Bioremédiation Des Sols PDF
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— que pour les composés biodégradables, non inhibiteurs et non toxiques, car
certains métabolites peuvent être plus toxiques (pour les micro-organismes et
pour l’homme) et parfois plus stables que le contaminant de départ ;
— que pour une application in situ, car il faut que la perméabilité du sous-sol
soit supérieure à 10 –6 m/s ;
— que lorsque la durée de traitement n’est pas gênante, car elle s’étend géné-
ralement sur plusieurs mois voire, dans certains cas, sur plusieurs années.
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en polluant normalisée
Dispersion Sorption
0,8 et dispersion l’action de différentes espèces de micro-organismes, s’arrête
Concentration
lorsqu’une ou plusieurs espèces constitutives du système vient à
0,6 manquer.
Biodégradation
0,4 et dispersion
Biodégradation,
sorption et dispersion 2.2.1 Métabolisme et cométabolisme
0,2
2.2.1.1 Métabolisme des substances polluantes
0
0 1 2 3 4 5 6
Temps de séjour normalisé
Le métabolisme des micro-organismes est constitué du cata-
Le temps de séjour normalisé correspond au temps de séjour de l'eau bolisme et de l’anabolisme. Les réactions composant le catabo-
dans la nappe normalisée à 1 (il correspond à la dispersion). lisme ont pour but de produire de l’énergie. Cette énergie est
La concentration en polluant normalisée correspond à la concentration utilisée par la suite dans l’anabolisme afin de synthétiser les
maximale en polluant normalisée à 1. matériaux servant au maintien et à la reproduction cellulaire.
Figure 1 – Évolution des concentrations théoriques de la pollution
soumise aux différents processus de traitement Les réactions du catabolisme sont des réactions d’oxydoréduc-
tion. Elles utilisent donc des transferts d’électrons d’un composé à
un autre, l’énergie libérée étant stockée par les micro-organismes.
Ces réactions ont lieu en chaîne et seule une réaction bilan permet
2. Concepts de traitements d’identifier le donneur d’électron initial (également appelé substrat)
et l’accepteur d’électron final. Finalement, le donneur d’électron est
biologiques oxydé et l’accepteur d’électron est réduit.
Les réactions de dégradation biologique sont généralement divi-
sées en deux catégories : aérobies et anaérobies. Dans la première,
2.1 Micro-organismes l’accepteur final d’électron est l’oxygène alors que, par opposition,
dans le deuxième, l’accepteur d’électrons est un composé autre que
–
Les micro-organismes sont des organismes vivants, de taille l’oxygène [par exemple : nitrate ( NO 3 ), manganèse (Mn(IV)), fer
2–
microscopique et généralement unicellulaires, qui prolifèrent natu- ferrique (Fe(III)), sulfates ( SO 4 ), dioxyde de carbone (CO2) ou la
rellement dans tous les milieux et dans des conditions très variables molécule elle-même (fermentation)]. Le rendement énergétique du
(température comprise entre 0 et 80 °C, pression allant de 1 bar à catabolisme dépend de l’accepteur et du donneur d’électron utilisés.
plusieurs centaines de bars, pH de 1 à 12, milieu oxygéné ou stricte- Les substances polluantes peuvent être utilisées par les micro-
ment anoxique). Leur diversification et leur adaptation leur donnent organismes en tant qu’accepteur d’électrons ou en tant que
un caractère ubiquiste remarquable [5]. donneurs d’électrons. La dégradation de ces molécules est alors
Dès que des contaminants sont introduits dans un environnement partie intégrante du métabolisme et sert directement à la production
donné, ils interagissent entre eux et avec le milieu environnant. Ces d’énergie pour les micro-organismes. On dit que la substance est
interactions se traduisent par des changements dans leurs concen- métabolisée.
trations respectives et leurs distributions dans les différents
éléments environnementaux. 2.2.1.2 Cométabolisme des substances polluantes
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toxiques. Dans tous les cas, ces actions de coopération sont La biostimulation est mise en échec, par exemple, lorsque les
d’autant plus fréquentes et importantes que la densité de popula- micro-organismes indigènes n’ont pas le patrimoine génétique pour
tion microbienne est grande. dégrader les contaminants ou lorsque le contaminant est présent à
Dans un habitat bien défini, il est reconnu que les différentes des concentrations toxiques pour ces micro-organismes.
communautés microbiennes autochtones ont eu la possibilité de La biostimulation est donc un concept plus qu’un procédé en tant
développer des interactions positives leur permettant de survivre, que tel. De nombreuses techniques l’utilisent : traitements biolo-
au contraire des micro-organismes allochtones que l’on souhaiterait giques in situ aérobie et anaérobie, biopiles, landfarming, bioven-
introduire dans cet environnement. ting, biosparging…
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pompage moins important que pour le venting classique). Cette 3.1.2 Performances
technique est utilisée depuis une vingtaine d’années et restera très
employée pour les sites fortement pollués par des hydrocarbures
rapidement biodégradables. Le rendement de ce procédé varie avec les polluants, mais peut
atteindre plus de 90 %. Les coûts unitaires de cette technique se
situent entre 70 et 80 F HT/m3 (de sol traité).
Le bioventing (figure 2) est un procédé in situ permettant Les performances du « bioventing » sont d’autant meilleures que
d’aérer la zone insaturée afin que les micro-organismes du sol la répartition du flux d’air sur la zone contaminée est homogène
puissent mieux respirer et dégrader les polluants. Cette techni- autour du point d’extraction. Ceci est directement lié à l’homo-
que consiste soit à mettre en dépression la zone insaturée et à généité du sol. La présence d’hétérogénéités entraîne des passages
induire des circulations d’air centrées sur et en direction de cha- préférentiels à travers les zones les plus perméables à l’air. Ces
que point d’extraction, soit à injecter l’air (ou l’oxygène pur) zones sont alors traitées en premier lieu et les zones environnantes
dans les zones polluées. sont décontaminées à la fois par volatilisation et par diffusion des
contaminants jusqu’aux passages préférentiels déjà contaminés.
La circulation d’air engendrée par le système de bioventing La biodégradation aérobie de certains polluants, comme les
assure l’apport d’oxygène gazeux aux micro-organismes indigènes hydrocarbures, est parfois limitée par un manque de nutriments
présents dans la zone contaminée. Ainsi, le bioventing permet de (N, P…). Ces éléments pourront être apportés sous forme liquide,
stimuler la biodégradation aérobie de certains contaminants. Autre- par injection dans des puits superficiels ou par un réseau de drains.
ment dit, quand la biodégradation joue un rôle plus important que
Le procédé est largement utilisé en France.
la volatilisation dans le traitement de la zone contaminée, le
système est décrit sous le nom de bioventing. Exemple industriel : une fuite de fioul, causée par des fûts corro-
dés enterrés, a contaminé environ 11 000 m3 de sol jusqu’à 20 m de
profondeur où se trouve la nappe phréatique. La couche géologique
3.1.1.1 Type de pollution traitée
constituée d’un mélange de sable et de limon contenant des lentilles
Le bioventing s’applique de façon optimale sur des composés d’argile a une humidité variant entre 2 et 11 % (en volume).
organiques semi-volatils imprégnés dans la zone insaturée Au début, le problème constaté a été la présence d’odeurs de fioul à
(gasoil…). Le facteur le plus contraignant, qui limite l’utilisation de la surface du sol et dans les bâtiments. Le procédé de bioventing utilisé
ce procédé, est la cinétique de biodégradation. fait aussi, par le biais du mouvement d’air, du venting sans biodégrada-
tion, il est donc impératif de minimiser les débits d’air. Dans ce cas, le
3.1.1.2 Moyens techniques débit d’air total sur tout le site a été 170 m3/h. Le traitement a duré 30
mois pour atteindre les objectifs (réduction de 60 % de la pollution et
Même si, en Europe, l’on peut injecter l’air au lieu de l’extraire, de 90 % des gaz du sol), sa vitesse annuelle a été d’environ 300 g de
dans la plupart des cas, l’extraction est employée. La zone insaturée fioul/kg de sol. Les mesures du fioul éliminé, adsorbé sur charbon actif,
est traitée à partir de multiples points d’extraction. Le nombre, ont permis le calcul du pourcentage du fioul dégradé (90 %) et du fioul
l’espacement et la profondeur des points sont dictés par la défini- volatilisé (10 %). Le coût a été 150 F/m3 de sol traité.
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3.2 Biosparging Deux types de pollution peuvent être traitées par air sparging :
— les zones source ;
3.2.1 Principe — les contaminations dissoutes en aval de la source. Une
« barrière » de puits d’injection est alors installée perpendiculaire-
L’injection d’air dans l’eau souterraine pour volatiliser les compo- ment à l’écoulement afin de mettre un terme à la migration des
sés volatils (l’air sparging) est une technique très utilisée depuis une contaminants plus en aval.
dizaine d’années dans des cas où le sol présente une géologie
simple.
Cette technique est souvent en concurrence avec le pompage de 3.2.1.2 Moyens techniques
la nappe et d’autres traitements in situ. L’air sparging est fréquem-
ment couplé avec le venting (figure 3). La zone saturée est traitée à partir de points d’injection. Le
nombre, l’espacement et la profondeur des points sont dictés par la
L’air sparging est un procédé in situ permettant de traiter loca- définition géométrique du système (l’extension et le type de conta-
lement la zone saturée (dissoute, adsorbée). Cette technique mination, la profondeur et les variations du niveau statique de la
consiste à injecter de l’air, au-dessous du niveau de la nappe nappe, la profondeur du substrat), les caractéristiques hydrodyna-
d’eau souterraine à traiter, par des puits verticaux ou horizon- miques de la zone saturée (perméabilité, coefficient d’emmagasine-
taux. L’air se propage ensuite à travers la zone saturée en créant ment) et les conditions aux limites appliquées sur le système
des canaux d’air. (limites à charge constante, à charge variable).
Tous ces paramètres vont influencer le choix du type de surpres-
En instaurant une interface air/phases du sol (air/eau, air/sol, air/ seur (volumétrique, intermédiaire, centrifuge…) et de sa puissance.
produit), l’air sparging favorise le dégagement des substances Sur les sites en activités, le réseau et l’installation sont générale-
chimiques volatilisables présentes dans la zone saturée ainsi que de ment enterrés.
celles présentes à l’état pur au-dessus de la frange capillaire
La concentration en oxygène dissous dans l’eau souterraine est
aqueuse.
couramment utilisée sur le terrain pour contrôler l’efficacité du
système.
En parallèle, la dissolution de l’oxygène de l’air dans la phase
aqueuse permet d’augmenter la biodégradation aérobie de cer- La répartition homogène des canaux d’air est cruciale pour le bon
tains contaminants (biosparging). fonctionnement de l’air sparging. Cette répartition dépend forte-
ment des hétérogénéités du sol dans la zone à décontaminer.
L’air sparging est souvent couplé à un réseau de récupération des
vapeurs installé dans la zone insaturée. Les vapeurs peuvent ensuite Exemple : un sol stratifié ne pourra être traité par air sparging que
être traitées en surface. si la perméabilité à l’air des différentes strates augmente en se rappro-
chant de la surface du sol. De même, des lentilles de sol peu perméa-
3.2.1.1 Type de pollution traitée bles à l’air ne seront pas décontaminées.
L’air sparging permet de traiter des contaminants volatils [cons- Afin d’évaluer si le traitement est terminé, le système de sparging
tante de Henry supérieure à 0,01 à 20 °C et/ou pression de vapeur est arrêté et la concentration en contaminant est suivie dans des
saturante supérieure à 0,5 mm Hg (≈ 67 Pa) à 20 °C]. Il est le plus puits de contrôle. Typiquement, cette concentration est faible lors
couramment utilisé pour éliminer des solvants chlorés et des hydro- de l’arrêt du système, puis une augmentation est observée due à
carbures pétroliers volatils (essences, kérosène…). une remobilisation du contaminant. Ce phénomène est appelé
« rebond ». Plusieurs mois peuvent s’écouler avant d’observer le
rebond. Les phénomènes de rebond doivent être pris en compte
Compresseur Décontamination
dans l’évaluation du temps de traitement.
de l'air du sol
Réglage de
Aspiration
la pression 3.2.2 Pratique
de l'air du sol
Débitmètre Débitmètre
Le rendement de ce procédé peut atteindre 99 %. Les coûts unitai-
res de cette technique entraînent une plus value de 30 à 50 F HT/m 3
de sol traité par rapport au coût unitaire d’une extraction sous vide
Sol
simple.
Le procédé est au stade de commercialisation. En outre, des
Étanchéité
recherches sont encore menées afin d’améliorer la technologie et
son suivi.
Crépine
Exemple industriel : un ancien site d’usine automobile est conta-
Graviers miné par des hydrocarbures constitués en majorité d’essence.
L’essence contient plusieurs composés très volatils et assez solubles
Surface de la nappe dans l’eau tel que le benzène, le toluène et les éthyls benzènes.
Le sol est composé de craie et la nappe phréatique est à 30 m de
Zone polluée profondeur. Le système de biosparging est lié à un système de venting
pour éviter l’échappement du gaz vers la surface. Les puits sont utili-
sés pour l’injection des nutriments avant le début de l’injection d’air et
sept aiguilles de sparging sont installés sur une surface de 0,8 ha.
L’injection d’air est assez faible pour réduire le risque de la volatilisation
de l’essence. Par contre, le système de venting est assez puissant
(500 m3/h) pour assurer la capture de tout le gaz dans la zone insatu-
rée. Le traitement a duré 18 mois et a coûté environ 200 F HT/t de sol
Figure 3 – Principe du biosparging couplé avec un venting traité.
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Air
3.4.1 Principe
Nutriments Oxygène
Arrivée
d'eau
Phase liquide
non aqueuse (flottant) Puits Rampe
d'injection d'aspersion
Sol
Zone Niveau
Eau de nappe Eau de nappe polluée de la nappe
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Le traitement biologique, qu’il concerne des terres excavées ou proportions C:N:P égales à 100:10:1. Les autres sels minéraux tels le
des sols encore en place, utilise des micro-organismes pour trans- fer, le magnésium et les sulfates ne sont alors nécessaires que sous
former des substances chimiques toxiques en substances moins forme de traces.
toxiques. Les micro-organismes sollicités sont souvent des bacté- Lors des traitements in situ, des solutions contenant l’oxygène,
ries bien que les champignons jouent un rôle prédominant dans les sels minéraux et le carbone sont injectées au cœur du panache
certains traitements ex situ. de pollution. Des puits d’injection sont répartis de manière homo-
Lors de la biodégradation aérobie, l’oxygène est utilisé comme gène sur la zone polluée et quelques puits d’extraction sont chargés
accepteur d’électron final. Le contaminant est donc le donneur de récupérer l’eau de la nappe en aval. Cette eau est traitée, si
d’électrons. Il peut être métabolisé ou cométabolisé. nécessaire, en surface amendée et réinjectée dans la nappe aqui-
L’utilisation de l’oxygène par les micro-organismes est toujours fère. Un problème souvent rencontré lors de tels ajouts est la crois-
préférée lorsque ce dernier est disponible. En effet, les vitesses de sance microbienne aux environs immédiats du puits d’injection.
dégradation engendrées sont généralement bien supérieures aux Ceci a pour effet de colmater les espaces interstitiels, empêchant
procédés anaérobies. De plus, en règle générale, les procédés aéro- ainsi la solution de s’écouler dans la nappe aquifère. Diverses solu-
bies aboutissent plus souvent à la dégradation totale du polluant tions sont apportées au problème : nettoyage mécanique (brosses),
que les procédés anaérobies. injection brutale d’air (air lift), injection de bactéricides (acide,
chlore), utilisation d’injections alternées carbone/nutriments.
Les micro-organismes nécessitent, pour une dégradation par voie
aérobie, la présence d’oxygène, de contaminants accessibles, de Les performances des traitements biologiques in situ dépendent
nutriments, et d’un inducteur spécifique s’il s’agit d’un cométabo- fortement des conditions rencontrées sur site et des contaminants
lisme. présents. Les coûts des biodégradations in situ s’étendent de 100 à
300 F/t (de sol traité).
3.4.1.1 Type de pollution traitée Le procédé de traitement biologique aérobie est commercialisé.
En France, le traitement ex situ est beaucoup plus répandu que le
Quasiment tous les hydrocarbures sont biodégradables par voie traitement in situ.
aérobie. Les composés les plus facilement biodégradables sont les
alcanes C10 à C24 et les composés aromatiques à un seul cycle Exemple industriel : dans un dépôt en activité sur un aéroport, la
[notamment les BTEX (benzène, toluène, éthylbenzène, xylène)]. En présence de kérosène dans la nappe phréatique s’étend sur un volume
règle générale, plus la masse moléculaire des hydrocarbures de 8 500 m3 de sol type limons. Le traitement demande essentielle-
augmente et plus les vitesses de dégradation aérobie diminuent. ment la mise en place de 17 piézomètres d’injection de nutriments tel
Une exception est à noter pour certains hydrocarbures très légers que le peroxyde d’hydrogène, sa durée a été d’environ 18 mois pour un
qui peuvent être toxiques par effet « solvant ». coût de 180 F/m3 de sol.
Il est à noter que les pollutions par hydrocarbures sont dans la
majorité des cas des pollutions mixtes contenant une vaste gamme
de substances chimiques. Ceci explique pourquoi une communauté 3.5 Biotertre
microbienne très diversifiée se développe généralement sur de tels
sites, chaque souche étant spécialisée dans la dégradation d’un type
de composés. 3.5.1 Principe
Certains solvants chlorés peuvent être dégradés par métabolisme
ou cométabolisme aérobie. Les composés pouvant être utilisés en La technique demande la mise en tas du sol avant son traitement
tant que donneurs d’électrons sont, entre autres, le chlorure de biologique (figure 6). Cette technique est fortement utilisée pour les
vinyle, le 1,2-dichloréthane et le chloréthane, l’oxygène étant alors sols hétérogènes contaminés par des gazoils, des PCB, et permet
d’accepteur d’électron final. La dégradation s’effectue par une réac- une meilleure gestion du traitement que les techniques in situ. Elle
tion de substitution d’un atome de chlore par un groupement restera encore longtemps utilisée malgré le faible coût des techni-
hydroxyle. Les composés pouvant être cométabolisés sont les ques in situ et l’accroissement de leurs performances.
dichlorométhane, le chloréthane, le chlorure de vinyle, le dichloré- Cette technologie a pour objectif la biodégradation des composés
thène (DCE), le trichloréthène (TCE). Les enzymes responsables de organiques présents sous forme d’imprégnation dans les sols et
ce cométabolisme sont les mono-oxygénases et des dioxygénases. peut admettre deux principes très différents : la biostimulation et la
Les inducteurs cométaboliques suivant peuvent être utilisés : bioaugmentation. D’une manière générale, cette technique consiste
méthane (stimulation des micro-organismes méthanotrophes), à utiliser des micro-organismes pour dégrader des composés orga-
propane, phénol, toluène et ammoniaque. niques.
Il a été montré que d’autres composés peuvent être dégradés par
voie métabolique/cométabolique aérobie : les PCB (polychlorobi-
phényle) faiblement chlorés, les HAP (hydrocarbures aromatiques
polycycliques), les phénols, les crésols, certains pesticides et herbi- Sol contaminé Couverture Drain
cides (Dichlorprop, Silvex). plastique d'injection
d'air
3.4.2 Pratique
Tuyau
Les besoins des micro-organismes en oxygène peuvent être esti- d'évacuation
Drain
més d’après la stœchiométrie générale de la minéralisation des d'air
d'irrigation
hydrocarbures, variable suivant les molécules.
Le traitement biologique aérobie est limité essentiellement par la
faible solubilité de l’oxygène dans l’eau et différentes techniques Ventilateur
sont utilisées pour assurer le transfert de l’oxygène dans l’eau. Couche Drain de Membrane
Les nutriments sont indispensables à l’activité des micro-organis- de graviers récupération plastique
mes et doivent donc leur être fournis pour permettre une biodégra- imperméable
dation optimale. Les deux constituants principaux des nutriments
(l’azote et le phosphore) sont généralement ajoutés dans des Figure 6 – Principe du biotertre
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Cette dégradation est le plus souvent aérobie, mais peut être Exemple industriel : un site agroalimentaire (stockage de céréa-
anaérobie. Les micro-organismes nécessitent une source de les) en activité a eu une fuite accidentelle sur une cuve de fioul. La
carbone, de nutriments et d’oxygène pour dégrader les hydrocar- technique utilisée est l’excavation et le traitement sur site en biopile
bures qui sont ainsi transformés en dioxyde de carbone et en éner- par biostimulation. L’objectif du traitement est d’extraire 1 000 mg de
gie. Dans les sols contaminés, la source de carbone est suffisante, fioul par kilogramme de sol. Environ 1 000 m3 de sol [alluvions récen-
mais les nutriments et l’oxygène sont manquants ou déficitaires. tes, grossières (sables et graviers)] sont mis dans les alvéoles étan-
Les modalités d’apport de ces éléments sont la principale clef du chées par du PEHD de 1 mm d’épaisseur, avec des tuyaux pour
procédé. l’aération forcée et le réseau d’injection de nutriments. Le traitement a
Avant de démarrer un procédé de biodégradation, on doit bien duré 18 mois pour un coût de 450 F HT/m3 de terre.
considérer que les micro-organismes peuvent dégrader tout ce qui
peut être assimilé à de la « nourriture ». Leur métabolisme est assez
élémentaire et les micro-organismes préfèrent consommer comme 3.6 Phytoremédiation
nourriture une source énergétique. Si un organisme doit choisir
entre une molécule de glucose et une molécule de benzène, le
glucose sera dégradé préférentiellement parce qu’il libère plus 3.6.1 Principe
d’énergie pour un « effort » équivalent.
L’eau contient, dans les meilleures conditions, 15 à 20 mg/L La phytoremédiation emploie des végétaux pour traiter le sol
d’oxygène dissous. contaminé en surface par des molécules organiques ou des
Exemple : la dégradation de 1 kg d’isopentane de formule C5H12 métaux (figure 7).
(hydrocarbure simple représentant environ 15 % (en masse) d’une
essence) nécessite théoriquement 4,879 kg d’oxygène contenus dans Cette technique est parmi les moins coûteuses et les plus longues
15,11 m3 d’air. Dans la pratique, pour réaliser cette opération, il faut (jusqu’à trois ans). La phytoremédiation est au stade de l’industriali-
approximativement 287 m3 d’air par kilogramme de produit à dégrader. sation (plusieurs unités pilotes ont déjà été réalisés). Elle devrait se
Même si ce volume semble important, il est très facile à produire avec développer de manière importante dans les années à venir.
un simple surpresseur.
La phytoremédiation regroupe toutes les technologies utilisant
Outre l’apport d’oxygène, le procédé de dégradation biologique les plantes pour transformer, dégrader, concentrer, stabiliser ou
requiert des macro-éléments sous une forme biodisponible, c’est-à- volatiliser des polluants. Il s’agit d’une technologie scientifiquement
dire directement assimilables par les micro-organismes. Les nutri- complexe ne se réduisant pas à l’ensemencement de graines.
ments les plus utilisés sont l’azote, sous forme de sels d’ammo- Les technologies existantes ou en cours de commercialisation
nium, et le phosphore, sous forme d’orthophosphate. comprennent [2] :
3.5.1.1 Type de pollution traitée — la phytoextraction : utilisation de plantes accumulatrices pour
extraire, transporter et concentrer les polluants du sol dans les par-
Ce procédé s’applique de façon optimale sur des composés orga- ties récoltables de la plante. Pour que cette technique soit efficace, il
niques biodégradables absorbés sur un sol excavé. Les facteurs faut que le polluant soit disponible pour les racines et que celles-ci
limitant l’utilisation de cette technique sont la nature du contami- puissent le tolérer et l’absorber ;
nant et le pourcentage de fines contenues dans le sol. Les polluants — la phytostabilisation : utilisation des plantes pour réduire la
classiquement traités par biodégradation sont : les gasoils, les biodisponibilité, la mobilisation ou le lessivage des polluants et, par
fiouls, les kérosènes, les pétroles bruts et certaines coupes pétro- conséquent, leur entrée dans la chaîne alimentaire ou les nappes
lières lourdes (HAP, huiles organiques…). phréatiques ;
— la rhizofiltration : utilisation des racines pour absorber,
3.5.1.2 Moyens techniques concentrer ou précipiter les polluants d’un effluent liquide.
Le sol est disposé, en plate-forme de traitement, sur des épais-
seurs de 0,5 m à 1,5 m selon le volume à traiter et la surface dispo-
nible. L’étanchéité est assurée par une membrane PEHD
(polyéthylène haute densité) posée sur une couche antipoinçonne-
Photodégradation
ment. L’ancrage de cette membrane est effectué par des tranchées
ouvertes en tête de merlon. Biosynthèse
La plate-forme est instrumentée pour permettre l’injection d’eau,
de nutriments, d’oxygène et de micro-organismes. On distingue un
réseau d’extraction permettant d’assurer l’aération et la collecte des
lixiviats, et un réseau d’aspersion permettant de réinjecter ceux-ci Volatilisation
Métabolisme
après l’addition de nutriments.
L’ensemble fonctionne en système clos. Cependant, il est possible
d’ajouter de l’eau par un puits afin de maintenir le taux d’humidité
Adsorption
(de l’ordre de 40 à 60 % de la capacité de rétention) adapté au déve-
loppement des bactéries. La gestion des flux (eau-air) dépend des Entraînement par l'eau
paramètres intrinsèques du milieu à traiter (perméabilité à l’eau, et apport à la mort de la plante
perméabilité à l’air, vitesse de percolation…). Les injections de nutri-
ments ou de micro-organismes sont calées sur l’évolution biochimi- Dépôt Translocation
que du tertre biologique.
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D’autres procédés sont en cours de développement : — dans le cas de la phytoextraction, il faut disposer, le cas
— l’activité dégradatrice de la rhizosphère : utilisation de plantes échéant, de filière d’élimination des biomasses contenant le pol-
pour stimuler les micro-organismes de la rhizosphère caractérisée luant ou ses métabolites, par exemple incinération, lixiviation, dés-
par une communauté microbienne plus nombreuse, plus diversifiée hydratation.
et, par conséquent, par une activité biodégradatrice plus élevée. Les Le coût de la phytoremédiation a été estimé à 1 000 à 50 000 F/ha
interactions entre plantes et micro-organismes sont nombreuses et pour un système « récoltable », ce qui représente un coût de 0,2 à
complexes. Certaines peuvent créer des synergies facilitant la trans- 15 F/m3 de sol (avec une profondeur de racine de 0,33 m).
formation des composés organiques ;
Le procédé est actuellement au stade de développement avancé.
— la phytovolatilisation : stimulation de la volatilisation par
De nombreux sites pilotes ont été réalisés de par le monde avec des
l’intermédiaire de la plante qui va absorber puis éliminer, par trans-
résultats concluants et les brevets sont nombreux.
piration, les polluants ;
— la phytodégradation : métabolisme du polluant dans la plante Exemples industriels : un site anciennement occupé par une acti-
au niveau des racines ou des parties aériennes. Les plantes contien- vité liée aux batteries, et de ce fait contaminé par le plomb, est traité
nent de nombreuses enzymes responsables de réactions biochimi- par phytoremédiation, type phytoextraction. Il s’agit d’une pollution de
ques variables capables de transformer les composés organiques. surface d’une profondeur de 30 cm sur un hectare. Les concentrations
en plomb varient entre 300 et 2 000 p.p.m. (0,03 et 0,02 % en masse)
3.6.1.1 Type de pollution traitée et le seuil de traitement visé est 100 p.p.m. La plante utilisée est le
Brassica juncea (moutarde indienne). Trois récoltes par an pendant trois
La phytoremédiation peut s’appliquer tout aussi bien à l’air, aux ans ont amené le niveau de pollution au-dessous du seuil visé. La plan-
sols, aux composts, aux effluents liquides et aux eaux de drainage. tation est traitée comme tout terrain agricole, mais, après la récolte, les
Ce procédé présente un avantage certain lors de contaminations plantes sont séchées et incinérées dans un four pour récupérer le
peu profondes (de 50 cm à 3 m de profondeur) et de grande superfi- plomb.
cie. Néanmoins, compte tenu du temps de traitement élevés, la
phytoremédiation est généralement utilisée dans le cas de contami-
nations présentant peu de risque à court terme pour la santé
humaine et l’environnement. 3.7 Extraction des métaux
Les polluants traités sont :
— par phytoextraction, les métaux et les radioéléments ; Tout d’abord, il semble indispensable de préciser que les métaux
— par rhizofiltration, les métaux, les radioéléments et le trinitro- n’inhibent pas systématiquement toute activité microbienne. Au
toluène (TNT) ; contraire, de nombreuses enzymes indispensables au métabolisme
— par activité dégradatrice de la rhizosphère, le TCE, l’atrazine, le microbien contiennent des métaux et une carence en métal peut
pyrène ; limiter le développement des micro-organismes. Au laboratoire, un
— par phytovolatilisation, le sélénium. milieu restreint de culture contient toujours de nombreux métaux
La phytoremédiation est un procédé envisageable sur l’ensemble sous forme de trace.
des contaminations par les métaux lourds, les substances inorgani-
ques (CO2, SOx, NOx, ozone, fertilisants) et organiques [TNT, RDX
(composé explosif : cyclotriméthylènetrinitramine), pesticides, 3.7.1 Principe
hydrocarbures, phénols, solvants chlorés…].
Lorsque les métaux sont en forte concentration, une toxicité peut
3.6.1.2 Moyens techniques apparaître. Dans un sol, la toxicité et la biodisponibilité d’un métal
Plusieurs moyens permettent de mettre en œuvre la phytoremé- dépend fortement de sa spéciation, c’est-à-dire de sa distribution
diation : la culture en champs, les lits de gravier (seules les racines sous différentes formes chimiques qui donnent ensemble la
sont immergées) ou les lagunes (une partie ou la totalité de la plante concentration totale de l’élément dans l’échantillon. La spéciation
est immergée). dépend de nombreux paramètres physiques et chimiques comme
les équilibres entre l’adsorption et la désorption, entre la dissolution
Actuellement, sur le marché, plusieurs espèces de plantes sont et la précipitation, eux-mêmes régulés par les variations du pH et du
proposées. potentiel d’oxydoréduction.
Exemple : les peupliers ont montré leur efficacité pour réhabiliter Dans l’environnement, les micro-organismes interviennent large-
des sites contaminés par des nitrates, des pesticides (atrazine) ou du ment dans les cycles biogéochimiques naturels des métaux et la
nickel. compréhension de ces phénomènes a abouti à la mise au point de
techniques d’extraction minières (cuivre, or, uranium…). Cette
extraction biologique consiste à utiliser la capacité des micro-orga-
3.6.2 Pratique nismes indigènes à transformer directement (par oxydation ou par
réduction) ou indirectement (modification du pH, modification de
l’équilibre redox) les formes métalliques insolubles en composés
Les avantages de la phytoremédiation sont :
solubles pouvant être récupérés dans les lixiviats. Lorsque le mine-
— des coûts de traitement modérés par rapport aux autres tech- rai est pauvre en métal, les procédés chimiques classiques de
nologies de traitement ; concentration sont économiquement inadaptés et l’utilisation des
— un traitement adapté pour les grandes surfaces contaminées ; micro-organismes s’avère particulièrement performante. Ces procé-
— une technologie visuellement attractive ; dés biologiques, couramment utilisés aujourd’hui, démontrent
— une faible perturbation du milieu contaminé ; l’activité des micro-organismes en milieu fortement chargé en
— une bonne image auprès du public. métaux.
Par contre, la phytoremédiation présente quelques inconvénients : Plus récemment et sur les mêmes principes, la microbiologie a
— le procédé est limité aux surfaces colonisées par les racines ; naturellement trouvé des applications en dépollution des sols. Le
— le temps de traitement est généralement long ; traitement des différents métaux par biolixiviation reporté dans de
— le procédé dépend de la météorologie, des attaques des insec- nombreuses études fondamentales ou appliquées ne peut pas être
tes, des micro-organismes et des substances phytopathogènes ; abordé. Plusieurs travaux rapportent la transformation bactérienne
— la superficie des sites doit être suffisamment importante pour en condition anoxique d’une forme insoluble de l’arsenic en une
l’utilisation des techniques agricoles ; forme soluble lixiviable.
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BIOREMÉDIATION DES SOLS ____________________________________________________________________________________________________________
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