Paralogisme naturaliste
Un paralogisme naturaliste ou sophisme naturaliste est une faute de logique consistant à définir de façon réductrice la notion de «bon» à des qualités naturelles telles que « plaisant » ou « désirable ».Elle est souvent confondue avec la Loi de Hume, qui consiste à confondre un jugement de fait avec un jugement normatif. Dans ce cas, la constatation que « x fait y » est transformée en l’injonction que « x doit faire y ». Il s'agit d'une erreur de logique que l'on retrouve surtout en éthique lorsque l'on fonde un jugement normatif sur un état de fait.
Enfin, l'expression est aussi utilisée dans le sens d'appel à la nature, en particulier en psychologie évolutionniste.
Exemples
[modifier | modifier le code]- « Puisque tout le monde fraude l'impôt, alors on a le droit de frauder soi-même. » (Cet argument est aussi un sophisme de la double faute)
- « Si le fait de porter des vêtements n'existe pas dans la nature, il ne faut pas l'autoriser. »
Histoire
[modifier | modifier le code]Le concept de paralogisme naturel défendu par Moore, qui postule que définir le bon par des propriétés naturelles telles que « plaisant » ou « désirable » est une erreur, est souvent confondu avec la loi de Hume, consistant à confondre un jugement de fait avec un jugement normatif[1].
Ainsi, il est possible de trouver dans un ouvrage de vulgarisation la déclaration suivante : « Le concept de 'paralogisme naturaliste' fut forgé par le philosophe anglais George Edward Moore. Mais l'idée même avait déjà été formulée au XVIIIe siècle par David Hume. »[2]
En psychologie évolutionniste, le concept est aussi utilisé au sens défini par la loi de Hume[3].
Utilisation au sens d'appel à la nature
[modifier | modifier le code]Certaines personnes, dont les psychoévolutionnistes, utilisent l'expression « paralogisme naturaliste » ou (en anglais « naturalistic fallacy ») dans le sens d'appel à la nature , pour caractériser des inférences de la forme « Une chose est naturelle ; par conséquent, elle est moralement acceptable » ou « Cette propriété n'est pas naturelle ; par conséquent, cette propriété n'est pas souhaitable ». De telles déductions sont courantes dans les discussions sur la médecine, l'homosexualité, l'environnementalisme et le véganisme .
L’erreur naturaliste est l’idée selon laquelle ce que l’on trouve dans la nature est bon. C'était la base du darwinisme social , la croyance selon laquelle aider les pauvres et les malades ferait obstacle à l'évolution, qui dépend de la survie des plus forts. Aujourd’hui, les biologistes dénoncent l’erreur naturaliste parce qu’ils veulent décrire le monde naturel honnêtement, sans que les gens en tirent une morale sur la façon dont nous devrions nous comporter (comme dans : Si les oiseaux et les bêtes se livrent à l’adultère, à l’infanticide, au cannibalisme, donc cela doit être un comportement correct) Steven Pinker[4].
Références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Naturalistic fallacy » (voir la liste des auteurs).
- Félix Aubé Baudoin, « Ethique évolutionniste (A) - L'encyclopédie philosophique », sur encyclo-philo.fr, (consulté le )
- Robert Zimmer, Petites distractions philosophiques, 2015, trad., Vuibert, 2017, p. 122
- (en) David Sloan Wilson, Eric Dietrich et Anne B. Clark, « On the inappropriate use of the naturalistic fallacy in evolutionary psychology », Biology and Philosophy, vol. 18, no 5, , p. 669–681 (ISSN 1572-8404, DOI 10.1023/A:1026380825208, lire en ligne, consulté le )
- (en) « Q&A: Steven Pinker of 'Blank Slate' - UPI.com », sur UPI (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Le paralogisme naturaliste en sciences de l'éducation
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- David Hume, Traité de la nature humaine (1740), III, &.
- George Edward Moore, Principia ethica (1903). [1]