéléré avec Boisements privés Saturation de l’espace interstitiel étages
réserves d’arbres isolés non Haies fourragères et quelques en cultures fourragères et Bananeraie agroforestière
concurrentiels champs fourragers (tripsacum) légumineuses Pas/peu d’arbres à l’intérieur
Fruitiers et agroforesterie des parcelles vivrières sauf pour
diversifiée (quadrillage de l’ombrage des caféiers
l’exploitation)
Ombrage des caféiers
GESTION DE LA FERTILITE
Brève durée des rotations avec Augmentation des durées de Cycles culturaux continus durant Cultures continues en étage
vivrier suivies d’une jachère de cultures avec jachère saisonnière les deux saisons avec déchets jetés autour du
saison ou annuelle Courte jachère saisonnière rugo ou compostés
Jachère arbustive de longue Fertilisation organique (jusqu’à Gestion équilibrée de la biomasse Engrais NPK (rare)
durée (3 à 7 ans) 500 kg/are cultivé) (aliments non conventionnels, Gestion équilibrée de la
Défriche – sarclage – brûlis Compostage et parfois adventices fumier et compostage, biomasse (aliments non
Compostage inexistant in situ adventices, mulch) conventionnels, fumier et
Mulch (café) composé de Fertilisation en poquet avec compostage, adventices, mulch)
graminées ligneuses (éragrostis techniques culturales améliorées Mulch (café) : déchets de
ou hyparrhénia) NPK + chaux à titre expérimental bananiers
(doses homéopathiques)
Mulch (café) : déchets de
bananiers et de céréales
VALEUR AJOUTEE année 93 / ACTIF / ARE (COCHET, 1991-1993)
VA/are/an = 100 à 200 Fbu VA/are/an = 200 à 500 Fbu VA/are/an = 1300 à 1800 Fbu VA/are/an = 1000 Fbu
VA/actif/an = 15 000 Fbu VA/actif /an = 35 000 à 125 000 VA/actif = 40 000 à 50 000 Fbu VA/actif = 10 à 15 000 Fbu +
+ salaires Fbu + salaires salaires
Suivant situation
financière : vente du
capital productif
REMARQUES PARTICULIERES
REGIONS d’ACCUEIL MIGRATIONS
Migrants récents: recherche de travail journalier:
faible surface cultivée, terrain restant majoritairement
en friche
SAU / actif > 40 ares SAU / actif = 10 (proximité ville) à 30 ares
Un actif travaille 60 ares de surface développée par an Un actif travaille 25-30 ares de surface développée par an
Cette catégorie de travailleurs salariés, encore très attachée à la terre, conserve leur
rugo sur la colline avec femmes et enfants qui travaillent les quelques champs et
gardent le maigre cheptel. Ces rurbains sont subordonnés à la stabilité du
développement du secondaire et du tertiaire urbain. Ceux qui expriment le plus de
difficultés à se maintenir dans un environnement de plus en plus hostile à
l’agriculture, n’hésitent pas à partir s’installer définitivement sur d’autres terres vers le
Bweru, le Moso et le Buyogoma. NDIMIRA (1991) avance le chiffre de 10 % de son
échantillon des exploitations étudiées (région de Remera, Mugamba Nord, colline
proche de Kayanza) qui aurait migré entre 1985 et 1990 vers le Nord-Est du pays.
Curieusement, il poursuit en disant qu’il y a peu de chance que le processus
s’accélère à moins d’imaginer des émigrations massives de populations orchestrées
par les autorités politiques.
Figure 3 : Trajectoire d’évolution des exploitations des bassins versants de la Ntahangwa et de la
Muha surplombant la capitale Bujumbura (DUCHAUFOUR, 1993)
1a: Stratégie d’accumulation avec injonction du capital dans l’agriculture (expansionnisme par
appropriation foncière)
1b : Stratégie d’accumulation sans injonction de capital dans l’agriculture (spéculation et épargne
monétaire destinées à l’amélioration de l’habitat et de la qualité de la vie)
2: Stratégie d’autarcie (agriculture diversifiée pour la suffisance alimentaire)
3: Stratégie de survie (dysfonctionnement ou instabilité du système d’exploitation agricole)
Conclusion
Pour l’instant, le monde rural est en pleine mutation mais la très faible
efficience des moyens de production locaux (crédits absents, engrais prohibitifs,
conditions d’élevage délicates,...) apporte aucune amélioration tangible des
systèmes de production et provoquerait même un recul du développement et une
régression économique dans certains secteurs du pays. Le besoin de capital
apparaît sous de nombreuses formes (capital foncier, cheptel vivant, besoins sociaux
et alimentaires) et nécessite des financements multiples qui permettraient
d’augmenter l’efficience du travail des ménages par l’accroissement du profit
individuel. Le développement et le perfectionnement de l’agriculture sont avant tout
une énorme entreprise d’investissement qui à moyen terme doit répondre aux
préoccupations micro-économiques des systèmes d’exploitation sans négliger sur le
long terme le développement des autres secteurs d’activités qui influe sur les
composantes socio-économiques et culturelles du milieu rural. HUBERT (1990)
propose quelques actions à moyen terme qui répondent aux urgences du
développement rural et de mutations en cours : protection, restauration et mise en
valeur du patrimoine foncier ; intensification de la production agricole par unité de
surface (intrants, techniques culturales) ; développement du crédit-paysan ; politique
globale de fertilisation (moyen et long terme) ; émigration accompagnée de
remembrement ; encouragement des activités secondaires et tertiaires et
organisation socio-professionnelle du monde rural.
Bibliographie
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au diagnostic des systèmes de production de la Province de MUYINGA (BURUNDI).
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Effets des crises politiques au Burundi sur les processus érosifs
dans la région du Mirwa Central
par
Théodomir RISHIRUMUHIRWA
Adresse postale : courriel : agrobiotec2002@yahoo.fr
Résumé :
Le Burundi a traversé, de 1993 à 2005, une crise politique grave qui eu comme
conséquence des massacres interethniques à répétition, des vols et pillages, un déplacement de
populations et l’abandon des exploitations agricoles.
Cette crise a particulièrement touché la région du Mirwa Central (contreforts
surplombant la ville de Bujumbura à l’Ouest du Burundi) en raison de la persistance des
rébellions armées, très actives autour de la capitale. Elle a été à l’origine d’une crise érosive
très grave avec de lourdes conséquences tant à l’amont (fortes pertes en terres dans les
champs et les pistes rurales, érosions des berges et ravinement) qu’à l’aval (envasement des
embouchures des rivières, inondations et destructions des infrastructures dans la plaine de
l’Imbo et dans la ville de Bujumbura).
En effet, la région du MIRWA présente de très hauts risques d’érosion en raison de sa
géomorphologie avec des pentes très escarpées (dépassant en moyenne 50 %), très longues
(plusieurs centaines de mètres), une pluviosité abondante (plus de 1100 mm/an) et à fortes
intensités, des sols fragiles exposés aux ravinements, aux glissements de terrains et aux pertes
en terre très importantes.
Dans ce contexte, RISHIRUMUHIRWA (1997) a évalué les risques d’érosion sous
cultures entre 3 et 978 tonnes de pertes en terre par hectare et par an, avec des indices C de
l’équation de Wischmeier variant de 0,1 à 0,7 selon les systèmes d’exploitation.
D’autre part, DUCHAUFOUR (1991) a montré que les systèmes agricoles à très fortes
densité bananière, comme on les rencontrait avant la crise dans le Mirwa central, étaient
particulièrement efficaces en gestion et conservation des sols avec des pertes en terre
insignifiantes (0,1 t/ha/an) dans des bassins versants de pentes moyennes de 50% et plus.
Ces systèmes ont été laissés partiellement ou complètement à l’abandon pendant plusieurs
années en raison des déplacements de populations avec comme conséquence, le manque
d’entretien des cultures et la régression du couvert végétal. La réduction de ce manteau
protecteur a livré les sols à une érosion intense (qu’on peut estimer à plus de 500 tonnes/ha/an
avec un indice C voisin de 0,5).
Face à cette situation, les autorités politiques tentent de résoudre timidement les
problèmes à l’aval pour protéger la ville de Bujumbura en aménageant, partiellement, les
rivières qui la traversent. Une solution durable ne peut se concevoir sans un vaste programme
de réhabilitation des bassins versants du Mirwa Central impliquant le retour à une paix
durable, la réhabilitation des exploitations agricoles, le reboisement et une sensibilisation des
communautés locales à une gestion durable des écosystèmes et des exploitations agricoles.
Mots clés : Erosion, changements climatiques, systèmes culturaux, déplacements de
populations, réhabilitation
1. Le milieu physique
1.1. Géomorphologie
La région naturelle du Mirwa couvre
les escarpements surplombant la plaine de
la Ruzizi (Plaine de l’Imbo) et s’étendant à
l’Ouest du Burundi sur une bande allant de
la frontière rwandaise à une quarantaine de
km au Sud de la ville de Bujumbura. Elle
est limitée à l’Est par la crête Congo-Nil.
Le Mirwa central en occupe la partie
centrale, forme un arc de cercle à l’Est de
la ville et couvre la province administrative
de Bujumbura Rurale.
Du point de vue géomorphologique,
Le Mirwa central fait partie du système du
grand Rift valley africain qui s’étend de la
corne de l’Afrique au Sud du lac Malawi
: Région Mirwa
après avoir traversé l’Ethiopie, le Kenya,
l’Ouganda, l’Est du Congo, le Rwanda, le : Mirwa Central
Burundi, la Tanzanie et la Zambie.
Le déplacement des populations conduit à l’abandon des exploitations qui sont peu ou
pas entretenues. Il s’en suit une forte érosion qui met à nu les rochers.
Photo 2 : Glissement de terrains
Les zones qui sont restées relativement calmes et où les exploitations sont encore bien
tenues (bonne couverture végétale et bonne occupation par les cultures), on observe les
phénomènes classiques caractéristiques de cette région comme les glissements de terrains.
Photo 3 : Erosion liée aux mauvaises pratiques culturales
En plus de l’érosion aratoire liée au déplacement des terres vers l’aval par le labour, on
observe une érosion à la limite des parcelles. Le brûlis des mauvaises herbes détruit les
déchets organiques dont le rôle protecteur antiérosif n’est plus à démontrer.
5.2.2. Effets à l’aval
Les effets observés à l’aval des champs sont multiples et portent surtout atteinte aux
infrastructures et à la qualité de l’eau. Les principaux sont :
1° L’envasement du port de Bujumbura dont le dragage sera financé par la Belgique ;
2° Les inondations dans la plaine de la Ruzizi et dans la ville de Bujumbura ;
3° Les fortes crues des rivières qui traversent la capitale ;
4° Les risques de destruction des infrastructures (ponts, bâtiments).
Ces inondations sont encore plus spectaculaires vers le lac. Le quartier du port qui abrite
les principales industries est régulièrement sous-eaux, parfois pendant plusieurs heures/jours
après une forte pluie. Il en va de même de la route vers l’aéroport et d’une partie de la plaine
de la Ruzizi inondée après de fortes averses.
Photo 5 : Inondations dans la plaine de la Ruzizi
Les crues des rivières s’accompagnent de fortes érosions des berges qui peuvent être
spectaculaires.
4° les destructions des infrastructures (ponts, bâtiments).
Plusieurs bâtiments ont été construits le long des rivières qui traversent la ville
comme la Ntahangwa au Nord, la Muha à la lisière Sud du centre ville et la Kanyosha au
Sud de la ville. Avec l’aggravation des phénomènes érosifs, les berges s’érodent
rapidement, les glissements de terrains deviennent fréquents et menacent les bâtiments et
les ponts.
C’est notamment le cas du Lycée Clarté N.D. de Bujumbura, construit vers les années
1960. Cette école menace de s’effondrer suite à l’érosion des berges et aux glissements de
terrains, très actives ces 10 dernières années, comme le montre la Photo 8.
Photo 8 : Bâtiments menacés d’effondrement – Lycée Clarté N.D. de Bujumbura
Photo 9 : Bâtiment en cours de construction au dessus du ravin de la Ntahangwa
menacé par un glissement de terrain
Les crues des rivières s’accompagnent régulièrement de fortes érosions des lits et des
berges déplaçant d’importantes quantités de terre charriée vers le lac. La Photo 10 montre le
décapage du lit de la Muha lors d’une averse exceptionnelle. Ce phénomène s’accompagne
d’un affouillement des bases des ponts et de la destruction des ouvrages d’aménagement
comme les barrages en gabions (photo 11).
Photo 10 : Erosion du lit de la rivière Muha lors d’une pluie exceptionnelle
Photo 11 : Affouillement des bas-côtés des ponts lors de la même pluie
5. Conclusions et recommandations :
Le Mumirwa est sans conteste, l’une des régions du Burundi à très haut risque
d’érosion (pentes, climat et sols). Elle a été longtemps protégée par sa végétation naturelle et
des systèmes d’exploitation très complexes à très forte densité bananière.
La destruction partielle ou totale des végétations naturelles et des boisements
artificiels par une exploitation incontrôlée ainsi que la déstabilisation des systèmes
d’exploitation ont aggravé les processus érosifs avec des effets graves sur le fonctionnement
des BV et des rivières qui les traversent.
En aval, les inondations et la menace sur les infrastructures se sont considérablement
accrues. Les mesures prises pour y faire face sont incomplètes, mal orientées et surtout
inefficaces. Elles négligent ou ignorent les causes qui se situent surtout en amont et ne
s’occupent que partiellement des conséquences à l’aval.
Cette approche ne résout que ponctuellement les problèmes d’inondation et de manière
très limitée dans le temps.
Il est urgent de réorienter les approches de GCES de cette région en s’attaquant aux
vrais problèmes et aux causes qui se situent à l’amont sur les versants. Cette approche passe
impérativement par la réhabilitation des systèmes traditionnels d’exploitation, par le
reboisement des berges et des pentes trop fortes et par une approche de gestion durable des
écosystèmes. Ceci ne sera possible que dans le cadre d’une stabilité politique durable et une
implication plus importante des pouvoirs publics en charge de l’agriculture.
C’est la seule approche qui permettra de relancer l’agriculture tout en réduisant la
pauvreté pour le bien des populations paysannes des zones, des collines et des citadins qui
sont à l’aval et qui en subissent les conséquences.
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Notion de transfert Ville-Campagne à Port-au-Prince (Haïti) : en quoi la
ville peut-elle apporter une valeur ajoutée pour la campagne par la
gestion de ses déchets organiques et la campagne vers la ville par la
production de produits alimentaires ?
FERNANDES J-C. (✝)1,3, JEAN DENIS S.2, EMMANUEL E.1, LACOUR J.
DUCHAUFOUR H.2, VERMANDE P.3 et BAYARD, R. 3*
1
LAQUE - Laboratoire de Qualité de l'Eau et de l'Environnement. Université Quisqueya
BP796 Port-au-Prince, Haïti : evemm1@yahoo.fr
2
Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV)
Route Nationale # 1, Damien, BP 1441 - Port-au-Prince, Haïti
herve.duchaufour@wanadoo.fr, allosardou@yahoo.fr
3
LGCIE - Laboratoire de Génie Civile et d'Ingénierie Environnementale, Institut National des Sciences
Appliquées. Université de Lyon – BP 69621 Villeurbanne, France
paul.vermande@insa-lyon.fr …remy.bayard@insa-lyon.fr
* Correspondant
Résumé : Depuis de nombreuses années, la communauté urbaine de Port-au-Prince doit faire face
à la gestion des déchets ménagers produits par ses 2.2 millions d’habitants. Malgré les efforts des
institutions nationales et internationales, aucune solution pérenne n’a pu être proposée pour
résoudre les nombreuses difficultés rencontrées : taux de collecte rarement performant, décharge
non contrôlée, création de dépôts sauvages, obstruction des canalisations impliquant inondations
et risques sanitaires élevés, peu d’intervention dans les zones « bidonvillisées ». Or, compte tenu
des caractéristiques physico-chimiques des déchets produits (faible teneur en produits
compressibles, masse volumique très élevée, matières organiques (60 %) et humidité des déchets
(de 60 à 80 %) très élevées, PCI faible), le compostage constituerait a priori une solution adéquate.
Ce compost peu utilisable en zone urbaine pourrait être transféré dans les agro-systèmes
maraîchers périurbains de montagne distants de quelques dizaines de kilomètre de Port-au-Prince. Il
s'agit donc d'établir des modèles socio-économiques de transférabilité ville/campagne en utilisant les
déchets organiques produits en zone urbaine, de les transformer puis de les valoriser dans une zone
rurale proche des sites de compostage. La meilleure fertilité des terres se traduira par un
accroissement de la productivité par unité de surface et par individu et par une consommation des
produits, au final, dans la ville.
Abstract : Among all the problems the urban area of Port-au-Prince has to face, the management
of the wastes produced by more than 2.2 million Haitians living in the capital appears as one of the
biggest and most complicated one for which no one - local or international institutions - seem to
have a clear solution (low waste collecting rate, non controlled landfill, creation of non authorised
waste deposits in the city, canalisation obstructions implying floods and high sanitation risks, few
intervention in slams). However, according to physical and chemical characteristics of the wastes
produced in the capital (high percentage of organic matter (around 60%), high humidity (between
60 & 80%), low percentage of compressible wastes), using compost processes appears as an
adequate solution. The compost produced, hardly usable in urban areas, could be transferred to
agricultural systems close to the city. Therefore, socio-economical models for the transferability
« citycountryside » can be settled using the organic wastes produced in urban areas, converted
into compost and finally used in rural areas close to the compost plants. The better fertility of the
ground will be accompanied with a better productivity per surface unity and per peasant for a final
consumption of the products in the city.
Cet article est issu du travail de Sardou Jean-Denis dans le cadre de son Projet de Fin
d’Études de cycle d’ingénieur agronome de la FAMV et de Jean-Christophe Fernandes,
dans le cadre de son doctorat en cotutelle (LGCIE. INSA-Université de Lyon & LAQUE -
Laboratoire de Qualité des Eaux et Environnement de l’Université Quisqueya). Le
programme de thèse portait sur le développement de la collecte, le traitement et la
valorisation des déchets dans les quartiers pauvres de Cité-Soleil avec pour objectif
scientifique de définir les conditions de mise en place et de développement de structures
artisanales pérennes de valorisation des déchets ménagers d’un quartier défavorisé.
Jean-Christophe Fernandes est décédé lors du séisme survenu le 12 janvier 2010.
1- Introduction
Depuis les années 1950, Haïti souffre d'une dégradation accélérée de ses sols et de ses
ressources naturelles. Cette dégradation de l'espace rural s'exprime essentiellement par
une baisse de la fertilité et par l'accélération des pertes en sol dues en partie aux facteurs
du milieu naturellement fragiles : d'une part 60% des terres cultivées sont situées en
montagne sur des pentes très fortes (de 20 à 80%), d'autre part le régime violent des
pluies favorise le ruissellement (Smolikowski, 1993).
La dégradation des sols est également le bilan négatif d'une mise en culture de plus en
plus rapprochée, impliquant des temps de jachère de moins en moins importants et, en
conséquence, des situations de surexploitation agricole.
Cette mauvaise gestion des ressources naturelles a pour effet la baisse de rendement des
terres cultivées et donc des revenus agricoles. Démunis, les paysans se tournent vers des
activités plus rémunératrices telles que la production de charbon de bois, impliquant un
déboisement anarchique et une pression encore plus forte sur les ressources naturelles.
Les campagnes doivent ainsi faire face à des problèmes de malnutrition, de baisse des
exportations (les produits locaux souffrant des importations « bon marché » en
provenance des pays voisins), d'exode rural très important, d'incapacité des familles à
épargner, de pression foncière due à une démographie trop élevée, de revenus agricoles
très faibles empêchant le renouvellement du capital animal et outil. Ce cycle de
décapitalisation s'exprime par une perte de cohésion sociale d'où résulte souvent une
attitude de survie de la part des paysans.
Par ailleurs, la mauvaise gestion des surfaces agricoles et la déforestation des espaces
naturels ont conduit à l’érosion des terres cultivables (Smolikowski, 1993). Malgré les
recherches sur cette problématique, force est de constater la faiblesse des résultats en
terme de lutte antiérosive, d'amélioration des rendements et du revenu agricole à court
terme. Ainsi, face à une telle situation d'échec et à une population qui ne cesse
d'augmenter, la recherche d'outils pour la défense et la restauration de la fertilité des sols
doit nécessairement se tourner vers l'amélioration de la productivité des sols par
l’utilisation de techniques agricoles et d’élevage durables.
Dans ce sens, l'utilisation de composts en milieu rural pourrait constituer une solution pour
lutter contre l’appauvrissement des sols haïtiens. Outre l'amélioration de la nature physico-
chimique des sols de montagne (sols calco-magnésiens et sols fersiallitiques) par
l’augmentation de la réserve en nutriments, le compost améliore la structure de l’horizon
de surface en contribuant à la génération d'humus participant ainsi à sa stabilité
structurale. Or, en conditions de pluies cycloniques et d’orages aux agressivités
exceptionnelles, ces sols de montagne sont soumis à une dégradation accélérée. La
déstructuration de la surface croît au fur et à mesure de la dégradation des agents de
liaison de la microstructure argilo-humique des sols (Duchaufour. Ph. ABREGE DE
PEDOLOGIE. Sol, végétation, environnement, 5ème édition 1997). Nous pouvons
supposer que l’amincissement de la couche d’humus souvent constaté en zone de
montagne et le déséquilibre du complexe humo-calcique affectent les propriétés organo-
minérales de ces sols au fil des années ce qui les fragilisent de plus en plus à l’érosion et
au lessivage des éléments nutritifs.
Ainsi, une nouvelle approche s'appuyant sur des logiques de développement rural visant à
résoudre les problèmes immédiats des populations (sécurité alimentaire, améliorations
des revenus, valorisation du travail) doit être développée à travers une meilleure gestion
des déchets en zone urbaine et une utilisation de techniques adaptées au contexte
haïtien.
2- Matériels et méthodes
2.1- Zones d'études
La communauté urbaine de Port-au-Prince se trouve face à la difficulté de collecter et traiter
les déchets ménagers produits par une population estimée à 2 164 000 habitants en 2009.
Le taux d'accroissement de la population a été récemment à environ 2% chaque année
(Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique, 2009) et la production journalière de
déchets ménagers a été estimée à 0,83 kg.hab.-1.jour-1 (Bras, 2009).
Le taux de collecte des déchets est rarement performant, si ce n’est dans certains
quartiers privilégiés (centres commerciaux, zones touristiques, quartiers résidentiels de
haut standing). Il varie généralement de 30% à 40% (Bras, 2009), mais il peut-être
beaucoup plus faible, voire nul, dans certains quartiers précaires. Parmi ces déchets,
approximativement 1 000 m3 arrivent quotidiennement sur le site de Truitier, décharge non
contrôlée proche de la mer et entourée de bidonvilles (cf. Figure 1).
Dé c ha rge de T ruit ie r A
Cit é Sole il
P é t i o n -v i l l e
K e nsc off
B Furc y
Légende :
Extension de l’agglomération urbaine de Port-au-Prince
Zone maraîchère de Kenscoff – Furcy (zone de l’étude du transfert de fertilité ville campagne)
Le quartier de Carrefour Feuilles, réputé pour être une zone de tension sociale, est
présentement en voie d’apaisement mais la sécurité de la zone demeure fragile. Le PNUD a
en conséquence mis sur pied le projet pilote « Gestion des déchets solides Carrefour
Feuilles » dont l’objectif est de contribuer à la consolidation du processus de réduction de la
pauvreté à travers la création d’emplois, la préservation de l’environnement et le tissage de
liens sociaux dans le quartier. Le site traite chaque jour 40 m3 de déchets collectés dans les
rues du bidonville par des équipes de balayage et de ramassage employées par le PNUD.
Cité Soleil, véritable « ville bidonville », comptant parmi les quartiers les plus peuplés et les
plus denses au monde (presque 40 000 habitants/km!), a connu de longues périodes de
violences. Le retour au calme depuis le début de l’année 2007 a permis l’intervention
conjointe de la Police Nationale Haïtienne (PNH) et de la Mission des Nations Unies pour la
Stabilité d’Haïti (Minustah). Ce retour de l’ordre s’accompagne d’actions visant à redonner
confiance aux populations vis-à-vis des pouvoirs publics et à améliorer leur cadre de vie. Le
projet de valorisation des déchets a été mis en place en collaboration avec une association
locale. L'unité expérimentale, en fonctionnement de juin 2009 au 12 janvier 2010, a permis
de traiter quotidiennement 5 tonnes de déchets collectés par les services de ramassage de
la ville de Cité Soleil.
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Figure 2 : Toposéquence agroécologique schématique « Port au Prince - Kenscoff - Furcy ».
Les déchets ménagers solides d'une ville forment un mélange complexe de produits aux
propriétés physico-chimiques différentes. Leur composition est variable et dépend de la
nature des produits de consommation, des habitudes, du niveau social de la population, et
enfin, des caractéristiques de l’habitat et des infrastructures collectives. La connaissance de
la composition des déchets ménagers est essentielle pour la détermination des filières de
traitement, valorisation et élimination telles que le compostage, la méthanisation, le
recyclage et la mise en décharge.
2.3.1- Échantillonnage
A Bois-Neuf, une cinquantaine de familles ont été sélectionnées pour réaliser la campagne
d’échantillonnage en juillet 2009. Des sachets plastiques ont été distribués et les déchets
collectés quotidiennement pendant une semaine. Chaque sachet a été pesé afin d'évaluer
la quantité de déchets produits par habitant et par jour. Après une semaine, les déchets
recueillis ont été caractérisés.
Sur le site de Bois-Neuf, un lot de compost maturé d’environ 25 kgMH a été échantillonné
par quartages successifs sur un tas de compost après trois mois de traitement. Ce lot a
ensuite été de nouveau quarté afin de préparer plusieurs échantillons d’1 kg,
représentatifs du compost maturé. Pour assurer leur bonne conservation, les échantillons
ont été séchés au soleil pour réduire leur teneur en eau et minimiser leur potentielle
évolution biologique au cours de leur transport jusqu’au laboratoire d’analyse en France.
Plusieurs programmes d’analyse ont été proposés pour permettre d’évaluer les
caractéristiques du compost. Il s’agit de l’analyse des qualités agronomiques, l’analyse
des teneurs en éléments traces métalliques, la mise en évidence d’éléments indésirables
tels que les éléments métalliques, le verre et les plastiques. Les analyses réalisées par le
Centre Scientifique Agricole Régional, le CESAR, sont présentées dans le Tableau 1. Les
résultats d’analyse seront comparés aux valeurs réglementaires de conformité des
amendements organiques de la norme NFU 44-051 (2006) indiqués dans ce même
tableau. Par ailleurs, l’analyse des agents pathogènes, œufs d’helminthes viables et
salmonelles, a également été effectuée sur l’échantillon de compost réceptionné.
Force est de constater une cacophonie autant de la part des autorités nationales que des
opérateurs privés. Du fait de la défaillance du Service Métropolitain de Collecte des Résidus
Urbains (SMCRS) et d’un urbanisme non maîtrisé (les quartiers précaires de la capitale
occupent 75% des espaces bâtis de la région métropolitaine), l’ensemble du système
repose sur un nombre significatif d’ONG. Un flou certain et de grandes interrogations
entourent la coordination et la pérennité de ces initiatives ; il est impérieux de mettre en
place un cadre général concernant la gestion des déchets pour Port-au-Prince.
Les pratiques et les usages des ménages ne sont pas uniformes sur l'ensemble de la ville
de Port-au-Prince. Toutefois, le déversement des déchets dans les ravines constitue,
quelque soit le milieu urbain, un exutoire des déchets ménagers variant de 25% dans les
quartiers de standing élevés à 90% pour les quartiers de bas standing (Bras, 2009). Il est
également fréquent d’observer les habitants déposer leurs ordures dans les terrains vagues
provoquant ainsi la création de dépôts sauvages. Plus grave encore, l’accumulation des
déchets dans les drains et les caniveaux obstrue les canalisations ce qui crée de sérieux
problèmes d’évacuation des eaux pluviales (nombreux embâcles), d’importantes
inondations et par la même, des risques sanitaires élevés. Cette situation est d'autant plus
dramatique dans les zones dites « bidonvillisées » (Cité-Soleil et Carrefour-Feuilles) qui ne
connaissent aucun système d'assainissement effectif aussi bien pour les résidus liquides
que solides. Enfin la récupération informelle n'est pas à négliger puisqu'elle mobilise un
nombre important de récupérateurs à travers les dépôts sauvages et au sein de la décharge
de Truitier.
3.2.1- Composition moyenne des déchets humides dans les deux quartiers
cibles
Les résultats obtenus après caractérisation des déchets ménagers et assimilés à Carrefour
Feuilles sont présentés dans la Figure 3.
Par ailleurs, dans les conditions d’essais de compostage (un retournement chaque semaine
le premier mois, puis une fois par mois ; arrosage lorsque le corps de l'andain s'assèche),
un temps de compostage minimum de 90 jours est nécessaire pour obtenir une matière
suffisamment sèche et mature pouvant être affinée et commercialisée. Ce temps peut être
réduit significativement en améliorant notamment le système de ventilation pour pallier à la
diminution de l'espace lacunaire liée au tassement de la matière au cours du compostage.
Le suivi de la température au cours des essais de compostage sur les sites de Carrefour-
1
Le pouvoir calorifique est défini comme la quantité de chaleur dégagée par la combustion de l'unité de poids en ordures brutes. Il
s'exprime en millithermie par kilogramme d'ordures (mth/kg). Le pouvoir calorifique supérieur (PCS) suppose que la vapeur d'eau
formée pendant la combustion est revenue à l'état liquide. Le pouvoir calorifique inférieur (PCI) quant à lui, s'obtient si l'eau est formée à
l'état vapeur. C'est donc la vapeur du PCI qui permet de proposer ou de refuser l'incinération des ordures. Il varie dans les régions
équatoriales entre 800 et 2500 mth /kg.
Feuilles et Cité-Soleil a permis de constater l’atteinte de températures élevées, comprises
entre 70 et 80°C, maintenues sur plusieurs jours. Le maintien d’une température supérieure
à 60°C sur une semaine est généralement préconisé pour l’élimination des germes
pathogènes (hygiénisation du compost) présents dans les composts (ADEME, 2008). La
norme française sur les amendements organiques considère deux critères biologiques :
quantification des œufs d’helminthes et quantification des Salmonelles. Ces deux analyses
effectuées sur le compost de Bois-Neuf ont permis de constater l’absence totale de ces
deux agents pathogènes. Toutefois, ce résultat obtenu sur un échantillon de compost
relativement sec (séchage au soleil avant conditionnement et expédition au laboratoire
d’analyse, humidité de 11%) devra être confirmé sur d’autres échantillons de compost
collecté sur les plateformes expérimentales.
Les résultats d’analyse du compost produit au cours de l’essai de compostage sur le site
expérimental de Bois-Neuf sont présentés dans le Tableau 2.
Par ailleurs, l’analyse de P2O5 et K2O, permet d’évaluer le potentiel d’apport en phosphore
et potassium, éléments chimiques nécessaires à la croissance végétale. L’apport en
phosphore est faible, et inférieur au seuil conseillé par la NF U44-051 (> 1%Ms) pour un
amendement avec engrais. Pour le potassium, la teneur est également faible. De même que
pour l’azote, l’usage de compléments locaux est également conseillé pour enrichir le
compost en phosphore et potassium avec par exemple respectivement, de la poudre d’os et
des cendres. Enfin, les teneurs en magnésium et calcium semblent suffisantes pour garantir
un apport complémentaire nécessaire à la croissance végétale.
Les teneurs en éléments trace métalliques (ETM) et éléments indésirables sont présentées
dans le Tableau 2. Nous constatons des concentrations non négligeables en métaux lourds
telles le chrome et le plomb (34% du seuil de la norme NFU 44-051), le cadmium (50% du
seuil) et nickel (46% du seuil). Ces teneurs encore acceptables, s’expliquent d’une part par
l’origine urbaine des déchets traités et, d’autre part, par la localisation également urbaine du
site expérimental de Bois-Neuf. Par ailleurs, la faible teneur en plomb est à souligner, étant
donné le niveau de pollution atmosphérique de la région métropolitaine de Port-au-Prince.
La faible teneur en mercure et l’absence de sélénium sont de bons arguments pour
supposer que ce compost se caractérise par un faible potentiel de toxicité. Toutefois, cette
hypothèse doit être nuancée par les concentrations particulièrement élevées en zinc
362 mg.gkg-1MS, et surtout en cuivre, 465 mg.gkg-1MS, correspondant respectivement à
60%MS et 155%MS de la valeur seuil préconisée par la norme NFU 44-051. La présence
élevée de ces deux métaux n’est pas encore élucidée. La raison la plus probable serait la
forte teneur en cuivre et zinc dans le sol sur lequel se trouve la plateforme de Bois-Neuf.
Cette hypothèse devra être vérifiée. Toutefois, et malgré le dépassement pour le cuivre de
la concentration seuil tolérée de la norme NFU 44-051, le compost de Bois-Neuf ne
présente pas de risque pour la santé humaine.
Enfin, l’analyse des inertes indésirables révèle de faibles teneurs en cailloux, métaux,
morceaux de verre et plastiques. Les teneurs sont nettement inférieures aux seuils indiqués
par la norme française sur les amendements organiques. Les faibles teneurs en
indésirables sont bien évidement liées au soin apporté à la phase de tri sur le compost
maturé lors de l’essai de compostage réalisé sur la plateforme de Bois-neuf.
3.4- Effets escomptés du compost urbain sur les propriétés des sols
Les premières observations faites sur les sols de montagne entre Kenscoff et Furcy
montrent que le couple érosion - ruissellement combiné à l’exploitation légumière intensive
(forte fertilisation minérale + exportation des résidus de récoltes) modifie plus ou moins
progressivement leurs propriétés organo-minérales. Il s’agit d’un simple processus
mécanique au cours duquel le détachement et le transport solide se font au gré des
variations de résistance du sol et des concentrations de ruissellement. Mais il est
vraisemblable que leur potentiel de fertilité est également affecté par la sélectivité des
éléments fertiles ou par transport des colloïdes et des micro-agrégats ce qui contribuerait
ainsi à accélérer la décomposition du réseau racinaire et des fibres végétales et la dilution
des matières organiques.
La plupart de ces sols ont leur potentiel concentré en surface (couche arable mince) ce qui
les rend encore plus vulnérables à l’érosion et au processus de glissement (en particulier
pour les sols développés sur matériau volcanique). Ces sols sont par ailleurs cultivés sur
pentes fortes à très fortes (qu’ils soient développés sur calcaire ou basalte) subissant
parfois un décapage de surface sévère faute de dispositifs antiérosifs et de méthodes
culturales adaptés. Ils perdent alors, dans un laps de temps relativement court, leur
potentiel de productivité. Face à ce constat, nous formulons plusieurs hypothèses pour
pallier en partie ce type de problèmes récurrents en supposant les impacts positifs du
compost sur les propriétés intrinsèques du sol suivants :
Les effets bénéfiques du compost sur la résistance mécanique des sols mériteraient une
série d’études scientifiques poussées. Toutefois, il nous apparaît peu intéressant de
renouveler l’expérience des parcelles Wischmeier de certains pays africains (Madagascar,
Côte d’Ivoire, Kenya, Burundi, Rwanda, etc.…) dont la méthodologie est trop onéreuse,
trop rigoureuse, contraignante et incomplète dans le contexte du relief haïtien. Nous
chercherons plutôt à apprécier l’érodibilité de ces différents sols de montagne par de
simples tests, notamment celui de la stabilité structurale des agrégats (test de HENIN) et
de son évolution dans le temps. La mesure de la perméabilité, d’autant plus faible que la
structure est moins favorable, complèterait les résultats obtenus. D’après Valentin (1989),
l’indice de stabilité structurale est en bonne relation avec les pertes en terre et la
résistance du sol à l’état sec ou peu humecté par les pluies (début de saison des pluies).
Egalement, les limites d’ATTERBERG2 conviendraient mieux pour évaluer la résistance
des sols humides de fin de saison de pluie.
2
Les limites d’ATTERBERG définissent les teneurs en eau qui caractérisent les changements d’état d’un sol. Il s’agit d’un test sur échantillons
remaniés.
pérennes (390 emplois créés par le PNUD à Carrefour Feuilles, une quinzaine à Bois Neuf)
et au nettoyage des zones habitées. De plus, l'existence d'alternatives à la « mise en
ravine », permet de ne plus considérer ces lieux comme le réceptacle des déchets
ménagers et de s'affranchir ainsi de nombreux problèmes environnementaux (obstruction
des canalisations, inondations), sanitaires (proliférations d'insectes, foyer pour d'éventuelles
épidémies) et politiques (difficultés à intégrer ces zones dans des systèmes de planification
urbaine).
En Haïti comme dans la plupart des pays du Sud, les engrais sont utilisés de manière
anarchique, souvent de manière disproportionnée avec pour première conséquence la
pollution des nappes phréatiques et l'endettement de certains paysans. Il est possible de
donner au compost en tant qu’intrant organique, une valeur nutritive globale positive sur le
plan agronomique. Outre son impact bénéfique sur les propriétés physique et chimique des
sols, son utilisation présente d'importants avantages sur les plans alimentaire par
l'augmentation des rendements et monétaire par l'augmentation des revenus des paysans
(Ngnikam, 1993).
Plus difficile à évaluer, l'utilisation de composts pourrait avoir un impact positif sur la non-
récurrence de catastrophes écologiques telle que celle de Hanna en septembre 2008
(cyclone le plus violent des 20 dernières années faisant perdre la vie à plusieurs centaines
d'Haïtiens et laissant derrière lui des dégâts matériels estimés à plusieurs millions d'euros)
grâce à sa participation à la végétalisation des sols, à la lutte antiérosive, à l'amélioration
des rétentions en eau et indirectement, à une élévation du revenu agricole des familles
rurales.
Les études et diagnostics en milieu paysan étant actuellement en cours, il est difficile pour
l'instant d'établir des modèles de transférabilité ville-campagne. Néanmoins, la
connaissance des zones périurbaines maraîchères et les apports de la bibliographie, ont
permis d'esquisser plusieurs hypothèses sur ces modèles socio-économiques. La Figure 4
présente de manière synthétique une comparaison de la relation ville campagne entre un
système de production d'amendements organiques grâce à la valorisation des déchets
urbains et un système de non gestion et/ou de mise en décharge des déchets. Si ces
hypothèses se confirment, les effets bénéfiques directs et indirects de l’utilisation du
compost en milieu rural, mêmes s’ils sont difficilement mesurables, devraient permettre une
meilleure protection des ressources naturelles (pression moins importante sur les
ressources ligneuses, protection des sols...) et augmenter les revenus des agriculteurs à
court terme ce qui répondrait ainsi à l’une de leur préoccupation majeure.
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Figure 4 : Modèle socio-économique de transférabilité ville-campagne.
4- Conclusion
Le monde rural haïtien se trouve depuis plusieurs années dans une position difficile et doit
faire face à de nombreux problèmes : dégradation des sols, déforestation, malnutrition,
incapacité des familles à épargner, pression foncière due à une démographie trop élevée,
revenus agricoles très faibles, incapacité de renouveler le capital animal et outil et exode
rural très important. Face à ce constat, les paysans sont à la recherche d'activités
rémunératrices à court terme lesquelles sont souvent contradictoires avec les politiques
d'aménagement du territoire (restauration des sols par exemple) dont les bénéfices
s'évaluent après plusieurs années.
Il est donc aujourd’hui primordial de mettre en place des logiques de développement rural
visant à résoudre les problèmes immédiats des populations. Dans ce sens, l'utilisation des
composts, si les hypothèses sont vérifiées, pourrait satisfaire cette demande en participant à
l'augmentation des revenus paysans à court terme, notamment grâce à l'amélioration des
rendements. Dans un modèle de transférabilité ville-campagne, les villes pourraient profiter
de ces meilleurs rendements pour répondre à leurs besoins alimentaires et éviter les crises
à récurrence que le pays traverse régulièrement.
Toutefois, l'intérêt du compostage est à relativiser pour les déchets de ville, puisque la
matière organique ne concerne qu'à peine 51% des ordures ménagères. Il faut donc
imaginer aussi des filières de revalorisation pour les 49% de déchets restants. L'objectif
principal étant de mettre en place des filières durables, il est fort vraisemblable que la
pérennité ne passera que par la diversification des activités autour de la gestion des
déchets : vente et utilisation de compost, mais sans doute aussi d'autres fractions telles que
la valorisation énergétique des papiers-cartons et du bois, la valorisation matière pour les
plastiques, les tissus, les métaux et le verre.
A relativiser aussi, l'impact du compost enterré lors du labour sur l'érodibilité des sols. Il est
en effet difficile de remonter le taux de carbone du sol en milieux tropicaux chauds et
humides. L'effet du compost ou fumier ne dure en moyenne que de un à deux ans et influe
essentiellement sur les rendements des cultures, très peu sur l'érosion et l'infiltration. Des
parcelles expérimentales de 100 m² ont été retenues dans le cadre de la poursuite de cette
étude afin de vérifier l'effet du compost à la fois sur les rendements de culture, sur
l’évolution des propriétés bio-géochimiques des sols de montagne et enfin sur la durabilité
du système.
En cas de réussite de l’opération sur le plan économique et sociologique, ce modèle
évoquerait la transmutation du négatif (à l’exemple des déchets) en positif (à l’exemple de la
restauration de la fertilité et de la productivité) dont Haïti a tant besoin ; cette transformation
vers la fertilité que les Haïtiens doivent opérer eux-mêmes (Sauval, communication orale).
BIBLIOGRAPHIE
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Le paysan haïtien et la lutte antiérosive depuis 50 ans :
un bilan
Glenn R. Smucker,
Anthropologue, email : grsmucker@aol.com
Résumé :
Le problème de la conservation des sols en Haïti est fondamentalement un problème
social et l’une des conséquences de la pauvreté extrême des paysans de morne. La forte
densité et le mode d’occupation de la terre constituent des entraves majeures à la conservation
des sols et de l’eau. En général les petits cultivateurs haïtiens utilisent des techniques de
production originaires de la plaine telles que le brûlis qui crée de l’érosion dans les champs
agricoles montagneux. Les paysans haïtiens sont conscients de la dégradation des sols et
appliquent certaines pratiques traditionnelles de conservation. Pour arriver à un meilleur
résultat de la lutte antiérosive, il est impératif d’adapter l’expertise des techniciens à la réalité
quotidienne du paysan.
Depuis 1950, toute une série d’approches de la conservation des sols se sont
succédées : des approches équipement du territoire, la construction de murs secs par des
projets « nourriture pour le travail », des approches au niveau de parcelles éparpillées, des
approches collectives au niveau du micro bassin versant, et des approches économiques : la
production durable pour des nouveaux marchés et récemment, la protection des bassins
versants en amont et en aval.
Les leçons qu’on peut tirer d’une lecture des éléments d’histoire. Approche
économique : Identifier des cibles d’opportunité économique comme le point de départ à la
lutte antiérosive. Adapter l’approche au contexte réel. L’innovation réussie se construit sur
des pratiques déjà familières aux paysans et accessibles par application de la main d’œuvre
avec très peu de coût monétaire, et surtout avec le résultat tangible d’une augmentation
significative des revenus à court et moyen terme. Incitations intrinsèques : Faire la
vulgarisation des techniques de conservation à base des incitations intrinsèques, et surtout
économiques, tout en évitant la dépendance sur des incitations extrinsèques et artificielles de
projet. Zonage hydrographique : Pour maximiser l’impact il faut concentrer les efforts
géographiquement, atteignant une masse critique de planteurs d’une zone et ciblant des sites
prioritaires d’opportunité économique aussi bien que des sites de risque élevé. Utiliser une
approche participative à base de subsidiarité : Pour des actions collectives ou publiques et
pour les plans locaux d’aménagement, la responsabilité organisationnelle doit être allouée à la
plus petite entité capable de résoudre le problème, par exemple les parties prenantes d’une
ravine, un micro bassin versant, un petit périmètre irrigué.
Mots clefs : Haïti, paysan, conservation des sols, érosion, stratégies, bilan
Abstract
From 1950 a lot of SWC strategies have been tested in Haïti. The author tried to extract
lessons. Develop strategies adapted to local context, test techniques familiar to farmers, adopt
economic intrinsic incitement but avoid dependence of extrinsic incitements. Concentrate the
efforts of management on geographical areas like watersheds or gullies or one hydrological unit
where people usually are working together: you will get better participation
2. Le paysan et la conservation
Du point de vue agricole, Haïti a un régime de petits cultivateurs et surtout des
cultivateurs de montagne qui constitue globalement un système de minifundia composé
de trois ou quatre parcelles non contigües par exploitation agricole. Ces parcelles sont
gérées d’une façon variable selon les caractéristiques de chaque parcelle notamment la
pente, le type du sol, l’humidité des sols, la mode formelle d’accès à la terre et aussi la
durée probable d’accès qui peut varier considérablement quelque soit le mode d’accès.
La plupart des petits paysans haïtiens sont propriétaires de certains terrains
agricoles mais d’une façon générale les exploitations paysannes incluent aussi d’autres
parcelles de condition d’accès variable. Le mode d’accès aux parcelles éparpillées des
exploitations paysannes est gouvernée par tout un mélange de règles formelles et
coutumières et de modes de faire valoir direct et indirect. Des études de terrain ont
révélé que la durée de temps d’accès à la parcelle est assez souvent le facteur
déterminant d’utilisation et d’investissement conservationnistes, quelque soit le mode
formelle d’accès (comme propriétaire par achat ou héritage ou bien par le métayage
monétaire (fèm, potèk, plann) ou non monétaire (demwatye ou usufruit).2
1
Pour le potentiel agronomique de la terre voir Ehrlich et al (1985), les cartes d’USTIG traitant du risque d’érosion
du sol (2001) et de l’occupation du sol (2001) à partir des images de satellite, et Smucker et al (2007a) qui a fait une
analyse de risque de tous les 54 bassins versants et principaux sous-bassins du pays.
2
Voir McClain et al (1988), Bloch et al (1988) traitant du foncier en Haïti.
Étant donné qu’au moins 58% de la population rurale tombe en dessous de la
ligne de pauvreté extrême3, ce n’est pas étonnant que la tendance prédominante des
décisions agricoles paysannes en Haïti découle nécessairement de la gestion des
risques plutôt que de la maximisation des revenus. 4 Par exemple, en parlant de
l’association classique du mais-pois un planteur paysan de Bellefontaine a remarqué:
3
La pauvreté extrême est définie ici selon Verner (Banque Mondiale, 2008) et la Carte de Pauvreté (MPCE/BID,
2004) à EUA$1 par jour par personne. A raison de $2 PPP, 81% de la population rurale tombe en dessous de la
ligne de pauvreté simple selon MPCE/BID.
4
Voir Smucker, White et Bannister (2002) traitant du foncier et l’adoption des technologies agricoles, Wiens et
Sobrado (1998) et Verner (2008) pour la distribution de la terre paysanne en Haïti et l’analyse des revenus.
5
Paul Moral (1961), Le paysan haïtien : étude sur la vie rurale en Haïti.
des digues de ravine (seuils) composées de bananiers, de malanga,
d’ignames,
des digues de ravines améliorées en utilisant le clissage ou « kleonaj »,
des « bit » (buttes) de patates douces,
le « siyon »(sillon) et le « biyon »(billon) ou buttes allongées,
le « tram » espèce de butte élaborée et devenu « plak bann » (plate bandes)
pour la production de légumes.
6
Pour les tendances historiques voir aussi Murray (1979), Murray et Bannister (2004), Smucker et al (2005, 2007),
Smucker (2001, 2002, 2003), White et Jickling (1992).
4.1. L’approche « équipement du territoire »
Au courant des années 1950 -70, il y avait certains projets bilatéraux avec le
Gouvernement utilisant une approche d’équipement du territoire imposée sur des terres
privées et publiques. Cette approche fortement dirigiste ciblait la zone géographique
comme unité d’action et construisait des structures de conservation sans tenir compte
des conditions foncières ni les intérêts des propriétaires impliqués et des paysans. Pour
cette approche, la conservation était purement un problème technique à base de
l’expertise d’ingénieur et de la construction sur grande échelle des structures
mécaniques. On utilisait les murs secs à courbe de niveau et des canaux de contours.
C’était une activité de travaux publics en payant les travailleurs. Cette approche a été
fortement marquée par l’absence quasi totale de la durabilité et de l’entretien des
structures.
7
Voir Smucker (2001, 2005) sur les expériences de PADF-PLUS et DAI-HAP.
4.6. De l’approche économique à la protection des bassins versants
Plus récemment des bailleurs tels que l’USAID et la BID en partenariat avec l’état
Haïtien visent la protection des bassins versants en vue du rythme croissant des
catastrophes écologiques à partir des inondations sévères, cyclones et tempêtes
tropicales. Cette phase d’évolution des investissements conservationnistes date de la
tempête tropical Jeanne en septembre 2004 et la série de quatre cyclones qui ont
frappés Haïti en septembre-octobre 2008 avec des conséquences dévastateurs, des
milliers de morts et la destruction de quartiers urbains, berges de rivières, périmètres
irrigués et d’autres exploitations agricoles.
L’approche de certains projets courants tel que le Programme National de
Gestion des Bassins Versants (PNGBV), le Développement Économique pour un
Environnement Durable (DEED) et tout dernièrement l’Initiative de Bassin Versant pour
les Ressources Naturelles Nationales (WINNER) se basent conceptuellement sur
l’aménagement des bassins versants comme unité d’intervention. Ces investissements
utilisent l’incitation du marché à promouvoir des cultures pérennes comme
alternative aux cultures érosives afin de protéger les bassins versants et réduire le
niveau de pauvreté des agriculteurs. Ces investissements en cours sont prometteurs
mais il reste encore à savoir si cette approche peut aboutir à la protection tangible des
bassins versants tout entiers.
5. Conclusion
Les leçons qu’on peut tirer d’une lecture des éléments d’histoire des programmes de la
conservation des sols et de l’eau en Haiti sont les suivantes :
• L’économie paysanne de conservation : coûts et bénéfices : La conservation du
sol et la protection de l’environnement ne sont pas forcément les objectifs du
premier ordre des paysans de morne en Haïti et surtout quant il s’agit d’investir de
leur propres ressources limitées. Par contre, les paysans de morne se sont montrés
prêt à adopter assez rapidement des pratiques antiérosives quand ces pratiques
génèrent des bénéfices tangibles économiques à court et moyen termes.
• Donc le grand défi n’est pas la conscientisation générale en faveur le la protection
de l’environnement mais tout simplement la rentabilité des approches durables.
Le technicien qui propose des innovations doit faire preuve au cultivateur du lien
pratique entre l’investissement de conservation et l’augmentation des bénéfices
dans l’immédiat.
* Proposer des innovations à partir des éléments familiers aux paysans ou bien qui
sont compatibles avec les pratiques courantes paysannes.
• Proposer des techniques économiquement accessibles au petit cultivateur en
évitant autant que possible des dépenses en argent liquide.
• Gestion des risques. La technique proposée devra être gérable du côté paysan ne
débordant pas sa capacité de risque comme facteur primordial des décisions
agricoles paysannes.
• Identifier des cibles d’opportunité économique comme point de départ de la lutte
antiérosive, alors des îlots de production supérieure par exemple les sites de
production les plus producteurs aux environs de l’habitat tel que les jaden nan lakou
et jaden prè kay, des ravines humides de plantations pérennes, des champs
irrigués, et des poches de fertilité en ravines corrigées.
• Pour maximiser l’impact il est impératif de concentrer les efforts
géographiquement, atteignant une masse critique de planteurs d’une zone et
ciblant pour le traitement antiérosif des sites de haute priorité économique aussi
bien que des sites de risque élevé.
• Faire la vulgarisation des techniques de conservation à base des incitations
intrinsèques, et surtout économiques, tout en évitant la dépendance sur des
incitations extrinsèques et artificielles de projet.
• Comme méthode d’organisation à la base, utiliser une approche participative
auprès des bénéficiaires et parties prenantes.
• Utiliser le principe de subsidiarité pour des actions collectives ou publiques et
pour les plans locaux d’aménagement, c’est-à-dire, la responsabilité
organisationnelle doit être allouée à la plus petite entité capable de résoudre le
problème, par exemple les parties prenantes d’une ravine, d’un micro bassin
versant, d’un petit périmètre irrigué.
* Les paysans haïtiens et projets ont eu historiquement un certain succès parfois à
l’établissement et l’entretien des cultures pérennes et des structures de conservation au
niveau parcellaire. A raison de la fragmentation des parcelles paysannes, le défi
primordial rarement achevé est le traitement de toutes les parcelles contiguës
d’un flanc de morne, d’une ravine, d’un micro bassin versant ou d’un bassin
versant au sens plus large.
• Le charbon comme opportunité au reboisement des pentes. Le marché de
charbon n’est pas forcement l’ennemi à la transformation des paysages. La gestion
durable des boisements destinés à la fabrication du charbon et d’autres produits
peut inciter le reboisement, surtout dans des zones semi-arides.
D’une façon générale l’innovation antiérosive peut réussir dans des circonstances où
les innovations se construisent sur des pratiques déjà familières aux paysans et sont
accessibles par application de la main d’œuvre avec très peu de coût monétaire, et
surtout avec le résultat tangible d’une augmentation signifiante des revenus.
Un facteur critique est la mobilisation de la main d’œuvre nécessaire à
l’établissement des structures de conservation. Pour la grande majorité de petits
paysans la stratégie de mobilisation de main d’œuvre la meilleure réussie est
l’exploitation des groupes rotatoires tels que les eskwad, petits groupements indigènes
de cultivateurs qui travaillent régulièrement ensemble par rotation et qui partagent
également entre eux les bénéfices et les risques du travail de groupe.
Références bibliographiques
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Latin American and the Caribbean Region. Report Number 17242 HA. Washington, D.C.: World
Bank.
Stratégie de lutte anti-érosive dans la
Sierra Madre Occidentale (Mexique)
Jose Luis Gonzalez Barrios1, Luc Descroix2
1
INIFAP, CENID-RASPA, A.P. 225-3 Parque Industrial, Gómez Palacio Durango
35071 México gonzalez.barrios@inifap.gob.mx
2
IRD, LTHE, BP53, 38041 Grenoble, France. luc.descroix@ird.fr
Résumé
'HVWUDYDX[PHQpVGHSXLVOHVDQQpHVRQWPLVHQpYLGHQFHXQHSKDVHG¶pURVion accélérée
dans de nombreuses régions de zone aride et semi-aride du Nord du Mexique. Ces zones
UHSUpVHQWHQWGXWHUULWRLUHPH[LFDLQHWWRXWOHQRUGGXSD\V/HVFKDQJHPHQWVG¶XVDJHGHV
VROV HW GHV VSpFLDOLVDWLRQV VSpFXODWLYHV DLQVL TX¶XQ pOHYDJH Sarfois « prédateur » ont
fortement dégradé de grandes étendues de ses milieux fragiles. Cette dégradation est notoire
dans les zones de montagne pourtant plus humides, car la pente entraîne un ruissellement
accru et celui-FLV¶DFFRPSDJQHGXGpSDUWGHVpOpPents fins, les plus fertiles, des sols.
&HW DSSDXYULVVHPHQW GHV VROV HW GHV FDSDFLWpV SURGXFWLYHV GH FH FKkWHDX G¶HDX D SRXU
conséquences :
- O¶pPLJUDWLRQGHVKDELWDQWVGX1RUGYHUVOHVSULQFLSDOHVYLOOHVRXYHUVO¶pWUDQJHU
- la réduction des ressources des populations rurales ce qui aggrave leur marginalisation,
- XQHPRGLILFDWLRQGXELODQGHO¶HDXHWXQHPHQDFHSRXUO¶DSSURYLVLRQQHPHQWGHV]RQHVDYDO
DULGHV(QHIIHWO¶pURVLRQGHVVROVUpGXLWOHXUFDSDFLWpGHUpWHQWLRQHQHDXGHVVROVHWUHQGOHV
écoulements plus irréguliers, en accélérant les écoulements immédiats (écoulement de crue) et
HQUpGXLVDQWO¶pFRXOHPHQWGHEDVHFHOXLTXLHVWOHSOXVXWLOHHQDYDO
- le colmatage des retenues hydroélectriques,
- la diminution des infiltrations en amont pourrait donc réduire la recharge naturelle de
O¶DTXLIqUHGHOD/DJXQDDXVXGGXGpVHUWGH&KLKXDKXD%URXVWH
Des mesures de conservation ont commencé à être appliquées dans certains secteurs pilotes et
montrent des résultats encourageants. Nous montrons ici un exemple de ce que peuvent être
des « services éco-systémiques », appelés au Mexique des « services environnementaux
hydrologiques ªHWOHXUPLVHHQ°XYUH
M ots clés : Sierra Madre Ocidentale, lutte anti-érosive, surpâturage, déboisement, ravinement,
érosion en nappe
I ntroduction
'HVWUDYDX[PHQpVGHSXLVOHVDQQpHVRQWPLVHQpYLGHQFHXQHSKDVHG¶pURVLRQDFFpOpUpH
dans de nombreuses régions de zone aride et semi-aride du Nord du Mexique. Ces zones
représentent 53% du territoire mexicainHWWRXWOHQRUGGXSD\V/HVFKDQJHPHQWVG¶XVDJHGHV
VROV HW GHV VSpFLDOLVDWLRQV VSpFXODWLYHV DLQVL TX¶XQ pOHYDJH SDUIRLV © prédateur » ont
fortement dégradé de grandes étendues de ses milieux fragiles. Cette dégradation est notoire
dans les zones de montagne pourtant plus humides, car la pente entraîne un ruissellement
accru et celui-FLV¶DFFRPSDJQHGXGpSDUWGHVpOpPHQWVILQVOHVSOXVIHUWLOHVGHVVROV
&HW DSSDXYULVVHPHQW GHV VROV SRXUUDLW DFFpOpUHU O¶pPLJUDWLRQ GHV KDELWDQWV GX 1RUG YHUV OHV
princiSDOHVYLOOHVRXYHUVO¶pWUDQJHUHQWRXWFDVLOUpGXLWOHVUHVVRXUFHVGHVSRSXODWLRQVUXUDOHV
et peut aggraver leur marginalisation. Par ailleurs, les montagnes, et en particulier la Sierra
0DGUH 2FFLGHQWDOH FRQVWLWXHQW GHV FKkWHDX[ G¶HDX 2Q SHXW GRQF VXpposer que la
surexploitation des terres et les modifications de leurs propriétés physiques pourraient à terme
PRGLILHU OH ELODQ GH O¶HDX HW PHQDFHU O¶DSSURYLVLRQQHPHQW GHV ]RQHV DYDO DULGHV (Q HIIHW
O¶pURVLRQ GHV VROV UpGXLW OHXU FDSDFLWp GH UpWHQWLRQ Hn eau et rend les écoulements plus
irréguliers, en accélérant les écoulements immédiats (écoulement de crue) et en réduisant
O¶pFRXOHPHQWGHEDVHFHOXLTXLHVWOHSOXVXWLOHHQDYDO3DUDLOOHXUVOHVPDWpULDX[DUUDFKpVjOD
montagne tendent à colmater les retenues hydroélectriques et réduit leur capacité de stockage
dont dépendent des grands périmètres irrigués, tant sur la plaine côtière du Pacifique (désert
du 6RQRUDHWVHVDERUGVTXHVXUO¶DOWLSODQRQRUG±central (désert de Chihuahua). De plus, une
grande partie des eaux souterraines de cet altiplano provient aussi de la Sierra Madre
Occidentale ; la diminution des infiltrations en amont pourrait donc réduire la recharge
QDWXUHOOHGHO¶DTXLIqUHGHOD/DJXQDDXVXGGXGpVHUWGH&KLKXDKXD%URXVWH).
'HV UHFKHUFKHVPHQpHV GHSXLV DQVRQW SHUPLV GHPHVXUHUO¶pURVLRQDFWXHOOHGDQVOHKDXW
EDVVLQGX1D]DV6LHUUD0DGUH2FFLGHQWDOH0H[LTXH2QDDLQVLPHVXUpGHVWDX[G¶pURVLRQ
de plusieurs mm par an dans les secteurs les plus dégradés. La dégradation est causée
SULQFLSDOHPHQW SDU OH VXUSkWXUDJH /H VHXO SLpWLQHPHQW GX EpWDLO V¶HVW DYpUp HQWUDvQHU XQ
tassement notoire du sol, en modifiant la structure et facilitant le ruissellement et le départ de
VHV pOpPHQWV ILQV 2Q DSX PRQWUHU TXH O¶pURVLRQ DUpRlaire était de deux ordres de grandeur
VXSpULHXUH j O¶pURVLRQ FDXVpH SDU OHV UDYLQHV VRLW PPDQ GH ODPH pURGpH SDU pURVLRQ
DUpRODLUHFRQWUHPPDQSDUpURVLRQOLQpDLUH'HVFURL[HW DO FHTXL Q¶HPSrFKH
pas la formation de ravines profondes (voir photos ci-dessous).
Des mesures de conservation ont commencé à être appliquées dans certains secteurs pilotes et
montrent des résultats encourageants. Nous montrons ici un exemple de ce que peuvent être
des « services éco-systémiques » appelés « services environnementaux hydrologiques » et
OHXUPLVHHQ°XYUH
/D]RQHG¶pWXGH
/D]RQHG¶pWXGHHVWOHKDXWEDVVLQGX5LR1D]DVHQDPRQWGXUpVHUYRLUGH3DOPLWRDXF°XU
GHOD6LHUUD0DGUH2FFLGHQWDOH(OOHV¶pWHQGVXUNPðGDQVO¶pWDWGH'XUDQJRHntre 24°
et 26.5° de latitude nord et 106.5° à 105° de longitude Ouest. La topographie y est assez
accidentée sur les Hauts versants HW SOXV RQGXOpH YHUV O¶HVW HQ V¶DSSURFKDQW GH O¶DOWLSODQR
/¶DOWLWXGH PD[LPDOH GpSDVVH j SHLQH P P DORUV TXH OH barrage de Palmito est
situé à 1500 m environ figures 1 et 2).
Le climat est continental semi-aride et comprend une saison des pluies importante de juin à
VHSWHPEUHSXLVXQHSHWLWHVDLVRQGHVSOXLHVG¶KLYHUG¶RFWREUHjMDQYLHUELHQSOXVLUUpJXOLqUH
que la première. La période de février à mai est très sèche. La pluviométrie annuelle varie de
900 mm sur les crêtes à 400 mm dans le fond des vallées.
Les sols sont essentiellement des phaeozems, des cambisols et des leptosols, développés sur
des roches volcaniques éruptives (ignimbrites, rhyolite et tufs associés).
/D YpJpWDWLRQ HVW XQH VDYDQH G¶DOWLWXGH DYHF DFDFLDV SURVRSLV HW pSLQHX[ GDQV OHV ]RQHV
VqFKHV SHX j SHX UHPSODFpH SDU XQH IRUrW FODLUH SXLV SOXV GHQVH GH FKrQHV MXVTX¶j
mètres, puis de chênes et de pins ; ces derniers demeurent seuls au dessus de 2500 mètres.
Le haut bassin du Nazas est constitué des deux branches GHFHFRXUVG¶HDXOHULR6H[WLQDX
nord et le rio Ramos au Sud FHV GHX[ FRXUV G¶HDX HW OHXUV DIIOXHQWV FRXOHQW GDQV GHV
dépressions souvent larges orientées NNO-66( FRPPH O¶D[H GH OD FKDvQH D[H VWUXFWXUDO HW
tectonique commandé par la formation de la Sierra Madre (figure 2). Pour sortir de ces
GpSUHVVLRQVHWVHGLULJHUYHUVO¶DOWLSODQRFHVFRXUVG¶HDXRQWFUHXVpGHVJRUJHVjWUavers les
HPSLOHPHQWV pSDLV GH UK\ROLWHV 8QH IRLV VRUWLV GH FHV GHUQLHUV OHV FRXUV G¶HDX FRXOHQW j
travers la zone ondulée vers le bassin endoréique de la Laguna. Au confluent des deux cours
G¶HDXSULQFLSDX[OHVHDX[VRQWEORTXpHVSDUOHEDUUDJH/i]DURCárdenas qui retient le lac de
Palmito dont la capacité totale est de 4 milliards de m3 G¶HDX
Le haut bassin du Rio Nazas connaît une activité essentiellement agro-pastorale, tirant profit
de grandes étendues de pâturages ; les cultures sont concentrées dans certaines dépressions
DX[ VROV SOXV pSDLV HW SURGXLVHQW VXUWRXW GX PDwV HW GH O¶DYRLQH GHVWLQpHV j FRPSOpPHQWHU
O¶DOLPHQWDWLRQGXEpWDLO ; ce dernier est la principale spéculation de la région, et consiste en un
pOHYDJHQDLVVHXUHWG¶HPERXFKHGHYHDX[ destinés essentiellement au marché états-unien.
&HVGHUQLqUHVGpFHQQLHVFHWWHUpJLRQDpWpDIIHFWpHSDUXQWUqVIRUW FKDQJHPHQWG¶XVDJHGHV
VROVTXL V¶HVW WUDGXLWSDU une augmentation des surfaces occupées et déboisées, et une forte
DXJPHQWDWLRQ GH O¶Xtilisation des ressources eau, sol et végétation. Cela a provoqué un
déséquilibre entre la capacité du système et la charge réelle imposée aux pâturages. Ce qui a
conduit à une dégradation sévère du patrimoine naturel et des ressources, du fait de
surpâturage. On remarque depuis une très forte érosion des sols et la diminution des
pFRXOHPHQWV GHEDVHGHVFRXUVG¶HDXOLpHjODEDLVVHGHODFDSDFLWpGHUpWHQWLRQ HQHDXGHV
sols liée à leur surexploitation), ceux là même qui sont si utiles lors de la longue saison sèche.
/DYXOQpUDELOLWpGXPLOLHXSK\VLTXHGHOD]RQHG¶pWXGHDIDLWO¶REMHWGHQRPEUHX[WUDYDX[GH
recherche (Descroix & Nouvelot, 1997; Descroix et al., 2000a; González Barrios et al., 2004).
/HV UHFKHUFKHV OHV SOXV UpFHQWHV VH VRQW FRQVDFUpHV j O¶pWXGH GH OD VXUIDFH GX VRO HW OD
FRXYHUWXUHYpJpWDOHTXLMRXHQWXQU{OHGpWHUPLQDQWGDQVO¶K\GURG\QDPLTXHGHO¶HDXGHSOXLH
HWOHVSURFHVVXVG¶LQILOWUDWLRQGHUXLVVHOOHPHQWHWG¶pURVLRQ'HVFURL[HWDO*RQ]iOH]
Barrios et al., 2008; González Barrios et al., 2009b).
/HVpWXGHVFRQVDFUpHVDX[FKDQJHPHQWVG¶XVDJHGHVVROVHWOHXUVFRQVpTXHQFHVVXUOHVpWDWVGH
surface ont montré que la diminution de la couverture végétale augmentait logiquement la
VHQVLELOLWp DX[ SURFHVVXV G¶pURVLRQ HW DX UXLVVHOOHPHQW JpQpUDOLVp 'HVFURL[ HW DO E
Descroix et al, 2001; Descroix et al, 2004).
/HVUpVXOWDWVGHFHVWUDYDX[UpDOLVpVVXUGHSHWLWHV]RQHVG¶REVHUYDWLRQYHUVDQWVHWEDVVLQV de
0,2 à 20 km²) ont permis de mesurer une perte en sol annuelle par érosion aréolaire (en nappe)
GHNJSDUPðVRLWXQHODPHpURGpHGHPPSDUDQ/¶pURVLRQOLQpDLUHHQUDYLQHVH
chiffre à 1,27 tonnes par m² si on ne prend en compte que la surface de la ravine, soit 91 cm
SDUDQG¶DEODWLRQ *RQ]DOH]%DUULRVHWDO0DLVO¶HVSDFHRFFXSpSDUGHVUDYLQHVHVW
PLQLPH SDU UDSSRUW j O¶HQVHPEOH GHV SkWXUDJHV TXL VRQW HX[ SUHVTX¶LQWpJUDOHPHQW VRXPLV j
O¶pURVLRQHQQDSSH2QDSXPRQWUHUTXHGans les sols comportant la plus forte proportion de
limons, et pour les grands bassins versants (de plusieurs milliers de km²), la valeur de
O¶pURVLRQHQQDSSHSHXWrWUHMXVTX¶jGHX[RUGUHVGHJUDQGHXUSOXVIRUWHTXHO¶pURVLRQFDXVpH
par les ravines (DescrRL[HW DO 2QREVHUYHSOXV UDUHPHQW O¶H[LVWHQFHGHWXQQHOV GH
suffosion dans les pâturages.
/HVUHFKHUFKHVVHVRQWLQWpUHVVpHVDXVVLDX[IRUPHVHWLQWHQVLWpVGHO¶DFWLYLWpG¶pOHYDJH ; elles
permettent de mettre en relation les zones lHV SOXV GpJUDGpHV GH O¶HVSDFH DYHF FHOOHV R OD
FKDUJHEpWDLOOqUHDpWpODSOXVIRUWHMXVTX¶jTXDWUHIRLVSOXVpOHYpHTXHFHOOHDXWRULVpHSDUOD
FDSDFLWpQDWXUHOOHGHVSkWXUDJHV9LUDPRQWHVHWDO/¶pURVLRQHVWGXHSULQFLSDOHPHQW
au surpâturage et au piétinement du bétail qui provoquent un tassement et une compaction du
sol, en modifiant ainsi la structure et facilitant le ruissellement et le départ des éléments fins
(Descroix et al, 2005).
Ont aussi été étudiées les caractéristiques naturelles du milieu physique qui expliquent
O¶DFFpOpUDWLRQGHODGpJUDGDWLRQSK\VLTXHGXPLOLHX,OV¶DJLWHVVHQWLHOOHPHQWGXW\SHGHVROGH
ODWDLOOHGHODVXUIDFHGUDLQpHRXDLUHFRQWULEXWLYHGHO¶LQWHQVLWpGHODSOXLHHW GHVpWDWV GH
surface.
Les recherches VH VRQW RULHQWpHV DXVVL YHUV O¶pWXGH GHV YDULDEOHV K\GUR-climatiques et leurs
UHODWLRQV DYHF O¶XVDJH HW OD JHVWLRQ GH OD UHVVRXUFH HQ HDX VRO HW YpJpWDWLRQ /HV DOpDV
climatiques comme les gelées, les grêles, le début ou la fin de la saison des pluies, la
variabilité spatio-temporelle de la pluviométrie et de son intensité, les températures extrêmes
ont pu provoquer une succession de conséquences sur le milieu physique et humain de cette
région (Descroix et al., 1997a; Descroix et al., 2002a; Sánchez Cohen et al., 2008; Sánchez
Cohen et al., 2009b).
Objectifs
&HV WUDYDX[ RQW LQVSLUp O¶LQVWUXPHQWDWLRQ GHVWLQpH DX[ SURJUDPPHV G¶DFWLRQ GHVWLQpV j
FRQWU{OHUOHSUREOqPHGHO¶pURVLRQDYHFXQHYLVLRQHQYLURQQHPHQWDOHHWVRFLR-économique. Il
V¶DJLW GH GRQQHU XQ UHvenu aux agriculteurs qui acceptent de construire des ouvrages de
FRQVHUYDWLRQ GX VRO HW GH O¶HDX SRXYDQW GpJDJHU XQH SOXV YDOXH HQYLURQQHPHQWDOH HW
hydrologique. Le but de tous ces aménagements est multiple ; iOV¶DJLWHQSDUWLFXOLHUGH :
- UpGXLUHO¶pURsion des sols
- maintenir les sources, les débits de base et la qualité des eaux
- contenir les risques de crue et inondation
- préserver la capacité de recharge des aquifères
Cela tout en maintenant la population sur place et en lui proposant du travail.
M atériel et méthodes
Le PSAH (Programa de Servicios Ambientales Hidrológicos, ou Programme de Services
Environnementaux en Hydrologie) est porté par le service des forêts, le ministère de
O¶HQYLURQQHPHQWHWO¶(WDWGH'XUDQJR/HVRXYUDJHVHWDFWLRQVTX¶LO finance sont :
- la constitution de bourrelets de déchets végétaux sur les versants et suivant les
courbes de niveaux pour freineU OH UXLVVHOOHPHQW HW O¶pURVLRQ et augmenter
O¶LQILOWUDWLRQHWO¶KXPLGLWpGXVRO
- la construction de seuils ou petits barrages en matériaux divers (pierres,
résidus végétaux, pneus usagés, sacs de terre ou de sable) sur les têtes de
ravines et les ruisseaux afin de piéger les sédiments ;
- la SUpVHUYDWLRQ GH VHFWHXUV ERLVpV RX DUEXVWLIV SRXU OLPLWHU O¶pURVLRQ HW
IDYRULVHUO¶LQILOWUDWLRQGHO¶HDXHWODUHFKDUJHGHO¶DTXLIqUH
Le tableau 1 donne le coût unitaire des différents travaux de LAE (lutte anti-érosive) tels que
proposés et effectués à ce jour.
Figure 1 : localisation du bassin Nazas-Aguanaval dans le contexte nord-mexicain
Tableau 1 FRWGHFKDTXHW\SHG¶RXYUDJH
de LAE
pesos euro
barrage de branches d'arbres (2 X 1 m) 74 3,85
1 m3 de barrage de pierres 423 22
1 m3 de barrage en sacs de sable 259 13,5
1 m3 de barrage de sacs de sable en géotextile 429 22,3
barrage de pneus 331 17,2
1 m3 de barrage en maçonnerie 922 47,9
barrage en gabions 614 31,9
100 m de terrasses en pierres sèches 443 23,0
100 trous pour plantation d'arbres 180 9,4
100 m de tranchée/talus 388 20,2
100 m de haie coupe vent végétale 1623 84,4
100 m de bourrelets de déchets végétaux 169 8,8
1 ha de reboisement 895 46,5
200 m de cordon pierreux 136 7,1
6 m² de pavage de tête de ravine 69 3,6
Résultats
Tableau 2 : liste des actions réalisées de 2006 à 2010 par le programme PSAH
/¶pYDOXDWLRQGHVHIIHWVGHFHVRXYUDJHVGHFRQVHUYDWLRQGHVVROVHWGHO¶HDXHVWHQFRXUVPDLV
les résultats qualitatifs sont évidents dès la première saison des pluies. En effet, le programme
36$+YLHQWGHV¶DFKHYHUILQGDQVFHVFRPPXQDXWpVUXUDOHVSLORWHVDYHFGHVUpVXOWDWV
satisfaisant qui sautent aux yeux sur le terrain : rétention de sol eW G¶HDX UHJDLQ GH OD
YpJpWDWLRQUHVWDXUDWLRQSURJUHVVLYHGHO¶pFRV\VWqPHXQLIRUPLVDWLRQHWUHVWDXUDWLRQGH]RQHV
IUDFWLRQQpHV SDU OD GpJUDGDWLRQ OLPLWDWLRQ GH O¶H[RGH UXUDO SDU PDLQWien des paysans sur
place«
Photo 1 : cordon
pierreux
Photo 2 : empierrement
de tête de ravine
1 2
Photo 3 : barrage en
pneus usagés
Photo 4 : barrages
végétaux
3 4
Photo 5: cordon de
débris végétaux
Photo 6 : terrasses
empierrées
5 6
Photo 7 : barrages en
pierre
Photo 8 : équipe de
travail posant devant des
terrasses empierrées
7 8
Conclusion
Le travail est trop récent pour avoir des estimations chiffrées PDLVO¶DPpOLRUDWLRQTXDOLWDWLYH
des secteurs traités est manifeste en termes de rétention des sols et des eaux, ce qui est positif
et encourageant.
Toutefois, le programme doit céder sa place dès 2011 à une phase différente et autofinancée
GHV WUDYDX[ GH FRQVHUYDWLRQ DILQ GH SRXYRLU PDLQWHQLU OHV VXSHUILFLHV UHVWDXUpHV HW G¶HQ
étendre le périmètre aux communes et communautés voisines afin de pérenniser ces services
environnementaux. Cela VLJQLILHLPSOLTXHUSOXVGHPDLQG¶°XYUHmais aussi la recherche de
moyens financiers pérennisables pour les mener à bien.
Remerciements
Nous remercions le PSAH Programa de Servicios Ambientales Hidrologicos qui a fait appel
à notre expertise et nous a fourni les données chiffrées des travaux réalisés et les coûts de ses
réalisations
L¶INIFAP HWO¶,5'RQWVRXWHQXILQDQFLqUHPHQWFHWWHpWXGH
Références:
Alex Bellande
Expert freeland, 16380 SW 293 STHomestead, FL 33033, USA.
Courriel : Abellande@aol.com
Par rapport aux structures antiérosives établies sur les flancs de montagne,
l’aménagement des ravines présente des avantages dans ce sens. Il permet dans un
premier temps de « récolter » l’érosion et de créer rapidement des micro-milieux plus
fertiles et humides qui peuvent être plus facilement rentabilisés. Certaines expériences
récentes vont plus loin et associent des aménagements de ravines en maçonnerie à des
petits ouvrages de stockage de l’eau (puits et citernes).
Le matériel végétal de départ pour les cultures à forte valeur marchande est toutefois
souvent coûteux pour des agriculteurs disposant de faibles ressources. On a intérêt à en
offrir gratuitement ou à des prix fortement subventionnés dans la plupart des situations.
L’offre de matériel végétal doit aussi tenir compte des objectifs de minimisation des
risques et de diversification des revenus des producteurs.
Les projets qui ont fourni gratuitement des espèces d’arbres adaptés aux conditions
écologiques et aux différents besoins des exploitations paysannes ont connu certains
succès. Les paysans plantent des arbres pour l’alimentation familiale, l’alimentation des
animaux, la production de combustible, pour régénérer des espaces dégradés, pour
constituer une épargne à long terme...Les arbres greffés particulièrement sont en forte
demande, car ils permettent d’obtenir une production rapide et d’étaler les périodes de
production quand il s’agit de variétés d’avant ou arrière saison.
Le développement de débouchés plus larges et de circuits commerciaux plus fluides et
efficaces pour certains produits doit être considéré comme une composante importante
d’une politique d’aménagement. On doit s’intéresser non seulement aux filières
d’exportation, qui tendent à s’élargir avec le développement des échanges avec la
République Dominicaine, mais aussi aux possibilités importantes qu’offre actuellement le
marché local pour l’extension de cultures utiles sur le plan de la préservation de
l’environnement. Depuis les années 1980, la demande urbaine en fruits à valeur calorique
élevée (avocat, véritab, mangue...) est forte ainsi que celle de bois pour la construction et la
fabrication de meubles.
Jusqu’à présent, les projets, même ceux qui comptent certaines réussites, n’ont jamais
permis l’aménagement de l’ensemble d’un bassin versant. Un engagement des autorités
nationales et locales en faveur d’actions sur le long terme et à différents niveaux sont
nécessaires pour parvenir à ce résultat. On compte par contre de nombreux exemples de
situations où les agriculteurs eux-mêmes, sans l’aide de projets, mettent en place des
systèmes agro-forestiers plus ou moins denses au niveau de petites régions. Il est important
de saisir les facteurs qui favorisent ou freinent l’extension de ce type de culture dans
chacune des situations particulières.
La structure « projet » est mal adaptée aux exigences de la tâche. L’horizon de trois à
cinq ans de la plupart des projets est trop court pour parvenir à des résultats significatifs. Il
n’existe aucun exemple historique d’aménagement de bassins versants sur 5 ou même 10
ans. Les projets se caractérisent aussi souvent par des lourdeurs institutionnelles qui
freinent l’action sur le terrain, un manque de continuité et sont sensibles aux « effets de
mode ».
Il faut établir des priorités. Aménager les 350.000 has de pentes comprises entre 20 et
50% au rythme de 5.000 has. par an exigerait 70 ans. L’étude BDPA-SCETAGRI financée
par la Banque Mondiale en 1990 proposait de définir des zones prioritaires en fonction de
trois critères : zones au plus fort potentiel agronomique, pentes les plus faibles nécessitant
moins d’investissement, bassins versants où l’érosion risque d’avoir les effets les plus
négatifs sur les infrastructures et l’activité économique. Le MARNDR et l’USAID ont
également effectué des études dans ce sens.
Les questions foncières doivent être bien comprises. La sécurité de tenure est un facteur
important dans la prise de décision d’un exploitant d’aménager une parcelle et constitue
une contrainte significative à terme. Des nuances s’imposent toutefois. Même dans le cas
de statuts qui théoriquement ne favorisent pas les investissements (fermage, métayage,
certaines formes d’indivision), c’est en fait la perception qu’a l’agriculteur de la durée de
sa jouissance qui est le critère primordial. La nature des rapports entre propriétaires et
exploitants peut prendre diverses formes. Dans le court terme, il y a une marge importante
pour l'aménagement de terrains où la sécurité de tenure est satisfaisante.
Il n’y a pas toujours pas de solutions « prêt à porter ». Il y a effectivement des principes
et des réussites dont on peut s’inspirer. Cependant, il convient d’adapter les interventions
aux caractéristiques particulières à chaque situation et de continuer à évaluer et à
capitaliser sur les résultats. Les différentes instances étatiques concernées ont un rôle
important à jouer dans ce domaine.
Bibliographie
Bellande, A.; 2009. Impact socio-économique de la dégradation des terres en Haïti et
interventions pour la réhabilitation du milieu cultivé. MDE/CEPALC/PNUD.
Bureau, J.C. ; 1986. Note de synthèse sur les actions de conservation des sols en Haïti.
MARNDR-FAMV- Mission Française de Coopération et d’Action Culturelle.
Initiative Régénération Haïti ; 2010. Étude des leçons apprises dans la gestion des
projets environnementaux en Haïti. PNUE.
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of erosion control in Haïti.
http://www.clas.ufl.edu/users/murray/Research/Haiti/Terraces.Trees.and.the.Haitian.peasa
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Toussaint, J.R., 2010. Leçons apprises en gestion des bassins versants : Perspectives du
MDE.
White, T.A., 1994. Policy lessons from history and natural resource projects in Haiti.
Department of Forest Resources, Univ. of Minnesota, Working Paper no. 17.
Récupération des terres dégradées dans les communes de
Bitinkodji et Namaro (Niger) par approche participative des
populations locales
1. Problématique
Le bassin du Moyen Niger concentre une population de plus en plus importante, qui doit
faire face à des besoins croissants dans un environnement soumis à une intense
dégradation des ressources en terres et en eau. On assiste à une extension des dunes
et des glacis érodés, contribuant ainsi à la formation et au développement de nombreux
« koris »(oued) responsables des pertes en terres productives.
Les solutions techniques en matière d'aménagement de bassin versant existent et sont
adaptées aux différents faciès du paysage (plateaux nus, glacis encroûtés ou sableux,
cordons dunaires), et sont généralement bien maîtrisées. En revanche, elles n'ont pas
été développées à grande échelle dans la vallée du fleuve Niger afin de lutter
efficacement contre son ensablement.
2. Présentation de la zone de l’étude
La zone de l’étude est située dans la partie sahélienne du bassin du Moyen Niger et
concerne le bassin versant constitués de plateaux encroûtés et le front dunaire situés en
rive droite du fleuve en amont de Niamey (13,58 N ; 1,92 E). Les sols pour la plupart
pauvres en matière organiques, sont incapables d’assurer une production agricole et
pastorale suffisante.
3. Matériels et méthodes
La méthode est basée sur l’approche participative à toutes les étapes du processus :
identification et planification des activités, exécution des travaux. La démarche a
consisté à mobiliser la population locale autour de divers techniques d’aménagements
antiérosifs (cordons pierreux, banquettes, fixation des dunes, mise en défens) en les
équipant de petits matériels agricoles peu coûteux et disponibles dans le terroir (dabas,
pelles, pioches, gants). Après deux années, la biomasse herbacée et les productions
agricoles ont été évaluées sur les différents sites traités.
4. Résultats et discussions
Après évaluation de la biomasse herbacée, nous avons obtenu 680kg MS/ha sur les
dunes fixées ; 1 447kg/ha sur les plateaux traités par la techniques de banquettes ; 545
kg/ha sur les glacis. Quant à la production céréalière, les rendements du mil
(Pennisetum sp.) et de sorgho (Sorghum vulgare) sont passés respectivement, de moins
de 50 kg/ha à plus 850 kg/ha sur les zaï, 248kg/ha sur demi-lunes. Ces résultats
corroborent ceux obtenus en station dans des conditions climatiques et pédologiques
similaires.
5. Conclusion
L’expérience a montré qu’avec peu de moyens, les populations sont capables
d’augmenter les productions agricoles et pastorales tout en protégeant leur
environnement. Par ailleurs, l’approche participative convient mieux aux aspirations des
populations dans la mesure où elles décident elles mêmes du mode d’aménagement de
leur terroir.
Mots clés : Niger, Zai, banquettes, demi-lunes, rendements céréales.
Pratiques paysannes et gestion du terroir d’Antanikarefo
(périphérie urbaine d’Antananarivo)
Résumé : Les dangers de l’érosion sont très marqués dans les pays tropicaux. Les
pertes en terre sont estimées en moyenne entre 1000 et 2000 ha/an à Madagascar
suivant le rapport sur l’état de l’environnement à Madagascar (Office National de
l’Environnement, 1999). Cette érosion reste conditionnée par les facteurs
climatiques, la densité de la couverture végétale et surtout par les activités de
l’homme sur les versants du terroir d’Antanikarefo telles que l’exploitation forestière
et l’extension anarchique des bâtis.
Le terroir d’Antanikarefo est situé sur la rive droite du fleuve Ikopa par 19°55 S et
41°28 E sur les Hautes terres Centrales le l’Imerina à 10 Km environ à l’ouest
d’Antananarivo. Il s’étend sur une superficie de 42 ha.
La problématique est la suivante : «Dans quelle mesure l’évolution des stratégies
paysannes de mise en valeur de l’espace agricole permet t-elle sa gestion
rationnelle?»
L’objectif est d’évaluer les réactions paysannes de la lutte contre l’érosion et de
spatialiser les risques d’ensablement.
Une carte topographique d’Ambohidrapeto publiée par la Foiben Taosarintanin’ny
Madagasikara (FTM) au 10.000è, une carte géologique TANANARIVE –
MANJAKANDRIANA au 100.000è, et des photographies aériennes missions 1967 au
25.000 è, et 2003 au 16.000 è, ont facilité la localisation et la spatialisation de la zone
d’étude.
La méthode d’enquête par sondage a été adoptée au niveau de chaque collectivité
de base en rapport avec le nombre des ménages avec un taux d’échantillonnage de
30%, soit 50 ménages sur les 630 recensés. L’approche par changement de
productivité a été procédée afin d’estimer la perte monétaire due par l’ensablement
sur la production agricole.
Les résultats montrent que la pratique paysanne décrite dans cette étude est
différente de celle du monde rural malgache en général. Les stratégies de gestion du
terroir ont évolué dans le temps et dans l’espace et se traduit par la mutation du
milieu rural vers une agriculture périurbaine. Les conditions naturelles du milieu :
climat tropical à saisons contrastées, régime hydrologique excédentaire et la fertilité
des sols ; offrent des options stratégiques aux activités agricoles. L’adoption
paysanne par étape, des techniques de gestion efficace des terres, a permis une
amélioration considérable de la production agricole. Par ailleurs, les disgrâces de la
gestion du terroir sont surtout liées aux problèmes d’inondation et d’ensablement
entraînant la baisse de la production agricole. Ils se manifestent par l’envasement et
l’inondation des parcelles du fait de la sédimentation des canaux d’irrigation.
Des programmes de lutte contre l’érosion devraient être entreprises par tous les
acteurs de développement. Les effets de l’érosion comme dans le cas d’Antanikarefo
causent en effet des pertes non négligeables au niveau de la production agricole.
CRUZ César
ccruz@isa.edu.do
Abstract
The purpose of reforestation of ferronickel-mined soils is to restore its quality.
Soil infiltration capacity is among the soil physical properties expected to be
recovered. Many authors have associated soil infiltration capacity to the type of
land use. The objectives of this research were to evaluate the effect of
reforestation with two forest species acacia (Acacia mangium) and casuarina
(Casuarina equisetifolia), and a natural forest which was the control; and the
age of the plantation (acacia of 3, 6 and 12 years of age and Casuarina of 3, 7,
13 and 20 years of age) on the infiltration capacity (cumulative infiltration and
infiltration rate) of reclaimed mined soils in the Dominican Republic. The results
showed that infiltration capacity was higher for the soil covered by the natural
forest than for the soils covered by the planted species (acacia and casuarina).
The soil covered by casuarina resulted with a higher infiltration capacity than
that of the soil covered by acacia. The infiltration capacity of the soil covered by
casuarina was lower in the soil covered by the plantation of 3 years of age, and
increased for the casuarina-planted soils of 7 years. The infiltration capacity
was highest for the soils covered by casuarina of 13 and 20 years, with no
significant difference between them. The effect of the age of acacia on the soil
infiltration capacity was not so evident. The infiltration capacity is the lowest for
the soil covered by acacia of 6 years, followed by the infiltration capacity of the
soil covered by acacia of 12 years. The soil infiltration capacity was highest
when the soil was covered by acacia of 3 years. The reason for this was
probably due to the fact that the soil covered by acacia of 3 years was growing
in terraces, which appears to contribute to the improvement of soils physical
conditions such as the infiltration capacity. The results of this study show that
the reforestation of mined soils with casuarina is more effective than with acacia
for the re-establishment of the infiltration capacity. The results also show that
the increase of the age of the casuarina plantation contributes to the
improvement of the infiltration capacity of the soil. For the case of the acacia
cover, the establishment of terraces contributes to the improvement of the
infiltration capacity of the soil. The soil infiltration capacity contributes to the
reduction of surface run-off.
La conjonction de la gestion des eaux et des sols n’est pas reflétée dans la
planification et l’organisation des institutions qui en sont responsables. L’eau et le
sol sont gérés par des institutions distinctes. De plus, comme dans la gestion des
eaux, différentes institutions interviennent dans la gestion des sols, et ceci sans
concertation ni organisation d’ensemble. Une telle dispersion est un obstacle à la
planification rationnalisée et implique l’inefficacité et l’inefficience des actions. Dans
ce contexte, l’harmonisation et la coordination institutionnelles de même qu’une
planification intégrée sont cruciales pour qu’une GCES soit soutenable c’est-à-dire
pour s’assurer de la pérennisation des résultats des projets et de leur effectivité sur
le long terme.
Résumé
Un bassin versant de 50ha localisé sur fortes pentes au Nord Vietnam a été
équipé depuis 1999 pour suivre le bilan hydrique ainsi que les pertes en terres et
la qualité des terres et des eaux. Quatre sous-bassins ont été délimités pour
suivre les effets de la mise en usage des sols comme les plantations d'arbres
(principalement Acacia mangium, Venitia montana, Styras tonkiniensis or
Eucalyptus sp.), les cultures annuelles représentées principalement par le manioc
(Manihot esculenta Cranz) ou les plantations de fourrage (Bracharia ruziziensis) et leurs
effets sur le ruissellement de surface et l'érosion. Trois parcelles d'érosion de 1m2
ont été installées pour contrôler durant 2 années consécutives le ruissellement et
le détachement après chaque évènement pluvieux sur les cinq principaux types de
mise en usage : culture annuelle de manioc, plantation de fourrage de Bracharia
ruziziensis suivant une culture de manioc, une plantation d'arbres de type Acacia
mangium, une jachère de 3 ans suivant une culture de manioc et une jachère avec
des repousses d'eucalyptus régulièrement coupées. La pente varie de 40 à 100%
sur les versants cultivés. Les sols sont des Acrisols désaturés et acides. Ils sont
profonds, argileux, très poreux avec une densité apparente < 1 g cm-3, et une très
forte activité biologique.
Grace à une initiative gouvernementale, un changement d'usage des sols a été
constaté par l'abandon de la culture de manioc qui occupait 40% de la surface à
moins de 2% au profit d'une jachère, de plantations d'arbres et de fourrage. Après
6 années de mesures, la quantité de sédiments exportés dans le Bassin versant
principal est passée de 3,5t ha-1 à moins de 0,3t ha-1 et de 9,5 à moins de 0,5t ha-1
dans le sous bassin sous forêt.
L'érosion est principalement active au début de la saison des pluies lorsque les
sols sont à nu pour la plantation du manioc après le travail du sol, après le
désherbage, et aussi après les principaux évènements pluvieux.
Cette étude confirme que les cultures annuelles comme le manioc sont les
principales responsables de l'érosion. Sous manioc, le ruissellement (16%) est
également le plus fort. Il est le plus faible sous les plantations arborées (<5%). Les
plantations de fourrage ne diminuent pas immédiatement le ruissellement mais
diminuent fortement le détachement. Six années après l'abandon des cultures,
cette érosion peut être considérée comme négligeable. L'activité biologique
lombricienne, avec une production abondante de turricules sous les plantations
arborées et sous jachère est presque absente sous manioc. Elle peut être
considérée comme un facteur fortement limitant de l'érosion. D'une part l'activité
biologique favorise la structuration du sol et la stabilité de cette structure d'autre
part elle augmente fortement la rugosité de surface ce qui réduit le ruissellement.
Résumé
Dans le Rif et le Moyen Atlas, montagnes aux pentes raides, se posent des
problèmes graves d’érosion et de protection de l’environnement. La pression démographique
a transformé les paysages forestiers (sylvo-pastoraux) en une mosaïque de parcelles
céréalières imbriquées avec un matorral dégradé. La réduction du couvert végétal est quasi
généralisée, aboutissant au déclenchement de phénomènes d’érosion spectaculaires. Les
rôles environnementaux de la forêt ne sont plus assurés. L’eau produite est de mauvaise
qualité et les barrages s’envasent. Le stockage du C dans les sols est réduit au minimum.
Cette étude a porté sur l’influence de l’utilisation actuelle des terres (forêt, matorral, céréale,
agroforesterie, reboisement) sur la capacité du sol à stocker du carbone dans l’horizon
humifère (stock C t/ha) et sur les indicateurs des risques de ruissellement (infiltration finale If
mm/h, pluie d’imbibition Pi mm) et d’érosion (stabilité des macroagrégats du sol MA %).
Les zones d’études situées dans le Rif sont à climat subhumide et à végétation
(subéraie) dégradée. Un matorral de cistes surpâturé existe encore avec des reboisements
de pins (40 ans). Les pentes sont moyennes à fortes (15-60%). Les sols sont
essentiellement peu évolués d’érosion, avec deux textures : sablonneux sur grès et argileux
vertiques sur marnes ou argilites.
Les zones d’études du Moyen Atlas sont à climat semi-aride sous chêne vert et
subhumide sous chêne liège. La végétation forestière est relativement bien conservée. Les
matorrals sont pâturés. Les sols étudiés sont brun forestier, brunifié, fersialitiques,
calcimagnésique, vertisols, isohumique, hydromorphe et sablonneux. Les pentes sont
moyennes (20 à 35%).
Un irrigateur a été développé pour simuler des pluies de 80 mm/h d’intensité et de 50
mm de hauteur sur 130 placettes (1m²) représentant des répétitions (>3) selon le type de sol,
et l’utilisation des terres (forêt, matorral, céréaliculture). L’état de surface du sol a été
caractérisé selon la méthode des points quadrats : Surface ouverte (SO %), surface couverte
(couvert végétal au ras du sol CV %), résistance à la pénétration (PEN kg/cm²), densité
apparente (da g/cm 3) et humidité de surface (H %). Le stock de C du sol a été calculé pour
les 30 premiers cm à l’aide de 5 mesures de da et d’une mesure du taux de matière
organique (MO %) pour chacune des 130 placettes.
Dans les montagnes du Rif sous chêne liège, le stock de C du sol atteint 95 t/ha sous
forêt, 70 t/ha sous matorral pâturé (- 26%) et 53 t/ha sous culture (- 46%). Dans le cadre des
tentatives de restauration des sols, l’association d’arbres fruitiers à la céréaliculture
(agroforesterie) ramène le stock de C à 71% et le reboisement des terres dégradées en pins
à 93%, après 40 ans..
Dans les montagnes du Moyen Atlas, sous chênes liège et vert, les sols sont plus
poreux (da 0,6 à 1,4 g/cm3). Les taux de matière organique (8 à 13,8%) et des agrégats
stables à l’eau (35%) sont plus élevés. Les infiltrations finales sont importantes (70 mm/h).
Les coefficients de ruissellement (10 à 15%) et les détachabilités (0 à 20 g/m²/h) sont faibles.
La réduction du stock de C par la mise en culture est plus importante dans les sols à
texture sablonneuse qu’argileuse. La corrélation entre le stock de C et le couvert végétal au
ras du sol n’est pas significative et peu significative avec les indicateurs d’infiltration (Pi et If).
Le taux d’infiltration finale est lié positivement à la MO et à la surface ouverte du sol et
négativement à la cohérence et à la densité apparente du sol de surface. La pluie
d’imbibition est positivement liée à la MO et à la surface ouverte du sol. La stabilité des
macro-agrégats est liée significativement à la MO, notamment pour les sols argileux.
La forte pression démographique, se manifestant par une mise en culture et un
surpâturage des terres forestières, entraîne en quelques années, une chute de moitié du
stock de C et un tassement de la surface du sol. Les risques de ruissellement et d’érosion
augmentent avec la dégradation du couvert végétal. La reforestation permet de restaurer la
situation, mais elle est rarement acceptée par les paysans dont on soustrait une partie de
leur parcours. L’agroforesterie, notamment les arbres fruitiers, en améliorant le stock du C et
les caractéristiques hydrodynamiques des sols, permet une agriculture de montagne durable
et mieux acceptée par les paysans.
SADRACK Désir
desirsadrack@yahoo.fr
1. Problématique
En Haïti, la dégradation de l’environnement constitue un problème majeur (Frère,
2002). Le Ministère de l’Environnement dans son plan d’action pour
l’environnement souligne que les problèmes de l’environnement en Haïti sont
identiques aux grands problèmes mondiaux de déboisement de forêts naturelles,
de pollution, de sédimentation du littoral et d’érosion des sols.
La section communale « Laplate», située dans le département du Nord Ouest
d’Haïti n’échappe pas à cette problématique. Dans cette zone, la décapitalisation
des exploitations agricoles jointe au manque d’encadrement technique sont parmi
des facteurs de dégradation des terres causée par l’érosion hydrique (Jeudi,
1997). L’objectif de cette étude consiste à analyser les facteurs d’érosion des sols
au niveau de Laplate.
2. Présentation du milieu
Laplate est la première section communale de Bassin Bleu et s’étend sur 68,52
km² (IHSI, 1998). Elle est située à plus de 600 m d’altitude et reçoit annuellement
1000 à 1200 mm de pluie (Frère et Goutier, 1966). Les sols sont de type limono-
sableux.
3. Méthodologie
La méthodologie est axée d’une part sur des mesures (pente, superficie des
parcelles) et une enquête de terrain d’autre part. Cette enquête a été menée au
niveau des trois localités de Laplate (Nérou, Dérac et Odigé) à raison de 25
planteurs par localité, avec pour chaque planteur une parcelle considérée. Soit un
nombre de 75 parcelles sur un total de 1230 parcelles agricoles que compte
Laplate pour 420 planteurs. Ensuite, nous avons consulté des documents traitant
de la situation foncière à Laplate. En outre, le calcul des pertes en sols au niveau
parcellaire a été effectué au moyen de l’équation universelle de pertes en sols
(USLE). Pour ce faire, sur chaque parcelle inventoriée, les données enregistrées
concernaient les facteurs pluviométrie, texture du sol, pente de terrain, cultures et
pratiques agricoles. Enfin, nous avons effectué une analyse de corrélation entre
ces différents facteurs de l’équation USLE dans le logiciel de traitement
statistiques Statistica.
4. Résultats
Les mesures effectuées sur le terrain montrent que la pente des 75 parcelles
inventoriées se situe dans la fourchette allant de 12 à 25% et celui de la superficie
oscille entre 2.000 à 24.000 m². L’enquête réalisée montre aussi que les cultures
se retrouvent le plus souvent en association. La culture dominante est le maïs. La
situation foncière est dominée par des terres en faire valoir indirect avec des
contrats de fermage allant de 6 à 12 mois entre le propriétaire et l’exploitant
(Pierre, 2005). De plus, le calcul des pertes en sols effectué au niveau des
parcelles inventoriées est compris entre 4 à 140 tonnes/ha/année comparé à la
perte en sols tolérable qui est de 4 tonnes/ha/année pour les sols sableux
(Xanthoulis, 2009).
A Laplate, la majorité des parcelles cultivées (75%) se trouvent dans des pentes
supérieures à 10%, où la végétation naturelle a été détruite au profit des cultures
sarclées (le maïs par exemple) et où les méthodes culturales sont inadaptées
comme par exemple l’agriculture sur brulis et le défrichement. Enfin, l’analyse de
corrélation effectuée entre facteurs dans le logiciel Statistica montre que les
pratiques culturales sans structures conservationnistes et la pente de terrain
influencent le plus les pertes en sols à Laplate. Dans cette zone, les agriculteurs
exploitent leurs parcelles sans aucune norme technique de conversation. Ce qui
entraine au moment des fortes pluies l’érosion hydrique des sols. Par ailleurs, les
cultures sarclées pratiquées sur des pentes supérieures à 10% ne font
qu’accentuer le processus de dégradation des terres causé par l’érosion hydrique.
5. Discussion/conclusion
L’analyse effectuée entre différents facteurs montre que les mauvaises pratiques
agricoles ainsi que la pente entrainent l’érosion hydrique des sols à Laplate. Pour
mieux cerner ce problème, il convient de former les planteurs et d’améliorer la
sécurité foncière. La formation à l’intention des planteurs devrait se porter sur les
techniques conversationnistes et culturales simplifiées. Celles conversationnistes
consisteraient à initier l’agriculteur à mettre en place des bandes enherbées, des
haies vives et des terrasses sur courbe de niveau au niveau parcellaire
complétées par l’installation de structures biologiques (clayonnage/fascinage) et
mécaniques (seuils en pierres sèches) dans les ravines. Les bandes enherbées
ainsi que les haies vives devraient s’établir sur des parcelles dont leur pente est
inférieure à 12%. Elles protègent le sol contre l’érosion hydrique en réduisant la
vitesse de l’eau et en retenant des sédiments. La mise en place des terrasses
devrait s’effectuer sur des pentes comprises entre 12 et 50%. L’aménagement
des ravines au niveau parcellaire permet d’éviter les dégâts en aval et favoriser
l’infiltration de l’eau dans le sol. Quant aux techniques culturales, elles auraient
pour objectif à initier l’agriculteur à implanter sur courbe de niveau et dans le sens
perpendiculaire de la pente des cultures intercalaires (le haricot par exemple)
dans les rangs des cultures sarclées. Ce qui va permettre une bonne couverture
du sol.
Pour améliorer la sécurité foncière, les contrats de ferme entre le propriétaire et
l’exploitant devraient s’étendre sur une période allant de trois à cinq ans. Ce qui
permettrait à ce dernier d’effectuer des travaux de protection de sols comme par
exemple l’incorporation à la parcelle des résidus de culture et aussi de pouvoir
tirer profit de sa production.
Résultats : - participation massive (75%) des femmes aux actions de lutte antiérosive,
- la participation rémunérée est source de motivation, faiblesse des moyens financiers
de la LAE,
- dissymétrie entre acteurs locaux (analphabétisme) et partenaires,
- logique de concurrence entre responsable de projet,
- manque de concertation avec les populations sur les zones cibles de la lutte
antiérosive,
- manque d’articulation des niveaux de décision, - incohérences institutionnelles,
1
MANE, Landing (1990) études et cartographie des milieux biophysiques du terroir de Kissane
(région de Thiès Sénégal), UCAD .mémoire de maîtrise, .133p
Conclusions générales
Par Eric ROOSE et Hervé DUCHAUFOUR.
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Thèm e 1. R estauration de la productivité des sols
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1.1. La dégradation de la productivité des sols . (Roose, Hien e t a l. , Prat et De Noni)
Quelques années après le défrichement et la mise en culture des sols tropicaux (3 à 15 ans
selon la texture et le type d’argile), on constate une baisse de la capacité du sol à produire les cultures.
Les causes sont nombreuses (acidification et envahissement par les adventices, tassement et manque
d’oxygène des racines, lessivage des nutriments, salinisation, carbonatation, empoisonnement par les
métaux lourds) dont on ne retiendra ici que l’érosion sélective, l’exportation par les récoltes,
l’acidification de l’horizon superficiel et surtout la minéralisation des matières organiques du sol (MOS)
et la baisse d’activité de la faune du sol. Les causes étant complexes, on ne peut espérer restituer et
encore moins améliorer le potentiel de productivité du sol « fatigué » en n’intervenant que sur l’une des
causes (conservation des sols ou fertilisation minérale ou travail du sol par exemple).
1.2. Les techniques traditionnelles d’entretien de la fertilité des sols (IKPE, Diallo, Seignobos)
Traditionnellement, la jachère longue, ou l’abandon du sol dont les rendements ne suffisent
plus, permet progressivement l’envahissement de la surface du sol par une succession de végétaux, qui
accumulent en surface des litières améliorant l’infiltration et réduisant l’érosion, tirent des profondeurs
des nutriments et les accumulent dans l’horizon superficiel. L’abondance des litières et des MOS
permet une diminution des fuites de nutriments, une amélioration de la stabilité structurale du sol et du
stockage de l’eau et des nutriments indispensables à la croissance des plantes et des activités de la
faune et de la microflore du sol. Au bout de 4 à 40 ans selon le milieu, le sol recouvre la majorité des
qualités d’un sol témoin en milieu naturel.
Mais les sociétés rurales qui ont connu une certaine pression foncière ont développé diverses
techniques pour prolonger la durée de productivité des sols cultivés, en réduisant les pertes par
ruissellement et érosion par le terrassem ent des versants (ex. les terrasses des Dogons du Mali ou
des Mofu du Cameroun : Seignobos , Tchotsoua , Wakponou e t a l .), par l’apport de fum ier (N.-
Cameroun, Burkina Faso, voir Seignobos, Hien e t a l. ), par le m aintien d ’une couverture du sol par le
paillage et par les résidus de culture (Seignobos et Tchotsoua au N. Cameroun, Diallo au Sud-Mali, à
Madagascar, voir équipe FOFIFA, Univ. Tana et ESSA), par le développem ent de légum ineuses
(IKPE au Nigéria, Morsli, Arabi et Roose en Algérie, Prat et De Noni en Amérique latine), par le buttage
et le billonnage en courbe de niveau qui rassemblent la terre humifère peu disponible pour produire
des racines et des cultures au-dessus du niveau des sillons où croissent des adventices (vu au Togo,
Côte d’Ivoire, Casamance, Mali, Madagascar, etc.). On verra plus loin que le système si décrié du brûlis
sur jachère permet en définitive de valoriser des sols pauvres mais enrichis en charbon de bois , très
efficace dans les sols pour améliorer le stockage de l’eau et la capacité d’échange des sols sableux à
kaolinite (Peltier e t a l, Serpantié e t a l. ).Cet effet des charbons de bois a été observé également au Laos
(Valentin e t a l. ). Le travail profond du sol avec enfouissem ent des adventices, des résidus de culture
et éventuellement de fumier, a été longtemps préconisé malgré l’importante consommation d’énergie
exigée. On verra plus loin qu’on en revient au profit du labour minimum.
Au lieu d’alterner des courtes périodes de culture suivie de longues périodes de repos/ jachère,
les chercheurs ont aussi étudié des techniques traditionnelles de gestion du paysage à l’aide de haies
vives de légum ineuses arbustives qui non seulement réduisent le ruissellement et l’érosion à des
valeurs acceptables, mais remontent dans leurs feuilles des minéraux lixiviés par les eaux de drainage
profond (> 100 kg de N, 10 kg de P et 40 kg de bases/ha) et apportent des matières organiques riches
qui peuvent servir de fourrage en saison sèche et de paillis en saison culturale. La sélection d’espèces
de légumineuses arbustives bien adaptées localement (L e u c a en a le uc o c ep h a la , C a llia n dra ca lo th y rs u s ,
T e p h ros ia vo g e lii, C a ja nu s c a ja n) permet de fournir du bois de chauffe, du paillage et du fourrage en
réduisant la surface cultivable de 10 à 20 % mais en sécurisant l’horizon humifère, l’alimentation
hydrique (suppression du ruissellement) et une abondante biomasse de qualité (IKPE, Hien e t a l. ,
Edmond e t a l. , Prat et De Noni, Seignobos et Tchotsoua, Ndayizigiye e t a l. au Rwanda, Duchaufour e t
a l. au Burundi). Voir § 4 Effets des arbres.
1.3. La restauration rapide des sols dégradés (Roose, Hien et al. , Arabi, Prat et De Noni)
L’étude de diverses techniques de restauration de la productivité des sols tropicaux, en
particulier du zaï en Afrique de l’Ouest et des sols volcaniques indurés, a montré qu’il fallait respecter
six règles pour récupérer rapidem ent (1 à 2 ans) la capacité d’un sol tropical à produire des céréales.
1. Introduire un systèm e de gestion des eaux de surface pour alimenter les besoins des plantes
sans engorger le sol : ex. cordons pierreux, terrasses drainantes, haies vives ou bandes enherbées,
cuvettes limitant le piégeage du ruissellement selon les précipitations locales.
2. R ecréer la m acroporosité du sol et un drainage rapide : broyage des tepetate et des croûtes
calcaires, labour profond favorisant un enracinement profond dans les sols dégradés, tassés.
3. Stabiliser la structure et revitaliser l’horizon superficiel par apport de matières organiques
fermentées (fumier, compost) ou, à défaut, de résidus organiques riches en azote (légumineuses ou
litières décomposées).
4. C orriger le pH du sol (entre 5 et 7) pour éviter les toxicités métalliques (aluminique), faciliter les
activités microbiennes (fixateur de l’azote de l’air) et la libération de nutriments facilement assimilables
par les plantes (surtout pour le phosphore).
5. N ourrir les plantes cultivées pour leur permettre de valoriser directement le potentiel du milieu
(fonction du climat, du type de sol, des cultures) : le sol, les plantes et les MO naturelles sont
généralement carencées et demandent un complément de nutriments minéraux pour atteindre leur
potentiel.
6. C hoisir des p lantes à forte production de bio m asse , adaptées aux conditions locales de pauvreté
des sols et de dureté du climat, de préférence d’origine locale ou à potentiel génétique large, non
invasives.
En A lgérie, en milieu semi-aride, sur des sols argileux rouges méditerranéens, ou bruns
calcaires et vertisols, le labour grossier et le billonnage en courbe de niveau (avec des doubles
dérayures en travers du champ) réduisent le ruissellement au champ à 10 % du témoin labouré aux
disques en année normale (Morsli). Par contre lors des pluies importantes de fréquence 1/5ans, les
champs cultivés sont griffés de rigoles évoluant en ravines et les aménagements (cordons pierreux,
terrasses, banquettes), généralement efficaces lors des pluies normales, débordent, ravinent
profondément les versants, détruisent les seuils dans les ravins et provoquent des glissements de
terrains sur des pentes fortes et le long des oueds (Mazour, Morsli). L’aménagement en éléments de
banquettes d’un versant argileux en amont d’une ville n’a pas résisté plus de 4 ans suite à
l’ensablement des cuvettes et du canal. De même, les terrasses en gradins, les cordons de pierres, les
seuils en terre compactée, les jboub, megden, sed et seguia, aménagements traditionnels qui ont fait
leur preuve en années normales, ont été éradiqués ou dégradés lors d’une averse de fréquence 1/20
ans. Cependant, les populations rurales sont habituées à les réparer après chaque événement rare
(Mazour) car ces aménagements n’exigent pas des moyens mécaniques importants : le travail
communautaire permet de les maintenir en fonction aussi longtemps qu’il reste assez de main-d’œuvre
au village.
En Tunis ie, les équipes IR D (Albergel, Touma, Zante, Collinet) et tunisiennes (Nasri, Baccari,
El Ali, El Faleh, etc.) ont démontré que les banquettes isohypses, les cordons de pierres et les cuvettes
individuelles avaient une influence remarquable sur le ruissellement alimentant les barrages collinaires
lors des pluies ordinaires : ces aménagements mécaniques captent jusqu’à 50 mm de pluie qu’elles
infiltrent en totalité : les versants sont donc localement engorgés et le barrage collinaire risque par
ailleurs de recevoir beaucoup moins de ruissellement des versants. Mais lors des pluies de fréquence
rare, ces aménagements débordent, concentrent les eaux stockées dans des ravins et sont détruits au
bout de 4 à 10 ans selon leurs dimensions. Leur coût est élevé et leur efficacité limitée dans le temps si
ces techniques mécaniques ne sont pas soutenues par des couvertures végétales. Voir « Efficacité de
la gestion de l’eau et de la fertilité des sols en milieux semi-arides » de Roose e t a l. , 2008, Edition AUF,
EAC, IRD, ENFI, 402 p.
A M adagascar , les Tamala vivent au pied de la falaise qui borde les hautes terres. Ils brûlent
la forêt puis les recrus arbustifs (ta vy ) pour assurer leur subsistance (riz de montagne et manioc) sur
des sols ferrallitiques très perméables mais très pauvres des versants. Ils ont développé une série de
techniques agricoles pour ralentir la dégradation et l’érosion des sols sur les fortes pentes très arrosées
(>2500mm) du Nord-Est de Madagascar : choix des terres perméables initialement bien couvertes
d’arbres, maintien des arbres en amont des parcelles pentues cultivées, travail du sol réduit au
minimum (semis au bâton pointu), sol bien couvert pendant toute la culture (associée) (Serpantié,
2011).
Sur les Hautes terres de Madagascar , les aménagements commencent par la rizière dans les vallées.
Ensuite, si on dispose d’une source d’eau, les paysans aménagent les colluvions de bas de pente et
terrasses en gradins irriguées pour étendre la rizière. Enfin, pour compléter les réserves alimentaires,
les paysans grattent les versants jusqu’à isoler des terrasses progressives (ta n e ty ) sur lesquelles ils
cultivent les plantes qui survivent sur des sols pauvres et acides (manioc, arachides, pois de terre,
sorgho, épinards, etc.). Un fossé de protection isole la parcelle cultivée des eaux de ruissellement
provenant du haut de versant. Les hauts de pente et les sommets sont réservés aux arbres et parcours
communautaires souvent brûlés juste avant la saison des pluies, ce qui fournit de l’eau et des cendres
aux pépinières de riz.
A l’échelle du bassin élémentaire, la plantation de pins et d’eucalyptus réduit les débits de
pointe au dixième de celui d’un parcours brûlé annuellement et à la moitié d’un champ cultivé en
courbes de niveau. Mais au cours des pluies extrêmes de fréquence 1/50 ans, le sol est saturé quels
que soient la couverture végétale et l’aménagement de telle sorte qu’au final les écoulements de pointe
se ressemblent, mais les transports solides sont largement moindres sous forêt (voir Manankazo,
Roose, 1987).
Thèm e 4. Rôle des arbres sur la gestion durable de l’eau et de la fertilité des sols.
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4.1 La richesse des sols sous forêts
Quand les paysans cherchent de nouvelles terres, ils choisissent de préférence des terres
forestières sachant qu’elles seront plus productives que les terres sous savane. En effet les analyses
montrent qu’elles sont plus poreuses, plus perméables, mieux structurées, plus riches en une faune
diversifiée et en matières organiques, en azote, bases et phosphore assimilable, et plus résistantes à
l’érosion (Cruz en Dominique, Serpantié à Madagascar, Sabir et Roose au Maroc). La forêt est en effet
l’un des rares systèmes de production qui accumule des matières organiques et minérales dans sa
biomasse et dans les horizons superficiels du sol. Grâce à un double système racinaire superficiel et
profond, il recycle très rapidement les minéraux disponibles en surface (pluie et litière) et en profondeur
(eaux de drainage et altération des roches). De plus, la famille des légumineuses fixe l’azote de l’air. Le
sol n’étant remué que par la faune du sol, les matières organiques et les nutriments se concentrent
dans les horizons superficiels qui, avec la litière, protègent le sol contre l’agression des pluies, du
ruissellement et du soleil.
Le défrichement des sols forestiers entraîne une exportation des bois, le brûlage des fins
rameaux et de la litière, la minéralisation brutale des nutriments accumulés pendant des décennies, leur
exportation par le feu, le drainage, le ruissellement et l’érosion, un réchauffement et un dessèchement
du microclimat. En quelques années (2 à 20 ans selon la teneur en argile), le stock de MO accumulé
pendant des décennies est épuisé et le rendement des cultures baisse.
5.2. Définition des techniques de gestion de l’eau et de la productivité des sols (GCES)
A Enquête : types d’érosion observés, où sur la toposéquence, à quel moment de la saison,
comment se développe l’érosion ?
B. Recherche d’indicateurs des risques de ruissellement et d’érosion : pente, types d’érosion et
importance de chaque type, surface du sol dénudée, fermée par les croûtes de battance ou par
tassement, % de graviers et cailloux, couvert végétal, dénudation des tiges et troncs d’arbres (Thiet,
Pomel et al.)
C. Enquête sur l’efficacité des techniques de LAE, de gestion de l’eau, d’entretien ou de
restauration de la fertilité des sols : ce que font les paysans depuis longtemps, ce qui a été tenté
récemment, ce qu’on propose pour le futur.
D. Restitution et discussion.
Les problèmes d’érosion ne sont pas seulement techniques : ils dépendent largement de la
façon dont les paysans et les techniciens perçoivent les problèmes et les solutions proposées en
fonction de leur histoire (sont-ils agriculteurs, éleveurs, péri-urbains ?), de la difficulté de leur vie
(pauvreté, instruction limitée), des moyens économiques dont ils disposent et des pressions socio-
économiques et culturelles auxquelles ils sont soumis.
ISBN 978-2-7099-1728-5
IRD
ISSN 0767-2896
44, bd de Dunkerque
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