F247 Datte Maroc FRA
F247 Datte Maroc FRA
F247 Datte Maroc FRA
La datte au Maroc
par Carolina Dawson
Datte – Maroc
Localisation
D’une étendue de plus de 50 000 ha, la palmeraie se l’eau des nappes dû à une surexploitation. L’approche pro-
concentre dans la zone des oasis du sud du pays, principa- ductiviste et techniciste de l’état (Medjoul intensif ) est elle
lement le long des vallées du Ziz ou de Tafilalet (Errachidia) aussi sujette à caution en ce qui concerne les ressources
et du Drâa (Ouarzazate, Zagora). Ce vaste territoire en- hydriques et la conservation du patrimoine génétique.
globe plusieurs provinces du sud du Maroc : de Guelmim
à l’Ouest, jusqu’à Figuit à l’Est, en passant par Tiznit, Tata,
Errachidia, Zagora, Ouarzazate et Tinghir. Palmier dattier - Maroc - Répartition des surfaces
(Source : ministère de l'Agriculture marocain)
En raison de contraintes phytosanitaires (absence de
Bayoud), les 17 000 ha de nouvelles plantations sont loca-
lisés à l’extérieur des palmeraies traditionnelles, dans de
nouveaux terroirs vierges où le dattier n’a jamais été plan-
té. Ces surfaces se situent principalement sur le plateau Tata
Errachidia Guelmim
d’Errachidia, qui bénéficie de l’eau d’irrigation du barrage 19%
29% 3%
Al-Hassan Addakhil, et à Boudnib, qui se trouve à proximi- Tiznit
té d’un nouveau barrage en cours de construction. Le sys- 3%
tème d’irrigation au goutte-à-goutte est privilégié dans ces Figuig
extensions hautement technicisées. 3%
Ouarzazate Autres
Dans les zones traditionnelles, l’intensification et la densi- et Zagora 2%
fication des palmeraies soulèvent certaines questions sur 41%
la fragilité des écosystèmes oasiens pré-sahariens, qui font
face au phénomène de désertification et au tarissement de
Mer Méditerranée
Zones de production
de datte
Océan Atlantique
Zagora
Algérie
Datte – Maroc
Production
L’arrivée de la maladie du Bayoud au début du XXe siècle
a marqué un tournant pour la production marocaine,
l’une des plus importantes de son époque au niveau
mondial. De plus, elle a dû faire face à des contraintes
grandissantes, qu’elles soient agronomiques (faible dis-
ponibilité en eau, ensablement des terres arables, faibles
rendements), climatiques (augmentation de la fré-
quence des sécheresses) ou organisationnelles (désor-
ganisation commerciale de la filière, mauvaise gestion
du post-récolte et de la qualité). Des centaines de milliers
de palmiers dattiers et même certaines variétés ont ainsi
disparu, entraînant l’effondrement de la production.
Dans les années 1980, des plans de restructuration ont © Guy Bréhinier
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
Datte – Maroc
Sevrage de vitroplants
de palmier dattier
© Mustapha Zemzami
© Mustapha Zemzami
Vitroplants
acclimatés
Variétés
La palmeraie du Maroc se caractérise par l’existence d’une multitude de variétés, avec une prédominance
de variétés dites « Khalts » (non identifiées), à faible valeur commerciale. Les variétés « nobles » (Medjoul,
Boufeggous, Aziza, Jihel) et les nouvelles variétés conçues pour faire face à la maladie du Bayoud (Nejda) ne
représentent qu’une faible part de l’offre, autour du 20 %. Les variétés haut de gamme, ayant un bon poten-
tiel commercial tant pour le marché local qu’à l’export, sont au cœur des nouveaux projets de rénovation
et d’extension du programme Maroc Vert. De 2011 à 2013, c’est la variété Nejda qui a été principalement
plantée. Pour la période 2015-2020, la Medjoul et la Boufeggous seront privilégiées en remplacement des
anciennes variétés et dans les nouvelles plantations.
La Medjoul (ou Mejhoul, Al Majhoul, Medjool) demeure la variété la plus prisée. C’est depuis le Maroc que
les premières Medjoul ont été introduites en Californie dans les années 1930. Elles ont été décimées par le
Bayoud et réintroduites au Maroc par la suite. La Medjoul est une datte molle et sucrée, de grande taille, pe-
sant entre 20 et 30 grammes, tandis que les autres dattes varient de 6 à 11 grammes. La récolte commence fin
juillet-début août et se termine en octobre-novembre. Congelée entre 0° et - 2°C en début de saison, puis à
- 18°C lors du pic de production, elle est, par conséquent, disponible toute l’année.
Boufeggous, Fegousse ou Bofkousse est une datte parfumée et légèrement caramélisée, d’une consistance
demi-molle. Elle est très populaire dans la région de Ouarzazate et de Zagora.
Aguellid, dite aussi Malik toumour (roi des dattes) mûrit tôt et offre une couleur dorée. Elle compte aussi par-
mi les variétés à valeur commerciale élevée avec une saveur sucrée et une consistance molle.
Datte – Maroc
Débouchés Datte - Maroc - Consommation apparente
Le principal débouché de la production de datte du (en g/habitant / Sources professionnelles)
Maroc est la très dynamique consommation locale, qui a
600
quasiment doublé en l’espace de dix ans en passant de
270 g/habitant en 2003 à plus de 500 g en 2015. Toutefois, 500
les quantités produites localement restent encore insuf-
fisantes pour combler cette consommation en progres- 400
sion et proche des 180 000 tonnes par an. Ce sont donc
les importations, également en progression, qui per- 300
mettent de compléter l’offre locale. Elles représentent 200
presque 40 % des volumes consommés dans le pays (soit
presque 70 000 tonnes) et proviennent majoritairement 100
de Tunisie, des Emirats Arabes Unis et d’Égypte.
0
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Malgré la volonté de progresser sur les marchés interna-
tionaux (objectif 5 000 tonnes à l’export en 2020) et en
particulier vers l’Europe avec des dattes haut de gamme,
sur les plus de 120 000 tonnes produites en 2016, on es-
time à moins de 1 % la part exportée, soit 700 tonnes. Les
50 tonnes destinées au marché européen en 2015 restent Datte - Maroc - Approvisionnement
donc encore anecdotiques. (en tonnes / Sources professionnelles)
Perspectives
Malgré des contraintes agronomiques toujours présentes (maladie du Bayoud à gérer, problématique
eau et désertification), les importants investissements et la technicisation de cette culture (vitroplants,
irrigation au goutte-à-goutte) vont permettre à cette production de continuer à progresser. Le vaste
programme enclenché en 2008 est près de son but. Toutefois, le coût de cette nouvelle gestion reste
important et les investissements ont besoin d’être rentabilisés. La recherche de valeur ajoutée devient
donc capitale pour la filière.
Des marges de progrès sont encore à exploiter, notamment en ce qui concerne l’amélioration de la pro-
ductivité et de la valorisation.
La demande locale affiche une croissance ininterrompue et représente un réservoir important, surtout
que la consommation marocaine est encore loin de celle des autres pays du Maghreb, proche des 10
à 15 kg par habitant en moyenne. L’objectif des 5 000 tonnes d’exportation semble encore lointain au
regard du potentiel de consommation du marché local.