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Système de Fondation Sur Pieux Bois: Une Technique Millénaire Pour Demain
Système de Fondation Sur Pieux Bois: Une Technique Millénaire Pour Demain
Système de Fondation Sur Pieux Bois: Une Technique Millénaire Pour Demain
THESE DE DOCTORAT
Présentée pour l’obtention du diplôme de
par
Jérôme CHRISTIN
Sujet de la thèse
Remerciements
Je tiens tout d'abord à remercier le directeur de cette thèse, M. Philippe REIFFSTECK pour sa
confiance, sa disponibilité, ses précieux conseils et le suivi de ce travail. Je remercie
également M. Alain LE KOUBY et M. Frédéric ROCHER-LACOSTE, mes conseillers
scientifiques, pour la gentillesse et la patience qu'ils ont manifestées à mon égard durant cette
thèse.
Je tiens à remercier tout particulièrement M. Sébastien BURLON pour avoir encadré et suivi
ma thèse. Ses compétences scientifiques m’ont été d’une grande aide et ce travail n’aurait
probablement jamais pu aboutir sans ces précieux conseils.
En ce qui concerne le département GER de l’IFSTTAR dans lequel j’ai réalisé cette thèse, je
tiens à remercier M. Christophe CHEVALIER et Mme Jeanne-Sylvine GUEDON pour leur
aide et leurs conseils, M. Jean-Louis TACITA, Mlle Sonia FANELLI et M. Franck
GUIRADO pour m’avoir précieusement aidé lors de la réalisation des essais en laboratoire et
sur le terrain, d’avoir été à mon écoute et mis leur technicité et leur expérience au profit de
mon travail. Je remercie également Mme Française DUDOUYT de m’avoir aidé à préparer
les deux chantiers. Je souhaite également remercier les responsables administratifs, et
notamment Mme Agnès VAILHE et Mme Aurélie NOSLIER.
Mes remerciements vont également à tous les membres du projet Pieux Bois pour les
échanges et les discussions fructueux que nous avons pu avoir. Je pense notamment à Mlle
Marie CHRETIEN, M. Jean-François BOCQUET, M. Charles BARTHRAM, Mlle Marie-
Christine TROUY, M. Jérôme VETTILARD, M. Vivien DARRAS et M. Sylvain GARDET.
Je ne saurais passer sous silence l'appui constant de tous les autres doctorant(e)s qui n'ont
cessé de m'encourager tout au long de ce travail et avec qui j’ai partagé de très bons
moments : Antoine GUIMOND-BARRETT, Elodie NAULEAU, Chi-Wei CHEN, Iman
HAGHIGHI, Fabien SZYMKIEWICZ et Cristina VULPE.
Enfin, je ne pourrai finir ces remerciements sans penser à ma famille et à ma fiancée, dont le
soutien et l’encouragement ont contribué à l’aboutissement de ce travail.
i
ii
Résumé
Résumé
La France possède un patrimoine très riche d’ouvrages d’art et de bâtiments fondés sur des
pieux en bois. Les ponts construits sur la Loire, sur la Seine, le château de Chambord ou
encore le Grand Palais à Paris en sont quelques exemples. Cependant, malgré un parc français
important d’ouvrages bâtis sur des pieux en bois, le retour d’expérience sur la portance
résiduelle et l’état de dégradation de leurs fondations est faible et non capitalisé.
Les principaux objectifs de ce travail, qui s’intègre dans le projet Pieux Bois, sont d’une part,
de définir une méthodologie d’analyse des fondations en bois des ouvrages visant à évaluer
leur état de dégradation, et d’autre part, de proposer une méthode de dimensionnement des
pieux en bois s’appuyant sur les caractéristiques pressiométriques des terrains.
L’état de l’art réalisé dans le cadre de ce projet a permis d’identifier une centaine de ponts
français construits sur des pieux en bois entre le Moyen-Âge et l’époque industrielle,
principalement situés dans le lit des fleuves et de leurs affluents. Les désordres relevés sur ces
ouvrages ainsi que les solutions de confortement mises en œuvre pour assurer leur pérennité
ont été établis. La méthodologie d’analyse présentée dans un guide d’inspection des
fondations en bois élaboré aux Pays-Bas a été validée lors de l’évaluation de l’état de
dégradation des pieux de fondation d’un viaduc ferroviaire situé à proximité de Bordeaux.
Les propriétés mécaniques de l’interface entre le sol (limon) et le bois ont été étudiées à partir
d’une campagne d’essais en laboratoire à la boîte de cisaillement direct. Des essais de
cisaillement d’interface avec le mortier et l’acier ont également été réalisés. L’influence de la
rugosité des matériaux et de la teneur en eau du limon sur les propriétés de résistance
d’interface a été examinée.
Les essais de cisaillement en laboratoire ont été complétés par la réalisation de deux plots
expérimentaux sur lesquels des pieux en bois ont été battus et chargés en compression. Les
pieux ont été préalablement munis d’un système d’instrumentation accueillant un chapelet
d’extensomètres amovibles. Les résultats de ces essais de chargement ont été intégrés dans
une base de données d’essais de pieux en bois construite à partir de données publiées dans la
littérature.
La démarche mise en œuvre pour établir les règles pressiométriques présentées dans la
nouvelle norme d’application nationale de l’Eurocode 7 a été reprise et modifiée. Les études
statistiques menées à partir de cette base de données ont permis de proposer un modèle de
calcul des résistances de pointe et de frottement des pieux en bois battus dans les argiles
limons et les sables graves.
Mots clés : pieux en bois ; méthode de construction des fondations ; état de dégradation :
propriétés de résistance d’interface ; comportement mécanique ; méthode de
dimensionnement.
iii
iv
Abstract
Abstract
Many buildings and bridges built on timber pile foundations still stand in France. The bridges
on rivers “Loire” and “Seine”, the castle of Chambord, the “Grand Palais” in Paris are a few
examples of French monuments founded on timber piles. However, despite a large number of
buildings and bridges constructed in France, the feedback on the residual bearing capacity and
the degradation of timber piles is scarce.
The main objectives of this work, which is part of the “Pieux Bois” national research project,
are, on the one hand, to define a methodology in order to analyze timber pile foundations
degradation, and on the other hand, to propose a design method of timber piles based on the
results obtained from pressuremeter tests.
The state of the art made in the national project identified about one hundred French bridges
built on timber piles between the Middle Ages and the industrial era. They are mainly located
in basins of rivers. Pathologies were observed on bridges and reinforcement solutions were
implemented in order to avoid any future problems.
The methodology for the inspection of timber pile foundations given in the Dutch guide was
applied to investigate the degradation of timber piles under an existing railway bridge near
Bordeaux.
Series of laboratory tests were carried out on soil (silt) and wood with a direct shear box. The
mechanical properties of the interface were studied. Shear tests between mortar, steel and silt
were also carried out. The influence of material roughness and silt moisture content on the
shear strength properties of the interface was examined.
In addition, timber piles were driven and loaded on two experimental sites. The timber piles
were instrumented with removable extensometers. The results of these load tests were
included in a database which contained timber piles loading test results published in literature.
The approach adopted to establish the design method of deep foundation based on the results
obtained from pressuremeter tests described in the new national standard for application of
Eurocode 7 was modified. A new model of calculation of timber piles shaft and base
resistance driven in clay silt and sand gravels was determined with statistical studies from this
database.
Key words : timber piles ; foundation construction methods ; state of degradation : shear
interface properties ; mechanical behaviour ; design method.
v
vi
Sommaire
Sommaire
Sommaire ..................................................................................................... 1
1
Sommaire
2
Sommaire
3
Sommaire
4
Sommaire
5
Sommaire
6
Sommaire
7
Sommaire
8
Liste des notations
11
Liste des notations
12
Introduction générale
Introduction générale
Si les fondations superficielles existent depuis que l’Homme a décidé de construire, l’histoire
des fondations dans des « mauvais sols » est plus révélatrice des évolutions. Dès le
Néolithique, les premières civilisations lacustres ont eu besoin de pilotis en bois sans aucun
doute battus à la force humaine. Les premières traces écrites de l’utilisation des pieux en bois
dans les constructions sont datées de l’époque romaine. Le développement des techniques de
reconnaissance des sols et des machines de battage ont permis aux romains de construire de
nombreux ouvrages sur ce type de pieux, dont seuls des vestiges des fondations sont parvenus
jusqu’à nous.
Au cours des siècles qui ont succédé à la chute de l’Empire romain, les pieux en bois ont été
largement utilisés en France dans les constructions d’ouvrages ; la France possède un
patrimoine très riche de bâtiments et d’ouvrages d’art routiers et ferroviaires fondés sur des
pieux en bois, parmi lesquels beaucoup sont classés monuments historiques : citons le château
de Chambord, le Grand Palais à Paris, le pont de Pierre à Bordeaux ou la place Stanislas à
Nancy.
Malgré un important parc français d’ouvrages bâtis sur des pieux en bois, le retour
d’expérience sur la portance résiduelle et l’état de dégradation de ces ouvrages est faible et
non capitalisé. Le choc vécu lors de l’effondrement du pont Wilson à Tours en 1978 (Figure
1) suite à la dégradation et à l’affouillement des pieux de fondation ne fût pas réellement suivi
d’un développement d’expertise durable sur les désordres propres à ces ouvrages et sur les
solutions de confortement à mettre en œuvre pour assurer leur pérennité.
Dans le contexte urbain moderne où des rabattements de nappe sont réalisés de manière
inconsidérée ou involontaire (conséquence des sècheresses successives), l’apparition de zones
de marnage (caractérisées par des cycles de sècheresse et d’humidité) conduit à la dégradation
fongique du bois de fondation des bâtiments des centres urbains anciens, des monuments
historiques ou des ouvrages de franchissement routiers ou ferroviaires. Le bois pouvant être
également attaqué par des insectes, des termites ou des mollusques (notamment les tarets), il
13
Introduction générale
semble essentiel de mettre en place des protections efficaces sur les pieux en bois afin de
limiter ces attaques et leur dégradation fongique.
L’abandon des pieux en bois dans les constructions en France remonte au milieu du 19ème
siècle et est donc antérieur de plus d’un siècle au développement du pressiomètre par L.
Ménard dans les années 1950. Les résultats de ces essais constituent aujourd’hui la base du
dimensionnement des fondations profondes en France. L’absence d’un cadre réglementaire
français relatif à cette technologie de pieux ne permet pas d’asseoir le dimensionnement des
fondations en bois d’ouvrages et de bâtiments dans la pratique actuelle. L’utilisation des pieux
en bois sur le territoire français est actuellement limitée à des ouvrages côtiers et maritimes, à
la construction de passerelles piétonnes ou de belvédères. Les pieux peuvent également servir
de protection d’ouvrages contre les phénomènes d’affouillement.
L’absence d’un « contexte normatif français » relatif à ce type de pieux ne permet pas non
plus d’évaluer précisément la portance résiduelle des pieux en bois sous un ouvrage ancien ;
et par conséquent de réduire le coût des travaux lors de la reprise en sous-œuvre des
fondations en limitant le nombre de micropieux.
Contrairement à l’abandon de cette technique en France depuis plus d’un siècle, de nombreux
pays étrangers comme les Pays-Bas et les Etats-Unis ont largement utilisé les pieux en bois
jusqu’à ces dernières années. Ils ont mis en place un cadre réglementaire et ont défini des
dispositions constructives pour répondre aux enjeux liés à la durabilité et au comportement
mécanique des pieux en bois battus dans le sol.
Le contexte du projet « Pieux Bois » dans lequel s’inscrit cette thèse est celui d’une expertise
scientifique et technique quasi-inexistante actuellement sur la scène française. Il a pour
objectif de créer les conditions nécessaires à l’émergence de cette expertise nationale sur le
dimensionnement et la durabilité des pieux bois pour proposer un cadre pré normatif. Ce
projet a par ailleurs trouvé sa place dans la « croissance verte » prônée par le MEDDE dans la
mesure où le faible coût énergétique et les atouts environnementaux de ce matériau font des
pieux en bois une réelle alternative aux pieux en béton et en acier dans le domaine de la
construction. Le travail mené dans le cadre de ce projet a donc eu pour principal objectif
d’effacer un certain conservatisme qui conduit aujourd’hui à limiter le choix des technologies
de pieux dans les constructions à la pratique courante.
• Le premier chapitre est consacré à des généralités sur le matériau bois et les pieux en bois.
L’état actuel de la filière bois en France, les enjeux et les atouts environnementaux de ce
matériau sont détaillés. Les propriétés mécaniques et de durabilité du bois sont présentées,
ainsi que les caractéristiques géométriques des pieux en bois et leur mise en œuvre dans le
sol par battage ;
routiers et leur état actuel sont détaillés. Les pathologies et les désordres observés sur ces
ouvrages, ainsi que les solutions de confortement mises en œuvre sont également établis.
Enfin, une méthodologie d’analyse des fondations en bois des ouvrages élaborée aux
Pays-Bas est exposée dans ce chapitre ;
• Le troisième chapitre porte sur l’étude des propriétés de l’interface entre le sol et le
matériau. Une synthèse bibliographique relative au comportement mécanique de
l’interface sol-matériau est présentée. Des essais de cisaillement d’interface ont été
réalisés en laboratoire à la boîte de cisaillement direct entre des matériaux (bois, mortier,
acier) et du limon. Les effets de la rugosité des matériaux et de la teneur en eau du sol sur
les propriétés de résistance d’interface sont étudiés. Deux lois de comportement
d’interface déduites de ces essais sont présentées ;
15
16
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Introduction
La seconde partie du chapitre traite des caractéristiques géométriques des pieux en bois et de
leur mise en œuvre dans le sol par battage. L’influence de la conicité des pieux sur leur
résistance est étudiée. Les machines de battage sont également présentées, ainsi que la nature
des contraintes induites dans les pieux par le battage et les dispositions mises en œuvre pour
les limiter.
17
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Ecorce
Liber
Duramen Cambium
(bois parfait) Aubier : partie
active du bois
Les 3000 espèces de végétaux ligneux identifiées dans le monde sont réparties en deux classes
de bois différentes, les résineux et les feuillus, dont les propriétés structurelles
diffèrent (Figure I-2) :
• Le bois des feuillus est constitué de différents types de cellules (trachéides et cellules
parenchymes), de vaisseaux particuliers assurant la conduction de la sève brute et de
fibres ligneuses composées de cellules mortes donnant au bois sa résistance. Les
vaisseaux sont principalement orientés dans la direction longitudinale de l’arbre. Ceux
orientés radialement constituent les rayons ligneux et assurent trois fonctions principales :
la conduction radiale de la sève, le soutien de la tige et le stockage de substances
chimiques (Barbe et Keller, 1996). Les feuillus les plus connus sont le chêne, le hêtre, le
châtaignier et le peuplier ;
• A l’inverse des feuillus, les résineux présentent une organisation simple et uniforme. Ils
sont constitués de deux types de cellules : les trachéides et les cellules parenchymes. Le
transport vertical de la sève brute et le soutien vertical de l’arbre sont assurés par les
trachéides, tandis que les cellules parenchymes permettent l’emmagasinement et la
répartition des substances chimiques (Barbe et Keller, 1996). Les résineux, constitués à
90 % de trachéides, contiennent également des rayons ligneux.
Les résineux les plus connus sont le sapin, l’épicéa, le douglas, le pin maritime et le pin
des landes.
18
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Trachéides
Résineux Feuillu
Figure I-2. Observation microscopique d’un résineux et d’un feuillu (Barbe et Keller, 1996)
75 % des forêts métropolitaines françaises relèvent du domaine privé, 15 % sont gérées par
les collectivités territoriales et 10 % appartiennent au domaine de l’Etat.
Contrairement aux autres pays européens, la forêt française présente une très grande diversité
d’essences. En 2011, le MAAF (Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la
Forêt) a recensé sur le territoire 136 essences forestières, dont une trentaine couramment
exploitée pour valoriser la filière bois [1]. Selon l’IGN, 27 % des forêts françaises sont
constituées de chênes, 11 % de hêtres et 22 % de pins. Les feuillus en représentent 66 % et les
résineux 34 % (INIGF, 2012) (Figure I-3).
Figure I-3. Répartition du volume de bois vivant sur pied par essence (INIGF, 2012)
19
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Les campagnes de prélèvement de bois menées par l’INIGF au cours des dernières années ont
permis d’établir avec précision les caractéristiques forestières (volumes de bois mort et
vivant) de chaque région, ainsi que la répartition des essences sur le territoire. Cette campagne
d’études est venue compléter celle réalisée par l’INRA en 1995 [2] (Figure I-4 et Figure I-5).
Figure I-4. Localisation des différentes essences sur le territoire français en 1995 [2]
20
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
de plusieurs étages de végétaux et se caractérisent par leur très grande richesse biologique
(50000 espèces d’arbres) ;
• Les forêts tempérées, composées d’essences à feuilles caduques (peuplier, bouleau,
charme, hêtre, chêne) et de conifères (selon les régions : pins, sapins, cèdres, séquoias…),
sont majoritairement situées en Europe et en Amérique du Nord.
La Figure I-6 présente le pourcentage de forêts dans les différents pays du monde par rapport
à leur superficie, établi par l’Organisation sur l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) en 2005
[4].
%
%
%
%
%
Figure I-6. Superficie forestière en pourcentage de la superficie des terres par pays établie par la FAO en
2005 [4]
21
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
• La seconde est relative à l’aspect esthétique des bois. Elle ne sera pas détaillée dans la
suite du chapitre ;
• La troisième a trait aux propriétés mécaniques des essences, établies dans la norme
française NF EN 338 (AFNOR, 2009) : dans cette classification, la fonction principale des
bois est de résister aux actions appliquées aux ouvrages (Chapitre I, § 1.4) ;
• La quatrième concerne la durabilité des essences : cinq classes d’emploi ont été définies
par l’Union Européenne et reprises dans la norme française NF EN 335-2 (AFNOR,
2007). Elles permettent d’évaluer, en fonction de la nature des essences, les risques
auxquels le bois peut être exposé [5] et sont détaillées dans le Chapitre I, § 1.5.
1.3.2 L’état actuel de la filière bois et l’emploi des pieux en bois en France
1.3.2.2 L’emploi des pieux en bois dans la filière bois française actuelle
Pendant des siècles, voire des millénaires, les bâtiments et ponts ont été érigés sur des pieux
en bois battus dans des terrains possédant de faibles propriétés mécaniques.
Avant le 18ème siècle, la sélection d’une essence de bois par rapport à une autre était liée à la
nature des forêts situées à proximité des chantiers. Par exemple, l’abondance des forêts de
chêne dans l’est de la France ou du pin maritime dans le sud-ouest (Figure I-5) en faisait des
essences très utilisées dans ces régions dans la construction des fondations.
La révolution industrielle au 18ème siècle et l’essor des réseaux ferré et routier au 19ème siècle
ont été à l’origine du développement du commerce et du charbon en Europe. Les progrès
technologiques ont contribué à diversifier les essences jusque-là utilisées sur les chantiers.
Ainsi, le pin sylvestre (produit essentiellement dans le nord de l’Europe) qui était moins
coûteux que les autres essences a été largement utilisé dans la construction des fondations des
bâtiments et ponts à cette époque.
22
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
La proximité des ressources naturelles et le coût étaient alors les deux critères retenus dans le
choix des essences destinées à être utilisées dans les fondations. Seuls les ouvrages d’intérêts
civil et militaire de premier plan bénéficiaient de bois plus lointains, comme les bois
tropicaux et africains.
Aujourd’hui en France, le matériau bois est largement utilisé dans les constructions
d’ouvrages côtiers, maritimes et portuaires (épis, estacades, écrans-chasse). Il constitue
généralement tout ou une partie de ces ouvrages (Figure I-7). Les études menées par Meaden
et al., (2012) ont montré que les bois mis en œuvre dans des environnements hostiles
caractérisés par une « agressivité » maritime, des zones de marnage ou le frottement des
sédiments devaient présenter des propriétés mécaniques et de durabilité élevées. Les auteurs
ont identifié, suite à un retour d’expérience et aux résultats de travaux effectués sur la
durabilité et la résistance mécanique, une vingtaine d’essences de bois qui pourrait se
substituer aux bois tropicaux (comme l’azobé ou le greenheart) dans ce type d’ouvrage.
(a) (b)
Figure I-7. Ouvrage de protection littoral en Angleterre (a) et jetée de la Fenêtre à Cancale en Ille-et-Vilaine
(b)
Les pieux sont également mis en œuvre dans les constructions des berges de canaux, des quais
et servent de protection contre les phénomènes d’affouillement. De nombreuses passerelles et
belvédères piétons sont aussi fondés sur des pieux en bois, puis construits avec ce même
matériau pour des raisons esthétiques : les pieux sont généralement fichés dans le sol à l’aide
de vibrofonçeurs (pneumatiques ou hydrauliques) ou de pelles mécaniques jusqu’au refus
(Figure I-8).
Figure I-8. Construction d’un belvédère piéton dans la commune de Sanchey (Vosges)
23
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Du fait de leur usage, les descentes de charges de ces ouvrages sont pour la plupart
relativement faibles par rapport à celles des ouvrages d’art, bâtiments et habitats construits au
cours des siècles derniers. Par exemple, les passerelles piétonnes sont actuellement
dimensionnées en considérant des descentes de charges égales à 450 kg/m², soit 4,4 kPa.
L’abandon des pieux en bois en France dans les constructions des ouvrages d’art et des
bâtiments remonte à plus d’un siècle et demi. Plusieurs hypothèses permettent de justifier leur
absence dans les constructions actuelles :
24
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Figure I-9. Exemple de détérioration du platelage en hêtre sous les quais du Grand Port Maritime de Rouen
• Les études menées ces dernières années sur l’utilisation des différentes techniques de
réalisation des pieux ont montré que près de 75 % des pieux mis en œuvre sur le territoire
français étaient forés (Figure I-10). La nature des couches géologiques ainsi que la volonté
française de développer et d’exporter cette technologie à l’étranger permettent d’expliquer
cette tendance actuelle.
Selon Van Impe, (2004), les pieux battus ne représentent que 4,6 % du marché actuel
français (Figure I-10). Le faible emploi de ce type de pieux en France pourrait s’expliquer
par l’influence de la technique de réalisation des sondages au pressiomètre Ménard
(réalisation d’un trou de forage dans le sol avant l’introduction de la sonde) dans la
pratique actuelle.
3,7%
10,0%
Pieux forés
5,0%
Pieux battus
2,5%
Pieux non définis
4,6%
Micropieux
Autres
74,2%
Figure I-10. Types de pieux utilisés dans la pratique française (modifié d’après Van Impe, 2004)
Les pieux en bois ne sont donc plus utilisés en France dans les constructions d’ouvrages d’art
et de bâtiments depuis de nombreuses décennies. A l’inverse, bien après leur abandon dans les
constructions françaises, les pieux en bois ont continué à être utilisés dans de nombreuses
constructions à l’étranger.
25
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Selon Reynolds et Bates, (2009), 200000 pieux en bois ont été battus annuellement aux Pays-
Bas ces dernières années lors de la construction de routes, de bâtiments agricoles, de maisons
et de centres sportifs. Les essences les plus utilisées étaient l'épicéa et le pin Douglas.
Le nombre et la disposition des pieux en bois sous les bâtiments diffèrent selon les régions : à
Rotterdam (Figure I-11a), une seule rangée de pieux en bois est positionnée au centre de la
fondation en maçonnerie tandis qu'à Amsterdam, les fondations sont constituées d'une paire
de pieux, sur laquelle repose un platelage en bois (Figure I-11b).
26
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Maçonnerie
Connecteur
Béton
Platelage en bois
Têtes de pieux
(a) (b)
Figure I-11. Disposition des pieux et nature des transitions entre les pieux et la maçonnerie à Rotterdam (a)
et à Amsterdam (b) (modifié d’après De Leeuw, 1985)
Les nombreux ouvrages, bâtiments et habitats fondés sur des pieux en bois ont amené les
Hollandais à rédiger et publier un protocole contenant une méthodologie d’analyse et de
diagnostic de l'état des fondations en bois. Ce protocole est détaillé dans le Chapitre II, § 3.
Selon une étude réalisée par Van Impe, (2004), le pourcentage d’utilisation des pieux en bois
par rapport à l’ensemble des pieux mis en œuvre en Europe (Figure I-12a) et dans le monde
(Figure I-12b) atteint seulement 2 %. A titre de comparaison, les pourcentages de pieux battus
en acier et en béton sont respectivement de 7 et 26 % en Europe, et de 8 et 23 % dans le
monde.
27
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
1% 6%
7%
2% 17%
2% 19%
(a) (b)
Figure I-12. Types et pourcentages d’utilisation des pieux en Europe (a) et dans le monde (b) (modifié d’après
Van Impe, 2004)
Aux Pays-Bas, les rabattements de nappe générés par la présence de réseaux d'évacuation des
eaux usées situés sous le niveau des nappes (Figure I-13) ont parfois entraîné l’apparition de
zones de marnage et par conséquent la dégradation fongique des têtes des pieux (Chapitre I,
§ 1.5). Depuis ces sinistres, l’état hollandais a mis en œuvre, par l’intermédiaire de
« syndicats » des eaux, une surveillance accrue afin de faire disparaître ou de limiter les
rabattements. L’utilisation de pieux en bois dans ce pays pour de nouvelles constructions est
aujourd’hui limitée à des structures légères comme des serres et des extensions de maisons
individuelles.
Figure I-13. Abaissement de la nappe due aux réseaux d’évacuation des eaux usées (modifié d’après
Stichting_Platform_Fundering_Nederland, 2005)
28
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
• Le bois est un matériau renouvelable : un arbre se régénère en moins de 100 ans, contre
quelques milliers d’années pour le pétrole ;
• Son faible poids par rapport à celui de l’acier ou du béton conduit à limiter l’énergie
fossile consommée lors de sa transformation en produit de construction et à faciliter la
manutention lors de sa mise en œuvre. Le bois est par ailleurs facilement ouvrable. Les
troncs d’arbres ne nécessitent que peu de transformations pour concevoir un pieu ;
• Le bois constitue une ressource de proximité, abondante et disponible localement en
France, permettant ainsi de réduire les émissions de dioxyde de carbone générées par le
transport des matières premières. Il limite les quantités de gaz à effet de serre émises dans
l’atmosphère en absorbant le dioxyde de carbone au cours de sa croissance. Son emploi
dans la construction conduit à la séquestration de ce gaz absorbé lors de sa croissance et
donc à l’absence de rejet dans l’atmosphère. Selon [1], l’équivalent de six années
d’émissions de dioxyde de carbone en France serait ainsi stocké dans les arbres des
forêts ;
• Le bois est également un matériau recyclable dans la mesure où les déchets rejetés lors de
sa transformation en produit de construction peuvent être valorisés en énergie (sous forme
de combustibles) ou recyclés dans l’industrie du papier ou dans la fabrication de pièces
composites.
1.3.4.2 Les pieux en bois : une alternative aux pieux en béton et en acier
Compte tenu des préoccupations et de la volonté de l’Etat français de mettre en œuvre des
politiques intégrant la notion de développement durable, ainsi que des multiples avantages
environnementaux du bois (Chapitre I, § 1.3.4.1), les pieux en bois apparaissent, sur le plan
des émissions carbone, comme une solution alternative performante aux pieux en béton et en
acier.
Les données fournies par la base carbone de l’ADEME [7] permettent d’estimer, à partir d’un
calcul simple, les émissions de dioxyde de carbone liées à la fabrication de pieux en acier, en
béton (ferraillé) et en bois de 5 m de longueur et 30 cm de diamètre.
Le transport des granulats ainsi que des grumes de la zone de débardage jusqu’à la scierie
dans laquelle les pieux en bois sont usinés est pris en compte. La distance est évaluée à
60 km, ce qui suppose dans la pratique d’utiliser des bois locaux.
La démarche et les résultats sont présentés dans le Tableau I-1.
29
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Tableau I-1. Comparaison des émissions de CO2 pour la fabrication de pieux en béton, en acier et en bois
Pieu béton Pieu acier Pieu bois
Fabrication béton armé : Fabrication acier ou fer blanc neuf :
367 kg CO2/tonne (ADEME) 3190 kg de CO2/tonne (ADEME) Fabrication bois d’œuvre : 36,7 kg de
Extraction granulats : 88 kg Fabrication acier ou fer blanc recyclé : CO2/tonne (ADEME)
CO2/tonne (ADEME) 1100 kg de CO2/tonne (ADEME)
Cbéton : 2200 kg/m3 Cacier : 7500 kg/m3 Cbois : 700 kg/m3
Masse CO2 émise : 319 kg Masse CO2 émise (acier neuf) : 8455 kg
Masse CO2 émise : 9 kg
Masse CO2 émise (acier recyclé) : 2915 kg
Transport de 10 grumes sur 60 km :
Véhicules (PTAC) : de 3,51 à 5 tonnes
Transport granulats : 10 kg de Emission de CO2 à pleine charge :
CO2 175 g/km (ADEME)
Emission de CO2 : 10,5 kg soit 1 kg CO2
par grume
Masse CO2 émise : 329 kg Masse CO2 émise (acier neuf) : 8455 kg
Masse CO2 émise : 10 kg
Masse CO2 émise (acier recyclé) : 2915 kg
Les résultats obtenus dans le Tableau I-1 montrent que la fabrication d’un pieu en bois émet
environ 30 fois moins de CO2 que la fabrication d’un pieu en béton et 300 fois moins que
celle d’un pieu en acier.
Le British Research Establishment (BRE) a réalisé, en 2007, une étude sur le potentiel
environnemental des pieux en bois sur le territoire du Royaume-Uni et a conclu à la viabilité
technique et économique de cette technologie en insistant sur son intérêt environnemental
indéniable (Dewar et Watson, 2007 ; Reynolds et Bates, 2009). Les résultats de l’étude ont
montré que :
• les fabrications du béton et de l’acier émettent respectivement en moyenne 173 kg/m3 et
15313 kg/m3 de CO2, contre 141 kg/m3 de CO2 pour la taille et l’usinage du bois ;
• 1 m3 de bois capte en moyenne entre 800 et 900 kg de CO2 provenant de l’atmosphère.
Selon Reynolds et Bates, (2009), les pieux en bois présentent également un coût plus faible
que celui des pieux en acier et en béton. Les auteurs ont comparé les coûts de réalisation de
trois types de pieux battus (béton, acier et bois) lors d’un projet en 2008 nécessitant la mise en
œuvre d’une centaine de pieux dans de l’argile molle à ferme (Tableau I-2). Chaque pieu
devait supporter une charge de 110 kN.
Tableau I-2. Estimation et comparaison du coût de réalisation des pieux en béton, acier et bois (Reynolds et
Bates, 2009)
Types de pieu Pieu béton battu Pieu acier battu Pieu bois battu
Longueur (m) 10 10 10
Diamètre (cm) 20 14 20-30
Mobilisation du matériel (€) 2400 2400 2400
Matériel et installation 22 €/m 34 €/m 11 €/m
Divers (terrassement chantier, etc.) 3600 (avec blocs de béton
3600 3000
(€) en tête des pieux)
Test de chargement d’un pieu (€) 1200 1200 1200
Coût du projet (€) 29000 54000 18000
Coût des pieux 29 €/m 54 €/m 18 €/m
Les résultats de cette étude ont montré que le coût de fabrication d’un pieu en bois, ramené au
mètre linéaire, était respectivement inférieur de 30 et 66 % à celui d’un pieu en béton et en
acier.
30
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Les propriétés mécaniques et thermiques du bois caractérisent son anisotropie dans les trois
directions principales (longitudinale, radiale et tangentielle) :
• Les modules d’élasticité et de cisaillement, déterminés à partir de mesures
expérimentales ;
• Le retrait et le gonflement des échantillons suite aux fluctuations de sa teneur en eau et
quantifiés par sa variation dimensionnelle dans les trois directions principales ;
• La dilatation thermique mesurée avec le coefficient de dilatation thermique.
31
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
• Selon Charron et al., (2003), la diminution des dimensions (selon les directions longitudinale, radiale et tangentielle) des échantillons de
bois suite à la diminution de son humidité sous le point de saturation des fibres est différente selon la direction considérée.
• Les résultats de l’étude menée par Dinwoodie, (2004) concernant l’influence de la variation de la teneur en eau d’échantillons de bois
(essences différentes) comprise entre 27 % (bois supposé vert) et 12 % sur le retrait sont présentés ci-après. L’étude a montré que le retrait
(exprimé en % par rapport aux dimensions initiales) peut atteindre jusqu’à 10 % dans la direction tangentielle de l’échantillon et est limité
Charron et al., (2003) à 1 % dans la direction longitudinale.
Direction
Dinwoodie, (2004) Essence Tang. Rad. Long.
Retrait du bois
Pin jaune 3,5% 1,5% <1%
Skaar, (1988), cité Pin sylvestre 4,5% 3,0% <1%
Dinwoodie, (2004) Chêne (Europe) 7,5% 4,0% <1%
Hêtre (Europe) 9,5% 4,5% <1%
• Selon Skaar, (1988), cité par Dinwoodie, (2004), les différences entre les variations des dimensions des échantillons de bois selon les trois
directions sont dues à une densification plus importante des rayons ligneux (Chapitre I, § 1.1) dans les directions tangentielles et radiales
que dans la direction longitudinale.
Le coefficient de dilatation thermique 5th (exprimé en K-1) varie fortement selon l’orientation des fibres. Selon Dupraz et al., (2009), la
dilatation radiale est environ dix fois supérieure à la dilatation longitudinale. Néanmoins, les allongements et raccourcissements du bois dus
Coefficient de dilatation
Dupraz et al., (2009) aux variations thermiques dans la direction radiale sont négligeables par rapport aux variations dimensionnelles suite aux fluctuations de sa
thermique
teneur en eau. Pour les résineux et les feuillus, 5th,Long. =3-6*10-5 K-1 ; 5th,Rad. =15-45*10-5 K-1 ; 5th,Tang. =25-60*10-5 K-1.
Pour l’acier, 5th,acier =12*10-6 K-1 et pour l’aluminium, 5th,aluminium =24*10-6 K-1.
32
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
L’utilisation de troncs d’arbres comme pieux de fondation est donc optimale car
contrairement à la pratique actuelle en structure, les pieux sont mobilisés principalement dans
la direction longitudinale en compression, soit la direction des caractéristiques les plus élevées
du bois.
120 1Rupture, T 40
1e,T
Bois : Peuplier
Traction 35
100
Compression
Contrainte (MPa)
30
Contrainte (MPa)
80
25 Compression longitudinale
Compression radiale
60 20 Compression tangentielle
1Rupture,C 15
40
1e,C 10
20
2Rupture, C 5
2e,C 2e,T 2Rupture,T
0 0
0 0,25 0,5 0,75 1 1,25 1,5 1,75 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
Déformation (% ) (a) Déformation (b)
Figure I-15. Evolution de la contrainte en fonction de la déformation (modifié d’après Navi et Heger, 2005 ;
Natterer et al., 2004)
Selon Natterer et al., (2004), le module d’élasticité du bois est légèrement plus faible en
compression qu’en traction. Néanmoins, par souci de simplification, les deux modules sont
généralement considérés comme égaux.
La résistance à la rupture en traction des échantillons de bois est supérieure à celle en
compression. En compression, le chemin de déformation jusqu’à atteindre 8ec (Figure I-15a)
correspond au domaine élastique du bois. 3e,c représente la limite élastique en compression et
est inférieure à la limite élastique en traction 3e,T.
La limite élastique en compression mesurée dans la direction longitudinale est atteinte pour de
faibles déplacements. Une fois dépassée, on observe une plastification caractérisée par un
flambage longitudinal et un écrasement progressifs des fibres. Tandis qu’en traction, le bois
présente des propriétés mécaniques fragiles, mais nettement supérieures à celles mesurées en
33
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
compression (jusqu’à 200 à 300 % pour du bois sans défaut, c'est-à-dire sans nœud) (Natterer
et al., 2004).
Enfin, le comportement fragile de l’éprouvette soumise à une contrainte en traction dans les
deux autres directions (radiale et tangentielle) est encore plus marqué que dans la direction
longitudinale. Selon Natterer et al., (2004), la discontinuité de croissance de l’arbre dans la
direction radiale et le manque de liaisons structurelles (solidarisation des fibres par quelques
rayons ligneux transversaux seulement) dans la direction tangentielle expliquent ce
comportement fragile.
Le Chapitre I, § 1.4.1 a permis de mettre en évidence que le bois est un matériau anisotrope
dont les comportements mécanique et thermique dépendent de la direction d’application de
l’effort.
En particulier, le module d’élasticité du bois est supérieur dans la direction longitudinale que
dans les directions radiale et tangentielle. Il dépend de nombreux facteurs, comme la teneur en
humidité, la température, la densité, les défauts (présence de nœuds) ou encore les durées
d’application des charges (Forest Products Laboratory, 2010 ; Armstrong, 1979). L’influence
de trois d’entre eux est explicitée par la suite.
Le point de saturation des fibres est atteint, sous une température de 20°C, lorsque la teneur
en humidité du bois est égale en moyenne à 30 % (Perré, 1994, cité par Dinh, 2011). Il
correspond au taux d'humidité du bois saturé en eau liée, taux en dessous duquel le bois va
commencer à sécher en se contractant. Le point de saturation définit le domaine
hygroscopique du bois. Selon les conditions extérieures auxquelles est soumis l’échantillon,
l’humidité du bois varie et affecte ses propriétés élastiques. De nombreuses études ont montré
que, pour une teneur en humidité supérieure à la limite de saturation, l’évolution de l’humidité
du bois avait peu d’influence sur le module élastique et les variations dimensionnelles de
l’échantillon (Pluvinage, 1992, cité par Dinh, 2011 ; Forest Products Laboratory, 2010)
(Figure I-16). Le bois ne contient plus d’eau libre et les parois cellulaires sont saturées d'eau
liée.
34
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Point de saturation
des fibres
Domaine hygroscopique
(a) (b)
Figure I-16. Variation du module d’élasticité ETangentiel (a) et du module d’élasticité longitudinal relatif (b) en
fonction du taux d’humidité du bois (modifié d’après Pluvinage, 1992, cité par Dinh, 2011 ; Forest Products
Laboratory, 2010)
35
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Tableau I-4. Classes de résistance et valeurs des propriétés de résistance, de rigidité et des masses volumiques
(modifié d’après la norme NF EN 338 (AFNOR, 2009))
Résineux Feuillus
C14 C16 C18 C20 C22 C24 C27 C30 C35 C40 C45 C50 D18 D24 D30 D35 D40 D50 D60 D70
Propriétés de résistance (MPa) (valeurs caractéristiques)
Flexion 14 16 18 20 22 24 27 30 35 40 45 50 18 24 30 35 40 50 60 70
Traction axiale 8 10 11 12 13 14 16 18 21 24 27 30 11 14 18 21 24 30 36 42
Compression axiale 16 17 18 19 20 21 22 23 25 26 27 29 18 21 23 25 26 29 32 34
Cisaillement 3 3,2 3,4 3,6 3,8 4 4 4 4 4 4 4 3,4 4 4 4 4 4 4,5 5
Propriétés de rigidité (GPa) (valeurs moyennes)
Module moyen
d'élasticité axiale 7 8 9 9,5 10 11 12 12 13 14 15 16 9,5 10 11 12 13 14 17 20
Emoy,Long
Module moyen
0,23 0,27 0,30 0,32 0,33 0,37 0,38 0,40 0,43 0,47 0,50 0,53 0,63 0,67 0,73 0,80 0,86 0,93 1,13 1,33
d'élasticité transversale
Module moyen de
0,44 0,50 0,56 0,59 0,63 0,69 0,72 0,75 0,81 0,88 0,94 1,00 0,59 0,62 0,69 0,75 0,81 0,88 1,06 1,25
cisaillement Gmoy
3
Masse volumique (kg/m ) (valeurs moyennes)
Masse volumique
350 370 380 390 410 420 450 460 480 500 520 550 570 580 640 650 660 750 840 1080
moyenne
36
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Les classes de résistance ne faisant pas explicitement référence aux essences, le Centre
Technique du Bois et de l’Ameublement (CTBA, 2007) a défini des classes de résistance
maximales pour les principales essences de bois utilisées dans la construction (Tableau I-5).
Tableau I-5. Classes de résistance maximales pour les différentes essences utilisées dans la construction
(modifié d’après AFNOR, 2009 ; CTBA, 2007 ; [10])
Module moyen d’élasticité
Classes de résistance maximales
Essence de bois axial (MPa) à 12% d’humidité
(CTBA, 2007)
(AFNOR, 2009 ; [10])
Sapin – Epicéa – Mélèze C30 12000
Douglas – Peuplier C24 11000
Pins sylvestre et maritime C30 12000
Châtaignier D30 11000
Acacia - Chêne D35 12000
Azobé D60 17000
Hêtre 10500
Du fait des conditions spécifiques liées à l’emploi des pieux en bois dans le sol (battage des
pieux, variation de la teneur en humidité et de la température dans le sol), les valeurs
présentées dans le Tableau I-4 et le Tableau I-5 ne sont probablement pas adaptées pour ce
type d’utilisation. Néanmoins, en l’absence de données propres aux pieux en bois, il est tout
de même possible d’utiliser ces jeux de paramètres.
37
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
(a) (b)
Figure I-18. Corrélations entre le module de cisaillement et le module d’élasticité des épicéas sitka (a) et
norvégiens (b) (Khokhar, 2011)
L’auteur a justifié l’absence de corrélation entre ces deux paramètres par des directions
d’application des contraintes différentes lors des mesures des modules d’élasticité et de
cisaillement :
• Le module d’élasticité a été mesuré suite à l’application d’une contrainte parallèle aux
fibres du bois, qui ont été allongées ou raccourcies dans la direction longitudinale ;
• Le module de cisaillement du bois a été déterminé lors d’essais de torsion des
échantillons. Les contraintes de cisaillement, dont les directions étaient tangentielles à la
section transversale de l’éprouvette, ont déformé le bois, mais les fibres n’ont pas été
allongées ou raccourcies dans la direction longitudinale.
Ces deux paramètres pourraient être corrélés à partir du coefficient de Poisson A dans le cas
d’un matériau isotrope. Néanmoins, le bois étant un matériau anisotrope, l’équation
E
G= n’est pas vérifiée.
2(1 + υ )
Enfin, l’étude menée sur des planches d’épicéa norvégien de dimensions 50 × 150 × 3900 mm
par Olsson et Källsner, (2012) a confirmé les résultats obtenus par Khokhar, (2011). Les
auteurs ne sont pas parvenus à déterminer de relation significative entre le module d’élasticité
et le module de cisaillement, les coefficients de corrélation entre ces deux paramètres étant
égaux à 0,01 (Figure I-19a) et 0,03 (Figure I-19b).
38
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
(a) (b)
Figure I-19. Corrélation entre le module de cisaillement et le module l’élasticité (épicéas norvégiens) (Olsson
et Källsner, 2012)
Tableau I-6. Contraintes et modules d’élasticité des essences (modifié d’après AWPI, 2002)
Cisaillement Compression
Compression Flexion Module d’élasticité
Essences perpendiculaire perpendiculaire aux
axiale (kPa) (kPa) (MPa)
aux fibres (kPa) fibres (kPa)
Pin du Sud 8270 16540 758 1723 10338
Douglas 8615 16885 793 1585 10338
Chêne rouge 7581 16885 930 2412 8615
Pin rouge 6203 13094 586 1068 8821
Ce document fait également office de guide normatif pour le dimensionnement des pieux en
bois. Les différentes méthodes de dimensionnement y sont détaillées en fonction de la nature
des terrains.
39
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
40
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Tableau I-7. Classes de risque des bois (modifié d’après norme NF EN 335-2 (AFNOR, 2007))
Classes Durabilité
Risques
de Situations de service Exemples d’emploi Zone sensible naturelle
biologiques
risque essences
Bois sec, humidité Menuiseries intérieures à l’abri Insectes, termites Toutes sauf
1 toujours inférieure à de l’humidité : parquets, 2 mm dans les régions sapin, épicéa,
20 % escaliers, etc. infestées hêtre et Ayous
Insectes,
Bois sec mais dont
champignons de Toutes sauf
l’humidité peut Charpente, ossature
2 2 mm surface, termites sapin, épicéa,
occasionnellement correctement ventilée
dans les régions hêtre et Ayous
dépasser 20 %
infestées
Toute pièce de construction ou Toute la partie
Pourritures, Toutes sauf
Bois à l’humidité menuiserie extérieure verticale humidifiable de
insectes, termites sapin, épicéa,
3 fréquemment soumise à la pluie. Pièce la zone non
dans les régions hêtre, Ayous,
supérieure à 20 % abritée, mais en atmosphère durable
infestées pin sylvestre
condensante naturellement
Bois horizontaux en extérieur Châtaignier,
Bois à une humidité et bois en contact avec le sol Pourritures, robinier,
4 toujours supérieure à ou une source insectes y compris Doussié, Iroko
20 % d’humidification prolongée ou termites (bois africains),
permanente Teck d’Asie
Bois en contact Pourritures,
Piliers, pontons, bois
5 permanent avec l’eau insectes, térébrants X
immergés
de mer marins
Les pieux en bois étant généralement en contact avec une source d’humidification prolongée
(pieux battus dans le sol), ou en contact permanent avec l’eau de mer (ouvrages maritimes,
côtiers et portuaires), les classes de risque n°4 et n°5 sont associées à ces situations de service.
Les risques de dégradation biologique sont alors élevés.
Tableau I-8. Classes de durabilité des bois (modifié d’après la norme NF EN 350-2 (AFNOR, 1994))
Classe Description Exemples d’essences
Acacia
I Très durable (>25 ans)
Essences tropicales
Chêne d’Europe
II Durable (15 à 25 ans) Châtaignier
Acacia
III Moyennement durable (10 à 15 ans) Chêne d’Europe
Chêne rouge d’Amérique
IV Peu durable (5 à 10 ans) Pin
Hêtre
V Très peu durable (<5 ans) Hêtre
41
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
A titre d’exemple, les duramens du chêne et du pin maritime ne sont pas imprégnables mais
les aubiers le sont. Le duramen du châtaignier n’est pas imprégnable, tandis que l’aubier l’est
moyennement. Enfin, l’érable et le hêtre le sont intégralement.
Les deux produits les plus utilisés au cours des dernières décennies dans le traitement du bois
ont été la créosote (mélange d’hydrocarbures) et un mélange de cuivre, de chrome et d’arsenic
connu sous le nom de CCA (arséniate de cuivre chromé). La créosote a été largement utilisée
dans le traitement des traverses des voies de chemins de fer et des ponts car elle rendait le
bois insensible à l’eau. La CCA a été développée dans les années 1930 et a été utilisée dans de
nombreux pays du fait de ses propriétés insecticides qui la rendaient très efficace face aux
attaques biologiques.
Ces deux produits sont actuellement utilisés aux Etats-Unis. La créosote était, il y a encore
quelques années, le produit le plus employé dans les traitements du bois, mais l'augmentation
du coût des matières première nécessaires à sa fabrication a limité son utilisation.
Aujourd’hui, 90 à 95 % des pieux en bois en pin jaune battus aux Etats-Unis sont traités à la
CCA. La créosote est uniquement utilisée dans les sols acides et corrosifs. L’usage de ces
deux produits est néanmoins contrôlé par des normes rédigées par l’association américaine de
conservation du bois (AWPA).
L’emploi de la créosote est interdit en Europe depuis 2002 à l’intérieur des locaux et pour
certains usages externes. Elle est considérée, depuis 2003, comme une substance cancérigène.
Sa commercialisation est interdite en France depuis cette date (en s’appuyant sur un arrêté
datant de 1997 et relatif aux limitations de mise sur le marché et d'emploi de certains produits
contenant des substances dangereuses).
Dès les années 1990, les pays européens ont légiféré sur l’usage de la CCA dans la
conservation du bois. En France, les conditions de mises sur le marché des produits à base
d’arsenic ont été réglementées en 2004 (Décret n° 2004-1227 du 17 novembre 2004 relatif
aux conditions de mise sur le marché et d'emploi de l'arsenic et de ses composés, du colorant
bleu, du pentabromodiphényléther et de l'octabromodiphényléther). Le traitement du bois
avec ce produit est notamment interdit en France depuis cette date.
42
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Après avoir présenté les propriétés mécaniques et de durabilité du matériau bois, nous allons
étudier dans la deuxième partie de ce chapitre les caractéristiques géométriques des pieux
ainsi que leur mise en œuvre dans le sol par battage.
La ressource naturelle disponible intervenait dans le choix des dimensions des pieux dans la
mesure où leur diamètre et leur longueur étaient limités par ceux des arbres.
Les campagnes de recensement des essences peuplant les forêts françaises, ainsi que l’étude
des propriétés géométriques des arbres réalisées par l’INIGF entre 2005 et 2007 ont permis
d’estimer la hauteur moyenne des arbres en fonction de leur diamètre (Figure I-20). La Figure
I-20 donne ainsi un ordre de grandeur des diamètres maximaux des pieux disponibles en
fonction de leur longueur.
40 40
35 35
30 30
25 25
Hauteur (m)
Hauteur (m)
Chêne sessile
20 20
Chêne pédonculé
Chêne pubescent
15 15 Essences feuillues
Hêtre
Châtaignier Essences résineuses
10 10
Pin maritime
Essences feuillues et résineuses
5 Epicéa 5
Douglas
0 0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80
Diamètre (cm) Diamètre (cm)
(a) (b)
Figure I-20. Variation de la hauteur moyenne des arbres en fonction de leur diamètre pour les différentes
essences (a), les feuillus et les résineux (b) (modifié d’après des données brutes de l’INIGF mesurées lors
d’une campagne entre 2005 et 2007)
43
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Selon Mesqui, (1986), les diamètres des pieux en bois utilisés dans les fondations des
ouvrages et des bâtiments étaient généralement compris entre 25 et 35 cm, mais pouvaient
atteindre exceptionnellement 40 cm. Selon l’auteur, les longueurs des pieux variaient en
moyenne entre 4 et 12 m.
On verra également, dans le Chapitre II, § 1.7 que parmi l’ensemble des ponts routiers
français identifiés sur des pieux en bois :
• 83 % d’entre eux ont été bâtis sur des pieux de longueurs variant entre 2 et 15 m, les 17 %
restants reposant sur des pieux de longueurs supérieures à 15 m ;
• 83 % d’entre eux ont été bâtis sur des pieux dont les diamètres étaient compris entre 25 et
35 cm, les 17 % restants reposant sur des pieux de diamètres variant entre 20 et 25 cm et
entre 35 et 40 cm.
Les dimensions des pieux en bois étant limitées par celles des arbres, les constructeurs
employaient des dispositifs d’enture (technique d’aboutage) constitués de pièces en fer
(goujons, éclisses) (Figure I-21) pour augmenter leur longueur. Les entures étaient également
utilisées durant la phase de battage lorsque la hauteur de chute de la masse frappante était trop
importante ou lorsque les têtes des pieux avaient été préalablement recépées.
2.1.1.2 Formules empiriques reliant les diamètres aux longueurs des pieux
Selon Davidian, (1969), les pieux en bois devaient être conformes à un certain nombre de
règles empiriques et respecter les critères géométriques et structurels suivants (l’auteur n’a
pas mentionné les époques au cours desquelles ces règles ont été établies et appliquées) :
• Les pieux ne devaient pas présenter de défauts particuliers (fentes, moisissures) pouvant
altérer leur résistance ou leur durabilité ;
• L’axe entre les centres de la pointe et de la tête des pieux devait se situer à l’intérieur des
pieux. La flèche ne devait pas excéder 1/100 de leur longueur ;
• Le rapport entre le diamètre de la tête et celui de la pointe devait être inférieur à 1,5, ce
qui représentait, pour un pieu de 10 m de longueur avec un diamètre en tête de 30 cm, une
conicité maximale de 5 mm/m (Chapitre I, § 2.1.2.1) ;
• Dans les terrains résistants, le diamètre à mi-longueur des pieux devait être inférieur à
1/30 de leur longueur et dans les terrains meubles, supérieur à 1/40 de leur longueur.
44
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Le diamètre minimum des pieux en bois dépendait de leur longueur et était déterminé à partir
de formules empiriques (Tableau I-9). Le rapport entre la hauteur et le diamètre moyen des
pieux correspondait à l’élancement.
Tableau I-9. Formules donnant le diamètre des pieux en bois en fonction de leur longueur (Davidian, 1969 ;
Bellidor, 1765)
Auteurs Formules Conditions d’application
B (m) était le diamètre mesuré à mi-longueur du pieu et L (m) sa longueur
Perronet (1708-1794) B = 0, 24 + 0, 015 × ( L − 4) Longueur du pieu supérieure à 4 m
Formule moderne (date inconnue) B = 0, 30 + 0, 015 × ( L − 6) Longueur du pieu supérieure à 6
Règle empirique (date inconnue) B = 0,15 + 0, 02 L
L
Bellidor (1765) = 12 B était exprimé en pouces et L en pieds
B
Bsup
Bsup − Bb
tan ω =
L
2L
3
Bb
Figure I-22. Conicité des pieux en bois (modifié d’après AWPI, 2002)
45
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Cette définition de la conicité a été reprise dans l’ouvrage « Timber Pile Design and
Construction Manual » (AWPI, 2002).
Les croissances longitudinale et radiale de l'arbre dépendent de nombreux facteurs
environnementaux, comme la composition du sol à proximité, l'exposition à la lumière
solaire, ou encore les conditions climatiques. L’ensemble de ces facteurs agit donc sur la
conicité de l’arbre.
Dans la mesure où ce paramètre n’était pas le principal critère de sélection d’une essence de
bois par rapport à une autre, aucune règle spécifique n’a été établie au cours des siècles
précédents. La géométrie des pieux dépendait principalement de la ressource naturelle
disponible.
Tableau I-10. Longueur, diamètre en pointe et en tête et conicité des pieux (modifié d’après Davidian, 1969)
Longueur des Diamètre mesuré à 1 m Conicité des pieux
Diamètre en pointe (cm)
pieux (m) sous la tête (cm) (mm/m)
5 20 à 22 jusqu’à 25 9 à 13 jusqu’à 15 9
7,5 22 à 24 jusqu’à 27 10 à 16 7,8
10 22 à 25 jusqu’à 30 10 à 19 5,8
12,5 25 à 26 jusqu’à 35 12 à 18 jusqu’à 20 5,6
15 25 à 29 jusqu’à 40 13 à 20 5,3
Tableau I-11. Conicité maximale des pieux en fonction de leur diamètre en tête et de leur longueur (modifié
d’après AWPI, 2002)
Diamètre minimum tête de
17,8 20,2 22,6 25,1 28,3 30,7 33,1 35,6 38,0 40,4 46,1
pieu (cm)
Longueur pieu (m) Conicité maximale (mm/m)
6,1 4,0 6,0 8,0 8,6 8,6 8,6 8,6
7,6 3,2 4,8 6,4 7,4 7,7 8,0 7,7 7,7
9,1 2,7 4,0 5,3 6,6 7,1 7,1 7,1 7,1
10,7 5,7 6,4 6,4 6,4 6,4 6,4
12,2 5,0 6,0 6,0 6,0 6,0 6,0
13,7 5,6 5,7 5,9 5,9 5,9 5,9
15,2 5,0 5,6 5,8 5,8 5,8 5,8
16,8 5,2 5,7 5,7 5,7 5,7 6,1
18,3 4,9 5,5 5,6 5,6 5,6 5,7
19,8 4,5 5,1 5,4 5,7 5,7 5,9
21,3 4,2 4,7 5,3 5,8 5,8 5,8
22,9 4,4 5,0 5,5 5,7 5,8
24,4 4,1 4,6 5,1 5,6 5,8
25,9 3,9 4,4 4,8 5,3 5,7
27,4 3,7 4,1 4,6 5,0 5,5
29,0 3,5 3,9 4,3 4,7 5,3
30,5 3,3 3,7 4,1 4,5 5,2
46
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Les ordres de grandeur des conicités indiquées dans le Tableau I-11 sont similaires à ceux
définis par le Ministère Français de la Reconstruction et de l’Urbanisme (Tableau I-10) sur la
plage de longueurs 0-15 m et évoluent peu au-delà.
Tableau I-12. Résultats d’étude sur l’influence de la conicité des pieux sur leur résistance
Auteurs Caractéristiques des pieux et du sol Résultats de l’étude
La conicité des pieux en bois (égale à 10 mm/m selon les
auteurs) conduit à une augmentation de la réaction latérale
Blanchet et al., Pieux en bois de 15 m de long. Diamètres
du sol lors de la phase de battage et à doubler la résistance
(1980) moyens égaux à 27,5 cm
de frottement par rapport à celle des pieux à section
droite.
Pieux en bois coniques de longueurs
La conicité des pieux en bois égale à 10 mm/m multiplie
comprises entre 6 et 10,5 m et de
Tavenas, (1971) la valeur de la résistance de frottement par un facteur
diamètres égaux à 25,5 cm.
compris entre 1,5 et 2,5.
Pieux battus dans du sable au Québec
La résistance de frottement des pieux coniques est
supérieure à celle des pieux à section droite. L’auteur
explique les différences observées par le fait que les vides
formés par les vibrations induites lors du battage des
Etudes réalisées sur des pieux en béton,
Tomlinson, pieux coniques dans un sol normalement consolidé se
en acier et en bois (coniques et à section
(1969) referment davantage qu’avec les pieux à section droite.
droite) battus dans l’argile
Le facteur d’adhérence au Danemark utilisé dans le calcul
de la résistance de frottement des pieux à section droite
(méthode 5-cu, Chapitre V, § 1.2.1.1) est multiplié par 1,2
pour les pieux coniques.
La résistance de frottement des pieux augmente avec la
conicité, indépendamment de la densité et de l’état de
contrainte dans le sable. Elle est en moyenne 20 % plus
Etude réalisée en laboratoire sur des élevée que celle des pieux à section droite.
pieux en acier dans le sable En revanche, la résistance de pointe augmente avec la
• à section droite (longueurs et conicité des pieux dans le sable moyennement dense
Paik et al.,
diamètres égaux à 0,7 m et 6 cm) (DR=55 %) et diminue avec la conicité dans le sable dense
(2009)
• coniques (longueurs et conicité (DR=86 %) (écart de 30 % entre le pieu à section droite et
égales à 0,7 m, 18 mm/m (soit 1°) et le pieu conique (18 mm/m)).
25,5 mm/m (soir 1,5°)) La portance limite du pieu à section droite est atteinte
pour un tassement équivalent à 2 % de son diamètre,
contrairement aux pieux coniques qui l’atteignent pour un
tassement égal à 40 % de leur diamètre.
Pieux en acier à section droite (longueur
La portance limite du pieu conique en compression
et diamètre égaux à 1,52 m et 16,8 cm) et
(conicité égale à 16,7 mm/m) est 35 à 40 % supérieure à
coniques (longueurs et conicités égales à
El Naggar et celle du pieu à section droite dans le sable moyennement
1,52 m et 16,7 mm/m (0,95°)).
Wei, (1999) dense.
Pieux battus dans du sable lâche
La résistance à la traction du pieu conique (16,7 mm/m)
(DR=18,4 %) et moyennement dense
est 14 % plus faible que celle du pieu à section droite.
(DR=32,7 %)
47
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Figure I-24. Influence de la géométrie des pieux sur l’écoulement de l’eau [8]
Les pieux équarris étaient majoritairement utilisés dans les constructions de batardeaux, sous
formes de palplanches ou de berlinoises (Figure I-25) : l’équarrissage permettait aux pieux
d’être jointifs et donc de limiter les arrivées d’eau à l’intérieur du batardeau. On rappelle que
les batardeaux étaient des enceintes destinées à la retenue d’eau provisoire dans lesquelles les
ouvriers pouvaient travailler à sec.
Certains bâtisseurs exigeaient parfois que les pieux équarris soient rainurés afin d’assurer une
meilleure étanchéité (Mesqui, 1986).
48
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Figure I-25. Pieux équarris (a), pieux taillés en pointe (b) et berlinoise (c)
1 Le sable ;
Le sable était divisé en deux catégories, le sable ferme et le sable qualifié de « mouvant ». Les
pieux pouvaient être fichés dans le sable ferme, tandis que le sable qualifié de « mouvant »
présentait une faible résistance mécanique. La distinction entre ces deux natures de sable était
effectuée avec des sondages à la tarière.
1 La terre ;
Bellidor, (1765) distinguait quatre natures de terre différentes : la terre ordinaire, la terre
grasse, la glaise et la tourbe. La terre ordinaire était située dans les terrains « secs » à de
faibles profondeurs. La terre grasse était composée de vase sans consistance. La glaise était
située en profondeur ou proche du terrain naturel. Enfin, la tourbe, de couleur noire, était
caractéristique des milieux aquatiques et marécageux.
49
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Le Tableau I-13 présente le comportement des pieux en bois et les types de refus rencontrés
lors de la phase de battage de pieux en bois dans différentes natures de sols par l’ingénieur
Gauthey au 18ème siècle (Maillard, 2006).
Tableau I-13. Comportement des pieux dans différentes natures de sols (modifié d’après Maillard, 2006)
Possibilité de ficher le
Nature du sol Comportement du pieu dans le sol Type du refus
pieu
Argile raide + gravier
Sols de trop grande compacité pour
Tuf Refus en pointe Oui (pieux encastrés)
battre un pieu
Glaise + gravier
Enfoncement aisé au début (fiche
Sable (compact) faible) puis augmentation de la Refus par frottement Non (pieux flottants)
résistance de frottement jusqu’au refus
Vase Augmentation de la résistance de
Oui, mais dans une
Argile de faible compacité frottement le long du pieu, mais
couche sous-jacente
Sable de faible compacité n’entraînant pas un refus
Sols de trop grande compacité pour
Rocher Refus en pointe Oui (pieux encastrés)
battre un pieu
50
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
1
Figure I-26. Machine de battage munie d’un guide (Davidian, 1969)
Deux autres « outils » ont également été utilisés pour enfoncer les pieux en bois dans le sol :
• Le maillet était composé d’un rondin de bois (principalement en noyer) fretté aux deux
extrémités sur lequel était fixé un manchon en chêne (Figure I-27a). L’ouvrier saisissait le
manchon et venait frapper la tête du pieu. Cet outil était utilisé pour le battage des pieux
de faible diamètre (inférieur à 12 cm selon Davidian, (1969)). Leur enfoncement dans le
sol est alors limité à quelques mètres ;
• L’énergie cinétique acquise par le maillet étant relativement faible, les ouvriers utilisaient
également un autre outil, la hie. Elle était constituée d’une partie centrale en bois ou en fer
sur laquelle étaient fixés trois manchons inclinés (Figure I-27b). Ces derniers permettaient
aux ouvriers de la soulever et de la lâcher au-dessus de la tête du pieu à partir d’une plate
forme surélevée. La hie était utilisée pour des pieux de plus grands diamètres (compris
entre 12 et 18 cm) que ceux battus avec le maillet (Davidian, 1969).
La hie pouvait être également constituée d’un bâti et de tiraudes, mais n’était pas munie
d’un guide de battage (Figure I-27c) (Mesqui, 1986).
Les machines de battage ont progressivement été automatisées au début du 19ème siècle. Elles
ont été successivement munies d’un treuil à vapeur, puis d’un treuil électrique. Aujourd’hui,
les moteurs diesel et hydrauliques sont les plus utilisés pour le battage des pieux. Leur guide
peut être fixe ou à rotation libre. Sa fonction première est de maintenir l'alignement du
système de marteau avec le pieu, afin qu'il ne dévie pas de sa trajectoire lors de la phase de
battage. Le guide fixe (Figure I-28a) ne possède pas de point de rotation avec la grue et reste
51
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
donc à une distance constante de la cabine de pilotage, tandis que le guide à rotation libre peut
tourner librement à l'extrémité de la grue (Figure I-28b) ;
1
(a) (b)
1
Figure I-28. Guides fixe (a) et à rotation libre (b) (AWPI, 2002)
52
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
1
Figure I-29. Transmissions d’énergie et déplacement du pieu suite à un coup de la masse frappante (modifié
d’après Janbu, 1952)
1
1
2.2.4 Nature des contraintes et propagation de l’onde de choc dans le pieu
La phase de battage conduit à l’apparition de quatre types de contraintes différentes dans le
pieu en bois : des contraintes de compression et de traction et des contraintes de flexion
En effet, aux contraintes de compression ou traction axiales peuvent venir s’ajouter des
contraintes de flexion résultant de l’excentrement du point d’impact de la charge.
Les travaux menés par Rausche et al., (1988), cités par Hussein et Rausche, (1991) ont montré
que les caractéristiques des contraintes de compression axiales suite au choc de la masse
frappante sur la tête du pieu dépendaient principalement du module d’élasticité et de la
densité du bois. La contrainte de compression axiale dans le pieu en bois s’accompagne
également d’une contrainte de compression transversale lors de l’impact entre la masse
frappante et la tête du pieu.
Enfin, Hussein et Rausche, (1991) ont distingué trois configurations différentes lors de la
propagation de l’onde de compression axiale dans le pieu (Figure I-30) :
• L’onde se propage dans le pieu jusqu’à la pointe, provoque un déplacement du pieu dans
le sol puis est réfléchie avec une amplitude plus faible suite à une perte d’énergie lors du
déplacement du pieu (Figure I-30a) ;
• Si l’onde de compression est supérieure à la résistance du pieu, ce dernier se fissure en
tête. Selon Nanninga, (1953), la réduction des contraintes en tête du pieu peut être assurée
par la mise en place d’un casque (Figure I-30b) ;
• Si la résistance du sol est trop faible et l’amplitude de l’onde réfléchie trop importante, le
fût se fissure (Figure I-30c) ;
53
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
1
Figure I-30. Dommages causés au pieu lors de la phase de battage
1
1
2.2.5 Limitation des contraintes induites dans le pieu
Le Chapitre I, § 2.2.4 a présenté la nature des contraintes induites dans le pieu durant la phase
de battage, ainsi que les conséquences du battage sur son intégrité.
Les pieux en bois étaient généralement équipés de protections en tête et en pointe afin de
limiter leur fissuration et d’empêcher leur fracturation (fendage des têtes).
La Figure I-31 illustre les différents modes de rupture des pointes lorsqu’elles n’étaient pas
protégées, ainsi que l’état d’une pointe d’un pieu prélevé sur une ancienne digue de la Saône
(à Auxonne) et datée de 1673. La pointe présente seulement quelques fissures.
Figure I-31. Rupture des pieux battus sans protection de la pointe (DFP-Foundation-Product, 1993) (a) et
pointe d’un pieu prélevée à Auxonne (2011) (b)
54
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Les pointes des pieux étaient armées de sabots métalliques pour limiter les risques de rupture
lors de la phase de battage. Le Tableau I-14 présente leur géométrie, ainsi que les ponts sous
lesquels ils ont été découverts.
Illustration
Epoque romaine
Date
(Trèves)
d’existence Epoque romaine 1840 1er siècle ap. JC Epoque indéterminée
Epoque indéterminée
avérée
(Chalon)
Trèves, Mayence,
Trèves (24<L<30cm)
Ponts Genève, Avignon, Argenteuil Trèves Chalon-sur-Saône
Chalon (L=42cm)
Chalon-sur-Saône,
Des sabots à quatre languettes ont été retrouvés sur la pointe des pieux d’une ancienne digue
de la Saône construite en 1673 à Auxonne (Figure I-32) ainsi que sur des pieux de fondation
du pont Royal à Paris.
Les pointes des pieux étaient aussi protégées par des sabots en fonte, munis par la suite d’une
tige encastrée dans le pieu (Degrand et Résal, 1888) (Figure I-33a).
Le sabot de Camuzat (Figure I-33b) était également très utilisé pour protéger la pointe des
pieux. Il était constitué d’une feuille de tôle épaisse enroulée autour de la pointe et rivée
suivant une génératrice : cette génératrice était fixée au pieu par de longs clous à tête plate
(Davidian, 1969).
55
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
(a) (b)
Figure I-33. Sabots en fonte (a) et de type Camuzat (b) (modifié d’après Davidian, 1969)
Le Tableau I-15 présente les dimensions des frettes mesurées par Terzaghi, (1916) et
Davidian, (1969). Ce dispositif a également été utilisé aux Pays-Bas lors du battage des pieux
de fondation (Figure I-34c).
Figure I-34. Frettage des pieux en bois (a) et (b) – frettage de pieux de fondation employé aux Pays-Bas (c)
Le frettage des pieux en bois aurait été utilisé en France jusqu’à la fin du 18ème siècle - début
du 19ème siècle (Davidian, 1969).
Dans la pratique actuelle, les têtes des pieux en bois sont protégées par un dispositif différent
du frettage (AWPI, 2002). Un casque métallique est fixé en tête du pieu et a pour objectifs
principaux de fournir une surface libre lors du contact entre la masse et le pieu et
56
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
d’uniformiser la transmission de l'énergie fournie lors de l'impact dans toute la tête du pieu.
Le casque doit alors être adapté à la tête du pieu afin de maintenir un alignement concentrique
entre la masse frappante et le pieu.
Ce type de protection est utilisé aux Etats-Unis (Figure I-35) : un amortisseur en plastique
vient en complément du casque et est fixé à la masse frappante afin d'amortir les chocs lors du
battage.
Figure I-35. Casque en acier et amortisseurs utilisés lors du battage (AWPI, 2002)
Aux Pays-Bas, le frettage de la tête des pieux et le casque en métal ont été largement utilisés.
L’arrêt de l’emploi de ces casques a été concomitant de l’invention et du développement du
béton aux Pays-Bas. Dès le début du 20ème siècle, les Hollandais ont remplacé les casques par
des dés en béton pour protéger les têtes des pieux en bois. Ces blocs de béton permettaient
également de maintenir les pieux totalement immergés (les dés se situant au niveau de la zone
de marnage de la nappe) et servaient de connexion entre les fondations et la partie supérieure
de l’ouvrage (Figure I-36a).
Dans un second temps, les dés en béton ont été renforcés par des armatures métalliques
(Figure I-36b).
(a) (b)
Figure I-36. Connexion entre les fondations et la partie supérieure du bâtiment (a) - Dé en béton renforcé par
des armatures métalliques en tête des pieux (b) (Stichting_Platform_Fundering_Nederland., 2005 et 2007)
57
Chapitre I. Généralités sur le matériau bois et les pilots
Conclusion
La première partie de ce chapitre a permis de mettre en évidence que la filière bois française,
malgré un fort potentiel d’exploitation forestière, était peu valorisée. L’emploi des pieux en
bois dans les constructions d’ouvrages d’art et de bâtiments a disparu en France au cours du
19ème siècle et a été remplacé par d’autres technologies de pieux. L’absence d’un cadre
réglementaire français relatif aux pieux en bois, ainsi que le scepticisme et les préjugés des
acteurs de la construction sur les propriétés de résistance du bois justifient l’absence de ce
type de pieux dans la pratique actuelle en France.
Le bois présente néanmoins de forts atouts environnementaux par rapport aux autres
matériaux de construction comme le béton et l’acier. Le stockage du dioxyde de carbone et la
réduction des émissions carbone établie à partir de la base carbone de l’ADEME en attestent.
Dans la société actuelle où le concept de développement durable est ancré au cœur des actions
de l’Etat, les pieux en bois constituent une solution alternative aux pieux en béton et en acier.
L’emploi des pieux en bois nécessite néanmoins quelques précautions : la durabilité du
matériau bois présentée dans ce chapitre a permis de mettre en évidence que le bois non traité
pouvait être soumis à des dégradations fongiques endogènes aux zones de marnage. La
pérennité des pieux en bois est assurée dès lors qu’ils sont intégralement et constamment
immergés.
Enfin, on rappelle que sans cadre réglementaire français propre à cette technologie de pieux,
l’utilisation des pieux en bois dans les nouvelles constructions sera limitée, voire même
inexistante.
Enfin, quelques ouvrages français fondés sur des pieux en bois ont été cités dans ce chapitre.
Il en existe bien d’autres sur le territoire, dont les méthodes de construction des fondations ont
évolué au cours des siècles et des époques. La France possède un patrimoine très riche
d’ouvrages bâtis sur des pieux en bois, qu’il apparaît essentiel de préserver.
Le Chapitre II de ce manuscrit présente un état de l’art des méthodes de construction des
fondations sur des pieux en bois, ainsi qu’une méthodologie d’analyse des fondations en bois.
58
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Introduction
La France possède un patrimoine d’ouvrages d’art et de bâtiments fondés sur des pieux en
bois riche et diversifié. Certains ont traversé les siècles et les époques, comme le château de
Chambord érigé sur des pieux en chêne dans un terrain marécageux, le pont Saint-Michel
construit sur la Seine à Paris, le Grand Palais sur la rive droite de ce fleuve, ou encore la place
Stanislas à Nancy.
Malgré un parc important d’ouvrages bâtis sur des pieux en bois, le retour d’expérience sur
les méthodes de construction françaises employées au cours des siècles ainsi que sur les
désordres relevés sur ces ouvrages reste faible et non capitalisé. Le choc vécu lors de
l’effondrement du pont Wilson à Tours en 1978 ne fût pas réellement suivi d’un
développement d’expertise durable sur les fondations en bois. Les choix des méthodes
d’investigation des fondations et des solutions de confortement en fonction des pathologies
observées s’avèrent néanmoins essentiels pour assurer la pérennité de ce patrimoine.
Il n’existe à ce jour aucune base de données nationale regroupant l’information sur les
méthodes de construction des ouvrages sur des pieux en bois, leur nombre et leur localisation
sur le territoire. L’information est partagée entre les archives des services gestionnaires, des
Laboratoires Régionaux des Ponts et Chaussées, de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées,
les guides, les livres ou les sites internet traitant de ce sujet.
Le logiciel LAGORA (Logiciel d'Aide à la Gestion des Ouvrages d'Art) développé par le
Service d'Etudes sur les Transports, les Routes et leur Aménagement (SETRA), en
collaboration avec les Directions Interdépartementales des Routes (DIR) contient des
informations sur la structure supérieure des ouvrages (géométrie, matériaux utilisés, limites de
charges, surveillances et inspections), mais n’inclut pas les fondations.
59
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Par manque d’information, les bâtiments, les monuments, les ouvrages ferroviaires et autres
édifices fondés sur des pieux en bois n’ont pas fait l’objet d’une étude approfondie.
La seconde partie de ce chapitre présente les désordres relevés sur les ouvrages d’art routiers
construits sur des pieux en bois. Les principales causes de ces désordres et les méthodes de
renforcement des fondations mises en œuvre pour préserver ce patrimoine sont détaillées.
Enfin, la troisième partie du chapitre présente une méthodologie d’analyse des fondations en
bois des ouvrages élaborée aux Pays-Bas. Elle a été mise en pratique lors de l’inspection des
fondations du viaduc ferroviaire des cent arches à proximité de Libourne.
60
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Les caractéristiques des ponts construits au cours des différentes époques sont détaillées en
Annexe A. Les villes et cours d’eau franchis, les dates de construction, la géométrie, la nature
des terrains dans lesquels les pieux ont été battus ainsi que la nature des fondations y sont
présentés. L’état des ponts (en service ou ruiné) est également précisé dès lors que
l’information était disponible.
Sans notion spécifique de règles de calcul ni disposition nécessaire pour assurer la pérennité
de ces structures, les hommes parvenaient à enfoncer des pilots dans le sol. Les machines de
battage n’ayant pas été développées, les pieux étaient fichés dans le sol à la force humaine [9].
61
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Des habitats fondés sur des pieux en bois de chêne et de frêne et datés de l’âge de bronze (de
1800 à 700 av. JC) ont été découverts près des lacs jurassiens de Neuchâtel (Suisse), de
Chalain ou de Clairvaux (Maillard, 2006). La méthode d’enfoncement des pieux en bois était
la suivante :
• La tête des pilots était préalablement taillée en gueule ; c'est-à-dire en une encoche
profonde réalisée à l’extrémité supérieure et destinée à recevoir un bois horizontal
(plancher ou parois de l’habitat) (Figure II-2a) ;
• La liquéfaction des craies lacustres sous l’effet des vibrations permettait aux hommes de
ficher les pilots dans le sol à une profondeur d’environ 2 m (Figure II-2b et Figure II-2c).
Selon [11], les pilots pouvaient supporter plusieurs centaines de kilos.
Onze sites d’habitats, datés de l’an 1000 av. JC et fondés sur des pieux en chêne, ont été
découverts dans le lit mineur de la Saône. Selon Maillard, (2006), il s’agissait d’édifices
d’ampleur modérée dans la mesure où l’ensemble du site contenait environ 500 pieux.
Enfin, des vestiges d’un pont fondé sur des pieux en bois ont également été retrouvés entre les
lacs de Bienne et de Neuchâtel en Suisse. Ce pont, appartenant à la civilisation celte de la
Tène et daté de l’an 300 av. JC, possédait une longueur et une largeur égales à 90 m et
2,80 m. Il comportait deux rangées de pieux de chêne de 20 cm de diamètre, espacées de
2,4 m. Les 16 à 20 piles étaient distantes de 5 m. La stabilité des rangées était renforcée par
des pieux obliques jouant le rôle de contrefort (Kruta, 2000).
Le Tableau II-2 présente les caractéristiques des ponts et habitats fondés sur des pieux en bois
et datés de l’époque préromaine.
La Figure II-3 illustre la localisation de ces constructions.
62
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Tableau II-2. Caractéristiques des ponts et habitats datés de l’époque préromaine ([11] ; Maillard, 2006 ;
Kruta, 2000)
Numéro Cours d'eau
Nom Ville / Emplacement Datation Caractéristiques
du site franchi
Lacs jurassiens de Maisons en milieu humide, fondées sur des pieux en
1 Maisons X 3000 av. JC
Neuchâtel bois de chêne ou de frêne.
Seuls des vestiges de ces constructions sont parvenus jusqu’à nous (Figure II-2c). Les dates de
ruine des parties supérieures de ces ponts et habitats sont, à ce jour, inconnues.
63
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Dans son ouvrage « Bella Gallica », César a également détaillé la construction d’un pont sur
le Rhin entre Coblence et Cologne en 55 av. JC. « Voici le nouveau procédé de construction
qu’il employa. Il accouplait, à deux pieds l’une de l’autre, deux poutres d’un pied et demie
d’épaisseur, légèrement taillés en pointe par le bas et dont la longueur était proportionnée à
la profondeur du fleuve. Il les descendait dans le fleuve au moyen de machines et les enfonçait
à coup de mouton, non point verticalement, comme des pilotis ordinaires, mais obliquement,
inclinés dans la direction du courant ; en face de ces poutres, il en plaçait deux autres, jointes
de même façon, à une distance de quarante pieds en aval et penchées en sens inverse du
courant. Sur ces deux paires on posait des poutres larges de deux pieds, qui s’enclavaient
exactement entre les pieux accouplés, et on plaçait de part et d’autre deux crampons qui
empêchaient les couples de se rapprocher par le haut ; ceux-ci étant ainsi écartés et retenus
chacun en sens contraire, l’ouvrage avait tant de solidité, et cela en vertu des lois de la
physique, que la violence du courant était grande, plus le système était fortement lié. On
posait sur les traverses des poutres longitudinales et, par dessus, des lattes et des claies. En
outre, on enfonçait en aval des pieux obliques qui, faisant contrefort, appuyant l’ensemble de
l’ouvrage, résistaient au courant ; d’autres étaient plantées à une petite distance en avant du
pont : c’était une défense qui devait, au cas où les Barbares lanceraient des troncs d’arbres
ou des navires destinés à le jeter bas, atténuer la violence du choc et préserver l’ouvrage »
(Reiffsteck, 2009).
La Figure II-4 présente les fondations de ce pont reconstituées dans les albums de Napoléon
III.
64
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Figure II-4. Fondations sur pieux du pont sur le Rhin (Reiffsteck, 2009)
(a) (b)
1
Figure II-5. Machines de battage exposées aux musées de Trèves (a) et de la civilisation romaine (b)
(Reiffsteck, 2009)
Dans son traité, Vitruve différenciait deux types de fondations (Mesqui, 1986) :
• Les fondations superficielles ou semelles étaient privilégiées lorsque le substratum
pouvait être facilement atteint. Le pont du Gard et le petit pont de Spoy ont notamment été
construits sur ce type de fondation ;
• Les ouvrages reposaient sur des pilotis lorsque la profondeur du substratum était trop
importante pour fonder superficiellement. Dans cette configuration, des pieux en chêne,
en olivier ou en aulne étaient brulés en pointe afin d’augmenter leur résistance puis battus
dans le sol. Les pointes des pieux pouvaient être également munies de sabots métalliques
(Chapitre I, § 2.2.5.1). Ce type de fondation a été largement utilisé à l’époque romaine et
identifié sous des ponts à Genève, à Ambroix près de Gallargues, en Avignon, à Chalon-
sur-Saône, en Mayence ou encore à Cologne. 300 à 500 pieux battus sur 160 m² (soit une
moyenne de deux à trois pieux battus par m²) ont été découverts sous les fondations du
pont de Trêves.
65
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Les fouilles pratiquées sous les ponts romains ont permis de mieux comprendre les méthodes
de construction : un premier ensemble de pieux, longs et équarris (40 cm de coté), avait pour
objectif de supporter le cadre et la semelle en charpente. A l’intérieur de cet ensemble était
battu un second ensemble de pieux, de section plus petite. L’argile et les cailloux étaient
compactés et venaient combler les vides entre ces deux ensembles. Ils empêchaient ainsi la
dislocation ou le flambement des pieux lors de leur éventuel dégarnissage (Mesqui, 1986).
Les deux rangées de pieux pouvaient être également remplacées par des caissons constitués de
madriers de bois horizontaux et fixés à des pieux verticaux. Ces caissons étaient ensuite
remplis de blocs de pierre non taillés. Selon Guyon, (2000), cette méthode aurait été mise en
œuvre lors de la construction du pont de Pontoux sur le Doubs, du pont de Fondettes sur la
Loire ou encore celle du pont de Mayence sur le Rhin.
Enfin, des pieux battus en amont des piles ont été retrouvés à proximité de plusieurs ponts
datés de l’époque romaine, laissant présager que les romains protégeaient leurs ponts contre
d’éventuels chocs pouvant survenir lors d’embâcles (Guyon, 2000).
Ce pieu est composé de trois parties distinctes : l’extrémité supérieure en cône d’érosion était
émergée à l’étiage. La partie du pieu immergée située sous le cône d’érosion a été érodée par
le courant (la section du pieu est plus faible que dans la partie inférieure). Enfin, l’extrémité
66
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
inférieure du pieu est restée encastrée dans les sédiments et n’a donc pas été érodée par le
courant (Dumont, 2010).
Le Tableau 1 en Annexe A présente les caractéristiques des ponts romains fondés sur des
pieux en bois ayant fait l’objet de fouilles (Dumont, 2011). La majeure partie a été construite
au cours des deux premiers siècles de notre ère, durant l’époque du Haut-Empire, marquée par
une stabilité intérieure et une prospérité économique. La Figure II-7 permet de les localiser
sur le territoire français.
L’étude des fondations des ponts romains situés sur le territoire français et à l’étranger
(notamment en Allemagne) n’a pas permis de mettre en évidence une méthode de
construction des fondations caractéristique de cette époque. On peut néanmoins affirmer que
le chêne était l’essence la plus utilisée dans les constructions romaines en bois dans la mesure
où son caractère imputrescible dans l’eau et sa grande résistance à l’air libre avaient été
identifiés.
La majeure partie des ponts romains construits sur des pieux en bois ont été détruits au cours
des siècles qui ont succédé à leur édification. Selon Dumont, (2010), les parties supérieures
des ponts étaient essentiellement constituées de bois. Elles ont été fragilisées ou ruinées suite
à l’action humaine (faits de guerre) ou à l’érosion naturelle des cours d’eau. Des hypothèses
liées à des défauts de conception, à l’absence d’entretien ou aux aléas naturels (comme les
67
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
crues ou les embâcles) ont également été avancées pour expliquer la ruine de ces ouvrages.
Mais les dates et raisons exactes de leur destruction sont pour la plupart inconnues.
Suite à la ruine de la partie supérieure de certains ponts, les fondations en bois ont parfois été
réutilisées pour asseoir les structures d’ouvrages plus récents. Ainsi, plusieurs piles du pont de
Trèves en Allemagne reposent aujourd’hui sur les massifs maçonnés fondés sur des pieux en
bois datés de l’époque romaine.
Malgré le faible coût de construction des fondations superficielles par rapport à celui des
fondations profondes, les bâtisseurs au Moyen-Âge redoutaient la qualité médiocre des
premières couches de sol. En 1499, les termes du marché relatif à l’édification du pont de
Malzéville indiquaient que les fondations devaient reposer sur un sol « bon et ferme ». Si la
profondeur du substratum était trop importante, les piles devaient être construites sur des
pieux (Mesqui, 1986).
Certains ouvrages ont donc été construits sur des fondations profondes au Moyen-Âge : les
piles du pont de Lyon ont été édifiées en utilisant des pieux de longueurs comprises entre 3,9
et 5,9 m. Une pile d’un pont dans l’actuelle ville de Romans-sur-Isère, daté de 1389, repose
sur une trentaine de pieux en pin de 17,5 m de longueur. Enfin, en 1404, des pieux en aulne de
5,8 m de longueur ont servi à édifier le bec d’une pile d’un pont à Macon (Mesqui, 1986).
Les connaissances limitées des bâtisseurs sur les propriétés mécaniques des sols, conjuguées à
l’hétérogénéité des terrains au droit des ouvrages et aux difficultés de réalisation des
fondations les ont amenés à diversifier les types de fondations des ouvrages :
• Les fondations d’une des piles du pont d’Orléans (construit entre 1389 et 1449) étaient
constituées d’un simple blocage de moellons sans mortier, tandis que des pieux battus en
bois ont été retrouvés sous quatre autres piles de ce pont (Mesqui, 1986) ;
• Une des piles du pont de Beaugency (11ème – 15ème siècle) reposait sur un grillage en bois
supporté par des pieux, tandis qu’un enchevêtrement anarchique de pieux a été découvert
sous une autre pile.
68
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Les informations contenues dans la littérature ont permis d’identifier 10 ponts construits
partiellement ou intégralement sur des pieux en bois. Ils sont présentés dans le Tableau 2, en
Annexe A. La Figure II-8 permet de les localiser sur le territoire français.
La période du Moyen-Âge s’étendant sur près de 1000 ans, il en existe probablement d’autres
qui n’ont pu, par manque d’information, être présentés dans cette étude.
Parmi les dix ponts datés du Moyen-Âge, trois d’entre eux sont actuellement en service. Trois
autres ont été détruits. Le manque d’information au sujet des quatre derniers n’a pas permis de
déterminer leur état actuel (Tableau 2).
L’origine de la ruine des ponts Saint-Benezet et de la Daurade est inconnue. Les ponts de
Beaugency et d’Orléans sur la Loire et le pont Saint-Nicolas sur le Loiret sont en service et
semblent avoir traversé les siècles. Néanmoins, les probables défauts de construction des
ponts, les aléas naturels (7 arches du pont d’Orléans ont été détruites par un embâcle en 1435
(Mesqui, 1986)) ainsi que les faits de guerre survenus au cours des 7 derniers siècles
laisseraient penser que la partie supérieure et les fondations actuelles de ces ouvrages ne sont
pas d’origine.
69
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Si les premiers traités visant à établir des méthodes de dimensionnement des fondations
profondes ont été rédigés à la Renaissance, les textes et plans datés de cette époque indiquent
que les méthodes de construction des fondations restaient néanmoins empiriques et
diversifiées.
Les nombreuses tentatives entreprises lors de la construction des fondations du pont Neuf à
Toulouse entre 1544 et 1614 en attestent :
• Trois piles de la rive gauche ont été fondées superficiellement, mais le bec de la troisième
pile s’est déversé suite aux descentes de charges trop élevées (Figure II-9) ;
• La quatrième pile du pont présentait la particularité d’être fondée superficiellement en
aval et en amont et sur des pieux en bois au centre (Figure II-10). La maçonnerie a été
montée par la suite sur un mortier coulé entre les têtes des pieux (Mesqui, 1986).
Figure II-9. Plan et coupe de la 3ème pile du pont de Toulouse (Mesqui, 1986)
70
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
A l’inverse, les piles du pont de Gière (Vienne) ont été édifiées en 1547 sur des pieux en bois
recépés à 1,5 m sous le niveau d’eau, sur lesquels a été fixée une semelle en bois constituant
le platelage. Les vides entre les têtes des pieux ont été comblés par un béton de chaux et des
moellons.
La construction des fondations de ces deux ponts met en évidence le manque de connaissance
des bâtisseurs sur l’importance du platelage en bois dans la stabilité de l’ouvrage. Selon
Mesqui, (1986), il assurait la répartition des contraintes, solidarisait les têtes des pieux entre
elles et limitait les risques de flambement.
Le descriptif des sept ponts datés de l’époque de la Renaissance est présenté dans le Tableau 3
en Annexe A. La Figure II-11 permet de les localiser sur le territoire français.
Selon Mesqui, (1986), les fondations étaient régulièrement mises en cause dans la ruine des
ouvrages. Elles pouvaient se déchausser par affouillement. La portance limite des pieux
pouvait être également surestimée. Enfin, les embâcles de glace fragilisaient ou détruisaient la
structure supérieure des ponts.
Lorsque le débouché du cours d’eau était trop grand pour le passage de l’eau, les piles des
ponts s’enlisaient suite à l’accumulation de matériaux alluvionnaires. Les crues créaient alors
de nouveaux passages. Ainsi, le pont de Nevers (type de fondation inconnu) sur la Loire a été
rallongé trois fois en 90 ans (de 1580 à 1669) afin d’assurer le franchissement du fleuve.
Parmi les huit ponts présentés dans le Tableau 3 en Annexe A, le pont Notre Dame, le pont
Neuf à Paris sur la Seine et le pont Neuf à Toulouse sur la Garonne sont en service. Le pont
71
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
de Moulins édifié sur l’Allier a été détruit, mais la date de sa ruine est inconnue. Enfin, les
recherches bibliographiques n’ont pas permis de déterminer l’état actuel des trois autres ponts
construits sur l’Isère, la Loire et le Cher.
Le pont de la Trésorerie à Grenoble a été construit en 1622 sur des pieux en bois de longueurs
comprises entre 3,9 et 4,9 m. Des madriers horizontaux ont été solidarisées aux têtes des
pieux et ont servi d’assises à la maçonnerie (Mesqui, 1986) (Figure II-13).
Figure II-13. Coupe d’une des piles du pont de la Trésorerie (Mesqui, 1986)
A la fin du 17ème siècle, l’Académie d’Architecture a proposé des critères relatifs au choix du
type de fondation en fonction de la nature des terrains et des difficultés de réalisation
(Mesqui, 1986) :
72
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
- « Dans un sol de sable et de gravier ferme, il suffit de dégager les alluvions superficielles
pour réaliser une fondation superficielle.
- Dans un sol de sable et gravier menu, on fouillera sur 2 à 3 pieds d’épaisseur, puis on
battra un pilotis sur lequel sera assise une plate-forme de bois.
- Dans un sol de « sable mouvant », où l’on ne peut atteindre le ferme avec des pieux, on
battra néanmoins un pilotis supportant une grille de bois.
- Enfin, dans un sol de « glaise », on évitera de battre un pilotis, et l’on établira un radier
général superficiel, recouvert de pierres. »
Suite à ces règles, les fondations sur pieux ont été privilégiées aux fondations superficielles
sur de nombreux chantiers. Leurs méthodes de construction se sont diversifiées au cours du
18ème siècle.
73
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Figure II-14. Fixation des traverses aux têtes des pieux taillées en tenon (modifié d’après Chaix, 1890)
Les longrines et les traverses étaient rendues solidaires avec un assemblage à mi-bois et
constituaient le grillage. Le platelage en bois, composé de madriers, était posé et fixé au
grillage à l’aide de broches (Levillain, 1980). Enfin, la maçonnerie était montée à sec, en
période d’étiage (Chaix, 1890) (Figure II-15). Selon Levillain, (1980), les fondations de
certaines piles du pont Wilson à Tours ont été construites selon cette méthode.
Figure II-15. Fondation sur plateforme en charpente et pieux en bois recépés à quelques centimètres sous
l’étiage (modifié d’après Levillain, 1980)
Têtes des pieux recépées à quelques mètres sous l’étiage (hauteur inférieure à 3m)
Une fois les pieux battus et leurs têtes recépées (Figure II-16a) à quelques mètres sous l’étiage
(hauteur d’eau inférieure à 3 m selon Levillain, (1980)), des batardeaux étanches constitués de
palplanches en bois (Chapitre I, § 2.1.3) étaient mis en place autour du groupe de pieux.
Après épuisement de l’enceinte, les traverses, les longrines et le platelage étaient assemblés à
sec, selon le même mode opératoire que celui décrit ci-dessus (Figure II-16b).
Les fondations des piles du pont de Pont Sainte-Maxence sur l’Oise ou du pont Georges V sur
la Loire à Orléans ont été construites selon cette méthode (Tableau 6 en Annexe A).
74
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
(a) (b)
Figure II-16. Recépage des pieux (a) et fondation sur pilotis recépés à 2 ou 3m sous l’étiage (b) (modifié
d’après Chaix, 1890 ; Levillain, 1980)
Figure II-17. Principe de construction des fondations par Perronet (Maillard, 2006)
Par exemple, les fondations du pont de Neuilly à Paris sur la Seine (1768-1774) ont
été édifiées selon cette méthode de construction (Figure II-18).
75
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Les caractéristiques des ponts construits par Perronet et fondés sur des pieux en bois sont
détaillées dans le Tableau 4 en Annexe A.
76
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
• Les pieux étaient recépés à 30 cm sous l’étiage et le grillage en bois fixé aux têtes. Cette
hauteur, relativement faible, pouvait conduire à l’émersion des têtes des pieux à l’étiage
durant les périodes de sécheresse ;
• Le sol était dragué sur 30 à 60 cm de hauteur. Un mortier (composé de chaux et de ciment
durcissant au contact de l’eau) était coulé à l’intérieur de la fondation jusqu’à atteindre la
base du grillage ;
• Des moellons étaient ensuite déposés dans les interstices du grillage, puis la maçonnerie
montée à sec (Figure II-20).
Figure II-20. Principe de construction des fondations par Gauthey (Maillard, 2006)
Les caractéristiques des ponts construits par Gauthey et fondés sur des pieux en bois sont
détaillées dans le Tableau 5 en Annexe A.
77
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
(a) (b)
Figure II-22. Fondations du pont de Saumur (Levillain, 1980)
78
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Les ponts fondés sur des pieux en bois et construits par Perronet se situent sur la Seine et ses
affluents, tandis que ceux construits par Gauthey sont localisés en Bresse Bourgogne, sur la
Saône et ses affluents.
La Figure II-23 montre que les ponts édifiés au cours de cette époque se situent
principalement dans les bassins versants des fleuves de la Loire, de la Seine et du Rhône et de
la Saône.
Parmi les 37 ponts identifiés, 48 % sont actuellement en service. Les causes à l’origine de la
ruine des autres ponts sont multiples :
• Certains ont été détruits pendant les guerres, comme le Pont de Pont-Sainte-Maxence sur
l’Oise (destruction au cours de la première guerre mondiale). Le pont de Trilport sur la
Marne fut détruit en 1815 pour résister à l’invasion de la coalition européenne [12] ;
• Suite à la dégradation et à l’affouillement des pieux par creusement du lit de la Loire
(Chapitre II, § 2.1), le pont Wilson à Tours s’est effondré en 1978 ;
• Le pont Saint Michel, édifié entre 1606 et 1618, a été volontairement détruit en 1857 puis
reconstruit. Le pont au Change à Paris a été également détruit en 1850, puis reconstruit car
il ne se trouvait plus dans la direction des grandes voies ouvertes ou projetées suite au
prolongement du boulevard de Sébastopol et à l'agrandissement du Palais de Justice [12].
79
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Platelage
Enrochements
Batardeau
Massif de béton
Pieux en bois
Figure II-24. Coupe des fondations sur pieux enserrés dans un massif en béton immergé réalisées lors de la
construction du pont de Thouare (modifié d’après Levillain, 1980)
Le dragage de l’enceinte précédait le battage des pieux. Une fois battus, le béton était coulé à
l’intérieur du batardeau et enserrait les têtes des pieux recépées.
Dans un second temps, un grillage était fixé aux têtes et ses interstices remplis avec du béton.
Un platelage était ensuite posé sur le grillage puis la maçonnerie montée à sec (Chaix, 1890 ;
Levillain, 1980).
Le béton immergé a remplacé les enrochements à l’extérieur du batardeau dans la deuxième
moitié du 19ème siècle.
La Figure II-25 présente une coupe des fondations du pont de Thouaré construit sur la Loire
en 1879. Elles sont constituées de pieux enserrés dans un massif en béton immergé.
80
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Figure II-25. Fondations sur pieux enserrés dans un massif en béton immergé (Levillain, 1980)
La Figure II-26 présente une coupe des fondations du pont de Belle-Croix construit sur la
Loire en 1861. Les têtes des pieux ont été enserrées dans un massif en béton immergé sous-
jacent à un caisson immergé.
Figure II-26. Coupe des fondations sur pieux enserrés dans un massif en béton immergé et emploi d’un
caisson immergé - pont de Belle-Croix (Levillain, 1980)
81
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Le premier emploi du caisson immergé reposant sur des têtes de pieux enserrées dans un
massif en béton remonte à la construction du pont d’Iéna sur la Seine en 1806 (Degrand et
Résal, 1888). Deux rangées de palplanches solidarisées avec des traverses ont été battues au
droit des piles et avaient pour objectifs de rompre le courant et de faciliter la prise du béton.
Le béton immergé a été coulé entre les pieux et le caisson immergé contenant la maçonnerie.
Une fois montée, les palplanches ont été remplacées par des enrochements (Degrand et Résal,
1888 ; Croizette-Desnoyers, 1885) (Figure II-27).
Caisson immergé
Béton immergé
Figure II-27. Coupe des fondations d’une pile du pont d’Iéna (modifié d’après Degrand et Résal, 1888)
Les fondations du pont de la Morinière ont été construites en 1880 à l’aide de caissons
étanches sans fond en acier (Figure II-28). Les pieux ont été battus dans le sol et les caissons
déposés sur le sol de fondation. Le béton a été coulé dans les caissons, le grillage fixé aux
têtes des pieux et la maçonnerie montée (Levillain, 1980).
82
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Grillage en bois
Maçonnerie
Caisse étanche
Béton immergé
Pieux en bois
Longrines
Traversines (pas
de platelage)
(a) (b)
Figure II-29. Vues de dessus (a) et de profil (b) des fondations du pont Rousseau construit sur la Loire
(modifié d’après Levillain, 1980)
L’abandon du platelage dans les fondations a précédé celui du grillage dont la fonction
principale était de lier les têtes des pieux entre elles. Elles ont été par la suite noyées dans le
massif en béton et la maçonnerie montée sur ce massif (Figure II-30).
83
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
La Figure II-31 présente un schéma récapitulatif des différentes méthodes de construction des
fondations sur des pieux en bois au 19ème siècle.
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Figure II-31. Schéma récapitulatif des méthodes de construction des fondations sur des pieux en bois mises
en œuvre au cours de l’époque industrielle
84
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
La Figure II-32 montre que les ponts construits sur des pieux en bois au cours de l’époque
industrielle se situent principalement dans les bassins versants de la Loire et de la Seine.
L’évolution des modes de transport fluvial et ferroviaire a contribué au développement et à la
croissance des villes et nécessité la construction de nombreux ponts sur le territoire.
La majeure partie des ponts identifiés dans ce travail et datés de l’époque industrielle sont
actuellement en service. Seuls 18 % d’entre eux ont été détruits. Les causes à l’origine de la
ruine de ces ponts sont multiples : le pont de Belle-Croix à Nantes sur la Loire a été détruit
lors d’un bombardement sur la ville en 1943, tandis que le pont Saint-Pierre construit en 1852
à Toulouse a été ruiné lors de la crue séculaire de la Garonne en 1875 [12].
Enfin, on rappelle que la liste des ponts présentée dans ce paragraphe est loin d’être
exhaustive. Il existe d’autres ouvrages routiers fondés sur des pieux en bois, mais pour
lesquels les documents d’archives sont inexistants ou ont été détruits au cours des deux
derniers siècles.
Si on étudie le tracé des voies de chemins de fer à la fin de cette époque, on peut penser qu’à
l’exception de l’Auvergne et des zones montagneuses, la majorité des ouvrages ferroviaires
ont été construits sur des pieux en bois.
85
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Ce retour d’expérience n’a pas permis d’identifier des ponts routiers construits sur des pieux
en bois au 20ème siècle.
Le Chapitre I, § 1.3.2.2 a néanmoins mis en évidence que de nombreux ouvrages portuaires et
aménagements fluviaux datés de ce siècle reposent actuellement sur ce type de fondation. A
titre d’exemple, l’écluse Saint-Félix à Nantes a été fondée sur des pieux en bois dans les
années 1930. Suite à leur destruction au cours de la seconde guerre mondiale, les quais du
Grand Port Maritime de Rouen ont été reconstruits sur des pieux en hêtre dans les années
1950. Plus récemment, en 2009, des pieux en bois ont été battus dans la baie de Saint-Malo
dans le cadre de la protection des côtes.
1.7 Synthèse
Cette synthèse a pour objectifs de comparer les méthodes de construction des fondations sur
des pieux en bois et le nombre de ponts construits au cours des différentes époques.
86
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Ponts construits sur des pieux en bois Ponts construits sur des pieux en bois
37 37 27
34
19
15
5
3
10 2
7 0
50
00
50
00
50
00
00
16
17
17
18
18
19
20
-
-
00
50
00
50
00
50
00
16
16
17
17
18
18
19
Epoque Moyen-Âge Renaissance Epoque Epoque
romaine moderne industrielle
Epoque moderne Epoque industrielle
Figure II-33. Nombre de ponts construit sur des pieux en bois par époque
85 % des ponts construits au cours de l’époque moderne sont datés de la deuxième moitié du
18ème siècle, époque marquée par l’extension des réseaux routier et ferroviaire et pendant
laquelle Perronet et Gauthey ont eu en charge la construction de 18 ponts fondés sur des pieux
en bois (Tableau 4 et Tableau 5 en Annexe A).
Enfin, l’intégralité des ponts identifiés dans ce retour d’expérience et datés de l’époque
industrielle a été édifiée au cours du 19ème siècle.
87
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
La Figure II-34 montre que la majeure partie des ponts, indépendamment de leur époque de
construction, se situe dans les bassins versants de la Seine, de la Loire, de la Saône et du
Rhône. En effet, les fleuves représentaient des axes maritimes stratégiques (notamment durant
l’époque napoléonienne au début du 19ème siècle) et propices au développement des villes.
D’autres ponts fondés sur des pieux en bois ont probablement été construits sur des rivières de
plus faible importance mais accueillant dans leur lit des villes d’importance régionale comme
par exemple Bayonne.
1.7.1.3 Les ponts français fondés sur des pieux en bois et en service
L’étude des fondations des ponts détaillées dans les précédents paragraphes a permis de
mettre en évidence diverses causes à l’origine de la destruction des ouvrages fondés sur des
pieux en bois. Elles sont reprises et détaillées dans la deuxième partie de ce chapitre.
La Figure II-35 présente le nombre de ponts actuellement en service en fonction de leur
époque de construction.
Ponts fondés sur des pieux en bois et en service
23
3 3
Ponts fondés sur des pieux en bois et disparus Pourcentage de ponts fondés sur des pieux en bois et en
service
18
68%
46%
43%
30%
6
3
1
Figure II-35. Nombre de ponts fondés sur des pieux en bois et actuellement en service
88
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Figure II-36. Localisation et état actuel des ponts fondés sur des pieux en bois sur le territoire
Il existe à ce jour de nombreux ponts bâtis sur des pieux en bois et localisés sur la Loire et ses
affluents : 61 % des ponts identifiés dans le bassin versant de ce fleuve sont en service.
9 ponts (sur les 17 identifiés) sont situés dans le bassin versant de la Seine et 4 dans les
bassins versants du Rhône et de la Saône.
Enfin, le manque d’information n’a pas permis de déterminer l’état actuel de 14 ponts
routiers, ce qui représente 16 % de l’ensemble des ponts construits sur des pieux en bois
identifiés dans cette étude.
89
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
28
19
Nombre de Fondations Fondations
Epoques
ponts connues inconnues
Renaissance 7 2 5
Moderne 37 29 8
Industrielle 34 28 6 9
Figure II-37. Nombre de ponts en fonction des méthodes de construction des fondations
90
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Nombre de ponts en fonction des longueurs des pieux Nombre de ponts en fonction des diamètres des pieux
19
11
7 7
6
5
4
6
3
2
0 0
2-4m 4-6m 6-8m 8-10m 10-15m >15m <20cm 20-25cm 25-30cm 30-35cm 35-40cm >40cm
(a) (b)
Figure II-38. Nombre de ponts en fonction des longueurs (a) et des diamètres des pieux (b)
La Figure II-38a montre que 83 % des ponts ont été construits sur des pieux en bois de
longueurs comprises entre 2 et 15 m.
63 % des pieux battus ont un diamètre compris entre 30 et 35 cm (Figure II-38b).
91
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
2.1.1 Désordres des ponts situés dans les bassins de la Loire et de la Garonne
Le Chapitre II, § 1 a permis d’établir que de nombreux ouvrages fondés sur des pieux en bois
avaient été détruits puis reconstruits au cours des siècles passés.
Un des faits marquants du 20ème siècle a été l’effondrement du pont Wilson à Tours en 1978.
Suite à cet effondrement, le ministère de l’Equipement de l’époque a lancé une campagne de
reconnaissance et d’inspection des ouvrages situés sur la Loire et ses affluents. Elle avait pour
objectifs de relever les désordres sur ces ouvrages et d’identifier leurs origines, puis de
réaliser les travaux de confortement nécessaires pour assurer leur pérennité. Les documents
d’archives des Laboratoires Régionaux des Ponts et Chaussées relatifs à ces investigations ont
permis d’établir les désordres (avec leurs origines) relevés sur ces ouvrages.
Le Tableau II-3 présente les désordres relevés sur huit ponts construits sur des pieux en bois
et situés sur la Loire et ses affluents ainsi que sur quatre autres ponts construits sur la
Garonne, la Dordogne et le Gave de Pau.
Tableau II-3. Caractéristiques et désordres des ponts dans les bassins versants de la Loire et de la Garonne
Nbre pieux / pile
Longueur (m) Long pieux (m)
Nom Ville
Largeur (m) Diam pieux cm) Géologie du terrain Désordres Origine des désordres
Construction Cours d'eau
Nbre piles Espacement pieux (m)
Essence
Dégradation de la maçonnerie, de la Affouillements des piles causés par des pieux
120 Alluvions sablo-graveleuses
tête des pieux extérieurs non jointifs
Pont de Beaugency 460 3
Beaugency Joints altérés Absence d'un rideau continu de pieux favorisant les
10 20 à 30
circulations des filets d'eau et le lessivage des
(18ème siècle) Loire 27 0,9 Calcaire dur
Mauvais état des piles et des voûtes. enrochements noyés dans la matrice argileuse.
?
Erosions des alluvions sous-jacentes
Vides de 15 cm retrouvés sous le Glissement et abaissement des talus d'enrochements,
Alluvions sablo-graveleuse platelage d'une des piles (rôle minime enlèvement du sable situé sous le grillage provoqués
122 dans l'effondrement) par l'affouillement
Tours 436,6 7,8
Pont Wilson Instabilité latérale des pieux dégarnis
15 27 Abaissement général du niveau de la Loire provoqué
(18ème siècle) Substratum de calcaire gréseux sur une certaine profondeur sous le
Loire 14 1,2 par une extraction intensive de matériaux et par
contenant du sable (tuffeau platelage
Chêne l'arasement d'îles afin de faciliter l'écoulement des
turonien) Approfondissement du lit de la rivière eaux
et augmentation de la vitesse de l'eau
Tassement d'une des piles en 1758 lors
de la construction de voûtes
202 Alluvions Développement d'affouillements
Mauvaise qualité et dégradation du
Orléans 325 2,6 à 18,5
Pont Georges 5 blocage situé entre le sol de fondation
23 30
(18ème siècle) et le platelage
Loire 8 1
Chêne Calcaire tendre à très tendre
Erosion par circulations d'eau du toit des sols de
avec des niveaux discontinus Erosion par circulation d'eau
fondation
de calcaire induré
Alluvions sableuses Augmentation importante des vitesses du courant et
41 Disparition locale du rideau de vannage formation de fosses d’érosion causées par une
Pont de Thouare 212+392 18 et du béton cyclopéen réduction du débouché superficiel due à la protection
Argile
Thouare ? 30 ou 40*40 des piles et des massifs d'enrochements
ème
(19 siècle) Loire 12 ?
Sapin Sable grossier Disparition progressive des Extraction de granulats et déroctages de certains
Substatum micaschiste enrochements seuils rocheux entrainant l'affouillement des piles
92
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Le Tableau II-3 montre que les désordres relevés sur les ouvrages fondés sur des pieux en
bois sont multiples. En site aquatique, ils sont soumis, selon le Ministère des Transports,
(1980), à deux types d’actions des eaux qui peuvent s’exercer sur l’ensemble de l’ouvrage ou
localement. Ils sont détaillés dans le Chapitre II, § 2.1.2 et § 2.1.3.
L’affouillement général des fondations peut se produire en période de crue lorsque la vitesse
élevée du courant lessive l’ensemble des particules en fond de cours d’eau. Le déchaussement
et le dégarnissage d’une partie des pieux de fondation dans le terrain entraînent alors une
diminution de la portance limite des pieux (Figure II-39).
Le dégarnissage des pieux a été la principale cause responsable de l’effondrement du pont
Wilson à Tours en 1978 (Tableau II-3). L’abaissement général du niveau de la Loire a résulté
de l’extraction intensive de matériaux et de l'arasement d'îles pour faciliter l'écoulement des
93
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Figure II-39. Phénomène d’affouillement général observé sous les piles du pont Wilson à Tours (modifié
d’après Grattesat, 1980)
Figure II-40. Affouillement local d’une pile dans le sol (Ministère des Transports, 1980)
L’affouillement local entraîne un dégarnissage partiel des têtes des pieux. L’ouvrage est alors
fragilisé, mais sa ruine n’est pas systématique. A titre d’exemple, ce type d’affouillement a été
94
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
découvert sous les fondations du pont Georges V construit sur la Loire ou du pont Saint
Nicolas édifié sur le Loiret au 13ème siècle (Tableau II-3).
2.1.4 Origines des désordres observés sur les ouvrages fondés sur pieux bois
Selon le Ministère des Transports, (1980), les désordres observés sur les ouvrages peuvent
résulter de :
• la désorganisation des massifs d’enrochement qui s’affaissent suite à l’affouillement du lit
du cours d’eau en pied de talus. Des vides liés à l’affaissement des enrochements au
niveau des fondations du pont de Libourne ont entraîné la formation de circulations
d’eau (Tableau II-3) ;
• la détérioration des batardeaux et des rideaux de protection suite à leur dégradation
fongique ou par des insectes (Chapitre I, § 1.5.1). Ainsi, le rideau de vannage du pont de
Thouaré (Tableau II-3) sur la Loire a localement disparu ;
• la formation de cavité et le dégarnissage des pieux (détaillés dans le Chapitre II, § 2.1.2 et
§ 2.1.3). Par exemple, des vides de 30 cm de hauteur entre les pieux et le platelage ont été
découverts sous les fondations du pont de Nay sur le Gave de Pau (Tableau II-3). Ce
dégarnissage entraîne une diminution de leur portance limite et de leur résistance aux
efforts latéraux ;
• la dissolution de la chaux des mortiers par l’eau douce. Ce phénomène a été observé sous
les fondations du pont de Beaugency et du pont de Saint-Florent-sur-Cher où des joints en
béton de chaux étaient friables, voire même délavés (Tableau II-3) ;
• la dégradation du grillage, du platelage et des pieux de fondation qui fragilise la structure
de l’ouvrage.
95
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
2.2 Méthodes de renforcement des fondations des ouvrages sur pieux bois
Les désordres relevés sur les ouvrages construits sur des pieux en bois (Chapitre III, § 2.1)
nécessitent divers travaux de renforcement des fondations. Ces travaux consistent
principalement en la reprise en sous œuvre du massif de fondation par micropieux ou par
injection de coulis (Tableau 8 en Annexe B) :
• La reprise en sous-œuvre des fondations par micropieux est effectuée dès lors qu’un
défaut de portance est avéré. Il se traduit généralement par le tassement (ou même le
déversement) des piles ou des culées. L’augmentation des charges de trafic sur l’ouvrage
en est généralement la principale cause.
En 1995, l’effondrement du talus au voisinage d’une des piles du pont de pierre à
Bordeaux a entraîné un dégarnissage de la première rangée de pieux sur toute leur hauteur
et sur le tiers de la face aval du massif de fondation. Les tassements des piles du pont ont
été stabilisés en exécutant des travaux de reprise en sous-œuvre par micropieux. Cette
méthode a été adoptée dans la mesure où elle permettait de minimiser les perturbations au
niveau de la structure existante. Le nombre de micropieux a été limité à 16 par piles (deux
files de huit micropieux). Chaque micropieu reprenait une charge de 1,5 MN et possédait
une longueur d'encastrement de 9 m dans les marnes calcaires. Une protection partielle de
l'ouvrage contre les affouillements a également été mise en place en reconstituant un talus
entre le massif en maçonnerie et le fond de la fosse, profilé avec des enrochements et un
matelas de gabions (Bustamante et al., 1999).
Les tassements du pont Eiffel sur la Dordogne ont été également stabilisés en renforçant
l’assise de la culée par des micropieux ;
• La reprise du massif de fondation par injection est réalisée lorsque des vides se forment
entre le sol et les éléments en bois de la fondation. Par exemple, les piles du pont de
Beaugency ont été perforées à partir du tablier. Les vides situés sous le platelage ont été
comblés par injection quasi-gravitaire d’un mortier. Des enrochements avaient été
préalablement coffrés avec du béton coulé (Figure II-41) (Waschkowski, 1979).
Figure II-41. Perforation d’une pile du pont de Beaugency à partir du tablier pour remplissage des cavités
(Waschkowski, 1979)
96
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Cette méthode de renforcement a été également mise en œuvre pour combler les vides
entre le platelage et les têtes des pieux sous les piles du pont de Saumur, ou entre les
alluvions et la maçonnerie des piles du pont de l’Arnon (Tableau 8 en Annexe B).
Enfin, une partie du platelage des fondations des piles du pont Georges V sur la Loire,
détruite au cours de la seconde guerre mondiale, a été remplacée par une semelle en béton
armé. Du coulis de béton a été injecté au niveau des pieux en bois affouillés afin de
combler les vides et de solidariser les têtes des pieux à la maçonnerie.
La partie 2 de ce chapitre a mis en évidence l’importance des fondations dans l’origine des
désordres relevés sur les ouvrages. Ces désordres résultent principalement des phénomènes
d’affouillement.
L’état de dégradation des éléments en bois des fondations (pieux, grillage, platelage) de ces
ouvrages doit également être évalué afin de prévenir tout dommage. A cet effet, la partie 3 de
ce chapitre présente un guide d’inspection des fondations en bois des ouvrages.
97
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Connexion
en béton
Connexion
en béton
Pieu en
bois
Pieu en
bois
Figure II-43. Pieu en bois et connexion en béton
98
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
(a) (b)
Diamètre du pieu (mm)
Figure II-44. Aiguille (a) et abaque permettant d’estimer l’état de dégradation du bois (b)
Les échantillons de bois sont prélevés à l’aide d’un carottier (de marque Le Besson) de 30 cm
de longueur et 7 mm de diamètre intérieur (Figure II-45a). Le nombre de carottes est évalué
99
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
par l’opérateur réalisant l’inspection en fonction de l’état de dégradation des pieux (Figure
II-45b).
100
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Libourne
Dordogne
Viaduc
(a) (b)
Figure II-46. Localisation du site (a) et vue de l’ouvrage (en direction de Bordeaux) (b)
La Figure II-47 présente la coupe géologique du terrain au droit d’une pile (numéro inconnu).
Cette coupe, établie à partir des plans d’archives, a été modifiée en fonction des relevés
topographiques effectués sur le terrain en 2011.
0
Terre végétale 1,6 m
Vase
4,50 m
101
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
(a)
(b)
Figure II-48. Coupe longitudinale des fondations (a) et vue en plan des fondations (b) (plans d’archives)
Des travaux de débroussaillage ont été préalablement réalisés sous l’arche n° 87 afin de
dégager le terrain pour les travaux de fouille et d’établir une zone de dépôt temporaire des
déblais.
102
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
La Figure II-51a présente une coupe transversale de la fondation de la pile n° 87 avec les
profondeurs du platelage, du grillage et des pieux en bois déterminées à partir des plans
d’archives (en noir). La hauteur du terrain naturel, ainsi que les dimensions des éléments en
bois (grillage, pieux) ont été relevées lors de la réalisation de la fouille (en rouge). La Figure
II-51b présente un zoom du grillage et des pieux.
Zoom
(a) (b)
1
Figure II-51. Coupe de terrain au droit de la pile n°87 (a) et zoom sur le platelage, le grillage et les pieux (b)
La Figure II-51 montre que les dimensions inscrites sur les plans d’archives datés de 1850
diffèrent peu des mesures relevées sur site, attestant ainsi de leur fiabilité. Cependant, le
nombre de rangées de pieux par pile n’a pas pu être vérifié. Le platelage en bois situé sous la
maçonnerie (Figure II-51b) n’était pas accessible.
La Figure II-52 présente une vue de face de la fondation (a) comportant les mesures relevées
sur site, ainsi que trois photos de la fondation (b, c et d).
103
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Figure II-52. Vue de face de la fondation (a) et photos prises sur sites (b, c et d)
On retrouve, sur la Figure II-51 et la Figure II-52, les caractéristiques des fondations
constituées de pieux en bois surmontés d’un grillage et d’un platelage. Les pieux en bois et les
traverses du grillage ont été solidarisés avec des accroches (Figure II-52d).
104
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Figure II-53. Plan d’implantation des tests de poinçonnement à l’aiguille et des prélèvements des carottes
60 Poinçonnement pieu
Poinçonnement longrines
Poinçonnement traverses verticalement
50 Poinçonnement traverses longitudinalement
Enfoncement (mm)
40 Zone IV
Zone III
30
20
Zone II
10
Zone I
0
100 120 140 160 180 200 220 240 260 280 300 320 340 360
Diamètre pieu (mm)
Figure II-54. Compilation des mesures de poinçonnement sur l’abaque du protocole d’inspection hollandais
105
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Au vu des résultats présentés sur la Figure II-54, les mesures d’enfoncement de l’aiguille
réalisées sur le pieu et les longrines se situent dans les zones I et II. Ces résultats permettent
d’affirmer que ces deux éléments ne sont pas (ou peu) dégradés.
A l’inverse, les résultats des poinçonnements effectués sur les traverses diffèrent en fonction
de la direction des mesures : les mesures réalisées verticalement se situent dans les zones I et
II (seule une mesure se situe dans la zone III) et laissent penser que le bois n’est pas (ou peu)
dégradé. Les mesures effectuées longitudinalement se situent majoritairement dans la zone III,
caractéristique d’un bois dégradé.
Cette campagne d’essais montre donc que le pieu et les longrines du grillage ne sont pas (ou
peu) dégradés, contrairement au bois des traverses, dont l’état de dégradation est variable
selon la direction des mesures.
Les différences observées lors des mesures de poinçonnement sur les traverses pourraient être
dues à l’équarrissage des traverses, dont l’épaisseur d’aubier diffère dans les directions
longitudinale et transversale. Cependant, le protocole s’appliquant sur l’axe radial des pieux
en bois, les autres configurations (mesures de poinçonnement sur les traverses et les
longrines) sont probablement moins bien cernées par l’abaque.
Ces résultats ont été complétés par l’analyse des carottes en laboratoire, dont les principaux
résultats sont détaillés dans le Chapitre II, § 3.2.3.2.
106
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Figure II-55. Coupe transversale des carottes SC7 (a), SC3 (b), SC6 (c) et SC1 (d)
Mesures d’infradensité
L’infradensité est le rapport de la masse anhydre sur le volume saturé. Elle donne des valeurs
comparatives entre les trois éléments en bois (Tableau II-4).
Les mesures d’infradensité présentées dans le Tableau II-4 ont corroboré les observations
faites au microscope :
• Les prélèvements du bois des pieux ne présentent pas de dégradation notable ;
• Les prélèvements du bois des longrines présentent un état de dégradation important ;
• Le bois des traverses présente des états de dégradation variables selon les prélèvements.
107
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Les résultats des analyses des carottes ont donc permis d’apporter des résultats
complémentaires aux mesures de poinçonnement. Les pieux en bois ne sont pas dégradés. A
l’inverse, les longrines et les traverses présentent des états de dégradation avancés.
108
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Conclusion
L’étude des méthodes de construction des fondations sur pieux bois des ouvrages d’art
routiers en France a permis de montrer qu’elles avaient évolué au cours des siècles :
• De nombreux ponts fondés sur des pieux en bois ont été datés de l’époque romaine.
L’époque du Moyen-Âge a été marquée par une disparition progressive des savoirs et des
méthodes de construction acquis pendant près de sept siècles ;
• Les méthodes de construction des fondations à l’époque de la Renaissance étaient
principalement empiriques ;
• Les traités rédigés à l’époque moderne ont défini des critères relatifs au choix des types de
fondations (profondes ou superficielles) en fonction de la nature des terrains. A cette
époque, les fondations profondes étaient principalement constituées de pieux en bois,
sous-jacents à un grillage et à un platelage. Les caissons immergés étaient également
utilisés lorsque la hauteur d’eau était importante ;
• Enfin, les premières utilisations du béton dans les fondations sont datées de l’époque
industrielle. Le grillage, puis le platelage ont été successivement remplacés par ce
matériau. Cette époque a également été marquée par un déclin progressif de l’emploi des
pieux en bois et l’émergence de nouveaux types de pieux, principalement les pieux
métalliques et les pieux en béton.
Cet état de l’art, qui s’est intéressé uniquement au patrimoine routier, a permis d’identifier
une centaine de ponts construits sur des pieux en bois entre le Moyen-Âge et l’époque
industrielle. Ces ponts sont principalement situés dans les bassins versants des fleuves. Peu
d’ouvrages antérieurs à l’époque moderne sont parvenus jusqu’à nous. 47 ouvrages routiers
bâtis sur des pieux en bois sont actuellement en service, 27 ont été détruits. Le manque
d’information n’a pas permis d’identifier l’état actuel de 14 ponts routiers.
Les causes à l’origine de la destruction de ces ponts sont multiples : embâcles, faits de guerre,
affouillement des fondations, etc.
La liste des ouvrages étudiés est loin d’être exhaustive. Il en existe probablement des dizaines
supplémentaires sur le territoire, mais le manque d’information, la multiplicité des
gestionnaires et l’absence de base de données nationale n’ont pas permis de les identifier. Le
travail entrepris pourrait être également complété par des recherches sur les fondations en bois
des ponts ferroviaires, des bâtiments et des monuments afin de compléter le référentiel.
La deuxième partie de ce chapitre a présenté les désordres (et leurs origines) observés sur les
ponts fondés sur des pieux en bois :
• Le creusement intensif du fond des cours d’eau peut entraîner une modification et une
évolution de leur profil en long. Le phénomène d’affouillement général des fondations
peut se produire en période de crue ;
• Le phénomène d’affouillement localisé au droit des piles conduit à des désordres au
voisinage de l’ouvrage ;
109
Chapitre II. Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie d’analyse des ouvrages
Les désordres observés sur ces ouvrages résultent principalement de la désorganisation des
massifs d’enrochements, de la formation de cavités, de la détérioration du platelage et du
dégarnissage des pieux.
Après avoir étudié dans le Chapitre I les propriétés mécaniques du bois et la mise en œuvre
des pieux par battage dans le sol, dans le Chapitre II l’ensemble des ouvrages français fondés
sur des pieux et une méthodologie d’analyse des fondations, le Chapitre III de ce manuscrit
présente les propriétés de résistance de l’interface entre le bois et le sol.
110
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Introduction
Les propriétés de résistance de l’interface entre les sols cohérents et les matériaux ont été
étudiées à partir des résultats d’essais à la boîte de cisaillement direct. Les principaux
objectifs de cette campagne étaient de :
• modifier la boîte de cisaillement normalisée et réaliser des essais de cisaillement
d’interface entre le sol et cinq matériaux ;
• déterminer l’effet de la rugosité des matériaux et de la teneur en eau du sol sur les
propriétés de résistance d’interface (résistance au cisaillement, angle de frottement,
cohésion) ;
• caler des lois de comportement théoriques sur les courbes expérimentales liant la
contrainte de cisaillement d’interface au déplacement tangentiel.
Des essais de cisaillement à la boîte de cisaillement direct normalisés ont été également
effectués et avaient pour objectif principal d’étudier l’influence de la teneur en eau du sol sur
ses propriétés de résistance.
111
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Les résultats des essais réalisés aux boîtes de cisaillement direct normalisée et modifiée sont
analysés dans la troisième partie. L’influence de la rugosité des matériaux et de la teneur en
eau du sol sur les propriétés de résistance d’interface est détaillée et comparée aux résultats
publiés dans la littérature.
112
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
1 Synthèse bibliographique
Contrainte
c’a,parallèle
c’a,perpendiculaire
Figure III-1. Définition de l’adhérence (modifié d’après Zimnik et al., 1999)
113
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Le frottement entre un matériau et un sol est défini comme la transmission des contraintes de
l’un vers l’autre à travers la surface de contact (Potyondy, 1961).
Les travaux menés par Bowden et Tabor, (1950), cités par Kooistra et al., (1998) ont montré
que l’évolution de l’angle de frottement d’interface entre l’acier et l’argile était fonction de la
surface de contact dite « réelle » (à l’opposé « d’apparente ») (Figure III-2). Cette surface
augmente sous l’effet des contraintes normales et de la déformation plastique de l’argile. Elle
dépend de la rugosité de l’acier, de la forme, de la taille et de la microstructure de l’argile.
L’augmentation de la contrainte normale conduit à une réorientation des feuillets d’argile
parallèlement à la surface de contact. Cette réorientation augmente l’adhérence et diminue
l’angle de frottement à l’interface. L’évolution de la résistance au cisaillement en fonction de
la contrainte normale est alors parabolique (Figure III-2).
En supposant que la résistance au cisaillement à l’interface est proportionnelle à la surface de
contact réelle, l’angle de frottement est constant et le critère de Mohr-Coulomb peut
s’appliquer (Chapitre III, § 1.1.3).
Surface de contact
« apparente »
114
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Avec uaf la pression d’air dans les pores à la rupture, (ua − uw ) f la matrice de succion à la
rupture et δ b l’angle de frottement relatif à l’augmentation de la résistance au cisaillement
résultant de la succion dans le sol.
Dans la suite du Chapitre III, le critère de Mohr-Coulomb caractérisant la rupture d’un sol
saturé sera étendu à la rupture à l’interface entre un sol non saturé et un matériau.
• 3ème mode : Ce mode de rupture ne comporte pas de surface de rupture clairement définie.
La rupture de l’interface entre le sol cohérent et le matériau s’accompagne de
déformations internes au sol. La rugosité du matériau est proche de sa valeur critique
(Zimnik et al., 1999) (Chapitre III, § 1.2.1.4) et le critère de rupture de Mohr-Coulomb est
de la forme :
115
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
L’influence de l’état de surface des matériaux et de la teneur en eau du sol sur les propriétés
de résistance d’interface est étudiée par la suite.
116
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
1.2.1.1 Cisaillement des fibres du bois par les particules de sol granulaire
L’état de surface du bois au contact d’un matériau granulaire peut être modifié durant l’essai
de cisaillement si les fibres du bois sont cisaillées par les grains de sol. Les grains s’encastrent
dans le bois et le cisaillement des fibres intervient lorsque leur résistance à l’arrachement est
inférieure à la résistance au cisaillement d’interface entre le bois et le sol. La contrainte de
rupture des fibres augmente par ailleurs avec la charge normale appliquée sur le matériau
(Potyondy, 1961).
La rugosité d’un matériau peut être déterminée qualitativement, c'est-à-dire par une simple
description visuelle (Tan et al., 2008), ou quantitativement. Les mesures de ce paramètre sont
réalisées parallèlement à la direction de cisaillement (Uesugi et Kishida, 1986). Elle peut être
définie comme :
• la hauteur relative entre le point le plus haut et le point le plus bas d’une surface mesurée
sur une longueur égale à 2,5 mm (notée R2,5) pour le sable (Kishida et Uesugi, 1987) et
0,2 ou 0,8 mm (notées respectivement R0,2 et R0,8) pour l’argile (Tsubakihira et Kishida,
1993, cités par Lemos et Vaughan, 2000) ;
• la moyenne arithmétique des hauteurs des aspérités mesurées à partir d’un plan de
référence et notée Rplan. Ce plan est déterminé arbitrairement ou à partir d’un calcul basé
sur la méthode des moindres carrés (Rouaiguia, 2010 ; Lambert et Nicot, 2010 ; Lemos et
Vaughan, 2000).
Néanmoins, ces définitions ne tenant pas compte du diamètre des particules de sol, Kishida et
Uesugi, (1987) ont défini, à partir de résultats d’essais de cisaillement d’interface entre un sol
granulaire et l’acier, une rugosité normalisée du matériau Rn comme le rapport entre la
profondeur des aspérités mesurée sur une longueur L égale à D50 (notée RD50 ) et ce même
paramètre D50.
RD50
Rn = (10)
D50
117
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Manuwa, (2012) a qualifié, à partir d’études menées sur le comportement des interfaces entre
des sols granulaires et des matériaux, leur état de surface en fonction du paramètre D50 du sol
(Tableau III-1).
Le Tableau III-2 présente différentes rugosités des matériaux mesurées lors d’essais de
cisaillement en laboratoire ou retenues dans la construction en génie civil.
118
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
dilatant). La rupture ne se produit pas à l’interface entre le sol et le matériau, mais dans le
sol. Le pic correspond alors à la création de dilatance dans le sol granulaire.
0,8
0,7
R2,5=46,04m
0,6
1=2interface/3n
0,5
0,4
R2,5=20,54m
0,3
0,2
R2,5=2,44m
0,1
0
0 2 4 6 8 10
Déplacement (mm)
Figure III-4. Evolution du coefficient de frottement 1=2interface/3n en fonction du déplacement (modifié d’après
Kishida et Uesugi, 1987)
1 0,35
R critique,matériau
0,9
Rupture dans le sable 0,3
0,8
0,7 0,25
0,6
4 acier-sable
4acier-sol
0,2
0,5 Acier-Sable (Kishida et Uesugi, 1987)
Sol A : 13,5% sable ; 69,5% limon ; 17% argile (Sun et al., 2003)
0,4 Acier-Sable de Toyoura (Uesugi et Kishida, 1986) 0,15
Sol B : 25% limon ; 75% argile (Sun et al., 2003)
Acier-Sable de Fujigawa (Uesugi et Kishida, 1986)
0,3 Sol C : 1,4% limon ; 98,6% argile (Sun et al., 2003)
0,1
0,2 D50 (sable) = 0,20mm
D50 (sable de Toyoura) = 0,19mm D50 (sol A) = 201m
0,1 0,05 D50 (Sol B) = 41m
D50 (sable de Fujigawa) = 0,17mm
D50 (Sol C) < 11m
0
0 R critique,m atériau
0 25 50 75 100 125 150 175 200
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
R 2,5 (4m) (a) R critique,m atériau R0,8 (4m) (b)
Figure III-5. Evolution du coefficient de frottement d’interface 1 en fonction de la rugosité de l’acier R2,5 (a)
et R0,8 (b) (modifié d’après Kishida et Uesugi, 1987 ; Uesugi et Kishida, 1986 ; Sun et al., 2003)
119
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Tableau III-3. Résultats des études sur les propriétés de résistance de l’interface matériau-sol
Auteurs Boîte de cisaillement Matériau/sol Résultats de l’étude
Augmentation de l’angle de frottement
d’interface lorsque le bois est cisaillé
perpendiculairement aux fibres.
1boisE/sable = 35° et 1boisF /sable = 39°
Bois / Sable 1boisE /argile = 11° et 1boisF/argile = 13°
Potyondy, Boîte de cisaillement
Bois / Argile Faible influence de la rugosité de l’acier sur
(1961) direct
Acier/Argile l’angle de frottement d’interface avec l’argile.
1acier lisse/argile (w=22,8%) = 9° (2argile (w=22,8%)=16°)
1acier rugueux/argile (w=22,8%) = 10°
1acier lisse/argile (w=26,1%) = 6° (2argile (w=26,1%)=11°)
1acier rugueux/argile (w=26,1%) = 5°
Influence limitée (voir négligeable) de la
rugosité sur la résistance au cisaillement et la
Essai d’enfoncement contrainte de cisaillement résiduelle d’interface.
Raboudi et El Micropieux en bois
de micropieux en Les rainures des micropieux rugueux sont
Ouni, (1993) / Argile-limon
bois remplies d’argile lors de l’enfoncement. Le
micropieu rugueux se comporte alors comme un
micropieu lisse.
Kishida et Boîtes de Dépendance linéaire entre la rugosité de l’acier
Uesugi, cisaillement simple, Acier / Sable normalisée et la résistance au cisaillement
(1987) direct et annulaire d’interface (RD50<Rcritique,matériau).
La résistance de cisaillement est atteinte pour
des déplacements plus faibles lorsque la
Tan et al., direction du cisaillement est perpendiculaire aux
Acier / Argile
(2008) rainures marquées dans l’acier.
Boîte de cisaillement 1acier rugueux/argile est 54 % plus élevé que 1acier
direct lisse/argile
Rouaiguia, Pas d’influence de la rugosité sur la résistance
Béton / Argile
(2010) au cisaillement d’interface.
Sun et al., Mise en évidence d’une rugosité critique proche
Acier / Sol argileux
(2003) du D50 du sol.
120
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Lorsque le sol se désature, les rayons de courbure des ménisques capillaires entre les
particules diminuent. Le degré de saturation diminue également et la succion augmente. Elle
est ainsi maximale quand on approche de l’état complètement sec et s’annule lorsque
l’humidité relative du sol atteint 100 %. Selon Vanapalli et al., (1996), la valeur de la succion
dans un sol sec est prise égale à 106 kPa (Figure III-6).
100
90
80
Degré de saturation (%)
70
Séchage du sol
60
50
40
30
Humidification du sol
20
10
0
1 10 100 1000 10000 100000 1000000
Succion (kPa)
Figure III-6. Evolution de la succion dans le sol en fonction de son degré de saturation (modifié d’après
Vanapalli et al., 1996)
1.2.2.3 Effet de l’eau sur les propriétés de résistance des sols fins
L’eau contenue dans l’argile hydrate les feuillets : elle peut être adsorbée (ou liée), libre ou en
équilibre sous l’action de la gravité et des forces de tension qui se développent à l’interface
eau/air (eau capillaire). Plus la teneur en eau de l’argile augmente, plus la quantité d’eau libre
121
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
dans les pores est importante. Cette dernière limite les interactions entre les feuillets et lubrifie
la surface des particules (Habib, 1953).
Les travaux menés par Kong et Tan, (2000), cités par Cokca et al., (2004) ont montré que
l’angle de frottement interne de l’argile diminuait avec l’augmentation de la teneur en eau
jusqu’à la limite de plasticité, puis était constant une fois cette limite dépassée.
Selon Cokca et al., (2004), lorsque la teneur en eau de l’argile diminue (avec la condition
w<wOPN), la succion augmente la résistance au glissement des particules (ou agrégats) ainsi
que l’angle de frottement interne. A l’inverse, du coté humide de l’Optimum de densité
Proctor (w>wOPN), l’augmentation de la teneur en eau tend à faire disparaître les agrégats
(Chapitre III, § 1.2.2.2) et à diminuer l’angle de frottement.
Selon Bravo et al., (2012), le mode de rupture de l’éprouvette d’argile lors d’un essai triaxial
dépend de sa teneur en eau. L’eau en faible quantité (w=15 %, wP=25 %) crée un processus de
cimentation (formation d’agrégats) caractérisé par de fortes liaisons inter particulaires. La
rupture de l’éprouvette est qualifiée de « fragile ». Lorsque la teneur en eau de l’argile
augmente (w>15 %), les pores se remplissent d’eau. Des plans de rupture se forment sur de
fines pellicules d’eau et la résistance au cisaillement de l’argile diminue. La rupture de
l’éprouvette est alors qualifiée de « ductile ».
Yusu et Dechao, (1990), cités par Kooistra et al., (1998) ont constaté que la cohésion de
l’argile diminuait exponentiellement avec l’augmentation de sa teneur en eau entre les limites
de plasticité et de liquidité. Ces résultats ont corroboré ceux obtenus par Kooistra et al.,
(1998) et Jancsecz, (1991), cité par Kooistra et al., (1998) ; Kooistra, (1998), cité par Kooistra
et al., (1998) (Figure III-7).
Enfin, l’étude menée par Cokca et al., (2004) a montré que la cohésion de l’argile était
maximale à l’Optimum de densité Proctor (wOPN=24 % et wP=23 %) :
• Lorsque la teneur en eau diminue (avec la condition w<wOPN), l’argile tend vers un
comportement granulaire, justifiant la diminution de la cohésion ;
• Lorsque la teneur en eau augmente (avec la condition w>wOPN), un film d’eau lubrifiant
apparaît à la surface des particules et explique la diminution de la cohésion (Figure
III-7b).
250
(Jancsecz, 1991)
Cohésion (kPa)
Cohésion (kPa)
150
wOPN
100
50
wp wl
wp wl
0
0 10 20 30 40 50 60
Teneur en eau (%) Teneur en eau (% )
(a) (b)
Figure III-7. Evolution de la cohésion de l’argile en fonction de la teneur en eau (modifié d’après Jancsecz,
1991, cités par Kooistra et al., 1998 (a); Kooistra et al., 1998 ; Cokca et al., 2004 (b))
122
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
1.2.2.4 Effet de l’eau sur les propriétés de cisaillement d’interface sol fin-
matériau
Si la teneur en eau de l’argile est inférieure à sa limite de plasticité, la résistance au
cisaillement à l’interface entre le matériau et le sol augmente faiblement avec la teneur en eau
(phase de frottement) (Manuwa, 2012). L’augmentation de la teneur en eau entre les limites
de plasticité et de liquidité est caractérisée par une nette augmentation (phase d’adhérence)
puis une diminution (phase de lubrification) de la résistance au cisaillement d’interface. Cette
phase de lubrification s’accompagne de la formation d’une fine pellicule d’eau à l’interface
(Bravo et al., 2012) qui peut être drainée en fonction du type de matériau (Fellenius, 1955).
Lors d’essais de cisaillement, Bravo et al., (2012) ont démontré que les propriétés de
résistance de l’interface entre l’acier et l’argile (w>30 % ; wP=25 %) étaient indépendantes de
du poids sec apparent du sol. Les auteurs ont expliqué ces résultats par le caractère lubrifiant
des films d’eau à l’interface et ont établi la relation suivante entre l’angle de frottement et la
teneur en eau du sol :
δ = 23, 6 − ln( w) ( R ² = 91, 7%) (11)
123
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Les essais réalisés par Kishida et Uesugi, (1987) ; Uesugi et Kishida, (1986) (Figure III-5) ont
confirmé l’existence de cette rugosité critique. Ceux effectués par Paikowsky et al., (1995)
entre l’acier et des billes de verre ont permis de définir trois états de surface du matériau
(Figure III-8) en fonction de sa rugosité normalisée :
• Un état de surface « lisse ». La rugosité normalisée est inférieure à 0,02. Les auteurs n’ont
pas observé de phénomène de dilatance. La surface de rupture est située à l’interface et
l’augmentation de la rugosité entraîne une faible variation de l’angle de frottement
d’interface ;
• Un état de surface « intermédiaire ». L’angle de frottement d’interface augmente
linéairement avec la rugosité normalisée, comprise entre 0,02 et 0,5. La surface de rupture
est située à l’interface ;
• Un état de surface « rugueux » (rugosité normalisée supérieure à la rugosité critique). La
rupture se produit dans les billes de verre (ou dans le sol). L’angle de frottement mesuré
est fonction du poids volumique sec du sol et de la forme des grains.
Figure III-8. Evolution de l’angle de frottement d’interface en fonction de la rugosité normalisée du matériau
(Paikowsky et al., 1995)
Selon Blanchet et al., (1980), l’angle de frottement d’interface entre l’argile et les pieux en
bois ou en béton (dont l’état de surface est considéré comme rugueux) est égal à l’angle de
frottement interne du sol. L’angle de frottement d’interface entre les pieux en acier et le sable
est égal aux ¾ de l’angle de frottement interne du sol (Peck, 1958).
API, (1971), cité par Vijayvergiya, (1977) a proposé une relation entre les angles de
frottement 1pieu-sable et 2sable de la forme :
δ pieu − sable = ϕ sable − 5 (en degrés) (12)
Enfin, Potyondy, (1961) a calculé le ratio entre l’angle de frottement d’interface entre trois
matériaux (acier, bois, béton) et trois natures de sols (argile, sable et sol cohérent) (Chapitre
III, § 1.2.2.4) et l’angle de frottement interne des sols. Il a également étudié l’effet de la
teneur en eau des sols et de la rugosité des matériaux sur les propriétés de résistance
d’interface. Les résultats de cette étude sont présentés dans le Tableau III-4.
124
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Tableau III-4. Résultats de l’étude réalisée par Potyondy, (1961) sur la comparaison entre l’angle de
frottement à l’interface matériau-sol et l’angle de frottement interne du sol
Teneur en Bois (cisaillement perpendiculaire
Sol Acier (lisse et rugueux (rouille)) Béton (lisse et rugueux)
eau ou parallèle aux fibres)
3sable sec=44,3°
0% 2acier lisse-sable sec= 23,9° ( 2/3=0,54) 2bois4-sable sec= 34,9° ( 2/3=0,79) 2béton lisse-sable sec= 38,9° ( 2/3=0,88)
2acier rugueux-sable sec= 34,1° ( 2/3=0,77) 2bois5-sable sec= 38,9° ( 2/3=0,88) 2béton rugueux-sable sec= 43,9° ( 2/3=0,99)
Sable
3sable saturé=39°
Saturé 2bois4-sable saturé= 33,1° ( 2/3=0,85)
2acier lisse-sable saturé= 24,9° ( 2/3=0,64) 2béton lisse-sable saturé= 34,3° ( 2/3=0,88)
2bois5/sable saturé= 34,7° ( 2/3=0,89)
3argile (w=22,8%)=16,3°
23% 2acier lisse-argile= 8,9° ( 2/3=0,55) 2bois4-argile= 10,9° ( 2/3=0,67)
2béton lisse-argile= 16,0° ( 2/3=0,98)
2acier rugueux-argile= 9,9° ( 2/3=0,61) 2bois5-argile= 13,4° ( 2/3=0,82)
Argile
3argile (w=26,1%)=11,3°
26% 2acier lisse-argile= 6,3° ( 2/3=0,56) 2bois4-argile= 6,9° ( 2/3=0,61)
2béton lisse-argile= 9,3° ( 2/3=0,82)
2acier rugueux-argile= 5,7° ( 2/3=0,50) 2bois5-argile= 7,8° ( 2/3=0,69)
3sol cohérent (w=13%)=22°
13% 2acier lisse-sol cohérent= 9,5° ( 2/3=0,43) 2bois4-sol cohérent= 17,4° ( 2/3=0,79) 2béton lisse-sol cohérent= 18,9° ( 2/3=0,86)
2acier rugueux-sol cohérent= 18,3° ( 2/3=0,83) 2bois5-sol cohérent= 21,3° ( 2/3=0,97) 2béton rugueux-sol cohérent= 20,2° ( 2/3=0,92)
3sol cohérent (w=15%)=19,1°
Sol cohérent 15% 2acier lisse-sol cohérent= 8,2° ( 2/3=0,43) 2bois4-sol cohérent= 16,0° ( 2/3=0,84) 2béton lisse-sol cohérent= 16,4° ( 2/3=0,86)
2acier rugueux-sol cohérent= 13,0° ( 2/3=0,68) 2bois5-sol cohérent= 17,0° ( 2/3=0,89) 2béton rugueux-sol cohérent= 18,0° ( 2/3=0,94)
3sol cohérent (w=17%)=13°
17% 2acier lisse-sol cohérent= 7,3° ( 2/3=0,56) 2bois4-sol cohérent= 13,5° ( 2/3=1,04) 2béton lisse-sol cohérent= 13,0° ( 2/3=1,00)
2acier rugueux-sol cohérent= 10,0° ( 2/3=0,77) 2bois5-sol cohérent= 13,8° ( 2/3=1,06) 2béton rugueux-sol cohérent= 13,3° ( 2/3=1,02)
125
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
K2 Palier plastique
4interface
4interface
Comportement
élastique
K1
• Dans le cas des lois de comportement non linéaires, la rigidité de frottement d’interface
entre le sol et le matériau dépend du déplacement du matériau. Les lois de comportement
sont alors exprimées à partir de fonctions mathématiques de types exponentiel,
parabolique, hyperbolique (Bullen, 1958 ; Clough et Ducan, 1971).
126
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
η
La courbe reliant 4 à 1l présente trois parties distinctes : une partie linéaire,
7 1 δl 2
−2,43 4
8 une partie parabolique et une partie exponentielle modélisée par la loi ci-
Randolph et Jewell,
τ cal ,int erface 9 δl
= τ p − 1,1(τ p − τ r ) 1 − e 5 res 6 A contre. 4p est la résistance au pic, 4r la résistance résiduelle, 1lres le
(1989) 9 A déplacement résiduel et un paramètre adimensionnel variant entre 0,5 et
B C 1,5.
L’auteur a proposé une loi exponentielle à partir de loi établie par Frank et
1 δl 2
'
Loi exponentielle K s EM
Zhao, (1982) afin d’obtenir une loi de comportement continue. EM est le
2 Rτ max
Combarieu, (1988) τ cal ,int erface = τ max,int erface 31 − e 4 module pressiométrique du sol, R le rayon du pieu et K’s un coefficient
3 4
5 6 empirique donné dans des tables et variant entre 0,8 (marne et craie) et 3
(sable gravier).
127
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
τ max,int alors τ
Si 0 < δ l < cal ,int = kτ × δ l
2kτ
Si τ max,int 3τ max,int alors kτ × δ l 2τ max,int Les courbes de mobilisation sont linéaires par morceaux. La rigidité de
Frank et Zhao, (1982) Loi trilinéaire < δl < τ cal ,int = + l’interface sol-pieu est fonction du module pressiométrique du sol EM, de la
2kτ kτ 5 5
largeur de la fondation et de la nature du sol (Chapitre IV, § 5).
3τ max,int
Si δl > alors τ = τ max,int
kτ
128
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
2 Protocole expérimental
Sédimentométrie Granulométrie
100
Pourcentage tamisat en %
90
80
70
60
50
40
30
80µ 20
m
10
0
D50=84m
1 10 100 1000 10000 100000
Diamètres équivalents en micromètres
Le diamètre D50 du sol est égal à 8 9m (Figure III-10). Le diamètre maximal des particules de
sol Dmax est inférieur à 20 mm. 94 % du tamisat présente un diamètre inférieur à 80 9m. Le
comportement du sol est donc assimilable à celui de sa fraction fine.
La teneur en eau naturelle du limon prélevé à 2,30 m de profondeur est égale à 86,2 %.
L’étude de l’influence de la teneur en eau du sol sur les propriétés de résistance de l’interface
matériau-sol a été réalisée après séchage du sol à l’étuve à 50°C. La phase de séchage
modifiant ses propriétés physico-chimiques, les limites d’Atterberg et l’indice de plasticité
correspondant (norme NF P 94-051 (AFNOR, 1993)) ont été déterminés avant et après
séchage. Les valeurs sont présentées dans le Tableau III-6.
129
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
60
Argile très plastique
50
40
30
20
Sol organique très plastique
10
Limon et sol organique
peu plastiques
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
w L (% )
130
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
14,4
4h,N
13,6
5d,OPN Sr=100%
12,8
12
Sr=90%
11,2
5d (kN/m3 )
Sr=80%
10,4
9,6
8,8
48d
wP wL
7,2 w OPN
10 15 20 25 30 35 40 45 50
Teneur en eau w (%)
Figure III-12. Evolution du poids volumique sec du limon en fonction de sa teneur en eau
La teneur en eau du limon à l’Optimum de densité Proctor correspond à la teneur en eau pour
laquelle le poids volumique sec du sol est maximal. Elle est égale, d’après la Figure III-12, à
30,1 % (7d,OPN=13,5 kN/m3). L’indice des vides eOPN et le degré de saturation SR
correspondant à ce poids volumique sec maximal sont respectivement égaux à :
γs 27
eOPN = −1 = − 1 = 1 et S R = 79% (14)
γ d ,OPN 13,5
3,0
1'préconsolidation
Cs
2,5
2,0
Indice des vides e
Cc
1,5
1,0
0,5
0,0
1 10 100 1000 10000
1'n (kPa)
L’indice des vides initial du limon est égal à 2,50, ce qui met en évidence son état lâche. Le
poids volumique sec initial du limon vaut :
γ 14,1
γ d = h, N = = 7, 57 kN / m3 (15)
1 + w 1 + 0,862
131
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
γs 26,5
ou encore γ d = = = 7,57 kN / m3 (16)
1+ e 1 + 2,5
Des échantillons d’acier et de mortier complètent ce panel afin de comparer les propriétés de
résistance d’interface entre les différents matériaux et le limon.
132
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Au total, cinq matériaux sont donc été testés : le mortier, l’acier, le chêne, le pin et le chêne
qualifié « d’ancien » et daté de 1673.
133
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Appareil
de
contrôle
Laser
Matériau
La Figure III-17 présente les scans des profils des matériaux en fonction de leur longueur.
30 25
Mortier
24,5
Chêne ancien
25 Zoom 24
Hauteur (mm)
Acier
Hauteur (mm)
23,5
20 23 Chêne
15 22,5
Mortier 22
10 Chêne ancien 21,5
Acier 21
5 Chêne 20,5
20
0 19,5
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Longueur du matériau (cm) Longueur du matériau (cm)
Pour chaque profil, la distance d’acquisition entre deux mesures du scanner laser vaut 310 9m
et est donc supérieure à la valeur D50 du limon, égale à 8 9m (Chapitre III, § 2.1.1). La
rugosité normalisée des matériaux, définie par Kishida et Uesugi, (1987) lors d’essais de
cisaillement d’interface avec du sable (Chapitre III, § 1.2.1.2) ne peut donc être calculée. La
granulométrie et la taille des particules du limon ne sont par ailleurs pas prises en compte
dans la mesure de la rugosité.
Les profils enregistrés par le scanner laser sont discrétisés en neuf éléments de 2,5 mm de
longueur et distants de 1 cm.
Dans un premier temps, chaque élément de 2,5 mm de longueur est discrétisé en sous-
éléments de 310 9m et de 800 9m de longueur (Chapitre III, § 1.2.1.2). La « rugosité » de
chaque sous-élément (notée R0,31 et R0,8) est calculée comme la hauteur relative entre le point
le plus haut et le point le plus bas de chaque sous-élément (Chapitre III, § 1.2.1.2).
La « rugosité » des éléments de 2,5 mm de longueur est déterminée en effectuant la moyenne
arithmétique des rugosités de chaque sous-élément. Puis la rugosité de chaque matériau est
évaluée en réalisant successivement les moyennes arithmétiques des rugosités des éléments et
des profils (Tableau III-7).
134
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Les valeurs des rugosités R0,31 et R0,8 ne sont pas retenues dans la suite de l’étude car les
longueurs des sous-éléments (égales à 310 et 800 9m) ne permettent pas de rendre compte de
la taille réelle des aspérités caractérisant l’état de surface des matériaux (les tailles des
aspérités du mortier et du chêne ancien sont en majorité supérieures à la longueur de ces sous-
éléments).
Finalement, la rugosité des matériaux est évaluée en calculant la hauteur relative entre le point
le plus haut et le point le plus bas de chaque élément de 2,5 mm de longueur, puis en
effectuant successivement les moyennes arithmétiques des rugosités des différents éléments et
des profils (Figure III-18).
Discrétisation de
l’état de surface
en 19 profils
2,5mm
1,4 Profil 4
1,2 Profil 6
1 Profil 8
0,8 Profil 10
0,6 Profil 12
Profil 14
0,4
Profil 16
0,2
Profil 18
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Longueur du matériau (cm)
300
Hauteur
250
relative Max
200
150
Max
100
50
0 Min
Min Min
0 0,5 1 1,5 2 2,5
Largeur élément (mm)
135
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Le Tableau III-8 présente les valeurs des rugosités des cinq matériaux retenues dans le cadre
de cette étude.
Le Tableau III-8 montre que l’acier possède la rugosité la plus faible. Les faibles différences
entre les rugosités du pin et du chêne résultent de l’usinage des échantillons en laboratoire. Le
mortier et le chêne ancien, dont les états de surface sont « bruts », possèdent les rugosités les
plus élevées.
Les rugosités des échantillons présentées dans le Tableau III-8 sont supérieures aux rugosités
mesurées en laboratoire (Tableau III-2), mais inférieures à celles des matériaux employés
dans la construction en génie civil :
• Les rugosités des matériaux évaluées avec le scanner laser sont plus élevées que celles
mesurées par Lemos et Vaughan, (2000) ; Rouaiguia, (2010). Le diamètre D50 du limon
est néanmoins équivalent à celui du sol argileux présenté dans le Tableau III-2 ;
• La rugosité des pieux en béton lisse (respectivement rugueux) varie entre 0,3 et 1 mm
(respectivement 1 et 3 mm), celle des pieux en acier entre 0,045 et 0,09 mm. Enfin, la
rugosité de l’acier galvanisé peut atteindre 0,15 mm (Tableau III-2) ;
136
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Dans les études présentées dans la littérature, le choix des teneurs en eau du sol (argile ou sol
cohérent) est principalement effectué en fonction des limites de plasticité et de liquidité. Par
exemple, les teneurs en eau de l’argile retenues par Bravo et al., (2012) ; Shakir et Zhu,
(2009) sont inférieures ou supérieures à sa limite de plasticité, tandis que celles fixées par
Potyondy, (1961) sont supérieures. Enfin, celles choisies par Raboudi et El Ouni, (1993)
dépendent de la teneur en eau à l’Optimum de densité Proctor de l’argile (Tableau III-9).
Tableau III-9. Comparaison des teneurs en eau du sol retenues dans les études présentées dans la littérature
Limites d’Atterberg
Auteurs Sol / Matériau Teneurs en eau étudiées (%)
Optimum Proctor
Raboudi et El Ouni,
Argile / Micropieu en bois wOPN=23,5% w = 18,5 ; 20 ; 22,2 ; 25,7 ; 27,5
(1993)
wp=28,6%
Bravo et al., (2012) Argile / Acier w = 15 ; 20 ; 25 ; 30 ; 35
wl=78,9%
Shakir et Zhu, wp=19,98%
Argile / Béton w = 10 ; 16 ; 21
(2009) wl=35,08%
Argile / Bois, Béton, wp=21,8%
w = 22,8 ; 26,1
Acier wl=37,8%
Potyondy, (1961)
Sol cohérent / Bois, wp=12,4%
w = 13 ; 15 ; 17
Béton, Acier wl=22%
Limon / Bois, Mortier, wp=37,9%
Projet Pieux Bois w = 0 ; 15 ; 25 ; 35
Acier wl=43,9%
137
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Le choix des contraintes de chargement fait référence aux états de contraintes dans le sol
avant et après la phase de battage des pieux. Le Chapitre IV, § 2.6 présente les essais de
chargement des pieux en bois battus sur le plot expérimental de Rouen. Sur ce plot, la
profondeur d’encastrement des pieux dans le sol est égale à 4,6 m. En considérant une seule
couche de sol uniforme (limon) sur toute la hauteur des pieux, la contrainte horizontale
initiale dans le sol à 4,6 m de profondeur avant battage est égale à :
σ 'h 0 = K 0 × γ h, N × z = 0,5 ×14,1× 4, 6 = 32, 4kPa
Après le battage des pieux dans les argiles et les limons, le rapport K / K 0 varie, selon
Kulhawy, (1983) entre 1 et 2. Blanchet et al., (1980) donnent une valeur de ce rapport égale à
4.
En considérant que K / K 0 = 3 (avec K 0 = 0, 5 ), la contrainte horizontale dans le sol à 4,6 m de
profondeur après battage est égale à :
σ 'h = K × γ h , N × z = 1,5 ×14,1× 4, 6 = 97,3kPa
Suite au calcul des contraintes horizontales dans le sol avant et après la phase de battage des
pieux, les valeurs des contraintes de chargement retenues dans cette étude et appliquées aux
éprouvettes de limon sont égales à 30 (3p1), 65 (3p2) et 100 kPa (3p3).
138
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Les contraintes de chargement et les contraintes normales sont appliquées successivement aux
éprouvettes de sol dans les deux campagnes d’essais. La Figure III-20 présente un schéma
récapitulatif de ces chemins de contraintes.
Teneurs en eau Contraintes de Contraintes
limon chargement (6p) normales (6n)
50
0% 30 100
200
15% 9 essais par
50 teneur en eau
25% 100 du limon et
65
200 par matériau
35% 50
100 100
200
Limon - w=0%
Tassement (mm)
1
Limon - w=15%
1,5 Limon - w=25%
Limon - w=35%
2
2,5
t100=0,73
3,5
139
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Temps1/2 (min1/2)
0 0,25 0,5 0,75 1 1,25 1,5 1,75 2 2,25 2,5 2,75 3 3,25 3,5 3,75
0
Cisaillement chêne-limon
0,5
1p=30 kPa ; 1n = 200 kPa
Tassement (mm)
Limon - w=0%
1,5
Limon - w=15%
2 Limon - w=25%
t100=0,87 Limon - w=35%
2,5
Figure III-22. Evolution du tassement des éprouvettes de limon en fonction du temps – cisaillement chêne-
limon
Compte tenu des courbes présentées sur la Figure III-22, la vitesse maximale recommandée
par la norme NF P 94-071-1 (AFNOR, 1994) est égale à 0,14 mm/min.
La vitesse de cisaillement entre les matériaux et le limon est fixée à 0,10 mm/min.
Figure III-23. Boîte de cisaillement (modifié d’après la norme NFP94-071-1 (AFNOR, 1994))
Les deux demi-boîtes, de section carrée, présentent la même section droite. Leurs dimensions
intérieures sont égales à 60mm × 60mm et leur hauteur à 40 mm (Figure III-24).
140
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
15,0 15,0
Limon - w=0%
Limon - w=15% Limon - w=0%
14,5 14,5 Limon - w=15%
Limon - w=25%
14,0 y = 0,021x + 11,46
14,0 Limon - w=25%
Limon - w=35% Limon - w=35%
R2 = 0,92
13,5 13,5
5d, OPN 5d, OPN
13,0 13,0
5d (kN/m )
12,5
5d (kN/m )
12,5
3
3
y = 0,0169x + 10,06
12,0 12,0
R2 = 0,69
11,5 11,5
y = 0,0092x + 9,83
11,0 11,0
R2 = 0,80
10,5 10,5
10,0 10,0
y = 0,0068x + 9,43
9,5 9,5
R2 = 0,73
9,0 9,0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220
5d, avant chargem ent 1p (kPa) (a) 1n (kPa) (b)
Figure III-25. Evolution du poids volumique sec du limon en fonction des contraintes de chargement (a) et
des contraintes normales (b)
Le poids volumique sec du limon croît linéairement avec les contraintes de chargement
(Figure III-25a).
141
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Les pentes des droites de corrélation augmentent avec la teneur en eau du limon : par
exemple, la pente de la courbe de tendance du limon à l’état sec (égale à 0,0068) est plus
faible que celle du limon dont à la teneur en eau est égale à 35 % (égale à 0,021).
L’eau adsorbée lubrifie la surface des particules contenues dans les agrégats et accroît leur
répulsion (Cokca et al., 2004). Ils s’écrasent sous l’effet des contraintes appliquées à
l’éprouvette de sol. Les particules glissent alors les unes contre les autres et leur réorientation
diminue la taille des pores. Cette réorganisation engendre une réduction du volume
macroscopique du sol (Muñoz-Castelblanco, 2011) et une augmentation de son poids
volumique sec.
L’application des contraintes normales entraîne une augmentation du poids volumique sec du
limon à l’état sec, comprise entre 0,9 et 4 % (Figure III-25b).
Les plus fortes variations du poids volumique sec du limon sont mesurées lorsque la teneur en
eau du sol augmente de 25 à 35 %, quelle que soit la contrainte normale 3n appliquée.
L’ensemble des valeurs du poids volumique sec mesurées est donné dans le Tableau 9 en
Annexe D.
Biarez et Hicher, (1994) ont établi une relation entre la limite de liquidité et la compressibilité
des sols normalement consolidés (Figure III-26). Ils ont montré que les indices des vides
correspondant aux limites de liquidité et de plasticité étaient mesurés pour des contraintes
verticales proches respectivement de 7 kPa et 1 MPa. Pour une contrainte verticale égale à
10 MPa, l’arrangement des particules du sol (assimilées à des sphères) est optimal et l’indice
des vides égal à 0,35. L’intérêt de cette corrélation est de calculer un tassement à partir
d’informations sur un sol remanié (Reiffsteck et al., 2012).
L’évolution des indices des vides des éprouvettes de limon en fonction des contraintes
normales appliquées est représentée sur la Figure III-26.
5
Limon - w=0%
4,5 wL=160 Limon - w=15%
4 Limon - w=25%
wL=140
Limon - w=35% y = -0,26Ln(x) + 1,08
Indice des vides e
3,5 2
wL=120 Limon - w=86% R = 0,91
3 y = -0,23Ln(x) + 0,97
wL=100 2
2,5 R = 0,95
2 wL=80 y = -0,21Ln(x) + 0,84
2
wL=60 R = 0,99
1,5
y = -0,16Ln(x) + 0,69
1 wL=40 2
R = 0,96
0,5 wL=20 y = -0,45Ln(x) + 1,42
2
0 R = 0,99
Figure III-26. Evolution de l’indice des vides des éprouvettes de limon en fonction des contraintes normales
(modifié d’après Biarez et Hicher., 1994)
142
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
L’évolution de l’indice des vides du limon (non remanié et à teneur en eau naturelle) en
fonction des contraintes verticales suit la droite d’isovaleurs wL=140 %. Cette limite de
liquidité théorique est nettement supérieure à celle mesurée avant le séchage du limon à
l’étuve à 50°C et égale à 94,4 %.
Cet abaque a été construit pour des argiles. Toutefois, on constate que le limon présente le
même comportement avec un décalage probablement lié à une nature minéralogique
différente.
Pour une contrainte normale 3n fixée, l’indice des vides du limon (quelle que soit sa teneur en
eau) est supérieur à celui déterminé par la droite d’isovaleurs wL=43,9 %. Enfin, la Figure
III-26 montre également que l’indice des vides du limon tend vers une valeur minimale égale
à 0,35 avec l’augmentation de la contrainte normale, conformément à ce qu’ont observé
Biarez et Hicher, (1994).
L’évolution du poids volumique sec moyen du limon mesuré après l’application des
contraintes de chargement et normales en fonction de sa teneur en eau est présentée sur la
Figure III-27. La succion (exprimée en kPa) dans le limon déduite de son degré de saturation
(Figure III-6) est également notée.
15 15
Sr=90% Sr=100% Sr=100%
14,5 6p1 = 30kPa 14,5 6n1 = 50kPa
6n2 = 100kPa Sr=80%
14 6p2 = 65kPa Sr=80%
6p3 = 100kPa 14 6n3 = 200kPa
13,5 Courbe Proctor Courbe Proctor
13,5
Sr=90%
13 13
5d (kN/m )
12,5
3
25
5d (kN/m )
12,5 98
3
121 36 1
12 12 136
154 50 1269 31
1621 169
11,5 196 Sr=70% 11,5 1681 43
2008
11 2564 2150
Sr=60% 11 Sr=70%
6 6
10,5 10 10
10,5 Sr=60%
10 10
9,5 9,5
9 9
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
w (%) (a) w (%) (b)
Figure III-27. Evolution du poids volumique sec du limon mesurée après l’application des contraintes de
chargement (a) et des contraintes normales (b) en fonction de sa teneur en eau
Sous une contrainte de chargement égale à 100 kPa (Figure III-27a), le poids volumique sec
du limon (dont la teneur en eau vaut 35 %) est égal au poids volumique sec mesuré à
l’Optimum de densité Proctor 7d,OPN.
Après application des contraintes normales (Figure III-27b), le degré de saturation du limon,
dont la teneur en eau est comprise entre 0 et 25 %, est inférieur à 60 %. Lorsqu’elle atteint
35 %, le limon présente un degré de saturation compris entre 75 et 100 %. La succion dans le
sol est alors très faible.
143
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Les matériaux sont fixés à la demi-boîte supérieure avec deux inserts noyés dans les
matériaux et deux vis la traversant (Figure III-29).
La longueur de cisaillement des essais est égale à 2 cm (Figure III-29). Le châssis métallique
contenant le limon est recouvert d’un film plastique durant les essais de cisaillement afin de
maintenir la teneur en eau du sol constante.
144
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
L’absence de confinement du limon devant la demi-boîte supérieure (Figure III-29) est une
source d’erreur potentielle sur la mesure de la contrainte de cisaillement en fonction du
déplacement, mais aussi sur l’influence du poids volumique sec du limon sur les propriétés de
résistance de l’interface matériau-sol. Néanmoins, les modifications apportées à la boîte de
cisaillement direct permettent d’obtenir, dans un premier temps, des résultats qualitatifs. Cette
série d’essais ayant pour premier objectif de caractériser qualitativement le comportement de
l’interface matériau-sol, il n’a pas été envisagé de construire un appareil spécifique
sophistiqué.
La majorité des essais de cisaillement d’interface détaillés dans la littérature est réalisée en
remplaçant la demi-boîte inférieure par le matériau. L’éprouvette de sol est alors contenue
dans la demi-boîte supérieure (Shakir et Zhu, 2009 ; Gireesha et Muthukkumaran, 2011 ;
Lemos et Vaughan, 2000 ; Uesugi et Kishida, 1986). Cette configuration permet d’appliquer
les contraintes normales sur l’intégralité de la surface de l’éprouvette de sol (d’où une mesure
précise du poids volumique) et d’étudier les déformations volumiques induites par le
cisaillement.
145
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Une fois le tassement du sol stabilisé, le limon est déchargé, le châssis métallique contenant le
sol est placé dans le châssis étanche de la boîte de cisaillement et le matériau fixé à la demi-
boîte supérieure de la boîte de cisaillement. Des plaques placées entre le châssis métallique
contenant le sol et le châssis étanche permettent de maintenir l’alignement entre l’interface
matériau-limon et le capteur de force tangentiel.
Pour chaque matériau, teneur en eau du limon et contrainte de chargement, les contraintes
normales égales à 50, 100 et 200 kPa sont appliquées sur le matériau (Figure III-20). La
Figure III-31 montre l’évolution de l’indice des vides du limon en fonction des contraintes de
chargement 3p et des contraintes normales 3n. Les valeurs des poids volumiques secs du limon
sont présentées dans les Tableaux 10, 11, 12, 13 et 14 en Annexe D.
2,0 2,0
e avant chargement wL=80 wL=100
1,9 Limon - w=0% 1,9
Limon - w=15% 1,8
1,8 Limon - w=0%
Limon - w=25%
1,7 Limon - w=35% 1,7 Limon - w=15%
2,0
e avant chargem ent Limon - w=0%
1,9
Limon - w=15%
1,8 Limon - w=25%
1,7 Limon - w=35%
Indice des vides e
1,6
1,5
1,4
1,3
1,2
1,1
1,0
eOPN
0,9
0,8
10 100 1000
1n (kPa) (c)
Figure III-31. Evolution de l’indice des vides du limon en fonction des contraintes de chargement (a et b) et
des contraintes normales (c)
L’indice des vides du limon décroît linéairement avec les contraintes de chargement (Figure
III-31a). Les pentes des droites de corrélation diminuent avec la teneur en eau du limon.
Lorsque la teneur en eau augmente, les pentes des droites de corrélation tendent vers la valeur
de la pente de la droite d’isovaleurs wL=60 % (Figure III-31b).
146
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Le Tableau III-10 et le Tableau III-11 présentent les coefficients de variation des poids
volumiques secs du limon en fonction de sa teneur en eau, des contraintes de chargement et
des contraintes normales appliquées. Pour chaque contrainte de chargement ou contrainte
normale appliquée, 15 mesures de poids volumiques secs sont réalisées (trois par matériaux et
cinq matériaux différents).
Tableau III-10. Coefficients de variation du poids volumique sec du limon calculés après l’application des
contraintes de chargement
w (%) 0 15 25 35
3p (kPa) 30 65 100 30 65 100 30 65 100 30 65 100
CV 7d (%) 0,69 0,85 1,00 2,90 3,01 3,16 1,61 2,30 1,68 2,28 2,09 1,89
Tableau III-11. Coefficients de variation du poids volumique sec du limon calculés après l’application des
contraintes normales
w (%) 0 15 25 35
3n (kPa) 50 100 200 50 100 200 50 100 200 50 100 200
CV 7d (%) 2,07 1,38 2,57 4,03 4,21 4,68 4,17 3,47 4,48 4,02 4,88 4,57
Les coefficients de variation du poids volumique sec du limon calculés après l’application des
contraintes de chargement (Tableau III-10) sont compris entre 0,69 et 3,16 %. Cette faible
dispersion valide le protocole expérimental mis en place préalablement à la réalisation des
essais de cisaillement.
Les poids volumiques secs du limon calculés après l’application des contraintes normales
présentent des coefficients de dispersion plus élevés (Tableau III-11), mais néanmoins
inférieurs à 5 %. Le déchargement puis le rechargement des éprouvettes (Figure III-20), ainsi
que l’absence de confinement du limon devant la demi-boîte supérieure peuvent expliquer ces
dispersions.
Enfin, la Figure III-32 présente l’évolution du poids volumique sec du limon mesuré après
l’application des contraintes de chargement et des contraintes normales en fonction de sa
teneur en eau.
15,0 15,0
Sr=100%
14,5 6p1 = 30kPa 14,5 6n1=50kPa
6p2 = 65kPa Sr=100% 6n2=100kPa Sr=90
14,0 6p3 = 100kPa 14,0 6n3=200kPa Sr=80% %
Courbe Proctor Sr=80% Sr=90% Courbe Proctor
13,5 13,5
13,0 21
39 13,0
37
5d (kN/m )
12,5
3
50
5d (kN/m )
12,5 40
3
114
12,0 68 154
154 12,0 1269
11,5 2008 190 1722 169
11,5
2269 243 2008
11,0 11,0
2564 6 Sr=60%
10,5 10
6 Sr=60% 10,5
10
10,0 10,0
9,5 9,5
9,0
9,0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
w (% ) (a) w (% ) (b)
Figure III-32. Evolution du poids volumique sec du limon mesuré après l’application des contraintes de
chargement (a) et des contraintes normales (b) en fonction de sa teneur en eau
147
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
3 Résultats et interprétations
100
2max =90 kPa
90
50
40
2max =30 kPa
30
20
10
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5 5,5 6
6l (mm)
Figure III-33. Evolution de la contrainte de cisaillement du limon 2 en fonction du déplacement 4l
148
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
100
90
80
70
y = 0,3986x + 10,5
2max (kPa)
60
R2 = 0,9997
50
40
30
20
10
0
0 25 50 75 100 125 150 175 200 225
1n (kPa)
Figure III-34. Evolution de la résistance au cisaillement du limon 2max en fonction de la contrainte normale
3n
100 2m ax=95kPa
90
2m ax=79kPa
80
70 2m ax=74kPa
60 2m ax=54kPa
2 (kPa)
50
40
Limon - w=0%
30
1p=30 kPa ; 1n=100 kPa Limon - w=15%
20 Limon - w=25%
Limon - w=35%
10
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5 5,5 6
6l (mm)
149
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
3 (°)
[12,6 ; 14,0] (1p2)
[10,7 ; 11,0] [11,5 ; 11,9] [13,5 ; 14,3] (1p3)
80 20
y = -0,6685x + 91,12 [12,9 ; 13,6]
R2 = 0,709
60 15
[10,5 ; 10,7]
6p1
10 6p2
40 [9,8 ; 10,0]
y = -0,4802x + 52,65 [10,9 ; 11,9] 6p3
R2 = 0,7087
20 5
[11,9 ; 12,6]
0 0
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40
w (%) (a) w (%) (b)
14
180
Limon - w=0% y = 0,79x + 11,62
12 6p1 160 Limon - w=15%
6p2 Limon - w=25% y = 0,74x + 7,48
6p3 140 Limon - w=35%
10
[9,8 ; 10,1] (1p1)
[11,9 ; 13,8] (1p1) 120
[9,8 ; 10,2] (1p2)
[12,6 ; 14,0] (1p2) y = 0,72x + 8,65
2max (kPa)
100
[10,6 ; 11,1] (1p1)
[10,5 ; 10,9] (1p2) 80
6 [10,7 ; 11,4] (1p3)
y = 0,61x + 2,64
60
4
[10,9 ; 12,0] (1p1)
[11,5 ; 12,2] (1p2) 40
[11,9 ; 12,8] (1p3)
2
20
0 0
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220
w (%) (c) 1n (kPa) (d)
Figure III-36. Evolution des propriétés de résistance du limon en fonction de sa teneur en eau (a, b et c) et de
la contrainte normale (d)
On observe une rupture de pente sur la Figure III-36a lorsque la teneur en eau du limon est
supérieure à 25 %.
L’étude des pentes des droites de corrélation montre que la résistance au cisaillement du
limon diminue avec l’augmentation de la contrainte normale 3n et de la teneur en eau du
limon.
L’angle de frottement interne du limon diminue avec l’augmentation de sa teneur en eau
(Figure III-36c), selon la relation suivante :
ϕ = −0, 21w + 39, 7 (R²=0,75) (19)
150
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Enfin, la Figure III-36 montre que l’application des contraintes de chargement 3p a une
influence limitée sur l’évolution des propriétés de résistance du limon.
Les résultats obtenus à la boîte de cisaillement direct (Figure III-36c) corroborent ceux des
études exposés dans le Chapitre III, § 1.2.2.3. La lubrification de la surface des particules et la
diminution de la succion sont les deux hypothèses retenues pour expliquer la diminution de
l’angle de frottement interne du sol en fonction de sa teneur en eau (Figure III-37). Cette
diminution semble être indépendante de la valeur de la teneur en eau du sol par rapport à sa
limite de plasticité.
35
30
>w P wP
<w P
7 (°)
25
20
3=20,9+1,82w-0,15w²
15
10 >w P
wP wP
5
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40
w (% )
Figure III-37. Evolution de l’angle de frottement interne du sol en fonction de sa teneur en eau –
Comparaison avec les données publiées dans la littérature
151
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Figure III-38. Evolution de la cohésion du sol en fonction de sa teneur en eau – Comparaison avec les
données publiées dans la littérature
Les courbes de la Figure III-39 sont tracées dans le plan (3 ; 4). Les valeurs moyennes et
extrémales des résistances au cisaillement sont représentées en fonction des contraintes
normales appliquées.
152
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Acier Chêne
120 140
110 130
Limon - w=0% y = 0,54x - 0,67
120 Limon - w=0% y = 0,64x - 1,19
100 Limon - w=15%
110 Limon - w=15%
90 Limon - w=25%
Limon - w=25%
100
2max,interface (kPa)
Limon - w=35%
2max,interface (kPa)
80 90 Limon - w=35%
70 80
y = 0,44x - 0,0064 y = 0,43x - 2,88
60 70
50 60 y = 0,48x + 13,45
y = 0,42x + 4,59 y = 0,44x - 1,13
40 50
40
30
30
20 y = 0,56x - 5,62
20
10 10
0 0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220
1n (kPa) (a) 1n (kPa) (b)
Pin Mortier
140 150
130 140
Limon - w=0% Limon - w=0%
120 130 y = 0,62x + 2,92
Limon - w=15% y = 0,59x + 1,82 Limon - w=15%
110 120
Limon - w=25% 110 Limon - w=25%
100
2max,interface (kPa)
2max,interface (kPa)
Limon - w=35% y = 0,60x - 2,13 100 Limon - w=35%
90
80 90 y = 0,58x + 10,84
80
70 y = 0,58x - 5,66
70 y = 0,63x + 0,97
60 y = 0,52x + 12,16 60
50 50
40 y = 0,50x - 1,04 40
30 30
20 20
10 10
0 0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220
1n (kPa) (c) 1n (kPa) (d)
Chêne ancien
160
150
140 Limon - w=0%
130 Limon - w=15%
y = 0,68x - 1,59
120 Limon - w=25%
110
2max,interface (kPa)
Limon - w=35%
100
90
80
70
60
y = 0,60x - 4,38
50 y = 0,52x + 9,91
40
y = 0,62x - 6,99
30
20
10
0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220
1n (kPa) (e)
Figure III-39. Evolution de la résistance au cisaillement d’interface entre les matériaux (acier (a), chêne (b),
pin (c), mortier (d) et chêne ancien (e)) et le limon en fonction de la contrainte normale appliquée sur le
matériau – critère de Mohr-Coulomb
Pour chaque teneur en eau du limon et matériau étudié, les points de coordonnées (3 ; 4) sont
alignés (Figure III-39), validant ainsi le choix du critère de Mohr-Coulomb comme critère de
rupture à l’interface.
Les valeurs de l’adhérence mesurées à l’interface sont négatives (pour des teneurs en eau du
limon égales à 0, 15, 25 %) ou comprises entre 4,6 et 13,5 kPa (pour une teneur en eau du
limon égale à 35 %).
153
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
L’adhérence à l’interface est considérée comme un artefact lié à la rugosité, à l’état non saturé
du limon, mais également aux sources d’erreurs potentielles sur la mesure de la contrainte de
cisaillement après modifications de la boîte de cisaillement direct normalisée (Chapitre III,
§ 2.5.1). Ce paramètre ne sera donc pas étudié dans la suite du chapitre.
100
Limon-w=0%-6n3
Acier
Limon-w=15%-6n1 0,6
Limon-w=15%-6n2
4
80 Limon-w=15%-6n3 0,5
Limon-w=25%-6n1
Limon-w=25%-6n2 0,4
60
Limon-w=25%-6n3 Limon - w=0%
0,3
Limon-w=35%-6n1 Limon - w=15%
40 Limon-w=35%-6n2
0,2 Limon - w=25%
Limon-w=35%-6n3
Limon - w=35%
20 0,1
0 0,0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 240 260 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
Rugosité (4m) (a) Rugosité (4m) (b)
1,0 1,0
0,6 0,6
4
4
0,5 0,5
0,4 0,4
Limon - w=0% Limon - w=0%
0,3 Chêne Limon - w=15% 0,3 Acier Chêne Limon - w=15%
Limon - w=25% Limon - w=25%
0,2 0,2
Limon - w=35% Limon - w=35%
0,1 0,1
0,0 0,0
60 80 100 120 140 160 180 200 220 240 260 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 240 260
Rugosité (4m) (c) Rugosité (4m) (d)
Figure III-40. Evolution de la résistance au cisaillement d’interface entre l’acier ou le mortier et le limon (a)
et du coefficient de frottement d’interface 1 (b, c et d) en fonction de la rugosité des matériaux
154
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
La rugosité du chêne ancien est supérieure à celles du pin et du chêne usinés en laboratoire.
Néanmoins, les coefficients de frottement à l’interface entre les trois bois et le limon
présentent une faible dispersion (Figure III-40c). Les coefficients de variation
(indépendamment de la teneur en eau du limon) sont compris entre 8,8 et 12,1 % et les ratios
9chêne ancien-limon/9chêne-limon varient entre 1,02 et 1,27.
Les valeurs élevées des rugosités par rapport au diamètre D90 du limon ne permettent pas de
définir une rugosité critique des matériaux mise en évidence par Kishida et Uesugi, (1987) ;
Uesugi et Kishida, (1986) lors d’essais de cisaillement d’interface entre le sable et l’acier
(Chapitre III, § 1.2.1.4). La valeur maximale du coefficient de frottement d’interface entre le
limon et les matériaux atteint 0,7 (Figure III-41).
155
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
1,0
0,9
0,7
0,6
4 0,5
0,4
0,3
Rupture dans les sols fins Limon - w=0%
0,2 Limon - w=15%
Limon - w=25%
Limon - w=35%
0,1
Acier-Sable (Kishida et Uesugi, 1986 et 1987)
Acier-Sols fins (Sun et al., 2003)
0,0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 240 260
Rugosité (4m)
Figure III-41. Evolution des coefficients de frottement 1 en fonction de la rugosité des matériaux –
Comparaison avec les données publiées dans la littérature
156
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
2max,interface (kPa)
2max,interface (kPa)
[10,9 ; 11,1]
60 [12,3 ; 13,1] 60 [11,0 ; 11,7] [12,5 ; 13,6]
[10,0 ; 10,1] [10,2 ; 10,4]
[10,2 ; 10,7] [11,2 ; 11,7]
40 40
9,9 [11,4 ; 13,5]
[12,4 ; 13,0]
20 20
[10,5 ; 11,1] [10,0 ; 10,4] [10,9 ; 11,8]
[10,1 ; 10,6] [10,7 ; 11,5]
0 0
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40
w (%) (a) w (%) (b)
80 [12,6 ; 13,5]
80
[10,2 ; 10,5] [11,1 ; 11,6]
[10,4 ; 10,8] [10,5 ; 11,6] [12,2 ; 13,1]
60 60
[10,0 ; 10,1] [11,8 ; 13,0] [10 ; 10,3] [10 ; 10,6] [11,8 ; 12,8]
40 40
[10,7 ; 11,3]
0 0
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40
w (%) (c) w (%) (d)
Rugosité = 2564m
Chêne ancien
6n1,6p1 6n1,6p2 6n1,6p3
160 6n2,6p1 6n2,6p2 6n2,6p3
6n3,6p1 6n3,6p2 6n3,6p3
140
[10,6 ; 11,4] [13,2 ; 13,9]
120
[11,3 ; 12,2]
2max,interface (kPa)
[10,2 ; 10,4]
100
80
[11,9 ; 13,2]
[10,6 ; 10,8]
60 [9,8 ; 10,2]
[10,6 ; 11,7]
40
[11,8 ; 12,8]
[10,3 ; 11,1]
20 [9,8 ; 10,1] [10,4 ; 10,9]
0
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40
w (%) (e)
Figure III-42. Evolution de la résistance au cisaillement d’interface entre les matériaux (acier (a), chêne (b),
pin (c), mortier (d) et chêne ancien (e)) et le limon en fonction de sa teneur en eau
Les graphiques de la Figure III-42 montrent que les contraintes de chargement 3p n’ont pas
d’influence significative sur l’évolution de la résistance au cisaillement d’interface en
fonction de la teneur en eau du limon.
157
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Sous les contraintes normales 3n1 et 3n2, la résistance au cisaillement 4max,mortier-limon augmente
en fonction de la teneur en eau du sol. Sous 3n3, elle est maximale lorsque la teneur en eau du
limon est proche de 25 %, puis diminue lorsque cette dernière atteint 35 % (Figure III-42d).
Sous les contraintes normales 3n1 et 3n2, les résistances au cisaillement d’interface entre le
limon et les essences de bois augmentent en fonction de la teneur en eau du sol (Figure
III-42b, Figure III-42c et Figure III-42e) :
• Sous 3n1, elles varient en moyenne entre 20 kPa (limon à l’état sec) et 38 kPa (teneur en
eau du sol égale à 35%) ;
• Sous 3n2, les résistances au cisaillement 4max,chêne-limon, 4max,pin-limon et 4max,chêne ancien-limon
augmentent respectivement de 70, 56 et 30 % lorsque la teneur en eau du sol varie entre 0
et 35 %.
Sous 3n3, les résistances au cisaillement 4max,chêne-limon et 4max,chêne ancien-limon sont maximales
pour une teneur en eau du sol égale à 25 %, puis diminuent quand elle atteint 35 %. La
résistance au cisaillement 4max,pin-limon est maximale lorsque la teneur en eau du sol est
comprise entre 15 et 25 %.
158
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
159
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Rugosité = 834m
Acier Rugosité = 374m Chêne
40 40
[10,9 ; 12] (1p1)
6p1 [10,7 ; 11,7] (1p1) [11,4 ; 13,0] (1p2)
6p1
35 6p2 [10,5 ; 11,3] (1p1) 35 [10,9 ; 11,8] (1p2) [11,8 ; 12,9] (1p3) 6p2
[10,7 ; 11,5] (1p2) [11,5 ; 12,2] (1p3) 6p3
6p3
[11,1 ; 11,8] (1p3)
30 30
25 25
6 (°)
[12,4 ; 14,0] (1p1)
6 (°)
10 10
5 5
0 0
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40
w (%) (a) w (%) (b)
0 0
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40
w (%) (c) w (%) (d)
15
10
0
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40
w (%) (e)
Figure III-43. Evolution de l’angle de frottement d’interface entre les matériaux (acier (a), chêne (b), pin (c),
mortier (d) et chêne ancien (e)) et le limon en fonction de sa teneur en eau
160
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Enfin, les angles de frottement d’interface 1chêne-limon et 1pin-limon (Figure III-43b et Figure
III-43c) sont maximaux pour une teneur en eau du limon comprise entre 15 et 25 %, puis
diminuent lorsqu’elle atteint 35 %.
La formation des agrégats et l’influence bénéfique de la succion et du poids volumique sec du
limon détaillées dans le Chapitre III, § 3.2.3.1 permettent d’expliquer l’évolution des angles
de frottement d’interface en fonction de la teneur en eau du limon. Lorsque la teneur en eau
du limon atteint 35 %, la formation d’une fine pellicule d’eau à l’interface (faisant office de
lubrifiant) peut justifier leur diminution.
Enfin, la Figure III-44 présente une comparaison entre les résultats que nous avons obtenus à
la boîte de cisaillement direct modifiée et les données publiées dans la littérature.
50 50
Acier ; Limon
45 Acier lisse ; sable (Potyondy, 1961) 45
Acier lisse ; Argile (Potyondy, 1961)
40 Acier rugueux ; Argile (Potyondy, 1961) 40
Acier lisse ; Sol cohérent (Potyondy, 1961)
Acier rugueux ; Sol cohérent (Potyondy, 1961)
35 Acier lisse ; Argile (Çanakcı et al, 2011)
35
Acier lisse ; Argile (Bravo et al., 2012)
30 Acier ; Argile (Harsono, 2011) 30
6acier-sol (°)
6bois-sol (°)
25 25
20 20
Pin ; Limon
Chêne ; Limon
15 15 Chêne ancien ; Limon
Bois lisse ; Sable (Potyondy, 1961)
Bois rugueux ; Sable (Potyondy, 1961)
10 10 Bois lisse ; Argile (Potyondy, 1961)
Bois rugueux ; Argile (Potyondy, 1961)
5 5 Bois lisse ; Sol cohérent (Potyondy, 1961)
Bois rugueux ; Sol cohérent (Potyondy, 1961)
Bois ; Argile (Çanakcı et al, 2011)
0 0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65
w (%) (a) w (%) (b)
50
45
40
35
30
6béton-sol (°)
25 Mortier ; Limon
Béton lisse ; Sable (Potyondy, 1961)
Béton lisse ; Argile (Potyondy, 1961)
20
Béton lisse ; Sol cohérent (Potyondy, 1961)
Béton rugueux ; Sol cohérent (Potyondy, 1961)
15
Béton lisse ; Argile (Çanakcı et al, 2011)
10
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65
w (%) (c)
Figure III-44. Evolution de l’angle de frottement d’interface entre les matériaux (acier (a) ; bois (b) et béton
(c)) et le sol en fonction de sa teneur en eau - comparaison des données expérimentales avec celles publiées
dans la littérature
Les données publiées dans la littérature montrent que les angles de frottement d’interface
entre le sol et les matériaux varient fortement pour de faibles augmentations de la teneur en
eau des sols.
En effet, les sols utilisés dans les essais en laboratoire et décrits dans la littérature sont
calibrés et leur courbe granulométrique modifiée. Ainsi, le sable rentrant dans la composition
du sol cohérent utilisé par Potyondy, (1961) a été écrêté et qualifié, selon l’auteur, de « bien
161
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
gradué ». Tandis que la courbe granulométrique du limon (réalisée après séchage du limon à
l’étuve) prélevé sur le plot expérimental de Rouen n’est pas modifiée, ce qui peut expliquer
les différences observées sur la Figure III-44 entre nos données expérimentales et celles
publiées dans la littérature.
La Figure III-44 montre également que l’angle de frottement d’interface diminue avec
l’augmentation de la teneur en eau du sol, quel que soit le type de matériau. Néanmoins,
l’étude réalisée par Harsono, (2011) (Figure III-44a) montre que l’angle de frottement
d’interface entre l’acier et l’argile augmente puis diminue avec l’augmentation de la teneur en
eau du sol. Ce pic caractérise, selon Jancsecz, (1991), cité par Kooistra et al., (1998) ; Yusu et
Dechao, (1990), cités par Kooistra et al., (1998), la limite de « collage » de l’argile, définie
comme la teneur en eau à partir de laquelle l’argile devient moins « collante ». Cette teneur en
eau est proche de sa limite de plasticité.
Tableau III-12. Valeurs des ratios 4matériau-limon / 5 en fonction de la teneur en eau du limon
w (%) 4d (kN/m3) Matériau 5moyen (°) 5min (°) 5max (°) 3 5/6
[9,8 ; 10,4] Limon 36,9 35,0 38,3 1,7 -
[9,9 ; 10,1] Acier 23,9 23,71 24,14 0,22 0,64
[10,0 ; 10,7] Chêne 22,7 21,38 24,06 1,34 0,62
0
[9,8 ; 10,3] Pin 25,6 23,15 27,76 2,32 0,69
[9,8 ; 10,5] Mortier 28,9 28,56 29,35 0,40 0,78
[9,8 ; 10,4] Chêne ancien 30,6 29,30 32,48 1,67 0,83
[10,5 ; 11,4] Limon 35,5 33,4 37,2 1,89 -
[10,1 ; 11,1] Acier 23,2 21,62 25,06 1,73 0,65
[10,7 ; 12,2] Chêne 28,1 24,99 31,46 3,26 0,79
15
[9,9 ; 11,5] Pin 29,3 28,39 30,48 1,08 0,83
[10,0 ; 11,0] Mortier 30,8 30,34 31,29 0,48 0,87
[10,4 ; 11,4] Chêne ancien 29,8 29,29 30,47 0,63 0,84
[10,9 ; 12,8] Limon 34,6 34,1 35,1 0,52 -
[10,5 ; 11,8] Acier 28,4 27,39 29,08 0,88 0,82
[10,9 ; 13,0] Chêne 31,6 31,27 31,77 0,26 0,91
25
[10,5 ; 12,5] Pin 29,8 27,54 31,97 2,22 0,86
[10,5 ; 11,8] Mortier 31,3 30,37 31,76 0,77 0,90
[10,3 ; 12,2] Chêne ancien 33,0 30,56 35,69 2,59 0,95
[11,9 ; 14,3] Limon 30,1 26,9 32,3 2,84 -
[11,4 ; 14,1] Acier 21,9 19,94 24,61 2,43 0,63
[12,4 ; 14,1] Chêne 24,7 23,59 25,37 0,94 0,71
35
[11,8 ; 13,9] Pin 26,3 22,52 29,86 3,67 0,76
[11,8 ; 14,1] Mortier 28,9 26,02 31,97 2,99 0,84
[11,8 ; 13,9] Chêne ancien 26,5 25,94 27,75 1,05 0,76
162
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
La moyenne des ratios 1/2 présentés dans le Tableau III-12 est égale à 0,78. Celle calculée par
Potyondy, (1961) dans l’argile et le sol cohérent (Tableau III-4) vaut 0,77. Classiquement,
l’angle de frottement à l’interface entre un sol et un pieu est pris égal aux 2/3 de l’angle de
frottement interne du sol.
Enfin, la Figure III-45 présente l’évolution des ratios 1matériau-limon/2 en fonction de la teneur en
eau du limon.
1,00
40
0,90
35
0,80
30
0,70
0,60 25
6 ou 7 (°)
Acier
6/7
0,50 20
Mortier
0,40 Pin Acier
Chêne 15 Mortier
0,30 Chêne ancien Pin
10 Chêne
0,20 Chêne ancien
5 Limon
0,10
0,00 0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
w (%) (a) w (%) (b)
Figure III-45. Evolution des ratios 4/5 (a) et des angles de frottement du limon ou d’interface (b) en fonction
de la teneur en eau du sol
La rugosité de l’acier permet de justifier les valeurs inférieures du ratio 1acier-limon/2 par rapport
à celles calculées pour les autres matériaux.
Les différences entre les angles de frottement d’interface 1chêne-limon et 1pin-limon sont
relativement faibles et varient entre 1,2° (teneur en eau du limon égale 15 %) et 2,9° (limon à
l’état sec) (Figure III-45b).
Enfin, quel que soit le type de matériau, les valeurs des ratios 1matériau-limon/2 et 1matériau-limon
(Figure III-45a et Figure III-45b) sont maximales lorsque la teneur en eau du sol est égale à
25 %.
163
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
110
Cisaillement pin-limon (w=0%)
100
90
80
6p1 ; 6n1 6p1 ; 6n2 6p1 ; 6n3
2interface (kPa)
70
6p2 ; 6n1 6p2 ; 6n2 6p2 ; 6n3
60 6p3 ; 6n1 6p3 ; 6n2 6p3 ; 6n3
50
40
30
20
10
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
6l (mm)
Figure III-46. Evolution de la contrainte de cisaillement 2pin-limon (w= 0%) en fonction du déplacement 4l
Les lois de comportement présentées dans le Chapitre III, § 1.4.2 ont été établies à partir des
résultats d’essais de cisaillement réalisés en laboratoire ou d’essais de chargement de pieux
effectués en chambre d’étalonnage ou in situ.
Lors d’un essai de chargement, l’enfoncement du pieu Scr;i sous la charge critique Rcritique,
supposée de courte application, s’exprime conventionnellement selon l’expression suivante
(norme NF P 94-262 (AFNOR, 2012)) :
B
Scr ;i = k + eli (21)
100
164
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
0,6
0,3
6p1 ; 6n1 6p1 ; 6n2 6p1 ; 6n3
6p2 ; 6n1 6p2 ; 6n2 6p2 ; 6n3
0,2
6p3 ; 6n1 6p3 ; 6n2 6p3 ; 6n3
0,1
0,0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
6l (mm)
Figure III-47. Evolution du ratio 2interface/3n en fonction du déplacement tangentiel 4l
Les courbes de la Figure III-47 peuvent être divisées en trois phases distinctes :
• Une phase linéaire, caractérisée par une forte augmentation du ratio 4interface/3n pour un
faible déplacement ;
• Une phase caractérisée par une diminution de la pente entre le ratio 4interface/3n et le
déplacement tangentiel qui traduit l’amorce de la rupture ;
• Une phase de rupture caractéristique d’un état critique à l’interface.
4.1.2 Plages de valeurs des ratios 4max,interface/3n relatifs aux différents matériaux
La Figure III-48 présente la distribution des ratios 4max,interface/3n relatifs aux différents
matériaux étudiés, quelle que soit la teneur en eau du limon.
Le détail des valeurs des ratios 4max,interface/3n est donné dans le Tableau 15 en Annexe D.
165
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
20
Fréquence
15
10
0
05 5
-1
0, 0,1
15 5
0, 0,2
25 5
35 35
45 45
55 55
65 65
75 75
0, 0,8
85 5
0, 0,9
0, 95
0, 0,0
0, 0,1
0, 0,2
0, 0,8
0, - 0,
0, - 0,
0, - 0,
0, - 0,
0, - 0,
,
,
95
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-
-
-
-
0
9
0,
0,
0,
0,
0,
2max,interface /3n (a)
18
16 Acie r Matériau Nbre valeurs Médiane Moyenne Ecart type
Acier 36 0,46 0,48 0,06
Mortier
14 Mortier 36 0,64 0,63 0,08
Loi normale, acier
12
Fréquence
10
8
6
4
2
0
0, 0,05
0, 0, 1
0, , 15
0, 0, 2
0, , 25
0, 0, 3
0, , 35
0, 0, 4
0, , 45
0, 0, 5
0, , 55
0, 0, 6
0, , 65
0, 0, 7
0, , 75
0, 0, 8
0, , 85
0, 0, 9
0, 5
-1
,9
95
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-
-
-
05
15
25
35
45
55
65
75
85
0
Les résultats que nous avons obtenus (Figure III-48) montrent que les distributions des ratios
4max,interface/3n relatives à l’acier et au bois semblent correspondre à des lois normales. Les
moyennes et écart-types de ces distributions sont donnés sur les graphiques. Les fractiles à
5 % sont égaux à 0,43 (bois) et 0,38 (acier).
Les coefficients de variation des trois distributions valent 12,5 % (acier), 12,6 % (mortier) et
14 % (bois).
Enfin, l’évolution des valeurs moyennes des ratios 4max,interface/3n relatifs aux différents
matériaux en fonction de la teneur en eau du limon est présentée sur la Figure III-49. Les
valeurs extrémales de ces ratios sont également indiquées sur les graphiques.
166
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
0,8 0,8
2max,interface,sup/3n 2max,interface,inf/3n
0,7 0,7
0,6 0,6
2max,interface/1n
2max,interface/1n
0,5
0,5
0,4
0,4
0,3
2max,interface,moy/3n 0,3
Acier
0,2
Mortier 0,2
0,1
0,1 Chêne
0 Pin
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0
0 5 10 15 20 25 30 35 40
w (%) (a) w (%) (b)
0,8
0,7
0,6
2max,interface/1n
0,5
0,4
0,3
Chêne ancien
0,2
0,1
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40
w (%) (c)
Figure III-49. Evolutions des ratios 2max,interface/3n relatifs à l’acier et au mortier (a), au chêne et au pin (b) et
au chêne ancien (c) en fonction de la teneur en eau du limon
167
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
La première loi de comportement proposée dans le cadre de cette étude reprend la forme
générale de la loi établie par Wang et al., (2012) et Combarieu, (1988). Son expression est la
suivante :
τ cal ,int erface τ max,int erface 7 −δ l
8
= × 91 − e α A lab
(23)
σn σn B C
168
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
0,45
2max,interface/1n
0,40
2max,interface/7lab,21n
0,35 Cisaillement pin-limon (w=0%)
0,15
0,10
0,05
0,00
0
7
1 lab,1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
6l (mm)
Figure III-50. Forme de la loi de comportement exponentielle et détermination des paramètres 6lab,1 et 6lab,2
Les valeurs de 5lab,1 présentant une dispersion importante, seules les valeurs du paramètre
5lab,2 déterminées à partir de la méthode n°2 seront étudiées dans la suite du chapitre et notées
5lab.
169
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
0,45
2max,interface/1n
0,40
0,25
2max,interface/21n 6p=100 kPa
0,20 6n=200 kPa
2interface/1n
0,15
0,10 k2,lab
0,05
0,00
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
6l (mm)
0,45
0,40
2max,interface,sup/7lab,min3n 2max,interface,inf/3n
0,35
Courbe enveloppe inférieure
0,30
2interface/1n
0,25
0,20
6p1 ; 6n1 6p1 ; 6n2 6p1 ; 6n3
0,15 6p2 ; 6n1 6p2 ; 6n2 6p2 ; 6n3
0,10
2max,interface,inf/7lab,max3n 6p3 ; 6n1 6p3 ; 6n2 6p3 ; 6n3
0,05
0,00
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
6l (mm)
Figure III-52. Courbes enveloppes inférieure et supérieure relatives à la loi de comportement exponentielle
170
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
La Figure III-53 présente les distributions des coefficients 5lab relatives aux différents
matériaux, quelle que soit la teneur en eau du limon.
Le détail des valeurs est donné dans le Tableau 16 en Annexe D.
15
10
0
,3
-3
,3
,6
,9
,2
,5
,8
,1
,4
,7
,6
-0
-3
-0
-0
-1
-1
-1
-2
-2
-2
-3
7
2,
0
3
3
3
0,
0,
0,
1,
1,
1,
2,
2,
3,
8lab (mm) (a)
14
Acier Matériau Nbre valeurs Médiane Moyenne Ecart type
12 Mortier Acier 36 1,81 2,06 0,73
Loi normale, acier Mortier 36 1,53 1,46 0,54
Loi normale, mortier
10
Fréquence
0
,3
-3
,3
,6
,9
,2
,5
,8
,1
,4
,7
,6
,9
,2
-0
-3
-0
-0
-1
-1
-1
-2
-2
-2
-3
-3
-4
7
2,
0
3
3
9
0,
0,
0,
1,
1,
1,
2,
2,
3,
3,
3,
La Figure III-53 montre que les distributions des paramètres 5lab,acier, 5lab,mortier et 5lab,bois
semblent correspondre à des lois normales. Les moyennes et les écart-types des distributions
sont donnés sur les graphiques.
Les fractiles à 5 % des distributions des trois coefficients 5lab sont égaux à 0,3 mm (acier),
0,6 mm (mortier) et 0,5 mm (bois).
L’évolution des valeurs moyennes et extrémales des coefficients 5lab relatifs aux différents
matériaux en fonction de la teneur en eau du limon est représentée sur la Figure III-54.
171
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
4 3,25
3
3,5
2,75
3
7lab,max 2,5
7lab,moy 2,25
2,5 2
7lab,min
8lab
1,75
8lab
2
1,5
1,5 1,25
1
1 Pin
Acier 0,75
0,5 0,5 Chêne
Mortier
0,25
0 0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
w (%) (a) w (%) (b)
3,25
3
2,75
2,5
2,25
2
8lab
1,75
1,5
1,25
1
Chêne ancien
0,75
0,5
0,25
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40
w (%) (c)
Figure III-54. Evolutions des paramètres 6lab relatifs aux lois de comportement exponentielles à l’interface
entre l’acier, le mortier (a), le chêne, le pin (b) et le chêne ancien (c) et le limon en fonction de sa teneur en
eau
Les valeurs moyennes des coefficients 5lab augmentent avec la teneur en eau du limon,
exceptée lorsque le mortier est cisaillé avec le limon dont la teneur en eau varie entre 25 et
35 %.
Deux plages de valeurs du paramètre 5lab,chêne ancien dépendant de la teneur en eau du limon
peuvent être mises en évidence : le paramètre 5lab,chêne ancien vaut en moyenne 1,7 lorsque la
teneur en eau du limon est égale à 0 et 15 % et 2,25 quand elle varie entre 25 et 35 %.
Wang et al., (2012) ont comparé la courbe expérimentale charge-enfoncement en tête d’un
pieu en béton foré dans l’argile avec la courbe théorique tracée à partir de la loi de
comportement exponentielle (Chapitre III, § 1.4.2) (Figure III-55).
Figure III-55. Valeurs de qs,mes et 6site et courbe charge-enfoncement en tête correspondante (modifié d’après
Wang et al., 2012)
172
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Les valeurs du coefficient 5pieu,site déterminées par Wang et al., (2012) sont en moyenne 2,6
fois supérieures à celles que nous avons obtenues en laboratoire lors des essais de cisaillement
d’interface entre le mortier et le limon (Figure III-54a).
Enfin, le Tableau III-13 présente les valeurs des paramètres 4max,interface/3n et 5lab établies lors
d’essais de cisaillement réalisés en laboratoire entre le béton lisse et rugueux et l’argile à
différentes teneurs en eau (Shakir et Zhu, 2009).
Tableau III-13. Valeurs de 2max,interface et 6lab établies dans l’étude réalisée par Shakir et Zhu, (2009)
3n
Matériau / Teneur en
50 100 150
Sol eau (%)
4max,interface/ 3n 5lab (mm) 4max,interface/ 3n 5lab (mm) 4max,interface/ 3n 5lab (mm)
10 0,3 0,22 0,25 0,11 0,27 0,09
Béton rugueux
16 0,33 0,16 0,46 0,16 0,49 0,26
/ Argile
21 0,66 0,51 0,93 0,53 0,80 0,89
10 0,49 0,31 0,39 0,17 0,28 0,16
Béton lisse /
16 0,52 0,38 0,38 0,19 0,40 0,13
Argile
21 0,73 0,44 0,39 0,60 0,43 0,48
Les paramètres 4max,interface/3n et 5lab augmentent avec la teneur en eau de l’argile. Ces
tendances corroborent celles observées sur la Figure III-49 et la Figure III-54. Néanmoins, les
valeurs du coefficient 5lab présentées dans cette étude sont en moyenne 5 fois inférieures à
celles que nous avons établies à partir des résultats d’essais de cisaillement entre le limon et le
mortier (Figure III-54a).
0,0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
6l (mm)
Figure III-56. Courbes enveloppes inférieure et supérieure relatives à la loi de comportement trilinéaire
173
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
La Figure III-57 présente les distributions des pentes k4,lab relatives aux différents matériaux,
quelle que soit la teneur en eau du limon. Le détail des valeurs est donné dans le Tableau 17
en Annexe D.
40
Bois (pin + chêne + chêne ancien)
35
Loi normale, bois
30
Matériau Nbre valeurs Médiane Moyenne Ecart type
Fréquence
20
15
10
5
0
5
,1
,2
,3
,4
,5
,6
,7
5
,0
,1
,2
,3
,4
,5
,6
,7
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
05
15
25
35
45
55
65
0
7
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
-1
k 2,lab (mm ) (a)
12
Matériau Nbre valeurs Médiane Moyenne Ecart type Acier
10 Acier 36 0,36 0,36 0,09
Mortier
Mortier 36 0,32 0,33 0,08
Loi normale, acie r
Loi normale, mortier
8
Fréquence
0
5
,1
,2
,3
,4
,5
,6
5
,0
,1
,2
,3
,4
,5
,6
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
05
15
25
35
45
55
0
6
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
-1
k 2,lab (mm ) (b)
Figure III-57. Distributions des pentes k2,lab relatives aux lois de comportement trilinéaires à l’interface entre
le bois (a), l’acier et le mortier (b) et le limon
La Figure III-57 montre que les distributions des pentes k4,lab,acier, k4,lab,mortier et k4,lab,bois
semblent correspondre à des lois normales, justifiant ainsi la méthode employée pour les
déterminer. Les moyennes et les écart-types des distributions sont donnés sur les graphiques.
Les fractiles à 5 % des distributions des trois pentes sont égaux à 0,20 mm-1 (acier), 0,21 mm-1
(mortier) et 0,20 mm-1 (bois).
Enfin, la Figure III-58 présente l’évolution des valeurs moyennes des pentes k4,lab relatives
aux différents matériaux en fonction de la teneur en eau du limon.
174
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
0,6 0,7
Acier 0,65
0,55 Chêne
k2,lab,max Mortier 0,6
0,5 Pin
0,55
0,45
k2,lab,moy 0,5
0,4
0,45
0,35 0,4
k2 ,lab
k2,lab
0,3 0,35
0,25 0,3
0,2 0,25
k2,lab,min 0,2
0,15
0,15
0,1
0,1
0,05 0,05
0 0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
w (% ) (a) w (%) (b)
0,55
0,5 Chêne ancien
0,45
0,4
0,35
k2,lab
0,3
0,25
0,2
0,15
0,1
0,05
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40
w (%) (c)
Figure III-58. Evolution des pentes k2,lab relatives aux lois de comportement trilinéaires à l’interface entre
l’acier, le mortier (a), le chêne, le pin (b) et le chêne ancien (c) et le limon en fonction de sa teneur en eau
Les valeurs moyennes des pentes k4,lab,moy diminuent avec l’augmentation de la teneur en eau
du limon. Cette tendance corrobore les résultats présentés sur la Figure III-54 : plus la valeur
de k4,lab diminue, plus la pente à l’origine de la courbe expérimentale est faible, plus le
coefficient 5lab est élevé (la pente à l’origine de la courbe relative à la loi de comportement
exponentielle est égale à 4max,interface/5lab3n).
Les valeurs de k4,lab,moy,acier et k4,lab,moy,mortier sont comprises respectivement entre 0,31 et
0,43 mm-1 et entre 0,26 et 0,38 mm-1.
Enfin, les valeurs de k4,lab,moy relatives aux essences de bois usinées (chêne et pin) sont
comprises entre 0,31 et 0,53 mm-1, tandis que les pentes k4,lab,moy,chêne ancien varient entre 0,30 et
0,39 mm-1.
175
Chapitre III. Caractérisation de l’interface matériau-sol par des essais de cisaillement
Conclusion
Les deux campagnes d’essais de cisaillement réalisées en laboratoire ont permis de mettre en
évidence l’influence de la teneur en eau du limon et de la rugosité des matériaux sur les
propriétés de résistance d’interface :
Les paramètres 4max,interface/3n, 5lab et k4,lab ont été déterminés en calant les courbes relatives
aux lois de comportement exponentielle et trilinéaire sur les courbes de mobilisation
expérimentales liant la contrainte de cisaillement d’interface au déplacement tangentiel.
Les valeurs moyennes des paramètres 4max,interface/3n et 5lab augmentent avec la teneur en eau
du limon, tandis que celles du paramètre k4,lab diminuent avec son augmentation.
176
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Introduction
Les essais de chargement des pieux en bois ont été réalisés sur deux plots expérimentaux :
• Le premier se situe sur une parcelle en bordure de Seine appartenant au Grand Port
Maritime de Rouen (GPMR), maitre d’ouvrage public possédant de nombreux quais
fondés sur des pieux en hêtre ;
• Le second plot expérimental est localisé sur le site historique des laboratoires des Ponts et
Chaussées de Cubzac-les-Ponts, qui au cours des 25 dernières années, a servi à étudier le
comportement des remblais sur sol compressible.
Les seconde et troisième parties traitent des essais de chargement des pieux réalisés sur la
parcelle des Moulineaux en bordure de Seine (à proximité de Rouen) et à Cubzac-les-Ponts.
Les coupes géologiques des terrains et leurs propriétés de résistance déterminées au moyen de
campagnes de sondages exhaustives y sont présentées. Le battage des pieux, les essais de
chargement et leurs résultats sont également exposés.
La quatrième partie présente une comparaison entre les paramètres des lois de comportement
exponentielle et trilinéaire déterminés d’une part, à partir des résultats des essais de
cisaillement réalisés en laboratoire (Chapitre III) et d’autre part, à partir des résultats des
essais de chargement effectués sur le plot expérimental de Rouen.
Les tassements des pieux en bois chargés sur les deux plots expérimentaux sont étudiés dans
la dernière partie de ce chapitre. Les résultats expérimentaux sont comparés aux tassements
calculés à partir des lois de comportement présentées dans la quatrième partie.
177
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Chaque essence est représentée par deux pieux sur le plot expérimental de Rouen et par un
pieu sur le plot de Cubzac-les-Ponts.
Avec B la conicité du pieu (mm/m), L la longueur du pieu (m) et Bsup et Bb les diamètres en
tête et en pointe de pieu (mm).
178
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Si l’on se réfère aux valeurs des conicités des pieux établies dans le guide « Timber Pile
Design and Construction Manual » (AWPI, 2002) (Chapitre I, § 2.1.2.1), la conicité maximale
d’un pieu de 6 m de long dont le diamètre en tête est compris entre 25 et 30 cm est de l’ordre
de 8,6 mm/m. Pour des caractéristiques géométriques similaires, les conicités des huit pieux
exposées dans le Tableau II-1 sont donc en moyenne trois fois inférieures à celles établies
dans le guide normatif américain.
179
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
4,5
Pieu n°1 (Hêtre)
4,0
Accéléromètre n°1
3,5 Accéléromètre n°2
3,0 Accéléromètre n°3
Amplitude
2,5
2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
Fréquence (Hz)
1 2 3 4 5 6
Poinçonnement Bloqueurs
1
Figure IV-3. Emplacement des mesures de poinçonnement des pieux
Les résultats des mesures sont présentés dans le Chapitre IV, § 1.3.4.
180
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Les masses volumiques des pieux n°1 (hêtre), n°3 (pin), n°4 (pin) calculées à partir des
tranches prélevées (méthode n°1) sont en moyenne 33 % plus élevées que celles calculées à
partir du volume global du pieu (méthode n°2). En effet, la teneur en eau du bois variant dans
le pieu, les teneurs en eau des tranches prélevées sur les trois pieux peuvent être supérieures à
la teneur en eau moyenne des pieux, permettant ainsi d’expliquer les différences observées.
Les modules d’élasticité des pieux sont en moyenne 24 % plus faibles que ceux déterminés à
partir de la classification du Centre Technique du Bois et de l’Ameublement (CTBA, 2007) et
de la norme NF EN 338 (AFNOR, 2009) (Tableau IV-2). Seul le pieu n°9 en acacia présente
un module d’élasticité 9 % plus élevé que celui établi par le CTBA, (2007).
Enfin, le Tableau IV-3 et la Figure IV-4 montrent les résultats des mesures de poinçonnement
à l’aiguille.
181
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
16
Pieu n°1 - Hêtre Pieu n°2 - Hêtre
Zone III
14 Pieu n°3 - Pin Pieu n°4 - Pin
Pieu n°5 - Chêne Pieu n°10 - Chêne
12 Pieu n°8 - Acacia Pieu n°9 - Acacia
Enfoncement (mm)
Zone II
10
6
Zone I
4
0
120 140 160 180 200 220 240 260 280 300 320
Diamètre pieu (mm)
Les mesures étant situées dans la zone I, les pieux en bois ne sont pas dégradés (Chapitre II,
§ 3.1.4).
25cm
(a) Bloqueurs
Ruban de cupro-
(b) béryllium
50cm
Jauge de déformation
Figure IV-5. Bloqueur (a) et jauges de déformation (b)
182
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
inférieure est fermée. Une fois le pieu dans le sol, le chapelet d’extensomètres est introduit
dans le tube métallique. Le bloqueur inférieur est mis sous pression avec un gaz comprimé
(azote). La cellule centrale de ce bloqueur se dilate et vient se fixer aux parois du tube
métallique. Les autres bloqueurs et rubans métalliques sont ensuite mis en tension et de
l’azote est injecté simultanément dans les bloqueurs afin que les cellules centrales viennent
elles aussi se plaquer aux parois du tube métallique.
Lors de l’essai de chargement, le raccourcissement élastique de chaque tronçon du pieu
instrumenté est mesuré avec les jauges de déformation et interprété pour évaluer la
transmission de la charge à l’interface entre le sol et le pieu.
Dans le cas des pieux en bois, la non-linéarité et la conicité naturelle des pieux, conjuguées
aux difficultés que représentent la fixation du tube en acier au bois a rendu l’emploi de cette
technique difficile. Un dispositif d’instrumentation spécifique aux pieux en bois a donc été
élaboré.
10 pieux devaient être initialement instrumentés (numérotés de 1 à 10). Au final, huit l’ont été
(numérotés de 1 à 5 et de 8 à 10).
1ère étape : Une saignée de 80 mm de largeur et 60 mm de profondeur a été réalisée sur toute
la longueur du pieu, au niveau de la section où le pieu était le plus rectiligne (Figure IV-6).
Cette étape complexe n’a pu être réalisée que par l’utilisation d’un robot 6 axes possédé par
l’ENSTIB.
183
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
3ème étape : Une fois les pattes de fixation solidaires du bois, des tubes de logement de 35 mm
de diamètre et 250 mm de longueur, chanfreinés à chaque extrémité et diamétralement percés
à trois endroits, ont été fixés sur les pattes. L’usinage d’une rainure en « V » sur la patte de
fixation a permis le calage du tube cylindrique (Figure IV-8).
(a)
(b)
Figure IV-8. Fixation des tubes de logement sur les pattes (a) et dimensions des pieux (b)
4ème étape : Des fenêtres de 260 mm de longueur et 80 mm de largeur ont été usinées sur un
tube métallique à section carrée de dimensions 80 mm × 60 mm. Ce tube métallique (qualifié
de tube extérieur) est venu chapoter et protéger l’ensemble « patte de fixation + tubes de
logement » dans la saignée. Il a été fixé au bois avec des vis et des tirefonds (Figure IV-9).
184
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Figure IV-9. Fixation des tubes extérieurs métalliques à section carrée dans la saignée
5ème étape : La pointe des pieux a été usinée en forme pyramidale. L’extrémité du tube
extérieur a été biseautée au niveau de la pointe de sorte que le biseau soit dans le
prolongement d’une des faces de la pointe.
La pointe a été renforcée (Chapitre I, § 2.2.5.1) avec quatre plats métalliques (un sur chaque
face) fixés au bois avec des tirefonds. L’un des plats a été soudé au biseau du tube extérieur
pour le protéger de l’entrée de matériaux et éviter son écartement lors du battage des pieux
dans le sol (Figure IV-10).
Figure IV-10. Protection de la pointe des pieux en bois avec des plats métalliques
6ème étape : Deux plats diamétralement opposés et distants de 20 cm (distance constante sur
tous les pieux) ont également été usinés sur la tête des pieux. L’usinage de ces plats avait pour
objectifs de fixer le casque de battage aux pieux (Figure IV-11) (Chapitre I, § 2.2.5.2).
185
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
(a) (b)
(c)
Figure IV-12. Situation géographique de la zone (a et b) et emprise du plot expérimental (c)
186
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
TN
Argile sableuse
>7m
(a) (b)
Figure IV-13. Coupe géologique du terrain (a) et photo de l’excavation (b)
187
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Seine
Pieu en bois
25m
Sondage pressiométrique 2m 6m
Sondage au pénétromètre dynamique
Sondage au CPT 2m 1m
F
Sondage au SPT F
F F
Sondage destructif 2 9 5
10
2m
Pieu Essence 4 8 3
1 1m
1 Hêtre
F
2 Hêtre
3 Pin 10m
F 4m
4 Pin
5 Chêne
10 Chêne !
8 Acacia 5m 5m
9 Acacia
Figure IV-14. Plan d’implantation des sondages
α PEVA + β CR 2π VR + γ PM f
EN = (25)
VA
Avec PM la puissance du marteau, f la fréquence et 5, 6, 7 trois coefficients.
188
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Limon argileux
Limon argileux
2 Limon 2
2
argileux
3 3 3
Profondeur (m)
Profondeur (m)
Profondeur (m)
Sable grave Sable grave
Sable grave
4 4 4
Argile sableuse
5 5 5
Argile Argile
sableuse sableuse
6 6 6
189
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
1,5 PD3
Limon argileux PD4
2
2,5
3
Sable grave
3,5
L’épaisseur de la couche de remblai déduite de la Figure IV-16 est de 50 cm. Elle est
identique à celle mesurée lors des sondages à la pelle mécanique, mais diffère de celle
déterminée à partir des sondages destructifs. La profondeur de fin de couche du limon
argileux est située à 2,50 m sous le terrain naturel (Figure IV-16).
Ces résultats corroborent ceux obtenus lors des sondages à la pelle mécanique et destructifs.
Enfin, l’arrêt des sondages dynamiques à 4 m sous le terrain naturel n’a pas permis de
déterminer la profondeur exacte de fin de couche des sables graves.
190
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
51 153
51
50 150
40 38
34
104
100 89
30 27
25
57
20 16 15 50
12
25
10 5
2 6 8
0 0
-2
-4
-6
-8
0
0
-5
-1
-1
-1
-1
-1
-2
-1
-1
-2
-2
-3
-3
-4
-4
-5
-5
-6
-6
6
0
10
12
14
16
18
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
55
60
qd (MPa) (a) qd (MPa) (b)
200 193
Nombre de coups
151
150
133
100 84
81
64 69
60
50
7 11
2
0
0
-4
-6
-8
0
-1
-1
-1
-1
-1
-2
-3
-4
0
10
12
14
16
18
20
30
qd (MPa) (c)
Figure IV-17. Distribution des résistances dynamiques qd dans le remblai (a), le limon argileux b) et les sables
graves (c)
Le Tableau IV-4 présente les valeurs des résistances mesurées au pénétromètre dynamique et
retenues pour les trois couches de sol.
191
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
EM (MPa)
Pl (MPa)
0 2 4 6 8 10 12 14
0 0,5 1 1,5 2 2,5
0
0 SP1
Remblai SP1 Remblai
SP2
SP2 1
1 SP3
Limon argileux
SP3 Limon argileux
SP4
SP4 2
2
SP5
SP5
Profondeur (m)
Profondeur (m)
Moyenne
Moyenne 3 harmonique
3 géométrique
Sable grave Sable grave
4 4
5 5
Argile sableuse Argile sableuse
6 6
7 7
(a) (b)
Figure IV-18. Evolution de la pression limite (a) et du module pressiométrique (b) en fonction de la
profondeur
Le principal défaut de cet essai est sa faible résolution. En effet, il peut arriver que la sonde
soit à cheval sur plusieurs couches. Le résultat est alors une valeur intermédiaire des
paramètres des deux couches « testées ».
192
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
qc (MPa)
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
0
Remblai
1
Limon argileux CPT1
2 CPT2
Profondeur (m)
CPT3
3
Sable grave
Argile sableuse
5
fs (MPa)
0 0,02 0,04 0,06 0,08 0,1 0,12 0,14
0
Remblai
1
Limon argileux CPT1
2
CPT2
Profondeur (m)
CPT3
Sable grave
3
Argile sableuse
5
193
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Limon argileux
2 CPT1
Profondeur (m)
CPT2
Sable grave CPT3
3
5
Argile sableuse
u2 est la pression interstitielle dans la partie cylindrique du cône et a le facteur net de surface
du cône, égal au rapport entre l’aire du corps de pointe et l’aire de la base du cône (norme EN
ISO 22476-1, 2012).
194
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
La Figure IV-22 présente, pour les trois couches de sol sous-jacentes au remblai, la résistance
au cône normalisée en fonction du rapport de frottement normalisé.
Limon argileux Sable grave
1000 1000
7 7
OCR 8 OCR 8
9 9
normalement normalement
t
t
3
Résistance au cone normalisée Q
100 6 100 6
5 3 5 3
10 4 10 4
1 St 1 St
2 2
1 1
0,1 1 10 0,1 1 10
(a) Rapport de frottement normalisé Fr (b) Rapport de frottement normalisé Fr
Argile sableuse
1000
7
OCR 8
9
normalement
t
consolidé
2
Zone 8 Sols fins intermédiaires très raides
1
0,1 1 10
(c) Rapport de frottement normalisé Fr Zone 9 Sables cimentés ou dilatants (d)
La couche de limon argileux se situe dans la zone S4 (Figure IV-22a) correspondant à des
silts argileux à argile silteuse, la couche de sable grave (Figure IV-22b) dans la zone S6
correspondant à des sables propres à sables silteux. Enfin, la couche d’argile sableuse (Figure
IV-22c) se situe dans les zones S4-S5, correspondant des silts argileux à silts sableux.
Le limon argileux est surconsolidé, avec un ratio de surconsolidation égal à 2,5 (Chapitre III,
§ 2.1.3).
Enfin, les abaques de Robertson montrent que les couches de sable grave et d’argile sableuse
peuvent être considérées respectivement comme lâche et sous-consolidée.
195
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
u (kPa)
0 50 100 150 200 250 300
0
Remblai
1
CPT1
Limon argileux
CPT2
2
CPT3
Sable grave uh
3
Profondeur (m)
4
Argile sableuse
Les faibles valeurs des pressions interstitielles mesurées entre 2,50 m et 4,20 m de profondeur
sont caractéristiques d’une couche sableuse.
Les valeurs très faibles, voire négatives, des pressions interstitielles dans les couches de sable
grave et d’argile sableuse mesurées entre 4,80 m et 5,50 m de profondeur peuvent être dues à
la présence de lentilles sableuses dilatantes ou de zones graveleuses.
Enfin, l’augmentation de la pression interstitielle à partir de 6 m de profondeur résulte de
l’effet de la marée, le plot expérimental n’étant situé qu’à quelques mètres de la Seine (Figure
IV-23). Ces essais ont été réalisés lors de la marée montante, pendant un laps de temps
d’environ deux heures.
196
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
8
Remblai Limon argileux Sable-grave Argile sableuse
0,05
7
6 fs
qc
Résistance (MPa)
5 0,04
4 0,02
6,94 0,03
0,03 0,03
3
4,67
2 0,02 0,02
3,54 3,32 0,01
3,06 0,01 2,92 0,01
1 1,81
0,02 0,01 1,54 1,67
0,01 1,16 1,20
0,53 0,33 0,46
0
5
-1
,7
,2
,7
,2
,7
,2
,7
,5
-2
,5
,2
,6
,8
-3
-3
-4
-4
-5
-5
-6
-6
-1
-2
-0
65
-2
5
1,
2
85
1
2
0,
0
3,
3,
4,
4,
5,
5,
6,
5
2,
2,
Profondeur (m)
Figure IV-24. Valeurs moyennes des résistances à la pénétration du cône qc et du frottement latéral du
manchon fs en fonction de la profondeur
Le Tableau IV-6 présente les valeurs des résistances à la pénétration du cône retenues pour les
quatre couches de sol.
197
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
NSPT (/30cm)
0 10 20 30 40 50
0
Remblai
1
SPT1
Limon argileux
SPT2
2 SPT3
Profondeur (m)
3
Sable grave
4
5
Argile sableuse
6
Ces essais ayant été effectués par un prestataire extérieur peu habitué à réaliser ce type
d’essais, nous constatons une dispersion des valeurs sur la Figure IV-25.
Le Tableau IV-7 présente les valeurs de NSPT retenues pour les trois couches de sol.
Tableau IV-7. Valeurs de NSPT retenues pour les différentes couches de sol
Couches Profondeur (m) NSPT
1,30 5
Limon argileux
2,30 8
3,30 38
Sable grave
4,20 18
5,30 21
Argile sableuse
6,30 27
198
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Seine
B’
Coupe B-B'
0,04<qc<2,43 0,2<qc<1,96
qc,moy=0,54 qc,moy=0,50
Limon argileux
0,37<pl<0,55 0,33<pl<0,55
Epaisseur : 1,95m
1,37<qd<31,5 4,01<qd<35,5
qd,moy=10 qd,moy=10,3
A 2 9 5 10 A’ 0,03<qc<9,2 0,61<qc<10,11
qc,moy=4,3 qc,moy=3,91
Sable grave
pl=1,4
Epaisseur : 1,7m
4 8 3 1 1,88<qd<24,9 4,13<qd<103,6
qd,moy=11,5 qd,moy=17,8
0,6<qc<5,30 0,04<qc<4,91
Argile sableuse qc,moy=1,76 qc,moy=1,51
Epaisseur >2,5m
0,56<pl<0,8 0,55<pl<0,80
Coupe A-A'
0,04<qc<2,43 0,14<qc<2,32
qc,moy=0,54 qc,moy=0,51
Limon argileux 0,37<pl<0,55 pl=0,33
Epaisseur : 1,95m 3,0<qd<17,8 0,9<qd<56,2
qd,moy=9,9 qd,moy=10,8
5<NSPT<10 6<NSPT<9
0,03<qc<9,2 0,78<qc<4,37
qc,moy=4,3 qc,moy=2,35
Sable grave 0,8<pl<1,08
Epaisseur : 1,7m 3,1<qd<37,2 5,9<qd<30,7
qd,moy=11,4 qd,moy=13,2
9<NSPT<25 29<NSPT<42
0,6<qc<5,30 0,18<qc<4,90
Argile sableuse qc,moy=1,76 qc,moy=1,62
Epaisseur >2,5m 0,56<pl<0,8 0,42<pl<0,91
18<NSPT<20 22<NSPT<35
Les caractéristiques géotechniques de chaque couche de sol détaillées sur les coupes AA’ et
BB’ montre qu’un seul modèle géotechnique peut être établi pour le site expérimental.
Les valeurs caractéristiques moyennes des couches de sol sous-jacentes au remblai établies à
partir des sondages sont présentées dans le Tableau IV-8.
Compte tenu des valeurs des pressions limites et des résistances à la pénétration statique
données dans le Tableau IV-5 et le Tableau IV-6, le limon argileux peut être qualifié de très
mou, les sables graves de denses et l’argile sableuse de ferme.
199
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Tableau IV-9. Corrélations entre les propriétés de résistances des sols – données publiées dans la littérature
Auteurs Paramètres corrélés Nature de sol Corrélations
Argile et limon qc/pl=3 ; NSPT/pl=15
Reiffsteck, (2009) pl, qc, NSPT
Sable et graves qc/pl=8 ; NSPT/pl=20
Argile qc/NSPT=0,1 à 0,2
Argile sableuse qc/NSPT=0,3 à 0,6
Cassan, (1977), cité par
NSPT et qc (MPa) Argile limoneuse qc/NSPT=0,2
Reiffsteck, (2009)
Limon qc/NSPT=0,2
Sable qc/NSPT=0,5 à 0,6
Gonin et al., (1992), Argile plastique NSPT/pl=18
cités par Reiffsteck, NSPT et pl Limon NSPT/pl=32
(2009) Sable NSPT/pl=21
Argile (qc-p’0)/(pl-p0)=11
Reiffsteck, (2009) qc et pl Limon (qc-p’0)/(pl-p0)=5
Sable (qc-p’0)/(pl-p0)=8
Argile qd/(pl-p0)=3 (4 au-dessus de la nappe)
Waschkowsky, (1982),
Argile et limon SC 3<qd/(pl-p0)<5
cité par Reiffsteck et qd et pl
Argile et limon NC 1,4<qd/(pl-p0)<2,5
al., (2012)
Sable et graves 5<qd/(pl-p0)<10
L’ensemble des sondages réalisés sur le plot expérimental permet d’établir des corrélations
entre les différentes propriétés de résistance des couches de sol (Tableau IV-10).
Tableau IV-10. Corrélations entre les propriétés de résistance des sols – données expérimentales
Couche de sol Paramètres corrélés Nombre de valeurs Rapport
pl et qd pl : 9 valeurs qd/pl=25
qc et NSPT qc : 550 valeurs qc/NSPT =0,1
Limon argileux
pl et NSPT NSPT : 4 valeurs NSPT/pl=14
pl et qc qd : 350 valeurs qc/pl=1,25
pl et qd pl : 6 valeurs qd/pl=14,3
qc et NSPT qc : 500 valeurs qc/NSPT =0,225
Sable grave
pl et NSPT NSPT : 4 valeurs NSPT/pl=24
pl et qc qd : 420 valeurs qc/pl=4,5
qc et NSPT pl : 12 valeurs qc/NSPT =0,1
Argile sableuse pl et NSPT qc : 540 valeurs NSPT/pl=35
pl et qc NSPT : 4 valeurs qc/pl=3
Les valeurs des ratios qd/pl dans le limon argileux et les sables graves (Tableau IV-10) sont
supérieures à celles publiées dans la littérature. Ces ratios atteignent respectivement 25 et 15
200
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
dans le limon argileux et les sables graves, tandis que ceux présentés dans le Tableau IV-9
n’excèdent pas 10. Un pénétromètre dynamique léger a été utilisé sur site, ce qui n’est pas le
cas de ceux utilisés pour établir les corrélations.
Les valeurs des ratios qc/pl établies à partir des sondages sont inférieures à celles publiées
dans la littérature.
L’ensemble des sondages réalisés, ainsi que les corrélations effectuées permettent donc de
déterminer la nature des couches de sol ainsi que leurs propriétés de résistance.
Décaissement du terrain
La couche de remblai a été décaissée sur les 55 premiers centimètres au droit des futurs
emplacements des pieux (Figure IV-27).
201
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
202
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Un casque de battage a été mis en place sur la tête des pieux afin de les protéger des chocs du
marteau et d’éviter leur fissuration ou leur éclatement. Le casque était constitué de trois plats
métalliques. Une fois posé sur la tête des pieux, le casque a été rendu solidaire de la tête avec
des tirefonds qui traversaient les plats du casque et se vissaient dans la tête. Un HEB 200 a été
soudé sur la partie supérieure du casque et jouait le rôle de raccord avec le marteau (Figure
IV-32).
Les pieux n’ayant pas été guidés durant la phase de battage, certains étaient inclinés par
rapport à la verticale une fois dans le sol.
203
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
1 1
Pieu n°2
Pieu n°4
1,5 1,5
Pieu n°5
Pieu n°1
Profondeur (m)
Profondeur (m)
2 Pieu n°9 2
Limon argileux Pieu n°3
Limon argileux
2,5 2,5 Pieu n°8
3 3
Sable grave
Sable grave
3,5 3,5
4 4
4,5 4,5
(a) (b)
Figure IV-34. Courbes de battage des pieux n°2, n°4, n°5, n°9 (a) et n°1, n°3, n°8 (b)
La Figure IV-34 montre que, pour un même enfoncement, le nombre de coups donnés aux
pieux augmente en fonction de la profondeur de pénétration dans le sol. Le nombre de coups
enregistré pour obtenir un enfoncement de 50 cm dans les sables graves est supérieur à celui
enregistré dans le limon argileux pour un même enfoncement. Cette augmentation
(particulièrement visible sur la Figure IV-34b, c'est-à-dire pour les pieux n°1, n°3 et n°8) est
en accord avec les caractéristiques géotechniques du terrain présentées dans le Tableau IV-8.
204
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
116
114
Niveau sonore LAeq (dBA)
104
102
100
98
96
0 5 10 15 20 25 30
Distance au trépideur (m)
Selon la Réglementation Bruit Bâtiment, fixée par le Code de la Santé Publique, le Code du
Travail ainsi que le Code Général des Collectivités Territoriales, le niveau d’exposition
quotidien au bruit (moyenne du bruit subi par un salarié durant une journée de travail de 8
heures, en dB(A)) ne doit pas dépasser 87 dBA.
Le battage d’un pieu en bois durant en moyenne entre 3 et 5 minutes, le niveau sonore émis
par le trépideur était donc conforme à la législation.
205
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Les efforts en tête des pieux ont été appliqués à l’aide d’un vérin de 3 MN et d’une pompe
hydraulique à pilotage manuel. Ils étaient contrôlés avec un manomètre 0-100 MPa et un
peson annulaire de capacité maximale 2,5 MN. Une rotule a été installée au-dessus du vérin
afin de limiter la transmission des moments de flexion pouvant apparaître du fait d’un léger
excentrement dû à la mise en place des pieux dans le sol. Des plaques métalliques, posées sur
la rotule, assuraient le contact entre la poutre de chargement et la rotule (Figure IV-37).
206
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
L’enfoncement des pieux dans le sol a été mesuré avec quatre capteurs potentiométriques de
course 100 mm, également répartis sur la périphérie et montés sur des bases de référence
fixes.
Malgré la protection de la tête des pieux avec un casque métallique lors du battage, certaines
ont fissuré par endroit sous l’impulsion des coups du trépideur. Un casque de protection a
donc été mis en place durant les essais afin de limiter la fracturation des têtes (Figure IV-38).
207
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Ce premier essai a permis de modifier et d’ajuster les valeurs des incréments de charge pour
les autres essais. Les paliers de chargement ont été fixés à 20 kN, conformément à la norme
NF P 94-150-1 (AFNOR, 1999).
Le critère de rupture des pieux établi dans la norme NF P 94-150-1 (AFNOR, 1999) a été
conservé pour les six autres essais de chargement (les paliers de chargement du pieu n°1 ont
néanmoins été modifiés suite à un problème de mesure sur le peson). Ils ont été arrêtés
lorsque l’enfoncement de la tête des pieux a atteint 10 % de leur diamètre, soit un
enfoncement compris entre 22 et 32 mm en fonction des valeurs des diamètres indiquées dans
le Tableau IV-1.
La Figure IV-39 présente la durée des incréments de charge retenue pour les six autres essais
de chargement.
1
60 m in
Rc,mes/Rc,cal
0,9
60 m in
0,8
60 m in
0,7 60 m in
0,6
60 m in
0,5 60 m in
0,4
30 m in
0,3 30 m in
0,2 30 m in
0,1
30 m in
208
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
10
Déplacement de la tête (mm)
20
30 Pieu 1 - Hêtre
Pieu 2 - Hêtre
40 Pieu 3 - Pin
Pieu 4 - Pin
50
Pieu 5 - Chêne
60 Pieu 10 - Chêne
Pieu 8 - Acacia
70
Pieu 9 - Acacia
80
90
Figure IV-40. Evolution du déplacement de la tête des pieux en fonction de la charge appliquée en tête
Le pieu n°2 (hêtre) présente la portance limite la plus élevée. Elle est égale à 358 kN, celle du
pieu n°1 (hêtre) atteint 260 kN.
Les portances limites des pieux n°3 (pin) et n°4 (pin) atteignent respectivement 317 et
236 kN.
Les deux pieux en chêne présentent des portances limites similaires, égales à 190 kN (pieu
n°10) et 216 kN (pieu n°5). Celles des deux pieux en acacia sont identiques et égales à
216 kN.
Les valeurs élevées des paliers de chargement appliqués en tête du pieu n°10 permettent
d’expliquer la forme particulière de sa courbe de chargement (Figure IV-40) par rapport à
celles des autres pieux.
10
Déplacement de la tête (mm)
20
30 Pieu 1 - Hêtre
40 Pieu 2 - Hêtre
Pieu 3 - Pin
50 Pieu 4 - Pin
60 Pieu 5 - Chêne
Pieu 10 - Chêne
70
Pieu 8 - Acacia
80 Pieu 9 - Acacia
90
Figure IV-41. Evolution du déplacement de la tête des pieux en fonction de la contrainte appliquée en tête
209
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Deux catégories de pieux peuvent être mises en évidence sur la Figure IV-41 :
• La première, constituée des pieux en acacia et en pin, présente des contraintes de
chargement limites 3c,mes comprises entre 4900 et 5660 kPa. Les contraintes maximales
mesurées en tête des pieux en acacia diffèrent de 477 kPa, tandis que celles mesurées en
tête des pieux en pin diffèrent de 776 kPa ;
• La deuxième catégorie, constituée des pieux en chêne et en hêtre, présente des contraintes
de chargement limites 3c,mes plus faibles et comprises entre 3340 et 4460 kPa. Les
contraintes maximales mesurées en tête des pieux en chêne diffèrent de 406 kPa, tandis
que celles mesurées en tête des pieux en hêtre diffèrent de 98 kPa.
210
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
11
10
5 Pieu 8 - Acacia
Pieu 9 - Acacia
4
0
0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250 275 300 325 350 375 400
Charge en tête (kN)
Figure IV-42. Evolution de la vitesse d’enfoncement des pieux en fonction de la charge appliquée en tête
11
10
Vitesse d'enfoncement (mm/min)
9
Pieu 1 - Hêtre
8 Pieu 2 - Hêtre
7 Pieu 3 - Pin
Pieu 4 - Pin
6
Pieu 5 - Chêne
5 Pieu 10 - Chêne
Pieu 8 - Acacia
4
Pieu 9 - Acacia
3
0
0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 4500 5000 5500 6000
Contrainte en tête (kPa)
Figure IV-43. Evolution de la vitesse d’enfoncement des pieux en fonction de la contrainte appliquée en tête
Synthèse
Le Tableau IV-12 récapitule les valeurs des portances et des contraintes limites des différents
pieux, ainsi que les charges et les contraintes correspondant à la vitesse d’enfoncement
critique.
211
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Les contraintes 3critique correspondant aux vitesses d’enfoncement critique sont égales en
moyenne à 86 % des portances limites des pieux mesurées (Tableau IV-12) (mis à part le pieu
n°10 pour lequel le ratio 3critique/3c,mes vaut 50,6 %).
Les contraintes limites 3c,mes appliquées sur les pieux en bois sont égales en moyenne à 21 %
des valeurs caractéristiques de la résistance à la compression axiale établies dans la norme NF
EN 338 (AFNOR, 2009).
Figure IV-44. Instrumentation des pieux en bois avec les extensomètres amovibles
avec Ebois le module d’élasticité du pieu, Atrans,i, li et Dli la section transversale, la longueur
et la déformation du tronçon i.
Le frottement latéral unitaire qs,mes,i du tronçon i est calculé à partir de l’expression suivante :
R − Ri +1
qs ,mes ,i = i (30)
Alat ,i
avec Alat,i la surface latérale du tronçon i en contact avec le sol, définie à partir de la
géométrie du pieu (Tableau II-1).
212
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
La résistance de pointe unitaire est obtenue en divisant la résistance de pointe par la section
transversale de la pointe des pieux.
213
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
10
10
Pieu 1 - Hêtre
20 8
30 Rfluage=225 kN
Pieu 1 - Hêtre 6
40
50 4
60
2
70
80 0
90 0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250 275
Charge en tête (kN) (b)
Figure IV-45. Evolution de la charge en tête du pieu n°1 en hêtre en fonction du déplacement en tête (a) et de
la vitesse d’enfoncement (b) ; Evolution des déformations des tronçons du pieu n°1 en fonction de la
profondeur (c) et de l’effort appliqué en tête (d)
214
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
0,5
E
1,0
1,5
Profondeur (m) D
2,0
C
2,5
3,0 B
3,5
A
4,0
Pointe de pieu
4,5
5,0
Résistance de pointe
Figure IV-46. Distribution des efforts en fonction de la profondeur (pieu n°1 – hêtre)
3ème étape : Evolution du frottement latéral unitaire des tronçons en fonction de leur déplacement et
calcul de la résistance de pointe
Le frottement latéral unitaire qsi repris chaque tronçon i du pieu est calculé à partir de
l’expression suivante (Chapitre IV, § 2.6.4.2) :
R − Ri +1
qsi = i (32)
Alat ,i
La Figure IV-47a présente l’évolution du frottement latéral unitaire des tronçons du pieu n°1
en fonction de leur déplacement dans le sol.
120
(b)
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Déplacement (mm) - Pieu n°1 (hêtre) (a)
Figure IV-47. Evolution du frottement latéral unitaire des tronçons du pieu n°1 en fonction de leur
déplacement (a) et synthèse des valeurs mesurées (b)
Les courbes de mobilisation du frottement présentées sur la Figure IV-47a sont constituées
d’une phase pseudo-linéaire initiale, suivie d’une phase de transition à non linéarité croissante
(marquée par une rupture de pente) et d’un plateau (ou un pic) caractéristique du frottement
latéral maximum mesuré entre le tronçon et le sol.
215
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
La Figure IV-46 montre que la résistance de pointe du pieu n°1 en hêtre est égale à 44 kN.
La portance limite du pieu n°1 mesurée lors des essais vaut 260 kN. Sa résistance de
frottement est égale à 196 kN (soit 52 kPa) et sa résistance de pointe à 44 kN (soit 950 kPa).
Cas particuliers : mesures des efforts repris par les pieux n°2 (hêtre) et n°9 (acacia)
Sur les sept pieux instrumentés avec des extensomètres amovibles (on rappelle que le pieu
n°10 n’a pas été instrumenté sur site pour des raisons techniques), les pieux n°2 en hêtre et
n°9 en acacia présentent des distributions d’efforts particulières : les tronçons E et D
reprennent des efforts supérieurs à ceux appliqués en tête (Figure IV-48).
L’étude de ces cas particuliers est présentée pour le pieu n°2 en hêtre. Une démarche similaire
a été adoptée pour le pieu n°9 en acacia.
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 550
0,0
E
0,5
1,0
1,5 D
Profondeur (m)
2,0
C
2,5
B
3,0
3,5
A
4,0
Pointe de pieu
4,5
5,0
Figure IV-48. Distribution des efforts en fonction de la profondeur (pieu n°2 – hêtre)
216
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
dans le bois (Chapitre IV, § 1.4). Un jeu entre la patte de fixation et le bois a pu apparaître
suite à la mise en tension du chapelet et à la mise sous pression des bloqueurs ;
• Les griffes des bloqueurs, une fois mis sous pression, étaient en contact avec la paroi des
tubes de logement. L’eau ou les impuretés dans les tubes (dispositif d’instrumentation non
étanche) ont pu entraîner un défaut d’accrochage et donc un glissement des griffes sur la
paroi des tubes de logement.
Deux méthodes ont été envisagées pour corriger les distributions des charges reprises par les
pieux n°2 et n°9.
Méthode n°1 : Cette méthode consiste à interpoler linéairement les efforts repris par les
tronçons C, D et E et ceux mesurés en tête. Les lois de mobilisation du frottement en fonction
du déplacement tiennent compte de ces modifications (Figure IV-49).
0,5
E 180
1,0 160 A
Frottement latéral (kPa)
1,5 D
140 B
Profondeur (m)
120
2,0
C 100
2,5
80
3,0
B 60
3,5 40
A C
4,0
20 D
E
Pointe de pieu 0
4,5
0 5 10 15 20 25 30 35
(a)
5,0 Déplacement (mm) - Pieu n°2 (hêtre) (b)
Figure IV-49. Distribution des efforts en fonction de la profondeur corrigée selon la méthode n°1 (a) et
courbes de mobilisation du frottement latéral unitaire (b) pour le pieu n°2 en hêtre
Méthode n°2 : Pour chaque palier de chargement, l’effort repris pour le tronçon E du pieu n°2
(respectivement du pieu n°9) en hêtre (respectivement en acacia) est supposé égal à celui
repris par le tronçon E du pieu n°1 (respectivement du pieu n°8), lui aussi en hêtre
(respectivement en acacia). Le pourcentage de diminution obtenu en passant de l’effort en tête
à l’effort repris par le tronçon E est ensuite appliqué aux efforts repris par les autres tronçons
des pieux.
La Figure IV-50 présente la distribution des efforts dans le pieu n°2 après correction, ainsi
que les lois de mobilisation du frottement des tronçons.
217
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
0,5
E
1,0
140
1,5
D 120
A
2,0
100
C
2,5 80
B E
3,0 60
C D
3,5 40
A B
4,0 20
Pointe de pieu 0
4,5
(a) 0 5 10 15 20 25 30 35
5,0
Résistance de pointe
Déplacement (mm) - Pieu n°2 (hêtre) (b)
Figure IV-50. Distribution des efforts en fonction de la profondeur corrigée selon la méthode n°2 (a) et
courbes de mobilisation du frottement latéral unitaire (b) pour le pieu n°2 en hêtre
Le Tableau IV-13 présente les valeurs du frottement latéral unitaire du pieu n°2 (hêtre)
calculées à partir des méthodes n°1 et n°2.
Tableau IV-13. Frottements latéraux unitaires des tronçons du pieu n°2 calculés selon les méthodes n°1 et 2
Frottements latéraux unitaires du pieu Frottements latéraux unitaires du pieu
Tronçons n°2 (hêtre) calculés selon la méthode n°2 (hêtre) calculés selon la méthode
n°1, qs, pieu n°2, méthode n°1 (MPa) n°2, qs, pieu n°2, méthode n°2 (MPa)
Tronçon E 0,017 0,062
Tronçon D 0,025 0,054
Tronçon C 0,026 0,037
Tronçon B 0,15 0,034
Tronçon A 0,16 0,11
La méthode n°1 ne modifie que les valeurs des efforts supérieures à la charge appliquée en
tête, contrairement à la méthode n°2 dans laquelle un coefficient de rabattement est appliqué à
l’ensemble des efforts repris par les tronçons.
Dans la mesure où la méthode n°2 tient compte du frottement latéral unitaire du tronçon E
mesuré sur le pieu n°1 en hêtre (respectivement le pieu n°8 en acacia), elle a été retenue pour
corriger la distribution des efforts du pieu n°2 (respectivement du pieu n°9).
La portance limite du pieu n°2 mesurée sur site vaut 358 kN. Sa résistance de frottement est
égale à 290 kN (soit 64,6 kPa) et sa résistance de pointe à 34 kN (soit 500 kPa).
2.6.4.4 Rappels des résultats des mesures pour les pieux en hêtre
Le Tableau IV-14 rappelle les caractéristiques pressiométriques du sol et les valeurs du
frottement latéral et de la résistance de pointe unitaires limites des deux pieux en hêtre.
218
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Tableau IV-14. Frottement latéral et résistance de pointe unitaires limites - pieux en hêtre
Profondeur Pl qs, pieu 1 qs, pieu 2 qb, pieu 1 qb, pieu 2
Nature de sol Tronçon
(m) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa)
Limon argileux 1,05 E 0,33 0,060 0,060
Limon argileux 1,80 D 0,33 0,089 0,054
Sable grave 2,55 C 0,55 0,041 0,037
Sable grave 3,30 B 1,06 0,015 0,034
Sable grave 4,05 A 1,08 0,054 0,110
Pointe de
Argile sableuse 4,63 0,56 0,057 0,113 0,92 0,50
pieu
Le Tableau IV-14 montre que les résistances des deux pieux en hêtre diffèrent :
• Les frottements latéraux unitaires limites des tronçons du pieu n°2 situés dans les sables
graves sont en moyenne 1,5 fois plus élevés que ceux du pieu n°1. A l’inverse, le
frottement latéral unitaire limite du tronçon D du pieu n°1 est supérieur à celui du pieu
n°2 ;
• La résistance de pointe unitaire du pieu n°1 est 84 % plus élevée que celle du pieu n°2.
Efforts (kN) - Pieu n°3 (pin) Efforts (kN) - pieu n°4 (pin)
0 50 100 150 200 250 300 350
0 50 100 150 200 250
0,0
0,0
0,5
E 0,5
E
1,0
1,0
D D
1,5 1,5
Profondeur (m)
Profondeur (m)
2,0 2,0
C C
2,5 2,5
3,0 B
3,0 B
3,5 3,5
A A
4,0 4,0
Pointe de pieu Pointe de pieu
4,5 4,5
(a) (b)
5,0 5,0
Figure IV-51. Distribution des charges le long des pieux en pin n°3 (a) et n°4 (b)
219
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
250
80
B
La portance limite du pieu n°3 en pin vaut 317 kN. Sa résistance de frottement est égale à
218 kN (soit 58,8 kPa) et sa résistance de pointe à 92 kN (soit 2000 kPa). Les résistances de
frottement et de pointe sont respectivement calculées en sommant les résistances de
frottement des différents tronçons et à partir de la résistance de pointe unitaire limite dont la
valeur est donnée dans le Tableau IV-15.
La portance limite du pieu n°4 en pin vaut 236 kN. Sa résistance de frottement est égale à
131 kN (soit 37,6 kPa) et sa résistance de pointe 87 kN (soit 2075 kPa).
Le Tableau IV-15 présente les caractéristiques pressiométriques du sol, ainsi que les valeurs
du frottement latéral et de la résistance de pointe unitaires limites des deux pieux en pin.
Tableau IV-15. Frottement latéral et résistance de pointe unitaires limites - pieux en pin
Profondeur Pl qs, pieu 3 qs, pieu 4 qb, pieu 3 qb, pieu 4
Nature de sol Tronçon
(m) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa)
Limon argileux 1,05 E 0,33 0 0,070
Limon argileux 1,80 D 0,33 0,025 0,023
Sable grave 2,55 C 0,55 0,080 0,011
Sable grave 3,30 B 1,06 0,175 0,045
Sable grave 4,05 A 1,08 0,051 0,037
Pointe de
Argile sableuse 4,63 0,56 0,055 0,040 2,00 2,08
pieu
Les frottements latéraux unitaires limites des tronçons D et E du pieu n°3 sont inférieurs à
ceux des tronçons C, B et A.
Le Tableau IV-15 montre que les frottements latéraux unitaires limites des tronçons du pieu
n°3 sont supérieurs à ceux du pieu n°4, quelle que soit la nature de la couche de sol.
Enfin, les résistances de pointe unitaire des deux pieux diffèrent de 4 %.
Les typologies des courbes (pic ou palier) présentées sur la Figure IV-52 semblent donc être
indépendantes des propriétés mécaniques et de la nature des couches de sol : les courbes de
mobilisation du frottement du tronçon D présentent soit un pic (pieu n°3), soit un palier (pieu
n°4).
220
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
0,5
E
120
1,0
C
2,0 80
C
2,5 60
B D
3,0
40 B
3,5 A
A
20
4,0
E
Pointe de pieu 0
4,5
0 5 10 15 20 25 30 35
(a)
5,0 Déplacement (mm) - Pieu n°5 (chêne) (b)
Figure IV-53. Distribution des charges (a) et courbes de mobilisation du frottement latéral unitaire (b) pour le
pieu n°5 en chêne
La portance limite du pieu n°5 en chêne vaut 216 kN. Sa résistance de frottement est égale à
130 kN (soit 35 kPa) et sa résistance de pointe à 66 kN (soit 1471 kPa).
Le Tableau IV-16 présente les caractéristiques pressiométriques du sol, ainsi que les valeurs
du frottement latéral et de la résistance de pointe unitaires limites du pieu en chêne.
Tableau IV-16. Frottement latéral et résistance de pointe unitaires limites - pieu en chêne
Profondeur Pl qs, pieu 5 qb, pieu 5
Nature de sol Tronçon
(m) (MPa) (MPa) (MPa)
Limon argileux 1,05 E 0,33 0,026
Limon argileux 1,80 D 0,33 0,037
Sable grave 2,55 C 0,55 0,074
Sable grave 3,30 B 1,06 0,022
Sable grave 4,05 A 1,08 0,021
Pointe de
Argile sableuse 4,63 0,56 0,024 1,47
pieu
Le Tableau IV-16 montre que les frottements latéraux unitaires limites des tronçons E et D
sont supérieurs à ceux des tronçons C, B et A situés dans les sables graves.
Le frottement latéral unitaire limite de la pointe du pieu dans l’argile sableuse est légèrement
supérieur à celui des tronçons B et A (sables graves), alors que la pression limite mesurée
dans cette couche est nettement inférieure à celle des sables graves.
221
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Efforts (kN) - Pieu n°8 (acacia) Efforts (kN) - Pieu n°9 (acacia)
0 50 100 150 200 250 0 25 50 75 100 125 150 175 200 225
0,0 0,0
0,5 E 0,5
E
1,0 1,0
D D
1,5 1,5
Profondeur (m)
Profondeur (m)
2,0 2,0
C
C
2,5 2,5
B
3,0 3,0 B
3,5 3,5
A A
4,0 4,0
Pointe de pieu Pointe de pieu
4,5 4,5
(a) (b)
5,0 5,0
Figure IV-54. Distribution des charges et le long des pieux en acacia n°8 (a) et n°9 (b)
180
120
160
Frottement latéral (kPa)
B 100
Frottement latéral (kPa)
140 C E
120 80
B
100 E
60
80
60 40
40 A A
20
20 D
D
0 C 0
0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30
Déplacement (mm) - Pieu n°8 (acacia) (a) Déplacement (mm) - Pieu n°9 (acacia) (b)
Figure IV-55. Courbes de mobilisation du frottement latéral unitaire des pieux en acacia n°8 (a) et n°9 (b)
La portance limite du pieu n°8 vaut 216 kN. Sa résistance de frottement est égale à 157 kN
(soit 51,8 kPa) et sa résistance de pointe à 62 kN (soit 2055 kPa).
La portance limite du pieu n°9 vaut 216 kN. Sa résistance de frottement est égale à 154 kN
(soit 47,8 kPa) et sa résistance de pointe à 67 kN (soit 1898 kPa).
Le Tableau IV-17 présente les caractéristiques pressiométriques du sol, ainsi que les valeurs
du frottement latéral et de la résistance de pointe unitaires limites des deux pieux en acacia.
222
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Tableau IV-17. Frottement latéral et résistance de pointe unitaires limites - pieux en acacia
Profondeur Pl qs, pieu 8 qs, pieu 9 qb, pieu 8 qb, pieu 9
Nature de sol Tronçon
(m) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa)
Limon argileux 1,05 E 0,33 0,064 0,064
Limon argileux 1,80 D 0,33 0,011 0,017
Sable grave 2,55 C 0,55 0,025 0,106
Sable grave 3,30 B 1,06 0,146 0,075
Sable grave 4,05 A 1,08 0,026 0,031
Pointe de
Argile sableuse 4,63 0,56 0,031 0,031 2,05 1,90
pieu
Les frottements latéraux unitaires limites du tronçon D des pieux n°8 et n°9 sont plus faibles
que ceux des tronçons C, B et A. Ces valeurs sont cohérentes avec l’évolution des pressions
limites du terrain en fonction de la profondeur.
La résistance de pointe unitaire limite du pieu n°8 est 8 % plus élevée que celle du pieu n°9.
Tableau IV-18. Répartition des charges et contraintes entre la pointe et le fût - Rouen
Rc,mes Rs,mes Rb,mes Rs,mes+Rb,mes Rcritique qb,mes
(kN) (kN) (kN) (kN) (kN) (kPa)
Pieu n°1 kN 196 44 240 225
260 950
Hêtre % 82 18 100 94
Pieu n°2 kN 290 34 324 295
358 500
Hêtre % 90 10 100 91
Pieu n°3 kN 218 92 310 240
317 2000
Pin % 70 30 100 77
Pieu n°4 kN 131 87 218 200
236 2075
Pin % 60 40 100 92
Pieu n°5 kN 130 66 196 175
216 1471
Chêne % 66 34 100 89
Pieu n°8 kN 157 62 219 185
216 2055
Acacia % 72 28 100 84
Pieu n°9 kN 154 67 221 175
216 1898
Acacia % 70 30 100 79
La Figure IV-56 présente la répartition des efforts (exprimés en pourcentages) entre le fût et la
pointe des pieux.
223
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
100
90
Rs
80
Rb
70 60
66
70 72 70
60 82
90
50
40
30
20 40
34
30 28 30
10 18
10
0
Pieu n°1 - hêtre Pieu n°2 - hêtre Pieu n°3 - pin Pieu n°4 - pin Pieu n°5 - chêne Pieu n°8 - acacia Pieu n°9 - acacia
Figure IV-56. Histogramme de répartition des efforts entre la pointe et le fût des pieux en bois
La Figure IV-56 montre que les ratios entre la résistance de frottement et la portance limite
des pieux varient entre 60 et 90 %.
Le pourcentage d’efforts repris par le fût des pieux varie peu pour une essence donnée. Les
différences sont comprises entre 3 % et 14 %.
Enfin, les résistances de pointe des pieux en hêtre sont en moyenne 50 % plus faibles que
celles des autres essences de pieux.
Les différences observées entre la portance limite des pieux Rc,mes et la somme de la résistance
de frottement Rs,mes et de la résistance de pointe Rb,mes sont comprises entre 1 et 9 %. Les
déformations différentielles induites par l’inclinaison des pieux dans le sol et la position du
système d’instrumentation sur leur surface latérale pourraient expliquer ces différences.
0,18
0,10
0,08
0,06
0,04
0,02
0,00Pieu n°1 - Pieu n°2 - Pieu n°3 - Pieu n°5 - Pieu n°8 - Pieu n°9 -
Pieu n°4 -
hêtre hêtre pin pin chêne acacia acacia
Figure IV-57. Valeurs moyennes et extrémales du frottement latéral unitaire limite mesurées dans les
différentes couches de sol
224
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Le frottement latéral unitaire limite des pieux en bois mesuré dans les sables graves montre
que cette couche est majoritairement plus « frottante » que le limon argileux et l’argile
sableuse. Les frottements latéraux unitaires moyens des pieux n°1 (hêtre) et n°4 (pin) sont
plus faibles dans les sables graves que dans le limon argileux. Ceux des pieux n°2 (hêtre) et
n°5 (chêne) sont équivalents dans les deux couches.
La Figure IV-58 présente l’évolution du frottement latéral unitaire limite des quatre essences
de bois en fonction des pressions limites mesurées dans le limon argileux, l’argile sableuse et
les sables graves.
0,16 0,16
0,14 0,14
Hêtre
0,12 Pin 0,12 Hêtre
Chêne Pin
0,10 Chêne
qs,mes (MPa)
Acacia 0,10
qs,mes (MPa)
Acacia
0,08 0,08
0,06 0,06
0,04 0,04
0,02 0,02
0,00 0,00
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 1,1 1,2 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 1,1 1,2
pl, lim on argileux et argile sableuse (MPa) (a) pl, sable grave (MPa) (b)
Figure IV-58. Evolution du frottement latéral unitaire limite des pieux en bois en fonction de la pression
limite du limon argileux et de l’argile sableuse (a) et des sables graves (b) - Rouen
La dispersion des valeurs du frottement latéral unitaire limite en fonction de la pression limite
montre qu’il est difficile de conclure quant à l’influence exacte de l’essence de bois sur le
comportement mécanique du pieu dans le limon argileux, l’argile sableuse et les sables
graves.
Pour des pressions limites variant entre 0,33 et 1,08 MPa, les frottements latéraux unitaires
limites des tronçons des pieux en bois dans le limon argileux, l’argile sableuse et les sables
graves sont compris entre 0,0011 et 0,155 MPa.
225
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Tableau IV-19. Coefficient de portance kp, pieu bois, mes – site expérimental de Rouen
Pieu Coefficient de portance kp, pieu bois, mes
Pieu n°1 - hêtre 1,25
Pieu n°2 - hêtre 0,66
Pieu n°3 - pin 2,60
Pieu n°4 - pin 2,75
Pieu n°5 - chêne 2,01
Pieu n°8 - acacia 2,75
Pieu n°9 - acacia 2,43
Les coefficients de portance des pieux n°1 et n°2 en hêtre sont inférieurs aux autres
coefficients calculés. Le pieu n°2 possède le diamètre en pointe le plus élevé mais la
résistance de pointe la plus faible, ce qui conduit à mesurer une valeur du coefficient de
portance égale à 0,66 (Tableau IV-19).
Les valeurs présentées dans le Tableau IV-19, hormis celle des pieux n°1 et n°2, montrent que
le coefficient de portance kp, pieu bois, mes est indépendant de l’essence du pieu. La moyenne des
coefficients de portance des cinq pieux (pin, chêne et acacia) est égale à 2,51.
Dans la norme NF P 94-262 (AFNOR, 2012), le coefficient de portance des pieux de classe 4
(classe contenant également les pieux battus en acier, moulés, enrobés et béton préfabriqué)
dans les argiles limons est égal à 1,35 (Chapitre V, § 3.1.6.2). Toutefois, les longueurs
moyennes des pieux de la base de données d’essais de pieux présentée dans le Chapitre V,
§ 3.1.6.1 sont plus grandes que celles du plot d’essai.
Les essais en chambre d’étalonnage réalisés par Francis, (1997) sur des pieux à pointe
conique (angle de la pointe égal à 60°) et à pointe plate dans le sable ont montré que la forme
de la pointe n’avait pas d’influence significative sur la résistance de pointe, mais uniquement
sur la résistance globale du pieu : les pieux à pointe conique mobilisent davantage de
frottement à proximité de la pointe que les pieux à pointe plate. L’auteur a justifié l’influence
de la forme de la pointe des pieux sur leur portance limite par des schémas de rupture
différents qui dépendent de l’état de densité du sol. Les mécanismes de rupture dans les sols
denses sont identiques pour les deux formes de pointes (conique et plate), à l’inverse des sols
lâches dans lesquels les mécanismes de densification sont plus importants avec une pointe
plate qu’avec une pointe conique. L’auteur a montré que la pointe conique d’un pieu
permettait d’augmenter sa portance limite de 23 % par rapport à un pieu à pointe plate.
La forme pyramidale de la pointe des pieux en bois permet de faciliter la pénétration du pieu
dans le sol lors du battage. Selon les résultats des travaux menés par Francis, (1997), l’usinage
de la pointe des pieux en bois en forme pyramidale augmenterait, par rapport à des pieux non
usinés, la portance limite des pieux en bois dans le sable.
226
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Figure IV-59. Localisation du plot expérimental de Cubzac-les-Ponts (a) et emprise du site (b)
" 3m
1,50m
Sondage CPT 9
2
1,50m 1,50m
Pieu en bois 4
5
Sondage à la pelle mécanique
30m
Route
227
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
TN
Argile limoneuse
1m
2,50 m
>4 m
Figure IV-61. Coupe géologique du terrain
P l (MPa) EM (MPa)
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
0 0
Argile limoneuse Argile limoneuse
1 1
2 2
3 SP1 3
SP2 SP1
Profondeur (m)
Profondeur (m)
SP3 4 SP2
4
SP4
SP3
SP5
5 5 SP4
SP6
Moyenne géométrique SP5
6 6
SP6
Moyenne harmonique
7 7
9 9
Marne très altérée Marne très altérée
10 10
(a) (b)
Figure IV-62. Evolution de la pression limite (a) et du module pressiométrique (b) en fonction de la
profondeur
228
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Les prélèvements de sols effectués lors des sondages pressiométriques ont confirmé la nature
des couches identifiée lors des sondages à la pelle mécanique.
Les données publiées dans la bibliographie (Blondeau et al., 1977, cités par Nguyen Pham,
2008) ont montré que la couche sous-jacente à l’argile organique était constituée de marne
très altérée, située à 9 m de profondeur.
cu (kPa)
0 10 20 30 40 50 60 70 80
0
Argile limoneuse
1
4 SC3
SC4
2 28,7
5 2,5 23,6
Argile organique 3 20,4
6 3,5 19,6
Argile organique 4 21,1
7
5 22,1
8 6 21,5
7 25,2
9 8 31,6
Marne très altérée
8,5 38,7
10
(a) (b)
Figure IV-63. Evolution de la résistance au cisaillement non drainée de l’argile en fonction de la profondeur
(a) et synthèse des valeurs mesurées (b)
229
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
qc (MPa)
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5
0
Argile
1 limoneus
3
Nature du terrain Profondeur (m) qc (MPa)
CPT1
Profondeur (m)
4
CPT2 Argile limoneuse 1 1,26
5 2 1,23
Argile organique
6
3 0,46
4 0,49
7
Argile organique 5 0,41
8 6 0,32
9
7 0,29
Marne 8 0,49
10
(a) (b)
Figure IV-64. Résultats des sondages au pénétromètre statique (a) et synthèse des valeurs mesurées (b)
Tableau IV-21. Récapitulatif des propriétés de résistance des deux couches de sol
Profondeur
Hauteur de Profondeur
Couche de fin de cu (kPa) pl (MPa) qc (MPa)
couche (m) (m)
couche (m)
Argile 39,1<cu<68,3 0,24<pl<0,48 0,78<qc<0,29
1 1 1
limoneuse cu,moyen=52,8 pl,moyen=0,37 qc,moyen=1,26
25,5<cu<48,6 0,13<pl<0,18 0,27<qc<0,24
2
cu,moyen=34,6 pl,moyen=0,14 qc,moyen=0,12
18,1<cu<25,3 0,07<pl<0,14 0,16<qc<0,78
3
cu,moyen=22,1 pl,moyen=0,11 qc,moyen=0,46
Argile 18,1<cu<23,1 0,08<pl<0,11 0,23<qc<0,64
8 9 4
organique cu,moyen=20,4 pl,moyen=0,09 qc,moyen=0,49
21,1<cu<22,9 0,09<pl<0,15 0,21<qc<0,53
5
cu,moyen=22,1 pl,moyen=0,11 qc,moyen=0,41
19,9<cu<23,2 0,11<pl<0,15 0,18<qc<0,53
6
cu,moyen=21,6 pl,moyen=0,13 qc,moyen=0,32
230
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Tableau IV-22. Corrélations entre les propriétés de résistance des sols – données mesurées à Cubzac-les-
Ponts
Couches de sol Paramètres corrélés Nombre de valeurs Rapports obtenus
pl et qc pl : 6 valeurs qc/pl=3,4
Argile limoneuse pl et cu qc : 2 valeurs pl/cu=7
cu et qc cu : 8 valeurs qc/cu=23,9
pl et qc pl : 34 valeurs 2,1<qc/pl<8,9
Argile organique pl et cu qc : 48 valeurs 4,0<pl/cu<7,1
cu et qc cu : 44 valeurs 14,8<qc/cu<35,5
Le ratio qc/pl calculé dans l’argile limoneuse est proche des valeurs établies par Reiffsteck,
(2009) (Tableau IV-9), mais présente une plage de variation importante dans l’argile
organique.
Pieu en bois
Remblai A
2m 20m
Route
Figure IV-65. Plan d’implantation des pieux en bois
Le trépideur utilisé lors de la phase de battage des pieux à Cubzac-les-Ponts était identique à
celui employé à Rouen (Chapitre IV, § 2.5.1).
231
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Les quatre pieux ont été battus sans casque de battage, ce qui a conduit à un éclatement partiel
voire total de la tête des pieux n°2 et n°9 (Figure IV-66). Une fois battus, la tête du pieu n°2 a
été recépée sur 42 cm de hauteur et celle du pieu n°5 sur 38 cm.
0,5
Argile organique
1,5
Profondeur (m)
Pieu n°2
2,5
Pieu n°4
3
Pieu n°5
3,5
Pieu n°9
4,5
L’évolution du nombre de coups en fonction de la profondeur (Figure IV-67) confirme que les
propriétés de résistance du terrain à Cubzac-les-Ponts sont plus faibles que celles mesurées
sur le plot expérimental de Rouen (Figure IV-34).
Sur le site de Cubzac-les-Ponts (Figure IV-67), le nombre de coups moyen donné pour un
enfoncement de 50 cm varie entre 35 (pieu n°9 ; 50 pour le pieu n°5 et 55 pour le pieu n°4) et
80 (pieu n°2). Sur le plot expérimental de Rouen (Figure IV-34), le nombre de coups pour un
même enfoncement est compris entre 70 (pieu n°4 et n°5 ; 90 pour le pieu n°9) et 130 (pieu
n°2).
232
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Le premier essai de chargement a été réalisé sur le pieu n°9. La portance limite des pieux
avait été préalablement estimée, à partir des données scissométriques de terrain, à 120 kN. Les
paliers de chargement ont été fixés à 20 kN.
La portance limite du pieu n°9 a été mesurée à 60 kN. Suite à cet essai, les incréments de
charge ont été modifiés et diminués à 10 kN.
233
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Figure IV-69. Evolution du déplacement de la tête en fonction de la charge (a) et de la contrainte (b)
appliquées en tête
11 11
10 Pieu 2 - Hêtre 10 Pieu 2 - Hêtre
Vitesse d'enfoncement (mm/min)
Pieu 4 - Pin
Vitesse d'enfoncement (mm/min)
9 9 Pieu 4 - Pin
Pieu 5 - Chêne
8 Pieu 5 - Chêne
Pieu 9 - Acacia 8
Pieu 9 - Acacia
7 7
6 6
5 5
4
4
3
3
2
2
1 (a) 1 (b)
0
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600
Charge en tête (kN) Contrainte en tête (kPa)
Figure IV-70. Evolution de la vitesse d’enfoncement en fonction de la charge (a) et de la contrainte (b)
appliquées en tête
Les Figures IV-69 et IV-70 montrent que la rupture des pieux n°4, n°5 et n°9 dans l’argile
diffère de celle du pieu n°2 : pour les trois premiers pieux, dépassé un certain niveau de
charge, une faible augmentation de la charge entraîne un tassement important du pieu dans le
sol. A l’inverse, le tassement du pieu n°2 peut être qualifié de « progressif » : la forte
inclinaison du pieu dans le sol (non évaluée sur site) (Figure IV-68) pourrait être à l’origine
de la valeur élevée de la portance limite mesurée par rapport à celles des autres pieux ainsi
que du mode rupture observé.
234
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Les pieux en pin, en chêne et en acacia ont été instrumentés avec des extensomètres
amovibles et chargés en compression. Le pieu en hêtre ne l’a pas été pour des raisons
techniques.
0 10 20 30 40 50 25
0,0
D
2,0 C
10
2,5
B A
3,0
5
3,5 A
4,0 0
Pointe de pieu
4,5 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
(a)
5,0 Déplacement (mm) - pieu n°4 (pin) (b)
Figure IV-71. Distribution des charges (a) et courbes de mobilisation du frottement latéral unitaire (b) pour le
pieu n°4 en pin
La portance limite du pieu en pin vaut 40 kN. Sa résistance de frottement est égale à 35 kN
(soit 10,3 kPa) et sa résistance de pointe à 3 kN (soit 71,6 kPa).
Les faibles caractéristiques mécaniques des couches d’argile expliquent les différences
observées entre les résistances mesurées à Cubzac-les-Ponts et à Rouen. Les pressions limites
de l’argile diminuent avec l’augmentation de la profondeur, ainsi que le frottement latéral
unitaire limite des tronçons du pieu (Figure IV-71b).
La Figure IV-71b montre également que les frottements latéraux unitaires limites des tronçons
A et B sont mobilisés dès que la charge appliquée en tête du pieu atteint 30 kN, contrairement
aux tronçons C et D pour lesquels les frottements latéraux unitaires augmentent lorsque la
charge en tête est supérieure à 30 kN.
Le Tableau IV-23 présente les caractéristiques pressiométriques du sol, ainsi que les valeurs
du frottement latéral et de la résistance de pointe unitaires limites du pieu en pin.
Tableau IV-23. Frottement latéral et résistance de pointe unitaires limites - pieu en pin
Nature de sol Profondeur (m) Tronçon Pl (MPa) qs, pieu 4 (MPa) qb, pieu 4 (MPa)
Argile 0,93 E 0,3 0
Argile 1,68 D 0,22 0,022
Argile 2,43 C 0,12 0,016
Argile 3,18 B 0,11 0,014
Argile 3,93 A 0,08 0,005
Pointe de
Argile 4,51 0,09 0,005 0,072
pieu
235
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
0,5
E
1,0 25
2,0
D
C 15
2,5 C
B 10 A
3,0
B
3,5 5
A
4,0
0
Pointe de pieu
4,5 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
(a)
Déplacement (mm) - pieu n°5 (chêne) (b)
5,0
Figure IV-72. Distribution des charges (a) et courbes de mobilisation du frottement latéral unitaire (b) pour le
pieu n°5 en chêne
La portance limite du pieu en chêne vaut 60 kN. Sa résistance de frottement est égale à 48 kN
(soit 13,3 kPa) et sa résistance de pointe à 5 kN (soit 111,5 kPa).
Les frottements latéraux unitaires des tronçons A, B, C et D sont intégralement mobilisés pour
une charge en tête égale à 50 kN.
La valeur du frottement latéral unitaire limite du tronçon E est la plus élevée, tandis que celles
des tronçons A et B, dont les pressions limites correspondantes dans le sol sont
respectivement égales à 0,08 et 0,11 MPa, sont les plus faibles.
Le Tableau IV-24 présente les caractéristiques pressiométriques du sol, ainsi que les valeurs
du frottement latéral et de la résistance de pointe unitaires limites du pieu en chêne.
Tableau IV-24. Frottement latéral et résistance de pointe unitaires limites - pieu en chêne
Nature de sol Profondeur (m) Tronçon Pl (MPa) qs, pieu 5 (MPa) qb, pieu 5 (MPa)
Argile 0,93 E 0,3 0,021
Argile 1,68 D 0,22 0,014
Argile 2,43 C 0,12 0,014
Argile 3,18 B 0,11 0,009
Argile 3,93 A 0,08 0,009
Pointe de
Argile 4,51 0,09 0,009 0,12
pieu
236
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
2,0
C C
20
2,5
B
15
3,0
10
3,5 A
A
5
4,0
Pointe de pieu 0
4,5
(a) 0 5 10 15 20 25 30
5,0 Déplacement (mm) - pieu n°9 (acacia) (b)
Figure IV-73. Distribution des charges (a) et courbes de mobilisation du frottement latéral unitaire (b) pour le
pieu n°9 en acacia
La portance limite du pieu en acacia vaut 60 kN. Sa résistance de frottement est égale à 52 kN
(soit 16,6 kPa) et sa résistance de pointe à 4 kN (soit 113,3 kPa).
Les frottements latéraux unitaires des tronçons A et C sont intégralement mobilisés lorsque la
charge en tête atteint 40 kN.
Le Tableau IV-25 présente les caractéristiques pressiométriques du sol, ainsi que les valeurs
du frottement latéral et de la résistance de pointe unitaires limites du pieu en acacia.
Tableau IV-25. Frottement latéral et résistance de pointe unitaires limites - pieu en acacia
Nature de sol Profondeur (m) Tronçon Pl (MPa) qs, pieu 9 (MPa) qb, pieu 9 (MPa)
Argile 0,93 E 0,3 0
Argile 1,68 D 0,22 0,028
Argile 2,43 C 0,12 0,023
Argile 3,18 B 0,11 0,033
Argile 3,93 A 0,08 0,005
Pointe de
Argile 4,51 0,09 0,005 0,11
pieu
237
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Les différences observées entre la portance limite des pieux Rc,mes et la somme de la résistance
de frottement latéral Rs,mes et de la résistance de pointe Rb,mes sont égales en moyenne à 10 %.
Les valeurs indiquées dans le Tableau IV-26 montrent, qu’en moyenne, 90 % de la portance
limite des pieux est reprise par le fût et 10 % par la pointe. Les pieux testés sur le site de
Cubzac-les-Ponts sont donc flottants.
0,06
0,06
Pin
0,06 Pin
Chêne 0,06
0,05 Chêne
Acacia 0,05
Acacia
0,05
0,05
0,04
0,04
qs,mes (MPa)
0,04
qs,mes (MPa)
0,04
0,03
0,03
0,03
0,03
0,02
0,02
0,02
0,02
0,01
0,01
0,01
0,01
0,00
0,00
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25 0,3 0,35 0,4
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60
pl, argile (MPa) (a) cu (kPa) (b)
Figure IV-74. Evolution du frottement latéral unitaire limite des pieux en bois en fonction de la pression
limite (a) et de la résistance au cisaillement non drainée de l’argile (b) – Cubzac-les-Ponts
238
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Les valeurs des frottements latéraux unitaires limites des pieux en bois (Figure IV-74)
présentent une dispersion plus faible que celles mesurées sur le plot expérimental de Rouen
(Figure IV-58). L’homogénéité du terrain à Cubzac-les-Ponts pourrait expliquer les
différences observées entre les deux plots.
Tableau IV-27. Coefficient de portance kp, pieu bois, mes – Site expérimental de Cubzac-les-Ponts
Type de pieu Coefficient de portance kp, pieu bois, mes
Pieu n°4 - pin 0,51
Pieu n°5 - chêne 0,80
Pieu n°9 - acacia 0,81
Les valeurs des coefficients de portance des trois pieux battus à Cubzac-les-Ponts sont
inférieures à celles mesurées sur le plot expérimental de Rouen (Chapitre IV, § 2.6.4.8) et à
celles indiquées dans la norme NF P 94-262 (AFNOR, 2012) (kp=1,35 pour les pieux classe 4
dans les argiles et les limons (Chapitre V, § 3.1.6.2)).
La moyenne des trois coefficients est égale à 0,71 et leur coefficient de variation vaut 24 %.
239
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Le limon utilisé pour les essais de cisaillement d’interface en laboratoire (Chapitre III, § 3.1 et
§ 3.2) a été prélevé sur le plot expérimental de Rouen. Les tronçons E et D des pieux battus
sur ce plot étant au contact limon, seules les lois de mobilisation du frottement de ces deux
tronçons sont comparées aux résultats des essais en laboratoire.
Aucun essai de cisaillement n’ayant été effectué en laboratoire avec l’argile de Cubzac-les-
Ponts, les mesures réalisées sur ce plot ne sont pas prises en compte dans cette partie, mais
uniquement dans la partie 5 de ce chapitre pour le calcul des tassements des pieux.
15
10
0
,3
,6
,9
,2
,5
,8
,1
,4
,7
-3
,3
,6
-0
-0
-0
-1
-1
-1
-2
-2
-2
-3
-3
7
2,
3
3
0
3
0,
0,
0,
1,
1,
1,
2,
2,
3,
8lab (mm)
240
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
100 70
qs,mes
90
80
60 qs,mes
Frottement latéral (kPa)
70
Frottement latéral (kPa)
50
60
40
50 Tronçon D
40 Loi exponentielle
Pente qs,me s/8pieu,Rouen
30
Tronçon D
30
Pente qs,mes/8pieu,Rouen 20
20 Loi exponentielle
10 10
0
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80
0 5 10 15 20 25 30 35
Déplacement (mm) - pieu n°1 (hêtre) (a) Déplacement (mm) - Pieu n°2 (hêtre) (b)
Figure IV-76. Calage de la loi exponentielle sur les courbes de mobilisation expérimentales du tronçon D des
pieux n°1 (a) et n°2 (b)
241
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Les frottements latéraux unitaires des tronçons du pieu n°1 (hêtre) sont intégralement
mobilisés pour des déplacements de l’ordre de 70 mm (Figure IV-47), tandis que ceux des
tronçons des autres pieux le sont pour des déplacements égaux en moyenne à 30 mm. En
effet, sur le plot expérimental de Rouen, le pieu n°1 a été chargé, puis déchargé intégralement,
et de nouveau chargé jusqu’à la rupture. L’alternance des phases de chargement et de
déchargement permet d’expliquer les déplacements élevés des tronçons nécessaires pour
mobiliser intégralement le frottement latéral unitaire de chaque tronçon de ce pieu.
Les paramètres 5pieu,Rouen des tronçons E et D du pieu n°1, égaux à 8 mm (Tableau IV-29), ne
sont pas pris en compte dans la comparaison des résultats présentée dans le Chapitre IV,
§ 4.1.1.4.
8,pieu,Rouen
15 Loi normale, 8,lab, bois
10
0
,6
,9
,2
,5
,8
,1
,4
,7
,6
,3
-3
,3
-0
-3
-0
-0
-1
-1
-1
-2
-2
-2
-3
7
2,
3
3
0
3
0,
0,
0,
1,
1,
1,
2,
2,
3,
8 (mm)
Figure IV-77. Distribution des paramètres 6 déterminés à partir des essais en laboratoire, du module
pressiométrique du sol et des essais de chargement des pieux réalisés à Rouen
La distribution du paramètre 5lab suit une loi normale de moyenne 1,74 et d’écart-type 0,58.
Le fractile à 5 % de cette loi normale est égal à 0,5 mm (Chapitre III, § 4.2.2).
Les valeurs des paramètres 5s,EM et 5pieu,Rouen présentent une dispersion importante. Leurs
moyennes et écart-types sont respectivement égaux à 1,90 et 1,06 et à 1,83 et 0,88. Les
coefficients de variation valent 56 et 47 %.
242
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Cette dispersion peut être justifiée, d’une part, par les formes et les pentes à l’origine des
courbes de mobilisation du frottement et d’autre part, par la dispersion des frottements
latéraux unitaires des tronçons E et D des différents pieux (Figure IV-58).
40
Bois (pin + chêne + chêne ancien)
35
Loi normale, bois
30
Matériau Nbre valeurs Médiane Moyenne Ecart type
Fréquence
20
15
10
5
0
5
,1
,2
,3
,4
,5
,6
,7
5
,0
,1
,2
,3
,4
,5
,6
,7
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
05
15
25
35
45
55
65
0
7
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
k2,lab (mm-1)
243
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
également normalisé par la contrainte effective horizontale 3’h dans le sol aux différentes
profondeurs. La pente k4,EM s’exprime alors selon la formule :
2 EM (m-1)
kτ , EM = (35)
Bσ h'
100 70
qs,mes
90
60 qs,mes
80
Frottement latéral (kPa)
70 50
60 Tronçon D
40
50 Loi trilinéaire
qs,mes/2 30 Tronçon D
40
qs,mes /2
30 20 Loi trilinéaire
Pente k2,mes
20 Pente k2,mes
10
10
0 0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 0 5 10 15 20 25 30 35
Déplacement (mm) - pieu n°1 (hêtre) (a) Déplacement (mm) - Pieu n°2 (hêtre) (b)
Figure IV-79. Calage de la loi trilinéaire sur les courbes de mobilisation expérimentales du tronçon D des
pieux n°1 (a) et n°2 (b)
244
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Les formes des courbes de mobilisation du frottement des tronçons D des pieux n°8 et n°9 et
des tronçons E des pieux n°2, n°3, n°8 et n°9 (Chapitre IV, § 2.6.4) ne permettent pas de caler
facilement les lois de comportement trilinéaires du fait du radoucissement et donc de
déterminer les valeurs de k4,pieu,Rouen relatives à ces tronçons (Tableau IV-31).
25
Paramètres Nbre valeurs Médiane Moyenne Ecart type
20 k4,lab 108 0,34 0,36 0,09
k4,EM 8 0,92 0,95 0,11
15 k4,pieu,Rouen 6 0,39 0,42 0,20
10
5
0
5
5
,0
,1
,2
,3
,4
,5
,6
,7
,8
,9
,0
,1
-0
-1
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-1
0
1
1
1
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
1,
-1
k2 (mm )
Figure IV-80. Distribution des paramètres k2 déterminés à partir des essais en laboratoire, du module
pressiométrique du sol et des essais de chargement des pieux réalisés à Rouen
La distribution de la pente k4,lab suit une loi normale de moyenne 0,36 et d’écart-type 0,09. Le
fractile à 5% de cette loi normale est égal à 0,20 mm-1 (Chapitre III, § 4.2.3).
La moyenne et la médiane de la pente k4,pieu,Rouen sont 15 % inférieures à celles du paramètre
k4,lab. Ces écarts s’expliquent par des conditions d’essais différentes en laboratoire et sur le
plot expérimental : variation de la teneur en eau du limon, application de différentes
245
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Deux méthodes de calcul des tassements des pieux sont détaillées dans le Chapitre IV, § 5.1 :
la première utilise les lois de comportement d’interface et la seconde est reprise de la norme
hollandaise NEN 67-43, (1991).
Tableau IV-32. Expressions de k2,EM, kq,EM, 6s,EM et 6q,EM dans les sols fins et les sols granulaires
Fût des pieux Pointe des pieux
kτ , NFP 94− 262 α s,E M
k q , NFP 94−262 α q,E M
On rappelle également que les tronçons E et D ainsi que la pointe des pieux battus sur le plot
expérimental de Rouen sont au contact du limon ou de l’argile sableuse, tandis que les
tronçons C, B et A sont au contact des sables graves.
Quatre lois de comportement (une de type exponentiel, trois de forme trilinéaire) ont été
retenues pour les calculs des tassements des pieux battus sur le plot expérimental de Rouen
(Tableau IV-32) :
246
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
• Les paramètres de la loi de comportement trilinéaire n°1 sont évalués à partir des modules
pressiométriques du terrain, des frottements latéraux et des résistances de pointe unitaires
limites, de la résistance au cisaillement d’interface mesurés en laboratoire et sur site :
o k4,lab et 4max,interface pour les tronçons E et D ;
o k4,NFP94-262 et qs,mes pour les tronçons C, B et A ;
o kq,NFP94-262 et qb,mes pour la pointe.
• Les paramètres de la loi de comportement trilinéaire n°2 sont déterminés à partir des
modules pressiométriques du terrain, des frottements latéraux et des résistances de pointe
unitaires limites mesurés sur site :
o k4,NFP94-262 et qs,mes pour les tronçons E, D, C, B et A ;
o kq,NFP94-262 et qb,mes pour la pointe.
• Les paramètres de la loi de comportement trilinéaire n°3 sont calculés à partir des modules
pressiométriques du terrain et des expressions du frottement latéral et de la résistance de
pointe unitaires limites détaillées dans la norme NF P 94-262 (AFNOR, 2012) et
présentées dans le Chapitre V, § 3.1.6.2 :
o k4,NFP94-262 et qs,cal pour les tronçons E, D, C, B et A ;
o kq,NFP94-262 et qb,cal pour la pointe.
Le Tableau IV-33 reprend les différentes expressions des lois de comportement retenues pour
les calculs des tassements des pieux.
247
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
(
qb,cal = qb ,mes 1 − e
− s /α q , EM
) α q,E =M
qb ,mes B
11EM
Pointe
1ère étape
Les résistances de frottement Rs,cal et de pointe Rb,cal des pieux sont calculées à partir des
expressions générales suivantes :
248
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
L
Rs ,cal = π D ( Bz × α s × qc , z )dz (37)
0
1 q +q
Rb ,cal = × α p × β × s × c ,1 c ,2 × Ab (38)
2 2
2ème étape
Le tassement de la pointe des pieux est tracé en fonction de la charge appliquée en tête à partir
des courbes présentées sur la Figure IV-81 (relatives aux pieux battus) et des résistances de
frottement Rs,cal et de pointe Rb,cal, calculées dans la première étape.
Rs /R s,cal (% ) R b/Rb,cal (% )
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
0 0
2 2
4 4
6 6
spointe (mm)
spointe / Binf
8 8
10 10
12 12
14 14
16 16
18 18
(a) (b)
20 20
Figure IV-81. Evolution du tassement en pointe en fonction du ratio Rs/Rs,cal (a) et du ratio entre le tassement
et le diamètre de la pointe en fonction de Rb/Rb,cal (b) (modifié d’après la norme hollandaise NEN-67-43,
1991)
3ème étape
Le tassement sel est calculé à partir de la formule suivante :
L × Rmoy
sel = (39)
E pieu × Atrans , pieu
l × Rc + 0,5 × ( L − l )( Rc + Rb )
avec Rmoy = (40)
L
Avec Epieu le module élastique du pieu (kPa), Atrans,pieu la section transversale moyenne du
pieu (m²), L la longueur du pieu (m), Rc la charge appliquée en tête du pieu (kN) et l la
hauteur sur laquelle la résistance de pointe qc est faible (Figure IV-82).
249
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Figure IV-82. Coupe de sondage au pénétromètre statique (norme hollandaise NEN-67-43 (1991))
Sur le plot expérimental de Rouen, la hauteur l sur laquelle la résistance de pointe qc est
faible est égale à 2,50 m (Figure IV-19).
4ème étape
A chaque palier de chargement, le tassement en tête est calculé en sommant le tassement de la
pointe dans le sol et le raccourcissement élastique du pieu.
5 5
Déplacement en tête de pieu (mm)
10 10
Pieu n°3 - Pin Pieu n°5 - Chêne
15 15
20 20
Courbe de chargement expérimentale
25 25 Loi de comportement exponentielle
Courbe de chargement expérimentale Loi de comportement trilinéaire n°1
30 Loi de comportement exponentielle 30 Loi de comportement trilinéaire n°2
Loi de comportement trilinéaire n°1 Loi de comportement trilinéaire n°3
Loi de comportement trilinéaire n°2 Méthode hollandaise NEN-6743
35 35
Loi de comportement trilinéaire n°3
Méthode hollandaise NEN-6743
40 40
(a) (b)
Figure IV-83. Comparaison des courbes de chargement expérimentales et théoriques des pieux n° 3 (a) et n°5
(b) battus sur le plot expérimental de Rouen
250
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Tableau IV-34. Valeurs du ratio spieu,calculé/spieu,mesuré calculées à partir des 4 lois de comportement et de la
méthode hollandaise - Rouen
Rouen Loi de comportement Nbre valeurs Moyenne Médiane Ecart-type
Exponentielle 28 1,15 1,28 0,37
s pieu ,calculé Trilinéaire n°1 28 1,68 1,47 0,68
Trilinéaire n°2 28 1,06 1,00 0,32
s pieu ,mesuré Trilinéaire n°3 26 1,21 1,11 0,44
Méthode hollandaise 21 1,83 1,39 1,24
Tableau IV-35. Valeurs du ratio Rc,calculée/Rc,mesurée calculées à partir des 4 lois de comportement et de la
méthode hollandaise - Rouen
Rouen Loi de comportement Nbre valeurs Moyenne Médiane Ecart-type
Exponentielle 7 1,09 1,09 0,11
Rc ,calculée Trilinéaire n°1 7 0,94 0,93 0,16
Trilinéaire n°2 7 1,09 1,07 0,09
Rc ,mesurée Trilinéaire n°3 7 0,90 0,95 0,14
Méthode hollandaise 7 0,71 0,73 0,12
3
Loi de comportement exponentielle
Loi trilinéaire n°1
Loi trilinéaire n°2
Loi trilinéaire n°3
Méthode hollandaise
2
Fréquence
0
,2
,3
,4
,5
,6
,7
,8
,9
1, , 2
1, , 3
1, , 4
,5
,1
-1
,1
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-1
-1
-1
-1
-0
-1
9
0,
1
4
0
1
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
1,
Rc,calculée /Rc,mesurée
Figure IV-84. Distributions des ratios Rc,calculée/Rc,mesurée calculés à partir des quatre lois de comportement et de
la méthode hollandaise - Rouen
251
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
s pieu ,calculé
L’étude des ratios montrent que la loi de comportement exponentielle ainsi que les
s pieu ,mesuré
lois de comportement trilinéaires n°2 (méthode de Frank et Zhao, 1982) et n°3 donnent une
bonne estimation des tassements des pieux sous charge axiale.
s pieu ,calculé
La médiane et la moyenne des ratios calculées à partir des 3 lois de comportement
s pieu ,mesuré
sont respectivement comprises entre 1,00 et 1,11 et entre 1,06 et 1,21 (Tableau IV-34). Les
coefficients de variation de ces ratios varient entre 30 et 36 %.
s
La médiane et la moyenne des ratios pieu ,calculé calculées à partir de la méthode hollandaise
s pieu ,mesuré
sont respectivement égales à 1,39 et 1,83. Le coefficient de variation atteint 68 %.
La loi de comportement trilinéaire n°1 surestime le tassement des pieux. En effet, les valeurs
des paramètres k4,lab des tronçons E et D ont été mesurées en laboratoire et sont inférieures à
s pieu ,calculé ,loi ,trilinéaire , n °1
celles des pentes k4,NF P 94-262 (Figure IV-80). La moyenne des ratios est
s pieu , mesuré
égale à 1,68.
Par ailleurs, les frottements latéraux unitaires limites qs,mes des tronçons D et E ont été
substitués dans cette loi aux paramètres 4max,interface mesurés en laboratoire. Les valeurs de
R
qs,mes étant inférieures à celles de 4max,interface, la moyenne des ratios c,calculée,loi,trilinéaire,n°1 est
Rc,mesurée
inférieure à 1 (Tableau IV-35).
La Figure IV-84 montre que les lois de comportement exponentielle et trilinéaire n°2
surestiment les portances limites des pieux en bois. Néanmoins, les écarts entre les résistances
calculées et mesurées restent relativement faibles et sont compris entre 0,2 et 12 %. Seule la
portance limite calculée du pieu n°8 en acacia est 30 % plus élevée que sa portance limite
mesurée.
Les valeurs des frottements latéraux unitaires limites des différents tronçons des pieux
intervenant dans la loi de comportement trilinéaire n°3 sont calculées à partir de la méthode
de dimensionnement des pieux en bois proposée dans le Chapitre V, § 4. Elles sont
majoritairement inférieures aux frottements latéraux unitaires limites mesurés sur site, ce qui
R
justifie que les ratios c ,calculée ,loi ,trilinéaire ,n °3 soient en moyenne inférieurs à 1.
Rc ,mesurée
Enfin, la Figure IV-84 montre que la méthode de calcul des tassements de pieux hollandaise
R
sous-estime la portance limite des pieux en bois. La moyenne des ratios c ,calculée ,méthode ,hollandaise
Rc , mesurée
est égale à 0,71. Ce modèle de calcul est donc conservateur.
252
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Méthode hollandaise
Fréquence
7,5 1
10
Pieu n°9 - Acacia
12,5
15
Courbe de chargement expérimentale
17,5 0
Loi de comportement exponentielle
Loi de comportement trilinéaire n°2
7 7
8 8
0, ,9
2 2
3 3
1, - 1,4
5 5
6 6
7 7
8 8
1, ,9
1 -1
1 1
-2
20
0 , - 0,
0 , - 0,
1 , - 1,
1 , - 1,
1 , - 1,
1 , - 1,
1 , - 1,
1 , - 1,
1, - 1,
-0
-1
9
6
4
0,
Figure IV-85. Comparaison des courbes de chargement expérimentales et théoriques des pieux n° 4 (a), n°5
(b) et n°9 (c) battus sur le plot expérimental de Cubzac-les-Ponts et distributions des ratios Rc,calculée/Rc,mesurée
calculés à partir des trois lois de comportement et de la méthode hollandaise
Les Tableaux IV-36 et IV-37 présentent la moyenne, la médiane et l’écart-type des ratios
s pieu ,calculé R
et c ,calculée calculés à partir des trois lois de comportement et de la méthode
s pieu ,mesuré Rc ,mesurée
hollandaise.
253
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Tableau IV-36. Valeurs du ratio spieu,calculé/spieu,mesuré calculées à partir des 3 lois de comportement et de la
méthode hollandaise – Cubzac-les-Ponts
Cubzac-les-Ponts Loi de comportement Nbre valeurs Moyenne Médiane Ecart-type
Exponentielle 12 1,83 2,04 1,26
s pieu ,calculé Trilinéaire n°2 12 1,66 1,87 1,10
s pieu ,mesuré Trilinéaire n°3 12 1,06 0,99 0,88
Méthode hollandaise 10 3,53 3,38 1,65
Tableau IV-37. Valeurs du ratio Rc,calculée/Rc,mesurée calculées à partir des 3 lois de comportement et de la
méthode hollandaise – Cubzac-les-Ponts
Cubzac-les-Ponts Loi de comportement Nbre valeurs Moyenne Médiane Ecart-type
Exponentielle 3 1,17 1,22 0,082
Rc ,calculée Trilinéaire n°2 3 1,17 1,22 0,086
Rc ,mesurée Trilinéaire n°3 3 1,62 1,42 0,40
Méthode hollandaise 3 0,84 0,78 0,23
s pieu ,calculé
Les ratios calculés à partir des 3 lois de comportement présentent une dispersion
s pieu ,mesuré
importante. Leurs coefficients de variation sont compris entre 68 et 83 % (Tableau IV-36).
Les Figures IV-85a, IV-85b et IV-85c montrent que les écarts entre les tassements calculés à
partir des lois de comportement et les tassements mesurés des pieux sont égaux en moyenne à
0,6 mm. Enfin, les tassements des pieux calculés à partir de la méthode hollandaise sont en
moyenne 3,5 fois supérieurs aux tassements des pieux mesurés sur site (Tableau IV-36).
Enfin, les portances limites des pieux calculées à partir des 3 lois de comportement sont
surestimées d’un facteur 1,2 (lois de comportement exponentielle et trilinéaire n°2) ou d’un
facteur 1,6 (loi de comportement trilinéaire n°3) (Figure IV-85d et Tableau IV-37).
Cette surestimation peut se justifier d’une part, par les incertitudes sur les valeurs des modules
pressiométriques dans l’argile (liées aux difficultés de réalisation des sondages
pressiométriques dans des argiles très molles), mais aussi par le fait que les lois de
comportement ne tiennent pas compte du mode de rupture de l’interface entre le sol et le pieu.
A l’inverse, les portances limites des pieux calculées avec la méthode hollandaise sont en
moyenne 16 % plus faibles que celles mesurées sur le plot expérimental de Cubzac-les-Ponts
(Figure IV-85d et Tableau IV-37).
254
Chapitre IV. Essais de chargement de pieux en bois sur deux plots expérimentaux
Conclusion
Ce chapitre a présenté deux plots expérimentaux sur lesquels des pieux en bois ont été battus
et chargés en compression. La conception d’un nouveau dispositif d’instrumentation des
pieux en laboratoire a permis de séparer le terme de pointe de la résistance de frottement.
Huit pieux ont été testés sur le plot expérimental de Rouen. Les sondages in situ ont permis de
caractériser la nature des couches du terrain et d’en déterminer les principales propriétés de
résistance.
Les résultats des essais de chargement ont montré que les portances limites des pieux en
acacia et en pin étaient supérieures à celles des pieux en chêne et en hêtre, mais que les
comportements mécaniques des pieux, suite à l’analyse des frottements latéraux unitaires
limites mesurés, semblaient être indépendants de l’essence. La compilation des résultats a
permis de tracer un nuage de points dans le plan (pression limite ; frottement latéral unitaire
limite).
Quatre pieux chargés à Rouen ont été excavés puis battus sur le plot expérimental de Cubzac-
les-Ponts. Les propriétés de résistance de l’argile ont conduit à mesurer des portances limites
des pieux en bois relativement faibles. L’instrumentation des pieux avec des extensomètres
amovibles a permis de compléter les données mesurées à Rouen.
Les plages de valeurs des paramètres de calage 5 et k4 relatifs aux lois de comportement
exponentielle et trilinéaire ont été déterminées à partir des résultats des essais de chargement
et ont été comparées aux données mesurées en laboratoire. L’analyse des résultats a montré
que les paramètres k4,lab et k4,pieu,Rouen étaient en moyenne inférieurs à k4,EM. Tandis que les
plages de valeurs des trois paramètres 5lab, 5pieu,Rouen et 5s,EM étaient relativement proches.
Parmi l’ensemble des lois et méthode de calcul étudiées, les lois de comportement
exponentielle et trilinéaire établie par Frank et Zhao, (1982) donnent une bonne estimation
des tassements des pieux en bois chargés axialement.
La méthode de calcul hollandaise surestime les tassements des pieux battus sur les plots
expérimentaux de Rouen et de Cubzac-les-Ponts en moyenne d’un facteur 2,7. Tandis que
leurs portances limites calculées avec cette méthode sont sous-estimées d’un facteur 1,3 par
rapport aux résistances mesurées sur site.
255
256
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Introduction
L’abandon des pieux en bois dans les constructions en France est daté du milieu du 19ème
siècle.
Depuis son développement à la fin des années 1950 par L. Ménard, le pressiomètre a été
largement utilisé en France pour déterminer les propriétés de résistance des sols. Les résultats
de ces essais constituent aujourd’hui les « données d’entrée » des méthodes de
dimensionnement françaises des fondations profondes.
L’abandon des pieux en bois étant antérieur d’un siècle au développement du pressiomètre, il
n’existe à ce jour aucune règle professionnelle ni « contexte normatif » français permettant de
justifier le dimensionnement et l’emploi de ce type de fondation dans la pratique actuelle.
A l’inverse, les Etats-Unis et les Pays-Bas ont su mettre en place des contextes normatifs
nationaux favorables en publiant des documents officiels, comme le guide « Timber Pile
Design and Construction Manual » (AWPI, 2002) et la norme NEN-67-43, (1991).
La seconde partie du chapitre présente une comparaison entre les données expérimentales
(résistance de pointe, résistance de frottement et portance limite) mesurées sur les plots de
Rouen et de Cubzac-les-Ponts et les résistances calculées à partir des différentes méthodes de
dimensionnement présentées dans la première partie. Les paramètres relatifs aux méthodes de
dimensionnement 5-cu (5) et des contraintes effectives (6 et Nq) sont déterminés
expérimentalement et comparés aux données publiées dans la littérature.
Une méthode de dimensionnement des pieux en bois s’appuyant sur les caractéristiques
pressiométriques des terrains est proposée dans la quatrième partie de ce chapitre. Le
257
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
paramètre adimensionnel 5pieu bois-sol, le facteur de portance kp,pieu bois-sol et les coefficients de
modèle sont explicités et leurs valeurs déterminées.
258
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Les formules de dimensionnement des fondations profondes sont classées en deux catégories :
les formules « dynamiques » établies à partir des caractéristiques de battage des pieux et les
formules « statiques » dans lesquelles interviennent les propriétés de résistance du sol
mesurées en laboratoire ou in situ.
259
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
260
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
1.2.1.1 Méthode 7- cu
Généralités sur les surpressions interstitielles induites par le battage et les essais de
chargement
Le battage d’un pieu dans l’argile crée des surpressions interstitielles à proximité de la zone
de battage. Elles sont la conséquence d’une modification des contraintes effectives moyennes
durant le cisaillement, d’un remaniement partiel du sol et d’une augmentation des contraintes
moyennes totales suite à l’expansion du sol lors de la pénétration du pieu (Randolph, 2003).
Les surpressions interstitielles se décomposent en trois termes distincts (Bond et Jardine,
1991) : une composante Duts relative à l’augmentation des contraintes totales moyennes dans
le sol ; une composante Dush relative à la distorsion et au cisaillement du sol lors du battage ;
et une composante Ducyc relative au comportement cyclique des pieux lors de leur battage.
Selon les auteurs, dans les argiles surconsolidées, les phénomènes de dilatance conduisent à
des surpressions interstitielles Dush négatives (phénomènes de succion) à proximité du pieu
(pour une distance inférieure à 1,5 fois le rayon du pieu).
Les composantes Duts et Dush diminuent respectivement avec l’augmentation de la distance à
la pointe et au fût du pieu.
Enfin, la phase de battage soumet le pieu à des cycles de déchargement/rechargement qui
génèrent des surpressions interstitielles Ducyc positives dans le sol. Elles augmentent avec le
Dis tan ce po int e − pieu
ratio , mais sont négligeables au voisinage de la pointe dans les argiles
Rayon pieu
présentant un ratio de surconsolidation élevé.
Juste après le battage, les surpressions interstitielles peuvent atteindre jusqu’à 5 à 7 fois la
résistance au cisaillement non drainée de l’argile (Meyerhof, 1976). Leur dissipation
s’accompagne, selon Skempton et Northey, (1952), d’une augmentation de la résistance de
l’argile « molle » avec le temps. A l’inverse, les fissures créées suite à la fracturation des
argiles raides lors de la phase de battage des pieux conduisent à une dissipation plus rapide
des surpressions interstitielles. La résistance de ce type d’argile n’augmente donc que
faiblement avec le temps (Meyerhof et Murdock, 1953, cités par Tomlinson et Wimpey,
1957).
Les surpressions interstitielles induites dans l’argile par l’essai de chargement du pieu sont de
l’ordre de 0,2 à 0,5 fois la résistance au cisaillement non drainée de l’argile (Meyerhof, 1976).
261
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
On a vu, dans le Chapitre III, § 1.1.2, que l’adhérence entre les matériaux et le limon (notée
ca) était égale au produit d’un facteur fa (équivalent au paramètre 5) par la cohésion effective
du sol (équivalente, en conditions non drainées, à la résistance au cisaillement non drainée cu).
L’adhérence dépend de la nature et de la résistance de l’argile, des dimensions du pieu, de son
mode d’installation et du temps (Meyerhof, 1976).
1,4
Pieux en acier
Kérisel, (1965)
1,2 Woodward et Boitano, (1961)
Dennis et Olson, (1983)
1 Tomlinson, (1957)
FOND 72 (Ministère de l'Equipement, 1972)
0,8
0,6
0,4
0,2
0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
cu (kPa)
Figure V-1. Evolution du facteur d’adhérence 6 en fonction de la résistance au cisaillement non drainée
(modifié d’après Tomlinson et Wimpey, 1957)
262
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Les résultats des essais de chargement des pieux en bois de 8 à 16 m de longueur dans des
argiles molles de Norvège réalisés par Flaate et Selnes, (1977) ; Tomlinson et Wimpey,
(1957) montrent une certaine dispersion du coefficient 5 (Figure V-1). Sa plage de variation
s’étend de 0,4 à 1,6. Sharman et Halcrow, (1961) ont montré empiriquement que le coefficient
5 était égal à 0,4 pour les pieux en bois coniques.
Enfin, Tomlinson, (1994) a établi des abaques sur lesquels l’évolution du facteur d’adhérence
5 est fonction de la résistance au cisaillement non drainée de l’argile, du ratio entre la
longueur de pieu dans l’argile (D) et son diamètre (B), ainsi que de la coupe géologique du sol
(Figure V-2).
Si le pieu est battu dans du sable et de l’argile raide (Figure V-2a), les vides créés dans
l’argile sont comblés par le sable. Le facteur d’adhérence à l’interface sol-pieu est donc plus
élevé dans cette géologie que dans celles définies sur la Figure V-2b (couches d’argile molle
et raide) et la Figure V-2c (couche d’argile).
Les méthodes de dimensionnement des pieux en bois utilisées sur le territoire américain sont
répertoriées dans le guide intitulé « Timber Pile Design and Construction Manual » (AWPI,
2002). Le dimensionnement de cette technologie de pieux à partir de la résistance au
cisaillement non drainée de l’argile fait référence aux abaques de la Figure V-2 :
• La Figure V-2a et la Figure V-2d font référence à un pieu en bois battu dans l’argile raide
sous-jacente à une couche de sable et gravier ;
• La Figure V-2b et la Figure V-2e font référence à un pieu en bois battu dans l’argile raide
sous-jacente à une couche d’argile molle ;
• La Figure V-2a et la Figure V-2d font référence à un pieu en bois battu dans l’argile.
263
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
1 180
0,7 D>40B
120
0,6 D=20B
qs (kPa)
100
0,5
80
0,4
60
0,3
40
0,2
0,1 20
0 0
0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250 0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250
cu (kPa) (a) cu (kPa) (d)
1 180
0,9 160
D=10B D=10B
0,8
140 D>20B
Facteur d'adhérence 8
D>20B
0,7
120
0,6 qs (kPa)
100
0,5
80
0,4
0,3 60
0,2 40
0,1 20
0
0
0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250
0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250
cu (kPa) (b) cu (kPa) (e)
1,6 180
1,5 D=10B
D=10B D>40B
1,4 D>40B 160 Pieux en bois coniques (Tomlinson et Wimpey, 1957)
Pieux en bois coniques (Tomlinson et Wimpey, 1957) Pieux en bois à section droite (Tomlinson et Wimpey, 1957)
1,3 Pieux en bois à section droite (Tomlinson et Wimpey, 1957)
140 Pieux en bois (Flaate et Selnes, 1977)
1,2 Pieux en bois (Flaate et Selnes, 1977)
Facteur d'adhérence 8
0,9 100
0,8
0,7 80
0,6
0,5 60
0,4
0,3 40
0,2
20
0,1
0 0
0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250 0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250
cu (kPa) (c) cu (kPa) (f)
Figure V-2. Evolution du facteur d’adhérence 6 (a, b et c) et du frottement latéral unitaire (d, e et f) des pieux
en bois en fonction de la résistance au cisaillement non drainée de l’argile (modifié d’après Tomlinson, 1994)
264
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
cu cu
α = 0,5( ) −0,5 si ≤ 1 , soit qs ,cal = 0,5 cuσ v' 0 (42)
σ v0 '
σ 'v 0
cu cu
α = 0,5( ) −0,25 si >1, soit qs ,cal = 0,5cu 0,75σ v' 00,25 (43)
σ v0
'
σ v0
'
Les paramètres Nq et Nc sont fonctions de 2 et du ratio L/B (Berenzantzev et al., 1961, cités
par Nordlund, 1963). Selon ces auteurs, l’influence du ratio L/B sur le paramètre Nq peut être
négligée lorsque L/B est inférieur à 70. Suite aux travaux de l’Herminier et de l’Imperial
College, Caquot et Kerisel, (1966) ont proposé les relations suivantes :
π eπ tan(ϕ ) −1
ϕ
N c = tan ²( + ) × (45)
4 2 tan(ϕ )
B 2
N q = 103,04×tan(ϕ ) si L > × N q 3 (46)
4
3π
π ϕ ( −ϕ )× tan(ϕ )
tan ²( + ) × e 2
4 2 B 2
Nq = si L < × Nq 3 (47)
π ϕ 4
cos(ϕ ) − tan( − )
4 2
Dans le cas des sols purement cohérents (2=0 et c=cu,b), le terme Nq est égal à 1 et le terme Nc
est souvent pris égal à 9. L’expression de la résistance de pointe unitaire limite est alors la
suivante :
qb,cal=9 × cu,b (48)
Cette expression a été retenue dans le document normatif « Timber Pile Design and
Construction Manual » (AWPI, 2002) pour le calcul de la résistance de pointe unitaire limite
des pieux en bois à partir de la résistance au cisaillement non drainée de l’argile.
Sharman et Halcrow, (1961) ; Blanchet et al., (1980) et Eide et al., (1961) ont également
établi deux formules donnant la résistance de pointe unitaire limite en fonction de la
résistance au cisaillement non drainée de l’argile (Tableau V-2).
265
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Tableau V-2. Formules de calcul de la résistance de pointe unitaire limite présentées dans la littérature
Formules Hypothèses / Conditions d’application
qb ,cal = cu ,b × N c + γ × D (Blanchet et al., 1980 ; Eide Conditions non drainées
et al., 1961) Application dans les argiles
Analyses en contraintes totales
qb ,cal = 9,5 × cu ,b (Sharman et Halcrow, 1961)
Formule retenue pour les pieux en bois coniques
La méthode des contraintes effectives a été développée par Burland, (1973), cité par Bowles,
(1999) et Blanchet et al., (1980) dans les années 1970-1980. Elle suppose que la contrainte
effective à la surface du pieu qs après dissipation des surpressions interstitielles soit supérieure
ou égale à la contrainte effective horizontale dans le sol avant battage du pieu (Bowles, 1999),
c'est-à-dire que β = K tan(δ ) ≤ 1 .
Les valeurs de K et tan(1) sont déterminées empiriquement. Burland, (1973), cité par
Blanchet et al., (1980) a supposé, à proximité des pieux à section droite, que le coefficient des
terres K était égal à 1-sin(2’), avec 2’ l’angle de frottement interne effectif de l’argile. Si les
pieux sont coniques, le coefficient des terres augmente et est égal à 2 × K0 (Blanchet et al.,
1980). Les études statistiques menées par Kulhawy, (1983) sur des essais de chargement de
pieux ont montré que le ratio K/K0 était compris entre 1 et 2 pour des pieux battus. Si les
pieux battus sont coniques, ce rapport varie, selon Bowles, (1999), entre 1,7 et 2,2 et peut
atteindre, selon Blanchet et al., (1980), la valeur de 4 dans les argiles.
Les essais de chargement de pieux dans des sables moyennement denses à denses
(Vijayvergiya, 1977) ont montré que la valeur de K était comprise entre 0,8 (tests en traction)
et 1,25 (tests en compression). Cette dernière valeur est identique à celle calculée par Mansur
266
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
et Hunter, (1970) lors d’un essai de chargement en compression puis en traction d’un pieu en
bois dans du sable. Enfin, pour les sables lâches, la valeur de K tend vers Ka, le coefficient de
poussée des terres.
Le coefficient de pression des terres K peut être également corrélé à la densité relative du
sable selon la formule suivante :
K = 0, 50 + 0, 008 Dr (Bowles, 1999) (51)
Avec Dr la densité relative du sable, déterminée par corrélation avec les valeurs de NSPT.
Enfin, le coefficient de pression des terres dans les argiles surconsolidées K0,OC peut être
défini en fonction du coefficient de pression des terres dans les argiles normalement
consolidées K0,NC, du degré de surconsolidation OCR et de l’angle de frottement interne
effectif de l’argile 2’ (Mayne et Kulhawy, 1982) :
Les valeurs de l’angle de frottement d’interface 1sol-matériau, ainsi que les paramètres
l’influençant ont été étudiés dans le Chapitre III, § 3.2.
Les valeurs du facteur 6 relatives aux pieux en bois et calculées par Tomlinson et Wimpey,
(1957), Flaate et Selnes, (1977) et Blanchet et al., (1980) sont ajoutées sur la Figure V-3.
Flaate et Selnes, (1977) ont calculé les valeurs du facteur 6 en divisant le frottement latéral
unitaire limite des pieux en bois par les contraintes effectives verticales dans le sol. Les
profondeurs correspondantes ont été calculées à mi-hauteur des pieux.
Les pieux en bois présentant en moyenne des longueurs plus faibles que celles employées en
géotechnique offshore (Le Tirant, 1992), les valeurs de 6 reportées sur la Figure V-3 se
situent dans la partie supérieure du nuage de points établi par Le Tirant, (1992).
267
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
9
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7
0
10
20
Profondeur (m)
30
40
Figure V-3. Evolution du facteur 7 en fonction de la profondeur (modifié d’après Le Tirant, 1992)
50
Pieux en bois (Flaate et Selnes, 1977)
45
Pieux en bois (Tomlinson et Wimpey, 1957) 9=0,4
40
35
qs,mes (kPa)
30
25
9=0,2
20
15
10
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160
1'v (kPa)
Figure V-4. Plage de valeurs du facteur 7 (modifié d’après Flaate et Selnes, 1977)
Ce coefficient est compris entre 0,2 et 0,4. Cette plage de variation confirme les résultats de
l’étude menée par Bjerrum et al., (1957) sur le tassement des pieux en bois d’une culée d’un
pont à Aggersund, dans laquelle le coefficient 6 dans l’argile limoneuse molle était compris
entre 0,20 et 0,30.
A l’inverse, les résultats des essais de chargement des pieux en bois battus dans des argiles
ont montré que le coefficient 6 pouvait atteindre, selon Tavenas et al., (1978), cités par
Blanchet et al., (1980), la valeur de 0,82.
268
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
La méthode de dimensionnement des pieux en bois s’appuyant sur les contraintes effectives
préconisée par l’AWPI dans l’ouvrage « Timber Pile Design and Construction Manual »
(AWPI, 2002) reprend les résultats des travaux menés par Fellenius, (1991). L’auteur a établi
des plages de valeurs du coefficient 6 en fonction de la nature du sol et de son angle de
frottement interne déterminé en laboratoire ou par corrélation avec la valeur de NSPT (Figure
V-5).
Les valeurs de 6 dans les argiles sont similaires à celles établies par Flaate et Selnes, (1977)
(Figure V-4).
Figure V-5. Plages de valeurs du coefficient 7 en fonction de l’angle de frottement interne du sol (Fellenius,
1991)
Nq
Nq
Figure V-6. Estimation du facteur Nq en fonction de l’angle de frottement interne du sol (Fellenius, 1991)
Cette formule précédemment établie par Berenzantzev et al., (1961), cités par Blanchet et al.,
(1980) est reprise dans l’ouvrage « Timber Pile Design and Construction Manual » (AWPI,
2002).
269
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
270
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
7 (°)
28 30 32 34 36 38 40 42 44 46 0,2
0
40
0,06
50 0,04
60 0,02
0
70 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
6/7
80 (b)
(a)
1,4
6/7=1,4
1,2
1,2
1 1,0
0,8
0,8
CF
0,6 0,6
0,4
0,4
0,2
0,2
0
(3=30°) 0 10 20 30 40 50
7 (°)
(c) (d)
Figure V-7. Evolution de l’angle de frottement du sol en fonction de NSPT (a), du ratio 4/5 en fonction du
volume de sol déplacé (b), du facteur K4 en fonction du volume de sol déplacé et de la conicité des pieux (c),
du facteur correcteur CF en fonction de l’angle de frottement du sol (d) (modifié d’après AWPI, 2002)
La Figure V-8a permet de déterminer, à partir de l’angle de frottement interne des sables
graves et du ratio L / B , le coefficient 5p.
Le facteur de portance Nq est fonction de l’angle de frottement interne des sables graves
(Figure V-8b).
271
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
L/B
Nq
7p
Figure V-8. Evolution des facteurs 6p (a) et Nq (b) en fonction de l’angle de frottement interne du sol (modifié
d’après AWPI, 2002)
Tominaga et Chen, (2006), cités par Tominaga et al., (2007) ont proposé un modèle consistant
à discrétiser le sol et le pieu en tranches rigides (Figure V-9). Ce modèle s’appuie sur
l’hypothèse qu’il n’existe pas d’interactions entre les tranches du pieu et que la conicité du
pieu B (°) est inférieure à 1/20.
Figure V-9. Discrétisation du pieu en tranches rigides (Tominaga et Chen, 2006, cités par Tominaga et al.,
2007)
La conicité du pieu crée une déformation radiale du sol notée dUz et une réaction latérale du
sol dpuz évaluée à partir d’un modèle élasto-plastique à deux dimensions :
272
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
dU z
E rz
dpu z = (59)
1 + ν 1 + dU z
rz
Enfin, Paik et al., (2009), dont les résultats de leur étude ont été présentés dans le Chapitre I,
§ 2.1.2.2, ont établi deux expressions de la résistance de frottement et de la résistance de
pointe des pieux en acier coniques, à partir de celles des pieux à section droite, de la conicité
B, de la densité relative du sable DR et du coefficient de pression des terres au repos K0 :
7 ω 8 (60)
Rs ,cal , pieu ,conique = Rs ,cal , pieu ,sec tion ,droite × 91 + (6,3 − 22, 6 ln( K 0 ) A
B DR C
1 7 D 82 (61)
Rb ,cal , pieu ,conique = Rb ,cal , pieu ,sec tion ,droite × 31 + ω 90,508( R )1,5 ln( K 0 ) + 0,357 A 4
5 B 100 C6
273
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
CN
Figure V-10. Evolution du facteur CN en fonction de la contrainte verticale effective dans le sol (modifié
d’après AWPI, 2002)
274
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Bz (m) est le diamètre du pieu. Il dépend de la profondeur z dans le cas d’un pieu conique.
5s est un facteur tenant compte du mode de mise en œuvre et du type de pieu dans le sol. Il est
égal à 0,012 pour les pieux en bois.
qc,z (kPa) est la résistance de pénétration statique au cône à la profondeur z.
5p est un facteur relatif au mode de mise en œuvre des pieux. Il est égal à 1 pour les pieux
battus.
6 est un facteur relatif à la pointe des pieux élargie (dont les dimensions sont supérieures à
celles du fût). Il est égal à 1 pour les pieux en bois.
s est un facteur de forme, inférieur à l’unité dans le cas de pieux à section rectangulaire et égal
à 1 pour les pieux en bois.
qc,1 (kPa) et qc,2 (kPa) correspondent aux moyennes des valeurs des résistances de pénétration
statique au cône sur des hauteurs comprises respectivement entre la pointe du pieu et quatre
diamètres du pieu sous la pointe, et entre la pointe du pieu et huit diamètres au-dessus de la
pointe.
Les coefficients 5s, 5p, 6 et s intervenant dans le calcul des résistances de pointe et de
frottement des pieux ont été fixés à la suite d’essais sur sites dans les années 1960. Mais nous
n’avons pu avoir accès à la base de données regroupant ces essais (car trop ancienne) pour
étayer cette méthode de calcul.
275
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
K est un facteur dépendant du ratio L/B, 5CPT le ratio entre le frottement latéral unitaire limite
du pieu et le frottement latéral local fs mesuré lors des essais au pénétromètre statique (Figure
V-11) (Chapitre IV, § 2.2.2.6).
Le facteur 5CPT dépend de la forme et du type de pieu. Il varie, selon Abu-Farsakh et Titi,
(2007) entre 0,2 et 1,25 dans les sols argileux et entre 0,8 et 2 dans les sables. Le frottement
latéral unitaire limite est limité à 120 kPa.
Kpieu en bois
1,2
0,8
8CPT
L/B 0,6
0,4
0,2
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
fs (MPa)
Figure V-11. Evolution du facteur K en fonction du ratio L/B et du facteur 6’ en fonction de fs (modifié
d’après AWPI, 2002)
Cette formule est identique à celle établie dans la norme hollandaise NEN-67-43, (1991). Les
valeurs de qc,1 et qc,2 ont été définies dans le Chapitre V, § 1.2.2.3.
La méthode de Nottingham, (1975) et Schmertmann, (1978) impose une valeur maximale de
la résistance de pointe unitaire limite égale à 15 MPa, valeur qui peut être dépassée, selon
Eslami et Fellenius, (1995), dans les sables denses.
276
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Tableau V-3. Répartition des charges entre la pointe et le fût des pieux en bois mesurées sur les plots
expérimentaux
Site expérimental de Rouen Site expérimental de Cubzac-les-Ponts
Rs,mes (kN) Rb,mes (kN) Rc,mes (kN) Rs,mes (kN) Rb,mes (kN) Rc,mes (kN)
Pieu n°1 - Hêtre 196 44 240
Pieu n°2 - Hêtre 290 34 324 100
Pieu n°3 - Pin 218 92 310
Pieu n°4 - Pin 131 87 218 35 3 38
Pieu n°5 - Chêne 130 66 196 48 5 53
Pieu n°8 - Acacia 157 62 219
Pieu n°9 - Acacia 154 67 221 52 4 56
Tableau V-4. Comparaison des résistances calculées et mesurées des pieux en bois– Formule de battage des
« Hollandais »
Site expérimental de Rouen Site expérimental de Cubzac-les-Ponts
Pieu (essence) RD,cal (kN) RD,cal/Rc,mes RD,cal (kN) RD,cal/Rc,mes
Pieu n°1 (hêtre) 149 0,62
Pieu n°2 (hêtre) 240 0,74 50 0,50
Pieu n°3 (pin) 227 0,73
Pieu n°4 (pin) 195 0,89 33 0,87
Pieu n°5 (chêne) 186 0,95 30 0,55
Pieu n°8 (acacia) 244 1,11
Pieu n°9 (acacia) 277 1,25 60 1,07
277
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Les résultats présentés dans le Tableau V-4 montrent que la formule des Hollandais sous-
estime la portance limite des pieux en moyenne d’un facteur 1,2. Deux hypothèses peuvent
expliquer cette tendance :
• La hauteur fictive de chute de la masse frappante, égale à 2,63 m, a pu être sous-estimée ;
• Le nombre de coups relevés sur site correspondait à un enfoncement du pieu égal à 50 cm.
La valeur de Nd10 (Tableau II-1) est approximative dans la mesure où elle a été obtenue en
divisant le nombre de coups enregistrés sur les 50 derniers centimètres d’enfoncement du
pieu par 5.
La Figure V-12 et la Figure V-13 comparent les résultats expérimentaux aux données publiées
dans la littérature (Janbu, 1952 ; Yttrup et al., 1989). Les pieux en bois étudiés par Janbu,
(1952) ont été battus dans le sable et les argiles limons. Ils présentaient des diamètres et des
longueurs compris respectivement entre 22 et 37 cm et entre 9 et 28 m.
900
Pieux en bois - Rouen
800
Pieux en bois - Cubzac-les-Ponts
Pieux en bois battus dans le sable (Janbu, 1952)
700
Pieux en bois battus dans les argiles limons (Janbu, 1952)
Pieux en bois battus dans les argiles (Yttrup et al., 1989)
600
RD,cal (kN)
500
400
300
200
Rc,mes=RD,cal
100
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
Rc,m es (kN)
Figure V-12. Comparaison des portances limites calculées et mesurées des pieux à partir de la formule des
« Hollandais »
6 Sites expérimentaux +
Nbre valeurs Médiane Moyenne Ecart-type
Sites expérimentaux + Janbu, (1952) 26 1,05 1,03 0,45
(Janbu, 1952)
Pieux en bois battus dans l'argile (Yttrup et al., 1989) Yttrup et al., 1989 31 2,49 2,81 1,25
Compilation 57 1,91 1,99 1,31
5
4
Fréquence
0
0, 0, 2
0, 0, 3
0, 0, 4
0, 0, 5
0, 0, 6
0, , 7
0, 0, 8
0, , 9
1, 1, 2
1, 1, 3
1, 1, 4
1, 1, 5
1, , 6
1, 1, 7
1, , 8
1, , 9
2, 2, 2
2, , 3
2, 2, 4
2, , 5
2, 2, 6
2, 2, 7
2, 2, 8
2, , 9
0, 0,1
1 1
1, 1,1
2 2
2, 2,1
-3
-
-
-0
-0
-1
-1
-1
-2
-2
-2
9
9
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
1
2
3
4
5
6
7
8
1
2
3
4
5
6
7
8
1
2
3
4
5
6
7
8
0
RD,cal/Rc,mes
278
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
La Figure V-12 et la Figure V-13 montrent que les portances limites dynamiques des pieux en
bois calculées par Yttrup et al., (1989) sont en moyenne 2,8 fois supérieures aux portances
limites mesurées sur sites. Selon les auteurs, les formules de battage ont été développées pour
des pieux possédant un large diamètre et un poids important. On rappelle que l’expression
générale de la formule de battage des « Hollandais » est de la forme (Tableau II-1) :
Poidsmasse , frappante ² × Hauteur
RD ,cal = (70)
( Poidsmasse , frappante + Poids pieu ) × enfoncement
Les auteurs ont également établi que le poids des pieux était inversement proportionnel à leur
résistance dynamique : l’augmentation de leur poids entraîne une diminution de leur
résistance dynamique.
A l’inverse, Yttrup et al., (1989) ont utilisé des micropieux en bois (les diamètres et les
longueurs ne sont pas précisées dans l’article) dont les poids étaient, d’une part, plus faibles
que ceux des autres pieux couramment utilisés et d’autre part, négligeables par rapport à celui
de la masse frappante employée lors de la phase de battage ; cette différence de poids pourrait
justifier, selon les auteurs, les résultats observés sur la Figure V-12.
La moyenne et la médiane des ratios calculés à partir des résultats obtenus sur les sites
expérimentaux et compilés par Janbu, (1952) valent respectivement 1,03 et 1,05. Le
coefficient de variation est égal à 44 %. Malgré cette dispersion, la moyenne et la médiane de
cette distribution montrent que la formule des « Hollandais » donne une bonne estimation de
la portance limite des pieux en bois.
2.3.1 Application de la méthode aux pieux battus sur les sites expérimentaux
La méthode 5-cu consiste à corréler la résistance au cisaillement non drainée du sol cu avec le
facteur d’adhérence 5.
Les valeurs de cu mesurées à Cubzac-les-Ponts et présentées dans le Chapitre IV, § 3.2.4 sont
utilisées pour calculer les résistances des pieux.
Le facteur d’adhérence 5 est déterminé avec les abaques de la Figure V-2c. Le facteur de
cohésion Nc est égal à 9 (Chapitre V, § 1.2.1.1).
Tableau V-5. Comparaison des résistances calculées et mesurées des pieux en bois– Cubzac-les-Ponts –
Méthode 6-cu
Site expérimental de Cubzac-les-Ponts
Pieu (essence) Rs,cal,7-Cu (kN) Rs,cal / Rs,mes Rb,cal,7-Cu (kN) Rb,cal / Rb,mes Rc,cal,7-Cu (kN) Rc,cal / Rc,mes
Pieu n°4 (pin) 103 2,95 8 2,66 112 2,94
Pieu n°5 (chêne) 110 2,30 9 1,80 119 2,24
Pieu n°9 (acacia) 96 1,85 7 1,75 103 1,84
Les résultats présentés dans le Tableau V-5 montrent que la méthode 5-cu surestime la
résistance de frottement des pieux en bois battus à Cubzac-les-Ponts d’un facteur 2,3. Les
279
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
résistances de pointe calculées des pieux sont également surestimées en moyenne d’un facteur
2,1. La valeur du facteur de cohésion Nc, initialement fixée à 9, semble alors trop élevée.
Les résultats détaillés dans le Tableau V-5 montrent que les abaques établis par Tomlinson,
(1994) (Figure V-2) surestiment le frottement latéral unitaire limite des pieux en bois et donc
le facteur d’adhérence 5. La Figure V-14 confirme cette tendance : les résultats des essais de
chargement compilés par Tomlinson et Wimpey, (1957) ; Flaate et Selnes, (1977) indiquent
des valeurs de 5 plus faibles que celles établies par Tomlinson, (1994).
Les valeurs du coefficient 5mesuré,Cubzac ont été déterminées en divisant le frottement latéral
unitaire limite des pieux en bois par la résistance au cisaillement non drainée de l’argile. Elles
sont notées sur la Figure V-14 et sont discutées dans le Chapitre V, § 2.3.2.
1,6 180
1,5 D=10B D=10B
D>40B 160
1,4 D>40B
Pieux en bois coniques (Tomlinson et Wimpey, 1957) Pieux en bois coniques (Tomlinson et Wimpey, 1957)
1,3 Pieux en bois à section droite (Tomlinson et Wimpey, 1957) Pieux en bois à section droite (Tomlinson et Wimpey, 1957)
Pieux en bois (Flaate et Selnes, 1977) 140 Pieux en bois (Flaate et Selnes, 1977)
1,2
Facteur d'adhérence 8
Pieux en bois raboutés (Flaate et Selnes, 1977) Pieux en bois raboutés (Flaate et Selnes, 1977)
1,1 Pieux en bois - Cubzac-les-Ponts
120 Pieux en bois - Cubzac-les-Ponts
1
qs (kPa)
0,9 100
0,8
0,7 80
0,6
0,5 60
0,4
40
0,3
0,2 20
0,1
0 0
0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250 0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250
cu (kPa) (a) cu (kPa) (b)
Figure V-14. Evolution du facteur d’adhérence 6 (a) et du frottement latéral unitaire limite des pieux (b) en
fonction de la résistance au cisaillement non drainée de l’argile – (modifié d’après Tomlinson, 1994)
280
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
25
8=0,8
qs,mes (kPa)
20
15
8=0,3
10
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60
cu (kPa)
Figure V-15. Evolution du frottement latéral unitaire limite des pieux en bois en fonction de la résistance au
cisaillement non drainée de l’argile
Le facteur d’adhérence 5mes,Cubzac varie entre 0,3 et 0,8. Il est donc inférieur aux valeurs
établies dans l’ouvrage « Timber Pile Design and Construction Manual » (AWPI, 2002)
(courbe en bleue sur la Figure V-15) et dans le dossier FOND 72 (Ministère de l’Equipement,
1972) (courbe en rouge sur la Figure V-15).
Par ailleurs, la plage de valeurs de ce facteur est moins étendue que celle établie par Flaate et
Selnes, (1977). Selon ces auteurs, 5 varie entre 0,4 et 1,5.
Enfin, les valeurs de 5mes,Cubzac se situent dans le nuage de points tracé à partir des données
publiées dans la littérature (Figure V-15).
Tomlinson, (1957)
Woodward et Boitano, (1961)
1,2
Kérisel, (1965)
Courbe proposée
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160
cu (kPa)
Figure V-16. Evolution du facteur d’adhérence 6 des pieux en bois en fonction de la résistance au
cisaillement non drainée de l’argile – proposition d’une courbe
281
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Les courbes tracées par Tomlinson et Wimpey, (1957) ; Tomlinson, (1994) et reprises par
l’AWPI, mais également celles proposées par Woodward et Boitano, (1961) et Kérisel, (1965)
(Chapitre V, § 1.2.1.1) présentent globalement la même forme : lorsque la résistance au
cisaillement non drainée de l’argile augmente, le facteur d’adhérence diminue. Les courbes
semblent converger, pour des valeurs élevées de cu, vers une valeur de 5 comprise entre 0,25
et 0,4.
La Figure V-16 montre que la majeure partie des courbes se situent en dehors du nuage de
points relatifs aux pieux en bois. Seule la courbe proposée par Tomlinson et Wimpey, (1957)
est en partie contenue dans le nuage, les autres étant tracées pour des résistances au
cisaillement supérieures à 20 kPa.
La courbe que nous proposons est située dans le nuage de points de la Figure V-16 et semble
plus appropriée aux pieux en bois que celles précédemment tracées par les différents auteurs.
Son expression est la suivante :
α = 1 si cu ≤ 10kPa (71)
8
α = 0, 25 + si cu > 10kPa (72)
cu
0,25 représente la valeur minimale du facteur d’adhérence mesurée dans les argiles raides.
2.4.1 Application de la méthode aux pieux battus sur les sites expérimentaux
Le calcul des résistances de pointe et de frottement des pieux par la méthode des contraintes
effectives fait intervenir la contrainte effective verticale dans le sol 3’v, le coefficient de
pression des terres K, l’angle de frottement d’interface sol-pieu 1 (le produit de K par tan(1)
étant noté 6) et le terme de profondeur Nq corrélé à l’angle de frottement interne du sol. Cette
méthode a été présentée dans le Chapitre V, § 1.2.1.2.
Les valeurs des paramètres de calcul de la méthode des contraintes effectives sont présentées
par la suite :
• Sur le site expérimental de Rouen, l’angle de frottement interne du limon argileux est égal
à 22° (Chapitre III, § 3.1.1), celui de l’argile sableuse est évalué à 29°. L’angle de
frottement interne des sables graves est corrélé aux données de NSPT (Tableau V-6) et est
égal à 38°.
282
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Le poids volumique du limon argileux est égal à 14 kN/m3 (Chapitre III, § 2.1.2.1), celui
des sables graves est fixé arbitrairement à 19 kN/m3 et celui de l’argile sableuse à
18 kN/m3.
Les valeurs de 6 relatives aux différentes couches de sol sont déterminées à partir de la
Figure V-5 et sont égales à 0,20 (limon argileux), 0,37 (argile sableuse) et 0,50 (sables
graves).
Le facteur de portance Nq dans l’argile sableuse vaut 20 (Figure V-6) ;
Tableau V-6. Corrélations empiriques entre NSPT et l’angle de frottement interne des sables graves (modifié
d’après AWPI, 2002)
Description Très lâche Lâche Médium Dense Très dense
N’ corrigée 0à4 4 à 10 10 à 30 30 à 50 >50
Angle de frottement (°) 25-30 27-32 30-35 35-40 38-43
Le Tableau V-7 et le Tableau V-8 présentent les valeurs des résistances de pointe et de
frottement des pieux calculées avec la méthode des contraintes effectives, ainsi que les ratios
entre les données calculées et mesurées sur les plots.
Tableau V-7. Comparaison des résistances calculées et mesurées des pieux en bois– Rouen – Méthode des
contraintes effectives
Site expérimental de Rouen
Pieu (essence) Rs,cal,3’eff (kN) Rs,cal / Rs,mes Rb,cal, 3’eff (kN) Rb,cal / Rb,mes Rc,cal, 3’eff (kN) Rc,cal / Rc,mes
Pieu n°1 (hêtre) 67 0,34 39 0,89 106 0,44
Pieu n°2 (hêtre) 80 0,27 57 1,49 136 0,42
Pieu n°3 (pin) 66 0,30 38 0,41 104 0,33
Pieu n°4 (pin) 62 0,47 35 0,40 97 0,44
Pieu n°5 (chêne) 66 0,51 37 0,56 103 0,53
Pieu n°8 (acacia) 54 0,34 25 0,40 79 0,36
Pieu n°9 (acacia) 57 0,37 29 0,43 87 0,39
Tableau V-8. Comparaison des résistances calculées et mesurées des pieux en bois - Cubzac-les-Ponts –
Méthode des contraintes effectives
Site expérimental de Cubzac-les-Ponts
Pieu (essence) Rs,cal,3’eff (kN) Rs,cal / Rs,mes Rb,cal, 3’eff (kN) Rb,cal / Rb,mes Rc,cal, 3’eff (kN) Rc,cal / Rc,mes
Pieu n°4 (pin) 33 0,94 20 6,66 53 1,40
Pieu n°5 (chêne) 35 0,73 22 4,36 57 1,07
Pieu n°9 (acacia) 30 0,58 17 4,25 47 0,84
283
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
La Figure V-17 et la Figure V-18 présentent les distributions des ratios Rs,cal/Rs,mes,
Rb,cal/Rb,mes et Rc,cal/Rc,mes calculés à partir de la méthode des contraintes effectives.
4
Rs,cal/Rs,mes
Rouen Rb,cal/Rb,mes
3 Rc,cal/Rc,mes
Fréquence
Nbre valeurs Médiane Moyenne Ecart-type
Rs,cal/Rs,mes 7 0,34 0,37 0,08
2 Rb,cal/Rb,mes 7 0,43 0,65 0,38
Rc,cal/Rc,mes 7 0,39 0,41 0,06
0
,1
,2
,3
,4
,5
,6
,7
,8
,9
-1
,1
,2
,3
,4
,5
,6
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-1
-1
-1
-1
-1
-0
-1
9
0,
0
5
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
1,
1,
1,
1,
1,
Ri,cal/Ri,mes
Figure V-17. Distributions des ratios Rs,cal/Rs,mes, Rb,cal/Rb,mes, Rc,cal/Rc,mes - Rouen – Méthode des contraintes
effectives
3
Rs,cal/Rs,mes Cubzac-les-Ponts
Rb,cal/Rb,mes
Rc,cal/Rc,mes
2
Fréquence
0
,2
,3
,4
,5
,6
,7
,8
,9
,2
,3
,4
,5
,1
-1
,1
-7
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-1
-1
-1
-1
-0
-1
9
5
0,
1,
1
4
0
1
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
1,
1,
1,
1,
Ri,cal/Ri,m es
Figure V-18. Distributions des ratios Rs,cal/Rs,mes, Rb,cal/Rb,mes, Rc,cal/Rc,mes – Cubzac-les-Ponts – Méthode des
contraintes effectives
Les distributions des ratios Rs,cal/Rs,mes et Rb,cal/Rb,mes relatives aux pieux battus sur le site de
Rouen (Figure V-17) montrent que la méthode des contraintes effectives sous-estime la
résistance de pointe et la résistance de frottement. Elles sont respectivement en moyenne 63 et
35 % plus faibles que les valeurs mesurées. La dispersion des valeurs de NSPT mesurées sur
site et présentées dans le Chapitre IV, § 2.2.2.7 ainsi que les incertitudes sur les angles de
frottement des sols déterminés par corrélation avec NSPT pourraient expliquer les tendances
observées. Enfin, les portances limites calculées des pieux sont en moyenne 2,5 fois plus
faibles que les portances limites mesurées.
A l’inverse, les résistances de pointe calculées sur le site de Cubzac-les-Ponts (Figure V-18)
sont surestimées et mettent en évidence les limites de cette méthode de dimensionnement
dans des argiles présentant de faibles propriétés de résistance. Les résistances de frottement
284
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
calculées des pieux sont en moyenne 26 % plus faibles que les mesures expérimentales, tandis
que les portances limites calculées sont proches des valeurs mesurées.
Les plages de valeurs des coefficients 6mes , Kmes et Nq,mes sont déterminées à partir des
mesures réalisées sur les plots et sont détaillées dans le Chapitre V, § 2.4.2. Les résultats sont
comparés aux données publiées dans la littérature.
3 3
Profondeur = 1,05m
Rouen Profondeur = 1,80m Cubzac-les-Ponts Profondeur = 0,93m
Profondeur = 2,55m Profondeur = 1,68m
Profondeur = 3,30m Profondeur = 2,43m
Profondeur = 3,18m
Profondeur = 4,05m
Profondeur = 3,93m
Profondeur = 4,63m Profondeur = 4,51m
2 2
Fréquence
Fréquence
1 1
0 0
,2
,3
,4
,5
,6
,7
,8
,9
,2
,1
-1
,1
,4
,6
,8
,4
,6
,8
,2
-1
,2
-2
-5
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-1
-0
-1
-0
-0
-0
-1
-1
-1
-0
-1
9
8
0,
0,
1,
1
0
1
2
6
0
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
1,
0,
0,
0,
1,
1,
1,
Figure V-19. Distributions des coefficients 7mes sur les plots expérimentaux de Rouen (a) et de Cubzac-les-
Ponts (b)
La Figure V-19a montre que 46 % des coefficients 6mes établis à partir des données obtenues
sur le site expérimental de Rouen présentent des valeurs supérieures à 1. La Figure V-19b
montre que 93 % des coefficients 6mes déterminés à partir des résultats des essais de
chargement de Cubzac-les-Ponts sont inférieurs à 1.
Deux hypothèses peuvent justifier les valeurs du facteur 6mes établies à partir des résultats
d’essais obtenus sur le plot expérimental de Rouen :
• Les frottements latéraux unitaires limites des pieux mesurés à proximité du terrain naturel
pourraient être surestimés, mettant ainsi en évidence les limites du système
d’instrumentation des pieux en bois avec des extensomètres amovibles à de faibles
profondeurs ;
• La méthode des contraintes effectives est appliquée, dans la littérature, pour des pieux de
longueur supérieure à 10 m. Les coefficients 6 sont alors compris entre 0,2 et 0,6 (Figure
285
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
V-3). Les couches de sol situées à proximité du terrain naturel à Rouen ne sont pas ou peu
confinées et peuvent donc être surconsolidées, suite aux mouvements de la nappe et aux
précédentes contraintes appliquées sur le terrain (le ratio de surconsolidation du limon
argileux de Rouen est égal à 2,5 (Chapitre III, § 2.1.3)). Le phénomène de dilatance des
sols pourrait être à l’origine des valeurs de 6 supérieures à l’unité. On retrouve cette
tendance dans le procédé de Terre Armée : la dilatance du sol entraîne une variation du
coefficient d’adhérence sol-armature entre 1,5 (en surface) et tan(2’) (à partir de 6 m de
profondeur) (Schlosser, 1972).
Le dimensionnement des pieux en bois avec la méthode des contraintes effectives permet
donc de mettre en évidence les limites de cette méthode à de faibles profondeurs.
Les valeurs du facteur 6mes déterminées sur les deux plots expérimentaux et inférieures à
l’unité sont comparées aux données bibliographiques présentées dans le Chapitre V, § 1.2.1.2
(Figure V-20). Les valeurs de 6mes supérieures à l’unité ne sont pas prises en compte.
100
Sable grave - Rouen 9=0,9
90 Argile limon - Rouen
9=0,85 9=0,6
Argile - Cubzac-les-Ponts
80
Pieux en bois - Argile (Flaate et Selnes, 1977)
70 Pieux en bois - Argile (Tomlinson et Wimpey, 1957) Timber Pile Design and
9=0,5 Construction Manual (AWPI, 2002)
60
qs,mes (kPa)
6
50 Argile [0,24 ; 0,4]
Limon [0,28 ; 0,5]
40 9=0,25
Sable [0,3 ; 0,6]
30 Grave [0,35 ; 0,8]
20
9=0,1
10
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160
1' v (kPa)
Figure V-20. Evolution du frottement latéral unitaire limite des pieux en bois en fonction de la contrainte
verticale effective dans le sol
Les résultats des essais de chargement des pieux en bois compilés par Flaate et Selnes,
(1977) ; Tomlinson et Wimpey, (1957) montrent une faible dispersion du coefficient 6, dont
les valeurs extrémales sont comprises entre 0,2 et 0,4 (Chapitre V, § 1.2.1.2).
Les valeurs du coefficient 6mes établies à partir des essais de chargement effectués à Rouen
présentent une dispersion plus importante, pouvant être justifiée par les incertitudes sur les
poids volumiques des matériaux (notamment celui des sables graves) et sur les mesures des
frottements latéraux unitaires limites :
• Les coefficients 6mes déterminés dans le limon argileux et l’argile sableuse de Rouen
varient entre 0,5 et 0,9 (Figure V-20). Ces valeurs sont supérieures à celles établies dans
l’ouvrage « Timber Pile Design and Construction Manual » (AWPI, 2002) (Figure V-5) et
comprises, pour cette nature de sol, entre 0,24 et 0,5 ;
286
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
• Les valeurs extrémales du coefficient 6mes déterminées dans les sables graves de Rouen
sont égales à 0,25 et 0,85. Cette plage de valeurs est plus étendue que celle établie dans le
guide « Timber Pile Design and Construction Manual » (AWPI, 2002) (Figure V-20).
Enfin, les coefficients 6mes issus des essais de chargement réalisés à Cubzac-les-Ponts sont
compris entre 0,1 et 0,6. Cette plage de valeurs est également plus étendue que celle établie
dans le guide « Timber Pile Design and Construction Manual » (AWPI, 2002) (Figure V-20).
La dispersion des coefficients 6mes obtenus sur les deux plots expérimentaux peut être justifiée
par les incertitudes sur les mesures des frottements latéraux unitaires limites et sur les valeurs
des poids volumiques des matériaux.
A l’inverse, la plage de valeurs du coefficient 6 établie par Flaate et Selnes, (1977) et
Tomlinson et Wimpey, (1957) est faiblement étendue, les valeurs extrémales de ce coefficient
étant égales à 0,2 et 0,4 (Chapitre V, § 1.2.1.2).
9
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
0
10
20
Profondeur (m)
30
Figure V-21. Evolution du facteur 7 en fonction de la profondeur – Compilation des données publiées dans la
littérature et obtenues sur les deux plots expérimentaux (modifié d’après Le Tirant, 1992)
La Figure V-21 confirme la dispersion des coefficients 6mes déterminés sur les plots
expérimentaux de Rouen et de Cubzac-les-Ponts :
• Ils sont en majorité supérieurs aux valeurs du facteur 6 publiées dans la littérature.
Certains sont contenus dans le nuage de points ;
• Les coefficients 6mes sont également supérieurs aux valeurs retenues par Frank, (2003)
dans les argiles limons et les sables graves pour le calcul du frottement négatif des pieux
battus (Tableau V-9).
287
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Tableau V-9. Valeurs de 7=Ktan(4) – frottement négatif des pieux (modifié d’après Frank, 2003)
Nature du terrain Valeurs de 6 Ktan(1) – Pieux battus
Mous 0,20
Argiles Limons
Fermes à durs 0,30
Très lâches 0,35
Sables Graves Lâches 0,45
Autres 1,00
Tableau V-10. Valeurs des angles de frottement 4bois-limon mesurés en laboratoire et des facteurs 7mes
Teneur en
1pin-limon 1chêne- 1chêne ancien-
eau limon Pieu n°4 Pieu n°5 Pieu n°8 Pieu n°9
(°) (°)
limon limon (°)
(%)
0 25,6 22,7 30,6 Prof (m) 6mes Prof (m) 6mes Prof (m) 6mes Prof (m) 6mes
15 29,3 28,1 29,8 1,8 0,91 1,8 0,44 1,8 0,56
25 29,8 31,6 33,0 4,63 0,58
4,63 0,96 4,63 0,74 4,63 0,79
35 26,3 24,7 26,5
16
Kexpérimental
14 Loi normale
12
Fréquence
10
0
,4
,6
,8
,4
,6
,8
,4
,6
,2
-1
,2
-2
,2
-0
-0
-0
-1
-1
-1
-2
-2
-0
-1
-2
8
8
0,
1,
2
4
0
2
0,
0,
0,
1,
1,
1,
2,
2,
Kmes
288
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
La plage de valeurs du facteur de portance Nq présentée dans le guide « Timber Pile Design
and Construction Manual » (AWPI, 2002) pour les argiles et les limons est comprise entre 3
et 40 (Figure V-6).
Les valeurs du facteur Nq,mes mesurées sur le plot expérimental de Cubzac-les-Ponts sont
comprises entre 1,8 et 2,8 et sont donc proches de la limite inférieure de cette plage de
valeurs.
A l’inverse, celles établies à partir des essais de chargement réalisés à Rouen sont, en majeure
partie, supérieures à 40 (Tableau V-11).
Sur le plot expérimental de Rouen, les pointes des pieux étaient encastrées dans une couche
plus raide que celle du site de Cubzac-les-Ponts (pieux considérés comme flottants), ce qui
permet de justifier les différences observées dans le Tableau V-11.
289
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Tableau V-12. Comparaison des résistances calculées et mesurées des pieux en bois– Rouen – NEN-67-43
Site expérimental de Rouen
Rs,cal,NEN-67-43 Rb,cal,NEN-67-43 Rc,cal,NEN-67-43
Pieu (essence) Rs,cal / Rs,mes Rb,cal / Rb,mes Rc,cal / Rc,mes
(kN) (kN) (kN)
Pieu n°1 (hêtre) 111 0,57 91 2,07 202 0,814
Pieu n°2 (hêtre) 132 0,45 132 3,88 265 0,81
Pieu n°3 (pin) 109 0,49 90 0,96 199 0,63
Pieu n°4 (pin) 103 0,77 82 0,94 184 0,83
Pieu n°5 (chêne) 109 0,84 87 1,31 197 1,00
Pieu n°8 (acacia) 89 0,57 59 0,95 148 0,68
Pieu n°9 (acacia) 95 0,59 69 1,01 164 0,74
Tableau V-13. Comparaison des résistances calculées et mesurées des pieux en bois– Cubzac -les-Ponts –
NEN-67-43
Site expérimental de Cubzac-les-Ponts
Rs,cal,NEN-67-43 Rb,cal,NEN-67-43 Rc,cal,NEN-67-43
Pieu (essence) Rs,cal / Rs,mes Rb,cal / Rb,mes Rc,cal / Rc,mes
(kN) (kN) (kN)
Pieu n°4 (pin) 27 0,77 16 5,33 43 1,14
Pieu n°5 (chêne) 29 0,59 17 3,40 46 0,86
Pieu n°9 (acacia) 25 0,48 14 3,50 39 0,69
La Figure V-23 et la Figure V-24 présentent les distributions des ratios Rs,cal/Rs,mes,
Rb,cal/Rb,mes et Rc,cal/Rc,mes calculés à partir de la méthode établie dans la norme hollandaise
NEN-67-43, (1991).
290
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Fréquence
Rs,cal/Rs,mes
Rb,cal/Rb,mes
Rc,cal/Rc,mes
1
0
0, ,1
0, 0,2
0, ,3
0, 0,4
0, 0,5
0, ,6
0, 0,7
0, ,8
0, 9
-1
1, 1,1
1, 1,2
1, 1,3
1, 1,4
1, 1,5
1, 1,6
1, 1,7
1, ,8
1, 9
-2
-4
,
,
-0
-0
-0
-0
-0
-1
-1
9
9
2
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
0
1
2
3
4
5
6
7
8
1
1
2
3
4
5
6
7
8
Ri,cal/Ri,mes
Figure V-23. Distributions des ratios Rs,cal/Rs,mes, Rb,cal/Rb,mes, Rc,cal/Rc,mes – Rouen – NEN-67-43
3
Rs,cal/Rs,mes Cubzac-les-Ponts
Rb,cal/Rb,mes Nbre valeurs Médiane Moyenne Ecart-type
Rs,cal/Rs,mes 3 0,57 0,61 0,15
Rc,cal/Rc,mes Rb,cal/Rb,mes 3 3,50 4,13 1,14
Fréquence
0
,2
,3
,4
,5
,6
,7
,8
,9
,2
,3
,4
,5
,1
-1
,1
-6
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-1
-1
-1
-1
-0
-1
9
5
0,
1,
0
4
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
1,
1,
1,
1,
Ri,cal/Ri,mes
Figure V-24. Distributions des ratios Rs,cal/Rs,mes, Rb,cal/Rb,mes, Rc,cal/Rc,mes – Cubzac-les-Ponts – NEN-67-43
Les résultats que nous avons obtenus sur la Figure V-23 montrent que la méthode de
dimensionnement hollandaise des fondations profondes NEN-67-43, (1991) sous-estime la
résistance de frottement et la portance limite des pieux en bois battus sur le plot expérimental
de Rouen. Les moyennes et écarts-types des ratios Rs,cal/Rs,mes et Rc,cal/Rc,mes sont
respectivement égaux à 0,61 et 0,79 et à 0,14 et 0,13. Les coefficients de variation atteignent
23 et 17 %.
Les résistances de pointe calculées sont proches des valeurs expérimentales, mis à part celles
des deux pieux en hêtre pour lesquels l’effort de pointe est surestimé d’un facteur 3 (Figure
V-23 et Tableau V-12).
Les résistances de pointe calculées des pieux en bois battus à Cubzac-les-Ponts sont
surestimées d’un facteur 4 (Tableau V-13), tandis que les résistances de frottement sont en
moyenne 38 % plus faibles que celles mesurées sur site.
Enfin, les portances limites calculées des trois pieux sont en moyenne 10 % plus faibles que
les portances limites mesurées.
291
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Tableau V-14. Valeurs du frottement latéral local fs et des paramètres 6 et K – Rouen – Méthode de
Nottingham, (1975) et Schmertmann, (1978)
Profondeur (m) qc (MPa) fs (MPa) 7 K
0,40 X X
1,05 0,0077 1,09
1,80 0,0080 1,09
2,55 0,0091 X K ∈ [1 ; 1,23]
3,30 0,034 X
4,05 0,036 X
4,63 3,3 0,020 1,09
Le Tableau V-15 présente les valeurs des résistances de pointe et de frottement des pieux
calculées avec cette méthode, ainsi que les ratios entre les données calculées et mesurées.
Tableau V-15. Comparaison des résistances calculées et mesurées des pieux en bois– Rouen – Méthode de
Nottingham, (1975) et Schmertmann, (1978)
Site expérimental de Rouen
Pieu (essence) Rs,cal,N&S (kN) Rs,cal / Rs,mes Rb,cal,N&S (kN) Rb,cal / Rb,mes Rc,cal,N&S (kN) Rc,cal / Rc,mes
Pieu n°1 (hêtre) 73 0,37 91 2,07 164 0,68
Pieu n°2 (hêtre) 96 0,33 132 3,88 228 0,69
Pieu n°3 (pin) 71 0,32 90 0,96 161 0,51
Pieu n°4 (pin) 66 0,49 82 0,94 147 0,67
Pieu n°5 (chêne) 71 0,54 87 1,31 159 0,81
Pieu n°8 (acacia) 56 0,35 59 0,95 114 0,52
Pieu n°9 (acacia) 59 0,38 69 1,01 128 0,57
La Figure V-25 présente les distributions des ratios Rs,cal/Rs,mes, Rb,cal/Rb,mes et Rc,cal/Rc,mes
calculés à partir de la méthode de dimensionnement de Nottingham, (1975) et Schmertmann,
(1978).
292
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
5
Rouen
Nbre valeurs Médiane Moyenne Ecart-type
4 Rs,cal/Rs,mes 7 0,37 0,40 0,08
Rb,cal/Rb,mes 7 1,01 1,59 1,09
Rc,cal/Rc,mes 7 0,67 0,64 0,10
Fréquence 3
Rs,cal/Rs,mes
2 Rb,cal/Rb,mes
Rc,cal/Rc,mes
0
0, ,2
0, ,3
0, ,4
0, ,5
0, ,6
0, ,7
0, ,8
,9
1, ,2
1, ,3
1, ,4
1, ,5
1, ,6
1, ,7
1, ,8
,9
-4
0, ,1
-1
1, ,1
-2
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-1
-1
-1
-1
-1
-1
-1
-1
-0
-1
2
9
9
0,
1,
1
8
0
1
Ri,cal/Ri,m es
Figure V-25. Distributions des ratios Rs,cal/Rs,mes, Rb,cal/Rb,mes, Rc,cal/Rc,mes – Rouen – Méthode de Nottingham,
(1975) et Schmertmann, (1978)
La synthèse de l’ensemble de ces résultats est présentée dans la partie 5 en fin de chapitre.
293
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Tableau V-16. Expressions de qs en fonction de la pression limite du terrain établies par Ménard, (1963)
Si pl>400kPa sur une hauteur égale à 3
pl (kPa) qs (kPa)
diamètres au-dessus de la pointe
pl<80 qs=pl/5 qs=pl/5
80<pl<400 qs=pl/10+8 qs=pl/10+8
400<pl<900 qs=pl/20+28 qs=pl/7-10
pl>900 qs=80 qs=120
En 1965, à la suite d’essais de chargement statique de pieux supplémentaires dans des terrains
limoneux et sableux, L. Ménard (Ménard, 1965, cité par Combarieu, 1996) a modifié les
règles de calcul de qs et kp (Figure V-26) :
• Le frottement latéral unitaire limite était déterminé en fonction de la nature du sol et du
type de pieu utilisé (pieux forés et battus traditionnels relatifs aux courbes A et B) et pieux
spéciaux (pieux injectés selon Combarieu, (1999)) relatifs à la courbe C) ;
• Le facteur de portance kp dépendait de la nature du sol (quatre natures définies), du type
de pieu et de son encastrement critique hc, défini comme le ratio entre la profondeur
294
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
qs (MPa)
kp
Sable et gravier
très compact
Sable et gravier
Roche
Argile et limon
pl (MPa)
hc/R
(a) (b)
Figure V-26. Evolutions de qs en fonction de pl (a) et de kp en fonction de hc/R (b) établies par Ménard, (1965)
(modifié d’après Combarieu, 1996, 1999)
Tableau V-18. Choix des courbes en fonction du type de pieu établi dans le FOND 72 (Ministère de
l’Equipement, 1972)
Type de pieu Fût en béton Fût en acier
50% des valeurs de
Foré Courbe A
la courbe A
Battu Courbe B Courbe A
295
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
140
120
100
qs (kPa)
80
60
Courbe A
40
Courbe B
20
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5
pl (MPa)
Figure V-27. Evolution du frottement latéral unitaire limite en fonction de la pression limite (modifié d’après
le FOND 72 (Ministère de l’Equipement, 1972))
Le début des années 1970 a donc été marqué par le lancement d’une importante campagne
d’essais de chargement statique de pieux. Leur instrumentation avec des extensomètres
amovibles dès 1971 a permis de dissocier la résistance de pointe de la résistance de
frottement. Les paramètres établis par la méthode pressiométrique dans le FOND 72
(Ministère de l’Equipement, 1972) ont été réajustés à partir de l’ensemble des données
collectées et les règles de calcul de portance modifiées :
• Les catégories de sols ont été redéfinies et complétées ;
• Les valeurs du facteur de portance kp ont été réduites. Les résultats des essais ont montré
qu’elles avaient été surestimées ;
• Le frottement latéral unitaire limite des pieux a été réduit ou augmenté en fonction de la
nature du sol, du mode de mise en œuvre et du type de pieu (Bustamante et Gianeselli,
1981).
Les résultats des travaux sur les fondations des ouvrages de génie civil menés par Bustamante
et Gianeselli, (1981) ont été publiés conjointement par le SETRA et le LCPC en 1985
(SETRA-LCPC, 1985, cités par Combarieu, 1999), sous forme de nouvelles règles de
justification des fondations sur pieux.
Les modifications des règles de calcul établies dans le dossier pilote FOND 72 (Ministère de
l’Equipement, 1972) par Bustamante et Gianeselli, (1981) ont été reprises lors de la rédaction
du Document Technique Unifié DTU 13.2 (AFNOR, 1992), publié en 1992. Ce document
296
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
présentait les méthodes de dimensionnement des fondations profondes des bâtiments. Elles
sont détaillées en Annexe F.
Les règles publiées dans le DTU 13.2 (AFNOR, 1992) différaient de celles établies dans le
document publié par le SETRA et le LCPC en 1985 dans la mesure où ces dernières faisaient
l’objet d’un niveau de sécurité plus élevé dans la prévision de la résistance de frottement.
Certains résultats expérimentaux n’ont par ailleurs pas été pris en compte dans le DTU 13.2
(AFNOR, 1992), mais uniquement dans les règles publiées par le SETRA et le LCPC en 1985
(Combarieu, 1996).
Enfin, la poursuite des essais de chargement dans les années 1980, le réajustement des valeurs
de kp et qs, ainsi que l’introduction du calcul des pieux aux états limites ont conduit à la
publication de nouvelles règles de calcul de portance établies dans le Fascicule 62 Titre V
(MELT, 1993) du CCTG en 1993 (ce document a été élaboré au cours de la décennie qui a
précédé sa publication). 17 techniques de réalisation de pieux ont alors été identifiées.
3.1.4 Règles de calcul des fondations profondes établies dans le Fascicule 62-
V (MELT, 1993)
Le frottement latéral unitaire limite des pieux qs était lu sur l’abaque de la Figure V-28 en
fonction du mode de mise en œuvre du pieu, de la nature du sol et la pression limite pl
mesurée dans le sol. Les classes A, B et C des sols étaient fonction de la pression limite dans
le terrain (Figure V-29). Le Fascicule 62-V (MELT, 1993) donnait également des équations
approchant les courbes.
qs (MPa)
0,40
Q1
0,35 Q2 Sols Argile Limon Sable Grave Craie Marne
Roche
Type de pieu A B C A B C A B C A B
Q3
Q1 Q2 Q4 Q4
0,30 Q4 Foré simple Q1 - - - Q1 Q3 Q3 Q6
Q2 Q3 Q5 Q5
Q5 Q1 Q1 Q2 Q3 Q4 Q4
Foré Boue Q1 Q1 Q1 Q3 Q3 Q6
0,25 Q6 Q2 Q2 Q1 Q2 Q5 Q5
Q1 Q1 Q2 Q3 Q3
Q7 Foré tube (tube récupéré) Q1 Q1 Q1 Q2 Q3 Q4 -
Q2 Q2 Q1 Q2 Q4
0,20 Foré tube (tube perdu) Q1 Q1 Q1 Q1 Q1 Q2 - - - Q2 Q3 -
Puits Q1 Q2 Q3 - - - Q1 Q2 Q3 Q4 Q5 Q6
0,15 Métal battu fermé Q1 Q2 Q2 Q2 Q2 Q3 - - - Q3 Q4 Q4
Battu préfabriqué béton Q1 Q2 Q2 Q3 Q3 Q3 - - - Q3 Q4 Q4
0,10 Battu moulé Q1 Q2 Q2 Q2 Q2 Q3 Q1 Q2 Q3 Q3 Q4 -
Battu enrobé Q1 Q2 Q2 Q3 Q3 Q4 - - - Q3 Q4 -
Injecté basse pression Q1 Q2 Q2 Q3 Q3 Q3 Q2 Q3 Q4 Q5 Q5 -
0,05 Inhecté haute pression - Q4 Q5 Q5 Q5 Q6 - Q5 Q6 Q5 Q6 Q7
0,00
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5 5,0
pl (MPa)
(a) (b)
Figure V-28. Abaque du frottement latéral unitaire qs (a) et choix de la courbe de frottement latéral unitaire
limite qs (b) (modifié d’après le Fascicule 62-V (MELT, 1993))
297
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
(a) (b)
Figure V-29. Pression limite nette équivalente (a) et valeurs du coefficient de portance kp (b) (modifié d'après
le Fascicule 62-V (MELT, 1993))
avec R fluage ,cal = 0,5 Rb ,cal + 0, 7 Rs ,cal pour les pieux mis en œuvre sans refoulement du sol
R fluage ,cal = 0, 7 Rb ,cal + 0, 7 Rs ,cal pour les pieux mis en œuvre avec refoulement du sol
298
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Suite à ce travail, les auteurs ont proposé, en 2006, un modèle de calcul pressiométrique
différent de celui établi dans le Fascicule 62-V (MELT, 1993). Ils ont identifié 20 techniques
de réalisation de pieux différentes, contre 17 définies dans le Fascicule 62-V (MELT, 1993) et
19 dans le DTU 13.2 (AFNOR, 1992). Ces techniques étaient réparties en huit classes
(Tableau V-19). Parmi ces classes, la classe 4 regroupait les pieux battus béton préfabriqué ou
précontraint, battus enrobés, battus moulés et battus acier fermés.
Le frottement latéral unitaire limite qs était lu sur l’abaque de la Figure V-30 en fonction de la
technique de réalisation du pieu, de la nature du sol et la pression limite pl du sol. Bustamante
et Gianeselli, (2006) ont tracé 10 courbes de frottement latéral unitaire en fonction de la
pression limite et établi cinq grandes catégories de sols (Tableau V-19).
Figure V-30. Evolution du frottement latéral unitaire limite qs des pieux en fonction de la pression limite du
terrain pl (Bustamante et Gianeselli, 2006)
299
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Les expressions mathématiques des courbes de frottement latéral unitaire tracées sur la Figure
V-30 ont été établies par Burlon et al., (2013) et étaient de la forme :
qsi ( pl ) = (ai pl + bi )(1 − e− c p ) ( i ∈ [1;10] ) (77)
i l
Avec ai, bi et ci trois paramètres dépendants de la nature du sol et du type de pieu mis en
œuvre.
Le calcul de la pression limite nette équivalente p*LMe a été détaillé dans le Chapitre V,
§ 3.1.4.2. Contrairement au Fascicule 62-V (MELT, 1993), le facteur de portance kp
présentait une valeur unique pour chaque catégorie de sol et technique de pieu (Tableau
V-19).
300
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
3.1.6 Règles de calcul des fondations profondes proposées par Burlon et al.,
(2013)
L’Eurocode 7, relatif au calcul géotechnique, comporte deux parties distinctes : la première,
publiée en 2004, présente des règles générales et définit les principes de calcul géotechnique
dans le cadre de l’approche aux états limites ; la seconde, publiée en 2007, est relative aux
essais en laboratoire et in situ. Elle donne les exigences pour les appareillages, les procédures
d’essais, la présentation, l’interprétation des résultats et fournit en annexe des méthodes de
dimensionnement des ouvrages (Frank, 2010).
Les méthodes de calculs différant d’un pays à un autre, les règles et les formules de
dimensionnement ne sont pas définies dans l’Eurocode 7, mais dans des annexes
« informatives » qui peuvent être rendues « normatives » et constituer des annexes nationales.
La mise en conformité des règles de calcul françaises par rapport aux exigences établies dans
l’Eurocode 7 (Chapitre V, § 3.2 et § 3.3) a motivé la reprise des méthodes de calcul établies
dans le Fascicule 62-V (MELT, 1993). Ces dernières, ainsi que celles proposées par
Bustamante et Gianeselli, (2006), ont été reprises et modifiées par Burlon et al., (2013).
La classification des techniques de réalisation des pieux établies par Bustamante et Gianeselli,
(2006) a été conservée, les cinq catégories de sols précisées et les paramètres de calcul qs et kp
modifiés. Ces travaux se sont appuyés sur l’exploitation d’une base de données d’essais de
chargement statique de pieux, préalablement initiée par Bustamante et Gianeselli, (2006).
301
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Cette base de données contient à ce jour 215 sites différents (Bustamante et Gianeselli, 2006)
et 174 essais exploitables pour le calcul des résistances de pointe et de frottement. L’intérêt
d’une telle base est de définir et de caler des méthodes de dimensionnement à l’aide d’un
grand nombre d’essais sur des types de pieux et des natures de sols différents. Elles reposent
sur les mesures des résistances de frottement et de pointe des pieux ainsi que sur
l’établissement de corrélations entre ces résistances et les caractéristiques pressiométriques et
pénétrométriques du sol.
Les 20 classes de pieux établies par Bustamante et Gianeselli, (2006) ont été scindées en deux
groupes, G1 et G2, définis pour l’exploitation de la base de données. Le groupe G1 regroupe
tous les pieux, hormis les catégories 10, 15 et 17 à 20 regroupées dans le groupe G2.
Les paramètres a, b, c et 5pieu-sol ont été calés à partir de nuages de points relatifs aux
différents essais de pieux réalisés dans les cinq natures de sols différentes et collectés dans la
base de données.
La forme des courbes fsol est présentée sur la Figure V-31.
Tableau V-20. Valeurs numériques des paramètres a, b et c (modifié d’après Burlon et al., 2013)
Argile (%CaCO3<30%) Sols Marne et Roche
Nature de sol Limon intermédiaires Craie Calcaire- altérée ou
Sols intermédiaires Sable Grave Marneux fragmentée
Choix courbe Q1 Q2 Q3 Q4 Q5
a 0,003 0,01 0,007 0,008 0,01
b 0,04 0,06 0,07 0,08 0,08
c 3,5 1,2 1,3 3 3
302
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Tableau V-21. Paramètres adimensionnels 6pieu-sol et facteurs de portance kp (modifié d’après Burlon et al.,
2013)
Technique de Argile Limon Sable Grave Craie Marno-calcaire Roche altérée
Groupe Classe
réalisation kp 5pieu-sol kp 5pieu-sol kp 5pieu-sol kp 5pieu-sol kp 5pieu-sol
1-Foré simple G1 1,1 1 1,8 1,5 1,6
2-Foré boue G1 1,25 1,4 1,8 1,5 1,6
3-Foré tubé virole
G1 0,7 0,6 0,5 0,9 -
perdue
4-Foré tubé virole 1 1,15 1,1 1,45 1,45 1,45
G1 1,25 1,4 1,7 1,4 -
récupérée
5-Foré simple ou
boue avec G1 1,3 - - - -
rainurage, puits
6-Foré tarière
continue simple et G1 2 1,3 1,5 1,65 1,8 1,6 2,1 1,6 1,6 2 1,6
double rotation
7-Vissé moulé G1 1,9 2,1 1,7 1,7 -
3 1,55 3,2 2,35 2,1 2,1
8-Vissé tubé G1 0,6 0,6 1 0,7 -
9-Battu béton
préfabriqué ou G1 1,1 1,4 1 0,9 -
précontraint
10-Battu enrobé
(béton-mortier- G2 4 1,35 2 3,1 2,1 2,3 0,9 2,3 1,6 2,3 -
coulis)
11-Battu moulé G1 1,2 1,4 1,6 1 -
12-Battu acier
G1 0,8 1,2 1 0,9 -
fermé
13-Battu acier
G1 5 1,0 1,2 1,9 0,7 1,4 0,9 1,4 1, 1,2 1
ouvert
14-Profilé H battu G1 1,1 1 1 1 0,9
15-Profilé H battu
6 1,20 3,1 1,7 2,2 1,5
injecté IGU ou G2 2,7 2,9 1 2,4 2,4
IRS
16-Palplanches
G1 7 1,0 0,9 1,0 0,8 1,0 2,4 1,0 1,2 1,2 1,2
battues
17-Micropieu
G2 - - 1,2 - -
type I
1 1,15 1,1 1,45 1,45 1,45
18-Micropieu
G2 - - - - -
type II
19-Pieu ou
micropieu injecté G2 2,7 2,9 - 2,4 2,4
type III
8 1,15 1,1 1,45 1,45 1,45
20-Pieu ou
micropieu injecté G2 3,4 3,8 2,4 3,1 3,1
type IV
0,16
Q1 - Argiles/limons
Q2 - Sables/graves
0,14 Q3 - Craie
Q4 - Marne et Calcaire marneux
Q5 - Roche altérée et fragmentée
0,12
0,1
fsol (MPa)
0,08
0,06
0,04
0,02
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5 5,5 6
Pression limite pl (MPa)
Figure V-31. Abaque des courbes fsol (modifié d’après Burlon et al., 2013)
303
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
La méthode de calcul de la pression limite nette équivalente p*LMe a été définie dans le
Chapitre V, § 3.1.4.2. Les valeurs du facteur de portance kp, fixées à partir d’un calage sur la
base de données, sont données dans le Tableau V-20.
Selon l’Eurocode 7, le calcul de la valeur caractéristique de la portance d’un pieu Rc;k peut
s’effectuer selon deux approches distinctes (Baguelin et al., 2012) :
• L’approche dite «pieu modèle » dans laquelle N valeurs de portance Rc de chaque pieu
sont calculées à partir des N sondages disponibles. La valeur caractéristique de la portance
Rc;k d’un pieu est alors déterminée à partir de la relation :
1 1 moy ( Rc ) min( Rc ) 2
Rc ;k = min 3 ; 4 (81)
γ R ;d 1 5 ξ3 ξ4 6
3 et 4 sont deux paramètres tenant compte de la dispersion spatiale des propriétés du sol ;
7R;d1 et 7R;d2 sont deux coefficients de modèle. Leur signification est détaillée dans le Chapitre
V, § 3.3.
304
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
La valeur de calcul de la portance d’un pieu Rc;d est obtenue en divisant la valeur
caractéristique de la portance du pieu Rc;k par un facteur partiel 7t dépendant de l’état limite
ultime. L’Eurocode 7, partie 1 recommande une valeur du facteur partiel de sécurité 7t égale à
1,1.
Dans l’approche du « pieu modèle », le facteur global de sécurité est égal à :
γ = γ t × γ R;d 1 × ξ3ou 4 (83)
Le coefficient de modèle 7R;d2 tend à compenser l’écart lié à une détermination qualitative des
valeurs caractéristiques élémentaires (notamment la pression limite pl). Sa valeur est liée au
calage des méthodes de calcul et est fixée à 1,1.
mise en défaut est alors de 17 % (Baguelin et al., 2012) (Figure V-32). Selon Burlon et al.,
(2013), ce niveau de confiance peut être considéré comme suffisant dans la mesure où les
facteurs de sécurité appliqués lors du dimensionnement des fondations profondes avec le
Fascicule 62-V (MELT, 1993) ont permis de prévenir tout dommage mettant en cause la
méthode de dimensionnement.
305
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
100
90
80
70
F(Rc,cal /Rc,mes)
60
50
40 NF P 94-262 (AFNOR, 2012)
10
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6 1,8 2 2,2 2,4 2,6 2,8
1,13 1,17
1,7 Rc,cal/Rc,mes
Figure V-32. Fonction de répartition de Rc,cal/Rc,mes pour les pieux du groupe G1 (modifié d’après Baguelin et
al., 2012)
Le coefficient de modèle 7R;d1, DTU 13.2 (AFNOR, 1992) relatif aux règles de calcul établies par le
DTU 13.2 (AFNOR, 1992) et correspondant à une probabilité de mise en défaut de 17 % est
égal à 1,7 (Figure V-32). Le DTU 13.2 (AFNOR, 1992) n’incluant pas les technologies de
pieux récentes le ratio Rc,cal/Rc,mes présente alors une dispersion importante avec un coefficient
de variation égal à 113% (Baguelin et al., 2012).
Les coefficients de modèles proposés par Bustamante et Gianeselli, (2006) (noté 7R;d1, Bustamante
et Gianeselli, (2006)) et Burlon et al., (2013) (noté 7R;d1, Burlon et al., (2013)) et correspondant à cette
même probabilité de mise en défaut sont respectivement égaux à 1,17 et 1,13 (Figure V-32).
Enfin, le coefficient de modèle 7R;d1 relatif au groupe des pieux G1 et retenu dans la norme
NF P 94-262 (AFNOR, 2012) est une moyenne des deux coefficients 7R;d1, Bustamante et Gianeselli,
(2006) et 7R;d1, Burlon et al., (2013) et est égal à 1,15.
306
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Le Chapitre V, § 2.3.2 a présenté une partie des essais alimentant la base de données d’essais
de pieux en bois.
Les 10 essais réalisés sur les deux sites expérimentaux sont complétés par :
• 19 essais de chargement de pieux en bois réalisés dans l’argile ou/et dans le sable et
corrélés aux résultats des sondages de pénétration au carottier (NSPT) ;
• 56 essais de chargement réalisés dans l’argile et corrélés à la résistance au cisaillement
non drainée cu du sol.
307
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Les références des articles dans lesquels sont détaillés les essais de chargement des pieux en
bois corrélés aux résultats des sondages de pénétration au carottier NSPT et à la résistance au
cisaillement non drainée cu du sol sont données dans la partie « Liste des articles – base de
données d’essais de pieux en bois » dans les références bibliographiques.
Au total, la base de données d’essais de pieux en bois constituée comprend donc 10 essais de
chargement réalisés sur les deux sites expérimentaux, 40 essais (dans des sables et des argiles)
corrélés aux résultats des sondages de pénétration au carottier et 56 essais corrélés à la
résistance au cisaillement non drainée de l’argile.
Le modèle de calcul développé par la suite est donc construit à partir des paramètres de
résistance du sol (cu) et des résultats des essais pressiométriques et de pénétration au carottier.
308
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
pl − p0'
cu = +β
α
Corrélation entre pl (MPa) et cu (MPa) pl − p0' 5 6
(Reiffsteck et al., 2012) <0,3 5,5 0
12 0,03
0,3 à 1
10 0,025
1 à 2,5 35 0,085
309
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Etape 1
Corrélations NSPT->pl
et cu->pl
Etape 2 Rs,mes=0,75Rc,mes
Etape 3
Rb,mes=0,25Rc,mes
Choix des coefficients
7pieu bois-sol et kp,pieu bois-sol
Etape 4
Rs,cal Rb,cal Rc,cal Rs,mes Rb,mes Rc,mes
• La première étape consiste à synthétiser l’ensemble des résultats et données relatifs aux
essais de chargement des pieux en bois. On rappelle que ces données proviennent des
résultats d’essais obtenus sur les plots expérimentaux de Rouen et de Cubzac-les-Ponts,
d’articles publiés dans la littérature et de résultats contenus dans la base de données
américaine d’essais de pieux (notée dans la suite du chapitre BDDA). Les géométries, les
portances limites expérimentales des pieux, ainsi que les coupes géologiques des terrains
sont relevées. Les profils pressiométriques (à Rouen et Cubzac-les-Ponts), de la résistance
au cisaillement non drainée de l’argile cu et de la résistance de pénétration au carottier
NSPT en fonction de la profondeur le sont également.
• La deuxième étape consiste à établir les profils pressiométriques des terrains dans lesquels
ont été battus les pieux en bois. Ces profils sont déterminés par corrélation entre les
paramètres cu, NSPT et pl. Les facteurs de corrélation sont présentés dans le Tableau V-22.
Les profils pressiométriques des plots expérimentaux de Rouen et de Cubzac-les-Ponts
sont établis par mesure directe des pressions limites dans le terrain.
• La séparation des efforts repris par le fût et la pointe des pieux en bois non instrumentés
avec des extensomètres amovibles constitue la troisième étape de la démarche. Les ratios
retenus sont présentés dans le Chapitre V, § 4.2.4. Les mesures directes des résistances de
pointe et de frottement des pieux en bois testés à Rouen et à Cubzac-les-Ponts ont été
réalisées avec un système d’instrumentation constitué d’extensomètres amovibles
(Chapitre IV, § 1.4).
• La quatrième étape de cette démarche consiste à calculer la résistance de frottement, la
résistance de pointe et la portance limite des pieux en bois à partir des formules établies
310
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
La finalité de la démarche présentée ci-dessus consiste donc à déterminer les valeurs des
coefficients 5pieu bois-sol, kp, pieu bois et 7R;d1. Elles sont présentées dans le Chapitre V, § 4.3 et
§ 4.4.
311
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
1,00
0,95
0,90
0,85
0,83
0,80
0,75
0,70 Classe 4 (pieux battus) (Burlon et al., 2013)
0,65
F(Rs,cal/Rs,mes)
0,40
0,35
0,30
0,25
0,20
7R;d,pieux battus classe 4,
0,15 résistance de frottement
1,32
0,10 5pieu bois-argile limon = 1 5pieu bois-argile limon = 1 5pieu bois-argile limon = 0,9 5pieu bois-argile limon = 0,9
5pieu bois-sable grave = 1,4 5pieu bois-sable grave = 1,3 5pieu bois-sable grave = 1,2 5pieu bois-sable grave = 1,1
0,05 7R;d,pieu bois, résistance de
1,60 1,60 1,40 1,36
frottement, compilation
0,00
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
1
1,1
1,2
1,3
1,4
1,5
1,6
1,7
1,8
1,9
2
2,1
2,2
2,3
2,4
2,5
2,6
2,7
2,8
2,9
3
1,32
Rs,cal/Rs,mes
1,36
Figure V-34. Fonctions de répartition de Rs,cal/Rs,mes en fonction des valeurs de 6pieu bois - argiles limons et 6pieu bois-
sables graves
Pour des coefficients 5pieu bois-argiles limons et 5pieu bois-sable grave respectivement égaux à 0,9 et 1,1,
le coefficient de modèle 7R;d,pieu bois, résistance de frottement, compilation est égal à 1,36.
Le Tableau V-23 et la Figure V-35 présentent les valeurs du paramètre 5pieu bois-sol que nous
proposons dans les argiles limons et les sables graves, ainsi que les fonctions de répartition du
ratio Rs,cal/Rs,mes.
312
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
1,00
0,95
0,90
0,85
0,83
0,80
0,75
0,70
0,65
F(Rs,cal/Rs,mes)
Le paramètre 5pieu bois-argiles limons est égal à 0,9. Sa valeur est comprise entre celles des
paramètres 5pieu battu acier fermé-argiles limons (égale à 0,8) et 5pieu béton battu préfabriqué-argiles limons (égale à
1,1) établies dans la norme NF P 94-262 (AFNOR, 2012).
Le paramètre 5pieu bois-sables graves est lui égal à 1,1. Sa valeur est inférieure à celles des
paramètres 5pieu battu acier fermé- sables graves (égale à 1,2) et 5pieu béton battu préfabriqué- sables graves (égale à
1,4) (norme NF P 94-262 (AFNOR, 2012)).
Les différentes fonctions de répartition tracées à partir des données publiées dans la
littérature, dans la base de données américaine et mesurées à Rouen et Cubzac-les-Ponts
présentent des tendances similaires à la loi normale (Figure V-35).
Les distributions des ratios Rs,cal/Rs,mes calculés à partir des données publiées dans la littérature
et la base de données américaine sont dispersées : les coefficients de variation sont égaux à
42 % (données littérature + BDDA - NSPT) et 63 % (données littérature - cu). Ces dispersions
sont liées aux incertitudes sur les facteurs de corrélation entre les paramètres cu, NSPT et pl, et
sur la répartition « arbitraire » des efforts entre le fût et la pointe. Le coefficient de variation
des ratios Rs,cal/Rs,mes calculés à partir de la compilation des données est égal à 58 %. La
distribution des ratios Rs,cal/Rs,mes calculé à partir des données mesurées sur les deux plots
expérimentaux (Rouen et Cubzac-les-Ponts) présente la dispersion la plus faible : son
coefficient de variation est égal à 25 %.
313
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Tandis que la moyenne et la médiane des ratios Rs,cal/Rs,mes relatifs aux pieux battus de la
classe 4 (Burlon et al., 2013) sont respectivement égales à 0,96 et 0,94.
Les moyennes des ratios Rs,cal/Rs,mes relatifs aux pieux en bois et aux pieux battus de la classe
4 (Burlon et al., 2013) sont donc identiques. Les médianes diffèrent de 11 %.
Le coefficient de modèle 7R;d, pieu bois, résistance de frottement, compilation est égal à 1,36 (Figure V-35).
Sa valeur est proche de celle du coefficient de modèle relatif à la résistance de frottement des
pieux battus (classe 4) dans les argiles limons et les sables graves et égale à 1,32 (Burlon et
al., 2013).
Enfin, si l’on considère uniquement les résultats d’essais de chargement obtenus à Rouen et à
Cubzac-les-Ponts, le coefficient de modèle 7R;d,pieu bois, résistance de frottement, plots expérimentaux atteint
1,03 (Figure V-35). Il tient compte de la dispersion de la méthode de calcul (reposant sur 10
essais de chargement de pieux en bois) entre les valeurs des frottements latéraux unitaires
limites et les données géotechniques de sol.
Tableau V-24. Valeurs du coefficient de portance kp dans les argiles limons et les sables graves
kp, pieu bois, argiles limons 1,35 kp, pieu bois, sables graves 3,1
314
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
1,00
0,95
0,90
0,83 0,85
0,80
0,75
0,70
0,65
F(Rb,cal/Rb,mes)
0,60
0,55
Données littérature et BDDA - NSPT
0,50
Données littérature - cu
0,45 Données Rouen + Cubzac-les-Ponts - pl
0,40 Pieux Bois - Compilation
0,35 Loi normale - Compilation
0,30 Classe 4 (pieux battus) (Burlon et al., 2013)
0,25
0,20 Rb,cal/Rb,mes Nbre essais Médiane Moyenne Ecart-type
0,15 Données littérature + BDDA - NSPT 40 0,83 1,36 1,25
Données littérature - cu 56 0,12 0,41 0,83
0,10 Données Rouen + Cubzac - pl 10 0,87 1,20 0,78
0,05 Compilation
Pieux battus – classe 4
106
41
0,41
1,19
0,84
1,22
1,10
0,65
0,00
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
1
1,1
1,2
1,3
1,4
1,5
1,6
1,7
1,8
1,9
2
2,1
2,2
2,3
2,4
2,5
2,6
2,7
2,8
2,9
3
0,28 Rb,cal/Rb,mes 1,28 1,3 2,04 2,38
La Figure V-36 met en évidence une dispersion importante des ratios Rb,cal/Rb,mes. Les
coefficients de variation varient entre 65 % (données mesurées à Rouen et à Cubzac-les-
Ponts) et 200 % (données littérature - cu).
La résistance de pointe des pieux calculée à partir des corrélations entre les paramètres cu et pl
est sous-estimée (90 % de la population des pieux présentent un ratio Rb,cal/Rb,mes inférieur à
1), tandis qu’elle est surestimée lorsque pl est corrélée avec NSPT (Figure V-36). Les facteurs
de corrélation utilisés ainsi que la séparation « arbitraire » de la portance limite des pieux en
un terme de frottement et un terme de pointe peuvent expliquer cette dispersion.
Les coefficients de modèle 7R;d, pieu bois, résistance de pointe, données littérature et BDDA - NSPT et
7R;d, pieu bois, résistance de pointe, données littérature-cu valent respectivement 2,38 et 0,28 (Figure V-36).
Enfin, le coefficient de modèle 7R;d, pieu bois, résistance de pointe, compilation relatif aux pieux en bois est
égal à 1,3, tandis que celui relatif aux pieux de classe 4 est égal à 1,28 (Burlon et al., 2013).
315
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
316
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
1,00
0,95
0,90
0,85
0,83 0,80
0,75
0,70 Données littérature et BDDA - NSPT
F(Rc,cal/Rc,mes)
Les pieux en bois constituent, selon la classification établie dans la norme NF P 94-262
(AFNOR, 2012) (Tableau V-21), une 21ème catégorie. Leur technique de mise en œuvre par
battage permet de les intégrer dans la classe 4, où figurent notamment les pieux battus béton
préfabriqué, enrobés, moulés et acier fermés. Cette classe de pieux (mis à part les pieux battus
enrobés) est contenue dans le groupe G1, dont le coefficient de modèle 7R;d1 est égal à 1,15
(Chapitre V, § 3.3).
Compte tenu du retour d’expérience inexistant sur la portance limite réelle des pieux en bois
dimensionnés à partir des règles pressiométriques proposées dans cette étude, la valeur du
317
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
coefficient de modèle 7R;d1,pieu bois est maintenue à 1,25. Cette dernière est donc différente de
celle du coefficient de modèle 7R;d1 relatif au groupe G1.
4.5.1 Application de la méthode aux pieux battus sur les sites expérimentaux
L’approche de calcul dite « modèle de terrain » (Chapitre V, § 3.2) est la plus couramment
utilisée en France. Elle est retenue dans le calcul des résistances des pieux en bois battus sur
les plots expérimentaux de Rouen et de Cubzac-les-Ponts.
Les résistances des pieux sont calculées à partir de la méthode de dimensionnement française
présentée dans la norme NF P 94-262 (AFNOR, 2012) et des coefficients 5pieu bois-sol et
kp, pieu bois établis dans le Chapitre V, § 4.3 (Tableau V-25 et Tableau V-26).
Tableau V-25. Comparaison des résistances calculées et mesurées des pieux en bois– Rouen – méthode de
dimensionnement française
Site expérimental de Rouen
Rs,cal,NFP94-262 Rb,cal, NFP94-262 Rc,cal,NFP94-262
Pieu (essence) Rs,cal / Rs,mes Rb,cal / Rb,mes Rc,cal / Rc,mes
(kN) (kN) (kN)
Pieu n°1 (hêtre) 138 0,70 47 1,07 185 0,77
Pieu n°2 (hêtre) 167 0,56 70 2,05 237 0,73
Pieu n°3 (pin) 137 0,62 48 0,52 185 0,59
Pieu n°4 (pin) 127 0,97 43 0,49 170 0,77
Pieu n°5 (chêne) 133 1,03 44 0,67 178 0,91
Pieu n°8 (acacia) 111 0,71 30 0,48 141 0,64
Pieu n°9 (acacia) 121 0,78 37 0,55 158 0,71
Tableau V-26. Comparaison des résistances calculées et mesurées des pieux en bois– Cubzac-les-Ponts –
méthode de dimensionnement française
Site expérimental de Cubzac-les-Ponts
Rs,cal,NFP94-262 Rb,cal, NFP94-262 Rc,cal,NFP94-262
Pieu (essence) Rs,cal / Rs,mes Rb,cal / Rb,mes Rc,cal / Rc,mes
(kN) (kN) (kN)
Pieu n°4 (pin) 45 1,27 8 2,50 53 1,38
Pieu n°5 (chêne) 48 1,09 8 2,02 56 1,17
Pieu n°9 (acacia) 43 0,82 7 2,00 50 0,89
La Figure V-38 et la Figure V-39 présentent les distributions des ratios Rs,cal/Rs,mes,
Rb,cal/Rb,mes et Rc,cal/Rc,mes calculés à partir de la méthode de dimensionnement française
proposée.
318
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
4 Rouen
Rs,cal/Rs,mes
Rb,cal/Rb,mes
Nbre valeurs Médiane Moyenne Ecart-type
3 Rs,cal/Rs,mes 7 0,71 0,77 0,17 Rc,cal/Rc,mes
Fréquence
Rb,cal/Rb,mes 7 0,55 084 0,57
Rc,cal/Rc,mes 7 0,73 0,73 0,10
0
,2
,3
,4
,5
,6
,7
,8
,9
,2
,1
-1
,1
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-1
-0
-1
9
0,
1
1
0
1
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
1,
Ri,cal/Ri,mes
Figure V-38. Distributions des ratios Rs,cal/Rs,mes, Rb,cal/Rb,mes, Rc,cal/Rc,mes - Rouen – Méthode de
dimensionnement française
2
Rs,cal/Rs,mes Cubzac-les-Ponts
Rb,cal/Rb,mes Nbre valeurs Médiane Moyenne Ecart-type
Rc,cal/Rc,mes Rs,cal/Rs,mes 3 1,09 1,06 0,23
Rb,cal/Rb,mes 3 2,02 2,18 0,28
Fréquence
0
,1
,1
,1
,3
,5
,7
,9
,3
,5
,7
,9
,3
,5
-0
-1
-2
-0
-0
-0
-0
-1
-1
-1
-1
-2
-2
0
2
2
4
0,
0,
0,
0,
1,
1,
1,
1,
2,
2,
Ri,cal/Ri,mes
Figure V-39. Distributions des ratios Rs,cal/Rs,mes, Rb,cal/Rb,mes, Rc,cal/Rc,mes - Cubzac-les-Ponts – Méthode de
dimensionnement française
On observe, sur la Figure V-38, que le modèle de calcul des pieux en bois établi ci-dessus
sous-estime en moyenne de 25 % les résistances locales et globales des pieux testés à Rouen.
A l’inverse, ce modèle surestime d’un facteur 2 les résistances de pointe des pieux battus à
Cubzac-les-Ponts (Figure V-39), tandis que les résistances de frottement et les portances
limites calculées de ces pieux sont en moyenne 13 % plus élevées que celles mesurées sur
site.
Enfin, la moyenne des ratios Rc,cal/Rc,mes présentés dans le Tableau V-25 et le Tableau V-26
est égale à 0,85.
319
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
4.5.2 Plage de valeurs des coefficients 5pieu bois, mes et kp, pieu bois, mes
4
8pieu bois-sable grave =1,1
3 Nbre valeurs Médiane Moyenne Ecart-type
5pieu bois-argile limon,mes 34 0,93 1,22 0,78
5pieu bois-sable grave,mes 21 1,05 1,49 1,11
2
0
,1
,1
,1
,5
,3
,5
,7
,9
,3
,5
,7
,9
,3
,5
,7
,9
-0
-1
-2
-4
-0
-0
-0
-0
-1
-1
-1
-1
-2
-2
-2
-2
0
3
2
8
0,
0,
0,
0,
1,
1,
1,
1,
2,
2,
2,
2,
8pieu bois,mes
Figure V-40. Distributions statistiques du paramètre 6pieu bois,mes dans les argiles limons et les sables graves
0,11 0,11
Argile limon
0,10 0,10
Rouen
Rouen
0,09 Cubzac-les-Ponts 0,09
8=3 8=2,5
0,08 0,08
0,07 0,07
qs,mes (MPa)
qs,mes (MPa)
0,05 0,05
8pieu bois-argile limon =0,9
0,04 0,04
0,03 0,03
8=0,5
0,02 0,02
8=0,25
0,01 0,01
0,00 0,00
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 1,1 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 1,1
pl (MPa) pl (MPa)
(a) (b)
Figure V-41. Evolution du frottement latéral unitaire limite mesuré des pieux en bois dans les argiles limons
(a) et les sables graves (b) en fonction de la pression limite
320
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Les paramètres 5pieu bois, mes déterminés à partir des résultats d’essais varient entre 0,5 et 3 dans
les argiles limons et entre 0,25 et 2,5 dans les sables graves (Figure V-41). Ils présentent une
dispersion importante, les coefficients de variation étant respectivement égaux à 64 et 74 %.
Les valeurs expérimentales moyennes des coefficients 5pieu bois, mes dans les argiles limons et
les sables graves sont 22 et 35 % plus élevées que celles proposées dans la méthode de
dimensionnement des pieux en bois (Figure V-40).
A titre de comparaison, les paramètres 5pieu-sol relatifs aux pieux battus acier fermés (norme
NF P 94-262 (AFNOR, 2012)) ont également été calés à partir de nuages de points dont la
dispersion était plus ou moins importante (Figure V-42).
NF P 94-262
Argile limon Sable grave
Coefficient de Coefficient de
Nbre valeurs Médiane Moyenne Ecart-type Nbre valeurs Médiane Moyenne Ecart-type
variation (%) variation (%)
5pieu b attu acier fermé- 5pieu battu acier fer mé-
18 0,72 0,91 0,57 63 20 0,11 0,11 0,04 38
argile limon sable grave
NF P 94-262
(a) (b)
Figure V-42. Evolution du frottement latéral unitaire limite des pieux battus acier fermés dans les argiles
limons (a) et les sables graves (b) en fonction de la pression limite (modifié d’après Burlon et al., 2013)
Tableau V-27. Coefficient de portance des pieux kp, pieu bois, mes – Rouen et Cubzac-les-Ponts
Pieux kp, pieu bois, Rouen, mes kp, pieu bois, Cubzac-les-Ponts, mes
Pieu n°1 - hêtre 1,25
Pieu n°2 - hêtre 0,66
Pieu n°3 - pin 2,60
Pieu n°4 - pin 2,75 0,51
Pieu n°5 - chêne 2,01 0,80
Pieu n°8 - acacia 2,75
Pieu n°9 - acacia 2,43 0,81
Méthode de
kp, pieu bois, argiles limons 1,35
dimensionnement française
Les facteurs de portance kp, pieu bois, Rouen, mes déterminés à partir des résultats d’essais sont en
moyenne 56 % plus élevés que le coefficient kp, pieu bois, argiles limons proposé dans la méthode de
dimensionnement française des pieux en bois.
321
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
A l’inverse, les facteurs de portance kp, pieu bois, Cubzac-les-Ponts, mes sont en moyenne 48 % plus
faibles que le coefficient kp, pieu bois, argiles limons.
Le facteur de portance expérimental moyen kp, pieu bois, mes mesuré dans les argiles limons de
Rouen et de Cubzac-les-Ponts est égal à 1,65. Il est donc 20 % plus élevé que le coefficient
kp, pieu bois, argiles limons établi dans le Chapitre V, § 4.3.2.
Ce paragraphe a permis de mettre en évidence que le modèle de calcul présenté dans cette
étude et appliqué aux 10 essais de chargement réalisés à Rouen et à Cubzac-les-Ponts était
conservateur.
Les valeurs des coefficients 5pieu bois, mes et kp, pieu bois, mes dans les argiles limons et les sables
graves diffèrent de celles établies le Chapitre V, § 4.3.1 et § 4.3.2.
En effet, la base de données d’essais de chargement de pieux en bois construite dans cette
étude contient 106 résultats d’essais réalisés à Rouen et à Cubzac-les-Ponts, publiés dans la
littérature et contenus dans la base de données d’essais de pieux américaine. Les valeurs des
coefficients 5pieu bois-sol et kp, pieu bois proposées ont alors été établies à partir d’études
statistiques portant sur un grand nombre d’essais.
A l’inverse, les paramètres 5pieu bois, mes et kp, pieu bois, mes ont été déterminés à partir de 10 essais
effectués sur les deux plots expérimentaux. Le faible nombre d’essais pris en compte permet
de justifier les différences observées entre les valeurs de ces paramètres et celles proposées
dans le modèle de calcul.
322
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
3 Rs,cal=Rs,mes
0
,2
,3
,4
,5
,6
,7
,8
,9
,2
,3
,4
,5
,1
-1
,1
-4
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-1
-1
-1
-1
-0
-1
9
5
0,
1,
1
4
0
1
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
1,
1,
1,
1,
Rs,cal /Rs,mes
Rb,cal =Rb,mes
2
0
,3
,6
,9
,2
,5
,8
,1
5
5
-4
,4
,7
,0
,3
,6
,9
,2
,1
-0
-0
-0
-1
-1
-1
-2
-0
-0
-1
-1
-1
-1
-2
-0
25
15
45
75
05
35
65
95
2,
3
1
0
0,
0,
0,
0,
0,
0,
1,
1,
1,
1,
1,
1,
1,
2,
Rb,cal /Rb,mes
323
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Rc,cal=Rc,mes
2
0
,2
,3
,4
,5
,6
,7
,8
,9
,2
,3
,4
,5
,1
-1
,1
-4
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-1
-1
-1
-1
-0
-1
9
5
0,
1,
1
4
0
1
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
0,
1,
1,
1,
1,
Rc,cal/Rc,mes
Tableau V-28. Comparaison entre les résistances calculées et les résistances mesurées des pieux en bois
Rs,cal/Rs,mes Rb,cal/Rb,mes Rc,cal/Rc,mes
Rouen Cubzac Rouen Cubzac Rouen Cubzac
Formule des « Hollandais » -15% -25%
Méthode 7-cu +133% +111% +131%
Méthode des contraintes
-63% -26% -35% +415% -59% +9%
effectives
Méthode hollandaise NEN-67-43 -39% -39% +51% +313% -22% -11%
Méthode de Nottingham et
-61% +51% -37%
Schmertmann
Méthode de dimensionnement
-24% +6% -21% +118% -28% +15%
française
L’analyse de la Figure V-43, de la Figure V-44, de la Figure V-45 et du Tableau V-28 met en
évidence les tendances suivantes :
• On observe sur la Figure V-43 que l’ensemble des méthodes de dimensionnement, mis à
part la méthode 5-cu, sous-estime en moyenne d’un facteur 1,9 la résistance de frottement
des pieux en bois. Ce facteur varie, selon les méthodes, entre 1,23 (modèle de calcul
français) et 2,50 (méthode de Nottingham, (1975) et Schmertmann, (1978)). La méthode
5-cu la surestime d’un facteur 2,30 ;
• A l’inverse, la Figure V-44 montre que les méthodes de dimensionnement étudiées
surestiment la résistance de pointe des pieux en bois d’un facteur 1,85 (on retrouve cette
tendance dans le Tableau V-28) ;
• Enfin, la Figure V-45 présente les mêmes tendances que la Figure V-43 : seule la méthode
5-cu surestime la portance limite des pieux en bois d’un facteur 2,31, tandis que les autres
méthodes la sous-estiment d’un facteur compris entre 1,17 (méthode de dimensionnement
française) et 1,61 (méthode des contraintes effectives).
324
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
10 20
Méthode 7-Cu
9 18 Méthode de Nottingham et Schmertmann
Méthode des contraintes effectives
8 Méthode hollandaise NEN-6743
16
7 14
Fréquence
Fréquence
6 12
5 10
4 8
3 6
2 4
1 2
0 0
2 2
3 3
4 4
5 5
6 6
7 7
8 8
0, ,9
2 2
3 3
4 4
5 5
6 6
7 7
8 8
1, ,9
1 1
1 -1
1 1
-2
2 2
3 3
4 4
5 5
6 6
7 7
8 8
0, ,9
2 2
3 3
4 4
5 5
6 6
7 7
8 8
1, ,9
1 1
1 -1
1 1
-2
0, - 0,
0, - 0,
0, - 0,
0, - 0,
0, - 0,
0, - 0,
0, - 0,
1, - 1,
1, - 1,
1, - 1,
1, - 1,
1, - 1,
1, - 1,
1, - 1,
0, - 0,
1, - 1,
-0
-1
0, - 0,
0, - 0,
0, - 0,
0, - 0,
0, - 0,
0, - 0,
0, - 0,
1, - 1,
1, - 1,
1, - 1,
1, - 1,
1, - 1,
1, - 1,
1, - 1,
0, - 0,
1, 1,
-0
-1
9
9
-
0
Figure V-46. Distribution des ratios « Rc,cal/Rc,mes » calculés à partir des différentes méthodes de
dimensionnement
325
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
1,00
Méthode 7-Cu
0,95
0,90 Méthode des contraintes effectives
0,85
Méthode hollandaise NEN-6743
0,80
0,75 Méthode de Nottingham et Schmertmann
0,70
F(Rc,cal/Rc,mes)
0,63 0,65
0,60
0,54 0,55
0,50
0,45
0,40
0,35
0,30
0,25
0,18 0,20
0,15
0,10
0,05
0,00
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
1
1,1
1,2
1,3
1,4
1,5
1,6
1,7
1,8
1,9
2
Rc,cal/Rc,mes
Figure V-47. Fonctions de répartition des ratios « Rc,cal/Rc,mes » calculés à partir des différentes méthodes de
dimensionnement
La Figure V-46 et la Figure V-47 confirment ou infirment certaines tendances observées sur
la Figure V-45 :
• La méthode de dimensionnement des pieux présentée dans la norme hollandaise NEN-67-
43, (1991) sous-estime les portances limites des pieux en moyenne d’un facteur 2,3
(Figure V-46a). La totalité de la population des pieux présente un ratio « Rc,cal/Rc,mes »
inférieur à 1 ;
• La méthode de Nottingham, (1975) et Schmertmann, (1978) sous-estime elle aussi les
portances limites des pieux d’un facteur 1,1 (Figure V-46b). 63 % de la population des
pieux présente un ratio « Rc,cal/Rc,mes » inférieur à 1 (Figure V-47) ;
• La méthode des contraintes effectives tend à surestimer les portances limites des pieux
d’un facteur 1,15 (Figure V-46a et Figure V-46c). Cette tendance est donc contraire à
celle observée sur la Figure V-45. Les portances limites calculées sont, pour seulement
18 % d’entre elles, inférieures aux portances limites mesurées (Figure V-47) ;
• Contrairement à ce que l’on peut observer sur la Figure V-45, la méthode de
dimensionnement 5-cu ne surestime pas les portances limites des pieux. 54 % de la
population des pieux étudiée présente un ratio « Rc,cal/Rc,mes » inférieur à 1 (Figure V-47).
La moyenne des ratios « Rc,cal/Rc,mes » est égale à 0,98 et le coefficient de variation de
cette distribution à 35 % (Figure V-46c).
326
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
Conclusion
La seconde partie de ce chapitre a été consacrée au dimensionnement des pieux en bois battus
sur les deux sites expérimentaux. La méthode 5-cu surestime les résistances locales et globales
des pieux, tandis que la méthode des contraintes effectives les sous-estime.
Les plages de valeurs des facteurs 5 et 6 déterminées à partir des mesures réalisées sur les
deux plots expérimentaux ont été comparées aux données publiées dans la littérature :
• Le facteur d’adhérence 5mes varie entre 0,3 et 0,8. La compilation des données
expérimentales et publiées dans la littérature a permis d’établir une relation entre le
facteur d’adhérence 5 et la résistance au cisaillement non drainée de l’argile cu ;
• Les plages de valeurs du coefficient 6mes établies à partir des résultats obtenus sur les plots
expérimentaux sont contenues dans la plage de valeurs établie dans le guide « Timber Pile
Design and Construction Manual » (AWPI, 2002). Les courtes longueurs des pieux en
bois ont mis en évidence les limites d’application de cette méthode.
Enfin, les méthodes s’appuyant sur les résultats des sondages de pénétration statique au cône
(norme hollandaise NEN-67-43, (1991) et méthode établie par Nottingham, (1975) et
Schmertmann, (1978)) sous-estiment les portances limites des pieux en bois.
L’évolution des règles pressiométriques et des documents normatifs français au cours des 50
dernières années a fait l’objet de la troisième partie de ce chapitre. Les coefficients 5pieu-sol et
kp établis par Burlon et al., (2013) et repris dans la norme d’application nationale française
relative aux fondation profondes NF P 94-262 (AFNOR, 2012) ont été présentés. La
démarche mise en œuvre pour déterminer les coefficients de modèle 7R;d1 et 7R;d2 (s’appuyant
sur les anciennes règles établies dans le Fascicule 62-V (MELT, 1993)) a également été
détaillée.
Les pieux en bois ont été intégrés dans la classe 4 (regroupant également les pieux battus
béton préfabriqué ou précontraint, enrobés, moulé et acier fermé) de la norme NF P 94-262
(AFNOR, 2012) et constituent une 21ème catégorie.
Une base de données d’essais de pieux en bois a été construite à partir des résultats d’essais
de chargement effectués sur les deux plots expérimentaux et des données publiées à la fois
dans la littérature et dans une base de données américaine d’essais de pieux.
L’utilisation de corrélations entre les paramètres cu, NSPT et pl, la séparation des portances
limites en un terme de pointe et de frottement, ainsi que l’exploitation de cette base de
327
Chapitre V. Proposition d’une méthode de dimensionnement des pieux en bois à partir des caractéristiques pressiométriques
données ont permis de proposer un modèle de calcul des pieux en bois s’appuyant sur les
caractéristiques pressiométriques des terrains.
Les valeurs du paramètre adimensionnel 5pieu bois-sol, du facteur de portance kp, pieu bois et du
modèle 7R;d1 ont été calées à partir des études statistiques des ratios entre les résistances
calculées et mesurées des pieux.
Enfin, les valeurs des coefficients 7R;d2 et 7t données dans la norme NF P 94-262 (AFNOR,
2012) sont indépendantes de la technique de réalisation des pieux.
On propose donc de retenir, pour le dimensionnement d’un pieu en bois, les valeurs des
coefficients 5pieu bois-sol, kp,pieu bois, 7R;d1, 7R;d2 et 7t suivantes (Tableau V-29) :
Tableau V-29. Valeurs des coefficients 6pieu bois-sol, kp,pieu bois, 8R;d1, 8R;d2 et 8t
7pieu bois - argiles limons 0,9 7pieu bois - sables graves 1,1
kp, pieu bois, argiles limons 1,35 kp, pieu bois, sables graves 3,1
7R;d1 =1,25 ; 7R;d2 =1,1 ; 7t =1,1
328
Conclusion générale et perspectives
Les travaux présentés dans ce mémoire ont été consacrés, d’une part, à l’étude des méthodes
de construction et d’inspection des fondations en bois des ouvrages, et d’autre part, à l’étude
des propriétés de résistance d’interface et du comportement mécanique des pieux en bois dans
le sol.
Etat de l’art des méthodes de construction des fondations sur pieux bois et méthodologie
d’analyse des ouvrages
Le deuxième chapitre de ce mémoire a été consacré à un état de l’art des méthodes de
construction des fondations sur des pieux en bois. A partir du 18ème siècle, suite à la rédaction
de critères relatifs au choix du type de fondation en fonction de la profondeur du substratum
et des difficultés de réalisation, de nombreux ponts et ouvrages ont été construits sur des
pieux en bois. Les fondations profondes étaient principalement constituées de pieux en bois,
solidarisés à un grillage et à un platelage. L’emploi du béton dans les constructions au cours
de l’époque industrielle a entraîné une diversification des méthodes de construction des
fondations.
Ce travail a permis d’identifier une centaine de ponts routiers bâtis sur des pieux en bois entre
le Moyen-Age et l’époque industrielle. La majeure partie est située dans les bassins versants
des fleuves. 47 ouvrages identifiés dans cette étude sont actuellement en service. Les
embâcles, les faits de guerre et les phénomènes d’érosion et d’affouillement des fondations
ont entraîné la ruine de 27 ponts routiers.
Les désordres observés sur ces ouvrages sont principalement liés à l’action directe du cours
d’eau et au phénomène d’affouillement localisé au droit des piles. Les méthodes de
renforcement des fondations consistent en leur reprise en sous-œuvre par micropieux ou par
injection.
Enfin, la méthodologie d’analyse des fondations en bois des ouvrages élaborée aux Pays-Bas
en 2003 a été appliquée lors de l’inspection des fondations du viaduc ferroviaire des cent
arches. Cette méthodologie a permis d’évaluer l’état de dégradation des pieux et du grillage
situés sous une des piles. Les mesures de poinçonnement et l’analyse des prélèvements en
329
Conclusion générale et perspectives
laboratoire ont montré que les pieux en bois n’étaient pas ou peu dégradés, mais que le
grillage présentait un état de dégradation fongique avancé.
330
Conclusion générale et perspectives
Perspectives
Les perspectives à donner à ce travail sont nombreuses dans la mesure où ce sujet bénéficiait,
avant ce projet, d’une expertise scientifique et technique quasi-inexistante sur la scène
nationale.
Les ouvrages présentés dans ce mémoire sont uniquement des ponts routiers. Cependant, la
France possède de nombreux bâtiments et monuments historiques reposant sur des fondations
en bois, ainsi qu’un patrimoine très riche d’ouvrages d’art ferroviaires construits également
sur des pieux en bois. Les recherches menées dans le cadre de ce travail nécessiteraient donc
d’être poursuivies afin de compléter le référentiel. Une base de données nationale regroupant
l’ensemble des informations collectées sur chaque ouvrage pourrait être ainsi créée.
Les profils pressiométriques des essais de chargement contenus dans la base de données
d’essais de pieux en bois ont été établis à partir de corrélations entre les paramètres cu, NSPT et
pl. Les incertitudes sur les résistances des pieux calculées sont inhérentes à l’utilisation de ces
facteurs de corrélation.
331
Conclusion générale et perspectives
Des essais de chargement complémentaires sur des pieux en bois instrumentés avec des
extensomètres amovibles et corrélés aux profils pressiométriques des terrains pourraient être
réalisés afin d’alimenter la base de données construite dans le cadre de ce travail et de
comparer les valeurs des coefficients 5pieu bois-sol, kp,pieu bois et 7R;d1 déduites de ces essais à
celles proposées dans cette étude.
Enfin, les pieux en bois pourraient être utilisés dans les méthodes de renforcement des sols
compressibles. Ceci constitue également une perspective d’étude intéressante.
332
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348
Annexe A : Caractéristiques des fondations en bois des ponts routiers
Annexes
Annexes
Numéro du
Nom Ville Cours d'eau franchit Datation Caractéristiques
site
30-40 ap JC
1 Pont de Saint-Martin-de-la-Place Saint-Martin-de-la-Place Loire
(datation dendrochronologique)
14 av JC Pont à travées simples.
2 Pont de Candes-Saint-Martin Candes-Saint-Martin Loire
(datation dendrochronologique) Conservation de l'aubier sur les pieux.
Piles probablement constituées de caissons en madriers de
Fin 1er siècle - Début 2ème siècle
bois horizontaux assemblés et maintenus en place par des
3 Pont de Fondettes Fondettes Loire ap JC
pieux verticaux. Mise en place de pierres non taillées entre
(datation dendrochronologique)
les têtes des pieux.
160 - 170 ap JC
9 Pont mixte de Saint-Satur Saint-Satur Loire Piles munies d'un avant-bec triangulaire.
(datation dendrochronologique)
Milieu 1er siècle av JC - Début
Piles en caissons de bois remplis de blocs de pierre et de
10 Pont de Chassenard Chassenard Loire 3ème siècle ap JC remblai.
(datation dendrochronologique)
Pont ? et aménagement de berge
11 Avrilly Loire 53 av JC
d'Avrilly
227 ap JC
12 Pont de Varennes-sur-Allier Varennes-sur-Allier Allier
(datation dendrochronologique)
13 Pont de Vichy Vichy Allier 180 - 220 ap JC
10 av JC - 80 ap JC 3 ponts construits : un premier vers -10 av JC, un
14 Pont d'Amiens Amiens Somme
(datation dendrochronologique) deuxième vers 50 ap JC et un troisième vers 80 ap JC.
140 - 156 ap JC
16 Pont sur l'Yonne Bonnard-Bassou Yonne
(datation dendrochronologique)
Milieu du 1er siècle av JC
349
22 Pont du Bazacle Bazacle Garonne 1er siècle ap JC Pointe des pieux protégées avec des sabots métalliques.
56 av JC - 6 ap JC
23 Pont d'Etival Etival Meurthe
(datation dendrochronologique)
185 ap JC
24 Pont de Benfeld Benfeld Ill
(datation dendrochronologique)
Pieux en chêne.
1er pont en bois en 14 av JC
ème Pont constitué d'un tablier en bois reposant sur des piles en
2 pont en bois en 95-98 ap JC
28 Pont de Chalon-sur-Saône Chalon-sur-Saône Saône maçonnerie. Pieux d'anciens ponts partiellement réutilisés
Pont mixte au début du 3ème s pour la construction des piles.
(datation dendrochronologique) Largeur du tablier égale à 9 m.
Nombre de travées : 3
Ouverture max des travées : 5,2m Alluvions (0-5)
Piles et culées fondées sur pieux, grillage et Pieux + grillage +
5 Les Fontaines Chantilly La Nonette 1760 / Perronet Pont en pierre Clacaire (5-6,5) En service
platelage en charpente. platelage
Epaisseur piles : 1,5m Sable/Calcaire (6,5-9)
Largeur pont : 7,3m
Utilisation de sonnette à
tiraudes.
Argile-sable (0-9)
2 Pont des Chavannes Chalon Saône 1698 Masse frappante de 300 à Détruit
Gravier (>9)
400 livres.
Cerclage de la tête des pieux.
Nbre de travées : 7
Alluvions argilo-marneuses (0-6,5) Piles fondées sur 200 pieux.
3 Pont au Change Paris Seine 1639-1647 Ouverture des travées : 10,7 - 15,7 m Pieux + platelage Détruit en 1850
Calcaire (>6,5) Têtes des pieux solidarisées au platelage.
Largeur pont : 32,6 m.
Nbre de travées : 7
Argile sableuse (0-3) Piles fondées à 2,3 m sous l'étiage et reposant sur
4 Pont de Dôle Dôle Doubs 1760-1764 / Querret Ouverture des travées : 15,9 - 149 m En service
Graviers + galets (3-7) des pieux d’environ 4 m de longueur.
Epaisseur piles : 3,3 - 3,5 m.
Nbre de travées : 3 Pont fondé sur des pieux recépés à 2 m sous
5 Pont Ingersheim Ingersheim Fecht 1773 / Clinchamp Gravier argileux
Ouverture des travées : 15,3 - 18,3 m l'étiage.
Sonnettes à tiraudes.
Ancien pont construit en 1418 et fondé sur des
6 Pont de Lyon Lyon Rhône 1718 / Jacques V Gabriel Alluvions (0-8) Masse frappante de 800
pieux de 3,9 à 5,85 m de longueur
livres.
Nbre de travées : 9 180 pieux en bois battus sous chaque pile, de 30 cm de diamètre, 13 m de
Ouverture des travées : 20 m Argile molle (0-5) long et espacés longitudinalement et transversalement de 85 cm.
Pont de Pieux + caisson
11 Libourne Dordogne 1820-1824 / Deschamps Longueur pont: 178m Sable-gravier (5-8) Fixation d’un caisson immergé sur les têtes des pieux de 5,4 m de hauteur En service
Libourne immergé
Largeur pont : 16m Marne (>8) et dont le fond est constitué de deux planchers jointifs en madriers.
Epaisseur piles : 3,85 m Protection des pointes des pieux par des sabots coniques en fonte.
357
Annexes
Numéro Cours d’eau Date de construction / Caractéristiques géométriques du Caractéristique du Nature de la
Nom Ville Géologie du terrain Caractéristiques des fondations / Batardeaux Etat du pont
du site franchit Constructeur pont battage fondation
Refus des pieux atteint
Piles fondées sur 98 pieux de 30 à 35 cm de diamètre.
pour un enfoncement de 5
Chaque pile supporte une charge maximale de 1800 tonnes.
Argile sable (0-20) mm par volée de 25 coups Pieux + béton
12 Pont sur la Loire Entre Romorantin et Blois Loire 1884 Battage des pieux et des palplanches autour de la fondation. ?
Marne (>20) de mouton de 700 kg immergé
Pieux battus à l'intérieur de l'enceinte. Têtes de pieux noyées dans un
tombant d'une hauteur de
massif en béton situé à 30 cm en dessous de l’étiage.
1 m.
Longueur pieux : 13 m.
ème Alluvions (0-9) Espacement pieux : 1,3 m. Pieux + béton
13 Pont de Mauves Mauves Loire Fin 19 siècle En service
Rocher (>9) Têtes des pieux noyées dans un massif en béton de 4 m d'épaisseur. Massif immergé
en béton coulé dans une enceinte de palplanches en bois jointives.
Nbre de travées :3
Têtes des pieux des culées noyées dans un massif en béton coulé à Pieux + béton
14 Pont Mirabeau Paris Seine 1893-1896 / Résal et Alby Longueur pont : 173 m Alluvions (0-14) En service
l'intérieur d'une enceinte de palplanches. immergé
Largeur pont : 20 m
Mise en place d’un remblai avant le battage des pieux pour consolider le
sol.
Vase compacte (0-2) Profondeur des fondations : 11,3 m
Pont de la
19ème (aménagement canal Pont constitué de 2 culées et d’1 Vase molle (2-10) Pieux de 30 cm de diamètre et 8,5 m de longueur Pieux + grillage
18 Prairie Saint- Redon Vilaine ?
Nantes-Brest) travée de 15 m d’ouverture Tourbe (10-12) Espacement des pieux : 90 cm (transversalement) et 1 m + platelage
Nicolas
Rocher (>12) (longitudinalement)
Têtes de pieux fixées à des longrines de 35 cm de largeur et 24 cm de
hauteur.
Nbre de travées : 15
Tourbe (0-6)
Viaduc de Ouverture des travées : 19 m Fondation sur pieux en bois.
26 Coye-la-Forêt Thèves Terminé en 1858 Alluvions (6-7) Détruit
Comelle Travées situées à 38 m au dessus de Têtes des pieux noyées dans un massif en béton, situé sous l'étiage.
Craie (>7)
l’eau
Pieux de 15 m de longueur, 20 cm de diamètre et espacés de 1 m
longitudinalement et transversalement. Refus des pieux atteint
300 pieux battus avec une machine à vapeur installée au bord de la pour un enfoncement de
Pont vallée de Ligne Paris et Dieppe (entre Tourbe (0-16) Troesne. 30 mm par volée de 10 Pieux + béton +
27 Troesne 1864-1868 ?
Viosne Gisors et Gournay) Calcaire (>16) Pointe des pieux encastrée dans le substratum. Massif en béton de 70 cm coups de mouton de 750 platelage
de hauteur coulé entre les têtes des pieux. kg tombant d'une hauteur
Têtes des pieux liaisonnées entre elles avec des madriers constituant le de 3 m.
platelage.
Pile-culée rive droite fondée sur 632 pieux en bois, de 15 m de longueur,
2 viaducs d'accès. Longueur : 252m Remblai (0-3,8)
de 30 cm de diamètre. Platelage situé à 4,5 m de profondeur sous le Pieux + grillage
28 Pont Eiffel Cubzac-les-ponts Dordogne Mis en service en 1839 Partie centrale. Longueur : 546m Alluvions argilo-limoneux (3,8-20m) En service
niveau d'eau. + platelage
Pont en maçonnerie Marne (>20)
Pile-culée rive gauche fondée sur 420 pieux de 30 cm de diamètre.
Piles fondées sur 26 pieux.
Diamètre des pieux : 30 cm.
Longueur des pieux : 2,8 m.
Nbre de travées : 7 Sable argileux avec blocs de calcaire (0-
Pont de Saint- Pointes des pieux encastrées dans le calcaire sur 50 cm de hauteur. Pieux + grillage
29 Saint-Florent-sur-Cher Cher Mis en service en 1832 Ouverture des travées : 14m 2,3) En service
Florent-sur-Cher Pieux sous-jacents à un grillage et à un platelage en bois de 40 cm + platelage
Pont en maçonnerie Calcaire (>2,3)
d'épaisseur.
Blocs de calcaire ont servi d'enrochements et de blocage aux pieux en
partie supérieure.
Nbre de travées : 6 Fondations constituées de 3 rangées de pieux équarris, de cotés
Longueur pont : 110 Sable 27cm*27cm, espacés de 1,2 m longitudinalement et de 87 cm Pieux + grillage
30 Pont de Nay Nay Gave de Pau 1850-1855 En service
Largeur pile : 12,6m Argile transversalement. + platelage
pont en maçonnerie Têtes des pieux fixées à un grillage et à un platelage assemblés à mi-bois
Pont des
Nbre de travées : 5 Pieux recépés à 3 m sous l’étiage. Pieux + Caisson
31 hospices de Lyon Saône 1811-1815 / Kermengan Alluvions (0-8 m) Détruit en 1968
Ouverture des travées : 20,80 m Fondations sur caissons immergés. immergé
Lyon
Pont en bois
Nbre de piles : 2
Alluvions (0-6)
32 Pont Saint Pierre Toulouse Garonne 1849-1852 / Maurel Largeur : 6,90 m Piles du pont probablement fondées sur des pieux en bois Détruit
Marne (>6)
Piles en pierre et briques, renforcé par
des câbles métalliques.
Pont en bois
Alluvions (0-6)
33 Pont d'Avignon Avignon Rhone 1806-1812 / Duvivier Nbre de travées : 15 + 30 Piles du pont probablement fondées sur des pieux en bois Détruit
Marne (>6)
Longueur : 889 m
Piles fondées sur 4 rangées de 11 pieux, de 30 cm de diamètre et de 5,20
m de longueur.
Pont en maçonnerie Terre végétale (0-1,6) Pieux espacés longitudinalement de 80 cm et transversalement de 1,1m.
Viaduc des 100 Terrains Nbre de travées : 100 Vase (1,6-4,5) Têtes des pieux fixées à un grillage et à un platelage. Pieux + grillage
34 Palue d'Arveyres 1846-1850 En service
arches marécageux Longueur : 1000m Sable (4,5-5,75) Epaisseur du grillage : 25 cm. + platelage
Largeur piles : 8m Gravier (>5,75) Largeur des longrines et des traverses : 30 cm.
Platelage en bois de 8 cm d’épaisseur situé à 2 m sous le terrain naturel de
l’époque.
359
Annexes
Altération ou rupture du platelage sur l'une des piles Amélioration de l'écoulement des eaux de l'Arnon par un dégagement des bancs sableux sous deux arches
Saint Florent sur le Cher Maçonnerie de mauvaise qualité Exécution d'une semelle en béton armée entre le platelage et le substratum, avec injection des soubassements en
ème Joints en béton de chaux friables et même parfois maçonnerie
(19 siècle)
délavés Ou : exécution d'un caisson de palplanches autour de chaque appui puis une consolidation par injection des
Cher terrains situés entre les pieux
Altération du platelage et de la tête des pieux
Affaissement des appuis Coffrage du pourtour de la base des appuis datés du Moyen-Age et injection gravitaire afin de combler les vides
Pont Saint-Nicolas
ème
(13 siècle) Affouillement sous la maçonnerie Protection contre les affouillements et les sources avec mise en place d’un rideau de palplanches
Loiret Erosion du sol support
Traitement par injection du substratum contre les évolution karstiques
Dégarnissage des pieux
En 1995, effondrement du talus au voisinage de la pile Stabilisation des tassements des piles 1 à 6 grâce à l'exécution de travaux de reprise en sous-œuvre par
Pont de pierre 7, avec dégarnissage de la première rangée de pieux micropieux (16 par piles)
ème
(19 siècle) sur toute la hauteur et sur le tiers de la face aval du
Reconstitution du talus entre le massif en maçonnerie et le fond de la fosse. Appui du talus sur une butée. Mise
Garonne massif de fondations
en place d'enrochements et de matelas de gabions.
Tassement des piles 1 à 6
En 1879, reconstruction de 2 piliers reliés par un arc plein cintre d'ouverture réduite de 10m à 8m avec entre ces
2 piliers, un massif reposant sur 193 pieux bois. Ajout de tirants en fer afin de rendre solidaires ces deux
Tassement de la pile culée rive droite l'été,
Pont Eiffel fondations
ème stabilisation l'hiver
(19 siècle) En 1879, recul du pilier de rive de 3m et renforcement de ce pilier par 2 massifs contreforts fondés sur 2 fois 16
Dordogne pieux.
En 1879, arasement des anciens massifs à 6m au dessus de l'étiage
Dislocation de la maçonnerie
En 2004, mise en place de micropieux afin de renforcer l'assise de cette pile culée.
Vides sous le platelage (poche d'air atteingnant 30cm
En 1909, mise en protection par des fortes dalles de pierre des fondations des piles
Pont de Nay de hauteur)
ème
(19 siècle) Confortement des piles à l’abri d’un coffrage métallique formé de palfeuilles par remplissage des vides après
En 1971, mise à nu de la partie supérieure des pieux
Gave de Pau nettoyage de l’excavation
jusqu’au platelage
En 1971, entablement du socle des piles en coulant un massif de béton armé d’un treillis
En 1968, nombreuses fissures et fractures sur le fût
Injections des fissures et des fractures
Pont de Libourne des pieux
ème
(19 siècle) Cerclage de la tête des pieux à l’aide de câbles de précontrainte
Vide relatif lié aux enrochements dans lequel des
Dordogne Comblement des vides sous le platelage par injection afin d’améliorer la tenue du blocage des pieux et de
circulations d’eau ont pu être mises en évidence
resserrer les alluvions et les enrochements calcaires
360
Annexes
A - Introduction
• Description de l’environnement
Caractéristiques du bâtiment et des fondations (plan d'implantation des pieux, caractéristiques
du bois, identification du sol, compilation des données historiques disponibles) ;
B.1 - Excavation
La fouille est réalisée autour de la fondation et doit posséder un rayon minimum égal à 1 m.
Les pieux sont déterrés sur les 50 premiers centimètres.
361
Annexes
Une description complète des éléments suivants doit être également effectuée :
1. Déformation éventuelle des traverses entre les têtes des pieux ;
2. Déformation éventuelle des têtes des pieux et de la connexion entre le pieu et la partie
supérieure de l’ouvrage ;
3. Inclinaison éventuelle des pieux par rapport à la verticale.
Les résultats des mesures sont reportés sur l’abaque présenté sur la Figure 1.
Pénétration (mm)
362
Annexes
• Zone II : Cette zone correspond aux pieux endommagés. La faible dégradation du bois n'a
aucune influence sur la résistance du pieu (au niveau de fût). Si l'on teste simplement la
résistance du bois, le prélèvement d'échantillon n'est pas nécessaire.
Une interprétation peut néanmoins être effectuée sur l'origine des dommages et de la
dégradation du bois ;
• Zone III : L’enfoncement de l’aiguille dans le pieu montre que le prélèvement est
nécessaire. Un carottage doit donc être effectué ;
• Zone IV : Cette zone correspond à un pieu dégradé. Sa résistance mécanique est
considérée comme faible, voire insuffisante. Le prélèvement de carottes est nécessaire.
B.6 - Photos
L'ensemble de la fondation doit être photographié. Les pieux, les longrines, les traverses et la
connexion en béton le sont également.
Figure 2. Carottier
C - Laboratoire
Le laboratoire détermine les tests à réaliser en fonction des observations faites lors de
l'inspection et des résultats des mesures de poinçonnement.
363
Annexes
D.2 - Etalonnage
L’instrument Pilodyn 6J-SW est étalonné selon le protocole défini dans le rapport "Calibrage
des instruments de poinçonnement pour l’étude des pieux en bois" et rédigé en 2003. La durée
de validité de cet étalonnage est d’un an.
364
Annexes
Tableau 9. Poids volumique sec du limon après application de contraintes de chargement et des contraintes
normales - cisaillement limon-limon
wlimon = 0% wlimon = 15%
(3p ; 3n) (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation
(3p ; 3n) (kPa)
(kPa) (kN/m3) 7d (%) (kN/m3) 7d (%)
(30 ; 50) (9,6 ; 9,8) 2,1 (30 ; 50) (10,4 ; 10,6) 1,9
(30 ; 100) (9,8 ; 10,1) 3,1 (30 ; 100) (10,0 ; 10,9) 9,0
(30 ; 200) (9,5 ; 9,9) 4,2 (30 ; 200) (9,8 ; 11,1) 13,2
(65 ; 50) (9,7 ; 9,8) 1,0 (65 ; 50) (10,3 ; 10,5) 1,9
(65 ; 100) (9,9 ; 10,1) 2,0 (65 ; 100) (10,4 ; 10,7) 2,9
(65 ; 200) (9,8 ; 10,2) 4,1 (65 ; 200) (10,6 ; 10,9) 2,8
(100 ; 50) (9,9 ; 10,0) 1,0 (100 ; 50) (10,2 ; 10,7) 4,9
(100 ; 100) (10,2 ; 10,3) 0,9 (100 ; 100) (10,8 ; 11,0) 1,9
(100 ; 200) (10,1 ; 10,4) 2,9 (100 ; 200) (11,0 ; 11,4) 3,6
wlimon = 25% wlimon = 35%
(3p ; 3n) (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation
(3p ; 3n) (kPa)
(kPa) (kN/m3) 7d (%) (kN/m3) 7d (%)
(30 ; 50) (10,6 ; 10,9) 2,8 (30 ; 50) (11,7 ; 11,9) 1,7
(30 ; 100) (10,7 ; 11,8) 10,3 (30 ; 100) (12,4 ; 13,6) 9,7
(30 ; 200) (10,4 ; 12,0) 15,3 (30 ; 200) (11,8 ; 14,0) 18,6
(65 ; 50) (10,8 ; 11,7) 8,3 (65 ; 50) (12,5 ; 12,6) 0,8
(65 ; 100) (11,0 ; 11,5) 4,5 (65 ; 100) (12,7 ; 12,9) 1,5
(65 ; 200) (10,7 ; 12,2) 14,0 (65 ; 200) (13,0 ; 14,0) 7,6
(100 ; 50) (11,3 ; 11,9) 5,3 (100 ; 50) (13,5 ; 13,7) 1,4
(100 ; 100) (11,1 ; 11,9) 1,1 (100 ; 100) (13,3 ; 13,5) 1,5
(100 ; 200) (11,4 ; 12,8) 12,2 (100 ; 200) (13,7 ; 14,3) 4,3
Tableau 10. Poids volumique sec du limon après application de contraintes de chargement et des contraintes
normales - cisaillement acier-limon
Acier - wlimon = 0% Acier - wlimon = 15%
(3p ; 3n) (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation
(3p ; 3n) (kPa)
(kPa) (kN/m3) 7d (%) (kN/m3) 7d (%)
(30 ; 50) (9,66 ; 9,89) 2,4 (30 ; 50) (9,72 ; 10,10) 3,9
(30 ; 100) (9,72 ; 10,10) 3,9 (30 ; 100) (9,87 ; 10,20) 3,3
(30 ; 200) (9,73 ; 10,04) 3,2 (30 ; 200) (9,94 ; 10,70) 7,6
(65 ; 50) (9,86 ; 9,91) 0,5 (65 ; 50) (10,20; 10,42) 2,1
(65 ; 100) (9,89 ; 9,97) 0,8 (65 ; 100) (10,38 ; 10,48) 0,9
(65 ; 200) (9,87 ; 10,00) 1,3 (65 ; 200) (10,02 ; 10,87) 8,5
(100 ; 50) (9,80 ; 9,89) 0,9 (100 ; 50) (10,44 ; 10,58) 1,3
(100 ; 100) (9,88 ; 10,10) 2,2 (100 ; 100) (10,54 ; 10,70) 1,5
(100 ; 200) (9,83 ; 10,08) 2,5 (100 ; 200) (10,37 ; 11,10) 7,0
Acier - wlimon = 25% Acier - wlimon = 35%
(3p ; 3n) (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation
(3p ; 3n) (kPa)
(kPa) (kN/m3) 7d (%) (kN/m3) 7d (%)
(30 ; 50) (10,16 ; 10,48) 3,1 (30 ; 50) (10,30 ; 11,36) 10,3
(30 ; 100) (10,07 ; 10,85) 7,7 (30 ; 100) (11,20 ; 12,26) 9,4
(30 ; 200) (10,24 ; 11,29) 10,2 (30 ; 200) (11,26 ; 13,48) 19,7
(65 ; 50) (10,56 ; 10,68) 1,1 (65 ; 50) (12,16 ; 12,32) 1,3
(65 ; 100) (10,89 ; 10,96) 0,6 (65 ; 100) (11,90 ; 12,45) 4,6
(65 ; 200) (10,56 ; 11,45) 8,4 (65 ; 200) (11,80 ; 13,75) 16,5
(100 ; 50) (10,70 ; 11,05) 3,2 (100 ; 50) (12,70 ; 13,45) 5,9
(100 ; 100) (11,04 ; 11,09) 0,5 (100 ; 100) (12,84 ; 13,10) 2,0
(100 ; 200) (11,05 ; 11,78) 6,6 (100 ; 200) (12,76 ; 14,08) 10,3
365
Annexes
Tableau 11. Poids volumique sec du limon après application de contraintes de chargement et des contraintes
normales - cisaillement pin-limon
Pin - wlimon = 0% Pin - wlimon = 15%
(3p ; 3n) (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation
(3p ; 3n) (kPa)
(kPa) (kN/m3) 7d (%) (kN/m3) 7d (%)
(30 ; 50) (9,63 ; 9,75) 1,2 (30 ; 50) (9,77 ; 9,87) 1,0
(30 ; 100) (9,62 ; 9,98) 3,7 (30 ; 100) (9,68 ; 10,35) 6,9
(30 ; 200) (9,66 ; 10,04) 3,9 (30 ; 200) (9,89 ; 10,98) 11,0
(65 ; 50) (9,76 ; 9,95) 1,9 (65 ; 50) (9,99 ; 10,07) 0,8
(65 ; 100) (9,86 ; 10,08) 2,2 (65 ; 100) (10,26 ; 10,38) 1,2
(65 ; 200) (9,84 ; 10,28) 4,5 (65 ; 200) (10,06 ; 10,29) 2,3
(100 ; 50) (9,98 ; 10,02) 0,4 (100 ; 50) (10,44 ; 10,52) 0,8
(100 ; 100) (10,04 ; 10,10) 0,6 (100 ; 100) (10,53 ; 10,76) 2,2
(100 ; 200) (9,94 ; 10,31) 3,7 (100 ; 200) (10,44 ; 11,46) 9,8
Pin - wlimon = 25% Pin - wlimon = 35%
(3p ; 3n) (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation
(3p ; 3n) (kPa)
(kPa) (kN/m3) 7d (%) (kN/m3) 7d (%)
(30 ; 50) (10,35 ; 10,68) 3,2 (30 ; 50) (11,46 ; 11,78) 2,8
(30 ; 100) (10,20 ; 10,45) 2,4 (30 ; 100) (11,30 ; 12,58) 11,3
(30 ; 200) (10,08 ; 11,63) 15,3 (30 ; 200) (11,34 ; 12,98) 14,5
(65 ; 50) (11,09 ; 11,34) 2,3 (65 ; 50) (11,80 ; 12,45) 5,5
(65 ; 100) (10,64 ; 10,79) 1,4 (65 ; 100) (11,95 ; 12,99) 8,7
(65 ; 200) (10,25 ; 11,26) 9,9 (65 ; 200) (12,10 ; 13,04) 7,8
(100 ; 50) (11,08 ; 11,30) 2,0 (100 ; 50) (12,69 ; 12,94) 2,0
(100 ; 100) (11,35 ; 11,59) 2,1 (100 ; 100) (12,53 ; 13,45) 7,3
(100 ; 200) (11,27 ; 12,49) 10,8 (100 ; 200) (12,30 ; 13,89) 12,9
Tableau 12. Poids volumique sec du limon après application de contraintes de chargement et des contraintes
normales - cisaillement chêne-limon
Chêne - wlimon = 0% Chêne - wlimon = 15%
(3p ; 3n) (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation
(3p ; 3n) (kPa)
(kPa) (kN/m3) 7d (%) (kN/m3) 7d (%)
(30 ; 50) (9,64 ; 10,29) 6,7 (30 ; 50) (9,84 ; 10,72) 8,9
(30 ; 100) (9,52 ; 10,16) 6,7 (30 ; 100) (9,70 ; 10,99) 13,3
(30 ; 200) (9,61 ; 10,40) 10,8 (30 ; 200) (9,96 ; 11,68) 17,3
(65 ; 50) (9,67 ; 10,01) 3,5 (65 ; 50) (10,14 ; 10,89) 7,4
(65 ; 100) (9,74 ; 10,44) 7,2 (65 ; 100) (10,74 ; 11,42) 6,3
(65 ; 200) (9,65 ; 10,47) 8,5 (65 ; 200) (10,73 ; 11,84) 10,3
(100 ; 50) (9,88 ; 10,41) 5,4 (100 ; 50) (10,95 ; 11,45) 4,6
(100 ; 100) (9,75 ; 10,19) 4,5 (100 ; 100) (10,37 ; 11,69) 12,7
(100 ; 200) (9,80 ; 10,69) 9,1 (100 ; 200) (10,54 ; 12,16) 15,4
Chêne - wlimon = 25% Chêne - wlimon = 35%
(3p ; 3n) (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation
(3p ; 3n) (kPa)
(kPa) (kN/m3) 7d (%) (kN/m3) 7d (%)
(30 ; 50) (10,26 ; 10,85) 5,7 (30 ; 50) (11,44 ; 12,37) 8,1
(30 ; 100) (10,32 ; 11,22) 8,7 (30 ; 100) (11,32 ; 12,45) 10,0
(30 ; 200) (10,03 ; 11,97) 19,3 (30 ; 200) (11,39 ; 14,01) 21,5
(65 ; 50) (10,81 ; 11,53) 6,7 (65 ; 50) (12,30 ; 12,69) 3,1
(65 ; 100) (10,66 ; 11,43) 7,2 (65 ; 100) (11,90 ; 12,83) 7,8
(65 ; 200) (10,90 ; 12,96) 18,9 (65 ; 200) (12,04 ; 14,05) 16,7
(100 ; 50) (11,18 ; 11,78) 5,4 (100 ; 50) (12,78 ; 13,04) 2,0
(100 ; 100) (11,25 ; 11,74) 4,3 (100 ; 100) (12,63 ; 13,59) 7,6
(100 ; 200) (11,15 ; 12,89) 15,6 (100 ; 200) (12,65 ; 14,01) 10,7
366
Annexes
Tableau 13. Poids volumique sec du limon après application de contraintes de chargement et des contraintes
normales - cisaillement mortier-limon
Mortier - wlimon = 0% Mortier - wlimon = 15%
(3p ; 3n) (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation
(3p ; 3n) (kPa)
(kPa) (kN/m3) 7d (%) (kN/m3) 7d (%)
(30 ; 50) (9,52 ; 9,76) 2,5 (30 ; 50) (9,66 ; 9,98) 3,3
(30 ; 100) (9,62 ; 10,01) 4,0 (30 ; 100) (9,82 ; 10,45) 6,4
(30 ; 200) (9,57 ; 9,86) 3,0 (30 ; 200) (9,67 ; 10,42) 7,8
(65 ; 50) (9,68 ; 9,76) 0,8 (65 ; 50) (10,13 ; 10,38) 2,5
(65 ; 100) (9,73 ; 9,94) 2,2 (65 ; 100) (10,08 ; 10,33) 2,5
(65 ; 200) (9,78 ; 10,42) 6,5 (65 ; 200) (10,14 ; 10,96) 8,1
(100 ; 50) (9,81 ; 9,97) 1,6 (100 ; 50) (10,26 ; 10,55) 2,8
(100 ; 100) (10,06 ; 10,34) 2,8 (100 ; 100) (9,72 ; 10,16) 4,5
(100 ; 200) (9,85 ; 10,48) 6,4 (100 ; 200) (10,37 ; 10,57) 1,9
Mortier - wlimon = 25% Mortier - wlimon = 35%
(3p ; 3n) (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation
(3p ; 3n) (kPa)
(kPa) (kN/m3) 7d (%) (kN/m3) 7d (%)
(30 ; 50) (10,24 ; 10,54) 2,9 (30 ; 50) (10,81 ; 11,84) 9,5
(30 ; 100) (10,61 ; 11,12) 4,8 (30 ; 100) (11,42 ; 12,25) 7,3
(30 ; 200) (10,47 ; 11,28) 7,7 (30 ; 200) (11,35 ; 13,58) 19,6
(65 ; 50) (10,83 ; 11,07) 2,2 (65 ; 50) (11,98 ; 12,78) 6,7
(65 ; 100) (10,78 ; 11,46) 6,3 (65 ; 100) (12,07 ; 12,86) 6,5
(65 ; 200) (10,74 ; 11,68) 8,7 (65 ; 200) (12,25 ; 13,65) 11,4
(100 ; 50) (11,35 ; 11,40) 0,4 (100 ; 50) (12,54 ; 12,81) 2,1
(100 ; 100) (11,25 ; 11,58) 2,9 (100 ; 100) (12,62 ; 13,08) 3,6
(100 ; 200) (11,14 ; 11,82) 6,1 (100 ; 200) (13,00 ; 14,08) 8,3
Tableau 14. Poids volumique sec du limon après application de contraintes de chargement et des contraintes
normales - cisaillement chêne ancien-limon
Chêne ancien - wlimon = 0% Chêne ancien - wlimon = 15%
(3p ; 3n) (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation
(3p ; 3n) (kPa)
(kPa) (kN/m3) 7d (%) (kN/m3) 7d (%)
(30 ; 50) (9,56 ; 10,08) 5,4 (30 ; 50) (10,24 ; 10,36) 1,2
(30 ; 100) (9,59 ; 10,11) 5,4 (30 ; 100) (10,34 ; 10,57) 2,2
(30 ; 200) (9,59 ; 10,38) 8,2 (30 ; 200) (10,39 ; 10,59) 1,9
(65 ; 50) (9,77 ; 10,13) 3,7 (65 ; 50) (10,43 ; 10,65) 2,1
(65 ; 100) (9,71 ; 10,16) 4,6 (65 ; 100) (10,62 ; 10,83) 1,9
(65 ; 200) (9,81 ; 10,42) 6,2 (65 ; 200) (10,65 ; 10,89) 2,2
(100 ; 50) (9,65 ; 9,82) 1,7 (100 ; 50) (10,41 ; 10,88) 4,5
(100 ; 100) (9,67 ; 9,88) 2,1 (100 ; 100) (10,62 ; 10,80) 1,7
(100 ; 200) (9,81 ; 10,21) 4,1 (100 ; 200) (11,03; 11,39) 3,3
Chêne ancien - wlimon = 25% Chêne ancien - wlimon = 35%
(3p ; 3n) (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation (7d(3p) ; 7d(3n)) Augmentation
(3p ; 3n) (kPa)
(kPa) (kN/m3) 7d (%) (kN/m3) 7d (%)
(30 ; 50) (10,10 ; 10,30) 2,0 (30 ; 50) (11,59 ; 11,75) 1,4
(30 ; 100) (10,22 ; 10,63) 4,0 (30 ; 100) (11,03 ; 11,92) 8,1
(30 ; 200) (10,07 ; 11,29) 12,1 (30 ; 200) (11,27 ; 13,24) 17,5
(65 ; 50) (10,51 ; 10,86) 3,3 (65 ; 50) (12,20 ; 12,45) 2,0
(65 ; 100) (10,89 ; 11,02) 1,2 (65 ; 100) (11,88 ; 13,19) 11,0
(65 ; 200) (10,88 ; 11,95) 9,8 (65 ; 200) (11,95 ; 13,89) 16,2
(100 ; 50) (10,59 ; 11,13) 5,1 (100 ; 50) (12,69 ; 12,80) 0,9
(100 ; 100) (11,41 ; 11,67) 2,3 (100 ; 100) (12,31 ; 12,76) 3,6
(100 ; 200) (11,61 ; 12,22) 5,3 (100 ; 200) (12,89 ; 13,26) 2,7
367
Annexes
368
Annexes
369
Annexes
5
Déplacement en tête de pieu (mm)
10
10 Pieu n°2 - Hêtre
15
Pieu n°1 - Hêtre
15 20
25
20 Courbe de chargem ent expérimentale
Courbe de chargement expérimentale
Loi de comportement exponentielle
Loi de comportement trilinéaire n°2
Loi de comportement trilinéaire n°1 30
Loi de comportement trilinéaire n°3
Loi de comportement trilinéaire n°2
25 Loi de comportement trilinéaire n°1
Loi de comportement trilinéaire n°3
35 Loi de comportement exponentielle
Méthode hollandais e NEN-6743
Méthode hollandaise NEN-6743
30 40
5
10
Pieu n°4 - Pin 10
15
Pieu n°8 - Acacia
15
20
25 20
Courbe de chargement expérimentale
30 Loi de comportement exponentielle 25 Courbe de chargement expérimentale
Loi de comportement trilinéaire n°1 Loi de comportement exponentielle
Loi de comportement trilinéaire n°2 Loi de comportement trilinéaire n°1
35 Loi de comportement trilinéaire n°3 30 Loi de comportement trilinéaire n°2
Méthode hollandaise NEN-6743 Loi de comportement trilinéaire n°3
Méthode hollandaise NEN-6743
40
35
5
Déplacement en tête de pieu (mm)
10
Pieu n°9 - Acacia
15
20
25
Courbe de chargement expérimentale
30 Loi decomportement exponentielle
Loi de comportement trilinéaire n°1
Loi de comportement trilinéaire n°2
35
Loi de comportement trilinéaire n°3
Méthode hollandaise NEN-6743
40
Figure 4. Comparaison des courbes de chargement expérimentales avec les courbes de chargement théoriques
– pieux n° 1, n°2, n°4, n°8 et n°9 – Rouen
370
Annexes
Figure 5. Abaque du frottement latéral unitaire qs et choix de la courbe de frottement latéral unitaire limite qs
(DTU 13.2 (AFNOR, 1992))
371
Annexes
Tableau 18. Facteurs de sécurité établis dans le DTU 13.2 (AFNOR, 1992)
372