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Memento Assainissement Chap8
Memento Assainissement Chap8
Memento Assainissement Chap8
TECHNOLOGIES
D’ASSAINISSEMENT
CHAPIT RE 8
470
471
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
CHAPITRE 8
Technologies
d’assainissement
OBJECTIFS DU CHAPITRE
CHAPITRE 8
472
Pour cela, les trois prochains chapitres portent chacun sur un maillon de la filière
d’assainissement.
• Accès à l’assainissement (chapitre 8A) : description du fonctionnement des toilettes,
présentation des différentes technologies existantes, éléments de dimensionnement
et de construction, etc.
• Évacuation des eaux usées et des boues de vidange (chapitre 8B) : présentation du
fonctionnement technique des réseaux d’égouts et des services de vidange, réalisa-
tion d’une vidange hygiénique, etc.
• Traitement (chapitre 8C) : réalisation d’analyses des eaux usées, principes de fonc-
tionnement du traitement, présentation des différentes technologies appropriées,
valorisation des produits issus du traitement, etc.
En fonction du contexte dans lequel s’inscrit le service, un élément essentiel d’un point
de vue technique est de savoir quelle technologie choisir entre toutes celles existantes.
Ce choix s’appuie sur des critères techniques (rayon d’action, besoin en eau, efficacité,
compétences utiles pour la conception, etc.), mais également urbains (surface néces-
saire), financiers (coûts d’investissement et d’exploitation) et sociaux (acceptation).
Cet aspect est traité dans le guide Choisir des solutions techniques adaptées pour l’assai-
nissement liquide (Monvois J. et al., 2010). Lire plus particulièrement les pages 30 à 53,
après avoir pris connaissance des chapitres 8A, 8B et 8C. Ce guide se trouve dans la
boîte à outils et est téléchargeable gratuitement sur Internet.
473
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
TCMa A04 non étanche Évier A10 + fosse toutes eaux A07
+ fosse toutes + ou A02 + et douche A11
+ puisard A08 Toilette sèche
eaux A07 tranchées à déviation d’urine A03
Toilette sèche
TCMe A05 d’infiltration à déviation + évier A10
+ fosse toutes A09 d’urine et douche A11
eaux A07 A03 + fosse toutes eaux A07
« Évacuation »
Lit séchage solaire Lit séchage planté Réacteur anaérobie biogaz Réacteur UASB
T01 T02 T05 T04
« Traitement »
Effluents traités
FIGURE N° 1
Différentes combinaisons techniques pour les trois maillons
de l’assainissement non collectif
Source : d’après Monvois J. et al., 2010, p. 58
474
Enfin, le chapitre 8D est consacré aux blocs sanitaires collectifs, que l’on trouve dans
les écoles, les centres de santé et les zones économiques. Ces situations en collectif
méritent un chapitre à part entière, d’une part parce que ce sont souvent les premières
infrastructures qu’un maître d’ouvrage voudra mettre en place, et d’autre part parce
que leur conception et construction sont des préalables à leur bonne utilisation. En
effet, on observe souvent que la conception de certains blocs sanitaires aboutit à des
ouvrages peu utilisés (à cause de l’absence de séparation entre hommes et femmes
par exemple) ou mal entretenus (car peu pratiques à nettoyer ou parce qu’il n’a pas été
prévu de système de gestion). Il est indispensable, avant de se lancer dans la construc-
tion de ce type de blocs sanitaires, de se poser certaines questions : c’est la réflexion
méthodologique et pratique qui est proposée dans le chapitre 8D.
475
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
C HA P I T R E 8 A
CHAPITRE 8B
CHAPITRE 8C
CHAPITRE 8D
V. COMMUNICATION 566
1. Sensibilisation 567
2. Marketing 567
478
479
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
C HA P I T R E 8 A
Technologies d’accès
à l’assainissement
OBJECTIFS DU CHAPITRE
férentes fosses, dans le cas de l’assainissement non collectif). Les technologies d’ac-
cès à l’assainissement incluent les douches et éviers, qui permettent d’évacuer les eaux
grises. Des éléments de dimensionnement sont proposés, ainsi que des méthodes de
construction.
Les technologies décrites dans ce chapitre sont adaptées aux toilettes familiales (à
domicile) et aux toilettes publiques (blocs sanitaires1).
1
La conception, la construction et la gestion de blocs sanitaires sont détaillées dans le chapitre 8D.
480
I. PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES
DES ÉQUIPEMENTS
Rappelons ici que les eaux grises représentent en volume la part la plus
importante des eaux usées (65 %2) ainsi qu’une charge de pollution élevée
(47 % de la DBO53, 26 % des matières en suspension et 67% du phosphore
total)4.
Il est important de proposer, autant que possible, des équipements sanitaires
qui gèrent à la fois les eaux noires (composées des urines, excreta et eaux de
chasse) et les eaux grises (eaux usées issues des activités de ménage, cuisine,
vaisselle et hygiène corporelle).
Pour cela, certaines technologies (comme les fosses toutes eaux) prennent en
charge simultanément eaux noires et eaux grises. Une autre solution consiste
à construire une toilette prenant en charge les eaux noires (une toilette à fosse
sèche ou à déviation d’urine par exemple), associée à un ouvrage prenant en
charge les eaux grises (puisard), comme le montre la figure ci-dessous.
FIGURE N° 1
Complexe latrine-puisard développé à Dogondoutchi (Niger)
Source : ONG RAIL-Niger
2
Siegrist R. et al., 1976.
3
La DBO5, les matières en suspension et le phosphore total sont des indicateurs de pollution d’une eau.
Pour plus de précisions, consulter le chapitre 8C.
4
Lindstrom C., 2000, cité dans Morel A. et al., 2006.
481
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
1. Toilettes
Afin de remplir leur rôle sanitaire et être adap-
tées au contexte local, les toilettes doivent
être hygiéniques, solides et correspondre aux
Superstructure
attentes des ménages ciblés. Il est recom-
mandé qu’une toilette soit aussi abordable que
Dalle
possible d’un point de vue financier5.
1.1 Dalle
La plateforme sur laquelle l’utilisateur prend place pour faire ses besoins est soit une
dalle constituée d’un trou de défécation associé à des repose-pieds, soit une cuvette
(généralement en céramique) équipée d’un siphon.
Il existe de nombreus modèles de dalles. L’un des plus répandus est la dalle Sanplat,
qui ne comporte pas (ou peu) de ferraillage et présente un coût réduit comparé à sa
grande taille.
CHAPITRE 8A
Différentes étapes de construction d’une dalle Sanplat par des maçons en Mauritanie.
5
Sur ce point, voir le chapitre 9C, et en particulier le cas d’étude au paragraphe V.1 concernant les
toilettes.
482
Différents modèles de dalles, de gauche à droite : dalle Sanplat, dalle maçonnée, cuvette céramique dans une dalle
maçonnée, chaise anglaise avec sol carrelé.
1.2 Fosse
Comme l’indique la définition d’une toilette hygiénique, la fosse ne doit pas présen-
ter de risques en matière de pollution de l’environnement. Les eaux issues de la fosse,
qui s’infiltrent dans le sol, ne doivent pas polluer les nappes phréatiques et cours d’eau
locaux. Pour cela, il est recommandé que la fosse soit implantée à plus de 25 m de tout
point d’eau utilisé pour les activités humaines (puits, forage, etc.)6 et que le fond de la
fosse soit situé à plus de trois mètres au-dessus du niveau de la nappe phréatique.
1.3 Superstructure
6
Ces chiffres dépendent bien évidemment du type de sol rencontré. Pour plus de précisions, se référer à
Franceys R. et al., 1995.
483
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
2. Autres équipements
Ces équipements recueillent les eaux grises provenant des activités de lavage corporel
(douche) et de ménage (lessive, vaisselle, cuisine, etc.). Ils les entraînent vers une fosse
(par exemple une fosse toutes eaux), un puisard ou un réseau d’égouts.
PS-EAU
Évier. Douche.
L’utilisateur d’une toilette doit toujours pouvoir se laver les mains avec du savon. De
nombreux systèmes existent, allant de l’évier avec porte-savon à des dispositifs simples
et peu onéreux tels que la bouilloire ou le lave-mains fabriqué avec une bouteille en
plastique remplie d’eau savonneuse.
Catalogues techniques
matifs pour aider les porteurs de projets à construire des toilettes hygiéniques et
améliorées respectueuses des règles de qualité de construction. Ils sont générale-
ment disponibles auprès du ministère en charge de l’assainissement. Il est impor-
tant de prendre connaissance de ces guides car ils permettent de réaliser des
ouvrages dans les règles de l’art et possèdent parfois un caractère obligatoire et
réglementaire : ainsi, au Burkina Faso, toute toilette construite dans le pays doit
obligatoirement suivre l’un des modèles indiqués dans le catalogue du ministère.
484
Pour une description technique détaillée de chaque technologie, voir par exemple les
guides mentionnés dans les bibliographies des fiches des deux dernières publications.
FIGURE N° 3
Toilette VIP (à gauche) et mini-fosse septique (à droite)
Sources : Tilley E. et al., 2016, p. 62 (figure de gauche) et Gret, Pacepac (figure de droite)
485
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
TABLEAU N° 1
Tableau de synthèse des technologies d’accès à l’assainissement
et références bibliographiques
Toilette à fosse Description technique : Fiche A02, p. 68-69 Fiches S3, S4, S5,
ventilée VIP p. 50-54 et 123-130. p. 62-67
Toilettes sèches (Ventilated Design et et D1, p. 140-141
Improved Pit) dimensionnement :
p. 148-153.
Toilette sèche à Description technique : Fiche A03, p. 70-71 Fiche S7, p. 70-71
déviation d’urine p. 79-82.
Design et
dimensionnement :
p. 158-159.
Toilette à chasse Description technique : Fiche A04, p. 72-73 Fiche U4, p. 50-51
Toilettes d’eau manuelle p. 54-61.
à chasse d’eau Toilette à chasse Description technique : Fiche A05, p. 74-75 Fiche U5, p. 52-53
d’eau mécanique p. 54-61.
Mini-fosse septique Description technique : Fiche A06, p. 76-77 Fiche S9, p. 74-75
p. 63-73.
Design et
dimensionnement :
Fosses de toilettes p. 153-155.
à chasse d’eau Fosse toutes eaux Description technique : Fiche A07, p. 78-79 Fiche S9, p. 74-75
p. 63-73.
Design et
dimensionnement :
p. 153-155.
Ouvrages p. 75-77.
d’infiltration
dans le sol Tranchée Description technique : Fiche A09, p. 82-83 Fiche D8, p. 154-155
d’infiltration p. 77-79.
FIGURE N° 4
Fosse toutes eaux (à gauche) et puisard (à droite)
Source : Tilley E. et al. 2016, p. 74 et 152
Les personnes souhaitant construire elles-mêmes des toilettes trouveront des élé-
ments de dimensionnement de fosses dans la fiche n° 18. Par ailleurs, différents modes
de construction sont décrits ci-dessous.
La construction est entièrement réalisée sur place, de la fabrication des briques à celle
de la superstructure, en passant par la dalle.
À titre d’exemple, on trouvera dans la boîte à outils (outil n° 15) une fiche technique
pour la construction d’une Sanplat ronde7.
7
Programme d’hydraulique villageoise de Maradi (Niger).
487
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
Par ailleurs, le Guide pratique pour la construction de latrine à fosse simple (Nikiema L.Z.P.,
2011)8 du Global Water Initiative (GWI) est un excellent « pense-bête » illustré pour la
construction d’une latrine : il indique les conditions préalables à la construction, détaille
les étapes de fabrication d’une fosse et décrit l’entretien de la latrine.
8
Cet ouvrage est téléchargeable gratuitement sur Internet à l’adresse suivante : http://www.crs.org/sites/
default/files/tools-research/guide-pratique-pour-la-construction-de-latrine-a-simple-fosse.pdf.
488
ÉTUDE DE C AS
Les boutiques Yilemd-raaga au Burkina Faso sont des points de vente de latrines
en milieu rural. Les différents éléments des latrines sont préfabriqués dans un site
de production local par l’entrepreneur responsable de la boutique. Dans la ville
de Fara, les maçons construisent en série pendant six jours d’affilée les dalles et
les buses constituant la fosse. Les commandes de latrines faites par les ménages
sont notées tout au long de la semaine et, le septième jour, l’opérateur procède
à la livraison et à la pose des toilettes (installation des buses dans le trou creusé
par les clients, pose de la dalle, etc.). La production, réalisée à la chaîne, réduit les
coûts de main-d’œuvre, et donc le prix des latrines (qui est très concurrentiel).
Site de production en série de buses pour les fosses des latrines à Fara (Burkina Faso).
489
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
POINTS À RETENIR
• Une toilette améliorée doit permettre d’éviter tout contact entre les humains
et les excreta. Elle est généralement composée d’une dalle lavable et d’une
fosse ne polluant pas l’environnement.
• Une toilette doit toujours être associée à un ouvrage prenant en charge les
eaux grises et à un dispositif de lavage des mains avec du savon.
• Une toilette peut soit être construite localement par un maçon formé, soit être
préfabriquée en série et installée chez le client.
P O U R A L L E R P L U S L OIN
Clouet B., Easy shower, easy latrine – Technical handbook [Guide technique pour
la construction de la micro fosse septique et la micro salle de bain], Gret-IDE, 2011,
texte en français.
Franceys R., Pickford J., Reed R., Guide de l’assainissement individuel, OMS, 1995.
Monvois J., Gabert J., Frenoux C., Guillaume M., Choisir des solutions techniques adaptées
pour l’assainissement liquide, pS-Eau/PDM, 2010, Guide méthodologique n° 4.
Tilley E., Lüthi C., Morel A., Zurbrügg C., Schertenleib R., Compendium des systèmes
et technologies d’assainissement, Eawag, 2016.
F IC H E S À C O N S U LT E R
B O ÎT E À O U T ILS
CHAPITRE 8B
Technologies d’évacuation
des eaux usées
et des boues de vidange
Marion Santi
OBJECTIFS DU CHAPITRE
Après une courte introduction sur les objectifs du maillon « évacuation » de la filière
CHAPITRE 8B
À l’échelle d’une localité, les filières d’assainissement collectif et non collectif sont sou-
vent complémentaires. Chaque zone a ses particularités, qui font qu’une technologie
(pompe manuelle, camion de vidange, réseaux, etc.) est plus adaptée que les autres à
ses contraintes. Cet aspect est détaillé dans le zonage, au chapitre 3C.
1
Dans de nombreux pays, les vidanges manuelles sont couramment réalisées avec un seau et une pelle.
Du fait de leur caractère peu hygiénique, elles ne répondent pas aux objectifs de protection sanitaire des
populations.
493
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
TABLEAU N° 1
Les technologies d’évacuation employées en assainissement non collectif
et collectif
Évacuation Transport
Vidange manuelle
Assainissement non collectif
Vidange mécanique
Camion de vidange2.
Réseau d’égouts
à faible diamètre
(ou mini-égout)
Assainissement collectif
Réseau d’égouts
conventionnel
2
Tilley E. et al., 2016, p. 88.
3
Melo J.C., 2007, p. 22.
4
Tilley E. et al., 2016, p. 94.
494
TABLEAU N° 2
Avantages et inconvénients des technologies d’évacuation
Source : d’après Monvois J. et al., 2010, p. 94-107
Avantages Inconvénients
Le Guide technique de l’assainissement (Satin M. et al., 2006) détaille les calculs de dimen-
sionnement d’un réseau d’égouts.
CHAPITRE 8B
5
Phénomène de nettoyage des égouts ou des conduites d’assainissement par le seul effet des écoulements
qui s’y produisent (les matières solides sont emportées).
496
Caractéristiques techniques
Un réseau d’égouts conventionnel collecte les eaux usées ménagères sans prétraite-
ment. Voici les principaux éléments qui le composent6.
• Des canalisations, de 200 à 1 200 mm de diamètre (les canalisations principales
peuvent être plus grandes), enterrées entre 1,5 et 3 m de profondeur. Elles possè-
dent un gradient de pente suffisant pour faciliter une vitesse d’écoulement comprise
entre 0,6 et 0,75 m/s en moyenne, ce qui assure l’autocurage.
• Des regards, d’environ 1 m de diamètre, pour accéder au réseau et faciliter son
entretien.
• Des stations de relevage ou de pompage, situées aux points bas. Elles ont pour fonc-
tion de relever les eaux usées pour éviter des profondeurs de réseau trop impor-
tantes et éviter un réseau très coûteux à construire et à entretenir. Les postes de rele-
vage sont constitués :
– d’un local (parfois enterré, parfois hors-sol) hébergeant le matériel électroméca-
nique associé aux pompes (armoire électrique, appareils de mesure, etc.) ;
– d’une bâche de pompage, constituée d’un réservoir en génie civil, qui recueille les
eaux usées d’une ou plusieurs canalisations ;
– de pompes (généralement au moins deux, fonctionnant en alternance) afin de pré-
venir les pannes et de mener les opérations d’entretien sans que le service ne soit
interrompu ;
– d’un système de dégrillage pour protéger les pompes des particules solides
importantes.
Les postes de relevage peuvent être automatisés : le pompage est déclenché auto-
matiquement lorsque l’eau contenue dans la bâche atteint un niveau prédéfini.
Un réseau unitaire est également équipé d’avaloirs pour collecter les eaux pluviales qui
ruissellent sur la voirie, ainsi que de déversoirs d’orage pour assurer l’évacuation des
pics d’eaux pluviales vers le milieu naturel.
6
Monvois J. et al., 2010, p. 107.
497
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
Tracé
Le réseau est construit sur le domaine public, le plus souvent sous les routes. Lorsqu’il
est implanté sous le réseau routier, il doit l’être assez profondément pour ne pas être
endommagé par le passage répété des véhicules.
CHAPITRE 8B
FIGURE N° 1
Implantation d’un réseau conventionnel
Source : Tilley E. et al., 2016, p. 94
498
Caractéristiques générales7
TABLEAU N° 3
Avantages et inconvénients du réseau conventionnel
Source : d’après Monvois J. et al., 2010, p. 107
Avantages Inconvénients
É TUDE DE C AS
Les réseaux d’égouts à faible diamètre sont aussi appelés mini-égouts, égouts condomi-
niaux, réseaux décentralisés, égouts simplifiés, égouts décantés, égouts alternatifs ou
encore assainissement semi-collectif.
7
Monvois J. et al., 2010, p. 106.
499
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
Caractéristiques techniques
Tracé
Le tracé d’un mini-égout est moins contraint par la voirie que celui d’un réseau conven-
tionnel. L’objectif est d’avoir un réseau aussi court et rectiligne que possible, et il existe
plusieurs options pour ce faire, le réseau pouvant se trouver sur le domaine privé ou
CHAPITRE 8B
8
Ily J.-M. et al., 2014.
9
Ily J.-M. et al., 2014.
500
FIGURE N° 2
Schémas de tracés de mini-égouts
Source : d’après Melo J.C., 2007, p. 19 et 22 (© Creative Commons CC-BY)
Caractéristiques générales
La faisabilité d’un mini-égout est contraignante et sa gestion est encore plus exigeante
que ne l’est sa conception. Les retours d’expériences montrent que les aspects de ges-
tion du réseau sont la clé de voûte du bon fonctionnement du service10. Cette gestion
doit être réfléchie dès les premières étapes de mise en place du service afin d’être
pérenne et adaptée au contexte.
TABLEAU N° 4
Avantages et inconvénients du mini-égout
Avantages Inconvénients
Toutes les informations sur la mise en place des mini-égouts, du diagnostic à la gestion,
sont explicitées de manière claire et détaillée dans le guide Service d’assainissement par
mini-égout (Ily J.-M. et al., 2014).
10
ILY J.-M. et al., 2013.
501
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
TABLEAU N° 5
Comparaison des caractéristiques techniques du réseau d’égouts
conventionnel avec les mini-égouts
Source : d’après Ily J.-M., 2013, p. 16
Réseau d’égouts
Mini-égout décanté Mini-égout simplifié
conventionnel
Diamètre des canalisations Un réseau de mini-égout ne dispose pas Jusqu’à 600 mm pour
du réseau primaire (réseau situé de réseau primaire mais peut être connecté un réseau séparatif.
le long des routes principales) à un égout conventionnel. Plusieurs mètres pour
un réseau unitaire.
L’entretien consiste à curer les réseaux, à extraire les boues et à éliminer les déchets. Il
requiert une bonne organisation ainsi qu’une planification. Il peut être réalisé de deux
façons :
• à titre préventif, solution la plus efficace d’un point de vue économique en ce qui
concerne le fonctionnement du réseau. L’entretien est réalisé de manière systéma-
tique et régulière ;
• de manière curative, moins efficace. Les interventions sont réalisées sur les zones de
dysfonctionnement.
Ces deux types d’entretien sont le plus souvent combinés. Le curage annuel ou bisan-
nuel du réseau est indispensable pour maintenir le bon écoulement des eaux usées, et
ce, même si le réseau est protégé avec des grilles et des bacs dégraisseurs afin de limi-
ter les risques.
Pour le détail des tâches de gestion technique d’un réseau d’égouts, consulter les
pages 93 à 102 du guide Service d’assainissement par mini-égout (Ily J.-M. et al., 2014).
11
Satin M. et al., 2006.
503
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
Dans le cas de l’assainissement non collectif, les eaux usées et excreta sont, dans un
premier temps, stockés dans une fosse près des toilettes pour être vidangés et trans-
portés vers une station de traitement. Ce paragraphe présente les différentes caté-
gories de vidange, le déroulement global d’une vidange hygiénique (avec mention
des équipements de protection nécessaires et des règles de sécurité et d’hygiène à
respecter), les technologies de vidange et de transport des boues et enfin, les acteurs
d’un service de vidange.
Une vidange manuelle est réalisée lorsque l’on n’a pas de pompe motorisée. Elle peut
tout à fait être hygiénique si les vidangeurs possèdent un équipement de protection
adéquat, s’ils n’ont aucun contact avec les boues et assurent un nettoyage final du site
d’intervention.
CHAPITRE 8B
RÉSEAU PROJECTION
TABLEAU N° 6
Avantages et inconvénients du pompage manuel
Avantages Inconvénients
Faible coût du service : les coûts comprennent le salaire La vidange dure longtemps, en particulier
du vidangeur et l’amortissement du matériel. lorsque l’on utilise des bidons ou des fûts, qu’il
S’appuie sur l’existant : des vidangeurs manuels sont faut changer une fois pleins et charger sur la
souvent déjà présents dans la commune. charrette.
Construction possible au niveau local : le Gulper est simple Le transport manuel (charrette) prend du temps
à construire (matériaux présents localement). et ne permet généralement pas de couvrir de
grandes distances.
Aucun besoin d’énergie électrique, le pompage étant
manuel. Pénibilité du travail.
Faible niveau de qualification requis : la pompe est simple
d’utilisation et la formation à la vidange hygiénique est
courte.
La vidange manuelle permet d’effectuer des vidanges dans
des zones non couvertes par un réseau et non accessibles
par camion (ruelles étroites ou escarpées, escaliers, etc.).
505
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
ÉTUDE DE CAS
Les photos ci-dessous ont été prises lors de vidanges réalisées à Madagascar. Les
vidangeurs portent une tenue (combinaison, gants, masque et bottes) qui les pro-
tège de toute contamination. La pompe Gulper transvase les boues de la fosse
dans des bidons.
La vidange mécanique peut être réalisée avec deux dispositifs : une motopompe ou un
camion de vidange.
CHAPITRE 8B
Motopompe et citerne
La motopompe est associée à une citerne, qui peut être posée sur une charrette ou un
engin motorisé. La citerne est étanche et équipée à son sommet d’une trappe de rem-
plissage et à sa base d’une vanne de vidange. Son volume dépend de la capacité de trac-
tion disponible. La traction peut être motorisée ou animale.
Une motopompe a une durée de vie comprise entre 2 et 10 ans et présente peu de
risques sanitaires. Les investissements sont compris entre 1 000 et 2 000 € pour la
pompe et la charrette citerne. Les coûts annuels d’exploitation sont compris entre
150 et 1 000 €. La conception et l’utilisation d’une motopompe associée à une citerne
requièrent peu de compétences techniques.
506
Une alternative à la motopompe est le Vacutug, une pompe à vide fonctionnant grâce
à un moteur et reliée à un réservoir de 0,5 m3. Ce système a toutefois eu peu de suc-
cès, notamment en raison de sa complexité de fabrication et de son coût plus élevé que
celui d’une motopompe.
Camion de vidange
Les camions de pompage sont équipés d’une citerne, d’une pompe et d’un dispositif
d’hydrocurage. Ce dernier injecte un puissant jet d’eau dans les boues présentes dans
une fosse afin de les mélanger et d’en faciliter le pompage. La pompe fonctionne sous
vide et sa puissance d’aspiration conditionne la profondeur de pompage, qui ne dépas-
sera pas les deux ou trois mètres.
Camion de vidange.
Un camion de vidange a une durée de vie comprise entre 10 et 20 ans12 et présente peu
de risques sanitaires. Les investissements sont élevés, de 10 000 à 50 000 € par camion.
Les coûts annuels d’exploitation sont compris entre 1 000 et 10 000 € par camion.
L’exploitation d’un camion requiert des compétences moyennes.
Un camion de pompage tel que celui décrit ci-dessus est un équipement très technique
qui ne peut être acheté que dans des magasins spécialisés. La plupart sont toutefois
fabriqués en Europe ou en Amérique du Nord et sont revendus d’occasion dans les pays
en développement. Ils nécessitent plus d’entretien que des camions neufs et il est diffi-
cile de trouver des pièces de rechange ou un mécanicien capable de les réparer.
Le tableau suivant présente les atouts et contraintes d’une vidange mécanique par
camion.
12
Il s’agit généralement de camions de seconde main. Un camion neuf peut avoir une durée de vie supérieure.
507
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
TABLEAU N° 7
Avantages et inconvénients d’une vidange mécanique
Avantages Inconvénients
Il faut examiner avec précision plusieurs critères avant de choisir d’acheter un camion
de vidange : coûts d’investissement et de fonctionnement, accessibilité des fosses pour
un camion (largeur des rues), disponibilité de pièces de rechange pour les équipements
techniques tels que les hydrocureuses ou les pompes à vide, existence d’un marché de
vidange, etc.
ÉTUDE DE CAS
Idéalement, on utilisera pour la vidange mécanique une pompe à eaux usées (pompe
à vide). Cependant, ces pompes sont chères et ne sont pas toujours disponibles loca-
lement. Les vidangeurs utilisent souvent par défaut des pompes hydrauliques, ce qui
pose des problèmes en termes de durabilité du service. En effet, ces pompes ne sont
pas prévues pour aspirer des eaux usées et peuvent être rapidement endommagées
par les solides qui y sont contenus. Par ailleurs, elles ne peuvent pas aspirer les boues
trop denses : leur remplacement fréquent devient inévitable, ce qui interrompt le ser-
vice et fait peser des coûts supplémentaires sur celui-ci. Le service de vidange de la ville
de Rosso (Mauritanie) a ainsi changé au moins trois fois de pompe hydraulique en deux
ans.
ÉTUDE DE C AS
Source : Rochery f., Gabert j., La filière de gestion des boues de vidange : de l’analyse
aux actions – Actes de l’atelier d’échanges du 1er mars 2012, Gret, juin 2012, p. 20-21.
509
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
Pour choisir la technologie de vidange la plus adaptée à son contexte, nous recomman-
dons la lecture du guide Choisir des solutions techniques adaptées pour l’assainissement
liquide (Monvois J. et al., 2010), et en particulier les pages 30 à 53.
Ouverture de la fosse
CHAPITRE 8B
FIGURE N° 3
Les étapes d’une vidange de fosse
Les différentes étapes et opérations d’une vidange de fosse sont détaillées dans la
fiche n° 19.
510
Lorsque la vidange n’est pas motorisée, les boues sont généralement déplacées par
charrette. Parce que celle-ci se meut grâce à la traction humaine ou animale, les
volumes transportables sont limités, ce qui peut contraindre à faire plusieurs allers-
retours entre la fosse et la station de traitement. De plus, si la distance entre la fosse
à vidanger et la station est trop grande, le transport manuel va s’avérer être trop long,
fatigant et contraignant.
Un transport non motorisé ne peut s’envisager que lorsque la station de traitement est
décentralisée et localisée dans le quartier d’intervention. On peut aussi proposer un
système mixte : transport manuel (diable ou charrette) dans les ruelles étroites et trans-
port motorisé sur les voies carrossables.
TABLEAU N° 8
Distances maximales par type de transport, établies
sur la base de situations concrètes
Camion de vidange 10 km
La voie d’accès au site doit être praticable en toute saison et sans montée excessive,
surtout en cas de transport manuel. En effet, il est décourageant de devoir pousser une
lourde charrette jusqu’au sommet d’une colline ou sur une route de sable non aména-
gée. Dans le cas d’un transport motorisé, les camions doivent avoir suffisamment de
place pour manœuvrer. De même, la station de traitement doit être pensée de manière
à faciliter le déversement des boues (éviter d’avoir à transporter des bidons sur de lon-
gues distances ou d’avoir à monter des escaliers).
511
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
Dépotage des boues par des camions de vidange dans la station de traitement de Port-au-Prince (Haïti).
Ces aspects devront être pris en compte lors de la conception de la station de traite-
ment. Les maillons d’évacuation et de traitement sont étroitement liés et le service doit
être réfléchi de façon à faciliter leur interaction.
POINTS À RETENIR
Les technologies d’évacuation des eaux usées et excreta sont :
P O U R AL L E R P L U S L OIN
Ily J.-M., Le Jallé C., Gabert J., Désille D., Service d’assainissement par mini-égout : dans
quels contextes choisir cette option, comment la mettre en œuvre ? Paris, pS-Eau, 2014,
Guide méthodologique n° 7.
Monvois J., Gabert J., Frenoux C., Guillaume M., Choisir des solutions techniques adaptées
pour l’assainissement liquide, pS-Eau/PDM, 2010, Guide méthodologique n° 4.
Practica Foundation, Vidange hygiénique alternative – Manuel de formation technique :
vidange hygiénique à faible coût, Practica Foundation, USAID/WASHplus, 2013.
Satin M., Selmi B., Guide technique de l’assainissement, 3e éd., Paris, Éditions Le Moniteur,
2006.
Tilley E., Ulrich L., Lüthi C., Reymond P., Schertenleib R., Zurbrügg C., Compendium des
systèmes et technologies d’assainissement, 2nd éd. actualisée, Dübendorf, Eawag, 2016.
F IC H E S À C O N S ULT E R
CHAPITRE 8C
Technologies de traitement
des eaux usées
et des boues de vidange
OBJECTIFS DU CHAPITRE
• Connaître les grands principes du traitement des eaux usées et des boues
de vidange pour réduire la pollution physico-chimique et bactériologique.
• Avoir des notions de caractérisation physico-chimique des eaux usées et
des boues de vidange.
• Connaître les différentes catégories de traitement.
• Dresser la liste des technologies de traitement disponibles. CHAPITRE 8C
514
Une station de traitement devra réduire ces trois types de pollutions grâce aux proces-
sus décrits dans la suite de ce chapitre.
Le second objectif du traitement des eaux usées et des boues de vidange est de valoriser,
par leur réutilisation, les produits qui en sont issus (biogaz, compost, etc.) dans l’optique
de limiter, en diminuant la quantité de déchets finaux, les effets sur l’environnement2.
1
Savary P., 2011.
2
Attention : dans la plupart des cas, cette valorisation, qui est souhaitable d’un point de vue environne-
mental, nécessite des compétences supplémentaires et augmente les coûts. Elle n’est donc pas une
solution de financement « miracle » pour la filière d’assainissement mais peut générer un co-financement
partiel du traitement.
515
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
Afin d’effectuer ces analyses, il faut prévoir un budget spécifique, que ce soit lors du
dimensionnement d’une station ou pour son fonctionnement (suivi).
d’égouts.
Il existe déjà une littérature abondante sur les caractéristiques des eaux usées en sor-
tie de réseau collectif avant traitement, et une littérature semblable se développe pour
les boues de vidange. Des données chiffrées issues de la littérature sont présentées
dans la fiche n° 21, dans laquelle se trouvent des références bibliographiques précises.
Par ailleurs, les caractéristiques des intrants varient en fonction de leur provenance
(domestique ou industrielle).
3
Unité de mesure fondée sur la pollution émise par une personne par jour. Cette unité permet d’évaluer la
capacité d’une station de traitement. 1 EH = 60 g de DBO5/jour.
516
Le tableau n° 1 présente les paramètres pouvant être analysés pour caractériser les
eaux usées et les boues de vidange. Il est inutile de réaliser systématiquement toutes
ces analyses car les paramètres à analyser dépendent du type de technologie de traite-
ment4 ou encore de la réglementation nationale, comme le montre l’exemple des biodi-
gesteurs à Madagascar p. 518.
TABLEAU N° 1
Paramètres d’analyse des eaux usées et boues de vidange
Siccité Pourcentage de matière solide totale. La siccité permet d’évaluer les quantités
Elle est parfois donnée par son opposé, de solides à traiter. Il s’agit d’un paramètre
le taux d’humidité. La siccité peut être de dimensionnement.
convertie en concentration de matière
sèche (MS) en la multipliant par la
densité.
Matière Pourcentage de matière organique solide, La matière volatile informe sur le potentiel
volatile le plus souvent exprimé en pourcentage de dégradation de la matière organique. Plus
de la siccité. les boues sont digérées, plus le taux
de matière volatile est bas.
4
Pour la conception et le dimensionnement de stations de traitement, des ouvrages tels que Sasse L.,
1998 et Strande L., 2014 (référencés dans le tableau n° 6 p. 532) renseignent sur les analyses à réaliser.
517
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
Azote total Quantités d’azote (N) sous toutes ses L’azote et le phosphate sont des nutriments
formes : azote réduit ou Kjeldahl (N-NH4+ utiles pour la fertilisation. Ils contribuent
et N-organique) et azote oxydé (N-NO2 toutefois à l’eutrophie (ou asphyxie) du milieu
et N-NO3). naturel lorsqu’ils sont rejetés en trop grandes
Le plus souvent, seul l’azote Kjeldahl quantités. On cherchera à les éliminer dans
est mesuré car l’azote oxydé est proche les eaux traitées et éventuellement à les
de zéro en sortie de traitement. récupérer pour réutilisation.
L’azote est par ailleurs un composant
Phosphate Quantité d’ions phosphate. essentiel des bactéries anaérobies (utilisées
(PO3-) dans certains types de traitement). Dans
ce cas, il doit être mesuré afin d’assurer un
traitement optimal.
Acides gras Acides gras à chaîne carbonée courte. Les acides gras volatiles sont des inhibiteurs
volatiles des réactions anaérobies. Ils sont également
le produit des réactions anaérobies.
Métaux lourds Aussi appelés Les métaux lourds sont des polluants
« éléments traces métalliques » (ETM). présents dans certaines boues. Les boues
contenant des métaux lourds ne peuvent pas
être utilisées comme fertilisant afin de ne pas
introduire ceux-ci dans la chaîne alimentaire.
Coliformes Bactéries vivant dans les intestins Ce sont des marqueurs de l’hygiène des
totaux d’animaux à sang chaud (dont l’homme). eaux : leur présence est le signe d’une
pollution fécale et donc d’un risque de
transmission de maladies.
Coliformes Sous-groupes des coliformes totaux. Leur Ce sont des marqueurs caractéristiques
fécaux représentant principal est Escherichia des matières fécales.
Coli (E. Coli).
CHAPITRE 8C
Streptocoques Autres bactéries vivant dans les intestins Ils résistent plus longtemps que les
fécaux d’animaux à sang chaud (dont l’homme). coliformes dans le milieu naturel et servent
de traceurs à plus long terme d’une possible
pollution fécale.
5
Metcalf & Eddy et al., 2003.
518
ÉTUDE DE C AS
3. Techniques d’analyse
Il est préférable que les analyses d’eaux usées et de boues soient réalisées par un labo-
ratoire expérimenté. Dans certaines zones ou certains pays, il peut toutefois être com-
pliqué de trouver un laboratoire suffisamment proche de la station de traitement pour
que les échantillons soient analysés rapidement, ou tout simplement un laboratoire qui
accepte de travailler sur des eaux usées ou des boues de vidange.
ÉTUDE DE C AS
Des procédures administratives spécifiques doivent parfois être mises en œuvre pour
la conception et la construction des ouvrages, comme les études d’impact environne-
mental qui, bien que longues à réaliser, sont utiles pour anticiper tout risque sanitaire,
environnemental et social lié à l’implantation d’une station de traitement.
Une fois les objectifs généraux du traitement et le cadre réglementaire assimilés, il faut
étudier les contraintes et enjeux de la conception d’une station de traitement, depuis
le choix du site jusqu’à celui de la technologie. Ces aspects sont détaillés dans les deux
paragraphes suivants.
Une station de traitement a besoin d’espace. Or, dans des contextes de forte densité de
population et d’occupation des sols élevée, trouver un emplacement disponible pour
sa construction peut s’avérer difficile. L’utilisation d’un terrain, public ou privé, pour
la construction d’une station nécessite d’effectuer des démarches foncières générale-
ment longues et complexes, qu’il convient d’anticiper dès le début des études tech-
niques préalables.
Afin de réduire les coûts d’évacuation et de faciliter cette dernière, une station de trai-
tement doit être située de manière à réduire autant que possible la distance entre les
lieux de production des eaux usées et des boues de vidange et l’endroit où elles sont
traitées. Dans le cas de l’assainissement non collectif, le site doit également être facile
d’accès (voirie en bon état) afin que les vidangeurs ne soient pas découragés par des
conditions de dépotage difficiles et qu’ils transportent effectivement les boues jusqu’à
la station.
Plus le traitement est technique, plus la station est sophistiquée et plus les compé-
tences requises pour sa gestion sont élevées. Par ailleurs, même un traitement simple
nécessite des compétences avancées sur le sujet, et la station devra être adaptée au
6
Sur cette approche, voir le tableau n° 5.
522
L’assainissement est souvent un sujet sensible et, du fait des croyances ou d’une repré-
sentation négative, en particulier à cause des problèmes d’odeurs, les populations
peuvent s’opposer à l’implantation d’une station de traitement. Si elles peuvent s’accor-
der sur le besoin de traiter les eaux usées, personne en revanche ne veut d’une station
à côté de sa maison (on parle du syndrome NIMBY, Not In My Back Yard, « Pas dans mon
jardin »). Obtenir l’acceptation de la population impose une concertation préalable, une
communication efficace ainsi qu’une conception technique qui réduise les nuisances
olfactives et visuelles, par exemple avec une intégration paysagère.
ÉTUDE DE C AS
Lors de l’étude de faisabilité réalisée pour la mise en place d’une station de traite-
ment à Foulpointe (Madagascar), l’accès au terrain d’implantation potentiel était
l’un des critères prédominant pour le choix du site. Ainsi, l’un des terrains dispo-
nibles pour un traitement extensif a été éliminé car trop éloigné de la commune
pour qu’il soit possible d’y apporter les boues de vidange avec un système de
charrettes à traction humaine.
De même, à Tanjombato (Madagascar), un terrain identifié par la commune pour
accueillir la station de traitement était adapté à tous points de vue, sauf en ce qui
concernait son accessibilité : il a dû être éliminé des sites potentiels car les ruelles
d’accès étant très étroites et parcourues d’escaliers, aucune voie d’accès n’était
aménageable, ce qui rendait le transport des boues de vidange impossible.
523
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
De manière simplifiée, une station de traitement peut être représentée comme une
« boîte noire » influencée par ces trois types de paramètres, comme illustré dans le
schéma suivant.
Contraintes
(exemple : accessibilité du site)
Eaux traitées
Eaux usées TRAITEMENT Produits de réutilisation
Boues de vidange
Déchets ultimes
Contraintes
(exemple : acceptation de la station)
FIGURE N° 1
La « boîte noire » d’une station de traitement
Source : d’après Savary P., 2011
CHAPITRE 8C
Le tableau page suivante détaille les contraintes externes ayant des répercussions sur
le choix et la conception des technologies de traitement.
524
TABLEAU N° 2
Contraintes externes influençant le choix et la conception des technologies
de traitement
Types de
Contraintes
contraintes
Urbanisme Taille de la localité et population (actuelle et projetée) desservie par le service d’évacuation.
Distance entre les habitations et la station de traitement.
Finance Coût d’investissement : les investissements pour la construction d’une station de traitement
sont généralement importants.
Coût d’exploitation : en fonction du type de traitement choisi, les charges de fonctionnement
sont plus ou moins importantes (selon que le système de traitement consomme ou non de
l’énergie par exemple).
Le financement de l’exploitation du maillon « traitement » est généralement un vrai défi.
Les investisseurs privés s’y intéressent peu et il est donc souvent financé par les pouvoirs
publics. La volonté à payer des ménages pour le traitement est également faible, ces derniers
considérant qu’il n’est pas de leur responsabilité de payer pour quelque chose qui ne les
concerne pas directement. Ce sujet est abordé de manière plus approfondie dans le chapitre 9D.
Géographie Climat : la température et l’humidité jouent un rôle clé dans la nature et l’efficacité du
traitement, et doivent être pris en compte pour le choix et le dimensionnement des stations.
De plus si, à certaines périodes de l’année, le climat local est très pluvieux, il existe un risque
de lessivage du dispositif de traitement.
Hydrogéologie : risque d’inondation, de pollution des nappes phréatiques, etc.
Existence et localisation d’exutoires naturels (pour le rejet des eaux traitées).
Gênes et Gêne olfactive : les odeurs sont, pour les populations voisines, la première gêne associée
perceptions à une station de traitement.
Gêne visuelle : un aménagement paysager peut diminuer cette gêne.
Multiplication des insectes : les bassins (lagunage par exemple) sont des zones potentielles
de développement des larves de mouches et de moustiques.
Perception sociale négative du traitement par les populations.
Services et Nature du service d’évacuation : selon que l’évacuation se fait par vidange ou par le biais d’un
compétences réseau d’égouts, la fréquence d’alimentation de la station et le type d’intrants seront différents.
disponibles Compétences nécessaires pour la conception : la conception d’une station de traitement
requiert toujours des compétences avancées, qu’il faut pouvoir mobiliser (budget à prévoir).
Compétences d’exploitation et de maintenance : le traitement peut être plus ou moins
sophistiqué, ce qui représente des contraintes en termes d’exploitation. En fonction du degré de
sophistication de la station, les compétences techniques requises ne seront pas les mêmes. Ces
dernières ne sont d’ailleurs pas uniquement techniques, mais touchent également au domaine
financier et à celui de la gestion.
Existence de filières de réutilisation des produits de traitement (filière agricole pour l’utilisation
du compost par exemple) : si ces filières sont présentes ou qu’il est possible de les créer, la
réutilisation peut être envisagée.
525
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
ÉTUDE DE CAS
CHAPITRE 8C
7
Sasse L., 1998, p. 14.
526
TABLEAU N° 3
Comparaison des approches centralisée et décentralisée
Parfois, les eaux usées et boues de vidange sont directement déversées dans le milieu
naturel. C’est le cas des eaux usées de certaines villes côtières qui sont rejetées dans
l’océan à plusieurs kilomètres de la côte (émissaire en mer). Ce rejet en milieu natu-
rel doit être considéré comme une solution intermédiaire, en l’attente d’un véritable
traitement.
527
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
TABLEAU N° 4
Étapes du traitement
Chaque étape du traitement produit des boues (par dépôt au fond des réacteurs) qui
doivent être régulièrement vidangées afin que la station de traitement continue à être
bien entretenue. Ces boues doivent être traitées, soit en étant réinjectées dans la chaîne
de traitement principal, soit par des technologies complémentaires.
Fraction solide
Agriculture
Lit de séchage solaire
Traitement de la fraction solide
Lit de séchage planté
Compostage
Bassin d’épaississement
Lit de séchage solaire
CHAPITRE 8C
Filtre planté
Traitement de la fraction liquide
Digestion anaérobie (réacteur à biogaz, filtre anaérobie, etc.)
Lagunage
Culture fixée Lit de séchage planté
Filtre anaérobie
Boues activées Culture fixée
Fraction liquide
Eaux de surface
FIGURE N° 2
Production de phases solide et liquide par les technologies de traitement
Source : d’après Klingel F. et al., 2005, p. 46
528
ÉTUDE DE C AS
Le schéma ci-dessous présente les étapes du traitement des eaux usées effectué
par une station construite à Trapeang Sab (Cambodge). Un dégrilleur se situe en
amont de la station pour effectuer un prétraitement. Le décanteur opère un trai-
tement primaire. Le réacteur anaérobie à chicanes et le filtre anaérobie réalisent
le traitement secondaire.
FIGURE N° 3
Station de traitement implantée à Trapeang Sab (Cambodge)
Source : Gret/BORDA.
TABLEAU N° 5
Synthèse des systèmes de traitement
Traitement intensif
Traitement extensif
Anaérobie Aérobie
CHAPITRE 8C
Réacteur anaérobie à chicanes en construction au Cambodge. Station de traitement par réacteurs anaérobies à biogaz
à Madagascar.
530
Fosse préparée pour recevoir des boues de vidange dans un site Mise en place d’un massif filtrant dans un filtre
d’enfouissement planté. anaérobie à Madagascar.
TABLEAU N° 6
Tableau de synthèse des technologies de traitement et références
bibliographiques
ÉTUDE DE CAS
L’enfouissement planté consiste à déverser les boues de vidange dans des fosses
qui sont ensuite rebouchées avec de la terre et sur lesquelles sont plantés des
arbres fruitiers. En s’infiltrant dans le sol, les eaux issues des boues s’assèchent et
sont rendues inoffensives (les agents pathogènes meurent avec l’assèchement).
Ces boues asséchées représentent un bon amendement pour le sol et favorisent
le développement rapide des arbres qui y sont plantés, permettant d’obtenir à
terme un verger. Avec des arbres dont les fruits sont en hauteur (contrairement à
un potager), le risque de contamination sanitaire est nul.
Cette solution ne peut toutefois être mise en œuvre que dans des conditions favo-
rables : sol adapté à l’infiltration des eaux usées, absence de nappe phréatique à
faible profondeur, etc. De plus, des mesures doivent être prises pour éviter que
les riverains ne soient en contact avec les boues fraîches : clôtures, respect des
délais de séchage des boues, etc.
FIGURE N° 4
Schéma d’un site d’enfouissement planté à Madagascar
CHAPITRE 8C
Quel que soit le type de station, le traitement des eaux usées et des boues fécales pro-
duit des boues et des effluents. Ces produits peuvent soit être utilisés directement, soit
subir un traitement complémentaire en vue d’une réutilisation. Les effluents liquides
traités peuvent être rejetés dans le milieu naturel et les solides mis en décharge.
Il est important de signaler que la valorisation des produits issus du traitement doit
faire l’objet d’études de marché pour confirmer sa viabilité financière. Il faut en effet
garder à l’esprit que les revenus issus de cette valorisation sont généralement limités.
Ils représentent une source de financement complémentaire de la station de traite-
ment plutôt qu’une source de recettes « miracle » qui financerait l’ensemble du service,
comme le montrent les exemples ci-dessous.
535
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
ÉTUDE DE CAS
Les boues et effluents issus du traitement des eaux usées peuvent subir des traite-
ments complémentaires pour pouvoir être réutilisés en toute sécurité (et ainsi éviter
par exemple la contamination alimentaire). Le traitement est alors plus poussé que
lorsque les boues et effluents sont mis en décharge ou rejetés dans le milieu naturel.
Les boues et effluents traités peuvent être utilisés pour l’irrigation ou comme fertili-
sants agricoles, ou encore pour produire du biogaz.
536
Les boues peuvent être compostées afin de produire du fertilisant pour l’agriculture8.
Pour cela, ces dernières, humides et riches en azote, sont mélangées avec des déchets
organiques (riches en carbone) afin d’être dégradées de manière aérobie et aboutir à
un compost riche en nutriments et utilisable en agriculture.
FIGURE N° 5
Co-compostage
Source : Tilley E. et al., 2016, p. 132
Si l’urine est collectée séparément lors de l’utilisation des toilettes (toilettes Ecosan), elle
peut être utilisée comme fertilisant (après un à six mois de stockage pour éliminer les
agents pathogènes)9.
Biogaz
8
Il peut toutefois arriver que certaines populations refusent l’utilisation de fertilisant produit à partir des
boues fécales, car elles le considèrent comme impropre. Ce blocage est à prendre en compte dans les
études de marché.
9
Tilley E. et al., 2016, p. 129.
537
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
Irrigation
Les effluents liquides peuvent être utilisés pour l’irrigation. Ils permettront d’économi-
ser l’eau, à condition de vérifier régulièrement le niveau des agents pathogènes pré-
sents dans ces eaux traitées afin de ne pas contaminer les ressources alimentaires.
Pour limiter les risques, il est préférable de ne pas les mettre en contact direct avec les
fruits et légumes. Il convient de les utiliser plutôt pour l’irrigation des vergers que pour
les potagers.
FIGURE N° 6
Irrigation avec des eaux usées traitées
Source : Tilley E. et al., 2016, p. 150
Aquaculture
Les effluents peuvent alimenter des bassins d’aquaculture, où ils fournissent des nutri-
ments aux poissons.
CHAPITRE 8C
1.2 Commercialisation
Les produits de traitement peuvent être directement utilisés dans la station de traite-
ment (utilisation du biogaz pour l’éclairage ou la cuisine des employés de la station par
exemple). Lorsque ce n’est pas le cas, ils peuvent être vendus à des clients extérieurs.
La commercialisation d’un produit requiert de mettre en œuvre une démarche com-
plète de marketing : étude du marché potentiel, définition du positionnement du pro-
duit, élaboration et mise en œuvre du « mix marketing », etc. Cette démarche est décrite
dans le chapitre 7C.
La phase liquide traitée (effluents) peut être infiltrée dans le sol par le biais d’un puisard
ou d’un lit d’infiltration. Elle peut également être rejetée dans un cours d’eau. Dans les
deux cas, l’effet « filtre » du sol et la dilution dans le milieu naturel assurent l’épuration
finale de l’effluent. Ces solutions sont présentées dans les figures ci-dessous.
FIGURE N° 7
Lit d’infiltration
Source : Tilley E. et al., 2016, p. 154
539
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
FIGURE N° 8
Recharge des nappes phréatiques
Source : Tilley E. et al., 2016, p. 160
La phase solide (boues) peut être épandue sur des parcelles non cultivées (forêts par
exemple), mise en décharge ou incinérée. Le choix dépend des possibilités locales et de
la réglementation en vigueur.
FIGURE N° 9
Épandage des boues
Source : Tilley E. et al., 2016, p. 148
CHAPITRE 8C
FIGURE N° 10
Mise en décharge des boues
Source : Tilley E. et al., 2016, p. 162
540
POINTS À RETENIR
• L’objectif premier du traitement des eaux usées et des boues de vidange est de
réduire, avant rejet dans la nature, la pollution sanitaire et environnementale.
P O U R AL L E R P L U S L OIN
Metcalf & Eddy, Tchobanoglous G., Burton F.L., Stensel H.D., Wastewater engineering:
treatment and reuse, 4th ed., Boston, McGraw-Hill Education, 2003.
Monvois J., Gabert J., Frenoux C., Guillaume M., Choisir des solutions techniques adaptées
pour l’assainissement liquide, pS-Eau/PDM, 2010, Guide méthodologique n° 4.
Sasse L., DEWATS – Systèmes décentralisés de traitement des eaux usées dans les pays en voie
de développement, Brême, BORDA, 1998.
Strande L., Ronteltap M., Brdjanovic D. (eds), Faecal Sludge Management: Systems Approach
for Implementation and Operation, London, IWA Publishing, 2014.
Tilley E., Ulrich L., Lüthi C., Reymond P., Schertenleib R., Zurbrügg C., Compendium des
systèmes et technologies d’assainissement, 2nd éd. actualisée, Dübendorf, Eawag, 2016.
FIC H E S À C O N S ULT E R
CHAPITRE 8D
OBJECTIFS DU CHAPITRE
CHAPITRE 8D
542
Construction
FIGURE N° 1
Schéma de synthèse de conception, de construction et de gestion
d’un bloc sanitaire collectif
543
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
Dans certains contextes, payer pour utiliser les blocs sanitaires est bien perçu alors
qu’ailleurs, lorsque le paiement n’est pas intuitif, des stratégies commerciales doivent
être conçues pour susciter l’intérêt des populations concernées.
Les blocs sanitaires ne doivent pas être confondus avec les toilettes privées par-
tagées, qui restent la propriété d’une ou de plusieurs personnes et sur lesquelles
la collectivité n’a aucun droit d’interférence en matière de gestion, du moins tant
que les règles d’assainissement du territoire sont respectées (voir le chapitre 3C
sur le zonage). Les toilettes partagées ne sont pas un service public d’assainisse-
ment et ne seront pas abordées dans le cadre de ce chapitre.
On distingue deux grands types d’usages pour un bloc sanitaire, en fonction de son
emplacement :
CHAPITRE 8D
ÉTUDE DE C AS
Les blocs sanitaires situés dans l’espace public sont accessibles à une large population
sans autre restriction que leur capacité à payer pour le service. Ces blocs sont à voca-
tion marchande et se divisent en deux types :
• les blocs sanitaires situés dans un lieu marchand, comme un marché ou une gare
routière. Les utilisateurs sont de passage pour des raisons économiques (achats au
marché, voyage) ;
• les blocs sanitaires situés dans un quartier résidentiel, dont les utilisateurs sont des
habitants du quartier n’ayant pas d’autres moyens d’accéder à l’assainissement. Ce
type de bloc est souvent installé dans des quartiers informels, ce qui soulève la ques-
tion de la rentabilité du service.
En fonction de l’emplacement du bloc et de l’usage qui en est fait, son mode de gestion
sanitaire varie. Cet aspect est traité au paragraphe IV.
GRET, EXPERIANS
Différents types de blocs sanitaires. Toilettes scolaires (Madagascar), bloc sanitaire à proximité d’une gare routière (Niger),
toilettes publiques dans un quartier de New Delhi (Inde).
545
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
3. Conditions préalables
L’implantation d’un bloc sanitaire doit répondre à un besoin clairement identifié, au
risque que l’infrastructure ne soit rapidement abandonnée. Cette identification peut
avoir lieu lors d’un diagnostic de l’assainissement pour une planification locale (voir
chapitres 3A et 3B) ou lors d’un diagnostic spécifique à l’implantation d’un bloc sanitaire.
Le dernier prérequis est d’identifier une source de financement pour assurer la péren-
nité du service. Que le financement provienne directement de l’usager ou d’autres
sources, il est essentiel d’atteindre l’équilibre financier afin d’assurer un service
en continu et de qualité. La gestion financière d’un bloc sanitaire est détaillée au
paragraphe IV.3.
1
Bleilla M. et al., 2016.
546
La première contrainte est de nature foncière. En milieu urbain, la pression foncière est
souvent forte et il est impératif de l’anticiper. Pour les blocs sanitaires institutionnels,
l’espace nécessaire est généralement disponible dans l’enceinte de l’institution, mais
ce n’est pas une règle absolue. La question est plus complexe pour les blocs à vocation
marchande. Non seulement l’espace est rare, mais la présence d’un bloc sanitaire sur
un terrain libre n’est pas toujours acceptée par les populations riveraines, ce qui peut
parfois contraindre à changer de lieu2.
ÉTUDE DE C AS
Source : GRET, Pakosan, Projet d’amélioration des conditions sanitaires des quartiers
populaires de Port-au-Prince, Haïti – Rapport d’activités, Gret, 2012, p. 6.
La deuxième contrainte est l’accessibilité du bloc sanitaire. Si celui-ci est trop éloigné
de l’institution à laquelle il est rattaché ou des centres d’activité, il ne sera pas utilisé. En
effet, personne ne marchera un kilomètre pour accéder à un service payant alors qu’il y
a un peu partout des arbres à usage illimité et gratuit !
2
GRET, Pakosan, 2012, p. 6.
547
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
1. Enjeux de la conception
Une bonne conception facilite par la suite une gestion correcte3. Le principal objectif est
de proposer un bloc qui soit fonctionnel, pratique et solide.
Un bloc sanitaire offrant un service d’assainissement doit, comme tout service, répondre
aux attentes et besoins des usagers. Il faut donc réaliser une enquête sociologique pour
établir un diagnostic4. Il s’agit de prendre en compte les enjeux culturels, les tabous et
l’acceptabilité sociale de ce genre de service collectif public.
Quels que soient les enjeux sociaux, le confort est l’une des premières attentes garan-
tissant l’utilisation du bloc. Si l’usager doit fournir trop d’efforts pour utiliser le service, il
cessera tout simplement de s’y rendre.
ÉTUDE DE CAS
Source : Perrin O. et al., Des blocs sanitaires publics propres et rentables, c’est possible !, 2015.
3
Toubkiss J., 2010, p. 5.
4
Bleilla M. et al., 2016.
548
L’objectif de cette partie est de passer en revue les principes généraux de conception,
communs à tous les types de blocs sanitaires. Il s’agit de poser les bonnes questions
lors de la mise en place du service. Cette partie présente les principes de choix de tech-
nologie, de séparation des genres, de services complémentaires, d’éclairage, de dispo-
nibilité du service, de maintenance et d’aménagement extérieur, avant d’aborder les
données spécifiques pour la conception. Ces principes sont des préalables à une bonne
construction ainsi qu’à une bonne gestion5.
FIGURE N° 2
Plan d’un modèle de bloc sanitaire
Source : Guide national des latrines publiques de Mauritanie, ministère de l’Hydraulique
et de l’Assainissement, 2015
5
Toubkiss J., 2010.
549
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
Toilettes
Quelle que soit la technologie choisie, celle-ci doit être associée à un dispositif
de lavage des mains.
Urinoirs
La séparation des toilettes pour hommes de celles pour les femmes est une demande
qui revient chez la grande majorité des populations, quelle que soit la culture d’appar-
CHAPITRE 8D
tenance. Les toilettes peuvent se trouver dans le même bâtiment mais doivent être clai-
rement séparées par des entrées ou des couloirs d’accès différents. Le but est d’assurer
aux utilisateurs une certaine intimité, mais également la sécurité des femmes.
Les services complémentaires (vente d’eau potable, lavoirs, zone de lavage de véhi-
cules, etc.) associés aux blocs sanitaires répondent également à des principes généraux
de conception afin d’assurer la cohérence et la qualité de l’offre. Ils concernent généra-
lement les blocs sanitaires à vocation marchande, mais pas uniquement. Les attentes
des usagers vis-à-vis des services complémentaires sont identifiées lors du diagnostic.
550
Douches
Le service de douches est généralement très apprécié, aussi bien dans les quartiers
résidentiels que marchands. Les douches proposées peuvent être froides ou chaudes,
à condition que le bloc soit équipé d’un dispositif de chauffe-eau (si possible solaire afin
de limiter les coûts de fonctionnement). Si l’eau n’est pas chauffée alors que les tempé-
ratures extérieures sont froides, la fréquentation du bloc diminuera fortement en hiver.
ÉTUDE DE C AS
En Haïti, les blocs sanitaires proposant des douches facturent l’eau au volume
(seau de vingt litres). Le gestionnaire actionne une vanne qui assure le remplis-
sage par gravité d’un seau dans la cabine, et la distribution de l’eau est assurée
par le biais d’un pommeau. Si l’usager constate qu’il a besoin de plus d’eau, il le dit
au gestionnaire qui actionne alors une seconde fois la vanne : l’usager paiera la
différence en sortant de sa douche. Cette méthode permet de respecter un cer-
tain équilibre entre le prix de l’eau et le confort de l’usager.
En plus des dispositifs de lavage des mains, il peut être très apprécié de disposer de
bacs pour les ablutions, particulièrement auprès des populations musulmanes.
Vente d’eau
Lorsque le bloc sanitaire est connecté à un réseau d’eau potable, il est possible de pré-
voir un point de vente d’eau potable (comme une borne-fontaine) dont les tarifs sont
fixés en accord avec la législation en place. Pour que ce service soit réellement une
source de revenus complémentaires, il doit pouvoir fournir de l’eau potable sans inter-
ruption. Si les coupures d’eau sont fréquentes, il peut être pertinent de prévoir un réser-
voir de stockage pour prendre le relai en cas d’interruption du service.
551
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
Lavoirs
Les blocs sanitaires étant associés aux activités d’hygiène, il n’est pas rare d’y propo-
ser à la vente des produits comme du savon ou de la lessive. Cela est utile lorsque le
bloc possède des douches ou des lavoirs, car les clients peuvent se procurer sur place
les produits d’hygiène nécessaires à l’utilisation de ces services, dont l’accès est facilité.
Autres
Il n’y a pas de réelle limitation aux services complémentaires à proposer dans les blocs
sanitaires, sans toujours être en relation avec l’eau, l’hygiène et l’assainissement. Ainsi,
à Antananarivo, des blocs sanitaires comprenant un biodigesteur sont testés depuis
2013. La digestion anaérobie des excréments issus des toilettes du bloc produit du bio-
gaz permettant de chauffer de l’eau, ensuite revendue, ou encore de recharger les bat-
teries de téléphones portables.
2.4 Éclairage
En fonction des besoins, le bloc sanitaire peut être ouvert la nuit ou encore en début et
fin de journée, moments où la luminosité naturelle est très faible. C’est le cas d’un bloc
sanitaire public se situant à proximité d’une gare routière à Madagascar ou des latrines
construites dans les écoles avec internat. Un éclairage étant dès lors indispensable pour
assurer le confort et la sécurité des usagers, le bloc est raccordé au réseau électrique
ou équipé de panneaux solaires. Si l’ensoleillement est suffisant, cette dernière solu-
tion augmente les coûts d’investissement mais diminue les coûts de fonctionnement.
CHAPITRE 8D
La première obligation d’un service est d’être disponible de façon fiable. Pour un bloc
sanitaire, outre le respect des horaires d’ouverture définis en fonction des heures de
grande fréquentation, il faut conserver des toilettes propres et des lave-mains appro-
visionnés en eau et en savon. Il faut prévoir l’approvisionnement en eau de manière
continue et installer des réservoirs, utiles en cas de coupure d’eau. Dans certains cas, la
récupération des eaux de pluie peut être une solution alternative.
552
Pour assurer la disponibilité d’un service de qualité, il peut être nécessaire de protéger
les installations afin d’éviter les dégradations : clôture, gardien, etc. Les blocs institution-
nels risquent d’être dégradés ou utilisés par des personnes non autorisées. À l’inverse,
le fait de verrouiller les toilettes risque d’en restreindre l’usage : les enfants peuvent
avoir honte d’en demander la clé et, par conséquent, ne les utiliseront plus.
Enfin, le service doit être accessible quelle que soit la mobilité de l’usager. La concep-
tion inclut un accès spécifique pour les personnes âgées, les femmes enceintes et les
personnes à mobilité réduite. Il faut éviter les marches autant que possible. Cela est
particulièrement important dans les centres de santé, où il est probable que des usa-
gers aient des difficultés à se déplacer. En milieu scolaire, les ouvrages doivent être
adaptés à la taille et à la force des enfants.
2.6 Maintenance
L’entretien quotidien du bloc assure le confort des usagers ainsi qu’un service hygié-
nique. Pour le faciliter, le bloc peut être carrelé ou, lorsque ce n’est pas possible, ses
revêtements en béton au moins lissés. Un lieu spécifiquement dédié au stockage des
consommables et du matériel d’entretien favorise la bonne gestion du bloc.
L’eau doit pouvoir facilement s’écouler et être évacuée lors du lavage du bloc. Il est
indispensable de construire des rigoles ou une pente aboutissant à un système d’éva-
cuation des eaux.
Si le bloc n’est pas connecté à un réseau d’égouts, il doit être équipé d’une fosse qui sera
périodiquement vidangée. Le volume de la fosse sera calculé de manière à ne pas impo-
ser des vidanges trop rapprochées, ce qui représente de lourdes charges en termes de
maintenance, sans pour autant être trop grand, ce qui augmenterait significativement
le coût d’investissement initial.
Pour que la vidange soit simple et rapide, les fosses doivent être les plus accessibles
possibles.
Le bloc sanitaire doit être intégré dans son environnement6. S’il donne l’image d’un envi-
ronnement sain, il sera plus attractif pour les usagers. On peut par exemple choisir des
couleurs vives pour le rendre plus attractif.
En fonction des impératifs culturels, l’entrée du bloc peut être plus ou moins cachée par
une haie ou un muret.
6
Bleilla M. et al., 2016.
553
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
La construction du bloc peut être l’occasion d’aménager l’espace public autour du bâti-
ment, en particulier pour ceux à vocation marchande. En effet, comme toute structure
d’assainissement, il est possible que le bloc sanitaire soit associé à une image néga-
tive de saleté ou de mauvaises odeurs. L’aménagement extérieur peut alors faciliter
l’acceptation de l’infrastructure par les populations riveraines et les encourager à
l’utiliser.
ÉTUDE DE CAS
Dans le quartier Baillergeau, en Haïti, une place publique a été aménagée à côté
du bloc sanitaire destiné à l’usage des riverains. Cette place, associée à une com-
munication centrée sur le service de douche, a permis d’améliorer l’image du
quartier et du bloc sanitaire, facilitant ainsi son acceptation par la population. La
place publique est très utilisée comme lieu de rencontre et de discussion.
Source : GRET, Pakosan, Projet d’amélioration des conditions sanitaires des quartiers
populaires de Port-au-Prince, Haïti – Rapport d’activités, Gret, 2012, p. 6.
Toutes les lignes directrices et autres indicateurs de l’OMS pour les actions en milieu
scolaire sont disponibles dans l’ouvrage Normes relatives à l’eau, l’assainissement et l’hy-
giène en milieu scolaire dans les environnements pauvres en ressources (Adams J. et al., 2010).
Dans les centres de santé, les blocs sanitaires des patients et du personnel médical
doivent être séparés pour des raisons de santé publique. Il est impératif que le bloc
sanitaire du personnel soit équipé de lave-mains avec du savon, disponible en perma-
nence. Le minimum requis est d’avoir un bloc avec deux latrines pour les patients (une
pour les femmes et une pour les hommes), la même chose pour le personnel et enfin
des lave-mains dans chaque bloc8. En fonction du contexte, on peut être amené à traiter
différemment la question des toilettes pour les patients et pour les visiteurs.
7
Mooijman A., 2012.
8
Toubkiss J., 2010, p. 7.
555
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
ÉTUDE DE CAS
Les blocs sanitaires des centres de santé construits par le projet Méddea à
Madagascar suivent les normes suivantes :
• 20 personnes/latrine pour les blocs de toilettes ;
• 20 litres/douche pour les blocs de douches ;
• 20 personnes/robinet pour les dispositifs de lave-mains.
Une durée totale de cinq minutes par usager semble une approximation correcte pour
calculer le dimensionnement du bloc et fixer le tarif d’utilisation en fonction du temps
passé à l’intérieur9.
Pic de fréquentation
Dans les gares routières, le bus s’arrête pour une durée limitée et tous les passa-
gers arrivent simultanément. Pourtant, pas le temps d’attendre : le bus va partir !
Prévoir des toilettes en nombre suffisant est donc essentiel.
CHAPITRE 8D
9
Selon la World Toilet Organization (WTO), les femmes passent en moyenne entre 2 minutes
33 secondes et 3 minutes aux toilettes, tandis que les hommes y passent moins de deux minutes.
En fixant cinq minutes/personne, la marge de sécurité permet de faire face à une augmentation de la
fréquentation.
556
Le temps moyen d’utilisation des douches peut soit être limité par le gestionnaire afin
d’éviter des consommations en eau trop importantes par rapport au tarif, soit ne pas
être restreint, l’usager ayant autant de temps qu’il le souhaite. Pour le dimensionne-
ment, on peut estimer le temps d’utilisation des douches entre dix et quinze minutes
par personne.
ÉTUDE DE C AS
TABLEAU N° 1
Fréquentation moyenne journalière par tranche horaire du bloc
sanitaire de Baillergeau
5 h 30 - 8 h 7
8 h -10 h 10
10 h – 12 h 11
12 h - 14 h 11
14 h - 16 h 11
16 h - 18 h 16
18 h – 20 h 23
557
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
Le calcul du volume des fosses s’appuie sur la fréquentation estimée du bloc, sur le taux
d’accumulation des boues (qui dépend de la technologie) ainsi que sur le temps maxi-
mal entre deux vidanges. Les données nécessaires à ces calculs sont proposées dans le
paragraphe II.2 de la fiche n° 9.
3.5 Plans
Des exemples de plans de blocs sanitaires sont regroupés dans la fiche n° 25. Ils sont
commentés afin de mettre en évidence les points importants à prendre en compte lors
de la conception de blocs sanitaires.
Un élément essentiel à ne pas oublier est la dimension des cabines et des couloirs. Une
longueur et une largeur de 1,15 m sont les valeurs minimales à respecter si l’on sou-
haite offrir un certain confort d’utilisation. À noter que les portes ont généralement une
largeur standard de 90 cm.
III. CONSTRUCTION
frais de réparation.
ÉTUDE DE C AS
Source : Perrin O. et al., Des blocs sanitaires publics propres et rentables, c’est possible !, 2015.
Le suivi des travaux ne s’arrête pas aux infrastructures proprement dites mais s’inté-
resse également aux abords du bloc. Par exemple, le maître d’ouvrage s’assure que l’en-
treprise de travaux ne laisse pas des fossés remplis d’eau aux alentours de celui-ci, ce
qui peut s’avérer dangereux pour les riverains et négatif pour l’attractivité de l’ouvrage.
Pour plus d’informations sur le suivi de travaux, se référer à l’étape 4.9 du chapitre 4.
Une fois les infrastructures achevées, se pose le défi de la mise en œuvre d’une bonne
gestion du service.
559
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
Ce chapitre a pour objectif de rappeler les grands principes de la gestion des blocs sani-
taires. Pour approfondir la question, vous pouvez vous référer au guide Gérer les toi-
lettes et les douches publiques (Toubkiss J., 2010).
1. Enjeux de la gestion
Comme pour tout service d’assainissement, l’objectif de la gestion d’un bloc sanitaire
est de fournir un service pérenne et de qualité. Afin de continuer à attirer les usagers, il
doit cibler le confort de ces derniers, être continu et respecter les normes d’hygiène et
d’assainissement. Pour que le service soit pérenne, sa gestion financière doit être saine,
les coûts de fonctionnement étant couverts par les sources de financement identifiées.
Ces aspects sont approfondis dans le chapitre 9.
Le tableau page suivante donne un aperçu simplifié des modes de gestion, bien que les
choses puissent être plus complexes dans la réalité.
Il ne suffit pas de connaître les modes de gestion existants, encore faut-il pouvoir choi-
sir celui le plus adapté au contexte. En premier lieu, le maître d’ouvrage doit définir ses
besoins en matière de gestion du service. Les questions à se poser ainsi que le tableau
des avantages et inconvénients de chaque mode de gestion sont présentés dans le
CHAPITRE 8D
guide Gérer les toilettes et les douches publiques évoqué plus haut. La démarche pour
choisir le mode de gestion est abordée en détail dans le chapitre 5A.
560
TABLEAU N° 2
Mode de gestion des blocs sanitaires
Source : d’après Toubkiss J., 2010
Une fois le mode de gestion choisi, plusieurs documents doivent être rédigés (voir
tableau ci-dessous) afin de détailler chaque aspect de celle-ci et définir les rôles ainsi
que les responsabilités de chacun.
TABLEAU N° 3
Exemples de documents liés à la gestion d’un bloc sanitaire
Lorsque le mode de gestion est une délégation du service, le maître d’ouvrage passe
un contrat avec un délégataire. De ce contrat dépend la facilité des relations entre les
deux parties. Un cahier des charges avec les procédures de gestion y est associé. Des
exemples des différents documents liés à la gestion d’un bloc sanitaire sont proposés
dans la fiche n° 27.
Dans le cas où le service est directement géré par le maître d’ouvrage, ce dernier doit au
minimum élaborer un cahier des charges définissant les règles d’utilisation et de ges-
tion du bloc. Il peut notamment définir les horaires d’ouverture, les tarifs ou encore les
responsables et exécutants des décisions. Le cahier des charges peut être confondu
avec le règlement intérieur.
Le cahier des charges est le premier outil de gestion du maître d’ouvrage, que celui-ci
gère ou non directement le service. Il facilite la bonne appropriation de la gestion du
service en énonçant clairement les règles, rôles et responsabilités de chaque acteur.
Lorsque la gestion est déléguée, le cahier des charges définit également les résultats à
atteindre par le délégataire ainsi que les relations avec le maître d’ouvrage. Il s’agit par
exemple du type de rapports à fournir et de leur fréquence de transmission.
La gestion d’un bloc sanitaire fait intervenir plusieurs personnes. La liste page suivante
tente de donner un aperçu des acteurs qui y sont impliqués ainsi qu’une idée de leurs
rôles et responsabilités.
562
À noter que certaines responsabilités énoncées ci-dessus peuvent être cumulées par
une seule personne, dans le cas (fréquent) où la viabilité financière ne permettrait pas
d’en engager d’autres.
Dans le cas spécifique d’un bloc sanitaire, les charges de fonctionnement, fixes et
variables, régulières comme exceptionnelles, sont listées ci-contre.
563
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
Quel que soit le mode de gestion, on identifie généralement pour les blocs sanitaires
quatre sources de financement.
• Tarif : payé par les usagers à chaque utilisation ou par abonnement, il est une source
de revenus principalement pour les blocs à vocation marchande. Les blocs institution-
nels peuvent aussi recevoir des fonds de la part des usagers : par exemple, en milieu
scolaire, les parents d’élèves paient parfois une somme fixe à l’année pour l’entretien
du bloc sanitaire de l’école, ce qui peut s’assimiler à un abonnement annuel. Dans les
centres de santé, les patients paient parfois pour utiliser les latrines.
• Subventions : les subventions de l’État sont généralement destinées aux blocs sani-
taires institutionnels, lorsque la législation du pays le prévoit. Pour être pérennes, les
blocs sanitaires ne doivent pas dépendre des subventions de bailleurs extérieurs10.
CHAPITRE 8D
• Amendes : dans certaines localités, il existe une police de l’hygiène qui veille au res-
pect des règles d’hygiène et d’assainissement. Les revenus des amendes payées par les
contrevenants peuvent être versés à un fonds d’assainissement.
• Activités génératrices de revenus annexes : les blocs à vocation marchande sont les
plus à même de diversifier leurs activités et leurs revenus, comme présenté plus haut.
Les blocs institutionnels peuvent toutefois eux aussi diversifier leurs activités ou orga-
niser des événements ponctuels (kermesse de l’école par exemple) pour collecter des
revenus supplémentaires.
10
Toubkiss J., 2010.
564
Une fois toutes les charges et les recettes identifiées et quantifiées, en fonction des pré-
visions de fréquentation, le défi est de définir un plan d’affaires viable et réaliste.
Un modèle de plan d’affaires pour un bloc sanitaire est présenté dans la fiche n° 29. Il
détaille la répartition des charges fixes et des charges variables.
Une question récurrente est celle de la définition du tarif. Il doit être suffisam-
ment haut pour que le bloc soit rentable, mais rester compétitif avec ceux tradi-
tionnellement pratiqués et tenir compte de la volonté à payer des usagers11.
ÉTUDE DE C AS
42 % Facture d'eau
7% Petites réparations
44 %
Redevance mairie
5%
1% Résultat
6%
21 % 2%4%
Source : Perrin O. et al., Des blocs sanitaires publics propres et rentables, c’est possible !, 2015.
11
Perrin O. et al., 2015.
565
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
Le gérant du bloc est responsable des horaires d’ouverture de celui-ci, définis par
le règlement de l’institution ou du bloc. S’ils ne sont pas respectés, les usagers qui
trouvent le bloc fermé aux horaires d’ouverture affichés reviendront peut-être une fois,
mais pas deux. Pour les blocs commerciaux, il faut penser aux périodes qui, en fonction
des usages, nécessitent un aménagement spécifique des plages horaires d’ouverture
(périodes scolaires/vacances, jour de marché, taxis-brousse arrivant tard le soir, etc.).
Au minimum une fois par semaine, le gérant vérifie les besoins en petite maintenance
et effectue les réparations indispensables (plomberie, remplacement de pièces endom-
magées comme des poignées, etc.). Cela suppose de garder un fonds de roulement
pour que tout soit réalisé dès que nécessaire. Le plan de maintenance ainsi que le jour-
nal de suivi des activités distinguent les tâches à effectuer de celles déjà réalisées.
Le gestionnaire doit suivre la qualité du service grâce aux outils de gestion et à des indi-
cateurs de qualité simples. Ces indicateurs, détaillés dans le chapitre 5B, permettent
d’améliorer le service, de repérer d’éventuels problèmes et de les résoudre.
La première question sur le suivi-contrôle du service du bloc sanitaire est de savoir qui
assure cette tâche. Est-ce la collectivité locale ? Le service de l’État dont dépend l’institu-
tion qui utilise le bloc ? Une autre entité publique ?
Dans tous les cas, le suivi-contrôle est assuré par un organisme public externe au
fonctionnement du bloc. Pour des informations approfondies sur le suivi-contrôle
d’un service d’assainissement, se référer au chapitre 5C. Une fois l’organisme identifié,
un technicien est choisi pour assurer ce suivi (le technicien en assainissement de la
commune par exemple). Comme cela représente une tâche supplémentaire pour le
technicien de la collectivité, il est possible que ce dernier soit dans un premier temps
réticent à l’assurer. Il faut préparer l’organisation de ce système de suivi-contrôle bien
en amont du lancement du bloc.
La liste, non exhaustive, des points d’attention pour le suivi et le contrôle d’un bloc sani-
taire est la suivante :
• tenue actualisée des outils de gestion ;
• état de la maintenance, propreté des ouvrages ;
• fréquentation journalière et mensuelle ;
• respect des horaires d’ouverture.
Lorsque le bloc sanitaire est géré en délégation, ces points peuvent faire partie des
objectifs mentionnés dans le contrat de délégation. Des outils de suivi-contrôle sont
proposés dans la fiche n° 27.
V. COMMUNICATION
1. Sensibilisation
Que ce soit pour utiliser des toilettes privées ou des blocs sanitaires, il faut souvent
sensibiliser les populations pour leur faire prendre conscience du besoin en assainis-
sement. Les messages de sensibilisation seront différents s’il s’agit d’une sensibilisa-
tion en milieu scolaire, en milieu médical ou dans un quartier résidentiel. La méthodo-
logie d’élaboration d’une stratégie de sensibilisation est détaillée dans le chapitre 7B.
Quel que soit le contexte, les actions de sensibilisation doivent être maintenues dans la
durée pour avoir un véritable impact12.
2. Marketing
Une stratégie marketing est surtout utile pour les blocs à vocation marchande, qui évo-
luent dans un environnement concurrentiel. La méthodologie de conception d’une stra-
tégie marketing est détaillée dans le chapitre 7C. Ce paragraphe porte uniquement sur
les actions de communication marketing spécifiques à un bloc sanitaire.
CHAPITRE 8D
12
Bleilla M. et al., 2016.
13
Mooijman A., 2012, p. 23-33.
568
ÉTUDE DE C AS
Inauguration du bloc sanitaire du quartier Baillergeau (Haïti). Troupe de théâtre, sensibilisation communautaire
et match de football pour la clôture de l’inauguration.
Les horaires d’ouverture doivent également être indiqués à proximité du bloc. Les blocs
sanitaires eux-mêmes sont un bon canal de communication. Ils sont souvent peints de
manière à valoriser le service et à informer les clients des tarifs pratiqués.
569
TECHNOLOGIES D’ ASSAINISSEMENT
POINTS À RETENIR
• Les blocs sanitaires sont un service public d’accès à l’assainissement.
P O U R A L L E R P L U S L OIN
Adams J., Bartram J., Chartier Y., Sims J. (dir.), Normes relatives à l’eau, l’assainissement
et l’hygiène en milieu scolaire dans les environnements pauvres en ressources, Genève, OMS,
2010.
Mooijman A., Eau, assainissement et hygiène (WASH) dans les écoles, New York, Unicef, 2012.
Perrin O., Loseille L., Des blocs sanitaires publics propres et rentables, c’est possible !
Enseignements du projet d’Appui aux initiatives des communes en hydraulique et
assainissement (Aicha), Mauritanie, Gret, 2015, Cahier de capitalisation n° 1.
Toubkiss J., Gérer les toilettes et les douches publiques, PDM/pS-Eau, 2010, Guide
méthodologique n° 5.
F IC H E S À C O N S U LT E R